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Commission permanente des
consommateurs, coopératives et
institutions financières
Etude du projet de loi no 7 Loi sur la protection du
consommateur
Séance du jeudi 23 septembre 1976 (Dix heures 20 minutes)
M. Kennedy (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières est à nouveau réunie pour
entendre les mémoires sur le projet de loi no 7, Loi sur la protection
du consommateur.
Pour le bénéfice de l'enregistrement, je voudrais
mentionner les changements suivants parmi les membres de la commission: M.
Pilote (Lac-Saint-Jean) remplace M. Boutin (Abitibi-Ouest), M. Lachance
(Mille-Iles) remplace M. Harvey (Dubuc), M. Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace
M. Marchand (Laurier), M. Carpentier (Laviolette) remplace M. Harvey
(Charlesbourg).
Nous entendrons ce matin...
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Kennedy): Oui.
M. Léger: ... je m'excuse. Est-ce que vous pouvez rajouter
le nom de M. Charron pour remplacer M. Burns?
Le Président (M. Kennedy): M. Burns? Sûrement.
Nous entendrons ce matin, comme premier organisme, l'Association des
magazines canadiens, représentée par M. John A. Crosbie,
président. Est-ce que M. Crosbie est ici?
Association des magazines canadiens
M. Dufour (Gérald): Si vous permettez, j'aimerais
représenter M. Crosbie. Mon nom est Gérald Dufour.
Je suis vice-président du comité de direction de
l'Association des magazines canadiens et directeur de la publicité et de
la promotion aux Publications Eclair, éditeur de TV Hebdo.
M. Crosbie est le président de l'association. J'aimerais d'abord
remercier cette commission d'avoir bien voulu nous entendre, et je tiens
à préciser qu'il nous fera plaisir de répondre à
toutes les questions se rapportant à notre mémoire.
L'Association des magazines canadiens représente les magazines
d'intérêt général publiés au Canada. Elle
regroupe 17 membres représentant plus de 85% du tirage global des
magazines publiés au pays.
Nous comptons parmi nos membres des magazines tels que
L'Actualité, Châtelaine, Sélection,
TV Hebdo, et depuis que nous avons présenté notre
mémoire, le magazine Nous s'est joint à nos publications membres,
qui comptent aussi Time, Maclean, Saturday Night, enfin les 17...
Nous avons pris connaissance des mémoires préparés
par l'Institut canadien de la publicité et par l'Association canadienne
des annonceurs qui, nous dit-on, vous ont déjà été
soumis. Nous appuyons en essence ces mémoires, mais nous aimerions
toutefois faire valoir notre point de vue sur le projet de loi no 7 quant
à sa rédaction actuelle et ses conséquences pour
l'industrie des périodiques.
Nous sommes d'accord avec la plupart des articles contenus dans le
projet de loi. Il est évident que le consommateur doit être
protégé contre la pratique frauduleuse de certains marchands sans
scrupule qui ne cherchent qu'à exploiter et mal informer. Mais, nous
nous inquiétons, en particulier, des articles 151, 153, 161, 167 et 176
des dispositions du livre III et des règlements prévus au titre
II du livre I, à cause du tort qu'ils pourraient causer aux
éditeurs de magazines.
Pour illustrer certains points que nous voudrions soulever lisons
d'abord l'article 151: "... la pratique interdite du manufacturier ou du
publicitaire est réputée être celle du commerçant
qui en a eu ou qui aurait dû en avoir la connaissance". Puis, l'article
153: "Nul commerçant ou manufacturier ne peut faire parvenir à un
consommateur un bien que ce dernier n'a pas demandé".
Relativement à l'article 167, on entend par "faire de la
publicité" le fait de préparer, d'utiliser, de distribuer et de
faire distribuer, de publier ou de faire publier de la publicité.
Nos magazines membres soutiennent depuis longtemps que c'est l'annonceur
et ses agents qui sont responsables du contenu d'une annonce. Il est vrai que
chaque éditeur en particulier se réserve le droit de refuser une
annonce pour des raisons de bon goût ou à cause du sujet. Certains
magazines, par exemple, n'acceptent pas de publicité pour les boissons
alcooliques ou le tabac. C'est beaucoup demander à l'éditeur
d'être responsable des actes des autres, surtout s'il lui faut alors
s'inquiéter sur les causes et les origines de ces actes.
Nous croyons que le projet de loi, dans sa rédaction actuelle,
peut atteindre les objectifs visés par le législateur, mais nous
croyons également que certaines de ses dispositions sont sujettes
à des interprétations si diverses que ses conséquences
nuisibles pourraient bien infirmer les bons effets.
Cela va pour mon discours préparé ou, plus ou moins.
Est-ce que je pourrais répondre à des questions?
Le Président (M. Kennedy): Sûrement. Merci M.
Dufour.
Mme le ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais remercier M. Dufour
pour le mémoire qu'il nous a
soumis et certaines remarques qu'il nous a faites, ce matin.
Vous mentionnez dans votre mémoire les articles 151 et 167.
Il est évident qu'il y a des remarques qui concernent la
pertinence d'inclure les éditeurs dans l'application des articles 151 et
157 qui nous ont déjà été faites devant les membres
de cette commission et nous allons prendre note des commentaires à cet
effet, les vôtres ou d'autres commentaires qu'on a déjà
entendus.
Quant à l'article 161, évidemment nous révisons la
terminologie de cet article dont le but n'est pas d'empêcher et il
faut que ce soit bien clair l'information selon laquelle des
modalités de crédit sont offertes, mais cet article vise surtout
à interdire la promotion de crédit comme tel en indiquant ou en
montrant les biens que le crédit peut nous procurer. C'est
peut-être une interprétation de l'article 161 qu'il faudrait
revoir. Quant au cas que vous soulevez, à savoir les modalités de
paiement différé que vous offrez, soit pour votre magazine, soit
pour les annonceurs, nous sommes d'avis qu'elles ne sont pas visées par
l'article 161, même tel que rédigé en ce moment, si, comme
nous le pensons, il ne s'agit pas d'une promotion de crédit comme tel.
Il ne semble pas que... Dans des cas comme ceux que vous nous soumettez, la
mention de crédit offert, évidemment, est accessoire. Je pense
que c'est cela. Elle est accessoire à l'offre de crédit.
Quant à l'article 176, en ce qui concerne le problème
soulevé par les contrats d'abonnement, nous ne croyons pas que l'argent
reçu pour un abonnement doive être gardé en
fidéicommis si l'obligation de livrer commence à être
exécutée dans les deux mois suivant la conclusion du contrat. Par
contre, l'argent devra être gardé en fidéicommis pour ces
abonnements qui se réaliseront après la période de deux
mois de la conclusion du contrat et ce, jusqu'à ce que l'éditeur
commence à exécuter son obligation par la livraison du premier
numéro.
Quant aux articles 15, 16, 17 et 20, les règles de formation des
contrats, des commentaires ont déjà été faits en ce
sens lors de précédents mémoires et nous prenons bonne
note des remarques que vous nous faites lorsque nous réétudierons
les implications techniques de ces articles.
A l'article 153, dans son esprit, cet article vise les biens pour
lesquels on espère un paiement du consommateur et il est évident
que nous ferons le nécessaire pour éviter toute confusion quant
à ces biens pour lesquels on n'espère aucun paiement du
consommateur.
Je n'ai pas de question comme telle à poser. J'ai pensé
faire ces commentaires et peut-être apporter certaines lumières
aux inquiétudes ou à certaines appréhensions de votre
association.
M. Dufour (Gérald): Mme'le ministre, c'est très
facile, vous avez répondu de la manière dont on espérait
que vous répondiez à nos inquiétudes en ce qui concerne
l'article 153; c'était un de nos problèmes. On n'attend pas de
recevoir de nos lecteurs, des paiements pour des articles, des abonnements ou
des revues qu'on va envoyer comme échantillons, si on peut les appeler
comme ça. Surtout durant la dernière grève postale, nous
avons distribué un grand nombre de copies gratuitement pour satisfaire
les demandes de nos annonceurs. L'article 151 nous inquiète encore, la
définition du commerçant. On aimerait plutôt avoir une
définition très claire; un commerçant n'est pas
nécessairement un éditeur.
Mme Bacon: II est évident qu'à propos des
définitions de certaines expressions ou de certains mots du projet de
loi no 7, on nous a fait plusieurs suggestions au cours des auditions de
mémoires. Il y a des définitions qu'il faudra sûrement
revoir ou peut-être clarifier davantage aussi.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, concernant l'article 167
de votre mémoire, je pense qu'il est bien clair que, pour les cas bien
définis par la loi, comme la publicité interdite aux enfants,
etc., vous n'êtes pas couverts par cela; ça ne vous touche pas
comme tel comme éditeurs. Je comprends votre préoccupation pour
les cas frontières où vous seriez obligés de toujours
avoir un avocat pour vérifier si toute la publicité est normale,
légale, etc. Mais je ne pense pas que l'article 167 démontre
nécessairement que c'est le fait de la préparer, de la faire
distribuer, de la faire publier; l'article 167, c'est pour les fins des
articles 161, 162, 163, 165 et 166. Donc, je pense que vous n'avez pas à
vous inquiéter de ce côté.
J'aurais plutôt une question à vous poser concernant la
façon dont les propriétaires de magazines ou de revues font leur
réclame ou vont chercher leurs clients. En général, je
pense que, pour être touché par les articles 15, 16. 17 et 20,
quand c'est une carte-réponse ou une carte qu'un client signe
éventuellement, la loi ne couvre pas cela comme un vendeur
itinérant.
Mais, pour certaines de vos revues, vous avez des représentants
qui vont vendre des abonnements. Pouvez-vous me dire comment cela fonctionne
cette vente à domicile, en me citant des cas bien concrets?
M. Dufour (Gérald): II y a eu pratique de certaines de nos
publications qui ont engagé ce n'est pas la publication
elle-même des compagnies qui faisaient de la sollicitation, du
porte-à-porte, sous prétexte, on le sait bien, de payer sa
scolarité etc., pour vendre des abonnements. Mais c'est une chose du
passé au Québec. Je ne suis pas au courant que cela se fait
maintenant. Cela a déjà été fait, mais ce sont des
pratiques qui ne sont pas en vigueur chez les membres de notre association.
Si vous prenez le calibre des revues que vous avez dans notre
association, je ne pense pas que c'est nécessaire d'avoir ces pratiques.
Certaine-
ment que l'association elle-même décourage ces
pratiques.
M. Léger: Actuellement, est-ce qu'il y a des revues qui
ont des vendeurs itinérants ou des vendeurs qui vont solliciter des
abonnements de porte-à-porte?
M. Dufour (Gérald): Pas à ma connaissance. M.
Léger: Et par téléphone non plus? M. Dufour
(Gérald): Pardon?
M. Léger: Et de la sollicitation par
téléphone non plus?
M. Dufour (Gérald): La sollicitation de nos abonnés
se fait habituellement par le courrier.
M. Léger: La personne reçoit... M. Dufour
(Gérald): Une offre.
M. Léger: ... une publicité, une offre et elle
remplit une formule.
M. Dufour (Gérald): Dans le moment, on en a une dans le TV
Hebdo, où on offre aux gens du câble un abonnement à un
prix réduit. L'Actualité, qui regroupe maintenant le Maclean et
Actualité d'autrefois, fait une campagne de promotion. C'est encore une
promotion, soit par la poste ou dans son propre magazine. Il n'y a pas de
vendeurs itinérants.
M. Léger: D'accord. Je vous remercie.
Le Président (M. Kennedy): Est-ce qu'il y a d'autres
questions des membres de la commission?
Je remercie Me Dufour et M. Crosbie de la présentation qu'ils ont
faite pour améliorer, espérons-le, le projet de loi no 7 pour le
plus grand bien du consommateur. Merci, MM. Dufour et Crosbie.
M. Dufour (Gérald): Merci, M. le Président; merci,
madame.
Association des manufacturiers
d'habitations et de véhicules
récréatifs du Québec Inc.
Association des commerçants
de maisons mobiles et roulottes
du Québec Inc.
Le Président (M. Kennedy): Nous entendrons maintenant
l'Association des manufacturiers d'habitations et de véhicules
récréatifs du Québec Inc. et l'Association des
commerçants de maisons mobiles et roulottes du Québec Inc.,
représentées par Me Bertrand Gobeil. Me Gobeil.
M. Gobeil (Bertrand): M. le Président, Mme le
ministre...
Le Président (M. Kennedy): Voulez-vous vous asseoir, Me
Gobeil?
M. Gobeil: ... MM. les membres de la commission parlementaire,
mon nom est Bertrand Gobeil. Je suis secrétaire de l'ACMR et membre de
l'étude juridique Tremblay, Pinsonnault, Pothier, Morisset et
Associés. Il me fait plaisir de venir vous présenter un
mémoire au nom des deux associations que M. le président vient de
nommer. Etant donné que c'est un mémoire conjoint, nous nous
sommes permis d'être représentés par des gens
représentant les deux associations. Il me fait plaisir de vous
présenter M. Jacques Robert, président de l'Association des
manufacturiers, M. Raymond L'Italien, au bout de la table, directeur
administratif de l'association, et M. Louis Gaudette, président de
l'Association des commerçants de maisons mobiles et roulottes du
Québec.
J'aimerais tout d'abord, si vous me permettez, vous exposer
succinctement l'essence, en fin de compte, de notre mémoire; il porte,
somme toute, sur l'influence ou l'importance, si vous voulez, de votre loi en
ce qui concerne la vente de la maison mobile. L'association des manufacturiers
groupe 26 membres, dont 16 fabriquent des maisons mobiles et contrôlent
environ 95% de la production dans le domaine de la maison mobile. Cette
association groupe ou engage environ 3000 personnes et fait affaires avec
environ 2000 clients.
Les commerçants de maisons mobiles groupent environ 100 membres
qui, de leur côté, font affaires dans toute la province de
Québec et engagent environ 4 ou 5 personnes chacun.
Comme je vous l'ai indiqué, nous avons l'intention de parler
uniquement de l'importance de votre loi quant à la vente de la maison
mobile. Nous aimerions tout d'abord exposer l'esprit dans lequel nous avons
présenté notre mémoire. Il est entendu que, lorsque l'on
parle de manufacturiers-commerçants par rapport aux consommateurs,
nécessairement les intérêts peuvent être
opposés.
Nous avons cependant l'impression, par le mémoire que nous vous
présentons, que les intérêts sont convergents,
c'est-à-dire que les intérêts peuvent se concilier, ceux du
consommateur et ceux des manufacturiers et du commerçant. J'aimerais,
tout d'abord, vous donner quelques chiffres pour bien vous démontrer
l'importance de la maison mobile comme mode d'habitation. C'est surtout dans ce
sens qu'on se présente ici ce matin. D'abord, en 1974, selon des
statistiques qui ont été faites par l'Association canadienne de
maisons mobiles, il s'est fabriqué au Québec 5131 unités,
ce qui représente environ, au Québec, par rapport à
l'habitation générale, non pas environ, mais
précisément, 15,3% de toutes les habitations unifamiliales et,
dans tout le Canada, 21,3% de toutes les habitations unifamiliales.
On considère donc que la maison mobile est un mode d'habitation
valable. En ce sens, il est tout à fait remarquable de constater que la
maison mobile, d'abord, parce que c'est un bien mobilier, et donc, qu'elle ne
peut être assujettie au Code national du bâtiment, il est
très curieux, dis-je, de
constater que nous n'avons pas de normes régissant la
construction de ces maisons et protégeant le consommateur. En ce sens,
il existe effectivement au Canada des normes qui ont été
établies par un organisme indépendant, après consultation
de différents paliers de gouvernement, et qui s'appelle le CSAZ-240, qui
ont été faites sous l'égide de la Canadian Standards
Association. Or, ces normes, si vous me le permettez, donnent des
caractéristiques sur les exigences des véhicules, les exigences
de construction pour maisons mobiles, les exigences de plomberie pour maisons
mobiles, les installations au gaz et à l'huile et les exigences
électriques pour la maison mobile. Ces normes viennent donc régir
la qualité du produit qui s'appelle la maison mobile qui est un mode
d'habitation.
Ces normes ont été rendues obligatoires dans sept
provinces canadiennes. Nous constatons que ces normes ne sont pas encore
obligatoires dans la province de Québec. Or, nous considérons que
c'est une lacune et nous croyons qu'il devient essentiel que ces normes soient
rendues obligatoires. Nous croyons qu'elles sont essentielles pour deux motifs.
Le premier motif, c'est que, nécessairement, pour l'industrie et le
commerce en général de la maison mobile, il est entendu que cela
conservera le marché.
Deuxièmement, il est intéressant de noter qu'il y a une
foule de maisons mobiles usagées américaines qui sont vendues
ici, au Québec, qui sont insatisfaisantes et jugées comme telles
aux Etats-Unis. A notre avis, cela nuit au marché
québécois de la maison mobile, d'une part, et, d'autre part,
cause de graves préjudices aux consommateurs
québécois.
J'aimerais tout simplement, à titre d'exemple, vous dire qu'en
1975, au Québec, sur 4358 unités de maisons mobiles, 1095 nous
provenaient des Etats-Unis. Je dois vous dire que cette norme groupe la maison
mobile neuve et la maison mobile usagée américaine. Par ailleurs,
d'après nos statistiques, on constate que 80% de ce chiffre sont des
maisons mobiles usagées qui ne sont pas conformes aux normes et qui
lèsent grandement le consommateur. En ce sens, nous croyons qu'il
devient important, tant pour l'industrie canadienne et québécoise
de la maison mobile que pour le consommateur, que des normes de construction
soient rendues obligatoires dans le domaine de la maison mobile.
Nous référant, M. le Président, au pouvoir qui est
donné dans la loi, je m'excuse, M. le Président, de ne pas
trouver l'article précis il est dit, dans les pouvoirs qui sont
donnés au lieutenant-gouverneur en conseil, que celui-ci a, en vertu de
la loi, le pouvoir de régir la qualité du bien vendu. Nous
demandons que le lieutenant-gouverneur en conseil, par règlement, exerce
le pouvoir qui est prévu dans la loi et inclue, pour les raisons que
nous venons de mentionner, l'obligation que toute maison neuve vendue au
Québec, de même que toute maison mobile usagée qui est
vendue pour la première fois au Québec soient assujetties
à ces normes de la Canadian Standards Association, qui portent le
vocable de "série Z-240".
Il est entendu qu'il peut peut-être se poser un problème du
fait que, comme Mme le ministre le sait probablement déjà, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre étudie un code du
bâtiment qui inclura éventuellement ces normes. Nous avons,
d'ailleurs, fait part au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre des
démarches que nous faisions aujourd'hui. Par ailleurs, nous croyons,
étant donné cette lacune, que le lieutenant-gouverneur, par le
biais de la Loi sur la protection du consommateur, pourrait, en attendant que
ces normes soient effectivement faites, l'inclure dans sa loi, et ce par voie
de réglementation.
Voilà pour le premier point que nous considérons comme
essentiel dans les démarches que nous avons faites auprès de
vous. En ce qui concerne le deuxième point, nous croyons, encore
là, que les intérêts tant du manufacturier et du
commerçant que du consommateur peuvent se concilier, et c'est la
question du financement de la maison mobile, ce qui est le troisième
point dans notre mémoire.
En ce qui concerne le financement, comme vous le savez, la maison mobile
est un bien meuble, donc elle est assujettie à la Loi de la protection
du consommateur. Or, étant donné l'importance qu'elle prend dans
le marché actuel de l'habitation, importance qui est appuyée par
des chiffres, nous croyons qu'on devrait lui accorder un financement qui
corresponde au bien. C'est-à-dire, la maison mobile n'est pas un bien
qui est financé comme une automobile. Ainsi, nous considérons que
la maison mobile, au sens de la loi, doit avoir un statut particulier. Nous, ce
qu'on dit, c'est que la maison mobile est un mode d'habitation qui est
utilisé par les gens; pourquoi? Parce qu'il est facilement abordable au
niveau du coût, qu'il a une durée de vie utile aussi longue que la
maison conventionnelle. Nous croyons qu'en ce sens on devrait permettre que ce
bien soit financé par un mode de paiement qui va tenir compte du prix
qu'on paie ce bien et de la durée utile de ce bien.
Actuellement, le prix d'une maison mobile meublée peut se situer
à environ $15,500 et celui d'une maison mobile non meublée,
$13,500. Elles sont habituellement financées, dans des contrats de vente
conditionnelle, sur douze ans et, dans quelques cas, sur 15 ans. Or, il est
bien sûr que, comme on a un contrat de vente conditionnelle qui donne une
garantie sur la maison et que ce contrat est régi par la loi, les taux
d'intérêt doivent être fixes d'une part, ce qui implique que
la période d'amortissement des institutions financières est
réduite. Deuxièmement, les taux d'intérêt ne pouvant
pas être renégociés durant la période qui existe, la
durée est donc réduite. De plus, les périodes ou les
disponibilités financières sont également
réduites.
Ce que nous demandons, c'est de pouvoir obtenir dans la loi un texte
clair qui nous permette de financer, par contrat de vente à
tempérament, la maison mobile, parce que nous croyons que le
consommateur doit être protégé de ce côté.
Deuxièmement, que ce contrat soit régi de façon claire
dans la loi, de telle sorte que les institutions financières puissent
renégocier le taux d'intérêt qui
existe durant le contrat. Ceci va nous permettre, à notre sens,
d'abord d'avoir des politiques financières plus ouvertes et, d'autre
part, des durées d'amortissement qui vont tenir compte du fait que c'est
une maison d'habitation et non une automobile, quoiqu'on respecte beaucoup le
bien. Et, troisièmement, cela permettra des politiques
financières plus ouvertes pour les consommateurs qui sont
désireux d'acheter ce type de bien, parce qu'il est bien entendu qu'une
institution financière ne peut pas garantir pour 20 ans un taux
d'intérêt. Je pense que tout le monde conçoit cela.
Alors, nous, on croit qu'il devient essentiel, compte tenu de
l'importance du bien, que le financement de la maison mobile soit fait en
conformité de ce qu'est ce bien, c'est-à-dire une habitation.
Enfin, M. le Président, nous avons fait quelques remarques sur
certains articles du projet de loi. Je m'en réfère au texte qui
vous est soumis, et il nous fera plaisir de répondre aux questions que
vous voudrez bien nous poser. Nous nous sommes permis, comme je l'ai dit tout
à l'heure, d'amener des gens des deux associations, parce que nous
croyons qu'il y a des questions d'ordre pratique. Nous sommes à votre
disposition pour discuter des questions qu'a pu soulever notre
mémoire.
En vous remerciant, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Merci, Me Gobeil. Mme le
ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais d'abord remercier
l'Association des manufacturiers d'habitations et de véhicules
récréatifs du Québec et l'Association des
commerçants de maisons mobiles et roulottes du Québec, pour
l'excellent mémoire que vous nous avez présenté.
Nous apprécions votre souci de protéger le consommateur
québécois désirant se procurer une maison mobile
construite conformément à des normes minimales de qualité
et de sécurité. Aussi, nous prenons note de vos recommantations
en ce qui concerne la possibilité d'établir des normes
obligatoires, relativement à la qualité et à la
sécurité des maisons mobiles vendues au Québec.
L'article 159 du projet de loi n'enlève pas l'obligation pour le
consommateur de prouver la date d'achat ou de prise de possession du bien
vendu. Le consommateur devra toujours être en mesure de prouver au
manufacturier que le bien défectueux qui lui a été vendu
est encore garanti. L'article 159 vient uniquement interdire aux manufacturiers
d'invoquer le fait que le document qui constate une garantie ne leur soit pas
parvenu ou n'ait pas été validé par le commerçant,
pour refuser d'exécuter cette garantie.
Dans l'état actuel des travaux de cette commission, nous doutons
qu'il soit nécessaire d'être explicite, étant donné
que les maisons témoins sont des biens immobiliers, que les maisons
mobiles sont des biens mobiliers, et que, conséquemment, elles ne sont
pas soumises aux articles 181 à 189 de la loi, mais plutôt aux
dispositions prévues au livre 1 traitant des ventes ou louage des biens
mobiliers.
Nous avons déjà annoncé, lors de la
présentation du mémoire du Barreau du Québec, que nous
comptions apporter certaines modifications aux articles 197 et 198. Nous
préconisons des modifications qui tiendront compte de deux
éléments, soit par exemple, le caractère civil ou
pénal de la commission d'une violation à la loi et les sanctions
civiles appropriées dans le cas où la violation doit
entraîner des sanctions civiles. Nous étudions également la
possibilité d'adapter la période uniforme de prescription en
fonction de la diversité des recours prévus à la loi.
Concernant le problème de financement de la maison mobile
page 12 de votre mémoire et suivantes est-ce que vous avez des
statistiques sur le montant moyen que le consommateur verse au moment de
l'achat d'une maison mobile? Est-ce qu'il a été possible
d'établir certaines statistiques à ce sujet? Oui, M. Robert.
Le Président (M. Kennedy): Si vous voulez vous identifier,
s'il vous plaît.
M. Robert (Jacques): Jacques Robert, président de
l'Association des manufacturiers.
Le montant comptant exigé est de l'ordre de 10% à 15% de
la totalité du contrat; ce qui veut dire que si on prend une maison
mobile moyenne non meublée qui se vendrait de $15 000 à $16 000,
parce qu'il faut quand même ajouter la taxe de 8%, on parle d'un comptant
de $1500 à $2000 avec une mensualité, strictement pour le bien
on ne parle pas de terrain, ici d'environ $195.
Mme Bacon: Par mois.
M. Robert: Tandis que pour la maison conventionnelle de $31 000
ce sont des chiffres assez récents de la centrale
d'hypothèque on exige un paiement de 5%, ce qui veut dire environ
$1500. Avec les programmes fédéraux d'aide à la
propriété, en cours à l'heure actuelle, on parle
même de versements mensuels de l'ordre de $166.
Mme Bacon: Est-ce que vous pouvez dire, d'après vos
statistiques ou encore d'après la pratique quotidienne, quel est le
montant moyen qui est financé à l'occasion de l'achat d'une
maison mobile? Est-ce le montant global? Est-ce possible de faire des
versements et de financer une partie de l'achat?
M. Robert: Nous avons d'autres statistiques précises. Le
montant serait d'environ $13 000 à $15 000.
Mme Bacon: Est-ce qu'on peut prendre les mêmes
données, par exemple, pour une roulotte ou une maison sectionnelle, une
maison mobile? Est-ce que pour chacune, on peut prendre les mêmes
statistiques que vous venez de nous donner, ou si c'est différent
suivant la sorte d'achat, soit d'une roulotte ou d'une maison mobile? Je pense
que ce sont des achats différents.
M. Robert: C'est très différent. Si vous me
permettez un...
Mme Bacon: ...généralisé.
M. Robert: Non, on ne peut pas généraliser, parce
qu'ici il faut faire la grande distinction entre le bien meuble et le bien
immeuble; ce qui veut dire que la maison conventionnelle est presque toujours,
pourrait-on dire, financée par voie d'hypothèque sur une
période normale de 25 ans jusqu'à 35 ans. La maison mobile, du
fait qu'elle est un bien meuble, est finançable à l'heure
actuelle sur une période de douze ans et quelques institutions, depuis
environ un an, permettent quinze ans. Mais ce qui nous inquiète, c'est
le coût d'une maison mobile qui va toujours augmenter, quand même.
Le coût de la vie augmente, nos coûts augmentent d'année en
année. On tente de toujours garder le prix de vente de la maison mobile
le plus bas possible, tout en respectant les normes minimales de construction,
mais on se situe peut-être, dans trois ans d'ici, alors que le
financement d'une maison mobile devra s'échelonner sur une
période de 20 ou de 25 ans.
Mme Bacon: A cause du prix?
M. Robert: A cause du prix et nécessairement des taux
d'intérêt qui augmentent énormément depuis trois ou
quatre ans.
Mme Bacon: Est-ce que toutes les institutions financières
acceptent de prêter sur l'achat de maisons mobiles, comme, par exemple,
les caisses populaires, les banques, les compagnies de finance, ou si c'est
dans certains secteurs d'institutions financières qu'on retrouve ces
prêts?
M. Robert: Les institutions financières sont
intéressées à la maison mobile, il n'y a pas de doute. Les
caisses populaires prêtent un petit peu. A moins de nommer certaines
banques... Mais pour la grosse majorité des maisons mobiles, encore
là, on n'a pas de statistiques précises, mais, dans l'ordre de
95%, les maisons mobiles sont financées par les banques.
Mme Bacon: Mais il y a quand même un problème dans
le financement.
M. Robert: Décidément, oui. Vous voyez, on a des
refus de prêts de l'ordre de deux demandes sur trois. Ce qui veut dire
que le consommateur ou le client veut une maison mobile, on a ce qu'on appelle,
dans les termes de distribution, un trafic fou sur les terrains de vente et le
problème de la maison mobile est beaucoup plus relié au
financement qu'à quoi que ce soit. Cela veut dire qu'on offre quand
même ce bien aux travailleurs québécois gagnant entre $9000
et $14 000 ou $15 000, selon les clients. Il est très difficile de
trouver des gens avec un comptant disponible de $1500 ou $2000,
c'est-à-dire que, la plupart du temps, le client est capable d'aborder
le paiement mensuel, mais il n'est pas capable de fournir le comptant.
Mme Bacon: C'est un problème général, qui se
généralise dans toutes les régions, ou si c'est...
M. Robert: Absolument, oui. Dans les Maritimes, à l'heure
actuelle, ce qui n'est pas le problème ici, mais on pourrait vivre ce
problème dans les prochaines années, il y a six usines de maisons
mobiles, cinq sont fermées et la sixième fonctionne en vendant
directement de ses portes, en ne passant pas par son réseau de
distribution. Les statistiques nous démontrent à l'heure actuelle
qu'il y a des maisons mobiles déjà construites là-bas pour
une période de 18 mois, si on considère les ventes moyennes au
détail à l'heure actuelle.
Au Québec, la situation n'est pas du tout aussi grave. Depuis
deux ans, nous avons un ralentissement dans le marché de la maison
mobile et c'est nettement relié au financement. Nous sommes quand
même captifs des institutions financières. Si elles ouvrent les
portes aux prêts, le marché va bien. Si elles ferment les portes,
le marché va mal. Ce n'est jamais la demande du produit qui est en
cause. C'est beaucoup plus la disponibilité de financement qui est en
cause.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Je voudrais d'abord féliciter votre
association de son mémoire et en même temps du fait que vous
exigez ou que vous désirez qu'il y ait des standards
élevés établis de la qualité de la construction des
maisons mobiles. Je pense que c'est à votre honneur de voir à ce
que, dans votre domaine, il y ait des standards que tous respectent pour que le
consommateur soit protégé.
Maintenant, pouvez-vous m'expliquer le fait qu'à
l'intérieur de 100% de vos ventes, il y ait plusieurs catégories
de maisons mobiles? Vous en avez une qui est la roulotte, celle où le
conducteur est même à l'intérieur de la grosse roulotte, et
vous avez celle qui est surtout achetée par des personnes qui veulent
s'installer temporairement, disons, pour un an, dans une région
éloignée où elles peuvent travailler. La maison demeure
là, ne bouge pas et, après, on peut peut-être, si on change
de travail, ramener la maison mobile à un autre endroit du Québec
parce qu'on aura trouvé du travail dans ce coin; une maison qui n'est
pas trop mobile. Quel est le pourcentage de vente dans les deux cas, celle qui
sert pour le transport et celle qui est pratiquement immobile?
M. Robert: J'aimerais clarifier quelque chose ici. Lorsqu'on
parle de maisons mobiles au Québec, on parle de maisons de l'ordre de 14
pieds sur 60 ou 68 pieds. D'accord? On ne parle pas de véhicules comme
ceux que vous mentionnez, où le conducteur est à bord, c'est un
"mini motor home", c'est plus ou moins dans la catégorie de roulottes de
voyage ou de véhicules récréatifs. On représente le
secteur récréatif, mais on n'en parle pas aujourd'hui. On parle
strictement de l'habitation comme telle.
La maison mobile de 14 pieds, ce n'est pas régi que cela doit
être 14 pieds, mais c'est la largeur maximum qu'on nous permet de
transporter sur les routes. Il y a moins de 5% de ces maisons qui sont
relocalisées. Il devient relativement coûteux, une fois qu'une
maison mobile est installée, de lui réinstaller ses roues et de
l'amener ailleurs. C'est une pratique qui disparaît.
Est-ce que cela répond à votre question?
M. Léger: Oui, d'accord.
M. Gobeil: M. le député, si vous me le permettez.
Je rejoins un peu la question qui était posée tout à
l'heure. Je pense que la demande, quant au financement, porte uniquement sur la
maison mobile type d'habitation qu'on vient de décrire. Il est entendu
que la maison sectionnelle, en tant que pouvant devenir immeuble, n'est pas
touchée par ces dispositions, d'une part.
En ce qui concerne la roulotte de voyage ou le véhicule
récréatif, il est bien entendu qu'à cause de sa fonction,
il ne servira pas d'habitation permanente. En ce sens-là, nous nous
limitions à la maison mobile telle qu'on vient de la décrire.
M. Léger: D'accord.
M. Robert: Si vous me permettez d'ajouter un petit mot. La maison
mobile est cousine de la roulotte de voyage, si l'on veut. Au tout début
de cette industrie, on fabriquait de la roulotte de voyage de plus en plus
grosse et on s'apercevait que les gens s'y logeaient à l'année.
On parle nécessairement beaucoup plus des Etats-Unis, parce qu'on suit
toujours les Etats-Unis dans ce genre de marché.
La maison mobile actuelle, les manufacturiers et les détaillants
veulent nécessairement la séparer complètement, dans
l'esprit du public, de la roulotte de voyage. Ce sont deux produits
complètement différents. L'un est pour l'habitation et l'autre
pour le loisir.
Lorsqu'on vend un mode d'habitation permanent tel que la maison mobile,
c'est très différent d'une roulotte de voyage.
M. Léger: Ceci m'amène à une deuxième
question sur la difficulté de financement régulier ou
hypothécaire d'une maison mobile, style maison familiale, qui va
demeurer pratiquement stable.
La difficulté que vous aviez d'avoir un financement genre
hypothèque provenait du fait que, contrairement à une maison
installée sur un terrain dont le propriétaire est aussi
propriétaire du terrain autant que de la maison, est-ce que ce
n'était pas cela les objections des compagnies, des banques et des
caisses populaires de financer, comme une hypothèque, une maison mobile,
du fait qu'elle pouvait être déplacée, que, très
souvent, elle n'était pas installée sur un terrain appartenant
à celui qui était propriétaire de la maison?
M. Robert: Oui. Vous touchez un point qui est vrai. Une maison
mobile maintenant installée sur un terrain dont le type est
propriétaire, ou lorsqu'il y a un bail sur le terrain excédant la
durée du financement, on a maintenant, dans quelques cas isolés,
pu financer ces maisons mobiles sous forme hypothécaire.
Ce sont quand même des cas très isolés. On ne peut
pas voir, du jour au lendemain, ce mode se transférer pour la
totalité du marché.
M. Léger: Si j'ai bien compris tantôt, le coût
de financement est plus élevé pour une maison mobile,
comparativement au coût de financement, par une hypothèque, d'une
maison régulière. Est-ce que vous voulez dire que, si vous aviez
la possibilité d'avoir un financement, par les caisses populaires et les
banques, comme pour une maison ordinaire, le coût pourrait baisser?
Autrement dit, vous demandez plus d'intérêts parce qu'il y a un
risque plus grand et vous pourriez remettre au consommateur cette
différence. Son financement lui coûterait moins cher si vous aviez
une hypothèque régulière?
M. Robert: On a déjà le cas d'une institution
prêteuse qui, lorsqu'elle le peut, selon les modifications ou
l'arrêté en conseil existant, finance en renégociant le
taux d'intérêt à tous les cinq ans. Le taux
d'intérêt, effectivement est tombé d'un demi pour cent.
L'institution prêteuse qui doit garantir son taux pour une période
de quinze ans, à l'heure actuelle, doit nécessairement se
garantir un taux plus élevé, strictement à cause de la
durée de l'inconnu, de l'avenir.
C'est évident que nous demandons que la maison mobile puisse
être financée sous une forme semblable à celle de
l'hypothèque conventionnelle qui, à l'heure actuelle, en
pratique, est renégociable tous les cinq ans et, même dans
certains cas, tous les trois ans. Le taux d'intérêt est
renégociable.
M. Léger: Quand on demande une hypothèque à
une banque ou à une caisse populaire, du fait qu'une maison sur un
terrain va augmenter de valeur avec les années, on peut répartir
sur une plus longue période la période d'hypothèque. La
banque sait que, s'il y avait un non-paiement, elle peut toujours reprendre une
maison qui a augmenté de valeur.
Chez vous, vous disiez tantôt que vos maisons pouvaient demeurer
à peu près à la même valeur pour douze ou quinze
ans, si je ne me trompe pas. Pouvez-vous quand même dire qu'après
une douzaine d'années la maison a autant de valeur qu'une maison
ordinaire?
M. Robert: Je veux seulement clarifier ici. En fait, si je
faisais une prévision rapide, le coût de la maison mobile va
nécessairement tripler d'ici douze ans ou quinze ans, si on garde le
taux actuel d'inflation.
M. Léger: Pour des neuves, pas pour des
usagées.
M. Robert: Encore là, nous n'avons pas tellement de bonnes
statistiques, parce que c'est en-
core un marché relativement jeune. La maison mobile
installée sur son propre terrain prend de la valeur, tout aussi bien que
la maison conventionnelle, à peu près au même rapport, si
on veut. La maison mobile installée sur un terrain loué conserve
au moins sa valeur. Nous avons plusieurs exemples où les gens revendent
leur maison trois ans après l'avoir achetée au même prix
ou, sinon, à $1000 de différence. Cela veut dire quand même
qu'ils se sont logés pour trois ans, pas nécessairement
gratuitement, parce que, pour les trois premières années, c'est
plus ou moins des paiements d'intérêts plutôt que des
paiements de capital. Quand même, la maison mobile auparavant se
dépréciait, c'est vrai. Depuis l'avènement des normes
Z-240, d'une qualité minimale de construction, la maison mobile conserve
sa valeur, ce qui n'est pas le cas de la maison mobile importée des
Etats-Unis qui, souvent, se revend ici $5000 ou $6000 et qui n'est pas une
habitation convenable. J'aimerais vous en faire visiter.
M. Léger: Quelqu'un qui veut acheter une nouvelle maison
mobile a-t-il une valeur de rachat assez importante sur l'ancienne, comme on
peut acheter une automobile et donner sa vieille automobile en
échange?
M. Gaudette (Louis): Si je peux me le permettre, M. le
Président, mon nom est Louis Gaudette, président de l'Association
des commerçants de maisons mobiles et roulottes du Québec.
L'expérience des années passées, quand on reprend une
maison mobile, normalement, on vérifie le prix qu'elle a
été payée. C'est assez facile à vérifier,
parce que, d'un manufacturier à l'autre, les prix ne varient pas
tellement.
M. Léger: Vous voulez revenir à la valeur qu'il a
payée sur le premier achat?
M. Gaudette: Ou presque, pour autant qu'elle a été
bien conservée. On va la voir sur les lieux; on va la visiter.
M. Léger: Vous faites cela parce que le prix a
augmenté pour la vente de la nouvelle, je suppose?
M. Gaudette: Oui, parce que le prix des neuves a tellement
augmenté que, même en accordant au client le même prix, il
est assez facile pour nous autres de la revendre, pour autant qu'elle est
propre, évidemment.
M. Léger: D'accord. Les vendeurs de maisons mobiles
ont-ils des ententes avec leur propre maison de financement? En d'autres
termes, l'acheteur de maison mobile doit-il prendre le financement que vous
avez par une entente avec une maison de financement?
M. Gaudette: On a une entente avec les maisons de
financement.
M. Léger: Les maisons de financement ou si vous en avez
à peu près chacun une?
M. Gaudette: En ce qui nous concerne, si vous voulez que
j'apporte un cas particulier, nous avons une entente avec deux banques
différentes. On ne force personne à se prévaloir de notre
financement. Pour autant qu'on est payé, on est bien satisfait.
M. Léger: Vous autres, recevez-vous, comme les marchands
de meubles ou comme d'autres sortes de commerçants, une ristourne des
banques ou des compagnies qui financent?
M. Gaudette: Oui. Vous faites allusion à l'article 172, je
crois.
M. Léger: C'est cela.
M. Gaudette: Nous recevons une ristourne. Par l'entente que nous
avons avec la banque, nous pourvoyons une certaine garantie pour le client,
c'est-à-dire que les contrats sont escomptés avec recours. Cela
veut dire que s'il y a une partie du risque de crédit que la banque ne
veut pas supporter, elle la décharge sur l'épaule des
commerçants qui, en retour, reçoivent un profit. Tout de
même, tout risque implique un profit. C'est la base même de notre
société démocratique, je pense.
En ce qui nous concerne, avec l'article 172, je pense que la plupart des
vendeurs seraient touchés assez durement.
Si je peux encore une fois vous apporter un exemple particulier en ce
qui nous concerne, cela représentait légèrement plus de
50% de notre profit net à la fin de l'année, les ristournes
bancaires. Par contre, nous autres, quand nous revient une unité qui a
été reprise par la banque, on va effectuer une perte beaucoup
moindre que la banque le pourrait parce qu'elle n'est pas en position de
revendre l'unité ou elle n'a pas les dispositifs, si vous voulez, pour
la revendre d'une façon aussi rentable que nous. A ce moment, notre
perte est beaucoup moindre que celle que la banque aurait faite si le contrat
avait été escompté sans recours.
M. Léger: Si la ristourne n'est plus permise, est-ce que
cette somme pourrait être remise au consommateur dans le prix de son
achat de la maison?
M. Gaudette: Voulez-vous...
M. Léger: Autrement dit, si vous avez une ristourne de la
banque pour passer chez elle le contrat, cette ristourne, si vous ne l'avez
plus, la banque elle-même n'aura pas à vous la payer, à ce
moment. Est-ce que cela ne pourrait pas être un bénéfice
pour l'acheteur de la maison mobile?
M. Gaudette: II pourrait arriver que la banque baisse son taux
d'intérêt, quoique certaines banques, actuellement, viennent de
sortir certains plans sans recours exactement au même taux,
c'est-à-dire 13,5%; disons que c'est un chiffre pas mal universel.
M. Léger: Donc, c'est la banque qui va faire un profit
supplémentaire s'il n'y a plus de ristourne.
M. Gaudette: Tout simplement. Il reste le fait que si le marchand
n'a pas cette source de profit, il va aller la chercher ailleurs, tout
simplement.
M. Léger: D'accord. Maintenant, sur la maison
témoin, vous dites que le démonstrateur vous permet de vendre une
maison mobile. Nous avons une association de consommateurs qui nous a dit qu'on
vendait aussi les maisons mobiles sans démonstrateur. Est-ce que vous
avez vérifié si cela arrive dans votre association, de la vente
de maisons mobiles sans démonstrateur?
M. Robert: Cela peut arriver dans quelques cas isolés.
Dans notre usine, si on considère toutes les décorations
intérieures, toutes les décorations extérieures, tous les
plans de plancher et la possibilité du nombre de maisons
différentes que nous pouvons fabriquer, c'est de l'ordre de 1500 maisons
de modèle différent. Maintenant, ce n'est pas pratique. C'est
strictement faire des chiffres. Souvent, nous avons un distributeur qui peut
vendre une maison mobile en disant: L'extérieur de votre maison va
être identique à celle que vous voyez, mais vous avez choisi un
autre plan de plancher que je n'ai pas en disponibilité sur le terrain
à l'heure actuelle. A ce moment, la maison mobile est commandée
à l'usine. Le fabricant la livre au détaillant, qui la montre au
client. Dans tous les cas où le consommateur n'était pas
satisfait de la maison qu'il recevait, on ne l'a jamais obligé à
la prendre; je veux dire que son dépôt lui était remis.
Pour des compagnies qui changent relativement souvent leur modèle, c'est
un fait qui peut arriver.
Qu'est-ce qu'on mentionne ici? C'est de fournir des plans et devis. Les
plans et devis, c'est justement l'ACNOR Z-240. Ensuite, c'est
complètement différent, plus ou moins, d'une maison sur lieu, une
maison conventionnelle sur lieu qui se vend avec les murs blancs, des fois non
peints, etc., avec une tapisserie spéciale sur un mur et de la tuile
dans une pièce, où la tuile est en supplément. La maison
mobile exposée est livrée au client telle qu'il l'a vue. A cause
de son mode de fabrication et de son mode de distribution, la maison mobile
livrée au client est bel et bien ce qu'il a vu...
M. Léger: Qu'est-ce que vous avez...
M. Robert: ... et souvent même la maison qui est sur le
terrain.
M. Léger: Qu'est-ce que vous avez contre le fait qu'il y
ait des plans et devis de donnés au client? Cela peut coûter
combien? Il faut penser au consommateur qui achète quelque chose sous le
coup de l'émotion ou de l'admiration ou du désir qu'il a d'avoir
une maison mobile; comment peut-il vérifier par la suite que ce qu'il a
acheté était ce qu'il avait dans l'esprit, ce que le vendeur lui
avait promis? Comment peut-il vérifier cela? Cela ne coûte pas
tellement cher, quand même, des plans et devis.
M. Robert: Contrairement à ce que vous pensez quant aux
plans et devis, qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce qu'on va jusqu'à
spécifier le genre de vis ou de clou?
M. Léger: Prenez un exemple, l'isolation ou les
problèmes de condensation; parfois on n'a pas besoin de rideaux, on ne
voit pas dehors parce qu'il y a de la condensation.
Pour de telles choses, comment protéger le client s'il n'y a pas
de maison modèle pour le montrer, s'il n'y a pas de plans et devis qui
lui assurent qu'il y a tel degré d'isolation, que la grandeur qu'on lui
montre est bien celle de la maison comme telle et non pas 68 pieds à
partir peut-être du bout du morceau de fer qui accroche après le
camion? Comment pouvez-vous protéger le client pour qu'il soit certain
que ce qu'il a acheté est conforme à un objet de
référence, qui peut être un plan et devis, ou une maison
témoin?
M. Robert: La majorité des manufacturiers donne un plan et
devis sommaires de leurs maisons, pour préciser: Vous avez tant de laine
dans le toit et tant de laine dans les murs, tel genre de prélart, tel
genre de tapis, etc. Mais encore là, la plus grande protection que le
consommateur peut avoir, c'est le fait que la maison est acceptée et
inspectée par la CSA, selon la norme Z-240. Nous avons des cas où
les manufacturiers ont arrêté de produire parce que lorsque
l'inspecteur de la CSA est passé c'est toujours par surprise, on
ne sait jamais lorsque l'inspecteur passera le manufacturier en cause
installait une prise de courant d'une façon contraire aux normes, alors
la CSA a refusé d'accepter ces maisons.
A l'heure actuelle, le manufacturier peut encore revendre ses maisons,
enlever les sceaux et les revendre facilement. Il n'y a absolument rien qui
l'en empêche. La majorité des manufacturiers, je pourrais
possiblement dire la totalité des manufacturiers, a même
arrêté la production et a réparé ces maisons pour
les rendre conformes; mais, c'est une autodiscipline, nous ne sommes pas
obligés de le faire. Nous demandons on revient encore sur notre
première demande des normes minimales. Je veux simplement
réitérer ce point, savoir que les gens qui achètent une
maison mobile usagée, et qui, souvent, se font avoir en le faisant,
c'est une maison mobile qu'ils ont achetée. Ce n'est pas une maison
mobile canadienne, ou Z-240, ou quoi que ce soit. Ils ne connaissent pas la
différence. Nous, à l'aide du réseau de concessionnaires,
essayons de les faire connaître. Mais la meilleure garantie ou la
meilleure protection pour le consommateur revient quand même à
avoir des normes minimales.
M. Léger: D'accord, mais ces normes minimales sont une
chose que le gouvernement ou des inspecteurs peuvent vérifier, mais le
consommateur, lui... Vous avez parlé tantôt de plan et devis
sommaires que vous avez...
M. Robert: Oui.
M. Léger: Est-ce qu'il serait possible de faire parvenir
à la commission un exemplaire de ces plans et devis sommaires que vous
présentez?
M. Robert: Oui, certainement. En général, c'est une
coupe de murs ou une coupe de la maison en relief pour la rendre facile
à lire, avec des flèches qui indiquent que vous avez ça
ici, vous avez ça là, etc. Lorsqu'on tombe dans les plans et
devis comme tels, si on veut aller à la source, il faut revenir à
la CSA, Z-240, et ces normes sont considérables. Il faut avoir un juste
milieu dans les normes qu'il faudrait fournir.
De plus, il arrive, une fois de temps en temps, que le consommateur
veut, soit rajouter une pièce ou d'autre chose, et veut savoir comment
se brancher d'une façon électrique, etc.; à ce
moment-là, sans aucuns frais additionnels ou autre chose, on lui envoie
les dessins, les "blue-print" de la maison, mais de là à les
fournir à tous et à chacun, je ne verrais pas
nécessairement l'utilité.
M. Léger: Cela peut coûter combien?
M. Robert: Un "Set de bleus "... La façon dont les plans
sont faits, c'est pour une chaîne de montage. Vous avez un mur sur un
plan, vous avez une partition sur l'autre, vous avez le schéma de la
façon d'installer le lavabo sur un autre. Cela pourrait vouloir dire une
augmentation dans le prix de vente de la maison de l'ordre de $150.
M. Léger: Aussi élevé que ça?
M. Robert: Oui, parce que seulement une copie de plan coûte
environ $0.75. Je n'ai pas les coûts exacts, mais lorsqu'on parle de
"blue-print", c'est relativement coûteux.
M. Léger: A la page 10 de votre mémoire, vous
parlez de prescription de recours. Vous demandez qu'une année,
prévue dans la loi, soit diminuée ou remplacée. Pour
quelle raison voulez-vous diminuer la période de recours pour le
consommateur?
M. Gobeil: C'est surtout des représentations. Nous croyons
qu'effectivement, le consommateur, dans un délai d'un an, pour la
prescription, a suffisamment de délai pour constater les vices du
contrat ou les vices du bien. Nous pensons ceci, étant donné que
la loi comporte des dispositions qui sont d'ordre public et étant
donné la sévérité, d'ailleurs, de la loi, qu'il
faut reconnaître, tout en reconnaissant le droit du consommateur.
Nous disons: Ecoutez, nous croyons qu'un délai d'un an est juste
et équitable pour le consommateur et il lui permet d'agir, et un
délai de trois ans peut entraîner des injustices. C'est pour cela
que nous demandons que le délai d'un an soit conservé.
M. Léger: Vous êtes avocat, je pense? M. Gobeil:
Oui.
M. Léger: Quel est, d'après vous, le recours que le
vendeur peut avoir pour une repossession?
M. Gobeil: Je ne comprends pas très bien votre question.
Pourriez-vous préciser?
M. Léger: Quel est le délai qu'un vendeur peut
avoir pour reprendre la maison qu'il a vendue, s'il y a un défaut de
paiement ou un défaut quelconque?
M. Gobeil: C'est une question de garantie. M. Robert:
C'est une très bonne question. M. Léger: Pour vous
faire payer, entre autres?
M. Robert: Pour nous faire payer. Je vais vous répondre
sur la façon du manufacturier et, ensuite, plus ou moins sur la
façon du détaillant de se faire payer. C'est un bien, voulant
dire que c'est une habitation; prenons donc le cas d'un manufacturier qui vend
la maison à un concessionnaire et n'est pas payé; la maison est
en démonstration chez le concessionnaire. La maison est vendue. Le
concessionnaire fraude, en voulant dire qu'il se sert de ces sommes d'argent et
n'est pas capable de payer le manufacturier. Il faut savoir que le
manufacturier ne peut pas aller saisir la maison, du fait que c'est un bien
habité.
De la même façon, le concessionnaire ne peut pas aller
saisir une maison comme cela, c'est presque impossible. Il faut passer par la
loi comme telle.
M. Léger: Ma question était beaucoup plus celle-ci:
Si le client ne fait pas ses paiements, vous avez combien de temps pour exiger
qu'il paie ou faire des saisies sur le client?
M. Gobeil: A notre sens, si c'est un contrat régi par la
loi et qui comporte des clauses de déchéance de terme, et s'il
s'agit d'un contrat de vente à tempérament, des délais
sont prévus par la loi.
M. Léger: Actuellement?
M. Gobeil: Actuellement, je pense que c'est trente jours, si ma
mémoire est bonne, mais il faudrait vérifier le texte exact pour
ne pas vous induire en erreur.
M. Léger: N'est-ce pas plutôt à cinq ans que
vous avez droit pour saisir la personne qui ne vous paie pas?
M. Gobeil: Je pense que, dans le contrat de vente à
tempérament, il y a des délais prévus. C'est-à-dire
que la Loi sur la protection du consommateur, sur un tel type de contrat, nous
donne des droits: celui de mettre des clauses de déchéance du
terme, d'une part, et, d'autre part, celui de reprendre possession du bien dans
les
cadres déterminés par la loi. On a les délais que
la loi nous donne à cet effet.
M. Robert: Ce que je pourrais ajouter là-dessus, c'est
que, comme j'ai dit, la presque totalité des ventes de maisons mobiles
sont faites à l'aide des banques. On a le cas isolé où les
gens paient au comptant, au complet, de gens qui viennent de vendre leur maison
et qui paient au comptant, au complet.
M. Léger: C'est quoi, le délai, dans ce
temps-là?
M. Robert: Une fois que le détaillant est payé, je
n'ai jamais connu un cas où il irait reprendre une maison. Je ne peux
pas voir la raison, la nature même pour laquelle il irait reprendre une
maison.
M. Léger: Ma question était pour établir
l'équilibre entre les deux, du fait que, d'un côté, vous
vouliez que ce ne soit pas plus qu'un an tandis que le vendeur avait quand
même un délai supplémentaire pour avoir recours en cas de
non-paiement.
M. Robert: Le vendeur, en fait... Pour autant que je suis
concerné, si la maison est payée d'accord? je ne
peux jamais la saisir. Le vendeur, lui, est toujours payé par
l'institution prêteuse. Ce qui veut dire que, dans le cas du
manufacturier, qui est ici, ou du commerçant, nous ne pouvons pas du
tout aller reprendre une maison; c'est l'institution prêteuse qui peut le
faire. C'est relativement difficile de vous répondre sur ses
délais à elle.
M. Léger: Ce dont je parlais, c'est du délai de
prescription normal, qui est de cinq ans.
M. Gobeil: Oui, la prescription normale. Vous faites
référence au fait que vous pouvez financer le bien sur contrat de
vente conditionnelle. A ce moment, vous avez la possibilité de reprendre
possession du bien dans les cadres déterminés par la Loi sur la
protection du consommateur et les délais sont très courts. Ce que
vous voulez dire, si je comprends bien, c'est que si on vend une maison mobile
qui est financée par un contrat de prêt personnel, à ce
moment-là c'est ce que vous visez comme hypothèse,
j'imagine cela veut dire que le commerçant a un recours, pas
uniquement sur le bien, mais sur tous les biens du débiteur.
M. Léger: C'est cela.
M. Gobeil: Bon! En ce sens-là, je pense qu'en
matière commerciale, c'est cinq ans et, en matière
mobilière, parce que, là, c'est une relation commerciale et
ça pourrait être cinq ans, étant donné que c'est le
commerçant, cela pourrait être jugé comme une transaction
civile ou trois ans.
M. Léger: C'est l'exemple, le rapport que je voulais qu'on
démontre entre votre demande et le fait qu'on peut toujours avoir un
délai de prescription de cinq ans. Il y avait une relation entre ce que
vous demandiez, pour le consommateur, et les possibilités, de l'autre
côté, pour le délai de prescription pour une poursuite ou
la saisie même des biens totaux d'une personne qui vous doit de
l'argent.
M. Robert: Je ne veux pas me faire l'avocat contre le
consommateur, ce n'est pas le cas du tout. Mais ce délai de trois ans...
Vous savez que la majorité des consommateurs est honnête. Il y en
a quand même une petite minorité qui est d'esprit
malhonnête, qui prend avantage de certaines lois dans certains cas
où nous n'avons presque pas de protection. Je ne veux pas dire que c'est
le cas en général. Ce n'est pas du tout le fait.
Mais prenons le cas de trois ans où 2% des consommateurs, d'une
façon ou d'une autre, voulaient une maison mobile, l'ont choisie et,
après deux ans, ils s'aperçoivent qu'ils n'aiment pas vraiment
cela, vivre dans une maison mobile. Ils ont un paquet de protection ou de lois
nous obligeant à reprendre le produit. Conséquemment, le
consommateur qui aime le produit c'est la grande majorité
va être obligé de payer pour l'autre quand même. Il faut que
nous absorbions ces coûts quelque part. Par exemple, un défaut
relativement courant est la condensation. Lorsqu'elle se produit, cela va se
produire dès la première année. C'est évident. Si
cela ne se produit pas la première année excusez-moi, je
suis ingénieur, je vous le dis cela ne se produira pas la
deuxième.
Le consommateur est adéquatement protégé. Nous
sommes plus ou moins régis par l'article 1688, si je me souviens bien,
du Code civil où nous devons garantir les vices de construction pour
cinq ans. Nous garantissons quand même le produit pour une longue
durée. Où nous arrêtons la garantie après un an,
c'est si une porte d'armoire est croche, par exemple. Envoyer une équipe
de service, en l'occurrence de Saint-Jean à Sept-lles, pour remettre la
porte droite! Vous croyez que j'exagère? Je n'exagère pas. Cela
nous est demandé. Les coûts deviennent alors prohibitifs et c'est
toujours la totalité des consommateurs qui les absorbent.
M. Léger: Les gens paient une maison mobile de $15 500 en
combien d'années?
M. Robert: En général, à l'heure actuelle,
c'est encore douze ans.
M. Léger: D'accord. Je vous remercie infiniment de votre
mémoire et de vos explications.
Le Président (M. Kennedy): Est-ce qu'il y a d'autres
questions des membres de la commission à l'association? Sinon, je
remercie l'Association des manufacturiers d'habitations et de véhicules
récréatifs du Québec Inc., ainsi que l'Association
des commerçants de maisons mobiles et roulottes du Québec
Inc. de leur souci d'une bonne loi pour la protection du consommateur. Merci,
messieurs.
M. Robert: Merci.
Association des consommateurs du Canada
(Québec)
Le Président (M. Kennedy): Nous entendrons maintenant
l'Association des consommateurs du Canada (Québec),
représentée par Mme Nicole Forget. Je voudrais profiter de
l'occasion pour souligner que nous avons parmi nous, dans l'assistance, ce
matin, un pionnier dans la défense des droits des consommateurs en la
personne de Mme Thérèse Casgrain.
Mme Forget, si vous voulez identifier vos collaboratrices.
Mme Forget (Nicole): M. le Président, je suis Nicole
Forget, présidente de l'ACCQ. A ma droite, Maryse Campagna, qui a
travaillé principalement sur le dossier de la publicité
destinée aux enfants, et Maryse Azaria, qui a aussi travaillé sur
ce dossier. Si vous avez des questions précises sur ce sujet de
même que sur les primes, ce sera principalement elles qui y
répondront.
M. le Président, Mme le ministre, MM. les membres de la
commission. Permettez-moi quelques remarques d'ordre général
avant que de vous lire notre court mémoire. Nous nous devons d'abord de
souligner que pour un organisme composé de bénévoles, nous
avons trouvé très court le temps imparti pour déposer des
commentaires devant cette commission. Cela nous a demandé beaucoup
d'efforts pour arriver au moins à mettre en ordre le peu de points que
nous avons soulevés devant vous.
Nous nous devons aussi de souligner que les groupements de
consommateurs, faute de ressources de tout ordre, se retrouvent fort
démunis quand ils viennent comparaître devant les organismes
gouvernementaux ou devant l'industrie. Il est évident qu'avec de maigres
budgets pour couvrir toutes les questions qui touchent le consommateur d'ici,
nous ne pouvons nous payer d'autres expertises que celles de ceux qui ont le
feu sacré pour la cause. Nous nous devons en plus d'insister sur le fait
que la disproportion entre les crédits dont dispose le ministère
pour faire avancer la protection du consommateur n'ont aucune mesure
comparativement aux fonds qui disparaissent annuellement, au Québec
à tout le moins, dans la publicité entre autres.
Compte tenu de ces remarques préliminaires, je procède,
avec votre permission, à la lecture de ce petit mémoire. Je
voudrais aussi souligner qu'il y a ici aujourd'hui des représentants de
six de nos groupes locaux qui viennent d'aussi loin que La Tuque.
Trois-Rivières, dans la région de Québec, Laval,
Montréal aussi.
L'Association des consommateurs du Canada (Québec) est un
organisme à but non lucratif oeuvrant au Québec depuis
près de trente ans, incorporé selon la troisième partie de
la Loi des compagnies de Québec et entretenant des liens avec un
organisme pancanadien. L'ACCQ rejoint au Québec environ 15 000 personnes
souscrivant à nos publications et regroupe ses membres actifs dans une
vingtaine de sections locales réparties dans autant de localités
sur le territoire québécois.
De tout temps vouée à la défense des
intérêts du consommateur d'ici, l'ACCQ s'est fixé comme
objectif d'informer et d'éduquer le consommateur, mais aussi de le
représenter chaque fois que ses intérêts semblent mis en
cause. Soucieux donc de remplir les mandats qui lui sont confiés, l'ACCQ
s'interroge sur une série de questions et problèmes qui sont
portés à son attention tout autant par ses membres que par le
public en général. Il va sans dire que la refonte de la loi 45 ne
pouvait nous laisser indifférents. Nous sommes heureux de constater que
le projet de loi no 7 touche tous les contrats de consommation, donc aussi la
vente au comptant, et introduit le principe de la lésion entre majeurs,
ce dernier point tendant à réduire les
déséquilibres entre les parties au contrat.
Aussi loin soit-il de ce que nous pourrions attendre d'une politique de
protection du consommateur, nous sommes conscients que ce projet s'est voulu un
effort pour reconnaître certains droits au consommateur d'ici.
Toutefois, ce projet étant un minimum, nous incitons le
législateur à n'y pas faire de coupures qui pourraient en
réduire les effets favorables aux consommateurs. Aucune loi,
croyons-nous, à moins d'un réel parti pris en faveur du
consommateur et à moins d'être vulgarisée et massivement
distribuée, ne pourra protéger le consommateur.
De plus, dans une société de surproduction d'objets
inutiles et de qualité de plus en plus douteuse, aucune loi ne pourra
protéger le consommateur à moins d'abolir toute publicité
qui dépasse la stricte information sur le bien et/ou le service mis en
marché.
Des paragraphes qui précèdent découle ce qui suit:
volonté politique de réglementer et d'assainir le marché
en faveur du consommateur; vulgarisation de la loi et des règlements y
afférents; information et éducation du consommateur; interdiction
de toute publicité qui serve d'autres buts que celui d'informer le
consommateur éventuel d'un bien et/ou d'un service.
Ceci étant posé, regardons le projet de loi qui nous
préoccupe. Ce texte est peut-être bien une oeuvre d'art pour les
juristes, mais, pour M. Tout-le-Monde, il est tout à fait indigeste. Il
donne sûrement plus de droits au consommateur, mais nous ne sommes pas
certains de les avoir tous bien reconnus dans le projet de loi.
Chaque fois que le consommateur achète, il voudrait être
certain d'avoir acheté ce qu'il voulait réellement acheter, aux
conditions qui lui conviennent, avec la certitude que c'est un bien et/ou un
service de qualité et que, si ce n'est pas le cas, des recours
réels lui sont permis et accessibles. Qu'est-ce donc que le projet de
loi no 7 offre aux consommateurs? Nous n'entendons pas présenter de
commentaires sur chaque titre, livre et section. Nous allons plutôt nous
attacher aux parties qui recoupent davantage notre champ
d'action, sachant que d'autres organismes qui épousent nos
objectifs couvriront le reste.
Nous parlerons d'abord de la publicité destinée aux
enfants. L'ACCQ est heureuse d'apprendre l'intention du législateur
d'abolir cette publicité. Toutefois, notre expérience de la
surveillance, en 1975, de l'opérationalisation du règlement
actuel nous prouve hors de tout doute qu'il est inapplicable et
insatisfaisant.
L'article 164 du présent projet de loi va se montrer à
l'usage sans doute tout aussi inapplicable, laissant trop de place à
beaucoup d'interprétation. Nous affirmons ceci à ce moment-ci
parce que nous ne connaissons pas la réglementation qui viendra le
mettre en vigueur.
Les articles 163 et 164 régissent-ils toute forme de
publicité, y compris l'utilisation de catalogues, d'affiches dans les
vitrines, sur les comptoirs? Dans le cadre de l'article 164, les personnages
connus des enfants, les dessins animés et tout le contenu du
règlement actuel de la publicité destinée aux enfants
sont-ils inclus de façon implicite?
Quant à nous, nous voudrions que l'article 163 interdise, en sus,
l'utilisation d'enfants et/ou de voix enfantines dans la publicité.
Il faut maintenant que j'apporte un correctif au paragraphe 21,
après informations. Nous demandions des périodes d'écoute
définies. Il semble que, sur le plan constitutionnel, cela crée
des problèmes et qu'on a peut-être mal compris l'article qui vise
à réglementer la publicité pour toutes les heures
d'émission. Nous avions spécifié les heures, entre 16 et
18 heures en semaine et 9 et 12 heures le samedi matin. Nous demandions que
celles-ci soient décrétées émissions pour enfants.
Nous pourrons en discuter plus tard, j'imagine.
A ce point-ci, il faut souligner que nous avons obtenu, la semaine
dernière, l'appui de l'exécutif de la Ligue des droits de l'homme
concernant notre attitude au niveau de la publicité destinée aux
enfants. La ligue considère que c'est un droit collectif des enfants de
ne pas être abusés ou agressés par la publicité.
Nous ne comprenons pas que le livre II sur les pratiques interdites
n'ait pas défini la publicité. Il est bien louable d'interdire la
publicité, mais il faudrait qu'on s'entende sur la publicité
qu'on va interdire, enfin sur un même contenu.
Toujours au chapitre des pratiques interdites, nous croyons que
l'article 158, rédigé dans sa forme actuelle, ne changera rien
à la pratique courante. Il faut carrément interdire les primes
où qu'elles se trouvent et sous quelque forme qu'elles sont
présentées au consommateur.
L'article 174b) réfère-t-il à ce qu'il est convenu
d'appeler de la contre-publicité? Si tel n'est pas le cas, l'ACCQ
demande que la loi no 7 l'instaure.
Au livre IV, les articles 181 et 188, nous trouvons que ce n'est pas la
place, puisque le projet de loi spécifie qu'il ne s'intéresse
qu'aux biens mobiliers. L'application de ces articles va créer des
problèmes et ne modifiera pas la question de fond dans ce domaine.
Les problèmes auxquels est confronté le consommateur
à ce niveau ne peuvent se limiter aux plans et devis, non plus qu'au
contrat. Ce livre donnera possiblement l'impression à M. Tout-le-Monde
qu'il est enfin protégé lorsqu'il achète une maison
neuve.
Au titre II, chapitre II, article 202, nous nous demandons s'il n'y a
pas ouverture à l'action dite collective, puisque l'on parle
d'infraction à un consommateur ou à un groupe de
consommateurs.
Le projet de loi, par ailleurs, ne mentionne nulle part le recours
collectif. Pourtant, sans cet outil, le consommateur ne sera jamais en mesure
de gagner les vraies batailles. Elles sont longues, dures et coûteuses
pour récupérer peu.
Comment arriver à se prémunir contre les milliers de
petites fraudes quotidiennes? En ce moment, on n'a pas de possibilité
d'y arriver. Répétées, elles finissent par priver
l'ensemble des consommateurs de montants très importants. Seul le
recours collectif pourrait apporter quelque espoir.
Nous demandons donc que, sans attendre qu'un projet de loi à cet
effet soit déposé par le ministère de la Justice, la Loi
sur la protection du consommateur présente une section s'y rapportant,
quitte à ce que cette section soit enlevée lorsque la loi
instituant le recours collectif sera réellement en vigueur.
Nous croyons aussi que la loi devrait donner à tout consommateur
et aux groupes de consommateurs le droit de poursuivre et non pas laisser cette
seule possibilité au directeur de l'office.
Au titre III du livre I, nous parlons des vendeurs itinérants,
les démarcheurs. Ils ont fait de tout temps l'objet de plaintes à
nos bureaux. Nous déplorons, entre autres, le fait que ceux qui
élisent domicile dans les foires commerciales, salons et expositions de
tous genres ne soient pas couverts par cette section. Ces vendeurs sollicitent
le consommateur ailleurs qu'à leur place d'affaires et devraient tomber
sous le coup de l'article 37.
La réglementation attachée à l'actuelle loi 45 a
causé suffisamment de tort en décrétant des exemptions
pour nous inciter à demander au législateur de ne pas
perpétuer cet état de choses, à tout le moins dans ce
cas-ci.
Les articles 40d) et 40e) nous semblent tenir de la science-fiction. Il
est évident que le consommateur n'aura pas le bien acheté avant
la fin du délai de réflexion, d'autant plus qu'il n'aura
versé aucun montant d'argent pour montrer son intérêt de
l'acquérir.
Comment juger à distance des qualités d'un bien que l'on a
entrevu et à peine touché?
L'intention du législateur, croyons-nous, était d'offrir
au consommateur la possibilité de réfléchir et sur le bien
et sur son prix. Il faudra donc reformuler cet article, faute de ne lui voir
remplir qu'à moitié sa fonction.
Au titre II du livre VI, nous trouvons nous l'avions
déjà souligné lors de notre mémoire sur le projet
de loi no 45 que le Conseil de la protection du consommateur ne
répond pas à nos attentes quant à sa composition et quant
à ses pouvoirs.
Largement formé de membres venant d'ail-
leurs que des groupes défendant les intérêts des
consommateurs, il y a risque permanent de cautionner des décisions
allant à rencontre des objectifs à poursuivre pour la
réelle protection du consommateur.
Non décisionnel, siégeant à huis clos et ne se
prononçant jamais publiquement, ce conseil n'est qu'un outil dont le
ministre se sert s'il le veut bien.
L'ACCQ demande donc pour les organismes défendant les droits et
intérêts des consommateurs: Un droit de regard sur les nominations
à ce conseil; une représentation à deux contre un sur ce
conseil.
Nous demandons, pour le conseil: Le droit de se prononcer publiquement;
un président, à tout le moins, à temps partiel; des
ressources financières et humaines qui lui permettent d'agir.
Avant de terminer, nous voudrions formuler quelques commentaires qui
nous sont venus depuis le dépôt du projet de loi. Des gens nous
disent: C'est odieux que même les banques vendent des listes de noms. Il
faudrait que ce procédé soit interdit partout. Il faut trouver un
moyen d'interdire la sollicitation par téléphone, surtout pour
les cartes de crédit. Une question: le projet de loi no 7 oblige-t-il le
commerçant à faire signer un nouveau contrat avant de majorer le
taux de crédit d'un client? Dans une rencontre publique, un
rela-tionniste de chez Eaton (Québec) nous dit non. M faut abolir la
publicité faite par les institutions prêteuses. Les
Québécois sont assez endettés qu'ils savent sûrement
où aller quand ils ont besoin d'emprunter. Il faut exiger des
institutions prêteuses qu'elles divulguent leur taux
d'intérêt. Exemple: 33% par an. Qu'est-ce qu'une prime? Un dessin
imprimé au dos d'une boîte de céréales en est-il
une? On devrait accorder un rabais sur les ventes au comptant afin de
décourager l'utilisation des cartes de crédit. De même, on
doit interdire toute sollicitation pour carte de crédit dans les banques
et aux comptoirs des magasins. Tant que nous n'aurons pas un vrai
ministère de la consommation, nous ne serons pas
protégés.
Il y a quelque chose qui nous est arrivé hier. Les antiquaires,
quelle place ont-ils dans le projet de loi? Ils achètent du consommateur
et ils revendent au consommateur.
L'Association des consommateurs du Canada (Québec) vous remercie,
Mme le ministre, messieurs.
Le Président (M. Kennedy): Merci, Mme Forget! Mme le
ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais tout d'abord
remercier l'association de la présentation et du contenu de son
mémoire et féliciter en même temps tous les membres de
cette association pour le travail bénévole et acharné,
depuis de nombreuses années, où plusieurs personnalités se
sont succédé afin de faire avancer la cause des consommateurs au
Québec.
Dans votre mémoire, à la page 1, vous nous suggérez
de vulgariser massivement notre Loi sur la protection du consommateur. Il est
évident que nous sommes entièrement d'accord avec vous sur ce
principe d'information. D'ailleurs, nous venons d'entreprendre une vaste
campagne d'information avec le mouvement Desjardins qui a pour but de
sensibiliser davantage le consommateur québécois à divers
aspects de la consommation.
Votre association, qui possède une vaste expérience dans
le domaine de la consommation, pourrait-elle nous dire comment vous concevez
une vaste campagne massive ou une campagne de vulgarisation? Avez-vous des
opinions à émettre devant les membres de cette commission?
Mme Forget: Nous avions déjà dit lors d'un colloque
public, l'an dernier, dans des groupes que les lois devaient être
vulgarisées. Les avocats ou les juristes qui les rédigent nous
disent: Plus on les vulgarise, plus finalement elles sont diluées et
elles perdent l'impact qu'elles devaient avoir. Cela nous pose un dilemme. Il
est très clair que le consommateur qui vient chez nous, il lit un
article. Même nous, on a lu plusieurs fois le même article pour
être certains qu'on avait compris et on n'est pas toujours sûrs.
Comment en arriver à ce que ce soit dit plus en langage de tous les
jours sans déformer la loi? Si on répond à cette question,
je pense qu'après on aura seulement à s'entendre. Est-ce qu'on
imprime des choses et qu'on les distribue partout? Est-ce qu'on présente
des films dans les écoles ou dans des groupements déjà
organisés pour essayer de rendre la loi le plus proche possible du
monde, avec des exemples? Finalement, dès qu'on donne un cas on dit:
Tiens, il s'est produit telle chose à telle place. Quel est le recours
à partir de cela?
Tout le monde saisit s'il y avait ou non un recours par tel article de
la loi. On est au même point, je pense. On s'interroge nous aussi quand
on arrive à vouloir informer le consommateur. Qu'est-ce qu'on doit lui
dire et comment on doit le lui dire pour être certain, sans mettre trop
de détails, qu'il ait compris l'essentiel et qu'il sache où aller
pour les détails? On n'a pas de réponse miracle. On est bien
prêtes à travailler avec vous pour en trouver, par exemple.
Mme Bacon: Nous avions l'impression d'avoir un texte qui soit
assez clair et, à l'audition des mémoires, on s'aperçoit
qu'il y a plusieurs articles qui demandent une nouvelle rédaction, du
moins, qu'on se penche sur une rédaction qui soit différente de
celle qui existe présentement. Vous mentionnez aussi d'abolir toute
publicité qui dépasse la stricte information sur le bien ou le
service de mise en marché. Qu'entendez-vous par cette abolition totale
de toute publicité?
Mme Forget: Vous y touchez un petit peu quand vous touchez
à l'abolition de la publicité sur le crédit, enfin les
objets qu'on peut acheter par le crédit. Il y a d'ailleurs la
publicité que l'on entend, toute une foule de publicité qui est
difficile à toucher quelque part et qui n'est pas de l'information,
c'est-à-dire que c'est un mode de vie qu'on véhicule, qui n'est
pas exactement dans les mots que l'on vous donne. C'est meilleur d'acheter
telle voiture pour telle et telle raison. Il serait bien
plus important pour le consommateur de savoir quelles sont les
qualités de cette voiture. Finalement, c'est cela, pour décider.
Cette voiture par rapport à une autre a de meilleures qualités.
Ce bien, cet appareil électrique m'offre plus de possibilités que
tel autre. Finalement, c'est cela. Qu'on ne me le mette pas
nécessairement en comparaison avec un autre sur l'écran, mais
qu'on me dise ses qualités afin que je puisse, à partir de cela,
ou que le consommateur puisse faire la différence entre l'un et l'autre,
non entre la couleur, non entre la forme, non entre tout l'artifice qu'il y a
autour du bien, finalement, pour nous le faire acheter.
Mme Bacon: Comment, en pratique, peut-on contrôler la
publicité? Est-ce que vous iriez aussi loin que suggérer une
régie de la publicité?
Mme Forget: Bon. Vous tombez là-dessus. Hier, en conseil
d'administration, chez nous, on s'est beaucoup interrogé sur les
régions. Chaque fois qu'on demande un contrôle, cela nous
coûte quelques millions de plus. Quels sont les millions que l'on
récupère par l'autre côté quand on est
contrôlé? Il faut mettre cela en balance. Je ne veux pas seulement
lancer qu'il faut une régie, mais il va falloir quelque chose quelque
part qui va regarder l'ensemble de la publicité. C'est un tout, la
publicité. C'est un mode de vie. C'est par les poupées que l'on
vend aux petites filles, on vend leur vie pour le futur. Par les camionnettes
et les voiturettes aux petits garçons, on vend aussi tout un style de
vie. Est-ce qu'il nous est propre, à nous, d'ici, avec notre culture?
Quel est notre pouvoir là-dessus? Enfin, il y a beaucoup. Comment
va-t-on contrôler que la publicité dise ce qu'elle doit dire? Je
ne le sais pas. Peut-être qu'il faut une régie. Je ne vous dirai
pas demain matin qu'il faut une régie. J'aimerais mieux qu'on regarde
cela sérieusement afin d'en tirer le pour et le contre, les avantages
pour le consommateur d'abord. Si cela doit lui coûter à ce point
très cher et que, pendant dix ans, on va retravailler des
règlements et des contrôles, cela ne rime à rien. On n'est
pas contre en partant. Il va falloir trouver une façon de
réglementer la publicité. Comment? Encore là, on est
prêtes à vous aider à trouver et à travailler,
mais...
Mme Bacon: Quant aux articles 163 on parle de
publicité et 164, je pense que ma position sur la
publicité destinée aux enfants, publicité à but
commercial, est suffisamment connue. Je pense bien que, ce matin, je dois
m'abstenir de faire plus de commentaires. Vous dites que ces articles sont
inapplicables et vous avez même fait part de certaines inquiétudes
quant à la réglementation de cette publicité. Est-ce que
vous pourriez vous expliquer?
Mme Forget: Je vais laisser Mme Azaria vous parler de notre
expérience de la surveillance du règlement actuel, de la
complexité d'arriver à entrer dans les normes ou des
possibilités de facilement passer à côté.
Mme Azaria (Maryse): Oui, en fait, c'est Mme Campagna,
plutôt, qui avait présidé cette étude. Mais si on
regarde, par exemple, les articles, dans la loi 45, qui régissent la
publicité destinée aux enfants, plusieurs plaintes étaient
formulées par les consommateurs. Pour eux, telle annonce allait vraiment
à rencontre de tel article. On nous donnait la réponse: Ce n'est
pas fondé. C'est vraiment difficile d'arriver. Par exemple, il y a
l'article f) qui disait: On ne peut pas faire de publicité qui
déconsidère l'autorité, le jugement, les
préférences des parents. N'importe quelle publicité
destinée aux enfants déconsidère le jugement des parents.
On incite l'enfant à l'acheter.
On disait, par exemple: On ne peut pas inciter un enfant formellement
à acheter un objet. Le fait qu'on lui fasse de la publicité, il
va nécessairement être incité à l'acheter. Je pense
que la plupart des articles semblables ne sont vraiment pas, en pratique,
applicables; on le voyait parmi les plaintes qui nous venaient, des habitudes
de vie répréhen-sibles, des choses comme ça, on a eu
plusieurs plaintes là-dessus. La réponse qui nous venait: Cette
plainte n'est pas fondée. Finalement, à quoi ça
servait?
Mme Bacon: II faut faire la différence entre les
règlements de la loi actuelle et les articles 163 et 164, tels que
proposés dans la nouvelle loi.
Mme Azaria: En fait quant à nous, ce qui est beaucoup plus
simple, c'est d'interdire la publicité pendant certaines heures. Par
exemple, les enfants, ordinairement, regardent la TV de 16 heures à 18
heures. S'il n'y a pas de publicité destinée aux enfants à
ces heures, l'enfant est naturellement protégé. Le samedi matin
aussi est une période très critique pour les enfants.
Mme Bacon: Vous parlez toujours de la publicité à
la télévision?
Mme Azaria: Oui, on parle de la télévision, parce
que pour nous, c'est toujours la plus flagrante pour les enfants. Mais on
considérait qu'on faciliterait l'application de la loi en ayant des
heures précises durant lesquelles la publicité destinée
aux enfants serait interdite.
Mme Forget: Si vous prenez le règlement actuel, on dit,
par exemple: Tenir compte du contexte de sa présentation. Le contexte,
pour un consommateur, il peut être Y, pour les gens qui ont
interprété et appliqué le règlement, il va
être Z, et pour le fabricant ou le publicitaire, il va être
différent encore: juste un petit peu ou en deçà ou
à côté du règlement, et on va toujours être
sur la limite. On se disait: Comment va-t-on arriver à juger ces cas et
à s'assurer... Quant à la nature et la destination du bien
annoncé, c'est plus facile. Quant aux manières de
présenter la publicité, quelqu'un les juge bonnes, l'autre les
juge répré-hensibles. Où va s'arrêter la ligne? On
ne voyait pas comment on allait pouvoir appliquer cette chose. Il est clair
qu'on tient à ce qu'elle soit abo-
lie. Mais comment va-t-on arriver à ce que ça se fasse?
Evidemment, on n'a pas la réglementation non plus. Peut-être
avez-vous les solutions plus faciles par cela. Mais j'imagine que ça va
être compliqué d'arriver à trouver des solutions.
Mme Azaria: Nous voyons que l'abolition de la publicité
destinée aux enfants ne se fera pas du jour au lendemain. Il y a
certainement un long cheminement. Comme premier pas, comme on a toujours
considéré la publicité télévisée
comme la plus dommageable, qu'on commence par ces périodes durant
lesquelles les enfants écoutent le plus la télévision.
Ensuite, graduellement, on ira dans les autres domaines.
Mme Bacon: Est-ce à dire que vous suggérez
l'abolition par étapes, par exemple?
Mme Azaria: C'est ça. Mme Bacon: Je comprends.
Mme Azaria: A notre avis, c'est probablement ainsi plus facile
d'application.
Mme Bacon: A la page 3 de votre mémoire, l'article 174 b)
ne se réfère pas à ce que nous appelons couramment la
contrepublicité, mais plutôt à une certaine forme de
publicité collective que pourrait ordonner un tribunal. C'est
peut-être des explications supplémentaires que nous devons donner.
Quant aux paragraphes 25 et 26, à la page 3 aussi, de votre
mémoire, en ce qui concerne le problème des maisons neuves, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et l'Office de la
construction possèdent une juridiction complémentaire à la
nôtre; or cette juridiction régit certains aspects non couverts
par notre projet de loi.
On peut dire, par exemple: Le cautionnement que doivent fournir les
entrepreneurs en construction et le permis que ceux-ci doivent détenir,
cela ne relève pas de notre ministère, mais bien du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Quant à l'action collective, j'avais l'occasion de le mentionner,
hier, devant le Groupe de recherche de la faculté de droit de
l'Université de Montréal; je dois dire que je suis convaincue de
l'utilité d'une telle mesure, de sa nécessité aussi pour
assurer aux consommateurs un exercice plus complet de leur droit. La question
est actuellement à l'étude. Vous avez parlé du
ministère de la Justice. Je pense qu'il faut dire que cette question est
actuellement à l'étude au ministère de la Justice, et,
évidemment, au ministère que je dirige. J'ai déjà
dit que si ce recours était inclus au Code de procédure civile,
son application serait étendue à toutes les juridictions,
à tous les justiciables, alors que s'il n'était
inséré qu'à la Loi sur la protection du consommateur, ce
recours ne serait évidemment utilisable que dans les relations entre
consommateurs et commerçants. C'est un peu ce qui a fait que nous ne
l'avons pas inséré immédiatement dans le projet de loi no
7. Mais, nous sommes sensibilisés à ce problème.
Il faudrait apporter certaines solutions, même si elles sont
temporaires, au niveau du projet de loi sur la protection du consommateur, pour
être ensuite complétées par un projet de loi, plus tard,
par le ministère de la Justice; je pense qu'il faut quand même
marquer certaines étapes. Nous sommes prêts à le faire au
niveau du ministère.
A la page 4 de votre mémoire, vous mentionnez certains
commentaires aux articles 40d et 40e. Nous prenons note des remarques que vous
nous faites. Concernant aussi le Conseil de la protection du consommateur, ce
conseil publie, à chaque année, un rapport des activités
ou des travaux que ces gens ont faits. Ces travaux sont connus par le grand
public. J'avais l'occasion, l'an dernier, pour la première fois, de
permettre au conseil de rencontrer les différents média
d'information et de commenter, s'il y avait lieu de le faire, ce rapport devant
les media d'information. Cela rejoint, je pense, votre suggestion de demander
que ce conseil ait le droit de se prononcer publiquement. Il le fait à
l'occasion de cette publication de rapport. Nous n'avons jamais imposé
le bâillon aux membres du conseil. Loin de moi cette pensée de le
faire. Je prends note des suggestions que vous nous faites quant au conseil des
consommateurs.
Quant à la question que vous posez en relation avec la majoration
du taux de crédit, je dois vous dire que les articles 125b et 126 du
projet de loi donnent obligation pour le commerçant d'aviser six mois
à l'avance le consommateur d'une modification de contrat variable, en ce
qui a trait à l'augmentation des taux de crédit exigés
à la fin de chaque période sur le solde impayé. Une
modification unilatérale est inopposable, à ce moment-là,
au consommateur.
Nous prenons note aussi des recommandations que vous nous faites
d'interdire la vente de listes de noms de même que la sollicitation
téléphonique, quoique, dans ce domaine, ce soit assez difficile
et beaucoup plus compliqué. Aussi, la sollicitation pour les cartes de
crédit, ce que vous nous mentionnez dans votre mémoire.
J'aimerais que vous étayiez davantage votre recommandation sur
l'abolition de la publicité faite par les institutions prêteuses,
par exemple. Dois-je comprendre que, là aussi, vous préconisez
une abolition totale de la publicité?
Mme: Oui, plusieurs de nos membres disent: On sait où
trouver le crédit. Ce n'est pas nécessaire de nous le montrer
tous les jours, cinq fois pendant une même émission. Ensuite,
considérant l'état d'endettement des Québécois, ils
savent sûrement où aller en chercher puisqu'ils sont
endettés à ce point. C'est quasiment l'évidence
même. On pense que ce ne devrait pas être permis de faire de la
publicité pour dire qu'on peut prêter quelque part. Tout le monde,
aujourd'hui, est capable d'atteindre facilement une institution prêteuse.
On connaît l'adresse, on passe devant tous les jours.
Mme Bacon: Vous préconisez l'abolition totale?
Mme Forget: Totale.
Mme Bacon: Comment voyez-vous la divulgation des taux
d'intérêt, par exemple, que vous suggérez?
Mme Forget: On ne les voit pas de façon
particulière. Des gens nous ont dit, à la toute veille de vous
envoyer notre texte: II faudrait que ce soit dit: "Cela va vous coûter
tant par année" au lieu de dire: "Cela revient juste à $3 par
mois, votre affaire". Voir que c'est 33% du montant ou 26%, je ne sais pas
trop, l'image est beaucoup plus forte et c'est aussi moins facile de jouer sur
les mots que de dire que c'est juste 1% par mois, 11/2% ou...
Mme Bacon: Pour vous, c'est plus la vérité.
Mme Forget: Oui. Cela fait sonner des cloches quelque part et on
peut prendre le temps d'y réfléchir un peu plus.
Mme Bacon: Pour ce qui est de votre suggestion d'accorder un
rabais sur les ventes au comptant, j'aimerais vous signaler que le projet de
loi n'oblige pas les commerçants dans ce sens, mais il rend
peut-être cette pratique possible à l'article 171 où on
dit: Nul ne peut faire une entente avec un commerçant en vertu de
laquelle ce commerçant ne peut accorder un rabais à un
consommateur qui le paie comptant.
Quant à la création d'un ministère de la
consommation, je pense que loin de moi est l'idée de rejeter
catégoriquement et définitivement votre suggestion. J'ai
pensé, avant de revoir ou même de repenser les structures ou
l'administration de la protection du consommateur, qu'il était plus
urgent, à mes yeux, de reprendre la loi sur le sujet, quitte à
réétudier, plus tard, les structures. Nous avons consacré
énormément de temps à ce projet de loi no 7 qui
était nécessaire et qui peut être fort utile dans les
prochaines années et avant de repenser ou de revoir complètement
les structures existantes.
Je pense que ce sera dans d'autres étapes.
Mme Forget: En tentant de protéger le consommateur, il
nous faut frapper à 25, 50, 60 portes. Les juridictions sont un petit
morceau ici, un petit morceau là, un petit morceau là. C'est dans
ce sens qu'on fait l'intervention. Si tout était chapeauté
quelque part, on arrêterait de se promener, de perdre du temps,
d'attendre que pendant trois mois le dossier soit quelque part, jusqu'à
ce qu'on se fasse dire: Non, cela ne tombe pas tout à fait sous notre
juridiction. Finalement, cela aussi accélérerait le
processus.
Mme Bacon: II y a une façon, peut-être, de corriger
une situation déjà existante. Nous aurons un agent de l'Office de
la protection du consommateur qui fera la liaison avec les différents
groupements, même au niveau gouvernemental, les différents
ministères qui sont touchés aussi par cette protection du
consommateur et avec les différen- tes institutions aussi qu'on voudrait
bien voir protéger davantage le consommateur. Je pense que c'est
déjà une étape aussi. Evidemment, ce n'est pas une
révision totale des structures, mais c'est quand même une
étape.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je voudrais
féliciter l'organisme qui a présenté le mémoire,
l'Association des consommateurs du Canada, section Québec. Ce
mémoire démontre une préoccupation constante de la
protection du consommateur, du rééquilibre entre les forces en
présence, le consommateur et les manufacturiers, marchands et
commerçants et le préjugé favorable que vous avez pour
protéger le consommateur.
Ce qui me frappe, surtout en parlant de la publicité pour
enfants, c'est que, malgré que tout le monde autour de la table et
spécialement votre organisme, soient d'accord qu'il faut abolir la
publicité pour enfants, il faut quand même remarquer, l'admettre
même si on n'ose pas le dire, qu'on est incapable de le faire d'une
façon finale et définitive. Par exemple, si on ne fait pas ce que
vous recommandez, que vous jugez inconstitutionnel, soit qu'il y ait des heures
précises où il ne devrait pas y avoir de publicité pour
enfant, même avec la loi actuelle, si on veut faire de la
publicité sur la tablette de chocolat ou sur le Coca-Cola pendant les
heures où les enfants regardent les programmes ou même à
l'intérieur d'un programme pour enfants, comme cela n'est pas une
publicité directement appliquée aux enfants, cela n'enfreindrait
pas la loi, mais, de fait, va stimuler l'enfant et va atteindre directement
l'enfant.
Je pense qu'il ne faut pas craindre de le dire. Vous avez même
passé un peu à côté tantôt en disant: II faut
frapper à une vingtaine de portes pour être capable d'avoir
l'ensemble des juridictions et l'ensemble des règlements; il faudrait
chapeauter cela. Sans faire un gros baratin là-dessus, je peux quand
même affirmer il faut se le dire que le fait d'une
juridiction fédérale et provinciale divisée amène
un problème qui fait qu'au Québec on n'est pas capable d'avoir
une loi complète, totale, selon les objectifs et les besoins de la
collectivité québécoise, parce qu'il y a une partie de
juridiction qui nous échappe et qui nous empêche de faire quelque
chose de cohérent, et cela non seulement face à la
publicité pour enfants. Cela vient du fait que le gouvernement
fédéral a une partie de la juridiction et que le gouvernement
provincial a l'autre partie, ce n'est pas unifié, ce n'est pas
chapeauté. On ne peut même pas, non plus, légiférer
dans le domaine du contrôle, de la limitation des taux
d'intérêt et des taux de crédit, ce qui démontre le
système un peu farfelu dans lequel on est, qui nous empêche, nous
Québécois, de présenter des lois selon nos besoins et
selon notre mentalité.
Je pense qu'on n'ose pas le dire, mais il faut l'affirmer dans des cas
concrets. Il y a un parti politique qui a découvert cela par intuition
et il y a d'autres partis qui tranquillement, par déduction,
vont arriver à cela tôt ou tard, s'ils recherchent la
vérité.
Mme Bacon: Un message publicitaire du député de
Lafontaine. C'est parce qu'il y a beaucoup de monde aujourd'hui.
M. Léger: Je pense que la vérité, ce n'est
pas une chose qu'on affirme, mais que tout le monde doit tendre la main vers la
vérité.
Mme Bacon: II est très volubile aujourd'hui, il y a
beaucoup de monde.
Le Président (M. Kennedy): Gratuite.
M. Léger: M. le Président, je sais que cela touche
les cordes sensibles de certains députés qui voudraient avoir la
vérité.
Le Président (M. Kennedy): Bien que les politiciens ne
soient pas des enfants, peut-être qu'on devrait leur interdire la
publicité aussi.
M. Léger: Publicité aux politiciens. M. le
Président, je pense que ce n'est pas la publicité, mais c'est une
constatation souvent qu'on n'ose pas dire, mais il faut l'affirmer. C'est
important que les gens le sachent. Je voudrais quand même vous demander
ceci, Mme Forget. Votre association a fait une étude sur la
publicité pour enfants. Quelles ont été les principales
constatations de cette étude?
Mme Campagna (Maryse): En fait, la principale constatation, c'est
que la loi n'était pas observée surtout par le comité qui
était mis en place, à l'Office de la protection du consommateur.
Ce comité n'avait pas de pouvoirs.
Toutes les plaintes qu'on lui : soumettait, des cas très
flagrants, il y avait toujours une raison pour réfuter la plainte. Par
exemple un jour on a fait une plainte parce que sur les boîtes de
céréales on annonçait des primes, que l'on condamne
d'ailleurs; on montrait des casse-tête à quatre rangées.
Effectivement, dans la boîte, le casse-tête n'en avait que trois,
ce qui faisait que le casse-tête avait l'air beaucoup plus grand qu'il ne
l'était en réalité.
On a fait la plainte, on nous a dit: Ce n'est pas fondé; c'est
une tellement petite niaiserie, cette affaire, qu'on ne peut pas commencer
à prendre action contre la compagnie pour une chose comme ça,
c'est une erreur de maquette. Il y a eu des tas de choses comme ça; on a
porté des plaintes sur la violence, sur des actes familiaux
répréhensibles, des choses qui collaient au texte de loi, qui
avaient rapport avec une annonce d'un autre programme. On nous a dit: Ce n'est
pas une publicité à but commercial. Alors, c'est
décourageant quand on essaie de travailler à une idée
comme ça. La publicité destinée aux enfants, on y tient,
on n'en veut pas.
A propos des tablettes de chocolat, durant les programmes pour enfants
je vois très bien que c'est applicable qu'il n'en y ait pas, d'annonce
de ce genre. Partons du principe que tout ce qu'ils annoncent durant un
programme d'enfants, cela s'adresse aux enfants. Que ce soit la tablette de
chocolat ou autre chose, la publicité est destinée aux enfants.
Alors, elle serait bannie.
M. Léger: D'ailleurs... Oui, allez.
Mme Forget: Si vous me permettez de compléter, on a
découvert aussi que le règlement était très
limitatif. Finalement, il y a eu beaucoup de plaintes où on nous a dit:
Cela n'entre pas dans le cadre de la loi, sauf que le consommateur en bas
trouvait ça tout à fait inacceptable. Par exemple, les
émissions, comment pourrais-je dire ça? Je ne veux pas dire le
terme anglais, mais on annonce l'émission qui va venir en soirée
pendant une émission d'enfants. Ce sont des émissions de violence
très reconnues, condamnées par plusieurs en ce moment. Cela passe
entre deux messages publicitaires à buts commerciaux et l'enfant est
exposé à ça aussi de la même manière.
Après ça, il se retourne et: Pow! Pow! Pow! C'est tout de suite,
c'est instinctif, la réaction est là.
M. Léger: Pour annoncer le film qu'on va présenter,
c'est la séquence de violence de toute façon.
Mme Forget: C'est celle qui va accrocher l'adulte, et elle
accroche l'enfant aussi.
M. Léger: D'accord. De toute façon, les
critères qui devront être choisis pour déterminer si c'est
réellement une publicité pour enfants, ce sont quand même
des critères subjectifs. C'est toujours assez difficile pour ceux qui
auront à déterminer les poursuites, et on va revenir au
même point qu'avant.
Le problème...
Mme Forget: Est-ce que je peux vous dire quelque chose? Voici ce
qu'on a dit à une grosse compagnie qui produit beaucoup de
céréales et de cristaux pour déjeuner, etc. On lui a dit:
C'est bien beau, vous nous dites que ce n'est pas si nocif que ça, la
publicité aux enfants, vous ne pouvez pas nous le prouver. Vous,
monsieur, vous êtes grand-papa sûrement; moi je suis une
mère de famille. Prenez vos employés, vos vice-présidents,
prenez leurs enfants, leurs petits-enfants dans une pièce, faites
tourner un message publicitaire de votre compagnie dans une autre pièce,
là où il y a des voix d'enfants par exemple. Les enfants vont
cesser de jouer en l'entendant, sans voir. Faites-le se promener après
et ils vont vous chanter la petite chanson, tarn, tarn, tarn, ta la ta tam.
C'est passé. Je sais que c'est difficile à mettre dans un
règlement et c'est pour ça qu'on dit qu'il ne faut pas qu'il y en
ait, il ne faut pas. Mais comment on va arriver à cadrer ça? Ils
sont hauts comme ça, ils ont de la misère à marcher et ils
sont déjà hypnotisés quand ça part. C'est ça
qui est dramatique. Je ne sais pas, j'imagine que vous avez fait
l'expérience. Il suffira d'y repenser ce soir
en regardant la télévision chez vous, si vous avez des
enfants, et ça vous accroche tout de suite. En tout cas.
M. Léger: C'est ça qui nous prouve à tous,
autour de la table ici, qu'il faut nécessairement l'interdire
complètement. Maintenant, quels moyens prendre? C'est le problème
que nous avons.
Dans votre mémoire, un peu plus loin, aux articles 25 et 26 de
votre mémoire, qui touchent les articles 181 à 188, j'aimerais
que vous me donniez quelques précisions sur les problèmes que
ça pose. Je ne comprends pas tellement ce que vous voulez dire. Vous
dites: "Nous n'arrivons pas à comprendre comment il se fait que le livre
IV (articles 181 à 188) trouve sa place dans le projet de loi no 7
puisque ce projet de loi spécifie qu'il ne s'intéresse qu'aux
biens mobiliers." II me semble que ça touche aussi les biens
immobiliers.
Mme Forget: On nous a dit que les biens immobiliers seraient
couverts par une autre loi. Pourquoi est-ce qu'on inclut ici les maisons
témoins? C'est tout de même l'achat de maisons à partir de
maisons témoins. On se fait dire qu'on n'a rien compris au sens de la
loi, c'est bon qu'on puisse en parler pour qu'on comprenne.
Les plaintes qui nous viennent, ce n'est pas tant sur les plans et
devis; il n'y a pas grand monde qui peut les comprendre.
M. Léger: Pouvez-vous nous dire quel genre de plainte vous
recevez?
Mme Forget: II y a des projets entiers qui ont des
problèmes très sérieux en ce moment. Les gens ont
acheté d'après la maison témoin, ils ont vu la maison
témoin. Les deux premières ont été bien belles; la
maison suivante est encore semblable extérieurement et
intérieurement. Elles ont aussi le tapis; la couleur est la même,
mais il est de qualité un peu différente. Quand on va le laver,
il va changer un peu de couleur. Le lave-vaisselle est de qualité
moindre, mais de qualité semblable, comparable. Mais comment jugez-vous
le comparable et le semblable en réglementation? Est-ce parce que c'est
$25 de moins qu'il n'est plus semblable ou qu'il l'est? Quels vont être
les critères pour cela?
Le problème dans l'habitation est beaucoup plus profond que cela.
Dans ces maisons-là aussi, tout ce gros projet, les caves coulent,
l'isolation n'est pas suffisante, ce qui entraîne des factures de
chauffage de presque $100 à l'Hydro-Québec, des trucs comme cela,
des affaires tout à fait aberrantes. Le problème est beaucoup
plus global que cela.
On se disait que si on met seulement cela, si on continue de dire
qu'à partir des maisons témoins, c'est protégé, les
consommateurs vont acheter et vont dire: Parfait, j'ai un recours dans des
situations comme celles-là. Ils vont partir, venir nous trouver et nous
dire: II faut m'aider, je suis mal pris. Mais ils n'auront pas ce
recours-là. Et comment vont-ils venir prouver que ce n'est pas tout
à fait ce qu'ils avaient acheté? Même s'ils ont les plans
et devis, ils vont vous dire: L'entrepreneur a eu tant de tapis qu'il a
posé. Dans d'autres maisons aussi, il a eu tous les bols de toilette,
sauf que le dessus est d'une couleur, le siège est d'une autre et
l'évier est d'une troisième couleur, dans une même salle de
bains et ce, dans des maisons dispendieuses.
Il n'y a pas de recours là-dessus. Comment allez-vous recourir
pour un savonnier qui n'est pas de la même couleur? Sauf que vous aviez
un droit; il est inscrit dans les plans et devis, sûrement. Pourquoi
est-ce interchangé d'une maison à l'autre? Pourquoi, en
plomberie, même après vérification des inspecteurs du
ministère du Travail, les sous-contractants ne sont jamais revenus faire
le travail et les maisons sont encore défectueuses? Cela coule, il y a
des problèmes. Quel est le recours? C'est plus loin que cela le recours,
dans ce domaine.
On a peur que le consommateur ait une fausse impression. Nous ne sommes
pas contre le fait que cela soit là; c'est une protection. Mais
jusqu'où la protection est-elle celle qu'il faut? Quel est le
problème de fond dans le secteur? Et comment va-t-on arriver à le
toucher?
C'est dans ce sens-là qu'on dit: Plutôt que de mettre
simplement cela, peut-être qu'il aurait été mieux de ne
rien avoir ou alors de s'embarquer tout à fait avec une bonne loi qui va
le nettoyer, le secteur.
M. Léger: D'accord. D'ailleurs, je pense que nous l'avions
déjà souligné au début de la commission
parlementaire. Vous parlez aussi plus loin de la "class action", de l'action
collective. Nous ne sommes pas tellement d'accord avec ce point, ainsi que sur
le problème des vendeurs itinérants qui font des ventes à
l'occasion des foires commerciales. Je pense que vous avez parfaitement
raison.
Un peu plus loin, à l'article 34, vous parlez on en a
parlé beaucoup dans les autres mémoires d'un bien qui
n'est pas livré parce qu'on attend que la période de dix jours
soit écoulée ou le cinq jours, dans l'ancienne loi, ce sera
la même chose pour la prochaine loi on a même dit dans
d'autres mémoires déjà présentés ici qu'on
ne livrerait pas en deça de dix jours, pour être certain de ne pas
voir le produit endommagé.
Est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir un paiement initial qui
pourrait être exigé, de façon que le client, le
consommateur ait le produit en main, pour l'évaluer dans la
période de réflexion de dix jours et, en même temps, un
paiement initial qui permettrait de diminuer le surendettement, la
surconsommation et qui, également, protégerait le marchand, qui,
même s'il y a un paiement initial, va quand même accepter
l'idée de donner le produit dans les dix jours?
Mme Forget: Le problème des vendeurs itinérants est
très large. Il y a le vendeur itinérant qui vend des produits
d'entretien ménager, les petites bouteilles, etc. Ses factures sont
probablement de $15 maximum, une fois par mois, chez ses clients.
Celui-là, c'est rare qu'il cause bien des problèmes.
Mais il y a l'autre type, par exemple nous avons des
problèmes à La Tuque et cela va aller en cour qui vend des
appareils détecteurs de fumée, d'autres vendent des trucs qui
sont à des prix non récupérables par la Cour des petites
créances cela dépasse le $400 ceux-là, je ne
le sais pas...
Il y en a d'autres également qui vendent des appareils
électro ménagers. C'est sûr que si on les utilise dans la
maison, autrement que pour la démonstration, ils vont devenir des
appareils usagers. C'est clair que c'est pénaliser le marchand que de
lui dire: Viens le chercher, cela ne fait pas mon affaire. Ce serait
irresponsable et non sérieux.
Je ne peux pas vous dire jusqu'où le fait de donner un versement
va prouver davantage le sérieux. On le pense un peu, mais
jusqu'où cela va-t-il prouver davantage le sérieux? Les gens qui
ont vraiment besoin d'acheter par démarcheur achètent de toute
façon. Ce ne sont pas eux qui veulent retourner les appareils et ce ne
sont pas eux qui en abusent non plus. Ce sont les ventes à pression par
démarcheurs. Le lendemain, on est prêt a retourner i'appareil.
C'est autre chose. On n'en avait pas besoin et on est venu nous le rentrer de
force. Les gens ont été obligés de sortir le monde dehors
en poussant les chaises sur les portes. C'est comme cela, c'est autre
chose.
M. Léger: Les ACE F, en 1971, avaient proposé un
paiement initial comme frein à la surconsommation et à cette
vente à pression. S'il y a un montant initial de donné, la
personne va y penser deux fois avant de donner un montant. Ne pensez-vous pas
que c'est...
Mme Forget: Je pense que, le plus honnêtement possible, le
geste à poser est sûrement qu'on a quelque chose en attendant ou
peut-être pour tout le temps. C'est un contrat aussi; c'est
partie/partie. Je pense qu'il ne faut pas être à ce point un peu
parti dans les airs pour dire que le consommateur a tous les droits et au
diable le reste. Il faut que le marché soit sain. C'est clair, c'est
à notre avantage au départ qu'il soit sain. Je pense qu'il
pourrait fort bien y avoir je m'avance, parce qu'on ne s'en est pas
beaucoup parlé; je n'ai pas consulté là-dessus; il y en a
peut-être d'autres qui ne sont pas de cet avis un
dépôt. On va dans un grand magasin et on prend un articie. On peut
l'avoir par dépôt ou le laisser de côté. On ne l'a
peut-être pas chez soi pendant la semaine suivante, mais on a tout de
même laissé un dépôt pour l'avoir.
M. Léger: II faudrait quand même que ce soit
assorti, pour le directeur de l'office, du pouvoir d'obliger de remettre le
comptant et la même chose pour le consommateur.
Mme Forget: C'est autant le problème comme cela que celui
de l'autre, sans frais. Il y a beaucoup de petits démarcheurs. Les
premiers auxquels je faisais allusion vont être obligés de
financer continuellement un stock auprès du siège so- cial pour
approvisionner leurs clients qui peuvent retourner aussi la bouteille d'iode. A
moins que j'aie bien mal saisi, cela fait partie d'un même...
M. Léger: En bas de $10.
Mme Forget: C'est l'objet, $10. Là-dessus, cela marche. Il
y a les autres qui vendent, par exemple, de la lingerie de base par
démarcheur, cela se fait. Ce sont des morceaux qui coûtent $50 ou
$60. La cliente va l'avoir portée, faite sur mesure.
M. Léger: II y en a un hier qui nous a parlé d'une
robe de $900. Cela peut...
Mme Forget: C'est peut-être un peu trop.
M. Léger: On nous a présenté cela hier dans
un mémoire.
Mme Forget: Je ne le sais pas. Là-dessus, je n'ai pas de
point précis. Il faut le réglementer, mais il faudrait voir. Il y
a une façon de faire du marketing par le porte-à-porte.
Jusqu'où la compagnie est-elle prête à supporter son
marketing, sans trop pousser le consommateur à la limite, et
jusqu'où le consommateur a-t-il vraiment besoin d'acheter des choses par
ce marketing? Je veux dire; II ne faut pas que ce ne soit uniquement du
marketing, à un point tel que cela devient quasiment un objet qu'il
faudrait laisser en prime quelque part. Les primes ne marchent pas.
M. Léger: Un peu plus loin dans votre mémoire, vous
parlez d'accorder un rabais sur les ventes au comptant. Nous sommes bien
d'accord là-dessus. En pratique, voulez-vous mettre cela dans une
loi?
Mme Forget: Cela nous revient depuis trois ans dans nos
réunions. La carte de crédit coûte cher à tout le
monde, surtout à ceux qui ne l'utilisent pas. Enfin, ce sont les
commentaires qu'on nous fait. Pourquoi ne pas pousser pour avoir un rabais
quand on paie comptant? Il y a des magasins qui l'ont tenté et qui ont
été poursuivis. Ce sont quelques cas. J'imagine qu'il y a
quelqu'un dans la salle qui pourrait vous donner des détails. Vous me
dites: Cette loi-ci ne l'empêche pas. Peut-être que c'est à
nous de promouvoir, auprès de nos membres et du public en
général, cette nouvelle idée de demander un rabais chaque
fois que vous payez comptant. Il faudra voir.
J'imagine que les commerçants ne seront pas du tout d'accord.
Quand on lit le journal des Débats sur leur façon de se financer,
c'est autre chose. Ce serait un nouveau rôle qu'on pourrait avoir, en
étant sûr que la loi ne l'empêche pas.
M. Léger: D'accord. Sans le mettre dans votre
mémoire, vous avez affirmé tantôt que la loi ne touchait
pas les antiquaires.
Mme Forget: C'est-à-dire qu'on a dit: Les antiquaires,
dans la loi, où sont-ils? Etant donné
qu'ils achètent du consommateur et qu'ils revendent au
consommateur, ont-ils une place là-dedans et où sont-ils?
M. Léger: Ne sont-ils pas quand même
considérés comme commerçants?
Mme Forget: Ils sont peut-être des démarcheurs
aussi. Ils sollicitent en dehors de leur place d'affaires, ils achètent
en dehors de leur place d'affaires. Des fois, ils le font à leur place
d'affaires. Ils sont des commerçants en tant que tels, même celui
qui le fait à la campagne, sans avoir pignon sur rue.
M. Léger: Avez-vous des problèmes avec cet aspect
pour les antiquaires?
Mme Forget: Dans la région de Trois-Rivières, il y
a un problème très sérieux où on a
dépouillé littéralement une vieille dame d'à peu
près tout son ménage. Elle se retrouve toute seule dans sa maison
toute vide. C'est très sérieux. Je ne parle pas de la valeur des
objets ni rien, sauf qu'elle vivait dans ces choses. Quand elle s'est
réveillée, il n'y en avait plus.
M. Léger: II y a une dernière question que j'ai
oubliée tantôt, concernant la publicité aux enfants. Est-ce
que vous croyez que la publicité pour enfants faite dans des journaux ou
des revues est très secondaire ou est encore très importante?
Mme Campagna: Elle est moins dommageable que la publicité
à la télévision. C'est certain. On est contre toute
publicité destinée aux enfants, mais comme disait Maryse tout
à l'heure, on voit bien qu'il y en a une qui est plus dommageable que
l'autre. Alors, c'est pour cela qu'on voudrait bien s'attaquer d'abord à
la télévision.
Mme Azaria: On n'est pas contre la publicité des jouets.
Il faut bien faire la distinction. On n'est pas contre les marchands de jouets,
au contraire. Ils ont des produits à vendre. On est contre la
publicité destinée vraiment aux enfants, quand ce sont eux la
cible de la publicité. La publicité du jouet comme telle, non, on
n'est pas contre, c'est bien sûr.
M. Léger: D'accord. En ce qui me concerne, je n'ai pas
d'autre question. Je vous félicite encore à nouveau de votre
mémoire où les recommandations sont très pertinentes et
très recherchées. Merci.
Mme Forget: Merci bien.
Le Président (M. Kennedy): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui auraient des questions à adresser à
l'Association des consommateurs du Canada, section Québec? Sinon, je
remercie Mme Forget de sa présentation, surtout, je veux l'assurer que
la commission apprécie les efforts qu'elles ont faits pour
préparer le mémoire et les suggestions qui sont faites, d'au-
tant plus que votre travail est réellement le fruit de votre motivation.
Vous nous avez mentionné tantôt que vous faisiez du travail
bénévole. Je vous félicite davantage. Merci, Mme Forget
ainsi qu'à vos collaboratrices.
Mme Forget: Merci beaucoup.
Association pour la protection des
automobilistes
Le Président (M. Kennedy): Nous entendrons maintenant
l'Association pour la protection des automobilistes, représentée
par M. Philippe Edmonston, président.
M. Edmonston (Philippe): Est-ce que je peux avoir deux ou trois
minutes pour faire...
Le Président (M. Kennedy): La mise en scène?
M. Edmonston: ...la mise en scène, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Kennedy): Oui.
M. Edmonston: Aujourd'hui, on va parler de la
réalité, ce n'est pas une mise en scène, c'est
réel.
Le Président (M. Kennedy): Vu que nous allons ajourner nos
travaux à 13 heures, peut-être que vous pourriez présenter
votre mémoire, et de 13 heures à 15 heures, vous pourriez faire
votre montage.
M. Edmonston: Ce n'est pas exactement un montage, avec tout le
respect que je vous dois. Je dois vous dire que ce n'est pas la première
fois que, comme groupe de consommateurs, nous comparaissons devant la
commission parlementaire. Nous avons du respect pour la commission
parlementaire. Les députés qui sont ici, vous êtes
élus et vous êtes ici pour apprendre des choses de nous autres.
C'est pour cela que j'apprécierais bien, pendant que nous donnerons
notre discours, qu'il n'y ait pas de députés qui lisent leurs
journaux et nous insultent de cette façon. Si on parle de montage, ce
n'est pas un montage de journaux que je vais faire. Je vous respecte beaucoup,
mais je crois que vous devez aux consommateurs, aux groupes qui sont venus ici,
le même respect, et ne pas lire les journaux.
En parlant du mémoire que nous avons ici, je vais vous donner le
contexte d'abord. Pour nous autres, pour la protection du consommateur,
globalement, nous trouvons que la loi no 7 est une loi très
progressiste. Elle a des trous comme toutes les lois, elle a des trous à
boucher, elle a des trous comme le fromage de gruyère, mais il y a
certaines choses, et si vous avez vu probablement tout le mémoire, vous
avez lu que nous approuvons une grande partie de la loi. Nous trouvons quand
même qu'il y a certains détails, c'est pour cela que nous sommes
ici aujourd'hui, qui ouvrent la porte tellement grande à l'exploitation
des consomma-
teurs que cela peut causer des torts épouvantables.
On peut abuser les consommateurs avec la loi no 7. C'est surtout
ça que nous ne voulons pas faire, parce que nous avons des souvenirs de
l'ancienne loi 45. Au moment où la loi a été
adoptée, tous les marchands d'automobiles ont commencé à
dire: Nous sommes approuvés par le gouvernement. Regardez! Nous avons un
contrat qui entre dans le cadre de la loi 45. Nous sommes approuvés.
Nous sommes "Approuvé Québec"! Je ne veux pas que ça se
répète. Je trouve que la loi est très progressiste. Je
trouve qu'il y a des problèmes. Je vais essayer de vous donner des
détails sur ces problèmes.
Le Président (M. Kennedy): Vous pouvez vous asseoir, M.
Edmonston, pour faire votre présentation. Soyez bien à
l'aise.
M. Edmonston: D'accord!
Le Président (M. Kennedy): II n'y a pas de formalisme
ici.
M. Edmonston: Premièrement, parce que nous n'avons
peut-être qu'une demi-heure, je veux présenter les gens assis
à cette table. A ma droite, c'est Me Jacques Castonguay, qui est
conseiller juridique de l'APA, membre du conseil d'administration de l'APA. A
ma gauche, c'est Me David Appel, qui est aussi conseiller juridique de l'APA et
représentant de l'association auprès du Conseil de la protection
du consommateur. A ma droite, ici, c'est M. Alfred DeBlois, consommateur,
propriétaire d'un lapin, pas de ceux qu'on met dans les cages, mais des
lapins qui circulent de temps en temps, quand ils ne sont pas en panne, sur nos
routes. Il est président de l'association des propriétaires de
lapins mécontents.
Pourquoi je vous présente M. DeBlois? C'est parce que nous
trouvons que la meilleure protection pour les consommateurs, c'est que les gens
se regroupent eux-mêmes ensemble. Il faut décentraliser la
protection des consommateurs. Que les gens qui sont pris avec des maisons
mobiles qui ont des défauts, ceux qui ont les mêmes marques de
maisons mobiles ou les mêmes espèces de voitures, comme la Ford ou
la Cordoba, se joignent et, négocient avec le fabricant.
M. DeBlois, avec très peu de ressources de l'APA, a réussi
à rassembler un groupe de propriétaires mécontents de la
voiture Rabbit.
Depuis le début de !a commission parlementaire qui siège
ici, j'ai lu chacun des numéros du journal des Débats et chaque
mémoire qui a été présenté. C'était
très répétitif, mais très instructif aussi. Nous
sommes très contents de voir, par exemple, que la
Fédération des jeunes chambres du Québec a fait son
possible pour promouvoir certains aspects de la loi qui sont très
progressistes en exigeant des garanties des concessionnaires d'automobiles
beaucoup plus grandes que celles envisagées dans la loi actuellement
proposée.
Je vous parle de ça seulement pour vous dire que je ne veux pas
présenter notre mémoire aujourd'hui dans le contexte de
"méchant, vilain, bon". En effet, nous sommes tous des vilains dans
cette affaire, parce que notre pire ennemi est nous-mêmes, n'est-ce pas,
dans le sens que c'est nous qui sommes responsables de la situation actuelle.
C'est nous qui sommes responsables d'avoir rendu nécessaire cette
loi.
Quels sont les problèmes majeurs que nous avons aujourd'hui,
comme association québécoise sans but lucratif? Pour vous donner
un aperçu, le premier problème, le problème primordial
ici, au Québec, c'est la voiture usagée. On n'a pas besoin de M.
Samson pour nous dire ça. On n'a pas besoin de députés,
non plus. Je crois que tout le monde est au courant qu'acheter une voiture
usagée au Québec, c'est vraiment courir un risque énorme,
de la façon dont les voitures usagées sont vendues.
Je veux parler des voitures usagées; quels sont les
problèmes? Je crois que la loi, comme telle, va beaucoup aider le
propriétaire, le consommateur qui veut vendre sa voiture usagée
et le consommateur qui veut acheter une voiture usagée. Il y a de
très bons articles dans la loi; tout à l'heure, nos avocats vont
vous donner des détails, clause par clause. Je ne suis pas avocat, mais
je veux vous donner un aperçu général.
Pour les voitures usagées, la représentation par vendeur.
Quelle année? Est-ce une 1970, 1971, 1973, 1974? Quelle année?
Des choses aussi simples que cela: l'année des voitures. Je vois que
l'honorable député de Lafontaine sourit. Lui, il connaît
personnellement ce que peut faire la différence d'années d'une
Fiat.
Un autre problème avec les voitures usagées, la garantie
50-50. C'est la chose la plus ridicule que j'aie jamais entendue, 50-50.
Même dans le Code civil, l'article... Il faut que je fasse attention, je
ne suis pas membre du Barreau. Je ne vous donne pas de conseils juridiques non
plus. D'accord. Avec ces mises en demeure, peut-être que je pourrai
procéder! Dans le Code civil, au sujet des vices cachés, aux
articles 1522 à 1530, il n'est pas question de 50-50. Si l'objet a un
vice caché ou s'il y a une responsabilité, le consommateur est
compensé.
Je vais vous donner des cas concrets, dont un qui a été
entendu devant l'honorable juge Marc Lacoste, dans la cause Orlando vs Keating
Ford. Je pourrai vous citer, si vous voulez tout à l'heure, toutes les
références sur la cause. Nous pouvons vous les envoyer par
courrier. Le juge Lacoste, en entendant cette cause, a été
choqué de voir comment cette garantie 50-50 sur une voiture
usagée a été exploitée de façon a vraiment
faire monter le prix au consommateur à 100%. Le consommateur, en
réalité, a payé toute la note. Il faut faire bien
attention à ces 50-50.
Le Code civil, en 1865, il y a 100 ans et plus, même nos
ancêtres ont pensé que 50-50, ce n'était pas une bonne
idée, dans le Code civil. Aujourd'hui, avons-nous trouvé une
meilleure idée? Je ne pense pas. C'est un problème avec les
voitures usagées, la garantie 50-50, et aussi dans le cas des
réparations, 50-50.
Depuis le début des séances de cette commission, j'ai lu
le journal des Débats et souvent vous, Mme le ministre, et les
honorables dé-
putés présents ici vous êtes arrêtés
sur la définition des mots. Quelle est la définition d'une
voiture? Cela semble assez bizarre, mais on a passé beaucoup de temps
là-dessus, n'est-ce pas? Quelle est la définition d'un
commerçant, d'un consommateur? Quelle est la définition d'un
rouage d'entraînement? Malgré le fait que j'aie des
problèmes en français, c'est un mot ou une phrase que je n'ai
jamais oublié parce que je vois cela tellement souvent dans le journal
des Débats, rouage d'entraînement. Je ne sais pas.
Commerçant? Je ne le sais pas non plus, la définition exacte.
Consommateur? Non plus.
Qu'est-ce qui arrive? Je préfère que, pour les
définitions, on laisse cela aux juges, les juges de la Cour
supérieure et de la Cour provinciale. Pourquoi? Un vice caché.
Qu'est-ce qu'un vice caché? Une femme? Un mari? Un député?
Qu'est-ce que c'est, un vice caché? Cela n'a jamais été
défini comme tel. Quand même, les juges de la Cour provinciale ou
de la Cour supérieure, sur le mérite de chaque cause...
Cela peut paraître drôle, peut-être, mais j'ai
confiance aux juges, malgré le fait que j'aie été
poursuivi plusieurs fois pour des choses que j'ai dites. J'ai confiance en un
juge pour trouver la définition, peut-être une autre
définition que celle que nous aurions donnée nous-même.
Peut-être que cette définition ne sera pas assez large, ne sera
pas assez pertinente pour le consommateur; peut-être qu'elle sera trop
large. Laissez au juge le soin de définir cela, selon le mérite
du cas.
Je peux vous donner comme exemple la cause de Bonaventure-Ford. Cela a
été entendu à Hull. Le juge a défini ce qu'est un
commerçant, ce qu'est un consommateur, parce que, c'était une
cause dans laquelle le consommateur était un camionneur artisan. Le juge
a dit: Quand même, c'est un consommateur. Si on avait voté une loi
avant disant: Seulement les consommateurs qui ne sont pas camionneurs artisans
sont couverts par la loi, le juge n'aurait pas pu rendre un jugement avec
équité pour ce consommateur, qui était un camionneur
artisan.
La voiture usagée. Je pense que c'est un problème. On a
parlé des "minounes" à cette commission. Les "minounes"
ontariennes, ies "minounes" québécoises et tout cela. Quand je
parle de "minounes", je parle, bien sûr, d'automobiles. Je ne veux pas
trop faire rire les députés. Cela existe. C'est un commerce
très rentable. Je suis un peu mal à l'aise que M. Samson ne soit
pas ici aujourd'hui, parce que j'ai suivi les débats. M. Samson a
souvent parlé de la question savoir, que si on augmente la garantie au
consommateur ou élargit la garantie du consommateur, on va être
obligé d'augmenter le prix d'achat des voitures usagées. Elles
vont toutes aller en Ontario ou elles vont toutes aller au Nouveau-Brunswick.
Ce n'est pas vrai. Par exemple, American Motors a changé sa garantie et
ses voitures restent très concurrentielles avec les prix des autres
voitures. Vous voulez avoir des exemples concrets. Pourquoi American Motors
peut-elle donner une garantie de deux ans et Ford une garantie d'un an et que
le prix des voitures est presque semblable? Il ne faut pas penser que te
concessionnaire va être obligé d'augmenter nécessairement
le prix de ses voitures à cause du fait qu'il donne une bonne
garantie.
Le problème principal au Québec, ce sont les voitures
usagées. Je suis content globalement de la loi sur les voitures
usagées, surtout c'est très bon, c'est un pas en avant. Il y a
une autre chose, c'est que les voitures vendues sans garantie, une voiture
usagée telle que vue, sans garantie, est-ce que nous avons le droit de
le faire?
Je ne trouve pas que c'est un problème très complexe non
plus. Il y a des endroits au Canada où il n'est pas permis de vendre une
voiture telle que vue. Vous savez où? En Colombie-britannique et cela
vient d'être confirmé par la Cour d'appel dans la décision
de Beywood, dans laquelle le ministère des Consommateurs du Trade
Practices Act a porté en appel une décision de la Cour des
petites créances rendue par le juge O'Donnell. Ce dernier a
lui-même dit: Je trouve que c'est une vente entre un consommateur et un
concessionnaire de voitures usagées. C'est écrit: Telle que vue.
Le concessionnaire et le consommateur doivent avoir le droit d'exclure des
garanties. La Cour d'appel a dit: Non, parce que celui qui fait un contrat avec
un concessionnaire ou avec un autre consommateur, quand on parle de "telle que
vue", est-ce que vraiment nous sommes capables, en voyant la voiture, de dire
qu'elle est bonne ou non? Non. Telle que vue. On n'a pas vraiment vu la
voiture. Je trouve que le principe de cette loi que nous avons ici, la loi no
7, c'est d'équilibrer les choses, n'est-ce pas? De rendre plus
égal, plus sain le marché québécois.
Si c'est ça le principe, il ne faut pas se tremper dans la
définition, il ne faut pas penser qu'on va mettre tous les
concessionnaires en faillite. C'est le même argument qui a
été utilisé en 1971 pour l'adoption de la loi 45. Le
même argument.
Pour les voitures usagées, je crois qu'il faut surtout
légiférer là-dedans, avec la loi no 7, je trouve que l'on
fait un pas en avant. Le deuxième problème ici, c'est la voiture
neuve. Mais, avec la voiture neuve, qu'est-ce qui arrive? On a la garantie du
fabricant. Mais les fabricants, sans trop généraliser, parce
qu'il y a certains fabricants qui ont une meilleure garantie que les autres,
mieux appliquée, ont presque tous la même garantie; les voitures
américaines, à l'exception d'American Motors, et les voitures
européennes ont presque toutes la même garantie, une garantie
conventionnelle, légale, et ces garanties, aujourd'hui, se valent, pour
les voitures neuves. Mais, depuis 1971, j'ai vu des voitures neuves dont la
qualité diminue de plus en plus. Aujourd'hui, un gars qui achète
une voiture, à $6000 ou $5000 ordinairement, a une voiture qui va durer
cinq ans peut-être.
Nous avons des cas que je peux vous raconter, des milliers de cas; c'est
pour ça que j'ai des caisses de documents en arrière, ce sont des
cas de consommateuurs, des choses réelles. Le consommateur achète
une voiture neuve, sur la représentation des vendeurs. Ces vendeurs
disent:
Ah! C'est une bonne voiture. Ils ne vont pas dire le contraire, bien
sûr. Une voiture garantie, c'est 12 mois ou 12 000 milles de garantie.
Qu'est-ce qui arrive avec les voitures de General Motors 1976, 1975, 1974,
1973. Elles ont toutes le problème de la peinture qui s'enlève.
C'est connu, General Motors a connu ça, qu'est-ce qui arrive? Votre
garantie là-dessus, c'est trois mois, prétend-on. Mais la
peinture, avant qu'elle s'enlève complètement, ça prend
six mois environ ou neuf mois.
Regardez si on dit au consommateur qu'il doit se plaindre dans une
période de 30 jours. Il ne sera pas mis au courant de cette situation;
il est obligé d'apporter une plainte écrite au concessionnaire
dans les 30 jours, avec une voiture neuve ou usagée. Je trouve que les
problèmes pour les voitures neuves sont sérieux. On a notamment
la peinture. Quand je parle de peinture, je parle d'une créance ou d'un
problème de $500, $600 ou $700. Pour repeindre une voiture moyenne,
ça coûte jusqu'à $700 pour la peinture acrylique. C'est un
problème pour les gens qui achètent une voiture neuve. Quel est
le recours légal de ces gens-là? D'accord, ce que nous essayons
avec les consommateurs pour les voitures neuves, vous savez quoi faire, si vous
voulez, il faut aller à la Cour des petites créances, baisser
votre créance à $400 et aller chercher un endroit qui va
repeindre votre voiture pour $400. Mais, dans un an, la peinture va s'enlever
encore, parce que le métail est mal préparé. Le monsieur
dit: Non, je ne veux pas ça, je veux que le manufacturier reprenne
l'automobile.
Si vous voulez que le manufacturier reprenne l'automobile ou si vous
voulez obtenir le remboursement, avec le système juridique que nous
avons, il faut que vous envoyiez une mise en demeure au fabricant et au
concessionnaire et vous êtes obligé d'attendre votre tour devant
la Cour supérieure. Cela prend trois ans, si vous ne pouvez pas avoir
une audience par préférence et vous êtes sans voiture,
parce que vous êtes obligé de déposer votre voiture chez le
commerçant pour trois ans. Me Appel va parler là-dessus,
concernant ce qui arrive aux Etats-Unis. On vient d'établir une nouvelle
garantie fédérale qui s'appelle Moss-Magnuson Act, qui est
très bonne, parce qu'elle n'oblige pas le consommateur de faire toutes
ces choses pour obtenir justice.
Une autre chose. Après trois ans, peut-être que vous allez
perdre votre cause. Mais si vous gagnez votre cause, savez-vous ce qui va
arriver? Le concessionnaire va vous payer le montant que vous avez payé,
plus l'intérêt de 5% peut-être, avec l'inflation... Cela,
c'est si le concessionnaire ne va pas en appel. A la Cour d'appel, c'est encore
un autre deux ans.
Cela prendra une période de cinq ans, s'il veut aller en appel.
Et il va vous payer avec l'argent qui a été frappé par
l'inflation. En réalité, vous avez besoin de payer vos avocats;
cela peut vous coûter $500, $600, $700, même $1000 si vous
êtes obligé d'aller devant la Cour d'appel.
Malgré le fait que je suis pour un système juridique, je
dis que, pour les acheteurs de voitures neuves, vous êtes moins
protégés que lors de l'achat d'une voiture usagée, parce
que votre créance est supérieure au plafond de la Cour
provinciale. Heureusement, on n'a pas autant de plaintes avec les voitures
neuves qu'avec les voitures usagées. Les voitures neuves, c'est
très sérieux.
Les défauts dans les voitures neuves. Je n'ai pas besoin de vous
énumérer les problèmes avec les voitures Ford. Je n'ai pas
besoin de vous énumérer les problèmes avec les voitures
Cordoba, avec les voitures GM, de même que le dernier-né
avorté de Volkswagen, le "lapin".
Ce sont des problèmes sérieux. Pour les voitures neuves,
il y a le défaut de performance et le défaut de
sécurité. Vous savez, aujourd'hui, avec ce fameux convertisseur
catalytique je me souviens que le député de Mercier nous a
parlé longtemps là-dessus dans ce sens-là je trouve
que le convertisseur catalytique est dangereux. Je suis content que la
compagnie Chrysler ait décidé de le laisser tomber en 1977. Mais
c'est dangereux. On nous a rapporté un feu à la suite de l'usage
du convertisseur catalytique. Malgré le fait que je suis pour la
protection de l'environnement, il y a un problème très
sérieux là-dedans.
Le défaut des voitures neuves, les représentations des
voitures neuves, de l'année en cours, ce n'est pas simplement avec les
voitures neuves, c'est la question de l'année. C'est la même chose
avec les maisons mobiles également. Est-ce que vous êtes certains
que vous achetez une maison mobile 1975? 1976? 1977? Ou une de 1974? Est-ce que
cela change? Est-ce qu'il y a une différence? Bien sûr! Une maison
mobile 1974 qui est vendue comme une 1976 ou 1977 va avoir pas mal plus de
détérioration à cause de nos éléments
météorologiques.
Il y a des consommateurs qui achètent des voitures en pensant que
ce sont des voitures neuves, mais qui sont des voitures usagées. Parce
qu'il faut que je vous apporte la réalité ici, il faut que je
vous cite des causes, malgré le fait que je ne sois pas avocat.
Il y a une cause que nous avons gagnée devant la Cour d'appel.
C'était une cause contre Sud Automobile. La cause s'appelait Bilodeau
contre Sud Automobile. En Cour supérieure, le juge a dit qu'il n'y avait
aucune différence entre une voiture neuve et une voiture usagée,
parce que Sud Automobile a vendu la voiture comme un démonstrateur. Je
crois que c'était une Pinto. Il n'y a aucune différence entre un
démonstrateur et une voiture neuve. Nous avons porté cela en
appel et, finalement, la Cour d'appel a dit: Oui, il y a une différence.
Beaucoup de gens aujourd'hui reçoivent un démonstrateur comme une
voiture neuve. Je peux dire aujourd'hui, aux députés de cette
commission parlementaire qui ont lu les journaux d'aujourd'hui, que j'ai des
coupures de journaux où on fait de la publicité. Cela se passe
couramment. Des démonstrateurs sont vendus comme des voitures neuves;
selon la Cour d'appel, cela ne doit pas se faire.
Je suis content de voir que le projet de loi no 7, grosso modo, dans la
pratique, l'interdit. Il y a certaines représentations qui doivent
être faites au
consommateur. Je dois féliciter le gouvernement pour avoir mis
cela là-dedans, parce qu'il est vraiment temps que les choses soient
claires sur ce que le consommateur va acheter en achetant une automobile. Je me
sens mal à l'aise de féliciter le gouvernement, je ne suis pas du
tout d'accord sur l'assurance-automobile, comme Mme le ministre le sait.
Je trouve que les garanties de 12 000 milles ou douze mois sur les
voitures neuves sont inadéquates. Pourquoi cela arrive-t-il seulement
après 12 000 milles, lorsque les garanties du fabricant sont
terminées, que tous les malheurs du monde arrivent au consommateur?
Savez-vous ce que ces gens font avec les garanties de voitures neuves? Ils vont
vous faire de petites réparations et diront: Madame, vous devez aller
vite. Monsieur, il faut aller moins vite. Il faut attendre jusqu'à votre
vérification de 9000 milles. Il faut attendre jusqu'à 12 000
milles. Après, vous avez attendu trop longtemps. Ils disent: Ah! c'est
dommage, mais votre garantie est finie, est terminée. Cela arrive
quotidiennement. Allez parler avec vos électeurs.
Je vais vous citer un cas pour le député à ma
droite qui semble douter de mon affirmation.
M. Harvey (Charlesbourg): Le député de
Charlesbourg.
M. Edmonston: M. le député de Charlesbourg,
renseignez-vous sur le jugement du juge Amédée Monette de la Cour
supérieure, qui s'appelle Fleury contre Fiat. Le juge là-dedans a
dit que la garantie formelle de Fiat, dans ce cas d'espèce, ce
n'était rien. Fiat, c'est une grosse compagnie. Ce ne sont pas de petits
Italiens de Saint-Michel. Je parle à Mme Bacon, le ministre. C'est une
très grande compagnie. M. le député de Charlesbourg, dans
sa décision, le juge a dit que ce n'étaient que des promesses en
l'air, cette garantie de Fiat. Est-ce un cas d'espèce? Nous, comme
groupe de consommateurs, est-ce que nous sommes tous trompés?
Sommes-nous des fanatiques qui veulent renverser le système ou
voulons-nous que le système soit bâti équitablement pour
tout le monde, pour le commerçant et pour le consommateur? Je suis pour
cela.
Je ne suis pas contre les commerçants, mais je vous rapporte le
fait réel. J'ai d'autres faits réels à vous apporter. Une
voiture neuve, c'est cela le problème, c'est une garantie
complètement inadéquate.
Le troisième problème, ici au Québec, qui nous
concerne, ce sont les garanties sur les réparations. Je comprends les
garagistes qui disent: Ecoute, nous faisons notre possible, mais nous ne
pouvons pas faire une estimation avant d'ouvrir le moteur. Avant d'ouvrir une
transmission, nous ne pouvons pas faire une estimation là-dessus qui ne
va excéder 10%, parce qu'il faut voir le moteur, l'intérieur, il
faut voir les transmissions à l'intérieur. Vous savez, je suis
d'accord avec eux.
Dans les autres provinces, je pense à la Floride ce n'est
pas une province, mais c'est presque une province pour le Québec en
hiver en
Floride, par exemple je ne suis pas au courant des provinces ici
au Canada qui ont cette estimation de 10% la loi, comme c'est
proposé, le garagiste ne doit pas faire une estimation, et ensuite,
quand vous allez payer votre facture, c'est augmenté plus que 10%. Ce
qui est arrivé ailleurs, aux Etats-Unis, où je suis au courant
pour certains Etats, ce n'est pas à nous à les mettre en
faillite. Le concessionnaire et le garagiste ont dit simplement pour le moteur
et la transmission: Regardez, monsieur ou madame. Pour répondre, ils
disent cela. Madame, monsieur, je ne peux pas vous donner un prix par
téléphone. Venez ici. Je ne peux pas vous donner une estimation
non plus sur le moteur et la transmission. Il faut que je l'ouvre. Cette
proposition de votre loi va arrêter ce "racket" du
téléphone, parce que les garagistes utilisent le
téléphone pour dire: Ah oui! C'est cela le symptôme. C'est
comme un médecin. C'est cela le symptôme que vous avez. Venez ici,
je sais ce que vous avez. Cela va coûter tant. C'est un "racket". Cela
arrive tellement souvent que c'est un attrape-nigauds pour avoir le
consommateur là. Le consommateur va signer pour $100 comme il a
été entendu par téléphone et confirmé au
moment où le consommateur signe la facture. La plupart des consommateurs
sont obligés de signer la facture en blanc. Est-ce que ce n'est pas
vrai, M. le député de Charlesbourg? Oui, ils sont obligés
de signer cela en blanc. Quelle justice! Je suis d'accord avec vous pour la
loi. Je crois que cela va arrêter la pratique des garagistes et
concessionnaires de donner des prix par téléphone, quand ils
savent d'avance qu'ils ne peuvent vraiment pas faire la réparation pour
ce prix. Vous m'avez donné jusqu'à une heure.
Le Président (M. Kennedy): Vous pouvez continuer.
M. Edmonston: Je ne veux pas...
Le Président (M. Kennedy): Vous pouvez finir votre
exposé.
M. Edmonston: Vous m'avez donné jusqu'à 1
heure.
Le Président (M. Kennedy): Vous pouvez continuer votre
exposé.
M. Edmonston: D'accord! Il faut que nos avocats parlent. Ils sont
payés pour le faire.
Le Président (M. Kennedy): C'est à votre
goût. Si vous voulez arrêter maintenant et reprendre à 3
heures, je n'ai pas d'objection.
M. Edmonston: Est-ce qu'on pourrait suspendre, M. le
Président, jusqu'à 3 heures?
Le Président (M. Kennedy): Oui. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 3 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
Reprise de la séance à 15 h 20
M. Kennedy (président de la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières): A
l'ordre, messieurs!
M. Edmonston, aviez-vous complété votre exposé
avant la suspension ou si vous avez autre chose à ajouter avant que vos
conseillers juridiques ne justifient leurs honoraires, comme vous l'avez
mentionné ce matin?
M. Edmonston: Oui, M. le Président. Juste une quinzaine de
minutes, s'il vous plaît, pour terminer. J'étais en train de vous
démontrer les différents problèmes majeurs ici au
Québec pour les automobilistes. Je suis rendu au numéro 4. Je
veux dire, en passant, que le problème de l'assurance-automobile est un
problème très grave. Cela ne relève pas de cette
commission, mais je voulais attirer votre attention là-dessus comme un
des grands problèmes; nous recevons, chaque jour, des plaintes de
plusieurs consommateurs.
Le numéro 5 est notre préoccupation pour la
sécurité routière. Vous voyez, en avant de cette table,
une roue de voiture européenne qui a roulé 5000 milles; tout
à coup, la roue s'est cassée. Nous avons eu le même genre
de problème de qualité, qui peut faire qu'une voiture peut
présenter un danger pour un consommateur, avec la Rabbit de Volkswagen
pour le feu. Finalement, nous avons réussi à faire rappeler ces
Rabbit à cause des plaintes nombreuses des consommateurs concernant le
feu dans la Rabbit.
Finalement, quand on parle d'une véritable protection du
consommateur, je veux juste vous donner un aperçu. Il faut quatre choses
pour protéger les consommateurs québécois: 1)
l'information; 2) la mobilisation; 3) la divulgation des litiges; 4) la
législation. Nous croyons qu'avec les outils que nous pouvons utiliser
nous-mêmes nous pouvons assurer notre protection. En parlant de
l'information, par exemple, le premier des quatre critères que je viens
de vous nommer, je voudrais voir l'information de l'Office de la protection du
consommateur et des ministères dirigée vers les
commerçants plutôt que vers le consommateur. Le consommateur n'a
pas besoin d'avoir l'information, alors que, lui, il est dans une position
d'inégalité sur le marché. Je crois que le point important
est de diriger vos informations et vos lois vers les commerçants pour
faire peur aux commerçants afin qu'ils ne violent pas la loi.
Si je peux vous expliquer cela dans une analogie, par exemple, beaucoup
de gens parlent d'éducation des consommateurs, mais, depuis les derniers
sept ans, ici au Québec, nous avons essayé de faire
l'éducation des consommateurs concernant la sécurité
routière avec la ceinture de sécurité. Cela n'a jamais
marché parce que nous sommes des être humains et
l'éducation ne marche pas toujours. Finalement, on a rendu obligatoire
la ceinture de sécurité et, selon les chiffres de la
Sûreté du Québec, le premier mois et je dois
féliciter le gouvernement pour son action là- dedans
pendant lequel la ceinture de sécurité a été
obligatoire, il y a eu une réduction de 29% du taux de mortalité,
dans un mois, et une réduction de 60% du taux des blessures dans les
accidents. Quand je parle d'éducation, je veux que vous édu-quiez
les hommes d'affaires. Eduquez-les parce que c'est là que le
problème commence. Si on a des problèmes de viols dans les rues
de Québec, le gouvernement a voulu agir en renseignant les femmes, en
leur disant comment ne pas se faire violer. Je ne crois pas que ce soit la
bonne façon d'attaquer le problème. Peut-être qu'il faut
chercher les gars qui font des viols, parce que c'est là que le
problème commence.
Alors, pour le consommateur qui est systématiquement
fraudé... Comment éduquer un consommateur à manger leur
propre nourriture? Cela prend presque un PHD ou une maîtrise en
psychologie pour les annonces, toutes sortes d'affaires, pour vraiment
être capable de déceler la vérité aujourd'hui, parce
que la technologie est tellement avancée et est tellement
compliquée que le consommateur moyen a un problème. C'est
très difficile, même, de vérifier l'année de sa
voiture. Alors, nous comptons sur vous pour redresser cette
inégalité pour l'information. Il faut que l'information soit une
information au commerçant, M. le commerçant; pas le consommateur
averti, mais le commerçant averti. Je crois que c'est là qu'il
faut faire la nuance.
La deuxième chose, c'est la mobilisation. Si nous pouvions avoir
une action représentative ici au Québec, j'aurais pu en finir
avec Ford depuis longtemps. Si on avait eu des actions représentatives
ici au Québec, peut-être que j'aurais pu en finir avec Datsun et
la différence des années, le fait que cette compagnie a vendu de
mauvaises années de voitures.
Les consommateurs se renseignent et après, il faut les mobiliser.
A l'APA, notre tactique est de mettre les propriétaires de Cordoba dans
une association de Cordoba, Coccinelle ou Rabbit dans une association Rabbit,
Ford dans une association Ford; au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Ecosse, en
Ontario et à Montréal, ils sont 10 000 là-dedans
maintenant mobilisés. Nous avons besoin de vos lois pour nous aider
à mobiliser les consommateurs. Parce qu'au moment où on enseigne
au consommateur ses droits, il a une prise de conscience, il veut faire quelque
chose. A ce moment, ce sont des groupes de consommateurs comme les nôtres
qui peuvent aider à mobiliser. Parce que c'est seulement avec la
mobilisation, on appelle ça, je crois, la démocratie, des
consommateurs que ça change.
Troisièmement, avec la loi, le litige est très important,
elle va nous donner beaucoup plus de chance devant la cour. C'est pour
ça que je crois que c'est une bonne loi en principe pour
équilibrer le commerçant et le consommateur devant les
tribunaux.
Finalement, il ne faut pas s'arrêter ici, avec la loi no 7. Il y a
vraiment des problèmes qui, au moment où la loi no 7 sera
adoptée, ne pourront pas être résolus, il y aura encore des
abus sur le
marché québécois. Donc, à ce moment, il faut
quand même que votre ministère continue de proposer d'autres lois
sur la question des maisons, d'achat de maisons. J'ai peur que le fait que
depuis cinq ans, on a travaillé à cette loi no 7, on va
arrêter et dire: Cinq ans, on va voir comment ça marche, et
ça va prendre cinq ans encore pour faire un amendement, pour se
conformer à la réalité dans cinq ans.
Parce que vous savez, au moment où on a une loi pour
protéger les consommateurs contre certains abus des commerçants,
les commerçants comme les consommateurs sont très innovateurs.
Ils vont chercher d'autres façons de détourner la loi. Or, je ne
veux pas que la loi no 7 soit la loi qui va rester en place pour plusieurs
années. Parce que je crois qu'une loi qui est bonne doit être
amendée assez souvent pour répondre davantage à la
réalité québécoise.
En principe pour la loi no 7, j'aimerais bien dire qu'il y a trois
façons de saboter cette loi. Même si elle est toute
acceptée, elle peut être sabotée. Comment?
Premièrement, la loi peut être tellement
émasculée. Je ne sais pas comment sera sa version finale. Elle
peut être tellement faible qu'elle ne serait plus d'aucune
utilité. C'est possible. Cela peut arriver, parce qu'il y a des
pressions de toutes sortes. Cela va probablement dépendre de la
volonté du parti politique au pouvoir de vouloir vraiment faire une loi
très forte.
La deuxième façon de saboter votre loi, c'est de donner un
budget inadéquat ou placer le budget au mauvais endroit, par exemple,
mettre trop d'argent sur une affaire qui n'est peut-être pas tellement
efficace pour protéger les consommateurs, de payer beaucoup plus pour
l'information que de donner des subventions aux groupes de consommateurs
à la base, comme l'Association des consommateurs du Canada ou du
Québec. Il faut penser que ces gens-là sont peut-être plus
capables de diffuser l'information que Radio-Canada, par exemple, ou comme des
postes de télévision privés. Je ne sais pas.
Il faut penser à la façon dont le budget va être
utilisé et si le budget est adéquat. Autrement, on peut avoir une
loi qui est très forte avec un budget qui est inadéquat ou un
budget qui n'est pas dépensé avec intelligence. On peut avoir une
loi qui est sur papier, mais qui n'est pas vraiment appliquée.
Troisièmement, il faut du personnel très dynamique, du
personnel dévoué, du personnel qui sache qu'il a l'appui du
ministère. Même avec une loi très faible, si vous avez une
équipe dynamique, vous allez pouvoir même faire peur aux
commerçants malhonnêtes. Ces commerçants vont quand
même se plier à vos exigences. Malgré le fait que vous
n'aurez pas une loi très solide pour exiger beaucoup de choses, vous
allez voir qu'avec un dynamisme, vous allez pouvoir convaincre des hommes
d'affaires, par le bon sens de votre raisonnement.
Comme dernier commentaire, je déplore en effet que nous, l'APA et
les autres groupes de consommateurs, ACC et IPIC, nous n'avons pas une
collaboration très étroite avec le ministère.
Nous devons avoir une collaboration très étroite avec le
ministère, non seulement pour obtenir des subventions annuelles. Moi,
j'aimerais bien avoir une table ronde avec les quatre, cinq ou six principaux
groupes de consommateurs pour parler chacun de nos problèmes et de ceux
de chacun des organismes aussi, et dire comment nous voyons notre rôle en
relation avec l'Office de la protection du consommateur. Je trouve qu'on a
vraiment besoin de cela.
Sur le plan fédéral, depuis un an, l'Office de la
protection du consommateur a envoyé Me Hu-guette Lavigne madame
ou mademoiselle, je n'en suis pas certain a des conférences
mensuelles avec l'APA, l'ACEF, l'IPIC et l'aide juridique. Mon Dieu! J'ai
appris beaucoup de choses. J'ai appris à connaître les autres
groupes de consommateurs et j'ai appris passablement de choses. Peut-être
pouvons-nous apprendre des choses ensemble, si nous pouvons nous voir ensemble,
de temps en temps, peut-être une fois par mois. Je ne veux pas vous
rencontrer, Mme le ministre, seulement devant la commission parlementaire.
C'est la fin de mon exposé. Je vous remercie du temps que vous
avez pris à m'écouter. Maintenant, je voudrais vous
présenter Me Ronald Cohen, un des avocats qui travaillent avec nous ici.
Je crois que le premier avocat qui va parler, ce sera Me David Appel, notre
conseiller juridique qui, en plus, est membre du Conseil de la protection du
consommateur. Merci!
Le Président (M. Kennedy): Me Appel.
M. Appel: Merci! M. le Président, Mme le ministre, MM. les
députés, évidemment, je ne parle pas à titre de
membre du Conseil de la protection du consommateur, mais pour l'APA. C'est pour
couvrir les points saillants dans le mémoire qui a été
déposé. J'aimerais le faire assez vite, parce que je crois que M.
Edmonston a quand même assez bien couvert beaucoup de points.
Le plus grande lacune.d'après l'APA c'est aussi mon
opinion touche les garanties sur les voitures neuves. Pour les voitures
neuves, comme vous le savez fort bien, les prix ont augmenté. Il y a une
augmentation, je crois, de 4% à 7% sur les nouvelles voitures. On
dépense maintenant $5000 à $8000 pour une voiture moyenne.
Cela devient, pour la plupart des Québécois, je dirais, la
plus grande dépense que vous faites, à part une maison. La
plupart des Québécois, j'en suis convaincu, ne sont pas
propriétaires de maisons. Donc, c'est un grand investissement.
Malheureusement, dans la loi, on a des articles qui traitent de la
publicité mensongère, etc., mais on ne traite pas d'une garantie
de base sur les voitures neuves. Pour nous, c'est un grand besoin pour le
Québec et probablement pour le Canada. Si on peut le dire ainsi, on
bouge maintenant vers l'idée d'une garantie de la qualité d'un
bien. Cela veut dire que celui qui est le consommateur aura la garantie de la
qualité du bien, le fait qu'il pourra s'en servir.
Aux Etats-Unis, si je peux le citer, il y a eu la Loi de Moss-Magnuson
qui est maintenant la loi
aux Etats-Unis. Je crois que le Québec pourrait facilement suivre
les exemples là-bas qui sont très prometteurs. L'idée de
base, c'est qu'on a droit à quelque chose qui fonctionne bien. Je ne
parle pas de défaut caché et tout ce qu'il y a avec cela. Tout
avocat va savoir qu'avec les défauts cachés, on a des milliers de
causes touchant un défaut caché. Evidemment, c'est un terme qui
est très flexible et qui met un fardeau énorme sur le
consommateur. Je crois que l'idée du bon fonctionnement est bien claire,
si le véhicule ne fonctionne pas, évidemment, ce n'est pas un bon
véhicule.
Aux Etats-Unis, ce qui arrive, c'est que le consommateur a plusieurs
droits dans le cas d'une voiture qui ne fonctionne pas bien. Il a,
évidemment, le droit de demander le remboursement du prix qu'il a
payé pour la voiture. Il a le droit de demander une diminution de prix.
Il a aussi un troisième droit qui, dans une période
inflationniste, est très important. Il a le droit de demander
l'échange du véhicule pour un autre de même modèle.
Cela veut dire, si je peux vous donner un exemple, M y avait une femme qui
avait acheté une voiture allemande. Elle n'était pas contente de
la voiture. Elle avait peut-être payé $10 000 pour la voiture.
Quand elle s'est plainte de la voiture, le concessionnaire a dit: On va la
reprendre, on va vous rembourser le prix. Malheureusement, la voiture avait
augmenté de $2000 entre-temps. Elle a alors subi une perte de $2000.
Donc, je crois que le droit d'échange est très important. Ce qui
existe présentement, ce n'est qu'un droit. On vous garantit le bon
fonctionnement pendant une année ou 12 000 milles, sauf pour American
Motors et quelques autres compagnies, mais la garantie consiste seulement
à faire réparer la voiture autant que possible, autant que c'est
nécessaire. Ce n'est pas vraiment un droit. Cela veut dire que, si c'est
une opération qui peut se faire facilement, c'est bien clair que c'est
ce qu'ils ont, mais si c'est une opération qui doit se
répéter à plusieurs reprises sans succès, le
consommateur est pris avec une voiture qu'on peut appeler un citron. Donc, je
crois que la garantie qui existe est très étroite. Il y a
beaucoup de travail à faire là-dessus.
Sur la question de la consignation de la voiture, c'est une chose que M.
Edmonston a également soulevée. Ce que cela veut dire, c'est
qu'avec une voiture de $7000, on doit consigner qu'on demande la
résiliation du contrat. Mais, que fait le consommateur entre-temps?
Achète-t-il une autre voiture de $7000 ou $8000 et, si oui, comment
aura-t-il les moyens de le faire? Pour moi, et pour l'APA, je crois, il va de
soi que le consommateur doit avoir l'usage de la voiture jusqu'à ce que
le cas soit réglé. Ce qui arrive, en principe, malheureusement,
c'est que les consommateurs ne veulent pas prendre des actions en
résiliation, même quand ils ont le droit de le faire, parce qu'ils
ne peuvent pas supporter les frais d'une nouvelle voiture.
Ce qui nous arrive souvent aussi, c'est d'obtenir un jugement et de
trouver que le garagiste, par exemple, ou le petit concessionnaire, n'a pas les
moyens de satisfaire au jugement. On a maintenant un fonds d'indemnisation pour
les accidents de la route; on doit avoir, au même titre, un fonds
d'indemnisation des consommateurs qui ont des jugements auxquels il ne peut pas
être satisfait parce que le marchand n'a pas les moyens. C'est
très injuste que le consommateur risque tous les frais de cour et tous
les désavantages pour trouver, en fin de route, qu'il a un jugement sans
valeur.
Un quatrième point, c'est quand l'achat est financé par
une compagnie de financement, peut-être Ford Credit, Chrysler Credit,
GMAC ou IAC, etc. Comme vous le savez, d'après la loi, ce dont on peut
se prévaloir, comme défense, contre le concessionnaire, on peut
le faire, au même titre, contre celui qui a prêté l'argent.
Malheureusement, ce qui peut arriver, c'est que le consommateur trouve son nom
sur une liste noire et il ne peut plus disposer de crédit. Moi, j'ai eu
une cause qui était peut-être très extrême, mais
quand même qui vous donne une idée. Le consommateur avait une
voiture où l'odomètre avait été reculé, la
voiture n'était pas du tout une bonne voiture, il a pris une action et
il a cessé de payer la compagnie de crédit. En essayant d'acheter
une autre voiture, il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas le faire
il avait grandement besoin d'une voiture parce que son nom était
sur une liste noire. En fin de route, on a réglé la cause avec le
concessionnaire; il a repris la voiture et a donné un remboursement de
100% de l'action. Ce n'est pas une admission qu'il avait mal agi, mais quand
même cela vous fait voir où était le litige. Quant à
la compagnie de crédit, on a dû prendre une action contre elle.
Pour moi, si on a le droit de ne pas payer une compagnie de crédit,
parce qu'elle est tenue par les mêmes défenses que le
concessionnaire, il va de soi que son nom ne doit pas pouvoir apparaître
sur une liste noire, parce que la compagnie de crédit, elle, n'a pas
payé.
Un cinquième point, c'est le droit à l'action
représentative et aussi le droit à l'action collective. Là
encore, il y a de grandes lacunes dans la loi.
Pour l'action représentative, on dépend
complètement du directeur de l'office. Lui, il a le pouvoir de le faire
pour certaines instances, mais personne d'autre. Il n'est pas le seul à
être intéressé à de tels recours. Pour vous donner
un exemple, il y a eu le fameux litige de l'APA contre Datsun au sujet de la
Datsun 240 Z. Il y avait une question de freins. Nous n'irons pas au fond du
litige pour dire qui avait raison, ce n'est même pas nécessaire
puisqu'on a jugé que l'APA n'avait même pas le droit d'ester en
justice.
Si, par hasard, les prétentions de l'APA avaient
été correctes je crois qu'elles étaient correctes
cela voulait dire que, même avec une voiture où les freins
n'auraient pas fonctionné d'une façon adéquate, il n'y a
personne pour porter plainte sauf l'acheteur d'une 240 Z. Beaucoup de gens ont
droit à des recours sans les exercer, mais beaucoup de groupes de
protection du consommateur seraient en mesure de les exercer parce que c'est
leur devoir et leur domaine.
Pour le droit à la "class action", je crois bien que le
problème de la rouille, le problème de la désignation de
l'année de la voiture, ces problè-
mes auraient pu se résoudre beaucoup plus vite si l'action
collective avait existé au Québec. C'est dommage que cela
n'existe pas maintenant, même dans ce projet de loi. C'est un droit de
base qui doit vraiment exister dans une société
consommatrice.
On parlait des lacunes de la loi. Il y a aussi des insuffisances dans la
loi. M. Edmonston a déjà soulevé les garanties des
voitures usagées. Cela peut sembler assez bizarre, mais la loi, telle
qu'elle est maintenant, est vraiment plutôt rétrograde dans ce
domaine. J'ai eu plusieurs causes où on a doublé le prix pour des
garanties 50-50, mais j'ai aussi été exposé à
beaucoup de commerçants qui donnent une garantie complète pendant
90 jours ou 3000 milles. Ici, évidemment, avec les 50-50, beaucoup de
commerçants vont dire: Pourquoi même donner 90 jours ou 100%? Si
on donne 75%, on est déjà en avance sur la loi. Je crois que,
dans ce domaine, on va enlever des droits aux consommateurs. L'idée
d'une garantie de base sur une voiture d'occasion est excellente. Je crois
qu'on devrait suivre la loi de l'Australie, ce qui sera la loi aux Etats-Unis,
je crois, et dans plusieurs Etats, là-bas. L'idée est que la
durée de la garantie va selon la valeur de la voiture.
On a suggéré, dans nos rapports, que pour une voiture de
$1000 ou plus ce soit un mois ou 1000 milles; $2000, ce soit 2000 milles ou
deux mois; $3000, trois mois ou 3000 milles. C'est raisonnable. Si on
soulève le point que cela va coûter plus cher pour la voiture,
cela va de soi, mais, au moins, cela va répartir le risque. Cela ne va
pas coûter tant que cela. En Australie, je crois que cela a fait
augmenter les prix de $25 à $50. Me Cohen serait beaucoup plus au
courant parce qu'il a étudié la loi à fond. Une chose est
certaine, il vaut mieux être tenu de payer $50 de plus chacun que d'avoir
un consommateur sur cinq ou six qui soit tenu d'endurer un citron.
Au sujet de 50-50, tout ce que je peux dire, c'est que c'est une
invitation à la fraude. Je crois que c'est un changement dans la loi qui
est vraiment très nécessaire. On a noté que les
corporations ne sont pas traitées comme des consommatrices. Là
aussi, on a une lacune. Quand une corporation achète une voiture, je
crois que si c'est pour les fins de la corporation elle a droit, elle aussi,
à une garantie. Je ne vois pas pourquoi on l'enlève.
Il y a d'autres points qui sont soulevés au fur et à
mesure, que vous pouvez lire, mais, moi, je relève les points saillants,
si vous voulez.
Quant à l'article 13, si vous avez lu la loi l'article 5
dans le rapport, à la page 7 on croit que vraiment tout contrat
écrit doit contenir les mentions obligatoires. On ne doit pas faire des
exceptions et les faire appliquer à seulement quatre lois. Je crois que
les mentions qui sont données et les contenus sont excellents et on
aurait avantage à les indiquer dans tous les contrats constatés
par écrit. Quant aux réparations, je me réfère
à l'article 35, on doit exiger au moins qu'elles soient faites dans un
délai raisonnable; une garantie sans une garantie sur le délai
dans lequel on doit le faire n'est pas vraiment une garantie
entière.
L'article 59 prévoit des avis par les consommateurs. Là
encore, on a une invitation à la fraude, parce qu'on prévoit des
garanties par écrit, mais aussi orales. Je me demande ce que le
consommateur va faire s'il n'a pas donné un préavis au
commerçant. Pour moi, c'est toujours dommage quand on exige des
préavis. Si on suit le droit municipal, c'est toujours à cause de
ces manques de préavis que des consommateurs sont déchus de leurs
droits. Pourquoi exiger un tel avis? Je n'en vois pas l'utilité. Si on
insiste à le faire, au moins que cette exigence soit inscrite dans le
contrat en grandes lettres moulées et en lettres rouges, pour qu'au
moins le consommateur, qui n'est pas avocat, qui va lire la loi comme profane,
sache au moins que cette obligation existe et qu'il ne soit pas déchu
d'un droit. Le délai de 30 jours nous semble très court et de
plus amples délais sont vraiment loisibles.
Quant à la durée des garanties sur des réparations,
évidemment on pourrait le faire selon un barème, savoir combien
on a dépensé pour les réparations, mais les 1000 milles au
moins et peut-être trois mois aussi. Déjà, on a couvert par
une garantie, les voitures d'occasion. Mais, pendant que la voiture est chez le
concessionnaire pour des réparations, les délais de garantie ne
courront pas. C'est probablement une lacune, mais l'article 78 doit dire
exactement la même chose. Cela veut dire que pendant que la voiture est
au garage pour une réparation, selon la garantie de réparation,
le délai ne doit pas courir.
Un dernier point. On a donné dans l'article 197 beaucoup de
recours disponibles au consommateur. On a suggéré qu'on ajoute
à ces recours la remise d'un véhicule, le droit de
l'échanger pour un autre du même genre et aussi le droit de
dommages et intérêts. Je devrais ajouter que ce serait beaucoup
plus simple si la loi prévoyait des recours seulement dans la section
197, plutôt que d'éparpiller d'autres recours partout dans la loi,
ce qui enlève vraiment l'utilité de l'article 197. C'est tout ce
que j'aurais à dire pour le moment.
Le Président (M. Kennedy): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants avant que je cède la parole au ministre?
M. Edmonston: Me Jacques Castonguay a une courte intervention
à faire, je crois, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): D'accord.
M. Castonguay (Jacques): M. le Président, Mme le ministre,
MM. les députés, je vais être très court, je n'ai
pas l'intention de revenir sur ce qui a été dit par mes
collègues ici. Ce que je voudrais apporter principalement, ce sont
certains aspects techniques de la loi qui ne sont pas dans le mémoire
que nous vous avons soumis, mais qui, selon nous, mériteraient
d'être portés à l'attention de cette commission.
Premièrement, quand on a parlé de la garantie des voitures
neuves, il y a un point que l'APA aimerait voir placé dans la loi.
Actuellement, certaines compagnies obligent leurs clients le
consommateur à faire réparer leur voiture chez le
concessionnaire chez qui ils ont précisément acheté la
voiture. Personnellement, des gens sont venus me voir et, tout en racontant
leur histoire, ils m'ont dit qu'à un certain moment, ils ont eu un
problème avec leur voiture, et ils ont eu des difficultés avec le
concessionnaire pour la réparation.
Quand un client s'est présenté à deux ou trois
reprises, toujours pour la même réparation, il a eu des
problèmes avec le concessionnaire; des fois, la situation devient assez
tendue. Evidemment, ce que je recommandais au client, c'était d'aller
voir un autre concessionnaire. J'imagine que c'est une réparation qui
doit être réparable, si on veut. Il a dit: Non, ce n'est pas
possible. Il me montre son contrat de garantie et si, effectivement, la
réparation n'est pas faite chez le concessionnaire où il a
acheté sa voiture, ce n'est pas garanti.
L'APA aimerait que la loi prévoie précisément qu'un
consommateur qui désire faire respecter une garantie par un
manufacturier puisse se présenter chez tous les concessionnaires du
manufacturier, au moins.
L'article 6 de la loi donne des critères d'application pour
l'article 5. L'APA suggérerait que ces critères servent
d'exemples au juge, au tribunal qui aura à statuer sur la question et
non pas, comme l'article semble le dire maintenant, que ce soit limitatif. Si
on tient compte de critères, qu'ils ne soient pas les seuls dont le juge
puisse tenir compte.
Les articles 23 à 36, c'est assez général. L'APA
suggère qu'un bien qui est vendu comme un bien neuf, qui n'a
été utilisé d'aucune manière, ait une garantie. On
peut difficilement dire, dans une loi ou même dans des règlements,
quelle serait une garantie minimale. Je pense que tout dépend de chaque
bien, mais qu'a tout le moins, il y ait une garantie et que cette garantie soit
très claire pour qu'on puisse déterminer en quoi elle consiste et
sa durée.
Article 24, à l'intérieur de la même section. Cet
article nous dit: "Un bien faisant l'objet d'un contrat doit permettre l'usage
auquel ce bien est normalement destiné". Comme il s'agit, comme on parle
de vente et de louage de service, nous suggérons à la commission
de modifier l'article, toujours parce qu'on semble ne pas avoir
mentionné la notion de service, en disant qu'on peut avoir la jouissance
du service auquel on a droit, comme principe général.
L'article 71 qui concerne les pièces d'une automobile
remplacées à la suite de réparations. On dit que le
garagiste doit remettre au consommateur toute pièce qui a
été remplacée. Toujours dans le contexte de la loi comme
elle est maintenant, pour que vraiment cela ait un effet, nous suggérons
qu'à tout le moins le consommateur, si le garagiste ne peut pas lui
remettre les pièces, renonce à ne pas prendre les pièces.
Personnellement, je sais très bien que, si je me présente chez un
garagiste, si je ne porte pas le moindrement attention à la
réparation, je vais tout simplement, si on ne me l'offre pas, oublier de
les prendre. Par la suite, je n'aurai plus de preuve si jamais la
réparation n'est pas satisfaisante.
Enfin, il y a l'article 146 qui concerne les pratiques interdites.
Malgré les termes de l'article 147 qui semblent assez
généraux dans ce sens, l'APA demande à la commission s'il
ne pourrait pas être inclus dans la loi un autre sous-paragraphe qui
dirait qu'il est de pratique interdite pour un commerçant de ne pas
mentionner, lorsqu'il vend un bien, que, pour se servir de ce bien, il doit
absolument acheter un autre bien. J'ai vu cette situation déjà
où on achetait un article et, pour pouvoir s'en servir, il fallait
acheter un autre article qui était aussi cher que le premier.
Evidemment, le, commerçant n'en parlait pas. C'est la question aussi des
batteries. On voit souvent cet exemple dans les journaux. On vous vend un
appareil électrique, les batteries ne sont pas incluses et, souvent, on
ne mentionne pas que les batteries ne sont pas incluses.
C'est à peu près ce à quoi je voulais en venir.
Une dernière remarque en ce qui concerne l'article 168,
relativement à la question du permis d'un commerçant. Nous
suggérons que si un commerçant exploite sans permis, selon la loi
il n'a pas qualité pour exploiter. Dès lors, le consommateur
aurait un droit absolu d'annuler la transaction parce qu'ayant contracté
avec une personne qui n'avait pas qualité pour ce faire.
Ce sont les observations que je désirais faire. Je passe la
parole à...
M. Edmonston: M. le Président, avec votre approbation, on
passe la parole à Me Cohen, qui est aussi un des conseillers juridiques
de l'APA. Me Ronald Cohen.
M. Cohen (Ronald): M. le Président, Mme le ministre, MM.
les députés, je ne veux qu'ajouter une couple de mots au sujet
des articles 58, 59 et 78, où on met le fardeau sur le consommateur de
donner un préavis.
Je sais très bien que mon confrère l'a déjà
mentionné et je ne veux que dire ceci. Nous, de l'APA, trouvons que la
situation est très difficile pour les consommateurs. Effectivement, ce
qui arrive avec les articles en question, c'est qu'une prescription qui existe
déjà dans le Code civil du Québec, une prescription de
trente ans, est réduite, à cause de ces dispositions de la loi,
à trente jours. Une réduction de trente ans à trente
jours. Je pense qu'il est vrai de dire que nous souhaitons que le consommateur
ait une chance un peu plus prolongée pour pouvoir se prévaloir
des actions qui sont envisagées en vertu de la loi.
D'abord, le fait qu'il doit donner un préavis, comme l'a
mentionné Me Appel, élève effectivement le
commerçant qui vend des voitures ou qui fait des réparations au
niveau de nos cités et villes. On devrait se poser la question: Est-ce
qu'il y a des raisons d'élever ces personnes à ce niveau?
Le problème du consommateur est souvent qu'il n'y a pas les
connaissances, qu'il n'est pas en
mesure de faire les représentations, parce qu'il ne connaît
pas ses droits. Même si nous sommes ici certains avocats qui faisons des
représentations devant vous, nous ne voulons pas cette sorte de chose.
Ce serait beaucoup plus souhaitable, quant à nous, si le consommateur
n'était pas dans l'obligation de donner ces avis en question,
c'est-à-dire de devoir consulter des avocats avant de savoir qu'il a
l'obligation de faire de telles représentations avant de se
prévaloir des droits dans la loi.
Comme je l'ai dit, la prescription de trente jours, nous pensons bien,
devrait être beaucoup plus prolongée. Souvent le défaut
arrive après la période de la garantie, la chose n'est
aperçue que longtemps après. L'exemple capital, c'est la rouille.
Evidemment, c'est une chose qui n'arrive pas nécessairement dans la
période de la garantie, mais nous sommes en mesure de prouver facilement
que le problème existait, même si le problème ne se
manifestait pas dans la période en question. Nous voulons mettre
l'accent, en ce qui concerne la voiture, sur ces aspects traités dans
les articles 58, 59 et 78.
Nous voulons également attirer votre attention, finalement, sur
l'article 202, une affaire qui n'est pas traitée dans notre
mémoire, c'est ceci. On dit que dans la détermination du montant
d'une amende, le tribunal doit tenir compte du préjudice
économique causé par l'infraction à un consommateur ou
à un groupe de consommateurs. Nous pensons que ce serait aussi
très important, de la part d'un juge qui doit déterminer le
montant de l'amende, de considérer non seulement le préjudice qui
peut être causé aux consommateurs, mais également les
profits que la compagnie peut faire.
Il y a déjà des causes assez bien connues; je mentionne
celle de Beamish, en vertu de la loi fédérale relative aux
enquêtes sur les coalitions. Dans l'affaire Beamich, il y avait une
fausse représentation quant au prix régulier de l'appareil de
télévision en question.
Ce qui est arrivé, c'est que le prix de la
télévision était le meilleur prix dans la ville en
question. Par contre, ce n'était pas nécessaire, à ce
moment, pour celui qui faisait les annonces, de dire que le prix était
de $300, tandis que le prix normal était de $400. Dans ce cas, le prix
normal était de $350. Il a exagéré la situation.
Même si son prix était le meilleur, il n'était pas
satisfait à ce moment. Il a exagéré le profit au niveau du
consommateur pour évidemment accroître ses ventes.
A ce moment, il a récupéré certains profits, tandis
que les consommateurs en question n'ont pas subi de pertes. C'était
peut-être une question de compagnies qui faisaient la concurrence
à Beamish et qui subissaient des pertes à ce moment. Nous disons
que, à l'article 202, il y a peut-être raison d'inclure d'autres
critères, en parlant de la détermination du montant de
l'amende.
M. le Président, je vous remercie.
M. Edmonston: En dernier lieu, M. le Président, M. DeBlois
est un simple consommateur comme nous, comme tous nous autres, je crois. Je ne
peux pas faire venir tous les consommateurs qui ont porté plainte chez
nous. Je vous ai apporté quelques-uns des dossiers. Ce sont des
consommateurs mécontents. Pour représenter au moins un groupe de
consommateurs mécontents, je vais passer la parole à M. DeBlois,
qui habite ici à Québec; il est président de l'Association
des propriétaires mécontents de la Rabbit de Volkswagen. Ce ne
sera qu'un court commentaire, avec votre permission, M. le
Président.
Le Président (M. Kennedy): Un court commentaire,
d'accord.
M. DeBlois (Alfred): M. le Président, Mme le ministre, MM.
les députés, je représente ici certains
propriétaires de véhicules Rabbit et Scirocco qui ont connu
énormément de problèmes avec leurs véhicules,
notamment l'hiver, des questions de mise en marche impossible. Ces questions se
représentaient fréquemment. D'ailleurs, vous pouvez voir ici une
petite pile de dossiers. Ce sont des cas très fréquents, qui se
représentent souvent pour le même véhicule.
C'est-â-dire que la compagnie ne semble pas, ou que, du moins, les
concessionnaires ne semblent pas être suffisamment compétents pour
parer à ce problème, vu que ce problème se
représente continuellement.
L'autre chose plus grave aussi, à mon avis, c'est que non
seulement ils vous font des réparations qui ne sont pas bonnes, mais, de
plus, chaque fois ou presque, il y a des montants qui sont exigés,
variant entre $25 et parfois $100 pour des réparations qui ne donnent
absolument rien. J'ai plusieurs lettres ici qui en font foi.
Notamment, dans ces plaintes, nous avons aussi pu constater que le
manufacturier lui-même, c'est-à-dire Volkswagen Canada
Ltée, n'a aucun pouvoir sur le concessionnaire. Je pense que c'est une
lacune qu'il faudrait combler, parce que c'est assez fréquent de trouver
ceci. C'est qu'après de nombreuses démarches auprès du
concessionnaire, le consommateur, n'ayant pas eu satisfaction, s'adresse
à la compagnie Volkswagen, en l'occurrence, vu que c'est ici cette
marque que je représente, et qu'est-ce qu'on lui répond? Ecoutez,
nous avons fait les démarches auprès de vos concessionnaires et
les concessionnaires ne veulent rien savoir. C'est même inscrit en noir
et blanc ici.
Il y a même certains concessionnaires qui vont jusqu'à dire
aux clients que s'ils continuent de faire des pressions auprès de la
compagnie même, du manufacturier, ils les laisseront carrément
tomber.
Autre chose aussi qui n'est pas normale, à mon avis, dans ce cas,
il s'agit d'une publicité monstrueuse, parce que c'est bien connu, la
couverture tout repos de Volkswagen, on se demande pour qui elle est de tout
repos. A mon avis, elle est plus de tout repos pour le concessionnaire que pour
le consommateur lui-même, parce que, chaque fois, comme je vous dis, il y
a presque continuellement des réparations à faire, des
réparations qui ne donnent aucun résultat, qui se reprodui-
sent... Par exemple, une voiture que j'ai à ma connaissance, cela
fait deux ans que cette personne essaie de faire éliminer des
infiltrations d'eau, sans résultat, avec des factures parfois de $20,
$25, $50 ou $100. Cela dure depuis deux ans ce cas. Il y en a bien d'autres
encore qu'on pourrait nommer ainsi.
Autre chose aussi, dans cette publicité, on nous dit qu'en cas de
réparation du véhicule, un autre véhicule serait
prêté. C'est une chose totalement impossible, parce que cela a
déjà été essayé par plusieurs consommateurs.
C'est encore un cas de publicité mensongère. Il est nullement
possible d'avoir un véhicule en prêt ou même un
véhicule de location à bas tarif, comme on a l'air de le dire.
Alors, je pense aussi à une autre chose. Présentement, dans les
environs de Québec, je pense que c'est à Lévis, le poste
CFLS Radio fait de la publicité sur la Volkswagen Rabbit. Volkswagen se
base sur cette publicité en faisant appel à des experts qui ont
essayé ce soi-disant véhicule. Là, encore une fois, cela
ne donne pas une bonne idée aux consommateurs, parce que l'expert qui
essaie un véhicule, le reçoit de la compagnie, de la manufacture.
A ce moment, c'est un véhicule trié sur le volet, d'excellente
qualité et n'ayant pas les défauts qu'on retrouve normalement sur
d'autres véhicules. Alors, je trouve encore que ce sont des
publicités mensongères qui amènent à tromper le
client de ce côté. Je pense que c'est un peu en bref ce qu'on
pourrait dire là-dessus. Il y aurait beaucoup de choses à dire
à ce sujet, mais on est pas mal limité par le temps, et il me
semble que la loi devrait être plus forte de ce côté.
Aussi, il y a le droit de rétention des véhicules, surtout
dans les cas de garantie. On se demande parfois pourquoi un client, pendant le
temps de garantie, a dépensé jusqu'à $500 et $600 sur son
véhicule. C'est justement à cause du droit de rétention
qu'ont les concessionnaires, les garagistes. Si vous ne payez pas le montant de
votre facture, même si vous estimez ne pas devoir le payer, vous n'avez
pas le choix. Il faut payer ou vous ne recevez pas votre voiture. C'est
certain.
Je pense que toutes ces questions devraient être
réglées au meilleur profit de tous. C'est à peu
près tout ce que j'ai à dire en tant que consommateur. Je vous
laisse la parole, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Merci, M. De-Blois. C'est
complet. Vous êtes disposé à répondre aux questions
des membres de la commission, M. Edmonston?
M. Edmonston: Oui, c'est complet. Je vous remercie pour votre
patience et franchement je remercie aussi Mme le ministre pour la collaboration
qu'on a eue tout récemment du ministère pour nous aider à
présenter ce mémoire devant la commission parlementaire. Si vous
avez besoin de nous dans l'avenir pour expliciter sur la loi même, comme
c'est proposé, nous sommes prêts à vous donner notre
entière collaboration. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Kennedy): Madame le ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais d'abord remercier
l'APA pour le mémoire qu'elle nous a présenté et qu'elle a
bien voulu nous soumettre. Les remarques et les recommandations que vous nous
avez faites ont permis de mettre en lumière peut-être certains
aspects du projet de loi qui n'avaient pas été jusqu'ici, au
cours de l'audition des mémoires que nous avons faite depuis le 11
août dernier.
Vous me permettrez de faire certains commentaires et, en même
temps, évidemment, de vous poser aussi certaines questions. Vous
soulevez, dans le mémoire que vous nous avez soumis, aux pages 3 et 4,
le problème des voitures neuves inutilisables, ce que vous appelez les
voitures citrons. Vous suggérez aussi certaines modalités qui
s'appliqueraient pour ce genre de voitures. J'aimerais peut-être dire ici
qu'il y a des dispositions du projet de loi, bien que non expressément
réservées aux ventes de voitures neuves, qui peuvent s'appliquer
en cas de vente de ces dernières. Par exemple, l'article 24 stipule
"qu'un bien faisant l'objet d'un contrat doit permettre l'usage auquel ce bien
est normalement destiné". En voilà un. Il y a aussi le Code civil
québécois qui contient des dispositions en matière de
garantie de vente. Récemment, les tribunaux ont interprété
plus largement ces dispositions; parfois même, les tribunaux sont
allés au-delà de la période fixée
expressément par la garantie du fabricant d'automobiles.
Nous prenons note, cependant, de votre suggestion de fournir aux
propriétaires de ces voitures non utilisables, une fois que toutes les
chances normales de réparations auront été fournies au
commerçant, le choix de trois possibilités: soit de remplacer la
voiture problème par un autre modèle identique, soit obtenir un
remboursement ou soit obtenir une diminution de prix. Il faut tenir compte de
ces suggestions qui nous sont faites.
Au paragraphe 2 de la page 4, vous soulevez le problème de la
consignation. Nous prenons note aussi des remarques que vous nous faites sur le
sujet; la consignation est un problème général au droit
québécois. Actuellement, l'Office de révision du Code
civil, comme vous le savez, étudie les dispositions ayant trait aux
offres et à la consignation. Nous pouvons aussi constater que cela fait
l'objet d'études.
Aux pages 4 et 5 de votre mémoire, vous nous suggérez
d'établir un fonds d'indemnisation, de façon à
dédommager les automobilistes consommateurs, en cas d'inexécution
d'un jugement rendu contre un commerçant insolvable. J'aimerais que vous
nous précisiez votre pensée sur ces fonds d'indemnisation, en
mentionnant peut-être quelles en seraient les modalités
d'application. Je pense que dans les remarques on ne va pas aussi loin.
Avez-vous poussé vos études au point de pouvoir nous apporter, au
moins, aujourd'hui, des précisions sur ces fonds d'indemnisation? Y
a-t-il des modalités d'application bien précises que vous pouvez
suggérer, en plus de ce qui a déjà été
dit?
M. Edmonston: Oui, Mme le ministre. M. Appel, voulez-vous
répondre à cette question?
M. Appel: Cela pourrait fonctionner presque comme le fonds
d'indemnisation des victimes d'accident de la route, ce qui veut dire que
chacun qui fait affaires dans un certain domaine, soit ici celui de
l'automobile, fournit un certain montant, chaque année, à un
fonds. Dès qu'il y a un jugement qui n'est pas porté en appel, on
puiserait à même ces fonds. Cela pourrait aussi se faire si
cela n'est pas acceptable d'une autre façon, soit d'avoir des
cautions. Ça existe déjà dans la loi; c'est pour
élargir le domaine. Ce sont les deux façons dont nous voyons le
problème.
Il y a des commerçants, malheureusement, qui ne sont pas vraiment
solvables. Cela veut dire qu'ils vendent et n'ont pas un gros actif. Si un
jugement d'un certain montant est rendu contre eux, ils n'ont vraiment pas les
fonds pour satisfaire au jugement. Cela ne nous arrive pas très souvent,
mais assez souvent pour qu'on le sente. Mais, vu que cela n'arrive pas trop
trop souvent, je ne crois pas que les contributions à ce fonds seraient
énormes.
Mme Bacon: A la page 5, évidemment, pour ce qui est de
l'action collective, je vais peut-être répéter ce que j'ai
déjà dit. Je suis évidemment convaincue de
l'utilité d'une telle mesure et aussi de sa nécessité pour
assurer aux consommateurs un exercice plus complet de leurs droits. Je dois
répéter aussi que la question est actuellement à
l'étude, tant au ministère de la Justice qu'au ministère
que je dirige. Il faut, évidemment, avoir à l'esprit, au moment
où nous faisons ces études, d'accorder une meilleure protection
au consommateur.
Il est évident que si ce recours était inscrit dans la loi
sur la protection du consommateur nous ne pourrions l'utiliser que dans le cas
des règlements ou des problèmes entre commerçant et
consommateur. Le recours serait différent si c'était une loi qui
provenait du ministère de la Justice. J'aimerais peut-être vous
rassurer. Je sais que cela vous tient à coeur, cette action collective.
J'aimerais vous dire que nous sommes très sensibilisés à
ces problèmes et nous allons voir à apporter, d'une façon
ou d'une autre, la plus grande protection. Ce genre d'action collective, je
pense, en est une de grande importance qui, comme vous le mentionniez fort
pertinemment au moment de vos remarques, aurait permis de régler
plusieurs causes qui ont pris un temps énorme à se régler,
et d'autres attendent encore.
A l'article 53, vous suggérez que les voitures usagées
vendues à plus de $3000 possèdent une garantie de trois mois,
3000 milles. Avez-vous des éléments importants sur lesquels vous
vous basez pour nous faire une telle recommandation, autres que ce que nous
entendons habituellement? Est-ce qu'il y a d'autres éléments
importants? Pourquoi la gradation de $1000, 1000 milles, $2000, 2000
milles?
M. Edmonston: Parce que cela se fait ailleurs. Vous savez, la
protection du consommateur aujourd'hui, nous devons prendre comme exemple
où cela se fait adéquatement ailleurs. Je crois que
Me Cohen sait comment cela fonctionne en Australie. C'est le plan et je
trouve que ce plan est là depuis longtemps. Peut-être que M. Cohen
peut faire des commentaires sur cette garantie en Australie.
M. Cohen: Mme le ministre, j'ai déjà
été chanceux. J'ai été trois ans au Conseil de la
protection du consommateur quand M. Tetley était ministre et je pense
que nous avons amené devant le conseil la loi du South Australia qui
concerne exactement ce problème. D'abord, je pense que la garantie en
question n'est pas limitée au moteur ou au rouage d'entraînement.
Cette limitation n'est peut-être pas nécessaire. Cela veut dire
qu'il peut arriver d'autres réparations assez importantes à la
voiture et c'est peut-être difficile pour l'APA de voir pourquoi on
devrait limiter la garantie de cette façon.
En Australie du sud, il n'y a pas de limitation de tel genre. De plus,
on a une sorte d'échelle, si on peut la décrire de cette
façon. Non seulement en Australie du sud mais je pense qu'il y a
peut-être un ou deux autres Etats australiens qui en parlent.
L'échelle est basée sur le bon sens, je pense. Ils ont une
limitation de la valeur de la voiture par rapport, comme Me Appel l'a
soulevé auparavant, à un mois ou 1000 milles, deux mois, 2000
milles, trois mois, 3000 milles. Je ne sais pas s'il y a d'autre chose que je
peux ajouter dans ce sens.
Mme Bacon: Je connais bien ces lois, mais pourquoi $3000?
Pourquoi pas $3500? Est-ce seulement parce que vous vous basez sur les lois des
autres pays que vous nous recommandez un tel montant?
M. Edmonston: II semble qu'il faut établir des
barèmes qui vont toucher la plupart des gens qui vont être
affectés. C'est bien arbitraire, Mme le ministre. Nous voulons juste
proposer un barème à établir, mais nous ne pouvons pas
encore vous donner une définition précise de qui va être le
plus affecté et à quel montant d'argent. Je veux ajouter une
chose. Il faut soulever la question du coût prohibitif d'une telle
garantie. Encore, je suis un peu désolé du fait que M. Samson ne
soit pas ici maintenant parce que lui connaît bien cela. Je ne veux pas
parler de cela, mais...
Il y a présentement une garantie de la compagnie General Motors.
M. Samson, quand j'ai parlé avec lui la dernière fois,
était vendeur de General Motors. Il ne faut pas le mélanger avec
M. Caouette, de Chrysler.
Il m'a vanté le fait que sa voiture, la Vega malgré
le fait que j'appelle cela un dégât cette année, va
avoir une garantie de 60 000 milles ou cinq ans». J'ai dit: Wow! C'est
formidable. Mais pour continuer avec le raisonnement de M. Samson je
n'ai pas parlé de lui mais de son raisonnement je crois que cette
voiture Vega, avec une garantie de cinq ans ou de 60 000 milles, doit
coûter presque $6000 ou $7000. Mais non. General Motors vient d'annoncer
qu'elle ne va même pas augmenter le prix des Vega cette année.
Alors, toute cette question, vous comprenez, du coût
prohibitif afin de donner des garanties adéquates au
consommateur... Comme j'ai déjà dit, sur les voitures d'American
Motors on a deux ans. On a moins de problèmes avec American Motors
qu'avec les autres compagnies en proportion du chiffre de ventes, et cette
société vend à un prix très concurrentiel les
voitures neuves. General Motors s'est vantée de cette garantie de cinq
ans ou 60 000 milles, mais les prix sont toujours très concurrentiels.
Alors, je comprends votre inquiétude, savoir sur quel barème on
va établir la garantie; mais je crois que si General Motors et M. Samson
peuvent être d'accord avec une garantie de cinq ans ou 60 000 milles,
sans augmenter le prix de leurs véhicules, cette année, les
autres garages peuvent faire la même chose. Merci.
Mme Bacon: Selon vous, la garantie de l'article 53 devrait
s'étendre à l'ensemble de la voiture en tant que moyen de
circuler. J'aimerais que vous donniez plus d'explication là-dessus. Sur
quelle partie de la voiture devrait s'appliquer la garantie, par exemple?
M. Cohen: M. le Président, Mme le ministre, sur toute la
voiture. Cela veut dire qu'en Australie, on discute des réparations
sérieuses. Alors, on peut fixer un niveau à ce moment-là.
On peut dire que toute réparation au-delà de $25 ou de $50 est
une réparation sérieuse. C'est un détail à
éclaircir avec ceux qui font la réparation, à savoir
déterminer de quoi il s'agit, à ce moment-là. C'est
évident que ce n'est pas sérieux de devoir remplacer une ampoule
ou de devoir vidanger l'huile ou des choses de ce genre; mais d'un autre
côté, il y a bien des aspects mécaniques qui concernent non
seulement le moteur, non seulement le rouage d'entraînement, mais
également ce qu'on appelle je m'excuse, je n'ai pas la traduction
le "front end" de la voiture, la suspension avant. Si je comprends la
voiture un peu, la suspension avant ne sera pas couverte par cette affaire,
mais je peux vous dire que si vous devez remplacer les "kingpins" et d'autres
aspects, les "bail joints" toutes ces choses, cela peut devenir très
dispendieux, non seulement cela, c'est un aspect du fonctionnement de la
voiture de sécurité primordiale.
Alors, je dirais je pense que l'APA serait d'accord que
c'est la voiture entièrement parlant. Il n'y a pas de raison de limiter
la garantie à ces deux choses qui sont mentionnées dans la loi.
C'est plutôt l'affaire de la gravité du problème.
Mme Bacon: II faut tenir compte aussi, je pense, du climat de
l'Australie. Vous mentionnez l'Australie et sa législation. Je pense que
le climat est différent du nôtre, quand on pense à ces
garanties dans des études qu'on peut faire, des études
comparatives, il faut en tenir compte de toute façon.
M. Edmonston: II y a, Mme le ministre, une chose, si je peux le
mentionner, avec American Motors: deux ans de garantie complète pour
tout. C'est un plan de garantie par lequel la compagnie American Motors a voulu
faire vendre ses voitures et le prix concurrentiel pour les voitures
était de $100 ou $150 de plus, mais ce n'était pas une
augmentation affreuse.
Je crois que si une compagnie américaine peut dire: Nous
garantissons tout sur la voiture pendant deux ans, sans faire faillite, comme
General Motors, et gagner pas mal de ventes avec ça, nous devons
étudier cela très sérieusement. Dans la
réalité, les autres compagnies d'automobiles sont capables de le
faire complètement. Les pneus, le système électrique, les
vitres, tout ça. Ils ont une garantie de protection de l'acheteur, tout
est compris.
Nous avons eu très peu de plaintes là-dedans
comparativement à d'autres compagnies cette année.
M. Cohen: Madame le ministre, si je peux ajouter un autre point
ici. Ils ont fait des études en Australie où il y a des
réactions de compagnies de voiture concernant cette garantie. Je peux
vous dire qu'avant que la garantie en question, la garantie obligatoire, soit
entrée en vigueur, il va sans dire que toutes les compagnies et les
concessionnaires ont crié. Ils ont dit que cela allait augmenter le
coût des voitures, que les consommateurs devraient payer plus; tous les
arguments qu'on entend souvent ici et partout au Canada.
Mais ce qui est arrivé, d'après la réaction d'au
moins un des grands concessionnaires, Ford, sinon la compagnie Ford Australie,
c'est que les mauvais marchands ont été chassés du
marché et que les bons marchands sont restés, que le prix moyen
de la voiture n'est monté peut-être que d'une cinquantaine de
dollars ou quelque chose dans ces prix, si je me rappelle bien. L'importance de
ceci, c'est qu'effectivement, il y a peut-être une sorte d'assurance de
groupe qui se fait à ce moment-là. Pour être très
franc avec vous, je serais sûrement prêt à payer $50 de plus
si je pouvais garantir à tous mes copropriétaires de voitures,
mes coacheteurs de voitures usagées, qu'ils n'auraient pas de
problème à payer parce qu'à ce moment-là, ça
devient une loterie qui n'est pas juste à l'égard de chacun des
consommateurs. Tout en sachant que la prochaine fois que j'achèterai une
voiture, ce sera à moi que la garantie servira.
Je pense en effet que cela a très bien fonctionné en
Australie, il n'y a pas eu de plainte des fabricants ou des vendeurs de
voiture, et ce peut être une leçon pour nous autres, une
leçon de valeur.
Mme Bacon: Concernant les ventes de voitures usagées et
à partir des plaintes que vous recevez de consommateurs, quels sont les
principaux motifs de mécontentement que vous retrouvez, qui sont les
plus fréquents?
M. Edmonston: Chez nous, nous avons environ 100 000 demandes
d'information et de plaintes par année. Il y a plus de demandes
d'information que de plaintes. Je ne sais, de mémoire, combien, mais je
crois qu'ils ont déjà envoyé ça à votre
ministère.
La source de mécontement avec les voitures usagées, c'est
surtout la représentation sur la voiture même et la garantie. La
garantie, ça veut dire la représentation. Parce que des fois, les
vendeurs, en vendant la voiture vendent la garantie. La garantie aujourd'hui
est devenue un accessoire à vendre. De plus en plus. Pourquoi
pensez-vous que les gens parlent tellement des garanties aujourd'hui? C'est
parce que les compagnies exploitent le mécontentement des gens pour
vendre des automobiles en disant: Ecoutez, peut-être avez-vous eu un
dégât avec votre Vega, mais avec la Astre, ce ne sera pas un
désastre. Mais oui, c'est la même voiture, comprenez-vous? Alors,
premièrement, la représentation faite par le vendeur et,
deuxièmement, le problème de la garantie et la
représentation sur la garantie même.
Une chose aussi que je peux ajouter, c'est que même quand on parle
de rouage d'entraînement, même les manufacturiers se
contredisent.
Ils appellent cela en anglais "power train". Qu'est-ce qu'un "power
train"? Est-ce que c'est lorsque ça marche dans leur
intérêt? Ils disent certaines choses. Si ça marche au
contraire de cela, ils disent autre chose. N'oubliez pas que nous passons
devant les tribunaux quotidiennement avec les plaintes des consommateurs; nous
nous présentons à la Cour des petites créances, la Cour
provinciale, la Cour supérieure et la Cour d'appel. Le "power train",
pour le concessionnaire et le fabricant d'automobiles, c'est une
définition tellement large qu'ils sont très contents.
Mais, quand ils viennent devant vous, madame le ministre, et vous
demandent de définir cela d'une façon plus succincte, je
comprends mal la logique.
M. Castonguay: Madame le ministre, si vous le permettez.
Mme Bacon: Oui.
M. Castonguay: Ce que M. Edmonston vient de dire, en ce qui
concerne le nombre de plaintes qu'il reçoit à l'APA, en ce qui
concerne les voitures usagées, si je regarde, de mon côté,
le nombre de gens qui viennent me voir parce qu'ils sont prêts à
faire quelque chose au point de vue légal contre la personne qui leur a
vendu la voiture et c'est relativement minime, entre ces deux chiffres, il y a
certainement beaucoup de gens mécontents.
Mme Bacon: On nous a dit, au cours de l'audition de
mémoires, que la vente de voitures usagées entre consommateurs
était de l'ordre de 45% par rapport à l'ensemble des ventes de
voitures usagées.
Est-ce que vous seriez favorable à ce que la garantie en
matière d'automobiles usagées s'applique aux ventes entre
consommateurs?
M. Edmonston: Je crois, pour être équitable, que
oui. Lorsque le Mouvement des caisses populaires s'est présenté
devant la commission et a demandé l'exclusion de la loi, je suis
également contre cela. Je trouve que, si on fait une loi, on doit la
faire pour tout le monde.
Je ne veux pas établir deux classes, je ne veux pas
établir deux lois. Je crois que la loi doit être forte, doit
être juste et doit s'appliquer à tout le monde, madame le
ministre.
Mme Bacon: D'accord. Nous prenons bonne note des recommandations
que vous avez faites à l'article 3, à l'article 12, alinéa
2, de même qu'aux articles 24 et 41 qu'on retrouve à vos pages 7
et 8 du mémoire.
Concernant le préavis de trente jours, est-ce que vous avez une
suggestion pour remplacer l'article 59?
M. Edmonston: Oui, madame le ministre. Je vais faire un
commentaire assez bref, étant donné que c'est plutôt une
question pour les avocats.
Mme Bacon: Oui.
M. Edmonston: Le Code civil... Lorsque je viens devant la Cour
des petites créances, où je peux faire des représentations
pour les consommateurs, le juge parle d'un délai raisonnable, un
préavis raisonnable.
Par exemple, dans la cause Deschamps versus Miguel, devant la Cour
supérieure, relativement à une voiture usagée si
vous voulez avoir tous les cas que j'ai cités, le numéro et tout
cela, Me Meunier, je peux vous envoyer cela, si vous voulez c'est une
demoiselle qui a acheté une voiture usagée. Elle avait même
roulé six mois avec sa voiture, pour un millage de 6000 milles, je
crois. Le juge de la Cour supérieure a accordé la
résiliation de l'acte de vente parce que, malgré le fait qu'elle
n'ait pas donné de préavis formel, selon la loi, le juge a vu que
la dame avait rapporté la voiture; cela n'a pas marché. Elle a
fait des tentatives pour faire valoir sa garantie; cela n'a pas marché.
Le concessionnaire était fermé à un certain moment, il
était en vacances à un autre moment.
En tout cas, on a réussi à obtenir la résiliation
du contrat devant la Cour supérieure pour l'achat d'une voiture
usagée, après six mois et au moins 6000 milles d'usage. Cela a
été porté devant la Cour d'appel et la Cour d'appel, je
crois, Me Appel, a rejeté l'action.
M. Appel: Elle n'a pas accepté la requête.
M. Edmonston: Elle n'a pas accepté la requête. Il ne
faut pas restreindre le consommateur dans ce sens-là, mais laisser au
juge de décider ce qu'est un délai raisonnable, tenant compte des
circonstances, du mérite de la cause. Chaque cause est
différente.
Je peux vous parler d'une autre chose.
Je me souviens, en regardant le député de Lafontaine, M.
Léger, d'un des arguments que la compagnie Fiat, avec sa voiture, a
essayé d'apporter comme argument contre nous devant la Cour des petites
créances, que la voiture avait été achetée depuis
quatre ou cinq ans et que le plaignant
aurait dû porter plainte avant, mais le propriétaire ne
connaissait pas la différence d'année avant de venir chez
nous.
En tenant compte de cela, le juge a dit: Quand même, je donne
raison à Mme Léger et le jugement fut en faveur du consommateur.
Si on donne un préavis de trente jours, c'est très dur. Je crois
que je n'ai pas besoin de préavis du tout. Peut-être que Me Cohen
a...
M. Cohen: Ici, je peux peut-être apporter une
précision. Je pense que la cause que M. Edmonston vient de mentionner
traitait surtout de la question de l'intention de la poursuite, plus qu'une
question de préavis, puisque, dans notre loi, il n'existe pas de
préavis, nécessaire. Il y a évidemment des articles qui
parlent de la mise en demeure. Quand même l'action elle-même peut
servir de mise en demeure, légitimement, en vertu des articles du Code
civil.
En ce qui concerne le préavis, je pense que notre position serait
que le préavis n'est pas nécessaire du tout, en ce qui concerne
l'intention du délai de la poursuite. Je pense que c'est de cela que M.
Edmonston parlait effectivement, que l'action devrait être
intentée dans un délai raisonnable, tel que prévu par les
cours actuellement. Si on veut mettre une limite maximale de prescriptions dans
cela, vous avez déjà, dans votre projet de loi une prescription
de trois ans. Y a-t-il raison de diminuer cette prescription? Je ne vois pas
pourquoi.
Mme Bacon: D'accord. A l'article 75, concernant les
réparations, certains organismes, par exemple, le Club Automobile,
diffèrent un peu d'opinion avec vous. Un suggérait trois mois,
3000 milles et vous, trois mois, 1000 milles. Pourriez-vous peut-être
nous dire pourquoi vous demandez trois mois, 1000 milles.
M. Edmonston: ...de barème arbitraire, nous voulons...
Mme Bacon: Est-ce 3000 milles, un mois. Je pense que c'est cela,
plutôt que trois mois, 1000. Vous suggérez plutôt 1000
milles, un mois.
M. Edmonston: Je crois que c'est 1000 milles, chaque mois. Si
vous avez 3000 milles, cela veut dire trois mois, parce que, normalement...
Mme Bacon: Ah bon!
M. Edmonston: ... les fabricants ont 12 000 milles ou douze mois.
Nous avons encore voulu jouer le jeu des fabricants. D'accord, si les
fabricants sont prêts à faire cela, on va faire une loi qui va
codifier la pratique. Je trouve que ce serait juste.
Mme Bacon: D'accord.
M. Edmonston: Me Appel a une intervention à faire
là-dessus.
Mme Bacon: Oui.
M. Appel: Oui, le paragraphe 12 doit dire trois mois ou. 3000
milles.
Mme Bacon: Oui, c'est parce qu'on avait l'impression que vous
suggériez trois mois, 1000 milles.
M. Appel: On peut aussi soulever un point, c'est que Parc Avenue
Chevrolet, je crois, un des plus grands concessionnaires à
Montréal, nous donne cela déjà.
Mme Bacon: Trois mois, 3000 milles. M. Appel: Oui,
déjà.
Mme Bacon: Concernant l'article 146, existe-t-il certaines
pratiques précises, autres que celles prévues à l'article
146, que vous aimeriez voir interdire, par exemple, dans le domaine de
l'automobile évidemment?
M. Edmonston: Oui. Mme le ministre, je crois qu'on peut rester
jusqu'à dix heures ce soir à nommer des abus. Ceux qui sont les
plus sérieux sont la garantie, le bon fonctionnement d'une automobile et
la représentation. En regardant la présentation, l'année
d'une automobile est très importante. Je trouve que ce que la pratique
interdit, c'est assez bon, assez vaste et que cela peut englober plusieurs de
ces abus. Je ne sais pas sur le plan légal si un de nos avocats trouve
que vos pratiques interdites ne vont pas nous aider à combattre ces
abus.
M. Appel: A l'article 146, je crois que ce serait possible quand
même d'avoir un paragraphe d'introduction et de le faire suivre par des
exemples qui ne sont pas limitatifs. J'ai parlé à Me Meunier.
Je respecte son opinion, mais ma pensée était que la
commission devait prévoir quelles étaient les pratiques
interdites et, donc, que ce n'était pas vraiment juste d'avoir une
clause générale sans préciser. Je crois que même si
on avait une clause générale, les exemples donnent une
très bonne idée de ce qui sera englobé par d'autres
pratiques qui n'existent pas maintenant, mais qui probablement existeront dans
l'avenir. Donc, c'est tout ce que j'ai à ajouter.
M. Edmonston: En effet, vous avez, en regard des pratiques
interdites, un code d'éthique, ce que je trouve très bon. Je
crois que ce code d'éthique est bien codifié et excellent et que
cela va nous aider énormément à attaquer les abus les plus
flagrants: Me Cohen?
M. Cohen: Madame le ministre, pour répondre à la
question, d'abord, je suis entièrement d'accord avec la proposition de
Me Appel pour avoir un paragraphe d'introduction, mais, de plus, à la
fin, on pourrait avoir ce qu'on a déjà mis dans la Loi de la
Colombie-Britannique, quelque chose ou là ou dans l'article 211, qui
parle de ce qu'on peut faire par l'adoption des règlements. Cela veut
dire tout autre geste ou acte trompeur ou décevant
qu'on peut évidemment envisager dans les règlements. C'est
très important, parce que ce qui va arriver de temps à autre, tel
que M. Edmonston l'a déjà souligné, c'est que des
commerçants malhonnêtes et c'est évident qu'il ne
s'agit pas de tous les commerçants, bien loin de là
peuvent trouver des moyens de détourner les choses que vous avez
déjà dans la loi. Je pense que le paragraphe d'introduction de Me
Appel, ainsi que l'autre paragraphe qui permet au lieutenant-gouverneur en
conseil d'ajouter des choses, seraient bien utiles dans ce sens. Aussi, on
devrait l'ajouter, il y a un rapport qui est déjà fait et
publié, c'est le professeur Michael Trebelco, de l'Université de
Toronto, et certains de ses associés qui ont publié en deux
volumes un rapport sur une loi des pratiques déloyales. Il a
déjà donné une liste. Je pense qu'il s'agit de 29
pratiques interdites. Evidemment, cela ne vaut pas la peine de prendre le temps
actuellement de les énumérer, mais on pourrait facilement faire
des comparaisons pour voir s'il y a des choses qui manquent.
Mme Bacon: J'aimerais peut-être donner une information. On
a parlé, évidemment, de cohésion, d'avoir une certaine
cohérence des faits et gestes, soit de l'office ou du ministère,
en ce qui concerne les consommateurs. J'ai déjà mentionné
que nous aurons un agent de liaison qui fera en sorte d'établir cette
communication constante. Vous avez mentionné le besoin, M. Edmonston,
tout à l'heure, qu'il y ait plus de rencontres avec les
différents organismes qui se préoccupent des problèmes des
consommateurs et le ministère. Cet agent de liaison sera sûrement
très important pour établir cette communication constante avec
non seulement les groupements qui se préoccupent des consommateurs, mais
aussi les différents paliers gouvernementaux qui sont touchés
soit par la loi, soit d'autres lois qui peuvent protéger davantage le
consommateur. Je pense que c'est déjà une étape qui peut
être franchie, qui est assez importante pour assurer cette communication
entre tous ceux qui sont préoccupés par le problème.
M. Edmonston: Madame le ministre, est-ce que vous serez favorable
quand même à ce que les organismes et le directeur du bureau
régional de l'Office de la protection du consommateur aient des
rencontres formelles? Quand je parle des organismes, je parle des organismes
voués à la protection du consommateur, comme j'ai parlé du
magnifique travail de Me Lavigne avec nous au fédéral, de la
table ronde qu'ils ont eue chaque mois. Est-ce que vous seriez favorable pour
établir une telle rencontre formelle? C'est que nous pouvons tous parler
ensemble et cesser d'être presque à couteaux tirés, comme
on dit en français. C'est parce que je trouve cela un peu tannant. Je
vous vois peut-être une fois par année à la commission
parlementaire. Je ne trouve pas que ce soit la meilleure façon de
communiquer, parce qu'en réalité nous sommes presque dans une
position d'adversaires, alors que nous devrions être dans une position de
collaborateurs.
Si nous recevons des subventions du gouvernement, nous ne devons pas
être sans communication avec le gouvernement qui nous aide à aider
les citoyens. Seriez-vous favorable à concrétiser ou à
formaliser la suggestion?
Mme Bacon: II est évident qu'une des tâches bien
précises de l'agent de liaison sera de jeter les bases de ces
rencontres. Je pense que ce serait peut-être une de ses tâches
premières d'établir ces rencontres, de les formaliser, comme vous
le dites, au gouvernement. Je pense que vous avez raison; à certains
moments, il y a des phénomènes qu'on doit constater qui font que
nous devenons des adversaires l'un face à l'autre et qui ne devraient
pas exister, parce qu'en fait nous avons tous à coeur de protéger
davantage le consommateur, de rétablir cet équilibre entre
consommateurs et commerçants.
Cela m'amène à faire une dernière remarque. Je ne
veux pas personnaliser ces remarques. Au contraire, je ne voudrais pas que vous
les preniez comme telles. A la fin de votre mémoire, vous mentionnez le
manque d'intérêt, de la part du ministre, pour la protection du
consommateur. J'aimerais bien vous assurer du contraire. Le fait d'avoir
passé autant de temps, d'abord à la rédaction de ce projet
de loi, à sa défense aussi et à l'audition des
mémoires, qui dure depuis six semaines, sont, quant à moi, autant
de preuves du contraire. La récente campagne d'information que nous
avons lancée, en collaboration avec le mouvement Desjardins et l'Office
de la protection du consommateur, témoigne, d'après moi, d'une
volonté d'éduquer et de faire réfléchir le
consommateur.
Il est évident que vous mentionnez une autre facette, soit de
faire réfléchir aussi le commerçant; je pense qu'il ne
faudrait pas la négliger non plus. Je pense que le principal motif de ce
jugement, de cette conclusion de votre mémoire était le rapport
du Conseil de la protection du consommateur.
J'aurais peut-être quelques observations à faire, en
terminant. Tout d'abord, il faut bien comprendre qu'il s'agit d'un organisme
consultatif et non d'un conseil décisionnel. Ce conseil donne son avis
au ministre sur certains sujets et reçoit des mandats du ministre. Je
vois difficilement comment le ministre peut, en plus des sujets sur lesquels il
demande avis, indiquer quel est l'avis qu'il aimerait recevoir. Je pense qu'il
faut laisser le conseil tout à fait libre de donner les avis qu'il juge
à propos, évidemment suivant les mandats qu'on lui confie. Mais
il doit être entièrement libre de faire des études, de
faire ses rapports au ministre, même si le ministre n'est pas toujours
nécessairement d'accord avec les conclusions ou les recommandations du
conseil. Quant au conseil, à part le rôle que vous voulez lui voir
jouer et que je ne crois pas être le mien... Je ne pense pas qu'on doit
le diriger plus qu'on ne le fait dans le moment. Le fait de confier des mandats
au conseil est déjà important, mais on ne doit pas faire de
dirigisme. Comme ministre, je me vois mal diriger les activités du
conseil. Au contraire, je pense qu'on
doit lui laisser toute latitude. Mais vous avez sûrement des
suggestions autres que celles que nous avons déjà lues ou dont
nous avons pris connaissance pour améliorer davantage le conseil, les
relations entre conseil et ministre.
M. Edtnonston: Vous savez très bien que, depuis quatre
ans, presque cinq, l'APA a toujours eu un siège au conseil.
Mme Bacon: Au conseil.
M. Edmonston: Vous le savez, toutes les séances qui sont
tenues sont confidentielles. Nous avons respecté cela. Je n'ai jamais
été membre du conseil; j'ai toujours mandaté un de nos
avocats, parce que nous avons des questions de droit très importantes
qui sont souvent soulevées, confidentiellement.
En parlant avec Me Appel, qui est notre représentant
présentement... Je ne sais pas s'il sera nommé ou non ou si vous
nous accorderez un siège à ce conseil à l'avenir,
après la tenue de cette commission parlementaire!
Mme Bacon: Vous avez trop d'imagination, M. Edmonston.
M. Edmonston: Je dois vous dire que Me Appel m'a apporté
une image. Peut-être dois-je le laisser parler là-dessus,
plutôt que de le faire. Cela lui semblait être une perte de temps,
mais peut-être avons-nous une fausse image du conseil? Peut-être
est-ce notre idée de ce que le conseil doit être qui nous donne
cette impression?
Peut-être est-ce plutôt nous qui voyons mal le conseil. Je
vais laisser un avocat parler.
M. Appel: Evidemment, je suis tenu par la' confidentialité
de ce qui se passe au conseil. Ce que je vais dire, vraiment, ce serait le
point de vue de n'importe quel groupe de consommateurs. Je crois que ce sera
une opinion qui se comprendra. C'est la suivante. Evidemment, les gens qui sont
au conseil sont là pour protéger le consommateur. Je crois qu'il
est très important, le ministre a ce devoir rigoureux, d'être
certain que ceux qui doivent représenter les consommateurs
représentent vraiment les consommateurs et que ceux qui
représentent le commerce représentent complètement le
commerce. Si, par hasard, on a des commerçants qui sont des
consommateurs et des consommateurs qui sont commerçants, on
déforme ce qui sort du conseil. Il se peut, dans ce cas-là, que
les idées du conseil ne soient plus axées sur la protection du
consommateur, mais la protection d'intérêts très
étroits d'un côté ou de l'autre. C'est la seule observation
que j'aurais à faire. Je ne porte aucun jugement sur le conseil.
Mme Bacon: Sur les structures, auriez-vous des recommandations
à faire?
M. Appel: II y a une philosophie là-dedans. Je crois que
tout le monde est troublé par ces questions, au conseil aussi. Est-ce
qu'on représente un organisme ou si on se représente
soi-même, mais avec un intérêt bien précis vu qu'on
vient de cet organisme? Je ne crois pas qu'il y ait une résolution
facile de cette question. A un moment donné il a été
suggéré, l'année passée, dans un rapport qu'on
nomme des fonctionnaires au conseil. Pour moi, ce serait une très
mauvaise idée. Je crois que l'idée du conseil est excellente,
vraiment. Cela veut dire que des gens qui viennent de différents milieux
parlent ensemble, sur n'importe quoi, pour attirer l'attention du public ou du
ministre sur un problème qui existe.
Je crois que, là, le conseil a une fonction à jouer. Je ne
vois pas d'autres problèmes.
M. Edmonston: A cause de la confidentialité, je ne suis
presque jamais enfin, presque au courant de ce que fait le
conseil Si j'ai des fuites, ce sont d'autres personnes que Me Appel ou Me
Cohen. Cela me paraît bizarre. Des fois, je fais des sorties contre le
ministère ou je fais des remarques contre le ministre concernant, par
exemple, l'assurance-automobile et d'autres choses. C'est peut-être un
sujet qui fut soulevé lors de la réunion du conseil. Je suis dans
une position où je ne peux pas le lui demander, c'est confidentiel. Je
suis mal à l'aise. Est-ce que je dois faire ces critiques ou non?
Où en est le ministère sur ce problème? Où sont-ils
rendus? Moi, j'ai une remarque à faire. Souvent, je suis obligé
de faire certaines choses en confidentialité avec les fabricants. C'est
arrivé deux fois que le fabricant m'a demandé de ne pas
dénoncer une affaire, d'attendre une semaine ou un jour et je l'ai fait
parce que je n'ai pas voulu briser cette confidentialité. Mais c'est
difficile de concrétiser cette chose, de façon
régulière, une chose d'importance primordiale pour moi; je peux
diriger l'association démocratiquement avec le conseil d'administration
sans avoir les informations du conseil, mais je suis vraiment
handicapé.
Mme Bacon: Ce que vous refusez, c'est d'attendre une fois l'an le
rapport du conseil. Vous aimeriez qu'il y ait des rapports périodiques
et non pas seulement le rapport annuel.
M. Edmonston: Oui, j'aimerais bien avoir un aperçu de ce
que fait le conseil.
Mme Bacon: Comme dernière remarque, si cela peut enlever
certaines de vos angoisses et de vos inquiétudes, je pense que le projet
de loi no 7 que nous mettons de l'avant est, selon moi, une étape
importante de franchie. Considérant l'évolution constante des
problèmes des consommateurs, je ne sache pas que nous attendions cinq
ans pour apporter des correctifs. Je pense que vous aviez raison de dire que
c'est une loi nécessaire, compte tenu que la loi 45 a été
adoptée en 1971, mais qui demande une révision constante. Tant
que je serai ministre des Consommateurs, c'est ce que nous ferons.
M. Edmonston: Merci, Mme le ministre.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Je voudrais d'abord vous féliciter pour
votre mémoire qui est basé, comme certains autres
mémoires, mais pas la majorité, sur des expériences
pratiques, vécues tous les jours. Il est une source de renseignements
très importante pour la commission. Je dois aussi vous féliciter
pour le travail essentiel que vous accomplissez qui est consciencieux, je
dirais même qui démontre jusqu'à quel point votre
association est essentielle et nécessaire.
J'avais, en lisant votre mémoire, beaucoup de questions à
vous poser. Cependant, aujourd'hui, vous avez clarifié beaucoup de ces
points. Je vais me limiter à certains points sur lesquels,
peut-être, vous avez moins insisté. Je vais parler tout d'abord de
la voiture usagée, au niveau de l'évaluation des dommages qu'il
faut faire réparer, mais le tout précédé d'une
évaluation écrite, notamment lorsqu'il s'agit d'un
problème d'électricité ou lorsqu'il s'agit d'ouvrir le
moteur. L'évaluation obligatoire cause quand même certains
problèmes, entre autres, au niveau du coût, pour le consommateur
et, au niveau aussi de l'obligation de l'écrit qui peut retarder la
remise de la voiture au client. Sur les deux aspects un peu difficiles pour le
consommateur, qu'est-ce que vous pensez du fait, parfois, que pour ouvrir un
moteur, cela peut coûter aussi cher que pour le réparer et, pour
avoir une évaluation d'une réparation de $1000, cela peut
coûter $600 à $700? A ce moment-là, c'est un
problème pour le consommateur. Comment avez-vous déterminé
votre position sur ce problème?
M. Edmonston: Quant à notre position, les plaintes que je
reçois au bureau moi-même, et j'ai essayé d'être au
bureau le plus souvent possible et d'être accessible aux
Québécois qui viennent nous voir quotidiennement... Nous avons
une cinquantaine de gens chaque jour qui viennent au bureau pour obtenir des
informations, pour soumettre des plaintes. J'ai très peu de plaintes
concernant le diagnostic, soit les coûts d'estimation pour déceler
les problèmes d'électricité, par exemple. Je trouve que
c'est une exagération. J'ai eu très peu de plaintes à ce
sujet mais beaucoup de plaintes de consommateurs qui reçoivent des
estimations quant au moteur et à la transmission. Je crois qu'il est
impossible de faire une estimation sur un moteur et une transmission
défectueux seulement pour le moteur et la transmission
sans ouvrir l'un et l'autre.
Est-ce que je suis d'accord avec le garagiste dans ce sens? Oui. Mais je
vais aller plus loin. Je trouve que dans la loi, ce sont les deux choses qui
doivent être exemptées ou exclues, parce que cela permet un
"racket" par téléphone. Un garagiste qui veut attirer le
consommateur, donne des estimations par téléphone: Ah oui,
madame, je connais cela. C'est seulement une affaire de $10. Et quand madame ou
monsieur arrive, il signe cela pour $10. Le garagiste "boost", il gonfle le
prix; mais il a déjà les clients, il a déjà leur
voiture. Je trouve que pour le moteur et la transmission, c'est très
difficile de faire une estimation, parce qu'il faut ouvrir les deux
normalement.
M. Léger: Qu'est-ce que vous suggérez? Que ce soit
exempté dans ces deux cas-là?
M. Edmonston: Au moment où le moteur ou la transmission
est ouvert, l'estimation est faite; aucune estimation ne se fait avant que le
moteur ou la transmission ne soit ouvert. Il faut qu'il y ait un prix de base
pour ouvrir une transmission ou un moteur. A ce moment-là, l'estimation
doit être faite et le consommateur doit être appelé ou il
doit y avoir une communication que le consommateur peut signer, à la
suite de cette estimation, parce que la pièce est ouverte, il n'y a rien
à cacher, le garagiste ne doit pas faire une erreur de plus de 10%.
M. Léger: Est-ce que ce n'est pas un problème qu'au
moment précis où le garagiste ouvre le moteur, il doit demander
à la personne par téléphone de venir voir, parce qu'on
demande une évaluation écrite? Est-ce qu'il n'y a pas un danger
que le propriétaire de l'auto ne puisse pas venir évaluer ou
accepter cette évaluation et l'enregistrer par écrit? S'il ne le
fait pas, ou s'il accepte par téléphone et que, par la suite, on
lui dit: Tu signeras ça, il y a un problème majeur. Le coût
de l'évaluation peut être très cher et il peut payer
presque deux fois le prix de la réparation.
M. Edmonston: Exactement, cela arrive souvent que le consommateur
n'a pas pu se rendre chez le garagiste, qui a commencé à faire le
travail sans la permission du consommateur, sans qu'il ait signé quelque
chose.
Dans ces cas-là, souvent le consommateur est allé à
la Cour des petites créances, parce que, normalement, je vois
très peu de réparations de moteurs qui dépassent $400.
Quand ça dépasse $400, c'est moins cher, franchement, d'acheter
un moteur dans un cimetière d'autos avec une garantie de trois mois;
pour $200 ou $300, on peut avoir des moteurs comme ça,
reconditionnés, avec une garantie.
Normalement, si un concessionnaire ou un garagiste appelle le
consommateur et lui dit: Ecoutez, je crois que ça peut coûter $700
ou $800, il va avoir au moins la chance de refuser et de dire: Ecoute, je peux
avoir un moteur reconditionné ailleurs ou acheter un moteur usagé
ailleurs, moins cher. Il faut lui en donner la chance. Mais si le garagiste ne
peut pas communiquer avec le consommateur, il ne doit pas entreprendre le
travail. Qu'est-ce qu'il va faire ensuite? Il va charger au consommateur pour
ouvrir le moteur et, si le consommateur est en vacances ou absent pour quelque
motif que ce soit, il peut exiger $2.50 ou $3 par jour pour l'entreposage. Mais
je crois que le consommateur ne doit dans aucun cas être facturé
pour quelque chose qu'il n'a pas signé à l'avance.
M. Léger: Mais le problème majeur est que si, dans
la loi actuelle, il est obligé d'avoir une évaluation
écrite dans les trois cas suivants, l'aspect électrique, le
moteur ou la transmission, si, dans
ces trois cas, il doit toujours avoir une évaluation
écrite, c'est donc dire qu'il faut que le consommateur soit allé
signer, s'il ne peut pas le faire, il y a un problème, parce qu'il ne
peut pas se rendre sur les lieux pour le savoir. Ce que vous dites, c'est qu'il
devrait être renseigné par téléphone; au
téléphone, ce n'est pas prouvé que, réellement, le
consommateur a accepté un prix. Ce n'est pas un écrit. Est-ce que
vous pensez que ça devrait rester tel quel dans la loi ou s'il devrait y
avoir un exemption pour cela ou une sorte d'amendement à cette
proposition?
M. Edmonston: Je n'ai pas été clair
là-dessus. Je crois que pour dire que le consommateur va être pris
à son travail et ne pourra peut-être pas sortir pour faire cela,
il devra toujours aller après son travail et signer la facture. Me
Castonguay, est-ce que vous voulez...
M. Léger: ... après que la signature ait
été mise sur le papier d'évaluation par le
consommateur?
M. Edmonston: Oui, parce que si on voit qu'il a une
réparation majeure à son automobile, le consommateur va se
déplacer pour se protéger.
M. Léger: Mais le problème suivant, c'est que
supposant qu'en ouvrant le moteur ou en ouvrant la transmission, on
s'aperçoit que cela va coûter $300 ou $400, on avertit au
téléphone la personne que cela va coûter tant.
M. Edmonston: Oui.
M. Léger: Qu'est-ce qui arrive, comme vous le disiez
tantôt, si le consommateur, s'apercevant que c'est aussi
élevé, dit: Laisse faire; j'aime autant que tu ne le
répares pas, je vais trouver une autre façon. Redonne-moi mon
automobile. Est-ce que le commerçant ou le garagiste va replacer les
pièces? Et quel sera le montant de la facture?
M. Edmonston: II ne sera pas obligé de les replacer. S'il
a ouvert le moteur ou la transmission, on peut faire remorquer son
véhicule à un endroit où on peut le faire pour un
coût moindre.
Normalement, la chose qui arrive, M. Léger, lorsqu'un moteur est
ouvert chez un garagiste GM, Ford, Chrysler ou American Motors, où cela
coûte très cher, parce que leurs tarifs sont assez
élevés, le consommateur dit: Ecoute, j'ai un beau-frère,
j'ai un ami qui, probablement, peut faire la même chose. Vous avez
décelé le problème, vous m'avez donné une
estimation. Mets toutes les pièces dans la valise et je vais remorquer
ma voiture à un endroit où je peux l'avoir à un coût
moindre.
Si on parle du consommateur qui a la chance de magasiner et de comparer
les prix, donnez-lui cette chance. Je trouve que c'est une façon de lui
donner une chance. Cela arrive avec la transmission et le moteur, mais cela
n'arrive pas très fréquemment avec les autres parties de
l'automobile.
M. Léger: D'accord.
M. Castonguay: Si j'étais pris avec le problème, si
j'étais garagiste et qu'il y ait une grosse réparation de moteur
à faire, je ne peux absolument pas donner une évaluation sans
l'ouvrir, selon la loi, telle qu'elle est. Je ferais deux évaluations.
Je dirais à mon client: Je te fais une évaluation pour ce que
cela va coûter pour démonter le moteur. Par la suite, je t'en
ferai une autre. Alors, s'il décide de le faire réparer, les
premiers travaux pour avoir démonté le moteur pourraient
être inclus.
L'autre point, pour revenir à ce que vous disiez tout à
l'heure, en ce qui concerne le fait que le consommateur ne puisse pas revenir
signer pour consentir à la réparation, je pense qu'à la
rigueur, du strict point de vue pratique, cela pourrait se faire par
télégramme ou quelque chose comme cela, pour donner une certaine
preuve qu'on était consentant, si jamais il y a une impossibilité
totale de se rendre signer.
M. Edmonston: Je n'ai pas voulu donner l'impression, par mon
exemple, qu'on exclut la transmission et le moteur. Je crois qu'on doit les
traiter d'une façon très délicate, dans le sens de ce que
disait Me Castonguay, soit deux estimations. Je trouve très
équitable, très juste qu'il y ait une estimation de ce que cela
va coûter pour ouvrir le moteur, ensuite, qu'est-ce que cela va
coûter pour le réparer. C'est tout. Ce n'est pas si
compliqué.
M. Léger: D'accord. Toujours dans le domaine de la voiture
usagée, selon l'article 52 "le commerçant doit fournir au
consommateur un certificat attestant que l'automobile usagée satisfait
aux normes d'inspection mécanique déterminées par le
lieutenant-gouverneur en conseil". Cette inspection, dans la loi, est-elle
suffisante? En vertu du Code de la route?
M. Edmonston: Je ne trouve pas que c'est assez
sévère. Nous avons eu des cas de consommateurs qui ont
acheté des voitures usagées, souvent en très mauvaise
condition, en très mauvais état. Je me souviens de la cause d'un
monsieur qui s'est acheté une voiture et qui a eu un problème du
système de freinage, qui s'est blessé. Quelques milles
après avoir acheté la voiture, après l'avoir fait
réparer elle était censée être en bonne
condition il s'est blessé assez sérieusement. On a
été obligé d'aller devant la cour. On a gagné. Il
semble que le ministère des Transports a beaucoup de choses à
faire pour rendre les voitures sécuritaires ici qu Québec, parce
que les inspections, elles se font comment? Les inspections sont-elles
obligatoires? Non. Les normes de standards sont-elles fixées maintenant?
Je ne suis pas certain qu'elles soient fixées maintenant, mais je
m'attends toujours que cela vienne. Le ministère des Transports
travaille à fixer les normes. J'aimerais bien voir quelles normes, quels
standards il va fixer, parce que je trouve qu'on peut utiliser...
Idéalement, on doit avoir des centres d'inspection, mais je sais qu'en
Nouvelle-Ecosse, on utilise tous les garages. La première année,
tous les garages étaient des centres d'inspection. On a fait le
"spot
check", la vérification, la surveillance de ces garagistes. La
deuxième année, on en a éliminé un tiers et, la
troisième année, d'autres garagistes ont élé
éliminés.
Finalement, on a eu une liste de garagistes avec un dossier assez
propre. Peut-être devons-nous faire la même chose ici au
Québec, au ministère des Transports, pour mettre en place le plus
vite possible un véritable système de vérification
d'automobiles pour la sécurité et peut-être aussi,
jusqu'à un certain point, pour les performances. Quand je parle des
performances, je parle des garagistes qui peuvent vérifier-la voiture a
un prix modique pour la mécanique qui ne s'appliquerait pas à la
sécurité routière, mais à la performance de la
voiture même.
M. Léger: Sur la voiture... Oui.
M. Cohen: Je m'excuse. Je pense qu'il y a une autre chose qu'on
devrait peut-être considérer. En vertu de la loi
fédérale concernant la sécurité des
véhicules automobiles, il s'agit, comme tout le monde le sait, d'un
grand nombre de rappels de voitures depuis 1971. Jusqu'à ce moment-ci,
il n'y a pas de certitude qu'un véhicule qui est vendu par un
commerçant respecte tous les divers sujets de rappels. Je pense que
l'APA trouverait aussi très intéressante la possibilité de
forcer tout vendeur de voitures usagées qui est commerçant
à avoir un accès facile à ces dossiers de rappels par le
gouvernement fédéral pour un manque de conformité avec les
standards de sécurité qui sont imposés dans tout le
Canada, aux Etats-Unis aussi.
Nous pensons que ce serait également très utile d'avoir
une obligation de ce genre dans la loi, parce que le véhicule, si vous
voulez, peut réussir à passer un examen en vertu de l'article 52,
en vertu des normes provinciales, tandis qu'il existe un rappel de voitures
pour une raison plus ou moins cachée en ce qui concerne le
ministère des Transports au niveau de n'importe quelle province
canadienne. On devrait imposer cette obligation à ces commerçants
également. De plus, on peut ajouter que c'est une réparation qui
est pratiquement toujours gratuite, ce qui veut dire que General Motors
rappelle les voitures et General Motors fait les réparations en question
chez un concessionnaire, n'importe quel concessionnaire, gratuitement. Alors,
cela n'impose pas l'obligation pécuniaire sur le garagiste, le vendeur
en question.
M. Léger: Maintenant, au niveau de la voiture neuve, vous
sembliez dire tantôt que les garanties offertes par General Motors ou
Ford ne couvraient pas tout. A ce moment, en plus de cela, vous sembliez dire
aussi que, si quelqu'un achète une voiture neuve, mettons de General
Motors ou Ford, dans un garage de Montréal et qu'il y a un
défaut, et que la voiture se trouve maintenant à Québec,
on ne peut pas utiliser cette garantie d'un an ou 12 000 milles chez un autre
concessionnaire d'une autre ville, de la même compagnie. Comme dans la
loi actuelle, on n'oblige pas comme tel qu'il y ait une garantie de base,
est-ce que vous ne pensez pas qu'il devrait y avoir une garantie de base et que
ce soit une garantie du manufacturier ou du fabricant, de façon que
partout au Québec ou au Canada, une personne puisse être
assurée, quel que soit l'endroit où elle se trouve, de faire
réparer une voiture qui est encore sous la garantie?
M. Edmonston: Je suis d'accord avec la suggestion que
naturellement le consommateur doit avoir accès à la garantie du
manufacturier et le droit de contracter, d'offrir une garantie. On ne peut pas
enlever cela au fabricant. Je crois que la loi anglaise, la Common Law, c'est
très bon dans le sens qu'elle dit qu'on doit toujours assurer un bon
fonctionnement de l'auto. L'auto peut servir aux fins pour lesquelles le
consommateur l'a achetée. Le consommateur doit avoir la pleine
jouissance de son produit. Le produit doit être utilisable. Je trouve que
la loi ici, le Code civil, avec les vices cachés, avec la
responsabilité du manufacturier, c'est assez bon comme protection, mais
il y a quand même, comme nos avocats peuvent vous le dire, des trous
là-dedans avec la loi qui existe présentement.
M. Appel: J'ai déjà soulevé le point du bon
fonctionnement, plutôt que les défauts cachés, mais je
crois que votre question portait sur l'habileté de faire réparer
la voiture partout au Canada. C'est bien cela?
M. Léger: Le même fabricant?
M. Appel: Vous avez complètement raison. C'est ridicule et
farfelu de dire que, quand on achète chez un concessionnaire, la
garantie du fabricant doit se faire uniquement chez ce concessionnaire.
Evidemment, pour le respect de la garantie, cela doit pouvoir suivre l'endroit
où se trouve la voiture, quand la panne a lieu. Je crois que, pour
American Motors, elle a déjà cela. Même si à cause
de cela, vous perdez une nuit dans un hôtel, elle va payer pour votre
hôtel. Donc, on va dans cette direction.
M. Edmonston: II y a autre chose aussi dans la garantie
d'American Motors, mais je trouve qu'il y a un problème très
grave et là, pas seulement pour le consommateur qui ne peut pas avoir de
service dans d'autres garages. Mais, il y a des compagnies d'automobiles qui
ferment leurs portes, des garagistes qui sont en banqueroute ou qui sont en
faillite et les autres garagistes ne veulent pas prendre leurs affaires. Le
fait d'un garagiste qui fait faillite. Il y a un dernier problème que je
crois très sérieux. Il y a des gens qui ont acheté une
voiture, comme une Citroën, qui ne peuvent pas trouver de pièces,
parce que la voiture n'est plus fabriquée et que la compagnie n'exporte
plus de voitures au Canada. Ce n'est pas seulement pour la Citroën, mais
pour la Cortina, la Vauxhal, la Firenza, les voitures importées, et il
n'y a pas de loi qui oblige le fabricant à assurer un réservoir
de pièces de rechange.
Même si vous pouvez acheter de tous les garagistes dans le monde,
au Québec, vous pouvez avoir des problèmes pour trouver des
pièces pour
ces automobiles. Alors, c'est une question très sérieuse
à laquelle il faut penser dans la loi actuelle.
M. Léger: Deux dernières questions. Vous avez
parlé tantôt de subvention pour des organismes comme le
vôtre, ainsi que pour l'organisme qui vous a
précédés, l'Association des consommateurs du Canada,
section Québec. Est-ce que, actuellement, vous n'avez que cette
subvention qui vous permet de fonctionner ou si vous avez d'autres sources de
revenus pour continuer le travail de surveillance que vous faites?
M. Edmonston: Notre association est probablement un peu
différente. Je crois que nous avons beaucoup plus de liens, notre
façon de fonctionner est beaucoup plus comme celle de l'ACC que celle
des autres groupes de protection du consommateur ici au Québec. Nous
avons, à la base, des membres; des gens qui veulent devenir membres de
l'association; il leur en coûte $10 par année et $5 pour un
renouvellement; c'est demeuré comme cela depuis les quatre ou cinq
dernières années. Nous n'exigeons de personne de devenir membre.
Nous avons environ 5000 membres, seulement 5000, mais, déjà,
c'est trop parce que nous avons beaucoup de plaintes de ces membres. Avec ces
5000 membres, il faut compter les renouvellements de certains membres, cela
nous donne environ $40 000 à la base. Cela nous donne une
indépendance vis-à-vis du gouvernement, dans le sens que nous
pouvons attaquer le gouvernement quand nous pensons qu'il n'a pas raison, par
exemple avec l'assurance-automobile, et nous pouvons lui faire des
félicitations, si nous croyons qu'il en mérite. C'est $40 000
provenant de consommateurs qui sont membres de notre association.
M. Léger: Nous non plus, nous n'avons pas de subvention
pour critiquer le gouvernement sur l'assurance-automobile!
M. Edmonston: D'accord, formidable! Deuxièmement, nous
avons une subvention du gouvernement provincial, du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, de $9000
et nous avons fait la demande, cette année, d'une subvention de $30 000
parce que nous voyons maintenant que l'APA est devenue nationale; avec les
problèmes de la rouille des produits Ford, l'APA vient d'être
découverte par les Anglais des autres provinces et cela multiplie nos
dépenses, nos démarches et tout cela. Nous aimerions bien ouvrir
un bureau pour les Québécois seulement, pour les problèmes
québécois, ici au Québec. Nous avons demandé $30
000 pour avoir un bureau séparé de notre bureau du boulevard
Saint-Joseph.
Les consommateurs arrivent chez nous, à notre bureau
québécois, et disent: Je ne peux pas vous rejoindre par
téléphone; vos téléphones sont toujours
décrochés ou vous êtes occupé ou vous n'êtes
pas là. Je suis peut-être au Nouveau-Brunswick avec un
problème de maison mobile ou les gens de chez nous sont peut-être
à Toronto avec des causes devant la cour des petites créances.
Ces $9000, c'est inadéquat présentement pour nous. Nous devons
avoir $30 000, je crois, cette année pour séparer les fonctions
de l'APA: l'APA au Québec et l'APA nationale. Essayer de faire les deux
choses en même temps, on ne le peut pas, c'est très difficile. Les
Anglais sont en maudit parce qu'on leur parle en français et les
Français vont être en maudit parce qu'on leur parle en anglais.
Nous sommes tous bilingues, mais, quand même, cela cause des
problèmes avec le bureau même. Nous essayons de desservir deux
clientèles, comme groupes, de protection des consommateurs, et c'est
difficile. Nous voulons séparer le secrétariat, le bureau et
avoir une section nationale et une section provinciale.
Maintenant, il faut que je vous mette au courant du fait que nous venons
de recevoir une subvention de $50 000 de l'ancien ministre Mackasey. Nous avons
été chanceux, nous avons eu notre chèque juste avant qu'il
parte. J'espère que ce ne sera pas le cas avec Mme Bacon.
M. Léger: Les élections s'en viennent.
Mme Bacon: Mes électeurs m'aiment bien, M. Edmonston.
M. Edmonston: Formidable!
M. Léger: De toute façon, je pense que votre
message est passé. Le ministre doit certainement l'avoir entendu.
Probablement aussi qu'elle va continuer à se préoccuper de donner
des subventions aux organismes qui s'occupent des consommateurs et qui jouent
sérieusement leur rôle. J'espère qu'elle ne les fera pas
trop attendre non plus, parce qu'un organisme, qui se doit de travailler
à la protection du consommateur, parfois, est obligé de
dénoncer certaines attitudes du gouvernement et retarder les subventions
peut nuire à l'efficacité du travail d'une association de
consommateurs.
J'aurais une dernière question concernant le conseil consultatif.
Vous avez semblé dire tantôt que le conseil consultatif devrait
peut-être avoir une représentation beaucoup plus forte de gens qui
sont directement impliqués par une préoccupation du consommateur,
puisque le membre, qui va au conseil consultatif, est là pour
représenter l'intérêt précis pour lequel son
organisme a été constitué. Si, dans le conseil
consultatif, il y a un déséquilibre favorisant trop les
représentants des commerçants, des manufacturiers ou des
marchands, à ce moment-là, cela peut créer, comme on le
dit souvent, l'effet de peser sur le frein en même temps qu'on
pèse sur l'accélérateur et cela empêche le conseil
consultatif d'avoir un préjugé favorable envers le
consommateur.
M. Edmonston: Me Cohen va répondre et, ensuite, Me
Appel.
M. Cohen: M. Léger, comme je l'ai dit déjà,
j'ai siégé, dans le passé, au conseil en question. Je
suis peut-être un peu plus libre de commenter que mon savant et
cher confrère qui siège encore à ce conseil.
Je pense, d'abord, que cela concerne également la question des
subventions dans un sens. Les consommateurs sont dans une minorité. Ils
n'ont pas les moyens de se faire représenter. Ils ne vendent pas de
produits, comme les manufacturiers de voitures, par exemple.
Si vous regardez le budget pour la publicité de n'importe quelle
ce ces compagnies au Québec, vous allez remarquer tout de suite que le
budget de publicité dépasse déjà de beaucoup tous
les fonds qui sont disponibles à tous les groupes de consommateurs au
Québec et probablement au Canada et possiblement en Amérique du
Nord.
En ce qui concerne le conseil il faut que le conseil groupe ces
personnes qui ont très peu de chances de se faire représenter. Il
faut être certain qu'il y a une prépondérance de
consommateurs. Ce n'est pas dire que la présence de certains
commerçants, de certaines gens qui représentent des associations
de commerce n'est pas utile. C'est très important d'avoir leurs
informations recueillies depuis des années de pratique dans ce domaine,
mais c'est très important d'avoir une forte prépondérance
de consommateurs pour pouvoir donner au ministre ce côté de la
médaille. C'est bien évident, et on l'a vu ici déjà
à la commission parlementaire, vous recevez sans difficulté des
représentations de tous les commerçants possibles parce qu'ils
ont l'argent pour pouvoir embaucher les avocats ou autres porte-parole. Ils ont
déjà leurs associations pour faire valoir leur point de vue.
Alors, il faut encourager les consommateurs et un des moyens c'est ce
conseil qui fonctionne très bien et je pense qu'il est toujours le seul
conseil au Canada, au niveau provincial, à fonctionner. C'est
très utile, cela a été très utile. Mais, pour
assurer l'utilité, je pense qu'il faut une prépondérance
des consommateurs. Egalement je pense que ce serait très valable pour
les membres du conseil de pouvoir soulever des sujets. C'est sûrement
dommage que le ministre fasse des demandes et que les opinions des membres du
conseil soient émises en conséquence des demandes du ministre.
Mais, quand des sujets arrivent dans le domaine public qui n'étaient pas
dans le cadre du sujet suggéré par le ministre
déjà, c'est une lacune, je pense, dans la loi. Il n'est pas
prévu que le consommateur ou les personnes du conseil puissent soulever,
de leur propre initiative, certains sujets qui sont très importants. Je
devrais ajouter à cela que la pratique, quand j'ai siégé
au conseil, était que le ministre nous dise: Faites-le s'il y a un sujet
que vous voulez traiter. Vous êtes libres de le faire. Ce serait aussi
intéressant de voir telle chose écrite dans la loi quand on est
justement en train de faire l'amendement ou la révision complète
de la loi.
M. Léger: D'accord. Je vous remercie. Je n'ai pas d'autres
questions pour le moment. Je vous remercie pour ce mémoire et aussi pour
l'intérêt que vous portez à la cause que vous
défendez depuis bien longtemps.
M. Edmonston: Merci beaucoup.
Le Président (M. Kennedy): Le député de
Taschereau.
M. Bonnier: On nous a fait valoir, M. Edmonston, qu'il y avait
des garanties à l'intérieur du Code civil, à l'heure
actuelle. On nous a dit que l'article 1522 en particulier et les suivants
donnaient un certain nombre de garanties qui allaient peut-être
même un peu plus loin que ce qui était compris dans la loi; vous
avez fait référence au 50-50 en particulier. Est-ce qu'il est
arrivé dans plusieurs cas que votre association ait eu à recourir
à ces articles avec succès? Ou bien est-ce que vous voyez quand
même la nécessité de qualifier davantage les garanties
requises à l'intérieur de notre loi?
M. Edmonston: Nous avons eu des expériences mixtes
là-dedans, surtout à la Cour supérieure, à la Cour
provinciale, à la Cour des petites créances. Cela dépend
toujours de l'interprétation des juges, quant aux articles 1522 à
1530. Je trouve qu'il y a une protection certaine selon le Code civil, mais je
crois que les juges mêmes nous ont demandé que certaines
précisions soient apportées au Code civil ou à la Loi sur
la protection du consommateur pour savoir, relativement à un vice
caché, ou au bon fonctionnement d'une automobile, quel est le
délai raisonnable.
Certains juges ont rendu des jugements contre le consommateur parce
qu'ils ont trouvé que les articles 1522 et 1530 étaient
très sévères, ils doivent être
interprétés sévèrement contre le consommateur. Aux
petites créances, je trouvais certains juges de la Cour provinciale
très équitables en faisant l'interprétation des articles
1522, 1530 et même 1053 sur la responsabilité et la
négligence des concessionnaires. J'ai remarqué que les juges de
la Cour supérieure sont souvent très, près
sévères. Il y a moins d'équité là-dedans,
c'est beaucoup plus la loi comme telle; souvent, nous avons perdu des causes
dans lesquelles le juge a eu une définition très restrictives des
articles 1522 à 1530.
J'aimerais bien pouvoir référer à la Loi sur la
protection du consommateur à l'avenir avec fierté, parce que dans
le passé, si vous vous référez à la loi 45,
plusieurs juges commencent à rigoler, à rire de vous parce qu'ils
l'ont trouvée mélangée, pas très claire, vague etc.
C'était devant la Cour des petites créances. Je trouve qu'il y a
une certaine protection légale selon les articles 1522 et 1530, mais on
a besoin d'une autre protection qui est très définie pour le
consommateur.
M. Castonguay: Par expérience, j'ai eu plusieurs cas de ce
genre devant la cour. Les articles du Code civil, tels qu'ils sont
présentement, il y a quand même plusieurs critères qu'il
faut respecter
en matière de voitures usagées, pour en arriver à
un dédommagement quelconque.
Il y a beaucoup de portes de sorties. Dans chaque situation qui nous est
présentée, des gens qui viennent nous voir, il y a toujours
possibilité de dire: Cela, c'est moins bon; ça, c'est plus
dangereux, chaque fois qu'on ne respecte pas parfaitement les critères,
comme le Code civil le dit.
D'accord, j'admets que les décisions de la Cour provinciale et de
la Cour des petites créances plus particulièrement, ces
dernières années, ont été plus larges dans ce
domaine. Ils ont jugé un peu plus en équité que
strictement selon la loi. Mais encore, quand on veut bien le faire, il y a
encore beaucoup de sorties pour refuser une réclamation.
M. Bonnier: II y a juste une autre petite question, M. le
Président. C'est ma dernière. Dans tous vos commentaires
ou bien j'ai été distrait je n'ai pas entendu votre
commentaire sur un article de cette loi-ci, qui permet, dans le cas de
réparations d'automobiles, au consommateur de refuser, par écrit,
l'évaluation. Dans certains cas, ils trouvent peut-être que c'est
inutile. ,
Est-ce que vous avez fait des commentaires là-dessus? Certains
organismes disaient que cela ne devait pas...
M. Appel: Vous parlez de refus par écrit, monsieur?
M. Bonnier: Oui, du refus par écrit d'une
évaluation, d'une renonciation à l'évaluation, dans le cas
de réparation de voiture.
M. Appel: Quelle est votre question exactement?
M. Bonnier: Je voulais simplement avoir votre commentaire, parce
que certains organismes n'étaient pas d'accord sur cet article de
loi.
M. Appel: Je crois que l'APA serait bien d'accord.
M. Bonnier: Elle est d'accord sur la renonciation?
M. Appel: Sur la renonciation par écrit, mais
entièrement par écrit, comme c'est prévu par la loi. Je
vais vous dire pourquoi. Très souvent, il y a des clauses
préimprimées dans les contrats et on met la signature à
deux endroits. Le consommateur ne sait vraiment pas ce que c'est. En
écrivant toute la renonciation, il sait fort bien ce qu'il fait et il ne
pourra pas se plaindre plus tard qu'il a été trompé.
M. Cohen: Vous savez ce qui arrive à ce moment-là?
C'est l'équivalent d'un testament olographe dans lequel le consommateur
en question laisse tous ses biens au garagiste en question.
M. Bonnier: Sans aucun droit de recours.
Le Président (M. Kennedy): Est-ce qu'il y a d'autres
questions aux représentants de l'APA? Au nom de la commission, je
remercie M. Edmonston et son groupe de leur souci d'une bonne loi sur la
protection du consommateur et je formule le voeu, auprès des avocats,
que leurs paroles ont été suffisantes pour justifier leurs
honoraires auprès de leurs mandants, comme M. Edmonston l'a
mentionné au début de son exposé.
Avant d'ajourner les travaux de la commission, je cède la parole
au ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais, à la fin de
cette audition de mémoires que nous faisons depuis le mois d'août,
tout d'abord vous remercier de votre grande patience et de la façon dont
vous avez présidé ces débats. J'aimerais aussi remercier
mes collègues de l'Assemblée nationale qui ont montré, par
leurs questions et par leur seule présence, cet intérêt
qu'ils portent à la protection du consommateur.
J'aimerais mentionner l'appréciation que j'ai de l'attitude de
l'Opposition face aux travaux de cette commission. Je pense que c'est
peut-être la semaine pour nous envoyer des fleurs, le
député de Lafontaine et moi, mais je dois dire qu'il a
été presque constamment présent à cette commission,
avec un peu la collaboration du député de Saint-Jacques et
quelques autres de ses collègues. Il a quand même fait un travail
remarquable. Son intérêt et les travaux qu'il a mis de l'avant
pour améliorer le projet de loi no 7, puisque nous avons toujours dit
qu'il y a de la place pour l'amélioration, sont vraiment
appréciables et surtout appréciés par celle qui vous
parle.
J'aimerais aussi mentionner le travail gigantesque qu'ont dû
effectuer les fonctionnaires du ministère, ceux qui travaillent à
l'Office de la protection du consommateur, nos législateurs, enfin
l'ensemble des fonctionnaires du ministère qui ont eu à oeuvrer
sur le projet de loi no 7. Je ne voudrais pas oublier le personnel du journal
des Débats, de même que le personnel qui a travaillé au
niveau de cette commission parlementaire, de la collaboration qu'ils nous ont
apportée.
Evidemment, avec le concours des associations ou des groupements qui
sont venus nous rencontrer, qui ont accepté ces règles de la
démocratie qui font que, par le dialogue, nous avons pu apporter une
lumière ou un éclairage au projet de loi que nous mettons de
l'avant, nous améliorerons considérablement et sûrement ce
projet de loi au cours des mois qui viennent.
Je ne voudrais pas oublier aussi le travail des journalistes. C'est
très rare que les politiciens font des compliments ou des éloges
du travail des journalistes. Il y en a qui ont été ici chaque
jour, que nous avons pu reconnaître. D'autres l'ont fait à
intervalles irréguliers mais ont été présents aux
travaux de cette commission parlementaire. Par leurs articles, par leurs
reportages, par le façon dont ils ont donné une couverture
très élaborée aux travaux de cette commission, ils ont
sensibilisé davantage tous les secteurs de la population, que ce soient
des commerçants, que ce soient des
consommateurs, à cette tâche que nous nous sommes
donnée d'améliorer la situation du consommateur, tout en donnant
la meilleure information possible et en tenant compte aussi des
problèmes des commerçants.
Je dois dire qu'on a quand même rencontré les gens de nos
comtés, les gens au Québec qui ont, par les media d'information,
eu une information fort intéressante au cours de ces débats. En
fait, je voudrais remercier tous ceux et celles qui ont voulu collaborer aux
travaux de cette commission et dire toute mon appréciation pour ce qui a
été fait depuis les dernières semaines. Tout ce qu'il me
reste à souhaiter, c'est qu'après avoir étudié en
profondeur ce projet de loi, et évidemment les discussions que nous
avons pu avoir avec les différents groupes, nous espérons qu'il
sortira, de tous ces travaux, une loi qui correspond à la
réalité, qui correspond aux besoins des consommateurs et qui sera
une étape importante de franchie, compte tenu du fait de cette
évolution rapide dans le domaine des consommateurs et au niveau des
problèmes auxquels ont à faire face ces consommateurs. C'est une
étape importante à franchir, mais il y en aura d'autres qui
suivront. Merci, M. le Président.
M. Léger: M. le Président, je voudrais moi aussi
à la fin de cette session, avant que les travaux de cette commission ne
se terminent, féliciter aussi le ministre ainsi que ses proches
collaborateurs qui ont démontré une préparation profonde
des dossiers qui nous ont été présentés, un souci
et une préoccupation d'analyser chacun des mémoires qui ont
été présentés. J'ai été
réellement surpris de voir que, sur chacun des mémoires, le
ministre et ses collaborateurs s'étaient penchés
sérieusement, beaucoup plus que dans d'autres ministères ou dans
d'autres commissions parlementaires. Cependant, je voudrais dire au ministre
que nous souhaitons que la version définitive qui sera
présentée à l'ouverture de la session, si elle a lieu
bientôt, protège davantage le consommateur. Malgré que le
projet de loi soit une amélioration, il y a beaucoup de choses dont il
faut tenir compte, provenant justement des mémoires qui nous ont
été présentés. J'aimerais faire quatre remarques
particulières. J'aimerais bien que, dans le projet de loi qui s'en
vient, on se penche sur le problème de ce délai de
résiliation pour que le délai des ventes effectuées par
vendeur itinérant parte de la date de la livraison du bien et non pas de
la signature du contrat. Je pense que c'est une chose qui nous est apparue
essentielle à la lecture des mémoires qui nous ont
été présentés, parce que les commerçants
ils l'ont avoué ne livreront pas le produit avant
l'expiration du délai. Le deuxième point, la garantie sur les
pièces des voitures usagées devrait couvrir à 100% le
coût de la réparation et de façon écrite, pour
éviter que le garagiste ne gonfle artificiellement les prix.
Troisièmement, j'espère que le ministre introduira
immédiatement dans son projet de loi le recours collectif, sans attendre
après le ministère de la Justice où les pressions
exercées par d'autres avocats ont peut-être plus de chances de
réussir. D'ici à ce que le ministre de la Justice décide
d'introduire dans une législation le "class action", l'endroit où
on aurait le plus besoin du recours collectif, c'est bien le domaine de la
protection des consommateurs qui, tous les jours, ont à vivre ce
problème. Ceci serait vraiment une réforme essentielle pour la
protection efficace du consommateur.
Finalement, je pense qu'on devrait inclure dans ce projet de loi la
possibilité pour les associations de consommateurs reconnues de
poursuivre au civil, au nom des consommateurs, dans tous les cas. Sinon, ce
sera pas mal difficile de permettre aux consommateurs de se défendre
devant les difficultés.
Concernant les subventions, je pense que le ministère devrait
rapidement subventionner les organismes, sans trop de délai,
étant donné qu'ils sont dans une situation difficile, pour qu'ils
continuent à faire leur travail.
Je ne puis m'empêcher de terminer sans dire que cette loi serait
encore beaucoup plus parfaite si nous avions et les juridictions
fédérale et provinciale au Québec pour réaliser une
loi complète qui protège le consommateur dans son entier.
Le Président (M. Kennedy): Merci. Avant d'ajourner les
travaux de la commission, je demanderais au secrétariat des commissions
parlementaires de voir à ce que les mémoires qui n'ont pas
été entendus, quelle qu'en soit la raison, soient
consignés au journal des Débats afin que nous ayons
l'éventail de tous ceux qui ont formulé des suggestions sur le
projet de loi no 7. (Voir annexe).
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 42)
ANNEXE
Mme Yvonne Vandenengel
Mrs. Lise Bacon
Minister, Consumer Affairs
Quebec, Que.
Re: Advertising aimed at children, premiums Dear Madam:
As a mother of five children, may I plead "Enough, enough protection"
from Quebec regards advertising and labelling. If you protect us any more, it
is quite likely companies will get totally led up with our demands and not sell
us anything! Remember, no one has to do business, as Eatons' actions, re: its
catalogue prom. The most recent suggestion regarding abolition of advertising
directed at children under 13 (What do you do when they see advertising for
over 13's set beer commercials, pottery commercials, send them out of
the room?) should be rejected. As I understand from a University de Montreal
bulletin "Forum" recently, a certain university group was active in these
suggestions. I think U. de M. "From our protectors, O Lord, deliver us
Libéra Nos Domine!" and other local English universities might
beneficially spend their time on the alcohol (beer) problem among students and
how the availability of this on and near the campus may lead some students to
drink more than they should.
The Quebec government itself might monitor its own ads in U.S. financial
publications and tell the truth, in the ads, about its language requirements,
and also not claim to have a "willing and eager" labor force. I have relatives
in the U.S. and am tempted to give one documentation on our strikes, 13th 22
re: business, next time I see a Wall Street-Journal ad. "Come and set-up in
Quebec" and have relative make solem complaint to Federal Trade Comission,
false advertising section, Washington, D.C
To return to cereals, Kellogg's have sold cereals, helped by appealing
advertising, for generations. I ate... corn flakes in England as a child during
World War II, and my own kids eat some each day. Now studies show also studies
at U. de M. Centre de Croissance, for which a neighbor of mine worked, that
children are getting bigger taller and heavier! American children are
bigger than their parents and grand parents. If you look at old costumes in
museums, uniforms or dresses, you will see this to be very true. The figures
for most authentic uniforms, from say 1890 are much smaller than a man of
today. Granted that diet is very important in body development (you will grant
that?) it would appear that breakfast cereals must have contributed to this
growth. If not the cereals, then it must be the soft drinks, or the pizza, or
the hot dogs and fires, or even the O Henry candy bars!
This could all be tabulated: rate of growth, sales of corn flakes,
wheaties crunchies and such, and "scientifically" correlated, in the fashion of
university science departments. And cereal companies might use these facts in
their ads. However, the companies know advertising must have appeal (and such
studies do not) and are also cautious of claims. I would sum it up: Leave the
ads alone. If there is any more restriction, the income source of our
independent media is also severely curtailed, but that is another whole story,
with a study at $100 000 at least!
As a minister helping consumers, I hope you will adopt a broad and
sophisticated even "street smart" view. I am, at this point, a great deal more
satisfied with the private sector, than I am with the public sector. (Quick,
who would you rather phone up, Simpson's or dept. of social affairs see
who answers their phones!) I have submitted already some time ago, my views to
the Committee Studying Office of Auditor General. You will see my name on the
report, among all the accountants. If you read my brief, you will see why I
find the tone and suggestions of this report very satisfying. I like to get
good value for my dollars, also my tax dollars, taken off me with no choice
about it. The private sector gives me some choice, I can buy or not. It
appears, however, to the benefit of all levels of government, that people are a
great deal more upset by a 2d raise on a can of baked beans than they are by
$2000. or more taken off their pay check annually (refer to T slips!) and spent
any old way.
Kind regards, Mrs.Yvonne Vandenengel
Association canadienne des fabricants de gros
appareils ménagers
SOUMISSION PROVISOIRE A "LA COMMISSION DES CONSOMMATEURS"
Province de Québec
L'Association Canadienne des Fabricants de gros appareils
ménagers (CAMA) est une section de l'Association Canadienne des
manufacturiers de matériel électrique et électronique, et
représente vingt-deux fabricants au Canada d'appareils ménagers,
énumérés ci-après. L'Association soumet
respectueusement que les sections suivantes du projet de loi No 7, tel que
présenté en première lecture en mars 1976, pourraient
être clarifiées tel qu'indiqué.
1.
SECTION 147
Le texte actuel est si général qu'un consommateur sans
scrupules pourrait annuler presque toutes les ventes de gros appareils
ménagers (ou service concernant les appareils ménagers) en
prétendant que le commerçant a, même innocemment,
négligé de fournir une soi-disant caractéristique ou "fait
important" au sujet du produit ou du service. Nous suggérons donc que
quatre mots ("dans le but de tromper") soient ajoutés au texte actuel de
la section comme suit: "147. Nul commerçant, manufacturier ou
publicitaire ne peut, dans le but de tromper, par quelque moyen que ce soit: a)
cacher dans un exposé qu'il fait à un consommateur une
caractéristique ou un fait important relativement à un bien ou
à un service; b) faire ou utiliser une comparaison de prix
injustifiée, ou faire état d'un témoignage tronqué
ou déformé, ou s'appuyer sur une donnée ou une analyse
présentées faussement comme scientifiques.
2.
SECTION 150
Nous sommes d'accord avec le texte actuel très fort de cette
section, SEULEMENT SI LA SECTION 147 EST CLARIFIEE COMME CI-DESSUS.
3. SECTION 159
Nous sommes d'accord avec l'intention de protéger le consommateur
honnête qui réclame un service en vertu d'une garantie sur un
appareil ménager, même si le consommateur ne peut produire une
copie de la garantie qui accompagne l'appareil ménager (ou si lui ou
elle a négligé d'envoyer par la poste la carte-réponse de
garantie au manufacturier, tel que demandé, etc.).
Cependant, le texte actuel est si général qu'il invite les
gens sans scrupules à réclamer un service en vertu d'une garantie
pour un appareil sans offrir la moindre preuve, soit écrite, soit
verbale, quant au commerçant de qui l'appareil fut acheté et la
date approximative. (Comme exemple extrême, un homme a
réclamé un service en vertu d'une garantie pour un appareil
volé à un commerçant et pour lequel il avait
été condamné). Le texte suivant pourrait donc fournir une
plus grande protection pour le consommateur honnête tout en restreignant
les gens sans scrupules: "159. Nul manufacturier ne peut refuser
d'exécuter la garantie qu'il accorde pour le motif que le document qui
la constate ne lui est pas parvenu a la condition que le consommateur
puisse donner une preuve raisonnable de la date et de l'endroit d'achat du
commerçant.
4.
SECTION 168
Notre question ici est la définition du mot "permis" requis par
cette loi. Si un "permis" pouvait signifier, à l'avenir, une "carte
d'accréditation" ou un "certificat de compétence" etc. d'un
technicien en service, tel que requis par la province du Québec, nous
croyons que le texte actuel pourrait détruire son but.
En d'autres mots, le consommateur devrait pouvoir demander à un
tel technicien de montrer un certificat de sa "compétence". Et le
technicien devrait, non seulement être permis par la loi de montrer son
certificat, mais devrait même être encouragé à le
faire. Notre recommandation ici encore est tout simplement d'ajouter un mot
("faussement") à la section comme suit: "168. Nul ne peut invoquer
faussement le fait qu'il détient un permis.. . approuvées ".
Une déclaration provisoire des points de vue exprimés aux
noms des compagnies membres suivantes de l'Association canadienne des
fabricants de gros appareils ménagers.
BFG Industries Limited
Canadian Admiral Corp., Limited
La Compagnie Générale Electrique du Canada
Carrier Air Conditioning (Canada) Limited
Chrysler Airtemp Canada Limited
The Danby Corporation
Electrohome Limited
Enheat Limited
The Enterprise Foundry Company Limited
Fedders/Norge Limited
Franklin Manufacturing Company (Canada) Limited
General Freezer Limited
GSW Appliances Limited
The Hoover Company Limited
Hupp Canada Limited
Inglis Limited
Manoir International, Inc.
NcGraw Edison of Canada Limited
RCA Limited
WCI Canada Limited
Westinghouse Canada Limited
The W. C. Wood Company Limited
Mai 1976
Un groupe de consommateurs et de consommatrices de la
région de Québec
Mémoire présenté lors de la Commission
Parlementaire
Etudiant le Projet de Loi No. 7
Loi de la Protection du Consommateur
Louise Comeau Hélène Giguère Cécile Cantin
Yvon Caron
Mai, 1976
I- Introduction.
Le groupe de consommateurs et consommatrices qui présente ce
mémoire est composé de personnes de la région de
Québec qui se sont rencontrées à l'occasion de
soirées d'information organisées par l'A.C.E.F. de Québec,
au sujet de la faillite du Cercle d'Economie de la Future
Ménagère.
Nous ne sommes pas des spécialistes, nous n'avons pas l'intention
d'analyser en profondeur le projet de loi article par article. On se
présente devant cette Commission Parlementaire pour vous parler de notre
expérience de la protection du consommateur telle que nous l'avons
vécue dans le cadre de la faillite du Cercle d'Economie de la Future
Ménagère dont nous sommes des victimes.
Vous trouverez donc, dans ce mémoire, notre expérience et
nos réflexions en rapport avec: 1. Le permis et le cautionnement. 2. Le
comportement de représentants du Cercle d'Economie de la Future
Ménagère. 3. Le comportement de représentants de l'Office
de la Protection du Consommateur en rapport avec cette faillite.
II-
Permis et cautionnement. 1. Permis. 1.1 Une
véritable enquête.
Une enquête sérieuse et poussée devrait être
faite auprès des compagnies avant de leur donner un permis. On devrait
entre autre, vérifier la solvabilité et la santé
financière de la requérante. Vérifier également, le
dossier de la compagnie auprès du Ministère du Revenu du
Québec. Que l'on ne décerne pas de permis à des compagnies
en sérieuses difficultés financières et/ou qui ne sont pas
en règle avec le Ministère du Revenu au sujet de la taxe de
vente. Si ces critères avaient été appliqués
à la compagnie le Cercle d'Economie de la Future Ménagère,
cette dernière n'aurait pas eu de permis de vendeur itinérant.
1.2 Vérification périodique.
L'Office de la Protection du Consommateur devrait vérifier
périodiquement auprès des compagnies pour voir si celles-ci se
conforment à leur permis et à leur cautionnement.
2.Cautionnement.
Le gouvernement devrait trouver de nouveaux critères pour la
fixation du cautionnement. On s'interroge sur la pertinence des critères
actuels à cause de l'expérience de la faillite du Cercle
d'Economie de la Future Ménagère.
Cette compagnie avait un cautionnement de $200,000.00, les
réclamations de toutes les victimes qui ont signé leur contrat
dans le délai d'un an (entre le 12 novembre 1973 et le 12 novembre 1974)
et qui l'ont fait annuler par un juge de la cour provinciale, totalisent
$800,000.00. Des milliers de consommateurs ne peuvent donc
bénéficier du cautionnement.
III-
Le comportement de représentants du Cercle
d'Economie de la Future Ménagère. 1. Introduction.
Voici quelques expériences vécues par des consommateurs
avec des représentants du Cercle d'Economie de la Future
Ménagère. 2.Un témoignage vécu.
A la fin du mois de mars 1972, un représentant de la compagnie le
Cercle d'Economie de la Future Ménagère se présente chez
moi pour me faire une démonstration de la batterie de cuisine Jehane
Benoît. Il est référé par une amie et insiste pour
me faire une démonstration même si je lui dis de revenir lorsque
mes parents seront à la maison. Il est revenu une deuxième fois
chez moi me demander si j'accepte d'acheter une batterie de cuisine.
Après avoir demandé un nouveau délai, je signe un contrat
à mon domicile le 8 avril 1972, à sa troisième visite.
Le représentant m'explique alors que je peux laisser la
marchandise dans les entrepôts de la compagnie aussi longtemps que je le
veux, ou encore je peux recevoir tous mes accessoires chez moi et payer le tout
périodiquement. En plus d'obtenir une batterie de cuisine, une
coutellerie, un set de vaisselle en porcelaine, une verrerie, je recevrai en
prime, suite à la signature de mon contrat, un set de trois (3) valises
de voyage. Comme je pris la décision de laisser le tout dans les
entrepôts de la compagnie, il m'explique que si le modèle de toute
la marchandise achetée change, j'aurai toujours le dernier modèle
et ce, sans déboursement additionnel de ma part. Il me dit aussi que je
peux faire livrer à n'importe quel moment sans frais de transport. Le
représentant m'a demandé de lui donner le nom de quelques amies
auxquelles il pourrait vendre de la marchandise. Je lui en donne quelques-uns.
C'est alors, qu'il m'explique que s'il réussit à faire signer des
contrats à trois (3) de ces jeunes filles, je recevrai un cadeau. Ce
représentant est revenu au moins trois ou quatre fois chez moi en plus
de me téléphoner pour que je lui donne d'autres noms.
Au début du mois de septembre 1974, j'écris à la
compagnie pour qu'elle me fasse parvenir tous mes achats. On me répond
que je recevrai le tout lorsque je leur aurai envoyé le montant de la
marchandise. Je prends mon mal en patience. Au bout de six semaines, je n'ai
encore rien reçu. J'attends une autre semaine me disant que je recevrai
le tout bientôt, mais je n'ai rien reçu. C'est alors que
j'écris de nouveau et deux semaines plus tard j'apprends que la
compagnie est en faillite. J'ai ainsi perdu un montant de $388.75.
3.Conclusion.
On s'interroge sur le bien-fondé de ventes par
représentants qui viennent dans les maisons et qui, pour la plupart,
nous chantent de belles chansons et nous font subir des pressions pour nous
faire signer un contrat. En plus, ils nous incitent à donner des
noms pour augmenter leur clientèle en nous faisant miroiter des cadeaux
en prime. Avec la facilité d'accès aux magasins, on se demande
vraiment si c'est encore utile la vente de porte-à-porte de nos jours?
On se rend compte que la seule façon pour la plupart des vendeurs
itinérants, de faire des ventes, consiste à faire un lavage de
cerveau aux consommateurs sans respecter leurs obligations. J'ai signé
un contrat avec le Cercle d'Economie de la Future Ménagère le 16
novembre 71. C'est une fille qui demeurait avec moi qui en avait
déjà signé un. Le représentant
téléphona au loyer et c'est moi qui lui répondis. Il
demanda à parler à ma compagne, mais comme elle n'était
pas là, il me demanda si j'avais entendu parler du Cercle. Je lui
répondis oui, mais que je n'étais pas intéressée.
Le lendemain, il est venu. Comme ma compagne n'était toujours pas
là, il a voulu me faire une démonstration. Puisque j'étais
seule, je n'ai pas voulu, mais il a insisté pour m'expliquer que je
n'avais que $5.00 par semaine à payer. Lorsque j'aurais voulu la
marchandise, je n'aurais qu'à écrire et qu'ils me la
livreraient.
En résumé, la compagnie m'entreposait les articles
jusqu'à ce que je les réclame. Même s'il y avait une
augmentation des prix sur la marchandise, je ne subissais aucune hausse et
même que si je préférais les choses du dernier cri, je
l'aurais au prix du contrat.
Ce soir-là, je n'ai rien signé et il ne m'a pas
montré la marchandise. La semaine suivante, il est revenu avec sa valise
et m'a réexpliqué la même chose. Il m'a tellement bien
enbobinée que j'ai signé le contrat.
J'ai payé régulièrement. Quand j'ai
réclamé mes articles, on m'a répondu qu'il y avait des
problèmes de livraison et on me demanda d'attendre un mois. Un mois et
demi plus tard, la faillite était publiée dans les journaux.
Lise Nadeau, 1230, 18ième Rue, Québec 3.
Lors du "Salon de la Femme" à Québec, j'ai
été approchée par une personne qui vendait pour le "Cercle
D'Economie de la Future Ménagère". Cela me paraissait
intéressant, car je pouvais acheter sans que cela me coûte
très cher sur le moment, en payant un certain montant par mois pendant 1
1/2 an. On me disait que lorsque je finirais de payer, je pouvais laisser la
marchandise dans-leurs entrepôts, si je n'étais pas prête
à recevoir la marchandise. Mais, si un an après, je
désirais avoir la marchandise, je n'avais aucun frais additionnel
à payer même si la marchandise était d'une qualité
supérieure à celle que j'avais déjà
commandée en signant le contrat.
Lors de mon dernier paiement, je demandais qu'on m'envoie le coffre en
cèdre et la lingerie. Le lendemain, je vois dans les journaux que "Le
Cercle d'Economie de la Future ménagère" fait faillite.
Très déçue de cette nouvelle, j'écris donc à
cette compagnie pour savoir si je serais remboursée, mais j'ai
reçu une lettre avec une liste d'articles que je pouvais choisir en
payant un certain montant en plus, afin de ne pas perdre le montant que j'avais
déjà déboursé. C'est donc ce que j'ai fait, mais la
marchandise que j'ai maintenant coûte $500.00 au lieu de $350.00; c'est
donc "assez cher" pour cela.
Je vous assure que jamais je ne me ferai prendre par de belles paroles
et de belles promesses; je suis sûre maintenant que nous faisons mieux
d'acheter et d'avoir notre marchandise en mains; comme cela, on perd moins
d'argent et moins de temps à recevoir les "vendeurs à la
maison".
Marie Lamonde,
St-François,
Cté Montmagny, P.O.
G0R-3A0 (259-7849)
IV- Le comportement de représentants de l'Office de la
Protection du Consommateur en rapport avec cette faillite. 1. Un
témoignage vécu.
Le 18 avril 1974, je faisais parvenir une lettre au Cercle d'Economie de
la Future Ménagère avec deux chèques en paiement final sur
mon ensemble.
Le 8 mai, je recevais une lettre de la compagnie m'avisant d'une
augmentation de $138.81 sur la marchandise achetée.
C'est alors que j'ai communiqué avec l'Office (voir lettre du 28
juin 1974). Toutes les autres communications que j'ai eues avec l'Office se
sont faites par téléphone.
La personne qui était chargée de mon dossier à
l'Office, m'a expliqué les faits suivants: (en réponse à
ma lettre): si je ne voulais pas payer l'augmentation, la compagnie pouvait me
faire parvenir de la marchandise pour le montant déjà
versé.
si je désirais annuler mon contrat, ils gardaient 20% du montant
donné pour frais d'administration et me remettaient le reste en
marchandise seulement.
Le représentant m'a expliqué qu'il tenait ces informations
de Gilles Marchand avec lequel il était entré en communication
à la suite de ma lettre.
Par la suite, les conversations que j'ai eues avec le
représentant de l'Office se sont plus ou moins éloignées
de mon problème, puisque celui-ci m'a proposé alors de m'aider
à payer ma dette, à la condition que l'on puisse se rencontrer
chez moi et...
Enfin le dernier contact (toujours au téléphone) a
été pour savoir s'il pouvait fermer mon dossier. Il avait l'air
d'en avoir assez de mon problème, en laissant supposer que
j'étais la seule responsable de la situation.
Il est à noter que ces conversations ont eu lieu à
quelques mois et à quelques semaines seulement de la faillite du Cercle
d'Economie, et que jamais le représentant de l'Office de la Protection
du Consommateur ne m'a mise en garde. Au contraire, quand je lui ai fait part
de mon intention de payer l'augmentation, il n'a eu aucun commentaire, sinon
celui qu'il pourrait alors définitivement fermer mon dossier.
Une autre démarche que j'ai faite auprès de l'Office a
été celle de faire parvenir, en date du 10 décembre 1974,
par lettre recommandée, un coupon dûment rempli, pour faire suite
à une annonce parue dans un journal de Québec, et à
laquelle l'Office n'a jamais donné suite. 2. Conclusion.
Il nous semble qu'à l'Office de la Protection du Consommateur, il
y avait une consigne du silence. Les fonctionnaires n'étaient pas au
courant du dossier du Cercle d'Economie de la Future Ménagère, ou
alors ils avaient reçu les directives de ne pas donner d'information sur
ce dossier. A la suite des démarches de consommateurs, il nous semble
que l'Office de la Protection du Consommateur veut plutôt prendre la part
des compagnies que celle des consommateurs.
Québec, le 18 avril 1974
Cercle d'Economie de la Future Ménagère, 5320, 13e avenue,
Montréal, Que.
A l'attention de Mlle Mariette Tardif
Compte no: 81 792 MJ Mademoiselle,
Vous trouverez ci-inclus, deux (2) chèques, un au montant de
$30.00, daté du 18 avril 1974, et un autre au montant de $41.14,
daté du 15 mai 1974, en paiement final sur mon ensemble. J'aimerais
maintenant recevoir cette marchandise.
Je me permets de vous faire remarquer qu'il y a une correction à
apporter sur mon état de compte. Douze (12) chèques de $10.00
chacun donne bien $120.00 plutôt que $100.00, comme mentionné sur
l'état de compte; ce qui porte le solde à $242.00 (voir
état de compte ci-joint). a) Montant de l'ensemble: $289.95 + taxe de
vente: 8% $ 23.19 Montant dû: $313.14 b) Montant
déjà versé: $242.00(état de compte corrigé)
+ chèque de $30.00 ci-joint: $30.00 + chèque daté du 15
mai 1974 ci-joint: $41.14
Montant versé (total): $313.14
Je vous prierais d'expédier la marchandise à l'adresse
suivante:
Tél : bureau- 683-1991 240 des Bouleaux ouest, appartement 3
Tél: rés: 626-9001 Québec 3, Qué.
Je vous remercie de la bonne attention que vous avez portée
à mon attention, et je demeure,
Bien à vous
Cécile Cantin
S.V.P. j'aimerais être informée du mode de livraison et de
la date approximative de réception. pièces jointes
Le 8 mai 1974.
Mlle. Cécile Cantin, 240 Des Bouleaux Ouest, app. 3,
Québec, 3, P.Q.
RE: COMPTE NO: 81792
Mademoiselle,
Nous accusons réception de votre demande de livraison ainsi que
de vos deux chèques: -1-chèque de $30.00 daté du
6/5/74 ainsi qu'un chèque de $41.14 daté du
15/5/74.
Malheureusement après vérification de vos dossiers, nous
constatons que vous avez dépassé la limite de temps permise pour
compléter le paiement de votre ensemble. Vous auriez dû terminer
de payer votre compte le 28 novembre 1972.
Nous nous voyons maintenant dans l'obligation d'exiger le prix actuel
sur votre ensemble, soit:
Achat: $399.95
Taxe: 32.00
Total: 431.95
Reçu: .293.14
BALANCE: $138.81
Vous trouverez ci-inclus la copie de l'état de compte
corrigé.
Nous pourrions cependant si vous le désirez vous offrir une
nouvelle période de 18 - mois afin de compléter le paiement
complet de votre ensemble au nouveau prix.
Vous trouverez ci-inclus une série de chèques en blanc que
nous vous demandons de bien vouloir remplir et nous retourner le plus tôt
possible.
Veuillez prendre note que votre ensemble comprend des draps Truprest de
Couleur.
Nous regrettons ce contre-temps et demeurons,
Vos tout dévoués, ECONOMY WARE KITCHEN SPECIALTIES
LTD.,
GILLES MARCHAND, GERANT GENERAL
GM/t.
Pièces incluses: Illustrations 18 - chèques
Québec, le 28 juin 1974
Office de la Protection du Consommateur, 800 Place d'Youville
Québec, Que.
A qui de droit,
En novembre 1969, j'avais alors 19 ans donc mineure, j'ai signé
un contrat d'achat avec le "Cercle d'Economie de la Future
Ménagère Ltée", pour l'achat d'un coffre et lingerie.
L'ensemble était à cette date de $289.95 +taxe.
D'après eux, toujours à cette date, j'avais tout le temps
voulu pour compléter le paiement de mon achat. Il n'a jamais
été question de temps limite ou d'augmentation après un
certain temps.
Au contraire, les quelques lettres que j'ai reçues de cette
compagnie, mentionnaient à chaque fois que la marchandise achetée
était: "gardée dans nos entrepôts à l'abri de toute
augmentation".
Or, en examinant mon contrat attentivement (en septembre dernier), j'ai
remarqué une très petite note (écrite dans une partie
très foncée du document), qui disait qu'après 3 ans mon
ensemble était sujet à augmentation. Tout au long de ces 3
années, il n'a jamais été question dans la correspondance
échangée d'aucune augmentation que ce soit.
Le 18 avril dernier, j'envoyais le paiement final sur mon ensemble, soit
un paiement total de $289.95 + taxe. (voir ma lettre).
Je reçois en date du 8 mai 1974, une lettre m'informant d'une
augmentation très substantielle, soit $138.81 (voir lettre
ci-jointe).
Je comprends qu'il y ait augmentation mais à ce point, est-ce
justifiable? et surtout sans aucune explication.
J'aimerais ajouter également que sur chaque état de compte
que j'ai reçu de 1969 à aujourd'hui, il a toujours
été inscrit le montant de $289.95+taxe, et ce même
après novembre1972 (date à laquelle présumément
j'aurais dû avoir fini de payer). A preuve, le dernier état de
compte que j'ai reçu (ci-joint) qui mentionne le même montant.
D'autre part, comme il est mentionné dans leur lettre du 8 mai,
à la 2e page, mon ensemble comprend des draps Truprest de couleur. Je
n'ai rien demandé en supplément et de toute façon je ne
crois pas qu'un changement dans la texture des draps puisse justifier une
augmentation de $138.81.
Je vous ai exposé les faits le plus brièvement et le plus
clairement possible. Je reconnais que j'ai retardé à payer ce
compte. Cependant je trouve l'augmentation imposée abusive, et
j'aimerais savoir s'il est possible de faire quelque chose dans ce cas.
Peuvent-ils imposer des augmentations ainsi à leur gré et sans
aucune justification?
Je vous remercie de toute la bonne attention que vous porterez à
la présente, et si quelqu'autres renseignements vous étaient
utiles, n'hésitez pas à communiquer avec la
soussignée.
Cécile Cantin 240 des Bouleaux ouest, app. 3,
Québec 3, Qué. tél: rés: 626-9001 bur:
683-1991
Québec, le 24 septembre 1974
Cercle d'Economie de la Future Ménagère, 5320,
13ième avenue, Montréal 405, Qué.
A l'attention de M. Gilles Marchand, Gérant général
objet: Compte no: 81792
Monsieur,
Veuillez trouver ci-joint un chèque au montant de $50.00, en
SURPLUS sur le paiement de ma lingerie.
Je n'ai pas très apprécié votre augmentation de
$138.81, qui était due, dites-vous, depuis le 28 novembre 1972. Vous
vous êtes bien gardé de m'en parler plus tôt.
Au contraire, les "quelques" lettres que j'ai reçues de votre
compagnie, mentionnaient à chaque fois, que la marchandise
achetée était: "gardée dans nos entrepôts à
l'abri de toute augmentation".
J'aurais peut-être compris une légère augmentation
puisque parait-il, j'ai dépassé le temps voulu, mais à ce
point est-ce justifiable? Et surtout sans aucun avertissement ni aucune
explication.
Je tiens à vous exprimer mon désaccord avec vos
méthodes, sinon malhonnêtes, du moins douteuses.
D'autre part, je veux vous répéter, pour la Xième
fois, qu'il y a eu une erreur sur mon dernier état de compte (où
il est bien inscrit le montant de $289.95+taxe, et reçu après le
28 novembre 1972. Il est mentionné 12 chèques de $10.00 chacun
qui donne $100.00, il me semble bien que ce total donne bien $120.00. Il semble
que vos calculs ne se font pas de la même manière que les miens.
S.v.p. veuillez mettre vos états de compte à date.
Cécile Cantin 240 des Bouleaux ouest, app.3
Québec 3, Qué.
P.j. copie: Office de la Protection du Consommateur.
AVIS AUX CLIENTS d'Economy Ware Kitchen Specialties Ltd.
Le Cercle d'Economie de la future ménagère qui a fait
cession de ses biens le 12 novembre 1974.
Tous les clients, et même ceux qui ont déjà
communiqué avec l'Office de la protection du consommateur ou d'autres
organismes gouvernementaux ou privés, qui ont une réclamation
contre la compagnie Economy Ware Kitchen Specialties Ltd: Le Cercle
d'économie de la future ménagère qui a fait cession de ses
biens le 12 novembre 1974, sont priés de remplir AVEC SOIN le
coupon-réponse ci-dessous, et de l'expédier, AU PLUS TOT,
à l'Office de la protection du consommateur, au bureau régional
de Montréal, 201 est, boul. Crémazie, 1er étage,
Montréal H2M 1L2.
Les réclamations seront transmises à qui de droit, et vous
serez avisés, dans les prochaines semaines, des mesures
adoptées.
Coupon-réponse à détacher, et à
expédier à: L'Office de la protection du consommateur Bureau
régional de Montréal 201 est, boul. Crémazie 1 er
étage Montréal H2M 1L2
(Lettre recommandée envoyée le 10 décembre 1974)
V- Conclusion.
On a donc été à même de constater par notre
expérience de consommatrices ayant signé un contrat avec une
compagnie détenant un permis de vendeur itinérant de l'Office de
la Protection du Consommateur que: 1. L'émission des permis et les
cautionnements nous protègent mal contre la fraude et les rackets; 2.
que la pratique des vendeurs itinérants consiste à faire un
lavage de cerveau aux consommateurs et ce sans respecter par la suite leurs
obligations. C'est pourquoi, on s'interroge sur leur raison d'être; 3.
que le travail de l'Office de la Protection du Consommateur était pour
le moins inadéquat pour nous protéger, que celui-ci se permet
même de prendre la part des compagnies.
On est à même de se demander: mais, que fait
réellement le gouvernement pour protéger le consommateur?
Groupe des diffuseurs de Multiple Access
Limited
INTRODUCTION
Le 29 mars 1976 l'honorable Ministre des consommateurs,
coopératives et institutions financières a déposé
à l'Assemblée nationale, en première lecture, le Projet de
loi no. 7 (le "Projet de loi"). L'importance de cette mesure législative
nous a suscités à évaluer ses conséquences sur le
Groupe des diffuseurs de Multiple Access Limited, ainsi que sur nos auditeurs
et nos employés. Nous sommes heureux de cette occasion de pouvoir
exprimer nos observations et nos suggestions en ce qui a trait à
certaines des dispositions du Projet de loi.
Les dispositions du Projet de loi interdisant la publicité
destinée à des enfants de moins de 13 ans de même que les
dispositions interdisant la publicité relative à des marchandises
ou services qui peuvent être obtenus au moyen de systèmes de
crédit auront des conséquences sérieuses et
néfastes sur notre Compagnie et sur le public que nous desservons. Les
pertes ainsi occasionnées peuvent se mesurer en termes
économiques tout aussi bien qu'en termes de la perte des
bénéfices éducatifs et de divertissement fournis par notre
programmation pour enfants.
La publicité à but commercial finance les coûts
d'achat, de réalisation et de diffusion des émissions pour
enfants. Sans ce support financier il serait contraire aux lois de
l'économie de réaliser et de diffuser des émissions pour
enfants. L'interdiction de toute publicité destinée à des
enfants privera les diffuseurs du Québec de tous leurs revenus provenant
de la programmation pour enfants et privera de
plus le public québécois d'émissions pour enfants
qui comportent un haut degré de qualité et une valeur
éducative. Toutefois, les restrictions sur la publicité
destinée aux enfants ne s'appliqueront pas aux émissions en
provenance des Etats-Unis, de l'ontario et des Provinces Maritimes et qui sont
reçues dans notre province. Les résultats inévitables
seront un détournement complet de ces revenus vers les postes
situés en bordure du Québec, un plus grand nombre d'annonces
publicitaires destinées aux enfants seront diffusées en dehors de
notre Province, une diminution du nombre et de la qualité des
émissions pour enfants diffusées par des postes établis au
Québec et une perte d'emploi pour les artistes et les techniciens
québécois.
Nous croyons que les dispositions du Projet de loi qui restreignent la
publicité relative à des marchandises et services qui peuvent
être obtenus au moyen de crédit ont été mal
conçues et rédigées en des termes généraux
et ambigus, de sorte qu'il en résulte de la confusion pour ce qui est de
leur signification. De plus, nous ne sommes pas d'accord avec la conjecture
implicite qui sert de base à ces dispositions, soit que le crédit
et les systèmes de crédit sont par eux-mêmes
indésirables et que par conséquent toute publicité s'y
rattachant devrait être interdite. Le crédit joue un rôle
important dans notre économie. Une fois de plus, si ces dispositions
sont édictées, le résultat en sera qu'un grand nombre
d'annonces publicitaires seront détournées vers des postes
situés en bordure du Québec et dont les émissions sont
reçues dans notre Province, avec la perte de revenu résultante
pour les compagnies situées au Québec.
En termes monétaires, les dispositions du Projet de loi sont tels
que notre Compagnie subira une perte annuelle dans ses revenus d'environ $870
000. De plus, la cessation de nos émissions pour enfants aurait des
conséquences financières sérieuses et néfastes sur
un grand nombre de personnes qui y sont liées. Un total de 38 emplois
pourraient être perdus, ce qui représente environ $400 000 de
paiements annuels à des artistes, auteurs, musiciens et techniciens
québécois. Par conséquent, nous demandons avec instance
que le fondement essentiel de ces dispositions du Projet de loi soit
envisagé à nouveau et que les dispositions en question soient
supprimées en entier.
Le Groupe des diffuseurs de Multiple Access
Limited
Multiple Access Limited (la "Compagnie") est une compagnie publique dont
les actions sont inscrites à la Bourse de Montréal et à la
Bourse de Toronto. La Compagnie s'occupe de diffusion et d'autres
activités connexes ainsi que de l'exploitation de services
d'ordinateurs. Le siège social de la Compagnie se situe à
Montréal. Les activités de diffusion et de production de la
Compagnie sont réunies en un Groupe des diffuseurs lequel, en 1975, a
contribué 48% du total des revenus de la Compagnie, lesquels se sont
élevés à $35 millions.
La Compagnie est propriétaire du poste de
télévision CFCF à Montréal et s'occupe de son
exploitation. Le service de télévision CFCF-TV rejoint toute la
région métropolitaine de Montréal et ses alentours,
où se situent environ un million de résidences, ce qui
représente une population totale de 4,2 millions. L'horaire des
programmes de CFCF-TV offre les émissions les plus populaires parmi
celles télévisées et langue anglaise à
Montréal. Selon l'enquête conduite en mars 1976 par le Bureau of
Broadcast Measurement, CFCF-TV offrait 7 des 10 émissions et 16 des 20
émissions en langue anglaise les mieux cotées. CFCF-TV contribue
environ 65% des revenus du Groupe des diffuseurs et se classe au
deuxième rang d'importance parmi les membres du réseau de
télévision CTV. CFCF-TV a son bureau principal à
Montréal et compte environ 275 personnes à son emploi qui
agissent comme diffuseurs et comme personnel de soutien.
Champlain Productions Limited s'occupe de la réalisation
d'émissions de télévision et de syndiquer ces programmes
à d'autres débouchés de diffusion, de la coproduction de
programmes au bénéfice de réseaux extérieurs, de la
production de bandes visuelles et de films, ainsi que de la production
d'annonces publicitaires pour la télévision. En 1975, Champlain
Productions a contribué 17% des revenus du Groupe des duffuseurs et
environ 12 personnes étaient directement à son emploi. De plus,
par l'entremise de ses initiatives Champlain Productions fournit de l'emploi
à des douzaines d'artistes, de réalisateurs et d'auteurs qui
travaillent à la pige.
La Compagnie est le propriétaire de et exploite les postes de
radio de langue anglaise CFCF (AM) et CFQR (FM) lesquels desservent la
région de Montréal, de même que le poste CFCX (ondes
courtes).
CFCF(AM) diffuse 24 heures par jour avec une puissance de 5 000 watts.
Son signal couvre une étendue de 257 milles carrés, y compris la
région du grand Montréal dont la population s'élève
à environ 2.75 millions. CFQR(FM) dessert la région
métropolitaine de Montréal et ses alentours, englobant ainsi un
marché qui compte près d'un million de résidences et dont
la population se chiffre à 4.2 millions. Les postes de radio AM et FM de
la Compagnie emploient environ 72 personnes. CFQR(FM) est le poste de radio FM
qui compte le plus d'auditeurs au Canada, tandis que CFCF(AM) est un membre
important et influentiel de la communauté de diffusion de
Montréal.
Le projet de loi
Certaines des dispositions du Projet de loi no. 7 auront des
conséquences sérieuses et néfastes sur notre industrie en
général et sur le Groupe des diffuseurs de la Compagnie en
particulier. Ces conséquences néfastes résulteront de deux
groupes particuliers de dispositions, soit la prohibition de publicité
destinée à des enfants de moins de 13 ans et les restrictions sur
la publicité offrant du crédit. Nous croyons fermement que si ces
dispositions du projet de loi sont édictées, il en
résultera une réduction importante des revenus de notre
Compagnie, une diminution de la qualité de notre programmation et il
pourrait également en résulter une diminution du niveau de
l'embauchage. Nos objections à ces dispositions du Projet de loi de
même qu'à ses conséquences sont
énumérées ci-dessous.
Publicité visant les enfants
L'article 163 du Projet de loi stipule que: "Nul ne peut faire de la
publicité à but commercial destinée à des enfants
de moins de 13 ans".
La corrélation qui existe entre les enfants, la publicité
et la télévision a fait le sujet de violentes controverses. Le
principe de la publicité faisant partie des émissions enfantines
a été attaqué, tout aussi bien que la qualité
même de la programmation. Le Groupe des diffuseurs se pose toujours comme
objectif la qualité élevée de sa programmation visant les
enfants, en combinant l'élément divertissement à de forts
attributs éducatifs. L'accomplissement de cet objectif requiert des
investissements importants tant en argent qu'en ressources humaines. CFCF-TV
investit annuellement environ $250 000 à l'achat d'émissions pour
enfants. Chaque semaine CFCF-TV consacre 12 1/2 heures à des
émissions enfantines qui comportent un auditoire de 50 000 enfants pour
chaque demi-heure de programmation. De plus, Champlain Production
réalise en coproduction une émission d'une heure intitulée
"KIDSTUFF" et qui est vue chaque semaine par environ 425 000 enfants de par le
Canada dont les âges varient entre 5 et 12 ans. "KIDSTUFF" est
réalisé à Montréal à un coût annuel de
$400 000 et est diffuse chaque samedi matin à travers le Canada par le
réseau de télévision CTV. Champlain Productions emploie
environ 38 personnes à la réalisation de "KIDSTUFF". En
souscrivant à ce genre d'activité, la Compagnie remplit en
quelque sorte le mandat qu'elle a reçu du Conseil de la
Radio-Télévision et des Télécommunications du
Canada ("CRTTC") de créer et de développer un centre de
production de télévision en langue anglaise à
Montréal et de faire connaître au reste du Canada certains aspects
de la vie et de la culture montréalaise et québécoise.
La publicité à but commercial finance les coûts
d'achat, de réalisation et de diffusion des émissions enfantines.
Nous estimons que les annonceurs à ces émissions contribuent $566
000 aux revenus annuels de la Compagnie. Si l'article 163 est
édicté, ces revenus seront presque totalement perdus. Sans ce
support financier il deviendra non rentable de réaliser et de diffuser
des émissions pour enfants.
A l'heure actuelle nous croyons que l'adoption de l'Article 163 aura
comme résultat que Champlain Productions, pour des raisons
économiques, devra mettre fin à la réalisation de
"KIDSTUFF". "KIDSTUFF" est l'unique émission pour enfants en langue
anglaise réalisée dans la Province de Québec et
diffusée de par le Canada. Cette émission démontre la
compétence des artistes et des techniciens de notre province et elle
sert à renseigner les enfants de notre pays sur certains aspects de la
culture et du mode de vie de notre province. De plus, l'émission
"KIDSTUFF" a été reconnue tant au niveau national
qu'international comme une émission pour enfants de haute
qualité. Cette émission s'est remportée une
médaille d'or à la International Film and Television Awards
à New York et un certain nombre de ses artistes ont reçu une
accolade lors de la présentation des trophés ACTRA pour leur
contribution artistique à la réalisation de l'émission.
"KIDSTUFF" de même que d'autres émissions du même genre
destinée aux enfants, jouent un rôle important et salutaire dans
l'éducation et le développement social denos enfants. Tout geste
tendant à nuire à la viabilité d'une telle programmation
devrait être évité.
La terminaison possible de "KIDSTUFF" aurait un impact important et
néfaste sur un grand nombre de personnes qui sont employées
à sa réalisation. "KIDSTUFF" emploie neuf artistes, six
musiciens, une équipe de production qui se chiffre à huit et
quinze techniciens de télévision. Les paiements aux
employés pour les 17 premiers épisodes se sont chiffrés
comme suit:
Frais d'artistes $67,022
Musiciens 20,417
Equipe de production 69,326
Techniciens 43,758
Services divers 12,580
De plus, des paiements résiduaires ont été
versés à des artistes, musiciens et auteurs, au montant de
$94,673. Même en tenant compte du support commercial actuel, la Compagnie
a subi des pertes de plus de $200,000 relativement à la
réalisation des 17 premiers épisodes de "KIDSTUFF".
Tandis que le public continue de réclamer des émissions
pour enfants qui sont à la fois originales et de meilleure
qualité, l'article 163 aura pour effet de priver CFCF-TV des revenus
nécessaires pour rencontrer ces exigences. Cette perte de revenu
résultera sans aucun doute en une réduction importante dans la
quantité et la qualité des émissions pour enfants et
diminuera sérieusement l'habilité de Champlain Productions de
réaliser au Canada des émissions enfantines de bonne
qualité.
Nous sommes d'opinion que l'article 163 résultera en une
discrimination des plus poussée envers les diffuseurs du Québec,
et ce sans qu'il en découle aucun gain tangible pour ce qui est du
public québécois. D'une part, les diffuseurs seront privés
de tous les revenus provenant de programmation destinée aux enfants et
le public québécois sera vraisemblablement privé des
émissions actuelles dédiées aux enfants et dont la
qualité et la valeur éducative sont reconnues. D'autre part, les
restrictions de l'article 613 ne s'appliqueront pas aux diffuseurs autres que
ceux du Québec et dont les émissions sont reçues dans
notre province. En fait, il devient évident, selon les règles de
l'offre et de la demande, que les revenus provenant de la publicité
relative à des émissions pour enfants qui sont
présentement perçus par les diffuseurs du Québec seront
détournés à des diffuseurs du Vermont ou de l'Etat de New
York, ou encore à ceux de l'ontario et des Provinces Maritimes et dont
les émissions sont reçues par les résidents du
Québec. Le résultat malencontreux et, nous le croyons,
inévitable, sera un détournement complet de ces revenus provenant
d'annonces publicitaires en dehors de la Province, une réduction dans la
qualité et la quantité des émissions pour enfants
diffusées par des postes situés au Québec de même
qu'une perte d'emploi en ce qui concerne les artistes et les techniciens
québécois.
Un autre malheureux résultat sera que les fabricants et les
détaillants québécois de produits destinés aux
enfants, se voyant dans l'impossibilité d'annoncer leurs produits
à la télévision québécoise, se situeront
alors dans une position compétitive désavantageuse quant à
leurs compétiteurs de l'extérieur de la province et seront
forcés de détourner leurs budgets publicitaires vers des postes
situés aux Etats-Unis, en Ontario ou dans les Provinces Maritimes, ou
encore d'abandonner leurs efforts de faire part au public
québécois de la disponibilité de leurs marchandises.
Ces énoncés quant aux effets prévus de l'article
163 sont vagues, mais non moins vagues, dans notre opinion, que le texte des
articles 163 et 164 du Projet de loi. Nous exposons respectueusement que le
texte des articles 163 et 164 du Projet de loi est tellement vague,
imprécis et de grande portée qu'il interdit effectivement la
publicité de presque tous les produits qui peuvent être
achetés par des enfants ou pour des enfants. Ce point peut sans doute
être mieux illustre en posant une série de questions
rhétoriques, lesquelles et nous appuyons sur ceci, tout diffuseur et
annonceur devra se poser avant de placer toute réclame dans un
instrument de publicité québécois: 1. Cette réclame
est-elle "destinée" à des enfants? 2. Si oui, cette
réclame est-elle "destinée" à des enfants de moins de 13
ans? 3. Si cette réclame est "destinée" à tout enfant de
moins de 13 ans, même si elle est destinée principalement à
des enfants plus âgés, est-elle en violation de l'article 163? 4.
Ces marchandises ou services sont-ils de nature à être
achetés par des enfants de moins de 13 ans? 5. Même si ce produit
ne peut être utilisé par des enfants de moins de 13 ans (tel une
automobile), les dispositions du Projet de loi seront-elles enfreintes si le
contexte de la présentation de la réclame pouvait être
assumé comme étant "destiné" à des enfants? 6. Vu
que les enfants de moins de 13 ans sont des fervents du sport, pourrait-on
assumer que le contexte de toute émission sportive est tel qu'elle est
destinée à des enfants de moins de 13 ans? 7. Chaque
réclame pour des produits pouvant être offerts comme cadeaux du
Jour des mères et du Jour des pères sera-t-elle interdite de
plein droit en vertu du Projet de loi? 8. Chaque réclame pour des
cadeaux de Noël sera-t-elle interdite de plein droit en vertu du Projet de
loi? 9. Tout parc d'amusement, zoo, exposition sportive ou aménagement
sportif tel que salle de quilles, etc., peut-il annoncer ses services,
aménagements ou épreuves sportives? 10. Ces articles du Projet de
loi interdisent-ils la réclame touchant les livres pour enfants? 11.
Devrons-nous obtenir une opinion de nos conseillers juridiques quant à
l'acquiescement à ces articles du Projet de loi pour chaque
réclame qu'on nous demande de placer ou de diffuser?
Nous exposons respectueusement que toute loi doit établir un
fondement de certitude. Les incertitudes inhérentes aux articles 163 et
164 du Projet de loi créent des questions difficiles et peut-être
insurmontables pour tous les diffuseurs et annonceurs québécois.
Dans des circonstances où la question d'acquiescence ou de
non-acquiescence comporte de graves incertitudes et où les sanctions
quant à la non-acquiescence sont coûteuses et
sévères, nous craignons qu'il soit inévitable que les
préceptes du commerce dictent qu'un grand nombre d'annonceurs retireront
tout simplement leur publicité des instruments de publicité du
Québec et utiliseront les moyens disponibles en dehors du Québec
pour atteindre leurs objectifs publicitaires. En quelques mots, nous
suggérons que si les articles 163 et 164 du
Projet de loi sont édictés, une quantité
considérable de la publicité qui est présentement
placée au Québec sera placée dans des émissions
provenant des Etats Units et qui sont reçues par les résidents de
notre province et qu'il en résultera une perte de revenus et d'emplois
(qui ne peut être estimée à l'heure actuelle) pour ce qui
est du Québec.
Donc, l'interdiction de publicité à l'article 163 est
irréaliste et créera des bouleversements économiques sans
toutefois créer aucun bénéfice social. Nous sommes d'avis
qu'il serait plus prudent de réglementer la publicité que de
l'abolir. Le choix final se fera entre les émissions pour enfants qui
contiendront de la réclame responsable ou alors pratiquement aucun
programme pour enfants, vu que l'application de l'article 163 éliminera
la plupart des émissions pour enfants sur les postes établis au
Québec. Nous sommes d'opinion que les québécois
préféreraient le premier choix.
De plus, nous soulignons que la réglementation concernant
l'industrie et la législation qui existent présentement
répondent amplement aux besoins de contrôles.
La Compagnie fait partie de et supporte le Conseil consultatif canadien
sur la publicité, dont le but principal est la formulation et
l'application des règles de conduite de l'industrie. Le Conseil
administre le Code de la publicité radiotélévisée
destinée aux enfants (le "Code"), qui a été formulé
par le Conseil en 1971, à la demande de l'Association canadienne des
radiodiffuseurs. En 1974, le CRTTC annonçait qu'une clause
d'adhérence au Code ferait désormais partie de tout contrat
accordant un permis de radiodiffuser. Les postes diffuseurs n'acceptent plus
aucune réclame destinée à des enfants à moins
qu'une approbation préalable en vertu du Code n'ait été
reçue. Le Code s'applique à tout message publicitaire
diffusé spécifiquement à l'intention des enfants de moins
de 13 ans, que cette réclame soit diffusée lors
d'émissions pour enfants ou lors d'émissions pour adultes.
Le Code reconnaît que les enfants, et spécialement les
tout-petits, existent dans un monde dans lequel se confondent parfois le
réel et l'imaginaire. Les enfants font foi de ce qu'ils voient à
la télévision et le Code affirme le principe que cette confiance
n'a pas le droit d'être abusée. Donc le Code interdit toute
publicité qui tend à exagérer certaines
caractéristiques ou la performance de produits ou qui cherche à
influencer les enfants ou les exhorte à influencer leurs parents
à acheter un certain produit. De plus, le Code interdit l'endossement de
produits par des individus ou personnages bien connus des enfants, en
connaissance du fait que l'esprit de l'enfant ne fera pas toujours la
distinction entre l'influence personnelle des figurants et la séduction
intrinsèque des produits qu'ils annoncent. Le Code interdit les
comparaisons même lorsqu'elles sont valides parce que de
telles références peuvent saper le plaisir que l'enfant trouve
dans ses possessions actuelles. La réclame destinée aux enfants
et qui a pour but la vente de vitamines, de médicaments et de produits
de spécialités médicales est interdite. Le Code s'assure
de plus que le prix d'un produit n'est pas utilisé comme une source
d'intimidation qui porterait à acheter et il voit de plus à ce
que les enfants soient mis au courant du coût réel du produit
lorsque certains accessoires ne sont pas inclus dans le prix d'achat
annoncé. Le Code interdit les annonces publicitaires destinées
aux enfants durant les programmes scolaires du matin destinés aux jeunes
et requiert que le maximum de temps consacré à la
publicité ne dépasse pas 8 minutes par heure; cette limite, en
1973, était de 12 minutes. Ce qui précède ne
représente que quelques unes des dispositions du Code des diffuseurs. Un
certain nombre de postes situés près de la frontière
américaine ont consenti officieusement de se conformer à notre
Code en ce qui a trait aux annonces publicitaires provenant d'annonceurs
canadiens, c'est-à-dire qu'ils ont consenti à respecter le
processus d'auto-règlementation. Ils ne respecteront certainement pas
une interdiction totale quant à la publicité destinée aux
enfants qui sera imposée par une loi.
Donc CFCF-TV, CFCF(AM) et CFQR(FM), en tant que détenteurs de
permis du CRTTC, ont contribué à l'adoption et ont
participé à l'adhésion aux normes de réglementation
que l'industrie s'est imposées. Cette auto-règlementation
à évolué comme résultat du processus de
consultation entre notre groupe et les divers Ministères
gouvernementaux. L'auto-règlementation s'est prouvée efficace en
éliminant la majeure partie des pratiques publicitaires abusives. Celles
qui demeurent toujours peuvent également être
éliminées par les moyens semblables. Du point de vue social,
l'auto-règlementation est plus sensible au changement et moins
onéreuse à administrer et de ce fait représente un moyen
plus efficace pour atteindre les objectifs désirés.
Les bénéfices qui peuvent être
réalisés par l'abolition totale de la publicité
destinée à des enfants sont de beaucoup compensés par les
coûts à l'échelle sociale que représente
l'élimination de programmes sérieux qui s'adressent aux enfants.
Ces coûts doivent se mesurer en termes de la perte de revenus à
des postes établis au Québec et aux vendeurs de produits du
Québec, de la perte d'emploi qui sera subie par les techniciens et le
personnel québécois affecté à la création et
la réalisation des émissions et de la perte aux enfants des
avantages éducatifs et de divertissement. Du reste, les avantages sont
illusoires. Les postes diffuseurs du Vermont et de l'Etat de New York, tout
aussi bien que les postes de Cornwall, Ottawa et des Provinces Maritimes
continueront de diffuser de la réclame destinée aux enfants de la
Province de Québec qui ne fait pas partie d'émissions
réalisées au Québec. Les avantages sont encore plus
illusoires lorsqu'on réalise que l'auto-règlementation a
déjà remédié et continuera de remédier
effectivement et efficacement aux mauvaises pratiques. L'on devrait appuyer la
promotion d'une programmation de haut calibre par une industrie de production
établie au Québec tout en éliminant les pratiques
abusives. Toute publicité n'est pas mauvaise ce fait est depuis
longtemps reconnu. Il n'y a pas que les abus qui doivent être
supprimés. L'abolition de toute publicité supprime les avantages
en même temps que les abus.
CFCF-TV, CFCF(AM) et CFQR(FM) sont déjà assujettis
à une surveillance législative sous la forme des
règlements 11.51 et suivants en vertu de l'article 120(o) de la
présente Loi sur la protection du consommateur. De fait, ces
règlements sont établis d'après et sont analogues au Code
de la publicité radiotélévisée destinée aux
enfants. Ces règlements reconnaissent que le problème ne se situe
pas au niveau de la publicité comme telle, mais plutôt au niveau
des mauvaises pratiques publicitaires. En édictant les règlements
11.51 et suivants, la Province s'est alliée aux radiodiffuseurs pour
atteindre un but commun: l'élimination de publicité abusive.
Cette union d'intentions a résulté en la réalisation
tangible des buts désirés. Toutefois, l'intention de la Province
d'interdire la publicité destinée à des enfants
détruira cet accord en même temps que l'esprit de
coopération et le bon vouloir qui ont été
engendrés. Les intérêts communs n'existeront plus et le but
lui-même aura une chance de réussite tout au moins réduite
lorsqu'on tient compte des limites territoriales de juridiction de notre
province.
Publicité offrant du crédit
Les articles 161 et 162 du Projet de loi interdisent l'usage de
publicité informant les consommateurs de biens et services qu'ils
peuvent se procurer au moyen de crédit et limitent l'usage de la
publicité en ce qui concerne le crédit à moins que cette
publicité ne soit conforme à des règlements qui ne sont
pas encore publiés. Le Groupe des radiodiffuseurs de la Compagnie retire
environ $300,000 en revenus annuels qui proviennent d'annonceurs de services de
crédit, y compris les banques, les sociétés fiduciaires,
les sociétés de prêts aux consommateurs et les
sociétés qui émettent des cartes de crédit. Une
somme encore plus élevée de revenus est retirée de
sociétés qui annoncent des produits qui peuvent être
obtenus au moyen de crédit offert au consommateur.
L'article 161 du Projet de loi semble assumer l'attitude que le
crédit et les systèmes de crédit sont par eux-mêmes
indésirables et non avantageux pour le consommateur, et que de ce fait
la réclame de leur disponibilité au consommateur devrait
être interdite. Nous croyons fermement qu'une telle conclusion
sous-entendue est de fait injustifiée. Bien que nous ne pouvons
prétendre discuter dans ce bref mémoire du concept
définissant le "crédit" et des fonctions que le crédit
remplit dans notre société, nous estimons que le crédit
joue un rôle important et utile dans les activités
économiques de notre société. Il va de soi que la
disponibilité de crédit permet l'achat de biens et de services
par ceux à qui l'argent comptant n'est pas immédiatement
disponible. Il est évident, de plus, que c'est essentiellement au moyen
de la publicité que le consommateur est mis au courant de la
disponibilité du crédit qui lui permettra de se procurer ces
biens et services. Nous déplorons la suggestion sous-entendue à
l'Article 161 à l'effet que le crédit est "mauvais". Le fondement
économique de notre société est, jusqu'à un certain
point, établi sur la disponibilité de crédit pour l'achat
de biens et de services. Il nous semble que l'Article 161 du Projet de loi est
une tentative visant à définir et à orienter à
nouveau la politique économique de la Province de Québec en
posant des limites aux connaissances du consommateur quant à la
disponibilité du crédit, réduisant ainsi le rôle du
crédit dans l'économie de notre province.
Nous nous devons de souligner que l'article 161 du Projet de loi est
équivoque. Cet article interdit-il la publicité de tous biens et
services qui peuvent être obtenus au moyen de crédit offert aux
consommateurs? La rédaction de cet article implique vraisemblablement
que ceci est le cas; et s'il en était ainsi, toute publicité par
des magasins à rayons ou par des fabricants d'automobiles qui offrent du
crédit serait interdite. L'intention de cet article était
peut-être d'interdire la publicité de "systèmes de
crédit " relativement à des biens et services. Si en effet
l'intention était telle, nous suggérons respectueusement que
cette intention ne semble pas avoir été réalisée
lors de la rédaction de l'article 161. De plus, l'interprétation
de l'article porte à confusion lorsqu'il s'agit de comprendre s'il
s'applique à la publicité de la disponibilité du
crédit lui-même, sans aucune association avec les biens ou
services autres que des sommes d'argent. L'intention de l'article
était-il d'interdire la publicité par toutes les
sociétés qui émettent des cartes de crédit et par
les institutions financières relativement à la
disponibilité de prêts? Il semble être impossible de
répondre à ces questions d'après la rédaction de
cet article du Projet de loi tel qu'il existe présentement.
Si nous nous reportons à l'article 162 du Projet de loi, on y
trouve une référence à la publicité concernant les
frais de crédit et il y est spécifié que ces frais doivent
se conformer à certaines mentions à être prévues par
règlements. Si l'article 161 interdit la publicité concernant la
disponibilité de crédit, comment l'article 162 peut-elle
implicitement permettre la publicité de frais de crédit?
Nous vous soumettons humblement que les dispositions des articles 161 et
162 du Projet de loi ont été incorrectement conçus et
qu'ils ont été rédigés de façon tellement
vague et ambiguë qu'il en résulte beaucoup de confusion quant
à leur interprétation. Nous vous demanderions instamment que le
fondement des articles 161 et 162 du Projet de loi soit repensé et que
l'article 161 soit rayé dans son ensemble. Tel que nous vous l'avons
indiqué lors de notre rencontre relative à la publicité
destinée à des enfants, nous croyons fermement que si l'article
161 est édicté dans sa forme actuelle, il en résultera
qu'un nombre important de réclames sera transféré à
des postes de radiodiffusion établis en dehors du Québec, et plus
particulièrement à des postes situés en bordure de la
frontière américaine et dont les émissions sont
reçues par les résidents de notre province, et il s'ensuivra une
perte de revenus et peut-être même d'emplois, pour ce qui est des
postes établis au Québec.
Article 167
L'article 167 stipule que: "Aux fins des articles 161, 162, 163, 165 et
166, on entend par "faire de la publicité", le fait de préparer,
d'utiliser, de distribuer, de faire distribuer, de publier ou de faire publier
de la publicité."
Champlain Productions Ltd tout comme d'autres sociétés
publicitaires "prépare" de la publicité qui est utilisée
par des annonceurs en dehors du Québec. Toutefois, la portée de
cette définition contenue au Projet de loi n'est pas restreinte quant au
territoire. Donc, Champlain Productions Ltd serait en contravention avec les
dispositions de l'article 163 en réalisant une annonce publicitaire
destinée à des enfants de moins de 13 ans qui serait transmise
par des postes situés en dehors de la province. Cette restriction
touchant la réalisation d'annonces publicitaires destinées
ailleurs qu'au Québec ne servira aucune fin pratique mais aura un effet
défavorable sur nos revenus. A l'heure actuelle, Champlain Productions
Ltd retire des revenus annuels d'environ $425,000 de la préparation
d'annonces publicitaires qui sont transmises par des postes situés en
dehors du Québec.
De plus, chacun des articles dont il est fait mention à l'article
167 place la responsabilité d'investigation sur les compagnies de
production et de publicité. Afin d'assurer qu'elles ne sont pas en
violation de la loi, elles auront à se renseigner en ce qui concerne le
fait que la publicité pour laquelle ont a retenu leurs services est
destinée pour le Québec ou ailleurs. Les résultats
décrits ci-haut sont peut-être non intentionnels. De toute
façon, en ce qui a trait à l'article 167, la
responsabilité d'investigation et les effets économiques
néfastes devront échoir sur l'annonceur et sur l'instrument de
publicité. Nous exhortons donc humblement l'honorable Ministre de rayer
le mot "préparer" de l'article 167.
En résumé, le Groupe des diffuseurs de Multiple Access
Limited considère que l'une de ses principales fonctions est de
répondre aux besoins de ses auditeurs. Les ressources qui nous
proviennent de nos annonceurs sont les seuls moyens par lesquels nous pouvons
financer les services que nous fournissons à nos auditeurs. Dans ce
mémoire, nous avons tenté d'exposer certains aspects du Projet de
loi no. 7 qui à notre avis compromettront nos revenus publicitaires et
nous occasionneront des pertes économiques importantes, limitant de ce
fait notre capacité de servir. C'est dans ce contexte que nous avons
présenté nos observations et nous serons heureux d'en discuter
davantage avec vous si vous le jugez à propos.
Respectueusement soumis,
John McCutcheon, président, Multiple Access Limited
Filter Queen Inc
Messieurs,
Filter Queen Inc. a été constituée en 1945 et fait
affaires comme fabricant d'aspirateurs. Ses produits sont vendus dans tout le
Canada par l'intermédiaire de distributeurs autorisés.
Chacun de nos ensembles d'aspirateurs, avec tous ses accessoires, est
vendu au prix approximatif de $375. Notre garantie vaut pour une période
de deux ans contre tous défauts de fabrication et de matériaux
à l'exception des poils des brosses et du balai à plancher,
lesquels sont garantis contre de tels défauts pour une période
d'un an. Dans la province de Québec, tous nos distributeurs sont
cautionnés et, lorsque requis, nous garantissons leur caution. Les
ventes sont faites par achats directs et par voie de crédit. Nous
désirons faire les représentations et soumissions suivantes au
sujet du Projet de loi no 7: 1. Nous sommes d'accord avec la plupart des
conditions des titres I et II du Projet de loi, ainsi qu'avec la section I du
titre III. 2. La période durant laquelle le consommateur a le droit de
résoudre tout contrat (la "période de réflexion") est
inutilement longue à notre avis. Le consommateur devrait être
capable de décider en une période de temps beaucoup plus courte.
Les principales autres provinces densément peuplées ont des
périodes de réflexion plus courtes, ce qui à notre avis
donne une protection suffisante au consommateur.
Nous aimerions une certaine uniformité sur ce point en ce qui
concerne les provinces de Québec et d'Ontario. L'article 40(d) devrait
être amendé pour porter ce délai à quatre jours, ce
qui nous paraît être une période raisonnable que les autres
provinces pourraient adopter. De cette façon, une fin de semaine serait
incluse dans le délai, ce qui permettrait au consommateur de consulter
les autres membres de sa famille et même des conseillers professionnels,
si nécessaire.
Une période de temps plus longue priverait le consommateur du
produit qui ne lui serait pas remis à cause des dommages pouvant
survenir entretemps. Tel que prévu, le consommateur n'a qu'à
retourner les produits dans les sept jours qui suivent l'envoi d'un avis pour
résoudre le contrat, ce qui pourrait résulter en une
période de temps de plus de dix-sept jours avec la période de
réflexion. Peu de distributeurs voudraient assumer le risque pendant une
période de temps aussi longue. 3. Nous croyons que l'article 40(e) et
l'article 42 causeront préjudice aux affaires de nos distributeurs dans
la province de Québec. Des coûts additionnels en
résulteraient pour le distributeur qui ne voudra plus laisser le produit
à l'acheteur, comme c'est la pratique courante, sans recevoir un
versement ou sans avoir fait des arrangements de crédit, à cause
de la période de réflexion proposée et des sept jours
pendant lesquels le consommateur doit retourner les marchandises après
l'envoi d'un avis de résolution du contrat. Le produit pourrait ainsi
être laissé aux risques du commerçant pendant plus de
dix-sept jours. Le paiement partiel permet de présumer de la bonne foi
du consommateur.
Nous croyons que le paiement partiel devrait encore être permis
avec l'exigence qu'il soit gardé en fiducie durant la période de
réflexion. La caution que le commerçant a négociée
constituerait une protection eu égard à ce paiement. En plus de
toutes les autres protections, Filter Queen retient de chacun de ses
distributeurs un montant tiré de ses ventes pour le
bénéfice de ses créanciers, si nécessaire.
Le tout respectivement soumis.
Filter Queen Inc.
Cadbury Schweppes Powell Limited
La division Cadbury, de Cadbury Schweppes Powell Limitée fabrique
et fait la mise en marché de produits de confiserie dont le siège
social, l'usine et les services de la mise en marché sont situés
dans la province de Québec.
En 1975, les ventes au détail des produits de confiserie de
Cadbury se sont élevées à $44 millions, pour le Canada,
alors qu'elles furent de $16 millions pour la province de Québec. Les
revenus engendrés par les distributeurs et les détaillants des
produits Cadbury dans la province de Québec sont une importante
contribution tant pour leurs propres affaires que pour l'économie du
Québec. Une partie substantielle des ingrédients et des
matériaux de base requis pour la production et l'emballage proviennent
du Québec. La division Cadbury emploie un total de 650 personnes du
Québec au salaire annuel de $7,500,000.
Cadbury fabrique et distribue ses produits dans la province de
Québec depuis plus de 48 ans. Les produits de Cadbury (dont les
principaux ingrédients sont le chocolat, le sucre, le lait, le sirop de
maïs et les noix) sont toujours fabriqués selon les standards de la
plus haute qualité et procurent joie et satisfaction aux enfants du
Québec depuis plusieurs générations. Une grande proportion
des produits fabriqués par Cadbury sont consommés par les enfants
âgés de treize (13) ans ou moins. Les sondages faits par
l'industrie indiquent que 52% de toutes les tablettes de chocolat
consommées par les Canadiens âgés de 10 ans ou plus sont
achetées par des enfants de 10 à 19 ans. Nous devons donc prendre
pour acquis que les enfants du Québec au-dessous de treize (13) ans
représentent une proportion très significative des produits
Cadbury vendus dans la province. De plus, le prix à l'unité des
produits de confiserie se prête à l'achat au détail par ces
jeunes consommateurs.
Le seul moyen de communication avec les consommateurs et acheteurs des
produits de confiserie a toujours été fait par le medium de la
publicité. En tenant compte de ceci, Cadbury a investi une proportion
importante de son budget à la publicité en investissant un
montant de $1,236,700 dans les media du Québec, soit à la
télévision, à la radio, dans les revues, les journaux et
les panneaux-réclames durant toute la période de 1971 à
1975. Cette publicité n'a pas été dirigée
exclusivement aux enfants au-dessous de treize (13) ans mais plutôt
à la population entière du Québec en portant une attention
spéciale aux enfants de 19 ans et moins. Cependant, Cadbury est
conscient que durant ces années, la compagnie se trouvait
justifiée de présenter ses produits par les moyens
susmentionnés et la population du Québec au-dessous de treize
(13) ans a été exposée aux messages publicitaires de la
compagnie.
Nous croyons que toute législation s'opposant à la
publicité de Cadbury atteignant les enfants de moins de treize (13) ans
amènerait une diminution substantielle dans l'investissement de fonds
servant à annoncer nos produits aux gens du Québec, ce qui
pourrait nous conduire aux conséquences suivantes: 1. Nous
prétendons qu'une absence prolongée de publicité pour la
confiserie destinée aux enfants pourrait, après un certain temps,
être la résultante d'une demande réduite pour ces produits
dans la province de Québec.
2. Cadbury (et l'industrie de la confiserie) a eu et continue à
faire face à l'escalade des prix des matières premières.
Le résultat a été une hausse des prix et une
réduction subséquente de la demande et de la production de nos
produits manufacturés au Québec. Toute action pouvant
réduire la demande de nos produits porterait une atteinte
sérieuse sur l'habilité de la compagnie de poursuivre ses
opérations, tout en conservant un profit juste et raisonnable pour les
capitaux investis dans la province de Québec. 3. Les conséquences
de l'item 2 seraient les suivantes: a) Diminution de l'emploi chez Cadbury
Schweppes Powell Ltée et de l'industrie de la confiserie dans la
province. b) Diminution dans les achats des matières premières
auprès des fournisseurs et expéditeurs du Québec. c)
Effets négatifs sur le revenu taxable de corporation (et
conséquemment sur l'impôt sur le revenu du gouvernement). d)
Réduction appréciable à long terme des avantages
d'investissements de la compagnie pour la fabrication de la confiserie et de la
mise en marché au Québec et dans le Canada. 4. Une diminution
sensible (ou même une élimination complète) de la
publicité de Cadbury dans la province de Québec, amènerait
une diminution des revenus des media de publicité dans la province. De
plus, les possibilités d'offrir une programmation de qualité de
télévision pour les enfants du Québec seraient
réduites. La compagnie croit vraiment que l'investissement substantiel
que Cadbury a fait depuis cinq (5) ans dans les media du Québec a
contribué à améliorer la qualité de sa
programmation, particulièrement celle destinée aux enfants et
à la famille.
SOMMAIRE
Alors que la publicité de Cadbury a été
contrôlée par les législations fédérale et
provinciale ainsi que par les différents codes de l'Industrie (auxquels
Cadbury depuis toujours et encore aujourd'hui continue d'apporter son appui
total) la compagnie aimerait soumettre à votre attention les
commentaires suivants:
Depuis sa fondation, dans tous les pays où Cadbury manufacture et
vend des produits de confiserie, la compagnie a toujours eu la conviction que
la plus grande partie de ses produits sont consommés par les enfants. En
tenant compte de ce fait, la compagnie a établi des standards de
très haute qualité pour ses produits. De plus, la compagnie a
établi son propre code publicitaire, lequel, nous croyons, a
réussi à présenter ses produits d'une manière
informative et avec goût pour le plus grand plaisir de ceux qui sont
exposés aux messages de la compagnie. Quant au sondage
téléphonique de Montréal, cité par le ministre,
ayant trait au bannissement de la publicité, il y a lieu de croire que
si des questions appropriées à la publicité de Cadbury
avaient été posées, les réponses auraient
été positives quant a la nature et la forme de la
publicité dans le Québec.
C'est avec beaucoup d'appréhension que la compagnie a pris
connaissance du projet de loi qui est d'interdire les messages publicitaires
dirigés vers les enfants au-dessous de treize (13) ans au Québec.
Cette loi porterait atteinte à la liberté fondamentale qui est
d'informer les consommateurs sur nos produits, et aussi, à la
viabilité économique de toute entreprise qui dépend de
cette liberté.
Nous devons exprimer, une fois de plus, Madame le ministre, notre
profonde inquiétude pour les conséquences éventuelles de
ce projet de loi, qui pourraient avoir, à long terme, des effets
sérieux quant à l'investissement de Cadbury au Canada et, en
particulier, dans la province de Québec.
Respectueusement soumis,
Gareth W. Jones
Directeur Marketing & Ventes
Division Cadbury
Cadbury Schweppes Powell Limitée
Montréal, Québec
Canadian Premium and Incentives
A l'intention du président et des membres du comité
d'étude des amendements proposés à la Loi
québécoise sur la protection du consommateur. 1. L'utilisation de
gratifications et de cadeaux est une façon reconnue du mode canadien de
mise en marché. On dépense annuellement environ $400 millions par
année pour ces gratifications et cadeaux. 2. CANADIAN PREMIUM AND
INCENTIVES est une publication d'affaires de Maclean Hunter dont le tirage
national dépasse les 8,000, publication ayant un nombre de lecteurs qui
se situe dans les 50 000. C'est le seul magazine canadien consacré
exclusivement aux intérêts du monde industriel. 3. Les cadeaux
pour consommateurs sont généralement des articles utiles, tel que
ces brochures d'information ou des jeux que l'on trouve dans les boîtes
de céréales. Un autre type, connu sous le nom de
"self-liquidators" est l'offre de marchandise que l'on peut obtenir avec une
preuve d'achat ajoutée à une somme fixe d'argent.
Par exemple, le Quebec Maple Products Ltd., de Lennoxville au
Québec, offrait aux consommateurs du Best Foods' Old Tyme Syrup, un
poêlon à crêpe en cuivre fabriqué en France par SEB,
pour la somme de $19.95 sur présentation de preuve d'achat. Le
poêlon à crêpe se détaille normalement $40.00.
Un autre type de gratification est celui que l'on trouve sur
l'emballage, et qui peut être un article attaché à un autre
produit, ou encore un contenant réutilisable, ayant servi au produit
d'origine. 4. Les gens qui ne connaissent pas cet usage de gratifications en
mise en marché de motivation, prennent comme acquis que de placer des
gratifications dans les boîtes de céréales fait grimper le
prix des produits. De fait, lorsque le coût est réparti sur des
millions d'articles de ce type, il est extrêmement faible, en
général à peine la fraction d'un cent. De plus, cette
dépense fait partie du budget de publicité et de promotion. Si
l'argent n'était pas dépensé pour ces gratifications, il
serait consacré à d'autres éléments du programme de
promotion.
La législation qui est proposée prévoit que les
détaillants devraient rembourser, sur demande, la fraction de cent pour
la valeur de la gratification, en plus probablement de devoir retirer la
gratification de la boîte et de la rendre au manufacturier. Si ce
processus devait se présenter des douzaines de fois par jour, à
la demande du client, on imposerait ainsi un lourd et inutile fardeau aux
employés des détaillants. 5. La législation obligerait les
manufacturiers à concevoir et à imprimer deux sortes d'emballage,
une pour le Québec, sans l'offre de gratification et une autre pour le
reste du Canada. Ceci amènerait une augmentation substantielle de leurs
coûts de production et ils passeraient presque certainement cette
augmentation aux consommateurs, augmentant ainsi le prix de la boîte de
plusieurs cents tant au Québec qu'à travers le reste du pays. 6.
Nous conseillons fortement à votre comité d'étudier
très attentivement les implications du changement proposé, tel
que précisé à l'article 158 du projet de loi numéro
7. Nous sommes confiants que vous comprendrez qu'il serait sage de le
retirer.
Ce qui précède est présenté avec respect par
les rédacteurs du CANADIAN PREMIUM & INCENTIVES Magazine, Tim
Dickson et Debbie Dowling.
Institut canadien d'équipement agricole et
industriel
AVANT-PROPOS
L'I.C.E.A.I, a eu la possibilité d'examiner les mémoires
de l'Association canadienne des manufacturiers et de l'Association canadienne
des institutions financières. Mais plutôt que de
répéter les nombreux commentaires appropriés de ces
organismes, I'I.C.E.A.I, tient simplement à indiquer qu'il appuie les
deux mémoires et à donner son opinion sur les questions qui le
touchent particulièrement. 1. Article 1 (a) Définition du
mot "automobile"
Le sens général de cette définition et
l'ambiguïté de la définition de l'article 1 (c) ont
été la source de maintes difficultés pour les membres de
I'I.C.E.A.I. Tel que défini, le mot "automobile" signifie machines
agricoles automotrices, motoneiges, et équipements industriel et de
construction type tout terrain et autre machinerie de même nature. Ainsi,
à la fois la section II Ventes d'automobiles usagées, et
la section IV Réparations d'automobiles du chapitre I, titre III,
régissent les actes des individus et corporations qui s'occupent de la
vente et de l'entretien de ces types de véhicules à moteur. Ces
stipulations peuvent être en rapport aux motoneiges (qui peuvent
être considérées comme biens de consommation), mais
certainement pas en rapport à la machinerie agricole, etc. Par
conséquent, beaucoup des dispositions ne pourraient pas être
appliquées avec justesse. L'I.C.E.A.I, recommande fortement que ce
passage du projet de loi soit éclairci par l'emploi d'une
définition plus précise.
2.Article 1 (c) Définition du mot "consommateur"
L'I.C.E.A.I, a maintes fois demandé l'éclaircissement de
cette définition. Je mentionnerai spécifiquement une soumission
de II.C.E.A.I, datée du 30 octobre 1973 et adressée à
Monsieur M. Marquis, conseiller légal auprès du ministère
des Institutions financières, compagnies et coopératives, dont le
paragraphe I définit les opinions de II.C.E.A.I, relatives au
détail de cette définition cruciale. Les difficultés qui
ont découlé du manque de clarté ont été
nombreuses, et pourraient être évitées, par l'adoption de
la définition généralement acceptée, que les biens
de consommation sont des produits ou des services achetés
"primordialement pour l'usage domestique, familial ou personnel, mais non pas
pour des fins industrielles ou commerciales". 3.Articles 5, 22, 105, 131
Tous ces articles semblent supposer que les fournisseurs de biens et de
services seraient intrinsèquement mal intentionnés. L'I.C.E.A.I,
croit que ces diverses dispositions pour la protection du consommateur vont
trop loin, tout au moins au-delà des mesures raisonnablement requises
dans ces circonstances, surtout lorsque le consommateur n'a pas
été induit en erreur. Il est certain qu'un fournisseur, qui
enfreint techniquement les clauses de la loi et/ou de ses règlements, ne
devrait pas être confronté avec la perte de
propriété du bien vendu (article 131), la perte des frais de
crédit (article 105), ou l'annulation du contrat même (article
22). Il est certain qu'un fournisseur devrait avoir au moins droit à un
montant raisonnable de frais de crédit, dans le cas de l'article 105, et
à une compensation monétaire raisonnable pour l'usage des biens
et des services par le consommateur, avant la perte de propriété
stipulée dans l'article 131 et, surtout, avant l'annulation du contrat
en vertu de l'article 22. 4.Articles 5 et 9
Ces dispositions ne sont pas raisonnables ni réalistes, c'est
pourquoi l'I.C.E.A.I, recommande fortement que la soumission de l'Association
canadienne des institutions financières au sujet de ces articles soit
adoptée. 5.Articles 9, 29 et 32
Ces articles ignorent entièrement de nombreuses pratiques
acceptables, établies de longue date, que les fournisseurs de biens et
de services appliquent, et exercent une contrainte injuste sur le
détaillant. L'I.C.E.A.I, suggère en particulier que les sortes de
frais interdits par l'article 32 soient définies plus en détail.
6.Article 84 (c)
L'éclaircissement de la paraphrase "le boni" est
nécessaire. 7.Articles 90, 95 et 96
Tels qu'ils sont actuellement rédigés, ces articles
limitent les créditeurs dans l'établissement de plans de
financement, convenant à la situation financière du particulier
qui désire acheter à tempérament des biens et/ou des
services. L'I.C.E.A.I. croit que des amendements appropriés devraient
être apportés pour permettre les paiements augmentables, les
paiements variables, ainsi que les paiements trimestriels et annuels. 8.Article
102
Le libellé de la section 16 de la loi en vigueur est
préférable. Il serait onéreux pour les créditeurs
d'être obligés de donner une quittance officielle, lorsque le
client est avisé par écrit que son obligation est
acquittée sur retour de la reconnaissance de dette au consommateur
marquée des mots "Pour acquit" et/ou si le consommateur n'exige pas une
quittance. 9.Articles 108, 116, 122, 135 et 145
L'article 130 de la loi en vigueur devrait être adopté,
plutôt que de prescrire des formules inflexibles qui ne tiennent pas
compte de maintes sortes de circonstances. Par exemple, ces formules ne
prévoient pas l'existence d'un cessionnaire. L'I.C.E.A.I. recommande
d'utiliser la stipulation de la loi en vigueur qui est également
efficace et bien plus flexible. L'I.C.E.A.I. appuie expressément les
opinions exprimées dans les paragraphes 9 et 10 du mémoire de
l'Association canadienne des institutions financières. 10.Livre II
(généralités)
L'I.C.E.A.I. adopte expressément les commentaires du
mémoire de l'Association canadienne des manufacturiers, aux articles
146, 147, 150, 151, 153, 158 et 160. 11.Article 161
Tel que rédigé, cet article semble interdire de faire de
la publicité pour les plans d'achat au détail au moyen de
crédit. Si tel est le cas, l'I.C.E.A.I, adopte expressément les
opinions du mémoire de l'Association canadienne des institutions
financières en rapport à cet article.
12.Article 172
La signification de cet article est confuse. Elle semble inclure le
recours, le boni sur volume et/ou les programmes réservés aux
commerçants, utilisés sous une forme ou une autre par toutes les
maisons de crédit offrant les moyens de vente à crédit au
détail à tous les détaillants. Dans ce cas, l'I,C.E.A.I,
s'oppose grandement à cette stipulation et appuie l'article 13 du
mémoire de l'Association canadienne des institutions financières.
13.Article 212
L'I.C.E.A.I, approuve cet article, mais il aimerait que la
période de 30 jours soit portée à 60 jours, pour permettre
de préparer les observations pertinentes aux projets de règlement
qui éclairci-raient maintes parties de la loi et qui donneraient des
dispositions positives pour amender maints articles de la loi,
c'est-à-dire les articles 31, 40 (f), 51 (j), 64 (i), 86, 89, 98, 122,
124 (i), 130, 145,160, 162,211. 14. Généralités
Le nouveau projet de loi semble avoir omis l'article 108 de la loi en
vigueur qui régit la réception des avis. L'I.C.E.A.I, recommande
que cette disposition soit incorporée dans la nouvelle loi,
particulièrement pour le fait que maints avis doivent être soumis
de temps à autre en vertu de la loi.
Conseil d'administration du garage coopératif
de Québec en collaboration avec le Service juridique
universitaire.
A l'occasion de la tenue de la commission parlementaire au sujet de la
loi sur la protection du consommateur, nous avons tenu à vous faire
connaître notre position principalement en ce qui a trait aux articles
concernant la vente d'automobiles usagées et la réparation
d'automobiles.
Vente d'automobiles usagées:
Article 51, paragraphe h: nous croyons que le terme "réparations
majeures" est très vague. Nous croyons qu'il est important de savoir,
à ce stade-ci, ce que le gouvernement entend par cette expression.
Article 53: En légalisant la pratique actuelle, soit que 50% du
coût des réparations soit assumé par les
commerçants, on laisse subsister les mêmes abus. En effet, les
coûts de réparation peuvent être gonflés
artificiellement par le garagiste, éliminant par le fait même la
totalité ou une partie du 50% du coût assumé par ce
dernier. Le consommateur en sera le grand perdant. De plus, même si le
prix n'est que peu ou pas gonflé, mais qu'il correspond plus ou moins au
prix de détail des réparations, la part du coût des
réparations assumée par le garagiste diminue largement en raison
de sa "marge normale" de profit qu'il retire sur les pièces à la
main-d'oeuvre
II nous apparaît nécessaire que cette garantie soit totale,
c'est-à-dire que 100% du coût des réparations soit
assumé par le garagiste.
Article 57: L'on devrait donner au consommateur la possibilité
d'annuler son contrat dans les mêmes circonstances que le
commerçant qui veut se libérer de l'obligation prévue
à l'article 53.
Article 59: L'avis que le consommateur doit donner au commerçant
de son intention d'exercer le recours prévu à l'article 58
devrait pouvoir être donné dans le même délai que le
recours lui-même, soit dans les trente (30) jours de l'expiration de la
période prévue à l'article 53.
Réparations d'automobiles: 1. Dispositions
générales
Article 71: L'expression "si le consommateur l'exige" devrait être
radiée de cet article. En effet, le garagiste devrait être
obligé de remettre les pièces au consommateur. 2. Dispositions
particulières
Les dispositions prévues dans cette section, en particulier
celles portant sur une évaluation préalable des
réparations à effectuer, nous apparaissent d'une
applicabilité douteuse et pourraient avoir des effets conduisant
à d'autres formes d'abus que ceux que l'on veut corriger.
Tout d'abord, il nous semble extrêmement difficile de faire une
évaluation précise sur des réparations mécaniques
majeures. A titre d'exemple, est-il vraiment possible d'évaluer le
coût des réparations d'un moteur ou d'une transmission manuelle ou
automatique, sans avoir préalablement démonté ces
parties?
Quant il s'agit de garanties sur les voitures neuves, le concessionnaire
démonte et répare d'abord, puis ensuite présente sa
facture au manufacturier, selon une tarification établie par ce dernier,
mais en fonction des réparations jugées nécessaires par le
concessionnaire. Il n'y a donc pas d'évaluation préalable du
coût des réparations. Si la préparation de
l'évaluation exige que certaines parties du moteur ou du rouage
d'entraînement soit démontées, qui paiera le temps de
l'évaluation? Dans l'hypothèse où c'est le consommateur,
il se doit d'être averti à l'avance du coût de
l'évaluation. Mais que se passe-t-il s'il juge ensuite
l'évaluation du coût de réparations trop
élevée? Il peut se procurer une seconde évaluation, mais
quel accueil lui fera le second garagiste en le voyant arriver avec certaines
parties de l'auto complètement démantelées? Dans cette
alternative, le coût du remorquage nécessaire sera aux frais du
consommateur, bien entendu.
Si le démontage des parties reliées au moteur ou au rouage
d'entraînement n'est pas effectué, la probabilité de voir
le garagiste faire des évaluations suffisamment élevées de
façon à supprimer les risques est très grande. Le
résultat apparaît alors dans le coût très
élevé des réparations. D'autre part, nous doutons que les
garagistes acceptent de diminuer le coût des réparations advenant
que ce prix soit moindre que celui prévu à l'évaluation.
Bref, les abus que cette législation prétend corriger risquent
d'être remplacés par d'autres.
Une des façons de contrevenir à ces diverses formes
d'exploitation du consommateur, c'est de favoriser l'implantation d'un
réseau de garages coopératifs auxquels s'adjoindront des
équipes spécialisées au niveau de l'évaluation des
réparations d'automobiles. Un tel système ne peut que
protéger le consommateur, car les membres d'une coopérative
travaillent à éliminer l'exploitation. Nous sommes de plus
conscients que cette législation amène les petits garagistes
à se doter de machinerie et de personnel plus nombreux, à
établir toute une bureaucratie et de ce fait, à augmenter les
coûts d'administration de leur établissement; ce qui veut dire que
les "gros" garages privés profiteront de cette loi au détriment
des "petits" garages.
De toute évidence, ces deux sections du projet de loi
numéro 7 ne laissent présager aucun élément qui
encourage l'établissement de garages communautaires. Le consommateur
aura toujours le libre choix de se faire exploiter dans un garage privé
ou dans un autre garage privé!
QUEBEC, ce 9 juin 1976.
LAURENT LABRECQUE, Conseil d'Administration GARAGE COOPERATIF DE
QUEBEC
PAUL OUELLET
SERVICE JURIDIQUE UNIVERSITAIRE INC.
RENEE DUPUIS, avocate
SERVICE JURIDIQUE UNIVERSITAIRE INC.
MICHEL NOLIN, organisateur communautaire SERVICE JURIDIQUE UNIVERSITAIRE
INC.
Dominion Foundries and Steel, Limited
Messieurs,
Tout en approuvant les lignes générales du projet de loi
sur la protection du consommateur, nous vous soumettons respectueusement les
quelques commentaires suivants.
Nous ne savons pas si ce projet de loi s'applique aux activités
de notre compagnie, qui se consacre à la fabrication et à la
vente de produits sidérurgiques semi-ouvrés, mais ne s'occupe pas
de vente aux "consommateurs". Nous ne croyons pas que les mesures de protection
des consommateurs devraient s'étendre aux producteurs primaires tels que
Dofasco. Nous avons cru comprendre, à la lecture du projet de loi no 7,
qu'il pourrait éventuellement concerner notre type de compagnie; aussi
pensons-nous qu'il devrait être reformulé dans le sens des
suggestions ci-dessous.
Notre compagnie fabrique de l'acier sur une grande échelle,
à partir de matières premières qu'elle produit directement
ou qu'elle achète de tiers. C'est ainsi que nous achetons à
Arnaud Pellets, à Pointe-Noire, une grande partie des boulettes
nécessaires à nos activités de fabrication. Nous avons une
participation dans cette usine, l'une des plus importantes installations de
pellétisation au Canada, qui fait partie du complexe de minerai de fer
de Wabush.
Au Québec, Dofasco ne vend aucun de ses produits à des
particuliers, pour leur usage personnel ou familial. Nous vendons à des
entreprises industrielles. Une partie de l'acier vendu par Dofasco à ses
clients est transformée en produits qui, éventuellement, servent
à fabriquer des biens de consommation. Dofasco vend aussi de l'acier
à des fabricants de matériaux de construction.
Lorsqu'un particulier achète un produit contenant de l'acier
Dofasco, ce dernier a subi des opérations de profilage, d'estampage, de
façonnage et diverses transformations, après avoir
été vendu par Dofasco.
Contrairement aux entreprises qui font l'assemblage des produits
considérés comme des biens de consommation, un producteur
primaire ignore généralement ce qu'il advient de ses produits et
ne peut en contrôler l'utilisation finale. Dofasco n'a aucun
contrôle sur la façon dont ses clients utilisent, façonnent
ou transforment l'acier qu'elle leur vend.
Nous approuvons les objectifs du projet de loi visant à interdire
les pratiques frauduleuses ayant pour but de tromper le "consommateur". Nous
pensons cependant que ce projet, tel qu'il est conçu, dépasse les
objectifs visés. Par exemple, nous suggérons que, dans Livre II,
l'application du projet se limite, par définition, aux biens et services
communément appelés "biens de consommation ". A cette fin, les
"biens de consommation" devraient être définis comme étant
des biens et services personnels acquis par un particulier pour son usage
propre ou celui de sa famille.
Nous pensons aussi que le terme "manufacturier" devrait être
défini plus clairement. Nous proposons la définition suivante:
"personne, association ou entreprise qui construit, fabrique ou assemble des
biens de consommation".
Afin de limiter l'application du projet de loi aux transactions portant
sur des "biens de consommation", nous suggérons que le terme
"commerçant" soit défini comme suit: "personne qui traite
directement avec l'acheteur de biens de consommation". Pour la même
raison, nous suggérons que le terme "publicitaire" soit remplacé
par l'expression "publicitaire de biens de consommation".
Dans le cadre de ces suggestions, nous croyons que l'article 211 qui
définit les règlements en puissances devrait s'appliquer
uniquement aux "opérations commerciales directes avec le consommateur",
c'est-à-dire à l'achat par un particulier d'un "bien de
consommation" tel que défini ci-dessus.
Nous sommes à votre entière disposition pour
étudier plus en détail les questions soulevées dans la
présente lettre et vous prions d'agréer, Messieurs, l'assurance
de nos sentiments les plus distingués.
Le vice-président exécutif,
Finances
J. G. Sheppard