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Etude des crédits du ministère
des
Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des consommateurs, coopératives et
institutions financières se réunit pour étudier, programme
par programme, les crédits du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières pour l'année
1977/78.
Font partie de cette commission: M. Beauséjour (Iberville)
remplacé par M. Burns (Maisonneuve); M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Gagnon (Champlain) remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest); M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M.
Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont)
remplacé par M. Garneau (Jean-Talon); M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell
(Brome-Missisquoi) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Vaillancourt (Jonquière).
Je demanderais une proposition pour nommer un rapporteur, s'il vous
plaît.
M. Bisaillon.
Le ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. Le programme 1.
Mme Payette: M. le Président, avant de passer au programme
1, si vous m'y autorisez, je souhaiterais qu'on distribue à ceux qui
participent à cette commission un cahier que j'ai fait préparer
par les fonctionnaires du ministère qui va vous permettre de mieux
comprendre la structure et le fonctionnement de ce ministère. Alors, si
on veut distribuer ce cahier vert, s'il vous plaît, et, en attendant, si
vous m'y autorisez, plutôt que de vous faire un grand discours,
j'aimerais d'abord commencer par vous présenter les fonctionnaires qui
m'accompagnent: M. Gérard Barbin qui est le sous-ministre en titre; M.
Marc Carrier qui est sous-ministre associé; M. Pierre Meunier qui est le
directeur de l'Office de la protection du consommateur et sous-ministre
adjoint; M. Jacques Fortier qui est directeur de la gestion; M. Réal
Martel, surintendant du courtage immobilier; M. Marc Pigeon, secrétaire
du Conseil consultatif de la protection du consommateur; M. Jacques Boucher,
responsable du fichier central et M. Jacques Desmarais, chef du cabinet.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, Mme le
ministre.
Mme Payette: II y a quatre programmes qui sont la
responsabilité du ministère des Consom- mateurs,
Coopératives et Institutions financières. En tout début de
ce cahier, dans les renseignements généraux, vous trouverez une
liste complète de ces programmes et des éléments qui les
composent. Le programme 1, qui est consacré à la protection du
public, comporte l'Office de la protection du consommateur, le service du
courtage immobilier. Le programme 2: contrôle, surveillance,
développement des entreprises, comporte les éléments,
bureau du fichier central des entreprises, service des compagnies, service des
associations coopératives. Le programme 3: contrôle, surveillance
des institutions financières, comporte les éléments:
service des caisses d'épargne et de crédit, service des
compagnies de fiducie, service des assurances, Commission des valeurs
mobilières et Régie de l'assurance-dépôts du
Québec. Le programme 4 comporte les éléments: direction et
soutien administratif, soutien technique et service de l'inspection.
Le Président (M. Laplante): Article 1... Discussion
générale
M. Saint-Germain: M. le Président, vous savez qu'il est de
tradition qu'au début de l'étude des crédits, le ministre
nous donne l'ensemble de son programme pour l'année qui vient. Alors,
nous nous attendions, ce matin, à bien connaître la programmation
du ministère et de connaître les priorités qui dicteront
les diverses législations ou les diverses politiques qui seront
associées au nouveau ministre. Nous sommes un peu surpris et nous
demanderions au ministre s'il n'y aurait pas moyen qu'elle élabore un
peu sur ses projets à venir. Je crois que nous, comme la population,
serions bien aises de connaître ses priorités et son
programme.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, si le député veut
poser des questions au ministre, qu'il les pose, mais le ministre a le choix de
commencer par une longue déclaration. Le ministre a décidé
tout simplement de vous exposer quels étaient les quatre grands
thèmes qui concernaient ses crédits et si vous avez des questions
à poser sur l'orientation du ministère, posez-les-lui et cela va
se faire normalement. Il n'y a rien de nouveau là-dedans. Cela s'est
fait régulièrement, même sous un gouvernement dont le
député de Marguerite-Bourgeoys faisait partie. Je me rappelle de
plusieurs ministres qui commençaient tout simplement en disant: Si vous
voulez avoir les grandes orientations de mon ministère, posez-moi des
questions et je vais vous les donner. Alors, c'est à ce stade-là,
je pense, M. le Président, qu'on en est rendu.
M. Saint-Germain: II reste tout de même, M. le
Président, qu'on a entendu mille et une déclara-
tions du ministre depuis son accession à son nouveau poste.
M. Burns: Posez-lui des questions sur ces déclarations,
c'est tout.
M. Saint-Germain: Je crois que, ce matin, c'est le temps.
M. Burns: C'est ça, bien oui.
M. Saint-Germain: C'est l'occasion idéale de faire
connaître à la province...
M. Burns: Manquez-vous d'imagination, est-ce que c'est ça,
votre affaire?
M. Saint-Germain: Absolument pas, je ne manque pas d'imagination,
seulement, je trouvais ces déclarations préliminaires...
M. Burns: Bah, posez des questions.
M. Saint-Germain: ...excessivement importantes dans le
passé...
M. Burns: Posez des questions et elle va vous
répondre.
M. Saint-Germain: ...et excessivement positives...
M. Burns: C'est ça.
M. Saint-Germain: ...on peut bien s'en remettre aux questions
à chaque article, ça va être plus long, probablement plus
fastidieux...
Le Président (M. Laplante): Je crois que la
réponse...
M. Saint-Germain: ...ça va probablement durer plus
longtemps.
Le Président (M. Laplante): Je crois que la
réponse, je vais la laisser directement au ministre qui pourra
répondre, s'il veut faire un exposé au préalable, pour
satisfaire le député de Jacques-Cartier. Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, ma décision de ne pas
faire un long exposé tenait au fait qu'il me semblait que le document
que je dépose pour chacun des membres de cette commission est
extrêmement précis, extrêmement clair et qu'il ne
m'apparaissait pas souhaitable d'ajouter d'autres déclarations sur ce
document qui a été bien préparé à partir de
ce qu'est le ministère, de sa définition et de ce que nous avons
l'intention de faire au cours de l'année qui vient. A partir de
là, il est évident que je suis disposée à
répondre à toutes les questions, c'est sûr.
Le Président (M. Laplante): Programme 1. M. Lalonde:
M. le Président, si vous permet- tez, naturellement, comme le
député de Maisonneuve le remarquait, c'est un jeu au choix du
ministre, on est déçu, parce que comme nouveau titulaire de ce
ministère, on attendait, avec beaucoup d'intérêt,
l'expression de la volonté du ministre relativement à la conduite
de ce ministère, ce qui est extrêmement important pour
l'année courante. Toutefois, c'est son choix, je le reconnais, on va
devoir le faire pour le ministre.
Maintenant, M. le Président, je pense qu'il faut quand même
être conscient que ce document je vois que le ministre a suivi
quand même certaines bonnes habitudes de ses prédécesseurs,
de préparer un document extrêmement détaillé, il me
semble, pour aider aux travaux de la commission ne fait pas partie du
journal des Débats. Il va falloir en extraire tous les
éléments si on veut informer la population et aussi la
commission.
Est-ce que le ministre, premièrement, pourrait me dire quelle est
son intention, en ce qui concerne la publication du rapport annuel, des
années écoulées? Je crois savoir ou penser que même
le rapport de 1975/76 n'aurait pas encore été publié?
Est-ce que je fais erreur?
Mme Payette: Le rapport de 1975/76 sera déposé
d'ici une dizaine de jours.
M. Lalonde: D'ici une dizaine de jours? Mme Payette: C'est
exact.
M. Lalonde: Je me souviens avoir entendu, dans le passé,
beaucoup de députés de l'Opposition, dans les commissions
parlementaires et je regarde le député de Maisonneuve, qui
a sûrement dû exprimer cela à plusieurs reprises, il faisait
partie de la petite, mais vaillante équipe de l'Opposition officielle
à ce moment-là exprimer leurs regrets de ce que le rapport
annuel serait publié quelques jours après la tenue de la
commission parlementaire. Vous savez que le rapport annuel...
M. Burns: Dans notre cas, quand on se plaignait, c'était
quelques mois plus tard, pas quelques jours.
M. Lalonde: C'est encore pire quelques jours, on dirait que c'est
presque provocateur. On aurait pu faire la commission parlementaire dans deux
semaines.
M. Burns: Quelques jours, ce n'est pas si mal. Ce n'est pas si
mal, quelques jours.
M. Lalonde: On aurait peut-être pu faire la commission
parlementaire après. Naturellement, vous allez me dire que ce rapport
fait état de ce qui s'est passé durant cette année. Mais,
quand même, cela éclaire les membres de la commission pour voir
les orientations du ministre.
Enfin, je ne peux pas faire autrement que de le déplorer.
Mme Payette: Est-ce que je pourrais simplement vous faire
remarquer que si les crédits
avaient été défendus en mai, comme il est la
coutume dans ce ministère, le rapport aurait été
publié à ce moment-là.
M. Lalonde: Je prends le témoignage du ministre pour
rappeler au gouvernement, que le leader parlementaire n'en est responsable que
dans une certaine mesure, parce qu'on sait jusqu'à quel point c'est
difficile de tout orchestrer pour la tenue des commissions parlementaires pour
les crédits.
Mais ce n'est sûrement pas la faute de l'Opposition officielle si
cette commission siège aujourd'hui. On aurait
préféré siéger dans quelques semaines pour avoir le
rapport annuel, sans aucun doute.
M. Saint-Germain: M. le Président, il est très
difficile de commencer l'étude des crédits avec un document
semblable. Premièrement, pour en faire une discussion positive, en
prendre connaissance, et voilà que ce document nous est remis au tout
début de nos travaux.
Mme Payette: Nous pouvons en faire la lecture à haute
voix, si vous voulez.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le
député de Jacques-Cartier. Vous avez dû recevoir comme tout
le monde, depuis assez longtemps, le livre incluant les crédits de tous
les ministères.
Au stade où nous en sommes, je préférerais
commencer à travailler sérieusement sur le document
déposé. Si cela doit prendre deux ou trois jours, on les prendra.
Vous êtes là pour obtenir les renseignements qu'il vous faut. A
dix heures vingt minutes, je crois qu'il est l'heure de commencer
sérieusement le programme 1.
Une Voix: M. le Président, si vous voulez...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que vous vous
êtes mal exprimé ou si je vous ai mal compris? Est-ce que vos
remarques s'adressent à l'Opposition, à savoir que ces remarques
ne sont pas sérieuses jusqu'à maintenant?
Le Président (M. Laplante): Cela s'adresse à tout
le monde.
M. Lalonde: J'espère que, comme président de la
commission, on pourra compter sur vous pour traiter l'Opposition de
façon aussi juste que possible.
Le Président (M. Laplante): Je crois que, par le
passé, on a pu compter sur moi.
M. Saint-Germain: Je voudrais simplement dire, M. le
Président, et je crois que je suis dans l'ordre, que nos travaux
débutent très mal. Je me méfie personnellement de cette
façon de travailler. J'ai encore en bonne mémoire les conditions
dans lesquelles nous a été remis le livre bleu sur
l'assurance-automobile.
Les journalistes ont eu ce document bien avant nous, même que les
députés du gouvernement ont eu ce document bien avant nous.
C'était un projet de loi extrêmement important. Ce n'est
qu'après les interventions à l'Assemblée nationale que
nous avons pu, le jeudi, à 8 h 30, avoir un seul document pour tous les
députés libéraux. Nous avons commencé par faire une
photocopie de ce document et, comme la Chambre siégeait, il m'a
été très difficile de rejoindre ceux qui étaient
responsables de ce dossier et de pouvoir travailler avec eux. Cela a
été un inconvénient très sérieux.
On nous a dit qu'on voulait procéder comme on procède pour
le budget et, comme je l'ai dit en Chambre, cette loi et le budget sont deux
choses absolument dissemblables et je ne vois pas qu'on puisse justifier...
Mme Payette: M. le Président, je me sens obligée
d'apporter seulement une correction, si vous permettez, parce que ce qui a
été déposé à l'Assemblée nationale,
vendredi dernier, n'est pas un projet de loi. C'est tout simplement un document
de travail du gouvernement. La raison pour laquelle il a été
présenté aux journalistes dans une séance d'information
préalable est l'aspect technique de ce document qui nous oblige à
éviter autant que possible que les journalistes, sans mauvaise foi,
malgré les manifestations évidentes de bonne volonté,
véhiculent une fausse information auprès du public à cause
de l'aspect technique du dossier. Cela a parfaitement justifié cette
séance d'explications avec les journalistes. Je vous prierais cependant
de noter que les délais prévus pour le dépôt de ce
document ont été entièrement respectés et qu'il n'y
a pas eu une seule fuite, ce pourquoi je voudrais d'ailleurs féliciter
les journalistes.
M. Lalonde: M. le Président, si vous permettez, je pense
que la défense du ministre est tout à fait injustifiée.
Que l'aspect technique du dossier exige une séance d'information, je
suis d'accord, soit une, deux ou trois, pour mieux faire comprendre à
ceux qui sont appelés à expliquer au public quels sont les
aspects techniques, mais qu'on le fasse, par exemple, une fois que les
députés, conformément au privilège attaché
à leur tâche, à leur fonction, l'aient reçu.
Je pense que le point de vue apporté par le député
de Jacques-Cartier est tout à fait dans l'ordre, surtout étant
donné que lorsque nous avons été appelés à
soulever une question et aussi des questions de privilège à cet
égard, jeudi dernier, le ministre des Consommateurs n'était pas
en Chambre à ce moment-là. Ce n'est une remarque que je fais
à l'égard de son assiduité; au contraire, je pense que
c'est un des ministres qui est le plus souvent en Chambre.
Mme Payette: M. le Président...
M. Lalonde: Cela s'adonnait qu'il n'était pas là;
alors, j'aime qu'on le soulève en présence du ministre
actuellement.
Mme Payette: J'ai fait le dépôt de ce docu-
ment vendredi matin. Les députés de l'Opposition n'ont pas
cru bon me poser des questions pendant la période de questions qui a
suivi le dépôt du document.
M. Lalonde: II n'y avait pas de ministre, c'est pour cela qu'on
n'a pas posé de questions.
Mme Payette: J'étais là, M. le
député...
M. Burns: Bien oui, le ministre était là,
cependant.
Mme Payette: Vous pouviez me poser des questions.
M. Lalonde: II n'y avait pas de ministre, il y avait trois ou
quatre ministres. D'ailleurs, je pense que le ministre, député de
Maisonneuve...
Mme Payette: Les autres n'auraient pas répondu sur ce
sujet.
M. Burns: Vous aviez la crème du cabinet et vous n'avez
pas osé poser des questions.
M. Lalonde:... à voir comment il rougissait, on voyait ce
qu'il pensait de cette situation.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Compte tenu du temps
que nous avons à notre disposition pour étudier le document, si
complet soit-il, si vous me le permettez, je prendrai mon droit de parole, au
nom de mon parti, pour faire quelques commentaires et aussi, peut-être,
pour poser quelques questions au ministre, surtout que c'est un nouveau
ministre, pour connaître ses orientations. D'abord, c'est la
première occasion qui m'est fournie, en ma qualité de
député et de porte-parole de mon parti en matière de
consommation et de coopération, d'exprimer au ministre mes
félicitations à la suite de sa nomination. Contrairement à
ce qui se disait dans le passé relativement aux activités de ce
ministère, à savoir qu'il n'y a rien là, sauf des
comptables et quelques inspecteurs, force est de constater que, depuis quelques
années, la situation s'est considérablement transformée.
Lorsqu'on est appelé à traiter de sujets aussi importants et
complexes que l'assurance-automobile ou la protection du consommateur,
également le mouvement coopératif, il ne s'agit plus, vous en
conviendrez, de peccadilles, loin de là. Pour reprendre les paroles du
premier ministre, c'est tellement important qu'on n'a pas le droit de manquer
notre coup. La tâche du ministre est lourde, extrêmement
lourde.
Je désire d'avance l'assurer de ma collaboration et de celle de
tous les membres de l'Union Nationale. Nous sommes tous ici pour
légiférer, j'en conviens, avec calme, sérieux et, dans la
mesure du possible, avec objectivité et impartialité.
En guise de remarques préliminaires, je voudrais m'attarder
quelques minutes seulement, si vous me le permettez, sur deux questions en
particulier: la protection du consommateur et l'aide à la
coopération. Dans le domaine de la protection du consommateur, à
ce niveau, je suis déçu, dès le départ, de
constater une hausse des crédits de seulement $521000 ce sont des
chiffres précis à peine un demi-million de dollars,
certes, qu'on centre sur les effectifs, mais est-ce suffisant pour
répondre aux attentes des consommateurs québécois? Non, je
pense que vous serez d'accord avec moi. Ce n'est pas du côté
financier que les consommateurs doivent se tourner cette année. Comme le
disaient certaines personnes, il n'y a rien là.
Est-ce que l'espoir doit venir du côté législatif?
Je me pose la question, car le ministre nous a promis, pour cette session, un
code des consommateurs qui, je cite, "pour prendre des allures
extrêmement différentes de ce que c'était". Probablement
que c'est dans le document qu'on vient de nous remettre, mais avec le temps qui
nous a été donné pour en prendre connaissance, le ministre
voudra m'informer si c'est changé.
Depuis, le ministre a affirmé, toujours selon la Presse du 4
décembre, et je cite: "Nous allons avoir une attitude plus
déterminée". J'aimerais beaucoup que le ministre nous
précise sa pensée je pense que c'était
l'idée, également, de mes collègues car je veux
savoir quel sera le sens de la portée de la future loi. En quel sens
l'Office de la protection du consommateur deviendra-t-il le chien de garde?
S'agit-il de transformer l'office en une sorte d'ombudsman du consommateur avec
pouvoirs élargis? C'est la question qu'on se pose. A quel
empiétement d'Ottawa le ministre veut-il s'attarder d'abord,
prioritairement, mise à part, bien sûr, la publicité
destinée aux enfants, laquelle fait déjà l'objet d'un
conflit juridique entre Québec et Ottawa?
Plusieurs observateurs croient que notre société de
consommation à outrance ne peut plus durer longtemps et qu'elle nous
mènera à la catastrophe si rien n'est fait pour modifier notre
mode de vie et, jusqu'à un certain point, les règles du jeu de
notre système économique. Certains parlent maintenant de
l'avènement d'une société de conservation, mais pour y
arriver, tenant pour acquis qu'on le veuille, il faudra changer le comportement
des gens. Le ministre entend-il conduire son ministère dans cette voie
futuriste dont l'objectif serait une décroissance économique et
avec conservation?
Egalement, si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais
vous parler un peu de l'aide à la coopération. Sur ce point, le
ministre a avoué, à plusieurs reprises, son intention ferme de
mettre l'accent sur une évolution sensible du mouvement
coopératif et une aide accrue au mouvement, c'est-à-dire une aide
accrue du gouvernement à ce mouvement. Or, les crédits
déposés n'indiquent rien de nouveau. Bien au contraire, une
simple augmentation d'à peine $70 000, c'est-à-dire, si je fais
la différence entre $531 000 et quelques cents et $462 000. Comment
pouvez-vous venir en aide à des coopératives naissantes et encore
pire, à des coopératives existantes, avec des
fonds aussi ridicules que ceux-là? $70 000, c'est
carrément vous excuserez l'expression, mais rire des gens.
De plus, dans les notes explicatives des crédits, on prend la peine de
dire: II faut ajouter que des crédits additionnels seront requis pour la
création de la société de développement
coopératif annoncée dans le discours inaugural. C'est donc dire
que les sommes allouées à cette fin demeurent inconnues,
même si les journaux parlent d'un minimum de $1,4 million, soit environ
$300 000 de plus que les prévisions soumises par le gouvernement
précédent.
Comme le budget de fonctionnement de cette future société
de développement coopératif a été fixé
à plus ou moins $400 000, ce qui est carrément insuffisant, un
consommateur, dans le journal Le Soleil, l'a déjà affublé
de l'épithète, vous en conviendrez, de bonbon coopératif.
Baptisé avant d'être né, je crois maintenant qu'il mourra
avant d'avoir reçu l'extrême-onction. Certains y croient. D'autres
le souhaitent, notamment, le mouvement coopératif lui-même.
Il s'agit là, à mon avis, d'un problème majeur que
le ministre se doit d'éclaircir le plus tôt possible, à
moins que cela ne soit fait dans le magnifique document qu'on vient de nous
remettre, mais, encore là, il aurait fallu nous donner le temps d'en
prendre connaissance.
En somme, si je me fie à la lettre du livre des crédits,
il s'agit d'un budget que l'ancien ministre libéral aurait pu nous
présenter. J'aimerais bien que le ministre dissipe cette impression dont
je n'arrive pas à me débarrasser. C'est là que je me pose
la question. La réponse est probablement dans le livre.
Ce sont les commentaires que je voulais émettre, M. le
Président, au début de cette commission, au début de
l'étude des crédits.
Le Président (M. Laplante): Le ministre.
Mme Payette: M. le Président, je pense que monsieur le
député aura compris qu'il faut attendre dans les deux cas qui
viennent d'être abordés particulièrement,
c'est-à-dire la protection du consommateur et l'aide au mouvement
coopératif, une nouvelle législation.
Il est évident que, d'une part, en ce qui concerne la protection
du consommateur, il a été effectivement annoncé que nous
travaillons au ministère à une nouvelle loi de la protection du
consommateur qui, à notre avis, jusqu'à maintenant, nous
paraît vouloir être un code de protection plus qu'une loi puisque
nous tentons d'englober tout ce qui avait été mis de
côté volontairement ou involontairement par nos
prédécesseurs.
Alors, à ce niveau, je suis donc en mesure de vous dire que
j'espère que, d'ici la fin de l'année 1977, je serai en mesure de
présenter à la Chambre un projet de loi précis au sujet de
la protection des consommateurs.
Je crois qu'à partir du moment où on entreprend de penser
une nouvelle loi dans ce domaine, il fa.ut, parallèlement, commencer
à donner à l'Office de la protection du consommateur et les
moyens et le personnel et la possibilité de prévoir un avenir qui
va nécessairement obliger l'Office de la protection du consommateur
à une présence beaucoup plus évidente auprès des
consommateurs que cela n'a été le cas jusqu'à
maintenant.
Vous avez également fait allusion au fait que nous partageons,
dans ce domaine, notre champ législatif avec Ottawa, et je suis
obligée d'avouer qu'au fur et à mesure que j'ai pris connaissance
du dossier, après mon arrivée au ministère, j'ai dû
constater qu'à cause de l'inaction du gouvernement
précédent dans le secteur de la protection des consommateurs, il
est évident qu'Ottawa a occupé là des champs qui
n'étaient pas occupés. Je suis en mesure de vous dire que j'ai
déjà eu une rencontre privée avec M. Abbott, mon homologue
fédéral. Nous avons abordé ses préoccupations et
les miennes dans le domaine de la protection du consommateur et nous lui avons
fait savoir qu'il avait débordé un peu le champ qui nous
paraît réservé à une loi fédérale dans
certains cas et que nous allons continuer nos conversations au cours des mois
qui viennent pour trouver des terrains d'entente.
Une rencontre provinciale-fédérale avec tous les ministres
des consommateurs et le gouvernement fédéral est prévue
pour le début du mois de juillet prochain. Au sujet du
développement des mouvements coopératifs au Québec, nous
négocions encore présentement les possibilités d'une
coopération entre le gouvernement et le mouvement coopératif pour
la création de la société de développement
coopératif. C'est un dossier qui existait déjà auparavant,
qui avait été négocié préalablement par
l'ancien gouvernement et c'est un dossier que nous avons repris là
où nous l'avons trouvé, c'est-à-dire où il y avait
déjà une sorte d'entente préalable avec le mouvement
coopératif, mais qui ne semblait pas satisfaire le mouvement
coopératif. Nous avons donc repris des négociations et nous
sommes en train, maintenant, cependant, contrairement à ce que vous
dites, non pas de regretter ce que nous avons fait jusqu'à maintenant
dans ce domaine, mais de réaliser que nous avions bien raison de ne pas
lancer des chiffres en l'air pour rien.
Nous sommes conscients qu'en ce qui concerne le mouvement
coopératif, il ne saurait être question d'intervenir par le
sommet. Cela va à l'encontre même de la philosophie
coopérative puisque ce sont des mouvements qui doivent naître et
vivre à partir de la base et, contrairement à l'ancien
gouvernement qui avait annoncé sa volonté d'investir $5 millions
ou peut-être même davantage sur une période de quatre ou
cinq ans dans la société de développement
coopératif, il nous apparaît que ce n'est pas la façon de
fonctionner, c'est-à-dire que nous avons proposé au mouvement
coopératif, effectivement, de prendre en charge, comme gouvernement, le
coût de l'administration que nous avons estimé à $400 000
avec la possibilité de partager 50/50 l'excédent de cette
administration, éventuellement. Nous lui avons également
proposé une mise de 50/50 cha-
cun qui pourrait aller, dans le cas du gouvernement, pour l'instant,
jusqu'à $500 000.
Le mouvement coopératif est hésitant à investir
autant dans un premier temps et nous sommes en train de négocier. Il se
peut que le gouvernement soit obligé de faire marche arrière et
d'offrir moins que les $500 000. Là où, par exemple, vous avez lu
dans un journal qu'on parle d'un bonbon coopératif, je pense qu'on doit
voir là un très grand respect de la part du ministère et
du gouvernement pour le mouvement coopératif, son désir de ne pas
aller vite dans certains secteurs, d'être sûr que la base est
prête à recevoir ce que nous sommes prêts à faire
dans ce domaine et de ne pas lancer en l'air des chiffres de $10 millions ou
$20 millions qui sont des possibilités d'investissement dans l'avenir
pour le gouvernement, mais qui ne serviraient à rien dans la mesure
où la base n'est pas en mesure de recevoir de sommes comme
celles-là pour l'instant.
Alors, il n'est pas question non plus d'annoncer que, sur une
période de cinq ans, nous mettrions $20 millions ou $50 millions, mais
nous verrons, au fur et à mesure, quelles sont les demandes qui sont
faites pour une société de développement coopératif
à être créée et les propositions venant de la base
seront évaluées à ce moment-là selon les besoins du
milieu.
M. Goulet: Si je comprends bien, dans le domaine de la protection
du consommateur, le peu de crédits, c'est seulement parce que, cette
année, ce sera un projet à l'étude, soit ce que vous
appelez le code de protection ou encore une loi. Vous dites que ce sera un
code.
Mme Payette: Cette année, cela nous apparaît
suffisant pour administrer la loi 45 dont nous disposons. Les crédits
avaient déjà été légèrement
augmentés pour permettre à l'Office de la protection du
consommateur de se joindre au mouvement coopératif dans une campagne
d'éducation. Pour l'instant, il ne nous paraît par
nécessaire d'augmenter considérablement un budget de l'Office de
la protection du consommateur, mais, à partir d'une nouvelle
législation, c'est évidemment une situation qu'il faudra revoir
pour l'an prochain.
M. Goulet: Mais la présentation du projet de loi ou du
code, ça irait seulement à l'an prochain, je veux dire, tout
à la fin...
Mme Payette: Nous pensons pouvoir déposer un projet de loi
à la rentrée à l'automne, en espérant que le projet
de loi sera adopté avant 1978.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, Mme le ministre, je veux d'abord
remercier Mme le ministre de nous avoir préparé et remis un bon
document de travail, qui va nous aider lors de l'étude des
crédits. C'est une initiative nouvelle, puisque c'est la première
fois, même si je siège depuis des années aux commissions
parlementaires, qu'on nous donne un document de travail bien
préparé, assez volumineux, de façon à nous fournir
des statistiques et documents additionnels qu'on ne retrouvera pas dans le
livre des crédits.
Ceci dit, j'aimerais demander au ministre si son ministère,
actuellement, prévoit de grandes modifications, des nouvelles
orientations en ce qui a trait à l'ensemble des préoccupations et
des secteurs qui sont régis par le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, puisqu'on en a
changé le nom.
J'aimerais aussi demander au ministre, puisqu'il est coutume, au
début des travaux d'une commission parlementaire, étant
donné qu'il s'agit d'un nouveau gouvernement et d'un nouveau titulaire,
de nous présenter l'équipe qui travaille en collaboration avec
Mme le ministre...
M. Lalonde: Cela a été fait tout à
l'heure.
M. Roy: Cela a été fait tout à l'heure, je
m'excuse, je suis arrivé quelques minutes en retard, l'autoroute de la
Beauce n'est pas encore complétée.
M. Lalonde: Vous êtes à la mauvaise commission
parlementaire, les transports, c'est cet après-midi.
M. Roy: L'ancien gouvernement n'a pas été assez
vite, je m'en excuse. J'en prendrai connaissance par le journal des
Débats. Mais, étant donné que nous sommes au tout
début de cette commission, j'aimerais savoir quand même les
grandes lignes d'orientation des grandes préoccupations actuellement,
suite aux questions qui ont été posées par
l'Opposition.
M. Lalonde: Cela n'a pas été fait...
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, mais je suis
arrivé, ça faisait exactement trois minutes que la commission
parlementaire était commencée. On ne me dira pas qu'on en a
parlé pendant quinze ou vingt minutes.
M. Lalonde: Non, vous avez raison, le député a
raison.
M. Roy: Bon.
M. Lalonde: Cela n'a pas été fait, mais ça
ne s'est pas fait non plus avant.
M. Roy: Comment, cela ne s'est pas fait avant?
M. Lalonde: C'est qu'on a fait la même demande que le
député de Beauce-Sud et la réponse a été
assez courte.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, on va
compléter votre question, M. le député de
Beauce-Sud et je laisserai la parole à Mme le ministre, à
savoir si on a répondu, oui ou non. Avez-vous d'autres...
M. Roy: J'aurais bien d'autres questions à poser, mais je
préfère attendre à chacun des programmes; il y a par
exemple, tout le secteur des caisses d'épargne et de crédit, il y
a le secteur des assurances, il y a le secteur qui touche les
coopératives de consommation, tous les domaines, je
préfère attendre pour poser des questions particulières
à l'intérieur de ces programmes. C'est seulement au niveau des
grandes orientations, des préoccupations générales du
ministère.
Le Président (M. Laplante): Mme le ministre va
répondre à vos questions.
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud, il me fait
plaisir de vous dire qu'il m'est apparu extrêmement important, à
mon arrivée au ministère, de maintenir la réputation du
ministère quant à la surveillance qui a toujours
été exercée par le ministère au niveau des
institutions financières. Je dois vous dire que c'est avec une certaine
fierté que j'ai découvert que ce ministère
répondait parfaitement, dans presque tous les cas, aux besoins du
secteur des institutions financières. Je dis bien dans certains cas,
parce qu'il y aura, au cours de l'année, un certain nombre d'amendements
à certaines lois, certains correctifs qui seront apportés.
D'autre part, il m'est apparu aussi cependant qu'il fallait à
tout prix développer le plus rapidement possible, avec prudence et
précision, les secteurs de protection des consommateurs et du mouvement
coopératif.
Nous avons donné beaucoup d'attention depuis mon arrivée
au ministère, d'une part à la préparation, comme vous le
savez, d'un document de travail sur l'assurance-automobile qui me paraît
faire partie, nettement, de la protection du consommateur et que nous
préparons pour la fin de cette année un code de protection du
consommateur.
En ce qui concerne le mouvement coopératif, je pense que vous
connaissez la position du gouvernement, notre grand désir de voir, dans
le mouvement coopératif, des interlocuteurs privilégiés.
Nous pensons qu'un organisme qui représente au Québec, quatre
millions de coopérants mérite que le gouvernement
s'intéresse à ce phénomène québécois
qui est extrêmement positif sur le plan économique.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, profitant de l'intervention
du député de Beauce-Sud et de son annonce qu'il nous a faite
qu'il réservait ses questions au moment de l'étude programme par
programme, est-ce que je pourrais suggérer qu'on s'entende sur une
façon de procéder, afin qu'on attaque les programmes les uns
après les autres, en demandant cependant au ministre, au niveau de
chacun des programmes, de nous faire un bref commentaire, une vue d'ensemble
sur chacun des programmes, un par un, et après cela, qu'on
procède à l'étude.
Le Président (M. Laplante): Je prends avis de votre
suggestion. Le député de Jean-Talon avait demandé la
parole auparavant. Ensuite, si on veut s'entendre sur une formulation...
M. Garneau: M. le Président, même si je respecte le
point de vue du député de Sainte-Marie, je pense qu'il est tout
à fait normal qu'au début des crédits, avant d'attaquer
les programmes un à un, on s'intéresse aux grandes orientations
du ministère, comme l'a indiqué le ministre tout à
l'heure, surtout que certaines choses ne sont pas dans les programmes pour les
raisons qu'elle a indiquées et qui sont reliées à la
non-existence de législation à venir.
Si on veut être informés des orientations, comme il est
normal de l'être à l'occasion de l'étude des
crédits, il faut le faire avant d'aborder chacun des programmes. C'est
pourquoi je voudrais, en continuant cette vue à vol d'oiseau de
l'ensemble des orientations, revenir sur deux sujets qui ont été
soulevés par le député de Bellechasse, qui sont
reliés, d'une part, a la protection des consommateurs, d'autre part au
développement coopératif, et aborder, dans le domaine des caisses
d'épargne et de crédit, un autre projet de loi qui n'est pas
encore voté, mais qui le sera je voudrais connaître le
point de vue du ministre là-dessus qui est relié au fonds
de sécurité des caisses d'épargne et de crédit.
Concernant la protection du consommateur et le dépôt
éventuel d'un projet de loi, j'ai été assez surpris de la
déclaration du ministre à l'effet qu'elle se surprenait qu'il n'y
avait rien eu de fait avant son arrivée, concernant la protection des
consommateurs. Je voudrais quand même rappeler que c'est le gouvernement
précédent qui a fait adopter, par l'Assemblée nationale,
la première loi de la protection du consommateur.
Mme Payette: ... en 1971.
M. Garneau: On ne pouvait quand même pas le faire avant
d'être élus, en 1970. Nous l'avons donc fait à ce moment.
Il faudrait quand même que le ministre reconnaisse que des efforts ont
été faits, de même tout le travail qui a été
exécuté en commission parlementaire sur le projet de loi no 7, si
ma mémoire m'est fidèle...
Une Voix: C'était cela.
Projet de société de
développement coopératif
M. Garneau: ... et qui avait pour objectif d'améliorer la
Loi de la protection du consommateur.
Ces remarques étant faites, je voudrais revenir à deux
autres questions. La première est reliée au mouvement
coopératif et à la société de développement
coopératif. Au mois de mai 1975, M. Pa-
renteau avait déposé son rapport sur la situation des
mouvements coopératifs et à la suite de ce rapport, le Conseil de
la coopération du Québec avait remis au gouvernement, vers
l'automne 1975, un document de travail sur l'ensemble de la question; des
négociations et des discussions s'étaient poursuivies à
l'intérieur d'un comité interministériel et par la suite
avec le mouvement coopératif, en vue de créer cette
société de développement coopératif.
Le 15 juin 1976, le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières déposait, auprès de l'ancien
gouvernement, un projet de création de société de
développement coopératif. Ce projet, qui a été
étudié par le Conseil des ministres et il l'avait
été avant par le Conseil du trésor prévoyait
une opération à partir de deux points d'ancrage. Le premier
était le développement des coopératives, en particulier
celles qui n'étaient pas structurées en fédération,
organisme qui avait pour but, à l'intérieur de la
société de développement coopératif, de
prévoir la planification du développement coopératif,
l'assistance technique et autre qui pouvaient être données par
cette société dont le budget alloué dans les
documents que nous avons et que le ministre possède certainement
était estimé à une contribution gouvernementale de $350
000 par année concernant le développement. Le ministre parle
maintenant de $400 000 pour le développement, c'est un ajout $50
000...
Mme Payette: Est-ce que je peux apporter une correction tout de
suite?
M. Garneau: Oui.
Mme Payette: II est question de $400 000 pour l'administration et
de $500 000 pour la caisse.
M. Garneau: Ce que je dis, c'est que l'ancien gouvernement avait,
dans les discussions avec le mouvement coopératif, accepté de
verser, pour le développement, pour la partie implantation des
coopératives, $350 000, que le gouvernement versait à la
société de développement coopératif il
prenait l'engagement de le faire sur une période de cinq ans, $350 000
par année avec l'entente que s'il y avait excédent des
dépenses sur cette mise en place des structures administratives et
d'aide technique, l'excédent des dépenses serait partagé
50/50 entre le gouvernement et ceux qui siègent au Conseil de la
coopération du Québec; je crois qu'il y a 16 ou 18 organismes qui
siègent à ce conseil et qui devaient partager la
différence.
Pour ce qui est de l'autre façon d'agir de la
société de développement coopératif, il y avait ce
qu'on appelait, dans notre temps je ne sais pas quel nom vous lui donnez
maintenant le crédit, la caisse d'aide de prêts ou d'achat
de fonds...
Mme Payette: On a gardé ce qui était bon. M.
Garneau: Je m'aperçois que vous avez passablement tout gardé,
parce que vous dites une différence de $50 000.
Mme Payette: II y a seulement le montant qu'on a augmenté
un peu.
M. Garneau: Oui, mais c'est justement là-dessus que je
veux vous questionner. Heureusement, comme on n'a pas eu le temps de lire ce
document, je ne sais pas s'il y a quelque chose là-dedans, le Devoir
d'hier nous apporte des précisions. Comme je ne sais pas si M. Nadeau
était un type bien informé, c'est avec cela que je vais conclure.
Le premier temps...
Mme Payette: Excusez-moi. M. le Président, j'ai besoin
d'une directive. Est-ce que je peux interrompre le député
à ce moment-ci?
Le Président (M. Laplante): Ordinairement non, on laisse
parler le député et vous répondez après.
M. Garneau: La raison pour laquelle je fais ce grand laïus,
M. le Président, c'est que, parfois, le ministre a donné
l'impression d'avoir inventé le monde au niveau de la
société de développement coopératif. Quand elle
nous dit, en m'interrompant qu'elle a ajouté des montants, c'est
là-dessus que je vais revenir. Si je calcule, comme dit un de mes
collègues, dans mon livre à moi, c'est différent de ce que
je comprends dans le livre du ministre, il y a donc uniquement une
différence de $50 000 au niveau du fonds de développement. Pour
ce qui est des crédits, nous avions convenu de verser $375 000 par
année, pendant cinq ans, alors que le mouvement coopératif devait
verser $250 000. C'est-à-dire qu'il y avait une contribution de 60% de
la part du gouvernement et de 40% du mouvement coopératif, ce qui
faisait, au niveau de la caisse de crédits, $625 000 par année
avec une possibilité sur cinq ans d'atteindre les $3,127 millions.
Au terme des cinq ans, on en arrivait à une contribution
cela avait été longuement discuté totale qui se
partageait dans une proportion de 75% par le gouvernement et de 25% par le
secteur coopératif, en tenant compte du fonds d'administration de $350
000 par année. C'était le plan que je connaissais, dans le temps
où j'étais dans l'ancien gouvernement et qui avait
été longuement discuté au Conseil du trésor,
puisqu'il fallait dégager les crédits pour ces
opérations.
Donc, au terme de l'ensemble de l'opération, il devait y avoir
une contribution gouvernementale de 75% et une contribution du mouvement
coopératif de 25%. Ensuite, le conseil d'administration que nous avions
prévu était formé de onze membres, dont le contrôle
absolu était conservé par le milieu coopératif, par le
mouvement coopératif. Sur onze membres, il y en avait six de
nommés par le Conseil de la coopération, les coopératives,
quatre nommés par le gouvernement à l'intérieur des
ministères à vocation économique et reliés au
mouvement coopératif et un qui était nommé par
le gouvernement de l'extérieur, ce qui faisait, à la
limite, six par le mouvement coopératif et cinq par le gouvernement via
ses fonctionnaires.
Dans le Devoir de lundi, on soulève tout un autre système
de probabilités où, entre autres, contrairement à ce que
vient de dire le ministre, ce ne serait plus le mouvement coopératif
comme tel qui aurait le dernier mot dans l'orientation, mais bien plutôt
le gouvernement qui, pour employer les termes que j'ai lus dans ce document,
tenterait de faire main basse sur le mouvement coopératif. On aurait
changé le conseil d'administration pour le constituer de treize membres
dont la majorité, finalement, seraient nommés par le
gouvernement. Ils pourraient ainsi influencer, d'une façon beaucoup plus
directe, l'orientation du mouvement coopératif. Alors que, suivant les
propos que tenait le ministre tout à l'heure, il s'agissait de laisser
à la base le soin de se gérer elle-même, le tout
deviendrait, d'après les propos que je lis dans le Devoir, une question
de contrôle par le gouvernement.
Pour ce qui est des fonds maintenant, le gouvernement mettrait $50 000
de plus dans ce qu'on peut appeler le premier objectif de la
société de développement coopératif,
c'est-à-dire la planification, l'aide technique, etc., mais, du
côté de la caisse de crédit, on irait à $500 000 sur
une base paritaire, ce qui ferait, si les chiffres qui sont mis
là-dedans sont justes, et je me permettais ce matin de faire un certain
nombre de calculs à partir de l'article du Devoir qui dit: $500 000 sur
une base paritaire dans le fonds de crédit, ce qui donnerait,
contrairement à la position antérieure, une contribution du
mouvement coopératif de 35% par rapport à la contribution du
gouvernement de 65% par rapport à l'ancienne qui était 75-25.
Donc, à moins que les renseignements contenus dans l'article du
Devoir ne soient pas justes, il y a une diminution en termes d'aide
gouvernementale dans l'ensemble du paquet qui serait confié à la
société de développement coopératif. Alors, ce
point étant fait, je demanderais au ministre si ce qui est contenu dans
l'article du Devoir, concernant la contribution éventuelle du
gouvernement à la société de développement
coopératif et celle du gouvernement et du mouvement coopératif,
c'est bien tel qu'indiqué dans le Devoir ce qui donnerait les
résultats dont je parlais, c'est-à-dire une augmentation de la
part du mouvement coopératif et une diminution de la part du
gouvernement. Deuxièmement, est-ce qu'il est vrai, comme le mentionne
l'article de M. Michel Nadeau, que le gouvernement a l'intention de nommer
lui-même la majorité des membres du conseil d'administration de la
nouvelle société à être créée du
conseil de la société de développement
coopératif?
Mme Payette: M. le Président, puisque vous n'avez pas
voulu me donner la parole tout à l'heure, je vais me permettre de dire
qu'il y a beaucoup des questions qui ont été posées
à l'intérieur de ce long laïus du député qui
devraient m'être posées à l'Assemblée nationale.
J'inviterais fortement l'Opposition à ne pas hésiter à me
poser des questions et à ne pas craindre les réponses que je
serai en mesure de donner. Il y a dans l'information...
M. Garneau: On en a posé quelques-unes et vous preniez
avis des questions tout le temps, alors on s'est découragé.
Mme Payette: J'ai eu droit à deux questions auxquelles
j'ai donné deux réponses. Vous pouvez vérifier au journal
des Débats.
M. Garneau: Vous avez pris avis. Il y a encore un de nos
députés qui attend des...
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, MM. les
députés, on va laisser répondre Mme le ministre et je vous
donnerai la parole après cela pour les répliques. Oui,
monsieur?
M. Lalonde: Question de règlement! Quand même,
là, ce n'est pas une réponse sur la question du
député de...
Mme Payette: Je n'ai pas terminé ma réponse.
M. Lalonde: J'ai soulevé une question de règlement.
Je pense que la remarque du ministre n'est pas tout à fait bienvenue.
Combien de fois on pose des questions aux différents ministres à
l'assemblée nationale et on nous répond: Attendez les
crédits, vous aurez les détails à ce moment-là.
Alors, il faudrait que le gouvernement se décide s'il veut
répondre ici ou s'il veut répondre à l'Assemblée
nationale. J'espère que la discrétion motivée de
l'Opposition, parce qu'on n'avait pas de réponse à l'égard
du ministre des Consommateurs, ne l'a pas blessée. Ce n'était pas
le but.
Le Président (M. Laplante): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, c'est pour cela que je
voulais vous demander une directive tout à l'heure. C'est que je pense
qu'il faut faire une nette distinction entre des questions qui pourraient
être éventuellement posées sur un éventuel projet de
loi déposé à l'Assemblée nationale et les questions
qui peuvent être posées à une commission qui étudie
les crédits du ministère. Sauf que, pour bien marquer quand
même ma bonne volonté, je ferai savoir au député qui
a posé toutes ces questions que nous sommes en train de négocier
présentement avec le mouvement coopératif la façon de
départager les responsabilités à l'intérieur de la
société de développement coopératif. Je ne pense
pas que ce soit ici qu'il faille négocier un contrat comme
celui-là. Je souhaiterais pouvoir le faire avec le mouvement
coopératif en toute liberté, sauf que j'aimerais corriger une
information que vous tenez d'un journal, et qui est une information qui n'est
pas complète. La proposition de la structure du conseil d'administration
de la SDC
comprend treize membres parmi lesquels un comité exécutif
de sept membres serait formé. Les membres sont nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil sur recommandation du ministre. Sept
proviennent du mouvement coopératif, cinq sont désignés
par le CCQ et deux choisis par le ministre, à même une liste de
douze provenant des secteurs non structurés et préparée
par le CCQ. Les six autres, ce sont quatre fonctionnaires et deux
représentants, soit du mouvement universitaire, qui s'intéresse
de près au développement coopératif, ou de toute autre
personne qui pourrait s'y intéresser.
M. Garneau: Monsieur...
Mme Payette: La majorité est donc laissée au
mouvement coopératif et, en particulier, au CCQ pour la nomination de
sept...
M. Garneau: L'article du Devoir est correct!
Mme Payette: ...dont cinq nommés par le CCQ, les deux
autres sont nommés par le ministre à l'intérieur d'une
liste de douze personnes choisies par le CCQ.
M. Garneau: Est-ce que le ministre a complété sa
réponse, parce que j'aurais là-dessus...
Mme Payette: Est-ce que je pourrais également vous faire
remarquer que le mouvement coopératif, ce n'est pas seulement le
CCQ?
M. Garneau: Moi, ce que je comprends, c'est que les propos qui
sont rapportés par M. Michel Nadeau, dans le Devoir, sont justes, en ce
sens que le gouvernement va nommer, à toutes fins utiles, huit personnes
sur treize. Que le ministre nous dise qu'il s'agit, comme le mentionne
l'article de M. Nadeau, d'un choix parmi une liste de douze personnes provenant
des secteurs non structurés, il n'en reste pas moins que, sur la liste
de douze, c'est le gouvernement qui va choisir lui-même ces deux
personnes, de telle sorte qu'au terme de l'exercice, la balance du pouvoir sur
le conseil d'administration de la société de développement
coopératif sera assumée par les gens nommés par le
gouvernement. C'est là-dessus que M. Michel Nadeau soulève
plusieurs points et, quand je me rapporte aux discussions que nous avions eues
avec le mouvement coopératif j'ai participé à
quelques rencontres où le mouvement coopératif faisait une... Je
pense que le sous-ministre en titre du ministère des Consommateurs,
coopératives connaît bien le mouvement pour y avoir
travaillé avec moi pendant quelque temps; il sait fort bien
jusqu'à quel point, dans un mouvement coopératif, les hommes sont
importants. Ce n'est pas un nombre d'actions qui contrôle les hommes en
place, de telle sorte que le choix des hommes ou des femmes détermine,
à toutes fins utiles, le contrôle de l'orientation du
mouvement.
Comme le ministre confirme les propos tenus par M. Michel Nadeau dans le
Devoir, je dois la mettre en garde contre cette action, et je la supplierais de
bien vouloir respecter, comme elle le mentionnait tout à l'heure, le
contrôle, de laisser au mouvement coopératif le contrôle du
développement de cette société, parce que, comme elle le
disait si bien tout à l'heure, il faudrait que l'action suive la
pensée et, dans le mouvement coopératif, comme elle le disait
tout à l'heure, ce sont les membres qui doivent mener. Comme c'est avant
tout une association d'hommes et de femmes, il faudrait laisser, à mon
sens, au mouvement coopératif la majorité absolue,
désignée par le mouvement, sur l'évolution de cette
société de développement coopératif.
Le deuxième point sur lequel j'aimerais revenir, c'est sur la
contribution financière. Le ministre n'a pas répondu sur cet
aspect de ma question. Est-ce que les informations transmises par M. Michel
Nadeau selon lesquelles... Il dit: Le Québec assume les frais
d'administration pour un montant annuel de $400 000. Tout excédent est
partagé à part égale entre le gouvernement et le mouvement
coopératif. Pour ce qui est du budget d'investissement, le gouvernement
et les coopératives contribuent chacun pour un montant minimal de $500
000 annuellement. Est-ce que le ministre est d'accord pour reconnaître
que cette formule, par rapport à celle qui avait été
négociée antérieurement, signifie une contribution plus
grande du mouvement coopératif dans cette société, alors
que l'objectif était d'abord d'aider la société de
développement coopératif en mettant, par le gouvernement, une
proportion de fonds que le mouvement coopératif lui-même allait
ajouter? Je demanderais au ministre si les informations de l'article du Devoir
sont exactes en ce qui regarde la contribution du mouvement coopératif
et du gouvernement dans ce que M. Nadeau appelle le budget
d'investissement.
Mme Payette: M. le Président, pour la première
partie de votre intervention, M. le député, j'aimerais vous
répéter que je ne confirme pas les déclarations du
journaliste Michel Nadeau, et j'aimerais, si vous avez une meilleure
idée, que vous me fassiez une suggestion quant à la nomination de
deux personnes représentant les mouvements non structurés qui,
à mon avis, doivent faire partie de ce conseil d'administration. Vous
savez qu'il y a 550 coopératives qui n'adhèrent pas,
présentement, à des fédérations. Nous estimons
qu'il est essentiel que ces personnes soient représentées. A
partir de là, nous avons proposé, donc, au CCQ de nous fournir
une liste de douze personnes venant des secteurs non structurés, parmi
lesquelles le ministre désignera deux personnes tout simplement.
Vous parlez de tutelle dans la deuxième partie. Je ne crois pas
qu'on puisse parler de mise en tutelle quand un gouvernement propose une
coopération à 50-50, et je me demande si vous étiez
conséquent avec vous-même, dans l'ancien gouvernement, en
proposant ou 65-25 comme possibilité de coopération, ou 60-40
dans un deuxième temps. Est-ce qu'il n'y a pas un plus grand danger
de mise en tutelle économique de cette façon qu'une
proposition à 50-50? Je vous dirai, pour terminer, si vous permettez,
que je me refuse à négocier ici ce que je suis en train de
négocier avec le mouvement coopératif.
Nous n'avons pas encore reçu la réponse du mouvement
coopératif quant à notre dernière proposition et
j'attendrai, si vous permettez, d'avoir reçu une réponse pour
pouvoir parler plus avant.
M. Garneau: Le ministre me pose une question. Même si elle
n'est pas tout à fait suivant les règlements de nos commissions
parlementaires, je vais me permettre de répondre.
Si le ministre connaissait bien et comme elle l'a dit
l'évolution et l'administration du mouvement coopératif, elle
saurait fort bien que le pouvoir véritable dans une coopérative
n'est pas relié à la mise de fonds et le principe de base est un
homme, un vote, de telle sorte que, même si le gouvernement mettait 75%
des fonds et que le mouvement coopératif n'aurait mis que 25%, suivant
la formule que nous proposions, le pouvoir et c'est là qu'il est
absolument important de bien mesurer la formation du conseil d'administration
de cette société, c'est là que se joue tout le poids du
pouvoir et que, peu importe les contributions du gouvernement, tant dans le
fonds d'administration que dans le fonds d'investissement, peu importe ces
mises de fonds, donc, ce sont les hommes ou les femmes qui siégeront au
conseil d'administration qui orienteront, en définitive,
l'évolution de cette société.
C'est pourquoi c'est tellement important et je n'ai pas à
suggérer au ministre que nous négociions ici la formation de ce
conseil d'administration, mais comme la courte expérience que j'ai
acquise dans ce milieu m'indique que le rôle des hommes et des femmes est
plus important que le rôle de l'argent, et c'est la base du mouvement
coopératif que la formation du conseil d'administration est capitale
pour savoir qui va orienter les destinées de cette société
de développement coopératif, c'est pourquoi, dans le cadre de ces
négociations, je suggère au ministre d'être
extrêmement prudente là-dessus et de laisser au mouvement
coopératif l'absolu contrôle de l'orientation de ce mouvement.
Autrement, on risque d'avoir un mouvement coopératif qui ne soit pas
véritablement dans le respect des traditions fondamentales du mouvement
coopératif et, si le ministre pense voir remplir le vide entre les
coopératives non structurées en fédération en leur
donnant une base permanente de deux membres qu'elle désigne
elle-même sur une liste de douze, si elle croit, en ce faisant, laisser
le plein contrôle au mouvement coopératif, vous me permettrez d'en
douter. Et je terminerai mes remarques là-dessus, en réponse
à sa question...
Un des objectifs de la société de développement
coopératif telle qu'elle avait été conçue au
départ par M. Parenteau et reprise dans les documents qui ont
été présentés à l'ancien gouvernement,
c'était justement de favoriser la structuration des coopératives
non structurées, de favoriser l'organisation des coopératives non
organisées en fédération, de les structurer en
fédération et, après cela, évidemment, le poids
serait fort différent si cet objectif qui était à la base
de la société de développement coopératif
était atteint. Au terme d'une période de deux, ou trois ou quatre
ans, évidemment, la situation serait changée.
Pour conclure, je dirai qu'il est bien important à mon point de
vue que le mouvement coopératif garde le plein contrôle et que le
gouvernement, surtout... Et je n'en fais pas grief au ministre lorsqu'elle dit
qu'elle veut privilégier la formule coopérative. Qu'elle la
privilégie d'une façon totale et non pas uniquement avec des mots
en laissant le contrôle au mouvement coopératif et en ne se
gênant pas pour contribuer d'une façon plus grande que le
mouvement coopératif à la mise sur pied de cette
société qui me paraît extrêmement importante.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. J'aimerais revenir aux
propos que le ministre a tenus...
M. Saint-Germain: J'aurais aimé, s'il vous
plaît...
M. Goulet: Oui.
M. Saint-Germain: ...poser sur le même sujet...
M. Goulet: A moins que vous ne me gardiez mon droit de
parole.
M. Saint-Germain: Continuez votre question. Je reviendrai
là-dessus.
M. Goulet: C'est une mise au point quant aux propos tenus par le
ministre tantôt. Je ne sais pas si j'ai bien compris, mais cela a
chatouillé mes oreilles. Vous avez bien dit que le mouvement
coopératif devait venir de la base.
Mme Payette: Cela me paraît évident que la
coopération ne peut se développer qu'à partir de la
base.
M. Goulet: Je ne sais pas si vous connaissez M. Adrien Rioux qui
est le directeur des services coopératifs. Ses propos viennent en
contradiction avec ce que vous venez de dire et, si vous me permettez, je vais
le citer ici, dans le rapport... Il dit et je cite: "II va falloir se
décider à détruire le mythe que les initatives doivent
venir de la base..." toujours dans le domaine coopératif
"...qui serait la seule compétente pour identifier ses besoins. Cette
définition folklorique qui était vraie dans un contexte rural et
artisan est complètement fausse dans une société urbaine
et industrialisée". C'est Adrien Rioux qui dit cela, le directeur des
services coopératifs.
Il me semble que ces propos, vous en conviendrez, viennent en
contradiction assez fia-
grante avec ce que vient de déclarer le ministre et je ne sais
pas qui, à un moment donné, va avoir raison, le ministre ou le
directeur des services coopératifs. Est-ce qu'il va être
"tabletté" prochainement ou...
Mme Payette: Je vous répondrai que M. Rioux est un homme
trop précieux pour le "tabletter".
M. Goulet: Oui, j'imagine.
Mme Payette: Cela prouve seulement qu'un fonctionnaire peut se
tromper.
M. Lalonde: Alors, le ministre vient de...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Bellechasse avait fini?
M. Goulet: Vous avez dit qu'un fonctionnaire peut se tromper, un
ministre également.
Une Voix: Si vous permettez, le ministre vient de chicaner
son...
M. Goulet: Excusez, M. le Président, le ministre
également.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier, s'il vous plaît.
Une Voix: Elle vient de le blâmer publiquement, c'est cela
que j'ai compris.
Le Président (M. Laplante): Ecoutez, un peu. Le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Lors de la création de cette
société de développement coopératif, je suppose
bien qu'il y aura des changements dans les obligations du conseil de
coopération ou du moins qu'il y aura une relation entre le conseil de
coopération et la société de développement
coopératif. Chacun aura des responsabilités
délimitées l'un envers l'autre.
Mme Payette: Je pense qu'il n'appartient pas au gouvernement, de
quelque façon que ce soit, de gérer le CCQ et que les gens, qui
sont en poste actuellement et qui sont des représentants de plusieurs
fédérations, sont parfaitement en mesure de savoir ce qu'ils ont
à faire dans leur secteur.
M. Saint-Germain: Cela j'en suis, mais seulement la
société de développement coopératif sera
créée par une loi. On pourrait, par exemple, dans cette
même loi, charger le Conseil de coopération des grandes
politiques, des grandes initiatives, des priorités et même, on
pourrait le charger d'une certaine capacité d'enquête pour
vérifier si la société de développement
coopératif évolue selon la loi et les règlements. On
pourrait même laisser exclusivement à la société de
développement coopératif, la mise en pratique, si vous voulez,
des priorités établies par le Conseil de coopération qui
lui, est réellement formé de coopérateurs. Alors, il y a
toute une différence au monde. Si vous laissez à la
société de développement coopératif, qui sera
dominée par des gens nommés par le gouvernement, si vous lui
laissez l'établissement des priorités dans le mouvement
coopératif, l'étude et la responsabilité des grandes
politiques et, en plus, la mise en place des projets, le Conseil de
coopération jouera un rôle très secondaire et ce sera la
société de développement coopératif qui accaparera
le champ d'action en entier, société qui est dominée, tout
de même, par des nominations gouvernementales.
Mme Payette: M. le député, j'apporte encore une
fois cette correction. D'une part le gouvernement n'a rien à voir dans
les affaires du CCQ qui détient une charte qui lui permet de faire ce
qu'il entend faire dans le développement et dans l'administration
coopérative. D'autre part, la société de
développement coopératif est en majorité composée
de représentants du mouvement coopératif, dont cinq sont
déjà membres de la CCQ et deux dont nous voulons nous assurer
tout simplement qu'ils représentent bien les secteurs non
structurés du mouvement coopératif, qu'ils soient des
représentants des 550 coopératives qui ne sont pas formées
en fédération. La majorité de ce conseil d'administration
est entièrement entre les mains du CCQ, du mouvement
coopératif.
M. Saint-Germain: Oui, mais nous savons pertinemment que lors de
nominations, même si ces gens sont du mouvement, d'ailleurs vous avez un
grand choix, il y a peut-être trois ou quatre millions de
coopérateurs dans le Québec, alors il reste que dans la loi...
les discussions ne sont pas là et les débats non plus.
Mme Payette: ...pas à discuter un projet de loi.
M. Saint-Germain: II reste que c'est le gouvernement purement et
simplement, qui sera responsable des nominations et qu'il devra aussi
déterminer par sa loi quelles sont les obligations de la
société de développement coopératif. Le conseil des
coopérateurs, des coopératives, c'est, certainement, un conseil
réellement représentatif des milieux coopératifs. Rien
n'empêche le gouvernement, en n'accaparant pas la responsabilité
de nommer les membres de ce conseil, de donner des charges et des obligations
dans sa loi au Conseil de la coopération qui lui, est réellement
représentatif du milieu coopérateur.
Il faut quand même se rappeller qu'à l'intérieur des
caisses c'est un secret de polichinelle au tout début,
c'était un mouvement excessivement décentralisé. C'est
cette décentralisation qui a fait le succès des caisses et de la
coopération, surtout des caisses populaires. Cette
décentralisation a permis de canaliser, si vous voulez, les
énergies et le bon vouloir de l'humble citoyen, et c'est lui qui, par
son initiative, qui, en y mettant du temps, a concouru et est à la base
de
tout le développement du mouvement coopératif. Ce
mouvement, aujourd'hui, joue un rôle fondamental dans notre
société et on sait pertinemment que les succès
passés sont de bon augure pour les succès à venir.
C'est entendu que tout ce mouvement, l'administration de ce mouvement,
devient de plus en plus complexe et qu'il est souvent laissé, de par le
vouloir même des coopérateurs, aux mains de certains
spécialistes en administration, en affaires, ainsi de suite.
Il reste que, dans le contexte actuel, ce sont encore les
coopérateurs qui sont maîtres du mouvement. Mais, dans le milieu
même, on sent aussi un mouvement vers la centralisation, et, à
l'intérieur des coopératives mêmes, ce mouvement
centralisateur est énormément discuté. Personnellement, je
crois que la décentralisation des caisses a fait ses preuves. Même
si, dans certains milieux, on les a critiquées et accusées d'une
certaine lenteur, il reste que le mouvement, en somme, est un succès, et
je pense en particulier au Mouvement Desjardins, qui est à la base.
Il ne faudrait pas, à mon avis, que le gouvernement accentue ce
mouvement de centralisation par ses lois et ses différentes nominations.
Je pense que, par ce fait même, il prendrait part aux discussions qui ont
lieu dans le mouvement même. Il montrerait, si vous voulez, une sympathie
pour la centralisation de tout le mouvement et il coopérerait à
la centralisation du mouvement dans son entier.
Je crois qu'il faut être excessivement prudent et je serais
surpris que, dans une législation, on mette absolument de
côté le conseil de coopération.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que cette question
mérite qu'on s'y attarde un peu, parce que cela m'apparaît
fondamental. La première déclaration du ministre m'avait
réjoui au début. Elle disait qu'elle désirait que
l'organisation de cette société, on parlait surtout d'aspect
financier à ce moment-là, laisse au mouvement coopératif
le plein contrôle, l'initiative et l'indépendance qui, jusqu'ici,
ont présidé à son développement.
J'aimerais, de façon tout à fait non partisane quand
même, faire appel au ministre, qui a répété à
plusieurs reprises ces chiffres, cinq qui seraient nommés par le
gouvernement. Il semble donc que la négociation soit assez
avancée, mais, avant de terminer, j'aimerais faire appel au ministre de
bien y penser, parce que là peut résider la source d'un
échec possible. On sait jusqu'à quel point les
coopérateurs sont jaloux et à bon droit de leur
indépendance vis-à-vis des gouvernements, vis-à-vis des
autres agents financiers et font appel aux principes fondamentaux de la
coopération pour assurer le succès du mouvement. Même si
les deux personnes qui seraient nommées par le gouvernement
l'étaient à même une liste dressée par le conseil de
coopération, je crains que le coopé-rateur y voie là une
ingérence du gouvernement.
Par conséquent, la population en général et ceux
qui font appel à la coopération, comme formule de
développement de notre société, non seulement au point de
vue financier, savent que ce sont les caisses d'épargne et de
crédit, à part la Fédérée, mais surtout au
niveau des caisses d'épargne et de crédit, que le mouvement
coopératif a connu des succès éclatants. Mais il y a
sûrement d'autres activités qui ont eu pensons aux
coopératives d'habitation, plus ou moins de succès dans le
passé, mais qui méritent sûrement qu'on y accorde non
seulement de l'attention mais des ressources. Or, je crains que ces
coopérateurs et la population en général aient une
réaction négative devant cette façon du gouvernement de
prendre en main, indirectement, le contrôle de cette
société, et, par conséquent, que la population n'accorde
pas à ces sociétés sa confiance. De la sorte, cela serait
simplement un échec qui viendrait malheureusement, non pas couronner,
mais mettre fin à un effort, qui a commencé il y a
déjà quelques années, d'impliquer le gouvernement de plus
en plus dans le développement coopératif.
Je sais que ce n'est pas facile. J'étais, au tout début
si on me permet que je parle à la première personne
de cette initiative lorsque le premier ministre d'alors, M. Bourassa, m'avait
demandé de trouver, avec le mouvement coopératif, une formule
d'assistance, d'aide du gouvernement. C'est là que j'avais, à sa
demande, formé le comité interministériel qui avait
rencontré les principaux représentants de la
coopération.
Suite à cette réunion, il avait été
décidé de confier à M. Roland Parenteau l'étude que
l'on sait. Le rapport de M. Parenteau a été rendu public
immédiatement et on en connaît la suite. Le ministre en est fort
au courant.
J'espérerais...
M. Gosselin: C'est quoi la suite?
M. Lalonde: La suite, c'est justement le projet de
société de développement. Mais il ne faut quand même
pas que cette initiative du gouvernement, l'étude de M. Parenteau, les
espoirs qui ont été créés dans le mouvement
coopératif, soient trahis par une main trop pesante de la part du
gouvernement, dans la société. Il faudrait que...
M. Gosselin: Est-ce que je pourrais soulever un point d'ordre? Je
constate que l'Opposition s'évertue, dans une argumentation oiseuse,
à partir de documents qui ne sont pas déposés,
d'hypothèses pures et simples, à ce moment-ci...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke, j'accepterais une question de règlement, mais pas de point
d'ordre. Si vous avez...
M. Gosselin: Je le. formule sous forme de question de
règlement. Je demande un avis à la présidence quant
à la discussion qu'on mène aujourd'hui. Est-ce qu'on n'a pas
à discuter des crédits du ministère et ne devrait-on pas
entamer immédiatement la discussion là-dessus?
Le Président (M. Laplante): II est coutume...
M. Lalonde: Question de règlement. Je pense que j'ai le
droit de parler là-dessus. Je ne sais pas à quelle heure le
député de Sherbrooke est arrivé. Cela fait au moins une
heure qu'on a commencé l'étude de ces crédits, mais, de
façon plus générale, avec de grandes orientations, sur des
problèmes extrêmement importants. Le président et tous les
membres ont accepté qu'on en fasse un examen plus général.
Je ne vois pas jusqu'où la pertinence des interventions peut être
connue.
Le Président (M. Laplante): Sur le règlement, M. le
député...
M. Bisaillon: Ce n'est pas une question de règlement,
c'est juste une observation que je voudrais faire au député de
Marguerite-Bourgeoys. Je tiens à lui souligner que, quant à moi,
je m'inscris en faux contre ce qu'il vient de dire.
Je n'ai pas, moi, accepté qu'on fasse une discussion
générale étendue. On m'avait dit: Le député
de Jean-Talon a quelque chose à dire. J'avais accepté cela, mais
j'avais suggéré une façon de procéder. Je remarque
que toute la discussion qu'on fait, c'est déjà inclus dans le
livre qui est là.
Je me demande pourquoi on ne procéderait pas de façon un
peu plus... Je suis d'accord que la discussion soit faite, que cela s'est fait,
mais pourquoi ne procéderait-on pas maintenant?
M. Roy: M. le Président, un point de règlement.
Une Voix: II est un peu tard pour le faire là-dessus.
M. Bisaillon: Vous m'aviez dit: Le député de
Jean-Talon va passer. Il est passé, le député de
Jean-Talon, on l'a tous entendu.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, sur un point de règlement.
J'aimerais rappeler à mes collègues, particulièrement
à ceux qui siègent pour la première fois je ne leur
fais pas un reproche qu'il est coutume, lors de l'étude des
crédits d'un ministère, de discuter des politiques du
ministère en général, des grandes orientations et des
projets du ministère, c'est l'endroit idéal.
Et, avant qu'on ne commence à entamer l'étude des
crédits article par article, il y a toujours, dans toutes les
commissions parlementaires, lors de l'étude des crédits
cela fait des années que cela fonctionne comme cela des
discussions générales et, en ce qui me concerne, M. le
Président, je trouve que la discussion qui a lieu présentement
répond très bien aux grandes lignes de nos traditions politiques
et aux objectifs de la commission parlementaire à ce moment-ci.
Le Président (M. Laplante): C'est le jugement que j'allais
rendre, M. le député de Beauce-Sud. Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie. J'aimerais
demander, encore une fois, le plus vigoureusement possible, au ministre de
faire bien attention là-dessus. Que la liste de douze personnes soit
dressée par le CCQ, c'est fort bien, mais il reste que les deux
personnes qui seront nommées à même cette liste le seront
par le ministre des Consommateurs. C'est immanquable que le contrôle sera
indirectement exercé par le gouvernement et que ce sera vu comme cela.
C'est cela qui est fort dangereux pour la mission qui va être
confiée, pour les résultats que tous voudraient positifs de cette
société de développement coopératif.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Toujours sur le même sujet, je voulais dire
qu'en lisant hier l'article de M. Michel Nadeau, soulevant un certain nombre
d'interrogations, là, je m'aperçois que la plupart des points de
vue soulevés par M. Nadeau sont justes. Il est fort bien informé,
ce M. Nadeau. Je me réjouis qu'il ait pu nous donner à l'avance
ce qui est peut-être contenu dans le livre vert qu'on nous a
donné.
Comme les autres points qu'il a soulevés dans son article sont
justes, je me demande si l'attitude qu'il souligne est également
fondée, lorsqu'il dit, par exemple, se référant à
ce que le gouvernement du Parti québécois a l'intention de faire:
Le gouvernement du Parti québécois entend privilégier la
formule coopérative ainsi que l'affirment les dirigeants de son
programme. Cet appui se fera même s'il faut bousculer un peu certains
dirigeants du mouvement reconnus pour le grand soin qu'ils mettent à
mûrir leurs décisions.
M. Nadeau continue en disant: On se promet bien de faire avancer
un peu plus rapidement cette charrette de 75 ans et on a entendu un
porte-parole du gouvernement recommander au Mouvement Desjardins d'envoyer en
Floride certains dirigeants où, en étendant leurs vieux os, ils
rendraient davantage service à l'idéologie coopérative ".
Je me demande qui est ce porte-parole du gouvernement et si ce qu'exprime M.
Nadeau envers ceux qui, depuis nombre d'années, se dévouent
à la coopération... J'espère que le ministre va s'opposer
à cette attitude. J'espère que ce n'est pas le même
bonhomme qui a dit cela tout à l'heure. Ce serait un autre fonctionnaire
qui se serait trompé. Je l'espère, parce que je trouve cette
attitude extrêmement arrogante et elle ne rend pas justice aux gens du
Conseil de la coopération.
Je terminerais cette courte intervention en demandant au ministre si,
comme le souligne le rapport Parenteau dans son rapport, M. Paren-teau
recommandait au gouvernement d'accroître substantiellement les fonds
qu'il accorde au Conseil de la coopération du Québec et
même de l'augmenter jusqu'à $100 000 par année
c'est
l'intention du ministre d'aider davantage le Conseil de la
coopération dans ce contexte de développement d'une
société de développement coopératif où le
conseil aura certainement beaucoup plus de boulot à accomplir qu'il n'en
avait, compte tenu du fait qu'il pourra utiliser l'instrument fort valable de
cette société pour atteindre ses objectifs.
Le Président (M. Laplante): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, à la première
partie de la question, je dois répondre que je ne connais ni le
journaliste Michel Nadeau, ni le représentant éventuel du
gouvernement qui aurait fait une déclaration comme celle-là. Je
dois vous avouer, pour ma part, avoir un trop grand respect pour ceux qui ont
créé le mouvement coopératif au Québec pour les
traiter de la sorte.
Je dois vous répéter, cependant, que nous sommes en train
de négocier avec le mouvement coopératif, avec le CCQ, le contenu
d'un éventuel projet de loi créant la société de
développement coopératif et qu'il m'apparait malvenu et
prématuré d'avoir une discussion, en commission parlementaire,
sur ce sujet présentement. Je souhaiterais qu'on me permette de pouvoir
continuer ces négociations avec le mouvement coopératif.
Pour la deuxième partie de votre question que j'ai d'ailleurs
oubliée, si vous aviez la bonté de me la rappeler...
M. Garneau: Est-ce l'intention du ministre de suivre la
recommandation du rapport Parenteau?
Mme Payette: Dans les différentes rencontres que nous
avons eues jusqu'à maintenant avec le CCQ, nous n'avons pas encore
abordé cette question, le CCQ n'ayant probablement pas estimé
qu'il y avait urgence de ce côté.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Garneau: Un instant! En dehors de ce que le CCQ peut penser,
est-ce que le ministre reconnaît la justesse de la recommandation de M.
Parenteau aux fins d'accroître l'aide ou si elle trouve que c'est
exagéré?
Mme Payette: Avant de vous répondre, je devrai
certainement demander l'opinion du CCQ sur le sujet.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Garneau: Ce n'est pas un grand privilège que vous
accordez au mouvement coopératif...
M. Gosselin: J'aimerais demander au ministre de nous expliquer
rapidement les grands traits du programme 1 à la discussion des
crédits.
M. Roy: M. le Président, avant de passer aux programmes,
cela fait un bout de temps que j'ai demandé la parole, puisqu'on parle
de la société de développement coopératif,
j'aimerais tout simplement signaler ici aux membres de la commission un point
de vue de M. Alfred Rouleau, concernant la société de
développement coopératif qui, je pense, devrait être
souligné. Voici comment M. Rouleau voit la société de
développement coopératif: "La société de
développement coopératif jouerait, elle, le rôle de
maître d'oeuvres, d'entrepreneur général, si vous voulez.
Elle serait l'outil d'intervention du mouvement coopératif pour assurer
son développement. L'objectif visé par la SDC serait de favoriser
et de faciliter la création et l'expansion d'entreprises
coopératives susceptibles de s'épanouir au Québec, et ce,
tant dans les secteurs structurés à la fédération
que dans ceux qui ne le sont pas encore. Elle assumerait quatre fonctions
principales: Premièrement, une fonction conseil, en fournissant et en
coordonnant une assistance technique et des services de consultation aux
coopératives. Deuxièmement, une fonction finance, en mettant
à la disposition des coopératives des ressources
financières sous diverses formes. Troisièmement, une fonction
gestion, en assumant temporairement au besoin la gestion partielle ou totale
d'entreprises coopératives en difficulté. Quatrièmement,
une fonction formation, en offrant ou en coordonnant des programmes de
formation par les administrateurs, les cadres et les employés des
associations".
J'aimerais dire qu'à partir de ces grands principes et de ces
grands objectifs que nous propose M. Alfred Rouleau, du mouvement des caisses,
la société de développement coopératif viendrait
dans quelques cas se substituer aux fédérations de caisses
d'épargne, aux fédérations de coopératives lorsque,
par exemple, des caisses ou des coopératives sont en difficulté
et qu'elles doivent, à ce moment, avoir une intervention des
autorités supérieures. Or, on sait très bien que les
fédérations sont la propriété des caisses
affiliées. Les délégués qui siègent aux
fédérations sont nommés par les membres ou les
délégués en assemblée générale. On
sait très bien que c'est de cette façon que le mouvement
coopératif fonctionne, à partir du principe, un homme un vote, ce
qui fait en sorte que le mouvement coopératif est la
propriété de la base, a été la
propriété de la base, est encore la propriété de la
base, et devra toujours être la propriété de la base. C'est
pourquoi j'ai été rassuré ce matin par les propos du
ministre, compte tenu de certains propos et de certaines déclarations
qui ont été faites par certains fonctionnaires du
ministère des Institutions financières et qui laissent planer une
situation de conflit à l'intérieur du ministère. Je
formule le voeu que le ministre pourra rétablir cette situation, de
façon que nos coopérateurs, nos dirigeants de coopératives
puissent se retrouver en sécurité et ne se sentent pas, à
un moment donné, des vieux os qui devraient être au repos sur les
plages du sud.
Or, à partir du moment où on accepterait le principe que
les membres de la société de développement
coopératif seraient nommés par arrêté en conseil,
là, j'ai de sérieuses réserves, parce que, si on poursuit
le principe coopératif et même
le principe d'une saine démocratie, une personne qui est
mandatée à une fonction quelque part, peu importe l'endroit
où elle est mandatée, c'est encore peut-être plus vrai dans
le secteur coopératif, est toujours responsable de son mandat à
ceux qui l'ont élue. C'est un principe fondamental. Je comprends les
préoccupations du ministre ce matin, qui veut que les 550
coopératives qui ne sont pas représentées par des
fédérations qui ne sont pas affiliées aient quand
même droit au chapitre dans cette société de
développement coopératif. J'aimerais lui faire une suggestion,
puisqu'elle en a demandé tout à l'heure.
J'aimerais dire à Mme le ministre que le Conseil de la
coopération du Québec pourrait très bien être
habilité à nommer les deux délégués des
secteurs coopératifs non affiliés pour faire partie de la
société de développement coopératif. S'il doit y
avoir des représentants de l'Etat qui siègent sur cette
société, on ne peut pas faire autrement. Evidemment, c'est la
procédure, ce sont les lois qui le veulent, ces gens doivent être
nommés par arrêté en conseil. Mais les personnes,
majoritairement membres du Conseil, faisant partie de cette
société de développement coopératif devront,
à mon avis, être nommées directement par les mouvements qui
feront partie de la société de développement
coopératif. Cela m'apparaît un principe fondamental, un principe
essentiel pour faire en sorte que cette société de
développement coopératif ne devienne pas une
société d'Etat, ce qui irait à rencontre des objectifs que
le ministre nous a signalés ce matin, selon lesquels la
coopération est la propriété de la base ça
vient d'en bas et que la société de développement
coopératif, qui pourrait se substituer, voire même placer
certaines fédérations en tutelle, puisqu'elle en aurait les
pouvoirs, ne soit pas une grande société d'Etat, dirigée
par l'Etat, contrôlée par l'Etat et au service de l'Etat.
Ce sont les observations, les recommandations et la suggestion que j'ai
à faire à l'honorable ministre, ce matin, en ce qui a trait
à la société de développement coopératif,
ayant travaillé, pendant plusieurs années, dans divers secteurs
du mouvement coopératif au Québec.
Le Président (M. Laplante): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le député, j'en profite pour vous
remercier de l'attention que vous portez particulièrement à ce
dossier. Je vous fais remarquer, cependant, que par respect bien sûr,
pour les lois et pour le droit de l'Assemblée nationale, il
m'apparaît évident que les membres qui composent cette
société mixte soient nommés par le Conseil des ministres,
par le lieutenant-gouverneur en conseil. Je voudrais vous rappeler encore une
fois qu'il n'y a aucun indice dans ce que nous vous présentons indiquant
que le gouvernement ait l'intention de contrôler ce conseil
d'administration. Nous voulons nous assurer, par la nomination de deux membres
du secteur non structuré, que les fédérations n'auront pas
tendance à les oublier ou à les mettre de côté. Nous
tenons à ce que le sec- teur non structuré soit
représenté. Nous demandons au Conseil de la coopération du
Québec de nous soumettre une liste de douze noms, parmi lesquels nous
choisirons deux noms tout simplement pour représenter ce secteur. Il est
bien entendu que ces sept membres, nommés par le CCQ, restent
majoritaires, puisque le reste de la composition... Il y a quatre
fonctionnaires et deux personnes nommées venant, soit du secteur
universitaire, où on s'occupe particulièrement de la
possibilité de développement coopératif, soit d'autres
secteurs qui sont rattachés au mouvement coopératif.
M. Roy: Mais il y a toujours un point, Mme le ministre, et
j'aimerais bien encore attirer votre attention sur ce point, c'est que des
personnes qui sont nommées par arrêté en conseil
deviennent, par la force des choses, et l'expérience passée nous
l'a démontré, dans tous les domaines, les porte-parole de l'Etat.
Qu'est-ce que vous voulez? Ce n'est pas de ma faute, Mme le ministre, M. le
Président, c'est la situation qu'on connaît. Nos traditions et les
habitudes ont toujours fait en sorte qu'on en vienne à des situations de
ce genre. C'est pourquoi j'ai des réserves de ce côté,
énormément, pour ce qui a trait à la nomination de tous
les membres de cette société par arrêté en
conseil.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Champlain. Il passe.
Le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que...
M. Goulet: Une correction. C'est parce que le ministre a dit:
Sept membres nommés par le CCQ. Ne serait-ce pas plutôt cinq, dont
deux parmi la liste des douze?
Mme Payette: Oui, mais c'est aussi une nomination du CCQ,
à partir du moment où ils font la liste des douze.
M. Goulet: Les douze, oui. M. Lalonde: M. le
Président...
M. Garneau: Mais, à ce moment-là, pourquoi ne pas
laisser le Conseil de la coopération nommer, les deux, sur ce conseil,
parce que je souscris en entier...
Le Président (M. Laplante): ...revenir après, on va
laisser parler le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: A deux, trois reprises, le ministre a invoqué
le droit de négocier avec le mouvement, alors... J'aimerais avoir
l'attention du ministre, si c'est possible.
Le ministre a invoqué, je pense, à bon droit, dans une
certaine mesure, qu'on lui laisse la
chance de négocier avec le mouvement coopératif, avec le
CCQ et non pas à la commission parlementaire.
Je ne pense pas que ses propos soient blessants pour la commission
parlementaire, parce que, en fait, c'est vrai qu'il va falloir que la
négociation se fasse, à un certain moment avec le CCQ, mais il
reste aussi que souvent les ministres sont placés dans des situations
où, les négociations n'étant pas terminées, on ne
peut pas tout révéler. C'est exact, quoique nous espérions
que la transparence que le gouvernement invoque assez souvent, surtout avant
l'élection, s'imprime aussi dans cette question.
Ce que je voudrais quand même demander au ministre est ceci: Le
ministre est-il prêt, dans ses négociations, à
défendre farouchement, en refusant de nommer la majorité des
membres de cette société, le principe de l'indépendance du
mouvement coopératif? La négociation est une autre chose. On ne
demande pas de négocier ici, mais le ministre est-il prêt à
considérer favorablement les propos des députés de
l'Opposition, y compris le député de Beauce-Sud, qui a fait, je
pense, un résumé assez clair là-dessus? Le ministre est-il
prêt à le faire?
Je pense que la commission parlementaire a au moins le droit de savoir
cela.
Mme Payette: Je suis toute disposée à assurer cette
commission que mon premier souci est de bien assurer au mouvement
coopératif l'indépendance et le contrôle de la
société de développement coopératif.
Au-delà de cela, je dois également assumer la
responsabilité de voir à ce que le secteur non structuré
soit représenté au sein de cette société de
développement coopératif. Vous savez parfaitement que 550
coopératives ne font pas partie de fédérations. Elles ne
font pas partie non plus du CCQ et je dois m'assurer que le secteur non
structuré y est représenté.
M. Lalonde: Le ministre considérerait-il, à ce
moment, la possibilité d'imposer par la loi que, parmi ces sept membres
qui seraient nommés par le CCQ, il y en ait deux qui viendraient de la
partie non structurée du mouvement coopératif?
Mme Payette: C'est ce que nous faisons...
M. Lalonde: ...qui seraient nommés par le CCQ et non pas
par le gouvernement.
Mme Payette: C'est exactement cela. Nous demandons une liste de
douze noms. Alors, ils seraient nommés par le CCQ.
M. Lalonde: Non pas choisis par le gouvernement, nommés
par le CCQ.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: J'aimerais savoir du ministre si le
CCQ est d'accord sur cette façon de procéder. Avez-vous
des indications du contraire?
Mme Payette: Nous attendons la réponse du CCQ d'ici
quelques jours.
M. Goulet: Vous ne l'avez pas eue encore?
Mme Payette: C'est ce que je suis en train de vous dire depuis le
début. Nous sommes en train de négocier avec le mouvement
coopératif.
M. Goulet: A l'instant où on se parle, le ministre
pourrait-il nous dire si le CCQ semble d'accord sur ce
procédé?
Mme Payette: Cela ne semble pas être sur cette question que
les choses accrochent.
Le Président (M. Laplante): Les membres de cette
commission sont-ils prêts à...? Non?
Discussion générale (suite)
M. Garneau: Non. Quand j'ai commencé à parler tout
à l'heure, j'avais dit que j'avais deux sujets. Voici pourquoi je les
aborde à ce stade-ci. C'est parce qu'il s'agit de deux lois qui ne sont
pas encore présentées et qui s'inscrivent donc dans la politique
générale du ministère. Juste avant de l'aborder, je
voudrais reprendre et faire miens les propos du député de
Beauce-Sud et du député de Marguerite-Bourgeoys et insister sur
les deux points dont j'ai parlé tout à l'heure,
c'est-à-dire assurer le contrôle de la société de
développement coopératif au mouvement coopératif
lui-même en lui permettant de nommer directement et non pas uniquement
faire des suggestions, mais nommer directement. Deuxièmement, je
suggère au ministre de faire en sorte, surtout pour la lancée de
cette société, que le gouvernement n'hésite pas à
mettre une contribution qui, en pourcentage, serait plus élevée
de la part de l'Etat que de la part du mouvement coopératif.
Je voudrais aborder maintenant l'autre question qui était en
discussion surtout cette fois avec le mouvement des caisses populaires, les
caisses d'épargne et de crédit en général. Dans un
discours sur le budget, il y a dix-huit mois, je crois, nous avions
annoncé notre intention le gouvernement de l'époque
d'essayer d'apporter un correctif à l'administration de la Régie
de l'assurance-dépôts.
D'abord, l'intention du gouvernement avait été
établie de la façon suivante: c'est de faire contribuer chacune
des caisses d'épargne et de crédit qui était soumise
à la Régie de l'assurance-dépôts, de les faire
souscrire une prime de 1/30 de 1% du passif aux déposants. Comme le
discours du budget ne peut pas être négocié, pour les
raisons que tout le monde connaît, il y a eu, à la suite de cet
énoncé de politique, des discussions avec les caisses
d'épargne et de crédit, différentes
fédérations, la fédération de Lévis, la
fédération de Montréal, les caisses d'entraide
économique, la fédéra-
tion, la ligue, en fait, tous les organismes d'épargne et de
crédit.
Finalement, on a dégagé un projet qui avait
été accepté par l'ancien gouvernement qui était
relié à la création de fonds de sécurité,
qui établissait, encore là, qui reconnaissait le principe de
l'autogérance des mouvements coopératifs puisque c'est
d'eux qu'il s'agit, la coopération d'épargne et de crédit
et que ces fonds de sécurité devaient être
constitués par une loi de l'Assemblée nationale qui aurait
établi à trois paliers, si ma mémoire m'est fidèle,
les réserves nécessaires pour parer à d'éventuelles
difficultés dans certaines fédérations, dans certaines
caisses, les trois paliers étant de favoriser et d'obliger, sur une
période d'années, la constitution d'une réserve de 3% du
passif aux déposants dans chacune des caisses et, par la suite,
constituer par fédérations la fédération de
Lévis, la fédération de Montréal, la
fédération des caisses d'entraide économique, la ligue et
les quelques autres, j'en oublie un certain nombre; je pense qu'il y en a six
ou sept constituer autant de fonds de sécurité qui auraient
été gérés par les fédérations
elles-mêmes avec un représentant de la Régie de
l'assurance-dépôts, un fonds de sécurité qui aurait
perçu des sommes d'argent qui auraient été
déposées auprès de ce fonds administré par les
fédérations, qui aurait été en proportion du
risque, le risque étant établi suivant la réserve moyenne
de la fédération, de chacune des fédérations
inscrites dans chacune des caisses. Lorsque la moyenne aurait été
de 3% environ, la prime aurait été assez faible; lorsque les
réserves dans chacune des caisses auraient été moins
importantes, la prime aurait été un peu plus grande et ainsi de
suite. Je pense qu'il y avait trois primes qui établissaient trois
niveaux de responsabilité ou de risques différents.
Finalement, il avait été convenu, à ce
moment-là, que le gouvernement verse directement à la
Régie de l'assurance-dépôts une somme qui aurait
été en proportion de l'ensemble du passif aux déposants et
qui était de l'ordre de un soixantième pour cent jusqu'à
ce qu'il y ait d'accumulé au fonds de la Régie de
l'assurance-dépôts un magot de $5 millions à $6 millions
pour permettre à la régie de faire ses opérations et de
pouvoir, dans bien des situations, être capable de corriger avant que le
mal ait été trop répandu.
Ma question est de savoir si c'est l'intention du nouveau ministre et du
nouveau gouvernement de continuer dans cette forme de protection des
déposants au niveau des caisses d'épargne et de crédit,
par le biais des différentes fédérations, et
également de créer ces fonds par un projet de loi dès
cette année ou si d'autres négociations sont en cours ou si le
gouvernement a décidé d'agir différemment.
Mme Payette: M. le Président, M. le député
sera très heureux d'apprendre que le projet de loi est
déjà rédigé. Il sera déposé le plus
rapidement possible à l'Assemblée nationale dans le sens
où il l'a indiqué. Nous envisageons d'amender la Loi de
l'assurance-dépôts en conséquence, dans la plus
brève échéance.
M. Garneau: II y avait eu une très longue discussion
là-dessus et, finalement, l'ancien gouvernement l'avait accepté.
Est-ce que c'est l'intention du nouveau gouvernement de faire cette
contribution à la Régie de l'assurance-dépôts dans
les proportions de un soixantième pour cent?
Mme Payette: Ce n'est pas terminé, nous sommes encore en
train d'étudier cette possibilité.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, quand elle
analyse l'ensemble de la situation de la sécurité des
déposants auprès des caisses d'épargne et de
crédit, est-ce qu'elle favorise personnellement cette création
d'un fonds à la Régie de l'assurance-dépôts et, si
oui, est-ce qu'elle est prête à recommander au gouvernement de
déposer... En fait, qu'est-ce que c'est? C'est environ $900 000?
C'était cela dans les documents qui avaient été
déposés auprès de l'ancien gouvernement. Est-ce que c'est
là l'orientation générale?
Mme Payette: II y a déjà une recommandation que
j'ai eu l'occasion de faire au comité de développement
économique et que je m'apprête à faire au Conseil des
ministres.
M. Garneau: Alors, merci...
M. Lalonde: Alors, cela ferait partie d'un budget
supplémentaire. J'imagine que cela ne doit pas être
reflété ici.
M. Garneau: Si c'est...
M. Lalonde: ... au fonds consolidé.
M. Garneau: Est-ce que c'est l'intention du ministre... Il y
avait eu antérieurement des discussions sur des modifications à
apporter à la Régie de l'assurance-dépôts pour non
seulement faire la communication entre ces fonds de sécurité et
la législation actuelle qui régit la Régie de
l'assurance-dépôts, mais il avait été
également question de transformer la régie dont l'existence
remonte avant la création du ministère, de lui confier un mandat
qui serait davantage relié à une société
qu'à une régie de contrôle uniquement, pour bien
distinguer, en fait, les responsabilités du service, ce qu'on appelle le
SAC, et celui de la régie qui est quand même différent.
Si je comprends bien, une caisse qui veut recevoir des
dépôts doit avoir une charte qui lui vient après
recommandation du conseil de la fédération, plus un permis de la
régie pour bien distinguer les pouvoirs de contrôle et les
pouvoirs de gérance de l'ensemble du mouvement.
C'est dans ce sens, même si la décision n'avait pas
été prise, la question de savoir si c'est une orientation qui est
retenue ou s'il est trop tôt pour pouvoir en parler.
Mme Payette: M. le Président, il n'est pas trop tôt
pour pouvoir envisager, dans un premier temps, d'amender cette loi et, dans un
deuxième temps, une transformation de la caisse de dépôt,
nous avons...
M. Lalonde: ...régie de l'assurance-dépôts.
M. Garneau: La régie de l'assurance-dépôts.
Mme Payette: La Régie de l'assurance-dépôts.
Nous avons déjà fait des nominations pour un an à ce
niveau pour permettre à des personnes de travailler de très
près sur ce dossier.
M. Garneau: Ma dernière question concernant cette
modification globale, est-ce que le ministre pourrait nous dire si elle a
entrepris, avec les autres institutions qui reçoivent des
dépôts et qui ne sont pas reliées au mouvement
coopératif, de déterminer les contributions que ces institutions
devraient faire normalement et devraient verser, c'est-à-dire si on se
base sur le taux qui est établi ailleurs au Canada, ce serait un
trentième pour-cent. Est-ce que les négociations ont eu lieu ou
s'il n'y aura pas de négociations? Est-ce que ce serait une
décision gouvernementale dans le cas des institutions comme les
compagnies de fiducie, par exemple, qui reçoivent des
dépôts?
Mme Payette: II y a eu des négociations déjà
et la réforme sera faite dans les mois qui viennent.
M. Garneau: Merci, Mme le ministre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'aurais un autre point à aborder avant de passer
à l'étude des crédits. J'aimerais savoir quelle est
l'attitude et quelle serait l'attitude du ministère des Institutions
financières et du ministre si le gouvernement devait procéder
à la révision de la Loi des banques, faisant suite naturellement
au livre blanc qui a été publié et qui proposait que
toutes les institutions parabancaires, ce qui inclut évidemment toutes
les caisses d'épargne et de crédit du Québec, soient
assujetties au même régime que les banques, tant pour les fins de
la compensation que pour les fins du maintien des réserves primaires
auprès de la Banque du Canada. Il s'agit là de changements
radicaux par rapport à la situation, évidemment, qui avait
prévalu jusqu'ici.
Etant donné que cette loi peut être adoptée avant le
référendum, que personne ne connaît l'issue du
référendum, j'aimerais savoir quelle serait l'attitude du
gouvernement, du ministère, si jamais le fédéral
décidait de procéder.
Mme Payette: Le ministre des Finances, M. Parizeau, a
déjà fait connaître l'attitude du gouvernement face
à ce projet de loi. J'ai également, pour ma part, pris
connaissance du mémoire qui a été déposé
auprès de la commission parlementaire au fédéral par le
Mouvement coopératif Des- jardins. Pour ma part, je ferai
connaître ma position avant la rencontre
provinciale-fédérale prévue pour le début du mois
de juillet.
M. Roy: Vous allez faire connaître votre position par
déclaration ministérielle à l'Assemblée nationale
ou à la suite des questions que les députés de
l'Opposition pourraient vous poser?
M. Lalonde: Ou aux journalistes avant peut-être?
M. Roy: Voici, il y a quand même quelque chose d'assez
important, je pense que les membres de l'Assemblée nationale devraient
être informés les premiers d'une décision de ce genre.
Mme Payette: De toute façon, vous êtes au courant
que ce projet de loi a été retardé au niveau
fédéral devant l'Opposition farouche venant d'ailleurs d'un peu
partout dans tout le Canada.
M. Roy: Mais j'ai bien hâte de connaître les
intentions et les positions que le ministère des Institutions
financières puisqu'il a la responsabilité de tout le secteur
coopératif à ce sujet, même si on connaît
déjà la position du gouvernement grâce aux
déclarations de M. Parizeau, parce qu'il y aurait quand même
quelque chose en vue de sécuriser et de rassurer le mouvement des
caisses d'épargne et de crédit.
Mme Payette: II serait peut-être intéressant, juste
pour information, de vous faire savoir que des fonctionnaires du
ministère des Institutions financières et du ministère des
Finances ont travaillé ensemble sur la position du gouvernement à
propos de ce projet de loi en particulier.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si elle est
d'accord avec le contenu du mémoire présenté par le
mouvement Desjardins au fédéral?
Mme Payette: Si cela n'est pas vous donner un premier indice de
ce que sera ma position, je peux vous dire que je supporterais volontiers le
mémoire présenté par le mouvement Desjardins.
M. Garneau: Merci.
Le Président (M. Laplante): N'ayant pas d'autre...
M. Saint-Germain: J'aurais une autre question, s'il vous
plaît, avec votre permission, M. le Président. D'habitude, il est
de tradition qu'au début, on s'informe du personnel qui entoure le
ministre, surtout lorsque c'est un nouveau ministre.
Dans le contexte actuel, vu les déclarations du premier ministre
à l'effet que les hauts fonctionnaires devaient nécessairement
avoir une certaine sympathie pour le programme du parti au pouvoir,
relativement surtout à cette question du futur référendum,
le premier ministre, par écrit, leur a fait part que si ce programme les
mettait à la gêne,
qu'il serait bien aise d'avoir leurs commentaires là-dessus.
Nous avons soulevé cette question en Chambre et je crois que
c'est un bris traditionnel, dans les principes qui ont toujours
géré les fonctionnaires. Ces questions ont soulevé
beaucoup d'intérêt parmi la population. C'est la raison pour
laquelle j'aurais des questions à poser relativement à l'ancien
personnel et au nouveau personnel du ministère.
Premièrement, il y a, j'ai ici le journal des Débats de
l'année dernière et ici Mme Bacon, dans le temps,
présentait ceux qui l'entouraient. Il y avait, entre autres, M. Jessop
qui était sous-ministre. Puis-je demander, M. le Président, pour
quelles raisons M. Jessop n'occupe plus son poste? Est-ce parce qu'il se
sentait mal à l'aise dans le contexte actuel ou y a-t-il d'autres
raisons qui puissent expliquer son départ?
Le Président (M. Laplante): Je ne sais pas si c'est
l'habitude de la commission de traiter de cas personnels, mais je laisse au
ministre le loisir de répondre là-dessus.
Mme Payette: M. le Président, d'une part, je dois
m'inscrire totalement en faux quant à la première partie de la
déclaration du député. Il n'a jamais été dit
à qui que ce soit, parmi les hauts fonctionnaires, qu'ils devaient
être d'accord avec les idées du parti, ou appartenir au parti, ou
faire une manifestation de foi au parti. Donc, il ne faut absolument pas
continuer de véhiculer des choses comme celles-là qui ont
été démenties, de façon officielle d'ailleurs.
Dans un deuxième temps, il est vrai que M. Albert Jessop
était le sous-ministre en titre au ministère dont je suis
maintenant responsable. M. Jessop est un homme pour qui j'ai beaucoup
d'admiration et il ne me serait jamais venu à l'esprit, à quelque
moment que ce soit, de nier sa compétence.
Après des conversations entre lui et moi, au moment de mon
arrivée au ministère, M. Jessop m'a exprimé sa
difficulté de recommencer, encore une fois, l'étude d'un dossier
qui lui sortait par les oreilles disait-il
l'assurance-automobile. Il faut dire que l'ancien gouvernement avait
effectivement mis tellement de temps à faire évoluer ce dossier,
qu'on avait redemandé et redemandé, et au sous-ministre et aux
fonctionnaires, de retravailler sur les mêmes chiffres et les mêmes
formules, pour en tirer, très souvent, ce qui convenait à
l'ancien gouvernement. M. Jessop m'a avoué tout simplement que
c'était un peu au-dessus de ses forces de recommencer à
réétudier le dossier de l'assurance-automobile et nous avons
convenu, d'un commun accord, que dans les circonstances, il souhaiterait
être remplacé, ce qui a été fait, le plus rapidement
possible, par la suite.
M. Saint-Germain: Quand M. Jessop a-t-il donné sa
démission, dans ces conditions? Est-ce qu'il a donné sa
démission?
Mme Payette: M. Jessop a donné sa démis- sion au
premier ministre et il a été remplacé, selon son
désir, dans les jours ou les semaines qui ont suivi.
M. Saint-Germain: Mais à quelle date à peu
près a-t-il laissé le...?
Mme Payette: Le nouveau sous-ministre est entré en
fonction au début du mois de février. Cela se situe entre fin
novembre et janvier, février.
M. Saint-Germain: Et dans l'ancien cabinet, où est rendu
le personnel qui était au service de l'ex-ministre.
Mme Payette: Je dois vous dire qu'à mon grand scandale,
j'ai découvert que, pendant un certain temps, ces personnes
étaient payées à ne rien faire chez elles, pour apprendre
par la suite qu'on avait réussi à recaser la plupart d'entre
elles, je crois. Je ne saurais vous dire exactement dans quel
ministère.
Je pense que certains membres du cabinet précédent sont
maintenant attachés à la Commission des accidents du travail.
M. Saint-Germain: Vous ne les avez pas remplacés? Ils
n'ont pas été remplacés, je suppose, M. le
Président?
Mme Payette: Les membres du cabinet?
M. Saint-Germain: J'entends les gens qui étaient là
à ne rien faire. On les a congédiés sans les remplacer? On
les a...
Mme Payette: On ne les a pas congédiés, monsieur,
parce que l'ancien gouvernement les avait intégrés à la
fonction publique.
M. Saint-Germain: Oui, c'est juste.
Mme Payette: Ces personnes sont devenues des fonctionnaires et
elles ont été recasées selon leur compétence.
M. Saint-Germain: En partant de là, on ne les a pas
remplacées?
Mme Payette: On a remplacé, très certainement, des
membres du cabinet qui ne sont pas cependant des permanents et qui ne font pas
partie de la fonction publique.
M. Saint-Germain: Non, mais je croyais, vu que ces gens
étaient à ne rien faire, comme vous affirmez, qu'il
n'était pas nécessaire de les remplacer par d'autres
personnes?
M. Bisaillon: Est-ce un débat sur la permanence des
cabinets politiques?
M. Saint-Germain: Non, je crois qu'il y a quelque chose...
M. Bisaillon: Cela pourrait être intéressant comme
discussion.
M. Saint-Germain: II y a un facteur aussi qui est très
important. C'est que je crois que, traditionnellement et malheureusement,
lorsqu'un nouveau gouvernement est élu c'est arrivé en
1970 comme en 1973 et comme actuellement tout le personnel est
dérangé et bien souvent mis sur les tablettes, comme on dit
communément. Comme les anciens ministres sont entourés de gens en
qui ils ont confiance et que ces personnes sont demeurées au
gouvernement assez longtemps pour avoir droit à la permanence, il arrive
en fait qu'avec un changement de gouvernement on mette sur les tablettes des
gens qui sont très bien rémunérés et qui, bien des
fois, n'ont absolument rien à faire ou, s'ils ont certaines
responsabilités, sont surpayés, relativement aux
responsabilités qu'ils ont.
M. Bisaillon: Est-ce que le député admettrait avec
moi que la question fondamentale est de savoir si du personnel de cabinet
politique devrait être intégré dans la fonction publique
par la suite? C'est la question de fond. Ce que je demande au
député, c'est s'il est prêt à faire cette
discussion.
M. Lalonde: Oui, on est prêt à faire cette
discussion. Ecoutez...
M. Bisaillon: Si c'est cela qu'il veut faire, c'est un autre
problème. Cela ne regarde pas les changements de personnel.
M. Lalonde: C'est le député de Sainte-Marie qui
soulève la question. On veut simplement s'en tenir à ce
ministère-ci, mais on peut faire un débat de fond, si la
commission le veut.
M. Bisaillon: Cela semble être le genre d'intervention du
député de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! On va laisser continuer le député de...
M. Lalonde: Si le député me permet, avant de
continuer, parce que le ministre a déclaré son grand
scandale...
Le Président (M. Laplante): M. le député
de... M. Lalonde: Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laplante): ... Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci!
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier, s'il vous plaît, continuez votre intervention.
M. Saint-Germain: Si vous n'avez pas d'objection, je peux bien
lui laisser...
Le Président (M. Laplante): J'ai objection. C'est qu'il y
a des réponses à avoir du ministre à vos questions.
M. Saint-Germain: Je continue. Il est vrai que la
permanence...
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement. C'est la première fois que je vois, soit ici, soit
à une autre commission parlementaire, ou même en Chambre, un
président refuser à un député de prêter de
plein consentement sa parole à un autre député.
Le Président (M. Laplante): II y a une première
fois dans toute chose, M. le député.
M. Lalonde: J'espère que cela ne se répétera
pas souvent.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ce précédent date d'avant 1970.
On a créé le précédent, un précédent
voulant que ceux qui sont au service d'un ministre pendant un laps de temps
assez long soient intégrés à la fonction publique, au bout
d'un an, et qu'ils deviennent des employés permanents. Comme je disais,
ces employés sont bien souvent dispersés ici et là dans la
fonction publique, à ne rien faire ou à travailler à des
tâches qui n'exigent pas le revenu qu'ils ont.
A tous les changements de gouvernement, cette situation coûte des
millions et c'est le bon mot, ce sont des millions, à la fonction
publique. Je crois que...
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Est-ce que vous considérez, comme président, que les propos du
député de Jacques-Cartier demandent une réponse du
ministre actuellement, jusqu'à maintenant?
Le Président (M. Laplante): Ce que je considère
actuellement, c'est qu'il est midi, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, et que j'ajourne la séance sine die.
M. Lalonde: Non seulement, vous ne voulez pas... Vous voulez nous
bâillonner.
Le Président (M. Laplante): On continuera
après.
(Suspension de la séance à 12 heures)
Reprise de la séance à 16 h 7
Le Président (M. Laplante): La commission continue
l'étude des crédits du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
Les membres de la commission sont MM. Beauséjour (Iberville),
Bisaillon (Sainte-Marie), Gagnon (Champlain), Gosselin (Sherbrooke), Goulet
(Bellechasse), Laberge (Jeanne-Mance), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Landry
(Fabre), Larivière (Pontiac-Témiscamingue), Lefebvre (Viau),
Marois (Laporte), Marquis (Matapédia), Payette (Dorion), Raynauld
(Outremont) remplacé par Garneau (Jean-Talon); Roy (Beauce-Sud); Russell
(Brome-Missisquoi) remplacé par Fontaine (Nicolet-Yamaska);
Saint-Germain (Jacques-Cartier), Vaillancourt (Jonquière).
Je crois, M. Saint-Germain, que vous aviez la parole lors de la
suspension des travaux.
M. Saint-Germain: Merci, M. le Président. Pour reprendre
ce qu'on disait avant le lunch, j'étais à dire qu'au niveau des
divers ministères, surtout au tout début d'un nouveau
gouvernement, on engageait un personnel nouveau et qu'habituellement, on
déplaçait l'ancien. Ce n'est pas en principe une chose
inconcevable que ceci puisse se faire. Ce qui est moins concevable, c'est que
les gens qui ont un an de service tombent sous les lois de la Fonction
publique, deviennent permanents et, lorsqu'on change de ministre, ces gens sont
bien souvent, comme on dit communément, mis sur les tablettes à
des salaires de $25 000 quelquefois et des fois plus ou on leur donne d'autres
responsabilités, bien souvent des responsabilités
inférieures à leurs responsabilités anciennes et avec des
salaires aussi élevés.
Ces mises en tablette, si je puis dire, durent quelquefois des mois,
sinon des années. Si on avait fait une étude, au niveau du
gouvernement, pour compter combien ces gens ont coûté aux
contribuables, on en serait probablement estomaqué. C'est pour cette
raison que j'avais des questions à poser au sujet de l'ancien cabinet.
J'avais commencé par le sous-ministre en titre qui a été
déplacé et je voulais demander au ministre si M. Jessop est
encore au service du gouvernement. Si oui, où est-il, quelles sont
maintenant ses responsabilités et quel salaire reçoit-il
actuellement?
Mme Payette: M. le Président, en réponse au sujet
de M. Albert Jessop, ex-sous-ministre au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, il est le
président-directeur général de la Régie des
entreprises de construction.
Je voudrais faire remarquer au député de Jacques-Cartier
qu'il fait une erreur dans sa définition du sous-ministre et du cabinet.
Il semble y avoir une confusion dans son esprit au niveau de ce que sont l'un
et l'autre. Je pense qu'il est important de clarifier la situation. Un
sous-ministre n'est pas membre du cabinet du ministre et je pense qu'il est
bien compris de la population que le cabinet se compose essentiellement de
personnel politique.
Si on peut s'inquiéter du fait, effectivement, que les anciens
cabinets de l'ancien gouvernement soient devenus des membres de la fonction
publique, avec les difficultés que cela peut poser quant à la
possibilité de leur confier des responsabilités, de les
évaluer, selon leur véritable valeur, je pourrais cependant vous
dire immédiatement que les membres de mon cabinet m'ont
déjà fait savoir qu'ils n'accepteraient pas cette proposition de
devenir fonctionnaires avec les années qui vont passer.
M. Saint-Germain: Un instant s'il vous plaît. Ma
déclaration a peut-être porté à confusion. Comme le
reste de la population, je sais bien qu'il y a une différence entre le
sous-ministre et les membres du personnel du cabinet. Nous reviendrons sur ce
sujet.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que le ministre
reconnaît qu'à compter du 25 novembre 1976, la
responsabilité appartenait au gouvernement de trouver des fonctions aux
fonctionnaires, y compris ceux qui faisaient autrefois partie de cabinets de
ministres. Ce matin, le ministre a dit que c'était un grand scandale.
Naturellement, je ne pense pas que ce soit ici l'endroit pour faire un
débat, quoique nous pourrions l'accepter si on décidait d'en
faire un, le ministre pourra vérifier auprès des instances du
gouvernement au niveau du cabinet du premier ministre, que c'est avec le
consentement des représentants du gouvernement que les transferts de
personnel des anciens cabinets ont été faits, sauf qu'il ne faut
quand même pas exagérer. Dans certains cas, cela peut amener des
exagérations ou des abus, mais dans la mesure du possible, on tente de
trouver des emplois à ces gens-là le plus tôt possible.
Mais c'est vrai qu'il y en a qui traînent trop longtemps sur les
tablettes et à qui on ne trouve rien.
Je voulais simplement rectifier que c'était avec le consentement
du nouveau gouvernement que tous ces déplacements ont été
faits et qu'il appartenait au nouveau gouvernement de trouver des emplois, des
postes, du travail, pour ces fonctionnaires.
Mme Payette: M. le Président, je voudrais simplement
souligner au député de Marguerite-Bourgeoys que c'est la
responsabilité du ministère de la Fonction publique de faire ce
"recasement", si vous me permettez le mot, et que je n'en ai absolument pas la
responsabilité, même au niveau du ministère.
M. Lalonde: J'ai bien dit du gouvernement et non pas du
ministère. Il arrive, par exemple, que les nouveaux ministres fassent
des démarches pour tenter de faire en sorte que ces gens-là ne
restent pas trop longtemps sur des tablettes. On
pourrait demander au ministre si de telles démarches ont
été faites au niveau du ministère.
Mme Payette: J'estime que cela n'est pas ma responsabilité
de le faire. Je ne connais absolument pas les membres du cabinet qui
étaient en fonction avant mon arrivée au ministère. Je
pense que c'est d'ailleurs même souhaitable de ne pas les
connaître, si bien qu'ils ont pu réintégrer d'autres postes
dans la fonction publique et qu'en ce qui me concerne, si j'ai affaire à
eux, je ne saurai même pas qui ils sont.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut nous dire qui fait partie
du personnel politique de son cabinet actuellement, en donnant les noms et les
niveaux de salaire?
Mme Payette: Mon chef de cabinet vous a été
présenté ce matin. Il s'agit de M. Jacques Desmarais.
M. Lalonde: Si le ministre préfère déposer
un document avec une liste et les salaires, je sais que cela se fait
parfois.
Mme Payette: Si vous permettez, je vais vous donner les noms,
parce que je ne voudrais faire d'erreur au niveau des salaires, et je
déposerai un document pour votre information.
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: En ce qui concerne l'identité de chacun, le
chef de cabinet est Jacques Desmarais. J'ai comme personnel à
Québec deux secrétaires particuliers, Jean Fournier et Nicole
Messier, une attachée de presse, Nicole Beauchemin, et un
secrétaire particulier adjoint, dans le comté de Dorion, Michel
Marchand.
M. Lalonde: Si vous permettez, j'ai eu le temps de prendre Jean
Fournier, secrétaire particulier adjoint, j'imagine.
Mme Payette: C'est exact. Nicole Messier.
M. Lalonde: Nicole Messier, aussi secrétaire
particulière adjointe, et...
Mme Payette: Nicole Beauchemin, attachée de presse.
Voulez-vous leur numéro de téléphone aussi?
M. Lalonde: Je n'ai pas besoin de cela.
Mme Payette: Et, à Montréal, dans Dorion, Michel
Marchand.
M. Saint-Germain: Sans avoir leur numéro de
téléphone, il serait peut-être utile tout de même
d'avoir la date de leur engagement, l'emploi antérieur qu'ils ont
occupé, le salaire antérieur qu'ils avaient, leur curriculum
vitae enfin, je suppose qu'ils ont été engagés sur
certaines garanties passées le salaire actuel, comme de raison,
et la fonction dans le cabinet. Je suppose bien que ce sera inclus dans ce
document.
Mme Payette: C'est cela. Je vous fournirai le document
écrit avec tous ces détails.
M. Saint-Germain: Est-ce que, dans le document, il y aura une
réponse aux questions que je viens de vous poser?
Mme Payette: Les questions étant à savoir
quels...
M. Saint-Germain: La date d'engagement. Mme Payette: C'est
cela, oui, ce sera complet. M. Saint-Germain: Entendu. M. Clair:
M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. Clair prend la place de M.
Gagnon (Champlain). M. Clair.
M. Clair: Exactement. M. le Président, c'était
simplement pour vous demander effectivement l'autorisation de remplacer le
député de Champlain pour la séance d'aujourd'hui...
Le Président (M. Laplante): Vous m'en avez avisé
aussi.
M. Clair: ...si le consentement est unanime...
M. Lalonde: Vous n'en avez même pas besoin, je pense.
Le Président (M. Laplante): Non, pas besoin, pour autant
qu'il prend la place.
M. Roy: D'autant plus qu'il siège du côté de
l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je ne vous ai pas demandé la parole.
M. Saint-Germain: Est-ce que je peux continuer?
Le Président (M. Laplante): D'accord, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Au point de vue du personnel de bureau,
maintenant, est-ce que vous avez le même personnel que celui de l'ancien
cabinet?
Mme Payette: Sensiblement le même, sauf la
secrétaire qui m'est attachée directement et qui vient d'un autre
bureau, parce que l'autre avait manifesté le désir d'un
changement.
M. Saint-Germain: Est-ce que, dans ce docu-
ment, vous nous indiquerez les nouveaux arrivés et les
réponses aux mêmes questions?
Mme Payette: II y a eu, si cela peut vous rassurer cependant, M.
le député de Jacques-Cartier, très peu de changements au
niveau de ce bureau.
M. Saint-Germain: Très bien. Vous nous avez fait part tout
à l'heure que les nouveaux arrivés, c'est-à-dire ceux qui
font partie de votre nouveau personnel, refusent la permanence. Est-ce qu'ils
ont, à cet effet, signé un document établissant clairement
que, dans l'avenir, automatiquement, ils ne pourront pas se réclamer, si
vous voulez, des bénéfices que leur accorde la fonction
publique?
Mme Payette: Pour l'instant, nous nous en sommes tenus à
un engagement oral de leur part. Ils ont fait savoir leur conviction, en ce qui
les concerne, mais cela ne veut pas dire que c'est une règle
générale pour tous les cabinets, qu'il ne semble pas utile ou
souhaitable qu'un cabinet politique puisse entrer dans la fonction publique
sans passer les concours au niveau auquel ils sont admis comme cabinet.
En personnes responsables, ce que j'estime qu'ils sont tous, ils m'ont
priée de ne pas faire les démarches nécessaires à
aucun moment pour qu'ils soient intégrés à la fonction
publique.
M. Lalonde: II y en avait dans les anciens cabinets qui ont
refusé la permanence.
M. Bisaillon: II y avait du monde...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Sans être avocat, je me demande bien si
une promesse donnée verbalement au ministre est amplement suffisante
pour soustraire...
Mme Payette: Elle n'est déjà plus verbale, à
partir du moment où elle est dite ici.
M. Lalonde: Oui, d'ailleurs, le ministre va s'apercevoir
qu'automatiquement, à cause de la mécanisation
peut-être que ces fonctionnaires pourraient apporter des
précisions là-dessus des demandes leur seront
adressées, soit pour reconnaître la permanence. Ils devront
régulièrement refuser.
Mme Payette: Refuser.
M. Lalonde: Alors, on verra à l'avenir le sérieux
de leur engagement.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander à Mme le ministre de commencer à nous expliquer, par un
exposé sommaire, le programme 1, concernant la protec- tion du public
dans les programmes d'action de son ministère, pour les crédits
à adopter pour l'année 1977/78?
Le Président (M. Laplante): Mme le ministre.
Protection du public
Mme Payette: M. le Président, le programme 1 concerne
exclusivement l'Office de la protection du consommateur dont la mission est la
suivante: L'Office de la protection du consommateur est un organisme
gouvernemental dont les principales tâches sont de surveiller
l'application de la Loi de la protection du consommateur et de ses
règlements, recevoir les plaintes des consommateurs, les éduquer
et les renseigner sur les mesures de protection dont ils peuvent
bénéficier, promouvoir et aider les mouvements visant à
protéger le consommateur, coopérer avec eux et avec les
ministères ou organismes gouvernementaux en cette matière.
J'ai déjà eu l'occasion de dire ce matin l'importance que
nous donnons au ministère à la protection du consommateur. J'ai
expliqué que nous travaillons présentement à la mise au
point, non seulement d'une nouvelle loi de protection du consommateur, mais de
ce que nous pensons devoir devenir un code de la protection du consommateur et
qu'il faut prévoir, sinon dans un avenir rapproché, du moins
quand le projet de loi aura été déposé,
étudié et adopté par l'Assemblée nationale, une
expansion de l'Office de la protection du consommateur. Cela n'interviendra,
bien sûr, que vraisemblablement à la fin de l'automne, au
début de 1978, mais déjà l'office a joué un
rôle important en termes d'éducation, en termes de protection du
consommateur et est appelé à prendre de l'expansion avec
l'arrivée d'une nouvelle loi de protection du consommateur.
M. Saint-Germain: M. le Président, je n'avais pas
terminé. Je croyais que le député voulait demander des
questions supplémentaires sur...
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le
député de Jacques-Cartier. Nous sommes à
l'élément 1 du programme. Peut-être que vous retrouverez
à l'intérieur le moment propice de reposer la question que vous
voulez poser en commençant l'étude des crédits. Je n'ai
pas eu d'objection à la question du député de Sherbrooke
sur l'élément 1. Le ministre a répondu. Maintenant, si
vous avez des questions à poser sur l'élément 1, je crois
que vous trouverez bien le tour de les poser sans revenir en
arrière.
M. Lalonde: M. le Président, peut-être une question
de règlement. Vous chercherez, comme nous, dans le document qui a
été déposé, le programme qui va nous permettre de
poser des questions, par exemple, sur l'assurance-automobile, mais je ne l'ai
pas vu. J'ai parcouru le document et il n'y est pas, parce que c'est un projet
qui n'est pas inscrit actuellement dans les budgets, comme on a parlé ce
matin de la Société de développe-
ment coopératif, etc. Alors, on va être
empêché de discuter ici de cette question importante, si on suit
d'une façon rigide ce que vous semblez nous décrire.
Le Président (M. Laplante): Sans vous donner d'une
façon rigide ce que j'ai à vous décrire, je crois que dans
les institutions financières, vous pourrez vous retrouver et poser des
questions à ce moment, parce que cela concerne les assurances. Si je
comprends bien, les assurances font partie des institutions
financières.
M. Bisaillon: M. le Président, si vous permettez, voici la
façon dont je juge cela. Il y a une question qui a été
posée et on demandait au ministre de faire le tour uniquement du
programme 1. Si on permettait de terminer la réponse sur le programme 1,
vous pourriez revenir par la suite avec les questions sur
l'assurance-automobile ou sur d'autres choses. Admettez avec moi que c'est la
première question qu'on pose. On ne pourrait même pas terminer une
réponse.
M. Lalonde: Non, en fait...
M. Bisaillon: Si on terminait la réponse sur le programme
1, on pourrait revenir tout de suite après.
M. Lalonde: En fait, c'est simplement une question de
procédure, mais je ne veux pas en faire une question de fond. La
réponse du président semblait indiquer qu'à compter du
moment où commence la discussion spécifiquement sur un programme,
on doive se rendre jusqu'à la fin du programme et s'en tenir simplement
aux sujets qui sont inscrits.
A ce moment-là, on se trouverait à limiter la discussion.
C'est pour ça que le député de Jacques-Cartier a
soulevé la question, à savoir que lui avait l'intention de parler
de l'assurance-automobile, qui n'est pas inscrite comme telle dans les
programmes. On se trouverait à être un peu limité ou,
presque bâillonné sur cette question.
C'est pour ça que j'ai soulevé la question, M. le
Président, ou, enfin, si la suggestion du député de
Sainte-Marie est acceptée par le président, à ce
moment-là, on pourra, après le programme 1, si le
député de Jacques-Cartier accepte cette façon de
procéder, passer aux questions générales.
Le Président (M. Laplante): Moi, je maintiens la
décision d'étudier le programme 1 et, lorsque le programme 2
viendra, si vous avez l'occasion de placer vos questions je connais
l'habileté des membres de cette commission à vouloir poser une
question je les accepterai, à ce moment-là, pour autant
que ça tombe dans l'élément qui s'y trouvera.
Vous avez l'élément 1, actuellement, je crois qu'un membre
a posé une question et je dois la respecter. Vous avez les institutions
financières, je crois. Vous pouvez poser toutes les questions au point
de vue des assurances là-dedans. Ce sera complètement ouvert.
M. Saint-Germain: M. le Président, je vous demande une
information. A quel endroit pourrions-nous discuter du livre vert pour une
réforme de l'assurance-automobile? Vous n'êtes pas sans savoir que
c'est une question extrêmement importante que nous aimerions discuter
longuement. Il y a bien des données qui nous manquent. Nous avons vu,
cet après-midi, à l'Assemblée nationale, que les
réponses étaient extrêmement difficiles à obtenir.
Nous voulons aller au fond des choses.
Je vous demanderais quand on pourra discuter ce...
Le Président (M. Laplante): Je peux vous répondre
tout de suite, avant d'aller plus loin, au programme 3, service des
assurances.
M. Saint-Germain: Alors, nous discuterons ça au programme
3, service des assurances.
Maintenant, M. le Président, il est de coutume, lorsqu'on change
de programme, de donner à l'Opposition officielle l'occasion de poser la
première question. C'est une longue tradition...
Le Président (M. Laplante): II me fera plaisir de vous la
donner, parce que je n'ai pas donné...
M. Saint-Germain: Je vois que vous avez laissé à
d'autres le soin d'entamer le nouveau programme et je ne voudrais pas, M. le
Président, que vous considériez ce...
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse de ne pas
être d'accord avec votre jugement, M. le député de
Jacques-Cartier. La question a été posée par le
député de Sherbrooke pour expliquer le programme 1 au ministre.
Maintenant, c'est à vous la première question sur le programme
1.
M. Saint-Germain: Je voudrais bien, M....
Le Président (M. Laplante): Je vous la donne, monsieur,
sans...
M. Saint-Germain: M. le Président, je voudrais bien
soulever une question de règlement et je voudrais bien éclaircir,
une fois pour toutes, cette situation.
Vous savez comme moi que tous les députés ici, sur chaque
élément, sur chaque sujet discuté, ont le droit de poser
des questions. Seulement, lorsqu'on attaque un sujet, il est normal pour un
député qui prend la parole de poser la question relativement au
sujet qui est présentement en discussion. Voilà que je laisse la
parole à un député qui a bien le droit de parler, mais qui
aurait dû maintenir ses observations sur le sujet qui est en
discussion.
Le Président (M. Laplante): Je vous donne la parole...
M. Saint-Germain: Et voilà qu'à ma grande surprise,
on passe à un élément suivant...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier, vous avez le privilège de poser la première
question sur le programme 1. Il n'y a pas eu de questions de posées
encore là-dessus et je vous donne le privilège d'en poser, tel
que vous le stipulez, tel que vous voyez votre règlement
actuellement.
M. Gosselin: M. le Président, si le député
de Jacques-Cartier n'a pas de questions à poser, j'en aurais une.
Le Président (M. Laplante): C'est au député
de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je voulais simplement, M. le Président,
continuer la discussion sur les questions que j'avais à poser au
ministre, et je ne vois pas pourquoi, par le fait qu'un député du
gouvernement ait à poser une question, ça m'enlève le
privilège de continuer la discussion que j'avais amorcée.
M. Gosselin: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Vous avez des questions
à poser, M. le député, est-ce que vous prenez votre tour
ou si je dois passer à un autre?
M. Bisaillon: Bien oui, sur le programme 1... Le
Président (M. Laplante): Le député de... M.
Gosselin: ... trois questions.
M. Saint-Germain: J'ai certainement des questions à
poser.
Le Président (M. Laplante): J'attends vos questions, M. le
député de Jacques-Cartier, si vous voulez vous servir de votre
privilège.
M. Saint-Germain: Quelle est la politique de Mme notre nouveau
ministre sur la protection accordée aux consommateurs?
M. Gosselin: ...question.
M. Saint-Germain: Très bien. Peut-être qu'elle
pourrait expliciter un peu plus, de façon que...
M. Gosselin: Sur quels sujets particuliers? M. Saint-Germain:
Sur la politique générale.
M. Gosselin: J'aurais une question spécifique, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vous donnerez votre nom, comme
tout le monde. Lorsque votre tour viendra, je vous donnerai la parole.
M. Saint-Germain: Le ministre aurait-il quelque chose à
ajouter? Voudrait-il expliciter un peu plus?
Mme Payette: Je ne sais pas, M. le député... C'est
une question que vous posez maintenant? Me demandez-vous de dire ce que j'ai
l'intention de faire?
M. Saint-Germain: La politique que vous vous apprêtez
à mettre en vigueur pour la protection du consommateur du
Québec.
Le Président (M. Laplante): Si je comprends bien, M. le
député de Jacques-Cartier, vous voulez, au programme 1, lui poser
cette question. C'est ce que vous voulez?
M. Saint-Germain: Bien oui.
Le Président (M. Laplante): Bon! Le ministre.
Mme Payette: Je m'excuse, M. le Président. Ce n'est pas
formulé sous forme de question. Je suis prête à
répondre à toute question, si vous voulez formuler une
question.
M. Saint-Germain: II me semble que ma question est bien claire.
Depuis le temps que vous êtes ministre, je suppose que vous avez
établi certaines priorités, et si la protection du consommateur
est une de celles-ci, je voudrais bien que vous puissiez nous dire ce que vous
prétendez apporter pour protéger le consommateur dans
l'année qui vient.
Mme Payette: Si vous permettez, j'aimerais vous rappeler qu'au
cours des mois qui viennent de se terminer, l'Office de la protection du
consommateur a participé à une campagne d'éducation au
niveau de la consommation, qui a été établie en
collaboration avec le mouvement coopératif et qui a permis à
l'office de mieux faire connaître son existence d'abord, de mieux
s'implanter dans la réalité québécoise et de faire
savoir aux consommateurs que l'office était disponible dans les huit
capitales régionales du Québec pour répondre aux besoins
des consommateurs.
Je vous ai également dit depuis ce matin que nous sommes
présentement, au ministère, à travailler à la mise
en place d'un code de protection du consommateur. Je vous ai même
annoncé que nous espérions être en mesure de
présenter ce projet de loi à l'Assemblée nationale, sinon
au mois de juin, du moins le plus rapidement possible à la
rentrée et que nous espérions que ce projet de loi serait
adopté avant la fin de 1977.
La loi dont nous disposons actuellement, qui est la loi no 45, qui a
été adoptée en 1971, nous paraît largement
désuète. Elle laisse place à des abus que nous avons
l'intention d'essayer de corriger. Elle ne remplit plus les besoins de
protection du consommateur, surtout si on comprend bien le développement
qui s'est effectué, non seulement depuis 1971 cela remonte bien
avant
cette époque mais encore plus rapidement depuis 1971, des
media électroniques d'information et de publicité, qui ont
largement contribué à une disproportion entre les moyens dont
disposent les producteurs de biens et les moyens de défense dont
disposent les consommateurs, qui sont complètement à la merci de
techniques de marketing, de techniques de publicité, et qui ne peuvent
plus, comme cela a peut-être déjà été le cas
dans les temps anciens, simplement se fier à leur bon sens et qui ont du
mal à évaluer probablement correctement leurs véritables
besoins.
Nous estimons que le public a besoin, pour une meilleure protection,
d'une loi plus complète, d'une loi mieux adaptée aux besoins de
notre époque et nous estimons également que l'Office de la
protection du consommateur aura à être le maître d'oeuvre de
la réalisation et de l'application de cette loi et qu'on ne peut pas
penser que l'office jouera le rôle d'ombudsman, mais il aura très
certainement le rôle d'éducateur et de protecteur du citoyen dans
le secteur dont nous discutons.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, dans le programme 1, si on
parle de la taxe sur la publicité, je pense que ces revenus, sur ce
plan, devaient être appliqués à la protection du
consommateur. J'aimerais savoir du ministre comment cela va être
utilisé et à quelles fins cela va servir. A la publicité,
aux engagements personnels, à la recherche? Quels seront les secteurs
où le ministère exercera son activité grâce à
ce supplément de revenus? Deuxième partie, si vous voulez, de ma
question, ces revenus ne serviraient-ils pas à financer la mise sur pied
de la future société de développement des
coopératives, par exemple? Le ministre des Finances a parlé d'un
revenu supplémentaire de $2 millions, mais je pense que, suite à
la question du chef de l'Union Nationale en Chambre, on peut prétendre
que ce ne sera pas $2 millions, mais cela va peut-être être dix,
quinze et même 100 fois supérieur à cela, d'après
les revenus calculés.
Mme Payette: M. le député de Bellechasse, ce n'est
pas que je ne souhaite pas répondre à votre question, mais je
pense qu'il faudrait vous adresser à la commission parlementaire qui
étudie les crédits du ministère du Revenu, puisque je
n'ai, pour l'instant, aucune autorité dans ce que nous discutons.
M. Goulet: Oublions les chiffres, si vous le voulez bien. A
quelles fins cela sera-t-il utilisé, parce qu'on nous a dit que ce
serait utilisé essentiellement pour la protection du consommateur?
Oublions les chiffres. Que ce soit $2 millions ou $5 millions, à quelles
fins cela sera-t-il utilisé? Pour de la publicité, des
engagements personnels, de la recherche? Où le ministère va-t-il
diriger ses activités avec cet argent, ce supplément de
revenus?
Mme Payette: Ce qu'on peut...
M. Goulet: Oublions les chiffres, que ce soit $2 millions,
mais...
Mme Payette: Ce qu'on peut prévoir pour l'instant, c'est
qu'avec une nouvelle législation et je vous ai expliqué
à quel point le champ sera élargi on peut penser
effectivement que ce revenu supplémentaire pourrait être, dans
l'avenir, affecté aux frais de l'Office de la protection du consommateur
pour lui permettre de développer sa présence partout au
Québec, continuer ce qu'il a toujours fait, c'est-à-dire
l'éducation populaire des consommateurs face à la
publicité qui les assaille sans arrêt.
M. Goulet: Est-ce que cela pourrait aller à engager
si vous me le permettez, M. le Présiden t par exemple,
j'appellerais cela un professeur itinérant, qui serait dans les
écoles? Jusque là, jusqu'à... Non.
Mme Payette: Si vous me le permettez, M. le député,
au niveau de l'éducation, dans le fond, ce que nous visons à
l'office, ce n'est pas de remplacer tout le réseau d'éducation
qui existe actuellement, mais c'est plutôt d'être en mesure
d'offrir au réseau d'éducation le matériel audio-visuel,
le matériel écrit nécessaire pour que l'ensemble des
professeurs, dans le réseau actuel, puisse donner l'éducation au
consommateur. Cela serait notre optique plutôt que d'engager une
armée de professeurs itinérants auxquels vous faites
allusion.
M. Goulet: Fournir du matériel didactique, par exemple,
à l'intérieur des programmes d'enseignement actuels.
Mme Payette: Pour se servir des ressources des professeurs
actuellement.
M. Goulet: D'accord, cela répond à ma question.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Mme le ministre, dans le document que vous nous
avez remis, vous faites état de programmes de campagnes publicitaires
qui ont été réalisés dans le passé. Est-ce
qu'au niveau de votre ministère il y a eu des études de faites
sur l'impact de ces programmes publicitaires quant aux consommateurs? Est-ce
que vous avez l'intention de reprendre ces expériences et, si oui,
quelles sont les sommes d'argent qui y seront affectées?
Mme Payette: Ce que je peux vous répondre pour ma part,
c'est que nous avons été très satisfaits de cette campagne
qui a été faite. M. Meunier va vous donner les détails des
résultats de la campagne, si vous le permettez.
Il y a eu un sondage qui a été fait, dont on a obtenu des
résultats préliminaires, qui démontrent
que 83% des Québécois ont entendu parler de cette
campagne. En fait, on n'a que des chiffres préliminaires, mais le taux
de rétention pour ces personnes qui ont entendu parler de la campagne
apparemment est parmi les plus élevés qu'on ait connus pour ce
type de campagne.
M. Bisaillon: Ce qui voudrait dire que cela se chiffrerait autour
de combien?
Mme Payette: Je n'ai pas les chiffres précis, parce que
l'enquête n'est pas terminée, mais ce sont les indications qu'on
nous a données. L'enquête doit être terminée et nous
n'avons eu qu'une version préliminaire.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bisaillon: Je m'excuse, M. le Président, mais il y
avait une deuxième partie à ma question. Est-ce qu'on se
prononcera au niveau du ministère sur le fait de recommencer de telles
expériences uniquement à la suite de l'analyse complète de
la première série, ou si, déjà, il y a une
orientation de décidée?
Mme Payette: Je pense qu'il est important, comme c'est une
première expérience au niveau de l'office, de bien s'assurer
qu'on a atteint le but qu'on s'était fixé avec cette campagne.
Dans la mesure où les résultats de la petite enquête nous
démontreraient que les résultats sont atteints, je pense qu'on
aurait tout intérêt à continuer, surtout que du fait que ce
soit fait en collaboration avec le mouvement coopératif, je pense qu'on
atteint en plus presque deux catégories de consommateurs, ce qu'on ne
pourrait peut-être pas faire seuls.
Comme la possibilité de collaboration semble toujours être
là et disponible, on aurait intérêt, je crois, à
poursuivre le programme, pour peu qu'on nous démontre qu'on ait atteint
le but qu'on s'était fixé.
M. Lalonde: M. le Président, cette campagne de
publicité a commencé à quelle date? Est-ce que c'est sous
votre règne, depuis votre entrée en fonction ou si c'était
avant et si ça continue?
Mme Payette: Non, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, cela a commencé sous votre règne, puisque,
comme consommatrice, j'avais eu grand plaisir de constater que ces messages
étaient fort bien faits.
M. Lalonde: Avez-vous une idée, peut-être,
d'informer la commission parlementaire du coût de cette campagne?
Remarquez que ce n'est pas tellement valable comme chiffre seul, maintenant, ce
que M. Meunier nous disait tantôt, sur l'efficacité ou la
rentabilité, 83% des personnes qui en ont entendu parler ont un taux de
rétention assez exceptionnel, j'aimerais quand même qu'on sache si
vous avez cette information, est-ce que c'est une immense campagne, est-ce que
cela a grevé le budget de façon assez spéciale, est-ce que
vous avez les moyens d'en faire une autre cette année ou quelque chose
comme ça?
Mme Payette: Le coût de la campagne ne dépassera pas
$600 000 et c'est une campagne, comme le ministre l'indiquait tout à
l'heure, à frais partagés. C'est-à-dire que la
moitié des frais de la campagne ont été assumés par
le ministère et l'autre moitié par le Mouvement des caisses
populaires Desjardins. Maintenant, il faut ajouter que, dans le coût de
cette campagne, en plus de la diffusion des messages, des six messages, il y a
eu également une brochure intitulée "Le gros bon sens" qui a
été tirée à 1 million d'exemplaires, qui
achève d'être distribuée et qui l'a été assez
facilement, à cause du grand réseau de distribution des
caisses.
M. Lalonde: Merci, M. Meunier. J'aimerais, peut-être avant
de continuer et pour faire suite à une remarque qui a été
faite ce matin, relativement au taux d'augmentation assez réduit du
budget en 1976/77 et en 1977/78 pour la protection du consommateur, qu'on
remarque qu'entre 1975/76 et 1976/77, ce budget est passé de $1 479 300
à $2 293 000, soit un taux d'augmentation de près de 50%. Cela
démontre jusqu'à quel point, quant à nous, de l'Opposition
officielle, nous accordons de l'importance à cette démarche du
gouvernement auprès de la population pour la protection des
consommateurs.
J'aimerais revenir à une réponse que le ministre a
donnée tantôt concernant la publicité. On sait quels
efforts un peu limités ont été faits, mais c'est tout de
même une première, concernant la publicité destinée
aux enfants, les deux façons de faire ce contrôle étant
soit l'interdiction, et ça n'était pas la façon qui avait
été choisie, mais plutôt le contrôle, dans le
passé. Je pense que son intervention de tantôt s'adressait
à toute forme de publicité, non pas seulement à celle
destinée aux enfants, est-ce que le ministre a en tête
actuellement des moyens spécifiques au niveau de la protection du
consommateur, c'est-à-dire, pour atteindre cet objectif, est-ce qu'il
s'agit d'un contrôle de publicité sur le contenu, sur des
méthodes simplement ou est-ce que le ministre peut s'étendre
là-dessus, parce que ça intéresse beaucoup de gens?
Mme Payette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
je pense que vous savez parfaitement le débat qui a eu lieu autour de
cette possibilité, pour le gouvernement du Québec de vouloir
contrôler le contenu des messages publicitaires. Je pense que nous devons
attendre actuellement le jugement de la Cour suprême en ce qui concerne
un cas très particulier.
M. Lalonde: ...de Kellogg's dont vous voulez parler?
Mme Payette: Exactement. A partir de ce cas, dès que le
jugement sera rendu, je crois que nous
serons mieux en mesure de définir dans quelle mesure nous pouvons
intervenir sur le contenu des messages, ce qui pourrait être, pour le
Québec, éminemment souhaitable.
M. Lalonde: Si je comprends bien je ne veux pas
interrompre le ministre, mais j'avais cru qu'elle avait terminé
le ministre attend le résultat de cette cause du procureur
général contre Kellogg's, c'est public...
Mme Payette: Pour ne pas le nommer.
M. Lalonde: Pour ne pas le nommer, quoique c'est public, c'est
déjà dans les annales judiciaires, pour déterminer quels
seront les moyens.
Mme Payette: Vous êtes avocat, je crois? M. Lalonde:
Oui, de temps à autre.
Mme Payette: Comme moi je ne le suis pas, c'est vous qui savez
jusqu'à quel point on peut en parler, dans un cas comme cela.
M. Lalonde: Ce n'est pas sub judice dans le sens criminel. Le
droit criminel s'applique sub judice, pour ne pas influencer un jury.
Mme Payette: Cela restera votre problème.
M. Lalonde: Mais on peut sûrement parler au moins de
l'existence de la cause et nommer les parties en cause sans, je crois... Ce
n'est pas un avis juridique.
Mme Payette: Sans porter de jugement.
M. Lalonde: Je n'en donnerais pas à cette commission,
étant donné que je ne peux pas envoyer de frais d'honoraires.
J'aimerais quand même...
Mme Payette: Voilà un beau
désintéressement.
M. Lalonde: C'est même la Loi de la Législature qui
me défend de le faire, madame. Je voulais simplement avoir une
idée, savoir jusqu'où le ministre en est rendu. Le bout de chemin
qu'on a fait concernant la publicité adressée aux enfants peut
sûrement indiquer un peu des voies à suivre.
Je voulais savoir si le ministre était rendu un peu plus
loin.
Mme Payette: II faudrait bien s'entendre. Est-ce qu'on est en
train de parler des mesures qui seront prises à l'intérieur d'un
éventuel projet de loi pour un contrôle des messages
publicitaires? Ou est-ce que nous sommes en train de définir quel type
de publicité nous parlons quand il s'agit de publicité dont
l'office est responsable?
M. Lalonde: J'ai cru comprendre et peut-être que j'ai mal
compris, que lorsque le ministre parlait de la publicité, de l'impact
extraordinaire, surtout avec les media électroniques, que la
publicité a sur la population, il parlait de toutes formes de
publicité et non pas seulement de publicité faite par
l'office.
Mme Payette: II y a confusion. Au moment où nous avons
parlé de cette partie en particulier, du rôle de l'office qui
s'était engagé dans des programmes de publicité, en
collaboration avec le Mouvement Desjardins, on parlait, bien sûr, des
messages commandités par l'office, dont le contenu est accepté,
vérifié et endossé par l'Office de la protection du
consommateur.
Lorsqu'on a parlé de la cause pendante devant la Cour
suprême et qui concerne Kellogg's, pour ne pas la nommer, on parlait de
la possibilité, pour un gouvernement, de contrôler le contenu des
messages publicitaires sur son territoire.
On parle de deux choses complètement différentes. Je
voudrais simplement être fixée quant au contenu de la
question.
M. Lalonde: C'est la deuxième. D'ailleurs, le
préambule de ma question, je pense, était assez clair. On avait
tenté, jusqu'à maintenant, de contrôler, dans une certaine
mesure, l'impact de la publicité destinée aux enfants. J'avais
cru comprendre, de la part du ministre, que le gouvernement avait l'intention
d'aller plus loin et aussi, d'une certaine façon, de contrôler la
publicité en général, adressée à tout le
monde, non plus aux enfants, mais aux adultes.
Ma question était: Quel genre de contrôle, quels sont les
moyens que le ministre a l'intention d'apporter pour contrôler ce genre
de publicité?
Mme Payette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
je suis obligée de vous répondre que jusqu'à ce que le
jugement de la Cour suprême soit rendu, il est extrêmement
difficile de parler de cette question. D'autre part, il serait
prématuré de commencer à étudier maintenant un
projet de loi qui sera déposé aux vacances.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, j'aurais diverses questions
sur les offices de la protection du consommateur, particulièrement sur
les ressources régionales qui sont affectées à cela. Si je
fais un bref rappel historique, disons que c'est à partir des
requêtes très pressantes des groupes de citoyens dans les diverses
régions, particulièrement des ACEF, à cette époque,
que le ministère a décentralisé ses services et a
jugé bon d'installer, dans chacune des régions, par la pression
politique d'alors, des offices locaux de protection du consommateur. J'aimerais
savoir vous parliez tout à l'heure de huit capitales
régionales qui sont touchées par ces offices le personnel,
en 1977/78, des offices de la protection du consommateur, dans les divers
endroits; par exemple, à Sherbrooke. Est-ce que ce personnel est
suffisamment équipé? Est-ce qu'il y a un avocat? Est-ce qu'il est
équipé pour traiter localement la
plainte? On sait que les premiers bureaux qui ont été
ouverts faisaient simplement un rôle de transfert des plaintes aux
bureaux de Montréal ou de Québec.
Mme Payette: Dans un premier temps, je voudrais vous
répondre que nous trouvons extrêmement importante la
présence de l'office partout dans le Québec. S'il n'en tenait
qu'à moi, d'ailleurs, et je pense que si on doit se représenter
devant cette commission d'ici quelques années, on constatera que je
souhaite ardemment que les Québécois aient accès à
l'Office de la protection du consommateur partout, mais véritablement
partout. Au-delà de cela, je pense que cela a été une
politique de l'office jusqu'à maintenant, d'avoir recours aux ressources
régionales, d'utiliser le personnel disponible, et, si vous me le
permettez, M. Meunier pourrait probablement vous donner des chiffres
précis sur cette situation.
Peut-être que pour la partie de votre question qui traite du
traitement des plaintes en région, vous avez demandé s'il y avait
un avocat en région. Actuellement, on a fait une transformation. Les
plaintes, maintenant, sont traitées directement des responsables de
région à l'avocat spécifique. Il y a une dizaine d'avocats
à l'office, il y a des avocats qui sont assignés à chacune
des régions. Dans un avenir rapproché, on espère
être en mesure, sinon dans toutes les régions, au moins dans
certaines régions, d'avoir des avocats et des vérificateurs de
plaintes, ou ce qu'on peut appeler des enquêteurs sur place, pour pouvoir
traiter immédiatement les plaintes, enfin, dans les délais les
plus courts possibles. Cela, je pense, serait et sera un progrès
majeur.
Je ne sais pas si cela répond...
M. Gosselin: Oui. D'accord. J'aurais une autre question
complémentaire là-dessus. Compte tenu que la question de la
protection du consommateur a été posée par des
comités de citoyens, à prime abord, dans tout le Québec,
ils ont joué, à cette époque, avec des ressources
très restreintes, qu'on se souvienne du rôle des ACEF, des
rôles très importants pour mettre sur la place publique des
questions cruciales concernant la protection du consommateur. C'est dans cet
héritage que l'Office de la protection du consommateur est né.
Est-ce que votre ministère songe à déléguer des
responsabilités à des groupes comme ceux-là, dans
certaines régions, c'est-à-dire est-ce qu'il y a une politique de
subventions possible de votre ministère pour les comités de
citoyens qui aimeraient faire des actions régionalement, du
côté de la protection du consommateur.
Mme Payette: J'aimerais cela préciser, je pense, M. le
député, qu'il ne nous paraît pas souhaitable, en aucun
moment, et dans aucune circonstance que l'Office de la protection du
consommateur se substitue aux groupes organisés de protection des
consommateurs. Je pense que jusqu'à maintenant, une attention
particulière a été portée dans ce sens. A mon avis,
les organismes qui émanent du public lui-même ont non seulement le
droit d'exister, mais on doit en plus demander à l'office de les aider,
si le besoin s'en fait sentir, pour s'assurer qu'il y a de la part de la
population une collaboration au niveau de la protection des consommateurs. Dans
notre esprit, il n'est jamais question que l'office puisse remplacer des
groupes déjà existants, au contraire, un des rôles de
l'office est de permettre l'existence de ces groupes de plus en plus. M.
Meunier.
Pour ajouter, M. le député de Sherbrooke, nous avons,
effectivement, une politique de subventions et nous avons effectivement des
critères précis qui ont été publiés dans la
revue de l'office "Protégez-vous" en date du mois d'avril 1976, d'une
part. Il y a eu, pour l'année qui se termine, $81 000 de donnés
en subventions à des associations de consommateurs en vertu de ces
critères. D'autre part, depuis quelques mois, nous avons un poste
spécifique à l'office qui est un poste dit des liaisons avec les
associations de consommateurs. Cette personne qui occupe ce poste, est
chargée d'assurer à plein temps la liaison avec les associations
de la protection des consommateurs et également, aussi, malheureusement,
à cause des restrictions budgétaires avec les autres services
gouvernementaux qui traitent de la protection des consommateurs.
M. Gosselin: Mme le ministre, toujours dans le même ordre,
on sait que, dans cette revendication des comités de citoyens dans tout
le Québec, pour s'assurer de véritables instruments de la
protection des consommateurs, il y a le "class action ", qui est
réclamé depuis plusieurs années et qui permettrait de
donner pour la première fois aux groupes de citoyens des armes
véritables, des armes juridiques pour assumer eux-mêmes certaines
poursuites collectives, la dénonciation de certains trust dans les
régions données. C'est simplement pour signaler l'importance que
devraient prendre au sein du ministère des politiques d'appoint de
subventions aux groupes qui posséderont, dorénavant, par les lois
qu'on adoptera, du côté du "class action" notamment, cette chose.
Est-ce que vous prévoyez une accélération de ces formes de
subventions dans la prochaine année?
Mme Payette: Avant de revenir aux subventions, j'aimerais vous
souligner que le recours collectif était inscrit dans le discours
inaugural. Cette loi ne relève pas, cependant directement de notre
ministère du fait que ce recours implique en plus le ministère de
la Justice et qu'à cause du fait qu'il touche à un certain nombre
de ministères, c'est le ministre d'Etat au développement social
qui est chargé de ce dossier qui sera éventuellement un projet de
loi déposé à l'Assemblée nationale dans les
semaines ou les mois qui viennent. En ce qui concerne les subventions, je vais
redonner la parole à M. Meunier.
Pour ce qui est des subventions, je peux vous dire que les
crédits de la prochaine année sont de $181 000. Je pense que les
chiffres parlent d'eux-mêmes.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud. Une autre question.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais aborder une autre
section de la loi puisque cette loi comporte évidemment des sanctions en
cas de non-observance. J'aimerais demander au ministre si elle peut nous dire,
aujourd'hui, parce que le rapport mentionne, effectivement, qu'il y aurait eu
environ 300 poursuites au cours de l'année, combien il y a eu de
condamnations effectives sur le nombre de poursuites intentées,
c'est-à-dire combien l'office a pu gagner de ces causes et combien de
permis ont pu être suspendus ou annulés à la suite des
recommandations qui ont été faites suite aux actes posés
par l'office ou encore par le ministère?
Mme Payette: M. Meunier, voulez-vous répondre à
cette question?
Pour ce qui est du nombre de condamnations, évidemment, je n'ai
pas les chiffres ici, mais je peux vous les faire parvenir rapidement. Les
condamnations ne sont pas nécessairement en relation avec les 300
poursuites. Il y a évidemment des condamnations sur des poursuites
entreprises l'année précédente. Il est peut-être
intéressant, cependant, d'apporter une précision
là-dessus. Toutes les poursuites depuis déjà quelques mois
sont assumées par des avocats de l'office à temps plein. Cela
nous permet de donner une réponse plus rapidement, peut-être.
Quant aux suspensions de permis, il y a eu cette année, je pense,
trois suspensions de permis.
M. Roy: Combien de permis ont pu être annulés?
Mme Payette: M. le député, est-ce que je pourrais
ajouter à cela, cependant, qu'il faut que j'attire votre attention sur
le fait que l'outil que nous avons en main actuellement, qui est la loi 45, a
besoin, c'est évident, je crois qu'on n'a pas à prouver cela
à qui que ce soit autour de cette table, d'être drôlement
remanié et on a besoin de se donner des dents pour pouvoir intervenir.
Dans ce sens, c'est pour cela que le nouveau projet de loi,
éventuellement, viendra corriger une situation qui peut paraître
déplorable à cause des résultats obtenus.
M. Roy: C'est un peu la raison pour laquelle je pose cette
question à ce moment. Cela m'apparaît intéressant et
important que nous le sachions. Pour aller peut-être un peu plus loin,
étant donné que vous ne pouvez pas nous donner les
résultats de la dernière année qui vient de
s'écouler dans le cadre des jugements rendus jusqu'à maintenant,
quel est le pourcentage des jugements rendus qui ont donné gain de cause
à l'office? Est-ce que vous pouvez nous le dire, en gros? Je ne demande
pas des détails bien précis, c'est seulement pour pouvoir quand
même avoir une idée...
Mme Payette: Ecoutez, je peux vous dire que c'est plus que la
moitié. Mais je ne voudrais pas vous laisser une réponse
définitive là-dessus, j'imagine que c'est supérieur
à 60% ou 70%.
M. Roy: Ce serait supérieur à 60% ou 70%. Dans le
cas des permis suspendus, il n'y a pas eu de permis annulés, à ce
que je sache. On a parlé de la suspension de trois permis, il n'y aurait
pas eu de permis annulés.
Avec votre permission, M. le Président, j'aimerais aborder le
publicité, vu qu'on a parlé de la publicité. Un
comité de la publicité a été formé à
l'automne 1972, comité de la publicité destinée aux
enfants, qui avait pour mandat l'analyse des pièces publicitaires
préparées par l'industrie pour commentaires, recommandations,
approbation ou désapprobation avant leur mise en vigueur.
Ensuite, deuxièmement, l'examen de la publicité
destinée aux enfants déjà en cours est soumis à
l'attention du comité par un groupe de surveillance, ainsi que des
plaintes reçues par le comité de l'Office de la protection du
consommateur. C'est ce qu'on lit dans le rapport de l'Office de la protection
du consommateur pour l'année d'activité, 1er avril 1974 au 31
mars 1975, puisqu'on nous dit que c'est le dernier rapport. Est-ce que ce
comité existe toujours? Est-ce qu'il a eu des activités au cours
de la dernière année? Est-ce qu'on est en mesure aujourd'hui de
nous donner des informations à ce sujet? Et j'aimerais savoir qui fait
partie de ce comité?
Mme Payette: Ce comité existe toujours. Il est sous la
présidence de Me Francine Pinard qui est avocate à l'Office. Il a
deux représentants de l'industrie et deux représentants de
l'Association des consommateurs. Il y a cinq personnes au total.
M. Roy: Est-ce qu'on peut avoir les noms des quatre autres
personnes? Vous m'avez parlé de la présidente et de quatre autres
personnes, de deux représentants de l'industrie et de deux
représentants des groupes.
Mme Payette: De mémoire, il y a... non je...
M. Lalonde: M. le Président, je pourrais peut-être
suggérer qu'on nous donne cette information ce soir, à la reprise
des travaux, peut-être. Savoir cela tout de suite comme cela...
M. Roy: Non, mais disons que...
Mme Payette: Je serai en mesure de déposer toutes les
informations que le député de Beauce désire.
Si vous permettez, M. Meunier... Je vais vous donner la liste. Il y a M.
Luc Laurin... Ce n'est pas la bonne liste.
M. Roy: En tout cas, je vais poser ma question quand même,
parce que, assez souvent, ces réponses peuvent nous être fournies
directement lors de la commission. Si on n'a pas les renseignements à ce
moment-ci, je n'en fais pas grief au gouvernement, mais qu'on prenne les
dispositions, par exemple, parce que cela m'apparaît important que nous
ayons ces renseignements le plus rapidement possible.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Avant ma question
principale, j'aimerais juste une petite supplémentaire, suite à
une question du député de Beauce-Sud. Lorsque M. le directeur
dit: trois permis, j'aimerais savoir si ce sont trois permis individuels. Un
permis, cela peut être 500. Vous savez ce que je veux dire, 500 sous
permis, alors ce sont des permis de combien?
Mme Payette: Ce sont des permis de vendeurs itinérants qui
travaillent, à toutes fins pratiques, seuls, c'est-à-dire environ
trois personnes.
M. Goulet: Le Conseil consultatif de protection du consommateur,
est-ce qu'il existe encore? S'il existe, est-ce que ce sont les mêmes
personnes?
Mme Payette: A ce jour, il n'y a pas eu de changements
récents au terme des nominations de ce conseil. Les mêmes
personnes sont toujours en poste.
M. Goulet: Est-ce qu'on pourrait savoir approximativement, je ne
l'ai pas vu, le budget du Conseil consultatif?
Mme Payette: C'est probablement inscrit, mais avec le temps
qu'on... Cent quelque milles dollars. C'est même en dessous, $93 000.
M. Goulet: En bas de $100 000. Est-ce que le nouveau ministre a
fixé des objectifs à ce conseil, précisément? Si
oui, lesquels?
Mme Payette: Nous sommes en train de préparer un mandat
précis, le conseil ayant manifesté le désir de nous venir
en aide dans la préparation de cette nouvelle loi, et nous sommes en
train de préparer un mandat sur un certain nombre de sujets pour qu'ils
puissent nous fournir l'information dont nous aurons besoin.
M. Goulet: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je vois, M. le Président, que c'est
assez difficile de vider une question, parce qu'on bifurque, on parle un peu de
n'importe quoi. N'importe quoi... j'entends à bâtons rompus, si je
peux dire. De toute façon, ces discussions sur l'office sont venues
d'une question que j'avais posée à Mme le ministre relativement
aux priorités du ministère concernant la protection du
consommateur.
Elle a bien voulu nous parler de l'annonce faite par les media
électroniques, et elle nous a dit des choses, enfin, que la très
grande majorité des Québécois connaissent bien et nous
acceptons tous qu'il y a là des abus qui peuvent porter préjudice
aux intérêts de nombreux citoyens, surtout lorsque ces citoyens
sont jeunes et pratiquement sans défense contre l'abus de cette annonce
massive. Je demanderais au ministre, M. le Président, si...
Mme Payette: Même les vieux succombent aussi.
M. Saint-Germain: Quelquefois, j'en suis, j'accepte volontiers
cette affirmation, mais est-ce que vous pourriez nous décrire, nous
cerner un peu plus de quelle façon vous allez vous prendre pour
atteindre vos buts et quelle est la philosophie qui va sous-tendre vos
actions?
Mme Payette: Le but que nous visons, M. le député
de Jacques-Cartier, c'est de tenter de rétablir une sorte
d'équilibre entre la puissance que représente la publicité
dans les mains des producteurs de biens de consommation et le consommateur qui
est livré à lui-même sans moyen de défense. Le moyen
que nous avons l'intention d'utiliser pour atteindre ce but est, d'une part,
une nouvelle loi de la protection du consommateur avec, en plus, la
possibilité de donner à l'Office de la protection des
consommateurs les moyens de jouer son véritable rôle auprès
du public québécois.
M. Saint-Germain: Quels seront ces moyens que vous voulez
remettre ou donner à l'Office de la protection du consommateur?
Mme Payette: M. le Président, je pense que j'ai
déjà répondu à cette question en disant que nous
souhaitions que l'office soit présent partout à travers le
Québec. Nous avons présentement huit bureaux dans les huit
régionales. Nous avons l'intention d'ouvrir deux autres bureaux. Nous
souhaitons que cette présence soit, non seulement répandue au
Québec, mais qu'elle soit efficace. L'office a besoin pour ce faire
on peut entrer dans un cercle vicieux d'une loi qui lui permette
de jouer son rôle et la loi a besoin de l'office pour être
appliquée. On a besoin et de l'un et de l'autre.
M. Saint-Germain: Oui, mais écoutez, vous nous parlez
toujours en termes très généraux des faiblesses du projet
de loi no 45, mais vous n'arrivez jamais à nous donner quoi que ce soit
de pratique sur lequel on pourrait se baser un jugement. Quelles sont vos
priorités? Qu'est-ce qu'il y a dans la loi actuellement, à votre
avis, de fautif et de quelle façon peut-elle être
bonifiée?
Mme Payette: Je peux vous dire, par exemple, que nous sommes en
train d'étudier les plaintes relatives à la vente au comptant, la
qualité des biens et services, l'exercice des garanties, les
représentations faites par les commerçants manufacturiers et
publicitaires. Nous avons également étudié les
transactions immobilières, les transactions au titre de louage de
services, les studios de danse, les studios de santé. Je pense qu'il est
important de savoir aussi que l'on s'est penché Ion-
guement sur le secteur des appareils électroménagers,
garanties et réparations dans ce secteur, la vente par correspondance.
On a constaté des abus en termes de non-livraison, de délais et
même de fausses représentations dans ce domaine, celui de la
publicité sympathique ou de la sollicitation par des organismes à
but non lucratif, pour ne nommer que ceux-là, qui sont différents
domaines sur lesquels nous nous sommes penchés en vue de produire une
nouvelle loi ou un code de protection du consommateur.
M. Saint-Germain: M. le Président, ce matin, madame a
laissé entendreque l'ex-cabinet libéral et l'ex-ministre
fédéral étaient entourés d'employés qui
n'avaient rien à faire ou qui ne faisaient rien...
M. Bisaillon: Qui a dit cela?
Mme Payette: M. le Président, je ne sais pas quelles sont
les procédures pour empêcher une chose comme cela d'être
dite, mais d'abord on parle d'un ministre fédéral. J'en connais
très peu, et il n'y a pas eu de jugement de cet ordre venant de ma part
sur le précédent cabinet. Je dis que je ne les connaissais
pas.
M. Saint-Germain: Je veux dire que, ce matin, vous avez dit qu'il
y avait beaucoup de personnes attachées à Mlle Bacon qui avaient
très peu à faire.
M. Bisaillon: Ce n'est pas cela du tout.
Mme Payette: Absolument pas, monsieur; est-ce que vous
étiez ici, ce matin?
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce qu'on a le
journal des Débats? Je ne vous lis pas au texte là, mais c'est
certainement la manière dont je le vois.
M. Bisaillon: Vous êtes le seul à avoir le pas, on a
tous compris quelque chose de différent.
M. Goulet: Sur ce point, je ne veux pas défendre personne,
mais ce qui a été dit, c'est que, suite au changement de cabinet,
il y a des personnes qu'elle... pas. J'aurais des questions à poser,
mais c'est cela qui a été dit. J'aimerais...
Le Président (M. Laplante): Voudriez-vous en venir
à votre question, s'il vous plaît, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aimerais bien dire à cette commission
que c'est en 1971 que la loi 45, la Loi de la protection du consommateur, a
été mise en place et c'est par cette loi qu'on semble aujourd'hui
considérer comme étant très vieille et très
inopportune et qu'on veut bonifier là-dessus, on s'entend
qu'on a établi l'Office de la protection du consommateur et le Conseil
de la protection du consommateur. Tout ceci s'est fait en 1971; en 1972, il y a
eu le conseil consultatif, prévu par la loi 45, qui a été
constitué et le Québec était la seule province à
être dotée d'un tel conseil. En 1973, l'Office de la protection du
consommateur a annoncé l'ouverture de cinq bureaux régionaux. En
1974, on a eu la loi 26, la loi des agents de recouvrement qui protège
les citoyens contre les demandes indues des créanciers.
On a eu la loi no 7 aussi, la Loi des assurances. Ce fut la
première refonte de cette loi en profondeur.
M. Gosselin: M. le Président, question de
règlement. N'est-ce pas au ministre en titre à expliquer
l'évolution historique?
M. Saint-Germain: Ce ne sont certainement pas les autres
députés qui vont me dire ce que j'ai à dire. J'ai la
parole et j'aimerais bien exprimer mes opinions.
M. Gosselin: Je ne fais que constater... M. Saint-Germain:
C'est mon droit.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Sherbrooke a invoqué le
règlement; je veux bien l'entendre et je donnerai mon jugement
après.
M. Gosselin: Je constate que le député de
Jacques-Cartier s'évertue à semer la confusion ou, en tout cas,
à dévier la discussion. On était sur les crédits
actuellement affectés et, pour l'éclairage des gens de cette
commission, je souhaiterais qu'on ait des questions aussi précises que
possible sur les points de la loi et qu'on cesse de nous faire des rappels
historiques à ne plus finir et qui ne débouchent nulle part.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement. Je pense que le député de Jacques-Cartier est
tout à fait autorisé, non seulement par le règlement, mais
aussi par la tradition, à évoquer ce qui s'est fait en ce qui
concerne justement ce que le programme 1 offre à la discussion
actuellement, c'est-à-dire la protection du consommateur.
M. Gosselin: Par des questions spécifiques.
M. Lalonde: J'aimerais ne pas être interrompu, je n'ai pas
interrompu le député. Je pense que c'est tout à fait dans
l'ordre pour bien comprendre dans quel contexte se situent les crédits
qui sont proposés par le gouvernement actuellement. Si on a quelque
chose à faire ici, ce n'est pas de faire un spectacle, c'est simplement
pour permettre aux parlementaires, à ceux qui sont élus, de
discuter ce que le gouvernement nous propose comme crédits
accordés aux différents organismes et aussi aux différents
programmes. Est-ce que cela atteint les buts? Est-ce que, dans
l'évolution du programme en question, ici, la protection du
consommateur... Je pense qu'il est tout à fait dans l'ordre.
Le Président (M. Laplante):... M. le député
de
Marguerite-Bourgeoys; la question, s'il vous plaît, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Toujours sur cette question de
règlement, je vous prie de croire que la tradition...
Le Président (M. Laplante): Sur la question de
règlement, le jugement a été donné. Je vous demande
de continuer à poser vos questions au ministre.
M. Lalonde: Vous me permettrez de soulever une autre question de
règlement, parce que je ne veux pas porter un jugement trop rapide, mais
quand vous avez accepté notre point de vue sur la question de
règlement soulevée par le député, vous avez dit: La
question, s'il vous plaît, M. le député de Jacques-Cartier.
Si je vous cite comme il le faut. Il faut comprendre qu'ici, on n'est pas
à la période des questions. Un député peut
développer une question, discuter d'une situation, d'un contexte et ce
n'est pas strictement une question qui est posée au ministre.
Le Président (M. Laplante): Je l'ai compris dans ce
sens-là, M. le député.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): II peut expliciter, je sais
que c'est la coutume, actuellement, de le faire.
M. Saint-Germain: Je disais, lorsqu'on m'a interrompu, qu'en 1974
il y avait eu la loi 26 de 1974 qui...
M. Bisaillon: En 1974, c'est sûr que c'était celle
de 1974. C'est d'une limpidité!
M. Saint-Germain: ... est la loi des agents de recouvrement qui
protège les citoyens contre les demandes indues des créanciers.
On a eu aussi la loi 7, la Loi des assurances, et c'était la
première refonte de nos lois depuis la législation de 1912 et en
1976...
Mme Payette: On remonte aux calendes grecques.
M. Saint-Germain: En 1976, c'est très près, madame.
En 1975, le ministère a procédé à la refonte
complète de la loi actuelle de la protection du consommateur et, en
1976, on a eu le dépôt de la loi no 7, Loi sur la protection du
consommateur. C'était une refonte de la loi no 45 où on aborde
des sujets tout à fait nouveaux. Le bill no 7 parlait,
premièrement, des pratiques interdites, deuxièmement de la
publicité destinée aux enfants, troisièmement des
réparations d'automobile, quatrièmement il y avait le commerce
des automobiles usagées. Il y avait, cinquièmement, les
commerçants itinérants.
Il y a eu des commissions parlementaires à ce sujet et plus de 80
mémoires ont été déposés à ces
commissions pour étude et considération. Si je dis tout ceci, M.
le Président, c'est pour que le public, les députés et la
commission sachent bien que là en étaient au ministère les
études et les conditions de la protection du consommateur dans le
Québec.
M. Bisaillon: Si cela n'existait pas avant, c'est parce que vous
n'avez pas fait votre job.
M. Saint-Germain: Et, si je le dis, M. le Président...
M. Lalonde: II ne faut pas présumer de la connaissance du
député.
M. Saint-Germain: ... on semble croire... Le Président
(M. Laplante): A l'ordre!
M. Saint-Germain: Ce n'est pas nécessaire que je pose une
question à ce stade-ci. On n'est pas a la période des
questions.
Le Président (M. Laplante): Si vous invoquez le
règlement, je vais vous l'expliquer pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté. M. le député, sur
l'élément 1 du programme 1, peut s'exprimer durant vingt minutes
sans poser une seule question. Son temps achève, mais cela ne fait
rien.
M. Bisaillon: On peut l'interrompre de temps en temps pour lui
faire des remarques.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais qu'il continue.
M. Bisaillon: Cela fait partie des vingt minutes.
M. Lalonde: Si vous interrompez, cela fait partie de votre
temps.
M. Bisaillon: Oui, mais je n'ai pas l'intention de prendre vingt
minutes.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez continuer, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Lalonde: J'espère que les députés
ministériels vont intervenir pendant vingt minutes pour dire au ministre
ce qu'ils veulent.
M. Saint-Germain: Alors, c'est face aux propos du ministre, M. le
Président, que j'ai dit ces choses, surtout en ce qui regarde les
modifications du bill 45. Puisqu'on refuse de nous donner une politique
d'ensemble qui aurait pu nous éclairer et nous permettre de faire des
observations et de poser des questions valables.
Mme Payette: M. le Président, je m'oppose au fait qu'on
dise que je refuse de donner des explications; j'attends les questions.
M. Saint-Germain: Si je dis, M. le Président,
que le ministre refuse de répondre adéquatement à
nos questions, c'est mon "estimé" et je continue à dire que nous
n'avons pas de réponses précises...
M. Bisaillon: Votre estimation, l'un des deux.
M. Saint-Germain: ...aux questions que nous avons posées.
Alors, le 30 mars 1976, le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, Mme Lise Bacon, déposait devant
l'Assemblée nationale un nouveau projet de loi sur la protection du
consommateur. L'un des objectifs visés était d'assurer un
rétablissement de l'équilibre souvent rompu entre
commerçants, manufacturiers et consommateurs.
La lecture de ce projet de loi nous permettait de découvrir
plusieurs dispositions nouvelles qui n'existaient pas dans la loi no 45. Ces
dispositions se regroupent, d'ailleurs, sous six grands titres et j'en profite
pour vous en donner un sommaire. Il y avait le livre I sur les contrats
relatifs aux biens et services. Alors, nous retrouvons dans ce premier livre
passablement de règles nouvelles. Ainsi, le projet de loi
prévoyait qu'en cas de doute ou d'ambiguïté les contrats
seraient interprétés en faveur du consommateur. De plus, dans le
cas de lésions, le consommateur pouvait obtenir l'annulation du contrat
ou encore la réduction des obligations qui en découlent.
Dans le même ordre d'idées, le tribunal devait tenir compte
dans son appréciation du consentement donné par un consommateur,
de la condition des parties, des circonstances et des avantages
résultant du contrat pour le consommateur. Egalement, le projet
prévoyait, à l'article 22, que le consommateur pouvait demander
la nullité de tout contrat qui ne respectait pas les exigences
prescrites par les dispositions 15 et 16 de la loi.
On peut conclure que les règles générales de cette
partie du projet de loi constituaient les principes directeurs en
matière contractuelle. Elles englobaient, en quelque sorte, les
dispositions particulières s'appliquant aux contrats de vente, de louage
de biens ou de services enfin ou contrats de crédits.
Au sujet des commerçants itinérants, la loi disait que
l'obligation totale pour ces types de contrats était réduite de
$25 à $10. De plus, le délai de résolution du contrat
conclu unilatéralement par le consommateur passait d'une période
de cinq à dix jours. Enfin la loi stipulait qu'il ne fallait plus
considérer comme un contrat conclu par un vendeur itinérant celui
fait au domicile du consommateur, à la demande expresse de ce dernier,
à la condition que ce contrat n'ait pas été
sollicité ailleurs qu'à l'adresse du commerçant.
En ce qui regarde la vente des automobiles d'occasion, voici ce que
contenait le projet de loi. Le projet de loi exigeait la production
écrite d'un contrat de vente contenant les informations précises,
énumérées à l'article 51, et qui étaient
destinées à renseigner le consommateur. De plus, le
commerçant était soumis à l'obligation de remboursement de
50% du coût de la réparation à l'acheteur d'une automobile
d'occasion vendue plus de $1000.
Cette obligation restait en vigueur pour une période de deux mois
à compter de la livraison de l'automobile. Toutefois, le
commerçant pouvait se libérer de cette obligation en remboursant
le prix au consommateur. De plus, le projet de loi faisait deux conditions
à respecter pour valider l'action en réparation intentée
par le consommateur, soit un délai d'exécution de trente
jours...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier, je ne voudrais pas passer pour un gars qui voudrait vous
bâillonner mais si on prend le temps qu'il y a de fait jusqu'à
maintenant sur le programme 1, élément 1, dans les trois reprises
où vous avez eu la parole, je crois que vous êtes rendu à
près de trente minutes. Si vous voulez conclure, je peux bien être
libéral jusqu'à ce point.
M. Saint-Germain: J'aurais bien aimé avoir le temps de
vous faire part de l'ensemble de cette loi. Si je fais cela, M. le
Président, c'est pour vous montrer comment on peut être
précis lorsqu'on parle de la protection du consommateur.
C'est cela les réponses que le ministre devrait nous faire. Mais
je vois bien que, en dehors des généralités, il est
très difficile d'avoir quelque chose de concret. Il nous reste
pratiquement qu'à attendre le dépôt de la loi pour
connaître fondamentalement quelles sont les politiques et quelles sont
les priorités du ministère.
Mme Payette: Voilà la chose la plus intelligente que M. le
député de Jacques-Cartier aura dite cet après-midi.
M. Saint-Germain: Madame...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Drummond.
M. Saint-Germain: M. le Président, je dois dire que cela
aurait été beaucoup plus intelligent, de la part de madame, de
nous parler de cela au lieu de nous entretenir de
généralités. Si elle connaissait fondamentalement ses
dossiers, si elle sait où elle va, où elle conduit le
ministère, où elle veut le mener, elle nous l'aurait
déjà dit. Si elle n'est pas capable de nous le dire, c'est
qu'elle ne connaît pas ses dossiers, et elle ne sait pas
nécessairement où elle va avec le ministère.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Drummond, s'il vous plaît.
M. Clair: Mme le ministre, tantôt vous avez parlé de
la possibilité d'ouvrir deux nouveaux bureaux régionaux de
l'Office de la protection du consommateur. Est-ce que l'emplacement de ces deux
bureaux est déjà arrêté ou si ce n'est pas encore
connu?
Mme Payette: Pour l'instant, il est question de deux bureaux de
l'office, un qui serait situé à Lon-gueuil et l'autre à
Saint-Jérôme.
M. Clair: Merci. D'autre part, en ce qui concerne la campagne
d'information...
Mme Payette: J'apporte une correction, si vous me le permettez,
parce qu'il y a eu des changements depuis la dernière fois où on
s'est vus: Sept-lles, Gaspé, Longueuil, Saint-Jérôme, et
nous fermons le bureau déjà existant à Montréal
pour le remplacer par les nouveaux bureaux, un au centre-ville de
Montréal et l'autre sur la plaza Saint-Hubert.
M. Clair: Sur un autre sujet, c'est-à-dire la campagne
d'information conjointe avec les caisses populaires, l'an dernier, est-ce qu'il
y a eu collaboration ou conciliation avec la commission des services juridiques
concernant le contenu des messages publicitaires, étant donné
qu'il y a un risque de dédoublement de publicité parce que la
Commission des services juridiques s'intéresse elle aussi à la
protection du consommateur? Il y a eu une campagne d'information, l'an dernier.
Alors est-ce qu'il y a eu consultation ou est-ce qu'il y en aura l'an
prochain?
Mme Payette: Comme vous le savez probablement, on a
participé dans le passé à la campagne de la Commission des
services juridiques intitulée La minute juridique à la radio. On
a acheté les minutes concernant la protection du consommateur. Pour ce
qui est de la télévision, il n'y avait pas tellement de contenu
juridique, si vous voulez, il s'agissait beaucoup plus d'une question de
comportement ou d'attitude. S'il y a question de thème où il y
aurait de l'information proprement juridique et que cela fasse double emploi ou
que cela chevauche le programme d'information de la commission,
évidemment, nous consulterons la commission.
De toute façon, nous sommes en liaison assez continue avec la
commission sur d'autres dossiers.
M. Clair: Je comprends que l'attitude de l'office est de
collaborer avec la commission à ce niveau.
Mme Payette: Tout à fait. M. Clair: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, on a parlé tout
à l'heure de l'engagement d'avocats supplémentaires à
l'office pour les poursuites pénales. Peut-on nous dire combien
d'avocats supplémentaires on a engagés à cet effet et quel
sera leur salaire global pour cette année? Durant les années
passées, je crois comprendre qu'on donnait des mandats à des
bureaux d'avocats privés. Je voudrais savoir également combien il
en avait coûté l'année dernière en honoraires pour
ces bureaux privés?
Mme Payette: Pour ce qui est de la dernière partie de
votre question, le montant des honoraires payés à des avocats de
la pratique privée dans le cas des mandats en droit pénal, il
s'agit de sommes assumées par le ministère de la Justice. Je ne
suis pas en mesure de vous donner le montant mais ce sont des sommes qui
peuvent être vérifiées sans aucun problème.
Le nombre total, le nombre de postes, des avocats à l'office
actuellement est de 11. Il y en a dix de comblés. Là-dessus, il y
a quatre avocats qui sont à Montréal, le reste à
Québec.
M. Fontaine: M. le Président, pourriez-vous déposer
les chiffres que vous nous avez mentionnés concernant le
ministère de la Justice?
Mme Payette: Aussitôt que je les aurai du ministère
de la Justice.
M. Fontaine: Question supplémentaire. Les postes auxquels
vous faites allusion il y a dix postes d'avocats est-ce que ces
avocats font des poursuites pénales ou s'il y a seulement une
quantité limitée d'avocats qui en font?
Mme Payette: Ces avocats font des poursuites pénales.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Compte tenu que c'est moi qui aï ouvert un peu
la discussion sur l'élément 1, personnellement j'aimerais passer
à un autre article ou voir s'il y a d'autres questions.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Il reste encore deux
ou trois intervenants.
Le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, en me référant
aux chiffres d'une façon plus précise, je vois que l'augmentation
de l'élément 1 entre l'année dernière et l'exercice
courant est d'à peu près pour l'élément 1
c'est cela $500 000. Quand on va dans les supercatégories et
catégories, on voit que c'est aux traitements que l'augmentation est la
plus sérieuse, c'est-à-dire de $1 671 000 à $1 836 000,
près de $670 000. Mais je vois des diminutions dans les autres
rémunérations de $130 000 à $75 000; pour les
communications, de $522 000 à $464 000; pour les loyers, de $12 000 de
$2000 et les fournitures, de $75 000 à $31 000. Est-ce que le ministre
ou ses fonctionnaires pourraient nous indiquer quelles sont les raisons de ces
diminutions, pas qu'on soit contre les diminutions au contraire, mais nous
indiquer aussi de quelle façon l'office, qui est quand même
l'instrument d'application de cette politique, va pouvoir continuer à
faire son travail avec des réductions à ces postes?
Mme Payette: II y a eu un réaménagement du budget
pour tenir compte des augmentations des salaires du personnel en place. Il y a
également eu une augmentation pour les nouveaux postes qui ont
été prévus au budget de l'office cette année.
M. Lalonde: Combien de postes?
Mme Payette: 38 postes de plus cette année.
M. Lalonde: Sans aller dans les détails, dans le nombre,
dans quelle catégorie de poste ou de fonction?
Mme Payette: Surtout professionnelle. M. Lalonde: ...
professionnelle. Pardon?
Mme Payette: Surtout professionnelle, dans l'ensemble, selon les
catégories de gens en place, je veux dire le personnel de soutien, les
techniciens, et le personnel professionnel. Et, pour préciser, 80% de
ces postes à peu près sont affectés à
l'augmentation des ressources des bureaux régionaux et, aussi, à
l'ouverture des nouveaux bureaux dont Mme le ministre parlait tout à
l'heure.
M. Lalonde: La diminution au poste: autres
rémunérations, les communications, le loyer et la fourniture.
Est-ce que vous pouvez nous donner une idée et nous dire pourquoi et de
quelle façon?
Mme Payette: ... un rajustement. Pardon, M. le
député. C'est qu'un montant global a été
affecté aux augmentations prévues à l'office et comme il y
a eu surtout une grosse augmentation dans les traitements des fonctionnaires,
il a fallu retirer des sommes qui avaient été, l'année
dernière, prévues dans l'enveloppe de base pour les autres
catégories de dépenses et l'affecter à la catégorie
1 qui est la dépense des traitements. C'est ce qui explique les baisses
dans toutes les autres catégories de dépenses à
l'exception des traitements.
M. Lalonde: Alors, la réaction normale de celui qui lirait
votre réduction des loyers de $12 000 à $2000 serait de dire
qu'on va cesser de louer des équipements. Ce n'est pas le loyer des
espaces?
Mme Payette: Non.
M. Lalonde: Cela va dans les travaux publics.
Mme Payette: C'est payé. Oui.
M. Lalonde: Alors, ce sont les loyers d'équipement,
j'imagine.
Mme Payette: C'est cela.
M. Lalonde: Alors, vous allez réduire le nombre
d'équipements à louer, ou allez-vous les payer autrement?
Mme Payette: Non, c'est-à-dire plusieurs des
équipements qu'on a pu louer dans les premières années ont
été achetés et on ne prévoit pas avoir besoin de
guère plus de ces $2000 pour la location de nouveaux équipements
dans les nouveaux bureaux, en particulier, je pense à la location de
machines à photocopier.
M. Lalonde: Et les autres rémunérations? Parce que
c'est là que se trouve le montant le plus considérable, ou un des
plus considérables, de $130 000 à $75 000, c'était quoi,
ces autres rémunérations?
Mme Payette: Principalement, les employés
occasionnels.
M. Lalonde: Mais, vous allez...
Mme Payette: Alors...
M. Lalonde: Vous prévoyez réduire cela...
Mme Payette: Oui. Les sommes qu'on affecte, au niveau du budget,
à l'embauche d'employés occasionnels sont en fait
inférieures aux besoins qu'on aurait pour combler la totalité des
postes occasionnels qu'on a. L'office disposerait à temps partiel de 13
hommes-année et on ne prévoit pas devoir occuper les 13
hommes-année, de sorte que le montant "budgété" est
inférieur aux besoins là-dedans.
M. Lalonde: Et vous prévoyez ma question s'adresse
au ministre pouvoir assurer la population d'un bon service au niveau de
l'office, selon la loi actuelle naturellement, avec ces sommes?
Mme Payette: Avec une augmentation de $500 000 que vous avez
certainement vue au niveau du total de l'office qui est surtout prévue
pour le personnel de l'office, et compte tenu du fait, effectivement, que nous
en sommes toujours à loi 45, jusqu'à ce que le nouveau projet de
loi soit déposé, cela nous paraît suffisant.
M. Lalonde: Pour me rattacher à une autre question qui a
été mentionnée tantôt, la campagne de
publicité, il ne semble pas y avoir de disponibilité ici pour
faire une campagne de l'ordre de celle qui a été faite et qui
vient de se terminer, c'est-à-dire de $300 000. Parce que si je me
souviens bien, l'an dernier, lors de l'augmentation assez considérable
de 50% du budget, il y avait déjà un montant
désigné pour cette campagne de publicité, dans
l'augmentation.
Mme Payette: Mais, si vous me le permettez, il y a quand
même de prévu à l'intérieur du budget cette
année, une somme de $391 800 à ce poste
précisément.
M. Lalonde: On le retrouve aussi...
Mme Payette: ... dans d'autres...
M. Lalonde: Dans d'autres éléments?
Mme Payette: Non. Dans la catégorie 3, M. le
député.
M. Lalonde: Dans la catégorie 3, dans les
communications?
Mme Payette: Je pense qu'il y a là $464 000.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir soit
du directeur de l'office ou du ministre s'il y a des études de faites,
quand c'est le temps d'émettre un nouveau programme de protection en
application, un genre de courbe à savoir combien cela peut
épargner à la population comparativement à ce que cela
coûte. Mais je ne parle pas seulement de publicité. Des
études ont été faites aux Etats-Unis. Je donne un exemple
concret, si vous permettez, pour illustrer mon intervention.
Dans le domaine des réparations de voitures, je pense qu'on sait
tout le monde que les garagistes ce n'est pas une accusation
voulant être sûrs de ne pas perdre de l'argent, pour un cas
précis, si cela coûtait, par exemple, $50 pour vérifier si
un moteur d'automobile était bon ou pas bon, aujourd'hui on exige le
prix que cela coûterait pour le réparer. Si le type, le client
décide de ne pas faire réparer son moteur, cela lui a
coûté le même prix que s'il l'avait fait réparer.
Est-ce qu'il y a eu des études de faites? Aux Etats-Unis, on s'est
aperçu à un moment donné, qu'un programme mis en
application coûtait plus cher à la masse des consommateurs que le
montant que cela pouvait lui faire économiser. Est-ce qu'il y a eu des
études je ne sais pas si vous me comprenez; il ne s'agit pas
tellement le coût de la publicité par rapport aux taxes, etc.
sur ce que cela coûte comparativement à ce que cela
coûtait?
Mme Payette: Ce que vous soulignez a été
souligné à quelques reprises en commission parlementaire, c'est
l'utilité d'avoir un peu des études qu'on appelle
coûts-bénéfices, c'est-à-dire combien on va
épargner au consommateur et combien cela va nous coûter en
contrepartie. Il n'y a pas d'études véritablement
sérieuses là-dessus qui ont été faites; là,
je ne parle pas juste du Québec, c'est vrai aussi au Canada. Quand vous
parlez d'études qui ont été faites aux Etats-Unis, ce sont
des études très sommaires, très fragmentaires. On estime,
par exemple, que dans l'Etat de la Georgie, il y a tel montant de
réparations d'automobiles qui se font annuellement, que 30% des
réparations constituent des fraudes et qu'en conséquence 30% du
montant total, c'est une économie pour le consommateur. Mais, aussi
poussées que sur le changement des habitudes commerciales que vous
soulignez, il n'y a pas d'études faites comme telles. Evidemment, on est
à la recherche d'études qui peuvent se faire ailleurs. Il y a une
collaboration qui s'instaure avec tous les chercheurs en matière de
protection du consommateur en Amérique et chez nous on a un service de
recherche qui est récent et qui commence à s'attaquer aux
différents problèmes sectoriels de protection du
consommateur.
M. Goulet: M. le Président, si vous me le permettez, dans
le même ordre d'idées. On a vu, dans le passé, le
gouvernement mettre une compagnie en faillite à cause de la taxe de
vente. Dans un cas précis, pour $600 000 de taxe de vente, on a fait
perdre $3 millions aux consommateurs. Vous savez probablement de quel cas je
veux parler. Dans vos prochaines données, en tout cas vos prochains
projets de loi, est-ce qu'il y a des processus comme cela? N'aurait-on pas
dû plutôt que de mettre la compagnie en tutelle ou ainsi de suite
pour protéger le consommateur, dans un cas tel que cela s'est
produit...
Mme Payette: Je pense que...
M. Goulet: Probablement que je pourrais m'adresser au
ministre.
Le Président (M. Laplante): Toujours.
M. Goulet: Je m'excuse, M. le Président. C'était
par votre entremise et par l'entremise du ministre, à son directeur.
Mme Payette: Je pense que, dans ce cas, il s'agit de politiques
qui existent au niveau du ministère du Revenu et il faudrait,
évidemment, adresser cette question peut-être au ministre du
Revenu. Maintenant, chose certaine, s'il y a possibilité de faillite, il
est possible que le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, ou l'office fassent des représentations
dans le sens de l'intérêt des consommateurs auprès du
ministre du Revenu.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Le programme 1,
élément 1, adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Goulet: M. le Président, c'est juste une demande de
directive ou de renseignement. L'Hy-dro, je sais que c'est dans le programme 1,
mais est-ce dans l'élément 1 également? Facturation de
l'Hydro-Québec.
Mme Payette: C'est le mémoire qui a été
présenté par l'Office de la protection du consommateur à
la commission parlementaire sur l'énergie.
M. Goulet: C'est parce que vous en parlez dans votre rapport
à la page 11.
Mme Payette: C'est une information tout simplement pour vous dire
que l'office a participé à la commission parlementaire de
l'énergie pour représenter les intérêts des
consommateurs. C'est simplement une information.
M. Goulet: Mais pour une question, est-ce que cela irait dans le
programme 1, à l'élément 1?
Le Président (M. Laplante): Oui, allez-y donc pour une
dernière question.
M. Goulet: C'est parce qu'on dit que l'office a
constaté que le consommateur est lésé de plusieurs
façons. Egalement, j'ai vu des recommandations à cet effet; ce
sont des changements que veut apporter l'office. Est-ce qu'on pourrait savoir
quand, de la part du ministre?
Mme Payette: Vous voulez savoir quand l'Hydro-Québec va
apporter ses réformes?
M. Goulet: Oui.
Mme Payette: Ce que je veux dire, c'est que, comme ministre
responsable de la protection des consommateurs, je vais continuer d'insister,
chaque fois que l'occasion va m'en être offerte, pour avoir une meilleure
protection du consommateur, surtout d'un organisme gouvernemental, mais je ne
vois pas de quelle façon je peux...
M. Goulet: Mais si c'était une compagnie privée, un
particulier, vous pourriez intervenir pour l'obliger. Je ne vois pas pourquoi
vous ne pourriez pas intervenir. Non? Vous pouvez faire quoi, à ce
moment, lui enlever son permis?
Mme Payette: Pas plus, les recommandations...
M. Goulet: II faudrait enlever le permis à
l'Hydro-Québec.
Mme Payette: Ecoutez, je pense qu'il ne faut pas confondre, il
s'agit d'un mémoire qu'on a fait à la commission parlementaire
sur l'énergie. C'était à l'intérieur du mandat
général de l'office, mais à l'office et au
ministère comme tels, on n'a pas de juridiction sur
l'Hydro-Québec, on n'a pas de juridiction sur le gaz naturel...
M. Goulet: Non, je comprends.
Mme Payette: C'est parce qu'on reçoit, à l'Office
de la protection du consommateur, un grand nombre de plaintes qu'on est venu
devant la commission parlementaire, et on a déposé les
constatations qu'on avait à la suite des plaintes.
M. Goulet: Je comprends, M. le directeur. Si monsieur, en tant
que particulier ou compagnie ou propriétaire d'un commerce, si les
consommateurs faisant affaires avec lui sont lésés, vous avez des
poursuites, à un moment donné. Quel pouvoir avez-vous pour
remédier à la situation?
Certains consommateurs sont lésés par
l'Hydro-Québec. S'ils étaient lésés par une
compagnie privée ou un particulier, quel pouvoir auriez-vous pour avoir
des poursuites, à un moment donné? C'est ma question.
Mme Payette: Actuellement, pour ce qui a trait à
l'Hydro-Québec, on n'a aucun pouvoir, sinon de représenter le
consommateur et de demander à l'Hydro-Québec d'acquiescer aux
demandes du consommateur. Cela, c'est pour ce qui a trait à
l'Hydro-Québec.
Maintenant, pour ce qui a trait au secteur sur lequel on a juridiction,
matière de crédit, matière de vendeurs itinérants,
on peut, s'il y a infraction à la loi, poursuivre le commerçant
qui a commis l'infraction. On peut, éventuellement, selon la
gravité de l'infraction, faire suspendre son permis.
M. Goulet: Je suis d'accord, mais que le consommateur soit
lésé par un corps public ou un particulier, il est
lésé. Que ce soit une pécadille d'un vendeur de gomme ou
d'aspirateurs, vous allez l'écraser, et puis si 6 millions de
consommateurs sont lésés, vous n'avez aucun pouvoir.
Mme Payette: Ecoutez, je vous parle à partir des pouvoirs
qu'on a, actuellement, dans la loi, d'intervention. En vertu de la loi, on a un
pouvoir d'intervention pour les vendeurs itinérants et pour les
émetteurs de crédit, s'il y a infraction à la loi.
Maintenant, quant à l'Hydro-Québec ou quant aux compagnies
qui fournissent de l'énergie, il y a toute une série de lois qui
régissent ces compagnies. Comme on s'appelle Office de la protection du
consommateur, les consommateurs viennent chez nous pour se plaindre d'une foule
de problèmes de consommation. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a
présenté un mémoire qui plaçait devant la
commission de l'énergie les problèmes qu'on recevait et les
solutions qu'on pouvait suggérer. Mais l'intervention légale, on
n'en a pas en vertu de la loi, on n'a pas de pouvoir en vertu de la loi.
M. Goulet: Je ne sais pas par quelle intervention...
Mme Payette: Pour compléter cette réponse, si vous
me permettez, M. le député, je dois, à ce moment-ci, tenir
pour acquis que j'aurai votre appui lors de la présentation d'un nouveau
projet de loi qui nous permettra d'avoir en main les moyens légaux de
défendre les consommateurs adéquatement.
M. Goulet: Absolument, parce qu'un consommateur, qu'il soit
lésé par un ou par un autre, il est lésé, c'est le
même argent, c'est le même type. J'imagine que le ministre va se
servir de son influence pour...
Mme Payette: Le ministre va se servir de ce qu'il connaît
pour préparer un projet de loi qui nous permette de combler ce qui nous
paraît être des trous béants dans la loi 45 qui existe
présentement.
Le Président (M. Laplante): Une courte question
additionnelle, M. le député de Sainte-Marie. Si vous en avez une,
monsieur, vous la poserez aussi dans la même optique.
M. Bisaillon: Ce n'était pas une question, c'était
juste pour ajouter ma voix au député qui vient de parler sur la
question de l'Hydro-Québec et, en particulier, sur la question du gaz
naturel.
Le Président (M. Laplante): Votre message est
passé.
M. Bisaillon: Je n'ai pas terminé, M. le Président.
Je veux attirer l'attention sur un problème
majeur qui est celui de la facturation, en particulier dans les milieux
défavorisés de Montréal. Si jamais il était dans
les intentions du ministre d'inclure cela dans les amendements à la loi,
cela répondrait à un besoin urgent pour l'ensemble de la
population, de Montréal en tout cas.
Mme Payette: J'en prends bonne note, M. le
député.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce qu'on doit comprendre de la réponse du
ministre, qui semblait fort positive, qu'elle a l'intention d'inclure dans son
projet de loi les pouvoirs de couvrir ces situations qui ont été
décrites, y compris à l'égard de l'Hydro-Québec ou
d'autres organismes publics gouvernementaux?
Mme Payette: La volonté de le faire est certainement
là, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Nous allons
continuer notre travail pour présenter le meilleur projet de loi
possible.
M. Lalonde: M. le Président, vous avez demandé de
l'adopter, tantôt, je ne sais pas si on est rendu là. Avant de
donner notre accord, j'aimerais quand même conclure en espérant
que le gouvernement, sans nécessairement brimer les libertés
individuelles, va réussir à mettre derrière ce titre, la
Loi de la protection du consommateur, qui est un titre fort prétentieux
à mon sens quand on voit ce qu'il y a dedans, c'est un bon
début, je crois ...
Mme Payette: ... on va appeler cela un code.
M. Lalonde: ... d'autres dispositions pour réellement
obtenir la protection que les consommateurs recherchent.
Mme Payette: M. le député, je tiens pour acquis que
j'aurai votre appui au moment du dépôt de ce projet de loi.
M. Lalonde: Sur la première lecture, sûrement.
Ensuite, on discutera sur la façon de le faire.
Le Président (M. Laplante): Programme 1,
élément 1. Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Programme 1,
élément 2.
M. Lalonde: M. le Président...
Contrôle et surveillance du courtage
immobilier
Le Président (M. Laplante): Contrôle et surveillance
du courtage immobilier.
M. Lalonde: ... sur cette question, si vous me donnez la parole
maintenant, je vois à peu près le même genre de
dispositions dans les crédits; quelques augmentations, quelques
diminutions à certains postes précis. Je demanderais au ministre
de nous décrire quelles sont ses intentions à propos de cet
élément, à savoir s'il a l'intention de
réaménager la loi, de prendre d'autres dispositions dans le cours
de l'année actuelle.
Mme Payette: Nous avons déjà fait connaître
notre intention d'apporter des amendements à la Loi de courtage
immobilier. Si je peux me permettre de vous renvoyer à ce document que
vous avez entre les mains, je pourrais vous dire que la fonction de
contrôle et de surveillance que le ministère exerce à ce
niveau a procédé à 764 inspections et enquêtes
particulières dans ce secteur. Les irrégularités qui ont
été identifiées ont été
dénoncées et ont fait l'objet des décisions suivantes.
Il y a eu exactement 43 autorisations de poursuite en vertu de la Loi
des poursuites sommaires pour infraction à la loi contre 33
non-détenteurs de permis et 10 détenteurs de permis. De plus, il
y a eu exactement 14 suspensions de permis dont 12 pour une période
provisoire et 2 pour la durée du permis. 11 permis ont fait l'objet de
révocation, soit 3 permis de firmes de courtage, soit 2 droits
d'exercice à titre de représentants de firmes de courtage et 6
permis de vendeur à l'emploi de courtiers. Dans le cadre de sa vocation
d'assurer la protection du public, le ministère a accordé une
importance particulière au domaine du courtage immobilier. Face à
l'instabilité du personnel oeuvrant dans l'industrie et à
l'observation de certaines pratiques qui peuvent porter préjudice au
consommateur, le Service de courtage immobier du Québec a mis en place
certaines mesures administratives nécessaires pour assurer l'atteinte
des objectifs que je vais essayer de vous résumer.
D'abord, s'assurer que le requérant de permis a une connaissance
plus approfondie de la Loi du courtage immobilier et de ses règlements
d'application ainsi que des autres lois connexes, accroître les mesures
de contrôle et de surveillance auprès des détenteurs de
permis, détenir des informations pertinentes afin de mieux
apprécier la situation du marché immobilier et les pratiques qui
ont cours dans le secteur du courtage immobilier.
Et nous pensons que c'est ainsi que les données des rapports que
doivent produire annuellement les firmes de courtage sont colligées afin
de permettre l'analyse de la situation et circonscrire toute situation qui
pourrait être problématique. Alors, en ce qui concerne le courtage
immobilier, vous savez que c'est une loi qui remonte à 1962, je ne
laisserai pas le député de Jacques-Cartier faire l'historique,
qui vise principalement à protéger le public...
M. Lalonde: Enfin, vous avez compris.
Mme Payette: Ah! je vais apprendre, vous savez... partir des
transactions immobilières par l'intermédiaire d'agents
immobiliers. Comme toute autre loi vouée à la protection du
consommateur, nous constatons que la Loi du courtage immobi-
lier a besoin d'être amendée, afin de mieux protéger
le public, principalement au point de vue financier et en prohibant certaines
pratiques qui sont apparues au cours des dernières années et qui
ne semblent pas être dans l'intérêt même des personnes
qui transigent par l'intermédiaire d'agents immobiliers.
J'ai eu l'occasion de m'adresser aux membres de l'Association de
l'immeuble, en congrès à Québec, et à cette
occasion, j'ai fait part de ma décision de procéder à
l'analyse des problèmes qui concernent les courtiers en immeuble et ceux
auxquels sont confrontés le public en vue de proposer à
l'Assemblée nationale les modifications à la Loi du courtage
immobilier qui s'imposent maintenant.
La Loi du courtage immobilier est une mesure législative qui a
pour but de protéger le public. Aussi est-il nécessaire que le
public soit informé de la protection que la loi lui accorde et de
l'existence du service du courtage immobilier, organisme que le
ministère responsable de son administration et des régimes de
permis, du contrôle et de la surveillance des gens oeuvrant dans
l'industrie du courtage immobilier. A cette fin un effort particulier a
été fait au cours de la dernière année, pour mieux
informer le public et ceux qui oeuvrent dans cette industrie.
C'est ainsi qu'avec la collaboration de l'Office de la protection du
consommateur, une série d'articles a été publiée,
pour informer le public des différentes procédures qui entourent
une transaction immobilière, principalement lorsque celle-ci est
effectuée par l'intermédiaire d'agents immobiliers. L'achat d'un
immeuble est, sans contredit, pour la très grande majorité des
gens, l'achat le plus important qui peut être effectué au cours de
leur vie et l'immeuble acquis constitue pour la majorité l'essentiel de
leur patrimoine.
Quant aux détenteurs de permis, le service de courtage immobilier
leur fait parvenir périodiquement des informations sur les principales
décisions prises dans le cadre de la Loi du courtage immobilier. Cette
diffusion de l'information a, sans contredit, pour but principal de
prévenir la commission d'infractions à la loi. Je peux vous
assurer que les agents d'immeubles rencontrés en congrès,
à Québec, ont manifesté un désir urgent de voir des
amendements apportés à la Loi qui régit le courtage
immobilier devant, là aussi, des années d'attente et des trous
béants qui créent des situations difficiles pour le
consommateur.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le ministre est en
mesure de nous indiquer de façon quand même très
précise, mais au moins générale, à quel secteur
d'activité, ou quelles sont les dispositions qu'elle veut proposer
à l'Assemblée nationale dans le projet de loi annoncé, et
quand elle s'attend à le proposer?
Mme Payette: J'ai pris l'engagement auprès des agents
d'immeubles que ce projet d'amendement sera déposé à la
session d'automne. Je peux vous dire qu'entre-temps, devant l'inaction du mi-
nistère précédent les courtiers en immeubles avaient fait
la demande, auprès de l'Office des professions du Québec, d'une
reconnaissance de leur profession, qui leur a été
refusée.
Devant cette situation qui semble «ans issue, je pense qu'il
serait inconcevable pour le ministère de remettre au-delà de la
prochaine session d'automne un amendement qui s'impose à la Loi du
courtage immobilier.
M. Lalonde: Si je comprends la référence que le
ministre fait à la demande des membres de cette profession, comme ifs le
désiraient, d'être reconnus comme professionnels, l'amendement
viserait-il simplement à donner un statut particulier au groupe, aux
détenteurs de permis?
Mme Payette: La formule pour laquelle nous opterons n'est pas
encore complètement définie.
M. Lalonde: Est-ce le seul amendement que le ministre veut
apporter ou y a-t-il d'autres dispositions que le ministre est prêt
à nous communiquer actuellement?
Mme Payette: Pour l'instant, je ne peux pas aller au-delà
de ce que je vous dis. C'est un travail qui est en train de se faire à
l'intérieur du ministère. Nous venons de constater l'urgence
devant les demandes répétées des agents d'immeubles et
nous sentons la responsabilité d'intervenir le plus rapidement
possible.
M. Lalonde: Quelle forme prendrait cette intervention qui est si
désirée par les agents d'immeuble?
Mme Payette: Tout simplement, les amendements qui sont requis
à la Loi du courtage immobilier pour en faire une loi adéquate
selon les besoins actuels.
M. Lalonde: Oui, je sais, mais c'est assez vague. Evidemment,
tout le monde dit que ce qu'on apporte comme dispositions, c'est pour rendre la
loi adéquate. C'est très bien, c'est parfait. Tout le monde va
être d'accord avec cela. On est ici, on parle d'un élément
très particulier du budget, des crédits, à savoir le
courtage immobilier. Le ministre nous dit que les agents d'immeubles
désiraient être reconnus comme professionnels; cela leur a
été refusé. Le ministre a l'intention d'apporter un
amendement à la loi, mais que va faire l'amendement? Va-t-il
reconnaître le groupe des agents d'immeubles, les détenteurs de
permis? Que va-t-il faire? Il me semble que, si le ministre a pris la peine de
s'adresser à eux, a pris la peine de recevoir leurs doléances,
elle doit être en mesure de nous dire que quelle façon elle va
traiter le problème dans cet amendement.
Mme Payette: D'une part, je vais céder la parole à
M. Carrier pour avoir plus d'explications, mais il semble que la plus grande
difficulté qu'on ait pu constater, c'est quand il se produit un
conflit d'intérêts, là où un agent immobilier
peut être en même temps, acheteur et vendeur d'un immeuble.
Il semble que cela ait donné lieu jusqu'à maintenant
à certains abus. Cela semble ce qui ressort principalement. Si vous
permettez, on va continuer la réponse.
M. Lalonde: Oui, c'est-à-dire lorsque l'agent
représente l'acheteur et non pas et l'acheteur et le vendeur. Là
il représente l'acheteur et le vendeur.
Mme Payette: M. Martel va pouvoir nous donner la suite. M. Martel
est le surintendant du courtage immobilier.
M. le Président, comme le ministre l'a mentionné, il est
difficile, à cette étape-ci, de définir les amendements
précis de la Loi du courtage immobilier. Il demeure que le gouvernement
a déjà pris une décision puisqu'il avait l'alternative
d'accorder à l'association d'immeubles du Québec la constitution
d'une corporation professionnelle.
Le gouvernement a plutôt opté, e.t ce à partir de
l'avis préparé par l'Office des professions du Québec qui
ne recommandait pas l'institution d'une nouvelle corporation professionnelle,
pour un régime de permis. Donc, c'est le statu quo en termes de
régime de base. Il va de soi que la Loi du courtage, qui date de 1962, a
besoin d'être amendée pour répondre aux besoins nouveaux,
puisque cette industrie s'est développée d'une façon
très accélérée, principalement au cours des cinq
dernières années. Les montants qui sont en jeu
représentent près de $2 milliards par année, de sorte que
le ministère conçoit qu'il est urgent de légiférer,
surtout en matière de pratiques interdites.
Or, il va de soi que le problème de la spéculation
immobilière, qui a été dénoncée par le
ministre, constitue le problème numéro 1 qui risque d'apporter du
discrédit à cette industrie. Les informations que nous avons de
l'association de l'immeuble sont à l'effet que l'association
elle-même recommande au ministre de faire quelque chose dans ce
domaine.
La loi confie présentement des pouvoirs discrétionnaires
assez extraordinaires au surintendant du courtage immobilier. Mais il demeure
qu'il est difficile d'exercer, dans tous les cas, cette discrétion pour
protéger le consommateur à la base, de sorte qu'en plus de
légiférer sur des questions de pratiques interdites, on entrevoit
la possibilité de toucher les problèmes de documents qui sont
à la base des transactions immobilières et qui
génèrent, si on peut dire, près de 90% des conflits entre
les individus.
C'est là que le ministère voit l'importance de
légiférer sur les documents qu'utilisent les personnes qui
oeuvrent dans l'industrie du courtage avec un permis du gouvernement. C'est la
question des documents. Il y a la question de la protection financière
qui avait aussi été énoncée lors de la commission
parlementaire précédente sur le budget du ministère en
juin dernier. On se réfère ici à toute la question de la
protection des dépôts qui ont été remis aux
courtiers en immeuble, et le ministère est maintenant en mesure de
savoir précisément, à chaque mois, les montants que
possèdent les courtiers en immeuble pour autrui. Nous savons
présentement que ces dépôts se situent entre $13 millions
et $15 millions en tout temps. Sur ces $13 millions à $15 millions,
seulement $5 millions sont détenus par les compagnies de fiducie. C'est
donc dire qu'il y a près de $8 millions qui, en tout temps, sont
possédés par les courtiers en immeuble à titre de
fiduciaires. Ceci pose un problème car, même si on confie des
pouvoirs énormes au ministère, ce dernier n'est pas l'oeil de
Dieu et un compte en fiducie pourrait facilement être vidé de
sorte que le ministère soit appelé à intervenir
après coup.
Nous essayons présentement par des mesures administratives de
dissuader ou de contrôler les gens qui détiennent des
dépôts pour autrui.
Le Président (M. Laplante): Nous suspendons les travaux
jusqu'à vingt heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 1
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, mesdames,
messieurs! Reprise des travaux pour l'étude des crédits pour
l'année financière 1977/78 du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
Voici les changements qu'il y aura ce soir. M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M. Giasson
(Montmagny-L'Islet); M. Raynauld (Outremont) remplacé par M. Marchand
(Laurier).
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse, je me demande si
on a quorum. Je ne veux pas être procédurier, mais je ne voudrais
pas non plus que nos travaux soient...
Le Président (M. Laplante): On a quorum, monsieur.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous allons
débuter en soulevant un point de règlement qui nous semble
extrêmement important. Il a été de tradition ici, et cela a
aussi été établi bien fermement d'après nos
institutions, que l'étude des crédits est l'occasion pour
l'Opposition d'étudier scrupuleusement les deniers votés pour les
différentes activités gouvernementales et les différents
ministères.
Nos règlements, à ce point de vue, traditionnellement et
au texte, sont très larges. Il a été établi que le
maximum de dix heures pour l'étude de ces crédits est
réellement une des règles les plus fixes que nous ayons, mais,
d'un autre côté, à l'intérieur de ces dix heures,
l'Opposition a, de par les règlements, le droit de poser les questions
qu'elle veut bien poser et de procéder avec grande liberté et de
la façon qu'elle le désire, de façon que la population
soit le mieux renseignée possible sur les montants d'argent qui seront
dépensés par les divers ministères.
Nous avons voulu, à la séance de ce matin comme à
la séance de cet après-midi, être très larges
à ce sujet, bien que nous ayons été, M. le
Président, avec tout le respect qu'on vous doit, un peu surpris de
certaines décisions que vous avez rendues.
Mais comme vous êtes nouvellement élu et nouvellement
président d'une commission, nous avons bien compris qu'il était
impossible pour un homme d'être absolument au courant subito presto des
règlements comme des traditions. Seulement, au début de cette
séance, l'Opposition officielle voudrait bien établir que nous
avons le droit de parler sur tout sujet discuté, à notre guise,
et plusieurs fois, et que nous sommes très peu, par la tradition,
limités dans le temps. Puisque vous êtes notre protecteur, que
vous êtes celui qui doit protéger les droits de l'Opposition, nous
vous demandons cette protection et nous vous demandons de bien vouloir nous
donner cette liberté d'action qui nous permettrait d'aller au fond des
choses et dans les détails aussi loin que nous voudrions bien y aller si
nous croyons qu'il est d'intérêt public de le faire.
Il y a aussi une autre tradition d'établie, c'est que les
premières questions vont à l'Opposition officielle. Lorsque, sur
un sujet donné, l'Opposition a terminé son étude, c'est
habituellement l'Union Nationale ou les divers députés
indépendants qui ont le droit de parole. C'est tout en dernier que les
députés du gouvernement peuvent après prendre les
informations qu'ils jugent à propos d'obtenir. Cette tradition, non
plus, dans les deux séances précédentes, n'a pas
été suivie, ce qui fait qu'on passe un peu à bâtons
rompus d'un sujet à l'autre, et qu'à titre d'Opposition
officielle, nous nous sentons un peu bousculés, submergés. Nous
avons l'impression que nous ne pouvons pas accomplir notre devoir dans le sens
que nous le voulons bien. Nous avons remarqué, M. le président,
depuis la nouvelle Législature, que l'exécutif essayait d'avoir
de plus en plus d'autorité sur les institutions parlementaires.
Inutile de vous mentionner que ces institutions, qui existent de
très vieille date, veulent que l'Opposition ait une grande marge de
manoeuvre, surtout lors de l'étude des crédits, parce que c'est
là notre occasion, bien souvent unique, d'aller au fond des choses et de
faire les critiques qui s'imposent.
Il m'a paru tout à fait irrégulier qu'on considère
que l'étude des crédits se limite aux questions. Depuis dix ans
que je suis député, c'est la première fois que j'ai
entendu argumenter sur un tel principe. C'est certain que l'étude des
crédits dépasse largement le simple fait de poser des questions.
L'Opposition a reçu un droit strict et fondamental de faire
connaître ses opinions, ses idées, ses principes et ceci, sans
être interrompue d'aucune façon et avec le temps voulu pour le
faire, soit dix heures, M. le Président.
Alors, sans bousculer personne et avec le respect qu'on vous doit et
qu'on doit à la présidence, c'est là, M. le
Président, mes opinions au sujet de la procédure qui a
été suivie dans nos deux séances
précédentes.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, je pense que la question soulevée par le
député de Jacques-Cartier est tout à fait indiquée.
Lors de la séance de ce matin et peut-être surtout lors de la
séance de cet après-midi, la présidence a appliqué
une certaine procédure qui est tout à fait inconnue à nos
traditions et surtout au règlement.
Je pourrais vous citer l'article 160 du règlement qui dit:
"Lorsqu'une commission étudie un projet de loi après la
deuxième lecture ou des crédits c'est le cas actuellement
un député peut prendre la parole sur le même point
aussi souvent qu'il lui plaît, à condition de ne pas parler plus
de 20 minutes en tout sur un même article, un même paragraphe, une
même motion ou une même question d'ordre ou de
règlement?"
M. le Président, lorsque, à quelques reprises, vous
êtes intervenu soit pour donner la parole à des
députés représentant le gouvernement, soit pour limiter le
député de Jacques-Cartier, entre autres, à vingt minutes,
à l'élément 1 du pro-
gramme 1, je pense qu'avec tout le respect que je dois à la
présidence même, vous n'avez pas appliqué d'une
façon non seulement libérale, comme vous disiez, mais d'une
façon juste, le règlement et surtout, vous n'avez pas tenu compte
de la tradition.
Ce n'est pas l'intention de l'Opposition officielle, actuellement, d'en
faire une question spectaculaire à ce stade-ci. Toutefois, la
très grande majorité des membres de cette commission en sont
à leur première expérience quant au déroulement des
travaux d'une commission parlementaire.
Vous-même, M. le Président et on ne peut vous en
tenir rigueur, il y a un commencement à tout vous êtes
sûrement aussi à une des premières occasions d'exercer la
fonction que vous exercez actuellement.
Toutefois, je pense qu'il est bon que l'Opposition officielle vous
rappelle que nous avons l'intention d'exercer et de faire appel à tous
les droits qui nous sont accordés et par la tradition et par le
règlement de sorte que nous aurons tout d'abord, la
préséance sur le droit de parole, sur toute question, sur tout
paragraphe, sur tout sujet qui pourraient être apportés devant
cette commission. Et deuxièmement, nous vous rappelons que,
conformément à l'article 160, premier paragraphe, l'Opposition ou
un membre, un député de l'Opposition comme un
député éventuellement, après l'Opposition
du gouvernement aura le droit de parler huit heures s'il le faut
ce n'est pas notre intention de faire de l'obstruction là-dessus, mais
quand même, on veut savoir qu'on a les coudées franches
tout le temps nécessaire pourvu qu'il ne dépasse pas vingt
minutes en tout sur un paragraphe ou sur un même article.
Alors, j'espère, M. le Président, que vous
reconnaîtrez que notre comportement jusqu'à maintenant a
été respectueux de la présidence, mais que nous avons le
droit de procéder suivant le règlement, suivant la tradition et
que désormais le déroulement de cette commission se fera
conformément à ces principes.
Je pense, M. le Président j'attends votre réaction
à cette question de règlement qu'elle est
présentée d'une façon tout à fait ordonnée,
d'une façon tout à fait respectueuse. Nous avons toutefois
l'intention de réclamer vigoureusement nos droits de sorte que nous
puissions, comme c'est la seule occasion que nous avons de le faire, lors de
l'étude des crédits d'un ministère, examiner à
notre guise tout point, conformément aux règlements, tout
paragraphe de toute politique ou de toute proposition, y compris des
programmes, des éléments, des supercatégories, et
j'espère, M. le Président, que vous reconnaîtrez que notre
question de règlement est bien fondée.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Sur la même question de règlement, M.
le Président, quant à moi, j'ai écouté
attentivement pendant quinze minutes les argu- ments qui ont été
invoqués par le député de Marguerite-Bourgeoys et par le
député de Jacques-Cartier et, à la lecture de l'article
160, que le député de Marguerite-Bourgeoys nous a lu, je ne vois
rien dans l'article 160 qui interdise à un député du parti
ministériel d'intervenir au niveau d'une commission parlementaire. Il
est dit qu'un député peut. Il n'est pas dit: Un
député de l'Opposition, de préférence à un
député du parti ministériel. Je reconnais que l'Opposition
peut avoir des privilèges, des droits, qu'on peut s'entendre pour un
fonctionnement. Quant à moi, je défendrai tout aussi
vigoureusement que l'a fait le député de Marguerite-Bourgeoys mon
droit essentiel, qui est celui d'un député, de me
préoccuper des questions qui sont portées à ma
connaissance au moment d'une commission parlementaire. Cela dépend
évidemment de quelle façon on entend jouer son rôle comme
député.
Il peut être vrai, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, que nous sommes nouveaux dans cette Chambre. C'est
peut-être aussi parce qu'on veut exercer notre rôle de façon
différente, et vous ne pouvez pas nous blâmer de vouloir l'exercer
de façon différente en prétextant que, dans le
passé, vous n'avez pas joué ce type de rôle. Je veux poser
des questions sur les politiques du ministre de la même façon que
je pourrais le faire si j'étais dans l'Opposition, au moment où
je sens que cela ne correspond pas aux besoins des gens qui m'ont élu.
Je pense que cela aussi, c'est mon devoir, même comme
député ministériel. Cela est pour la première
partie.
Pour ce qui est des doléances du député de
Jacques-Cartier, j'ai l'impression que le député de
Jacques-Cartier en manque des grands bouts parce que, cet après-midi, on
s'était entendu sur un fonctionnement, on avait convenu de ce
fonctionnement.
Si, à ce moment-là, il avait protesté, je
comprendrais fort bien ses interventions de ce soir, mais, cet
après-midi entre autres, il a accepté notre fonctionnement.
Deuxièmement, cela n'a pas été un fonctionnement
qu'on a forcé, qu'on a bousculé; cela a été fait
d'un commun accord. Troisièmement, le député de
Jacques-Cartier a voulu prétendre qu'on avait limité ses
interventions à des questions. Il ne se rappelle sûrement pas du
long texte de vingt minutes qu'il nous a lu, en sautant quelques lignes de
temps à autre, où il nous a fait tout l'historique des lois qui
ont été votées par les anciens gouvernements au sujet de
la protection du consommateur.
Je pense qu'il y a un peu de "charriage" dans ce qui a été
présenté. Je suis prêt à reconnaître qu'on
peut être plus ouvert dans nos discussions, mais je tiendrais quand
même à ce que les députés de l'Opposition officielle
reconnaissent une chose. C'est qu'on a un rôle à jouer comme
député en oubliant qu'on est de l'Opposition ou du parti
ministériel et que ce rôle est un rôle essentiel, qui nous a
été confié par des électeurs qui n'ont pas fait la
différence, au moment où ils nous ont élus, de savoir si
on serait dans l'Opposition officielle ou dans le parti ministériel.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, sur le point de
règlement, j'aimerais que la présidence prenne note que ce n'est
certainement pas l'Union Nationale qui a allongé les débats
intentionnellement. Cela fait vingt minutes que l'on discute pour rien, qu'on
pose des questions; je serais prêt à en poser si on est
prêt...
Le Président (M. Laplante): Pour rendre jugement
là-dessus...
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, avant que vous
ne rendiez jugement, je voudrais quand même préciser certains
points soulevés par le député de Sainte-Marie. Ce n'est
pas le règlement ou l'article 160 que j'ai invoqué pour
reconnaître à l'Opposition officielle une préséance
dans la participation aux débats en commission concernant les
crédits. C'est la tradition. Naturellement, ce n'est blâmer ni le
député de Sainte-Marie ni les autres qui sont ici depuis peu de
temps. Moi-même, je ne suis pas ici depuis très longtemps. S'il a
vu un blâme ou un reproche là, qu'il change d'idée;
là n'était pas mon intention.
Quand il dit que nous avons accepté un fonctionnement,
c'était justement à la suite d'une décision de la
présidence, décision que nous ne voulions pas, à ce stade
du déroulement de nos travaux, soulever comme question de
règlement, espérant que la présidence trouverait
éventuellement sa façon de fonctionner, conformément non
seulement au règlement, mais à la tradition.
Il en est ainsi pour le long texte que le député de
Jacques-Cartier a lu. Ce n'est qu'après une intervention que j'ai faite
et que le président a reconnue, à savoir que nous n'étions
pas ici à une période de questions.
Je me souviens très bien qu'après un certain rappel que je
lui avais fait, il a pris le soin de rappeler aux membres de cette commission
que chaque député avait vingt minutes pour intervenir sur une
question. Là où je ne suis pas d'accord avec la décision
du président, c'est lorsqu'il applique d'une façon rigide ces
vingt minutes à tout un programme ou à tout un
élément.
L'article 160 dit bien, M. le Président, que le
député peut prendre la parole sur un même point, aussi
souvent qu'il lui plaît, à la condition de ne parler plus de vingt
minutes en tout sur un même article, un même paragraphe, une
même motion ou une même question d'ordre ou de
règlement.
La présentation que le député de Jacques-Cartier a
cru bon faire je ne veux pas discuter de l'opportunité de la
faire, je pense que c'était très bien fait couvrait
beaucoup de points; elle couvrait des lois qui avaient été
adoptées dans le passé, des décisions politiques; elle
couvrait tout le développement, l'évolution de la
législation, en ce qui concerne la protection du consommateur.
Le député de Jacques-Cartier, en fonction de l'article 160
du règlement, au paragraphe 1, aurait pu parler pendant quatre heures
là-dessus, parce que cela s'appliquait à plusieurs paragraphes,
plusieurs points, plusieurs sous-catégories de l'élément 1
du programme.
C'est là que le président, je crois, devrait
reconnaître que l'article 160 donnait et donnera, aux
députés de tous les partis, mais avec préséance,
conformément à la tradition, à l'Opposition officielle,
une liberté de parole complète. Si le député de
Sainte-Marie veut prendre trois heures pour essayer de convaincre le ministre
des Consommateurs de changer sa politique, de réclamer des
crédits additionnels, naturellement, nous allons l'écouter avec
intérêt.
M. Bisaillon: ... dans les circonstances.
M. Lalonde: Mais cela n'a pas été le cas
jusqu'à maintenant. Je pense que le député de Sainte-Marie
devra reconnaître que c'est la tradition parlementaire, longuement
établie. Je pense qu'on peut consulter à ce point-là le
passé. Le déroulement des commissions parlementaires relativement
aux crédits, dans le passé, c'est cette tradition qui a
établi la préséance de l'Opposition officielle dans le
déroulement des travaux d'une commission parlementaire appelée
à examiner les crédits des ministères.
M. Marchand: M. le Président, sur un point du
règlement, je voudrais quand même dire que je sors de la
commission parlementaire du haut-commissariat et qu'au début de la
défense de ses crédits, le ministre a fait une intervention,
probablement, lui aussi, d'une vingtaine de minutes. Après le
député de l'Opposition officielle, le député de
Laurier a fait son intervention qui a sûrement duré une vingtaine
de minutes, et le député de l'Union Nationale a fait la
même chose.
C'est une tradition ici qui dure depuis que je suis
député, au moins depuis 1970, et qui a préséance,
puisqu'elle existait auparavant, que les crédits sont défendus
par un ministre et que les députés de l'Opposition sont là
pour faire la lumière sur les crédits qu'il défend. Nous
avons accepté que les hauts fonctionnaires du ministère
répondent à la place du ministre et je ne fais pas de reproches
au ministre là-dessus, puisque là aussi, c'est une tradition.
Normalement, c'est le ministre qui répond aux questions, si l'on s'en
tient au règlement, mais c'est accepté, encore par tradition; un
ministre ne peut quand même pas avoir tous les chiffres en tête,
toutes les propositions qui sont faites par les hauts fonctionnaires au
ministre. Dans cet objectif, il est normal qu'à l'occasion, les
fonctionnaires du ministre répondent à sa place. Nous sommes dans
un régime parlementaire britannique, n'en déplaise à qui
que ce soit, c'est le nôtre, et les décisions antérieures
font jurisprudence.
Il est normal que le ministre, lorsqu'il commence la défense de
ses crédits, fasse une déclaration, longue ou courte. Je n'ai
jamais vu une Opposition s'y opposer. S'il ne veut pas en faire, c'est encore
son problème.
M. Gosselin: M. le Président, je me demande si le
député de Laurier a suivi ce qui s'est passé à la
commission, précisément à cette commission-ci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke, laissez terminer le député de Laurier, s'il vous
plaît!
M. Marchand: Je pense que je suis dans l'ordre et que le
député de Sherbrooke est hors d'ordre. Si j'étais hors
d'ordre, je lui permettrais de m'interrompra, mais je pense que je suis dans
l'ordre.
Le ministre défend ses crédits. L'Opposition les critique
et est en deuxième position là-dessus, je dis bien en
deuxième. Il n'est pas question pour les membres de l'Opposition
officielle de brimer quelque privilège que ce soit.
Je pense que les membres du parti au pouvoir ont strictement le droit de
poser des questions, mais les principales interventions doivent venir du
ministre. Cela s'est passé au moins depuis 1970, je parle de ce que j'ai
vu et de ce que j'ai connu. Je peux dire que j'ai suivi dans le passé
plusieurs commissions parlementaires. J'en suivais au moins deux ou trois,
quatre, cinq ou six par année, et j'ai toujours vu le même
processus que nous, les députés, "back-benchers" avons
accepté. C'est naturellement, des fois, frustrant pour un "back-bencher"
d'écouter, mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est notre
rôle, à nous autres, de l'Opposition d'éclairer et de
demander au ministre en question ce qu'il doit faire dans certains domaines,
pourquoi il fait telle dépense. Je pense bien que cela n'appartient pas
aux députés au pouvoir, qui ne le feront peut-être pas tout
à fait avec la même objectivité. Alors, c'est le rôle
de l'Opposition. C'est notre rôle de poser au ministre toutes les
questions que l'on veut. Je peux même vous dire que le temps
alloué à la défense des crédits d'un
ministère peut être passé sur les
généralités, par les questions de l'Opposition et des
députés au pouvoir, et qu'après cela, si le ministre le
désire, c'est son droit d'arrêter la commission parlementaire et
de dire que ses crédits sont acceptés, après 10 heures. Il
a le droit de boycotter la commission et de dire que c'est fini, même
s'il resterait encore une foule de choses à discuter. Alors, c'est
là qu'est l'affaire. C'est ce que nous demandons. Tout simplement, je
pense que toute intervention doit être faite et surtout, lorsque cela
vient de l'Opposition, vous devez l'écouter religieusement, parce que
vous allez y gagner énormément.
M. Gosselin: M. le Président, nous avons effectivement
écouté religieusement pendant une demi-heure les longues
doléances affligeantes et affligées de l'Opposition qui semblent
viser bien davantage la stratégie d'empêcher, en cette Chambre, de
permettre justement les éclairages concrets sur chacun des points,
article par article, des crédits qui sont là, et pour lesquels le
public a le droit de voir ses députés poser des questions
solides, claires et spécifiques, sur chacun des points qui sont
là. Cela fait une demi-heure qu'on perd là-dessus. Je me
réjouis, ce disant, du fait...
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît,
à l'ordre, dans la salle. C'est regrettable, vous n'avez pas le droit de
manifester.
M. Marchand: M. le Président...
M. Gosselin: ... que mon intervention de cet après-midi
ait pu permettre d'aborder justement, alors que depuis l'avant-midi, on se
perdait en généralités, la discussion du programme 1,
l'élément 1, sur la protection du consommateur et que pour le
public, pour les membres de cette commission, cela ait pu permettre
d'éclairer nos intelligences mutuelles sur chacun des points de ce
programme. Quand nous avons terminé à 18 heures, nous en
étions à la commission du courtage immobilier, aux agents
d'immeubles, et compte tenu que les doléances ont été
entendues, je crois que nous devrions procéder maintenant à
l'examen de ce deuxième élément du programme 1.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! M'appuyant sur l'article 43...
M. Marchand: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marchand: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, M. Marchand!
M. Marchand: Non, c'est le député de Laurier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier.
M. Marchand: Question de règlement quand même.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier! Je vais trancher la question de règlement que vous avez
posée en vertu de l'article 43, si vous voulez attendre; cet article dit
que, lorsque le président rend sa décision, il indique ce qui la
justifie. On dit aussi à l'article 43: Le président se prononce
sur la question de règlement au moment où il le juge à
propos. Il peut demander des directives à l'assemblée ou la
laisser se prononcer. Actuellement, je suis prêt à me prononcer
sur la question de règlement soulevée.
M. Marchand: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de question de
privilège, M. le député de Laurier. Si vous voulez
soulever une question de privilège, je vous conseille de la
présenter à l'Assemblée nationale, une heure avant
l'ouverture.
M. Marchand: Je sais que vous avez raison, M. le
Président, mais, quand même...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier, si vous voulez, pour le bien de cette réunion, nous laisser
continuer d'expliquer ce que le président a comme défense, je
crois que ce serait plus sage.
En vertu de l'article 148, sur la première contestation du
député de Jacques-Cartier, lorsqu'il dit que les
députés, spécifiquement les députés
d'Opposition, doivent avoir préséance sur les autres membres de
la commission, je m'inspire ici de l'article 3 où on dit que, lorsqu'une
commission étudie les crédits des ministères, tout
député peut se faire entendre, qu'il soit membre ou non de ladite
commission. Je ne crois pas avoir jugé avec partialité tout le
long de cette séance. J'ai pris soin minutieusement d'accorder le plus
de temps possible à l'Opposition pour qu'elle puisse se faire entendre.
J'ai toutes les notes ici, prises d'avance, et, si on allait par le temps, je
suis certain que le quart du temps a été aux
députés ministériels et les autres trois quarts aux
députés de l'Opposition, dans toutes les questions.
L'article 168, 160, sur le minutage: Je suis conscient de l'action que
j'ai prise, que j'ai portée comme jugement aujourd'hui. Lorsque vous
avez commencé, lorsque le ministre a fait sa présentation, j'ai
accordé tout le temps voulu aux membres de l'Opposition pour se faire
entendre. Mais, lorsqu'on est arrivé à étudier programme
par programme, à l'élément 1, je me suis servi justement
de l'article 160 qui dit que chaque... Moi, je l'ai interprété
comme président. Je crois que c'est encore un privilège du
président de l'interpréter de façon telle que, pour moi,
à l'élément 1, il y avait une intervention limite de 20
minutes. Si vous avez 20 minutes additionnelles, si vous voulez vous prononcer
sur le programme 1... Lorsque le ministre a fait son exposé, je vous ai
laissé aller autant que vous avez voulu. Lorsque l'élément
1 a été annoncé, pour moi, c'était un article et
j'ai appliqué le règlement tel qu'il était. J'ose croire
que cet incident est terminé pour qu'on puisse continuer de travailler
à l'élément 2 du programme.
M. Marchand: Est-ce que vous permettez, M. le Président,
quand même, une remarque?
Le Président (M. Laplante): Je n'accepte plus de
remarques, M. le député de Laurier. Vous me pardonnerez cet
incident qui se produit actuellement, mais...
M. Marchand: C'est que, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez que le...
M. Marchand: Le député de Sherbrooke a quand
même dit que nous faisions perdre le temps de la Chambre. Mais, s'il
avait été ici de 1966 à 1970, il se serait aperçu
que les mêmes incidents...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier!
M. Marchand: ... les députés de Lafontaine,
Saint-Jacques, Saguenay...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laurier, vous êtes à l'encontre du règlement actuellement.
Je voudrais que cette commission soit productive pour tout le monde. Je ne
crois pas avoir employé... J'ai présidé une
première commission celle de l'énergie durant trois
semaines, je ne crois pas avoir montré de partialité et je ne
crois pas, aujourd'hui, avoir fait preuve de partialité. J'aimerais
accomplir un devoir honnête, sain, pour le bien de la population, pour
que les gens puissent avoir les renseignements...
M. Marchand: C'est ce que nous faisons.
Le Président (M. Laplante): Je ne dirigerai sûrement
pas vos débats au point de vue de dire ce que vous avez à dire.
Ce n'est pas dans ce sens. Mais ce que je voudrais, par exemple, c'est qu'au
moins...
M. Marchand: A ce moment-là, c'est du boycottage.
Le Président (M. Laplante): ... il y ait un décorum
qui puisse exister à cette commission parlementaire.
M. Marchand: C'est du boycottage.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement, s'il vous plaît.
M. Bisaillon: ... vos faiblesses en nous demandant de faire la
même chose que ce que vous avez fait.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Sainte-Marie.
M. Marchand: Ce que les députés du Parti
québécois ont fait...
M. Lalonde: M. le Président...
M. Marchand: ... en commission parlementaire, je m'excuse, le
député de Lafontaine, le député de Saguenay...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Laurier!
M. Marchand:... le député de Saint-Jacques...
M. Bisaillon: ... vous avez été assez faibles pour
l'endurer.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Le député
de...
M. Lalonde: L'article 148, M. le Président, vous l'avez
mentionné, vous l'avez invoqué, au programme 3, ne parle pas de
préséance. Naturellement, c'est exact, et c'est encore une
question de règlement que je soulève. Tout député
peut se faire entendre, qu'il soit membre ou non de la commission. C'est une
indication de la libéralité de notre règlement et je pense
que tous les députés, y compris vous, M. le Président,
doivent être d'accord sur ce règlement, mais la
préséance de l'Opposition officielle relève d'une
tradition et non pas du texte de cet article.
Maintenant, vous avez rendu votre décision. Nous allons
procéder en fonction du règlement. Nous allons voir de quelle
façon la présidence appliquera la tradition et le
règlement, et nous allons examiner ou juger de ce comportement en
fonction du règlement et de la tradition, et à l'occasion
j'espère que l'occasion ne se présentera pas nous
soulèverons encore tous les points de règlement
nécessaires pour faire valoir les droits de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Laplante): M. le député, je
ne demande pas mieux, si, dans l'attribution de ma tâche, je faisais une
erreur, je ne serais pas gêné de me rappeler moi-même
à l'ordre pour vous donner vos droits. Soyez assuré de cela.
M. Lalonde: Votre déclaration me rassure jusqu'à la
fin de ma phrase. Pour le reste, nous serons extrêmement vigilants.
Le Président (M. Laplante): C'est bien. C'est votre
devoir. On continue l'étude du programme 1, article 2: Contrôle et
surveillance du courtage immobilier.
M. Lalonde: M. le Président, si vous le permettez... Au
moment de la suspension à 18 heures, le directeurje pense que
c'est son titre du service du courtage immobilier venait... C'est
surintendant. Je m'excuse. C'est sûrement plus important surintendant. Il
avait fait état, non pas des amendements, mais des questions, des
problèmes, des sujets auxquels des amendements pourraient être
apportés.
Malheureusement, je n'ai pas trouvé dans ses réponses
ma question s'adresse au ministre, naturellement
l'éclairage que je recherchais, à savoir quels amendements, et
surtout, à la suite des propos que le ministre avait tenus, relativement
à ces communications qu'elle avait eues avec l'Association des agents
d'immeubles récemment, à savoir quels sont les amendements
précis qui sont privilégiés, qui sont favorisés par
le ministre relativement à cette loi qui est vieille oui, elle a
quinze ans et qui mérite sûrement d'être amen-
dée, comme toute loi, surtout celles qui ont subi l'épreuve du
temps.
Comme vous le savez, les paroles des fonctionnaires qui répondent
à nos questions avec le consentement de l'Opposition officielle, sont
inscrites au journal des Débats au nom du ministre, donc ma question
s'adresse au ministre à ce moment-ci. Quelles sont les dispositions
précises qui doivent être apportées, qui doivent être
proposées par le gouvernement, justement à cause du fait qu'on a
refusé aux agents d'immeubles le privilège de former une
corporation professionnelle?
Le surintendant a parlé de permis, mais à ce que je sache,
c'est justement ce que la loi prévoit. C'est un système de permis
que la loi prévoit. Alors, qu'y a-t-il de plus avantageux, de plus
efficace que le ministre veut proposer à l'Assemblée nationale,
éventuellement, parce que je pense qu'on a le droit ici, à ce
stade de nos travaux, de s'informer des intentions du ministre? Qu'est-ce que
le ministre a l'intention, de façon plus précise, de proposer
à l'Assemblée nationale, pour régler cette question? Je
suis encore, malheureusement, dans le noir.
Je n'ai pas été éclairé. Je regrette de le
dire. Je pense que le surintendant a naturellement fait son boulot en nous
disant ce que lui, comme surintendant, pouvait comprendre dans cette question,
c'est maintenant au ministre de nous dire quel est le problème et quelle
solution sera proposée.
Mme Payette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
c'est avec grand plaisir que je prends la parole à 20 h 40 pour vous
dire que nous allons, hélas, rester tous les deux un peu dans le noir
pendant un certain temps. J'espère que cela ne vous dérange pas
trop. La période ne sera pas trop longue. Il faut que je vous explique
que c'est le 30 mars dernier que l'Office des professions nous a fait
connaître sa décision et son refus de voir les agents d'immeubles
se former en corporation professionnelle. C'est à ce moment-là,
et c'est une recommandation exclusivement de l'Office des professions de
continuer d'opérer par permis. Donc, depuis le 30 mars, et à
moins que je ne me trompe, je crois que nous sommes le 19 avril, nous sommes en
train d'étudier au ministère quelles sont les solutions à
apporter à ce problème. Vous en serez donc informé au
moment de la présentation d'un projet de loi à ce sujet.
M. Lalonde: Alors, je comprends que le ministre n'est pas
fixé sur...
Mme Payette: Nous avons tenté tout à l'heure,
grâce aux explications d'un fonctionnaire, de vous éclairer au
maximum sur la situation actuelle quant à la décision que nous
prendrons. Il est évident qu'elle n'est pas prise 19 jours après
la communication que nous avons reçue de l'Office des professions.
M. Lalonde: Alors, c'est une réponse précise. Le
ministre ne le sait pas et, au moins, on a une réponse
précise.
Mme Payette: Le ministre vous le dira dès qu'elle le
saura.
M. Marchand: Est-ce que le ministre a des intentions...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse, s'il vous plaît.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Toujours au programme
1, élément 2, j'aimerais savoir du ministre où elle en est
rendue avec l'idée dont on avait entendu parler, d'un code de
l'habitation. De quoi s'agit-il au juste, des maisons neuves, des maisons
mobiles, des maisons rénovées? Pages 73 à 77.
Mme Payette: La réponse que je peux vous donner
présentement, sans vous livrer le contenu d'un projet de loi, et je
pense que c'est essentiel que ce ne soit pas fait à ce moment-ci, parce
que ce serait prématuré...
M. Goulet: Non, je veux savoir où vous en êtes
rendue.
Mme Payette: ...c'est de vous dire qu'à l'intérieur
des études que nous continuons en vue d'une éventuelle loi de la
protection du consommateurs, nous étudions cette section concernant les
maisons, mais je ne voudrais pas anticiper sur le contenu d'un mémoire
ou d'un projet de loi.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Relativement au courtage immobilier, il semble
qu'il soit de pratique, peut-être pas courante, mais exceptionnellement,
même contre la loi, que certains courtiers achètent directement de
leur client des immeubles, directement ou par personne interposée, pour
ensuite les liquider. Est-ce qu'au niveau du ministère on a surpris
plusieurs courtiers immobiliers qui se permettaient une telle pratique?
Mme Payette: Je peux répondre à cette question que,
lors de ma rencontre avec les courtiers en immeubles, lors de leur
congrès tenu à Québec il y a quelques semaines à
peine, je les ai priés remarquez qu'ils ont déjà
commencé à le faire semble-t-il de se donner des
règles d'éthique plus sévères. Je pense que le fait
de leur annoncer par la même occasion que l'Office des professions venait
de rendre un verdict négatif à leur demande, était,
à mon avis, probablement ce qu'il fallait pour les secouer davantage et
leur faire prendre conscience des nombreuses responsabilités qui sont
les leurs. Dans un premier temps, si on peut penser que les conversations que
l'on a avec eux par la suite... Enfin, on m'a donné tout lieu de croire
qu'il y avait chez eux, une évidente bonne volonté de se donner
un code d'éthique plus sévère.
M. Marchand: M. le Président, au sujet de ce code
d'éthique, je voudrais demander au ministre si, après avoir
parlé avec ces courtiers en immeubles, ces agents d'immeubles, en
particulier, qui sont sûrement plus touchés que les courtiers...
les courtiers sont touchés, mais les agents d'immeubles, qui sont de
plus en plus nombreux dans la province de Québec, sont affectés
par le code d'éthique?
Je connais plusieurs agents d'immeubles qui sont dans la profession
depuis dix, quinze et vingt ans et qui aujourd'hui, sont obligés de se
recycler afin d'accepter les nouvelles normes de leur profession, ce qui est
naturellement sain pour améliorer la situation.
Je voudrais demander au ministre, puisqu'il a parlé du nouveau
code d'éthique qui est très sévère et très
bon dans le milieu de l'immeuble, si ce code d'éthique correspond
à ses vues. Et, quel est le code d'éthique que voudrait
préparer le ministre pour les agents d'immeubles? Est-ce que vous l'avez
préparé, avez-vous des ententes avec eux actuellement?
Mme Payette: Ce n'est pas, à mon avis, M. le
député de Laurier, au ministre à imposer un code
d'éthique aux agents d'immeubles ou aux courtiers en immeubles. Il est
cependant de la responsabilité du ministre de faire en sorte qu'une loi
réponde aux besoins des consommateurs pour assurer une meilleure
protection des consommateurs. Si on peut penser que j'ai assumé la
responsabilité de recommander et aux agents d'immeubles et aux courtiers
en immeubles de se donner un code d'éthique plus sévère,
c'était pour les voir mieux appréciés de la part du public
et c'est dans un éventuel projet de loi que le ministre pourra
intervenir pour s'assurer que la protection des consommateurs est bien
surveillée et garantie par un projet de loi.
M. Marchand: Mme le ministre, ce n'est pas exactement la question
que je vous posais, parce que vous savez très bien que le code
d'éthique date d'au moins un an et demi ou deux ans. Le code
d'éthique, puisqu'il est demandé, les agents d'immeubles, les
courtiers en immeubles sont en train de s'en donner un. Je vous demande si le
ministère, votre ministère, a l'intention d'imposer, non pas dans
ce cas un code d'éthique, mais des règlements plus rigides
à l'acceptation d'un agent d'immeubles à l'acceptation d'un
courtier en immeubles.
M. Lalonde: Si le surintendant veut répondre, nous sommes
tout à fait d'accord.
M. Marchand: Je sais que la question est complexe, alors je
permettrais...
Mme Payette: Ce que je croyais être la
réalité, on me le confirme, c'est qu'il s'agit
présentement d'un code d'éthique qui existe, mais qui est
appliqué de façon assez libre. Il appartiendra vraisemblablement
au ministère de légiférer pour faire en sorte que ce code
d'éthique que ces agents ou ces courtiers se sont donné soit
respecté par l'ensemble de ces membres.
M. Marchand: Ce n'est pas tout à fait la question que je
vous posais. Mais de toute façon, le code d'éthique était
appliqué d'une façon assez libre. Je pense que depuis un an, vos
hauts fonctionnaires peuvent vous le dire, il est de plus en plus rigide chez
des grosses compagnies d'immeubles. J'en sais quelque chose. Mais je vous
demandais si vous aviez des règlements et je pense que vos hauts
fonctionnaires peuvent vous dire que de plus en plus, les compagnies
d'immeubles appliquent le code d'éthique de plus en plus
sévèrement. Je vous demandais si vous étiez en train ou si
vous aviez l'intention de faire des règlements qui seraient encore plus
sévères envers ceux qui veulent devenir agents d'immeubles ou
courtiers d'immeubles.
Mme Payette: Je vais laisser M. Martel répondre, si vous
le permettez.
M. le Président, deux choses ont été
mentionnées, code d'éthique et aussi les règlements
d'accès à la profession. Pour ce qui est du code
d'éthique, la loi et les règlements actuels ne disent mot. Les
chambres d'immeuble et l'association de l'immeuble sont en fait des
associations libres et volontaires, qui regroupent les gens qui oeuvrent dans
ce secteur.
Pour la plupart, elles sont constituées en vertu de la
troisième partie de la Loi des compagnies, organismes sans but lucratif.
En tant que membres d'associations, associations libres et volontaires,
j'insiste sur le mot, puisqu'il y a près de 20% des courtiers et des
agents de cette province qui ne font pas partie d'une telle association.
Ces associations établissent des règles de jeu, des
règles de comportement. Elles se donnent des services, des services
d'inscription multiples, communément appelés MLS, des services de
formation et de recyclage. Compte tenu de ces pouvoirs qui leur sont
donnés en vertu de la Loi des corporations, nous n'avons pas à
intervenir, en tant que ministère, dans les règles internes.
Comme le ministre l'a toutefois souligné, nous désirons
insister et nous favorisons toute mesure qui assurerait une meilleure
protection du public.
Quant à la deuxième partie, les règlements
d'accès, ces règlements sont des règlements que le
lieutenant-gouverneur en conseil a décrétés. Les
critères, en fait, n'ont pas été modifiés depuis
1967. Les seuls changements intervenus stipulent que le surintendant, avec les
pouvoirs discrétionnaires qui lui sont conférés par la loi
et dans le cadre de la loi, décide et voit à appliquer, d'une
façon assez stricte, les règlements tels qu'ils sont
présentement, de sorte que, dans les grands critères
d'accès, il y a des critères objectifs définis dans la
loi, de résidence, d'âge et il y a aussi des critères qui
sont laissés à la discrétion du surintendant, en
matière de solvabilité, d'intégrité et de
compétence.
M. Marchand: Mais lorsque vous dites que les critères
n'ont pas changé depuis 1967, je me pose de véritables questions.
En 1967, je pouvais devenir agent d'immeubles demain matin et, en 1977, je ne
peux plus devenir agent d'immeubles demain matin avant d'avoir passé mes
examens à la Chambre d'immeuble. Donc, les critères doivent avoir
changé.
Mme Payette: Quelqu'un peut devenir courtier sans faire partie de
la Chambre d'immeuble.
M. Marchand: Est-ce que je peux devenir agent d'immeubles demain
matin sans avoir suivi le cours qui se donne actuellement à la Chambre
d'immeuble?
Mme Payette: Exactement, vous avez raison.
M. Marchand: Donc, demain matin, je suis agent d'immeubles?
Mme Payette: Vous avez à soumettre une requête
à notre ministère, à notre service. Si l'individu se
qualifie à un examen...
M. Marchand: Et quelles seront les normes pour être
accepté comme agent d'immeubles, si je dois passer à votre
service, dans ce cas-là?
Mme Payette: Excusez?
M. Marchand: Quelles sont les normes pour être
accepté comme agent d'immeubles, si je dois passer par votre
service?
Mme Payette: Selon que c'est une requête de permis de
courtier ou de vendeur...
M. Marchand: Oui.
Mme Payette: La loi prévoit des dispositions
particulières, il va de soi que, pour une firme de courtage, la question
de solvabilité sera scrutée, l'enquête sera
nécessairement plus longue, sera approfondie. Il y aura un examen
également. Depuis près de deux ans, il y a un examen de
courtier.
M. Marchand: Donc, les critères sont changés, s'il
y a un examen depuis deux ans.
Mme Payette: Conformément à la loi, il y avait
autrefois un même examen. Aujourd'hui, le ministère
considère qu'être courtier, c'est quand même être
différent d'agent immobilier. La loi confère au surintendant un
pouvoir d'établir des examens et l'y oblige même. Le surintendant
a la liberté de définir le contenu de l'examen et des
règles du jeu qui entourent l'examen. Ce n'est pas abusif de
prétendre que le courtier doit subir des examens qui sont nettement
différents des examens d'agent immobilier.
M. Marchand: Je suis complètement d'accord. Mais je veux
vous dire que les critères ont changé depuis 1967, ont
changé en 1970, en 1973, et changent continuellement et sont de plus en
plus sévères. J'approuve ces critères. Mais, tout
à
l'heure, vous avez dit que les critères n'étaient pas
changés depuis 1967. Je sais pertinemment, parce que j'ai beaucoup
d'amis là-dedans et moi-même j'étudie un peu ce domaine, je
peux vous le dire, que les critères ont changé, que c'est
très sévère et cela s'en vient de plus en plus
sévère de devenir agent d'immeubles, pour la protection du
consommateur.
Je dois vous dire que, depuis 1970, sous l'ancien titulaire du
ministère, l'honorable William Tetley, c'est devenu de plus en plus
sévère, il a fait un travail immense, et Mme Lise Bacon l'a
continué par la suite. C'est ce que je veux vous dire.
Mme Payette: M. le Président, je veux apporter une
précision. Quand je dis que les critères n'avaient pas
changé, je parle des critères définis par la loi:
intégrité, solvabilité, compétences.
M. Marchand: Les règles A.
Mme Payette: Les examens sont plus difficiles.
M. Marchand: Ah! d'accord.
M. Lalonde: M. le Président, je pourrais...
Le Président (M. Laplante): Excusez, monsieur. Est-ce que
le député de Laurier a fini? Le député de
Bellechasse?
M. Marchand: Je suis toujours prêt à continuer.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez garder
un droit de parole pour le retour, M. le député de...
M. Lalonde: Pardon?
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez un
droit pour tout à l'heure?
M. Lalonde: Sûrement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je vais inscrire votre nom, M.
le député.
M. Lalonde: Inscrivez-le en bas de la page. Le
Président (M. Laplante): Merci!
M. Goulet: M. le Président, ma question s'adresse à
M. le surintendant. Suite à la faillite d'une grosse compagnie de
courtage, si les règles pour l'obtention ou l'attribution de permis ne
sont pas plus sévères, selon la loi, est-ce qu'il y a eu des
permis de suspendus suite à cette faillite, étant donné
qu'on a appliqué la loi? Je ne parle pas de l'attribution de nouveaux
permis, mais des permis qui existaient déjà. Est-ce qu'il y en a
eu de suspendus depuis cette faillite?
Mme Payette: Vous voulez dire indépendamment de cette
firme?
M. Goulet: Oui, indépendamment de cette firme.
Mme Payette: Oui, le ministre a lu quelques données cet
après-midi. Il y a eu, effectivement, au cours des douze derniers mois,
quatorze suspensions de permis, douze pour une période provisoire et
deux pour la durée du permis; onze permis ont fait l'objet de
révocation: trois permis de firmes de courtage, deux droits d'exercice
à titre de représentants de firmes de courtage et six permis de
vendeurs à l'emploi de courtiers ont également été
révoqués.
M. Goulet: Cela répond à ma question.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour être bien précis, lorsque
WestGate, par exemple, a fait banqueroute, il y a plusieurs citoyens qui ont eu
à souffrir de pertes d'argent assez considérables dans cette
aventure. Cela a été un peu scandaleux, en ce sens que le public
ne croyait pas qu'une telle firme, avec les lois existantes, pouvait faire une
telle banqueroute. A-t-on étudié au ministère les causes
de cette banqueroute, et croit-on que la même chose dans le contexte
présent pourrait se reproduire?
Mme Payette: Pour ce qui concerne l'accès, comme M. le
député l'a mentionné tantôt, les critères
d'accès en matière de solvabilité sont peut-être
plus sévères, en ce sens que, sans nous embarquer dans un
débat juridique, vous comprendrez qu'il revient à l'individu de
prouver sa solvabilité conformément aux lois qui
définissent ce qu'on entend par solvabilité.
Je pense que la préoccupation principale du ministère
réfère justement à ce qui a été
mentionné cet après-midi, soit la protection des
dépôts qui sont confiés aux courtiers en immeubles. Comme
entreprise privée, il peut fort bien arriver, pour répondre
à votre question, qu'une entreprise, par une expansion trop rapide ou
des investissements inappropriés, soit amenée à
déclarer un état d'insolvabilité, conformément
à la Loi sur les faillites. Il demeure que, si la firme de courtage qui
est en état d'insolvabilité ou sur le point de l'être, a
protégé les dépôts qui lui ont été
confiés par les promettants-acheteurs, la protection du public est bien
assurée. Quant à la question de la faillite, cela devient
purement une question commerciale.
M. Saint-Germain: A la question de WestGate, en particulier,
est-ce que les dépôts par les clients, par les consommateurs, ont
été bien protégés?
Mme Payette: Le ministre des Consommateurs avait, l'an dernier,
fait une longue déclaration sur toute l'historique du cas WestGate.
L'intervention de notre ministère se résume à ceci:
lorsque le constat a été fait que cette compagnie était en
difficulté financière, le ministère n'a absolument pas
permis que des discussions s'engagent sur la question de la
légalité et
de la prétention de la firme, quant au pouvoir qu'elle pouvait
avoir d'utiliser des dépôts. C'est une position de notre
ministère qui a été appuyée par le ministère
de la Justice. Le tout a été amené à un
débat, porté à la Cour supérieure du district
judiciaire de Montréal. Les tribunaux ont donné raison à
la position du surintendant, laquelle position était appuyée sur
une jurisprudence déjà établie dans le cas Rideout en
Ontario, en 1958. Alors, il n'y avait rien de nouveau. L'argent d'au-trui
n'appartient jamais aux courtiers. Il revient au ministère des
consommateurs d'apporter toute la protection et la surveillance
nécessaire.
M. Saint-Germain: Alors, est-ce qu'un autre Westgate, avec la
législation et les règlements auxquels le contrôleur est
soumis, actuellement pourrait se présenter sans qu'au ministère,
on puisse le prévenir?
Mme Payette: Comme le député, nous ne le souhaitons
pas, mais nous avons mentionné cet après-midi qu'avec la
meilleure volonté du monde, il en demeure et si un courtier en immeubles
a en sa possession, dans un compte en fiducie, dans une institution
financière des dépôts pour autrui, et que le
ministère a fait une vérification et tout est conforme à
la loi, il est possible que dès la sortie des inspecteurs de notre
ministère, une demi-heure ou trois quarts d'heure après, les
fonds soient sortis massivement de l'institution financière.
M. Lalonde: C'est difficile d'empêcher quelqu'un de
voler.
Mme Payette: Je crois que nous avons, par notre intervention, un
pouvoir de dissuasion présentement, et le cas Westgate, permettez-moi de
vous le dire, a assaini un peu, et je peux vous dire que la situation est
redevenue beaucoup plus normale et que j'ai à intervenir de moins en
moins sur ce type d'infraction.
M. Saint-Germain: Considère-t-on au ministère qu'il
y aurait lieu de changer la loi et nos règlements pour permettre de
donner plus d'autorité au surintendant, de façon à assurer
la population qu'une telle banqueroute et qu'une telle façon de
procéder pour un courtier, cela ne se représentera pas?
Mme Payette: M. le député, je suis en mesure de
vous rappeler ce que j'ai déjà répondu, qu'effectivement,
nous sommes extrêmement préoccupés par cette situation,
qu'elle a été portée à notre attention plus
particulièrement le 30 mars dernier, et que nous nous sommes
penchés sur la question pour nous assurer la plus grande protection
possible pour les consommateurs. C'est une grande préoccupation.
M. Saint-Germain: Est-ce que le ministre aurait une date? Est-ce
qu'une loi sera apportée cet automne?
Mme Payette: Très certainement, avant la fin de
l'année 1977.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, après avoir entendu le
surintendant, je pense qu'on doit, non seulement sympathiser, mais aussi
reconnaître l'action extrêmement bénéfique que le
ministère a eue dans le passé. Il parlait tantôt des 20%
des courtiers ou agents je n'ai pas saisi qui n'étaient
pas assujettis volontairement, comme il l'a dit, à une autodiscipline et
autosurveillance. Je pense qu'on peut, à ce stade, encourager le
gouvernement à couvrir d'une façon ou d'une autre, par
législation sûrement, ces 20%. Si on fait une analogie avec la
situation qui existait au niveau des valeurs mobilières il y a quelques
années, où la Commission des valeurs mobilières, en vertu
des mêmes critères de solvabilité, intégrité
et compétence, devait donner des permis sur la foi de
représentations tout à fait valables, et qui, donnait lieu
à des situations quand même où des valeurs, parce qu'elles
étaient enregistrées on se souvient de la
différence entre la Bourse de Montréal et la Bourse canadienne,
à ce moment en vertu des critères de la Bourse canadienne
qui étaient beaucoup plus lâches... On se souvient des abus
épouvantables qui ont été faits aux dépens des
consommateurs, que ce soient des épargnants qu'on les appelle les
épargnants, les investisseurs ou les consommateurs, ce sont toujours les
citoyens du Québec qui se font prendre.
Alors, je pense qu'on peut encourager le ministre à couvrir,
probablement par un projet de loi qu'elle nous a promis pour l'automne, cette
situation, de sorte que c'est toujours dans les 20% que se trouvent les moutons
noirs. Ce n'est pas dans les 80%. C'est toujours l'exception qui fait la
mauvaise réputation d'un groupe, d'une profession ou de tout autre
métier. Je pense que, si un projet de loi comme celui-là est
proposé, nous serons sûrement heureux de l'appuyer.
Mme Payette: J'en prends bonne note.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour continuer, M. le Président, sur le
même sujet, Mme le ministre a bien voulu nous donner, cet
après-midi, dans son document, les amendements proposés à
la Loi du courtage immobilier, et on dit, à un paragraphe donné:
Comme toute autre loi vouée à la protection du consommateur, nous
constatons que la Loi du courtage immobilier a besoin d'être
amendée afin de mieux protéger le public, principalement au point
de vue financier, et en prohibant certaines pratiques qui sont apparues au
cours des dernières années, qui ne semblent pas être dans
l'intérêt même des personnes qui transigent par
l'intermédiaire d'agents immobiliers.
Est-ce qu'on pourrait nous définir, pour la
bonne compréhension de ce paragraphe, quelles sont ces "certaines
pratiques qui sont apparues au cours des dernières années" au
détriment des contribuables?
Mme Payette: Je pense qu'on peut résumer tout ce qui peut
s'entendre dans ce domaine par spéculation, qui est actuellement la pire
engeance dans ce secteur.
M. Saint-Germain: De quelle façon, au point de vue de la
spéculation? Est-ce que c'est le principe même de la
spéculation qui est mauvais ou si c'est la façon dont la
spéculation est organisée présentement?
Mme Payette: M. Martel.
En fait, le problème se pose. C'est un problème complexe,
mais il peut s'exposer assez facilement. L'agent immobilier est un mandataire,
dans la pratique, ici au Québec, du propriétaire-vendeur, et il
est normal que le propriétaire-vendeur désire obtenir le meilleur
prix pour sa propriété. Il est aussi normal, dans les
règles libres du marché, que les promettants-acheteurs veuillent
payer le moindre prix. Lorsque le mandataire du promettant-vendeur se substitue
en acheteur, nous n'avons pas l'assurance que les intérêts du
propriétaire-vendeur ont été vraiment bien
protégés. Quant à la façon de contrer le
problème, comme le ministre l'a mentionné, nous ne sommes pas en
mesure, pour le moment, de déterminer exactement les
modalités.
M. Lalonde: Je ne vois pas l'aspect de spéculation
là-dedans. Il existe un conflit d'intérêt simplement dans
lequel le mandataire, en représentant deux parties, en fait, qui n'ont
pas le même, intérêt un intérêt
exactement contradictoire se met dans une situation intenable où
il va desservir l'un pour servir l'autre et surtout, peut-être, se servir
lui-même, surtout s'il agit comme acheteur.
Mme Payette: Oui, mais lorsqu'il se porte acquéreur
lui-même de la chose qu'il est mandaté de vendre...
M. Lalonde: C'est encore pire.
Mme Payette: ...c'est ça, le problème.
M. Lalonde: C'est encore pire. En fait, dans d'autres professions
y compris celle d'avocat ce sont des choses qui sont totalement
interdites depuis fort longtemps.
Maintenant, je ne vois pas l'aspect de spéculation
là-dedans... Parce qu'il achèterait pour fins de
spéculation.
Mme Payette: C'est ça.
M. Lalonde: Ah oui!
Mme Payette: Ce n'est pas...
M. Lalonde: II ne spécule pas... Il est en conflit
d'intérêts, mais il le fait pour fins de spéculation.
Mme Payette: Alors, pour répondre à la question du
député, le texte qui est écrit mentionne cette pratique
qui a émergé. Quant aux problèmes de protection
financière, tantôt, les cas de faillites et de protection des
dépôts ont été évoqués. Je pense que
ça peut répondre à...
M. Saint-Germain: Oui, ça répond très bien
et ça me semble évident que ça devrait être
absolument prohibé par la loi, une telle pratique. Cela me semble tout
à fait évident. Mais, est-ce que c'est la seule... Vous parlez,
ici, au pluriel. Vous dites: en prohibant certaines pratiques. Est-ce que c'est
la seule pratique ou s'il y a d'autres pratiques, si vous voulez, comme
celle-ci, qui se font au détriment de la population?
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, je ne
suis pas sûre, à ce moment-ci, puisque ces débats sont
publics, puisqu'ils sont rendus publics et qu'il y va de la possibilité
pour le ministère, dans les semaines à venir, de
déterminer dans quels secteurs nous avons à intervenir pour
assurer une meilleure protection du consommateur, je ne suis pas sûre que
ce soit une bonne idée de faire savoir maintenant où nous avons
décelé des failles et où nous avons l'intention
d'intervenir; la raison pour laquelle j'interviens, c'est parce que je pense,
très sincèrement que, pour avoir une meilleure protection du
consommateur, peut-être bien faudrait-il attendre que le projet de loi
soit déposé avant d'aller plus de l'avant dans l'identification
de ce qui nous paraît être des secteurs dangereux.
M. Saint-Germain: Je comprends très bien, mais je dois
faire remarquer au ministre que je lui pose des questions simplement pour
éclaircir ses propres écrits. Elle nous dit: "... a besoin
d'être amendée afin de mieux protéger le public,
principalement au point de vue financier et en prohibant certaines
pratiques."
Je demande simplement quelles sont ces certaines pratiques. Je suppose
que si vous aviez voulu être plus spécifique...
Mme Payette: Alors, on vous en...
M. Saint-Germain: ... vous auriez pu, dans le document,
écrire "... au point de vue financier en prohibant certaines pratiques
telles que, premièrement, deuxièmement, troisièmement et
quatrièmement...
Mme Payette: Nous n'avons pas...
M. Saint-Germain: Je ne veux pas aller de l'avant, puisque vous
semblez tellement vouloir cacher des détails de vos lois futures. Ce
n'est pas là que je veux aller. Je vous pose des questions sur la
signification d'un paragraphe que vous y avez vous-même fait
écrire.
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier,
lorsqu'on entend intervenir dans un secteur qui agit plus ou moins de
façon légale, je crois qu'il est sage de ne pas faire
connaître tous ses arguments avant de pouvoir intervenir. J'en reviens
à ce que je vous ai déclaré tout à l'heure. Si nous
avons écrit dans le document "... certaines pratiques..." c'est
justement pour ne pas les identifier complètement pour l'instant. Nous
sommes en train de travailler à ce document. Nous connaîtrons
mieux la situation d'ici quelque temps et c'est à partir de ce que nous
allons découvrir que nous saurons dans quels secteurs nous devons
intervenir.
M. Lalonde: II y a une chose que je ne peux accepter. C'est
l'argument du ministre qu'étant donné que certaines pratiques ont
lieu actuellement, on ne veut pas découvrir ses munitions. Je trouve que
cette attitude est tout à fait aux antipodes de la politique de
transparence et de limpidité dont le gouvernement nous a inondés,
à coup de représentations, de grands discours depuis plusieurs
mois, y compris depuis l'élection.
Si le ministre disait: Ecoutez, il y a actuellement une enquête
qui est en train d'être faite par nos services, que cela soit par le
service policier ou le service de surveillance, et le fait de discuter
publiquement de certaines questions pourrait mettre en péril le
résultat de l'enquête, je le comprendrais. Je me souviens à
combien de reprises le Parti québécois, alors dans l'Opposition
officielle, me posait des questions sur des enquêtes en cours, alors que
j'étais Solliciteur général. Il est vrai qu'on ne peut
révéler publiquement le déroulement d'une enquête,
mais cela n'est pas le cas du tout actuellement.
On parle de pratiques, le terme exact est "... certaines pratiques qui
nous sont apparues...", certaines pratiques, donc, auxquelles on doit mettre
fin, le surintendant de façon tout à fait franche tantôt
nous en a décrit une, celle où l'agent, ayant un mandat du
vendeur, achète à son compte, mêlant tous les
intérêts personnels, tout le conflit d'intérêts, et
c'est de toute évidence une pratique à laquelle il faut mettre
fin. Mais il y en a peut-être d'autres, et je pense que c'est à
nous de l'Opposition officielle de demander au gouvernement quelles sont ces
pratiques auxquelles le gouvernement veut mettre fin. Peut-être en
avons-nous d'autres qu'on voudrait suggérer au gouvernement et, à
ce moment, je ne pense pas que l'argument du ministre soit valable.
Je ne pense pas que ce soit mettre en péril l'efficacité
de l'action du gouvernement, l'action actuelle, l'action même future du
gouvernement dans ce domaine que de dire publiquement: Ecoutez, il y a des
choses qui se passent et on n'est pas d'accord.
Au contraire, je pense qu'à cette commission parlementaire, qui
est quand même une tribune tout à fait solennelle et officielle,
que le ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières dise: telle pratique, c'est vrai que la loi ne nous permet
pas d'y mettre fin actuellement, mais nous ne sommes pas d'accord.
Déjà on ver- rait une correction se faire dans les faits. Je
pense que le ministre, au contraire, devrait profiter de cette occasion pour
dire: telle pratique, on n'est pas d'accord, pour telle et telle raison. Il me
semble que c'est, en fait, une tribune rêvée qu'on offre au
ministre actuellement.
Mme Payette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
je vous remercie de m'avoir offert une porte de sortie, parce qu'effectivement,
je considère que les dossiers sur lesquels nous travaillons
présentement, n'ont pas à être rendus publics
immédiatement. Cela pourrait nuire à la fin de nos travaux. J'ai
autorisé le surintendant à répondre à beaucoup de
questions dans un grand souci de tenir l'Opposition informée et de tenir
le public informé de la situation actuelle, et surtout, du besoin qui se
fait sentir de notre intervention dans ce dossier, mais au-delà de cela,
je crois que vous comprendrez qu'à partir du moment où nous
allons commencer à énumérer des points particuliers sur
lesquels nous avons l'intention d'intervenir, ce n'est pas souhaitable,
à ce moment-ci. D'autre part, cette enquête est en cours depuis le
30 mars dernier. Je n'ai pas, comme ministre, reçu le rapport final du
surintendant et des fonctionnaires qui travaillent sur ce dossier, et ne
serait-ce qu'à cause de cela, je pense que pour l'instant, il y a eu
suffisamment de réponses sur cette question en particulier.
M. Lalonde: M. le Président, si le ministre nous dit:
écoutez, dans le cas X et que le ministre ne veuille pas
révéler le nom, d'accord. C'est une enquête qui se fait sur
un cas en particulier, qu'il soit agent ou courtier, le ministre serait mal
venu de révéler l'existence même de l'enquête, si
elle n'est pas déjà connue du public, mais tout ce que nous lui
demandons, c'est quelles sont les pratiques inacceptables qui devraient
être corrigées par le projet de loi? Je ne voudrais pas que le
ministre, naturellement, nous dise: nous faisons enquête sur l'agent X ou
le courtier Y, et nous espérons demain trouver tel autre document qui va
nous permettre de prouver que cette personne ou cette compagnie s'est rendue
coupable d'une pratique inacceptable. Ce n'est pas du tout cela. Je pense que
le ministre, à ce moment-là, aurait totalement raison. Je
l'approuverais. Mais je pense que le ministre actuellement se cache
derrière une prétendue enquête pour ne pas dire ce qu'elle
ne sait pas, quelles sont ces pratiques. Pourtant le surintendant est
là. Il pourrait nous le dire. Il nous en a donné une. Il y en a
peut-être d'autres c'est au pluriel. Nous sommes sûrement
très intéressés comme représentants de la
population ici, de savoir s'il y a des pratiques qui mettent en danger les
intérêts des consommateurs, quotidiennement. Et le seul fait, pour
le ministre, de dire ce soir: écoutez, il y a aussi telle autre pratique
que nous déplorons et que nous voulons corriger par une loi. A ce
moment-là, les consommateurs, en l'occu-rence les acheteurs de maisons,
pourraient se conduire de façon plus prudente. Comme tantôt, le
surintendant nous a dit: l'agent qui agit pour lui-même, c'est difficile
pour le consommateur de
se protéger contre cette situation, parce que le
propriétaire d'un immeuble, qui engage un agent ou un courtier, lui
donne un mandat. Il ne sait pas si cet agent va agir pour lui-même
lorsque, éventuellement, un contrat est signé avec une compagnie
fictive ou dont il ne connaît pas le véritable
propriétaire, ou une compagnie de fiducie. C'est difficile pour lui de
se protéger contre cela. Il y a peut-être d'autres pratiques, par
exemple, contre lesquelles le consommateur pourrait se protéger,
même si la loi ne permet pas, actuellement, au surintendant
d'intervenir.
Mme Payette: M. le député, ce sont justement ces
autres pratiques que nous sommes en train d'examiner et je vous ai dit tout
à l'heure et ce cera ma réponse là-dessus, que le rapport
n'étant pas terminé, l'enquête n'étant pas
terminée, pour l'instant, nous avons identifié une pratique et
nous vous en avons parlé très ouvertement, c'est la
spéculation, le conflit d'intérêts. Au-delà de
ça, pour l'instant, nous n'avons rien qui soit suffisamment
identifié pour en faire état ici.
M. Lalonde: Vous n'avez rien d'assez identifié pour dire
que c'est une pratique? L'enquête fonctionne.
Mme Payette: Pas actuellement, et lorsque l'enquête sera
terminée, nous serons mieux en mesure de répondre à vos
questions.
M. Lalonde: Alors je comprends qu'il y a une pratique
inacceptable, elle est identifiée.
Mme Payette: Elle est parfaitement identifiée.
M. Lalonde: Mais les autres, on ne le sait pas, mais on est en
train de les examiner. Est-ce que le ministre pourrait nous le dire, quoique ce
soit une question un peu illusoire, parce qu'on ne sait jamais quand les
enquêtes se terminent, on sait seulement quand elles commencent.
Mme Payette: Vous en savez quelque chose.
M. Lalonde: Oui, j'en sais quelque chose. Est-ce que le ministre
a quand même une idée?
Mme Payette: Le ministre a une idée, puisque le ministre
s'est engagé à déposer un projet de loi avant la fin de
1977 sur ce sujet. Donc, l'enquête sera certainement terminée
avant la rédaction d'un projet de loi.
M. Lalonde: Nous souhaitons bon succès au ministre pour
cette enquête. '
Mme Payette: Merci, M. le député.
M. Saint-Germain: M. le Président, je trouve tout de
même cela curieux, on lit le livre vert sur l'assurance-automobile, on
voit de très beaux paragraphes qui semblent affirmer des choses...
Mme Payette: Vous avez de l'information que je n'ai pas, le livre
vert sur l'assurance-automobile, il y a quelqu'un d'autre qui a publié
quelque chose...
M. Saint-Germain: Je veux dire qu'on lit... le livre bleu,
toujours sur le même...
Une Voix: II a tellement hâte d'en parler.
M. Saint-Germain: Oui, j'ai tellement hâte d'en parler.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier, si vous voulez, pour le bon fonctionnement de la commission,
on s'est entendu ce matin pour qu'au programme 3, on vide la question de
l'automobile.
M. Lalonde: C'est un lapsus. Il voulait parler du livre vert, pas
de l'assurance-automobile.
M. Saint-Germain: Je voulais tout de même ici...
écoutez, on lit ce paragraphe qui veut, à mon avis, dire
beaucoup, mais, lorsqu'on veut aller au fond des choses, on s'aperçoit
qu'il n'y a pratiquement rien.
Mme Payette: On est en train d'y aller au fond des choses,
laissez-nous descendre.
M. Saint-Germain: Principalement au point de vue financier, c'est
une pratique...
M. Marchand: Vous n'êtes pas rendu au fond.
Mme Payette: C'est ce que je suis en train de vous dire, on y
va.
M. Saint-Germain: On fait le message à la population et on
montre, dans un paragraphe, qu'il y a des enquêtes qui se font, on
étudie la question, on a mis le doigt sur le problème, on a
trouvé certaines pratiques.
Mme Payette: Vous auriez dû le faire avant, je ne serais
pas obligée de le faire maintenant.
M. Saint-Germain: Voilà qu'on en découvre, qu'il y
en a une qu'on a réellement bien établie, bien cernée.
Après ça, il n'y en a plus, mais on a tout mis ça au
pluriel, on a voulu dire que c'était gros, que c'était bien fait,
cette enquête. Est-ce qu'on en a trouvé des choses? C'est un vrai
scandale, il faut que le gouvernement agisse, il n'y a pas de loi, c'est noir,
la pratique n'a jamais bien été protégée, alors,
ça laisse tout entendre, c'est comme de la poésie. On
écoute ça, on se dit: Est-ce qu'on a un gouvernement puissant,
tacticien, fort, est-ce qu'on a un ministre qui connaît ses dossiers, qui
connaît son sujet, qui sait ce qu'il écrit! Et là, on
questionne pendant trois quart d'heure. Ce n'est pas' pour moi.
Personnellement, je fais mon devoir de député, je veux savoir, je
veux que le public sache s'il y y a, dans le domaine immobilier aujourd'hui,
des pratiques qui sont contre ses intérêts et des pratiques qui
doivent re-
lier ces gars, dire: On achète une maison, comment est-ce que je
peux me faire jouer? Je me suis fait jouer par un courtier qui a acheté
ma maison, qui va acheter ma maison et qui va la revendre, qui essaie de
l'acheter, qui essaie de me faire croire qu'elle vaut $20 000, quand elle en
vaut $25 000. Le batèche, il l'a achetée à $20 000, il l'a
revendue $35 000 et je me suis fait jouer de $15 000. C'est ça qu'on
veut que le public sache.
Là, vous arrivez, vous avez une pratique, pas fort pour un grand
paragraphe comme ça. Franchement, vous auriez pu marquer que vous aviez
trouvé une pratique, que c'était celle-là, et laisser
faire le reste. On n'aurait pas perdu trois quarts d'heure...
Mme Payette: Cela ne vous dérange pas qu'on continue
à chercher.
M. Saint-Germain: ...à essayer de savoir s'il y avait de
la viande dans le paragraphe ou s'il n'y en avait pas. Cela nous a pris trois
quarts d'heure à trouver que ce paragraphe ne voulait à peu
près rien dire.
M. Bisaillon: Je comprends que ça prenne trois quarts
d'heure au député de Jacques-Cartier.
M. Lalonde: Si on avait des réponses tout de suite.
M. Saint-Germain: Si on avait des réponses
intelligentes...
M. Bisaillon: Deux paragraphes...
M. Lalonde: Cela prendrait cinq minutes.
M. Saint-Germain: Non, ça prendrait deux minutes.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! Le
député de Champlain.
M. Gosselin: Sur les multiples autres points...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke, vous demanderez la parole et je suis prêt à vous la
donner, si vous la voulez.
M. le député de Jacques-Cartier, avez-vous fini?
M. Saint-Germain: J'en ai assez dit.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Pour moi, c'est une question de fonctionnement, je
voudrais savoir si on est maintenant prêt à adopter
l'élément 2, étant donné que je sens que l'on
voudrait passer rapidement à l'élément 3. Je voudrais bien
que le député de Jacques-Cartier comprenne que, pour arriver
à l'élément 3, il faut qu'on passe par
l'élément 2. Peut-être qu'on serait mieux d'adopter la
dernière partie sur laquelle on n'a plus rien à dire pour
finalement passer au programme 2.
M. Lalonde: Le député de Sainte-Marie n'a rien
à dire?
M. Bisaillon: Je parle du député de
Jacques-Cartier; il vient de nous avouer qu'il n'y a plus rien à dire
là-dedans, il dit qu'il n'y a pas de viande.
M. Lalonde: Mais moi je parle du député de
Sainte-Marie. Il a vingt minutes de parole et il n'a rien à dire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Marie, je voudrais maintenant savoir si vous avez d'autres questions sur
le programme 1, élément 2.
M. Bisaillon: Je n'ai pas d'autres questions. Adopté.
Le Président (M. Laplante): Est-ce adopté? M.
Lalonde: Je n'ai aucune question.
Le Président (M. Laplante): Aucune question.
Adopté?
M. Bisaillon: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 2, Mme le
ministre.
Mme Payette: M. le Président, le programme 2, qui est
celui du contrôle, de la surveillance et du développement des
entreprises, comprend trois éléments: l'élément 1
qui est le bureau du fichier central des entreprises, l'élément 2
qui est le service des compagnies et l'élément 3, le service des
associations coopératives.
M. Saint-Germain: Nous sommes éclairés.
Mme Payette: C'est au cas où vous ne sauriez pas lire; je
ne cours pas de risque.
M. Lalonde: Ne vous en faites pas. Comptez sur nous autres.
Fichier central des entreprises
Mme Payette: Je vais vous donner des cours. A
l'élément 1, au bureau du fichier, on peut vous définir la
mission de ce fichier central. C'est le 10 mai 1973 que le Conseil
exécutif constituait, au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, le bureau du fichier
central des entreprises, avec mandat d'administrer et d'exploiter un fichier
central des entreprises faisant des affaires au Québec et d'en
compléter l'organisation.
L'arrêté en conseil formait, de plus, un comité
composé de six sous-ministres chargés de surveiller l'application
de l'arrêté en conseil, d'établir un plan d'utilisation des
données contenues dans le
fichier, de définir un programme de transmission de l'information
et de faire au lieutenant-gouverneur en conseil les recommandations
pertinentes.
Vous avez ensuite, dans ce livre vert de l'assurance-automobile, les
différents tableaux d'information concernant le fichier central.
Le Président (M. Laplante): C'est tout, à
l'élément 1?
Mme Payette: C'est strictement technique.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, élément 1. Pas l'élément 1,
mais...
M. Lalonde: Est-ce que c'est tout ce que le ministre a à
nous dire sur les orientations du fichier central pour l'année
courante?
Mme Payette: Le ministre répondra à vos q jestions,
si vous en avez.
M. Lalonde: Alors, c'est tout ce que le ministre a à dire
sur les orientations.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je voudrais éclaircir tout de suite une situation.
Est-ce que vous voulez parler sur l'exposé général des
trois éléments qu'il y a actuellement au programme 2, en partant,
ou si vous abordez tout de suite l'élément 1? Mme le ministre a
donné l'exposé sur l'élément 1.
M. Lalonde: C'est pour cela que je demandais au ministre si c'est
tout l'exposé qu'elle veut faire sur les orientations, les
propriétés de cet élément pour l'année
courante. Le ministre a dit qu'elle répondrait aux questions
précises.
Le Président (M. Laplante): Si je vous demande cela, c'est
que vous serez limité à vingt minutes.
M. Lalonde: Là-dessus, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Si vous abordez les trois
ensemble, vous avez vingt minutes additionnelles, mais il faudra que Mme le
ministre continue à donner un exposé global de son programme 2,
si c'est cela que vous voulez avoir.
M. Lalonde: Vous entrez dans une question très
difficile.
Le Président (M. Laplante): Elle n'est pas difficile.
M. Lalonde: L'élément 1 contient des
catégories, j'en compte dix, et je pense que j'ai vingt minutes par
catégorie. Si vous voulez qu'on fasse une discussion sur la
procédure et le règlement, je peux en faire une. Mais, si vous
avez remarqué, ce n'est pas moi qui l'ai soulevée. Je n'accepte
pas qu'on me limite à vingt minutes par élément,
étant donné que l'article 160 le prévoit autrement.
Je vais suspendre là la question de règlement. Je voudrais
simplement demander au ministre si le fichier central est satisfait...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, c'est pour la bonne conduite de l'assemblée; je ne
voudrais pas non plus passer pour un dur. Si vous abordez l'état
général de l'élément 1 par l'exposé du
ministre, vous avez vingt minutes. Si vous entrez en détail dans
l'élément 1, vous avez une autre période de vingt minutes.
J'aimerais que ce soit clair avant de débuter, pour savoir à quoi
vous en tenir. Cela vous donne quarante minutes.
M. Lalonde: Si votre décision, M. le Président,
brime mes droits, mes privilèges, mes prérogatives de
député, à ce moment, je ferai appel au règlement
pour que votre décision soit contestée. Il y a des dispositions
du règlement qui prévoient des façons de le faire. Je ne
vois pas jusqu'à maintenant de quelle façon ou dans quelle mesure
votre décision pourrait me brimer, mais je réserve tous mes
droits à ce sujet.
Le Président (M. Laplante): C'est parce que j'aimais mieux
vous le dire avant, au cas...
M. Gosselin: M. le Président, en attendant que le
député...
M. Lalonde: M. le Président, concernant le fichier des
entreprises, le fichier central, j'aimerais savoir si le ministre est satisfait
ou si ses services sont satisfaits de la marche de ce service depuis son
entrée en fonction et du comportement, entre autres, des principales
sources d'alimentation de ce fichier. Si le ministre me permet ou si le
président me permet un retour en arrière de quelques
années quand même, quoi qu'il y ait eu beaucoup de chemin de fait
là-dessus, lorsqu'il y a quelques années j'ai eu l'occasion de
travailler à ce ministère, on était à mettre sur
pied ce fichier. Il y avait des défis à relever, des défis
très difficiles que les fonctionnaires, j'en suis sûr, ont
réussi à relever. Les fonctionnaires, je pense qu'on peut leur
rendre hommage à ce stade-ci, j'en vois quelques-uns, je ne veux pas les
nommer, ont fait un travail assez extraordinaire pour mettre sur pied un
instrument de travail très précieux pour le gouvernement entre
autres et les Québécois en général.
J'aimerais savoir simplement si le ministre est satisfait du
déroulement, du développement du fichier central et si le fichier
a obtenu des différents ministères la coopération
nécessaire pour la bonne marche de ce fichier.
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'il faut qu'on
comprenne bien que le service du fichier central est un service du
ministère à la disposition des autres ministères. Ce que
je suis en mesure de vous dire, c'est que je suis parfaitement satisfaite de ce
service, des gens qui y ont travaillé
et qui y travaillent toujours. Si je dois me fier aux commentaires que
je reçois des autres ministères, des services rendus, ce service
est parfaitement adéquat.
Je ne sais pas s'il est dans la tradition, au moment d'une commission
parlementaire comme celle-ci, de faire savoir à quel point on peut
être étonné et satisfait du travail des fonctionnaires
lorsqu'on arrive dans un ministère et, sans vouloir jeter la pierre
à d'autres ministères, je pense que j'aurai probablement eu
l'avantage d'arriver dans un ministère encore jeune et où on
trouve un enthousiasme assez extraordinaire, et le fichier central toute
cette section du ministère et ceux qui y sont n'échappe pas
à ce dynamisme.
M. Lalonde: Mme le ministre, je suis très heureux de vous
entendre. Vos paroles sont une musique à mes oreilles.
Mme Payette: Je n'en doutais pas. M. Lalonde:
N'hésitez pas surtout à...
Mme Payette: La flatterie m'a toujours menée quelque
part.
M. Lalonde:... l'occasion à adresser des
félicitations aux fonctionnaires. Ils portent un fardeau souvent
méconnu. C'est très rare qu'ils aient l'occasion de recevoir leur
dû et qu'on reconnaisse la valeur de leurs services. Souvent, on entend
parler des fonctionnaires en public seulement lorsqu'ils font des bourdes.
Mme Payette: Cela vient de fonctionnaires qui entrent en
politique; ils devraient rester fonctionnaires.
M. Lalonde: II y a tellement de sortes de gens qui entrent en
politique, madame!
Mme Payette: Allez donc voir!
M. Lalonde: II y a même des fonctionnaires
fédéraux.
Mme Payette: ...des fonctionnaires fédéraux.
M. Lalonde: Est-ce que le fichier peut être
j'espère que mon expression n'est pas un anglicisme
"interrogé"? Est-ce qu'on peut interroger le fichier de
l'extérieur du gouvernement actuellement?
Mme Payette: On peut interroger le fichier central de
l'extérieur, mais certaines règles très strictes sont
appliquées à ces interrogations.
M. Lalonde: Je ne veux pas entraîner le ministre dans des
technicités. Je voudrais seulement savoir si la population du
Québec peut faire appel, de quelle façon, ou enfin, avec une
certaine liberté, au fichier central, et à quel genre de
clientèle, maintenant, s'adresse le service du fichier central?
Mme Payette: La population...
M. Lalonde: Est-ce que les Québécois savent que
cela existe et quel instrument précieux existe dans votre
ministère?
Mme Payette: La population du Québec peut avoir
accès à de l'information du fichier central en passant par un
ministère. Nous ne recevons pas de demande directement. Nous ne sommes
qu'un service à la disposition des autres ministères. Il nous
faudrait recevoir une demande d'un autre ministère pour pouvoir
émettre de l'information.
M. Lalonde: M. le Président, je ne voudrais pas
entraîner la commission dans une discussion très technique, mais
j'aimerais quand même qu'à l'occasion de l'étude des
crédits... Parce que je sais que le ministre est peut-être
embêté d'entrer dans la technicité, et ce n'est pas du tout
le but de mon propos, mais j'aimerais quand même que les
Québécois sachent que ce service existe; peu le savent
actuellement. Est-ce qu'il y aurait moyen, à cette fin, de
décrire quels sont ces services qui sont offerts aux
Québécois, même s'il faut qu'ils passent par les
ministères? A cet effet, si Mme le ministre désire qu'un
fonctionnaire entre dans les détails, cela satisferait l'Opposition.
Mme Payette: C'est avec plaisir que je vous présenterai M.
Boucher, qui est le directeur, et j'ajouterai, responsable du fichier
central.
Initialement, comme vous vous en souvenez, MM. les
députés, les services, mis en place par le fichier central des
entreprises, étaient pour répondre à un besoin qui se
faisait sentir, à ce moment, dans l'ensemble des organismes
gouvernementaux, pour identifier de façon uniforme les dossiers des
mêmes entreprises, à savoir tous les fichiers dans lesquels ces
dossiers pouvaient se trouver. Il y a trois ans, nous n'avions aucun dossier
d'entreprise, nous n'avions aucun client. Dans les documents qu'on vous a
remis, vous verrez maintenant que nous avons tout près de 500 000
dossiers de constitués au fichier central, dont 304 000
représentent des entreprises qui sont, effectivement, actives sur le
territoire du Québec. Donc, de zéro à 304 000 entreprises
actives en trois ans et demi, et de zéro à 126 clients
gouvernementaux présentement. C'est dans la deuxième annexe,
nombre de fichiers associés, 126, qui gardent... Les ministères
qui administrent ces 126 fichiers ont, dans l'ensemble, 560 000 dossiers
d'entreprises dans leurs fichiers. Donc, le premier service qu'on a mis en
place, c'était la tenue à jour de l'ensemble des dossiers
d'entreprises maintenus dans tous les fichiers gouvernementaux. Nous en avons
présentement 126 à tenir à jour pour l'ensemble du
gouvernement. Donc, les services initiaux que nous avons mis en place,
c'était précisément pour répondre aux besoins des
mises à jour des dossiers gouvernementaux, pour que ce soient tous les
ministères. Je dois vous informer que tous les ministères du
gouvernement présentement qui ont des dossiers d'entreprises sont
affiliés au fichier central, pas en totalité, au point de
vue du nombre, mais tous les ministères sont là. Vous en
avez la liste ici, et tous les ministères sont là
présentement.
M. Lalonde: Est-ce à dire qu'aucun fichier du gouvernement
ne fonctionne actuellement indépendamment du fichier central? Il
fonctionne en satellite avec la même qualité de mise à
jour.
Mme Payette: Je ne peux pas dire que tous les fichiers
gouvernementaux sont complétés. Si je prends un exemple qui est
connu, le ministère du Revenu a trois immenses fichiers. Nous en avons
un et demi de complété. Il reste encore un an de travail pour
compléter celui qui nous reste.
M. Lalonde: Alors, vous êtes en train de compléter
cela?
Mme Payette: Exact. La Commission des accidents du travail, la
même chose; la Commission du salaire minimum, la même chose. Si
vous pensez que ces fichiers contiennent en moyenne 130 000 dossiers chacun, on
n'en fait pas un par semaine. Donc, c'est présentement dans le processus
et je présume qu'au milieu de 1978, l'ensemble des fichiers
gouvernementaux dans lesquels les dossiers d'entreprises se retrouvent sera
affilié au fichier central.
M. Lalonde: Voilà pour l'opération; maintenant,
pour le contenu: quel genre de renseignements ces fiches contiennent-elles?
Est-ce qu'il y a un danger peut-être que ma question s'adresse au
ministre pour que les droits individuels, les libertés civiles
soient affectées, parce qu'on voit, à chaque fois qu'un
gouvernement ou un ministère... On a vu récemment dans les
journaux, à quelques reprises, des groupes de citoyens s'opposer
à ce qu'un certain nombre de renseignements soient emmagasinés
dans des fichiers, est-ce que vous avez ce genre de renseignements chez
vous?
Mme Payette: Ce fichier ne comporte que des renseignements au
sujet des entreprises faisant affaires en territoire québécois.
C'est un comité... Il contient des données d'identification
d'entreprises faisant affaires au Québec. C'est un comité
composé de sous-ministres qui en assurent la surveillance. Alors, nous
ne pensons pas qu'il puisse y avoir atteinte, de quelque façon que ce
soit, aux droits et aux libertés de la personne.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions. Je sais que M. Boucher pourrait nous entretenir pendant des heures
et des jours, il est là depuis plusieurs années. Maintenant, ce
n'est pas que je veuille lui en enlever la chance, sauf que, je pense, dans le
but de faire connaître au Québec l'ampleur de ce travail et aussi
les services qui existent pour la population, je pense que c'est fait.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. On a dit qu'on pouvait
interroger le fichier de l'extérieur. On a bien dit ça
tantôt?
Mme Payette: Les gens de l'extérieur du gouvernement
peuvent avoir accès à certaines données.
M. Goulet: Est-ce qu'on peut l'interroger d'ici, oui? Parce que
j'aimerais savoir, d'après ce fichier, combien de compagnies, depuis un
an, ont demandé ou ont déménagé à
l'extérieur du Québec. Toujours dans le domaine, pour
protéger le consommateur... Par exemple, lorsqu'une compagnie veut
déménager, devant certains troubles éventuels, si le
gouvernement peut dire ou empêcher cette compagnie de
déménager, encore afin de protéger le consommateur, de
façon que cette compagnie ne s'en aille dans une autre province.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse...
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Laplante): ... pour qu'il n'y ait aucune
confusion, pourriez-vous, s'il vous plaît, adresser vos questions au
président?
M. Goulet: Au président...
Le Président (M. Laplante): ... pour que le ministre
puisse donner la permission, parce que...
M. Goulet: C'est à vous, M. le Président, que je
m'adressais.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît. M.
Goulet: Ma question est formulée.
Mme Payette: Ce que nous sommes en mesure de vous livrer comme
information, c'est qu'il semble qu'il y ait 150 entreprises qui aient
déménagé du Québec. C'est ça?
M. Goulet: Depuis un an?
Mme Payette: Depuis un an. Mais nous ne serions pas, cependant,
en mesure de vous donner le nom de ces compagnies.
M. Goulet: Est-ce que vous pourriez invoquer certains motifs, par
exemple?
Mme Payette: Ce n'est pas le rôle du fichier central...
M. Goulet: Non?
Mme Payette: ... que de trouver les motifs de départ des
compagnies, absolument pas. Le fichier central...
M. Goulet: Je me garde de faire de la politique. Ce n'est pas
là du tout où je veux en venir.
Mme Payette: La réponse n'est pas...
M. Goulet: Par exemple, vous pouvez peut-être penser
à la séparation. Ce n'est pas ça du tout. Mais si,
à un moment donné, une compagnie faisant affaires au
Québec, ayant certains troubles avec un groupe de consommateurs,
décide de s'en aller, est-ce que vous ne pouvez pas avertir le ministre
des consommateurs en disant: ne laissez pas déménager cette
compagnie, parce qu'éventuellement, un groupe de consommateurs aura
recours à cette compagnie? Vous ne pourriez pas dire ça?
Mme Payette: M. le député, vous avez confondu le
rôle du fichier central. Ce n'est pas le rôle du fichier central
que de prévenir le gouvernement d'une situation politique quelconque. Ce
n'est le rôle du fichier central que d'identifier, tout simplement, les
compagnies qui n'exercent plus en territoire québécois. Par
exemple, je ne sais pas ce que le fichier central vous répondrait, mais
il est bien possible que le nombre ait été à peu
près le même dans les années passées. C'est une
vérification que nous n'avons pas faite.
M. Goulet: M. le Président, si vous me le permettez, par
votre entremise, c'était toujours dans l'idée de protéger
le consommateur, c'est pour ça qu'on veut voter des crédits, que
le ministre veut avoir des crédits. Si une compagnie décidait de
déménager parce que, éventuellement, il y a des
consommateurs qui auraient recours à cette compagnie, vous ne pouvez pas
avertir le gouvernement ou le ministère? A ce moment-là, quand le
verre d'eau est répandu, il est trop tard. Vous ne pouvez pas avertir
que le verre d'eau va se répandre prochainement. Vous n'avez pas de
données... Lorsqu'une compagnie demande de s'en aller, vous nous dites
simplement après: elle est partie. Mais pour ça, on n'a pas
besoin de payer pour des fichiers tout le monde va s'en apercevoir. C'est
là le but de ma question.
Si on le sait une fois qu'elle est partie, j'imagine qu'avant de partir
du Québec, il y a quelqu'un qui doit le savoir... Les compagnies
sont-elles obligées d'avertir le ministre, toujours dans le but
oublions la politique de protéger le consommateur?
Mme Payette: II ne faut pas confondre: Une compagnie, par
exemple, qui déciderait de déménager son siège
social préviendrait le service des compagnies. Ce dernier n'est pas le
fichier central.
M. Lalonde: Si le président me le permet, je ne vois pas
beaucoup la correspondance entre l'entreprise qui décide de quitter le
Québec et la protection du consommateur, parce qu'au fond, qu'est-ce qui
protège le consommateur? Ce sont les actifs de la compagnie. Alors,
l'entreprise qui décide de déménager sa
personnalité juridique à l'extérieur du Québec ne
déménage pas nécessairement ses actifs, si elle en avait
déjà au Québec.
Je comprends mal le député, mais je dis cela seulement
pour essayer...
M. Goulet: II n'y a pas que vous qui n'ayez pas compris. Ma
question est celle-ci: Si une compagnie éventuellement décidait
de déménager on parle de protection du consommateur depuis
ce matin; on est ici pour cela, pour voter des crédits
supplémentaires ou des crédits afin de mieux protéger le
consommateur parce que certains groupes de consommateurs, certains
consommateurs pourraient avoir recours à elle devant les tribunaux, quel
que soit... Une fois que la compagnie sera déménagée en
Ontario ou aux Etats-Unis, il sera beaucoup plus difficile d'avoir recours
à cette compagnie.
Ce que je demandais au ministre, c'est si le fichier donne les
renseignements, dit: Faites attention avant de laisser déménager
cette compagnie parce que cela sera beaucoup plus difficile d'avoir recours
à cette compagnie une fois qu'elle sera rendue à
l'extérieur du pays qu'une fois qu'elle est dans le pays. C'est le but
de ma question.
Mme Payette: J'aimerais que vous compreniez bien la fonction du
fichier central. Le fichier central est tout simplement habilité
à avoir les données, la carte d'identité d'une
compagnie... il ne transmet pas d'autres informations au ministre par rapport
aux compagnies. Il a la carte d'identité d'une compagnie et son
rôle s'arrête là. La question que vous posez s'inscrirait
à mon avis au programme 2, à l'élément 2, qui est
le service des compagnies; à ce moment, votre question sera parfaitement
bienvenue au niveau des renseignements qu'on pourra vous donner à ce
sujet, mais le rôle du fichier central est strictement une carte
d'identité. Il n'y a pas de commentaires, d'aucune façon, venant
du fichier central.
Le Président (M. Laplante): Cela répond à
votre question?
M. Goulet: Cela répond, mais il semble que si...
Mme Payette: C'est simplement de l'information.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: C'est une question là-dessus aussi, quoique
je ne sache pas très bien si ce n'est pas à
l'élément 2 qu'on aura la réponse parce que j'avoue qu'il
y a peut-être une confusion là-dessus; mais, de toute
manière, vous me direz, M. le Président, si ma question est
pertinente.
Est-ce que le fichier des entreprises nous permet quand même de
connaître les actionnaires de l'entreprise et est-ce que ces
connées sont accessibles au public? Parce qu'à un certain moment,
on entend parler d'une entreprise qui opère à tel endroit et on a
le droit comme consommateur, le public a le droit de savoir quelles sont les
raisons sociales, les actionnaires de cette compagnie. Le gouvernement tient-il
à jour, par ce fichier des entreprises, ces données actuelles
pour tout citoyen qui veut les obtenir?
Mme Payette: Ces données sont tenues à jour par le
fichier central. Elles ne sont pas cependant accessibles à tous les
citoyens. M. Boucher pourrait peut-être compléter l'information
pour que je ne fasse pas d'erreur et que la réponse soit très
précise.
Dans votre question, si je me souviens bien, vous référiez
aux actionnaires et aux raisons sociales. Pour la partie des actionnaires, le
fichier central n'a pas d'information sur les actionnaires majoritaires des
entreprises. Cette information est inscrite au rapport annuel produit en vertu
de la Loi des renseignements sur la compagnie dont M. Desjardins... à
laquelle on fera référence à l'élément 2 du
programme 2. Donc, le ministère possède l'information sur les
actionnaires des entreprises. Par contre, le fichier central ne capte pas cette
information.
Il faut limiter, c'est-à-dire que le fichier central se limite
à des informations d'identité pour répondre à trois
questions précises: qui fait quoi, où. Donc, par "qui" on entend
les entreprises, leur nom, leur raison sociale; fait "quoi", leurs
activités prévues dans les objets de la lettre patente;
"où", c'est par l'emplacement du siège social de la compagnie
dans ses différents établissements au Québec. Le fichier
central peut répondre à ces trois questions.
M. Gosselin: Une autre question complémentaire. Est-ce que
ces deux services, le service des compagnies et le fichier central, sont
cloisonnés? J'imagine que ce sont quand même des choses qui se
touchent beaucoup.
Mme Payette: A la demande du service des compagnies, le fichier
central remettra à celui-ci l'information que ce service estime
nécessaire dans ses dossiers.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour terminer nos renseignements
là-dessus, pourquoi est-ce qu'on ne nous dirait pas ce que le fichier
central a comme information pour fins d'identification? Qu'est-ce qu'il y a? Le
nom de la compagnie, je suppose, l'adresse de la compagnie, je suppose, qui est
le président, qui est le trésorier, qui est le secrétaire,
quels sont les directeurs? C'est cela? Ensuite, est-ce qu'il y a d'autres
renseignements?
M. Lalonde: Le secteur d'activité, j'imagine.
Mme Payette: II y a un arrêté en conseil qui
définit très exactement l'information que doit contenir le
fichier central. M. Boucher a déjà donné la
réponse. Voulez-vous la répéter?
L'arrêté en conseil 1710, du 10 mai 1973, définit le
contenu du fichier central, qui n'a pas changé depuis cette
date-là. Précisément, le document dont nous nous servons
pour ouvrir un dossier est une copie des lettres patentes officielles
émises à la compagnie. Pour l'ensemble des corporations
québécoises, nous avons le document constitutif émis par
le service des compagnies. Pour les raisons sociales et les
sociétés, nous recevons, en vertu de la loi, des
déclarations des compagnies et des sociétés, l'article 20,
qui demande que tous les protonotaires, les 32 protonotaires de la province,
transmettent au ministre des Institutions financières une copie de tout
document reçu en vertu de leurs lois. Donc, l'an passé, nous
avons eu 48 000 déclarations de raisons sociales et de
sociétés qui nous sont parvenues des 32 bureaux de protonotaires.
Donc, ces deux catégories d'entreprises constituent 95% du fichier
central, à savoir les corporations. Le document dont nous nous servons
pour constituer un dossier est un document public, auquel le public a
accès dans les dossiers des institutions financières, de
même que les raisons sociales, document qui est aussi un document public
accessible dans les bureaux de protonotaires. Les autres types de dossiers que
nous avons sont ceux des individus seuls en affaires, qui font affaires sous
leur propre nom. Un barbier, par exemple, au coin de la rue, qui n'a pas de
raison sociale, mais étant une entreprise qui peut percevoir des taxes
au nom du ministère du Revenu, est une entreprise active au
Québec; à ce moment-là, nous sommes informés par le
ministère concerné.
L'information que nous avons, si je peux la résumer, Mme Payette,
c'est la date d'incorporation dans le cas des compagnies, la loi constitutive,
les versions françaises et anglaises du nom, s'il y a lieu, l'adresse du
siège social, l'adresse de correspondance, les administrateurs
déclarés dans la rapport annuel, les activités
prévues dans la charte de la compagnie ou les activités
effectivement faites par les entreprises, et les établissements, les
places d'affaires de ces entreprises au Québec. Donc, c'est à ces
informations d'identité que se résume...
M. Saint-Germain: Et constamment, vous mettez à jour vos
dossiers selon que les présidents et que les membres de
l'exécutif changent.
Mme Payette: Nous sommes informés par tous nos clients.
Tous les fichiers associés au fichier central nous transmettent
quotidiennement les informations qu'ils perçoivent eux-mêmes par
leurs propres moyens.
M. Saint-Germain: Si une entreprise déménage du
Québec, vous avez son adresse qui change?
Mme Payette: Nous sommes informés.
M. Saint-Germain: C'est tout le changement que vous avez à
faire.
Mme Payette: Nous ne connaissons pas le processus de changement,
pourquoi les parties ou autrement... Nous l'apprenons peut-être un an
après. Si une compagnie ne veut pas se faire connaître du
gouvernement, elle ne se fait pas connaître.
M. Saint-Germain: Cet arrêté en conseil qui est
daté du 10 mai 1973 et qui constituait le fichier central, formait, en
plus un comité composé des six sous-ministres que Mme le ministre
a mentionné tout à l'heure, et ce comité devait
transmettre de l'information et faire, au lieutenant-gouverneur en conseil, des
recommandations pertinentes. Est-ce qu'on a fait, dernièrement, des
recommandations pertinentes?
Mme Payette: Effectivement, le comité a
siégé et a remis, fin automne, au gouvernement, un projet d'une
politique de diffusion de l'information contenue au fichier central. Il y a
certains points qui accrochent encore au niveau des fonctionnaires, et le
comité, dont la vie était prévue jusqu'au 31
décembre, vient d'être renouvelé encore pour une
période, cette fois-ci de façon permanente, pour créer ce
comité de surveillance du fichier central, un comité
interministériel. Ce comité doit étudier incessamment les
remarques qui ont été formulées par les organismes de
contrôle sur le document qu'il a fait parvenir au Conseil exécutif
et au Conseil du trésor. Par la suite, quand les fonctionnaires seront
d'accord sur le contenu, le document sera présenté au Conseil des
ministres.
M. Saint-Germain: Entre-temps, inutile de poser des questions, je
suppose.
Mme Payette: C'est un document de régie interne.
Nous voulons cependant, M. le député de Jacques-Cartier,
vous assurer que le comité interministériel a été,
pour cette fois, renouvelé en permanence.
M. Saint-Germain: Merci beaucoup.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: II y a une ou deux questions que je me posais. Tout
à l'heure, on parlait des compagnies qui quittaient le Québec;
vous les avez évaluées, dans les douze derniers mois, à
environ 150. Est-ce qu'il serait possible de savoir... J'ai entendu la mention
de 48 000 compagnies. Est-ce que c'est bien 48 000 nouvelles compagnies
inscrites au Québec dans le même temps ou quelle serait votre
évaluation des nouvelles compagnies au Québec pendant ce temps ou
des remplacements, si vous voulez?
Mme Payette: Pour établir les 48 000, j'ai dit qu'on avait
reçu 48 000 déclarations de raison sociale des bureaux de
protonotaires. Cela n'a rien à voir avec les compagnies et les
corporations.
M. Laberge: Ah bon! D'accord.
Mme Payette: Pour ce qui est de l'évaluation des
compagnies qui entrent et qui quittent, c'est un phénomène qui se
passe depuis 1867; il y a des compagnies qui arrivent et d'autres qui partent.
Je ne peux pas dire que nous avons décelé un changement
quelconque, une tendance quelconque au cours du dernier mois, depuis un an,
deux ans ou trois ans. Je pense que M. Lalonde, à un moment
donné, siégeait au comité qui faisait la même
étude et les conclusions sont les mêmes; nous ne décelons
pas présentement de tendances précises.
M. Laberge: J'aurais aussi une autre question, je ne sais pas si
elle est pertinente. Je me demandais, à peu près, après
combien de temps, généralement, si vous avez fait des
études là-dessus, après combien de temps les modifications
qui surviennent à l'intérieur d'une compagnie vous sont-elles
fournies et sont-elles enregistrées au fichier central?
Mme Payette: Selon le type de changement... Il y a des
changements qui doivent être publiés dans la Gazette officielle,
par exemple le changement d'un siège social doit être suivi d'une
publication dans la Gazette officielle et le changement légal ne prend
effet que lors de sa publication. Donc, nous captons l'information, dans ce
cas-là, dans la Gazette officielle.
Lors d'un changement de structure de capital, c'est une information que
nous n'avons pas. Pour les autres changements, l'adresse de correspondance, par
exemple, l'adresse des administrateurs, c'est sur le rapport annuel des
compagnies produit en vertu de la loi des renseignements.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 1, adopté?
M. Lalonde: Adopté. Merci, M. Boucher, et bonne
chance.
Le Président (M. Laplante): Avec le consentement des
membres, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à demain, 10
heures.
(Fin de la séance à 21 h 58)