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Etude des crédits du ministère
des
Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Laplante): Mesdames et messieurs. Reprise
des travaux de l'étude des crédits du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières. Font
partie de cette commission, M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Beauséjour
(Iberville), M. Gagnon (Champlain), M. Gos-selin (Sherbrooke), M. Goulet
(Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Landry (Fabre) remplacé par M. Desbiens (Dubuc), M. Larivière
(Pontiac), M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M. Marquis
(Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Vaillancourt (Jonquière).
Nous sommes au programme 2, élément 2. Mme le
ministre.
M. Goulet: M. le Président, M. Russell (Brome-Missisquoi)
est remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska). Même s'il est
absent il faut le...
Le Président (M. Laplante): M. Lafontaine
(Nicolet-Yamaska). D'accord. Mme le ministre.
Création et modification de personnes
morales
Mme Payette: Nous abordons le service des compagnies qui est une
des responsabilités du ministère. Le service des compagnies a
pour mission de donner l'existence légale aux compagnies naissantes qui
veulent faire des affaires au Québec, d'en modifier les
caractères selon les besoins et d'en confirmer l'extinction lorsqu'elles
cessent leurs opérations. Il recueille, codifie, classifie et transmet
les renseignements que les corporations sont tenues de lui faire parvenir
annuellement.
Il me fait plaisir, également, M. le Président, de vous
faire savoir qu'il est dans notre programme législatif d'entreprendre
cette année l'étude d'une refonte de la Loi des compagnies. C'est
cependant un travail long et difficile et nous sommes en mesure, à cause
des expériences vécues dans d'autres provinces et au niveau
fédéral, de constater qu'il nous faudra un minimum de trois ans
pour arriver à compléter ce travail. Nous sommes en train de
mettre sur pied le comité de rédaction, le comité
d'étude et, comme cela implique une participation de divers
ministères, ce travail sera donc calculé sur une période
de trois ans.
M. Raynauld: Vous annoncez cela longtemps d'avance.
Mme Payette: Je pense que c'est nécessaire qu'on sache
qu'on est en train de le faire et il se- rait présomptueux de penser le
faire en moins de temps que trois ans quand il a fallu cinq ans au
fédéral pour y arriver.
M. Saint-Germain: Quelles sont, à votre avis, les lacunes
existantes dans la loi actuelle?
Mme Payette: M. Desjardins, qui est le directeur du service des
compagnies, va se joindre à nous. M. Desjardins, si vous voulez
répondre à cette question.
M. le député de Jacques-Cartier, on m'explique que votre
question est une excellente question, sauf qu'elle implique des explications
juridiques et que même le directeur du service aurait besoin d'un
conseiller juridique pour pouvoir répondre à cette question.
C'est évidemment un service extrêmement technique. Je pense
qu'il y aurait peut-être d'autres questions qui vous viendraient à
l'esprit sur le sujet. Si on peut vous renseigner à d'autres niveaux. M.
Barbin.
Si je peux ajouter un mot, sans être moi-même un juriste, je
pourrais dire que le grand problème est d'intégrer toutes les
lois qui touchent non seulement les compagnies, mais les corporations et
d'essayer de les intégrer et de les moderniser, parce qu'on n'a pas
touché à cela depuis plusieurs années.
C'est un travail énorme de concordance et d'intégration et
là on parle tant des lois qui touchent les corporations commerciales que
celles sans but lucratif. Cela pourrait même indirectement aussi
intégrer les lois qui touchent les coopératives, les associations
coopératives, les caisses d'épargne et de crédit, ce qui
voudrait dire qu'on aurait vraiment un ensemble de lois régissant les
corporations, adapté à 1976/77. Si on veut des renseignements
plus complets là-dessus et dire quelles sont les principaux
problèmes qu'il nous faut toucher, à ce moment-là il nous
faudrait le spécialiste de ces questions, Me Rioux.
M. Saint-Germain: Alors, fondamentalement, ce qui vous motive
à modifier cette loi, est-ce cette question d'intégration et de
coordination des diverses lois pour en combler les lacunes? Est-ce que c'est
cela fondamentalement ou s'il y a plus que cela?
Mme Payette: II y a plus que cela. Chacune des lois, que ce soit
la Loi des compagnies ou l'ensemble des lois qui touchent les
coopératives ou d'autres corporations, a besoin d'être
rafraîchie, modernisée, complétée. En plus, il y a
ce problème: au lieu de le faire loi par loi comme cela s'est fait dans
le passé, on va essayer de le faire en pensant d'intégrer tout
cela dans un ensemble de lois coordonné. C'est un travail qu'on veut
entreprendre et qui va durer plusieurs années. Le fédéral
lui-même songe à faire ce genre de refonte aussi et cherche
à se coordonner avec les provinces. C'est un travail qui est très
long.
M. Raynauld: Maintenant, il y a certaines lois qui sont
peut-être...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous aviez
terminé, le député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Je voudrais simplement dire, sans en faire un
grand débat, qu'il est dommage que vous ne soyez pas accompagné
de spécialistes.
Mme Payette: On pourrait en faire venir, M. le
député, si vous insistez, sauf, si vous permettez que je vous
l'indique, que ce n'est peut-être pas là qu'effectivement il est
utile de renseigner la population. On pourrait, cependant, vous dire ce que ce
service a fait au cours des dernières années, au cours de
l'année dernière, et le ménage extraordinaire qui a
été entrepris au niveau des compagnies qui ne font plus affaires,
par exemple, au Québec. Alors, si vous avez des questions dans ce
domaine, nous sommes en mesure de vous répondre à ce
niveau-là.
M. Raynauld: M. le Président, c'est sur le même
sujet...
Le Président (M. Laplante): Très bien,
d'accord.
M. Saint-Germain: Ecoutez, j'avais laissé la parole
à mon collègue, mais, si vous vouliez tout à l'heure nous
donner un aperçu de ce qui s'est fait, puis de ce qui se fera, nous
serons bien aise de vous écouter.
Mme Payette: Entendu.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez faire venir ce
monsieur, d'accord. Le député de Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, le sous-ministre a
touché un point, les compagnies à but non lucratif. Est-ce
possible que certaines compagnies à but non lucratif ne fassent pas
parvenir de rapports? Est-ce vrai même que ces vérifications ne se
font pas de manière systématique? Est-ce que c'est possible?
Mme Payette: M. Desjardins. Votre question, c'est si...
M. Goulet: Si c'est exact que des compagnies à but non
lucratif ne font pas parvenir de rapport annuel à votre ministère
et qu'il n'y a pas d'enquête, il n'y a pas de vérification
systématique qui se fait concernant les compagnies à but non
lucratif.
Mme Payette: Concernant les compagnies à but non lucratif,
nous avons envoyé, l'an dernier si vous me le permettez, je
voudrais juste sortir les chiffres autour de 15 000 rapports et formules
aux différentes corporations sans but lucratif. De ce nombre, 6653
corporations se sont conformées aux exigences de la loi, et ce à
la fin du mois de mars. Il reste quand même un certain nombre de
corporations qui ne se sont pas conformées aux exigences de la loi. Il y
a des projets du service qui prévoient l'annulation massive, aux termes
de la loi, des corporations et des compagnies qui ne se sont pas
conformées à la loi.
Dans l'année qui vient, c'est notre programme, nous allons
entreprendre l'annulation de ces corporations.
En d'autres termes, la pénalité prévue à la
loi est l'annulation de la charte, et c'est ce que nous allons entreprendre
cette année.
M. Goulet: M. le Président, à la suite de cette
question, en 1976, y a-t-il eu des sanctions d'appliquées?
Mme Payette: Appliquées en 1976?
M. Goulet: Vous dites qu'il y en aurait tout près de la
moitié, d'après les chiffres que vous donnez, qui n'auraient pas
fourni de rapport. C'est plus de la moitié, c'est quasiment les deux
tiers. Cela veut dire qu'il y aurait sanction pour les deux tiers de ces
compagnies. A peu près 6000...
Mme Payette: En 1976.
M. Goulet: Non, mais vous dites: 15 000 rapports ont
été expédiés et 6000 sont revenus. Ce n'est pas
tout à fait les deux tiers, mais c'est quasiment 60%. Est-ce que cela
veut dire qu'il y aurait des sanctions pour les deux tiers de ces compagnies,
s'il y a une loi et qu'elles ne se sont pas conformées à la
loi?
Mme Payette: M. le député, ce que je peux vous dire
c'est qu'à partir de maintenant la loi sera appliquée de
façon plus rigoureuse qu'elle ne l'a été dans le
passé, à ce sujet.
Nous avons l'intention, dans les mois qui viennent c'est ce que
je vous disais de faire un véritable ménage au service des
compagnies et d'appliquer, de façon sérieuse et rigoureuse, la
loi telle qu'elle nous le permet actuellement.
Alors, il faudrait faire attention que je puisse compléter ma
réponse à votre question. Vous ne parliez que de compagnies
à but non lucratif. Nous nous attachons cette année à
faire exactement la même chose, appliquer la loi de la même
façon pour les corporations commerciales et pour les compagnies à
but non lucratif.
M. Goulet: II y aurait environ les deux tiers des compagnies qui
n'auraient pas retourné leur rapport, toujours dans les compagnies
à but non lucratif.
Mme Payette: Si nous regardons le nombre de rapports
expédiés l'an dernier, si on prend l'ensemble des compagnies et
corporations, toujours le terme des compagnies à but lucratif, nous
avons expédié environ 115 000 rapports. De ce nombre nous avons
reçu à ce jour 80 000 rapports.
II y a quelques années, quelque 30 000 se conformaient à
la loi.
Ce que nous avons fait au service au cours des dernières
années, cela a été de fusionner les deux dossiers que nous
avions pour chaque compagnie, chaque corporation.
Autrefois nous avions un dossier juridique qui contenait tous les
éléments légaux, la requête et ainsi de suite. Nous
avions un autre dossier qui était le dossier qui s'applique à la
Loi des renseignements sur les compagnies, qui contenait tous les rapports
annuels.
Ces deux dossiers avaient une codification entièrement
différente. Avec la venue du fichier central, nous avons alloué
à chaque compagnie ou corporation un nouveau numéro. Au cours de
la dernière année notre effort a été de
réunir ces deux dossiers en un seul. Ce travail est maintenant
terminé. Cela va nous permettre maintenant d'annuler, comme je disais
tout à l'heure, les compagnies et les corporations qui ne se sont pas
conformées à la loi.
Si on parle en termes de quantité maintenant, nous
évaluons à environ 65 000 le nombre de dossiers qui sont,
à toutes fins pratiques, considérés inactifs chez nous. De
ce nombre, il y en a environ 15 000 qui sont des compagnies auxquelles nous
avons fait parvenir le rapport annuel, mais qui nous est revenu par la poste
avec la notation du postier disant "adresse inexacte" ou "adresse inconnue". 15
000.
Nous en avons 23 000, environ, qui sont des compagnies qui,
effectivement, ne se sont pas conformées à la loi, mais qui ont
reçu nos avis. Finalement il en reste 28 000 qui sont des compagnies,
pour lesquelles nous avons des dossiers, qui, au cours des années, ont
cessé toute activité. Nous le savons par le biais du fichier
central des entreprises parce que nous avons placé le nom de ces
compagnies à l'intérieur du système du fichier central
mais nous sommes les seuls à faire affaires avec ou à
connaître l'existence de la compagnie; par exemple, le ministère
du Revenu ne les connaît pas.
Si nous sommes les seuls ou le seul organisme gouvernemental à
connaître l'existence d'une compagnie qui n'est pas connue par aucun
autre organisme gouvernemental, on peut présumer que la compagnie est
absolument inactive.
Si on additionne les trois chiffres que je viens de vous donner, cela
fait, grosso modo, $65 000. C'est l'opération que nous nous
préparons à déclencher.
M. Goulet: M. le Président, si nous parlons de la
protection du consommateur, si 15 000 ou 20 000 compagnies n'envoient pas de
rapport annuel, ne serait-ce pas bon d'exiger ces rapports? De faire en sorte
qu'on ait un inspecteur ou quelqu'un qui irait chercher le rapport ou qui
l'exigerait? Possiblement qu'elles sont inactives ou qu'il y a quelque chose en
dessous aussi.
Je vous donne un exemple, si vous me le permettez, Mme le ministre.
Mme Payette: Je vous en prie.
M. Goulet: II y a un cas spécifique: l'Enfance
Tiers-Monde; avez-vous reçu, cette année, le rapport de cette
compagnie? Pouvez-vous me dire si vous avez reçu ce rapport annuel?
J'aimerais donner un exemple. C'est possible que vous ne puissiez pas me le
dire. Je comprends, mais c'est pour imager ce que je voulais dire.
Mme Payette: Vous comprenez...
M. Goulet: C'est une compagnie à but non lucratif. C'est
possible que ce soit parce que la compagnie est inactive, mais aussi
peut-être qu'il se trame quelque chose. Si on veut protéger le
consommateur, ce serait peut-être bon d'exiger ces rapports, afin de
savoir si c'est parce que la compagnie est inactive ou si c'est parce
que...
Dans le cas spécifique de l'Enfance Tiers-Monde, j'aimerais
demander au ministre s'il peut vérifier si ce rapport est entré.
S'il n'est pas entré, peut-il se servir de son droit de
révocation dans ce cas précis? Il y a peut-être 15 000 ou
20 000 cas comme celui-là, mais je vous en soumets un précis.
Mme Payette: M. le député, il faudrait bien
comprendre ce qui vous a été expliqué. La confusion
régnait dans ce service à cause du fait que, pour chaque
compagnie, nous disposions de deux dossiers différents, dont la
codification était également différente. Sur une
période de quelques années maintenant, nous avons fait un jeu
d'unification, pour nous permettre de retrouver dans un seul dossier toute
l'information concernant une compagnie, quelle qu'elle soit. Ce travail vient
seulement d'être terminé à ma connaissance, il a
duré pratiquement trois ans si bien que nous avons en main, pour
la première fois, l'outil qu'il nous faut pour intervenir de
façon légale, ce qui n'était pas,, le cas auparavant. Nous
aurions pu commettre des erreurs à cause de notre système qui
était multiple.
A partir du moment où c'est unifié, nous avons en main le
moyen d'intervenir de façon légale. Je vous ai dit que nous nous
apprêtions à intervenir; maintenant que nous disposons de toute
l'information, nous allons appliquer la loi et nous pourrons, effectivement,
dans les mois qui viennent, constater que certaines compagnies perdent
complètement le droit d'agir au Québec. Ce sera probablement une
première. Cela ne s'est pas beaucoup vu jusqu'à maintenant.
Dans ce sens, pour donner suite à votre deuxième question
au sujet d'un organisme en particulier, vous comprendrez que, sur le nombre de
dossiers, il est difficile de vous dire: Oui, ou non, à une telle
question. Si vous demandez le renseignement, cependant, nous pouvons faire
faire la vérification et vous donner une réponse écrite,
si vous le désirez.
M. Goulet: C'est toujours dans le but de protéger le
consommateur. Je cite ici un article du Soleil du 19 janvier, où on dit:
"Pour des compagnies à but non lucratif (comme l'Enfance Tiers-Monde),
le ministère des Institutions financières constitue
une immense passoire." Je pense que cela résume ma question.
Mme Payette: M. le Président, vous me permettrez de vous
expliquer que ce ministère est un ministère à trois
chapeaux, que les services ne sont pas nécessairement communicants et
que le service des compagnies n'a pas pour mission de protéger les
consommateurs. Il a pour mission de former des compagnies et de défaire
des compagnies.
Au-delà de cela, peut-être que c'est la
responsabilité du ministre, puisque tous ces services sont à
l'intérieur du même ministère, de faire en sorte que le
consommateur soit protégé. Je peux vous donner l'assurance que je
m'attacherai à cette tâche au cours des années qui
viennent.
M. Goulet: C'est ce que je voulais vous entendre dire.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je suis très heureux
des dernières remarques que le ministre vient de faire, parce que je me
disais que les consommateurs, dans ce cas, ce sont les compagnies. Il faudrait
peut-être essayer de faciliter les choses plutôt que d'avoir cette
obsession de tout contrôler, de tout surveiller. La question que je
voudrais poser, à ce stade, est la suivante: Combien de temps cela
prend-il pour obtenir une charte? Il me semble qu'une société, ou
un gouvernement, aurait intérêt à ce que les compagnies se
forment, plutôt que de les empêcher de se former et plutôt
que de les faire fermer, à tout bout de champ et à propos de
rien. Combien de temps cela prend-il pour obtenir une charte? N'est-ce pas un
problème, à l'heure actuelle, plutôt que celui de
compagnies inexistantes, qui ne font de tort à personne, sauf dans les
fichiers?
Mme Payette: M. le député d'Outremont, je suis en
mesure de vous dire que, quand la requête est parfaitement conforme
à la loi, il faut environ trois semaines pour obtenir une charte. Sauf
que vous comprendrez cependant notre besoin de vérifier de façon
sérieuse le contenu des demandes. Comme nous devons nous
référer à d'autres ministères, par exemple, cela
peut effectivement allonger le processus d'une semaine ou deux. Si la demande
n'est pas du tout conforme à la loi, à ce moment, nous devons
retourner au demandeur pour faire faire les corrections nécessaires. En
temps normal, quand c'est conforme, cela ne prend que trois semaines.
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a des statistiques à ce sujet,
sur les motifs, par exemple, pour lesquels ils sont retournés quand cela
n'est pas conforme à la loi? Est-ce que le fait de ne pas se conformer
à la loi, par exemple, cela peut être un nom, cela peut être
parce qu'on n'a pas mis incorporé à côté, où
on aurait dû le mettre, ou des choses semblables, et faire une
espèce de décompte des raisons un peu sérieuses, par
opposition à des raisons qui sont tellement secondaires?
Mme Payette: Nous avons eu une réunion avec les gens du
Barreau. Au cours de cette réunion, nous lui avions fait part des
différents motifs des délais que nous avions constatés
à l'émission des chartes; dans la plupart des cas, nous lui avons
montré que les requêtes étaient incomplètes,
insuffisantes, et que cela donnait lieu à une correspondance entre le
service et le procureur, et que les délais, évidemment,
s'ajoutaient. Donc, il y avait une lettre, deux lettres, trois lettres, quatre
lettres, pour obtenir l'information complète nécessitée
par les dispositions de la loi. C'était là, en fait, les
principales causes des délais, avons-nous dit.
Il y a, bien sûr, des consultations nécessaires
auprès d'autres ministères, lorsque l'avis d'autres
ministères est nécessaire pour l'émission d'une charte. La
principale cause des délais, ce sont des requêtes
incomplètes, et là-dessus, je pense que nous ne pouvons pas
nous-mêmes nous mettre à corriger les requêtes de
façon unilatérale et nous devons retourner le document au
requérant pour lui demander de fournir l'information complète.
Comme je vous dis, les gens du Barreau ont été consultés,
ont été avisés là-dessus.
M. Raynauld: Est-ce qu'il y a des mesures qui sont prises pour
essayer de faciliter les choses à ces gens plutôt que de leur
imposer des contrôles supplémentaires?
Mme Payette: Nous avons, d'un commun accord,
réalisé que ce qui pourrait aider à la situation,
c'était de faire connaître nos normes administratives concernant
l'octroi des noms corporatifs. Nous leur avons soumis il y a à peu
près un an, un projet du ministère; nous leur faisions
connaître nos normes et nous leur avons demandé leur avis. Je ne
pense pas que nous ayons de leur part, une réponse à ce jour sur
ce document. Nous l'attendons toujours.
M. Raynauld: M. le député, j'ajoute d'autres
questions. Je voulais savoir si les réponses qui venaient de Me Fournier
s'appliquaient aussi aux organismes sans but lucratif.
Mme Payette: Cela s'adresse évidemment à une
consultation avec les gens du Barreau, qui sont les seuls habilités avec
les requérants dans les cas de lettres patentes.
M. Raynauld: II faut toujours des avocats pour s'incorporer.
Mme Payette: C'est-à-dire que c'est le requérant
lui-même ou un avocat qui agit comme intermédiaire. Dans la
plupart des cas, ce sont des avocats qui agissent comme
intermédiaires.
M. Raynauld: II faudrait peut-être tenir ces
réunions avec les membres du Barreau. Il avait été
proposé de notre part que le Barreau songe peut-
être à organiser des sessions d'études pour ses
membres pour les remettre un peu dans les faits. Vous savez ce qui arrive. Nous
constatons que près de 75% à 80% des requêtes que nous
recevons ne sont pas conformes. Il nous apparaît peut-être un peu
que les avocats de la pratique comptent un peu sur nos services pour corriger
leurs requêtes. C'est peut-être la chose la plus difficile. Nous
sommes dans une situation assez difficile, pour dire à un
praticien...
Mme Payette: Loin de nous, cependant, l'idée d'accuser le
Barreau d'un peu de paresse.
M. Raynauld: D'ailleurs, ce qui me frappe, Mme le ministre. C'est
peut-être que le ministère pourrait de son côté
essayer de faciliter les choses, essayer de les alléger un peu,
plutôt que d'accuser le Barreau.
Mme Payette: M. le député d'Outremont...
M. Raynauld: Ce n'est peut-être pas le Barreau qui est en
faute, c'est le ministère qui demande l'application de normes. S'il faut
absolument un avocat pour être capable de s'incorporer, pour un groupe de
douze personnes qui veulent jouer au hockey, le samedi matin, et que cela leur
prend trois mois pour obtenir une charte, s'il leur faut un avocat en plus,
vous ne pensez pas qu'il y a quelque chose qui va mal? Ce serait au
ministère, à ce moment, à revoir cela, pas aux
avocats.
Mme Payette: M. le député d'Outremont, vous
pourriez rester calme, parce que la conversation qu'on a ne porte pas à
s'emporter me semble-t-il.
Il me semble que le fait que ce service du ministère ait pris
l'initiative d'une rencontre avec le Barreau pour tenter de mieux
éclairer ceux qui, dans 80% des cas c'est le chiffre qu'on a
donné servent d'intermédiaires pour la population est une
initiative extrêmement louable et manifeste la bonne volonté de ce
service de faciliter la tâche et, en tous les cas, de donner suffisamment
d'informations pour que ce processus d'incorporation soit le plus facile
possible. Je pense qu'il faut voir là une manifestation de bonne
volonté. Nous sommes toujours, et je sais que le service l'est toujours,
à la disposition de quelque groupe que ce soit, que ce soit le Barreau
ou un autre, pour expliquer avec le plus de facilité possible comment on
doit procéder pour s'incorporer.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jonquière, lui-même avocat, pourra peut-être se
défendre.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, pour
donner suite à la question qui a été posée par le
député d'Outremont; d'abord, cela ne prend pas
nécessairement un avocat pour présenter une requête en
incorporation, mais on a dit, tout à l'heure, qu'il y avait beaucoup de
requêtes qui étaient retournées. Parce que je pense que les
formules ou les requêtes types du service des compagnies ne sont pas
obligatoires. J'ai eu, par le passé, l'occasion de présenter des
requêtes en incorporation sur du papier de bureau et on m'en a
retourné souvent avec la mention que la marge n'était pas
respectée ou que j'avais écrit ou non au verso ou au recto. Je me
demande s'il n'y aurait pas lieu à l'intérieur de la refonte de
la loi ou des règlements ou des normes administratives de faire en sorte
qu'au moins, le formalisme ne soit pas trop exagéré. Je comprends
qu'on puisse la retourner sur une question de capital-actions, sur une question
de nom, un nom qui est déjà employé par une autre
corporation, mais je sais, par exemple, qu'il y a une marge d'un pouce et demi
ou de deux pouces à respecter, puis parfois on nous retourne des
requêtes tout simplement parce que cette marge n'est pas
respectée. Je pense que cela, on pourrait s'en passer à l'avenir,
dans la refonte de la loi ou des règlements.
Mme Payette: Je pense qu'on prend bonne note de votre remarque
à ce sujet. Si nous pouvons améliorer le service, il est
évident que nous allons tout faire, puisque nous n'avons pas
intérêt à ce que cela devienne compliqué, puisque
cela augmente encore plus la charge de ce service qui est déjà
largement taxé, à ce niveau. Nous avons intérêt,
comme ministère, que cela se fasse rapidement, que cela se fasse
correctement, le plus vite possible. Si bien que s'il est vrai que cela pose
ces problèmes, nous allons, au cours des mois qui viennent, tenter de
corriger cette situation.
M. Raynauld: Merci, M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour rendre
témoignage, de toute façon, au service des compagnies, je sais
également que lorsqu'on appelle pour savoir si le nom que nous allons
proposer est un nom qui sera accepté par le service, au
téléphone on nous donne immédiatement le renseignement. On
va voir dans le fichier, pour voir si le nom a été employé
ou s'il est acceptable. Je pense que les gens auraient intérêt
à savoir qu'on peut non pas nécessairement écrire, mais
communiquer par téléphone avec le service, pour avoir le
renseignement demandé.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Dans le domaine des
faillites, y a-t-il un mécanisme quelconque, de façon que
lorsqu'il y a une faillite, elle fasse l'objet d'une enquête de la part
de votre ministère? Ou, à un moment donné,
décidez-vous de faire enquête dans certains cas; ou faites-vous
toujours enquête? Y a-t-il un mécanisme quelconque pour qu'il y
ait une enquête automatique de la part de votre ministère.
Mme Payette: Voulez-vous répéter la question?
J'étais distraite, je m'en excuse.
M. Goulet: Dans le domaine des faillites, lorsqu'il y a une
faillite, y a-t-il un mécanisme quel-
conque, automatique, de façon qu'il y ait une enquête faite
dans chaque cas. Est-ce quelqu'un du ministère qui décide que
dans un cas précis il va faire enquête, ou s'il y a toujours une
enquête?
Mme Payette: Je pense qu'on parle d'un problème
différent. Le service des compagnies, comme tel, je pense, n'exerce
aucun contrôle sur les faillites. Je pense que ce sont les
ministères de tutelle qui doivent exercer un certain contrôle,
selon la nature des transactions de la compagnie qui déclare faillite,
ou qui a fait faillite. Le service des compagnies n'a pas à exercer une
surveillance.
M. Goulet: Ma question d'abord s'adresse au ministre. Au
ministère que vous détenez, dont vous êtes le dirigeant,
toujours dans le domaine de la consommation, protection du consommateur, il n'y
a pas enquête lorsqu'il s'agit d'une faillite. D'accord, je suis au
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières on est ici pour des crédits pour tout le monde qui
est à l'intérieur de ce ministère qui touche le ministre.
Est-ce qu'il n'y a pas une enquête pour protéger le consommateur?
Il n'y a pas une enquête automatique?
Mme Payette: J'avais peut-être mal perçu votre
question, je m'en excuse. Si vous limitez la question aux institutions sous la
juridiction du ministère, nous avons notre service d'inspection qui est
à la disposition des différents services du ministère pour
faire toutes les inspections qu'il juge nécessaires. Si on
soupçonne un cas de faillite frauduleuse, par exemple, le service,
à ce moment-là, demande au service d'inspection de faire la
vérification, l'inspection des livres pour essayer de déterminer
la responsabilité et, évidemment, établir la valeur de la
faillite ou la valeur restante des actifs.
M. Goulet: J'irai plus loin. Est-ce qu'il y a un mécanisme
vous permettant de prévoir certaines faillites? J'aimerais donner des
cas, mais... Un mécanisme par lequel un grand nombre de consommateurs
seraient brimés, seraient perdants. Y a-t-il un mécanisme
quelconque permettant de prévoir une faillite? Je me rapporte à
une faillite qu'il y a eu il y a deux ou trois ans; vous savez de laquelle je
veux parler. Il y a peut-être 300 000 ou 400 000 consommateurs qui y ont
perdu. N'y a-t-il pas un mécanisme quelconque de surveillance?
Mme Payette: II y en a un annuel. Pour l'émission des
permis, on doit vérifier la situation financière des entreprises
à qui on émet un permis. C'est à ce moment-là et
sur une base annuelle, à moins que le service décèle
certaines faiblesses financières. A ce moment-là, il exige des
rapports plus fréquents pour suivre l'évolution de certaines
entreprises de façon plus étroite. Règle
générale, cela se fait de façon annuelle au moment de
l'émission du permis. On dit: On va vérifier la situation
financière de chaque entreprise sous notre juridiction. Cela se fait
systématiquement dans tous les services.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour revenir à cette question de charte,
il y a un cas particulier qui pourrait peut-être se
généraliser ou qui s'est déjà certainement
généralisé dans le passé. C'était une
association de Dorval qui avait déjà eu, dans le passé,
une charte. L'adresse avait été changée, les
communications avaient été brisées entre le
ministère et cette corporation à but non lucratif, c'était
une association de citoyens de Dorval qui s'occupait de choses municipales.
Croyez-moi, c'étaient des gens qui ne voulaient pas avoir les
services d'un avocat, qui n'avaient d'ailleurs pas les moyens de se payer cela.
Cela m'a pris deux ans à résoudre leur problème, et c'est
dommage que je n'aie pas apporté mon dossier, je pense qu'il est
épais comme cela. Il y a eu toutes sortes de technicités.
Moi-même, j'en étais estomaqué. De toute façon,
à un moment donné, je parlais à un employé du
ministère et je lui ai dit: Appelez donc cette dame et essayez donc,
directement avec elle, de voir ce qu'il en est. C'est ce qu'il a fait. Je la
rappelle, quelques jours plus tard, pour lui demander si elle avait reçu
cet appel. Elle me dit oui, mais elle était, à un bout de la
ligne, unilingue de langue anglaise et, à l'autre bout, elle avait un
homme unilingue de langue française; la conversation a été
extrêmement courte. Cela m'a un peu surpris. On est toujours dans des
compagnies en Amérique du Nord. J'ai fait une petite enquête et on
m'a confirmé qu'à ce service très peu de gens pouvaient
parler l'anglais.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que le
député de Jacques-Cartier a mal travaillé, cela ne prend
pas deux ans à s'incorporer.
M. Saint-Germain: Ecoutez, je ne vous expliquerai pas... Je ne
dis pas que deux ans, c'est régulier, ce n'est pas ce que je veux dire.
Par un concours de circonstances...
Le Président (M. Laplante): Est-ce une question, M. le
député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Oui, oui, c'est une question.
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, je
dois vous répondre que, dans ce service où,
particulièrement, comme on n'a pas été souvent
maître chez nous dans ce domaine-là, on a surtout affaires
à des anglophones, je pense qu'on pourrait trouver certainement un
employé de ce service qui accepterait et qui pourrait répondre
parfaitement en anglais.
M. Saint-Germain: Je...
Mme Payette: Toujours pour une meilleure protection du
consommateur.
M. Saint-Germain: Vous avez raison, mais j'ai lieu de croire que
mes informations sont fondées.
C'est une infime minorité du personnel qui peut s'adresser
à une personne en anglais.
Mme Payette: Si cela se représente, M. le
député, on pourra appeler directement le ministre parce que, moi,
j'ai la prétention d'être bilingue.
M. Saint-Germain: Ecoutez, vous n'êtes toujours pasne
nous le faites pas croire pour prendre le téléphone et
appeler une dame de Dorval qui a de la difficulté à avoir une
charte.
Mme Payette: Vous seriez surpris, M. le député de
Jacques-Cartier, cela se fait déjà.
M. Saint-Germain: Si vous pouvez le faire occasionnellement, je
pense bien qu'il ne faudrait pas établir cette politique au
ministère. Mais je crois qu'il y a là quelque chose de
fondé, Mme le ministre.
Mme Payette: Pour être bien comprise... parce que je ne
connais pas les termes.
M. Saint-Germain: Mme le ministre, mes affirmations sont exactes
mais j'ai été estomaqué d'apprendre qu'en Amérique
du Nord, dans la province de Québec, en 1977...
Mme Payette: C'est un bon point pour moi.
M. Saint-Germain: Non. Ecoutez, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Non, je parle... M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... en 1977, en Amérique du Nord, dans
la province de Québec, un type, par exemple, aux Etats-Unis ou qu'une
compagnie américaine ou ontarienne, surtout dans un temps de
chômage comme on en connaît aujourd'hui, serait bien aise de venir
s'établir au Québec, prenne le téléphone et demande
des informations et que personne ne puisse répondre au bout du fil. On
pourra avoir la philosophie qu'on voudra au point de vue linguistique, il n'en
reste pas moins qu'au point de vue pratique les compagnies, en Amérique
du Nord, c'est une question de fait, sont de langue anglaise. Qu'on veuille se
séparer ou non du Canada, qu'on déménage la province au
sud ou au nord, c'est du pareil au même, c'est anglais.
Il y a très peu de gens, au ministère, qui peuvent prendre
le téléphone et répondre à une telle personne qui
demande des renseignements. J'ai trouvé cela peu pratique. Comment
voulez-vous aller de l'avant et progresser? Une jeune personne qui travaille
dans ce service et qui est unilingue est définitivement limitée
dans ses ambitions, si elle ne peut pas converser en langue anglaise. Qu'on
vive sous n'importe quel régime ou qu'on ait la philosophie qu'on voudra
au point de vue de la langue, que le ministre s'informe, je serais bien aise
qu'elle me donne des renseignements là-dessus et qu'elle en donne aussi
à la population, parce que, si mes informations sont fondées,
comme je le crois, à ce niveau, les services ne peuvent pas être
autrement que tarés et inefficaces.
Mme Payette: Alors, M. le député de
Jacques-Cartier, pour répondre à ce que vous croyez être
une question, je vous dirai que...
M. Saint-Germain: Non, je n'en fais pas une question. J'ai bien
le droit de dire ce que je veux dire.
Mme Payette: Oui. Alors, vous me permettrez de répondre ce
que je veux. C'est ce que vous avez dit.
M. Saint-Germain: Certainement. Comme vous avez le droit de
parler, répondez, madame, je vous en prie. Mais, ce n'est pas une
question.
Mme Payette: La connaissance de la langue anglaise n'est pas une
condition exigée par la fonction publique sauf que nous pensons avoir
dans nos services des gens bilingues, comme dans le cas que vous citez.
D'ailleurs, je vous en suis extrêmement reconnaissante. Vous semblez
être le seul. Peut-être faudrait-il nous donner le nom de cette
personne afin que nous puissions la rappeler pour bien nous assurer que le
service a été rendu par la suite. Nous n'avons jamais reçu
une plainte de cet ordre au ministère.
M. Saint-Germain: Le service a été rendu. J'ai
vérifié personnellement. Je me suis assuré de cela.
Seulement, si vous voulez savoir si on parle anglais chez-vous, prenez le
téléphone et adressez-vous en anglais, vous allez savoir cela
tout de suite, sans plus d'enquête.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Outremont.
Mme Payette: J'aimerais vérifier si vous parlez
français aussi.
M. Raynauld: M. le Président, peut-être que je
devrais savoir la réponse à la question que je vais poser. Je
voudrais savoir dans quelle mesure des statistiques sont publiées sur
les renseignements que vous recueillez. En particulier, par exemple, il y a des
choses qui me sembleraient très intéressantes, comme les
changements des sièges sociaux. Est-ce que vous publiez des rapports sur
ces choses? Je sais qu'à Ottawa, on avait l'habitude de publier, au
ministère correspondant, des statistiques très
intéressantes sur les noms des directeurs des compagnies, les actifs
totaux, les ventes de l'année précédente, et, dans
certains cas, je sais pour avoir utilisé ces statistiques que
c'étaient les seules disponibles je voudrais savoir si vous
utilisez ces informations qui sont très intéressantes pour en
faire bénéficier ceux qui travaillent dans ces domaines, pour
étudier ces problèmes?
Mme Payette: M. le député d'Outremont, ce
n'était pas la coutume, dans ce ministère, de publier ou
d'analyser ces données. Jusqu'à maintenant, on s'est
contenté, au moment du rapport annuel, de faire connaître la
situation, sans autre analyse. Nous n'avons d'ailleurs pas jusqu'à
maintenant fait connaître particulièrement les changements de
sièges sociaux, ce qui ne veut pas dire que cette politique restera la
même au cours des mois qui viennent.
M. Raynauld: Puis-je vous demander, M. le ministre, s'il serait
possible que vous fassiez déposer à cette commission
parlementaire des données statistiques sur des choses comme
celle-là. Il me semble qu'il serait très intéressant pour
nous de pouvoir apprécier ce qui se produit.
Mme Payette: Vous en avez déjà dans les tableaux
qui sont dans ce cahier qui vous a été remis d'une part...
M. Raynauld: Oui, j'ai vu cela, mais c'est seulement pour
quelques mois et seulement pour l'année 1976/77.
Mme Payette: Ma réponse est affirmative, dans la mesure du
possible et dans la mesure où ces renseignements sont disponibles, nous
les déposerons à la commission.
M. Raynauld: Merci. Pourrais-je poser une question
supplémentaire sur ce même sujet? Je ne sais pas si quelqu'un est
au courant de cela, mais, je le vois ici, ces changements de sièges
sociaux, est-ce saisonnier, les changements de sièges sociaux en
février ou en mars? On voit qu'il y en a quatre ou cinq fois plus que
tous les mois précédents, depuis février et mars 1977, les
changements de sièges sociaux. Est-ce que cela revient à chaque
année et qu'il y en a beaucoup plus en février et en mars ou si
c'est un nouveau phénomène?
Mme Payette: L'augmentation substantielle du nombre de
changements de sièges sociaux est due à un premier effort qui a
été fait au traitement du rapport annuel qui vient de toutes les
compagnies. Chaque fois qu'un siège social est différent de celui
que nous retrouvons au dossier légal de la compagnie, nous envoyons un
avis à la compagnie lui rappelant les dispositions des articles de loi
qui s'appliquent et demandant à la compagnie de se conformer aux
exigences de la loi. Nous avons fait au cours de la dernière
année, évidemment, un effort considérable à ce
sujet et je crois que c'est ce qui se reflète dans nos statistiques.
M. Raynault: Si je comprends bien le ministre, vos fonctionnaires
ont travaillé plus fort depuis quelques mois?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est inclus en
février et mars...
Mme Payette: M. le député d'Outremont, ce serait
porter un jugement sur des gens qui ont fait leur travail correctement...
M. Raynauld: Ce sont des félicitations que je leur
fais.
Mme Payette: J'ai d'ailleurs dit hier que c'était un des
ministères les plus dynamiques, probablement à cause de sa
jeunesse, et je n'accepterai pas ce qui pourrait avoir l'air d'une critique
dans les circonstances.
M. Raynauld: Ce sont des félicitations que je leur
faisais, madame...
Mme Payette: Alors, formulez-les correctement.
M. Raynauld: Je l'ai dit. Visiblement, les fonctionnaires ont
travaillé davantage. Les statistiques montrent que les changements de
sièges sociaux sont cinq fois plus élevés... On m'a
répondu que c'est parce qu'on avait...
Mme Payette: Je suis obligée de vous répondre, M.
le député d'Outremont, puisque vous insistez, qu'ils n'ont pas
travaillé davantage, mais qu'ils sont peut-être mieux soutenus de
par le sommet qu'ils ne l'étaient.
M. Raynauld: Ah! C'est bien cela...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II y a une question bien particulière
que j'aimerais vous poser à ce sujet, M. le Président. On a
refusé une charte au Mouvement Québec-Canada, dont le but est de
promouvoir l'unité canadienne. On aurait donné comme raison que
la charte n'était pas claire, assez explicite, et que le but du
mouvement était trop politique. J'aimerais avoir les commentaires du
ministère à ce sujet.
Mme Payette: Je pense, dans un premier temps, pouvoir vous
répondre qu'effectivement les groupements politiques ne sont pas
habituellement incorporés comme tels. Il n'y a, aussi étonnant
que cela puisse paraître, qu'un seul parti politique qui le soit, c'est
le RIN, et au-delà de cela, il était difficile de faire
définir par les promoteurs de ce mouvement les actions qu'ils
entendaient prendre, les objets qui faisaient l'objet de la requête. M.
Desjardins, voulez-vous compléter?
Dans l'affaire de Québec-Canada, nous n'avons pas reçu au
service des compagnies, à ma connaissance du moins, une requête en
incorporation. Ce que nous avons reçu, c'est une demande de
réservation de nom. Nous avons dû refuser ce nom, parce que non
conforme à nos exigences. En d'autres termes, nous avons répondu
que ce nom était trop général pour être
accepté.
M. Saint-Germain: Comment aurait-il dû s'appeler pour
être conforme à vos exigences?
Mme Payette: Dans un nom corporatif, normalement, nous
devons...
M. Saint-Germain: Le Mouvement Québec Canada, cela me
semble être bien précis et bien clair.
Mme Payette: Cela peut priver d'autres organismes. Il semble que
le nom du Québec et le nom du Canada juxtaposés pourraient
prêter à confusion quant à l'utilisation qu'on en fait.
M. Saint-Germain: II y a le mot "mouvement" en avant.
Mme Payette: A titre d'exemple, nous aurions accepté si la
réservation avait été faite sous le nom de Mouvement
Québec-Canada, à titre d'exemple; nous aurions accepté le
nom Mouvement Québec-Canada. Nous aurions accepté le
Comité Québec-Canada. Un nom corporatif doit avoir deux
éléments. Un élément générique et un
élément descriptif. Ce qui manquait dans ce nom, c'était
l'élément générique.
M. Saint-Germain: Mais est-ce que vous avez informé le
mouvement que, si on consentait à faire ces modifications, on pourrait
lui réserver ce nom?
Mme Payette: Je regrette, je ne suis pas au courant.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y aurait d'autres raisons pour
lesquelles on aurait refusé l'exclusivité de ce nom?
Mme Payette: Ce qu'on essaie de vous dire, M. le
député de Jacques-Cartier, c'est que cette demande n'a même
pas été portée à mon attention. Elle a
été traitée comme n'importe quelle autre demande de
n'importe quelle autre personne qui fait une demande semblable. Il n'y a donc
eu aucune intervention politique à ce niveau. Ce n'est que longtemps
après, dans les journaux, que j'ai appris l'existence de ce qu'on
appelle, je pense, le Mouvement Québec-Canada, mais cela a
été traité comme n'importe quel autre organisme avec les
mêmes critères que n'importe quel autre. Il n'y a pas eu de
distinction.
M. Saint-Germain: Dans la première réponse, vous
avez marqué qu'une des raisons, c'est que c'étaient des buts
politiques.
Mme Payette: Non. J'ai expliqué après que, lorsque
j'ai pris connaissance dans les journaux de l'existence de ce mouvement, je
suis allée aux renseignements pour apprendre qu'effectivement, un parti
politique n'est pas incorporé, à l'exception du RIN qui remonte
à 1962, à moins que je ne fasse une erreur d'une
année.
M. Saint-Germain: Quelles relations cela peut-il avoir avec les
partis politiques? Il n'y a au- cune relation possible. Ce n'est pas un
mouvement politique.
Mme Payette: Non, je vous informe simplement des renseignements
que je suis allée chercher pour savoir si, éventuellement, ce
mouvement avait l'intention de devenir un parti politique, s'il y avait eu,
dans le jugement porté par les fonctionnaires, une discrimination, ce
qui n'est pas le cas. Cela ne se fait pas habituellement et ce cas, qui n'avait
pas été porté à mon attention, a été
un cas traité comme n'importe quelle autre demande.
M. Saint-Germain: Dans ces conditions, on dit que c'est un
mouvement trop politique, mais il y a eu la Société nationale des
Québécois, le Mouvement national des Québécois et
même la Société Saint-Jean-Baptiste, qui disent ouvertement
que leur but est de promouvoir l'indépendance du Québec. Ils ont
une charte, ils l'ont obtenue.
Mme Payette: Alors, M. le député, la demande qui a
été faite était une demande pour Québec-Canada, non
pas Mouvement Québec-Canada. La raison du refus est qu'il aurait fallu
reconnaître une entité qui s'appelle Québec-Canada, ce qui
n'existe pas.
M. Saint-Germain: Oh! Oh!
Mme Payette: Cela a été la réponse...
L'entité Québec-Canada n'existe pas. Vous pouvez les prendre
séparément.
M. Raynauld: Qu'est-ce que vous dites-là? L'entité
Provigo, est-ce qu'elle existe avant l'incorporation? Elle n'existe pas.
M. Bisaillon: Ce n'est pas une incorporation.
M. Raynauld: Oui, car il s'agit d'une demande d'incorporation. Il
s'agit d'une demande d'incorporation qui a été refusée.
Quand même, pas d'entité Québec-Canada, c'est sûr
qu'il n'y en a pas. C'est pour cela qu'on...
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y aurait
possibilité de laisser répondre le ministre et, si les
réponses ne sont pas celles que vous attendez, vous pourrez avoir la
parole après, messieurs les députés.
Mme Payette: M. le Président, maintenant que M. Rioux,
sous-ministre associé, est là, il pourrait répondre
à cette question et aux autres qui sont intervenues avant.
Il semblerait que la demande a été formulée dans
les termes suivants, c'est-à-dire de constituer une corporation sous le
nom de Québec-Canada. Or, comme l'expliquait tout à l'heure M.
Desjardins, il faut absolument qu'un nom corporatif comporte un
élément qui laisse entendre au moins qu'il s'agit d'un groupement
sous forme corporative. A ce moment-là, il faut qu'il y ait un
élément générique qui laisse entendre une formule
d'asso-
ciation quelconque ou du moins qui ne laisse pas, qui identifie
suffisamment la corporation, de façon qu'on puisse produire que
Québec-Canada, comme tel, soit un nom suffisamment descriptif d'une
corporation. C'est pour cela qu'à ce moment-là, on dit qu'il
aurait fallu que le mot association, mouvement ou société puisse
nous faire conclure qu'il s'agit là d'un mouvement à
caractère de société comme telle.
Le mot Québec-Canada, comme si on voulait enregistrer un nom
corporatif qui n'aurait pas un élément suffisamment descriptif,
il faudrait absolument qu'il soit refusé, comme, par exemple, le Charbon
Inc., ce n'est pas suffisant. Il faudra à ce moment-là qu'on
ajoute quelque chose, c'est l'autre élément qui manquait. Dans le
cas présent, Québec-Canada ne comportait pas cet
élément additionnel qui justifiait qu'on puisse l'accorder.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez prévenu les gens du
mouvement que c'était une des raisons pour lesquelles vous refusiez?
Mme Payette: Ils l'ont sûrement été, parce
que dans tous les cas comme celui-là, lorsqu'un nom corporatif est
défectueux au niveau de la requête, il y a une correspondance qui
est entreprise avec les gens intéressés de façon à
leur souligner quel est l'élément qui manque.
M. Saint-Germain: Et comme deuxième raison, est-ce que
vous n'avez pas dit que les buts de ce mouvement étaient trop
politiques?
Mme Payette: C'est une réponse qui pourrait être
donnée par ceux qui ont effectué la correspondance. Je vous donne
simplement une explication à caractère juridique.
M. Saint-Germain: Ce serait bien important de le savoir. Ce
serait très important qu'on ait cette correspondance.
Mme Payette: On peut vérifier, mais il semblerait qu'il
n'y aurait pas eu de requête de présentée. Cela a
été une communication au niveau de l'acceptation du nom seulement
et à ce moment-là, cela doit être suivi par la
présentation d'une requête au service, chose qui n'a pas
été faite.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on peut prendre connaissance de la
correspondance qui a été faite avec le mouvement?
Mme Payette: II n'y a peut-être pas eu de correspondance
justement parce qu'il n'y a pas eu de requête de présentée.
C'est une information qui a peut-être été donnée par
téléphone et peut-être qu'une note a été
prise au service. Là, vous arrivez avec un cas en particulier, si vous
voulez...
M. Saint-Germain: Alors, peut-être qu'il faudrait...
Mme Payette: ... il faudrait quand même demander au service
de relever le dossier s'il y en a un de constitué pour voir ce qui a
été fait et une réponse pourra vous être
donnée un peu plus tard.
M. Saint-Germain: II le faudrait nécessairement, oui.
Mme Payette: Parce que pour compléter l'information que je
vous donnais tout à l'heure, supposons qu'on forme
Québec-Ontario, purement et simplement, ce n'est nullement descriptif.
On refuse des noms, des fois, dont l'élément descriptif ne
correspond pas aux objets de la corporation. Ainsi, par exemple, vous avez le
fleuriste Untel et en fait, il fait de la cordonnerie; on va lui dire:
L'élément descriptif est non seulement faux, mais il n'est pas
conforme aux objets, il induit les gens en erreur. Il y a également une
deuxième façon de ne pas renseigner adéquatement le
public, non pas nécessairement en véhiculant une erreur à
l'occasion de l'attribut d'un nom corporatif, mais en ne donnant pas justement
cet élément descriptif qui est absolument essentiel.
M. Saint-Germain: Je comprends très bien votre
argumentation, mais vous conviendrez comme moi que pour un mouvement qui veut
avoir l'exclusivité d'un nom ou d'une charte, c'est un problème
qui est très facile à résoudre, très facile; pour
celui qui est motivé à avoir soit une charte ou une
exclusivité de nom, il n'y a pas de problème là.
Mme Payette: C'est un problème facile à
résoudre avec un dialogue qui s'amorce entre les requérants et le
ministère; à ce moment-là la solution est même
souvent donnée ou proposée en tout cas.
M. Saint-Germain: C'est cela, vous avez raison. Maintenant, au
point de vue de buts trop politiques, là, on ne marche plus.
Mme Payette: Sur cet aspect, je vous donne les raisons
juridiques.
M. Saint-Germain: C'est la raison qu'on a donnée.
M. Gosselin: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Si j'apporte...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vos questions
s'adressent au président, monsieur, parce que je n'aimerais pas qu'il y
ait un dialogue aussi direct que cela?
M. Saint-Germain: Je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Vu que c'est la
responsabilité du ministre.
M. Saint-Germain: Je m'excuse, M. le Président,
mais...
M. Gosselin: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Saint-Germain: ...humainement, instinctivement on s'adresse,
vous savez, alors je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Parce qu'il y a des sociétés qui
ont comme but la séparation du Québec. Elles ne s'en cachent pas
et ces sociétés ont le droit de le faire. Si j'amène, ce
matin...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que le
député de Jacques-Cartier fait une affirmation gratuite, parce
que si on sortait les chartes de la Société nationale des
Québécois et du Mouvement du Québec français...
Le Président (M. Laplante): Sur quoi invoquez-vous votre
règlement, monsieur?
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur une fausseté
affirmée par le député de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Laplante): Sur quoi? Qu'est-ce qui va
à rencontre du règlement actuellement?
M. Vaillancourt (Jonquière): On déclare une
fausseté.
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas dans le
règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): On dit que la
Société nationale des Québécois...
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas dans le
règlement, M. le député de Jonquière. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'affirme, M. le Président, que la
Société nationale des Québécois est un mouvement
politique et j'affirme que les membres ont le droit de faire de la politique,
qu'on vit encore en démocratie et j'affirme que même si dans leur
charte ils ont d'autres buts que...
M. Vaillancourt (Jonquière):... d'accord. Vous venez de
l'admettre.
M. Saint-Germain: ... en fait, tout le monde sait qu'ils ne
s'occupent pas des buts secondaires, qu'ils font de la politique. C'est leur
affaire, cela les regarde...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vous remercie d'avoir dit
ce que je voulais dire.
M. Saint-Germain: ... comme cela me regarde et c'est de mes
affaires de parler ici et de donner mon opinion. C'est cela, la
démocratie. Apprenez cela, je vous en prie.
Si j'amène cela ce matin, c'est parce que je suis inquiet d'avoir
un gouvernement tellement autoritaire qui semble croire qu'il a le monopole de
la vérité, le monopole des idées, le monopole de la
clarté, le monopole du savoir, le monopole de tout. Des gens fins,
transparents, cependant, lorsqu'on pose des gestes, qu'on émet des
idées et des principes qui sont contre les leurs, on a l'impression que
cela fait tellement peu leur affaire, qu'ils ont tellement peu le sens
démocratique, qu'ils essaient de mettre des bâillons dans les
roues à tout ce beau monde.
Mme Payette: Des bâtons.
M. Saint-Germain: Des bâtons, Madame. Tout le monde m'a
compris. C'est ce qui arrive. C'est la raison pour laquelle je parle de ce
sujet ce matin. On a le droit, si je ne m'abuse, avant que la province ne soit
séparée, les gens ont encore le droit dans notre province de dire
ce qu'ils veulent, de fonder des associations, des corporations, de faire de la
politique. C'est leur affaire. Mettons-nous cela dans la tête. Il
faudrait probablement être plus démocrate que partisan.
Fondamentalement, c'est cela. Ces gens-là ont eu une charte du
gouvernement du Canada. Une chance qu'on a encore le gouvernement du Canada
pour protéger nos libertés individuelles, autrement, cela ferait
peur. C'est ce que je voulais dire et je viens de le dire. Cela vous va-t-il ou
ne vous va-t-il pas?
M. Vaillancourt (Jonquière): On vous répondra tout
à l'heure...
M. Saint-Germain: Si cela ne vous va pas...
M. Vaillancourt (Jonquière):... lorsque le droit de parole
nous sera accordé.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, si cette question n'est pas
vidée, je vais attendre, parce que ma question concernait
l'élément 3.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Matapédia.
M. Bisaillon: Je ne voudrais pas perdre mon droit de parole.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Matapédia.
M. Marquis: Merci, M. le Président, de m'avoir
accordé la parole. Mon intervention aurait été beaucoup
plus à propos il y a une demi-heure, mais, je ne sais pas, mon nom a
sauté, à un moment donné. Je voudrais revenir sur la
question des délais pour obtenir une charte. Ayant été
un
usager, j'ai eu l'occasion de présenter une requête en
incorporation et, effectivement, cela a pris un peu de temps, environ trois ou
quatre mois, mais la véritable raison c'est que les directives qui
accompagnaient les formules n'étaient pas assez explicites. C'est
beaucoup plus une suggestion que je voudrais transmettre à Mme le
ministre et à ses fonctionnaires qui l'accompagnent, de sorte que s'ils
révisent la feuille d'instruction qui accompagne les formules à
remplir, il y ait lieu d'être plus clair.
Je vous donne un exemple: quand on donne les administrateurs
provisoires, il n'est pas dit qu'on ne doit pas indiquer qui est
président, vice-président, etc, c'est un cas. Ensuite, dans les
objectifs, j'avais mis un "et caetera"; ce mot m'a valu un mois de retard de
plus. Ce sont simplement des détails, mais ils sont importants, quand on
présente nous-mêmes une requête, sans passer par un
procureur ou un avocat.
C'est la première partie de mon intervention. La deuxième
concerne l'annulation d'une charte. Vous avez dit, Mme le ministre, qu'il y
aurait une espèce d'opération pour mettre ces choses à
jour et annuler les chartes pour les compagnies inopérantes, alors, il
faudrait peut-être éviter d'annuler des chartes sans
prévenir les personnes concernées. J'ai un cas, à l'heure
actuelle, d'une corporation sans but lucratif, qui a perdu sa charte à
défaut d'avoir produit des rapports annuels et je suis obligé de
présenter un projet de loi privé pour révoquer la
dissolution de la charte. Ces gens, d'après ce qu'ils m'ont dit, n'ont
jamais été avertis par le ministère. Cela remonte à
plusieurs années, je pense. Ils n'ont jamais été avertis
par le ministère, que leur charte serait révoquée, serait
annulée.
Encore là, disons que c'est une remarque que je veux faire en
passant. Si vous voulez la prendre en considération.
Mme Payette: M. le député, je dois vous dire qu'il
y a toujours un avis d'envoyé avant qu'une charte soit
révoquée. Cela se peut, bien sûr, c'est-à-dire
à partir du moment où nous n'avons plus l'adresse, parce que
très souvent, ça remonte loin dans le temps, l'adresse que nous
avons n'est pas toujours la bonne. Cela crée un certain nombre de
difficultés. Mais, dans la mesure du possible, nous faisons tout ce qui
est humainement possible pour réaliser cela, il y a toujours un avis
d'envoyé avant.
M. Marquis: Je prends note.
Mme Payette: M. le Président, si vous le permettez, je
voudrais signaler au député d'Outremont que M. Rioux est
maintenant ici. Lui, qui s'informait plus tôt ce matin de la
réforme qui s'impose dans la Loi des compagnies et des
difficultés que nous éprouvons dans ce domaine pourrait
maintenant avoir accès à une information précise.
Le Président (M. Laplante): Si le député
d'Outremont le permet, j'aurais un intervenant encore avant vous. Vous
êtes le suivant. Le député de Jonquière et, ensuite,
M. Rioux pourra...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une question.
Pour répondre au député de Jacques-Cartier, je voudrais
lui dire qu'avec l'acharnement qu'il a démontré pour le Mouvement
Québec-Canada, il démontre encore une fois l'impuissance du parti
auquel il appartient à défendre l'unité canadienne.
Après avoir cédé le pas à son frère
fédéral, maintenant, il nous...
M. Goulet: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je ne vois pas ce que cela vient faire dans les débats, et cette
discussion, et celle de tantôt, pour les crédits aux
coopératives. C'est une discussion entre deux partis politiques et je
n'en vois pas le bien-fondé, comment cela peut aider aux crédits
du ministère.
Le Président (M. Laplante): Je suis d'accord avec vous, M.
le député de Bellechasse, mais il y a une différence qui
pouvait se tenir. Dans l'intervention du député de
Jacques-Cartier, cela se rapportait à l'élément 2, qui
était concordant.
Quant au député de Jonquière, je ne puis lui donner
la parole, cela ne se rattache pas à l'élément 2, c'est
une réponse, c'est une réplique. Si vous voulez en venir aux
faits, s'il vous plaît.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tout cela pour dire... Est-ce
que je peux continuer? Je pense que...
M. Saint-Germain: Si le député veut faire un
débat là-dessus, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): Je ne suis pas
intéressé au débat, je suis intéressé
à...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, c'est
parce qu'en posant une question sur le Mouvement Québec-Canada, sur
Québec-Canada et non pas sur le mouvement, il a donné deux autres
exemples. Je pense non seulement je pense, mais je suis sûr
que les personnes qui reçoivent les requêtes en incorporation au
service des compagnies regardent uniquement et avant tout les objets pour
lesquels sont formées en corporation les corporations, lesquels objets
sont inclus dans la requête en incorporation. Cela n'empêche
aucunement, par la suite, ces corporations qui ont été
formées en vertu d'objets déclarés acceptables par le
service, de se prononcer pour ou contre une option politique.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: En effet, je voulais répondre à
l'invitation que Mme le ministre vient de faire, de revenir au premier sujet.
Pour terminer ce point, je voudrais poser une question sans aucune
arrière-pensée. En vertu de quoi le jugement est-il rendu, en
vertu de quelle loi, est-ce qu'il y a des règle-
merits qui prévoient qu'un service peut dire: Non, ce nom n'est
pas assez descriptif; il est trop général; il ne comporte pas un
élément de ce genre par rapport à des mots qui sont plus
particuliers?
Il me semble qu'on pourrait citer des millions d'exemples qui ne
satisfont pas à ces critères.
Mme Payette: Est-ce que vous pouvez nous en donner un, cela nous
aiderait à comprendre?
M. Raynauld: Oui, Alexis Nihon Inc. Quel est
l'élément général là-dedans, Mme le
ministre? Y a-t-il un élément général? On vient de
nous dire qu'il faut un élément général dans le
nom.
M. Giasson: II y a définitivement un élément
descriptif.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voulez laisser
la parole au député d'Outremont? Voulez-vous que je vous inscrive
pour un prochain tour?
M. Raynauld: M. le Président, je dis simplement que cela
me paraît curieux qu'un service puisse décider comme cela qu'il
manque un élément dans le nom. Encore une fois, il me semble
qu'il y en a des centaines et peut-être des milliers qui ne
répondent pas à ces critères. A ce moment-là, on
dit...
Mme Payette: A ma connaissance, M. le député
d'Outremont et là, je vous livre simplement une information toute
personnelle, puisque je suis résidente de Montréal il me
semble bien qu'on connaît la Place Alexis-Ninon, comme, par exemple, on
connaîtrait le Carrefour Laval. C'est une opinion strictement personnelle
et pas légale, je vous dis que je serais étonnée de
trouver un centre commercial qui s'appelle Laval Inc., puisque c'est le nom
d'une entité qui est une ville, sauf que Carrefour Laval explique bien
de quoi il s'agit, je pense. C'est peut-être là où se situe
la nuance. M. Rioux pourra me corriger s'il en sentait le besoin.
Dans le domaine des noms corporatifs, il y a plusieurs
éléments dont il faut tenir compte. Il peut s'agir de
corporations fédérales, celles qu'on ne connaît pas. Elles
peuvent avoir des critères particuliers.
Deuxièmement, il y a aussi un certain élément dont
il faut tenir compte, surtout dans le cas de Claude Néon Inc., qui n'est
pas une corporation qui est née d'hier. Elle pouvait être
assujettie à l'époque à des critères qui sont
différents de ceux d'aujourd'hui.
Aujourd'hui, nous appliquons des directives qui sont à
caractère administratif, qui ne sont pas discrétionnaires en ce
sens qu'elles sont applicables à tous les cas qui sont soumis au service
des compagnies et, également, la loi aussi nous donne une certaine
ouverture en demandant qu'un nom corporatif comprenne des
éléments qui laissent entendre qu'il s'agit au moins d'un
groupement ou d'une corporation qui a été constituée en
vertu d'une loi, c'est-à-dire un élément d'incorporation,
de jonction d'individus, c'est permissible comme étant un des
éléments descriptifs qui doivent être joints aux autres
éléments qui sont exigés de la part du service des
compagnies.
Ce sont donc des directives à caractère administratif,
mais qui sont obligatoires pour tout le monde et qui sont d'un usage
relativement récent. Si on remonte en arrière, on pourra
retrouver des noms corporatifs abusifs, mais ce n'est pas parce que nous avons
éventuellement, dans le passé, eu un certain libéralisme,
si vous voulez, vis-à-vis de l'octroi des noms que nous sommes
obligés de perpétuer en vertu de ce qui était auparavant
et encore. Nous avons donc rétabli la situation et exigé que les
noms corporatifs soient plus conformes au décorum ou à la facture
qu'on doit s'attendre d'un nom corporatif. Il y a donc divers
éléments.
M. Raynauld: Mme le ministre...
Le Président (M. Laplante):... vous voulez entendre
monsieur...
M. Goulet: M. le Président, seulement sur le sujet dont on
vient de parler, deux secondes si vous permettez.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, c'est parce
qu'on avait profité de l'occasion du droit de parole du
député d'Outremont pour entendre M. Cloutier.
M. Goulet: C'était suite à ce qu'on vient de
dire.
Mme Payette: M. Rioux.
Le Président (M. Laplante): M. Rioux.
Mme Payette: M. le député peut-il
répéter sa question quant à la réforme de la Loi
des compagnies? Ce sera plus facile, je pense.
M. Raynauld: Cela faisait suite, M. le Président, si vous
vous rappelez, à une demande de mon collègue au départ qui
disait: Si on veut réformer l'ensemble des lois des compagnies, quels
sont les problèmes principaux que l'on trouve qui justifient cette
révision? J'avais ajouté, à ce moment, qu'un
élément que vous avez donné, Mme le ministre, de cette
réforme serait qu'on tenterait de faire une intégration des lois
des compagnies, des lois des coopératives, des institutions
financières, etc.
Je ne me rappelle plus si j'ai effectivement formulé ma question
ou non, mais j'avais à l'esprit que c'était un
élément très important, si on voulait faire une
intégration comme celle-là. La question que j'avais à
l'esprit, c'était: Quelle est cette nécessité
d'intégrer? Quels sont les principaux éléments de la
question? Est-ce qu'on ne fait pas face à un danger énorme que de
faire une intégration comme celle-là qui est une
intégration monstre quand, peut-être, certaines lois auraient
besoin d'être modifiées beaucoup plus rapidement? Peut-être
que ce serait plus facile de les faire une
à une, quitte ensuite à consolider ou à faire les
références habituelles que l'on fait dans des domaines juridiques
que je connais assez mal, mais l'intégration en tant que telle ne me
paraît pas, en tout cas, une nécessité. A ce
compte-là, on pourrait intégrer toutes les lois. Ce serait
toujours bon. Je voulais savoir quels étaient les éléments
particuliers dans cette situation qui faisaient que vous entrepreniez cette
réforme dans cet esprit?
Mme Payette: Je pense bien que, dans tout exposé, il y a
lieu de faire des commentaires généraux, quitte
éventuellement à expliciter les exceptions qui peuvent être
apportées à ces généralités.
La réforme du droit corporatif pour nous comporte trois
éléments essentiels: Premièrement, une certaine forme de
rétablissement d'une cohérence de notre droit privé;
deuxièmement, une certaine intégration minimale du droit
corporatif et, enfin, le tout fait à la lumière d'une certaine
nécessité d'uniformiser le droit corporatif, pour autant que
faire se peut, avec les lois corporatives des autres provinces et du
fédéral.
En ce qui concerne le premier point, l'Office de révision du Code
civil, dans les rapports qu'il a fait parvenir et qu'il a rendu publics, qu'il
a fait parvenir à certains organismes et à différentes
personnes, préconise et sur ce, nous sommes d'accord le
rapatriement à l'intérieur du Code civil, les
éléments de droit privé qui, à l'heure actuelle,
ont toujours été considérés peut-être un peu
faussement comme étant des éléments de droit
corporatif.
Ceci s'explique pour des raisons historiques. C'est qu'en Ontario, le
droit corporatif l'est d'abord à partir de principes, ce qu'on appelle
le "Common Law". Donc, pour eux, la distinction précise qui peut
exister, éventuellement, entre le droit administratif et le droit
purement privé, est une distinction qui deviendrait peut-être un
petit peu académique, tandis que pour nous, c'est extrêmement
important, de façon que toutes les corporations qui oeuvrent au
Québec, soient assujetties aux mêmes formes de
responsabilité dans les rapports qu'elles auront éventuellement
entre elles, ou encore avec leurs actionnaires ou leurs administrateurs, de
sorte que toutes les responsabilités qui puissent être
assumées par un administrateur soient identiques, et qu'on évite
ainsi des régimes de responsabilité qui pourraient être
différents d'une corporation à l'autre. Donc, ce principe de
cohérence du droit privé implique une refonte du droit
corporatif, qui doit être la plus générale possible, de
façon à éviter l'institution de régimes
parallèles de droit civil. C'est un premier impératif.
Pour arriver à effectuer cette cohérence de notre droit
privé, il faut tout de même tenir compte d'une
prolifération extrême des différentes lois constitutives de
corporations. A titre d'exemple, on peut mentionner la Loi des compagnies qui
comporte trois parties, dont la première s'applique aux corporations
commerciales, constituées par lettres patentes; la deuxième, aux
corporations commerciales, constituées par loi spéciale; et la
troisième, aux corporations sans but lucratif. Pa- rallèlement
à ces lois, nous avons la Loi des compagnies minières, la Loi des
compagnies de téléphone, la Loi des corporations des
cimetières catholiques romains, la loi des compagnies de
cimetières, la loi des clubs de récréation. Je pourrais en
énumérer une trentaine.
Or, cet assemblage de corporations dénote un problème
extrêmement grave, c'est celui des mécanismes de constitution.
Certaines corporations sont formées par lettres patentes, d'autres par
dépôt, d'autres par décret ministériel, d'autres par
un certificat émis par l'évêque, d'autres par les
Chevaliers de Colomb, etc, de sorte que les responsabilités qui sont
celles de ces corporations, varient selon le mode de constitution. On sait
qu'une corporation, formée par lettre patente, a le même droit
qu'une personne naturelle et dans l'exercice de ses fonctions, elle peut
même aller à l'encontre des objets de sa charte, alors que dans le
cas d'une corporation formée par dépôt, aller à
l'encontre de ce qui a été convenu entre les requérants et
qui a été déposé comme tel auprès du
ministère, par exemple en Ontario, qui comporte, éventuellement,
l'annulation des contrats qui ont été faits à l'encontre
des objets de la corporation.
Donc, chez nous, on a tout un dédale de droits qui sont
différents, selon la loi qui a permis la constitution de cette
corporation, à cause des implications jurisprudentielles qui ont
été reconnues par les tribunaux.
Dans le cas des corporations par lettres patentes, sans vouloir faire un
exposé trop technique, la cause de Bonanza Creek, qui est un
précédent, a voulu que ces corporations aient les mêmes
droits qu'une personne naturelle, qu'elles puissent même aller à
l'encontre de la charte, de la sanction légale et de l'annulation
judiciaire de la charte, tandis que dans le cas d'une corporation formée
par dépôt, c'est la nullité des contrats. Ceci prouve
qu'enfin, les raisons pour lesquelles, quand on aborde une refonte du droit
corporatif, il y a lieu de la voir dans son ensemble. Sans cela, on est
susceptible de laisser vivoter en parallèle des régimes
juridiques qui sont inconciliables avec les principes généraux
qu'on tente d'établir. Donc, jonction avec le Code civil par le
truchement des rapports de l'Office de révision du Code civil, et
nécessité d'une intégration de cette masse de lois.
Il y a aussi un autre problème. Les juridictions sur le droit
corporatif sont partagées. Ainsi, vous allez pouvoir constituer des
collèges d'enseignement professionnel, en vertu du ministère de
l'Education, c'est-à-dire que la juridiction en est confiée au
ministère de l'Education. Les compagnies de téléphone, en
théorie, devraient être confiées au ministère des
Communications. On fournit une certaine forme d'expertise au niveau du droit
corporatif, mais c'est le ministre chargé des communications qui,
normalement, émet les lettres patentes. Donc, cela donne lieu, à
ce moment, à des divergences graves dans l'application de ces lois, et
aussi dans leur interprétation, à cause des
phénomènes que je vous ai signalés tout à
l'heure.
Donc, en principe, on se doit d'aborder, d'une
façon globale, une refonte du droit corporatif. Maintenant, il y
a également un souci que nous avons à l'esprit. Lorsque nous
avons tenu compte et remédié à ces problèmes que
soulève cette cohérence du droit privé, nous
évitons, dans la mesure du possible, d'apporter des variantes avec la
partie administrative du droit corporatif, de façon à faciliter
les échanges entre les personnes qui font des affaires entre les
provinces et cela dans la mesure du possible.
Bon! Donc, c'est un troisième souci que nous avons.
Maintenant, dans un autre volet de votre question, vous nous avez
parlé de cette possibilité de procéder à des
modifications qui puissent régler des problèmes à
caractère un peu plus urgent. En principe également, ça se
défend très bien. Par contre, lorsqu'on songe que, dans le cas de
certaines lois, elles existent depuis environ 30 ans sans modifications, il
faut tenir compte de cet inconvénient qu'une modification
intérimaire, en attendant la refonte du droit corporatif, est
susceptible d'insérer entre ces deux entreprises un régime
juridique, purement temporaire, susceptible de brouiller les cartes inutilement
durant un laps de temps qui est, tout de même, assez court. Mais il peut
arriver que, malgré tout, dans certains cas, il y ait lieu, tout de
même, de modifier en profondeur certaines lois et de dire: C'est un
équilibre des inconvénients qu'il faut affronter, à ce
moment-là. C'est l'ensemble des problèmes qu'on doit envisager,
mais je reviens au principe général qu'une refonte, dans les
circonstances qu'on connaît aujourd'hui, qui confond le justiciable, qui
confond les tribunaux, ainsi que les avocats chargés souvent de
l'interprétation des lois et de conseiller leurs clients, fait en sorte
qu'on se doit de mettre fin à cette situation confuse et de ne pas y
remédier en rendant encore plus confuse la situation actuelle avec un
régime de droit civil applicable à toutes les corporations, mais
avec des exceptions qui seraient tellement notoires qu'en fin de compte on
rendrait nettement illusoires les fins qu'on tente de poursuivre à
l'occasion d'une refonte.
Le Président (M. Laplante): Vous avez votre
réponse, monsieur.
M. Raynauld: Oui. Est-ce que je pourrais poser une question
supplémentaire sur le même sujet?
Le Président (M. Laplante): Allez-y!
M. Raynauld: Je vous remercie beaucoup de ces explications. Je
n'apprécie pas à leur juste valeur certains aspects parce qu'ils
sont très spécialisés. Est-ce que je pourrais demander
à Mme le ministre comment cette refonte va se faire? Elle se fait
à l'intérieur du ministère? Est-ce qu'il y aura des
commissions qui seront formées? Est-ce qu'il y aura des experts de
l'extérieur qui en feront partie?
Mme Payette: II s'agit d'un comité interminis-
tériel qui pourra éventuellement faire appel, s'il le juge
nécessaire, à de l'aide extérieure, puisqu'il s'agit,
comme vous l'avez constaté vous-même, d'un domaine hautement
technique. C'est une expérience qui a été vécue
ailleurs. L'Ontario vient de terminer la révision de sa Loi des
compagnies après cinq ans de travail. Ce comité sera au travail
immédiatement. Nous nous donnons, comme délai, trois ans.
Après consultation, on pense qu'on peut revoir cette loi de fond en
comble au cours des trois prochaines années.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, ma question
s'intégrait assez bien à la discussion qu'on avait il y a
quelques minutes. Cela touche les commentaires qu'a tenus le
prédécesseur de M. Rioux à son fauteuil, qui nous a
indiqué que, parmi les critères d'appréciation ou les
règles d'acceptation de noms corporatifs ou d'entreprises qui veulent
être incorporées, il y avait deux éléments majeurs
qui étaient retenus, soit un élément à
caractère générique et un autre à caractère
descriptif. Or, M. Rioux a répondu à la question que je me
posais. Traditionnellement, au Québec, on a eu beaucoup de corporations
qui ont été créées, dont le nom a été
accepté par le service en cause et qui n'avaient pas ces deux
éléments.
On voit très souvent, par exemple, un nom comme Pierre Tanguay
Inc. Cela ne précise aucunement la description des fins que veut
poursuivre la corporation qui place une requête. Mais M. Rioux nous a
indiqué qu'autrefois on avait beaucoup de libéralisme ou de
largeur d'acceptation de ce côté. Une certaine largesse
était de mise, mais, depuis quelques années, sans doute, on va
être, au service, beaucoup plus méticuleux pour qu'on respecte les
deux éléments auxquels faisait allusion votre
prédécesseur.
J'avais également une autre question, mais je suis à me
demander si on ne pourrait pas attendre au moment où nous allons aborder
le service de l'assurance. Cela pourrait très bien s'intégrer
à l'intérieur de l'étude des crédits au moment
où on aborde la question du service des compagnies. Mais je pense qu'il
serait peut-être mieux d'attendre la présence du directeur du
service des assurances de la province.
C'est une question qui a trait au travail de recherche et
d'enquête qui a été entrepris par le ministère des
consommateurs face à un problème que j'avais soulevé
à l'Assemblée nationale par une question au ministre à
l'époque: qu'advenait-il du grand nombre de Québécois qui
ont subi des préjudices, qui sont des consommateurs du Québec,
face au comportement d'un courtier d'assurances ou d'un bureau de courtiers
d'assurances qui, à un moment donné, avait émis des
polices personnellement...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, M. le
député de L'Islet, juste pour vous rappeler, vous n'étiez
pas ici à ce moment-là, on en est venu à une entente que
tout ce qui regardait assurances,
nous le prendrons à l'élément 3, dans le programme
3, pour tout vider là-dessus.
M. Giasson: Même s'il y a un élément qui
touche les consommateurs?
Le Président (M. Laplante): Même s'il y a un
élément qui touche le consommateur on va tout prendre
là-dessus. On va tout vider, cela ne fera qu'un sujet.
M. Giasson: Je suis prêt à fonctionner à
l'intérieur du consensus qui s'est établi.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de L'Islet. M. le député de Bellechasse.
Est-ce que vous aviez une question dans votre intervention, M. le
député de Montmagny?
M. Giasson: La question concernait les éléments
touchant l'acceptation du nom d'une compagnie et également la
deuxième dimension...
Le Président (M. Laplante): Pourriez-vous répondre
à la première question, M. le ministre?
M. Giasson: II y a répondu...
Le Président (M. Laplante): Répondu...
M. Giasson: ... qu'on a modifié les comportements du
ministère ou du service, entre autres...
Le Président (M. Laplante): C'est bien.
Député de Bellechasse s'il vous plaît.
M. Goulet: M. le Président, toujours sur le sujet des noms
de compagnies.C'est assez facile, je pense, de passer à
côté, comme le disait le député de
Montmagny-L'Islet, avec des noms comme Kello & Associés ou Machine
Shop, cela ne veut absolument rien dire. Ce sont des compagnies qui ont
été formées récemment. Cela ne dit absolument
pas... Maintenant, il y a des mots qui ont été enlevés du
vocabulaire dans le nom des compagnies, par exemple: consommateur. Je sais que
c'est impossible d'appeler une compagnie "Les souliers du consommateur" ou
"L'épicerie du consommateur", il faut enlever ces mots-là. Mais
tel que le demandait mon collègue d'Outremont, dans ces noms c'est assez
facile. Si on revient au nom qui a été mentionné et les
arguments que vous avez apportés, cela ne me satisfait pas. Il y a le
mot, par exemple, consommateur. Il y en a deux ou trois qui ont
été enlevés. Dès que ces mots sont dans une
corporation ou dans un projet de corporation, on les enlève. Par
exemple, vous me corrigerez si je fais erreur, le mot consommateur. C'est
automatique. Dès qu'il est dans le nom d'une corporation, on
l'enlève. Je ne dis pas ceux qui avaient été donnés
il y a quatre ou cinq ans, mais actuellement. Est-ce exact?
Mme Payette: A ma connaissance, M. Desjardins me corrigera, il
existe en effet une directive indiquant que le mot consommateur ne peut pas
être employé. C'est une directive qui nous est parvenue, si ma
mémoire est bonne, du ministre du temps, M. Tetley, et nous n'avons pas
eu d'explications à demander étant donné que c'est une
directive qui nous est parvenue.
M. Goulet: Parfait. Pour cela c'est d'accord, mais pour les deux
autres, M. le Président, vous me permettrez, pour les arguments
évoqués, vous conviendrez avez moi qu'encore actuellement c'est
assez facile de passer à côté. Si j'arrive avec le nom
d'une corporation "Bertrand Goulet Inc." je pense que je vais pouvoir l'avoir.
Cela peut être pour distribuer n'importe quoi. C'est assez facile.
Mme Payette: II existe certains cas où le nom d'une
personne doit être employé seul à cause de certaines
difficultés absolument insurmontables comme, par exemple, je sais que
les comptables agréés qui veulent agir comme conseillers en
administration doivent, en vertu de leur réglementation interne, faire
affaires sous leur nom seul. Je sais également que dans le cas des
courtiers d'assurances, ils doivent insérer leur nom. Dans le cas des
courtiers d'assurances, cependant, ils doivent ajouter les mots courtiers en
assurances ou quelqu'autre terme qui laissent entendre qu'ils sont des
assureurs. Il arrive, dans certains cas qu'une réglementation...
M. Goulet: Regardez. Excusez-moi, mais en dehors des professions,
pour un commerce ou une compagnie, oublions le nom du type, quand c'est une
profession. Là je suis d'accord, pour un médecin, un avocat, un
notaire... En dehors de cela, c'est facile également de prendre son nom
pour...
Mme Payette: Je peux vous dire qu'auparavant c'était
accordé. En ce qui concerne les directives qui peuvent exister à
l'heure actuelle, je ne sais pas ce que M. Desjardins pourrait dire si un nom
corporatif qui n'inclut que le nom personnel d'un individu peut être
accordé. Alors, on me dit qu'il n'y a pas d'objection à cela
parce que comme telle une personne a le droit de se constituer en corporation
sous son propre nom.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Bisaillon: M. le Président, ce n'est que pour faire
préciser ce point parce que plus tard ce ne sera plus de circonstance. Y
aurait-il des différences dans les normes utilisées selon qu'il
s'agit d'une corporation sans but lucratif par rapport à une compagnie
qui a des buts lucratifs? Cela répondrait peut-être, s'il y en a,
aux questions que se pose le député de Bellechasse.
Mme Payette: En général, les normes sont les
mêmes pour les corporations sans but lucratif que pour les corporations
à but lucratif, quant au nom. En ce qui concerne justement l'aspect
générique et descriptif du nom, les normes sont absolument les
mêmes.
M. Raynauld: M. le Président, je suis obligé de
conclure que les deux raisons qu'on a données à propos de
Québec-Canada sont tombées.
Mme Payette: M. le Président, j'ai en main actuellement le
dossier complet de Québec-Canada, qui se résume à une
demande de réservation. Le no de réservation est R/46323,
réservation de nom, simplement. Le demandeur est M. Lucien Binette, 5
Laval, Hull, Québec. Cette formule comporte trois choix: Nom
demandé, premier choix: Québec-Canada. Aucun autre nom n'a
été indiqué comme second choix ou troisième choix.
Objet principal de la future compagnie: Mouvement pour promouvoir
l'appartenance du Québec au Canada. Commentaires du fonctionnaire: Le
nom ne peut être réservé pour la raison suivante: Manque de
descriptif dans le nom. L'objet principal de la future compagnie: Objet
politique inacceptable.
Je voudrais, si vous permettez, demander à M. Rioux de nous
expliquer pourquoi nous avons une politique au ministère qui fait que
nous n'incorporons aucun mouvement politique. M. Rioux, je pense qu'il y a eu
des directives à ce sujet. Si j'ai cité le cas du RIN tout
à l'heure, j'ai bien signalé que c'était intervenu en
1962, ce qui remonte loin. Par la suite, M. Rioux a émis des directives
pour que ce qui pourrait être un parti politique ne soit pas
incorporé pour des raisons qui vont vous paraître
évidentes.
Je vais répondre à cette question, parce que tantôt
vous avez dit que les raisons que j'avais données laissaient entendre
qu'on pourrait donner ouverture à Québec-Canada. Or, on a
donné l'autre exemple qui était celui d'un nom propre. Or, le mot
Québec-Canada, à ma connaissance Québec n'est pas un
prénom et Canada n'est pas un nom de famille. Comme les noms de famille
sont accordés, je crois que le mot Québec-Canada ne pourrait
être accordé en vertu de ces principes.
En ce qui concerne l'autre aspect qui est celui du caractère de
mouvement politique, si les objets qui sont mentionnés sont de ceux qui
sont normalement assumés par un parti politique, évidemment, il
n'y a que l'Assemblée nationale qui est susceptible de reconnaître
officiellement un parti politique. Il me paraîtrait assez difficile que
le ministre, par l'émission de lettres patentes, puisse se substituer
à la Chambre et donner une reconnaissance légale à un
organisme qui s'associe à un parti politique, ce qui ne veut pas dire
pour autant qu'une société ne peut pas être formée
qui pourrait véhiculer certaines formes de regroupements de personnes
dans le but de favoriser certaines formes d'idées. Mais si cela
s'apparente à un parti politique, c'est évident qu'à ce
moment...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sainte-Marie.
Mme Payette: Seulement pour compléter l'information, M. le
Président, si vous permettez, je crois être au courant que le
Ralliement créditiste, pour sa part, avait, à un moment
donné, sollicité une incorporation qui lui a été
refusée également pour les mêmes raisons qui viennent de
vous être données.
Le Président (M. Laplante): Sur le même sujet, le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'aurais quelques commentaires, M. le
Président, à faire sur ce sujet. Il me semble assez clair, en
tout cas, qu'en ce qui a trait au nom, ou à la demande de
réservation de nom qui a été faite, c'est tout à
fait logique que la réservation comme telle ait été
refusée, compte tenu des explications qu'on nous a fournies sur les
critères utilisés quant aux réservations de noms ou au
choix des noms.
Il me semble aussi évident que cela ne correspond pas non plus au
portrait qui avait été présenté par le
député de Jacques-Cartier, en ce sens que ce n'est pas
nécessairement une charte qui a été
présentée, mais plutôt une demande de réservation de
nom.
Par ailleurs, sur la dernière question qui est celle de
l'implication politique d'un organisme incorporé, je reconnais, quant
à moi, qu'il n'appartient pas à un service de reconnaître
des partis politiques.
Il y a l'Assemblée nationale et il y aura des lois pour
reconnaître les partis politiques.
Il y a quand même, en dehors des partis politiques, des
organisations qui peuvent se former pour informer ou sensibiliser la population
sur des aspects politiques. Je me demande si la définition qu'on accorde
la demande peut évidemment être mal formulée
on pourrait la reformuler autrement. Il ne faudrait toutefois pas que ce soit
restrictif, dans le sens qu'il me semble qu'on peut permettre à des
organisations ou à des mouvements, sans qu'ils soient des partis
politiques, de s'impliquer au niveau de... Dans ce sens, si la demande avait
été bien faite, bien formulée, il me semble qu'on n'aurait
pas pu, au niveau du service, la refuser, sous ce prétexte.
Mme Payette: Je suis assez d'accord avec ce que vous venez de
déclarer, sauf que la seule demande qui nous ait été
faite, c'est celle-là. Il n'y a eu ni correspondance, ni dossier, ni
demande de charte, ni demande d'incorporation, cela s'est arrêté
là.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vas-y... Je vais te repasser la parole.
Le Président (M. Laplante): Vous donnez votre tour au
député d'Outremont, vous allez revenir en dernier, le
député de L'Islet viendra après.
M. Raynauld: C'est à moi, M. le Président? Le
Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Raynauld: M. le Président, je trouve absolument
insatisfaisantes les réponses qui viennent
de nous être données, cela n'a aucun bon sens. On dit qu'on
va refuser un nom, c'est une demande de réservation de nom. On refuse un
nom et la raison qu'on donne, c'est que c'est un parti politique. On l'a dit,
le nom n'est pas assez spécifique, on a donné deux raisons, le
nom n'est pas spécifique et, deuxièmement, ce sont des
activités politiques.
M. Bisaillon: Pas sur le nom, sur l'objet.
M. Raynauld: II ne pouvait pas se prononcer sous l'objet, il ne
savait pas quel était l'objet, c'était une réservation de
nom.
De deux choses l'une, ou c'est une réservation de nom, ou bien,
c'était une charte ou quelque chose sur lequel on pouvait se prononcer
sur le fond. Mais si c'était une réservation de nom, comment
est-il possible qu'un fonctionnaire dise: Je refuse le nom, parce qu'il s'agit
d'une activité politique? Si c'était une demande de nom, une
demande de réservation de nom, et on dit cela, en plus de cela, à
supposer, et j'accepte cette observation qui a été faite, qu'un
parti politique ne peut pas être incorporé comme ça mais
que ça doit passer par l'Assemblée nationale, comment se fait-il
qu'un fonctionnaire ait le droit de juger qu'une demande est faite par un parti
politique plutôt que par une association qui veut, comme il est
indiqué sur la demande, prôner certaines idées politiques.
Est-ce qu'il n'y a pas une différence entre un mouvement politique et un
parti politique? En vertu de quel droit un fonctionnaire peut-il prendre une
décision, sans même en référer à son
ministre, et dire: Non, c'est une activité politique qui ne peut pas
donner lieu à une incorporation éventuelle ou à un choix
d'un nom qui s'appelle Québec-Canada?
Moi, je trouve ça absolument extraordinaire.
Mme Payette: M. Rioux. Voici...
M. Raynauld: Le nom n'était pas un parti politique, tout
le monde sait ça.
Mme Payette: Le 24 janvier, avec l'explication que nous avions
sur cette feuille, nous étions en droit de nous poser la question.
L'explication qu'on me donne est qu'il semble y avoir eu, du moins
même ce qui est inséré sur la feuille, une information qui
semble avoir été transmise par les requérants indiquant
que c'est un mouvement qui promouvait éventuellement une certaine forme
de solution politique à des problèmes. Donc, si, à partir
d'une simple réservation, nous ne sommes pas en mesure d'établir
d'une façon certaine qu'il ne s'agit pas purement et simplement d'une
association qui préconise des idées politiques plutôt
qu'une organisation qui, en fait, semble véhiculer ce qui est
normalement rattaché à un parti politique, à ce
moment-là, nous attendons la présentation de la requête
afin d'étudier les objets. Maintenant, en attendant, nous ne pouvons pas
nous engager à donner un nom qui semblerait engager le ministère,
tant et aussi longtemps que les objets ne sont pas précisés.
Donc, les informations qui ont été données,
personnellement, justifiaient, je crois, qu'on attende le dépôt de
la requête, mais qu'on s'oppose à l'octroi du nom, tant et aussi
longtemps que la deuxième étape ne serait pas franchie.
A ma connaissance, quoique je ne sois pas responsable du service des
compagnies ni du service juridique, mais pour y avoir été un
certain temps, je suis à même de vous dire qu'on attendait
toujours des objets afin de se prononcer définitivement sur le nom et
surtout, on n'allait jamais donner un nom d'une façon
définitive.
Je reviens à l'exemple de tout à l'heure, Les Fleuristes
Rioux Inc. Je ne veux pas prendre des noms qui pourraient être ceux des
autres et laisser entendre qu'ils sont dans le domaine des fleurs. Je prends
mon nom. Je me dis que je crois qu'il est normal, dans un cas comme
celui-là... Avant de donner une réponse définitive, on
peut peut-être attendre de connaître les objets, de façon
à éviter qu'on laisse entendre qu'il s'agit d'un fleuriste, alors
que, de fait, il s'agit d'un commerce de chaussures.
Voici un nom qui véhicule un concept qui, avec les explications
données, tend à faire croire qu'il peut s'agir d'un parti
politique et je crois que nous sommes fondés de refuser le nom tant et
aussi longtemps que, par le dépôt de la requête ou par des
informations supplémentaires, on n'en viendra pas à la conclusion
qu'il s'agit d'une association qui vise à promouvoir certaines
idées politiques, mais non pas nécessairement d'un parti
politique.
Je crois que, si ces informations deviennent claires, le
ministère va accéder à la demande, pour autant que l'on
donnera un nom qui comporte un élément descriptif et que les
objets de la charte convaincront le ministère qu'il ne s'agit pas d'un
parti politique comme tel, mais d'une association qui cherche la promotion de
certaines idées.
M. Raynauld: Une question supplémentaire, M. le
Président. Dans un cas comme celui-là, est-ce qu'on connaît
la réponse qui a été donnée? Et est-ce qu'on a dit,
dans la réponse, les choses que j'accepte assez facilement, les
remarques qui viennent d'être faites? Est-ce qu'on a dit cela? Est-ce
qu'on a dit: Premièrement, votre nom n'est pas suffisamment
spécifique ou suffisamment général? Vous pourriez
peut-être le changer. A ce moment-là, déposez de nouveau
votre réservation de nom et nous vous l'accorderons.
Deuxièmement, est-ce que votre mouvement est un parti politique?
Si c'est un parti politique, il faudra que ce soit référé
à l'Assemblée nationale. Si ce n'est pas un parti politique, nous
pourrons incorporer votre mouvement. Est-ce que c'est cela qu'on a dit au
requérant? Et est-ce qu'on pourrait déposer la réponse qui
a été faite, s'il y en a eu une?
Mme Payette: Je ne crois pas que la correspondance ait
été plus loin que celle-là, parce que...
La façon de procéder semble être celle-là
pour tout le monde. Cette demande est faite par écrit...
M. Raynauld: Pour activités politiques.
Mme Payette: C'est simplement la demande de la réservation
d'un nom.
M. Raynauld: Oui.
Mme Payette: Au-delà de cela, s'il n'y a pas la
manifestation du demandeur de faire connaître ses intentions, nous ne
sommes pas habilités, au ministère, à aller au-delà
de cela. C'est tout ce dont nous disposons comme information.
M. Raynauld: Mme le ministre, les requérants ont
interprété la réponse comme étant un refus
d'incorporation ou un refus de réservation de nom.
Mme Payette: A ce moment-là, la réaction normale de
l'individu qui reçoit cette réponse, c'est de dire: Je vais venir
m'expliquer, de la façon qui est prévue, en disant: Voici
exactement ce que j'entends faire; ce qui peut se faire dans une
deuxième étape, si la première n'est pas
satisfaisante.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: A la suite de tous ces détails que nous venons
d'entendre, faisons une hypothèse. Essayons de voir cela ensemble. Au
lieu d'une présentation de réservation telle qu'elle a
été produite au ministère, si, par exemple, les
requérants, dans cette demande de réservation, avaient
modifié le nom inscrit à la requête... Présumons que
le nom aurait été Mouvement Québec-Canada. De
manière hypothétique aussi, tentons de voir une autre description
des objets recherchés ou des fins poursuivies. Présumons que cet
objet aurait été: échange biculturel au niveau
pancanadien, ou quelque chose comme cela.
Dans un contexte comme celui que je décris, qui est
hypothétique, est-ce qu'on aurait pu avoir une appréciation
différente et accepter la réservation de nom qui était
demandée?
M. Raynauld: Disons qu'un nom corporatif est toujours
réservé sous réserve de l'analyse de la requête.
Donc, dans un nom corporatif qui serait, disons, Mouvement
Québec-Canada, le nom aurait pu être accepté parce
qu'étant conforme aux directives administratives concernant le nom seul,
mais il est toujours sujet à ce que le nom corporatif véhicule
une idée qui est conforme à celle qui est comprise dans les
objets.
Maintenant, si le Mouvement Québec-Canada, à l'occasion de
la présentation de sa requête, élabore des objets qui sont
nettement ceux d'un parti politique, à ce moment-là, on
sème une certaine confusion et on semble reconnaître un parti
politique sous le nom de Mouvement Québec-Canada, tout comme l'exemple
du Ralliement des créditis-tes que citait Mme le ministre. Il peut
s'agirtout simplement d'un ralliement qui n'est pas nécessairement un
parti politique.
Mais si, à l'étude des objets, il appert qu'on tente de
former un mouvement qui est nécessairement identique aux objets que
poursuivent les partis politiques, à ce moment-là, il faut leur
dire: On s'oppose au nom parce qu'il n'est pas représentatif du contenu
des objets ou encore, quoique représentatif, les objets en sont
inacceptables et on va refuser, à ce moment-là, je crois, avec
raison, de constituer un mouvement politique que seule la Chambre a le droit de
reconnaître, quel que soit le nom.
M. Giasson: D'accord, mais, dans l'hypothèse que j'ai
soulevée, croyez-vous qu'il aurait été acceptable de
réserver le nom si on avait inscrit Mouvement Québec-Canada et
déterminé des faits dans une nomenclature différente de
celle que comporte la demande de réservation?
Mme Payette: Sûrement.
Seulement un point d'information, M. le Président, si vous me le
permetez, on m'informe que la seule suite qu'il y ait eu à ce document a
été un appel téléphonique du député
de Marguerite-Bourgeoys, M. Lalonde, au directeur du service des compagnies,
pour avoir les informations complémentaires que nous sommes en train de
vous donner, renseignements qui lui ont été donnés au
téléphone. Il n'y a plus eu d'autres contacts par la suite.
M. Giasson: D'accord, Mme le ministre, mais considérant
les propos que j'ai tenus ou l'hypothèse que j'ai soulevé est-ce
que votre avis serait d'accorder la réservation?
Mme Payette: Je vais vous donner mon avis purement personnel
là-dessus. Si le nom demandé était, par hypothèse,
Mouvement Québec-Canada, et énonçait des objets qui ne
sont nettement pas apparentés à ceux d'un parti politique mais
simplement d'un organisme qui désire informer la communauté de
certaines attitudes, etc., je ne crois pas, en principe, que cela aurait
été refusé, mais cela n'a pas été
présenté comme cela.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: De toute façon, supposons que je veuille
lancer un mouvement pour la protection de la famille et que...
M. Gosselin: Une question de règlement, M. le
Président, en vertu de l'article 160. Si vous me permettez, je vais lire
l'article 160.
Le Président (M. Laplante): C'est une question de
règlement que vous soulevez?
M. Gosselin: Oui. L'article 160 dit que, lorsqu'une commission
étudie un projet de loi ou des
crédits, un député peut prendre la parole sur le
même point aussi souvent qu'il lui plaît, à la condition de
ne pas parler plus de vingt minutes en tout sur un même article, un
même paragraphe, une même motion ou une même question d'ordre
ou de règlement.
Le Président (M. Laplante): Pour répondre à
votre question, le député de Jacques-Cartier a déjà
seize minutes d'écoulées depuis ce matin. Pour être juste
avec lui, j'exclus les longues réponses du ministre ou des cadres.
M. Gosselin: J'aurais aussi une directive à demander.
Le Président M. Laplante): Je n'ai pas de directive
à accepter. Si vous avez un point de règlement à soulever,
je suis prêt à le recevoir.
M. Gosselin: C'est-à-dire que j'ai une question
d'information à poser à la présidence. Combien reste-t-il
de temps de discussion à la commission avant que tous les travaux ne
soient terminés? C'est qu'il y a plusieurs députés, y
compris des députés de l'Opposition, qui ont manifesté
leur intérêt à discuter d'autres questions
également. Pourriez-vous m'éclairer là-dessus?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous dire le temps
qu'il reste. Il reste environ deux heures et trente minutes.
M. Gosselin: Merci, M. le Président.
M. Saint-Germain: Voici ce que j'allais dire, avant d'être
interrompu. Supposons que je fonde une société qui a pour but la
protection de la famille; je dis, pour que la famille soit
protégée, que les buts sont de prouver à la population que
les allocations familiales devraient être augmentées, que
l'université doit être gratuite et que la mère de famille
devrait avoir un revenu. Partant de là, je fais une demande et
voilà qu'un fonctionnaire inconnu peut me dire: Non, vous formez un
mouvement politique. C'est aussi clair que cela.
Une Voix: Ce n'est pas très fort comme argument.
M. Saint-Germain: Ou un mouvement comme Québec-Canada, qui
veut voir à ce que le Québec reste dans le pays. Ce n'est
certainement pas un mouvement politique. Ces gars-là ne
représentent pas de députés. Il y a des libéraux,
des conservateurs là-dedans, il y a probablement des séparatistes
en plus, je ne le sais pas. Je ne suis pas intéressé à le
savoir. Mais il devrait y avoir une liberté pour eux de s'organiser au
niveau de la province de Québec, d'avoir le droit de s'adresser à
la population, de percevoir des fonds et de faire la propagande qu'ils veulent
bien faire.
Si le mot "démocratie" a encore une signification, on ne doit pas
laisser aux fonctionnaires le soin de déterminer ce qu'est un parti
politique et ce qu'est un mouvement politique. Ecoutez, une minute!
M. Gosselin: Je crois que le député de
Jacques-Cartier nous a très abondamment pris à témoin de
sa confusion depuis un bon bout de temps. Vous avez vous-même
remarqué que son temps était limité, était
terminé là-dessus. Alors, je souhaite ardemment qu'on passe
à d'autres questions, parce que les membres de cette assemblée
ont énormément de questions à poser sur tous les points
des divers programmes qui nous sont présentés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sherbrooke, je suis obligé de vous répéter que, comme
président de cette commission, j'en suis le juge. Continuez,
monsieur.
M. Saint-Germain: Si le député n'est pas
intéressé à m'écouter, il peut partir. Je ne parle
pas pour lui, d'ailleurs, il ne comprendra jamais rien là-dedans.
M. Bisaillon: Ce n'est pas pour vous qu'on reste ici,
certainement.
M. Saint-Germain: Je parle pour la population et pour
protéger les droits démocratiques de la population. Je dirai ce
que je voudrai et je m'y prendrai de la façon que je voudrai bien m'y
prendre pour le faire.
M. Bisaillon: Oui, mais vous devez préparer...
M. Saint-Germain: Alors, je dis qu'on laisse à des
fonctionnaires...
M. Bisaillon: Continuez votre "show".
Le Président (M. Laplante): Si vous vous laissez
aller...
M. Bisaillon: II vous reste deux minutes et demie. Vous devez
préparer vos questions, pendant qu'il y a une réponse.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre!
M. Bisaillon: II a répondu à tout cela, au
député de Montmagny-L'Islet. Vous deviez préparer votre
question pendant ce temps-là... La presse est partie, la presse est
partie...
M. Saint-Germain: Je dis qu'on laisse le fonctionnarisme diminuer
les droits démocratiques de chaque citoyen, la liberté du citoyen
et la liberté des groupes de citoyens. C'est sérieux, absolument
sérieux. Je demande, M. le Président, si on peut remettre ce
sujet à cet après-midi, cette question, en particulier, parce
qu'on pourrait très probablement, cet après-midi, vous apporter
des documents qui pourraient prouver absolument le contraire de ce qu'on a
avancé ici, dans l'Opposition. Je crois qu'il y aurait
intérêt à ce que la popu-
lation voie clair et voie le problème réellement comme il
est. Nous croyons que si on a l'occasion de revenir cet après-midi avec
cela, on pourrait le faire de façon bien claire et bien
précise.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais avertir le
député de Jacques-Cartier que la séance sera
ajournée à 13 heures, sine die. Il faudra revenir sur l'ordre de
la Chambre probablement demain. Si vous étiez prêt à une
chose, par exemple, à accepter le programme 2, l'élément
2, conditionnellement, et que s'il nous reste du temps, qu'on revienne sur cet
article, je serais d'accord. Si c'est l'accord de...
M. Saint-Germain: Ecoutez, on peut...
M. Goulet: M. le Président, je ne sais pas en vertu de
quel article, vous m'excuserez, mais vous avez dit tantôt qu'il restait
deux heures et demie environ pour tous les débats. Maintenant, je ne
sais pas, mais pourquoi ajournerait-on à 13 heures et revenir seulement
demain pour une heure et demie. Ce ne serait pas possible, quant à
revenir, je demanderais peut-être l'avis des collègues...
C'est-à-dire que demain, nous allons revenir pour une heure seulement,
une heure et quart.
Le Président (M. Laplante): Les règlements de
l'Assemblée nationale sont comme cela, les règlements des
commissions parlementaires... Aujourd'hui, c'est la journée des
députés. L'ajournement se fait à 13 heures. Si l'ordre de
la Chambre nous dit, cet après-midi, de consensus avec tous les partis,
de revenir ici, je suis bien d'accord. Mais ce n'est pas mon rôle de le
déterminer ou de prendre action là-dessus. Il faut attendre un
ordre de la Chambre là-dessus.
M. Goulet: Si nous avions l'unanimité des membres de cette
commission, vous ne pourriez pas prendre la décision?
Le Président (M. Laplante): Je serais bien
embêté humblement de vous répondre à cette question.
Je crois que cela va au leader de chaque parti. Est-ce que la suggestion que je
vous ai faite...
M. Saint-Germain: Si je comprends bien votre suggestion, c'est
qu'on accepterait l'article 2, excepté ce sujet, en particulier, que
nous discutons dans le moment.
Le Président (M. Laplante): Et que vous pourriez revenir
à la fin des débats. D'accord?
M. Saint-Germain: D'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous étiez à
vous demander... Pourriez-vous informer les membres de la commission combien il
va rester de temps à la reprise de cette discussion au
député de Jacques-Cartier pour parler de ce point?
Le Président (M. Laplante): C'est impossible de
déterminer...
M. Vaillancourt (Jonquière): II lui restait quatre minutes
il y a environ...
Le Président (M. Laplante): Non, ce n'est pas
là-dessus qu'on tranche la question.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais sur ce point...
Le Président (M. Laplante): Si vous acceptez l'article 2
actuellement, le reste, on le réglera, à ce moment. On n'ira pas
par anticipation sur les autres articles à accepter. Programme 2,
élément 2, accepté?
M. Raynauld: Accepté.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, Mme le ministre,
l'article 3, s'il vous plaît!
Services des associations coopératives
Mme Payette: II s'agit du service des associations
coopératives. Là encore, je voudrais faire une mise en garde pour
qu'on ne confonde pas la mission de ce service avec ce qu'on souhaiterait
trouver au niveau du développement coopératif, qui n'est pas le
rôle du ministère.
Le service des associations coopératives a pour mission d'assurer
la protection des droits des membres des associations, de maintenir
l'authenticité coopérative de ces associations et de contribuer
à leur développement.
Il m'est arrivé de dire, depuis que j'ai la responsabilité
de ce ministère, que je trouvais parfois assez triste la situation qui
faisait que les coopératives étaient traitées comme le
sont les compagnies. Il m'est arrivé de souhaiter que nous ayons
d'autres moyens d'intervention pour venir en aide, de façon plus
adéquate, aux coopératives en difficulté, par exemple,
alors que ce service est exclusivement ce que j'ai appelé, pour bien
faire comprendre la situation, une pouponnière et un cimetière.
La pouponnière nous permettant de créer des coopératives,
le cimetière nous permettant de les enterrer lorsqu'elles ont fini
d'opérer. Entre les deux, nous avons peu de moyens d'intervention.
Nous sommes prêts à répondre à toutes les
questions sur ce sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, il y a peut-être peu
à dire s'il s'agit seulement d'un cimetière et de la
pouponnière. En fait, c'est un service semblable à celui dont
nous avons parlé antérieurement, c'est-à-dire un service
qui incorpore les associations. Est-ce qu'il y a d'autres activités
rattachées à ce service que cette incorporation ou ces
annulations?
Mme Payette: II y a un service qui nous permet une certaine
intervention technique dans certains cas. Il y a l'ACOM, au service des
compa-
gnies, un service de surveillance, et pour l'instant, je crois que
ça résume nos possibilités d'intervention en tant que
ministère. On peut peut-être, ajouter à ça un peu de
promotion, mais c'est un service strictement technique.
M. Raynauld: Est-ce que c'est dans ce service qu'on applique la
loi qui se rapporte aux sociétés coopératives?
Mme Payette: C'est exact.
M. Raynauld: II serait donc possible, théoriquement, que
le ministère puisse prendre des initiatives qui aillent au-delà
des incorporations?
Mme Payette: C'est ce que nous avons l'intention de faire au
cours des mois qui viennent par la création de la société
de développement coopératif.
Le Président (M. Laplante): Question terminées, M.
le député d'Outremont.
M. Raynauld: Pour l'instant, oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je m'adresse au
ministre. Mme le ministre est déjà engagée dans l'action
coopérative. En tout cas, son passé le prouve. Vous me
corrigerez, si je fais erreur.
Mme Payette: Engagée est peut-être un bien grand
mot, mais j'accepterais attachée au mouvement coopératif
certainement, oui.
M. Goulet: J'accepte le mot "attachée" au mouvement
coopératif. Je ne mets pas en doute l'objectivité du ministre.
C'est tout simplement une question que je me pose. Comment l'autre secteur de
votre ministère, j'entends par là, le secteur des compagnies,
coopératives et institutions financières, peut-il espérer
être traité en toute justice ou en toute objectivité quand
on sait l'attachement que vous avez aux coopératives... Je ne suis pas
contre...
Mme Payette: J'aime aussi...
M. Goulet: ... mais quand on sait...
Mme Payette: J'aime aussi...
M. Goulet: Je parle au nom des compagnies et institutions
financières, celles qui relèvent du même
ministère.
Mme Payette: J'aime aussi le vin et je ne pense pas que ça
porte à confusion quant à ma justice ou à ma
possibilité d'être un ministre qui peut diriger les autres
services également.
M. Goulet: Est-ce que vous me permettez une autre question, M. le
Président? Je suis bien d'accord, mais votre ministère fonctionne
avec les deniers, avec les impôts, avec les taxes venant des particuliers
comme des compagnies. Cela va? Pourquoi y aurait-il différence, comme
vous venez de le dire qu'on devrait aider les coopératives en
difficulté? Pourquoi une compagnie privée ou un particulier qui a
un commerce, n'aurait-il pas droit à l'aide au même titre qu'une
coopérative quand il est en détresse, si vous voulez? Pourquoi
va-t-on aider plutôt les coopératives et qu'une compagnie qui
offre les mêmes services à la population, aux mêmes prix,
dans les mêmes conditions, n'aurait pas droit au même
traitement?
Mme Payette: M. le député...
M.Goulet: ...et j'irais jusqu'àdire:... Lorsqu'une
coopérative est en difficulté financière, par exemple, on
va prendre des deniers publics pour l'aider on parle de crédits,
ce matin; je pense que c'est pertinent au débat pour
créer, par exemple, 200 ou 300 emplois.
Au même moment, une compagnie privée, ou un particulier qui
fait gagner la vie, par son commerce, à 200 ou 300 employés, on
lui refuse l'aide et on lui dit: Ferme tes portes et fais faillite.
Il paie des taxes, il paie des impôts. Il fait travailler autant
de monde. Vous avez dit tantôt: II faudrait une aide accrue. Vous avez
mentionné aux coopératives. Pourquoi n'avez-vous pas dit
également aux autres?
Mme Payette: M. le député, parce que j'ai la
responsabilité du secteur des coopératives à un autre
titre que celui des compagnies. Vous me demandez de me substituer au ministre
de l'Industrie et du Commerce, par exemple, qui dispose, comme moyen
d'intervention de la Société de développement industriel.
Vous avez affaire à un autre ministère qui dépense ses
énergies pour venir en aide aux compagnies dont vous parlez. Dans ce
secteur des compagnies que j'ai au ministère, ce n'est strictement que
l'administration de la création et de la disparition des compagnies.
Au niveau des coopératives, il n'existe pas de ministère
qui tend à développer les coopératives. C'est dans ce sens
que je suis appelée à jouer un rôle différent pour
le secteur des coopératives, comme des consommateurs et le secteur des
compagnies.
M. Goulet: Vous me permettez une autre question, M. le
Président.
Est-ce possible, Mme le ministre, qu'on voie prochainement la
création d'un ministère de la coopération et que le
secteur compagnies et institutions financières soit donné au
ministère de l'Industrie et du Commerce?
Mme Payette: Pour l'instant, je ne pense pas qu'il y aurait
intérêt pour le public à voir la création d'un
ministère des coopératives, ou d'un ministère des
consommateurs.
J'irai cependant jusqu'à vous dire qu'advenant le
développement que nous souhaitons au niveau
des coopératives et au niveau de la protection du consommateur,
il se pourrait bien qu'au cours des prochaines années et si vous
voulez, on peut dire cinq, dix ou vingt ans, je n'en sais rien, selon le
développement de chacun des secteurs effectivement, qu'il y ait
là suffisamment de travail pour occuper un ministère. Ce n'est
pas le cas présentement.
M. Goulet: Une autre question, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Goulet: Le ministre peut-il nous confirmer quand il va
intervenir qu'il va appuyer au moins autant les compagnies
privées que les coopératives? Quand il s'agit, par exemple, de
créer de l'emploi ou ces choses-là, pourquoi favoriserait-on plus
les coopératives que les industries privées?
Mme Payette: M. le député, cela peut être une
attitude que je prends au sein du Conseil des ministres, mais qui n'a rien
à voir avec les crédits du ministère.
M. Goulet: Les crédits qui sont votés pour le
ministère...
Mme Payette: L'administration du service des compagnies,
très certainement. J'ai l'intention...
M. Goulet: Et la promotion de la coopération.
Mme Payette: Cela ne fait pas partie de la mission de ce service
que de promouvoir la création de compagnies. Nous administrons tout
simplement.
M. Goulet: Vous administrez les dossiers des compagnies, mais
avec cet argent, vous pouvez promouvoir la coopération. C'est un peu le
résumé de ce que vous m'avez dit. Vous administrez les dossiers
des compagnies, mais, par contre, vous pouvez promouvoir... Je ne suis pas
contre les coopératives, mais lorsqu'on parle d'un ministère de
coopération, de l'épanouissement de la coopération, et
ainsi de suite, je pense qu'on veut promouvoir la coopération. Je ne
suis pas contre, mais c'est là que je me demande quelle est
l'objectivité.
Mme Payette: M. le député, la confusion, c'est tout
simplement qu'au niveau du service des compagnies, la mission au niveau du
service des coopératives n'est pas la même. Dans la mission du
service des compagnies, le ministère n'est chargé que de
l'administration technique de ce service. Nous n'avons pas d'autres moyens
d'intervention.
Dans la mission des coopératives, nous avons la division de
formation de coopératives, et nous avons une mission d'aider au
développement des coopératives.
M. Goulet: Cela répond à ma question.
Mme Payette: Si bien que selon la loi, nous répondons
exactement à la mission qui est confiée au ministère.
M. Goulet: Cela répond exactement à ma
question.
Le Président (M. Laplante): Juste avant de donner la
parole au député de Montmagny-L'Islet, il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue à un groupe de personnes de l'âge d'or des
comtés de Crémazie et de Bourassa.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: La question que je voulais soulever allait dans le
sens des propos tenus par mon collègue de Bellechasse. Je crois que le
ministre y a apporté la dimension... C'est que le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières n'a
peut-être pas le mandat, comme tel, de subventionner largement les
coopératives qu'on a en province. Je crois plutôt que,
traditionnellement, ce sont les ministères comme tels qui ont
apporté des subventions.
Lorsqu'on songe au secteur de la coopération agricole, à
ma connaissance, c'est surtout le ministère de l'Agriculture qui a
apporté de l'aide. Lorsque le ministre dit que le ministère de
l'Industrie et du Commerce est là pour apporter l'équivalence de
subventions au secteur industriel privé, je crois que la dimension n'est
pas tout à fait la même. Le premier rôle de la SDI n'est pas
de subventionner des industries, c'est d'accorder des prêts, parfois
à des taux préférentiels, lorsque le type de production
correspond à des normes prédéterminées.
Cependant, j'apprécierais, dans la mesure de ses moyens, selon
les budgets mis à sa disposition, voir le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, qui
accepte la surveillance de toute la structure coopérative au
Québec, avoir plus d'argent mis en disponibilité ou en
disposition à l'endroit de nouvelles coopératives qui peuvent se
former. J'ai vivement apprécié une décision prise par
l'ancien ministre des Consommateurs, au moment où un groupe de citoyens
de mon comté avait décidé de mettre sur pied une
coopérative forestière. Il s'agit, généralement, de
gens qui n'ont pas de gros capitaux et qui souscrivent à des projets
afin de s'occuper par eux-mêmes, à l'intérieur d'une
collectivité, de situations en vue du mieux-être économique
et social du groupe.
J'ai vivement apprécié, à ce moment, que le
ministre de l'époque, à même ses crédits, souscrive
un montant de subvention directe qui a permis à cette jeune
coopérative qui naissait effectivement, de se lancer en affaires et de
pouvoir entreprendre une activité qui avait un caractère assez
particulier à la région. Comme je le disais il y a un instant, je
serais très heureux de voir le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières avoir des crédits
à sa disposition,
surtout lors du lancement de certaines coopératives, qui lui
permettraient d'apporter une aide financière de départ.
Mme Payette: D'autre part, M. le député, je pense
que lorsque nous aurons donné au mouvement coopératif l'outil que
pourrait être la société de développement
coopératif, il serait probablement souhaitable que ces initiatives
soient laissées à cette société, pour que le
gouvernement ne soit pas le maître d'oeuvre du développement
coopératif.
Et la où nous sommes intervenus je reconnais le cas dont
vous parlez c'est qu'il y avait très évidemment une
carence et un manque d'outils pour le mouvement coopératif. Dans ce
sens, je crois qu'il n'est pas souhaitable que le ministère se substitue
éventuellement à une société de
développement coopératif, mais qu'il est urgent et hautement
indiqué, cependant, que nous participions avec le mouvement
coopératif, à la création de cette société
de développement qui pourrait remplir en partie, dans sa
définition même, le rôle que vous souhaitez lui voir
remplir.
M. Giasson: Je comprends très bien, M. le ministre, que
pour mettre sur pied des coopératives, et en développer...
Mme Payette: Madame.
M. Giasson: Madame, pardon! Quel impair!
Mme Payette: Merci, M. le député. Mme le
député.
M. Giasson: Mme le ministre. J'ai perdu... C'est une erreur
tellement capitale que j'ai commise, que j'avais raison de perdre le fil de ma
pensée.
J'étais à dire que, du côté des
coopératives, il s'agit là d'une expérience et d'un
organisme possibles, d'abord, en fonction de coopérateurs qui puissent
exister à l'intérieur de cette activité. Et même si
c'était la volonté de ce ministère ou du gouvernement de
développer dans tous les secteurs d'activités, des
coopératives, si, à la base, nous n'avons pas
l'élément capital, des gens qui pensent en fonction de la
coopération, le succès ne serait pas là au bout de la
course.
Mme Payette: M. le député, l'Opposition s'est
beaucoup remplacée au cours de cette commission et ce sont exactement
les mots que j'ai utilisés hier.
M. Giasson: Vous aviez abordé cette dimension du
développement du secteur coopératif.
Mme Payette: C'est exact.
M. Goulet: C'est qu'il faut que cela parte de la base, au lieu du
sommet.
Mme Payette: C'est cela. J'ai bien expliqué que la
philosophie même du mouvement coopératif exigeait que les projets
viennent de la base et non pas du sommet. C'est pour cela que je vous
expliquais que cela ne me paraît pas souhaitable que le gouvernement soit
le maître d'oeuvre du développement coopératif, mais que
cette initiative soit laissée au mouvement coopératif. Je pense
que l'étape suivante, si on veut venir en aide, ce n'est pas
d'intervenir au moyen de subventions, comme gouvernement, mais c'est de
permettre à la société de développement
coopératif d'exister et d'intervenir où elle souhaitera
intervenir.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: J'aurais envie de demander au ministre merci,
M. le Président si elle a rencontré M. Rioux depuis son
intervention d'hier. C'est parce qu'ils n'étaient pas sur la même
longueur d'onde.
Mme Payette: Et pourtant, nous nous entendons si bien.
M. Goulet: Oui, je suis certain de cela. Il est dit, dans le
rapport, à la page 134: "La pause, dans le développement des
coopératives de consommation apparaît comme un
phénomène inquiétant". C'est le terme qui est
employé. La situation s'est-elle améliorée, depuis que le
ministre est en titre? Qu'entend faire le ministre, pour améliorer cette
situation? Tout dépend de la réponse à ma première
question.
Mme Payette: Le ministre a tout simplement pu faire savoir que
les préoccupations du gouvernement dans ce secteur allaient vers trois
domaines en particulier, c'est-à-dire l'alimentation, l'habitation et le
domaine forestier. Au-delà de cela et je répète
encore une fois je crois qu'il est urgent que l'outil, que
réclame le mouvement coopératif depuis des années soit
enfin mis sur pied, c'est-à-dire la société de
développement coopératif. C'est par cet outil que des correctifs
pourront être apportés à des situations qui sont
effectivement pénibles dans le secteur de l'alimentation et dans
d'autres secteurs également.
Je crois qu'il ne faut pas empiéter sur le rôle qu'aura la
société de développement coopératif, qui devrait
voir naissance d'ici quelques mois.
M. Goulet: M. le Président, vous permettez. Le ministre
parle d'une priorité, le mouvement des coopératives dans le
domaine forestier. On avait vu cela dans les journaux de décembre ou de
janvier. On a même demandé des rendez-vous au cabinet du ministre
pour la formation de coopératives et on n'a pas eu l'aide et le support
auxquels on s'attendait. Ceci a surpris tout le monde. Ce qui me surprend, ce
matin, c'est de vous entendre dire ce que nous avions vu dans un journal de
Hull, une déclaration de décembre, je m'excuse, je ne l'ai pas,
mais je pourrai l'apporter cet après-midi.
Vous me redites la même chose, que vous avez trois
priorités: l'alimentation, la consommation et le domaine forestier. Mais
un groupe de mon comté a précisément demandé un
rendez-vous au ministre, ou à des gens de son cabinet, et l'impression
qu'on m'a donnée, quand j'ai demandé l'entrevue pour eux, est que
cela n'a pas semblé avoir un accueil favorable.
Je comprends qu'une semaine, le sous-ministre j'ignore son nom
était en vacances, mais les gens ont été
déçus. Je pose la question au ministre. J'espère que notre
demande sera prise en considération, dans le domaine d'une
coopérative forestière, c'est un cas précis.
Mme Payette: Si vous permettez, je ne voudrais pas laisser planer
de doute sur ce sujet, parce qu'il est évident que le domaine forestier,
on l'a dit, est prioritaire au ministère, sauf que nous sommes en train
de nous munir des renseignements dont nous avons besoin dans ce secteur.
Peut-être bien que cela a été la raison pour non pas
refuser de rencontrer des gens, mais pour remettre une rencontre qui nous
paraissait peut-être prématurée dans la mesure où
notre dossier n'était pas complet dans ce secteur.
On me dit qu'il y a effectivement des rencontres qui sont prévues
maintenant.
M. Goulet: Oui, Mme le ministre, je ne voudrais pas être
mal interprété. Je n'ai pas dit qu'on a refusé une
rencontre. J'ai dit que les gens en tout cas, c'est ce qu'on a
pensé n'ont pas eu le support qu'ils s'attendaient d'avoir. Je
pourrais en discuter personnellement avec le ministre, si elle me le permet, ou
le sous-ministre, pour un cas précis, ce que je ne voudrais pas faire
ici dans une rencontre.
Ce qui m'a surpris, ce matin, à la suite de l'article du journal,
je pensais que vous aviez pu changer votre optique, c'est que vous arrivez
encore avec la même priorité. J'en suis très content.
J'espère qu'on va voter des crédits supplémentaires au
ministère pour notre coopérative.
Mme Payette: Je pourrais vous faire le seul reproche, M. le
député, d'être aussi impatient que les militants du Parti
québécois et de souhaiter qu'on fasse tout en quelques heures.
C'est parfois un peu plus long, mais veuillez croire qu'il y a là toute
la bonne volonté nécessaire. Si vous permettez, je voudrais que
le sous-ministre, M. Barbin, puisse vous expliquer ce qui s'est passé
exactement dans ce dossier.
Lorsqu'on parle de développement coopératif, dans le
domaine en particulier des coopératives non structurées, des
petites coopératives qui s'organisent ici et là, le
problème est relativement simple. On a à trouver des conseillers,
des ressources techniques, pour aider à la formation des
coopératives. C'est ce que voudrait faire la société de
développement coopératif. On a à trouver des fonds qui
sont relativement limités pour aider un groupe à
démarrer.
Quand on touche des secteurs aussi complexes et aussi importants que
ceux de la consommation, des coopératives de consommation, quand on
touche les coopératives forestières et le secteur de l'habitation
coopérative, ce sont là des dossiers énormes qui demandent
des millions et des dizaines de millions, si on veut faire une intervention
rationnelle. Il y a eu beaucoup d'échecs dans ces secteurs. Il y a eu
beaucoup de difficulté. Le ministère veut monter des dossiers
pour éviter de régler des cas particuliers, pour régler le
problème dans son ensemble. C'est sans prétention que le
ministère croit qu'il se doit de se faire appuyer dans ses
opérations par les ministères, principalement responsables, de
ces grands dossiers. Je pense aux Terres et Forêts, ou que ce soit dans
le domaine de l'habitation, à la Société d'habitation du
Québec ou au ministère des Affaires municipales.
Il nous faut mettre ensemble les principales ressources, et même
des entreprises d'Etat comme REXFOR, de façon à développer
une stratégie qui empêchera, que dans l'avenir, on puisse avoir le
genre d'échec qu'on a connu les années dernières. Parce
qu'un échec, dans le domaine de la coopération a plus
d'importance, sur le plan de l'opinion publique et de la motivation des
individus qui veulent se grouper en coopérative, qu'un échec dans
le domaine d'une entreprise privée traditionnelle, de type capitaliste.
C'est pour cela qu'on veut être très prudent. On dit à tous
ceux qui sont intéressés a travailler dans ce secteur, qu'avec
eux, on va monter des dossiers complets et avec tous les ministères
impliqués.
M. Goulet: Est-ce que je peux poser une question, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): D'accord. .
M. Goulet: Est-ce possible que les échecs survenus, et
là, j'abonde dans le même sens que le député de
Montmagny-L'Islet, est-ce que c'est possible que certaines coopératives
ou plusieurs coopératives ou mouvements coopératifs ont
échoué, parce que les gens de la base s'en étaient servis,
s'étaient formés en coopérative, plutôt pour
régler un problème personnel que parce qu'ils croyaient aux
mouvements coopératifs? Est-ce que c'est votre opinion? Je ne sais pas
si vous pouvez émettre une opinion personnelle, mais les échecs
qu'il y a eu, est-ce que ce ne serait pas surtout dans ce domaine? Qu'on
voulait régler... On avait parti une coopérative, on avait
démarré une coopérative pour régler un
problème personnel ou d'un groupe d'individus, mais on ne croyait pas
aux mouvements coopératifs. Une fois le problème
réglé, on laisse tomber la coopérative.
Mme Payette: M. le député, je vous renverrai
à la définition de la mission du service des associations
coopératives, et vous pourrez voir qu'un des rôles de ce service,
est de maintenir l'authenticité coopérative, si bien que nous
attachons
donc une grande importance au moment de la naissance d'une
coopérative, à être bien assurés qu'il s'agit
là de véritables coopérateurs. Maintenant, notre service a
également ses limites. Une fois que nous avons fait les
vérifications, s'il nous apparaît que la philosophie
coopérative est respectée, que les coopérateurs qui sont
présents au moment de la création d'une coopérative,
savent de quoi il s'agit, qu'ils sont renseignés sur le mouvement
coopératif, à ce moment, nous avons l'obligation de créer
cette coopérative.
M. Goulet: Parce qu'il y a plusieurs coopératives...
Mme Payette: Nous sommes attentifs, cependant, pour que ce
principe de base soit respecté.
M. Goulet: Plusieurs coopératives actuellement sont
capitalsites, vous en conviendrez.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Les nouvelles formes de coopération au
Québec, du moins une forme de coopérative, c'est la
coopérative de production de travail. Je pense bien que c'est un domaine
un peu nouveau. Je ne crois pas qu'il y ait de fédération qui
réunisse ces coopératives. De toute façon, combien
existe-t-il de coopératives de production et de travail dans la
province?
Mme Payette: S'il s'agit de coopératives de
développement industriel, il en existe huit au Québec
actuellement, sauf que si vous pensez à la création d'emplois,
les coopératives d'artisanat, il y en a 18 qui sont également des
coopératives qui créent de l'emploi. Les coopératives
agricoles, également, à ce moment.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez une approche globale,
concrète, pour ces coopératives de production et de travail?
Qu'est-ce que vous pouvez faire actuellement? Ces coopératives n'ont pas
de fédération. Est-ce que mes renseignements sont bons?
Mme Payette: Nous avons présentement, bien
sûr...
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez, d'une façon
concrète, pour aider...
Mme Payette: ... M. le député, nous avons
présentement 550 coopératives qui n'adhèrent pas à
des fédérations, et je pense que vous pouvez comprendre notre
grande préoccupation de vouloir leur donner, d'une part, la parole dans
certains cas, de bien identifier leurs besoins. Cela représente quand
même un nombre considérable quand on dit 550 coopératives
qui ne sont pas regroupées en fédérations.
M. Saint-Germain: Mais, pour ces coopératives de
production et de travail, à mon avis, même si c'est encore en
pleine formation et si elles sont au début de leurs activités, il
me semble qu'il y aurait peut-être là, à long terme, un
moyen de solutionner bien des problèmes de relations ouvrières.
Il me semble qu'on devrait, au ministère, y attacher une importance
peut-être un peu spécifique. Je me demandais... C'est urgent,
d'autant plus, comme vous venez de le mentionner, Mme le ministre, que ces
coopératives n'ont pas de fédérations. Elles sont
laissées à leurs propres initiatives. Qu'est-ce que vous pouvez
faire concrètement, actuellement, de par les lois ou les
règlements ou les sommes d'argent qui sont votées? Qu'est-ce que
vous faites, en fait, pour les aider?
Mme Payette: M. Barbin.
Il y a eu, en 1976-1977, six coopératives de production et de
travail. Là, on parle vraiment des coopératives de production
industrielle ou de petites entreprises pour la plupart. Il faut préciser
cela parce que les grandes coopératives de production qui existent sont
nombreuses. Je pense à la Coopérative
fédérée ou aux coopératives forestières qui
ont déjà fonctionné. Faisons cette nuance. Les
coopératives de travailleurs, disons, sont peu nombreuses. Les
échecs sont assez nombreux au départ, pour un grand nombre de
raisons qui ne sont pas nécessairement des raisons financières.
La motivation est là, mais l'expertise technique pour pouvoir mettre en
place une entreprise était assez limitée jusqu'à
présent. On a assisté, on a aidé techniquement, avec les
moyens qu'avait le ministère, qu'a le ministère maintenant, avant
d'avoir la société de développement coopératif, et
on n'a pas pu aller très loin. C'est pour cela qu'en créant la
société de développement coopératif, on aura
là des aides techniques spécialisés pour aider les
travailleurs à faire ce type d'expériences qui sont, au pays,
assez limitées. En Europe, dans certains pays, il y a eu de grands
succès, mais il y a eu aussi de grands échecs. A partir du moment
où l'entreprise grandit, les problèmes deviennent fort complexes
et ça prend vraiment des spécialistes pour encadrer et aider,
surtout au départ, les groupes de travailleurs.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez actuellement, au niveau du
ministère, un spécialiste ou deux spécialistes qui sont
réellement à la disposition de ces gens? Quand bien même il
n'y en aurait qu'un.
Mme Payette: II y a actuellement, au ministère, dans la
section des associations coopératives, une douzaine de personnes, de
professionnels, qui sont spécialisés en coopération et qui
travaillent du côté de la formation des coopératives ou du
côté de l'organisation et du développement. C'est une
équipe qui est très restreinte pour répondre à tous
les besoins, parce que ce personnel a à répondre aux besoins de
l'ensemble des associations coopératives. Avec la création de la
société de développement coopératif, on pourra
démultiplier et spécialiser des équipes, peut-être
réduites, pour répondre particulièrement aux besoins des
coopératives de production.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas un reproche que je fais non plus,
mais vous n'avez personne de spécifiquement attaché, si vous
voulez, à ce mouvement coopératif actuellement? L'équipe
que vous avez s'adresse à toutes les coopératives, comme de
raison, et vous n'avez personne qui soit réellement
spécialisé dans ce genre de coopération en
particulier.
Mme Payette: Nous n'avons pas, M. le député, non
plus l'intention d'augmenter ce personnel pour l'instant, parce qu'il nous
apparaît que la création de la société de
développement coopératif va venir soulager nos services d'une
tâche que la société va pouvoir prendre en main. Nous avons
un grand souci dans la mesure où cette société doit
être créée; ce n'est plus juste un projet pour un avenir
assez éloigné, mais c'est dans l'immédiat nous
avons un grand souci de ne pas nous substituer au mouvement coopératif
et de ne pas empiéter sur ce que sera le rôle de la
société de développement coopératif. Pour
l'instant, nous souhaitons garder notre personnel tel qu'il est. Nous
souhaitons continuer à rendre les services en attendant la mise sur pied
de la société de développement coopératif, mais,
dès que cette société commencera à fonctionner, je
crois que le rôle de notre service sera à
réévaluer.
M. Saint-Germain: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous une autre question?
Le député de Bellechasse.
M. Goulet: Le ministre a annoncé à Chicoutimi la
création d'une société de développement
coopératif. Cela va, on en a parlé. Le ministre a laissé
entendre qu'il y aurait $1,4 millions, un montant minimum, qui pourrait
être considérablement accru. D'abord, est-ce vrai? et,
deuxièmement, sur quoi le ministre se base-t-il pour faire une telle
affirmation?
Mme Payette: Le projet de société de
développement coopératif existait avant le changement de
gouvernement. Des études avaient été faites sur ce sujet,
des négociations avaient été engagées avec le
mouvement coopératif. On en était à l'époque
arrivé à la conclusion que le gouvernement devrait investir $350
000 pour les frais d'administration, le supplément, s'il devait y en
avoir, devant être partagé à parts égales par le
mouvements coopératif et le gouvernement. Comme il a fallu beaucoup de
temps à l'ancien gouvernement pour ne pas aboutir, nous avons cru qu'il
fallait peut-être rajuster la somme de l'administration et nous l'avons
portée à $400 000 pour faciliter le départ de la
société de développement coopératif. En ce qui
concerne le reste de la création de cette société, en ce
qui concerne la caisse de crédit, nous sommes encore à ce moment
en train de négocier avec le mouvement coopératif. Je ne veux
donc pas vous livrer pour l'instant ce qui fait l'objet de ces
négociations. Mais une chose paraît évidente. Là
où l'ancien gouvernement avait an- noncé son intention d'investir
$5 millions sur une période de cinq ans, nous ne pourrions pas justifier
un investissement comme celui-là alors que nous n'avons pas de projets
venant de la base, pour l'instant, jusqu'à ce que cette
société soit créée, pour justifier un
investissement global de la part du gouvernement. Nous avons l'intention de
proposer au mouvement coopératif un investissement qui convienne et au
gouvernement et au mouvement coopératif, à parts égales,
dans cette société de développement, quitte ensuite
à y investir, au fur et à mesure que des projets seront
encouragés par la société de développement
coopératif, les sommes qui seront requises, dans le sens du
développement que nous avons indiqué dans les secteurs qui sont
prioritaires.
M. Goulet: M. le Président, une dernière question.
Quel sera le rôle du ministre dans ce projet? J'aimerais savoir
jusqu'où irait son initiative, son contrôle? Il y a un article
dans le Soleil du 8 avril qui dit: "L'honorable ministre, Mme Payette, a
ajouté que le gouvernement ne cherche pas le contrôle du conseil
d'administration de la future société de développement
coopératif". Alors, je m'inquiète. Le ministère ou le
ministre? Le ministre n'aura pas le contrôle sur le ministère. Je
ne comprends pas cette déclaration. Ou elle est fausse ou je ne la
comprends pas.
Mme Payette: II ne s'agit pas de ne pas prendre le contrôle
du ministère. Le ministère... Cette société de
développement coopératif est une société mixte
à laquelle le mouvement coopératif et le gouvernement
participent. Il ne s'agit pas là d'un service du ministère. Cela
n'a rien à voir. La société de développement
coopératif sera autonome.
M. Goulet: Qu'est-ce que le ministère va venir faire
là?
Mme Payette: Le ministère va d'abord en permettre la
création, dans un premier temps.
M. Goulet: Cela va.
Mme Payette: Le ministère va ensuite
déléguer des représentants du gouvernement qui vont
siéger aux côtés des représentants du mouvement
coopératif.
M. Goulet: N'avez-vous pas peur, qu'à un certain moment,
un groupe s'empare de cette société et la pilote là
où il veut?
Mme Payette: Le mouvement coopératif souhaite depuis des
années la création de cette société de
développement coopératif, d'une société mixte qui
n'est ni la propriété du gouvernement ni la
propriété du mouvement coopératif, mais
véritablement une société mixte, à laquelle les
deux sont appelés à participer.
M. Goulet: D'accord, mais si le gouvernement
paie 50%, il me semble qu'il pourrait avoir son mot à dire, au
moins pour 50%. Non? C'est oui?
Mme Payette: II aura...
M. Goulet: II aura... Bon d'accord. 51% ou 49%? Non? 50%?
Mme Payette: Vous qui avez défendu la philosophie de base
du mouvement coopératif avec tellement d'ardeur depuis le départ,
comment pouvez-vous suggérer...
M. Goulet: Madame, excusez-moi, je ne l'ai pas défendu.
Vos propos hier... Vous partiez de la base et M. Rioux, qui est le directeur,
partait d'en haut. Je me demande... Je vous ai demandé si M. Rioux
serait sur une tablette, parce qu'il n'était pas sur la même
longueur d'onde. Ce n'est pas moi qui ai défendu cela. C'est une
constatation à ce que vous avez dit et ce qui est écrit dans le
livre, c'était la différence.
Mme Payette: M. le député, cette phrase de M.
Rioux, vous la tirez ce n'est pas le même M. Rioux...
M. Goulet: ... ce n'est pas M. Rioux...
Mme Payette: Non, ce n'est pas le même M. Rioux, si vous
permettez. C'est un autre. Et pour le M. Rioux dont vous parlez, vous sortez
une phrase du contexte. Alors, moi, je veux bien, sauf que je suis en mesure de
vous dire que M. Rioux, qui est au service des coopératives au
ministère, M. Adrien Rioux, est un des grands coopérateurs au
Québec. Je ne veux pas mettre en doute ce que vous avez devant vous,
mais j'aimerais lire le contexte dans lequel il a dit cette phrase, parce que,
sortie du contexte, elle n'a plus, je pense, la signification que M. Rioux
souhaitait lui donner.
Si vous permettez que je revienne à la société de
développement coopératif, il n'est pas question que le
gouvernement mette le mouvement coopératif en tutelle. Il est
évident que le gouvernement entend respecter cette philosophie
coopérative qui laisse au mouvement coopératif l'initiative des
projets à mettre de l'avant et l'initiative du développement
coopératif.
M. Goulet: Je suis d'accord, mais c'est parce qu'il va falloir
que, vous et M. Rioux, vous vous assoyiez, à un moment donné,
à la même table.
Mme Payette: Je vous promets qu'on va le faire, M. le
député.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 3, adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Le développement coopératif au
Québec revêt une importance particulière dans ces
années-ci, particulièrement, où les
phénomènes de consommation de masse, d'inflation, etc., en
viennent à priver encore le citoyen ordinaire de ses droits et de ses
pouvoirs face au système organisé dans tous les secteurs de la
consommation. Ce que je veux dire là-dessus, c'est que, s'il y a un
modèle de développement, d'organisation au Québec qui
ressemble bien aux Québécois, dans lequel les
Québécois se reconnaissent bien, c'est bien celui du
développement coopératif.
Là-dessus, je veux signaler le grand intérêt que
j'ai et féliciter également le ministère de
l'accroissement substantiel de ses ressources au service des
coopératives, signaler du même coup l'excellent travail que le
service des coopératives a fait dans ces quelques dernières
années pour aider à former des groupes coopératifs dans
tout le Québec qui ont pris, en quelques années, pour certains
secteurs, qui ont inventé, qui ont développé, dans
plusieurs secteurs nouveaux, des voies nouvelles d'organisation pour des
groupes de citoyens qui ne se retrouvaient pas dans les formes de commerce
établies. Je veux citer l'exemple des coopératives
funéraires. Par les soins conjugués de développeurs dans
des régions données comme Québec ou ailleurs, mais par les
soins aussi du service des coopératives, les coopératives
funéraires, en quatre ans, ont occupé 4% du marché,
rejoignant, à ce moment-ci, plusieurs, quelques dizaines de milliers de
coopérateurs, de personnes âgées qui ont vu, par les
bénéfices de la coopération, le coût des
funérailles coupé de moitié par rapport à ce que le
marché privé leur offrait.
Ces avantages économiques que la coopération donne, nous
pouvons les universaliser dans une foule d'autres domaines en favorisant au
maximum les formes d'organisation que les gens peuvent se donner par la
coopération. Le service des coopératives et je veux
répondre là-dessus aux critiques qui ont été
formulées à l'endroit de M. Rioux notamment, avec lequel j'ai
travaillé personnellement pendant plusieurs années on
retrouve... C'est une des agences gouvernementales, si vous me permettez de le
signaler, qui est, dans ma pratique en tout cas, la plus à la
portée des groupes qui ont besoin de services, qui ont besoin
d'information et qui ont même besoin, parfois, de cadres de formation
pour former leurs administrateurs à la lecture de budgets, à la
préparation aux fonctions qu'ils vont exercer. Je veux simplement
signaler que, pour les prochaines années, il me semble très
important qu'on accélère encore les budgets à consacrer au
développement coopératif. Le gouvernement, s'il doit respecter
vraiment les bases sociales dans toutes les régions du Québec,
qui sont les véritables développeurs dans cette matière...
Si le gouvernement n'est pas lui-même un développeur en
matière coopérative, s'il doit respecter ces bases, il a quand
même le rôle très fondamental et très important de
susciter, accompagner et supporter toutes les organisations
coopératives du Québec qui existent présentement ou
qui veulent se former.
Je voudrais simplement terminer en espérant fermement que notre
gouvernement, à l'intérieur des projets de cette présente
législation qui sera présentée va mettre en marche, d'une
manière déterminante ce que notre population espère
vivement que nous allons être, pour la première fois dans
l'histoire, je crois, à l'encontre des gouvernements qui nous ont
précédé, un gouvernement franchement avoué dans le
sens du développement coopératif au Québec.
Je vous remercie.
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez, pour
ajouter une information à ce que vient de dire le député
de Sherbrooke, quand on sait qu'il y a présentement au Québec 4
millions de coopéra-teurs, je pense qu'on doit effectivement, comme vous
l'avez fait, féliciter les services du ministère qui ont, dans
certains cas, pas toujours, mais dans certains cas, joué un rôle
non seulement d'initiateurs, mais de personnes-ressources, de personnes qui
fournissaient l'encouragement, qui venaient en aide sur le plan technique, qui
ont donné leurs énergies et leur temps et qui sont allées
parfois au-delà de ce qu'on aurait le droit d'exiger de fonctionnaires
par conviction personnelle par rapport au mouvement coopératif.
Dans ce sens, je pense non seulement que ce service a joué son
véritable rôle. Je pense que, avec l'arrivée de la
société de développement coopératif, on pourra
enfin donner une véritable signification à ce que nous avons
déclaré, comme gouvernement, que nous voulions faire du mouvement
coopératif des partenaires privilégiés. Si notre
rôle, comme ministère a été jusqu'à
maintenant limité dans les mots à créer des
coopératives, j'ai parlé de pouponnières, et à les
fermer lorsqu'elles ont cessé d'opérer, j'ai parlé de
cimetières, je pense qu'on doit exclusivement à la
générosité des gens qui ont travaillé et
c'est là une qualité primordiale dans le domaine
coopératif on doit à leur générosité
en temps, en initiatives, le fait qu'on ait largement dépassé ce
qui aurait pu être finalement simplement un service technique.
L'arrivée de la société de développement
coopératif va nous permettre de donner plus de corps et de manifester
ouvertement notre bonne foi dans un développement possible qui passerait
par le mouvement coopératif.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 3. Adopté. Vous avez une autre question? Une
remarque?
M. Laberge: L'occasion ne m'est pas donnée souvent de
faire des commentaires sur la coopération ou les coopératives. Je
ne voudrais pas être long, mais je voudrais profiter de l'occasion qui
m'est donnée pour féliciter les gens de mon comté, les
coopérateurs de Saint-Léonard, qui sont vraiment
considérés dans toute la province, et M. Rioux du service des
coopératives connaît très bien le magasin Co-op de
Saint-Léonard et peut-être que la coopérative d'habitation
a été un succès à Saint-Léonard il y a 18 ou
20 ans. Par la suite, il y a eu plus ou moins de succès lorsque cette
même coopérative s'est transportée à Repen-tigny
dans le but de continuer son oeuvre d'établissement d'habitations. Mais
du côté de la consommation, le magasin Co-op Saint-Léonard,
dont j'ai le plaisir d'être membre depuis plusieurs années,
au-delà de douze ans, est un modèle de succès à
travers le Québec. C'est peut-être ici l'occasion de mentionner,
de féliciter ces gens pour leur travail acharné et surtout, je
pense que le succès qui leur est dû, est attribuable à ce
que peut-être pas tous ont eu le temps et ont pris le temps de s'occuper
de leurs affaires, mais qu'au moins une centaine des membres, sur les 550 de la
coopérative, s'occupent régulièrement de leurs affaires,
participent aux assemblées, prennent des décisions
sérieusement, appuient leur conseil d'administration. Je pense que, dans
tout le Québec, lorsque les Québécois diront:
Emboîtons le pas vers les coopératives, qu'ils se diront: C'est
notre affaire, il faut qu'on s'en occupe, et je pense que c'est justement le
succès de certaines coopératives par rapport à d'autres,
là où les gens se sont vraiment occupés de leurs affaires
en disant: C'est à nous et ce n'est pas à d'autres qu'on va
confier la tâche de l'administration, c'est à nous de voir
à ce que notre conseil d'administration et que nos employés
fonctionnent bien.
Là-dessus, je voulais rendre témoignage aux gens de
Saint-Léonard. Je suis de ceux qui ont participé à cette
activité à Saint-Léonard; cela a été un
succès, cela continue d'être un succès, cela prend de
l'expansion et j'ai l'espoir que les coopératives, si les gens suivent
l'exemple, vont être un succès dans le futur au Québec et
on compte justement sur la société de développement
coopératif pour prendre de l'expansion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance, votre message sera sûrement inscrit dans le journal des
Débats. M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
quelques mots pour vous dire que je pense que tout le monde connaît
l'intérêt que manifeste la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean
pour la coopération. D'ailleurs, vous n'êtes pas sans ignorer que
Mme le ministre est venue annoncer...
Le Président (M. Laplante): M. le député, au
cas où j'aurais des reproches, j'aimerais que votre intervention se
fasse sur le sujet. Faites-la sous forme de question, cela sera peut-être
moins embêtant pour moi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je voudrais demander à
Mme le ministre comment il se fait qu'elle a choisi la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean pour venir annoncer sa politique sur la
coopération.
Mme Payette: M. le député, vous auriez pu vous
étendre sur la question, puisque vous savez
parfaitement que cette région est considérée comme
une des régions ressources sur le plan de la coopération. Ce
n'est pas pour rien que j'ai choisi de me rendre dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cela a été ma première sortie
comme ministre responsable des coopératives. Je pense que c'était
là où les ententes avaient été si grandes pendant
si longtemps qu'il fallait aller annoncer la volonté du ministère
et du gouvernement de faire des coopérateurs des partenaires
privilégiés.
Je crois que toutes ces années de travail et probablement
éminemment souhaitable ont forgé des coopérateurs qui sont
pratiquement à l'épreuve de toutes les difficultés. Leur
réussite a été tellement difficile, il a tellement fallu
investir de travail, de courage et de ténacité, qu'on se retrouve
avec un mouvement coopératif entièrement composé
d'êtres trempés dans l'acier vif, si bien qu'ils sont capables
d'assumer les difficultés auxquelles ils ont à faire face.
La région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, en plus, est devenue une
région modèle, si on parle d'intercoopération. C'est dans
cette région en particulier qu'on a vu naître les premiers
coopérateurs qui, ayant réussi, ont senti le besoin de venir en
aide à d'autres coopérateurs débutant dans ce domaine,
où les sommes d'argent pouvaient être véhiculées
comme d'un vase communicant à un autre vase communicant, où il y
a un conseil de l'intercoopération qui fonctionne. Je pense que cette
région pourrait non seulement servir d'exemple, mais être une des
raisons d'être fiers du mouvement coopératif au Québec.
Les gens que j'ai rencontés au cours de cette visite dans cette
région m'ont fait part des difficultés qu'ils avaient
affrontées et également de l'espoir qu'ils plaçaient dans
les initiatives que nous entendons prendre dans les prochaines semaines ou les
prochains mois de la création de la société de
développement coopératif.
C'est devenu essentiel pour eux de cesser de grandir en voyant des
coopératives aux prises avec les difficultés des débuts,
dans lesquelles ils ne peuvent pas tous intervenir comme coopérateurs,
mais-dans lesquelles ils souhaiteraient voir une société de
développement intervenir le plus rapidement possible.
C'est avec eux, c'est avec les coopérateurs du Québec que
nous avons défini, déterminé les priorités du
ministère et les priorités du gouvernement. Il semble bien que
nous ne faisons pas erreur quand nous disons que s'il doit y avoir des
interventions, elles doivent se faire prioritairement dans le domaine de la
consommation, dans le domaine de l'habitation, malgré un échec
il y a eu une allusion à cela ce matin au prix des
échecs dans le domaine coopératif.
Je pense que s'il y a un échec qui a été
coûteux, non, ce n'est pas en termes d'argent qu'il faut parler, mais
c'est en termes de difficulté à recommencer à oeuvrer dans
un secteur qui a connu un échec, c'est le domaine de l'habitation.
Il y a eu là un échec retentissant qui fait que toute
personne désirant intervenir en termes de coopérative
d'habitation se voit remettre cet échec sous le nez, doit prendre des
précautions doubles et doit aborder ce secteur avec une impatience qui
n'est peut-être plus justifiée maintenant que nous connaissons
mieux les règles qui régissent le secteur de l'habitation.
Les priorités sont donc, comme je l'ai déjà dit, le
domaine de la consommation, le domaine de l'habitation et le domaine forestier.
A ce niveau, j'ai trouvé, chez les coopérateurs du
Saguenay-Lac-Saint-Jean comme chez les coopérateurs du Québec
tout entier, un accord complet quant aux priorités que nous avons
déterminées.
Il restera, au cours des semaines à venir, à terminer les
négociations avec le mouvement coopératif pour lui donner l'outil
qu'il souhaite. Je prends bonne note qu'au moment de présenter un projet
de loi pour créer la société de développement
coopératif à l'Assemblée nationale, je pourrai compter sur
l'appui de tous ceux qui ont vu de près oeuvrer le mouvement
coopératif au Québec.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Puisqu'on a perdu 15 ou 18 minutes, je ne le
sais pas, un peu à s'encenser et que cela semble être la
façon dont on va terminer la matinée, peut-être que je
pourrai, moi aussi, parler de coopératives, parce que je connais cela un
peu. J'en ai fondée une chez moi et j'en ai été
président pendant dix ans.
Je puis vous dire que, dans le temps, le gouvernement ne se mettait pas
le nez dans nos affaires et que nous n'avions rien à exiger à ce
stade et à demander au gouvernement. Notre coopérative a
fonctionné. Un des facteurs principaux, c'est que c'étaient les
citoyens qui faisaient partie de cette coopérative qui l'ont fait
évoluer, par leur énergie, par leur travail. S'il avait fallu
être soumis à des règles strictes ou à des
politiques gouvernementales, il aurait été bien possible que tout
ceci fasse un gros flop, parce qu'on sait que lorsque le gouvernement se met le
nez dans quelque chose, lorsqu'on est député pendant dix ans, on
a des preuves de cela à peu près à tous les jours que
l'administration gouvernementale est lourde, habituellement peu productive et
extrêmement dispendieuse.
Les mouvements coopératifs, de nos jours, ne sont
définitivement le résultat des initiatives gouvernementales en
aucune façon. C'est le résultat de l'initiative d'hommes
sensibilisés aux besoins de la population, qui ont bien
étudié les avantages de la coopération et qui
connaissaient bien la mentalité et les besoins des gens qu'ils voulaient
servir. C'est en canalisant les énergies de ces hommes qu'on voulait
bien servir qu'on a réussi à fonder le mouvement
coopératif et que les coopératives d'épargne et de
crédit Desjardins, par exemple, existent.
Je crois que cela devrait, à ce point de vue, être une
leçon pour les Québécois dans leur ensemble. Les
Québécois font constamment appel au gouvernement pour
résoudre leurs problèmes à tous les niveaux. Le mouvement
coopératif est né dans une société libre, dans une
société d'entreprises privées; le mouvement
coopératif est, en somme, une initiative privée qui a très
bien réussi et qui pourrait jouer un rôle encore beaucoup plus
important qu'actuellement.
Nous avons atteint des succès marqués au point de vue des
coopératives de prêts et de crédit. Dans certains cas,
l'évolution des coopératives agricoles a été plus
lente. Au point de vue des pêcheries, cela a créé certaines
difficultés. A titre d'ex-président de caisse et à titre
d'homme qui a oeuvré longuement à l'intérieur du mouvement
même, je crains, premièrement, le mouvement de centralisation qui
existe actuellement à l'intérieur même du mouvement
coopératif et je crains encore plus l'intervention gouvernementale.
Je dis ceci d'une façon bien désintéressée,
croyez-moi. On est habitué, lorsqu'on est député depuis
longtemps, de se faire présenter, par les différents ministres et
quels qu'en soient les partis, des solutions qui résolvent tout. On
laisse toujours l'impression que, lorsqu'on travaille au niveau du gouvernement
ou que le gouvernement lui-même a plus de compétence que les
membres de la société pour résoudre certains
problèmes. Cela est facilement accepté, mais l'expérience
du temps nous prouve que le gouvernement s'embourbe bien souvent dans des lois,
des règlements, des législations à des coûts
énormes, ce qui fait que le tout, au lieu de devenir un actif, devient
un passif pour les gens qu'on veut réellement aider.
Nous avons un gouvernement nouveau. Nous avons un ministre nouveau. Il
va sans dire que cette loi, entre autres, de développement des
coopératives va demeurer comme loi bien après que le ministre
actuel sera parti et bien après que le parti qui nous représente
aujourd'hui au gouvernement aura été défait, mais cette
loi sera dans nos statuts et elle sera applicable. C'est peut-être bien
après qu'on s'apercevra des faiblesses de la loi; on s'apercevra
peut-être, avec les années, qu'on a permis au gouvernement de
mettre son nez dans le mouvement coopératif. Au lieu d'atteindre le but
qu'on s'était proposé avec cette loi, elle sera devenue un
inconvénient.
M. Vaillancourt (Jonquière): II faut attendre qu'elle soit
déposée avant de critiquer ses faiblesses.
M. Saint-Germain: Je n'attends pas qu'elle soit
déposée. Je connais la mentalité du gouvernement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ah! Bon. Vous
présumez!
M. Saint-Germain: Je commence à connaître notre
nouveau ministre. Je mets la population en garde et les coopératives en
garde contre une telle loi. Premièrement, on s'aperçoit vite que,
justement, par la façon de nommer les directeurs de la nouvelle
société, la majorité est nommée par
l'Exécutif, par le gouvernement. Les hommes, on le sait par
expérience, sont toujours responsables, directement ou indirectement,
à ceux qui ont l'obligation de les nommer. Ce sont des questions de
fait. Ce ne sont pas des théories. L'expérience nous enseigne
cela.
On nous dit que le gouvernement se propose de nommer la majeure partie
des responsables de cette société. Malgré les beaux
discours qu'on va faire, quoique tous ces gens soient du milieu et probablement
du milieu coopératif ou gouvernemental, que ce soient tous des gens qui
sont bien imbus de la mentalité du coopérateur et qu'ils vont
tous travailler d'une façon tout à fait
désintéressée, cela va se dire, cela va se
répéter dans toute la province, mais les gens
d'expérience, en fait, savent que les nominations dépendront, en
majorité, du gouvernement; ce sont des faits. Ce que nous allons broder
autour de cela, ce seront de très belles déclarations. On sait
que c'est fait. Je crains, et j'aimerais que la population, et les
coopérateurs en particulier, soient très sensibilisés
à cette politique et à ce fait que les coopérateurs auront
très peu à dire dans la nomination des directeurs de cette
nouvelle compagnie.
Cela pourrait être un élément merveilleux pour toute
autorité gouvernementale pour obliger les coopérateurs à
accepter des politiques qui ne leur conviennent pas. On pourrait très
facilement, par ce biais, obliger même le mouvement Desjardins, entre
autres, à avoir des politiques financières et des politiques de
crédit qui seront à l'avantage non pas des coopérateurs et
de ses simples membres, mais à l'avantage des priorités
gouvernementales et des programmes gouvernementaux. Je puis vous garantir
qu'avec les années, c'est là que nous allons en arriver.
Il faut toujours penser, lorsqu'on n'a pas d'expérience au
gouvernement, que les lois qu'on présente, qu'on étudie et qu'on
met en vigueur, restent dans les statuts bien après la disparition des
hommes élus.
On devrait savoir cela. Ce sont des choses simples, mais, lorsqu'on a
l'expérience de l'administration gouvernementale, ce sont des choses que
l'on sait, que l'on a vécues dans d'autres champs d'activités.
Pour une autre fois, arrêtons donc de faire de la poésie autour de
cela. C'est beau être vendeur, mais il y a le fond du problème qui
doit conserver son importance primoridale. On a vu, par des discussions au
niveau de son comité, que cette société de
développement coopératif va prendre énormément de
place dans le gouvernement. On va lui donner un rôle et des obligations
extrêmement importantes et on sent qu'il est bien possible que cette
société de développement coopératif soit, à
un moment donné, dominée par des hommes qui ne sont pas
représentatifs du milieu des coopératives du Québec. Il
faudrait se mettre cela dans la tête une fois pour toutes.
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez, je
corrigerai certaines choses qui ont été véhi-
culées par cet exposé. Je voudrais bien expliquer que le
gouvernement sera présent dans cette société de
développement puisqu'il s'agit d'une société mixte pour
veiller essentiellement à l'investissement financier puisqu'il s'agit,
comme le soulignait tout à l'heure M. le député de l'Union
Nationale, de fonds publics dont nous sommes responsables, mais que
l'entière responsabilité du développement
coopératif sera laissée aux coopé-rateurs comme il est
éminemment souhaitable. Au nom des poètes du Québec, je
voudrais protester contre l'usage malvenu qu'on fait du mot "poésie"
dans ce débat.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, à l'ordre,
s'il vous plaît! On n'a pas droit aux manifestations. M. le
député d'Iberville, vous avez encore deux minutes, si vous voulez
les prendre.
M. Beauséjour: D'accord! M. le Président, je vois
à la page 5, au programme 2, élément 3, qu'il y a cinq
coopératives agricoles dont la liquidation est terminée. Mme le
ministre pourrait-elle me dire si les sociétés
coopératives agricoles sont une préoccupation pour le
ministère et s'il y a de l'aide apportée à ce niveau pour
ces sociétés?
Mme Payette: M. le député, je dois vous dire, bien
sûr, que ce secteur nous intéresse puisque nous sommes
responsables des coopératives, mais le développement dans ce
secteur, pour l'instant, relève du ministère de l'Agriculture qui
s'en occupe, j'en suis convaincue.
Le Président (M. Laplante): II reste une minute au
député de Jeanne-Mance.
M. Laberge: La seule chose que je voulais dire pour conclure,
c'est lorsque le député de Jacques-Cartier disait tout à
l'heure que l'intervention gouvernementale est toujours dangereuse, c'est
sûr, mais l'intervention gouvernementale par des gens clairvoyants peut
apporter de bons effets. Evidemment, il était habitué je
regrette d'avoir à faire un peu de politique en finissant
à faire partie d'un gouvernement qui était autoritaire et qui
décidait de lui-même de...
Le Président (M. Laplante): J'aimerais que vous vous en
teniez, M. le député de Jeanne-Mance...
M. Laberge: Ce n'est peut-être pas une question.
Le Président (M. Laplante): ...à
l'élément 3, s'il vous plaît. Votre intervention est
terminée.
M. Laberge: Mon intervention est terminée.
Le Président (M. Laplante): Adoptons-nous le programme 2?
Programme 2, élément 3. Adopté?
M. Saint-Germain: Adopté. Avec la réticence...
Le Président (M. Laplante): Oui, avec la réticence
que je garde en mémoire.
M. Saint-Germain: Dernière question. Est-ce qu'on pourrait
avoir une copie du document dont madame s'est servie ce matin au sujet de
Canada-Québec? Est-ce qu'on peut avoir une photocopie du document?
Mme Payette: Oui, M. le député.
Le Président (M. Laplante): Avant d'ajourner la
séance sine die, il se peut que, cet après-midi, nous continuions
les travaux par un ordre de l'Assemblée nationale parce que je crois
qu'il y a consensus, actuellement, entre les partis, pour que les travaux
puissent se terminer ce soir.
(Fin de la séance à 13 heures)