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Etude du projet de loi no 44
Loi constituant la Société de
développement coopératif
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières est réunie pour faire l'étude article par
article du projet de loi 44, Loi constituant la Société de
développement coopératif. Les membres de la commission sont: M.
Beauséjour (Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Gagnon
Champlain) est remplacé par M. Bordeleau (Abitibi-Est); M. Gosselin
(Sherbrooke) remplacé par M. Rancourt (Saint-François); M. Goulet
(Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) est
remplacé par M. Garneau (Jean-Talon); M. Landry (Fabre) est
remplacé par M. Gravel (Limoilou); M. Larivière (Pontiac), M.
Lefebvre (Viau); M. Marois (Laporte) est remplacé par M. Brassard
(Lac-Saint-Jean); M. Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M.
Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) et M. Vaillancourt (Jonquière) est
remplacé par M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata).
Est-ce que le député de Viau accepterait d'être
rapporteur de la commission? Est-ce qu'il y a consentement pour que le
député de Viau soit le rapporteur?
M. Saint-Germain: Accepté.
Le Président (M. Marcoux): Accepté. Avant
d'entreprendre l'étude article par article, est-ce qu'il y a des propos
généraux que Mme le ministre ou les députés
voudraient tenir? M. le ministre. Pardon. Mme le ministre.
Mme Payette: On s'habitue, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): C'est assez rare, en effet,
qu'on se fait dire madame en ce qui nous concerne.
Mme Payette: Cela viendra un jour. Vous allez vous habituer
aussi.
M. Raynauld: J'avais compris que vous ne vous habituiez à
rien.
Mme Payette: Pas vraiment, mais je fais de gros efforts.
Le Président (M. Marcoux): Même au parlementarisme,
mais cela vient, il paraît.
Mme Payette: Ah oui! même à cela. M. le
Président, je voulais juste signaler la présence de
représentants du mouvement coopératif qui, devant cet
événement de l'étude en troisième lecture du projet
de loi 44, nous font l'honneur d'assister à cette commission.
Le Président (M. Marcoux): Je leur souhaite la bienvenue
au nom de tous les membres de la commission. Est-ce tout?
Mme Payette: Je suis prête à commencer.
Le Président (M. Marcoux): Avez-vous des propos
préliminaires?
M. Saint-Germain: Avez-vous des amendements à apporter,
madame?
Mme Payette: II n'y a pas d'amendement, M. le
député de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Marcoux): Alors, j'appelle l'article
1.
Définitions
M. Saint-Germain: Nous remarquons dans l'article 1 qu'il n'y a
pas de définition de l'aide financière dans la série de
définitions. Si on regarde, par exemple, la Loi de la
Société de développement industriel, on remarque qu'il y a
une définition de l'aide financière, ainsi qu'une
définition des règlements, une définition du mot
règlement en concordance avec le projet de loi. Pourrait-on nous dire
pour quelle raison ces définitions ne sont pas incluses dans la
série de définitions à l'article 1?
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, ce
sont des informations que vous trouverez à l'article 29 du projet de
loi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou commentaires?
M. Raynauld: M. le Président, l'Idée était
simplement de savoir s'il n'y a pas lieu que toutes les définitions
apparaissent à l'article 1, comme dans n'importe quel projet de loi. Ce
n'est pas parce que ce n'est pas défini.
M. Goulet: M. le Président, tout le monde se regarde et se
demande si on comprend. Peut-être qu'il y en a un qui devait le
souligner. Je ne sais pas si j'ai une surdité ce matin.
Mme Payette: Comment peut-on se comprendre si on ne s'entend
même pas?
M. Goulet: J'aurais dû dire entendre, madame. Je m'excuse.
Vous avez saisi le sens.
Mme Payette: C'est pour cela qu'on ne peut pas se comprendre. Si
on s'entendait, on se comprendrait.
M. Goulet: De toute façon, vous avez compris ce que je
voulais dire.
Le Président (M. Marcoux): On va essayer encore quelques
minutes. Probablement qu'on va s'ajuster.
M. Garneau: En réponse à la question du
député de Jacques-Cartier, vous avez signalé l'article 29,
à moins que je n'aie pas entendu.
L'article 29 dit: "Au moyen de ces avances, la société
peut, dans la poursuite de ces objets, consentir des prêts". Cela ne
définit pas nécessairement "aide financière".
Mme Payette: C'est dans la section aide financière qui
commence à l'article 27.
M. Garneau: C'est la section III et la question du
député de Jacques-Cartier était justement pour demander
s'il n'y avait pas lieu, comme dans plusieurs lois où il y avait une
telle aide financière, de la définir comme étant l'aide
financière prévue à la section III de la loi, puisque
c'est la section qui détermine la façon dont l'aide
financière de la société peut être allouée.
C'est une question de technique législative beaucoup plus que de fond
dans le cas présent; c'est la même chose, par exemple, pour le
terme "règlement" que, la plupart du temps, dans les lois, on retrouve
comme étant défini. Les juristes sont-ils de cet avis?
Mme Payette: M. le député de Jean-Talon, à
l'article 6, on établit les objets et à moins qu'on ne veuille
couper les cheveux en quatre, on me dit que ce n'est pas nécessaire
c'est vraiment juste sur la forme de rédaction parce qu'on
trouve ensuite, à la section III, tout le contenu de l'aide
financière prévue.
M. Raynauld: Mme le ministre, je pense qu'on ne se comprend pas,
là.
Mme Payette: Là, on s'entend, mais on ne se comprend
pas.
M. Raynauld: Peut-être qu'on ne se comprend plus et qu'on
s'entend ou qu'on commence à s'entendre. D'habitude, au début
d'un projet de loi, on définit les mots qu'on emploie. Si les mots sont
employés dans des sens différents dans une partie de la loi par
rapport à une autre partie, comme dans ce cas, la section III ou la
section IV, à ce moment-là, il faut dans le chapitre
d'introduction, à l'article 1, dire que l'aide financière dont
nous parlons, c'est l'aide financière prévue à la section
III du projet de loi. C'est simplement une question de forme; cela n'a rien
à voir avec le fond.
M. Saint-Germain: Si on remarque bien, M. le Président, on
nous a dit, par exemple, qu'à l'article 29 il y avait une
définition. Maintenant, nous sommes à l'article 6. Alors, on voit
que cela crée des difficultés d'interprétation. On
retrouve même dans la section IV des sommes d'argent qui sont
versées. On se demande, en lisant même attenti- vement les
articles 35 et 36, par exemple, quelle sorte d'aide exactement on veut apporter
à la société. C'est simplement une question technique. Je
crois qu'il y aurait lieu, pour clarifier l'interprétation de la loi
afin que personne n'ait de difficultés pour ce faire, de donner la
définition, comme c'est fait, d'ailleurs, dans la très grande
majorité des autres lois. Maintenant, s'il y a des raisons
particulières pour ne pas faire cela, c'est une question technique,
comme on vous l'a dit; ce n'est pas une question de fond. C'est tout simplement
en vue de clarifier la loi pour qu'elle soit interprétée
facilement.
Mme Payette: Avez-vous une question, M. le
député?
M. Saint-Germain: Non. J'ai donné mon point de vue, tout
simplement.
M. Raynauld: C'est un amendement que je proposerais, Mme le
ministre; ce n'est pas une question.
Le Président (M. Marcoux): En faites-vous une proposition
formelle?
M. Raynauld: Je propose un amendement.
Le Président (M. Marcoux): En faites-vous une proposition
formelle d'amendement?
M. Raynauld: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement proposé
serait d'ajouter le paragraphe f), je crois. C'est cela? A la fin de l'article
1, on ajouterait un paragraphe f) qui se lirait comme suit: "Aide
financière: l'aide financière prévue à la section
III". Ce serait l'amendement proposé.
M. Raynauld: Maintenant, si je pouvais faire une suggestion, M.
le Président, ce genre de problème est courant, il va
peut-être revenir encore.
Il est fort possible que le ministre ne puisse pas, sur le champ, dire
oui ou non à un amendement. Je suggérerais peut-être que
Mme le ministre pourrait prendre cela en délibéré,
consulter les avocats, ou des gens semblables. Et peut-être qu'un peu
plus tard, vous pourriez revenir et nous dire: Voici, il n'y a pas d'objection
à cela ou il y en a.
Mme Payette: Je prends en délibéré, M. le
député d'Outremont.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions, commentaires ou amendements à proposer?
M. Garneau: En prenant en délibéré la
question de l'aide financière...
Mme Payette: Dans l'aide financière, M. le
député de Jean-Talon, c'est d'ajouter, à l'article 1, le
renvoi à la section 3 pour l'aide financière.
M. Garneau: ...prendre en considération également
et en avis la question de la définition du mot "règlement" qui,
également, se retrouve sur la note qui vous a été
transmise, pourrait faire partie de la même proposition ou de deux
propositions différentes. Encore là, il s'agit de technique
législative beaucoup plus que de fond. Là aussi, il y aurait
peut-être avantage à consulter les juristes, à tête
reposée, un peu plus, voir s'il n'y a pas lieu d'ajouter ces
définitions que l'on retrouve dans des lois, par exemple, comme la Loi
de Société de développement industriel où il s'agit
également d'aide financière accordée, cette fois, à
des entreprises au lieu que ce soit à des entreprises
coopératives. Cela peut être à des entreprises
coopératives également et où le terme "aide
financière" est défini en vertu de la section qui touche l'aide
financière. La même chose que les règlements.
Lorsqu'on parle de règlement, il s'agit de règlement
adopté en vertu de la loi.
Mme Payette: Mais, vous faites allusion à quel article en
parlant de règlement?
M. Garneau: L'article 1 de la loi qui a créé la
Société de développement industriel où ces termes
sont définis. Egalement dans d'autres lois.
Mme Payette: Aux fins d'éclairer les modifications
possibles, pourriez-vous me dire à quel article de la loi on
réfère en matière de règlement du
lieutenant-gouverneur?
M. Garneau: Vous voulez dire dans la SDI? Mme Payette:
Dans le projet ici.
M. Garneau: Vous avez, à un moment donné, des
règlements, même nous allons suggérer qu'ils soient
publiés dans la Gazette officielle.
Mme Payette: Est-ce qu'on parle de règlement de la
société ou règlement du lieutenant-gouverneur?
M. Garneau: Le règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil.
Mme Payette: Est-ce que vous avez l'article ?
M. Garneau: On va vous le trouver. Lorsque vous avez des
règlements, ils doivent être approuvés et ces
règlements deviennent des règlements, je comprends,
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Mme Payette: Disons qu'il y a un article qui prévoit que
les règlements de la société à cause de
l'importance qu'ils revêtent, doivent être approuvés
éventuellement par le ministre. Mais ce sont des règlements
d'ordre corporatif. Il ne s'agit pas nécessairement de règlements
qui doivent être soumis au lieutenant-gouverneur en conseil comme par
exemple... vous faites probablement allusion à l'article 25 qui traite
des règlements de la société.
Si je vous pose la question, c'est que relativement à la
suggestion que vous faites, s'il y avait des règlements qui devaient
être adoptés ou approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, nous pourrions peut-être la considérer.
Sous réserve de son "applicabilité" à la
société, nous serions prêts à envisager la solution
que vous suggérez.
M. Garneau: Dans nos amendements, il y aura une espèce de
continuité, puisque justement à l'article 25, nous voulons
recommander que les règlements soient approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est la raison pour laquelle cet amendement
est fait.
Mme Payette: Sous réserve de son
"applicabilité".
Le Président (M. Boucher): La décision n'est pas
prise, mais on s'entend sur les termes?
M. Garneau: Si l'amendement à l'article 25 était
accepté et l'amendement de l'article 1 deviendrait nécessaire.
C'est cela que j'essaie d'expliquer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse, sur l'article 1.
M. Goulet: M. le Président, pour l'amendement a),
proposé par l'Opposition officielle, je ne vois pas d'objection. Cela
peut clarifier la situation. Maintenant, on ne sera pas plus avancé
lorsqu'on va arriver à l'article 6 où l'on dit
coopérative, une aide financière, si on parle d'argent.
Là, on veut avoir une limite. On veut imposer une limite.
Où c'est marqué: "Les services susceptibles de stimuler".
Alors si, au lieu de donner de l'argent, on donne des services pour stimuler la
création de développement, je ne vois pas d'objection à
souscrire à cet amendement. Par contre, on ne sera pas plus
avancé, à l'article 6, lorsqu'on va parler de services. Si on est
limité du côté argent ou qu'on décide de donner des
services des services, pour moi, c'est de l'argent il
faudrait...
Mme Payette: Est-ce qu'on me permet, je veux donner une
précision. C'est qu'au lieu de procéder par le mécanisme
d'une définition qui est un procédé nettement acceptable,
et vos suggestions à ce titre me paraissent très valables
on a cru que vu qu'il s'agissait d'une société, il y avait
lieu de délimiter les objets corporatifs. Nous devions procéder
selon les techniques habituelles de description des objets de la corporation,
de façon à éviter d'entrer dans des définitions un
peu trop techniques. Les objets corporatifs, nous tentons de les circonscrire
à l'article qui suit qui, je crois est l'article 29 dont on a fait
mention tout à l'heure. Si cette technique paraît comporter des
inconvénients majeurs parce que lorsqu'on forme une corporation
par lettres patentes, par exemple, on ne définit pas
nécessairement les objets, on se contente de les décrire
et pour éviter qu'on soit obligé de les décrire à
chacun
des mots qui paraît dans l'article 6, définir quels sont
les services comme tels, on a préféré la technique de la
description des objets corporatifs. Cela nous paraissait une méthode qui
circonscrivait, croyons-nous, de façon adéquate, les objets de la
corporation, permettant, éventuellement, d'y greffer les pouvoirs
d'opération dont il est fait mention dans d'autres articles.
M. Goulet: On peut faire ce que le député
d'Outremont a demandé, tout simplement permettre au ministre
d'étudier le paragraphe a) proposé par l'Opposition officielle et
peut-être apporter une réponse à une prochaine
séance.
M. Garneau: Ou une séance subséquente, comme dit le
président.
M. Goulet: Subséquente, comme dit le président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que... Mme Payette:
Avant la fin de cette séance-ci.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la commission est
prête à considérer que l'article 1 est adopté? Sous
réserve de ce qui a été dit, on pourrait y ajouter des
amendements.
M. Raynauld: Sous réserve, cela va.
Le Président (M. Marcoux): Article 1, adopté.
Article 2.
Constitution et organisation
M. Raynauld: Sur l'article 2, j'aurais une question. Pour
l'expliquer, je voudrais faire un bref commentaire. A l'article 2, il semble y
avoir des difficultés de concordance avec l'article 10 de la Loi sur les
sociétés coopératives. Je n'ai pas, malheureusement, cet
article sous les yeux, ce matin. Mais dans la Loi sur les
sociétés coopératives, on exige... Je l'ai ici. Cet
article 10 se lit comme suit: "Le capital de la société est
variable, étant susceptible d'augmentation par des versements
successifs..." On est bien sûr que c'est celui-là? Non, ce
n'est pas cela.
Je suppose qu'il y a des gens qui connaissent mieux les lois que moi.
Mon problème, c'est qu'on s'est fait dire qu'on ne pouvait pas
facilement adopter un projet de loi avec un article 2 qui se lit comme il se
lit sans amender la Loi sur les sociétés coopératives.
Apparemment, dans cette Loi sur les sociétés coopératives,
il y a certaines exigences pour utiliser les mots "mouvement coopératif
ou coopératives" et il faudrait changer cette loi". A l'exception
association coopérative, à l'article 10, c'est bien
celui-là d'une corporation régie par la Loi des syndicats
coopératifs, par la Loi des sociétés coopératives
agricoles ou par la Loi de l'électrification rurale ou d'une compagnie
d'assurance mutuelle reconnue ou établie en vertu de la Loi des
assurances, personne autre qu'une asso- ciation coopérative ne peut
employer, dans son nom ou sa raison sociale ou en rapport avec ses
opérations, les mots "association coopérative",
"coopérative", "coopération" ou "coop". La Société
de développement coopératif n'est pas une association
coopérative au sens de cette loi; donc il faudrait modifier l'article 10
de cette loi.
Mme Payette: M. le Président, nous avons demandé un
avis juridique déjà à ce sujet, conscients du
problème que cela pourrait présenter. Je vais demander à
M. Rioux de vous faire part de cet avis juridique.
Sans trop discourir sur le sujet, disons que notre présentation
est celle-ci. C'est qu'il existe des principes d'interprétation des lois
qui nous paraissent des principes fondamentaux.
Des lois postérieures sont présumées déroger
aux lois antérieures, le législateur, à ce
moment-là, manifestant une intention précise de déroger
à ce qu'il a déjà formulé dans le passé,
à moins qu'il ait l'intention de parler pour ne rien dire.
Il y a également cet autre principe qui veut qu'une loi
spéciale, c'est-à-dire une loi qui vise des effets particuliers,
comme c'est le cas de la Loi constituant la Société de
développement coopératif, lorsqu'il y a contradiction avec une
loi générale, est présumée être une
dérogation intentionnelle du législateur. A ce moment-là,
évidemment, le tout est consacré par des brocards de droit
exprimés en latin qu'il est inutile de répéter ici pour
les fins de la discussion.
Une Voix: ... latin?
Mme Payette: Disons que j'y perdrais peut-être le mien. A
tout événement, disons qu'en ce qui concerne la
nécessité d'inscrire une dérogation à la Loi des
associations coopératives, je crois que nous pouvons toujours partager
les opinions qui ont été exprimées par les légistes
qui ont écrit sur ce sujet, entre autres, Driedger, qui dit qu'il faut
s'abstenir, dans la mesure du possible, de dire des "nonobstant" ou des
"notwithstanding" à des lois antérieures et
générales lorsqu'il s'agit d'une loi spéciale et
postérieure; à ce moment-là, on donne l'impression que le
législateur veut rendre claires des lois qui, pour lui, le sont
suffisamment.
M. Raynauld: Moi, je suis prêt à me ranger aux avis
des juristes, si ce sont des avis...
Le Président (M. Marcoux): Vous êtes prêt
à adopter l'article 2.
M. Raynauld: ... auxquels vous avez confiance. Je n'ai pas
d'objection à adopter l'article 2. Je voulais soulever ce point au cas
où il y aurait un problème, une difficulté.
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 2,
adopté? Adopté. Article 3.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Article 4?
Adopté?
M. Garneau: A l'article 4, attendez un peu. Dans la loi
encore là, c'est une question de technique législative
vous utilisez le mot "gouvernement" au lieu de "lieutenant-gouverneur en
conseil". On a essayé de faire des vérifications dans d'autres
lois pour voir s'il s'agissait d'une expression juridique couramment
employée; cette fois-ci, vous employez le mot "gouvernement" au lieu de
"lieutenant-gouverneur en conseil". Sur le plan strictement de la technique
législative, y a-t-il une raison particulière? En tout cas, on
n'a pas trouvé, dans des lois de cette nature, l'utilisation du terme
"gouvernement".
Mme Payette: II S'agit là, M. le député de
Jean-Talon, d'une politique établie par le gouvernement et qu'on
retrouvera dorénavant dans les textes de loi.
M. Garneau: Mais laquelle n'a pas été suivie,
jusqu'à présent, dans les lois qui ont été
déposées à l'Assemblée nationale, si je prends, par
exemple, Loi de la Fonction publique où on parle du
lieutenant-gouverneur en conseil, loi qui vient d'être
déposée.
Mme Payette: Je crois qu'il y a des précédents,
mais je ne saurais pas vous les nommer de façon précise.
M. Garneau: On a essayé de le voir dans les lois
existantes, mais encore là, ce n'est probablement pas une question de
fond, c'est une question de forme. En termes juridiques, dans
l'interprétation de la loi, pourquoi? Est-ce réellement deux
synonymes? Je constate que même dans les lois qui sont
déposées actuellement, on emploie le terme "lieutenant-gouverneur
en conseil".
Mme Payette: Disons que nous tenons compte de votre
commentaire.
Nous avons, cependant, consulté le ministre de la Justice et le
ministre de la réforme parlementaire sur ce sujet et leur conseil
était d'utiliser le mot "gouvernement".
M. Garneau: Cela n'a pas été suivi partout,
semble-t-il.
Mme Payette: Peut-être que personne n'a posé la
question; nous sommes plus dociles que d'autres.
M. Garneau: Ce serait bien la première fois. Mme
Payette: Et cela ne saurait durer.
M. Raynauld: Je voudrais souligner autre chose ici dont je ne
suis pas absolument certain que ce soit dans l'article 4. Nous, dans notre
étude de ce projet de loi, nous avons comparé les lois, par
exemple celles de la Société de développe- ment
industriel, de la Société du développement immobilier du
Québec et on retrouve, dans ces lois, d'autres articles. On se demande
s'ils sont nécessaires et pourquoi ils n'ont pas été
placés, dans ce cas-ci, dans la Loi constituant la Société
de développement coopératif.
Un exemple d'un tel article est le suivant. On retrouve dans la Loi sur
la Société de développement industriel: La
société jouit des droits et privilèges d'un mandataire du
gouvernement, les biens de la société font partie du domaine
public, mais l'exécution des obligations de la société
peut être poursuivie sur ces biens. La société n'engage
qu'elle-même, lorsqu'elle agit en son nom propre.
On ne retrouve pas un article comme celui-ci dans la
Société de développement coopératif, on se demande
s'il y a une raison, pourquoi, puisqu'on a jugé nécessaire dans
d'autres lois semblables de la faire?
Mme Payette: Avant de répondre à votre question, M.
le député d'Outremont, je voudrais signaler, pour le
bénéfice du député de Jean-Talon, que dans la Loi
sur la fonction publique, loi no 53, on utilise "gouvernement".
M. Garneau: ... en tout cas, il n'est pas utilisé partout,
parce que cela m'avait frappé quand je l'avais lu.
Mme Payette: II viendra.
M. Garneau: Je vais essayer. En tout cas, j'espère de ne
pas me tromper. Je ne mets pas ma tête à couper là-dessus,
mais comme j'avais regardé cette loi-là, cela m'avait
frappé.
Mme Payette: Alors, M. le député...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on peut revenir
à la question du député d'Outremont?
Mme Payette: ... d'Outremont. A notre sens, il faut faire une
distinction entre une société gouvernementale et une
société mixte. Il s'agit bien ici d'une société
mixte.
M. Raynauld: Oui, mais dans quelle mesure une chose comme
celle-là ne s'appliquerait pas? Est-ce que ce n'est pas exact que la
Société de développement coopératif n'engagerait
qu'elle-même, lorsqu'elle agit en son nom propre, par exemple?
Mme Payette: Oui, sûrement.
M. Raynauld: Alors si c'est cela, pourquoi ne le mettez-vous pas?
Parce qu'à ce moment-là, cela peut apporter, je suppose...
Mme Payette: C'est parce que là...
M. Raynauld: ... en tout cas, cela pourrait apporter des
confusions, qu'on prendrait la société pour le gouvernement
lui-même, le gouvernement
pourrait être impliqué dans des opérations quand,
juridiquement, il n'y aurait pas lieu que ce soit le cas.
Mme Payette: Votre problème est un problème de
disposition des actifs, de détention des actifs, alors les actifs seront
détenus par la société elle-même et comme il s'agit
d'une corporation à caractère privé, somme toute, mais
avec une certaine forme de subvention de la part du gouvernement, il n'y a pas
lieu que nécessairement on prévoie dans la loi le retour au
gouvernement d'actifs qui n'ont pas été fournis exclusivement par
les données du gouvernement, parce qu'il s'agit de forme de partnership
d'une société, en fait, en matière de fourniture des
crédits, tant du mouvement coopératif que de l'Etat, à ce
moment-là on aime autant laisser jouer les mécanismes normaux de
rapatriement des fonds compte tenu des engagements financiers de chacune des
parties.
M. Raynauld: Alors, du point de vue des fonds qui sont
placés par le gouvernement dans la Société de
développement coopératif, on ne peut pas dire que la
société jouirait des droits et privilèges d'un mandataire
du gouvernement par exemple, c'est cela?
Mme Payette: Non, on ne pourrait pas le considérer comme
un employé du gouvernement. Non, non, la société demeurant
débitrice auprès du gouvernement des avances qui lui sont
consenties. Elle devra en répondre éventuellement dans la
liquidation de la corporation, parce qu'il s'agira de liquider les actifs et
d'en attribuer le produit à ses créanciers.
M. Raynauld: Cela va.
M. Saint-Germain: Et s'il y avait des procédures
juridiques, par exemple, qui soient prises contre cette société,
pour les coopérateurs qui ont des obligations vis-à-vis de cette
société, est-ce qu'il n'y aura pas lieu de bien définir
que la société n'engage qu'elle-même, lorsqu'elle agit en
son propre nom? Est-ce que le gouvernement et les coopérateurs ne
seraient pas protégés par le fait même?
Mme Payette: Mais je crois que cela va de soi dans les
circonstances. Je présume qu'il s'agit d'une clause qu'on rencontre
souvent dans des corporations à caractère public pour bien
identifier cette scission qui peut exister entre un gouvernement et les
corporations qu'il forme. Et dans le cas d'une corporation mixte, comme
celle-là il faudrait retrouver derrière la corporation, un
agissement d'un administrateur qui comporte une responsabilité. Or, on
le trouverait difficilement vers cela le gouvernement ou les
coopérateurs parce que c'est tout de même un conseil
d'administration formé de personnes qui sont
déléguées, qui sont indépendantes somme toute de la
corporation elle-même et des bâilleurs de fonds.
Le Président (M. Marcoux): Article 4, adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 5.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 6.
M. Garneau: A l'article 6, l'économie de la loi, c'est
qu'en vertu de la section III, il y a une aide financière qui est
accordée, et en vertu de la section IV, si j'ai bien compris
l'économie de la loi, il s'agit d'aide technique, pour employer les
commentaires du député de Bellechasse. Evidemment, l'aide
technique peut avoir une connotation monétaire. Si on prête
à un gérant pour une coopérative pendant deux mois, c'est
une aide technique à connotation monétaire. Dans
l'économie de la loi, mon impression, c'est que la section III traite de
l'aide financière sous forme de prêt d'achat de parts sociales, de
prêts garantis, etc., et la section IV, c'est l'aide technique. Je me
demande, lorsqu'on définit la société dans son objet qui
est d'apporter aux entreprises coopératives une aide financière
et les services susceptibles de stimuler leur création et leur
développement, si on peut interpréter le sens de cet article
ainsi: L'aide financière théoriquement et pratiquement pourrait
venir des deux sections. C'est la raison pour laquelle tout à l'heure on
parlait de la définition des termes à l'article 1.
Quand on regarde la section IV, le deuxième paragraphe de
l'article 35 dit: "Afin de pourvoir au financement de projets spéciaux
prévus au budget de la société, des sommes
supplémentaires peuvent être versées à la
société par le ministre à même les crédits
votés annuellement à cette fin par l'Assemblée nationale,
pour toute année financière du gouvernement postérieure
à celle de 1977/78." Est-ce que cela peut impliquer qu'il y a de l'aide
financière tant à la section IV qu'à la section III?
Mme Payette: En ce qui concerne ce que le gouvernement et le
mouvement coopératif versent en communauté, cette aide
financière est celle, évidemment, de la section III.
La section IV implique des services qui, eux-mêmes, engendrent la
nécessité que la Société de développement
coopératif ait à sa disposition les sommes d'argent
nécessaires pour pouvoir éventuellement prodiguer les services
dont il s'agit. Ce n'est pas une aide financière au même sens que
celle qu'on entend à la section III. Il faut nécessairement qu'il
y ait de l'argent qui soit versé à la société.
Dans le cas de la fonction crédit, c'est l'argent versé
par les partenaires qui est directement utilisé. Autrement dit, il
s'agit d'un intermédiaire pour
le bénéfice des coopératives, tandis que, dans le
cas de la fonction service, c'est de l'argent versé dans les fonds de la
société qui est utilisé à la discrétion de
la société pour engager des individus qu'on met à la
disposition des coopératives. Ce n'est donc pas de l'argent
transféré dans les poches des coopératives. Dans le cas
des projets spéciaux, si le gouvernement vote, à un moment
donné, un demi-million pour le bénéfice d'une
coopérative en particulier, ce demi-million sera versé à
la société qui, elle, donnera de l'aide technique, mais ne
transférera pas purement et simplement des sommes d'argent comme s'il
s'agissait de l'aide financière donnée en vertu de la section
III.
M. Garneau: Ce que vous dites par la description de l'article 6,
c'est que "aide financière" est réellement reliée à
la section III.
Mme Payette: C'est la fonction crédit purement et
simplement.
M. Garneau: Je vais prendre un exemple. Supposons qu'en vertu de
la section III il y ait un achat de parts sociales de $50 000 dans une
société coopérative et que cette société
soit liquidée pour une raison ou pour une autre, qu'elle ne fonctionne
pas. A ce moment, est-ce que la loi, telle qu'elle est, dans ses sections III
et IV, particulièrement dans sa section IV, permettrait à la
Société de développement coopératif, à
même les crédits votés à des fins d'aide technique,
de donner une subvention à la coopérative pour qu'elle puisse
rembourser son prêt ou les sommes versées en vertu de l'article
3?
Si tel n'est pas le cas, est-ce que cela veut dire que les sommes
prêtées ou investies en vertu de l'article 3, et qui ne sont pas
votées par l'Assemblée nationale, puisque ce sont des avances...
De quelle façon reviendraient-elles dans les votes de l'Assemblée
nationale à des fins de dépenses? Y reviendraient-elles
uniquement en termes de mauvaises créances? Evidemment, il y a une
différence entre une avance... En vertu de la section III, ce que fait
le ministre des Finances, ce sont des avances et ces avances sont
autorisées par la loi, comme telles, mais elles sont remboursables.
Elles ne font pas partie des dépenses courantes de l'Etat.
S'il y avait une faillite c'est pour cela que je posais la
question est-ce qu'en vertu de la section IV il y aurait
possibilité d'utiliser les sommes d'argent que la société
a pour fins d'administration et d'aide technique aux coopératives pour
rembourser le prêt qui a été fait en vertu de la section
III?
Mme Payette: Non, normalement pas.
M. Garneau: A ce moment-là, cela militerait davantage en
faveur de l'amendement suggéré à l'article 1 de bien
définir que l'aide financière est véritablement celle
faite en vertu de la section III. En tout cas, peut-être qu'on ne
comprend pas tout le sens juridique des mots qui sont employés, mais il
me paraît y avoir une certaine ambiguïté dans la section IV
quant à l'aide financière.
On a l'impression que, à la section IV, il pourrait
également y avoir de l'aide financière et c'était le sens
de mes propos.
Mme Payette: Comme il a été dit tout à
l'heure, nous avons écouté les représentations sur cet
aspect. Nous avons dit qu'il s'agissait, somme toute, à notre point de
vue, d'une question de technique, d'une question d'approche, soit par la
méthode des objets ou par la méthode de la définition.
Comme il a été dit, nous allons étudier vos
représentations là-dessus et, éventuellement, vous
communiquer ce qu'il nous semblera peut-être opportun de retenir de vos
suggestions.
M. Raynauld: L'autre possibilité, pour la clarification de
la loi, ce serait à l'article 6, de dire: "une aide financière en
vertu de la section III et les services susceptibles de stimuler leur
création et leur développement en vertu de la section IV".
Là, on dirait clairement quelles sont les ressources qui doivent
être affectées à l'un des objets par rapport à
l'autre. C'est vrai que, quand on lit ce projet, on est mêlé
pendant un bon moment. Ce sont des services, mais des services auxquels on
attache, évidemment, un certain prix. Le gouvernement fournit des fonds,
les coopératives fournissent des fonds également et, là,
on dit que ce sont des fonds qui vont devenir des fonds propres, à un
moment donné.
Comment se fait-il qu'avec ses fonds propres la Société de
développement coopératif ne pourrait pas, à un moment
donné, dire: Vous savez, c'est bonnet blanc, blanc bonnet. Est-ce que
l'aide financière de $50 000 qu'on pourrait mettre au nom des services
techniques, ne pourrait pas, à un moment donné, s'appeler de
l'aide financière? Là, cela pourrait devenir très
mêlant. Encore une fois, je ne pense pas que ce soit un problème
fondamental. C'est une question de clarification.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: A l'article 6, M. le Président, à la
suite des propos que tenait l'adjoint au ministre, disons que le montant d'aide
financière prévu pour une entreprise par année est de $100
000 au maximum. On sait que les quatre fonctions principales de la
Société de développement coopératif, sont finance,
conseil, gestion et formation. Lorsqu'on parle, par exemple, de $1 million par
année, globalement, est-ce seulement pour la section finance ou si les
montants englobés par les trois autres fonctions sont compris dans le $1
million ou dans les $100 000 pour une coopérative, ou si c'est à
part? Tantôt, vous avez semblé dire, en tout cas, que
c'était compris. C'est ce que j'aimerais faire préciser.
Mme Payette: En ce qui concerne l'aide financière, elle
est de l'ordre de $1 million. Le gouvernement fournit $700 000 la
première année.
M. Goulet: Plus $400 000 d'imprévus.
Mme Payette: Le mouvement coopératif, en sa qualité
de partenaire, fournit la différence pour un montant de $1 million, mais
sa contribution atteint la parité dès le début de la
troisième année. Ce sont des sommes d'argent versées
à titre d'aide financière. Maintenant, au titre des services
techniques, il s'agit d'une contribution pratiquement exclusive de la part du
gouvernement.
M. Goulet: Les trois autres fonctions, où sont-elles
comptabilisées? C'est ce que j'aimerais vous faire dire. Sont-elles
comptabilisées à l'intérieur du $1 million ou si le
gouvernement paie cela par le biais d'un autre service en dehors de $1 million?
Où sont comptabilisés les trois autres services, à
l'intérieur du $1 million ou à l'extérieur?
Mme Payette: Les trois autres services font l'objet d'une
comptabilisation quant à la provenance et à l'utilisation des
fonds d'une façon distincte de celle qui est utilisée pour la
fonction à caractère de crédit. Si on veut faire une
distinction...
M. Goulet: Je m'excuse si je vous coupe la parole, mais si vous
le permettez, M. le Président, pour les trois autres fonctions, est-ce
que vous avez des chiffres, je ne veux pas m'étendre sur une
procédure des chiffres mais...
Mme Payette: La question est de savoir ce qu'il y a de
prévu en termes d'administration pour la société...
M. Goulet: Non, voici. Les quatre fonctions, comme je l'ai
dit au début de la Société de développement
coopératif, sont d'abord la fonction finance, la fonction conseil, la
fonction gestion et la fonction formation. Ce sont des noms que je leur donne,
c'est un peu cela, je pense, les quatre fonctions principales de la
société de développement. C'est cela? Vous me parlez,
à un moment donné, de fonction finance. On parle d'un budget de
$1 million. Est-ce que le budget de $1 million est l'aide financière
directement apportée aux coopératives? Les trois autres fonctions
sont-elles comptabilisées à l'intérieur de ce million ou
à l'extérieur de ce million, en surplus?
Mme Payette: La fonction à caractère de service est
complètement indépendante de celle à caractère
d'aide financière. A ce moment, des sommes qui sont accumulées
qui sont de l'ordre de $400 000 sont évidemment comptabilisées
d'une façon distincte pour des fins budgétaires afin de bien
surveiller la provenance et l'utilisation des fonds. Donc, il y a $1 million
et, comme j'étais en train de le dire tout à l'heure, si on veut
faire une comparaison un peu grosse, c'est une fonction de caisse de
crédit de $1 million. Et les sommes proviennent de deux sources.
Quant à l'autre, c'est une fonction d'aide financière, qui
est de $400 000 qui est fournie par le gouvernement de façon exclusive,
sauf certains dépassements, comme on le verra peut-être plus tard.
Cela absorbe en même temps les frais d'administration de la
société en général, ceci par un article
précis. Il faut bien mentionner que les dépenses d'administration
sont l'équivalent d'une forme de subvention du gouvernement pour le
bénéfice de la société comme telle. Vous avez tout
cela à l'article 35.
M. Goulet: Je comprends, mais ce que je veux vous faire dire,
c'est si le montant global pour les quatre fonctions, ce sera $1 million plus
trois autres services. C'est cela que je vous demande.
Mme Payette: C'est $1 400 000. $1 million pour la fonction de
crédit et $400 000 pour la fonction de service. Au total.
M. Goulet: C'est la réponse que je voulais.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on peut adopter
l'article 6?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 7.
M. Saint-Germain: Adopté. Ce sont mes collègues.
J'entends...
M. Goulet: J'ai une question. En commission parlementaire, il y a
deux mois, le ministre avait parlé de treize membres dans ses... Vous
parliez de treize membres, nous sommes rendus à onze.
Mme Payette: Vous avez d'ailleurs dit, à ce moment,
probablement à la suite de cette réponse, que nous continuions
nos négociations avec le mouvement coopératif. Nous en sommes
arrivés à l'entente que vous avez devant vous,
c'est-à-dire un conseil d'administration qui est composé de onze
membres.
M. Saint-Germain: Oui.
M. Goulet: II y en avait, là-dedans, six de nommés,
si vous voulez, par les mouvements coopératifs directement.
Mme Payette: C'est un autre article. On y arrive tout de suite
après.
M. Goulet: Article 7, adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 7, adopté.
Article 8?
M. Saint-Germain: Je n'ai rien à ajouter personnellement.
Je ne sais pas si mes collègues ont quelque chose.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 9?
Mme Payette: Et c'est à l'article 9 que vous avez la
redistribution du conseil.
M. Saint-Germain: Cet article 9, M. le Président, je crois
que c'est réellement un article de fond qui peut avoir des
répercussions immédiates et à long terme sur la valeur de
cette société au point de vue de l'aide aux coopératives.
J'ai dit, en deuxième lecture, M. le Président, que le
gouvernement voulait se garder, dans cette loi, un rôle dominant. Je
crois que l'article 9, en soi, appuie mes dires. Il est entendu que le
gouvernement nomme cinq membres au conseil d'administration sur la
recommandation du Conseil de la coopération du Québec. Mais le
gouvernement se réserve aussi le droit de nommer un autre membre choisi
à même une liste de cinq membres qui représenteraient les
coopératives non affiliées à une fédération.
Il me semble, considérant que c'est la nomination de ce membre qui
pourrait faire la différence entre l'omniprésence du gouvernement
ou celle des coopératives, puisque le gouvernement se réserve le
droit de choisir dans une liste de cinq, que son choix est fondamental et qu'il
peut facilement, de cette façon, avoir la mainmise, si vous voulez, sur
la Société de développement coopératif.
On pourra toujours argumenter sur la nomination de ce onzième
membre et dire qu'enfin, puisque la liste vient des coopératives non
affiliées, par le fait même, il y aurait six représentants
du mouvement coopératif au sein de la société de
développement. Il reste que tout ceci n'est pas clair. Il me semble que
si le gouvernement voulait simplement se réserver le rôle de
partenaire, d'aide ou de collaborateur, il pourrait réellement dans cet
article no 9 appuyer ses dires, en laissant définitivement la
majorité bien établie du nombre de représentants des
coopérateurs sur les nominations gouvernementales. On sait pertinemment
que ceux qui doivent leur nomination aux autorités gouvernementales,
savent instinctivement qui est le patron et qui est responsable de leur
nomination. Je crois que, pour appuyer les dires du ministre, qui d'ailleurs a
déclaré en deuxième lecture ne pas vouloir voir le
gouvernement jouer un rôle prédominant, elle devrait appuyer ses
dires sur des preuves bien concrètes. Il serait facile ici de prouver
concrètement aux coopératives que le gouvernement se
réserve un rôle de collaborateur; autrement, il va sans dire que
si c'est le gouvernement qui domine la Société de
développement coopératif, elle pourra réellement devenir
en très peu de temps une autre Société de
développement industriel par exemple, parce qu'il ne faut pas oublier,
en formant cette société, que les coopérateurs ont une
philosophie qui leur est bien particulière et qui s'est
développée, ici dans le Québec, avec les décennies
et qu'il faut absolument respecter cette philosophie qui veut que,
premièrement, les coopératives soient dominées par les
coopérateurs, par l'individu membre, c'est une part sociale, quelle que
soit la part sociale ou la mise de fonds du citoyen, il a toujours simplement
un vote. La philosophie des coopératives veut que ce soit toujours le
membre ordinaire, l'homme ordinaire, l'homme de la rue, qui est membre de sa
coopérative, qui domine et qui puisse faire sentir constamment son
influence, si sa coopérative n'est pas administrée selon ses
propres priorités. La direction d'une coopérative, la force d'une
coopérative provient toujours du coopérateur, à cause
surtout de cette philosophie, parce qu'il n'y a pas dans ce projet de loi de
développement des coopératives exclusivement une question
économique, il y a plus que cela, il y a toute une philosophie sociale
qui sous-tend la coopération. Les coopérateurs ne se trouveront
jamais au niveau du gouvernement, ce n'est pas là que sont les
coopérateurs, car le gouvernement a toujours joué un rôle
bien secondaire relativement au développement des coopératives.
Les coopératives, dans le Québec, se sont
développées par elles-mêmes et la force vive de la
coopération est au niveau des coopératives. Il faudrait
nécessairement que cette Société de développement
conserve la philosophie du coopérateur, et, pour ce faire, à mon
avis, il semble fondamental que, clairement, les coopératives dominent
au niveau du conseil d'administration dans cette nouvelle
société.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais
ajouter...
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: ... quelques remarques également?
Je voudrais vraiment appuyer ces propositions de mon collègue. En
effet, je pense que les coopératives n'ont d'intérêt social
et économique que si elles demeurent sous l'autorité des membres,
si l'initiative continue d'être prise par les coopérateurs, par
les membres de coopératives. Je pense qu'il faut absolument sauvegarder
ce caractère privé de ces institutions.
Le gouvernement entend aider les coopératives et je pense qu'il a
eu raison de vouloir créer une société comme celle-ci. Je
ne veux pas du tout mettre en doute l'opportunité pour le gouvernement
de fournir cette aide aux coopératives sous la forme qu'il a
choisie.
Cependant, je pense que, à la suite d'ailleurs des intentions
très claires exprimées par le ministre, il faut absolument que
cette aide ne se transforme pas, à un moment ou à un autre, en un
autre bureau gouvernemental qui va permettre des interventions continuelles
dans les décisions prises par les coopératives et le mouvement
coopératif dans son ensemble.
La raison d'être de la présence du gouvernement sur le
conseil d'administration de cette société pointe
évidemment aux fonds publics qui sont utilisés. Je pense qu'une
présence du gouvernement est nécessaire, mais je ne vois en
aucune façon la raison pour laquelle il faudrait, au nom de ces fonds
publics, que le gouvernement en assure le contrôle ou risque d'en assurer
le contrôle.
Je sais bien que, de la façon dont ce conseil est
constitué, d'après le projet de loi, il n'y a pas de
contrôle manifeste. On pourrait imaginer les circonstances où le
gouvernement n'aurait pas la majorité, mais on pourrait aussi imaginer
d'autres circonstances où le gouvernement aurait la majorité, en
particulier sur le comité exécutif, si le président,
nommé par le conseil d'administration, était une personne
nommée par le gouvernement.
Je pense donc qu'il faut prendre des précautions à ce
sujet, et pour donner effet à cette préoccupation qui est la
nôtre, je voudrais proposer un amendement que je lirai comme suit:
On remplacerait, en fait, les articles 9 et 10 par un nouvel article 9
qui se lirait comme suit: Les affaires de la société sont
administrées par un conseil d'administration formé de: a) six
membres nommés par le Conseil de la coopération du Québec
dont un membre choisi parmi les entreprises coopératives non
affiliées à une fédération; b) quatre
fonctionnaires venant de ministères à vocation économique
et nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil; c) un membre
indépendant, et du gouvernement et du mouvement coopératif,
nommé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Une proposition comme celle-ci a pour effet d'assurer que le mouvement
coopératif ait toujours une majorité d'une personne au sein du
conseil d'administration.
La formulation particulière qui a été choisie, pour
les fonctionnaires par exemple, vient d'autres lois semblables où on se
reporte justement à cette formulation de fonctionnaires qui sont
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Evidemment, le membre
indépendant, et du gouvernement et du mouvement coopératif, est
nommé, lui aussi, par le lieutenant-gouverneur en conseil. Cela en fait
donc six, de nommés par le Conseil de la coopération du
Québec et cinq par le lieutenant-gouverneur en conseil. On s'assure donc
d'une majorité nette et claire en faveur du mouvement
coopératif.
Une dernière considération peut être apportée
à cet égard, c'est le fait que le gouvernement a
négocié ou a discuté de cet article avec les
intéressés.
Je voudrais dire à ce sujet que, suivant mes informations, la
proposition que je fais ici est une proposition très acceptée, de
façon encore plus enthousiaste que le compromis auquel le gouvernement
est arrivé et qui a été accepté également
par les parties en cause, par le mouvement coopératif. Je tiens à
souligner que la proposition que nous faisons, suivant mes informations, serait
acceptée comme une amélioration au projet de loi actuel et non
pas comme un recul de la part du mouvement coopératif.
Mme Payette: M. le Président, beaucoup des commentaires
qui ont été faits sont partagés par ceux qui ont
préparé ce document et par le mouvement coopératif. Le
mouvement coopératif lui-même, à la lecture des articles et
après toutes les discussions qui ont eu lieu entre lui et le
ministère, est tombé d'accord et a confirmé officiellement
que cet article donnait le contrôle au mouvement coopératif, ce
qui était l'objectif défendu par plusieurs, et qui respecte les
principes de la coopération qui ont été soulignés
tout à l'heure. Tout le reste, ce sont des modalités de
nomination. Pour nous, il est assez clair qu'avec six membres sur onze,
provenant du mouvement coopératif, la majorité est bien au
mouvement coopératif et eux-mêmes l'ont déjà
confirmé.
Quant aux fonctionnaires venant de ministères à vocation
économique, dont nous parlions dans un avant-projet, l'article a
été modifié au comité de législation pour
enlever les fonctionnaires, pour bien indiquer qu'il n'était pas dans
l'intention du ministre de noyauter, par des fonctionnaires, un conseil
d'administration d'une société pareille. Et il pourrait arriver
que le ministre nomme cinq personnes qui soient à la fois
indépendantes du gouvernement et du mouvement coopératif, au lieu
d'une seule comme c'est demandé ici. L'esprit de cet article, c'est de
remettre le pouvoir de la Société de développement
coopératif entre les mains des coopérateurs, avec une
présence de représentants ou non du gouvernement, mais de
représentants indépendants du mouvement coopératif
jusqu'à un certain point, s'il y a lieu, de façon à
assurer plus d'objectivité.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui désirent parler sur les amendements
proposés...
M. Goulet: Avant de parler sur l'amendement, si vous permettez,
j'aurais une question à poser pour que cela soit bien clair. On dit
qu'il y a 550 coopératives non affiliées au Québec.
Combien y en a-t-il d'affiliées? A la fédération si vous
voulez. Il y en a 550...
Mme Payette: Incluant les caisses populaires, les
coopératives d'épargne et de crédit, toutes les
coopératives, il doit y en avoir près de 2000. Combien? 3000?
M. Goulet: C'est-à-dire que la proportion des cinq serait
gardée du côté nomination. Je veux dire un nombre qui vient
des coopératives non affiliées, cinq qui viennent de la
fédération. Sur l'amendement, M. le Président, j'essaie
depuis tantôt de comprendre le pourquoi. Je voudrais bien être
objectif. Dans l'article 9 on dit: "Le gouvernement nomme cinq membres du
conseil d'administration sur la recommandation du Conseil de la
coopération du Québec". C'est parce qu'on veut être certain
que le gouvernement ne sortira pas en dehors, que la Société de
développement coopératif ne sortira pas en dehors. C'est pour
cela, j'imagine, qu'on amène l'amendement. Pour être certain que
le gouvernement ne sortira pas ou encore pour prévoir l'article 11
où on dit: "A défaut par le Conseil de la coopération du
Québec de se conformer aux articles 9 et 13, le gouvernement nomme".
Mais, si le conseil se conforme, qu'on fournit une liste, j'imagine que le
gouvernement ne sortira pas de cette liste.
J'aimerais savoir du côté de l'Opposition officielle si
c'est le but premier de l'amendement de s'assurer que le gouvernement ne
sortira pas de la liste fournie par la fédération ou les
coopératives? Je ne sais pas, du côté procédure, si
cela se demande, mais en tout cas... Est-ce que c'est le but? Sans cela, je ne
vois pas le pourquoi de l'amendement, pourquoi on discuterait sur cette
question.
M. Saint-Germain: On vient de donner, le sous-ministre a
donné au nom du ministre, la philosophie du gouvernement.
Malheureusement, cette philosophie n'est pas dans la loi.
Elle ne pourra être appliquée que par des mesures
soi-disant administratives que le gouvernement, qui est libre, en fin de
compte, de nommer ses représentants, pourra nommer, des
représentants qui viendront du mouvement coopératif ou d'ailleurs
ou qui n'auront aucune affiliation avec le gouvernement, sinon qu'ils
dépendront du gouvernement pour leur nomination. Mais on sait que les
gouvernements passent, mais les législations restent, et que ce qui
reste, c'est la législation, c'est la loi. Alors, pour quelle raison
cette philosophie, cette façon de voir, cette volonté de laisser
un rôle prédominant aux coopérateurs ne seraient-elles pas
incluses dans la loi? C'est exactement ce que fait notre amendement. Il veut
simplement faire inclure dans la loi en blanc et en noir, des principes que
nous trouvons tous acceptables, que nous acceptons unanimement.
Je comprends très bien que les coopératives ou les
coopérateurs peuvent accepter l'article 9 tel que rédigé,
parce que je sais pertinemment que la Société de
développement coopératif est leur idée; ce sont eux qui en
ont pris, premièrement, l'initiative, et ils sont impatients de voir
cette société naître. A défaut de pain blanc, on
peut se satisfaire de galette. Si on avait le choix entre l'existence de cette
société, avec son article 9, et la non-existence de cette
société le choix était simple, très
limité on peut certainement admettre l'article 9 et dire avec les
années qu'il pourra être changé ou peut-être qu'il
pourra fonctionner, rédigé tel quel, et peut-être que nous
pourrons, avec cette même rédaction, fonctionner, à la
condition que les différents ministres qui en sont responsables veulent
bien laisser aux coopératives le rôle dominant.
Je crois qu'il serait beaucoup plus simple d'inclure dans la loi
exactement ce que nous sommes prêts, aujourd'hui, à cette
commission, à accepter, cette philosophie que nous sommes prêts
à accepter. Je suis personnellement déçu...
M. Goulet: J'ai compris...
M. Saint-Germain: ...ce n'est pas souvent qu'on parle de
principes et de principes unanimement acceptés, qui ne se
reflètent pas, en blanc et en noir, dans cette loi.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre,
quand on voit le mot "choisi", à l'arti- cle 9, si le ministre pourrait
expliciter un peu là-dessus, "choisi", qu'est-ce que ça veut
dire?
Mme Payette: C'est, pour le ministre, la possibilité de
choisir, dans une liste fournie par le mouvement coopératif, par le
Conseil de la coopération, un membre qui vient compléter les six
membres représentants...
M. Goulet: A l'intérieur de la liste fournie...
Mme Payette: ...à l'intérieur essentiellement de la
liste fournie par le mouvement coopératif.
M. Goulet: Moi, M. le Président...
Mme Payette: Le but de ça était, pour le
gouvernement, de s'assurer tout simplement, qu'il y ait toujours parmi les
membres de ce conseil d'administration un membre qui représente le
secteur non structuré et que le mouvement coopératif ne soit
jamais tenté de nommer là six membres de coopératives
affiliées à des fédérations, mais qu'il y en ait
toujours un qui représente le secteur non structuré, mais dans
une liste de noms fournie par le mouvement coopératif.
L'article 10, en plus, contrairement à l'amendement qui nous est
proposé, permet au ministre de choisir non pas des fonctionnaires, mais
éventuellement un professeur d'université
spécialisé dans le domaine coopératif et qui serait
peut-être d'un plus grand apport à l'intérieur de cette
société qu'un fonctionnaire, qui n'est pas peut-être pas
nécessairement parfaitement qualifié pour occuper un poste comme
celui-là. Cela nous laisse une plus grande latitude pour venir en aide
au mouvement coopératif que l'amendement proposé, et c'est
pourquoi je serai contre cet amendement.
M. Goulet: M. le Président, pour ma part, remarquez bien
que je n'ai pas les mêmes scrupules qui honorent nos illustres
collègues de l'Opposition officielle. Personnellement, une personne
nommée n'est pas nécessairement un "yes-man". A ce
moment-là, on pourrait mettre en doute certaines nominations depuis huit
ou dix ans.
Personnellement, je crois à l'intégrité et à
l'éthique professionnelles des gens, mais je pense que ce que
l'amendement demande, étant donné que c'est une
société mixte, étant donné que le gouvernement doit
choisir à l'intérieur d'une liste donnée, si le
gouvernement est obligé de choisir à l'intérieur de cette
liste donnée, à ce moment, je ne vois pas et là,
j'en viens à un amendement pourquoi le Conseil de la
coopération du Québec ne nommerait pas directement ces cinq
personnes au lieu de vous en fournir dix et de dire: Prenez-en cinq parmi
celles-là. Je ne vois pas...
Mme Payette: C'est déjà cinq qu'il nomme. C'est le
sixième que le ministre nommera dans une liste.
M. Goulet: Non. Je m'excuse. Le gouvernement nomme cinq membres
du conseil. C'est bien écrit à l'article 9.
Mme Payette: II confirme la nomination de cinq membres...
M. Goulet: Ah bon! A ce moment, on pourrait...
Mme Payette: ... nommés par le Conseil de la
coopération.
M. Goulet: C'est bien marqué "nomme".
M. Raynauld: II nomme sur la recommandation.
M. Goulet: Etant donné que c'est une société
mixte, je ne vois pas pourquoi on ne mettrait pas le nom, le mot... Cela serait
peut-être un sous-amendement. C'est correct. Je vois le lien.
Mme Payette: C'est écrit qu'il nomme cinq membres à
même une liste de cinq noms.
M. Goulet: Non. Le gouvernement nomme cinq membres du conseil
d'administration sur la recommandation du Conseil de la coopération du
Québec. Nomme... C'est le mot. C'est-à-dire qu'on présume
que vous ne sortirez pas de cette liste, mais il n'y a rien qui nous dit que
vous en nommez cinq, et comme le ministre de l'Education a fait, à un
certain moment, il a décidé d'en nommer un...
Mme Payette: Peut-on seulement reprendre la lecture exactement de
l'article 9? "Le gouvernement nomme cinq membres du conseil d'administration
sur la recommandation du Conseil de la coopération du Québec..."
cinq sur cinq "... et un autre membre qui est choisi à
même une liste de cinq membres..." qui est le sixième
qui vient aussi du Conseil de la coopération du Québec.
Donc, on nous envoie une liste de cinq noms que le gouvernement nomme
automatiquement et on nous envoie une liste de cinq noms parmi lesquels le
gouvernement en choisit un.
M. Goulet: Pourquoi ne demanderait-on pas de le choisir tout de
suite?
Mme Payette: Parce que nous nous gardons la possibilité de
nous assurer tout simplement que le secteur non structuré sera toujours
représenté, et autant nous avons foi dans le mouvement
coopératif.
M. Goulet: Oui, mais vous l'avez expliqué tantôt,
mais...
Mme Payette: S'il lui venait la tentation, parce que ce qui est
constitué en fédération est puissant également,
d'oublier le secteur non structuré, raison pour laquelle la
Société de développement coopératif est
créée, ce n'est pas pour venir en aide au Mouvement Desjardins,
mais aux mouvements non structurés...
S'il avait tendance à l'oublier, le rôle du gouvernement
est de faire en sorte que, parmi les cinq noms, le nom choisi représente
le secteur non structuré.
M. Raynauld: Que dire des tentations... Vous permettez?
Le Président (M. Marcoux): Très bien. Le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Que dire des tentations du gouvernement? Vous parlez
beaucoup du secteur non affilié à une fédération.
Dans l'amendement, on a prévu qu'il fallait qu'il y ait quelqu'un qui
vienne de ce secteur, mais que dire des tentations du gouvernement de nommer
cinq membres? Vous dites que cinq membres sur cinq sont recommandés par
le Conseil de la coopération du Québec. Le gouvernement ne
pourrait-il pas dire, à un certain moment ne serait-ce pas une
tentation qu'il aurait aussi que telle personne qui a été
recommandée n'est pas acceptable au gouvernement? Le gouvernement ne le
pourrait-il pas? Ce sont des interprétations que vous donnez. Vous dites
cinq sur cinq. Ce n'est pas dit dans la loi, cinq sur cinq.
Mme Payette: Si, c'est dit dans la loi.
M. Raynauld: Non. Je m'excuse. C'est dit que le gouvernement
nomme cinq personnes sur la recommandation du Conseil de la coopération
du Québec. Donc, le ministre pourrait dire: Donnez-nous en dix et ce
serait encore conforme à l'article 9 qui est là. Ce serait encore
sur la recommandation du Conseil de la coopération du Québec et
c'est cela que nous voulons clarifier parce que, encore une fois, on ne doute
pas de vos bonnes intentions, ni des bonnes intentions du gouvernement à
l'heure actuelle, mais je pense que ce sont des choses qui arrivent
continuellement, et si c'est vrai que vous ne voulez pas intervenir dans les
recommandations, à ce moment, vous devriez accepter l'amendement.
Faites-les nommer directement par le Conseil de la coopération du
Québec, avec la clause qu'il faut qu'un membre soit choisi parmi les
entreprises coopératives non affiliées.
Je suis sensible à votre autre argument. Vous dites que cela
serait peut-être mieux, plutôt que d'avoir quatre fonctionnaires et
un indépendant, de conserver l'article tel quel, cinq autres membres
étant nommés par le gouvernement. Personnellement, je n'aurais
pas d'objection à conserver l'article 10 tel quel, si les
procédures le permettaient, mais j'aimerais bien conserver l'idée
que vous défendez d'ailleurs, qu'il y a six personnes qui sont
nommées par le Conseil de la coopération du Québec,
plutôt que la procédure prévue à l'article 9.
M. Saint-Germain: Parce que, en fin de compte, et ce serait
extrêmement facile, dans la
loi, d'obliger le Conseil de coopération du Québec de
nommer un représentant des coopératives non affiliées
à une fédération, et je crois bien que les
coopérateurs ont autant à coeur le développement des
coopératives non affiliées que le gouvernement peut l'avoir.
Alors on pourrait facilement laisser l'article 10 tel quel et laisser le
Conseil de la coopération nommer six membres, cinq qui
représenteraient les coopératives affiliées et un qui
serait du domaine des coopératives non affiliées, et les
coopératives non affiliées auraient assurément un
représentant qui, au lieu d'être nommé par le gouvernement,
serait nommé par le Conseil de la coopération. Ce serait
sensé, à mon avis, et acceptable.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je m'adresse au ministre.
Quand le ministre m'a dit: Cinq membres du conseil d'administration sur
recommandation, il n'y a rien qui nous dit que la liste sera de cinq membres.
Pourquoi n'écrit-on pas cinq membres, tels que recommandés par...
La liste peut être de dix, de douze membres; au début, c'est ce
qui avait été expliqué.
Mme Payette: M. le député de Bellechasse, c'est
pour laisser au mouvement coopératif autant de latitude que possible. On
peut restreindre, effectivement, et dire au mouvement coopératif, au
Conseil de la coopération, de nous fournir une liste de cinq membres.
Bon! Il se pourrait que, l'année d'après, le Conseil de la
coopération, pour une raison ou pour une autre, préfère
nous en soumettre une liste de huit. Nous, c'était pour laisser une plus
grande latitude.
Notre interprétation à nous était que,
effectivement, la liste était une liste de cinq et que nous confirmions
ces nominations du Conseil de la coopération.
M. Goulet: Est-ce que l'amendement...
Mme Payette: Le sixième, c'est toujours la même
chose. C'est une liste de cinq, de laquelle nous tirons un nom, qui est
représentatif du secteur non structuré du domaine
coopératif.
M. Goulet: Ce que l'amendement demande, c'est qu'au lieu que ce
soit le gouvernement qui tire le nom de la liste des cinq, ce soit le Conseil
de la coopération. Mais, M. le Président, je me prononce sur
l'amendement proposé par l'Opposition officielle. Disons que a), ce
serait oui; mais b), je ne vois pas pourquoi quatre fonctionnaires venant d'un
ministère à vocation économique... Pourquoi
précisément quatre fonctionnaires? Pourquoi n'irait-on pas
chercher, à un moment donné, un monsieur qui est à
l'université...
Mme Payette: C'est ce que dit l'article 10. M. Goulet:
C'est ça, mais dans l'amende- ment... C'est pour ça que je ne
pourrai pas voter pour, tel que libellé, parce que je ne vois pas
pourquoi quatre fonctionnaires... Cela pourrait être deux fonctionnaires,
et s'il y a un bonhomme qui est à l'université qui peut
être utile, pourquoi n'irait-on pas le chercher? Là, on se limite
à un domaine bien spécifique, le fonctionnarisme. Il faut prendre
quatre personnes parmi les fonctionnaires. Je ne vois pas pourquoi on se
limite, pourquoi ce n'est pas, excusez l'expression, "at large"? S'il y en a
un, par exemple, dans l'entreprise... Je ne dirais pas l'entreprise
privée, mais à l'université, un bonhomme qui pourrait nous
aider, pourquoi n'irait-on pas le chercher? Pourquoi se limiter?
M. Saint-Germain: M. le Président... Mme Payette:
Pardon, monsieur... M. Saint-Germain: Excusez-moi. Mme Payette:
... est-ce que je peux...
M. Goulet: Je parlais sur l'amendement proposé, Mme le
ministre.
Mme Payette: Oui, mais sur l'amendement proposé,
justement, un conseiller juridique me dit que le fait que nous fassions
allusion, dans le premier paragraphe, à une liste de cinq membres parmi
lesquels nous choisirons un membre, nous permet de conclure que les cinq noms
qui sont fournis au gouvernement pour faire partie de ce conseil
d'administration, ce n'est pas dans une liste, mais ce sont cinq
recommandations qui sont entérinées par le ministre.
M. Saint-Germain: C'est entendu que... Ecoutez! On peut
certainement, si cela pouvait créer l'unanimité, laisser tomber
les paragraphes b) et c) et on conserverait, de cette façon, l'article
10 tel quel, et on pourrait facilement conserver... Enfin, je ne veux pas
parler pour mon collègue d'Outremont, mais la première partie dit
bien clairement: Six membres nommés par le Conseil de la
coopération du Québec, dont un membre choisi parmi les
entreprises coopératives non affiliées à une
fédération, et laisser, par l'article 10, au gouvernement la
liberté de nommer les membres qu'il voudra bien. Même en oubliant
b) et c), on serait tout de même assuré que cette
société de développement serait sous la juridiction des
coopératives.
Il est facilement regrettable qu'on n'ait pas eu l'occasion d'entendre,
à cette commission, les représentants des coopératives. Je
crois qu'ils auraient eu des choses extrêmement intéressantes
à nous dire à ce sujet, et on aurait pu travailler beaucoup plus
facilement en concordance avec leur opinion.
Mme Payette: M. le Président, je vais continuer
d'expliquer pourquoi je vais être contre cet amendement, parce que le
ministre estime avoir besoin de cette latitude d'une liste de cinq mem-
bres fournie par le Conseil de la coopération, parce que c'est
certainement le mieux placé dans ce domaine pour conseiller le ministre
et le ministre a besoin de pouvoir choisir, à l'intérieur de ces
cinq noms, celui qui lui paraît le plus représentatif du milieu
non structuré.
On connaît tous la situation des coopératives qui
n'appartiennent pas à des fédérations, qui sont
complètement isolées. C'est, dans l'esprit du ministre, pour le
meilleur fonctionnement de la Société de développement
coopératif que je vais continuer à défendre ce besoin que
j'ai d'une liste fournie de cinq membres venant du secteur non structuré
et qui permet au ministre de sélectionner un nom parmi cinq noms
recommandés par le Conseil de la coopération.
M. Goulet: M. le Président, je m'y perds dans les propos
du ministre. Le ministre dit que le Conseil de la coopération va nommer
cinq membres parmi les coopératives non affiliées.
Une Voix: Ils sont recommandés. M. Goulet: Qui va
fournir la liste? Mme Payette: Le Conseil de la coopération.
M. Goulet: II va prendre cinq membres parmi les
coopératives non affiliées. Je ne vois pas la relation. Si les
coopératives sont non affiliées au Conseil de la
coopération, il y a sûrement des raisons. Je ne vois pas pourquoi,
si elles n'ont pas voulu s'affilier...
M. Brassard: A des fédérations.
Mme Payette: A des fédérations.
M. Lessard: Non affiliées à des
fédérations.
M. Goulet: Non affiliées, si vous voulez, à des
fédérations, je ne vois pas où vous allez prendre ces cinq
personnes. Si elles n'ont pas voulu s'affilier à la
fédération, si vous voulez, qui va nommer ces cinq personnes?
Pourquoi viendraient-elles d'une telle? Il y en a 550 qui sont non
affiliées. Les cinq vont partir d'où? Pourquoi n'y en aurait-il
pas 550? Je pose la question, parce qu'elles sont non affiliées. A ce
moment-là, elles sont non affiliées et elles sont régies
indirectement par la fédération, parce que c'est la
fédération qui va choisir.
Mme Payette: Oui, mais justement, c'est le secteur non
structuré et la clientèle directe de la Société de
développement coopératif.
M. Goulet: Oui.
Mme Payette: II est normal que le ministre, devant cinq noms,
qui, par exemple, pourraient être M. Untel représentant le secteur
forestier, M. Untel représentant le secteur de l'habitation, souhaite
qu'à l'intérieur de cette Société de
développement coopératif il y ait quelqu'un qui représente
particulièrement l'habitation, sachant que c'est un des domaines
où il faut intervenir.
M. Raynauld: M. le Président, de mon côté, je
serais disposé, si on était capable d'envisager un amendement,
à retirer l'amendement qui a été déjà
déposé pour laisser tomber les paragraphes b) et c) et conserver
tel que l'article 10.
A ce moment-là, l'amendement porterait seulement sur la
première partie: "Les affaires de la société sont
administrées par un conseil d'administration formé de six membres
nommés par le Conseil de la coopération du Québec dont un
membre choisi parmi les entreprises coopératives non affiliées
à une fédération."
Le Président (M. Marcoux): Cela indique que vous seriez
disposé à le faire. Est-ce que, pour les fins de la
procédure, vous le faites? Retirez-vous votre amendement pour vous en
tenir à un nouvel amendement qui se résumerait au paragraphe a)
de votre texte?
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement proposé,
qui visait à remplacer les articles 9 et 10 par ce que vous avez dit,
est retiré et nous sommes devant un nouvel amendement qui se
résume au paragraphe a), si je comprends bien, et qui remplacerait
l'article 9.
M. Raynauld: Qui remplacerait l'article 9. Le Président
(M. Marcoux): Au complet.
M. Raynauld: Une fois sur la voie des amendements, je ne sais
s'il y a des chances que cela puisse être adopté, mais, s'il y en
avait, je suggérerais fortement de consolider les deux articles pour
qu'on sache, dans un article, comment le conseil d'administration est
formé, plutôt que d'avoir les articles 9 et 10
séparément. C'est d'ailleurs une remarque secondaire.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je voudrais une information juridique. Je crois
qu'il y a un avocat ici. A l'amendement de l'Opposition officielle, on stipule
que les six membres seraient nommés par le Conseil de la
coopération.
Or, la Société de développement coopératif,
étant une corporation au sens du Code civil, comme il est dit à
l'article 3, est-ce que dans ces cas, ceux qui ont pouvoir de nomination de
membres d'un conseil d'administration d'une corporation au sens du Code civil,
sont uniquement ceux qui souscrivent au capital-actions d'une corporation
semblable? A ce moment, ce ne serait pas possible, juridiquement, d'accepter
l'amendement de l'Opposition officielle puisque le Conseil de la
coopération du Québec n'est pas un souscripteur de la
Société de développement coopératif? Les
seuls souscripteurs de la Société de développement
coopératif sont le gouvernement, d'une part, et des
fédérations, comme c'est indiqué à l'article 1:
"coopérateur-souscripteur", des fédérations de caisses
d'épargne et de crédit... ou un membre du conseil de la
coopération...", mais non pas le conseil de la coopération
lui-même.
Mme Payette: Nous avons discuté jusqu'à maintenant
d'une motion sur des questions de fond. Je crois que, lorsqu'on en vient
à la formulation de la motion, vous avez parfaitement raison de dire que
la nomination doit continuer à relever du gouvernement, et non pas
être confiée au conseil de la coopération. Il faudrait que
la phraséologie employée soit respectueuse des termes de
l'article 9 si la motion était adoptée quant au fond.
Quant à la question de forme, je crois que vous avez parfaitement
raison.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: On discute d'un amendement que nous avons devant
nous...
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe a)... "qui vise
que les six membres...
M. Goulet: ... le libellé... la seule différence,
c'est qu'au lieu de cinq, on doit lire six. C'est cela l'amendement?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Goulet: Le nouvel amendement ou l'amendement...
Le Président (M. Marcoux): C'est le remplacement du
paragraphe 9 au complet par le paragraphe a) proposé par l'Opposition
officielle, qui fait en sorte que les six membres dont il est question dans le
paragraphe 9 soient nommés par le conseil de la coopération.
M. Goulet: Si on enlève le b) et le c), bien entendu, et
qu'on met le mot...
Le Président (M. Marcoux): II faut quand même
retenir l'aspect formel qu'a signalé l'avocat... et le principe...
disons qu'on va discuter du fond pour clarifier... Il s'agit de savoir si les
six membres, les cinq plus le "un" seront nommés comme tels ou
désignés par le conseil de la coopération. Quant à
l'aspect juridique, c'est sûr que le gouvernement ratifie...
M. Goulet: J'étais contre l'amendement à cause du
paragraphe b), mais je serai pour s'il ne reste que le paragraphe a) parce que,
suite à la réponse du ministre, je n'ai pu savoir les relations
qui existent entre le Conseil de la coopération, ou les
coopératives affiliées, et les coopératives non
affiliées.
A ce moment, le ministre peut nommer n'importe qui à
l'intérieur... peut identifier cinq personnes, comme elle l'a dit,
à l'intérieur des coopératives non affiliées dans
différents secteurs. En identifiant elle-même cinq personnes, elle
est sûre d'en avoir une. A ce moment, pourquoi ne pas dire que le
gouvernement nomme six personnes?
Quelles relations y a-t-il entre les coopératives non
affiliées et les coopératives affiliées? Où
allez-vous prendre ces cinq personnes? Qui va mettre ces cinq noms sur la
table? Dans les 550 coopératives... Vous avez dit: II y a
différents secteurs, tels l'habitation, etc. Où allez-vous
prendre ces cinq noms? C'est cela que je voudrais savoir parce que, si vous ne
me le dites pas, je serai pour l'amendement pour être sûr que la
Société de développement coopératif va appartenir
aux coopé-rateurs et qu'ils vont avoir la majorité au conseil
d'administration, soit six membres.
A ce moment, indirectement, vous nous dites: II y en a cinq, cinq
là, et le sixième, je choisis une liste de cinq noms parmi les
coopératives...
Mme Payette: Non.
M. Goulet: Oui, parmi les coopératives non
affiliées.
Mme Payette: Non.
M. Goulet: Où prenez-vous les noms? Dites-moi...
Mme Payette: C'est écrit à l'article 9 que le
Conseil de la coopération du Québec nous fournit une liste de
cinq noms parmi lesquels le ministre en choisit un.
M. Goulet: Mme le ministre, M. le Président, je suis bien
d'accord. Le Conseil de la coopération du Québec fournit une
liste de cinq noms. C'est cela que vous venez de dire? Deux listes de cinq
noms, une de cinq noms et c'est automatique, vous êtes obligé de
les prendre. Dans l'autre, vous choisissez. C'est toujours le Conseil de la
coopération qui choisit les cinq noms. C'est cela?
Les coopératives non affiliées, quelle est leur relation
c'est ce que je veux savoir avec le Conseil de la
coopération? Pourquoi seraient-elles régies par le Conseil de la
coopération? Si elles n'ont pas voulu s'affilier à un certain
moment, il doit y avoir des raisons.
Pourquoi est-ce le Conseil de la coopération qui nommerait encore
ces cinq noms? C'est ce que je vous demande depuis tantôt. J'aimerais
avoir une réponse.
Mme Payette: La question n'était pas si claire que cela.
Elle l'est maintenant.
M. Goulet: Je m'excuse. C'est fort possible.
Mme Payette: M. le Président, si toutes les
coopératives au Québec étaient regroupées en
fédération et affiliées au Conseil de la
coopération
du Québec, la recommandation qui est à l'article 9 irait
dans le sens qu'il y aurait une liste de six noms parmi lesquels le ministre
nommerait six membres.
Le problème vient du fait qu'il y a des coopératives non
structurées, parfois elles sont structurées en
fédération, mais elles ne font pas partie du Conseil de la
coopération du Québec. Le Conseil de la coopération du
Québec n'a pas le monopole de toutes les coopératives au
Québec. Certaines ont tendance à vouloir rester à
côté pour un certain nombre de raisons qui tiennent à la
liberté d'action des coopératives. Qui peut parler au nom des
coopératives affiliées au conseil? C'est le Conseil de la
coopération, qui regroupe la très grande majorité des
coopératives au Québec.
Voilà pourquoi l'article 9 prévoit que les cinq noms
recommandés par le conseil pour représenter le mouvement
coopératif structuré seront les cinq administrateurs. Le
sixième, représentant la clientèle, représentant le
milieu, soit non structuré ou structuré, exemple, la
Fédération des caisses d'entraide économique, ne fait pas
partie du Conseil de la coopération. Parmi ces coopératives non
affiliées au conseil, qui les connaît le mieux? Deux organismes.
Le Conseil de la coopération du Québec, qui dit: La
coopération au jour le jour, et connaît à peu près
tout le monde, même si elles ne sont pas affiliées, et aussi le
ministère, par son service des associations coopératives, parce
que c'est au ministère qu'on leur donne vie et mort, parce qu'on les
fait naître par signature du ministre.
Donc, il faut un traitement spécial à ces
coopératives non structurées, non affiliées au conseil. Ce
serait, à notre avis, injuste que de les traiter de la même
manière que si elles étaient affiliées, en d'autres mots,
comme le suggère l'amendement, de les laisser choisir, d'en laisser
choisir un pour devenir membre de la Société de
développement coopératif par le Conseil de la coopération.
On a convenu, avec le Conseil de la coopération d'une marge de manoeuvre
de façon à laisser une certaine liberté, d'abord au
Conseil de la coopération de dire son mot en fournissant une liste de
cinq noms donc les connaissant bien mais la liberté aussi
au ministre, qui a son expertise, par son service des associations
coopératives, de choisir un nom parmi les cinq.
M. Goulet: D'accord, mais la sixième personne, M. le
Président, va détenir la balance du pouvoir. Cela va?
Vous disiez tantôt: II y a des coopératives qui n'ont pas
voulu s'affilier pour différentes raisons, exemple, l'Entraide
économique. Ce que je veux faire dire au ministre, c'est que si le
ministre ou la Société de développement coopératif
veut exclure une personne, elle va pouvoir le faire. Si par exemple, l'Entraide
économique veut ce n'est pas parce qu'elles ne sont pas
affiliées, qu'elles ne sont pas importantes un membre au conseil,
et que les autres disent non, elle ne l'aura pas. Elles sont régies par
le Conseil de coopération et n'ont pas voulu s'y affilier pour
différentes raisons, sou- vent parce qu'elles n'étaient pas
structurées, mais il y en a qui sont structurées. Et elles n'ont
pas voulu s'affilier pour différentes raisons...
M. Brassard: M. le Président...
M. Goulet: Le Conseil de coopération ou la
fédération...
M. Brassard: C'est le conseil qui n'a pas voulu que la
Fédération des caisses d'entraide... Je vous dis la
vérité.
M. Goulet: Non, oublions cela. Mais, si vous voulez exclure une
personne, vous le pouvez. Cela veut dire qu'elles n'ont pas voulu s'affilier ou
qu'une n'a pas voulu de l'autre et là elles les régissent. C'est
cela que je veux vous montrer l'incohérence qui existe à un
moment donné.
Mme Payette: M. le député, est-ce que je peux vous
faire remarquer que, dans l'article 10 justement, avec la liberté qui
est laissée au ministre de nommer des représentants au nombre de
cinq, le ministre, s'il devait constater que, par exemple prenons
l'exemple précis que vous venez de donner d'un organisme
déjà affilié à une fédération, on
parle de la caisse d'établissement, le ministre pourrait nommer parmi
ces membres un représentant de ce secteur. C'est pour cela qu'on refuse
de se couler dans le bronze avec des fonctionnaires. C'est là une
réponse.
Il m'apparaît toujours évident que cette
société n'a cependant presque plus sa raison d'être si ce
n'est pas de venir en aide au secteur non structuré, que ce secteur non
structuré doit y être représenté et que la
façon de s'assurer qu'il y soit, c'est exactement ce qui est
prévu, de demander au Conseil de la coopération de
suggérer cinq noms venant de ce secteur, parmi lesquels le ministre en
désigne un, ce qui fait six représentants du mouvement
coopératif nommés par le conseil.
Avec cette liberté reconnue à ceux qui ne sont pas
affiliés d'être sur la liste des cinq parmi lesquels on peut
choisir une personne, je pense que c'est dans un grand respect de la
liberté de tout le monde que cela a été conçu.
M. Saint-Germain: M. le Président, c'est justement
là le défaut fondamental de la loi. Nous ne voulons pas que le
gouvernement ait toute liberté parce que, dans un contexte semblable, la
compétence au point de vue des coopératives n'est absolument pas
au gouvernement. Le gouvernement est un enfant au point de vue de
l'expérience dans les coopératives, relativement à
l'expérience que les coopérateurs ont depuis des décades.
Le gouvernement, quand il met la main sur quelque chose, cela coûte cher.
C'est dispendieux, et souvent inefficace. On l'a vu avec SIDBEC pour qui ont
vient de voter encore $35 millions. Si le gouvernement s'empare de cette
société de coopération, il y a de grandes chances qu'il
n'y ait plus de coopération. La philosophie qui va sous-tendre la
société de développement ne sera plus une philo-
sophie de coopérateurs. C'est justement là le
problème. Le gouvernement veut de plus en plus, dans cette province,
s'emparer de tout. Comme si le gouvernement était cette force, comme si
toute la sagesse, la compétence, le désintéressement, la
philosophie coopérative, comme si toutes les forces vives de la nation
étaient au niveau du gouvernement. Il faut avoir été
député pour savoir que c'est absolument faux. C'est
fondamentalement faux.
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier,
même si cette partie de l'amendement a été retirée,
vous venez effectivement de voter contre votre alinéa b) qui nous
recommandait de nommer des fonctionnaires. C'est exactement la raison pour
laquelle nous pensons qu'il y a probablement plus de gens à
l'extérieur du gouvernement qui peuvent aider le mouvement
coopératif.
M. Saint-Germain: Qu'on l'écrive dans la loi et que la loi
corresponde bien à cela.
Mme Payette: C'est exactement ce qu'il y a à l'article
10.
M. Saint-Germain: Vous vous donnez la liberté de nommer
cinq membres sans condition et de choisir des listes qui vont vous être
fournies par le Conseil de coopération, des listes qui doivent contenir
les noms de ceux qui appartiennent aux coopératives
fédérées. Ensuite, vous vous permettez de nommer le
sixième membre qui fera l'équilibre. Je vais vous montrer comment
le gouvernement peut s'ingérer dans les priorités de cette
société. Si, par exemple, vous voulez, pour une raison ou pour
une autre, attacher de l'importance au développement des
coopératives forestières, vous irez chercher un membre dans les
coopératives non affiliées, qui va représenter ce secteur.
Vous en nommerez cinq qui vont marcher avec le gouvernement, c'est entendu.
Vous partez, vous l'avez établi, c'est le gouvernement,
d'autorité, qui aura établi la priorité des
développements des coopératives non affiliées. Mais
où est cette sagesse gouvernementale? Ce n'est pas parce que le
gouvernement dit que c'est la forêt ou telle ou telle chose qui devrait
être développée, que c'est ce qui devrait l'être.
C'est une opinion parmi tant d'autres. Le gouvernement n'a pas la science
innée ni le sentiment, ni la philosophie coopérative d'une
façon innée. Loin de là. On le voit dans la loi. Si
c'était au moins simplement cet article. Constamment, vous voyez dans la
loi que le gouvernement veut maîtriser le développement de la
société coopérative et lui imposer ses priorités.
C'est contre cette philosophie qu'on se bat.
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, il
n'est pas question, pour le gouvernement, d'imposer des priorités. Si le
mouvement coopératif avait estimé ne pas avoir besoin de l'aide
gouvernementale, de l'aide financière et de l'aide technique... Je vois
que le mouvement coopératif était parfaitement en mesure de se
donner une Société de développement coopératif.
C'est à sa demande, et à sa demande avec beaucoup d'insistance
auprès de l'ancien gouvernement et du nouveau gouvernement, que cette
Société de développement coopératif voit le jour,
que nous répondons par ce qui est contenu dans ce projet de loi.
M. Saint-Germain: Cela semble être définitif, ce que
vous dites. C'est cela la vérité: Nos coopératives ne sont
pas structurées actuellement et n'ont pas les actifs voulus pour venir
en aide à des coopératives qui commencent, à des
coopératives qui ne sont pas affiliées. On sait qu'au niveau
gouvernemental, il n'y a pas de structure qui puisse aider ces
coopératives. C'est pour cela qu'on a une loi. On accepte cela
unanimement.
Cela ne veut pas dire que le fait que les coopératives ont besoin
d'aide gouvernementale nous oblige à les traiter comme des enfants ou
comme des débutants. Ils ont fait leurs preuves ces gens-là. Ils
sont aussi désintéressés que n'importe quel ministre ou
que n'importe quel député peut l'être au
développement de l'approbation. Ils ont la compétence en plus.
Alors, pour une fois, dans un monde économique où les
francophones ont démontré une compétence, pour une fois
qu'ils ont eu du succès, pour une fois qu'on peut leur faire confiance,
ne nous mêlons pas de leurs affaires. Aidons-les. Laissons-les
établir leurs propres priorités. Laissons-les établir
leurs initiatives. Laissons-les se servir de leur expérience. A ces
conditions la société va fonctionner.
Le Président (M. Marcoux): Je me demande si on est en
débat sur la deuxième lecture ou si on discute de l'amendement
que vous proposez. Je pense que c'est une frontière dangereuse.
Mme Payette: Si je peux répondre, cependant, M. le
Président, parce qu'il y a eu beaucoup d'accusations et de tout à
l'intérieur de ces déclarations...
M. Saint-Germain: Je n'ai accusé personne. Je
constate.
Mme Payette: Je voudrais vous signaler que j'ai assez de respect
pour la maturité du mouvement coopératif pour comprendre
qu'après avoir négocié comme nous l'avons fait avec lui,
il est d'accord avec ce qui est proposé dans cette loi.
M. Saint-Germain: J'aurais aimé entendre cela de leur
bouche, croyez-moi. J'aurais bien aimé avoir l'occasion de les
questionner personnellement et de savoir. Ce ne sont pas des enfants, ils sont
capables de parler. Pas besoin de personne pour parler en leur nom. Ils sont
capables de parler eux-mêmes. On n'a pas eu cette occasion. Cela n'est
pas ma faute.
Mme Payette: On va vous envoyer des numéros de leur
journal.
M. Brassard: Vous lirez le prochain numéro de
Ensemble.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais... Une Voix:
Je vais le savoir.
M. Raynauld: ... simplement, peut-être pour me
résumer je pense que ce qu'on essaie de dire, c'est que le gouvernement,
à cause de la liste et de l'article 10 peut nommer six personnes sur
onze de son choix. C'est ce qu'on appelle le contrôle. On voudrait que ce
ne soit pas de six à cinq, on voudrait que cela soit six pour le
mouvement coopératif et cinq pour le gouvernement. C'est clair. C'est
simple. Il n'y a rien de plus élémentaire que cela. C'est
l'objectif de l'amendement proposé.
Mme Payette: C'est exactement ce que nous faisons, M. le
député d'Outremont, parce qu'on ne peut pas penser que, dans une
liste de cinq noms fournie par le Conseil de la coopération
représentant le secteur non structuré du mouvement
coopératif, ce soient des nominations gouvernementales.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ... l'Opposition craint que le gouvernement nomme
ses créatures sur le conseil d'administration de la
Société de développement coopératif. Si je lis
l'article 9, je pense que la grande différence d'ailleurs je le
constate de plus en plus entre le gouvernement et l'Opposition officielle;
c'est leur façon de lire un article ou un projet de loi.
L'article 9 dit: "... nomme cinq membres du conseil d'administration sur la
recommandation du Conseil de la coopération du Québec". Supposons
qu'une fois que le Conseil de la coopération a fait ses recommandations
de cinq membres, que le gouvernement nomme cinq autres membres qui ne font pas
partie de cette liste, qu'est-ce qui se produit? Il y a, à mon avis,
violation de la loi. L'article 9 se trouve violé. Si le gouvernement ne
nomme pas des membres recommandés par le Conseil de la
coopération, l'article 9 se trouve violé.
M. Raynauld: A l'article 11 vous avez la réponse à
votre question.
M. Brassard: Bien oui, mais c'est évident que l'article 9
se trouve violé à partir du moment où le Conseil de la
coopération fait ses recommandations. Si ces recommandations ne sont pas
suivies, il y a violation de l'article 9. Il faut donc nécessairement
que les six membres soient issus du mouvement coopératif. Ce que vous
recherchez et ce que le gouvernement recherche aussi, c'est l'objectif
poursuivi par le gouvernement et c'est le vôtre aussi, sauf qu'on lit mal
l'article 9 ou on le lit différemment.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou commentaires sur l'amendement proposé par le
député d'Outremont? Finalement, l'article 9 se lirait à
peu près comme ceci, je tente une formulation: "Le gouvernement nomme
six membres proposés par le Conseil de la coopération du
Québec dont un membre choisi parmi les entreprises coopératives
non affiliées à une fédération". Ceci
réconcilierait l'aspect juridique.
Il n'y a pas d'autre intervenant? L'amendement proposé par le
député d'Outremont est-il adopté?
Mme Payette: Non.
M. Saint-Germain: Vote enregistré.
Le Président (M. Marcoux): Vote enregistré? Quels
sont ceux qui sont pour l'amendement proposé par le député
d'Outremont? L'amendement vise à ce que six membres soient nommés
par le Conseil de la coopération, dont un membre choisi parmi les
entreprises coopératives non affiliées à une
fédération. Quels sont ceux qui sont pour l'amendement?
M. Saint-Germain: Pourriez-vous appeler la liste des membres de
la commission?
Le député d'Iberville. Absent. Le député de
Sainte-Marie.
Le député d'Abitibi-Est?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Contre. Le député
de Saint-François.
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon. Le député de Limoilou.
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pontiac-Témiscamingue. Le député de Viau.
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député du
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Matapédia. Le député de Dorion.
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Outremont.
M. Raynauid: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Beauce-Sud. Le député de Brome-Missisquoi. Le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Tém iscouata-Kamou raska? L'amendement est rejeté. Nous revenons
à l'article 9 tel que proposé.
M. Raynauid: M. le Président, je voudrais proposer un
autre amendement à l'article 9. Sans vouloir reprendre tout le
débat que nous venons de terminer, je voudrai peut-être simplement
modifier la proposition. Peut-être que cet amendement aura plus de chance
d'être accepté.
Il se lirait comme suit ce serait encore l'article 9 et l'article
10 resterait tel quel. L'article 9 se lirait comme suit: "Le gouvernement nomme
six membres..." le gouvernement, cette fois-là "...du
conseil d'administration proposés par le Conseil de la
coopération du Québec. Un de ces six membres doit être
choisi parmi les entreprises coopératives non affiliées à
une fédération."
La différence entre cet amendement et le précédent
est que le gouvernement nomme six membres du conseil d'administration
proposés par le Conseil de la coopération du Québec. Un de
ces six membres doit être choisi parmi les entreprises
coopératives non affiliées à une
fédération.
Le Président (M. Marcoux): Je juge l'amendement
irrecevable parce que la discussion que nous avons eue sur l'autre amendement,
tel que je l'avais reformulé pour le rendre juridiquement conforme
à l'esprit, suite à la réponse du ministre, l'amendement
rejoint la même chose que nous venons de débattre et de rejeter,
c'est-à-dire qu'en remplaçant...
Le gouvernement nomme six membres. Tantôt, on avait
spécifié qu'on discutait du fond et que, pour la formulation, il
faudrait de toute façon que cela soit indiqué que le gouvernement
nomme six membres proposés par le Conseil de la coopération.
Je juge que l'amendement est irrecevable.
M. Raynauid: M. le Président, si je peux parler
là-dessus, nous n'avons jamais accepté cela. L'amendement
était très clair, il était écrit, vous l'aviez.
L'amendement disait que les six membres étaient nommés par le
Conseil de la coopération du Québec. Cette fois-ci, on dit que
c'est le gouvernement qui les nomme; ce n'est pas du tout la même
chose.
Le Président (M. Marcoux): Tantôt, il y a eu une
intervention d'un conseiller juridique qui a indiqué qu'il faudrait, si
le fond de l'amendement est accepté, le reformuler pour indiquer que
c'est le gouvernement qui nommerait ces six membres proposés par le
Conseil de la coopération. Ce serait la reformulation juridique pour
rendre conforme aux lois l'amendement de fond que vous aviez proposé.
C'est pourquoi je juge votre amendement irrecevable.
M. Saint-Germain: Le conseiller juridique n'a rien à faire
dans le débat, il est ici pour nous éclairer. De quelle
façon peut-il influencer la décision du président?
D'ailleurs, vous auriez dû nous laisser discuter de la
recevabilité de cette motion, au moins. Pour quelle raison nous
donnez-vous une décision d'autorité comme cela? Voulez-vous nous
empêcher de parler? Est-ce cela votre patente?
Apprenez, M. le Président... On fait une motion, on n'a
même pas le temps de discuter de sa recevabilité et, du haut de
votre grandeur, vous arrivez et vous nous dites que c'est irrecevable, surtout
sur l'indication du conseiller juridique. C'est absolument inacceptable. On
n'est pas ici pour s'amuser; on est ici pour discuter sérieusement d'un
projet de loi. Donnez-nous le droit de parole. On est de l'Opposition, on est
ici, on est payé pour cela, pour donner le côté
opposé du gouvernement.
M. Laberge: M. le Président, a-t-on le droit de rire de
temps à autre?
M. Saint-Germain: Vous pouvez rire, si vous voulez; moi, je ne
trouve pas cela drôle; la population non plus ne trouvera pas cela
drôle.
M. Laberge: Non, certainement pas, jusqu'ici elle ne le trouve
pas drôle du tout.
M. Saint-Germain: Non, les coopérateurs non plus, j'en ai
bien l'impression.
M. Laberge: Demandez aux gens de Jacques-Cartier comment ils
trouvent cela drôle.
M. Raynauid: M. le Président, si c'est cela la
raison...
Le Président (M. Marcoux): Le jugement que j'ai
porté, ce n'est pas le jugement sur la qualité de l'amendement
que vous proposez sur son fond, j'ai jugé que le nouvel amendement
visait les mêmes fins, avait la même signification que l'amendement
que nous venions de rejeter. C'est simplement pour cette raison que je l'ai
jugé irrecevable.
M. Raynauid: M. le Président, si vous me permettez de dire
quelques mots, à ce moment-là, je pense que vous auriez dû
juger irrecevable l'amendement précédent. Celui-ci, vous ne
pouvez pas le juger irrecevable. Le conseiller juridique, si vous voulez vous
en tenir à cela, disait justement qu'il fallait que le gouvernement les
nomme. C'est
cela que l'amendement propose, que le gouvernement les nomme. Vous ne
pouvez pas dire qu'il est irrecevable. Sur la base de cela, vous auriez
dû refuser l'autre, mais l'autre n'a pas été refusé,
parce que je ne pense pas qu'on puisse rejeter un amendement comme celui qui a
été proposé en disant qu'il y a peut-être des
problèmes.
On n'a pas accepté cela. On avait le texte de l'amendement qui a
été proposé et sur lequel on a voté. Le texte
disait que les membres étaient nommés par le Conseil de la
coopération. C'est peut-être celui-là qui n'était
pas recevable, mais celui-ci est recevable. "Le gouvernement nomme ses membres
du conseil d'administration proposés par le Conseil de la
coopération du Québec". Cela répond à un certain
nombre des objections qui avaient été faites auparavant.
De son côté, Mme le ministre a dit, si je peux me permettre
d'en discuter, qu'elle ne voulait pas avoir nécessairement des
recommandations de dix ou vingt membres, mais qu'elle était prête
à accepter cinq noms et à approuver, si vous voulez, les
propositions venant du Conseil de la coopération. C'est ce que
l'amendement propose, mais au lieu de dire que ce sont cinq, l'amendement dit
six membres de façon justement à s'assurer que ce que le ministre
a dit va être fait en pratique, c'est-à-dire reconnaître que
six membres vont venir du secteur de la coopération et vont être
nommés par le gouvernement, mais que ce seront six membres et non pas
l'inverse.
Mme Payette: J'ai besoin d'une directive, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Bellechasse avait demandé... Est-ce une question de règlement
également?
M. Goulet: Une question de règlement, mais je permets
à Mme le ministre...
Mme Payette: Y a-t-il des règlements en commission
maintenant?
M. Goulet: M. le Président, sur la question de
règlement, si j'en conclus que vous avez rendu votre décision, je
vais me fermer immédiatement, mais sur la question de règlement
soulevée par le député d'Outremont, à l'article 70,
on dit bien: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter
des mots ou les remplacer par d'autres". Alors ici, on remplace seulement un
mot, le mot "cinq" par "six".
Par contre, si vous permettez, M. le Président, j'ajouterai que
le premier amendement aurait dû être rejeté. C'est sur la
question de règlement. Le deuxième serait acceptable, mais, par
contre, je m'inscris en faux, sur le propos du député de
Jacques-Cartier, lorsqu'il parle de conseiller juridique. C'est qu'à un
moment donné, on prend ses paroles quand cela fait notre affaire et
quand cela ne fait pas notre affaire, on dit: II n'a pas d'affaire ici. A ce
moment-là je m'inscris en faux. C'est qu'on a eu un avis juridique, mais
sur la question de règlement, M. le Président, le premier point
au-raît dû être irrecevable et le deuxième
recevable.
Au premier on changeait plus que le libellé, on changeait
complètement l'article, alors qu'on disait "conseil d'administration" au
lieu de "gouvernement". Là, on change seulement un mot et c'est conforme
à notre règlement. Sur le point de règlement, je vous
demanderais de juger l'amendement recevable et on pourrait voter
immédiatement, mais...
Le Président (M. Marcoux): J'ai rendu ma décision
tantôt. La question de recevabilité n'avait pas été
soulevée, lorsqu'il y a eu une intervention du député du
Lac-Saint-Jean qui, finalement, remettait en question la formulation de
l'amendement proposé. J'ai dit à ce moment-là que nous
continuions à discuter sur le fond et que l'ajustement de forme serait
apporté une fois qu'on se serait entendu sur la question du fond. Je
pense que si on veut s'entortiller encore davantage, ma décision est
rendue.
Nous revenons à l'article 9, tel que rédigé. Est-ce
qu'il y a d'autres questions, commentaires ou amendements?
Mme Payette: La demande de directive était pour demander
si on mettait en cause la décision du président sur la
recevabilité ou pas, je pense que c'est fait. Je voudrais cependant, si
vous permettez, M. le Président, pour éliminer toute envie de
revenir avec un autre amendement de cet ordre, bien expliquer à quel
point ce serait un non-sens que les six membres soient nommés par le
Conseil de la coopération, parce que le Conseil de la coopération
représente, en effet, tout le secteur structuré, les
fédérations du mouvement coopératif.
Ce que nous avons essayé de trouver dans cette liste de cinq
noms, à cause de l'expertise du Conseil de la coopération dans ce
domaine, c'était un mécanisme pour communiquer avec le secteur
non structuré et lui permettre d'être représenté.
Mais, déjà, cette démarche de notre part va
peut-être provoquer dans le secteur non structuré un certain
remous. Avec une proposition qui fait que les six membres sont nommés
d'office par le Conseil de la coopération, on oblige les
coopératives non structurées à appartenir au Conseil de la
coopération. A mon avis, c'est absolument aller contre leur
volonté. Je maintiens que la proposition de l'article 9 est la meilleure
à notre connaissance.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a
d'autres...
M. Goulet: Est-ce qu'on peut ajouter quelque chose aux propos du
ministre?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Goulet: Le danger, justement, c'est qu'à ce
moment-là, parmi les cinq noms désignés par le Conseil de
la coopération, si le Conseil de la coo-
pération veut en exclure un, il va l'exclure. A ce
moment-là, pourquoi le ministre n'a-t-il pas lui-même nommé
une personne à l'intérieur des coopératives non
affiliées? Que ce soit le Conseil de la coopération qui nomme la
personne, s'il veut exclure un domaine ou une personne en particulier, il n'a
qu'à ne pas les mettre sur la liste. Vous devez, en tout cas
d'après la loi, piger parmi les cinq noms alors que votre objectif, ce
que vous venez d'expliquer, si j'ai bien compris, ce serait justement, si le
Conseil de la coopération veut exclure quelqu'un, que vous puissiez
aller chercher quelqu'un à l'intérieur des coopératives
non affiliées. Si on veut exclure cette personne, automatiquement, on ne
la met pas dans la liste des cinq. On en mettra cinq qui veulent être
là, qu'on voudrait voir là. Si on veut exclure une personne, on
l'envoie. Ce que vous venez d'expliquer va un peu en contradiction avec le
libellé, parce que le Conseil de la coopération a toujours le
gros mot à ce moment-là en disant: Ecoute, on ne veut pas une
personne dans tel domaine. On ne la mettra pas dans les cinq. On ne mettra pas
cette personne dans la liste des cinq. A ce moment-là, le ministre ne
pourra pas choisir. Pourquoi ne pas aller vous-même chercher une
personne, mais à l'intérieur des coopératives non
affiliées, sans passer par le Conseil de la coopération? A ce
moment-là, c'est lui qui a le gros bout du bâton.
Mme Payette: A ce moment-là, M. le député de
Bellechasse, le ministre se serait trouvé à nommer six personnes
à ce conseil d'administration, ce que nous voulons éviter.
M. Goulet: Mais, par contre, vous avez dit que vous ne vouliez
pas qu'elle soit nommée par le Conseil de la coopération et
là elle va l'être.
Mme Payette: Je pense que l'élasticité qu'on se
donne...
M. Goulet: II y a un dilemme.
Mme Payette: ...en demandant cinq noms protège tout le
monde. C'est, en tout cas, le mécanisme qui nous est apparu le plus
valable devant cette situation.
M. Goulet: Vous admettez quand même qu'il y à un
dilemme suite aux propos que vous avez tenus il y a deux minutes.
Mme Payette: Nous tenons pour acquise, au départ, la bonne
foi du Conseil de la coopération, qui souhaite ardemment le
développement des secteurs non structurés.
M. Goulet: Alors, on se fie à l'intégrité et
à l'éthique professionnelle des gens.
M. Saint-Germain: Pour quelle raison le gouvernement...
Le Président (M. Marcoux): Une seconde. Le
député de Jeanne-Mance avait demandé la parole.
M. Laberge: Je trouvais que l'argumentation du
député de Nicolet appuyait de Bellechasse, excusez-moi, je
sais que ce sont deux bons voisins appuyait l'argumentation qui fait que
le Conseil de la coopération ou le mouvement coopératif va garder
absolument la priorité au conseil d'administration et non au
gouvernement.
Ceci défait, évidemment, l'argumentation du
député de Jacques-Cartier, qui disait tout à l'heure qu'on
essayait de tout contrôler. C'est tout à fait le contraire qui se
produit à ce moment-là. Maintenant, s'il y avait un secteur
pour répondre au député de Bellechasse
à mon point de vue, s'il y avait un secteur de la coopération non
structuré et volontairement mis de côté par le Conseil de
la coopération, le ministre pourrait toujours, parmi les cinq
nominations qu'il a faites, aller chercher quelqu'un qui pourrait, selon
l'article 10, faire valoir sa voix. En somme, il ne serait pas majoritaire au
conseil; ce n'est pas lui qui emporterait les décisions du conseil, mais
il pourrait se faire entendre et faire entendre les arguments de son secteur.
Je trouve qu'il n'y a pas de meilleure façon de structurer un conseil
qui, a priori, est difficile à structurer, mais...
M. Goulet: Non, mais c'est mieux d'en parler avant
qu'après.
M. Laberge: ... je pense que l'expérience peut
démontrer que ça peut aller très bien.
M. Laberge:...
M. Saint-Germain: M. le Président, si vous voulez nous
donner quelques secondes, nous rédigerons un amendement qui, nous
l'espérons, sera recevable et exprimera bien notre point de vue au sujet
de l'article 9.
Le Président (M. Marcoux): Je pense que dans l'esprit de
la commission, on va suspendre la séance pour... combien de temps,
quatre minutes, cinq minutes?
M. Saint-Germain: Cinq minutes.
Le Président (M. Marcoux): On va suspendre la
séance pour deux ou trois minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
Reprise de la séance à 12 h 20
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Que l'article 9 soit amendé, en
changeant, à la première ligne du premier alinéa, le mot
"cinq" par le mot "six".
Deuxièmement, en retranchant, à partir de la
quatrième ligne du premier alinéa, tous les mots à partir
des mots "suivants et un autre".
Troisièmement, en retranchant tous les mots du deuxième
alinéa.
Le Président (M. Marcoux): ...et un autre, et ensuite?
Troisièmement?
M. Saint-Germain: En retranchant tous les mots du deuxième
alinéa.
Le Président (M. Marcoux): Je juge l'amendement recevable,
et si je le juge recevable, il faut dire pourquoi, n'est-ce pas? Pour bien
s'entendre, vous changez le mot "cinq" par le mot "six" à la
première ligne. Vous biffez, à partir de "et" dans le premier
paragraphe à partir de "et un autre" jusqu'à la fin? Et vous
biffez tout le deuxième paragraphe? C'est cela?
M. Saint-Germain: C'est cela, M. le Président.
Si vous voulez me permettre, M. le Président, d'expliquer le
pourquoi de cet amendement, c'est que, par cet amendement, on remettrait
définitivement le leadership de la Société de
développement aux coopératives.
Puisque Mme le ministre nous a laissé entendre qu'il fallait
absolument qu'il y ait un représentant des coopératives non
structurées, non affiliées, à l'article 10, qui dit: Cinq
autres membres sont nommés par le gouvernement, elle pourrait facilement
choisir parmi ces cinq membres un représentant des coopératives
non structurées. Je trouve curieux, M. le Président, que si on
s'entend au point de vue principe, on ne puisse pas mettre de façon
claire et précise dans la loi un article qui permettrait à tous
ceux qui sont intéressés par cette loi de bien comprendre et
d'avoir une preuve indiscutable que cette société de
développement est premièrement de leur responsabilité et
qu'ils doivent en assumer le leadership. Si nous attachons, M. le
Président, une telle importance à cette façon de voir,
c'est que nous savons pertinemment qu'il n'y a pas, dans cette
société, que des mises de fonds, que l'argent, même public,
mais qu'il y a une philosophie à soutenir et qu'il faut absolument qu'au
niveau de cette société la philosophie coopérative prime;
nous considérons donc que les seuls qui peuvent d'une façon
continue voir à ce que cette société soit toujours
sous-tendue par une philosophie coopérative, nous le croyons
sincèrement, ce sont les représentants des coopérateurs,
et que seuls ils peuvent le faire d'une façon soutenue.
Il faut aussi penser, M. le Président, que si cette
Société de développement coopératif est mal vue ou
perd la crédibilité ou la confiance des coopérateurs, elle
tombera d'elle-même, et elle sera tout à fait inutile; elle ne
pourra certainement pas jouer le rôle que les citoyens pourraient
s'attendre qu'elle joue et que les membres de nos différents mouvements
coopératifs s'attendent à ce que cette société ait
une certaine crédibilité, parce que les simples membres d'une
coopérative savent pertinemment que, dans une coopérative, ce
sont eux qui doivent établir les priorités de leur
coopérative, et si cette société devait tomber sous la
juridiction du gouvernement, il me semble définitif que les
coopérateurs se sentiraient très éloignés de
l'autorité et sentiraient très vite qu'ils ne peuvent pas jouer
au niveau de cette société le rôle qu'ils s'attendaient
à jouer.
Alors, c'est la raison de cet amendement.
M. Goulet: Seulement une question. D'après l'amendement,
on ne va plus chercher obligatoirement de membres de coopératives non
affiliées, si on le biffe?
Mme Payette: C'est ce qui vient d'arriver. M. Raynauld:
Suivant la proposition...
M. Goulet: Cette fois-ci, si c'est le cas, je serai contre.
M. Raynauld: ...c'est laissé à la discrétion
du ministre. Si je peux me permettre, en réponse à vos objections
quand vous avez dit tout à l'heure que le ministre n'avait pas
entièrement le choix de prendre les gens qu'elle voulait, qu'elle
était encore limitée à la liste soumise par le Conseil de
la coopération. Tout ce que nous disons, c'est que, parmi les cinq
membres nommés par le gouvernement, ce dernier a l'entière
liberté de choisir qui il veut. A ce moment, il n'y a aucune exclusion.
Il y aurait même mieux que cela. Le ministre pourrait même en
nommer deux du secteur non affilié aux fédérations, si le
gouvernement le désirait.
Donc, c'est un amendement qui devient de plus en plus simple, de plus en
plus transparent: On dit que ce sont six membres nommés sur
recommandation du Conseil de la coopération du Québec. Donc,
à ce moment, la majorité est très clairement
indiquée; ensuite, parmi les cinq autres membres que le gouvernement
peut choisir, il choisit qui il veut.
M. Goulet: M. le Président, si vous permettez, sur
l'amendement... Tantôt, on obligeait le Conseil de la coopération
à aller chercher au moins une personne, quoiqu'il puisse en exclure s'il
le veut, dans les coopératives non affiliées. Là, on ne
l'oblige plus. C'est ce que j'essaie de défendre depuis... Il n'a
même pas un mot à dire là-dedans. Qu'il y en ait un
obligatoirement et là, il n'y en aura plus, c'est-à-dire qu'il
n'y en a pas obligatoirement.
M. Saint-Germain: Si cet amendement était accepté,
on pourrait facilement, si on veut clarifier la loi, la rendre transparente. On
pourrait, à l'arti-
cle 10, obliger le gouvernement à nommer au moins un membre qui
représente le secteur non organisé, parce qu'enfin, même si
la rédaction...
Il y a deux articles qui concernent la nomination des membres. Enfin, il
pourrait n'y avoir qu'un article qui voudrait dire absolument la même
chose. Si nous nous en sommes tenus exclusivement à l'article 9 dans
notre amendement, il est clair que, suite à l'acceptation de cet
amendement, à l'article 10, il faudrait nécessairement amener un
autre amendement qui obligerait le gouvernement à choisir un
représentant des coopératives non affiliées. Comme le
député d'Outremont le disait, le gouvernement aurait la pleine
liberté d'en nommer deux ou trois, selon son bon vouloir, mais il serait
toujours clair dans la loi que le leadership appartiendrait aux
coopératives.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il d'autres intervenants
sur l'amendement? Mme le ministre.
Mme Payette: Je continuerai d'être contre cet amendement
parce que, initialement, à l'article 10, il est prévu de nommer
cinq représentants qui puissent venir en aide au mouvement
coopératif de par l'expérience qu'ils ont. Mais ils doivent en
même temps être les représentants du gouvernement pour bien
veiller sur les fonds publics investis par le gouvernement dans les
sociétés de développement coopératif.
L'explication que j'ai donnée tout à l'heure en disant
que, s'il s'avérait absolument nécessaire que le gouvernement
nomme un membre du secteur non structuré pour une raison ou pour une
autre, ce serait en se privant d'un représentant du gouvernement
à l'intérieur de cette structure. Donc, ce n'est pas
souhaitable.
La solution la plus logique qui reste est celle proposée ici et
qui permet au mouvement coopératif d'être représenté
par cinq membres choisis par le Conseil de la coopération, d'un membre
désigné par le ministre dans une liste de cinq personnes qui
représente le secteur non structuré, liste également
présentée au ministre par le Conseil de la coopération, et
cinq représentants du gouvernement pour lesquels on se laisse une
latitude à partir des besoins de la Société de
développement coopératif et du besoin du gouvernement de veiller
sur l'investissement de fonds publics.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, lorsque nous avons
étudié les crédits du ministère des Institutions
financières, Compagnies... Comment cela s'appelle-t-il maintenant?
Mme Payette: Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
M. Garneau: Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, cette question de la créa- tion de la
Société de développement coopératif avait
été largement abordée, et elle l'avait été
à partir d'articles de journaux qui avaient été
publiés dans les jours précédents et qui indiquaient
clairement, d'après les rumeurs qui circulaient au cabinet du ministre
et dont certains journalistes avaient eu vent, que l'orientation du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières était de mettre la main, en quelque sorte, sur la
Société de développement coopératif. Dès ce
moment, j'avais attiré l'attention du ministre sur cette philosophie que
l'on ne partageait pas du côté de l'Opposition et que l'on ne peut
partager à partir d'un texte précis qui confirme, jusqu'à
un certain point, les rumeurs qui circulaient à ce moment-là.
L'organisation coopérative, c'est une association de personnes
qui unissent leurs efforts pour rendre des services à ses membres. La
raison d'être de la coopération, c'est le membre de la
coopérative et non pas la direction comme telle. C'est bien plutôt
pour venir en aide aux membres qui veulent unir leurs efforts pour s'octroyer,
à eux-mêmes, des services de meilleure qualité et, sur le
plan financier, à l'occasion, avoir des meilleurs prix en se regroupant.
Pour être capable d'appliquer cette philosophie d'une façon
complète et rejoindre les objectifs de la coopération, il me
semble que l'action du gouvernement ne doit pas s'orienter vers la mainmise sur
une société de ce type, mais plutôt sur la confiance qu'il
faut avoir envers les représentants du secteur coopératif, et la
seule façon de s'assurer, par le texte de cette loi, que le mouvement
coopératif ait véritablement le leadership dans les orientations
de la société, c'est de confier à ses représentants
la majorité au conseil d'administration.
Quand on voit la façon dont le texte est formulé on
reviendra plus tard sur d'autres articles entre autres, si ma
mémoire m'est fidèle, l'article 15, et aussi quant à la
formation du conseil exécutif qui est suggérée, on
pourrait rapidement se retrouver dans une situation où les
coopérateurs, par leurs représentants, seraient en
minorité au conseil, et l'objectif visé par l'amendement est
clair et précis, c'est de s'assurer, partout, tant au conseil
d'administration qu'à l'exécutif, que les représentants
des coopératives aient la majorité et qu'ils déterminent
la philosophie générale, l'orientation de cette
société qui est faite pour aider le secteur coopératif et
non pas pour implanter, par-dessus la tête des coopérateurs, une
politique gouvernementale.
Nous croyons qu'en obligeant le conseil... La loi spécifie
clairement que six des membres du conseil sont désignés par le
Conseil de la coopération. Evidemment, j'ai entendu, tout à
l'heure, les arguments juridiques qu'on a présentés pour
éviter que le Conseil de la coopération nomme lui-même ses
membres. En tout cas, ce sont là des avis juridiques que je ne partage
pas, pour les mêmes raisons que, tout à l'heure, le conseiller
juridique nous disait que, dans une loi, on peut le spécifier et amender
d'autres lois. Je dis qu'il aurait été de loin
préférable que, étant donné que le
Conseil de la coopération est défini, qu'il a un statut
juridique, qu'il y a une loi, qu'il y a des lettres patentes, on aurait pu le
laisser, mais comme l'amendement a été rejeté, je ne
voudrais pas revenir là-dessus, mais, au moins, je voudrais attirer
l'attention du ministre sur l'importance qu'il y a de s'assurer qu'en tout
temps, le mouvement coopératif, par ses représentants, ait la
majorité à ce conseil.
Quand on parle des secteurs non organisés, je conviens qu'il est
sans doute préférable qu'il y ait au moins un représentant
du secteur non organisé, d'autant plus qu'un des objectifs de la loi,
par la section IV, est justement de favoriser l'organisation en
fédérations de ces structures que l'on appelle actuellement non
organisées, pour être capables, éventuellement, avec le
temps, de se suffire à elles-mêmes et d'être en mesure
d'atteindre les services qu'elles peuvent se donner en commun par le biais
d'une fédération, et pour s'assurer que ce secteur non
organisé soit bien représenté.
Comme le disaient mes collègues, on pourrait facilement, à
l'article 10, venir avec un amendement qui obligerait que, sur les cinq autres
membres, il y en ait au moins un nommé à partir d'une liste
fournie par le Conseil de la coopération dans le secteur non
organisé.
Quand on parle de surveiller les fonds publics, je crois qu'il y a bien
d'autres mécanismes dans la loi qui peuvent permettre au ministre et au
gouvernement, au lieutenant-gouverneur en conseil, de s'assurer que les fonds
utilisés le sont en vertu des dispositions de la loi. Je crois que ce
n'est pas le fait qu'il y ait quatre membres ou cinq membres
représentant les ministères à vocation économique
ou d'autres personnes nommées par le gouvernement, ce n'est pas quatre
ou cinq qui vont faire que les avances faites par le ministre et les dotations
qui sont faites pour la section IV que ces sommes d'argent soient bien
utilisées. Je ne crois pas que ce soit une question de quatre ou cinq,
parce que, si on pousse cet argument un peu plus loin, cela voudrait le dire,
cela correspond, dans le fond, à la philosophie du ministre qui veut
s'assurer que cette société soit sous la tutelle du gouvernement
et non pas sur la coupole du secteur coopératif que l'on veut pourtant
aider.
Pour ma part, je trouve que cet amendement, qui est un moyen terme entre
celui qu'on aurait espéré et ce qui est écrit dans les
articles 9 et 10, devrait être accepté pour inclure, d'une
façon spécifique, dans la loi que la Société de
développement coopératif, que c'est une assistance que l'Etat
veut apporter au développement coopératif, tout en laissant au
secteur coopératif le leadership et la possibilité de prendre les
décisions conformément à la philosophie qui est bien
propre au mouvement coopératif et non pas en vertu de diktats qui
pourraient venir de membres du conseil d'administration et que celui-ci aurait
reçu les mandats du gouvernement.
J'espère que cet amendement pourra être adopté, afin
de bien répondre aux objectifs qui avaient été soumis
à l'automne 1974, je crois, lors de la réunion du Conseil de la
coopération, où l'idée de la mise sur pied d'une telle
société avait été avancée, de même
qu'aux objectifs décrits dans le rapport Parenteau, qui recommandait
également au gouvernement de créer cette société
qui a véritablement pour objet d'aider le secteur coopératif,
mais non pas à le mettre en tutelle par cette société qui
risquerait à tout le moins de tomber entre les mains de personnes qui ne
sont pas directement reliées, par philosophie et par
intérêt, au développement du mouvement
coopératif.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il d'autres
députés qui veulent faire des commentaires ou poser des
questions? M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Je vais peut-être faire simplement un
très bref commentaire. Franchement, je voudrais demander instamment au
ministre de réviser sa position sur cet article 9. Je le demande
instamment, parce que ce n'est pas par caprice que cet amendement est
suggéré. Je pense que les objectifs que nous poursuivons avec cet
amendement sont ceux du ministre. Franchement, on n'a pas entendu de raisons
valables pour que le gouvernement s'oppose à cet amendement.
Sur la question des fonds, la gestion des fonds publics, je pense le
député de Jean-Talon vient de dire qu'il y a beaucoup d'autres
mécanismes qui assurent que les fonds publics sont utilisés
à bon escient. Nous reviendrons plus loin avec une proposition
absolument extraordinaire. Vous demandez même des rapports mensuels de la
part de la Société de développement coopératif. Si
un rapport mensuel ne suffit pas à vérifier si les fonds sont
utilisés pour les fins prévues par la loi, je me demande bien qui
va le faire.
En même temps, on nous dit que c'est l'intention du gouvernement
de laisser l'initiative au mouvement coopératif. Sur le plan de la
structure d'une loi, de la structure d'une société comme celle
qui est proposée ici, l'autonomie, cela se traduit par une
majorité à un conseil d'administration, cela ne se traduit pas
par une minorité de cinq sur onze, cela se traduit par une
majorité de six sur onze.
Maintenant, si cet amendement est refusé, je serai obligé
de conclure, en ce qui me concerne, que tout ce que le ministre a
déclaré depuis le début, y compris son discours de
deuxième lecture, c'était simplement pour la frime et pour le
public, mais qu'elle ne voulait pas et ne croyait pas aux choses qu'elle a
dites parce que cet amendement ne fait que concrétiser de façon
claire et transparente les intentions qu'elle est censée avoir. Si c'est
vrai qu'elle a l'intention de laisser l'initiative au mouvement
coopératif, elle devrait accepter cet amendement. Si cet amendement est
refusé, rejeté, on sera obligé de conclure que
c'était simplement du théâtre.
M. Saint-Germain: Pour terminer là-dessus, M. le
Président, pour ce qui concerne l'obligation qu'a le gouvernement
d'être le gardien des fonds publics, il y a même un article qui dit
que si une
coopérative a emprunté de la société, que la
société peut exiger qu'elle ait un représentant lors des
assemblées du conseil de direction de cette coopérative en
difficulté. Un autre article dit même qu'à la demande du
ministre, la société est obligée de lui faire rapport, en
plus des rapports mensuels qui sont dans la loi. Ce qu'il y a d'important ici,
je crois, qui est fondamental, c'est la philosophie coopérative qui doit
persister. Je crois qu'on peut le faire exclusivement en donnant le leadership
aux coopérateurs et on peut, par bien d'autres moyens, s'assurer que les
fonds publics soient dépensés tel que le veut l'esprit de la
loi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que d'autres
députés veulent intervenir sur l'amendement proposé par le
député de Jacques-Cartier? Est-ce que l'amendement visant
à remplacer à l'article 9 le mot "cinq" par le mot "six" et,
à biffer, dans le premier paragraphe à partir de la
quatrième ligne, les mots "et un autre membre qui est choisi à
même une liste de cinq membres d'une ou plusieurs entreprises
coopératives non affiliées à une
fédération", et à biffer le deuxième paragraphe de
l'article 9? Est-ce que cet amendement du député de
Jacques-Cartier sera adopté?
Mme Payette: Rejeté.
M. Saint-Germain: Un vote enregistré, s'il vous
plaît, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Iberville. Le député de Sainte-Marie. Le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Saint-François. Le député de Bellechasse.
M. Goulet: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Limoilou.
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Pontiac-Témiscamingue. Le député de Viau.
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Contre.
Le Présdient (M. Marcoux): Le député de
Matapédia. Le député de Dorion.
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Beauce-Sud. Le député de Brome-Missisquoi. Le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement du
député de Jacques-Cartier est rejeté. Nous revenons
à l'article 9 tel que rédigé. Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou commentaires? Adopté?
M. Saint-Germain: Sur division.
Le Président (M. Marcoux): Adopté sur division.
Article 10.
M. Saint-Germain: A l'article 10...
M. Garneau: L'article 10 confirme ce que le député
d'Outremont mentionnait tout à l'heure; c'est que la philosophie du
ministre est de mettre la main sur la Société de
développement coopératif et de ne pas permettre aux
coopérateurs d'administrer eux-mêmes leurs affaires.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Le député d'Outremont.
M. Raynauld: Je voudrais simplement dire un mot. J'ai fait
allusion tout à l'heure à la possibilité de joindre les
articles 9 et 10. Il me semble que, dans une rédaction
ultérieure, ce serait plus normal et cela se lirait mieux si on avait un
seul article visant à la constitution du conseil d'administration. Mais
je n'en fais pas un amendement, puisque je sais qu'il va être
rejeté.
M. Saint-Germain: Personnellement, M. le Président, nous
avons bien...
M. Brassard: ... le comportement.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 10 sera
adopté?
M. Saint-Germain: M. le Président, s'il vous plaît!
Nous avons bien essayé de faire ressortir le fait que le gouvernement
voulait conserver le leadership de cette société. Nous avons
essayé, par tous les moyens possibles, de faire mettre dans la loi la
philosophie qu'a longuement décrite le ministre ici même à
cette table de même qu'à l'Assemblée nationale lors de son
discours de deu-
xième lecture. Nous constatons, nous avons réussi à
faire constater à tous ceux qui sont intéressés par cette
loi que la décision du gouvernement était inébranlable a
ce point de vue. Je ne vois pas pour quelles raisons nous devrions faire de
longs débats sur l'article 10. Ce serait absolument inutile, ce serait
une perte de temps. Qu'elle soit votée sur division, quant à
nous, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 10, adopté sur
division. Article 11? Adopté?
M. Saint-Germain: Non.
Le Président (M. Marcoux): Je posais la question, je
n'affirmais rien.
M. Raynauld: Je pensais même que Mme le ministre voulait
parler, au début, sur l'article 11.
Mme Payette: Ce que j'ai à dire sur l'article 11, c'est
très simple. C'est un article qui est là, parce qu'il est
nécessaire de l'y mettre pour tout prévoir. Mais il faudrait
tenir pour acquis que le mouvement coopératif s'est complètement
désintéressé de la Société de
développement coopératif pour que cet article puisse intervenir.
Ce qui ne me paraît pas le cas et ce qui ne semble pas le cas du Conseil
de la coopération.
M. Saint-Germain: Puisque cet article semble inutile, de par la
déclaration du ministre, je crois qu'on devrait simplement le rejeter,
l'exclure du projet de loi car, autrement, on verrait que la philosophie du
gouvernement qui veut conserver sous sa juridiction cette
société... On voit qu'en vertu de l'article 11 elle peut nommer,
au complet, les membres de cette société. C'est dire
qu'après la formation de cette société, les
coopérateurs ne pourront pas protester contre son existence même
si, dans son évolution et dans ses actions, elle va à
l'opposé ou a des activités tout à fait à
l'opposé de la philosophie coopérative. Personnellement, je vois
là une autre tactique qui confirme les vues du gouvernement. Il me
semble évident que, si les coopérateurs se
désintéressent de leur société après l'avoir
fondée, c'est une preuve concrète d'un élément,
d'un facteur devant rendre cette société tout à fait
inopérante. Elle devrait, par le fait même, mettre fin à
ses activités, car elle n'aurait plus rien de coopératif. Elle
redeviendrait tout simplement une autre société comme la SDI et
jouerait nécessairement un rôle parallèle à d'autres
organismes gouvernementaux. Je ne vois absolument pas dans ce projet de loi la
nécessité de l'article 11. Il devait nécessairement
être rejeté, hormis que le gouvernement voudrait s'en servir pour
établir sa mainmise sur cette société.
Mme Payette: Est-ce que je peux répondre, M. le
Président, ou faut-il attendre?
Le Président (M. Marcoux): Oui, Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, ce que nous avons voulu
prévenir par cet article, c'est l'éventualité qui serait
infiniment regrettable, en ce qui nous concerne, mais que le Conseil de la
coopération, par exemple, se saborde ou cesse d'exister.
Ce qui ne voudrait pas dire que le mouvement coopératif mourrait
par la même occasion, et qui nous permettrait de maintenir la
Société de développement coopératif en fonction,
jusqu'au moment où nous aurions déterminé d'autres moyens
de fonctionnement.
Le Président (M. Marcoux): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais vraiment
m'inscrire en faux contre un article comme celui-ci. Je pense qu'il ne doit pas
y avoir beaucoup de parallèles dans les lois du Québec qu'on
pourrait invoquer à la défense d'un article comme celui-ci.
Je comprends que cela a pu être fait pour prévoir
l'imprévisible, mais c'est en même temps une épée de
Damoclès qui est suspendue. C'est en même temps la négation
de tout le projet de loi, et c'est ensuite d'une incohérence absolue,
puisque, dans un cas comme celui-là, on continuerait à
réclamer, en vertu de l'article 28, par exemple, des contributions
financières du mouvement coopératif, alors que le mouvement
coopératif aurait indiqué qu'il ne voulait plus participer
à une société de ce genre. Je pense que cela deviendrait
odieux que le gouvernement continue à maintenir une
société envers et contre le mouvement coopératif, qui est
représenté par le Conseil de la coopération du
Québec. S'il en était ainsi, à ce moment, nous aurions une
société d'Etat entièrement formée par le
gouvernement et qui imposerait ce qui deviendrait une taxe à des gens
pour les forcer à participer financièrement à une
institution qui serait purement gouvernementale, à ce moment. Elle ne
serait plus une société mixte de rien du tout.
On pourrait tracer un autre parallèle à celui-là,
dans le domaine du travail, où, quand les syndicats refusent de
participer à quelque chose, on dirait: On va mettre le syndicat de
côté et on va aller directement aux membres. C'est un argument qui
pourrait peut-être avoir un peu de poids auprès de Mme le
ministre, si je connais bien ses opinions, mais c'est exactement la même
chose que l'on fait ici. On passe à côté des
organismes.
Mme Payette: M. le Président, peut-on demander au
député de cesser de me prêter des intentions? On est rendu
dans le domaine syndical. On n'est plus du tout à l'article qui nous
occupe.
M. Raynauld: Je voulais vous faire plaisir.
Mme Payette: Faites-en le moins possible, à ce niveau, M.
le député d'Outremont.
M. Raynauld: Très bien. Une Voix: On l'affirme.
M. Raynauld: C'est cela, on va l'affirmer, parce que l'article
11, tel qu'il est là, ou bien vous
avez l'intention de vous en servir et vous en avez besoin, ou il est
inutile, et vous devriez l'abandonner. Si vous ne voulez pas que nous
exprimions des vues sur des articles comme ceux-là, en faisant
référence à des déclarations que vous avez faites
pour essayer de montrer que nous voulons partager au moins une partie des
intentions déclarées, pas implicites, mais
déclarées, et celles que vous avez faites, en particulier,
à l'occasion du discours en deuxième lecture, je suis un peu
surpris, parce que je ne pensais pas à des intentions cachées,
mais à des déclarations que vous avez faites.
Quoi qu'il en soit, cet article 11, encore une fois, est la
négation de tout ce projet de loi, de toutes les intentions qui ont
été déclarées par vous-même. Il me semble que
c'est un article qui devrait être supprimé, parce que, si le
Conseil de la coopération du Québec refuse ou se saborde, ou ne
veut plus participer avec le gouvernement à une entreprise commune, une
entreprise mixte, à ce moment, je pense qu'il n'y a pas lieu que le
gouvernement cherche à remplacer l'organisme et se substitue aux
coopérateurs, au mouvement coopératif, pour imposer des
contributions financières en provenance du mouvement coopératif
et, en plus, nommer tous les gens de son propre choix.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, il y a deux volets à
cela. Eventuellement, à la suite de ce que vient de dire le
député d'Outremont, c'est entendu que, si le Conseil de la
coopération refusait de proposer des gens à ce bureau, je ne vois
pas pourquoi la société pourrait demeurer, si les gens de la
coopération ne veulent pas.
J'apprécie ce qu'a répondu le ministre. C'est un article
de concordance, je pense. Si, éventuellement, le Conseil de la
coopération était dissous, on pourrait quand même continuer
à aider les 550. Rien ne nous dit que demain matin, demain matin ou plus
tard, au lieu de 550 coopératives non affiliées à la
fédération, ce ne sera pas 2000. On pourrait continuer à
les aider. Cela ne veut pas dire que la coopération est morte au
Québec. C'est le but précis de l'article. D'après le
libellé de l'article, je ne vois pas pourquoi on le bifferait, parce que
rien ne nous dit que le Conseil de la coopération ne sera pas dissous
d'ici deux ans... Au lieu de 550 coopératives non affiliées ce
sera peut-être 2500, mais ce seront toujours des coopératives.
Alors pourquoi ne pas les aider? C'est surtout là qu'on aurait besoin
d'aide. C'est peut-être pourquoi je vois un bien-fondé à
cet article. C'est une éventualité, mais je pense que c'est pour
cela aussi qu'il a été mis.
Le Président (M. Marcoux): Mme le ministre.
Mme. Payette: M. le Président, tantôt, on a fait
allusion à une certaine forme de taxe, c'est-à-dire que, dans
l'éventualité où le Conseil de la coopération ne
satisferait pas aux exigences de la loi, il serait tenu de verser certaines
sommes. Je crois qu'il est mentionné aux articles 28 et 29 du projet
qu'il y a un engagement statutaire de la part du gouvernement. Cependant, il
est conditionnel, selon la capacité ou la volonté du milieu
coopératif de verser ces propres sommes. A ce moment, si le milieu
coopératif ne verse pas les sommes qu'il est appelé à
verser, la condition statutaire rattachée au projet de loi fera que le
gouvernement ne sera pas obligé de les verser.
Autrement dit, on peut dire que la Société de
développement coopératif recevra, à ce moment, tout, ou
elle ne recevra rien. Il n'y a aucun engagement qui vienne se cristalliser sur
le mouvement coopératif. Mais il peut y avoir eu des sommes
versées durant un certain nombre d'années qui soient assez
considérables et qui exigent une permanence, une continuité de
cette société aux prises avec des obligations à remplir et
des droits à faire respecter. Cela nous oblige à s'assurer qu'il
n'y aura pas de monstruosité corporative qui existe, à
défaut de pouvoir constituer un conseil d'administration qui assure la
viabilité de la corporation.
Ce sont des moyens d'urgence qui seront utilisés,
éventuellement, si besoin est. Il peut arriver que le Conseil de la
coopération, pour des raisons absolument indépendantes de son bon
vouloir, ne soit pas en mesure de le faire, soit même à cause de
son existence juridique qui est mise en question, à cause de sa
capacité à aller chercher des coopérateurs-souscripteurs
en nombre suffisant pour respecter les exigences de la loi.
C'est donc une mesure exceptionnelle, dont il ne faut pas s'attendre
qu'elle soit utilisée dans un avenir immédiat ou lointain.
Cependant, je crois qu'il y a une monstruosité corporative qu'il faut
à tout prix éviter. On doit être assuré d'une
continuité de la corporation, en attendant que d'autres mesures soient
prises pour assurer une participation du mouvement coopératif par une
autre méthode que celle du Conseil de la coopération.
Le Président (M. Marcoux): L'article 11 sera-t-il
adopté? Le député de Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, l'argument que vient
d'évoquer le conseiller juridique va plutôt dans le sens de nos
propos qu'à l'inverse. S'il est vrai que les articles, ou la dotation et
les avances sont faites, les articles 27 et 35, je crois, c'est à la
condition que le mouvement coopératif verse ces sommes. Cela donne
encore un argument de poids au fait que l'article 11 n'est pas
nécessaire. Si on veut régler les problèmes qui
surviendront dans dix, quinze, vingt ans... Je crois que l'Assemblée
nationale n'est pas morte. Elle ne sera pas morte dans dix ou quinze ans,
j'imagine bien.
Si une situation comme celle que vous avez décrite devait se
produire, elle traduirait un affrontement, en quelque sorte, entre le mouvement
coopératif et le gouvernement. Si tel était le cas, la solution
de cet affrontement donnerait lieu à un débat public, qui
pourrait et devrait avoir son écho
à l'Assemblée nationale. Le gouvernement, qui sera
responsable de l'application de cette loi, en temps utile, pourra
présenter des amendements à la loi. Mais je ne vois pas pourquoi,
par cette loi... Si c'était le seul article qui traduise la philosophie
du gouvernement, on pourrait faire confiance davantage et dire:
D'accord, c'est peut-être un article qui sera utilisé
uniquement en cas de catastrophe ou, pour employer les termes, de
monstruosité juridique. Mais, comme l'ensemble de la loi on vient
de passer l'article 9, l'article 10 et on verra tout à l'heure, je
crois, l'article 15, et également l'article qui forme le conseil
exécutif, c'est toute la philosophie qui est inhérente à
cette loi, qui nous inquiète et qui traduit une approche qui ne fait pas
confiance au mouvement coopératif pour gérer lui-même ses
affaires et orienter son action, d'accord avec l'aide du gouvernement, mais
d'après la philosophie qui le gouverne et qui je crois devoir le
dire quand même a connu des succès certains au
Québec. Si le mouvement coopératif s'opposait à
l'orientation de la société parce qu'éventuellement elle
pourrait être presque sous le contrôle gouvernemental et leur
échapper, ils arrêteraient de souscrire. A ce moment, nous serions
en face d'un problème de coopération, non pas à
l'intérieur du mouvement, mais entre le gouvernement et cette
société et le mouvement coopératif. Je crois que, dans une
telle éventualité, ce serait par un amendement à la loi
que l'on devrait procéder et porter l'ensemble du débat à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, je crois qu'il est 1 heure et je dois le
reconnaître...
Le Président (M. Marcoux): II est presque une heure.
Pourrait-on adopter l'article 11?
M. Garneau: Non, M. le Président, j'aimerais pouvoir
terminer mes remarques lorsque le leader du gouvernement rappellera ce projet
de loi, soit cet après-midi ou un autre tantôt.
Le Président (M. Marcoux): D'ici l'ajournement de la
session?
M. Garneau: A un moment donné, j'imagine que cela
reviendra.
Mme Payette: II est une heure moins une, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): C'est que le
député de Jean-Talon n'a pas terminé ses propos. Il a
demandé en somme la suspension du débat. Alors, on aura
l'occasion de se revoir, j'en suis convaincu.
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 2)