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Étude du projet de loi no 49
Loi constituant la Régie de
l'assurance automobile du Québec
(Vingt-deux heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre,
messieurs!
Voici que sont réunis autour de cette table les principaux
cerveaux de la commission. Nous allons immédiatement commencer, tout
d'abord, en soulignant que c'est la commission permanente des consommateurs,
coopératives et institutions financières qui se réunit
pour étudier le projet de loi no 49, Loi constituant la Régie de
l'assurance automobile du Québec. Les membres de cette commission sont:
MM. Beauséjour (Iberville), Bi-saillon (Sainte-Marie), Gagnon
(Champlain), Gosselin (Sherbrooke), Goulet (Bellechasse), Laberge
(Jeanne-Mance), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), Landry (Fabre),
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), Lefebvre (Viau), Marois
(Laporte), Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), MM. Raynauld
(Outremont), Roy (Beauce-Sud), Russell (Brome-Missisquoi), Saint-Germain
(Jacques-Cartier), Vaillancourt (Jonquière).
M. Lalonde: Le député de Jacques-Cartier est
là, oui.
M. Fontaine: M. Fontaine à la place de M. Russell.
Le Président (M. Bertrand): M. Fontaine à la place
de M. Russell, M. Fontaine (Nicolet-Yamaska).
Mme Payette: ... le député d'Outremont.
M. Fontaine: ... celui de Jacques-Cartier également.
Mme Payette: Je l'entends venir.
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre, Mme le
ministre! Ici, c'est le président qui préside.
Mme Payette: Jusqu'à 11 heures, c'est plus difficile.
À partir de 11 heures, je vais être très sage.
Le Président (M. Bertrand): Très bien. Nous allons
nous nommer un rapporteur si vous voulez bien. J'attendrai une proposition de
quelque membre que ce soit. Le député de Jeanne-Mance accepte
d'être volontaire et fera rapport des travaux de cette commission
à l'Assemblée nationale.
Nous allons commencer immédiatement l'étude de ce projet
de loi no 49 et, comme il se doit, puisque c'est notre mandat, j'appelle
immédiatement l'article 1. Mme le ministre.
Constitution
Mme Payette: M. le Président, il n'y a rien de plus simple
que l'article 1. Le but de cet article est de déclarer tout simplement
l'intention du législateur de constituer une entité
personnalisée, appartenant à l'État, c'est-à-dire
une régie, et de l'affecter à une tâche économique
et sociale annoncée par son nom, soit l'assurance automobile du
Québec.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné que
le principe de ce projet de loi a été adopté par
l'Assemblée nationale, nous ne pouvons dire autre chose que nous ne
sommes pas en désaccord avec l'article 1.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous passez? Alors, l'article 1 sera-t-il...
M. Fontaine: J'aurais peut-être des questions au niveau de
l'application, avant de l'adopter.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien
d'employés nécessitera l'application de cette régie?
Mme Payette: Au point de départ, au tout début, il
s'agit presque du personnel... On a actuellement pressenti cinq ou six
personnes jusqu'à ce que le régime, éventuellement, soit
adopté, tel que prévu par l'Assemblée nationale.
M. Fontaine: Est-ce que cela implique également que la CAT
va être obligée d'avoir du personnel supplémentaire?
Mme Payette: Nous ne le pensons pas pour l'instant. Les
négociations se font présentement avec la CAT. La CAT est en
pleine décentralisation, comme vous le savez. Il y a une transformation
complète à ce niveau. Nous continuons de négocier avec la
CAT, mais il s'agit, pour la régie, de donner à la CAT
l'administration de son régime. Rien n'est conclu, tout n'est qu'en
négociation.
Le Président (M. Bertrand): L'article 1 serait-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2. Mme le ministre.
Fonctions
Mme Payette: M. le Président, à l'article 2, nous
avons déjà annoncé des amendements ainsi qu'aux articles 3
et 4. Alors, on va faire distribuer des copies, si vous le permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez, entre les mains,
copie de trois motions d'amendement concernant les articles 2, 3 et 4. Mais,
pour suivre la procédure de nos délibérations, nous allons
d'abord aborder une motion d'amendement à l'article 2 qui se lirait
comme suit: Que l'article 2 soit modifié a) en retranchant dans le
premier alinéa les mots avant le premier mars 1978; b) en
insérant dans le paragraphe a), après le mot "instauration", le
mot "éventuelle". Mme le ministre, sur la motion d'amendement.
Mme Payette: M. le Président, je pense que l'amendement
est explicite, puisque depuis le dépôt d'un autre projet de loi
à l'Assemblée nationale, en première lecture, il n'est
plus aussi important de laisser, dans ce projet de loi créant la
régie, ce qui était, en fait, la description des intentions du
gouvernement. C'est pourquoi nous proposons de les retrancher tout
simplement.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, naturellement le retrait des
mots avant le 1er mars 1978 exprime, de façon assez éloquente,
l'intention du gouvernement, ou enfin un changement dans l'intention du
gouvernement, à savoir que l'élaboration et la mise en place de
l'instauration des paragraphes a) et b) ne seront pas faites avant le 1er mars
1978. Est-ce que Mme le ministre pourrait nous expliquer les raisons qui ont
amené le gouvernement à remettre à plus tard, et le cas
échéant à quelle date, l'instauration d'un tel
régime?
Mme Payette: M. le Président, il n'est pas question, dans
l'esprit du gouvernement, de remettre à plus tard. Il est question,
cependant, de ne pas donner à la régie un mandat aussi clair et
aussi précis. On ne peut pas, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, présumer de ce qu'il adviendra du contenu,
puisqu'on a défini le projet de loi comme étant un contenant. Ne
pouvant présumer de ce qu'il arrivera du projet de loi 67, je crois que
nous nous devions de retirer cette date qui coulait, en fait, la situation dans
le bronze.
M. Fontaine: Vous ne voulez pas courir le risque au cas où
l'autre projet de loi ne serait pas adopté.
Mme Payette: S'il devait, pour une raison ou pour une autre,
être retardé, nous ne voulons pas mettre la régie dans une
situation de ne pas pouvoir accomplir son mandat.
M. Fontaine: J'avais, lors de mon discours en deuxième
lecture, parlé de la question automobile, le ministre ne semblait pas
d'accord avec mon propos. On ne définit pas ici l'automobile. Je
comprends que c'est défini dans la loi 67, c'est défini
également dans la loi d'indemnisation des victimes d'accident
d'automobile. Mais je me demande s'il n'y aurait pas lieu
peut-être que vos légistes pourraient le dire de faire une
référence à ces lois. Quand on dit une automobile...
Mme Payette: M. le député, il n'est pas possible de
donner des définitions dans un projet de loi comme celui-ci, parce que
la définition d'automobile variera en fait, selon ce qui sera retenu
comme réforme ou régime par l'autre projet de loi. Par exemple,
est-ce qu'une automobile est simplement un véhicule moteur, une
remorque, une motoneige, une motocyclette? Les définitions viendront
dans l'autre projet de loi, parce qu'ils sont nécessairement liés
au régime et aux indemnités et également aux coûts
pour chacun des véhicules.
M. Fontaine: Je suis d'accord avec ce que vous venez de dire.
Mais la régie va se trouver à indemniser des personnes
lésées par des dommages corporels causés par une
automobile. Si l'automobile n'est pas définie dans le présent
projet de loi, comment la régie va-t-elle pouvoir indemniser une
personne qui sera blessée à la suite d'un accident de
tracteur?
Mme Payette: La régie...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, Mme le ministre,
simplement pour que nous sachions bien où nous nous en allons, je
voudrais faire comprendre au député de Nicolet-Yamaska que pour
l'instant nous n'en sommes que sur une motion d'amendement qui affecte
uniquement les mots, "avant le 1er mars 1978" qui seraient retranchés,
et, après le mot "instauration", insérer le mot
"éventuelle".
Quand nous aurons disposé de la motion d'amendement, nous
revenons à la motion principale et, à ce moment-là, votre
intervention devient tout à fait pertinente.
M. Fontaine: D'accord, M. le Président, j'avais
oublié qu'on était sur une motion d'amendement.
M. Lalonde: Adopté, l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): L'amendement serait
adopté. C'est un amendement, en fait, qui a deux éléments
constitutifs, deux volets. L'amendement est adopté et nous revenons
à la motion principale, l'article 2 tel qu'amendé. M. le
député de Nicolet-Yamaska, je vous recède la parole.
M. Fontaine: Je pense qu'il s'agirait de définir la
question d'automobile, parce que lorsque la régie viendra pour
indemniser une personne qui sera victime d'un accident de tracteur,
étant donné que l'automobile ne sera pas définie, est-ce
que la régie va avoir le pouvoir de le faire?
Mme Payette: M. le député, la régie ne peut
pas indemniser sans que l'autre projet de loi, no 67, ait été
adopté. Vous trouverez ça à l'article 4.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on voit quand même ici
la question très astucieuse du député de Nicolet-Yamaska.
On voit jusqu'à quel point je ne veux pas revenir au débat
de deuxième lecture, cela a été fait on est quand
même un peu dépourvu comme parlementaires pour discuter de
l'à-propos des articles un par un. Quand, dans l'article 2, on voit le
mot "automobile", on ne sait pas exactement de quoi on parle et on nous renvoie
à l'article 4, d'une autre loi, dont on ne connaît pas
l'existence, dont on a même pas le droit de connaître l'existence
ici. D'ailleurs, je l'ai répété à plusieurs
reprises, hier soir, lors du débat en deuxième lecture.
Cela nous met dans une situation un peu étrange comme
parlementaires, à un point tel que malgré toute la bonne
volonté que j'aurais à cette heure tardive d'appuyer cet article,
je ne pourrais pas le faire, parce que je ne sais pas de quoi je parle. Je
parle d'une automobile, mais je ne sais pas exactement ce qu'on entend par ce
terme. On me dit: Attendez à l'article 4, que vous n'avez pas
appelé, d'ailleurs, M. le Président et, même si je m'y
réfère, à l'encontre du règlement, je
m'aperçois qu'on parle d'une autre loi que je ne connais pas.
J'invoque cette raison simplement, non pas pour remettre en question le
principe de ce projet de loi, mais je suis porté à croire que ce
projet de loi devrait faire partie d'une autre loi. Enfin, le gouvernement a
choisi de procéder de cette façon morcelée, imparfaite,
incomplète. Je ne sais pas quelle sera la décision du
député de Nicolet-Yamaska, mais sa question provoque justement le
problème. Comment pouvons-nous, ici, comme législateurs,
être en faveur de cet article 2, l'instauration éventuelle,
l'amendement étant acquis, au Québec d'un régime
d'indemnisation des personnes lésées en raison des dommages
corporels causés par une automobile sans que l'on sache de quoi on
parle. Pour cette raison, M. le Président, je n'avais pas l'intention de
m'étendre davantage, je ne pourrais pas être en faveur de cet
article.
Le Président (M. Bertrand): D'accord, Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, avant que le
député de Marguerite-Bourgeoys arrête sa décision,
je voudrais quand même lui rappeler que ce n'est pas un
précédent que de créer le contenant avant le contenu. Il
est exact qu'en 1969 on a d'abord créé la Régie de
l'assurance-maladie. On ne définissait pas, à ma connaissance, la
maladie ou l'origine, au moment de la création de la régie. C'est
dans un deuxième projet de loi, par la suite, qu'on a donné au
contenant son contenu, donc, le précédent existe de la
création d'un organisme chargé éventuellement de la mise
en place d'un régime à venir.
M. Lalonde: Excusez-moi. C'est fort possible, M. le
Président, que Mme le ministre ait raison en ce qui concerne la loi sur
l'assurance-maladie, c'est-à-dire, la loi sur la Régie de
l'assurance-maladie, qui a été adoptée avant la loi qui y
a mis son contenu; l'on pourrait quand même plaider qu'à cause du
contexte législatif canadien, on savait un peu de quoi on parlait. Je me
souviens très bien que le parti libéral, qui formait l'Opposition
officielle réclamait du gouvernement, qui était formé par
l'Union Nationale, la participation au régime d'assurance-maladie
inauguré ou institué par le gouvernement fédéral.
On avait au moins un cadre quelconque. Deuxième raison, peut-être
qu'on a voté en faveur de cette loi, mais, quant à moi, je ne
veux pas répéter les erreurs du passé. Je ne sais pas de
quoi on parle quand on dit qu'il s'agit d'un régime d'indemnisation des
personnes lésées en raison des dommages corporels causés
par une automobile. Cela aurait dû faire partie d'une loi
complète; d'ailleurs, même si, comme vous le savez, M. le
Président, on n'a pas connaissance légale de cette loi 67, elle
est là. Le projet de loi est là, c'est une espèce de
morcellement de responsabilités qui nous met devant une situation
difficile comme membres de cette commission.
Mme Payette: M. le Président, je suis obligée
d'ajouter à ce que vient de dire le député de
Marguerite-Bourgeoys qu'au contraire je pense qu'il était d'une grande
sagesse d'agir de cette façon, de créer d'abord le contenant.
C'est une phrase qu'on utilise souvent que gouverner, c'est prévoir,
dans ce sens, il aurait été certainement malheureux de mettre la
charrue devant les boeufs. Il était nécessaire pour nous que soit
voté ce projet de loi 49 avec cet article, qui est d'une extrême
simplicité; il donne à la régie le mandat qui lui revient
et il est parfaitement acceptable.
M. Saint-Germain: Ce qui arrive, enfin, je crois...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Jacques, de Jacques-Cartier, je m'excuse.
M. Saint-Germain: Je crois que cette comparaison entre la
création de cette régie et la régie qui a
été créée lors de la législation sur
l'assurance-santé est boiteuse; je ne crois pas qu'on puisse d'aucune
façon faire une relation, entre les deux et pour plusieurs raisons:
Premièrement, la loi fédérale à cette époque
était une loi qui avait été appliquée.
On connaissait la loi, on connaissait pratiquement le contenu de la
régie qu'on voulait fonder, à tel point que ce contenu ne pouvait
pas être radicalement modifié. Au niveau fédéral,
c'est un régime qui était déjà instauré dans
les autres provinces et que le fédéral n'était pas
prêt à modifier profondément, exclusivement à
l'avantage du Québec. On connaissait pratiquement le contenu,
ce qui n'existe absolument pas à l'heure actuelle.
Deuxièmement, dans le temps, l'Opposition était absolument
favorable. Le Parti libéral était dans l'Opposition et les
Oppositions du temps étaient unanimes à réclamer
l'établissement de l'assurance-santé au niveau de la province.
C'était le gouvernement qui se faisait tirer l'oreille.
Dans ces conditions, puisque dans l'installation de la Régie de
l'assurance-santé, comme je le disais si bien, le contenu était
loi, on savait ce que cela allait contenir, l'Opposition était
absolument unanime à vouloir cette régie, à vouloir
l'établissement de l'assurance-santé. La comparaison est tout
à fait fautive.
On forme un contenant, sans savoir, absolument pas, on le sait, parce
qu'on a un bill qui est déposé, mais est-ce que ce bill sera
modifié? Qu'est-ce qui arrivera? C'est dans l'avenir. On peut dire, en
toute honnêteté, qu'on ne sait pas ce qui va y entrer. La
comparaison est absolument fausse.
Lorsqu'on laisse entendre que le régime sera
étatisé, on peut, à la rigueur je ne suis pas
légiste dire que l'instauration au Québec, d'un
régime d'indemnisation des personnes lésées par un dommage
corporel causé par une automobile et pour la prise en charge... On peut
penser que même un régime privé pourrait
nécessairement être chapeauté par une régie.
Il y a un principe qui est établi, mais on ne peut pas en
discuter autrement qu'au niveau des principes, parce qu'on ne connaît
absolument pas les modalités d'application du principe que cette loi
contient. Je crois qu'on ne peut pas faire la comparaison entre la
création de la régie qu'on a faite en 1969 et la création
de la régie qu'on fait aujourd'hui. Il n'y a pas de comparaison
possible.
Le Président (M. Bertrand): L'article 2 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais juste ajouter quelque chose avant de
terminer. Serait-il possible d'ajouter, à la suite du mot "automobile",
les mots "tel qu'il sera défini dans le projet de loi no 67". Cela ne se
peut pas? C'est inutile?
Mme Payette: Si vous attendez l'article 4, je pense que vous
trouverez là la réponse qui vous renvoie à une autre
loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai dit "sur division" tout
à l'heure et je le maintiens, sauf qu'avant de conclure, j'aimerais
quand même souligner qu'à l'article 2b, nous considérons la
nécessité que le fonds d'indemnisation soit pris en charge par
quelqu'un.
On sait que, depuis plusieurs années, les compagnies d'assurance
qui ont formé ce fonds d'indemnisation ne veulent plus en assumer la
responsabilité et que, conséquemment, l'État doit assumer
ses responsabilités. Notre division et je veux l'expliquer
ne s'adresse pas au sous-paragraphe b), mais simplement au sous-paragraphe
a).
Mme Payette: En faisant un petit effort, vous auriez pu adopter
le sous-paragraphe a) également.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aimerais avant de terminer cette
étude, ajouter qu'il faudrait tout de même ajouter qu'ici,
lorsqu'on dit: "Ces mécanismes comprennent les dispositions de tout
accord et de tout contrat de service que la régie peut, avec
l'autorisation du gouvernement, conclure avec la Commission des accidents du
travail...", je crois qu'on donne un chèque en blanc.
Je crois que les accords qui pourraient être faits entre la
régie et le gouvernement devraient être définis d'une
façon plus marquée qu'ils le sont actuellement. C'est
pratiquement un chèque en blanc qu'on laisse à la régie
sans que les accords ne soient définis. Quelle sorte d'accord
existera-t-il entre la Commission des accidents du travail et la régie?
On ne le sait pas.
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, c'est
un chèque en blanc, en effet, donné à la régie tel
que décrit dans ce projet de loi 49. Cependant, chèque en blanc,
d'ailleurs, dont vous pourrez disposer et mettre en pièces si l'autre
projet de loi n'était pas adopté.
M. Lalonde: M. le Président, puisque vous n'avez pas
suggéré l'examen de cet article sous-paragraphe par
sous-paragraphe, comme c'est déjà arrivé dans d'autres
commissions, vous vous en souvenez?
Mme Payette: Oui, voulez-vous le scinder?
M. Lalonde: Je ne veux pas le scinder, mais il reste que les
propos du député de Jacques-Cartier sont extrêmement
pertinents. J'ai failli m'égarer lorsque j'ai cru que le vote qui
était appelé ne s'adressait qu'aux sous-paragraphes a) et b). Il
y a un autre alinéa qui a trait justement à ces accords entre la
régie et la Commission des accidents du travail. Je me demande si le
ministre considérerait la possibilité que le contenu de ces
accords soit soumis à l'Assemblée nationale. Je n'en fais pas,
jusqu'à maintenant, un amendement, mais je dois dire que nous
considérons sérieusement la possibilité d'en faire une
motion d'amendement.
Mme Payette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
la régie doit rendre compte au Conseil des ministres des contrats, des
ententes signés.
Vous avez, en ce qui vous concerne, le pouvoir de questions de demandes
de dépôt. Il vous sera loisible d'utiliser ce pouvoir au fur et
à mesure.
M. Lalonde: M. le Président, on voit jusqu'à quel
point l'exercice du pouvoir peut créer des ambiguïtés. J'ai
parlé de l'Assemblée nationale. Mme le ministre me parle du
gouvernement. Le gouvernement, le Conseil des ministres fait partie du pouvoir
exécutif. L'Assemblée nationale, c'est le pouvoir
législatif. Je n'ai pas suggéré que les fonctions
déléguées par la régie à la Commission des
accidents du travail soient approuvées par le Conseil des ministres. Je
présume qu'elles le seraient, c'est dans l'ordre des choses. Ce que j'ai
suggéré, c'est que le contenu de ces accords soit soumis à
l'Assemblée nationale. Naturellement, on sait que les règlements
de l'Assemblée nationale prévoient une période de
questions, mais de réduire les pouvoirs de l'Assemblée nationale
simplement à la période des questions m'apparaît tout
à fait incomplet, inacceptable. La période des questions,
naturellement, pourrait, éventuellement, nous donner l'occasion de poser
des questions au ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières à propos du contenu de ces accords. Ce
que j'avais suggéré, c'est que le contenu de ces accords soit
soumis, non pas au gouvernement je présumerais qu'il en serait
ainsi, à moins que la régie ne parle pas à son ministre,
et je ne peux pas présumer telle chose mais à
l'Assemblée nationale.
Mme Payette: Vous me dites, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, soumis pour approbation?
M. Lalonde: Pour approbation.
Mme Payette: Certainement pas.
M. Lalonde: M. le Président, je suis surpris.
Mme Payette: Cela m'étonne que vous soyez surpris.
M. Lalonde: Je suis ébahi par la réaction du
ministre. L'Assemblée nationale étant quand même le forum
de notre démocratie, je me demande comment ma suggestion peut avoir
provoqué une réaction aussi subite, aussi
déterminée de la part du ministre. Nous pensons qu'à
l'Assemblée nationale, nous avons quand même le loisir d'examiner
des projets de loi.
Les règlements nous permettent de faire des lois. Ce qui est
encore plus important que même des accords entre des organismes du
gouvernement.
Mme Payette: C'est cela.
M. Lalonde: Alors pourquoi l'Assemblée nationale ne
serait-elle pas d'autant plus capable d'examiner le contenu d'accords entre
deux organismes du gouvernement?
Mme Payette: M. le Président, je n'ai rien à
répondre à cela. Je suis sûre que le député
de Marguerite-Bourgeoys connaît déjà la réponse
à sa question.
M. Lalonde: M. le Président, je fais motion pour que
l'article 2 soit modifié en ajoutant à la fin du dernier
alinéa les mots: "Les fonctions déléguées par la
régie à la Commission des accidents du travail devront être
approuvées par l'Assemblée nationale".
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys fait motion pour qu'à la fin de l'article 2 nous
ajoutions les mots: "Les fonctions déléguées par la
régie à la Commission des accidents du travail devront être
approuvées par l'Assemblée nationale". Sans même avoir
quelque débat que ce soit sur la recevabilité de cet amendement,
conformément à l'article 70, je le juge re-cevable. Il sera donc
débattu immédiatement. Mme le ministre, sur la motion
d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Payette: M. le Président, je n'ai rien à
ajouter à ce que j'ai déjà dit, même sur cet
amendement. Je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys sait
parfaitement de quoi il s'agit, qu'il connaît déjà les
réponses aux questions qu'il a posées. Pour ma part, je rejette
cet amendement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys? M. le député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Je me demande si Mme le ministre a
réellement compris l'amendement que le député de
Marguerite-Bourgeoys nous a apporté. Je me demande si elle a bien
compris, si elle comprend bien le système parlementaire que nous avons.
Elle peut bien vouloir le changer et le détester, ou haïr ce qui se
passe en Chambre, c'est absolument son privilège. Seulement...
Mme Payette: C'est sur l'amendement cela, M. le Président?
Est-ce que c'est sur l'amendement?
M. Saint-Germain: Oui, assurément.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre, j'avais une
oreille distraite pour quelques secondes seulement. Je reviens
immédiatement. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je disais que si Mme le ministre comprenait
très bien nos institutions parlementaires, elle saurait très vite
que c'est l'Assemblée nationale qui est souveraine. C'est très
difficile dans un tel régime de faire une différence entre les
principes et les modalités de l'application de la loi parce que le tout
peut être tellement imbriqué ensemble. Que l'Assemblée
nationale laisse à la régie qu'on va créer la pleine
liberté de faire
une entente avec la Commission des accidents du travail, sans même
connaître le régime qui va être contenu dans cette
régie, c'est réellement donner à l'Exécutif un
chèque en blanc et c'est mépriser la primauté de
l'Assemblée nationale.
On ne sait même pas ce que sera la loi. On ne sait même pas
ce que l'Assemblée nationale va autoriser la régie à faire
et à ne pas faire. On ne sait même pas quelles vont être les
responsabilités de cette régie. Et voilà que dans une loi,
on laisse la régie entrer en pourparlers avec la Commission des
accidents du travail pour en venir à une entente sur une matière
où l'Assemblée nationale ne s'est même pas
prononcée. Si ce n'est pas là un mépris, si vous voulez,
de l'Assemblée nationale qui représente le législatif et
la population d'une façon directe... Je ne vois pas comment on peut
faire pour mépriser autant l'Assemblée nationale, sans même
sembler s'en rendre compte. Où est-elle, l'urgence, pour la
régie, d'en venir à une entente avec la Commission des accidents
du travail lorsqu'on ne connaît même pas les modalités de
l'application de la loi, lorsqu'on ne sait même pas ce que, par
autorité, l'Assemblée nationale va donner comme
responsabilité à la régie et sans savoir le contenu plus
que cela, parce qu'il n'y en a pas?
On travaille sur un squelette, on travaille sur rien, et même, on
permet au squelette de faire des ententes sur des éléments sur
lesquels le squelette n'a même pas autorité. On ne sait même
pas ce qu'il y aura sur le squelette. On ne sait pas ce qu'il y aura dans le
contenu. On connaît le contenant, mais on ne connaît pas le contenu
et on veut que le contenant soit déjà autorisé à
faire des ententes avec la Commission des accidents du travail. Si ce n'est pas
un chèque en blanc, je me demande bien ce que cela peut être.
Que ce soit pour les députés de l'Opposition, que ce soit
pour les députés du gouvernement, qu'y a-t-il de faux pour le
ministre de bien vouloir laisser aux députés du gouvernement
comme de toutes les Oppositions, lorsque arrivera le temps d'étudier la
loi 67, qui aura peut-être un autre numéro, qui sera
peut-être modifiée, qu'est-ce qui est si pressant pour ne pas
permettre à ces députés de pouvoir discuter librement sur
les modalités d'une entente qui devra avoir lieu entre la régie
et la Commission des accidents du travail? Je me le demande. Ce n'est pas
nécessairement une injure à l'Opposition, je crois que c'est une
injure aussi bien aux députés du gouvernement. Les
députés du gouvernement vont avoir à répondre de
cette loi au niveau de leur comté. Ils devraient être
intéressés à dire au ministre ce qu'ils pensent de la loi
et lorsqu'il y aura une entente, pourquoi cette entente devrait-elle se faire
exclusivement au niveau de l'exécutif? Les députés du
gouvernement devraient être assez curieux pour savoir et pour demander ce
qu'il y aura dans cette entente. Alors pourquoi mettre la charrue devant les
boeufs?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si j'ai fait cet amendement,
ce n'est pas par hasard. C'est après une courte expérience de la
chose publique, un effort de précaution, de prudence à
l'égard de ce qu'on fait comme législateurs. On a plus d'une
centaine de régies, commissions, offices ou autres organismes du
gouvernement qui sont appelés à mettre en place, à voir
à l'application quotidienne de nos décisions législatives
que nous prenons comme législateurs. Voici un exemple quand même
assez patent d'un cas qui pourrait aller au-delà de la volonté du
législateur qui a créé, par exemple, la Commission des
accidents du travail, la CAT comme on l'appelle. Lorsque le législateur
a créé cette commission, savait-il que cette commission pourrait
faire des ententes avec qui que ce soit? Est-ce que le législateur a
justement donné ce chèque en blanc à la CAT afin de faire
des ententes avec d'autres organismes, d'administrer au-delà de
l'Assemblée nationale, même au-delà du gouvernement?
Là vous allez me corriger et me dire que le dernier alinéa dit:
"Ces mécanismes comprennent des dispositions de tout accord et de tout
contrat de service que la régie peut, avec l'autorisation du
gouvernement" et vous auriez raison à ce moment de me rappeler que le
gouvernement va être impliqué. D'accord, l'article prévoit
l'implication du gouvernement, mais mon amendement veut aller au-delà,
non pas éliminer l'implication du gouvernement. Je suis tout à
fait d'accord que le gouvernement s'implique, se mouille dans les
décisions de la régie, dans les accords que cette nouvelle
régie pourrait faire avec la CAT, mais mon amendement va au-delà
et dit: le législateur, lorsqu'il a créé la CAT ne savait
pas que la CAT pourrait faire de tels accords; alors n'est-il pas normal,
n'est-il pas désirable, tout à fait indiqué que le
législateur soit consulté lorsque des accords, ainsi
prévus par cet article, étendent le mandat qui a
été donné par la loi créant la Commission des
accidents du travail.
Si on me prouve que le législateur, lorsqu'il a
créé la Commission des accidents du travail, avait l'intention
justement de donner un chèque en blanc à la CAT de faire toutes
sortes d'accords, à ce moment je serais peut-être prêt
à reconsidérer mon amendement et même à le retirer.
Je me dirais: Je vais respecter l'intention du législateur du temps
parce qu'il n'est pas question de tout refaire actuellement, ce soir. Mais je
ne pense pas qu'à première vue cela ait été
l'intention du législateur qui a créé la Commission des
accidents du travail de lui permettre de faire toutes sortes de choses qui
n'étaient pas prévues par le législateur à ce
moment. C'est pour cela que je pense que dans un souci de transparence qui nous
a été tellement prêché par ce nouveau gouvernement,
surtout avant les élections, moins après mais avant les
élections, vous savez, on prêche toutes sortes de choses
par souci de revalorisation de la fonction de député que ce
gouvernement a aussi prè-chée et a tenté, je le reconnais
en toute justice, de réaliser, de mettre en pratique depuis le 15
novembre, je pense qu'il est tout à fait indiqué,
dési-
rable que ce gouvernement, devant notre amendement, dise: Oui, justement
on avait oublié le législateur, on avait oublié nos
députés qui sont là, plus nombreux d'ailleurs c'est
la démocratie qui le veut du côté
ministériel, qui sont là à se faire refuser par le
ministre le seul membre du gouvernement de ce côté-là de la
table, parce que les députés ne sont pas membres du gouvernement,
les députés sont des législateurs... Je les vois devant
moi, ils ne sont pas membres du gouvernement, ils n'ont pas la
responsabilité ministérielle, ils n'ont pas à être
d'accord, à être responsables collectivement de la décision
du ministre. Ils sont ici, non pas comme membres du gouvernement, mais comme
législateurs. Ils font partie du parti majoritaire, c'est dans l'ordre
des choses démocratiques, mais ils ne sont pas membres du gouvernement
et ils devraient se poser des questions. Comment se fait-il que le ministre,
tout à coup, et de façon un peu subite, un peu rapide ait dit:
Pas du tout, il n'en est pas question? Ils se sont faits amputer...?
M. Gosselin: Est-ce qu'on pourrait demander au
député de parler en son propre nom et non pas au nom des
députés ministériels? Nous sommes capables de parler en
notre propre nom.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Sherbrooke, votre intervention contrevient à nos règlements. Vous
n'avez pas le droit d'interrompre le député de
Marguerite-Bourgeoys si ce n'est pour lui poser une question, et il est libre
de décider d'y répondre ou pas. Je vous demanderais de respecter
son droit de parole. Conformément à l'article 160, il a 20
minutes pour exprimer son point de vue sur sa motion d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, je ne prendrai pas 20
minutes. Je pense que les députés ministériels sont plus
rapides que cela et ce n'était pas en leur nom que je parlais. Je pense
que la question que le député de Sherbrooke s'est posée
est valide. Il croyait peut-être que je parlais en son nom. Non, je tente
de le persuader d'assumer sa responsabilité de député et,
lorsqu'il sera appelé à voter sur mon amendement, de voter comme
député, député de Sherbrooke, en particulier,
puisque c'est lui qui me pose cette question. Il n'est pas membre du
gouvernement, il participe à nos délibérations au
même titre que le député de Jacques-Cartier, que le
député de Nicolet-Yamaska ou le député de
Marguerite-Bourgeoys, seulement comme député. Il n'est pas plus
partie aux décisions du gouvernement qui est représenté
par Mme le ministre que moi...
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, une question de règlement est soulevée par
le député d'Iberville.
M. Beauséjour: J'ai l'impression qu'on est plutôt
sur le projet de loi 49; on n'est certainement pas sur la façon dont
doit fonctionner le gouvernement, etc.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Iberville, ce n'est pas une question de règlement au sens propre du
terme, mais je pense que vous vouliez me signaler que les remarques du
député de Marguerite-Bourgeoys n'étaient pas pertinentes
au débat. Je vous ferai remarquer que la motion d'amendement portant sur
une volonté de faire en sorte que l'Assemblée nationale puisse
approuver des contrats de services ou des accords qui pourraient avoir lieu
entre la Commission des accidents du travail et la Régie de l'assurance
automobile, il est donc inévitable qu'il fasse référence
aux députés de l'Assemblée nationale qui seraient
impliqués dans une telle décision.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si j'avais à choisir
un président, je pense que je vous choisirais. Réellement, vous
avez totalement raison. Justement, mon amendement dit que les accords devraient
être soumis à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je ne suis pas là pour vous donner raison, je suis
là pour faire respecter les règlements, un point c'est tout.
M. Lalonde: M. le Président, quand même, je dois
dire quand je suis d'accord.
Mme Payette: Cela ressemblait à de la basse flatterie, M.
le Président.
M. Lalonde: Ce n'est pas de la flagornerie. C'est vrai, c'est
exact que c'est parce que ces députés qui sont autour de la table
font partie de l'Assemblée nationale et que mon amendement
suggère que les accords soient soumis à l'Assemblée
nationale que je fais appel à leur responsabilité de
députés de l'Assemblée nationale pour obtenir un vote
favorable.
M. Beauséjour: Si M. le député de
Marguerite-Bourgeoys avait le texte, ce serait plus facile.
Le Président (M. Lalonde): M. le député
d'Iberville, je m'excuse. Vous pourrez prendre la parole, mais quand le
député de Marguerite-Bourgeoys aura terminé et au moment
où vous serez reconnu par la présidence. D'ici ce
temps-là, vous ne pouvez pas interrompre, en vertu des
règlements, sauf si vous voulez poser une question au
député de Marguerite-Bourgeoys, et il est libre d'y
répondre.
M. Beauséjour: Je pourrais toujours lui poser la question
à savoir...
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys accepte? M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Est-ce que vous avez des copies de votre
amendement?
M. Lalonde: J'en avais quelques copies, qui ont été
distribuées. Je regrette si vous n'en avez pas eu.
Mme Payette: Moi, j'en ai une qui ne me servira pas.
M. Beauséjour: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, l'Assemblée nationale,
souvent, a déploré qu'une bonne partie de la
responsabilité de l'administration publique appartenait à des
organismes créés par l'Assemblée nationale, qu'une fois
les lois adoptées l'Assemblée nationale perdait le contrôle
de l'administration. Quand même, les députés, à
l'Assemblée nationale, demeurent les élus de la population,
demeurent responsables à l'égard de leurs électeurs dans
leurs comtés, reçoivent leurs plaintes et continuent à
être, dans l'esprit des gens, responsables de ce que font ces organismes.
Comment un député de l'Assemblée nationale pourrait-il
être contre une loi qui lui redonnerait, à ce
député, à cette Assemblée nationale, un droit de
regard au moins et dans mon amendement un droit d'approbation sur
des accords qui sont de nature à affecter ses électeurs
quotidiennement? L'assurance automobile, il faut le reconnaître, affecte
beaucoup de citoyens du Québec, beaucoup de Québécois. Je
me demande si le député d'Iberville y songe un peu, après
le député de Sherbrooke. C'est son devoir de député
de récupérer un peu de pouvoirs au niveau législatif, au
niveau de l'Assemblée nationale, pour dire à ce gouvernement, qui
est formé par son parti actuellement, mais qui pourrait être
formé par un autre parti éventuellement: Lorsque vous allez
affecter les droits des gens, les droits quotidiens, vous allez me consulter.
C'est une récupération de nos pouvoirs de législateur que
je suggère dans cet amendement, M. le Président. J'arrête
là parce qu'autrement j'en aurais pour plus de 20 minutes.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Mme le ministre, je m'excuse, le
député de Nicolet-Yamaska avait demandé la parole et
ensuite ce sera votre tour.
Mme Payette: Parfait, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président, avec tout le respect et la
déférence que je dois au député de
Marguerite-Bourgeoys, bien que je sois d'accord sur les principes qu'il a
énoncés, je pense qu'il est normal que les lois soient
votées par l'Assemblée nationale et approuvées par
l'Assemblée nationale. Mais, dans le cas précis, je pense que
l'application de cette loi doit relever d'un ministère et de
l'Exécutif, parce qu'il s'agira de pure administration. À chaque
fois que la régie aura à conclure des contrats avec la CAT,
revenir devant l'Assemblée nationale pour obtenir l'approbation, je
pense que ce serait beaucoup trop onéreux et lourd. Le ministre aura
intérêt à conclure les meilleures ententes possible. La
régie, en tout cas, aura intérêt à conclure la
meilleure entente possible parce que sans doute que le succès de cette
régie dépend de la réussite de tout le projet de
réforme de l'assurance automobile. Si cela ne fonctionne pas, c'est le
gouvernement et le ministre qui en subiront les conséquences.
Le Président (M. Bertrand): Dois-je comprendre, Mme le
ministre, que les gestes d'affection que vous avez transmis symboliquement au
député de Nicolet-Yamaska signifient que vous n'allez pas prendre
la parole là-dessus?
Mme Payette: Non, M. le Président, je vais prendre la
parole quand même. C'est ce que je voulais dire quand je disais que le
député de Marguerite-Bourgeoys connaissait aussi la
réponse à sa question. Je ne peux pas imaginer qu'un
parlementaire aussi aguerri que le député de Marguerite-Bourgeoys
ne savait pas ce que le député de Nicolet-Yamaska vient de nous
expliquer.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ce sont des réponses bien simples,
franchement.
Mme Payette: Je suis une femme très simple, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Sauf que pour une loi comme celle-là,
les principes qu'on discute, c'est un peu plus compliqué que ce que vous
venez de nous dire. Il ne s'agit pas de faire plaisir à Pierre, Jean,
Jacques. Il s'agit d'avoir une loi qui va être la plus convenable
possible. Tous les députés de l'Assemblée nationale savent
pertinemment qu'il y a actuellement certaines difficultés
d'administration au niveau de la Commission des accidents du travail.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Lévis.
M. Gagnon: Question d'information tout simplement. Je voudrais
savoir si le deuxième député du Parti libéral a
aussi 20 minutes pour parler sur cet amendement.
Le Président (M. Bertrand): Tout député,
dont le député du...
M. Gagnon: ... du comté de Champlain.
Le Président (M. Bertrand): ... du comté de
Champlain, a droit à 20 minutes sur chaque motion d'amendement, chaque
sous-amendement et chaque article.
M. Gagnon: Je vous remercie. Comptez là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, vous pouvez continuer.
M. Gagnon: II me semble qu'il a déjà parlé
sur cet amendement.
Le Président (M. Bertrand): II a le droit de parler 20
fois pendant une minute. C'est son droit le plus absolu.
M. Saint-Germain: Je suis un peu surpris de voir le
député qui n'a pas d'expérience du tout ne semble pas
capable de lire la législation comme elle est.
M. Gagnon: J'ai l'impression que l'expérience vous a mal
servi.
M. Saint-Germain: Qu'il écoute donc! Il va s'apercevoir
que je veux simplement lui donner...
Le Président (M. Bertrand): À l'ordre!
M. Saint-Germain: ... lui remettre les responsabilités qui
devraient lui appartenir en propre. S'il veut suivre aveuglément
l'exécutif, à titre de député, qu'il en assume sa
responsabilité. Je ne pense pas que tous les simples
députés du Parti québécois veuillent tous suivre
aveuglément le gouvernement. Peut-être qu'il devrait y en avoir
quelques-uns qui ont un certain esprit de discernement et qui sont capables
d'analyser les choses pour ce qu'elles valent. C'est simplement ce que j'essaie
de faire.
Je disais, M. le Président, avant d'être interrompu, qu'il
y a certaines difficultés au niveau de l'administration de la Commission
des accidents du travail; tous les députés le savent. On
reçoit des représentations des accidentés. On sait que les
dossiers retardent énormément. On sait que le commun des mortels
a énormément de difficultés à se retrouver,
à l'heure actuelle, au niveau des services qu'il peut s'attendre
à recevoir de la Commission des accidents du travail. On a fait une
décentralisation de Québec, on a amené des bureaux
à Montréal. Il y a un président tout à fait
nouveau. On sait pertinemment que la Commission des accidents du travail va
avoir des responsabilités accrues au niveau des maladies industrielles.
Ces responsabilités vont en augmentant.
Voilà que par la loi on donne à la régie
l'autorisation de signer des contrats. La loi le dit bien: "Ces
mécanismes comprennent les dispositions de tout accord et de tout
contrat de service que la régie peut, avec l'autorisation du
gouvernement, conclure..." C'est vaste. On dit, à la fin, qu'elle peut
"déléguer à cette dernière certaines fonctions
reliées aux demandes d'indemnisation pour dommages corporels qui
pourront être présentées en vertu de ce régime".
C'est très vaste.
On autorise la régie, par l'entremise de l'Exécutif,
à être capable de signer des contrats avec la Commission des
accidents du travail, qui peuvent être excessivement importants, au point
de vue de l'application de cette nouvelle loi sur l'assurance automobile,
excessivement importants. On prend déjà le risque de le donner
à une commission, à la Commission des accidents du travail, qui
déjà, malgré ses responsabilités limitées, a
une difficulté au point de vue de l'administration, à donner un
service convenable à sa clientèle. Tous les députés
savent cela.
Voilà la Commission des accidents du travail, d'un
côté, et on autorise une régie. Personne ne sait quelles
vont être les responsabilités de cette régie. On ne le sait
pas. On donne tout cela à l'Exécutif et on dit: Vous autres,
l'Exécutif, vous allez être autorisés à voir aux
contrats qui vont exister entre la régie et la Commission des accidents
du travail.
C'est une modalité excessivement importante. Le projet qu'on va
discuter, lorsqu'on va être obligé de mettre un contenu dans la
régie, c'est une modalité qui peut modifier profondément
l'efficacité de la loi. Le député devrait être
intéressé à avoir une loi sur l'assurance automobile
efficace. Cela peut modifier tout cela profondément et on dit: Sans
connaître les responsabilités de la régie, sans
connaître les services qu'on va exiger de la Commission des accidents du
travail. On ne peut pas les connaître, on ne connaît pas les
responsabilités de la régie. Mais on dit tout de suite: Sans
passer par les députés, on va être capable d'avoir des
contrats qui vont être signés entre la régie et la
Commission des accidents du travail. D'autant plus que c'est urgent de mettre
cela dans la loi. Si cet article était dans le bill 67 qu'on va
étudier, on aurait les modalités et les principes et on aurait
une définition des genres de services que la régie aurait le
droit d'exiger ou de donner. On lui déléguera l'autorité
de faire des ententes avec la Commission des accidents du travail. Les
députés qui vont étudier la loi, au moins ils verraient
clair.
On aurait un portrait de la situation, on saurait ce qu'on fait, mais
là on ne sait pas ce qu'on fait. On ne le sait absolument pas. On donne
a l'Exécutif un chèque en blanc, c'est ce qu'on fait, et
qu'est-ce qu'il y a d'urgent à mettre cela dans le bill 49? Il n'y a
absolument rien d'urgent à faire cela. S'il y avait une raison de base
fondamentale pour faire cela, on pourrait comprendre, mais il n'y a pas
d'urgence. Alors, on nous oblige à parler et à prendre position
sur des sujets qu'on ne connaît pas. C'est comme si vous autorisiez deux
personnes à signer un contrat ensemble, mais sans savoir quelle sorte de
contrat elles vont signer, d'aucune façon. Vous dites: II faut que vous
signiez des contrats et arrangez-vous avec cela. C'est ce qu'on fait avec cette
loi, c'est exactement ce qu'on fait. Si c'est faux, j'aimerais bien que le
ministre me le dise; mais l'article que je lis, c'est aussi clair que cela.
Qu'on me le dise. C'est ce qu'on nous oblige à voter. Quel est le
facteur, quelle est l'urgence de mettre ce principe, de mettre cet article dans
cette loi 49? Je ne le vois pas.
Le Président (M. Bertrand): La motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys est-elle adoptée?
Mme Payette: Rejetée.
M. Lalonde: Rejetée sur division.
Le Président (M. Bertrand): Rejetée sur
division.
M. Saint-Germain: J'aimerais qu'on appelle le vote, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jacques-Cartier demande un appel nominal sur la motion d'amendement
présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Goulet (Bellechasse)? M.
Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Goulet: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Bertrand): M. Landry (Fabre)? M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue)? M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois (Laporte)? M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette (Dorion)?
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld (Outremont)? M.
Roy (Beauce-Sud)? M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain): En faveur.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt
(Jonquière).
Les résultats sont: En faveur de la motion, deux; contre, huit.
La motion est donc rejetée sur division.
M. Saint-Germain: M. le Président, puisqu'on rejette cet
article peut-être au moins pourrait-on ajouter cet amendement? Il se
lirait comme suit: Que l'article 2 soit modifié en ajoutant à la
fin du deuxième alinéa les mots suivants: L'Assemblée
nationale devra, au préalable, être informée de toute
délégation de fonds qui sera effectuée par la régie
de l'assurance automobile.
Le Président (M. Bertrand): Pourrais-je recevoir copie, M.
le député de Jacques-Cartier, de cette motion d'amendement?
La présidence ayant un certain doute sur la recevabilité
de cette motion, je demanderais s'il y a, de chaque côté, pour
l'un et l'autre parti, quelqu'un qui désirerait intervenir sur la
recevabilité de la motion, c'est-à-dire, pouvons-nous la
discuter, étant donné son libellé et sa forme? M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Laberge: Je voudrais juste faire la mention qu'à mon
point de vue je respecterai votre décision là-dessus
les mots sont un peu changés. Cela ne veut pas dire que cela
serait l'Assemblée nationale qui aurait à déléguer
le pouvoir. Mais, dans la pratique et dans l'esprit de la motion
présentée, cela revient à du pareil au même
puisqu'on exige que la délégation de fonction soit
présentée à l'Assemblée nationale au
préalable et, à ce moment-là, à supposer que
l'Assemblée nationale soit dans une période hors session et qu'il
y ait une décision relativement urgente à prendre, tout est
paralysé tant que l'Assemblée nationale ne siège pas,
à moins de convoquer une session spéciale pour une
délégation insignifiante, à mon point de vue.
Je ne veux pas présumer de votre décision, M. le
Président, mais, dans mon esprit, la motion a la même fonction, le
même objectif que la première qui a été
présentée. Pour ce fait, je la trouve irrecevable. Elle
contrevient à l'esprit de la loi et du premier article.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. LalonderM. le Président, naturellement, le deuxième
amendement est essentiellement différent du premier. Je pense qu'avec la
connaissance du règlement que vous avez, vous pourriez le refuser si
vous trouviez qu'il va à l'encontre d'un principe déjà
accepter par cette commission.
On sait que le premier amendement que j'ai présenté a
été refusé. Il s'agissait d'un amendement qui proposait
que l'Assemblée nationale approuve ces accords. Là, on propose
que l'Assemblée nationale soit informée de ces accords, tout
simplement. Je ne pense pas que cet amendement
aille à l'encontre du principe qui a été
décidé par le vote qui a rejeté ma motion
d'amendement.
C'est un amendement qui, d'autre part, en vertu des autres articles
je ne me souviens plus exactement des numéros; on en a assez
parlé depuis quelques semaines change, qui ajoute, donc, qui...
le numéro 70, je vous remercie... Il est conforme aux autres
dispositions de notre règlement, mais ne va pas à l'encontre du
principe de la loi qui a été accepté et ne va pas à
l'encontre de la décision que cette commission vient de prendre. Il
propose un autre traitement. Au lieu d'être approuvé par
l'Assemblée nationale, il propose que l'Assemblée nationale soit
informée, tout simplement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que l'amendement est reçu?
Le Président (M. Bertrand): Vous ne voulez pas intervenir
sur la recevabilité?
M. Fontaine: Non.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Ayant davantage pris
connaissance de la rédaction de l'article, de ses implications quant
à son sens réel, après avoir entendu le parti
ministériel et un représentant de l'Opposition officielle, je
pense que, même s'il pouvait exister quelque doute, dans les
circonstances présentes, puisque l'amendement contient moins que la
motion d'amendement qui a été rejetée tout à
l'heure, je l'aurais jugé recevable si la nouvelle motion d'amendement
avait contenu plus qu'une motion d'amendement précédente
rejetée, mais, comme elle contient moins, je dois la déclarer
irrecevable.
Est-ce que M. le député de Jacques-Cartier désire
intervenir sur sa motion d'amendement?
M. Saint-Germain: Comme vous l'avez dit, cet article, M. le
Président, est tout à fait différent. Si on n'accepte pas
que l'Assemblée nationale soit autorisée à accepter ou
à modifier les futures ententes entre la régie et la Commission
des accidents du travail, je crois au moins, et c'est là un minimum, que
l'Assemblée nationale devrait être tenue au courant des ententes
qui seront faites entre la régie et la commission. Il serait,
j'espère bien, inutile pour moi de dire que lorsqu'on donne des
informations à l'Assemblée nationale, on les donne au public en
fait. D'après notre système parlementaire, la voie
gouvernementale est la voie la plus naturelle pour faire connaître au
public certains événements, c'est de les faire connaître
aux députés et aux membres de l'Assemblée nationale et, de
là, le public en prend connaissance. Au moins, si on veut limiter
l'autorité de l'Assemblée nationale, je vois bien qu'il y aura
lieu qu'au moins au préalable l'Assemblée nationale soit
informée de toute délégation de pouvoir ou toute
délégation de fonction que la régie fera à
l'avantage de la Commission des accidents du travail. Il me semble que c'est un
minimum à exiger d'un gouvernement qui se dit transparent et qui veut
bien tenir le public au courant du fonctionnement des institutions publiques ou
des régies publiques.
Je ne veux pas, M. le Président, prendre plus de temps de cette
commission. À mon avis, c'est absolument un minimum, hormis qu'on
voudrait administrer la chose publique en cachette, ou en arrière des
réunions des régies ou exclusivement en cachette au niveau du
cabinet. Si on veut tenir la population au courant de ce qui se passe,
voilà un moyen de le faire.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Jacques-Cartier accepterait un sous-amendement à
son amendement, s'il acceptait de retirer les deux mots "au préalable",
nous serions prêts à accepter l'amendement.
M. Lalonde: D'accord.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais...
M. Lalonde: C'est assez difficile d'être au
préalable parce qu'ils ne sont pas faits.
Le Président (M. Bertrand): Avant que nous ne donnions
notre accord...
M. Saint-Germain: À défaut de pain blanc, on prend
du pain sec.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, c'est une forme de parenthèse, parce que je devrais
immédiatement intervenir pour dire quelque chose, mais, le
député de Nicolet-Yamaska, je vous donne la parole quand
même.
M. Fontaine: Je suis d'accord avec le sous-amendement que le
ministre pourrait proposer, sauf que je me pose une question, que le ministre
pourrait sans doute se poser. À l'article 20, on dit que la régie
doit, au plus tard le 31 mai de chaque année, remettre au ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, un
rapport de ses activités pour l'exercice financier
précédent et déposer à l'Assemblée
nationale... à l'autre sous-paragraphe. Je pense que c'est inutile.
Mme Payette: M. le député de Nicolet-Yamaska, ne
voyez là que ma bonne volonté envers l'Opposition officielle.
Le Président (M. Bertrand): Alors, nous allons, je pense,
conformément au voeu exprimé par Mme le ministre, demander au
député de Jacques-Cartier, qui a présenté cette
motion d'amendement, s'il accepte ou non de retirer les mots "au
préalable" dans sa motion d'amendement.
M. Saint-Germain: Volontiers, M. le Président, avec les
réticences que j'ai...
M. Lalonde: Cela se partage.
Le Président (M. Bertrand): La motion de sous-amendement
du ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières à l'effet de retirer les mots "au préalable"
est adoptée et la motion d'amendement telle que rédigée se
lirait donc comme suit: "L'Assemblée nationale devra être
informée de toute délégation de fonction effectuée
par la Régie de l'assurance-automobile." Si je comprends bien, cette
motion d'amendement serait adoptée à l'unanimité.
D'accord.
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Nous revenons donc à
l'article 2, tel qu'amendé à deux occasions. Sur l'article 2,
est-ce que d'autres personnes désireraient intervenir? M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Oui, M. le Président, c'est juste pour avoir
des précisions. Je me rappelle que, lors du discours de deuxième
lecture, le ministre avait mentionné qu'il y avait également des
ententes qui devaient être conclues avec le Bureau des véhicules
automobiles. Je remarque que, dans l'article 2, on n'en fait pas mention. Je ne
sais pas pourquoi.
Mme Payette: Dans le cas du Bureau des véhicules
automobiles, c'est un mandat statutaire. Il ne s'agit pas d'entente ni
d'accord.
M. Fontaine: Ah bon! C'est prévu dans... Une voix:
Je pense que c'est dans l'autre loi.
M. Fontaine: Dans la loi 67? D'accord.
Je voudrais poser une question. J'avais fait une remarque lors du
discours de deuxième lecture, à savoir si on avait pensé
à confier cette entente à la Régie des rentes plutôt
qu'à la CAT. Est-ce que le ministre a étudié cette
possibilité?
Mme Payette: Ce sont des possibilités qui ont
été, en effet, étudiées, M. le
député, tout au long de l'étude de ce projet de
réforme. On a toujours envisagé les deux possibilités,
pour finalement se convaincre que l'expertise existante à la Commission
des accidents du travail nous paraît plus près de nos besoins que
celle qu'on trouve présentement à la Régie des rentes.
Mais ce sera le rôle de la régie de voir à ce qu'il y ait
effectivement possibilité de concordance de services.
Le Président (M. Bertrand): L'article 2, tel
qu'amendé, sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
Régime d'indemnisation
Le Président (M. Bertrand): L'article 2 est adopté
sur division. J'appelle donc l'article 3. Im- médiatement, je constate
que Mme le ministre demande que soit retiré cet article 3. Du
consentement unanime...
Mme Payette: Adopté.
M. Fontaine: Sauf que je voudrais bien savoir pourquoi.
Mme Payette: Pour les mêmes raisons, M. le
député de Nicolet-Yamaska, qu'on n'a plus senti le besoin de
mettre une date précise, parce que l'énoncé que l'on
trouve à cet article est celui qui affirmait la volonté du
gouvernement d'une réforme qui est maintenant contenue dans un autre
projet de loi.
M. Fontaine: Est-ce que cela veut dire que le gouvernement
abandonne l'idée d'indemnisation sans égard à la
faute?
Mme Payette: II ne faudrait pas prendre vos désirs pour
des réalités, M. le député.
M. Lalonde: M. le Président, tout en reconnaissant que le
retrait de cet article enlève toute la chair qu'il y avait dans ce
projet de loi, nous ne pouvons pas être en désaccord avec le
retrait. Donc, nous sommes d'accord.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Alors, l'article 3
est retiré, du consentement unanime des membres de la commission.
J'appelle l'article 4. Immédiatement, je reçois une motion
d'amendement formulée par Mme le ministre, à l'effet que
l'article 4 soit modifié a) en retranchant les mots "qui sera
appliqué par la régie à compter du 1er mars 1978" et en
insérant, dans la dernière ligne, avant le mot
"modalités", les mots "principes et". La phrase se terminerait comme
suit: "... ne pourra toutefois être mis en oeuvre ni le fonds
d'indemnisation être créé que suivant une autre loi qui en
prévoira les principes et les modalités".
Mme Payette: Exact, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): II faudrait d'ailleurs ajouter
le mot dans votre libellé, "principes et les" parce qu'il manquerait un
mot fort utile.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président.
Voulez-vous relire l'article 4, s'il vous plaît, tel que
modifié?
Le Président (M. Bertrand): Tel que modifié,
l'article 4 se lirait comme suit: "Le régime d'indemnisation des
victimes de dommages corporels ne pourra toutefois être mis en oeuvre ni
le fonds d'indemnisation être créé que suivant une autre
loi qui en prévoira les principes et les modalités".
M. Laberge: Après le mot "oeuvre", j'aurais une tendance
à demander qu'on ajoute une virgule, pour la bonne compréhension
du texte.
Le Président (M. Bertrand): Je pense que voilà une
suggestion fort positive, M. le député de Jeanne-Mance, qui est
bienvenue.
M. Lalonde: Majeure, M. le Président, et nous sommes
d'accord.
Le Président (M. Bertrand): II y aurait une virgule
à la cinquième ligne après le mot "oeuvre". Alors, cette
motion d'amendement sera-t-elle adoptée?
M. Saint-Germain: J'aurais une tendance à être
méchant même.
M. Lalonde: M. le Président, sur la motion d'amendement,
c'est assez difficile d'être en désaccord étant
donné que nous sommes en désaccord avec le retrait ou, enfin,
avec l'article tel qu'il reste parce qu'on se réfère à une
loi. Même si le principe a été adopté en
deuxième lecture, nous croyons qu'il s'agit là de la
reconnaissance de l'inutilité de cette loi. Alors, si les
ministériels veulent adopter l'amendement, on n'a pas d'objection.
Le Président (M. Bertrand): La motion d'amendement est
adoptée sur division. Nous revenons à l'article 4 tel
qu'amendé.
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Bertrand): Adopté sur
division.
M. Beauséjour: Est-ce qu'il portera le numéro
3?
Le Président (M. Bertrand): II portera le numéro 3,
mais au moment de la rédaction du projet de loi. Une fois qu'il est
adopté en troisième lecture, il y a une réimpression
automatique qui se fait avant la sanction. Article 5, Mme le ministre.
Cadre juridique
Mme Payette: L'article 5, M. le Président, se lit comme
suit: "La régie est une corporation au sens du code civil, elle est
investie des pouvoirs généraux d'une telle corporation et des
pouvoirs particuliers que la présente loi lui confère." Le but,
c'est de définir le cadre juridique de la régie et ses
pouvoirs.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si cela peut éviter un
peu de temps, à 0 h 03, je serais d'accord que Mme le ministre ne se
sente pas obligée de lire les articles un par un. On en a plusieurs.
Quant à nous, nous n'avons pas beaucoup de problèmes d'ici la fin
de ce projet de loi; alors, je vous suggère d'appeler les articles un
par un.
Le Président (M. Bertrand): Alors, l'article 5.
Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Vous me donnez
quelques secondes après chacun pour...
M. Lalonde: Oui, pour faire les écritures
nécessaires.
Le Président (M. Bertrand): Les écritures
nécessaires.
M. Fontaine: Cela me donne du temps pour...
Le Président (M. Bertrand): Nous avons beaucoup appris
à la commission de l'éducation.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. Le Président
(M. Bertrand): Article 6.
Mme Payette: Je vous invite à la prochaine, fin
septembre.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): II me fera grand plaisir, Mme
le ministre. Article 6, adopté. Article ' 7?
Des voix: Adopté.
Siège social
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour quelle raison ne dit-on pas que le
siège social est à Québec? Est-ce parce que le
gouvernement a l'intention que la régie soit installée ailleurs
qu'à Québec?
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, je
crois que ce sont les intentions du gouvernement de demander au siège
social de la régie de s'installer dans la région de
Québec, du moins pour la période d'implantation, quitte à
revoir ensuite s'il est nécessaire de déplacer la
régie.
M. Lalonde: Si Mme le ministre songe à l'installer dans le
comté de Marguerite-Bourgeoys, je n'aurais pas d'objections.
Le Président (M. Bertrand): Adopté.
Mme Payette: Je peux y songer, M. le député.
M. Fontaine: M. le Président, on avait entendu dire
qu'elle devait s'installer dans la région d'Ottawa. Est-ce
fondé?
Mme Payette: II y a tellement de choses qui courent dans les
corridors, M. le député, qu'il faut en prendre et en laisser.
M. Saint-Germain: Adopté. Quant à moi, j'aurais
voulu parler du comté de Jacques-Cartier...
Mme Payette: Vous avez très peu de chances, M. le
député, d'être entendu.
M. Saint-Germain: Oui, c'est ce que j'ai compris.
M. Lalonde: J'ai déjà le premier choix.
Mme Payette: Vous essaierez avec un autre ministre.
Le Président (M. Bertrand): Alors, l'article 7 est
adopté. Article 8.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Conseil
d'administration
M. Saint-Germain: Je vais trouver d'autre chose. Oui, mais oui,
l'article 8.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
Mme Payette: Est-ce qu'il a été adopté, M.
le Président?
Le Président (M. Bertrand): Non, le député
de Jacques-Cartier semble avoir des doutes.
M. Lalonde: II n'est pas adopté.
M. Saint-Germain: Pourquoi ne dit-on pas qui sont les membres de
la régie? On se contente de parler d'un conseil d'administration.
Pourquoi est-ce qu'on ne dirait pas que la régie est composée de
cinq membres qui sont chargés de son administration? Il me semble
que...
Mme Payette: C'est un peu comme chercher un ver dans une pomme,
M. le député.
M. Saint-Germain: Non, si vous saviez à quel point les
juges cherchent les vers dans des pommes. C'est inimaginable.
Mme Payette: Oui, mais on n'est pas juge ni un ni l'autre,
malheureusement...
M. Saint-Germain: Alors, il ne faut pas leur mettre des vers.
M. Fontaine: Cela coûte de l'ouvrage.
Mme Payette: Personnellement, je suis d'accord, oui, un peu.
M. Saint-Germain: Enfin, si mon collègue...
M. Lalonde: En fait, je comprends et je partage les
réserves du député de Jacques-Cartier, M. le
Président. Je pense que ses réserves sont inspirées par un
souci de faire de cette loi une loi bien rédigée.
Quand même je partage aussi sa tendance à faire confiance,
mais très partiellement, au gouvernement dans cet article. Je pense
qu'avec moi elle décidera que l'article 8 est adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 8 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. J'appelle
l'article 9.
M. Lalonde: II n'y a pas de problème là. M.
Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
Nomination du président
M. Fontaine: M. le Président, à l'article 10, on
dit que le président du conseil d'administration de la régie est
nommé pour un terme qui ne doit pas excéder dix ans. J'arrive de
la commission sur le bill 2 et là on s'est battu pour avoir dix ans et
le ministre n'a pas démordu. Il était à cinq ans. Je me
demande s'il y a une raison spéciale ici pour qu'on mette cela à
dix ans.
Mme Payette: M. le député, je n'aurais pas
d'objection à ce qu'on dise un mandat de cinq ans renouvelable, parce
qu'il est difficile de prévoir la durée de la période
d'implantation. Il ne serait probablement pas souhaitable qu'il y ait un
changement à un moment où on peut encore être en train de
mettre en place cette réforme qui est prévue. Si vous insistez,
j'accepterai volontiers que ce soit un mandat de cinq ans renouvelable.
M. Fontaine: Oui, sauf que là, dans le texte, on dit que
c'est le gouvernenent qui le nomme pour un terme n'excédant pas dix ans.
Alors, c'est le gouvernement qui va décider. Je pense qu'on pourrait
peut-être le laisser comme cela quitte à prévoir que...
Mme Payette: Voilà, et il semble bien que la tendance soit
à nommer les gens pour cinq ans. On vieillit tous si vite.
M. Lalonde: M. le Président, on voit jusqu'à quel
point l'Union Nationale est cohérente en offrant cinq ans et en revenant
à dix ans. Mais, Mme le ministre, ayant une petite idée sur
l'identité de celui qui sera président et étant
donné la jeunesse de ce jeune homme, on pourrait penser a dix ans et je
n'aurais pas d'objection.
Mme Payette: M. le député, j'y songe très
sérieusement, mais c'est lui qui me menace toujours de vieillir
très vite.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 10 est
adopté. J'appelle l'article 11.
Membres M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12.
M. Lalonde: Naturellement, adopté.
M. Saint-Germain: C'est le mot à mot d'une partie...
Le Président (M. Bertrand): L'article 12 est
adopté. J'appelle l'article 13.
Secrétaire et fonctionnaires
M. Lalonde: Est-ce que, M. le Président, le ministre a
reçu des représentations du syndicat des fonctionnaires à
propos de cet article? Je pense...
Mme Payette: M. le député, si cela peut vous aider,
ce n'est pas à cet article, c'est à l'article 25.
M. Lalonde: C'est à la fin. Mais Mme le ministre
reconnaîtra que ces représentations font référence
à l'article 13, mais tout en se déclarant d'accord. Je voulais
que le ministre ait l'occasion de nous déclarer, avec un grand sourire,
que le syndicat des fonctionnaires était d'accord.
Mme Payette: Le syndicat des fonctionnaires est d'accord.
Le Président (M. Bertrand): L'article 13 est-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 14?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 14 est
adopté. Article 15?
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 16?
M. Saint-Germain: Adopté si personne n'a quoi que ce soit
à ajouter.
Le Président (M. Bertrand): L'article 16 est
adopté. Article 17?
Responsabilité des membres
M. Lalonde: Adopté, M. le Président, mais vous
allez quand même me laisser exprimer un doute.
Le Président (M. Bertrand): Je préfère que
vous disiez votre mais avant de dire adopté, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je vais dire mais, M. le Président, à
propos de l'habitude qui n'a pas été prise par ce nouveau
gouvernement, mais par des gouvernements précédents et dont j'ai
fait partie. C'est cette habitude...
Mme Payette: Enfin, on va tout savoir.
M. Lalonde: ... de créer une espèce de statut
particulier à l'égard de la responsabilité des
fonctionnaires, des hauts fonctionnaires surtout, qui font partie de ces
organismes. Je prends seulement 30 secondes pour dire qu'il y aurait
peut-être lieu, non pas que je voudrais qu'il soit poursuivi à
gauche et à droite...
Mme Payette: Eux aussi sont de bonne foi.
M. Lalonde: ... surtout s'ils sont de bonne foi. J'ai
déjà fait partie de la fonction publique et je sais que des
décisions quotidiennes doivent être prises par ces hauts
fonctionnaires qui entraîneraient des responsabilités. Mais
l'habitude de toujours les exempter de toute responsabilité pourrait
être mauvaise. Je fais appel au ministre d'y songer.
Mme Payette: M. le député, je ne pense pas que cet
article corresponde à ce que vous êtes en train de décrire.
À ce moment-là, les mots "de bonne foi" n'auraient plus de sens
dans cet article.
M. Lalonde: Si vous le permettez, M. le Président, je
rappellerai au ministre, en vertu de la jurisprudence et des lois, que la bonne
foi est toujours reconnue lorsqu'il s'agit de décider si une
responsabilité doit être encourue. À ce point de vue, cela
serait redondant. Mais quand même, il reste qu'on a l'habitude d'enlever
toute responsabilité à des personnes qui, de plus en plus, ont
une importance grandissante dans les décisions qui doivent être
prises et je pense que le gouvernement, dans la réforme de la fonction
publique qu'il est en train d'entreprendre, devrait songer à cet
aspect.
Mme Payette: M. le Président, je vais être
obligée de rafraîchir la mémoire du député de
Marguerite-Bourgeoys. Il y a trop longtemps qu'il a pratiqué, me
souffle-t-on à l'oreille. La bonne foi est présumée, mais
on peut effectivement démontrer le contraire.
M. Lalonde: Oui. Mais je ne voudrais pas que cela devienne un
dialogue, M. le Président, vous me rappellerez à l'ordre.
Mme Payette: Surtout pas avec moi, je vous en supplie, M. le
député...
Le Président (M. Bertrand): Dans le bon sens du terme, je
suis favorable au dialogue.
Mme Payette: ... si c'est au sens légal...
M. Lalonde: Naturellement, la bonne foi est toujours
présumée. Mais, dans ce sens-là, justement, c'est
redondant. L'article n'ajoute pas grand-chose. S'il est de bonne foi, le
fonctionnaire n'est pas responsable. La bonne foi étant
présumée, il s'agit de prouver la mauvaise foi.
Il reste qu'il ne faudrait pas créer un statut particulier
officiel et toujours présumer pour les gens qui ont des décisions
à prendre qui affectent les gens. C'est tout.
Mme Payette: M. le Président, afin que le
député de Marguerite-Bourgeoys puisse dormir en paix cette nuit,
je m'engage à consulter le ministre de la Justice à ce sujet. Pas
cette nuit. Pour que vous puissiez dormir en paix cette nuit.
M. Lalonde: Ah bon! Vous me rassurez.
Le Président (M. Bertrand): Cet article 17 sera-t-il
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. J'appelle
l'article 18.
M. Saint-Germain: À l'article 18, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui. Ententes
M. Saint-Germain: Je suis assez étonné si on a
permis à la régie de conclure des ententes avec la Commission des
accidents du travail sans, au préalable, demander la permission à
l'Assemblée nationale. On dit: La régie peut, conformément
à la loi, conclure des ententes avec un autre gouvernement au Canada, un
gouvernement étranger ou avec un ministère ou un organisme de
l'un de ces gouvernements, en vue de l'application de la présente
loi.
Je crois qu'on donne là un pouvoir extravagant à la
régie ou que c'est l'exécutif qui semble vouloir
déléguer ses propres pouvoirs à la régie. Je sais
pertinemment qu'on peut toujours plaider que, par d'autres lois, il est
peut-être légalement impossible pour la régie de faire des
ententes, mais je crois qu'à cet article en particulier on devrait
nécessairement mentionner que la régie peut, mais avec
l'autorisation du gouvernement et conformément à la loi, conclure
des ententes.
M. Lalonde: M. le Président, j'inviterais le gouvernement
à examiner les changements qui ont été apportés
à la Loi du ministère des Affaires intergouvernementales. Je n'ai
pas le texte devant moi, mais je sais que les changements de 1975 ou 1976, lors
du dernier gouvernement, ont restreint de beaucoup la possibilité pour
des organismes et des ministères de conclure des arrangements, des
ententes, avec d'autres gouvernements, et je pense que c'est à bon
droit, pour donner une certaine cohérence à toutes les ententes
qu'il y avait, que le gouvernement, par ses ministères, faisait.
Je vais poser la question au ministre. Est-ce que cet article est
conforme à cette loi?
Mme Payette: Conformément à la loi, c'est ce que
cela veut dire.
M. Lalonde: Bon, d'accord. Mme Payette: Cela a
été fait.
M. Saint-Germain: Est-ce que vos légistes ou vos avocats
vous ont bien dit que c'était assez clair, que cela ne prêtait
à aucune ambiguïté?
Mme Payette: Oui, c'est fait.
M. Lalonde: C'est à cette loi que vous vous
référez et aux restrictions qui sont contenues dans cette loi.
C'est adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): L'article 18 est
adopté. L'article 19.
M. Lalonde: Adopté.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 20.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): L'article 20 est
adopté. L'article 21.
M. Saint-Germain: C'est un autre article. Ici on dit toujours
gouvernement au lieu de lieutenant-gouverneur en conseil. Je ne sais pas pour
quelle raison particulière.
Le Président (M. Bertrand): C'est presque devenu une
tradition, M. le député de Jacques-Cartier, depuis quelques
semaines.
Mme Payette: Cela va avec la transparence.
M. Saint-Germain: Je voulais qu'on me dise que je suis
conservateur.
Emprunts
Le Président (M. Bertrand): L'article 21 est-il
adopté? Adopté. L'article 22.
M. Lalonde: Naturellement, M. le Président, c'est
adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté, article 22.
Article 23.
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Lalonde: C'est-à-dire que, M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: À titre de député, je peux
l'adopter mais à titre de contribuable, j'ai beaucoup de
réserves, étant donné que ce seront les contribuables qui
auront à payer les pots cassés que ce gouvernement est en train
de nous construire avec cette loi. Il reste que, comme député, je
dois reconnaître...
Mme Payette: C'est à peine pire que les Olympiques.
M. Lalonde: ... que le gouvernement doit pouvoir garantir le
paiement en capital et intérêts de tout emprunt de la
régie, etc. Sous ces réserves, c'est adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 24.
M. Lalonde: Même réserve. Adoption.
Le Président (M. Bertrand): L'article 24 est
adopté. Article 25.
M. Lalonde: À l'article 24, l'Union Nationale a des
réserves.
Le Président (M. Bertrand): Sur l'article 24? Je m'excuse,
nous n'avons pas adopté l'article 24, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Pourquoi ici garde-t-on le 1er mars 1978 alors qu'on
l'a enlevé ailleurs?
Mme Payette: On est d'accord, si vous voulez apporter un
amendement. On va le retirer en concordance avec le reste.
M. Fontaine: Je fais un amendement...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska fait motion pour que nous retirions, à la
troisième ligne de l'article 24, les mots "jusqu'au 1er mars 1978".
Cette motion d'amendement est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jeanne-Mance?
M. Laberge: Je crois comprendre l'explication, parce que j'arrive
d'une autre commission parlementaire où il y a eu le même sujet.
On nous a expliqué que, lorsqu'une loi est mise en marche, les premiers
deniers qui servent à la mettre en marche avant une période
déterminée sont pris à même le fonds
consolidé de la province. Mais, par après, avec les années
financières, des budgets sont votés. En attendant, ils sont pris
à même le fonds. C'est ce que cela veut dire, je crois.
M. Lalonde: 22 et 23, ce n'est pas le fonds consolidé, ce
sont les emprunts.
M. Laberge: Excusez, c'est 24, c'est peut-être la
même chose aussi. C'est le même raisonnement.
M. Lalonde: En fait, M. le Président, les mots "jusqu'au
1er mars 1978" sont absolument académiques. Naturellement, étant
donné qu'on a enlevé les autres, on peut les enlever, mais on
pourrait les laisser là et cela ne dérangerait rien.
Le Président (M. Bertrand): La motion d'amendement du
député de Nicolet-Yamaska est-elle adoptée?
Mme Payette: M. le Président, je vous signale que, si on
retire "jusqu'au 1er mars 1978", il faudrait également retirer "à
compter de cette date".
Le Président (M. Bertrand): Oui, à quelle ligne,
Mme le ministre?
Mme Payette: Cinquième ligne, "articles 22 et 23 et...
à même les sommes perçues pour les fins de la
présente loi".
Le Président (M. Bertrand): Très bien.
Mme Payette: Est-ce qu'on peut prendre une petite minute, le
temps d'une consultation?
Le Président (M. Bertrand): On peut suspendre quelques
secondes pour se donner le temps d'y voir bien clair avant que nous n'adoptions
quelque chose qui irait contre notre volonté. Mme le ministre.
Mme Payette: Notre suggestion est effectivement de retirer "1er
mars 1978" et d'ajouter à la place "jusqu'à l'entrée en
vigueur du régime", ce qui est en concordance avec ce qu'on a
accepté dans les articles au début.
Le Président (M. Bertrand): Le président, pour la
bonne compréhension de tout le monde, demande à ce
moment-là si les mots "à compter de cette date" figurent
toujours?
Mme Payette: Restent maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Alors, le
député de Nicolet-Yamaska accepterait-il de retirer sa motion
d'amendement et que nous prenions la motion d'amendement formulée par
Mme le ministre, à savoir remplacer, à la troisième ligne
de l'article 24, les mots "jusqu'au 1er mars 1978" par les
mots "jusqu'à la date d'entrée en vigueur de la
présente loi"?
M. Lalonde: "Du régime"!
Le Président (M. Bertrand): "Ou régime", je
m'excuse.
M. Fontaine: J'accepte, M. le Président, à
condition que le ministre informe la commission que cela vient de la part du
député de Nicolet-Yamaska.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas prendre le
crédit d'une amélioration, je voudrais même le passer au
député de Nicolet-Yamaska, qui en a besoin, mais on n'a pas
parlé de l'entrée en vigueur du régime, jusqu'à
maintenant. À l'article 2a, on a parlé d'instauration d'un
régime. Si le gouvernement veut être un peu cohérent
ce n'est pas souvent que cela arrive peut-être qu'on devrait dire
"à compter de la date de l'instauration" plutôt que "de
l'entrée en vigueur".
Mme Payette: Si vous voulez changer de côté de
l'Assemblée nationale, vous pourriez peut-être nous être
utile.
M. Lalonde: Cela va venir bientôt.
Mme Payette: Oui, mais pas dans le sens où vous
l'entendez.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que Mme le ministre
fait sienne cette suggestion?
Mme Payette: On me suggère que, pour que ce soit encore
plus cohérent, il faudrait mettre "mise en oeuvre conformément
à l'article 4". C'est à ce moment-là qu'on s'en va vers
l'incohérence la plus totale.
Le Président (M. Bertrand): Alors, le président,
pour que la cohérence soit maintenue au sein de cette commission,
demande que Mme le ministre ou ses officiers veuillent bien rédiger,
s'il vous plaît, conformément au règlement, cette motion
d'amendement, pour qu'elle soit bien comprise et qu'elle soit bien
incorporée à la loi.
M. Fontaine: On pourrait peut-être en rédiger une
pour l'article 25 aussi.
Le Président (M. Bertrand): Je vous donne quelques
instants pour le faire. Ce sera une suspension de quelques secondes.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons reprendre nos
travaux, si Mme le ministre veut bien. Merci.
Voici comment se lirait...
Mme Payette: Excusez si c'est à la main, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): ... la motion d'amendement
présentée par Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. "Que l'article 24 soit
modifié en retranchant, à la troisième ligne de l'article
24, les mots "jusqu'au 1er mars 1978" et en les remplaçant par les mots
suivants: "jusqu'à la mise en oeuvre du régime".
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Cette motion d'amendement,
jugée recevable, quoique posant aux yeux de la présidence un
certain nombre de problèmes sur le plan de la comptabilité avec
les mots "date" et les mots "mise en oeuvre du régime"...
M. Lalonde: C'est ce que j'allais vous dire. Est-ce que vous ne
voulez pas dire "jusqu'à la date de la mise en oeuvre", puisqu'on dit
"à compter de cette date" plus loin?
Le Président (M. Bertrand): Conformément au
règlement, le président se permet, grâce à l'article
65-2, d'incorporer les mots "jusqu'à la date de la mise en oeuvre du
régime".
La motion d'amendement ainsi formulée serait-elle
adoptée?
M. Lalonde: Adopté à regret.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. L'article 24,
tel qu'amendé, est-il adopté? Adopté, tel
qu'amendé, article 24. J'appelle donc l'article 25.
Nomination du secrétaire et des
fonctionnaires
M. Lalonde: M. le Président, à l'article 25, je
demanderais au ministre quelle réponse il veut apporter aux
représentations du président général du SFPQ
à propos de l'article 25?
Mme Payette: Est-ce que cela vous ennuierait beaucoup de
répéter votre question?
M. Lalonde: Je voudrais savoir quelle réponse le ministre
a à nous donner concernant la lettre du président du SFPQ,
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, M. Harguindeguy,
à propos de l'article 25.
Mme Payette: La raison pour laquelle a été fait
l'article 25...
Le Président (M. Bertrand): Je veux souligner, pour les
fins des travaux de notre commission, que les fonctionnaires qui accompagnent
Mme le ministre parlent au nom du ministre.
M. Lalonde: Et, au journal des Débats, ce sera au nom de
Mme le ministre.
Le Président (M. Bertrand): Et, au journal des
Débats, ce sera effectivement, comme le dit si bien
le député de Marguerite-Bourgeoys, au nom de Mme le
ministre.
Mme Payette: Je pense que tous ceux qui ont administré la
chose publique, particulièrement les sous-ministres, ont eu à
subir des délais quasi interminables dans le recrutement de leur
personnel, des délais qui allaient jusqu'à trois et quatre mois.
Étant donné qu'il faut mettre le régime en oeuvre dans des
délais assez courts, il a été jugé inutile de
donner, par exception, à la régie, pendant une courte
période d'années, des pouvoirs d'engagement qui, dans une
certaine mesure, court-circuitent, je pense qu'il faut le dire, les
procédures et les longs délais qu'entraîne le
mécanisme actuel du recrutement. Je pense que cela a été
reconnu même par le syndicat. Si par ailleurs on assujettissait aux
exigences des syndicats le mécanisme d'exception de recrutement
prévu à l'article 25, on retournerait dans des procédures
qui causeraient de nouveaux délais et qui nous causeraient des
problèmes sérieux de mise en oeuvre.
M. Lalonde: M. le Président, je dois accepter ces
explications avec un certain grain de sel, ceci dit en toute
déférence à l'égard de M. De Coster, étant
donné que le ministre a invoqué la sagesse du gouvernement pour
proposer un projet de loi qui crée une régie avant qu'on ne
crée le régime.
J'ai donc cru, dans ma candeur de député d'Opposition, que
le ministre avait prévu les difficultés de recrutement, les
délais normaux de recrutement de personnel, de mise en place des
effectifs, pour arriver avec cette loi, adoptée demain, disons, et
permettre à cette régie de mettre en place ces effectifs et
d'être prête, lorsque le régime sera adopté, si
l'Opposition ne réussit pas à convaincre le ministre du
bien-fondé de ses positions, à l'automne ou au printemps l'an
prochain. Cette façon de procéder que nous avons
dénoncée, mais pour d'autres causes, me paraît annuler un
peu les raisons que le ministre vient de donner, à savoir que, comme il
y a une certaine urgence, il faut mettre de côté les règles
de recrutement pour pouvoir mettre en place tous les effectifs de la
régie. La régie est formée déjà en
août 1977, le régime serait en place "éventuellement" comme
on dit dans le projet de loi, on ne dit plus en mars 1978. Tout de même,
en présumant que la loi 67 ne serait pas adoptée avant
l'ajournement, qu'elle le soit éventuellement, que le régime ne
soit pas en place avant le printemps de l'an prochain, cela donne amplement le
temps au gouvernement de procéder au recrutement des effectifs,
conformément aux dispositions de la Loi de la fonction publique, de
procéder aux concours. D'ailleurs le ministre quand je m'adresse
au ministre, je m'adresse à tous ceux qui l'entourent sait
très bien tous les trucs auxquels on peut recourir.
Mme Payette: Cela n'existe plus, M. le député.
M. Lalonde: Je ne parle pas de trucs illégaux, non, pas du
tout. Je dis simplement que si on a besoin de quelqu'un pour faire un travail
d'ici à ce qu'un poste soit créé, autorisé par la
fonction publique, autorisé par le Conseil du trésor,
créé, rempli, on peut emprunter du personnel d'ailleurs. Il y a
plein de personnel dans le ministère, vous le connaissez un peu. On peut
emprunter deux, trois, quatre personnes parce qu'au fond on n'a rien à
faire d'ici au mois de mars. On a à mettre en place des structures, mais
on n'a pas à administrer un régime demain matin, surtout qu'on va
faire un contrat avec la CAT, et ce sera elle qui va tout faire
là-dedans.
Mme Payette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
vous me paraissez tellement bien connaître des trucs que je ne connais
pas que, si vous aviez été défait à la
dernière élection, je crois que vous seriez le président
pressenti de la régie.
M. Lalonde: M. le Président, réellement c'est
déjà assez un problème d'être devant ce
gouvernement, dans l'Opposition, sans de plus envisager ce que le ministre
vient de faire, c'est-à-dire une offre.
Mme Payette: Honnête.
Le Président (M. Bertrand): Même si cela ne figure
pas à votre profil de carrière, M. le député, cela
figure au journal des Débats en tout cas.
M. Lalonde: Mais, M. le Président, sérieusement, je
ne vois pas la nécessité de cet accroc, de ce "court-circuitage"
de la Loi de la fonction publique, étant donné que l'on
crée la régie avant de créer le régime.
Deuxièmement, on va faire des contrats avec la CAT, qui va mettre en
place des structures, d'après ce qu'on peut prévoir, à
moins que les articles qu'on a adoptés à notre corps
défendant n'aient aucune signification. Si on n'a pas l'intention de
faire de contrat, d'entente avec la CAT, on n'aurait pas adopté les
articles; il faut donner une signification aux articles qu'on a adoptés.
Les juges sont d'ailleurs habitués de dire que la loi doit signifier
quelque chose et si on a adopté un article qui dit qu'il peut y avoir
des contrats avec la CAT, à ce moment-là on peut prévoir
que la CAT va administrer au moins une bonne partie du régime. De plus,
cette régie sera, dans quelques heures, en vigueur, en place; il s'agit
d'ici quelques mois d'engager quatre, cinq ou combien Mme le ministre
a-t-il dit? dix personnes, je ne sais pas, mais pas tellement.
Mme Payette: Seulement une demi-douzaine.
M. Lalonde: Le député de Nicolet-Yamaska, dans son
souci reconnu de l'administration publique, a demandé combien de
personnes il y aurait à la régie à l'article 1. Les
chiffres qui nous ont été donnés n'étaient pas
tellement élevés. Cinq personnes, M. le Président, et on
met toute la Loi de la fonction publique de côté pour engager cinq
personnes du mois de septembre au mois de mars ou au mois d'avril l'an
prochain. Il y a quand même une limite!
Mme Payette: M. le Président, je crois qu'il y a un
malentendu et je permettrai d'apporter une correction. Il y a actuellement cinq
personnes qui sont autour du président pressenti de cette régie
encore à être créée, mais on peut penser, cependant,
qu'au cours des semaines et des mois qui viennent ce chiffre pourra aller
à environ une cinquantaine de personnes.
M. Lalonde: Je vous fais confiance.
Mme Payette: Oui, vous le pouvez. Il y a d'ailleurs, M. le
Président, des précédents puisqu'en 1975, sous le dernier
gouvernement, comme le disait le député de Marguerite-Bourgeoys
lui-même tout à l'heure, comme s'il n'y en avait plus eu d'autre
après, on avait agi de la même façon au moment de la
création de la Commission anti-inflationniste et en 1969, sous le
gouvernement de l'Union Nationale, on avait agi de la même façon
au moment de la création de la Régie de l'assurance-maladie.
M. Lalonde: M. le Président, quand Mme le ministre dit:
"De la même façon", est-ce qu'elle veut dire qu'on a mis de
côté la Loi de la fonction publique?
Mme Payette: C'est exact.
M. Lalonde: Ce sont des erreurs, Mme le ministre, qu'il ne faut
pas répéter.
Mme Payette: En fait, vous allez encore nous dire que maintenant
que cela vous a conduits où vous êtes, nous devrions éviter
de refaire la même chose.
M. Lalonde: Mais de plus en plus, de la façon que je vous
vois aller, non seulement vous, Mme le ministre, mais les autres, vous vous en
allez très rapidement.
Mme Payette: Je m'engage, M. le député... M.
Lalonde: Je veux vous éviter cela.
Mme Payette: ... je m'engage, M. le député,
solennellement, personnellement et au nom du gouvernement, à ce qu'on ne
fasse pas d'Olympiques au cours des prochaines années.
M. Lalonde: Ce n'est pas seulement les Olympiques, cela va
être justement ce genre d'erreur ici. Vous n'avez pas besoin de cela.
Vous n'avez pas besoin de mettre de côté la Loi de la fonction
publique. Faites un précédent! La cohérence, la
transparence, la limpidité du gouvernement, cela doit vouloir dire
quelque chose. La Loi de la fonction publique, pour engager 50 personnes d'ici
huit mois... Il y a des ministères qui engagent 200 à 300
personnes en six mois, sans même qu'on ne le sache, et en vertu de la Loi
de la fonction publique et du Conseil du trésor.
Mme Payette: Vous en savez plus long là-dessus que
nous.
M. Lalonde: Oui. Réellement, c'est sérieux. Parce
que c'est une mauvaise habitude. C'est une mauvaise habitude que vous commencez
à prendre.
Mme Payette: Je sens que vous allez me donner des conseils, M. le
député.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que l'article 25
sera...
M. Saint-Germain: Dans le même ordre d'idées, dans
cette loi qui ressemble énormément à la loi qui a
installé la Régie de l'assurance-maladie, on disait que le
secrétaire ainsi que les fonctionnaires et employés de la
régie qui ne sont pas régis par une convention collective de
travail ne peuvent être destitués que conformément à
l'article 61 de la Loi de la fonction publique. Quelle est la raison?
M. Gagnon: Je demanderais au député de parler dans
le micro.
M. Saint-Germain: Excusez-moi. On disait, dans la loi qui a
créé la Régie de l'assurance-maladie que, jusqu'à
une date donnée, les nouveaux employés qui étaient en
fonction ne pouvaient être congédiés s'ils n'étaient
pas protégés par une convention collective; qu'ils ne pouvaient
être destitués que conformément à l'article 61 de la
Loi de la fonction publique. Alors, vous pouvez engager des gens et vous pouvez
aussi les destituer à volonté s'ils ne sont pas
protégés par...
Mme Payette: Si vous vous référez à la Loi
de la Régie de l'assurance-maladie, c'est que la Loi de la Régie
de l'assurance-maladie allait plus loin que la loi actuelle, en ce sens que
même les employés recrutés à l'intérieur de
la fonction publique voyaient leur statut suspendu. Ils étaient
nommés par la Régie de l'assurance-maladie et leur statut
était suspendu pendant la période d'intérim.
Conséquemment, ils perdaient des avantages comme la
sécurité d'emploi. C'est la raison pour laquelle cet
alinéa avait été ajouté pour protéger ceux
qui, dans la fonction publique, renonçaient, pendant une période
transitoire, à leur statut de fonctionnaires et aux avantages de
sécurité d'emploi qui en découlaient.
M. Saint-Germain: Oui, mais le paragraphe que je viens de vous
lire dit que les fonctionnaires et employés de la régie qui ne
sont pas régis par une convention...
Mme Payette: Ils ne l'étaient plus, à ce
moment-là, parce que justement leur statut de fonctionnaires
était suspendu pendant la période transitoire.
Il y avait des fonctionnaires dans d'autres ministères qui ont
été mutés à la Régie de l'assurance-maladie
et qui, au moment de leur mutation, perdaient leur statut de fonctionnaires
temporairement. Ils n'étaient plus régis par une convention
collective, alors qu'ils l'étaient avant.
C'est en raison de cette perte de sécurité d'emploi que
cet article a été fait pour protéger ceux-là.
M. Saint-Germain: Mais, ici, on généralisait tout
de même. L'article ne faisait pas exception pour ceux qui perdaient leur
sécurité d'emploi.
Mme Payette: Oui, mais cela visait surtout ceux qui perdaient
leur sécurité d'emploi.
M. Saint-Germain: Oui, mais même les nouveaux venus avaient
cette sécurité, tandis que là il n'y a plus aucune
sécurité d'emploi pour ceux que vous allez engager. Il me semble
que cela pourrait créer à certains employés, à
certains nouveaux venus, certaines injustices si ces gens sont obligés
de déménager ou se déplacer ou faire des dépenses
pour accepter un emploi à la régie. Si, subitement, pour une
raison ou pour une autre, on les congédiait, ils se trouveraient
absolument sans aucune protection.
Mme Payette: On se réfère à l'article 61 de
la Loi de la fonction publique c'est probablement changé
maintenant parce qu'il y a eu des modifications à la loi mais il
reste que les employés qui sont recrutés de l'extérieur de
la fonction publique doivent passer une période de probation de six
mois, dans le cas des fonctionnaires, et de douze mois, dans le cas des
professionnels. De toute façon, ils ne sont pas permanents. Même
s'ils étaient assujettis à la Loi de la fonction publique, ils ne
pourraient pas avoir leur permanence avant six mois, dans le cas des
fonctionnaires, et douze mois, dans le cas des professionnels. Alors, ils
peuvent être destitués sans aucune formalité.
M. Saint-Germain: Oui, mais là, en travaillant pour la
nouvelle régie, ils pourraient dépasser ce laps de temps que vous
venez de mentionner et n'avoir tout de même aucune sécurité
d'emploi.
Mme Payette: C'est vrai dans le cas des fonctionnaires, c'est
pour six mois. Dans le cas des professionnels, vraisemblablement les douze mois
vont déborder la date cible, mais dans le cas des fonctionnaires
excusez si je compte sur mes mains, je suis comptable agréé,
septembre, octobre, novembre, décembre, janvier, février
cela va tomber à peu près à six mois. Il peut y avoir un
mois de décalage.
M. Saint-Germain: II n'y aura pas lieu, vous croyez, pour la
protection de ces gens-là...
Mme Payette: Non, je pense qu'il n'y aura pas réellement
de décalage.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il y a eu un
amendement à 25 ou si les mots "jusqu'au 1er mars 1978" sont
encore-là?
Le Président (M. Bertrand): D'après moi, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, il s'agirait tout simplement de
l'adopter comme à l'article 24. Il se lit de la même façon.
Il s'agit de remplacer les mots "jusqu'au 1er mars 1978" par les mots
"jusqu'à la date de la mise en oeuvre du régime".
M. Saint-Germain: Alors, là, cela pourrait
s'étendre sur beaucoup plus longtemps que cela.
Mme Payette: Je fais confiance à l'Opposition pour que
cela se fasse dans l'échéance qui est prévue.
M. Saint-Germain: Soyez assurée madame, que l'Opposition
ne peut absolument rien faire pour donner une certaine sécurité
aux nouveaux venus.
Mme Payette: Est-ce que vous souhaiteriez que nous laissions
à l'article 25 le 1er mars 1978? À ce moment-là, cela
permettrait d'apporter aux personnes qui vous préoccupent la
sécurité que vous souhaitez.
M. Saint-Germain: Si ces gens-là avaient une certaine
sécurité après les laps de temps définis par M. De
Coster, ils seraient "tapés" simplement comme tout le monde. Ce n'est
pas les privilégier ou leur enlever des droits, mais les traiter comme
tout le monde.
Mme Payette: Du 1er septembre 1977 au 1er mars 1978, cela fait
six mois. Il suffit donc de retirer l'amendement et de garder l'article tel
qu'il est là.
M. Lalonde: Oui, parce qu'au fond cela ne fait pas de
problème de laisser la date là. On ne fait pas
référence au régime de toute façon.
Mme Payette: Dans cet article, non.
Le Président (M. Bertrand): D'accord, alors la motion
d'amendement.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Non, simplement pour les fins
de notre compréhension, la motion d'amendement est retirée et
l'article 25 demeure rédigé tel quel.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Juste pour une meilleure compréhension, je
comprends bien que, même si les gens ne sont pas engagés selon les
normes de la fonction publique, ils vont faire quand même partie de la
fonction publique après un certain temps. C'est automatique.
Mme Payette: Oui.
M. Fontaine: Après six mois, ou dès
l'engagement?
Mme Payette: Après...
M. Fontaine: Après six mois?
Mme Payette: C'est cela. Après la période de
probation.
Au 1er mars, c'est automatique d'après la terminologie de
l'article 25.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que l'article 25 sera
adopté?
M. Lalonde: Adopté.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. J'appelle
l'article 26.
Contrats ou accords avec la CAT
M. Saint-Germain: L'article 26, c'est le contrepartie de
l'article no 2, comme de raison. L'article no 2 donnait à la
régie le pouvoir de faire des ententes avec la permission de
l'Exécutif. Ici, on donne cette même autorité à la
Commission des accidents du travail. Je ne vois pas la nécessité
de répéter mon argumentation. Je trouve quand même
déplorable que les députés d'arrière-ban veuillent
bien concéder à l'Exécutif les pouvoirs qu'ils avaient
conservés lors de l'étude de cette loi, soit au caucus, soit
à l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais un mot...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je ne voudrais pas interrompre le
député de Jacques-Cartier, mais je voudrais, dès qu'il
aura terminé, dire quelques mots.
M. Saint-Germain: Je vous cède la parole.
M. Lalonde: M. le Président, je mets en doute la sagesse
de donner des pouvoirs à la Commission des accidents du travail sans
amender la Loi de la Commission des accidents du travail. Je pense que cette
façon de légiférer est entachée, sinon
d'irrégularité, sûrement d'un manque de sagesse. Ceux qui
vont faire la refonte des lois, comment vont-ils trouver ce nouveau pouvoir
qu'on donne à la Commission des accidents du travail, à moins
qu'on ne fasse un amendement à la loi, c'est-à-dire aux Statuts
refondus 1964, chapitre 159, et de façon formelle? Par exemple, les
statuts refondus, la loi dont j'ignore le nom, constituant... C'est cela, la
Loi des accidents du travail. Statuts refondus 1964, chapitre 159, est
amendée en ajoutant, à tel article, tels termes. À ce
moment-là, c'est un amendement formel à cette loi. C'est
strictement technique, une technique législative. J'aurais
espéré qu'on l'eût fait comme cela.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre. Mme
Payette: M. le Président, je n'ai rien à ajouter. Nous
sentons le besoin de cet article dans ce projet de loi, si bien que nous le
défendrons.
M. Lalonde: Je n'ai pas mis en doute, M. le Président,
étant donné que l'article 2 existe...
Mme Payette: Je vous comprends très bien.
M. Lalonde: ... mais est-ce que le ministre, avec les sages qui
l'entourent, ne pourrait pas penser à un autre libellé de cet
article, le faire maintenant?
Mme Payette: Non, M. le député, nous
souhaitons garder le libellé tel qu'il est.
M. Lalonde: M. le Président, vous m'en voyez
déçu.
Le Président (M. Bertrand): Je ne vous "envoie" pas du
tout, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous m'en voyez déçu, en deux mots.
Le Président (M. Bertrand): J'accepte. L'article 96, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Article 96?
Le Président (M. Bertrand): Rétablir les mots et
non les faits. Alors, l'article 26 sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Sur division.
M. Saint-Germain: Sur division.
Le Président (M. Bertrand): Adopté sur division.
Article 27?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 28?
M. Saint-Germain: Je n'ai rien à ajouter personnellement.
Je ne sais pas si un de mes collègues... Quant à moi, c'est
adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. La commission
permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières a terminé l'examen des articles du projet de loi no
49, Loi constituant la régie de l'assurance automobile du Québec.
Je demanderai donc au rapporteur de faire son devoir auprès de
l'Assemblée nationale.
Mme le ministre.
M. Lalonde: Un discours.
Mme Payette: Je ne ferai pas un discours, M. le Président,
même si le député de Marguerite-Bourgeoys semble en
réclamer un.
M. Lalonde: C'est pour le rapporteur.
Mme Payette: Je voulais simplement remercier l'Opposition
officielle de sa collaboration, remercier le député de
Jacques-Cartier en particulier, que je commence à bien connaître,
et le député de Nicolet-Yamaska que je pense retrouver dans une
autre commission parlementaire bientôt.
M. Lalonde: Et moi?
Mme Payette: Vous êtes l'Opposition officielle.
Le Président (M. Bertrand): Alors, les travaux de la
commission...
M. Saint-Germain: Permettez-moi de souhaiter à tout le
monde de bien dormir à cette heure-ci, tout simplement.
Le Président (M. Bertrand): La commission met fin à
ses travaux.
(Fin de la séance à 0 h 50)