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Étude du projet de loi no 67 Loi sur
l'assurance automobile
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Paquette): À l'ordre, madame et
messieurs! Je demanderais d'abord votre collaboration et votre indulgence.
C'est la première fois que je préside une commission
parlementaire. Le député qui était censé la
présider est retenu ailleurs. J'espère qu'il va arriver
incessamment.
Les membres de la commission sont je vais leur demander de
s'identifier ou de dire s'ils sont remplacés; que quelqu'un de chaque
parti me dise s'il est remplacé M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke)
remplacé par M. Alfred (Papineau); M. Goulet (Bellechasse)
remplacé par M. Shaw (Pointe-Claire); M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Présent.
Le Président (M. Paquette): M. Landry (Fabre).
M. de Bellefeuille: Remplacé par M. de Belle-feuille
(Deux-Montagnes).
Le Président (M. Paquette): Remplacé par M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Larivière (Pontiac)...
M. Lalonde: Remplacé par M. Giasson.
Le Président (M. Paquette): De quel comté
déjà?
M. Giasson: Montmagny-L'Islet.
Le Président (M. Paquette): M. Lefebvre (Viau).
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Marois (Laporte) remplacé par M. Gravel (Limoilou); M. Marquis
(Matapédia).
Je demanderais aux gens de la salle de ne pas manifester. On a
déjà assez de difficulté à s'entendre. M. Marquis
(Matapédia) est-il remplacé? Non. Mme Payette (Dorion).
Mme Payette: Présente.
Le Président (M. Paquette): M. Raynauld (Outremont).
M. Lalonde: Combien de membres avons-nous à la commission
parlementaire?
Le Président (M. Paquette): Je pense que vous en avez
quatre.
M. Lalonde: Alors, M. Raynauld remplacé par M. Mailloux
(Charlevoix).
Le Président (M. Paquette): D'accord, remplacé par
M. Mailloux (Charlevoix); M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Paquette): M. Russell (Brome-Missisquoi)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Saint-Germain.
M. Saint-Germain: Présent.
Le Président (M. Paquette): M. Vaillancourt
remplacé par M. Paquette (Rosemont).
Maintenant, il faudrait nommer un rapporteur de la commission. Y a-t-il
une proposition? Alors, M. Gravel (Limoilou) est rapporteur de la
commission.
Maintenant, aujourd'hui, nous avons à entendre trois
mémoires au sujet du projet de loi 67, concernant la réforme de
l'assurance automobile. Les organismes convoqués sont l'Association des
courtiers d'assurances de la province de Québec, dont le porte-parole
est M. Robert Viau. Est-ce qu'ils sont là?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Paquette): C'est le mémoire 1-M.
Ensuite, en deuxième lieu, M. Jean Gagnon, mémoire 3-M. Est-ce
qu'il est dans la salle? Très bien. En troisième lieu, la
Fédération des courtiers d'assurances du Québec,
mémoire 4-M; le porte-parole en est M. Léandre Lachance,
président. Oui, M. Shaw.
M. Shaw: Est-ce que le secrétaire de la commission a
d'autres copies?
Le Président (M. Paquette): Est-ce que tout le monde a des
copies des mémoires? Avant d'entendre le premier organisme
convoqué, je vais donner la parole à un porte-parole de chacun
des partis, à moins qu'il n'y ait des questions concernant le
déroulement des travaux.
M. Lalonde: S'il vous plaît, M. le Président,
j'aurais simplement une question à poser, à propos justement du
programme de travail de cette commission. Est-ce qu'on a plus de deux
intervenants? Aujourd'hui, vous en avez nommé trois. Est-ce que d'autres
ont été invités pour demain? Est-ce que le ministre
s'attend que cette commission soit appelée à siéger dans
les jours qui suivent? C'est la seule question que je voudrais poser.
Le Président (M. Paquette): Mme le ministre
des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Mme Payette: M. le Président, nous sommes informés
que les mémoires dont nous disposons aujourd'hui sont les seuls qui
soient arrivés. Nous sommes cependant informés également
que d'autres mémoires seront acheminés au cours de la semaine
prochaine. Nous proposerions que cette commission puisse siéger à
nouveau à compter du 11 octobre pour entendre les autres
mémoires. Jusqu'à maintenant, nous sommes informés que six
ou sept mémoires sont attendus. On nous a dit qu'ils étaient en
route, mais ils ne seront pas arrivés pour cette semaine. J'ai
l'impression que nous pouvons disposer des mémoires que nous avons
devant nous au cours de la journée d'aujourd'hui.
Le Président (M. Paquette): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que je dois comprendre
de Mme le ministre que, toutes choses se déroulant tel que prévu,
cette commission ajournerait ses travaux au 11 octobre ou à toute autre
date qui sera choisie, après l'examen de ces trois mémoires, et
qu'aucun autre intervenant ne sera invité pour cette série
d'audiences de la commission?
Mme Payette: C'est à la demande même des
intervenants que nous ajournerions nos travaux jusqu'au 11 octobre.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Paquette): Est-ce qu'il y a d'autres
questions concernant la procédure? On m'a avisé, en tout cas, du
côté ministériel, qu'on ne voulait pas mettre de limite,
étant donné qu'on a trois mémoires à étudier
aujourd'hui et qu'on devrait pouvoir les entendre tous les trois aujourd'hui,
il n'était pas nécessaire de contingenter le temps.
Nous allons uniquement nous en tenir au règlement, sans
règles particulières supplémentaires, si vous êtes
d'accord.
Oui, Mme le ministre.
Mme Payette: Je voudrais tout simplement faire remarquer que
cette position qui vaut pour aujourd'hui ne doit pas être un
précédent pour la semaine du 11 octobre, ne sachant pas combien
de mémoires nous avons exactement encore et quelle sera la longueur de
chacun d'entre eux.
Le Président (M. Paquette): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, là-dessus, je pense
que c'est sage de la part du gouvernement de ne pas contingenter les travaux de
cette commission étant donné que nous avons trois intervenants.
On se souviendra qu'en d'autres lieux, en d'autres temps d'autres commissions
ont cru bon, justement, de limiter le temps de chaque in- tervenant,
étant donné le grand nombre de mémoires. Je comprends, Mme
le ministre, que, si vous avez pour la séance du 11 octobre ou d'autres
séances quelques dizaines ou quelques centaines de mémoires, nous
serons là avec vous pour discuter des règles de procédure
à adopter.
Le Président (M. Paquette): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je souscris entièrement à cette suggestion
de ne pas limiter le temps pour l'étude de chacun de ces
mémoires, mais, advenant le cas où il ne serait pas possible de
passer à travers les trois mémoires qui sont actuellement devant
nous, est-ce que cela veut dire que la commission pourrait siéger
demain?
Mme Payette: Nous sommes disposés à siéger
demain si c'est nécessaire.
M. Roy: D'accord. Merci.
Le Président (M. Paquette): Si la commission est d'accord,
j'accepterais que M. Grégoire, député de Frontenac,
remplace M. Marquis, de Matapédia, s'il n'y a pas d'objection. Cela fait
que le consentement est unanime. Nous allons maintenant commencer la
séance en entendant un porte-parole de chacun des partis
représentés à l'Assemblée nationale en
commençant par Mme le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières.
Exposé du ministre Mme Lise Payette
Mme Payette: M. le Président, je vous remercie. J'aimerais
commencer en présentant nos excuses aux personnes qui sont à
l'extérieur de cette salle et qui auraient souhaité pouvoir
assister à ces débats. Nous avons cherché une solution de
rechange ce matin et essayé de trouver une autre salle. Le salon rouge
est présentement occupé par une autre commission parlementaire
qui est appelée depuis trois mois déjà et à
laquelle il y a autant de participants que celle de ce matin ici, si bien que
nous ne disposons d'aucune autre salle qui soit plus importante que celle que
nous avons. Je me permettrais de dire que c'est dommage que nous n'ayons pas la
télévision en circuit fermé; peut-être que ceux qui
sont à l'extérieur seraient plus satisfaits de
l'expérience qu'ils auront à vivre au cours de la journée.
Cela pourrait être un argument en faveur, éventuellement, de cette
possibilité. Mon intervention sera courte, à ce moment ici.
J'aimerais simplement rappeler qu'il m'a été donné de
faire une tournée à travers le Québec sur le sujet qui
nous préoccupe aujourd'hui, l'assurance automobile et la réforme
proposée par le gouvernement.
Au cours de cette tournée qui m'a conduite dans une dizaine de
villes au Québec et qui m'a permis d'entendre aussi bien les
consommateurs d'assurance automobile que les intermédiaires
dans ce secteur et que les représentants d'au moins une compagnie
d'assurances jusqu'à maintenant, je pense que je suis en mesure de dire,
M. le Président, que cette tournée m'aura permis, à moi,
et à d'autres qui y ont participé, de remettre en place les
différents morceaux de ce que j'ai appelé le puzzle ou le
casse-tête si on veut mieux parler français du
domaine de l'assurance automobile.
Nous avons pris conscience, au cours de cette tournée, de
l'insatisfaction de la population par rapport à ce secteur de
l'assurance automobile, mais également de la situation de tiraillage
dans laquelle se trouvent plusieurs des intermédiaires qui oeuvrent dans
le secteur de l'assurance automobile.
Je crois que nous avons été extrêmement attentifs,
au cours de la tournée qui nous a permis d'entendre déjà
160 mémoires. Ces 160 mémoires sont répartis de la
façon suivante: le public en général en a
présenté 54; les courtiers y compris les organismes
24; les experts en sinistres, y compris les organismes, 15 mémoires; les
avocats, y compris les organismes, 17 mémoires; les syndicats, 8
mémoires; les chambres de commerce, 3 mémoires; la jeune chambre,
4; les associations reliées à l'automobile, 17 mémoires;
les groupes de protection du consommateur, 9 mémoires; l'Association du
Parti québécois, 6 mémoires; un assureur et six autres
organismes différents.
Au moment où nous entreprenons cette commission parlementaire sur
la réforme de l'assurance automobile, je pense que l'article que l'on
trouve, ce matin, dans un quotidien de Montréal, en page 21, sous ma
signature, est probablement l'ensemble des réflexions que je suis en
mesure de faire à partir des informations reçues au cours de la
tournée. Il y a encore un certain nombre de questions, de points
d'interrogation que je me pose et auxquels je n'ai pas nécessairement
toutes les réponses; ce qui me permet de dire que, au moment où
on se parle, je suis profondément convaincue que le projet de loi 67,
tel que rédigé, est le meilleur qu'on puisse trouver en ce qui
concerne une réforme de l'assurance automobile au Québec.
Je voudrais également vous dire, cependant, que je suis attentive
aux représentations qui sont faites.
Si on peut me démontrer qu'il y a dans ce projet de loi des
lacunes ou si on me propose des façons d'améliorer le projet de
loi, je puis vous assurer de mon entière collaboration et de ma bonne
volonté dans ce domaine. Merci.
Le Président (M. Paquette): Merci, Mme le ministre. Nous
allons maintenant passer à un porte-parole du Parti libéral.
Commentaires de l'Opposition
M. Noël Saint-Germain M. Saint-Germain: M. le
Président...
Le Président (M. Paquette): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain:... le projet de loi dont nous allons
étudier aujourd'hui la teneur est extrêmement important et suscite
déjà bien des discussions parmi le public, dans les media
d'information et la presse en particulier. Il est évident que ce projet
de loi crée beaucoup d'inquiétude parmi la population; il
crée des inquiétudes parce qu'au lieu de bâtir sur l'ancien
système on balaie pratiquement tout, du moins au niveau des blessures
corporelles, pour rétablir un système tout à fait nouveau.
Comme toute législation nouvelle, ceci crée des
inquiétudes parce que c'est un pas vers l'inconnu.
Il est regrettable qu'on n'ait pas reçu plus de mémoires
à ce stade-ci au niveau de la commission, car nous, de l'Opposition,
nous sommes absolument convaincus que ce projet de loi doit,
premièrement, se faire remarquer par la qualité des services
qu'il rendra à la population; deuxièmement, par son
efficacité et, troisièmement, par ses coûts. À ce
point de vue, même le ministre ne peut pas nous garantir que ces trois
buts seront atteints. Il serait important, pour ceux qui veulent nous
présenter des mémoires, d'aller au fond des choses. Il y a dans
cette province des gens qui ont une longue expérience dans le domaine de
l'assurance. Il serait très important de les entendre et, avec eux,
d'étudier les différents facteurs qui pourraient nous inciter et
surtout inciter le gouvernement à modifier sa loi. En effet, nous
croyons sincèrement qu'il y a des modifications assez importantes
à apporter au projet de loi pour qu'il puisse atteindre les trois
qualités que je viens d'énumérer.
Nous n'avons pas, ai-je dit, beaucoup de mémoires à notre
disposition. J'espère que dans les derniers jours les assureurs, les
avocats et tous ceux qui sont de près ou de loin mêlés
à l'assurance automobile viendront se faire entendre.
Je crois réellement que ce n'est pas un manque
d'intérêt de la population vis-à-vis de cette loi qui est
la cause de ce petit nombre de mémoires remis jusqu'ici.
Si c'est la tournée du ministre qui est la cause du petit nombre
de ces mémoires, je crois que c'est réellement dommage, car nous,
de l'Opposition, n'avons pas pu, lors de cette mise en marché, poser les
questions qui s'imposaient et nous ne connaissons pas la teneur des discussions
qui ont eu lieu, sinon comme tout le monde, par la voie des media
d'information.
Il va sans dire que cette tournée de la province du ministre a
porté à la critique. Je ne répéterai pas ici ce que
certaines personnes qui ont assisté à ces réunions ont
dit, ce que les media d'information ont dit relativement à ces
réunions, mais il reste que l'atmosphère et la façon dont
elles ont été tenues ne portaient pas à une étude
sérieuse et approfondie des grands principes qui sous-tendent cette
législation.
Je crois personnellement qu'avec l'expérience
nous devons admettre que c'est tout nouveau d'une commission comme
celle-ci; nous pouvons réellement nous faire entendre, les
intéressés peuvent se faire entendre et nous pouvons
réellement étudier le fond des principes inclus dans les projets
de loi, étudier ces projets de loi d'une façon positive, d'une
façon sérieuse; c'est ici que la liberté des intervenants
est réellement garantie et que ceux qui sont pour ou contre le projet de
loi peuvent se faire entendre avec la même justice et avec la même
dignité.
Ceci dit, M. le Président, nous sommes heureux de voir la
nombreuse assistance de ce matin; nous savons que les courtiers sont
énormément intéressés. Je ne veux pas aller
au-devant des choses, mais je sais pertinemment qu'ils n'ont pas
été consultés, bien que ce soit leur profession, leur
gagne-pain, leur domaine, leur champ d'activité. Ces gens se sont
créé dans la société une place, une profession
où ils peuvent honorablement gagner leur vie selon nos lois et nos
règlements.
J'ai été estomaqué d'apprendre qu'il ne leur avait
pas été donné de se faire entendre par le ministre
autrement que dans ces meetings de marketing. On nous a assurés que ce
n'était pas l'endroit idéal pour faire passer un message.
Ceci dit, ils auront ce matin l'occasion de nous expliquer leur point de
vue. En plus de nous faire voir les injustices qui peuvent naître de ce
projet de loi vis-à-vis de leur champ d'activité, j'espère
bien qu'ils iront aussi au fond des choses, qu'ils pourront nous donner des
idées sur les principes du projet de loi lui-même, ce qu'il y a
d'important pour le public, ce qu'ils croient que, dans l'intérêt
public, il faudrait modifier, ce qui ne les empêchera nullement de nous
prouver, s'il y a lieu, que leurs intérêts sont en jeu.
Ceci dit, M. le Président, je ne veux pas abuser du temps de la
comission et je laisse à mes autres collègues de l'Opposition le
soin de donner leur opinion.
Le Président (M. Paquette): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Le porte-parole de l'Union Nationale,
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Mes commentaires
seront également brefs, puisque nous sommes ici surtout pour entendre
les mémoires. Je voudrais dire qu'à maintes reprises, au cours
des derniers mois, l'occasion nous a été donnée de
formuler des commentaires sur la position gouvernementale en regard de
l'assurance automobile, que ce soit lors du dépôt du livre bleu
pour une réforme de l'assurance automobile, en avril dernier, ou encore
au cours du processus législatif qu'a traversé le projet de loi
49 jusqu'à son adoption, en août dernier, et surtout lors du
dépôt et de l'adoption en première lecture, à
l'Assemblée nationale, du projet de loi no 67.
Ce n'est pas mon intention ce matin de reprendre tout ce qu'a
déclaré l'Union Nationale sur le sujet. Mais pour bien situer
l'esprit dans lequel nous sommes, à l'ouverture des audiences publiques
sur la Loi sur l'assurance automobile, je ferai simplement le point de nos
interrogations.
Le public a été convié à venir faire part
à la commission parlementaire des consommateurs, coopératives et
institutions financières de ses réactions au projet de loi no 67.
Nous espérons beaucoup du travail de cette commission car si, pour notre
part, nous avons quelques idées sur le sujet, dont certaines bien
arrêtées, nous attendons, des intervenants qui ont répondu
à l'invitation, un éclairage bien précis que nous
confronterons à nos propres positions.
En effet, qui mieux que les gens du secteur peuvent véritablement
se prononcer en pleine connaissance de cause? Qui mieux que les professionnels
de l'assurance automobile au Québec peuvent juger au mérite un
projet de loi visant une réforme dans la matière même de
leur travail quotidien? Nous attendons également beaucoup des
commentaires qui sont susceptibles de nous être formulés par des
représentants des secteurs connexes et, enfin, nous espérons
obtenir, le plus clairement exprimée, la réaction du citoyen
québécois, celui-là même, supposément, pour
le bien duquel tout ce processus a été mis en branle. Car nous
avons toujours présent à l'esprit le but premier de toute
législation, le bien-être individuel et collectif de la
population, et, il reste à savoir si cette loi correspond ou
correspondra à ces objectifs.
Nous nous refusons à nous laisser distraire par la
complexité ou la sophistication d'un projet de loi et ainsi perdre de
vue son objectif: réglementer un secteur et prendre des dispositions
pour en assurer le bon fonctionnement dans le but d'améliorer les
rapports entre les membres de la communauté. Nous avons d'emblée
souscrit à l'intention gouvernementale d'intervenir dans le secteur de
l'assurance automobile. Nous sommes de l'avis du ministre qu'une telle
intervention constitue, dans son esprit même, une mesure de justice
sociale. Nous appuyons les objectifs du projet de loi, relativement à
l'établissement d'un régime d'assurance obligatoire. Nous
approuvons l'intention du législateur d'effectuer un meilleur
contrôle du coût des primes d'assurance, des frais de
réparation et des pratiques commerciales des compagnies
d'assurances.
Cependant, nous nourrissons de très sérieuses craintes sur
l'efficacité de la formule adoptée et proposée par le
ministre quant à la responsabilité et quant au système
d'indemnisation. Et nous attendons toujours du ministre la preuve que le
demi-système étatique, le système mixte, bicéphale
qu'on nous propose, constitue la solution qui permettra aux
Québécois de payer moins cher les primes d'assurance, tout en
recevant davantage de couverture pour les assurés.
Le "no fault", appliqué à la couverture des dommages
corporels, permettrait une indemnisation plus rapide des victimes d'accidents
d'automobiles, du moins selon les prétentions du ministre. Le
système d'indemnisation par la Régie de l'assurance automobile,
selon un programme de
rentes à taux fixe, pourrait ne pas être la solution
idéale au problème de l'indemnisation rapide des victimes. Et si
tel était le cas, il est loin d'être assuré que les
règlements, même s'ils étaient rapides, seraient
socialement justes. En effet, comment peut-on croire que tout dommage corporel
a la même conséquence pour toute victime?
Enfin, sans vouloir teinter indûment de politique le débat
actuel, je veux inviter Mme le ministre à témoigner d'ouverture
d'esprit et l'engager à établir un sain dialogue avec les
intervenants du secteur, pour que son projet de loi puisse être
bonifié et devenir une excellente loi dans un secteur qui demande des
améliorations. La fonction législative est trop sérieuse
pour que nous tolérions qu'elle soit teintée d'improvisation et
nous n'accepterons jamais l'intransigeance de la part du gouvernement dans ce
domaine.
J'oserais même ajouter que, si le ministre ne fait pas montre de
plus d'ouverture d'esprit que lors de sa tournée, elle rencontrera chez
les membres des Oppositions des lutteurs acharnés. À ce moment,
il n'est pas certain que la loi pourrait être adoptée avant
janvier 1978 pour la mettre en application.
M. le Président, la preuve a été récemment
faite, à l'occasion de l'étude en deuxième lecture de la
Loi sur le financement des partis politiques, que tous les membres de
l'Assemblée nationale veulent et peuvent travailler de concert lorsque
le parrain d'un projet de loi donne le ton aux travaux. Puis-je formuler le
souhait que l'esprit du ministre d'État à la réforme
parlementaire habite, pour la durée des travaux de cette commission,
à tout le moins, le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières? Je puis assurer le ministre et les membres de
cette commission que l'Union Nationale est résolue à travailler
positivement et à participer dans un esprit collectif et constructif aux
travaux qui seront nôtres au cours des prochains jours. Je mets ici un
terme à mes propos pour que nous puissions sans délai nous
acquitter de notre mandat et procéder à l'audition des
mémoires. Merci.
Le Président (M. Paquette): Merci, M. le
député. M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Avant d'entreprendre
l'étude de ce projet de loi, j'aimerais rappeler au ministre et aux
membres de la commission les deux grandes préoccupations de la
population à ce sujet. La première est, évidemment
tout le monde en conviendra le coût de l'assurance automobile.
L'augmentation des coûts que nous avons connue au cours des
dernières années est un sujet qui exigeait que le gouvernement,
que les députés, que l'Assemblée nationale se penchent sur
cette question. La deuxième question qui retient l'attention de la
population, ce sont les délais dans le règlement des sinistres.
Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue ces deux points qui étaient les
deux grandes préocccupa-tions de la population et qui sont encore
aujourd'hui les deux grandes préoccupations de la population. Depuis que
la commission parlementaire a commencé ses séances, à la
suite de la publication du rapport Gauvin, les travaux de la commission
parlementaire ont toujours porté principalement sur ces deux points
particuliers, puisque le but que nous avons à poursuivre, comme
représentants de la population du Québec, c'est de trouver les
méthodes qui permettront à la population d'avoir le meilleur
service possible à un meilleur prix, à un meilleur
coût.
Je pense que cela doit être notre seule préoccupation.
Notre préoccupation ne doit pas être celle de faire un
débat philosophique, à savoir si cela doit être un
régime qui répond à des aspirations idéologiques,
à partir d'un débat philosophique sur l'entreprise privée
versus l'entreprise gouvernementale. C'est tellement vrai que c'étaient
les deux plus grandes préoccupations de la population qu'il faut se
référer, pour se le rappeler encore davantage, à l'ordre
en conseil qui avait été donné le 5 mai 1971, alors qu'on
avait confié un mandat à la commission Gauvin, lors de la
formation de la commission Gauvin.
Je lirai à l'intention des membres de la commission les trois
premiers attendus: "Attendu que le coût de l'assurance automobile est de
plus en plus élevé au Québec; attendu qu'il y a lieu de
rechercher les causes de cette hausse et de proposer des moyens pour compenser
les victimes d'accidents d'automobile au meilleur coût possible pour la
collectivité; attendu que le Conseil des ministres s'est
déjà prononcé en faveur de la formation d'un comité
constitué de cinq membres pour étudier tous les aspects relatifs
à la question de l'assurance automobile... Préalablement, je dois
dire que cela avait déjà fait l'objet de questions qui avaient
été posées à l'Assemblée nationale par les
trois partis d'Opposition du temps, soit l'Opposition officielle qui
était l'Union Nationale dans le temps, le Ralliement créditiste
dans le temps et le Parti québécois. C'est à la suite de
cela, évidemment, que la commission Gauvin avait tenu ses audiences et,
même, il y a eu un prolongement du mandat de la commission. Ce ne fut
qu'au mois de mars 1974 si ma mémoire est bonne, le rapport a
été publié au mois de mars 1974 que la commission
parlementaire a pu siéger pour étudier cette importante question.
Pendant toutes les séances de la commission parlementaire qui a
étudié le rapport de la commission Gauvin, la
préoccupation des députés de l'Assemblée nationale
lorsque la commission parlementaire a siégé, l'Opposition
officielle, c'était le Parti québécois a
porté principalement, pour ne pas dire exclusivement, sur le coût
de l'assurance automobile et sur les délais exorbitants qui
étaient engendrés dans le règlement des sinistres.
Or, le projet de loi 67 qui est devant nous actuellement, à mon
humble avis, après en avoir fait un examen attentif, ne répond
pas à ces deux préoccupations majeures de la population, ne donne
pas non plus satisfaction et n'assure pas la population du Québec
qu'effectivement on pourra avoir un meilleur service à un meilleur
coût puisque, effectivement, le projet de loi 67 propose à la
population du Québec un régime double.
On se plaignait déjà du coût de l'administration du
régime d'assurance automobile. Or, par le projet de loi no 67, on
propose deux régimes et deux régimes obligatoires. Ceci veut dire
que les gens devront avoir affaire à la Régie d'État et
devront avoir affaire effectivement à l'entreprise privée qui
continue de couvrir les risques matériels.
Comment peut-on, logiquement, honnêtement, diminuer le coût
de l'assurance automobile en imposant à la population deux
régimes au lieu d'un? Et, dans le cas du règlement des sinistres,
comment peut-on avantager la population du Québec et lui imposer d'avoir
affaire à deux endroits pour le règlement du sinistre lorsqu'il y
a blessure et dommage matériel?
Les gens auront à faire une réclamation à la
Régie d'État, au fonds d'indemnisation de la province, et ils
devront continuer de faire affaire avec l'entreprise privée dans le
règlement des dommages matériels.
Alors, deux formules de demande de réclamation, deux
procédures; ils devront avoir affaire à deux bureaux et, encore
là, il y aura deux études de réclamation, l'étude
de deux dossiers, et du fait qu'on procède à un double emploi de
l'administration de l'assurance-automobile, comment peut-on répondre
logiquement à la préoccupation majeure et à l'objectif que
nous voulons atteindre, nous, de l'Assemblée nationale, et faire en
sorte que la population du Québec puisse bénéficier d'une
diminution du coût de l'assurance automobile?
Je pense tout simplement qu'actuellement on a tenté de trouver
une formule. Je sais gré au ministre, ce matin, de nous avoir dit qu'il
y avait des points dont elle n'était pas entièrement convaincue
et je lui saurais gré de nous faire part de ces faits, mais l'honorable
ministre devrait aussi convaincre les membres de la commission et convaincre la
population du Québec que le régime qu'elle propose est le
meilleur régime. À l'heure actuelle, après l'avoir bien
examiné, après l'avoir bien étudié, on se rend
compte d'une chose. D'abord, la tournée qui s'est faite dans tout le
Québec, a été un précédent dans l'histoire
du Québec. Qu'un ministre se donne la peine de faire une tournée
dans la province pour interroger la population, je n'ai rien contre cela. Au
contraire, j'aurais même formulé le voeu que ce soit une vraie
commission parlementaire itinérante, de façon qu'il puisse y
avoir une contre-interrogation aux interrogations qu'a posées le
ministre à ce moment-là pour faire connaître la part des
choses, pour faire connaître les deux côtés de la
médaille. De toute façon, cela n'a pas été
possible, mais il faudra le faire à cette commission parlementaire. Je
dois dire que si, dans certains milieux, on s'est plaint des courtiers, on
s'est plaint des avocats, il demeure que, en se substituant à
l'entreprise privée par le régime qu'il nous propose à
l'heure actuelle en ce qui a trait aux dommages matériels, le
gouvernement assume peut-être un des objectifs qu'il s'est fixés,
d'éliminer les intermédiaires. Mais il ne faut pas oublier qu'en
éliminant les intermédiaires, le gouvernement, en même
temps, élimine l'arbitre, et l'arbitre, c'est l'État, c'est le
gouver- nement, ce sont les députés, c'est l'Assemblée
nationale. L'État se substitue lui-même à l'entreprise
privée. Qui sera arbitre à partir de ce moment-là? On sait
très bien que le projet de loi actuel prévoit des ententes; la
Loi constituant la Régie de l'assurance automobile du Québec
prévoit des ententes avec la Commission des accidents du travail pour ce
qui a trait au degré d'évaluation des dommages corporels, mais
qui est l'arbitre entre la population et la Commission des accidents du
travail.
Je pense que, pour ceux qui connaissent le régime, ceux qui y ont
eu affaire, et les députés de l'Assemblée nationale qui
ont à entendre les doléances de la population et à
recueillir les plaintes de la population et ses dossiers, ce n'est pas une
soupape de sûreté qui peut nous inspirer réellement
confiance.
C'est pourquoi je dis, M. le Président, que je compte
énormément sur ceux qui sont ici, qui vont nous présenter
des mémoires, et je compte énormément sur la collaboration
de tous les membres de la commission parlementaire pour que des deux
côtés de la Chambre, on ne cherche pas à faire un
débat philosophique sur cette question, mais que l'on cherche la
meilleure formule qui permettra effectivement de répondre aux deux
objectifs majeurs qui doivent nous préoccuper et qui doivent être
notre première préoccupation, soit du meilleur régime
d'assurance automobile au meilleur prix possible. Pour ce qui a trait au
monopole d'État qu'on est en train de vouloir créer dans ce
domaine, par la loi je dis bien un monopole d'État il
faudra qu'on nous en prouve la justification. En ce qui me concerne, je pense
qu'il aurait été possible de modifier les lois existantes, qu'il
aurait été possible d'ajouter des amendements aux lois existantes
et que les buts qu'on cherche à atteindre auraient pu être
atteints dans le régime actuel par l'entreprise privée en
évitant ce double emploi et cette complication à la population du
Québec.
Le Président (M. Paquette): Je rappelerai au public que
les manifestations sont interdites dans une commission parlementaire. Le
président avait fait la même remarque, lors de la loi 101, M. le
député.
Je remercie le député de Beauce-Sud.
Avant de passer à l'audition du premier mémoire, nous
avons actuellement un problème dû à l'exiguïté
des locaux. Il y a énormément de personnes dans le corridor qui
voudraient assister à cette séance. En attendant la
télévision en circuit fermé, il y a un certain nombre de
solutions que nous voulons apporter parce que nous croyons qu'il est normal que
les citoyens intéressés puissent assister à cette
commission parlementaire. Par conséquent le président de
l'Assemblée nationale me demande de suspendre la séance pour cinq
minutes, pour une courte réunion des représentants de chaque
parti concernant une solution à ce problème. Puisque nous sommes
régis par un ordre de la Chambre qui nous oblige à siéger
en cette salle, il faut donc un consentement unanime des partis.
La séance est suspendue pour cinq minutes. (Suspension de la
séance à 10 h 52)
Reprise de la séance à 10 h 55
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! À la suite d'une rencontre avec les partis d'Opposition et
le parti ministériel, il est entendu qu'il y aura transfert de la
commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières au salon rouge. Les négociations, pour que la
commission sur les pâtes et papiers vienne siéger à la
salle 81, sont en train de se dérouler. Les partis d'Opposition sont-ils
prêts à confirmer le consentement qu'ils ont donné pour ce
transfert?
M. Paquette: M. le Président, j'ai une motion à
faire. Je proposerais que la commission des consommateurs, coopératives
et institutions financières se réunisse au salon rouge dès
que l'accord de la commission parlementaire sur les pâtes et papiers nous
sera connu.
Le Président (M. Boucher): Cette proposition est-elle
acceptée? Adopté.
M. Lalonde: Nous comprenons, M. le Président, que c'est
pour permettre aux quelques centaines de citoyens québécois qui
sont debout dans le corridor, depuis une heure, d'assister aux
délibérations de cette commission. C'est dans cette intention que
nous acceptons d'emblée, reconnaissant les efforts que la
présidence a faits pour leur permettre d'assister à nos
délibérations, la proposition que le député de
Rosemont vient de faire.
M. Fontaine: Nous donnons également notre consentement de
la part de l'Union Nationale.
M. Roy: Je donne mon consentement avec empressement à
cette suggestion en espérant qu'elle soit adoptée par la
commission parlementaire qui siège au salon rouge. Advenant le cas
où ce ne serait pas possible, si la commission parlementaire des
richesses naturelles et des terres et forêts, siégeant sur les
pâtes et papiers, refusait, il y aurait peut-être Iieu d'essayer
d'en accommoder le plus grand nombre possible, en utilisant la salle 91 au
maximum. Il y aurait l'Assemblée nationale, mais cela poserait de fichus
problèmes.
Si on pouvait leur offrir les fauteuils de la salle 91, cela pourrait
quand même permettre à 75 ou 80 personnes de s'asseoir.
Le Président (M. Boucher): Je ferai remarquer au
député de Beauce-Sud, quant à sa dernière
suggestion touchant la salle 91, que c'est déjà fait.
Les membres de la commission sont-ils d'accord pour entendre le premier
mémoire, ou si nous allons attendre le transfert?
M. Lalonde: Nous commençons.
Le Président (M. Boucher): Nous commençons tout de
suite.
Présentation de mémoires
Association des courtiers d'assurances de la province
de Québec
À l'ordre, s'il vous plaît! L'Association des courtiers
d'assurances de la province de Québec représentée par M.
Robert Viau. M. Viau.
M. Viau (Robert): M. le Président, j'aimerais vous
présenter les personnes qui m'accompagnent à cette table.
À mon extrême gauche, M. Jean Martin, président du
comité de formation; M. Jean Chayer, vice-président et M.
Jean-Louis Benoît, vice-président. À mon extrême
droite, M. Jean-Louis Dubois, directeur général; M. Roch Cantin,
vice-président; M. Benoît Boutet, premier vice-président et
M. Jean Grégoire, président du conseil d'administration.
Nous allons maintenant faire la lecture de notre mémoire.
C'est en 1963 que le législateur a sanctionné la Loi des
courtiers d'assurances du Québec. Cette loi confirmait l'institution de
la corporation professionnelle et la chargeait de l'application de ladite loi.
L'association, qui regroupe depuis les quelque 4500 courtiers d'assurances du
Québec, exerce ainsi une surveillance étroite sur les conditions
d'accès à la profession, de même qu'elle régit et
applique, par ses règlements, de rigides mesures de
déontologie.
C'est à ce titre que l'association soumet respectueusement les
remarques qui suivent et qui ont pour principal objectif l'obtention d'une
protection adéquate pour les consommateurs d'assurances. Nous
désirons, toutefois, souligner que, s'il est normal que le gouvernement
se penche sur l'indemnisation de toutes les victimes d'accidents, il est
également normal que la loyauté de notre association soit d'abord
acquise aux consommateurs d'assurances, les assurés du
Québec.
Il ne faudrait pas croire, cependant, que notre association se
désintéresse du sort des victimes, qu'elles soient ou non
conducteurs ou propriétaires d'automobiles. Cette nuance, croyons-nous,
a toute son importance. C'est pourquoi certaines remarques ou recommandations
viseront à répartir d'une façon plus adéquate les
lourdes charges financières que la législation proposée
impose aux automobilistes du Québec.
Afin de continuer dans le même esprit qui anime notre association
depuis plusieurs années en ce qui concerne l'assurance automobile, nous
avons consulté tous les membres de notre association que le temps
permettait. Il y a eu, d'abord, une assemblée générale
annuelle dans la ville de Québec en juin dernier. Un après-midi
entier fut consacré à l'étude du livre bleu qui a
précédé la présentation du projet de loi 67. C'est
ainsi que furent recueillies les opinions de tous les courtiers
présents. Toutes les régions du Québec y étaient
fortement représentées.
Un comité spécial a été formé de
personnes qui oeuvrent en la matière depuis plusieurs années. Le
travail de ce comité a été soumis au comité
exécutif et au conseil d'administration en présence des
présidents de tous les sous-comités régionaux de notre
association. Ceux-ci avaient, au préalable, été requis de
convoquer des assemblées dans chacune des 28 régions du
Québec afin de recueillir les opinions des courtiers, ainsi que celles
de leurs clients. C'est donc forts de cette représentativité que
nous vous présentons, au nom du public québécois que nous
servons, les remarques qui suivent.
Indemnisation des dommages corporels. Ce titre établit le
principe de l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile d'une
façon quasi universelle et sans égard à la
responsabilité de quiconque. Le fait d'être "éligible"
à recevoir une telle indemnité élimine complètement
tout droit de recours contre un tiers responsable. L'association s'est
penchée, depuis déjà plusieurs années, sur le
principe de l'élimination des droits de recours, autant que sur celui de
l'indemnisation des victimes d'accidents. Nous avons déjà
souligné, à plusieurs reprises et particulièrement lors de
la tenue de la commission parlementaire sur le rapport Gauvin, que
l'association n'était pas contre l'indemnisation sans égard
à la responsabilité des victimes d'accidents. Toutefois, notre
expérience de praticiens nous indique qu'une indemnisation universelle
de toutes les victimes d'accidents, sans égard à la
responsabilité, et l'élimination totale de tout droit de recours
entraîneraient des coûts qui risquent fort d'être
prohibitifs. De plus, à l'article 7, le projet de loi place le
Québécois qui voyage à l'extérieur dans une
position qui nous paraît plus avantageuse que celle accordée
à celui qui circule au Québec.
En effet, le Québécois qui voyage à
l'extérieur retient les avantages du régime proposé tout
en conservant son droit de recours contre un tiers responsable. Nous croyons
que le régime devrait au moins placer l'automobiliste
québécois circulant au Québec dans la même position
où il se trouve lorsqu'il voyage à l'extérieur du
Québec.
Indemnisation sans égard à la responsabilité. Lors
de représentations antérieures qui avaient été
faites au gouvernement, ainsi qu'à plusieurs groupements d'assureurs,
nous avions suggéré une étude exhaustive de la
statistique. À la lumière de cette étude, un
système d'indemnisation sans égard à la
responsabilité jusqu'à un certain palier soigneusement
déterminé aurait pu être établi.
Ceci aurait eu pour effet de placer l'automobiliste tout au moins dans
la même position qu'il occupait au départ.
Par exemple, nous avions suggéré qu'on procède
à des étapes successives afin d'en étudier toute la
portée graduelle et éviter de taxer l'automobiliste outre
mesure.
Est-il nécessaire de souligner que l'élimination de tout
droit de recours profite beaucoup plus à ceux dont le patrimoine est
important qu'à ceux qui ont peu à perdre? En effet, nous sommes
d'avis, sous réserve de considérations psychologiques qui ne
manqueront pas d'apparaître, du fait de l'élimination du droit de
recours, que les plus fortunés seront dans une position plus avantageuse
que les autres.
Réserves. Nous avons toutefois le devoir de souligner ce qui nous
apparaît comme étant d'importantes anomalies dans la
détermination du droit à l'indemnisation. Le système
proposé ne nous semble pas aussi universel qu'il devait l'être au
départ, notamment: a) Plusieurs restrictions, dont celles
indiquées à l'article 17 du projet, risquent de placer
l'automobiliste dans une position fort précaire. Il faut à tout
prix éviter que l'assuré soit, selon l'expression du
métier, "assis entre deux fauteuils", c'est-à-dire, le danger
provenant de l'incertitude touchant le droit à l'indemnisation: le
régime proposé ou le recours contre le tiers responsable. b) Le
délai de prescription du droit de recours en vertu du Code civil est
plus court que celui qui peut être exercé contre la régie.
Le retard à rendre une décision de la part de la régie
pourrait léser une victime dans l'exercice de son droit de recours
contre un tiers. c) Le projet de loi exclut certaines victimes, notamment en
rapport avec les motoneiges et les tracteurs de ferme. Nous comprenons
difficilement que l'on cherche à exclure ce groupe de victimes alors
qu'un grand nombre de personnes utilisent ces véhicules.
Ces anomalies ne trahissent-elles pas la pensée du
législateur qui veut favoriser l'élimination du droit de recours
et l'universalité du régime?
Pouvoirs discrétionnaires. Nous avons aussi noté les
pouvoirs discrétionnaires peu communs accordés à la
régie relativement au droit à l'indemnisation, à la
délimitation des indemnités et à la détermination
du revenu possible d'une victime.
Nous croyons que tous ces pouvoirs accordés à la
régie devraient faire l'objet d'une sérieuse révision de
la part du législateur.
Réhabilitation. Toujours en ce qui concerne les indemnisations,
certains articles nous inquiètent. Par exemple, l'article 47 dit: "La
régie peut prendre les mesures nécessaires et faire les
dépenses qu'elle croit opportunes...". Nous croyons que la régie
devrait avoir l'obligation d'engager de tels frais.
Les quanta. Nous ne désirons pas commenter les quanta
d'indemnisation sauf dans la mesure où ceux-ci peuvent influencer le
coût du financement. Nous avons l'impression que le public est
présentement mal informé en ce qui concerne les indemnités
prévues; notamment, notre expérience nous indique que la plupart
des automobilistes ont l'impression qu'ils auront droit à une
indemnité maximum de $18 000 par année, alors que ce n'est pas
tout à fait ce que le projet de loi stipule; le chiffre de $18 000
étant le maximum du revenu brut admis par la régie.
Nous soulignons aussi que les indemnités accordées
présentement par les tribunaux n'imposent pas aux victimes les
restrictions que l'on retrouve notamment aux articles 29 et 30. Nous croyons
que les victimes, qui ont déjà déboursé des sommes
fort importantes tout au long de leur vie, pour avoir droit aux rentes
prévues par le Ré-
gime des rentes du Québec, ne devraient pas être
lésées, car elles ont, à notre avis, également
droit à la pleine valeur de l'indemnisation proposée. Le
gouvernement devra donc procéder à une très vaste campagne
d'information touchant les indemnités prévues par le
régime, afin que chacune des victimes puisse connaître à
fond tous ses droits, de même que toutes les limitations et obligations
qui lui sont imposées.
Démarche des victimes. Les démarches qui sont requises des
accidentés pourraient s'avérer très laborieuses, et
même très coûteuses.
La présentation d'une demande d'indemnisation peut causer de
graves problèmes à un accidenté si celle-ci n'est pas
faite par une personne d'expérience, et nous soumettons respectueusement
que, sous le régime actuel, l'automobiliste a droit et reçoit ce
service, notamment de son cour-tirer d'assurances.
En effet, le rapport préliminaire d'une récente
enquête sérieuse faite par la firme Bélanger, Chabot et
Associés révèle la situation suivante: "Assistance au
règlement des sinistres. La grande majorité des courtiers,
environ 80%, est avisée des sinistres par ses clients et communique avec
l'assureur dans presque tous les cas de sinistre, plus de 90%. Dans l'ensemble,
les courtiers communiquent avec l'agent de réclamation, informent leurs
clients de l'avancement du règlement et émettent des directives
de réparations dans environ un cas de sinistre sur deux.
Également, la plupart des courtiers assistent leurs clients de diverses
façons à une occasion ou à une autre: recouvrement de
franchise, mise en demeure, procédure de poursuite des tiers, obtention
du rapport d'accident, etc. "Enfin presque tous les courtiers réussisent
à faire accélérer le règlement de certains
sinistres (dans 30% des cas en moyenne) et même à faire augmenter
le montant du règlement (dans environ 8% des cas). "En tant que
professionnel disponible et soucieux des besoins de sa clientèle, le
courtier rend, de manière généralement efficace, des
services utiles et souvent nécessaires. On peut dire que le public, et
plus particulièrement les personnes impliquées dans des
sinistres, sont bien servis par leur courtier".
Régime d'assurance obligatoire, indemnisation du dommage
matériel, responsabilité civile et régime d'assurance.
L'Association des courtiers d'assurances du Québec prône depuis
plusieurs années l'instauration d'une assurance de responsabilité
civile obligatoire et nous ne pouvons qu'être d'accord avec
l'implantation d'un régime d'assurance de cette nature. Nous comprenons
fort bien qu'un tel régime doit aussi comporter une certaine
réglementation afin d'assurer son efficacité. Toutefois, nous
désirons souligner certains dangers que présente le projet de loi
dans sa rédaction actuelle.
Avis aux assurés. À l'article 80, nous croyons que l'avis
de non-renouvellement imposé à l'assureur devrait être
adressé non seulement à l'assuré mais aussi, le cas
échéant, à son mandataire. L'assuré moyen du
Québec risquerait fort de ne pas saisir toute la portée de l'avis
en question. Le fait de l'adresser également à son mandataire
éliminerait le danger possible qu'un assuré se trouve,
involontairement, à transgresser la loi. La même remarque au sujet
du mandataire de l'assuré s'applique à l'article 81. En d'autres
mots, nous croyons très important, dans le contexte actuel, que
l'assureur ne doive pas communiquer uniquement avec l'assuré sans avoir
averti le courtier d'assurance, mandataire de l'assuré.
Nous reconnaissons que le public a droit à l'information
suggérée à l'article 83. Cependant, l'Association des
courtiers d'assurances du Québec entretient de graves réserves
à cet égard. Ainsi, nous nous demandons pourquoi seule la
commission versée au courtier doit apparaître
séparément sur les documents émanant de l'assureur ou du
courtier lui-même. a) Nous croyons qu'une telle pratique n'aurait pour
seul effet que de porter à confusion en ne montrant aux assurés
qu'une partie des frais d'administration engagés dans l'émission
d'un contrat d'assurance automobile. En effet, la loi imposerait-elle aux
assureurs qui traitent par l'entremise du courtier d'indiquer leurs frais bruts
d'administration? Et imposerait-elle aux assureurs qui traitent directement
avec le public l'obligation d'indiquer les frais de marketing et de service
qu'ils accordent à leurs assurés? b) Nous croyons qu'une telle
pratique nous semble discriminatoire envers la profession de courtage
d'assurances alors qu'on ne la retrouve presque nulle part ailleurs dans
l'industrie, dans le commerce, ni dans les professions qui agissent à
titre d'intermédiaire d'un produit; c) Nous croyons également que
l'émission d'un contrat d'assurance, mis à part les conseils que
l'assuré reçoit de son courtier, comporte des frais fixes qui
sont inévitables. Ne faudrait-il pas alors que la loi évite de
laisser croire implicitement au public qu'un contrat d'assurance puisse
être émis gratuitement? L'article 87 stipule la livraison sans
frais des attestations d'assurance; il est bien évident que le
coût de telles attestations se retrouvera inévitablement dans les
frais généraux de l'assureur.
Fonds d'indemnisation: Nous sommes heureux de constater que le
financement du fonds à la charge de la régie, sera ainsi mieux
réparti.
Les conditions d'indemnisation présentent toutefois certaines
faiblesses. En effet, dans certains cas, le maximum à être
versé par le fonds est de $50 000, sous réserve d'un maximum de
$45 000 qui devient prioritaire pour les dommages corporels. Ceci ne
laisserait, en théorie, qu'une somme de $5000 pour les dommages
matériels, ce qui est nettement insuffisant. De plus, il est à
noter ici que la relation entre les indemnisations prévues par le fonds
et la restriction relative à l'article 17b exigerait un examen plus
sérieux.
Financement de la régie et du fonds d'indemnisation: Dans un
système où la responsabilité civile de l'automobiliste est
éliminée, et qui accorde à toutes les victimes un droit
inconditionnel à une indemnisation, nous croyons qu'il est injuste que
le financement retombe entièrement sur les épau-
les de l'automobiliste seul. En effet, l'universalité de
l'indemnisation devrait se refléter dans le financement.
Nous notons même que les étrangers qui viendront au
Québec pourront, dans la mesure de leurs responsabilités, jouir
des indemnités prévues au présent projet de loi sans pour
autant qu'ils participent d'une façon quelconque à son
financement.
Nous recommandons donc très fortement de revoir et de
réviser le mode de financement proposé afin que
s'établisse une relation directe entre l'universalité de
l'indemnisation à une pareille universalité dans le financement
du programme.
Nous désirons aussi souligner certains aspects qui n'ont pas
encore été touchés par le projet de loi lui-même
mais qui, nous l'espérons, seront prévus dans ces
règlements. Par exemple: L'automobiliste qui gare son véhicule
pendant la saison d'hiver se verra-t-il accordé une remise sur la
portion du financement du régime comprise dans le coût des plaques
d'immatriculation? La même question ne se poserait-elle pas pour
l'assuré qui vend son véhicule?
Corporation des assureurs autorisés. Comme intermédiaires,
il ne nous appartient pas de commenter un titre qui ne s'adresse uniquement
qu'aux assureurs. Toutefois, notre expérience de praticiens nous indique
que certaines contraintes imposées à ceux-ci, notamment à
l'article 156, pourraient entraîner le retrait possible de certains
d'entre eux du marché local. Il faut se rappeler que les assureurs qui
souscrivent à l'assurance automobile souscrivent
généralement aussi à tous les autres genres d'assurances.
Les marchés disponibles au Québec, comme d'ailleurs au Canada, ne
représentent pas une quantité telle que l'on puisse se permettre
le luxe d'inciter les sociétés d'assurances exerçant au
Québec de se retirer.
Pouvoirs du surintendant des assurances en matière de
données statistiques et de tarification: II y a déjà
depuis plusieurs années que notre association prône
l'accroissement des pouvoirs du surintendant, notamment à l'égard
de la statistique afin que la tarification reflète le coût d'une
assurance à partir de chiffres propres à l'expérience
québécoise. Nous ne pouvons que nous réjouir de
l'autorité accordée par le présent projet de loi au
surintendant des assurances du Québec à cet égard.
Infractions et suspensions: Nous n'avons aucune remarque importante
à formuler sur le quantum ni sur la façon de gérer les
infractions et les suspensions. Toute loi de cette nature doit
nécessairement comporter des amendes pour être
respectée.
Cependant, est-il raisonnable que les pénalités
imposées pour une infraction fondamentale à l'esprit même
de la loi proposée, par exemple, la conduite d'une automobile sans
assurances, soit beaucoup moindre que le fait d'omettre d'indiquer le montant
de la commission payable à un courtier sur un document?
Règlements: Ce titre comporte, notamment à l'article 176,
des pouvoirs discrétionnaires supplémentaires. Nous nous
satisfaisons d'une re- marque importante à l'effet que de tels pouvoirs
discrétionnaires peuvent gravement mettre en danger l'aspect
démocratique du régime proposé qui se veut universel. Ne
serait-il pas sage que ces règlements fassent l'objet d'une étude
en commission parlementaire?
Dispositions transitoires et finales. Le laps de temps entre la
présentation du présent projet de loi et la date de mise en
vigueur avouée (le 1er mars 1978) nous semble trop court.
Si on se rappelle une citation du rapport Gau-vin: "De la théorie
à la pratique, il se glisse une bonne part d'incohérence", nous
sommes convaincus que l'implantation de tout nouveau régime ne peut se
faire efficacement dans un délai aussi court sans susciter des
récriminations justifiées de la part du public.
Il y a trop de mécanismes à être instaurés de
part et d'autre pour que leur fonctionnement soit adéquat avant un an
suivant l'adoption de la loi.
Conclusions. Les remarques consignées au présent
mémoire font foi de l'intérêt que nous défendons au
nom de l'automobiliste québécois.
Il n'existe aucun parallèle en Amérique du Nord avec le
projet de loi proposé. Notre façon de vivre, notre climat et
notre mentalité ne se prêtent guère à une telle
magnanimité sociale qui, comme nous l'avons vu, retombe
entièrement sur les épaules de l'automobiliste
québécois et qui risque d'entraîner des coûts directs
et indirects qui ne manqueront pas d'être supérieurs au coût
actuel de l'assurance automobile.
Même si le gouvernement reconnaissait officiellement,
déjà en 1963, le courtier comme un professionnel de l'assurance
dont le souci premier est de servir le public, il n'en demeure pas moins que
d'importants services auxquels le consommateur a été
habitué lui seraient inévitablement retirés par un tel
projet de loi.
Les courtiers d'assurances ne s'opposent pas à une refonte
efficace du régime actuel, mais veulent plutôt que tout nouveau
régime rencontre non seulement les aspirations et les besoins du public
québécois, mais convienne à la réalité
nord-américaine.
Merci à tous les membres de cette commission d'avoir bien voulu
écouter nos observations qui se veulent pertinentes aux besoins du
consommateur d'assurances du Québec.
Le Président (M. Boucher): Alors, merci à M. Viau.
Mme le ministre, est-ce que vous avez des commentaires ou des questions
à poser?
Mme Payette: M. le Président, j'aurais un certain nombre
de questions à poser. Avant de le faire, je voudrais remercier
l'Association des courtiers d'assurances de la province de Québec que
j'ai eu l'occasion de rencontrer auparavant et auprès de qui j'ai
trouvé, d'ailleurs, une collaboration complète et des
renseignements extrêmement utiles dans ce que je vous ai souligné
plus tôt, M. le Président, c'est-à-dire la reconstruction
de la situation même dans laquelle se trouve l'assurance automobile chez
nous. Alors, pour m'informer davantage, il y a un certain nombre de questions
que
suscite ce nouveau document qui n'est pas celui que nous avions entendu
déjà. Par exemple, en page 4, au quatrième paragraphe, le
mémoire affirme que l'implantation d'un système sans égard
à la responsabilité profite aux plus fortunés de notre
société. J'aimerais demander au président de l'association
s'il peut m'expliquer de quelle façon et comment il peut faire cette
affirmation.
M. Viau: M. le Président, c'est que le nouveau
régime éliminerait des poursuites qui vont au-delà des
limites d'assurances déjà prises par les personnes plus
fortunées. Ces personnes plus fortunées prennent ces limites pour
protéger un patrimoine et elles n'auront plus à souscrire pour
ces limites excédentaires qu'elles prennent présentement. C'est
la réponse que nous donnons.
Mme Payette: Je pense que c'est exactement le contraire qui va se
produire, puisque justement le régime est un régime de base
universel qui couvre tous les citoyens, comme vous l'avez bien compris,
jusqu'à un revenu de $18 000 brut par année. C'est là que
je m'inquiète de votre compréhension de la réforme,
puisque vous serez appelés à vendre, justement, la partie
excédentaire du régime qui sera offerte aux mieux nantis.
M. Viau: M. le Président, je voudrais rappeler que nous
parlons ici d'assurance responsabilité excédentaire et non pas de
blessures, de dommages corporels, de pertes de salaire. C'est à ce
niveau que nous basions notre argumentation. Sur l'autre partie, nous sommes
d'accord avec Mme le ministre.
Mme Payette: En ce qui concerne les blessures corporelles, vous
êtes d'accord que l'abandon de la responsabilité ne sert pas
à favoriser les mieux nantis de la société, c'est le
contraire?
M. Viau: Pour les blessures corporelles, pour les assurances
excédentaires en perte de revenu et de salaire, nous sommes d'accord
avec vous, sauf pour la partie de responsabilité civile que ces
personnes sont obligées de souscrire présentement.
Mme Payette: Justement, j'ai devant moi un extrait d'un journal
américain, Journal of Commerce, qui dit exactement le contraire de ce
que semblait affirmer votre mémoire; ce que j'avais compris,
c'est-à-dire qu'effectivement le "no fault", c'est reconnu, vient en
aide à ceux qui en ont le plus besoin dans la société et
non pas à ceux qui déjà disposent d'une certaine
fortune.
M. Viau: Si vous permettez, M. le Président, M.
Grégoire aimerait ajouter quelque chose à mes commentaires.
M. Grégoire (Jean): Ce n'est pas, de loin, la plus
importante remarque que nous ayons faite dans le mémoire en question.
C'est peut-être une notion peu psychologique parce que vous semblez
mêler la compensation volontaire, universelle, des dommages corporels.
Cette phrase s'adresse strictement au concept pshychologique ou philosophique
de la responsabilité civile. Quelqu'un et on l'a demandé
à plusieurs personnes qui a des biens accumulés depuis
plusieurs années, a toujours cette inquiétude d'un accident qui
peut être causé non pas nécessairement par lui-même,
mais dont il pourrait être tenu responsable; son fils, sa fille, un
employé, dans quelque circonstance que ce soit, et qui souvent risque de
dépasser non seulement les montants d'assurance auxquels il souscrit,
mais les montants d'assurance qui lui sont accessibles. C'est dans cet esprit,
parce que le bonhomme qui n'a pas grand-chose, peut évidemment souscrire
n'importe quel montant d'assurance et, après que le montant d'assurance
aura été employé, on ne pourra rien retirer de quelqu'un
qui n'a rien. On déplace le problème en parlant de
l'indemnisation universelle des victimes d'accident; on ne peut pas aller
contre cela, c'est sûr.
Mme Payette: M. le Président, je m'excuse, je pense qu'il
y a un malentendu, on ne parle pas de la même chose. Je voudrais
être bien sûre qu'on se comprend et vous ramener à votre
mémoire, en page 4. Si vous voulez le prendre, on trouve, au
troisième ou quatrième paragraphe, une affirmation qui dit: "En
effet, nous sommes d'avis, sous réserve des considérations
psychologiques qui ne manqueront pas d'apparaître du fait de
l'élimination du droit de recours, que les plus fortunés seront
dans une position plus avantageuse que les autres".
Alors, vous avez bien compris que le droit de recours n'est
abandonné que pour la partie des dommages corporels et que la
responsabilité demeure dans les dommages matériels. C'est
sûr, cette affirmation de votre part m'inquiétait, parce qu'il est
démontré et j'ai nombre d'articles dans ce sens que
l'abandon de la responsabilité pour les blessures corporelles sert mieux
les moins nantis de la population, cela paraît évident.
M. Grégoire (Jean): Je suis obligé de vous
soumettre que ce n'est pas l'abandon de la notion de faute, de la
responsabilité civile, qui sert le mieux les moins nantis. C'est
l'accord de prestations d'indemnisation volontaire et universelle, mais,
mentalement, le moins nanti excusez-moi, si je m'exprime comme cela
n'a que foutre de la responsabilité civile; quand même
quelqu'un me poursuivrait pour $1 million, ce n'est pas grave, je n'ai rien
à perdre, mais le bonhomme qui a $500 000 ou $1 million va
éclater de rire devant la disparition de la notion de faute. C'est
simplement cela que l'on veut faire transparaître ici de façon
assez banale, peut-être mal phrasée, je vous l'accorde, mais c'est
la considération psychologique, du fait de l'élimination du droit
de recours.
Mme Payette: M. le Président, je reviens en
arrière, à la page 3, au deuxième paragraphe. On affirme,
en page 3, au paragraphe 2, que l'indemnisation universelle de toutes les
victimes et l'abolition du droit de recours entraineraient des coûts
prohibitifs. C'est affirmé sans explication. Pour mon
information, j'aimerais savoir si vous êtes en mesure d'apporter des
preuves à l'appui de ce que vous affirmez.
M. Viau: Selon des chiffres récents du Bureau d'assurance
du Canada, la prime moyenne pour un véhicule de promenade il y en
a 2 266 011 immatriculés au Québec est d'environ $252.
Selon la plupart des assureurs que nous avons consultés, la prime sera
réduite, si le régime proposé est adopté, d'environ
30%, ce qui ferait approximativement $75. Or, dans le communiqué du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières du 22 septembre portant sur la tarification, on retrouve les
chiffres de $15 pour un permis de conduire et de $105 à $110 pour les
plaques, ce qui occasionnera pour l'assuré moyen du Québec
et je vous rappelle qu'on parle ici d'au-delà de deux millions de
véhicules un déboursé additionnel d'environ $45.
C'est sur ces chiffres que nous nous basons.
Mme Payette: Puis-je vous demander, s'il vous plaît, M. le
Président, de faire répéter le chiffre moyen d'assurances
fourni par le BAC? Il ne correspond pas à celui que nous avons.
M. Viau: Le chiffre que le Bureau d'assurance du Canada nous a
fourni encore une fois, on n'a pas de contrôle sur la statistique
est de $252. C'est le chiffre qu'on nous a fourni.
Mme Payette: Pour la prime de responsabilité civile?
M. Viau: Pour la prime totale.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas très bien compris le
raisonnement que vous venez de faire. Est-ce que ce serait trop vous demander
de répéter grosso modo votre argumentation?
M. Viau: Cela me fait plaisir de la répéter. La
prime moyenne, toujours selon les chiffres du Bureau d'assurance du Canada, est
de $252. Ces mêmes assureurs, ou la plupart des assureurs nous ont
mentionné qu'en éliminant la partie des dommages corporels il y
aurait une réduction d'environ 30%, ce qui ferait aux environs de $75 de
réduction sur la prime moyenne. Si nous considérons les chiffres
qui ont été donnés récemment, le 22 septembre,
à la presse, pour un permis de conduire, le chiffre serait de $15 et
pour une plaque, toujours pour les automobiles de promenade, de $105 à
$110. Cela voudrait dire, si on fait les calculs, que l'assuré moyen du
Québec, pour un véhicule de promenade, cela lui coûtera
environ $45 de plus qu'actuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Le chiffre que vous avez du BAC, est-ce la prime
totale moyenne au Québec ou pour l'ensemble du Canada?
M. Viau: La prime moyenne au Québec. C'est le chiffre
qu'on nous a donné.
Mme Payette: Je suis obligée d'apporter une correction
à ce chiffre parce que, même dans nos travaux qui se continuent
présentement avec le BAC, la moyenne de cette assurance au Québec
est évaluée à environ $390 à $400.
Des voix: Oh!
Mme Payette: Ce sont des informations que nous tenons du Bureau
d'assurance du Canada.
M. le Président, on me confirme qu'il y a une erreur.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Viau: M. le Président, si vous me permettez, on se
comprend bien, on parle de véhicules de promenade; on n'englobe pas tous
les véhicules, les véhicules commerciaux, les taxis, etc., on
parle de véhicules de promenade.
Le Président (M. Boucher): Mme le ministre.
Mme Payette: C'est ça. On me confirme qu'il y a
effectivement une erreur dans les chiffres qui nous sont soumis par
l'association des courtiers et que la moyenne au Québec se situe bien
aux environs de $390 à $400.
Des voix: Oh!
M. Viau: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. Viau.
M. Viau: ... l'association ne veut pas commencer une bataille de
chiffres, ce n'est pas notre rôle. Selon l'étude qu'on citait
tantôt, Bélanger, Chabot et Associés, ils arrivent, eux,
à une prime moyenne de $239 pour les véhicules de promenade.
C'est peut-être une preuve additionnelle que la statistique sur
l'assurance automobile est malade au Québec.
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Mme le ministre.
Mme Payette: ... toujours pour m'informer et dans le sens d'une
bonne collaboration, est-ce que je peux demander de quelle année date ce
rapport dont il est fait état?
M. Viau: Le rapport Bélanger-Chabot?
Mme Payette: On y traite des statistiques de quelle
année?
M. Viau: De 1976, madame, et du début de 1977.
Mme Payette: Merci. Le chiffre que nous avons, M. le
Président, est pour 1978, c'est-à-dire le moment de mise en
marché...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Payette: ... calculé au 1er mars 1978, ce que nous
sommes appelés à comparer durant cette commission
parlementaire.
M. Viau: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. Viau.
M. Viau: Toujours dans cet esprit de collaboration cher à
Mme le ministre Payette et cher à l'association, il nous fera plaisir de
lui faire parvenir une copie de l'étude de Bélanger-Chabot
lorsque nous aurons un rapport final.
Mme Payette: Je vous en remercie, je ne pense pas que ce soit
nécessaire, je pense que nous disposons de tous les chiffres dont nous
avons besoin.
Le Président (M. Boucher): Dans l'assistance, s'il vous
plaît. On vous a demandé de ne pas manifester.
M. Roy: Puisque Mme le ministre semble en avoir une copie, je
pense que ce serait normal que les membres de la commission puissent en avoir
des copies aussi.
M. Viau: Très bien, M. le Président.
Mme Payette: M. le Président, en page 6, au premier et au
deuxième paragraphes, on fait état de pouvoirs
discrétionnaires accordés à la régie, on demande
qu'ils fassent l'objet d'une révision sérieuse.
J'aimerais qu'on m'explique davantage ce qu'on entend par pouvoirs
discrétionnaires, et, est-ce que les pouvoirs accordés à
la régie sont tellement différents des pouvoirs que
détiennent les compagnies d'assurances actuellement vis-à-vis de
leurs assurés?
M. Viau: M. le Président, c'est une double question; la
première partie, quant aux pouvoirs discrétionnaires, nous avons
tenté de les sectionner dans trois grandes catégories, soit le
droit à l'indemnisation, on le retrouve aux articles, je vous fais
grâce de faire la lecture des articles, mais je les cite pour la
commission. Quant au droit à l'indemnisation, les articles 19, 37,
sous-paragraphe 6, 176b et 176f. Quant à la délimitation des
indemnités, ce sont les articles 12 et 69; quant à la
détermination du revenu possible, aux articles 19, 20 et 176a, on
retrouve également de façon générale sur l'ensemble
du régime proposé, des pouvoirs que nous jugeons
discrétionnaires aux articles 10, 43 et 176, en
général.
Quant à la deuxième partie de la question de Mme le
ministre, si nous avons déjà été d'avis que les
pouvoirs parfois trop discrétionnaires de certains assureurs
s'établissaient au Québec, ce n'est peut-être pas la
façon de répondre au problème en donnant des pouvoirs
discrétionnaires à un autre organisme assureur, si on peut
employer le terme, qui s'appelle la régie.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que je peux demander
ce qu'on suggère cependant pour remplacer ces pouvoirs
discrétionnaires?
M. Viau: On a suggéré qu'il y ait une commission
parlementaire pour en discuter, parce qu'on touche à l'indemnisation,
à l'invalidité; je crois que c'est la base même de la
réforme proposée. Nous considérons que pour le
consommateur d'assurance, c'est un domaine extrêmement sérieux.
C'est la base même de l'efficacité du régime. Qu'on se
comprenne bien, on ne veut pas que la régie ait des carcans et qu'elle
devienne inopérantes, pas plus qu'on suggérait on le
disait tantôt que les assureurs aient des carcans tels qu'ils
soient inopérants.
Je crois que, ceci étant la base même de la réforme,
il serait normal que cela fasse une discussion plus élaborée que
de mentionner que la régie aura ces pouvoirs.
Mme Payette: D'abord, au premier paragraphe, il n'y a aucun
problème; on souscrit évidemment au fait qu'il faut renseigner la
population. Je pense que c'est dans les projets, après l'adoption d'un
éventuel projet de loi, de renseigner la population sur ses droits et
ses devoirs, puisqu'il y a des devoirs qui découlent des droits
acquis.
Au deuxième paragraphe, en page 7, les membres de votre
association se proposent comme intermédiaires entre l'accidenté
et la régie. Votre rôle, actuellement, serait-il celui que vous
souhaiteriez jouer comme intermédiaires? Le rôle que vous jouez
présentement dans l'organisation actuelle du système des
assurances est-il celui que vous souhaiteriez jouer dans la réforme
proposée?
M. Viau: M. le Président, je crois que non seulement nous
souhaiterions continuer à jouer notre rôle, mais qu'il me soit
permis d'ajouter que les consommateurs d'assurances le souhaitent
également.
Le courtier est un bonhomme disponible. Ce n'est pas un bonhomme qui
travaille seulement de neuf à cinq. Je pense que l'expérience a
montré qu'on rendait des services fort nécessaires, et
j'ajouterais indispensables, à la société consommatrice
d'assurances. S'il est possible que le courtier continue à jouer ce
rôle, je pense que les courtiers, d'emblée, accepteront une telle
chose. Évidemment, il faudra regarder les conditions qui seront faites
à ce moment-là.
Mme Payette: En termes concrets, cela veut dire quoi? Votre
rôle auprès de la régie, vous l'évalueriez
comment?
M. Viau: Comme intermédiaires, il y a deux parties
importantes dans un contrat d'assurance, II peut y avoir deux parties
importantes. C'est d'abord l'achat, par un assuré, d'un contrat; c'est
la première partie. L'autre partie importante et c'est pour cela
qu'il y a de l'assurance c'est lors d'un sinistre. Ce sont les deux
endroits où je vois que les courtiers pourraient jouer un
rôle.
Nous ne nous sommes pas penchés de façon plus
précise sur les limites du rôle que les courtiers pourraient jouer
dans ce sens-là. Je pense que nous nous sommes, jusqu'à
maintenant, fort bien acquittés de notre tâche dans ces deux
domaines et nous vous soumettons, M. le Président, que nous pouvons
continuer à le faire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je m'excuse auprès du ministre, M. le
Président. J'aimerais obtenir une précision à une partie
ou à un aspect de la question qui, selon moi, n'a pas reçu de
réponse et qui m'intéresse de façon plus
particulière.
La question du ministre visait à savoir si le rôle que vous
déclarez vouloir jouer dans le système proposé dans la loi
67 est celui que vous jouez actuellement. Cet aspect n'a pas reçu de
réponse, je pense. Autrement dit, est-ce qu'actuellement les rapports
entre les compagnies d'assurances et les courtiers se déroulent de
façon satisfaisante pour les courtiers d'assurances?
M. Viau: M. le Président, c'est sur le mot "satisfaisante"
que je m'interroge un peu. Oui, je pense qu'il est quand même de bonne
guerre présentement que les courtiers transigent avec les assureurs et
aient des relations avec les assureurs. Le courtier est mandataire de
l'assuré, d'abord. Lorsqu'il a à établir un contrat entre
un assuré et un assureur, c'est évident qu'il doit,
jusqu'à une certaine mesure, représenter l'assureur.
Nos relations, on peut les qualifier de satisfaisantes dans l'ensemble,
bien qu'il y ait des ombres au tableau. Vous les connaissez, nous les
connaissons. Ce serait le même genre de relations que nous pourrions
avoir avec une régie d'État. Je ne sais pas si je réponds
à la question du député?
M. Bisaillon: Vous avez répondu. M. Viau:
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président,
tout à fait inoffensive. Je n'ai pas voulu interrompre le
député de Sainte-Marie tantôt; c'est pour cela que je la
formule après la réponse. Je voudrais savoir si vous allez
permettre des questions de diverses sources autour de cette table, avant la fin
des propos du ministre, de la part de différents députés.
J'aurais eu quelques précisions à demander sur chacune des
questions que le ministre a posées. Si c'est la façon de
procéder, je n'ai aucune objection, mais j'aimerais le savoir.
Le Président (M. Boucher): La question venait du
côté ministériel et l'Opposition aura graduellement son
tour pour poser des questions.
M. Lalonde: Je ne pense pas que je puisse accepter cela.
M. Bisaillon: M. le Président...
M. Lalonde: J'ai compris de vos propos que vous permettriez
à tous les députés ministériels de poser des
questions additionnelles avant que l'Opposition ait le droit de parler. Je ne
pense pas que cela soit tout à fait conforme aux traditions et à
la procédure acceptée.
M. Bisaillon: M. le Président, je reconnais que le
député de Marguerite-Bourgeoys a parfaitement raison. Je m'excuse
d'être intervenu, mais c'est parce que je voulais obtenir des
précisions sur une des questions du ministre. On va s'abstenir
jusqu'à ce que...
M. Lalonde: II suffit qu'on s'entende.
Le Président (M. Boucher): Suivant la coutume, on
procédera comme prévu.
Mme Payette: M. le Président, je vais aussi revenir
à cette question pour tenter d'éclairer le paysage un peu plus
encore que la réponse ne l'a fait, la réponse qui nous a
été donnée d'une partie du rôle de
l'intermédiaire qui est dans l'ombre, que ce n'est pas parfaitement
satisfaisant, sauf que les intermédiaires, semble-t-il, accepteraient de
jouer le même rôle, avec une partie dans l'ombre, vis-à-vis
de la régie. Voulez-vous, s'il vous plaît, pour mon information,
déterminer cette partie que vous appelez une partie dans l'ombre, pas
satisfaisante? Je ne reprends peut-être pas vos mots ou texte, mais ce
sont les expressions qui m'ont frappée.
M. Viau: M. le Président, j'aimerais que M.
Grégoire complète ma réponse.
M. Grégoire (Jean): Je pense que je n'ai pas tout à
fait saisi votre allusion au travail dans l'ombre. Je vous jure qu'il n'est pas
dans l'ombre.
Mme Payette: M. le Président, excusez-moi, ce n'est pas
mon allusion, c'est la réponse qui nous a été faite.
M. Grégoire (Jean): Ah bon!
Mme Payette: ... qu'il y avait une partie du travail dont on
n'était pas satisfait, qui était un peu dans l'ombre. C'est sur
cela que je veux avoir de l'éclairage, c'est le cas de le dire.
M. Grégoire (Jean): Dans le moment, on ne joue pas le
rôle d'avocat, on ne joue pas le rôle d'agent de
réclamation. C'est sûr. Mais, devant le projet de loi tel qu'il
est rédigé, on s'est dit qu'il y avait un joli tas de gens qui
seraient obligés de donner toutes sortes d'informations, de remplir
toutes sortes de formules, de faire toutes sortes de démarches pour
obtenir leur indemnisation ou enfin les indemnisations qui sont
proposées. Il y a des délais, et toutes ces démarches sont
qualifiées, comme on se l'est dit entre nous déjà, de
portables et de non quérables. Ce n'est pas la régie qui va aller
chercher chez le patient, à l'hôpital ou à sa
résidence, ou même à son travail, les documents en
question. On a l'expérience de plusieurs années que les gens,
devant les formules à remplir et on va prendre par analogie les
diverses sociétés qui ont pris pignon sur rue simplement pour
remplir des formulaires d'impôt sur le revenu qui ne sont pourtant pas
beaucoup plus compliquées, mais pas beaucoup plus simples non plus que
les formules qui seront proposées et tous les détails qui devront
être insérés dans une demande d'indemnisation. C'est
à ce niveau qu'on dit que les services importants vont être
retirés aux assurés. Il faut aussi dire qu'il y a plusieurs
courtiers qui donneront probablement ces services, mais pas
nécessairement, parce que cela demande du temps, cela demande du
déplacement et cela demande des déboursés d'argent, qui
peuvent être faits beaucoup plus économiquement par le courtier
que par la victime elle-même. C'est simplement cela qu'on veut souligner.
C'est moins grave avec l'assureur dans le moment. On fait un bon "job", mais
c'est moins grave que cela ne le sera avec la régie, parce que
l'assureur n'a pas de formule particulière. Il y a des
évaluateurs itinérants, il y a des agents de réclamation
qui vont voir le client, le client peut se rendre avec sa voitu re, dans le cas
de dommages matériels, on n'en parle même pas, ce n'est pas
important pour les fins de cette discussion, ce sont les dommages corporels,
alors qu'un bonhomme est invalide permanent ou temporaire, alors qu'il est
blessé, alors qu'il n'est pas à son travail. Mais il faut qu'il
continue à vivre; en principe, on peut se faire expliquer cela
autrement, mais de quelle façon la régie va-t-elle traiter ces
gens dans le cheminement de leur demande d'indemnisation?
Mme Payette: M. le Président, je continue de penser qu'on
n'a pas répondu à ma question au sujet de cette partie dans
l'ombre. J'aurais souhaité que la personne qui avait affirmé cela
me donne la réponse à la question que je posais au lieu de
laisser répondre quelqu'un d'autre. Sauf qu'on a effectivement
clarifié le rôle d'intermédiaire qu'on souhaiterait jouer
auprès de la régie en disant qu'on veut venir en aide à la
population pour remplir, éventuellement, les formulaires de demande qui
s'adressent à la régie.
Est-ce la seule façon d'intervenir que vous souhaitez, comme
intermédiaires? Est-ce de cela qu'il s'agit?
M. Viau: Oui. M. le Président, j'ai cité
tantôt les deux parties dans un contrat qui s'appellent les deux temps
qu'on retrouve dans un contrat d'assurance. Il y a l'achat du contrat, la
demande de l'assuré de prendre son assurance. Je pense que nous pouvons
jouer là un rôle. Il y a également la partie des
réclamations, demandes d'indemnités lors d'un accident. Ce sont
ces deux parties où nous pouvons être d'une utilité
certaine aux assurés. Je ne sais pas si je réponds correctement
au ministre.
Mme Payette: Est-ce que je dois comprendre que ce qu'on me
répond, c'est qu'on souhaite faire également la mise en
marché d'un régime d'assurance étatique auprès de
la population? Puisqu'il n'y a pas de mise en marché, je ne comprends
pas.
M. Viau: M. le Président, si je comprends bien, il y aura
une certaine forme de mise en marché ou d'intermédiaires au
niveau des distributeurs. Je crois qu'il est, du moins, de
notoriété publique que ce sera le mouvement Desjardins ou par
l'entremise des caisses populaires. Nous soumettons qu'il aurait
peut-être été possible à la régie ou aux
législateurs de considérer la possibilité que ce soient
les courtiers qui le fassent.
Mme Payette: Ce que vous appelez la mise en marché, qui,
pour nous, ne l'est pas, est lié essentiellement à
l'émission des plaques d'automobiles, puisque c'est à ce moment
que doit se faire la vérification du fait qu'un individu est
assuré pour dommages à autrui, pour les biens matériels et
que c'est au moment de l'émission de la plaque qu'on doit percevoir le
coût de l'assurance automobile pour les blessures corporelles. Est-ce que
je dois comprendre que vous proposez vos services pour l'émission des
plaques d'automobiles?
M. Viau: Nous les offrons, M. le Président.
Mme Payette: À ce moment, je suis obligée de vous
demander quels sont les moyens de sécurité qu'offrent les bureaux
de courtiers pour les plaques d'automobiles; vous savez qu'on ne peut pas
entreposer des plaques automobiles dans n'importe quel lieu, par exemple.
M. Viau: M. le Président, je vous avouerai qu'on ne s'est
pas arrêté à cette question. Ce sont des modalités
qui pourraient facilement être pensées pour trouver une
solution.
Mme Payette: M. le Président, je continue. À la
page 9, au deuxième et au troisième paragraphe, on
interprète le rôle de courtier comme celui de mandataire de
l'assuré. L'avis de non-renouvellement devrait être
adressé, selon l'Association des courtiers du Québec, au
courtier, en même temps qu'il est adressé à
l'assuré. J'aimerais savoir quelle est la pratique actuelle dans ce
domaine.
M. Viau: M. le Président, la pratique actuelle, c'est que
pour ce qui est des renouvellements ou du désir de l'assureur de
non-renouveler c'est
bien de cela qu'on fait état ici l'avis est envoyé
au courtier seul. Dans le cas d'annulation d'un contrat, l'avis est
envoyé à l'assuré par courrier recommandé et un
avis est envoyé au courtier en même temps. C'est la pratique
actuelle.
Mme Payette: Est-ce que cela ne risque pas,
éventuellement, de brimer la liberté de l'assuré qui
voudrait marchander son assurance?
M. Viau: M. le Président, je peux vous assurer que les
assurés se sentent très peu brimés dans le marchandage
présentement.
Mme Payette: Vous avez dit présentement. Est-ce qu'ils se
sont sentis brimés déjà?
M. Viau: Je m'excuse, je ne suis pas à ce point
psychologue pour juger de ces désirs ou de ce manque de désirs
des assurés.
Mme Payette: M. le Président, à la page 10, au
troisième paragraphe, on affirme je lis le paragraphe b)
"qu'une telle pratique nous semble discriminatoire envers la profession de
courtage d'assurances, alors qu'on ne la retrouve presque nulle part ailleurs
dans l'industrie, dans le commerce, ni dans les professions qui agissent
à titre d'intermédiaire d'un produit".
Je pense qu'on aura immédiatement reconnu que c'est faux de faire
une déclaration comme celle-là puisque cela existe, au contraire,
dans l'industrie, dans le commerce et dans les professions qui servent
d'intermédiaires avec le public.
Une chose m'étonne cependant, au paragraphe a). J'ai eu
l'occasion, au cours de la tournée que j'ai faite, de poser la question
à plusieurs reprises parce qu'il y a quand même un certain
nombre de courtiers qui se sont fait entendre comme individus et les
associations et également la fédération à
savoir si on était d'accord pour produire sur la facture le taux que
doit payer l'assuré à son courtier pour les services rendus.
À ma connaissance et à ma souvenance, pas une seule fois on m'a
dit qu'on s'y opposait. Au contraire, on a appuyé fortement cette
demande de ma part et on m'a dit qu'on était tout à fait
disposé à faire connaître au public le coût du
service rendu. Je m'étonne qu'après avoir accepté le
principe il y a quelques mois, on ne l'accepte plus maintenant. Est-ce que je
peux vous demander votre cheminement dans ce sens?
M. Viau: M. le Président, je voudrais me reporter au bas
de la page 9 où on dit: "Nous reconnaissons que le public a droit
à l'information suggérée à l'article 83". Nous
ajoutons, et nous croyons que c'est fort important, que si on indique sur le
contrat d'assurance émanant de l'assureur une partie des frais, qui est
la commission au courtier, je crois qu'on trompe un peu et on peut laisser
supposer ou présumer par l'assuré que le reste de la prime, la
prime nette, retournera en indemnité aux victimes. Si on
considère, d'une part, les assureurs qui transigent par l'entremise de
courtiers, ils ont évidemment d'autres frais que celui du courtier.
Il y a également des assureurs qui transigent directement avec
l'assuré, ce qu'on appelle, dans le métier, des "direct writers".
Vous aurez compris que ces derniers ont des frais de marketing plus
élevés que les assureurs actuels soit les assureurs qui
transigent par le courtier. Citons, entre autres, des frais de publicité
pour attirer une clientèle, l'assureur qui transige par les courtiers
n'a pas à faire cette publicité dans une grande mesure. On voit
très peu de leur publicité. Ils ont, également, des
commissions à verser, soit à leurs agents ou soit encore à
leurs employés au comptoir. C'est dans cette mesure qu'on dit: II ne
faudrait pas tromper l'assuré, et lui faire croire que s'il transige
avec une assurance directement, il n'aura pas à verser ces montants qui
peuvent être déguisés dans une prime nette. C'est tout ce
que nous relatons. Nous sommes d'accord pour informer le public, mais on
voudrait que l'information soit complète.
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'on vient de
répondre à la question que j'allais poser. En fait, j'allais vous
demander: Qu'est-ce que vous voulez? Est-ce que vous refusez de produire le
taux que vous coûtez à l'assuré, ou est-ce que vous
demandez qu'on exige que tout le monde fasse connaître son prix?
M. Viau: Pardon, on exige que tout le monde fasse connaître
son prix. On n'a pas honte de la commission que nous recevons, au
contraire.
Mme Payette: C'est ce qu'on m'avait dit. C'est pour cette raison
que je pensais qu'il y avait peut-être eu un changement d'attitude.
M. Viau: On n'a toujours pas honte de nos revenus.
Mme Payette: En page 12, M. le Président, au premier
paragraphe, on dit que l'indemnisation étant universelle, le financement
devrait l'être aussi. Est-ce que vous allez jusqu'à cotiser le
piéton?
M. Grégoire (Jean): Oui.
Mme Payette: Est-ce qu'il n'est pas normal de penser que, dans la
société dans laquelle on vit, le danger que représente
l'automobile est lié essentiellement au véhicule et au
conducteur?
M. Viau: Nous sommes d'accord avec cette théorie, M. le
Président, mais nous sommes également d'avis que le piéton
est indemnisé présentement selon son degré de
responsabilité. Il y a des cas, évidemment, où le
piéton peut être responsable d'un accident et s'il est
appelé à être indemnisé, nous croyons qu'il devrait
participer au financement du régime.
Mme Payette: M. le Président, je pense que là
on explique comment les choses fonctionnent actuellement, je suis
d'accord pour dire que c'est ce qui se produit, mais dans la mesure où
il y a abandon de la responsabilité, on ne peut plus, à ce
moment-là, estimer qu'un piéton est partiellement ou totalement
responsable. On abandonne la responsabilité.
Je vous demande d'envisager un concept nouveau. Il s'agit d'une
réforme, donc d'un changement d'évaluation, un changement de
compréhension de toute la situation. Dans la mesure où on
abandonne la responsabilité, ne doit-on pas revoir ce qu'on pense
à ce sujet, reformer sa pensée là-dessus et se dire que,
dans la société qui est la nôtre, on doit faire porter le
coût de ce régime par ceux qui en ont l'ingrat, si vous voulez?
C'est dû aux véhicules automobiles et aux conducteurs. Est-ce que
ce n'est pas à eux de défrayer le coût du
régime?
M. Viau: M. le Président, nous ne sommes pas de cet avis,
comme nous l'avons exprimé dans notre mémoire.
Mme Payette: Ce que vous proposez, c'est l'impôt sur le
revenu alors?
Parmi les piétons dont vous parlez, laissez-moi donner un exemple
qu'on a déjà discuté. S'il s'agit d'un enfant de quatre
ans qui est un piéton, là, en fait-on un cas à part,
puisque cet enfant ne paie pas non plus d'impôt?
M. Viau: M. le Président, un autre exemple qu'on pourrait
donner, c'est le même système qu'avec la Régie de
l'assurance-maladie. L'enfant de quatre ans qui est malade ne paie pas
d'impôt, mais son père verse des impôts. C'est dans ce sens
qu'on établit notre pensée.
Mme Payette: En page 12, toujours au deuxième paragraphe,
vous suggérez que les étrangers devraient participer au
financement. Auriez-vous une solution à nous proposer? Pourriez-vous
nous dire comment?
M. Viau: M. le Président, nous avons pensé, entre
autres, à la taxe sur l'essence. Ce serait peut-être une formule.
Encore une fois, nous ne sommes pas des maîtres de la statistique et de
la planification, mais nous avons...
Mme Payette: M. le Président, je dois vous dire que c'est
une solution que nous avons étudiée en long et en large et que
nous avons dû rejeter.
En page 15, M. le Président, au deuxième paragraphe, on
conteste le quantum des amendes. Nous prenons note des remarques qui nous sont
faites à cet égard. Nous allons réétudier cette
question.
En page 17, au troisième paragraphe, on nous reproche le fait que
les délais de mise en application sont trop courts. Il m'a
été donné, M. le Président, à plusieurs
reprises, d'expliquer que, si nous avons pu agir rapidement, c'est parce que
des études avaient été faites avant. D'ailleurs,
c'étaient des études exhaustives sur le sujet, parce que je pense
qu'il n'y a pas un domaine qui a été ignoré, qui n'a pas
été fouillé. On s'est penché sur la question de
l'assurance automobile au Québec depuis plusieurs années. Il
suffit de s'en rapporter au rapport Gauvin, qui date de 1974. Je ne pense pas
qu'il y ait eu de hâte dans ce domaine. Nous n'avons pu agir que parce
que nous disposions déjà des informations qui étaient
contenues dans des études qui avaient été faites au
préalable. Mais, une fois cela dit, malgré le fait que j'aurais
l'impression que c'est du temps perdu de continuer, peut-on m'expliquer
pourquoi un an changerait quelque chose à l'affaire?
M. Viau: M. le Président, si on se réfère
à certains articles du projet de loi, entre autres les articles 152,
153, 155 et 158, où on demande aux assureurs d'établir certains
mécanismes on reconnaît que dans certains cas on ne parle
que de dommages matériels, mais c'est quand même un
problème, au Québec, que l'assurance des dommages
matériels nous voyons difficilement comment ces derniers pourront
atteindre l'objectif du 1er mars. Il y a également toute l'information
qu'il faudra donner au public, comme Mme le ministre l'expliquait tantôt
et comme nous le soulignions. Il y a également l'explication du nouveau
contrat d'assurance, pas la partie de la régie, mais l'autre partie.
Cela demandera une certaine somme de travail et d'explications de la part des
courtiers. J'imagine que les assureurs vont vouloir mettre la main à la
pâte également et peut-être également le
gouvernement.
De ces différents mécanismes, le principal centre
d'évaluation est le centre de distribution des risques, parce qu'au
Québec je n'annonce rien en le disant plusieurs
propriétaires d'automobile ne sont pas assurés parce qu'ils ne
trouvent pas de marché, ils ne trouvent pas preneur. Le centre de
distribution devra être établi le 1er mars, on ne peut pas y
échapper, parce que la loi l'exige. On se pose la question. Est-ce que
le tout sera prêt pour le 1er mars? On ne veut pas qu'un nouveau
régime soit mal fait parce qu'on y va trop vite. Il est grandement temps
au Québec que nous ayons une réforme de l'assurance automobile,
mais on ne voudrait pas que le manque de temps nuise au succès possible
d'une telle révision du régime d'assurance automobile. C'est le
sens de nos remarques.
Mme Payette: Puisqu'on vient de mentionner qu'on se posait la
question, je peux, pour rassurer les intervenants, leur dire que les
spécialistes en implantation d'un régime comme celui-là,
aussi bien que tous ceux qui ont étudié cette réforme,
ainsi d'ailleurs que les assureurs avec qui nous sommes en contact, sont
convaincus de pouvoir effectivement faire cette réforme pour le 1er mars
1978.
On me souligne qu'effectivement nous n'avons pas la prétention
d'avoir des centres d'évaluation pour le 1er mars 1978; nous n'avons
jamais eu cette prétention et nous avons affirmé qu'il faudrait
un certain nombre d'années pour les
installer à travers le Québec. Quant à la
réforme elle-même, elle pourra être en vigueur le 1er mars
1978.
Je me permettrai une citation avant de poser une question sur
l'affirmation qui est faite en page 18 à savoir que la réforme
bouscule les choses. C'est une citation de Machiavel qui m'a été
extrêmement utile depuis que j'ai entrepris le travail que j'ai fait dans
le domaine de l'assurance automobile et je me permettrai de vous la
répéter. La citation dit: "II nous faut penser qu'il n'y a chose
à traiter plus pénible, à réussir plus douteuse ni
plus à manier dangereuse que de s'aventurer à introduire de
nouvelles institutions, car celui qui les introduit a pour ennemis tous ceux
à qui les vieilles manières sont profitables et pour
défenseurs bien tièdes tous ceux à qui les nouvelles
seraient bonnes, laquelle tiédeur vient en partie de la peur des
adversaires qui ont loi pour eux, en partie aussi de
l'incrédulité des hommes qui ne croient point
véritablement aux choses nouvelles s'ils n'en voient déjà
une expérience sûre".
Je voudrais vous poser une dernière question.
M. Roy: II y en a d'autres citations. On pourrait en citer
d'autres.
Mme Payette: J'aimerais vous poser une dernière question
qui, pour moi, est extrêmement importante au niveau de la conscience.
Est-ce que vous oseriez me dire que cette réforme ne sert pas à
améliorer considérablement le sort des victimes d'accidents
d'automobile?
M. Viau: Ce serait mentir de répondre que cela n'aidera
pas, que cela n'améliorera pas le sort des victimes. Il y a des lacunes
dans le projet de loi, à notre avis. Nous avons tenté de les
souligner afin que le régime soit le plus profitable possible aux
consommateurs d'assurances du Québec. Le régime, nous le croyons,
va de l'avant, mais il y a des lacunes; ce que nous suggérons, c'est de
corriger ces lacunes pour que tous ceux qui y participent, aussi bien le
gouvernement, par sa régie, que les consommateurs d'assurances, que les
assureurs et les courtiers il ne faut pas nous oublier soient
heureux dans ce nouveau régime. Il faut que cela ait une forme de
succès indiscutable et c'est pour cela que nous faisons ces
remarques.
Mme Payette: Pour ma part, je remercie l'association. J'ai senti,
depuis le début, un effort considérable de sa part pour
éclairer le gouvernement sur les responsabilités qu'elle a
assumées jusqu'à maintenant et éclairer le gouvernement
aussi sur les difficultés qu'elle assume en remplissant bien son
rôle d'intermédiaire. Je pense qu'on aura peut-être
l'occasion de se pencher davantage sur cet aspect cet après-midi, dans
un deuxième mémoire, mais je tiens à remercier
l'association de sa collaboration depuis le début.
Le Président (M. Boucher): Merci, Mme le ministre.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Premièrement, je dois remercier les
représentants de l'Association des courtiers d'assurances pour leur
excellent mémoire. Je me réjouis tout d'abord du fait qu'ils
n'essaient pas de garder le statu quo. Le statu quo, actuellement, est à
mon avis et c'est aussi l'avis du Parti libéral que j'ai
l'honneur de représenter indéfendable.
Ceci accepté, il s'agit d'établir au Québec un
nouveau régime et un régime qui colle à la
réalité des Québécois, à leurs besoins et
à des coûts qui sont en relation avec leurs revenus. Je crois
réellement que ce mémoire est un outil qui nous permettra
d'arriver à ce but.
Ceci dit, M. le Président, je ne sais pas si je dois remercier
Machiavel, je ne sais pas si Machiavel était un expert en assurances,
mais, s'il faut le faire, je le fais volontiers. Revenons directement aux
questions et aux réponses qui nous ont été fournies ce
matin. À la page 3, vous avez dit: "Toutefois, notre expérience
de praticiens nous indique qu'une indemnisation universelle de toutes les
victimes", etc., et vous avez donné des chiffres. Les chiffres que vous
avez donnés, le coût moyen de la prime, est-ce que c'est
pancana-dien, cette moyenne, ou québécois?
M. Viau: M. le Président, à une question
antérieure, à savoir si c'était québécois,
j'ai répondu dans l'affirmative, les chiffres qu'on nous a fournis
étaient des chiffres québécois.
M. Saint-Germain: Je voulais que ce soit bien clair. Est-ce qu'il
y aurait moyen, M. le Président, que nous ayons, les membres de
l'Opposition, une copie des chiffres et des études qui sous-tendent ces
statistiques?
M. Viau: J'ai dit tantôt qu'en ce qui regarde le rapport
Bélanger-Chabot, nous allons en faire parvenir à tous les membres
de la commission parlementaire.
M. Saint-Germain: Vous dites au paragraphe suivant que le
régime devrait au moins placer l'automobiliste québécois
circulant au Québec dans la même position où il se trouve
lorsqu'il voyage à l'extérieur du Québec. Qu'est-ce que
vous entendez exactement en disant ça? Est-ce que le régime qui
sera à la disposition du Québécois voyageur sera meilleur
que le régime que nous propose cette loi pour ceux qui voyageront
à l'intérieur du Québec? Autrement dit, puisque vous dites
que la valeur de l'assurance au Québec devrait être la même
que celle que le Québécois a à l'extérieur, est-ce
qu'on devrait réduire l'assurance du Québécois voyageur
à celle du Québécois qui voyage à
l'intérieur du Québec ou augmenter la valeur du régime du
Québécois qui voyage à l'intérieur à celle
de celui qui voyage à l'extérieur?
M. Viau: M. le Président, comme représentants des
consommateurs d'assurance, c'est évident qu'on tente d'obtenir le
maximum. Si on regarde l'article 7 du projet de loi, on voit qu'une
personne qui voyagerait en Ontario aurait droit, si elle était
victime d'un accident et qu'elle était non responsable, aux prestations
de la régie et, en plus, conserverait son droit de recours pour
l'excédent. Nous posons la question, est-ce qu'il est normal, qu'une
personne qui voyage à l'extérieur soit un peu avantagée
comparativement à la personne qui demeure au Québec et qui aurait
le même accident? C'est une question que nous posons. Nous n'avons pas de
solution miracle, sauf de passer par paliers dans le système
d'indemnisation sans égard à la responsabilité.
M. Saint-Germain: S'il voyage à l'extérieur, en
fait, c'est un "no fault partiel", il a un droit de recours?
M. Viau: Tout ça dépend de l'endroit de l'accident.
Je ne veux pas jouer au juriste, mais je crois que c'est ça. C'est selon
l'endroit de l'accident et selon les règles du jeu de l'endroit. J'ai
cité l'Ontario parce que c'est plus près de nous, jusqu'à
un certain point, géographiquement du moins, et c'est dans ce sens que
des gens qui demeurent à Hull et travaillent à Ottawa pourront
peut-être être dans la situation que je viens de mentionner.
M. Saint-Germain: Oui, c'est entendu que le
Québécois qui voyage à l'extérieur sera soumis aux
lois des provinces ou des États où il est.
M. Viau: C'est ça.
M. Saint-Germain: En fait, je voulais simplement vous faire dire
si vous avez une préférence pour le "no fault" partiel ou pour le
"no fault" total.
M. Viau: Nous avons suggéré dans notre
mémoire, nous en avons fait état tantôt, de fonctionner par
paliers pour voir toutes les implications et procéder plus lentement
dans ce sens-là. C'est que nous suggérons dans le mémoire;
on en a fait mention tantôt.
M. Saint-Germain: J'aimerais revenir à la page 4, à
l'article où vous dites: "En effet, nous sommes d'avis, sous
réserve des considérations psychologiques qui ne manqueront pas
d'apparaître du fait de l'élimination du droit de recours, que les
plus fortunés seront dans une position plus avantageuse que les
autres".
Est-ce que cela exprimerait bien votre idée si je donnais comme
exemple pratique le cas d'un père de famille à revenu moyen, ou
modique, qui est blessé à la suite d'un accident de voiture, par
la faute d'un propriétaire de voiture qui est relativement riche? Si le
propriétaire de la voiture qui a les moyens est protégé,
en ce sens qu'il sait pertinemment que quels que soient les dommages ou les
blessures corporelles qu'il imposera à ce citoyen, il est abrité
derrière le "no fault", il pourra, le lendemain, regarder cette victime
avec un petit sourire narquois sur les lèvres, en étant tout
à fait bien protégé, quelle que soit la procédure.
Avec la situation actuelle, la victime, quels que soient ses moyens, surtout si
on considère que nous avons l'assistance judiciaire, pourrait avoir des
recours très importants contre l'auteur d'un tel accident. Est-ce que
cela exprime un peu...?
M. Viau: M. le Président, c'est ce que nous faisons
ressortir peut-être un peu malhabilement, dans notre texte. De là
à dire que le responsable d'un tel accident aurait un sourire narquois,
je ne crois pas que nos conducteurs du Québec sont à ce point
sadiques, heureusement. Cela montre un peu ce que vous avez dit.
M. Saint-Germain: S'il était assez sadique pour sourire,
il pourrait sourire.
M. Paquette: À mon avis, son auteur
préféré, c'est le marquis De Sade.
M. Bisaillon: Le député devrait connaître la
différence entre Machiavel et De Sade.
M. Saint-Germain: Étant donné que vous connaissez
le domaine de l'assurance, pourriez-vous expliquer, s'il vous plaît, les
exemptions, ceux qui n'ont pas droit à l'indemnisation prévue au
titre II, à l'article 17 du projet de loi? Vous dites, à la page
5, paragraphe a): "Plusieurs restrictions, dont celles indiquées
à l'article 17 du projet, risquent de placer l'automobiliste dans une
position fort précaire, etc."
Pourriez-vous nous faire un parallèle, entre la situation qui
existe actuellement, concernant les citoyens qui pourraient être inclus
dans l'article 17, et la situation qui existerait si le projet de loi
était accepté tel quel?
M. Viau: M. le Président, dans l'article 17 du projet de
loi, je ne veux pas en faire la lecture complète, on exclut les
motoneiges et les tracteurs de ferme... Paragraphe a)? Est-ce que votre
question porte sur toute la page 5?
M. Saint-Germain: Sur l'article 17 en général.
M. Viau: Sur l'article 17 en général. Si on veut
regarder de plus près le problème qui ressort de cet article,
à notre avis, on exclut, à l'article 17b,
particulièrement, les motoneiges et les tracteurs de ferme.
S'il advenait un accident de motoneige, selon le régime
proposé, il faudrait d'abord établir si c'est la régie qui
s'applique ou si c'est le droit de recours traditionnel que nous connaissons.
L'accident peut se produire dans un chemin que l'on qualifie souvent de
semi-public.
Si la régie retardait à donner cette décision,
quant au droit à l'indemnisation pour la victime en question, on
pourrait dépasser le délai de prescription que la victime
pourrait utiliser dans son droit de recours, contre le responsable de
l'accident. À ce moment-là, l'assuré, pour reprendre
l'expression qu'on citait tout à l'heure, pourrait être assis
entre deux fauteuils, ou entre deux chaises.
Nous parlons de plusieurs motoneiges au Québec, il y en a
au-delà de 225 000. J'ai ici le chiffre de 226 675 et des tracteurs de
ferme, 89 136. Cela fait plusieurs personnes. Notre recommandation est que ces
personnes soient également incluses dans le projet de loi.
M. Saint-Germain: Pour ces personnes qui sont assurées
actuellement, la teneur de leur police est-elle à peu près celle
de l'assurance-automobile?
M. Viau: Pour la police de motoneige, oui.
M. Saint-Germain: Et pour les tracteurs, y a-t-il des
différences fondamentales?
M. Viau: Essentiellement, on me dit que c'est la même
chose.
M. Saint-Germain: Vous ne voyez pas d'inconvénient
à ce que ces personnes soient incluses dans le régime qu'on
propose?
M. Viau: On ne voit aucun inconvénient; au contraire, on
le recommande.
M. Saint-Germain: À la page 6 de votre mémoire,
vous parlez des pouvoirs discrétionnaires. Je crois qu'il y a là
quelque chose d'extrêmement important. Premièrement, il est
probable qu'au point de vue des blessures corporelles, si je ne m'abuse, il
appartiendra à la Commission des accidents du travail d'établir
les invalidités totales, permanentes ou partielles ou les
indemnités partielles permanentes. Cette commission aura certainement un
grand rôle à jouer dans l'évaluation des préjudices
imposés à une victime. Je crois qu'on devrait faire ressortir
à ce stade-ci qu'à la Commission des accidents du travail les
responsabilités qu'ils ont, sont, à mon avis, relativement
simples si on les compare à celles qu'aura soit la régie ou la
Commission des accidents du travail avec cette nouvelle législation.
Actuellement, la Commission des accidents du travail n'a aucune
difficulté à établir le revenu de la victime. La victime
d'un accident de travail a choisi son emploi en toute liberté et il est
relativement facile d'établir les préjudices au point de vue du
revenu qu'une victime d'un accident de travail a pu subir.
Malgré que le processus soit relativement simple, on sait
pertinemment que cela cause de graves préjudices à certains
accidentés. Nous, les députés, nous savons pertinemment
combien il y a d'appels téléphoniques, de lettres ou de demandes
de toutes sortes concernant les clients de la Commission des accidents du
travail. Ce n'est pas toujours facile. À tel point que l'image de la
commission n'est pas aujourd'hui ce qu'elle devrait être et que la
population incite le gouvernement à modifier profondément la
qualité et l'efficacité des services rendus par cette commission.
À mon avis, il est un peu surprenant de voir que, bien qu'on veuille la
rendre plus efficace mais ce sont des promesses qui ne sont pas,
à ce stade-ci, basées sur la réalité des choses
qu'on surcharge ou qu'on donne énormément plus de
responsabilités à cette commission qui semble en avoir
déjà assez de celles qu'elle a actuellement.
Pour prendre un exemple bien pratique, à l'article 21 du projet
de loi, on parle d'un étudiant. "La victime qui, lors de l'accident
était un étudiant (...) a droit à l'indemnité de
remplacement du revenu". C'est tout de suite très complexe
d'établir quel sera ou quel devrait être le revenu futur d'un tel
étudiant. Il faut, tout de même, établir tout de suite si
physiquement ou médicalement cet étudiant peut poursuivre des
études.
Alors, on donne, par la loi, à la régie l'autorité
d'établir un revenu brut présumé. Il faut tenir compte du
revenu que ce dernier aurait pu éventuellement retirer à la fin
de ses études d'un emploi que sa formation et son expérience lui
auraient permis d'occuper. Personnellement, j'ai beaucoup de difficultés
à croire qu'un seul homme ou même un groupe d'hommes soient
capables, avec justice et efficacité, d'établir une telle perte
de revenu. Personne n'a la science infuse. Je ne crois pas qu'il y ait
aujourd'hui des disciplines universitaires ou autres qui puissent permettre aux
hommes d'avoir une telle compétence. C'est simplement un exemple. On
pourrait, dans plusieurs articles, voir les difficultés
inhérentes à une telle évaluation. En plus, il y a
toujours le côté médical.
Je me demande, au point de vue pratique, quand un étudiant est
accidenté ce sera une loi complexe, ce sera difficile
d'établir le préjudice qu'il a subi comment cet
étudiant ou les responsables de cet étudiant, s'il est mineur
pourront voir à ce qu'il reçoive réellement les
traitements et les dus que cette loi lui donne. Il y aura
énormément de détails techniques. Qui va défendre
ses droits? On n'a pas des accidents tous les jours. C'est un profane,
l'accidenté, au point de vue de ses droits. Qui va les faire valoir, ses
droits? On donne à la régie un pouvoir énorme, un pouvoir
discrétionnaire, parce que c'est sans appel, c'est final. C'est
inquiétant de voir cela. C'est très inquiétant. Dans ce
contexte, si personne n'est là pour suivre l'évolution du dossier
au nom de l'accidenté, si les courtiers n'ont rien à y faire,
vous pouvez être assurés que les députés vont
recevoir des appels téléphoniques. On va en avoir de l'ouvrage.
On peut être assuré qu'on entrera en contact, comme
député, avec à peu près tous les accidentés.
Cela va influer énormément sur le coût de l'assurance,
parce que d'un autre côté, si on ne donne pas à la victime
son dû, c'est entendu que cela coûtera moins cher, mais il y aura
une injustice de créée. Si on lui en donne trop, le coût va
augmenter. Est-ce que vous voyez, dans ce sens, une ouverture où vos
services où votre expérience pourraient être mis comme un
actif au point de vue de l'application de cette nouvelle loi?
M. Viau: M. le Président, quant à notre offre de
service, je la réitère, quant aux sinistrés, quant aux
victimes, pour aider à acheminer leurs dossiers, quant aux pouvoirs
discrétionnaires eux-mêmes, que nous jugeons
discrétionnaires, nous avons recommandé qu'il y ait une
étude en commission parlementaire parce que cela touche
l'essentiel même de la réforme. Nos remarques se feront
dans ce sens.
M. Saint-Germain: Au sujet du quanta, à la page 6 de votre
mémoire, le maximum d'indemnité sera basé sur un revenu de
$18 000, quel que soit le montant des revenus qui dépasseront ces $18
000. Il me semble évident qu'aujourd'hui les gens qui, dans la province
de Québec, gagnent plus que $18 000 sont très nombreux, les
policiers, certains chauffeurs de camions. Ceux qui gagnent au-dessus de $18
000 ne sont pas tous considérés comme des gens riches. Est-ce que
vous croyez réellement que le régime actuel crée une
injustice vis-à-vis de ceux qui gagnent $18 000 et plus et que ces gens,
pour se protéger adéquatement, devront débourser des
sommes assez rondelettes, si vous voulez.
Malheureusement, au point de vue comptable, ces sommes
déboursées en plus ne seront pas comptabilisées dans le
coût de l'assurance, comme de raison, mais le citoyen l'aura
versée cette somme pour avoir un surplus de protection. Est-ce que vous
avez étudié ce facteur et avez-vous essayé
d'établir des chiffres, du moins approximatifs, pour savoir quel serait
le surplus qu'un citoyen qui gagne au-delà de $18 000 devra verser pour
avoir la même protection qu'il peut avoir dans le système
actuel?
M. Viau: Malheureusement, M. le Président, nous n'avons
aucune statistique à cet effet. Quant à savoir quel est le
pourcentage de personnes qui gagnent plus de $18 000, nous ne l'avons pas non
plus. On a eu des chiffres d'environ 15% dans le livre bleu; je crois que
c'était le chiffre qui était cité. Pour pallier cela, on
revient encore à la même suggestion d'avoir une indemnisation sans
égard à la responsabilité avec un palier. C'est ce que
nous avions suggéré, du moins dans un premier temps, au moins
pour étudier le mécanisme et les coûts impliqués.
C'est dans ce sens-là que notre suggestion de recommandation se faisait,
M. le Président.
M. Saint-Germain: Non, je ne dis pas qu'il ne faut pas y mettre
une limite, mais je dis que, quelle que soit la limite, il y aura un surplus de
primes pour ceux qui voudront avoir une assurance adéquate. Maintenant,
à la page 7, vous parlez des soustractions qu'on fera aux
indemnités pour ceux qui recevront des prestations du régime de
rentes du Québec et les pensions de vieillesse. J'avoue que je suis un
peu estomaqué les articles 29 et 30 pour la bonne raison qu'il n'y a
aucune relation entre l'assurance automobile et les dûs aux citoyens, les
sommes qui sont dues aux citoyens aussi bien selon la loi de la pension de
vieillesse que le Régime de rentes. Le Régime de rentes,
d'ailleurs, c'est le citoyen qui paie, quand même, ces revenus, c'est le
travailleur qui paie et c'est en plus l'employeur. Il n'y a aucune relation
entre une police d'assurance automobile et les sommes qui sont dues aux
citoyens qui sont victimes d'accidents. Alors, je veux simplement dire que
j'accepte amplement votre suggestion relativement à ces articles.
Ceci n'a pas été discuté jusqu'ici, à la
page 13 de votre mémoire, vous mentionnez l'article 156 qui a trait
à l'indemnisation directe. Vous dites que votre expérience vous
indique que certaines contraintes imposées aux assureurs par l'article
156 pourraient entraîner le retrait possible de certains d'entre eux du
marché local. Pourriez-vous préciser cela, s'il vous
plaît?
M. Viau: M. le Président, voici ce que nous disions, dans
le mémoire, à l'article 156; il y a également les
articles, si la commission veut s'y référer, 149 et 152. Notre
prétention est la suivante. Comme nous le mentionnons, les assureurs qui
transigent en assurance automobile, généralement, transigent dans
les autres genres d'assurances et, si on leur met des carcans trop
serrés ou trop sévères, on pourrait les inciter à
quitter le Québec.
Les marchés ne sont pas à ce point grands et disponibles
pour qu'on puisse se mettre dans une situation semblable.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce que voulez dire par un carcan?
De quelle façon l'indemnisation directe est-elle un facteur pour
les assureurs, qu'ils n'ont pas à subir actuellement?
M. Viau: M. le Président, ce n'est pas tellement
l'indemnisation directe qui est le problème, ce sont les 50% qu'on y
établit. S'il y a 50% des assureurs qui souscrivent à cette
convention d'indemnisation, les autres assureurs n'auront pas le choix. C'est
dans ce sens qu'on a certaines réserves quant au bien-fondé de
cette façon de faire.
M. Saint-Germain: Oui, je comprends très bien que si
au-delà de 50%, les assureurs admettent l'indemnisation directe, cela
serait imposé à tout le monde. Cela deviendra article de loi.
Mais, quels sont les frais, puisque vous avez mentionné... Je sais bien
que vous n'êtes pas des assureurs, dans le sens propre du mot, mais quels
sont les préjudices que les assureurs vont subir s'ils sont
obligés à l'indemnisation directe?
M. Viau: Je ne vois pas de préjudice particulier, M. le
Président. Il faudrait peut-être poser la question aux assureurs;
on sait que les assureurs sont je n'ose pas dire individualistes,
mais il y a des groupes d'assureurs qui sont habitués de transiger et de
mener leur maison à leur bonne façon et qui écoutent
rarement ce que la maison voisine d'un autre assureur leur demande de faire.
C'est dans ce sens que, connaissant un peu le milieu, on vous recommande, quant
à l'article 156, d'écouter tout au moins leurs doléances,
ce sont les personnes les mieux placées pour discuter de la chose. Je
crois que les assureurs c'est du moins ce qu'on disait tantôt
devront présenter un mémoire; j'imagine qu'il portera
là-dessus.
M. Saint-Germain: Actuellement, au point de vue du courtier,
est-ce que ce sont des ententes ou des contrats? Y a-t-il un protocole
d'entente entre les courtiers et les assureurs relativement à votre
façon de procéder? Y a-t-il des assureurs qui, par contrat, sont
liés à un ensemble de courtiers ou à tous les courtiers de
la province de Québe?
M. Viau: II y a des contrats d'agents qui sont transigés
individuellement, entre un assureur et un cabinet de courtage; c'est la
pratique actuelle au Québec.
M. Saint-Germain: Quel est le pourcentage de ceux qui vendent
leur assurance au comptoir, d'une façon directe à la
clientèle?
M. Viau: Est-ce que vous parlez du pourcentage de volume
primes?
M. Saint-Germain: Oui.
M. Viau: II a été établi, si mes chiffres
sont exacts, en 1974/75, que 86% des personnes assurées passaient par
l'entremise de courtiers, ce qui laisse donc 14% qui transigent directement
avec l'assureur. Ce sont des chiffres qui datent, je n'ai pas les chiffres
récents.
M. Saint-Germain: II est entendu que même avec l'assurance
universelle, avec un contrat uniforme, il y aura certainement des frais de mise
en marché. Il y a des coûts attachés à la perception
des sommes dues, par exemple. Il y a des coûts attachés à
la vérification pour voir si ceux qui vont obtenir leur plaque ou leur
permis de conduire possèdent réellement une assurance. Je ne sais
pas qui le citoyen appellera, dans le contexte actuel, si on s'en tient
à la loi, telle que rédigée, pour avoir des explications,
soit sur ses redevances, soit sur ses droits, s'il est accidenté,
comment procéder. Ce que je trouve à l'article 80, c'est qu'on
semble vouloir vous éliminer. Si on lit le moindrement entre les lignes,
on vous laisse tomber, autrement dit.
Il y aurait peut-être lieu, avant d'aller plus avant avec la loi,
de chercher à trouver les coûts de mise en marché qui
seront encourus par l'office. Il y aura certainement des coûts et il
faudrait expliquer à la population ce qui en est, émettre des
dépliants, plus une série d'annonces à la
télévision, etc.
Vous pouvez certainement collaborer à ce point de vue, je n'en
doute pas, puisque vous serez, tout de même, appelés à
entrer en contact avec tous les assurés. Je crois qu'on devrait
établir les coûts inhérents à l'office et
établir ce que cela coûterait si on faisait appel à vos
services. Il y a une possibilité de faire cela. Il y aurait
peut-être des surprises. On pourrait peut-être s'apercevoir.:. Je
ne doute pas que vous soyez outillé pour aller au fond des choses, au
point de vue des coûts imposés à l'office, mais
j'inviterais le gouvernement à étudier la situation. On trouvera
peut-être qu'il n'y a rien à économiser en passant
par-dessus les courtiers.
Au point de vue du financement universel, comme l'assurance sera
universelle, c'est entendu que c'est l'automobiliste qui subira le coût
total de la prime. On a parlé des piétons. Il y a des accidents
qui arriveront et qui seront dus à la négligence des
piétons. Si un homme se jette devant votre voiture et que vous ne pouvez
pas l'éviter, ce sont les automobilistes qui paieront le coût de
l'accident; pourtant, l'ensemble des automobilistes n'aura rien à y voir
ou n'aura aucune responsabilité. Ce n'est pas facile. Mme le ministre
nous a dit qu'elle avait étudié le financement en imposant une
taxe sur l'essence, mais que c'était impossible. Il y aurait
certainement des possibilités à ce point de vue. Même si
l'augmentation du coût était de $0.01 ou de $0.02 le gallon, cela
représenterait des sommes énormes et cela pourrait
peut-être baisser d'autant la prime qu'on impose à tous les
automobilistes, surtout si on considère, par exemple, ceux qui sont en
voyage, les étrangers.
Pour ce qui concerne les piétons, on pourrait peut-être les
toucher par l'impôt sur le revenu ou autrement. Il y a certainement un
moyen de faire payer aussi les piétons pour qu'ils contribuent au
coût de l'établissement de ce régime.
Dans les pouvoirs discrétionnaires dont vous parlez à
l'article 16, vous n'en parlez pas directement dans votre mémoire, mais
il y a certainement là un facteur, à mon avis, extrêmement
important. Les dédommagements aux victimes seront payés par
rentes et les dossiers ne seront jamais nécessairement fermés. Je
me demande, personnellement, quelle sera la motivation du retour au travail
pour les accidentés, alors qu'on peut maintenant constater, après
plusieurs années d'application de nos lois sociales, que malheureusement
bien de nos lois ont fait perdre à certains citoyens la motivation au
travail. Je crois que ce fut une des faiblesses de notre régime
d'assistance sociale. Voilà maintenant qu'on va rémunérer
les accidentés par rentes.
Je me demande, avec les avantages qu'on donne aux accidentés, si
on n'aura pas là un certain pourcentage d'accidentés qui perdront
leur motivation au travail, ce qui pourrait augmenter considérablement
le coût de cette police. Est-ce que vous auriez des commentaires à
faire là-dessus?
M. Viau: Nous avons fait des commentaires dans notre
mémoire, à l'article sur la réhabilitation, où on
demande que la régie prenne les mesures nécessaires pour
favoriser des retours au travail. Si j'ai bien compris votre question, à
la page 6, entre autres, on dit: "Nous croyons que la régie devrait
avoir l'obligation d'engager de tels frais pour inciter les gens à
retourner au travail".
M. Saint-Germain: Cela semble évident, mais j'entends un
accidenté. Il est difficile, même pour un médecin, de
prouver qu'un accidenté ne fait pas d'arthrite, de rhumatisme à
la suite d'un accident. Un accidenté peut plaider mille et une raisons
pour être considéré comme incapable de travailler. Cela se
fera, Croyez-moi. Il y aura une minorité d'accidentés qui ne
seront pas motivés à al-
ler au travail parce que le décalage qu'il y aura entre leur
rente et le surplus de revenus qu'ils feront à travailler sera minime.
Cela les incitera à plaider qu'ils souffrent de toutes sortes de maux et
d'inconvénients pour ne pas être obligés de retourner au
travail.
Il ne faudrait pas que le pourcentage de ces victimes soit bien
élevé pour que ça fasse une différence
énorme dans les coûts de la prime qui seront attachés
à cette loi. M. le Président, je n'ai pas d'autres questions
à poser. Je laisserai volontiers mes collègues continuer.
M. Paquette: M. le Président, question de directive. Je ne
voulais pas interrompre le député. Le temps passe et nous avons
trois mémoires à recevoir aujourd'hui, nous voulons surtout
entendre nos invités, il s'agit plutôt de faire parler nos
invités, je pense, à cette commission parlementaire. J'aimerais
savoir comment vous interprétez l'article 160 concernant le droit de
parole des députés qui est sensé être limité
à 20 minutes. Est-ce qu'on convient tous ensemble, cela ne s'adresse
strictement pas au député de Jacques-Cartier, je ne voudrais pas
qu'il le prenne comme ça, mais est-ce qu'on s'entend pour essayer de se
restreindre chacun à vingt minutes par mémoire? Est-ce que c'est
comme ça que vous interprétez l'article 160?
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas eu d'entente au
début sur le temps alloué pour chaque mémoire. Si les
membres de la commission sont d'avis qu'on devrait évaluer le temps de
chaque mémoire, je crois qu'on pourrait le faire comme cela a
été fait dans d'autres commissions.
M. Paquette: M. le Président, je serais satisfait si vous
invitiez les députés, pour que le plus de députés
possible aient l'occasion de prendre la parole, à une autodiscipline
personnelle qui tournerait autour de vingt minutes par mémoire, si les
gens sont d'accord.
M. Saint-Germain: Je voudrais soulever une question de
règlement, M. le Président. Nous n'avons pas souvent l'occasion,
à titre d'Opposition officielle, à cause des mémoires qui
sont peu nombreux, d'aller au fond des choses. Si j'ai donné certaines
opinions, c'est que je voulais avoir de ces messieurs des commentaires pour
savoir si mes opinions étaient bien fondées ou non.
Je ne crois pas avoir abusé du temps de la commission. Comme nous
n'avons qu'un autre mémoire d'importance à étudier dans le
courant de la journée, je ne vois pas très bien pourquoi on se
limiterait. Je crois que chaque député pourra faire cela
lui-même.
Le Président (M. Boucher): Je vais expliquer assez
largement l'article 160. Je demanderais qu'on essaie de se limiter, quand
même, compte tenu du temps qui est alloué. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président. Je ne voudrais pas
faire un débat de procédure, mais j'aimerais vous faire remarquer
que l'article 160 ne s'applique pas à ce moment-ci. L'article 160 ne
s'applique qu'au moment de l'étude, article par article, d'un projet de
loi en commission. Il ne s'applique pas à ce moment-ci. Je ne voudrais
pas qu'on fasse une interprétation qui pourrait risquer de créer
un précédent.
Le Président (M. Boucher): Comme les règles de
pratique n'existent pas dans les commissions parlementaires du genre...
M. Roy: Ce n'est pas l'article 160.
Mme Payette: M. le Président, sur la même question
de règlement, et en accord avec le député de Beauce-Sud,
même si cet article ne s'appliquait pas, je pense que la remarque qui
avait été faite que chacun s'autodiscipline me paraissait
raisonnable à cette commission parlementaire. Peut-être qu'on
pourrait, d'un commun accord, avec toute la largesse dont la présidence
semble vouloir faire part envers la commission, essayer quand même de
limiter les interventions de chacun. Cela me paraissait une excellente
suggestion.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président. Étant donné que nous avons laissé le
député de Jacques-Cartier parler tout le temps qu'il a bien voulu
prendre, nous allons tenter de nous limiter aux 20 minutes. Il ne faudrait
quand même pas nous arrêter au bout de 20 minutes.
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Fontaine: Messieurs, je vous félicite du mémoire
que vous avez présenté. Je pense que vous avez un excellent
travail, concis et précis, qui soulève plusieurs points. Je
voudrais, au début, vous poser certaines questions concernant le
coût de l'assurance automobile.
Vous avez fait état, tout à l'heure, de chiffres qui vous
étaient fournis par le BAC, je pense. Ces chiffres ont été
contestés par Mme le ministre, qui se basait sur les prévisions
de 1978. Je voudrais que vous nous disiez si vous avez des statistiques quant
au coût des assurances supplémentaires que les gens devront
prendre en surplus du régime actuel.
M. Viau: Malheureusement, M. le Président, nous n'avons
aucune statistique à cet effet.
M. Fontaine: Vous n'avez aucune étude à ce
sujet-là. Le rapport dont vous avez parlé tout à l'heure
ne fait pas état de ces chiffres?
M. Viau: II ne fait pas état de cela.
M. Fontaine: Est-ce que les polices actuelles
couvrent ces situations où les gens devront s'assurer en surplus
du régime actuel? Quelqu'un qui va aller à l'extérieur du
pays devra prendre une assurance supplémentaire, par exemple? Est-ce que
le régime actuel couvre ces choses-là?
M. Viau: M. le Président, le régime actuel
protège une personne qui utilise son automobile au Canada et aux
États-Unis. Ce qui est proposé dans le projet de loi, si j'ai
bien compris, c'est que la police qui sera faite par les assureurs garantira,
de la même façon, aussi bien pour les dommages corporels que les
dommages matériels à l'extérieur du Québec.
Mme Payette: M. le Président, est-ce qu'on pourrait faire
répéter? Je n'ai pas bien entendu la fin de la phrase. Pour que
cela soit bien clair, parce que j'ai raté la fin de la phrase.
M. Viau: Aussi bien les dommages corporels que les dommages
matériels à l'extérieur du Québec seront garantis,
selon le projet de loi, si j'ai bien...
Mme Payette: Dans une police?
M. Viau: Dans une police d'assurance émise par les
assureurs.
Mme Payette: Merci.
M. Viau: C'est ainsi que nous interprétons le projet de
loi.
M. Fontaine: Si je vais en Ontario ou aux États-Unis, que
je suis responsable d'un accident d'automobile et que l'on me poursuive pour
$200 000, le régime proposé va-t-il me protéger?
M. Viau: Avec le régime proposé, vous devrez vous
garantir j'ai l'impression que je suis en train de défendre le
projet de loi? Vous voyez à quel point on veut collaborer avec le
gouvernement si j'ai bien compris le projet de loi pour le montant
minimum de $50 000 pour les dommages matériels au Québec. Ce
montant de $50 000 deviendra le rnontant minimum exigé dans les
différents États ou provinces du Canada ou des États-Unis.
Si la limite de l'État où vous avez votre accident est de $200
000, votre police du Québec vous garantira pour ce montant. Vous n'aurez
pas le choix, selon le projet de loi, de ne pas prendre cette police. Vous
devrez la prendre pour le montant minimum de $50 000. J'espère qu'on
aura compris à quel point les courtiers connaissent bien...
Mme Payette: Cela va très bien.
M. Fontaine: L'autre but de la loi était d'indemniser
rapidement les victimes d'accidents d'automobiles. Avec le régime
proposé, si je le comprends bien, la personne qui aura un accident et
qui sera blessée, qui aura également des dommages
matériels, devra faire deux genres de ré- clamation. Avez-vous
des commentaires à apporter sur les délais que cela pourrait
occasionner et les problèmes que cela pourrait causer aux victimes?
M. Viau: Je pense que c'est un commentaire de bon sens. C'est de
voir comment cela se passe présentement. Ce n'est déjà pas
facile de faire une réclamation. Si on double le travail de la victime,
je vois les implications d'ici. La victime devra faire une demande à la
régie toujours selon le projet de loi et faire une demande
via son courtier pour être indemnisée par son assureur. Il devra
s'adresser à deux endroits différents et cela donnera un coup
social, si je peux m'exprimer ainsi, à l'assuré, à la
victime.
M. Fontaine: Maintenant, à la page 4 de votre
mémoire, vous parlez d'injustices auxquelles on a fait allusion tout
à l'heure. Si je vous disais que le régime proposé va
faire payer tout le monde de la même façon, mais qu'on va
indemniser les gens d'une façon différente selon leurs revenus,
vous ne pensez que cela pourrait être une autre forme d'injustice?
M. Viau: Je m'excuse, monsieur, je n'ai pas saisi à quel
endroit vous vous référez à la page 4.
M. Fontaine: À la page 4 de votre mémoire, c'est le
paragraphe dont on a discuté tout à l'heure concernant
l'injustice sociale. Vous parlez de considérations psychologiques. Si je
vous dis que le régime proposé va faire payer tout le monde de la
même façon, c'est-à-dire $100 avec l'émission des
plaques, mais que les indemnisations vont être versées d'une
façon différente, selon les revenus de la personne
indemnisée, de la personne blessée, est-ce que ce n'est pas
là une autre injustice?
M. Viau: Ce n'est certainement pas une forme de grande justice de
ce côté. Évidemment, si on enlève le principe de la
faute, on peut peut-être se demander quel mécanisme on pourrait
utiliser autrement. Permettez qu'on vous dise qu'on n'a pas
étudié les autres mécanismes possibles. On remarque que
votre note mériterait peut-être considération. Il y a
peut-être d'autres mécanismes à étudier, mais on ne
s'y est pas arrêté.
M. Fontaine: Vous dites, à la page 5, que "le délai
de prescription du droit de recours en vertu du Code civil est plus court que
celui qui peut être exercé contre la régie. Le retard
à rendre une décision de la part de la régie pourrait
léser une victime dans l'exercice de son droit de recours contre un
tiers." Je ne comprends pas très bien, parce qu'avec le "no fault " il
n'y aura plus de droit de recours devant les tribunaux, sauf pour les dommages
matériels.
M. Viau: M. le Président, on parle en particulier de
l'article 17b qui exclut les motoneiges du régime. Pour ce qui est des
motoneiges, ce genre de véhicules devront souscrire de l'assurance
se-
Ion le régime actuel et non pas sous le nouveau régime;
ils ne seront pas soumis au nouveau régime. C'est sur ce plan que nous
faisions notre remarque.
Le Président (M. Boucher): Nous devons suspendre nos
travaux à 13 heures. J'informe les membres de la commission que la
commission reprendra ses travaux à 15 heures cet après-midi, au
salon rouge.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, madame et
messieurs!
À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, les locaux étant
agrandis, je tiens à saluer la nombreuse assistance cet
après-midi et demander la collaboration de tous et chacun étant
donné que, durant les travaux de la commission parlementaire,
l'assistance ne doit en aucune façon manifester dans les galeries autant
que sur le plancher. À la suspension de ce matin, nous en étions
toujours au mémoire de l'Association des courtiers d'assurances de la
province de Québec dont M. Robert Viau est le porte-parole, et
c'était le député de Nicolet-Yamaska qui avait la parole.
Maintenant, avec la permission du député de Nicolet-Yamaska, Mme
le ministre a demandé si elle pouvait rectifier des choses sur le
débat de ce matin.
M. Fontaine: Vous avez mon consentement.
Mme Payette: Merci, M. le Président. Je voudrais aussi
souhaiter la bienvenue à ceux qui sont arrivés, qu'on peut voir
maintenant parce que ce matin ce n'était pas possible. J'aimerais
signaler qu'on s'attendait si peu dans les années passées
à ce que le public québécois ait envie d'assister à
ces discussions qu'on n'avait pas prévu des salles assez grandes; ce
sont peut-être des choses qu'il faudrait changer dans ce
domaine-là aussi.
Je voudrais apporter une correction aux chiffres qui ont
été donnés ce matin et qui ont prêté à
confusion. J'ai devant moi des chiffres officiels de 1976 qui donnent comme
moyenne de la prime au Québec pour le chapitre a, c'est-à-dire
responsabilité civile; $238; au chapitre b, les $10 traditionnels; au
chapitre c, qui est collision, une moyenne de $149, pour un total moyen au
Québec, une fois qu'on a responsabilité civile, le chapitre B et
collision, une moyenne de $397. C'est donc la moyenne que nous avions
affirmée ce matin. Projetée au 1er mars 1978, comme nous l'avons
dit ce matin, selon les travaux des actuaires qui ont travaillé à
la réforme, nous arrivons à une moyenne totale, pour les trois
chapitres couverts, de $414.
Merci, M. le député.
Le Président (M. Boucher): Ceci étant dit, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Shaw: J'aimerais qu'on clarifie quelque chose. Pouvons-nous
demander aux témoins si le montant qu'ils ont donné avant inclut
ceux de la collision également?
M. Viau: M. le Président, dans les chiffres que nous avons
cités et encore une fois je répète que c'est une
information que nous avions du Bureau d'assurances du Canada...
Mme Payette: Les chiffres que je viens de vous donner sont les
chiffres officiels du Bureau d'assurance du Canada.
M. Viau: Les chiffres que nous avions sont basés sur la
prime moyenne payée pour les véhicules de promenade. On sait
très bien que dans la prime moyenne sont incluses aussi bien les
personnes qui sont protégées contre le risque de collision que
les personnes qui ne le sont pas. D'ailleurs il en est fait état assez
longuement dans le rapport Gauvin. Il y a quand même un fort pourcentage,
on dit de 45% à 50%, de gens qui ne sont pas protégés
contre la collision au Québec, ce qui fait réduire la prime
moyenne au Québec. Je ne veux pas commencer une bataille de chiffres, je
l'ai mentionné...
Mme Payette: II réapparaissait cependant dangereux de
laisser circuler une fausse information qui pourrait nous amener à faire
des mises au point par après; j'aime mieux les faire maintenant.
M. Viau: Je suis complètement d'accord qu'il ne faut pas
laisser tomber des choses comme cela, mais, d'autre part, je voudrais qu'on
comprenne très bien que l'assuré moyen, au Québec, n'est
pas nécessairement assuré contre le risque de collision. Si on
prend les gens qui sont assurés pour la collision et les gens qui ne
sont pas assurés pour la collision et qu'on fait une moyenne, la prime
moyenne était le chiffre que j'ai cité.
Mme Payette: II y a une différence entre l'assuré
moyen et la moyenne de la prime.
M. Viau: Oui.
Mme Payette: Merci.
M. Roy: On peut dire que les deux avaient raison dans les
chiffres qu'ils nous ont fournis.
M. Viau: Je n'ai pas dit que Mme le ministre avait tort.
M. Roy: Et Mme le ministre n'a pas dit que vous aviez tort non
plus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
sur une question que j'avais posée cet avant-midi. Je disais: Je m'en
vais en Ontario, j'ai un accident et je suis responsable de cet accident. On me
poursuit pour une somme de $200 000. Vous m'avez dit: C'est inclus dans la loi.
Je le savais, mais voici ce que je voulais vous demander? Peut-être
s'est-on mal compris. Selon les articles 75 et 76, cette prime va être
chargée par les assureurs privés; alors, c'est du dommage
corporel qui va être inclus dans une police d'assurance chez les
assureurs privés. Ce que je voulais savoir de vous c'est: Ne croyez-vous
pas que cela devrait être inclus dans le régime étatique
plutôt?
M. Viau: Je vois mal comment on pourrait l'établir parce
qu'on parle d'un système avec res- ponsabilité qui s'applique
dans la plupart des provinces du Canada, je dirais dans toutes les provinces du
Canada et dans bon nombre d'États, aux États-Unis. Lorsqu'on
parle de responsabilité, ce n'est pas la même règle du jeu.
Alors ça doit être l'entreprise privée à ce moment
qui le fait.
Là-dessus, on ne peut pas ne pas être d'accord pour autant
que nous soyons concernés, nous, les courtiers. Ce qu'on avait
prétendu, c'est que le montant qui avait été
suggéré au début, de $10 000, soit porté à
$50 000, dans certaines situations, ce montant peut être insuffisant pour
les gens du Québec. Je ne parle pas des gens qui vont à
l'extérieur, parce que les règles du jeu de la province
s'appliquent.
M. Fontaine: Pouvez-vous nous dire combien il va en coûter
pour couvrir cette responsabilité en particulier?
M. Viau: Non, nous n'avons pas de chiffre à cet
égard.
M. Fontaine: Merci. En tant que professionnels de l'assurance
vous rendez nécessairement, tel que vous l'avez décrit dans votre
mémoire, de nombreux services parfois gratuits aux clients. On sait que
vous donnez des renseignements et que ce n'est pas calculé dans vos
primes. La loi 67 vous écarte du domaine de l'assurance automobile
concernant les dommages corporels et vous avez dit ce matin que vous
étiez prêts à continuer à jouer ce rôle.
Est-ce que cela voudrait dire que vous ne seriez pas favorables que ce soit,
tel que cela a été annoncé, le personnel des caisses
populaires qui fasse ce travail?
M. Viau: Ce que nous avons dit ce matin, et lors d'autres
rencontres, c'est que nous faisons une offre de services pour la partie de la
régie, aussi bien sur l'aspect de la distribution, de la vente ou
appelez cela comme vous voulez, cette première partie, et aussi bien sur
les services que nous pourrions rendre à la suite d'un accident pour le
cheminement de la demande d'indemnité de la victime. C'est clairement
établi que nous faisons une offre de services, que les courtiers
pourraient rendre ces services.
M. Fontaine: Vous êtes également prêts
à faire l'émission des plaques d'immatriculation?
M. Viau: Nous pensons que nous pourrions au moins émettre
les certificats d'attestation de responsabilité qui doivent parvenir aux
personnes voulues. Pour ce qui est des plaques, semble-t-il qu'il y aurait des
modalités à vérifier; nous ne pouvons pas dire non
d'emblée parce que nous ne connaissons pas toutes les modalités
possibles. On ne retourne pas du revers de la main une possibilité
d'émettre les plaques.
M. Fontaine: Pourriez-vous expliciter les objections que vous
auriez quant au système proposé avec les caisses populaires?
M.Viau: Nous n'avons pas d'objection contre les caisses
populaires en tant que telles.
M. Fontaine: Peut-être en ce qui concerne la formation du
personnel.
M. Viau: Nous sommes des professionnels de l'assurance. Je tiens
à le répéter. Je pense que nos services sont grandement
appréciés par nos assurés, notre clientèle; nous
avons fait nos preuves dans le passé. Nous sommes portés à
croire que, lorsqu'un assuré a un accident il faut être de
l'autre côté de la clôture et regarder ce qu'a l'air un
assuré qui a un accident, il est vraiment désemparé
il lui faut quelqu'un qui a l'habitude de transiger avec de telles choses.
Avec l'expertise que nous avons, les connaissances que nous avons, la
disponibilité que nous avons au point de vue de l'accessibilité,
nous sommes répartis à travers la province, je crois que nous
pourrions facilement faire ce travail.
M. Goulet: Advenant le cas où la loi resterait telle
quelle, ça implique que vos bureaux de courtiers vont être
diminués. Est-ce que vous avez fait des études sur les
conséquences économiques de cela?
M. Viau: L'association des courtiers, je tiens à le
répéter, n'a pas à défendre les
intérêts économiques des courtiers. On est ici pour
défendre les intérêts du public consommateur d'assurances;
il y a un autre groupement qui s'occupe des intérêts
économiques des courtiers, ce n'est pas notre rôle.
M. Goulet: Vous n'avez pas d'études faites
là-dessus?
M. Viau: On n'a pas fait d'études en tant qu'association
des courtiers.
M. Goulet: À la page 11 du mémoire, vous parlez du
fonds d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile. Vous avez des
réticences quant aux montants, à savoir $45 000 pour les dommages
corporels et $5000 pour les dommages matériels. Pourquoi avez-vous ces
réticences et qu'est-ce que vous proposez?
M. Viau: Si on constate que dans le fonds d'indemnisation, il y a
un montant de $50 000, le montant de $45 000 serait prioritaire pour les
dommages corporels. Par exemple, si une personne qui ne serait pas
assurée endommagerait votre maison, il se pourrait que $5000 soient
vraiment insuffisants. On ne parle pas nécessairement d'autres
véhicules. Avec le prix des automobiles aujourd'hui, $5000 n'est
peut-être pas un montant suffisant, mais ça couvre une bonne part
des responsabilités possibles. Si on parle de faire dérailler un
train, on peut imaginer jusqu'à demain matin des pertes possibles qui
seraient au-delà de $5000.
Par conséquent, on n'a pas de solutions mira- cles à ce
problème, mais on soulève au moins le danger des $5000 qui
pourraient être bas.
M. Goulet: Qu'est-ce que vous voyez comme chiffre qui serait
acceptable pour vous?
M. Viau: On n'a pas d'études malheureusement, comme je
vous l'ai dit; on n'a pas de chiffres magiques. On avait mentionné que
le montant de $10 000 suggéré au livre bleu n'était pas
suffisant et le législateur a jugé bon d'augmenter cette limite.
Il y aurait peut-être lieu d'augmenter à $50 000 pour les dommages
matériels possibles, pour le fonds d'indemnisation.
M. Fontaine: Vous laissez le législateur se
débrouiller?
M. Viau: Nous avons l'impression qu'il a l'expérience
nécessaire pour le faire.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez fait des études pour
nous dire quel serait le pourcentage des gens qui ne se conformeraient pas
à la loi, même si l'assurance est obligatoire?
M. Viau: Nous n'avons pas d'étude précise.
J'hésite depuis midi à citer des chiffres. Nous n'avons pas
d'étude précise. Dans les États où il y a
l'assurance obligatoire, selon certaines sources de renseignements, on
évalue à 5% ou 6% les personnes qui tenteraient de contourner la
loi et qui, semble-t-il, y réussiraient. Encore là, c'est une
estimation.
M. Fontaine: Est-ce que vous savez quel montant cela pourrait
représenter pour le fonds d'indemnisation, par année?
M. Viau: Nous n'avons pas d'étude à cet effet. On
me dit que dans l'État de New-York, où l'assurance est
obligatoire, on aurait un chiffre d'environ 9% à 10% de personnes qui ne
se conforment pas à la loi et qui sont capables de ne pas s'assurer.
M. Fontaine: Vous dites 10% et, actuellement, le nombre de
véhicules non assurés serait de 20%?
M. Viau: Selon certains chiffres que nous avons eus, ce serait
d'environ 20%. Mais encore là, si vous le permettez, M. le
Président, tout dépend de la façon dont le contrôle
de cette assurance serait fait. Tantôt, je vous mentionnais que le
courtier pourrait facilement servir de trait d'union en vérifiant le
certificat ou l'attestation d'assurance de dommages matériels.
M. Fontaine: Ce contrôle, est-ce que vous croyez qu'il est
suffisant dans la loi 67 proposée, par l'émission des caisses
populaires?
M. Viau: La pratique avec les caisses populaires, je ne pourrais
pas m'y avancer plus qu'il faut.
Je peux répondre pour l'association des courtiers. Je peux vous
assurer qu'avec les courtiers eux-mêmes, le contrôle se ferait
très professionnellement, toujours dans l'intérêt du
public.
M. Fontaine: Merci. À la page 12 de votre mémoire,
on a discuté cet avant-midi de la question du financement, on parlait de
l'universalité du financement. Je veux juste apporter une remarque au
ministre pour lui dire que dans le cas de l'universalité du financement,
par exemple, au niveau de la taxe scolaire, il n'y a pas que les gens qui ont
des enfants à l'école qui paient les taxes scolaires.
Toute la population est appelée à payer ces
taxes-là. Je ne vois pas pourquoi... Il y aurait peut-être une
étude à faire pour savoir si le régime actuel pourrait
également être financé de façon universelle. C'est
tout simplement une remarque que je voulais faire. Maintenant, dans cette
même page, au bas, il y a deux questions importantes auxquelles le
ministre n'a pas répondu. Je ne sais pas si elle a l'intention de le
faire, mais il s'agit de savoir si l'automobiliste qui gare son véhicule
pendant la saison d'hiver se verra accorder une remise pour la portion du
financement du régime comprise dans le coût des plaques
d'immatriculation. Je pense que c'est une question importante parce qu'il y a
beaucoup de personnes qui garent leur véhicule pendant l'hiver. Il
faudrait savoir ce qui va arriver dans leur cas. Est-ce qu'on va leur donner
une remise sur le montant qu'ils auront payé et comment va se faire
cette remise s'il y a lieu?
Mme Payette: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à répondre à la question du député quoique
ce ne soit peut-être pas l'endroit pour le faire. Je le fais pour
information. Les études que nous faisons actuellement nous permettent de
penser que, si un citoyen, effectivement, rapporte ses plaques, il pourra avoir
droit à une remise sur l'assurance-automobile. C'est le seul moyen, me
semble-t-il, de contrôler qu'un véhicule est immobilisé
pendant une période de temps.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: Et à la question suivante, si l'assuré
vend son véhicule?
Mme Payette: Même chose, M. le député.
M. Fontaine: II rapporte ses plaques, mais il ne peut pas les
transférer sur un autre véhicule?
Mme Payette: Quand il y a une vente de voiture qui se fait, on
rapporte les plaques.
M. Fontaine: À la page 18 de votre mémoire, M.
Viau, on parle de statistiques sur le coût supplémentaire de
l'assurance au Québec à cause de notre climat, de notre
façon de vivre. Pourriez-vous expliciter cela? Vous avez peut-être
des statistiques? Vous dites que cela coûterait plus cher au
Québec.
M. Viau: On revient aux chiffres de tantôt. C'était
en guise de conclusion de choses que nous avions déjà
mentionnées au début du mémoire et, si je suis
obligé de reprendre les mêmes chiffres, on va recommencer les
mêmes discussions. Ce qu'on mentionne, c'est qu'il n'y a pas de
parallèle en Amérique du Nord comparativement avec le
régime proposé. On n'est peut-être pas obligé
d'avoir des parallèles non plus, mais il faut regarder un peu comment on
circule dans notre Québec et considérer que ces gens circulent
à l'extérieur de la province ou du Québec et voir les
implications que cela pourrait apporter.
M. Fontaine: C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'ai l'intention de me limiter
à quelques questions, mais touchant le principe même. On a
discuté beaucoup des modalités qu'il y a dans la loi quant
à la façon dont les victimes pourront être
indemnisées et le montant proprement dit de l'indemnisation. Je pense
que dans tel ou tel régime d'assurance, ces choses peuvent être
discutées et discutables. Le point sur lequel je veux en venir, c'est le
principe même de la loi, concernant la création d'une régie
d'État qui vise à faire en sorte de créer un monopole pour
l'administration du secteur de l'assurance qui couvre les questions de dommages
corporels. Or, j'aimerais savoir, du côté de l'entreprise
privée, si la population du Québec est en face d'un
quasi-monopole on ne parlera pas de monopole, parce que tout le monde
sait qu'il y a plusieurs compagnies d'assurances ou s'il y a une
concordance véritable au niveau des compagnies d'assurances?
M. Viau: M. le Président, je crois qu'il y a une
concurrence véritable. C'est assez fréquent de voir des courtiers
perdre des risques et d'aller en chercher d'autres dans l'assurance automobile,
et les primes peuvent varier pour un même risque assez
considérablement d'un assureur à l'autre. Oui, il y a de la
concurrence.
M. Roy: Quand vous dites que les primes peuvent varier, elles
peuvent varier de combien environ? Est-ce que vous êtes en mesure de nous
donner un ordre de grandeur?
M. Viau: Cela peut varier de 10% à 15%.
M. Roy: Cela peut varier de 10% à 15%. Est-ce que
l'assurance automobile actuellement est assumée majoritairement par des
compagnies québécoises ou si vous avez encore des compagnies
américaines? Est-ce que vous avez des statistiques quant aux compagnies
canadiennes, québécoises ou américaines?
M. Viau: Toujours selon les statistiques des assureurs ou de
certaines revues de l'industrie de
l'assurance, on évalue à environ 35% le marché
automobile souscrit par les assureurs québécois.
M. Roy: 35%. Ce qui veut dire qu'il y a 65% de l'assurance
automobile qui est souscrite par des assureurs étrangers, et
vis-à-vis...
M. Viau: Étrangers ou canadiens... M.Roy:
Canadiens, je dis étrangers.
M. Viau: Ce n'est pas le but. J'ai l'impression qu'on me fait
dire des choses.
M. Roy: C'est pour dire que cela change avec le temps, parce que
les mots n'ont même plus la même signification. Quand je parlais
d'étrangers, je parlais d'étrangers au Québec, mais pas
dans le sens péjoratif. Je veux être bien clair
là-dessus.
Puisqu'il n'y a pas de monopole dans le secteur privé de
l'assurance automobile, est-ce que vous croyez qu'il serait possible pour
l'entreprise privée d'administrer je ne discuterai pas en
détail la loi proposée par le ministre concernant le mode de
fonctionnement de la loi et les montants qui sont prévus pour les fins
d'indemnisation, en partant du moment où on accepterait, en supposant
qu'on accepterait les mêmes modalités d'application et qu'on
accepterait les mêmes barèmes d'indemnisation, est-ce que
l'entreprise privée serait en mesure d'offrir la même chose qu'on
veut faire faire actuellement par le régie d'État?
M. Viau: M. le Président, nous sommes portés
à croire que oui, à la condition que l'on donne au gouvernement,
par le truchement du service des assurances et de son surintendant, les
pouvoirs nécessaires pour contrôler ces assureurs.
M. Roy: Ce qui veut dire qu'actuellement vous n'avez pas les
pouvoirs de le faire.
M. Viau: M. le Président, quand vous dites nous, ce n'est
pas nous qui fabriquons le produit; ce sont les assureurs qui fabriquent le
produit et on ne voudrait pas se substituer au service des assurances.
M. Roy: Ce qui veut dire, en somme, qu'il faudrait
évidemment que des amendements soient faits dans les lois existantes et
que des obligations soient faites à l'endroit des assureurs pour
tâcher de procéder à la modernisation, à la
bonification, en quelque sorte, du régime d'assurance automobile. Pour
ce qui a trait à la partie suivante, c'est entendu que cela concerne
surtout les assureurs comme tels. Je pense que votre longue expérience
dans le secteur vous permettrait quand même d'éclairer la
commission à ce sujet-là. Est-ce que le pourcentage du volume des
affaires ou la partie qui sera ou qui serait transférée à
la régie peut apporter une diminution sensible des frais
d'administration des assureurs privés? Effectivement, je pense que vous
devrez émettre quand même, et cela va de soi, des polices
d'assurance, ouvrir des dossiers quand même et maintenir tout le
système actuel au point de vue de l'administration. Cela pourrait
diminuer les frais d'administration actuellement. Est-ce que cela peut, selon
votre expérience et je vais essayer d'être plus clair
diminuer les frais d'administration des compagnies privées, ce
qui pourrait compenser pour les frais d'administration auxquels devra
obligatoirement faire face la régie d'État?
M. Viau: M. le Président, nous sommes portés
à croire que non. Cela ne baissera pas les frais d'administration dans
la même proportion que les frais d'administration que nous vivrons
à la régie. Les assureurs ont à émettre un contrat
présentement et ils le font à un coût d'administration qui
peut peut-être être amélioré, qui peut non seulement
peut-être, mais obligatoirement, nécessairement être
amélioré. Il faut se rappeler que présentement, quand les
assureurs émettent un contrat d'assurance, que cela comprenne les
dommages corporels ou que cela ne comprenne pas les dommages corporels, les
émissions de contrats sont sensiblement la même chose. Lors d'un
sinistre, là, il y a d'autres faits qui entrent en ligne de compte si on
garantit les dommages corporels ou si on ne les garantit pas. C'est la partie
des assureurs. Pour ce qui est des courtiers, les frais ne seront pas
diminués si les dommages corporels sont garantis par l'État.
M. Roy: En somme, je ne veux pas vous faire dire des choses, mais
vous en venez à la conclusion quand même que, du fait qu'on double
l'administration par la création d'un système parallèle au
point de vue administratif dans l'assurance automobile et selon votre
expérience de courtier, vous ne pouvez pas garantir aux membres de la
commission qu'il y aura effectivement diminution proportionnelle du coût
de la nouvelle régie.
M. Viau: On ne peut pas garantir, M. le Président, qu'il y
aura une diminution proportionnelle.
M. Roy: Et c'est même à peu près
impossible.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, je
demanderais, encore une fois, à l'assistance de ne pas manifester
étant donné que les travaux de la commission doivent se faire
dans le calme et le silence. À ce moment-là, je demanderais
à l'assistance de ne manifester d'aucune façon.
M. Roy: J'aimerais revenir un peu sur les chiffres auxquels le
ministre a fait allusion tout à l'heure. On a parlé d'une prime
de $238, il s'agit d'une prime de responsabilité civile, si j'ai bien
compris, qui inclut dommages à autrui, dommages matériels,
dommages corporels.
Mme Payette: Les dommages corporels seraient plutôt sous le
chapitre B, du moins ce qu'il en existe dans les contrats d'assurance
actuels.
M. Roy: Oui, mais au chapitre B, on a aussi parlé de
$10.
Mme Payette: C'est cela.
M. Roy: Puis vous parlez de $105, je comprends qu'on ne parle pas
de la même chose.
Mme Payette: Je m'excuse, on compare des pommes et des
oranges.
M. Roy: Non, mais pour revenir sur une note très
sérieuse, A plus B...
Une voix: Ah! mon Dieu, le Crédit social.
M. Roy: Cela s'en vient!
A plus B: $238 responsabilité civile, plus $10, en somme cela
fait $248. Lorsqu'on a parlé de la partie C, tout à l'heure, on a
parlé des dommages collision pour le dommage au véhicule du
propriétaire. En somme, les $149 ne sont aucunement concernés en
ce qui regarde les dommages matériels à autrui.
J'aimerais qu'on me dise si on est en mesure de le faire, ici en
commission parlementaire, en prenant les chiffres que nous a fournis le
ministre tout à l'heure qui concernent, en quelque sorte, une couverture
complète d'assurance parce que je pense que la majorité des
assurés au Québec paye un montant inférieur à ce
montant du fait qu'ils n'ont pas pris la couverture complète, ce qui
rejoint un peu les chiffres qui ont été fournis par
l'association, ce matin. De combien pourrait être diminuée cette
prime de $397, à partir du moment où les compagnies
privées ne sont plus tenues d'assumer la responsabilité pour les
dommages corporels? On a parlé de 30% ce matin. Est-ce 30% sur la prime
totale ou 30% sur la partie responsabilité civile?
M. Viau: Encore une fois, M. le Président, sur la question
des chiffres, nous avons pris nos informations des assureurs nous ne
sommes pas des statisticiens et on l'évalue à environ 30%
de la prime totale. Si vous établissez votre prime totale à $388
et nous maintenons que ce n'est pas un chiffre exact parce que ce n'est
pas la prime moyenne au Québec quant à la moyenne, on en a
cité une tantôt, ce sont les chiffres que nous avons c'est
évident qu'on arriverait aux chiffres qui sont proposés par Mme
le ministre. Nous maintenons nos chiffres, en ce qui nous concerne, les
chiffres que nous avions tantôt.
M. Roy: Je voulais quand même, M. le Président, avec
votre permission, faire le parallèle, parce que je pense que ce qui est
important pour la population du Québec, c'est de savoir combien cela va
coûter et de savoir si les améliorations qu'on veut apporter dans
le régime d'assurance automobile, dans ce secteur, va corriger au moins
un peu la première préoccupation qu'ont les assurés au
Québec en ce qui a trait au coût de leur assurance automobile. Si
je prends les chiffres les plus élevés qui nous ont
été soumis à la commission ce matin, soit la prime qu'on
pourrait considérer à peu près comme la prime qui concerne
la couverture idéale, au point de vue du véhicule, au point de
vue de l'assurance automobile qui est de $397, si je fais un parallèle
de 30%, cela donne $120. Si la régie gouvernementale impose $105 plus
les $15 au permis de conduire, cela fait exactement $120 et je prends les
chiffres les plus élevés, donc il n'y a pas de diminution.
M. Viau: M. le Président, à cette question je
rappelle que même et je vais dans le même sens que vous,
monsieur en prenant les chiffres les plus élevés qui
seraient la protection idéale, et ce n'est pas ce que la moyenne des
Québécois souscrit en assurance automobile, même en allant
là on voit qu'il n'y a pas de diminution du coût. Ce qui est un
problème présentement au Québec, c'est le coût
d'assurance.
M. Roy: D'assurance automobile. J'aimerais vous demander
et ma question pourrait peut-être également s'adresser à
l'honorable ministre parce que je pense que ce serait quand même
important d'éclairer les membres de la commission, suivant les
réponses que vous avez fournies aux membres de la commission aux
questions qui ont été posées par mes collègues,
à l'effet que les courtiers seraient prêts à mettre sur le
marché, advenant le cas où la loi serait adoptée, à
offrir aux assurés l'assurance de la régie.
Qu'arrive-t-il dans le cas où une ou des caisses populaires dans
une région parmi les caisses, sont beaucoup plus nombreuses
celles qui étaient tout à fait contre refuseraient? C'est
quand même une décision. Si on en juge par la Loi des caisses
d'épargne et de crédit, si on regarde l'administration, la
gestion des caisses populaires comme telles, l'autorité suprême
dans une caisse populaire c'est son conseil d'administration, à moins
qu'on leur impose une tutelle.
Mme le ministre est-elle en mesure de nous dire, dans le cas où
on trouverait dans une région des caisses populaires où on ne
voudrait pas émettre la police d'assurance ou les plaques comme on
semble vouloir leur demander, si le gouvernement prendra les mesures qui
s'imposent pour que les courtiers qui sont effectivement en place ou d'autres
puissent s'occuper de ce secteur et fassent en sorte que la population puisse
avoir ce service le plus près possible de chez elle?
Mme Payette: Encore une fois, je vais essayer de répondre
à la question. On pose une hypothèse qui, pour l'instant, ne se
présente pas. Ce que j'ai comme information aujourd'hui, au moment
où on se parle, c'est qu'il y a au-delà de 600 caisses qui,
après consultations avec leur base, ont accepté d'émettre
des plaques d'immatriculation au Québec. On nous assure que cette
consultation n'est pas terminée et, jusqu'au moment où les
plaques seront émises, il y aura probablement un certain nombre de
caisses qui viendront s'ajouter à ces 600. Comme, en plus, tous les
bureaux émetteurs ne disparaissent pas non plus en même temps, on
retrouvera un certain nombre de bureaux qui continueront d'exister, si bien
qu'on aura un bien meilleur service au Québec que ce qu'on connais-
sait par le passé. Pour l'instant, c'est la réponse que je
puis vous donner.
M. Roy: Lorsque vous parlez des caisses populaires, j'ai ici une
lettre du 1er septembre 1977, signée par M. René Croteau, de la
Fédération de Québec des caisses populaires Desjardins.
"On peut dégager de cette consultation les constatations suivantes: 888
caisses sur 1244 ont répondu à notre questionnaire, soit 71%". Je
regarde le tableau ici, le tableau no 1. Sont tout à fait en faveur
seulement 13% des caisses populaires dans leur ensemble et sont tout à
fait contre 35% des caisses populaires. Je prends les chiffres qu'on m'a
fournis et c'est un document officiel.
Mme Payette: Quelle date?
M. Roy: 1er septembre. Il est encore chaud.
Mme Payette: Cela va encore mieux depuis.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, je
demande encore une fois à l'assistance sa collaboration étant
donné que vous ne devez, en aucune façon, manifester. Je devrai
suspendre les travaux de la commission si cela se répète à
l'avenir. Nous étudierons peut-être la possibilité de
retourner au local de ce matin.
M. Roy: Sur ce point, je compte bien sur la collaboration du
public. J'étais consentent, ce matin, à ce qu'on vienne ici mais
je peux vous dire, M. le Président, que vous n'auriez pas mon accord
pour qu'on retourne là-bas. J'aurais deux dernières
questions.
M. Bisaillon: M. le Président, une question de
règlement.
Il y a des claques qui sont trop faciles. Quand on demande au public de
ne pas intervenir, c'est que des deux côtés de cette table il y a
des gens qui sont intéressés à comprendre ce qui nous est
présenté. Il faudrait que chacun soit conscient que la loi pourra
être bonifiée pour autant que chacun et tous les membres de la
commission parlementaire seront tenus au courant et sensibilisés au
problème. Ce n'est pas l'Opposition qui va nous sensibiliser, mais
beaucoup plus le dialogue et la compréhension.
M. Lalonde: M. le Président, sur la même question.
Cela me fait plaisir de voir le député de Sainte-Marie être
tout à coup sensible au silence de l'audience. J'aimerais joindre ma
voix à celle du député de Beauce-Sud, à savoir que
je n'ai pas du tout apprécié vos remarques presque
menaçantes de retourner à la salle 81-A.
Vous avez obtenu notre consentement d'emblée, enthousiaste de
venir ici et jamais nous ne voulons être complices de cette menace de
retourner là-bas. Nous voulons que tous les intéressés
puissent trouver place ici, tout en participant à votre désir que
les travaux se déroulent de façon ordonnée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous ferais remarquer que la dernière partie de
mon intervention aurait pu être prise comme une boutade.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
Peut-être y a-t-il un aspect qui échappe au public qui est
ici, que vous n'avez pas signalé. Dans notre règlement, il est
justement indiqué que le public ne manifeste ni pour ni contre et c'est
pour cette raison d'ailleurs que vous demandez au public de ne pas manifester.
C'est bon de le rappeler, je ne sais pas le numéro de l'article.
M. Paquette: Le président intervenait continuellement pour
rappeler le public à l'ordre. Même quand c'était favorable
au parti ministériel.
Le Président (M. Boucher): Cela étant dit, M. le
député de Beauce-Sud, vous avez la parole.
M. Roy: Merci. J'aimerais poser une question relativement
à votre rapport, concernant une remarque formulée à la
page 13. Pour une bonne compréhension, je vais lire le paragraphe:
"Comme intermédiaires, il ne nous appartient pas de commenter un titre
qui ne s'adresse uniquement qu'aux assureurs. Toutefois, notre
expérience de praticien nous indique que certaines contraintes
imposées à ceux-ci, notamment à l'article 156, pourraient
entraîner le retrait possible de certains d'entre eux du marché
local. Il faut se rappeler que les assureurs qui souscrivent à
l'assurance automobile souscrivent généralement aussi à
tous les autres genres d'assurances. Les marchés disponibles au
Québec, comme d'ailleurs au Canada, ne présentent pas une
quantité telle que l'on puisse se permettre le luxe d'inciter les
sociétés d'assurances exerçant au Québec de se
retirer".
J'aimerais avoir plus de précisions là-dessus, à
savoir quelles seraient les conséquences, par exemple, si les
sociétés d'assurances étrangères décidaient
de se retirer. Est-ce qu'il y aurait des conséquences pour les
compagnies d'assurances existantes? Est-ce qu'elles seraient capables de
prendre la place et offrir le même service à la population? Je
pense que la commission parlementaire, en ce qui me concerne, en tout cas,
aurait besoin d'un peu plus d'explications là-dessus.
M. Viau: Si vous permettez, M. le Président, je
demanderais à M. Grégoire de répondre à cette
question.
Le Président (M. Boucher): M. Grégoire.
M. Grégoire (Jean): M. le Président, ce que nous
avons voulu exprimer ici, on le dit relativement clairement, c'est qu'il n'est
pas de notre ressort à titre d'intermédiaires
particulièrement attachés aux intérêts des
assurés de venir ici pour défendre la position des assureurs.
C'est strictement dans la mesure où ça pourra influencer le
bien-
être des assurés qu'on a cru bon de vous faire cette
remarque en espérant qu'on pourrait vous la faire avant la parution des
assureurs. Il est arrivé dans plusieurs États, dans plusieurs
provinces du Canada, dans plusieurs pays, en fait, que les assureurs qui y
traitent sont des assureurs qui traitent partout au monde.
Ici, nous avons une position relativement privilégiée.
Vous avez, par exemple, notre président l'a cité tantôt,
35% du volume d'assurance automobile souscrit par des compagnies
essentiellement québécoises. Cela ne se retrouve nulle part
ailleurs au Canada. Néanmoins, ces compagnies ne sont pas en mesure, ni
financièrement, ni en capacité d'aucune sorte, de souscrire au
reste du volume d'assurance, parce qu'elles ont des contraintes imposées
par leurs réassureurs qui, presque sans exception, sont tous
étrangers.
Ce qu'on veut simplement éviter, c'est de trop... On ne sait pas
quoi, on n'est pas sûr que ça va influencer à ce
point-là, on veut simplement faire une mise en garde en disant:
Attention! 13 compagnies d'assurances ont déjà quitté le
Canada et le Québec depuis deux ans. On ne voudrait pas que d'autres
quittent; en fait, on voudrait en inviter à se réinstaller. Parce
qu'à part l'assurance automobile, vous savez, il y a des besoins
d'assurance qui dépassent largement le cadre de l'assurance automobile
et où le public a besoin de tous les assureurs pour combler les montants
créés qui sont nécessaires aujourd'hui et qui sont, dans
une large part, créés par l'inflation elle-même.
Le bâtiment de $50 000 d'il y a trois ou quatre ans, il n'est plus
question de $100 000 aujourd'hui, c'est $140 000 et $150 000, alors, il faut du
marché pour ça et le marché est aussi fort que ces
réassureurs. Tout ce qu'on veut, c'est dire simplement qu'on ne veut pas
que certaines compagnies ou certains groupements de compagnies enlèvent,
pour employer une de mes phrases favorites, l'aiguille de la carte du
Québec.
Il faut se rappeler que le Québécois, en
général, commercial, industriel, la petite entreprise et tout, a
besoin de tous les assureurs sur lesquels on peut mettre la patte pour
satisfaire aux besoins du marché. Ce n'est qu'une mise en garde.
M. Roy: En somme, si j'ai bien compris, vous voulez dire que les
compagnies québécoises actuellement n'ont pas la structure
financière...
M. Grégoire (Jean): Non, pas du tout.
M. Roy: ... la structure de capitalisation pour être en
mesure d'assumer cette partie du marché qui leur sera accordée
forcément par le départ des autres.
Vous avez parlé de treize compagnies d'assurances qui ont
quitté le Québec depuis deux ans.
M. Grégoire (Jean): C'est pour le Canada tout entier, pas
seulement pour le Québec.
M. Roy: Pour l'ensemble canadien. Est-ce que le départ de
ces compagnies, à votre connais- sance, a pu influer sur le taux des
primes d'assurance?
M. Grégoire (Jean): Non, pas nécessairement; je ne
le pense pas.
M. Viau: Pas à ce point, M. le Président.
M. Grégoire (Jean): C'est l'accès aux
marchés que cela dérange. C'est le privilège si on
peut appeler cela un privilège de pouvoir s'assurer à la
pleine valeur de ses actifs qui est influencé, pas nécessairement
le coût qui varie selon l'expérience technique des assureurs.
M. Roy: Je n'ai pas d'autres questions, M. le Président.
Je veux vous remercier d'avoir répondu; je veux vous féliciter
pour votre mémoire. Je terminerai, cependant, par une remarque à
votre endroit, M. le Président vous pourrez la transmettre
à l'honorable ministre, parce que je suis censé m'adresser
toujours à la présidence et à l'endroit des membres
de la commission.
Le rapport Gauvin, même si j'ai été un de ceux qui
l'ont contesté assez durement, comportait quand même des
recommandations. Il s'était penché assez longuement sur
l'urgence, l'importance et la nécessité de la diminution des
primes d'assurance automobile au Québec. Je pense qu'il faut quand
même être assez honnête pour admettre que cela a
été l'une des plus grandes préoccupations du rapport
Gauvin, un de ses objectifs.
Je signalerai à l'intention des membres de la commission la
dernière recommandation, parce qu'il y en avait 60: "Que, si les
réformes et les mesures ci-dessus ne sont pas intégralement
adoptées et suivies, l'administration du régime soit
confiée à une régie d'État". C'était
seulement à partir du moment où l'entreprise privée ne
serait pas en mesure, elle, d'assumer ses responsabilités et d'offrir
aux Québécois un régime d'assurance qui leur convient. On
a parlé d'une régie d'État seulement à ce niveau et
en aucun moment et d'aucune façon la commission Gauvin n'a
proposé deux régimes parallèles, un pour les dommages
matériels et un autre pour les dommages corporels. En aucun moment on
n'a proposé une double administration, puisque la commission Gauvin a
effectivement fait énormément de recommandations pour diminuer
les frais d'administration.
J'aimerais bien qu'on prenne bonne note de cela. Il y a au moins cet
aspect du rapport Gauvin avec lequel j'étais entièrement d'accord
dans le temps et avec lequel je suis entièrement d'accord
aujourd'hui.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, quant à moi, j'ai
quelques questions et deux ou trois commentaires sur le mémoire
présenté par l'association.
Ma première question s'adresse à l'association comme
groupe. À deux reprises dans votre mémoire, en page 6 lorsque
vous parlez des pou-
voirs discrétionnaires et en page 12 lorsque vous parlez du
financement, vous souhaitez voir des améliorations, une révision
quasiment totale et vous vous adressez au législateur pour cela. Comme
c'est à ce stade-ci que cela doit normalement se faire, c'est au moment
de la commission parlementaire qu'on doit recevoir l'ensemble des suggestions
que les groupes veulent nous faire pour bonifier les lois, par rapport aux
pouvoirs discrétionnaires, qu'est-ce que vous avez de concret à
nous suggérer? Vous dites tout simplement dans votre mémoire:
"Nous croyons donc que tous ces pouvoirs accordés à la
régie devraient faire l'objet d'une sérieuse révision de
la part du législateur". Moi, ce qui m'intéresse, ce n'est pas
uniquement de vous entendre dire que cela devrait faire l'objet de
révisions; c'est de savoir dans quel sens vous souhaiteriez ces
révisions.
M. Viau: Nous avons suggéré, à la page 16 de
notre mémoire, que ces règlements qui touchent ces pouvoirs,
particulièrement à l'article 176, fassent l'objet d'une
commission parlementaire permanente pour étudier la question. C'est
là notre suggestion. Nous n'avons pas de propositions fermes à
faire pour tel pouvoir discrétionnaire plutôt que tel autre
pouvoir discrétionnaire.
M. Bisaillon: M. le Président, la réponse
m'amène à faire tout de suite une remarque que je voulais faire
sur votre suggestion à la page 16.
Quant à moi, c'est une suggestion qui devrait normalement
être retenue non seulement pour ce projet de loi, et je m'étonne
que vous adaptiez cette recommandation seulement au projet de loi sur
l'assurance automobile, mais cela devrait se faire sur l'ensemble des lois. On
sait que la majorité de nos lois fait l'objet d'une
réglementation qui est souvent plus importante que les lois. C'est dans
le cadre d'une réforme parlementaire plus complète et je
pense qu'il y a des gens qui partagent mon avis, de l'autre côté
de la chambre que les règlements qui découlent des lois
devraient être étudiés en commission parlementaire
conforme. Je suis d'accord avec cette position, mais cela ne m'explique pas non
plus et cela ne réglerait pas le problème que vous soulevez en
page 12. Là aussi vous proposez une révision complète,
mais vous ne nous apportez aucune orientation quant à ce que vous
voudriez que ce soit. "Nous recommandons très fortement de revoir et de
réviser le mode de financement proposé afin que
s'établisse etc.." Qu'est-ce que vous auriez à suggérer?
C'est beau de dire qu'il faudrait que ce soit révisé, mais vous,
dans quel sens voudriez-vous que ce soit révisé?
M. Viau: M. le Président, si on ne parle plus des pouvoirs
discrétionnaires, mais si on parle de réviser le mode de
financement pour qu'il y ait universalité, nous en avons
déjà suggéré quant au financement sur
l'impôt, c'était une façon, pour ce qui est des
étrangers, avec une taxe sur l'essence, ce sont les modes qu'on
suggérait, au moins d'étudier plus profondément et
peut-être, là aussi, qu'on en parle à une commission
parlementaire. Je ne connais pas tous les mécanismes du gouvernement,
mais je voyais très bien que cela pouvait se faire.
M. Bisaillon: Toujours en page 6 de votre mémoire, vous
proposez un certain nombre de choses. Vous avez fait, par exemple, des
remarques quant au fait que le régime était magnanime et que les
coûts engendrés par l'application du régime, en particulier
pour ce qui est des indemnisations quant aux dommages corporels, seraient quand
même assez importants. Mais par ailleurs, en page 6, vous voudriez voir
ajouter des coûts. Quand vous parlez de la réhabilitation, vous
voudriez que la régie n'ait pas la possibilité d'embarquer dans
le champ de la réhabilitation, mais vous voulez lui en faire une
obligation. Avez-vous, à ce niveau-là, tenté de faire une
évaluation des coûts additionnels que cela représente au
projet? Et je vais ajouter en même temps une autre de vos
recommandations. À l'article 17 du projet de loi, vous voudriez qu'on
couvre aussi toute la partie des motoneiges et des tracteurs. Vous nous avez
souligné ce matin que c'était presque 300 000 personnes. Ces deux
aspects que vous voudriez voir ajouter comme couverture au projet de loi,
compte tenu du fait que vous nous avez déjà passé des
remarques quant au coût total du régime, avez-vous fait des
évaluations sur ce que représenteraient ces améliorations
au projet de loi?
M. Viau: Je vais commencer par votre dernier point, pour ce qui
est des motoneiges. C'est évident que, s'ils faisaient partie du
régime, ils auraient une prime à débourser ou ils
devraient contribuer au financement. Je ne demande pas que ce soit gratuit pour
les propriétaires de moto-neige, pas plus que nous aurions la
prétention de demander que ce soit gratuit pour les automobilistes. Il
faudrait qu'ils contribuent au financement s'ils font partie du régime.
À ce moment-là, les coûts pourraient être
évalués en conséquence, selon le risque encouru par la
régie.
Pour ce qui est de votre premier point, particulièrement à
l'article 47, nous n'avons pas l'impression que c'est un coût mais
plutôt un investissement que la régie ferait. D'une part,
simplement au point de vue psychologique, inciter au retour au travail et faire
les dépenses nécessaires pour réhabiliter.
Évidemment c'est une question purement économique; si on
réhabilite la personne le plus rapidement possible, elle retournera au
travail et la régie cessera de lui verser des indemnités.
M. Bisaillon: À une question du député de
Beauce-Sud ou du député de Nicolet-Yamaska, vous avez
donné l'exemple de l'État de New York quant au respect de la loi.
Savez-vous quels sont les modes de contrôle? Pouvez-vous nous dire quels
sont les modes de contrôle qui sont appliqués dans l'État
de New York?
M. Viau: Non.
M. Bisaillon: Pour comparer il faut qu'on puisse...
M. Viau: Nous ne connaissons pas les modalités.
M. Bisaillon: Est-ce que, selon vous, le mode de contrôle
qui est prévu dans le projet de loi pour vérifier si le citoyen
est assuré est suffisant?
M. Viau: Nous sommes portés à croire qu'il n'est
pas ou qu'il peut devenir insuffisant ou pas suffisant pour contrôler ce
certificat ou cette attestation d'assurance.
M. Bisaillon: Est-ce que je pourrais vous demander pourquoi et
comment vous procéderiez?
M. Viau: Si je me rappelle bien, je ne me souviens pas de
l'article exact où on en fait état, mais on demande une
attestation de la part de l'assuré. Si l'assuré cesse de
s'assurer, quelles que soient les raisons, on voit, à la suite de cette
déclaration certains problèmes. Comment le faire? En ayant un
meilleur contrôle lors de l'émission de la plaque ou lors du
certificat d'assurance. Nous voyons comment le faire. Je reviens encore
à dire que nous, les courtiers, on est habilités à le
faire.
M. Bisaillon: J'ai compris ce que vous voulez dire, pour vous,
par un meilleur contrôle. Je pense que cela a été clair. On
a posé une question sur les monopoles; cette question m'a amené
une réflexion et je voudrais que vous me renseigniez sur cet aspect. Il
y a une pratique qui existe de la part des assureurs qui oblige souvent les
citoyens à assurer, lorsqu'ils veulent assurer leur automobile
actuellement, en même temps, leur mobilier. Je pense que dans votre
milieu on appelle cela le "package deal". Forcément, le courtier, au
moment où il reçoit le citoyen, est obligé de l'amener
à assurer son mobilier a la même compagnie où il assure son
automobile. Cette façon de procéder avec laquelle les courtiers
ont fonctionné jusqu'à maintenant, est-ce que cela ne constitue
pas jusqu'à un certain point un type de monopole? Deuxièmement,
est-ce que cela constitue une bonne protection des assurés, puisque cela
peut nous empêcher de faire ce qu'on appelle au niveau de l'assurance un
certain marchandage ou magasinage, si vous aimez mieux?
M. Viau: Cette politique était faite par plusieurs
assureurs; de là à dire que c'étaient tous les assureurs
qui le faisaient, non, ce n'est pas exact. Plusieurs assureurs l'ont fait,
lorsque certaines compagnies d'assurances se sont retirées du
marché. Les assureurs, voulant un peu sélectionner leurs risques,
se sont servis, et je pense ne pas me tromper, de cette forme de chantage,
cette forme de sélection de risque, et contre laquelle les courtiers se
sont très violemment opposés. Vous comprendrez qu'un courtier
transige avec un certain nombre d'assureurs pour placer les risques de ses
assurés. Lorsque de telles conditions sont faites, nous ne croyons pas
que c'est pour le bien-être des assurés. Nous nous sommes toujours
élevés contre cette façon de faire.
M. Bisaillon: Quand vous dites que les courtiers se sont
violemment opposés, est-ce que c'est par le biais de l'association des
courtiers?
M. Viau: Oui, monsieur.
M. Bisaillon: Qu'est-ce que cela a produit comme résultat?
Quelle a été la réception de la part des compagnies
d'assurance face aux représentations de l'association des courtiers?
M. Viau: M. le Président, cela a donné comme
résultat que le conseiller juridique du Bureau d'assurance du Canada a
écrit une lettre aux assureurs leur demandant d'arrêter de faire
de telles choses, parce que, semble-t-il, ce n'était pas plaisant pour
les assurés et le public.
M. Bisaillon: Est-ce qu'effectivement cette pratique est
arrêtée maintenant?
M. Viau: À ma connaissance, oui. Remarquez qu'il y a
certainement je ne dis pas certainement, le mot n'est pas juste
il y a peut-être des assureurs qui le feront encore, mais de façon
générale, aussi répandu que cela ne l'était il y a
deux ou trois ans, non, on ne connaît pas les mêmes
problèmes que nous connaissions à ce moment.
M. Bisaillon: M. le Président, une dernière
question. À plusieurs reprises, vous avez fait des offres de services.
Est-ce que vous pourriez apprécier la différence des coûts
que représenteraient de tels services donnés, fournis par les
courtiers, par rapport à ceux que pourraient fournir d'autres
organismes? On a parlé des caisses populaires, mais on pourrait parler
d'autres organismes ou d'autres intermédiaires.
M. Viau: M. le Président, nous n'avons pas l'expertise
nécessaire pour vous donner ces chiffres pour le moment.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, ce sera très bref,
parce qu'on a posé beaucoup de questions que je voulais poser. Je
reviens à la page 3 du mémoire où on parle de coûts
qui risquent d'être prohibitifs, d'indemnités, de primes qui
risquent d'être prohibitives, à cause de l'élimination
totale du droit de recours. D'abord, je pense qu'il faudrait s'entendre pour
être bien sûr qu'on parle de la même chose, parce que la loi,
vous allez le reconnaître, prévoit des droits de recours à
la population face au régime d'État.
Il y a une première décision qui va être prise au
niveau des fonctionnaires de la régie et, ensuite, appel au sein de la
régie et finalement appel à la Commission des affaires sociales.
Évidem-
ment, à ces étapes, rien n'empêche une personne de
se faire aider d'un avocat ou de services juridiques. Maintenant, c'est un
droit de recours, évidemment, contre celui qui est responsable du
régime, c'est-à-dire le gouvernement. Vous parlez, si j'ai bien
compris, je pense que c'est bien cela, d'après vos signes de tête,
de l'élimination totale du droit de recours contre les tiers donc, j'en
conclus que vous voulez un "no fault" partiel, est-ce que c'est bien cela, de
quelle nature serait-il exactement?
M. Viau: C'est ce que nous suggérons dans une
première étape, pour le moins. Nous suggérions, dans notre
mémoire, de procéder par un "no fault" par paliers,
établir un palier au point de départ, et d'étudier les
coûts et les modalités et de voir où est-ce qu'on s'en va
avec un système semblable, plutôt que d'y aller à fond de
train et d'adopter une indemnisation sans égard à la
responsabilité entière, comme c'est suggéré
présentement.
M. Paquette: Comment fonctionne ce système par paliers?
Est-ce un seuil au-delà duquel la responsabilité joue quant
à la valeur de la réclamation totale?
M. Viau: C'est exact.
M. Paquette: C'est bien cela. Alors, ne pensez-vous pas qu'avec
un tel régime, cela mettrait une certaine pression à tout le
monde de prendre une protection supplémentaire au cas où un
automobiliste heurterait un riche? Ne pensez-vous pas qu'il y a des
difficultés de ce côté?
M. Viau: M. le Président, je crois qu'il faudrait faire
des chiffres à cet effet, nous n'avons pas... encore là, nous ne
sommes pas...
M. Paquette: Non, je veux dire, sur le plan psychologique.
Personnellement, je...
M. Viau: Oui, il faudrait prendre des...
M. Paquette: Je suis couvert par le régime d'État,
mais je sais qu'au-delà d'un certain montant, quelqu'un est susceptible
de revenir contre moi si je suis responsable d'un accident, parce que c'est un
"no fault" partiel.
M. Viau: Oui, mais M. ...
M. Paquette: Alors, oui, c'est vrai, on me suggère cet
exemple: Je peux heurter M. Bronfman, admettons qu'il ait pris une police
d'assurance plus élevée; alors, je vais quasiment être
forcé, psychologiquement, de prendre une police
supplémentaire.
M. Viau: Ou de cesser de boire ses produits.
Nous remarquons que dans le projet, il y a déjà un montant
de $50 000, ce qui dépasse quand même de $15 000 le montant
souscrit minimum par les assurés actuellement. Si la loi était
ainsi faite qu'un montant de $100 000 ou de $200 000 était
suggéré, je crois que les assureurs avec le risque possible
d'au-delà du palier, le tout pourrait être calculé pour
l'excédent du palier en question. Encore là, ce sont des
statistiques que je laisse aux assureurs.
M. Paquette: Maintenant, ce que je ne comprends pas, c'est que
vous dites que l'élimination totale, tout droit de recours, au sens
où on vient de s'entendre, est donc l'absence d'un tel système
par paliers ou d'un "no fault" au moins partiel, entraînerait des
coûts prohibitifs. Est-ce que vous pourriez développer davantage
cela et nous dire comment vous en arrivez à une telle conclusion?
M. Viau: Oui, M. le Président, si vous le permettez, M.
Grégoire (Jean) va répondre à cette partie de
question.
M. Grégoire (Jean): Oui, parce que cette phase-là
ne peut pas se séparer. C'est l'ensemble. Ce qu'on veut faire ressortir
ici, c'est l'expérience que nous avons vécue jusqu'à
maintenant, par exemple, dans l'assurance-santé, ou l'assurance-maladie,
selon comment on veut l'appeler, personnellement je préfère le
mot "assurance-santé". Quand vous établissez un certain
degré, et cela c'est purement notre expérience de praticien
doublé de l'expérience qu'ont vécue tous les autres
régimes du même genre, de la même nature, que cela s'appelle
Loi des accidents du travail, que cela s'appelle coût de
l'assurance-maladie, que cela s'appelle "no fault", de 38 façons
différentes aux États-Unis dans le moment, quand vous
établissez cette gratuité d'une largesse aussi grande que
celle-là, c'est-à-dire que je le fasse moi-même ou que je
le fasse faire par un intermédiaire, j'ai seulement à remplir une
formule et faire une attestation assez simpliste d'un dommage corporel
quelconque, vous allez avoir plus de gens qui vont percevoir des sommes, c'est
sûr, et de plus grandes sommes qui sont perçues en vertu d'un
régime où la personne doit rechercher la responsabilité
civile d'un tiers. C'est normal.
C'est pour cela qu'on se demande et on n'est pas sûr
si on a évalué, et de quelle façon peut-on le faire, la
différence des indemnités qui seront nécessairement
payées en vertu d'un système comme celui-là qui risque
d'être fort coûteux. Je ne parle pas seulement des coûts
directs, je veux dire les plaques, les permis, la police d'assurance, etc.,
mais de tous les coûts indirects d'assurance excédentaire, de
démarches personnelles, de création de lignes de personnes qui
attendent pour se faire indemniser pour des choses pour lesquelles elles
n'auraient pas réclamé autrement. C'est tout ce qu'on voulait
faire ressortir.
M. Paquette: Si je comprends bien, quand vous parlez de
coûts qui risquent d'être prohibitifs, ce n'est pas tellement au
"no fault" en soi que vous vous en prenez, mais à l'existence d'une
régie d'État. Je ne vois pas en quoi en soi le "no
fault" pourrait nous amener une augmentation de coûts.
M. Viau: Nous croyons que tout ceci fait un tout. M.
Grégoire citait tantôt, M. le Président, la Régie de
l'assurance-maladie. Si on regarde les taux qui prévalent maintenant de
1,5%, comparativement à 0,8%, j'appelle cela une augmentation de pas
loin de 100%. On ne voudrait pas que le nouveau régime tombe dans des
augmentations de tarification de cette nature. C'est une mise en garde que nous
faisons présentement.
M. Paquette: Par contre, il y a aussi l'inverse; c'est que la
Régie de l'assurance-maladie remet un pourcentage plus grand des fonds
perçus que les anciennes compagnies privées; 80% dans le cas de
la régie publique, 60% dans le cas des compagnies privées...
M. Viau: Nous n'avons pas de chiffres à cet effet.
M. Paquette: ... en ce qui concerne l'assurance-maladie. C'est
tout, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, le porte-parole de
l'association des courtiers a indiqué, je crois, au départ, que
l'un des principaux objectifs de l'association, c'était de surveiller
les intérêts du public consommateur d'assurances au Québec.
Est-ce que j'ai bien interprété?
Partant de ce fait, si c'est là l'un des objectifs fondamentaux,
on peut être en droit de s'attendre que l'Association des courtiers
d'assurances du Québec examine toutes les avenues possibles de
régimes d'assurance entre lesquels on pourrait choisir, de
manière à représenter le mieux les intérêts
des automobilistes consommateurs; parlons d'automobilistes puisque nous
discutons d'assurance automobile. De ce fait, est-ce que cette surveillance du
meilleur intérêt du consommateur de l'automobiliste vous a
amenés, compte tenu des dispositions du régime qui nous est
proposé dans la loi 67, à déterminer quel serait le
coût réel, de façon globale, sur une base annuelle, du
régime proposé en matière d'indemnisation des blessures
corporelles?
M. Viau: M. le Président, la réponse est assez
simple: Non. Nous n'avons pas fait de statistiques à cet effet.
M. Giasson: Je vous avoue que votre réponse me
surprend.
M. Viau: Je dois encore répéter que, si j'ai bien
compris votre question, monsieur, nous ne faisons pas de statistiques ou, pour
prendre le terme anglais, de "costing", de tarification. Nous ne fabriquons pas
le produit; nous sommes l'intermédiaire entre l'assuré et
l'assureur. Nous n'avons pas fait de coûts globaux pour établir le
coût d'un régime proposé.
M. Giasson: Vous êtes l'intermédiaire entre
l'assuré et l'assureur, ce qui est exact, mais vous sentez-vous cette
responsabilité ou ce mandat de demeurer l'intermédiaire qui
surveille les intérêts de l'assuré entre lui et le nouvel
assureur que constitue la nouvelle régie d'État?
M. Viau: M. le Président, c'est ce que nous tentons de
faire en demandant au législateur de voir à ce que le courtier
ait sa place dans cette nouvelle régie. Quant au coût global, on
n'a pas fait de chiffres. On peut défendre les intérêts du
public autrement que sur le coût même. Présentement, si le
courtier fait l'évaluation d'une police offerte par un assureur
donné comparativement à une autre police d'un autre assureur
à un coût donné, il tente de donner le meilleur produit
avec le meilleur service, au meilleur coût possible. Mais là on
parle d'un assureur: la régie. Si les courtiers d'assurances peuvent
faire partie de ce système, continuer d'être un
intermédiaire, je pense que ce sera une bonne chose pour
l'assuré.
M. Giasson: Avez-vous fait des études assez approfondies
face à ce régime proposé, qui est assez nouveau dans sa
forme et dans sa structure, par rapport à d'autres régimes
possibles? Oublions ce que nous avons présentement, c'est assez connu
des courtiers et du public. La commission Gauvin a fait des propositions
à la suite d'un travail très poussé, des recherches
menées pendant des mois et des années. Il y a également le
BAC qui a apporté des dimensions différentes et variées.
D'autres ont pensé qu'on pouvait peut-être faire face à un
nouveau régime en donnant la possibilité aux citoyens de
procéder par la formule coopérative, c'est-à-dire
être propriétaires de leur régime.
Face à toutes ces hypothèses, et tenant compte de ce qui
est présenté dans la loi 67, peut-on croire que ce qui nous est
présenté, parmi toutes les autres hypothèses, serait ce
que vous jugez le plus à point, serait les aspirations que vous auriez
comme association à l'endroit des besoins des automobilistes quant
à la forme d'indemnisation à laquelle ils auraient droit?
M. Viau: Nous avons déjà mentionné que le
présent projet de loi répond à une bonne part des
aspirations de l'association des courtiers. Nous avons cependant
mentionné qu'il y aurait des modifications sérieuses à
faire à plusieurs articles de ce projet de loi. Ce que nous
suggérons j'y reviens est une indemnisation sans
égard à la responsabilité, à un certain niveau,
transigée par le secteur privé, par les assureurs actuels. On ne
voit pas comment on pourrait sauver des coûts en rendant le régime
étatique.
M. Giasson: Vous avez fait allusion aux dispositions qu'on
retrouve à l'article 17 touchant la motoneige et le tracteur de ferme.
Au-delà de cela,
j'aimerais avoir votre interprétation du contenu de cet article
par rapport à certains cas lors d'événements ou
d'accidents qui pourraient se produire. On fait allusion, au chapitre A, au
fait que l'indemnisation ne s'appliquerait pas, au présent titre, dans
le cas d'un dommage causé lorsque l'automobile n'est pas en mouvement
dans un chemin public par un appareil susceptible de fonctionnement
indépendant qui y est incorporé ou par l'usage d'un tel appareil.
Comment dois-je interpréter cela dans un cas patent? Sans doute, des
personnes ici présentes ont pu vivre des expériences de ce genre
dans le cas d'un accident qui provoquerait des blessures corporelles comme, par
exemple, au moment où un camion est arrêté, lorsqu'il est
en train de basculer sa charge, de "dumper", comme on dit couramment;
l'appareil qui soulève la boîte se brise, provoque un renversement
et vous avez des personnes blessées. Le camion n'est pas en mouvement,
il est stationnaire et vous avez des personnes blessées. Est-ce que cela
serait couvert par la régie publique ou si la victime ou ses
réclamants devrait procéder par une forme de réclamation
en vertu du système traditionnel en matière de
responsabilité?
M. Viau: À nouveau, je demanderais à M.
Grégoire de répondre, par ses commentaires, à cette
question.
M. Grégoire (Jean): Je dois admettre que la
rédaction entière de l'article 17, dans sa forme actuelle, nous
laisse un peu perplexe. Je ne veux pas dire que c'est parce qu'elle est
ambiguë qu'elle nous laisse perplexes. Vous avez raison, la situation que
vous venez de mentionner peut causer un problème grave; c'est pourquoi
nous avons suggéré de réétudier l'article 17 en son
entier et particulièrement l'article 17b. Nous parlons évidemment
comme courtiers d'assurances et nous ne voulons pas que le bonhomme soit assis
entre deux fauteuils. Il pourrait, d'une part, peut-être avoir
accès à l'indemnité parce que ce n'est pas le
régime d'assurance automobile établi par le projet de loi qui
enlève le droit de recours, c'est le droit à l'indemnisation qui
enlève le droit de recours. Donc, il faut d'abord qu'on détermine
si la victime a droit à l'indemnisation. Si on prend bien du temps pour
faire cela, autrement dit si on prend un an et un jour, la victime se retrouve,
non seulement sans compensation, mais sans aucun droit de recours.
Ce n'est pas impossible, dans le texte actuel et avec les pouvoirs qui
sont donnés à la régie, que ça prenne un an et
demi, tout en accordant des prestations temporaires à la victime qui ne
sont pas redevables à la régie, si par hasard elle est
déclarée non éligible à recevoir les prestations.
Ce sont ces ambiguïtés que nous aimerions voir nettoyées
dans la loi. Je vous avoue, personnellement, que nous nous sommes
attardés plusieurs soirées sur l'article 17. Peut-être que
c'est la fatigue, mais on a beaucoup de difficultés à essayer
d'assimiler toutes les situations qui pourraient être
créées et qui pourraient mettre la victime éventuelle dans
un embarras pas mal délicat.
M. Giasson: II peut survenir d'autres événements
au-delà de l'exemple qu'on vient de donner. Je suppose que vous
êtes au volant de votre véhicule, vous circulez à une
vitesse très raisonnable; subitement, vous voyez arriver un enfant qui
sort entre deux véhicules ou autrement. Vous freinez, vous immobilisez
votre véhicule et l'enfant n'arrête pas sa course et vient se
blesser sur votre véhicule. Ce sont des choses qu'on voit
occasionnellement. Cela n'est pas couvert?
M. Viau: L'enfant qui se blesserait, dans une situation
semblable, serait protégé selon le projet de loi.
M. Giasson: Mais le véhicule n'est pas en mouvement sur le
chemin public au moment de l'impact.
M. Bisaillon: II arrête parce qu'il est en mouvement.
M. Giasson: Au moment de l'impact, il n'est pas en mouvement.
Vous avez également le phénomène des remorques qui peuvent
circuler sur les chemins privés, des remorques industrielles qui servent
sur les chemins privés des entreprises forestières, qui ne sont
pas des chemins publics et qui pourraient causer des accidents à des
travailleurs qui doivent circuler sur ces mêmes chemins privés.
Là encore, on peut conclure que la régie ne serait pas
appelée à payer l'indemnisation. Il faudrait que le
propriétaire de ces remorques trouve une façon d'assurer sa
responsabilité, puisque le droit de recours demeure, étant
donné que la régie n'a pas à donner suite à la
réclamation en vertu du paragraphe b) de l'article 17.
De quelle façon le propriétaire de véhicule va-t-il
pouvoir, à l'avenir, se protéger vis-à-vis d'une
responsabilité qui peut demeurer? Est-ce qu'on va avoir un type de
contrat d'assurance nouveau qui va apparaître suite aux dispositions de
cet article, s'il n'est pas modifié, de manière à assurer
une certaine sécurité à celui qui veut protéger son
patrimoine ou ses biens?
M. Viau: M. le Président, il est évident qu'un
nouveau contrat d'assurance devra être établi et avec
l'assentiment, nous croyons, du surintendant des assurances du Québec
pour pallier le manque et le non-désir du législateur dans la
loi. Il va falloir que le nouveau contrat d'assurance prenne soin des cas qui
ne sont pas inclus dans la régie d'État.
M. Giasson: J'avais d'autres questions, mais les intervenants qui
m'ont précédé ont demandé la lumière pour
avoir les suggestions pratiques de l'association au-delà de commentaires
qu'elle a faits dans son mémoire, disant qu'elle n'accepte pas
totalement la situation telle que proposée. J'avais également des
questions concernant la mise en marché du nouveau régime. Comme
vous l'avez signalé, nous devrons adresser cette question, normalement,
à la fédération des courtiers, puisqu'ils ont comme
première responsabilité la
défense des intérêts des courtiers, ce qui
diffère passablement des buts premiers que vous poursuivez comme
association. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Premièrement, je
voudrais poser des questions comme personne intéressée au
coût d'une assurance automobile.
Si j'ai le choix entre le système d'assurance automobile actuel
ou ce qui pourrait être présenté par le gouvernement, avec
les coûts que vous connaissez maintenant, est-ce que cela va être
moins dispendieux pour moi, avec deux automobiles à la maison, d'acheter
une assurance de vous, avec le système actuel, ou si cela va me
coûter plus d'argent avec le système qui est prévu par le
gouvernement?
M. Viau: Nous sommes portés à croire que cela
coûterait meilleur marché avec une automobile; avec deux vous
êtes chanceux. Cela vous coûterait encore meilleur marché.
Nous sommes portés à croire que oui, avec le régime
actuel, cela vous coûterait meilleur marché qu'avec le
régime proposé.
Mme Payette: Pour une meilleure couverture.
M. Shaw: Alors, la question de coût n'est pas
démontrable dans ce projet de loi. À votre point de vue, la
question de diminution de coût d'assurance automobile n'est pas
prévue dans ce projet de loi?
M. Viau: Non, pas suffisamment à notre goût, M. le
Président.
M. Shaw: Deuxièmement, la question de disponibilité
de l'assurance. C'est une autre raison que le gouvernement suggère pour
une assurance d'État. Si nous avons, au Québec, une assurance
automobile obligatoire, est-ce que les compagnies d'assurances privées
sont prêtes à accepter toutes les demandes d'assurance?
M. Viau: M. le Président, si le projet de loi est
accepté, elles n'auront pas le choix. Il va falloir qu'elles trouvent un
centre de distribution quelconque. Quelle sera la formule? Nous sommes
portés à croire que cela se fera entre la régie et les
assureurs, avec leur corporation des assureurs. Les assureurs devront fournir
une assurance à qui en aura besoin, selon le projet de loi.
M. Shaw: Je parle de toutes les demandes. Au lieu d'avoir une
assurance comme prévu, le gouvernement demande à tous les
conducteurs de véhicule au Québec d'avoir une assurance
automobile obligatoire. Est-ce que les compagnies privées sont
prêtes à accepter ce mandat? Autrement, le gouvernement a raison.
S'il n'y a pas d'assurance, je suis prêt à accepter que certaines
personnes doivent payer un montant plus élevé que les autres,
à cause de leur expérience de conduite. Mais une raison que le
gouvernement donne pour une assurance d'État, c'est qu'il y a des gens
qui n'ont pas les moyens d'avoir une assurance automobile.
M. Viau: M. le Président, quelle sera la réaction
des assureurs à la demande faite, entre autres, à l'article 152?
On ne peut pas répondre pour les assureurs, malheureusement. Les
assureurs qui décideront de rester et de faire affaires au
Québec, automatiquement, accepteront d'offrir un marché. Ceux qui
penseront aller voguer sous de meilleurs cieux partiront dans ce sens.
M. Shaw: J'ai posé la question parce que je voudrais
savoir, selon votre expérience et vos expertises, si cela va être
moins cher pour les Québécois d'être assurés, si
nous avons un système d'assurance automobile obligatoire plutôt
qu'un système étatique.
M. Viau: Nous sommes portés à croire que oui, M. le
Président.
M. Shaw: J'ai une autre question, parce que cela implique
beaucoup de choses. J'ai vécu l'expérience des longues
périodes de réclamation à la suite d'accidents
d'automobile. Prévoyez-vous que l'État peut être plus vite
à régler certains problèmes, même avec nos fonds, de
déclarer un montant d'indemnité? Est-ce que vous pensez que
l'État est aussi efficace pour en arriver à un montant?
M. Viau: Quand vous parlez de l'État, on va exclure
l'Assemblée nationale, si vous le voulez bien. Non. Nous ne croyons pas
qu'un régime étatique serait plus efficace sur ce plan qu'un
régime privé, ne serait-ce qu'apporter l'argument de la
concurrence qui force, du moins les courtiers et certains assureurs à
bouger plus rapidement.
Qu'il y ait des délais présentement sous le régime
actuel, nous en sommes très conscients. De là à dire que
c'est la faute des assureurs seuls, je pense qu'il y a d'autres personnes
intéressées dans ce système-là. Il faudrait
peut-être leur demander d'aller un peu plus vite. Nous sommes toujours
portés à croire que l'assureur pourrait faire le travail plus
rapidement.
Mme Payette: Excusez-moi, une question pour renseignement.
À qui faut-il demander d'aller plus vite si ce n'est pas la faute des
assureurs?
M. Viau: Si on parle des tribunaux entre autres, on parle
toujours de dommages corporels je crois; je ne veux pas être hors du
sujet, je ne sais pas quels mots employer, mais on connaît les lenteurs
de nos tribunaux. Je comprends que c'est parfois nécessaire, mais ce
n'est pas l'assureur. L'assureur n'a pas toujours avantage, contrairement
à ce que certains ont prétendu, à retarder le paiement des
réclamations.
M. Shaw: Avec les compagnies privées, nous avons
maintenant des systèmes de "no fault". Si nous avons un système
"no fault" appliqué au secteur privé, nous pouvons éviter
ces problèmes des tribunaux.
M. Viau: Je pense que ce serait là une façon de
procéder. C'est ce que nous avons mentionné tantôt.
M. Shaw: Si on peut réclamer tout ce dont nous avons
parlé premièrement, cela va coûter plus cher d'avoir une
assurance d'État. Ce ne sera pas plus disponible parce qu'on a un projet
de loi qui oblige tout le monde à avoir une assurance automobile. Dans
le secteur privé, ce sera disponible. Alors, cette raison n'est pas
valable. Troisièmement, on peut démontrer que les compagnies
privées sont aussi efficaces qu'un système d'État,
n'importe quand. Pour quelles raisons adopterions-nous ce projet de loi?
Le Président (M. Boucher): Avez-vous terminé? Il
n'y a pas d'autres intervenants? M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voudrais faire appel à la conscience
sociale de l'association. Je sais qu'elle existe, même si cela peut en
surprendre quelques-uns qui vous ont considérés, jusqu'à
maintenant, comme étant simplement ici pour défendre vos vils
intérêts pécuniaires. Je vais vous faire la suggestion
suivante. Je fais référence à l'article 25 du projet de
loi. Prenons une personne de 65 ans qui est en parfaite santé, qui est
à son propre compte et qui peut certainement prévoir une
période active, productrice de revenus tirés d'un emploi ou d'un
travail à son propre compte, revenus qui peuvent être importants
ou enfin qui sont certainement importants pour cette personne, bien
après qu'elle aura atteint l'âge de 70 ans. Cette personne devient
impotente à la suite d'un accident d'automobile causé par un
jeune qui était sous l'influence de l'alcool ou d'autres produits. Cette
jeune personne-là devient, elle aussi, impotente à la suite de
cet accident. En vertu de l'article 25 et des autres articles du projet de loi
vous me corrigerez si je fais erreur; j'ai tenté de trouver la
vérité dans le projet de loi cette jeune personne recevra
une rente jusqu'à sa mort, alors que la personne de 65 ans ne recevra
cette compensation que jusqu'à l'âge de 70 ans. Pouvez-vous me
prouver la justice sociale dans cette proposition?
M. Viau: Je voudrais rappeler à M. le député
que nous n'avons pas rédigé le projet de loi.
M. Lalonde: Je comprends fort bien que vous vous en
défendiez.
M. Viau: Cependant, je vais répondre par l'autre
argumentation que nous avions mentionnée ce matin. On la retrouve
à la page 7. Cette personne, si elle recevait une indemnité de la
régie, se verrait automatiquement non admissible à la
Régie des rentes du Québec. Nous croyons que c'est là un
manque de justice sociale.
Ces personnes, il faut qu'on y voie. Je pense que ce ne serait pas juste
de leur enlever ces montants qu'ils ont mis de côté. Quant
à votre première question, non, je ne trouve pas cela juste
qu'une personne qui a atteint l'âge de 70 ans ne reçoive plus ces
montants.
M. Lalonde: Simplement parce qu'elle a été victime
d'un accident à l'âge de 65 ans...
M. Viau: C'est cela.
M. Lalonde:... alors que, si elle avait été victime
d'un accident à 64 ans, elle pourrait l'avoir jusqu'à l'âge
de 90 ans. Je vous pose la question un peu à titre d'expert, non pas
comme association de courtiers, mais comme ayant une connaissance en
matière d'assurance automobile et ayant une conscience sociale,
c'est-à-dire étant conscient des effets sociaux des
décisions qui doivent être prises, soit par vous-même, soit
par les gouvernements.
M. Viau: II est évident que si on regarde ce cas
socialement, on trouve cela un peu malheureux de voir que la personne qui avait
causé l'accident, même si on tombe dans un régime de
non-responsabilité, puisse obtenir des indemnités quand la
victime ne pourrait pas en recevoir. Je pense que c'est là
qu'étaient nos suggestions de réévaluer cette
question.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. M. Viau, vous
nous avez dit que vous êtes mandataire des assurés et que ce sont
les intérêts des assurés que vous défendez et que
vous soutenez. On peut en conclure que vous n'êtes pas les
émissaires des assureurs et que vous n'êtes pas venus
défendre les intérêts des assureurs. N'est-ce pas
juste?
M. Viau: C'est très juste.
M. de Bellefeuille: Bon. Je voudrais revenir à une
expression que vous avez employée ce matin je m'excuse de ma voix
qui disparaît vous avez parlé d'ombres au tableau.
D'ailleurs, votre expression, nous l'avons entendue diversement du
côté ministériel, quand il s'agissait de vos rapports
précisément avec les assureurs. Si j'ai bien compris, vous avez
dit qu'il y a des ombres au tableau, et vous avez ajouté, je crois,
"comme tout le monde le sait". À la suite de la conversation, il y a eu
des allusions à certaines choses qui sont peut-être certaines
ombres au tableau dans vos relations avec les assureurs, par exemple la
question des frais d'administration des compagnies d'assurance. Est-ce que ce
serait une ombre?
M. Viau: Non, monsieur. Si on parle d'ombres au tableau, je peux
reciter nos relations, qu'on ci-
tait tantôt, quant aux exigences de certains assureurs pour avoir
le portefeuille complet des assurances d'un assuré donné. Nous
croyons que ce sont des ombres sérieuses au tableau dans nos
relations.
M. de Bellefeuille: C'est exactement le point suivant que
j'allais relever, puisqu'il en a été question. C'est une ombre?
Est-ce que vous pourriez nous identifier quelques autres ombres? On est ici
pour s'expliquer, enfin...
M. Viau: Les ombres qu'il y a au tableau ne sont pas
nécessairement des ombres associations versus le Bureau d'assurances du
Canada. Ce sont plutôt des ombres de cabinets de courtage individuels,
tout ce que nous sommes ici en avant et dans la salle plusieurs, que nous avons
chacun dans la pratique avec les assureurs, entre autres sur les
différentes conditions de contrat, les différentes relations avec
certains services de ces assureurs. Il y a des ombres au tableau. D'autre part,
il ne faudrait pas tracer un tableau si noir qu'on pense que c'est non vivable.
On est habitué de naviguer à travers tout cela. Cela fait partie
du jeu. Remarquez qu'on aimerait bien que ces ombres disparaissent, ou du
moins, une bonne partie.
M. de Bellefeuille: Ce sont des réponses qui me paraissent
satisfaisantes sûrement. Je voudrais seulement ajouter une
dernière question. Dans quelle mesure les assureurs
établissent-ils avec les courtiers des relations dans lesquelles ils les
considèrent comme des conseillers ou des consultants?
M. Viau: Si vous parlez en tant que groupement d'assureurs et
groupement de courtiers, très rarement, monsieur.
M. de Bellefeuille: Est-ce que cela vous paraît normal ou
est-ce que vous n'auriez pas tendance à le déplorer un peu?
M. Viau: Nous le déplorons.
M. de Bellefeuille: C'est une autre ombre?
M. Viau: C'est évidemment une autre ombre.
M. de Bellefeuille: Je vous remercie beaucoup monsieur. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Quelques courtes questions. Toujours au sujet
de l'article 17, on a bien de la difficulté à comprendre. Vous
avez eu, du moins, de la difficulté à le comprendre; moi aussi,
je l'avoue humblement. Alors, qu'est-ce qui arrive? Si, personnellement, j'ai
une automobile, je vais, par exemple, chez un cultivateur acheter des
légumes. Alors, je suis sur son terrain, à un moment
donné, j'ai un accident avec son tracteur, un accident grave. Si je
comprends bien, je ne suis pas couvert par le régime d'État,
est-ce l'interprétation que vous donnez à cet article 17,
paragraphe b)?
M. Viau: Je pense qu'il faut prendre l'article dans l'ensemble.
Encore là, pour au moins la troisième fois aujourd'hui je me sens
obligé de défendre le projet, je n'aime pas cela. On dit si le
dommage est causé lorsque l'automobile n'est pas en mouvement et
je pense qu'il faut prendre l'autre partie par un appareil, c'est
lorsque le dommage est causé par un appareil susceptible... Je pense
qu'il faut prendre l'article dans l'ensemble, c'est l'interprétation que
nous donnons à cet article-là. Est-ce qu'elle est bonne? Ce
serait à vérifier.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, on s'est mal entendu. Je parlais
du deuxième paragraphe.
M. Viau: Deuxième paragraphe, excusez-moi. Alors si un
accident est causé par une motoneige en dehors du chemin public avec un
véhicule, la régie, du moins c'est notre interprétation,
ne paierait pas.
M. Saint-Germain: ... d'une voiture, d'un particulier, je vous ai
donné comme exemple une voiture qui frappe un tracteur, le régime
ne couvrirait pas cet accident.
M. Viau: Oui, les exemples, M. le Président, qu'on peut
citer avec une motoneige parce qu'il y a quand même plus de
motoneiges que de tracteurs si, en garant votre automobile dans votre
entrée de cour, vous frappez une motoneige qui circule, d'après
notre interprétation de cet article, vous ne seriez pas
protégé.
M. Saint-Germain: C'est dire que comme les propriétaires
de voiture seront nécessairement obligés d'avoir une assurance
qui les couvrira regardant cet article, en particulier s'ils veulent avoir une
protection, j'entends le contrat privé...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que vous me
permettez?
Mme Payette: M. le Président, si vous me permettez,
j'aimerais apporter une correction, parce que là il s'engage un
débat qui passe à côté complètement. Quand il
s'agit d'une automobile, c'est toujours couvert. Lorsqu'il s'agit d'un tracteur
isolé, nous pensons, jusqu'à preuve du contraire, que cela
relève de la Commission des accidents du travail. Là on peut
discuter mais, enfin, c'est notre évaluation, à nous. En ce qui
concerne la prescription, pour éviter qu'il y ait un débat et
qu'on en parle pendant des heures, nous serions disposés à
envisager peut-être l'introduction d'un élément
d'interruption de la prescription quand on s'adresse à la régie.
Alors le temps ne jouerait plus jusqu'à ce qu'il y ait
éventuellement un jugement.
M. Saint-Germain: Si je comprends bien, madame, c'est que, si une
automobile est impliquée
dans une collision par un tracteur sur une propriété
privée, l'automobiliste est couvert.
Mme Payette: C'est exact!
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il est couvert?
Mme Payette: C'est exact!
M. Lalonde: Un instant, M. le Président, si vous me
permettez, on n'est pas ici pour donner des avis juridiques, mais il faudrait
quand même lire le paragraphe b) comme il faut. On dit: Si l'accident est
survenu en dehors d'un chemin public et qu'il a été causé
par une motoneige, si l'automobiliste est responsable. Cela change
l'application de l'article 17b, il me semble. Si c'est causé par une
motoneige, à ce moment-là, cela présume que les
motoneigistes devront avoir chacun une assurance. Cela présume que tout
le secteur des motoneiges devra faire l'objet d'assurance en vertu du secteur
privé.
M. Viau: C'est notre...
M. Lalonde: Y compris les tracteurs de ferme à moins que
ce soit couvert par la Loi des accidents du travail.
M. Viau: Pour ce qui concerne les motoneiges, c'est notre
interprétation qu'ils devront se protéger et qu'ils ne sont pas
inclus dans le régime.
Mme Payette: La motoneige continue de nous apparaître comme
un moyen de loisir.
M. Lalonde: Pas partout! Les Inuit, ce n'est pas cela qu'ils
pensent.
Mme Payette: Ils viendront nous le dire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, sur un autre sujet. On dit,
dans la loi, qu'on garde le système de responsabilité, quant aux
dommages matériels. D'accord? Mais, on parle également, à
l'article 155, de l'établissement d'un barème de circonstances
d'accident pour le partage de la responsabilité du propriétaire
de chaque automobile impliquée. Je me demande comment, en pratique, vous
voyez l'application... En fait comment pourrais-je être indemnisé
lorsque j'aurai un accident d'automobile où il y aura seulement, par
exemple, des dommages matériels? Est-ce que je m'adresserai à mon
assureur qui m'indemnisera selon une grille de responsabilité
préétablie? Le cas échéant, est-ce que cela ne veut
pas dire, à toutes fins pratiques, qu'il n'y a pas de
responsabilité?
M. Viau: Je ne crois pas que l'article doive être
interprété comme un "no fault"; je crois qu'il doit être
interprété par le fait que votre assureur, dans le but
d'accélérer le règlement des sinistres, réglera vos
propres dommages. C'est évident qu'on ne peut pas faire autrement que
souscrire à une telle proposition.
M. Fontaine: Oui, je comprends, mais en pratique, est-ce que cela
ne veut pas dire que votre assureur va vous dire: C'est la moitié, selon
la grille; je te paye la moitié et tu es obligé d'accepter
cela?
M. Viau: Oui, en pratique, cela semble vouloir dire cela.
M. Fontaine: Donc, le système de responsabilité
n'est pas maintenu?
M. Viau: Je ne crois pas que cela implique, d'autre part, que
l'assuré qui se sentirait lésé ne pourrait pas poursuivre
le tiers devant les tribunaux.
M. Fontaine: Oui, d'accord, en principe, dans la loi, c'est
indiqué; mais en pratique, ce qui va se passer, c'est que les gens vont
être obligés de prendre ce que les assureurs vont leur offrir.
M. Viau: Ils pourraient être tentés de le prendre,
de là à être obligés...
M. Shaw: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Une seule question. Si tout le monde est assuré,
nous avons vraiment un système de "no fault", parce que c'est toujours
les compagnies d'assurances qui vont régler les montants. La
différence est que peut-être une personne peut être
indemnisée selon la vérité, si c'est au gouvernement de
régler, ce sera toujours $18 000 par année, mais si c'est par des
compagnies privées parce que vraiment ce sera cela les
gens qui ont droit à plus d'argent d'une compagnie d'assurances...
Disons que M. Lafleur, le joueur de hockey, est accidenté. Est-il juste
qu'il ait seulement $18 000 par année? Ce n'est pas juste du tout, mais
si nous avons l'assurance obligatoire pour tout le monde, nous avons en effet
"no fault", parce que ce sont les compagnies d'assurances qui vont
régler les problèmes et en même temps tout le monde va
être indemnisé selon la vérité.
M. Viau: Je vais revenir à la partie des dommages
matériels, à une question de monsieur, tantôt, quant aux
grilles qui existent. Cela se fait présentement en France et en
Belgique. Jusqu'à maintenant, après plusieurs discussions entre
les personnes qui avaient des accidents, on peut les imaginer facilement dans
ces deux pays, cela tourne quand même assez rondement. Évidemment,
il va falloir y mettre le temps et y mettre les informations
nécessaires. Ce qu'il faut viser dans
les dommages matériels, c'est d'accélérer le plus
possible le règlement des sinistres que les assureurs s'entendent entre
eux après, s'ils veulent se répartir une responsabilité.
Si toutefois une victime se sentait lésée, il y aurait toujours
le recours aux tribunaux.
Le Président (M. Boucher): Comme il n'y a pas d'autre
intervenant, je laisse à Mme le ministre le soin de faire les derniers
commentaires.
Mme Payette: M. le Président, je ne reprendrai pas point
par point; on va avoir l'occasion d'aborder les points qui nous
préoccupent avec la fédération, un peu plus tard. La seule
chose que je voudrais laisser comme message à l'association des
courtiers, parce qu'il y a eu des allusions faites au rapport Gauvin, au cours
des discussions qu'il y a eu autour de cette table, c'est que nous n'avons pas
l'intention de retenir l'article 55 des recommandations du rapport Gauvin qui
dit que les courtiers n'interviennent plus dans le processus de
règlement des sinistres, de sélection des risques et
d'administration de la police.
M. Viau: M. le Président, me serait-il permis d'ajouter
quelque chose?
Le Président (M. Boucher): Je vous en prie.
M. Viau: En terminant, nous voudrions souligner que dans notre
mémoire nous nous sommes limités à l'étude du
projet de loi no 67. Nous voudrions, cependant, faire remarquer à la
commission parlementaire que la clef de voûte, la condition sine qua non
du succès de tout régime d'assurance automobile, c'est la
sécurité routière. Nous recommandons donc très
fortement au gouvernement de mettre en application les propositions que nous
avons déjà faites lors de commissions parlementaires
précédentes.
Enfin, nous souhaitons que nos recommandations sur le projet de loi no
67 se traduisent par des amendements au projet de loi afin que la
réforme sur l'assurance automobile atteigne le succès
escompté. Merci.
Le Président (M. Boucher): Je remercie M. Viau ainsi que
toute l'équipe qui l'accompagne pour la présentation de ce
mémoire. Nous allons maintenant passer à un autre mémoire,
s'il vous plaît.
Nous suspendons pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 52)
Reprise de la séance à 17 heures
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Jean Gagnon, à titre personnel
Le prochain mémoire serait celui de M. Jean Gagnon, à
titre personnel. M. Gagnon, s'il vous plaît, si vous voulez prendre
place.
M. Gagnon (Jean): Je n'en ai pas beaucoup de chaque
côté.
Mme l'honorable ministre Lise Payette, messieurs les
députés, mesdames et messieurs, au sujet de la loi 67 de Mme
Payette, j'aurais préféré l'étatisation totale de
l'assurance automobile, tant pour les dommages physiques que matériels.
Toutefois, l'assurance d'État avec le "no fault" contre les dommages
physiques nous donne une bonne tranche de ce que nous voulions. Je constate,
avec la loi 67, que les dédommagements sont convenables. Aussi, le fait
de rendre l'assurance obligatoire pour tout dommage à autrui
amène, par voie de conséquence, le "no fault" également
dans les dommages matériels. Les assureurs auront vite fait de
s'entendre entre eux pour éviter les $100 millions de frais que nous
coûtent par an les avocats. En effet, tantôt l'un, tantôt
l'autre assureur sera responsable.
Je demande à l'honorable ministre d'ajouter trois clauses
à sa loi. Premièrement, quel que soit l'âge des
automobilistes, la prime devrait être égale. Certes, en courant de
terribles risques, mais quand même, les jeunes pauvres ils sont
tous pauvres pouvaient voyager sans assurance. La loi les oblige
à s'assurer contre les dommages matériels à autrui. Par le
fait même, à moins que la loi 67 les protège, c'est tout
comme si on les jetait dans la gueule du loup, telles ces primes jusqu'à
$1000 par année. Les jeunes, c'est la relève, l'avenir, nos
enfants. Ils ont plus besoin que les gens âgés de voyager.
Acceptons donc de les aider, cela ne nous appauvrira pas. Aider les autres,
c'est s'aider soi-même. C'est encore plus vrai dans le cas des
jeunes.
B), que ceux qui ont eu plusieurs accidents paient la même prime
que ceux qui n'ont pas eu d'accident. Pénaliser est la fonction de la
police, non des assureurs.
C), que la protection contre les dommages matériels soit
illimitée. Le seul fait de penser qu'on peut avoir un accident dont le
coût dépasserait $100 000 crée de l'inquiétude qui
amène une sorte d'énervement, source d'accidents. Pour la
société, porter les quelques accidents au-dessus de $100 000 est
autrement moins lourd que par un particulier, lequel se retrouve
ruiné.
Je ne puis terminer sans rendre hommage à l'énorme,
intelligent et courageux travail de Mme le ministre, l'honorable Lise Payette.
Par sa magnifique loi, elle mérite la reconnaissance de tous. Que chaque
ministre accomplisse de pareilles bonnes besognes à son ministère
(ici je pense avec une infinie tristesse à notre ministre à
Chi-
coutimi, l'honorable Marc-André Bédard, qui se
traîne les pieds sur l'humanisation de la justice, quand je sais que ce
sont nos jeunes qui sont martyrisés) et nous aurons le meilleur
gouvernement de l'histoire du Québec.
Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose qui n'est pas dans mon
texte?
Le Président (M. Boucher): Oui, M. Gagnon. S'il vous
plaît!
M. Gagnon (Jean): C'est infiniment intelligent et je la
félicite, Mme Payette, de permettre à de simples citoyens
d'exprimer leur point de vue à des commissions parlementaires aussi
distinguées que la vôtre aujourd'hui. Quand ce sont seulement les
représentants des corporations, cela ne donne pas la juste note de
l'opinion publique. À preuve, à un moment, je voulais entrer dans
un petit conseil qui devait aider une administration d'hôpitaux, j'ai
dit, il doit manquer du monde pour ces places, je me présente, il y
avait déjà toute une cabale faite pour certaines personnes. En
tête des corporations se glissent toujours des hommes habiles à
cabaler ou organiser la cabale en leur faveur, mais ce ne sont pas toujours les
plus intelligents, les plus renseignés et les meilleurs.
Deuxième chose que je voudrais faire remarquer. Je voudrais que
les commissions parlementaires soient nombreuses, entre autres celle-là
sur l'électricité. Je vous assure que M. Joron s'est fait avoir
par le président de l'Hydro-Québec.
J'aurais bien voulu être là, je lui en aurais rentré
des coups pour lui prouver que la plus mauvaise administration qui existe au
pays, c'est l'administration de l'Hydro-Québec. Ils perdent des millions
de kilowatts... J'achève, cela va prendre deux minutes. Je le
laisse.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Gagnon (Jean): C'est hors d'ordre, je reviens à une
autre affaire. MM. les assureurs, j'ai dîné avec plusieurs et j'ai
causé toute la journée avec eux, on voit que ce sont des experts.
Mettez donc dans votre loi que les premiers engagés seront tous ces
gens-là, à $25 000 par année. On peut leur donner cela
facilement, plus leurs dépenses, plus un mois de vacances, plus les
congés de maladie, puisqu'ils n'auront pas besoin de secrétaire
ni de bureaux. Ils ne sont que 4000. Combien cela peut-il vous prendre
d'employés? Une dizaine de milliers?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! À
l'ordre!
M. Gagnon (Jean): Engagez donc tout ce monde qui est
spécialiste là-dedans et on va avoir la paix.
Une autre affaire maintenant, les avocats. $100 millions par
année et ils se lamentent et pleurent parce qu'ils vont perdre 30% de
leurs revenus. Cela représente $100 millions par année. J'ai fait
le relevé et la recherche. Qu'ils nous donnent l'assu- rance judiciaire
pour s'occuper du domaine civil et il y a de la place pour tous ces avocats qui
vont perdre un peu de leur emploi dû à l'assurance automobile.
Quand on a attaqué l'assurance-maladie ce matin, j'ai entendu
maintes et maintes fois des crochets contre elle; je peux vous dire que c'est
par milliers des pauvres qui ont été très bien
soignés et par milliers, autrefois, des gens qui attendaient une
opération jusqu'à la fin de leurs jours.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Gagnon. Mme le
ministre.
Mme Payette: M. Gagnon, j'aurais une question à vous poser
très sérieusement sur ce que vous avez dit tout à l'heure,
au sujet du montant exigé quant à l'assurance obligatoire. Vous
souhaitez que ce soit un montant plus élevé que $50 000. Vous
savez que déjà on avait proposé $10 000, qu'en cours de
tournée on a senti l'inquiétude que cela créait chez les
gens. Il semblait que le chiffre magique était $35 000, on l'a
porté à $50 000. Mais cela n'est qu'un minimum qui est exigible
par la loi. Cela n'empêche pas un citoyen de s'assurer pour $100 000,
$200 000, s'il le désire. Est-ce qu'il faudrait qu'on oblige les
citoyens du Québec à s'assurer pour $200 000? Est-ce que cela ne
serait pas aller trop loin?
M. Gagnon (Jean): Me permettez-vous de répondre, Mme le
ministre?
Mme Payette: Je vous ai posé la question, M. Gagnon.
M. Gagnon (Jean): II n'y a que quelques-uns de ces accidents qui
dépassent des montants de $50 000. Comprenez que cela serait bien plus
facile pour l'ensemble de la population de supporter l'accident qui va à
$1 million supposons qu'il y en a un de $1 million c'est bien
plus facile par l'ensemble de la population que par un particulier.
Mme Payette: Est-ce que ce n'est pas injuste de répartir
le coût de cette façon-là?
M. Gagnon (Jean): Quelle injustice? Celui qui va dire que c'est
injuste, je vais lui dire: Toi aussi, tu es protégé pour $1
million, qu'as-tu à te lamenter? Il est protégé comme
moi.
Mme Payette: Mais cela n'arrive que quelquefois, dites-vous, M.
Gagnon.
M. Gagnon (Jean): Je suppose que cela pourrait remonter la prime
de quelques dollars. C'est un peu fatigant. Il y a un député, ce
matin, qui a soulevé un point qui a attiré mon attention. Pour
celui qui a des revenus moyens, qui n'est pas tellement riche il n'y a
pas de mal à cela, c'est le meilleur du monde si cela
dépasse $50 000 ou $100 000, il s'en balance il ne paiera pas. Mais
celui qui a des valeurs pour $500 000, $600 000 ou $1 million, il sait
très bien qu'il va tout perdre.
Mme Payette: On ne l'empêche pas de s'assurer pour plus,
celui-là.
M. Gagnon (Jean): Quant à s'assurer, qu'on en finisse
donc! Je parle des dommages...
Mme Payette: Matériels.
M. Gagnon (Jean): ... matériels. Oui, attendez un peu.
Mme Payette: J'étais en train de me demander, M.
Gagnon...
M. Gagnon (Jean): C'est bien, on se comprend mieux. On peut en
prendre... nous autres mêmes.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Mme Payette: Je suis en train de me demander, M. Gagnon, si ce
n'est pas un cadeau que vous nous obligez à faire aux compagnies
d'assurance, que de le porter à un montant comme celui-là. On l'a
déjà porté à $50 000, ce qui représente une
augmentation de $3, $4 ou $5 sur la prime. Cela ne veut pas dire que la
différence est énorme, sauf que, sur 3 millions de personnes qui
vont devoir s'assurer, cela commence à faire une somme, en cadeau, aux
compagnies d'assurance.
M. Gagnon (Jean): II faudra tenir compte de la petite
quantité d'accidents qui dépasseront $100 000. Il n'y en a pas
beaucoup. Cela ne doit pas monter beaucoup. J'aimerais mieux que cela soit
illimité. Je sais bien que je m'en vais avec ma voiture et je me dis: Je
suis protégé pour $50 000. Mais qui me dit que je ne
dépasserai pas...
Mme Payette: Alors, vous allez prendre une assurance pour plus
que $50 000?
M. Gagnon (Jean): J'accepte votre conseil. Mme Payette:
Merci, M. Gagnon.
M. Gagnon (Jean): Maintenant, il reste les jeunes.
Mme Payette: Les jeunes, c'est un problème qu'on a
déjà abordé ensemble.
Je suis en mesure de vous dire que c'est une grande préoccupation
pour le gouvernement qu'il n'y ait pas d'abus en ce qui concerne les jeunes. Je
ne sais pas si nous retiendrons votre suggestion de demander le même
prix. Ce serait probablement souhaitable que les jeunes ne soient pas
jugés coupables avant d'avoir conduit. Nous espérons arriver
à une entente qui sera convenable pour eux.
M. Gagnon (Jean): Je me suis permis, Mme le ministre, au cours de
mes pérégrinations parmi les jeunes de le demander, et je vous
assure que le gouvernement qui va donner aux jeunes l'égalité de
primes avec les autres, n'en déplaise aux autres formations, ce
gouvernement-là va être longtemps au pouvoir.
Mme Payette: Merci, M. Gagnon.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pourrais-je demander à M. Gagnon s'il a
été en communication avec les membres du cabinet avant de
rédiger son mémoire?
M. Gagnon (Jean): Je ne consulte jamais personne! Je me consulte
moi-même. Vous savez qu'un homme n'a pas besoin de demander aux autres
s'il est intelligent. Ce n'est pas aux autres qu'il le demande, c'est à
lui. S'il faut aller demander à son coiffeur si on a une tête sur
les épaules, cela ne peut pas marcher!
M. Saint-Germain: Cela dit, pour revenir au paragraphe a), vous
semblez protéger les jeunes et dire que les jeunes sont pauvres. Enfin!
Ce n'est pas tous les jeunes qui sont pauvres, vous savez cela comme moi. De
toute façon, les primes d'assurances, même avec le système
qu'on a aujourd'hui, ne sont pas basées sur les revenus des gens. Qu'une
personne soit pauvre ou riche, elle paie la même prime. Si les jeunes
paient plus que les personnes plus âgées, c'est qu'on a
réellement trouvé par les statistiques, les études, que
c'était une partie de la population qui comportait plus de risques que
les personnes plus âgées.
On peut facilement admettre, on a tous été jeunes, que
lorsqu'on est jeune on a confiance en nos moyens, on a confiance en nos
réflexes, on aime les sensations fortes, et il y a malheureusement,
parmi nos jeunes, il faut bien l'admettre, certains qui font des abus d'alcool,
de drogue même, c'est un problème social. En protégeant ces
jeunes de la même façon et avec la même prime que les plus
âgés, il y a quelqu'un qui va payer la différence. Il n'y a
rien de gratuit dans la vie. Et comme les primes sont uniformes pour tout le
monde, il faut aussi penser qu'il y a des gens de 35, 40, 50 ans qui ont une
famille, qui ne gagnent pas de gros salaires, qui n'ont pas trop de revenus,
mais qui devront eux aussi payer pour les jeunes, parce que tout se paie. Il ne
faut pas penser que cette prime va être payée par les gens qui
sont riches, par les gens qui sont à l'aise, si c'est la même
prime pour tout le monde. Pauvres, riches. $8000 par année, $10 000, $15
000, $20 000 ou $100 000 c'est la même prime. Je parle de l'assurance
obligatoire. Alors, il y a quelqu'un qui va payer la différence de prime
qui existe actuellement avec celle qu'on paiera à l'avenir si elle est
uniforme. Et c'est tout le monde qui va la payer. Je
me demande jusqu'à quel point votre raisonnement qui veut que les
pauvres soient plus protégés que les riches ou qui paieront moins
que les riches, comment cela peut se soutenir?
M. Gagnon (Jean): II est évident, M. le
député, que si on faisait une échelle des gains des
différents âges de gens, on s'apercevrait que rendu à notre
âge, on gagne quatre fois ce que les jeunes gagnent. Il est bien normal,
ce n'est pas embarrassant qu'on donne une chance à nos jeunes. Je le
sais que les jeunes sont un plus grand risque. Tout le monde le sait. Mais
s'ils représentent un plus grand risque, cela demeure que ce sont des
jeunes et on a tous été jeunes, et qu'ils ont plus besoin de
voyager que nous. D'abord il faut qu'ils trouvent à se marier, qu'ils
fréquentent, ils vont aux études, il faut qu'ils se trouvent une
position. Dans le système d'aujourd'hui, ce n'est pas facile de faire
son chemin. C'est beaucoup de déplacements. Aujourd'hui tout est
distance. Autrefois, on était dans de petits villages, dans de petites
villes, mais aujourd'hui tout est à distance. Plus les jeunes voyagent,
plus ils s'instruisent, plus ils se développent, plus ils deviennent
intelligents, plus ils sont un actif pour notre pays. Alors, si ces jeunes ont
besoin, plus qu'à mon âge ou à votre âge vous
êtes beaucoup plus jeune de voyager, il est normal que nous leur
donnions un certain octroi de transport en acceptant, nous, les plus
âgés, de payer un peu plus pour qu'eux paient comme nous.
M. Saint-Germain: Oui, j'entends. Nous autres, on est vieux,
d'accord, on est âgés.
M. Gagnon (Jean): Vieux, ce n'est pas un mot.
M. Saint-Germain: On est moins jeunes, disons.
M. Gagnon (Jean): C'est le physique qui est vieux, parce que le
génie, ce n'est pas vieux.
M. Saint-Germain: Le père de famille qui a 35, 40 ou 45
ans et qui a de la famille, il va être obligé de payer pour les
jeunes. Quant à nous, mettons-nous de côté, si vous
voulez.
M. Gagon (Jean): Quel mal y a-t-il qu'à 45 ans il paie un
peu plus?
M. Saint-Germain: C'est un type qui est lourdement taxé
actuellement.
M. Gagnon (Jean): On va en parler un peu. Vous prenez des
syndiqués aujourd'hui à l'Aluminium Company, les syndiqués
qui travaillent pour le gouvernement, les syndiqués de partout, dans le
domaine parapublic, leurs salaires équivalent quasiment à ceux
des professionnels. Même s'ils paient un peu plus, ils ne s'en
apercevront pas.
M. Saint-Germain: Très bien, monsieur.
M. Gagnon (Jean): Les salaires aujourd'hui vont tellement en
augmentant que vous avez des camionneurs qui gagnent $23 000 par année,
autant quasiment qu'un homme qui a une haute instruction. Tout le monde gagne
beaucoup d'argent maintenant. On pourrait se partager la petite
différence que cela représenterait; je n'ai pas de chiffres, mais
eux doivent en avoir. Combien cela représenterait de différence
entre le prix que paient à l'heure actuelle les jeunes, et nous, le prix
que nous payons? On est beaucoup plus nombreux que les jeunes d'abord. Les
jeunes sont moins nombreux que nous autres. Ceux qui paient trop cher sont
moins nombreux. Disons qu'on est dix à un. Même si un était
relevé par dix, cela ne ferait pas pesant.
M. Saint-Germain: J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'ai seulement une question, M. le Président.
Vous étiez présent tout à l'heure, M. Gagnon, lorsque j'ai
posé une question concernant les dommages matériels. Je disais
à M. Viau qu'avec le système proposé dans la loi actuelle,
cela reviendrait à dire que le "no fault" serait également
établi pour les dommages matériels. Je constate que vous
êtes de cet avis également.
M. Gagnon (Jean): Oui, c'est vous qui me l'avez appris.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas d'autres
interventions? Mme le ministre.
Mme Payette: M. Gagnon, je voudrais vous remercier d'avoir
accepté de venir à cette commission parlementaire. Permettez-moi,
au nom de cette commission, de souhaiter qu'il y ait d'autres citoyens qui le
fassent. Merci, M. Gagnon.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Gagnon. Le prochain
mémoire serait celui de la Fédération des courtiers
d'assurances du Québec, représentée par M. Léandre
Lachance, président. S'il vous plaît, messieurs, si vous voulez
avancer.
M. le Président, est-ce que vous avez une déclaration
à faire au début ou si vous désirez passer au
mémoire immédiatement?
Fédération des courtiers d'assurances du
Québec
M. Lachance (Léadcre): Oui. M. le Président, Mme le
ministre, membres de cette commission, je dois d'abord vous remercier
très sincèrement de l'occasion que vous nous donnez aujourd'hui
de faire entendre nos opinions. Je tiens également à vous
remercier d'avoir changé de salle pour permettre à nos membres de
pouvoir assister à cette commission. Permettez-moi, tout d'abord, de
vous présenter ceux qui m'accompagnent. Vous avez, à mon
extrême gauche, M. Yvon Boyer, vice-président de la
fédération, suivi de M. Jacques Pa-
radis, président fondateur et enfin sorti de la
Fédération des courtiers d'assurances du Québec; à
mon extrême droite, M. Marcel Plamondon, président du
Comité d'assurance automobile, M. Michel Vinet, vice-président et
Me François Chapa-dos, conseiller juridique. Mon nom est Léandre
Lachance, président de la Fédération des courtiers
d'assurances du Québec.
Les courtiers d'assurances du Québec devront-ils fermer leurs
portes ou diminuer la qualité du service qu'ils rendent à leurs
assurés? Voilà la question que la Fédération des
courtiers d'assurances du Québec se pose. Voilà la question que
les courtiers d'assurances qui sont ici et les autres se posent. Voilà
la question que les membres de cette commission doivent se poser, sachant que
la réponse est entre les mains du gouvernement. C'est le public qui en
appréciera les conséquences.
La Fédération a défini ses politiques face au
projet de loi 67. Je ne vous en imposerai pas la lecture. Vous avez mon
mémoire, vous avez un résumé de mémoire, je n'ai
pas l'intention de lire ni notre mémoire, ni notre résumé
de mémoire à l'heure qu'il se fait. Je tiens pour acquis que tout
le monde sait lire, que tout le monde en a pris connaissance. Alors, je vais
tout simplement vous en résumer les grandes lignes et, après, je
demanderai à messieurs Chapados et Paradis et moi-même, je
reviendrai de développer certains points particuliers. Par la
suite, nous serons très heureux de répondre aux questions de
cette commission.
Notre mémoire se divise en six grandes parties: vous avez le
préambule, les structures, le citoyen et le courtier, conclusion et,
sixièmement, les annexes. Dans le préambule, en ce qui concerne
les objectifs on vous l'a déjà mentionné et nous
vous le répétons nous sommes d'accord avec les objectifs
élaborés et mis de l'avant dans le livre blanc qui a
précédé le projet de loi. Pour ce qui est des moyens, une
chose nous préoccupe profondément et c'est de savoir si, dans le
vécu de chaque jour, nous pourrons atteindre ces objectifs fixés
sur lesquels nous sommes d'accord.
Et ici, je voudrais que l'on se comprenne bien. Nous ne sommes pas venus
vous rencontrer dans le but de combattre, mais bien de vous aider. Nous
attendons depuis nombre d'années une réforme dans le domaine de
l'assurance automobile. Or, nous voulons que ce soit un succès, cette
réforme-là. Par contre, à l'intérieur de cette
réforme, il y a des points qui nous touchent et nous avons l'intention
de les discuter en profondeur. Parmi ceux qui nous touchent le plus
directement, c'est que d'abord comme courtiers d'assurances, nous nous voyons
disparaître de l'assurance automobile. Nous nous voyons disparaître
partiellement en nous enlevant les blessures corporelles, et nous nous voyons
disparaître totalement par les mécanismes proposés dans
cette loi et aussi en nous imposant des contraintes et, de plus, on crée
un réseau parallèle privilégié de l'État et
exclusif pour l'État.
Devant un tel projet, nous ne sommes pas dupes. Nous avons l'avantage
d'avoir un gouvernement qui prêche la participation et l'humanisation.
Pour qu'il y ait participation dans une réforme aussi importante que
celle de l'assurance automobile, il est important que les courtiers
d'assurances, qui sont les seuls professionnels de cette industrie, puissent
participer à l'élaboration et à l'administration d'un tel
régime. Et pour qu'il y ait humanisation, il ne faut pas que
l'assuré soit seul et impuissant devant un monopole, devant un
système complexe où il aura l'impression de n'être qu'un
numéro.
L'approche de la fédération se veut à la fois
globale et spécifique. Elle doit être globale parce que nous
sommes conscients du désir de l'État d'intervenir dans les autres
secteurs de l'assurance. Pour nous, le projet de loi sur l'assurance automobile
n'est qu'un premier pas et il remet en cause le rôle du courtier
d'assurances comme intermédiaire entre l'assuré et
l'État.
Par contre, notre approche doit être spécifique parce que
le projet de loi 67 vise uniquement l'assurance automobile. La
Fédération des courtiers d'assurances est un mouvement
représentatif des courtiers qui a comme vocation de défendre les
intérêts socio-économiques de ses membres; pour plus de
détails, voir l'annexe 1 de notre mémoire.
Les structures. On peut constater qu'à ce chapitre nos
préoccupations dépassent de beaucoup nos intérêts
propres. Du niveau de la participation, lorsqu'on regarde la régie, on
voit cinq administrateurs nommés par le gouvernement. On dit que, s'il y
a participation, il faudrait au moins garder de la place à d'autres
administrateurs qui pourraient être nommés après
consultation des organismes les plus représentatifs, soit consommateurs,
ouvriers, compagnies d'assurance, courtiers d'assurance, etc. De plus, nous
recommandons des pouvoirs accrus du ministre, sous le contrôle de
l'Assemblée nationale, afin qu'on puisse émettre des directives
à la régie, à la Commission des accidents du travail,
à la corporation des assureurs.
L'opération réseau, comme je l'ai dit dans mon
préambule, on voit la création d'un deuxième
réseau, privilégié par l'État et exclusif. On se
voit, par la même occasion, disparaître d'un secteur de
l'assurance, les blessures corporelles. Il est facile de prévoir
qu'à moyen et long terme on aura suivant le mécanisme mis
en marche dans le projet de loi disparu du dossier de l'assurance
automobile.
De plus, l'article 80 invite assureurs et assurés à
transiger directement entre eux. Si on veut tenir compte du choix du
consommateur, comme le disait le rapport Gauvin, où on mentionnait que
86% transigent par l'intermédiaire des courtiers probablement 90%
aujourd'hui on doit amender l'article 80, tel que nous le recommandons
à la page 81.
On doit aussi permettre aux courtiers d'agir selon les articles 131 et
suivants du projet de loi parce que pour nous la couverture d'un assuré
en
assurance automobile, c'est quelque chose de complet. On a l'intention
de l'habiller au complet et non pas partiellement, d'autant plus que le
réseau des courtiers d'assurance offre beaucoup plus que n'importe quel
autre réseau en ce qui concerne le champ de l'assurance; il offre
beaucoup plus de compétence, de disponibilité et de service.
Au chapitre du citoyen, dans le but de prévenir les injustices,
nous demandons d'amender les articles 17b, 128 et 129 et de modifier le plafond
des indemnisations à $100 000. À l'article 86, contrôle
d'assurance automobile obligatoire. Si on est sérieux et si
réellement on désire que les gens s'assurent au Québec et
on désire rendre obligatoire cette fameuse assurance automobile
depuis si longtemps qu'on en parle on ne doit pas permettre
l'immatriculation d'un véhicule sans un certificat d'assurance
émis par le courtier ou par un assureur et non pas simplement sous une
simple déclaration de l'assuré.
De plus, on pourrait, à titre de suggestion, charger le courtier
de reprendre les plaques advenant une annulation sur une police d'assurance
automobile à la demande de l'assuré.
À l'article 58, on demande une modification afin de permettre
à l'accidenté d'avoir un droit d'appel hors délai et un
droit d'appel véritable. Comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, nous déplorons le non-respect, dans ce projet de loi, du choix
de la population qui avait la liberté de transiger directement avec les
assureurs et qui a préféré transiger par
l'intermédiaire des courtiers; maintenant, par un projet de loi, on la
force à transiger directement avec un assureur. D'autre part, on la
laisse seule et impuissante devant un monopole. Ainsi, on aura réussi
à créer dans ce secteur un système inhumain et
dépersonnalisé.
Au chapitre du courtier, on dit que pour qu'un système soit
humain et personnel, il faut que le gouvernement reconnaisse l'importance du
courtier d'assurances et qu'on demande l'article 80 afin de préserver
son rôle, qu'on abolisse l'article 83 tel que présenté, qui
crée une injustice flagrante aux courtiers, et qu'on amende l'article
179 afin de considérer les commissions des courtiers comme étant
acquises. En ce qui concerne le rôle du courtier, il est sûr
qu'après l'intervention de l'État, le statu quo n'est plus
possible. Par contre, notre profession ne peut accepter le projet de loi no 67
tel que rédigé. Nous acceptons cependant de nous
redéfinir, nous acceptons de jouer un rôle nouveau suivant les
besoins de notre population, sachant très bien que le rôle que
nous accepterons de jouer dans le dossier de l'assurance automobile sera celui
qu'on jouera dans les autres secteurs des lignes d'assurances personnelles.
En plus des amendements suggérés, nous demandons à
l'État d'assumer les conséquences des gestes qu'il pose. Pour
cela, nous demandons un cadre juridique afin que nous puissions participer
à la mise sur pied et aux décisions qui touchent notre
profession. Ces amendements et ces demandes sont conformes à
l'orientation de notre gouvernement et ont été accordés
à beaucoup d'autres professions avant nous.
En conclusion, nous demandons que la commission donne suite à nos
recommandations. Nous témoignons, comme profession, d'une conscience
à responsabilité sociale. Nous sommes capables de conciler nos
intérêts particuliers et les réformes qu'exige une
société. De plus, il y a les annexes qui précisent la
représentativité de la Fédération des courtiers. Je
pense que les courtiers qui sont ici depuis ce matin, de bonne heure, qui ont
passé la matinée dans le passage et qui sont encore ici à
cette heure-ci, témoignent bien de leur intérêt en ce qui
concerne leur profession.
La deuxième annexe fait des calculs en ce qui concerne le "direct
writing" et on s'aperçoit que ça ne coûte pas plus cher de
transiger par l'intermédiaire des courtiers que de transiger
directement. De plus, la troisième élabore et argumente sur les
points du cadre juridique.
Maintenant, je demanderai à Me Chapados et à M. Paradis
d'élaborer certains points particuliers du mémoire. Me
Chapados.
M. Chapados (François): M. le Président, pour
être aussi bref que possible, disons que le président de la
fédération, je pense, a cerné beaucoup plus de points dans
son résumé que je ne le pensais. Quant au chapitre 2, j'aimerais
dire ceci: À I.00, nous recommandons que la Loi constituant la
Régie de l'assurance automobile soit amendée de façon
à élargir le conseil d'administration de cinq à neuf
membres et, dans notre mémoire, nous incluons des mécanismes de
consultation.
À 2.00, j'aimerais également attirer l'attention des
membres de la commission sur la page 12 où on demande que
l'Assemblée nationale donne des pouvoirs au ministre pouvant intervenir
le cas échéant dans le cadre des responsabilités qu'il a
quant à l'administration de la loi. Si vous continuez à 4,
Corporation des assureurs, nous faisons la même recommandation. Ce qui
est important, c'est le pourquoi de ça. J'ai entendu, tout au cours de
la journée, une série de références à des
mesures sociales qui ont été adoptées par d'autres
gouvernements. Parfois, le parallèle ou la comparaison est acceptable;
d'autres fois, ça cloche. La fédération des courtiers,
quant à elle, est consciente c'est le pourquoi de ces
recommandations qui ne visent pas strictement les courtiers, mais qui visent
à aider les membres de cette commission que ce projet de loi
constitue un défi pour le gouvernement et un défi pour les
membres de la commission.
Il a ceci de différent avec l'ensemble des mesures sociales
adoptées dans le passé, qu'il s'agisse de
l'assurance-hospitalisation, de l'assistance médicale, de
l'assurance-maladie, de l'aide juridique et je pourrais en nommer d'autres,
c'est qu'à tout coup c'étaient des régimes qui avaient
pour effet de soulager le consommateur ou le bénéficiaire de ces
types de services.
Dans le cas qui nous intéresse, la fédération est
consciente du fait que cette loi va toucher, ne serait-ce qu'à leur
porte-monnaie, de façon tangible... On a parlé de 8/10% cet
après-midi de la régie qui a été additionné
d'un autre 7/10%. C'est à même le chèque de paie; c'est
déduit à la petite
semaine et, à un moment donné, le contribuable a
payé sa quote-part sans l'avoir trop réalisé, alors que
dans le régime que vous êtes en train de mettre en place,
évidemment, de façon beaucoup plus tangible, le contribuable va
réaliser qu'il participe au financement de tout ce régime.
D'où l'extrême importance que tout le régime ce
n'est pas parce que c'est complexe qu on ne doit pas agir, ce n'est pas un
prétexte à l'inaction soit un succès à tout
point de vue, en termes d'administration, en termes de services. En effet,
étant donné les quelques références que je viens de
donner, je pense que c'est le projet social qui, des dix ou quinze
dernières années, va frapper le plus grand nombre de
consommateurs et de la façon la plus tangible qui soit. Donc, les
demi-succès ou les demi-échecs n'ont pas leur place.
C'est dans cette optique que nous avons proposé ces amendements.
Quant à la deuxième partie, je ne veux pas commencer un
débat juridique.
À 1.00, lorsque nous parlons de la couverture dont doit
bénéficier le citoyen, nous référons les membres de
cette commission à l'article 129 où, en matière de
dommages corporels d'une victime visée à l'article 17b,
évidemment, cela va jusqu'à concurrence de $45 000 et il y a le
plafond de $50 000 qui est toujours là. Mais on privilégie la
victime jusqu'à concurrence de $45 000.
Pour les fins de la présente intervention, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu nous n'avons pas examiné l'impact ou les effets
de cette recommandation dans le cas de cette victime de dommages
corporels, de changer le plafond?
Deuxièmement, quant aux citoyens, dans un deuxième temps,
nous parlons d'accessibilité et c'est aux pages 26 et suivantes du
mémoire. En termes d'accessibilité, ce que j'aimerais souligner
pour le moment c'est que la fédération aimerait... Nous
répondrons à vos questions sur les modalités. De quelle
façon le courtier se voit participer à ce régime, quelles
sont ces modalités de participation, de quelle façon cela va
être déterminé, c'est une autre chose. Mais nous voudrions
que ce soit un système qui permette au citoyen qui le désire, par
l'intermédiaire de son courtier, de satisfaire, exclusion faite du Code
de la route, à l'ensemble des exigences de cette loi, en passant par son
seul courtier. Je pense que le système gagnerait en logique.
Actuellement, la loi impose au citoyen de payer sa quote-part pour les
dommages corporels. Il y a une assurance-responsabilité obligatoire et
il va y avoir un mouvement de va-et-vient. Nous disons qu'en termes de logique
du système ce serait préférable nous parlerons de
modalités après le souper que le contribuable puisse
satisfaire à la présente loi, en excluant l'enregistrement
proprement dit, par l'intermédiaire de son seul courtier.
Deuxièmement, dans ce même chapitre, nous aborderons une
notion de contrôle. Cela rejoint un peu une des préoccupations que
j'ai mentionnées tout à l'heure, lorsqu'à la page 27,
à l'article 2.04, nous disons: "Le contrôle du régime
gagnerait en effet en obligeant l'assuré, dans tous les cas, à
fournir au bureau d'immatriculation une attesta- tion d'assurance
responsabilité, attestation d'assurance dont remise lui aurait
été faite soit par son courtier, soit par son assureur lors d'une
vente directe au comptoir. À défaut de quoi, aucune
immatriculation ne devrait pouvoir être faite".
Il faut comprendre que la catégorie de gens qui n'est pas
assurée jusqu'à maintenant la loi du fonds d'indemnisation
est votée depuis fort longtemps cela n'a pas empêché
certains citoyens de dormir quand même, avec le résultat qu'il
arrive malheureusement des accidents où la personne responsable, ou, de
toute façon, le véhicule impliqué, n'est pas
assuré.
Ce que nous recommandons, en plus de permettre au citoyen de satisfaire
aux exigences de cette loi par son courtier: si le bonhomme ce n'est pas
juste une question de vente de véhicule annule son
assurance-responsabilité un mois après l'avoir achetée,
permettez au courtier, à ce moment-là, de reprendre les plaques,
de reprendre les enregistrements. Le système gagnerait au point de vue
contrôle. Dans le mémoire, nous appelons cela de la saine
médecine préventive et je pense que c'en est.
Toujours relativement au citoyen, je conclus en vous
référant à la page 29 et suivantes de notre mémoire
où nous faisons une recommandation qui a son importance et je
réfère immédiatement les membres de la commission à
la page 30. Nous disons ceci: "La Commission des affaires sociales a tous les
pouvoirs requis pour décider de toute question de fait ou de droit et de
substituer, en regard de la preuve présentée devant la
régie, sa discrétion à celle de cette
dernière".
Quant au projet de loi qui est actuellement à l'étude,
j'aimerais que ceci soit établi clairement. Il y a des gens qui vont se
présenter devant la commission accompagnés d'un avocat. On dit
que les avocats coûtent cher, c'est la réputation que nous avons,
ce qui est complètement faux. D'autres citoyens se présenteront
seuls, et je pense que la commission devra avoir tous les pouvoirs pour
intervenir et dans les questions de droit et dans les questions de fait. Pour
l'information des membres de cette commission, j'ai plaidé il y a deux
mois un procès devant la Commission des affaires sociales, à
propos d'un médecin, qui a duré neuf jours. Il y a eu une
journée de représentations et les trois quarts du mémoire
de mon adversaire portaient précisément sur ce point à
savoir qu'une commission qui siège en appel ne doit pas, sauf erreur
grave, en première instance, intervenir dans les faits, etc. C'est
pourquoi nous recommandons qu'il y ait un amendement dans le sens prescrit
à l'article 30. Et nous recommandons également un autre petit
amendement, toujours par référence aux articles 57 et 58.
À l'article 58 on dit: "Un réclamant qui se croit
lésé par une décision rendue en révision par la
régie..." Question. Qu'est-ce qu'une décision en révision?
Si on va à l'article 57 on s'aperçoit que la régie peut,
d'une part, réviser et, d'autre part, "permettre à un
réclamant d'agir après l'expiration des délais
fixés par l'alinéa précédent si cette personne
démontre qu'elle a été, en fait, dans
l'impossibilité d'agir".
Ce que nous disons c'est ceci. Que la Commission des affaires sociales
ait le pouvoir d'intervenir dans tous les cas. Non seulement dans les cas
où il y a décision en révision en bonne et due forme de la
régie, mais également dans le cas du dernier paragraphe de
l'article 57. Autrement, un pauvre citoyen qui est hors délai se
présente devant la régie, et là il y aura
immédiatement équivoque. Il y a des gens qui vont dire:
Messieurs, on regrette, c'est une décision en révision. Cela n'en
est pas une, c'est juste une extension de délai. Et là le
débat juridique va commencer. C'est le citoyen qui va en faire les
frais. C'est ce qui nous anime dans les représentations qu'on vous fait.
Je conclus en disant ceci: II y a un cadre juridique qui vous est
proposé. Pour ne pas alourdir le mémoire, il a été
placé en annexe 3. Je m'attends évidemment à des
questions. Toutes les questions que vous avez quant au pourquoi de cette
demande, quant à nos modalités de participation, on est là
pour vous fournir des éclaircissements. Comme ce projet de loi concerne
le public et le consommateur, mais implique également une remise en
cause du rôle de courtier, je passe la parole, tel qu'annoncé par
M. le président, à M. Paradis, qui va terminer la
présentation.
M. Paradis (Jacques): M. le Président, Mme le ministre,
j'aimerais attirer l'attention de cette commission sur deux points de notre
mémoire, le premier point étant au chapitre II, article 5.0.0,
opération réseau. J'aimerais vous dire un peu ce que nous voyons
dans ce projet de loi lorsque nous parlons d'opération réseau. On
pourra également, si la question nous est posée, vous parler un
peu des ombres que le député de Deux-Montagnes a voulu faire
ressortir lors de la première comparution de notre corporation
professionnelle. Parce que ces ombres ont probablement été au
tableau lors de la fondation de cette fédération à
laquelle j'ai eu le grand honneur de présider. Je peux vous parler
très facilement de ce réseau de courtiers qui existe à
travers la province. Je l'ai parcouru pendant deux ans. Je peux vous parler
amplement de la compétence, de la disponibilité et du choix de
ces courtiers. 2200 bureaux et plus sillonnent la province, en partant de Place
Ville-Marie au 22e en passant par Valleyfield, en se rendant à
Cap-aux-Os, en passant par Rimouski, sur la Côte-Nord, Québec,
etc.
La Fédération des courtiers d'assurances a toujours
essayé, lorsqu'elle faisait des représentations pour
défendre l'intérêt économique de ses membres, de ne
jamais oublier l'optique sociale qu'elle avait à jouer. Opération
réseau pour le courtier d'assurances dans le projet de loi no 67, cela
veut dire à très court terme, la disparition d'un réseau
qui existe depuis plusieurs années, qui a été mis en
branle directement ou indirectement par les compagnies d'assurances, mais qui a
permis à des gens, des hommes et des femmes de la province, de se
créer une place au soleil en essayant de monter leur organisation chez
eux, dans leur comté, dans leur province, de se monter un bureau et une
clientèle. On veut le remplacer par un nouveau réseau qui est,
apparemment, partout également, mais à 1200 places seulement,
c'est le réseau des caisses populaires. Ce que nous voyons dans ce
projet de loi est très simple. Par le premier article 80 où on
force l'assuré à transiger directement avec l'assureur, on envoie
M. Public ouvrir la porte là où c'est possible, partout où
il y a des comptoirs. Naturellement, on a trouvé l'endroit. Il s'agit du
Mouvement Desjardins. Je voudrais au départ vous dire que je n'ai rien
contre cette institution canadienne-française, loin de là.
J'aimerais également vous dire qu'en 83, lorsqu'on force les
courtiers, sous peine d'une amende de $500 à $5000, à indiquer
sur leur facturation, leur taux de commission, on vient naturellement essayer
de donner la possibilité à ceux qui écrivent directement
aux comptoirs de mettre cinq ou six points en pourcentage de moins et essayer
de justifier au public leur place prédominante en comparaison de ceux
des courtiers. Naturellement, on vient sceller tout le débat et tout ce
réseau en permettant à notre Mouvement Desjardins et aux caisses
populaires d'émettre des plaques et naturellement, rattacher à
celles-ci la prime d'assurance en blessures corporelles. Or, je vois
très bien d'ici deux, trois ou quatre ans Jos Public qui devra venir
chez moi me demander un certificat d'assurance.
Pour pouvoir avoir ses plaques, il devra se déplacer à la
caisse populaire la plus proche et il me dira, au bout d'un an ou deux: Bien,
pourquoi faudrait-il que je revienne chez toi dans un an ou dans deux ans?
Pourquoi n'irais-je pas directement à la caisse populaire? Ma
démarche, de fait, a deux volets; un premier pour avoir un bout de
papier et le second pour pouvoir avoir une plaque pour circuler sur la route.
Et c'en est fait du courtier. Une fois rendu sur place, je comprends bien que,
le mouvement Desjardins étant une organisation prêteuse, on
veuille inciter nos Québécois à emprunter pour leurs
primes d'assurance directement auprès des caisses populaires. Une fois
sur place, comme les fonds des caisses populaires pourraient
éventuellement venir financer les dommages matériels qui iront
aux courtiers, ces courtiers représentant d'autres intérêts
qui ne sont pas Québécois, pourquoi laisser aller ces fonds
à l'extérieur de la province? Et c'en est fait des dommages
matériels, à très court terme, des courtiers et c'en est
fait du réseau. Naturellement, étant sur place, pourquoi pas les
assurances-incendie, vol, responsabilité, etc.?
M. le Président, c'est ce que nous voyons dans le projet de loi
67 lorsque nous parlons d'opération réseau. C'est ce que nous
voyons dans le projet de loi 67, M. le Président, lorsqu'on vous dit
qu'il s'agit de la création d'un réseau parallèle, d'un
réseau privilégié et d'un réseau exclusif de la
part du gouvernement.
Pour nous, entrepreneurs indépendants de cette province, nous le
disons injustifié et incompréhensible. La question fondamentale
si vous devez la régler ou si on doit en discuter aujourd'hui: Est-ce
qu'on veut, maintenant, régler le sort du courtier d'assurances? Est-ce
qu'on veut le rem-
placer en créant un autre réseau non compétent, non
capable, non prêt à opérer? Qu'on le dise tout de suite et
on est prêt à en discuter, M. le Président.
Je vois, personnellement, et la fédération voit dans cette
approche au niveau des caises populaires le changement de vocation de cette
institution qui a progressé à un rythme effrayant. Veut-on faire
de nos caisses populaires des magasins généraux? Souvenons-nous
de l'histoire de ces magasins. Ils ont vite disparu avec le
phénomène de l'urbanisation et de la spécialisation.
Est-ce qu'on veut rétrograder? Je m'arrête sur l'opération
réseau, M. le Président, pour sauter immédiatement au
chapitre III, tendances appréhendées, 4. À tendances
appréhendées, en page 32, la fédération
s'arrête sur la création de ce monopole, auprès de Jos
Public qui devra, demain matin, aller quémander ses fonds, s'il est
blessé.
J'arrête ici l'attention de tout le monde en essayant d'imaginer
Philippe Saint-Arnaud, de Cap-aux-Os, 200 milles de Rimouski, qui est pris dans
un accident, blessé, qui doit, le lendemain de l'accident, communiquer
avec son épouse pour essayer d'avoir des indemnités. Je vois son
épouse communiquer avec la caisse populaire, parce que c'est là
qu'il a payé sa prime en blessures corporelles, je vois la jeune fille
de la caisse populaire le référer au gérant, je vois le
gérant le référer à la Commission des accidents du
travail en passant par le courtier, et je vois le gars de la Commission des
accidents du travail dire à madame: Voulez-vous venir à
Québec, s'il vous plaît? Je vois madame prise, qui ne sait pas
conduire et qui doit venir à Québec et son Jos Saint-Arnaud est
à l'hôpital.
C'est cela la réalité même de tous les jours, M. le
Président. C'est ce que nous voyons. C'est ce qu'on sent dans nos
bureaux. C'est le problème qu'on aura, Jos Saint-Arnaud, de Cap-aux-Os,
de la Gaspésie, d'un peu partout. La réalité, c'est autre
que Québec et Montréal. Ce sont les tendances
appréhendées que nous voyons et c'est ce que nous disons
être, selon nous, la création d'un monopole pour un public qui a
toujours connu les bienfaits d'un service dont vous pourrez peut-être
dire qu'il n'a pas toujours été à la hauteur de la
situation, mais tout au moins qu'il a été à la hauteur des
aspirations de ceux qu'il représentait, son client. Ce réseau,
qui était le courtier d'assurance, a quand même et il ne
faut pas se le cacher dans le passé, financé le peuple
québécois en matière d'assurance automobile parce que,
très souvent, on a vu des courtiers, pendant 12 mois, 24 mois, attendre
des clients parce qu'il ne pouvait pas payer leur prime. Après avoir
monté un si beau réseau dans notre province, la meilleure des
choses que l'on puisse faire, c'est de le remplacer immédiatement par un
autre réseau qu'on dit apte à remplacer le courtier. C'est tout,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Compte tenu du fait qu'il
approche 18 heures, nous devons suspendre jusqu'à 20 heures, toujours au
salon rouge...
M. Lachance: Merci. (Suspension de la séance à 17 h
58)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président (M. Boucher): À l'ajournement de 18
heures, la Fédération des courtiers d'assurances du Québec
avait terminé l'exposé de son mémoire et la parole
était à Mme le ministre. Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, merci. J'aimerais interroger
le président de la fédération, pour être bien
sûre que les choses sont claires et bien comprises de part et d'autre.
J'ai entendu le président faire allusion au fait que la
fédération craignait de disparaître, partiellement dans un
premier temps, totalement dans un deuxième temps. Je voudrais, d'une
part, vous rassurer. Je pense que vous avez dans vos rangs quelqu'un qui
devrait être en mesure de le faire puisqu'un de vos représentants
nous a suivis au cours de la tournée et a été
présent à toutes les séances qui ont été
tenues, si bien qu'il en sait autant sur le sujet que moi, probablement.
Je voudrais vous rassurer sur le fait que nous avons été
extrêmement attentifs depuis le début à la situation dans
laquelle se trouvent les courtiers et qu'il est loin de notre intention de
mettre à la rue 4000 ou 5000 Québécois. Cela a
été un souci constant et j'ai eu à le
répéter à plusieurs reprises. J'aimerais que vous me
confirmiez, si c'est possible, le fait que la réforme, telle qu'elle est
proposée, risque de faire perdre aux courtiers et là
j'imagine que c'est selon la diversité d'un bureau, selon qu'on fait
beaucoup d'assurance automobile ou peu d'assurance automobile autour de
25% à 30%. Est-ce que ce serait juste de maintenir ce chiffre qui a
été affirmé par des courtiers au cours de la
tournée?
M. Lachance: M. le Président, pour répondre
à la question de Mme le ministre, nous avons essayé
d'élaboré un petit catéchisme, parce que nous aussi nous
avons cru qu'il serait bon d'avoir un petit catéchisme pour nos membres.
On a trouvé votre idée excellente. Prenons le petit bureau de
campagne qui a un volume d'affaires de $400 000. Parce que c'est un bureau qui
vend dans les lignes personnelles, il faut s'attendre à ce que son
volume d'assurance automobile soit très fort. Alors, s'il y avait un
pourcentage de 80% en assurance automobile, le projet de loi lui ferait perdre
environ 36% de son revenu brut. Pour un bureau de $700 000 à 70%
automobile, ce serait 29,6%. Et $1 million à 60% automobile, 40% autres
lignes, la perte est de 23,7%. Ce sont des pertes de fonctionnement. C'est la
différence du revenu brut en opération.
Maintenant, comme le projet de loi, tel que présenté, ne
nous enlève pas de travail ou à peu près pas, en ce qui
concerne l'émission d'un contrat d'assurance, émettre un contrat
d'assurance-responsabilité avec dommages matériels ou
l'émettre avec blessures corporelles, c'est le même travail. Il
reste qu'il y a seulement au niveau des réclamations que ça peut
être différent. D'autre part, on pense que ça va être
compensé, parce qu'il va falloir expliquer votre régime, comme
vous nous l'avez si bien déjà dit.
Mme Payette: J'ai été franche. Est-ce que vous avez
fait des calculs, de votre côté, quant aux revenus que pourraient
tirer les bureaux que vous avez cités du nouveau champ d'action que nous
ouvrons, c'est-à-dire 20% de la population qui n'est pas assurée
et qui devra s'assurer, puisque l'assurance sera obligatoire et,
également, du revenu que toucheront les courtiers du régime
supplémentaire, que 15% de la population estimera nécessaire pour
couvrir ces pertes économiques? Est-ce que vous avez fait faire des
calculs dans ce sens?
M. Lachance: Pour ce qui est de la première partie de la
question, des gens qui ne sont pas assurés, il ne faut pas oublier une
chose, que pour les gens qu'on va assurer, la prime va être encore 35% de
moins que ceux qu'on assure actuellement. Comme notre pourcentage de commission
est basé sur la prime, on va retirer encore 35% de moins. Alors,
"opérer" un dossier à perte, même si vous en
"opérez" davantage, plus vous allez en "opérer", plus vous allez
faire des pertes.
Mme Payette: C'est le raisonnement le plus vicieux que j'aie
entendu. Je ne vous confierais pas mes affaires.
M. Lachance: D'autre part, j'aimerais ajouter, M. le
Président, que ceux qui ne sont pas assurés sont ceux qui sont
souvent des risques indésirables. C'est le bonhomme qui a une voiture
pendant deux mois et qui, au bout de deux mois, son automobile brise et il la
retire, tout ça. Ce sont les gens qui sont, normalement, les moins
responsables, qui ont le plus de difficulté à payer et ce sont
les gens qui occasionnent le plus de travail dans notre bureau. Je vois mal
comment on va se refaire avec ces gens.
Mme Payette: II y a quand même 20% de la population qu'il
faut servir.
M. Lachance: Oui et on est bien heureux de la servir. Mais d'un
autre côté, il ne faudrait pas penser qu'on va se refaire avec ces
gens-là. L'autre partie de votre question, lorsque vous dites qu'on a
15% des gens qui vont s'assurer en excédent, mais ça reste un
champ non exploré actuellement, parce qu'on ne sait pas si les
compagnies d'assurances vont opter pour couvrir ces gens sur une police
d'assurance automobile ou si ça va être sur une base
d'assurance-salaire quelconque qui pourrait être vendue à peu
près exclusivement par les vendeurs d'assurance-vie, on ne sait pas, on
est complètement ignorant de ça.
Mme Payette: Si bien que vous n'avez aucune estimation du revenu
que le courtier pourrait toucher à partir de ces deux nouveaux champs
qui sont ouverts. Vous n'avez pas fait ces calculs?
M. Lachance: Excusez, je vous entends mal.
Mme Payette: Vous n'avez pas fait les calculs qui nous
permettraient d'avoir une idée de ce qu'un courtier peut toucher
à partir des 20% et des 15% qui sont des nouveaux champs d'action?
M. Lachance: Non. On ne peut pas le faire, parce qu'à ce
moment-là on ajoute du travail. Là où l'avenir de nos
bureaux est menacé très sérieusement, c'est qu'on nous
enlève une part, comme on le disait tout à l'heure, de 23%
à 36% de revenu brut et on ne nous enlève pas de travail; donc,
on ne nous enlève pas de dépenses. À ce moment-là,
comme la plupart des bureaux sont loin de faire cela comme profit net, il leur
reste une chose à faire, c'est de continuer à opérer
à déficit jusqu'à ce qu'ils soient obligés de
fermer leurs portes ou bien diminuer la qualité de leurs services. Et
là on viendra nous dire: Écoutez, les courtiers, vous ne faites
pas votre "job".
Mme Payette: On a beaucoup parlé d'un cadre juridique. Je
pense qu'une bonne partie de votre mémoire souligne la
nécessité pour vous d'avoir un cadre juridique. Actuellement,
vous êtes un syndicat professionnel. C'est cela?
M. Lachance: Oui.
Mme Payette: Est-ce que je peux vous demander ce que ce syndicat
professionnel a fait jusqu'à maintenant... J'ai vu le coup de coude.
Excusez-moi.
M. Lachance: Vous avez les yeux clairs.
Mme Payette: Est-ce que je peux vous demander ce que ce syndicat
professionnel a fait jusqu'à maintenant en termes de négociations
avec les assureurs? Est-ce qu'il y a eu des négociations avec les
assureurs jusqu'à maintenant?
M. Lachance: Oui. Négociations, il faut s'entendre. On a
tenté de négocier avec les assureurs. Un assureur nous dit: Nous,
on a 5% du marché, l'autre 10%; on le fera quand tous les autres
assureurs le feront. Donc, à ce moment, il n'y a pas eu de
négociation possible avec les assureurs, d'autant plus que les assureurs
sont inquiets parce qu'ils voient de plus en plus l'intervention de
l'État dans le domaine de l'assurance; ils veulent compresser leurs
dépenses et un des moyens, c'est de réduire les commissions des
courtiers.
Nous, à ce moment-là, on demande un cadre juridique. On
est convaincu du service qu'on rend au public et, pour qu'on soit capable de
continuer à rendre ce service, on a besoin d'une
rémunération et on est prêt à la négocier
avec les autorités concernées.
C'est cela qu'on demande, un cadre juridique.
Mme Payette: Laissez-moi compléter ma question. Qu'est-ce
qui vous empêche, comme syndicat professionnel, ce soir, d'envoyer un
télégramme au BAC pour leur signifier votre désir de les
rencontrer pour négocier?
M. Lachance: Cela va changer quoi?
Mme Payette: Écoutez, si cela n'a pas été
essayé, je pense qu'on ne peut pas tirer de conclusion.
M. Lachance: On a fait plusieurs démarches. Si vous
connaissez, d'ailleurs, le BAC, le Bureau d'assurances du Canada, on va vous
dire que le Bureau d'assurances du Canada n'est pas un organisme pour
négocier du tout au nom des assureurs. C'est tout simplement un
organisme d'information, de statistique et de tout cela pour les assureurs.
Chaque assureur est tout à fait libre de faire ce qu'il veut et il
n'appartient pas au BAC de négocier pour les assureurs.
Mme Payette: Si bien que vous êtes forcés par les
circonstances de négocier avec chacun des assureurs.
M. Lachance: Exactement.
Mme Payette: Vous n'avez pas d'interlocuteurs.
M. Lachance: Absolument pas. C'est la raison pour laquelle on
demande le cadre juridique. Je demanderais à Me Chapados,
peut-être, d'expliquer davantage; il a de l'expérience au niveau
d'autres professions dans ce domaine.
Mme Payette: Avant de passer à Me Chapados, si vous me
permettez, j'ai très hâte d'entendre Me Chapados à nouveau,
mais je n'ai pas terminé avec vous, M. le Président, et
j'aimerais vous poser seulement deux ou trois questions encore. Je sens que,
dans votre mémoire, vous nous demandez de vous aider à obtenir ce
cadre juridique. Je dois vous dire que je suis toute disposée à
le faire, et je pense que vous ne trouverez pas d'opposition ici.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Encore
une fois, je demande à l'assistance de ne manifester sous aucune
forme.
Mme Payette: Cependant, ce serait peut-être une bonne
idée qu'on sache ce que vous attendez de nous exactement. À la
page 75 de votre mémoire, il y a une phrase sublime qui dit que nous
devrions faire preuve d'imagination. Je pense que moi, l'imagination, cela ne
me manque pas et je vous avoue que je ne suis pas inspirée par votre
phrase. J'aimerais savoir si vous en avez, de l'imagination, et si vous en
avez, cela veut dire quoi, en page 75 à 12.01 comme dirait Me
Chapados?
M. Lachance: Voici, si vous me permettez, je vais demander
à Me Chapados, qui a de l'expérience au niveau des cadres
juridiques, parce que tout de même c'est beaucoup plus technique, de
répondre à cette question.
Mme Payette: Parfait, M. le Président.
M. Chapados: M. le Président, en réponse à
la question de l'honorable ministre, j'aimerais dire ceci. En fait, on part du
constat suivant, c'est que dans son exposé, je pense que M. Lachance, et
cela se traduit, cela suinte à travers le mémoire, je pense que
vous avez devant vous des gens qui, évidemment, compte tenu des
réformes qu'exige la société, sont prêts à
faire face à la réalité.
Le statu quo du passé est laissé là, on veut
s'adapter à une réalité nouvelle. Le constat est le
suivant: Nous assistons aujourd'hui à une première intervention
de l'État dans le domaine de l'assurance. J'ai beaucoup de respect pour
vous, Mme le ministre, mais mon expérience m'a appris, quand
l'État commence à intervenir dans un secteur, surtout dans un
secteur comme celui-ci... Peut-être pas à court terme, mais il est
clair que dans les années à venir et il faut le
réaliser le précédent qui se crée
aujourd'hui a pour objectif, pour fin première, le domaine de
l'assurance automobile.
Il n'est pas exclu de penser, loin de là... D'ailleurs, dans
votre tournée, je ne vous ai pas suivie comme M. Gélinas, mais
j'avais des échos lointains; à un moment donné, vous avez
dit je ne voudrais pas mal vous citer si la quincaillerie ne
fonctionne pas, on y verra! Ce matin, je lis le Devoir et une des questions que
vous vous posez: Est-ce que l'État doit directement ou indirectement,
par l'intermédiaire d'une compagnie, entrer dans le domaine de
l'assurance et faire la concurrence avec d'autres compagnies? Pour moi, il est
clair que l'État fait un premier pas dans le domaine de l'assurance et
que tôt ou tard, à cause des intérêts du consommateur
qu'il est chargé de sauvegarder, cette intervention devra se poursuivre
dans d'autres lignes personnelles.
D'ailleurs, on n'a qu'à regarder ailleurs, dans les autres
provinces, et il y a des régies qui vendent du "feu-résidence",
du "vol-résidence", et tout cela; c'est l'intervention directe.
L'État peut être également amené, c'est plus subtil
mais c'est tout aussi efficace et là je me réfère
encore au Devoir, à une des questions que vous avez posées ce
matin: L'État devrait-il, à un moment donné, se donner les
pouvoirs par le biais du surintendant et établir un contrôle au
niveau de la tarification, comme cela se fait dans le gaz ou ailleurs? C'est
une intervention indirecte. Pour nous qui sommes payés, je dis nous, les
courtiers qui, jusqu'à maintenant, sont payés selon une
quote-part, si vous voulez, de la prime globale, il s'ensuit un résultat
concret. Si on regarde la réalité dans laquelle on vit, et c'est
pour cela peut-être qu'on est devant vous aujourd'hui et qu'on vous
demande un cadre juridique, l'État intervient dans un premier temps dans
l'assurance automobile. Quant aux autres secteurs, de façon directe ou
indirecte, à plus ou moins long terme, il va être appelé
à poser des gestes qui vont nous affecter.
Aujourd'hui, partant de ce constat, on pose une question, on vous l'a
posée: Est-ce que l'État va accepter et c'est le
problème qui se pose, ce n'est pas juste une question de licences et de
vente d'enregistrement et de plaques, etc..
Non. Compte tenu de l'évolution future de l'assurance, est-ce que
l'État est prêt à être un par-
tenaire des courtiers qui vont en quelque sorte être
l'intermédiaire ou les collaborateurs dans ces réformes qui
commencent et qui s'annoncent? À compter du moment où vous dites
non, mais, il n'est plus question de mode de participation et il n'est plus de
condition de participation et on s'en va chez nous et on respecte la loi qui
est votée.
Mais, à compter du moment où l'État dit:
Très bien. J'admets que dans telles situations... Je vais donner des
exemples concrets en partant de nos modes de participation pour mieux faire
comprendre. Si l'État se dit: La Commission des accidents de travail,
à cause de ses réformes, on ouvre des bureaux dans la banlieue de
Montréal, on va en ouvrir dans la banlieue de Québec, mais, est
capable de couvrir la totalité du territoire, nous n'avons pas besoin
des courtiers au niveau des règlements des sinistres corporels, en
aucune façon, même s'il y a des situations d'exception et des
régions éloignées. Il n'y a pas de problèmes. Si,
par contre, l'État se dit: II se peut que dans certaines régions
éloignées il y ait des courtiers qui fassent oeuvre valable en
collaborant avec la CAT au niveau du règlement des sinistres corporels.
Si tel est le cas, cela sous-entend des conditions de participation et tout ce
que vous voulez. Première hypothèse.
Deuxième hypothèse: On a parlé, évidemment,
des caisses populaires, on a parlé de l'entente. Il se pourrait,
évidemment, que dans certains coins de la province il y ait des
courtiers, peut-être 30, 40, 50, je ne le sais pas, qui, en plus,
justement, de collaborer au niveau des règlements de sinistre, parce
qu'ils sont sur place, à cause des besoins de la population qu'ils ont
à desservir, soient appelés à titre exceptionnel à
remplir les fonctions d'un bureau d'enregistrement. C'est une autre
hypothèse.
La troisième, c'est celle qu'on a évoquée cet
après-midi. Lorsqu'on vous a dit: Ce que nous vous demandons, c'est de
permettre au bonhomme, parce que demain ce seront d'autres secteurs qui seront
en jeu, qui le désire, de satisfaire aux prescriptions de la loi 49 et
de la loi 67 par l'intermédiaire de son courtier et à compter du
moment où l'État dit: C'est pas fou. Il se peut qu'il y ait des
régions où la CAT n'a pas le personnel. Il se peut que dans telle
autre région, il y ait des bureaux, malgré le caractère
exclusif qu'on a relevé dans les journaux, il y ait des courtiers qui
puissent faire oeuvre valable, ce serait peut-être utile d'accommoder le
consommateur qui le désire, de satisfaire à l'ensemble des
prescriptions de cette loi par l'intermédiaire de son seul courtier.
À compter du moment où vous dites cela, on dit: Qu'est-ce
qu'on fait? Qu'est-ce qu'on fait? C'est qu'on doit faire affaires avec un
interlocuteur valable. Malgré tout le respect que j'ai pour le BAC, M.
Moreau et les compagnies, la loi 67, c'est l'ensemble du régime; c'est
cela, le régime. À ce moment, on se dit: L'interlocuteur, c'est
actuellement votre ministère. Un cadre juridique, c'est un bien grand
mot pour signifier une chose très simple; dans le cas des
salariés, c'est le Code du travail qui dit: Pour vous faire
accréditer du syndicat, vous allez faire cela. Il y aura un jugement et
vous allez signer une convention collective. Cette convention collective aura
un caractère réglementaire et elle va lier tous les membres et
non-membres, tous ceux qui sont dans l'unité de négociation.
C'est le seul cadre juridique qui existe actuellement. Là où on
commence à avoir des problèmes, c'est lorsqu'on tombe dans le cas
de professionnels autonomes ou de gens autonomes comme les courtiers. Les
courtiers sont dans la même position que les médecins, les
dentistes, les pharmaciens, les vétérinaires et ajoutez-en.
Nous arrivons à la page 43 où nous disons que vous pouvez,
avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, conclure une entente
avec l'organisme représentatif qui est devant vous aux fins de
régler les conditions de participation des courtiers qui, dans certaines
régions, seront appelés à seconder la CAT, dans d'autres
seront appelés parce qu'il y a des problèmes précis
et une population qui exige des services à faire office de bureau
d'enregistrement. À ce moment, il y a une entente qui intervient et cela
lie les courtiers autorisés ou les courtiers participants, appelons-les
comme vous voulez. Donc, à compter du moment où vous agissez et
où nous agissons, l'entente de contrat bilatéral ou
synallagmatique entre le gouvernement et la fédération a un
caractère réglementaire parce que la loi dit: Une telle entente
lie, outre la Régie de l'assurance automobile, le courtier
autorisé à agir aux fins de la présente loi. S'il y est
expressément pourvu le libellé est important, c'est parce
qu'il y a des cas d'exception une telle entente peut de même lier
le surintendant des assurances et, le cas échéant, la Commission
des accidents du travail.
Alors, disons que c'est l'ensemble et à compter du moment
où le gouvernement dit: Le courtier peut jouer un rôle dans ce
système-là, cela suppose des conditions de participation. Dans le
contexte actuel, M. le ministre est l'interlocuteur valable. C'est le ministre
qui est chargé de l'application de cette loi qui devient l'interlocuteur
valable, évidemment par l'intermédiaire de ses fonctionnaires,
etc.
C'est ce pourquoi on demande ce cadre juridique. Pas parce qu'on ne l'a
pas eu ailleurs. Parce qu'il y a une réalité qui est là et
qui nous oblige à poser ce geste parce que les fluctuations qu'on est
appelés à subir comme courtiers proviennent du projet de loi qui
est à l'étude présentement. Disons que, pour le moment, je
n'en dis pas davantage. Est-ce que j'ai répondu, Mme le ministre,
à votre question?
Mme Payette: Vous avez répondu. Je pense Me Chapados,
j'aurais juste une toute petite question. Est-ce que ce cadre juridique vous
servirait ailleurs?
M. Chapados: II nous servirait ailleurs. Je ne veux pas ouvrir au
gouvernement des boulevards à trois voies, mais d'un autre
côté...
Mme Payette: Faites, je vous en prie.
M. Chapados: ... est-ce que cela pourrait servir ailleurs? Je
sais, et cela a commencé d'ailleurs avant vous, quand je parle de
l'État, il y a déjà eu des questions en Chambre...
Mme Payette: C'était avant moi.
M. Chapados: ... sur, par exemple, le coût de la
rémunération du courtier, les réponses qui ont
été fournies en Chambre, le coût des primes, etc. À
compter du moment où l'État, le ministre se met à
intervenir, bien, je dis oui, il se pourrait peut-être que, dans un
premier temps, on ait à se rencontrer et à discuter à
propos de choses qui ne concernent pas spécifiquement cela.
Mme Payette: Vous considérez toujours le ministre ou le
ministère comme le seul interlocuteur auquel votre cadre juridique vous
donnerait accès. La question que je vous posais c'était: Est-ce
que ce cadre juridique vous serait utile auprès de l'entreprise
privée?
M. Chapados: Bien, est-ce qu'il serait utile auprès de
l'entreprise privée, je pense qu'il faudrait poser la question à
l'entreprise privée. Dans un premier temps, ce qui nous
intéresse, quant à nous, c'est le régime d'assurance
automobile. Il se pourrait fort bien, en fait, que le cadre juridique en
question, et c'est l'autre volet de votre question... Vous avez inclus une
corporation des assureurs, dans la loi. Qu'est-ce que vous voulez en faire? Et
est-ce qu'éventuellement la corporation des assureurs ou d'autres
organismes, de par la volonté du législateur, seraient
appelés à assumer certaines responsabilités à ce
niveau? Évidemment, c'est une possibilité. Mais à court
terme...
M. Lachance: M. le Président, si vous me le permettez,
peut-être pour éclairer davantage cette commission, il faut bien
comprendre que lorsqu'un assureur fabrique une prime d'assurance automobile,
par exemple, on peut la décomposer en trois grands
éléments. Vous avez, d'une part, ce dont l'assureur a besoin pour
payer les sinistres purs. Vous avez ses frais d'administration et ses profits
et vous avez les commissions du courtier. Cela représente la prime
totale que l'assureur doit demander. À partir du moment où
l'État intervient et dit: On va donner des pouvoirs au surintendant,
etc., l'assureur est soumis à une politique gouvernementale où
ses tarifs sont soumis pour acceptation ou à peu près, de toute
façon il est sujet à des pressions de la part du
gouvernement.
À ce moment, c'est que pour lui, pour l'assureur, ne pouvant pas
réduire lorsqu'il n'obtiendrait pas ce qu'il désire, ne pouvant
pas réduire ses sinistres ou ses frais d'administration, il lui reste un
autre élément, c'est de réduire la commission des
courtiers. Cela ne lui fait pas mal. Nous disons non. Ce n'est pas cela. Les
assureurs ne savent pas ce dont on a besoin.
Nous autres, on est des professionnels indépendants. On n'est pas
au service des assureurs, on est au service de notre public. Puisque
l'État intervient, on va s'asseoir avec vous, on va établir ce
dont on a besoin pour notre rémunération et après, les
assureurs l'engloberont dans la prime, si ça doit être
englobé comme tel, quand on l'aura établi et
négocié. Si vous aimez que notre affaire soit connue sur les
factures, on n'a absolument pas d'objection.
Mme Payette: M. le Président, j'ai terminé mes
questions. Je pense que les députés ont d'autres questions
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, pour aller directement
au fond du problème, si j'ai bien compris le mémoire et si j'ai
bien compris les interventions, messieurs les courtiers ont fait leur lit sur
le marché libre, dans un milieu compétitif. Il est à
supposer que leurs services correspondaient à une certaine
nécessité, puisqu'ils ont survécu et progressé,
toujours dans un marché libre comme on le connaît, avec le genre
de société que nous avons. Certains d'entre vous ont passé
des années et une vie à monter vos affaires, à monter vos
bureaux et aujourd'hui, vous sentez que vous allez être en
régression. Vous ne serez pas les seuls dans le monde moderne qui
évolue si vite à vous apercevoir que vous devez être en
régression, à court, à moyen ou à long terme.
Seulement, habituellement, dans le secteur libre d'activité,
c'est quelque chose qu'on peut prévoir, qui se fait lentement, par
l'évolution des techniques, par l'évolution des sciences ou par
l'évolution du marché. Dans votre cas, c'est coupé
carré par une loi qui, d'un coup, vous coupe d'une partie importante de
vos responsabilités et, par ce fait, d'une partie importante de vos
revenus. C'est sans rémunération d'aucune sorte, sans
reconnaissance d'aucune sorte.
Je crois que dans notre système démocratique, on doit et
on a toujours respecté traditionnellement la valeur des biens acquis
lorsque ces biens ont été acquis en respectant la loi, la
tradition et les règlements. C'est ce que vous avez fait.
À mon avis, il est odieux que, par une loi, sans plus de
motivation ou, du moins, d'une façon dra-connienne, on vous mette
simplement devant un fait accompli et qu'on vous dise tout simplement que la
longue expérience acquise dans votre champ d'activité, eh bien!
c'est nul, on n'a plus besoin de vous autres. C'est ça la situation
réelle causée par cette loi.
En plus, on va plus loin que ça, parce que dans l'article 80, le
gouvernement met le doigt dans votre champ d'activité traditionnel, dans
le champ d'activité concurrentiel, libre. La seule chose, grosso modo,
la loi rend une assurance obligatoire pour $50 000. Voilà que, par la
loi, dans l'article 80, on dit que l'assureur doit dire à son client que
la police n'est pas renouvelable aux mêmes conditions. On ne mentionne
même pas votre nom. Cela ne regarde pas directement l'Office, ça
n'a rien à voir avec la protection pour blessures corporelles, ça
reste dans le marché libre, ces $50 000 obligatoires.
Je crois que le gouvernement et que le ministre doivent être
sensibles à cette situation. Pour moi, c'est une situation d'injustice.
Il est bien possible qu'on calcule qu'on n'a pas besoin de vous, mais au moins,
qu'on vous le dise. Si vous n'avez pas le sens des responsabilités dans
vos occupations, qu'on vous le dise.
Et si vos règlements de déontologie et de respect
d'intérêt de la société ne sont pas valables, qu'on
les modifie, mais qu'on joue franc jeu. Qu'on ne vous donne pas des articles
qui veulent dire à peu près n'importe quoi, où on doit
lire entre les lignes, mais qu'on y aille franc jeu. Il y va de l'avenir et des
biens acquis des gens, des biens acquis librement, dans un marché
libre.
J'appuie madame lorsqu'elle dit qu'elle va dialoguer avec vous. Je ne
puis faire autrement. J'espère que ce dialogue sera positif, sera
fructueux, non seulement pour vous, mais pour les assurés
également. Mais il faut toujours penser que c'est la loi qui va primer.
Ce qu'on dit aujourd'hui, cela s'efface, c'est parti. Tout à l'heure on
aura une chose qui va exister, c'est la législation qui va rester. Les
paroles vont partir.
Cela dit, quels seraient les avantages, si, au lieu de signer un
protocole d'entente, par exemple, avec les caisses populaires, on vous avait
offert de signer un protocole d'entente? Est-ce que vous croyez que cela aurait
été un actif, et pour la population et pour votre profession?
M. Lachance: D'abord, il est bien sûr que pour l'individu
il faut prendre le besoin du consommateur l'assurance, c'est
quelque chose de compliqué. Je vois très mal l'individu qui va
aller payer une prime d'assurance aux caisses populaires, où il va
demander pourquoi il paie il y a bien des chances qu'il n'y ait personne
qui puisse lui expliquer réellement qui entre dans un bureau de
courtier pour une protection additionnelle, lorsqu'il y a une
réclamation, il s'adresse à la Commission des accidents du
travail pour les blessures corporelles, il s'adresse au courtier pour les
dommages matériels, et, en plus, s'il a une assurance
excédentaire, il doit s'adresser à un troisième
endroit.
Je pense que cela serait si simple, si on veut établir deux
systèmes c'est une décision qui ne nous appartient pas,
mais qui regarde le gouvernement au moins, qu'on le canalise par un seul
réseau, afin que l'assuré n'ait pas deux endroits où
s'adresser, mais bien un seul.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous croyez que par ce protocole
d'entente entre les caisses populaires et le gouvernement, le gouvernement veut
aller plus loin, comme les caisses populaires et entrer de pied ferme dans le
domaine de l'assurance automobile? On sait pertinemment que les caisses
populaires ont une corporation qui vend de l'assurance automobile. Mais vous
savez comme moi, tout le monde connaît les caisses populaires...
M. Lachance: Je vais demander à M. Paradis qui a
développé ce point tout à l'heure, de répondre
à cette question.
M. Paradis: M. le Président, sûrement, c'est notre
crainte la plus aiguë à l'heure actuelle. Il va sans dire que pour
les caisses populaires, si on veut être réaliste, le travail
qu'elles auront à faire, le travail d'information, surtout, de
même que l'émission de ces plaques, pour une somme d'environ $1 ou
$1.50, c'est de la peccadille. Je pense bien qu'elles espèrent ardemment
pouvoir aller chercher un peu plus de glaçage sur le gâteau que $1
ou $1.50. Selon nous, c'est clair.
C'est ce que j'expliquais, ce matin, lorsque je parlais des articles 80,
83 et 179, au niveau des pénalités. Pour nous, c'est très
clair.
M. Saint-Germain: Si vous aviez les mêmes avantages, si on
signait avec vous un protocole d'entente avec les mêmes avantages que
ceux des caisses populaires, est-ce que cela serait une solution partielle?
M. Lachance: Dans le mémoire qu'on avait
présenté, durant la tournée de Mme Payette, on lui avait
fait la suggestion qu'on était ouvert à distribuer le
système public aussi bien que le système privé.
Maintenant, quant aux conditions et à tout cela, cela reste
à déterminer.
M. Saint-Germain: II me semble évident que les gens qui
vont subir des blessures corporelles vont être pris devant une machine
d'État lourde, pesante. La détermination des dommages qu'ils
auront subis va être difficile à atteindre, à estimer,
très difficile, surtout si on prend les étudiants ou les
personnes comme les ménagères. Ces ménagères ont
bien souvent, une formation et une profession; cela ne sera pas facile
d'estimer tout cela. Cela va être très complexe. Si vous ne le
faites pas, c'est clair que d'autres devront le faire. Je ne sais pas qui. Ce
sont peut-être les règlements, c'est peut-être l'office
même. Quel système va-t-on établir? Quelqu'un doit le
faire. Avec l'expérience que vous avez acquise, est-ce que vous avez une
possibilité de rendre réellement service aux gens victimes
d'accidents?
M. Lachance: Sûrement. Encore là, pour l'individu,
quand il y a une réclamation, c'est excessivement complexe. Dans une
société, lorsqu'on fait disparaître des
intermédiaires, il s'en crée d'autres automatiquement.
Peut-être iront-ils voir l'assistance juridique; ils iront voir le
député; ils iront voir les ministres, je ne sais trop. Mais il va
falloir qu'il y ait quelqu'un qui les aide, parce que l'assuré, pour
lui, c'est quelque chose de complexe. Si on passe par l'intermédiaire du
courtier, à cause de sa compétence et de son expérience
dans le domaine de l'assurance, c'est facile de diriger son client et de lui
dire: Voici ce dont on a besoin, va chercher un rapport de médecin; il
faut compléter telle formule, etc.
Peut-être que Me Chapados pourrait ajouter un mot
là-dessus.
M. Chapados: Je parlais tout à l'heure de systèmes
conçus en partance de Québec ou de Mont-
réal, mais si on pense à plusieurs régions
périphériques de la province de Québec, il faut venir des
régions éloignées pour savoir jusqu'à quel point la
CAT est un organisme qui était très loin. Évidemment, le
ministre, lorsqu'il a annoncé sa réforme et son système, a
pris soin de noter que, moyennant réforme, il entendait
évidemment confier une partie du travail au niveau du règlement
des sinistres corporels à la CAT, mais moyennant réforme. J'ouvre
encore le Devoir de ce matin et qu'est-ce qu'on y dit à la page 35? "La
proposition de confier le tout à la Commission des accidents du travail
n'est pas sans soulever une foule d'inquiétudes. La CAT n'est pas
particulièrement réputée pour son efficacité. Elle
est présentement dans un processus de changement. Elle devra en quelques
mois se réorganiser pour donner plus efficacement ses services actuels."
Il suffit de pratiquer peut-être dans le milieu syndical pour savoir
jusqu'à quel point, dans le passé, c'était un
thème, au niveau des congrès de grandes centrales syndicales, qui
revenait souvent à la surface et non sans raison. Que la CAT se
réforme, très bien. Mais, nous, nous disons que la CAT ne peut
pas, du jour au lendemain, même avec ses réformes, desservir
l'ensemble des citoyens couvrant l'ensemble du territoire du Québec,
sinon à un coût prohibitif. C'est ce que nous disons. On dirait
qu'il faut faire preuve d'imagination au niveau d'un cadre juridique. Il faut
en faire preuve aussi au niveau des modalités qui vont faire que ce
système va être humain, va être personnalisé et
n'obligera pas des gens, en plein mois de mars, à se promener d'un
côté et de l'autre.
Nous disons qu'au gouvernement, à la commission parlementaire,
vous avez un réseau qui couvre l'ensemble de la province et vous avez
des gens sur place. Ne serait-il pas sage précisément, puisqu'il
s'agit de blessés corporels, de prévoir certaines
modalités de participation du courtier? Il ne faut pas oublier que la
victime est blessée. Je pense qu'on peut régler la question
à coups de réformes annoncées ou d'organigrammes, mais si
on veut un régime qui soit près des gens, qui soit accessible aux
gens, en ce qui a trait, par exemple, aux règlements des sinistres
corporels, il ne fait pas de doute qu'il y a des endroits du territoire
québécois qui vont être desservis avec plus ou moins
d'efficacité. Je reviens à ce que je disais au début: Ce
projet de loi est un défi pour tout le monde, pour l'Assemblée
nationale et pour le gouvernement, et personne ne peut se permettre, dans ce
secteur précisément parce qu'il touche une foule
épouvantable de citoyens, de demi-mesures ou de demi-succès.
Il est clair qu'il y aura des cas où les courtiers pourront
collaborer activement aux règlements de sinistres corporels dans
certaines régions. Est-ce qu'il n'appartient pas à un
témoin qui comparaît devant la commission parlementaire de poser
des questions? Je ne demande pas au gouvernement, non plus, de prendre des
décisions. Il y a une question, par exemple, qui hante les gens qui sont
ici je ne sais pas si cela paraît c'est peut-être la
question suivante: Sans annoncer aucune décision of- ficielle ce soir,
le gouvernement est-il prêt à considérer et à
étudier le contenu de ce mémoire parallèlement à
des engagements antérieurs qu'il a déjà pris? Y aurait-il
possibilité d'insérer certaines demandes qui sont contenues dans
ce mémoire dans certaines ententes qui ont été faites dans
le passé entre le gouvernement et qui ont été
signées par des ministres du présent gouvernement? Lorsque nous
disons, par exemple...
Mme Payette: Je vous en prie.
M. Chapados: Je ne donne pas d'exemples.
Mme Payette: Si vous permettez, Me Chapados, j'essaie de ramasser
un peu les choses qu'il y a dans votre document pour pouvoir vous dire,
à la fin, ce qui nous paraît acceptable immédiatement, ce
sur quoi nous demandons à réfléchir. Il y a effectivement
des choses que je vous dirai tout à l'heure.
M. Saint-Germain: C'est entendu qu'il va falloir humaniser ce
système. Il ne faudrait toujours pas que la Commission des accidents du
travail garde les mêmes relations avec le public qu'elle a actuellement.
Pour revenir à ce que vous disiez au sujet des blessés, à
la Commission des accidents du travail, on est syndiqué, on est
protégé par les droits de la fonction publique. On sait tous que
la productivité n'est pas trop élevée. D'ailleurs, le
gouvernement s'en est bien rendu compte puisqu'il amène une nouvelle loi
sur la fonction publique. Mais on doit rester inquiet parce qu'on ne sait pas
exactement ce qui va arriver au sujet de l'efficacité, si vous voulez,
de l'humanisation des relations entre la Commission des accidents du travail et
ses clients.
Maintenant, je crois que les caisses populaires mêmes devraient
dire peut-être ce qu'elles ambitionnent avec ce protocole d'entente.
Veulent-elles rester exclusivement des perceptrices? Cela reste possible. Si on
veut faire la perception de la prime, ce n'est pas bien compliqué, les
caisses populaires n'auront pas de misère à avoir le personnel
qualifié pour cela; et émettre des permis, cela s'apprend aussi.
Mais si on veut aller plus loin que cela, il va falloir former du personnel, il
n'y a aucun doute. Peut-être qu'on mettra de côté du
personnel déjà formé pour simplement en former d'autre
parce que je ne crois pas qu'il y ait, aux caisses populaires vous
pouvez me répondre là-dessus du personnel compétent
pour faire l'ouvrage qui dépasserait la collection de la prime.
M. Chapados: Ce qui est important dans le projet de loi par
rapport à la question que vous venez de poser, je pense qu'il y a
certains précédents ou certains gestes qui mènent
inévitablement dans une direction plutôt que dans une autre.
À la sortie du pont de Québec, j'ai peut-être,
à un moment donné, comme automobiliste, à obvier quelque
peu à ma droite ou à ma gauche si je prends la route de
Rivière-du-Loup ou celle de
Montréal mais, au départ, c'est quelques degrés.
Dans le cas qui nous intéresse M. Paradis a parlé du
réseau, je reviens là-dessus, ce sont les prétentions des
courtiers on est en train de créer un double réseau, un
réseau qui pourra donner la totalité des services, un autre qui
ne le pourra pas.
Dans notre mémoire vous vous êtes
référé à Machiavel, ce matin, Mme le ministre
nous nous permettons de nous référer à La Fontaine,
pour parler du pot de terre et du pot de fer. Il y en a un des deux qui va
casser avant longtemps. Quant à nous, c'est le problème qui se
pose. Je vous dis qu'il se jette actuellement des bases qui vont conduire vers
l'établissement d'un réseau qui va solidement s'implanter au
détriment de l'ensemble des courtiers. C'est ce que nous vous disons.
Par contre, nous l'avons souligné dans le mémoire, nous sommes
prêts à satisfaire aux exigences du consommateur, à
humaniser le service et à avoir différents modes de participation
au fonctionnement du régime, mais, en même temps, nous sommes
quand même conscients de la réalité socio-économique
du Québec. Et, c'est M. De Coster qui est président de la
régie. On peut remonter sous le régime Lesage avec la
création de la Régie des rentes, de la Caisse de
dépôt, etc. Il y a un effort, à un moment donné, qui
a été tenté dans le sens de rapatrier des capitaux, et
cela est un problème.
Nous aussi, nous sommes prêts à nous asseoir et à
collaborer avec le gouvernement. Nous sommes parfaitement conscients des
orientations qui ont été prises il y a quelques années et
qu'un gouvernement peut vouloir intensifier. Nous disons: Très bien,
nous sommes prêts à collaborer à l'intérieur d'une
entente. Mais, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, pour nous,
ce n'est pas uniquement une question de plaques et d'enregistrements. C'est
peut-être ce qui différencie les parties; le gouvernement ou les
membres de cette commission ont posé des questions aujourd'hui et on est
porté à adopter une approche spécifique. Vous savez, c'est
de l'assurance automobile, mais quant à nous, et je voudrais que ce soit
bien clair, ce projet de loi oblige le courtier à se définir par
rapport à cette intervention de l'État qui, tôt ou tard,
dans deux, trois, quatre, cinq ans c'est court dans la vie d'un peuple
en annonce d'autres. Le courtier veut être en mesure de jouer un
rôle actif non seulement vis-à-vis de ses concitoyens, mais
également vis-à-vis des objectifs légitimes qu'une
société comme la nôtre peut avoir en termes de rapatriement
de capitaux ou tout ce que vous voulez. Donc, on est parfaitement conscient de
l'ensemble des exigences tant du consommateur que de la société
et nous disons: Nous voulons collaborer. Dans l'état actuel des choses,
je ferais un parallèle, il y a un parallèle très important
à faire entre le réseau qu'on est en train d'instaurer ici et le
réseau que l'on a instauré en 1972 avec M. Choquette dans le cas
de l'aide juridique. J'avais, à ce moment-là, fait remarquer que
le réseau qu'on était en train de mettre en place ferait
qu'à toutes fins pratiques, éventuellement, l'aide juridique
serait dispensée uniquement par des avocats salariés. Au moment
où on se parle ce n'est pas une question de philosophie
à 80%, 85%, c'est devenu une réalité. Le résultat
est qu'on peut se poser aussi une autre question qui est la suivante. Quand on
parle en termes de services juridiques et quand on dit qu'une profession doit
remplir un rôle social, alors, on doit dire que dans ce cas-là,
actuellement, la profession d'avocat, à cause de l'orientation qui a
été prise il y a quelques années et cela va
être corrigé tôt ou tard ne remplit ni sa fonction
sociale, ni ses responsabilités sociales. Quant à moi, être
avocat, ce n'est plus uniquement représenter des syndicats de courtiers
et de gros syndicats ouvriers et des syndicats de médecins. C'est
également dispenser des services aux consommateurs. Compte tenu du
régime qui a été instauré, 85% de l'aide juridique
est dispensée par des gens salariés.
Ce qui est malheureux dans tout cela, c'est que les gens qui devraient
tirer des conclusions de cela, comme des avocats bien placés, ne voient
rien, ne voient pas que leur profession ne remplit plus sa fonction sociale et
que, tôt ou tard, il y aura des amendements à introduire. Je dis
que le réseau qu'on est en train de mettre en place, c'est un peu la
même chose. On instaure un réseau, il va y avoir un réseau
de distribution qui, éventuellement va déboucher sur l'existence
d'un seul réseau au détriment des courtiers qui sont devant
vous.
M. Paradis: M. le Président, si vous le permettez,
j'aimerais répondre très très spécifiquement
à l'honorable député de l'Opposition concernant la
perception de la prime auprès des caisses populaires.
Dans le protocole d'entente, qui a été signé par
les différents ministres, en page 4, on dit: De plus, le gouvernement
autorise chacune des caisses participantes énumérées aux
annexes à retenir la somme de $0.50 par transaction, si une prime
d'assurance automobile est alors perçue. Or, je sais très bien
que si je vais chercher mes plaques, on me demande $50 pour mes plaques plus
$105 ou $110 pour les blessures corporelles, j'aurai à débourser
tout près de $200, si je suis au comptoir avec la jeune fille, je vais
sûrement lui poser une première question: Combien? Et je vais lui
poser une deuxième question: Mais, pourquoi la différence? Est-ce
que les caisses populaires vont faire cela pour $0.50? Répondre?
Entraîner leurs jeunes filles? Donner toute l'information pendant que
moi, je vais pour faire un dépôt? Est-ce que c'est là la
vocation? Est-ce que cela va être rentable à $0.50?
M. Saint-Germain: Je crois réellement que vous avez des
raisons d'être inquiets. Le gouvernement a déjà ouvert la
porte relativement aux assurances, peut-être pour une motivation, comme
M. Chapados a dit, de garder les actifs chez nous, mais il y a aussi d'autres
motivations. De toute façon, avec le régime des rentes, avec le
régime d'assurance-maladie, d'assurance-hospitalisation,
on a bouleversé certaines compagnies d'assurances, il n'y a aucun
doute. Maintenant, à l'avenir, on peut penser à
l'assurance-incendie. On sait pertinemment qu'il y a des quartiers de
Montréal où on ne peut pas avoir d'assurance contre le feu, parce
que les risques sont trop grands. Je pense bien que le gouvernement ne pourra
pas laisser des quartiers complets sans assurance, ou des quartiers
assurés à des prix prohibitifs; alors il y a une
évolution, cela me semble clair.
Mais, ne croyez-vous pas qu'il pourrait du moins y avoir un protocole
d'entente entre vous et le gouvernement? Ne croyez-vous pas à un type
d'ententes qui existent, par exemple, entre les pharmaciens, pour les personnes
âgées et pour les assistés sociaux, et le gouvernement?
Mais ils sont libres, pour la majorité des gens, de pratiquer leur
profession de la façon dont ils l'entendent. C'est la même chose
pour les optométristes, leur examen est payé par
l'assurance-maladie, pour ce qui regarde les autres services, ils restent sur
le marché libre; alors, ne croyez-vous pas qu'il y a là un
précédent qui pourrait servir d'exemple?
M. Lachance: Pour nous, c'est très important, on l'a dit,
nous sommes des gens indépendants, alors il est important qu'on puisse
habiller notre client au complet. Or, à partir de ce moment, si on
divise l'assurance automobile en deux et qu'on dit: À l'avenir, il y
aura une régie d'État pour les blessures corporelles et une
entreprise privée pour tes dommages matériels, on dit: On ne voit
pas pourquoi on ne serait pas capable de le transiger directement par un bureau
de courtier, par des gens qui vont connaître cela. Ce qui va arriver,
c'est que quand ils seront payés $0.50, ils ne pourront pas
spécialiser du monde à moins qu'il y ait, et là, disons
que c'est là qu'il y a tout le jeu... Sommes-nous
intéressés à bâtir un tout autre système et
en faire des entreprises d'assurance, de vente au comptoir? Il faudrait que ce
soit la fédération qui nous le dise, mais il demeure qu'autrement
cela n'est pas rentable. Alors, il n'y aura pas de gens qualifiés, on va
répondre n'importe quoi au client. Le client va revenir chez nous et
dire: Les caisses m'ont dit que cela couvrait telle chose, et on va dire: Non
ce n'est pas cela, cela ne couvre pas ça, tu as besoin de telle autre
chose. Il va dire: Non, cela ne marche pas, à la caisse, on m'a dit
cela. Quant à être obligé de l'expliquer au client, on aime
autant l'expliquer au complet une seule fois, rendre le service complet et
habiller notre client des pieds à la tête.
M. Saint-Germain: Pour ce qui regarde le droit d'appel à
la Commission des affaires sociales, j'ai été impressionné
par l'argumentation de votre conseiller juridique et je me demande, puisque le
ministre a promis de vous rencontrer, si lors de vos représentations
vous allez insister avec autant de vigueur que vous l'avez fait ici. Je crois
qu'il y a là quelque chose d'extrêmement important.
M. Lachance: Alors, comme c'est légal...
M. Saint-Germain: Je me demandais, M. Chapados, si vous
étiez prêt à défendre avec autant
d'efficacité les intérêts de la communauté
relativement au droit d'appel. Vous avez dit que la Commission des affaires
sociales devrait être habilitée à étudier l'ensemble
des décisions de l'office. Considérant qu'il n'y a pas de droit
d'appel devant les tribunaux, je crois que, surtout pour les dates, vous avez
absolument raison, les accidentés devraient être
protégés à ce moment.
M. Chapados: Oui, et cela, nous l'avons fait, comme je l'ai
souligné cet après-midi, et pour une raison très
importante; c'est qu'il n'est pas exclu de penser qu'un très grand
nombre des gens se présenteront devant la Commission des affaires
sociales, comme cela se fait actuellement. Elle a autorité sur les
pensions du bien-être social, sur la Régie des rentes, etc. La
plupart du temps, ce sont les citoyens ou la famille qui se présentent
et, avec les moyens du bord, essaient de se débrouiller à travers
toute la texture législative. Ce sera la même chose ici. Je dis
qu'à cause de ce fait il est d'autant plus important que la commission
ait tous les pouvoirs pour corriger toute injustice.
Si nous nous sommes permis d'insister, c'est précisément
parce que nous sommes convaincus, en fait, que, même si nous sommes un
organisme représentatif à vocation socio-économique pour
les courtiers, on vit quand même dans une société
donnée. On se dit: Cette chose est susceptible, si elle n'est pas
corrigée, d'amener certains problèmes ou un certain
mécontentement. Comme on est en commission parlementaire, c'est le temps
d'y voir et de remédier à cette situation. C'est dans cet esprit
que nous l'avons fait, parce que pour nous c'est fondamental. C'est cet
ensemble de petites choses qui fera que le régime, au niveau de son
application vécue, va être un succès ou un échec, si
le citoyen a l'impression d'obtenir justice ou si c'est une impression
contraire.
M. Saint-Germain: M. le Président, je m'aperçois
que le temps passe vite et j'ai promis ma collaboration afin de finir les
travaux ce soir. J'aurais, avec votre permission, une dernière question.
Dans votre résumé, en page 2, on parle des victimes d'accidents
visées à l'article 17b et qui seront limitées à $35
000. Cela veut dire que, comme il y a $50 000 obligatoires au point de vue de
la responsabilité civile, il restera $5000 pour les dommages
matériels si on accapare $45 000 pour les blessures corporelles. Est-ce
que vous aviez un chiffre qui serait juste?
M. Lachance: Voici, c'est qu'on avait dit que nous croyions que
la limite devrait être d'au moins le double de cela, soit $100 000.
M. Saint-Germain: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska. M. le député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Premièrement, je
voudrais vous souhaiter la bienvenue
parce que cela représente une des professions au Québec
qui n'ont pas un morceau de papier pour démontrer leur permis. C'est
important parce que vous avez fait votre preuve dans le marché libre du
Québec. C'est important parce que vous êtes craintifs maintenant
à propos de cette loi. Je viens d'entendre quelque chose qui,
peut-être, me laisse craintif aussi, parce qu'on voit maintenant que
c'est l'assurance automobile et que c'est une petite part de cette assurance
automobile. Mais c'est votre profession, parce que ce n'est pas le gouvernement
qui doit être, premièrement, le protecteur de la population.
C'est vous autres qui vous occupez de cela maintenant avec des
compagnies d'assurance. Si le gouvernement s'occupe de l'assurance automobile,
il sera un assureur maintenant. Qui va la protéger s'il n'y a pas de
courtiers d'assurances? Je voudrais, premièrement, vous poser quelques
questions. À mon avis, la menace ici est pour la population qui doit
être protégée, cette fois-ci pas contre des compagnies
d'assurance, mais contre le gouvernement qui va être une compagnie
d'assurance.
C'est très important. Moi, je ne vois aucun moyen de
protéger la population sans avoir les courtiers d'assurance. Pouvez-vous
me donner quelques renseignements sur la question de coûts que vous
prévoyez, disons, pour aider le gouvernement à placer les plaques
d'immatriculation? C'est vraiment une assurance. Que prévoyez-vous,
disons un tarif normal, pour les besoins de la population? Parce que s'il y a
une réclamation, ça va être vous autres qui allez vous en
occuper.
M. Lachance: Dans notre approche, ce qu'on s'est dit,
premièrement, c'est qu'il faut établir si on veut les courtiers
ou non là. C'est la première considération. Pour nous,
c'est important qu'on soit là, comme vous le dites, pour protéger
le public, afin que l'individu ne soit pas seul devant un monopole.
Deuxièmement, on ne pourra pas établir nos coûts tant et
aussi longtemps qu'on ne connaîtra pas les exigences de la régie.
Ce n'est que lorsqu'on connaîtra les exigences de la régie, ce
qu'elle va nous demander comme travail, qu'on pourra établir les
coûts, ce que ça représente.
M. Shaw: Mais c'est évident que ce n'est pas $1.50. C'est
évident. Deuxièmement, sur la question de réclamation,
c'est évident aussi qu'on voit maintenant qu'il y a des compagnies qui
vendent directement au public, comme Wawanesa et d'autres, mais la plupart des
gens achètent leur assurance chez vous parce qu'ils ont peur des grosses
compagnies. Vous êtes dans chaque ville, vous connaissez vos concitoyens.
S'il y a une assurance de l'État, parce que c'est vraiment ça,
c'est seulement quelqu'un qui est à un comptoir pour vendre ses plaques
d'immatriculation, qui va s'occuper des réclamations dans les petites
villes?
M. Lachance: Dans le régime de la régie
d'État, tel qu'on le propose?
M. Shaw: Ils vont venir chez vous encore pour avoir des
explications, parce que chaque citoyen a des problèmes
différents. Une personne a besoin de peut-être $200 000 de
protection en plus de ceux demandés par le gouvernement. Il y en a
d'autres qui vont voyager à l'extérieur du Québec,
souvent, et leur protection doit être plus grande que pour les autres,
parce qu'on ne sait jamais si une couverture de "no fault" à
Québec va être acceptable dans une cour de l'Ontario ou de la
Californie. Chaque personne doit être considérée
différemment. Mais si on dit que vous pouvez acheter votre assurance
à un comptoir, à une caisse populaire, ça implique des
choses non prévues dans ce projet de loi. Cela implique une assistance
professionnelle et c'est ça que vous donnez. Si vous donnez cette
assistance, à mon point de vue, comme dentiste, si je donne un
renseignement professionnel, je dois être payé.
À mon point de vue, je suis totalement en faveur de votre
position d'avoir un cadre professionnel pour négocier avec le
gouvernement et, en même temps, établir les frais pour lesquels
vous voulez être payés, parce que ça va être vous et
pas d'autres personnes qui vont s'occuper de cette assurance d'État.
Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. J'aimerais revenir un peu
sur une question que j'ai posée ce matin et que j'ai posée cet
après-midi, à savoir que je pense que la plus grande des
questions que nous devons nous poser à ce moment-ci est: Quel sera le
coût du régime proposé pour le consommateur, pour
l'assuré? Est-ce que le régime proposé, le système
double que nous avons par la nouvelle loi va coûter plus cher à la
population que si le régime proposé était
administré par l'entreprise privée?
J'ai posé la question à l'autre association, je peux vous
poser la même question.
J'aimerais avoir votre point de vue là-dessus. Pensez-vous que
l'entreprise privée pourrait fournir la couverture prévue dans le
projet de loi je ne discuterai pas des amendements à la
population pour éviter une duplication du système, selon votre
expérience?
M. Lachance: Disons que je ne peux pas répondre pour les
assureurs, à savoir s'ils peuvent fournir exactement la même
couverture que celle proposée par l'État; selon mon
expérience, j'aurais tendance à dire oui, comme on l'a dit cet
après-midi. Mais il y a une chose certaine que je pense, c'est qu'avant
d'établir un régime comme cela j'imagine qu'on a sûrement
posé la question aux assureurs. Le gouvernement pourrait peut-être
nous éclairer de ce côté-là. La question a
sûrement été posée aux assureurs.
M. Roy: Avec votre permission, M. le Président, j'aimerais
demander à l'honorable ministre si, effectivement, il y a eu des
négociations avec les assureurs pour leur confier l'administration
du
régime qui est actuellement proposé dans le projet de loi
no 67, en ce qui regarde la couverture et les modalités d'application.
Est-ce qu'il y a eu effectivement des négociations avec des assureurs
à ce niveau?
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud, je
m'excuse, j'ai peut-être perdu le début de votre question. Est-ce
que vous me demandez si nous avons négocié avec les assureurs le
fait que ceux-ci pourraient prendre le régime que nous proposons?
M. Roy: C'est cela.
Mme Payette: Non, M. le député.
M. Roy: Est-ce qu'il y a des raisons particulières pour
lesquelles le gouvernement n'a pas négocié?
Mme Payette: Parce que la décision gouvernementale
était de sortir les blessures corporelles de l'assurance. Le
gouvernement ne devient pas un assureur, mais fait de cette réforme une
réforme de justice sociale. Nous ne sommes pas des assureurs, à
partir du moment où ce projet de loi est accepté.
M. Roy: Mais on parle d'assurance automobile depuis le matin et
là on me parle de mesures sociales. Les mesures sociales, on a
l'habitude de discuter cela au ministère des Affaires sociales. À
moins que je me trompe.
Mme Payette: Je pense que oui, M. le Président.
M. Roy: II y a des portées sociales actuellement, c'est
sûr. Dans le système, si le gouvernement veut réellement
apporter une mesure de caractère social, dans le but de voir aux
meilleurs intérêts de la population du Québec, j'aimerais
savoir pourquoi, si l'entreprise privée était prête
à offrir le même service, à des coûts moindres. Il
est établi, cela va de soi, que deux administrations coûtent plus
cher qu'une. J'aimerais savoir...
M. Bisaillon: M. le Président, je m'excuse. On n'a pas
fait de procédure de la journée, on ne va pas commencer à
en faire. Mais il me semble que le député de Beauce-Sud, s'il
voulait mettre le gouvernement en position d'infériorité, c'est
parfaitement une question qu'il pourrait lui-même poser lorsque les
assureurs vont se présenter à la commission parlementaire. On
sait qu'ils vont venir. Il me semble que ce n'est pas la procédure. Il
me semble que cela serait un peu normal qu'un jeune parlementaire ait à
expliquer cela à un vieux routier comme le député de
Beauce-Sud. Il me semble que ce n'est pas tout à fait le genre de
procédure qu'on suit dans ce type de commission parlementaire.
M. Roy: Le vieux routier ou le routier vieux que je suis aimerait
avoir toute la lumière, le plus de lumière possible, du moins,
sur ce projet de loi. Nous allons être appelés à nous
prononcer lorsqu'il viendra en deuxième lecture.
Ce matin, j'ai dit en commission parlementaire qu'on propose
actuellement un double système. J'ai posé une question
préalable avant même qu'on commence à interroger les
témoins en commission parlementaire, à savoir qu'on évite
de faire un débat philosophique, mais qu'on pense surtout à
l'intérêt de la population pour lui offrir le meilleur service
possible, au meilleur marché possible. Cela a retenu l'attention du
vieux parlementaire ou du parlementaire vieux que je suis et des autres
parlementaires qui, en même temps que moi, ont eu l'occasion de suivre
les commissions parlementaires qui ont lieu sur ce sujet depuis près de
cinq ans.
La préoccupation majeure a été la diminution des
primes d'assurance. Je comprends que, dans le projet de loi, il y a
d'excellentes mesures. Je n'ai pas abordé le fond de la loi comme tel,
les méthodes d'indemnisation, parce qu'à mon avis il y a une
question préalable qui se pose.
Si on est préoccupé d'offrir le meilleur service au
meilleur prix à la population, j'aimerais savoir, justement, et c'est la
raison pour laquelle j'ai posé la question afin d'être
éclairé, les assureurs ne sont pas ici, mais quand même, je
pourrai poser la question lorsque les assureurs seront ici et je peux assurer
tout de suite mon collègue, le député de Sainte-Marie, que
mon intention est effectivement de leur poser la question lorsque le moment
viendra, mais je voulais savoir, dis-je, de l'honorable ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières s'il y
avait des raisons particulières à savoir pourquoi on n'avait pas
négocié avec les assureurs. L'honorable ministre m'a
répondu que c'est parce qu'on voulait sortir l'assurance, que le
gouvernement n'était pas assureur et qu'on voulait en faire en quelque
sorte une mesure de portée sociale. Autrement dit, cela devenait en
quelque sorte une mesure sociale; ce qui a amené la réflexion que
j'ai faite tout à l'heure. À ce moment-là, on ne parle
plus de la même chose. On parle de l'assurance automobile depuis le matin
et là on parle d'assurance sociale. J'aimerais savoir si, selon les
contacts que vous avez avec la population du Québec, parce que c'est
quand même la population du Québec qui aura à en assumer
les frais, si les consommateurs québécois actuellement ont
compris la portée du projet de loi qui est actuellement devant nous,
même à la suite de la tournée qu'a faite le ministre
à la grandeur du Québec.
M. Lachance: Assurément pas. Si vous rencontrez le public
il n'y a à peu près pas de gens qui comprennent exactement ce
qu'est la réforme de l'assurance automobile actuellement. On demande au
courtier: Explique-moi cela, essaie de me démêler
là-dedans, c'est quoi cette affaire-là? De façon
générale, ils ne comprennent pas.
M. Roy: En somme, ils...
M. Lachance: Si vous me permettez, M. le Président,
j'aimerais revenir sur un point qui vous préoccupe en ce qui concerne
les coûts. Je tiens à vous dire ceci. À partir du moment
où le courtier doit être là, et on est convaincu que nous
devons être là, qu'on y soit pour une partie de la protection ou
qu'on y soit d'une façon générale, c'est à peu
près le même travail pour nous, cela ne coûtera pas plus
cher que la population soit desservie par l'intermédiaire des courtiers,
cela va même coûter bien meilleur marché qu'elle le soit
d'une part par les courtiers et, d'autre part, qu'on bâtisse un
réseau parallèle à côté.
M. Roy: Le principe que vous soutenez, c'est le fait que le
service pourrait être assuré à la population par
l'entreprise privée. À ce moment-là, le problème
des courtiers ne se pose pas. À partir du moment où les deux
services existent, si j'ai bien compris ce qui a été dit tout
à l'heure, vous estimez que le public serait mieux servi si les deux
systèmes étaient appliqués par les courtiers comme tels.
Ainsi, le consommateur n'aurait qu'un seul endroit à aller et vous
pourriez lui offrir tous ces services sans qu'il lui en coûte
effectivement plus cher. C'est ce que vous prétendez.
M. Lachance: Exactement, parce que pour nous c'est le même
travail à peu près. Le jour où on a une
rémunération pour être capable de le faire...
M. Roy: Avez-vous eu des rencontres avec l'honorable ministre
comme association...
M. Lachance: Non. De ce côté-là, je dois
dire...
M. Roy:... depuis sa nomination pour discuter du problème
de l'assurance automobile effectivement?
M. Lachance: ... qu'on a eu une rencontre avec Mme le ministre
lors de sa tournée, comme tout le monde. D'autre part, on a
demandé, à quelques reprises, des rencontres, et
dernièrement, on devait en avoir une et elle a été
annulée. On a rencontré les hauts fonctionnaires.
M. Roy: En somme, vous n'avez pas eu de rencontre avec le
ministre.
M. Lachance: Non.
M. Roy: Mais le ministre vous a rassurés aujourd'hui, en
disant qu'elle avait l'intention de vous rencontrer.
M. Lachance: Cela va nous faire énormément
plaisir.
M. Roy: À l'issue de cette rencontre, il y aura
sûrement des décisions de prises et je me demande si les membres
de la commission en seront informés à temps. C'est nous qui
aurons à voter la loi.
Mme Payette: Vous pouvez compter sur les courtiers.
M. Roy: J'apprécie bien gros que le ministre accepte de
vous rencontrer, mais en ce qui me concerne, je tiens à faire ici une
remarque à l'endroit de l'honorable ministre: II aurait peut-être
été préférable que la rencontre ait eu lieu avant
la commission parlementaire. Cela m'aurait paru tout à fait normal.
Évidemment, il y a déjà eu des grèves dans
les services publics et dans les services parapublics. Poser la question c'est
peut-être y répondre, mais j'aimerais quand même que ce soit
inscrit au journal des Débats. Est-ce que les courtiers ont
déjà eu des problèmes avec les grèves?
M. Lachance: Jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu de
problème avec les grèves à l'intérieur du
réseau de courtiers.
M. Roy: En somme, le public n'a jamais été
pénalisé ou n'a jamais eu à subir les préjudices
d'une grève de la part des courtiers, des bureaux de courtage?
M. Lachance: Absolument pas.
M. Roy: J'aimerais savoir, de plus, combien il y a de bureaux de
courtage dans la province? Cela a peut-être été dit?
M. Lachance: II y a environ 2200 bureaux. J'aimerais ajouter que
lorsqu'on parle de grève et de disponibilité, nos bureaux et
l'ordinaire des courtiers qui sont ici pourraient vous en témoigner, nos
bureaux sont ouverts, normalement, de 9 heures à 17 heures, cinq jours
par semaine, et le soir, et il y a une quantité de réclamations,
de changements de véhicules, et tout cela, qui se prennent le soir,
à la maison, les fins de semaine, le samedi, le dimanche, etc. Les
clients nous connaissent, ce sont des amis, ce sont des gens qui sont
près de chez nous, ils ont un problème, ils viennent d'avoir un
accident, c'est catastrophique pour eux, ils nous appellent, il est 21 h 30, le
samedi soir, on prend le téléphone et on s'en occupe.
M. Roy: Un député qui arrive en retard, parce qu'il
siège trop longtemps, vous pouvez vous en occuper?
M. Lachance: Certainement.
M. Roy: Combien y a-t-il de personnes qui travaillent dans les
bureaux de courtiers? S'il y a une masse de travailleurs, quel est le nombre
d'employés directement concernés par les bureaux de courtage?
M. Lachance: Nous n'avons pas de chiffres exacts
là-dessus, parce qu'on n'a pas fait de relevé récent du
nombre d'employés, mais je vous ai dit tout à l'heure qu'on avait
2200 bureaux, il y a 4500 courtiers, on peut donc estimer le personnel à
environ 8000 à 10 000 personnes.
M. Roy: C'est 8000 à 10 000 personnes en incluant les
courtiers?
M. Lachance: Les employés, en surplus des courtiers.
M. Roy: En surplus des courtiers, ce qui ferait une masse de
travailleurs de 12 000 à 13 000 personnes environ. Vous avez
parlé d'un cadre juridique tout à l'heure. Cela fait bien
longtemps qu'on reçoit des mémoires de la part de l'association.
Nous avons eu bien des rencontres et ce n'est pas d'aujourd'hui, ce n'est pas
depuis le 15 novembre non plus que vous demandez un cadre juridique.
Pourriez-vous nous dire depuis combien de temps, effectivement, vous avez
commencé vos démarches à ce niveau?
M. Lachance: Notre premier mémoire sur le cadre juridique
date d'environ trois ans, je crois, et on a d'ailleurs présenté
un mémoire à l'Office des professions déjà.
M. Roy: Pour quelles raisons, selon vous, ne vous accorde-t-on
pas ce cadre juridique?
M. Lachance: Des raisons comme telles, on n'en a jamais eu. On
nous a toujours dit, lorsqu'on a rencontré des gens: Cela a du bon
sens!
M. Roy: C'est toujours ce que j'ai entendu dire
également.
M. Lachance: Cela a bien du bon sens et vous devriez en avoir un,
mais là, on est en train d'adopter la loi de l'assurance automobile et
peut-être que cela viendra en même temps que le projet de loi. On
espérait avoir notre cadre juridique à l'intérieur du
projet de loi, on l'y a cherché, on ne l'a pas trouvé.
M. Roy: Cela m'amènerait peut-être à poser
une autre question au ministre; je ne sais pas si elle est prête à
répondre.
Mme Payette: Pas tellement.
M. Roy: Pardon?
Mme Payette: Pas tellement.
M. Roy: Vous n'êtes pas prête à
répondre, vous n'avez pas trouvé la bonne raison? Pour ou contre,
remarquez bien, je ne veux pas porter préjudice.
Mme Payette: M. le député, c'est une
décision qu'on pourrait avoir mais, effectivement, je n'avais pas pris
d'engagement dans ce sens, et je pense que ce n'est pas à
l'intérieur de ce projet de loi que cela doit être trouvé.
Maintenant, j'ai bien dit que j'étais sympathique à
l'idée.
M. Roy: Combien de personnes pensez-vous, dans vos bureaux,
peuvent être affectées si les rencontres que vous aurez
incessamment avec le ministre ne s'avéraient pas fructueuses, par le
fait que vous avez parlé d'une diminution d'un chiffre d'affaires? Il
est évident, je pense bien, que cela va se traduire en termes de mise
à pied. Combien de personnes pourraient être menacées de
perdre leur emploi de ce côté, parce que c'est quand même
une préoccupation à laquelle nous devons, je pense, attacher une
certaine importance?
M. Lachance: Si on regarde notre tableau ici et qu'on parle du
bureau moyen, par exemple, qui a une perte de revenu brut de l'ordre de 29%,
s'il veut se maintenir en affaires, théoriquement, d'abord, ses frais
fixes ne baissent pas, cela veut dire qu'il faudrait qu'il diminue son
personnel de l'ordre de 29%, et c'est là toute la question. Si on
diminue notre personnel et que le travail n'a pas diminué,
qu'arrive-t-il? On va diminuer la qualité des services. C'est la grande
question de l'heure et celle qu'on se pose actuellement.
M. Roy: Ma dernière question, je la poserais au ministre.
Mme le ministre est-elle en mesure de nous dire si elle a l'intention de
remettre aux membres de la commission avant la fin des travaux de la commission
parlementaire, avant que nous retournions à l'Assemblée nationale
comme telle, l'état pro forma de ce que coûtera l'assurance
automobile pour le consommateur moyen, peut-être pour le gros
consommateur, pour l'entreprise, avec le nouveau régime proposé
et ce que coûterait la même proportion, si elle était encore
accordée par l'entreprise privée?
Est-ce que le ministère sera en mesure de nous faire parvenir, de
nous remettre des statistiques de ce côté-là? Parce que je
dis encore que la question fondamentale, elle est là. Le public
québécois qui nous a mandatés pour être ici a la
commission parlementaire, lorsqu'il aura à assumer la facture ou les
factures de son assurance-automobile, réalisera à ce
moment-là ce que cela lui coûtera et ce que cela lui coûte
de différence et il sera trop tard. Je pense que nous devons être
des gens prévoyants et on dit toujours qu'administrer, c'est
prévoir, légiférer, c'est prévoir davantage. Nous
devrions avoir des chiffres. Je ne sais pas si l'association des courtiers
pourrait faire une étude de ce côté-là et pourrait
en informer les membres de la commission parlementaire, mais c'est la demande
que je formule, tant du côté gouvernemental que du
côté de l'association des courtiers et des assureurs,
c'est-à-dire qu'on puisse me donner des chiffres pour éclairer
les membres de la commission, d'un côté comme de l'autre, afin que
nous soyons en mesure de faire des comparaisons et que nous soyons le plus
éclairés possible pour prendre la meilleure décision.
M. Lachance: Pour ce qui est de nous, dès qu'on saura quel
travail on veut nous faire faire, immédiatement, on va se mettre au
travail et on va être en mesure rapidement de vous dire quels en seront
les coûts.
M. Roy: Est-ce que, du côté gouvernemental, on peut
avoir la même assurance?
Mme Payette: M. le Président, jusqu'à maintenant,
je pense que le député de Beauce-Sud devra reconnaître mon
empressement à faire connaître toutes les informations dont nous
disposons. Je pense que nous aurons à rencontrer des assureurs et tout
au moins le BAC au cours de la semaine du 11 octobre et on pourra certainement,
l'un et l'autre, s'informer beaucoup plus à ce moment-là.
M. Saint-Germain: Dans le même sens, M. le
Président, je ne sais pas si vous me le permettez.
Le Président (M. Boucher): C'est sur le même
sujet?
M. Saint-Germain: Sur le même sujet, oui. Le
Président (M. Boucher): D'accord.
M. Saint-Germain: Au niveau des renseignements. Je crois qu'on
devrait avoir les études. On nous a déjà dit que cela
coûterait 6% d'administration, mais on se pose des questions sur ces 6%.
D'où vient ce chiffre? On pourrait avoir les études qui
sous-tendent un tel chiffre. Au moins, si on ne peut pas estimer ou projeter au
point de vue de l'industrie privée avec un tel contrat, on devrait
être capable de nous donner les études qui établissent les
coûts d'administration d'une telle police d'assurance ou d'une telle
législation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que vous avez terminé?
M. Roy: Oui, j'avais terminé, quoique je n'aie pas eu
encore la confirmation et la certitude que j'ai réclamées ce
matin, mais on m'a dit que, d'un côté comme de l'autre, on
était prêt à informer les membres de la commission. Alors,
comme nous allons avoir d'autres séances, j'interviendrai à
d'autres occasions. J'ai terminé mes observations et je veux remercier
l'association, la Fédération des courtiers il ne faut pas
faire trop de lapsus la Fédération des courtiers de
s'être prêtée, de nous avoir présenté le
mémoire et d'avoir fait tout son possible pour nous éclairer avec
le plus de lumière possible.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Dans tout ce qui a été
discuté jusqu'ici, personnellement, j'ai retenu plusieurs aspects de ce
que pourrait être le projet, pas le projet de loi, mais les
différentes avenues qui pourraient s'ouvrir. Il y a le service actuel.
Il y a le service selon le projet de loi 67, il y a le service par
l'intermédiaire des courtiers, complètement. J'ai supposé
c'est à vous de me le préciser qu'il pourrait aussi
y avoir le service des courtiers et, en parallèle, le service des
caisses populaires, et un autre dont je ne suis pas certain que j'appelerais un
service CLSC, c'est-à-dire des courtiers, centre local de services de
courtage, c'est-à-dire dans les endroits où les caisses
populaires ne pourraient peut-être pas donner le meilleur service. Les
courtiers pourraient prendre la relève. J'ai cru percevoir cela. Je ne
sais pas si c'est exact.
M. Lachance: C'est que nous disons qu'en ce qui concerne
l'assurance ou la protection des individus, à ce moment-là, cela
doit se faire par des courtiers. Pour ce qui est des plaques, par exemple, on a
dit que, si cela pouvait rendre service, on n'avait pas d'objection a
étudier cette possibilité dans les endroits où cela serait
nécessaire de le faire, peut-être partout.
Enfin, cela demeure une question à être
étudiée avec le ministre.
M. Beauséjour: Vous n'avez pas retenu dans vos
discussions, ce que j'avais cru percevoir, que dans les endroits où le
service des caisses populaires est déficient supposons que le
projet est établi dans ce sens il pourrait y avoir une ouverture
pour un service de courtage?
M. Lachance: Naturellement, ce n'est pas à nous
qu'appartient la décision. On a un service à offrir, on veut
l'offrir, on croit qu'on est le meilleur réseau pour l'offrir, on a la
compétence, on a les disponibilités, etc. Maintenant, si le
gouvernement dit: On veut que ce soit fait par les caisses, on dit: Au moins,
donnez-nous la même chance qu'à elles.
M. Beauséjour: C'est-à-dire une concurrence des
deux?
M. Lachance: Que ce ne soit pas exclusif.
M. Chapados: Est-ce que je pourrais, M. le Président,
préciser une chose parce que notre demande, telle qu'elle est
présentée dans le mémoire, concilie en fait ou tient
compte, jusqu'à un certain point, de l'accord qui a été
conclu? Je veux être bien clair là-dessus. M. Lachance l'a dit, et
nous vous avons dit qu'il n'est pas exclu de penser bien au contraire
pour le bien du consommateur et pour le bien du gouvernement, que
certains courtiers pourraient être appelés à oeuvrer en
collaboration avec la CAT au niveau du règlement de sinistres corporels.
En même temps que nous vous disons cela, nous avons également
conscience que ce ne sera pas le cas des 5000 courtiers de la province. Nous
avons également dit qu'il n'est pas exclu de penser, loin de là,
que dans plusieurs régions éloignées de la province, le
courtier ait, justement, à remplir le rôle que doivent remplir,
aux termes de l'accord conclu, les caisses populaires.
Troisièmement, nous avons demandé à la commission
parlementaire que le courtier puisse être autorisé à
percevoir toute somme d'argent requise aux fins du projet de loi 67, ce qui
inclut la participation des primes pour dommages corpo-
rels contre remise d'un certificat qu'il pourrait présenter au
bureau d'enregistrement du gouvernement ou à une caisse populaire, peu
importe où. C'est ce que nous avons demandé. Cette demande, cette
démarche je veux être bien clair là-dessus
tient compte du précédent qui a été
créé par le gouvernement. Lorsque nous disons que certains
courtiers auraient à oeuvrer au niveau des bureaux d'enregistrement,
c'est pour faire face à certaines situations particulières
d'exception. Ce qui, comme nous le disons, serait applicable à
l'ensemble, à beaucoup plus de courtiers, ce serait que le courtier
puisse être autorisé à percevoir, contre remise d'un
certificat d'assurance, les montants requis par le projet de loi 67. On peut
faire une bouillabaisse entre les deux, mais l'enregistrement d'un
véhicule automobile, comme tel, c'est aux termes du Code de la route.
Évidemment, s'ajoutent, avec le projet de loi 67, les sommes qui seront
requises pour l'assurance des blessures corporelles, mais ce que nous demandons
c'est cela. En fait, les courtiers seraient appelés à travailler
jusqu'à un certain point à satisfaire le consommateur qui
s'adresse à eux, mais en tenant compte du précédent qui a
été créé. J'ajoute une chose qui est
extrêmement importante parce que je pense qu'à bon droit vous
devez vous préoccuper du coût. Quant à la présence
des courtiers, nous avons parlé de conditions de participation, etc., et
de modes de participation différents. Si on traduit cela en termes de
cents et de piastres, nous avons deux problèmes. Quand vous posez la
question de cents et de dollars, c'est une question de quantum et il y a un
problème de réseau. Au niveau du quantum, nous connaissons les
objectifs du gouvernement tels qu'énoncés par le ministre et nous
disons que, là-dessus, il n'y a pas de positions inconciliables. Le
problème no 1, quant à nous, c'est le problème du
réseau.
M. Beauséjour: Ce qui veut dire que vous iriez
peut-être jusqu'à accepter qu'il y ait deux réseaux de
services?
M. Chapados: Ce que nous voulons, c'est que le client qui
s'adresse au bureau du courtier puisse satisfaire les exigences de cette loi
par l'intermédiaire de son seul courtier.
En assemblée générale, à Montréal, il
y a des courtiers qui ont employé des formules plus ou moins
imagées, mais qui ont dit: On est obligé d'acheter le veston
à telle place et les pantalons de l'autre côté de la rue.
C'est un peu cela qui fait que ce double système, à un moment
donné, n'existera pas. Nous disons, dans le mémoire, que c'est
une fiction de l'esprit.
M. Beauséjour: D'accord.
M. Lachance: II ne résistera pas au temps.
M. Beauséjour: Maintenant, vous parlez beaucoup en termes
de service, d'accord, mais il y a toujours l'interrogation qui revient, aussi
bien du député de Beauce-Sud, au sujet des différents
coûts qui peuvent revenir. Si le service est assumé
complètement par les courtiers, est-ce que vous pouvez prévoir
que cela ne changera absolument pas le système actuel ou bien qu'il
pourrait quand même y avoir une possibilité d'amélioration
en termes de coût?
M. Lachance: En termes de coût, je peux vous dire que, de
ce côté, il y a sûrement place encore à
amélioration. D'autre part, je peux vous dire que notre
fédération fait des recherches actuellement; on a un
comité qui travaille très fort, au niveau de l'informatique, pour
qu'on puisse se servir des moyens modernes qu'on a à notre disposition
pour réduire les coûts, réduire la paperasse et tout cela.
C'est afin qu'on puisse réellement éliminer tout ce qui
coûte de l'argent dans un bureau, mais qu'on puisse garder le service
personnel et professionnel à notre client.
C'est une de nos grandes préoccupations actuellement, et qu'on le
fasse globalement ou qu'on le fasse partiellement, le travail est sensiblement
le même. Il ne faut pas oublier cela. Si on crée un autre
réseau à côté, on crée une autre
quantité de personnes, on multiplie le travail, etc., et on ne fait
qu'augmenter les frais, à moyen et long terme. À court terme, on
peut peut-être paraître les couper, mais à moyen et long
terme, on va les augmenter parce qu'on augmente le travail.
M. Beauséjour: Maintenant, il semble que la réponse
que plusieurs peut-être se posent, on ne l'aura probablement pas ce soir,
c'est-à-dire comparer, en termes de coût d'assurance automobile,
un service dans un système actuel à un service selon le projet de
loi 50, un service à partir des courtiers. On ne peut pas avoir cela ce
soir. Il semble que ce soit impossible.
M. Lachance: Vous voulez dire en ce qui concerne les
coûts?
M. Beauséjour: Oui.
M. Lachance: Ce que cela coûterait actuellement?
M. Beauséjour: C'est cela. C'est-à-dire
actuellement en rapport avec les différentes autres avenues qui
pourraient être possibles.
M. Lachance: Écoutez, je pense que vous ne pouvez pas
établir des coûts tant et aussi longtemps que vous ne savez pas le
travail que vous allez avoir à faire. On va préciser le travail
qu'on a à faire et après cela on va vous sortir des
coûts.
M. Beauséjour: Je comprends cela, mais quand même,
si les courtiers assument la responsabilité de l'administration, pour ce
qui est de l'assurance, le coût, probablement, ne sera pas tellement
différent de ce qui existe actuellement. Il manque des
données.
M. Lachance: Je ne pourrais pas répondre à cette
question. Je n'ai pas les chiffres, je ne peux pas répondre.
M. Beauséjour: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, lorsque ce régime qui
est proposé fonctionnera, cela va modifier un peu la façon
d'opérer les bureaux d'assurance. Vous aviez traditionnellement, au
Québec, peut-être 15%, jusqu'à 20% d'automobilistes qui
n'achetaient pas d'assurances, ni responsabilité, ni autre couverture.
En vertu des dispositions contenues dans la loi 67, tout automobiliste
désirant se procurer une plaque d'immatriculation devra produire une
attestation d'assurance à l'effet qu'il a couvert sa
responsabilité pour les dommages matériels.
Généralement, je ne dis pas que ce sont là tous les cas,
mais généralement, les personnes qui prenaient le risque de
conduire et de posséder un véhicule sans assurance étaient
des personnes dont la situation financière ou l'état de revenus
était assez faible.
Dans la pratique, à partir du jour où ces 15% ou 20%
d'automobilistes devront se procurer des assurances, de quelle façon
prévoyez-vous que le scénario va se jouer?
Est-ce que ces gens devront nécessairement se procurer l'argent
nécessaire pour payer la prime de responsabilité pour dommages
matériels en ayant recours aux institutions financières normales
ou si vous prévoyez que, là encore, le courtier d'assurance devra
devenir le financier de toute cette clientèle qui,
généralement, a des problèmes à amasser l'argent
nécessaire pour acheter cette couverture?
M. Lachance: M. le Président, pour répondre
à cette question, je pense que ça va se passer comme cela a
l'habitude de se passer, le courtier va trouver les moyens d'arrangement avec
son client pour l'aider à financer la prime lorsqu'il n'a pas l'argent
pour le faire.
M. Giasson: C'est à peu près le scénario que
vous voyez face à cette dimension nouvelle que les courtiers devront
assumer.
M. Lachance: C'est exactement la façon dont je le
vois.
M. Giasson: Tout à l'heure, vous avez répondu
à une question du député de Beauce-Sud d'une façon
qui m'a laissé un peu perplexe. Lorsqu'on a évalué les
pourcentages de perte de primes, vous avez déclaré formellement
que vous ne pourriez diminuer d'aucune manière tout ce qui compose les
frais d'administration d'un bureau de courtier et que, par contre, vous devriez
tenter de maintenir la rentabilité en faisant des mises à pied.
Comment pourriez-vous faire fonctionner votre bureau d'assurance en faisant des
mises à pied de l'ordre de 30%, si c'était là le chiffre
réel, et maintenir le service à la clientèle?
M. Lachance: M. le Président, c'est là qu'est le
véritable problème, c'est la clé du problème, pour
nous qui avons des bureaux de courtage. Ou bien on voit, d'une part, notre
revenu diminuer et on ne voit pas notre travail diminuer. Devant ça, ou
on fait des mises à pied et on diminue la qualité du service ou
bien on fonctionne à déficit; on ne sera pas en affaires
longtemps.
M. Paradis: Si vous me permettez, M. le Président, et si
Mme le ministre me le permet, sans coup de coude cette fois-ci, de donner une
information quant à une dimension qui peut vous justifier le nombre de
mises à pied. On tient pour acquis que, pour servir une clientèle
d'assurance dans nos bureaux, on calcule un employé par $150 000 de
volume primes. C'est, grosso modo, un calcul assez approximatif, un
employé par $150 000 volume primes. Si vous prenez, dans les calculs de
Mme le ministre, au niveau de son livre bleu, les $280 millions qui seront
transférés du régime actuel au nouveau régime, si
vous les divisez par le nombre de $150 000 volume primes, ça vous donne
à peu près 1800 à 2000 personnes qui devront être
déplacées. Parce que, dans les bureaux, on devra faire quelque
chose. Ou bien on prendra un autre service d'assurance-vie ou incendie pour
financer le service automobile ou bien on dira: Je ne veux plus de ce service.
Mais ça représente à peu près 1800 à 2000
personnes. C'est un calcul très rapide au sujet de la situation.
M. Giasson: Poursuivant les objectifs qui sont ceux de la
fédération des courtiers, c'est-à-dire de déboucher
un jour sur une rémunération des services donnés à
partir d'honoraires, est-ce que ça demeure toujours l'un des objectifs
de la fédération?
M. Lachance: Voici, M. le Président. Pour nous, que ce
soit honoraires, que ce soit commission, ce sont des modalités d'ordre
secondaire. Ce qui est important, dans un premier temps, qu'on
établisse, qu'on ait notre mot à dire, qu'on soit capable de
négocier nous aussi notre rémunération. C'est cela qu'on
désire. Après, on établira si cela doit être un
montant fixe, à pourcentage et tout cela. Toutes les modalités
sont possibles, mais d'abord, faut-il qu'on soit capable de les établir,
de participer à l'établissement, afin qu'on puisse avoir une
rémunération qui corresponde aux services qu'on donne à la
population.
M. Giasson: Je trouve que vous simplifiez passablement. Si vous
voulez négocier la rémunération à partir d'une base
de commission, comme ce fut le système traditionnel, vous devez faire
face à un groupe d'assureurs qui a également son mot à
dire et qui a des règles à conserver.
Par contre, si vous convenez avec les assureurs qu'ils exigent une prime
nette et que, dans un deuxième temps, suite à des ententes entre
la fédération et le palier gouvernemental, on en vient à
déterminer les montants d'honoraires proportionnels à une
rémunération normale, en tenant compte de tous les coûts de
production, c'est jo-
liment différent. La négociation ne se fera pas de la
même manière et les règles du jeu ne seront pas les
mêmes.
À partir de ce moment-là, si vous allez dans une
négociation d'honoraires, les assureurs, cela ne les dérange pas
trop. Ils vont émettre une prime nette et la partie
rémunération du courtier, cela ne les regarde plus du tout. C'est
une opération de professionnels, soit le statut que vous voulez
atteindre vous voulez avoir un statut juridique c'est à
l'intérieur de tout cela.
M. Lachance: M. le Président, il y a beaucoup d'avenues,
à l'intérieur de cela, qu'on peut développer. Il y a une
chose qu'on doit retenir. À partir du moment où l'État
intervient, le statu quo n'est plus possible. Je pense qu'il faut partir de
là. À partir du moment où l'État intervient pour
établir la prime, pour fixer des montants de primes et tout cela, qu'on
donne plus de pouvoirs au surintendant des assurances, on dit: Comme il y a un
élément de prime qui nous touche, nous, les courtiers, sortons-la
de là, on va la négocier et on ne laissera pas les assureurs la
négocier.
Est-ce que cela doit être total ou partiel? Il pourrait arriver,
comme je l'avais déjà mentionné, dans une
conférence sur l'avenir de l'assurance, que comme on fait une partie du
travail pour les assureurs et une partie du travail pour les assurés, on
pourrait très bien avoir deux sources de rémunération, un
pourcentage sur la prime et un montant additionnel à exiger aux
assurés, qui serait négocié à ce
moment-là.
M. Giasson: Le ministre nous a indiqué tout à
l'heure qu'il est prêt à revoir le mode de distribution du
régime public. Dans l'hypothèse où il serait très
ouvert aux demandes, aux suggestions que vous faites, comme étant en
mesure de donner un service absolument efficace, absolument identique à
ce qu'un autre organisme de distribution on a parlé des caisses
pop croyez-vous sincèrement que vous pourriez donner
l'équivalence absolue des services que donneraient les caisses
populaires ou tout organisme à un coût équivalent?
M. Lachance: Tout dépend du travail qu'on veut faire
faire. C'est toujours sur la base du travail qu'on veut faire faire.
M. Giasson: Un travail égal entre les courtiers qui font
l'opération et les caisses pop. ou d'autres organismes qui font la
même opération.
M. Lachance: De façon générale, on pourrait
dire qu'à moyen et long terme, cela devrait se traduire par des
coûts moindres, parce qu'on a une seule opération, on va au
même endroit. Autrement, on va à deux endroits, donc, on multiplie
le travail. En multipliant le travail, on ne peut pas faire autrement que de
multiplier les coûts.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, on a dit que la
fédération demande d'avoir son mot à dire, d'avoir sa
place dans le système. Je n'ai pas très bien compris. Est-ce que
vous voulez prendre la place des caisses populaires ou si vous voulez
être concurrentiels avec les caisses populaires, dans le domaine de
l'émission de l'assurance?
M. Paradis: M. le Président, je l'ai dit tout à
l'heure, il y a un réseau qui existe depuis plusieurs années et
on veut le remplacer. Vous êtes en train de vous poser la question
à savoir si on est prêt à aller en concurrence avec lui.
Écoutez, il y a des compagnies qui ont essayé d'écrire
directement des polices d'assurance depuis au-delà de cinq, dix ans ou
quinze ans au Québec. Pour ne pas la nommer, la compagnie Allstate est
en train de retourner au système d'agences par courtiers dans les
centres autres que les grandes municipalités telles que Québec et
Montréal. Vous êtes en train de me demander: Est-ce que vous
êtes prêts, éventuellement, si on remplaçait
Allstate, Wawa-nesa etc., par les caisses populaires, à aller en
compétition avec elles? On dit, nous, qu'il y a un réseau qui
existe, qu'il est compétent, qu'il est compétitif et qu'il donne
un service où il y a un libre choix, où il est disponible, par
des comptoirs des caisses populaires. Il faudrait peut-être poser la
question à la Fédération des caisses populaires pour
savoir si elle serait intéressé à faire en sorte que ses
caisses deviennent des comptoirs d'assurance et si elle est
intéressée éventuellement à former du personnel
pour entrer en compétition avec les courtiers. Peut-être que ce
serait une question plus logique. Pour autant qu'on est concerné ici, il
faudrait peut-être se faire hara-kiri et répondre oui à
votre question lorsqu'on est là pour défendre
l'intérêt socio-économique de nos courtiers.
Mme Payette: Me permettriez-vous une question? Parce que
là, il y a des contradictions, et j'avoue que je m'y perds. M. Lachance
nous a dit tout à l'heure qu'il était prêt à entrer
en concurrence avec les caisses populaires, M. Paradis nous dit que non. M.
Lachance nous a dit que cela coûterait moins cher que les caisses
populaires, qu'à court, moyen ou long terme, je ne sais pas, ce serait
en dessous de $1.50. M. Paradis nous avait affirmé qu'il ne comprenait
pas que cela puisse se faire à $1.50. Je vous avoue que je suis un petit
peu perdue. Est-ce qu'on pourrait clarifier ce point-là?
M. Lachance: Voici, je vais vous le clarifier. Ce n'est pas
compliqué du tout. À partir du moment où cela concerne le
coût, je n'ai pas mentionné que c'était $1.50, j'ai dit:
Cela va dépendre du travail qu'il y a à faire. Je vous dis
qu'à moyen et long terme, à partir du moment où on
simplifie le travail, on fait moins de travail, cela ne peut pas faire
autrement que de se traduire par des coûts moindres. Lorsqu'on multiplie
le travail, les coûts augmentent. C'est cela la question pour ce qui est
des coûts. L'autre question était...
Mme Payette: La concurrence.
M. Lachance: Au sujet de la concurrence, il est bien sûr,
comme M. Paradis vient de le dire, qu'on a un réseau qui existe. Est-ce
nécessaire d'en avoir un autre?
Mme Payette: Je m'excuse, vous m'aviez induite en erreur parce
que, tout à l'heure, vous avez affirmé que vous étiez
prêts à entrer en concurrence.
M. Lachance: Mais, à ce moment-là, tout
dépend; en somme, la décision appartient toujours au
gouvernement. Si vous nous dites: Vous avez le choix entre ne pas y être
du tout et y être partiellement, est-ce que vous aimez mieux être
en concurrence ou ne pas être en concurrence, ou est-ce que vous aimez
mieux être seuls ou être en concurrence? Écoutez, je pense
que poser la question, c'est y répondre.
Mme Payette: Merci, M. le député, c'est plus
clair.
M. Roy: Pour m'éclairer, j'aimerais savoir tout simplement
si, dans l'entente intervenue entre les caisses populaires et le gouvernement,
le montant de $0.50 qui apparaît à la page 5, dans le paragraphe
qui se lit comme suit: "De plus, le gouvernement autorise chacune des caisses
participantes à retenir la somme de $0.50 par transaction
énumérée aux annexes si une prime d'assurance automobile
est alors perçue", cela va donner $0.50 aux caisses populaires pour
percevoir l'assurance. Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Payette: C'est exact! C'est ce que les caisses populaires ont
compris aussi.
M. Roy: Elles vont encore exiger $0.50 pour percevoir une prime
d'assurance de $400 dans certains cas, de $500 dans certains cas? Est-ce qu'on
se rend compte qu'on demande au Mouvement Desjardins et aux caisses populaires
de subventionner le régime?
Mme Payette: II n'est pas question de $400 ou de $500,
c'est-à-dire que le taux à percevoir à ce moment-là
est de l'ordre de $110 plus ce qui est perçu sur la plaque
d'immatriculation.
M. Roy: Oui, mais il y a quand même le fait que certains
devront payer $400 à $500, les taxis entre autres. Alors, pour percevoir
$400 à $500, pour être responsable de $400 à $500, cela va
coûter $0.50?
Mme Payette: C'est exact!
M. Roy: On va avoir un régime de $0.50.
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud, je me
permettrai de vous faire remarquer que les caisses populaires, si elles
étaient présentes ici, seraient bien malheureuses de cette
intervention de votre part.
M. Roy: Je pense que les caisses populaires seraient
peut-être plus heureuses que vous ne le pensez de cette transaction,
parce que j'ai eu l'occasion d'en jaser avec plusieurs gérants et
plusieurs responsables de l'administration des caisses. Ils se rendent compte,
à l'heure actuelle, que les caisses vont être obligées de
subventionner le régime d'assurance automobile proposé. C'est
cela la vérité.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Paradis: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Boucher): M. Paradis.
M. Paradis: C'est parce que Mme le ministre a soulevé
certaines de mes paroles tout à l'heure, voulant me confondre avec mon
président. Il y a une chose qui est extrêmement importante. On est
ici appelé à témoigner, nous analysons des avenues. Je
pense, Mme le ministre, que vous connaissez très bien le
phénomène syndical au Québec et, si un chef syndical
s'engage pour ses membres sans aller prendre l'écoute et sans avoir
l'oreille auprès de ses membres, je pense bien qu'il va se faire,
à très court terme, hara-kiri. Et lorsque M. Lachance et M.
Chapados analysaient des avenues, ils ne voulaient pas éventuellement
que vous compreniez qu'on veut s'embarquer à vous dire oui si vous nous
posez des questions ou si vous nous amenez à poser des questions. Cela,
je pense que c'est extrêmement important et c'était dans cette
optique que j'ai dit, à un moment donné, qu'il faudrait
probablement y penser deux fois, et probablement que ce n'est pas à nous
qu'il faudrait poser la question.
Mme Payette: M. le Président, c'est juste pour
réparer parce qu'il n'était pas question, dans mon esprit, de
confondre votre président, mais de m'éclairer sur deux
déclarations différentes venant de deux représentations de
la même fédération. Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska, avez-vous terminé?
M. Fontaine: M. le Président, si je comprends bien, les
caisses populaires, elles, vont percevoir $1.50 pour émettre des plaques
d'automobile et émettre une police d'assurance. Je suis pas mal certain
que la Fédération des courtiers d'assurances ne serait pas
prête à accepter la même solution, à supposer que le
gouvernement lui permettrait de le faire.
M. Lachance: En parlant du mouvement Desjardins, j'aimerais vous
donner ce cas établi. D'ailleurs, M. François Adam, lorsqu'il a
parlé ici de-
vant la commission Gauvin, a dit ceci: "On a actuellement fait des
études pour savoir si on était capable de distribuer l'assurance
au même coût qu'on le fait actuellement par les courtiers, et la
réponse, c'est non. L'assurance, ce ne sont pas des "cans de beans",
cela ne se transige pas de n'importe quelle façon, cela se transige avec
compétence et, actuellement, on n'est pas capable de le faire à
meilleur marché qu'on pourrait le faire par l'intermédiaire des
courtiers". On a eu l'occasion de le rencontrer dernièrement et il a
dit: "Jusqu'à maintenant, c'est encore mon opinion; il n'y a rien qui me
prouve que l'assurance peut être distribuée à meilleur
marché que par les courtiers". Si on parle de distribution d'assurance,
si on parle de service à la clientèle et si on parle de
compétence, il y a un coût qui va avec cela et n'essayez pas de me
faire dire que cela vaut $0.50 ou que cela vaut $1 aujourd'hui; ce n'est pas
vrai. Il y a un travail à faire et un travail professionnel et je pense
qu'en 1977, on ne marche pas à coups de $0.50 et de $1 pour faire
marcher des bureaux.
M. Fontaine: Ce qui revient à dire, M. le
Président, que les courtiers, eux, sont des conseillers en assurance, et
les caisses populaires seront tout simplement des émetteurs
d'assurance.
M. Lachance: C'est cela.
M. Fontaine: Maintenant, d'un autre côté, vous
demandez un cadre juridique pour votre fédération, ce qui revient
à dire que vous auriez une espèce de syndicat qui serait
formé pour négocier vos tarifs. Il y a également la
Régie de l'assurance-maladie où les employés seront
syndiqués, et il y a également les caisses populaires où
il y a des employés. Qu'adviendrait-il si l'une ou l'autre de ces
parties, à l'assurance-automobile, décidait de faire une
grève?
M. Lachance: Oui, Me Chapados.
M. Chapados: Je vais vous donner un exemple très simple.
Si, demain matin, il y avait une grève à la Régie de
l'assurance-maladie, les médecins et les professionnels de la
santé continueraient à dispenser les services. Évidemment,
il y aurait certains retards d'ordre administratif, mais cela, je pense, c'est
une autre chose. Cela ne changerait pas comme telle la dispensation de services
dans toute la province.
M. Shaw: On parle d'argent dans cette question, on parle
d'indemnisation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Parce qu'on a l'exemple de la province de la
Colombie-Britannique qui a vécu cette situation avec une grève de
la Régie de l'assurance automobile, et il n'y a pas eu de paiement du
tout. Les gens ont brûlé leurs voitures pour avoir de l'argent
parce qu'on payait pour celles qui étaient brûlées. C'est
pour cela qu'on pose la question: Que va-t-il arriver? Peut-être qu'avec
les courtiers, vous aurez des services. Aurons-nous les mêmes services de
la Régie de l'assurance automobile?
M. Chapados: Écoutez, si j'étais
député à votre place, je dirais que c'est une question
hypothétique. De toute façon, je sais que cela s'est vécu
dans d'autres provinces et cela a débouché sur une situation qui
a posé des problèmes assez graves. Mais à un moment
donné, évidemment, il y avait une grève à la
régie de l'assurance automobile, s'il y avait une grève au niveau
des caisses populaires, je dis que c'est une situation d'exception. S'il y a
une grève à la Commission des accidents du travail, cela va
retarder le règlement des sinistres. Ce sont autant de situations
d'exception, mais quand même, pour faire face à ce type de
situations d'exception, s'il y a un réseau de courtiers qui participent
au régime, moi, je dis qu'il y a beaucoup de travail qui pourrait se
faire nonobstant cet arrêt de travail.
Vous pouvez me dire: Oui, mais si les chèques ne sortent pas
à la CAT, évidemment, vous pouvez causer un paquet de
problèmes. Mais je dis, quand même, que cela ne paralysera pas
l'ensemble du système de la même façon. Je conclus en
disant ceci et je réfère aux deux déclarations du ministre
que je comprends très bien: II y a vraiment une opposition; je n'aime
pas le mot opposition, mais il y a deux approches contraires au point de vue de
ce qu'on appelle la mise en marché du régime. Quand on dit:
Allez-vous faire cela au même prix que les caisses populaires, je dis:
Les caisses populaires, dans le contexte actuel, -ont vendre des plaques, vont
vendre de l'enregistrement et je pose des questions: Qu'est-ce qu'il va advenir
en termes de personnel, en termes de renseignements auprès de la
population, etc., d'explication du régime? Personnellement, j'ai des
doutes là-dessus.
Je me dis: En contrepartie, si, par exemple, il est souhaitable qu'il y
ait dans la province c'est un exemple que je donne une centaine
de courtiers là, ce n'est plus le même service du tout; on
compare des patates et des carottes qui sont appelés à
collaborer et à travailler avec la CAT, sur base pièce, cela va
diminuer d'autant la masse salariale de la Commission des accidents du travail
d'une part. D'autre part, par le courtier, qu'est-ce qu'on entend par la mise
en marché du régime? J'ai toujours dit que la mise en
marché du régime, c'est la vente de cette loi à la
population, avec le service qui s'ensuit. Personnellement, je dis qu'avec te
projet de loi tel que libellé il y a un organisme qui va vendre des
plaques et je me pose une série de questions sur les autres services qui
vont suivre. Je me dis: Est-ce que c'est cela, la mise en marché? Je
vais donner un exemple très pratique de ce qu'on veut dire. M. le
Président, le ministre appartient à un gouvernement qui s'est
réuni en conseil général à Sherbrooke
dernièrement. Il y a eu des conférences de presse à la
suite de cela et le premier ministre du Québec, M. Lé-vesque, a
annoncé qu'il y aurait un retour à la
base, je parle de la période
préréférendaire, où il y aurait 2000, 3000
militants qui seraient sensibilisés au problème pour l'expliquer
à la population. En d'autres mots, on retourne à la base qui est
disséminée dans la province; on la sensibilise pour lui permettre
d'exprimer dans ses mots les objectifs que poursuit le gouvernement. Je pense
que c'est une décision très sage de retourner à la base,
de sensibiliser les gens de la base et d'expliquer ce que le gouvernement
entend faire. C'est la même démarche intellectuelle qui nous anime
depuis le début au niveau de la vente du bill 49 et du projet de loi 67,
la même chose.
Est-ce que, oui ou non, le courtier va avoir un rôle essentiel
à jouer? Personnellement, je serais extrêmement déçu
que le rôle du courtier ce n'est pas ce qu'on vous a
présenté; on a prévu plusieurs modalités de
participation se limite quasiment à visser des plaques sur une
automobile. Ce n'est pas de cette façon que j'entrevois la vente, la
mise en marché, le fonctionnement d'un régime aussi important que
celui-là. Évidemment, vous nous avez posé des questions,
et je réfère à des questions générales du
député de Montmagny: Est-ce à honoraires, à la
pièce ou autrement? Il va falloir trouver, si le gouvernement donne
suite à notre offre de collaboration, des modalités
particulières.
Je donne un exemple: Si le courtier qui est dans une région
éloignée est appelé à intervenir au niveau de
certains sinistres, je dis qu'il faudrait procéder sur base
pièce. Autrement, si vous avez un gars qui est à 70 milles ou
à 100 milles derrière Matagami et qui est sur base horaire, on va
le contrôler de quelle façon?
Si le gouvernement dit: Très bien, on est prêt, vous allez
pouvoir rendre certains services, on s'assoit, on établit les
modalités, il faudra, selon ce qui est demandé, en arriver
à la détermination de conditions nouvelles de
rémunérations et ce, pas seulement pour le gouvernement, mais
également nous, vis-à-vis de nos membres, on n'a aucun
intérêt à ce que des courtiers profitent d'une certaine
situation pour frauder le système. Si X, sur base pièce, se fait
$15 parce qu'il doit se déplacer, très bien, il le fera pour $15,
mais qu'on ne nous arrive pas avec une vacation de trois heures, c'est
différent. Alors, il y a les exigences à rencontrer et il y a
également notre souci de faire en sorte que les courtiers rendent un
service de qualité en ne fraudant personne.
Je conclus en disant ceci: Lorsqu'on dit: Êtes-vous prêts
à faire cela vis-à-vis de ce que les caisses populaires font, je
réponds: Quant à moi, actuellement les caisses populaires ne sont
pas ma conception de mise en marché et de vente de ce régime et
d'explications auprès de la population et de pénétration
de la population. Le meilleur exemple de l'approche qu'on adopte, c'est
justement cette référence que j'ai faite à propos du
Conseil national du Parti québécois de fin de semaine; on
retourne à la base pour expliquer à la population de la base,
dans des mots qu'elle va comprendre, ce que le Parti québécois
veut; c'est sage. Je dis que c'est la même chose au niveau de la vente de
ce document.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska, avez-vous terminé?
M. Fontaine: M. le Président, mon autre question porte sur
les coûts d'administration. Je ne sais pas si la fédération
a à négocier ces pourcentages de commissions avec les compagnies
d'assurances ou si c'est imposé mais, de toute façon, dans ces
transactions avec les compagnies d'assurances, il doit certainement être
question de ces pourcentages, à savoir si on peut les augmenter ou les
diminuer, et à ce moment les compagnies d'assurances doivent dire: On a
des frais d'administration à rencontrer. Est-ce que les courtiers sont
en mesure de me dire combien les compagnies d'assurances calculent de frais
d'administration? Quel pourcentage de frais calculent-elles dans leur prime
d'assurances?
M. Paradis: M. le Président, les compagnies d'assurances
pourront vous répondre mieux que nous relativement à leurs frais
d'administration. Je pense que Mme te ministre a probablement toutes les
informations là-dessus déjà dans les statistiques. Au
niveau des courtiers, on l'a dit au départ, on le répète,
il n'y a pas de question de négociation, c'est ce qui a donné
naissance à la fédération, il y a quatre ans. On
reçoit des avis enregistrés trente jours à l'avance disant
que, dorénavant, dans telle classe d'assurance, nos commissions sont
baissées de tant à tant et c'est fini. Lorsqu'on parlait d'ombres
ce matin, dont l'association n'a pas voulu parler, et lorsqu'également
je parlais d'ombres cet après-midi, cela en est une. On a beau
essayé de dialoguer et de négocier des contrats d'assurance pour
nos clients avec des compagnies d'assurances, mais quand, d'une part, on
reçoit un bon matin un avis nous disant qu'il y a X milliers de dollars
qui viennent de partir, qu'on a des employés, qu'on a un
téléphone, etc., on ne peut pas négocier avec le sourire
aux lèvres toujours.
M. Fontaine: Cela veut dire que le courtier d'assurances qui vend
une police d'assurance demande un montant X, et tout ce qu'il sait
là-dedans, c'est sa commission. Pour le reste, il ne sait pas combien va
en administration, combien va à la compagnie d'assurances, etc.
M. Lachance: Oui, d'ailleurs vous avez le rapport Gauvin qui a
publié l'éventail de ces primes. On a des chiffres, je sais que
cela varie un peu d'une compagnie à l'autre pour ce qui est des frais
d'administration, mais je pense que c'est du ressort des compagnies
d'assurances et j'aime mieux ne pas m'aventurer sur ce terrain à moins
d'avoir les chiffres en main.
M. Fontaine: Croyez-vous que les 6% proposés par le
ministre sont acceptables ou raisonnables? Est-ce que cela peut se faire?
M. Lachance: Disons que cela est bien hypothétique. Le
moins qu'on puisse en dire c'est que c'est bien hypothétique.
M. Paradis: Si vous me permettez, là-dessus, M. le
Président, naturellement tout dépendra de ce qui pourra
être rattaché à ce phénomène. Si on demande
aux caisses populaires un tel service pour $1 ou $1.50, et si on demande aux
courtiers de l'expliquer gratuitement, etc., naturellement on va minimiser les
frais, mais il y aura quelqu'un qui va le payer quelque part, on ne pourra pas
mettre le doigt dessus. Maintenant, est-ce que c'est nous qui devrons, à
ce moment, donner l'information gratuitement, et cela fera partie
intégrante des 6%?
Est-ce que les courtiers en haut seraient prêts à le
faire?
M. Fontaine: Une autre question, M. le Président. Dans la
matinée, l'association des courtiers nous a dit qu'elle était
favorable à une indemnisation des dommages corporels sans égard
à la faute, mais de façon partielle. Et vous autres, vous me
dites dans votre mémoire que vous êtes favorables à une
indemnisation sans égard à la faute, mais de façon
globale. Quand on sait que les membres de chacune des deux associations sont
à peu près les mêmes, je me demande s'il n'y a pas une
contradiction.
M. Lachance: De ce côté, vous avez connu l'opinion
de la corporation professionnelle dont nous faisons tous partie. Nous n'avons
aucune objection. Nous disons qu'on est prêt à accepter un
système d'indemnisation sans égard à la faute totale. Ce
qui nous paraît beaucoup plus important et plus capital, c'est de savoir
si l'assuré va être seul devant un monopole d'État ou s'il
va être assisté par quelqu'un. Peu importe le système, peu
importe le régime, laisser un assuré seul qui ne connaît
pas ses droits, devant un monopole d'État, qui n'a personne pour le
représenter, à ce moment, il va toujours y avoir un paquet de
problèmes.
Pour nous, ce qui est important, c'est que d'abord il soit
représenté; peu importe le système, je pense qu'on pourra
s'adapter.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, dans le mémoire qui
nous a été présenté par la fédération
des courtiers, il y a évidemment un certain nombre de craintes qui sont
exprimées, des craintes qui frôlent parfois l'alarmisme, qui ne
sont pas toujours réalistes, qui font des projections de l'avenir
plutôt que juste l'analyse du projet de loi en question. Par ailleurs, il
y a un certain nombre de craintes qui sont, à mon sens,
justifiées. On a fait un certain nombre d'interventions quant à
l'article 80, par exemple. J'ai relu l'article 80 et je comprends, à une
deuxième lecture plus attentive de cet article, les commentaires que la
fédération des courtiers nous fait là-dessus.
Je pense que la fédération n'a peut-être pas saisi
ce qu'il y avait à l'intérieur de l'article 80 comme orientation
du gouvernement. Je pense, quant à moi, que l'article 80 ne veut en rien
changer la pratique habituelle dans ce domaine et il me semble que, si
c'était le cas, cela pourrait, éventuellement, être
confirmé. Il y a, évidemment, aussi des craintes quant au statut
comme tel du courtier à l'intérieur de l'application du projet de
loi, statutet là je pense qu'il faut le chiffrer en termes
de revenu aussi, quant aux conséquences des bureaux qui sont
dirigés par chacun des courtiers.
Il y a deux approches possibles, quand on veut aborder ce champ. Il y a
l'approche d'une intervention au niveau législatif et il y a une
approche de négociation. On peut évidemment faire la
négociation au moment d'un processus de législation. Je pense que
c'est le sens de l'intervention, aujourd'hui, de la fédération
des courtiers, qui dit: Dans le projet de loi même, vous pourriez
protéger un certain nombre de droits, qu'on appelle cela droits acquis
ou droits futurs des courtiers, mais cela pourrait se faire de façon
différente aussi.
Un des arguments qui m'ont frappé, c'est toute la question du
cadre juridique qui devrait s'appliquer dans le cas des courtiers d'assurance.
Je me réfère à un texte qui a été, je pense,
donné en octobre 1976 par le président de la
fédération des courtiers et je retiens en page 10 de ce texte une
phrase qui est la suivante: " Des voies s'offrent aux courtiers. Il y a celle
sur laquelle nous avons circulé jusqu'à maintenant qui consiste
à accepter les baisses de commissions des assureurs, à subir les
décisions unilatérales que nous avons connues au cours des
dernières années sans avoir notre mot à dire".
Il me semble que cela aussi est un aspect important et je n'ai pas
compris tout à fait les réticences que Me Chapados avait à
vouloir aussi que l'État intervienne parce qu'il y a déjà
des précédents dans ce sens. Et je voudrais vous poser un certain
nombre de questions. Je m'adresse à M. Lachance. Quand on parle de
négociations, dans le fond ce que vous voulez finalement c'est
représenter, c'est le but de votre organisme, les intérêts
économiques de vos membres. Ce que vous voulez, c'est négocier
finalement. Que ce soit maintenant ou plus tard, ce que vous voulez, c'est
négocier les modalités d'application du régime d'assurance
automobile.
À ce moment-là, ça pose un certain nombre de
problèmes si ça ne peut pas se faire à deux niveaux. Pour
vous, l'intervenant idéal, c'est l'État, c'est le gouvernement
qui embarque dans le régime de l'assurance automobile. Mais il y a un
autre intervenant dans votre cas, qui peut jouer aussi sur l'orientation de vos
bureaux et sur l'orientation de votre profession: ce sont les assureurs. Or, il
y a déjà des précédents et je me demande si vous y
avez pensé. Il est, par exemple, arrivé dans le passé que
l'État soit intervenu pour forcer les employeurs de la construction
à se regrouper à une même table, à discuter avec des
syndicats regroupés aussi en une table de négociation. C'est
déjà arrivé, dans d'autres domaines aussi, à
d'autres corporations professionnelles, que le gouvernement ait forcé la
négociation.
Est-ce que vous ne pensez pas que cela aussi serait une des voies
possibles et jusqu'à quel point attendez-vous de l'aide du gouvernement
dans ce sens?
M. Lachance: Cela me fait plaisir que vous référiez
à la conférence d'octobre 1976, parce que ça vous permet
de constater, je pense que ça peut permettre aux membres de la
commission aussi de constater que l'orientation qu'on défend aujourd'hui
n'est pas quelque chose d'improvisé, à la suite du projet de loi,
mais c'est une Iigne de pensée soutenue bien avant l'an dernier,
etc.
Maintenant, pour nous, il est bien sûr que la négociation,
lorsqu'on dit qu'on veut négocier, comme on l'a mentionné,
à la suite des baisses de commission unilatérales de la part des
assureurs, pour être capable de négocier, pour nous, c'est
capital, pour pouvoir survivre et continuer à donner du service à
la clientèle. Là, on est en face d'une autre baisse de
commission, une autre baisse de revenu et, cette fois, elle nous viendrait, de
façon unilatérale, du gouvernement. Devant ça, est-ce
qu'on doit se diriger pour négocier avec les compagnies d'assurances qui
vont nous dire: De toute façon, nos primes vont être
contrôlées par l'État, alors on ne peut pas inclure ce
qu'on veut dedans? Eh bien, on dit qu'on veut négocier avec ceux qui
décident.
Puisque le gouvernement intervient et qu'il a un pouvoir
législatif, on veut tout simplement négocier avec ceux qui
décident et il semble que celui qui décide, c'est le
gouvernement.
M. Bisaillon: Entre autres choses que vous aurez à
négocier, c'est le taux de commission, par exemple, que ce soit avec le
gouvernement, éventuellement, ou avec l'entreprise privée, il y a
une négociation sur le taux de commission. Cela pose le problème
de la représentativité. Qu'arrive-t-il aux courtiers d'assurances
qui ne seraient pas membres de votre fédération? C'est
déjà là qu'on voit que ça prend une
réglementation pour régir ce type de négociation. Ce que
je veux savoir, c'est que vous avez sûrement pensé au type de
réglementation que vous voudriez voir installé pour permettre des
négociations à ce double niveau.
M. Lachance: Sûrement qu'on y a pensé. Je vais
demander à Me Chapados, qui a de l'expérience du
côté des négociations, de commenter.
M. Chapados: Comme on dit, le soir des élections, si la
tendance appréhendée se maintient... Je crois déceler du
côté ministériel un petit coup de patin qui
m'inquiète, une sortie latérale comme...
M. Bisaillon: Cela, c'est du procès d'intention, Me
Chapados.
M. Chapados: On en parle dans "Les principes de Peter". Il y a
deux problèmes qui se posent. Lorsque vous dites qu'il y a deux ans ou
trois ans, il y a eu des baisses, vous vous êtes réveillés,
etc., oui, il y a une situation X qui s'est posée à ce
moment-là voulant, que tôt ou tard, l'État qui a quand
même un certain intérêt à voir à ce que dans
les lignes personnelles le taux des primes soit raisonnable, il se pourrait
fort bien que l'État, un jour, rassemble tout ce beau petit monde, comme
on dit, assureurs et courtiers, et leur dise: Nous avons pensé à
vous et comme vous dites, une petite disposition spéciale, entendez-vous
donc ensemble. C'est une chose.
Mais mon inquiétude, c'est que cela semble être la voie qui
se dessine de ce côté-là. Je dis que le problème,
subrepticement, s'est transformé. Il s'est transformé comment? Il
y a deux projets de loi qui ont été déposés, les
projets de loi 49 et 67. Ce sont des pièces législatives
très importantes. Je dis, à tort ou à raison, que cela
vient modifier le décor.
La priorité première que j'ai ce soir, c'est de m'attacher
à l'impact, aux effets qu'ont ces deux projets de loi, quant aux
courtiers, et c'est la préoccupation qui transpire de tout notre
mémoire.
L'État ne rassemble pas tout ce beau petit monde et dit:
Messieurs, j'interviens. Voici mon régime: D'une part, les blessures
corporelles, je vous propose que cela procède comme cela. Nous nous
consultons réciproquement. Mais le régime qu'on est en train
d'instaurer et je veux être bien clair là-dessus
c'est actuellement la préoccupation numéro un des gens qui sont
ici dans la salle. L'autre, on pourra y voir en temps et lieu et, selon le
degré de pression que l'État y met, cela peut
accélérer les choses. J'ai vécu cela à plusieurs
reprises.
Mais le problème n'est pas uniquement là. Je ne veux pas
faire de procès d'intention. Je vous soupçonne, M. le
député de Sainte-Marie, de faire une petite arabesque
latérale.
M. Bisaillon: M. le Président, je ne savais pas ce qu'on
voulait dire, mais je viens de comprendre ce que c'est qu'un coup de patin.
M. Chapados: On ne se dépréciera pas, mais je pense
que le ministre pourrait nous donner des cours postdoctoraux en la
matière.
Mme Payette: M. Chapados, je vous prendrais comme
élève particulier.
M. Chapados: N'importe quand, Mme le ministre.
M. Bisaillon: Mais sans parler de...
M. Chapados: Mais à une condition, comme on le dit dans le
mémoire, c'est que la houlette du ministre ne se transforme pas en
tisonnier.
M. Bisaillon: Vous comprenez cependant qu'il est normal pour
nous, à la suite des questions que vous posez... Tantôt, M.
Lachance disait qu'on veut d'abord savoir ce qui va arriver. Autrement dit, la
première question qui se pose avant qu'on
fasse d'autres analyses et qu'on se pose d'autres questions, pour nous,
les courtiers, la première question qui se pose, c'est de savoir
exactement quel sera notre rôle, quel genre de travail on sera
amené à accomplir dans la loi.
Si vous admettez que je dois comprendre cette question, je voudrais que
vous admettiez que vous devez aussi comprendre ma question. Peu importe
et c'est cela, ma question comment cela va ressortir en fin de compte,
est-ce que cela sera une participation entière ou une participation
partielle des courtiers? L'avenir nous le dira, il y aura d'autres gens qui
vont venir nous rencontrer en commission parlementaire. Je connais votre
habileté à venir, de toute façon, nous rencontrer en
dehors des commissions parlementaires. Il y aura d'autres rencontres
éventuelles avec les courtiers d'assurances.
Ce que je veux savoir, et pour moi c'est aussi une question
préalable, c'est jusqu'où vont vos intentions quant au cadre
juridique. Et de quel type voulez-vous ce cadre?
M. Chapados: Nos intentions, quant au cadre juridique, sont dans
le mémoire. Il y a une intervention de l'État. C'est une
réalité quant à nous. Contrairement à ce qu'a
souligné tout à l'heure l'honorable député de
Sainte-Marie, nous ne sommes pas réticents, nous sommes des grands
garçons réalistes. Nous faisons face à des
réalités. L'intervention de l'État, c'en est une. Je ne
suis pas un de ceux qui pensent que, depuis quinze ans, les interventions de
l'État, cela a été entièrement négatif. Dans
bien des secteurs, cela a soulagé bien des misères. Mais cela
implique une réadaptation. Là-dessus, on est sérieux.
À compter du moment où l'État intervient, on dit:
Très bien. Mais comme n'importe quelle catégorie de travailleurs,
on aimerait bien échanger un peu et signer un petit texte quand c'est
possible, mais non pas uniquement... On parlait des décisions
unilatérales des compagnies. Quelquefois, il y a des décisions
unilatérales du législateur aussi, où des
pénalités sont inscrites. À ce moment-là, on
aimerait avoir notre petit mot à dire et, le petit mot étant dit
et la petite entente signée, elle aurait un caractère
réglementaire et s'appliquerait à l'ensemble des courtiers
participants. C'est aussi simple que cela. Vous êtes un syndicaliste, je
n'ai pas de cours à vous donner là-dessus.
M. Bisaillon: C'est peut-être justement pour cette
raison-là, M. Chapados, que je voudrais que vous compreniez qu'on est
fort sympathique au processus même de la négociation, y compris
avec l'État. On en a déjà fait avec l'État. Mais ce
que je veux savoir de façon claire, est-ce que, oui ou non, vous voulez
négocier éventuellement des taux de commissions avec les
assureurs? Et là, parce qu'on parle actuellement,
évidemment c'est dans le cadre du projet de loi 67 des assureurs,
c'est uniquement de la prime ou de la commission sur l'assurance-automobile,
mais il y en a d'autres types de services qui sont rendus par les courtiers aux
compagnies d'assurances qui n'ont jamais été
négociés. Est-ce que ce cadre juridique que vous réclamez
devrait couvrir ces autres types de commissions? C'est ce que nous voulons
savoir.
M. Lachance: Assurément, nous sommes convaincus que, pour
pouvoir continuer à donner un bon service à la clientèle,
on doit avoir notre mot à dire en ce qui concerne notre
rémunération et cela dans tous les secteurs de l'assurance.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Lachance: M. le Président, je voudrais seulement
souligner une chose. Ce ne sont pas des craintes puériles dans notre
mémoire, parce qu'il y a deux ou trois ans le ministre parlait de
Machiavel ce matin, je m'étais transformé en Savonarole. Et
devant les ministres du temps, j'expliquais ce qui s'en venait, et on me jurait
dur comme fer que c'étaient des visions de l'esprit. Ce sont
peut-être des visions, mais, aujourd'hui, c'est rendu drôlement
pratique. C'est ce qui s'en vient.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Ma question s'adresse à Mme le ministre. On a
parlé tout à l'heure de la possibilité de
déplacement d'une masse de primes de l'ordre de $280 millions avec
l'avènement du régime public. Mais, au-delà de cela, suite
à l'expertise actuarielle que le ministère a sans doute
commandée, quel est le montant total de rentes qui devront être
payées à l'intérieur du régime public
d'indemnisation des blessures corporelles pour la première année,
pour douze mois d'opération? Les expertises actuarielles ont
certainement prévu ces chiffres?
Mme Payette: Ce qui est prévu, M. le député,
c'est une mise de côté, si on peut l'appeler ainsi, d'une somme
d'au moins $200 millions sur $385 millions, ce qui est le coût total du
régime, une somme d'au moins $200 millions mise de côté et
investie par le gouvernement pour le paiement de rentes sur une période
de plusieurs années. Cela, c'est seulement la première
année.
M. Giasson: Mais vous devez sans doute avoir les
prévisions actuarielles sur le coût des rentes qui devront
être versées par le régime pour la première
année d'opération.
Mme Payette: II n'y a pas de rentes?
M. Giasson: Comme cela s'est fait lorsqu'on a instauré le
régime des rentes du Québec, les actuaires ont
déterminé...
Mme Payette: Je pense qu'on n'a pas un chiffre précis
à vous donner là-dessus, mais, dans la première
année, si on comprend le fonctionnement du régime, cela n'est pas
dans la première
année que la somme des rentes serait la plus importante.
M. Giasson: Cela va de soi. $80 millions, $50 millions?
Mme Payette: Même pas.
M. Roy: Puisqu'on parle de $5 millions, est-ce que ces montants
d'argent, je vais peut-être à l'encontre du règlement, on
me corrigera...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, M. le
député. Le député de Nicolet-Yamaska avait
demandé la parole.
M. Fontaine: C'est très bien.
M. Roy: J'aurais une question suite à la question du
député de Montmagny-L'Islet, puisqu'on parle d'une réserve
de $200 millions, est-ce que ce montant-là serait confié à
la Caisse de dépôt ou si le fonds serait administré de
façon différente? Est-ce que ces choses ont été
pensées?
Mme Payette: À la caisse de dépôt, M. le
député, c'est prévu dans le projet de loi.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez
terminé?
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'aimerais revenir à
la question de la reconnaissance juridique. Malgré ce qu'on a dit
tantôt, je suis d'accord là-dessus, j'aimerais seulement vous
poser une question à savoir si le gouvernement, sans reconnaître
votre association du point de vue juridique pour négocier vos tarifs
avec le gouvernement, vous disait: On vous autorise à émettre des
plaques de véhicules automobiles et on vous autorise également
à vendre de l'assurance gouvernementale, et si on vous disait: Exigez le
pourcentage que vous voudrez...
M. Lachance: Écoutez, je ne m'attends pas à cette
réaction du Prince de Machiavel.
M. Fontaine: Actuellement, vous recueillez 12,5% sur vos
primes?
M. Lachance: 11,3%.
M. Fontaine: 11,3%. Si on vous permettait le même
montant?
M. Lachance: Je pense que ce sont là autant
d'hypothèses qui méritent d'être étudiées. Il
y a des implications dans chaque chose. Or, à ce moment-là, on
calcule qu'il serait normal de la négocier. Si on dit: Non, ce ne doit
pas être négocié, demandez ce que vous voudrez, cela
demeurera à être étudié et cela devra être
étudié avec nos membres.
M. Fontaine: Vous ne la négociez pas, actuel- lement, avec
les compagnies d'assurance et vous voudriez la négocier avec le
gouvernement.
M. Lachance: Ne trouvez-vous pas que c'est normal qu'on veuille
la négocier? Non? Est-il normal d'opérer sans pouvoir
négocier notre rémunération? Y a-t-il bien des
travailleurs aujourd'hui qui travaillent sans pouvoir négocier leur
rémunération?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, on avait, au début
de la soirée, convenu, sans que ce soit formel entre nous, d'une
certaine répartition du temps. D'ailleurs, nos invités
étaient au courant de cela pour qu'on puisse permettre, à 22 h
30, au ministre de peut-être fournir un certain nombre de
réactions aux membres de la Fédération des courtiers
d'assurances et qu'ils repartent en sachant un peu quels étaient les
points qu'on pouvait retenir. Je me demandais, étant donné
qu'à peu près tout le monde sauf le député de
Beauce-Sud a épuisé le temps sur lequel on s'était
informellement entendu, si on ne pourrait pas passer à ce stade.
M. Roy: Est-ce une invitation à ce que je poursuive?
M. Bisaillon: Non. C'était juste pour indiquer qu'ils
avaient pris plus de temps, eux.
Mme Payette: C'est parce que vous parlez plus vite.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Cela se termine à onze heures par ordre
de la Chambre, si je ne m'abuse. J'aurai tout de même quelques petites
questions à poser, mais je promets bien de collaborer afin que madame
ait amplement le temps de conclure, si elle le veut bien. Avec votre
permission, M. le Président, j'aimerais demander ceci à nos
invités, vu qu'au titre VI de la loi on forme d'autorité la
Corporation des assureurs autorisés... Me comprenez-vous?
M. Lachance: Je comprends très mal.
M. Saint-Germain: Je vais parler plus près du micro. Au
titre VI de la loi, qui s'intitule Corporation des assureurs autorisés,
le gouvernement d'autorité forme une corporation représentative
des assureurs autorisés du Québec. Avec cette corporation
nouvellement formée et le gouvernement, n'avez-vous pas là les
deux autorités avec qui vous pourriez dialoguer en vue d'une solution
à vos problèmes? Vous semblez être dans une position
difficile, en ce sens que vos employeurs sont nombreux et que vous ne pouvez
pas dialoguer avec un corps représentatif de l'ensemble des assureurs.
Ne croyez-vous pas que la corporation est tout de même un début ou
une amorce à une représentativité des assureurs?
M. Lachance: Je pense qu'il s'agit là de voir les
caractéristiques qu'aurait cette corporation. Je ne sais pas;
peut-être que Me Chapados pourrait nous dire de quelle façon il
entrevoit cette corporation. Est-ce qu'au point de vue légal cela se
tient?
M. Chapados: Si je peux me permettre de conseiller le prince, M.
le Président, disons que je verrais le cadre juridique
référant au premier type de problèmes qu'a soulevé
tout à l'heure le député de Sainte-Marie,
c'est-à-dire les relations entre le courtier et les assureurs au niveau
de la Loi sur les assurances qui est le projet de loi no 7. C'est quand
même, une disposition, si nous voulons être logiques avec
nous-mêmes, qui est susceptible de couvrir, à ce moment-là,
tout type d'assurance visant le consommateur. Mais je reviens à ce que
je disais tout à l'heure: Au niveau de la loi qui nous intéresse,
je pense que l'interlocuteur valable, celui qui a charge de l'administration de
l'ensemble de la loi, c'est le ministre et, quant à cela, la Corporation
des assureurs n'a que des pouvoirs limités par rapport à une
section du régime.
Pour autant qu'il s'agit de la Loi sur l'assurance automobile, si je
conclus pour le cadre juridique, à mon sens, l'entente devrait
intervenir avec le ministre qui est chargé de l'application de la loi.
C'est ce qui s'est fait ailleurs dans une foule de régimes et c'est un
type de cadre juridique qui a été adopté dans le
passé par des gouvernements unionistes, libéraux, etc. Quant
à tous les autres types d'assurances visant les lignes personnelles,
visant le consommateur si, comme le soulignait le député de
Sainte-Marie tout à l'heure, le gouvernement s'apprête à
intervenir, je pense que le cadre approprié serait la loi
générale sur les assurances, la loi 7 qui a été
adoptée il y a quelques années.
M. Saint-Germain: Maintenant, relativement aux études
actuarielles qui auraient pu être faites pour calculer les
indemnités payables dans la première année de l'existence
de cette loi, je crois qu'on nous a affirmé dans le passé que les
rentes seraient capitalisées, indexées. Alors, chaque
année, à même les revenus de l'office, on remettrait au
régime des rentes une somme qui pourrait permettre à l'office de
payer, pendant les années qui viennent, les dus aux victimes d'accident,
c'est-à-dire que chaque indemnité serait capitalisée
l'année où l'accident est arrivé, même si elle est
payable pendant une vie durant.
Mme Payette: Je m'excuse auprès du député de
Jacques-Cartier. Je pense qu'il parle là du fonctionnement de la caisse
de dépôt, ou alors, je n'ai pas suivi son raisonnement.
M. Saint-Germain: Supposons qu'un citoyen a un accident
l'année prochaine, en 1978, disons, lorsque le régime sera en
vigueur, et que cette victime a droit à une rente, on va dire, de $150
par semaine. Il faudra calculer comme coût, en 1978, la somme d'argent
qui permettra à l'Office de payer $150 par semaine pendant x
années à venir. Autrement dit, les sommes payables pendant 10, 15
ou 20 ans seront capitalisées ou seront déduites si vous voulez,
de l'année où l'accident est arrivé.
Mme Payette: Non, je pense qu'il y a un malentendu, là M.
le député. Ce qui est prévu, c'est la mise de
côté, chaque année, d'une somme à être
investie par le gouvernement, somme qui rapportera des intérêts et
qui permettra le paiement de rentes indexées au cours de 15, 20 ou 30
ans si c'est nécessaire.
M. Saint-Germain: Je l'avais dit en d'autres mots mais cela veut
dire la même chose.
Mme Payette: Je m'excuse. Je ne vous comprenais pas dans ce
sens-là. Si on dit la même chose, tant mieux.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Vous avez normalement le marché libre des
assureurs pour établir des tarifs. Si vous avez un cadre professionnel,
cela va vous donner plus de pouvoirs envers ces compagnies. Disons que vous
avez un cadre professionnel qui est établi et seulement ceux qui sont
membres de votre association des courtiers d'assurance ont le droit de vendre
des assurances au Québec. Cela va vous donner un pouvoir pas mal fort
sur les compagnies privées d'assurance. Prévoyez-vous que cela va
faire une grosse différence pour la population? Est-ce que c'est
à l'avantage de la population de vous donner ce pouvoir?
M. Paradis: M. le Président, je vais vous poser la
question. Est-ce que cela va être bon pour la population si on a un cadre
juridique pour négocier nos conditions d'exercice, c'est cela?
M. Shaw: Non, je dis que si vous avez ces pouvoirs, vous
êtes un cadre professionnel qui contrôle les membres de votre
profession. À un moment donné, avec ce pouvoir, vous pouvez faire
envers les compagnies d'assurances privées des points que vous demandez
au lieu de vendre de l'assurance, c'est évident. Est-ce que ce pouvoir
est quelque chose que vous pouvez accepter avec responsabilité?
M. Paradis: Je pense bien, M. le Président, que s'il y a
un mécanisme de négociation entre deux parties, à un
moment donné, cela va impliquer qu'il y en a qui devront prendre des
responsabilités. Si ce pouvoir de négociation est mal
interprété et que les courtiers en abusent,
éventuellement, il y aura une distorsion et quelqu'un en paiera le
coût. Je me souviens très bien que lorsqu'on avait comparu devant
la commission de M. Gauvin qui nous traitait un peu d'être en conflit
d'intérêts parce qu'on était à commission, plus on
vendait, naturellement, les primes élevées, plus
c'était payant pour nous, on a répondu là-dessus;
Oui, mais écoutez, il y a quand même le public
québécois qui a un pouvoir de marchander et d'appeler un autre
bureau de courtier.
Si je lui charge $75 de plus, il est bien évident qu'il va aller
ailleurs. Dans ce pouvoir qui va nous être conféré,
naturellement il sera impliqué que ces mécanismes feront partie
intégrante de donnant donnant. Si vous vous rendez à
l'hypothèse que ce pouvoir devra être négocié
directement avec les assureurs, à ce moment il faudra peut-être
prévoir des mécanismes où l'État pourra avoir un
mot à dire. Mais, pour autant qu'on est concerné, ce n'est pas
l'avenue qui nous intéresse pour le moment, au niveau des assureurs,
cette négociation ou ce cadre avec les assureurs; ce n'est pas l'avenue
que nous regardons. Comme on le disait tout à l'heure, on veut
négocier avec celui qui décide; on ne veut pas négocier
avec celui qui tient le balai ou qui ouvre la porte. On veut négocier
avec celui qui va nous permettre d'entrer.
Le Président (M. Boucher): Comme il n'y a pas d'autre
intervenant, je laisse donc Mme le ministre conclure.
Mme Payette: M. le Président, je consulte M. le
député de Sainte-Marie; encore une fois on se retrouve devant une
sorte de contradiction après ce qui a été dit. On essayera
d'éclaircir la situation dans des conversations futures parce qu'on nous
a dit, en cours de route, qu'on tenait à ce que le cadre juridique
puisse servir également dans les négociations avec les assureurs;
on nous dit maintenant que ce n'est pas la voie que l'on envisage. Je vous
avoue que c'est un peu confus. Je pense qu'on pourra clarifier.
J'aimerais, M. le Président, conclure. J'avais pris un certain
nombre d'engagements de vous dire les choses sur lesquelles, pour ma part, j'ai
retenu vos interventions au cours de l'après-midi. Je pense que l'on
peut indiquer immédiatement que, sur les articles 80, 58, 158 et 17, il
y a des interventions qui nous paraissent suffisamment importantes pour nous
obliger à réfléchir de notre côté. À
l'article 158, par exemple, vous suggérez que le ministre devrait
émettre des directives à la régie. Je suis informée
que le gouvernement fait maintenant une évaluation de ses régies
et de ses différentes sociétés d'État. Je retiens
votre suggestion pour que cette évaluation soit mise dans le panier, au
moment de l'évaluation des régies et des sociétés,
qui, elle, est déjà en cours.
À l'article 58, on a attiré mon attention sur le besoin de
préciser les pouvoirs de la Commission des affaires sociales et je vous
confirme que nous allons nous pencher à nouveau sur cette question.
À l'article 80, déjà le député de
Sainte-Marie en a parlé. Même en relisant cet article, à la
suite de votre intervention, je dois vous dire que nous connaissons la pratique
actuelle dans ce domaine; les avis donnés par les assureurs aux
assurés, qui parviennent aux courtiers. Je pense que nous ne souhaitons
pas un changement. Si cet article a prêté à confusion quant
aux intentions du gouver- nement, il faudrait probablement apporter un
amendement parce que notre intention n'est pas de faire en sorte qu'il y ait
renouvellement automatique de la part de l'assuré, que ce soit un peu
comme un bail, c'est-à-dire que si vous ne vous manifestez pas, c'est
renouvelé automatiquement.
Dans ce sens, nous allons revoir l'article 80.
À l'article 17, on a parlé depuis ce matin des motoneiges,
des véhicules de ferme aux dispositions du régime de base de la
régie. Pour l'instant, je dois vous dire que cela ne nous sourit pas
d'inclure ces véhicules; nous verrons si notre pensée
évoluera dans ce sens au fur et à mesure de cette commission
parlementaire. Mais je peux déjà vous dire que nous
étudierons, cependant, avec intérêt une suggestion
formulée cet après-midi au sujet des périodes de
prescriptions différentes entre le régime public et le
régime de droit commun.
La façon de te faire, c'est peut-être de prévoir ce
que j'ai lancé dans la conversation, c'est-à-dire le
système d'interruption de prescription. Nous allons revoir quelles sont
les implications d'un changement comme celui-là. Pour le cadre
juridique, je pense qu'il n'est peut-être pas nécessaire que je me
répète, mais je sens le besoin de vous dire que je pense avoir
manifesté ma sympathie à cet égard. Je pense qu'on l'a
retrouvée chez les membres de cette commission également. Nous
allons y réfléchir sérieusement. Nous allons certainement
rester en contact avec la Fédération des courtiers.
Je n'ai pas gardé les pots pour la fin volontairement. C'est tout
simplement un hasard dans mes notes. J'avais cependant un reproche à
faire à la fédération et à ses membres. Il y a une
chose qui m'inquiète dans la responsabilité que j'ai
assumée à l'intérieur de ce dossier, celui de la
réforme de l'assurance automobile, c'est le peu d'information, me
semble-t-il, que les courtiers ont transmise à la population au cours
des dernières années et qui a fait en sorte que j'ai
été aux prises, depuis des mois, avec une population qui ne sait
plus ce que c'est que de l'assurance automobile.
Je pense que cela a été un constat de faire au cours de la
tournée et on peut regretter, vous me permettrez de le dire, le fait
que, ce matin, l'association a mentionné que 86%, je crois, de la
population s'adressait à des courtiers et a même dit bientôt
90%. Vous me permettrez de regretter que quand on a affaire à 86% ou 90%
de la population, il ne soit pas évident, quand on aborde un sujet comme
l'assurance automobile, de trouver des citoyens qui étant en contact
avec leur courtier, au moins une fois chaque année, sachent ce que
contient leur contrat d'assurance, ce que signifient les termes utilisés
dans les contrats d'assurance.
J'ai entendu, de la part de la population, le même regret
exprimé à certains moments, qu'on en soit arrivé,
peut-être pour se simplifier la vie, à se remettre
entièrement entre les mains d'un courtier, parce que j'ai dit que le
courtier, c'est souvent quelqu'un en qui on fait confiance, c'est parfois un
ami et souvent un voisin, c'est très souvent quelqu'un qu'on appelle par
son prénom et à qui
on dit finalement: Occupe-toi de toutes mes assurances.
Il me semble qu'il y a peut-être eu une lacune dans ce sens, on a
peut-être oublié d'informer le client de l'évolution dans
ce domaine, des changements intervenus, de ce pourquoi l'assuré devait
acquitter une facture de plus en plus élevée. Cela
m'inquiète, au moment où vous nous offrez d'être des
informateurs sur la réforme que nous proposons. J'ai presque envie de
terminer par une boutade et de demander s'il y a parmi vous quelqu'un qui
accepterait de devenir mon courtier, parce que j'en ai un courtier, avec qui
j'ai à traiter, et quand vous dites que vous êtes disponibles cinq
jours par semaine, de 9 heures à 5 heures, le soir et parfois les fins
de semaine, je vous dirai que le mien, je ne lui ai parlé que sur le
TAS, le service de téléphone.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît! M. Lachance, est-ce que vous voulez ajouter quelque
chose?
M. Lachance: J'aimerais d'abord remercier les membres de cette
commission de nous avoir permis d'exprimer nos opinions. Je compte que vous
prendrez en considération très sérieusement nos
recommandations et nos demandes. Elles ont été mûries et
réfléchies, comme vous avez pu le constater, il s'agit là
de l'avenir. Il s'agit, dans un premier temps, de faire un succès d'une
réforme que tout le monde désire et que tout le monde attend
depuis longtemps, on a besoin d'une réforme, il faut en faire un
succès et il s'agit là également de l'avenir d'une
profession.
Je pense que nos interventions vont dans le sens des objectifs qu'on a
établis, même dans le livre bleu, qui consiste à aider les
entreprises québécoises, et on connaît également la
tangente du gouvernement vers l'aspect économique, aider la petite et la
moyenne entreprise, nous sommes de la petite et de la moyenne entreprise, nous
sommes ouverts à toute collaboration, afin que cette réforme soit
un véritable succès. Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, au nom de l'Opposition
officielle, je tiens à remercier nos visiteurs. Je crois que cela a
été une longue journée de travail, qui nous a
demandé plusieurs heures de préparation, aussi bien au niveau des
courtiers qu'au niveau des membres de cette commission.
Je crois que nous avons fait un travail positif qui nous a tous
éclairés et qui, par ricochet, aidera la population à
comprendre la teneur de cette législation. Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais également
remercier la fédération du bon travail accompli. Je pense que
nous avons eu une discussion franche. Si on dit que du choc des idées
jaillit la lumière, je pense qu'aujourd'hui, on a peut-être vu
poindre un filet de clarté dans cette salle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, sans épuiser votre temps.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je vais suivre
l'invitation que m'a faite tout à l'heure mon collègue de
Sainte-Marie. Seulement un mot pour me joindre à ceux qui m'ont
précédé, à mes collègues, ainsi qu'à
l'honorable ministre, pour vous remercier de nous avoir présenté
ce mémoire et d'être venus donner à la commission
parlementaire je dis bien donner de longues heures pour nous
permettre de nous éclairer. Cependant, je ne peux pas laisser le petit
reproche que le ministre vous a fait sans dire un mot.
Le ministre a fait un reproche aux courtiers je ne suis pas
courtier, je suis bien à mon aise, je ne me protège pas en disant
ces choses-là mais je pense qu'il faut dire les choses telles
qu'elles sont.
Ma petite expérience de député pendant huit ans
à mon bureau m'a permis de constater que le consommateur n'est pas mieux
informé vis-à-vis de la Commission des accidents du travail,
n'est pas mieux informé non plus sur la Régie des rentes du
Québec. Ce n'est pas en éliminant les courtiers qu'on va
améliorer l'information. Merci.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! Comme
président de la commission, je tiens à remercier M. Lachance et
ceux qui l'accompagnent pour le mémoire qu'ils ont
présenté. Pour ce qui est de la commission elle-même, elle
doit ajourner ses travaux jusqu'à mardi matin le 11 octobre prochain,
à dix heures. Le lieu où siégera la commission n'est pas
encore déterminé et les intéressés seront
informés en temps par le leader parlementaire.
(Fin de la séance à 22 h 55)