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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières est réunie pour poursuivre l'étude du projet
de loi no 67, Loi sur l'assurance automobile.
Les membres de la commission, pour ce matin, sont: M. Beauséjour
(Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Proulx (Saint-Jean) remplace M. Landry (Fabre); M.
Giasson (Montmagny-L'Islet) remplace M. Larivière (Pontiac); M. Lefebvre
(Viau), M. Marois (Laporte), M. Marquis (Matapédia), Mme Payette
(Dorion), M. Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud); M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska) remplace M. Russell (Brome-Missisquoi); M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier) et M. Vaillancourt (Jonquière).
Pour aujourd'hui, les organismes convoqués sont le Garage
coopératif de Québec, représenté par M. Laurent
Labrecque, le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec,
représenté par M. Jean-Guy Fréchette, et la CSN,
représentée par M. André L'Heureux.
J'inviterais M. Laurent Labrecque, du Garage coopératif de
Québec, à prendre place, s'il vous plaît.
M. Roy: Avant qu'on interroge notre invité, étant
donné qu'on vient de faire allusion au mémoire de la CSN et comme
je constate que, dans l'ordre du jour, il n'y a que deux organismes
convoqués, soit le Garage coopératif de Québec et le
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, est-il effectivement
dans le programme de la journée d'interroger, de faire comparaître
les gens de la CSN devant la commission parlementaire? Si oui, quand pense-t-on
pouvoir nous remettre une copie du mémoire?
Mme Payette: Je pense que les copies du mémoire sont
disponibles.
M. Roy: Si je m'en suis informé, c'est parce que je ne
l'avais pas vendredi, lorsque je suis parti de Québec. On m'informe que
le mémoire est entre nos mains ce matin.
Mme Payette: Voilà. Le secrétariat vient de
s'excuser auprès de la commission. C'est tout simplement une erreur sur
la copie que vous avez; il y a bien trois organismes convoqués pour
aujourd'hui et qui avaient déjà été annoncés
jeudi.
Le Président (M. Boucher): M. Labrecque, vous avez la
parole.
M. Labrecque (Laurent): Le micro est-il ouvert?
Le Président (M. Boucher): Oui.
Garage coopératif de Québec
M. Labrecque: Oui. Je vous remercie d'avoir la bienveillance de
m'écouter. Je voudrais d'abord dire que le mémoire que nous vous
soumettons a été préparé pour les audiences qui ont
été faites dans tout le Québec. On y retrouve donc des
références du livre vert plutôt qu'au projet de loi.
Autre point aussi, c'est qu'on n'a pas du tout touché à la
question des dommages corporels. Disons qu'on est, dans l'ensemble, d'accord
avec la création de la régie et la prise en main par la
régie de la question des blessures corporelles. Comme on est des gens
qui travaillent ou qui veulent mettre sur pied un ou des garages, on s'en est
tenu à ce qui regarde les garages proprement dits, c'est-à-dire
aux dommages matériels.
Je vous ferai la lecture du mémoire, si cela a besoin
d'explications, à un moment donné, ce qui est fort possible, il
me fera plaisir de les donner au furet à mesure.
Le rapport du comité d'étude sur l'assurance automobile,
dit rapport Gauvin, constitue un excellent document sur le sujet, en
particulier en ce qui regarde la sécurité routière, les
questions juridiques et administratives de l'assurance automobile. Cependant,
nous croyons y déceler une lacune importante, soit le peu
d'intérêt qu'il porte à tout le domaine des
réparations des dommages matériels par les garagistes et le
fonctionnement concret des procédures de négociations et des
évaluations, c'est-à-dire les rapports entre l'assuré,
propriétaire d'une voiture accidentée, le garagiste, l'estimateur
et, en dernier ressort, l'assureur. Il en est de même en ce qui regarde
le coût des pièces. Enfin, un seul chapitre du rapport, soit le
chapitre XI de la troisième partie, est véritablement
consacré à ces questions et il fait quatre pages sur un total de
plus de 400 pour l'ensemble du rapport.
Pourtant, il s'agit là d'un élément clé de
la hausse du coût des primes d'assurance. D'ailleurs, dans les pages qui
précèdent immédiatement ce chapitre, il est
démontré que le coût moyen par sinistre a grimpé de
113%, de 1961 à 1971, et le rapport conclut que "l'augmentation du prix
de l'assurance automobile découle principalement de la hausse du
coût des demandes d'indemnisation et non de l'accroissement de la
fréquence des accidents qui, au contraire, tendent à diminuer
relativement au nombre des véhicules en circulation." Il semble
d'après les chiffres qui sont sortis sur la dernière
année, que ce soit encore le cas, c'est une sorte de diminution relative
des accidents." De plus, il est reconnu que 65% de toutes les indemnités
payées pour sinistres sont consacrées aux dommages
matériels." Ici je vais juste souligner qu'une des choses qui
m'étonnent, c'est
qu'on parle beaucoup, dans toute cette question de la réforme,
d'une diminution des coûts de l'administration de l'assurance
automobile.
Bien sûr c'est important, mais il y a parfois des chicanes sur le
0,5% ou le 1% ou les 2% qu'on va épargner sur les coûts
d'administration alors qu'à mon sens, quand on descend au niveau des
garages proprement dits, de ce qui s'y passe, il y a peut-être 15% ou
20% le chiffre est un peu arbitraire, mais en termes de coûts des
assurances, en ce qui regarde les dommages matérielssur lesquels,
à mon sens, on ne s'est pas assez penché.
Si le rapport Gauvin est décevant sur cette question, le document
qui contient les propositions de réforme du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières l'est au
moins autant puisqu'il relègue au second plan tout le domaine des
dommages matériels, ne proposant enfin que des modifications qu'on a dit
ici mineures, qui risquent, à notre avis, non seulement de ne pas
permettre une diminution des primes ou même une réduction de leur
hausse, mais de conduire à une augmentation des primes.
Il y a d'abord un phénomène remarqué dans le
rapport Gauvin, sans suffisamment d'insistance toutefois. Le montant des
indemnités pour dommages matériels varie selon la formule
d'indemnisation. Les dommages tendent à être plus
élevés s'il s'agit d'une indemnisation en vertu de
l'assurance-collision avec franchise, ce qu'on appelle couramment le
"déductible", que s'il s'agit d'une indemnisation en vertu de
l'assurance-responsabilité et en plus que ces dommages sont encore plus
élevés si la franchise est de $250 au lieu de $100. Autrement
dit, les compagnies d'assurances payent plus cher en moyenne quand c'est pour
leur propre assureur qu'elles payent, quand c'est pour l'assurance-collision,
en moyenne, que quand c'est pour l'assurance-responsabilité. Elles
payent plus cher aussi pour les indemnités quand l'assureur a $250 de
déductible que quand il n'y a que $100. C'est vraiment
étonnant.
Les auteurs du rapport proposent comme hypothèse que les victimes
dont les dommages sont réglés en vertu de
l'assurance-responsabilité reçoivent un traitement
différent de celles qui sont indemnisées en vertu de
l'assurance-collision et qui sont donc indemnisées par leur propre
assureur et, d'autre part, que l'existence d'une franchise entraîne la
surévaluation du montant de la perte de la part de l'assuré pour
en compenser l'effet.
Ces hypothèses nous semblent tout à fait valables et
correspondent aussi bien à l'observation qu'à une simple logique.
En premier lieu, il est assez évident que le propriétaire d'une
voiture accidentée a tout intérêt à ce que
l'évaluation des dommages soit la plus élevée possible,
soit simplement pour garantir une meilleure qualité de la
réparation offerte, soit parce que le garagiste accepte de lui "sauver"
une partie ou tout le "déductible". Quant au garagiste, il en va de
même, qu'il garde pour lui l'écart entre le coût des
réparations et le montant de l'évaluation, ou qu'il accepte d'en
faire bénéficier le propriétaire de la voiture, pour
obtenir ou garder sa clientèle.
De plus, et ceci se superposant aux autres facteurs, la compagnie
d'assurances elle-même a intérêt, dans le cas
d'assurance-collision, à être relativement généreuse
pour ne pas indisposer son client, quitte à l'être moins s'il
s'agit d'indemniser les dommages d'une voiture appartenant à un tiers,
dommages dont la responsabilité a été attribuée
à son assuré, à moins que par hasard celui-ci ne soit pas
aussi assuré chez elle.
Autrement dit, ce qui semble ressortir lorsqu'on regarde cela, c'est
qu'au niveau des compagnies d'assurances on accepte d'être un peu plus
large, plus souple, si je peux dire, quand c'est pour ses propres
assurés que quand c'est pour les autres.
C'est dire qu'en cas de paiement des dommages en vertu de
l'assurance-collision, la logique de la formule fait que, des trois parties en
cause, au moins deux, soit l'assuré et le garagiste, ont
intérêt à ce que l'évaluation soit la plus
élevée possible, d'autant plus que dans le cas de l'assuré
il verra sa prime s'accroître de toute façon,
généralement dans la même proportion, quel que soit le
montant des indemnités payées par l'assureur.
C'est bien sûr que si vous avez un accident qui coûte $500
que c'est votre compagnie d'assurances qui paie pour cela parce que vous
êtes responsable, si vos dommages sont de $1500, votre prime va augmenter
du même montant. Plus vous en mettez, meilleur c'est pour vous.
Il est à remarquer que même dans le cas de paiement en
vertu de l'assurance-responsabilité, certains garagistes acceptent de ne
pas demander à leurs clients la totalité de la somme
versée par l'assurance et que, de toute manière, ils ont
intérêt à obtenir une évaluation maximale des
dommages, qu'ils en gardent le bénéfice pour eux ou qu'ils en
transfèrent une partie à leur client. Ceci peut prendre la forme
de pièces à changer comprises dans l'évaluation, mais
qu'on ne change pas ou qu'on remplace par des pièces usagées,
d'une peinture qu'on a fait payer pour l'ensemble de la voiture, mais qu'on
limite à la partie endommagée, etc. Il y a un paquet de
possibilités dont vous êtes certainement au courant et qui
existent de ce côté-là. De plus, il existe souvent une
différence entre le taux horaire exigé par le garagiste selon
qu'il travaille aux frais de son client ou d'une compagnie d'assurances.
Presque n'importe quel garagiste, surtout les petits garagistes, vont nous dire
que c'est plus payant de travailler pour un accident payé par les
assurances que de faire un travail pour un type qui veut simplement faire faire
une peinture ou faire refaire une carrosserie à son compte.
Quant à l'assureur, nous l'avons déjà dit, il a
intérêt à se montrer souple en cas de paiement en vertu de
l'assurance-collision. On nous objectera que l'assureur trop
généreux se verrait dans l'obligation d'accroître des
primes et de devenir ainsi moins "concurrentiel". En premier lieu, il faut
noter que les indemnités payées en vertu de l'assurance-collision
représentent déjà, selon le
rapport Gauvin, 21% du total des indemnités payées, et que
cette assurance ne couvre que des dommages matériels, contrairement
à l'assurance-responsabilité.
Si, pour les dommages matériels, cela équivaut à
65%, il semble bien qu'il y ait 21% qui soient payés pour
l'assurance-collision. Mais, surtout, c'est oublier que la concurrence ne se
fait pas seulement pour les primes de toute façon, elles ne
varient guère d'une compagnie à l'autre, bien qu'il semble que,
durant les deux dernières années ou à peu près, il
y a eu une certaine variation la concurrence étant faible
à ce niveau, selon le rapport Gauvin lui-même, mais qu'elle se
fait davantage peut-être au niveau du marché, c'est-à-dire
de l'obtention et du maintien d'une clientèle qui risque de
s'échapper si elle n'est pas satisfaite de la compensation obtenue
après un accident. La logique du fonctionnement de ce système
tend donc à conduire à une hausse des indemnités et
à une hausse des primes.
Malheureusement, la réforme proposée par le
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, loin de combattre cette tendance, contribuera, à
notre avis, à l'aggraver ou, tout au moins, laisse un grand point
d'interrogation. En proposant une formule d'indemnisation directe,
assumée par les assureurs privés, ne risque-t-on pas de voir la
tendance logique à la hausse, particulièrement forte, à
l'heure actuelle, pour l'assurance-collision, s'étendre à
l'ensemble des dommages matériels, d'autant plus que, la notion de
responsabilité demeurant, l'assureur ayant indemnisé son client
jugé non responsable n'aura qu'à envoyer la facture à un
autre assureur? On retrouve cela dans la convention d'indemnisation. Autrement
dit, ce sera toujours votre assureur qui va vous payer, responsable ou non, et,
ensuite, si vous êtes jugé non responsable, on envoie la facture
à une autre compagnie, si j'ai bien compris le système
proposé pour l'indemnisation. En plus, l'assurance-responsabilité
devenant obligatoire, l'automobiliste sera davantage à la merci des
assureurs. Cette formule risque, à notre avis, d'avoir les
désavantages d'un système de non-responsabilité sans en
offrir les avantages.
La création de centres d'évaluation des dommages sous la
responsabilité des assureurs privés ne nous semble guère
être un remède efficace à ce problème. Il faudrait
que ces centres soient communs pour tous les assureurs, que l'utilisation en
soit obligatoire pour tous les assureurs, et toutes les victimes d'accidents.
On retrouve, d'ailleurs, dans le projet de loi, ce caractère obligatoire
pour les assureurs et les accidentés, quoique la loi dise: Dans toute la
mesure du possible, si je me rappelle bien. Même dans ce cas, avec les
centres d'évaluation, en supposant que tout le monde doive passer par
là, la logique ne conduira-t-elle pas à un certain laxisme du
côté des indemnisations, quitte, à en faire porter les
coûts sur l'ensemble des assurés? C'est, à mon sens, le
principal point d'interrogation en ce qui regarde les dommages
matériels.
Il faudrait sans doute, pour éviter cela, un contrôle
extérieur assez rigoureux qui ne peut, à notre avis, être
fait simplement au niveau de la participation au conseil d'administration de la
corporation qui serait créé ou de la surveillance des taux de
profit des compagnies d'assurances car la tendance ci-haut mentionnée,
c'est-à-dire l'espèce de tendance au relâchement des
compagnies d'assurances, quitte à payer un peu plus cher pour garder
leurs clients, cette tendance ne contribue pas à accroître
directement les taux de profit des assureurs, mais vise plutôt à
accroître l'importance du nombre des assurés. Ce contrôle
devra s'exercer au niveau des évaluations elles-mêmes, sinon des
réparations et peut-être aussi au niveau du paiement des
franchises, étant donné que tout le monde paie son
"déductible", comme on dit.
De plus, cette formule des centres d'évaluation risque de poser
des problèmes pratiques sérieux. Comment un garagiste
acceptera-t-il une évaluation s'il n'a pas donné son accord au
préalable, s'il n'a pas négocié cette évaluation?
On oublie peut-être que la concurrence est beaucoup moins forte dans le
secteur de la réparation de la carosserie que de la
mécanique.
Ce désavantage pratique pourrait s'exprimer de la façon
suivante. Par exemple, il y a deux ans, j'avais eu un accident de voiture dans
la région de Québec, dans le bout de Cap-Rouge. Ce n'est pas moi
qui l'ai eu, c'était ma compagne, si vous voulez, peu importe. De toute
façon, elle l'a fait remorquer chez moi à Beauport. Avec ces
centres d'évaluation, c'est-à-dire que le lendemain, quelque
chose comme cela, je pars et je fais remorquer ma voiture au centre
d'évaluation. Je fais faire l'évaluation: $1500. Une fois que
c'est fait, il reste mon garagiste. Alors, je pars avec ma voiture, je la
remets en arrière du remorqueur, je m'en vais sur la rive sud à
Beaumont. Il y a encore là un $35, $40 de remorquage.
Mais, aussi, je peux avoir téléphoné à mon
garagiste d'avance et lui demander: As-tu le temps, serais-tu
intéressée réparer ma voiture? Il peut me dire oui, mais
il faudrait que je la voie. Je m'en vais là. J'arrive, il me dit: Je
trouve que l'évaluation est trop faible. Je ne peux pas arriver à
le faire comme cela. Qu'est-ce que je fais avec cela? Je rembarque avec le
remorquage, la voiture derrière et je commence à me chercher un
garage. Cela me paraît être une des dimensions, au point de vue
pratique, très sérieuses. Est-ce qu'il faudrait que le garagiste
vienne au centre d'évaluation pour voir ma voiture ou est-ce que les
garagistes devraient venir pour marchander, en quelque sorte, les accidents qui
leur paraîtront intéressants? Cela me paraît drôlement
problématique.
De plus, autre inconvénient pratique, autre problème qui
va se poser: Comment établira-t-on le taux horaire alors qu'il existe,
dans la région de Québec, tout au moins, des différences
d'environ $10 dans ces taux? Les taux de réparation de carosserie
varient sûrement entre $13, $14 l'heure à $24, quelque chose comme
cela, chez les conces-
sionnaires de voitures neuves qui ont toujours des tarifs horaires plus
élevés.
Est-ce qu'on va négocier avec les garagistes en partant par le
haut ou en partant par le bas? Ou est-ce qu'on va trouver un juste et moyen
terme? C'est un autre problème.
Il y a un autre inconvénient qui n'est pas mentionné dans
le rapport mais qui, à mon sens, est important pour des hommes ou des
femmes politiques si vous me permettez l'expression c'est que
cela a un caractère extrêmement impersonnel. Vous allez dans un
centre d'évaluation avec votre voiture, vous faites faire une
évaluation, c'est une grande affaire, il y a des centaines de voitures
qui sont là, les gars font l'évaluation pour tout le monde. Pour
avoir travaillé moi-même une dizaine d'années dans le
domaine de l'automobile, dans les pièces notamment, je sais combien les
gens, quand il y a quelque chose qui arrive à leur voiture, il en
parlent avec autant d'émotion que s'il s'agissait de leur santé
physique ou de leurs enfants ou de leur femme, je ne sais pas très bien,
mais pour eux la voiture c'est quelque chose. Dans ces centres,
évidemment, cela risque d'être fort différent, cela risque
d'être fort impersonnel.
Enfin, la réforme proposée ne nous semble guère
offrir de solution au problème du coût des pièces,
fondamental dans la hausse du coût des dommages matériels. Ces
prix dépendent presque entièrement des manufacturiers de voitures
et de leurs distributeurs. Contrairement à ce qui se passe pour les
pièces de mécanique, il n'existe pas pour les pièces de
carosserie de réseaux parallèles, ce qu'on appelle des "jobbers",
c'est-à-dire de gens qui vendent des pièces provenant non du
manufacturier de voitures, mais provenant d'entreprises, de manufacturiers qui
font des pièces qu'on appelle non authentiques, c'est-à-dire des
pièces de rechange mais qui ne sont pas celles du manufacturier. Pour la
carosserie, cela n'existe pas, sauf des choses très marginales, comme
des pare-chocs rechromés ou des choses comme cela.
En dehors de cela, les pièces de voitures neuves viennent du
concessionnaire qui, lui, les a achetées du manufacturier. Il n'y a pas
de revenez-y, si vous voulez, beaucoup là-dessus.
C'est ce que j'explique ensuite. Contrairement à ce que semble
suggérer le rapport Gauvin, il n'existe guère de
possibilité de créer un réseau parallèle de
pièces neuves. La fourniture de pièces neuves, pour une marque
donnée, est en fait un monopole de la société fabricante
qui passe par l'intermédiaire de ses concessionnaires, qui sont
généralement peu enclins à couper les prix, en supposant
que le manufacturier leur laisse la possibilité de le faire.
Le rapport Gauvin signale, et avec raison, que les assureurs n'ont
à peu près rien fait pour négocier globalement le prix des
pièces neuves et il en est de même pour les pièces
usagées. Encore là le coût est reporté sur les
assurés et ne diminue en rien le profit des assureurs.
Je ne sais pas si vous vous en souvenez, il y a à peu près
deux ans, certaines compagnies d'as- surances avaient adopté la
politique de couper de 10% le coût des pièces quant aux
indemnisations. Tous les concessionnaires de la région de Québec
avaient fait une entente secrète, bien sûr, pour augmenter le
coût des pièces de 10%, de sorte que les 10% s'annulaient de
façon automatique à l'autre bout.
A la réforme proposée, je vois une sorte de danger de
création d'une espèce de cartel des compagnies d'assurance
privées. Par exemple, il va y avoir une convention d'indemnisation
commune, l'établissement d'une grille de responsabilités, des
centres communs d'évaluation et, en plus, l'assurance est obligatoire.
J'ai un peu peur qu'on se retrouve face à une entente des compagnies
d'assurances qui vont, finalement, constituer un quasi-cartel. La seule
protection à cela, à mon sens, c'est une espèce
d'épée de Damoclès que le gouvernement peut tenir
au-dessus de leur tête en disant: Si vous ne faites pas comme il faut, on
va s'y embarquer. C'est déjà beaucoup! Ce que nous voulions vous
proposer, c'est aussi une sorte d'épée de Damoclès, mais
d'un modèle un peu différent.
Pour résumer, la réforme de l'assurance automobile, pour
être pleinement efficace en ce qui regarde les dommages matériels,
devrait, à notre avis, tenir compte des quatre principes suivants:
suppression de la notion de responsabilité pour les dommages
matériels aussi bien que les dommages corporels; recherche d'une
diminution de l'incitation au laxisme, si vous voulez, ou de la facilité
avec laquelle les compagnies d'assurances paient; incitation des assurés
à accepter les conséquences financières des accidents,
notamment consentir à payer leur franchise, et, enfin, l'exercice d'un
contrôle sur les évaluations et les réparations de
même que sur le paiement des franchises.
Dans la deuxième partie, en gros, pour résumer, ce que
nous proposions, c'était ceci. Les associations coopératives dans
le secteur de l'automobile s'amorcent à peu près au Québec
à l'heure actuelle, dans des conditions extrêmement difficiles, il
faut le dire. Il y a une dizaine d'associations coopératives de garages
à travers le Québec qui ont à peu près 3500 membres
au total. Malgré les difficultés, c'est un mouvement qui est
appelé à prendre de l'ampleur, et on a bien l'intention
d'ailleurs de lui en faire prendre.
Ce qu'on voyait comme un des remèdes possibles au problème
du domaine des dommages matériels, c'est que ces coopératives
servent d'embryons, si vous voulez, pour la création d'un vaste
réseau coopératif de réparation de mécanique et de
carrosserie, qui serait aussi chapeauté par une assurance propre
à ce réseau. Pas nécessairement une compagnie d'assurances
des coopératives, mais tout au moins qu'on puisse avoir une tarification
propre dans une compagnie d'assurances existante, autant que possible une
compagnie issue d'un mouvement coopératif; enfin, avoir notre propre
tarification.
Pourquoi les garages coopératifs feraient-ils des miracles?
D'abord, ils ne feront pas de mira-
clés, c'est bien certain, aucune coopérative ne fait de
miracles.
Ce que je veux dire par là, c'est que, dans une
coopérative, les membres ont les moyens d'exercer un contrôle
rigoureux sur ce qui se passe, sur les évaluations et sur les
réparations. De plus, les livres de toute coopérative sont
ouverts à n'importe quel membre. Si vous voulez savoir si Jos Bleau, qui
a fait réparer sa voiture, a vraiment payé sa franchise et savoir
ce qui s'est passé, tout cela est ouvert à tous les membres.
Il y a là vraiment une sorte de possibilité
d'autocontrôlé dans les coopératives, que vous pouvez
difficilement trouver dans un autre système. Bien sûr, ce
contrôle pourrait aussi s'exercer par la compagnie d'assurances qui
chapeauterait cela ou même par l'association des coopératives; il
y a moyen d'organiser cela de diverses façons. Mais cela nous
apparaissait comme peut-être le meilleur moyen, en créant une
espèce de secteur témoin par les coopératives, de
surveiller c'est pour cela que je parlais de l'épée de
Damoclès tout à l'heure ou, en tout cas, d'être une
espèce de chien de garde qui vaudrait à la fois vis-à-vis
des garages et vis-à-vis des compagnies d'assurances.
Je parlais tout à l'heure de l'assurance-collision. Il semble que
les compagnies d'assurances payent beaucoup plus largement quand elles payent
directement à leur assureur. Mais dans une coopérative il y
aurait moyen de contrôler cela beaucoup plus rigoureusement et, à
mon sens, de réussir à faire diminuer les coûts. Si on n'y
réussit pas, du moins ce seront les coopérateurs qui assumeront
la responsabilité de leur manque de surveillance.
Vous comprenez ce que je veux dire, c'est qu'ils seraient responsables
pas responsables au sens de la loi, je veux dire dans les accidents
dans une certaine mesure du coût de leurs assurances par le
contrôle qu'ils exerceraient à l'intérieur de la
coopérative.
Pour résumer, je vous lis très rapidement ce qu'on dit
là-dessus: Tout d'abord, nous souscrivons entièrement au principe
de non-responsabilité même pour les dommages matériels;
nous n'élaborerons guère davantage sur ce sujet, le rapport
Gauvin lui-même et beaucoup d'organismes ayant démontré
avant nous et sans doute mieux que nous ne pourrions le faire, la
désuétude de la notion de responsabilité dans ce domaine
et les coûts inutiles qu'elle engendre au niveau de l'administration.
Nous voudrions, cependant, souligner un avantage de la formule de
non-responsabilité qui n'a guère été
souligné jusqu'ici à notre connaissance, soit que le taux des
primes serait directement relié à la valeur de la voiture. C'est
le cas actuellement pour l'assurance-collision, mais pour
l'assurance-responsabilité, on n'est pas toujours conscient que les
dommages causés aux voitures de luxe sont défrayés par les
assurés dits responsables qui ne sont sûrement pas responsables du
fait qu'ils causent des dommages à une Cadillac ou à une
Continental plutôt qu'à une Volkswagen.
Ceux qui se baladent en salon sur roues auraient au moins à en
payer le prix, plutôt que de le reporter sur les autres
assurés.
Il y a deux autres avantages que l'on pourrait ajouter à cela,
finalement. Est-ce que le fait d'avoir une assurance correspondant à la
valeur de la voiture ne créerait pas une certaine redistribution entre
les jeunes et les gens plus âgés? On sait combien cela coûte
cher aujourd'hui aux jeunes d'avoir de l'assurance automobile. Est-ce qu'il n'y
a quand même pas beaucoup plus de jeunes qui ont des petites voitures?
Est-ce que cela ne créerait pas une certaine redistribution dans la
tarification des voitures? Et puis ce serait peut-être une incitation
à diminuer le volume des voitures, quand on sait que le pétrole
coûte de plus en plus cher et qu'il devient de plus en plus rare. Je
passe là-dessus.
Deuxième point, diminution de l'incitation au laxisme.
L'incitation au laxisme des assureurs qui prévaut actuellement surtout
pour l'assurance-collision tendrait à s'étendre à
l'ensemble des indemnités avec une formule d'indemnisation directe.
Comme nous vous l'avons déjà fait remarquer, si la notion de
responsabilité demeure, l'assureur serait incité à
être large si son client est jugé non responsable, puisqu'il
n'aurait qu'à envoyer la facture à un autre assureur.
C'est là, à mon sens, que reste le gros point
d'interrogation de la formule proposée. Par contre, si la notion de
responsabilité disparaissait, il devrait assumer la totalité du
coût des indemnités et le reporter sur le coût des primes,
mais l'existence de franchises constitue nettement une forte incitation
à la "générosité".
Une façon possible de remédier à cette situation
serait la création d'une régie d'assurance d'Etat qui couvre
l'ensemble de l'assurance automobile, car une implication partielle risquerait
de valoir à la régie d'Etat une réputation inverse, soit
celle de mesquinerie, à moins que ces taux ne soient réellement
plus bas.
Si vous me permettez, Mme le ministre, c'est un peu là que je
vois l'épée de Damoclès, l'insertion d'une régie
d'Etat partielle dans l'assurance automobile pour les dommages
matériels. Pour avoir des coûts meilleurs, la régie devra
probablement aussi être plus dure envers ses assurés. A mon sens,
cela risque de poser des problèmes.
Il peut sembler paradoxal et contraire à une certaine
théorie économique que la création d'un monopole contribue
à une baisse des prix, mais le système "concurrentiel" des
assureurs privés ne nous a guère permis de constater
l'efficacité de cette supposée concurrence.
Cependant, même dans le cas de la création d'une
régie d'Etat, la pression à la surévaluation des dommages
de la part des automobilistes et des garagistes demeurerait. Le système
que nous proposons, sorte d'auto-contrôle, nous semble le plus apte
à remédier à cette situation.
On arrive maintenant à la question des garages
coopératifs. Incitation des assurés à accepter les
conséquences financières d'un accident. Nulle part dans le
rapport Gauvin, ni dans le document
du ministère il n'est fait mention des garages
coopératifs. Cela est sans doute compréhensible puisqu'on n'y
parle guère des garages, de toute façon.
Les garages coopératifs ne constituent pas une formule miracle ou
passe-partout mais, moyennant certaines conditions, ils pourraient jouer un
rôle extrêmement utile pour répondre aux exigences d'une
réforme mentionnée plus haut.
Nous avons déjà dit que l'un des éléments
qui expliquent la hausse des coûts des indemnités des primes
réside dans les rapports entre l'assuré victime d'un accident, le
garagiste et l'assureur. Comme une coopérative est une association qui
ne vise pas le profit, le garage coopératif n'aurait pas
intérêt, à prime abord tout au moins, à
surévaluer les dommages. Cependant, il est assez évident que si
les indemnités pour les dommages matériels étaient
versées par un assureur privé ou une régie d'Etat, tout
automobiliste victime d'un accident, fut-il membre d'une coopérative,
cherchera à obtenir le plus possible pour les dommages à sa
voiture. La coopérative elle-même serait tentée de
l'appuyer en ce sens afin de le garder comme membre, sans compter qu'elle
pourrait y trouver son propre bénéfice. Il faudrait donc que les
membres des garages coopératifs aient leur propre société
d'assurance ou, tout au moins, qu'ils aient droit à une tarification
propre ou préférentielle, soit d'une régie d'Etat ou d'une
société d'assurance coopérative existante. C'est là
que je parlais tout à l'heure de la propre responsabilité, mais
cette fois, responsabilité sur le coût de leur propre assurance de
la part des membres.
Il est à remarquer que pour être pleinement efficace, ce
système doit fonctionner dans une formule de non responsabilité.
Avec la formule de responsabilité et indemnisation directe, un garage
coopératif, comme tout garage, aurait alors intérêt
à obtenir des évaluations maximales pour les dommages aux
voitures de ses membres payés par une autre société
d'assurance. Cela implique que même si les membres de coopératives
avaient leur propre société d'assurance, si la notion de
responsabilité demeure, la société d'assurance a à
payer pour des accidents de nos membres, à partir d'évaluations
faites en dehors du réseau coopératif où on essaie, bien
sûr, d'accroître les coûts. Inversement, les membres des
coopératives auraient aussi tendance à obtenir des prix les plus
élevés possibles quand ce serait une autre compagnie d'assurances
que la leur qui payerait. Autrement dit, on retombe un peu dans le même
cercle vicieux. C'est pour cela que l'on croit que, pour être vraiment
efficace, il faudrait que la notion de responsabilité disparaisse.
L'exercice d'un contrôle. Il existe déjà un certain
nombre de sociétés mutuelles ou coopératives d'assurance
automobile et, à notre connaissance tout au moins, elles n'offrent pas
des taux spécialement avantageux pour les assurés, sauf
peut-être par une sélection plus rigoureuse des membres. Il faut
dire que le système actuel ne se prête guère à une
diminution des taux.
Ce que nous voulons souligner ici est le fait que les garages
coopératifs, par leur constitution même, permettent aux membres de
contrôler ce qui se passe non seulement au niveau de l'administration,
mais aussi de la gestion des ateliers puisqu'ils possèdent leur propre
garage. Les membres auraient intérêt à veiller à ce
que les évaluations soient faites en fonction du coût réel
des réparations pour maintenir les primes au taux minimal. De plus, il
serait possible de mettre sur pied un système de surveillance interne
à l'ensemble du réseau coopératif, ou même
étatique si la régie d'Etat s'occupait des dommages
matériels, pour les évaluations aussi bien que pour les
réparations, sous forme de contrôle sporadique, par exemple, ce
qu'on appelle des "spot checks". Enfin, comme les livres de la
coopérative seraient ouverts aux membres et à l'organisme de
contrôle, il serait possible de vérifier en tout temps si les
franchises ont bel et bien été déboursées par les
victimes d'accidents.
Un réseau de coopératives constituerait un témoin
qui influerait sur l'ensemble du secteur aussi bien au niveau des
réparations que de l'assurance, même si elles étaient
réservées aux membres. L'existence des coopératives
inciterait les garages à accepter les coûts établis par les
évaluations car ils risqueraient autrement de perdre leurs clients au
profit des coopératives. Les taux horaires des coopératives
pourraient même servir de critère pour les réparations
faites à l'extérieur du réseau coopératif.
Le réseau coopératif pourrait graduellement mettre en
place un réseau de pièces usagées qui pourrait contribuer
à réduire considérablement les coûts, ces
pièces se vendant habituellement à la moitié du prix des
pièces neuves, ce qui nous apparaît d'ailleurs assez exorbitant,
étant donné surtout la hausse récente des pièces
neuves. Il pourrait également, en développant graduellement son
pouvoir d'achat, influer sur le coût des pièces de carosserie
neuves, avec l'aide possible de la régie d'Etat, ce que les
sociétés d'assurance privées n'ont jamais fait
jusqu'à maintenant.
Enfin la mise en place d'un réseau coopératif
éviterait qu'une régie d'Etat ait à implanter
elle-même une infrastructure complexe de centres d'évaluation si
l'Etat prenait à son compte l'assurance pour les dommages
matériels, ou peut-être même d'avoir à s'impliquer
dans les centres d'évaluation proposés pour les assureurs
privés, se limitant à un rôle de surveillance tout au plus.
Cette formule éviterait également que l'assuré soit
démuni face à une régie d'Etat ou l'ensemble des assureurs
privés, établissant ainsi une sorte d'équilibre entre la
recherche d'une diminution des coûts de réparations et la
protection de l'assuré pour qu'il obtienne une réparation
satisfaisante de ses dommages matériels.
Nos propositions peuvent se résumer de la façon suivante:
1- Abolition de la notion de responsabilité pour les dommages
matériels. 2- Mise en place d'un réseau coopératif qui
aurait sa propre société d'assurance, ou tout au
moins qui aurait droit à une tarification
préférentielle à l'intérieur d'une régie
d'assurance d'Etat ou d'une société d'assurance
coopérative. 3- Les garages coopératifs membres du réseau
auraient leurs propres ressources d'évaluation et de réparation.
4- Un contrôle de l'administration de l'assurance, des évaluations
et des réparations serait exercé par les membres de chacun des
garages coopératifs, par un système de contrôle interne de
la société d'assurance ou même par un système
externe comme une régie d'Etat.
La formule ci-dessus proposée peut n'apparaître que comme
une solution très partielle, notamment parce qu'elle toucherait d'abord
exclusivement les membres des garages coopératifs.
Il existe actuellement au Québec une dizaine d'associations
coopératives de garages, regroupant ensemble environ 3500 membres. Ce
que nous proposons est d'utiliser ces associations comme embryon d'un
réseau de centres coopératifs de l'auto qui s'étendrait
graduellement à travers la province. Ces centres comprendraient une
unité d'évaluation des dommages et un atelier de carosserie et de
peinture. S'ajouteraient à cela les ateliers de mécanique, des
magasins de pièces, et pourront éventuellement s'y greffer des
centres d'évaluation des réparations mécaniques. On
penserait notamment a une législation éventuelle sur la
protection des consommateurs. Evidemment, l'assurance serait superposée
à ce réseau. Le tout pourrait constituer un système
efficace, le seul véritablement efficace, à notre avis, de
protection des consommateurs.
La mise en place d'un tel réseau occasionnerait,
évidemment, des coûts assez élevés. Il faut
remarquer, toutefois, que la mise en place des centres d'évaluation
devrait être défrayée par les consommateurs, qu'elle soit
faite par les sociétés d'assurances privées ou par une
régie publique. Les membres des coopératives pourraient
contribuer, au moyen des parts sociales dans une proportion à
définir, aux investissements de départ nécessaires, mais
cela ne pourrait être suffisant.
Il faudrait donc que l'Etat ou un mouvement coopératif accepte de
financer à long terme les investissements nécessaires. Ceci
pourrait être aussi un rôle dévolu à la
société de développement coopératif qui doit
être formée au cours de la présente session, si on en croit
le message inaugural. Là, évidemment, il s'agissait de la
première partie de la session en cours. Nous ne pouvons ici
détailler davantage ces questions, ce document ne pouvant
qu'énoncer quelques lignes de force du développement d'un
réseau coopératif.
Je vous remercie de m'avoir écouté, j'espère que je
n'ai pas été trop long.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Labrecque. Avant de
donner la parole à Mme le ministre, je voudrais mentionner tout
simplement un oubli que j'avais fait au début. M. Ouellette
(Beauce-Nord) remplace M. Gosselin (Sherbrooke), et M. Paquette (Rosemont)
remplace M. Marquis (Matapédia). Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, je voudrais remercier M.
Labrecque d'être venu déposer son mémoire et en faire
lecture devant cette commission. C'est un sujet que je connais bien, pour ma
part, puisque ce mémoire m'a déjà été
présenté durant la tournée et que j'avais eu l'occasion
d'en discuter avec M. Labrecque. Puisqu'il n'a pas senti le besoin de
récrire un autre mémoire, je voudrais quand même lui
rappeler que les centres d'évaluation ont des fonctions précises
tel que prévu à l'intérieur du projet de loi
et qu'il ne faudrait pas qu'il pense que si nous n'avons pas consacré de
nombreuses pages à la situation des garagistes dans le circuit de
l'assurance automobile, nous sommes inconscients de la situation qui
existe.
Je pense avoir répété à plusieurs reprises,
M. le Président, que nous savons qu'il y a du coulage d'argent ce
sont les mots que j'avais utilisés à ce moment-là pour
décrire les opérations d'évaluation et de
réparation des voitures dans le système tel qu'on le
connaît actuellement.
Sans vouloir présumer des fonctions exactes des centres
d'évaluation, je pense qu'on peut espérer une amélioration
dans ce secteur et une diminution des coûts des réparations ainsi
qu'une meilleure qualité des réparations pour les voitures. M.
Labrecque a manifesté son inquiétude quant à l'attitude
des garagistes face à des évaluations venant des centres
d'évaluation. Je pense qu'il n'aura peut-être pas saisi qu'il y
aura eu, au préalable, bien sûr, des négociations avec
l'ensemble des garagistes pour établir des taux horaires qui soient
satisfaisants pour les garagistes; pour établir également le
temps qu'il faut pour une réparation bien identifiée et le
coût des pièces, qui est relativement facile à
connaître puisque ces coûts existent et sont publiés chaque
année par les manufacturiers.
Dans ce sens, je dois dire à M. Labrecque que, pour ma part, j'ai
bon espoir que nous allons arriver à un meilleur contrôle non
seulement des coûts mais de la qualité de la réparation. Il
a affirmé, à un moment donné c'est une question que
je voudrais lui poser qu'il y avait actuellement une
surévaluation des dommages matériels de l'ordre de 15% à
20%. Est-ce un chiffre qui vous paraît être celui qui a cours
actuellement, ou est-ce plus ou moins élevé que cela?
M. Labrecque: D'abord, je vous ai dit que ce chiffre a
été, en un sens, arbitraire parce que, évidemment, je n'ai
pas les moyens...
Mme Payette: Est-ce à la suite de votre expérience
personnelle que vous êtes en mesure de dire cela?
M. Labrecque: Quant à moi, cela ne m'appa-raît pas
exagéré...
Mme Payette: 15% à 20%.
M. Labrecque: ... de parler de 15% à 20%. C'est
peut-être même plus, c'est peut-être moins aussi, mais de par
mon expérience personnelle,
cela ne m'apparaît pas exagéré vu toutes les
possibilités qui existent de ne pas suivre ce qui est écrit sur
les évaluations et même de couper ici et là.
Mme Payette: De toute façon, même si le pourcentage
n'est pas aussi précis, vous affirmez que les garagistes, actuellement,
ont deux attitudes différentes selon qu'il s'agit d'un client
assuré ou d'un client non assuré. S'il s'agit d'un client
assuré, on a tendance à surévaluer le coût de la
réparation et l'évaluation des dommages.
M. Labrecque: Je dirais que, notamment chez les petits garagistes
de carrosserie comme il en existe des milliers à travers la province,
à mon sens, ils réussissent à s'en tirer, si vous voulez,
un peu à cause de cela. En effet, si vous allez le voir, par exemple,
avec votre voiture mettons qu'elle a trois ans ou quatre ans et que vous
commencez à avoir des trous dans les ailes il va vous faire un
prix global. Généralement, il ne tient pas compte tellement du
taux horaire. Il dit: OK, je vais te faire cela pour $400. Je pense que le
profit ou la marge des bénéfices qu'il se garde ou le taux
horaire qu'il se donne finalement pour faire cela est beaucoup moins
élevé que celui qu'il prend quand il s'agit d'assurances.
J'ai l'impression qu'il réussit à faire ces
réparations à ce prix parce que, quand il travaille sur des
voitures pour lesquelles une compagnie d'assurances paie, il a des tarifs plus
élevés.
Mme Payette: Est-ce qu'il n'est pas également vrai, M.
Labrecque, qu'il y a des différences au niveau des évaluations
s'il s'agit d'un dépositaire de voitures ou s'il s'agit d'un petit
garagiste du coin? Le dépositaire de voitures, on comprend qu'il ait des
frais d'administration supérieurs. Il a un terrain qui est souvent
extrêmement bien situé en plein centre-ville; il a les frais de
son enseigne à deux ou trois couleurs; il laisse les lumières
allumées toute la nuit pour ses salles de montre. Est-ce qu'à
cause de cela il ne serait pas tenté de récupérer une
partie de ses frais pour le reste de son garage sur les réparations, sur
les évaluations de dommages matériels, alors que le petit
garagiste a moins de frais finalement?
M. Labrecque: Oui, sûrement, mais il ne faut pas oublier
que le concessionnaire, de toute façon ce n'est pas seulement
pour l'assurance automobile, c'est aussi pour la réparation
mécanique que le client paie ou la réparation mécanique
sur garantie ou les réparations à la carrosserie a
toujours des taux horaires de beaucoup plus élevés que le petit
garagiste, c'est de l'ordre, généralement, de $7, $8 plus
élevé que les garagistes. Mais il a aussi des taux horaires plus
élevés pour la carrosserie que pour la mécanique, ce qui
est, sans doute, assez significatif.
Mme Payette: II préfère changer une aile
plutôt que de la débosseler, de toute façon.
M. Labrecque: C'est sûr que, rendu à $24 l'heure, il
vaut mieux ne pas trop "taponner" après les ailes, malgré les
coûts des pièces. Cela vaut, d'ailleurs, pour la mécanique
aussi. Au taux horaire qu'ils exigent, si tu as trois heures de travail pour
"débosser" une aile, je veux dire, tu es aussi bien d'en mettre une
neuve, cela ne coûte pas plus cher. Je reviens en arrière. Vous me
parliez tout à l'heure, comment dirais-je, du coulage qui existe au
niveau des évaluations. En fait, ce n'est pas tout à fait le
même problème, mais est-ce que, dans le rapport Gauvin, on ne
pourrait pas retrouver un certain pourcentage, en tout cas, de la
différence qui existe, pour les compagnies d'assurances, entre
l'assurance-collision et l'assurance responsabilité? Je pense qu'on
pourrait le retrouver ce pourcentage, la différence qui existe, mais
enfin ce n'est pas tout à fait le même problème que ce qui
se passe dans un garage.
Mme Payette: M. Labrecque, pendant la tournée, je me suis
fait dire que j'étais niaiseuse d'avoir déjà payé
le déductible sur une voiture. Apparemment, les gens qui sont connus,
qui connaissent un garagiste ne paient jamais un déductible. Est-ce que
c'est vrai?
M. Labrecque: C'est très fréquent. En tout cas, je
ne veux pas dire qu'il n'y a pas de gens qui en paient, mais c'est très
fréquent.
Mme Payette: Vous iriez jusqu'à quel pourcentage à
peu près, selon vos connaissances?
M. Labrecque: Encore là, le pourcentage que je pourrais
vous donner... D'abord, la règle, c'est qu'à peu près tout
le monde le demande.
Mme Payette: C'est que tout le monde qui est assuré dit:
Tu commences à compter au-dessus du déductible. C'est cela?
M. Labrecque: C'est à peu près cela. Mais la
règle, c'est que, quand le gars se présente au garage, il dit:
Penses-tu que tu pourrais me "sauver" $250? Les garagistes ne sont pas toujours
d'accord. S'ils ont beaucoup de travail, ce qui les rend un peu plus
indépendants, peut-être qu'ils n'accepteront pas de le faire. Il y
en a beaucoup qui acceptent. Il y a un autre truc qui existe. C'est que tu vas
faire faire ton évaluation chez le concessionnaire à $23 l'heure,
par exemple, et une fois que l'évaluation est faite, que la compagnie
d'assurances a payé, là tu repars avec ton auto et tu t'en vas
à ton petit garage qui, lui, travaille à $13 ou $14.
Mme Payette: Où est-ce que va la différence du
chèque qui vient de la compagnie d'assurances? Est-ce qu'on le partage
entre le garagiste et le client à ce moment?
M. Labrecque: Oui, généralement, mais il peut
être partagé avec le client ou uniquement au client.
Mme Payette: C'est une proposition qui peut être faite.
M. Labrecque: C'est ce genre de chose...
Mme Payette: M. le Président, j'ai terminé pour
l'instant, je vais laisser la parole à mes collègues.
M. Roy: M. le Président, une question de règlement.
On vient de discuter d'un certain nombre de choses et quand même, je
pense que la commission parlementaire mérite d'être
éclairée de façon bien objective et non pas d'une
façon subjective.
J'aimerais poser une question à notre interlocuteur je
m'excuse auprès de mon collègue le député de
Jacques-Cartier seulement sur un point pour éclairer les
questions que vient de poser le ministre. C'est bien beau, on dit 15% à
20% plus cher les évaluations, les garagistes paient...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que c'est une question de règlement?
M. Roy: J'en fais une question de règlement pour
éclairer davantage, sur les propos qui viennent d'être tenus par
le ministre, les membres de la commission, avant qu'on prenne d'autres sujets.
Est-ce que vous me permettez?
Le Président (M. Boucher): C'est une question de
règlement sur l'éclaircissement...
M. Roy: C'est une question de règlement, parce que je
trouve que la commission parlementaire a le droit d'être
éclairée de façon objective et non de façon
subjective. A la suite de tout ce qui vient d'être dit, on a émis
un certain nombre d'opinions et d'hypothèses qui ne m'apparaissent pas
être prouvées d'aucune façon.
M. Vaillancourt (Jonquière): ...
M. Roy: Oui, j'en fais une question de règlement, parce
que je ne suis pas prêt, demain matin et même ce matin, à ce
qu'on dise que les garagistes sont tous des voleurs, ce sont tous des
malhonnêtes, les petits garagistes, les concessionnaires, les garagistes
spécialisés. En somme, on fait en quelque sorte un procès,
et on ne prouve rien. J'aimerais demander et c'est le point de
règlement que je soulève si on a des preuves à
soumettre à la commission parlementaire à ce niveau. C'est sur ce
point que j'insiste.
M. Paquette: M. le Président, je m'excuse.
M. Roy: II y a quand même des limites, il ne faut pas
charrier, on n'est pas ici pour s'amuser.
M. Paquette: Je pense que ce n'est pas une question de
règlement. Le député de Beauce-Sud peut très bien
faire son intervention à son tour. Si, chaque fois qu'on n'est pas
d'accord sur quelque chose qui se passe autour de la table, on se met à
faire des questions de règlement, pour interrompre ceux qui ont la
parole, on n'ira pas très loin.
M. Roy: Je n'ai interrompu personne, c'est immédiatement
après que le ministre eut terminé. J'ai attendu que le ministre
termine sa période de questions et j'ai demandé des explications
avant que le député de Jacques-Cartier intervienne.
M. Paquette: C'est la procédure normale. On demande au
député...
M. Roy: De toute façon, je pourrai réserver mes
questions pour tout à l'heure, mais j'aimerais dire, à ce
moment-ci, que j'ai bien des réserves là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Je crois que vous aurez
l'occasion quand même de poser des questions à notre
invité.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je tiens à
remercier le représentant des garages coopératifs de sa
présentation. Il y a là certainement des éléments
intéressants.
Je n'ai pas voulu interrompre le député de Beauce-Sud,
mais je suis tout à fait d'accord avec lui. D'ailleurs c'est la question
que j'allais soulever immédiatement. Lorsqu'on représente
l'autorité, il est toujours imprudent de laisser planer des doutes sur
l'honnêteté des gens et sur les groupes qui sont au service de la
société. D'ailleurs, lorsqu'on a fait de la politique pendant
longtemps, on est habitué à cela. Pour être en politique et
être heureux, il faut être un peu immunisé contre ces
accusations non fondées, et nous sommes, à titre de politiciens,
exposés à ces accusations sans fondement.
On a dit et on a répété à cette commission
que les assureurs, les avocats, là on accuse les garagistes, sont tous
des voleurs, des gens malhonnêtes et qu'il faut, par une loi, les
empêcher d'abuser du public. Ce sont des procès à
l'emporte-pièce, s'il fallait faire des procès comme cela
à chaque accusé, on prendrait tout le monde et on les foutrait en
prison. Mais on oublie toujours les conditions dans lesquelles ces gens sont
obligés de travailler et d'évoluer. On oublie souvent, trop
souvent, que c'est à cause du gouvernement qui n'a pas changé ou
modifié le système, soit au point de vue juridique ou autrement,
qu'il a été au détriment de la société et au
détriment des assureurs, des avocats, des garagistes et un peu de tout
le monde.
On parle de garagistes. Il me semble évident, si on connaît
un peu les affaires juste un peu sans être un
spécialiste, si vous êtes l'administrateur d'un garage où
il y a 20 ou 25 mécaniciens, où vous avez des
débosseleurs, où vous vendez des pièces, vous êtes
pris avec des décrets, des conventions collectives, des lois strictes
sur les conditions de travail, des taxes élevées. Le chauffage,
l'huile, tout a augmenté d'une façon
accélérée. Vous vous faites voler, vous avez de la
misère à tenir à jour votre inventaire, votre
autorité est diminuée.
M. Paquette: Vous vous faites voler par qui? Mme Payette:
Vous vous faites voler par qui?
M. Saint-Germain: Par les clients ou par les employés.
Mme Payette: Tous les clients sont des voleurs!
M. Saint-Germain: Je ne dis pas que les clients... On sait que
tous les distributeurs aujourd'hui, que ce soit dans le domaine des
pièces d'automobile, dans l'alimentation ou ailleurs, tout le monde est
obligé de dépenser de petites fortunes pour mettre ses biens en
sécurité. On sait tout cela! Cela ne veut pas dire que tout le
monde est voleur, mais cela veut dire qu'il y a un pourcentage de gens
malhonnêtes qui coûtent extrêmement cher à la
société, à tous les commerçants et on les aura
toujours.
Comment voulez-vous qu'un homme qui est responsable de l'administration
d'un gros garage puisse arriver? Il est obligé de demander des taux
exorbitants parce que tout lui coûte cher. Lorsque vous faites travailler
un homme à $7 ou $8 l'heure avec les "fringe benefits" attachés
à cela et que le gars s'arrête pour prendre un coke, combien
peut-il coûter à son employeur, ce coke-là? C'est
l'évolution de la société de nos jours, mais il faut bien
que quelqu'un paie, cela me semble évident.
Vous avez, d'un autre côté, un petit garage où les
relations entre le patron et les employés, à l'échelle
humaine, sont faciles. Vous avez de ces garagistes qui travaillent
eux-mêmes, premièrement, vous avez de ces garagistes qui ont
à leur service de vieux employés, des amis ou des gens de la
famille; ces gens-là ont beaucoup plus de facilité de manoeuvre.
Ils maîtrisent beaucoup plus facilement les coûts. Bien souvent,
ils font des réparations qui ne sont pas faites à
l'intérieur des cadres d'un décret; on sait tout cela. Dire que
le gros garagiste, nécessairement, abuse de la situation. Je ne dis pas
qu'il n'y a pas d'abus, il y en a là comme il y en a partout, mais il y
a des explications à ces soi-disant abus.
Probablement que parmi vos garages coopératifs si un garage,
à un moment donné, prend de l'ampleur, comme un gros
distributeur, vous aurez des problèmes qui seront à peu
près les mêmes dans l'administration de vos coopératives,
que vous le vouliez ou pas; vous ferez face aux mêmes difficultés.
Peut-être auriez-vous, à l'échelle humaine, dans vos
relations humaines d'autres moyens d'abaisser ces coûts d'administration
à cause de votre façon d'être, parce que vous êtes
une coopérative. Du fait de la structure même de votre entreprise,
vous aurez peut-être d'autres moyens, mais vous allez faire face aux
mêmes difficultés.
Il me semble évident, par exemple, que, lorsqu'une personne a un
accident d'automobile, il y a des antécédents. Parlons d'une
automobile qui date de quatre ou cinq ans; le type, bien souvent, peut vouloir
l'échanger. Dans le contexte actuel, dans le cadre juridique actuel, la
compagnie d'assurances est obligée de payer le dommage causé; ce
peut être une égratignure sur une porte, ce peut être un
genre de dommage que, si c'était le propriétaire de l'auto qui
l'avait causé lui-même et s'il était obligé de le
payer lui-même, il ne ferait même pas réparer. Du moins, il
ferait réparer sa voiture d'une façon superficielle en disant: On
va cacher la bosse ou on va lui foutre un coup de marteau là et ce sera
suffisant. Le même type qui subit un accident et qui sait que ses
dommages sont payables n'acceptera pas la même procédure parce
qu'il sait qu'on doit lui payer.
C'est entendu que si ce type a des dommages, par exemple, pour $1000 ou
$1200 puis qu'il a $250 de déductible il va dire, il peut bien dire au
garagiste: Ecoute, de l'autre côté mon "char " est pourri. Si tu
veux, laisse donc mon pare-chocs comme il est, mais répare ma voiture de
l'autre côté et moi cela va bien faire mon affaire. Ce sont des
choses qui se font. Je ne vous dis pas que c'est bien, mais il faut comprendre
ces situations. Il y a des gens qui ont des dommages de $300 ou $400 à
leur automobile, ils ne la font même pas réparer parce que c'est
une vieille voiture, qu'ils vont échanger ou dont ils vont se
débarrasser dans quelques mois. C'est bien leur droit, mais l'assureur
comme tel, lui, il faut bien qu'il paye parce qu'il y a des
antécédents judiciaires là-dessus, et si l'assureur ne
veut pas payer, le propriétaire de la voiture va l'obliger à
payer, il va l'amener en cour, il va y avoir des frais.
Alors, les assureurs veulent s'exempter de tout cela, et c'est le
contexte. C'est le contexte, alors ce n'est pas facile d'aller au fond des
choses à mon avis là-dedans. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas
de solution, mais ce n'est pas facile. D'ailleurs, dans le contexte actuel,
combien y a-t-il de garages actuellement, de gros garages qui font banqueroute?
Je le sais, il y en a un chez moi; il y avait 200 employés
là-dedans, les portes sont fermées. Est-ce qu'il y a eu mauvaise
administration? C'est possible, mais il reste qu'un garage de 200
employés qui ferme ses portes, s'il a volé, il n'a pas assez
volé pour se tenir en affaires, parce qu'ils ne sont plus là les
gars, le garage est fermé. Ce sont des pertes terribles, des
banqueroutes de $2 millions ou $3 millions.
C'est pour cela que je dis que lorsqu'on est en autorité il faut
être prudent, et si on croit qu'il y a des abus, il faut aller chercher
la preuve, au moins, avant de porter des accusations. Il faut dire: C'est cela
l'abus et c'est cela la malhonnêteté, et aller prouver et aller
détailler. Autrement, ce sont des paroles en l'air qui peuvent
simplement porter préjudice à des hommes en particulier ou
à des groupes d'hommes. De toute façon, ce n'est pas ma
façon de procéder, de lancer des accusations à tort et
à travers, sans jamais être capable de prouver ces dires.
Vous avez dit dans votre rapport des choses intéressantes, entre
autres, lorsque vous avez parlé des compensations pour dommages, la
prime était habituellement plus élevée pour les
dommages collision que pour la responsabilité civile. J'avoue que
cela m'a surpris un peu. Vous dites, à un moment donné, dans le
texte, qu'on peut en déduire logiquement que pour les dommages d'un
assuré j'entends pour ses propres dommages qui a la
collision c'est plus élevé, surtout si on pense que
l'assuré est dédommagé par sa propre assurance et que
l'assureur aurait peut-être... C'est vrai que c'est son client qu'il doit
protéger, mais d'un autre côté il paye de son propre
argent, si vous voulez, alors, il me semble qu'on aurait tendance à
croire qu'il pourrait être un peu réticent, bien qu'avec le
système de responsabilité vous avez absolument raison de dire que
si le type qui subit des dommages et qui a la collision n'est pas responsable,
là son assureur se fout du prix parce que c'est le voisin qui paye. Cela
me semble être clair, mais les assureurs nous ont dit, ici, que ceci
pourrait être évité, si le droit de recours d'un
assuré se faisait vis-à-vis de son assureur, envers son assureur
et s'il n'y avait pas de droit de subrogation. Est-ce que vous avez
pensé à ce facteur?
C'est-à-dire que chaque assureur dédommagerait son propre
assuré, sans recours aux autres assureurs ou à l'assureur de la
partie responsable des dommages.
M. Labrecque: M. le Président, est-ce que je peux d'abord
répondre, essayer de répondre à un certain nombre de
choses qui ont été dites? En premier lieu je voudrais faire
remarquer que je n'ai traité personne de voleur. Comme un des
responsables du Garage coopératif de Québec, d'ailleurs, j'ai
toujours refusé de faire toute espèce de publicité qui
allait dans ce sens.
J'ai travaillé assez longtemps dans le domaine de l'automobile
pour savoir que les garagistes ne sont pas tous des voleurs. Il y a des gens
très honnêtes et très compétents parmi eux et que je
respecte.
D'autre part, si cela fonctionne comme cela, c'est parce qu'on est dans
un système, en ce qui concerne l'assurance automobile, qui fait que
chacun essaie d'en prendre le plus possible: le gars qui a l'accident, le
garagiste lui-même qui essaie de s'en tirer le mieux possible et la
compagnie d'assurances qui fonctionne dans un système concurrentiel.
Je voudrais faire remarquer qu'il y a un bon bout de temps que j'ai
dépassé l'étape de croire que les problèmes avec
l'entreprise privée sont dus au fait qu'il y a quelques
propriétaires qui sont malhonnêtes ou méchants. C'est un
système économique qui fait que chacun fonctionne selon le
système D, justement à l'intérieur.
Quant aux 15% ou 20%, je regrette, je n'ai pas les moyens qu'avait le
comité Gauvin qui n'a pas, non plus, pris la peine d'aller voir ce que
cela coûtait dans les garages. Vous vous imaginez bien que
personnellement ou comme coopérative, on ne peut se permettre de faire
des enquêtes comme celle-là qui est presque le travail d'une
commission royale d'enquête. On n'a même pas eu les moyens
Mme Payette nous l'a fait remarquer avec raison de refaire le
mémoire et les copies; alors, vous vous imaginez qu'on n'aurait pas eu,
de toute façon, les pouvoirs pour le faire.
Encore une fois, je n'ai pas accusé les garagistes d'être
voleurs, ni les concessionnaires, ni les petits. J'ai simplement dit que la
première responsabilité revient aux assurés
eux-mêmes qui essaient à peu près tous d'en tirer le plus
possible.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aimerais éclaircir
l'interprétation. Je n'ai absolument pas voulu vous accuser et les
paroles que j'ai dites ne s'adressaient aucunement à vous. Je croyais
que j'avais été clair, mais, à la façon dont je me
suis exprimé, vous avez peut-être raison de vous sentir
visé. Je dois dire bien clairement que je n'avais pas vos
déclarations à l'esprit quand j'ai fait cette déclaration.
Je croyais que j'avais été bien clair quant à la personne
à qui j'avais reproché cela et que cela avait été
bien défini. Je m'excuse si vous vous êtes senti visé.
M. Labrecque: Quant à votre question sur la subrogation,
sur le droit de recours qui est transmis finalement à la compagnie
d'assurances, ce n'est pas tellement là que je vois le problème.
Les compagnies d'assurances nous ont dit, si je comprends bien, que, si on
n'avait pas de droit de recours possible contre elles, elles pourraient
être plus rigoureuses dans le paiement des indemnités. C'est
cela?
M. Saint-Germain: Non. Vous avez mentionné dans votre
mémoire un peu ce que les assureurs ont dit. Vous avez dit que, dans un
système de responsabilité, celui qui a une Volkswagen et qui
s'assure pour la responsabilité civile sera obligé de payer plus
que pour sa Volkswagen, parce qu'il peut causer des dommages à une
Cadillac, comme vous l'avez dit, et ainsi de suite. Les assureurs nous ont dit
qu'on établissait le coût moyen des accidents. On prend une
voiture qui est la moyenne et les coûts sont moyens. Autrement dit, le
propriétaire d'une Cadillac, pour responsabilité civile, paie
moins cher et le propriétaire d'une Volkswagen paie plus cher. On se
suit dans notre raisonnement et je pense qu'on a la même opinion à
ce point de vue.
Les assureurs nous ont dit: Si dans un système de
dédommagement direct, sans loi de subrogation, vous avez une Cadillac,
cela veut dire que votre seul recours est contre votre assureur. Tout de suite,
votre assureur est obligé de prendre en considération le
coût de votre voiture et le coût des réparations si elle est
endommagée, parce que c'est lui qui va vous payer, comprenez-vous, de
façon directe. Il n'y a pas de droit de subrogation. Si vous êtes
tenu responsable ou non responsable, il va vous payer quand même, parce
qu'il n'y a pas de droit de subrogation.
Les assureurs nous ont dit: Tout cela au bout de l'année va
s'équilibrer. Autrement dit, ce que cinq assureurs auront payé de
cette façon, que leur client soit fautif ou non, cela va
s'équilibrer.
Autrement dit, toute l'année on va faire des droits de
subrogation. Un assureur va dire: Moi, j'ai payé tant à mon
assuré, mais il n'était pas coupable. Alors, toi, tu me
paies.
A un moment donné, cela va être moi qui vais être
obligé, à titre d'assureur, de payer pour un dommage qui a
été payé par un assureur à un client non fautif. On
dit que tout cela, au bout de l'année, va s'équilibrer. Me
suivez-vous?
M. Labrecque: Je crois que cela n'a pas vraiment de rapport avec
le coût de l'assurance. Que ce soit ton assureur qui paie ou l'autre,
cela ne change rien au fait que...
M. Saint-Germain: Cela revient un peu à un "no fault"
mitigé. L'assuré va toujours être payé par son
propre assureur. Alors l'assureur prend moins de risque pour l'assuré,
même pour responsabilité civile, parce qu'il sait pertinemment, si
c'est une Volkswagen, que c'est $5000. Il va dire: c'est mon maximum,
même si la voiture est détruite. Que mon client soit fautif ou
non, c'est $5000 que j'aurai à payer pour une destruction
complète de la voiture. L'autre, s'il a une voiture de $12 000,
l'assureur va dire qu'il va être obligé de dédommager mon
client pour $12 000. Comme je n'ai pas le droit de subrogation et comme mon
risque est plus grand, j'augmente ma prime.
M. Labrecque: La répartition du coût des primes ne
se fait quand même pas en fonction du coût de la voiture.
M. Saint-Germain: C'est cela qui est fait.
M. Labrecque: Uniquement pour la dimension... Je dois dire que je
n'ai pas réfléchi tellement sur ce problème. Je ne vois
pas comment le fait que la compagnie d'assurances paie directement le
propriétaire ou son assuré cela va changer quelque chose au fait
que le gars qui a une grosse voiture...
M. Saint-Germain: ... son assuré, mais son droit de
subrogation. Il ne faut pas l'oublier. Cela va ensemble. On ne peut pas avoir
l'un sans l'autre. Je ne suis pas surpris parce que c'est difficile à
comprendre. Tous se demandent si on comprend réellement la portée
du principe d'indemnisation directe sans droit de subrogation. Ce n'est pas
facile.
M. Labrecque: Je ne vois pas ce que cela change. Que la compagnie
paie elle-même, que l'évaluation soit faite par une compagnie ou
par elle-même sur une voiture de son assuré, qu'elle le paie
directement et qu'ensuite elle se fasse payer par l'autre compagnie
d'assurances...
M. Saint-Germain: Elle ne se fait plus payer, dans le contexte
que je vous explique, par l'autre compagnie d'assurances. Comprenez-vous?
M. Labrecque: Je ne sais pas de quel système vous parlez.
Parlez-vous d'un système de non-responsabilité?
M. Saint-Germain: Non, non. D'un système à
responsabilité comme on a dans le moment dans la loi pour les dommages
matériels. Par exemple, je suis assuré selon ce système et
j'ai un accident de voiture. J'ai une voiture de $5000. Je suis tenu
responsable de la moitié des dommages. Mon assureur me donne $2500. Vous
avez une Cadillac. Votre assureur paie $6000, la moitié des dommages.
Moi, c'est fini. Il n'y a pas de droit de subrogation. Autrement dit, dans le
contexte actuel, les $6000 de la Cadillac et mes $2500 s'additionnent. Ils sont
divisés par deux parce qu'on est responsable à 50-50. Les deux
assureurs paient les mêmes dommages.
M. Labrecque: Si je comprends bien votre système de
responsabilité, mais sans droit de subrogation, les compagnies
d'assurances s'entendraient pour que, de toute façon, elles paient
toujours à leurs clients sans transferts de la facture, et elles
trouvent, à la fin de l'année, que cela s'équilibre, en
moyenne.
M. Saint-Germain: C'est cela le principe. C'est exactement
cela.
M. Labrecque: Cela dépend comment les compagnies
d'assurances répartissent, à la fin de l'année, sur les
tarifs, les coûts, c'est-à-dire quelle tarification elles
font.
M. Saint-Germain: II n'y a pas de répartition à la
fin de l'année. Il n'y a jamais de répartition. Les assureurs
nous soutiennent qu'au point de vue statistique, cela s'équilibre. Le
risque s'équilibre, à long terme.
M. Labrecque: Entre les compagnies d'assurances.
M. Saint-Germain: C'est cela.
M. Labrecque: On parle aussi d'équilibre; vous disiez que
vous établissiez des tarifs moyens pour les voitures. A ce moment, le
gars qui a une petite voiture paie plus cher parce qu'il est en bas de la
moyenne, et le gars qui en a une grosse paie moins cher.
M. Saint-Germain: Oui, parce qu'il y a droit de subrogation, mais
s'il n'y en a plus, l'assureur qui va assurer une Volkswagen pour
responsabilité publique connaît la valeur de la voiture qu'il
assure.
Si la Volkswagen frappe une Cadillac ou elle frappe une voiture de luxe,
cela n'a plus d'importance parce qu'il n'y a plus de droit de subrogation.
Chaque assureur de différentes voitures va payer son droit de
subrogation. Comme il assure une Volkswagen, même pour
responsabilité publique, son risque est énormément
diminué et il va exiger une prime en conséquence. Il peut
même aller plus loin; si vous avez une voiture de luxe et, en plus, que
les réparations sont très dispendieuses parce que vous êtes
obligé d'importer des pièces etc., ou que, techniquement, il y a
très peu de
garages qui peuvent réparer la voiture, l'assureur de cette
voiture va prendre ces risques en considération pour augmenter sa prime
parce que son risque est toujours plus grand. Mais, dans le système
actuel, avec droit de subrogation, vous assurez une Volkswagen qui peut frapper
une Cadillac, vous êtes obligé de prendre cela en ligne de compte,
comme assureur, dans vos risques. Vous lirez le mémoire du BAC.
M. Labrecque: Ce dont vous parlez, c'est le système
proposé par le BAC.
M. Saint-Germain: C'est cela.
M. Labrecque: Oui. Je ne l'ai pas assez étudié pour
savoir ce que cela donne.
M. Saint-Germain: Vous l'avez tout de même indirectement
abordé dans votre mémoire.
M. Labrecque: Ce que je dis, c'est que si on abolissait la notion
de responsabilité, autrement dit qu'on est assuré toujours pour
soi, finalement, il me semble que, logiquement, cela serait directement
proportionnel au coût de la voiture, comme ce l'est actuellement pour
l'assurance-collision.
M. Saint-Germain: Au point de vue du régime
proposé, selon vous, à titre de coopérateur ou comme
responsable des coopératives, si par exemple, après avoir
fait l'évaluation des dommages occasionnés à une voiture
une victime pouvait être dédommagée directement,
elle pourrait juger qu'on répare sa voiture ou bien décider de ne
pas la réparer non plus. Alors, on la paie après avoir
établi, dans les centres d'évaluation, le montant des dommages
qu'elle a subis. Dans ces conditions, le coopérateur peut retourner chez
vous et faire réparer sa voiture dans le même contexte
qu'aujourd'hui, ne croyez-vous pas?
M. Labrecque: Quand on fait l'évaluation chez nous mais
les réparations ailleurs.
M. Saint-Germain: Non, mais tenons compte de la loi; au centre
d'évaluation on fait faire une évaluation, on évalue ses
dommages à $1000. On le paie, il s'en retourne chez vous, s'il est
membre de votre coopérative, et il fait faire les réparations
chez vous de la façon qu'il l'entend. Est-ce que ce serait
préjudiciable aux coopératives cette façon de
procéder?
M. Labrecque: Vous parlez de membres de coopératives ou de
non-membres?
M. Saint-Germain: Un membre d'une coopérative a un
accident. Dans le contexte actuel, avec la loi, si elle est appliquée
telle qu'elle, votre membre va être obligé d'aller...
M. Labrecque: Au centre d'évaluation.
M. Saint-Germain: C'est cela. On va établir les dommages.
Partant de là, il peut aller chez vous, si on le paie directement; ou
même, on peut faire le chèque au nom de la coopérative,
aussi; cela ne change rien.
M. Labrecque: Oui, il peut venir chez nous, bien sûr;
à ce moment-là, on ne modifie rien au système. Mais on ne
peut faire une tarification spéciale pour nous, parce que, finalement,
on passe par les mêmes compagnies d'assurances et les mêmes centres
d'évaluation que tout le monde, on n'est guère plus
avancé. Même en admettant que, chez nous, les gens insistent pour
payer leur franchise, on devient un peu les dindons de la farce
là-dedans. Si les autres ne le font pas, on est les espèces de
vertueux qui paient pour ceux qui ne le sont pas. Le système ne vaut que
si on est autonome, en un sens, si on a notre propre centre
d'évaluation, comme a notre propre évaluation, comme on a notre
propre assurance.
Je suis sûr quand je veux dire qu'il n'y a rien qui
empêche, dans la loi actuelle, que les gens viennent faire réparer
aux garages coopératifs plutôt que d'aller ailleurs, sauf...
M. Saint-Germain: Actuellement, s'il va chez vous.
M. Labrecque: ... qu'étant membre de la coopérative
il y a une certaine garantie sur la façon dont le travail est fait.
Je ne voudrais pas qu'on accuse encore et qu'on dise que tous les
garagistes sont des voleurs, mais je voudrais simplement souligner que, dans
une coopérative, presque par définition, puisqu'on est membre,
c'est rare qu'on se vole soi-même. Je veux dire qu'il y a une
espèce de garantie d'honnêteté. Je ne veux pas dire encore
une fois que tous les garagistes sont voleurs.
M. Saint-Germain: Actuellement, vous faites pour vos clients les
évaluations, je suppose, des dommages.
M. Labrecque: On ne les fait pas parce qu'on est une simple
association, on ne fonctionne même pas.
M. Saint-Germain: Vous avez des garages qui fonctionnent?
M. Labrecque: C'est-à-dire que je parle au nom du Garage
coopératif de Québec; je ne parle pas au nom de toutes les
associations de garages coopératifs du Québec.
M. Saint-Germain: Alors, le Garage coopératif de
Québec, actuellement, fait des évaluations lorsque vos
coopérateurs sont accidentés, qu'ils subissent un accident?
M. Labrecque: On ne fait pas d'évaluation. Oh ne donne pas
de service parce qu'on est une simple association qui essaie de
démarrer.
M. Saint-Germain: Vous avez des garages coopératifs,
d'après ce que je comprends.
M. Labrecque: II existe à travers le Québec une
dizaine d'associations coopératives de garages dont cinq sont en marche.
Il y en a peut-être parmi vous qui en connaissent. Il y en a à
Asbestos, à Dolbeau, à Montmagny; il y en a même eu dans la
région de Montréal, des petites qui sont fermées. Il y en
a une à Québec, il y en a une à Donacona les gens
de la CSN sont mieux au courant que moi qui n'est pas une
coopérative au sens de la loi, mais qui fonctionne selon la formule
proche de la coopération.
M. Roy: Beauceville?
M. Labrecque: A Beauceville, c'est une coopérative
rattachée à une entreprise privée. Il y a un projet dans
la Beauce aussi, à Saint-Joseph, je crois, mais ce n'est pas encore
très avancé. A Beauceville, il y a effectivement une
coopérative, mais elle est rattachée à l'entreprise de M.
Busque. Il y en a trois, quatre en marche aussi dans Richelieu, Mille-Iles, au
nord de Montréal, dans l'est de Montréal et tout cela. Il y a une
dizaine d'associations coopératives. Comme je vous le dis, un certain
nombre fonctionnent, ce sont des garages; d'autres sont tout simplement en voie
de formation. C'est notre cas. On a notre charte, mais une charte, ce n'est pas
avec cela qu'on fait de la mécanique. On n'a pas de garage, pour un
certain nombre de raisons, entre autres, parce qu'il est extrêmement
difficile d'obtenir le financement, et tout cela. Mais je pense qu'on y va. On
y arrive tranquillement, pas vite.
M. Saint-Germain: Je vous souhaite bonne chance.
M. Labrecque: Merci.
M. Saint-Germain: Merci, monsieur.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
revenir longtemps sur la question de l'honnêteté des gens, mais je
pense qu'on vit dans un système où chacun essaie de tirer un
petit peu sur la couverture. On ne peut le reprocher à personne, mais je
ne pense pas que ce soit la solution qui nous est apportée par le
gouvernement qui va empêcher que chaque personne essaie de retirer un
petit peu plus, le plus possible du système qui sera proposé.
Actuellement, vous autres, votre association n'exploite pas de garage.
Vous n'êtes pas en fonctionnement actuellement?
M. Labrecque: Non.
M. Fontaine: Vous avez combien de membres dans votre association
actuellement?
M. Labrecque: 150.
M. Fontaine: 150 membres.
M. Labrecque: Je parle toujours du Garage coopératif de
Québec.
M. Fontaine: Oui. Est-ce que vous seriez en mesure de nous dire,
avec peut-être l'expérience qui a été vécue
dans les autres associations coopératives qui sont en fonctionnement au
Québec, quelle différence il peut y avoir dans les prix, les
coûts de réparation lorsqu'on va dans une coopérative
plutôt que dans le secteur privé?
M. Labrecque: Je ne pourrais pas vous le dire. Cela dépend
de l'organisation de la coopérative et cela dépend de l'endroit
où elle est. Je sais, par exemple, qu'à Asbestos se trouve celle
qui a le plus gros volume commercial, qui fonctionne le mieux. Elle a, aussi
bien sur l'essence, sur les pièces que sur le coût des
réparations, des tarifs étonnamment bas. Malgré cela, elle
se tire très bien d'affaires. C'est sûrement au niveau de ce qu'il
y a de plus bas dans la région, le minimum. Je ne peux pas vous donner
de chiffres globaux comme cela. D'abord, les prix sont très variables
d'une région à l'autre. Ne serait-ce que par la convention
collective des employés. Ici, dans la région de Québec, il
y a une convention collective. A d'autres endroits, il n'y en a pas. Il y a un
décret, bien sûr. Il y a les taux horaires, les loyers qui varient
d'une région à l'autre, un tas de choses comme cela. Ce n'est pas
égal partout. Tous celles qui fonctionnent ont des prix très bas
effectivement.
A mon sens, d'ailleurs, parfois trop bas. C'est une de leurs
difficultés, elles veulent donner des ristournes avant de
fonctionner.
M. Fontaine: Comment expliquez-vous vos difficultés de
départ si ce système offre un service qui est quand même
aussi bon que les autres et à un meilleur prix?
M. Labrecque: La raison principale me paraît qu'on est tous
habitués à compter sur les autres pour organiser notre vie
économique, que ce soit dans la consommation ou dans la production.
Quand il s'agit de se donner soi-même les outils, c'est tellement loin de
notre façon de penser qu'on y arrive mal, surtout dans les grandes
villes industrielles. Effectivement, c'est un secteur extrêmement
concurrentiel, difficile, changeant, varié, tout ce qu'on voudra.
M. Fontaine: Dans un autre ordre d'idées, vous avez, tout
à l'heure, dit que les gens essayaient d'aller, par exemple, dans un
garage qu'on appelle un "dealer," pour essayer d'avoir un meilleur prix en
faisant faire une évaluation plus élevée et, ensuite,
allaient faire réparer leur automobile dans un petit garage où
cela coûte moins cher. Est-ce qu'il n'est pas coutumier que les
compagnies d'assurances mettent sur le chèque le
nom et du garage et de l'assuré et également que les
experts d'assurances qui viennent vérifier l'évaluation, fassent
en sorte que ce soit le moins élevé possible parce qu'ils
négocient avec le garagiste? D'un autre côté, vous avez
parlé de morceaux qui étaient remplacés par des vieux,
alors que cela devait être remplacé par du neuf. Est-ce qu'il n'y
a pas également une coutume, actuellement, qui veut que les experts
d'assurances exigent de voir les morceaux qui ont été
enlevés?
M. Labrecque: Une des raisons pour lesquelles on a établi
ce système, des chèques conjoints, c'est parce que cela se
faisait trop couramment. Cela a certainement contribué à modifier
les choses.
Maintenant, dans quelle mesure certains garagistes acceptent de signer
les chèques et de les donner au propriétaire de la voiture, sans
que les réparations aient été nécessairement
faites, c'est probablement rare. Sûrement que des chèques
conjoints ont diminué cette chose.
M. Fontaine: Cela doit être assez rare que cela se
fait.
C'est une amélioration par rapport à ce que vous nous
disiez tout à l'heure.
M. Labrecque: Quant à l'autre chose, qu'est-ce que vous
avez dit...
M. Fontaine: Ils exigent également de voir les morceaux
qui ont été enlevés de la voiture assez
régulièrement. Je ne sais pas si c'est une pratique courante.
M. Labrecque: Personnellement, mon expérience ne m'a
jamais permis de constater qu'il y avait une vérification réelle
de ce genre de choses. Il y en a peut-être une de temps à autre,
mais je ne crois pas que ce soit quelque chose qui se fasse de façon
systématique.
M. Fontaine: Si c'était érigé en...
M. Labrecque: De toute façon, c'est pareil dans la
mécanique; il est toujours relativement facile d'avoir des vieux
radiateurs ou des vieilles pièces, surtout dans un garage d'un certain
volume.
M. Fontaine: Si vous pensez que c'est impossible de
l'ériger en système, est-ce que vous pensez que les centres
d'évaluation vont pouvoir exercer un meilleur contrôle? Parce
qu'en fin de compte ils ne verront pas s'effectuer la réparation; ils
vont voir l'automobile avant, et ils vont l'évaluer. Ce qui est dit dans
le projet de loi, c'est que les gens vont devoir retourner au centre
d'évaluation pour la faire examiner lorsqu'elle sera
réparée. Ils ne verront pas, eux non plus, s'il y a eu des
morceaux qui ont été changés pour du neuf ou du vieux, ils
ne le sauront pas.
M. Labrecque: Ils peuvent le savoir.
M. Fontaine: Comment vont-ils faire?
M. Labrecque: Les gens qui sont expérimentés
là-dedans peuvent savoir, quand une voiture revient de la
réparation, si c'est une pièce neuve ou usagée. Il est
très facile pour une personne qui s'y connaît de savoir si un
pare-chocs est neuf ou rechromé, de savoir si une aile a
été débosselée ou changée pour une neuve.
Dans l'ensemble, cela se vérifie très bien. Ils n'ont pas besoin
d'être sur place, je pense; cela peut se faire après coup, la
vérification.
M. Fontaine: Donc, il serait possible de le savoir dans le
système actuel également?
M. Labrecque: Si les gens reviennent au centre
d'évaluation, oui, sans doute que c'est possible.
M. Fontaine: On parle du système actuel, avant que la loi
soit adoptée, si l'expert en sinistres revoyait l'automobile
après qu'elle a été réparée, il serait en
mesure d'établir si effectivement les réparations ont
été faites telles que prévues.
M. Labrecque: Oui, je crois.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez déjà entendu les
concessionnaires d'automobiles dire que la réparation, le
débosselage, la peinture et tout cela étaient passablement
coûteux pour eux et qu'ils étaient presque prêts à
abandonner cette partie de leurs affaires?
M. Labrecque: La partie du débosselage et de la peinture
par rapport à la mécanique?
M. Fontaine: Oui et par rapport à la vente
d'automobiles.
M. Labrecque: Non, pas à ma connaissance. Il ne faut pas
oublier, par rapport à la vente, qu'il n'est pas toujours vrai de croire
que chez un concessionnaire la vente est la partie la plus payante; ce n'est
pas toujours vrai. A l'époque où j'y travaillais, si je
séparais les revenus, les bénéfices tirés de chacun
des départements du garage, ceux des pièces étaient les
plus payants. Les pièces sont alimentées par l'atelier et aussi
par l'atelier de débosselage et dans l'atelier de débosselage,
les taux de bénéfice sur les pièces sont très
bons.
Un détail en passant. Il ne faut pas oublier que le petit garage
achète les pièces du concessionnaire et il les a au prix du gros.
Le concessionnaire, lui, les a au prix du manufacturier, donc en bas du prix du
gros, ce qui ne l'empêche pas d'inscrire sur les évaluations le
même prix que les autres. En tout cas, cela ne veut pas dire, encore une
fois, qu'il est un voleur pour cela, mais il a une marge de profits plus
raisonnable que les autres.
M. Fontaine: Vous parlez, dans votre mémoire,
d'établir un réseau parallèle de pièces neu-
ves. Comment voyez-vous, en pratique, que cela pourrait se
réaliser?
M. Labrecque: Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai d'ailleurs dit
que ce n'est guère possible, que cela n'existait pas, contrairement aux
pièces de la mécanique. Encore une fois, les pièces neuves
sont le monopole de la compagnie qui les manufacture et il faut passer par son
concessionnaire.
Ce que j'ai dit, c'est qu'il y aurait peut-être moyen
d'établir un réseau de pièces usagées et
peut-être, aussi, ce qui semble que les compagnies d'assurances n'ont
jamais fait, négocier un peu pour les pièces neuves aussi.
M. Fontaine: A la page 9 de votre mémoire, vous faites
allusion au garage coopératif et vous dites: "Cependant, il est assez
évidentà la fin de la page 8 et au début de la page
9 que si des indemnités pour des dommages matériels
étaient versées par un assureur privé ou une régie
d'Etat, tout automobiliste victime d'accident, fut-il membre d'une
coopérative, recherchera à obtenir le plus possible pour les
dommages à sa voiture." C'est peut-être normal parce que chaque
personne va essayer, dans quelque système que ce soit, d'avoir plus pour
la réparation de son automobile. Si c'était une régie
d'Etat qui dirigeait le système des dommages matériels, est-ce
que les personnes cesseraient d'essayer d'avoir le meilleur prix possible?
M. Labrecque: Une régie d'Etat, si elle s'occupait de
l'ensemble des dommages matériels, n'aurait pas à ménager
ses assurés pour les garder comme clients. Vous comprenez? Le fondement
de tout cela, c'est ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est la
différence entre l'assurance-collision et
l'assurance-responsabilité. Comment se fait-il qu'on paie plus
facilement quand c'est l'assurance-collision? La seule explication plausible
que je vois, c'est qu'on veut garder sa clientèle. Les compagnies
d'assurances, j'entends. Elles veulent se créer une espèce de
réputation d'être relativement généreuses, etc. Une
régie d'Etat, elle, n'aurait pas besoin de faire cela, sauf que si elle
était seulement passive, c'est-à-dire en concurrence avec les
autres, à mon sens, ce serait difficile. Comme je le mentionnais, je
sais que cela va à l'encontre de toute espèce de théorie
économique classique je vais m'en tenir à ce mot
qui veut qu'un monopole coûte toujours plus cher, mais dans ce
cas-là, je n'en suis pas sûr du tout. J'ai l'impression, au
contraire, que cela pourrait coûter meilleur marché.
M. Fontaine: Supposons que la régie d'Etat fasse des
évaluations et qu'elle dise: Pour réparer telle automobile,
à la suite de cet accident-ci, cela va coûter tel montant. La
personne part et va se trouver un garagiste, mais personne ne veut faire la
réparation à ce prix, qu'est-ce qu'on va faire?
M. Labrecque: Cela nous ramène au problème des taux
négociés, comme Mme le ministre en a parlé tout à
l'heure, les taux négociés, le coût des pièces, etc.
C'est bien sûr qu'une régie d'Etat, parce qu'elle a un monopole,
ne pourrait pas non plus se permettre d'avoir des taux tellement bas que
personne ne veuille faire les réparations. Le problème vaut pour
les assureurs privés aussi.
Est-ce qu'il ne serait pas aussi facile pour une régie de
négocier avec les garagistes que les assureurs privés?
M. Fontaine: Si on en revient au même prix, cela va
être facile, c'est certain. Si les garagistes n'acceptent pas de baisser
les prix qu'ils acceptent de recevoir actuellement, je pense bien que cela ne
donnera pas grand-chose à la négociation. Je vois mal tant les
concessionnaires que les petits garagistes baisser le prix qu'ils chargent
actuellement. Cela me surprendrait qu'ils acceptent des baisses. En tout cas,
qu'est-ce que vous en pensez?
M. Labrecque: Ce que j'en pense, c'est un des
éléments clés de l'affaire, à quel taux cela va
être négocié, mais je veux dire: Les concessionnaires
chargent $23, $24 l'heure, est-ce qu'ils vont vouloir accepter de travailler
à $15 ou à $18?
M. Fontaine: Est-ce que ces négociations devraient
être faites par...?
M. Labrecque: II y a une autre chose qui est curieuse dans
l'assurance privée; comment est-ce que cela se fait qu'elles acceptent
de payer $24 chez un distributeur, puis $14 dans un petit garage? C'est ce
qu'elles font à l'heure actuelle quand même.
M. Fontaine: Les coûts sont différents, je pense,
pour chacun.
M. Labrecque: Ce que je veux dire, la compagnie
d'assurances...
M. Fontaine: On a parlé tout à l'heure de
convention collective...
M. Labrecque: Si j'ai un accident, je m'en vais chez un
concessionnaire, je fais faire une évaluation à $24 l'heure, elle
risque d'être drôlement plus forte que si je m'en vais dans un
petit garage et qu'il me la fait à $14. Les compagnies d'assurances,
dans un cas comme dans l'autre, vont payer.
M. Fontaine: Oui, mais c'est parce que les coûts sont
différents dans chaque garage.
M. Labrecque: Oui, pour le garage peut-être, mais pour la
compagnie d'assurances...
M. Fontaine: Je ne pense pas qu'ils puissent exiger que la
personne aille à tel endroit pour faire réparer son automobile;
je pense que chaque assuré a le droit d'aller où il veut.
M. Labrecque: Oui.
M. Fontaine: C'est ce qui fait qu'ils doivent payer
différents prix.
M. Labrecque: Ce qui ne les aura pas empêchés de
négocier, il me semble, un peu sur le prix et les pièces.
M. Fontaine: Je reviens sur les centres d'évaluation. Vous
en avez parlé un peu dans votre mémoire et vous voyez des
inconvénients pratiques à cela, parce que la personne va
être obligée de se déplacer avec son automobile, aller au
centre d'évaluation. Bien souvent, je pense, lorsque l'automobile ne
sera pas en mesure de fonctionner, ils vont être obligés de la
faire remorquer, aller au centre d'évaluation, la faire remorquer, aller
au garage; en tout cas, vous avez expliqué le système. Qu'est-ce
que vous proposeriez comme solution de rechange?
M. Labrecque: Ce que j'ai proposé c'est
l'établissement d'un réseau de garages coopératifs
où chacun des membres irait dans sa coopérative.
M. Fontaine: Vous faites disparaître les centres
d'évaluation? Vous pensez qu'on devrait se fier plus aux
coopératives qu'aux centres d'évaluation?
M. Labrecque: Oui, je préfère, comme formule, un
réseau coopératif étendu dans tout le Québec que
des centres d'évaluation, oui. C'est plus personnel, plus facile
à contrôler.
M. Fontaine: Est-ce que les coopératives ne seraient pas
tentées de favoriser leurs membres indûment?
M. Labrecque: Favoriser leurs membres? C'est bien sûr que
toute coopérative tente de favoriser ses membres, mais je ne vois pas en
quoi cela se fait au détriment des autres.
M. Fontaine: Tout le monde serait membre de la coopérative
en fin de compte, parce que pour pouvoir faire réparer nos automobiles
on devrait aller là. Etant donné que ce serait la régie
qui paierait, est-ce que les coopératives ne seraient pas portées
à dire: C'est le gouvernement qui paye, on...
M. Labrecque: Non, non, ce n'est pas ce que je dis. D'abord, la
question de savoir si les non-membres viendraient. Ce qu'on propose ce n'est
pas nécessairement les centres d'évaluation
intégrés aux coopératives où tout le monde
viendrait faire ses réparations. C'est simplement l'établissement
d'un réseau coopératif où les membres des
coopératives iraient, mais qui fonctionnerait comme secteur
témoin, qui ne fonctionnerait pas comme centre d'évaluation pour
l'ensemble des assurés. Cela pourrait toujours se faire, mais cela nous
embarque dans complètement autre chose.
M. Fontaine: Vous ne pensez pas qu'à ce moment-là
les gens, étant donné qu'ils seraient obligés d'aller chez
vous pour faire évaluer leurs dommages...
M. Labrecque: Ils ne seraient pas obligés de venir chez
nous pour faire réparer leurs dommages.
M. Fontaine: Je ne comprends pas le système, pouvez-vous
me réexpliquer cela? Comment est-ce que vous voyez que cela devrait
fonctionner?
M. Labrecque: Le système qu'on proposait, ce
n'étaient pas avec les centres d'évaluation tout simplement,
c'était qu'au lieu de créer des centres, autrement dit, ce qu'on
voulait c'était que le remède à ce qui se passe
actuellement dans les garages, ce ne serait pas la création d'un centre
d'évaluation, mais la création d'un réseau
coopératif, vous comprenez? Il n'est pas nécessaire, en ce sens,
que tout...
M. Fontaine: ... d'évaluation.
M. Labrecque: ... le monde soit obligé de venir à
la coopérative faire faire son évaluation, comme il n'est pas
nécessaire que tout le monde aille dans une coopérative faire
faire sa mécanique où la coopérative a un effet sur
l'ensemble du milieu où elle se trouve, vous comprenez. Je parlais de la
coopérative d'Asbestos, on pourrait en citer d'autres et ce n'est pas
que dans les garages.
Si une coopérative fonctionne bien dans un milieu donné,
si elle est efficace, elle influe sur les prix de tout le secteur et même
de toute la ville parfois, sans que tout le monde n'aille là. C'est un
peu la même chose dans le domaine de l'automobile. C'est ce qu'on avait
proposé.
M. Fontaine: Vous nous avez dit que cela coûtait moins
cher, mais vous n'avez pas été capable de le prouver. Vous dites:
J'estime que cela coûte moins cher, mais vous n'avez pas de recherche
pour nous dire que cela coûte moins cher effectivement.
M. Labrecque: Ce que je vous ai dit c'est que les
coopératives existantes dans le domaine automobile, à l'heure
actuelle, offrent des tarifs assez extraordinairement bas, au moins aussi bas
que tout ce qu'il y a dans le coin où elles sont. Encore une fois, il ne
faut pas oublier que parfois les prix qui sont demandés, même par
les concurrents des coopératives, par les entreprises privées
sont ce qu'ils sont cela vaut notamment pour l'essence parce que
la coopérative est là. Si elle n'était pas là,
l'essence serait $0.10 plus chère, mais cela ne se prouve pas, cela ne
se démontre pas facilement.
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je remercie M. Labrecque
du mémoire qu'il nous a présenté et de
sa disponibilité ce matin devant la commission parlementaire.
J'aimerais l'assurer tout de suite que tout à l'heure lorsque je me suis
levé, après que Mme le ministre eut posé des questions, ce
n'était pas tant sur les réponses données par notre
invité que sur la façon dont les questions avaient
été formulées et le but qu'on cherchait à
atteindre.
Je note dans votre mémoire que vous revenez assez souvent sur la
question du coût de l'assurance automobile et qu'il semble en tout
cas de ce qui se dégage de votre mémoire c'est que vous
avez attaché énormément d'importance à une
possibilité et même à la nécessité de trouver
des moyens pour diminuer le coût de l'assurance automobile. Je veux vous
en féliciter. Je pense que c'est un objectif qui doit être un des
premiers objectifs de la commission.
Pour ce qui a trait au Garage coopératif de Québec, vous
avez répondu tout à l'heure aux questions qui ont
été posées par mes collègues que vous aviez environ
150 membres. Votre garage coopératif est formé depuis quand?
M. Labrecque: Trois ans. Cela me gêne un peu de le dire,
mais c'est exact.
M. Roy: Est-ce qu'il a sa charte actuellement? Est-il inscrit au
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières?
M. Labrecque: Oui.
M. Roy: Quel est le montant du capital social souscrit par votre
garage à l'heure actuelle?
M. Labrecque: C'était $50, mais maintenant c'est $75, la
part de capital social. Calculant cela à 150 membres, cela fait environ
$5000.
M. Roy: Quelles sont les activités, vous avez dit que...
Si j'ai bien compris tout à l'heure, que vous n'avez pas de garage
actuellement.
M. Labrecque: C'est exact.
M. Roy: Alors, quel est le travail qui se fait au niveau des
membres actuellement? Vous avez un conseil d'administration. Vous avez un
président, un secrétaire général. Quelles sont vos
activités? Est-ce que vous êtes limité uniquement au niveau
du travail éducatif ou prévoyez-vous dans quelques mois ou
à une date indéterminée pouvoir exploiter un
établissement?
M. Labrecque: Quand on essaie depuis trois ans, on n'ose plus
donner des dates sur l'ouverture, faire des promesses là-dessus. Tout ce
que je peux dire, c'est qu'à l'heure actuelle on est dans une veine qui
va, j'espère nous permettre d'arriver à ouvrir. On s'est bien mis
dans la tête d'oublier les échéances et les dates
d'ouverture. On s'est dit: Si cela prend un an, cela prendra un an. Si cela ne
prend que six mois, tant mieux, et si cela prend trois autres années,
cela prendra trois autres années. On va arriver à faire quelque
chose.
M. Roy: Est-ce qu'il existe une fédération qui
regroupe les garages coopératifs actuellement au Québec? Je
m'excuse de vous poser cette question. J'ai travaillé assez longtemps
dans le domaine coopératif pour le savoir, mais disons que dans le
domaine des garages comme tels, je suis obligé d'avouer que je ne suis
pas tellement au courant du mouvement dans ce secteur particulier.
M. Labrecque: J'espère que mon mémoire aura eu
comme fonction de vous permettre de vous familiariser avec cela. Il n'y a pas
de fédération. Justement, c'est une des choses sur lesquelles
d'ailleurs j'ai travaillé hier. Il n'y a pas de
fédération. Par contre, on a une sorte d'association provisoire,
non enregistrée formellement. On a déjà eu deux rencontres
avec les autres coopératives et on compte en avoir une d'ici quinze
jours ou trois semaines. On veut faire un certain nombre d'action communes.
D'abord, échanger des informations et des expériences, cela a
été extrêmement utile. C'est un peu ce qui nous a permis de
voir un peu plus clair et voir où on devrait se diriger à partir
des expériences des autres.
On pense à des choses comme cela, à inviter des gens, par
exemple, pour informer les administrateurs sur la gestion, les problèmes
de financement et des tas de trucs comme cela, toute une dimension
éducative et, d'autre part aussi, éventuellement, des achats en
commun. Est-ce qu'on est prêt pour une fédération formelle?
Est-ce vraiment nécessaire à cette étape-ci? Je n'en suis
pas sûr. Ce sont des choses sur lesquelles on commence à
travailler en commun, depuis 7 ou 8 mois.
M. Roy: En somme, si vous aviez peut-être une
fédération on déborde peut-être le cadre de
la commission à ce moment celle-ci pourrait travailler
énormément à la mise sur pied de garages ou
d'unités coopératives locales. C'est un peu le rôle que
doit jouer une fédération lorsqu'elle est mise sur pied. Dans vos
règlements, dans votre charte, est-ce que ce sont les membres seuls qui
peuvent faire affaires avec un garage coopératif ou si le garage peut
faire du travail pour des non-membres? On sait que les deux formules sont
retenues actuellement dans bien des coopératives. On sait qu'il faut
être membre pour faire affaires dans les caisses d'épargne et de
crédit. On sait que dans les sociétés coopératives
agricoles on n'est pas tenu obligatoirement d'être membre pour y faire
affaires. Les coopératives forestières, c'est un domaine qui est
exclusivement limité aux membres; un non-membre ne peut pas y faire
affaires. Dans le domaine des garages coopératifs, est-ce que vos
règlements prévoient que vous pouvez faire affaires avec les
non-membres?
M. Labrecque: La Loi des associations coopératives ne nous
pose pas de restrictions là-dessus. Dans nos règlements, on peut
faire affaires avec les non-membres.
M. Roy: La Loi des associations coopératives donne la
liberté au mouvement coopératif qui s'y affilie, qui veut
être régi par cette loi de se limiter aux membres ou encore de
faire affaires avec des non-membres. Il y a toute une attitude vis-à-vis
de la loi à ce niveau. Cela a été une des
préoccupations dans le temps, compte tenu des divers types de
coopératives et des objectifs que voulaient poursuivre les
différents secteurs. Mais autrement dit, vous n'êtes pas
limités à faire affaires exclusivement avec vos membres.
M. Labrecque: Non, d'autant plus que, dans un premier temps, au
départ il pourrait être fort utile de faire affaires avec les
non-membres, notamment pour les attirer comme membres de la
coopérative.
M. Roy: Merci pour l'information coopérative. J'aimerais
revenir sur la question de la réforme de l'assurance automobile. A la
page 6 de votre mémoire, vous faites quatre recommandations. J'aimerais
que vous me donniez un peu plus d'explications. Dans la première
recommandation, vous dites: "La suppression de la notion de
responsabilité pour les dommages matériels aussi bien que pour
les dommages corporels". Dans la recommandation 3, vous dites: "Incitation des
assurés à accepter les conséquences financières
d'un accident".
On sait très bien que le maintien du niveau de
responsabilité oblige les automobilistes à accepter, je ne dirais
pas en totalité, mais en partie du moins les conséquences d'un
accident d'automobile sur le plan matériel. D'un autre
côté, vous préconisez la suppression de la notion de
responsabilité. Comment pouvez-vous concilier les deux? J'aimerais avoir
votre opinion là-dessus.
Mme Payette: M. le Président, le député de
Beauce-Sud me permettrait-il de vous demander une directive pour la bonne
marche de nos travaux à ce moment ci? Il s'est enquis longuement de la
situation des coopératives dans le domaine des garages. Je trouve cela
extrêmement intéressant, sauf que nous avons des invités
qui devaient être entendus ce matin. Il ne semble pas que cela va
être possible. Il me paraît important, M. le Président, de
savoir si les représentants de la CSN peuvent revenir demain matin, le
cas échéant.
M. L'Heureux (André): M. le Président, ayant
été les premiers à lancer le débat en 1970, nous
serons sans doute les derniers à le clôturer.
M. Roy: J'aimerais demander à Mme le ministre...
Le Président (M. Boucher): Si je comprends bien vous
seriez disposés à revenir demain.
M. Roy: J'aimerais demander à Mme le ministre s'il est
prévu, suite aux discussions qui ont eu lieu je comprends que
nous dépendons d'une motion de l'Assemblée nationale
à ce moment- ci, que la commission parlementaire puisse reprendre ses
travaux cet après-midi et en soirée.
Mme Payette: Non. La commission parlementaire ne pourrait
reprendre ses travaux que demain matin, semble-t-il.
M. Roy: C'est dire que nous ne pouvons siéger que
jusqu'à une heure. Je ne voudrais pas abuser de mon temps de parole. Mme
le ministre a dit que j'avais fait un long débat sur l'information
coopérative. J'aimerais lui rappeler que cela a peut-être paru
long, mais je me suis limité à cinq minutes sur ce point. J'ai
tout simplement deux autres courtes questions à poser à notre
invité. J'aimerais revenir sur celle que je viens de lui poser. J'en
aurai une autre après. Je peux la reprendre si cela peut...
M. Labrecque: Si je comprends bien ce que vous voulez dire, si je
me permets d'interpréter votre pensée, vous croyez que la notion
de responsabilité, enfin que le fait qu'on paie lorsqu'on a un accident
nous amènerait à avoir une conduite plus responsable, en quelque
sorte.
Moi, personnellement, j'avoue que je vois très mal que le fait de
payer des assurances, même des assurances plus élevées, ait
beaucoup à voir avec la conduite sur la route. Le rapport entre les deux
et d'ailleurs, si je me souviens bien, le rapport Gauvin parle de cela,
aussi est loin d'être évident. Il n'y a pas beaucoup de
gens qui pensent, quand ils sont au volant, quand ils viennent pour
dépasser quelqu'un: Oui, c'est vrai, ma prime d'assurance va augmenter
si j'ai un accident. On a le risque de se casser la gueule si vous me
passez l'expression qui est toujours là, ce qui me semble
être un des incitatifs plus forts que l'argent, et, malgré tout,
cela ne nous empêche pas de conduire très souvent...
M. Roy: Supposons que nous acceptons, autrement dit, votre point
de vue sur la motion de responsabilité. Nous pouvons avoir des opinions
différentes, et je pense qu'il est prouvé ce serait assez
facile de faire des chiffres là-dessus que ceux qui ne sont pas
assurés sont beaucoup plus prudents et vont beaucoup moins vite sur les
routes que ceux qui sont assurés "full", comme on dit. Je pense que nous
en aurions long à dire là-dessus.
Maintenant, quelles sont les suggestions que vous pouvez faire
concernant l'incitation vis-à-vis des assurés à accepter
les conséquences financières d'un accident à partir du
moment où la notion de responsabilité est éliminée?
Quelles sont les mesures que vous pensez qui pourraient être mises en
application, qui pourraient être examinées,
étudiées?
M. Labrecque: Cela revient à ce que j'ai essayé de
développer par la suite sur le système que nous proposions,
c'est-à-dire que, dans le réseau coopératif, il y aurait
un contrôle, par les membres eux-mêmes, sur les évaluations
et réparations et
même le paiement de la franchise, ce qui devrait, à mon
sens, permettre d'en arriver à diminuer le montant des indemnités
payées par une compagnie d'assurances et pouvoir ainsi diminuer les
taux. Donc, la diminution des taux, serait cela, l'incitatif, si vous
voulez.
M. Roy: Mais à partir du moment où une
coopérative fait affaires avec des non-membres, on sait très bien
que cela fait parfois énormément de différence dans le
bilan de fin d'année, dans la rentabilité de la
coopérative, dans les bénéfices que la coopérative
peut escompter et peut avoir comme tels, non seulement escompter mais dans les
bénéfices qu'une coopérative peut réaliser.
Lorsqu'il y a des bénéfices dans une coopérative, un des
principes de base de la coopération, c'est d'offrir un service à
un prix à peu près égal pour tout le monde et d'offrir ce
service au prix coûtant pour les membres. Ce qui veut dire que les
membres ont droit, normalement, à une ristourne, à la fin de
l'année. C'est le principe coopératif, en somme. A partir du
moment où le réseau coopératif que vous proposez fait
affaires avec des non-membres, et qu'il n'est pas obligatoire d'être
membre pour y faire affaires, comment les membres peuvent-ils exercer un droit
de regard intéressé je dis bien intéressé
dans le sens de l'intérêt public vis-à-vis du
régime d'assurances si, pour eux, le chiffre d'affaires qu'il fait avec
ses non-membres contribue, en quelque sorte, à améliorer le
rendement et la rentabilité de la coopérative? Ne trouvez-vous
pas qu'il y a là une situation qui fait que deux catégories de
personnes, deux personnes, c'est-à-dire un membre et un non-membre,
peuvent avoir des intérêts complètement différents
dans la coopérative? L'un peut y trouver un certain intérêt
par le fait que la coopérative peut négocier avec lui,
peut-être, des coûts de réparations moindres à ce
qu'il pourrait trouver dans les garages de l'entreprise privée, et d'un
autre côté, celui qui est membre travaille dans
l'intérêt de ceux et de celles qui sont membres de la
coopérative et qui veulent atteindre les objectifs.
M. Labrecque: Oui, mais d'abord, je vous ai dit que notre
coopérative n'excluait pas les non-membres. Il faudrait voir pourquoi,
selon les types de services, par exemple, nous, très rapidement, dans la
mécanique, on voulait permettre aux gens de réparer
eux-mêmes. Ce service a été réservé
uniquement aux membres, alors que la réparation par un mécanicien
pourrait être ouverte à tout le monde.
Maintenant, pour l'assurance automobile, je ne vois pas si un
non-membre venait dans la coopérative, qu'il était assuré
à notre compagnie d'assurances, qu'il faisait faire sa réparation
chez nous pourquoi on ne pourrait pas exercer le même
contrôle là-dessus. Ce serait aussi le coût de notre
assurance qui en dépendrait.
M. Roy: Ne croyez-vous pas que la meilleure formule qui
permettrait le meilleur équilibre je ne dirais pas la perfection
une formule qui permettrait de se mettre à l'abri de toute
tentation et des tentatives qui peuvent être faites d'essayer de
récupérer le plus possible, ce serait de faire en sorte qu'il y
ait un réseau, qu'il y ait une concurrence véritable,
réelle, au niveau de la réparation des dommages des
véhicules? A partir du moment où nous allons dans un monopole ou
dans l'autre, il faut établir des critères de surveillance qui
sont extrêmement difficiles d'application, qui permettent toutes les
échappatoires.
Voici ma dernière question. Qu'il y ait un réseau, que les
garages coopératifs, que le secteur de la coopération jouent un
rôle de surveillance, jouent leur rôle là-dedans et qu'ils
constituent, autrement dit, une concurrence extrêmement valable à
l'entreprise privée dans le coût des réparations des
véhicules automobiles, ne croyez-vous pas que c'est la meilleure formule
qu'on peut proposer à la population du Québec?
M. Labrecque: C'est ce que je crois puisque c'est cela qu'on
propose, l'établissement d'un réseau coopératif.
M. Roy: Mais pas un réseau unique. Vous proposez la
création d'un réseau coopératif comme secteur
témoin, si j'ai bien compris, et non pas comme réseau unique.
M. Labrecque: D'ici à ce qu'on soit les seuls dans tout le
secteur de l'automobile, je veux dire, d'ici un bon bout de temps...
M. Roy: Vous n'ambitionnez pas être les seuls.
M. Labrecque: De toute façon, je ne vois pas la
nécessité de maintenir l'entreprise privée à plus
long terme. Enfin, à court terme, disons qu'on se contente d'être
un réseau témoin.
M. Roy: Vous n'êtes en faveur de l'entreprise
privée?
M. Labrecque: J'aimerais mieux ne pas entreprendre une grande
discussion là-dessus.
M. Roy: Sans entreprendre de discussion, une réponse
claire.
M. Labrecque: Le problème, au niveau des garages de
petites entreprises comme celle-là, de toute façon ce ne sont pas
des problèmes très graves. Sauf qu'un réseau
coopératif à l'intérieur de cela, ce serait,
évidemment, comme secteur témoin; encore une fois, c'est cela
qu'on propose. Donc, bien sûr, c'est ce qu'on croit être la
meilleure formule.
M. Roy: C'est tout, M. le Président. Merci, M.
Labrecque.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président. Seulement une minute. Il se fait tard et nous avons un autre
groupe qui doit être entendu,
Vous avez promis des changements au fur et à mesure de la
présentation des mémoires. Est-ce qu'un nouveau projet de loi
sera déposé ou est-ce qu'il sera réimprimé, au
moins avant le débat en deuxième lecture?
Mme Payette: M. le Président, nous n'avons pas, à
ma connaissance, terminé l'écoute des mémoires, si bien
que notre politique à cet égard n'est pas arrêtée
pour l'instant.
M. Saint-Germain: Ecoutez, politique pas arrêtée...
Nous, à titre d'Opposition officielle, si on veut informer le public
décemment, on ne peut pas discuter en deuxième lecture sur les
hypothèses. Vous avez laissé entrevoir qu'il y aurait une
multitude de changements dans bien des articles. Vous avez même
donné les numéros des articles, dans deux ou trois
déclarations.
Il me semble qu'il serait important pour la bonne intelligence de nos
travaux de savoir quels seront les changements qui seront apportés ou
qu'on envisage avant la deuxième lecture, même si on ne les a pas
tous, au moins ceux que vous avez annoncés.
Mme Payette: M. le Président, je me permettrai de faire
remarquer au député de Jacques-Cartier que le mémoire de
l'invité qui est devant nous que nous serions censés être
en train d'entendre actuellement, est rempli de recommandations quant aux
divers articles du projet de loi. Jusqu'à ce que nous ayons
terminé l'écoute des mémoires qui sont devant nous, je
pense que je n'ai pas à annoncer mes couleurs sur ce sujet. Il y a
encore des changements qui devront peut-être intervenir et je ne peux pas
présumer des réactions des gens qui composent cette commission
à l'écoute des mémoires.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas présumer des
réactions, je veux vous dire que vous avez déjà
annoncé une multitude de changements. Est-ce qu'on va les avoir avant la
deuxième lecture? C'est bien simple, c'est oui ou c'est non.
Mme Payette: M. le Président, aucun amendement ne sera
présenté tant que cette commission n'aura pas terminé ses
travaux.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas ce que je vous demande.
Mme Payette: C'est ce que je vous réponds.
M. Saint-Germain: Répondez à ma question. Je ne
vous demande pas pendant la commission; on va finir à la commission et
ensuite on va étudier cela en deuxième lecture. Entre ces deux
genres de travaux, est-ce qu'on va avoir des modifications?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que la question du député de Jacques-Cartier serait
pertinente à fin de l'audition des mémoires. C'est une question
qui pourrait fort bien se poser à Mme le ministre, mais actuellement le
but de la commission est d'entendre des mémoires.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, il reste
environ une demi-heure et nous avons un invité devant nous. Est-ce qu'on
ne pourrait pas remettre les questions à Mme le ministre après
l'audition du mémoire du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec?
M. Saint-Germain: Une dernière question. J'avais
posé une question bien précise à la dernière
journée de cette commission. On m'avait promis une réponse cette
semaine ou même ce matin, si je ne m'abuse, sur la subrogation.
Mme Payette: M. le Président, à ma connaissance le
député de Jacques-Cartier, qui avait posé cette question
jeudi soir dernier, a eu accès à une information de la part des
gens qui m'entourent. Il ne semblait pas avoir maintenu sa demande. S'il la
maintient, effectivement, nous lui produirons, dans les heures qui viennent, un
document qui lui expliquera la différence entre la subrogation entre les
assureurs et la disparition et les effets de la dispartition de la subrogation
entre les assureurs. Mais il m'est apparu ce matin, aux questions du
député de Beauce-Sud, à notre invité
précédent, qu'il avait compris l'effet de la suppression de la
subrogation.
M. Saint-Germain: Je remercie vos collègues de bien me
parler privément et d'essayer de m'expliquer certaines choses, mais tout
cela doit se concrétiser dans une réponse officielle, je
l'espère. J'aurai cette réponse...
Mme Payette: Dans les plus brefs délais, M. le
député de Jacques-Cartier, puisqu'il faut faire rédiger un
document pour vous expliquer clairement ce que vous voulez savoir, mais ce sera
fait, très certainement.
M. Saint-Germain: Parce que j'aurais une question bien
précise s'il y avait moyen d'étudier, pour la bonne intelligence
de la loi en somme. Est-ce qu'on aura cela, madame?
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, c'est
ce que j'ai répondu. Nous allons préparer un document en
réponse aux questions que vous vous êtes posées sur un
article en particulier, si mes souvenirs sont bons.
M. Saint-Germain: Merci.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais également
deux ou trois questions à poser au ministre, qui sont très
courtes.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il serait possible
d'avoir la collaboration des membres de la commission, compte tenu du temps et
de l'invité qui est devant nous?
prévu dans le livre bleu, c'est-à-dire $385 millions.
Cette baisse est due essentiellement à 16% de baisse au niveau des
accidents en 1976, chiffres qui n'ont été rendus disponibles
qu'il y a quelques semaines.
M. Roy: D'accord.
Maintenant, est-ce que Mme le ministre peut nous dire effectivement s'il
y a eu une entente avec les courtiers concernant, par exemple, le statut
juridique qu'ils ont demandé? Est-ce que c'est définitif ou si
c'est encore à l'état de discussion?
M. Payette: En ce qui concerne le cadre juridique qui a
été sollicité par les courtiers, M. le Président,
j'ai pris un engagement personnel envers eux de faire tout ce qui était
possible dans mon cas pour leur venir en aide à ce niveau.
M. Roy: Maintenant, Mme le ministre, êtes-vous en mesure de
nous dire ce matin si, effectivement, le cadre juridique pourra leur être
accordé? Etes-vous en mesure de le garantir à la commission?
Mme Payette: Cela me paraît difficile, M. le
Président, que je puisse, moi toute seule, comme ministre, garantir
qu'il y aura un cadre judirique. J'ai pris cependant un engagement envers les
courtiers et j'ai l'intention de tenir cet engagement.
M. Roy: Est-ce qu'il y a en plus avec les courtiers des ententes,
actuellement, est-ce qu'il y a des discussions en ce qui a trait à la
perception des primes de la régie?
Mme Payette: Non, M. le Président, ce que les courtiers
ont demandé c'est la possibilité pour eux d'intervenir comme
intermédiaires entre la Commission des accidents du travail et
l'accidenté au moment de l'accident. C'est une proposition qui nous a
été soumise. J'ai demandé à la régie
d'étudier le rôle que les courtiers pourraient avoir à
jouer à ce moment, et j'ai demandé aussi aux courtiers de nous
soumettre l'évaluation qu'ils font eux-mêmes de leurs propres
services comme intermédiaires.
M. Roy: En somme, il n'y a rien de définitif non plus de
ce côté, c'est tout au niveau des études?
Mme Payette: Je pense, M. le Président, que les mieux
informés à ce sujet sont les courtiers, que j'ai
rencontrés la semaine dernière. Je vous répète
maintenant exactement ce que je leur ai dit à eux.
M. Roy: Ils sont informés effectivement qu'on se penche
sur le problème.
Mme Payette: C'est déjà beaucoup, M. le
Président.
M. Roy: II faut faire attention de ne pas trop se pencher;
parfois, il faut passer aux actes.
Etant donné qu'on a parlé du coût du régime,
que le ministre a parlé des données de base, a dit qu'il y avait
de nouvelles données de base aussi concernant le régime
d'assurance, est-ce qu'on est en mesure de fournir à la commission des
documents à ce sujet? Est-ce qu'on est en mesure de nous donner des
informations additionnelles, à la suite du document qui est daté,
je pense, du 26 ou du 27 mai, le dernier document qu'on nous avait donné
là-dessus, à moins que je me trompe?
Mme Payette: M. le Président, M. le député
de Beauce-Sud demande ce qu'il a déjà demandé dans sa
première question et je lui ai répondu que les nouveaux documents
quant au coût du régime seront soumis à cette commission ou
à l'Assemblée nationale au moment où ils seront
prêts et définitifs.
M. Roy: Une autre question, M. le Président. Est-ce que
les ententes sont intervenues entre la Commission des accidents du travail et
la régie, comme il est stipulé dans la Loi constituant la
Régie de l'assurance automobile du Québec, le projet de loi no
49, si ma mémoire est bonne?
Mme Payette: A ma connaissance, les ententes ne sont pas
définitives. Il y a présentement des négociations entre la
régie et la Commission des accidents du travail, c'est exact.
M. Roy: Ce que Mme le ministre a annoncé, la semaine
dernière, à savoir qu'il y aurait une réduction de prime,
telle qu'annoncée dans le document concernant la tarification, dans
lequel on parlait de $110 à $115, Mme le ministre nous a parlé de
75% pour les agriculteurs.
Est-ce définitif ou si ce n'est qu'une projection qui a
été faite à ce niveau?
Mme Payette: Ce ne sera définitif que quand le document
sur la tarification sera rendu public. Pour l'instant, on m'informe qu'on
envisage effectivement 75% de la tarification d'une voiture de promenade pour
les cultivateurs.
M. Roy: II y a quand même des documents qui ont permis
l'élaboration de cette tarification spéciale.
Mme Payette: C'est le livre bleu qui fait état de $385
millions comme coût total du régime que nous sommes en train de
réviser à la lueur des nouvelles statistiques.
M. Roy: Mme le ministre nous a également dit, il y a
quelques jours, lorsque les assureurs se sont présentés devant la
commission parlementaire et ont dit qu'ils étaient à sa
disposition qu'elle était prête à les rencontrer. Y a-t-il
effectivement eu des rencontres avec les assureurs et quels sont les sujets qui
sont actuellement en dis-
cussion avec les assureurs, si les rencontres ont eu lieu?
Mme Payette: Quand le ministre dit qu'il a à rencontrer
les assureurs, ce n'est pas nécessairement le ministre en personne. Les
fonctionnaires ont des rencontres avec les assureurs pour mettre au point le
fonctionnement du nouveau régime avec eux, voir les implications quant
au nouveau contrat d'assurance pour la protection des dommages
matériels. Ces rencontres ont lieu et les fonctionnaires, ainsi que les
employés des compagnies d'assurances sont en contact quasi
quotidiennement au téléphone.
M. Roy: II n'y a aucune rencontre et aucune discussion
actuellement avec les assureurs en vue de leur confier l'administration de la
nouvelle réforme d'indemnisation dans l'assurance automobile?
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud veut
rire!
M. Roy: Je ne ris pas; je suis très sérieux! Mme
Payette: II ne saurait en être question.
M. Roy: II n'en est pas question. Mme le ministre est-elle en
mesure de nous dire ce matin combien il y aura de catégories de risques
dans la tarification faite par le gouvernement?
Mme Payette: II y en aura autant que celles qui sont
présentement prévues par le BVA. Je ne me souviens pas du nombre,
mais il y a un certain nombre de voitures, il y a aussi un certain nombre de
camions. Les tarifications sophistiquées du BVA sont à notre
disposition, puisqu'on dispose des mêmes données d'informatique
que le BVA.
M. Roy: Cette liste du BVA pourrait-elle être
déposée et remise aux membres de la commission parlementaire?
Mme Payette: Je pense qu'elle pourrait vous être fournie
à titre d'information, mais cela ne me paraît pas un document
secret puisque cela existe depuis de nombreuses années au BVA.
M. Roy: Cela existe depuis de nombreuses années au BVA,
mais nous ne lui avons jamais demandé de déposer ces documents en
commission parlementaire. J'aimerais j'en fais même une demande
officielle, formelle que ce document, qui est actuellement
utilisé pour établir les différentes catégories de
risques dans la tarification de l'assurance automobile, soit
déposé devant la commission parlementaire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, il n'y a pas de dépôt de documents en commission
parlementaire.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, mais en vertu de
l'article 177, "quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie, un document,
il peut être requis sans autre formalité de le déposer
immédiatement, à moins qu'il ne déclare qu'il est
contraire à l'intérêt public de le faire". C'est le
règlement de l'Assemblée nationale et en vertu de l'article
163...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Roy: ... sur le point de règlement, les mêmes
règles qui s'appliquent à l'Assemblée nationale
s'appliquent en commission parlementaire, à moins qu'il ne soit
clairement indiqué le contraire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Effectivement, M. le
Président, vous avez raison, il n'y a aucun dépôt de
document en commission parlementaire. L'article que vient de citer le
député de Beauce-Sud s'applique pour autant que le ministre cite
un document. Or, le ministre n'a cité aucun document; elle n'a fait que
mention d'un document.
M. Roy: Le ministre a cité le document du BVA.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le ministre n'a même
pas le document, comment voulez-vous qu'elle le cite?
M. Ouellette: M. le Président, étant donné
qu'il n'y a pas d'archives aux commissions parlementaires, on n'est absolument
pas tenu de déposer quelque document que ce soit.
M. Roy: J'aimerais rappeler à mon collègue de
Beauce-Nord je ne veux pas en faire une querelle de Beaucerons à
ce moment-ci que ce n'est pas la première fois qu'en commission
parlementaire on demande un dépôt de document pour l'information
des membres de la commission. A ce que je sache, la commission parlementaire
siège actuellement pour permettre à ceux qui en font partie
d'être informés le plus objectivement possible de tout ce qui
regarde actuellement la réforme proposée de l'assurance
automobile. C'est dans cet esprit que je pose cette question. Si on ne veut pas
remettre le document, qu'on le dise tout simplement et je n'en ferai pas une
querelle épouvantable, ni une guérilla. Je ne veux pas être
désagréable envers le gouvernement ce matin...
Mme Payette: Un vrai canard!
M. Roy: ... mais la façon dont nous travaillons me
rappelle la fameuse commission parlementaire qui avait étudié le
projet de loi de la baie James, et me rappelle étrangement, et je le
regrette, me rappelle aussi la commission parlementaire et la façon dont
cela avait procédé lorsqu'on avait étudié le
coût des Jeux olympiques. On n'a rien, on ne
veut rien nous fournir, on est limité exclusivement à des
vieux documents qui datent de trois, quatre et cinq mois. Cela me surprend d'un
gouvernement qui se dit vouloir être le vrai gouvernement, un
gouvernement à l'écoute de la population et gouverné dans
le meilleur intérêt des Québécois, de tenir les
membres de la commission parlementaire exactement au statu quo. Tel qu'il a
été dit à la première séance de la
commission parlementaire, on n'est pas mieux informé aujourd'hui qu'on
ne l'était lors de la première séance...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: ... et cela je le regrette sincèrement. Ma
participation aux commissions parlementaires se voulait objective...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, une question de règlement, M. le député de
Jonquière.
M. Roy: J'y suis sur une question de règlement, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'avec la longue expérience que détient le
député de Beauce-Sud, il devrait savoir que, si le document qu'il
veut avoir est en possession du Bureau des véhicules automobiles, il
devrait adresser sa demande au Bureau des véhicules automobiles et qu'il
aurait toutes les classifications qu'il veut avoir. D'autre part,
évidemment ma question de règlement est un peu tardive, puisque
le député de Beauce-Sud a passé son message, il n'en reste
pas moins qu'il adresse sa demande à la mauvaise personne puisqu'il
demande lui-même un document en possession et la propriété
du BVA. Or, Mme le ministre est ministre des Consommateurs, Coopératives
et institutions financières et non pas ministre responsable du BVA qui,
aux dernières nouvelles, était le ministre des Transports,
à moins que je me trompe.
M. Roy: M. le Président, dans la loi 49, sur le point de
règlement qui a été soulevé, il est clairement dit
que les ententes peuvent intervenir, notamment avec la Commission des accidents
du travail, que la Régie de l'assurance automobile a les pouvoirs
nécessaires de faire des négociations, de faire des ententes,
d'aller chercher les documents dont elle a besoin. Le ministre est tenu, par la
loi 49, d'informer l'Assemblée nationale au fur et à mesure qu'il
y a des informations qui peuvent être fournies, qui doivent être
fournies. C'est écrit dans la loi 49. Je ne me base pas sur des lois qui
ne sont pas votées ou des lois antérieures ou la Loi du
ministère des Transports comme telle. Je tâche d'avoir les
informations et la documentation dont nous avons besoin pour étudier
cette réforme de l'assurance automobile en toute objectivité,
pour être le mieux informé possible. Cela me paraît tout
à fait normal. Je serais tenté de croire qu'on a peut-être
fourni de l'information additionnelle aux députés du
côté ministériel de la commission parlementaire parce
qu'effectivement ils font partie du gouvernement. J'aimerais rappeler au
gouvernement et vous rappeler, M. le Président, que si mes
collègues du côté ministériel ne sont pas plus
informés dans le domaine de l'assurance automobile et dans le projet de
réforme que je le suis moi-même, je suis doublement inquiet.
M. Ouellette: Pour éclairer ce débat, j'ai
nettement l'impression que l'article du règlement auquel se
réfère le député de Beauce-Sud s'adresse à
l'Assemblée nationale comme telle et non pas aux commissions. Le
président de l'Assemblée nationale est en mesure, je pense, de
clarifier la situation en disant qu'effectivement il n'y a pas d'archives aux
commissions. Il n'y a donc pas de dépôt de documents, même
si cela a été fait récemment, m'a-t-on dit. Il s'ensuit
que les commissions sont embarrassées de ces documents puisqu'il n'y a
pas d'archives. Je suggérerais donc au député de
Beauce-Sud de refaire sa demande à l'Assemblée nationale et nul
doute que le ministre, en tout cas, sera plus en mesure de répondre
à sa demande.
Mme Payette: Sur la question de règlement soulevée
par le député de Beauce-Sud, peut-être que cela n'a pas
été clair pour le député de Beauce-Sud, mais ce que
j'ai bien dit, c'est que ce document du BVA est un document utilisé par
le BVA depuis des années et qui tient compte de la tarification
imposée par le BVA depuis des années. L'autre document que le
député de Beauce-Sud a réclamé dans sa toute
première question, avant qu'il commence à tuer le temps
était un document qui n'est pas disponible, parce que les travaux ne
sont pas terminés, qui s'appuient sur les classifications du BVA et
quand ce document sera terminé, je m'empresserai, M. le
Président, de le déposer ou de le faire connaître aux
membres de la commission ou à l'Assemblée nationale, dès
qu'il sera prêt.
M. Roy: Dans le cas de la baie James et dans le cas de la
Régie olympique, on m'a donné exactement les mêmes
réponses avec les résultats que tout le monde connaît.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je me demande bien pour quelle raison il y a
des discussions sur une telle demande. Mme le ministre nous a dit qu'elle
allait baser sa tarification ou du moins qu'il y avait relation entre la
tarification et un document du Bureau des véhicules automobiles. Diable,
pourquoi ne pas le déposer puis le donner aux députés ici,
si c'est un document qui est facile à avoir. Vous avez tout un personnel
en arrière ou dans les bureaux qui n'ont peut-être pas grand-chose
à faire; dites donc à quelqu'un de se procurer le document, de
nous en faire une polycopie et de nous le remettre tout simplement. Ce n'est
toujours bien pas une affaire à discuter pendant vingt minutes. D'autant
plus qu'on en a tellement peu pour étudier la loi.
Vous avez promis des changements au fur et à mesure de la
présentation des mémoires. Est-ce qu'un nouveau projet de loi
sera déposé ou est-ce qu'il sera réimprimé, au
moins avant le débat en deuxième lecture?
Mme Payette: M. le Président, nous n'avons pas, à
ma connaissance, terminé l'écoute des mémoires, si bien
que notre politique à cet égard n'est pas arrêtée
pour l'instant.
M. Saint-Germain: Ecoutez, politique pas arrêtée...
Nous, à titre d'Opposition officielle, si on veut informer le public
décemment, on ne peut pas discuter en deuxième lecture sur les
hypothèses. Vous avez laissé entrevoir qu'il y aurait une
multitude de changements dans bien des articles. Vous avez même
donné les numéros des articles, dans deux ou trois
déclarations.
Il me semble qu'il serait important pour la bonne intelligence de nos
travaux de savoir quels seront les changements qui seront apportés ou
qu'on envisage avant la deuxième lecture, même si on ne les a pas
tous, au moins ceux que vous avez annoncés.
Mme Payette: M. le Président, je me permettrai de faire
remarquer au député de Jacques-Cartier que le mémoire de
l'invité qui est devant nous que nous serions censés être
en train d'entendre actuellement, est rempli de recommandations quant aux
divers articles du projet de loi. Jusqu'à ce que nous ayons
terminé l'écoute des mémoires qui sont devant nous, je
pense que je n'ai pas à annoncer mes couleurs sur ce sujet. Il y a
encore des changements qui devront peut-être intervenir et je ne peux pas
présumer des réactions des gens qui composent cette commission
à l'écoute des mémoires.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas présumer des
réactions, je veux vous dire que vous avez déjà
annoncé une multitude de changements. Est-ce qu'on va les avoir avant la
deuxième lecture? C'est bien simple, c'est oui ou c'est non.
Mme Payette: M. le Président, aucun amendement ne sera
présenté tant que cette commission n'aura pas terminé ses
travaux.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas ce que je vous demande.
Mme Payette: C'est ce que je vous réponds.
M. Saint-Germain: Répondez à ma question. Je ne
vous demande pas pendant la commission; on va finir à la commission et
ensuite on va étudier cela en deuxième lecture. Entre ces deux
genres de travaux, est-ce qu'on va avoir des modifications?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que la question du député de Jacques-Cartier serait
pertinente à fin de l'audition des mémoires. C'est une question
qui pourrait fort bien se poser à Mme le ministre, mais actuellement le
but de la commission est d'entendre des mémoires.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, il reste
environ une demi-heure et nous avons un invité devant nous. Est-ce qu'on
ne pourrait pas remettre les questions à Mme le ministre après
l'audition du mémoire du Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec?
M. Saint-Germain: Une dernière question. J'avais
posé une question bien précise à la dernière
journée de cette commission. On m'avait promis une réponse cette
semaine ou même ce matin, si je ne m'abuse, sur la subrogation.
Mme Payette: M. le Président, à ma connaissance le
député de Jacques-Cartier, qui avait posé cette question
jeudi soir dernier, a eu accès à une information de la part des
gens qui m'entourent. Il ne semblait pas avoir maintenu sa demande. S'il la
maintient, effectivement, nous lui produirons, dans les heures qui viennent, un
document qui lui expliquera la différence entre la subrogation entre les
assureurs et la disparition et les effets de la dispartition de la subrogation
entre les assureurs. Mais il m'est apparu ce matin, aux questions du
député de Beauce-Sud, à notre invité
précédent, qu'il avait compris l'effet de la suppression de la
subrogation.
M. Saint-Germain: Je remercie vos collègues de bien me
parler privément et d'essayer de m'ex-pliquer certaines choses, mais
tout cela doit se concrétiser dans une réponse officielle, je
l'espère. J'aurai cette réponse...
Mme Payette: Dans les plus brefs délais, M. le
député de Jacques-Cartier, puisqu'il faut faire rédiger un
document pour vous expliquer clairement ce que vous voulez savoir, mais ce sera
fait, très certainement.
M. Saint-Germain: Parce que j'aurais une question bien
précise s'il y avait moyen d'étudier, pour la bonne intelligence
de la loi en somme. Est-ce qu'on aura cela, madame?
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, c'est
ce que j'ai répondu. Nous allons préparer un document en
réponse aux questions que vous vous êtes posées sur un
article en particulier, si mes souvenirs sont bons.
M. Saint-Germain: Merci.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais également
deux ou trois questions à poser au ministre, qui sont très
courtes.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il serait possible
d'avoir la collaboration des membres de la commission, compte tenu du temps et
de l'invité qui est devant nous?
M. Fontaine: Ce sera très court, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Je demande tout simplement la
collaboration. C'est la deuxième fois qu'on...
M. Fontaine: Si on commence à argumenter là-dessus,
M. le Président, cela va prendre plus de temps.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai l'impression, M. le
Président, qu'ils veulent que le syndicat des fonctionnaires passe
demain matin et que la CSN ne passe pas. C'est réellement l'impression
que j'ai à entendre toutes ces questions.
Le Président (M. Boucher): C'est la deuxième fois
que le Syndicat des fonctionnaires vient devant nous pour présenter son
mémoire. J'ai l'impression qu'on n'a quand même pas la
collaboration des membres de la commission à ce moment.
M. Fontaine: M. le Président, cela va être
très court. Si on prend dix minutes pour discuter si je dois poser ou ne
pas poser mes questions, cela va prendre plus de temps que le temps que je vais
prendre pour les poser.
J'aimerais savoir du ministre s'il s'engage il y a
déjà fait allusion à convoquer la commission
parlementaire pour l'étude de la tarification.
Mme Payette: C'est une chose que j'ai envisagée, M. le
Président. Je m'interroge maintenant sur la rapidité avec
laquelle cela pourrait être fait vu l'attitude des membres de cette
commission, ce matin. Je continue de maintenir que ce serait souhaitable
qu'éventuellement il y ait une commission parlementaire pour
étudier la tarification.
M. Roy: M. le Président, j'invoque une question de
règlement. On parle de l'attitude des membres de la commission
parlementaire, ce matin, et on nous accuse d'un "filibuster" à peine
voilé alors que, depuis à peu près dix minutes seulement,
c'est la première fois que nous y allons avec insistance depuis que
cette commission parlementaire siège. Je ne sache pas que Mme le
ministre puisse se plaindre de l'attitude négative des membres de
l'Opposition qui siègent à cette commission parlementaire. Je
m'inscris totalement en faux sur cette question. Si nous avions utilisé
les mêmes stratégies que le gouvernement, que le parti qu'elle
représente utilisait lorsqu'il était dans l'Opposition, la
commission parlementaire ne serait pas aussi avancée dans ses travaux
qu'elle ne l'est à l'heure actuelle. Je n'aimerais pas qu'on commence
à nous accuser à ce moment de vouloir boycotter la commission
parlementaire parce que nous insistonsc'est notre devoir, c'est notre
rôle, c'est notre responsabilitéd'être le mieux
informés possible. Je m'inscris totalement en faux contre cette
affirmation à savoir qu'on veut boycotter la commission parlementaire.
Nous avons été extrêmement polis jusqu'à maintenant.
Nous avons été courtois. Nous avons collaboré dans toute
la mesure du possible, mais seulement on se rend compte aujourd'hui qu'on
commence à vouloir se moquer de nous. C'est la raison pour laquelle on
commence peut-être à montrer les dents.
Mme Payette: Je présume, M. le Président, que le
député de Nicolet-Yamaska avait cédé son droit de
parole au député de Beauce-Sud?
M. Fontaine: Non, M. le Président. C'était une
question de règlement que M. le député de Beauce-Sud a
soulevée.
M. Roy: Et j'y avais droit.
M. Fontaine: Si on ne veut pas qu'on pose des questions à
la commission parlementaire, je me demande pourquoi on en a convoqué
une.
Mme Payette: Vous avez un invité qui n'attend que cela des
questions.
M. Fontaine: J'ai une dernière question également
très courte. Au cours de sa tournée, Mme le ministre avait
annoncé, il me semble, que pour le moment le siège social de la
régie serait situé à Trois-Rivières.
Mme Payette: C'est faux, M. le Président. M. Fontaine:
C'est faux. Mme Payette: Complètement.
M. Fontaine: Mme le ministre peut-elle nous confirmer que la
régie est en train d'aménager ses locaux dans l'édifice de
L'Unique, ici même à Québec?
Mme Payette: M. le Président, il est acquis que la
régie pourra occuper des locaux à Québec pour sa
période d'implantation, à la suite de quoi le gouvernement
décidera où la régie devra aller.
M. Fontaine: Confirmez-vous qu'actuellement, c'est à
L'Unique?
Mme Payette: Je ne sais pas à quel endroit c'est. Je ne le
vous confirmerai pas. Je sais que c'est à Québec. Je m'excuse. Je
n'ai pas l'information quant à l'endroit exact.
Le Président (M. Boucher): Cela étant dit, M.
Fréchette.
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec Inc.
M. Fréchette (Jean-Guy): M. le Président, Mme le
ministre, messieurs les députés, je vous remercie de nous
recevoir ce matin pour présenter un bref mémoire sur
l'étude de la loi.
En tant qu'organisme syndical représentant la grande
majorité des employés du gouvernement, comme citoyens de la
province qui seront assujet-
tis à une nouvelle loi aussi importante, nous avons tenu à
vous faire part de nos suggestions et de nos remarques afin que certains
amendements soient apportés aux divers articles. Par contre, nous
considérons ces amendements comme essentiels pour accorder à
chaque assuré une protection juste et équitable.
Nous proposons certains amendements à divers articles que nous
considérons essentiels afin d'accorder à chaque assuré une
protection juste et équitable. Nous n'avons pas présenté
de mémoire directement aux diverses séances d'information qui ont
été tenues au cours des mois de mai et juin, même si nous
avons assisté à certaines de ces réunions d'information
comme observateur.
Après étude du livre bleu, nous avions constaté que
beaucoup de points restaient à préciser à cette date.
Il aurait été très difficile de présenter
des revendications sur les mécanismes de réclamation, du droit
d'appel et du financement, des pouvoirs accordés au surintendant des
assurances en matière de tarification sur le rôle de la
corporation des assureurs concernant les centres d'évaluation et la
vérification des réparations.
Actuellement, comme tous ces points sont définis, nous vous
apportons des demandes précises sur ces sujets, et ce, dans un but
constructif.
Nous espérons que vous prendrez connaissance de nos demandes en y
apportant une attention particulière et une étude approfondie
avant la sanction de la loi.
A la page suivante, nous avons énuméré les
principaux articles que nous tentons de toucher dans ce mémoire: le
droit à l'indemnité; le montant de l'indemnité et son
intégration avec les divers régimes gouvernementaux: la
Régie des rentes et la CAT; le droit d'appel de la victime;
l'application du mécanisme d'évaluation et de réparation
des dommages matériels; le rôle de la corporation des assureurs;
les modalités de financement de la régie concernant les blessures
corporelles; les pouvoirs du surintendant des assurances concernant les
modifications du manuel de tarification des coûts pour les primes
d'assurance obligatoire et responsabilité civile, par les assureurs.
Nous avons procédé, dans ce mémoire, en touchant
à divers articles sur lesquels, selon nous, il devrait y avoir certaines
modifications. En partant, à l'article 9, nous touchons au
problème du conjoint et à la vie commune. A ce sujet, dans nos
commentaires, nous disons que nous croyons que ce délai de sept ans est
excessif, puisque dans diverses lois qui viennent d'être amendées,
ce délai fut réduit de trois ans, ce que nous croyons
raisonnable. Nous donnons des exemples; ce sont des lois qui viennent
d'être amendées le 10 août qui s'appliquent aux
fonctionnaires et au secteur parapublic.
Indemnité versée à une autre personne que la
victime. Nous croyons qu'un paragraphe devrait être ajouté afin
d'indiquer que la personne qui reçoit ces montants doit les administrer
pour la victime jusqu'à ce que celle-ci devienne majeure ou puisse les
administrer. De plus, ces montants doivent être utilisés pour
subvenir aux besoins de la victime. On considère qu'à
l'intérieur de cet article ce pouvoir est laissé à la
discrétion de la régie et on n'indique pas de quelle façon
la personne qui va les recevoir doit les utiliser.
A l'article 12, paiement unique de la valeur de l'indemnité. Nous
croyons que, dans le cas d'une victime résidant au Québec, la
régie ne doit pas décider de verser un montant global au lieu
d'une rente, sans le consentement de la victime. Dans le projet de loi, la
régie se réserve de plein droit ce pouvoir sans, au
préalable, avoir consulté la victime.
A l'article 16, prescription du droit d'indemnisation. Puisque le droit
à une indemnisation se prescrit par périodes de trois ans
à compter de l'accident ou de la manifestation du dommage ou du
décès, nous croyons que ce droit devrait être maintenu si
un rapport d'accident ou de dommages a déjà été
présenté à la régie dans les délais
prévus, comme cela existe à la Commission des accidents du
travail. Dès qu'il y a eu une déclaration d'accident de travail,
même s'il n'y a pas eu, au départ, de réclamation faite
pour des pertes de salaires, un dossier peut toujours être rouvert; il
n'y a pas de délais limites pour refaire une réclamation.
A l'article 17, limitation du droit d'indemnisation. Nous croyons que
cet article limite le droit à l'indemnisation de certaines victimes
d'accident qui ne devraient pas être exclues puisqu'à l'article 1,
définitions, paragraphe 10, intitulé "dommage causé par
une automobile", on inclut les dommages causés par le chargement.
Par contre, à l'article 17 a), on exclut les dommages
causés par un chargement quand celui-ci consiste en un appareil
susceptible de fonctionnement indépendant. Exemple, les dommages
causés par une motoneige chargée sur une remorque ne seraient pas
couverts. J'ai eu à assister, à un moment donné, à
la commission parlementaire et cet article ne semble pas tellement clair.
On a parlé de remettre ce thème, sauf qu'au moment
où on a préparé ce mémoire on a découvert
que ce point nous semblait non clair.
Au paragraphe b), on devrait préciser que si l'accident est
causé par une automobile ou l'un de ses équipements ou une
remorque attachée à celle-ci en dehors d'un chemin public, la
victime a droit à une indemnisation. Exemple: une automobile qui
circulerait sur une propriété privée ou publique et
causant un accident. On découvre que cet article pourrait exclure ces
dommages, ces accidents.
Chapitre II, section 1 Indemnités de remplacement du revenu. A
l'article 30, intégration des indemnités versées, nous
croyons que la victime qui recevrait ou aurait pu devenir
bénéficiaire d'une indemnité à l'âge de 65
ans ne devrait pas voir sa rente réduite du montant total de tous les
bénéfices qu'elle peut recevoir d'un autre régime
prévu dans cet article ou de tout tout régime prescrit puisque,
pour la personne couverte par ces
régimes, il est évident qu'une grande proportion des
indemnités proposées ne serait plus applicable. Nous croyons que,
dans ce cas, on ne devrait déduire que 50% de ces régimes, comme
prévu pour une victime indemnisée en vertu de l'article 31, sans
inclure la notion de tout autre régime prescrit. A l'article 31, on
propose que si on reçoit un salaire, on n'en intègre qu'une
partie. Donc, on considère que dans ces domaines aussi on ne devrait pas
intégrer la totalité.
Début du versement des indemnités. Nous sommes d'accord
avec cette réduction de 50% d'un revenu inférieur effectivement
gagné. Par contre, nous ne sommes pas d'accord avec le fait que la
régie réduise, au lieu de 70%, c'est bien 75% dans la loi,
l'excédent de $5000 du revenu tiré de cet emploi.
Nous croyons qu'il faut inciter autant ceux qui ont un revenu
supérieur au retour au travail que ceux qui ont un revenu
inférieur. Si en haut de $5000, on déduit la totalité,
cela veut dire que quelqu'un qui gagne $15 000 et qui s'en va se prendre un
emploi à $10 000, la différence entre $5000 et $10 000, comme on
va la déduire en entier, le gars ne sera sûrement pas
intéressé à aller se chercher un emploi à ce
salaire. Il va tenter plutôt de se ramasser un petit emploi et d'avoir un
petit peu moins cher pour avoir moins de déductions. Ce qui n'existe pas
normalement dans un régime privé, même d'invalidité
à long terme jusqu'à 65 ans.
A l'article 35, en ce qui concerne la période de sept jours au
cours de laquelle une victime ne reçoit aucune rente, nous croyons que
la victime devrait recevoir la rente à compter de la première
journée d'incapacité, si cette incapacité est d'une
durée minimum d'au moins quatorze jours. Donc, cela existe dans
plusieurs régimes. On considère que pour éviter une perte
complète de sept jours, si la durée d'absence est au moins
si on prend l'exemple chez les fonctionnaires une période de paie
complète, à ce moment, elle devrait recevoir son
indemnisation.
Article 37. Indeminité minimum. En se référant
aussi à l'article 42, nous croyons que le régime d'assurance
automobile devrait prévoir des indemnités de rentes non
intégrées à la Régie des rentes dû au fait
qu'il s'agit de deux régimes différents, et que si nous comparons
les montants des primes versés pour chacune de ces rentes, aucune
intégration des coûts n'est effectuée en vertu de
chacun.
Nous serions d'accord sur une telle mesure si une partie du montant du
coût de la prime d'assurance automobile était déduite du
revenu de toute personne résidant au Québec. Il devrait en
être de même à l'article 38, paragraphe 1), dans lequel on
fait aussi référence à la restriction de l'article 42.
Article 37, paragraphe 6). Dans cet article, la régie se
réserve le droit d'annuler toute rente payable à une personne
à charge si, dans son opinion, cette personne pouvait ne plus être
à la charge de la victime. Nous croyons qu'une telle disposition permet
à la régie de s'approprier un pouvoir de jugement qui serait
difficilement contestable, car il suffit pour la régie de
prétendre, dans son opinion, que la personne à charge ne serait
plus à la charge de la victime, si elle avait vécu, et la
régie pourrait abolir toute rente payable.
Prenons l'exemple de quelqu'un qui aurait plusieurs enfants et
qu'à ce moment, suite au décès du père, en a
placé un ou deux qui étaient à sa charge, sauf qu'un
moment donné il y en aurait un qui serait placé partiellement; la
régie pourrait prétendre qu'elle n'a plus de
responsabilité envers celui-là et ce serait difficilement
contestable.
Article 39. Indemnité de décès d'une personne
majeure sans conjoint. Nous considérons que l'indemnité de $2000
versée à la succession n'est pas adéquate.
Si l'on compare le décès d'une personne majeure avec le
décès d'un enfant mineur, nous pouvons constater que le montant
forfaitaire est de $4000. Nous croyons que cet écart est vraiment
injustifiable.
De plus, la définition de personne majeure nous laisse supposer
que celle-ci inclut aussi un enfant majeur qui serait encore étudiant.
Ce qui justifie encore plus notre demande de modifier le montant de $2000
payable pour le décès d'une personne majeure à $4000 qui
est l'équivalent du montant payé pour le décès d'un
enfant mineur.
Article 56. Exécution d'une décision. Cet article laisse
entendre que toute décision rendue par la régie ne devient
exécutoire que si celle-ci est homologuée par la Cour
supérieure et que l'homologation enlève tout droit d'appel
à la victime. Ceci semble faire en sorte que la victime qui serait dans
des conditions pécuniaires difficiles serait portée à
accepter la décision de la régie pour l'établissement
d'une rente afin de recevoir celle-ci immédiatement sans pouvoir se
prévaloir de son droit d'appel prévu à l'article 57.
Article 57. Demande de révision. Dans le cas d'indemnisation pour
cause d'invalidité, le délai de 60 jours semble à
première vue beaucoup trop restreint car, dans plusieurs cas,
l'invalidité partielle ou totale n'aura sûrement pu être
déterminée définitivement. A ce sujet, nous croyons que
l'on devrait avoir un délai minimum d'au moins un an.
Article 58. Contestation d'une décision rendue par le
comité de révision de la régie. Cet appel devrait
être entendu: 1) par un comité d'appel formé de trois
membres dont un membre désigné par le Collège des
médecins, un membre désigné par le surintendant des
assurances parmi les assureurs régis par cette loi et un membre
nommé par le surintendant des assurances parmi les associations
accréditées représentant les travailleurs au
Québec. 2) Suite à la décision rendue par ce
comité, l'une des parties, soit la régie ou la victime, pourrait
en appeler devant un juge nommé spécifiquement pour entendre les
causes de victimes d'accidents d'automobile. Cette décision serait
finale et sans appel. La victime devrait avoir droit de se faire
représenter devant l'une ou l'autre de ces instances ou être
accompagnée d'une personne de son choix.
Nous préconisons cette procédure afin d'éviter les
difficultés qu'on rencontre dans divers organismes où les seuls
comités font déjà partie de l'un ou l'autre des organismes
gouvernementaux.
Nouvelle décision. Article 71. Si cette décision est prise
dans le but de déterminer que l'invalidité n'est devenue que
partielle ou que l'invalidité a cessé, cette décision
devrait être prise par la régie seulement après que
celle-ci aurait obtenu les résultats d'un examen médical
prévu-aux articles 62 et 63. A l'article 62, c'est un examen qui est
demandé par le médecin de la victime et, à l'article 63,
c'est la régie qui peut faire examiner la victime.
Titre III. Dommage matériel, responsabilité civile.
Article 77. Montant d'assurance obligatoire minimum. Considérant
que lors d'un accident pouvant impliquer un transport en commun (autobus, etc.)
ou un transport lourd, afin d'avoir un montant minimum suffisant, celui-ci
devrait être porté à un minimum de $100 000. De plus, on
sait que le coût additionnel pour une telle protection est vraiment
minime. De plus, actuellement, en Ontario tout comme dans plusieurs autres
Etats, le montant minimum d'assurance-responsabilité est
déjà de $100 000 et plus.
Article 79. Charge à l'assuré due à la victime par
franchise. Il devrait être stipulé que cette charge
conservée par l'assuré pour franchise due à la victime ne
peut, en aucun temps, excéder $200, ceci conformément à
l'avenant reconnu par le bureau du surintendant des assurances dans les polices
actuelles.
Article 81. Fin du contrat d'assurance par l'assureur, paragraphe 1.
S'il s'agit de l'annulation d'un contrat dans les 60 jours de sa mise en
vigueur, seulement s'il y a des faits permettant à l'assureur de prouver
que ces faits n'étaient pas connus au moment de la mise en vigueur dudit
régime, un avis devrait être adressé à
l'assuré lui indiquant ces raisons. Dans ce cas, le contrat devrait
prendre fin seulement 15 jours après la réception de cet avis. Il
est à noter que ce délai de 15 jours existe déjà
actuellement avec la plupart des assureurs.
Article 81, paragraphe 2). Pendant la durée du contrat
d'assurance, l'assureur ne devrait pouvoir résilier celui-ci qu'en cas
d'augmentation considérable il faudrait modifier cette phrase de
la façon suivante, enlever "de nature à augmenter
substantiellement la possibilité" pour continuer ainsi pour un
assureur raisonnable de continuer à assurer la protection d'un tel
assuré ou lorsque la prime n'a pas été payée en
totalité dans un délai minimum de 30 jours après le
renouvellement ou la mise en vigueur du contrat.
Pourquoi donne-t-on un délai de trente jours pour payer la prime?
C'est qu'en vertu de la loi l'assurance devient obligatoire et qu'au moment du
renouvellement on aurait pu par le texte de loi obliger l'assuré
à payer sa prime immédiatement la première journée;
sans cela, on aurait pu annuler son contrat. Je pense que ce n'étaient
pas les intentions, sauf qu'avec les assureurs, parfois on vit des
problèmes.
Article 90. Nous croyons qu'il serait important que l'on
définisse à l'article 1 ce que couvrent la couronne, ses agents
et mandataires, puisque ceux-ci sont dispensés de l'obligation de
détenir une assurance comme tout autre citoyen de la province. Il est
important de connaître les personnes ou organismes qui seront
dispensés de cette obligation.
Chapitre II, responsabilité civile. Opération du fonds
d'indemnisation.
Article 129. Le montant maximum d'assurance-responsabilité
obligatoire devrait être porté à $100 000 au lieu
d'être limité à $50 000. Dans le cas de victime d'un
dommage corporel visé au paragraphe b) de l'article 17, on devrait
prévoir que ce montant soit jusqu'à concurrence de $100 000,
pouvant couvrir toute blessure, décès ou dommages aux biens en
dehors d'un chemin public, parce que là, dans les polices, il faudrait
le prévoir.
Titre V. Financement de la régie et du fonds d'indemnisation.
Article 132. La régie devrait être dans l'obligation de
présenter ses expertises actuarielles à la Régie des
services publics qui devrait tenir des audiences publiques et statuer sur toute
augmentation possible des montants exigibles. Nous croyons que la régie,
comme tout assureur, ne devrait pas avoir le pouvoir discrétionnaire de
décider de toute augmentation des sommes exigibles.
Puisque ce régime est une mesure sociale applicable à tout
citoyen de la province, nous considérons qu'une partie du financement
devrait être contribuée à même tout revenu brut, tout
comme à la Régie des rentes du Québec.
De plus, ce montant pourrait être, par exemple, de 0,2% qui
s'ajouterait au 1,8% que nous payons déjà sur nos gains bruts
à la Régie des rentes du Québec. Ce mode de perception
n'apporterait aucun coût additionnel d'administration.
A la fin de chaque trimestre, la Régie des rentes du
Québec n'aurait qu'à faire parvenir à la Régie 0.2%
du total de ses cotisations perçues.
Nous considérons que ceci pourrait amoindrir le coût
d'utilisation d'une automobile qui est actuellement nécessaire pour plus
d'un travailleur.
Titre VI. Corporation des assureurs autorisés.
Article 153, centres d'évaluation chargés de faire les
évaluations des dommages subis par une automobile.
Puisque la corporation est constituée en grande majorité
d'assureurs, celle-ci ne devrait pas avoir le pouvoir de créer des
centres d'évaluation qui deviendraient à toutes fins pratiques
leur propre organisme.
Cette mesure ferait en sorte de centraliser cette opération
à un ou deux endroits dans un territoire donné et apporterait aux
assurés des périodes d'attente assez considérable dans
certains cas et, dans d'autres cas, des coûts de transport additionnels
du véhicule.
De plus, ceci amènerait, à courte échéance,
la disparition de la juste concurrence qui peut exister entre les grands
dépositaires d'automobiles et les garages d'entreprise familiale ou
autres, ce qui
nous permet de constater que l'assuré aurait à payer pour
de telles mesures.
Plutôt que d'établir un tel système, il serait
préférable d'utiliser les évaluateurs déjà
qualifiés dans ce travail pour faire l'évaluation de la
réparation à l'endroit choisi pour la réparation dudit
véhicule par l'assuré.
Par contre, il faudrait prévoir que l'assuré ne puisse
modifier son choix de l'endroit des réparations après que
l'évaluateur ait pris entente sur le coût de la réparation.
Tout évaluateur devrait être agréé par la
régie, donc reconnu par la Régie. Un tel système existe
chez les fonctionnaires qui a permis de modifier le coût de
réparations chargées, le coût d'administration à 22%
pour la compagnie d'assurances.
Article 154. Par contre, nous serions d'accord pour que la corporation
établisse des centres de vérification des réparations,
ceci afin de s'assurer que les réparations ont réellement
été effectuées selon l'évaluation et l'entente
convenues avec le garage choisi par l'assuré et que toutes les
pièces à être remplacées l'ont réellement
été.
L'accès à ces centres serait vraiment facile pour
l'assuré dû au fait que le véhicule serait à ce
moment en état de circuler. De plus, cette vérification ferait
aussi en sorte que tout véhicule qui a subi des dommages serait de ce
fait vérifié avant d'être de nouveau en circulation. Ceci
apporterait une grande amélioration à la sécurité
routière.
Article 158. Nous sommes d'accord en partie avec cet article sauf en ce
qui a trait à l'établissement ou l'agrément de centres
d'évaluation. (Voir nos commentaires à l'article
précédent, 153). De plus, nous croyons qu'il ne devrait pas
être l'organisme chargé pour trouver un assureur à tout
propriétaire d'automobile. Cette partie laisse croire que seule la
corporation peut déterminer comment tout propriétaire doit
trouver un assureur autorisé. Nous croyons que chaque
propriétaire devrait avoir la possibilité d'utiliser les servi-
ces d'un agent ou d'un représentant local pouvant le représenter
dans un domaine aussi complexe, encore plus si le propriétaire est dans
l'obligation de traiter directement avec cette corporation.
Articles 162, 163 et 164. Obligation de chaque assureur au sujet du
manuel de tarification. Nous trouvons inconcevable que la seule obligation pour
un assureur qui augmente sa tarification soit celle de déposer son
manuel de tarifs, dans les dix jours qui suivent cette modification, au
surintendant des assurances. De plus, toute augmentation ne devrait être
justifiable que dans le cas de mauvaises expériences ou
d'expériences déficitaires.
Article 176. Pouvoir de réglementation. Cette partie permet
sûrement à la régie de modifier par règlement
certains points très importants qui feraient en sorte de diminuer
certaines possibilités d'obtention d'une rente, tel qu'au paragraphe f),
lorsque la régie se réserve le pouvoir de redéfinir le mot
"invalide" prévu aux articles 37, paragraphe 5) et 38, paragraphe 2).
Nous considérons qu'elle devrait plutôt prendre la
définition déjà existante dans certains régimes
publics, en prenant comme exemple le Régime de retraite des
fonctionnaires. Je m'excuse, dans le RREGOP cela n'existe pas cette
définition. Il faudrait donc rayer le RREGOP à la fin. Je vous
remercie de votre attention.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Fréchette.
Nous en sommes à l'heure de l'ajournement. Nous devrons vous demander de
revenir demain vers 10 heures. Etes-vous disponible pour demain?
M. Frechette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): D'accord. La commission ajourne
donc ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)