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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des consommateurs, coopératives et
institutions financières est réunie pour continuer l'étude
du projet de loi 67, Loi sur l'assurance automobile.
Les membres de la commission, pour ce matin, sont: M. Beauséjour
(Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M.
Lefebvre (Viau); M. Proulx (Saint-Jean) remplace M. Marois (Laporte); M.
Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Vaillancourt (Jonquière).
A l'ajournement d'hier, nous en étions au mémoire du
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec Inc., et M.
Fréchette avait terminé son exposé. Je donne donc
immédiatement la parole à Mme le ministre.
Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec Inc. (suite)
Mme Payette: Merci, M. le Président. M. Fréchette,
hier, vous nous avez dit qu'à l'article 39 du projet de loi vous
n'étiez pas d'accord avec l'indemnité de $2000 en cas de
décès d'un célibataire majeur et vous vous interrogez
à savoir si célibataire majeur cela comprend aussi
étudiant majeur. La réponse à cela c'est oui. Est-ce que
vous pourriez me dire pourquoi vous trouvez que cela n'est pas suffisant, si on
tient compte du fait qu'il s'agit d'assurance automobile et non pas
d'assurance-vie?
M. Fréchette (Jean-Guy): Un enfant mineur qui
décède a l'équivalent d'un montant de $4000. S'il s'agit
d'un enfant majeur, je ne vois pas comment on peut justifier de donner moins en
ce qui concerne une telle personne quand on donne un montant de $4000 lorsqu'il
s'agit d'un enfant mineur. Les frais on parle de frais funéraires
et tout cela sûrement que pour ceux qui vont avoir à
s'occuper des frais, cela va être même plus élevé
pour une personne majeure que pour une personne mineure. Donc, si on en tient
compte, en ce qui concerne les frais qui peuvent être encourus, je ne
vois pas pourquoi on arrive avec un montant inférieur.
Mme Payette: Je pense que vous avez probablement bien compris que
tout le régime est basé sur le remplacement de la perte
économique d'une personne; est-ce qu'on ne peut pas penser qu'une
personne célibataire majeure qui décède dans un accident
d'automobile, il n'y a pas de perte économique puisqu'il n'y a pas de
dépendants du tout?
M. Fréchette: Oui, mais je pense que le montant payable,
qui est un montant global, et non pas seulement le salaire, parce que si c'est
une personne majeure qui aurait des responsabilités, donc qui serait un
conjoint, à ce moment, c'est évident qu'il y a autre chose. On
parle ici d'une personne qui est majeure, sans conjoint. C'est évident
que la personne avait peut-être des gains, sauf que, pour certaines
personnes, on n'a peut-être pas prévu de montant en caisse, parce
que le salaire était peut-être moins élevé, et la
succession aura quand même à s'occuper des frais. Pour une
personne mineure, il n'y a pas de perte de revenu non plus. Le montant qu'on
donne, je considère qu'on le donne à la suite du
décès pour payer à peu près les frais que cela peut
couvrir.
Mme Payette: Les frais funéraires sont remboursés
à part ce montant forfaitaire qui est payé. C'est-à-dire
qu'il y a un montant prévu pour les frais funéraires qu'il
s'agisse d'un mineur ou d'un majeur dans le projet de loi. Ce n'est pas
compris dans les $2000 dont on parle qui sont simplement un montant
forfaitaire.
M. Fréchette: Oui, mais si je ne me trompe pas, les frais
funéraires sont payés à peu près dans la même
proportion que la Régie des rentes paie, ce qui donne à peu
près, si on prend cette année, $930.
Mme Payette: Vous ne trouvez pas, M. Fréchette, que c'est
normal qu'on essaie de ne pas encourager outre mesure les folles
dépenses au moment du décès de quelqu'un? Nous, on a
été conscients de cela et on a voulu éviter dans un projet
de loi comme celui-là de donner libre cours à cette espèce
de folie de dépenses qui intervient au moment du décès de
quelqu'un.
M. Fréchette: Oui, c'est évident, sauf qu'il y a
des frais qui sont parce que j'ai eu l'occasion de passer dans ce
système supplémentaires réellement aux $930 qu'on
peut retirer.
Mme Payette: Est-ce qu'ils sont nécessaires ces frais?
Vous dites qu'ils sont supplémentaires, mais est-ce qu'ils sont
nécessaires?
M. Fréchette: En général, vous n'êtes
pas capable de vous en tirer en bas d'un montant de $2500, c'est le
minimum.
Mme Payette: Les funérailles?
M. Fréchette: Les funérailles, tout ce que cela
peut coûter en bas de $2500, vous avez besoin de faire attention.
Mme Payette: A l'article 77, en page 6, vous recommandez que le
montant minimal pour l'assurance obligatoire soit porté à $100
000. Est-ce que je peux vous demander sur quoi vous vous reposez pour demander
qu'on hausse à $100 000 le montant minimal? Il s'agit bien toujours d'un
minimum, parce que rien n'empêche dans la loi quelqu'un de prendre $100
000, $200 000 ou $250 000 de couverture. Il s'agit d'un minimum, $50 000.
M. Fréchette: En général, à l'heure
actuelle, si on prend certains exemples, la plupart des gens ont
déjà la couverture de $100 000. Si on regarde la
différence de coûts entre $50 000 et $100 000, qui est à
peu près de $6 ou $7, il est peut-être nécessaire de mettre
une protection qui couvrirait tout inconvénient assez grand qui pourrait
arriver. Si on met un montant pas mal inférieur, lorsque arrive un
accident, la personne dit: Je n'en ai pas assez; j'aurais dû au moins
penser à avoir un minimum raisonnable. C'est seulement quand l'accident
arrive. Par expérience, à l'intérieur du groupe des
fonctionnaires où on a établi un plan, on n'a pas voulu aller en
bas de $100 000 justement pour éviter ces problèmes qui se vivent
au moment d'un accident.
Il est évident que la personne va toujours vous dire: J'en ai
assez; $35 000, ce serait peut-être assez. Sauf qu'au moment d'un
accident elle va réaliser que le montant n'est peut-être pas assez
élevé. Vu la différence de coûts minime entre les
deux, on est peut-être mieux, tandis qu'on va vers une réforme, de
le prévoir globalement.
Mme Payette: Vous proposez également que la franchise soit
limitée à $200. Là, j'ai de la difficulté à
suivre votre raisonnement parce que vous demandez qu'on porte à $100 000
la couverture obligatoire et vous demandez qu'on limite à $200 la
franchise. D'autre part, j'imagine que, si vous nous proposez cela, c'est que
vous n'avez pas tenu compte du fait que certains camions, par exemple, ou
certaines flottes de transport ont des franchises de l'ordre de $1000. Cela
arrive très souvent.
M. Fréchette: Oui, mais si vous avez remarqué, ce
que je disais, c'était pour un particulier. J'ai ajouté, hier,
à mon texte que je parlais de personnes, de particuliers qui auraient
une automobile. C'est évident que s'il s'agit d'une flotte
commerciale... J'étais là lorsque l'association des camionneurs a
présenté son mémoire. Le montant de $200, je le voyais
pour le cas d'un particulier afin d'éviter que la compagnie ne vende une
protection avec $500, $600, $700 ou $1000 de franchise. Quand il va arriver un
accident au gars en question, il va découvrir que cela lui coûte
trop cher et qu'il n'est presque plus capable de couvrir les risques.
Mme Payette: II y a une chose qui m'a beaucoup
étonnée, M. Fréchette, à l'article 132, quand vous
dites que la régie a trop de discrétion pour déterminer
les cotisations annuelles.
Vous avez compris, j'imagine, que la régie doit faire approuver
ses hausses de cotisation par le gouvernement et vous proposez que ce soit
plutôt la Régie des services publics. Est-ce que je peux vous
demander pourquoi?
M. Fréchette: C'est que la régie est un organisme
gouvernemental et c'est lui-même qui l'approuve. Donc, si on regarde la
Régie des services publics, au moins chaque fois qu'il peut arriver une
hausse, même le public peut présenter des mémoires et se
faire entendre. Devant les groupes qui pourraient se faire entendre, on devra
la justifier. Autrement, vous la déposez au gouvernement, je suis bien
d'accord, je n'ai pas à craindre les personnes qui sont en place, sauf
qu'à un moment donné on est pris devant le même organisme
qui administre lui-même, qui prend la décision de l'augmentation.
C'est pour cela que je pense qu'on pourrait faire comme l'Hydro le fait, elle
se présente et doit la justifier.
Mme Payette: II y a certaines notes au sujet de l'article 10, en
page 1. Ce sont des représentations qui nous ont déjà
été faites en commission et l'article 10 est en révision
actuellement, dans le sens, je pense, que vous le proposez. Pour l'instant,
tout ce que je peux dire, c'est qu'on prend note de la remarque sur l'article
12.
M. le président, je pense que j'ai terminé pour l'instant.
Si c'était nécessaire, je reviendrai après.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Oui, M. le Président, je remercie le
Syndicat des fonctionnaires provinciaux de bien avoir voulu se donner la peine
de venir nous expliquer son point de vue sur ce projet de loi. J'aurais
quelques questions à poser, avec votre permission. A votre
première page, vous dites: Commentaires, article 9, conjoints non
mariés, pourriez-vous nous détailler un peu plus quelle est la
différence concernant la reconnaissance légale d'une concubine?
Quelle est la teneur de cet article dans le régime de retraite des
fonctionnaires et du régime général?
M. Fréchette: Voici ce qui est arrivé, dans le
régime de retraite des fonctionnaires, on avait déjà
présenté une demande afin que soit reconnu comme conjoint de vie
commune, au lieu de sept ans, que ce soit après trois ans.
Cela a éé accepté et la loi a été
amendée le 10 août 1977 autant dans le Régime de retraite
des fonctionnaires que dans le RREGOP A ce moment-là, après une
vie commune de trois ans, on est reconnu comme étant le conjoint. C'est
pour cela qu'à cet article on demande que, puisque c'est une nouvelle
loi qui va être en vigueur, elle soit en concordance avec les autres lois
qui reconnaissent la vie commune.
M. Saint-Germain: Dans ces deux régimes, est-ce que cet
article laisse autant de liberté au fonds d'indemnisation que cette loi?
On voit dans cette loi que la régie a beaucoup à dire pour
déterminer si on doit considérer ou non les droits d'une
concubine. On dit: la régie peut décider qu'une personne doit
être réputée. On ne dit pas doit, mais on dit peut. Alors
il y a beaucoup de liberté de...
M. Fréchette: Disons que le texte n'est pas le même
dans le Régime de retraite des fonctionnaires. Dans ce régime on
dit qu'une personne est réputée pour les fins de la
présente loi être le conjoint de l'autre s'il y a vie commune et
ce, pour une période de trois ans. Le texte n'est pas le même,
c'est évident. Sur cette partie on a peut-être moins appuyé
puisqu'on demandait à certains autres articles qu'une personne,
après être allée à un comité d'appel à
la régie, puisse en appeler à un juge qui serait nommé
comme cela existe dans les régimes de retraite pour les employés
du secteur public et parapublic. Il y a déjà un comité
d'appel. Si la décision rendue par le comité d'appel ne satisfait
pas la commission ce qui pourrait dire ici la régie ou le
plaignant, à ce moment là l'un des deux peut en appeler de la
décision devant un juge nommé indépendamment. C'est pour
cela que sur l'autre partie du texte on n'a pas insisté.
M. Saint-Germain: Vous n'êtes pas sans savoir que,
traditionnellement dans nos lois, nous avons toujours considéré
la famille comme celle dont les époux étaient dûment
mariés. On a toujours voulu, pour la préservation de ce noyau de
la société, éliminer autant que possible les droits
juridiques des concubins.
Il est possible, avec l'évolution des temps, que ce point de vue
ait changé parmi la population. Il est possible qu'il soit dans
l'intérêt public de donner des drois à ceux qui vivent en
concubinage. Il reste que c'est une notion, à mon avis excessivement
importante. Croyez-vous qu'on devrait démolir petit à petit cette
philosophie ou cette façon de voir dans chaque projet de loi où
on parle de rentes, d'indemnisations ou de droits, ou ne devrait-on pas changer
d'un seul coup ces lois traditionnelles de façon que le public soit bien
au courant des tendances qui existent au niveau du gouvernement et qu'il soit
à même de nous donner ses opinions sur cette tradition qu'on ne
devrait pas démolir petit à petit comme on le fait dans le
moment?
M. Fréchette: On doit, à un moment donné,
s'adapter à la vie qui se produit et aux événements.
Même dans les régimes de retraite cela vient d'être
amendé. C'est par suite des situations qui existent que la loi s'ajuste.
A ce moment, il est évident que la loi, si elle était en vigueur
avant qu'une telle situation existe dans la population, aurait peut-être
changé les moeurs qui existaient. Sauf qu'on constate aujourd'hui qu'on
est obligé de s'ajuster, comme cela se produit dans bien des choses,
à ce qui se passe. C'est l'évolution. On n'a pas le choix. C'est
évident qu'avec cela on n'enlève pas encore la famille, mais on
est obligé de tenir compte d'une réalité qui existe
même si on ne le veut pas. Même à l'intérieur des
conventions du syndicat des fonctionnaires on a été obligé
de s'ajuster en conséquence parce que ce système existe. On ne
peut pas le changer tant que les lois vont permettre la possibilité de
vie commune sans autre recours; on est obligé de la protéger
quand même parce que cette vie existe.
M. Saint-Germain: Croyez-vous que tout ceci doit être
changé petit à petit dans nos lois, mais qu'il ne serait pas dans
l'intérêt public de changer le Code civil à ce sujet? Il me
semble anormal qu'une loi ou une tradition aussi importante puisse être
changée petit à petit, d'une façon très subtile
sans que le grand public nécessairement ne se rende compte que petit
à petit on va vers cette reconnaissance du concubinage d'une
façon officielle.
Il me semble qu'il y aurait un élément
d'honnêteté à changer cela globalement et à dire au
public: Nous constatons que c'est cela, la situation, comme vous venez de
l'expliquer. Admettez-vous qu'on doive légalement, dans nos lois,
reconnaître cette situation ou devrait-on tendre, comme dans le
passé, à toujours reconnaître la famille conventionnelle
comme la cellule de base de notre société?
M. Fréchette: Je ne discuterai pas du Code civil ici,
mais, tant et aussi longtemps que le Code civil va permettre ces choses, je ne
vois pas comment on pourrait les restreindre ailleurs et donner les mêmes
droits. Si vous avez une vie commune et que des enfants sont nés de
cette union, je pense qu'on ne doit pas brimer ce groupe parce que cela a
été permis. Peut-être que les lois ont été
trop larges auparavant, mais, que voulez-vous, on vit de la situation. Je ne
pourrais pas changer le Code civil là; je ne voudrais pas discuter de ce
système.
M. Saint-Germain: Non, mais vous avez déjà mis une
condition, vous avez dit: S'il y a des enfants. C'est à cause de
facteurs comme ceux que vous venez de mentionner que je crois enfin,
c'est une opinion qu'on doit, en toute honnêteté pour le
public, analyser cette situation d'une façon globale, au lieu d'y aller
petit à petit comme cela.
De toute façon, à l'article 10, on pourrait probablement
avoir à peu près le même argument. Actuellement, il y a des
moyens bien établis pour protéger les mineurs et des lois qui
définissent bien quelles sont les responsabilités des tuteurs,
etc. Cela semble être accepté par tous les gens concernés.
Ici, on donne à l'office le pouvoir de passer outre à ce qui est
établi actuellement. Est-ce que vous ne croyez pas que cet article
devrait être biffé tout simplement?
M. Fréchette: Même si cela existe, ce que nous
voulons, c'est qu'il arrive des modifications. Que ce soit dans le sens
où cela s'applique dans la
loi existant actuellement, c'est peut-être satisfaisant, sauf que
ce que j'ai eu à faire, c'est prendre le texte qui existait là,
émettre certains commentaires et dire: Si c'est la régie qui a ce
pouvoir, il devrait aussi y avoir des normes pour que ce ne soit pas
laissé complètement libre. C'est pour cela que nous avons mis des
normes précises qui, selon ce qu'on pensait, devraient se rapprocher du
système actuel.
M. Saint-Germain: A l'article 12, je crois que vous avez raison
si la régie peut payer par un montant forfaitaire. Je crois bien que les
citoyens qui préféreraient être payés par un montant
forfaitaire, au lieu d'être payés par une rente, devraient avoir
le moyen, si vous voulez, de défendre leur point de vue à ce
sujet.
A l'article 30, vous parlez de l'intégration des
indemnités versées. Plusieurs personnes nous ont dit
qu'intégrer ces indemnités, c'est injuste pour les victimes
d'accidents d'automobiles. D'un autre côté, vous n'acceptez pas la
loi telle que rédigée, mais vous dites à la page 3: Nous
croyons que, dans ce cas, on ne devrait déduire que 50% de ces
régimes. Quelle philosophie, quel point de vue soutient votre
argumentation à ce point de vue?
M. Fréchette: Je pense que si on regarde l'article suivant
aussi, on dit: Lorsqu'il y a une partie de salaire qui peut être
gagnée pour une personne qui a un autre emploi allant jusqu'à $55
000, on déduit 50%. Comme le revenu d'un retraité, ce sont ses
rentes; nous considérons que la perte n'existe pas comme telle, comme
salaire-revenu. Mais comme il semblerait avoir une partie de perte, nous
considérons que son revenu, qui proviendrait de la Régie des
rentes, qui est considéré comme un salaire pour l'homme à
65 ans, serait considéré comme un emploi. Donc, il ne pourrait
être déduit que 50%.
Par contre, on revient à la fin en disant, à l'article 37:
Si on intègre les parties des rentes, on devrait, à ce moment,
voir, parce qu'à l'article 37 on dit: Pour quelqu'un qui est sur le
marché du travail, il a perte complète. A ce moment, on ne
devrait pas l'intégrer sur cette partie. C'est pourquoi, à
l'âge de 65 ans, normalement, le seul revenu est son revenu de la
Régie des rentes, son fonds de retraite du fédéral,
peut-être, ou d'autres régimes. Mais, les autres régimes,
nous demandons qu'ils soient exclus parce que l'autre régime de retraite
prescrit que l'employé pourrait s'être pris quelque chose comme
une police d'assurance qui ne devrait être aucunement
intégré.
Mais le revenu qu'il retire de la Régie des rentes, on demande
une intégration seulement à 50%, lorsqu'il s'agit de quelqu'un en
haut de 65 ans. Ni plus ni moins, c'est son salaire.
M. Saint-Germain: Oui, vous l'assimilez plutôt à un
salaire.
M. Fréchette: C'est cela.
M. Saint-Germain: Mais, il reste que le Régime de rentes,
tout de même, est payé et par l'employeur et par l'employé.
Ce n'est pas payé, si vous voulez, à même les revenus de la
taxation. Le régime actuel, la philosophie qu'il sous-tend, c'est de
compenser les gens pour perte de revenus. Celui qui n'a pas d'accident
d'automobile, quelles que soient ses économies, quels que soient ses
revenus, quelles que soient ses rentes, même actuellement, qu'il quitte
le travail ou qu'il ne travaille pas passé 65 ans, va recevoir son
Régime des rentes sans condition. Ne croyez-vous pas que, dans ce
raisonnement que je vous fais, il y a une certaine anomalie? Si on indemnise
les gens pour perte de revenus à cause d'un accident d'automobile, on
devrait considérer le Régime de rentes comme étant une
source de revenus bien à part, qui n'a pas de relation entre ces deux
sources.
Je comprends très bien que vous disiez que cela remplace son
salaire, mais cela ne me semble pas être juste tout à fait, parce
que le type sans accident va travailler jusqu'à 65 ans, et cela ne
remplace pas son salaire. C'est une rente qu'il s'est payée de
lui-même avec son employeur de par la loi.
M. Fréchette: Ce qu'on dit, c'est qu'en haut de 65 ans,
comme il y a normalement un seul revenu qui est son gain, qui est
considéré comme un salaire, c'est à ce sujet qu'on
l'assimile. Normalement, il n'y a pas d'autres pertes de revenu. C'est pourquoi
on fait en sorte qu'il va lui rester un montant excédentaire, comme une
personne qui irait se trouver un emploi de réhabilitation, de
rééducation comme vous l'appellerez, sauf qu'il va se trouver un
emploi qui est sur le marché du travail. C'est pourquoi, à
l'article 37, on dit qu'il ne devrait pas être intégré
jusqu'à l'âge de 65 ans, parce qu'à ce moment
l'employé a peut-être le moyen d'aller se trouver un autre emploi
et de retirer une partie de salaire. Il faut considérer que la
définition de la Régie des rentes est vraiment plus vaste que
celle des régimes d'assurance en général, parce qu'elle
dit: Totalement et en permanence invalide. Ce qui veut dire qu'à ce
moment le gars ne peut rien faire. Cela, on a à le vivre assez
régulièrement dans certains cas. On découvre que la
définition est pas mal plus sévère que celle d'un accident
pour quelqu'un qui ne peut pas remplir son emploi directement.
Donc, quand on parle d'un emploi, je suis peut-être un
opérateur d'équipement, je me fais couper un bras, je ne suis pas
capable de conduire mon équipement, sauf que je peux être vendeur
dans un magasin. C'est différent et la Régie des rentes ne me
paiera pas, même si je me suis fait couper un bras, parce que je peux
travailler ailleurs. Elle ne me donnera pas une compensation entre les
deux.
M. Saint-Germain: A l'article 31, je crois que vous faites
là un commentaire très intéressant. J'ai été
un peu surpris que peu de mémoires aient abordé ce
problème. Je crois réellement qu'il va y avoir là une
perte de motivation au travail. Si on a un peu d'expérience dans
l'application de nos lois sociales, soit aide sociale ou
assurance-chômage, il y a toujours une minorité de la population
qui abuse du système ou qui n'est pas motivée au travail
tellement lorsqu'elle reçoit ces compensations. Dans ces conditions,
j'ai l'impression que cela va être simplement horrible.
Qu'arrivera-t-il? C'est que celui qui va être motivé au
travail va recevoir bien peu en indemnisation pour ses incapacités
partielles permanentes et celui qui ne veut pas travailler, justement parce que
les sommes qu'il va recevoir vont être assez importantes, va trouver
toutes sortes de moyens et il va se servir de son imagination à la
limite pour refuser du travail. Ce sera extrêmement difficile pour le
médecin de déterminer si une personne peut réellement
travailler ou pas. Il y aura certainement des injustices d'un côté
ou de l'autre. Celui qui ne voudra pas travailler, ses intentions seront mises
en doute et on pourra le forcer à retourner au travail. Cela pourrait
facilement être un type qui n'a plus les capacités d'assumer les
responsabilités qu'on lui donnera.
D'un autre côté, on aura l'inverse. Je ne sais pas, mais si
j'étais responsable de cette loi, je me pencherais longuement sur cet
article en particulier parce que cela va coûter cher et il va y avoir des
injustices.
Il y a aussi une chose bien importante que vous avez mentionnée
à l'article 58.Vous dites qu'il devrait y avoir un droit d'appel devant
un juge. Puis-je vous demander quelles sont les raisons qui vous amènent
à cette conclusion?
M. Fréchette: On vous donnait comme exemple que cela
existe déjà dans certains régimes gouvernementaux tels que
le régime de retraite qui couvre les secteurs public et parapublic
depuis 1973. Un comité de trois membres différents est
nommé, qui représente la partie gouvernementale et la partie
syndicale des employés; à la suite de cela il y a une
décision possible d'un juge indépendant. Pourquoi est-ce
demandé? Pour éviter que la population en général
dise: Je n'ai pas eu satisfaction, mais je ne peux en appeler d'aucune
façon. A ce moment-là, on sème toujours un doute sur un
organisme gouvernemental qui peut exister, peu importe l'organisme, peu importe
par qui ilestdirigé;c'estpouréviter chez la population le
soupçon qui peut rester que son cas n'a pas été bien
jugé, pour éviter toute critique possible par la suite. Ce qui
existe, c'est ce qui permet à certaines personnes, après des
rapports médicaux, de considérer ne pas avoir eu exactement ce
qu'elles pensaient avoir.
On sait que dans certaines situations il n'est pas possible d'en appeler
à quelqu'un d'indépendant; on entend souvent des critiques,
peut-être à raison ou à tort, qui disent: Je n'ai pas eu
satisfaction. Prenons l'exemple d'un accident de travail. L'appel se fait
à la Commission des accidents du travail où il y a des
comités, des médecins, etc., sauf que la personne doit prendre
cette décision. Parfois, la décision est peut-être
justifiée. Quand on regarde le cas, c'est peut-être vrai que la
commission n'avait pas à donner plus ou à reconnaître plus
d'invalidité, sauf que pour la satisfaction de tout le monde, il n'est
pas possible d'aller plus loin et d'obtenir une décision qui
n'impliquerait personne de la régie ou de la commission
d'aucunefaçon. Donc, il pourraity avoir une décision finale afin
qu'on ne puisse pas continuer d'en appeler dans d'autres cours de justice. On
nomme quelqu'un spécifiquement pour cela et la personne à qui on
en appelle rend la décision finale; à ce moment, cela permet
d'éviter toute critique possible et de donner satisfaction.
M. Saint-Germain: Les modifications que vous avez
apportéesen 1973 permettent un droit d'appel à un juge.
M. Fréchette: Oui, au RREGOP.
M. Saint-Germain: Est-ce un juge de la Cour
supérieure?
M. Fréchette: C'est un juge qui est nommé
spécifiquement par la Commission administrative des régimes de
retraite pour s'occuper des cas spécifiques.
M. Saint-Germain: Je veux dire que c'est un juge qui appartient
à la cour...
M. Fréchette: On spécifie que ce doit être un
juge. On ne lui donne pas de nom spécifique.
M. Saint-Germain: Et cela fait quatre ans que ce droit d'appel
existe?
M. Fréchette: Oui.
M. Saint-Germain: Est-ce que cela s'est avéré
positif avec le temps et l'expérience?
M. Fréchette: Ayant siégé au comité
de révision, je puis dire qu'un seul cas est allé devant le juge;
les autres cas ont tous été réglés au niveau du
comité. Un seul cas.
M. Saint-Germain: Est-ce que le fait qu'il y ait un droit d'appel
porte les gens du comité à être plus prudents?
M. Fréchette: C'est évident qu'avant de prendre une
décision une grande prudence est exercée. Ce n'est pas le fait
qu'il y ait un droit d'appel à l'extérieur, c'est le fait
qu'avant de prendre une décision à un tel comité, il doit
y avoir une étude complète du dossier. Mais s'il peut y avoir un
appel, pour une raison ou une autre, parce que les deux parties en
présence ont une certaine réticence, d'accord, le rapport doit
être majoritaire. Un rapport est fait, sauf qu'à ce
moment-là, même s'il y a une réticence de l'autre
côté, il reste encore une possibilité de régler le
cas.
Les personnes ont peut-être, de bonne foi, jugé le cas,
sauf qu'à ce moment-là il est peut-être resté des
éléments qui n'ont pas frappé les personnes qui ont eu
à prendre la décision.
M. Saint-Germain: Puisque vous avez une expérience
pratique de ce droit d'appel qui a été établi, est-ce que
cela a été une bonne chose de l'établir, est-ce que cela a
été positif?
M. Fréchette: Selon moi, oui.
M. Saint-Germain: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. A la première
page de votre mémoire, au bas, vous avez des commentaires au sujet de
l'article 12. Vous dites qu'il serait préférable que la victime
puisse choisir entre avoir une rente ou avoir un montant global. Est-ce que
vous pensez que ce choix pourrait avoir des avantages pour les victimes?
Pensez-vous que ce montant global est plus avantageux que la rente?
M. Fréchette: La personne est peut-être dans un
besoin assez urgent et ce montant global peut lui permettre de régler
ses problèmes urgents, familiaux ou autres, immédiatement. Parce
que le montant qui lui reste à recevoir lui semble minime, elle peut
peut-être vouloir avoir un montant global, au lieu de recevoir un petit
montant tous les quatorze jours, qui ne lui permettra peut-être pas de
régler la situation.
M. Fontaine: Est-ce que vous préconisez que les victimes
pourraient user de ce droit en toute circonstance, quel que soit le pourcentage
d'incapacité?
M. Fréchette: Non. Si vous regardez le texte, on dit:
Avant que la régie décide de verser. Cela veut dire que
normalement on verse une rente, sauf que, si la régie voulait verser un
montant global, à ce moment-là elle devrait avoir le consentement
de la victime. Cela veut dire que ce n'est pas en général qu'on
verse un montant global. Ce n'est pas à la demande de la victime qu'on
verse normalement un montant global, sauf que si la régie disait: Par
l'évaluation de l'invalidité, on doit verser un montant qui
couvre la période qui reste à couvrir, à ce
moment-là, au lieu qu'un montant lui soit versé
immédiatement, nous, ce qu'on veut, c'est que la victime soit
consentante.
M. Fontaine: D'accord. Vous avez, à la page 4, à
l'article 39, un commentaire qui est à point concernant les
indemnités de décès. Je pense que le ministre en a
sûrement pris bonne note et qu'il étudiera le problème.
L'exemple que vous donnez, entre autres, est tout à fait
justifié, parce qu'une personne majeure sans conjoint qui
décède cela doit au moins valoir autant qu'un enfant mineur, je
pense. Votre commentaire est à point là-dessus. Concernant le
droit d'appel mon confrère de Jacques-Cartier en a parlé
tout à l'heure vous préconisez, si j'ai bien compris, que
le droit d'appel qui est suggéré dans la loi de la Commission des
affaires sociales soit remplacé par un comité d'appel qui serait
formé d'un membre du Collège des Médecins, d'un membre
désigné par le surintendant des assurances, et d'un autre membre
désigné parmi les assureurs régis par le surintendant des
assurances. Cela remplacerait la Commission des affaires sociales?
M. Fréchette: Non. Ce qu'on demande, c'est que le
comité de révision qui était prévu à la
régie, qui est la première instance d'appel... Si vous regardez
la dé-finition de la régie, on dit: La victime peut demander,
à ce moment-là, une révision de son cas qui est
réexaminé et, par la suite, il est soumis à un
comité de révision de la régie. Donc, on considère
que le comité de révision de la régie devrait être
celui prévu en première étape, avec trois membres.
M. Fontaine: D'accord.
M. Fréchette: La Commission des affaires sociales, on la
remplace par un juge indépendant. Le public en général dit
qu'on retourne devant un autre organisme qui est encore du gouvernement. Je ne
dis pas qu'il ne rend pas de bons jugements, sauf que cela laisse toujours un
doute à la victime parce qu'on retourne à l'intérieur d'un
autre organisme gouvernemental.
C'est qu'on veut éviter de semer dans l'esprit de la victime un
deuxième jugement qui en est un d'un autre organisme du gouvernement,
pour permettre d'éviter toute critique, que ce soit n'importe quel
gouvernement qui soit en place. Cette loi va être administrée
pendant X années, on ne le sait pas, et on veut toujours éviter
qu'on se dise: Parce que j'étais peut-être une victime qui
n'était pas fervente du parti en place, je n'ai pas été
réglée avec satisfaction. Ce que je recherche dans un
système comme-cela, c'est d'éviter que des personnes disent: Je
n'ai pas été bien réglée parce que je
n'étais pas favorable à telle ou telle personne. Pour
éviter tout cela, nous suggérons un moyen, que ce soit d'un
côté ou de l'autre.
M. Fontaine: D'accord. En suggérant cela, vous êtes
conscient qu'il va y avoir beaucoup plus d'appels qu'à votre commission,
celle dont vous avez parlé tout à l'heure, avec le régime
d'assurance automobile.
M. Fréchette: II peut peut-être en avoir sauf que le
premier comité qui a à étudier les cas de révision
n'est pas seulement un organisme gouvernemental, il est nommé autrement,
ce qui devient déjà un comité indépendant.
M. Fontaine: A la page 8 de votre mémoire, concernant les
centres d'évaluation, à l'article 153, vous avez un paragraphe, I
avant-dernier au bas de la page: "De plus, ceci amènerait à
courte échéance la disparition de la juste concurrence qui peut
exister entre les grands dépositaires d'automobiles et les garages
d'entreprises familiales ou autres, ce qui permet de constater que
l'assuré aurait à payer pour de telles mesures." Vous
considérez que les centres d'évaluation vont être une
mauvaise chose parce que cela ira contre l'effet de la concurrence, c'est
exact?
M. Fréchette: Oui, parce que je considère que si on
fait tout au centre d'évaluation, celui-ci ne pourra pas le faire pour
les taux sur autre chose que les grands garages, les dépositaires, parce
qu'il devra s'en tenir là. Si je décide de faire réparer
ma voiture, après être allé au centre d'évaluation,
dans un grand garage, il est évident que le centre d'évaluation
devra avoir fait mon évaluation pour que je puisse faire réparer
ma voiture, après être allé au centre d'évaluation,
dans un grand garage, il est évident que le cen-
tre d'évaluation devra avoir fait mon évaluation pour que
je puisse faire réparer mon automobile chez le dépositaire, sans
cela, si on la fait selon l'évaluation du petit garage, cela ne sera pas
possible parce que quand j'arriverai chez le dépositaire, je ne pourrai
pas y aller. Ce qui arrive, chez un dépositaire, si vous faites
réparer là, cela vous permet d'avoir une automobile de
"courtoisie". Il demande assez cher cela lui permet de prêter une
automobile pendant qu'il répare la tienne. Mais dans le petit garage, il
n'en a pas, il ne peut pas t'en prêter. S'il a trois ou quatre
automobiles à réparer, il peut peut-être te prêter
son automobile personnelle, mais il ne peut pas la prêter à trois
ou quatre personnes en même temps. C'est évident qu'il ne pourra
pas le faire. C'est pourquoi il faut que l'on regarde en entier le
système qu'on préconise. On dit que la victime de dommages
choisit son garage. L'évaluateur qui va faire l'évaluation, qui
pourrait être un évaluateur, et on le dit bien, reconnu par la
régie, va directement au garage, mais que la victime ne puisse pas
changer de garage après. Si je vais chez un garagiste qui a sa propre
industrie familiale, ce qui me permet de payer $10 l'heure au lieu de $20 de
l'heure, $21 ou $22, c'est évident que mon coût d'assurance
diminue. Je ne peux pas changer de place, car j'ai fait faire mon
évaluation là. On a vécu à l'intérieur d'un
plan d'assurance des fonctionnaires pour $10 500. Ce système a permis
d'économiser sur l'administration et d'aller dans un chiffre
d'administration vraiment raisonnable, en plus de permettre des coûts
réduits de primes. Le rendement du plan par rapport aux sinistres, par
rapport aux primes, a été évalué ne
dépassant pas 60%. Ce qui fait que cela a fait un plan rentable, avec un
tel système, tandis qu'avant, normalement, le gars faisait faire son
évaluation où il voulait et, ensuite, il f aisait f ai re ses
réparations où il voulait aussi. Dans le système qu'on a
établi, tu choisis ton garage, l'évaluateur va directement
à ce garage.
Point final. Il s'entend directement là, mais le garagiste doit
garantir la réparation.
M. Fontaine: L'assuré ne peut pas changer de garage pour
faire...
M. Fréchette: Après son évaluation, non.
S'il veut changer, il devra, à ce moment, demander une nouvelle
évaluation. Il n'est donc pas intéressé de changer. Ce que
soulevait hier le représentant des garages coopératifs à
savoir que le gars puisse mettre $250 ou un profit dans ses poches, ceci est
pas mal plus évité de ce côté.
M. Fontaine: D'après l'expérience que vous avez eue
avec votre système d'assurance pour les fonctionnaires, c'est
passablement évité.
M. Fréchette: Cela évite beaucoup de ces
problèmes, ce qui fait en sorte que le plan est rentable à
l'autre bout au lieu d'être un plan déficitaire. Je parle, au
moins, de la troisième année d'expérience.
M. Fontaine: Vous avez dit tantôt que les centres
d'évaluation devraient exiger le prix du gros garage. Ils devraient
évaluer au prix du gros garage
Les centres d'évaluation vont devoir négocier des prix
avec les garagistes. Votre prétention est qu'ils vont devoir accepter le
prix du concessionnaire.
M. Fréchette: Ils vont peut-être réduire le
prix que cela coûte actuellement. Une négociation est une
négociation. Vous dites exactement ce qui va en résulter, je ne
le sais pas, sauf qu'il est sûrement impossible de demander à un
dépositaire qui a une administration qui est supérieure d'avoir
le même taux horaire qu'une entreprise familiale. C'est évident
qu'on ne pourra jamais arriver à cela.
M. Fontaine: Si on n'accepte pas les taux des concessionnaires,
est-ce que cela veut dire, à toutes fins pratiques, que les gens ne
pourront plus aller faire réparer leur voiture là?
M. Fréchette: Si, dans la négociation, on arrivait
avec un taux de $14 l'heure et que le concessionnaire ou le dépositaire
d'automobiles, par rapport à son administration ou son système,
ne peut pas arriver à $14 l'heure, c'est évident, lorsque va
arriver la négociation avec la régie, qu'il va prouver que $14
l'heure ce n'est pas possible pour lui. A ce moment, ce sera l'un ou l'autre.
La régie impose les $14 l'heure et à ce moment le gars ne va plus
chez son dépositaire même s'il a une automobile neuve et qu'il
aurait besoin entre-temps d'une automobile de "courtoisie" ou autre. Il n'ira
plus. Soit qu'on ait une ligne bien spécifique, qu'on dise c'est cela et
que cela s'en limite là.
M. Fontaine: D'accord. Merci, monsieur.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'aurai seulement une
question. C'est à propos de l'article 132 du financement du
régime proposé. Vous suggérez qu'on pourrait
étendre les sources de financement pour inclure, par exemple, des primes
sur le modèle de la Régie des rentes du Québec. Quel est
le principe qui vous guide dans cette suggestion? Pourquoi les gens qui n'ont
pas d'automobile paieraient-ils pour ceux qui conduisent des automobiles?
M. Fréchette: En définitive, en enlevant la
responsabilité, en créant pour les blessures corporelles le "no
fault", je considère qu'on vient de créer une loi sociale qui
couvre tout le monde. Si on couvre tout le monde, que je sois responsable ou
non, je me paie une assurance aussi comme piéton sur le trottoir, que je
sois responsable peu importe. A ce moment, si je crée une loi sociale
pour couvrir tout le monde, peu importe la responsabilité, je
considère que le coût doit être réparti un peu
surtout le monde. C'est pourquoi on suggérait qu'un certain montant
c'est évident que ce n'est pas la totalité soit
pris de cette façon. On vous donne un pourcentage qui serait assez
minime, mais qui ferait en sorte que tout le monde participe à cette
nouvelle loi. Même là on couvre la personne au foyer et tout cela.
Cela devient alors une loi sociale qui n'est peut-être pas la
responsabilité uniquement du propriétaire d'une
automobile. En créant le "no fault" pour les blessures corporelles, ce
n'est peut-être pas parce que je suis responsable. Je suis
peut-être un chauffeur prudent, mais, s'il m'arrive un accident et si
j'avais la possibilité de réclamer pour les blessures
corporelles, je n'aurais peut-être rien à payer et ma prime ne
serait pas modifiée en conséquence.
Sauf qu'à ce moment-là je considère que comme on
couvre tout le monde, cela devient une loi sociale et il devrait y avoir une
partie, qu'on a mise infime parce qu'on considère qu'il y a encore une
responsabilité des automobilistes qui reste là...
M. Raynauld: Mais vous admettez que les accidents d'automobiles,
en grande majorité, affectent les automobilistes; quant aux
piétons, ce n'est pas courant. J'admets que, de temps à autre,
cela peut arriver, mais même les indemnités qui sont payées
aux dépendants, par exemple, c'est à la suite d'un accident
d'automobile. A ce moment, aller demander à l'ensemble de la population,
donc à des gens qui n'ont pas d'automobile, de payer pour le risque de
l'automobile, cela me paraît un peu excessif. Après cela, quand
vous dites que c'est un petit montant, avez-vous calculé le nombre de
millions de dollars que cela fait, 0,2 de 1% sur les primes pour le
Régime de rentes du Québec?
M. Fréchette: C'est évident mais je parle
par personne que si on le met dans un montant global, cela fait une
masse assez considérable qui pourrait, à ce moment, ajuster le
prix de l'assurance que cela va coûter au propriétaire d'une
automobile parce que lui aussi paierait son pourcentage dans le montant
global.
M. Raynauld: Oui, mais en tout cas, vos 0,2 de 1%, j'ai
l'impression que cela produit de très gros montants. Cela devient un
financement universel pour tout le monde et, d'habitude, on applique ce genre
de financement à des régimes où tout le monde va
bénéficier, par exemple, la pension de vieillesse supposant que
tout le monde va devenir vieux, le Régime de rentes, auquel tout le
monde est admissible, et on dit: Très bien, tout le monde va payer. Mais
si c'est un risque particulier et que vous généralisez le
financement, vous faites payer à des gens qui ont choisi de ne pas
utiliser un certain service comme, par exemple, l'automobile. Cela me
paraît injuste.
M. Fréchette: Mais vous me direz: Est-ce qu'il n'y a pas
une personne qui est susceptible, à un moment donné,
peut-être, d'en avoir, parce que tout le monde circule sur le trottoir,
ou, d'une façon ou d'une autre, en transport ou peu importe la
façon? Au Québec, actuellement, je pourrais dire qu'à 95%
les gens se servent d'automobiles ou d'autres véhicules parce que le
transport en commun, même ici, au Québec, je pense que ce n'est
pas la grande majorité qui s'en sert. Si on regarde la façon dont
les gens se déplacent même pour le travail, on constate
qu'à peu près la majorité des gens sont susceptibles...
Là on ne se limite pas seulement à une ou deux personnes, cela
devient une mesure sociale pour tout citoyen dans toute la province.
M. Raynauld: D'accord!
Mme Payette: M. le Président, pardon, excusez-moi!
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: A la page 3 de l'article 35, sur un
commentaire, vous dites que la victime devrait recevoir la rente à
compter de la première journée, si c'est pour une durée
minimale de quatorze jours. Est-ce que vous vous basez sur quelque chose qui
existe, une expérience qui existe déjà, et de quelle
façon voyez-vous que cela pourrait améliorer le
système?
M. Fréchette: C'est qu'on parlait souvent d'une perte de
revenu qui faisait que, les sept premiers jours, c'était peut-être
difficile à assumer. C'est évident que, si une personne est
absente pour une période d'au moins quatorze jours, il y a eu,
effectivement, de grandes dépenses, et, à ce moment-là,
nous considérons qu'on devrait ajuster les sept jours. Pourquoi le
fait-on? C'est pour éviter qu'au lendemain d'un accident, parce que vous
n'êtes réellement pas trop en forme, vous n'alliez travailler,
même si vous en êtes peut-être capable, et que c'est
très difficile à justifier.
Donc, si on met une période de quatorze jours, si la personne a
été réellement absente pendant quatorze jours, c'est parce
que, pendant les sept premiers jours, c'est évident qu'elle
n'était pas capable d'aller travailler. Considérant que la
victime d'un accident de travail est payée à partir de la
première journée sauf que la modification fait en sorte
qu'elle est payée par l'employeur, mais tout de même, elle est
payée nous essayons de rajuster la pleine rente sans augmenter
considérablement le coût du régime pour les victimes
réellement incapables de travailler, parce qu'il y a effectivement
perte.
Si tu mets cela à partir de la deuxième ou de la
troisième journée, il est évident que, le lendemain d'un
accident, si tu as défait ton auto, tu n'es peut-être pas
tellement en forme. Tu pourrais peut-être travailler, mais tu dis: J'aime
autant me reposer pour voir ce qui va se passer. C'est pour cela qu'on a mis un
délai pour que la personne qui est réellement incapable de
travailler puisse recevoir sa compensation à partir du début.
M. Beauséjour: Vous supposez, à ce moment, qu'au
bout de quatorze jours cette personne n'est plus malade et qu'elle peut
retourner travailler.
M. Fréchette: Non. Ce n'est pas ce que je dis. Je dis
après un minimum de quatorze jours. Je ne dis pas une période de
quatorze jours; je dis un minimum. Donc, cela veut dire que, si la personne
est absente 28 jours, tu ne paieras pas à partir de la
première journée. Sauf que, si elle est absente quatorze jours,
quinze jours ou un an, tu vas lui payer à partir de la première
journée, parce que réellement ce n'est pas le bon vouloir de la
personne qui a fait en sorte qu'elle n'est pas allée travailler au
début.
M. Beauséjour: D'accord. A la page 7, à l'article
132, est-ce à cause d'un manque de confiance à la Régie de
l'assurance automobile que vous demandez ici qu'on vérifie la question
des taux?
M. Fréchette: Non, pas de ce côté. Sauf qu'on
sait, que ce soit le gouvernement que cela voudra, que, dès qu'il y a
une augmentation des coûts, on dit: Ce n'était pas
justifié, peu importe la façon dont cela se produit. Donc, je
pense qu'à ce moment, en le mettant dans une régie publique, en
se présentant là, on peut le justifier. Toute personne qui
voudrait se faire entendre pourrait le faire et soumettre ses arguments. Ce
n'est pas un manque de confiance à la régie, mais c'est pour
éviter tous les problèmes qui se posent dans la population qui
dit: Comme c'est un organisme gouvernemental, cela coûte plus cher et ils
augmentent les taux, peut importe le coût, peu importent les raisons.
Je pense que c'est peut-être un bon moyen pour que le gouvernement
justifie ces augmentations, comme on peut l'exiger pour Bell Canada qui est une
grosse compagnie. Je pense qu'on doit être là. Ces audiences
publiques pourront permettre d'obtenir toutes les informations et les chiffres
qui peuvent être fournis, parce qu'on sait que les débats de
l'Assemblée nationale, ce n'est pas tout le monde qui les lit.
Même si l'information est donnée, on sait que ce n'est pas tout le
monde qui va la lire. Mais à une régie publique où il va y
avoir des audiences, tout le monde se présentera. Il y a des organismes
sûrement qui vont aller faire des représentations qui vont
permettre d'obtenir toute l'information et d'éviter les critiques
après.
M. Beauséjour: Est-ce que la régie ne donne pas un
rapport au gouvernement tous les ans?
M. Fréchette: Elle le donne au gouvernement, sauf que la
population comme telle est peut-être moins pressentie par les organismes
qui pourraient se faire représenter. On sait que chaque fois qu'il y a
une régie, c'est peut-être plus couvert au point de vue de
l'information générale.
M. Beauséjour: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Mme le ministre.
Mme Payette: Deux questions, M. le Président, parce que je
ne veux pas prolonger la discussion. La Régie des services publics dont
vous parlez est un organisme public gouvernemental.
M. Beauséjour: Oui, sauf qu'à ce moment on peut
avoir des audiences où chacun présente un mémoire. C'est
pourquoi je n'ai pas enlevé cela directement du gouvernement en disant:
On créera un organisme devant lequel la régie devra se justifier.
J'ai laissé cela à un endroit où les gens pourront venir
se présenter.
Mme Payette: II n'est pas convaincant que ce soit devant la
Régie des services publics, qui relève du ministre des
Communications, qui est spécialisée en téléphonie
et en câblodistribution, qu'on présente des mémoires pour
la tarification de l'assurance automobile.
M. Fréchette: La Régie des services publics
s'occupe aussi des transports, du coût des transports en commun et tout
cela. Je pense qu'elle est rattachée déjà à un
service de transport.
Mme Payette: Une dernière question. Quand le
député de Nicolet-Yamaska vous a parlé d'un montant
forfaitaire, je vous ai entendu répondre qu'il vaudrait mieux, dans
certains cas, un montant forfaitaire qu'une petite somme qui arrive tous les
quatorze jours. Je veux juste être bien sûre que vous avez bien
compris que la petite somme dont vous parlez, c'est le remplacement du salaire
et que c'est indexé au coût de la vie.
M. Fréchette: Oui.
Mme Payette: Ce qui risque de se produire, quand il y a un
paiement par montant forfaitaire, c'est que vous dites: La personne a un
problème, mais elle règle son problème avec ce montant.
Mais si elle ne peut pas gagner sa vie ensuite, elle retombe à la charge
du gouvernement.
M. Fréchette: Oui, sauf qu'il y a peut-être une
chose à régler, c'est qu'il y a peut-être des personnes qui
ont un salaire pas mal inférieur, pas mal minime qui pourraient
peut-être régler certains problèmes, sur une proposition de
la régie. Dans cet article, on dit: C'est la régie qui peut
verser un montant global. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'avant que cette
personne se voie verser un montant global, qu'elle soit consultée et
soit consentante. Ce n'est pas elle qui fait la demande, c'est la régie,
en vertu de l'article, qui dit qu'elle peut verser un montant global.
Peut-être que la personne, cela va la satisfaire, mais peut-être
que, dans d'autres cas, elle est mieux d'avoir son propre salaire.
Mme Payette: Je pense que vous êtes conscient que la
régie ne versera pas de montant forfaitaire si elle est au courant que
cette persone, deux semaines après, n'a pas les moyens de gagner sa vie,
même si elle a réglé ses problèmes immédiats.
Ce qui est important pour la régie c'est que cette personne voie son
salaire compensé.
M. Fréchette: Oui.
Mme Payette: Parce qu'on ne veut pas que cela redevienne un
assisté social tout de suite après.
M. Fréchette: Non, c'est évident.
Mme Payette: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que c'est le mot de la
fin?
Mme Payette: Oui. Je voudrais vous remercier, M.
Fréchette. Vous avez fait un travail attentif sur le projet de loi no
67. C'est une étude sérieuse, parce que vous l'avez faite article
par article, je vous en remercie et ceux qui vous ont aidé à le
faire également.
Le Président (M. Boucher): Au nom des membres de la
commission, je remercie M. Fréchette.
Les prochains invités sont la Confédération des
syndicats nationaux dont le porte-parole est M. Norbert Rodrigue,
président général.
Non, II me semblait aussi.
Si vous voulez vous approcher, messieurs.
Simlement pour information, la commission doit ajourner ses travaux
à midi. Etant donné qu'il reste moins que trois quarts d'heure,
est-ce que vous désirez lire votre mémoire ou si on pourrait le
résumer pour que, par la suite, on puisse passer aux questions, le plus
rapidement possible.
M. Morin (Jean-Guy): On avait prévu de le lire. On a
accepté de revenir ce matin, et on pensait avoir le temps, au moins, de
présenter notre point de vue et de répondre aux questions qui
seront posées par la suite. Il me semble que trois quarts d'heure est
une période assez restreinte.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le membres de la
commission sont d'accord pour qu'on poursuive après-midi?
M. Fontaine: M. le Président, pour ma part, c'est assez
difficile, parce que tous les partis politiques ont des caucus à midi,
le mercredi.
Mme Payette: S'il s'agit de quinze ou vingt minutes, M. le
député, ce n'est pas un retard considérable. Comme on a
déjà demandé à nos invités de revenir
aujourd'hui, cela me paraît extrêmement difficile de leur demander
de revenir demain.
M. Morin (Jean-Guy): On ne pourrait pas. On ne serait pas
disponible demain, il faut aller à Ottawa.
M. Fontaine: Je serais d'accord pour quinze minutes.
Le Président (M. Boucher): On pourra continuer quinze
minutes.
Si vous voulez commencer.
Confédération des syndicats
nationaux
M. Morin (Jean-Guy): Pour commencer, je me présente,
Jean-Guy Morin, secrétaire général de la CSN
remplaçant le président qui ne pouvait pas être
présent. J'ai, à ma droite, André L'Heureux,
vice-président de la CSN, qui est notre spécialiste et qui
répondra aux questions surtout. J'ai, à ma gauche, Georges
Cantin, président de la Fédération du papier et de la
forêt, et Guy Ferland, du service de l'information CSN.
Premièrement, on tient à vous remercier de nous avoir
permis de venir devant cette commission aujourd'hui. Nous devions passer avant,
mais à cause de certaine activités on n'avait pas pu se rendre et
vous nous avez permis de nous faire entendre quand même, on vous
remercie.
Introduction. Qu'en moins de dix mois de son élection, le
gouvernement du Québec ait décidé de s'attaquer à
une réforme importante de l'assurance automobile par le projet de loi no
67 doit être souligné. Cet la première fois en plus de 40
ans qu'un gouvernemet au Québec propose enfin un projet qui a le souci
des victimes d'accidents, des automobilistes et de l'utilisation des primes
versées par ceux-ci de manière qu'elles ne soient pas
appropriées arbitrairement par des groupes de profiteurs qui ont
abusé depuis des générations à la fois des victimes
et des automobilistes.
Que de 24% à 30% de nos primes aient été
gaspillées depuis 1946 représente plus d'un milliard de
dollars.
Que le lobby des compagnies d'assurances ait réussi
systématiquement à bloquer toute réforme durant des
générations, à mener des campagnes de lavage de cerveaux
et de propagande pour maintenir son monopole de fait à même nos
primes témoigne de la servilité des partis politiques à
leur endroit et de la domination qu'exercent les puissances financières
sur le Québec.
C'est de nos primes qu'il s'agit il faut le souligner car
certains semblent l'oublier pas celles des compagnies, ni des avocats,
ni des courtiers, ni du gouvernement.
Près d'un milliard de nos primes par année.
Et c'est le gouvernement actuel, par sa majorité à
l'Assemblée nationale, qui dispose du pouvoir de décider comment
nos primes seront utilisées, administrées.
Il n'y a pas, dans la décision à prendre, de
problème constitutionnel même si des compagnies d'assurances ont
tenté, sans succès, de contester le pouvoir d'un gouvernement
(Colombie-Britannique) d'éliminer entièrement le monopole
privé des compagnies d'assurances. Le programme électoral du
Parti québécois comporte un engagement formel, inspiré
directement des objectifs avancés par la CSN, endossés par la
suite par la FTQ, la CEQ et les ACEF.
Le programme engage le Parti québécois à
créer un régime public complet et obligatoire d'assurance
automobile.
Or, le projet de loi no 67 ne correspond pas au programme du Parti
québécois. La réforme que vous proposez est publique
à moins de 50% et est incomplète.
Nous reconnaissons que le projet comporte un régime de
compensation généreux et sans précédent pour les
victimes d'accidents corporels; nous reconnaissons qu'il s'attaque à
certains privi-
lèges des compagnies d'assurance, du Barreau et des
courtiers.
Tout cela, en moins d'un an, témoigne d'une volonté d'agir
dans ce domaine, mais le projet de loi ne va pas au bout de la réforme
tant attendue. C'est un peu comme si le gouvernement actuel avait
décidé qu'après tout la loi 22 n'était pas si
mauvaise, compte tenu des circonstances, pour protéger le
français.
Il ne faudrait pas n'être rigoureux que sur le seul plan culturel
et s'engager dans la compromission quand il s'agit de questions
économiques à propos desquelles le programme électoral est
clair.
La position de la CSN. Plus on analyse le projet de loi no 67, plus la
position de la CSN paraît justifiée et réaliste. Il s'agit
de s'inspirer des éléments les plus positifs des
expériences amorcées dans l'Ouest canadien depuis 1946 en
Saskatchewan, depuis 1971 au Manitoba et depuis 1974 en Colombie-Britannique
et ne pas s'aventurer, au départ, dans des expériences
nouvelles, quitte à faire des ajustements en cours de route.
C'est ce que nous disions d'ailleurs devant une commission parlementaire
sur l'assurance automobile en décembre 1974.
Notre position découle d'un large débat dans nos rangs
amorcé en 1970 par la publication d'un dossier de 200 pages qui s'est
vendu à 12 000 exemplaires en l'espace de quelques mois, ce qui
témoigne de l'intérêt des travailleurs pour cette
question.
Nous avons tenu des centaines de réunions, diffusé des
centaines de milliers de documents d'information pour démontrer
l'inefficacité et le coût exorbitant du régime privé
d'assurance automobile, pour dénoncer les conflits
d'intérêts des avocats, pour faire connaître le
succès remporté par la Saskatchewan contre le monopole des
compagnies d'assurance automobile et, dans une moindre mesure, d'assurance
générale.
Les autres centrales syndicales, de même que des groupes
populaires comme les ACEF, ont adhéré à notre position et,
pour la première fois, un parti politique a fait sien l'objectif d'un
régime d'assurance automobile public et complet.
Les frais d'administration. A la suite de la campagne de la CSN, le
gouvernement de M. Bourassa a institué le comité Gauvin dont
l'étude devait durer un an. Elle a exigé près de $700 000
de recherche et 30 mois et a confirmé notre affirmation de 1970 que les
frais administratifs avaient été réduits à environ
17% en Saskatchewan et au Manitoba, alors qu'au Québec le monopole des
compagnies d'assurances en exigeait environ 41%.
C'est une différence de 24%, ce qui représente une
escroquerie d'environ $200 millions par année sur les primes
payées par les Québécois.
Le comité Gauvin ne tenait même pas compte des profits sur
les placements des primes. Les compagnies d'assurances n'en tiennent pas
compte, elles non plus, dans la détermination des taux.
A titre d'exemple, ces profits sur le placement des primes ont
rapporté l'an dernier $30 millions supplémentaires à la
société gouvernementale de la Colombie-Britannique sur des primes
de $355 millions.
Les taux d'intérêt varient mais, sur les primes annuelles
de $900 millions au Québec, combien de revenus proviendraient de cette
seule source si un gouvernement avait, dans le passé,
réorganisé l'assurance automobile en fonction de
l'intérêt et des besoins des assurés du Québec et
non en fonction des monopoles et des parasites qui en profitent?
C'est l'évidence accablante qu'un régime public et complet
peut réduire considérablement les frais d'administration qui a
fait que le débat sur l'assurance automobile a pris l'ampleur qu'on
connaît.
D'autant que la création d'un tel régime permet, pourvu
que le gouvernement en ait la volonté politique, d'éliminer la
discrimination envers certaines catégories d'automobilistes et d'avoir
une meilleure compensation tant pour les dommages matériels que
corporels.
Au chapitre II, Indemnités d'invalidité et de
décès. La caractéristique fondamentalement inacceptable du
régime: l'indemnisation, est discriminatoire! Les pauvres paieront pour
les privilégiés.
Lors du lancement du livre vert, on parlait de trois formes possibles de
financement ou d'un mélange des trois, soit l'impôt, la taxe sur
l'essence, une prime.
Mme Payette a publiquement déclaré que la taxe sur
l'essence et l'impôt sur le revenu avaient été
rejetés. Il semble donc que le financement soit établi par le
truchement d'une prime uniforme, lors de l'acquisition des plaques
d'immatriculation, et par une prime versée par chacun des
conducteurs.
Or, le régime d'indemnisation ne permet pas un tel mode de
financement. L'un ou l'autre doivent être modifiés. En effet, la
victime d'un accident pourrait, en vertu du projet, recevoir $80 par semaine
(jusqu'à un maximum de $120 selon le nombre de dépendants)
jusqu'à 90% du revenu net (moins impôt et déductions
habituelles) d'un revenu brut de $18 000, sans tenir compte des autres formes
de revenu ne provenant pas d'un emploi.
Mais dans les deux cas à moins de changement de la
tarification, les assurés auront payé le même montant
c'est-à-dire que les bas salariés et les chômeurs
contribueront à une caisse publique pour entretenir des
indemnités de trois à quatre fois supérieures dans le cas
d'assurés déjà dans une situation
privilégiée, y compris celle d'un assuré qui serait dans
une position particulièrement privilégiée et où
l'on ne tient pas compte de revenus d'obligations, d'actions ou de
propriétés.
Ainsi, advenant que la victime ayant quatre enfants soit un
médecin ou un député, en cas d'invalidité, il
recevra 90% du revenu net de $18 000 tandis que le chômeur, père
de quatre enfants, pourra recevoir un maximum de $120 par semaine. En vertu de
l'article 20, la régie pourrait cependant réévaluer
l'indemnité, "tenir compte de l'emploi que la victime aurait pu occuper
à temps plein... en tenant compte de sa formation, de son
expérience, de ses capacités physiques et intellectuel-
les..." On s'enlise ici dans l'arbitraire, tout en risquant de
multiplier les tracasseries administratives.
A un régime obligatoire de base financé par des taux
uniques doivent correspondre des indemnités égales selon les
besoins des personnes. Nous ne voyons également pas pourquoi un
travailleur de vingt ans dans une usine, devenu invalide, recevrait moins qu'un
étudiant du post-secondaire de 20 ans, en tenant compte "du revenu que
cette personne aurait pu tirer à la fin de ses études."
Un régime de base financé par une prime unique doit offrir
telle indemnité égale pour tous selon qu'il s'agit d'un
célibataire, d'un conjoint au foyer, d'un conjoint soutien de famille,
selon le nombre de personnes à charge, etc.
Il ne peut être fonction du revenu antérieur
défrayé par une prime uniforme.
La régie pourrait offrir des indemnités supérieures
mais ce en vertu d'un régime supplémentaire et facultatif.
Le financement. Quant au financement, nous estimons que le régime
obligatoire devrait être financé par quatre sources de revenus. 1)
Une prime, lors du renouvellement des plaques, payable par versements, variant
selon le type de véhicule, son utilisation, etc. Le modèle de la
Saskatchewan est très simple: l'empattement, l'année de
fabrication et des taux particuliers pour les cultivateurs sans discrimination
contre les jeunes conducteurs. 2) Une prime pour tout conducteur. Il est
normal, compte tenu du rôle du conducteur propriétaire ou
non du véhicule qu'il contribue modestement au financement d'un
régime auquel il participe comme risque. L'on pourrait cependant
exempter le propriétaire du véhicule de cette prime du conducteur
puisqu'il participe déjà à l'essentiel du financement du
régime. Rappelons qu'en Colombie-Britannique, les primes des conducteurs
ne représentent que $7,5 millions sur les revenus globaux de $385
millions. 3) Une taxe sur l'essence. Le ministre craint que, dans les
régions frontalières, les citoyens achètent leur essence
outre-frontière. Elle a sans doute raison, si la hausse de la taxe
atteignait 15% ou 20% du prix le gallon.
Il s'agit quant à nous de divertir une partie de la taxe
existante et de l'augmenter de quelques sous. Car il est normal que ceux qui
utilisent la route souvent et deviennent par conséquent un risque accru
d'accidents contribuent par ce truchement aux risques inhérents à
leur utilisation des routes. 4) L'intérêt sur le placement des
primes et des revenus de la régie. Cet aspect a constamment
été négligé par le comité Gauvin et
ignoré jusqu'ici par le livre vert et dans les propos gouvernementaux
depuis le 15 novembre, mais il n'est pas à négliger.
Lorsque la Régie de l'assurance automobile percevra les primes et
ses diverses sources de revenus, elle ne les utilisera pas
immédiatement. Des réserves devront être
constituées, l'argent non utilisé sera investi.
Or, les sociétés gouvernementales d'assurance automobile
de l'Ouest ajoutent aux diverses sources de revenus dans leurs bilans
financiers l'intérêt sur les placements. Cette source de revenu
varie, évidemment, selon les taux d'intérêt et les
problèmes de la société gouvernementale durant
l'année. A titre d'exemple, voyons ce que la Société
d'assurance du Manitoba déclare en pourcentage comme revenus en 1976:
4,8% d'intérêt sur placements.
Rappelons que le pourcentage des dépenses administratives, y
compris les frais légaux et les taxes, ne représente que 16,6%
des revenus et qu'un surplus de 15,3% a été
réalisé.
Malgré cela, les primes n'ont pas été
augmentées en 1977. En Colombie-Britannique, au 28 février 1977,
les revenus se partageaient ainsi: primes provenant des véhicules, 90%;
primes des conducteurs, 2%; intérêt sur placements, 8%.
Nous préférons le partage existant au Manitoba et en
Saskatchewan.
La compensation sans égard à la responsabilité. Le
comité Gauvin et le livre vert ont minimisé, sinon
déformé, l'importance du régime de compensation sans
égard à la faute qui existe dans les trois provinces de l'Ouest.
Référons-nous à la dernière brochure publiée
par la Société d'assurance du Manitoba. "Le régime
gouvernemental du Manitoba est un régime de compensation automatique des
accidents dans le but d'assurer une compensation raisonnable à la suite
de blessures, du décès et de dommages matériels importants
subis par des véhicules à la suite d'accidents de la route, le
tout sans égard à la responsabilité".
La couverture offerte au Manitoba égale ou dépasse les
exigences légales de toutes les provinces canadiennes et de chacun des
Etats américains.
Nous aurions préféré que le gouvernement commence
par un tel régime qui a fait ses preuves depuis 1971, tout en
améliorant certains aspects.
Quel sera le coût total, corporel et matériel? Personne
n'est en mesure actuellement de savoir combien coûtera la partie publique
du régime. Déjà, le ministre a indiqué que,
dès 1978, il en coûterait $385 millions. Il s'agit d'une
estimation en pleine période inflationniste.
Nous, les assurés, ne savons pas encore ce que coûtera
l'assurance obligatoire, ni pour les dommages matériels que le
gouvernement abandonne aux compagnies d'assurances.
Ce que nous savons, par ailleurs, c'est qu'au Manitoba la partie
découlant du "no fault" ne représentait que 14,5% des
dépenses de la société gouvernementale contre 45,6% pour
la collision et les dommages à la propriété, plus 7,8%
pour la catégorie tous risques.
Ces pourcentages peuvent signifier que la part allant aux blessures est
insuffisante. Si au départ nous nous apprêtons à consacrer
environ 40% de nos primes au corporel, aurons-nous les moyens de nous assurer
adéquatement à des taux raisonnables pour l'ensemble des risques
que comporte la conduite d'une automobile? On peut, à ce stade, en
douter sérieusement.
L'indemnisation du dommage matériel. Res-
ponsabilité civile et régime d'assurance ($50 000).
Lorsqu'on oblige les citoyens à quelque chose, il est aberrant de les y
obliger par le truchement de l'entreprise privée, surtout quand on sait
combien le monopole de l'assurance a abusé de sa situation
privilégiée depuis des générations.
Au départ, si les frais d'administration de la régie sont
diminués au maximum par la formule prévue, le gouvernement nous
oblige dans ce cas à payer davantage pour le maintien de l'entreprise
dite privée.
Or, la preuve de son inefficacité à administrer, ne fut-ce
qu'une partie de nos primes, est clairement démontrée.
Le projet de loi 67 maintient la responsabilité des dommages
matériels causés par l'automobile et maintient tous les
éléments négatifs et inutilement coûteux de la
recherche d'un responsable.
Au Manitoba, tous les véhicules sont couverts par le
régime de base obligatoire pour la valeur réelle de l'automobile
jusqu'à un maximum de $15 000 et cela sans égard à la
responsabilité.
Nous ne pouvons accepter le raisonnement du livre vert à l'effet
qu'on n'oblige pas aujourd'hui le propriétaire d'une maison à
s'assurer.
Dans la réalité, nous pourrions demander au ministre s'il
a déjà tenté d'obtenir une hypothèque sans
assurance correspondant au montant du prêt. Si la loi ne l'exige pas, les
institutions financières y ont vu et l'exigent dans les faits.
Mais là n'est pas le motif principal à l'appui du "no
fault" pour les dommages matériels. Un véhicule représente
un investissement important pour tout automobiliste. Les pertes
matérielles subies à la suite d'un accident peuvent avoir des
conséquences graves pour l'automobiliste, qu'il soit responsable ou non.
Aussi, ce risque doit-il être couvert adéquatement par le
régime de base, sans égard à la responsabilité.
Au ministère, on se dit que le réseau de centres
d'évaluation à mettre sur pied représenterait un
investissement relativement considérable, et c'est vrai.
Il serait à la taille du Québec, de sa population de ce
que déboursent les Québécois qui, de toute manière,
ont payé et payeront.
Un gouvernement qui aspire à administrer la totalité de
nos impôts ne devrait pas hésiter à s'engager en assurance
automobile comme d'autres provinces l'ont fait.
Ce serait une occasion de réduire les frais d'administration, de
contrôler les prix exigés par les garagistes, de créer des
centres de récupération des pièces, des centres de
recherche et même de mettre sur pied un réseau de garages
coopératifs.
Comment s'attendre à ce qu'un conseil des compagnies
d'assurancesprésumément en concurrence s'entende au grand jour
(ce qu'elles n'ont à peu près jamais fait) sur des centres de
réclamations? Comment s'attendre à ce qu'elles se concurrencent
et réduisent les coûts en fonction des consommateurs, alors que
leur raison d'être est la recherche du profit maximum?
Conclusion. Le rapport Gauvin voulait donner une dernière chance
aux compagnies à condition qu'elles suivent chacune de ses
recommandations. Sans quoi, il préconisait l'étatisation. Et ce
après 30 mois de recherches...
Pourquoi aujourd'hui, trois années plus tard, après toutes
ces recherches, terqiverser et ne pas s'en tenir à la recommandation
adoptée par les instances démocratiques du Parti
québécois?
C'est pourquoi, comme en 1970, comme en 1974 devant une commission
parlementaire, la CSN, en 1977, rappelle au gouvernement ce que nous
préconisons en assurance automobile, pour les automobilistes, les
victimes d'accidents, la collectivité québécoise.
Car nos primes d'assurance sont une partie du réservoir
d'épargne qui ne saurait être abandonnée à des
intérêts privés d'ici ou d'ailleurs. Un exploiteur ou
parasite qui a une tête de québécois francophone demeure un
exploiteur et un parasite.
Ce n'est pas parce que 35% du marché est aux entreprises
québécoises, comme le dit le ministre, qu'il ne faut pas
intervenir. Et même si C'était un objectif, on pourrait lui
rappeler que, si les entreprises québécoises ont mis 40 ans
à occuper 35% du marché, à ce rythme, elles occuperont le
marché dans... 100 ans!
Pour changer quoi, du point de vue du travailleur, de l'automobiliste
québécois? Car les entreprises québécoises en
assurance sont en tous points semblables aux compagnies
étrangères, du point de vue du consommateur.
On dit aussi que la création d'un régime public complet
retarderait le projet de 18 mois, exigerait la création d'une entreprise
de 5000 à 6000 employés, qu'il y aurait même un
problème de "gestion publique"... Rien n'empêche le gouvernement
de procéder par étapes. C'est ce qu'a fait la Saskatchewan, en
1946. Mais de là à douter de notre capacité de gestion
dans un nouveau domaine, c'est plutôt incompréhensible de la part
des protagonistes de l'indépendance du Québec.
D'autres régimes nous ont systématiquement entretenus dans
le mythe de notre "incapacité", de notre impuissance, ce qui faisait le
bonheur de ceux qui ont occupé et occupent les points
stratégiques et rentables de l'économie, et nous attendons des
discours autres que ceux-là de la part de ceux qui nous invitent
collectivement à prendre en main notre destin collectif.
Les Colombiens ont mis moins d'un an à créer une
société d'assurances comptant 2300 employés. Le Manitoba a
pris douze mois.
Il nous semble qu'après tant d'attente, tant de preuves du
gaspillage de nos primes, votre gouvernement ne devrait avoir aucune
hésitation à s'appuyer sur le peuple pour éliminer le
monopole privé de l'assurance automobile et ses effets.
Nous avons un ajouté au mémoire qui sont des propositions.
La CSN demande que la régie gouvernementale assume exclusivement
l'administration intégrale de l'assurance automobile au Québec de
la manière suivante: 1- Un programme d'assurance automobile obligatoire
sera instauré avec options pour couvertures supplémentaires et
facultatives. 2- Toute victime d'accident et les dommages
matériels seront compensés sans égard à la
responsabilité. 3- Le recours en justice demeurera quant au niveau de
compensation dans le cas de la responsabilité civile. La présence
d'un avocat ne sera pas requise au stade préliminaire. 4- Le
régime et la compensation seront, au départ, comparables à
ceux prévus par les sociétés gouvernementales de l'ouest.
5- La régie gouvernementale vendra également l'assurance-vie,
retraite et les diverses formes d'assurance-accident. 6- La régie de
l'assurance automobile du Québec instituera: a) un régime
d'assurance obligatoire comportant la couverture suivante:
responsabilité civile, $50 000; collision: franchise $200, plus les
avantages prévus par les régimes de l'ouest, b) des options
facultatives portant la couverture au niveau de la responsabilité civile
à $100 000, $500 000 etc., et réduisant le déductible en
cas de collision à $100 et $50. 7- Chacun des conducteurs
(propriétaire ou non) contribuera au régime d'assurance
automobile à raison de primes minimes, mais dont le montant,
au-delà d'un minimum, variera selon le dossier de conduite de
l'année antérieure et le code de démérite. 8-
Cependant, un conducteur qui est pénalisé pourra, comme c'est le
cas avec la société gouvernementale de la Saskatchewan, par
l'envoi d'une formule d'appel devant une commission indépendante
à un coût minime, avec ou sans avocat, contester la
décision. Tant que son appel ne sera pas entendu, le conducteur n'aura
pas à verser le supplément. 9- Les primes d'assurance automobile,
au niveau du régime de base, seront généralement les
mêmes pour le propriétaire ou le conducteur principal, quel que
soit son âge ou son expérience. Le conducteur masculin
âgé de 18 ans, de 20 ans, de 22 ans, ou de moins de 25 ans ne sera
pas pénalisé, a priori, à cause de son âge ou de son
sexe, ou parce qu'il s'agit d'un nouveau conducteur. Les cultivateurs
bénéficieront de taux particuliers. 10-La régie
créera une succursale chargée de la récupération de
tous les véhicules démolis dont cette entreprise sera l'unique
acquéreur au Québec. Toutes les pièces utilisables seront
remises à neuf et vendues aux automobilistes et aux garagistes. 11- La
régie créera également un centre de recherches sur les
accidents, leurs causes, la qualité, le coût des véhicules
et des pièces, sur la création de véhicules, le transport
en commun. Le centre de recherches publiera un magazine mensuel d'information
sur l'automobile et les autres formes d'assurances. Le centre de recherches
envisagera également les moyens de doter le Québec d'une
industrie manufacturière de moteurs et de véhicules de transport
privé et public. 12- La régie négociera le prix des
pièces de rechange avec les fabricants de véhicules. 13- La
régie aménagera des centres de réclamation à
travers la province, centres reliés à un ordinateur central. 14-
La régie aménagera un réseau de garages administrés
localement sur une base coopérative. 15- La régie incorporera
à ses revenus les primes et les intérêts sur les
placements. 16- La régie paiera aux municipalités
l'équivalent des taxes qu'une société paierait normalement
au gouvernement du Québec, l'équivalent de la taxe des
sociétés sur les résultats de l'administration des
assurances générales (sauf dans le cas de l'assurance
automobile). 17- Les polices d'assurance automobile seront acquises durant la
même période chaque année au moment du renouvellement des
plaques d'immatriculation par le truchement, soit des bureaux du
ministère des Transports, qui seront dédommagés pour le
coût de ce service, les bureaux de la régie, les caisses
populaires et les courtiers reconnus par celles-ci, lesquels pourront
émettre les plaques d'immatriculation. 18- Le conseil d'administration
de la régie sera présidé par un membre du cabinet et
composé du gérant général, de représentants
élus par les employés de la régie, de représentants
du ministère du Revenu, de la Caisse de dépôt, du
ministère de l'Industrie et du Commerce, des trois principales centrales
syndicales, de l'UPA, du Conseil de la coopération du Québec (et
de divers mouvements de consommateurs) à déterminer. 19- Des
conseils régionaux consultatifs composés de consommateurs, des
mouvements populaires seront formés et recevront annuellement un
rapport. Les conclusions et recommandations de ces conseils régionaux
seront publiées par la régie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Morin. Mme le
ministre.
Mme Payette: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier les représentants de la CSN de façon toute
particulière. Je me souviens avoir dit, au cours de la tournée,
à M. L'Heureux qui, à ce moment-là, était venu
présenter un mémoire que, probablement, sans la
ténacité des interventions multiples de la CSN, peut-être
bien que ce gouvernement ne serait pas, non plus, en train de faire une
réforme de l'assurance automobile. Il y a sept ans de travail de la part
de la CSN pour attirer l'attention de la population et du gouvernement sur ce
problème particulier, et, pour ma part, je la remercie d'avoir tenu bon
alors que personne ne semblait les entendre.
Je voudrais juste revenir, pour l'instant, parce qu'on risque d'avoir
des problèmes de temps; je ne voudrais pas prendre tout le temps et que
l'Opposition ne puisse pas poser des questions, si bien que je vais restreindre
carrément les miennes. Eventuellement, si j'ai besoin de consulter, je
pense qu'on me confirmera probablement que je pourrais aller chercher plus de
renseignements, si c'était nécessaire. Je voudrais apporter une
correction, d'abord, parce qu'on fait allusion quelque part, dans le
mémoire, au coût du régime qui était prévu
à $385 millions, dans une période inflationniste, dit-on.
Je pense que les représentants de la CSN seront heureux
d'apprendre, ce qui a été dit déjà à cette
commission, que la baisse du taux d'accidents en 1976, qui ne nous était
pas connue au moment où le livre bleu a été publié,
nous a obligés à refaire nos calculs de tarification et que nous
pensons, nous sommes sûrs, maintenant, que le coût du régime
sera inférieur à $385 millions. Nous espérons être
en mesure dans quelques jours de faire connaître cette tarification et le
coût complet du régime. Cela devrait être une bonne nouvelle
au point de départ.
Egalement, je voudrais juste poser une question, pour l'instant, quitte
à revenir sur le sujet si c'était nécessaire. On parle,
dans le mémoire, de la tarification des dommages matériels en
introduisant un "no fault" dans cette couverture. Il a été
beaucoup question à cette commission, depuis qu'on a commencé les
travaux, de faire disparaître, à l'intérieur du projet de
loi 67, le droit de subrogation entre les assureurs pour, à ce moment,
introduire un "no fault" partiel et déguisé, appelez-le comme
vous voulez, qui permette à l'assureur d'assurer et d'indemniser une
personne selon, en fait, la valeur du véhicule que possède cette
personne.
Je voudrais vous demander si vous avez réfléchi à
ce qu'un amendement comme celui-là à l'intérieur du projet
de loi amène comme conséquence. Est-ce que cela ne va pas dans le
sens que vous souhaitez, c'est-à-dire que quelqu'un ait à payer,
par exemple, pour l'assurance d'une Volkswagen, s'il est propriétaire
d'une Volkswagen, et qu'il ait à payer pour l'assurance d'une Cadillac,
s'il est propriétaire d'une Cadillac? Je voudrais savoir si vous seriez
en faveur de cet amendement supprimant le droit de subrogation entre les
assureurs.
M. L'Heureux (André): J'ai lu un peu les débats
là-dessus et l'opposition du BAC, évidemment, à cette
proposition. Dans les circonstances, peut-être que ce serait positif.
Mme Payette: Je pense qu'il faut que je corrige, excusez-moi, M.
L'Heureux, parce qu'il n'y a pas d'opposition de la part du BAC. Le BAC a
plutôt demandé cet amendement puisqu'il propose de toute
façon dans son régime tant divulgé d'AutoBAC un "no fault"
dans les dommages matériels. On se demandait si la suppression de ce
droit de subrogation n'amenait pas un "no fault" puisque chaque assureur,
à ce moment, assure le véhicule qu'il aura à
indemniser.
M. L'Heureux: Ma position de base, là-dessus, madame, est
la suivante. Ayant lu à peu près tous les mémoires qui se
sont faits, ayant tout suivi de près, à partir de la publication
du rapport de la commission royale formée par le gouvernement
créditiste du père, à ce moment, en 1968, en
Colombie-Britannique, je peux dire qu'il y a eu le même type de
débats qu'on a maintenant ici au Québec depuis plusieurs
années. La commission Wootton a des conclusions qui ressemblent
étran- gement à celles du comité Gauvin quant à la
recommandation ultime. Wootton disait: Donnons une dernière chance aux
compagnies. Ce que le gouvernement Bennett, évidemment, a fait à
la suite de la publication du rapport Wootton. Effectivement, il est
arrivé à l'Assemblée législative là-bas,
avec un projet tendant à diminuer les coûts et améliorer la
situation, sauf que, dans la pratique, cela n'a pas fonctionné.
Même j'ai lu des interventions de membres du gouvernement
créditiste d'alors je parle d'avant la période Barrett
qui étaient vraiment estomaqués et mécontents de la
situation. Je pense que cela est fondamental. On a peu de temps. Au moment
où on se parle, tout ce que vous allez tenter, quant à moi, quand
on regarde ce qui s'est passé ailleurs, à l'intérieur des
compagnies d'assurances, je regrette, je pense qu'il y a suffisamment
d'expériences démontrant que cela ne pourra pas fonctionner. Cela
a été suffisamment démontré que les conditions
requises pour diminuer effectivement les coûts, pour vraiment assurer
c'est cela notre objectif comme assurés d'une part, que
les frais d'administration... On la voit, d'ailleurs, cette
préoccupation dans le livre vert, dans le projet de loi et dans le
projet d'indemnisation du corporel. Mais sur le plan matériel et
cela est global si on veut vraiment en arriver à une
réduction des frais d'administration, à une réduction
même des primes et à une assurance adéquate pour tout le
monde, il me semble qu'on a assez de documents devant nous pour nous
démontrer que toute tentative, tout amendement du type de celui que vous
proposez qui peut-être, à l'intérieur du projet actuel,
comporte certains éléments positifs, sera un
élément fort partiel qui n'atteindra pas l'objectif qu'on
pourrait atteindre si on mettait en application ce qui a été
appliqué ailleurs.
Mme Payette: M. le Président, je vais m'arrê-ter
maintenant pour permettre à l'Opposition de poser des questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je remercie la Confédération de
syndicats nationaux pour son mémoire. Ils ont une option bien claire,
bien précise.
Vous semblez attacher une certaine importance au rapport Gauvin. Vous
semblez admettre que c'est une étude sérieuse. Il reste tout de
même que, malgré les expériences passées en
Colombie-Britannique, comme vous venez de le mentionner, le rapport Gauvin voit
dans l'étatisation un processus ultime. Même s'il admet qu'avec
l'étatisation il y aurait une baisse des coûts administratifs de
3%, toujours en considérant les changements à apporter au
contexte légal de l'assurance automobile, il dit qu'on ne devrait pas
étatiser immédiatement et qu'on devrait créer un
système juridique permettant à l'industrie privée
d'oeuvrer avec plus de liberté et de diminuer ses frais
d'administration. Pourquoi n'avez-vous pas retenu cette façon de voir de
Gauvin en particulier?
M. L'Heureux: Ce n'est pas nous, M. le Président, qui
n'avons pas retenu les recommandations du comité Gauvin; c'est le
gouvernement qui était en place au moment du rapport Gauvin. Le rapport
Gauvin est sorti en mars 1974. Lorsque je suis venu à la fin de
décembre 1974, avec Marcel Pépin et une délégation
de la CSN, témoigner devant une commission comme celle-ci, dans cette
salle-ci, il n'y avait même pas de projet de loi devant nous, ce qui
était assez inusité. Je me souviens qu'il y avait même un
peu d'impatience chez M. Gauvin, parce que j'étais là aussi
lorsque M. Gauvin, au départ, est venu déposer son rapport.
Enfin, ceux qui étaient là peut-être s'en souviennent. Ce
que je dis, c'est ceci et justement, l'histoire passée nous le
démontre, de 1974 à maintenant si le gouvernement, avant
1974, avant le dépôt du rapport Gauvin, pouvait prétendre
ne pas avoir les renseignements suffisants pour agir, il les avait à ce
moment-là.
Je n'ai pas ma copie du rapport Gauvin, mais je constate qu'un membre
l'a ici. S'il tourne les pages jusqu'aux recommandations, je crois qu'il y a
une recommandation ultime. Je ne sais pas si c'est la recommandation 93, mais
en tout cas, c'est la dernière recommandation. Je crois qu'elle dit
à peu près ceci et c'est péremptoire: "Si toutes et
chacune de nos recommandations ne sont pas suivies, nous recommandons que le
gouvernement étatise l'assurance automobile." Je crois que c'est cela,
M. Raynauld.
J'estime même si je pars du rapport Gauvin, si je le lis,
si je le comprends pour ce qu'il dit et si je regarde ce qui s'est passé
depuis trois ans qu'il faut à tout prix tenir compte de cette
conclusion ultime, qui partait de quoi, en fait? La CSN n'a rien
inventé, en 1970, quand on a fait le dossier. Qu'est-ce qu'on a fait,
à ce moment-là? On a fait ce que les gouvernements
antérieurs ou les ministères auraient peut-être dû
faire. On a lu des textes, on a permis aux Québécois de savoir,
on a traduit de larges extraits de la commission Wootton, de toutes sortes de
commissions d'enquête. L'essentiel était quoi? On a affirmé
qu'il était possible que nos primes soient administrées à
un coût d'environ 17%, ce qui signifie évidemment qu'il y a un
pourcentage important qui va à la compensation des victimes. Quand la
CSN a sorti cela, je tremblais un peu. On a eu de nombreux échanges avec
les Marcellin Tremblay, M. Moreau, etc., avec les associations du Barreau
partout au Québec et on nous disait que c'était faux.
Même le Surintendant des assurances du Québec m'a dit
personnellement celui de l'époque, et Jacques Desmarais
était présent à cette rencontre, je l'avais amené
avec moi qu'en Saskatchewan on était subventionné à
même le Trésor public. Il a fallu attendre qu'une commission,
choisie par le gouvernement qui a précédé celui-ci
et je pense que personne ne met en doute la crédibilité de M.
Gauvin ni des deux firmes qui ne sont pas socialistes, je pense bien, qui sont
de Montréal, Cournoyer, Regger, etc. aille là-bas,
vérifie la comptabilité et confirme qu'on pouvait réduire,
avec un autre système que celui qu'on a, les frais d'administration
à 17%, plus tous les autres avantages qu'on a mentionnés
largement et longuement dans tous les mémoires qu'on a
présentés à divers moments.
C'est ce qui est fondamental. D'ailleurs, vous venez de le dire
vous-même, M. Gauvin était pris avec cette réalité,
il fallait qu'il trouve des formules qui permettent le plus possible de
réduire les coûts d'administration, ces fameux 17% qui sont
réalisés depuis 30 ans en Saskatchewan, depuis cinq ou six ans au
Manitoba. C'est la position de la CSN depuis le début. Il n'y a pas
d'autre manière que celle-là. On l'a dit à la commission
parlementaire du 5 décembre 1974, en première page, cela
commençait comme ceci:
L'appui doctrinaire et les liens étroits de tous les
gouvernements du Québec en faveur de l'entreprise privée, du
monopole des compagnies d'assurances, de tous les parasites qui s'approprient
une partie de nos primes d'assurance automobile ont coûté en trop
en pur gaspillage, on a fait le calcul, depuis 1946 cela c'est en 1974
$1,3 milliard, etc.
Cela c'est une réalité. On sait que nos primes sont
gaspillées à l'heure actuelle; L'Heureux l'a dit, la CSN l'a dit,
en 1970, la première, mais M. Gauvin l'a confirmé. Or c'est
grave, on est impatient un peu, M. le Président, impatient un peu. Hier
on entendait des commentaires de certains membres de la commission, et je vous
dirai un sentiment personnel. Des fois on arrive avec un nouveau projet; moi le
premier, à ce moment-là, je ne suis pas en mesure de me
prononcer. Mais on fait preuve d'ignorance devant un dossier qui dure, au
Québec, depuis sept ans et à propos duquel il y a eu tellement de
recherches objectivement. Ce n'est que par idéologie qu'on refuse. Si le
gouvernement du Québec n'agit pas au sens où on l'a dit, dans
l'esprit où on le dit dans notre mémoire, cela signifiera, encore
une fois, qu'on fait passer l'intérêt d'un groupe minoritaire
avant celui de la collectivité québécoise. C'est ce qui
est en cause ici.
Cela n'a pas été démontré dans tous les
domaines, tous les secteurs économiques, mais dans ce cas
l'inefficacité du système actuel a été
démontrée comme dans aucun autre cas peut-être.
M. Saint-Germain: M. le Président, il ne s'agit pas de
défendre le statu quo. Je pense bien que le statu quo actuellement est
indéfendable; d'ailleurs il n'y a pas de groupe au Québec
actuellement qui défend le statu quo. Alors on admet qu'on doit avoir
une loi.
Si on s'entend pour être contre le statu quo, il faut tout de
même trouver un moyen d'arriver à un système le plus
efficace possible, non pas pour protéger les assurances, ou ceux du
milieu non plus, mais en vue de l'intérêt même des citoyens
du Québec. C'est ce qui doit primer, à mon avis. Je crois que les
députés, qu'ils soient de l'Opposition ou qu'ils soient du
gouvernement, n'ont pas de doute là-dessus parce qu'on n'est pas
responsables vis-à-vis des compagnies d'assurances. Même
si dans un comté donné toutes les compagnies d'assurances
votent elles ont quand même le droit de vote si comme
individus les administrateurs votent contre un député, ce n'est
pas cela qui fait la balance, croyez-moi, et on le sait depuis longtemps parce
qu'on sait très bien qu'on est responsable vis-à-vis de la
population.
Il reste que pour revenir au rapport Gauvin, à la page 375, il y
a une conclusion, et je la lis: "L'étatisation de l'assurance automobile
est souvent présentée en divers milieux comme la solution
à tous les problèmes de l'assurance automobile. Compte tenu de
ces propositions de réforme à l'égard de la mise en
marché de la souscription des risques et de l'établissement de
mesures visant à réduire le coût des pertes aux
véhicules, le comité est d'avis que la création d'un
monopole étatique n'a pas l'importance que certains lui prêtent
puisque, de toute manière, ces réformes devront être
réalisées. "Le comité a consacré des ressources
considérables à l'étude de cet aspect de la question et le
résultat de ses études est clair. L'écart des coûts
administratifs entre un monopole étatique et une entreprise
privée réformée est de 3%. Cet écart ne peut
à lui seul justifier une recommandation en faveur de la création
d'un monopole."
Il me semble évident que si l'on transforme, en suivant le
rapport Gauvin, le contexte juridique dans lequel évoluent actuellement
les assureurs et tous ceux qui sont dans le milieu de l'assurance, surtout avec
le "no fault" qui, à mon avis, est un élément
extrêmement important, si on a le "no fault", si on a en plus la
compensation directe sans droit de subrogation, si on a le surintendant des
assurances à qui on donne l'autorité voulue pour réprimer
les abus et que les contextes, que la rédaction des contrats d'assurance
soit faite selon la loi, clairement, de façon que toute la population
puisse comprendre, il me semble que dans un contexte de libre entreprise...
Vous parlez d'un monopole des assurances. Je ne crois pas à cela, il y a
tellement d'assureurs dans le Québec, il y a certainement une
compétition. Les assureurs sont soumis au contexte juridique, comme vous
êtes soumis au Code du travail. Cela me semble évident.
Si j'ai soulevé cette question du rapport Gauvin, c'est que vous
semblez, dans votre rapport je ne parle pas des gouvernements, mais je
parle de votre rapport même passer par-dessus cette recommandation
ou cette façon de voir du rapport Gauvin. Si on mettait en pratique,
demain matin, votre façon de voir ou votre façon
d'étatiser l'assurance, je pense bien qu'on pourrait avoir des
surprises. Même si, dans votre rapport, vous mentionnez ce qui est
arrivé en Colombie-Britannique, on sait qu'après
l'élection du gouvernement on a découvert, au niveau de
l'assurance, des déficits monstrueux qui ont été
difficiles à assumer pour les citoyens de la Colombie-Britannique. C'est
dans ce sens que je parlais du rapport Gauvin. Je ne sais pas si vous avez des
commentaires à faire là-dessus.
M. L'Heureux: Quand vous dites qu'il doit y avoir de la
concurrence au Québec, je vous réfère au rapport Gauvin
aux pages 156 et 166. Je cite: "Les taux des primes eux-mêmes ne
comportent pas toujours des variations substantielles d'une compagnie à
une autre." "Leurs structures de taux sont identiques et les divergences qui
existent au niveau des primes sont minimes". "Les "compagnies d'assurances" qui
ne sont pas membres de l'une ou l'autre des associations s'inspirent largement
des taux établis par les associations." Je ne sais pas si cela
répond un peu.
M. Saint-Germain: Oui, mais ce que j'aimerais, M.
L'Heureux...
M. L'Heureux: Wootton en Colombie-Britannique a dit la même
chose. A toutes fins pratiques, les différences étaient
très minimes et il n'y avait, en pratique, pas de concurrence. Quand on
parle de monopole, c'est un monopole de fait.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, je ne voudrais pas vous
interrompre tout de même. Il faudrait tenir compte que tout ceci serait
dans le contexte juridique d'aujourd'hui. Si vous changez ce contexte...
M. L'Heureux: Comme vous avez affirmé qu'il y avait de la
concurrence au Québec, en vous référant au rapport Gauvin,
moi, je vous y réfère aussi. Vous parlez du déficit de la
Colombie-Britannique. Il faut peut-être en parler parce qu'on en a
beaucoup parlé. On a charrié beaucoup de choses là-dessus.
La Colombie-Britannique, quant à nous, c'est une expérience qui a
un immense succès. C'est la principale institution d'assurance
automobile au pays. Là-bas, ils en sont très fiers. J'ai
rencontré plusieurs de ses dirigeants, d'anciens dirigeants de
compagnies d'assurances qui étaient opposés à
l'étatisation et qui maintenant sont fiers de travailler pour une
institution colombienne qui va avoir, d'ici cinq ans, dit-on, une importance
capitale dans tout le secteur du Pacifique.
Quant au déficit, si vous relisez les rapports financiers, les
bilans annuels, le ICBC, "Insurance Corporation of British Columbia", il faut
savoir ce qui s'est passé. Le gouvernement a réduit les taux par
l'étatisation. J'ai des taux ici, mais on n'est pas pour s'en
embarrasser, car on n'a pas le temps. Il les a maintenus.
Donc, les assurés de la Colombie-Britannique, pendant au moins
les deux ans que cela a duré, ont bénéficié de taux
éminemment bas par rapport à ce qu'ils payaient avant.
M. Raynauld: C'était un déficit.
M. L'Heureux: Oui, un instant! Le déficit, il était
prévu. Il y avait un arrêté ministériel, dont je
pourrais vous donner le numéro, le contenu, etc., qui prévoyait,
à partir de la tarification qui a été établie,
qu'à la fin de l'année financière le montant requis serait
diverti de la taxe sur l'essence. Je ne suis pas pour analyser pourquoi le
principe de la taxe sur l'essence. Cela avait été
décidé, c'était connu de tout le monde. Evidemment, M.
Barrett, M. Bennett, en tout cas, c'était de l'autre parti, ici,
on ne parle pas de partis, je suppose comme les libéraux
ou peut-être d'autres partis étaient les farouches
défenseurs de l'entreprise privée. On sait ce qu'ils ont fait
pendant la campagne électorale.
Et j'ai ici, aussi, un extrait de la Gazette officielle du 3 mars 1976.
La Gazette, ce n'est pas socialiste et ce n'est pas la CSN, le Seven News
Service non plus, comme vous le savez. C'est dans la page éditoriale du
3 mars 1976: "BC deficit soars the heaviest spending in post NBC." Le
déficit de la Colombie-Britannique augmente, une fois les
élections faites, mais les dépenses ont surtout été
axées sur des défaites du gouvernement crédi-tiste qui
devait démontrer qu'il y avait eu déficit. Comme il avait
parlé d'un déficit de $500 millions, il fallait qu'il en fasse la
preuve. Il s'est arrangé pour que cela arrive comme cela. Le même
article dit: "Les $185 millions que le gouvernement a pris du Conseil du
trésor pour éponger le déficit de L'ICBC, ils
n'étaient pas nécessaires, avec les revenus prévus
l'année suivante. ' Ce sont des faits. Non seulement cela, j'ai ici le
rapport du 26 février 1977, et savez-vous ce qu'il arrive au bout d'un
an? Un surplus de $77 millions. Il y a donc eu quelque chose quelque part qui
ne marchait pas, et on a donc haussé arbitrairement pour justifier une
affaire de campagne électorale et bien d'autres choses aussi. Cela,
c'est pour le déficit de la Colombie-Britannique, et M. Bennett ne
touchera pas à l'ICBC, comme M. Thatcher, le libéral, n'a pas
touché, en Saskatchewan, à la SGIO. Même s'il était
farouche, lui aussi, il voulait faire quelque chose, M. Bennett était
venu en 1962 pour l'entreprise privée, il n'a pas touché à
cela. Et le conservateur qui est au pouvoir au Manitoba n'y touchera pas, non
plus, au Manitoba, à la Manitoba Public Insurance Corporation, la
population ne l'endurerait pas.
Vous me citez le rapport Gauvin, 3%, mais ces 3% dont parle le rapport
Gauvin, en passant, ne tiennent pas compte de l'intérêt sur les
placements, cela c'est de 6% à 8%, selon le cas. Les 3% du rapport
Gauvin seraient possibles à condition, comme il l'a dit, à sa
meilleure recommandation, que toutes et chacune de ses meilleures
recommandations soient suivies.
A partir de l'expérience de la Colombie-Britannique,
préétatisation, à partir, comme je vous disais
tantôt, des tentatives d'un gouvernement cré-ditiste de modifier
selon les recommandations de la commission Wootton la situation, cela n'a pas
fonctionné. Alors nous, assurés, automobilistes,
accidentés, là cela fait assez longtemps qu'on endure que, pour
une fois qu'il y a un parti qui est au pouvoir, qui s'est engagé
à étatiser un régime public complet, on espère que
ce soit cela.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aurais aimé
continuer cette discussion très intéressante, mais je vois que le
temps passe. Je vais laisser mes collègues poser leurs questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je vais essayer de faire très court pour
permettre à mon collègue de poser au moins une question. Merci,
M. le Président. Disons qu'à première vue je ne peux pas
partager votre point de vue concernant l'étatisation, mais il s'agit
d'un choix politique. Je considère que, étant donné que le
gouvernement actuel a fait un choix politique vers l'étatisation,
à ce moment, les recommandations que vous faites sont excellentes et je
partage en grande majorité les points de vue que vous exprimez si on
décide d'aller vers un système étatique.
A ce moment, j'approuve la grande majorité des recommandations
que vous faites. Maintenant, sur une question précise, vous dites
à la page 6 de votre mémoire que la Colombie-Britannique, par
exemple, fonctionne avec des primes de $355 millions et au Québec on
prétend qu'on va fonctionner à $385 millions alors qu'on sait
qu'il y a beaucoup plus d'automobiles au Québec et qu'il y a beaucoup
plus d'accidents et que peut-être les dommages sont plus
considérables également. Comment pouvez-vous concilier ces deux
thèses et également la question de l'administration? Vous avez
dit qu'on pouvait administrer à 17% alors que le ministre nous dit qu'il
va administrer son système à 6%?
M. L'Heureux: La conciliation, écoutez, je ne peux pas
objectivement vous la donner à partir de votre question. Je ne peux pas
la faire comme cela. Il y a 1 500 000 ou 1 600 000 véhicules en
Colombie-Britannique, il y en a 3 400 000 au Québec, quelle part...?
Non, le problème que j'y vois dans l'indemnisation, au moment
où on se parle, c'est qu'au moment où on se parle, la part est
tellement considérable qu'elle va faire en sorte que pour la partie qui,
quant à nous, est également importante, peut-être que celle
qui est prioritaire c'est le corporel sans doute d'ailleurs dans les
régimes de l'Ouest c'est comme cela, dans les $50 000, il y a $35 000
qui vont au départ au corporel, donc ils privilégient le
corporel, d'accord mais je crains qu'elle va être tellement
considérable que cela va faire en sorte que les taux à la fin...
Maintenant cela, c'est gratuit, on le cite parce qu'on ne connaît pas
encore votre tarification. Je peux parler des $120 du livre vert, mais je pense
que ce n'est pas encore annoncé, le régime de tarification.
Mme Payette: Hélas! les travaux ne sont pas
terminés, cela devrait prendre quelques jours encore.
M. Fontaine: Nous attendons impatiemment.
M. L'Heureux: Je réponds peut-être mal ou de
façon incomplète à votre question, sauf que notre
préoccupation fondamentale, c'est le mode de paiement par rapport
à l'indemnisation. Il y a une discrimination de classe qui, je pense,
est évidente, qui est acceptable sur le plan de l'assurance. L'autre
question, c'était le ministre, excusez-moi...
M. Fontaine: Elle affirme qu'elle va administrer à
6%...
M. L'Heureux: A 6%.
M. Fontaine: ... et vous prétendez que le mieux qu'on
pourrait faire ce serait 17%?
M. L'Heureux: C'est possible qu'on en arrive à cela,
compte tenu de la façon dont on va procéder. Si on élimine
entièrement le courtage, il y a beaucoup de frais d'administration qui
sont éliminés. Maintenant, c'est à l'expérience
qu'on va le savoir. Je trouve que le gouvernement se place sur la corde raide
un peu quant à certains chiffres qu'il a avancés. Dans un domaine
aussi... même s'il y a des actuaires...
Mme Payette: Je voudrais corriger, parce que cela risque de
prêter à confusion. Quant aux 6%, comprenons-nous bien, il s'agit
toujours des dommages corporels; on n'aurait pas la prétention
d'administrer à 6% le corporel et le matériel. Je pense que cela
irait aussi à 17% ou 20%.
M. L'Heureux: Oui. Maintenant c'était au ministre qui
présente le projet de répondre. Il y a d'autres questions,
à ce moment, que je me pose, puisqu'on a une autre formule qui nous
permettrait globalement de réduire vraiment les coûts et
nous comme assurés, c'est cela qu'on veut et qui est basée
sur une expérience vécue ailleurs. Pourquoi le gouvernement ne
s'inspirerait-il pas de cette formule? Au total, je pense que c'est une des
réalités quant au projet qui comporte d'excellents... Disons-le,
il est radical, pour ceux qui connaissent un peu l'assurance, il est radical...
Justement, la CSN est conservatrice par ailleurs.
Elle préférerait que le gouvernement prenne plus de
précautions, qu'il assure davantage ses arrières en se basant sur
une expérience déjà réussie et vécue,
quitte, à l'expérience, à introduire cette excellente
formule que vous soumettez maintenant. D'une part, il y a quelque chose
d'excellent et, d'autre part, il y a quelque chose de partiel. On dirait que
vous voulez faire quelque chose de positif et, par ailleurs, tenir compte aussi
un peu des courtiers, des compagnies. A vouloir ménager la chèvre
et le chou, tout le monde va être mécontent. Vous avez les
courtiers, vous avez les compagnies et ils vont vous combattre.
M. Fontaine: Je vais m'en tenir à cela. J'aurais beaucoup
d'autres questions à poser, mais je vais donner la chance à mes
confrères.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Moi aussi, j'aurais beaucoup de questions et je vais
essayer de les limiter au maximum. Si j'ai bien compris votre réponse
tout à l'heure, les 3% de M. Gauvin reliés à
l'étatisation en tant que telle...
Mme Payette: Approchez votre micro, on ne vous entend pas.
M. Raynauld: Je pense que vous avez accepté ce qu'on
disait dans le rapport Gauvin, lorsqu'on parlait de 3% comme étant
l'avantage propre de l'étatisation, si on distingue cela des autres
réformes que le rapport Gauvin avait proposées. Est-ce exact?
M. L'Heureux: Tout ce que je constate, c'est que M. Gauvin,
à l'intérieur d'une réforme prévue avec
l'entreprise privée et compte tenu de toutes les recommandations qu'il
fait, lui, estime à 3% l'écart entre le coût d'un
régime public et privé. Dans notre mémoire en 1974, en
commission parlementaire c'est inscrit au journal des Débats
on a contesté cette affirmation parce qu'elle est un peu
gratuite. Cela me fait un peu penser, comme je vous l'ai dit tantôt,
à l'expérience de la Colombie-Britannique. Quand le gouvernement
créditiste de la Colombie-Britannique a tenté, lui aussi,
à partir de recommandations analogues, de réduire les
coûts, cela n'a pas fonctionné dans les faits.
D'autre part, les 3% ne tiennent pas compte des intérêts
sur les placements. Donc, on ne devrait pas parler de 3% d'écart; on
devrait parler au minimum de 10% d'écart, si on ajoute les
intérêts sur les placements.
M. Raynauld: Vous parlez de 24% d'écart en page 5.
M. L'Heureux: Oui, on parle de 24% parce que c'est 17% au
Manitoba et en Saskatchewan et 40,8%, selon Gauvin, au Québec, à
l'époque.
M. Raynauld: Et vous attribuez cette différence au fait
que ce sont des entreprises privées, parce qu'après vous dites:
"C'est une différence de 24%, ce qui représente une escroquerie
d'environ $200 millions." C'est dû au fait que les entreprises sont
privées?
M. L'Heureux: C'est dû au fait, d'une part, que les
députés du Québec et le gouvernement du Québec
décident comment nos primes vont être administrées.
M. Raynauld: Je m'en tiens à cela. Vous dites que 24%,
c'est dû aux entreprises.
M. L'Heureux: C'est, d'une part, parce que la décision se
prend ici.
M. Raynauld: Oui, c'est vrai.
M. L'Heureux: D'autre part, c'est dû au fait... La
deuxième partie, c'était quoi?
M. Raynauld: C'est pace que là, vous assimilez, si vous
voulez, l'économie qu'on pourrait faire de 24% au fait qu'on part d'un
système privé
à un système public. Je voudrais vous faire dire que ce
n'est pas cela, que c'est l'ensemble des réformes qui doivent être
proposées, dont certaines seraient compatibles avec les entreprises
privées, de sorte que l'étatisation, en tant que telle, pourrait
apporter moins d'économies que ce que vous dites ici.
M. L'Heureux: Vous êtes économiste, vous devez
savoir les économies d'échelle à ce niveau qui pourraient
être réalisées dans une seule entreprise publique, comme
cela a été démontré, de toute façon. Je
pense que, dans la Bible, nulle part il n'est dit que c'est l'entreprise
privée, que ce sont les compagnies qui doivent administrer nos primes.
On veut un service efficace, on a un exemple d'efficacité, on veut
celui-là. Après 40 ans, vous pourriez peut-être...
M. Raynauld: C'est parce qu'avant de prendre une décision,
on aimerait bien savoir combien on va économiser, puis combien on va
perdre.
M. L'Heureux: Moi, je le sais.
M. Raynauld: Vous, vous savez cela, c'est 24% de la prime.
M. L'Heureux: Moi, je sais, et M. Gauvin a fait le même
calcul, lui qui était "précautionneux ".
M. Raynauld: II est arrivé à 3% et vous arrivez
à 24%.
M. L'Heureux: Non, non, une minute. Ne mêlons pas les
affaires, vous devez connaître les chiffres assez pour ne pas les
mêler comme cela. Entre 17% de frais d'administration et 41% tels qu'il
l'a établi, cela fait 24%. Ajoutez à cela les
intérêts sur les placements, cela fait 30%, 30% de $7 milliards
depuis 1946, cela fait combien M. Raynauld?
M. Raynauld: C'est...
M. L'Heureux: $4 milliards depuis 1970 seulement. Vous
étiez au pouvoir, vous auriez pu faire quelque chose. Cela fait combien?
Cela fait $1,2 milliard.
M. Raynauld: Très bien, si cela ne vous fait rien, on va
passer à un autre sujet. On serait tellement riche si on avait toutes
ces économies dans nos poches, ce serait fantastique.
En page 8, vous avez tout un développement, à partir de la
page 8, sur lequel je suis entièrement d'accord. Vous établissez
un principe de fond que l'indemnisation était discriminatoire, que les
pauvres payeront pour les privilégiés. Si je vous comprends bien,
en page 10 ensuite, vous réaffirmez ce principe: "A un régime
obligatoire de base financé par des taux uniques doivent correspondre
des indemnités égales selon les besoins des personnes".
Il arrive que je suis bien d'accord avec cela. Maintenant, je pense bien
que je ne suis pas d'accord sur la conclusion ou les conséquences que
vous en tirez, mais j'aimerais vous faire développer un peu cette
idée, parce qu'elle m'apparaît fondamentale. C'est exact que,
lorsqu'on fait payer des taux uniques à des gens, on devrait aussi avoir
des bénéfices semblables ou identiques. Or, il arrive que les
changements de tarification qui sont proposés peuvent entraîner,
comme vous le dites vous-même, des indemnités qui ne seraient pas
égales, loin de là.
Par exemple, celui qui pourrait obtenir une indemnité
basée sur un revenu de $18 000 va payer le même prix que celui qui
pourrait compter sur une indemnité basée sur un revenu de $5000
ou $10 000.
La conclusion que vous semblez tirer de cela c'est que le financement
devrait aboutir à un financement variable suivant les catégories
de personnes, si on applique ce principe, qui devrait être variable
puisque les indemnités sont variables. Ou bien est-ce que vous proposez
au contraire que les indemnités devraient être toutes
égales pour conserver un taux uniforme? Je voudrais savoir laquelle des
deux positions vous prenez parce que, quand vous faites vos propositions par la
suite, les propositions sur le financement, vous semblez favoriser des primes
qui seraient uniformes. Est-ce que vous réclamez un changement à
ce moment-là dans la structure des indemnités?
M. L'Heureux: Oui. Si on se situe à l'intérieur du
projet gouvernemental tel qu'on l'a devant nous, il faut corriger cet aspect
inique. Si c'est $120 par personne, par conducteur ou par propriétaire
de véhicule, à ce moment les indemnités pour une veuve
avec deux, trois ou quatre enfants devraient être les mêmes quel
que soit son statut social, son revenu antérieur, le revenu
antérieur du décédé. Je ne sais pas si c'est
clair.
Quand on se réfère à la formule de financement
qu'on préconise, les quatre formes de financement qu'on y voit, on se
réfère à un système qui incorpore à la fois
le matériel et le corporel, qui serait dans le sens de la proposition
ultime que vous retrouvez à la fin. Je ne sais pas si c'est assez
clair.
M. Raynauld: Avec ce principe vous auriez pu arriver à
dire également, vous basant sur les mêmes principes, que, si les
indemnités doivent être différentes parce que les besoins
sont différents, les revenus antérieurs sont différents,
on pourrait avoir aussi des primes qui seraient différentes et qui
seraient en fonction des catégories de risque, par exemple. Quand vous
dites qu'on ne doit pas faire de discrimination contre les jeunes, est-ce que
vous voulez dire qu'il faut faire abstraction complètement du risque qui
est posé dans le système?
M. L'Heureux: Voici notre position là-dessus, et vous
savez les abus qui existent présentement. Pour avoir une assurance
adéquate, un jeune de 20 ans peut payer $2000 et même pour une
assurance inadéquate, je ne sais pas combien, plus le chantage.
On connaît un vice-président à la CSN dont le fils
s'est fait demander d'acheter une assurance-incendie pour obtenir son assurance
automobile. L'assurance-incendie, le papa l'a puisque le fiston demeure chez
lui. De toute façon, laissons faire cela.
Quant à nous, je reviens constamment à la formule qu'on
préconise. C'est un système comparable avec les meilleurs
éléments de ce qui existe dans les provinces de l'Ouest,
comprenant les quatre formes de financement qu'on préconise. Il ne
faudrait pas qu'il y ait diverses primes, des primes facultatives. Si je veux
augmenter mon assurance comme on le fait présentement, d'accord, mais le
régime obligatoire de base doit assurer les mêmes avantages pour
une prime donnée.
M. Raynauld: Et les mêmes indemnités aussi? M.
L'Heureux: Les mêmes indemnités, oui.
M. Raynauld: A la page 16, vous faites état, au dernier
paragraphe, du fait qu'on consacrerait 40% de nos primes au corporel dans le
programme qui est proposé. Vous vous posez des questions à savoir
si on va avoir les moyens de s'assurer "adéquatement à des taux
raisonnables pour l'ensemble des risques que comporte la conduite d'une
automobile", ajoutant: "On peut, à ce stade, en douter
sérieusement". La conclusion que vous tirez de cela c'est d'aller encore
plus loin?
M. L'Heureux: D'aller plus loin?
M. Raynauld: Que le projet qui est proposé. Vous vous
posez des questions à savoir si cela ne coûte déjà
pas trop cher dans le programme qui est proposé et il semble, dans votre
mémoire, que vous voudriez que le gouvernement aille encore beaucoup
plus loin, donc vraisemblablement cela pourrait coûter plus cher.
M. L'Heureux: Oui, mais dans des conditions très
différentes, à ce moment. Il faut différencier le projet
qui est devant nous de l'autre. Evidemment, le ministre nous dit qu'il se peut
que la prévision de $385 millions soit réduite. Tant mieux, mais
à ce stade-ci c'est une cause d'anxiété et
d'ambiguïté quant à ce débat il y a trop
d'impondérables. Il y a trop de trous. Il y a des estimations et on sait
que les estimations en assurance, c'est bien mieux de les vérifier
après cinq ans d'expérience. Vous savez qu'il faut au moins cinq
ans, surtout dans une nouvelle expérience, pour savoir exactement
comment nos hypothèses, quels que soient les savants économistes
ou actuaires qui sont à notre service, se sont vérifiées.
On se pose des questions. C'est pour cela qu'on se dit que plutôt de se
lancer dans l'aventure, même si c'est intéressant comme projet,
l'essentiel de ce projet, tel que préconisé, devrait s'appliquer
on est conservateur à la CSN plus tard à l'analyse
et à l'expérience.
Commençons par le véhicule connu.
M. Raynauld: Cela va, M. le Président.
Motion pour faire témoigner M. Gauvin
M. Saint-Germain: M. le Président, nous croyons à
cette commission, qu'on devrait nécessairement entendre M. Gauvin. En ce
sens, je ferais une motion qui se lirait comme suit: Que cette commission est
d'avis que M. Louis Gauvin, en raison de son expérience et de ses
connaissances particulières dans le domaine de l'assurance automobile,
soit invité à se faire entendre devant cette commission, à
une date fixée par cette commission.
Il serait intéressant, à la lumière des
mémoires que nous avons reçus à cette commission et
à la lumière du mémoire que nous avons reçu ce
matin, d'entendre M. Gauvin qui, en raison de son expérience
passée, devient un spécialiste en assurance. Nous n'avons pas eu
l'occasion d'en écouter souvent, particulièrement. Je crois qu'il
serait dans l'intérêt public qu'on permette, dans une
séance ultérieure, à M. Gauvin de comparaître devant
nous. Je crois que ce serait une séance extrêmement instructive
qui pourrait éclairer les membres de la commission et le public
relativement aux problèmes auxquels nous faisons face actuellement.
Le Président (M. Boucher): La motion qui est devant nous
demande, en fait, d'inviter M. Gauvin. Je m'interroge sur la
recevabilité de cette motion, compte tenu que le mandat de la commission
actuelle est d'entendre les mémoires qui sont présentés et
que cette motion m'apparaît changer le mandat de la commission
actuellement.
M. Saint-Germain: M. le Président, dans le passé,
comme vous le savez, on a voulu, à l'Assemblée nationale, inviter
certaines personnes à comparaître devant nos commissions et, par
le président de l'Assemblée nationale, on s'est fait dire que,
dans ces conditions, les commissions étaient responsables de leurs
travaux. M. Gauvin serait invité de la même façon que nos
invités l'ont été. On pourrait l'inviter, libre à
lui de décider s'il doit venir ou non. Il n'est pas question de le
forcer.
Ce serait un mémoire en plus, tout simplement. Comme on a son
rapport, il n'aurait probablement pas à déposer un
mémoire, s'il l'entend de cette façon, mais cela nous permettrait
de profiter de son expérience. Je crois que c'est une décision
qui doit être prise au niveau de cette commission parce que c'est une
motion qu'on ne pourrait pas apporter à l'Assemblée nationale,
comme vous le savez si bien par décision du président.
Mme Payette: M. le Président, sur la motion, la commission
est responsable des procédures de travail de la commission et non pas du
mandat. Le mandat qui nous est confié est bien d'entendre des
mémoires qui ont été soumis à des dates,
d'ailleurs, qui avaient été publiées dans la Gazette
officielle. Pour ma part, je pense que la motion serait irrecevable dans la
mesure où c'est largement dépasser le mandat qui nous est
confié.
M. Raynauld: M. le Président, si je peux dire quelques
mots sur cette motion, je pense qu'il serait très utile à la
commission d'entendre quelqu'un qui a examiné cette question d'une
façon plus approfondie que beaucoup d'autres. Je ne demanderais pas
d'inclure cette motion à titre, si vous voulez, de mémoire
supplémentaire. Ce serait donner l'occasion aux membres de la commission
de poser des questions à quelqu'un qui connaît
particulièrement bien le secteur. En effet, si on parlait d'un
mémoire, je crois que le ministre aurait raison de dire: On en a
demandé à tous ceux qui voulaient présenter des
mémoires; il n'en a pas soumis, tant pis pour nous.
Dans ce cas-ci, ce serait moins un mémoire, il me semble, que la
possibilité qui nous serait offerte. Je verrais plutôt cela comme
vraiment une question de procédure sur la façon dont on veut
conduire nos propres affaires ici et qui serait une motion simplement pour
demander à M. Gauvin s'il se prêterait à venir ici. Cela ne
retarderait pas les travaux que de se soumettre à des questions qu'on
pourrait lui poser pour nous éclairer un peu sur ce projet de loi
67.
M. Laberge: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Laberge: Je ne voudrais pas présumer de votre
décision quant à la recevabilité de la motion du
député de Jacques-Cartier. Cependant, je voudrais apporter un
éclairage sur la motion.
M. Gauvin lorsqu'il a fait son étude, qui a été
suivie d'un rapport très complet, a été entouré de
toute une équipe de spécialistes qui ont fait des recherches
à l'intérieur des compagnies d'assurances, dans les bureaux de
courtiers, un peu partout. Je le sais très bien pour connaître un
individu qui a travaillé pendant six mois avec l'équipe de M.
Gauvin. Ils ont fouillé les statistiques avant de rédiger leur
rapport. Demander M. Gauvin en commission parlementaire, actuellement, pour
venir nous donner son opinion je ne veux pas présumer de sa
réponse mais je crois qu'il serait certainement dans l'obligation
de nous dire: Si vous voulez que je vous donne un rapport ou une opinion
éclairée aussi sérieuse que le rapport que nous avons fait
dans le temps, il faudrait pratiquement recommencer les calculs et
l'enquête auprès des compagnies d'assurances, le travail que nous
avions fait dans le temps, qui avait duré un an et demi, je crois. Comme
je vous disais, je connais quelqu'un qui a travaillé
spécifiquement à l'intérieur des compagnies d'assurances
pendant six mois à fouiller les statistiques et qui a
rédigé une partie de ce rapport qui a été
entérinée par tous les membres de la commission.
Personnellement, je ne vois pas comment on pourrait demander à M.
Gauvin, à brûle-pourpoint, de se présenter ici et nous dire
ce qu'il pense de la situation actuelle en octobre 1977. Si la question
m'était posée à moi, je dirais: Attendez. Les chiffres qui
sont dans le rapport étaient valables en 1972, 1973; il y a des
changements qui se sont effectués et je ne parlerai pas au-dessus de mon
nez. Personnellement, je ne vois pas quel serait l'apport de M. Gauvin
aujourd'hui en commission parlementaire, alors que son étude a
été faite il y a cinq ans.
M. Saint-Germain: M. le Président, à ce point de
vue, je crois que le député dans la première partie de son
intervention a très bien décrit les raisons qui motivaient la
commission à entendre M. Gauvin. Maintenant, pour la dernière
partie, je dois dire qu'il ne s'agit pas de refaire le rapport Gauvin. Mais je
suis assuré que l'expérience de M. Gauvin serait
nécessaire devant les mémoires qui nous ont été
soumis; je suis certain qu'il en a pris connaissance, surtout que ce projet de
loi no 67 est un projet de loi bien particulier. Il serait très
intéressant d'entendre M. Gauvin sur ce projet de loi no 67
particulièrement, je n'en doute pas. Je suis assuré que M. Gauvin
n'aurait pas à faire des études statistiques, les principes qu'il
a établis sont là et ont été fondés. Ce
n'est pas un vieux rapport, c'est un rapport qui date de quatre ans. La
philosophie sous-tendant notre régime comme le projet de loi no 67 reste
encore valable. J'ai une copie du Devoir du 27 septembre où M. Gauvin
fait des commentaires sur le projet de loi no 67 en particulier.
Il serait extrêmement positif d'être éclairé
par M. Gauvin relativement au projet de loi particulier que nous
étudions dans le moment.
Le Président (M. Boucher): Je vous ferais remarquer que
nous en sommes sur la recevabilité de la motion. J'aimerais entendre des
arguments valables sur la recevabilité de cette motion.
M. Beauséjour: Si je regarde l'article 140, quant à
savoir s'il serait bon d'entendre M. Gauvin ou toute la population, un
après l'autre, c'est certain qu'il y a peut-être
énormément de personnes encore valables, mais elles n'ont pas
jugé bon de présenter des mémoires dans le temps prescrit.
A l'article 140 on lit ceci: "La demande et l'avis de convocation doivent
indiquer l'heure, l'endroit et l'objet de la réunion... " Quant à
la recevabilité, si on s'en tient à l'avis de la Chambre, on est
venu ici pour entendre des mémoires. Ce n'est pas parce que je ne
voudrais pas entendre d'autres choses, que ce ne serait pas utile. Il y a bien
d'autres personnes, d'autres groupements qui auraient pu se présenter
aussi. Nous aurions peut-être eu avantage à les entendre, mais ils
ont jugé bon de ne pas le faire.
Quant à la recevabilité de cette motion, sans
préjuger de votre décision, M. le Président, je crois
qu'il va falloir s'en tenir à ce que la Chambre nous a
indiqué.
M. Saint-Germain: Quant à la recevabilité, M. le
Président...
Mme Payette: M. le Président, j'avais demandé la
parole.
Le Président (M. Boucher): Mme le ministre.
Mme Payette: Pour faire suite à ce que vient de dire le
député d'Iberville et pour faire suite à l'allusion du
député de Jacques-Cartier au sujet d'un article paru dans le
Devoir, cela me paraîtrait difficile, d'abord parce que cela ne me
paraît pas faire partie de notre mandat et, au-delà de cela, qui
sommes-nous pour penser que M. Gauvin est plus compétent que M. Ryan sur
le sujet? Il avait écrit également un excellent article dans le
même numéro du Devoir. A ce compte, on pourrait passer des jours
et des jours à solliciter des conseils auprès de
différents spécialistes qui ont écrit largement sur la
question depuis dix mois. Si bien, M. le Président, à moins que
vous en décidiez autrement, qu'il me semble que notre mandat est rempli
à partir du moment où nous avons entendu les mémoires qui
ont été déposés aux dates prévues par la
Gazette officielle.
Le Président (M. Boucher): Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: De telles motions ont été
acceptées dans le passé par différentes commissions et,
comme je vous l'ai dit, M. le Président, si vous considérez que
cette motion est non receva-ble, il faudrait bien nous donner une directive et
nous indiquer de quelle façon une telle motion pourrait être
recevable. Le président a rendu, en Chambre, une décision disant
que ce genre de motion devait être faite au niveau des commissions. On
est assis entre deux chaises.
M. Gauvin a été payé par les fonds publics pour
faire une étude bien précise; ce n'est pas un journaliste. Je ne
vois pas pour quelle raison on doit comparer M. Gauvin à M. Ryan, ce
sont deux hommes qui évoluent et qui sont actifs dans des milieux tout
à fait différents. Dans la situation actuelle, M. Gauvin, sans
être invité, aurait pu être gêné de venir
comparaître devant nous. Mais on sait tout de même que M. Gauvin a
joué un rôle très important dans l'évolution du
dossier de l'assurance automobile.
Maintenant, écoutez, je ne veux pas faire un long débat de
procédure non plus. Si vous décidez, comme je le crois, M. le
Président, que c'est recevable, qu'on vote. On pourrait, dès le
début de la semaine prochaine, écouter M. Gauvin et je
déplorerais, au nom de l'Opposition, qu'on se prive de son
expérience.
M. Raynauld: Sur la recevabilité, M. le Président,
et indépendamment du mérite de la question, je dirais, même
si je ne suis pas un spécialiste du règlement, que j'ai
l'impression que cela va être difficile pour vous de trouver un article
qui vous interdise de recevoir une motion comme celle-là. C'est nous qui
sommes maîtres de la procédure et vous avez une motion qui dit:
Pourquoi ne recevrait-on pas la visite de telle personne pour l'interroger?
Quant au mérite, je pense qu'on pourra voir si cela vaut la peine
d'inviter M. Gauvin, mais, sur une stricte question de procédure, je ne
vois vraiment pas comment vous pouvez juger une motion comme celle-là
non recevable.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la recevabilité? Disons que, compte tenu du
libellé de la motion concernant M. Louis Gauvin, je la déclare
recevable, puisqu'il s'agit d'une invitation et non pas d'une convocation et
que cela équivaut à un voeu pieux de la part des membres de la
commission. Est-ce que, sur le fond de la motion maintenant, il y en a qui
veulent intervenir ou si vous êtes prêts à prendre le
vote?
M. Raynauld: Très rapidement, je crois qu'on devrait
considérer cette motion comme un cas tout à fait particulier. Il
s'agit d'une personne qui a effectivement étudié cette question
d'une façon beaucoup plus approfondie, peut-être, que quiconque
sur un plan professionnel et qui a effectivement eu accès à des
ressources humaines et financières considérables, comme on l'a
dit tout à l'heure. Je pense qu'il est dans une position tout à
fait exceptionnelle et je crois que même si on ne partage pas ses
conclusions, la commission aurait avantage à écouter les
commentaires, les arguments qu'il peut nous présenter pour ou contre le
projet de loi no 67.
Je pense qu'il n'y a probablement pas d'autres cas comme cela qu'on
pourrait invoquer. Il arrive qu'il a étudié le problème de
l'assurance automobile et qu'il l'a fait dans des conditions plus favorables
que n'importe qui d'autre. Je crois qu'il s'agit vraiment d'un cas
d'espèce. En ce qui me concerne je crois qu'on aurait avantage à
lui poser des questions et à écouter ce qu'il a à nous
dire.
M. Saint-Germain: M. le Président.
Mme Payette: M. le Président, à cause du fait que
nous n'avons pas le quorum, il me paraît invraisemblable de prendre le
vote maintenant, si bien que je vous demanderais d'ajourner sine die.
M. Saint-Germain: M. le Président, une question de
règlement. Nous avons volontairement, ce matin, en signe de
coopération, comme nous avons coopéré tout au long de nos
travaux, accepté de laisser commencer la commission sans avoir le
quorum. Que madame soit assurée que, dans l'avenir, lorsque cette
commission siégera et qu'il n'y aura pas quorum, on ne siégera
pas, et ceci dans n'importe quelles conditions. Soyez assurée de
cela.
Mme Payette: M. le Président, en réponse au
député de Jacques-Cartier, je voudrais l'assurer que ce n'est pas
un changement d'attitude de ma part. Je m'inquiète du fait qu'on
pourrait prendre un vote alors qu'il n'y a pas quorum, et de la validité
de ce vote, éventuellement. Ce n'est pas du tout un changement ou un
revers de situation.
M. Saint-Germain: Vous prenez avantage d'une situation, de notre
générosité, de notre
preuve de coopération pour empêcher un vote à ce
stade-ci. M. le Président, pour parler...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... sur la question de fond, je crois que
l'importance d'avoir M. Jean-Louis Gauvin ici s'est prouvée par sa face
même. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit. Si madame
ne veut pas, il n'y a rien à y faire, et je le sais pertinemment. Il
serait intéressant pour les députés, même les
députés du gouvernement, d'entendre M. Gauvin. Ce serait
même important pour Mme le ministre de l'écouter. Il a
certainement des choses à nous dire et ce serait très important
pour la population.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier, je dois constater, effectivement, que nous n'avons pas
quorum.
Mme Payette: M. le Président, je peux ajouter quand
même, si vous permettez, qu'on présume du résultat du vote,
c'est-à-dire que le député de Jacques-Cartier n'a aucune
idée à savoir si nous aurions éventuellement voté
en faveur ou contre cette demande.
Il m'apparaît qu'un vote ne serait probablement pas valide au
moment où nous n'avons pas quorum.
M. Saint-Germain: Madame, lorsqu'on se cache derrière la
procédure comme vous le faites là, on connaît les positions
que vous avez prises. Croyez-moi. On n'est pas aussi naïf que cela.
Le Président (M. Boucher): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, étant donné
qu'on bute sur une question de quorum, je suggérerais, si c'est le vrai
problème, qu'on suspende et qu'on revienne. On aura le quorum et on
prendra le vote. Ce n'est pas une suspension sine die, par exemple.
Le Président (M. Boucher): Nous avions déjà
prolongé de quinze minutes, du consentement des membres. Actuellement,
nous en sommes à trois quarts d'heure de prolongation, étant
donné que nous devions ajourner à midi. Je remarque qu'il y a des
gens de l'Opposition, de l'Union Nationale et d'autres partis de l'Opposition
qui ne sont pas représentés. Je dois me rendre à la
proposition du ministre de suspendre sine die en attendant l'ordre de la
Chambre.
Mme Payette: M. le Président, avant que vous suspendiez,
me permettriez-vous de remercier les représentants de la CSN, à
qui on n'a plus adressé la parole à cause de la
présentation d'une motion? Je les remercie d'être venus devant la
commission et d'avoir accepté en plus de passer ici la journée
d'hier que pour n'avoir été entendus que ce matin. Je leur
demande encore une fois si, éventuellement d'autres questions
surgissaient dans mon esprit, je peux compter sur une possibilité
d'entrer en communication. Je ne vois pas la nécessité pour
maintenant, je veux juste m'assurer que ce soit possible.
M. L'Heureux: Nous sommes à votre entière
disposition, madame.
Mme Payette: Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de la CSN d'être
venus déposer leur mémoire. M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je voulais simplement joindre ma voix à celle
du ministre pour remercier les représentants de la CSN d'être
venus devant la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci. La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 45)
Le jeudi 27 octobre 1977
(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières est de nouveau réunie pour compléter
l'étude du projet de loi no 67, Loi sur l'assurance automobile.
Les membres de la commission pour ce matin sont M. Beauséjour
(Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata) remplace M. Gagnon (Champlain); M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Burns (Maisonneuve) remplace M. Landry (Fabre); M.
Larivière (Pontiac) remplacé par M. Giasson (Montmagny-L'Islet);
M. Lefebvre (Viau); M. Perron (Duplessis) remplace M. Marois (Laporte); M.
Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M.
Russell (Brome-Missisquoi), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier) et M.
Vaillancourt (Jonquière).
A l'ajournement d'hier nous en étions sur une motion du
député de Jacques-Cartier, motion demandant d'inviter le
président du comité Gauvin à comparaître ou à
venir devant la commission. Le vote avait été demandé;
étant donné que nous n'avions pas quorum nous avions
ajourné, sine die. Ce matin, nous en sommes à cette motion et,
compte tenu que le vote avait été demandé, est-ce que nous
sommes prêts à voter?
M. Burns: Oui, M. le Président.
M. Saint-Germain: M. le Président, quelques mots
seulement. Je ne voudrais pas faire une bataille serrée ce matin. Je
regarde les députés du gouvernement. Nous avons un gouvernement
qui a resserré les rangs.
M. Vaillancourt (Jonquière): II va peut-être nous
convaincre.
M. Saint-Germain: Rien n'empêche que je dois dire, surtout
pour l'information des nouveaux venus, qu'il nous a semblé
extrêmement important que M. Gauvin comparaisse devant cette commission
ou du moins qu'il soit invité. Nous avons entendu, à cette
commission, des mémoires présentés par de simples citoyens
qui nous ont appris beaucoup sur certains points spécifiques du projet
de loi.
Nous aurions en M. Gauvin un type qui a la connaissance de tout le champ
d'activité de l'assurance. Il connaît bien les problèmes
des assureurs et des courtiers, les problèmes de coûts, les
problèmes des experts et aussi les problèmes d'une régie
d'Etat, puisqu'il en a étudié la valeur. Ces hommes dans le
Québec sont rares. Ils sont très rares. J'oserais dire qu'ils
sont nécessairement rares aussi au niveau des conseillers du ministre.
Pour bien nous éclairer et bien éclairer la population, il serait
utile d'entendre M. Gauvin. Je ne répéterai pas tout ce qui s'est
dit hier, mais je crois que c'est là l'argument principal. Nous avons
fait cette motion d'une façon très
désintéressée. Nous l'avons faite dans
l'intérêt de la population. Il appartiendra maintenant au
gouvernement d'assumer ses responsabilités devant cette population que
nous voulons tous bien servir.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. Pour l'information de la commission, le libellé de
la motion était le suivant: "Que cette commission est d'avis que M.
Louis Gauvin, en raison de son expérience et de sa connaissance
particulière dans le domaine de l'assurance automobile, soit
invité à se faire entendre devant cette commission." Il n'y avait
pas de date mentionnée.
M. Burns: Vote par appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, vote par appel nominal.
M. Beauséjour?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Bisaillon?
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gosselin? Il n'y est pas. M.
Fontaine remplace M. Goulet. M. Fontaine?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Laberge?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Lalonde? M. Burns?
M. Burns: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Larivière? M.
Lefebvre?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Perron?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Marquis?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Boucher): Mme Payette?
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Raynauld? M. Raynauld:
Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Saint-Germain?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Vaillancourt
(Jonquière)?
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Boucher): Alors, cette motion est
rejetée.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maisonneuve.
M. Burns: ... le mandat de cette commission était
d'entendre les mémoires qui devaient être présentés
par les groupements.
M. Saint-Germain: Nous avons pris le vote. Alors, M. le leader
parlementaire a eu l'occasion, avant la prise du vote, de donner son opinion et
il a cru bon de s'abstenir.
M. Burns: Moi, je me suis abstenu? J'ai voté contre.
Qu'est-ce que cette affaire?
M. Saint-Germain: Oui, mais pourquoi argumenter ou expliquer
maintenant votre vote contre.
M. Burns: Je ne parle plus du vote.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier, M. le député de Maisonneuve avait demandé
la parole.
M. Burns: J'ai demandé la parole. Que voulez-vous? La
commission siège encore, à ma connaissance.
M. Saint-Germain: Pour expliquer le vote, le débat est
fini sur cette question.
M. Burns: Je n'explique pas le vote, le vote est fini.
M. Saint-Germain: Alors, j'écoute.
M. Burns: C'est cela, ce serait mieux que vous écoutiez.
M. le Président, cette commission a pu entendre, selon son mandat,
toutes les parties intéressées à se faire entendre elle,
les groupe- ments, les individus. Je pense qu'on doit féliciter tous les
membres quand je dis tous les membres, cela veut dire même les
membres de l'Opposition du travail très constructif, positif qui
a été fait. A certains égards, il y a eu des
échanges plus ou moins constructifs, mais, en général,
cela l'a été. M. le Président, en vertu des dispositions
de notre règlement, je propose maintenant que cette commission mette fin
à ses travaux et fasse rapport à la Chambre toujours selon les
dispositions du règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je dois dire que
l'Opposition officielle a essayé d'apporter à cette commission sa
collaboration. Nous avons essayé, à la limite de nos talents, de
faire valoir les faiblesses de cette législation. Je dois, tout de
même, vous remercier, M. le Président, de votre esprit de justice
et de votre esprit démocrate, je dois aussi remercier les membres qui
ont siégé à cette commission. Je crois qu'ensemble nous
avons tous fait notre devoir.
M. Burns: Je crois qu'il faudrait aussi souligner la patience du
ministre.
M. Saint-Germain: Le ministre, j'avoue, a
été...
M. Burns: ... d'une patience absolument incroyable.
M. Saint-Germain: ... patiente, mais c'est là une
qualité qu'on oublie de mentionner chez les personnages publics parce
que, sans patience, la démocratie est absolument impossible. Puisque le
leader du gouvernement est ici, pourrait-on lui demander quand aura lieu la
deuxième lecture de ce projet de loi? Nous ne voulons pas
nécessairement une date fixe.
M. Burns: Je peux vous en donner une.
M. Saint-Germain: Allons. M. Burns: Demain.
M. Saint-Germain: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Je remercie personnellement
tous les membres de la commission de leur collaboration à mon endroit.
Je demande que le rapporteur, en l'occurrence le député de
Limoilou, fasse rapport au nom des membres de la commission à
l'Assemblée nationale. Nous ajournons les travaux de la commission sine
die.
(Fin de la séance à 10 h 19)