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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Je vous demanderais d'attacher vos ceintures, parce que la commission
permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières entreprend, en cette veille des Fêtes de Noël et
du Nouvel An, l'étude du projet de loi no 67, article par article.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke),
M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Landry (Fabre) remplacé par M. Paquette
(Rosemont); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)...
M. Lalonde: Remplacé par Giasson.
Le Président (M. Bertrand): ... remplacé par M.
Giasson (Montmagny-L'lslet); M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte)...
Une Voix: ... remplacé par M. Clair (Drummond).
Le Président (M. Bertrand): ... remplacé par M.
Clair (Drummond); M. Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M.
Raynauld (Outremont)...
M. Lalonde: Remplacé par M. Blank (Saint-Louis).
Le Président (M. Bertrand): ... remplacé par M.
Blank (Saint-Louis); M. Russell (Brome-Missisquoi)...
M. Shaw: M. le Président, c'est moi qui remplace M.
Russell, de Brome-Missisquoi, et c'est M. Serge Fontaine qui remplace M.
Bertrand Goulet, député de Bellechasse.
Le Président (M. Bertrand): ... M. Russell
(Brome-Missisquoi) remplacé par M. Shaw (Pointe-Claire); M. Goulet
(Bellechasse) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier) et M. Vaillancourt (Jonquière).
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): On va vous ajouter, M.
Roy?
M. Roy: Je fais partie de la commission parlementaire, je
m'excuse.
Le Président (M. Bertrand): Pas sur ma feuille, mais
à compter de maintenant, vous y êtes.
M. Roy: A compter d'hier et d'avant-hier, depuis le début
de l'année.
Le Président (M. Bertrand): On ne siégeait pas, si
ma mémoire est bonne, hier ou avant-hier.
M. Roy: Non, mais j'étais membre quand même.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Vous n'étiez
pas inscrit, j'ai lu la liste des noms telle qu'elle était
présentée. M. Roy (Beauce-Sud).
Est-ce que quelqu'un veut faire une proposition pour nommer le
rapporteur de cette commission?
M. Clair: Le député de Viau. Je suggère le
député de Viau.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Viau, M. Lefebvre.
M. Roy: M. le Président, est-ce que le
député de Viau accepte?
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Viau accepte. Avant que nous ne commencions, je vois, ici à ma droite,
un certain nombre de documents qui ne m'appartiennent pas. Ils appartiennent
à Mme le ministre. Je voudrais demander s'il y a des documents qui
doivent être déposés ou remis à l'ensemble des
membres de la commission avant que nous n'entreprenions l'étude du
projet de loi, article par article. Madame?
Distribution de documents
Mme Payette: M. le Président, il y a un document qui a
déjà été remis aux membres de cette commission. Il
y en a un autre que j'aimerais faire distribuer ce matin. Il s'agit d'un avis
qui nous a été envoyé par le président de la
Commission des droits de la personne du Québec pour que les membres de
cette commission en prennent connaissance.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on pourrait savoir
s'il s'agit d'un avis envoyé de sa propre initiative ou à la
demande du ministre?
Mme Payette: C'est, en effet, un avis envoyé de la propre
initiative du président de la commis-
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il d'autres documents,
Mme le ministre?
Mme Payette: II n'y a pas d'autres documents pour l'instant.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je suis étonné
par la dernière déclaration du ministre, à savoir qu'il
n'y a pas d'autres documents disponibles pour les membres de cette commission.
J'aurais espéré, comme plusieurs autres membres, que le ministre
profite du début de nos travaux pour déposer les études
actuarielles, entre autres, qui sous-tendent, qui supportent, qui soutiennent
ce projet de loi, surtout au niveau des coûts.
M. Clair: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): Question de règlement?
M. le député de Drummond.
M. Clair: La question que vous avez posée avait pour but
de savoir si d'autres personnes avaient des documents à distribuer. Je
n'ai absolument pas d'objection à ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys fasse des commentaires sur ce fait. Toutefois, la
procédure usuelle lors de l'étude, article par article, d'un
projet de loi, veut que l'on donne la parole au ministre pour la
présentation du projet de loi, et ensuite, qu'il y ait des commentaires
de la part de l'Opposition officielle et des autres.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): Non, je n'ai même pas
besoin, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, que vous ayez
à intervenir. Ainsi, on va gagner un peu de temps. J'ai simplement voulu
que les membres de la commission sachent, avant que nous n'entreprenions
l'étude de l'article 1, s'il y avait quelques règles qui devaient
être mieux définies, s'il y avait des choses qui manquaient pour
chacun des membres de la commission. Je savais que Mme le ministre
désirait déposer un document.
Je pense que, dans les circonstances, à la suite du
dépôt de ce document, qui est un avis transmis par la commission
des droits et libertés de la personne, le député de
Marguerite-Bourgeoys veut s'enquérir auprès du ministre si, oui
du non, il y a d'autres documents qui vont être déposés ou
qui devraient être déposés avant que nous n'entreprenions
l'étude. Le débat ne sera pas très long, vous savez, M. le
député de Drummond. Là-dessus, je vais simplement
permettre au député de Marguerite-Bourgeoys de poser la question
qu'il avait à poser.
M. Lalonde: Je ne veux pas présumer de la longueur des
débats. Quant à moi, si le ministre nous remet tous les documents
qui nous sont utiles pour étudier de façon cohérente ce
projet de loi, je suis prêt à mettre fin à mon intervention
maintenant, parce qu'il y a des études qui ont été faites,
qui sont au ministère des Consommateurs, des études actuarielles
en particulier, les règlements auxquels certains articles font appel ou
auxquels certains articles donnent ouverture et que des membres de ce
gouvernement, et surtout lorsqu'ils étaient dans l'Opposition, les
membres du Parti québécois ont toujours réclamés,
lors du début de l'étude. Alors, ce sont des questions que je
pose au ministre, M. le Président, qui pourront, selon la
réponse, être suivies d'une motion, même avant qu'on
entreprenne l'étude article par article du projet de loi.
Je veux demander au ministre si... Parce qu'il y a eu une
réponse...
Mme Payette: Alors, M. le Président...
M. Lalonde: Excusez-moi, il y a eu une réponse en Chambre
hier...
Mme Payette: C'est ça, c'est exact.
M. Lalonde: ...selon laquelle il y aurait des documents qui
seraient remis très bientôt. Est-ce qu'il n'y en a pas qui sont
déjà, actuellement, à la disposition du ministre?
Mme Payette: M. le Président, si le député
de Marguerite-Bourgeoys fait allusion, comme l'a fait si souvent le
député de Beauce-Sud, aux travaux actuariels qui ont permis
d'évaluer le coût du régime à $385 millions, ce
document a été déposé durant les travaux de la
commission parlementaire. C'est à partir, évidemment, des
mêmes évaluations que nous sommes en train de refaire les travaux,
et ce que j'ai répondu au député de Beauce-Sud hier, c'est
qu'il y a une lueur d'espoir. Les travaux de tarification sont terminés,
sauf que la loi 49 de la Régie de l'assurance automobile prévoit
que cette tarification est d'abord soumise au Conseil des ministres, ce qui
sera fait, M. le Président, au cours de la journée d'aujourd'hui
et, dès que cette tarification aura reçu l'approbation, elle sera
présentée aux membres de cette commission.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il n'y a pas
d'autres études qui sont à la disposition du ministère
actuellement et qui pourraient éclairer les membres de cette
commission?
Mme Payette: Les études qui ont entouré la
présentation du livre bleu le 15 avril dernier ont été
mises à la disposition de l'Assemblée nationale et ont
été déposées à nouveau au cours des travaux
de la commission parlementaire. Il y a, dans un premier temps,
l'évaluation du régime et, dans un deuxième temps, des
hypothèses de tarification à partir de cette évaluation
totale du régime.
M. Lalonde: Ce sont seulement ces rapports qui ont
contribué à la préparation du projet de loi tel qu'il
est?
Mme Payette: Ce sont les rapports essentiels, de base, qui ont
permis, en fait, d'arriver à des hy-
pothèses de tarification. Ce n'est pas plus compliqué que
cela.
M. Lalonde: Quant aux règlements, le ministre
prévoit-elle les déposer à mesure que l'étude de
chaque article qui ouvre la porte à l'adoption d'un règlement est
abordée?
Mme Payette: Dans la mesure où ce document existe, dans la
mesure où il est prêt, très certainement. Je ne pense pas
qu'on puisse mettre en doute mon désir d'éclairer la commission
depuis le début des travaux sur ce projet de loi.
M. Lalonde: Là-dessus, vous me permettrez d'être
sceptique, non pas à l'égard du ministre, mais à
l'égard du gouvernement. J'ai eu la même promesse lorsque nous
avons étudié la loi 101, article par article, quoique, de temps
à autre, nous avions des projets de règlement qui nous
étaient remis. D'ailleurs, vous étiez là, je pense, dans
une bonne mesure. Nous avons quand même dû aborder, malgré
la promesse du député de Saint-Jacques, à ce moment,
l'étude de certains articles sans avoir les règlements. Je suis
fort tenté de faire une motion, à moins d'avoir un engagement
plus formel, parce que, lorsque le ministre me dit: Si ces documents existent,
c'est à elle de les préparer ou à ses services et non pas
à nous.
Je vais encore donner une chance à Mme le ministre d'être
plus précise sur cet engagement, parce que c'est extrêmement
important. Je sais que tous les députés ministériels,
comme ceux de l'Opposition, sont intéressés à
étudier les articles dans leur entière perspective, et les
règlements y prennent souvent beaucoup de place. C'est presque
inévitable.
Si le ministre s'engage à nous remettre les amendements avant
d'aborder le sujet ou à suspendre l'étude d'un article dont les
règlements ne seraient pas prêts, à ce moment, je ne ferai
pas de motion.
Mme Payette: Je ne pense pas être prête à
prendre cet engagement tel que formulé par le député de
Marguerite-Bourgeoys. Je pense cependant que je peux vous assurer que j'aborde
cette commission parlementaire avec toute la bonne volonté et la
meilleure foi qui puissent animer une personne responsable de piloter un projet
de loi. Au fur et à mesure que cela sera nécessaire, je ferai en
sorte que les documents soient disponibles pour éclairer la commission,
mais je pense qu'il serait probablement prématuré de prendre un
engagement formel quant à l'étude du projet de loi article par
article.
M. Lalonde: M. le Président, je dois me satisfaire,
quoique je ne sois pas du tout satisfait. Je vais suspendre mon intervention
à ce stade-ci et, selon le déroulement des travaux, je verrai
peut-être à soumettre une autre fois, d'une façon plus
formelle, ces questions à la commission.
Le Président (M. Bertrand): Bien, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Alors, j'appelle l'article 1.
M. Roy: Un instant!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Saint-Germain: Est-ce que madame a quelque chose à dire
au début des travaux ou si...
Mme Payette: En effet, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): C'était
là-dessus, M. le député de Beauce-Sud?
M. Roy: Oui, c'était sur ce point.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Roy: Je déplore, M. le Président, que nous
entreprenions l'étude de la loi article par article sans même en
avoir toutes les données. Je pense que la population du Québec
attend mieux que cela de ses représentants et de son gouvernement. Le
gouvernement a présenté cette loi comme étant une mesure
à caractère social, une loi qui est la seule, je pense, pendant
toute la présente session dep'uis le mois de mars qui ait des
implications sociales. Il y a des lois qui ont touché à toute la
société, mais celle-ci a une portée sociale et on nous
demande actuellement en quelque sorte de donner un chèque en blanc au
gouvernement. Il y a des articles dont les données nous manquent ou sont
modifiées, même à partir de l'article no 1. Il faudrait,
quand même dès ce moment, avoir les données dont nous avons
besoin, parce que, dans le document qui nous a été remis hier,
toutes les indemnités nous avons passé une partie de la
nuit à examiner le document sont changées, sont
modifiées. J'aimerais attirer l'attention de mes collègues sur le
fait qu'on réduit à peu près de 10% les indemnités
prévues. Là où le projet de loi no 67 prévoyait 65%
d'indemnité, c'est réduit à 55%; là où
c'était 75%, c'est réduit à 65%. Il a fallu passer une
partie de la nuit à étudier, à examiner le document, pour
être en mesure de se rendre compte de la portée des amendements
que nous propose le gouvernement. En ce qui me concerne, je participe depuis
plusieurs sessions à des commissions parlementaires, mais c'est la
première fois, M. le Président, que nous avons un volume
d'amendements proposés par le gouvernement et je trouve
extrêmement difficile de travailler...
Mme Payette: M. le Président...
M. Roy: Non, je m'excuse, madame, M. le Président, j'en
fais même une question de règlement à ce moment-ci, parce
que je veux bien savoir de quelle façon nous allons travailler et savoir
si nous allons être en mesure de travailler de façon positive.
Quand on nous arrive avec une brique d'amendements dont certains ne font que
proposer un changement de virgule je pourrais en citer ici, j'en ai des
exemples l'amendement no 26 modifie un article de la loi pour changer
une virgule.
Dans un autre article de la loi, l'article 4 on pourra
vérifier on corrige une faute de français. L'amendement a
pour effet de remplacer le mot "réputée" par le mot,
"réputé". Ce qui me fait dire que nous sommes en face d'une
improvisation que je n'ai jamais vue. Je ne sais réellement,
sincèrement, sérieusement pas comment, si on regarde uniquement
les amendements mineurs qu'on veut apporter dans le projet de loi qui ne
concernent que des fautes de français... En même temps, on nous
arrive avec toute une série d'amendements qui modifient
complètement le régime d'indemnisation. Alors, on n'est plus du
tout au même niveau, sur la même longueur d'onde que nous
étions lorsque...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Roy: Sur
un point de règlement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Beauce-Sud! Je vous ai laissé entreprendre votre
intervention, espérant que vous alliez vous maintenir dans la discussion
que nous avions définie avec le député de
Marguerite-Bourgeoys, soit la question des documents qui sont
déposés ou qui vont être déposés
éventuellement. Je vois que vous glissez tranquillement, mais
sûrement vers une intervention qui touche au fond, à l'ensemble
des discussions que nous allons avoir ici au cours des prochains jours.
Si vous me le permettez, à moins que vous n'invoquiez une
question toute autre que celle que vous êtes en train de soulever, il
faudrait que je reconnaisse Mme le ministre comme premier intervenant sur
l'ensemble des discussions que nous aurons face à ce projet de loi,
article par article, et que, par la suite, je puisse reconnaître chacune
des oppositions. Vous glissiez tranquillement vers votre intervention
principale.
M. Roy: Je donnais simplement, M. le Président, des
arguments pour justifier mon appui aux propos du député de
Marguerite-Bourgeoys, à savoir qu'il devrait y avoir une motion pour
demander au gouvernement de déposer, avant même que nous
entreprenions l'étude de la loi, article par article, une estimation du
coût du projet de réforme comme tel. Deuxièmement, que nous
ayons les hypothèses de tarification telle que révisée,
suite aux annonces et aux modifications que le ministre lui-même a
annoncées aux commissions parlementaires.
J'estime, M. le Président, qu'il est absolument impensable,
absolument illogique, que nous puissions entreprendre l'étude cette loi,
article par article, si nous n'avons pas ces chiffres, ces informations.
J'irais même un peu plus loin vous m'excuserez si j'ai
débordé le cadre des discussions de la commission et je
voudrais en profiter pour dire au gouvernement, pour vous souligner que ceci
permettrait, en même temps, au gouvernement, de faire une
réimpression du projet de loi, une réimpression complète,
avec les amendements, pour que nous ayons le temps de les examiner et que nous
puissions travailler sans avoir une liasse de documents et 20 à 25
dossiers à surveiller et à suivre, au moment où nous
étudierons la loi article par article. C'est pourquoi j'en ai fait une
question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. Roy: Ceci
dit, M. le Président...
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): Pardon, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: ... j'appuie en tous points les propos qui ont
été tenus par le député de Marguerite-Bourgeoys.
S'il n'en fait pas une motion, M. le Président, j'en ferai une.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, vous avez une question de règlement.
M. Paquette: C'est sur les propos du député de
Beauce-Sud. Quand il a parlé de la complexité de suivre 25
dossiers à la fois et de l'improvisation, et qu'il a affirmé que
c'était la première fois qu'il voyait cela dans une commission
parlementaire, je sors de la commission parlementaire qui a
étudié la charte de la ville de Montréal et on avait ce
genre de dossiers que je trouve, pour ma part, extrêmement utiles, parce
que cela permet de constater l'évolution entre la première
version du projet de loi et la nouvelle version une fois amendée. Je
pense que cela va faciliter notre travail. Reste le point des
règlements, c'est autre chose. Mais qu'on ne vienne pas nous dire qu'on
va avoir de la difficulté à travailler avec un cahier
structuré de cette façon.
Mme Payette: M. le Président, sur la question de
règlement. Peut-être que cela pourrait rassurer les
députés de l'Opposition si je leur disais que nous serons en
mesure de leur fournir, au cours de la journée d'aujourd'hui, les
amendements principaux tirés de ce document de travail qui a
déjà été remis à l'Opposition hier.
Le Président (M. Bertrand): Bien. M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, je suis très craintif.
J'ai suivi les mémoires depuis le début de cette étude en
commission parlementaire. Nous sommes maintenant au 16 novembre et nous savons
bien que le ministre veut appliquer son projet de loi l'an prochain. Nous
savons aussi que nous avons de grands changements de fond dans les amendements
qui sont proposés. Nous avons besoin de faire une étude plus
complète, avec les implications, parce qu'il y a des implications
actuarielles, judiciaires, et, le soir, pour commencer cette étude, nous
avons besoin d'un livre aussi épais que cela.
M. le Président, c'est parce que ce projet de loi est très
important. On ne veut pas faire une façade de cette étude. On ne
veut pas en faire une façade, parce que cela implique un changement
presque total dans le système d'assurance automobile qu'on a au
Québec.
A mon avis, c'est très important, pour nous, comme
parlementaires, d'avoir ces données avant qu'on commence l'étude
et même un peu de temps auparavant, pour pouvoir les étudier comme
il faut pour la population du Québec, parce que, si cette commission
parlementaire n'est qu'une façade pour adopter un projet de loi qui sera
mis en vigueur l'année prochaine, c'est un vol des droits des
Québécois.
Une Voix: C'est une expression parlementaire. M. Shaw:
Exactement.
Motion pour dépôt de documents portant
sur les coûts du régime
Le Président (M. Bertrand): Avant que je ne remette la
parole au ministre responsable, M. le député de Beauce-Sud, avant
que vous ne m'interrompiez pour dire que je vous brime dans vos droits, je
voudrais savoir si vous maintenez toujours cette affirmation que vous venez de
faire selon laquelle vous désiriez déposer une motion pour
dépôt de documents.
M. Roy: Oui. je fais motion pour que soient déposés
devant la commission parlementaire, avant que nous entreprenions l'étude
article par article, premièrement, le coût total du régime
proposé; deuxièmement, le dépôt des
hypothèses de tarification.
Je n'ai pas de texte, je m'excuse. Je ne pensais pas que cela serait
nécessaire de faire une motion ce matin. Je pensais que c'était
tout simplement logique et normal que nous puissions nous attendre...
Je m'aperçois que mon collègue de Nicolet-Yamaska va
peut-être vous permettre de biffer son nom. Je m'excuse, la collaboration
entre les députés de l'Opposition, M. le Président...
M. Fontaine: C'est important.
M. Roy: ... c'est très important. C'est un front
commun.
M. Payette: Qui s'assemble se ressemble.
M. Roy: Cela représente la majorité de la
population du Québec, il ne faut pas l'oublier.
Que cette commission est d'avis que l'étude article par article
du projet de loi 67 ne débute que...
M. Fontaine: 67% contre.
M. Roy: ... lorsque le ministre responsable aura
déposé les études se rapportant aux coûts du
régime d'assurance automobile proposé par le projet de loi 67,
son coût d'administration ainsi que la table de tarification s'y
rapportant.
Je vous ferai parvenir la motion, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): J'aimerais bien.
M. Roy: Vous me direz si la motion est reçue. J'aimerais
garder mon droit de parole pour la justifier davantage et apporter des
précisions. J'en profite pour remercier mon collègue de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Si vous ne l'aviez pas fait, je l'aurais fait.
Le Président (M. Bertrand): La motion
présentée par le député de Beauce-Sud se lirait de
la façon suivante: Que cette commission est d'avis que l'étude
article par article du projet de loi 67 ne débute que lorsque le
ministre responsable aura déposé les études se rapportant
aux coûts du régime d'assurance automobile proposé par le
projet de loi 67, son coût d'administration ainsi que la table de
tarification s'y rapportant.
Sur la recevabilité de cette motion seulement et non pas sur son
fond, M. le député de Drummond.
M. Clair: J'aimerais, si c'est possible, qu'on distribue des
copies de la motion du député de Beauce-Sud. Quand même,
sur la recevabilité de la motion, premièrement, cette motion
m'apparaît complètement irrecevable au seul chapitre des
traditions parlementaires, au sens qu'elle est prématurée,
d'abord et avant tout.
Actuellement, le ministre n'a même pas fait son discours
d'ouverture pour la présentation générale du projet de loi
et, à ce titre, la motion m'apparaît prématurée.
Avant le début des travaux d'une commission parlementaire, il y a
place à toutes sortes de motions pour le fonctionnement des travaux de
la commission, mais non pas des motions sur le fond comme on en a une
actuellement.
D'autre part, je vous indique, M. le Président, qu'il y a
déjà de la jurisprudence en ce qui concerne les
dépôts de documents, si vous considérez que mon premier
argument n'est pas valable, à savoir que la motion est
prématurée. Il y a déjà une décision qui a
été rendue le 8 juin 1977 par le vice-président de
l'Assemblée nationale qui a jugé irrecevable une motion demandant
un dépôt de documents, parce qu'une telle motion ne peut
être présentée en commission parlementaire. Ce n'est qu'en
Chambre qu'on peut présenter des motions pour le dépôt de
documents.
Les commissions parlementaires ont le mandat que leur donne la Chambre.
Or, la Chambre nous a donné le mandat d'étudier le projet de loi,
article par article, aujourd'hui, et non pas de reporter l'étude de ce
projet de loi en attendant des dépôts éventuels de
documents. Dans ce sens, il ne faut pas oublier que les commissions parle-
mentaires sont des créatures de l'Assemblée nationale.
Elles ont le mandat que leur donne l'Assemblée nationale. Dans ce sens
également, la motion du député de Beauce-Sud est
irrecevable. Les moyens que pourrait utiliser le député de
Beauce-Sud pour obtenir le résultat recherché par sa motion sont
nombreux. Il pourrait, premièrement, faire une motion non
annoncée dès cet après-midi à l'Assemblée
nationale. On verra s'il y aura consentement unanime, si, effectivement, sa
motion sera reçue. Il pourrait également...
M. Roy: Elle est recevable.
M. Clair: ... inscrire une motion à cette fin au
feuilleton de la Chambre, deuxième possibilité. Troisième
possibilité, il pourrait toujours émettre un voeu personnel,
comme l'a fait le député de Marguerite-Bourgeoys tantôt, en
invitant son collègue, le ministre des Consommateurs, à
déposer de tels documents, s'ils existent.
Encore une fois, la motion est irrecevable pour plus d'une raison.
Premièrement, elle est prématurée. On en est actuellement
à la période, si on veut, des motions préliminaires pour
le bon fonctionnement de la commission. Deuxièmement, la motion est
contraire à l'ordre de la Chambre, qui est celui d'étudier
maintenant, et non pas de remettre l'étude du projet de loi.
Troisièmement, il y a plusieurs autres moyens pour atteindre le but que
cherche le député de Beauce-Sud.
Ce que cherche le député de Beauce-Sud, c'est à
être informé et à informer la population, par le biais de
l'Assemblée nationale, de certaines choses. Or, il a les meilleurs
moyens. Il dispose de biens meilleurs moyens que ceux dont il pourrait disposer
en commission pour atteindre le but recherché par sa motion.
Voilà autant de raisons pour lesquelles vous devriez humblement
déclarer irrecevable la motion du député de
Beauce-Sud.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la recevabilité, je pense qu'il y a deux
sortes d'arguments, un argument absolu et l'autre relatif. Je vais commencer
par le relatif. Naturellement, je ne peux pas être en désaccord
avec le but de la motion du député de Beauce-Sud. J'avais
même dit que j'en ferais une. Je voulais simplement laisser le soin au
ministre de nous annoncer des choses nouvelles dans son intervention du
début.
M. Clair: En fait, le député de
Marguerite-Bourgeoys connaît le règlement. Il sait qu'il est trop
tôt.
M. Lalonde: Je ne veux pas conclure de cette attitude que j'ai
eue, qui m'a peut-être été dictée par l'ouverture
dont le ministre a fait preuve, surtout depuis hier, en nous déposant,
en nous remettant les amendements.
Mme Payette: Moi?
M. Lalonde: C'est peut-être ce qui avait inspiré mon
geste, mais il ne faut pas en conclure que c'est prématuré
à cause de ça, je ne pense pas, je pense que la motion peut
être faite en tout état de cause. Quant au député de
Beauce-Sud, on ne peut pas lui prêter des intentions malveillantes non
plus, parce qu'il l'a fait maintenant, il a décidé de la faire
maintenant, il peut la faire à compter du début des travaux.
Le fait qu'il demande dans sa motion le dépôt de documents
pourrait, je l'avoue, être contraire au règlement. Cela pourrait
être corrigé, par exemple, même proprio motu, de la part du
président. On pourrait remplacer ces mots par "remettre aux membres de
cette commission" au lieu de "déposer à cette commission" parce
que, au fond, c'est très formaliste, et je ne pense pas que ce soit le
but, c'est-à-dire que ce soit le cadre de nos travaux dirigés par
le règlement et par le président, que de s'en tenir à un
formalisme d'avocasseries. Donc, à ce point de vue, je pense que la
motion est recevable et la déclarer irrecevable simplement parce que ce
serait prématuré ou pour "dépôt de documents" au
lieu de "remettre aux membres", je pense que cela peut être
corrigé très facilement. Je conclus à la
recevabilité, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais simplement
ajouter un mot. Le député de Drummond a dit que cette motion
semblait prématurée. A mon avis, c'est tout à fait
erroné, parce que le député de Beauce-Sud, le
député de Nicolet-Yamaska et le député de
Jacques-Cartier ont, depuis le début de l'étude de ce projet de
loi no 67, demandé à plusieurs reprises, au gouvernement, au
ministre, de déposer ces documents, et le fait de dire que cette demande
est prématurée, je pense, que cela va tout à fait à
l'encontre du règlement.
D'autre part, on invoque...
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Drummond! Personne ne vous a interrompu tantôt.
Je voudrais, comme président, me faire une idée...
M. Clair: Je me soumets, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): ... car, en ce moment, ce ne
sont pas les membres de la commission parlementaire qui doivent se faire une
idée sur la question de la recevabilité, mais bien le
président seul. Je voudrais donc ne pas être interrompu dans
l'écoute que je fais des propos du député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. D'autre part, on
invoque la tradition parlementaire pour dire que cette motion ne serait pas
recevable. Je pense qu'il existe également une tradition parlementaire
en cette Chambre et en commission également voulant que les
parlementaires ne puissent
légiférer sans être bien informés. Je pense
que, de ce côté-là, ce serait important, d'autant plus que
ces documents, dont on demande le dépôt, ne concernent que cette
commission parlementaire sur le bill 67. Cela ne concerne pas
l'Assemblée nationale mais seulement les membres de cette commission;
c'est pour cette raison qu'on demande que ces documents soient
déposés ici, en commission parlementaire et non pas à
l'Assemblée nationale. C'est mon intervention là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): Un seul représentant
par formation politique.
M. Roy: J'aimerais référer mon collègue de
Drummond aux dispositions de l'article 163 de notre règlement et aussi
le référer aux articles 173, 174, 175, 176. Si j'ai fait cette
motion, M. le Président, c'est parce qu'il n'y a pas d'autre moyen
pratique de demander au gouvernement de nous produire ces documents dans les
délais prescrits, dans les délais pour lesquels nous en avons
absolument besoin avant de nous prononcer. Il est évident et je
serai d'accord avec l'honorable député de Drummond
là-dessus que je peux inscrire une motion au feuilleton de la
Chambre, qui apparaît tous les mercredis et qui permet au gouvernement de
répondre aux questions posées s'il juge qu'il est
d'intérêt public de produire lesdits documents.
Je ne pourrais faire autrement que de donner une lettre aujourd'hui au
secrétaire de l'Assemblée nationale pour que cet avis paraisse
demain au feuilleton. C'est effectivement aujourd'hui que le gouvernement
répond aux questions ce n'est pas demain, c'est aujourd'hui que
le gouvernement répond aux questions il me faudrait absolument
attendre la semaine prochaine, au moins, pour pouvoir avoir lesdits
documents.
Alors, la procédure normale, la procédure habituelle nous
apporte des restrictions, des contingences qui ne peuvent donner satisfaction
aux membres de la commission et qui ne leur permettent pas de pouvoir avoir les
documents dans les délais prescrits par ledit règlement.
Or, dans notre règlement, il est bien dit qu'un
député peut demander au gouvernement le dépôt de
documents qu'il ne peut se procurer autrement et il est aussi dit dans le
règlement, en vertu des dispositions de l'article 163: "A moins de
dispositions contraires, j'insisterai beaucoup là-dessus pour
vous dire que la motion est à tout point recevable les
règles relatives à l'Assemblée s'appliquent aux
commissions".
Il n'y a aucune disposition contraire, dans le règlement, qui
empêche une commission parlementaire de faire une motion pour demander
des documents qui concernent la commission et qui ont pour objet d'informer les
membres de la commission sur le mandat même que la commission
parlementaire a reçu de l'Assemblée nationale.
Je pense qu'il y a des principes encore qui vont au-delà
même de l'interprétation de notre rè- glement. C'est le
droit des parlementaires appelés à se prononcer sur un projet de
loi d'être en mesure d'avoir tout l'éclairage possible et
nécessaire pour pouvoir prendre des décisions judicieuses,
éclairées et responsables.
Alors, c'est en vertu non seulement du règlement, mais c'est en
vertu de ce grand principe, surtout en ayant devant moi un gouvernement qui
veut être à l'écoute de la population, un gouvernement qui
a dit je suis d'accord sur le principe énoncé qu'on
doit apporter une réforme parlementaire, une réforme à
l'Assemblée nationale, de façon à faire en sorte que nos
travaux se déroulent avec le maximum d'éclairage possible, pour
que les parlementaires ne gouvernement pas à la petite semaine.
Je ne veux pas faire de chinoiseries avec toutes ces choses, mais c'est
dans le but d'avoir l'éclairage nécessaire, les informations dont
nous avons besoin que j'ai présenté cette motion en
espérant qu'en toute logique, en toute honnêteté et en
toute bonne foi, le gouvernement se pliera à cette demande des membres
de la commission et verra à faire l'éclairage, si le gouvernement
est soucieux d'apporter tout l'éclairage nécessaire, d'informer
les parlementaires et si le gouvernement n'a pas peur de jouer cartes sur
table, à moins qu'on ait des restrictions, à moins qu'on ait des
réserves particulières, ou à moins qu'on ait quelque chose
à cacher. Si on n'a rien à cacher, je dis tout simplement qu'on
attende une journée ou deux et qu'on fasse en sorte de permettre aux
parlementaires d'avoir ces éclairages. Ce n'est certainement pas la
faute du député de Beau ce-Sud, ce n'est pas la faute de mon
collègue de Nicolet-Yamaska, ni celle des députés de
Pointe-Claire, de Marguerite-Bourgeoys, de Jacques-Cartier ou de Jeanne-Mance
si le gouvernement n'est pas en mesure de nous donner ces informations.
En terminant, j'aimerais tout simplement dire, pour que cette motion
soit reçue, que plus d'une fois, je suis intervenu à
l'Assemblée nationale, pendant la période des questions. Ce n'est
pas une demande nouvelle que je formule. C'est une demande que j'ai faite
à maintes et maintes occasions.
Nous sommes intervenus à plusieurs reprises lors des audiences
qui ont eu lieu au cours de la commission parlementaire qui a permis aux
groupes de se faire entendre devant cette commission et je suis encore revenu
hier devant l'Assemblée nationale, avant même que la motion
proposée par le leader du gouvernement nous convoque, ce matin, en
commission parlementaire pour dix heures.
C'est donc en toute sincérité, en toute bonne foi et pour
avoir les informations dont nous avons besoin... comme je le disais
tantôt, si le gouvernement attendait deux ou trois jours, on pourrait
réimprimer le projet de loi comme on l'a fait dans le cas du projet de
loi 45 et du projet de loi 1. Comme on l'a fait aussi dans le cas du Code des
professions sous l'ancien gouvernement et, comme on l'a fait à maintes
et à maintes reprises lorsqu'il y avait beaucoup d'amendements à
pré-
senter à un projet de loi, on proposait un projet de loi
réimprimé.
Quant à l'argument apporté par le député de
Drummond indiquant que dans le cas de la ville de Montréal il y avait
beaucoup d'articles, beaucoup d'études et beaucoup de documents qui ont
fait l'objet d'une attention particulière des membres de la commission,
j'aimerais simplement lui signaler que la comparaison ne s'applique pas, parce
qu'il s'agissait d'un amendement à la charte de la ville de
Montréal qui est une loi existante. Ce n'est pas une loi nouvelle. C'est
une loi existante.
Le but de la commission parlementaire était justement d'amender
la loi, la charte de Montréal. C'est complètement
différent. Alors, l'argument que nous a servi le député de
Drummond là-dessus, M. le Président, ne s'applique pas. C'est
pourquoi je fais appel à votre...
M. Clair: ... le député de Rosemont
là-dessus.
M. Roy: ... grande collaboration et je compte bien, M. le
Président, que vous daignerez, vous sachant un homme très
démocrate, extrêmement démocrate même, comprendre les
arguments justifiés, justifiables et sensés que nous avons
fournis ce matin et que vous allez nous permettre de présenter cette
motion et de la débattre.
Décision du président
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, mais je demande
que, sur les questions de recevabilité, il n'y ait pas plus d'un
intervenant par formation politique. A ce moment-ci, je me sens prêt, de
toute façon, à rendre ma décision. Je remercie le
député de Beauce-Sud d'avoir terminé en soulignant que le
président était démocrate et que, quelle que soit la
décision qu'il rende, que cette motion présentée par le
député de Beauce-Sud soit recevable ou non recevable, cette
décision, effectivement inspirée par le souci de la
démocratie et, en même temps, le respect de nos règles et
de nos traditions parlementaires.
Je voudrais donner raison au député de Beauce-Sud sur un
des articles de notre règlement qu'il a soulevé, l'article 163,
qui est un article important quand on considère que les règles
sont tout de même assez silencieuses sur les détails des
procédures en commission. Effectivement, à moins de dispositions
contraires, les règles relatives à l'Assemblée
s'appliquent aux commissions.
Le député de Beauce-Sud, à juste titre et à
juste droit, a voulu interpréter dans ce sens les articles 175 et 176.
Ces deux articles ont trait à l'initiative du gouvernement de
déposer des documents ou de l'Opposition qui, sur une motion
annoncée, peut demander que soient déposés des documents
sans débat ni amendement. Ensuite, l'article 176 reconnaît au
gouvernement la possibilité de choisir de déposer ou de ne pas
déposer des documents, s'il juge contraire à
l'intérêt public de les déposer.
Dans les circonstances, évidemment, si vous traitez les articles
175 et 176 à partir de l'article 163, vous auriez, je pense, M. le
député de Beauce-Sud, tout à fait raison.
Cependant, il existe un certain nombre d'articles qui, eux aussi, ont
leur signification et qui ont présidé jusqu'à maintenant
aux décisions qui ont été rendues en commission
parlementaire. Je veux souligner, entre autres, l'article 3, paragraphe 5, qui
dit: "La procédure de l'Assemblée nationale du Québec est
réglée par les précédents établis par suite
de l'interprétation des lois et du règlement". Et l'article 4
dit: "Dans un cas non prévu par les règles de procédure ou
dans un cas de divergence d'opinions sur l'interprétation d'une
règle de procédure, le président décide en tenant
compte des usages de l'Assemblée depuis son origine. "
Or, les usages de l'Assemblée, que ce soit en assemblée
plénière ou en commission parlementaire, ont été
qu'en commission parlementaire on ne peut ni demander ni accepter de
déposer des documents. On peut inviter un ministre à distribuer
des documents. Un ministre, peut accepter de distribuer des documents, mais les
règles qui s'appliquent à l'Assemblée nationale n'ont pas,
dans nos traditions, jusqu'à maintenant, été
appliquées en commission parlementaire pour ce qui est des
dépôts de documents.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a souligné
à juste titre que cette règle s'étant appliquée par
le passé, il convenait habituellement d'inviter le ministre à
distribuer des documents aux membres de la commission. Je voudrais aussi
souligner que l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, lorsqu'elle
siège, prévoit, à l'article 33, septièmement, qu'il
peut y avoir dépôt de documents. Cette question des
dépôts de documents est effectivement soumise aux articles 174 et
176. En d'autres mots, on définit de quelle façon le gouvernement
peut déposer des documents et de quelle façon l'Opposition peut
obtenir que soient déposés des documents.
J'admets cependant que, dans la formulation de la motion
présentée par le député de Beauce-Sud, on ne
demande pas comme telle que soient déposées des études se
rapportant au coût du régime d'assurance-automobile, on demande
que l'étude article par article du projet de loi 67 ne débute que
lorsque le ministre responsable aura déposé les études.
Donc, votre demande, M. le député de Beauce-Sud, ne consiste pas
à faire en sorte que soient déposés des documents, car,
vous le savez fort bien, c'est à l'Assemblée nationale que cela
se fait. Je pense que les règles là-dessus sont précises
et nos traditions nous obligent à consacrer le fait que, chaque fois
qu'une décision devrait être rendue dans ces circonstances, on
soulignait que c'était à l'Assemblée nationale qu'il
devait y avoir dépôt de documents.
Cependant, même si vous ne demandez pas que soient
déposés les documents, mais que la commission ne commence
l'étude article par article du projet de loi 67 que lorsque ces
documents auront été déposés, on peut donc
déduire que ce serait à l'Assemblée nationale. Je dis, sur
cette question de demander que la commission ne dé-
bute que lorsque ces documents auraient été
déposés, que, là aussi nous avons, comme commission
parlementaire, un ordre qui nous a été donné par
l'Assemblée nationale. Cet ordre ne peut pas être
révoqué par les membres de la commission parlementaire ou par la
commission parlementaire, mais uniquement par l'Assemblée nationale.
C'est à elle que revient la responsabilité, sur une motion
qui pourrait être présentée à l'Assemblée
nationale, de demander que la commission ne siège pas tant et aussi
longtemps que les documents n'auraient pas été
déposés à l'Assemblée nationale. Que ce soit donc
ou pour la question de dépôt de documents ou pour la question d'un
ordre à donner ou à ne pas donner à la commission de
siéger et d'étudier un projet de loi article par article, je
pense que cela n'est pas de la responsabilité et du ressort de la
commission parlementaire, mais uniquement et spécifiquement, tel que le
prévoient nos règlements, de l'Assemblée nationale.
Pour ces raisons, ne voulant pas présumer de ce qui se passera
à l'avenir et voulant rendre cette première décision, je
le fais en étant conscient qu'elle respecte nos règles de
procédure, nos règlements, nos traditions et qu'elle
n'empêche pas pour autant que la démocratie puisse s'exercer au
niveau où nos règlements le prévoient, soit à
l'Assemblée nationale.
Pour ces raisons, je juge donc irrecevable la motion
présentée par le député de Beauce-Sud.
M. le député de Pointe-Claire.
Motion demandant la suspension des règles
concernant la clôture
M. Shaw: M. le Président, j'ai une autre motion à
proposer. On est en train de la dactylographier. Si on n'accepte pas de
retarder les travaux de cette commission parlementaire, l'étude article
par article du projet de loi, nous, les membres de l'Opposition, ne sommes pas
assez préparés pour faire l'étude comme il faut, et je
voudrais faire une motion qui dise que, compte tenu du fait que ce projet de
loi n'est pas seulement compliqué, mais que c'est un projet de loi
fondamental sur les droits des Québécois, que l'étude
article par article ne soit pas terminée par l'application d'une motion
de clôture.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que vous m'avez dit que
vous aviez une motion?
M. Shaw: Oui, une motion...
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'elle est
rédigée, M. le député de Pointe-Claire?
M. Fontaine: On est en train de la rédiger, elle s'en
vient.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, je soulève une ques-
tion de règlement: du fait qu'actuellement le président n'a pas
en main la motion, les membres de la commission ne peuvent pas discuter de la
recevabilité de la motion, parce qu'elle n'est pas formulée d'une
façon certaine, et ça ne dépend pas du règlement.
Je demanderais au député de Pointe-Claire et à ses
collègues de l'Union Nationale d'avoir au moins la même
gentillesse que celle qu'a eue le ministre à leur endroit, soit de nous
distribuer, à tous et chacun des membres de la commission, une copie de
sa motion.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, messieurs, je
n'ai effectivement pas... à l'ordre...
M. Clair: Un volume de motions.
Le Président (M. Bertrand):... je n'ai effectivement pas
devant moi le texte d'une motion et, tant et aussi longtemps que le
président n'a pas devant lui le texte d'une motion, il n'a pas la
possession d'une motion et, pour ces raisons, à moins d'avoir...
M. Clair: C'est de l'improvisation, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): ... J'ai entendu ces
accusations déjà...
M. Fontaine: Ce n'est pas pire que vous autres.
Le Président (M. Bertrand): ... à l'ordre, à
l'ordre!
Mme Payette: On pourrait lire celle qu'on vient de lui apporter,
M. le Président...
M. Fontaine: Vous ne faites que ça.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît, madame, messieurs, à l'ordre!
Ces mots ont été prononcés en d'autres temps,
d'autres lieux, pour d'autres sujets et ne' correspondent à peu
près pas à l'esprit qui doit présider à nos
travaux. Je n'ai pas devant moi de motion.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, un instant.
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je remarque que nous commençons nos
travaux d'une façon qui n'est pas régulière, en ce sens
que, habituellement, au niveau d'une commission comme celle d'aujourd'hui, on
laisse le ministre prendre la parole
et, ensuite, l'Opposition officielle, du moins au début des
travaux.
Ce matin, tout cela a été mis de côté,
évidemment. Si c'est la façon de procéder, je n'ai pas
d'objection de principe, mais j'aimerais bien, M. le Président, prendre
la parole au nom de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, le président est parmi les premiers à souhaiter
que nous entreprenions nos travaux, comme le prévoient nos
règlements. Cependant, il se doit, comme président, de recevoir
un certain nombre de questions préliminaires qui, tant et aussi
longtemps qu'elles ne sont pas réglées, ne nous permettent pas
d'entamer l'étude du projet de loi article par article.
M. Saint-Germain: Je vous demande un avis, M. le
Président. Pour ces questions préliminaires, de quelle
façon va-t-on procéder? Est-ce qu'on va procéder autrement
qu'on le fait traditionnellement? Ou si vous voulez établir une nouvelle
procédure à ce point de vue là?
Le Président (M. Bertrand): J'attends simplement de
régler cette question qui a trait au dépôt de documents, M.
le député de Jacques-Cartier. Cette question avait
été soulevée par votre collègue, le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui n'avait pas cru bon de
présenter une motion. Il avait été suivi du
député de Beauce-Sud qui avait décidé d'en faire
une motion. Les formations politiques se sont prévalues de leur droit de
parole pour juger de la recevabilité de cette motion, elles ont
parlé, j'ai rendu ma décision, et nous revenons sur la même
question qui fait l'objet, semble-t-il... J'ai maintenant une motion devant
moi, celle présentée par le député de
Pointe-Claire.
Quand cette question aura été réglée, M. le
député de Jacques-Cartier, je m'empresserai, évidemment,
comme cela doit être le cas quand on entreprend l'étude d'un
projet de loi article par article, de procéder aux interventions
usuelles, soit celles du ministre, de l'Opposition officielle, de l'Union
Nationale et du représentant du Parti national populaire.
M. Saint-Germain: C'est parce que nous avons aussi des motions
à présenter. J'aimerais bien, à la suite du
député de Pointe-Claire, avoir le droit de présenter une
motion, tel que nous l'entendons.
Le Président (M. Bertrand): Nous verrons à ce
moment, M. le député de Jacques-Cartier. J'ai devant moi une
motion présentée par le député de Pointe-Claire qui
se lit comme suit: Cette commission est d'avis que, compte tenu de l'importance
particulière qu'implique le projet de loi 67, tant au niveau des
principes qu'au niveau de son administration, les articles du règlement
entraînant la motion de clôture ne soient pas appliqués
à l'étude de ce projet de loi et que les députés
aient l'opportunité d'accomplir jusqu'au bout leur rôle de
Lé- gislature, en pouvant étudier chaque article de ce projet de
loi.
M. Shaw: Alors...
Décision du président
Le Président (M. Bertrand): Un instant, s'il vous
plaît! Je n'ai même pas besoin d'entendre quelque intervenant que
ce soit, je juge immédiatement tout à fait irrecevable cette
motion. Elle contrevient directement aux règlements qui sont ceux
adoptés par l'Assemblée nationale et ce n'est que
l'Assemblée nationale souveraine qui peut décider de modifier les
règlements que nous avons devant nous, qui prévoient, de toute
façon, que la commission pourrait, à un moment donné de
ses travaux, recevoir un ordre de la Chambre de remettre son rapport et de
terminer l'examen du projet dejoi article par article.
Dans ces circonstances, la motion que vous avez déposée,
M. le député de Pointe-Claire, nécessiterait un
débat, au minimum, à une commission de l'Assemblée
nationale, qui étudierait ces règlements et qui pourrait faire
rapport à l'Assemblée nationale, en lui demandant de modifier nos
règles de procédure habituelles.
Vous comprendrez fort bien, dans ces circonstances, que votre motion est
irrecevable.
M. Shaw: M. le Président, si je peux seulement expliciter
un peu...
Le Président (M. Bertrand): Non, M. le
député de Pointe-Claire, je m'excuse.
M. Clair: La décision est rendue.
Le Président (M. Bertrand): La décision est rendue
Elle n'est pas discutable et, à ce moment-ci, je ne permettrai pas que
vous puissiez revenir sur un sujet qui a fait l'objet d'une décision
finale.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je ne sais pas si madame a quelque chose
à dire avant le début des travaux.
Mme Payette: J'attends simplement, M. le Président, que
vous m'indiquiez qu'on est prêt à commencer.
Le Président (M. Bertrand): Je suis, si les membres de la
commission le veulent bien, tout à fait prêt à commencer
l'examen du projet de loi no 67. Pour ce faire, Mme le ministre a la parole au
nom du gouvernement.
Motion invitant le ministre à
déposer
les études se rapportant aux
coûts
du régime
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... avant que le ministre ne prenne la parole, je
voudrais me rendre à votre invitation de tout à l'heure et
déposer la motion suivante:
Que cette commission est d'avis que le ministre responsable du projet de
loi 67 soit invité à déposer les études se
rapportant aux coûts du régime d'assurance automobile
proposé par le projet de loi 67, son coût d'administration, ainsi
que la table de tarification s'y rapportant.
Le Président (M. Bertrand): La motion du
député de Nicolet-Yamaska se lit de la façon suivante:
Que cette commission est d'avis que le ministre responsable soit
invité à déposer les études se rapportant au
coût du régime d'assurance automobile proposé par lé
projet de loi 67, son coût d'administration, ainsi que la table de
tarification s'y rapportant.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Je ne parlerai pas sur la recevabilité. J'ai
l'impression, sans préjuger de votre décision, M. le
Président, que cette motion est rece-vabie. Je voudrais parler sur le
fond.
Le Président (M. Bertrand): A ce moment-ci, M. le
député de Rosemont, d'accord, sur la recevabilité. Nous
allons passer, si vous voulez bien, à des intervenants qui, au nom de
l'Opposition, voudraient se faire entendre sur la recevabilité.
M. Fontaine: M. le Président, depuis plusieurs semaines
que nous étudions ce projet de loi et plusieurs députés de
l'Opposition ont, à plusieurs reprises, demandé au ministre
responsable de déposer les études sur lesquelles il se base pour
dire, tant devant cette commission que devant les journalistes à la
télévision, à la radio, que le coût de ce projet de
loi va être de $385 millions et que...
Mme Payette: Je m'excuse, mais question de règlement. Je
pense que le député parle pour rien. Ce document a
été déposé en commission parlementaire. Si le
député ne l'a pas lu, ce n'est vraiment pas ma faute.
M. Fontaine: Je m'excuse, M. le Président, mais
c'était tout simplement le début de mon intervention, j'ai
d'autres choses à dire. Si vous voulez me laisser continuer, je vais
ajouter d'autres choses.
Mme Payette: Allez-y donc.
M. Paquette: Vous n'allez pas...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Fontaine: Je pense également que lorsqu'on dit que cela
va coûter $385 millions il faut également, quand on veut en
arriver à ce chiffre, qu'une tarification y soit appliquée. C'est
surtout là-dessus que je voudrais insister pour inviter le ministre
à déposer ce chiffre que nous attendons tous et que la presse
attend également avec impatience.
On a assez souvent l'occasion de prendre la parole, tant à
l'Assemblée nationale qu'à l'extérieur de
l'Assemblée nationale pour expliquer ou tenter d'expliquer ce projet de
loi et, chaque fois qu'on en parle, les personnes qui interviennent pour nous
poser des questions nous demandent sur quoi on se base pour dire que cela va
coûter tel et tel prix à chaque usagé. Chaque fois, on est
dans l'impossibilité de leur répondre exactement combien ce
régime va leur coûter.
Tous les parlementaires c'est une tradition en cette
Assemblée doivent être informés dans tous les
détails possibles, du coût d'un projet de loi avant qu'on puisse
l'adopter et surtout en ce projet de loi particulier...
M. Paquette: Question de règlement. Je m'excuse
auprès du député.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Vous avez demandé des interventions, sauf
erreur, sur la recevabilité. Le député est en train de
parler sur le fond.
M. Fontaine: Non, je parle sur la recevabilité.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, je voudrais que cela porte uniquement sur doit-on ou
pas...
M. Fontaine: J'avais cru comprendre que vous aviez reçu
cette motion.
Le Président (M. Bertrand): Pas encore, je demandais si
quelqu'un dans l'Opposition voulait intervenir sur la recevabilité,
avant que je ne tranche.
M. Fontaine: Sur la recevabilité, je ne veux pas revenir
sur tous les arguments qui ont été apportés tout à
l'heure, mais il m'a semblé que, dans le jugement que vous aviez rendu,
vous aviez dit que le seul motif qui faisait que cette motion ne pouvait
être reçue tout à l'heure était le fait qu'on
demandait un dépôt de documents. Je me permettrai de vous citer en
disant que si on avait dit qu'on voulait inviter le ministre à
déposer, cela pourrait être recevable.
J'ai fait cette motion. Je pense que les articles que vous avez
cités tout à l'heure s'appliquent et que cette motion est
recevable.
Le Président (M. Bertrand): Le droit de parole a
été demandé par le député de Drummond sur la
recevabilité.
M. Clair: Je pense que le premier principe qui doit
présider à la recevabilité d'une motion, sans même
entrer sur le fond de la motion, c'est d'abord et avant tout de s'assurer
qu'une motion
puisse avoir un résultat. Or, à la lecture même,
à la face même de la motion du député de
Nicolet-Yamaska, on remarque que le député de Nicolet-Yamaska
propose que la commission invite le ministre des consommateurs à
déposer certains documents, mais il n'indique pas de délai, de
date à l'intérieur desquels ce dépôt ou cette
invitation deviendrait efficace. Il m'apparaît, sur la
recevabilité de la motion, que la motion, même si elle
était reçue, serait totalement inefficace et ne voudrait rien
dire.
On sait qu'un des principes qui régit le législateur, un
des principes fondamendaux, c'est que le législateur n'est pas
censé parler pour ne rien dire. J'ai réellement l'impression que
c'est ce que fait le député de Nicolet-Yamaska en amenant devant
nous une motion qui ne prévoit aucun délai. C'est bien certain
qu'un de ces jours, un de ces quatre matins, tout cela va être rendu
public, on va la connaître, la tarification, et on va le connaître,
le coût de l'administration. C'est absolument superflu, inefficace comme
motion, dilatoire, superfétatoire, comme dit mon collègue, le
député de Rosemont, et, à ce titre, il me semble qu'elle
est irrecevable.
D'autre part, je vous rappelle encore une fois, M. le Président,
que le député de Beauce-Sud et le député de
Nicolet-Yamaska, qui ont débordé un tout petit peu sur le fond
tantôt en disant qu'ils ont posé toutes sortes de questions en
Chambre, et que cela fait longtemps qu'ils veulent avoir ces documents, ont
reconnu du même coup la valeur de mes arguments, selon lesquels il y a
plusieurs moyens d'obtenir ce résultat, moyens appliqués et
applicables devant l'Assemblée nationale. S'ils n'ont pas
décidé d'inscrire une question au feuilleton, ce n'est certes pas
la faute des députés ministériels ni du ministre des
Consommateurs. Ils auraient pu déposer leur motion au feuilleton
même avant l'ajournement d'été, parce que je pense que
c'était inscrit au feuilleton avant l'ajournement
d'été.
Il y a deux raisons pour lesquelles je pense que cette motion devrait
être déclarée irrecevable: premièrement, parce
qu'elle est totalement inefficace, inutile, superflue et même farfelue;
d'autre part, parce que les députés de Nicolet-Yamaska et de
Beauce-Sud ont tous deux reconnu tantôt le bien-fondé de mes
affirmations, à savoir qu'il y a d'autres moyens d'obtenir ce
résultat. S'ils n'ont pas voulu s'en prévaloir avant aujourd'hui,
ce n'est certainement pas la faute du ministre ni des députés
ministériels. Ils auraient encore tout le loisir de le faire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je veux reprendre
seulement un point qui a été soulevé par le
député de Drummond, lorsqu'il dit qu'on ne s'est pas
prévalu des dispositions du règlement pour poser une question au
feuilleton. J'aimerais tout simplement lui rappeler les dispositions de
l'article 171 de notre règlement, paragraphe d). Je cite: "Si la
question a déjà été posée ou si elle porte
sur un débat qui a eu lieu pendant la présente session en cours,
un ministre ou un député auquel cette question est posée
peut refuser d'y répondre.
Si nous n'avons pas inscrit cette motion au feuilleton de la Chambre,
c'est justement pour être capable d'avoir toute la latitude
nécessaire, la liberté nécessaire pour pouvoir le faire
à d'autres endroits, pour être en mesure d'être
informé.
Il ne faut pas oublier que les documents qui sont demandés sont
des documents qui concernent la commission parlementaire spécifiquement.
Cela concerne exclusivement le projet de loi no 67 et nous avons reçu le
mandat de l'examiner et de l'étudier, article par article. Lorsque nous
serons appelés à étudier les articles, un par un, il y
aura des dispositions qui concerneront la tarification, les allocations et les
indemnités qui seront versées. Il me paraît normal, sans
faire de longs débats de procédure, logique et légitime
que les membres de la commission parlementaire aient ces documents avant
même qu'ils entreprennent l'étude, article par article. C'est bien
regrettable, ce matin, que nous ayons recours à toute une série
de motions qu'on pourra qualifier de dilatoires, peu importent les raisons ou
les arguments que pourront nous donner les députés du parti
ministériel.
On devrait comprendre une chose du côté ministériel,
c'est que l'Opposition demande ce matin elle est unanime au
gouvernement et à l'honorable ministre d'avoir les informations dont
elle a besoin pour être en mesure de faire une analyse judicieuse, une
analyse responsable du projet de loi no 67, article par article, et nous avons
reçu un mandat de l'Assemblée nationale pour cela. On n'en
demande pas plus. Si l'honorable ministre nous disait: Les documents, je vais
vous les fournir cet après-midi à l'Assemblée nationale,
le débat se terminerait, j'imagine, immédiatement. Si l'honorable
ministre pouvait nous garantir qu'elle va nous donner les documents demain,
avant même que nous entreprenions l'étude des autres articles de
la loi, j'imagine facilement je ne veux pas parler au nom de mes
collègues que ces motions n'auraient pas lieu. Ce que nous
tentons et ce que nous voulons ce matin, unanimement, par un front commun du
côté de l'Opposition, c'est d'avoir les informations. Si le
gouvernement nous les avait fournies c'aurait été normal
que nous les ayons il n'y aurait pas de débat de
procédure, il n'y aurait pas de motion ce matin, on serait
déjà à étudier la loi, article par article.
M. Shaw: Mais, enfin, ils ne sont pas prêts.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Roy: ... le gouvernement n'est pas prêt.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député!
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, moi, je trouve aberrant que
des députés ministériels puissent nous demander de
commencer à étudier ce projet de loi...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Je m'excuse...
M. Fontaine: On dirait qu'ils n'ont pas besoin des
renseignements.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, je m'excuse! Ce
n'est pas une question de règlement.
M. Fontaine: A moins qu'ils les aient.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, ce n'est pas une question de règlement. Alors, je suis
prêt à rendre ma décision.
M. Lalonde: Je savais que je vous avais demandé la parole,
M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): C'est parce que vous n'avez
pas insisté de nouveau, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, et comme je me sentais prêt à rendre ma
décision...
M. Lalonde: Je sais que vous êtes probablement bien
éclairé, mais j'aimerais, si vous permettez, M. le
Président.et j'ai demandé le droit de parole seulement
après l'intervention du député de Drummond, qui a
enterré cette motion de qualificatifs qui m'apparaissent inacceptables.
Il a appelé la motion dilatoire, superfétatoire, farfelue, et
tout ça. Je ne voulais pas répéter les arguments qu'on
vous a présentés lors de la présentation de la
première motion, mais je pense que je dois souligner que si l'Opposition
fait des motions ainsi, c'est parce que l'Opposition ne se sent pas
suffisamment renseignée quant au projet de loi.
Nous avons décidé, quant a nous, de l'Opposition
officielle, de donner une dernière chance à Mme le ministre de
répondre à ces interrogations que nous avons, mais je vous
annonce d'avance que nous avons une motion qui m'apparaît acceptable et
recevable à présenter, si le ministre ne répond pas
à nos attentes dans sa présentation. A ce moment-là,
j'espère que le député de Drummond trouvera ma motion non
pas dilatoire, non pas superfétatoire, non pas farfelue, mais
parfaitement acceptable.
Amendement à la forme de la motion
Le Président (M. Bertrand): Me prévalant de
l'article 65, paragraphe 2, qui dit que le président peut
également modifier dans sa forme une motion pour la rendre recevable, je
fais l'offre au député de Nicolet-Yamaska de modifer dans sa
forme la motion qu'il vient de présenter, car je pense qu'une
modification dans sa forme corres- pondrait davantage à ce qu'il
recherche comme but ultime, et je lui demanderais s'il accepterait de la
modifier pour qu'elle se lise de la façon suivante: Que cette commission
invite, au lieu de dire "est d'avis que le ministre responsable soit
invité", ce qui, comme formule, laisse à désirer sur le
plan de la langue française, que cette commission invite le ministre non
pas responsable, mais des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières et non pas à déposer, car là, je serais
obligé de ne pas recevoir votre motion, mais à distribuer les
études se rapportant au coût du régime d'assurance
automobile proposé par le projet de loi no 67, etc. Dans la mesure
où vous accepterez, M. le député de Nicolet-Yamaska, pour
sauver du temps, que je remplace c'est ça qui est le plus
important les mots "à déposer" par les mots "à
distribuer", pour qu'on se conforme au règlement en commission
parlementaire, je juge votre motion recevable, mais à ces seules
conditions.
M. Fontaine: M. le Président, pour ma part, tout
amendement que vous pourriez proposer et qui permettrait aux membres de la
commission d'être mieux informés, je l'accepterai
d'emblée.
Le Président (M. Bertrand): La motion se lit de la
façon suivante: Que cette commission invite le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières à
distribuer les études se rapportant au coût du régime
d'assurance automobile proposé par le projet de loi no 67, son
coût d'administration, ainsi que la table de tarification s'y
rapportant.
M. le député de Rosemont, sur le fond de la motion.
M. Paquette: M. le Président, avant que le
député de Nicolet-Yamaska nous refasse la longue série
d'arguments à savoir qu'il aimerait être plus amplement
informé, ce qui est d'ailleurs le cas, je pense, de tous les membres de
cette commission, j'aimerais vous dire que je suis d'accord avec cette
proposition puisqu'elle ne change strictement rien, de toute façon, et
c'est pourquoi mon collègue de Drummond a dit qu'elle était
dilatoire et superflue tout à l'heure.
Mme le ministre a dit que, d'ici quelques jours, elle déposerait
toutes les informations nécessaires. D'ailleurs, il y a un article dans
le projet de loi lui-même l'article 132 qui exige que,
chaque année, la tarification soit déposée, soit connue.
Donc, on peut espérer recevoir bientôt, d'ici quelques jours, la
tarification de cette année, l'an prochain, la tarification de l'an
prochain, et de même pour les autres années. Cela va de soi. Cela
fait partie de l'information au public et c'est particulièrement
important parce que cette commission est en train de prendre une
décision et que nous en avons besoin pour étudier les
articles.
D'autre part, cette motion est superflue pour les raisons que je viens
de mentionner, d'autant plus qu'elle n'indique pas de délai.
Personnellement, je souhaite également qu'on ait ces documents le plus
rapidement possible. Je suis
convaincu qu'on les aura le plus rapidement possible et si, au cours de
l'étude article par article, il y avait un article extrêmement
important qui nécessitait ces documents, nous pourrions toujours
discuter de sa suspension éventuelle.
Tout ceci pour dire que nous sommes d'accord depuis le début avec
le fond, mais qu'on ne peut pas non plus retarder les travaux de cette
commission parce qu'on a un ordre exprès de la Chambre; pour toutes ces
raisons, je voterai pour cette motion.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Par cette loi, le gouvernement se fait
assureur, et on sait pertinemment qu'une police d'assurance est presque
exclusivement une question d'argent. Elle peut nous protéger contre nos
responsabilités civiles, du moins, si on cause des dommages à
quelqu'un et que l'on est responsable, on est protégé, et elle
peut aussi nous protéger si nous subissons des préjudices, et on
sait pertinemment qu'en ce qui regarde l'assurance automobile, au
Québec, en particulier, la question des coûts a été
la raison fondamentale pour laquelle les gouvernements passés et celui
d'aujourd'hui ont voulu nous apporter une police d'assurance
gouvernementale.
Ceci dit, il est extrêmement important, lorsqu'on étudie ce
projet de loi, d'avoir en blanc et en noir les coûts d'administration,
les coûts de dédommagement qui seront versés aux victimes
et le coût de la prime, naturellement, puisque le coût de la prime
a amené le gouvernement à légiférer.
Ces chiffres, malgré l'affirmation du ministre, n'ont jamais
été déposés. Elle a essayé, même au
niveau du débat en deuxième lecture, de nous dire que le document
qu'elle nous a remis et que le livre bleu faisaient réellement
connaître aux députés et à la population les
chiffres, les coûts d'administration, le coût des indemnisations et
une hypothèse sur les primes.
Je dois soutenir que tout ceci est absolument faux pour la bonne raison
que ce n'est pas parce qu'un chiffre est dans le livre bleu que ce chiffre est
nécessairement valable.
La population, comme les députés de l'Opposition, est-elle
obligée de croire sur parole un chiffre qui vient on ne sait absolument
pas d'où, de quelle façon les études actuarielles ou les
études mathématiques ont conduit à un tel chiffre.
Pourquoi la population, comme nous, devra-t-elle croire que toutes les
hypothèses qui ont été faites jusqu'ici dans les documents
que nous avons reçus sont des hypothèses fondées et des
hypothèses valables? Parce que le ministre nous les a remis? Ces
documents ne sont pas l'Evangile.
Or, nous allons étudier ce matin ce projet de loi article par
article. A chaque article arrivera une question de coût. On va
dédommager, par exemple pour vous donner des exemples pratiques
les étudiants. Combien d'étudiants, a-t-on prévu,
seront accidentés?
Dans quelle faculté ces jeunes étudieront-ils, parce qu'il
y a tout de suite un décalage entre un étudiant au niveau du
CEGEP ou même à l'université à un même niveau,
mais qui est dans des études différentes. On dit, par exemple,
que les femmes au foyer, ou les conjointes, ou les épouses vont
être dédommagées d'une telle façon si elles ont
moins de 36 ans ou plus de 36 ans. Mais pourquoi pas 40 ans? Pourquoi pas 30
ans? Quelle serait la différence entre dédommager ces victimes
à 40 ans et les dédommager à 30 ans? Alors, où sont
les études qui nous permettraient, nous de l'Opposition, comme au
public, de juger de l'opportunité de payer ces indemnités
à 36 ans, 37 ans ou 38 ans ou de les payer plus tôt? On n'a aucun
chiffre.
Quel sera le coût des dédommagements des victimes en cas de
décès ou d'incapacité permanente? On a rien. On a des
chiffres qui sont des hypothèses. On va même jusqu'à la
commission de 1970, on cite des chiffres qui viennent de 1970. On va au
coût d'administration du régime des rentes comme
référence. A mon avis, cela ne tient pas debout. Je puis vous
garantir, M. le Président, que si une compagnie d'assurances dans
l'industrie privée mettait sur le marché une police comme ce que
nous avons à étudier, avec si peu d'études, la compagnie
ferait faillite ce ne serait pas bien long ou, ses compétiteurs, si la
prime était trop haute, verraient à ce que cette police n'ait pas
de succès sur le marché.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Jacques-Cartier. Je ne veux pas vous empêcher de
poursuivre votre intervention. Je veux être tout à fait
respectueux de vos droits d'intervenir sur la motion. Simplement, je veux vous
indiquer que j'ai l'intention, avec l'ensemble des membres de la commission, de
procéder le plus rapidement possible à l'étude de ce
projet de loi. J'ai entendu un porte-parole du gouvernement signifier qu'on
était d'accord sur la motion présentée par le
député de Nicolet-Yamaska. A ce moment-ci, au risque de devoir
vous déplaire, j'ai le sentiment qu'on ne fait qu'ajouter de l'eau au
moulin, en disant qu'on est d'accord. S'il y a un élément sur
lequel vous n'êtes pas d'accord, j'aimerais que vous le signaliez le plus
rapidement possible aux membres de la commission, pour que nous puissions
avancer le plus rapidement possible dans l'examen de ce projet de loi.
M. Lalonde: Si vous permettez, M. le Président, on a
l'intention d'amender cette motion. Elle est trop vague.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Alors, voilà
un renseignement qui me permet...
M. Lalonde: Pour ajouter les mots "dès maintenant".
Autrement l'obtention de ces renseignements serait renvoyée aux calendes
grecques.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Alors, j'ap-.
précierais beaucoup, M. le député de Jacques-
Cartier, car vous aurez le droit d'intervenir sans doute sur
l'amendement que vous pourrez apporter, que vous soumettiez cet amendement aux
membres de la commission et que vous gardiez ensuite votre droit de parole pour
expliquer le bien-fondé de cet amendement.
M. Saint-Germain: M. le Président, je parle sur la motion
actuellement. Comme mon collègue l'a dit, je voudrais déposer cet
amendement, mais j'aimerais bien, si vous me le permettez, employer mon droit
de parole à vous expliquer ce qui m'amène à vous
présenter cette motion d'amendement.
Je disais, M. le Président, qu'on ne connaît pas les
chiffres qui sous-tendent pratiquement chaque article ou plusieurs articles.
Quel sera le coût, par exemple, qui sera payé par
l'assurance-maladie? Actuellement, on sait que l'assurance-maladie a un droit
de subrogation qui fait qu'elle perçoit des assureurs privés les
coûts des accidentés lorsque ces accidentés sont
responsables d'un accident. On sait pertinemment que ce droit de subrogation
existe au niveau de la Commission des accidents du travail. Quels sont les
coûts de cela? Ce sont des coûts qui seront défrayés
par le public, non pas par les automobilistes, et qui concourront à
faire baisser les primes, mais on n'a pas les chiffres. On sait pertinemment,
par exemple, que les chefs de famille seront dédommagés
convenablement par cette législation; on aimerait tout de même
savoir, pour ceux qui souffriront d'incapacité partielle ou totale
permanente, quels seront les coûts.
On sait pertinemment que, pour que ce qui est des dommages et des
blessures corporelles qui occasionneront une invalidité partielle
permanente, le régime est moins avantageux que l'ancien. On aimerait
savoir de quelle façon, quelles sont les sommes impliquées dans
cette diminution, quelles seront les sommes qui seront impliquées
lorsque des gens de 65 ans et plus ou des gens qui recevront des prestations du
régime des rentes... J'ai vu dans le cartable qu'on allait modifier
cette pratique, mais, pour en discuter objectivement, il faudrait
connaître au moins les sommes qui sont impliquées.
Si on avait ces études, on pourrait intelligemment discuter du
projet de loi, article par article, et avec connaissance de cause. Si Mme le
ministre a de la difficulté à faire accepter cette loi par le
public, c'est parce que le public ne sait pas où il va, le public a les
mêmes réactions que nous. Qu'est-ce qui va arriver, quel va
être le coût? Personne ne le sait. On a beau lire des chiffres, des
hypothèses, mais on n'a rien, on ne sait pas ce qui sous-tend ces
coûts, ces chiffres, ainsi de suite. On ne peut pas croire le ministre
sur parole, c'est impossible, cela n'existe plus de nos jours.
Pour toutes ces raisons, je crois qu'il est absolument fondamental et
dans l'intérêt public que ces chiffres soient
déposés avant l'étude, article par article, du projet de
loi. Je crois fermement que, si ces chiffres étaient connus, si le
public s'apercevait que tout ceci est sous-tendu par des études
actuarielles sérieuses, je crois que c'est avec plus de facilité
que le gouvernement pourrait faire accepter au public ce mode d'assurance.
On ne sait pas non plus, parce qu'on n'a aucun chiffre, quel est le
coût de cette partie de l'assurance qui sera laissée à
l'entreprise privée. C'est assuré que ça changera beaucoup
de choses pour l'industrie privée. Est-ce que ces assureurs baisseront
leurs primes en concordance avec la prime qui sera payée au niveau de la
régie? Personne ne le sait, probablement que les assureurs ne le savent
pas non plus parce qu'ils n'ont même pas les données. Alors, tout
le monde est dans l'attente. Essayer de nous faire étudier ce projet de
loi sans chiffre, c'est un non-sens. Absolument un non-sens.
Quelles que soient les déclarations du ministre, ce n'est pas
vrai qu'il a déposé et fait connaître les études
à la population, parce que j'espère bien qu'il y a des
études sérieuses derrière ce projet de loi, bien qu'il
semble que cela a été fait un peu à l'improviste. On nous
dépose une brique d'amendements à la veille de l'étude de
la loi en commission parlementaire. Je remercie le ministre de nous les avoir
donnés en détail; on aurait probablement dû
réimprimer la loi comme on l'a fait pour le bill 1, le bill 2, le bill 3
et tous les bills importants que le gouvernement a présentés.
Probablement qu'au point de vue politique, on a trouvé qu'il
était plus sage de nous remettre les amendements sous cette forme.
Enfin, on les a.
Autre amendement à la motion
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je vous remets cette
motion d'amendement qui se lirait comme suit: "Que la motion du
député de Nicolet-Yamaska soit amendée en ajoutant,
après le mot "distribuer", les mots "dès maintenant".
Le Président (M. Bertrand): La motion du
député de Jacques-Cartier se lit de la façon suivante,
motion d'amendement: "Que la motion du député de Nicolet-Yamaska
soit amendée en ajoutant, après le mot "distribuer", les mots
"dès maintenant". Je crois qu'il n'y a pas lieu ici d'entreprendre un
débat sur la recevabilité de cette motion d'amendement,
dès lors qu'elle ne fait qu'ajouter quelques mots; comme il est
déjà prévu que nos règlements le permettent, il n'y
a pas lieu d'entreprendre un débat là-dessus. Pour ces raisons,
je juge donc la motion d'amendement du député de Jacques-Cartier
recevable.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, nous devrons être
contre cette motion d'amendement. D'abord, je tiens à souligner que,
même si elle est recevable dans sa formulation, elle a exactement le
même effet que la motion qui a été jugée irrecevable
un peu plus tôt. Si le ministre devait être pris avec cette motion
telle qu'amendée, en pratique, cela voudrait dire tout simplement que
nous allons retarder le début de nos travaux, chose que nous ne pouvons
faire, étant donné que nous avons un ordre exprès de la
Chambre.
Je tiens à souligner au député de Jacques-Cartier
que je me demande s'il a un problème de compréhension. A
plusieurs reprises à la commission parlementaire
précédente, il a été dit qu'on ne pouvait il
y a des études pour appuyer le projet de loi, tel qu'il a
été déposé en deuxième lecture
établir de nouvelles études de tarification et une table de
tarification, donc connaître le coût du régime, avant de
savoir quels étaient les nouveaux amendements. C'est seulement lorsqu'on
aura terminé l'étude des amendements qu'on en connaîtra le
coût définitif.
Donc, le mieux que le ministre puisse faire à ce moment-ci, c'est
d'établir une table de tarification sur la base des amendements qu'il
nous propose, sans préjuger des autres amendements que la commission
pourrait faire. Les tables de tarification qu'elle pourrait déposer
d'ici quelques jours, peut-être avant la fin de la semaine ou au
début de la semaine prochaine... Elles ne seront pas définitives,
tant que le projet de loi n'aura pas été sanctionné en
troisième lecture. C'est là qu'on connaîtra, de
façon définitive, le coût du régime.
Il me semblait que le député avait compris cela à
la dernière commission parlementaire, mais il nous revient encore avec
le même argument. Pour la même raison, on ne peut pas demander au
ministre de déposer cette étude du coût et ces tarifs
dès maintenant, puisque les amendements sont relativement
récents. Il faut donner le temps aux actuaires, à partir de ces
amendements, des nouvelles indemnités qui sont proposées, du
nouveau régime, d'en évaluer le coût.
M. Saint-Germain: Juste une question.
M. Paquette: Non, je n'ai pas terminé. Allez-y.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Rosemont accepte..
M. Paquette: Oui.
M. Saint-Germain: Comment voulez-vous, si on fait une
étude sérieuse de ce projet de loi...
M. Paquette: Justement j'arrivais à cela.
M. Saint-Germain: Si cela a été fait au niveau du
département, comment voulez-vous que ces amendements aient
été proposés parce qu'il y a des amendements qui
vont changer substantiellement le coût des indemnités sans
connaître d'avance le coût d'un tel amendement? Je ne comprends
pas.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Jacques-Cartier!
M. Saint-Germain: Chaque fois que vous allez faire un amendement
sur bien des sujets,.. Comment se fait-il qu'on ne veuille pas déposer
les études qui sous-tendent ces amendements?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: I! ne faut pas mettre la charrue avant le
boeuf.
Le Président (M. Bertrand): Une question est une question,
et il n'y a pas d'argumentation.
M. Paquette: Je ne voudrais pas essayer de me mettre à
parler de méthodologie. Est-ce que la méthodologie suivie par les
fonctionnaires du ministère est de tel ordre ou de tel ordre? J'imagine
que les deux choses se font concurremment, mais, à un moment
donné, pour avoir la tarification finale, il faut que cela vienne
après l'étude de l'ensemble des amendements. Si une
indemnité est changée, on peut savoir à peu près
combien coûte la modification qu'on fait à cela. Mais avant
d'avoir le tableau d'ensemble, il faut étudier les amendements
concurremment et il faut que les amendements soient connus.
Cela ne me surprend pas du tout que le ministre, non pas par mauvaise
volonté, ni par une fausse méthodologie ne puisse déposer
ces tables de tarification dès maintenant.
On va les avoir dans quelques jours. Est-ce que cela nous empêche
de commencer l'étude du projet de loi? Je tiens à dire au
député que, même si on ne voulait pas commencer
l'étude, on n'a pas le choix, il faut commencer, on a un ordre
exprès de la Chambre.
Deuxièmement, je pense qu'on peut commencer l'étude du
projet de loi, même sans ces informations finales, puisqu'on les aura
dans quelques jours. Entre-temps, on peut commencer l'étude, article par
article, quitte à ce qu'à un moment donné, un
député, sur un article précis, dise: Moi, j'ai besoin de
ces données avant de me prononcer sur cet article et j'en demande la
suspension.
Personnellement, si on en arrive à un article concernant une
indemnité où il y a un amendement, je serais assez d'accord qu'on
suspende l'étude de cet article. Cela nous permettra de respecter
l'ordre de la Chambre et d'avancer dans l'étude du projet de loi.
Pour cette raison, je pense qu'on va faire, avec cet amendement, une
invitation au ministre qu'elle n'est pas en mesure de tenir.
D'autre part, on ne peut pas retarder le début de l'étude
article par article du projet de loi et on peut commencer cette
étude.
Il y a plusieurs articles, au chapitre des définitions et
d'autres clauses, qui ne touchent pas directement le coût du
régime et qu'on pourra étudier, quitte à suspendre les
articles où on aurait besoin d'un supplément d'éclairage
qui nous arrivera, de toute façon, dans quelques jours.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, le député de
Rosemont nous dit, comme premier argument, qu'on a un ordre de
l'Assemblée et qu'on est obligé de le respecter. Je veux bien y
croire, mais le leader du gouvernement n'est pas loin et ce serait passablement
facile, je pense, d'avoir la collaboration de l'Opposition, si...
Le Président (M. Bertrand): Le leader du gouvernement
n'est pas là.
M. Fontaine: II n'est pas loin. Je ne dis pas qu'il est
là, je dis...
Le Président (M. Bertrand): II n'est pas là.
M. Fontaine: II est sûrement à l'Assemblée
nationale, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): II est à
l'Assemblée nationale.
M. Fontaine: Je pense que ce serait assez facile de lui
communiquer les décisions de cette commission pour lui demander de
révoquer l'ordre de l'Assemblée nationale pour permettre à
cette commission d'entrer en possession des documents que nous attendons tous.
A ce moment-là, les députés pourraient travailler d'une
façon informée.
Là-dessus, je dis que, même les députés du
côté ministériel nous disent qu'ils attendent eux aussi ces
chiffres. Je me demande comment ils font pour expliquer à la population
qu'ils sont prêts à entreprendre l'étude article par
article de ce projet de loi alors qu'eux non plus n'ont pas les chiffres. A
moins qu'ils aient des renseignements que nous n'avons pas, ils n'ont pas les
chiffres.
L'autre argument évoqué par le député de
Ro-semont; il nous dit qu'il faut donner du temps aux actuaires pour calculer
ces chiffres. On est bien prêt à leur donner du temps, mais nous
autres aussi, il va nous falloir avoir du temps pour prendre connaissance de
ces chiffres et les étudier, avant d'arriver à étudier le
projet de loi article par article. Je trouve cet argument d'autant plus douteux
que je pense que, chaque fois qu'on évoque une hypothèse
d'amendement, on doit nécessairement calculer les coûts de cette
hypothèse et c'est à partir des coûts qu'on va faire un
choix d'amendement à partir de différentes hypothèses.
On est pris avec un délai, bien sûr. Ce délai a
été provoqué par le gouvernement, parce que c'est le
ministre qui, à plusieurs reprises, a dit qu'il voulait mettre en
application le projet de loi à compter du 1er mars. Il n'y a rien qui
empêche le ministre de changer d'idée et de le retarder de deux
mois, de trois mois ou de six mois. A ce moment-là, cela lui permettrait
peut-être de se préparer un peu plus et de nous donner les
renseignements supplémentaires.
Le Président (M. Bertrand): Sur l'amendement, M. le
député de Nicolet-Yamaska, s'il vous plaît!
M. Fontaine: Sur l'amendement, les raisons évoquées
par le député de Rosemont sont assez farfelues, parce que les
ordres de l'Assemblée nationale sont facilement changeable;;. Je suis
assuré que l'Opposition accorderait sa collaboration si le gouvernement
voulait changer cette motion.
Sur l'amendement qui a été proposé par le
député de Jacques-Cartier, je vous dirais que, si j'avais la
permission de proposer un amendement à ma motion, je ne dirais pas "sans
délai", mais je dirais "au plus sacrant".
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Franchement, je suis u|n
peu surpris. Le gouvernement décide de se faire assureur à la
suite de nombreuses années d'études qui ont été
faites par la commission Gau-vin pour tâcher d'apporter des correctifs au
régime d'assurance automobile. C'est pour cela que j'appuierai
l'amendement en disant "dès maintenant", parce que c'est urgent que nous
ayons ces données pour ne pas retarder, comme vous le disiez si bien, M.
le Président, les travaux de la commission parlementaire et comme le
député de Rosemont l'a dit tout à l'heure.
Le gouvernement se fait assureur. Il est important, lorsqu'on
décide de se lancer dans un domaine particulier, qu'on en connaisse les
implications et le coût. Je pense que le gouvernement sait très
bien qu'il n'y a pas un assuré au Québec qui ne connaît pas
le coût de son assurance. Il reçoit la facture...
Mme Payette: C'est trop.
M. Roy: ... au moment où il renouvelé son
assurance. Il sait combien cela va lui coûter. Je viens d'avoir mon
renouvellement d'assurance et je sais très bien ce que cela
coûte.
Mme Payette: Combien?
Le Président (M. Bertrand): Sur l'amendement, M. le
député de Beauce-Sud, s'il vous plaît!
M. Roy: Lorsqu'on demande le coût, le gouvernement n'est
pas prêt. C'est pour cela qu'il est urgent que nous ayons ces
données maintenant, avant d'entreprendre l'étude de la loi. La
tarification n'est pas prête. L'honorable ministre nous annonce que le
coût va baisser elle l'a dit à l'occasion de sa
réplique au discours de deuxième lecture parce qu'il y a
eu une diminution du taux d'accidents, l'année dernière, de
16%.
Par contre, on réalise, dans les amendements qui nous ont
été fournis hier soir et que nous avons étudiés au
cours de la nuit, qu'il y a une baisse dans tout le régime
d'indemnité. Je pense que c'est normal, comme membres d'une commission
parlementaire, comme citoyens responsables, que nous ayons ces données.
Je veux avoir ces données parce que j'ai fait des chiffres aussi. J'ai
fait des chiffres, j'ai toujours aimé les chiffres. J'ai puisé
dans les documents gouvernementaux, les documents que nous avons eus. Si je me
réfère à la page 1 du livre bleu qui est ici, on dit que
le nombre de permis de conduire au 8 juin 1975 est de 2 780 394. C'est dans le
livre bleu à la page 1. A la page 2, on dit que le nombre de
véhicules, au 8 juin 1975, est de 3 458 990. On nous a
dit dans le livre bleu que le coût du régime d'assurance
automobile était de $385 millions. On nous a dit dans les
hypothèses de tarification qu'il en coûterait $110 par
véhicule. Si je multiplie le nombre de véhicules prévus
dans le livre bleu, selon les statistiques qu'on nous a données, 3 458
990 véhicules à $110, cela fait $380 488 900 . Si j'additionne le
nombre de permis et que je multiplie le nombre de permis, 2 780 394, par le
montant moyen de $15 qui est prévu dans le livre bleu, dans les
hypothèses de tarification à la page 11, pour être plus
précis, cela donne un chiffre de $41 705 910. Si j'additionne les $380
488 000 et les $41 705 000, cela fait $422 194 810. Il faut ajouter à
cela, ce qui a été dit justement dans le livre bleu
pardon, c'est dans les hypothèses de tarification que les
véhicules commerciaux paieraient une fois et demie, et que les
véhicules de taxi paieraient cinq fois. Si je prends le nombre de 10%
des véhicules, ce qui fait un chiffre de $345 899 à $110, cela
fait $38 048 990 additionnels. Si j'additionne les chiffres que nous a fournis
le gouvernement, j'arrive à la somme totale de $460 millions. Ce ne sont
pas les chiffres du député de Beauce-Sud, ce sont les chiffres
que j'ai puisés dans le livre bleu, qui est un document officiel, ce
sont les chiffres que j'ai puisés dans les hypothèses de
tarification que nous a fournis le ministre...
Une Voix: Sur l'amendement.
M. Roy: Oui, sur l'amendement.
C'est la raison pour laquelle je dis, à la lumière de tout
cela, qu'il est urgent que nous ayons toutes ces données avant
d'entreprendre les articles de la loi, un par un. Or, si je prends les $460
millions, dans une hypothèse de $800 millions qu'est le coût total
du régime d'assurance automobile, on constate que, pour couvrir les
dommages corporels, le gouvernement irait chercher 57% du coût total de
l'assurance-automobile pour régler 35% des indemnisations. Quand je dis
que c'est urgent que nous ayons les chiffres, c'est que les chiffres qu'on nous
a fournis jusqu'à maintenant ne correspondent pas du tout aux intentions
qu'on nous a formulées, d'autant plus que Mme le ministre a fait des
déclarations à plusieurs reprises, et je lui donne le
bénéfice du doute, pour lesquelles nous n'avons aucun chiffre,
aucun document. Or, si on veut se faire assurer, je veux avoir les chiffres
avant de m'engager dans ce domaine, parce que je n'accepterai jamais que le
gouvernement que ce soit un gouvernement libéral, du Parti
québécois ou de n'importe quelle formation politique,
reçoive de nous un chèque en blanc, qu'on donne un chèque
en blanc à la Régie d'assurance automobile et qu'on dise: Voici,
vous avez le mandat d'assurer les Québécois, et qu'on dise
à nos électeurs, chez nous, dans nos comtés: On ne sait
pas combien cela va coûter et on ne sait pas ce que cela implique.
Là, on a l'air de gars intelligents.
Je pense que si on veut donner une image de gens sérieux, M. le
Président, on devrait faire en sorte de donner ces chiffres avant
même d'entreprendre notre étude, et on examinera le coût de
l'assurance automobile, parce qu'un des objectifs de la réforme de
l'assurance automobile sur lequel la population a manifesté le plus
d'inquiétude, c'est non seulement le régime d'indemnisation, qui
est changé depuis hier soir, mais aussi le coût du régime.
J'appuie donc sans aucune réserve l'amendement proposé par
l'honorable député de Jacques-Cartier à savoir que c'est
dès maintenant que nous devons avoir ces renseignements.
Le Président (M. Bertrand): L'amendement du
député de Jacques-Cartier est-il adopté?
Une Voix: Rejeté sur division, M. le Président.
M. Shaw: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Je voudrais tenir compte que nous avons des
règlements qui laissent la parole à tous les
députés, pour une durée de 20 minutes, sur une motion.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Pointe-Claire, vous n'avez pas besoin du tout de faire ces commentaires. Le
président est ici pour s'assurer que les règlements sont suivis.
Le président a le droit de demander si une motion est adoptée ou
rejetée, et dès qu'il a vu que vous lui signaliez que vous aviez
l'intention de prendre la parole, il vous a reconnu.
M. Shaw: Merci, M. le Président.
Premièrement, M. le Président, je voudrais appuyer
l'amendement du député de Jacques-Cartier, parce que je crois,
comme la plupart des Québécois, que le gouvernement n'est pas
prêt et qu'il est en train de cacher certaines statistiques et autres
formes d'information dont nous avons besoin, ici, en commission parlementaire,
pour faire l'étude de ce projet de loi comme il le faut, en toute
responsabilité.
C'est totalement clair que si le gouvernement nous a
présenté hier soir des amendements qui ont diminué de
beaucoup les indemnités des accidentés concernés dans la
loi, certains chiffres sont impliqués. Nous n'avons pas encore
reçu ces chiffres. Nous avons vu aussi que certaines indemnisations pour
ceux qui sont tués dans un accident sont enlevées au complet et
il n'y a aucune fiche ou aucun chiffre qui nous indique pourquoi ces
changements sont déjà faits.
M. le Président, le gouvernement a toujours parlé d'un
gouvernement de transparence. Moi, je suis convaincu, aujourd'hui, que nous
avons une façade de la démocratie pour essayer d'imposer ce
projet de loi à la population du Québec pour le commencement du
mois de mars. Il n'est pas prêt à dire la vérité
à tous les membres de l'Opposition et, par nous et par les journalistes,
à la population du Québec. Je crois, M. le Président, que
c'est fort important, avant qu'on étudie un seul article de ce projet de
loi, que l'on nous dise toute la vérité, pas seulement la
tarification, mais comment vont fonc-
tionner ces centres d'évaluation, qui ne sont pas encore en
place, comment vont fonctionner la Commission des accidents du travail ou
même les commissions d'appel qui sont impliquées. Est-ce que ces
organismes sont prêts à entrer en fonction le 1er mars? Jamais, M.
le Président, c'est clair. Mais si le gouvernement veut jouer avec nous,
veut jouer avec la démocratie, nous allons lui parler et nous allons
faire tout ce que nous pouvons pour démontrer aux journalistes et
à la population que nous jouons un jeu très dangereux mettant en
péril leurs droits.
C'est leur droit d'être assurés comme il faut par un
système démocratique efficace et à un coût le plus
bas possible.
Le Président (M. Bertrand): La motion d'amendement du
député de Jacques-Cartier est-elle adoptée?
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Face à l'amendement proposé par le
député de Jacques-Cartier sur la motion du député
de Nicolet-Yamaska, il m'apparaît, a priori, qu'il est normal que les
membres de cette commission puissent avoir le plus de données possible
sur les prévisions de coût, mais, par contre, je reconnais tout de
même, devant les amendements que le ministre a déposés tout
récemment, qu'il n'est pas facile de trouver tout le temps voulu pour
réévaluer les conséquences que comportent ces nouvelles
hypothèses qui découlent des amendements qu'on nous apporte.
Le même phénomène, d'ailleurs, jouera en
matière d'évaluation de coût et de la possibilité de
déterminer ce que cela pourra représenter, suite aux amendements
que l'Opposition et même le gouvernement, peut-être, apporteront au
cours du débat, article par article.
S'il y avait de ces amendements apportés par l'Opposition, comme
par le gouvernement, qui pourraient avoir une incidence sur les
indemnités qu'on paiera ou sur le coût de l'administration du
régime, on ne pourra pas, au moment même où on apportera
ces amendements et où on les acceptera, déterminer les
conséquences que représenteront les nouvelles hypothèses
qu'on apportera dans le projet de loi.
Mais j'aimerais tout de même...
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez. Si le
député le permet... Pour votre information, il y a certaines de
ces hypothèses que nous avons envisagées, pour lesquelles nous
avons prévu le montant et que nous serions en mesure de vous fournir au
fur et à mesure. Les hypothèses qui n'ont pas été
envisagées pour l'instant ne sont pas calculées et,
effectivement, demanderaient quelques jours.
M. Giasson: Mais, tout de même, à ce moment-ci
et je terminerai là-dessus le minis- tre croit-elle
pouvoir déposer dans les jours qui viennent une foule
d'informations?
Mme Payette: Puisque la question m'est posée... Vous venez
de me poser la question, donc, je dois avoir le droit de vous répondre.
A 10 h 15, ce matin, M. le Président, je vous rappelle que j'ai
déclaré que, d'ici quelques jours, deux ou trois au maximum, la
tarification et le coût total du régime seraient connus.
M. Roy: On suspend.
M. Giasson: Je reconnais que vous nous avez indiqué cela
au tout début, mais, tout de même, face à
l'expérience qu'on connaît dans le monde de l'assurance automobile
en 1977, et je ne vous apprends rien de neuf, vous en êtes
informée, il y aura des changements assez importants dans les
coûts d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobiles que
connaîtra le régime actuel.
A quel moment dans le temps avez-vous arrêté les
prévisions de ces coûts pour l'année 1977 qui vous
permettront d'avoir des hypothèses qui tiennent bien par rapport au
régime que vous voulez instaurer?
Il faut à un certain moment que...
Mme Payette: M. le Président, dois-je considérer
qu'il y a là une question et dois-je y répondre? Je vous demande
une directive.
Le Président (M. Bertrand): Vous pouvez
répondre.
Mme Payette: Nous avons, actuellement, à notre disposition
les statistiques complètes pour 1976, ce qui nous a obligés
à refaire complètement l'évaluation du coût du
régime et, par le fait même, donc, une nouvelle tarification. Nous
avons également à notre disposition la première partie de
1977.
M. Giasson: Quand vous dites la première partie, ce sont
les six premiers mois de l'année?
Mme Payette: Les six premiers mois.
M. Giasson: Les six premiers mois de l'année.
Mme Payette: Et c'est à partir de cela que nous projetons
en 1978, quitte à rajuster par la suite, si c'est nécessaire.
M. Giasson: M. le Président, mon intervention est
close.
Mme Payette: Elle était fort pertinente et fort
intelligente, M. le Président. Et fort honnête.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Depuis longtemps que j'ai à
étudier cette législation...
M. Fontaine: Une question de règlement. Est-ce que le
ministre veut insinuer que les interventions que nous avons faites
étaient malhonnêtes...
Le Président (M. Bertrand): Ce n'est pas une question de
règlement. Je m'excuse, M. le député de Nicolet-Yamaska.
Il n'y a pas de question de règlement à ce sujet.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Depuis tant de mois, M. le Président,
que nous étudions...
Mme Payette: La soeur supérieure disait: Si le chapeau
vous va, mettez-le donc.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Saint-Germain: ... cette législation, on nous promet
constamment qu'on remettra aux membres qui ont à étudier cette
législation, les études voulues pour qu'on puisse bien comprendre
la teneur de chaque article. Cela arrive toujours en retard et lorsque cela
nous est remis, c'est un document comme celui qui nous a été
remis à la suite d'une demande en commission qui sont des
hypothèses complètes et on n'a absolument aucune explication des
études qui alimentent ces mêmes hypothèses.
Je ne voudrais pas me répéter, mais ce n'est pas parce
qu'on nous remet un document qui dit: Cela va coûter tant, qu'on doit
nécessairement croire ces chiffres. Il faudrait nécessairement
qu'on nous donne les études qui ont permis de publier ces chiffres. Je
ne vois pas pour quelle raison, si le ministre est si bien intentionné,
s'il veut bien donner à la population les études qu'il a promis
de nous remettre demain matin, on commencerait nos travaux sans ces chiffres,
sans avoir les documents voulus pour l'étude du projet de loi. C'est ce
que nous déplorons. Est-ce que ces chiffres vont être complets? Il
me semble évident que si on a à étudier ce projet
sérieusement, les chiffres sont disponibles à 100% et qu'il
s'agira de les modifier à mesure qu'il y aura des amendements, mais on
doit savoir pertinemment que lorsqu'on change un article, combien ce changement
va coûter, ou combien ce changement va diminuer les coûts soit
d'administration ou surtout d'indemnisation. On sait cela, on devrait savoir
cela.
Alors, je ne vois pas pour quelle raison les études ne seraient
pas totales, au moins qu'on n'en disposerait pas au tout début de
l'étude article par article. On va vite s'apercevoir que les articles
les plus importants, les articles qui vont être discutés le plus
longtemps vont être nécessairement les articles qui ont des
incidences avec le coût.
Cela me semble absolument évident. Et les articles qui n'ont pas
d'incidences au point de vue du coût vont probablement être plus
faciles à étudier. Si on veut remettre les articles qui ont des
incidences au point de vue du coût, on va remettre les articles les plus
importants qu'il y a dans le projet de loi. Cela me semble être tout
à fait évident.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rose mont.
M. Paquette: Une dernière remarque très courte. Je
pense qu'il y a moyen, en attendant les études du ministre, de passer
à travers le projet de loi avec des amendements qui nous sont
présentés, d'adopter les articles qui ne font pas
problème. Il y a plusieurs articles de définition, de
concordance, qui ne sont pas liés au montant des indemnités, donc
à l'étude de coûts. Cela nous permettra d'avancer nos
travaux et, en fait, chaque fois qu'un député demandera la
suspension parce qu'il n'a pas ces documents relatifs aux coûts, je tiens
à dire que nous sommes très réceptifs. C'est tout ce que
je peux dire.
M. Roy: C'est une méthode de travail...
M. Fontaine: M. le Président...
M. Saint-Germain: Vous avez trouvé...
M. Paquette: On a travaillé comme ça pour la charte
de la ville de Montréal et cela a très bien été,
très bien.
M. Fontaine: II ne s'agit pas de la charte de la ville de
Montréal.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Nicolet-Yamaska!
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président, je n'avais
pas terminé...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Vous n'aviez pas
terminé, M. le député de Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: Non.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez la parole.
M. Saint-Germain: Ecoutez, même dans les
définitions, changer une définition a des conséquences au
point de vue du coût, c'est une police d'assurance...
M. Fontaine: Le simple mot "accidents"...
M. Saint-Germain: ... il traite de quelque chose qui ne sous-tend
pas un coût au bout. Cela revient à dire ce que je disais tout
à l'heure. Les articles importants, on va les remettre. D'autant plus
qu'on n'a pas le règlement. On n'a ni règlement, ni étude
de coût. C'est impensable. Vous
avez là, je le répète, une des causes des
inquiétudes de la population et de nos inquiétudes en face d'un
tel projet. Je crois que si ce projet de loi, M. le Président, avait
été déposé et si, dès le livre bleu,
livré à notre connaissance, parce que, même à ce
stade, on aurait dû avoir des études bien structurées, le
projet de loi aurait été une étude beaucoup plus facile et
la population serait actuellement beaucoup moins inquiète et beaucoup
plus rassurée sur cette loi. J'ai terminé, M. le
Président.
M. Shaw: Seulement une question, M. le Président, les
ministériels qui sont ici, qui font toujours lequorum.sont-ilsassez
renseignés pourtravaillerà ce projet de loi ou sont-ils seulement
des marionnettes qui font le quorum?
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, à ce
moment-ci, puisqu'il est midi, tel que le prévoit...
M. Paquette: ... ce n'est pas permis en commission, je pense.
Le Président (M. Bertrand): ... notre règlement,
nous allons ajourner les travaux sine die en attendant un nouvel ordre de la
Chambre.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
Reprise de la séance à 16 h 40
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs! La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières poursuit l'examen du projet de loi no 67 et l'étude
de ce projet article par article.
Les membres de cette commission sont M. Beauséjour (Iberville);
M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Charron (Saint-Jacques); M.
Ga-gnon (Champlain); M. Gosselin (Sherbrooke); M. Goulet (Bellechasse); M.
Laberge (Jeanne-Mance); M. Lalpnde (Marguerite-Bourgeoys); M. Goulet
(Bellechasse) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Landry
(Fabre); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue); M. Lefebvre
(Viau); M. Marois (Laporte); M. Marquis (Matapédia); Mme Payette
(Dorion), M. Raynauld (Outremont) remplacé par M. Blank (Saint-Louis);
M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé par M. Shaw (Pointe-Claire); M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier); M. Vaillancqurt (Jonquière).
Nous en étions à discuter une motion d'amendement
formulée par le député de Jacques-Cartier et qui se lisait
de la façon suivante: Que la motion du député de
Nicolet-Yamaska soit amendée, en ajoutant, après le mot
"distribuer", les mots "dès maintenant".
Au moment de quitter, c'était le député de
Montmagny-L'Islet qui avait demandé la parole. Comme il n'est pas ici,
je recevrai les demandes d'intervention. Les membres sont-ils prêts
à voter sur cette motion d'amendement? Est-ce que cette motion
d'amendement sera adoptée?
Des Voix: Vote.
Vote sur la motion d'amendement
Le Président (M. Bertrand): Vous voulez un vote
enregistré? Bien. Je répète la motion: Que la motion du
député de Nicolet-Yamaska soit amendée, en ajoutant,
après le mot "distribuer", les mots "dès maintenant".
M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Charron
(Saint-Jacques)?
M. Charron: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Gagnon (Champlain)? M.
Gosselin (Sherbrooke)? M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Bertrand): M. Landry (Fa-bre)? M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue)? M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois (La-porte)? M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette (Do-non)?
Mme Payette: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Blank (Saint-Louis)? M.
Shaw (Pointe-Claire)?
M. Shaw: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt,
(Jonquière)?
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Bertrand): Contre: 7.
M. Roy: Un instant, M. le Président!
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Excusez-moi.
M. Roy: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je m'excuse.
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Bertrand): La présidence
s'excuse.
M. Roy: Vous êtes pardonné.
Le Président (M. Bertrand): Nous avions encore une fois
oublié de vous inscrire comme membre.
M. Roy: Vous n'êtes pas ordonné, ce sont des oublis
très graves, c'est même un accroc à la
démocratie.
Le Président (M. Bertrand): Le secrétariat de cette
commission parlementaire n'a pas inscrit votre nom sur la feuille, c'est sans
doute un oubli majeur.
M. Roy: Un oubli que je vais me faire un devoir de faire
corriger.
Le Président (M. Bertrand): Très bien. Je vais
moi-même d'ailleurs m'en occuper, M. le député de
Beauce-Sud, si vous le voulez bien. M. le député de Beauce-Sud,
pour ou contre?
M. Roy: Pour.
M. Paquette: M. le Président, je pense que vous avez
oublié de m'inscrire en remplacement de quelqu'un. Vous ne m'avez pas
demandé mon opinion.
M. Lalonde: Je donne mon consentement pour que ce soit fait
maintenant, on ne voudrait pas s'en passer.
Le Président (M. Bertrand): M. Landry (Fabre)
remplacé par M. Paquette (Rosemont). M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Bertrand): Pour: 5 Contre: 8.
La motion d'amendement est donc rejetée. Nous revenons à
la motion principale.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, je propose que vous mettiez
aux voix immédiatement la proposition.
Le Président (M. Bertrand): Cette motion sera-t-elle
adoptée? M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Reprise du débat sur la motion
principale.
M. Lalonde: M. le Président, on revient donc à la
motion principale. J'ai indiqué ce matin, de façon assez claire,
qu'une telle motion rencontrait les voeux du Parti libéral. Si nous
avons été appelés à proposer un amendement qui
vient d'être battu, c'était parce que la stratégie choisie
par l'Union Nationale était différente. J'aurais fait confiance
c'est peut-être une erreur au moins pour quelques minutes,
au ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, espérant qu'elle nous conserve, dans les propos
qu'elle nous tient, des surprises et qu'elle puisse répondre à
certaines de nos interrogations. Maintenant que cette motion est devant nous,
je pense que je n'ai pas le choix, je dois intervenir sur cette motion pour
dire jusqu'à quel point nous sommes d'accord pour que les documents
pertinents, les études pertinentes, soient remis on ne peut pas
les déposer aux membres de cette commission.
On sait que la question de l'assurance automobile préoccupe
beaucoup de Québécois. Je pense que le député de
Saint-Jacques se rappelle encore, il y a moins de 24 heures, que nous
étions
ensemble devant des microphones pour commenter un sondage. On s'est
aperçu, dans le sondage, que 92% des gens interrogés
étaient préoccupés par la question de l'assurance
automobile...
Mme Payette: On fait du bon travail.
M. Lalonde: ... de la même façon que 92%
étaient préoccupés ou, enfin, avaient entendu parler
plutôt, je me corrige, de la question de la langue d'enseignement, alors
que, pour le financement des partis qui, pourtant, est un projet de loi qui est
extrêmement important, c'est seulement 55%. C'est donc dire que beaucoup
de gens sont préoccupés par la question de l'assurance
automobile. Je dois dire aussi que 56% mais cela va en montant,
peut-être que ce serait plus aujourd'hui entre le 11 et le 18
octobre, des gens interrogés étaient contre le projet. C'est dire
que tout n'est pas dit, tout n'est pas clair, tout n'est pas si admis, tout
n'est pas si vrai. Il faut que nous soyons informés nous-mêmes
pour pouvoir informer nos commettants. Il s'agit d'un projet de loi
extrêmement technique. Naturellement, les gens versés en assurance
le savent, ont une connaissance tout à fait particulière, peuvent
facilement comprendre les concepts dont on se sert pour proposer cette
réforme, mais les quelques séances de la commission parlementaire
avant la deuxième lecture auxquelles j'ai eu l'occasion d'assister m'ont
convaincu que peu possèdent réellement à fond, et cela
comprend, je pense, une majorité des membres autour de cette table,
toute la technique, tous les éléments importants pour nous
permettre d'en parler avec une certaine intelligence. Le ministre a fait une
tournée et, avec sa franchise naturelle, elle a admis aussi qu'elle a
appris plus souvent qu'elle en avait montré durant sa tournée.
C'est une tournée d'information. Elle aussi s'est informée. Elle
aussi a appris un tas de choses dans sa tournée. Je suis sûr
qu'elle sera d'accord sur cela.
Mme Payette: C'était fait pour cela. Vous étiez
invité en plus.
M. Lalonde: C'était fait pour cela et, en même
temps, pour informer les gens. Madame, je vous ai vue souvent à la
télévision, par câble, durant votre tournée. Je me
suis aperçu que Mme le ministres'in-formait aussi en même temps,
posait des questions en même temps qu'elle répondait à des
questions posées par le public.
Donc, ce n'est pas simplement pour être capricieux, mais quand on
va arriver aux articles X, Y ou Z, ou 12, 13 ou 14, si on n'a pas le fondement
des études faites par des gens qui connaissent l'assurance, qui
connaissent surtout les données, la réalité... Qu'est-ce
que c'est, des études actuarielles? Ce sont des études qui
analysent la réalité et mesurent les solutions qu'on veut
apporter aux problèmes. C'est la seule façon de savoir combien
ça va coûter. Combien ça va coûter? M. le
Président, c'est la question parmi les questions importantes il y
en a d'autres que les gens se posent.
Naturellement, tout le monde est d'accord, tout le monde non seulement
est d'accord, mais demande, tous demandent qu'on améliore le
système de l'assurance automobile, tous sont d'accord... enfin, une
grande majorité souhaite qu'on procède même par
l'élimination du concept juridique de la faute pour faire en sorte que
toutes les victimes, quelles soient responsables ou non, soient
indemnisées. Mais, tout ça, c'est assujetti à la question
suivante, et allez dans vos comtés, c'est celle qu'on va vous poser:
Est-ce que ça va coûter plus cher? Est-ce que ça va
coûter moins cher?
On sait les promesses qui ont été faites pendant la
dernière campagne électorale, il n'y a pas tellement longtemps;
il y a quelques heures, on fêtait à certains endroits, le premier
anniversaire. On ne semble pas avoir fêté très fort depuis
l'annonce de 11,4% de chômage, M. le Président, mais, quand
même, enfin... Je pense qu'on peut se souvenir des promesses
électorales qui ont été faites et auxquelles des gens ont
cru, de toute évidence, puisqu'ils ont voté en faveur de ce
gouvernement, en minorité, mais, quand même, en plus grand nombre
que pour chacun des autres partis. Alors, il ne faut pas décevoir ces
gens, ni les électeurs, ni la population. Ce sont des millions de
personnes qui sont affectées par cette loi, non seulement les
automobilistes, mais les piétons. Quelqu'un qui n'a jamais conduit un
véhicule peut être affecté par cette loi.
C'est pour cette raison que nous insistons pour que soient remis,
immédiatement, aux membres de cette commission parlementaire, tous les
documents qui ont servi au gouvernement pour formuler son projet de loi.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour continuer dans la même veine que le
député de Marguerite-Bourgeoys; je me souviens très bien
que ce gouvernement-ci a promis d'être un gouvernement transparent. Si je
ne m'abuse, un gouvernement transparent veut dire un gouvernement qui, lors de
la présentation de ses politiques, ou de législations, en
particulier, livre complètement et ses opinions et les études qui
ont conduit à des opinions données.
Alors, actuellement, je crois que de nouveau, le gouvernement ne remplit
pas ses promesses électorales car nous sommes à étudier un
projet de loi, sans connaître les études qui sous-tendent les
coûts et tous les chiffres d'une réelle police d'assurance
gouvernementale.
C'est pour moi absolument inconcevable et je me demande ce qui peut
retenir le gouvernement et le ministre, en particulier, pour nous obliger
à étudier tous ces articles sans avoir une transparence de la
signification de chacun de ces articles.
Le Président (M. Bertrand): Alors...
M. Charron: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que la motion...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense que cette
motion est tout à fait dans la lignée d'une intervention que
j'avais faite sur l'amendement, c'est-à-dire qu'il faut absolument que
le législateur soit informé de tous les aspects d'un projet de
loi avant de pouvoir se faire une opinion quant à ce projet de loi.
Il faut également que la population, en général,
soit informée. Le législateur ne peut, sans doute, modifier un
article sans connaître les études qui ont mené à la
rédaction de cet article et sans connaître également les
hypothèses qui ont été rejetées et il ne peut
formuler d'autres hypothèses qu'en faisant une analyse comparative des
coûts auxquels mène chaque hypothèse.
Et je ne peux comprendre comment un gouvernement peut avoir
rédigé un projet de loi sans connaître les coûts de
ces choix.
Je pense que vous avez mentionné en matinée que vous
vouliez être démocratique le plus possible.
Nous ne sommes pas des machines à voter. Il faut absolument que
les parlementaires qui siègent à cette commission aient droit
à l'information qui, sans doute, est connue déjà par le
ministre. Pourquoi, M. le Président, voulons-nous avoir ces coûts?
On veut de meilleures indemnisations à de meilleurs coûts. On veut
comparer les méthodes de calcul que le gouvernement a adoptées
avec nos propres méthodes de calcul. On veut faire prendre conscience
que le projet de loi va coûter plus cher que prévu et même
trop cher. Si nous n'avons pas raison sur ce point, M. le Président, je
pense que c'est au ministre à nous prouver le contraire et c'est...
Mme Payette: M. le Président, je voudrais une
directive.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: Le député vient de faire allusion
à des études qui auraient été faites par
l'Opposition sur les hypothèses de coût du régime. Est-ce
que je pourrais lui demander, non pas de les déposer, mais de les
distribuer à cette commission?
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît. Il faudrait, Mme le ministre, que vous fassiez motion pour que
ces...
M. Lalonde: Bon, un filibuster.
Le Président (M. Bertrand): ... documents puissent
être distribués. Vous pouvez cependant, dans le cadre d'une
intervention, solliciter la collaboration de l'Opposition pour que de tels
documents puissent être rendus publics.
Mme Payette: Est-ce que je peux, M. le Président,
simplement manifester mon grand intérêt pour les études qui
auraient été faites par l'Opposition...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre s'il vous
plaît. M. le député de Saint-Jacques.
M. Saint-Germain: Le ministre sait pertinemment qu'elle ne peut
exiger d'études de l'Opposition, surtout lorsqu'elle ne peut pas nous
donner les siennes. Elle est entourée d'une armée de
fonctionnaires. Depuis des mois que nous lui demandons ses études et
jamais elle ne nous les a fournies.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Saint-Germain: Oui, mais M. le Président, je pense que
c'est une question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, je m'excuse. Ce n'est pas une question de règlement. M.
le député de Jacques-Cartier, vous savez fort bien que ce n'est
pas une question de règlement. Vous ferez cette intervention pour
souligner que vous n'êtes pas d'accord avec l'attitude du ministre de ne
pas distribuer ou déposer des documents, mais pour l'instant, la parole
est toujours au député de Nicolet-Yamaska.
M. Saint-Germain: M. le Président, une question de
règlement. Si je suis antiréglementaire, je puis revenir à
cette question de règlement. Vous savez très bien que le ministre
n'a pas le droit de poser de questions à l'Opposition. Nous sommes ici
pour poser des questions. Je crois que si nos règlements disent ceci
bien clairement, c'est qu'on sait pertinemment que l'Opposition n'est pas
organisée, n'a pas les fonds voulus et n'a pas les personnes, les
recherchistes à son service pour faire une étude complète
d'une telle législation. Si le ministre ne veut pas collaborer en nous
donnant au moins ses propres études, dont on pourrait se servir comme
document de travail...
Le Président (M. Bertrand): Je pense, M. le
député de Jacques-Cartier, que vous reconnaîtrez que tout
membre de la commission parlementaire a le droit de poser une question à
un autre membre qui a la parole et c'est à la personne qui a la parole
de décider si, oui ou non, elle accepte de répondre à
cette question et même de se laisser poser une question.
M. le député de Nicolet-Yamaska, vous avez la parole.
M. Fontaine: M. le Président, si le ministre veut faire
des farces, je suis bien prêt à en faire,
mais je pense qu'elle a mal compris mon intervention. Ce que j'ai dit,
ou du moins ce que j'ai voulu dire, c'est que, si le gouvernement
déposait ses études, on pourrait certainement en faire de notre
côté, pour comparer les chiffres qu'elle va nous donner avec ceux
qu'on pourrait sortir à la suite des dépôts de documents
que nous lui demandons. C'était le sens de mon intervention et je ne
pense pas que le ministre puisse nous demander de déposer des documents.
Il est bien sûr qu'on n'en a pas parce que, si on en avait, on serait
heureux d'en faire prendre connaissance à la commission; ce n'est pas
votre cas, je pense, présentement.
On va nous dire que l'Opposition veut faire une opposition
systématique. Je pense, M. le Président, que ce n'est pas le cas.
Si le ministre nous avait écoutés et avait déposé
ce qu'on lui demande aujourd'hui il y a plusieurs semaines, je pense qu'on
serait en mesure de se faire une meilleure opinion sur le projet de loi et
possiblement de collaborer avec le gouvernement.
Comment peut-on, décemment, expliquer ce projet de loi à
la population et le lui faire comprendre? Ce que la population veut savoir au
plus coupant, M. le Président, c'est combien cela va coûter
à chacun des utilisateurs des véhicules automobiles après
que le projet de loi 67 sera adopté. Combien cela va-t-il coûter
pour un véhicule de promenade? Combien cela va-t-il coûter pour un
taxi? Combien cela va-t-il coûter pour un voyageur de commerce? Pour un
camion? Pour un cultivateur? Pour son véhicule tracteur, ses
véhicules de ferme? C'est cela qui est important, M. le
Président, c'est cela qu'on veut demander au ministre aujourd'hui.
Nous sommes dans l'impossibilité de jouer notre rôle de
parlementaires efficacement si nous n'avons pas ces chiffres avant
l'étude article par article. D'ailleurs, il y a longtemps que ces
chiffres auraient dû être déposés et plusieurs
députés de l'Opposition ont insisté, à plusieurs
reprises, pour les avoir. Les ministériels ont d'ailleurs admis, ce
matin, qu'ils aimeraient, eux aussi, avoir ces études. Alors, je me
demande pourquoi, M. le Président, le leader du gouvernement a
convoqué prématurément cette commission parlementaire. Je
me le demande, mais je sais pourquoi. C'est que le ministre continue,
malgré des avis contraires, persiste à vouloir mettre le projet
de loi en application pour le 1er mars 1978. Pourquoi vouloir insister sur
cette date? Qu'est-ce qui empêche le gouvernement de retarder de quelques
mois l'application d'un projet de loi qui semble, pour plusieurs membres de
cette commission, prématuré pour l'instant et également
pour des personnes qui sont venues témoigner en commission parlementaire
et qui ont avisé le ministère qu'il faisait fausse route en
adoptant ce projet de loi prématurément.
Comment se fait-il que les ministériels n'interviennent pas
auprès du leader et auprès de leur caucus, pour retarder la
présente commission, jusqu'à ce que ses membres aient pu prendre
connaissance des éléments mentionnés dans ma motion et
aient pu également les étudier? Merci, M. le
Président.
M. Shaw: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: M. le Président, cette commission parlementaire
est mandatée premièrement, pour la protection des
intérêts des consommateurs. Nous sommes ici pour étudier un
projet de loi qui vient de ce ministère.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Pointe-Claire, est-ce que je peux vous rectifier? Le seul mandat que cette
commission a reçu, c'est d'étudier le projet de loi no 67,
article par article.
M. Shaw: M. le Président, si je peux continuer, pour
expliquer mon point de vue qui réclame une étude complète.
Tous les renseignements doivent être disponibles, non seulement la veille
d'une étude article par article, mais bien avant la convocation. Tous
les articles dans ce projet de loi sont importants.
Nous avons fait une étude, hier soir, avec nos recherchistes, et
pour seulement un tiers de ces amendements, nous avons passé cinq heures
et demie sur le sujet. Même en recevant les chiffres qui sont
proposés dans la motion d'amendement de mon collègue le
député de Nicolet-Yamaska, on doit prendre une période de
temps pour les faire étudier, afin que nous puissions représenter
les consommateurs dans cette commission parlementaire, pour étudier ce
projet de loi comme il le faut.
Je rappelle le discours de Mme le ministre samedi dernier, au cours de
l'émission Quebec Provincial Affairs, en anglais. Je constate que son
anglais a été merveilleux. Je ne sais pas si une régie de
la langue anglaise va accepter mon avis, mais je peux constater moi-même
que son anglais est excellent.
Selon les principes qui ont été énoncés dans
ce discours, de même que ceux des témoins qui sont venus devant
nous pour l'étude des mémoires de ce projet de loi, on a toujours
constaté qu'il y a beaucoup de lacunes, beaucoup de problèmes,
dans ce projet de loi, qui doivent être changés, pour le
bénéfice des consommateurs.
M. le Président, je dois continuer sur le même sujet. C'est
impossible, c'est irresponsable de faire une étude, article par article,
de n'importe quel projet de loi sans avoir au moins la base des données
dont nous avons besoin. Si Mme le ministre a quelque chose à garder pour
le dernier moment, pour essayer de faire passer son projet de loi, pour
l'année suivante, ce secret n'est pas dans l'intérêt du
consommateur que nous représentons, non seulement comme
députés dans nos comtés, mais à cette commission
parlementaire. Je dois appuyer la motion.
J'ai besoin d'appuyer la motion, j'ai besoin d'appuyer le principe de
cette motion que ce projet de loi n'est pas simplement un nouveau changement
dans un ancien projet de loi, mais totalement un nouveau régime
d'assurance automobile qui va changer le style que tous les
Québécois ont maintenant d'acheter leur couverture
d'assurance
automobile. Accepter moins que toutes les données disponibles
à Mme le ministre, serait une chose irresponsable. Il faut que nous
ayons ces données, non pas seulement les chiffres de la tarification
mais aussi les autres renseignements sur le sujet des ententes qui sont
déjà établies avec certains organismes, comme la
Commission des accidents du travail, comme les médecins pour les
communications, qui sont véritablement importantes pour en arriver
à des indemnisations qui sont demandées par ce projet de loi,
pour des informations qui sont demandées par les employeurs. Il faut que
toutes les données importantes pour l'étude de ce projet de loi
soient ici, devant tous les membres de la commission, pour que cette
étude soit faite comme il le faut, avec responsabilité et
efficacité.
Si ce n'est pas fait, on fait une façade avec cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je vais tenter un dernier
effort pour essayer de convaincre les gens de l'Opposition d'arrêter de
nous faire des motions d'amendements et de sous-amendements. J'ai l'impression
qu'on assiste, depuis le début de cette commission, à une
tentative de retarder la commission jusqu'à temps qu'on ait
peut-être les études et les mécanismes de
tarification...
M. Fontaine: C'est en plein cela.
M. Lalonde: C'est évident.
Une Voix: Vous avez compris, pour une fois.
Une Voix: II va falloir le comprendre.
M. Paquette: Je suis content que vous le disiez. Je pense que
c'est nécessaire d'intervenir ici, parce que, de la façon dont
cela va là, on va continuer à avoir des amendements et des
sous-amendements pour retarder les choses. On a essayé de vous expliquer
pourquoi, nous les députés ministériels, nous tenons
autant que vous à ces données, à ces chiffres, à
cette tarification, à ces études de coûts, mais, avant
d'évaluer cela a été dit maintes et maintes fois,
je le répète encore une fois les coûts d'un
régime d'assurance, il faut connaître les montants des
indemnités et chaque amendement nécessite une
réévaluation des coûts et des tarifs.
Il est impossible d'avoir ces coûts et ces tarifs aujourd'hui,
demain, probablement après demain. Là, vous vous demandez
pourquoi on a convoqué la commission parlementaire aussi tôt. Le
député de Pointe-Claire a dit que c'est irresponsable, c'est
prématuré. Pourquoi ne retardons-nous pas l'entrée en
vigueur du projet? On ne veut pas retarder l'entrée en vigueur du
projet, c'est évident, parce que c'est un projet qui est urgent, dont
les Québécois ont besoin et tout cela est amplement
débattu en Chambre; il ne s'agit pas de refaire le débat ici.
D'autre part, le principe de la loi a été adopté en
Chambre aussi. Que vous aimiez cela ou non, il y a un régime mixte dont
une partie est confiée à l'Etat et l'autre partie à
l'entreprise privée. Etant des partisans de l'entreprise privée,
j'imagine que vous êtes contents de cette partie du régime, sauf
peut-être de certaines modalités qui sont laissées à
l'entreprise privée concernant les dommages matériels,
c'est-à-dire à peu près la moitié des articles de
la brique.
Je dis: On a amplement de travail sur la table où on n'a pas
besoin des études que vous demandez dans la résolution concernant
les coûts et la tarification. Pourquoi ne commençons-nous pas
à regarder les articles qu'on peut étudier et ne suspendons-nous
pas les autres?
M. Lalonde: ... une motion.
M. Paquette: J'ai déjà proposé à
l'Opposition que, chaque fois qu'elle aurait une série d'articles
qu'elle ne se sentirait pas prête à discuter, on pourra passer
à des points qu'on est en mesure de discuter.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Paquette: Peut-être qu'on pourrait en faire une motion,
vous pouvez consulter mes collègues. On pourrait peut-être faire
cela.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. le
député de Rosemont.
M. Charron: ... M. le Président, on pourrait
peut-être disposer de la motion du député de
Nicolet-Yamaska, mais ne pas tout de suite entamer la discussion sur ce que
vient de proposer le député de Rosemont.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une courte question sur ce qu'il vient de
dire?
Le Président (M. Bertrand): S'il accepte d'y
répondre, oui, allez-y!
M. Fontaine: Vous mentionnez qu'il faut changer les études
chaque fois qu'on fait un amendement. Je prends, par exemple, l'article 37 qui
a été amendé. Vous changez les pourcentages.
J'espère que vous savez que, lorsque vous avez changé le
pourcentage, cela coûtait moins cher. C'est cela qu'on veut savoir.
Pourquoi ne les déposez-vous pas? Vous le savez actuellement?
M. Charron: Si je peux me permettre, nous tentons de faire que
cette commission ne tourne pas au ridicule. C'est d'emblée affirmer que
l'Opposition a raison. Nous, comme députés ministériels, y
souscrivons également. Ces études que vous estimez essentielles,
nous les trouvons nécessaires. Vous estimez essentielles les
propositions de tarification, d'indemnisation des victimes. Nous nous rendons
à votre désir. Ce que nous
vous proposons, à ce moment, c'est qu'en attendant que cela
Mme le ministre a répondu, je pense, ...
Mme Payette: A 10 h 15.
M. Charron: ... à 10 h 15 ce matin; elle a aussi
répondu en Chambre, je l'ai entendue, l'autre jour, au
député de Beauce-Sud, que c'était une question de temps.
Si nous abordons ensemble c'est le sens de la proposition du
député de Rosemont l'indemnisation du dommage
matériel, au titre III, c'est à partir de l'article 74, qui nous
conduit jusqu'à l'article 192, je m'engage avec Mme le ministre, au nom
du gouvernement, à ce qu'avant que nous ayons fini ces chapitres, les
documents réclamés soient déposés; ceci fera que,
sans interrompre nos travaux, nous pourrons, par la suite, revenir à la
partie la plus litigieuse, j'en conviens, celle où il manque, j'en
conviens aussi, une partie des renseignements. Actuellement, rien ne nous
interdit c'est d'ailleurs le mandat que nous avons reçu de
l'Assemblée, il y a quelques instants de débuter à
l'article 74, qui est tout à fait à un autre titre que celui qui
suscite des émotions de l'autre côté de la table.
M. Shaw: Une autre question, M. le Président. Le
Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Shaw: Une petite question, parce que c'est très
important. Si vous êtes préparés à mettre en vigueur
votre projet de loi, pourquoi n'avez-vous pas maintenant les données
pour démontrer qu'il y a des accords avec les compagnies privées
d'assurances, sur les centres d'évaluation, des accords avec la
Commission des accidents du travail, des accords avec des médecins pour
faire remplir comme il le faut les formules de réclamations, des accords
avec les caisses populaires ou des accords peut-être avec des courtiers
d'assurances? Est-ce que vous avez ces données qui sont aussi
importantes pour prouver à tout le monde que vous serez prêts en
mars 1978 à faire fonctionner votre projet de loi?
M. Charron: M. le Président, le député
s'enfonce dans une proposition qui n'est pas celle que nous faisons à ce
moment. Mme le ministre sera disposée à répondre à
toutes ces questions au fur et à mesure. Les documents
réclamés, dans la mesure du possible, y compris ceux sur la
tarification et l'indemnisation qui sont, comme le disent les
députés, fondamentaux dans le sens de ce projet de loi, viendront
lorsque nous aborderons ces articles. Pour entamer l'article 74, qui est le
principe de l'assurance obligatoire, est-ce que le député a
besoin de documents fondamentaux qui échapperaient... Ce que nous vous
proposons aujourd'hui, pour ne pas faire perdre le temps de cette
commission...
M. Shaw: Oui.
M. Charron:... c'est que nous abordions cette question. Je
répète l'engagement du gouverne- ment à vous fournir ces
tarifs de primes, enfin pour employer le vieux langage, de primes et
d'indemnités, dès que nous aborderons cette question, avant
même que nous prorogions la session, pendant que nous serons en cours de
route sur les autres. Le député de Beauce-Sud comprend sans aucun
doute le sens de mon intervention. Il sait très bien que rien ne nous
interdit de procéder à cela immédiatement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci. J'ai écouté avec
intérêt le député de Saint-Jacques, parce que,
lorsque je l'ai vu présent à la commission parlementaire,
j'espérais qu'il prenne la parole. Je pense que le député
de Saint-Jacques se rappellera les débats et les luttes que nous avons
dû faire pendant un certain nombre d'années pour faire en sorte
que, dans les commissions parlementaires chargées d'étudier
certains projets de loi, surtout des projets de loi qui ont une portée
sociale, qui ont des implications auprès de tous les citoyens, nous
puissions avoir les documents de base et suffisamment de temps pour examiner
les documents avant d'être appelés à nous prononcer. Je ne
voudrais pas rappeler au député de Saint-Jacques, mais il s'en
souviendra sûrement, les briques de documents que nous déposait
l'Hydro-Québec le matin même d'une commission parlementaire, alors
qu'on nous demandait pendant deux jours de l'interroger sur ses documents.
Ce sont des périodes et des époques que nous avons
vécues ensemble, du même côté de la table, et je
pensais, moi, qu'à partir du 16 novembre dernier, on ne verrait plus ce
genre de choses. On est en face d'une loi, actuellement, que le gouvernement
considère comme sa loi à véritable portée sociale
pour cette année. Je comprends le gouvernement; je comprends les
exemples que vient de donner le député de Saint-Jacques, mais
pour lui référer un exemple, je vais prendre l'article 1. Si on
commence à mettre l'article 1 de côté, l'article 2 de
côté, l'article 3 de côté, reprendre ça...
Prenons, dans l'article if à titre d'exemple, M. le Président, le
sous-paragraphe 3, automobile: "Tout véhicule mû par un autre
pouvoir que la force musculaire et adapté au transport sur les chemins
publics mais non sur les rails ainsi que tout véhicule défini
comme tel par le gouvernement sauf tout véhicule exclu de la
présente définition par le gouvernement".
Supposons que j'en vienne avec un amendement pour faire inclure telle
catégorie de véhicules dans les définitions mêmes de
la loi. Je pense qu'en tant que députés responsables, c'est tout
à fait normal que nous puissions en connaître les implications,
parce que les implications des indemnités, nous allons les retrouver,
effectivement, dans les coûts de l'assurance. Nous allons les retrouver
dans la prime qui va être exigée des citoyens du Québec,
des automobilistes du Québec. Je ne veux pas qu'on fasse... Je ne veux
pas qu'on s'enligne dans un projet de loi aussi important que celui-là,
qu'on s'enfarge dans un projet de loi avec
toutes sortes de subtilités, de modalités. Va-t-on avoir
le document? Est-ce qu'on ne l'aura pas? Est-ce qu'il va falloir sauter
l'article? Est-ce qu'on peut aller à l'autre article? Bien non, l'autre
article a des implications sur l'article précédent qu'on vient de
sauter. On va passer notre temps à faire de la procédure, et on
va s'y perdre et on ne pourra pas faire un travail sérieux.
Ce que je demande au gouvernement je le demande de façon
très sérieuse je ne reprends pas le débat de
deuxième lecture. Le débat de deuxième lecture a
été voté à l'Assemblée nationale. C'est une
chose qui a été décidée par la Chambre. En bon
démocrate, on s'y soumet. Il ne s'agit pas de remettre en cause le
principe même de l'assurance. Il s'agit d'avoir les données pour
que, lorsqu'on est appelé à décider, par exemple, si on
accorde 55% d'indemnité à telle catégorie de victimes
d'accidents d'automobiles, l'on sache quelles sont les implications; ou encore
si on décide de faire une proposition d'amendement pour porter les 55%
à 60% ou les porter à 65%. Je pense que c'est normal, comme
membres de l'Assemblée nationale, que nous puissions travailler
sérieusement et que nous puissions travailler avec les données
dont nous avons besoin. Et si je dis ces choses, M. le Président, c'est
parce qu'il m'appa-raît aussi important, si on veut travailler comme des
personnes intelligentes, si on veut donner une certaine efficacité et du
sérieux à nos travaux, qu'on puisse avoir le temps d'examiner ces
documents au préalable, qu'on ait le temps de les transmettre à
nos recherchistes, qu'on puisse prendre les informations dont nous avons besoin
et qu'on puisse en mesurer toutes les implications.
Un autre point auquel je souscris, M. le Président, pour cette
motion; ce matin, j'ai lancé des chiffres. Je pensais avoir une
réponse du gouvernement. Je les ai lancés à
l'Assemblée nationale, l'autre jour, en deuxième lecture. Je
croyais sincèrement avoir une réponse du gouvernement. Parce que,
si j'ai lancé ces chiffres, c'est justement pour savoir si les chiffres
que je lançais étaient des chiffres qui pouvaient être
véridiques ou si c'étaient des chiffres qui pouvaient être
contredits. J'étais prêt à accepter de me faire contredire
et de me faire mettre d'autres chiffres sur la table et de faire déposer
d'autres chiffres devant l'Assemblée nationale.
Alors, M. le Président, je regarde ici, le document que nous a
donné l'honorable ministre: C'est' l'hypothèse de tarification
qui date du 22 septembre 1977. Ce n'est pas le député de
Beauce-Sud, M. le Président, qui a amené ça. On dit,
à la page 19, ici: "La contribution pour voiture de promenade pourrait
être de $105 à $110 pour l'exercice financier débutant le
1er mars 1978. Cette contribution tient compte que la partie du régime
financée par le permis de conduire est de 10%, la contribution des
véhicules à vocation commerciale pourrait varier de une fois et
demie à trois fois celle des véhicules de promenade,
dépendant du poids. Par ailleurs je continue de citer il
est bien évident que la contribution des véhicules qui feront le
transport de personnes comme le taxi et les autobus, devra tenir compte du
risque particulier qu'ils représentent. La contribution des
voitures-taxis pourrait être de quatre à cinq fois celle des
voitures de promenade".
Si je prends les données que l'honorable ministre nous a
fournies, c'est le document officiel du gouvernement, et que je regarde les
statistiques qui sont encore officielles, les statistiques qu'on a dans le
livre bleu, et que je multiplie ce montant par le nombre de véhicules
inscrits dans le livre bleu, j'arrive avec $380 millions. J'ai cité ces
chiffres au gouvernement. J'aimerais qu'on me corrige si je fais erreur, M. le
Président. C'est pour ça que j'ai dit que c'est important d'avoir
les chiffres.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: Non, je suis sur le fond de la motion. Je justifie, M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): ... sauf que là, vous
engagez un débat sur des chiffres que vous avez présentés
et vous voudriez que le gouvernement réponde à ça, tandis
que le fond de la motion, ce n'est pas...
M. Roy: Non, c'est...
Le Président (M. Bertrand): ... que le ministre
réponde à ça, c'est de l'inviter à distribuer des
documents relatifs aux choses dont vous parlez.
M. Roy: Mais je cite ces chiffres pour illustrer combien il est
important pour les membres de la commission, avant même d'entreprendre
l'étude du projet de loi, article par article, de connaître ces
chiffres puisque, effectivement, la population du Québec est en droit de
savoir ce qui se passe et nous avons des comptes à rendre.
Je comprends qu'il y a des personnes dans les hautes instances
gouvernementales qui n'ont pas de compte à rendre à la population
du Québec. Ce n'est un secret pour personne, mais nous, comme membres de
l'Assemblée nationale, que nous soyons du côté
ministériel ou du côté de l'Opposition je ne pense
pas nuire au gouvernement en faisant ce genre d'intervention je pense
qu'en légiférant de façon éclairée et de
façon responsable, ma contribution, les propos que je tiens et les
demandes que je fais au gouvernement ont pour objet d'aider le gouvernement
à être un gouvernement sérieux et un gouvernement qui a
toute la crédibilité nécessaire face aux défis
nationaux actuels auxquels j'attache une grande importance.
Ce n'est pas pour nuire au gouvernement. Ce n'est pas pour lui donner la
jambette.
M. Paquette: Pourrais-je poser une question au
député de Beauce-Sud, avec votre permission?
M. Roy: Oui.
M. Paquette: Je comprends votre point de vue. Vous faites
état de certains calculs que vous
avez faits qui différeraient de certains autres chiffres qui ont
été lancés.
M. Roy: C'est cela.
M. Paquette: C'est une opération complexe et il faut avoir
les données. On est tous d'accord sur cela. Avez-vous besoin de ces
chiffres pour entamer l'article 74? C'est mon problème. Pour qu'on
puisse faire un travail utile... Si on commence à l'article 74, on peut
en avoir pour deux ou trois semaines facilement, seulement dans le
matériel. Il ne faut pas se leurrer.
M. Roy: On peut peut-être commencer à étudier
l'article 74 d'un projet de loi, mais ce n'est pas une méthode sur
laquelle l'Opposition était d'accord quand l'ancien gouvernement nous
faisait ce genre de proposition.
Je pense que l'ex-Solliciteur général s'en souvient.
Alors, si on a condamné des méthodes à une certaine
époque, il ne faudrait pas, parce qu'on est au pouvoir aujourd'hui,
revenir avec les anciennes méthodes.
En ce qui me concerne, c'est peut-être vrai que je suis
demeuré du même côté de la table. C'est
peut-être vrai que je suis demeuré du même côté
de la Chambre et que j'ai pu conserver mes vieux dossiers, mais il faudrait au
moins que ceux qui ont changé de côté de la table changent
les dossiers de côté, parce que j'ai l'impression que le
gouvernement reprend les arguments de l'ancien gouvernement. C'est à
croire que les dossiers que le gouvernement avait sont demeurés dans les
pupitres.
M. Charron: Le député change de parti, mais ne
change pas de côté de la Chambre.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Mme Payette: II change de parti, mais il ne change pas
d'idée.
M. Saint-Germain: Je crois que le député de
Rosemont a très bien compris nos interventions. Il est clair et
définitif que nous ne voulons pas commencer l'étude de ce projet
de loi, article par article, sans connaître toutes les études
actuarielles qui sous-tendent toute la loi. C'est clair. Et cette
nécessité est absolument évidente.
Je suppose que le député de Saint-Jacques connaît
bien la loi. Il nous dit qu'en partant de l'article 74, soit l'indemnisation
desdits dommages matériels, on peut y aller, parce que cela n'a pas de
conséquence financière ou pécuniaire.
Le régime même des dédommagements matériels,
même s'il reste dans le domaine de l'industrie privée, sera
profondément modifié. On a la création de la corporation
des assureurs, par exemple. Cela va coûter de l'argent pour la faire
fonctionner. On va avoir l'établissement de centres d'évaluation.
Tout de suite, on fait cela croyant que ça va faire baisser le
coût des évaluations. Ce serait intéressant d'avoir le
chiffre et pourquoi on le fait.
Vous avez, par exemple, l'indemnisation directe. On dit que c'est un
autre facteur pour faire baisser les coûts d'administration. Cela serait
intéressant d'avoir les chiffres.
Vous avez la perte du droit de subrogation. C'est important. On a dit
que cela faisait encore baisser la prime. Maintenant, avec l'indemnisation pour
les dommages matériels, et laissant tout ceci à l'industrie
privée, créant une loi à deux têtes, il est clair
que cela aura des répercussions directes sur le coût, soit sur le
coût de perception des primes, soit sur le coût d'émission
des polices et soit des doubles enquêtes au point de vue du
dédommagement pour un seul accident, s'il y a dommages matériels
et dommages corporels.
En plus, il y a toutes ces questions d'assurance pour ceux qui
voyageront à l'extérieur de la province. Ecoutez une minute. Qui
va assurer cela? Ce ne sera pas la régie, je suppose bien.
Je suppose que ce sera inclus dans la police que les assureurs
privés mettront à la disposition de la population. C'est tout un
facteur. Alors, quand vous disséquez le projet de loi en deux parties,
en disant que la deuxième partie, c'est le statu quo, écoutez, on
parle...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, je m'excuse, pour l'instant, il n'y a eu aucune proposition de
suspension d'article ou de division de la question. Nous sommes uniquement
devant une motion qui invite le ministre à distribuer des documents. Sur
la motion, s'il vous plaît.
M. Saint-Germain: M. le Président, pour faire avancer les
travaux, nous avons rédigé ici... Tout de même, pour ne pas
perdre de temps, ces messieurs semblent vouloir collaborer...
M. Paquette: J'aimerais que ce soit réciproque.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons d'abord
procéder à l'adoption ou au rejet de la motion que nous avons
devant nous en ce moment.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Paquette: A condition que ce soit réciproque.
M. Charron: J'ai une question de règlement avant.
Le Président (M. Bertrand): C'est exact.
M. Lalonde: C'est parce que le député de Ro-semont
a fait cette suggestion, je pensais que, d'un certain consentement unanime, on
en parlait mais sans formalisme. Alors, c'est pour cela et c'est de cela que
parlait le député de Jacques-Cartier. Si on doit revenir à
la motion, on va s'enferrer encore chacun dans ses positions.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons régler le
sort de la motion que nous avons devant nous.
M. Charron: Pouvons-nous régler cela, M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Nous pouvons. Je fais
moi-même la demande aux membres de la commission; s'ils adoptent...
M. Charron: Puisque, de toute façon, il semble, comme le
dit le député de Marguerite-Bourgeoys, qu'on soit plus
avancé sur la suggestion du député de Rosemont. Est-ce
qu'on peut régler le sort de votre...
Le Président (M. Bertrand): La motion du
député de Nicolet-Yamaska sera-t-elle adoptée?
M. Charron: Adopté, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président, on n'a pas fini de parler,
on a encore le droit de parole là-dessus.
M. Charron: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Paquette: Adoptons cela et vous en ferez une autre.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fontaine: Le président est là et les
règlements sont là.
Motion d'ajournement M. Charron
M. Charron: J'invoque le règlement, me prévalant de
l'article 77 du règlement. Je voudrais proposer que cette commission
ajourne ses travaux puisqu'il semble d'ores et déjà acquis que,
de l'autre côté, si j'ai compris les informations et les
interventions de l'un et l'autre des députés de l'Opposition de
formations politiques différentes, sans vouloir non plus étirer
un débat qui a suffisamment duré, soit celui du
député de Nicolet-Yamaska, et puisque la proposition du
député de Rosemont qui a déjà été
débattue, manifestement, aux dires du député de
Jacques-Cartier, du député de Nicolet-Yamaska et du
député de Beauce-Sud ne rejoint pas l'assentiment, je propose que
cette commission ajourne ses travaux sine die.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il y a un
débat sur cette motion?
Le Président (M. Bertrand): La motion qui est soumise par
le député de Saint-Jacques est une motion non annoncée
d'ajournement du débat. Elle peut être faite en tout temps si elle
est faite par un ministre, elle peut être faite une seconde fois, mais,
si elle n'est pas faite par un ministre, elle ne peut être faite qu'une
seule fois au cours d'une même séance. Elle est mise aux voix sans
amendement à la suite d'un débat restreint au cours duquel un
représentant de chaque parti peut prononcer un discours de dix minutes,
le proposeur pouvant exercer un droit de réplique de même
durée.
M. Saint-Germain: Alors, M. le Président, il faut
nécessairement que le gouvernement prenne la responsabilité de
son geste. Nous sommes prêts à travailler et nous avons dit
expressément dans quelles conditions. Lorsque le député de
Saint-Jacques a dit que l'Opposition ne semblait pas vouloir accepter le
conseil ou la motion que se proposait de faire le député de
Rosemont, je crois qu'il a mal interprété, du moins pour ce qui
nous regarde, nous de l'Opposition officielle, nos interventions. Nous avions
d'ailleurs une motion à cet effet que le député de
Saint-Jacques, par règlement, ne m'a pas permis de lire et, comme le
disait le député de Marguerite-Bourgeoys, nous le faisions lors
d'une discussion plutôt amicale afin d'activer nos travaux. Alors, on
m'empêche de faire cette motion qui, à mon avis, était
claire et précise, parce qu'elle disait que cette commission est d'avis
que l'étude des articles qui ont des implications financières
soit suspendue aussi longtemps que les études actuarielles pertinentes
ne seront pas disponibles aux membres de cette commission.
Alors, avant que le député de Saint-Jacques "bagotte" les
travaux de cette commission, possiblement que cette motion aurait
été acceptée par le gouvernement, pour autant qu'elle
reflète, à mon avis, exactement l'intervention du
député de Rosemont. Mais je dis ceci, M. le Président,
parce que je crois qu'il est dans l'intérêt de la population que
nous étudions cette loi, article par article, lorsque nous aurons les
études actuarielles et les autres études que possèdent le
ministre et le gouvernement et que nous devons nécessairement
posséder pour faire une étude objective, positive et intelligente
de ce projet de loi. Si le gouvernement veut remettre nos travaux après
qu'un volumineux dossier nous sera remis demain je suppose, parce que le
ministre a déclaré que, demain, elle devrait remettre aux membres
de cette commission des études, des chiffres et des documents...
Mme Payette: M. le Président, je m'excuse, il n'a pas
été question de demain, il a été question de deux,
trois ou quatre jours et je maintiens cette réponse.
M. Saint-Germain: Alors, si c'est deux, trois ou quatre jours, je
crois qu'il serait bon, pour la
bonne compréhension de nos travaux, qu'on remette l'étude,
article par article, à la semaine prochaine, que ces documents nous
soient livrés le plus tôt possible pour que nous puissions au
moins disposer de 24 heures, sans compter la nuit, pour en prendre
connaissance, et je crois qu'à ce stade, nous serons plus à
même d'avoir des discussions positives et qui pourront éclairer
tout le monde.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je suis bien d'accord avec
les propos du député de Jacques-Cartier, parce qu'il faut que les
parlementaires, que les membres de cette commission, prennent conscience de
leur rôle. Il est de notre devoir d'étudier à fond et de
connaître toutes les données de ce projet de loi. Je pense que si
on accepte cette motion d'ajournement, il faudrait revenir ici dans d'autres
conditions de travail que celles qu'on connaît actuellement. Il faudrait
absolument qu'on revienne en commission avec les documents qu'on a
demandés au ministre. Je voudrais aussi que le ministre prenne
l'engagement formel que, lorsque la commission sera reconvoquée par le
leader du gouvernement, les documents aient été
déposés quelque temps à l'avance pour que nous ayons le
temps d'en prendre connaissance et, à ce moment, nous serons en mesure
d'étudier le projet de loi 67, article par article.
Je ne peux accepter d'ajourner les travaux sans savoir si un engagement
du ministre sera pris dans ce sens et je ne pense pas qu'il soit de
l'intérêt tant des parlementaires que de la population en
général de revenir devant cette commission avant que les
documents demandés soient dépo-
M. Roy: M. le Président, seulement 60 secondes, avec votre
permission.
J'appuierai la motion d'ajournement de la commission, mais je souscris
aux propos qui ont été tenus par le représentant du Parti
libéral et mon collègue de l'Union Nationale de Nicolet-Yamaska
pour dire que tout simplement que, lorsque la commission sera convoquée
à nouveau, nous devrons avoir ces documents. Je pense que ça ne
sert à rien de convoquer à nouveau la commission parlementaire,
je tiens à dire tout de suite au gouvernement je ne veux pas
faire de menace, mais je veux tout de même aviser le gou- vernement que
nous allons... Je ne voudrais pas être dans l'obligation de revenir
présenter d'autres motions du genre de celles que nous avons eues
aujourd'hui, il faut être en mesure d'avoir l'information dont nous avons
besoin. J'ai dit que je me limiterais à 60 secondes, je le fais, M. le
Président, en demandant au gouvernement de nous remettre les documents
qu'on a demandés et en espérant les avoir. Après, nous
allons faire un travail en commission parlementaire.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que M. le
député de Saint-Jacques compte se prévaloir de son droit
de réplique?
M. Charron: Très rapidement, pour dire que, de notre
côté, je pense, sans ambages, et le sens de l'amendement qu'avait
l'intention de proposer le député de Jacques-Cartier l'indique,
il était très facile d'aborder d'autres chapitres tout aussi
importants pour la vie des citoyens, pour leur sécurité et
qui sont dans le projet de loi que ceux que l'on s'acharne à
présenter comme étant la pierre d'assise et l'ensemble de la
structure.
Le député de Marguerite-Bourgeoys qui a vécu
l'étude, avec moi, d'un projet de loi tout aussi important dans un autre
domaine, au cours de l'année, sait très bien qu'on a pu changer
de chapitre sur une motion et cela n'a en rien altéré
l'intelligence des propos que l'Opposition a pu nous fournir à cette
occasion, ni pour le mieux, ni pour le pire.
M. Lalonde: ... M. le Président. Le Président (M.
Bertrand): Non.
M. Charron: Ce qui veut dire, M. le Président, que cet
ajournement n'est pas mérité, en quelque sorte. Si les
députés avaient voulu faire un travail sérieux... Mais
pour que le manque de sérieux n'aboutisse pas à une
dégradation jusqu'au rédi-cule, je crois encore qu'il vaut mieux
ajourner nos travaux.
Le Président (M. Bertrand): La motion d'ajournement du
débat sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Les travaux de cette
commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 17 h 35)