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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures trente cinq minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Gravel (Limoilou); M. Gagnon
(Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre)
remplacé par M. Paquette (Rosemont); M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M.
Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Motion invitant le ministre à
déposer
les études se rapportant aux
coûts
du régime (suite)
Lorsque nous avons ajourné nos travaux sine die, nous discutions
une motion présentée par le député de
Nicolet-Yamaska, motion qui se lisait de la façon suivante: "Que cette
commission invite le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières à distribuer les études se
rapportant au coût du régime d'assurance automobile proposé
par le projet de loi 67, son coût d'administration ainsi que la table de
tarification s'y rapportant. "
Je suis prêt à entendre les intervenants. Nous en sommes
toujours à l'étude de cette motion. Je vous rappellerai seulement
qu'au moment où nous avons ajourné nos travaux la semaine
dernière, j'allais mettre aux voix cette motion avant que le
député de Saint-Jacques ne propose d'ajourner es travaux sine
die.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Sur l'invitation de madame, nous avons
été convoqués à son bureau ce matin, nous avons eu
une rencontre et je me demande s'il n'y aurait pas lieu pour madame de faire
connaître à cette commission les propositions qu'elle nous a
faites ou, grosso modo, du moins ce qu'elle a dit lors de cette rencontre.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, avec plaisir, si vous le
permettez. J'ai proposé aux membres de l'Opposition que nous commencions
l'étude de ce projet de loi à l'article 74 et les suivants,
ceux-ci ayant trait à la couverture des dommages matériels et ne
comportant aucun coût ni aucune étude actuarielle pour le
gouvernement.
J'ai aussi assuré l'Opposition que, dans la journée
d'aujourd'hui, nous serions en mesure de distribuer aux membres de cette
commission l'étude actuarielle terminée du coût du
régime et qu'au plus tard jeudi matin de cette semaine, nous serions en
mesure de remettre aux membres de cette commission la tarification
détaillée à partir du coût du régime qui
serait connu aujourd'hui.
Le Président (M. Bertrand): Avant que nous ne poursuivions
dans cette veine, je voudrais que nous disposions de la motion que nous avions
devant nous car je ne voudrais pas que nous entreprenions de débattre
d'autre chose avant que nous n'ayons, comme le prescrivent nos
règlements, adopté ou rejeté cette motion. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Sur la motion, je pense
quand même que nous n'avions pas épuisé le temps de parole.
Je me permettrais quelques minutes seulement. Je ne veux pas revenir
là-dessus pour reprendre le débat, mais on se rappellera que
cette motion avait fait suite à d'autres motions qui avaient
également été présentées devant la
commission parlementaire et que vous, M. le Président, tenant compte de
notre règlement et tenant compte des responsabilités et de
l'Assemblée nationale et des commissions parlementaires, aviez
jugées non recevables. J'aimerais rappeler aux membres de la commission
ici qu'effectivement, jeudi, le 17 novembre, j'en ai profité, avant
l'appel des affaires du jour à l'Assemblée nationale, pour
demander à la présidence de la Chambre, en vertu des dispositions
de notre règlement, les moyens que l'Opposition ou les membres de
l'Assemblée nationale pourraient utiliser pour avoir les documents
demandés. Je fais rapport de ce que je trouve au journal des
Débats. J'avais dit ceci: Pour ce qui a trait à la commission qui
doit siéger à la salle 91-A pour étudier le projet de loi
67, est-ce que le leader du gouvernement a des informations, à savoir si
les documents qui ont été demandés pourront être
déposés avant même que la commission puisse reprendre ses
travaux? Le président avait dit: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
m'excuse, c'est la même question que celle de M. le député
de Portneuf et je dois intervenir en vertu de l'article 39. Je n'ai pas de
rapport de cette commission parlementaire. Je ne sais pas ce qui se passe sur
cette question. A mon humble avis, M. le député de Beauce-Sud,
elle devrait être posée à la commission parlementaire mardi
matin.
Alors, il semble y avoir une décision de la part de la
présidence qui permettrait quand même aux membres de la commission
parlementaire de demander que les documents soient déposés. Je
pense, M. le Président, que, suite à ce qui a été
dit la semaine dernière, il est absolument important et in-
dispensable pour les membres de la commission, avant d'entreprendre
l'étude de cette loi article par article, d'avoir les données de
base, d'avoir le coût du régime.
On nous dit qu'on va nous les donner cet après-midi. Je suis bien
d'accord et je suis très heureux qu'on puisse l'obtenir cet
après-midi, mais on ne l'a pas ce matin. On va nous donner les
hypothèses de tarification jeudi de cette semaine. Si on nous donne les
hypothèses de tarification jeudi après-midi, on sait, en vertu du
nouveau règlement sessionnel, que la commission parlementaire ne
siège pas le vendredi. Si le gouvernement est en mesure de nous fournir
ces documents cette semaine, pourquoi tout simplement ne pas respecter les
travaux de la commission parlementaire pour qu'on dépose les documents
de façon à ce que nous puissions en prendre connaissance?
En ce qui a trait à la proposition qui a été faite,
ce matin, à l'invitation que nous a faite le ministre de commercer
l'étude de la loi à l'article 74, si ma mémoire est bonne,
j'aimerais lui dire ceci: Lorsque le gouvernement nous a présenté
les amendements, la semaine dernière, nous avions déjà
préparé un travail, M. le Président, assez formidable, des
heures et des jours de travail. A la lumière des articles de la loi, il
faut tout reprendre notre travail à partir des propositions d'amendement
du gouvernement. On n'a pas commencé à faire ces recherches
à partir de l'article 74, on a commencé à partir de
l'article 1 et des suivants pour permettre justement que les
députés qui siègent à cette commission
parlementaire puissent avoir les documents pour être en mesure de
commencer à travailler, quitte à préparer les autres
articles, les autres amendements et étudier les implications pendant que
nous siégeons pour l'étude des premiers articles.
C'est de cette façon que, normalement, sauf en de très
rares exceptions, nous avons procédé à l'Assemblée
nationale. Je sais que dans un projet de loi comme celui-là, on doit
commencer par l'article 1. Je pense qu'on doit travailler de façon
logique, de façon intelligente. Pour être en mesure de travailler
à l'article 1, c'est absolument indispensable que nous connaissions,
comme députés responsables, les implications et le coût du
régime et ce que ça va coûter aux citoyens du Québec
qui devront le payer. C'est pourquoi j'appuie la motion présentée
par mon collègue, le député de Nicolet.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que la motion du
député de Nicolet-Yamaska sera adoptée?
Des Voix: Adoptée.
Le Président (M. Bertrand): Adoptée.
M. Saint-Germain: Vote enregistré, M. le
Président.
Vote sur la motion
Le Président (M. Bertrand): Vote enregistré. Je
relis la motion, "Que cette commission invite le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières à distribuer les
études se rapportant au coût du régime de l'assurance
automobile proposé par le projet de loi 67, son coût
d'administration, ainsi que la table de tarification s'y rapportant".
M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gravel? M. Gagnon? M.
Gosselin? M. Goulet?
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge?
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde? M. Paquette?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Larivière? M.
Lefebvre?
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois? M. Marquis?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette?
Mme Payette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld? M. Roy?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Fontaine?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt? La motion est
adoptée à l'unanimité.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
Motion pour suspendre l'étude des articles 1
à 73
M. Paquette: M. le Président, on a discuté, comme
l'a dit le député de Jacques-Cartier ce ma-
tin, de la possibilité de commencer l'étude du projet de
loi, à l'article 74. Dans cette optique, j'ai l'intention de proposer
une motion qui nous permettrait de commencer l'étude du régime
matériel.
Je tiens à dire que la motion que nous venons d'adopter à
l'unanimité a pour but de demander au ministre le dépôt de
certains documents qu'il s'engage à nous remettre cette semaine,
documents...
M. Saint-Germain: Question de règlement.
M. Paquette: Est-ce que j'ai le droit de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Question de règlement,
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'avais posé une question à
madame au tout début des travaux. Elle a bien voulu y répondre.
Je m'apprêtais à donner mon point de vue à ce sujet lorsque
vous avez dit que, d'après nos règlements, il fallait disposer de
la motion qui était sur la table. Je m'attendais bien que vous me
redonniez la parole pour répondre...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, vous aviez pris la parole au début pour demander au
ministre de faire état de ce qui s'était déroulé,
ce matin, lors d'une rencontre.
Par la suite, j'ai demandé qu'on revienne sur la motion qui
était sur la table. Nous en avons disposé et la personne qui m'a
demandé la parole immédiatement après, c'était le
député de Rosemont. Je me dois donc de reconnaître le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président...
M. Saint-Germain: Je veux, sur cette même question de
règlement, M. le Président, si vous le voulez bien...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Jacques-Cartier, pour me laisser terminer, s'il vous
plaît, j'ai reconnu le député de Rosemont qui
s'apprêtait, je pense, à faire une motion que je n'ai pas encore
entendue. Mais je ne peux pas, à ce moment-ci, l'interrompre dans son
droit de parole, à moins que vous ayez une autre question de
règlement, d'un autre ordre, à soulever.
M. Saint-Germain: Si je me remémore ce que vous avez
déclaré à la fin de l'intervention de Mme le ministre,
lorsque j'ai pris la parole, je croyais qu'il était entendu, par votre
déclaration, que j'avais, par la suite, le droit de parole.
Le Président (M. Bertrand): Non.
M. Saint-Germain: Je m'excuse. Je vous ai mal
interprété.
Le Président (M. Bertrand): Bien. M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: De toute façon, je tiens à rassurer le
député de Jacques-Cartier. Je serai très bref. Il pourra
faire ses interventions par la suite.
La motion que j'ai l'intention de déposer concerne la suspension
des articles 1 à 73 de façon que nous puissions ce matin,
conformément à l'ordre que nous avons de l'Assemblée
nationale, commencer à étudier ce projet de loi.
Je pense que c'est dans l'optique d'améliorer l'étude en
profondeur de ce projet de loi extrêmement complexe je pense que
tout le monde le reconnaît de façon qu'on dispose du plus
de temps possible pour le faire. Je pense qu'on devrait être le plus
avancé possible d'ici l'ajournement des Fêtes et je pense qu'il
est tout à fait normal... Nous venons de voter une motion qui demande au
ministre de déposer les documents concernant le coût du
régime public et la table de tarification. Le ministre s'est
engagé à déposer l'étude de coût du
régime cet après-midi et la table de tarification au cours de la
semaine.
Cela veut dire que nous pourrions nous donner une semaine ou même
deux pour l'étude du régime dans le secteur des dommages
matériels, c'est-à-dire les articles 74 et suivants qui ne
demandent pas ces documents, qui ne requièrent aucun des documents
réclamés jusqu'à maintenant par l'Opposition.
Je pense que cette étude peut commencer dès maintenant,
quitte à ce que, au fur et à mesure de l'étude des
articles 74 et suivants, nous puissions, à un moment donné, s'il
y a des demandes d'information ou des difficultés qui se
présentent en cours de route, suspendre un article ou un autre, mais un
article bien spécifique. Je pense que la majorité des
problèmes, des interrogations des députés de l'Opposition
concernant le régime dans le domaine corporel.
D'ailleurs, le principe du projet de loi que nous avons adopté
distingue très nettement le projet de loi, qui a même
été qualifié de projet de loi à deux têtes
par l'Opposition. C'est un régime mixte.
M. Roy: Comme la Confédération.
M. Paquette: Oui, en tout cas, il vaut peut-être mieux
avoir deux têtes que de ne pas en avoir non plus. Je pense qu'on a un
régime qui permet de franchir une étape importante et qui est
attendu par beaucoup de Québécois.
Mme Payette: La Confédération a dix têtes, on
voudrait qu'il n'y en ait que deux.
M. Roy: Oui, mais il y en a une pour le Québec et il y en
a une à Ottawa.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre! On n'est
pas ici pour faire de la politique.
M. Roy: On ne parle pas pour les autres. Le Président
(M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: Je pense que le principe du projet de loi a
été adopté à l'Assemblée nationale. Il
ne s'agit pas de refaire le débat, mais on a quand même un
régime mixte qui prévoit des modalités très
différentes dans le domaine corporel et dans le domaine matériel,
de sorte que ce projet de loi a la particularité de pouvoir
s'étudier, je pense, correctement, en deux sections. Que l'on commence
par l'une ou par l'autre, à mon avis, c'est tout simplement une question
pratique. Si on commence par le régime matériel, on aura devant
nous une semaine ou deux qui permettront aux députés de
l'Opposition et aux députés ministériels de recevoir les
études demandées et d'avoir aussi le temps de les étudier
avant qu'on commence l'étude du chapitre dans le domaine corporel.
Maintenant, je tiens à dire qu'il y a un précédent;
il y en a probablement d'autres aussi. Lors de l'étude de la loi 101,
tous les partis avaient convenu d'aborder le chapitre de la langue
d'enseignement qui était suffisamment distinct des autres, comme les
articles 74 et suivants dans le projet de loi de l'assurance automobile sont
suffisamment distincts des autres. Cela nous avait permis de nous attaquer
immédiatement à l'étude d'une partie clé de ce
projet de loi. D'autre part, je rappellerais que, lors de notre réunion
précédente, vers la fin, certains députés de
l'Opposition avaient dit qu'ils pensaient également à une
solution du genre, qui nous permettrait d'avancer dans nos travaux. On semblait
se diriger vers une entente. Finalement, on n'a pas pu le faire et on a
dû ajourner les travaux.
C'est dans cette optique, avec l'espoir que cette motion soit
agréée des deux côtés de la table et nous permette
de commencer l'étude du projet de loi dans le domaine matériel,
que je fais la motion suivante: Que cette commission suspende l'étude
des articles 1 à 73 inclusivement jusqu'au dépôt par le
ministre de la table de tarification et des études de coût du
régime public.
Le Président (M. Bertrand): Alors, j'ai devant moi une
motion présentée par le député de Rosemont: Que
cette commission suspende l'étude des articles 1 à 73
inclusivement jusqu'au dépôt, par le ministre des Institutions
financières, Consommateurs et Coopératives, de la table de
tarification et des études de coût du régime public.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
avoir une copie de cet amendement, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bertrand): Je demande
immédiatement au secrétariat de cette commission de faire
dactylographier cette résolution...
M. Saint-Germain: Je vous remercie.
Le Président (M. Bertrand): ... et d'en distribuer
copie.
M. Saint-Germain: M. le Président, il m'apparaît
tout à fait évident, ce matin, que le gouvernement, bien qu'il
étudie ce régime depuis mainte- nant des mois et des mois, n'est
absolument pas prêt à procéder. Il est absolument
inconcevable, surtout si l'on pense qu'on l'a adopté dès
la fin de nos travaux, au printemps, c'est-à-dire à la fin
d'août c'est la fin de l'été... Je dis: Au
printemps. C'est par tradition. A la fin du printemps, nous avons
accepté et voté, à l'Assemblée nationale, la
création de la régie. Nous avions cru qu'il était logique,
pour l'Opposition, de collaborer à l'étude de cette loi pour la
bonne raison que nous étions assurés que la création de la
régie nous aurait permis d'avoir, lors de l'étude de la loi,
toutes les études et les règlements que sous-tendait cette loi.
Malheureusement, nous sommes déjà rendus à stade où
on doit étudier l'article 1 de ce projet de loi et nous n'avons pas le
résultat de ces études, bien qu'on ait des chiffres, des
hypothèses de chiffres qui, nécessairement, je suppose, sont
basées sur le résultat d'études actuarielles ou
statistiques. Mais nous n'avons pas la logique et les statistiques qui
soutiennent ces hypothèses et, pour cette raison, il est
extrêmement difficile, pour l'Opposition, d'étudier d'une
façon intelligente et positive ce projet de loi.
Nous savons très peu de choses en ce qui concerne les coûts
d'indemnisation et le montant de la prime. Lorsque l'Opposition ignore ces deux
facteurs extrêmement importants, je n'ai pas besoin de vous
décrire, M. le Président, ce que le citoyen voit dans cette loi
du gouvernement.
Les citoyens ne savent pas où on va, où le gouvernement va
avec cette loi, pas plus que l'Opposition, d'ailleurs, et c'est là la
logique. Pour faire une étude logique de cette loi, qui est, en fait,
une police d'assurance, il me semble qu'il est fondamental d'avoir des
chiffres. Mais c'est la base! On ne peut pas en sortir. Et même on veut
nous faire commencer à l'article 74, écoutez! ce n'est pas la
façon traditionnelle et la façon la plus intelligente de
commencer des travaux, surtout pour une telle loi où,
nécessairement, on devrait commencer à l'article 1 et bâtir
nos études article par article, parce que tout se tient dans ce projet
de loi, même si c'est un régime à deux têtes.
Tout se tient. Du moment qu'on bouge au niveau des blessures et des
dommages corporels, cela a tout de suite un effet concordant chez les
assureurs. Tout se tient. Quels sont les articles qui ne se tiennent pas
là-dedans? Ce sont les articles absolument secondaires qui doivent
nécessairement être mis dans le projet de loi mais qui sont loin
d'être des articles importants. C'est un régime à deux
têtes. On va établir deux systèmes de perception des
primes. On va établir deux systèmes d'indemnisation. On va
être obligé, pour ceux qui gagnent plus de $18 000 par
année, d'avoir un système, d'avoir une police privée. Tout
cela se tient. Pour vous donner un exemple pratique et bien éclairer
l'opinion que je tente d'émettre, pour tout ce qui regarde les primes
pour la protection dans les cas d'accidents qui se produiront hors de cette
province, il va même y avoir dans la prime des assureurs privés
des articles qui vont protéger le propriétaire ou le conducteur
d'une automobile contre les risques corporels. Tout de suite, vous
avez là un élément qui va faire augmenter la prime
de l'assureur privé. Si on enlève à l'assureur
privé, par exemple, la question des dommages corporels, quelle sera la
relation, qu'arrivera-t-il au niveau de l'assureur privé ou au niveau de
l'augmentation de son administration relativement au coût des primes? En
effet, pour imprimer une police d'assurance donnant une protection dans le cas
des dommages corporels à autrui pour $50 000 ou $100 000, si on inclut
dans cette prime une protection pour dommages corporels, cela n'augmente pas
tellement le coût de l'émission de la police. Mais, si on
enlève de la même police tout ce qui regarde les dommages
corporels, assurément, relativement à la prime, on augmente les
coûts d'administration. Pour le citoyen, quelle que soit la prime qu'il
va payer pour se protéger contre les dommages corporels, ce qui va
être pour lui sa prime, cela va être la prime qu'il va payer dans
le plan gouvernemental et aux assureurs privés. Il va
nécessairement faire l'addition des deux. Si on baisse les
indemnisations payées par la régie, par exemple, on va
nécessairement pouvoir baisser la prime. Mais, d'un autre
côté, jusqu'à quel point va-t-on baisser cette prime, si
l'assureur privé est obligé d'assurer son client pour des
dommages corporels en dehors de la province? Cela va assurément
augmenter sa prime. Quelle sera la différence entre les deux? On ne peut
pas étudier cela avec les chiffres qu'on a actuellement. C'est
impossible. Je pourrais vous donner des exemples comme cela, les uns à
la suite des autres.
On aurait seulement à prendre le projet de loi, article par
article, et cela n'aurait plus de fin. Alors, je me demande pour quelle
raison... Je comprends très bien que le gouvernement veuille terminer et
adopter cette loi avant les Fêtes. Je comprends tout cela, tout le monde
sait cela, mais ce n'est pas la façon d'en arriver là. Ce n'est
pas une façon de travailler. Ce n'est absolument pas une façon de
travailler.
Premièrement, je ne comprends pas qu'on n'ait pas, à ce
stade-ci, tous les chiffres. C'est tout simplement une preuve que le
gouvernement a légiféré un peu à la pipette, un peu
à l'improviste, un peu sans savoir réellement où il
allait, autrement, au jour le jour, on pourrait nous donner des chiffres
correspondant aux changements ou aux modifications que le gouvernement veut
apporter dans cette loi.
Comme je le disais, la régie a été
créée, alors, on sait pertinemment, quand bien même on
ferait siéger cette commission... Tant que cette commission va
siéger sans chiffres, ce sera une perte de temps. On n'avancera
absolument à rien. Il vaudrait beaucoup mieux mettre fin aux travaux de
la commission et, lorsque le gouvernement sera prêt, on sera prêt
nous aussi, et là on pourra travailler d'une façon logique et
d'une façon positive et nos travaux pourront avancer. Autrement, on
semble vouloir bâillonner l'Opposition, lui soustraire les renseignements
dont elle a besoin. On semble vouloir imposer au peuple cette loi sans qu'il
sache réellement ce qu'elle contient et où elle va le conduire.
Ce n'est pas une façon de légiférer, ce n'est pas une
façon de procéder.
Alors, je m'oppose, M. le Président, fortement à ce qu'on
nous oblige à travailler à cette commission lorsque le
ministère n'est pas prêt à le faire. Nécessairement,
je devrai être contre cette motion. J'ai beaucoup de réticence
à commencer à étudier l'article 1 sans avoir eu ces
études et ces chiffres et, deuxièmement, sans avoir eu au moins
24 heures pour les étudier. Autrement, on n'en sortira pas.
M. Paquette: C'est le but de la motion, justement.
M. Saint-Germain: Si je comprends bien, ce n'est pas le but de la
motion de mettre fin aux travaux. Alors, pourquoi commencer à l'article
74? Quelle logique y a-t-il là-dedans? La simple, l'unique raison qui
peut permettre au gouvernement d'appuyer une telle motion, c'est que le
gouvernement nous dit: On n'est pas prêt à procéder,
seulement on est pressé. Il ne faudrait pas que cela retarde, il
faudrait nécessairement que cette loi soit étudiée et
finalisée pour le mois de décembre. Alors, collaborez,
aidez-nous, excusez nos retards, excusez notre manque de planification.
Commencez donc, si vous le voulez bien, coopérez un peu à
étudier cela sans avoir les données nécessaires pour ce
faire. C'est cela que le gouvernement veut nous dire et c'est absolument
inacceptable.
Je me demande, M. le Président, comment les députés
du gouvernement peuvent permettre au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières de procéder de la
sorte. Je crois que le ministre place les députés du gouvernement
exactement dans la même position qu'il place les députés de
l'Opposition. Je me demande comment il se fait qu'au caucus les
députés du gouvernement ne s'opposent pas fortement à une
telle proposition. Ils devraient être aussi intéressés que
nous à savoir ce qu'il y a dans ce projet de loi, quelle protection les
citoyens vont avoir, quel prix cela va coûter. Ils devraient avoir le
même intérêt que nous là-dedans.
Comment se fait-il qu'on laisse le ministère procéder
d'une telle façon? Ils ne sont pas plus renseignés qu'on ne
l'est. Je suis assuré que si le gouvernement pouvait renseigner ses
propres députés sur la position difficile dans laquelle il se
trouve, considérant cette position difficile, il serait bien heureux de
nous donner, à nous aussi, les explications qu'il donnerait à ses
députés.
Alors, ils ne sont pas plus renseignés que nous, les
députés du gouvernement. Ils ne disent pas un mot
là-dessus. Ils ne s'opposent pas à cela. Je ne comprends pas, M.
le Président. En fin de compte, ils sont responsables comme nous devant
la population et la population réagira de la façon qu'elle
l'entendra bien. Je crois que le gouvernement nous place et place le
Québec dans une situation extrêmement difficile en nous obligeant
à étudier un projet aussi important quand on n'est absolument pas
prêt à le faire.
Qu'on dépose les études, les chiffres, les coûts,
qu'on nous donne ce qu'il faut pour travailler, M. le Président, on peut
vous garantir qu'on va
travailler positivement, logiquement, d'une façon constructive;
on offre notre collaboration. Mais sans ça, rien n'ira, absolument rien
n'ira. On ne commencera pas à étudier le premier article du
projet de loi si le gouvernement n'est pas prêt; si le gouvernement n'est
pas prêt, nous non plus, on ne peut pas être prêts, parce que
c'est le gouvernement qui a à nous dire et à nous expliquer et
à nous donner les documents, à nous dire où il s'en va; il
ne peut pas nous le dire parce qu'il ne le sait pas lui-même.
On n'étudiera pas les articles, c'est clair, c'est précis.
On ira jusqu'au mois d'avril, s'il le faut. Si on a les documents seulement au
mois d'avril l'année prochaine, on va être ici. Mais qu'on nous
donne les documents, les chiffres, ce que ça prend pour travailler et on
travaillera. On ne se laissera pas barrer par le gouvernement, quelle que soit
sa majorité, on ne se laissera pas bousculer par le temps non plus. Je
crois que ce que je demande, c'est de la logique pure et simple. Il ne faut pas
prendre les citoyens du Québec pour des imbéciles, il ne faut pas
manquer de respect non plus pour la responsabilité qu'a chaque
député autour de cette table.
Ce qu'on nous fait, c'est manquer de respect envers nous et envers la
population du Québec, croyant probablement que la population du
Québec n'est pas capable de comprendre les intrigues qui se passent en
arrière d'une telle loi. Si on n'a rien à cacher, si on veut
être translucide dans cette loi, qu'on donne les renseignements; on
arrêtera de s'obstiner et de se battre pendant des heures pour des choses
absolument logiques qui vont de soi et qui devraient être faites selon
nos traditions et nos règlements, M. le Président.
Cela devient fâchant, cette situation, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, la semaine dernière,
lorsqu'on nous a convoqués à cette commission parlementaire pour
étudier le projet de loi 67 article par article, au début de la
commission, les membres ont fait des propositions au gouvernement et j'ai fait
à ce moment-là une motion pour demander le dépôt des
documents que nous demandons toujours et que nous n'avons pas. A ce
moment-là, nous avons étudié cette motion pendant toute la
journée du mercredi et je pense qu'on a donné au gouvernement
tous les arguments qu'on était capable de trouver pour lui prouver qu'il
fallait absolument que nous ayons les documents demandés, les
renseignements demandés avant de commencer à étudier ce
projet de loi article par article.
A un moment donné, dans l'après-midi, le leader adjoint du
gouvernement, après s'être rendu compte que l'Opposition
était bien déterminée à ne pas se rendre à
la décision du gouvernement de ne pas remettre les documents, a
demandé l'ajournement des travaux. A ce moment-là, à
l'ajournement des travaux, j'avais pris la parole et j'avais bien dit au
ministre de demander au leader du gouvernement de ne pas convoquer de nouveau
cette commission parlementaire pour étudier le projet de loi 67 article
par article, sans que nous ayons les documents que nous demandions alors.
Je me demande comment il se fait que le gouvernement, malgré
notre insistance et sachant que l'Opposition serait réfractaire à
la proposition qui est faite ce matin, convoque quand même aujourd'hui
cette commission parlementaire, sans être en mesure de nous donner les
chiffres, et les documents que nous avons demandés. Je pense, M. le
Président, que vouloir nous faire étudier un projet de loi dont
on ne connaît pas le coût et la tarification, surtout dans le
domaine de l'assurance automobile, je pense que c'est absolument inutile de
nous dire de venir étudier ce projet de loi article par article.
Parce que tous les articles de ce projet de loi ont une influence sur le
coût, sur la tarification et, chaque fois qu'on va étudier un
article, qu'il soit dans la première ou dans la deuxième partie,
ça va influencer ces chiffres. Il faut absolument connaître la
base sur laquelle on travaille pour pouvoir en arriver à prendre une
décision.
Je peux vous donner comme exemple...
M. Paquette: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. Fontaine: Oui.
M. Paquette: Est-ce que vous pourriez me donner des exemples, aux
articles 74 et suivants, qui influencent la tarification du régime
public?
M. Fontaine: Je peux vous en donner un tout de suite, l'article
1.1. Lorsqu'on...
M. Paquette: Je parle des articles 74 et suivants, dans le
régime matériel; quels sont les articles qui influencent la
tarification du régime public?
M. Fontaine: Un instant! J'en viens à mon explication, M.
le Président. Lorsqu'on demande aux compagnies privées
d'assurances d'établir des tarifications pour le coût de
l'assurance automobile, pour dommages matériels, il faut que ces
compagnies privées d'assurances se basent sur quelque chose et sachent
ce qu'elles vont devoir assurer.
Je vous dis tout de suite que l'étude des articles 73 et suivants
va avoir une influence, si on modifie par exemple, la définition du mot
"accident", si on élargit cette définition. Par exemple je
voulais proposer un amendement à cet article, en disant qu'il faudrait
ajouter quelque chose à la définition qui se lit comme suit:
Accident: événement au cours duquel un dommage est causé
par une automobile ou dans lequel une automobile est impliquée.
La définition, telle que proposée, je pense, n'inclurait
pas, par exemple, un accident de train où une automobile serait
heurtée par un train, en passant sur une voie ferrée, parce
qu'à ce moment-là, c'est le train qui heurte l'automobile.
Si on inclut cette définition, si on change cette
définition, cela va influencer le coût de l'assurance
en dommages matériels et les compagnies d'assurances vont devoir
changer leur tarification.
Comment voulez-vous nous demander ce matin d'étudier les articles
qui concernent les dommages matériels, si on revient à l'article
1, en modifiant tout cela? Il va falloir tout recommencer.
M. le Président, c'est l'argumentation que je veux faire valoir.
Je voudrais ajouter, d'autre part-Une Voix: Cela répond à
votre question?
M. Fontaine: ... que la Régie de l'assurance automobile a
été créée par un projet de loi, le projet de loi
49, qui a été adopté le 26 août 1977 je pense. A ce
moment-là, on nous disait que c'était urgent, qu'il y avait une
motion de clôture et qu'il fallait adopter cela le plus rapidement
possible, parce que la régie devait commencer à étudier sa
tarification, le coût et tout cela, et nous fournir les chiffres.
Si la régie n'est pas prête, actuellement, à nous
fournir ces chiffres, comment voulez-vous que les députés, les
parlementaires, soient prêts, eux, sans avoir les renseignements que la
régie peut avoir, à commencer à étudier ce projet
de loi?
Si le gouvernement n'est pas prêt, ce n'est pas la faute de
l'Opposition. Bien sûr, c'est un projet de loi compliqué,
complexe, et cela prend du temps à avoir la tarification. Mais ce qu'on
demande au gouvernement, c'est de ne pas convoquer une commission parlementaire
sans que les parlementaires, les députés, soient informés
à fond de ce qu'ils vont avoir à étudier. C'est impossible
de demander à des députés d'étudier un projet de
loi complexe comme celui-ci sans avoir eu au préalable l'occasion non
seulement d'avoir les documents qu'on demande, mais sans avoir eu l'occasion
également de les étudier, pour pouvoir les commenter et les
comprendre.
Je pense que c'est la simple logique, le simple bon sens, ce que nous
demandons au gouvernement, chose qu'il n'est peut-être pas capable
d'avoir actuellement. Nous lui demandons de patienter, de retirer pour
l'instant cette commission parlementaire et de revenir lorsque nous aurons pu
étudier les documents que nous avons demandés. A ce
moment-là, vous pouvez être assuré, M. le Président,
que vous aurez la collaboration de l'Opposition pour étudier chacun des
articles du projet de loi et en arriver à un projet de loi qui sera le
meilleur possible.
Les amendements que le ministre a proposés à ce projet de
loi nous ont été remis également à la
dernière minute, mardi soir dernier. Je peux vous assurer que, pour ma
part, j'ai passé une partie de la nuit à les étudier et je
ne suis pas rendu à l'article 73. Je suis rendu à l'article 38 ou
39.
M. le Président, nous, de ce côté-ci, n'avons pas 50
fonctionnaires à notre service, mais simplement notre propre personnel,
avec un conseiller ou deux; je pense qu'à ce moment-là, c'est
impossible de demander à des parlementaires de passer à travers
une brique comme celle-ci. Normalement, quand on commence à
étudier un projet de loi, c'est par l'article 1. On était en
droit de s'attendre à commencer par l'article 1, et c'est par là
qu'on a commencé.
Si on nous avait dit à ce moment qu'on devait commencer par
l'article 73, on aurait commencé à étudier l'article 73.
Mais, M. le Président, on ne nous en a pas informés, on nous a
remis ce document seulement à la veille de l'étude article par
article, en commission parlementaire.
Ce projet de loi est contesté à l'intérieur
même du caucus du Parti québécois, et on le voit à
la lumière des discussions privées qu'on a avec les
députés. Je pense que ce projet de loi est fortement
contesté à l'intérieur du caucus.
Je me demande comment il se fait que les députés de ce
parti ne s'élèvent pas contre les procédures du leader du
gouvernement qui convoque une commission parlementaire alors
qu'eux-mêmes, les députés du gouvernement, ne sont pas
informés.
Ce projet de loi est également contesté par la population
elle-même, et en grande majorité. Vous avez peut-être eu
l'occasion de prendre connaissance du sondage qui est sorti la semaine
dernière où on disait je ne voudrais pas me tromper
je pense, qu'environ 56% des gens étaient contre ce projet de loi. Je
pense que, si le gouvernement veut tenir compte de l'avis de la population, il
faut absolument, à ce stade-ci, qu'il retire son projet de loi, pour
l'instant du moins, jusqu'à ce qu'on ait pu au moins avoir les documents
qu'on a demandés.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, une question que je me suis
toujours posée, c'est si le gouvernement était réellement
prêt à procéder dans son projet de réforme de
l'assurance automobile. Je pense que, à la suite de la motion qui a
été déposée ce matin, je n'ai même plus
besoin de m'interroger parce que j'ai l'impression d'avoir eu la
réponse.
Lorsqu'on a une bonne planification, lorsqu'on a en main une bonne
organisation, on commence de façon normale. Je dois dire à cette
commission parlementaire que c'est dans des circonstances tout à fait
exceptionnelles que, je pense, à deux ou trois reprises seulement,
depuis les nombreuses années que je siège ici, nous avons
commencé à étudier un projet de loi par les articles du
centre, dans les chapitres qu'on retrouve dans le centre même du projet
de loi. Lorsque cela s'est fait, je dois rappeler au gouvernement, je dois
rappeler à Mme le ministre que cela s'est fait par un consentement
unanime des membres de la commission parlementaire.
Je ne me souviens pas j'ai participé à de
nombreuses commissions parlementaires d'une fois où le
gouvernement a été obligé d'en venir avec une motion et de
débattre une motion devant la commission parlementaire pour tâcher
de commencer à faire étudier le projet de loi par le centre. On
est en face de situations, en face de faits qui nous portent à nous
interroger sérieusement pour savoir si, justement, le gouvernement est
en mesure actuellement de répondre aux in-
quiétudes non seulement des membres de l'Opposition qui
siègent en commission parlementaire, mais aux inquiétudes des
nombreux membres de l'Assemblée nationale des deux côtés de
la Chambre et aussi à l'inquiétude de la population.
Je me rappellerai, parce que j'ai pris part aux discussions qui ont eu
lieu au moment où nous nous préparions à ajourner nos
travaux pour l'été, que, lors d'une rencontre que nous avions eue
avec le leader du gouvernement, il nous avait fait part d'un certain nombre de
projets de loi qui devaient être examinés en priorité.
Parmi ceux qui étaient considérés comme prioritaires par
le gouvernement, il y avait le projet de loi no 49, Loi constituant la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Cette loi a
été sanctionnée le 26 août 1977. Cela fait quand
même quelques mois que la loi a été sanctionnée.
Il y a des dispositions dans l'article 2 de la loi qui prévoient
que des ententes doivent intervenir, autrement dit, on permet, dans l'article 2
de la loi, que des ententes puissent être conclues entre la Commission
des accidents du travail et la Régie de l'assurance automobile.
On nous avait dit, à ce moment-là, que la régie
avait besoin d'effectifs, qu'elle devait procéder à la nomination
des membres de la régie et qu'elle devait préparer les documents,
préparer le régime d'assurance automobile qui devrait être
étudié par une loi subséquente, tel que le mentionne
l'article 3 suivant lequel le régime d'indemnisation des victimes de
dommages corporels ne pourra toutefois être mis en oeuvre, ni le fonds
d'indemnisation créé que suivant une autre loi qui en
prévoira les principes et les modalités.
A plus d'une reprise, je me suis levé à l'Assemblée
nationale, durant la période des questions, et même durant le
débat de deuxième lecture, pour demander au gouvernement,
à l'honorable ministre quand le gouvernement serait en mesure de
déposer ses tables de tarification, de nous donner le coût du
régime, à la suite des modifications que le gouvernement avait
annoncées lui-même.
Lorsque nous avons étudié, lorsque nous avons reçu
les nombreux groupes et organismes qui se sont présentés devant
nous, je suis revenu, à plusieurs reprises, pour poser la même
question au ministre et au gouvernement. Nous avons toujours eu la
réponse que les documents étaient en préparation, que les
documents nous seraient remis ultérieurement. Effectivement, ici, j'ai
une copie de la transcription du journal des Débats datée du 16
novembre 1977 cela fait exactement six jours dans laquelle le
député de Montmagny-L'Islet a posé une question à
l'honorable ministre. Voici ce que le ministre a répondu:
Puisque la question m'est posée vous venez de me poser la
question je dois avoir le droit de vous répondre. A 10 h 15, ce
matin, M. le Président, je vous rappelle que j'ai déclaré
que, d'ici quelques jours, deux ou trois au maximum, la tarification et le
coût total du régime seraient connus c'était le 16
. Je cite, ce ne sont pas les paroles du député de
Beauce-Sud, ce ne sont pas les paroles de mes collègues de l'Opposition.
Ce sont les paroles mêmes du ministre. La semaine dernière, on
nous avait bien dit que dans deux ou trois jours au maximum, la tarification et
le coût du régime seraient connus. On nous reconvoque six jours
plus tard à la commission parlementaire pour nous dire: Cet
après-midi, on pense pouvoir vous donner le coût total du
régime. Quant à la tarification, cela va aller à jeudi. En
vertu du règlement et du fair play qui doit caractériser les
membres de l'Assemblée nationale, je n'ai pas le droit de mettre en
doute les paroles d'un ministre. Je n'ai même pas le droit de mettre en
doute les paroles d'un collègue.
M. le Président, mettez-vous à la place des
députés de l'Opposition et posez-vous la question. A 10 h 15 ce
matin, je vous rappelle la réponse que nous avons eue de Mme le ministre
la semaine dernière, le 16 novembre: M. le Président, d'ici
quelques jours, deux ou trois au maximum, la tarification et le coût
total du régime seront connus.
M. le Président, je veux bien travailler de façon
sérieuse, mais il faudrait que le sérieux se retrouve des deux
côtés de la table. Je pense que c'est élémentaire.
Jeudi après-midi, après que la commission parlementaire aura
siégé, si on veut nous donner certains chiffres et nous dire:
Voici, c'est seulement une partie des chiffres. La partie suivante va vous
être remise la semaine prochaine. On ne vous la promet pas pour mardi
matin, mais peut-être après le dîner peut-être avant
le souper, peut-être après le souper, peut-être avant
d'ajourner, peut-être que cela ira à mercredi matin... Je
regrette, mais je ne veux pas travailler dans des conditions comme
celles-là.
Je sais très bien, connaissant mes collègues de
l'Opposition des années 1970 à 1976 et connaissant l'attitude
qu'ils manifestaient lorsqu'ils étaient de ce côté de la
table, que vous auriez, en ce moment, un "filibuster". Ce serait
déclaré. Il y aurait eu des conférences de presse pour
dire qu'il y avait un "filibuster"...
Mme Payette: Ce serait intéressant. Là, il se
passerait quelque chose.
M. Roy:... parce que nous avons connu cela, des
"filibusters".
M. Paquette: C'était la transparence de l'Opposition.
M. Roy: C'était tellement transparent que, depuis qu'ils
sont au pouvoir, ils ont oublié ce qu'ils disaient au moment où
ils étaient dans l'Opposition.
Je m'en souviens. Je ne veux pas rappeler tout cela aux membres de la
commission, mais cela a été épouvantable, tout ce qui a
été dit du côté de l'Opposition. Mes
collègues de l'Opposition officielle s'en souviennent sûrement.
Cela a été épouvantable lorsque la Régie des jeux
olympiques est venue devant la commission
parlementaire dire qu'elle devait changer le coût des
installations olympiques et lorsque l'Hydro est venue devant la commission
parlementaire dire que le coût du projet de la baie James était
changé. Cela a été épouvantable.
Je serais obligé de faire trois, quatre ou cinq motions pour
essayer de faire une synthèse et exprimer l'opinion qui se
dégageait de tout cela, alors qu'on siégeait du côté
de l'Opposition. Il ne faudrait quand même pas prendre les
Québécois pour des dupes. Les Québécois ont
jugé, je pense, assez sévèrement ceux qui avaient agi et
qui avaient été dénoncés, dans le temps, de cette
façon.
On devrait s'en rappeler aujourd'hui, du côté
gouvernemental, que la population du Québec n'est pas dupe. Elle
n'envoie pas des parlementaires, ses représentants à
l'Assemblée nationale, pour qu'ils s'amusent à se faire des
promesses mutuelles et à donner des délais qui ne sont pas
respectés. Le temps des promesses mutuelles... Lorsqu'on arrive avec un
projet de loi qui a autant d'implications et qui est aussi sérieux que
celui que nous avons à l'heure actuelle, nous n'avons pas le droit de ne
pas être sérieux. Commencer à étudier un projet de
loi par le centre, par le milieu, je trouve que cela fait drôle et c'est
triste, quand on sait qu'il a des implications. Si le gouvernement a
décidé de mettre le chapitre 1 là où il est
à l'heure actuelle, c'est parce qu'il avait une importance
particulière. Il y avait un besoin particulier que le chapitre 1 du
projet de loi se retrouve là où il est. Concernant l'article 74,
si le gouvernement a jugé bon de le numéroter 74, c'est parce
qu'il y avait 73 autres articles que le gouvernement considérait plus
importants.
Motion d'ajournement des travaux
M. le Président, je pense bien que, fort de tout cela, on ne peut
quand même pas toujours perdre notre temps à discuter et à
rediscuter sur ces choses-là. Alors, je veux faire une motion
immédiatement, en vertu de l'article 157 de notre règlement, et
également en vertu de l'article 161, et je cite: "Etant donné que
la présente commission des consommateurs, coopératives et
institutions financières n'est pas suffisamment informée pour
entreprendre l'étude du projet de loi 67, article par article, je
propose donc que ladite commission ajourne ses travaux, fasse rapport à
l'Assemblée nationale, afin de lui demander de ne pas être
convoquée avant que les documents suivants soient déposés
et distribués à chacun des membres de cette commission, soit:
Premièrement, le coût total du régime d'assurance
proposé; deuxièmement, les nouvelles hypothèses
tarifaires; troisièmement, la ou les ententes intervenues entre la
régie et la Commission des accidents du travail."
M. le Président, pour la recevabilité de cette motion,
j'aimerais vous dire qu'elle est parfaitement recevable...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: ... en commission élue...
Le Président (M. Bertrand): ... j'aimerais avant, en avoir
une copie, pour être en mesure de vous suivre dans votre
argumentation.
M. Roy: Merci, M. le Président, c'était
prévu; j'en avais même préparé une.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que je peux vous
signaler que le dernier document demandé, c'est-à-dire une
entente entre la régie et la Commission des accidents du travail, serait
tout à fait illégale avant l'adoption du projet de loi no 67, si
bien qu'il n'en existe pas.
M. Roy: Pardon? Je m'excuse.
Mme Payette: Une entente entre la régie et la Commission
des accidents du travail serait tout à fait illégale avant
l'adoption du projet de loi no 67, si bien qu'il n'en existe pas.
M. Lalonde: En vertu de quelle loi serait-ce illégal?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
Mme Payette: En vertu de la loi 49, qui donne à la
régie le pouvoir de négocier, mais de ne pas signer avant que le
régime ait été adopté.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Beauce-Sud présente la motion
suivante: "En vertu de l'article 161, paragraphe 2 du règlement:
"Etant donné que la présente commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières n'est pas suffisamment
informée pour entreprendre l'étude du projet de loi 67 article
par article, je propose que ladite commission ajourne ses travaux et fasse
rapport à l'Assemblée nationale, afin de lui demander de ne pas
être convoquée avant que les documents suivants soient
déposés et distribués à chacun des membres de cette
commission, soit: Premièrement, le coût total du régime
d'assurance proposé; deuxièmement, les nouvelles
hypothèses tarifaires; troisièmement, la ou les ententes
intervenues entre la régie et la Commission des accidents du
travail".
M. le député de Beauce-Sud, sur la recevabilité de
cette motion.
M. Roy: Sur la recevabilité de cette motion; en vertu de
l'article 157, M. le Président, il ne fait aucun doute, parce que la
dernière phrase se lit comme suit: "En commission élue, un
député peut proposer que la commission ajourne ses travaux". On
se rappellera, à titre de référence, qu'une motion n'avait
pas été complètement débattue, le vote n'avait pas
été appelé puisque le vote a été
appelé seulement ce matin, alors que le député de
Saint-Jacques, le leader adjoint du gouvernement, était venu
proposer que la commission ajourne ses travaux pendant que nous étions
en train de délibérer sur une motion qui avait été
effectivement déposée par mon collègue de
Nicolet-Yamaska.
Alors, en vertu de l'article 157, pour ce qui a trait à
l'ajournement des travaux, M. le Président, je pense qu'il n'y a aucun
doute que la motion est très recevable, parce que c'est la seule
façon de procéder pour ajourner nos travaux.
Quant aux dispositions de l'article 161, paragraphe 2 je vous
réfère au paragraphe 2, M. le Président c'est
qu'une commission peut, en tout temps, faire, à l'Assemblée, des
rapports spéciaux ou intérimaires sur une motion qui ne peut
être faite qu'une seule fois au cours d'une séance. Alors, cette
motion ne peut être faite en vertu de l'esprit et de la lettre du
règlement que par un membre de la commission, mais il n'est pas
stipulé, dans le règlement, à aucun moment, en aucun
endroit, que cette motion doit être faite par un membre du
côté du gouvernement, du côté ministériel.
Elle peut être faite par n'importe quel membre de la commission.
Or, je pense, M. le Président, que sur ces deux points, en vertu
de notre règlement, la motion est recevable. Si vous voulez me
permettre, M. le Président, parce qu'on a dit tout à l'heure que
la motion était illégale pour ce qui est des ententes intervenues
entre la régie et la Commission des accidents du travail. Il n'y a rien,
absolument rien dans la loi, qui interdit à la régie de faire des
ententes, d'intervenir ou d'avoir un protocole d'entente ou un projet d'entente
avec la Commission des accidents du travail. Si je me réfère aux
débats qui ont eu lieu à l'Assemblée nationale lors de
l'adoption de la loi 49, la loi a été votée effectivement
pour permettre à la régie de se doter, de se donner ces
organismes et de faire les ententes nécessaires à la mise sur
pied du régime d'assurance automobile. Alors, on ne me fera pas croire
ou, du moins, si on tente de me dire, ce matin, devant la commission
parlementaire, qu'il n'y a même pas de projet d'entente de
préparé entre la Commission des accidents du travail et la
Régie de l'assurance automobile, cela me fait dire encore une fois, et
c'est une preuve de plus, que le gouvernement est encore moins prêt que
je ne le pensais.
Alors, pour cette raison, M. le Président, je vous demande de
considérer cette motion comme recevable.
Le Président (M. Bertrand): Je n'aurai pas besoin
d'entendre d'autres représentants de formations politiques
là-dessus. J'admets qu'il y a deux éléments dans votre
motion, M. le député de Beauce-Sud. C'est une motion qui a trait
à un rapport qui devrait être fait à l'Assemblée
nationale. A ce moment-là, vous vous servez de l'article 161, paragraphe
2. Il y a aussi une motion d'ajournement du débat. Vous vous servez,
sans l'avoir dit, de l'article 77 de nos règlements, qui permet qu'une
motion d'ajournement du débat puisse être faite en tout temps,
soit une motion non annon- cée, comme c'est arrivé la semaine
dernière. Le député de Saint-Jacques avait fait motion
pour que nous ajournions nos débats au moment même où nous
discutions d'une autre motion et où nous nous apprêtions à
voter sur cette motion, ce que nous n'avons pas fait. Alors, le
précédent étant déjà établi de toute
façon et les règlements étant clairs à cet effet,
je reçois cette motion et je permets qu'elle soit débattue selon
nos règlements, à savoir qu'un seul représentant de
chacune des formations politiques peut se faire entendre sur cette motion
d'ajournement du débat et je n'accepterai pas que d'autres membres de la
commission parlementaire puissent le faire hors les représentants de
chacune des formations.
Au nom du gouvernement, M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, on a manifesté notre
intention de commencer l'étude de ce projet de loi. Je ne pense pas que
les documents demandés par le député de Beauce-Sud soient
nécessaires pour entreprendre l'étude des articles 74 et des
suivants. D'ailleurs, on pourrait, à la blague, dire qu'on fait une
motion pour numéroter à nouveau l'article 74 et l'appeler
l'article 1 ou, disons, l'article qui suit immédiatement les
définitions. On nous a dit que tout était relié dans ce
projet de loi. C'est bien sûr. C'est la même chose dans presque
tous les projets de loi. C'est rare qu'on a des projets de loi absolument
étanches, par morceaux. Qu'il y ait des implications d'un article sur
l'autre, d'une section, des articles 74 et suivants sur les premiers articles
et inversement sans doute que cela va se présenter. C'est
inévitable.
Maintenant, qu'est-ce qui fait dire à l'Opposition que,
nécessairement, les articles 1 à 73 devraient être
étudiés avant les articles 74 et suivants, M. le
Président, ou l'inverse? C'est tout à fait la même chose.
Si nous avons proposé de commencer à l'article 74, c'est pour
donner le temps à l'Opposition non seulement de recevoir les documents,
chose que nous trouvons tout à fait justifiée, les documents
relatifs à la tarification et à l'étude du coût du
régime public, mais c'est également pour lui donner le temps et
donner le temps aussi aux députés ministériels
d'étudier ces documents. Je pense que nous pourrions procéder
dans l'ordre à partir des articles 74 et suivants.
Pour cette raison, M. le Président, nous devrons nous opposer
à cette motion du député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que cette motion, en
fait, rejoint d'une façon différente mais tout aussi valide les
désirs exprimés par l'Opposition officielle, par la voix du
député de Jacques-Cartier tantôt. Dans la motion, on nous a
demandé, et je pense que là aussi c'est pertinent, car ce qui a
amené la motion du député de Beauce-Sud, c'est la motion
du député de Rosemont, de suspendre l'étude des articles 1
à 73. J'ai
examiné, par exemple, l'article 74 qui dit: "Le
propriétaire de toute automobile..." et là, je m'aperçois
que "automobile", c'est défini à l'article 1. Alors on ne
l'aurait pas étudié.
Alors, si on accepte la façon de procéder du gouvernement,
on ne saura pas ce que c'est qu'une automobile. Vous allez me dire que le
député de Marguerite-Bourgeoys doit savoir ce qu'est une
automobile. Je vais vous dire que la loi ne sait pas ce que c'est qu'une
automobile. Si on compare le Code de la route avec le projet de loi 67, ce
n'est pas la même chose. Alors, il faudrait savoir ce qu'est une
automobile avant d'arriver à l'article 74. A l'article 112, on parle de
la "Régie ". La "Régie " est définie à l'article 1,
mais on ne l'aura pas étudié. Et si on change les premiers
articles de la loi... Par exemple, si cette commission décide, à
l'article 3, que la victime de dommages corporels causés par une
automobile sera indemnisée par des assureurs autorisés au lieu de
l'être par la régie, à ce moment-là, la
régie, à l'article 112, n'aura plus sa raison d'être. La
régie, ce sera autre chose.
Vous arrivez à l'article 130, M. le Président, où
on parle de l'assureur. Est-ce que cela veut bien dire l'assureur
autorisé, défini à l'article 1? On ne le saura pas.
A l'article 131, tout de suite, on va frapper le financement, et c'est
justement là que les questions pertinentes de l'opposition, à
savoir combien cela va coûter quand je parle de l'opposition, je
parle des questions pertinentes de tous les Québécois on
arrive au financement, tout de suite à l'article 131. Alors, le fait de
suspendre les articles 1 à 73 ne règle pas le problème.
Si, c'est une hypothèse, tout à fait vraisemblable, le ministre
est en retard de quelques jours pour nous donner tous les documents pertinents,
on peut arriver à l'article 131 très rapidement, qu'est-ce qu'il
va falloir faire? Premièrement, avoir à étudier avec des
visières de chaque côté, sans savoir la signification des
termes, un certain nombre d'articles, et ensuite devoir se poser encore la
même question qu'on pose aujourd'hui: Qu'est-ce qu'on fait ici? On est
ici devant une improvisation que je n'ai jamais vue dans un gouvernement. C'est
d'autant plus tragique que ces documents, le ministre nous les promet et que le
député de Rosemont vient de dire: On a hâte de les voir
nous aussi, les députés ministériels.
J'espère que ces documents vont avoir une signification pour le
gouvernement. Le gouvernement semble dire: Quelle que soit la teneur de ces
documents, notre lit est fait, et voici ce que nous proposons et nous allons
proposer encore ces articles. Le gouvernement semble présumer que les
documents vont supporter nécessairement le choix que le gouvernement a
fait dans les articles 1 à 73.
Je dis, M. le Président, qu'il s'agit là d'une arrogance
épouvantable. Cela veut dire que le gouvernement n'accorde aucune
importance à ces documents et c'est simplement pour distraire
l'Opposition. Si le gouvernement était sérieux et accordait
à ces documents l'importance que nous accordons, que les
Québécois accordent à ces documents, c'est-à-dire
combien cela va coûter, si le gouvernement était sérieux,
il dirait: On a un projet, on ne sait pas au juste combien cela va
coûter. Avant de demander à la population de l'étudier,
avant de demander aux élus de la population de l'étudier, nous
allons tout d'abord faire la démonstration du coût.
Mais non. Ici, on est en pleine comédie. Je regrette, mais on
n'est pas ici au théâtre. Ici, on étudie des lois qui vont
se traduire par des coûts pour la population bientôt. Cette
façon de nous donner des documents au compte-gouttes, un petit morceau
ici demain, un autre petit morceau jeudi, peut-être la semaine prochaine,
on ne sait pas au juste quand, un autre petit morceau, montre bien
jusqu'à quel point le gouvernement n'accorde aucune importance à
ces documents. Je dis que cela enlève le peu de confiance qu'il me
restait, la semaine dernière, M. le Président, quand j'ai
posé certaines questions sans apporter de motion, en faisant confiance
au ministre. J'ai espéré que le ministre pourrait répondre
à nos interrogations de façon positive.
On est devant une attitude du gouvernement qui est tout à fait
inacceptable. Si on nous avait dit: Les documents sont prêts, on les
connaît, on sait ce qu'ils disent, on a fondé notre
décision là-dessus, mais il y a quelque chose qui s'est produit
à l'imprimerie, au lieu d'être prêts avant-hier, ils vont
être prêts dans deux jours. On comprendrait, mais il ne semble pas
qu'on sache exactement ce qu'il y a là-dedans. Les députés
ne le savent pas, en tout cas. Le député de Rosemont a dit: J'ai
hâte de voir ce qu'il y a là-dedans.
M. Paquette: Oui, c'est pour cela qu'on a voté pour
l'autre motion.
M. Lalonde: Oui, mais vous avez voté pour le principe d'un
projet de loi sans savoir ce que cela coûterait. Je trouve cela
absolument aberrant.
M. Paquette: Vous charriez!
M. Lalonde: Non. C'est cela, au fond, que le monde veut. On ne
charrie pas. Pourquoi 58% de la population est-elle contre le projet de loi,
malgré toute la parade, malgré les grandes tournées et les
programmes de télévision? Pourquoi? Parce qu'elle n'a pas eu la
démonstration que cela va coûter moins cher.
M. Paquette: II n'y a aucun projet de loi où vous savez ce
que cela va coûter avant la fin de l'étude article par
article.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Lalonde: C'est cela, 56% de la population, et cela me surprend
que le ministre n'ait pas retiré le projet tout de suite le lendemain,
lorsque nous sommes venus ici en commission parlementaire. Si j'avais une
motion à faire, M. le Président, ce serait de ramener le
député de Saint-Jacques; lui, il avait compris. Il avait compris
jeudi dernier. Il
avait compris que c'est absolument ridicule cette situation et il a fait
une motion d'ajournement sine die. Il ne voulait plus être là, il
ne voulait plus rien savoir. Il voyait dans quel ridicule...
Mme Payette: Ce qui était ridicule, c'était la
perte de temps.
M. Lalonde: ... on nageait actuellement en demandant à la
population, aux députés d'étudier un projet de loi sans
même avoir les documents sur lesquels on fonde ce projet de loi. Qu'on le
ramène au plus tôt le député de Saint-Jacques, il va
nous faire une motion d'ajournement sine die, on ne sera même pas
obligé de le faire nous-mêmes, pour faire rapport. Pour toutes ces
raisons. M. le Président, je pense que les députés,
même ministériels, qui ne parlent pas beaucoup actuellement mais
qui ont des réponses à donner à leurs commettants dans
leur comté, devraient en toute honnêteté intellectuelle
dire: On ne peut pas commencer à étudier un projet de loi
à la pièce, par petits morceaux.
Tu tournes la page à gauche et on étudie tel article; tout
à coup, on ne peut pas étudier tel article parce qu'on n'a pas vu
l'autre article avant, un autre article après; c'est du plus complet
ridicule. Je pense que tous les députés, même
ministériels, devraient appuyer cette motion.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je trouve ça pas mal
drôle, ce qu'on est en train de faire; on en est rendu à
négocier des conditions de travail pour les députés, alors
qu'on connaît si bien le leader du gouvernement qui était un
avocat qui s'occupait du droit du travail, surtout du côté
syndical. Je me demande...
M. Burns: Surtout, seulement du côté syndical.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Fontaine:
Je me demande...
M. Burns: II faut savoir ce qu'on dit dans la vie, des fois.
Le Président (M. Bertrand): A Tordre!
Mme Payette: Surtout quand on est avocat soi-même.
M. Fontaine: II n'y a pas une grosse différence entre
surtout et seulement.
M. Burns: Il y a une très grosse différence. Le
Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Fontaine: J'imagine que vous deviez faire autre chose.
M. Burns: Je n'ai jamais représenté un patron.
M. Fontaine: Non, mais vous deviez faire autre chose que
ça, j'imagine.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Nicolet-Yamaska, s'il vous plaît, poursuivez tout
en...
M. Fontaine: M. le Président, c'est que je voulais vous
dire...
Le Président (M. Bertrand):... ne profitant pas du fait
que le député de Maisonneuve n'est pas présent à
cette commission.
M. Fontaine: M. le Président, je me demande comment il
fait pour parler s'il n'est pas ici.
M. Roy: II est tellement transparent qu'il n'est pas
là.
M. Paquette: II n'a pas parlé, c'est vous qui en
parlez.
Le Président (M. Bertrand): Allez, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je continue, M. le Président, en vous disant
que je trouve pas mal curieux que les députés en soient
venus...
M. Burns: La Jeanne d'Arc de l'Assemblée nationale!
M. Fontaine: ... à négocier leurs conditions de
travail. Les députés ministériels ont admis, la semaine
dernière, devant vous, M. le Président, à cette
commission, que les documents que nous demandions étaient absolument
nécessaires. Je me demande comment il se fait qu'ils n'ont pu convaincre
le leader du gouvernement de ne pas convoquer de nouveau cette commission
parlementaire avant d'avoir les documents. Je me demande même si le
leader du gouvernement ne convoque pas cette commission parlementaire
malgré le désaccord des députés. Les
députés ministériels ont voté la semaine
dernière en faveur d'une motion d'ajournement semblable à celle
que nous avons sur la table présentement.
Je pense bien qu'ils vont voter encore en faveur aujourd'hui, parce
qu'ils ont compris, la semaine dernière, que c'était inutile de
convoquer une commission parlementaire pour étudier un projet de loi
article par article si on n'avait pas les documents demandés, et on a
décidé de demander l'ajournement parce qu'on nous a dit: On va
ajourner les travaux, on va vous donner les documents la semaine prochaine.
Là-dessus, je reviens à ce qu'avait dit le ministre,
à 10 h 15, le 16 novembre 1977: "M. le Président, je vous
rappelle que j'ai déclaré que, d'ici quelques jours, deux ou
trois au maximum, la tarification et le coût total du régime
seraient connus."
M. le Président, les députés, à ce
moment-là, tant ministériels que de l'Opposition, étaient
heureux de la motion d'ajournement qui était présentée,
parce que...
M. Paquette: Cela fait trois jours...
Mme Payette: Le 19, le 20, le 21, on n'est pas là, c'est
le troisième jour ouvrable.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
Mme Payette: Trois jours ouvrables.
M. Lalonde: ... le 17, le 18, le 21, cela fait trois jours.
Mme Payette: Trois jours ouvrables aujourd'hui.
M. Paquette: Le troisième jour ouvrable aujourd'hui.
Mme Payette: Et vous aurez le document...
M. Fontaine: M. le Président, les députés de
l'Opposition travaillent sept jours par semaine; alors, on compte toutes les
journées.
M. Roy: Quand ça presse, on travaille sept jours par
semaine.
M. Paquette: On ne pouvait pas vous le donner dimanche, cela
aurait été difficile de vous rejoindre.
Mme Payette: Vous transmettrez votre message au leader.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que les
députés ministériels vont être forcés
aujourd'hui de prendre la même attitude que celle qu'ils ont prise
mercredi dernier lorsqu'une motion avait été faite par le leader
parlementaire adjoint; je pense qu'ils vont être obligés
aujourd'hui de voter en faveur de cette motion. Si le gouvernement veut
bousculer les travaux parlementaires, c'est qu'il est en train de prendre
panique. Parce qu'il s'aperçoit qu'il ne pourra pas respecter la
promesse que le ministre avait faite de mettre en application...
M. Paquette: ... je dois voter, c'est pour ça.
M. Fontaine: ... le projet de loi le 1er mars 1978. Ce n'est pas
de cette façon qu'on doit légiférer. Pour
légiférer, il faut prendre le temps d'étudier un projet de
loi comme il faut et, ensuite, le mettre en application. Il ne s'agit pas
d'adopter des projets de loi à la vapeur et d'essayer de les mettre en
application, alors qu'on sait à l'avance que ça ne fonctionnera
pas.
M. le Président, je pense qu'à ce moment-là, il
faut que le gouvernement tienne compte de l'opinion de la population et retire
son projet de loi, tel qu'on le lui demande depuis plusieurs semaines.
Quant à la question d'étudier le projet de loi en
commençant par l'article 74, je pense que les...
Le Président (M. Bertrand): A l'encontre du
règlement. C'est une motion qui, pour l'instant, n'est pas sur la table
tant et aussi longtemps que nous allons discuter celle qui demande de faire
rapport à l'Assemblée nationale et d'ajourner nos
débats.
M. Fontaine: Je veux, M. le Président, vous demander,
selon la motion proposée qui est sur la table, quf la commission fasse
rapport pour demander que le gouvernement dépose les documents
demandés.
Je dois vous dire que nous ne pouvons étudier le projet de loi,
quel que soit l'article que nous voulions étudier, tant que ce rapport
n'aura pas été fait. Il est impossible, M. le Président,
d'étudier le projet de loi, article par article, en commençant
par l'article 74, parce que chacune des définitions qui sont à
l'article 1 vont influer sur les articles 74 et les suivants. Je me demande
comment le gouvernement peut vouloir nous faire étudier la couverture
des dommages matériels alors qu'on n'a même pas défini le
mot "accident". On n'a même pas défini le mot "assureur
autorisé". Les assureurs autorisés vont être chargés
de mettre en application le coût du régime d'assurance automobile
en fonction des dommages matériels.
M. le Président, pour toutes ces raisons, je voterai en faveur de
la motion qui est déposée par le député de
Beauce-Sud.
Le Président (M. Bertrand): Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Fontaine: Adoptée.
M. Paquette: Rejetée, M. le Président. Des Voix:
Vote enregistré.
Vote sur la motion d'ajournement
Le Président (M. Bertrand): Bien. Je fais lecture de la
motion et je lui donne une forme qui serait recevable pour les fins de nos
travaux, M. le député de Beauce-Sud. J'enlève le
préambule et la motion se lit de la façon suivante: Que la
commission ajourne ses travaux et fasse rapport à l'Assemblée
nationale, afin de lui demander de ne pas être convoquée avant que
les documents suivants soient déposés et distribués
à chacun des membres de cette commission, soit: 1- Le coût total
du régime d'assurance proposé; 2- Les nouvelles hypothèses
tarifaires; 3- La ou les ententes intervenues entre la régie et la
Commission des accidents du travail.
M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Gravel (Limoilou)? M.
Gagnon (Champlain)? M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Goulet (Bellechasse)?
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Bertrand): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Bertrand): Je pense qu'ici il y aurait
lieu de s'assurer que M. Giasson, qui est présent aux travaux de cette
commission depuis le début, puisse être accepté, du
consentement unanime des membres de la commission, en remplacement de M.
Larivière.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'ai oublié, au
tout début de nos travaux, de mentionner que M. Giasson
remplaçait M. Larivière. Je ne l'ai pas fait, mais M. Giasson,
étant constamment avec nous, j'ai cru...
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
Consentement unanime?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Bertrand): M. Giasson (Montmagny-L
Islet)?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois (Laporte)? M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette (Dorion)?
Mme Payette: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld (Outremont)? M.
Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: En faveur.
Le Président (M. Bertrand): M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: En faveur.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt
(Jonquière)? Pour: 6 Contre: 7 La motion est rejetée.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont. Nous revenons, de toute façon, à la motion que nous
avions devant nous et qui a été déposée par le
député de Rosemont: Que cette commission suspende l'étude
des articles 1 à 73 inclusivement, jusqu'au dépôt, par le
ministre, de la table de tarification et des études du coût du
régime public.
M. Paquette: M. le Président, sur la motion que j'ai
présentée, j'aimerais répondre aux arguments du
député de Nicolet-Yamaska et du député...
M. Burns: Ils sont seulement cinq, cela ne peut pas être
six.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, j'ai sans doute
fait une erreur de comptabilité.
M. Lalonde: Si le député d'Outremont avait
été ici, cela aurait fait six.
Une Voix: II y en a peut-être un qui en vaut deux.
M. Burns: Le député de Limoilou aussi aurait
été en faveur.
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: II doit être parti à Ottawa, il n'est
pas souvent là.
M. Giasson: J'ai l'impression que le député de
Bellechasse a voté en son absence personnelle.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Je vais identifier le
député de Bellechasse.
M. Giasson: Une voix s'est fait entendre.
Le Président (M. Bertrand): II n'a pas voté.
Effectivement, il y a cinq pour...
Mme Payette: Je pense, M. le Président, que c'est le
député de Nicolet-Yamaska qui a répondu à la place
du député de Bellechasse.
M. Fontaine: M. le Président, c'est une accusation
grave.
Mme Payette: J'ai dit: Je pense, M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): D'accord, je pense que...
Mme Payette: Je n'ai pas affirmé que j'en étais
sûre.
Le Président (M. Bertrand): Le président n'a pas
pris connaissance, quant à lui, d'un vote enregistré par le
député de Bellechasse.
M. Fontaine: M. le Président, s'il y a des gens qui sont
ici et qui ne sont pas là, il y en a qui ne sont pas ici et qui sont
là.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Pour: 5; Contre: 7. La motion demeure
rejetée.
Oui, M. le député de Rosemont.
Reprise du débat sur la motion
pour suspendre l'étude
des articles 1 à 73
M. Paquette: M. le Président, je vais tenter, une
dernière fois, bien que je sois convaincu que ce soit presque inutile,
de répondre aux arguments du député de Nicolet-Yamaska et
du député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Fontaine: C'est exact...
M. Paquette: ... qui nous affirment qu'on ne peut pas faire un
travail sérieux en commençant à l'article 74. D'une part,
je pense que l'article 74, si on le regarde, c'est le principe de l'assurance
obligatoire. C'est sûrement un article qu'on peut étudier sans
connaître les détails du régime public, du moment qu'on
sait que l'adoption de principe a été faite et qu'il y aura un
régime public pour les dommages corporels et un régime
privé pour les dommages matériels.
On nous dit: Oui, mais on va frapper des articles, à un moment
donné, qui réfèrent à des définitions qui
sont dans l'article 1 et dans les articles suivants. Sauf erreur, M. le
Président, quand on rédige un projet de loi, quand on
élabore un projet de loi, on commence par se poser des questions sur les
articles clef. A la fin, on rédige des définitions et on les met
au début du projet de loi.
Je ne vois pas en quoi cela nuirait à nos travaux de commencer
à l'article 74 et, à un moment donné, lorsqu'on reviendra
à l'article 1 et aux suivants et qu'on s'attachera aux
définitions, ce sera le temps de se demander: Telle définition
implique quoi au niveau des coûts? La définition, par exemple,
d'accident, elle implique quoi au niveau du régime corporel? Elle
implique quoi au niveau du régime matériel?
C'est au moment de l'étude de l'article 1 qu'on pourra se poser
des questions sur l'extension des définitions. A l'inverse, je pourrais
tout aussi bien prétendre que si on commençait par l'article 1 et
si on regardait la définition d'accident, cette définition
dépend de la façon qu'on va l'utiliser dans tous les articles du
projet de loi et il faudra regarder tous les articles.
Je comprends que, peut-être parfois, c'est logiquement plus
satisfaisant de commencer par les définitions, mais je pense que sur le
plan du travail qu'on a à faire, ce n'est absolument pas essentiel.
Toutes les argumentations qui pourraient être faites sur les
définitions et sur leur implication sur les différents articles
pourront être faites au moment de l'étude des
définitions.
D'autre part, je tiens à dire que cette résolution, au
contraire, améliorera nos travaux pour la simple raison que nous
pourrons, en commençant tout de suite, avoir beaucoup plus de temps pour
étudier le projet de loi. On a parlé du public qui se pose des
questions sur le projet de loi, c'est vrai, mais le public veut aussi qu'on
règle le problème. Cela fait six ans qu'on attend un
régime d'assurance automobile. Il y a des problèmes humains
extrêmement urgents à régler. Vous nous avez fait
état de votre détermination. Je tiens à vous mentionner
notre détermination, de notre côté, à ce que le
régime d'assurance automobile entre en vigueur le 1er mars.
M. Fontaine: On veut vous aider.
M. Paquette: On veut l'étudier le plus possible avec
l'Opposition, mais, à un moment donné, il va falloir
arrêter cette perte d'argent du public en perdant du temps à cette
table, comme on le fait maintenant. Si on commençait tout de suite
à l'article 74; cela n'a aucun des inconvénients que vous avez
mentionnés et cela nous donnerait beaucoup plus de temps, parce qu'on
pourrait mettre une semaine, deux semaines, peut-être même plus,
sur le régime matériel. Cela nous donnerait tout le temps de
recevoir les documents et de les étudier et d'aborder le chapitre du
corporel, en toute connaissance de cause, et avec toutes les études
nécessaires derrière nous.
Autrement, si on suit votre démarche, on va être
obligé d'attendre deux semaines. On pourrait bien dire: On vous
dépose les documents demain et on commence l'étude du corporel le
lendemain matin. Il me semble que vous ne seriez pas satisfaits. Moi, je ne
serais pas satisfait, en tout cas, de commencer l'étude du corporel le
lendemain matin du jour où on va recevoir les études du ministre.
J'aimerais qu'on ait un peu plus de temps que cela.
Cela veut donc dire que si on suit votre logique, c'est dans deux
semaines qu'on va commencer l'étude du projet de loi,
c'est-à-dire la première semaine de décembre. Cela veut
dire qu'on ne pourra pas mettre le régime en vigueur le 1er mars.
Or, on a rejeté, à l'Assemblée nationale, une
motion de report de l'entrée en vigueur du régime et c'est urgent
que ce régime soit en vigueur le 1er mars.
M. Fontaine: Vous n'avez pas raison.
M. Lalonde: Oui, cela prouve que vous aviez tort de le
rejeter.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Lalonde: On avait raison de le proposer.
M. Paquette: Non, justement, je viens de vous donner les
arguments qui montrent qu'en commençant l'étude à partir
de l'article 74 on pourrait se donner tout le temps. Par contre, si on continue
à faire un "filibuster" qui, soit dit en passant, contrairement aux
"filibusters" de l'Opposition dans le temps, manque carrément de
transparence... Vous devriez le dire à tout le monde que vous en faites
un.
M. Roy: Les vôtres étaient meilleurs.
M. Paquette: Au moins, on disait qu'on en faisait un et
pourquoi.
M. Roy: C'est parce qu'ils duraient plus longtemps.
M. Paquette: Ce n'est pas clair. Pourquoi faites-vous un
"filibuster"? Est-ce que vous voulez mettre des bâtons dans les roues du
gouvernement? Qu'est-ce que vous voulez faire exactement?
M. Roy: On ne fait pas de "filibuster". Dites-nous combien cela
coûtera. C'est aussi simple que cela.
Mme Payette: Cela ne coûtera pas cher.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Paquette: M. le Président, nos travaux seraient
grandement améliorés, pour prendre un ton plus serein, si on
commençait l'étude à l'article 74. Les implications des
définitions pourront être évaluées au moment
où on reprendra l'étude du projet de loi à partir de
l'article 1. Cela nous donnerait deux bonnes semaines supplémentaires
pour passer au travers du chapitre concernant le matériel. Cela nous
donnerait tout le temps, de même qu'à l'Opposition, pour
étudier les documents que le ministre va déposer cet
après-midi et jeudi.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Vous désirez
parler là-dessus, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Sûrement, M. le Président. Le ministre
va déposer des documents aujourd'hui et jeudi.
Mme Payette: Si Dieu me prête vie.
M. Lalonde: Bon. On a déjà entendu ce genre de
promesse. J'accorde la plus grande confiance, personnellement, au
député de Rosemont, sauf que je le mets en garde contre ce genre
de déclaration solennelle, à savoir que le ministre va
déposer cela aujourd'hui et jeudi. J'aimerais, personnellement, que
c'eût été fait il y a longtemps. Cela me surprend que cela
ne l'ait pas été, parce que depuis des années vous
l'avez dit et le député de Rosemont l'a dit tantôt... Je
suis sûr que le ministre a trouvé en arrivant au ministère
des Consommateurs des piles de documents, des études, le rapport Gauvin,
le rapport Desjardins, des rapports a n'en plus finir. Il y avait même la
position...
M. Paquette: Soyez honnête, vous voulez chiffrer le
régime.
M. Lalonde: C'est à mon tour de parler. M. Paquette:
Comment procédez-vous? Mme Payette: II y avait neuf projets
de loi... M. Lalonde: M. le Président...
M. Paquette: Demandez à votre collègue qui est
à côté de vous comment on peut faire pour chiffrer un tel
projet.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Lalonde: II y avait la position prise par Mme Bacon, enfin,
tous les jeux étaient faits.
Mme Payette: II y avait neuf projets de loi qui n'ont jamais rien
donné.
M; Lalonde: Alors vous en avez pris un? Mme Payette: On en
a fait un autre.
M. Lalonde: Comment se fait-il que vous ayez pris
celui-là? Qui vous a dit que c'est celui-là qui devait être
pris? J'espère que vous avez fait vos calculs avant. J'espère que
vous n'avez pas attendu après pour dire: On décide, en fonction
de promesses électorales, de choix doctrinaire, et, ensuite, tout
à coup, on va savoir combien cela va coûter. J'espère que
ce n'est pas cela que vous avez fait. C'est ce que le monde pense que vous avez
fait, par exemple. C'est pour cela qu'il y a au moins 56% de la population qui
est contre ce régime, parce qu'on ne sait pas de quoi il retourne. On ne
le sait pas.
Je comprends le député de Rosemont. J'ai travaillé
avec lui pendant tout l'été à un autre projet de loi tout
aussi difficile. Je sais que chaque fois il cherchait, de bonne foi, le moyen
de régler les problèmes qui se présentaient au cours des
délibérations, et je lui rends hommage. J'essaie de lui
démontrer qu'il est dans une impasse dont il n'est pas responsable.
C'est le gouvernement, en
fait, qui a pris la décision de convoquer la commission
parlementaire. Ce n'est pas nous, non plus, l'Opposition officielle. Je peux
vous assurer qu'on n'a pas demandé au gouvernement de convoquer cette
commission parlementaire, du moins, si le député de
Jacques-Cartier l'a fait, c'est hors de ma connaissance, mais je ne pense pas
qu'il l'ait fait.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que vous demandez une
réponse?
M. Lalonde: Je pense qu'il croit que la réponse est
inutile. On nous dit: II faut avoir le temps d'étudier cela pour le 1er
mars. On n'a pas insisté pour l'étudier maintenant, de cette
façon. Non, au contraire, on a demandé, et je pense qu'on a
appuyé la motion du député de Pointe-Claire à cet
effet, de reporter cela à trois mois. Je me souviens d'avoir fait un
plaidoyer à Mme le ministre ce soir-là, à
l'Assemblée nationale, lui demandant de bien considérer tout le
temps que cela lui prendrait avant de nous donner les renseignements dont nous
avons besoin. Cela a été refusé un peu illogiquement quand
on constate que, la semaine dernière, les mêmes
députés ou enfin les députés de la même
formation politique votaient pour un ajournement. La logique ne trouve pas
toujours sa place chez le parti d'en face.
Le temps a été déterminé par le ministre,
par le gouvernement, par les députés ministériels, et
j'imagine qu'ils ont été consultés sur la tenue de cette
commission parlementaire. Ce n'est pas nous. Nous, nous aurions
été prêts il y a deux mois à étudier ce
projet de loi si Mme le ministre avait été prête.
Le député de Rosemont dit: On va étudier l'article
74. C'est une question de principe. L'article 74, c'est le principe de
l'assurance obligatoire. Je ferai remarquer au député de Rosemont
que la question de principe a été décidée à
la deuxième lecture et que nous sommes appelés ici, de par les
règlements de la Chambre, pour examiner le projet article par article
dans toutes ses modalités.
On a dépassé le stade du principe, le principe a
été accepté. Pour savoir de quoi on parle dans les
modalités, il faut savoir exactement la signification de chaque mot. Ce
n'est pas pour rien que le législateur, que le gouvernement, que la
science de la législation exige ou, enfin, propose que l'on mette les
définitions au tout début d'un projet de loi, c'est pour qu'on
sache à quel concept on a affaire lorsque à l'article 74, on
parle d'un accident, ou que le propriétaire de toute automobile... Je
sais maintenant qu'il s'agit d'une automobile, telle que définie par le
projet de loi à l'article 1. Vous remarquerez que si on regarde cette
définition, on n'est pas beaucoup plus avancé, parce que la
définition est tellement pleine de trous que c'est seulement le
gouvernement qui va nous dire, à un moment donné, ce qu'est un
véhicule automobile. Enfin, au moins, je sais ça quand j'arrive
à l'article 74. Il faut le savoir d'avance. On ne peut pas demander
à des gens de travailler sérieusement dans des conditions autres
que minimales, c'est-à-dire de savoir de quoi on parle.
On a demandé combien de fois d'avoir ces documents? Je
m'étonne qu'on soit obligé, encore une fois, de prendre du temps
de cette commission qu'on pourrait consacrer à l'étude d'articles
qui sont importants pour tout le monde, à la délibération
d'arguments qui nous apparaissent importants de notre part, qui ne sont pas
nécessairement acceptés. J'aimerais avoir tout le temps possible
pour le faire, mais ça fait une semaine... On a commencé mercredi
de la semaine dernière, je pense, on est mardi, cela fait presque une
semaine qu'on ne fait que demander quelque chose qu'on nous a promis. Si on
nous avait donné une fin de non-recevoir, on pourrait dire: Vous faites
un "filibuster". En parlant de "filibuster", M. le Président, on nous a
accusés d'en faire. Si j'accordais un peu de sérieux à
cette accusation, je vous demanderais quoique je pense que c'est assez
difficile de calculer le temps qu'on a pris, nous, l'Opposition
officielle, dans la délibération des motions qui ont
été faites. Je pense qu'en aucune occasion, sauf peut-être
exception, on a pris tout le temps qui nous était accordé.
M. Paquette: Vous avez dit, mercredi dernier, que vous faisiez un
"filibuster", c'est pour ça qu'on a ajourné.
M. Lalonde: Non, on vous dit qu'on...
M. Paquette: Ecoutez! On va relever le journal des
Débats...
M. Lalonde: ... ne se laisserait pas bousculer. M. Paquette:
Voyons donc!
M. Lalonde: Au début, j'ai tenté, mercredi dernier,
d'avoir une attitude plus conciliante, espérant que le ministre pourrait
répondre à nos questions sans qu'on soit obligé de
procéder par motions. Depuis ce temps-là, on a ri de nous autres.
Depuis ce temps-là, c'est non. A ce moment-là, c'était
trois jours. Trois jours, c'est trois jours ouvrables. Le 16, c'était un
mercredi. Trois jours, c'est jeudi, vendredi. Cela, c'est le 17 et le 18. Cela
fait deux jours, si on parle de jours ouvrables. Et ça donne que le 21,
c'était hier. Cela aussi, c'est un jour ouvrable.
M. Paquette: On ne siégeait pas hier.
M. Lalonde: Dans mon livre, à moi, c'est un jour ouvrable;
qu'on siège ou qu'on ne siège pas, quand on était au
gouvernement, nos fonctionnaires, le ministre et les députés
travaillaient le lundi, ils travaillaient aussi le samedi et le dimanche, quand
il s'agissait de tenir des promesses qu'on avait faites en pleine Chambre, en
pleine Assemblée nationale. On est rendu au quatrième jour
ouvrable et, on nous dit: Un petit morceau, peut-être.
M. Paquette: Ce n'est pas l'opinion du député de
Beauce-Sud, en tout cas.
M. Lalonde: Je prends les informations du député de
Beauce-Sud qui m'apparaissent valides...
M. Paquette: ... le député de Beauce-Sud,
l'Opposition n'avait...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: ... jamais les documents dans le temps.
M. Lalonde: ... ça aide...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Bon! Alors...
M. Roy: En voulez-vous une photocopie?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: En voulez-vous une photocopie?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Nous avons tous ces
documents, M. le député de Beauce-Sud; ils ont été
distribués.
M. Roy: Ruban 944, B/IF, page 1, dernière ligne.
M. Lalonde: J'ai d'autant plus de difficulté à
accorder du sérieux à la proposition du député de
Rosemont c'est ce qu'on étudie actuellement de suspendre,
en fait, l'étude des articles 1 à 73, que la motion fait
référence à des études, je crois, du
coût.
On va arriver à l'article 131 et on tombe exactement dans le
financement. Alors, s'il y a un moment, une étape dans l'étude de
ce projet de loi où il faut savoir de quoi il retourne quant au
coût, c'est bien quand on va parler du financement. Cela a une relation
directe.
Je ne dis pas que le financement aura un effet sur le coût. Non.
En fait, c'est le régime lui-même, toutes les modalités,
l'administration et les frais d'administration, etc., mais il reste qu'on ne
peut pas parler du financement sans savoir ce que cela coûtera.
Or, on arrive à l'article 131 et on aura le même
problème. Parce que vous savez, les promesses du ministre, on en a
assez! Cela fait longtemps qu'on nous promet ces documents. A un certain
moment, c'est deux ou trois jours; là, c'est rendu à six jours et
c'est un petit morceau jeudi et la semaine prochaine, on ne sait pas quand.
Alors, jouer au fou comme ça, on n'est plus
intéressé, pas du tout. Arrivé à l'article 131, je
vois encore un député ministériel qui va dire: Maintenant,
je propose de suspendre l'article 131, mais je vais régler son
problème tout de suite.
Pour ne pas mettre les députés ministériels
peut-être pas le député de Rosemont dans l'embarras,
je vais moi-même proposer de remplacer le chiffre 73 dans sa motion par
le chiffre 192.
Motion d'amendement
Je fais la motion: "Que la motion présentée par le
député de Rosemont soit modifiée en remplaçant,
à la deuxième ligne, le chiffre 73 par le chiffre 192."
Comme cela, le député de Rosemont ne sera pas
obligé de revenir, rouge jusqu'aux oreilles, dans une semaine ou deux,
avec une demande pour suspendre encore les autres articles, 131 et
suivants.
Le Président (M. Bertrand): Voulez-vous me transmettre
votre motion d'amendement, s'il vous plaît.
M. Paquette: Inclusivement.
M. Lalonde: ... 192, je pense, oui...
Mme Payette: On pourrait peut-être étudier
celui-là.
M. Paquette: C'est le dernier, 192.
M. Lalonde: Le mot "inclusivement ' reste.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fontaine: C'est un amendement simple.
Décision du président
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
Je n'ai pas besoin de discuter ou de recevoir les avis des
représentants des formations politiques là-dessus et je voudrais
que le député de Marguerite-Bourgeoys comprenne bien le sens de
la décision que je vais rendre.
Il est bien clair, M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
que le sens de votre motion est d'arriver à suspendre, à toutes
fins pratiques, l'étude du projet de loi no 67 article par article.
C'est le mandat qu'a reçu la commission et c'est une façon
habile, mais déguisée de revenir sur une motion antérieure
proposée par le député de Beauce-Sud pour que nous
ajournions, à toutes fins pratiques, nos débats et que nous
fassions, d'une certaine façon, rapport à l'Assemblée
nationale que nous ne voulons pas étudier, pour l'instant, le projet de
loi no 67 article par article.
En d'autres mots, votre suspension représente davantage que la
mise au rancart d'un certain nombre d'articles pour en étudier d'autres.
Elle signifie, à toutes fins pratiques, que la commission
n'étudie pas le projet de loi 67 article par article, pour un certain
nombre de raisons qui peuvent être valables dans votre esprit et que vous
n'avez pas à défendre pour l'instant, mais, comme
président de la commission, vous comprendrez fort bien que je ne peux
pas recevoir une telle motion d'amendement.
M. Lalonde: Puis-je vous demander une directive?
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous avez mentionné, M. le Président,
la motion du député de Beauce-Sud et je vous demanderais quelle
différence vous faites, au niveau des procédures ou de leur
implication, de leur signification dans nos débats et dans la
recevabilité, par exemple, d'une motion, la différence que vous
faites entre la motion du député de Beauce-Sud et la motion du
député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je les ai jugées toutes les deux recevables.
M. Lalonde: Y aurait-il une certaine similitude entre la motion
d'amendement et la motion du député de Saint-Jacques?
Le Président (M. Bertrand): Un député a le
droit, une fois au cours d'une même séance d'une commission, de
proposer, en s'inspirant de l'article 77, l'ajournement du débat. Le
député de Beauce-Sud l'a fait ce matin. C'est la seule occasion
que nous aurons, au cours de cette séance, de discuter de cette motion
d'ajournement du débat.
Le député de Saint-Jacques l'avait fait l'autre fois
à l'intérieur d'une même séance et c'est la raison
pour laquelle deux motions, à toutes fins pratiques, identiques sur le
fond, ont pu être discutées parce qu'elles étaient
présentées à l'occasion de séances
différentes.
M. Lalonde: Je comprends la référence que vous avez
faite à la motion.
M. Saint-Germain: J'aimerais tout de même, M. le
Président, vous demander un renseignement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II reste que si on lit bien l'article 192, on
s'aperçoit vite que la cause profonde de toutes nos difficultés
et de tous nos débats, c'est la date où cette loi doit entrer en
vigueur. C'est la raison principale d'ailleurs qui amène le ministre
à vouloir faire étudier sa loi d'une façon
immédiate même si nous n'avons pas les documents voulus. Ne
croyez-vous pas qu'à ce point de vue, il serait important que nous
puissions discuter de cet article en tout premier lieu parce qu'il a
semblé sous-tendre... D'ailleurs plusieurs députés, dans
leur intervention, y ont fait référence, il semble avoir une
importance marquée et fondamentale à ce stade-ci de nos
travaux.
Le Président (M. Bertrand): L'article 192, M. le
député de Jacques-Cartier, est toujours dans le cadre de
discussions d'un projet de loi, article par article; il est le dernier à
être étudié, forcé- ment à cause des
implications qu'il a, à savoir que la loi entre en vigueur dans la
mesure où on a étudié cette loi et dans la mesure
où on a adopté chacun des articles qui précèdent.
Alors, l'article 192, évidemment, ne peut jamais faire l'objet d'un
débat avant que nous n'ayons étudié d'autres articles du
projet de loi.
M. Saint-Germain: Je vous comprends très bien, parce que
là, vous considérez la façon normale et logique
d'étudier un projet de loi, en partant de l'article no 1 et allant
jusqu'au dernier article. Mais comme je vous le faisais remarquer
précédemment, nous sommes amenés à oublier cette
procédure normale pour retomber à l'article 74.
Le Président (M. Bertrand): C'est une
procédure...
M. Saint-Germain: Si le gouvernement nous oblige à cette
procédure, c'est à cause de l'article 192, parce qu'on nous a
déclaré qu'il fallait absolument que cette législation
soit finalisée avant les Fêtes.
Le Président (M. Bertrand): Le Président n'a pas
à juger des intentions, des motifs qui peuvent guider le gouvernement
dans ses décisions, dans ses attitudes. Il prend simplement note des
motions qui sont présentées et celle qui a été
présentée par le député de Rosemont à
l'effet de suspendre l'étude des articles 1 à 73 est tout
à fait correcte et a été jugé recevable. Nous en
sommes d'ailleurs, M. le député de Jacques-Cartier, sur cette
motion qui, à l'heure actuelle, est devant nous et dont nous devons
disposer.
M. Saint-Germain: Si vous le permettez, M. le Président,
avec tout le respect que je vous dois, vous dites, et c'est très bien
dit, que vous n'avez pas à prendre en considération les
déclarations; mais d'un autre côté, indirectement, vous le
faites, parce que vous dites que l'article 192 est équivalent à
une motion antécédente.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, je ne dis rien d'autre au sujet de l'article 192 que ce que
veut dire un dernier article d'un projet de loi qui parle de l'entrée en
vigueur de cette loi. Donc, je n'ai pas à justifier de quelque
façon que ce soit les décisions prises antérieurement
à l'effet, entre autres, de rejeter la motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys. Comme président de la
commission, je tiens simplement compte du fait que nous avons devant nous une
motion présentée par le député de Rosemont et c'est
de cette motion qu'il s'agit maintenant de disposer. M. le député
de Nicolet-Yamaska.
Reprise du débat sur la motion
principale
M. Fontaine: M. le Président, sur la motion qui est devant
nous, on nous demande de
commencer à étudier le projet de loi à l'article
74. Si on regarde l'article 74, cet article dit ceci: "Le propriétaire
de toute automobile circulant au Québec doit détenir, suivant la
section II du présent chapitre, un contrat d'assurance de
responsabilité garantissant l'indemnisation du dommage matériel
causé par cette automobile. On voit tout de suite, M. le
Président, qu'à ce premier article que nous devrions
étudier, il faut se référer immédiatement à
la définition d'automobile qui est située à l'article
1,3.
Si on posait immédiatement la question au ministre, à
savoir qui sont les propriétaires d'automobiles qui vont devoir
s'assurer, je ne pense pas que le ministre puisse nous répondre, parce
que la définition n'aura pas été étudiée,
n'aura pas été adoptée. Si on incluait, par exemple, dans
la définition de l'automobile les motoneiges, les moto-cross, en faisant
référence à l'article 17, je pense qu'à ce
moment-là on pourrait changer toute la tarification. C'est pour cette
raison qu'on demande au ministre et aux députés du parti
ministériel de nous donner les documents, les coûts, la
tarification pour que nous puissions voir quelle influence pourraient avoir les
amendements que nous pourrions proposer en regard de la tarification et des
coûts.
On fait remarquer également qu'à l'article 1,2 on parle
des assureurs autorisés à pratiquer l'assurance automobile, en
vertu de la Loi sur les assurances, et détenteurs d'un permis. M. le
Président, les assureurs autorisés, tels que défini dans
la loi, vont être chargés d'appliquer ce régime en dommages
matériels. Ils ont besoin de savoir ce qu'ils vont devoir assurer pour
établir une tarification en dommages matériels. C'est pour cette
raison, M. le Président, qu'il faut absolument savoir, connaître
les définitions avant de pouvoir commencer à étudier les
articles suivants.
On peut également regarder l'article 1,18 qui parle d'un manuel
des tarifs: "Les documents d'un assureur autorisé où sont
identifiées et définies ses règles de sélection et
de classification des risques, ainsi que les primes applicables à
chacun. "
On voit bien que l'article 74 a une relation avec les définitions
qui sont à l'article 1,1 et les suivants. Je pense qu'il est absolument
impossible de pouvoir intelligemment faire une étude de l'article 74 et
des suivants quand on ne connaît pas les définitions qui sont
à l'article 1,1. Pour faire une étude compréhensible de ce
projet de loi, il faut avoir un ensemble, une vision globale de ce que cela va
coûter, de même que le coût et la tarification.
Lorsqu'on demande au ministre de déposer ces documents, de nous
dire ce que ça coûtera, la seule réponse qu'elle a à
nous donner, c'est que cela ne coûtera pas cher.
M. Paquette: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Encore!
M. Paquette: Est-ce que ses appréhensions, quant aux
définitions, seraient levées s'il proposait lui-même un
amendement pour suspendre les articles 2 à 73? On pourrait commencer par
les définitions, à l'article 1. C'est d'ailleurs un titre
général, le tout début du projet de loi. Cela ne nous fait
pas entrer dans le chapitre des dommages corporels, lequel commence à
l'article 2, dont le titre est "Indemnisation du dommage corporel". Le titre 2
commence à l'article 2. Il pourrait simplement proposer un amendement.
Je suis certain que, de toute façon, de l'autre côté, on va
avoir l'imagination de trouver un amendement. Alors pourquoi pas
celui-là?
M. Fontaine: M. le Président, je pense qu'on ne pourrait
pas accepter ce que le député de Rosemont vient de nous
suggérer, parce qu'il faudrait également demander qu'on
étudie immédiatement l'article 17, qui nous dit: "Nul n'a droit
à l'indemnisation prévue au présent titre dans les cas
suivants. a) si le dommage est causé lorsque l'automobile n'est pas en
mouvement dans un chemin public...
M. Paquette: Si on commençait l'étude des articles
comme vous le demandez, les uns à la suite des autres, 1 suivi de 2,
suivi de 3, suivi de 4, quand on serait rendu à l'article des
définitions, on n'étudierait pas l'article 17, on
étudierait l'article 1.
M. Fontaine: Non, mais ce qu'on dit, par exemple, c'est que, si
on n'a pas le coût, la tarification, on ne peut pas vous faire des
amendements sérieux, en vous disant: On voudrait, à l'article 1,
inclure, à la définition, ajouter: ou dans lequel une automobile
est impliquée pour que, par exemple, un accident où il y a un
train d'impliqué soit inclus dans cette définition.
Si on veut faire un amendement de la sorte, il faut connaître les
implications de cet amendement dans le coût du régime.
M. Paquette: C'est un argument pour ne pas commencer par
l'article 1.
M. Fontaine: C'est un argument pour avoir les coûts avant
de commencer.
Le Président (M. Bertrand): Terminé, M. le
député de Nicolet-Yamaska? M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je m'étonne
énormément que le côté ministériel, le
côté gouvernemental n'ait pas compris les demandes
répétées, surrépétées des membres de
l'Opposition.
Il y a, dans ce projet de loi, à l'article 1, trente
définitions. Je ne sache pas qu'il y ait eu tellement de projets de loi,
devant l'Assemblée nationale, qui aient comporté autant de
définitions dans un texte de loi. Trente définitions. Qu'on ne
vienne pas me
faire croire, ce matin, que les définitions n'auront pas
d'implications sur chacun des articles ou à peu près chacun des
articles, à partir de l'article 74.
Ce qu'on demande, ce n'est pas un mystère ni un miracle, c'est
qu'on veut savoir où on va. On veut travailler de façon logique.
Ce n'est pas sorcier. On n'a pas dit au gouvernement qu'on allait faire un
"filibuster" pour empêcher l'adoption du projet de loi et qu'on allait
bloquer systématiquement l'article 1, comme j'ai vu dans le
passé. Ce n'est pas cela.
On demande au gouvernement de nous donner des chiffres. On nous a dit,
la semaine dernière, qu'on nous donnerait les chiffres dans trois jours.
Cela fait six jours et on ne les a pas encore.
On nous demande ce matin de suspendre les articles 1 à 73 alors
que l'article le plus important dans ce projet de loi, qui comporte des
implications sur tout l'ensemble du projet de loi, c'est l'article 1, à
cause des trente définitions qu'il comporte.
Motion d'amendement
Je vais être obligé, à mon grand regret, de proposer
un amendement à la motion qui est en cours pour essayer de trouver des
moyens pour faire comprendre encore à nos amis d'en face l'importance de
mettre les cartes sur la table avant de procéder.
Je propose donc, M. le Président, et je suis sûr, vous
connaissant, que vous ne pouvez pas faire autrement que d'accepter mon
amendement, que cette commission suspende l'étude des articles 1
à 73 inclusivement remarquez bien que je ne suis pas d'accord
avec la première phraséologie, c'est tout simplement une
subtilité que j'emploie à ce moment-ci, je le dis en toute
honnêteté; c'est une subtilité que j'emploie à ce
moment-ci pour essayer de gagner du temps, encore une fois, et pour permettre
au gouvernement de préparer ses documents; on est obligé d'agir
de cette façon; mon amendement se lira comme suit jusqu'au
dépôt à l'Assemblée nationale il n'est pas
dit que ce sera en commission parlementaire ou à l'Assemblée
nationale par le ministre, de la table de tarification et des
études du coût du régime public.
Je demande que ces documents soient déposés à
l'Assemblée nationale. Ce sont les documents officiels. Cela va
même aider le ministre puisqu'il parlait de faire une conférence
de presse. Cela va aider nos amis les journalistes, au moment où ces
documents seront rendus publics. Je serais tenté de dire qu'on les
dépose à l'Assemblée nationale au moins 24 heures avant
qu'on en commence l'étude en commission parlementaire. Je ne le ferai
pas, M. le Président, en guise de collaboration. Mais c'est pour vous
dire qu'on pourrait aller encore plus loin.
Qu'on les dépose, ces documents, à l'Assemblée
nationale, et que la motion qui convoquera la commission parlementaire, qui ne
peut être faite que par le leader du gouvernement ou celui qui le
remplace, le leader adjoint, mais que les documents soient
déposés comme le prévoit l'article 174 de notre
règlement selon lequel, lorsqu'on demande les dépôts de
documents vous avez reçu la motion, M. le Président
les documents doivent être déposés devant
l'Assemblée nationale. C'est en conformité avec les dispositions
de notre règlement, je pense, qu'au moins cela, les documents et les
tables de tarifications et les études du coût du régime
public... On parle des études du coût du régime où
il y aurait encore place pour un autre amendement...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, avant que vous ne vous engagiez sur cette voie, je voudrais
simplement vous dire que votre amendement a cette caractéristique
d'être à la fois recevable et irrecevable. Je vous dis pourquoi.
C'est que tout cela part d'une bonne volonté; mais le président
allait, de toute façon, indiquer à cette commission, que, comme
il ne peut y avoir de dépôt qu'à l'Assemblée
nationale et qu'il n'y en a pas en commission parlementaire, il est bien
évident que, si nous adoptions une telle motion, c'est parce que nous
demandons que ce soit à l'Assemblée nationale que se fasse un
dépôt, puisque nos règlements le prescrivent.
Dans les circonstances, je devrais moi-même me prévaloir
d'un des articles de notre règlement qui me permet d'améliorer,
dans sa forme, une motion présentée par un député.
Il est tout à fait évident qu'après le mot
"dépôt", il devrait être mentionné "à
l'Assemblée nationale" pour plus de clarté, quoique ce soit
déjà implicite quand on sait que les dépôts se font
uniquement à l'Assemblée nationale.
Pour ces raisons, M. le député de Beauce-Sud, si vous me
le permettez, je préférerais que nous incluions, sans même
recourir à la motion d'amendement, cette notion de dépôt
à l'Assemblée nationale.
M. Roy: Je vous remercie, M. le Président. Dans votre
désir d'amendement...
Le Président (M. Bertrand): Vous avez quand même le
droit de parler sur la motion, M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: ... accepteriez-vous, par la même occasion,
d'ajouter "au moins 24 heures avant la convocation de la commission
parlementaire"?
Le Président (M. Bertrand): Vous iriez beaucoup plus loin
que le prescrivent nos règlements.
M. Roy: Je pense, quand même en toute logique si
vous permettez, je terminerai là-dessus tout simplement que si je
suis d'accord qu'on procède par dépôt, à
l'Assemblée nationale, de ces documents, cela ne veut pas dire, d'un
autre côté, que je suis d'accord qu'on suspende l'étude des
articles 1 à 73. On pourrait faire une autre motion dilatoire et
demander que soient suspendus les articles 20 à 73 et changer le chiffre
1 par le chiffre 20. Ce serait une motion qui serait receva-
ble, qui n'irait pas à rencontre de nos règlements. Je
pense que, M. le Président, sans présumer de vos intentions, ce
serait assez difficile de refuser un tel amendement. Je pourrais le faire, je
serais en loi de le faire, mais, encore une fois je terminerai
là-dessus qu'on comprenne bien du côté
gouvernemental que nous désirons, avant d'entreprendre l'étude de
ce projet de loi, que ce soit l'article 1, l'article 22, l'article 74,
l'article 83, l'article 187 ou 190, nous voulons avoir les chiffres, nous
voulons avoir les documents, nous voulons savoir où nous allons et nous
voulons que les cartes soient mises sur la table.
Toutes les motions que nous présentons sont des motions, en somme
on l'a bien compris dilatoires, pour gagner du temps. Je
déplore qu'on soit obligé de faire ce genre de chose pour tenter
de convaincre nos collègues du gouvernement que l'Opposition est
prête à travailler et qu'elle n'a pas l'intention de faire un
"filibuster" lorsque la loi sera appelée, article par article, mais une
fois que les cartes seront mises sur la table. Nous voulons travailler en
connaissance de cause. Il me semble qu'on n'aurait pas eu besoin de perdre deux
demi-journées complètes plus une journée et demie presque
complètement pour essayer de faire comprendre au gouvernement que c'est
tout simplement cela qu'on demande et que c'est cela qu'on veut. C'est
légitime qu'on le demande. C'est tout à fait logique qu'on
l'obtienne.
Encore une fois vous allez être obligé de
considérer qu'il est 12 h 30, M. le Président en
terminant, j'aimerais bien, étant donné que la commission
parlementaire ne peut pas siéger sans une autre motion de
l'Assemblée nationale, qu'on se rende bien compte et qu'on prenne note
que l'Opposition est unanime de ce côté. L'Opposition fait bloc,
fait front commun de ce côté. Qu'on en tienne compte avant de
convoquer à nouveau à 16 h 30, sur une motion, la commission
parlementaire des consommateurs, coopératives et institutions
financières pour nous faire étudier le projet de loi, article par
article, si on n'a pas les documents demandés. J'espère qu'on l'a
compris.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L' Islet.
M. Giasson: La procédure de travail proposée par la
motion du député de Rosemont me paraît inadmissible pour
les raisons qui ont été invoquées par quelques-uns des
intervenants qui m'ont précédé. Il s'agit là d'une
procédure qui va totalement à l'encontre de la procédure
que je connais depuis bientôt huit ans en cette Assemblée et dans
les commissions parlementaires. Je ne me souviens d'aucune situation où
on ait procédé à l'étude d'un projet de loi
très important dans le passé...
Il s'agit ici d'un projet de loi très important. On veut changer
le régime d'indemnisation en y apportant d'autres dimensions telles que
rendre obligatoire la couverture pour indemnisation en dommages
matériels. On travaille ce matin... Si on acceptait la proposition du
député de Rosemont, on travaillerait un peu comme des gens qui
décideraient de bâtir quelque chose. Au lieu de commencer la
réalisation d'un projet, d'un édifice par les fondations... Je
pense que l'article 1 et les autres qui suivent, particulièrement
l'article 17, vont avoir des incidences, qu'on le veuille ou non.
Même si l'article 17 traite de l'indemnisation des blessures
corporelles, il y aura des relations et des incidences en ce qui a trait
à la responsabilité obligatoire pour indemniser les dommages
corporels. On le verra au cours du débat, à l'intérieur de
ces articles.
On fonctionne, dis-je, comme si on voulait bâtir un édifice
en commençant par le deuxième étage au lieu d'y aller
d'abord, au départ, avec une fondation. La fondation réside, au
départ, dans la discussion qu'on doit avoir à l'article 1 parce
qu'il s'agit du secteur des définitions et, par exemple, la
définition du mot "automobile", telle que donnée à
l'article 1, par rapport à ce qu'elle devrait être, selon moi, va
nécessiter des changements. Il m'apparaît qu'il va être
nécessaire de faire des réajustements dans la définition
du mot "automobile".
Donc, cette procédure proposée par le député
de Rosemont m'apparaît inadmissible, et je crois, et je pense je
le dis parce que je le crois que bientôt nous aurons les documents
qui sont réclamés depuis le début des travaux par une
partie des membres de la commission. Je crois qu'il vaudrait peut-être
mieux modifier la procédure, oublier cette suggestion faite par le
député de Rosemont et entreprendre l'étude de notre projet
de loi lorsque les documents réclamés seront produits à
l'Assemblée nationale, et que tous les membres auront pu en prendre
connaissance et se faire une idée plus complète de ce que va
être l'ensemble du régime proposé aux
Québécois en matière d'indemnisation.
Je ne peux souscrire à la proposition du député de
Rosemont. Je préférerais que le ministre retarde peut-être
la commission de deux jours. Dans deux jours, possiblement, nous pourrions
avoir les documents que tout le monde désire et nous pourrions commencer
véritablement, dans un climat plus favorable, plus serein et plus sain,
l'étude du projet de loi no 67 article par article.
Le Président (M. Bertrand): Alors, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)