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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières reprend ses travaux pour étudier le
projet de loi numéro 67, Loi sur l'assurance automobile, article par
article.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain) M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Goulet (Bellechasse) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre),
M. Larivière (Pontiac) remplacé par M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M. Marquis
(Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé par M. Le Moignan
(Gaspé), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Retrait de la motion pour suspendre l'étude des
articles 1 à 73
Avant d'appeler l'article 1, je voudrais que nous disposions d'une
motion qui était en suspens devant cette commission, qui était
présentée par le député de Rosemont, qui se lisait
comme suit: "Que cette commission suspende l'étude des articles 1
à 73 inclusivement jusqu'au dépôt à
l'Assemblée nationale par le ministre de la table de tarification et des
études de coûts du régime public". Est-ce que je dois
comprendre que maintenant que le dépôt a été fait
à l'Assemblée nationale le député de Rosemont, qui
est absent ce matin, quelqu'un accepterait de retirer cette motion au nom du
gouvernement?
Mme Payette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que du consentement de
la commission la motion peut être retirée?
M. Saint-Germain: Accepté, M. le Président.
M. Raynauld: Est-ce que, suivant les procédures, on a le
droit de dire quelque chose là-dessus, avant qu'elle soit
retirée?
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Roy: II s'agit d'une motion de retrait, M. le
Président. Une motion est toujours débattable.
Le Président (M. Bertrand): Je vais vérifier tout
cela, M. le député de Beauce-Sud, tranquillement, pas vite. M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, avant de retirer la motion
il me semble qu'il vaudrait la peine d'exprimer quelques remarques sur le
document qui nous a été soumis, en particulier sur les
coûts du régime, et sur la tarification.
Mme Payette: ...
Le Président (M. Bertrand): Je n'avais pas l'oreille tout
à fait orientée vers le député d'Outremont.
M. Raynauld: Je voulais savoir s'il était possible que je
fasse des remarques sur le document qui nous a été soumis. J'ai
l'impression que cela devrait être...
Le Président (M. Bertrand): Pas à ce stade-ci, M.
le député d'Outremont. Vous pourriez le faire au nom de votre
parti, au moment des exposés qui pourraient être faits par chacun
des représentants, comme c'est l'habitude une fois que l'article 1 sera
appelé.
M. Raynauld: M. le Président, si cela en est ainsi, je
voudrais parler sur la motion. Ce que je voudrais dire c'est...
Le Président (M. Bertrand): Un instant, M. le
député d'Outremont. Je voudrais, auparavant, que nous saisissions
bien le sens d'une motion de retrait. A l'article 85 de nos règlements
nous lisons ceci: "1. Tant qu'une motion n'a pas été mise en
délibération, elle peut être retirée avec la
permission du député qui l'a présentée." Ce qui
n'est pas le cas parce que nous avons déjà commencé
à délibérer sur cette motion lors de séances
précédentes. "Après la mise en délibération,
elle peut faire l'objet d'une motion non annoncée de retrait avec la
permission de son auteur. Le proposeur de la motion de retrait doit se borner
à énoncer succintement ses motifs, et la motion est mise
immédiatement aux voix. "2. Cette motion ne peut provoquer qu'un
débat restreint au cours duquel le proposeur peut parler dix minutes et
exercer un droit de réplique de même durée après que
les représentants des partis reconnus d'opposition se sont fait entendre
pendant une durée d'au plus dix minutes chacun."
C'est le règlement qui va donc maintenant nous amener, d'une
part, à recevoir une motion de retrait de la part du gouvernement;
ensuite, si les partis veulent se prévaloir de l'article 85, à
leur permettre de faire leurs commentaires sur cette motion de retrait pendant
au maximum dix minutes chacun.
M. Vaillancourt (Jonquière): Voulez-vous une copie
écrite de la motion de retrait, M. le Président?
Le Président (M. Bertrand): Je
préférerais
que cette motion soit formulée dans les formes, tel que le
prescrivent nos règlements.
M. Saint-Germain: Je vous ferais remarquer, M. le
Président, que dans nos règlements, il faut que ce soit l'auteur
de la motion qui fasse cela et il est absent.
Le Président (M. Bertrand): C'est exact. Il est fait
mention de l'auteur de la motion. Cependant, il faudrait comprendre une chose.
Le député de Rosemont, M. Paquette, agissait, au moment où
il était présent à cette commission, comme
représentant du leader parlementaire, c'est-à-dire qu'il
représentait le gouvernement comme membre de la commission. Aujourd'hui,
c'est le député de Jonquière qui exerce ce rôle au
nom du gouvernement.
M. Roy: M. le Président, sur le point que vous venez de
mentionner, je ne veux pas faire de procédurite, mais dans
l'interprétation de nos règlements, les décisions qui sont
prises servent toujours de jurisprudence et de guide pour les travaux des
commissions à venir. Il est bien dit, dans le règlement, "avec la
permission de son auteur". Il n'est pas dit avec la permission du
représentant du gouvernement, ce qui changerait, en somme, le fond
même de la question. C'est la permission de son auteur.
Alors, les motions qui arrivent devant une commission parlementaire ne
viennent pas au nom du gouvernement, ne viennent pas au nom de l'Opposition
officielle; elles viennent au nom d'un membre d'une commission parlementaire,
d'un député spécifiquement désigné.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, vous admettrez avec moi qu'il n'est pas fait mention de
façon explicite que c'est l'auteur lui-même de la motion...
M. Roy: C'est clair!
Le Président (M. Bertrand):... qui doit obligatoirement
présenter la motion de retrait. On dit bien: Avec la permission de son
auteur. Cela veut donc dire que n'importe quel membre de la commission,
même un député de l'Opposition, pourrait, à la
limite, avec la permission de l'auteur de la motion que nous avons devant nous,
invoquer la motion de retrait et permettre qu'elle soit débattue.
M. Roy: Je préfère cette interprétation du
règlement à celle que vous avez donnée
précédemment.
Le Président (M. Bertrand): D'accord, M. le
député de Beauce-Sud.
Mme Payette: M. le Président, c'est avec la permission de
l'auteur que j'avais proposé qu'on retire cette motion.
Le Président (M. Bertrand): Cette motion de retrait est
formulée par le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je suis en train de la
rédiger, M. le Président.
M. Roy: Nous avons le privilège de recevoir l'auteur.
M. Paquette: On en est au retrait de la motion? Il me fait
plaisir de la retirer, M. le Président, pour qu'on puisse commencer.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, j'ai terminé, M.
le Président. Conformément à l'article 85 du
règlement, il est proposé que la motion actuellement en
délibération et présentée par le
député de Rosemont soit retirée.
Le Président (M. Bertrand): Alors, sur cette motion de
retrait, est-ce que quelqu'un, au nom du gouvernement, veut s'exprimer pendant
les dix minutes qui lui sont accordées? Non. Les représentants de
l'Opposition désirent-ils se faire entendre sur cette motion de retrait?
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais exprimer des
vues, au nom de l'Opposition officielle, sur cette motion. Nous allons nous
opposer à la motion de retrait parce que les documents qui nous ont
été fournis sont incomplets.
Ils sont écrits de telle manière qu'il est
extrêmement difficile de juger de la portée de la question qui est
traitée dans le chapitre sur les coûts. Je pense que, dès
le moment où le livre bleu avait été déposé
le printemps dernier, il avait été très clairement
établi que ce que nous voulions, c'était une estimation des
coûts pour des années ultérieures et pas seulement pour
l'année 1978. Or, ce que nous nous avons dans le document, c'est une
estimation pour l'année 1978 seulement. Lorsque nous avons affaire
à des régimes qui impliquent des rentes qui sont données
pour plusieurs années, il est bien évident qu'on ne peut pas
avoir une idée juste et correcte du coût et du financement du
régime si nous n'avons pas des projections de ces rentes qui seront
payées année après année.
Là ce que nous avons, c'est une estimation, pour l'année
1978 seulement, qui tient compte probablement des accidents susceptibles de
survenir en 1978, qui tient compte des coûts de 1978, mais pour les
années ultérieures, nous n'avons rien. Je pense qu'à cet
égard, ce document est tout à fait incomplet. En plus, il est
préparé de façon qu'il est impossible pour des gens qui
n'ont pas travaillé dans le domaine directement, et même pour
ceux-là, de juger de la validité des résultats parce que
les hypothèses qui ont été retenues ne sont pas
explicites. Je vais
donner un exemple de cela: On dit, par exemple, le nombre d'accidents
prévu pour les années à venir est tiré de
l'expérience passée. Cela n'est pas suffisant pour savoir quelles
ont été les tendances qui ont été retenues par ceux
qui ont fait l'étude.
Est-ce que cela a été les tendances de la dernière
année où le nombre d'accidents a baissé? Est-ce que cela a
été les tendances des cinq dernières années? Est-ce
que cela a été les tendances des dix dernières
années? Nous n'en savons rien. J'avais pensé que si le
gouvernement voulait bien soumettre une étude de coûts, ce serait
pour permettre, justement, à tout le monde, à toutes les parties
intéressées d'évaluer quel est le coût du
régime. Or, il n'est pas possible de l'évaluer. Nous sommes
obligés, compte tenu de ce document, à l'heure actuelle, de tenir
pour acquis les chiffres qui nous sont donnés et il n'est pas possible
de reproduire les calculs. Il n'est pas possible de savoir exactement quelles
sont les hypothèses qui ont été retenues. Et comme je l'ai
dit tout à l'heure, la principale faiblesse, c'est que nous n'avons pas
des aperçus pour les années à venir.
Il est évident que si, en 1978, il y a 100 accidents pour
lesquels on en paie dix suivant des rentes, la deuxième année,
les dix qui reçoivent une rente la première année, vont
recevoir une rente la deuxième année. Et s'il y a encore dix
autres accidents, on est rendu à 20 la deuxième année.
Je pense qu'il aurait absolument fallu avoir un aperçu pour
plusieurs années à venir. Ce qui me surprend le plus, c'est qu'il
me semble bien d'après le texte...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
une question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense qu'il faut bien se
mettre dans la tête que la motion que nous sommes en train de
débattre actuellement est une motion de retrait conformément
à l'article 85 et non pas la motion du député de Rosemont.
J'écoute le député d'Outremont depuis quelques minutes,
puis je me rends compte qu'il est en train de discuter de choses qui font
partie de la motion du député de Rosemont, à savoir les
documents qui auraient été déposés à
l'Assemblée nationale. La seule question que l'on doit se borner
à décider actuellement, c'est: Est-ce que la commission autorise
le retrait d'une motion? Si nous sommes contre, nous devons dire simplement
pourquoi on ne devrait pas retirer la motion et non pas embarquer sur le fond,
qui sont les documents présentés à l'Assemblée
nationale. Je suis sûr que le député d'Outremont aura
d'autres occasions de présenter possiblement d'autres motions ou
d'intervenir à d'autres articles sur ces sujets, parce que la motion ne
parle absolument pas de tarification ni de choses du genre.
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît. Ne vous en déplaise, M. le député de
Jonquière, en ce moment nous avons un court débat sur une motion
de retrait et cette motion a trait à une motion préalablement
déposée par le député de Rosemont, à savoir
que cette commission suspende l'étude des articles 1 à 73
jusqu'au dépôt à l'Assemblée nationale par le
ministre de la table de tarification et des études de coût du
régime public. Vous admettrez avec moi qu'il est assez difficile de ne
pas en même temps s'opposer au retrait de cette motion et parler des
raisons qui peuvent faire que le parti de l'Opposition officielle ne veuille
pas retirer cette motion. A son avis, semble-t-il, la table de tarification et
les études de coût du régime public telles que
déposées à l'Assemblée nationale ne correspondent
pas à ce qu'était son attente de dépôt d'une table
de tarification et des études de coût du régime public.
Dans les circonstances, vous admettrez avec moi qu'il est assez
difficile de différencier la forme et le fond sur un tel type
d'intervention.
M. le député d'Outremont, il vous reste six minutes.
M. Raynauld: Merci, M. le Président, je pensais bien que
dans votre sagesse ce serait exactement le jugement que vous rendriez sur cette
intervention.
Je disais donc que le document qui nous a été soumis, en
particulier le document sur les coûts, est un document qui, à
cause de sa forme, ne nous permet pas d'utiliser le peu de connaissances qu'on
peut avoir sur le sujet.
Je pense que nous devons vraiment obtenir du gouvernement un document
qui va servir aux fins de cette commission et non pas un document qui a pu
être préparé pour d'autres raisons, mais qui, dans sa forme
actuelle et parce qu'on n'a pas les hypothèses, parce qu'on n'a pas les
estimations de coût sur les années ultérieures, ne nous
permet pas de faire notre travail ici, en commission, comme il était
entendu qu'on le ferait si nous disposions des informations indispensables dont
nous avons besoin.
En plus, je puis vous dire que nous avons déjà
essayé d'obtenir des avis sur le document et que les actuaires que nous
avons consultés se disent incapables de juger de ce document avant
plusieurs jours, sinon quelques semaines. C'est bien la preuve que ce document
n'est pas dans une forme propre à être utilisée. Je me
demande si cela n'a pas été fait de façon
délibérée, pour confondre ceux qui réclamaient des
études de coûts et pour nous empêcher de porter un jugement
sur le projet de loi. Le ministre doit savoir que ce qui nous préoccupe
là-dedans ce n'est pas de faire de la partisanerie. Ce qui nous
préoccupe, c'est d'avoir un projet de loi qu'on est capable de juger et
d'évaluer en tenant compte des informations. Comme on n'a pas
d'information, on va prendre des positions idéologiques sur le sujet. Si
c'est ce que le gouvernement
veut, on va prendre des positions de principe et on va s'opposer pour
des raisons de principe.
On avait espéré je l'ai pensé lorsque le
document a été déposé la semaine dernière
qu'on pourrait avoir une discussion sérieuse sur le coût du
régime. Or, sans nier l'utilité des informations qui existent, ce
sont des informations incomplètes, qui ne nous permettent pas de faire
le jugement approprié attendu de parlementaires avant d'adopter un
projet de cette importance.
Pour cette raison que le gouvernement n'a pas satisfait à notre
demande en nous soumettant ce document, nous allons continuer à
persister à demander de nouveau des documents qui nous permettent de
faire notre travail. Ce document est insuffisant à cet égard. Il
aurait été facile au gouvernement de fournir des choses
élémentaires, comme nous dire combien d'accidents ont
été prévus. Quand on nous dit que ce sont des publications
qui ont servi à établir les hypothèses, il aurait pu y
avoir au moins une annexe qui nous aurait donné ces informations. Au
moment du livre bleu, on avait dit qu'il nous fallait des estimations de
coût pour les années ultérieures et non pas seulement
l'année 1978; cela a été la principale critique que nous
avons faite. Le gouvernement était au courant de cette critique, et ce
qu'on nous donne, c'est un autre document qui porte seulement sur
l'année 1978. Je trouve cela inacceptable.
Le Président (M. Bertrand): Bien. M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je voudrais dire
quelques mots dans le cadre de cette discussion, parce que, si nous examinons
ce document, qui est plutôt une base de référence que l'on
nous a donnée, et si on regarde les chiffres, on sent très bien
que c'est une étude bien incomplète. On nous parle de
statistiques non disponibles; les statistiques, donc, sont incomplètes,
il y aura une variation avec les années et, là encore, on peut
interroger différentes sources qui sont tout à fait
contradictoires.
Le coût réel du régime va être connu dans
quelques années seulement; alors, on voit déjà les points
d'interrogation qui vont se poser. On n'a pas calculé les
réserves qui seront nécessaires pour payer les indemnités.
L'écart entre le coût réel et le coût estimé,
va dépendre des variations entre les hypothèses choisies et le
comportement réel aussi des facteurs qui auront une influence sur les
coûts. Il y a le choix des hypothèses qui semble primordial. Si on
base tout cela sur des statistiques incomplètes, il n'est pas
étonnant que nous n'ayons pas la lumière nécessaire pour
procéder en pleine connaissance de cause.
Il semble qu'il y ait un manque de collaboration entre les gens du
milieu et les gens qui s'occupent des affaires, qui ont tout de même une
vaste expérience. Je me demande ce qu'ils en pensent et s'ils sont
d'accord avec le document qui nous a été proposé. On peut
considérer aussi, d'autre part, une fluctuation qui est très
défavorable au niveau du nombre des victimes et des prestataires. On
peut songer à l'assurance-maladie, surtout dans les débuts, quand
il y a eu cette espèce de garrochage, cette précipitation des
gens. Je crois que le nombre des réclamants dans les débuts de
l'assurance-maladie a été très élevé.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, mais là je
pense que vous glissez vraiment sur tout le fond de cette table de tarification
et du coût du régime public d'assurance automobile. N'oublions
jamais qu'il est question ici, à ce moment de nos débats, du
retrait de la motion du député de Rosemont et je veux surtout
entendre les raisons que vous invoquez pour ne pas vouloir retirer cette motion
du député de Rosemont.
M. Le Moignan: Non, je vais mettre les freins un petit peu, M. le
Président, mais je glisse...
Le Président (M. Bertrand): Nous reviendrons, de toute
façon, au cours du débat, j'ai l'impression, sur tous ces aspects
du dépôt des documents.
M. Le Moignan: Je glisse un petit peu, mais je ne suis pas en
dehors de la course. Alors, je vais mettre les freins.
Mme Payette: II ne faut pas capoter.
M. Le Moignan: Je voulais dire, à propos de cet ajustement
du niveau des revenus sur le salaire des travailleurs des dernières
années, qu'on s'aperçoit qu'il y aurait encore l'indexation du
salaire minimum qui va faire augmenter cette moyenne. On peut se poser la
question sur les frais d'indemnisation du 6%, alors qu'on prévoyait
à ce moment $385 millions. Est-ce que les frais d'administration vont
être baissés par le fait même?
Je pense que nous sommes favorables à cette motion parce que nous
avons voté, je crois, l'Union Nationale, je n'étais pas
présent, contre la suspension des articles 1 a 73.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, quelques brèves remarques
à la suite des propos des députés d'Outremont et de
Gaspé. Lorsque j'ai pris connaissance des documents qui nous ont
été remis, en fin de semaine, j'ai été très
déçu. Je vais me limiter, parce que je suis limité dans le
temps, à parler du coût du financement du régime. Je pense
que mon collègue d'Outremont en a parlé passablement, et je
partage ses opinions en ce qui a trait au coût des indemnités qui
seront versées aux victimes d'accidents.
En ce qui a trait au coût du régime, quant à son
financement, dans le tableau B, M. le Président, et c'est la raison pour
laquelle je vais m'opposer au retrait de la motion qui avait
été
présentée par le député de Rosemont
antérieurement, c'est que pendant tout le temps où les
commissions parlementaires ont siégé pour entendre les
mémoires et les organismes qui sont venus devant nous, je me souviens
encore avoir entendu dire par Mme le ministre que la taxe sur les carburants
était une formule qui avait été rejetée.
On a appris, la semaine dernière, qu'effectivement le
gouvernement avait décidé, à la toute dernière
minute, d'avoir recours à cette forme de financement. Ce que le
gouvernement ne nous a pas dit, et je pense que ce qui serait
intéressant de savoir... Je m'excuse de déranger le ministre au
moment où elle lit son journal.
Mme Payette: Je vous écoute, M. le député de
Beauce-Sud. C'est passionnant d'ailleurs.
M. Roy: Vous êtes chanceuse de pouvoir faire deux choses en
même temps.
Mme Payette: C'est parce que le Devoir ne mérite pas
vraiment toute mon attention non plus.
M. Roy: II n'y a pas personne ici qui représente le
journal? C'est très flatteur. Je dois dire que je ne souscris pas aux
propos du ministre. Je reviens sur la question de la taxe sur les carburants.
Ce que le document ne nous dit pas et qu'il serait extrêmement important
de savoir: est-ce qu'il s'agira d'une nouvelle taxe ou s'il s'agit d'un partage
des montants déjà perçus par le ministère du
Revenu?
Si c'est un partage des taxes que perçoit le ministère du
Revenu, je pense qu'on entre dans un domaine qui nous permet de conclure que le
gouvernement commencerait déjà à subventionner et à
priver le ministère du Revenu du Québec d'autres capitaux, alors
que tous les ministères sont obligés de se serrer la ceinture. Il
est évident qu'on ne parle plus de la même chose, à ce
moment-là. Ce n'est pas clair, dans ce document. On n'en fait aucunement
mention.
Le deuxième point, le permis de conduire. On parle du permis de
conduire à $13. 3,1 millions à $13, ce qui me fait dire que les
documents sont incomplets et que je ne peux pas accepter que la motion soit
retirée. Sur les 3 millions de véhicules à $13, on prend
la totalité des sommes perçues pour les permis de conduire pour
financer le régime d'accidents, alors qu'on sait très bien qu'il
y a $3 annuellement, le montant des permis de conduire, qui sont payés
par les automobilistes du Québec qui vont au fonds consolidé du
revenu de la province.
Cela me fait dire que c'est une nouvelle subvention si le gouvernement
décide de prendre la totalité des sommes perçues pour les
permis de conduire pour financer le régime d'assurance automobile. Le
gouvernement du Québec devra avoir recours à d'autres sources de
revenus pour financer ses autres programmes. De toute façon, je n'accuse
pas le gouvernement à ce moment-ci. Il n'en est pas question. La
distinction n'est pas faite. On ne nous a pas donné ces informations. On
ne nous a donné aucune indication précise de ce
côté.
Pour ce qui a trait à l'assurance-hospitalisation, c'est la
même chose. Le gouvernement va-t-il donner suite aux demandes
répétées voulant que le régime
d'assurance-hospitalisation ne soit plus remboursé par le régime
d'assurance automobile? A ce moment, il faudra qu'on le dise clairement de
façon qu'on soit en mesure de faire des calculs entre le coût du
régime public et le coût de ce qu'aurait pu être un
régime d'assurance privé.
C'est la même chose pour l'assurance-maladie. On ne nous a
donné aucune indication concernant les modifications
présentées dans son document par l'honorable ministre sur les
amendements au projet de loi qui diminuent de 12% à 18% les
indemnités prévues en cas de décès et pour les
personnes survivantes, c'est-à-dire les personnes qui seront les
bénéficiaires des prestations et qui sont
considérées comme personnes à charge.
Alors, M. le Président, pour toutes ces considérations, il
y a plusieurs millions qui sont en cause à l'heure actuelle. Je l'ai dit
en fin de semaine dernière et j'ose même répéter que
les documents qui nous ont été présentés l'ont
été sous une forme d'opération camouflage afin de
camoufler, par toutes sortes de subtilités, le coût réel du
régime de l'assurance automobile.
Le gouvernement devrait nous dire exactement ce qu'il en est,
répondre aux questions qui ont été déposées
tout à l'heure par le député d'Outremont, répondre
aux objections et aux réserves de mon collègue, l'honorable
député de Gaspé, et également répondre aux
questions que je viens de poser.
M. le Président, on n'est pas ici pour nous amuser. Ce sont des
questions qui intéressent toute la population, du Québec. Avant
d'entreprendre l'étude de ce projet de loi article par article, ce sont
des points, des réponses que nous devons obtenir. Ce sont des points sur
lesquels les parlementaires des deux côtés de la table doivent
avoir toutes les informations nécessaires, non seulement des
informations verbales mais des documents qui nous précisent, de
façon très claire, très nette, la position réelle
du gouvernement.
M. Paquette: Etes-vous pour ou contre la motion?
M. Roy: Je suis contre la motion de retrait.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, vous avez demandé la parole. Vous exercez votre droit de
parole comme droit de réplique.
M. Paquette: M. le Président, le ministre pourrait dire,
à juste titre, libéral varie, fol qui s'y fie. Cela fait trois
tentatives que l'on fait pour commencer les travaux de cette commission.
Pardon?
M. Saint-Germain: Question de règlement. A quel article,
M. le Président, a-t-on le droit de réplique à cette
commission? Est-ce à l'article 85?
Le Président (M. Bertrand): C'est l'article 85. Cette
motion ne peut provoquer qu'un débat restreint au cours duquel le
proposeur peut parler dix minutes et exercer un droit de réplique de
même durée. Il n'y a même pas eu d'intervention de dix
minutes par le proposeur. Il y a un droit de réplique qui est
exercé en ce moment.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président, cela implique qu'aucun autre membre de cette commission ne
peut parler après le droit de réplique. Autrement dit, que vous
ayez...
Le Président (M. Bertrand): C'est exact. Chaque formation
politique a droit à dix minutes sur la motion de retrait...
M. Lalonde: Dix minutes!
Le Président (M. Bertrand): ... tel que le prescrit
l'article 85.
M. Paquette: Je disais donc, M. le Président:
Libéral varie, fol qui s'y fie. A deux reprises, les
représentants de l'Opposition libérale nous ont amené des
tas d'arguments pour ne pas commencer l'étude du projet de loi à
l'article 74, et maintenant qu'on a une motion devant nous pour retirer cette
proposition de commencer à l'article 74 qui devrait les satisfaire, ils
ne sont pas d'accord, contrairement à leurs collègues de l'Union
Nationale et du Parti national populaire. Je me dis que quand des gens aussi
logiques que le député d'Outremont...
M. Roy: M. le Président, je suis contre le fait qu'on
retire la motion.
M. Paquette: Le retrait.
M. Roy: Je ne diverge pas d'opinion avec mes collègues sur
ce cas.
M. Paquette: Sur la motion qui est à l'étude, vous
divergez d'opinion?
M. Roy: Non.
M. Paquette: Je m'excuse, je vous avais mal compris, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: C'est pour cela, M. le Président, que je tiens
à faire une rectification.
M. Paquette: D'accord, je vous remercie.
M. Roy: Je tiens à vous dire que l'Opposition est
solidaire.
M. Paquette: Très bien!
M. Roy: Je ne voudrais pas que vous insi- nuiez ce matin qu'il y
a une division au sein de l'Opposition.
M. Paquette: Telle n'était pas mon intention, M. le
Président, c'était tout simplement pour mettre en évidence
le fait que le député d'Outremont, qui est pourtant un homme
extrêmement logique et cohérent, adopte des attitudes en apparence
contradictoires. Je me dis, quand un tel phénomène se produit,
que c'est parce qu'il y a de l'obstruction dans l'air, et on va avoir de la
difficulté encore cette semaine à commencer l'étude du
projet de loi. Toutes les questions que se posent le député de
Beauce-Sud, le député de Gaspé et les autres
députés de l'Opposition ne pourront pas recevoir réponse;
on ne pourra pas en discuter vraiment parce qu'on risque de se débattre
dans des motions de procédure.
M. le Président, je pense qu'il faut retirer cette proposition
qui était conditionnelle au dépôt, par le ministre, des
documents à l'Assemblée nationale. C'est une chose faite.
L'Opposition est en désaccord sur le degré d'achèvement du
document. Je pense que tout document soulève des interrogations; tout
document, étant, par sa nature, incomplet, soulève des questions,
demande des précisions qu'on ne pourra malheureusement pas se donner
mutuellement si on ne commence pas l'étude du projet de loi.
On a présenté des arguments à savoir qu'à
cause des rentes indexées, on avait calculé le coût, cette
année, en 1978, mais qu'on ne pouvait pas prévoir le coût
pour l'année prochaine. Je pense que, dans les calculs, c'est en
discutant qu'on va le savoir. On pourra poser des questions au ministre pour
savoir si, effectivement, on a tenu compte de ce qui s'en vient, mais je
soupçonne que, dans la première année, il y aura un fonds
accumulé qui permettra de couvrir les rentes des années qui
viennent.
Le document affirme que le coût véritable sera connu
seulement dans quelques années, ou, plus précisément, je
pense qu'on pourrait dire, aussi, que le coût de fonctionnement de la
première année va être connu à la fin de
l'année. C'est comme cela pour tous les régimes, pour tous les
projets de loi. On fait des estimations, au début, avec les chiffres qui
sont disponibles; on ne peut pas les créer, ces chiffres. Il y a ceux
qui sont disponibles et, pour ceux qui ne sont pas disponibles, on fait des
estimations, on fait des extrapolations, on fait des prévisions. A la
fin de l'année, on verra. Le gouvernement s'engage là-dedans, il
prend des risques et, à la fin de l'année, le rapport de la
régie va être public. S'il y a une différence entre les
prévisions et les coûts, le gouvernement en subira la
conséquence.
Je trouve tout à fait louable que l'Opposition essaie de
ménager les arrières du gouvernement et j'espère qu'au
cours de la discussion ils vont nous aider à évaluer encore plus
correctement le coût du régime de façon que l'erreur qu'on
constatera à la fin de l'année soit réduite au minimum.
Mais je pense qu'on pourrait voir aussi dans ces interventions d'autres
préoccupations qui
touchent au niveau d'incertitude qui existait jusqu'à maintenant
dans la population et que la publication du document risque de faire
disparaître quant au coût du régime. Les gens commencent
à se dire: C'est tellement bon, ce régime, qu'il faudrait
peut-être l'appliquer au matériel. Cela ne va évidemment
pas dans le sens des orientations de l'Opposition; donc, il est utile de
maintenir un peu d'incertitude là-dessus.
Si telle n'est pas l'intention, je ne vois pas pourquoi nous ne
pourrions pas commencer l'étude du projet de loi et c'est le but
du retrait de la motion et, à chaque point, à chaque
article qui implique des coûts, examiner le document et voir si les
chiffres résistent à l'analyse. Je pense que tant les
députés de l'Opposition que les députés
ministériels peuvent le faire sur la base de ce document.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que cette motion de
retrait sera adoptée?
M. Saint-Germain: Vote enregistré.
Le Président (M. Bertrand): Vote enregistré
demandé. Je relis la motion de retrait: "Conformément à
l'article 85 du règlement, il est proposé que la motion
actuellement en délibération et présentée par le
député de Rosemont soit retirée." M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Gagnon (Champlain)? M. Gosselin (Sherbrooke)? M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)?
M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Landry (Fabre)? M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)? M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois (Laporte)? M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette (Dorion)?
Mme Payette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy
(Beauce-Sud)?
M. Roy: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt
(Jonquière)?
M. Vaillancourt: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Je pense qu'une des personnes
membres de cette commission n'a pas été enregistrée au
début. J'accepterai, s'il y a consentement unanime effectivement, qu'on
puisse inscrire cette personne comme on aurait pu le faire, d'ailleurs, au
moment où elle a pris la parole; c'est M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je constate que je n'avais pas le droit de prendre
la parole.
Le Président (M. Bertrand): Exact. En remplacement de M.
Landry (Fabre), M. Paquette (Rosemont) sur la motion de retrait?
M. Paquette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Bien.
Pour: 7 Contre: 5
La motion de retrait est donc adoptée.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): J'appelle immédiatement
l'article 1. Mme le ministre.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
de...
Motion pour production d'une étude du
coût du régime rendant explicites
les
hypothèses retenues
M. Saint-Germain: J'aurais une motion à vous
présenter une motion qui se lirait comme suit: "Que cette commission est
d'avis que le ministre remette dès maintenant aux membres de cette
commission une étude du coût du régime d'assurance
automobile, rendant explicites les hypothèses retenues et comportant des
prévisions pour les années ultérieures à 1978."
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Je voudrais d'abord, avant que
nous allions plus loin, avoir devant moi le texte de cette motion.
M. Saint-Germain: J'espère que vous pourrez le lire.
Le Président (M. Bertrand): La motion se lirait comme
suit: "Que cette commission est d'avis que le ministre remette dès
maintenant aux membres de cette commission une étude du coût du
régime d'assurance automobile rendant explicites les hypothèses
retenues et comportant des prévisions pour les années
ultérieures à 1978." Je pense que j'ai plus de facilité
à la lire, M. le député de Jacques-Cartier, que vous en
avez eu.
M. Saint-Germain: Je constate votre efficacité, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Ce sont les années
d'enseignement à l'université qui nous y ont amenés.
Je demanderai au secrétariat des commissions de faire
dactylographier cette motion qui n'est pas encore reçue parce que
j'accepterai d'abord de recevoir des avis sur la recevabilité d'une
telle motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la recevabilité.
M. le Président, cette commission parlementaire est réunie
ici dans un but bien précis, avec un mandat bien déterminé
qui nous est donné par l'Assemblée nationale, à savoir:
l'étude article par article du projet de loi no 67. Vous n'êtes
pas sans savoir que cette commission doit remplir son mandat et qu'une longue
jurisprudence parlementaire nous dit qu'une fois que certaines motions
préliminaires ont été débattues et
réglées, le président doit, à ce moment, comme vous
l'avez d'ailleurs fait, appeler l'article 1 du projet de loi.
M. le Président, depuis que cette commission siège, je
pense que plusieurs motions préliminaires ont été
débattues, certaines ont peut-être été
adoptées, la plupart ont peut-être été
rejetées, mais je pense que, conformément à cette
jurisprudence, logique d'ailleurs, nous nous devons, à ce stade-ci, de
remplir le mandat que l'Assemblée nationale nous a confié.
D'ailleurs, nous sommes limités par ce mandat et je pense que la motion
préliminaire que nous avons actuellement devrait être
déclarée irrecevable parce que d'autres motions
préliminaires ont déjà été débattues
et que nous nous devons absolument de remplir le mandat de la commission.
M. le Président, vous êtes au courant également de
cette longue jurisprudence. Je n'ai pas besoin de vous la citer. Je pense qu'il
y a des tonnes et des tonnes de décisions, au fil des années, qui
nous démontrent que la commission doit remplir son mandat premier.
M. le Président, j'estime que cette motion devrait être
déclarée irrecevable. Si elle était dé-
clarée recevable, j'estime que ce serait donner ouverture, par
après, à toutes sortes d'autres motions semblables ou analogues
qui pourraient nous être présentées par tous les membres de
l'Opposition et même par les députés
ministériels.
Je pense qu'il est temps de commencer l'article 1. Il ne fait aucun
doute dans mon esprit qu'au fil des articles l'Opposition pourra
présenter des amendements ou poser des questions au ministre qui saura
probablement donner réponses à ces questions.
M. le Président, conformément à cette tradition
parlementaire et à cette jurisprudence, j'estime que cette motion est
irrecevable parce que le temps des motions préliminaires est
expiré. C'est le temps maintenant d'étudier les articles 1 et
suivants du projet de loi.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai tenté d'écouter avec attention le
député de Jonquière et, malheureusement, la faiblesse de
ses arguments m'a distrait un peu.
Essentiellement, il dit: II est temps cela fait pitié
qu'on se mette à étudier article par article. C'est le
seul argument sur la recevabilité. Cela pourrait être un argument,
je ne sais pas, un mélodrame quelconque pour faire pleurer la galerie,
mais là vous êtes appelé, M. le Président, à
décider si on doit accepter cette motion du député de
Jacques-Cartier.
Cette motion évite certaines faiblesses qu'on a vues dans
certaines autres motions d'autres députés que celui de
Jacques-Cartier récemment, c'est-à-dire qu'elle ne demande pas le
dépôt de documents, elle ne suggère pas que la commission
donne un ordre, elle ne suggère pas que la commission trahisse son
mandat, elle ne fait que dire que la commission est d'avis que le ministre
remette aux membres de cette commission des documents.
Sans aller au fond, je me surprends qu'on doive, encore une fois,
plaider sur la recevablité d'une motion qui ressemble, quant à sa
recevabilité, aux autres motions qui ont été
acceptées ici depuis deux semaines et que non seulement techniquement la
présidence avait déclarées re-cevables, mais aussi que le
gouvernement, par son attitude, avait même approuvées
fondamentalement en acceptant de ne pas faire siéger cette commission
après l'argumentation, au fond, de ces motions.
Je pense, M. le Président, que cette motion, qui ne fait que
suggérer un voeu de la part de la commission ce qui est tout
à fait légal le fait que nous la fassions à cette
troisième séance, depuis que nous avons reçu un mandat de
l'Assemblée nationale, n'a pas pour effet de la rendre irrecevable. Je
peux vous citer des précédents tout à fait connus, que
vous connaissez sûrement, quoique plusieurs ont eu lieu avant
votre élection à l'Assemblée nationale, M. le
Président, mais je suis sûr que vous les connaissez quand
même. Ces précédents ont vu des motions
préliminaires à l'étude article par article durer
plusieurs jours, subir des amendements, des sous-amendements, tous ceux qui ont
été reçus l'ayant été malgré le temps
passé à les discuter; les arguments du député de
Jonquière manquent de pertinence je ne voulais pas dire
impertinence parce que, au fond, que ce soit au bout de trois heures ou
de trois jours de discussion, la recevabilité de la motion doit
être décidée sur le fond, le libellé de la motion.
Le libellé de la motion, à mon sens, évite justement les
écueils que nous avons vus dans le passé pour des motions
semblables.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Gaspé désire-t-il intervenir sur la recevabilité de la
motion?
M. Le Moignan: Oui, j'ai quelques brèves remarques, M. le
Président. A notre point de vue, dans l'Union Nationale, nous estimons
que cette motion est recevable parce qu'elle reprend des arguments qui ont
souvent été partagés par notre parti, surtout sur cette
nécessité pour un législateur d'avoir des instruments de
travail qui lui permettent d'étudier un projet de loi.
Si nous sommes ici, c'est bien parce que le gouvernement veut adopter un
projet de loi à la hâte, parce que le gouvernement veut y
introduire de la précipitation. Il semble bien qu'en ce moment
l'Opposition est unanime à dire non à un projet qui est
présenté avec toute la précipitation qu'on lui
connaît. Nous nous doutons que le gouvernement veut faire accepter ce
projet de loi avant la fin de la présente session, nous lui souhaitons
bonne chance! Nous aimerions avoir plus de précisions, ce qui nous
permettrait d'aider le gouvernement dans la poursuite de ses travaux.
Enfin, nous ne voudrions pas faire un cadeau de Noël
empoisonné aux Québécois parce que ce n'est pas le
gouvernement qui va prendre les risques, mais c'est bien la population qui va
les assumer.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, dans votre décision, vous
serez peut-être tenté de vous référer à
l'article 175 et à l'article 176 de notre règlement. Je vous
préviens immédiatement parce que la semaine
dernière, je pense que vous aviez fait référence
également à ces articles qu'il y a un endroit où on
peut demander un dépôt de documents. Il faut se rappeler les
propos qui ont été tenus par le président de
l'Assemblée nationale, jeudi dernier, lorsque nous lui avons
demandé des directives. Des directives ont été
demandées, je pense, par le député de Portneuf dans un cas
particulier, ou par le député de Maskinongé, et, dans
l'autre cas particulier concernant les documents de la commission parlementaire
chargée d'étudier le projet de loi no 67, c'est moi-même
qui avais demandé des instructions au président. Le
président nous a répondu, sur le plan pratique, de nous adresser
à la commission, puisque c'étaient des documents qui regardaient
la commission comme telle et que l'Assemblée nationale n'avait pas en
main.
C'est en vertu de cette décision, de cette remarque qui a
été faite par le président, jeudi dernier, que j'appuierai
la motion et que j'estime que la motion présentée par le
député de Jacques-Cartier doit être reçue à
ce moment-ci. Je pense que c'est la responsabilité des parlementaires
d'avoir l'information dont ils ont besoin. Nous avons des décisions
à prendre dans un domaine qui suscite énormément
d'inquiétude, non pas à cause, comme se plaît à le
dire Mme le ministre, de l'attitude de l'Opposition, mais justement parce que
le gouvernement n'est pas en mesure ou ne semble pas en mesure de nous donner
ou ne veut pas nous donner toutes les informations dont nous avons besoin.
Je pense qu'à partir du moment où la population du
Québec va être informée avec exactitude et qu'elle sera en
mesure d'avoir des réponses aux questions qu'elle se pose, elle pourra
être en accord ou en désaccord avec le gouvernement, mais au moins
nous aurons des réponses et la population aura des réponses.
C'est dans ce sens que j'appuie la motion présentée par le
député de Jacques-Cartier. Il a bien fait de présenter
cette motion. S'il ne l'avait pas fait, j'en aurais présenté une
semblable, parce que j'estime qu'il est extrêmement important, voire
même nécessaire, primordial que nous ayons ces renseignements.
Si le côté ministériel, les députés du
côté ministériel sont mieux informés, sont plus
informés que les députés de l'Opposition, je veux quand
même les en féliciter. C'est leur droit, mais je pense que si
c'est le cas et s'ils ont des informations que nous n'avons pas, c'est notre
droit de demander d'avoir au moins les mêmes informations. S'ils ne sont
pas mieux informés que nous, c'est là que je suis encore plus
inquiet quant à la portée du régime, puis quant aux
intentions réelles du gouvernement.
Alors, de deux choses l'une, ou les députés
ministériels sont mieux informés que nous et qu'on nous le dise,
ou, s'ils ne sont pas mieux informés que nous, qu'ils nous le disent.
Cela nous permettra de nous rendre compte où en est rendu l'état
du dossier.
M. le Président, je vous réfère à la page
4164 du journal des Débats de jeudi le 17 novembre, où le
vice-président nous a donné la réponse suivante: "M. le
député de Beauce-Sud, vous savez fort bien qu'il n'y a pas de
dépôt de documents en commission parlementaire. A l'ordre, s'il
vous plaît! C'est un autre usage et... Je dis simplement ceci: Je suis
fort sensible au fait que présentement l'on se lance des questions en
Assemblée nationale et en commission parlementaire et que les
députés semblent croire qu'ils n'auront la réponse
à aucune des deux places. "Je suis sensible à ce fait, parce que
j'écoute
quand même tout ce qui se passe dans ces commissions et à
cette Assemblée. Je suggérerais au député de
Beauce-Sud de faire un nouvel effort en commission parlementaire. On pourra
vous répondre que la majorité des ministériels aura
toujours le dernier mot, mais je lui suggère tout simplement de demander
qu'on distribue aux membres de la commission les documents qu'elle aimerait
étudier". C'est dans ce sens que la motion a été faite par
le député de Jacques-Cartier. Je pense, M. le Président,
que les propos qu'a tenus le président à l'Assemblée
nationale, le jeudi 17 novembre, lient la présidence de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Bertrand): Je suspends les travaux de la
commission pendant quelques minutes, environ cinq minutes, le temps de prendre
les avis nécessaires pour rendre une décision
éclairée.
(Suspension de la séance à 11 h 35)
Reprise de la séance à 11 h 55
Décision du président
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je m'excuse d'avoir pris plus de temps que ce que j'avais
annoncé, mais je pense que, dans les circonstances, vous comprendrez
qu'il fallait aller puiser un certain nombre d'avis pour être en mesure
de rendre une décision qui donnerait satisfaction aux membres de cette
commission.
Avant de rendre ma décision, j'aimerais que les membres de cette
commission saisissent bien un certain nombre d'éléments qui
régissent les travaux des commissions parlementaires, quelles qu'elles
soient, et qui ont trait à la présentation des motions
préliminaires. De tradition, il est connu que des motions
préliminaires peuvent être présentées, sont
présentées, ont été présentées, entre
autres lorsqu'une commission parlementaire reçoit le mandat de
l'Assemblée nationale, par exemple, d'aller entendre certains
témoins qui veulent faire leurs recommandations et donner leurs avis
à une commission parlementaire. Il est d'usage qu'après la
première lecture ou même après la deuxième lecture,
lorsqu'une commission est invitée à entendre des témoins,
les membres de la commission puissent présenter un certain nombre de
motions préliminaires visant à définir comment vont
être organisés les travaux de la commission, visant à
demander que des personnes puissent être appelées devant la
commission, visant à demander que certains mémoires puissent
être entendus dans un ordre différent, etc.
Il arrive aussi qu'en deuxième lecture, pour ce qui est de
l'étude d'un projet de loi article par article ce qui est un
mandat différent qui est donné par l'Assemblée nationale
toujours aux commissions parlementaires, des motions
préliminaires puissent être présentées pour viser
à mieux organiser les travaux de la commission. C'est la raison pour
laquelle, au cours des séances de cette commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières, il est arrivé,
depuis déjà deux semaines, que nous recevions des motions
préliminaires visant à demander que telle ou telle chose soit
faite, visant à demander qu'un document, par exemple, puisse être
remis aux membres de la commission ou visant à demander qu'on suspende
les travaux d'une commission pour qu'un dépôt de documents puisse
être fait à l'Assemblée nationale. Ces motions
préliminaires ont été faites. Elles ont été
acceptées par la présidence. Elles ont été
discutées. Elles ont été votées.
Dans le cas particulier qui nous concerne en ce moment, à savoir
de demander au ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières de remettre dès maintenant aux membres de cette
commission une étude du coût du régime d'assurance
automobile rendant explicites les hypothèses retenues et comportant des
prévisions pour les années ultérieures à 1978, je
dirai d'abord que nous avons reçu, discuté et voté un
certain nombre de motions préliminaires je ne me rappelle pas
exactement le nombre, mais c'était plus qu'une, et même plus que
deux, si ma mémoire est bonne visant à demander que le
ministre distribue ou remette aux membres de la commission des documents
relatifs au coût du régime public d'assurance automobile et
relatifs aussi à la tarification dans ce projet de réforme de
l'assurance automobile. Ces motions ont fait l'objet de plusieurs heures de
délibérations. Elles ont été votées, dans
certains cas pour être rejetées, dans d'autres cas pour être
adoptées.
Le président prend note qu'à deux occasions les travaux de
la commission ont été ajournés sine die pour donner suite
à des demandes qui avaient été formulées par cette
commission à l'occasion de motions préliminaires. Nous avons
effectivement ajourné une première fois en attendant que certains
documents puissent être déposés à l'Assemblée
nationale ou remis aux membres de la commission.
Lorsque nous étions revenus à la séance suivante,
nous avons constaté que les documents n'étaient pas encore
disponibles. Un nouveau débat était revenu sur la table. On avait
encore demandé que soient déposés des documents avant que
nous n'entreprenions l'étude du projet de loi no 67 article par
article.
Encore une fois, les travaux de la commission ont été
ajournés. La Chambre n'a pas cru bon de redonner ordre à cette
commission de siéger, prétextant qu'il était sans doute
préférable d'attendre, effectivement, que ces documents soient
déposés à l'Assemblée nationale.
Or, suite à ces motions préliminaires, suite aux demandes
formulées par les membres de la commission, suite aux ajournements des
débats que nous avons connus et suite aux décisions prises par
l'Assemblée nationale, il est arrivé
que, la semaine dernière, les documents qui ont été
demandés, sollicités, exigés par les membres de la
commission ont, effectivement, été déposés à
l'Assemblée nationale. Il y a eu dépôt de documents, par le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, relatifs au coût du régime public d'assurance
automobile, relatifs aussi à la table de tarification découlant
des coûts de ce régime public d'assurance automobile.
Dans les circonstances, la commission a donc repris ce matin l'examen du
projet de loi no 67 article par article. Elle est revenue, suite à un
mandat qu'elle vient d'avoir de l'Assemblée nationale, avec l'assurance
qu'elle a maintenant devant elle le geste a déjà
été posé à l'Assemblée nationale là
ou s'effectuent les dépôts les documents qu'elle avait
sollicités, demandés et exigés auprès du ministre
et que cette dernière a déposés à
l'Assemblée nationale.
Dans les circonstances, vous admettrez donc avec moi que la demande,
telle que reçue par la présidence en commission parlementaire,
telle que discutée, telle que votée par les membres de la
commission, a été satisfaite. J'avais effectivement devant moi
une motion qui demandait que soient déposés à
l'Assemblée nationale et que, d'ici le dépôt, soient
ajournés nos débats les documents relatifs au coût
du régime public d'assurance automobile et relatifs aussi à la
table de tarification.
Ces documents ayant été déposés,
aujourd'hui, au moment même où nous entreprenons d'étudier
le premier article de ce projet de loi no 67, je me retrouve, comme
président, avec une nouvelle motion qui demande que le ministre remette,
dès maintenant, aux membres de cette commission, une étude du
coût du régime d'assurance automobile rendant explicites les
hypothèses retenues et comportant des prévisions pour les
années ultérieures à 1978.
Il y a donc, dans cette motion, plusieurs éléments qui ont
déjà été discutés, votés lorsque nous
avons débattu certaines motions préliminaires qui avaient trait
à peu près exactement comme la motion actuelle est
formulée à la remise dès maintenant on avait
utilisé des mots qui ressemblaient à ceux-là lors de
motions préliminaires aux membres de cette commission, d'une
étude du coût du régime d'assurance automobile. Ce qu'on ne
retrouvait pas dans les motions préliminaires que nous avions
discutées auparavant, c'était les mentions d'explicitation
d'hypothèses retenues et de prévisions pour des années
ultérieures à 1978.
Dans un tel contexte, je dois me rendre à une décision qui
est inspirée par l'esprit qui doit présider à nos travaux
davantage qu'à n'importe lequel des règlements que nous avons et
qui, sur l'esprit qui doit présider à nos travaux, ne sont pas
très explicites.
Une commission peut recevoir des motions préliminaires, elle peut
en recevoir une, deux, quatre ou cinq. Mais il a été courant, au
cours des années précédentes et au cours de commis- sions
précédentes, qu'un président, à un certain moment,
juge que la commission a suffisamment reçu de motions
préliminaires, surtout portant sur un même sujet, et qu'il demande
par une décision qu'il rend aux membres de la commission
de procéder au mandat qui a été donné à
cette commission d'étudier un projet de loi, article par article.
Etant donné la nature même de la motion qui a
été présentée par le député de
Jacques-Cartier, étant donné la demande qui est sous-jacente
à la motion présentée par le député de
Jacques-Cartier, je dois constater, premièrement, que lorsqu'il demande
au ministre de remettre dès maintenant quelque chose aux membres de
cette commission, à toutes fins pratiques, il se trouve à
relancer le débat que nous avions déjà eu sur des remises
de documents, ou des dépôts de documents. Il admettra avec moi
que, si nous devions adopter, par exemple, une telle résolution, cela
équivaudrait hic et nunc à faire en sorte que la commission ne
puisse vraiment entreprendre l'étude du premier article tant et aussi
longtemps que n'aurait pas été faite, dès maintenant, la
remise d'un certain nombre d'éléments d'information.
Deuxièmement, la motion se réfère à la
remise d'une étude du coût du régime d'assurance
automobile. Le président, quant à lui, constate et je
pense que les membres de la commission font la même chose qu'il y
a eu non seulement remise aux membres de la commission d'une étude du
coût du régime d'assurance automobile, mais qu'il y a même
eu un dépôt en bonne et due forme, à l'Assemblée
nationale, du coût du régime public d'assurance automobile et de
la table de tarification qui était jointe à ce coût du
régime public d'assurance automobile. Il y a donc eu un
dépôt, et le président le constate, et les membres de la
commission font de même.
Il y a, dans cette motion, aussi, une information, à savoir qu'il
faudrait que cette étude contienne un certain nombre
d'hypothèses, rende explicites un certain nombre d'hypothèses
retenues. Le président, qui a, lui aussi, reçu les documents qui
ont été déposés, constate qu'il est fait mention,
dans ce document, à un certain point du document, qui est le point no 2,
d'un chapitre qui s'appelle: Nature des hypothèses. Il est effectivement
question, dans ce document, d'un certain nombre d'hypothèses qui ont
été retenues, qui sont celles du gouvernement, qui sont
effectivement discutables, comme le sont tous les documents
déposés à l'Assemblée nationale, mais le
président constate qu'il y a, dans ce document, des hypothèses
qui ont été retenues quant au coût du régime public
d'assurance automobile. Le dernier élément dont il est fait
mention, dans cette motion, est relatif à des prévisions pour les
années ultérieures à 1978.
Le président, dans le document qu'il a reçu, autant il
peut constater qu'il n'est pas fait spécifiquement mention de
prévisions ultérieures à 1978, peut cependant
considérer qu'un tel document va évidemment permettre une
discussion
très ouverte, très libre, en commission parlementaire ou
ailleurs, de tous ces éléments afférents au document qui a
été déposé à l'Assemblée nationale.
En d'autres mots, pour résumer et rendre une décision et
je voulais qu'elle soit explicitée le plus possible pour que les gens
comprennent bien dans quel état d'esprit elle est rendue et que cela n'a
rien à voir avec une quelconque volonté de brimer les droits des
parlementaires et d'empêcher que se fasse le débat je
considère que cette nouvelle motion préliminaire s'ajoute
à toute une série d'autres motions qui ont été
présentées, discutées, votées et qui ont même
fait l'objet, tel que le voulaient les membres de cette commission, d'un
dépôt formel de documents à l'Assemblée
nationale.
A ce moment-ci, pour être fidèle au mandat qu'a reçu
la commission qui est d'étudier un projet de loi article par article et
de ne pas refuser qu'à l'occasion de chacun des articles puissent
être discutées des motions, comme c'est notre droit comme
parlementaires d'en présenter, je considère qu'à ce
moment-ci cette nouvelle motion préliminaire m'apparaît malvenue
dans le cadre de nos débats. Il serait tout à fait contraire
à l'esprit des travaux de notre commission, qui est d'étudier le
projet de loi 67 article par article, d'aller au-delà de ce qui a
été, jusqu'à maintenant, permis sur le plan de
l'étude de motions préliminaires qui avaient trait à ce
sujet particulier du dépôt de documents afférents au
coût du régime public d'assurance automobile et de la table de
tarification.
Pour ces raisons, sans vouloir annoncer une nouvelle attitude qui
risquerait de compromettre les droits des membres de cette commission, je dois
considérer que pour être fidèle à notre mandat, je
ne peux recevoir cette motion préliminaire. Je demande qu'à ce
moment-ci nous entreprenions l'étude du projet de loi 67 article par
article, étant bien entendu qu'il pourra certainement arriver qu'en
cours de débat des remarques, des opinions, des sollicitations puissent
être faites auprès du ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières et que même,
à l'occasion d'articles qui auraient besoin pour leur étude plus
approfondie d'un certain nombre d'éléments d'information
additionnels, une motion, mais dans un contexte très particulier de
l'étude d'un article, puisse être jugée recevable et puisse
être discutée dans cette commission.
Donc, sans vouloir prévoir ce qui nous arrivera maintenant au
moment de l'étude article par article, à ce moment-ci, au moment
de l'étude de certaines motions dites préliminaires, je dois
juger celle-ci irrecevable.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne commenterai pas
votre décision. J'ai trop de respect pour la présidence et vous
pourrez toujours être assuré de notre collaboration. Mais je
voudrais revenir, si vous le voulez bien, sur un point en particulier. Vous
avez bien mentionné que si, à un article précis, nous
constatons qu'on n'a pas, dans les documents donnés, les chiffres
nécessaires pour en faire une étude intelligente, vous nous
permettrez d'exiger ces chiffres, ces études.
Le Président (M. Bertrand): J'ai bien dit, M. le
député de Jacques-Cartier que comme président de la
commission je pourrai, à ce moment, prendre note de toute motion qui
pourrait être présentée et, évidemment, comme c'est
le cas chaque fois qu'une motion est présentée, je pourrai
recevoir des avis sur sa recevabilité. Donc, je ne m'engage pas en
partant à recevoir des motions qui pourraient être jugées
irrecevables.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je comprends que vous ne puissiez pas vous engager
pour l'avenir. J'allais vous demander une directive au moment où vous
avez terminé vos remarques. A ce moment, vos dernières remarques
avaient satisfait ma curiosité, à savoir qu'une motion pourrait
être reçue à un autre moment, mais pas comme
préliminaire à ce stade-ci. Une motion, à peu près
dans le même sens, pour obtenir des renseignements, pourrait être
reçue sans que ce soit un engagement de votre part. Elle pourrait
être reçue.
Le Président (M. Bertrand): Ecoutez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, évidemment, comme
président, je sens bien dans quel genre de précision vous
voudriez m'amener.
Je ne peux vous donner aucune précision de cette nature, sauf
celles qui sont relatives à mon mandat de président qui est de
permettre aux membres de cette commission de prendre la parole, d'intervenir,
de présenter des motions et de permettre aussi que ces motions puissent,
une fois entendues, être discutées quant à leur
recevabilité. Par la suite, si elles sont jugées recevables,
évidemment, nos règlements nous permettront de les discuter.
Mais il n'y a aucun engagement de ma part, si c'est la réponse
que veut avoir le député de Marguerite-Bourgeoys, qu'une motion
comme celle que le député de Jacques-Cartier vient de
présenter, si elle était présentée dans un autre
contexte, à l'occasion de l'étude d'un article précis,
pourrait à ce moment faire l'objet d'une décision favorable. Il
faudrait bien comprendre le contexte dans lequel tout cela s'inscrirait.
M. Saint-Germain: M. le Président... M. Raynauld: M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je demande une directive. A
l'avenir, lorsqu'on aura présenté une motion et que le
gouvernement nous aura
remis un dépôt d'une demi-page avec simplement des titres,
est-ce que cela nous interdira de demander une étude en bonne et due
forme qui puisse nous être utile?
Le Président (M. Bertrand): Vous comprendrez avec moi, M.
le député d'Outremont...
M. Raynauld: C'est trop facile. Sur la base de votre jugement, de
la décision que vous avez rendue, c'est tellement facile pour le
gouvernement. Vos principaux arguments, c'est que l'étude a
déjà été déposée.
Le Président (M. Bertrand): On ne reviendra pas sur la
décision du président.
M. Raynauld: Non, je ne la conteste pas, mais je le demande pour
l'avenir.
Pour l'avenir, je trouve que c'est quand même une chose qui
pourrait être dangereuse et il me semble que vous devriez préciser
davantage votre pensée. Les arguments que vous présentez, pour
prendre cette décision, c'est qu'il y a eu une étude
déposée.
Vous savez, si l'étude ne répond pas vraiment...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député d'Outremont, à ce moment-ci...
M. Raynauld: ... à ce moment, ce serait trop facile.
Le Président (M. Bertrand): ... vous revenez sur ma
décision d'une certaine façon. Vous tentez de m'amener ou bien
à dire autre chose que ce que j'ai dit ou bien à préciser
des choses que je pense avoir suffisamment précisées. Je crois
avoir donné les réponses que les membres de cette commission
étaient en droit d'attendre de la présidence. A compter de
maintenant, il s'agit d'entreprendre l'étude du projet de loi no 67
article par article. Nous verrons bien, au moment de l'étude de chacun
des articles, de quelle façon nous devrons procéder quant
à la réception des motions qui pourraient être
présentées par tout membre de cette commission.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière):... conformément
à la tradition, n'y aurait-il pas lieu qu'avant d'adopter l'article 1,
Mme le ministre fasse son exposé d'ouverture?
Le Président (M. Bertrand): De toute façon, M. le
député de Jonquière, j'avais appelé l'article 1 au
début de cette séance et, conformément à nos
règles, en commission parlementaire, au moment de l'étude d'un
projet de loi article par article, à ce moment-ci, il revient au
ministre responsable du projet de loi no 67 de prendre la pa- role. Par la
suite, chaque parti peut évidemment, à l'occasion de son droit de
parole, tel que le reconnaissent nos traditions, intervenir dans le sens qu'il
voudra et juger s'il y a lieu ou pas de présenter un certain nombre de
motions référant à un article.
Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président...
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je veux bien collaborer et je voudrais bien
qu'on passe d'ici très peu de temps à l'étude de ce projet
de loi article par article, car il y a dans plusieurs de ces articles des
principes qui sont en jeu et des sommes d'argent considérables qui les
sous-tendent. Mais il reste que, tout de suite à l'article 1, on parle
de règlements, dès la première phrase.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, sur votre question de règlement, je veux que vous me
compreniez bien. Normalement, c'est le ministre responsable du projet de loi no
67 qui prend la parole sur l'article 1.
M. Saint-Germain: Mais, avant de passer, je vous...
Le Président (M. Bertrand): Si, au moment de
l'étude de l'article 1, vous avez des commentaires à faire, un
peu comme ceux que vous entrepreniez de faire, évidemment je ne vous
empêcherai pas de les faire; c'est votre droit comme porte-parole de
l'Opposition officielle de faire des commentaires et ensuite d'indiquer quelle
sera votre attitude comme porte-parole de l'Opposition officielle relativement
à l'article 1.
Vous reconnaîtrez cependant avec moi que si nous respectons nos
traditions, il faudrait d'abord que le ministre ait pris la parole sur
l'article 1.
Motion exprimant l'avis
que les règlements prévus par la
loi
devraient être connus avant
l'étude
des articles du projet de loi
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aurais une motion
à faire. J'aimerais bien, avant le début de nos travaux, que la
réglementation que sous-tend ce projet de loi soit connue. La
réglementation est très importante pour plusieurs de ces
articles. Au lieu de revenir article par article pour faire la même
motion, j'aimerais, au début de nos travaux, faire cette motion qui
dirait que cette commission est d'avis que la réglementation doit
être connue avant l'étude des articles qui feront appel à
cette réglementation.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la recevabilité.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Très
brièvement, M. le Président, étant donné que vous
avez appelé l'article 1, vous ne pouvez, à ce stade-ci,
n'accepter que des motions d'amendement à l'article 1. Le genre de
motion que vient de proposer le député de Jacques-Cartier est une
motion, encore une fois, préliminaire, une motion présentable
avant l'appel de l'article 1. Vous avez fait l'appel de l'article 1, si j'ai
bien entendu, et je pense que cette motion n'est absolument pas pertinente et
n'a aucunement rapport à l'article 1 que vous avez appelé.
M. Lalonde: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Si on acceptait l'argumentation du
député de Jonquière, il aurait fallu que vous
déclariez irrecevables à peu près toutes les motions qui
ont été faites depuis le début parce que l'article 1, par
la présidence, a été appelé à plusieurs
reprises, le président reconnaissant, après l'avoir
appelé, avant que Mme le ministre entreprenne sa présentation sur
l'article 1, d'autres députés qui avaient des remarques
préliminaires à faire. La motion du député de
Jacques-Cartier est tout à fait recevable, elle a déjà
été reçue en d'autres occasions et ce n'est pas parce que
vous avez appelé l'article 1 qu'elle ne l'est pas.
Deuxièmement, elle l'est en soi, c'est une motion qui exprime le
voeu de la commission, à savoir que la réglementation soit connue
avant d'arriver à l'article. C'est d'autant plus vrai qu'en
m'entretenant avec le député de Jacques-Cartier tantôt,
pour savoir quand on devrait faire cette motion, à savoir s'il serait
possible de la faire un peu plus tard pour commencer l'article 1, il a
attiré mon attention sur le fait qu'à la deuxième ligne de
l'article 1, tout de suite on réfère au règlement.
L'article 1 dit: "Dans la présente loi, et dans les règlements
adoptés sous son autorité ". Tout de suite, on voit qu'on sera
obligé de la faire, de toute façon, pour l'article 1. Il me
semble tout à fait pertinent de la faire actuellement. Ce n'est pas pour
retarder nos travaux.
Vous avez dit tantôt, en rendant votre décision,
déclarant irrecevable la dernière motion du député
de Jacques-Cartier, que c'était parce qu'il s'agissait d'un cas qui
avait été étudié pendant quelques heures,
c'est-à-dire la question du dépôt des études
actuarielles, et que, maintenant, la présidence croyait qu'on devait
passer à autre chose. Cela n'éliminait pas du tout la
possibilité d'autres motions préliminaires qui touchaient
d'autres sujets. Il me paraît tout à fait pertinent pour cette
commission d'étudier la possibilité d'avoir les règlements
avant d'entreprendre l'étude article par article. Cela s'est fait
à plusieurs occasions, cela s'est fait durant l'étude de la loi
101, je pense que vous vous en souvenez. La motion que j'avais faite
moi-même avait été retirée parce que le
député de Saint-Jacques avait pris une espèce d'engagement
que j'ai accepté de bonne foi. Cela s'est fait lors de l'étude de
la loi 22, en 1974, et j'imagine que cela s'est fait ailleurs aussi, sauf que
je n'ai pas été témoin des autres cas.
Je pense que c'est une motion tout à fait recevable, dans les
circonstances que vous avez décrites tantôt, à savoir qu'un
autre sujet peut faire l'objet d'une motion préliminaire, et aussi par
le libellé même de la motion.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je pense que la
recevabilité de la motion c'est une chose et le rejet d'une motion cela
en est une autre. Vous avez dit tout à l'heure que, pour la bonne marche
de nos travaux, il était normal et que cela se fait presque à
chaque commission parlementaire qu'il y ait un certain nombre de motions
préliminaires qui soient déposées. Je pense que c'est tout
à fait normal. Si j'appuie cette motion présentée par le
député de Jacques-Cartier, c'est afin d'éviter que nous
soyons obligés de refaire ce genre de motion pendant l'étude de
la loi article par article.
Dans l'article 1 on se réfère déjà à
une réglementation pour la définition du mot automobile. Dans
l'article 176, au titre IX de la loi qui est intitulé Règlements,
j'aimerais vous rappeler qu'au paragraphe d) de l'article 176 on dit:
préciser les critères selon lesquels une victime peut être
considérée atteinte d'une invalidité physique ou mentale
grave, aux fins de l'article 24. On se réfère déjà
à l'article 24. Au paragraphe e) on dit: prescrire le remboursement de
frais aux fins des articles 23 et 46. Au paragraphe f), on écrit:
définir, aux fins du paragraphe 5 de l'article 37 et du paragraphe 2 de
l'article 38, le mot "invalide".
Alors, il est évident que la réglementation a une
portée juridique, une portée aussi grande que celle de la loi
elle-même. Or, je ne pense pas qu'on puisse les dissocier, puisque la
réglementation déborde de beaucoup le cadre de la formulation, de
quelle façon les formules doivent être remplies et les
délais à l'intérieur desquels une personne doit faire une
réclamation. Ce sont des articles qui se réfèrent à
nos pouvoirs de réglementation et qui permettent de définir la
portée même de l'article que les députés, que les
parlementaires seront appelés à voter.
Or, je pense que le gouvernement ne s'est sûrement pas
aventuré à préparer le projet de loi no 67 sans avoir un
projet de réglementation. C'est tout à fait logique, tout
à fait normal qu'un gouvernement responsable comme le gouvernement
actuel qui veut être un gouvernement responsable,...
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur la
recevabilité.
M. Roy: ... ait déjà en main... C'est pourquoi je
vous dis, M. le Président, que cette motion du député de
Jacques-Cartier doit être reçue. Si j'ai cité ces exemples,
c'était pour renforcer l'argumentation et pour démontrer les
raisons pour lesquelles j'appuierais une telle motion.
Si le gouvernement décide de ne pas présenter, de ne pas
déposer devant la commission parlementaire ces règlements, qu'on
vote contre la motion. Ce sera un autre objet et à ce moment-là,
la population du Québec, les membres de la commission parlementaire
jugeront de l'attitude du gouvernement.
Mais, qu'on ne se cache pas derrière une prétendue
recevabilité ou non-recevabilité de la motion pour ne pas
déposer un document que le gouvernement doit déposer, parce qu'on
n'aurait pas préparé la loi, on ne l'aurait pas
rédigée comme telle s'il n'y avait pas un projet de
règlement de préparé.
Je pense que cela va de pair, M. le Président. C'est pourquoi je
dis que la motion présentée par le député de
Jacques-Cartier doit être reçue parce qu'elle va dans l'esprit que
vous avez mentionné tout à l'heure, elle va sur le
côté très positif et très objectif des membres de la
commission parlementaire, même si actuellement ce sont des membres de
l'Opposition qui le réclament. Cela pour la bonne marche de nos travaux,
la meilleure information des députés, une meilleure étude
et une meilleure compréhension du projet de loi et des buts que cherche
à atteindre le gouvernement. Et non seulement le gouvernement, mais la
commission parlementaire dans l'étude de ce projet de loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce que je constate, M. le
Président, c'est que vous avez appelé l'article 1, que vous avez
donné la parole à Mme le ministre, et avant même qu'elle ne
dise un mot un amendement nous a été apporté à
l'article 1. Je pense que c'est...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, je pensais que vous aviez une question de règlement
à formuler. Je m'excuse, vous êtes intervenu déjà
une première fois sur la recevabilité.
Concernant cette motion présentée par le
député de Jacques-Cartier, à savoir que cette commission
est d'avis que la réglementation doit être connue avant
l'étude des articles qui feront appel à cette
réglementation, d'abord j'aimerais souligner au député de
Jacques-Cartier que formulée comme elle l'est, sa motion ne fait pas de
demande; elle ne fait qu'exprimer une opinion: La commission est d'avis que la
réglementation devrait être connue avant l'étude des
articles qui feront appel à cette réglementation.
A ce moment-ci, je ne rends pas de décision quant à la
recevabilité de cette motion. Effectivement, il est arrivé que
dans certaines commissions parlementaires il y ait eu des règlements
déposés avant l'étude d'un article pour lequel article il
y avait des règlements afférents. Il y a eu des règlements
distribués au moment même où on entreprenait l'étude
de l'article. Il y a eu des règlements qui n'ont été
déposés ou connus qu'après qu'on eut discuté
même l'ensemble d'un projet de loi. Il est arrivé que des
règlements ne soient déposés ou connus par les membres
d'une commission ou par les membres de l'Assemblée nationale
qu'après l'étude de l'ensemble d'un projet de loi.
Donc, sans juger à ce moment-ci de la recevabilité ou de
la non-recevabilité de cette motion, et sans pour autant fermer de
quelque façon que ce soit la porte à une motion qui pourrait
demander que des règlements soient connus, je décide pour
l'instant que cette motion est prématurée. Je la juge
prématurée pour la raison suivante. Dans le cadre de l'esprit qui
préside aux travaux de cette commission, autant il est possible de faire
un certain nombre de motions préliminaires ce qui a
été fait autant il est tout à fait
nécessaire que nous entreprenions l'étude du projet de loi no 67
article par article, car c'est le mandat que nous avons reçu de
l'Assemblée nationale.
Je dis immédiatement que, dans la mesure où nous serons
devant un article qui pourrait, pour toutes sortes de raisons, faire
référence à la connaissance d'un certain nombre de
règlements qui ont trait spécifiquement à cet article,
à ce moment, je verrai comment nous devrons recevoir de telles motions.
Mais, dans le cadre du mandat qui nous est donné, considérant que
j'ai appelé l'article 1 et à défaut de me faire dire, sur
l'article 1, un certain nombre de choses qu'on pourra me transmettre ou du
côté gouvernemental ou du côté de l'Opposition, je
reviens à la décision que j'ai prise tantôt et je demande
que, sur l'article 1, le ministre responsable puisse se faire entendre.
Mme Payette: M. le Président, suite aux travaux de la
commission parlementaire, je désire vous informer que plusieurs
amendements ont été apportés à certains chapitres.
Dans les définitions précises, la définition
d'assureur...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, Mme le ministre.
Il est 12 h 30.
Mme Payette: Même l'horloge est contre le projet de loi, M.
le Président.
Le Président (M. Bertrand): A ce moment-ci, nous devons
suspendre l'examen du projet de loi no 67 et nos travaux sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 20 h 7
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs! La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67, Loi
sur l'assurance automobile. Les membres de cette commission sont: MM.
Beauséjour (Iberville), Bisaillon (Sainte-Marie), Gagnon (Champlain),
Gosselin (Sherbrooke), Goulet (Bellechasse) remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), Laberge (Jeanne-Mance), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
Landry (Fabre) remplacé par M. Paquette (Rosemont), Larivière
(Pontiac) remplacé par Marchand (Laurier), Lefebvre (Viau), Marois
(Laporte), Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), MM. Raynauld
(Outremont), Roy (Beauce-Sud)...
M. Roy: Présent.
Le Président (M. Bertrand): On savait que le
député de Beauce-Sud serait présent à cette
commission de l'assurance automobile. MM. Russell (Brome-Missisquoi)
remplacé par M. Shaw (Pointe-Claire), Saint-Germain (Jacques-Cartier) et
Vaillancourt (Jonquière). Il n'y a pas d'autres changements? Bien.
Précisions du président
Avant que nous n'en revenions aux propos sur lesquels nous nous
étions laissés à midi et trente, lors d'une séance
précédente, je voudrais très brièvement revenir sur
le sens que j'avais donné à une décision, ce matin,
concernant les motions préliminaires.
En grattant un peu dans un passé pas très lointain et que
tous auront à l'esprit, c'est-à-dire au moment où la loi
22 avait été discutée en commission parlementaire, j'ai
réussi à retrouver un certain nombre d'éléments qui
viennent confirmer des décisions que j'ai déjà rendues,
qui jusqu'à un certain point me surprennent moi-même. Je vais vous
expliquer pourquoi.
D'abord, en 1974, lors de l'étude du projet de loi 22,
après la deuxième lecture, la première séance fut
ouverte le 16 juillet 1974 et dès le 18 juillet, soit deux jours
après, le président mettait fin aux motions préliminaires.
A ce moment on avait examiné que les motions préliminaires
suivantes qui avaient strictement trait à l'organisation des travaux de
la commission. Il y avait eu, premièrement, une motion pour donner droit
de parole à tous les députés, même ceux qui
n'étaient pas membres de la commission, le 16 juillet. Il y avait eu une
motion d'ajournement des travaux, le 16 juillet. Il y avait eu une motion pour
que la commission fasse un rapport spécial et intérimaire, le 17
juillet.
M. Roy: Qui présentait ces motions?
Le Président (M. Bertrand): C'était l'Opposition de
l'époque, M. le député de Beauce-Sud, vous l'aurez tout de
suite deviné.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Un instant, je n'ai pas
terminé, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
Quatrièmement, il y avait eu une motion pour faire entendre un
témoin sur la constitutionnalité du projet de loi 22, le 17
juillet, mais cette motion avait été déclarée
irrecevable.
Cinquièmement, il y avait eu une motion pour qu'il y ait audition
publique. Cette motion avait été formulée le 18
juillet.
C'est donc après cette motion que, le 18 juillet, le
président a mis fin aux motions préliminaires et a fait l'appel
de l'article 1. A cet effet, je voudrais que, dans leurs moments de loisir, les
parlementaires puissent retourner à la séance du 18 juillet 1974,
dans le journal des Débats, à la page B-5842.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais
attirer votre attention.
Le Président (M. Bertrand): Un instant, je n'ai pas
terminé, M. le député d'Outremont, si vous me permettez
d'aller jusqu'au...
M. Raynauld: ... parce que vous allez beaucoup plus loin?
Le Président (M. Bertrand): Oui, d'accord, mais je vais
quand même...
M. Raynauld: Vous allez revenir.
Le Président (M. Bertrand): Peut-être qu'on y
reviendra, mais c'est simplement pour ajouter à la décision que
j'ai rendue ce matin.
M. Gratton, qui était à ce moment président de la
commission parlementaire, le député de Gatineau, avait dans une
longue intervention, émis les raisons pour lesquelles il jugeait
qu'à ce moment, soit le 18 juillet, deux jours après que la
commission eut commencé à siéger, il avait
décidé de mettre fin aux motions préliminaires et
demandé qu'on entreprenne immédiatement l'étude du projet
de loi no 22, article par article.
Je vous fais grâce de la lecture de cette longue intervention du
député de Gatineau, qui était président de la
commission parlementaire, mais, pour ceux qui pourront y retourner, je crois
qu'il y a là matière à réflexion. Dans l'ensemble,
vous y retrouverez les mêmes arguments, évidemment, qui
étaient, à ce moment, formulés avec toute la
qualité qu'on reconnaît au député de Gatineau quand
il agissait comme président d'une commission parlementaire, mais je vous
amènerai strictement à un paragraphe qui concernait une
décision qu'il avait rendue le 17 juillet 1974, je crois.
A ce moment, il y avait eu une motion préliminaire qui avait
été faite par l'Opposition officielle d'alors et qui demandait
que le ministre dépose toute la réglementation. Le
président l'avait jugée recevable, mais si vous vous en reportez
à la longue intervention du lendemain...
Je vous relis un paragraphe qui est instructif à cet égard
et qui me permet de me sentir aujourd'hui en toute sécurité dans
la décision que j'ai rendue.
Je cite ici le président de la commission parlementaire, le
député de Gatineau: "Je vous avoue que, si j'avais
été mieux éclairé dans le temps et avais eu le
loisir d'approfondir sur-le-champ cette question, j'aurais
déclaré irrecevable, et je l'ai dit tantôt, la motion qui a
été présentée il y a deux jours qui avait trait au
dépôt des règlements prévus par le projet de loi 22.
La même règle s'applique d'ailleurs au dépôt des
amendements globalement. Le ministre peut consentir à faire le
dépôt des amendements globalement, mais rien dans le
règlement ne l'oblige à le faire sauf au moment où
l'article à amender est en question. Inutile de dire que la motion
présentée par l'honorable chef de l'Opposition officielle avant
la suspension est, elle aussi, de cette même catégorie de motion
irrecevable".
A ce moment, le président de la commission, le
député de Gatineau, avait rendu une décision, dans un
premier temps, favorable à la réception d'une motion visant
à demander au ministre de déposer toute la réglementation,
mais, quelques heures après, dans une autre séance, il revenait,
d'une certaine façon, sur sa décision, sans pour autant la
renverser. Il exprimait à ce moment l'avis qu'il aurait dû la
juger irrecevable au moment où elle avait été
présentée.
Ces éléments d'information étant ajoutés au
dossier, vous comprendrez fort bien que, bien loin de trahir la tradition et
bien loin de vouloir innover de quelque façon que ce soit par la
décision que j'ai rendue à une séance
précédente, au contraire, j'ai voulu respecter, comme le
président de l'époque l'avait fait, l'esprit de nos travaux en
commission parlementaire au moment de l'étude article par article d'un
projet de loi.
Ces choses étant dites, je crois que maintenant...
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): ... puisqu'il n'est pas
question, évidemment, de revenir sur une décision rendue par la
présidence, il faudra revenir au moment où la parole était
au ministre responsable.
M. Saint-Germain: M. le Président, une demande de
directive. Vous avez lu un extrait du journal des Débats, mais, si vous
aviez continué la lecture, vous auriez trouvé que, sur l'article
1), nous avons discuté pendant trois semaines.
Le Président (M. Bertrand): II n'est pas question de cela,
pour l'instant, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Non, mais lorsqu'on lira, dans les
Débats d'aujourd'hui, votre déclaration, il faudra penser qu'elle
décrit tout à fait partiellement l'atmosphère des
débats du temps.
M. Raynauld: J'ai 26 pages de débats sur cette motion qui
demandait que le gouvernement dépose la réglementation relative
à la loi 22.
Je ne suis pas encore rendu au bout parce que je n'ai même pas le
texte de la décision du président dont vous avez fait état
tout à l'heure. Donc, il y avait eu un débat très long
déjà, sur la question, et vous, vous l'avez
déclarée irrecevable en partant, sans qu'il n'y ait aucun
débat du tout.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont, m'inspirant d'une décision, sans même la
connaître, qui avait été rendue au terme d'une aussi longue
discussion. Le président de l'époque sentait même le
besoin, quelques heures après avoir rendu sa décision,
d'émettre des doutes très sérieux sur la
recevabilité d'une telle motion, telle qu'elle avait été
présentée. Je n'ai pas eu besoin d'avoir ces 26 pages de
débat et ces nombreuses heures avant d'en arriver à
décider sur une question comme celle-là.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je trouve très symptomatique que vous
recherchiez la sagesse de vos décisions dans la jurisprudence
libérale.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je dois vous rappeler à l'ordre, le
député de Gatineau n'agissait pas, à cette époque,
comme représentant d'une formation politique, il incarnait la
présidence.
M. Lalonde: Vous avez raison, M. le Président, je voulais
dire dans une jurisprudence de l'époque libérale.
Une Voix: Et vous aussi!
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas contester
votre décision, le règlement m'empêche de le faire; je
voudrais simplement vous demander une directive qui vient des derniers propos
que vous avez eus ce matin avant que le ministre ne prenne la parole, à
savoir que la motion concernant la réglementation était
prématurée, que nous devions passer et je vous prie de me
corriger si je fais erreur donc, à l'article 1 et que,
immédiatement, c'est le ministre qui prend la parole.
Je vous demande la directive suivante: Dans l'hypothèse où
un député, un membre de cette commission voudrait proposer de
suspendre l'étude de l'article en question, que ce soit l'article 1 ou
un autre, que ce soit sur la question de la réglementation ou sur autre
chose, est-ce qu'il doit attendre que le ministre ait défini sa
politique, ait fait ses représentations, ait présenté ses
amendements ou, enfin, ait terminé son discours,
qui peut être d'une minute à une heure, avant de proposer
la suspension du débat? Il m'apparaît logique, pour ne pas dire
normal, que si le but d'une motion est de suspendre l'étude, que cette
motion soit faite avant que l'étude ne soit entreprise.
Le Président (M. Bertrand): D'une façon
générale, M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
lorsque la commission entreprend l'étude d'un projet de loi article par
article, il y a un exposé préliminaire fait par un
représentant de chacune des formations représentées
à l'Assemblée nationale. Habituellement, et je crois que nous
n'allons pas déroger à cette règle, le ministre fait son
exposé, un porte-parole de l'Opposition officielle enchaîne, de
même qu'un représentant des autres formations politiques
reconnues. Par la suite, le président reconnaît les intervenants
à tour de rôle tels qu'ils se sont enregistrés
auprès de la présidence et, à ce moment, nous entreprenons
véritablement dans le vrai sens du terme l'étude de l'article
premier dans son sens très formel.
Mais, comme vous le savez fort bien, la coutume veut qu'en entreprenant
l'étude du projet de loi article par article chacune des formations fait
d'abord un exposé préliminaire.
M. Lalonde: Si je comprends bien votre décision, le
député qui serait le no 17, dans la liste, devrait attendre son
tour pour proposer la suspension de l'étude.
Le Président (M. Bertrand): Oui, tout à fait. M.
Lalonde: Si vous voulez que ce soit long.
Le Président (M. Bertrand): Le président ne
souhaite pas que ce soit long ou court.
M. Lalonde: Ce n'était pas à la présidence
que cela s'adressait. Je m'excuse. C'était aux amis d'en face.
Le Président (M. Bertrand): Je suis là pour
m'assurer que les débats, courts ou longs, se fassent selon la
réglementation.
Mme Payette: C'était une menace, M. le
Président?
M. Lalonde: Pardon?
Mme Payette: Est-ce que c'était une menace?
M. Lalonde: C'est un avertissement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre. Madame... A quel
sujet, M. le député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Une directive, M. le Président. Vous avez
parlé juste un instant de coutume.
Est-ce qu'il n'est pas coutume que les députés puissent
faire une déclaration préliminaire?
Le Président (M. Bertrand): C'est ce que j'ai dit.
M. Fontaine: D'accord. On s'en va là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): Oui et Mme le ministre avait
d'ailleurs commencé ce matin en prenant les 30 secondes qui lui
restaient sur l'horaire qui nous était alloué. Mme le
ministre.
Exposé du ministre Mme Lise Payette
Mme Payette: M. le Président, j'en étais donc
à vous dire que plusieurs amendements ont déjà
été proposés à plusieurs chapitres et que ces
amendements avaient déjà été distribués aux
membres de cette commission il y a plus d'une semaine. Dans les
définitions, on précise la définition d'assureur en
excluant celui qui s'adonne uniquement à la réassurance. La
définition d'automobile est plus précise dans sa portée.
Celle de chemin public est modifiée pour tenir compte des dispositions
de l'article 17b. Pour répondre, M. le Président, aux critiques
relatives à certains aspects discriminatoires du projet de loi, les
définitions de conjoint, personne à charge, soutien de famille
ainsi que les articles 37 et 38 traitant des indemnités de
décès ont été entièrement revus. Les
amendements proposés visent à maintenir le principe contenu dans
la Charte des droits et libertés de la personne, à savoir que les
deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de
la famille.
C'est ainsi qu'on ne fait plus de distinction entre les conjoints
à savoir lequel est le soutien de famille. Au nom de la cohérence
législative, je fais ici allusion à la Loi des accidents du
travail et, afin de bien cerner le droit à l'indemnisation en
remplacement du droit de recours en responsabilité, l'article 4 est
formulé différemment et on a ajouté l'article 190a. La
situation des non-résidents a été réexaminée
pour tenir compte de ceux qui contribuent au régime par le biais de
l'immatriculation. Ces derniers sont maintenant couverts par le régime
au même titre que les Québécois tel qu'indiqué
à l'article 6.
A l'article 7, on limite le droit de subrogation de la régie au
seul endroit d'un non-résident. Ainsi on clarifie la situation, par
exemple, du transporteur québécois qui pourrait être tenu
responsable d'un accident survenu à l'étranger. Aux articles 8 et
9, on identifie de façon plus claire les droits et obligations des
étrangers et de la régie lors d'accidents survenus au
Québec. A l'article 9a on réintroduit le droit de subrogation
d'organismes publics comme la RAMQ à l'endroit d'un non-résident
responsable d'un accident. A la suggestion de plusieurs, on modifie les
articles 10 et 43 pour les rendre compatibles
avec les dispositions du Code civil en matière de tutelle et
curatelle aux victimes d'accidents. Je pense, M. le Président, que le
député...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on est à
l'article 1 ou si on est à l'article 9.
Le Président (M. Bertrand): On est à
l'exposé préliminaire...
M. Lalonde: ... général.
Le Président (M. Bertrand): ... de Mme le ministre.
M. Lalonde: Mme le ministre nous donne tous ses amendements,
d'accord.
Le Président (M. Bertrand): Que nous ne recevons pas pour
l'instant d'ailleurs; nous les recevons uniquement à titre
d'annonce.
M. Marchand: D'information. Mme Payette:
D'information.
M. Marchand: C'est une opinion qu'on voulait.
Mme Payette: Est-ce que je peux continuer, M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Oui, Mme le ministre, vous
avez toujours la parole.
Mme Payette: Merci, M. le Président. Dans un souci de
protection des droits des victimes, l'article 16 permet d'accorder un
délai additionnel pour la présentation d'une demande a la
régie et l'article 17 prévoit une interruption de prescription
pour les victimes qui croyaient à tort avoir droit aux
indemnités. On a ainsi corrigé à l'article 17
l'ambiguïté du paragraphe b) et on a réduit au minimum les
cas d'exclusion précise du régime.
A l'article 21, afin d'éviter les abus, on remplace le
critère de l'inscription par celui de la fréquentation.
A l'article 25, l'amendement reconnaît le droit à
l'indemnité pendant toute la durée de l'incapacité pour
les personnes âgées de plus de 65 ans alors que la première
version limitait la durée du paiement des indemnités.
A l'article 35, afin d'éviter les abus, on limite explicitement
le paiement de l'indemnité à la durée de
l'incapacité.
A l'article 40, en raison du caractère vague de la notion de
personnes à charge et de la nature de l'indemnité, on accorde
l'indemnité aux parents.
Aux articles 53 à 73, les pouvoirs et devoirs de la régie
sont l'objet de précisions et de corrections importantes. Ainsi, on peut
signaler le droit d'appel pour toute décision de la régie,
l'obligation pour un médecin ou un établissement de faire rapport
à la régie est restreinte aux trai- tements consécutifs
à l'accident, la possibilité pour une victime de faire valoir des
motifs valables de poursuivre des pratiques qui empêchent ou retardent sa
guérison à l'article 69.
Des articles nouveaux sont introduits sur la confidentialité des
renseignements obtenus par la régie. A l'article 80, on corrige
l'ambiguïté entre le renouvellement de plein droit et la
résiliation et, à l'article 81, on fait passer de 5 à 15
jours le délai de validité du contrat d'assurance pour permettre
à l'assuré de trouver plus facilement un nouvel assureur.
Aux articles 89 et 89a, afin d'assurer un meilleur contrôle de
l'obligation d'assurance, le directeur du Bureau des véhicules
automobiles peut exiger d'être avisé du non-renouvellement et
d'autres renseignements.
Aux articles 103 et 103a, on précise le fonctionnement de
l'indemnisation directe lorsque la convention d'indemnisation sera en
vigueur.
A l'article 115a, on ajoute aux pouvoirs du fonds d'indemnisation des
pouvoirs d'enquête.
Les articles 128 à 130 sont revus pour énoncer clairement
dans la loi toute la procédure de réclamation à l'endroit
du fonds d'indemnisation conformément aux pratiques actuellement en
vigueur.
A l'article 149, on réduit de $25 000 à $10 000 le montant
minimum de la contribution des assureurs au fonds de développement.
A l'article 155, on confirme clairement la possibilité pour la
Corporation des assureurs, dans la convention d'indemnisation, de renoncer en
tout ou en partie au droit de subrogation entre assureurs et on prévoit
une procédure d'information de la convention d'indemnisation à
l'article 156.
A l'article 170, afin de tenir compte de la situation des personnes qui
ont besoin de leur automobile pour gagner leur vie, on permet la suspension du
permis de conduire avec ou sans restriction quant à l'usage de
l'automobile pour le travail.
Aux articles 176 et 176a, on distingue clairement entre les pouvoirs de
la régie et ceux du gouvernement et on prévoit les pouvoirs
nécessaires pour atteindre les objectifs de la loi en les
énumérant tous.
Aux articles 177 et 177a, on définit la procédure
d'information des règlements.
A l'article 179a, on prévoit une période posible
d'exception jusqu'à l'entrée en vigueur du règlement.
Aux articles 200 à 205, on apporte des amendements aux
dispositions de la loi 49 constituant la régie pour adapter les
fonctions et pouvoirs de la régie à l'entrée en vigueur du
régime et non plus seulement à son implantation.
A l'article 206, on prévoit les dispositions applicables à
l'immatriculation jusqu'à l'entrée en vigueur du
régime.
Des amendements viendront, M. le Président, très
bientôt corriger les dispositions de l'article 30 relativement à
l'intégration des indemnités aux rentes et prestations payables
aux personnes qui atteignent 65 ans et plus, ainsi que
les dispositions des articles 191 à 197 relatives à la
composition et au nouveau droit d'appel à la Commission des affaires
sociales.
De plus, M. le Président, des amendements de forme, de
concordance et de cohérence ont été apportées aux
articles suivants: A l'article 1, paragraphes 3, 11, 12, 16, 18, 24, 26, 29 et
30; aux articles 18, 20, 22, 23, 26, 27, 29, 41, 42, 44, 47, 50, 54, 61, 70,
72, 78, 82, 83, 86, 87, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 100, 100a, 106, 110, 123, 132,
133, 136, 140, 142, 144, 150, 156,. 157, 164, 167, 171, 172, 180, 181, 181a
à 181j, 184, 185, 187, 189a, 190, 198, 199, 200.
M. Raynauld: J'ai oublié le milieu. Le troisième
numéro, c'était quoi?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
Est-ce que Mme le ministre a terminé son intervention?
Une Voix: Ne dérangez pas vos cartes...
Mme Payette: M. le Président, il était entendu,
bien sûr, que la lecture et la présentation des amendements nous
permettait de penser que ces amendements font partie du projet de loi qui est
devant nous pour étude article par article.
Le Président (M. Bertrand): Nous recevrons, Mme le
ministre, chaque amendement au moment des articles tels que nous les
étudierons dans l'ordre qui nous est prescrit. Effectivement, il est
d'usage que lorsqu'un ministre présente des amendements, ils font partie
ipso facto du projet de loi.
M. Lalonde: Cela veut dire, si vous me permettez une directive,
que chaque article sera considéré comme nouveau, de sorte qu'il
pourrait y avoir amendements et sous-amendements à l'article tel
qu'amendé.
Le Président (M. Bertrand): Effectivement.
M. Lalonde: Comme on aurait fait sur une motion principale.
Le Président (M. Bertrand): Comme au projet de loi
101.
M. Vaillancourt (Jonquière): Comme à la loi 101.
C'est cela.
Le Président (M. Bertrand): C'est cela.
M. Roy: Pour clarifier la situation, pour ne pas qu'il y ait
d'équivoque dans l'esprit de quiconque, on doit bien comprendre qu'il
faut partir avec l'article qu'on retrouve dans le projet de loi qui a
été voté à l'Assemblée nationale en
deuxième lecture.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est le contraire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, pour l'instant, le président compte exercer ses
prérogatives...
M. Vaillancourt (Jonquière): Excusez-moi, M. le
Président, c'est par déformation professionnelle.
M. Roy: Si je pose cette question c'est parce que je veux que ce
soit bien clair.
Le Président (M. Bertrand): ... même si vous avez
des déformations. Nous partons des articles tels qu'ils sont
rédigés dans le projet de loi no 67 et, par la suite, en
commission parlementaire, lorsque le ministre dépose un amendement, par
exemple, à l'article 1, cet amendement est considéré comme
faisant partie ipso facto du projet de loi, et l'article 1 doit être lu
avec l'amendement qui a été présenté par le
ministre. Ce n'est plus considéré comme un amendement à ce
moment-là, c'est considéré comme un article nouveau, une
rédaction nouvelle de l'article, et on peut formuler tout amendement ou
sous-amendement qu'on voudra bien formuler par la suite.
M. Fontaine: Voulez-vous dire qu'on n'aura pas droit de parole
sur la motion d'amendement qui sera déposée par le ministre?
Le Président (M. Bertrand): Exact, cela fait partie ipso
facto du projet de loi, cela devient un nouvel article.
M. le député de Jacques-Cartier, vous avez droit
maintenant à votre exposé préliminaire.
Remarques de l'Opposition M. Noël
Saint-Germain
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aurais bien voulu,
à même cette brique, suivre le ministre article par article, mais
cela a été physiquement impossible. Je ne vous cacherai pas que
je n'ai pas appris le projet de loi par coeur, et je ne l'apprendrai pas non
plus, parce que c'est un projet de loi que j'aimerais personnellement au moins
oublier pour quelques semaines, après en avoir terminé
l'étude.
Je ne sais pas, j'imagine bien que les amendements que madame nous a
énumérés ce soir sont ceux inclus dans cette brique
d'amendements que vous nous avez remise.
Une Voix: Sans changement.
Mme Payette: Est-ce une question? Oui, effectivement.
M. Saint-Germain: C'est bien cela.
M. Lalonde: Aucun changement.
Mme Payette: II y en a d'autres à venir éven-
tuellement, en cours de route, mais ceux que vous avez sont ceux dont
j'ai parlé.
M. Saint-Germain: Cette longue énumération est une
preuve bien concrète que, lorsque ce projet de loi a été
déposé, il n'était pas à point, il n'avait pas
été mûri, étudié à fond. Nous avons
été obligés de voter à l'Assemblée nationale
un projet de loi qui peut être profondément modifié.
D'ailleurs, pour la bonne compréhension du texte, il aurait mieux
valu que ce projet de loi soit complètement réimprimé, car
nous avons à travailler sur le document final et sur cette brique
d'amendements et cela ne facilite pas les choses.
Si on peut énumérer les amendements qu'on se propose de
faire à la loi, on peut aussi énumérer ceux qu'on aurait
dû faire et qu'on n'a pas faits. On n'a pas amendé, par exemple,
cet article qui dit que l'indemnisation pour les dommages corporels des
victimes sera étatisée. Je crois qu'il y aurait eu là
après les nombreux mémoires qui nous ont été
remis, des mémoires de ceux qui s'y connaissent au point de vue des
assurances, qui ont oeuvré dans le domaine lieu de
réétudier l'étatisation du projet de loi. Plus nous
avançons dans l'étude de ce projet, plus nous nous apercevons que
cette étatisation est un grand risque qu'on fait prendre aux
contribuables de cette province et aux assurés de cette province. C'est
un risque qui n'est pas calculé, car le document qui nous a
été remis, relativement aux études actuarielles, est loin
de prouver que l'étatisation est la meilleure façon de modifier
le statu quo que tout le monde, unanimement, veut profondément
modifier.
Pour faciliter l'étude de ce projet de loi par les
députés, aussi bien de l'Opposition que du gouvernement, et pour
que la population ait réellement compris la portée de cette loi,
il aurait fallu, M. le Président, dès le dépôt du
livre bleu, qu'en même temps aient été
déposés les chiffres, les études actuarielles, les
statistiques qui sont à la base de ce projet de loi, quitte, à
mesure des modifications apportées, à changer ces chiffres,
cbanger les coûts, les indemnités, changer les coûts
d'administration au fur et à mesure des modifications qu'on aurait
apportées.
De cette façon, on aurait pu suivre au jour le jour
l'évolution du dossier. Si la population du Québec avait
été mieux informée, le gouvernement ne se trouverait pas
dans la difficulté où il se trouve présentement.
On n'a pas changé non plus, dans ces amendements qui nous sont
apportés, toute cette question du droit de recours. En retirant le
pouvoir judiciaire dans l'application d'une loi aussi importante, je crois que
nous faisons un faux pas fondamental qui aura des répercussions dans
l'administration de ce projet de loi et qui sera source de graves injustices,
surtout envers les victimes. J'appuie là-dessus, M. le Président,
car il me semble que le pouvoir judiciaire, dans n'importe quelle
société démocratique, a un rôle à jouer. Ce
pouvoir judiciaire est le résultat de décades et de
siècles d'évolution. Il n'est pas le résultat de penseurs
ou d'intellectuels; il est le résultat d'une pratique de la vie et de la
justice. Il est tellement important que dans toutes les sociétés
évoluées, où les citoyens jouissent d'une liberté
individuelle comme la nôtre, le pouvoir judiciaire est indépendant
du législatif ou de l'exécutif. On ne peut pas exempter
l'application d'une loi de telle importance. Elle est importante non seulement
au point de vue financier, mais elle l'est aussi au point de vue humain car,
dans bien des articles, il y a des principes établis dans notre
société qui sont battus en brèche et bafoués
assurément.
Nous aurions aimé que les amendements donnent au pouvoir
judiciaire la place qu'il doit avoir dans une telle loi. Je le dis, M. le
Président, non sans nécessairement constater, comme bien des
citoyens, qu'il y a actuellement des failles dans notre pouvoir judiciaire, ne
serait-ce qu'à cause de la lenteur des décisions et des jugements
qui sont rendus.
Mais lorsqu'on est au gouvernement et lorsqu'on a une autorité,
s'il y a des améliorations à apporter au pouvoir judiciaire,
c'est la responsabilité du ministère de la Justice de le
faire.
Pourquoi soustraire une loi d'une telle importance au pouvoir
judiciaire? On pourra dire que c'est bénéfique pour la
société d'une façon immédiate, mais à long
terme ce sera certainement un inconvénient sérieux. Si on trouve
que le pouvoir judiciaire n'est pas efficace dans l'application d'une telle
loi, c'est le système judiciaire qu'on doit améliorer au lieu de
simplement l'oublier.
On nous a annoncé qu'en ce qui concerne la Régie des
rentes il y aurait modification de cet article, mais il reste qu'à ce
stade-ci on n'a pas, par amendement, diminué ou réparé les
injustices faites aux gens de 65 ans et plus. Nous étudions un projet
d'assurance, les citoyens vont en payer la note; ils vont payer une prime.
Voilà que ces citoyens qui seront victimes d'accidents vont voir leur
indemnité diminuée au prorata des sommes qui leur seraient dues
par le Régime de rentes du Québec et même par leur pension
de vieillesse. C'est une injustice flagrante!
Lorsqu'on a établi le Régime de rentes du Québec,
on a obligé les citoyens et les employeurs à payer les frais de
ce régime. J'étais, dans le temps, conseiller municipal à
Lachine. Je sais pertinemment que les employés de la municipalité
de Lachine, lors des négociations collectives subséquentes pour
leur contrat de travail, prenant pour acquis la loi telle qu'acceptée,
ont modifié profondément, en relation avec le nouveau
Régime de rentes, le système de pension qu'ils avaient au niveau
de l'industrie privée ou celui payable par la municipalité.
Je me souviens très bien que, dans le temps, le gouvernement
avait bien dit que ces rentes qui étaient payées par les
employés et par les employeurs allaient fonctionner comme si
c'était une entreprise privée, c'est-à-dire que ces rentes
leur seraient versées lorsqu'elles leur seraient dues sans aucune
condition. Lorsque cela a été dit, le premier ministre actuel du
Québec était
membre du cabinet; il est très au courant de cela. Aujourd'hui,
on étudie un projet d'assurance automobile, qui va être
payé par les automobilistes et les conducteurs, et voilà qu'on
retire aux victimes d'accidents d'automobile le bénéfice de ces
rentes qui leur avaient été promises sans condition. C'est une
injustice flagrante absolument inacceptable! On va aller chercher, comme cela,
$40 millions qui n'appartiennent pas aux gens en santé, qui
n'appartiennent pas à ceux qui vont payer leur prime et qui vont se
promener dans leur grosse voiture. C'est chez les victimes qu'on va aller
chercher cela, chez ceux qui en ont le plus besoin.
Quelle philosophie peut amener un gouvernement à raisonner de la
sorte? C'est une injustice sociale absolument flagrante. En plus, on a le culot
de dire que cette loi est une loi sociale. Une chance qu'elle est sociale; si
elle n'était pas sociale, je ne sais pas ce qui nous arriverait. On
n'est pas dans une loi sociale, M. le Président. On étudie un
système d'assurance automobile où le gars qui a une voiture va
payer sa prime. Il veut bien, lorsqu'il va être accidenté,
recevoir les montants qui lui sont dus. Il n'y a aucune relation entre cela et
la pension de vieillesse et le Régime de rentes. Ce sont deux
systèmes tout à fait différents. Le ministre n'a pas voulu
nous amener, ce soir, les modifications au régime qui nous auraient
permis de voir disparaître ces injustices sérieuses.
On a aussi exclu du projet de loi les gens qui reçoivent des
montants ou qui ont des revenus de leur travail au-dessus de $18 000 par
année, c'est-à-dire qu'on a voulu exclure les sommes qui
dépassent un revenu brut de $18 000 par année. Drôle de
philosophie! On entend le gouvernement se plaindre que les citoyens de la
province de Québec, dans la Confédération canadienne, sont
maltraités. On nous soutire de l'argent, c'est effrayant. On nous tient
pauvres. Et voilà qu'on a une loi où le gars qui gagne $18 000,
un peu plus que $18 000 ou $25 000 est taxé. C'est un parvenu. C'est un
bourgeois. C'est un gars qui a eu un certain succès, cela lui donne le
titre de bourgeois. Que voulez-vous? Ce n'est plus un pauvre. Ce n'est plus un
nécessiteux. Lui, il ne fait plus partie de la "gang".
Et bien souvent, M. le Président, surtout chez les francophones,
si on recule en arrière, rares sont ceux qui appartiennent à des
familles bourgeoises de tradition. Retournons un peu en arrière, trois,
quatre générations, et on tombe à une
génération qui a vécu dans un petit village, bien souvent
un cultivateur. Aujourd'hui, comme francophones, au point de vue
économique, on a fait un progrès terrible dans les 25
dernières années, si bien qu'avec ce projet de loi, nos policiers
qui gagnent plus que $18 000, ce sont des bourgeois; les gars qui travaillent
à la baie James comme des mercenaires, ce sont des bourgeois; on a des
professeurs d'école et des gens attachés à
l'éducation qui gagnent plus que cela, $18 000 par année, des
bourgeois. Eh bien, nous autres, cela fait longtemps qu'on l'est.
M. Paquette: Les chefs syndicaux, des bourgeois.
M. Saint-Germain: Alors, on crée aux gens qui gagnent plus
de $18 000 par année une injustice flagrante. On ne sait même pas
comment ces gens vont être capables, avec l'assurance qui existe dans le
moment dans la province de Québec, avec la grande assurance qui est sur
le marché, de quelle façon ils seront capables d'assurer leurs
surplus de revenus si, nécessairement, ils le doivent. Même s'ils
gagnent $25 000, $30 000, s'ils ont le moindrement des obligations de famille,
trois enfants, quatre enfants, ils n'ont certainement pas été
capables de vivre honorablement, de s'acheter une propriété,
avoir une voiture et avoir fait des économies en plus, ou du moins des
économies suffisantes pour que la famille ait une
sécurité. Ils vont être obligés de s'assurer, ces
gars. Il n'y a rien de prévu dans la loi pour ce surplus. Je crois qu'il
y a là une injustice.
Mais, d'un autre côté, on dit: On va vous assurer, nous
autres, à $18 000, $17 000, mais vous allez payer la même prime
que le gars qui n'en fait que $9000, qui va recevoir une indemnisation deux
fois plus petite. Il n'y a pas de logique dans le projet de loi, M. le
Président. On dit: Tu gagnes $18 000, si tu en gagnes plus, là on
te laisse tomber mais, d'un autre côté, on va te donner une
chance, tu vas payer la même prime que le gars qui gagne $9000, mais tu
vas être deux fois plus protégé. Nous voilà encore
dans une politique sociale. Je croyais que les politiques sociales
étaient faites pour protéger les plus faibles dans la
société. A un gars qui gagne $9000, je croyais qu'on allait dire:
Ecoute, tu vas payer deux fois moins que le gars qui gagne $18 000. Bien non!
Tu vas payer le même prix, mon "boy", si tu as une voiture, mais
seulement tu vas recevoir, si tu as un accident, une indemnité deux fois
moins élevée.
Si on est capable de comprendre quelque chose là-dedans,
franchement, moi, je n'y comprends rien. Les amendements qu'on aurait dû
nous apporter, les amendements qui auraient pu rendre cette loi acceptable, qui
auraient pu rendre cette loi juste, qui auraient pu permettre à tous les
citoyens d'être traités sur le même pied, on ne les a pas
apportés. On aurait dû nous apporter, M. le Président, des
amendements qui auraient fait disparaître le système à deux
têtes. C'est de la folie pure, deux systèmes de perception, deux
systèmes d'indemnisation. On a foutu les agents d'assurances et les
courtiers d'assurances à la porte; les avocats, ce sont des pas bons;
les assureurs ont profité de la situation, et cela règle le
problème.
Ce sont là les raisons pour lesquelles on a un système
à deux têtes. C'est une bien drôle de façon de voir
les choses, mais nous allons patiemment étudier ce projet de loi,
article par article. Nous essaierons d'éclairer à la limite de
nos talents les responsables du gouvernement. Je sais bien que notre
succès sera très limité, mais nous allons faire notre
possible.
II y a tout de même, actuellement, dans la province de
Québec tout un réseau d'assureurs, tout un réseau de
courtiers. Si le gouvernement avait simplement changé le contexte
juridique de l'assurance automobile, amené des modifications simples
comme le "no fault", si on avait gardé le droit de recours après
un régime de base vis-à-vis des tribunaux, si on avait permis le
dédommagement direct des victimes par les assureurs, enlevé le
droit de subrogation, il y avait là de quoi modifier d'une façon
positive et fondamentale tout notre système d'assurance automobile. On
aurait pu le faire sans ne rien briser. Cela aurait été une
évolution normale. Cela se serait fait sans risque, au point de vue de
la province. On aurait même pu dans ce projet de loi obliger les
assureurs à garder au Québec les sommes qu'ils doivent garder
pour que les dédommagements futurs des victimes soient en toute
sécurité. Tout ceci se serait fait avec la collaboration de tous
ces gens qui, depuis longtemps, oeuvrent dans le domaine de l'assurance, qui
ont fait leur preuve d'ailleurs.
Nous avons plusieurs Québécois et plusieurs francophones
qui ont percé dans ce domaine. Ce sont des spécialistes et qui
ont très bien réussi, des gens qui peuvent prendre la
concurrence. On aurait dû laisser ces gens évoluer. Ils auraient
réussi avec plus d'efficacité, à moins de coût et
à beaucoup moins de risques. Tandis que là on plonge la province
dans un projet dont le futur est absolument inconnu. C'est un saut dans
l'inconnu. Personne, pas même le ministre ne sait réellement ce
qu'il va arriver avec ce projet de loi. On le fait où il est absolument
inutile de le faire. Si on était obligé de faire cela, on dirait:
II y a un problème, il faut s'en sortir, il faut réellement
rénover profondément, aller dans le neuf, trancher dans le vif.
On dirait: Allons-y. Ce n'est pas cela du tout.
Alors, c'est beaucoup de risques, M. le Président, pour bien
peu.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense que le
député de Jacques-Cartier vient de faire le tour de la question.
Je voudrais, pour ma part, m'attacher surtout à des commentaires sur les
documents qui ont été déposés par Mme le ministre:
Estimations des coûts du régime d'indemnisation des dommages
corporels. Je voudrais m'attacher surtout à la question du coût du
régime et de la tarification, puisque c'est ce qui touche le plus chaque
conducteur et chaque propriétaire d'automobile du Québec.
On nous dit que le document déposé est un document de
référence et on ne nous donne pas les méthodes de calculs
utilisées. On ne détaille pas non plus les différentes
hypothèses. Je voudrais vous référer, par exemple,
à la page 2, où on nous dit: "Ces prévisions contiennent
une marge d'incertitude et font appel au jugement".
A la page 4, on dit: "Ce nombre a été projeté de
façon conservatrice afin de tenir compte de la définition d'un
accident dans le projet de loi, lorsqu'on parle du nombre de victimes et de
prestataires".
On nous cite des choses comme cela et il y a d'autres citations qui
disent: Le coût réel du régime ne sera connu que dans
quelques années. Comment le ministre peut-il alors chiffrer le
coût du régime? Comment peut-il établir les réserves
nécessaires au paiement des différentes indemnités?
D'autre part, on dit: Si l'écart entre le coût réel
et le coût estimé dépend des variantes entre les
hypothèses choisies et, le comportement réel des facteurs ayant
une influence sur le coût, que le choix des hypothèses revêt
une importance primordiale et qu'elles sont basées sur des statistiques
parfois incomplètes, on peut se demander par quels artifices
intellectuels on arrive à décider rationnellement d'une
hypothèse plutôt que d'une autre. On peut se demander
également si une collaboration plus soutenue avec les gens du milieu de
l'assurance n'aurait pas apporté au ministre des données plus
sérieuses, plus complètes, qui auraient guidé de meilleurs
choix.
En disant que les hypothèses retenues ne peuvent être
analysées en dehors du contexte de l'estimation du coût, on peut
se demander si le ministre n'a pas fait définitivement son lit et ne
veut rien modifier au projet de loi. A ce moment, compte tenu du peu de
considération qu'elle a faite des intervenants en commission
parlementaire et des commentaires de l'Opposition en première et
deuxième lecture, on peut penser que l'étude article par article
de ce projet de loi sera un véritable camouflage de la démocratie
et que le gouvernement, fort de sa majorité ministérielle,
écrasera toute tentative de réforme venant de l'Opposition.
Lorsque le ministre parle de projections conservatrices du nombre de
victimes et de prestataires pour tenir compte d'une sous-estimation possible du
nombre rapporté de victimes et de l'effet d'une fluctuation
défavorable, nous aimerions qu'elle se remémore
l'expérience de l'assurance-maladie où les premières
années ont été marquées d'une hausse
considérable des réclamants. Ne nous trompons pas: si le projet
de loi est adopté tel quel, il entraînera une majoration
considérable du nombre rapporté de victimes et des coûts
inhérents.
D'autre part, les différentes statistiques utilisées ici
varient considérablement quant à la source, aux années de
référence et aux domaines de référence. Il nous
semble inquiétant qu'une telle méthodologie ait été
utilisée. Cela peut fausser toute analyse et cela ne nous paraît
pas tellement sérieux. Le ministre modifie également beaucoup les
données statistiques qu'elle utilise. Nous aurions aimé, par
exemple, que le ministre explique les calculs qui lui ont permis de choisir 2%
comme différence moyenne à long terme entre les capitaux
d'intérêt et l'augmentation de l'indice du prix à la
consom-
mation. Lorsque le ministre calcule les indemnités moyennes, elle
ne nous donne pas le nombre de réclamants prévus à chaque
type de prestataires. On donne une méthode de calcul et on ne donne pas
les chiffres permettant d'approuver ou de contester le choix du
gouvernement.
La majoration dont fait état le ministre est la même dans
son ensemble que dans ses parties respectives si on applique la règle
des 10%; autrement, nous aimerions que le ministre nous indique où sont
les variantes. Nous avons traité précédemment
d'expériences similaires nous indiquant le comportement éventuel
des réclamants. Nous faisons ici référence à
l'assurance-maladie. Si l'effet des pratiques administratives de la
régie ne sera connu qu'après un certain nombre d'années,
comment le ministre peut-il soutenir avec autant d'acharnement que
l'administration du régime se situera à 6% des primes
prévues?
D'un autre côté, nous sommes heureux de constater
qu'à la fin de son analyse le ministre admet l'imprécision de
certaines de ses données statistiques. Nous voudrions toutefois lui
souligner le danger de voir grimper les coûts de la réforme. On se
pose également une autre question au sujet des frais d'administration.
Pourquoi le ministre garde-t-elle son chiffre de 6% d'administration, ce que le
régime coûte, lorsqu'on dit qu'il va coûter $345,1 millions
et qu'auparavant, on parlait de $385 millions? Pourquoi garder ce même
chiffre de 6% d'administration? Si on prend l'exemple de l'entreprise en
général, si on a une entreprise qui a des revenus de $200 000
dans une année et qu'une autre année elle n'en a que pour $20
000, il y a toujours des frais fixes qui demeurent les mêmes et les
coûts d'administration doivent nécessairement augmenter. Je me
demande comment ce chiffre de 6%, qui a été retenu, peut
être sérieux.
Quant à la tarification, les $21,5 millions perçus par la
taxe sur les carburants constituent une subvention directe du gouvernement
à la régie puisque cet argent sera pris à même le
fonds consolidé. Le gouvernement devra sans doute aller chercher
ailleurs ces $21,5 millions qui lui manqueront dans ses coffres.
Je pense être pas mal assuré que, probablement l'an
prochain, il y aura une augmentation d'au moins $0.01 le gallon d'essence dans
la province de Québec.
Il semble que certains raffinements administratifs n'ont pu être
apportés à ce projet, parce que le ministre veut hâter son
adoption au détriment de son perfectionnement. On reviendra, dans un an
ou deux, apporter des modifications qui pourraient être amenées
ici immédiatement. Pourquoi ne pas exiger, d'autre part, cette
année de contribution pour l'immatriculation 1978 des motoneiges qui
seront malheureusement, encore cette année, la cause ou l'objet de
nombreux accidents? Sur un autre sujet, si l'on se fie au tableau C, les
conducteurs verseront bel et bien un montant uniforme de $27 lors de
l'émission de leur permis de conduire. Pourtant, dans le tableau B, il
n'est fait état que du montant de $13 nécessaire au financement
pour l'année commençant le 1er mars 1978. Nulle part ailleurs, il
n'est fait mention des $43 millions et plus qui seront encaissés
à la fin de l'année 1978 et des montants qui auront
été générés et des
intérêts.
Alors, concernant cette partie, le ministre dit qu elle va exiger $27
pour le permis de conduire. Alors, on se demande comment il se fait, vu qu'elle
n'utilisera que $13 pour la première année, qu'elle va percevoir
$27. On ne voit absolument nulle part la différence de $14 qui sera
perçue. En plus de refléter la hâte avec laquelle a
été rédigé ce document incomplet, on peut se
demander si le gouvernement ne veut pas par là se trouver un autre moyen
de financement temporaire. D'autre part, il nous semble que les annulations ou
suspensions de permis pour infractions ne devraient entraîner aucun
remboursement, les montants remboursables devant faire partie automatiquement
des amendes imposées.
Pour terminer, je voudrais demander une chose au ministre, parce
qu'à la suite du dépôt de son document et de la
conférence de presse qu'elle a donnée, on a publié des
nouvelles dans les journaux, avec des titres qui m'apparaissent erronés.
M. Bellemare vient de quitter, je pense. Je ne voulais pas dire ici que c'est
lui qui a induit la population en erreur, mais je pense qu'il serait important
pour le ministre de faire la mise au point suivante. En effet, dans le
Nouvelliste du 25 novembre 1977, on donne en gros titre sur la première
page: "II en coûtera $85 pour livraison des nouvelles plaques". Je pense
que tout simplement ce titre est erroné, parce qu'à mon
avis...
M, Paquette: Ce n'est pas le premier. M. Fontaine:
Pardon?
M. Paquette: Je ne veux pas vous déranger. On dit
simplement que ce n'est pas le premier.
M. Vaillancourt (Jonquière): On a dit que ce
n'était pas le premier.
M. Fontaine: Alors, je voudrais ici demander au ministre s'il
serait possible de corriger publiquement cette erreur pour que les gens sachent
bien que les $85 qui seraient exigés le 1er mars, si la loi est
adoptée, serviront simplement à financer le régime quant
aux dommages corporels. C'est une assurance pour dommages corporels.
L'immatriculation, les plaques, c'est autre chose et les gens devront
continuer, je pense, à payer cette immatriculation comme cela se fait
aujourd'hui. Alors, si on calcule ce que la personne devra payer le 1er mars,
il y aura l'assurance, il y aura l'émission des plaques, il y aura le
permis de conduire également et il y aura éventuellement
probablement une taxe sur l'essence dans les années suivantes.
Alors, je pense qu'il serait important pour le ministre de faire cette
mise au point, parce qu'il y a une grande partie de la population qui a
été induite en erreur suite à ces nouvelles qui sont
sorties. D'autre part, il y a la question du permis de conduire. Je
pense que le gouvernement a été prévoyant, parce qu'au
début de l'année, il a augmenté de $6 à $12 le
permis de conduire. D'un autre côté, on nous dit ici que cela va
coûter dorénavant, avec le régime d'assurance, $27. Il faut
se demander si ces $27 sont compris dans le régime d'assurance
automobile avec les $12 qui sont déjà exigés actuellement
ou si c'est un surplus. Je pense que c'est important de se poser cette question
et le ministre pourrait peut-être y répondre également. Si
les $12 qu'on paye actuellement sont compris dans les $27, il faut se demander
où le ministre des Transports, lui, va aller récupérer cet
argent.
Si cette somme n'est pas comprise dans les $27, il faudrait dire
à la population que ce n'est pas $27 qu'on va leur demander, mais $39.
Je pense que le ministre devrait faire ces précisions pour que la
population soit bien informée, pour qu'elle sache exactement combien
elle devra payer, le 1er mars 1978, et non pas donner des demi-informations ou
des demi-vérités lorsqu'elle fait des conférences de
presse.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Au moment où nous
sommes près d'entreprendre l'étude de la loi, article par
article, je dis qu'il y a encore bien des questions qui demeurent sans
réponse et pour lesquelles l'Opposition est revenue sans relâche
depuis plusieurs semaines pour demander au gouvernement des informations de
façon que toutes les cartes soient mises sur la table.
J'aimerais dire que les documents qui ont été
déposés la semaine dernière, et pour lesquels nous
remercions Mme le ministre, n'ont pas répondu en totalité aux
questions que nous avons posées. Je n'ai pas voulu, au début de
nos travaux de ce soir, intervenir, sachant que Mme le ministre avait quand
même des commentaires à faire, qu'elle avait droit de faire ces
commentaires en vertu des dispositions de notre règlement et en vertu de
nos traditions parlementaires, en commission parlementaire en particulier.
Toutefois, j'étais tout oreille pour entendre les réponses aux
questions que j'avais posées, aux questions dont plusieurs viennent
d'être formulées à nouveau par le député de
Nicolet-Yamaska, et qui ont été formulées également
par mon collègue de Jacques-Cartier.
Lorsque le ministre a annoncé la baisse du coût du
régime de $385 millions à $345 millions, elle nous a
annoncé cette baisse en même temps qu'elle nous a fait part des
nouvelles données statistiques à l'effet qu'il y avait une
diminution de 16% des accidents d'automobiles au Québec. C'est à
la suite de cette révélation, de ces informations que Mme le
ministre nous a dit qu'il y aurait une nouvelle évaluation du coût
du régime.
Le régime n'a pas baissé de 16%. Le coût du
régime a baissé de 10%. Il y a également, dans le
volumineux document d'amendement qui nous a été
présenté, une baisse des indemnités en cas de
décès et des rentes de survivants, toute la section des
décès, une baisse des indemnités de 12% à 18%. Sur
cela, on n'a pas été tellement bavards du côté
gouvernemental. Ce sont des questions que nous posons. Ce sont des questions
pour lesquelles nous n'avons pas de réponse.
Pour ce qui a trait au financement du régime, après avoir
déclaré publiquement qu'il ne serait pas question de trouver des
mesures en vue de subventionner le régime d'assurance automobile, nous
avons, à notre grande surprise, appris, la semaine dernière, dans
le document déposé par Mme le ministre, qu'on prendrait un sou de
taxe par gallon d'essence, par gallon de carburant pour financer le coût
du régime. C'est dans le document officiel qui a été remis
aux parlementaires à l'Assemblée nationale du Québec, et
je tiens à le dire. J'aurais pu faire une question de privilège
à l'Assemblée nationale aujourd'hui. J'ai refusé de le
faire. Il n'était pas du tout question, dans les documents qui nous ont
été remis, d'une subvention directe accordée par
l'entremise du gouvernement ou d'une nouvelle taxe d'un sou.
Cependant, dans le communiqué de presse qu'on a remis à la
presse, c'était bien mentionné, dans le dernier paragraphe de la
première page, et j'ai appris cela aujourd'hui, comme membre de la
commission parlementaire chargé d'étudier le dossier de
l'assurance automobile, que cette taxe qui représente un cent par gallon
n'en n'est pas une additionnelle, mais provient des montants qui seront
disponibles au ministère du Revenu, d'où une subvention du
régime d'assurance automobile, dès la première
année, avant même que nous ayons les informations. On sait et on
se rappellera que tout le système de taxation sur les carburants a
été voté à l'Assemblée législative,
avant qu'elle change de nom pour devenir l'Assemblée nationale, pour
permettre au ministère des Transports, au ministère de la Voirie
du temps, d'avoir les budgets suffisants pour l'appliquer au réseau
routier de la province.
J'aimerais bien savoir, à ce moment-ci, si les $21 millions qui
seront pris dans le ministère du Revenu seront déduits du
ministère des Transports, et déduits du programme "construction
de voirie et amélioration ou entretien du réseau routier"? On n'a
pas parlé de cela non plus.
Quel est le ministère qui devra se serrer la ceinture plus que
les autres à cause d'une subvention gouvernementale? Alors même
qu'on prend la peine de commencer à subventionner le régime
d'assurance d'automobile, avant même qu'il soit instauré,
institué et mis en vigueur, on annonce déjà des
subventions sans savoir combien il va coûter en définitive et sans
avoir aucune garantie que pour les automobilistes il en coûtera moins
cher pour s'assurer dans le nouveau régime. Il n'y a encore aucune
indication du côté gouvernemental de ce côté. On
subventionne le régime d'assurance automobile
sans savoir si, effectivement, il en aurait coûté moins
cher en le laissant à l'entreprise privée, laquelle n'a jamais
été subventionnée. On sait très bien que le
gouvernement perd aussi une somme d'argent assez importante puisqu'il y avait
une taxe de chargée sur les primes brutes des compagnies d'assurance; le
gouvernement perd ce montant d'argent. On ne nous a pas donné
l'évaluation de ce coût non plus. Cela, on ne le sait pas. Cela
représente combien de millions de dollars la taxe que le gouvernement va
perdre sur les $345 millions? Cela serait bon d'additionner aussi ce montant
pour connaître la subvention exacte que le gouvernement va accorder.
Pour ce qui a trait au permis de conduire je fais miens aussi les
propos de mon collègue de Nicolet-Yamaska on dit que le
coût des permis de conduire sera porté à $27 pour les deux
années à venir; il était déjà de $12.
S'agit-il d'un coût additionnel, oui ou non? Si c'est oui, qu'on dise
qu'à l'avenir les permis de conduire vont coûter, pour deux ans,
$39. Qu'on fasse donc un communiqué de presse pour annoncer à la
population du Québec, pour le renouvellement des permis de conduire,
à partir du moment de l'entrée en vigueur du régime
d'assurance automobile, qu'il en coûtera $39. On vous parlera à un
moment donné des sondages qui pourraient se faire pour voir quelle sera
la réaction de la population. Qu'on ait donc le courage de le dire. Si
le gouvernement a le courage de prendre une décision, je ne blâme
pas le gouvernement d'avoir le courage de ses décisions, mais qu'on ait
donc le courage, s'il vous plaît, d'aller jusqu'au bout pour ne pas
induire les parlementaires en erreur. Ce n'est peut-être pas grave
d'induire en erreur des députés. Ce ne sont que des
députés de l'Opposition. Ce n'est pas grave. Mais induire la
population en erreur, c'est une tout autre affaire. Le gouvernement aurait le
devoir de dire la vérité. J'espère bien que, dans le droit
de réplique que l'honorable ministre pourra exercer tout à
l'heure au cours des minutes qui seront mises à sa disposition, elle
pourra dire, de façon très claire, très nette, sans
équivoque, la vérité, toute la vérité et non
seulement une partie de la vérité. Dire seulement une partie de
la vérité ce n'est pas mentir, mais en cacher une partie,
parfois, cela peut équivaloir à une couverture. Cela peut nuire
à la transparence du gouvernement. C'est extrêmement
sérieux. Je suis sensible à la transparence du gouvernement. Je
ne veux pas qu'il soit transparent au point qu'on n'y voie rien, cependant. Il
faudrait quand même être un peu prudent de ce
côté.
On a aussi parlé de mesures sociales. Je suis un peu
étonné qu'on emploie ce vocabulaire de mesures sociales. Je
comprends que la loi de la réforme de l'assurance automobile a une
portée sociale mais, si on veut faire une mesure sociale, on doit la
faire en partant du principe de la justice sociale et distributive. Cela
m'apparaît un point qui est fondamental. C'est un principe de base. Des
lois sociales comme l'assurance-hospitalisation et l'assurance-maladie ont
été vo- tées; on sait que l'une est financée
à même l'impôt sur le revenu et l'autre à partir de
cotisations qu'on exige de la population, soit le régime de
l'assurance-maladie. Les gens paient la cotisation à partir de leur
revenu. Pauvres comme riches, gros salariés comme petits salariés
ont les mêmes soins médicaux, vont dans les mêmes
hôpitaux. Ils peuvent peut-être payer un supplément pour
avoir une chambre seule, mais ils ont droit aux mêmes soins de
santé, aux mêmes médicaments, aux mêmes
hôpitaux et aux mêmes traitements chirurgicaux que les autres, mais
ils paient moins cher parce qu'ils ont des revenus moindres. Quand on vient me
parler d'une réforme sociale dans le régime de l'assurance
automobile et qu'on exige $85 pour l'automobile de tout le monde sans
considération du revenu, mais que par contre on va donner une
indemnité moindre parce que le type est un gagne-petit par rapport
à l'autre, on va venir me faire des dessins, on va essayer de me
convaincre qu'il s'agit là d'une mesure sociale, M. le Président?
Je dis que c'est peut-être une mesure sociale, mais ce n'est
sûrement pas une mesure sociale qui s'inspire du principe fondamental de
justice sociale et de justice distributive qu'on a vu au Québec dans nos
autres lois sociales.
Alors, j'aimerais qu'on mette ce terme en suspens à l'heure
actuelle parce qu'il ne me paraît pas conforme aux objectifs
visés.
Pour ce qui a trait aux coûts de l'administration, j'entends le
gouvernement, nous l'avons entendu, au cours des campagnes électorales,
au cours de la tournée, cela s'est dit à peu près dans
tous les comtés du Québec, dire: II faut faire une réforme
constitutionnelle! Pourquoi avoir deux administrations, deux ministères
de l'Agriculture? Vos femmes, vos épouses reçoivent deux
chèques d'allocations familiales, on paie deux administrations pour
rien! Je suis d'accord avec ces propos, mais le gouvernement qui vise à
faire un réaménagement constitutionnel pour éviter la
double administration et le double coût impose, à sa
première grande réforme, un régime à deux
têtes.
Il ne faudrait pas oublier, je pense, M. le Président, Mme le
ministre, mes collègues, ici, qu'un régime à deux
têtes comporte également deux estomacs. Il faudrait
peut-être ne pas l'oublier. La subvention qu'on accorde est une
subvention qui égale, en quelque sorte, le coût de
l'administration projetée du régime. Donc, on est en train de
prendre des deniers dans le trésor public pour subventionner un
régime, non pas pour sauver les automobilistes du Québec, non pas
pour faire en sorte que les automobilistes soient mieux protégés,
non pas pour faire en sorte que les automobilistes du Québec puissent
être mieux réglés le plus rapidement possible et avoir un
système plus efficace. Non! Pour sauver un principe qu'on appelle un
principe d'étatisme, de contrôle d'Etat, pour faire de
l'étatisation.
C'est ce qui se cache sous cette réforme de l'assurance
automobile. Je dis que la réforme, même si les mesures
proposées dans le projet de loi visent à moderniser, à
rajeunir et à répon-
dre le plus adéquatement possible aux besoins d'indemnité
pour les victimes d'accidents d'automobiles, ce à quoi nous souscrivons,
je dis que le cadre, la structure, l'enveloppe, le contenant qu'on propose pour
appliquer les réformes louables que le gouvernement veut nous proposer
annulent les effets bénéfiques de toute cette réforme de
l'assurance automobile. C'est pourquoi je terminerai là-dessus
M. le Président, même si on nous a présenté
un volumineux document d'amendements, même si Mme le ministre nous
annonce encore des amendements ce soir, cela nous donne la preuve la plus
évidente que le gouvernement était très
préparé, très prêt, dans son régime, dans sa
proposition de réforme de l'assurance automobile, puisqu'on nous annonce
encore des amendements ce soir. Après avoir entendu Mme le ministre tout
à l'heure nous expliquer toute la série d'articles qui
comportaient des amendements, c'est là que je me suis rendu compte, une
fois pour toutes, M. le Président, que le gouvernement était
très prêt, que le gouvernement était sûr de lui, que
le gouvernement savait où il allait. Quand le ministre nous annonce
qu'il y aura encore des amendements, je tiens à lui dire que, nous
aussi, nous aurons des amendements. En ce qui me concerne, j'en ai plus de 60,
et je pense que nous allons prendre le temps nécessaire pour en faire
une analyse objective pour voir à bonifier ce projet de loi. Encore une
fois, je demande au gouvernement de réviser sa position. Qu'on prenne
donc les mesures qui s'imposent pour laisser à l'entreprise
privée le soin de l'appliquer, sa réforme, que le gouvernement
transforme donc sa régie en une régie de contrôle, qu'on
fournisse des services aux assureurs de réassurance qui pourraient
permettre le développement, même la fondation de petites mutuelles
coopératives d'assurance au Québec, qu'on organise un fichier
central et qu'on organise également, au niveau de la régie, un
tribunal d'appel pour permettre aux gens de se faire entendre lorsqu'ils sont
mal réglés ou que cela prend trop de temps devant les tribunaux
de droit commun.
Je pense que si le gouvernement optait pour cette mesure, la
réforme proposée par le gouvernement répondrait aux
objectifs recherchés et je pense qu'il n'y aurait personne qui serait
malheureux.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre, vous avez le
droit d'utiliser quelques minutes supplémentaires pour répliquer,
tel que le prévoient les traditions en commission parlementaire.
Une Voix: Vous pouvez prendre tout votre temps.
Réplique de Mme le ministre
Mme Payette: M. le Président, ce qui me frappe dans ce que
je viens d'écouter encore et je passerai certainement à
l'histoire comme le ministre qui a le plus écouté en pré-
sentant un projet de loic'est d'entendre mes collègues d'en face
nous reprocher un grand nombre d'amendements, un grand nombre
d'améliorations au projet de loi. Je n'ai pas de peine à imaginer
ce que serait la séance de ce soir si nous n'avions
présenté aucun amendement. Je les entends dire que nous n'aurions
pas écouté ceux qui sont venus en commission parlementaire alors
que l'essence même du travail qui a été fait sur ce projet
de loi a été une ouverture d'esprit de la part du gouvernement
qui voulait intervenir, qui avait la volonté d'intervenir, mais qui
était disposé à entendre tous les groupes concernés
et, d'abord et avant tout, des citoyens du Québec qui n'avaient, eux,
jamais été entendus sur la question d'une réforme de
l'assurance automobile.
M. le Président, la tournée que j'ai eu l'occasion de
faire j'avais souhaité, pour ma part, une commission
parlementaire itinérante et l'Opposition se souviendra bien de son refus
d'entreprendre cette tournée en compagnie du ministre et des
représentants du gouvernement m'aura permis d'entendre la
population du Québec déjà en mai, de pouvoir
déjà, à ce moment, amorcer une longue réflexion sur
l'assurance automobile, de pouvoir ensuite lors de la présentation du
projet de loi, au mois d'août, avoir compris quels étaient les
besoins et de pouvoir maintenant, au moment où nous abordons
l'étude de ce projet de loi article par article, présenter des
amendements qui vont dans le sens de l'amélioration de ce projet de loi
pour le mieux-être de la population.
Pour ma part je pense que cela restera aussi une des choses que
j'ai à dire chaque fois que je prends la parole je reste
déçue de l'attitude de l'Opposition, déçue de
trouver en eux simplement une opposition et non pas une collaboration comme
celle à laquelle je pensais pouvoir m'attendre sur un projet de loi
comme celui-là. Nous avons assisté, M. le Président,
à toutes sortes de mesures pour retarder l'étude du projet de
loi. Nous en sommes encore aujourd'hui à nous demander si nous allons
pouvoir commencer l'étude de ce projet de loi article par article. Nous
en sommes encore à l'époque des reproches. On me fait porter, M.
le Président, des erreurs volontaires ou involontaires commises par la
presse.
On me demande de rétracter des informations qui étaient
précises en ce qui nous concerne, aussi précises que nous
pouvions les donner. Je ne comprends pas l'attitude de l'Opposition, M. le
Président, et j'espère tout simplement qu'on voit dans notre
façon d'agir, dans le dépôt de ces nombreux amendements le
soin que le gouvernement met à commencer d'agir dans le domaine de
l'assurance automobile, le sérieux avec lequel nous l'avons fait. Nous
avons annoncé d'autres amendements dans les jours qui viennent. Nous
avons, d'ailleurs, indiqué à peu près où ils se
situeront. Nous tentons sérieusement et honnêtement de donner
à la population du Québec un projet de loi qui soit juste pour
cette population.
Je voudrais, pour ma part, M. le Président, à partir de
maintenant, pouvoir compter sur la collaboration de l'Opposition et de ceux qui
m'entourent à cette commission parlementaire.
Le Président (M. Bertrand): Article 1.
M. Roy: M. le Président, avant l'article 1, sur un point
de règlement.
Le Président (M. Bertrand): Sur un point de
règlement, M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je veux revenir un peu sur la décision qui avait
été prise au début, à savoir qu'au moment où
serait lu l'article qu'on retrouve dans le projet de loi effectivement le
ministre, automatiquement, fasse part à la commission de l'amendement
qu'elle veut proposer et qu'il soit considéré comme reçu.
J'aimerais vous rappeler, M. le Président, les dispositions de l'article
159, de notre règlement qui se lit comme suit: "Lorsqu'en commission,
plusieurs amendements sont proposés, le président met d'abord en
délibération ceux qui viennent du député qui a la
charge de l'affaire". Je ne veux pas faire de procédure à ce
moment-ci, mais je ne voudrais pas que cette façon de travailler
à la commission parlementaire puisse constituer un
précédent. Il ne faut pas oublier, M. le Président, qu'en
vertu des règlements et de nos traditions il y a une loi qui a
été votée en deuxième lecture par
l'Assemblée nationale dont le texte était clairement
établi. C'est sur cette motion que les députés se sont
prononcés en deuxième lecture. C'est ce projet de loi, non
amendé, qui a été présenté devant notre
commission parlementaire. C'est pourquoi je dis, M. le Président, que
nous devrons partir des articles que nous retrouvons dans le projet de loi. Si
Mme le ministre ou un autre député, même de l'Opposition,
veut proposer un amendement, qu'il le fasse, mais ce sera un amendement au
projet de loi qui a été adopté en deuxième lecture
à l'Assemblée nationale.
C'est la seule façon normale de travailler, parce qu'il se
pourrait qu'il y ait de nouveaux articles, si on acceptait cette méthode
de travail, qui viennent modifier le principe même de la loi et nous ne
pourrions même pas en discuter pour la bonne raison que la
procédure a été adoptée. En effet, il est bien dit,
à l'article 158, qu'"une commission ne peut modifier dans son principe
une proposition qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée".
Compte tenu de toutes ces réserves et compte tenu de certains
amendements qui peuvent modifier le principe même de la loi qui a
été adoptée à l'Assemblée nationale en
deuxième lecture, je pense que nous n'avons qu'une seule méthode
de travail qui peut être retenue en commission parlementaire. Je
comprends que cela va peut-être être un peu plus ardu, mais on se
rappellera que, pour éviter une situation ardue, dans le cas de la loi
1, le gouvernement a décidé de la réimprimer et de
présenter la loi 101. Les amendements qui sont venus par la suite en
commission parlementaire, lors de l'étude article par article, de la loi
101, ont été soumis à la commission parlementaire.
C'est comme cela qu'on a procédé dans la loi 45
antérieurement, puisqu'il y a une jurisprudence établie dans nos
travaux parlementaires. M. le Président, je le soumets à votre
attention et je le soumets à l'attention de mes collègues. Je ne
veux pas faire de l'obstruction; je ne suis pas systématiquement contre
les amendements que Mme le ministre veut nous amener, mais je pense qu'il y a
seulement une façon prévue au règlement pour les
présenter en commission parlementaire. Je tiendrais, en ce qui me
concerne, que ce soit cette méthode qui soit retenue.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'espère que le député de Marguerite-Bourgeoys corroborera
les propos que je vais tenir maintenant. Je pense que, lors de la loi 101
non seulement je pense, mais j'ai assisté à toute cette
commission les amendements qui étaient proposés par le
ministre étaient considérés, pour les fins de
l'étude article par article, comme des motions principales je
pense qu'on s'était entendu là-dessus tout à l'heure
qui pouvaient amener des amendements et des sous-amendements. J'ai
assisté, hier, à la commission parlementaire du travail sur le
projet de loi no 45 où le ministre du Travail a déposé une
série d'amendements. Cette commission parlementaire a également
accepté d'étudier les amendements proposés par le ministre
comme des nouveaux articles, c'est-à-dire, aux fins de notre
règlement, comme des motions principales.
J'ai également eu l'occasion d'assiter à une autre
commission parlementaire chargée d'étudier la loi 2. Lorsque le
ministre d'Etat à la réforme électorale et parlementaire a
présenté des amendements, ceux-ci étaient
incorporés à la loi et étaient étudiés comme
des nouveaux articles pouvant amener des amendements et des sous-amendements.
Je sais que le député de Marguerite-Bourgeoys était
à au moins une et peut-être deux de ces trois commissions
parlementaires. Je pense que cette façon de procéder a comme
conséquence directe de faciliter le travail des députés
dans l'étude des articles. D'ailleurs, je pense que cela devient
également une arme pour tous les membres de cette commission
parlementaire, puisque cela donne ouverture, en plus d'un amendement, à
un sous-amendement. Je pense qu'il est dans l'intérêt de tous les
membres de cette commission, tant pour les fins de l'organisation de notre
travail que pour les fins de l'efficacité du travail de l'Opposition,
que ces amendements soient considérés comme des motions
principales. Je ne peux pas parler d'une longue coutume, parce que cela ne
fait qu'un an que je suis ici, mais c'est certainement une coutume qui
date de sept ou huit mois. Je pense que c'est une arme pratique non seulement
pour l'Opposition, mais pour tous les députés qui veulent
améliorer le projet de loi en question.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... pour écarter peut-être un
malentendu, je comprends les appréhensions du député de
Beauce-Sud, mais je pense que, pour le rassurer et rassurer les membres de la
commission, vous pourriez sûrement dire que l'article 159 s'applique;
donc que le ministre va être le premier à présenter des
amendements. Vous pourriez dire aussi, puisque c'est une autre
préoccupation du député de Beauce-Sud, qu'ils ne sont pas
nécessairement recevables s'ils changent le principe. Donc, le
président décide au départ s'ils sont recevables. Mais une
fois reçu, l'amendement devient une motion principale, ce qui favorise
en fait tous les députés, y compris le député de
Beauce-Sud dont les amendements possibles deviennent des amendements et non pas
des sous-amendements, laissant la place à un sous-amendement
éventuel. Je pense que, ceci dit, cela rassurerait tout le monde.
Le Président (M. Bertrand): Vous feriez un excellent
président de commission parlementaire, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais justement ajouter un mot
là-dessus. Selon l'article 159, il est bien évident qu'une motion
d'amendement doit être déposée par le député
qui a charge de l'affaire, sauf et j'avais souligné cela à
mon confrère, le député de Beauce-Sud; c'est moi qui lui
avais indiqué l'article 159 qu'il est important que nous ne
donnions pas...
Mme Payette: Le chat est sorti du sac. On a deux
pénépistes.
M. Roy: Le chat n'est pas ici.
M. Fontaine: M. le Président, je pense qu'il est important
que la commission ne donne pas un consentement général pour
déposer tous les amendements et pour dire qu'ils sont acceptés.
La proposition qui a été faite par le député de
Marguerite-Bourgeoys est convenable et je pense qu'elle est acceptable par tout
le monde.
Le Président M. Bertrand): Bien. Là-dessus, sur la
question de règlement soulevée par le député de
Beauce-Sud, j'apprécie les remarques qui ont été faites
par les autres représentants des formations politiques. Effectivement,
ce sont tous des articles de notre règlement qui sont
complémentaires et qui doivent être vus dans cette perspective. Le
président jugera, à partir de l'article 158 de notre
règlement, si un amendement proposé renie un des principes
fondamentaux qui ont été votés en deuxième lecture.
Soyez certains que j'exercerai mon rôle de façon très
sévère quant à cela.
Deuxièmement, dans la somme des amendements qui vont être
présentés sur chacun des articles, il est, comme le prescrit le
règlement à l'article 159, tout à fait évident que
nous allons d'abord prendre en délibéré celui qui est
avancé par le ministre, mais il y a aussi et c'est cet aspect que
vous n'avez pas soulevé, M. le député de Beauce-Sud
une tradition dans nos commissions parlementaires. Le député de
Jonquière se référait à la commission qui
étudie le projet de loi no 45 mais, pour avoir travaillé plus
spécifiquement au projet de loi 101, je me rappelle très bien que
la présidence avait rendu la décision que, lorsque le ministre
qui présente un projet de loi y introduit des amendements, ils sont
considérés ipso facto comme faisant partie du projet de loi.
Dans ces circonstances, loin de voir quelque contradiction que ce soit
entre ces différents articles de notre règlement et les
traditions qui ont présidé à nos travaux jusqu'à
maintenant, je considère que ce sont là des articles
complémentaires. Je pense qu'il n'y a pas de problème à ce
que nous abordions immédiatement l'étude de l'article 1, une fois
passés les exposés préliminaires.
M. le député de Rosemont, sur l'article 1.
M. Paquette: M. le Président, est-il dans l'ordre de faire
un exposé général?
Le Président (M. Bertrand): Non.
M. Paquette: Quand allons-nous pouvoir donner notre opinion sur
les documents qui ont été déposés par le
ministre?
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Lalonde: ... le député de Jonquière pour
s'opposer.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous le saviez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bertrand): Votre question de
règlement, M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'il est de coutume, après avoir entendu l'exposé du
ministre et l'exposé de chacun
des partis de l'Opposition vous l'avez même dit tout
à l'heure vous-même de reconnaître dans l'ordre ceux
qui vous demanderaient la parole pour, en vertu de l'article 160, avoir le
droit de prendre leurs 20 minutes pour faire un exposé
général sur le projet de loi. Cela s'est fait durant
l'étude du projet de loi no 101, cela s'est fait durant l'étude
du projet de loi no 45, cela s'est fait durant l'étude du projet de loi
no 2 et je pense que c'est la tradition. Le député de Laurier
semble corroborer.
M. Marchand: Entièrement d'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le député de
Rosemont, qui est le premier à avoir été reconnu par vous,
aurait le droit de faire cet exposé, comme je pense être le
deuxième et le député d'Outremont, peut-être le
troisième, aurait le droit de le faire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, je sais que vous avez déjà une certaine
expérience de la présidence des commissions mais, dans les
circonstances, je devrai faire respecter la tradition telle qu'elle a
été établie et telle qu'elle est respectée d'une
façon générale. Ainsi, au moment des exposés
préliminaires, tel que le prescrivent nos traditions habituellement, le
ministre prend la parole, un représentant de chacune des formations
politiques fait ensuite un certain nombre de remarques préliminaires et
le ministre a un droit de réplique. Par la suite, nous entreprenons
immédiatement, de façon formelle, l'étude de l'article no
1. C'est la raison pour laquelle je demande que le député de
Rosemont, s'il décide d'intervenir, le fasse sur l'article no 1 du
projet de loi no 67.
M. Fontaine: On donne notre consentement si le
député veut parler. L'Opposition, je pense, va donner son
consentement.
M. Marchand: M. le Président, il ne s'agit pas de
boycotter les députés du parti au pouvoir. Nous sommes toujours
heureux de les entendre et, quant à moi, je donne mon consentement.
M. Vaillancourt (Jonquière): On est d'accord avec la loi,
nous.
M. Marchand: Depuis 1970, je me souviens qu'on faisait un tour de
table en commençant par le ministre, les partis d'Opposition. Ensuite
chaque député au pouvoir ou chaque autre député de
l'Opposition qui était membre de la commission avait le droit de
s'exprimer, de donner ses idées. Nous sommes ici quatre
députés de l'Opposition officielle et il se peut qu'une autre
personne de l'Opposition officielle ait des commentaires à faire qui
peuvent être constructifs et qui peuvent ne pas être tout à
fait dans la même lignée que le premier qui a parlé. Je ne
crois pas qu'on puisse boycotter qui que ce soit ici, tout le monde a le droit
de parole.
C'est un projet extrêmement important, qui engage tous les
citoyens de la province de Québec et chacun des membres de la commission
a le droit de parler au moins au nom des citoyens de son comté. J'ai
l'impression que tout à l'heure moi aussi j'aurai quelque chose à
dire sur ce projet de loi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous acceptons votre
décision, M. le Président.
Des Voix: Ah! Ah! Ah!
M. Marchand: Et je n'accepte pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous acceptons votre
décision.
M. Marchand: ... que les membres de la commission quels qu'ils
soient...
Mme Payette: M. le Président...
M. Marchand: ... puisque nous sommes tous membres au même
titre, soient privés du droit de parole.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): Une question de
règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous avez raison. En fait, j'appuie votre
décision à savoir que traditionnellement c'est un
représentant, mais moi je suis prêt à donner mon
consentement si c'est le désir de la commission de passer outre à
cette tradition et de permettre aux députés qui n'ont pas
représenté leur formation politique dans les remarques
préliminaires d'en faire. Je serais avide d'entendre les propos du
député de Rosemont.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys je vous
remercie de ces... M. le député de Laurier s'il vous
plaît!...
M. Marchand: Vous voyez la grande démocratie qui existe
dans notre parti.
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous remercie d'apporter ces précisions. Je
voudrais immédiatement signifier au député de Laurier que
bien loin de vouloir brimer qui que ce soit, le président n'est
là que pour permettre de faire respecter les règlements et faire
respecter aussi l'esprit qui a présidé aux travaux des
commissions parlementaires de tout temps. Le député de Laurier
acceptera, dans les circonstances, que la présidence, qui veut faire
respecter les règlements et qui veut que soient bien établies les
traditions qui ont toujours présidé à nos travaux, beau
joueur,
avec un esprit libéral dans le bon sens du terme, permettre que
cela puisse se faire à condition cependant que tous les membres de la
commission donnent leur consentement unanime pour que cela se fasse.
Si je n'ai pas ce consentement unanime, je procéderai tel que le
prévoient nos règlements et nos traditions. Après
je m'excuse, M. le député de Laurier les remarques de
chacune des formations politiques sur l'ensemble des 192 articles du projet de
loi 67, nous entreprenons l'étude du 1er article, et c'est
là-dessus que les interventions doivent porter. Y a-t-il consentement
unanime pour que chacun des membres de cette commission utilise son droit de
parole de vingt minutes sur l'ensemble de ce projet de loi, à condition
bien sûr de ne pas partir dans un débat de deuxième
lecture?
M. Roy: Oui, consentement, M. le Président. M. Marchand:
Consentement.
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il consentement
unanime?
M. Beauséjour: Non, M. le Président.
M. Marchand: Ils se bâillonnent eux-mêmes.
Le Président (M. Bertrand): Y a-t-il consentement unanime,
ma question est claire?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non. M. Marcoux: Non.
M. Marchand: Le deuxième a le droit de parole.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je propose l'adoption de
l'article 1.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! A l'ordre! Je constate qu'il n'y a pas consentement
unanime et, dans les circonstances, nous allons entreprendre l'étude du
1er article. Il y a déjà deux personnes qui se sont inscrites sur
le premier article, il y a le député de Rosemont et le
député de Jonquière. M. le député de
Beauce-Sud sur une question de règlement.
M. Roy: J'invoque le règlement. Une courte directive, M.
le Président, j'aimerais savoir quand il sera possible d'interroger le
gouvernement sur les questions que j'ai posées tout à l'heure et
qui concernent le régime dans son ensemble. J'ai écouté de
nouveau Mme le ministre puis je n'ai pas eu encore de réponse. Je
voudrais que vous me disiez je vais terminer là-dessus, je ne
veux pas faire de débat quand il sera possible d'interroger le
gouvernement.
Le Président (M. Bertrand): Sur chacun des articles
où il y a des questions...
M. Roy: Non, sur les principes généraux, pas sur
les principes, sur des questions générales qui concernent tout le
régime de l'assurance automobile pour lequel j'ai reposé pour la
deuxième fois aujourd'hui les mêmes questions et auxquelles je
n'ai pas eu de réponse.
Le Président (M. Bertrand): M. le député,
à l'ordre s'il vous plaît! M. le député de
Beauce-Sud, puisque nous n'en sommes pas à une deuxième lecture,
c'est-à-dire un débat de fond sur le principe de la loi, il est
bien évident que le mandat de cette commission étant
d'étudier un projet de loi article par article j'accepterai toute
question dans la mesure où le ministre voudra bien y répondre,
toute question du député de Beauce-Sud dans la mesure où
il pourra profiter de l'étude de chacun des 192 articles pour poser les
questions qu'il veut poser au ministre.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais vous préciser
qu'il y a des...
Le Président (M. Bertrand): II n'y a pas de débat
général.
M. Roy: Non, non, M. le Président, j'aimerais vous
préciser quand même que ce ne sont pas des questions qui
concernent les articles comme tels. Ce sont des questions d'ordre
général. Ce n'est pas rediscuter le principe de la loi. C'est
qu'on avait demandé à la commission parlementaire le
dépôt de documents qui contenaient les informations que la
commission avait demandées. On a des questions additionnelles, des
précisions à obtenir. Je les ai précisées deux fois
aujourd'hui. Je ne veux pas reprendre le débat de deuxième
lecture, ce n'est pas cela, mais je pense que comme membre de la commission
parlementaire, j'aurais le droit, j'estime, du moins je le pense humblement,
d'obtenir des réponses à ces questions avant qu'on entreprenne
l'étude de la loi article par article.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Beauce-Sud, il y avait un endroit, un moment
précis pour permettre une discussion générale sur
l'ensemble des principes du projet de loi no 67. C'était au moment de
l'étude de ce projet en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale que ce débat s'effectuait.
Nous en sommes à l'étude de ce projet de loi article par
article. J'accepterai toutes vos interventions, M. le député de
Beauce-Sud, sur des questions générales ou particulières,
mais à l'occasion de l'étude de chacun des articles de ce projet
de loi. M. le député de Rosemont. Avez-vous demandé la
parole, M. le député de Rosemont, sur l'article 1?
Etude des articles du projet de loi
Définitions Mme Payette: M. le Président, je
propose...
M. Paquette: M. le Président, je dois dire que je suis
blessé du manque de confiance de mes collègues. Je vais
m'abstenir de parler sur l'article 1.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Mme le ministre sur
l'article 1.
M. Marchand: Aviez-vous donné votre consentement?
Mme Payette: M. le Président, je propose l'adoption de
l'article 1, paragraphe 1.
Le Président (M. Bertrand): Un instant, s'il vous
plaît! Vous proposez l'adoption de l'article 1, paragraphe 1. Il
faudrait, au départ, que nous nous entendions, au sein de cette
commission, sur l'étude du premier article qui a exactement 30
paragraphes différents.
M. Lalonde: M. le Président, sur une question de
règlement. Est-ce que je peux proposer qu'on étudie chaque
sous-paragraphe séparément? Sans cela, on ne s'y retrouvera
pas.
Le Président (M. Bertrand): Je pense qu'il y a
consentement unanime pour que nous procédions de cette façon.
Nous appellerions donc le premier paragraphe de l'article 1, intitulé
accident. Mme le ministre.
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Je donne d'abord la parole,
comme c'est l'usage, au ministre qui présente l'article. Je lui
demandais si elle avait autre chose à ajouter sur l'article 1.
M. Raynauld: Question de règlement, M. le
Président. Je voudrais poser des questions à Mme le ministre sur
les amendements qui ont été annoncés ce soir. A quel
moment pourrais-je poser la question?
Le Président (M. Bertrand): Ce n'est pas une question
à poser au ministre. C'est simplement d'une directive que vous avez
besoin, M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Alors, donnez-moi une directive, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Si vous avez des questions
relatives à l'article 1, paragraphe 1, vous pourrez, dès que vous
aurez la parole, poser des questions au ministre. Aucun problème de ce
côté. Mme le ministre sur l'article 1, paragraphe 1.
Mme Payette: M. le Président, il s'agit de la
définition du mot accident, qui est défini à l'article 1,
paragraphe 1, comme suit: "accident: événement au cours duquel un
dommage est causé par une automobile". Il s'agit, M. le
Président, d'un mot qui a une portée, bien sûr, dans ce
projet de loi et on peut être tenté d'imaginer toute une
série de cas d'accidents pour vérifier la portée du
principe général. Comme exemple, une collision entre une
automobile et un train, une automobile et un animal ou un objet, une personne
blessée dans une automobile en ouvrant ou en fermant une portière
ou une fenêtre, une personne blessée en sortant d'une automobile
et bien d'autres cas.
Certains exemples peuvent trouver réponse rapidement, d'autres
font appel à des circonstances très complexes ou constituent des
cas limites ou frontières que seule une analyse en profondeur peut
résoudre. Vouloir tenter de donner des réponses à tous les
cas pratiques soulevés apparaît un exercice extrêmement
délicat étant donné la complexité des circonstances
en cause, surtout que la régie devra au cours de ses opérations
développer sa jurisprudence. Il est ainsi prématuré de
prendre des engagements au nom de la Régie, sauf que cette
dernière devra tenir compte du principe de base énoncé
plus haut et qui vise à l'indemnisation du plus grand nombre possible de
victimes d'accidents d'automobile. Il serait pour le moins surprenant que la
régie ne couvre pas ce qui dans le régime actuel est
considéré comme un accident d'automobile.
Pour le reste, M. le Président, l'expérience de la
régie fera en sorte qu'elle développera sa jurisprudence.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on tombe tête
première, avec cet article c'est le gouvernement qui tombe
tête première dans l'ambiguïté de son projet et
dans l'obscurité de ses politiques. On cherche, depuis le livre bleu,
les hypothèses réelles qui sous-tendent le projet. Nous avons
tenté, ce matin, d'éclairer la commission parlementaire en
exigeant un rapport explicitant les hypothèses que le ministre a
choisies. Nos efforts se sont butés à la décision du
président sur la recevabilité de notre motion. Le
président nous a dit que le ministre avait déposé un
rapport, que ce dernier parlait de coût et contenait un chapitre sur les
hypothèses.
Je vais vous lire, M. le Président, en ce qui concerne l'article
1, paragraphe 1, l'hypothèse qui est développée par le
fameux rapport qui nous a littéralement empêchés d'avoir
des renseignements additionnels ce matin. Je vous réfère à
la page 4 où le chapitre 2 est intitulé "Nature des
hypothèses". Le paragraphe a) s'intitule "nombre de victimes et de
prestataires". Je vais vous le lire, il est court. "Les statistiques
compilées sur les accidents de la circulation par le ministère
des Transports du Québec et par Statistique Canada permettent d'estimer
le nombre de victimes tuées et blessées parmi les personnes qui
seront protégées par le nouveau régime public. Ce nombre a
été projeté de façon conservatrice afin de tenir
compte de la définition d'un accident dans le projet de loi".
Déjà l'hypothèse,
qu'on nous dit qui doit nous éclairer, qui aurait dû
répondre à nos interrogations dans le rapport
déposé par le ministre, nous réfère au projet de
loi.
Je dois tout de suite, au premier paragraphe, rechercher dans la
définition d'accident la réponse à l'interrogation que
j'ai dans le rapport. Comment ce nombre a-t-il été projeté
de façon conservatrice? De quelle façon a-t-on projeté ce
nombre dans la mesure où on voulait tenir compte de la définition
d'un accident dans le projet de loi? Le projet de loi me dit que c'est un
événement au cours duquel un dommage est causé par une
automobile. Il faut savoir que déjà on ne sait pas là ce
que c'est, une automobile. On ne le sait pas encore à l'article 1. On va
le savoir dans l'article 3, au paragraphe 3.
M. Paquette: Cela va être comme cela tout le long.
M. Lalonde: On ne le saura pas beaucoup plus à l'article 3
parce que c'est ce que le gouvernement va dire qui va être une
automobile.
M. Paquette: Cela va être de même tout le long dans
n'importe quel projet de loi.
M. Lalonde: D'ailleurs, on le sait, le gouvernement est
complètement divisé là-dessus, comme on l'a vu
tantôt, parce qu'il y a l'automobile telle que définie dans le
Code de la route, et tout à coup, il y a une nouvelle automobile qui
nous arrive. Enfin, c'est un événement au cours duquel un dommage
est causé par une automobile. Cela ne m'éclaire pas, M. le
Président. Je ne sais pas comment ce rapport, qui est censé nous
éclairer, va me permettre, comme député et membre de cette
commission, de savoir si le concept d'accident qu'on nous offre dans ce projet
de loi ne devrait pas être élargi. Il devrait peut-être
être rétréci. Combien cela coûterait si on
l'élargissait? C'est cela le but de ce rapport-ci. C'est de nous
permettre à nous, comme députés, comme membres de cette
commission parlementaire, de dire que cela n'a pas de bon sens, ce que vous
offrez, car cela va coûter trop cher.
Je n'ai aucun moyen de le savoir avec le rapport qu'on nous a
déposé en Chambre la semaine dernière et qu'on voulait
faire détailler par le ministre ce matin, par le gouvernement, parce que
ce rapport ne me dit pas de quelle façon cette hypothèse a
été traitée. On nous dit tout simplement: Ce nombre a
été projeté de façon conservatrice afin de tenir
compte de la définition d'un accident dans le projet de loi.
Le ministre peut-il nous dire, par exemple, quelles sont les
différentes hypothèses d'accidents qui ont été
considérées par les auteurs de ce rapport pour déterminer
si c'est la bonne définition qu'on nous offre, que cette
définition va nous permettre, à nous, comme
députés, et aussi aux victimes des accidents d'avoir une
indemnité juste, qui va permettre à ce projet de loi de couvrir
tout accident d'automobile? Quelles sont les autres hypothèses qui ont
été rejetées? Pour- quoi n'a-t-on pas projeté de
façon libérale le concept d'accident au lieu de le faire d'une
façon conservatrice? Pourquoi a-t-on choisi de le faire de façon
conservatrice? Dans quelle mesure cela va-t-il coûter moins cher mais
permettre d'indemniser le plus de monde possible en le faisant de façon
conservatrice?
Ce sont toutes des réponses qu'on n'a pas, actuellement, M. le
président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais également
me référer à la page 4 des documents qu'on nous a remis la
semaine dernière où on dit: Ce nombre a été
projeté de façon conservatrice afin de tenir compte de la
définition d'un accident dans le projet de loi. On nous dit: Ce nombre a
été projeté, mais ce nombre, on ne le connaît pas,
il ne nous est pas donné dans les documents qu'on nous a fournis. Alors,
je pense bien qu'on est obligé d'avouer qu'on est en face d'un projet de
loi qui a été absolument mal préparé. Je me demande
jusqu'à quel point le ministre ne devrait pas demander à ses
services juridiques de réviser, à tout le moins, les
définitions qui sont dans l'article 1. Si on regarde la
définition, à l'article 1.1, on dit: Un "événement
au cours duquel un dommage est causé par une automobile".
Comme le ministre l'a dit tout à l'heure, il va se
développer certainement une jurisprudence à la régie, et
on donne, en fin de compte, un mandat en blanc à la régie pour
lui dire: Vous allez déterminer, vous autres, qui va être
indemnisé. Si on prend, selon le bon sens, la définition telle
quelle, quand on dit: Un accident causé par une automobile, cette
définition exclut tout accident dans lequel une auto est
impliquée et où l'accident n'est pas dû à
l'automobile. Par exemple, le train dont le ministre a parlé tout
à l'heure, si quelqu'un se fait frapper par un train à une
intersection, à une voie ferrée, à ce moment-là,
l'accident n'est pas causé par l'automobile mais par le train et,
automatiquement, cela n'entre pas dans la définition.
Je pense qu'il y aurait lieu de demander à des conseillers
juridiques de redéfinir ce mot accident pour pouvoir inclure le plus
possible les accidents d'automobile ou les accidents dans lesquels une
automobile est impliquée.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Quant à moi, j'ai écouté avec
intérêt mes deux collègues, mais la question que je me
pose, c'est si deux personnes qui sont à l'intérieur d'une
automobile qui se fait frapper par un train, ce n'est pas causé par une
automobile.
M. Lalonde: C'est causé par un train.
M. Roy: Alors, l'accident est causé par un train.
J'aimerais bien, à ce moment, qu'on nous
éclaire. Nous avons ici l'occasion d'avoir de savants conseillers
juridiques. J'en ai un à ma droite, M. le Président, un type
d'expérience dans le domaine de l'assurance automobile.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... je ne prétends pas
avoir la réponse aux questions posées par mes collègues de
l'Opposition. Je pense que le mot "accident" tel que décrit actuellement
à l'article 1, paragraphe 1, est dans le sens le plus large que le
gouvernement pouvait le définir. D'autre part, il ne faudrait pas
oublier que si une personne se pensant victime d'un accident au sens de la loi
se rend compte par la suite qu'elle n'a pas été victime d'un
accident au sens de cette loi, il y a une interruption de prescription de
prévue à la loi et elle pourra toujours se servir de l'article
1053 du Code civil du Québec. Ceci dit...
M. Lalonde: Non, mais vous ne couvrez pas...
M. Vaillancourt (Jonquière):... ce que je dis à mes
collègues de l'Opposition, parce que notre but est d'améliorer et
de faire en sorte que le mot "accident" soit le plus précis possible et
le gouvernement a pensé que c'était la meilleure
définition, celle qui était la plus large et couvrait le plus de
cas, c'est: Ensemble, on pourrait peut-être essayer de l'améliorer
si c'est possible, la définition du mot "accident". Mais, à moins
qu'on prouve le contraire et à moins qu'on ait une autre suggestion,
cette définition me semble la plus large possible qu'on ait pu
trouver.
M. Roy: Est-ce qu'on peut donner une réponse à la
question que j'ai posée de façon très claire?
Mme Payette: M. le Président, si on peut anticiper sur
l'étude des différents paragraphes à venir et si je
pouvais demander à nos collègues de se reporter au paragraphe 10
de l'article 1: "dommage causé par une automobile", je pense qu'on y
cerne mieux la définition du mot "accident".
M. Lalonde: Alors, pourquoi définir "accident"?
M. Raynauld: Cela ne règle pas le problème.
Mme Payette: Par souci de clarté et de transparence.
M. Lalonde: C'est de l'ambiguïté. Vous nous lancez
dans la confusion.
Mme Payette: C'est de plus en plus clair, plus on avance dans
l'étude du projet de loi.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... le député de Jonquière, je
pense, a une ouverture d'esprit tout à fait louable. Il demande à
l'Opposition: Qu'est-ce que vous feriez à notre place? On est bien
prêt à les aider, sauf qu'à part les questions tout
à fait concrètes posées par le député de
Beauce-Sud, le député de Nicolet-Yamaska, j'ai posé un
certain nombre de questions qui sont préliminaires, qui sont
préalables, à savoir ensuite ce qu'on met là-dedans.
Qu'est-ce que vous voulez dire et c'est votre rapport au
gouvernement, quand vous dites que le nombre d'accidents a été
projeté de façon conservatrice? Quelles sont les réponses
que vous avez à donner à cela? A ce moment, on pourra
peut-être dire: D'accord, le paragraphe 1-1, cela a du bon sens.
Mais là, on ne le sait pas, parce que votre rapport
réfère à l'article 1. Il réfère à la
définition d'un accident, mais on a dû projeter ce nombre de
façon conservatrice afin de tenir compte de la définition d'un
accident. Dans quelle mesure cette définition a-t-elle forcé ou,
enfin, inspiré le gouvernement à prendre une décision ou
une attitude conservatrice dans le calcul du nombre d'accidents? Je ne le sais
pas; pour moi, c'est du chinois. Tant que je n'aurai pas devant moi tout
l'éventail des possibilités et, ensuite, le raisonnement, les
motifs de la décision du gouvernement disant: On a décidé
de projeter ce nombre de façon conservatrice pour tenir compte de la
définition d'un accident, moi, je suis dans le noir. Je ne peux pas
aider le député de Jonquière qui me demande: Voulez-vous
nous dire qu'est-ce que vous voulez? Je ne le sais pas. Je voudrais savoir ce
que le gouvernement veut, d'abord.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais appuyer mon
collègue sur ces estimations du nombre des accidents, parce que cela a
une portée très grande sur le coût du régime
d'assurance automobile proposé. Je voudrais attirer votre attention
aussi sur le fait qu'en page 2 on semble avoir donné des directives aux
actuaires ou aux experts qui ont calculé ces coûts, puisqu'il est
dit ici vous me permettrez, M. le Président, de le lire ce
paragraphe "Les hypothèses retenues ne visent pas
nécessairement à estimer de façon précise chacun
des facteurs isolément, mais à composer un modèle dont les
caractéristiques correspondent aux objectifs de l'estimé des
coûts mentionnés précédemment."
Qu'est-ce que c'est, ces caractéristiques? Il va falloir
construire un modèle pour estimer le nombre d'accidents en fonction des
objectifs de l'estimation des coûts mentionnés
précédemment. Ou bien c'est très mal écrit, ou bien
cela veut dire que le gouvernement a indiqué à des experts qu'il
y avait un certain coût et qu'il fallait bâtir un modèle en
fonction de ces coûts. Je continue: "Les hypothèses ne peuvent
donc pas
être analysées en dehors du contexte de l'estimé de
coûts en raison des préoccupations spécifiques ayant
procédé à leur choix."
Avec une chose comme celle-là, c'est comme si le rapport des
experts renvoyait la balle au projet de loi et disait: Bien oui, on a tenu
compte des définitions que nous avons là quand on a fait nos
hypothèses. Or, à l'heure actuelle, on est sur la première
définition et, déjà, il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas. Comment peut-on, à ce moment, estimer combien ce
régime va coûter si on n'est même pas capable de s'entendre,
au départ, sur le mot "accident".
Là-dessus, si le gouvernement ou le député de
Jonquière veut des suggestions, je pourrai lui en donner une pour
définir l'accident: un événement au cours duquel un
dommage implique une automobile. Cela résoudrait la difficulté
qui a été soulevée tout à l'heure.
Je trouve que c'est plutôt paradoxal de procéder ainsi.
Peut-être le ministre avait-elle un autre amendement à proposer;
peut-être est-ce parmi les amendements qui ont été
annoncés cet après-midi. Comme on ne connaît pas la nature
de ces amendements, c'est aussi très difficile de suivre le projet de
loi initial, les amendements et d'autres amendements à venir. Comment
voulez-vous qu'on fasse notre travail d'une façon sérieuse?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député
d'Outremont, s'il y avait eu un amendement à l'article 1, paragraphe 1,
Mme le ministre l'aurait indiqué au président. Je pense qu'il
faut bien se comprendre là-dessus. Il va y en avoir un à
l'article 1, paragraphe 2, et vous allez être avertis.
Le Président (M. Bertrand): A ce moment-ci... M.
Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): ... M. le député
de Marguerite-Bourgeoys...
M. Vaillancourt (Jonquière): II ne faut quand même
pas charrier!
Le Président (M. Bertrand): Comme il est 22 heures, nous
allons ajourner nos travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 59)