Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67,
article par article. Les membres de cette commission sont M. Beauséjour
(Iberville); M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Gagnon (Champlain); M. Gosselin
(Sherbrooke); M. Goulet (Bellechasse) remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska); M. La-berge (Jeanne-Mance); M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Landry (Fabre) remplacé par M. Paquette
(Rosemont); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé
par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau); M. Marois (Laporte); M.
Marquis (Matapédia); Mme Payette (Dorion); M. Raynauld (Outremont); M.
Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Présent.
Le Président (M. Bertrand): M. Russell
(Brome-Missisquoi)...
M. Fontaine: Remplacé par M. Shaw.
Le Président (M. Bertrand): ... remplacé par M.
Shaw (Pointe-Claire); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier); M. Vaillancourt
(Jonquière).
Hier, nous en étions, lors de la séance
précédente, à la discussion de l'article 1, paragraphe 1.
La parole était au député de Marguerite-Bourgeoys.
Définitions (suite)
M. Lalonde: M. le Président, nous avions hier dans nos
interventions sur l'article 1, paragraphe 1, sur la définition
d'accident, posé un certain nombre de questions au ministre et nous
n'avons pas eu de réponse.
Je laisserai mes collègues des autres partis rappeler au ministre
les questions très pratiques qu'ils ont posées. Quant à
moi, j'ai demandé au ministre dans quelle mesure la définition
d'accident, telle que contenue dans le projet de loi, affectait la projection
conservatrice du nombre d'accidents dont on fait état dans le rapport
déposé par le ministre.
Mme Payette: Le mot "conservatrice" ou "conservateur", dans le
langage des actuaires, semble représenter une évaluation par le
sommet, c'est-à-dire qu'on en met plus que moins pour être
sûr de ne pas être pris au dépourvu.
Dans cette définition d'accident, je vous l'ai dit hier, le
mandat de la régie est de couvrir le maximum d'accidents d'automobiles,
de victimes d'accidents d'automobiles, sauf qu'il faut laisser à la
régie la possibilité d'établir sa jurisprudence dans ce
sens. C'est peut-être pour cela qu'il ne faut pas plus définir le
mot "accident" que ne le fait le dictionnaire.
On peut imaginer et je l'ai dit déjà hier le
cas d'un monsieur manquant d'essence devant chez lui, qui va en chercher et qui
la met lui-même dans son véhicule. Au moment où il allume
une cigarette, il provoque l'explosion du véhicule.
Il ne nous apparaît pas qu'il s'agit là d'un aocident
d'automobile dans le sens où nous l'entendons dans ce projet de loi,
sauf...
M. Fontaine: Causé par une automobile.
Mme Payette: Causé par une automobile, mais pas dans le
sens d'un accident d'automobile.
M. Lalonde: Si le ministre... Je vais laisser le ministre
terminer.
Mme Payette: Je pense que j'ai terminé.
M. Lalonde: Le ministre pourrait-il nous dire quelle serait
l'incidence sur les coûts d'une projection différente?
C'est-à-dire qu'on fait la projection conservatrice et on tend, de cette
façon, à couvrir le plus grand nombre d'accidents possible. Si on
avait pris d'autres options il y en avait sûrement d'autres
puisqu'on en a choisi une quelle aurait été l'incidence
sur les coûts? Combien plus cher cela aurait-il coûté?
J'imagine que c'est exactement...
Mme Payette: Combien moins cher cela aurait-il
coûté?
M. Lalonde: Ou cela aurait coûté moins cher. Ce
n'est peut-être pas la plus conservatrice non plus. On en a pris une
conservatrice, ce n'est peut-être pas la plus conservatrice.
Autrement dit, on trouve, je pense, pour la première fois, au
premier paragraphe de l'article 1, l'application concrète des
interrogations que nous avions depuis le début. Les prévisions,
les hypothèses choisies par le gouvernement sont fondées sur
quelle réalité? Cela se traduit de quelle façon dans les
coûts?
Quand je lis qu'un nombre a été projeté de
façon conservatrice afin de tenir compte de la définition d'un
accident, cela me donne une idée que le gouvernement s'est penché
là-dessus, mais cela ne me dit pas, comme législateur, que, si on
avait pris une autre option, cela aurait coûté un peu moins cher
et de combien.
Il me semble que ce sont toutes des questions qui nous
intéressent comme députés, tant du côté
ministériel qu'ici. Le ministre peut-il nous dire que, si on avait pris
une option plus restric-
tive quant à la définition d'un accident, cela aurait
coûté $20 millions de plus? Ces chiffres-là existent-ils?
Ces travaux-là ont-ils été faits?
Mme Payette: Les travaux ont été faits,
peut-être pas de façon aussi spécifique, puisque la
philosophie même qui a prévalu à toute l'étude en
préparation de ce projet de loi était dans le sens conservateur.
C'est qu'on a évalué, même en termes d'accidents, par le
sommet, pour bien faire des projections qui nous protègent pour
l'avenir. Dans ce sens, nous avons surtout travaillé à partir de
ce qui est connu dans les années récentes et nous avons fait les
projections conservatrices qui nous permettent d'évaluer, par le sommet,
le coût d'un régime.
M. Lalonde: Je pense qu'on n'aura pas la réponse à
notre question. Je vais passer à une autre question.
Est-ce que la définition telle que proposée par le
ministre couvre un accident qu'un automobiliste a, mais qui est causé
on tombe dans la responsabilié quand on parle du mot "cause ",
quand on emploie le mot "causé" par un train, par exemple. Je
pense que cette question a été posée hier, et même
l'exemple que le ministre vient de donner. Celui qui est appuyé sur une
automobile en parlant à un passant, et tout à coup, l'automobile
explose. Est-ce que c'est un accident causé par une automobile?
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas à la loi
de décider cela. Cela n'est pas à un article de la loi à
décider cela.
M. Lalonde: Puisque vous proposez une définition,
définir c'est limiter. Si vous limitez, il faut que vous nous disiez ce
que vous laissez de côté. D'après moi, vous laissez de
côté tous les accidents qui ne sont pas causés par une
automobile, qui sont causés par un train, un animal, ou enfin, alors que
la victime est dans une automobile. On tombe dans la notion de
responsabilité pour savoir seulement si c'est un accident.
Mme Payette: Si vous permettez, M. le Président,
comme...
M. Lalonde: Est-ce que le témoin pourrait s'identifier,
s'il vous plaît!
Mme Payette: II s'agit de Me Jean-Pierre Marcotte, conseiller
juridique dans ce dossier.
M. le Président, si vous permettez, pour ce qui est de la
question de causalité, il ne faut plus maintenant penser en termes de
causalité dans un système de responsabilité puisqu'en
vertu des articles que nous allons voir un peu plus tard, le droit de la
responsabilité est aboli en matière d'indemnisation des victimes
de dommages corporels. Lorsqu'on emploie le mot "cause" ou "dommages
causés", il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une cause
matérielle ou physique. D'ailleurs, même la jurisprudence
actuelle, la ju- risprudence majoritaire, était à l'effet de
considérer, en matière de causalité, si vous voulez, la
cause matérielle, la cause physique du dommage, ce qui revient à
dire que dès qu'une automobile est impliquée dans un accident,
dès qu'une automobile a causé un dommage, la présomption
qui prévalait à l'article 3 de la Loi d'indemnisation
s'appliquait. En somme, lorsqu'on emploie les mots "dommages causés"
dans la définition du mot "accident" et "dommages causés"
est défini un peu plus loin dans le texte de loi au paragraphe 10 de
l'article 1 ça revient à dire qu'on couvre les dommages
qui résultent de l'usage de l'automobile.
M. Lalonde: Me Marcotte, est-ce que vous voulez dire que
l'accident, alors que vous êtes dans une automobile, qui est causé
d'une façon générale par un train, est couvert par la
loi?
Mme Payette: Je ne veux pas entrer dans les détails
là où on arrive...
M. Lalonde: C'est un détail important, Me Marcotte.
Mme Payette: D'accord, mais ce que je veux dire, c'est que je ne
veux pas entrer dans les détails de tous les cas qui peuvent se soulever
dans un accident d'automobile. Le cas que vous soulevez, je pense, en tout cas,
il me semble assez clair qu'il s'agit de l'usage d'une automobile. Une
automobile se trouve à être, à un moment donné,
à un passage à niveau et un train frappe l'automobile. On n'a pas
à déterminer en termes de faute qui a causé le dommage. Il
y a un dommage qui résulte de l'utilisation de l'automobile et ce
dommage va être couvert pas la loi.
M. Lalonde: Une autre question maintenant. Dans quelle mesure
a-t-on besoin de définir l'accident, étant donné
qu'à l'article 10, on utilise un autre concept? C'est qu'un dommage
causé par une automobile...
Mme Payette: Un peu plus loin... M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: ... dans le texte de loi, on va voir, à un
moment donné, aux articles qui vont traiter des indemnités de
remplacement de revenu, qu'on parle du mot "accident". On ne fait plus
référence, à ce moment-là, à "dommages
causés", puisqu'on a défini "accident" comme un
événement au cours duquel un dommage est causé par une
automobile. Dans les articles qui vont traiter des indemnités de
remplacement du revenu, on dit: Une victime a droit, lorsqu'elle est
blessée dans un accident, à des indemnités. On fait
référence, si vous voulez, dans un tout, qui est le projet de
loi, au mot "accident".
M. Lalonde: En fait, je ne veux pas faire de la rédaction
ici, mais on aurait pu tout aussi bien définir "victime".
Mme Payette: "Victime" est également définie.
M. Lalonde: C'est défini. Alors, on a trois
définitions pour la même chose.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, moi, je veux bien accepter
les explications de Me Marcotte, mais quand on fait une définition comme
celle-ci, on présume que le législateur ne parle pas pour rien
dire. Si on dit qu'un dommage est causé par une automobile, j'imagine
que la régie et la Commission des affaires sociales vont sûrement
devoir interpréter cet article et, de par son interprétation,
moi, je pense qu'elles vont être obligées, nécessairement,
de dire par exemple, le cas du train ou le cas de l'orignal que vous
frappez elles vont être obligées de dire que ce n'est pas
causé par une automobile et, à ce moment-là, la personne
ne sera pas indemnisée. Si c'est le but que vous recherchez,
dites-le-nous. Mais si vous voulez faire entrer ces accidents dans la
définition, il faut la changer nécessairement. Parce que je pense
que n'importe quel citoyen pourrait attaquer une décision contraire de
la régie et le Barreau pourrait le faire pour pouvoir, lui, s'accaparer
des dommages qui sont causés dans ces cas-là. Je pense qu'il
faudrait nécessairement changer la définition pour y inclure le
plus grand nombre d'accidents possible que vous voulez couvrir.
Mme Payette: Je pense que, encore une fois, il faut savoir que,
maintenant, on n'est plus en système de responsabilité et on n'a
plus à déterminer qui a causé, en termes de faute, le
dommage. Or, on est en termes...
M. Fontaine: Oui, mais le mot "par" veut dire quelque chose.
Mme Payette: ... si vous voulez, de la théorie du risque
social, ce qui veut dire que par l'usage de l'automobile, des dommages sont
causés à des individus. Ces individus, par l'effet de la loi, ont
droit aux indemnités prévues dans le texte de loi.
M. Paquette: M. le Président, je ne sais pas si le
député me permettrait. J'ai l'impression qu'il faut revenir au
sens du mot "cause". Prenons l'exemple du député de Beauce-Sud.
Un train frappe une automobile. Il y a deux causes à l'accident. On ne
parle pas de responsabilités. C'est une autre notion. Le train et
l'automobile... Les deux étaient en mouvement et les deux constituent
une cause et comme l'une des causes est le fait qu'il y ait une automobile en
mouvement, on peut dire que c'est un dommage causé par une
automobile.
M. Fontaine: Mais la définition...
M. Paquette: II faut distinguer la notion de cause, le sens du
mot "cause" du sens du mot "responsabilité".
M. Fontaine: ... ne dit pas dont la cause est une automobile.
Elle dit: "... est causé par une automobile...
M. Roy: M. le Président...
M. Paquette: A un événement, il n'y a jamais une
seule cause.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Ni-colet...
M. Fontaine: Dans ce cas, pourquoi n'ajouteriez-vous pas "... est
causé par une automobile dans lequel une automobile est
impliquée".
Mme Payette: Si vous permettez. Si on va jusqu'à dire
lorsqu'une automobile est impliquée, cela pourrait par exemple, couvrir
énormément de choses, comme, un exemple qui me vient à
l'esprit: chez un concessionnaire, une voiture, à un certain moment,
peut exploser dans le garage alors que quelqu'un est en train de la
réparer. A ce moment, l'automobile serait impliquée et on
pourrait en arriver à couvrir des cas semblables. Est-ce un accident
d'automobile?
M. Fontaine: ... accident de travail? Mme Payette:
Pardon?
M. Fontaine: C'est couvert par les accidents du travail.
Mme Payette: A ce moment, tant mieux. M. Lalonde: Me
Marcotte veut-il dire que...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse. C'est parce que
tantôt je vais avoir un problème sérieux de
comptabilité dans le temps alloué à chaque
député. J'aimerais beaucoup que chacun puisse peut-être
prendre son tour successivement. Ainsi, on se mêlera moins.
M. le député de Nicolet-Yamaska, poursuivez.
M. Fontaine: Le conseiller pourrait-il nous dire quel pourcentage
d'accidents on a pensé couvrir par cette définition?
Mme Payette: Je pense qu'on vise à couvrir tous les
accidents d'automobiles.
M. Fontaine: Tous les accidents d'automobiles?
Mme Payette: Dans la mesure où c'est un accident
d'automobile.
M. Fontaine: Ne pensez-vous pas qu'il faudrait tenter de
rechercher une définition qui se-
rait plus globale, qui engloberait la plus grande catégorie de
véhicules possible?
Mme Payette: A ce moment, vous êtes à la
définition du mot automobile parce que lorsqu'on définit les
dommages causés par une automobile, évidemment, cela veut dire
que... la définition du mot automobile importe également. Dans la
mesure où vous voulez couvrir les accidents impliquant des automobiles,
il faut référer à la définition du mot
"automobile".
Le Président (M. Bertrand): ... c'est terminé, M.
le député de Nicolet-Yamaska? M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne suis pas un juriste comme mes collègues,
mais il m'apparaît que ce paragraphe est complètement superflu. Je
pense qu'il est beaucoup plus de nature à créer des
ambiguïtés et des complications qu'à clarifier une
situation.
Je regarde le sous-paragraphe 10, "dommage causé par une
automobile"; tout dommage causé par une automobile ou par l'usage de
celle-ci ou par son chargement, y compris le dommage causé par une
remorque." Je pense que cette interprétation de l'article 10, comme l'a
souligné Me Marcotte, est suffisamment claire pour que l'article ne
vienne pas créer de l'ambiguïté et ouvrir la porte à
une jurisprudence et à une série d'interprétations qui
pourraient limiter de façon beaucoup trop arbitraire les cas. Je ferais
une suggestion et j'aimerais bien qu'on m'éclaire là-dessus. Pour
le profane que je suis, cet article me paraît complètement
superflu et je proposerais tout simplement qu'on le biffe. Je ne vois pas son
utilité.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'on a besoin de
deux termes. Le dommage causé par une automobile c'est le
résultat, si on veut, de l'accident et l'accident c'est
l'événement. On peut avoir besoin, dans certains articles, de
parler de l'événement qui s'est produit et dans d'autres articles
de parler du résultat de l'événement que sont les dommages
causés par l'automobile. Je consultais mon collègue qui me disait
qu'en loi les articles s'interprètent les uns par rapport aux autres;
alors quand on va regarder ce que veut dire "dommage causé par une
automobile", comme il y a un article dans le projet de loi qui le
définit, c'est cette définition qui va prévaloir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce que j'allais dire, M. le
Président, brièvement, c'est que lorsqu'un juge aura à se
prononcer, il ne regardera pas seulement l'article 1, paragraphe 1, mais il
ira, dans les autres sous-paragraphes de l'article 1, regarder les autres
définitions. Il me semble que la définition que l'on voit
à l'article 1, paragraphe 10, vient drôlement apporter des
précisions et nous faire comprendre la définition du mot accident
à l'article 1, paragraphe 1. Le juge n'oublie pas le reste de la loi et
ne regarde pas seulement la définition du mot accident. Les arti- cles
s'interprètent les uns par rapport aux autres. Je pense qu'il est
très facile de voir, en lisant l'article 1, aux paragraphes 1 et 10,
quelle est l'intention du législateur en ce qui concerne les dommages ou
les accidents qu'il veut couvrir. Ce qui est important, c'est ce que le
législateur veut couvrir par les définitions des mots accidents,
automobiles et dommages causés par une automobile. Je pense que les
trois définitions que nous avons à l'article 1 démontrent
très clairement l'intention du législateur et ne portent à
aucune équivoque.
M. Roy: Je pense, M. le Président, que nos lois doivent
être rédigées de façon claire et nette, de
façon à ne pas laisser trop de marge de manoeuvre, trop de marge
à l'interprétation. Je pense que c'est l'objectif qu'on doit
viser. A la lumière de l'expérience passée, à cause
de certaines ambiguïtés ou de certaines ouvertures qu'on retrouve
dans la rédaction des lois, combien de procès, combien de causes
sont actuellement pendantes devant les tribunaux et combien de décisions
ont été rendues parce qu'on s'est référé
strictement à la lettre plutôt que d'examiner l'esprit de la loi,
les intentions du législateur.
Je n'ai pas un dossier de jurisprudence ici, à la table ce matin,
je pourrais en compiler un assez énorme d'après les dossiers que
j'ai à mon bureau. C'est la raison pour laquelle, après avoir
entendu ce que j'ai entendu en commission parlementaire hier et ce matin,
encore une fois, dans mon esprit, l'article, tel que rédigé au
sous-paragraphe 1, est très incomplet, très ambigu et ouvre la
porte justement à une interprétation. La meilleure preuve que je
puisse en donner, c'est qu'il y a ici trois éminents procureurs et vous
n'êtes pas tout à fait d'accord sur l'interprétation qu'on
peut en donner.
M. Lalonde: Quatre.
M. Roy: Quatre, excusez-moi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que nous sommes
peut-être et je voudrais peut-être m'inclure dans le groupe
déformés par le sens de la causalité, au sens
juridique du terme. Me Marcotte, tout à l'heure, a justement
enlevé cette notion de responsabilité et je pense que mon
collègue de Nicolet-Yamaska a peut-être également de la
difficulté à enlever cette notion de responsabilité au mot
"cause".
M. Fontaine: II faut prendre les mots tels qu'ils sont. Quand
vous dites "par", cela veut dire quelque chose!
M. Vaillancourt (Jonquière): Le tribunal ne recherchera
pas la faute en interprétant le mot "cause", à l'article 1,
paragraphe 1.
M. Fontaine: Mais il va dire: Par qui l'accident a-t-il
été causé? Par une automobile. Si
l'accident a été causé par un orignal, cela n'entre
pas dans la définition, c'est bien simple!
M. Paquette: Cela dépend, si ce sont deux orignaux qui se
frappent, d'accord, mais, s'il y a une automobile dans le portrait...
Le Président (M. Bertrand): Excusez-moi. Je sais que cela
peut peut-être faire avancer les travaux plus rapidement que
d'échanger des propos entre cinq et six personnes en même temps,
mais on ne s'y retrouvera pas tantôt. S'il y a des amendements que des
gens veulent apporter, il y a possibilité de le faire par une motion,
mais il faudrait que chacun prenne son tour de parole au moment où il
est prévu.
M. Roy: J'aurais une dernière observation à faire
là-dessus. J'aimerais prendre, par exemple, le cas d'un agriculteur dont
les animaux se retrouvent sur la route, un cheval entre autres. Une automobile
frappe le cheval et deux personnes sont blessées dans l'automobile.
Mme Payette: C'est le propriétaire du cheval qui est
responsable dans le système actuel.
M. Lalonde: C'est le propriétaire du cheval. M. Roy:
Le propriétaire du cheval.
M. Fontaine: C'est le propriétaire du cheval. Vous devriez
changer un peu vos notions.
M. Roy: Si on veut améliorer la loi, il faudrait quand
même ne pas trop se référer à l'ancien
système. Si on est pour maintenir l'ancien système, maintenir la
jurisprudence existante, je me demande ce qu'on fait ici. Mais, c'est tout de
même rassurant de voir le ministre entre deux avocats ce matin,
malgré ce qu'elle pense des avocats. C'est vraiment rassurant.
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud, il
faudrait cependant éviter de donner l'impression qu'il n'y a que des
avocats qui puissent faire de la politique; sans cela, on va rentrer chez nous,
vous et moi.
M. Roy: C'est vrai! Vous avez bien raison! C'est pourquoi il y a
place pour les avocats populaires.
Mme Payette: Oui.
M. Lalonde: D'ailleurs, M. le Président, j'ai fait le
calcul; en 1973, il y avait 15% des députés libéraux qui
étaient avocats et 50% des députés péquistes.
Mme Payette: Vous voyez où cela vous a menés!
Une Voix: II en reste moins!
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas rassurant pour
nous.
M. Lalonde: Je voudrais simplement, si vous me donnez la
parole...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: J'aimerais tout simplement revenir là-dessus.
Qu'arrivere-t-il, si un juge se réfère à l'article 1,
paragraphe 1, tel que défini, et qu'il dit: L'accident n'a pas
été causé par une automobile, tel que défini? C'est
clairement écrit dans l'article 1, paragraphe 1. A ce moment-là,
qu'est-ce qui arrive pour les gens?
Mme Payette: Sans vouloir préjuger de la décision
de la régie qui va faire sa jurisprudence, moi, ce que je veux clarifier
ici, c'est que lorsqu'on définit "accident", il y a une
référence implicite qui est faite au paragraphe 10 de l'article
1, et on a dit tout à l'heure que ce paragraphe semblait assez clair.
Lorsqu'on dit dommages causés par une automobile ou par son usage,
à ce moment-là, je pense qu'il est assez clair qu'il s'agit de
l'usage de l'automobile qui cause le dommage. A ce moment-là, un
accident entre un animal, entre un objet et une automobile, c'est un dommage
qui va être couvert par la loi.
M. Roy: On disait tout à l'heure que la personne
n'était pas couverte dans l'ancien régime. Je tiens à dire
que la personne pouvait être couverte en tenant compte de la couverture
dont elle disposait dans sa propre police d'assurance, son
assurance-responsabilité personnelle. Il y a des gens qui prenaient
quand même une couverture pour s'assurer eux-mêmes dans leur
automobile, quoiqu'il arrive et quoiqu'il advienne.
Dans le nouveau système, il va y avoir des changements. C'est la
raison pour laquelle je dis que si la porte est ouverte pour que l'agriculteur
demeure responsable à cause de l'interprétation qu'on peut donner
à ce moment-là, et là, on laisse... On n'a pas de
réponse ici ce matin en commission parlementaire. On nous dit que c'est
la régie qui va établir sa jurisprudence. Il ne faudrait tout de
même pas ouvrir la porte trop grande pour laisser trop de place à
une interprétation et à une jurisprudence qu'on ne connaît
pas. Plus la loi est claire, moins il y a de jurisprudence.
Mme Payette: Je pense qu'on peut dire là-dessus que la
régie va couvrir au moins ce qui, dans le régime actuel, est
considéré comme un accident. Je ne pense pas me tromper en disant
qu'actuellement un accident entre une automobile et un animal, c'est un
accident. Je pense que, de ce point de vue, cela va être couvert par la
loi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ou le poteau
téléphonique qui s'abat sur une automobile.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais quelques mots
à dire avant...
Le Président (M. Bertrand): Avez-vous terminé, M.
le député de Beauce-Sud?
M. Roy: J'ai terminé, bien que je doive admettre que je ne
suis pas plus avancé.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voudrais simplement faire deux observations. Sur
l'utilisation du mot "cause", "causer", je suis fort bien les savants
procureurs et députés qui nous ont fait la démonstration
philosophique selon laquelle il s'agit ici de causalité et non pas de
responsabilité.
Mais la distinction que Me Marcotte a faite, je la suis moins, à
savoir que le projet de loi élimine la notion de responsabilité
dans les cas d'accident d'automobile, donc, en employant et Me Marcotte
pourra me corriger si je fais erreur le mot "causer" dans la
définition d'accident. Il ne peut s'agir de responsabilité.
Je lui ferai remarquer qu'on élimine la notion de
responsabilité quant à l'indemnisation. Mais avant de savoir si
on indemnise, il faut savoir si c'est un accident. Ce sont deux choses
différentes, deux réalités différentes. Qu'on
élimine la responsabilité en ce qui concerne l'indemnisation,
ça va, on arrivera à ces articles et on en discutera.
Mais en ce qui concerne l'étude de l'article 1, paragraphe 1, de
la notion d'accident, cela ne crée pas de problème.
Présumons, assumons qu'on enlève la responsabilité en ce
qui concerne l'indemnisation. Cela ne règle pas notre problème,
à savoir si c'est un accident.
J'espère que les remarques qui ont été faites ici
pourront être utilisées, pourront être invoquées par
des procureurs devant les cours de justice qui seront appelées à
déterminer ce qu'est un accident.
Je suis très présomptueux en disant les cours de justice,
parce qu'on les élimine dans le projet de loi. Je vais terminer mes
remarques sur la jurisprudence de la régie qu'on invoque depuis hier
soir. C'est Mme le ministre qui a commencé à l'invoquer. Je vais
vous dire que je ne crois pas à la jurisprudence de la régie. Je
ne veux pas que cela se reflète sur la capacité et
l'intégrité des gens qui font actuellement partie de la
régie et qui en feront partie.
Ici, on élimine complètement les tribunaux de droit
commun...
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député déborde largement le sujet... On aura l'occasion de
discuter cela...
M. Lalonde: Un instant!
M. Paquette: Non, je m'excuse...
M. Lalonde: Cela fait trois fois qu'on nous parle de la
jurisprudence de la régie, je suis tout à fait d'accord avec le
député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Roy: II est très conforme au règlement.
M. Lalonde: A remettre cela dans deux ans, qu'est-ce qui va
arriver ici? La jurisprudence, le député de Beauce-Sud qui...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Poursuivez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ... a dit qu'il n'était pas juriste, je pense
qu'il a fait des remarques beaucoup plus sages que bien des juristes en font.
C'est dans la loi qu'il faut mettre les principes. La jurisprudence se fait sur
l'interprétation des principes. En adoptant une loi, on ne dit pas que
c'est la régie qui va décider. A ce moment-là, on est dans
la discrétion la plus totale, l'arbitraire le plus total.
Le Président (M. Bertrand): Revenez à votre propos,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: La jurisprudence de la régie, s'il vous
plaît, on n'en parlera pas, on va parler des principes qu'on va mettre
dans la loi. La jurisprudence de la régie va se faire plus tard lors de
l'application des principes. Comme législateurs, nous autres, on ne fait
pas de jurisprudence.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Lalonde: C'est à nous, comme législateurs, de
déterminer les principes qui vont être le fondement des
décisions de la régie. C'est à nous de voir à ce
que la régie ne soit pas dans l'obscurité la plus totale et
l'arbitraire le plus total.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez terminé, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, hier, le
député d'Outremont a lu la page 2 du document qui donne
l'estimation des coûts d'indemnisation et de la tarification. Il disait
il l'a lu et je ne le relirai pas tout de même que les
hypothèses qui étaient retenues étaient plutôt
conservatrices, mais qu'elles devaient nécessairement entrer dans un
coût qui avait été déterminé
antérieurement aux hypothèses.
Si c'est fondé cela l'est, puisque c'est dit en toutes
lettres comme le mot "accident" est restrictif de par sa
définition même, il arrive
qu'on ne peut pas déterminer jusqu'à quel point ce mot
"accident" est restrictif. C'est très difficile à cause de la
façon que c'est dit au paragraphe 1, mais si cette politique est
astreindre la régie à se soumettre à un coût
donné d'administration, il me semble évident que la régie
aura la liberté d'interpréter le mot "accident" toujours en
relation avec ses coûts.
Comme il y a dans le projet de loi plusieurs définitions
absolument importantes, comme la définition d'une personne invalide
enfin, il y a à l'article 176 toute une série de
définitions ou de règlements que la régie peut
établir elle pourra toujours établir les
interprétations qu'elle fait du mot "accident" ou des définitions
et des règlements qu'elle fera par la suite d'une façon
restrictive pour entrer dans ses hypothèses de coûts.
On pourra, en interprétant différemment, soit le mot
"accident", soit les règlements, diminuer ou augmenter le coût du
régime de plusieurs millions. Il me semble évident qu'à un
moment donné on pourra diminuer les coûts au détriment de
la justice qu'on devrait faire aux victimes. Je ferai remarquer aux
députés que tout ceci pourra se faire sans aller au niveau de
l'Assemblée nationale, sans jamais aller au niveau de l'Assemblée
nationale, jamais.
C'est une loi qui a été maintes fois critiquée dans
le passé par la Chambre de commerce, entre autres, qui critiquait le
pouvoir législatif qui, constamment, par ses lois, donnait des
chèques en blanc, si vous voulez, à l'exécutif ou à
une régie donnée. Je crois que cette loi est typique de ce fait.
Il faudrait nécessairement mettre autant que possible des
définitions claires, précises et de laisser le moins possible de
liberté à la régie et à l'exécutif de
changer les interprétations. Il me semble que c'est absolument
fondamental.
Le Président (M. Bertrand): L'article 1.1 sera-t-il
adopté? M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que le rôle
du législateur est de définir exactement ce sur quoi on veut que
la loi s'applique. Pour employer un mot qu'on a employé la semaine
dernière à l'Assemblée nationale, il faut circonscrire
l'application de la loi. Je pense que si on laisse à la régie le
soin d'interpréter l'article, on ne jouera pas notre rôle ici qui
est celui de bien définir l'application d'une loi. Il faut aussi bien se
rendre compte que tout ce qui est dit en commission parlementaire sur
l'interprétation de l'article, et ce qui est dit dans les notes
explicatives de la loi, cela ne fait pas partie de la loi. On ne pourra pas se
servir de ce qui est dit ici aujourd'hui pour aller devant les tribunaux pour
donner des explications sur l'article en question. Alors, il faut que ce qu'on
veut dire soit inclus exactement dans l'article, faute de quoi,
l'interprétation va être laissée à ceux qui vont
devoir appliquer la loi. Je pense qu'il va certainement y avoir des gens qui
vont contester l'application de cet article et qui vont s'en servir.
Mme Payette: Si le député me le permettait, ce
qu'il vient de dire est extrêmement important. Il parle de l'article.
L'article est composé de trente définitions. Effectivement, si on
ne trouvait pas d'autres définitions que cette première, il est
probable que l'article 1 ne serait pas clair. A partir du moment où il y
a trente définitions dans cet article, c'est au bout de l'étude
de ces trente définitions qu'on saura si l'article 1 est clair.
M. Fontaine: M. le Président, si vous me permettez de
continuer, Mme le ministre et ses collègues nous réfèrent
à l'article 1.10 où on donne la définition de dommages
causés par une automobile. Je pense que si on garde cette
définition, cela va justement aller à l'encontre de ce que M.
Marcotte disait tout à l'heure: Tout dommage causé par une
automobile ou par l'usage de celle-ci ou par son chargement, y compris les
dommages causés par une remorque. Je pense qu'à ce moment cela
comprend tous les dommages causés par une automobile, qu'ils soient
causés dans un accident ou non, tel que défini à l'article
1.1. Je pense qu'à ce moment il serait nécessaire d'ajouter
à la fin de ce paragraphe 1.10 "lors d'un accident", parce que sans
cela, on va passer à côté complètement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud a demandé la parole avant vous, M. le député de
Jonquière.
M. Roy: M. le Président, je pense qu'on pourrait
peut-être me permettre de faire une suggestion. Je n'en fais pas un
amendement, malgré que cela pourrait constituer un amendement et cela
devrait constituer un amendement, à mon avis. De façon à
ne pas limiter la portée du sous-paragraphe no 10, pour quelle raison
n'ajoute-t-on pas, après le mot "automobile", "ou par l'usage de
celle-ci"? L'article 1, paragraphe 1 se lirait comme suit: Accident:
Événement au cours duquel un dommage est causé par une
automobile ou par l'usage de celle-ci. Je pense que cela pourrait
répondre à toutes les inquiétudes de tout le monde. Cela
ne limiterait pas la portée de l'article 10. Cela n'ouvre pas la porte
à l'interprétation et à une interprétation autre
que celle qu'on veut, nous ici, à la commission parlementaire, lui
donner. Je serais même tenté d'en faire un amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, si vous permettez, je comprends le sens de votre suggestion pour le
moment. Il n'en reste pas moins que vous avez pris une partie de l'article
1.10, mais que vous en exigez une autre partie et que votre amendement
apporterait d'autres complications, puisque le juge aurait d'autres
problèmes d'interprétation, parce que là, vous oubliez le
"chargement", vous oubliez...
M. Lalonde: La remorque...
M. Vaillancourt (Jonquière):... la remorque et tout
ça...
M. Roy: Alors, vous venez d'ouvrir la porte toute grande...
M. Vaillancourt (Jonquière): Un Instant, s'il vous
plaît!
M. Roy: D'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'autre part, pour revenir
aux remarques du député de Nicolet-Yamaska, je pense que la
journée où tous les textes de loi seront très clairs,
c'est là que vous, vous ferez en sorte que la profession d'avocat
n'existe plus, beaucoup plus que la loi 67...
M. Fontaine: Je ne suis pas inquiet de ce côté.
M. Lalonde: Vous voulez faire ça sombre.
M. Fontaine: Ce n'est pas avec votre gouvernement que ça
va se produire, certain.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que, de tout
temps...
Une Voix: II n'y a pas de danger.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... et dans le passé
et toujours dans l'avenir, il y aura lieu à interprétation de
tout texte de loi. Habituellement, les avocats s'en vont vous le savez
fort bien en cour pour se battre sur des questions de fait, et souvent
et uniquement sur des questions d'interprétation d'un article de loi.
Souvent, vous le savez également, la jurisprudence a force de loi
lorsque, au fil des années, les tribunaux interprètent de telle
façon un article de loi.
Je pense que le but du législateur, c'est de faire en sorte que
l'article soit le plus précis possible, donne le moins possible
ouverture à interprétation; mais je pense que vous êtes
convaincus d'avance qu'il sera toujours impossible d'avoir un article de loi
qui ne prête pas à interprétation, parce que, sans
ça, les cours de justice n'existeront plus.
M. Fontaine: Mais là, vous laissez la porte grande
ouverte...
M. Paquette: Avec l'amendement, il va prêter plus à
interprétation... M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Les propos qui viennent d'être tenus
m'inquiètent doublement. Je ne veux pas que la loi ouvre la porte
à faire des causes pour le plaisir de faire des causes, sous le
prétexte qu'il faut avoir des tribunaux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Elle n'ouvre pas,
celle-là.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Paquette:
M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, avez-vous terminé?
M. Roy: Non, je veux revenir là-dessus, M. le
Président. Moi, je dis que l'article no 1 et l'article no 10 ne doivent
pas se contredire. Bon! Et s'il y a lieu, peut-être, d'être plus
explicite dans l'article 1, paragraphe 1, qu'on l'établisse clairement;
mais ils ne doivent pas se contredire pour ouvrir la porte à
l'interprétation. Je ne souscris pas du tout au principe et je suis
convaincu que mon collègue ne souscrit pas au principe non plus selon
lequel on doit laisser quand même les tribunaux décider de ces
choses-là. Nous avons la responsabilité, et les premiers qui ont
la responsabilité, ce sont les législateurs.
Alors, je ne veux pas faire un débat, ni éterniser le
débat là-dessus, mais je dis quand même que le gouvernement
a ses conseillers juridiques, ses experts là-dedans. Dans la
rédaction de l'article 1, on a suffisamment eu d'observations à
la table faites par d'éminents procureurs également, qui
démontrent, de façon très claire, qu'il y a place à
interprétation. La preuve, c'est qu'il y en a même ici, de
l'interprétation, et s'il y a un endroit où il ne devrait pas y
en avoir dans la rédaction de notre loi, c'est bien ici. Alors, s'il y
en a déjà ici comme point de départ et la remarque
du député de Marguerite-Bourgeoys tout à l'heure, qui
disait que les avocats, les procureurs, pourraient se référer au
journal des Débats et citer, dans leur plaidoyer, les voeux des
législateurs il faudrait qu'ils prennent les bonnes
interventions, parce que ça pourrait créer des problèmes,
parce que si encore, à un moment donné, l'avocat de la
défense prend l'interprétation de certains membres de la
commission parlementaire et que le procureur du client prend
l'interprétation que d'autres législateurs ont donnée,
ça ne contribuera pas à clarifier la situation devant les
tribunaux.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, je pense que...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre! M. le
député de Rosemont avait demandé la parole.
M. Paquette: M. le Président, je pense que, concernant
l'aspect juridique de l'interprétation possible des définitions,
je suis d'accord pour que les définitions laissent le moins possible
à interprétation. Mais si on prenait l'amendement que le
député de Beauce-Sud avait suggéré, on y reprend
seulement une partie de l'article 1.10, et là, quelqu'un qui
interprète ça pourrait se demander: Est-ce que "accident", c'est
bien l'évé-
nement pour un dommage causé par une automobile tel que
défini à 1.10 ou non? Alors que si on le laisse comme ça,
on dit: "Accident", c'est tout simplement un événement au cours
duquel un dommage est causé par une automobile. C'est beaucoup plus
clair qu'il faut se référer à 1.10 pour savoir ce qu'est
un dommage causé par une automobile. Et moi, à première
vue, je me demandais si on ne devait pas l'ajouter à l'article 1, mais
ce serait superflu. J'avais le goût de dire: Un dommage causé par
une automobile, tel que défini à l'article 1.10, mais, c'est tout
à fait superflu. Alors, sur ce plan, moi en tout cas, je suis
tranquillisé. Quant à l'autre objection qui a été
amenée par les députés de l'Opposition concernant
l'évaluation du nombre d'accidents, je pense, M. le Président,
que la définition qu'on donne d'accident, ici, et de dommages
causés par une automobile, est à peu près
équivalente à celle qu'utilisent les compagnies d'assurances
privées actuellement. Quand je lis le document sur l'évaluation
des coûts, à la page 4, on y dit qu'on se base sur des
statistiques compilées sur les accidents de circulation par le
ministère des Transports du Québec et par Statistique Canada, qui
permettent d'estimer le nombre de victimes tuées, blessées.
Quand on dit qu'on se base sur des chiffres tirés des dossiers
des assureurs et qu'on y ajoute un pourcentage en cas d'imprévu, au cas
où la définition serait plus large que celle appliquée par
les assureurs privés, je pense qu'on a toutes les garanties qu'on n'a
pas sous-estimé les coûts qui découlent de la
définition qui est là.
On a beaucoup insisté, dans les exposés d'ouverture, sur
l'incertitude des chiffres, du document. Quand j'ai lu le document hier, j'ai
vu le mot "incertitude". Les gens ont le courage de le dire et comme je sais
que l'Opposition cherche des incertitudes à la loupe, je me suis dit:
Elle va sauter là-dessus, mais je tiens à dire que c'est ainsi
que les compagnies privées fonctionnent actuellement. Il n'y a personne
qui peut vous dire combien il y aura de victimes l'année prochaine.
C'est absolument impossible.
Il faut nécessairement faire des prévisions et cela se
base sur les années précédentes. D'ailleurs, les
compagnies privées se sont trompées drôlement dans le
passé là-dessus. Par exemple, au moment du boom de l'inflation en
1974-1975, les compagnies avaient sous-estimé les coûts et elles
se sont retrouvées avec une perspective de déficit et elles ont
été obligées d'augmenter les prix
démesurément pour s'apercevoir en 1976, suite à une
diminution d'accidents, qu'elles avaient trop exigé et il y a même
eu des interventions de la régie anti-inflation pour les faire
diminuer.
Alors, les prévisions sur lesquelles on se base pour la
régie publique, c'est le même genre de prévisions que les
compagnies privées font. On se base sur les mêmes chiffres et on a
mis un pourcentage supplémentaire au cas où il y aurait des
imprévus. C'est dans ce sens que l'évaluation est
conservatrice.
Je n'ai aucune réserve sur les conséquences de la
définition de l'article 1.1.
Le Président (M. Bertrand): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Deux points si vous permettez, M. le
Président. Le premier sur justement ces hypothèses et ce nombre
d'accidents... Vous vous rappellerez que, si nous insistons là-dessus,
c'est parce qu'on n'a pas été capable de discuter du document.
Nous avons donc l'intention d'en discuter article par article et d'y revenir
aussi longtemps qu'on n'aura pas eu les réponses.
La réponse que nous cherchons, à l'heure actuelle, ce
n'est pas celle que vient de nous donner le député de Rosemont.
Nous voulons les chiffres et je suis convaincu que le ministre a une annexe
à ce document, même si personne ne me l'a dit. Je suis convaincu
qu'il existe une annexe où on donne les chiffres et si les chiffres
étaient là, nous pourrions aussi juger des chiffres qui ont
été choisis par hypothèse et les comparer avec
l'expérience passée et se faire une idée pour savoir si
c'est conservateur ou si c'est libéral.
C'est ce que nous voulons. Nous voulons une annexe qui nous donne les
chiffres qui ont été utilisés et qui nous ont servi
à établir les prévisions de coût. C'est simple comme
question. On veut seulement avoir cela.
Le Président (M. Bertrand): Vous allez à
l'en-contre du règlement.
M. Raynauld: Comment? Je vais à l'encontre du
règlement?
Le Président (M. Bertrand): Sur 1.1.
M. Raynauld: M. le Président, quand même, cela va
suffire. Deuxième point... A chaque fois qu'on veut parler, on va
à rencontre du règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont...
M. Raynauld: Je ne vais pas du tout à l'encontre du
règlement. On parle des accidents ici, M. le Président-
Le Président (M. Bertrand):... ne vous emballez pas! Je
tente simplement de faire en sorte que nous puissions suivre chacun des
articles en n'essayant pas d'empiéter sur l'étude d'autres
articles.
M. Raynauld: Deuxième point, sur les accidents, l'article
1.1 proprement dit. Il semble bien qu'il y a des difficultés avec la
définition. A mesure qu'on lit les autres définitions, on voit
d'autres complications et je voudrais attirer l'attention sur l'alinéa
12 plus loin où on définit un dommage matériel.
Ici à 1, on a un événement au cours duquel un
dommage est causé par une automobile. On définit le dommage
matériel: Le dommage causé lors d'un accident à une
automobile. On dit: Le dommage causé lors d'un accident à une
automobile... Si on remplace les mots, on dit que c'est un accident... Le
dommage causé lors d'un accident, qui est causé à une
automobile, par une automobile...
J'ai l'impression qu'on tourne en rond, qu'on ne définit rien, et
je me demande si ma suggestion d'hier soir ne serait pas encore bonne.
C'était une simple suggestion, mais que je pourrais peut-être
répéter. C'était qu'on change le dernier bout de phrase
dans l'alinéa 1 pour dire: Evénement au cours duquel un dommage
implique une automobile.
A ce moment, on pourrait avoir les autres choses sans qu'on revienne
toujours à savoir qui cause quoi.
Je soumets cette suggestion-là. Si elle n'est pas retenue, tant
pis.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous aviez
été ici à dix heures, vous auriez compris pourquoi on ne
peut pas accepter cela. Parce qu'il en a été question vers 10 h
10.
M. Lalonde: On n'a pas eu de réponse satisfaisante nulle
part.
M. Vaillancourt (Jonquière): On a dit qu'on ne voulait pas
couvrir le gars, par exemple, qui est en train de mettre de l'essence dans son
automobile et de fumer une cigarette et qui voyait son automobile exploser;
faire un amendement de ce genre-là, faire en sorte que ce serait
couvert. On ne veut pas le couvrir. On l'a dit tout à l'heure. Le
député d'Outremont n'était pas ici. On le
répète, mais c'est cela. C'est cela, la vérité.
M. Lalonde: Je ne veux pas mettre...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je m'excuse, mais si je me fie à ma
comptabilité...
M. Lalonde: Sauf avec le consentement unanime.
Le Président (M. Bertrand): Même pas, parce
qu'à ce moment-là on contreviendrait au règlement.
M. Lalonde: On peut contrevenir au règlement. C'est une
question de règlement, M. le Président. Je vous soumets
respectueusement, M. le Président, qu'on peut, avec le consentement
unanime, contrevenir au règlement, c'est-à-dire suspendre
l'application du règlement. Alors, j'attends votre décision.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, évidemment, si on se mettait à donner notre
consentement unanime chaque fois que ce consentement est revendiqué, on
pourrait effectivement se passer de l'ensemble de ce livre de règlement
et on pourrait passer à côté de ce que l'Assemblée
nationale a décidé. Si une commission parlementaire se met
à refaire un nouveau livre de règlements, évidemment que
le rôle de la présidence n'en sera qu'amélioré, sans
doute, mais je pense que nous contreviendrions aux prescriptions qui sont dans
le règlement.
M. Raynauld: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: Une question de règlement, il y a quand
même des limites. C'est la première fois que je vois un
président, au début de l'étude d'un projet de loi, refuser
qu'on demande même le consentement unanime.
Le Président (M. Bertrand): Je n'ai pas dit que je
refusais de demander le consentement unanime.
M. Lalonde: C'est ce que votre attitude, en fait, nous laisse
penser.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, n'allez pas au-delà. Vous vous rappelez qu'hier,
à un moment donné, j'avais demandé qu'on respecte nos
traditions. Il n'aurait pas été question que je demande un
consentement unanime, par exemple, pour donner le droit de parole à tout
le monde, à la suite des exposés préliminaires faits par
chacun des représentants de formations politiques. J'ai demandé
le consentement unanime. Il a été refusé. Si, aujourd'hui,
vous me demandez de demander le consentement unanime et que je le demande, je
l'accorderai. La question n'est pas là. C'est simplement que je veux
vous indiquer que, chaque fois qu'un député qui s'est servi de
l'article 160 de nos règlements et qui a parlé 20 minutes sur un
même article, un même règlement, un même paragraphe,
une même motion, a épuisé son temps, le rôle du
président c'est de lui rappeler qu'à partir de l'article 160 il a
épuisé son temps de parole. C'est uniquement le sens que je veux
donner, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, à ma
décision.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président, encore une fois. Je pense que je n'accepte pas votre
suggestion selon laquelle le fait que je demande pour la première fois
d'étendre l'article 160 veuille indiquer que je vais le demander chaque
fois. Vous avez dit: Si, chaque fois qu'un député excède
son temps de parole, il demande le consentement unanime... Je m'inscris en faux
contre cette hypothèse. C'est la première fois que je le demande
et je le demande simplement pour essayer de faire avancer encore le
débat. C'est vrai que c'est moi qui ai parlé le plus longtemps
là-dessus, mais, d'un autre côté, je ne suis pas le seul
à avoir des pro-
blêmes. Tous les autres membres de l'Opposition, même ceux
du parti ministériel, tentent de trouver une solution à cette
question et je ne suis même pas sûr que je vais avoir le
consentement unanime, mais je le demande.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que les
députés donnent leur consentement pour permettre au
député de Marguerite-Bourgeoys d'étendre la limite de
temps qui lui est permise selon nos règlements?
M. Roy: Consentement.
Mme Payette: M. le Président, je voudrais savoir sur quoi
le député de Marguerite-Bourgeoys veut parler maintenant.
M. Lalonde: On veut me censurer, maintenant.
Mme Payette: Non, mais c'est parce que je pense qu'on a...
M. Lalonde: Je refuserais le consentement unanime à la
condition que je sois censuré, M. le Président. A cette
condition, je ne l'accepte pas.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys! Mme le ministre, à
l'ordre, s'il vous plaît! Il ne s'agit pas de savoir de quoi le
député de Marguerite-Bourgeoys veut parler, il s'agit simplement
de savoir s'il peut parler.
Mme Payette: II peut parler.
Le Président (M. Bertrand): Consentement unanime
accordé.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie.
Une Voix: Sans condition.
M. Lalonde: C'est inconditionnel, oui. Il me semble que les
derniers propos du député de Jonquière selon lesquels
l'article 1, sous-paragraphe 1, ne couvrirait pas un dommage causé par
l'explosion d'une automobile...
M. Vaillancourt (Jonquière): Si... J'ai dit si un individu
qui est en train de mettre de l'essence dans son automobile est en train de
fumer une cigarette; il me semble que ce n'est pas couvert.
M. Lalonde: C'est cela. Le député de
Jonquière suggère que la définition actuelle ne couvre pas
l'accident.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais si on disait: impliquant
une automobile, ce serait tellement large qu'on pourrait l'inclure.
M. Paquette: C'est l'usage de l'automobile à
l'article...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est l'usage de
l'automobile.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Lalonde: J'avais cru entendre Me Marcotte dire le contraire.
Je voudrais maintenant qu'il nous aide un peu là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre.
Mme Payette: Je n'ai pas d'opinion contraire à formuler.
C'est-à-dire que, dans la mesure où on a dit tout à
l'heure qu'il y avait des interprétations possibles, chaque individu,
chaque procureur pourrait avoir des interprétations différentes.
Ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est que si on dit "lorsqu'un dommage
implique une automobile", cela peut être extrêmement large et
couvrir des cas qu'on ne veut pas couvrir.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est ce que j'ai dit.
M. Lalonde: Je m'excuse auprès du député
d'Outremont, parce que là on revient à la notion de cause.
M. Raynauld: Je ne suis pas d'accord.
M. Lalonde: C'est exact que la notion de cause n'implique pas
nécessairement une responsabilité, mais il faudrait quand
même savoir si on veut parler de la cause causante à ce
moment-là, il y a origine d'une action ou d'autres
éléments de la cause. A ce moment-là, on va encore se
retrouver dans des discussions interminables.
M. Paquette: M. le Président, ce n'est pas...
M. Lalonde: On voit que la jurisprudence de la régie ne
sera pas très facile à faire, étant donné que
même les députés ministériels ne s'entendent pas
avec le procureur.
M. Paquette: Je voudrais apporter une précision,
très brièvement. "Dommage causé par une automobile" est
défini à l'article 10. C'est cela qui sert à
définir le mot "accident" à l'article 1.1. Le dommage
causé par une automobile est un dommage causé pas uniquement par
une automobile au sens large, mais par une automobile ou par l'usage de
celle-ci ou par son chargement y compris le dommage causé par une
remorque. Ce n'est donc pas considérer que c'est l'automobile la cause
de l'accident. C'est l'usage de cette automobile qui doit être la cause
pour qu'on puisse considérer qu'il y a accident d'automobile. Il me
semble que c'est clair!
M. Lalonde: Ce n'est pas seulement cela, parce que selon
l'exemple du député de Jonquière le dommage serait
causé par une automobile, mais pas par l'usage de celle-ci. Or,
l'article 10 dit: "ou par l'usage". Ce n'est pas...
M. Paquette: Le cas que mentionnait le député de
Jonquière est exclu de par les définitions que nous avons dans le
projet de loi.
M. Lalonde: Pas d'accord. C'est un dommage causé par une
automobile qui explose.
M. Paquette: Quand vous avez une auto qui est
arrêtée...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas un accident
d'automobile.
M. Paquette: Quand vous avez une auto qui est
arrêtée, donc qui n'est donc pas en usage, et que...
M. Lalonde: A l'article 1.10 on dit "ou par l'usage de celle-ci".
On ne dit pas et, incluant nécessairement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Raynauld:
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je voudrais simplement revenir sur ce point. Je
pense que ce qu'on oublie, c'est que ce n'est pas l'accident qui est couvert,
ce sont les dommages qui sont indemnisés. Les dommages sont
définis à l'article 1.10. Quand on dit qu'on ne peut pas mettre
que l'accident est un dommage impliquant une automobile parce que cela
couvrirait des cas qu'on ne veut pas couvrir, cela ne couvre rien, un accident.
Cela définit un événement. C'est le dommage qui va
être indemnisé par la suite en vertu de l'article 1.10. Par
conséquent, il n'y a pas de danger à dire qu'un accident est un
événement au cours duquel un dommage implique une automobile.
C'est simplement pour définir un accident et ce n'est pas l'objet de cet
article de restreindre la portée de la loi.
Il me semble que l'objection ne tient pas et cela répond, par
ailleurs, à d'autres objections qui disaient: On ne veut pas, dès
l'alinéa 1, commencer à se poser des questions à savoir si
l'accident a été causé par un train ou par autre chose. Il
me semblait donc qu'on pourrait définir l'accident de façon
large, mais on restreint ensuite... Etant donné que la loi porte sur le
dommage, à ce moment-là, ce serait l'article 1.10 qui verrait
à exclure des cas comme celui mentionné par le
député de Jonquière, sur lequel je suis d'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si les membres de la
commission le voulaient, je pourrais, sur le sens du mot "cause", vous
transmettre l'opinion d'un conseiller juridique qui a travaillé
énormément et essentiellement à la rédaction du
projet de loi.
M. Lalonde: Qui?
M. Vaillancourt (Jonquière): Me François Aquin,
avec la jurisprudence sur l'interprétation que donnent les tribunaux ou
les différentes interprétations que donnent les tribunaux du mot
"cause". D'accord?
Or, comme l'indique Me Jean-Louis Beau-doin dans "La
responsabilité civile délictuelle ", Montréal, 1973, pages
331 et suivantes: "Sur la Loi de l'indemnisation des victimes d'accidents
d'automobile, deux écoles se sont affrontées sur cette question:
Premièrement, la première école donne au mot "cause" le
sens juridique et technique de la cause déterminante du causa cau-sans.
Cette école s'est exprimée dans Morris contre Delvida il
donne la référence 1970, Cour d'appel.
La seconde école adopte le sens large: il suffit que la voiture
ait été la cause sine qua non de l'accident.
La seconde école a nettement prédominé depuis 1970.
Je vous inclus l'arrêt Hémond versus Sauvé, 1975, Cour
d'appel, page 232, et attire votre attention sur la définition
donnée du mot "cause" par M. le juge Mayrand, à la page 233. "Il
suffit, dit le juge Mayrand, qu'une automobile soit impliquée dans un
accident dommageable pour que les présomptions créées par
l'article 3 jouent contre son conducteur et son propriétaire". Il est
à noter que le juge Kaufman était dissident.
L'arrêt Hémond contre Sauvé a été
suivi dans l'arrêt Pimpare versus Vermette, 1975, Cour d'appel
également, et dans l'arrêt Choinière versus Maryland
Casualty, 1975, Cour d'appel, page 878. Il a été aussi suivi dans
un arrêt non rapporté du 26 avril 1976, Tremblay contre Tremblay
les juges Kaufman, Chouinard et Lajoie.
Il faut noter que, dans cet arrêt, le juge Kaufman a concouru avec
ses collègues. Le juge Lajoie s'est exprimé ainsi: "La cause
physique matérielle efficiente des dommages subis par le demandeur est
la collision des deux automobiles, et c'est cette cause, non pas la cause
juridique que vise l'article 3". Il ne faut pas oublier cependant que si la
jurisprudence de la Cour supérieur et de la Cour d'appel du
Québec semble devenue unanime sur ce point, le juge De Grandpré,
par contre, semble tenir une position, sinon contraire, du moins
différente dans Dumesnil contre Sheehy.
Nous disons bien qu'il s'agit d'une position différente et non
contraire car le juge De Grand-pré ne va pas jusqu'à dire qu'il
faut établir la cause juridique, mais uniquement qu'il faut prouver la
cause "efficiente".
Par contre, les débats qui, comme nous pouvons le voir, ont
marqué les dernières années sur le sens du mot "cause"
devraient cesser avec la loi 67. Dans le régime antérieur
fondé sur la faute, l'ambiguïté pouvait se créer
entre la cause "juridique" et la cause "matérielle".
Dans le régime du projet de loi no 67, vu l'article 4 et vu
l'article 53, il apparaît évident que le législateur a
adopté la théorie juridique du risque créé qui ne
laisse qu'une seule voie possible: la
définition du mot "cause" dans le sens de la causalité
matérielle.
Je vous prie d'agréer, cher confrère, l'assurance de mes
sentiments distingués.
Si cela peut éclairer les membres de la commission.
M. Fontaine: Vous pouvez déposer ce document?
Mme Payette: On peut le faire distribuer, certainement.
M. Vaillancourt (Jonquière): On peut le faire distribuer
aux membres de la commission également.
Le Président (M. Bertrand): Autres interventions? Le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, malgré... Est-ce que j'ai
la parole, M. le Président?
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Roy: Pour revenir à ce qui a été dit tout
à l'heure, malgré l'interprétation et le document qui est
déposé à l'heure actuelle, je vais essayer de me
référer aux traditions et aux habitudes qu'on retrouve dans les
tribunaux, dans l'interprétation des lois.
Dans le paragraphe 1, on définit le mot "accident". Dans le
paragraphe 10, on définit le mot "dommages". Pour que le paragraphe 10
s'applique, il faut qu'il y ait eu un accident. Sinon, le paragraphe 10 ne
s'applique pas. Je voudrais bien qu'on me corrige si je suis dans l'erreur.
Si le paragraphe 1 est très limitatif, il est évident
qu'on ne peut pas se référer au paragraphe 10 pour donner
l'interprétation, à mon avis, du paragraphe 1. Encore une fois,
et je le répète, pour que le paragraphe 10 s'applique, il faut
d'abord qu'il ait été déterminé, entendu,
prouvé, qu'il y a eu un accident.
S'il est prouvé qu'il n'y a pas eu d'accident tel que
défini par le paragraphe 1, on ne peut pas avoir recours au paragraphe
10. Or, à mon avis, il est important, compte tenu de ce qui a
été dit et compte tenu des intentions du gouvernement et du
législateur, qu'on devrait ajouter, dans le paragraphe 1:
événement au cours duquel un dommage et on devrait ajouter
un dommage tel que défini à l'article 1.10 est
causé par une automobile. A ce moment-là, je pense qu'il n'y a
pas de danger de limiter la portée de la loi.
Lorsqu'on écoute certains plaidoyers dans certaines cours de
justice, on se rend compte qu'il y a des avocats et des procureurs qui
possèdent un art assez exceptionnel, une très grande
expérience et, à ce moment-là, ie dis que la porte est
ouverte à une interprétation de ce genre.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud si vous me permettez, M. le Président je pense
que, de toute façon, ce serait préférable que ces mots
apparaissent à la fin du paragraphe et non pas au centre du paragraphe.
D'autre part, selon la technique légale de rédaction des lois, je
serais favorable à un amendement semblable pour la bonne
compréhension des deux articles, mais remarquez que, selon la technique
de législation et de rédaction des lois, il m'apparaît
absolument superflu d'écrire cela. Mais si c'est pour rallier tous les
membres de cette commission sur la définition de ces termes, nous
serions prêts à nous rendre à cet amendement, pour autant
que le sens que vous voulez donner à votre amendement... Que les mots en
question soient ajoutés à la fin de l'article et non pas au
centre...
M. Roy: II n'y a pas de problème pour ce qui a trait
à l'endroit où les mots peuvent être placés.
M. Vaillancourt (Jonquière):... tout en disant, tout en
faisant la réserve que, selon la technique légale de
rédaction des lois, on ne voit que très rarement des exceptions
de ce genre dans nos lois.
M. Roy: Mais c'est peut-être parce qu'on en voit
très rarement qu'il y a tant de procès.
M. Vaillancourt (Jonquière): Peut-être.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que j'ai un amendement
devant moi?
M. Roy: Oui, j'en fais un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui, si vous voulez...
M. Roy: Un dommage est causé par une automobile, je vois
mal la difficulté de la rédaction si on ajoute le mot à la
fin, parce que c'est le dommage qui est défini à l'article
10.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est le dommage causé
par une automobile qui est défini.
M. Paquette: C'est le dommage causé par une automobile qui
est défini entièrement.
M. Roy: Tel que défini à l'article 1.10,
d'accord.
L'article se lirait comme suit: "Accident: Evénement au cours
duquel un dommage est causé par une automobile, tel que défini
à l'article 1.10".
M. Lalonde: II y a des problèmes.
Le Président (M. Bertrand): Pouvez-vous me rédiger
cela, M. le député de Beauce-Sud, s'il vous plaît?
M. Roy: Aimeriez-vous que je l'écrive?
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Lalonde: On va avoir des problèmes.
M. Fontaine: Est-ce qu'on pourrait suspendre les travaux quelques
minutes pour avoir l'avis juridique et rédiger l'amendement, cinq
minutes?
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons suspendre les
travaux deux minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
Reprise de la séance à 11 h 17
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
J'ai devant moi une motion d'amendement présentée par le
député de Beauce-Sud. La motion aurait pour effet d'ajouter au
paragraphe 1 de l'article 1, après le mot "automobile", les mots
suivants "tel que défini à l'article 1.10". L'article se lirait
donc comme suit: "Accident: Evénement au cours duquel un dommage est
causé par une automobile tel que défini à l'article
1.10".
M. Roy: M. le Président, je vous ferai grâce de
l'argumentation, je n'ai pas à la reprendre, elle a été
suffisamment précisée, je pense.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'espère que le député de Beauce-Sud ne m'en voudra pas,
parce que c'est moi qui lui ai dit que je serais peut-être prêt
à accepter non pas juridiquement parlant, non pas à titre
d'avocat, mais pour passer à un autre article du projet de loi
cet amendement que je considère superflu et qui démontre que nous
n'avons pas confiance au juge ou au président qui va interpréter
cette loi, puisqu'on lui dit quasiment: M. le juge, vous n'irez pas voir
l'article 1, paragraphe 10.
M. Roy: Je m'excuse, mais il y a une parenthèse qui est
extrêmement importante. Cela ne sera pas tranché devant les
tribunaux de droit commun.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je dirais le
président.
M. Roy: Cela va être tranché devant la Commission
des affaires sociales, ce qui est bien différent.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est cela. D'abord, on ne
fait pas confiance au président de la commission, comme si ce
président et ses as- sesseurs ou ses acolytes ne regarderont que le
paragraphe 1 de l'article 1. Evidemment, je n'avais pas demandé
l'opinion du conseiller juridique, même si je présumais, comme
avocat, qu'il serait contre cette technique légale qui n'est pas
tellement courante dans la rédaction de nos lois. J'espère que M.
le député de Beauce-Sud ne m'en voudra pas, si après
consultation avec le conseiller juridique ici à ma gauche, j'en suis
venu, de bonne foi, malgré tout, à changer d'opinion et à
faire prévaloir la coutume qui existe dans nos lois, à savoir de
ne pas ajouter des éléments superflus qui parlent souvent par
eux-mêmes.
Or, dans ce sens et après consultation, et comme l'amendement
n'apporte absolument rien de nouveau, et comme les présidents de
commission ou les juges doivent interpréter des articles, des lois, les
uns par rapport aux autres, une loi étant un tout, à ce moment
nous voterons contre l'amendement tel que rédigé.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'aimerais attirer
l'attention du député et lui dire que j'ai découvert
pourquoi il a changé d'opinion.
Ce n'est pas nécessairement à cause d'une description
juridique de l'article, c'est parce que si on acceptait l'amendement tel que
proposé, à mon avis, cela couvrirait tous les accidents qui sont
causés par l'usage d'une automobile. Parce que, comme vous le dites, il
faut interpréter les articles les uns par les autres et si on va
à l'article 3, on dit: La victime d'un dommage corporel causé par
une automobile... Si on dit que c'est par une automobile et qu'on se
réfère à l'article 1.10 où on dit: Tout dommage
causé par une automobile ou par l'usage de celle-ci, cela voudrait dire
que l'exemple que vous avez donné tout à l'heure, du gars qui est
en train de remplir son réservoir d'essence et dont l'automobile
explose, serait couvert. Je pense que ce n'est pas ça que vous voulez.
Je pense que c'est pour ça que vous voulez refuser l'amendement et ce
n'est pas pour une cause de description juridique. Ce qu'on veut, par exemple,
que vous mettiez dans l'article 1.1, ce sont tous les événements
que vous voulez voir couverts, et moi, j'ai peur que si vous le laissez tel
quel, dès qu'il y aura un accident, par exemple, où un train sera
impliqué, il y aura sûrement un avocat qui ira contester la
décision de la régie et, à ce moment-là, la
régie sera obligée, bien sûr, de suivre le jugement qui
sera rendu par la suite. Parce que ça peut se contester, ça,
devant la Cour supérieure, une décision de la régie. Si la
régie, par exemple, paie une indemnité a la suite d'un accident
où un train est impliqué, je pense qu'il serait possible d'aller
devant la Cour supérieure pour, je ne sais pas, moi, prendre une
injonction pour dire à la régie que vous n'avez pas le droit de
payer dans tel cas. Ce sera sûrement contesté, et ce qu'on veut
vous faire comprendre, c'est qu'il faut bien défi-
nir cet article 1.1 pour empêcher qu'il y ait de telles
contestations. Si vous voulez couvrir les accidents dans lesquels un train va
être impliqué, ou un cheval, ou un animal quelconque, il faut le
définir comme il faut, parce que, sans ça, vous allez avoir des
problèmes.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Moi, en principe, je ne suis pas contre l'amendement
du député de Beauce-Sud, sauf que je pense qu'il ne règle
pas le problème et qu'il peut être un peu dangereux comme
précédent, à savoir que, bon! à chaque fois qu'on a
un terme qui est défini, on va dire dans la loi: Tel que défini
à tel article, ce qui serait tout à fait lourd, inutile et dans
la rédaction des lois, comme dans toute autre chose où le verbe
est essentiel, l'inutile est mauvais.
D'un autre côté, s'il faut le mettre là maintenant
pour rassurer quelqu'un, je n'ai pas d'objection à voter pour cela. Ce
qui reste, M. le Président, c'est l'emploi du concept de cause qui est
le problème. On voit bien qu'on avait raison de se poser des questions.
Ce que je déplore, c'est que ça nous a pris deux heures, il a
fallu que je quête un consentement unanime pour excéder mon temps
que j'avais pris, pour s'apercevoir...
Le Président (M. Bertrand): II vous reste 19 minutes sur
l'amendement.
M. Lalonde: ... qu'on avait une opinion datée du 16
novembre qui aurait pu nous éclairer. J'en profite, à ce
moment-là, M. le Président, pour demander au gouvernement, s'il
vous plaît, de ne pas nous donner au compte-gouttes, après deux
heures de débat, les documents qui peuvent nous éclairer...
M. Vaillancourt (Jonquière): Mieux vaut tard que
jamais.
M. Lalonde: ... peut-être nous les donner avant ou au tout
début de la discussion. C'est assez difficile de nous faire parvenir les
dossiers qu'il y a au ministère sur l'assurance automobile. J'imagine
qu'il doit y en avoir des piles très considérables, mais je pense
que l'opinion nous éclaire, venant de Me Aquin, que je respecte
beaucoup, comme toute la confrérie légale, je pense que c'est une
opinion qui vaut la peine, qu'on doit considérer...
M. Vaillancourt (Jonquière): Appuyée par des
décisions, d'ailleurs...
M. Lalonde: Oui, mais qui indique quand même qu'il y avait
un problème, un problème non seulement que nous avons
découvert, mais que sûrement Me Suzanne Masson aussi ou les autres
collègues au ministère avaient aussi décou- vert, de sorte
qu'on a pensé étudier la question et demander à un expert
de nous éclairer.
Enfin, je ne pense pas que l'amendement règle ce
problème.
Il peut nous servir de concordance, peut-être, pour aider
quelqu'un à comprendre plus facilement. Je pense que le problème
va quand même rester après l'amendement.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, si on me permet, je suis bien
conscient que l'amendement que j'ai proposé ne règle pas tout le
problème, loin de là. L'amendement que j'ai proposé
fermait un peu plus la porte. C'est dans cet esprit que j'ai
présenté cet amendement. D'ailleurs, je l'ai dit au tout
début et cela m'a encouragé davantage quand mon collègue
de Jonquière a dit qu'il serait probablement en faveur. Mais je pense
que toutes les interprétations et toutes les opinions qui ont
été émises ici nous démontrent un fait hors de tout
doute, c'est que si l'accident n'est pas bien déterminé en vertu
de l'article 1, paragraphe 1, l'article 10 et les autres ne s'appliquent
pas.
Comme il s'agit d'un tribunal des Affaires sociales et non pas d'un
tribunal de droit commun, je ne veux pas mettre en cause ni mettre en doute la
compétence de ceux qui seront nommés pour siéger à
ce tribunal, mais je dis que le rôle du législateur est de faire
en sorte que les lois soient le plus précises possible pour que ces
gens-là n'aient pas trop de marge de discrétion dans
l'application de la loi, des lois ou des articles de la loi. Ceci aurait pour
effet de rendre leur tâche beaucoup plus pénible. Il est toujours
plus facile pour un tribunal, quel qu'il soit, d'appliquer une loi lorsque
celle-ci est claire.
Lorsque la loi ouvre la porte à des interprétations, des
doutes, des ambiguïtés, de la contestation, les membres de ces
tribunaux sont obligés d'avoir recours à une jurisprudence.
Lorsqu'on n'a pas la jurisprudence sur le plan local, on est obligé de
recourir à la jurisprudence de tribunaux semblables, ailleurs, dans
d'autres pays du monde. A titre d'exemple, je peux me référer, M.
le Président, à l'interprétation même des
règlements de l'Assemblée nationale. A plusieurs reprises, j'ai
lu que des décisions avaient été rendues par le
Président pour lesquelles on avait fait appel à des
décisions rendues par le Parlement d'une autre province. Il y a 50 ans.
J'ai lu cela. Au Parlement de Grande-Bretagne, j'ai lu à un moment
donné qu'on s'était même référé
à une décision rendue par un tribunal de l'Australie ou de la
Nouvelle-Zélande parce que justement cette question ne pouvait
être tranchée à cause de l'imprécision, à
cause de l'absence qu'on retrouvait dans le règlement de
l'Assemblée nationale.
C'est dans cet esprit, dans un esprit cons-tructif et positif que j'ai
voulu présenter cet
amendement de façon à fermer un peu plus la porte en
étant bien conscient que cela ne règlerait pas le problème
dans sa totalité.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que cet amendement sera
adopté? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: C'est sur l'amendement.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que cet amendement sera
adopté?
Une Voix: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Rejeté. Personne ne
demande le vote enregistré?
M. Roy: Vote enregistré. On va savoir qui est pour, qui
est contre.
Le Président (M. Bertrand): Vote enregistré, M. le
député de Beauce-Sud. Bien, nous allons voter.
L'amendement du député de Beauce-Sud se lit comme suit...
Le député de Beauce-Sud fait motion pour qu'à l'article 1,
paragraphe 1, après le mot "automobile" soient ajoutés les mots
"telle que définie à l'article 1.10". Donc, l'amendement, s'il
était adopté, ferait que l'article se lirait de la façon
suivante: ""accident": événement au cours duquel un dommage est
causé par une automobile, telle que définie à l'article
1.10".
M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Bisaillon
(Sainte-Marie)? M. Gagnon (Champlain)? M. Gosselin (Sherbrooke)? M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Je m'abstiens, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Abstention diplomatique.
Le Président (M. Bertrand): M. Paquette (Rosemont)? M.
Giasson (Montmagny-L'Islet)? M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois (Laporte)? M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette (Dorion).
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Abstention.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy
(Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Shaw (Pointe-Claire), M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
M. Saint-Germain: Abstention.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt
(Jonquière)?
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Bertrand): Alors Pour: 1, Contre: 6,
Abstentions: 4. L'amendement est rejeté. Nous revenons à
l'article principal, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour continuer dans cette question du
député de Jonquière, vous avez dit tout à l'heure
que si quelqu'un causait un accident en allumant une allumette, par exemple, en
faisant son plein d'essence, que ce n'était pas
considéré...
M. Vaillancourt (Jonquière): Avec votre permission, j'ai
dit que les mots "impliquant une automobile" étaient tellement larges
qu'on pourrait faire entrer à l'intérieur de cette
définition un paquet d'événements dont peut-être
celui-là et j'ai donné un exemple.
M. Saint-Germain: Si ce type-là qui fait son plein
d'essence est accompagné d'un ami qui, par l'effet de l'explosion, subit
des dommages corporels...
M. Vaillancourt (Jonquière): Qu'est-ce qu'il fait l'ami?
Il est où?
M. Lalonde: Assis dans l'automobile.
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il fait le plein il n'est
certainement pas dans l'automobile.
M. Lalonde: Non...
M. Saint-Germain: Non, son ami. Est-ce que son ami est couvert
par l'accident?
M. Lalonde: Ou couverte.
M. Saint-Germain: Ou couverte, oui.
Mme Payette: M. le Président, je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que l'automobile est
en mouvement ou pas?
M. Saint-Germain: L'automobile n'est pas en mouvement.
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: ... je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys venait de découvrir l'article 17 qui aide
considérablement dans les discussions que nous avons
présentement. Comme on ne peut pas s'y référer maintenant,
on peut...
M. Lalonde: Oui, on peut s'y référer.
Mme Payette: Si vous êtes d'accord, j'en suis ravie.
M. Lalonde: Référez-vous.
M. Raynauld: M. le Président, il me semble qu'il n'y a pas
de raison de laisser des ambiguïtés qui n'ont pas été
résolues par la tentative du député de Beauce-Sud, mais le
problème demeure et je maintiens, quant à moi, que ce n'est pas
le moment de restreindre la portée de la loi dans cet article. La
portée de la loi est restreinte par tous les autres articles dont
l'article 17. Etant donné que le mot "cause" ici soulève des
difficultés, je voudrais suggérer à nouveau qu'il y aurait
lieu de changer la formulation de cet article et, une autre suggestion que je
pourrais faire, ce serait dans le cas d'un événement impliquant
une automobile et au cours duquel un dommage est créé. Les
objections que vous faites à cela disent toutes que cela va ouvrir la
porte... Or, on n'ouvre pas et on ne ferme pas la porte avec la
définition d'un accident; ce sont les dommages qui définissent la
portée de la loi et c'est sur les dommages que portent les
indemnités et non pas sur l'accident ou la nature de l'accident. A ce
moment-là, je ne vois pas pourquoi on essaierait ici, soit de
restreindre la portée de la loi, soit de soulever possiblement des
ambiguïtés qui pourraient nous causer ensuite des ennuis. Il me
semble que la suggestion que je fais ne soulève pas ces ennuis; les
dommages sont définis par la suite, la portée de la loi est
relativement claire sur ce qui doit être couvert et ne doit pas
être couvert et cela ne porte pas sur la nature de l'accident mais sur la
nature des dommages causés. D'ailleurs, c'est le mot "dommage" qui va
définir la portée de la loi, il me semble.
Mme Payette: M. le Président, si vous me permettez, si je
comprends bien l'amendement suggéré, on ajouterait:
"événement impliquant une automobile au cours duquel". Si on
ajoute "impliquant une automobile" et qu'on se réfère ensuite
à la définition de "dommages causés par une automobile",
on voit qu'il ne s'agit pas uniquement du dommage causé par une automo-
bile, mais également par le chargement ainsi que par une remorque que
l'automobile pourrait tirer. A ce moment-là, si on ajoute "impliquant
une automobile" on risque de circonscrire davantage et même
peut-être de limiter davantage l'application de la loi.
M. Raynauld: Vous l'avez déjà dans "un dommage
causé par une automobile" donc cette objection que vous faites est une
objection contre l'article.
Mme Payette: Non. Ce que je dis c'est que si on ajoute
"impliquant une automobile", à ce moment-là il faudrait
absolument qu'une automobile soit impliquée pour que le mot "accident"
reçoive application. Par contre, si on dit...
M. Lalonde: C'est la même chose que "causé par une
automobile".
Mme Payette: Oui. Lorsqu'on définit "causé par une
automobile", on inclut le dommage causé par le chargement; dans le cas
où un camion transporte du bois et que le bois est projeté
à l'extérieur de l'automobile et cause des dommages à des
individus qui sont sur le bord de la route, à ce moment-là, ce
serait couvert. Si on ajoute "impliquant une automobile", on risque de limiter
davantage et même de ne pas couvrir des victimes qu'autrement on couvre
par la définition actuelle.
M. Raynauld: Si je comprends bien, cela veut dire qu'il faudrait
qu'au paragraphe 10, on reprenne la même expression et dire "dommage
impliquant une automobile: tout dommage causé..." C'est cela?
Mme Payette: C'est cela.
M. Raynauld: C'est cela, votre point?
Mme Payette: Ce n'est pas nécessairement cela. Ce que je
veux dire, c'est qu'à l'article 1, paragraphe 1, tel que vous le
formulez, je pense qu'on restreint trop l'application de la loi.
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président. On le restreint
si on laisse le paragraphe 10 tel quel, mais il faudrait aussi changer 10 et le
faire concorder. Si, au paragraphe 10, on change les mots "dommage causé
par une automobile" par les mots "dommage impliquant une automobile", on arrive
aux mêmes résultats.
M. Raynauld: Avez-vous encore la même objection si on le
définit comme cela?
Mme Payette: Je ne vois pas pourquoi on ferait ces deux
modifications-là, dans la mesure où on croit que le mot
"causé", tel que défini dans l'avis juriduque de M. Aquin, couvre
la cause matérielle et physique qui cause un dommage, la cause
matérielle qui est à l'origine du dommage.
M. Lalonde: C'est justement pour cela, c'est parce qu'il reste un
problème. L'avis...
Mme Payette: Mais H va en rester un de toute façon.
M. Lalonde: ... de Me Aquin m'apparaî! tout à fait
valide, mais il reste qu'il confirme l'existence d'un problème,
l'existence de deux écoles. L'avis dit que l'école "cause
matérielle" semble l'emporter depuis 1970, mais qui sait si
l'école "cause juridique" ne pourrait pas l'emporter de 1980 à
1990?
Mme Payette: II faut se rappeler que, s'il y a eu discussion au
niveau de la jurisprudence, c'est qu'on était en système de
responsabilité. Comme l'ensemble de la loi part du principe qu'il n'y a
plus de responsabilité et qu'il faut indemniser les victimes le plus
possible, c'est la philosophie qui est à la base du projet, à ce
moment-là, je ne vois pas pourquoi on changerait le mot "cause" par
"impliquant".
M. Lalonde: Là-dessus, Me Marcotte, je vous ai dit que je
n'acceptais pas la distinction ou l'analogie que vous faites entre les deux
cas, à savoir que le concept de responsabilité étant
enlevé, cela ne s'applique qu'aux dommages. Quant à savoir ce
qu'est un accident, si on emploie un concept de cause, le fait qu'on
enlève le concept de responsabilité pour les dommages, cela ne
s'applique pas au concept de cause, à savoir s'il y a un accident ou
non. C'est là-dessus que je ne suis pas d'accord avec l'avis juridique
de Me Aquin.
Mme Payette: De toute façon, on a dit tout à
l'heure qu'on pouvait avoir des opinions différentes.
M. Lalonde: On élimine le problème de cause. C'est
seulement pour éliminer le problème créé par
l'usage d'un concept de cause que l'amendement du député
d'Outremont m'apparaît important.
Mme Payette: A cela, on peut dire qu'étant donné
que la jurisprudence majoritaire a donné un sens précis au mot
"cause", je ne vois pas pourquoi on changerait l'évolution de cette
jurisprudence, pas nécessairement l'évolution, mais la
terminologie employée.
M. Lalonde: On s'assujettit, pour l'application future de cette
éventuelle loi, dans les 10 prochaines années, à
l'interprétation que les tribunaux pourraient donner au concept de
cause. On sait que l'interprétation, si on suit l'avis de Me Aquin,
supporte de plus en plus la position du gouvernement actuellement. Mais on
demeure quand même assujetti à cette interprétation dans
l'avenir et c'est fort possible qu'un jugement de la Cour suprême casse
tout cela et revienne à l'interprétation du concept de cause dans
l'autre loi mais qui, par analogie, pourrait ensuite plaider ici devant la
commission des affaires sociales pour dire: Ecoutez, d'accord, cause voulait
dire telle chose en 1977. Maintenant, on est rendu en 1982, et là, tout
cela a été renversé par la Cour suprême et ce n'est
plus un accident. Envoyez les victimes, ce n'est plus un accident. Pourquoi,
comme législateur, ne serait-on pas prudent? Pourquoi
n'éliminerait-on pas le concept de cause en ayant simplement une
définition très "chosiste", très matérielle? C'est
un accident qui implique une automobile, quelle qu'en soit la cause, et on
n'ouvrira pas la porte à toutes les discussions de juristes.
Mme Payette: II faut aussi partir du principe qu'il faut qu'il y
ait un accident pour que la loi reçoive son application. Dans la mesure
où il n'y a pas d'accident, la loi ne reçoit pas application.
Dans la mesure où on dit "dommage impliquant une automobile", on a dit
tout à l'heure que cela pouvait donner ouverture à toutes sortes
de cas dont on n'a même pas l'idée complète
actuellement.
M. Lalonde: A l'article 17, on peut les enlever. On a
déjà enlevé des cas dans 17. On a déjà
commencé à restreindre.
Mme Payette: L'article 17 est très précis quand on
donne des exclusions à la couverture. Il est quand même assez
précis en ce sens qu'il s'agit d'accidents de course ou d'accidents
causés par des motoneiges, des tracteurs de ferme ou par des appareils
susceptibles de fonctionnement indépendant qui sont incorporés
à l'automobile.
M. Lalonde: Oui, mais votre argumentation, actuellement, me fait
croire davantage qu'on devrait se débarrasser du concept de cause. Si
vous avez raison qu'en remplaçant le concept de cause par un concept
tout à fait "choisiste" on se trouve à ouvrir la porte à
plus d'accidents, je dis tant mieux. Au fond, il faut indemniser le plus de
monde possible dans cette loi. Et s'il y en a qu'on ne doit pas du tout
indemniser, il faut, même avec l'usage du concept de cause, que vous les
enleviez par l'article 17.
Mme Payette: M. le Président, je m'excuse, mais je pense
que cela devient un dialogue.
M. Lalonde: II est temps qu'on ait un dialogue.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je suis d'accord avec le
député de Marguerite-Bourgeoys quand il dit qu'on garde le
concept de cause pour savoir si, oui ou non, il s'agit d'un accident. Si on
garde ce concept, il faut se référer à l'opinion juridique
de Me Aquin. Je pense qu'on a passé assez rapidement la cause de
Dumesnil contre Sheehy,
du juge de Grandpré. Que je sache, le juge de Grandpré
n'est pas juge de la Cour d'appel, il est juge de la Cour suprême. Il
était juge, il a démissionné.
Je pense qu'il faut tenir compte de son opinion, parce qu'on peut
presque dire que l'opinion de la Cour suprême va faire force de loi. Lui
dit qu'il faut prouver la cause "efficiente". Si on se réfère
à la définition, quand on dit que c'est causé par une
automobile, la cause efficiente, c'est l'automobile.
Si on veut savoir exactement ce qu'on va couvrir, il va falloir prouver,
pour être admissible à la loi, que l'accident a été
causé par une automobile. Si cela a été causé par
autre chose qu'une automobile, cela ne sera pas couvert. Ce qu'on veut, c'est
que ce soit couvert.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'à ce
stade-ci, je vais faire un amendement formel à ce paragraphe. Le
paragraphe nouveau se lirait comme suit: Accident: événement
impliquant une automobile et au cours duquel un dommage est
créé.
Le Président (M. Bertrand): Pourriez-vous m'en remettre
copie, s'il vous plaît?
M. Lalonde: Si vous pouvez suspendre la séance trente
secondes.
M. Raynauld: On pourrait simplement insister davantage
là-dessus. Je pense qu'il est évident, à la suite de la
discussion, que le mot "cause" soulève des difficultés. Je crois
que ... oui, peut-être de notre part.
M. Lalonde: Ce n'est pas nous qui avons demandé
l'opinion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'en tenez pas
compte.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Raynauld: Nous en tenons compte, justement. Il en est fait
état, là où il y a deux écoles de pensée sur
ce sujet. Même s'il semble y avoir convergence vers une
interprétation, je ne vois pas pourquoi, dans cette loi, nous courrions
le risque de trouver des interprétations contraires à l'intention
que nous avons tous ici en tant que législateurs. Il est clair
également que ce n'est pas le moment de restreindre la portée de
la loi. Je répète que la portée de la loi n'est pas
déterminée par le mot "accident". Il suffit de dire qu'il y a un
accident, c'est exact. Mais ensuite les limitations sont apportées par
d'autres articles. Je ne vois pas en quoi cet amendement est limitatif. Je ne
pense pas non plus qu'en sens inverse, il ouvre la porte davantage, puisque ces
restrictions... Encore une fois, la portée de la loi est définie
par l'ensemble du projet.
Par conséquent, je pense qu'il est utile d'enlever une
ambiguïté possible et je ne pense pas que cela entraîne des
inconvénients sérieux.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, nous
allons voter contre cet amendement je vais être très bref
pour la raison que le gouvernement a l'avis d'un conseiller juridique.
Je ne voudrais pas répéter les paroles qui viennent d'être
prononcées par le conseiller juridique ici présent.
Nous avons distribué, aux membres de cette commission
parlementaire d'ailleurs, ils en ont même remercié le
gouvernement un avis juridique fondé sur des décisions
nombreuses de la Cour d'appel. Cet avis, de l'aveu même du
député de Marguerite-Bourgeoys, est valable et est fondé
sur des décisions majoritaires qui font actuellement jurisprudence,
malgré un arrêt isolé qui est celle de Dumesnil.
Vu cet avis juridique que nous avons devant nous, vu les avis des
conseillers juridiques et vu l'absence, en fait, la disparition du concept de
la responsabilité, nous croyons que le texte actuel répond
très bien aux aspirations et aux intentions du législateur et, en
conséquence, nous voterons contre.
M. Raynauld: Le projet de loi n'enlève pas le concept de
la responsabilité dans le cas des dommages corporels, que je sache.
Pourquoi dites-vous cela?
Une Voix: Les dommages matériels.
M. Raynauld: Je veux dire les dommages matériels. Pourquoi
dites-vous cela?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai pas parlé de
dommages matériels.
M. Raynauld: Vous dites que cela enlève le concept de la
responsabilité, le projet de loi.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est pour cela qu'on n'a
aucune objection à laisser le mot "cause" là. Au contraire, on
veut le laisser là.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je veux bien comprendre ici l'amendement tel que le
député de Marguerite-Bourgeoys l'a rédigé et qui
est transmis par le député d'Outremont.
Amender le paragraphe 1...
M. Vaillancourt (Jonquière+: Un dommage est
causé.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
ûéputé de Jonquière!
Amender le paragraphe 1 de l'article 1 en remplaçant les mots
suivant le mot "événement"... Ce serait plus conforme de dire:
Amender le paragraphe 1 de l'article 1 en ajoutant, après le mot
"événement", les mots "impliquant une automobile et au cours
duquel un dommage est créé."
M. Lalonde: Si le président croit que cela enlève
les mots aussi en même temps, d'accord. En ajoutant,
généralement, on laisse tous les autres mots. Il faudrait enlever
les mots qu'on veut enlever.
Le Président (M. Bertrand): Oui, exact. M. Lalonde:
En remplaçant.
Le Président (M. Bertrand): En remplaçant
les...
M. Lalonde: En remplaçant les mots...
Le Président (M. Bertrand): '.. "au cours duquel un
dommage est causé par une automobile" par les mots "impliquant une
automobile et au cours duquel un dommage est créé."
M. Lalonde: C'est l'emploi du mot "suivant" qui est un peu
ambigu.
Le Président (M. Bertrand): C'est le mot "suivant" qui
portait un peu à confusion.
La motion se lirait donc comme suit: Amender le paragraphe 1 de
l'article 1 en retranchant, après le mot "événement", les
mots "au cours duquel un dommage est causé par une automobile" et en les
remplaçant par les mots "impliquant une automobile et au cours duquel un
dommage est créé."
Sur cet amendement, nous allons poursuivre la discussion.
M. Lalonde: Est-il reçu, M. le Président? Le
Président (M. Bertrand): Oui, il est reçu.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai déjà
parlé sur l'amendement. Je pense que je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. D'autres
interventions.
Mme Payette: M. le Président, j'ai en main un dictionnaire
qui me donne la définition du mot "impliquer". A "impliquer", je trouve:
"engager dans une affaire fâcheuse, mettre en cause dans une accusation
dans le sens de compromettre, mêler, comporter de façon implicite,
entraîner comme conséquence, comporter, supposer; entraîner;
mot qui implique telle idée."
Je ne pense pas que ce soit plus clair que ce qui était
déjà contenu dans la définition au projet de loi.
M. Lalonde: Mme le ministre veut-elle faire un sous-amendement
pour remplacer le mot "impliquer" par un autre mot? On est prêt à
l'examiner.
M. Payette: Causer.
M. Vaillancourt (Jonquière): Certainement pas par le mot
"occasionner".
M. Lalonde: Je ne sais pas si elle a lu toute la
définition, je l'espère. Si elle n'a pas lu toute la
définition, à ce moment-là, M. le Président, je
m'opposerais à la suggestion que quelqu'un pourrait faire en disant
qu'elle a voulu donner une information incomplète à la
commission. C'est simplement probablement pour...
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je veux reprendre un peu les paroles qu'avait tenues le
député de Marguerite-Bourgeoys auxquelles je souscrivais ce
matin. C'est que, dans les définitions, dans l'élaboration d'une
loi, il y a des principes directeurs qui doivent nous guider. Encore une fois,
je ne veux pas m'opposer et jouer le grand spécialiste de la composition
de nos textes législatifs, mais je me rapporterai un peu à ce que
Mme le ministre disait tout à l'heure.
Je ne pense pas qu'il soit normal, qu'il soit souhaitable que les
définitions au tout début de l'article 1 d'un projet de loi
doivent comporter des restrictions. Ce n'est pas aux définitions... On
ne doit pas faire en sorte que les définitions soient restrictives. Si
on parle d'un accident, il n'appartient pas à l'article 1 de
déterminer s'il y a eu un accident ou non. Il lui appartient de
déterminer, justement, de façon très claire et sans
équivoque possible, tout ce que veut dire le mot "accident". Les
définitions doivent être globales. Si on y va dans la loi, au
cours des autres articles, on a l'article 17 et il y a d'autres articles
également dans le projet de loi, l'article 3. C'est à ce moment
que, dans la loi, on doit retrouver les restrictions et les limites qu'on veut
donner à la portée du projet de loi lui-même, mais non dans
les définitions.
Si j'ai proposé l'amendement tout à l'heure, je ne veux
pas y revenir, puisque la commission en a disposé... Cela me
paraît très clair que l'amendement qui est proposé par le
député d'Outremont est un amendement qui me donnerait
satisfaction, parce que si on impose des limites et des cadres trop
serrés dans les définitions, les autres articles de la loi ne
s'appliquent plus. Je serais en faveur de l'amendement proposé par le
député d'Outremont, même s'il s'est abstenu sur le mien
tout à l'heure. Je pense que ce n'est pas une question de jouer à
la politique là-dessus. Pardon?
M. Lalonde: On n'a pas voté contre.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aimerais bien poser
cette question à un conseiller juridique du gouvernement. Est-ce qu'il
n'y aurait pas moyen d'éviter, dans cette définition, cette
polémique qui existe vis-à-vis de la définition du mot
"causé"? Je sais pertinemment... Nous avons écouté l'avis
de Me Aquin, et il y a là un problème. J'avoue que vous avez
défini le mot "ac-
cident" de façon qu'il soit le plus large possible et tout ceci
est soutenu par des jugements de la cour. Il y a tout de même là
une polémique, si vous voulez, qui n'est pas nécessairement
complétée, parce qu'on n'est pas allé jusqu'en Cour
suprême. Est-ce qu'on ne peut pas trouver une définition qui nous
sortirait tout simplement de cette polémique, arriver avec une
définition large, claire et précise qui engloberait le plus
d'accidents possible, si vous me permettez l'expression, quitte, d'une
façon aussi claire et précise, à éliminer les
accidents qu'on ne veut pas couvrir par un article comme l'article 17, par
exemple? Est-ce qu'il n'y a pas moyen de faire cela?
Mme Payette: M. le Président, si on se
réfère à l'opinion de M. Aquin, il est dit, dans un des
derniers paragraphes, et je cite: par contre, les débats qui, comme nous
pouvons le voir, ont marqué les dernières années sur le
sens du mot "cause", devraient cesser avec la loi 67. Dans le régime
antérieur fondé sur la faute, l'ambiguïté pouvait se
créer entre la cause juridique et la cause matérielle. Dans le
régime du projet de loi no 67, vu l'article 4 que nous étudierons
plus tard et vu l'article 53, il apparaît évident que le
législateur a adopté la théorie juridique du risque
créé qui ne laisse qu'une seule voie possible, la
définition du mot "cause" dans le sens de la causalité
matérielle. Je pense qu'en guise de conclusion, M. Aquin a bien
expliqué qu'en employant le mot "cause", on n'en arrivait pas à
plus d'interprétations possibles, à plus de conflits possibles
que si on employait une autre terminologie. Je pense qu'avec le mot "cause", on
couvre bien ce qu'on veut couvrir.
M. Saint-Germain: Maintenant, la relation que fait Me Aquin entre
le "no fault", si vous voulez, qui dit que cela aide à bien situer la
définition du mot "cause" et que cela aide à définir, dans
le sens, si vous voulez, que les tribunaux ont établi; cette
interprétation de Me Aquin n'est pas basée sur des
antécédents judiciaires. Il donne un avis qui est bien
personnel.
Mme Payette: Mais, ce que M. Aquin fait il parle de la
jurisprudence actuelle en système de responsabilité avec une
présomption de faute contre le propriétaire et le conducteur,
présomption qui est établie à l'article 3 de la Loi
d'indemnisation. Or, M. Aquin parle du système actuel, essaie de faire
le tour de la question, à savoir comment les tribunaux ont
interprété le mot "cause" ou "dommages causés" et il en
vient à la conclusion que la jurisprudence majoritaire des
dernières années a interprété le mot "cause" dans
le sens de causalité matérielle, et c'est effectivement ce que
fait le "no fault" également, c'est-à-dire qu'il dit qu'il y a un
dommage et ce dommage doit être indemnisé suivant les
règles du projet de loi. C'est en fait, la conclusion à laquelle
on peut en arriver avec les définitions données dans le projet de
loi et, également, je pense, plus loin, lorsqu'on regarde tous les
autres articles et qu'on s'aperçoit qu'on a bien encadré les
accidents qu'on veut bien couvrir que, dans les exclusions, on a bien
précisé ce qu'on ne voulait pas couvrir.
M. Saint-Germain: Vous croyez qu'il n'y a pas de façon
plus claire...
Mme Payette: Bien, écoutez! Ce que je pense, c'est...
M. Saint-Germain: ... non je vous parle à titre de
professionnel. Vous ne....
Mme Payette: Ce que je pense, c'est qu'il est évidemment
possible que des gens puissent interpréter le projet de loi de
façon différente. Cependant, ce que je pense, c'est qu'avec la
définition qu'on en a donnée, on est, pour le moins, en tout cas,
assis sur des bases assez solides pour penser que, devant une éventuelle
poursuite, on aurait quand même des motifs très sérieux
pour dire que le projet de loi est fondamental, il est vrai, pour les
victimes... Il couvre évidemment les victimes d'accidents
d'automobiles.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'ailleurs, M. le
député de Jacques-Cartier, je pense qu'il est
préférable de s'en tenir à ce mot-là, puisque la
jurisprudence est déjà...
Le Président (M. Bertrand): Vous vous faites
vous-même...
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y avait personne qui
prenait la parole, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Vous faites vous-même
fréquemment l'erreur d'entretenir un dialogue alors que vous savez fort
bien qu'on s'adresse à la présidence et non pas aux
députés comme tels.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, par
votre intermédiaire... Alors que si on employait le mot
"impliqué" où il n'y a pas de jurisprudence sur ce terme
actuellement, on commencerait une guerre de procédure où le
président et ses acolytes devraient justement interpréter le mot
"impliqué", et, suite à la définition que donne le
dictionnaire du mot "impliqué", on voit déjà dans quelle
galère on s'en irait.
Je pense qu'il est préférable de s'en tenir à un
mot dont les tribunaux, depuis quelques années, donnent une
signification passablement unanime.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Sur l'amendement, toujours, M.
le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: ... je pense que le gouvernement s'aperçoit
qu'il n'est pas facile d'enlever la
notion de la responsabilité, et quand on fait
référence aux mots "causé par", on a encore cette
notion... Non, c'est ça. Même votre conseiller juridique, dans le
document qu'il nous a remis, y fait référence. Je pense que le
gouvernement a une certaine difficulté à trouver une
définition qui enlèverait cette notion de responsabilité.
Je pense que l'amendement proposé a pour effet d'enlever
complètement cette notion de responsabilité, parce que lorsqu'on
dit "un événement impliquant une automobile", on ne fait
aucunement référence à ce que l'accident soit causé
par quelque chose d'autre qu'une automobile. On dit: Un accident où une
automobile est impliquée, ça va être indemnisé. Je
pense que c'est ça qu'il faut faire, et si on veut faire des
restrictions, on en fera à l'article 17. Je pense que, concernant les
dommages matériels, il n'y a pas de problème, parce que l'article
97 indique, lui, qu'il y a un système de responsabilité. A ce
moment-là, on revient à l'article 97.1 en disant que le dommage a
été causé par la faute de la victime. Alors, là, il
n'y a pas de problème.
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez,
là, on dit que, par les définitions du mot "accident", on
enlève le système de responsabilité. C'est, du moins,
l'interprétation que je donne à vos paroles. Est-ce que c'est
exact? Ce que, moi, je comprends du projet de loi, en tout cas, c'est que
l'abandon de la responsabilité ne se fait pas à la
définition du mot "accident", ni aux autres définitions qu'on va
voir. L'abandon du système de responsabilité se fait dans les
articles suivants, c'est-à-dire 3 et 4, où on définit
clairement les droits de la victime. Or, c'est dans ces articles-là que,
vraiment, on abandonne le système de la responsabilité. Ce que
viennent dire les définitions, c'est qu'elles aident à la
compréhension du texte, elles aident à la compréhension
des articles 3 et suivants de la loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Au cas où l'amendement serait adopté,
je voudrais rassurer mes amis d'en face que le mot "impliqué" est bien
français et qu'il dit ce qu'il veut dire. Un peu plus loin dans la
définition, il y avait "comporté" et "supposé". La seule
chose que je ferais, peut-être, ce serait de dire "impliqué la
présence d'une automobile". Cela serait peut-être un peu mieux
encore, mais je pense qu'il n'y a pas de difficulté à utiliser ce
mot. Cela veut dire qui comporte une automobile, qui suppose la présence
d'une automobile. Par exemple, je vous donne une phrase: Mot qui implique telle
idée. Un mot qui implique une idée. C'est cela que ça veut
dire. Alors, il ne faut pas prendre, je pense, le premier sens lu par madame le
ministre tout à l'heure, mais les sens dérivés du mot.
Je ne voudrais pas poursuivre plus longtemps là-dessus. Si le
gouvernement ne veut pas accepter cet amendement, ce n'est pas la peine de
discuter sur la phraséologie.
Le Président (M. Bertrand): Cet amendement sera-t-il
adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté.
Le Président (M. Bertrand): Demande-t-on le...?
M. Raynauld: Vote.
Le Président (M. Bertrand): ... vote enregistré?
Bien.
Alors, l'amendement se lirait comme suit: "Amender le paragraphe 1 de
l'article 1 en remplaçant tous les mots après le mot
"événement" par les mots suivants: "Impliquant une automobile et
au cours duquel un dommage est créé."
M. Beauséjour (Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Bisaillon (Sainte-Marie).
M. Gagnon (Champlain). M. Gos-selin (Sherbrooke). M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska).
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys). M. Paquette (Rosemont). M. Giasson (Montmagny-L'Islet).
M. Lefebvre (Viau).
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois (Laporte). M.
Marquis (Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette (Dorion).
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld (Outremont).
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Shaw (Pointe-Claire). M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt
(Jonquière).
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Bertrand): Pour: 4 Contre: 6
L'amendement est donc rejeté.
Nous revenons à l'article 1.1. Cet article sera-t-il
adopté?
Mme Payette: Adopté. Une Voix: Vote
enregistré.
Le Président (M. Bertrand): Vote enregistré
demandé sur l'article 1, paragraphe 1. M. Beauséjour
(Iberville).
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Bisaillon (Sainte-Marie).
M. Gagnon (Champlain). M. Gos-selin (Sherbrooke). M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska).
M. Fontaine: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge (Jeanne-Mance).
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys). M. Paquette (Rosemont). M. Giasson (Montmagny-L'Islet).
M. Lefebvre (Viau).
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois (Laporte). M.
Marquis (Matapédia).
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette (Dorion).
Mme Payette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld (Outremont).
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy (Beauce-Sud).
M. Roy: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt
(Jonquière).
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Bertrand): Pour: 6 Contre: 4.
Le paragraphe 1 de l'article 1 est adopté.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Un instant. Paragraphe 2,
article 1. M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais avoir une directive avant de passer au
paragraphe suivant. On a, hier soir, posé différentes questions
auxquelles on n'a pas eu de réponses. On a demandé au ministre de
faire des mises au point et on sait qu'aujourd'hui il y aura des rencontres
entre M. De Coster et les courtiers d'assurance. Je pense qu'il serait de mise,
M. le Président, avant que nous puissions passer aux questions
spécifiques de l'article 1.2, de pouvoir poser certaines questions
d'ordre général au ministre. J'en ferai même une
suggestion. Je pense que...
Mme Payette: M. le Président, une question de
règlement. Est-ce que les propos du député ne sont pas
antiréglementaires à ce moment-ci de notre débat?
Le Président (M. Bertrand): II me demande une directive.
Je vais attendre de l'avoir entendu et je rendrai ma décision.
M. Fontaine: Je me demande à quel moment, M. le
Président, il sera possible de poser des questions d'ordre
général sur ce projet de loi. En deuxième lecture, il n'a
pas été possible de le faire, parce qu'on n'avait pas les
documents. Là, on a les documents, on n'est pas capable de poser des
questions parce qu'on nous dit qu'on est à l'étude article par
article. Je pense qu'il serait de mise j'en fais même une
suggestion qu'à chaque jour il y ait une certaine période
déterminée, avant de commencer l'étude d'un article
pendant laquelle on puisse poser de dix à quinze minutes de questions
générales, pour qu'on puisse avoir des réponses aux
questions que la population se pose et en particulier, aujourd'hui, sur la
rencontre qui doit avoir lieu entre M. De Coster et les courtiers d'assurance.
Je pense que ce serait important et je vous demande, M. le Président,
s'il ne serait pas dans l'ordre, avec le consentement de cette
Assemblée, que nous puissions le faire immédiatement.
M. Roy: M. le Président, sur le point soulevé par
le député de Nicolet-Yamaska, j'ai posé la même
question hier. Je la repose aujourd'hui. J'endosse ses propos à 100%
puisque effectivement il y a des points qui mériteraient une
réponse. Il y a un certain nombre de questions qui se posent. Les
documents ont été déposés aux
membres de la commission parlementaire et de l'Assemblée
nationale, et je pense qu'on devrait permettre à ceux qui les ont
étudiés, ceux qui les ont reçus, ceux à qui ces
documents étaient destinés, de pouvoir avoir les explications
auxquelles ils auraient droit pour la bonne compréhension de tout le
monde. Il ne s'agit pas de jouer à la cache-cache. On ne veut pas faire
de procédure pour le simple plaisir de faire de la procédure,
mais si on ne veut pas répondre à ce moment-ci à nos
questions, je voudrais bien que M. le Président nous dise quand il sera
possible pour nous d'interroger le ministre à ce sujet.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement, je pense que les questions du
député de Nicolet-Yamaska pourraient faire l'objet de très
bonnes questions à l'Assemblée nationale cet après-midi ou
demain après-midi.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Le mandat de cette commission
est d'étudier article par article le projet de loi. Nous avons
adopté le paragraphe 1...
M. Fontaine: On n'a pas le droit.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): ... de l'article 1. L'article
2, paragraphe 1 a été appelé. Je pense que les questions
d'ordre général peuvent toujours faire l'objet d'une question
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, là-dessus une dernière intervention.
M. Saint-Germain: M. le Président, lorsque vous allez
considérer cette demande de directive, peut-être pourriez-vous
prendre note que ces documents sont extrêmement complexes et difficiles
à comprendre à cause de la façon dont ils sont
rédigés. D'ailleurs, c'est un peu le manque de clarté du
document qui nous a amené à prendre tant d'heures pour passer
à travers l'étude du premier paragraphe de l'article 1.
Personnellement, je dois vous dire que nous avons remis ces documents à
nos conseillers et que nos conseillers nous ont dit que cela prendrait
plusieurs jours avant de passer à travers un tel document et qu'il leur
était impossible de nous faire rapport dans les jours qui suivent
immédiatement. Alors, pour la bonne compréhension du public,
considérant que ce document nous a été remis à la
toute dernière minute, je crois qu'il serait dans l'intérêt
public que nous puissions avoir une occasion, pendant cette étude, de
poser des questions sur ce document, autrement nous al- lons être
obligés de revenir, article par article, à ce document qu'on nous
a remis. Cela rendra nos travaux beaucoup plus lourds et cela nous prendra
beaucoup plus de temps et le public sera moins bien informé. Cela me
semble évident.
Le Président (M. Bertrand): Là-dessus, j'ai permis
que des intervenants fassent valoir... Non, je m'excuse...
M. Fontaine: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse. Pour l'instant,
il n'y a pas de question de règlement. Le président va rendre une
décision sur une directive que vous lui avez demandée. Il va
rendre cette décision après s'être enquis, malgré
tout, auprès d'autres formations politiques, de leurs commentaires sur
la question qui, dans le fond, équivalait aussi, d'une certaine
façon, à une question de règlement. Et je pouvais
permettre à des gens d'apporter certains commentaires. J'ai dit hier, et
je le répète aujourd'hui, que le mandat de cette commission
étant d'étudier le projet de loi no 67 article par article, il
n'est pas dans les règlements, ni dans les traditions de la commission
parlementaire, de se prévaloir d'une quelconque période de
quinze, vingt, vingt-cinq ou trente minutes, au début de chaque
séance, pour poser des questions générales ou
particulières au ministre sur l'ensemble du projet de loi. Il est, au
contraire, d'usage et je pense que là-dessus je ne trahis pas les
traditions telles qu'elles ont toujours été établies
que c'est au moment où nous abordons l'étude d'un article
que les questions qui doivent être posées au ministre sont
posées. Evidemment lorsque nous aurons parcouru l'ensemble des articles
de ce projet de loi; par la force des choses, toutes les questions auront donc
été posées au ministre sur l'ensemble du projet de loi.
C'est parce que le mandat de la commission est très précis et
nous amène à permettre toute cette discussion mais dans le cadre
de la discussion des articles les uns après les autres, que je ne peux
pas me rendre à votre désir, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Pouvez-vous nous garantir que nous allons
étudier tous et chacun des articles du projet de loi?
Le Président (M. Bertrand): Je suis ici pour m'assurer que
les règlements soient respectés. Pour le reste, vous connaissez
les règlements, M. le député de Nicolet-Yamaska; nous
allons étudier ce projet de loi tant et aussi longtemps que
l'Assemblée nationale nous aura donné l'ordre de le faire.
M. Fontaine: Quand on sait que ce baîllon s'en vient pour
la semaine prochaine!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, nous en sommes, pour l'instant, à suivre un ordre
donné par la Chambre qui nous demande d'étudier ce projet de loi
article par article. A moins d'ordre contraire, nous allons poursuivre l'examen
du projet de loi no 67. J'appelle donc le paragraphe 2 de l'article 1, Mme le
ministre.
Mme Payette: M. le Président, le nouveau texte se lit
comme suit: "Assureur autorisé": un assureur autorisé à
pratiquer l'assurance automobile en vertu de la Loi sur les assurances (1974,
chapitre 70) et détenteur d'un permis émanant du surintendant des
assurances, à l'exclusion d'une personne qui ne pratique que la
réassurance. M. le Président, je voudrais immédiatement
proposer un amendement à ce texte qui nous permettrait de lire entre
guillemets au début de cette définition "assureur
agréé" plutôt que "assureur autorisé" puisqu'on nous
dit que assureur agréé est un terme plus français que
assureur autorisé.
Le Président (M. Bertrand): Votre amendement, Mme le
ministre, si je comprends bien...
Mme Payette: Est à l'effet de lire...
Le Président (M. Bertrand): ... est à l'effet
d'enlever...
Mme Payette: Le mot "autorisé" remplacé par le mot
"agréé".
Le Président (M. Bertrand): ... de remplacer le mot
"autorisé" par le mot "agréé". Le premier amendement qui,
de toutes façons, avait déjà été transmis
aux membres de la commission, fait partie ipso facto du projet de loi et le
second aussi, étant donné que c'est le ministre responsable du
projet de loi qui le présente. Nous aurions donc devant nous un nouveau
texte pour le paragraphe 2 de l'article 1...
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Est-ce que, dans le texte, c'est
écrit aussi "assureur autorisé" après les deux points?
M. Roy: Est-ce qu'on peut avoir une copie de l'amendement?
Mme Payette: Cet "autorisé" demeure. Ce n'est que dans les
mots entre guillemets que le mot "autorisé" est remplacé par
"agréé". On va vous donner une copie du texte.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je voudrais d'abord lire le nouveau texte pour qu'il soit bien
compris. Le nouveau texte se lirait comme suit: paragraphe 2, "assureur
agréé": Un assureur autorisé à pratiquer
l'assurance automobile en vertu de la Loi sur les assurances (1974, chapitre
70) et détenteur d'un permis émanant du surintendant des
assurances à l'exclusion d'une personne qui ne pratique que la
réassurance."
M. Roy: J'aurais une question à poser. Pourquoi ajouter
à l'article original qu'on retrouvait dans le projet de loi "à
l'exclusion d'une personne qui ne pratique que la réassurance"? Une
personne qui ne pratique que la réassurance n'a quand même pas le
permis de faire de l'assurance comme telle. Il s'agit d'un permis distinct. Je
n'ai pas la Loi des assurances devant moi, mais au moment où on l'avait
étudiée, si ma mémoire est bonne, on prévoyait des
autorisations distinctes.
Cela m'apparaît aller de soi et je ne verrais pas pourquoi cette
exclusion serait nécessaire. Elle est automatique.
Mme Payette: Dans certains cas, M. le Président, on me dit
qu'il s'agit du même permis qui permettrait à une compagnie
d'assurances de faire les deux.
M. Roy: De faire les deux, c'est-à-dire de faire de
l'assurance et de la réassurance.
Mme Payette: De l'assurance et de la réassurance.
M. Roy: Je comprends que vous voulez exclure actuellement les
personnes quand on dit personnes, ce sont les personnes morales
qui ne pratiquent que la réassurance. Ce n'est pas la personne qui fait
les deux. La personne qui fait les deux aurait le droit automatiquement. Vous
excluez, dans le texte de la loi, selon l'amendement nouveau qui est
proposé, seulement la personne qui fait de la réassurance. Celle
qui ne fait que la réassurance, en se référant à la
Loi des assurances, aurait, si ma mémoire est bonne, un permis tout
à fait distinct et le problème ne se poserait pas. Ou on ne parle
pas de la même chose.
Mme Payette: II ne s'agit pas d'un permis distinct. Le même
permis peut autoriser un assureur à pratiquer différentes
catégories d'assurances et à pratiquer également la
réassurance. C'est pourquoi on doit préciser dans l'article que
les compagnies qui ne font que de la réassurance ne sont pas comprises
dans la définition de l'assureur autorisé.
M. Roy: II n'y a pas de permis distinct émis par le
surintendant des assurances?
Mme Payette: Non.
Le Président (M. Bertrand): Cet article 1, paragraphe 2,
serat-il adopté?
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais poser une question au ministre
là-dessus. Est-ce que le ministre a eu des contacts avec les assureurs
dernièrement? C'est tel que de nombreux assureurs se posent des
questions sur la continuation de leur présence dans le secteur de
l'assurance. Est-ce qu'il y a eu des développements de ce
côté?
Mme Payette: M. le Président, le surintendant des
assurances négocie presque quotidiennement actuellement avec le Bureau
des assureurs du Canada. Mes informations, jusqu'à maintenant, sont
celles-ci: on aurait déjà discuté de l'indemnisation
directe, du remboursement éventuel de la partie de la prime qui
reviendrait aux assurés, à compter du 1er mars 1978, et d'un
certain nombre de points aussi précis.
Il n'a pas été porté à ma connaissance
qu'une compagnie d'assurances envisageait de quitter le marché
québécois et il ne semble pas que ce soit le cas.
M. Fontaine: Concernant les centres d'évaluation,
où en sont rendus les différents mandats des assureurs pour
établir ces centres d'évaluation?
Mme Payette: Pardon?
M. Fontaine: Vous n'avez pas compris.
Mme Payette: Je n'écoutais pas, excusez-moi.
J'étais distraite par quelqu'un d'autre.
M. Fontaine: On peut vous pardonner cela facilement. Concernant
les centres d'évaluation, est-ce que vous pourriez nous dire où
en sont rendues les discussions pour établir ces centres
d'évaluation?
Mme Payette: Je ne suis pas sûre que ce point ait
déjà été abordé dans les discussions avec le
surintendant des assurances, mais je pourrai me renseigner, certainement.
M. Fontaine: Cela veut dire que le projet de loi va être
mis en vigueur sans que les centres d'évaluation...
Mme Payette: Avant même qu'on discute des centres
d'évaluation, il faut qu'il y ait la formation de la corporation des
assureurs, qui est prévue au projet de loi.
M. Roy: Est-ce que cette corporation est en voie de formation
actuellement?
Mme Payette: Non, on discute des modalités de la formation
de cette corporation.
M. Roy: Cette corporation pourrait être formée
quand?
Mme Payette: Dans les plus brefs délais, après
l'adoption du projet de loi, puisque c'est un des articles du projet de
loi.
M. Roy: Dans les plus brefs délais, je suis inquiet quand
j'entends cette réponse. Je l'ai entendue souventefois.
Mme Payette: Qu'on en parle déjà, M. le
député de Beauce-Sud, il est probable que, dans les plus brefs
délais, après l'adoption du projet de loi, les
négociations ayant pu avoir lieu, on soit en mesure effectivement de
former la corporation des assureurs.
M. Fontaine: Depuis quand les négociations sont-elles
commencées?
Mme Payette: II y a certainement un mois et demi à deux
mois.
M. Fontaine: Est-ce qu'elles vont être terminées
à l'adoption du projet?
Mme Payette: Elles ne seront pas terminées à
l'adoption du projet de loi, mais, à partir de l'adoption du projet de
loi, il y a un certain nombre de ces discussions qui pourront devenir, non plus
des discussions, mais des choses acquises.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté? M. Giasson:
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: II est vrai que la négociation est en cours et
que, sans doute, tous les points qui vont faire l'objet d'une révision
de la part des assureurs, par rapport aux contrats d'assurance automobile qui
existent présentement, devront déboucher sur des
modifications.
Est-ce que le ministre est en mesure de nous indiquer quels sont les
changements qui devront être apportés aux conventions d'une police
d'assurance automobile au Québec à compter du 1er mars pour le
secteur de la responsabilité dommages matériels ou pour la
couverture comme telle des biens propres d'un assuré automobile?
Mme Payette: M. le Président, je suis informée
qu'un comité consultatif composé de courtiers et d'assureurs se
réunit afin de déterminer justement les différents
éléments qui devront composer le contrat d'assurance.
M. Roy: Uniquement au stade...
M. Giasson: On peut en conclure que, même suite au travail
qui se fait présentement par ledit comité, les changements qui
devront nécessairement prendre effet le 1er mars seront acceptés
de part et d'autre et les assurés connaîtront au 1er mars quelles
sont les nouvelles clauses de la convention de la police comme des conditions
statutaires d'une police, autrement dit.
Mme Payette: Non seulement les assurés connaîtront
au 1er mars ce que sera le nouveau
contrat d'assurance, mais je suis informée également que
le surintendant des assurances a l'intention de faire connaître à
la population quelle doit être sa conduite par rapport à ces
assurances automobiles, dans la période intermédiaire entre
l'adoption du projet de loi et le 1er mars 1978.
M. Giasson: Merci.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que...
M. Fontaine: M. le Président, une dernière
question.
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Les assureurs agréés pourront-ils
transiger avec des courtiers qui vont avoir un cadre juridique?
Mme Payette: M. le Président, je ne peux pas, pour
l'instant, présumer des négociations qui sont en cours entre le
président de la régie, M. De Coster et les courtiers, puisque
c'est par le biais d'une information transmise ici aujourd'hui que je sais
qu'il doit y avoir une rencontre. M. De Coster me fera rapport quand il aura
rencontré les courtiers.
M. Fontaine: Le ministre sait-il ce sur quoi vont porter les
discussions cet après-midi lors de la rencontre entre le
président De Coster et les courtiers d'assurances?
Le Président (M. Bertrand): Cela va à l'encontre du
règlement.
M. Fontaine: C'est le ministre qui vient d'en parler, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Cela va à l'encontre du
règlement aussi.
M. Fontaine: Vous auriez dû déclarer avant qu'elle
allait à l'encontre du règlement.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, mais à ce
moment-là, j'étais en train de converser avec un conseiller
juridique du ministre.
Ce paragraphe 2 de l'article 1 sera-t-il adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Il est
adopté tel que modifié par le ministre elle-même.
Paragraphe 3 de l'article 1. Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, il s'agit de la
définition de "automobile". Le nouveau texte se lit comme suit:
"automobile: tout véhicule mû par un autre pouvoir que la force
musculaire et adapté au transport sur les chemins publics mais non sur
les rails".
Le but de l'amendement. La technique de donner au gouvernement le
pouvoir de préciser la définition de "automobile" ne rejoint pas
le but visé, parce que la définition ainsi précisée
devrait s'appliquer à l'interprétation du projet de loi
entier.
Or, on peut bien vouloir, par exemple, ne pas considérer certains
véhicules comme des automobiles aux fins de
l'assurance-responsabilité obligatoire tout en continuant de les
assimiler à des automobiles aux fins du régime d'indemnisation
pour dommages corporels.
Considérant ce problème, il est opportun de dissocier le
pouvoir de réglementation sur la définition de "automobile" selon
qu'il s'agit du régime d'indemnisation pour dommages corporels, d'une
part, ou qu'il s'agit de l'assurance responsabilité et du recours au
fonds d'indemnisation, d'autre part.
C'est pourquoi nous retrouvons, dans les dispositions sur la
réglementation, un pouvoir applicable en matière d'indemnisation
des dommages corporels et un autre applicable en matière d'indemnisation
des dommages matériels.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je trouve que le
gouvernement se réserve une trop grande discrétion dans cet
article. Je me demande bien pour quelle raison on ne s'en tiendrait pas
à la définition du paragraphe 1 de l'article 1 du Code de la
route, car il est aussi de première importance que les
définitions soient identiques dans les lois qui couvrent un même
domaine.
Cela n'empêcherait pas le gouvernement d'inclure, pour ce qui
regarde les dommages corporels ou les dommages matériels, des exemptions
dans le projet de loi; mais on aurait une définition claire et
précise du mot "automobile".
Par le paragraphe 3 tel que rédigé et par les
règlements qui s'en suivront, le gouvernement se réserve une
entière liberté d'action et je crois que c'est un autre
paragraphe qui, comme le paragraphe 1, jusqu'à un certain point,
permettra des modifications importantes au projet de loi simplement en
changeant les définitions.
Ceci se fera toujours sans que l'Assemblée nationale en prenne
connaissance. Je ferais donc un amendement à cet article, un amendement
qui veut que nous revenions, pour la définition du mot "automobile", au
Code de la route. Je peux vous lire, si vous voulez bien, cet amendement en
entier. Il est long, je ne sais pas si vous m'en dispensez, mais je vais le
lire, puisque vous y tenez.
Le Président (M. Bertrand): C'est l'amendement que vous
souhaitez voir introduit dans le projet de loi.
M. Saint-Germain: C'est juste. Cet amendement dirait que le
paragraphe 3 de l'article 1 soit modifié, en ajoutant, après le
mot "rails" dans la
quatrième ligne, les mots suivants: "il comprend, comme
véhicules privés, le véhicule de promenade, le
véhicule de ferme, le véhicule de service et le véhicule
de commerce, et, comme véhicules publics, l'autobus, le taxi et le
véhicule de livraison. "Le véhicule de promenade est
agencé pour le transport de personnes, au plus sept à la fois, et
fait ce transport sans considération pécuniaire et inclut la
motocyclette avec ou sans caisse adjointe. Le véhicule de ferme est
possédé à titre de propriétaire ou de locataire par
un agriculteur, une coopérative agricole constituée en vertu de
la Loi des sociétés coopératives agricoles, Statuts
refondus, 1964, chapitre 124, de la Loi des associations coopératives,
Statuts refondus, 1964, chapitre 292, ou de la Loi des syndicats
coopératifs, Statuts refondus, 1964, chapitre 294, et est utilisé
principalement pour le transport de produits agricoles ou de matériels
nécessaires à leur production. Le véhicule de service est
agencé pour approvisionner, réparer ou remorquer les
véhicules automobiles qui, accidentellement, ne peuvent fonctionner sur
les chemins publics sans ce recours. Le véhicule de commerce est
possédé à titre de propriétaire ou de locataire par
une personne qui tire sa principale subsistance d'une activité
commerciale, est utilisé pour effectuer le transport de marchandises
sans considération pécuniaire et n'est pas dans les conditions
voulues pour être un véhicule de ferme. L'autobus est
agencé pour le transport de personnes, au moins huit à la fois,
et fait ce transport moyennant considération pécuniaire. Le taxi
est agencé pour le transport des personnes, au plus sept à la
fois, et fait ce transport moyennant considération pécuniaire. Il
inclut, entre autres, le "taxi-cab", l'ambulance et le corbillard. Le
véhicule de livraison est agencé pour le transport de
marchandises et fait ce transport moyennant considération
pécuniaire et inclut le véhicule agencé pour le transport
de personnes et de marchandises, mais qui n'est pas dans les conditions voulues
pour être un véhicule de ferme. "Le véhicule de commerce et
le véhicule de livraison incluent, entre autres, le fourgon, le
véhicule, le tracteur, la remorque et la semi-remorque; le fourgon et le
camion ont un moteur et un dispositif pour la charge; le tracteur a un moteur,
mais pas de dispositif pour la charge; la remorque n'a pas de moteur, mais a un
dispositif pour la charge et la supporte, indépendamment du tracteur; la
semi-remorque n'a pas de moteur, mais a un dispositif pour la charge et la
supporte avec le tracteur".
Nous aurions là une définition du mot "automobile" claire
et précise...
M. Paquette: Cela, c'est clair...
M. Saint-Germain: ... et on pourra...
Le Président (M. Bertrand): Avant d'entendre votre
question de règlement, j'aimerais deman- der au député de
Jacques-Cartier si cette définition qu'il donne dans cet amendement est
déjà comprise dans une autre loi.
M. Saint-Germain: Elle est comprise dans le Code de la route.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'il aurait
été possible c'est une suggestion que je fais à
l'amiable à l'Opposition officielle simplement d'indiquer que le
paragraphe 3 de l'article 1 soit modifié en ajoutant, après le
mot "rails", dans la quatrième ligne, les mots... et, à ce
moment, simplement se référer au texte de la loi qui existe
déjà et qui décrit ces véhicules, plutôt que
de donner toute l'énumération, comme cela se fait
fréquemment quand on veut référer au contenu d'une autre
loi?
M. Lalonde: Oui.
M. Saint-Germain: C'est pour cette raison que je vous ai
demandé si je devais lire l'amendement...
Le Président (M. Bertrand): J'ai voulu vous permettre de
le faire pour que ce soit bien clair, mais...
M. Saint-Germain: ... à la longueur, mais je n'aurais pas
d'objection à ce que l'amendement se lise comme vous venez de le
mentionner.
M. Lalonde: Sauf, M. le Président, si vous le permettez,
qu'on a ajouté, après le mot "rail" parce que, jusqu'à ce
mot-là, ça correspond à la définition du Code de la
route... Alors, je pense qu'il faudrait simplement dire "automobile, tout
véhicule tel que défini... un véhicule défini par
le Code de la route".
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Lalonde: A l'article, je ne sais pas, 1? C'est
l'article...
Le Président (M. Bertrand): II s'agirait de retrouver
quelle loi, quel article.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Saint-Germain: C'est la définition du paragraphe 1 de
l'article 1 du Code de la route.
M. Raynauld: M. le Président, comme usager, je ne trouve
pas ça particulièrement brillant comme idée, parce que, si
on fait toujours référence à d'autres lois, il faut aller
fouiller les autres lois pour aller chercher ça. Cela rend la
consultation extrêmement difficile. Je pense bien que du point de vue
juridique vous avez entièrement raison; on économise une page de
papier, mais pour les usagers, je ne trouve pas... Il me semble que, si on est
d'accord que c'est ça la bonne définition, on pourrait la mettre
dans la loi aussi.
Le Président (M. Bertrand): II est évident que
ça ferait davantage plaisir aux juristes qu'aux simples citoyens.
M. Raynauld: Je n'ai pas d'opinion très ferme sur
ça.
Le Président (M. Bertrand): Bon! Alors, de toute
façon, je laisse à l'Opposition officielle le soin de
réfléchir, à savoir si elle veut ou pas remplacer tout le
texte par un élément. Nous avons un amendement qui est devant
nous et nous allons le prendre en considération. Il est recevable et je
permets maintenant qu'il y ait débat là-dessus.
Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, nous allons être
contre cet amendement puisque les différents détails qui ont
été proposés par le député de
Jacques-Cartier sont utiles aux fins de l'immatriculation des véhicules
et ne répondent en rien aux besoins du projet de loi que nous avons
devant nous.
M. Saint-Germain: Alors, M. le Président, je crois...
M. Fontaine: M. le Président, question de
règlement. Est-ce qu'il n'y a pas toujours une entente selon laquelle on
finit à midi et demi le mercredi?
Le Président (M. Bertrand): Le mercredi, à 13
heures.
M. Fontaine: Depuis quand?
Le Président (M. Bertrand): Depuis que...
M. Lalonde: Aujourd'hui.
Le Président (M. Bertrand): ... je viens d'aller en
prendre l'assurance auprès...
M. Fontaine: Mais il y avait une entente entre les partis selon
laquelle le mercredi on ajournait à midi et demi pour les caucus.
M. Roy: A midi.
M. Fontaine: A midi.
M. Roy: A midi, le mercredi.
Mme Payette: M. le Président, question de
règlement. On en est à discuter un amendement maintenant et si on
avait été ou présent ou intéressé à
ce qui s'est dit en Chambre hier, on aurait entendu le leader dire qu'à
partir d'aujourd'hui les commissions siégeaient jusqu'à 13
heures.
Le Président (M. Bertrand): C'est ce que j'allais dire.
Hier le leader parlementaire a indiqué, dans son...
M. Fontaine: J'avais compris, M. le Président, que le
leader l'avait dit en Chambre, mais j'avais compris également qu'il y
avait une entente qui existait entre les partis...
Le Président (M. Bertrand): Ecoutez! Il y a eu un ordre de
la Chambre, hier, qui disait 13 heures. Ce matin, pour être bien certain
que nous n'allions pas faire fausse route, je me suis en-quis auprès du
personnel du leader parlementaire et, effectivement, c'est à 13 heures,
aujourd'hui, mercredi.
Alors, sur l'amendement.
M. Saint-Germain: Je crois, M. le Président, qu'on devrait
avoir, dans nos différentes législations, les mêmes
définitions. Si, pour un besoin précis, tel que le projet de loi
no 67, on doit modifier les différentes définitions, il
appartiendra au ministre de le faire, de façon qu'elles soient dans la
loi et qu'on limite, à ce point de vue, autant que possible,
l'importance de la réglementation, parce qu'on sait pertinemment que la
réglementation n'est pas sous l'autorité du pouvoir
législatif. Je vois très mal pour quelle raison, même si
ces définitions sont faites en vue de l'immatriculation, puisque les
primes d'assurance seront payées au même moment où les
voitures seront immatriculées. Je crois qu'il devrait y avoir
concordance entre les différentes définitions. Sans aucun doute
des définitions différentes ou profondément
amendées d'une législation à l'autre neseront pas sans
créer des problèmes.
Je crois que, pour, la bonne compréhension de ces
difficultés que je viens de souligner, madame devrait nous expliquer
plus en détail à quel paragraphe, à quelle
définition il ne pourra y avoir concordance entre cette loi que nous
étudions et le Code de la route, et pourquoi ces différences ne
pourraient pas faire partie de l'article 3 et être mentionnées
dès l'étude de l'article 3.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... je suis d'accord avec le
député de Jacques-Cartier sur la concordance des textes, mais je
voudrais lui rappeler que l'article 2, paragraphe 2, de la Loi de
l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile définit
également le mot "automobile" et la définition que nous
retrouvons au paragraphe 3 de l'article 1 du projet de loi 67 est exactement la
même définition que nous retrouvons dans la Loi de l'indemnisation
des victimes d'accidents d'automobile.
Je pense qu'il est important de souligner cela. D'autre part, je pense
que le rapport entre le projet de loi 67 et la Loi de l'indemnisation des
victimes d'accidents d'automobile est beaucoup plus grand qu'avec le Code de la
route puisque, comme madame le ministre l'a dit, c'est beaucoup plus aux fins
d'immatriculation des véhicu-
les automobiles que tous les détails que vous avez lus ont
été inscrits dans la loi.
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, puis-je, par votre
intermédiaire, demander à madame le ministre s'il y aura des
règlements qui viendront préciser la notion ou la
définition du mot "automobile"? Je pense que, dans sa
présentation, elle a fait état de règlements qui
viendraient par la suite. A quel article de la loi seront-ils
reliés?
Mme Payette: Aux articles 176 et 176a. M. Raynauld:
Merci.
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, sur la
même question, est-ce l'article 176a actuel, dans le texte de loi
imprimé, ou est-ce un amendement?
Mme Payette: Les amendements dont vous disposez
déjà.
M. Lalonde: Dont on dispose, mais un nouvel article.
Le Président (M. Bertrand): Alors, sur l'amendement
présenté par le député de Jacques-Cartier...
L'amendement serait-il adopté?
Des Voix: Rejeté.
Le Président (M. Bertrand): Rejeté? Demande-t-on un
vote enregistré?
M. Saint-Germain: Pour répondre plus
précisément à la question posée par le
député d'Outremont, c'est le paragraphe c) de l'article 176 qui
autorise la régie à préciser ou à restreindre la
définition des mots "automobiles" et "résident".
M. Raynauld: C'est cela l'amendement, prescrire ce qui doit
être prescrit par règlement.
M. Saint-Germain: Je crois qu'on donne à la régie
et à l'exécutif un pouvoir de réglementation qui limite
énormément le droit de regard que possède
l'Assemblée nationale et c'est une très mauvaise façon de
légiférer, car il va sans dire que si, par règlement, on
peut limiter ou donner une extension à la définition du mot
"automobile", on peut modifier profondément les coûts
d'administration de la régie et on peut aussi modifier
profondément la qualité des indemnisations et les indemnisations
qui devront être payées aux victimes ou ne pas être
payées aux victimes.
Il me semble fondamental qu'on devrait avoir, à l'article 3, une
définition beaucoup plus exhaustive du mot "automobile" de façon
que les députés, qu'ils soient du gouvernement ou de
l'Opposition, puissent réellement comprendre la portée de cette
loi. Cela me semble être un argument de base, surtout lorsqu'on sait que
cette loi est faite pour dédommager des méfaits des accidents
d'automobile et des dommages encourus. Je ne vois réellement pas pour
quelle raison on veut tout de go laisser à la régie comme
à l'exécutif le soin de faire une telle définition.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais une question à poser sur la
définition du mot "automobile" lorsqu'on fait référence
aux chemins publics. Selon le ministre, les chemins publics comprendront-ils
également les stationnements?
Mme Payette: Les mots "chemin public" sont définis au
paragraphe 6...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, je voudrais simplement vous faire remarquer, sans vouloir vous
brimer dans vos droits inaliénables, que vous ne parlez pas sur
l'amendement en ce moment.
M. Lalonde: A-t-on rejeté l'amendement?
Le Président (M. Bertrand): Non. J'ai été
très souple. J'ai senti que le député de Jacques-Cartier
voulait ajouter quelque chose et j'ai permis que cela soit fait. Alors, je
voudrais bien qu'on...
M. Fontaine: J'avais cru qu'il avait été
rejeté. Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Lalonde: Alors, s'il n'est pas rejeté, à ce
moment, j'aurais quelque chose à dire avant le vote.
Le Président (M. Bertrand): Dans mon esprit, la
décision n'avait pas été prise. J'avais simplement
posé la question: adopté? On m'avait dit "rejeté" du
côté gouvernemental et je m'étais adressé à
l'Opposition, voulant m'enquérir de leur attitude et là, on a
continué le débat. Pour moi, il y a toujours débat en ce
moment sur l'amendement.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'à la
suite de la réponse qui vient d'être faite à ma question
antérieure, je lis dans un des amendements proposés 176a que le
gouvernement peut, par règlement, préciser ou restreindre la
définition du mot automobile, aux fins de la présente loi,
à l'exception du titre 2.
Par conséquent, la définition que nous sommes en train de
discuter sur laquelle justement porte l'amendement, ne nous amène pas
bien loin et ne nous amènera jamais suffisamment loin, aussi longtemps
que nous n'aurons pas les règlements qui se rapportent au
véhicule automobile. On pourra y revenir à l'article 176a
lorsqu'il s'agira du règlement lui-même, mais en ce qui concerne
l'adoption de cet article, il me paraît extrêmement difficile, en
tout cas à l'Opposition, à l'heure actuelle, de prendre position
sur la définition du mot automobile sans connaître la nature du
règlement qui viendra préciser ou restreindre la
définition du mot "automobile".
Je pense que ce serait peut-être le moment de demander s'il ne
serait pas possible, comme c'est la pratique et la tradition, que les
règlements soient déposés à mesure qu'ils affectent
l'étude des articles que nous faisons. A ce moment-là, si on ne
connaît pas la nature du règlement, il me paraît
extrêmement difficile de porter un jugement sur la définition
même du mot "automobile", puisque on ne sait pas du tout ce que ce
sera.
Mme Payette: M. le Président, une directive. Le
Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: Est-ce que vous n'avez pas déjà, hier,
fait connaître votre attitude quant à cette demande des
règlements en commission parlementaire?
Le Président (M. Bertrand): Exactement. Je l'avais fait
à l'occasion d'une motion qui avait été
présentée, à savoir qu'on dépose toute la
réglementation sur le projet de loi no 67. J'avais dit, à ce
moment-là, qu'étant donné que c'était une autre
motion préliminaire, que je préférais qu'on s'engage dans
l'étude article par article, que je ne voulais pas engager mes
décisions quant à des motions qui pourraient porter sur des
sujets identiques, mais à l'occasion d'articles précis.
Mme Payette: Alors, sur le genre de question posée par le
député d'Outremont, je répondrai que les règlements
seront connus au fur et à mesure qu'ils seront prêts.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, rire du monde, c'est assez.
D'abord, on essaie de se cacher derrière vous. Est-ce que, M. le
Président, vous n'avez pas décidé cela? Ensuite, une fois
que vous avez dit...
Mme Payette: M. le Président, une question de
règlement. Je ne pense pas que de demander une directive au
président soit une façon de se cacher derrière le
président.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai le droit de parole.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Je pense, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, que vous admettrez que Mme le
ministre voulait simplement s'enquérir du sens que j'avais donné
à ma décision, et je crois, qu'à ce moment-ci, il serait
mal venu de revenir sur tout ce débat. Il serait
préférable de poursuivre dans la veine que nous nous
étions tracée, de discuter de l'amendement que nous avons devant
nous.
M. Lalonde: Et j'ai le droit, moi, d'interpréter cela
à ma façon. M. le Président, vous avez justement et
je ne veux pas revenir sur votre décision on dit que
c'était prématuré et qu'on devait soulever la question au
fur et à mesure qu'on arrive aux articles.
On arrive ici à l'article 1, paragraphe 3. On a enlevé,
naturellement, la référence à toute réglementation
dans l'amendement du ministre et on a un article qui est très propre:
"Tout véhicule mû par un autre pouvoir que la force musculaire et
adapté aux transports sur les chemins publics et non sur les rails". On
a ici un amendement qui tente de mettre un peu de concordance avec les lois. On
nous explique qu'on va voter contre l'amendement, mais cela ne règle pas
le problème. On va à l'article 176a, paragraphe b), et là,
on enlève toute la portée de cette loi en donnant le pouvoir au
conseil exécutif de décider qu'une automobile c'est autre chose.
Il me semble que c'est maintenant qu'on devrait avoir ce règlement et
que la demande du député d'Outremont il ne l'a pas encore
faite sous forme de motion, et j'espère qu'il ne sera pas obligé
de le faire sous forme de motion .,. La seule réponse qu'on a
participe à la plus grande arrogance qu'on a de ce gouvernement, y
compris du ministre, et, c'est: On va vous les donner quand ce sera prêt.
La belle affaire!
M. le Président, nous, ici, ne sommes pas prêts à
jouer ce genre de scénario. Nous sommes ici pour travailler. Il a
quasiment fallu s'arracher les cheveux pendant deux semaines pour avoir un
document qui ne répond même pas à nos attentes et voici
que, quand on arrive aux règlements, on nous répond en riant de
nous. M. le Président, si c'est le genre de dialogue que le ministre
veut avoir, on peut s'attendre à être ici longtemps. Ce ne sont
pas des menaces que je fais, c'est une promesse.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Mme le ministre disait hier qu'elle était
déçue de l'attitude de l'Opposition; je pense qu'elle va
être encore plus déçue à l'avenir. J'aimerais bien
savoir ce qu'on fait ici, en commission parlementaire. J'avais proposé
un amendement parce qu'on avait dit en deuxième
lecture qu'on n'accepterait pas que le gouvernement se donne un pouvoir
de réglementation dans les définitions comme telles.
On nous propose donc un amendement, candidement, très
candidement, très subtilement. La propreté de la loi, comme
disait le député de Marguerite-Bourgeoys, ce matin. On
enlève le pouvoir de réglementation. Par contre, on fouille dans
les documents que le ministre nous a remis, dans le volumineux document, dans
la brique, et on trouve au sous-paragraphe c) "préciser et restreindre
la définition des mots "automobile" et "résidents". Peu importe
la discussion qu'on peut avoir à ce moment-ci pour tâcher de
définir et de bonifier le mot "automobile", le lieutenant-gouverneur en
conseil, c'est-à-dire Mme le ministre et les membres du Conseil des
ministres, se gardent la responsabilité, l'autorité se donne
l'autorité, le privilège et le pouvoir nécessaires pour
être en mesure d'aller complètement à l'encontre des vues
et des intentions du législateur comme tel. Il me semble qu'il y a eu
assez de représentations qui ont été faites de la part du
Parti québécois au moment où il était dans
l'opposition et qu'il blâmait sévèrement... Je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys se souviendra sûrement des
débats qui ont eu lieu dans les commissions parlementaires ou à
l'Assemblée nationale, dans lesquels on dénonçait le trop
grand pouvoir de réglementation dont le gouvernement veut maintenant
s'approprier. Aujourd'hui, on nous fait travailler à une commission
parlementaire, mais peu importe ce que nous déciderons, ce n'est pas
bien grave, on décidera de le corriger en vertu d'un arrêté
en conseil par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Que fait-on ici, M. le Président? J'aurais presque une directive
à vous demander à ce moment-ci. Est-ce qu'on se sert de la
commission parlementaire comme façade, comme couverture, ou si on veut
nous faire travailler de façon positive? En ce qui me concerne, je
refuse de travailler de cette façon surtout après avoir pris la
peine d'appuyer une motion hier pour demander au gouvernement de nous faire au
moins connaître ses intentions concernant la réglementation; on
nous dit: On va les déposer quand ce sera prêt.
Le gouvernement, maintenant, ne connaît sûrement pas le
contenu de la réglementation qu'il entend présenter. Le
gouvernement vient nous dire qu'il est prêt à l'étude de
son projet de loi de l'assurance automobile.
Je pense, M. le Président, qu'il y a quand même des limites
à se moquer des membres d'une commission parlementaire, à se
moquer de l'institution qu'est une commission parlementaire, et du mandat qu'on
a reçu de l'Assemblée nationale. Je suis bien prêt à
travailler, mais je veux travailler avec des outils et je veux savoir où
on va. Jusqu'à maintenant, on ne sait pas où on va.
Si Mme le ministre est déçue de l'Opposition, elle va
être plus déçue de l'Opposition. Je lui di- rai que sa
déception n'est rien à côté de la déception
qui nous anime à l'heure actuelle.
Je suis surpris d'un gouvernement qui se veut transparent, d'un
gouvernement qui veut donner une nouvelle image, d'un gouvernement qui veut
apporter un réel changement et qui veut gouverner avec le peuple, pour
le peuple et par le peuple, d'un gouvernement qui se veut consultant et
consulté de la population, d'agir de cette façon. C'est pire que
tout ce que j'ai vu depuis 1970.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, dans les interventions qu'on
vient d'entendre, je me demande si on n'est pas en train de mettre en question
la dynamique de nos lois, c'est-à-dire qu'il y ait deux niveaux de
législations, en ce qui nous concerne dans la discussion actuelle,
c'est-à-dire des lois qui sont votées par le Parlement et des
règlements, pour certaines questions, qui sont adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Je ne pense pas que ce soit l'intention des députés de
l'Opposition de remettre ce mécanisme en question. Je dis que cela
dépend de ce sur quoi portent les règlements. Si, dans une loi,
on laissait aux règlements la possibilité de fouiller dans la vie
privée, de contrôler les mass media...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... d'établir des
principes.
M. Paquette: Oui, d'établir des principes aussi
fondamentaux...
M. Fontaine: ... la définition d'automobile.
M. Paquette: Laissez-moi finir. Laissez-moi parler. Je vous ai
laissé parler, cela fait un bout de temps que je vous écoute sans
dire un mot.
Ce que je suis en train de dire, c'est que tout dépend sur quoi
on fait des règlements. Ici, on a vu, d'après l'amendement du
député de Jacques-Cartier, jusqu'à quel point on pouvait
entrer dans des niveaux de détail, si on commençait à
préciser, dans la loi, tous les types de véhicules qui peuvent
être considérés comme des automobiles. Cela veut dire
qu'à chaque fois qu'il y aurait un changement technologique, il faudrait
se mettre à amender plusieurs fois pour modifier l'article en question,
si on entrait dans ce niveau de détail.
On peut peut-être craindre, d'autre part, qu'au niveau de la
réglementation et je pense que c'est ce qu'il y a derrière
les interventions de l'Opposition parce qu'on laisse un certain pouvoir
de réglementation sur cet article au gouvernement, celui-ci pourra
indemniser certaines personnes, ou refuser d'indemniser certaines personnes
qui, actuellement, le seraient en vertu de la loi.
Je voudrais rappeler à l'Opposition que, dans ce cas-là,
il y a toute une dynamique qui va jouer; il y a des désavantages
à une régie d'Etat et il y a des avantages. Un des avantages,
c'est que comme c'est de la responsabilité du gouvernement, la pression
de l'opinion publique est extrêmement importante. Une compagnie
privée...
M. Roy: Ça paraît.
M. Paquette: ... peut augmenter ses prix et tout cela, elle a
à regarder si elle va perdre ses clients, d'accord. Mais ce qui est
analogue au niveau de la régie publique, ce sont les pressions que la
population va faire.
Imaginez-vous un gouvernement qui déciderait d'enlever certaines
des catégories qu'a mentionnées le député de
Jacques-Cartier. Ce serait un tollé de protestations.
C'est ce que je veux dire, je pense que la dynamique est telle, que cela
n'ira pas dans le sens de la restriction et que la définition va avoir
tendance à rester stable.
Il faut laisser une chance au gouvernement de tenir compte des nouvelles
innovations technologiques pour qu'on ne soit pas obligé de revenir
devant l'Assemblée nationale avec un projet de loi spécial
amendant cela en vue de donner des bénéfices
supplémentaires à la population, le cas
échéant.
Je ne pense pas que ce soit un cas où la réglementation
soit à craindre, c'est ce que je veux dire. Je comprendrais l'Opposition
d'exiger des règlements sur d'autres questions, mais pas sur
celle-là.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que le
député de Rosemont est complètement à
côté de la question. On ne veut pas mettre en cause du tout la
dynamique législative, la nécessité d'avoir des
règlements, ce n'est pas cela le sujet. Le sujet c'est que, lorsqu'on
discute un article en commission parlementaire, il est nécessaire
d'avoir la réglementation qui se rapporte à cet article pour
pouvoir juger de la validité de l'article. On ne nie pas au gouvernement
le pouvoir de faire le réglementation, ce n'est pas cela du tout le
sujet. Le sujet est de savoir si on est capable de travailler en commission
parlementaire d'une façon sérieuse ou non.
On nous a dit hier que les motions sur la réglementation en
général étaient prématurées, mais, si j'ai
bien compris la décision du président, c'est que, lorsqu'on en
arrivera à des articles, une motion comme celle-là pourra
être re-cevable. A ce stade-ci, je ne peux pas faire cette motion, il y
en a une autre sur la table. On va en disposer, mais comme on est en train d'en
discuter, je voudrais rétablir ceci: L'objet initial de mon intervention
était de savoir si ce paragraphe 3 était acceptable sur le plan
de l'automobile. Je prétends que j'ai besoin de la réglementation
prévue à l'article 176a pour être capable
d'interpréter cette définition de "automobile". C'est cela la
question. Ce n'est pas du tout la question de savoir si le gouvernement a le
pouvoir de faire de la réglementation. Cela est une autre question.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je voulais simplement soulever une question de
règlement pour qu'on sache exactement où on en est rendu dans la
réglementation. Je pense qu'on n'a pas disposé de la motion
d'amendement. Tout simplement pour aider à la marche des travaux, je
voudrais réagir aux propos du député de Rosemont.
Le Président (M. Bertrand): J'ai bien senti que nos
travaux, en ce moment...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... qui s'en vient.
Le Président (M. Bertrand): ... se promènent
à cheval sur la motion principale, la motion d'amendement et qu'on
laisse entrevoir possiblement qu'on va parler tantôt de
réglementation et de dépôt de règlements. J'aimerais
bien que vous puissiez disposer des éléments que nous avons
devant nous. J'ai une motion d'amendement dont je dois disposer avant de
pouvoir aborder la motion principale.
M. Lalonde: C'était pour vous aider que je faisais
cette...
Le Président (M. Bertrand): Je vous remercie beaucoup
d'ailleurs de le faire.
M. Paquette: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: ... je vais simplement dire que l'amendement nous
pose cette question, parce que, s'il était accepté, cela voudrait
dire qu'on enlèverait au gouvernement un pouvoir de
réglementation.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont...
M. Paquette: Non, je sais, mais dans la mesure où on
précise l'article...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, à l'ordre!
M. Fontaine: ... il n'y aurait pas de problème.
Le Président (M. Bertrand): C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle j'ai permis qu'on parle, même sur la question d'amendement,
de réglementation, parce que l'une et l'autre sont inti-
mement reliées, mais j'aimerais quand même qu'on puisse
disposer de cette motion d'amendement avant de poursuivre notre débat.
Est-ce que la motion d'amendement sera adoptée? M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je voudrais ajouter quelque chose relativement
à la déclaration du député de Rosemont.
L'amendement que je vous ai proposé, c'est dans la loi, ce ne sont pas
des règlements que je vous ai déposés, c'est dans la loi,
c'est dans le Code de la route.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... l'indemnisation
aussi.
M. Saint-Germain: Ce sont les députés qui ont
voté la définition de l'assurance automobile telle qu'elle est
là. Pour quelle raison serait-il impossible, dans le projet de loi 67,
d'étudier la définition du mot "automobile" et de
l'insérer dans la loi comme on l'a insérée dans le Code de
la route? Pourquoi toujours déléguer le pouvoir de
réglementation, constamment? C'est vrai que le gouvernement doit avoir
un pouvoir de réglementation, mais il doit avoir un pouvoir de
réglementation simplement pour nous exempter d'étudier des
technicités dans une loi. On devrait mettre, dans nos lois... On doit
définir nos lois le mieux possible, de façon que la
réglementation soit assurément moins importante et que, lors de
la réglementation, l'exécutif soit réellement plus
limité dans ses règlements, au point de vue de l'importance de
ces règlements.
Vous avez ici une définition de base. On peut changer du tout au
tout, en changeant la définition du mot "automobile", la portée
du projet de loi 67. En plus de cela, on le donne à une régie. On
va créer un monstre que la régie, avec l'exécutif, pourra
modifier. Les députés de l'Assemblée nationale
n'entendront pas plus parler des changements que le commun des mortels. Alors,
on donne trop d'autorité à l'exécutif et trop
d'autorité à la régie. Cette autorité devrait
rester au niveau de l'Assemblée nationale, dans l'intérêt
de la population. C'est de là que vient l'importance de toute la
technocratie. Même, Mme le ministre, après avoir
légiféré et après avoir terminé
l'étude de cette loi, trois ou quatre ans après, lorsqu'elle ne
sera plus ministre et lorsqu'elle ne sera plus député, et qu'elle
verra ce qui est arrivé de sa loi sur l'automobile, dira: Non, c'est
impossible, ce n'est pas cela que je voulais. Ce n'est pas vrai. Cela n'a pas
de bon sens. C'est ce qui va arriver. Pourquoi ne pas mettre dans la loi ce qui
doit être dans la loi pour essayer de minimiser l'importance de la
réglementation?
Le député de Rosemont n'a aucune raison... Son
argumentation n'est absolument pas fondée. C'est ça, la Loi du
Code de la route. C'est écrit dans la loi. Ce n'est pas une
réglementation que je vous ai donnée, ce sont des
définitions.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Saint-Germain: Ce sont les députés qui ont
à étudier ces définitions. Alors pour quelle raison ne
pourrait-on pas faire la même chose dans le texte de la loi?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je suis d'accord avec la
motion d'amendement proposée par le député de
Jacques-Cartier, mais, comme il s'en est rendu compte, selon l'amendement
proposé au projet de loi no 67 à l'article 176, même si on
adoptait une définition qui puisse englober tous les véhicules
automobiles que nous voudrions y englober, le gouvernement pourrait modifier
toute cette définition au lendemain de l'adoption de la loi. Alors, moi,
M. le Président, je me pose une question de principe
là-dessus...
M. Raynauld: Véhicule à deux portes...
M. Fontaine: Quel est le rôle du législateur? Le
rôle du législateur, c'est de définir les principes de la
loi. Les règlements viennent pour donner les modalités
d'application de la loi. Or, les règlements ne sont pas faits pour
donner les principes de la loi, mais simplement pour donner les
modalités d'application. Je pense que, si on veut procéder de
cette façon, on fait un camouflage de la démocratie. Je l'ai dit
hier et je le répète aujourd'hui: C'est un camouflage de la
démocratie. Ce n'est pas ça qu'on veut.
Si, au moins, aujourd'hui, on nous arrivait avec les règlements
et on disait: C'est ça que vont être les règlements, on
pourrait toujours se fier au gouvernement et dire: Ce sont ces
règlements qu'ils veulent adopter et ça va être à
peu près semblable aux définitions données par le
député de Jacques-Cartier. Mais on ne les dépose pas les
règlements. On nous dit: On va vous les donner plus tard...
M. Roy: Ils ne sont pas prêts.
M. Fontaine: ... quand ils seront prêts. Or, je me demande,
M. le Président, si, comme le député de Rosemont le disait
tout à l'heure, dans les règlements, la définition va
être la même que celle du député de Jacques-Cartier.
Qu'on dépose les règlements immédiatement et on va savoir
sur quoi on va se baser pour donner une définition de l'automobile.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Rosemont avait demandé la parole.
M. Paquette: Oui, très brièvement, M. le
Président, simplement pour dire qu'en principe on est d'accord sur ce
que vient de dire le député de Jacques-Cartier, à savoir
qu'il ne faut pas tout laisser à la technocratie et préciser le
plus possible les principes de nos projets de loi.
La seule chose, c'est que moi, je me pose sérieusement la
question à savoir si, au niveau
de détails où on en est, on ne devrait pas laisser
ça aux règlements. C'est peut-être une erreur qu'on a faite
dans le Code de la route. On peut différer d'opinion là-dessus.
Moi, c'est drôle, je n'ai aucune crainte quant à cet aspect du
pouvoir de réglementation de la régie. On pourrait se poser des
questions ailleurs, par exemple, sérieusement.
C'est simplement pour dire que, sur le plan des principes, on n'est pas
en désaccord, loin de là.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, j'ai en main un écrit
qui pourrait peut-être éclairer les membres de cette commission.
L'auteur est Me Louis-Philippe Pigeon qui est maintenant membre de la Cour
suprême. Il s'agit d'un document qui a pour titre: Rédaction et
interprétation des lois et, en page 26, on trouve: Pouvoir de
réglementation.
L'honorable juge écrit ce qui suit: "De plus, il ne faut pas
oublier que celui qui a un pouvoir de réglementation ne peut pas le
transformer en discrétion administrative". "Par conséquent, si
vous avez un texte qui permet de faire des règlements fixant l'endroit
où pourront se trouver les postes d'essence, vous ne pourrez pas faire
le règlement de la façon suivante: Les postes d'essence pourront
être établis aux endroits que le conseil déterminera par
résolution". "Pourquoi? Parce que c'est un pouvoir de
réglementation qui a été accordé. Vous ne pouvez
pas en faire une discrétion administrative qui va permettre au conseil
municipal de décider qu'un tel pourrait avoir un poste d'essence
à tel endroit et qu'un tel autre ne pourrait pas en avoir". "Quand on a
un pouvoir de réglementation, il faut qu'on l'exerce en
établissant des normes. On ne peut pas en faire une discrétion
administrative. Un règlement au sujet des affiches ne peut pas comporter
la disposition suivante: Toute affiche devra être approuvée par le
secrétaire. Là encore, ce n'est pas une réglementation.
C'est l'opposé. C'est une discrétion administrative".
Je pense que c'est utile pour l'information des membres de la
commission.
M. Roy: J'aurais quelque chose à dire, mais je proposerais
l'ajournement des travaux. On va revenir là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): C'est ce que vous vouliez
dire, M. le député de Beauce-Sud?
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Bertrand): Effectivement, nous ajournons
nos travaux sine die.
((Fin de la séance à 13 h 2)