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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières poursuit l'examen du projet de loi no 67 intitulé Loi
sur l'assurance automobile.
Les membres de cette commission sont M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke),
M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue).
M. Lalonde: M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)
pourrait être remplacé par M. Raynauld (Outremont).
M. Saint-Germain: Non, par Giasson.
Le Président (M. Bertrand): Par M. Giasson.
M. Saint-Germain: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bertrand): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M. Marquis
(Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)
et M. Vaillancourt (Jonquière).
Je pense que lorsque la commission avait ajourné ses travaux,
jeudi dernier, nous en étions à l'article 3.
M. Roy: Avant d'entreprendre l'étude de l'article, M. le
Président, j'aurais une directive à vous demander.
Le Président (M. Bertrand): Oui. Discussion
préliminaire
M. Roy: J'aimerais savoir s'il y a eu des rencontres, soit avec
le leader du gouvernement ou encore avec la présidence de
l'Assemblée nationale pour déterminer un moment durant les
séances de la commission parlementaire où il sera possible
d'interroger le gouvernement sur les documents qui ont été
déposés à l'Assemblée nationale relativement
à l'assurance automobile. J'aimerais savoir si on peut prévoir
qu'il y aura une place pendant la séance de la commission parlementaire
pour examiner ces documents, pour être capable de poser les
questions.
En somme, je veux savoir s'il en a été question d'abord et
si vous êtes en mesure, ce matin, de nous informer, en commission
parlementaire, quand on pourrait prendre le temps d'examiner ces documents.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce une demande que vous
aviez faite, M. le député de Beauce-Sud, lors de la
dernière séance, jeudi soir dernier?
M. Roy: Non, ce n'est pas une demande que j'ai faite jeudi soir,
je n'ai pu me rendre en commission parlementaire, jeudi soir dernier. Je
reprends un peu les propos que j'avais tenus, mardi dernier, ici même
à cette commission.
Mais, ce matin, étant donné que nous avons soulevé
cette question à deux reprises, au cours de nos travaux, je voulais
savoir si, effectivement, à la suite de ces discussions que nous avions
eues ici, en commission parlementaire, il y avait du nouveau de ce
côté, s'il y avait des arrangements qui étaient pris ou qui
sont censés être pris.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais obtenir un
renseignement avant que le ministre ne réponde. Jeudi soir, en effet,
vous ne présidiez pas la séance et le député de
Beauce-Sud n'était pas là non plus; Mme le ministre a pris un
engagement, elle a fait une offre, que nous avons acceptée, de faire
entendre ici à la commission l'actuaire expert qui a la meilleure
connaissance du dossier de l'assurance automobile.
J'ai compris que cet actuaire serait disponible pour répondre aux
questions des membres de cette commission au début de cette semaine et
j'espérais ce matin. Nous avons suspendu l'étude de quelques
définitions justement pour étudier ces articles et ces
définitions après ou pendant cet examen que nous ferions de
l'expert-conseil.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: Tel que j'en avais pris l'engagement jeudi dernier,
l'expert-conseil est présent à la commission ce matin et sera
disposé à répondre aux questions qui ont été
soulevées au moment où nous avons suspendu trois
définitions à l'article 1, soit le paragraphe 11, le paragraphe
12 et le paragraphe 20, faute de réponses concernant le coût du
régime par rapport à ces définitions.
M. Saint-Germain: Comme Mme le ministre le dit, elle nous avait
dit que l'actuaire serait ici ce matin. J'avais préparé certaines
questions, que je crois très importantes, et j'espère qu'on ne
sera pas tenu de poser des questions en relation des définitions que
vous venez de mentionner.
Mme Payette: Je pense qu'il serait utile qu'on commence d'abord
par ces définitions qui ont été suspendues à cause
des implications au coût du régime. S'il y avait d'autres
questions par la suite, il n'y a pas de restriction quant aux questions qui
peuvent être posées.
M. Lalonde: Nous sommes d'accord avec cela.
Mme Payette: La seule restriction que je mettrai, et je l'avais
déjà exprimée jeudi dernier, c'est la somme de travail que
l'actuaire doit fournir présentement auprès de la régie
qui implique nécessairement qu'on limite dans le temps la participation
et de l'actuaire et du président de la régie, qui est
également présent à la commission ce matin. Je pense qu'il
serait honnête de dire qu'ils sont à notre disposition pour la
période de ce matin, également pour la période de cet
après-midi, si c'était nécessaire, mais on devra limiter
à 18 heures leur présence à la commission parlementaire.
Il me semble que cela donne tout le temps à l'Opposition de poser des
questions et d'avoir les réponses aux questions qu'elle se pose.
M. Lalonde: Nous acceptons cette suggestion de revenir aux
définitions qui ont été suspendues. Nous croyons qu'en
effet d'ici 18 heures nous aurons le temps nécessaire pour poser des
questions, espérant que, s'il reste quelques questions importantes, nous
aurons le loisir de revoir l'actuaire en particulier.
Nous avions, jeudi soir, indiqué à Mme le ministre
cela n'a rien à voir avec la compétence du président
que nous ne prévoyons pas avoir des questions qui s'adresseraient
directement au président de la régie ce matin.
Mme Payette: M. le Président, j'avais proposé la
présence du président de la régie à un moment
donné de cette semaine. Tenant compte de l'agenda de M. De Coster, il
semblait que la journée d'aujourd'hui était la plus propice
à sa présence. C'est la raison pour laquelle je l'ai
invité aujourd'hui.
M. Lalonde: Maintenant qu'il est là on posera des
questions.
M. Saint-Germain: On aura certainement des questions, oui, qu'on
pourra adresser à M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Pour bien comprendre, Mme le
ministre, je voudrais interpréter le sens de vos propos. Est-ce que vous
manifestez votre accord de voir vos invités interrogés sur
l'ensemble des questions qui peuvent toucher leur compétence,
indépendamment de l'article 1.11 ou 1.12 ou 1.20?
Mme Payette: La réponse est oui, M. le Président,
dans la mesure où nous commençons par les définitions
à l'article 1.11, 1.12 et 1.20. Pour la bonne compréhension des
travaux de la commission, qu'on essaie de s'en tenir aux questions qui
concernent ces définitions et par la suite qu'on entreprenne d'autres
domaines si on le désire.
Le Président (M. Bertrand): C'est parce que je veux que
cela soit bien compris. Il pourrait arriver que sur l'article 1.11, les
questions débordent la simple définition des mots "dommages
corporels".
Mme Payette: On ne se disputera pas si cela déborde un
peu. C'est simplement qu'on essaie de faire adopter, pour être
raisonnable et conséquent, les définitions qui ne l'ont pas
été pour qu'on puisse dire, à un moment donné,
qu'il y a bien deux articles qui ont été adoptés dans ce
projet de loi.
M. Lalonde: On peut en adopter deux autres, M. le
Président.
Mme Payette: On y compte bien.
Le Président (M. Bertrand): Vous comprendrez qu'il s'agit
quand même de faire en sorte que les questions qui seront posées
aux personnes présentes puissent l'être en fonction de l'article
que nous sommes à étudier. Evidemment, j'ai comme le sentiment
qu'à un moment donné cela va glisser inévitablement vers
d'autres préoccupations. Je pense interpréter le voeu des membres
de la commission qu'il y aurait consentement unanime pour que, bien sûr,
en prenant prétexte de l'article 1.11, 1.12 et 1.20, nous puissions
poser des questions. Le ministre s'engage aussi à donner son
consentement sur la possibilité de poser des questions sur d'autres
aspects du projet de loi, indépendamment de l'article 1.11 et 1.12
à condition qu'on puisse adopter ceux-là.
Bien, nous revenons donc, si c'est le voeu unanime des membres de la
commission, à l'article 1.11.
M. Roy: Un instant, M. le Président, j'ai posé une
question tout à l'heure. On a posé une deuxième question
après la question que je vous ai posée.
On a obtenu les réponses aux questions posées par mes
collègues du côté de l'Opposition officielle, mais je n'ai
pas eu de réponses aux questions que je vous ai posées.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, il n'y a eu aucune démarche faite auprès de la
présidence de l'Assemblée nationale pour s'enquérir des
possibilités qu'à cette commission on nous permette d'aborder
l'étude de l'ensemble d'un document ou de plusieurs documents, en dehors
du mandat qui nous est confié. Je vais vous rappeler la décision
que j'avais rendue d'ailleurs, M. le député de Beauce-Sud; je
dirais qu'on pouvait poser toutes ces questions au moment où les
articles se présentaient, mais qu'il n'y avait pas de période
comme telle prévue dans nos règlements, en commission qui
étudie un projet de loi article par article, pour qu'on prenne, disons,
une demi heure ou une heure pour interroger des gens. Mais j'ai bien compris
que, ce matin, il y avait déjà un élément de
réponse qui était donné à votre question, puisqu'il
y a deux personnes qui sont disposées à ré-
pondre à des questions qui, évidemment, sont relatives aux
documents qui ont été déposés. Nous allons prendre
prétexte de l'étude de certains articles pour entamer cette
discussion. C'est donc un début de réponse à la question
que vous m'avez posée, M. le député de Beauce-Sud. Pour le
deuxième aspect, à savoir si la présidence de
l'Assemblée nationale a été consultée, non, elle ne
l'a pas été.
M. Roy: M. le Président, les documents qui nous ont
été remis comportent trois aspects: le coût du
régime, le financement du régime et la tarification. Je
m'étais tenu au courant des travaux de la commission parlementaire,
à la séance de jeudi soir dernier. J'étais donc
informé que des experts seraient ici ce matin pour répondre
à nos questions. Cela ne répondra pas à toutes nos
questions. Cela ne peut répondre à toutes nos questions parce
qu'il y a des documents qu'on nous a donnés qui ne relèvent pas
de la compétence des personnes qui sont ici. Ce que je veux savoir ce
matin, c'est si vous avez l'intention, comme président de la commission,
de déterminer un moment pendant nos travaux où on pourra aborder
ces deux questions.
Si je vous pose cette question, M. le Président, c'est pour
éviter d'avoir à faire un débat de procédure. J'ai
fouillé en fin de semaine dans des journaux des Débats, dans des
rapports qui ont eu lieu à la suite de commissions parlementaires
précédentes, et je dois dire que c'est la première fois
que des documents sont déposés à une commission
parlementaire et que nous ne pouvons pas nous référer. Le dernier
exemple que je peux vous donner, c'est lorsque SIDBEC est venue devant la
commission parlementaire pour faire amender sa loi. Nous avons voté la
deuxième lecture de la loi à l'Assemblée nationale et, par
la suite, la commission parlementaire a été convoquée. Les
gens de SIDBEC ont été entendus. Ils ont déposé des
documents et nous avons pu les interroger pendant une certaine période
sur les documents pour avoir l'éclairage nécessaire pour
être en mesure, par la suite, d'aborder l'étude de la loi article
par article. C'était une loi qui comportait, comme vous le savez, des
sommes souscrites par le trésor public en vue d'augmenter le capital
social de SIDBEC. Cela s'est fait chaque fois que SIDBEC est venue devant la
commission parlementaire.
Cela s'est fait à chaque fois que SIDBEC ou REXFOR sont venues
devant la commission parlementaire. Cela s'est fait également lorsque
d'autres organismes y sont venus. Quand on a demandé les documents en
commission parlementaire, ces documents ont fini par nous être
donnés. Les documents ont pu être distribués aux membres de
la commission. Il y a toujours eu, dans nos commission parlementaires, un
moment durant lequel nous avons pu examiner ces documents et interroger le
gouvernement.
Je regrette d'être obligé de revenir là-dessus
encore ce matin. Je vais être obligé, si on n'a pas de
réponse satisfaisante, de le faire. Je ne voulais pas en faire un
débat de procédure. Pour éviter justement d'en faire un
débat de procédure, il y a une et deux semaines, quand on avait
fait les commentaires généraux, j'avais posé un certain
nombre de questions à Mme te ministre pour avoir des réponses.
Nous attendons toujours les réponses. Cela a été le
silence complet, le mutisme le plus total. Nous avons le droit d'être
informés. Je terminerai cette question là-dessus, mais je compte
y revenir. C'est pourquoi, je vous demanderais, M. le Président,
d'examiner cette question et, si cela était possible, dès
l'ouverture de nos travaux cet après-midi, de me faire part de votre
décision.
Mme Payette: M. le Président, suite à
l'intervention du député de Beauce-Sud, je ne comprends pas qu'il
fasse une tempête dans un verre d'eau. La tempête est dehors et
elle devrait rester dehors.
M. Roy: La tempête est dehors. Ce n'est pas dans un verre
d'eau ni dans un verre de lait. Soyez-en assurée.
Mme Payette: J'ai bien dit, M. le Président, et vous m'en
serez témoin, que je souhaiterais que les questions qui seront
adressées aux deux spécialistes qui sont devant nous ce matin
soient des questions qui se réfèrent aux paragraphes 11, 12 et
20. Vous reconnaîtrez, M. le Président, cependant que je n'ai pas
limité à ces trois articles les questions de l'Opposition. J'ai
dit que dès qu'on aurait terminé l'étude de ces trois
définitions, on pourrait, pendant le reste de la journée,
jusqu'à 18 heures, interroger et l'actuaire et le président de la
régie quant au coût du régime et à la tarification.
Il s'agit bien là des documents dont parlait le député de
Beauce-Sud.
Le Président (M. Bertrand): C'est pour cette raison que
j'avais dit au député de Beauce-Sud qu'il y avait
déjà une grosse partie de la réponse qui lui était,
à toutes fins utiles, donnée ce matin.
M. Roy: C'est la raison pour laquelle j'ai posé des
questions avant que nous ne commencions à poser les questions. Quand
pourrons-nous poser des questions là-dessus? Si vous me dites qu'on peut
poser des questions ce matin, je vous remercie. J'ai ma réponse.
Le Président (M. Bertrand): Voici ma décision. Nous
allons étudier l'article 1, paragraphes 11, 12 et 20. Des questions
pourront être posées, mais uniquement si elles sont relatives aux
paragraphes 11, 12 et 20. Par la suite, quand ce sera adopté, je prends
la parole du ministre qui donne son consentement pour que je pense que
cela prend au moins le consentement unanime pour que nous puissions y arriver
nous puissions, jusqu'à 18 heures ce soir enfin nous
n'avons pas d'ordre pour revenir cet après-midi, mais si jamais la
commission poursuivait ses travaux, suite à un ordre de la Chambre cet
après-midi continuer d'interroger les experts qui sont ici devant
nous ce matin.
M. Roy: Est-ce que cela veut dire que si la commission
parlementaire ne devait pas être convoquée cet après-midi
dans l'horaire qui nous a été remis la semaine
dernière il n'y a pas de séance de prévue cet
après-midi à toutes fins utiles les experts qui sont ici
devant nous, les spécialistes de la régie ne pourront pas revenir
en soirée?
Mme Payette: Oui, c'est ce que cela veut dire, M. le
Président.
M. Roy: Cela veut dire qu'on est limité dans le temps. Je
reviendrai demain matin, si je n'ai pas satisfaction.
Mme Payette: Cela veut dire, M. le Président, qu'on prend
pour acquis qu'on va siéger cet après-midi, sur un ordre de la
Chambre.
M. Saint-Germain: Cela veut dire qu'ils ne reviendront pas dans
les journées subséquentes, si on a besoin de leurs services.
Mme Payette: Je souhaiterais, M. le Président, qu'on
puisse épuiser, d'ici 18 heures, les questions concernant le coût
du régime, la tarification. J'ai expliqué j'avais pris des
précautions jeudi dernier la somme de travail que ces deux
personnes doivent assumer présentement, et je ne pense pas qu'il serait
convenable que cette commission les mette dans une situation de passer
plusieurs jours ici.
Le Président (M. Bertrand): Je pense que la meilleure
façon de voir ce que cela donnera, c'est de commencer
immédiatement. Alors, paragraphe 11 de l'article 1.
M. Saint-Germain: M. le Président, ma première
question s'adresserait à l'actuaire.
Une Voix: Est-ce qu'on pourrait l'identifier, s'il vous
plaît?
Mme Payette: II y a M. Gilles Binette, à ma droite, qui
est l'actuaire-conseil auprès de la régie et, à ma gauche,
M. Robert De Coster, le président de la Régie de l'assurance
automobile du Québec.
M. Lalonde: M. Gilles? Mme Payette: M. Gilles Binette.
Indemnités
M. Saint-Germain: Dans le dommage corporel, vous incluez, comme
de raison, le décès. A la page 14 du document qui est daté
du 27 avril et qui a été rendu public le 12 octobre, le
coût des prestations de décès est estimé à
54,5% relativement au statu quo, c'est-à-dire au régime qu'on a
présentement.
Mme Payette: Je m'excuse, dans le document que j'ai, on ne se
réfère pas à ce pourcentage.
M. Saint-Germain: Je parle du document que j'ai devant moi qui
est daté du 27 avril et qui a été rendu public le 12
octobre.
Mme Payette: II s'agit d'un document préalable à
celui qui a été déposé à l'Assemblée
nationale, M. le Président.
M. Saint-Germain: Oui, celui que vous avez dit qu'on n'avait pas
lu et qu'on n'avait pas étudié, c'est celui-là.
Mme Payette: M. le Président, voici tout de suite une
difficulté en commençant. Ces documents ont été
préparés par les actuaires du ministère. M. Binette est
l'actuaire-conseil auprès de la Régie de l'assurance automobile
du Québec.
M. Binette répondra à toutes les questions concernant les
documents qui ont été déposés à
l'Assemblée nationale récemment, mais si on se
réfère au livre bleu, il s'agit d'un autre document
complètement.
M. Saint-Germain: Nous voilà encore sans
réponse.
Mme Payette: Je ne pense pas, M. le Président, qu'on soit
devant une impasse irréductible. Je pense qu'il faut s'en tenir aux
documents les plus récents qui sont ceux qui font état du
coût du régime et de la tarification tels que
déterminés maintenant.
M. Saint-Germain: Ecoutez, c'est qu'entre le document qui nous a
été remis en date du 12 octobre et le document qu'on a
aujourd'hui, il y a des changements assez considérables.
Mme Payette: II y a eu des changements aussi dans les amendements
et le livre bleu.
M. Saint-Germain: Même en tenant compte des amendements, il
y a des décalages assez considérables au point de vue des
montants. Je n'ai pas pu avoir la réponse en analysant les deux
documents et en essayant de faire une relation entre les chiffres contenus dans
les deux. C'est la raison de ma question. Il y a eu une évolution, je
suppose, dans les estimations des coûts. Pour quelle raison, je ne le
sais pas. Il serait très intéressant de le savoir.
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez, je ne
sais pas ce que le député de Jacques-Cartier cherche, mais nous
avons, en commission parlementaire, travaillé ensemble. Il sait que nous
avons apporté des amendements au projet de loi 67; que ces amendements
ont amené d'autres calculs, et il me semble que c'est sur ces calculs
qui sont définitifs, dans la mesure où il n'y a pas d'autres
amendements, sur ces calculs qui sont définitifs présentement
qu'on devrait poser des questions.
M. Saint-Germain: Ecoutez, vous allez me comprendre.
Mme Payette: Je pense qu'on vous comprend déjà.
M. Saint-Germain: Vous me comprenez déjà? Tant
mieux. Dans l'ancien document, on a établi des pourcentages et on a dit
que les prestations de décès étaient estimées
à 75,1%. Ces 75,1% se réfèrent, sont relatifs au
coût des prestations de décès ou des indemnités de
décès du régime actuel. Vous avez cela à la page 14
du document: Décès, 75,1%. Avez-vous la copie de cela?
Mme Payette: On est en train de la cueillir. On essaie de voir si
on l'a dans les papiers qu'on avait de disponibles pour la commission.
M. Saint-Germain: Si vous enlevez de ces 75,1% ces 20,6%, qui
viennent de l'incapacité temporaire, il vous reste 54,5%. La diminution
de 20,6% vient des rentes de survivant du régime qui font baisser
actuellement le coût des indemnisations pour décès et non
pas de l'incapacité. Vous avez 20,6%. Ce sont toujours les chiffres
à la page 14. Vous arrivez, en faisant la soustraction, à une
estimation de 54,5% relativement au régime actuel. C'est 54,5% du
coût du régime actuel et, si vous mettez ces chiffres sur une base
de 100%, vous arrivez à 41% du coût du régime
proposé aujourd'hui, soit $148 millions. Est-ce exact, ces chiffres?
Mme Payette: La méthodologie utilisée dans les deux
évaluations pour fins d'illustration des coûts était
différente. En l'absence de documents n'ayant pas fait de conciliation
comme telle de chacune des indemnités, je ne suis pas en mesure de vous
expliquer à quoi sont dues les différences de pourcentage. On se
réfère dans ce document, en plus, au pourcentage que
représente le coût des indemnités sur le coût des
indemnités pour le régime actuel en dommages corporels, alors
que, dans ce document-ci, on ne fait aucune référence au
coût du régime actuel en dommages corporels. C'est pour cela que
c'est difficile de comparer les résultats à ce stade-ci, n'ayant
pas en main les documents et n'ayant pas fait d'étude spécifique
sur la conciliation qu'on peut faire dans la méthode de
présentation des résultats.
M. Saint-Germain: Mais est-ce que vous voulez dire que les
études qui ont servi au premier document n'étaient pas
justes?
Mme Payette: Non, toutes ces études sont correctes, sauf
qu'il y a des éléments d'incertitude et puis des
hypothèses qu'on doit faire, qui se sont faites de façon
différente après une plus grande expertise. Au début, on a
fait une estimation globale, puis, par la suite, on a fait plus d'expertise. On
a réussi à spécifier davantage certains
éléments et à les attribuer de façon
différente. Comme vous pouvez le voir, on parle d'une majoration pour
élément d'incertitude. Cette majoration n'est pas la seule; il y
en a d'autres. A la suite des études qu'on a faites, ces majorations, on
les a faites de façon différente, suite à des
données plus précises. C'est pour cela que c'est un travail
très difficile de comparer les deux études. On n'a pas
jugé bon de le faire, mais le présent travail constitue une
estimation de coûts plus précise, article par article.
Au début, l'objectif de l'évaluation était
d'estimer le coût global du régime et il a fallu y aller de
façon plus précise pour estimer le coût de certains
éléments. Avec les données additionnelles, cela nous a
permis de préciser davantage les éléments de
coûts.
M. Saint-Germain: Toujours en comparant les deux, à la
page 20 du document qu'on nous a remis la semaine dernière, le
coût des indemnités, des décès se résume
à $89,7 millions. Vous avez une réduction, là.
M. Raynauld: Plutôt que $148 millions.
M. Saint-Germain: Plutôt que $148 millions, oui. C'est une
réduction considérable. Il me semble qu'on pourrait expliquer au
moins une partie de ce décalage. Vous avez, d'un autre
côté, par les amendements qui ont été
apportés, comme cette définition en particulier et le mode
d'indemnisation des femmes au foyer, augmenté les millions des
indemnités, des prestations. Vous avez énormément de
facteurs, dans les amendements qui vont être apportés, qui
augmentent le coût.
Mme Payette: II y a des facteurs qui se contrebalancent. On a
également baissé le pourcentage de la rente d'indemnité de
remplacement de revenu qui va devenir une rente au survivant, c'est
passé de 65 à 55. On a réduit également la
période de garantie des rentes de dix ans à cinq ans pour les
personnes de moins de 35 ans; or, on sait qu'il y a beaucoup
d'accidentés d'automobile parmi les gens en bas âge.
M. Saint-Germain: Vous ne pouvez pas me donner de
comparaison?
Mme Payette: Vous donner une ventilation complète et
détaillée des différences entre ces montants?
M. Saint-Germain: Oui.
Mme Payette: Je peux vous dire qu'il y a une grande
différence causée par la réduction de la fréquence
des accidents, au nombre de décès. Pour le reste, je ne peux pas
vous faire une concordance avec les autres éléments. Il y a
également la majoration pour l'élément d'incertitude qui,
dans cette étude, a été en grande partie attribuée
au décès, alors qu'ici elle a été isolée de
façon spécifique.
M. Saint-Germain: Dans le dernier moment, quant à la
majoration pour l'élément d'incertitude, vous vous êtes
servis de 10%?
Mme Payette: C'est cela.
M. Saint-Germain: L'élément
antécédent n'était-il pas plus élevé?
Mme Payette: L'élément antécédent
n'est pas comparable, les deux méthodes d'estimation des coûts ont
été très différentes. Nous avons, dans la seconde
analyse, fait des majorations par étapes sur chacune des
hypothèses et nous avons fait une majoration globale pour l'ensemble des
éléments qu'il a été impossible d'évaluer de
façon spécifique, alors que dans la première étude,
nous avons fait une évaluation globale portant sur plus
d'éléments d'incertitude et il n'avait pas été
possible, à ce moment, d'évaluer certains
éléments.
M. Saint-Germain: Quel pourcentage de majoration a-t-on fait dans
la première étude?
Mme Payette: II me semble que le pourcentage était de
17%.
M. Saint-Germain: Voilà.
M. Raynauld: Ici, c'est réduit à 10%.
M. Saint-Germain: Vous l'avez réduit à 10%.
Mme Payette: Oui, mais on a inclus dans le coût de chacune
des indemnités des majorations plus grandes et on a fait des expertises
qui nous permettent de connaître de façon plus précise la
composition du coût des indemnités.
M. Saint-Germain: Pour le premier document qui nous a
été remis, on se basait sur l'enquête CROP qui avait
été faite au niveau de la commission sur l'assurance automobile.
Vous êtes-vous servis des mêmes données?
Mme Payette: Nous nous sommes servis en partie de l'enquête
CROP, comme c'est mentionné dans le document, mais nous avons beaucoup
utilisé les statistiques du ministère des Transports, de
même que celles de Statistique Canada, relativement aux accidents de la
circulation, pour certaines données, relativement à la
gravité des blessures, par exemple, en dommage corporel, pour des rentes
d'indemnité de remplacement de revenu. Nous avons utilisé les
indicateurs de CROP qui nous semblaient valables et qu'on a
vérifiés avec d'autres sources comme, par exemple, le BAC qui a
fait des études et qui a déjà fait aussi une
enquête.
Nous avons pu vérifier la justesse et la cohérence des
éléments, des hypothèses.
M. Saint-Germain: Cette enquête qui a été
faite au cours de la commission date déjà de plusieurs
années. Les sommes impliquées, ce sont toujours bien des sommes
qui sont presque $400 millions ou $350 millions, si vous voulez. Pour en
arriver à des chiffres plus précis, ne croyez-vous pas qu'on
aurait dû faire une étude qui nous aurait donné la
situation d'aujourd'hui?
Mme Payette: Nous avons utilisé de CROP des données
qui s'avèrent relativement stables dans le temps et puisé
à d'autres sources des données qui sont sujettes à des
changements. Par exemple en ce qui concerne la durée de
l'invalidité, c'est une donnée qui, d'après notre
expérience et les statistiques actuarielles, varie pas tellement dans le
temps. Mais, pour ce qui est du statut civil et des revenus et de ces
choses-là, on a utilisé des statistiques démographiques
qui sont mises à jour.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. Pour bien
comprendre, vous faites référence à d'autres sources;
pouvez-vous les identifier?
Mme Payette: Les statistiques des accidents de la circulation
publiées par le ministère des Transports et Statistique
Canada.
M. Saint-Germain: Dans la présentation du document qu'on
nous a remis le 24 novembre, on nous dit: Cette estimation des coûts et
la structure de tarification tiennent compte des amendements annoncés au
projet de loi 67 en date du 16 novembre 1977, ainsi que ceux qui seront
déposés au cours de la semaine prochaine sur la
non-intégration des rentes de retraite du Régime de rentes du
Québec et d'un régime supplémentaire de rentes et les
indemnités payables aux mineurs et aux étudiants, au
postsecondaire. Rien empêche que, dans ce document, on voit tout de
même qu'il y a une intégration des sommes.
Mme Payette: M. le Président, si vous me permettez, pour
l'information du député de Jacques-Cartier, des amendements
doivent être apportés à trois autres articles qui ne sont
pas déposés encore. Dès que la rédaction en sera
terminée, ils le seront. Un de ces articles impliquent un changement de
coût, quant à la question qui est posée par le
député. Il s'agit des articles 21, 22, et 30.
M. Saint-Germain: Oui, mais rien empêche que dans les
chiffres...
Mme Payette: Ils avaient été annoncés
cependant, on avait bien dit qu'il y avait des amendements à venir.
M. Saint-Germain: Oui, mais il a dit...
M. Roy: Je m'excuse, mais de quel ordre de grandeur cela peut-il
affecter le coût du régime, chacun de ces articles?
Mme Payette: L'estimation des coûts en tient compte
actuellement.
M. Roy: Oui, mais quel est l'ordre de grandeur, par rapport
à ce qui avait été annoncé
précédemment, par rapport à chacun des articles? Je
regarde le document ici. Je ne veux pas couper la parole à mon
collègue de Jacques-Cartier mais, aux pages 17, 18 et 19 du document, on
parle de l'article 19 et de l'article 32; travailleurs à temps
plein, $5 432 711. Articles 21 et 32, étudiants au
postsecondaire, $18 634101. Alors on donne le sous-total de $157 millions ici,
parce qu'il y a 19,20, 21, 22, 24, 25, et on fait référence
également à l'article 32. Alors pour chacun de ces montants, les
amendements qui sont en voie de rédaction actuellement sont quand
même basés sur des calculs de coûts qui sont faits, qui ont
été déterminés. Si c'est possible, j'aimerais bien
qu'on nous donne l'ordre de grandeur.
Mme Payette: Je peux vous donner un ordre de grandeur, je ne peux
pas vous donner les chiffres précisément.
M. Roy: Vous n'avez pas les chiffres?
Mme Payette: Je ne les ai pas dans mes documents ici; il y a un
paquet de documents qui soutiennent ces évaluations, je n'ai pas
jugé utile de tout apporter.
En ce qui concerne l'article 21, étudiants en post-secondaire, si
on avait gardé l'ancienne définition, avant l'amendement qui s'en
vient, cela aurait coûté environ $4 millions de plus. L'article
22, avant l'amendement qui s'en vient, cela aurait coûté environ
$5 millions de plus.
M. Roy: Quand vous parlez de $4 millions de plus, est-ce que
c'est $4 millions de plus que les $18 millions prévus ici?
Mme Payette: Oui.
M. Roy: Quand vous parlez de $5 millions, c'est $5 millions de
plus que les $24,9 millions de prévus?
Mme Payette: Exactement.
M. Roy: Les amendements qui sont apportés sont en fonction
des chiffres nouveaux qui sont ici dans le document.
Mme Payette: Les chiffres nouveaux tiennent compte des
amendements.
M. Roy: Ce qu'il a dans le projet de loi, avec les amendements
qui sont actuellement déposés, cela coûterait plus cher que
ce qui est prévu ici?
Mme Payette: Oui.
M. Roy: $9 millions par ici et un autre $9 millions par
là, cela fait $18 millions; un autre, cela fait $27 millions. Cela ne va
pas mal. A part cela, c'est pas pire.
Mme Payette: M. le Président, les amendements apporteront
l'explication au député de Beauce-Sud. Je voudrais juste le
mettre en garde, parce que c'est un de ceux qui ont préconisé
qu'on réduise l'arbitraire en ce qui concerne les étudiants et
les mineurs. Il sera heureux de voir qu'on a répondu à son
désir.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais dire à Mme le
ministre que je suis très prudent à ce moment-ci. Entre
réduire l'arbitraire et réduire les indemnités il y a deux
choses. Pour moi les mots ont une signification différente, à
moins qu'on ne puise pas au même dictionnaire.
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud, M. le
Président, avait fait valoir qu'il était extrêmement
difficile pour la régie de projeter dans l'avenir le gain d'un
étudiant dont on ne connaissait pas révolution au niveau des
études. C'est en tenant compte de ces remarques, M. le Président,
qu'on a tenté de mieux définir le revenu des
étudiants.
M. Saint-Germain: M. le Président, en ce qui regarde, ici,
à la page 17, l'intégration des rentes d'invalidité et des
rentes de retraite, vous avez des chiffres bien précis, parce que vous
diminuez, pour l'article 29, les rentes d'invalidité de $7,3 millions,
et, à l'article 30, les rentes de retraite de $2 433 000.
Mme Payette: La rente de retraite du RRQ aurait dû
être enlevée. L'intégration avec les rentes de retraite est
enlevée. Le titre n'indique pas ce que le chiffre indique. Il faudrait
enlever "rente de retraite" et conserver "pension de vieillesse"
uniquement.
M. Saint-Germain: Et la rente d'invalidité demeure.
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Alors, à l'article 30, c'est la pension
de vieillesse exclusivement.
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Si je vous posais la même question pour
les diminutions aux indemnités de décès, à
l'article 32, où vous dites: Rentes de survivant, $29 millions. Cela
reste intégré?
Mme Payette: Oui, ce sont les rentes de survivant.
M. Saint-Germain: Ces indemnités sont les plus
considérables. Dans le livre bleu qui a été
déposé, le coût était de $385 millions.
D'après le document de la semaine dernière, l'évaluation
est maintenant de $345 millions. C'est une baisse d'environ 10%. D'un autre
côté, la prime pour les voitures de tourisme a été
diminuée de $110 à $85. Même en tenant compte de la
nouvelle taxe sur l'essence, cela représente une baisse d'environ 20%.
Comment expliquez-vous qu'une baissé de coûts de 10% permette de
réduire la prime de 20%?
Mme Payette: Les estimations de revenus qui ont été
faites à la parution du livre bleu étaient basées sur des
données globales du Bureau des vé-
hicules automobiles, qu'il n'avait pas été possible,
à ce moment, d'étudier. On s'est aperçu que les
données statistiques indiquent un nombre de transactions et non un
nombre de véhicules année, de telle sorte qu'on avait
surestimé le nombre de véhicules. Il faut également tenir
compte de la taxe sur l'essence.
M. Saint-Germain: Oui, même si vous imposez une taxe de $5
c'est probablement un chiffre qui a du sens vous tombez à
$90 au lieu de $85. Alors, vous passez de $110 à $90.
Mme Payette: La réponse réside dans le nombre de
véhicules et aussi dans le fait qu'on n'avait pas tenu compte de la
distinction entre certains véhicules. La tarification actuelle tient
compte du fait qu'il y a des véhicules qui paient plus cher que d'autres
et qu'il y en a qui paient moins cher. Le calcul avait été fait
sur une prime uniforme.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas parce que vous avez baissé,
d'après les règlements futurs, les indemnisations?
Mme Payette: C'est sûr qu'on en tient compte aussi.
L'estimation des revenus est basée elle-même sur des
données beaucoup plus précises et sur un plan de tarification
spécifique.
M. Saint-Germain: La baisse n'est pas due exclusivement à
la fréquence des accidents non plus?
Mme Payette: La baisse de $385 millions à $345
millions...
M. Saint-Germain: Oui!
Mme Payette: ... est due à la diminution de la
fréquence des accidents...
M. Saint-Germain: En plus des facteurs que vous mentionnez.
Mme Payette: ... et aussi à une plus grande
précision des éléments.
M. Saint-Germain: Je vais laisser la parole à mes
collègues.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que j'avais
indiqué en général, la semaine dernière, les
raisons pour lesquelles je voulais avoir des informations
supplémentaires à celles qui sont données dans le document
qui nous a été distribué. Il est normal que l'Opposition
soit en mesure de juger de la validité des conclusions qui sont
tirées. Pour cela, il faut être capable de juger de la
validité des hypothèses qui ont été retenues. Il
faut aussi avoir, autant que possible, la nature exacte de ces
hypothèses. Par conséquent, si cela était possible,
j'aimerais poser un certain nombre de questions sur les statistiques qui ont
été utilisées. Ma première question va porter sur
la première hypothèse ou sur les premières statistiques
qui sont utilisées, soit celles sur les accidents de la circulation.
Serait-il possible d'avoir une feuille de papier sur laquelle on nous dirait
quel est le nombre d'accidents qui est prévu dans le document et qui a
servi à baser les calculs de coût des dommages corporels ou
autres? Comment cela a-t-il été projeté dans l'avenir,
étant donné que toute cette étude est aussi une
étude prospective? Serait-il possible d'avoir une feuille de papier nous
donnant les nombres?
Mme Payette: Je peux vous expliquer la méthodologie
utilisée. Si vous voulez prendre des notes, cela vous fera la feuille de
papier parce que je n'ai pas en main le document global. Premièrement,
on n'a pas projeté comme tel un nombre d'accidents. Etant donné
que ce sont des victimes qu'on indemnise, on a projeté le nombre de
victimes. Par conséquent, on peut projeter le nombre d'accidents, mais
à l'inverse. On s'est attaché au nombre de victimes. On a
utilisé la fréquence, observée dans le passé
lointain, du pourcentage de victimes par rapport aux véhicules
immatriculés et par rapport à la population totale, parce que la
relation suit à la fois la population et le nombre de véhicules.
Même si le parc automobile augmente beaucoup, le nombre de victimes
n'augmente pas nécessairement autant que les véhicules. On a tenu
compte de ces facteurs.
Pour projeter comme tel le nombre de victimes, on a utilisé
l'expérience des trois dernières années, soit 1974, 1975
et 1976, qu'on a pondérée par un, deux et trois qui donne un
total de six: un pour 1974, deux pour 1975 et trois pour 1976. On a
projeté le nombre de véhicules au cours du premier exercice
financier. On a projeté la population du Québec au cours du
premier exercice financier. On a fait un rapport de ces facteurs pour
déterminer le nombre de victimes. Cela nous donnait le nombre de
victimes potentiel selon certaines données. Ces données ont
dû être ajustées.
On a utilisé un facteur pour tenir compte des fluctuations
défavorables qui est basé sur une formule mathématique, on
a également tenu compte...
M. Raynauld: Allez-vous revenir sur ces choses ou si vous
annoncez...
Mme Payette: Sur quoi? Si vous avez des questions, on peut
peut-être en parler au fur et à mesure.
M. Raynauld: Par exemple, vous dites très rapidement:
Là, on tient compte de situations défavorables. Qu'est-ce que
cela veut dire?
Mme Payette: C'est la possibilité d'une expérience
défavorable en dehors de l'ordinaire, c'est-à-dire qu'on observe
deux fois la racine car-
rée, l'écart type, on observe plus que la moyenne, plus
deux fois l'écart type. On a tenu compte de cela, du nombre de
victimes.
M. Raynauld: C'est basé sur quoi?
Mme Payette: C'est basé sur les probabilités, les
théories de probabilités.
M. Raynauld: De probabilités, mais cela a un fondement
réel. Pourquoi introduisez-vous cela? C'est quoi, le fondement
réel?
Mme Payette: On suppose que, lorsqu'un fait des projections comme
cela, on observe une loi dans le passé, une certaine corrélation
entre certains éléments, entre certaines variables. On suppose
que cette corrélation se poursuit dans le futur; il y a toujours une
différence entre les deux. On n'observe jamais, dans la
réalité, une loi mathématique. On fait des
probabilités et on dit: La réalité va se situer à
l'intérieur d'un certain intervalle. A ce moment-là, on se dit:
Au cas où il y aurait une expérience défavorable la
première année, dans une année donnée, c'est
possible que dans chacune des années il y ait une expérience
défavorable, mais si on regarde sur 50 ans, ce ne sera plus une
expérience défavorable, cela va être une nouvelle
moyenne.
M. Raynauld: C'est cela.
Mme Payette: Etant donné qu'il n'y a pas de fonds
d'accumulé, dans la première année, il n'y a pas de raison
de stabilisation encore, il faut en tenir compte dans le coût
lui-même, ce qui fait qu'on en a tenu compte de la façon qui nous
semblait appropriée compte tenu de l'ensemble des autres
hypothèses.
M. Raynauld: C'est une formule particulière d'un facteur
aléatoire que vous avez mis dans votre équation.
Mme Payette: Ce n'est pas véritablement aléatoire,
c'est basé sur une courbe de probabilités.
M. Raynauld: D'accord, continuez!
Mme Payette: D'accord, et on en a tenu compte; il a fallu
également tenir compte des victimes d'accidents des
Québécois à l'étranger. Pour ce faire, on a
utilisé les données et les statistiques pertinentes à ce
sujet soit celles de Statistique Canada, entre autres.
M. Raynauld: Alors, je voudrais revenir à ma question.
Serait-il possible peut-être cet après-midi ou demain
d'apporter un certain nombre de ces données et statistiques que
vous avez utilisées, pour qu'on soit en mesure d'examiner quelles
statistiques vous avez utilisées exactement; si vous partez du nombre de
victimes, je n'ai pas d'objection, plutôt que du nombre d'accidents, je
pense bien que ce n'est pas très loin.
J'aimerais avoir ces statistiques pour être capable de
déterminer dans quelle mesure cela se compare avec l'expérience
passée.
Mme Payette: M. le Président, si vous le permettez, s'il
vous plaît! Là, on va faire face à un problème. On a
demandé, pendant toute la semaine dernière, d'interroger des
spécialistes qui avaient été chargés de
préparer les documents pour qu'ils viennent répondre, on a
demandé des réponses aux questions qui étaient
posées. Vous avez ici la personne responsable des réponses qui
ont été données, des documents qui ont été
déposés. Vous avez cette personne qui est là
jusqu'à 18 heures, on demande maintenant un dépôt de
documents. Alors, là, je ne comprends pas bien l'Opposition qui peut, et
le député d'Outremont, en particulier, poser des questions aussi
longtemps qu'elle le désirera sur tout ce qui reste sans réponse,
et ce qu'on veut, c'est un dépôt de documents. Il n'y a pas de
dépôt de documents en commission parlementaire.
M. Saint-Germain: M. le Président. M. Roy: M. le
Président.
M. Saint-Germain: Ecoutez, monsieur nous donne des
réponses, il connaît le dossier, c'est lui qui l'a bâti, on
demande des chiffres précis. Quelle est l'objection qu'on va apporter?
On demande des chiffres précis de façon que le
député d'Outremont puisse en prendre connaissance; avec la
compétence qu'on lui reconnaît, il peut faire les calculs
lui-même ou les faire faire. Alors, pourquoi cette mentalité de
vouloir tout cacher?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qu'il a au fond de cela?
Le Président (M. Bertrand): Messieurs, nous n'allons pas
engager un débat là-dessus, je pense que ce sont des choses qui
ont été réglées à un autre moment. Le
député d'Outremont, je pense, a simplement manifesté le
désir de voir ces documents, de voir ces chiffres, c'est la
responsabilité du gouvernement d'y donner suite ou de ne pas y donner
suite, chacun a ses responsabilités là-dedans, chacun a sa
liberté aussi. A ce moment-ci, j'ai simplement entendu et compris que le
député d'Outremont serait heureux d'avoir ces chiffres en sa
possession et a demandé si c'était possible de les obtenir; cela
ne va pas plus loin, cela s'arrête là. Je pense que le
député d'Outremont, maintenant, s'apprêtait à poser
d'autres questions en profitant de la présence...
M. Saint-Germain: C'est parce que là, Mme le ministre
s'inspire du règlement pour dire qu'on ne devrait pas avoir le
dépôt de documents. Or, le
député d'Outremont n'a pas demandé un
dépôt de documents.
Le Président (M. Bertrand): Exact.
M. Saint-Germain: II a demandé qu'on lui remette des
chiffres.
Le Président (M. Bertrand): C'est cela.
M. Saint-Germain: C'est une question simple et la réponse,
je sais pertinemment qu'elle est simple pour monsieur. C'est de sa
compétence.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: II y a un point qui vient d'être soulevé. Le
député d'Outremont a demandé des documents. Je pense que
d'autres députés qui font partie de l'Opposition, tout comme du
côté gouvernemental, peuvent demander des documents en commission
parlementaire. Quand cela a été demandé par mes
collègues de l'Opposition officielle de faire entendre et d'inviter des
spécialistes de la régie, mesure à laquelle je souscrivais
sans aucune réserve, j'ai peut-être été naïf,
cela fait longtemps que je suis naïf à cette commission
parlementaire, mais j'ai cru qu'on nous donnerait des documents.
Ce matin, j'ai posé deux petites questions, pas très
longues et on nous a dit qu'on n'avait pas les chiffres ici. C'était
peut-être. J'aime bien savoir où nous allons. Je souscris aux
propos tenus par l'honorable député d'Outremont, comme à
ceux du député de Jacques-Cartier à savoir qu'on n'a pas
l'intention de faire des motions de dépôt de documents. Mais je
pensais qu'on allait nous donner quelque chose ici ce matin.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense l'avoir dit la
semaine dernière; c'est pour cela qu'on réagit un peu violemment
à la déclaration de Mme le ministre, on n'a jamais dit qu'il
suffirait qu'on pose des questions. On avait d'abord commencé par
demander des informations supplémentaires. Dans mon esprit, des
informations supplémentaires, c'était un certain nombre d'annexes
statistiques qui auraient pu et je suis certain qu'elles sont faites
accompagner ce document. Ce qu'on nous a offert par la suite, on nous a
dit: Peut-être qu'on aura encore mieux que cela. Je pourrais même
interroger les personnes. Je n'ai pas trouvé que c'était
incompatible, ces choses, je trouvais que cela allait ensemble, qu'on pourrait
même interroger les personnes qui avaient fait le document.
On était très heureux de pouvoir le faire. Mais je pense
qu'il ne faudrait pas non plus penser que cela réduit la demande qu'on
avait faite. Je ne veux pas faire une argumentation non plus là-dessus,
mais il me semble que cela va de soi qu'il serait désirable qu'on soit
capable de juger par nous-mêmes si les hypothèses qui ont
été retenues sont les meilleures, s'il n'y en avait pas d'autres
qui étaient également possibles de retenir. A cela, je suis
certain que la réponse est oui. On aurait pu en retenir d'autres et
j'aurais aimé, personnellement, être capable de vérifier
quelle était la portée, sur le coût du financement du
régime, en changeant un certain nombre d'hypothèses. C'est
l'enfance de l'art dans ce genre de mémoire.
Je vais simplement mentionner ici, par exemple, l'hypothèse qui
est faite, qui vient d'être annoncée, qu'on a projeté en
fonction des trois dernières années, 1974, 1975, 1976, mais en
donnant une pondération trois fois plus grande à
l'expérience de l'année 1976 qu'à l'année 1974.
Cela a beaucoup d'importance sur le coût du régime, parce
que le nombre d'accidents, le nombre de victimes, c'est d'abord la
première donnée. Si on changeait cette hypothèse, et c'est
fort possible que ce soit vraisemblable également, il y a un jugement
qui est posé. Il est fort possible qu'on dise: Pourquoi donner trois
fois plus de poids à l'année 1976 qu'à l'année 1974
comme expérience pour l'avenir? Pourquoi donner un poids de deux
à l'année 1975? Et on se trouve à donner un poids de cinq
sixièmes aux deux dernières années, 1975 et 1976. C'est
bien sûr parce que le nombre d'accidents a diminué. Cela diminue
le coût considérablement.
Mme Payette: Le nombre a diminué de beaucoup en 1976.
M. Raynauld: Alors, vous donnez un poids de trois à 1976
par rapport à un poids de deux à 1975 et un poids de un à
1974. C'est un jugement qui est posé. Je ne veux pas le mettre en doute,
mais je dis que ce genre de jugement a une portée considérable
sur les résultats, sur le coût du financement du régime. Je
pense qu'il est normal que l'Opposition essaie de vérifier quelle serait
la portée sur le coût du financement du régime si on
changeait une hypothèse comme celle-là. Je me dis simplement:
Est-ce qu'il ne serait pas possible qu'à l'occasion de ces questions
qu'on pose on nous donne des documents, peut-être pas
nécessairement aujourd'hui, ce matin? On pourrait nous expliquer la
méthodologie, je pense que ce serait très utile. Je voudrais
d'ailleurs continuer, M. le Président, avec d'autres questions sur la
méthodologie, j'aimerais qu'à la même occasion, si
c'était possible, on nous transmette un certain nombre de ces documents
statistiques pour qu'on puisse, nous aussi, essayer de vérifier la
portée sur le coût du financement du régime des
différentes hypothèses retenues.
Si vous me permettez, je peux continuer. Ensuite, une fois qu'on a
établi le nombre de victimes, suivant des relations qu'on nous a
expliquées entre le nombre de victimes passées, le nombre de
véhicules et la population, compte tenu des trois dernières
années, 1974, 1975, 1976, on en
arrive ensuite à identifier les caractéristiques
démographiques et sociales des victimes en page 5. Pour cela, on a
utilisé des données, la répartition selon l'âge et
le sexe, ensuite la répartition selon le statut civil. On a
utilisé des statistiques qui, parfois, se rapportent à
l'année 1975 et parfois à des sources différentes. Je
voudrais donc là aussi, si c'était possible, avoir les
données statistiques, les chiffres qui ont été
utilisés effectivement. Je pense qu'il n'y a pas tellement de
problème sur la méthodologie, à moins que M. Binette
veuille commenter. Il y a peut-être des choses que je n'ai pas saisies
là-dedans sur la méthodologie en tant que telle.
Mme Payette: J'aurais juste un commentaire sur le choix des
hypothèses. Je pense que l'estimation du coût d'un régime
comme telle doit être analysée dans son ensemble. C'est dangereux
d'analyser une seule hypothèse isolément et de la sortir de son
contexte. Il faut regarder le cumul des hypothèses et l'effet global sur
le coût. C'est juste une remarque.
Au sujet du nombre des victimes, il a été calculé
selon certaines hypothèses, mais par la suite l'ensemble des autres
hypothèses tient compte de ce qu'on a utilisé comme
hypothèse quant au nombre des victimes, c'est-à-dire qu'on est
conservateur dans une mesure qui nous semble cohérente avec le choix
qu'on a fait, avec le jugement qu'on a porté sur le nombre de
victimes.
M. Raynauld: Je suppose que c'est vrai. Mais je pense que pour
faire une évaluation comme celle-là, il faut d'abord regarder
chacune des hypothèses les unes après les autres, et si on
s'aperçoit que toutes les hypothèses il y en a 27
sont dans la même direction, c'est mauvais. On essaie de trouver une
certaine compensation pour les unes et les autres, mais il reste qu'il faut
être capable de les analyser une par une pour commencer et ensuite on
fait la somme, tenant compte de facteurs additionnels.
Ensuite, il y a la page 6 qui m'a donné beaucoup de fil à
retordre. Le taux d'intérêt et l'indice des prix à la
consommation. Est-ce qu'il aurait été possible que vous nous
donniez les hypothèses que vous avez faites sur les prix à la
consommation pour l'avenir?
Mme Payette: La méthodologie d'évaluation exige
simplement que l'on fasse une hypothèse sur l'écart entre le taux
d'inflation et le taux d'intérêt.
M. Raynauld: Là-dessus, je suis d'accord formellement,
mais cela ne dispense pas de poser un jugement sur l'hypothèse sur les
prix à la consommation et d'autre part sur les rendements nets des
actifs. C'est évidemment la comparaison des deux qui permet de retenir
un écart. Mais je voudrais savoir quelle est l'hypothèse que vous
avez faite sur les prix à la consommation et sur les rendements nets des
actifs pour trouver votre écart de 2%.
Mme Payette: Nous n'avons fait aucune hypothèse
spécifique sur les deux. Nous avons simplement analysé
l'écart entre l'indice des prix à la consommation et les taux de
rendement dans le passé pour faire l'évaluation du régime.
C'est ce qui est important.
En tant qu'actuaires on juge qu'on n'a pas à se prononcer sur des
choses qui ne sont pas essentielles à la méthodologie du
régime, c'est-à-dire que si ce n'est pas nécessaire pour
nous de faire une prévision sur le taux d'intérêt, sur
l'indice des prix à la consommation, et si la donnée qui importe
pour l'évaluation c'est la différence entre les deux, on analyse
cela.
M. Raynauld: Je ne ferai pas de débat
méthodologique, je vous reporterai seulement à un comité
que j'ai présidé en 1970 avec deux actuaires. Finalement, je les
ai convaincus que ce serait beaucoup mieux de faire des hypothèses
réalistes plutôt que de s'enfermer, de se cacher en arrière
de règles comme celle où on dit: On a simplement besoin de
l'écart. Si on faisait des hypothèses sur les
phénomènes eux-mêmes, vous auriez des vues plus justes de
cet écart, pour commencer, puis comme ce n'est pas essentiel d'avoir
toutes les histoires, ce serait quand même mieux d'avoir les
hypothèses elles-mêmes puis de dégager votre écart.
Les deux actuaires qui étaient membres de ce comité ont
finalement accepté vous regarderez le rapport la
première recommandation qui était justement de faire des
hypothèses réalistes sur l'avenir. Cela se référait
exactement au point que nous venons de discuter.
Ceci dit, si vous ne voulez pas répondre à la question
parce que vous ne l'avez pas fait comme cela, à ce moment, je vous
demanderai de justifier les 2% que vous avez utilisés.
Serait-il possible que vous me disiez quelle a été
l'expérience des années passées sur cet écart de
2%? Pourquoi avez-vous utilisé 2%? Il ne semble pas que cela ait
été conforme à l'expérience des dernières
années. Si ce n'est pas conforme à l'expérience des
dernières années, vous vous rendez compte que cela peut
être plus difficile à justifier comme hypothèse. Quand vous
dites que c'est une hypothèse qui n'est pas trop conservatrice, je n'ai
pas compris du tout cette phrase. Je m'attendais à vous entendre dire
que cette différence ne vous paraissait pas une hypothèse trop
libérale, non pas sur des lignes de parti, mais sur le fond. Je
m'attendais à trouver cela. Si j'ai bien compris, c'est d'un
écart positif que vous parlez.
Mme Payette: Oui.
M. Raynauld: C'est le taux de rendement sur les actifs qui
excède celui des prix à la consommation de 2% par année.
Donc, si vous dites que c'est une différence de 2%, plus cet
écart est élevé, moins vous avez à
générer de revenus pour payer le financement du régime
puisque vos actifs rapportent davantage. Si ce n'est pas conforme aux
expériences des années passées, une différence de
2% me paraît plutôt très libérale comme
hypothèse. On s'attendrait à voir relier le mot
conservateur non pas à une réalité où les
coûts seraient plus élevés que prévu, mais moins
élevés que prévu.
Mme Payette: Cette hypothèse doit être
envisagée sur la période pendant laquelle sont versées les
indemnités. Les rentes qui sont versées aux invalides et aux
survivants le sont pendant une période qui s'étend sur 40 ans.
Donc, nous nous devions de faire une hypothèse qui devait être
basée sur une expérience à long terme, c'est-à-dire
possiblement d'étudier des périodes de 40 ans. Il est vrai que,
dans les cinq dernières années, le taux d'inflation et le taux de
rendement des actifs de certaines caisses se sont rapprochés de
façon à ne pas donner une différence de 2%, mais les
études qu'on a faites sur le long terme nous indiquent qu'à long
terme 2%, ce n'est pas trop conservateur. Notre marge, notre majoration pour
éléments d'incertitude tient compte, à court terme, de la
situation économique qu'on vit. Personne ne sait quand il va y avoir des
changements dans les tendances. Etant donné qu'il est possible
qu'à court terme on ait une différence un peu plus basse que 2%,
on en a tenu compte en évaluant la majoration pour
éléments d'incertitude. Mais c'est sûr que, si on devait
expérimenter un taux d'inflation plus grand que le taux de rendement par
2%, cette hypothèse ne serait pas adéquate, mais je pense qu'il y
a bien d'autres choses dans le système qui sauteraient. A long terme,
cette hypothèse nous paraît raisonnable, dans le contexte
économique dans lequel on vit. A moins qu'on ne change
complètement de contexte économique et que, dans 40 ans, on
puisse vivre avec une différence autre que ce qu'on a observé
dans le passé, cela nous paraît réaliste, envisagé
toujours sur une période à long terme.
Je suis d'accord avec vous que, si on devait l'étudier à
court terme, il faudrait procéder par éléments
spécifiques, mais, étant donné la grande période
pendant laquelle sont versées les rentes, cette méthode nous a
paru la meilleure, compte tenu également des marges qu'on inclut
ailleurs.
M. Raynauld: Vous prenez quoi comme base de taux de rendement,
comme points de référence ou statistiques de
référence sur le taux de rendement?
Mme Payette: On a utilisé les taux de rendement de
différents types d'obligations.
M. Raynauld: Des obligations à long terme?
Mme Payette: Oui. On a essayé d'utiliser une composition
d'un portefeuille qui serait équivalente à peu près, dans
ses termes, à la durée de versement des indemnités. On a
essayé de "matcher", pour utiliser un terme vulgaire, les termes des
actifs avec ceux des passifs. On a fait un composé comme cela.
M. Raynauld: Vous vous êtes basés sur quoi pour
cela? Avez-vous pris la Régie des rentes ou la Caisse de
dépôt?
Mme Payette: On a regardé plus spécifiquement la
Régie des rentes et on a fait des études plus exhaustives avec
des données de différentes sortes pour être en mesure
d'évaluer, sur une période à long terme,
véritablement la différence qu'un système
économique...
M. Raynauld: A supposer que l'année prochaine
l'écart soit de zéro, quelle en est l'importance sur le
coût du financement du régime? Est-ce que le régime est en
faillite?
Mme Payette: Non.
M. Raynauld: Quel est l'ordre de grandeur? Est-ce important?
Mme Payette: Pour la première année, ce n'est pas
grand-chose à cause d'une hypothèse qu'on a utilisée,
c'est peut-être 1%.
M. Raynauld: Une chose m'a surpris là-dedans. Vous ne
donnez pas la proportion des actifs qui vont être détenus dans
cette caisse, étant donné que cette proportion par rapport aux
indemnités versées... parce que les quantités qui sont
là-dedans sont quand même importantes aussi, parce que les 2% ne
portent pas nécessairement sur le même volume que celui sur lequel
va porter l'indexation des indemnités. Par exemple, on peut verser des
indemnités de $1 million par année, vous avez donc l'année
prochaine, là vous dites l'augmentation du coût de la vie est de
10%, donc cela va augmenter de 10% de $1 million. De l'autre côté,
vous avez parlé d'un taux de rendement sur les actifs, il faut donc
avoir ici les actifs pour être capable de savoir combien de revenus en
dollars vont être tirés de ce rendement que vous évaluez
à 2% plus élevé que l'augmentation du coût de la
vie.
Mme Payette: L'actif potentiel est constitué de toutes les
entrées de fonds de la régie. Si en principe on payait toutes les
indemnités à la fin de l'année, il y aurait $345 millions
qui pourraient être investis pendant six mois.
M. Raynauld: C'est cela.
Mme Payette: II y a tout un échelonnement des
paiements.
M. Raynauld: Vous avez calculé à peu près la
moitié pour l'année prochaine, si j'ai bien compris. Vous avez
retenu un...
Mme Payette: Non, la méthode d'actualisation des rentes
versées au cours du premier exercice financier a un coussin
supplémentaire qui fait qu'au cours de la première année,
si c'est déficitaire, au cours du premier exercice débutant le
1er mars 1978, cela produit un effet très minime.
M. Raynauld: Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.
J'essaie de savoir de votre part quel est le rapport qui existe entre les
actifs détenus sur lesquels vont porter un taux de rendement dont vous
parlez, et le volume des indemnités à verser sur lequel va porter
l'indexation. Vous dites que c'est 2% de différence entre les deux.
Donc, si le volume était le même, il produirait 2% de revenu
supplémentaire au coût des indexations. Mais ce volume n'est pas
identique. Les indemnités à verser, sur lesquelles va porter la
rente pour les années futures, ne sont pas nécessairement
égales au volume d'actifs sur lequel va porter le rendement.
Mme Payette: On a tenu compte du volume total d'actifs en tenant
compte du fait qu'il y a des actifs qui seront placés à long
terme qui vont rapporter davantage: d'autres, à court terme, puis il y a
des paiements qui s'effectuent à chaque jour.
M. Roy: Pouvez-vous me donner une ventilation de la distribution
des $345 millions au point de vue investissement? Est-ce que ce sont des
montants que vous avez prévu verser, par exemple, dans les premiers six
mois, dans les deuxièmes six mois? Vous allez avoir une perception
globale au début de l'année au moment de l'émission des
plaques d'immatriculation, vous allez en avoir aussi pendant le cours de
l'année, alors, est-ce que vous pouvez me donner des détails
là-dessus?
Mme Payette: Sur la ventilation...
M. Roy: La ventilation du portefeuille, soit les
différents montants qui sont prévus être placés
à court terme, à moyen terme ou encore demeurer dans le compte
courant, ensuite des placements à court terme, des placements à
moyen terme et des placements à long terme, différentes
étapes durant l'année...
Je m'excuse auprès du député d'Outremont,
plutôt que de revenir et reprendre ce sujet au complet, j'aimais mieux
poser une question supplémentaire.
Mme Payette: Les indemnités qui sont versées au
cours de la première année représentent une très
petite somme, relativement, ce qui fait à peu près $70 millions
et il va y en avoir plus dans la deuxième année. Il y a des
sommes qui peuvent être versées seulement après quelques
mois, une fois que la victime est invalide depuis quelques mois; on peut
penser, par exemple, à certains frais de réadaptation, etc., et,
par la suite, ils s'échelonnent sur 40 ans à peu près de
façon quasi uniforme.
M. Roy: Dans les $70 millions, est-ce que vous avez une
étude de faite, parce qu'il y a du forfaitaire qui peut être
payé à la suite des décès, par exemple? Dans des
cas de décès il y a des montants de versés. Il y aura des
rentes de payées aux survivants, parce qu'il y a deux
éléments.
Mme Payette: Tout ce qui est forfaitaire est versé dans
les deux ans qui suivent l'accident.
M. Roy: Avez-vous des chiffres là-dessus, pour être
en mesure de donner une ventilation assez précise?
Mme Payette: Nous avons des chiffres. M. Roy: Vous ne les
avez pas ici.
Mme Payette: C'est une étude particulière que je
n'ai pas... Je n'ai pas les détails ici.
M. Roy: Est-ce qu'elle est complétée?
Mme Payette: La partie importante est complétée. Il
reste des petits détails à revoir, à réviser. On a
une image assez intéressante. On peut vous dire ce qu'est le profil.
M. Raynauld: Le taux d'actualisation que vous avez pris pour
mettre en valeur présente, c'est le même que le taux de rendement
attendu sur vos actifs?
Mme Payette: Le taux d'actualisation qu'on a pris est de 2%.
C'est la différence entre le taux d'intérêt et le taux
d'inflation, c'est un plus le taux d'inflation sur un plus le taux
d'intérêt.
M. Raynauld: Vous avez pris l'écart pour actualiser vos
affaires?
Mme Payette: Oui.
M. Raynauld: Vos résultats seraient différents si
vous preniez les autres méthodes étant donné que les
échelonnements ne sont pas les mêmes.
Mme Payette: On a tenu compte des échelonnements en
déterminant l'hypothèse.
M. Roy: Dans le cas des $70 millions, est-ce que vous avez tenu
compte des $20 millions... Non. Dans les $70 millions...
M. Raynauld: Vous ne devez pas m'interrompre.
M. Roy: Avec votre permission. Je veux savoir si dans les $70
millions que vous avez mentionnés tout à l'heure vous avez tenu
compte du montant qui devra être prévu pour l'administration, le
séparé?
Mme Payette: On tient compte de l'administration.
M. Roy: Cela veut dire que c'est $50 millions que vous allez
débourser, au point de vue du régime des indemnisations.
Mme Payette: C'est cela.
M. Raynauld: J'aurais une dernière question à cette
page 6. Vous faites une suggestion à la fin. Parmi les suggestions, pour
éviter les écarts im-
portants entre les prévisions et les réalités, on
pourrait faire en sorte que le taux de revalorisation ne soit jamais
supérieur au taux net moyen de rendement des actifs. Est-ce que vous
proposez que l'on mette un maximum à l'ajustement des
indemnités?
Mme Payette: II ne s'agit pas d'une proposition, mais tout
simplement d'une remarque qui indique que notre hypothèse de 2% est
basée sur un système économique qu'on a observé.
Mais, advenant le cas où la société, la culture dans
laquelle on vit changerait et que le taux d'inflation serait toujours plus
élevé que le taux d'intérêt, la seule façon
que la caisse ne tombe pas à zéro ce serait de mettre une chose
comme cela. C'est pour prévoir des taux d'inflation qu'on peut observer
dans certains pays, qui pourraient peut-être un jour nous atteindre.
M. Raynauld: Si je me trompe vous me le direz, mais dans le
projet de loi actuel il n'y a pas de limite. C'est une indexation
complète suivant l'indice des prix à la consommation. Il n'y a
pas de maximum prévu, et par conséquent...
Mme Payette: Tout comme il n'y en n'a pas pour le Régime
de rentes du Québec et la Commission des accidents du travail. Si jamais
cela arrive tout le monde sera dans la même inflation. Il y a la
possibilité, d'après la loi, de la constitution d'une
réserve de stabilisation.
M. Raynauld: Elle n'est pas constituée à l'heure
actuelle.
Mme Payette: Elle se constituera graduellement. Il y a une
prévision dans les coûts cette année.
M. Raynauld: On reviendra à cela tout à l'heure.
C'est un des grands points d'interrogation qu'on avait, à savoir
exactement ce qui est prévu là-dedans, dans les
évaluations à l'heure actuelle, pour les paiements de cette
année par rapport aux paiements ultérieurs. Je pense que cela
serait également intéressant d'avoir les chiffres à cet
égard pour savoir exactement ce qui est inclus dans les estimations de
coûts. La semaine dernière, si on me le permet maintenant
plutôt que plus tard, j'avais également mentionné qu'il
aurait été très intéressant d'avoir des estimations
sur les coûts futurs, des années suivantes, les cinq prochaines
années ou quelque chose du genre.
Mme Payette: Par rapport aux $345 millions, cela dépendra
de la fréquence observée.
M. Raynauld: Si vous êtes capable d'estimer cela et que
vous avez un peu confiance dans vos propres estimations pour 1978, vous devriez
avoir confiance pour 1979, 1980.
Mme Payette: Je vais attendre d'avoir un peu plus de
données pour 1977 avant de me prononcer.
M. Raynauld: A ce moment, cela confirme ce qui peut être
nos craintes à nous. Ces estimations sont forcément sujettes
à caution.
Mme Payette: Je m'excuse. Pour le premier exercice on s'est
prononcé et on pense que c'est exact. Pour le second, pour pouvoir avoir
une idée il faut attendre un peu plus de données. Quand va venir
le temps de faire la tarification du second exercice financier, à ce
moment, on tiendra compte de l'expérience récente. On va voir si
les tendances qu'on a observées se consolident ou si c'était une
fluctuation.
M. Raynauld: Comme vous avez été obligé de
mettre dans vos estimations, à l'heure actuelle, des provisions, par
exemple, pour le paiement des rentes des années ultérieures
à 1978, il serait nécessaire qu'on sache quelles sont ces
provisions que vous avez faites pour les années futures par rapport
à ce qui va vraiment être versé en 1978. Cela n'est pas
donné dans le document.
Mme Payette: Pour 1978, le coût de tous les accidents est
là. Ce que vous demandez, c'est l'échelonnement des paiements
dans le temps.
M. Raynauld: Je voudrais savoir, pour être bien
précis, quand vous parlez d'indemnités de remplacement de
revenus, $143,5 millions pour 1978, combien de ces indemnités sont
relatives à des indemnités seulement pour l'année 1978 et
quelle est la proportion ou la somme prévue, en valeur présente,
je suppose, pour les années ultérieures. Quelle est la somme
prévue là-dedans?
Mme Payette: Relativement à des accidents survenus au
cours de l'exercice financier de 1978?
M. Raynauld: Oui, oui. Mme Payette: Oui. Bon.
M. Raynauld: C'est cela. Pour 1978, cela est la première
chose. L'avez-vous la réponse à cela?.
Mme Payette: On a parlé globalement d'environ $70
millions.
M. Raynauld: $70 millions. Mme Payette: $50 millions.
M. Roy: Je m'excuse. Dans les $70 millions de tantôt, si
vous enlevez les $20 millions d'administration, ce n'est plus $70 millions,
mais c'est $50 millions. J'aimerais quand même qu'on se comprenne
là-dedans. C'est déjà un peu difficile à suivre
parce que c'est très technique.
Mme Payette: Environ $50 millions pour le premier exercice. Pour
les autres exercices on fait des études. Comme je vous le disais on
produit
des études qui démontrent l'échelonnement des
paiements dans le temps. Ces études vont être publiques,
j'imagine.
M. Saint-Germain: Croyez-vous qu'on devrait tenir compte de votre
suggestion au sujet de la revalorisation, de façon qu'elle ne soit
jamais supérieure au taux net moyen de rendement des actifs?
Mme Payette: Excusez-moi, M. le Président, je n'ai pas
entendu la question du député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Croyez-vous qu'on devrait tenir compte de la
suggestion qui est faite dans le document à la page 6 voulant que le
taux de revalorisation ne soit jamais supérieur au taux net moyen de
rendement des actifs? Comme actuaire, Monsieur, croyez-vous que c'est ce qui
devrait arriver?
Mme Payette: M. le Président, comme le projet de loi en
fait état, la décision est d'accorder aux indemnisés un
ajustement complet au coût de la vie. Il faudra, éventuellement,
que le coût du régime tienne compte de cette décision.
M. Saint-Germain: Même si on peut prévenir du
moins comme vous l'avez dit une inflation excessivement
considérable qui mettrait tout le système économique par
terre d'ailleurs, il reste que si on a une inflation latente qui gruge
constamment la capacité d'achat, le décalage va devenir assez
sérieux à un moment donné entre vos revenus, les revenus
du fonds et les indemnités que vous avez à payer.
Mme Payette: La structure de tarification en tient compte
à ce moment. Elle tient compte des prévisions à court
terme.
M. Saint-Germain: Merci.
M. Raynauld: M. le Président, si je peux passer à
la page 7 sur les revenus...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont, je n'ai pas objection à ce que vous poursuiviez, mais il y
a des droits de parole qui ont été demandés. Le
député de Beauce-Sud avait demandé la parole.
M. Roy: Merci, M. le Président. Ce sont des questions
complémentaires à la suite de celles posées par le
député d'Outremont. A la page 20, au chapitre des
indemnités de remplacement de revenu, $143,5 millions. Si j'ai bien
compris tantôt on me corrigera si j'ai mal compris vous
avez parlé d'un déboursé prévu pour l'année
1978 de $50 millions.
Mme Payette: Pas uniquement à ce titre; c'est au titre de
toutes les indemnités.
M. Roy: Pouvez-vous me donner l'ordre de grandeur, selon votre
évaluation, de chacun des articles prévus?
Mme Payette: Je n'ai pas les chiffres devant moi
détaillés et je préférerais procéder
à une vérification de mes dossiers avant de vous donner des
indications là-dessus.
M. Roy: Mais quand même.
Mme Payette: C'est sûr que les indemnités de
remplacement de revenu constituent une partie importante des $50 millions,
parce qu'il y a beaucoup d'invalidités à court terme, il y a
beaucoup de personnes invalides pour peu de temps. C'est une partie
importante.
M. Roy: Oui, mais vous ne pouvez pas, ce matin, me donner de
détails là-dessus?
Mme Payette: Je n'ai pas ce dossier en ma possession.
M. Roy: Vous n'avez pas ce dossier en votre possession.
Mme Payette: Je croyais qu'on s'en tiendrait à
l'estimation des coûts et non aux mouvements de trésorerie.
M. Roy: Oui, mais on est intéressé aux
détails. Puisqu'on devient assureurs, on doit être des assureurs
compétents! C'est bien important, parce que les anciens assureurs
étaient des gens compétents et, de temps en temps, ils nous
posent des questions aussi. Alors, je pense que c'est normal qu'on vous demande
des renseignements.
M. Raynauld: Excusez, juste pour vérifier cela.
M. Roy: Oui, c'est permis; d'ailleurs, on sera un à
un.
M. Raynauld: Pour clarifier, vous dites que $50 millions seraient
des déboursés pour 1978? N'est-ce pas l'inverse? Est-ce que ce ne
seraient pas $100 millions et $50 millions pour les années futures? Ce
sont $50 millions seulement qui vont être déboursés en
indemnités en 1978?
Mme Payette: Oui, environ.
M. Raynauld: $50 millions au niveau des indemnités
versées?
M. Fontaine: Quelles sont les indemnités versées
dans le régime actuel?
M. Raynauld: II me semble que c'est bien plus que celai
Mme Payette: Dans le régime actuel, toutes les
indemnités sont payées sous forme de montants forfaitaires. En
principe, tout devrait se payer dans la première année, mais on
sait très bien qu'il
y a des délais dans le règlement des réclamations,
de telle sorte que c'est échelonné sur plusieurs mois et
plusieurs années. Mais, ici, c'est un principe tout à fait
différent; les indemnités sont payées au fur et à
mesure que le besoin naît, c'est-à-dire qu'on verse une rente tous
les quinze jours, tandis que, dans le régime actuel, on donne un montant
forfaitaire qui est négocié avec l'assureur et que vous pouvez
avoir quelques semaines ou quelques mois après l'accident, que vous
pouvez avoir deux ou trois ans plus tard aussi, de telle sorte qu'il n'y a pas
de comparaisons possibles.
M. Roy: A la page 19, vous vous référez aux autres
indemnités, à l'article 45, paragraphe c): "Blessures,
préjudices esthétiques, mutilations". Cela, c'est censé
être payé pendant l'année, puisqu'on se
réfère à des accidents survenus durant l'année. Il
n'y a pas d'étalement, je pense sur ce genre d'indemnités?
Mme Payette: Je m'excuse, mais dans la mesure où l'article
prévoit qu'on verse des indemnités par rapport au type de
blessure, il faut attendre la consolidation des blessures pour juger du montant
qui va être accordé. Cette consolidation dépend du type de
blessure et, généralement, cela prend au moins six mois; cela
peut prendre un an, cela peut prendre deux ans. En moyenne, cela va être
versé six mois après la date de l'accident, une fois que les
blessures sont consolidées. Comme les accidents surviennent, en moyenne,
au milieu de l'année, cela veut dire que cela se verse à la fin
de l'année.
M. Roy: Mais les estimations que vous avez ici sont des
déboursés, quand même, qui sont prévus pas seulement
pour six mois; c'est par rapport aux accidents qui arriveront durant
l'année. Cela veut dire que, pour cette année, vous
prévoyez en débourser 50% à peu près, puisqu'on dit
que cela prend à peu près six mois avant que cela se
règle. Or, le régime d'indemnisation proposé dans cette
loi de l'assurance automobile je m'en réfère au principe
et à un des objectifs de la loi c'est de faire en sorte de
hâter le règlement des sinistres. Quand vous avez parlé de
deux ans un peu tout à l'heure, je ne vous en fais pas grief, mais cela
a commencé à...
Mme Payette: Je voudrais vous faire remarquer que les
indemnités pour remplacement de revenus qui, elles, se rapportent aux
besoins économiques de la victime commencent à être
payées aussitôt que la victime a fait un avis de
réclamation, mais pour les autres indemnités qui dépendent
de différents facteurs, par rapport à l'état de la
victime, comme la réadaptation, il faut toujours bien attendre de voir
si la victime peut être réadaptée avant de verser des
sommes pour la réadaptation.
M. Roy: Mais, là, je ne parle pas des indemnités de
remplacement de revenu. Si vous vous référez à la page 19
du document, je suis à l'article 45 qui parle: "Des blessures,
préjudices esthétiques, mutilations, etc." C'est
évalué à $22,875 millions. Ce que je demandais, c'est le
montant approximatif que vous prévoyez débourser durant
l'année. Je comprends que, la première année, vous avez
quand même une rotation, à savoir qu'à partir de l'instant
où vous recevez la réclamation il n'y a pas de règlement
automatique.
Je comprends cela. Il faut quand même prendre le temps de
vérifier, d'analyser, d'examiner le dossier. Mais la deuxième
année, par exemple, vous allez avoir les six mois de l'année
précédente et vous allez avoir une évaluation et un
déboursé qui se répartit sur l'année, en somme, qui
complète au point de vue du déboursé. La première
année, c'est différent, mais la deuxième année,
vous allez avoir une rotation. Est-ce que vous avez une projection pour la
deuxième année à cet article?
Mme Payette: Nous avons des projections sur tous les articles.
Mais, comme je vous dis, je n'ai pas les hypothèses devant moi. Ici, on
entre dans des éléments très spécifiques qui font
appel à des détails. Je m'excuse, mais je voudrais avoir le
dossier devant moi pour répondre à cette question.
M. Roy: Est-il possible de vous demander d'apporter votre ou vos
dossiers cet après-midi, si vous revenez en commission
parlementaire?
Mme Payette: Oui, c'est possible.
M. Roy: Pardon?
Mme Payette: Vous pouvez me le demander.
M. Roy: Je vous le demande et je pense que je ne suis pas le
seul. Nous vous le demandons.
Mme Payette: M. le Président, la question du
député de Beauce-Sud a trait à l'article 45. J'avais
manifesté un désir, seulement un désir, à savoir
qu'on essaie de disposer des définitions avant de passer aux autres
questions. Comme il est spécifiquement fait état de l'article 45,
cela vous montre l'ampleur du désastre.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse auprès de
l'honorable ministre. Je ne voudrais pas lui être
désagréable. Je pense que Mme le ministre n'a pas, actuellement,
à faire face à une obstruction systématique de la part de
l'Opposition. On a posé des questions, on a permis aux autres de poser
des questions. C'est à mon tour de poser des questions à ce
moment-ci et il est évident que je ne reposerai pas les mêmes
questions qui viennent d'être posées puisqu'on a eu les
réponses. Au moins celles qu'on pouvait nous donner. J'en ai d'autres
questions à poser là-dessus. Je comprends qu'on peut être
limité dans le temps, mais je pense quand même que si les gens qui
sont à la régie, qui sont chargés, qui ont la
responsabilité de la mise en application du régime d'assurance
automobile, et comme nous sommes
en train d'étudier la loi, devraient être à la
disposition de la commission.
Je ne voudrais pas être pris pour additionner les virgules et les
parties de secondes quand on a des questions à poser. J'ai d'autres
questions à poser sur cet article et j'ai 20 minutes, je pense, sur le
même sujet en vertu de notre règlement. Et je ne veux pas en
abuser non plus.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre j'aimerais
simplement vous dire que je sentais bien que c'est ce vers quoi nous
mènerait le consentement que nous avons donné tantôt, une
porte entrouverte par le gouvernement est nécessairement une porte
ouverte pour l'Opposition. Il faut le comprendre.
M. Lalonde: Pas du tout, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Une petite porte. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Sur l'article 45,
précisément...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est à 22 heures, la
porte.
M. Lalonde: Une autre sorte de guillotine.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! N'ayez pas de
propos tranchants.
Mme Payette: Une lame de rasoir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si on continuait à
faire des discours au lieu de poser des questions.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud. Allez.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je reviens toujours
à l'article 45: blessure, préjudice esthétique,
mutilation. Je ne suis pas au niveau des indemnités de remplacement de
revenus, ni aux indemnités de décès, ni au fonds
d'indemnisation, ni au fonds d'administration. Je suis exclusivement sur cet
article. J'avais demandé premièrement, sur les $22 875 000, quels
étaient les montants qui pourraient être déboursés
au cours de l'année, les montants que vous aviez prévus les plus
justes possible.
Mme Payette: Le chiffre que nous avons en main indique le
coût des indemnités pour les accidents survenus au cours du
premier exercice. Et la répartition des déboursés
relativement à ce coût fait l'objet d'une autre étude que
celle de l'estimation des coûts.
M. Roy: Mais l'étude n'est pas complétée.
Mme Payette: L'étude n'est pas complétée. M.
Roy: Bon. Les articles 46, 47 et 62: Les frais médicaux, sociaux et
réadaptation, $29 millions. Est-ce que vous pouvez me donner la
ventilation de ces $29 millions? Combien sont prévus pour le
remboursement de l'assurance-hospitalisation? Combien sont prévus pour
le remboursement des frais médicaux d'assurance-maladie?
Mme Payette: II n'y a aucune somme de prévue pour ces
régimes sociaux, pour l'assurance-hospitalisation et les frais de
médecins.
M. Roy: II n'y a aucune somme de prévue dans le
régime. Cela veut dire que le régime d'assurance automobile ne
rembourse plus le régime d'assurance-hospitalisation et ne rembourse
plus le régime d'assurance-maladie.
Mme Payette: C'est ce que la loi dit. Une Voix: Combien
vous allez perdre?
M. Roy: La loi n'est pas claire là-dessus, parce que la
semaine dernière, j'ai soulevé ce point en commission
parlementaire et on m'a dit le contraire.
C'est très clair. Je vous remercie. On le sait de façon
sans équivoque.
Une Voix: Des poux cachés.
M. Roy: Oui, des poux cachés du régime. Quand on
veut comparer avec l'ancien régime d'assurance automobile, ce sont
toutes des choses pour lesquelles on aurait dû être très
clair et ce sont des questions que j'ai posées à Mme le ministre
au moment où j'ai fait mon intervention préliminaire, avant
d'étudier l'article 1.
M. Raynauld: Est-ce que je peux intervenir sur ce point?
M. Roy: D'accord.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais que ce soit bien
clair pour ce qui est dit au point de vue des estimations. J'avais compris,
à votre défense, que vous aviez mis toutes les indemnités
à verser, que vous n'aviez pas soustrait de ce coût total les
indemnités qui, en fait, seraient payées par la Régie de
l'assurance-maladie. J'avais compris que c'était tout compris
dedans.
En fonction de la réponse que vous venez de donner, vous dites:
On n'en a pas tenu compte. C'est-à-dire que, si la Régie de
l'assurance-maladie recevait des assureurs privés cette année un
remboursement de $30 millions, ces $30 millions vous ne les avez pas soustraits
de votre coût ici. En tout cas, il n'y a pas d'indication à cet
effet. J'avais compris que c'était compris dans l'évaluation de
coût.
Mme Payette: La loi ne prévoit pas de subrogation.
M. Raynauld: Non, ne prévoit pas de subrogation, mais, si
elle ne prévoit pas de subrogation,
mon problème à moi c'est: Est-ce que dans les coûts
qui ont été estimés ici on a effectivement soustrait ce
qui va être payé par la Régie de l'assurance-maladie?
Mme Payette: Le coût qui a été soumis est un
coût qui, d'après la loi, doit servir à
l'établissement des sommes exigibles lors de l'immatriculation des
véhicules automobiles et lors de l'émission d'un permis de
conduire. Conséquemment, la régie devait d'abord faire
établir par analyse actuarielle ce qu'elle a fait avec la firme
Blondeau les coûts du régime pour prévoir quelles
sont les sommes que la régie devrait exiger lors de l'immatriculation.
C'est l'objet de l'établissement du coût qui a été
déposé à ce moment-ci. Les coûts ont
été estimés, les coûts des indemnités, les
coûts de l'administration, une réserve de stabilisation a
été ajoutée. De ce montant ont été
soustraites les sommes qui nous provenaient de sources extérieures comme
la taxe sur les carburants, pour pouvoir projeter simplement des sommes qui
nous permettraient d'autofinancer le régime selon les dispositions de la
loi. C'est l'objet de la détermination du coût.
Le deuxième exercice est évidemment l'exercice qui
permettra d'établir les mouvements de trésorerie. C'est ce
deuxième exercice auquel faisait référence le
député de Beauce-Sud, M. Roy; il s'agit d'établir les
mouvements de trésorerie, mais c'est un exercice subséquent et
qui n'est pas complété.
M. Raynauld: M. le Président, je m'excuse, mais cela ne
m'intéresse pas les flux de la trésorerie, ce n'est pas de cela
que nous parlons. Dans les frais médicaux, à la page 19, dans les
$29 millions qui sont indiqués là, est-ce que cela comprend des
frais médicaux qui jusqu'à maintenant ont été
assumés par la Régie de l'assurance-maladie ou autres
régies du même genre, et pour lesquels il y avait un remboursement
avant?
Mme Payette: Cela ne peut pas comprendre ces frais, la loi ne
nous le permet pas.
M. Raynauld: Cela ne les comprend pas.
Mme Payette: En d'autres termes, la loi ne nous permet pas
d'aller percevoir des sommes...
M. Raynauld: II n'est pas question de percevoir des sommes, il
s'agit de savoir si $29 millions ce sont les frais médicaux complets ou
si c'est seulement une partie des frais médicaux sur le coût du
régime.
Mme Payette: Les frais médicaux que la régie va
payer.
M. Raynauld: Serait susceptible de verser, de payer.
Mme Payette: Va payer effectivement. Pas ceux qu'elle pourrait
payer.
M. Raynauld: A ce moment c'est clair. Donc ce n'est pas le
coût total de l'assurance automobile que vous avez ici, c'est un
coût d'assurance automobile, moins ce qui pourrait être
assumé par la Régie de l'assurance-maladie.
Mme Payette: C'est cela.
M. Raynauld: C'est cela que cela veut dire. A ce moment, il y a
un coût caché qui n'est pas rapporté ici, à peu
près une trentaine de millions.
M. Goulet: Combien...
Mme Payette: Ce n'est pas un coût caché, si on
examine le but de la projection du coût. Le but de la projection du
coût est de projeter les sommes exigibles des conducteurs et des
propriétaires d'automobile. Il reste...
M. Raynauld: Je comprends, mais...
M. Lalonde: Ecoutez, M. De Coster, on essaie nous autres, comme
législateurs, de voir comment cela va coûter à la
population. Naturellement, je comprends que le coût est
déterminé pour savoir combien on va charger au monde sur
l'immatriculation; c'est bien technique. On veut savoir Combien cela va
coûter de plus ou de moins.
Mme Payette: Si on me permet une réponse. Il ne s'agit pas
de $30 millions, mais d'un maximum de $10 millions, entre $9 millions et $10
millions; 1,5% pour l'assurance-maladie et le reste pour
l'assurance-hospitalisation.
M. Raynauld: $9 millions à $10 millions.
M. Saint-Germain: Les sommes payables pour la Commission des
accidents du travail.
M. Raynauld: En fait...
M. Saint-Germain: II y avait des sommes qui étaient
payées par les assureurs.
Mme Payette: La Commission des accidents du travail devient le
premier payeur et la Régie de l'assurance automobile ne verse que
l'excédent que pourrait accorder la Loi de l'assurance automobile
après la Loi des accidents du travail.
M. Saint-Germain: Mais il y avait tout de même un droit de
subrogation de la Commission des accidents du travail vis-à-vis des
assureurs privés avec le statu quo.
Mme Payette: II n'entre pas dans la loi.
M. Saint-Germain: Non, mais il y en avait auparavant. Est-ce
qu'il y en avait auparavant?
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Alors, ces sommes s'additionnent aux $10
millions.
M. Raynauld: C'est ça. Là, il faut bien se rendre
compte, comme le député de Marguerite-Bourgeoys vient de le dire,
qu'on ne met pas en doute la qualité des estimations qui sont là;
on essaie de savoir ce qu'il y a dans les chiffres. Il me semble que cela
aurait été plus clair si on avait mis une note disant: Cela ne
comprend pas ces sommes. Au fond, c'est tout ce qu'on veut savoir. Là,
on a l'avantage d'avoir devant nous les gens qui peuvent répondre
à nos questions et on en profite pour les poser. Il est bien entendu
que, même si cette opération est valide et légitime, il
reste que le trésor québécois va perdre ces $10 millions,
si c'est $10 millions en fonction de l'assurance-maladie. Ils peuvent bien
être chargés aux fonds généraux, aux revenus
généraux du gouvernement, il reste que l'assurance automobile
coûte $10 millions de plus que ce qui est indiqué ici puisque,
dans le régime actuel, la Régie de l'assurance-maladie
récupérait ces sommes des assureurs privés. Donc, ils vont
les perdre, les $10 millions.
Je ne sais pas quelle est la somme relative à la Commission des
accidents du travail. C'est probablement moins, mais là aussi il y a une
autre somme qui devrait être incluse dans le coût total du
régime d'assurance automobile proposé.
M. Roy: Je reviens sur l'article 45. Mme le ministre remarquera
que je suis bien dans l'ordre en faisant référence à
l'article 1.11 qui a été suspendu. Dans le projet de loi
originel, celui que nous avons adopté en deuxième lecture,
à l'article 1.12, "dommages matériels", on peut lire: Le dommage
causé lors d'un accident à une automobile, ou à un autre
bien, à l'exception du préjudice causé aux vêtements
que porte une victime au moment de l'accident." Actuellement, on retrouve le
coût des vêtements dans le cas des "dommages corporels". Quels sont
les montants prévus dans les $22 millions pour cette couverture?
Avez-vous les données à ce sujet?
Mme Payette: Cette couverture est incluse dans les $29 millions
des articles 46, 47 et 72.
M. Roy: Quel est le montant prévu?
Mme Payette: Je n'ai pas le détail de l'évaluation
des $29 millions devant moi, malheureusement.
M. Roy: Vous n'avez pas les détails et vous n'avez pas non
plus la ventilation, pour les articles 46, 47 et 72, des montants prévus
pour les frais médicaux, la ventilation et le détail des frais
spéciaux et le montant prévu pour les frais de
réadaptation?
Mme Payette: Non, je ne les ai pas ici.
M. Roy: Vous n'avez pas ça?
Mme Payette: Je ne les ai pas ici.
M. Fontaine: M. le Président, question de rè-
glement. Jeudi dernier, lorsqu'on a étudié les articles 1.11 et
suivants, on les a justement suspendus parce qu'on voulait avoir des
réponses à ces questions. On avait posé des questions en
commission parlementaire et on n'avait pas les réponses. Mme le ministre
nous a dit à ce moment-là: On va vous amener un expert qui va
pouvoir y répondre. Aujourd'hui, on pose des questions et il n'y a pas
de réponse. Si l'expert a des documents qui peuvent apporter des
réponses à nos questions, je pense qu'il serait important qu'il
les ait cet après-midi.
Mme Payette: Nous serons en mesure de donner la ventilation
à la séance de cet après-midi. Il s'agit tout simplement
d'un problème technique qui fait que l'actuaire n'a pas devant lui ce
matin la ventilation de ces chiffres.
M. Roy: J'aurais une dernière question sur ce point.
Combien en coûterait-il à la régie si elle payait la
première semaine au lieu d'exclure les sept premiers jours comme c'est
prévu à l'article 35?
Mme Payette: Nous n'avons pas évalué ce qui n'est
pas inclus dans le régime, c'est-à-dire qu'on n'a pas
regardé ce que ça coûterait si on payait les sept premiers
jours.
M. Roy: Avez-vous évalué la deuxième
semaine?
Mme Payette: Oui.
M. Roy: Bon. Si vous avez évalué la deuxième
semaine, ce doit être le même montant que la première
semaine, j'imagine.
Mme Payette: Non, il y a...
M. Roy: II y a une petite différence. Quel est le
pourcentage de différence entre les deux?
Mme Payette: II y a une bonne différence. C'est une
technique qui tient compte des tables de continuance des invalides. Evaluer la
première semaine, c'est beaucoup plus complexe que d'ajouter tout
simplement un nombre de réclamants par une prestation moyenne.
Il faut regarder la durée moyenne et le nombre de jours moyens
pendant cette première semaine.
M. Lalonde: Mais il y a plus de premières semaines que de
deuxièmes.
Mme Payette: Je pense que tout le monde peut être invalide
au moins une journée. Il y en a moins qui sont invalides huit jours,
cela va en décroissant. Généralement, cela
décroît.
M. Saint-Germain: C'est un autre coût caché, mais
celui-là va dépendre des indemnités.
M. Roy: M. le Président, je pourrai y revenir, mais je
vais laisser la parole à mes autres collègues. Je terminerai par
une courte observation,
avec votre permission. A ce jour, à 12 h 10, nous sommes
déjà en face d'une réalité qui confirme que la
subvention gouvernementale au coût du régime, selon ce que nous
disposons à ce jour, est de l'ordre de $31,5 millions: $10 millions sont
cachés dans le remboursement du régime
d'assurance-hospitalisation et de l'assurance-santé, plus $21 millions
qu'on va chercher en taxe sur l'essence. Si on prenait ces $31,5 millions et
que nous les divisions par le nombre de citoyens du Québec, par la
population du Québec, nous aurions là un coût caché
de $5 par tête et non par automobiliste. Oui, c'est là qu'on a la
preuve que cela ne coûtera pas moins cher. Cela va être beaucoup
plus compliqué. Le gouvernement est en train de fausser
complètement les objectifs par les modalités qu'il applique dans
son projet de loi. C'était là ma courte observation. J'en aurais
bien d'autres à faire, M. le Président, mais je me retiens.
M. Saint-Germain: Oui, mais, M. le Président, il faudrait
ajouter à ces chiffres, que le député vient de donner, ce
qu'on enlève la première semaine, il faudrait ajouter...
M. Roy: Non, ce qu'on enlève la première semaine.
Actuellement on en est seulement à la subvention gouvernementale. C'est
$5 par tête qu'on donne au régime d'assurance automobile à
ce jour.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'on pourrait laisser
la période des questions à nos experts-conseils?
M. Lalonde: On voudrait avoir la période des
réponses aussi.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que l'Opposition est souverainement injuste envers l'expert qui est
à ma gauche qui répond au nom du ministre, d'ailleurs aux fins de
cette commission parlementaire, et qui a répondu à toutes vos
questions. Les autres réponses vous les aurez cet après-midi,
messieurs. Vous êtes injustes.
M. Lalonde: Ah non! c'est envers le gouvernement. L'expert n'a
rien à vous là-dedans. N'essayez pas de vous cacher
derrière les experts quand même. Vous n'êtes pas
cachables.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre! D'abord,
je voudrais dire au député de Jonquière qu'un nouveau
règlement a été adopté il y a quelques semaines
selon lequel les fonctionnaires qui parlent en commission parlementaire parlent
maintenant en leur nom personnel et non pas au nom du ministre. C'est
nouveau.
M. Lalonde: C'est excellent, cela.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II serait juste de dire, M. le
Président, qu'à ces sommes qu'on vient de mentionner s'ajoutent
aussi les pensions de vieillesse qui seront diminuées, les rentes du
Québec pour invalidité qui seront soustraites, les sommes qui
seront payées directement par la Régie de l'assurance-maladie,
les sommes qui seront payées par le revenu de la province concernant
l'hospitalisation. Alors, il faudrait ajouter, si on veut faire la comparaison
avec l'ancien régime, toutes ces sommes à celles qui proviendront
soit du permis de conduire, soit des plaques d'immatriculation. Cela semble
être absolument évident, parce que...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous parlez des
services également?
M. Saint-Germain: Rien ne se crée. Le gouvernement prend
simplement $1 dans la poche de l'un pour le mettre dans la poche de l'autre.
Alors, quelle que soit la façon dont le gouvernement dépense et
quelle que soit la façon dont il finance, c'est constamment des
coûts, des dépenses qu'il faudra bien que quelqu'un paie.
Une Voix: Cela peut être les taxis, les routes
superglissantes, des choses comme cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous parlez des
couvertures, des services qui vont être meilleurs aux assurés et
à toutes les victimes qui vont être indemnisées? Vous ne
parlez pas de cela?
M. Saint-Germain: Les services vont être meilleurs?
Même M. l'actuaire ne peut nous le dire ni M. De Coster. C'est la
pratique qui nous le dira, mais ce n'est pas encourageant pour l'avenir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne parlez pas de cela.
Tout le monde, toutes les victimes vont être indemnisées. J'en
aurais beaucoup à dire là-dessus, moi. On va en dire ce soir, des
choses.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais continuer... Si
on doit avoir quelques documents supplémentaires, on pourrait
peut-être en compléter la liste. J'arrive à la page 7 sur
les revenus. Je note que la structure des revenus dont on a besoin pour estimer
les coûts est une structure basée sur une seule année,
1972. Elle a été corrigée, si je comprends bien, à
partir du recensement de 1971. Comme ces structures de revenus, par âge,
sexe, tranche de salaire, suivant que les gens travaillent à temps
plein, temps partiel, changent beaucoup au cours du temps, est-ce qu'il
n'aurait pas été préférable d'essayer de prendre
des structures, ou de voir des structures de 1971 et d'essayer de pro-
jeter un peu le genre de structure dans laquelle on se trouvera en 1980,
par exemple? Est-ce que cela n'aurait pas été plus juste que de
prendre une seule année 1972 pour établir la structure et ensuite
simplement établir cette structure une fois pour toutes en pensant que
les indemnités seraient ajustées en fonction de l'indice des prix
à la consommation? La structure de 1972 ne me paraît pas
particulièrement pertinente dans les circonstances.
Mme Payette: Les données concernant les revenus pour
l'ensemble des travailleurs, par tranche de revenus et selon tous les
regroupements qu'on voulait, n'existent pas à un seul endroit. Il faut
faire des regroupements. Il nous est apparu que les données du
régime des rentes du Québec étaient les plus
complètes à ce titre puisque l'ensemble des travailleurs doit
produire ses revenus et fournir des données.
Le Régime de rentes existe depuis 1966. Le registre des gains
produit des données quelques années en retard. L'année
1972 était la dernière année qu'on possédait. On a
noté dans le registre des gains du régime des rentes qu'il y
avait une certaine stabilité dans les données qui étaient
disponibles. La dernière année disponible, c'est 1972. Cela nous
a semblé la meilleure année.
Avec les données qu'on aurait eu en plus pour les années
précédentes, cela n'était pas suffisamment étendu
pour qu'on observe des variations tellement importantes. On a regardé
cela et il nous est apparu que 1972 pouvait faire l'objet d'une projection en
faisant des ajustements à cette masse des revenus, à leur
distribution, avec des données d'autres sources, de statistique Canada,
qui elles, concernent des catégories spécifiques de prestataires
pour lesquels les revenus sont déterminés selon une base
différente, c'est-à-dire, pour les travailleurs à temps
partiel, occasionnels, etc. C'est un salaire potentiel.
M. Raynauld: C'est parce que cette structure, suivant l'âge
et le sexe en particulier et les tranches de revenus, elle change beaucoup dans
le temps. Elle ne change pas entre 1970 et 1972, mais entre 1951, 1961, 1971,
elle change considérablement. A ce moment-là, quelle est la
structure qui va s'appliquer en 1980?
Mme Payette: Cela nous importe peu de savoir ce qu'il y aura en
1980. Ce qui nous intéresse, ce sont les salariés du premier
exercice de 1978. L'indemnité est basée sur des salaires au
moment où survient l'accident. A ce moment, il n'y a pas lieu de
projeter à dix ans.
M. Raynauld: Je le sais bien, mais c'est la structure dont j'ai
parlé. Je parle de cela depuis le début. Je sais que vous n'avez
pas à projeter les revenus puisque ce sont les revenus au moment
où l'accident survient. J'ai compris cela.
La structure elle-même, par exemple, s'il y a plus de femmes qui
travaillent à temps plein qu'il y en a qui travaillent à temps
partiel vous savez comme moi que le nombre de femmes qui travail- lent
à temps partiel a augmenté considérablement depuis quinze
ans alors, c'est bien évident que ce que vous avez pour 1978 peut
peut-être se comparer relativement bien à ce qui s'est
passé en 1972, quoiqu'il y ait déjà six ans de
différence. Pour les prochaines années, cette structure n'est
plus valable. Cette structure devrait être modifiée.
Mme Payette: Elle va être modifiée quand il y aura
des données plus complètes. En ce qui concerne les
catégories de travailleurs, on a tenu compte de l'évolution du
travail des femmes à l'extérieur par le pourcentage des femmes
qui sont à l'extérieur, en tenant compte dans quelle
catégorie elles se situent. Il y a plus de femmes qui sont dans la
catégorie de travailleurs à temps plein en 1978 qu'en 1972. Il y
en a aussi qui sont dans la catégorie des occasionnels partiels, mais,
à chacun de ces sous-groupes, on applique le revenu correspondant. Cette
façon d'étudier la composition des travailleurs par type de
travailleurs, on en tient compte dans le pourcentage de travailleurs par type
de travail, à temps plein, occasionnel ou partiel.
M. Raynauld: Pour les taux d'activité, qu'avez-vous pris
comme données? Ceux de 1972?
Mme Payette: Pour les taux d'activité?
M. Raynauld: Oui. Par exemple, des femmes, parce que cela
évolue considérablement...
Mme Payette: C'est basé sur des statistiques de
Statistique Canada qui sont projetées, selon l'évolution.
M. Raynauld: D'une part, vous avez pris les données de
1972. Ensuite, vous dites, dans le document, à la page 7: "II a fallu
modifier cette répartition pour les tranches de salaires
inférieures à $2500 en 1972 en retranchant une portion des
contribuables à l'aide de renseignements provenant du recensement de
1971". Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous avez fait cela?
Mme Payette: C'est pour tenir compte du fait que le registre des
gains du Régime de rentes du Québec comporte des travailleurs
occasionnels, à temps partiel, alors que nous, nous devions ventiler
cette masse de travailleurs entre ceux qui travaillent à temps plein et
ceux qui travaillent occasionnellement et à temps partiel. Il y a un
paquet de petits revenus, dans le registre des gains du régime de
rentes, qui sont causés par des étudiants ou des travailleurs
occasionnels. A l'aide des données du recensement, il nous est apparu
qu'ils se situaient à ce niveau, soit en bas de $2500. On a obtenu une
répartition des travailleurs à ces niveaux qui produisaient un
revenu moyen équivalent à celui de l'ensemble des travailleurs.
On a d'autres données. Statistique Québec fournit des
données sur le revenu moyen. Pour répartir ces travailleurs par
les tranches de salaires, on s'est basé sur les revenus de Statistique
Québec. On a
modifié la courbe pour enlever les travailleurs occasionnels
partiels pour lesquels on a fait une autre courbe. L'ensemble de ces courbes
est fait de façon conservatrice, c'est-à-dire qu'on donne
à tous un peu plus de gain que si on les mettait ensemble. C'est un
élément de majoration du coût pour tenir compte de certains
éléments, à cause de la période de gain sur
laquelle on se base pour déterminer le revenu des occasionnels
partiels.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, avant qu'on achève
nos travaux, je voudrais rétablir une certaine vérité par
rapport à des propos qui ont été tenus ici ce matin. Je ne
voudrais pas qu'on laisse l'impression que nous n'avons pas été
clair comme gouvernement sur la somme de $10 millions dont il a
été question quant au coût de l'assurance-maladie et de
l'assurance-hospitalisation. Je demanderais aux députés de se
référer au livre bleu déposé le 15 avril où
on en faisait état et également aux questions qui ont
été posées à l'Assemblée nationale au tout
début, à la suite du dépôt de ce document.
Les réponses expliquaient clairement de quelle façon cette
subrogation était abandonnée. D'ailleurs, les assureurs
privés, M. le Président, réclamaient exactement la
même chose, qu'on abolisse le droit de subrogation, quant à ce
coût de l'assurance-maladie et de l'assurance-hospitalisation.
Egalement, en ce qui concerne le "cent de subvention", comme l'appelle
l'Opposition, il ne s'agit pas d'une subvention de la part du gouvernement, il
s'agit tout simplement, M. le Président, d'une accommodation, puisque
pour aller percevoir un cent sur le coût de l'essence, le coût de
l'administration de cette perception aurait été tellement
élevé qu'il aurait été inutile de le faire. Nous
n'avons pas voulu percevoir plus d'un cent sur l'essence; il aurait fallu
pour que ce soit vraiment rentable pour l'assurance automobile
percevoir quatre ou cinq cents sur chacun des gallons d'essence. Alors, un cent
n'est pas une subvention puisque le gouvernement devra aller chercher ce cent
ailleurs; c'est un transfert de fonds pour nous éviter le coût
d'administration de la perception.
M. Roy: Lorsqu'un ministère présente ses
crédits au début de l'année et qu'on étudie les
crédits en commission parlementaire, à moins qu'on utilise une
nouvelle dialectique, il y a la rubrique "transfert" qui figure dans le livre
des crédits, et "transfert" ça signifie les subventions
accordées; c'est cela, et cela a toujours été le langage
parlementaire utilisé jusqu'à maintenant. Je déplore qu'on
tente de donner une autre définition au mot pour mêler davantage
la population du Québec, qu'on appelle cela une accommodation.
Pour moi, ce n'est pas une accommodation, ce n'est pas un service que le
gouvernement provincial offre à la régie; il s'agit d'un
transfert basé sur l'équivalent d'un sou par gallon d'essence,
c'est un transfert d'argent, donc une subvention pour le Régime de
l'assurance automobile. Que Mme le ministre, appelle cela une accomodation une
accomodation, c'en est une quand il s'agit des services, mais lorsqu'il s'agit
d'un transfert d'argent et que le gouvernement transfère de l'argent
d'un ministère, par exemple, à un service gouvernemental, ou
encore qu'on transfère de l'argent à une municipalité,
à une commission scolaire, on appelle cela comment? On appelle cela des
subventions. Alors, à ce que je sache, c'est le langage utilisé
à venir jusqu'en 1977, à moins qu'il faille demander
peut-être la publication d'un nouveau lexique pour nous expliquer.
Quels seront les termes qu'il faudra utiliser, à l'avenir,
à l'Assemblée nationale pour être capable de se comprendre?
J'ai l'impression qu'on tente, par tous les moyens possibles, toutes sortes
d'acrobaties verbales, d'acrobaties de vocabulaire, de mêler davantage la
population. Je m'inscris en faux totalement sur le mot "accomodation"; ce n'est
pas du tout une accomodation, c'est une subvention. Qu'on ait donc le courage
de dire les choses telles qu'elles sont et d'appeler les choses par leur nom et
d'informer la population du Québec pour qu'elle sache à quoi s'en
tenir.
Si c'est gênant au point qu'il faut changer les définitions
dans les dictionnaires, je n'aurais pas plus... Si c'est gênant à
ce point...
M. Lalonde: II faut suivre le projet de loi. C'est aussi simple
que cela.
M. Roy: II y a une limite quand même à se moquer de
nous.
M. Beauséjour: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, on a donné
le chiffre de $10 millions. Le député de Beauce-Sud je
vais l'appeler coût qui entre dans le régime ... Je pense
qu'il ne faudrait pas faire croire à la population autre chose que ce
qu'il y a dans la réalité. Il y a le coût du régime
et le coût à payer. Il s'agirait de savoir si, pour ces $21
millions qui viennent de la taxe sur l'essence, il ne pourrait pas y avoir des
réductions. Je pense à la plaque d'immatriculation et on pourrait
aussi aller voir dans différents autres domaines. Ce qui veut dire:
Est-ce que cela ajoute, à un moment donné, un coût
réel ou bien si cela reste la même chose? On pourrait aussi aller
chercher des fonds au niveau de la Loto-Québec puisqu'il y a une
réduction de $8 millions; on pourrait possiblement, après une
certaine enquête, aller chercher ce serait très bien
puisqu'il y a beaucoup d'accidents qui sont causés par l'alcool
certains fonds dans le domaine des alcools.
C'est cela que je me dis.
M. Roy: Ce serait une bonne suggestion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui?
M. Roy: Oui.
M. Beauséjour: Peut-être.
M. Roy: Vous n'en êtes pas sûr. J'en serais
sûr, tout de suite.
M. Beauséjour: Au niveau du coût à payer par
la population, il s'agit de savoir si, en allant chercher un montant de $21
millions, cela ne va pas augmenter les coûts. Cela aussi, il ne faut pas
oublier de le dire à la population. Il faudrait essayer de le voir
à un moment donné.
M. Roy: M. le Président, pour répondre au
député, j'aimerais lui dire que, comme député
depuis le 15 novembre dernier, il a été sûrement en mesure
de se rendre compte ou de se faire dire par différents ministres du
cabinet que fes budgets étaient épuisés, qu'il y avait une
restriction budgétaire, qu'il fallait comprimer les dépenses.
Quand la taxe sur l'essence a été instituée au
Québec, elle a été majorée à plusieurs
reprises. Elle a toujours été majorée dans le but
d'accorder au ministère des Transports, anciennement le ministère
de la Voirie, de plus grands crédits pour être capable de
travailler à l'expansion et à la modernisation du réseau
routier de façon à pouvoir entretenir davantage le réseau
routier pour doter le Québec d'une infrastructure routière,
correspondant à ses besoins et également aux besoins d'une
économie moderne, et mettre en valeur ses immenses ressources. On sait
que le ministre des Transports, l'an dernier, a dû se contenter d'un
budget réduit et cela a été discuté en
commission parlementaire à cause d'une contingence
budgétaire.
Ce que je ne sais pas jusqu'à maintenant, je ne pense pas que Mme
le ministre soit en mesure de le dire non plus, c'est le ministre des Finances
qui nous le dira...
Je veux savoir si c'est le ministère des Transports qui devra se
serrer la ceinture plus que les autres. Etant donné que ces sommes
d'argent qui sont perçues sont données habituellement pour
l'expansion du réseau routier, est-ce le ministère des Transports
qui devra se serrer la ceinture ou d'autres ministères, le
ministère de l'Agriculture ou autres?
On sait très bien qu'au ministère de l'Education et au
ministère des Affaires sociales, il n'y a pas tellement de place pour se
serrer la ceinture, parce qu'à chaque fois qu'on serre la ceinture un
peu, vous avez des problèmes. C'est un élément qu'on ne
connaît pas et je ne peux pas répondre à cette question. Je
dis ceci, que ces $21 millions dont le gouvernement disposait dans les
précédents budgets, il ne l'aura plus dans les prochains budgets.
C'est important, parce qu'il va y avoir un manque de budget dans d'autres
domaines. Il y aura des services gouvernementaux qui vont en souffrir, il y
aura des services à la population qui vont en souffrir. Lesquels? Je ne
suis pas en mesure de répondre.
M. Lalonde: On a voulu étatiser le régime,
maintenant on étatise le coût.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je demande l'ajournement, M.
le Président.
Le Président (M. Bertrand): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Ajournement à 12 h 29)
Reprise de la séance à 15 h 35
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67
intitulé Loi sur l'assurance automobile.
Les membres de cette commission sont M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke),
M. Goulet (Bellechasse), remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M.
Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre),
remplacé par M. Paquette (Rosemont); M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), remplacé par M. Giasson
(Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M. Marquis
(Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M. Roy
(Beauce-Sud)...
Mme Payette: Présente.
Le Président (M. Bertrand): M. Russell (Brome-Missisquoi),
remplacé par M. Shaw (Pointe-Claire); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)
et M. Vaillancourt (Jonquière).
Nous en étions toujours au paragraphe 11 de l'article 1, et comme
il l'avait été entendu ce matin, j'accepte que des questions
puissent déborder ce simple paragraphe et porter sur l'ensemble des
documents qui ont été déposés à
l'Assemblée nationale la semaine dernière, il y a deux semaines
environ.
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, on nous a dit, je pense, ce
matin, qu'on aurait peut-être quelques documents cet après-midi ou
qu'on aurait accès, en tout cas, à certaines informations
chiffrées. Alors, je voudrais savoir si c'est...
Mme Payette: M. le Président, je vais vous demander une
directive. Comme il y a un seul membre de l'Opposition en face de nous
présentement, est-ce que ce serait une bonne idée de donner ces
chiffres pour, probablement, devoir les répéter dans cinq ou dix
minutes?
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'on a bien compris
que Mme le ministre allait s'apprêter à les offrir aux membres de
la commission?
Mme Payette: Je vous demande une directive, M. le
Président. Je pense qu'effectivement l'actuaire a en main les documents
qui permettent une ventilation des montants dont on a parlé ce matin,
mais comme il n'y a qu'un seul membre de l'Opposition, je m'interroge, à
savoir s'il est pertinent de s'engager dans cette discussion maintenant ou s'il
faut attendre quelques autres membres, parce qu'effectivement ça
concernait... A moins qu'ils veuillent lire le journal des Débats.
M. Raynauld: II y en a un deuxième qui arrive.
Le Président (M. Bertrand): Normalement, nous devons
poursuivre nos discussions, parce que nous avons quorum, mais...
Mme Payette: Alors, allons-y, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): ... on peut tout à fait
entamer la discussion de ces chiffres, si vous le désirez, Mme le
ministre.
Mme Payette: Voilà!
Il s'agissait de répartir les indemnités des articles 46,
47 et 62 pour chaque article. Je voudrais préciser que si le montant a
été indiqué globalement pour l'ensemble de ces articles,
ce n'est pas un caprice, c'est que la méthodologie d'évaluation
était telle qu'on devait procéder à l'évaluation du
coût des indemnités prévues à ces articles de
façon globale, étant donné que les données
statistiques que nous possédions sur ces éléments sont
globales, c'est-à-dire qu'il n'était pas possible de les
ventiler.
Mais, dans une seconde étape, avec des données provenant
d'autres sources, on peut faire une certaine ventilation, mais on ne peut pas
aller donner des chiffres trop précis parce que, à un moment
donné, ils perdent de la signification. Donc, voici, globalement, pour
les articles 46, 47 et 62, les coûts.
Article 46: $16 millions qui comprennent les frais d'orthèses,
médicaments, prothèses, frais de transport, vêtements et
autres frais.
Article 47, réadaptation: $4 millions. Cet article est plus un
budget qu'une estimation; ceci a été déterminé en
collaboration avec les personnes de la Commission des accidents du travail.
Article 62, examens médicaux que la régie peut exiger: $9
millions qui sont à la charge de la régie. Pour un total de $29
millions.
M. Raynauld: M. le Président, il avait aussi
été question de statistiques qui avaient été
utilisées pour les calculs, en particulier pour le nombre de
victimes.
Mme Payette: M. le Président, ce qu'on avait
demandé à l'actuaire, pour cet après-midi, c'était
de pouvoir ventiler les chiffres globaux qui étaient inscrits dans les
dernières pages du document. C'est ce qu'on essaie de faire.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas demandé
de ventilation particulière je ne me rappelle pas j'ai
surtout demandé des statistiques qui nous permettraient d'examiner et de
juger par nous-mêmes si les estimations sont raisonnables ou non. C'est
ce qu'on a demandé et je réitère ma demande parce qu'il me
semble que ces statistiques seraient très faciles à fournir.
Elles ont été utilisées, je ne comprends pas pourquoi il y
aurait des réticences à fournir des informations à la
commission. Je vais aussi en demander une autre parce que je n'avais pas
terminé ce matin je voulais savoir mais c'est une question
d'information s'il y avait eu des études de sensibilité de
faites aux hypothèses retenues en fonc-
tion du résultat du coût du financement du
régime?
Mme Payette: II y a eu des études de sensibilité
d'effectuées sur les hypothèses, particulièrement sur le
taux d'intérêt.
M. Raynauld: Sur l'intérêt?
Mme Payette: Oui, et d'autres hypothèses qui concernent la
situation familiale, de quoi dépend le quantum des
indemnités.
M. Raynauld: Pour nous éviter de les refaire, il ne serait
pas possible qu'on les voie?
Mme Payette: II y a un paquet de tests qui ont été
faits; ça peut représenter un assez grand volume de travaux, de
chiffres, etc.
M. Raynauld: Sur le point de départ, qui est vraiment le
nombre de victimes, et le poids qu'on a donné aux années, cela
est long? Il me semble que ce serait une feuille de papier.
Mme Payette: Cette donnée doit être envisagée
également en tenant compte des hypothèses qui sont
effectuées sur le pourcentage des réclamants, c'est-à-dire
qu'on ne peut pas regarder le nombre de victimes comme telles. Lorsqu'on parle
de l'indemnisation des victimes blessées les décès,
il n'y a pas de problème, on les indemnise tous il faut
également discuter du pourcentage des personnes qui vont
réclamer, qui vont avoir droit à une indemnité. C'est pour
cela que cette hypothèse ne peut être discutée
isolément. Ce qu'il faut regarder, c'est l'ensemble des personnes qui
réclament et leurs qualités. En soi, la projection du nombre de
blessés et du nombre de décès est un facteur
mi-mathématique, mi-statistique, qui tient compte de l'ensemble des
autres facteurs qu'on doit appliquer à ces données pour
connaître effectivement le nombre de réclamants et
l'indemnité à laquelle ils auront droit pendant telle
période de temps, ces choses-là.
M. Raynauld: M. le Président, j'accepte cette
réponse, mais on revient toujours à la même question. On
nous dit, somme toute: On ne peut pas tenir compte seulement de cette
hypothèse. Peut-être que c'est vrai, mais c'est une
hypothèse déterminante et c'est là-dessus que les
projections portent. Si ce n'est pas le nombre de victimes qui est le plus
pertinent, donnez-nous le nombre de réclamants, donnez-nous les chiffres
sur lesquels l'étude est basée. On voudrait savoir, à la
fin, dans quelle mesure le financement qui est proposé ici est un
financement réaliste, dans quelle mesure ce financement va augmenter ou
diminuer à l'avenir. Il me semble que c'est
élémentaire.
Tout le débat sur le nouveau régime d'assurance automobile
a porté, dans l'opinion publique, sur la question du coût pour les
assurés. On a dit: Cela va abaisser le coût de l'assurance automo-
bile. C'est cela l'objectif premier. On nous fournit un document qui montre que
ce coût diminue. On veut bien croire le gouvernement sur parole, mais on
est en commission parlementaire afin d'examiner la portée de ce projet
de loi. Chaque fois qu'on dit: On pourrait vous apporter des informations
supplémentaires là-dessus, nous avons dit: Est-ce qu'il serait
possible qu'on nous donne cette information de façon qu'on porte un
jugement? Il me semble que c'est raisonnable comme position. C'est la
même chose pour n'importe quel projet de loi. Si on introduit un projet
de loi sur SIDBEC. on aura eu des informations sur SIDBEC, On demandera quelles
sont les prévisions de vente, quels étaient les profits pour
savoir si le projet de loi était adéquat ou non.
On arrive ici, on a une misère du diable à faire sortir
des choses élémentaires qui sont dans les statistiques, de toute
façon, qu'il faudrait refaire, aller chercher les mêmes
statistiques que le gouvernement a déjà en sa disposition,
dépenser de l'argent pour faire les mêmes évaluations. On
demande s'il y a une étude de sensibilité qui est faite, on nous
dit que oui, mais on ne peut pas la fournir parce que c'est trop
compliqué.
Une Voix: Les questions.
M. Lalonde: Ce n'est pas de questions dont on a besoin, c'est de
réponses.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela fait dix fois qu'on
répond à cela.
M. Raynauld: Cela ne fait pas dix fois que vous avez
répondu à cela; chaque fois, on nous a dit: Peut-être qu'il
y aura des documents. On nous l'a dit ce matin.
Mme Payette: M. le Président, on a ici un document qui
semble pertinent quant aux questions qui sont posées. Il y a des notes
personnelles de l'actuaire sur ce document. Je ne sais pas dans quelle mesure
il aurait objection à ce qu'il y ait des photocopies qui soient faites
et distribuées. Je ne sais pas de quel ordre sont ces notes.
M. le Président, si vous permettez, en quelques minutes, il faut
simplement supprimer des notes personnelles de l'actuaire qui a fait du travail
sur ces feuilles et on sera disposé à faire faire des photocopies
et à les distribuer.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Est-ce qu'il y a
d'autres questions?
M. Raynauld: M. le Président, j'aurais une autre question,
étant donné que c'est une précision très importante
apportée ce matin en réponse à des questions. Il
s'agissait, si je me rappelle bien, d'indemnités payées cette
année, en 1978, d'à peu près $50 millions, ce qui est
indiqué...
Mme Payette: M. le Président, est-ce qu'on peut demander
une petite seconde pour qu'on essaie de régler avec le
secrétariat le problème que
ça pose? On pourra, tout de suite après, répondre a
la question du député.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont, vous pouvez maintenant, je pense, poser votre question.
M. Raynauld: M. le Président, je voulais savoir s'il y
avait des précisions additionnelles à fournir sur le montant des
déboursés pour l'année 1978, qui a été
fixé ce matin à environ $50 millions, sur le total de $345
millions, et si j'enlève certains éléments à la
fin, autour de $300 millions.
On nous dit: En 1978, en déboursés, cela va être
à peu près $50 millions. Je voudrais m'assurer que j'ai bien
compris. Cela veut dire que sur les $291 millions d'indemnisation, il y a $50
millions qui vont être versés en 1978? Est-ce que c'est bien cela
ou si c'est simplement pour les indemnités de remplacement de revenus,
où la question des rentes se pose?
Mme Payette: En ce qui concerne ce qui va être payé
en 1978, je vais vous faire d'abord remarquer que nos travaux en cette
matière ne sont pas tout à fait terminés. C'est avec
prudence que je vous les livre.
Ce que cela veut dire, $50 millions c'est de $50 millions
à $60 millions ce sont toutes les indemnités. C'est $345
millions, moins $21 millions. Il y a les frais d'administration qui vont
être versés en plus.
M. Raynauld: D'accord. Par déduction, cela veut dire que
s'il est versé de $50 millions à $60 millions en 1978 et si
j'enlève cela de $320 millions, il va rester $270 millions en caisse
à la fin de 1978.
Mme Payette: Oui.
M. Raynauld: C'est bien cela?
Mme Payette: Oui.
M. Raynauld: Pour des rentes pour l'avenir?
Mme Payette: Pour des rentes et certaines indemnités
forfaitaires qui deviennent payables au fur et à mesure que le besoin se
fait sentir.
M. Raynauld: Sur cette réponse, j'aurais une question
d'information additionnelle à poser. Les indemnités totales
versées ont été estimées, quand elles seront
payées en bloc vous me corrigerez si je ne suis pas correct
à environ $300 millions?
Mme Payette: Les indemnités?
M. Raynauld: Oui, les indemnités payées par...
Mme Payette: C'est $345 millions moins $21 millions pour les
frais d'administration...
M. Raynauld: Je veux dire dans le régime actuel.
Mme Payette: Dans le régime actuel? Excusez.
M. Raynauld: Dans le régime actuel, les indemnités
pour dommages corporels, l'ordre de grandeur est de $300 millions?
Mme Payette: Nous n'avons pas, à la régie, fait de
travaux pour déterminer ce qui est payé par le régime
actuel, afin de faire une comparaison. Ce n'est pas dans le mandat de la
régie. Mais on peut se référer au livre bleu pour
répondre à cette question, à la page 42.
M. Raynauld: Pourriez-vous citer le chiffre? Je ne m'en rappelle
plus, je ne l'ai pas ici.
Mme Payette: En termes d'indemnité, $219 millions sont
versés.
En administration, cela coûterait $126 millions, pour un total de
$345 millions.
M. Raynauld: Le fait de passer d'un régime où on
paie les indemnités en bloc à un régime de rentes fait
passer les déboursés de $219 millions à $50 millions;
c'est cela?
Mme Payette: Les $219 millions ne sont pas versés dans la
première année, ils sont à verser. C'est composé
d'une partie des réclamations payées et des provisions pour
sinistres à régler. C'est le coût encouru des
indemnités pour l'exercice financier. La proportion
déboursée dans l'année par rapport à la
réserve n'est pas indiquée ici.
M. Raynauld: II faudrait que je regarde davantage les choses pour
aller plus loin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous avez été engagé par le
gouvernement, j'imagine, à titre de professionnel, sur la base de votre
compétence et de votre expérience, en assumant que vous avez,
à l'égard de votre client, l'indépendance essentielle d'un
professionnel envers son client pour lui donner le meilleur avis possible.
Dans cette perspective, pouvez-vous me dire quelles sont les principales
faiblesses du régime proposé, au niveau des
indemnités?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
m'oppose à cette question. Je pense que c'est absolument en dehors du
cadre de l'invitation qui a été faite à ces deux
personnes. Je comprends que le député de Marguerite-Bourgeoys
s'essaie. Cette question est complètement irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président, ... d'éviter la
question...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, je pense que...
M. Vaillancourt (Jonquière): Même si son
préambule était excellent, la question est
irrecevable.
Le Président (M. Bertrand): Je n'étais pas ici pour
entendre le préambule, mais je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys peut poser n'importe quelle question. C'est à celui
qui répond de juger si, oui ou non, il doit y avoir une réponse
à un tel genre de question. Je pense que chacun ici est assez grand pour
savoir prendre ses responsabilités.
M. Lalonde: Je dois...
Le Président (M. Bertrand): Je laisse au
député de Marguerite-Bourgeoys le soin de juger si, oui ou non,
il pense qu'il aura une réponse.
M. Lalonde: Je veux quand même répondre aux
remarques du député de Jonquière. Je ne veux pas, mais pas
du tout, que ma question ait l'apparence, parce qu'elle n'en a pas le
fondement, d'un piège. Je parle à un professionnel qui est
capable de mesurer la valeur des éléments qui ont
été à sa disposition pour faire un produit et qui est
capable de nous dire, étant donné que la perfection n'existe pas
en ce bas monde, quelles sont les faiblesses du régime s'il y en a. Je
présume qu'il y en a, parce qu'il n'y a pas de perfection ici-bas.
Quelles sont les données sur lesquelles il a hésité
à s'appuyer...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! Question de règlement, M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
respecte la décision que vous avez rendue tout à l'heure, mais
j'aimerais quand même apporter des arguments supplémentaires au
soutien de mon argumentation. J'estime que la question que vient de poser le
député de Marguerite-Bourgeoys consiste à demander
à un actuaire de porter un jugement sur un projet de loi. Je pense qu'il
y a des hommes politiques, il y a des personnages politiques à
côté de cet actuaire qui sont en mesure de répondre
à cette question, mais il est totalement déplacé de
demander à un actuaire, qui avait une fonction bien précise
à remplir, de porter un jugement d'homme politique sur un projet de
loi.
M. Lalonde: M. le Président, ce n'est pas sur l'aspect
politique du tout, c'est sur l'aspect professionnel, je l'ai bien dit dans mon
préambule. C'est un professionnel. Il connaît des choses que, moi,
je ne connais pas comme homme politique à ce propos, ce que le
député de Jonquière appelle un projet de loi, mais qu'on
sait très bien être un régime d'assurance automobile. Qu'on
ait mis cela dans un projet de loi, d'accord. On n'est pas d'accord avec le
produit, mais quand même cela passe qu'on ait mis cela dans un projet de
loi, cependant cela n'enlève pas le caractère essentiellement
technique et professionnel du produit.
Je demande à celui qu'on nous présente comme étant
le maître d'oeuvre du travail d'actuaire, au moins le maître
d'oeuvre de ce projet: Est-ce que des données ont été
mises à sa disposition dans les dossiers du ministère ou qu'il
aurait obtenues autrement, données qui lui semblaient plutôt
faibles, sur lesquelles il a hésité à s'appuyer et
pourquoi? Quels sont les éléments de ce projet qui sont le plus
susceptibles de ne pas répondre autant à l'attente que d'autres
dont les données, par exemple, sont absolument sûres, sur
lesquelles il a pu s'appuyer, données absolument parfaites et pour
lesquelles il n'a eu aucune hésitation? C'est cela le sens de ma
question. C'est un professionnel dont on nous offre la connaissance,
l'expérience et la compétence. On serait, comme membre de la
commission, fort malvenu de ne pas faire appel à cette
compétence.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je comprends bien le sens de votre question. Je comprends
aussi les réticences manifestées par certains membres du
gouvernement. Vous admettrez avec moi que c'est une question qui n'a pas
simplement une saveur technique ou professionnelle, mais qu'elle comporte,
jusqu'à un certain degré qui reste à évaluer, une
certaine dimension politique. Je répète ce que j'ai dit
tantôt: Je vous reconnais le droit de poser la question, comme je
reconnaîtrai le droit à la personne à qui vous l'avez
posée de ne pas vouloir embarquer dans ce genre de discussion.
Mme Payette: M. le Président, comme la question a
été posée au fonctionnaire, je laisserai toute
liberté au fonctionnaire de répondre comme il l'entend.
M. Lalonde: Je n'en attendais pas moins.
Mme Payette: L'aspect actuariel dans lequel j'ai
été impliqué dans ce projet concerne uniquement
l'estimation des coûts. Donc, ce que je pourrais vous dire concerne la
méthodologie utilisée et les hypothèses utilisées
dans l'estimation des coûts. Je peux vous dire qu'on a utilisé
tout ce qui était mis à notre disposition et ce sont les
expertises qui nous apparaissaient nécessaires. Je pense que
l'estimation de coût qu'on présente, pour nous, est un travail
professionnel qu'on appuie. Finalement, c'est ce qu'on pouvait faire de mieux,
et on fait référence à des données
incomplètes, à des données imprécises et tout
ça. Mais toutes les fois qu'un nouveau régime remplace un autre
régime, un actuaire est confronté avec ce genre de situation, qui
est une situation normale. On doit prendre les statistiques qui s'appliquent
dans un cadre, les transposer dans un autre cadre et, à ce
moment-là, par jugement, on en arrive à en estimer le coût.
L'estimation du coût de ce régime ne m'apparaît pas
être différente de celle d'autres régimes.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné
que
vos services ont été retenus surtout pour l'estimation des
coûts, j'ai ici un document qui a été déposé
par le ministre le ou vers le 24 novembre la lettre est datée du
24 novembre et qui s'intitule "Régie de l'assurance automobile du
Québec, estimé des coûts du régime d'indemnisation
et des dommages corporels."
Est-ce que vous avez participé à la rédaction de ce
document?
Mme Payette: La rédaction de ce document... M. Lalonde:
C'est le dernier qui a été déposé. Mme Payette:
C'est le dernier?
M. Lalonde: Oui, le dernier... En fait, je crois que c'est le
dernier. On me corrigera si je fais erreur.
Mme Payette: Je voudrais m'assurer qu'on parle du même
document.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Bertrand): Celui qui a été
déposé à l'Assemblée nationale par le ministre.
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: C'est un document qui est basé sur nos
études.
M. Lalonde: Bon! Je vois ici, à la fin de la page 2, et je
cite le même document: "Les hypothèses retenues ne visent pas
nécessairement à estimer de façon précise chacun
des facteurs isolément, mais à composer un modèle dont les
caractéristiques correspondent aux objectifs de l'estimé des
coûts mentionné précédemment".
Est-ce que vous voulez nous dire quels sont les objectifs de
l'estimé des coûts qui vous avaient été
donnés?
Mme Payette: Ce sont les objectifs qu'on s'est fixés. On
peut les lire dans le paragraphe précédent: II faut que les
contributions chargées et les gains d'intérêt soient
suffisants pour payer les indemnités et les frais d'administration. On a
toujours eu en tête, lorsqu'on a fait l'estimation des coûts, qu'il
faut qu'il y ait suffisamment d'argent dans le fonds pour payer toutes les
indemnités aux victimes d'accidents survenus au cours du premier
exercice financier. C'est l'objectif qu'on doit se fixer en tant qu'actuaires
lorsqu'on évalue un régime entièrement
capitalisé.
M. Lalonde: Mais, à ce moment-là, M. Binette, vous
faites la distinction entre les objectifs de financement... On voit au
paragraphe que vous avez mentionné que ce sont les objectifs de
financement. Il faut que les contributions chargées et les gains
d'intérêt soient suffisants pour payer les
indemnités...
Mme Payette: Oui.
M. Lalonde: ... et, distinction, donc, entre, d'une part, les
objectifs de financement et, d'autre part, les objectifs de l'assurance
automobile, autrement dit, combien ça va coûter? Comment on va le
financer? Cela, c'est une chose. Autrement dit, est-ce qu'on vous a dit, au
départ...
Mme Payette: Non, il faut savoir combien ça coûte...
Il faut estimer le coût véritable des accidents qui surviennent
dans cette année, dans cet exercice.
De cette façon, il faut se mettre des marges conservatrices;
étant donné qu'on passe d'un régime de la faute à
un autre régime pour lequel il n'y a pas de données
précises qui existent dans notre contexte québécois,
à ce moment, il faut toujours avoir en tête, lorsqu'on a un choix
à faire, un jugement à baser sur des hypothèses, de
choisir l'hypothèse qui va produire le coût pas
nécessairement le plus élevé, mais qui ne produira pas un
coût moindre. Notre préoccupation est que le coût soit
véritablement le coût des accidents, qu'on ne le sous-estime pas;
c'est un objectif de suffisance.
M. Lalonde: Vous admettrez que tout le régime
d'indemnités a une incidence première sur les coûts. Vous
a-t-on demandé, par exemple, de faire un régime, au niveau des
indemnités, qui va indemniser le plus parfaitement possible, compte tenu
des objectifs de justice sociale, par exemple je m'aperçois que
je déborde un peu sur l'aspect politique ou si on vous a
demandé de faire un régime avec l'évaluation des
indemnités en fonction d'objectif financier ou bien précis qu'il
ne faut pas que ça coûte plus que $340 millions?
Mme Payette: On ne nous a demandé que de faire
l'estimation des coûts du projet de loi 67, on ne nous a pas
demandé de procéder au dessin du plan.
M. Lalonde: Est-ce que c'étaient les estimations des
coûts du projet de loi 67 avec les amendements ou avant les
amendements?
Mme Payette: On l'a fait avant les amendements et avec les
amendements.
M. Lalonde: Donc, vous avez participé depuis le
début, avant amendements et après amendements?
Mme Payette: Depuis la création de la régie.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je suis toujours
préoccupé par la même question: De $50 millions à
$60 millions payés en 1978, sur un total d'environ $320 millions
d'indemnités, ce qui est indiqué pour 1978. Comme les sommes ne
sont pas payées en 1978, vous les avez mises en valeur présente.
Par exemple, toutes les prochaines rentes, vous les avez mises en valeur
présente; par
conséquent, vous avez considérablement réduit la
valeur de ces rentes, comme c'est normal. Alors, je voudrais vous poser la
question: Si ces indemnités avaient été payées
suivant le régime actuel, en bloc, quel serait le montant?
Mme Payette: La valeur présente est de $320 millions, mais
je n'ai pas évalué combien chacune de ces victimes recevrait
selon le régime actuel.
M. Raynauld: J'essaie de savoir si les indemnités
versées en 1978 qui est le résultat de toute votre
étude je voudrais être capable de comparer ça avec
le volume des indemnités qui auraient été payées si
on avait suivi un régime où on aurait payé les
indemnités en bloc, comme dans le système actuel, pour être
capable de comparer. C'est très difficile pour nous. Vous comprendrez
que, s'il y a seulement de $50 millions à $60 millions qui sont
payés à cause du régime de rentes qui est versé et
qu'on sait que les indemnités sont de l'ordre de $200 millions,
peut-être $300 millions je ne sais pas trop exactement... Je
comprends bien qu'il y a toutes sortes d'autres différences dans le
régime, mais, autrement dit, sur le plan technique, vous avez une
estimation qui précède l'opération mise en valeur
présente. Cette estimation excédait-elle de beaucoup $200
millions? Est-ce que c'était $400 millions, $300 millions, $200
millions?
Mme Payette: Notre méthodologie n'exigeait pas qu'on
estime ce qui était versé aux victimes. Nous avons
été chercher dans les dossiers, dans les statistiques, certaines
caractéristiques de victime, les paramètres qui doivent
être utilisés pour cette évaluation, mais on n'a pas
regardé, comme tel, pour l'ensemble des victimes, ce qui leur aurait
été versé.
M. Raynauld: Cela ne vous préoccupait pas de savoir si
votre estimation de coût était, finalement, un peu raisonnable?
Cela ne vous a pas tenté de regarder, en 1977, par exemple, qu'est-ce
qu'on a payé en dommage corporel?
Mme Payette: C'est sûr qu'on a regardé un peu pour
s'assurer et ça nous a semblé correct, mais je ne peux pas vous
dire, comme actuaire, professionnellement, je ne peux pas me prononcer plus
avant sur ça.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je veux remercier notre
interlocuteur pour les réponses qu'il nous a fournies, pour les
documents qu'il nous a donnés.
J'aimerais revenir, avec votre permission, M. le Président, sur
une question que j'ai posée ce matin, à savoir la première
semaine d'indemnisation. On sait que le régime actuel indemnise les
personnes à partir du début.Alors, on veut améliorer le
régime. Je note à la page 195 du rapport Gauvin, à la
suite d'un tableau concernant les vic- times de blessures corporelles, le
degré de compensation et la variation selon le montant de la perte, que,
globalement, près de 40% de la perte subie par les victimes n'est pas
compensée par le régime d'assurance automobile. Je me rappelle
qu'à ce moment-là il y a eu de hauts cris, de fortes discussions,
de gros arguments, etc., dont je vous ferai grâce.
Dans le document que vous nous avez remis tout à l'heure,
l'analyse de l'échantillon CROP, vous avez fait une projection pour 1978
qui démontrerait qu'il y aurait 53 747 blessés alors que le BVA
en donnait une de 54 079 pour 1974, qu'il y en avait 51 919 pour 1975 et qu'il
y en avait effectivement 43 353 pour 1976. Dans votre projection de 53 747
blessés pour 1978, est-ce qu'il n'aurait pas été possible
de faire un calcul pour savoir quelle était la masse salariale, l'a
masse globale, la masse d'indemnité qui nous aurait permis
d'évaluer le montant déboursé qu'aurait pu
représenter une indemnité à partir de la première
journée pour les personnes blessées?
Mme Payette: Premièrement, il faut dire que ces 58 000, ce
ne sont pas tous ceux qui réclament, ce sont les blessés. Il y a
un pourcentage de ceux-là qui réclament.
M. Roy: Avez-vous le pourcentage? Mme Payette: 58%.
M. Roy: II y a 58% des personnes blessées qui font des
réclamations.
Mme Payette: Qui sont invalides sept jours et plus.
M. Roy: Qui sont invalides sept jours et plus.
Mme Payette: C'est cela. Ils ont droit à une
indemnité de remplacement de revenu.
M. Roy: Cela veut dire que 42% des victimes qui subissent un
dommage corporel dans le nombre d'accidents...
Mme Payette: II y en a qui ne sont invalides aucune
journée parmi ces 42%; d'autres une, deux, trois, quatre, cinq ou six.
On ne peut pas dire qu'il y en a 42% qui sont invalides sept jours et qui ne
recevront rien. Cela se distribue. Il y en a beaucoup qui ne sont invalides
aucune journée. Il y en a qui le sont, un, deux, trois, quatre, cinq ou
six jours.
M. Roy: Ce qui veut dire que 42% ne toucheront rien à
cause de la restriction de six jours.
Mme Payette: 42% ne toucheront rien... beaucoup parmi
ceux-là ne toucheront rien parce qu'ils ne subissent pas de perte
économique. Ils ne sont pas invalides.
M. Roy: Oui, mais les 42% que vous venez de me mentionner, soit
ceux qui sont invalides sept
jours et moins, comme il y a un délai de carence de sept jours,
cela veut dire qu'ils ne peuvent recevoir aucune indemnité relativement
aux dommages corporels, puisque cela est limité. Cela ne dépasse
pas sept jours.
Mme Payette: Ils peuvent recevoir une indemnité de
décès s'ils décèdent sur le coup.
M. Roy: Non, j'ai parlé des blessés.
Mme Payette: Ils peuvent recevoir des indemnités pour les
frais raisonnables encourus comme les vêtements, le transport par
ambulance ou tous ces autres frais, mais pas de rente d'indemnité de
remplacement de revenu.
M. Roy: Ce qui veut dire que 42% des accidentés n'auront
pas de rente d'indemnité de remplacement de revenu. Si je prends le
calcul, tel que paru dans le tableau 1 du rapport Gauvin, il y a un
échantillon de 1691 cas. Catégorie de pertes de $1 à $50:
660; catégorie de pertes pour $51 .à $200: 361. Je vais me
limiter à $200 parce que cela peut établir à peu
près la moyenne. Vous avez quand même des gens qui peuvent gagner
jusqu'à $300, mais le pourcentage ne varierait pas tellement. Cela fait
1021 cas. Si je prends ce nombre et j'en fais le pourcentage, j'arrive à
60% de l'échantillonnage qui a été fait par le
comité Gauvin qui démontre que les indemnités pour
dommages corporels, dans 60% des cas, sont inférieurs à $200.
J'estime quand même que le rapport Gauvin est une étude
extrêmement sérieuse. D'où vient cette différence?
Vous donnez 42% et le rapport Gauvin nous donne à peu près 60,5%,
pour être plus précis.
Mme Payette: II s'agit d'un nombre de réclamants qu'on ne
peut pas comparer aux 53 000 qu'on a ici. C'est un nombre de réclamants
qui se situe entre les 58% de ceux qui vont avoir droit à une
indemnité de remplacement de revenu après sept jours et
l'ensemble des blessés.
Parmi les blessés, il y en a qui ne subissent effectivement
aucune perte, il y en a d'autres qui subissent des pertes mineures qui sont des
pertes d'objets, des frais médicaux comme tels. Cela ne veut pas dire,
parce qu'il y en a 60% là-dedans qui ont des pertes en bas de $200 que
ces gens ne seront pas indemnisés pour pertes économiques
réelles dans le nouveau régime, ça ne veut pas dire
ça.
M. Roy: Cela ne veut pas dire ça, mais ça le veut
dire aussi. Moins de $200... Si vous prenez l'exemple de quelqu'un qui gagne
$300 par semaine, ça fait un revenu de $15 000 par année. On va
jusqu'à $18 000 dans le régime, disons que j'arrête
à $10 000, parce qu'il y en a qui peuvent gagner moins de $10 000, comme
il y en a qui peuvent en gagner $10 000. Je fais la moyenne pour donner une
indication, certaines balises, comme dirait quelqu'un que nous connaissons
bien. En prenant ce chiffre, en me basant sur les données du rapport
Gauvin, cela me donne effectivement 60%.
C'est pour ça que je me demandais, j'admets que c'est toujours
difficile de faire des comparaisons, mais il reste quand même que, si je
tiens compte de l'augmentation de salaire qui est intervenue par la suite, je
pourrais augmenter mon pourcentage, parce que de $200 à $400, il y a 148
personnes de plus, ce qui augmenterait le pourcentage de 10%. Alors, je
l'exclus, parce qu'effectivement il peut y en avoir qui gagnent moins de $10
000. Je trouve qu'il y a une différence assez marquée entre les
statistiques que vous nous donnez, que je ne mets pas en doute, remarquez bien,
mais je ne voudrais pas mettre en doute non plus les chiffres qui nous ont
été fournis dans le rapport Gauvin. Il y a quand même une
marge de manoeuvre de 18%, 19%.
Mme Payette: Si vous voulez comparer les chiffres que je vous
donne, il faudrait se référer à l'annexe du rapport
Gauvin, qui contient toute la méthodologie du coût du
régime; l'annexe n'est pas incluse, c'est une publication
séparée. En ce qui concerne votre comparaison avec le tableau 1
de la page 194 du rapport du comité d'étude sur l'assurance
automobile, pour que la comparaison soit véritablement valable, il
faudrait connaître la ventilation de la compensation des victimes pour
chacune des catégories de perte, selon le type d'indemnité
versée.
M. Roy: C'est ce que le rapport Gauvin a fait, il les a
regroupées.
Mme Payette: Ce tableau n'indique pas s'il s'agit de pertes pour
perte de travail ou pour frais raisonnables encourus du genre ambulance, des
choses comme ça, perte de vêtements. On n'indique pas qu'il s'agit
là de perte de temps compensable.
M. Roy: On insiste énormément sur les blessures
corporelles. D'ailleurs, c'est bien indiqué dans le tableau no 1,
rapport de compensation-perte pour les victimes de blessures corporelles. Je
comprends qu'il peut y avoir ces pertes aussi, mais je comprends que, quand
même, si on ajoute les éléments que vous venez de
mentionner... De toute façon, en acceptant le chiffre que vous venez de
donner, 42%, à combien pourrait s'évaluer le montant de
compensation qui pourrait être payé à partir de la
première journée? Est-ce que vous êtes d'accord que
ça pourrait se situer autour de $7 ou $8 millions? 42% sur 53 000
victimes, ça fait quand même 20 000 victimes.
Mme Payette: II faudrait que je regarde les données que
j'ai à notre disposition pour donner un chiffre là-dessus.
M. Roy: Sans lancer des chiffres comme ça, il y a des
calculs acutariels...
Mme Payette: Je ne pense pas que ce soit beaucoup plus que
ça.
M. Roy: ... je suis d'accord là-dessus, mais on arrive
avec des moyennes acceptables, je ne parle pas d'un calcul très
scientifique, mais d'une moyenne acceptable pour nous donner un ordre de
grandeur. Vous avez parlé de ventilation ce matin, vous avez
parlé d'avoir certains barèmes, certains ordres de grandeur. Je
me base un peu sur la même chose pour avoir un ordre de grandeur, je ne
vous demande pas des chiffres avec exactitude certifiée et
authentifiée, ce n'est pas ça que je vous demande. Je demande,
comme ordre de grandeur, si ça pourrait s'évaluer autour...
Mme Payette: Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est $7
millions plus $80 millions, c'est une semaine d'indemnité pour tous ceux
qui sont là, pour les victimes qui réclament et trois jours, en
moyenne, d'indemnité pour certaines autres victimes. Je ne peux pas vous
quantifier s'il y en a 5% ou 10%, il faudrait que je réfère aux
tables d'invalidité pour donner une réponse précise
à ce sujet.
M. Roy: En prenant 42% sur 53 747 victimes, ça vous donne
un pourcentage de 42% environ.
Mme Payette: Mais les 42% n'ont pas droit à une semaine
d'indemnité.
M. Roy: Je m'excuse. Cela vous donne environ de 22 000 à
23 000 victimes sur 53 000 victimes, qui ne recevraient aucune compensation
pour perte de revenus. C'est cela que je voulais établir, M. le
Président.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Au sujet du taux de réadaptation des
invalides, vous dites qu'il a été estimé, pour les deux
premières années qui suivent l'accident, à partir des
résultats de l'annexe au rapport du comité d'étude sur
l'assurance automobile modifiée, pour tenir compte de la
différence des mécanismes d'incitation de retour aux
activités normales dans le régime actuel et celui du projet de
loi. Pour vous, quelle a été cette différence de
mécanismes d'incitation, au retour aux activités normales?
Mme Payette: C'est fonction du changement de mode
d'indemnisation.
Actuellement, les victimes les plus atteintes sont celles pour
lesquelles le délai est le plus long, celles qui vivent dans une plus
grande incertitude et pour lesquelles le pourcentage compensation-perte est le
plus bas.
Ces victimes, dans le nouveau régime, vont être mieux
compensées. Peut-être que dans le régime actuel, ces
victimes, étant donné l'incertitude dans laquelle elles vivent,
retournent au travail avant d'être complètement rétablies.
On a un régime dont l'objectif de compensation est plus
généreux. On a estimé, on a tenté d'évaluer
dans quelle mesure, en tenant compte du rapport compensation-perte d'un
régime, en comparaison avec l'autre régime, dans quelle mesure
les victimes qui, dans un régime, pourraient retourner au travail
à cause de certaines forces, d'une certaine insécurité,
dans un régime comme celui-là, vont y retourner une fois qu'elles
seront complètement rétablies.
M. Saint-Germain: Mais quel est le rapport que vous avez fait
entre les deux? Il y a un chiffre, je suppose.
Mme Payette: Nous avons fait des majorations en pourcentage et en
durée d'invalidité qui dépendent de chacune des
catégories de victimes. On a varié cela selon les travailleurs
à temps plein, les occasionnels, les personnes au foyer, les vieillards.
Il y a toute une liste qui a été faite et qui va être
publiée avec la méthodologie complète du
régime.
M. Saint-Germain: Ne pouvez-vous pas donner ce pourcentage? Il me
semble que c'est très important de l'avoir. Vous en avez plusieurs,
selon l'âge, le sexe et les conditions de travail. Vous avez plusieurs
pourcentages.
Mme Payette: On en a selon les différentes
catégories. Il n'y en a pas des tonnes, mais il n'y en a pas un seul. Ce
n'est pas un pourcentage uniforme; c'est un pourcentage qu'on a appliqué
à l'ensemble des victimes et qu'on a...
M. Saint-Germain: Quel est ce pourcentage que vous avez
appliqué à l'ensemble des victimes?
Mme Payette: Cela peut varier. Je n'ai pas avec moi les
données exactes sur ces pourcentages de majoration.
M. Saint-Germain: II me semble que cela serait très
important. Si on prend les articles qui traitent de l'indemnité payable
aux victimes, surtout après cinq ans, par exemple. Il me semble,
à mon avis, que la motivation au travail peut être très
basse, à un moment donné, pour certains genres de victimes,
même avant cinq ans. On les taxe énormément du fait
qu'elles retournent au travail.
Mme Payette: C'est avant cinq ans qu'on a effectué des
majorations; en fait, c'est pendant les deux premières années
d'invalidité. Après ces durées, notre table de
récupération a été jugée suffisamment
conservatrice pour qu'on ne fasse pas de majoration.
M. Saint-Germain: C'est une réponse qui n'est pas
très précise. Si vous ne donnez aucun chiffre, aucun pourcentage,
aucune relation vis-à-vis de l'incitation au travail dans le contexte
actuel, l'incitation au travail qui va exister, comme vous l'avez
expliqué, qui va exister, avec la nouvelle... Quel sera le
décalage? Qu'est-ce que cela va coûter de décalage? Je
pense bien qu'il faut constater qu'il va y en avoir un. Mais il peut y en avoir
un
très sérieux. Les sommes peuvent être très
considérables.
Mme Payette: C'est peut-être un peu plus que 10% du
coût des indemnités de remplacement de revenus, pour les victimes
qui sont invalides pendant moins de deux ans. C'est de 10% à 20%,
globalement.
M. Saint-Germain: Passé cela, est-ce que ces 10% à
20% disparaissent ou s'ils sont augmentés?
Mme Payette: Après deux ans d'invalidité,
l'ajustement n'est pas fait par cette majoration mais par le choix de la table
de récupération.
M. Saint-Germain: Qui est attachée au rapport...
Mme Payette: Qui est une table de récupération
d'invalides puisée d'une autre source.
M. Saint-Germain: Dans quelle source, l'avez-vous
puisée?
Mme Payette: Nous avons puisé cette table dans
l'expérience du régime de sécurité sociale
américain.
M. Saint-Germain: Avez-vous fait une étude assez
détaillée du régime de sécurité sociale
américain pour voir une certaine équivalence entre...
Mme Payette: Nous avons ajusté la table pour tenir compte
de la différence entre le régime de sécurité
sociale américain et le type de victimes auxquelles on a affaire dans le
régime d'assurance automobile.
M. Saint-Germain: Vous l'avez majorée de combien?
Mme Payette: C'est-à-dire qu'on a diminué les taux
de récupération de 50%. Cela ne représente pas une
majoration de coûts, cela représente, en fait, notre estimation du
type de récupération des invalides qu'on va avoir dans les
accidents de la circulation.
M. Saint-Germain: Vous avez bien dit qu'il y a une similitude
entre les deux régimes, entre le régime de sécurité
sociale américain, même si vous êtes obligés
d'apporter une certaine compensation?
Mme Payette: On parle d'invalidité pour toute occupation,
après cinq ans.
M. Saint-Germain: Cela aurait été
intéressant, à mon avis, d'avoir des chiffres là-dessus.
J'ai bien l'impression que de la manière dont on paie les
indemnités et de la façon dont les citoyens sont taxés...
On dit même que c'est une taxe de 50% pour les premiers $5000
gagnés et que cela monte à 75% de la somme qui est gagnée
en surplus de $5000. La motivation au travail, dans ces condi- tions, si on
calcule les dépenses occasionnées par le travailleur qui veut se
rendre à son travail... Bien souvent, il y a un repas, il y a le "lunch"
qu'il doit prendre en dehors de la maison, etc. En fait, qu'est-ce qui va
arriver? Si celui qui reçoit sa rente se met à travailler et
qu'il gagne $9000, combien va-t-il lui rester? Il va lui rester $3500 qui ne
seront pas nécessairement nets. Il va être obligé, à
même ces $3500, de payer ses dépenses occasionnées par le
fait qu'il a un emploi régulier. Où sera la motivation?
Mme Payette: La rente est basée sur le revenu net.
L'indemnité ne sera pas plus élevée que 90% du salaire
net. L'absence de motivation pourrait résulter du fait que 90% du
salaire net peuvent être considérés peut-être plus
avantageux, sans travailler, mais on a tenu compte de ce type
d'antisélection qu'on peut observer dans le régime, dans nos
majorations qui sont basées sur l'expérience d'autres
régimes.
M. Saint-Germain: Ne croyez-vous pas que cette façon
d'indemniser les gens qui vont retourner au travail peut occasionner une perte
de motivation sérieuse pour celui qui reçoit une
indemnité?
Mme Payette: M. le Président, je m'excuse, je ne pense pas
que ce soit une question qui s'adresse à l'actuaire.
M. Saint-Germain: Cela s'adresse aux actuaires pour la bonne
raison que ce sont eux qui ont fait les calculs. Ils sont partis de la
motivation au travail dans le rapport du comité d'étude et ils en
sont arrivés à prendre le Régime de sécurité
sociale américain. Ils ont travaillé avec ces données. Ils
ont été obligés, pour établir les coûts,
d'établir la motivation au travail.
Mme Payette: On ne parle pas de motivation au travail, on parle
de mécanismes d'incitation de retour au travail, cela comprend deux
éléments, c'est-à-dire le rapport compensations-pertes qui
peut réduire la motivation au travail dans une certaine mesure on
en a tenu compte et aussi, principalement, le mécanisme
d'incitation, c'est-à-dire que le régime actuel prévoit le
versement d'une indemnité tant et aussi longtemps que la victime est
incapable de vaquer à ses occupations, alors que le régime actuel
pouvait faire en sorte que les victimes retournent au travail avant
d'être complètement rétablies.
M. Saint-Germain: Oui, mais jusqu'à quel point! Enfin, je
ne doute pas des capacités des actuaires, mais il peut y avoir là
des éléments de surprise, croyez-moi.
Dans l'évaluation de vos coûts, vous dites ici, à la
page 20, "frais d'administration" et vous mettez un astérisque. Je
suppose que vous n'avez pas eu à travailler sur ces frais
d'administration. On vous a remis le chiffre tel quel.
Mme Payette: C'est exact.
M. Saint-Germain: C'est la même chose pour le fonds de
stabilisation?
Mme Payette: C'est exact.
M. Saint-Germain: Lorsqu'on vous a engagé, vous n'avez
pas, d'après ce que j'ai compris ce matin, fait d'étude
relativement au premier document qu'on nous a versé, daté
d'avril, et qui nous a été remis en novembre.
Mme Payette: Nous n'avons pas fait d'étude
détaillée de ce document.
M. Saint-Germain: Vous n'étiez pas à l'emploi du
ministère lors de l'étude de ce document.
Mme Payette: Non.
M. Saint-Germain: Vous ne vous en êtes pas servi comme
base, du moins, pour bien des éléments.
Mme Payette: Nous nous sommes servis de certains
éléments qui ont servi à cette étude. Nous avons
fait une estimation des coûts authentiques.
M. Saint-Germain: Nous pouvons soutenir qu'au point de vue
actuariel, lorsque le livre bleu a été déposé, les
études étaient peu avancées, ou, du moins, si on a cru
qu'elles l'étaient, on s'est aperçu, à un moment
donné, qu'elles faisaient défaut. Ce n'est pas terrible.
Mme Payette: Vous me demandez de porter un jugement sur des
professionnels.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas terrible. Cela semble être
une question de fait. On ne vous a pas chargé non plus de faire une
étude au sujet des frais...
Mme Payette: M. le Président, à la défense
des actuaires du ministère qui ont travaillé sur le premier
document de travail, il s'agissait là d'un document bien
différent de ce qu'on retrouve présentement dans le projet de
loi. Des changements ont été apportés à partir du
livre bleu jusqu'au projet de loi. Des amendements ont été
apportés ensuite au projet de loi lui-même. Je pense qu'il y a un
petit peu de malhonnêteté de vouloir taxer les actuaires du
ministère d'avoir...
M. Saint-Germain: Non, ce n'est pas malhonnête. C'est vous
qui essayez de nous induire en erreur.
Mme Payette: ... fait des calculs qui n'étaient pas
adéquats, à ce moment.
M. Saint-Germain: Ce matin, j'ai posé la même
question. Le document qu'on a aujourd'hui et que monsieur nous a remis, dont
les études ont concouru à émettre ce document... Il nous a
bien dit qu'il n'avait pas pu faire de relation avec ma question, en tenant
compte de tous les amende- ments, parce que les amendements sont là. On
aurait peut-être pu partir du premier document, s'il avait
été bien fait, et bâtir dessus pour en arriver au
résultat qu'on a aujourd'hui, mais ce n'est pas cela qui a
été fait.
Mme Payette: M. le Président, entre le livre bleu qui
émettait simplement un certain nombre d'hypothèses de travail et
le projet de loi non amendé, il y avait déjà des
différences.
M. Saint-Germain: Oui, il y avait des hypothèses dedans,
vous pouvez en être sûre. On est du même dire. Qui est
responsable de l'établissement? C'est M. le président de la
régie, je suppose. Est-ce que je puis vous demander d'essayer de
ventiler un peu les procédés que vous avez pris pour arriver
à $21 millions?
Mme Payette: C'est assez simple en soi. Vous savez d'abord que le
Bureau des véhicules automobiles est statutairement mandaté par
la loi pour percevoir les sommes exigibles que la régie fixe avec
l'approbation du gouvernement. Conséquemment, nous avons demandé
au Bureau des véhicules automobiles de nous projeter ce qu'il croyait
devoir être les montants qu'il serait susceptible d'exiger ou d'exiger de
la régie pour le mandat statutaire que la loi lui confie.
En ce qui a trait à la Commission des accidents du travail, il y
a, par le biais d'un contrat de services, certaines fonctions que la
régie déléguera à la Commission des accidents du
travail ou certains services que la régie obtiendra de la Commission des
accidents du travail. Ce sont les frais qui sont reliés à ce
mandat ou les frais qui sont reliés aux services qui nous seront rendus
par la Commission des accidents du travail qui ont été
projetés par la Commission des accidents du travail elle-même,
avec le concours de nos propres employés. Conséquemment, les
frais, dans les deux cas, ont été projetés par les
organismes mêmes. Nous avons accepté, après examen, les
chiffres qui nous ont été soumis.
Quant aux autres frais, ceux qui sont reliés directement au
fonctionnement de la régie ou l'exploitation de la régie, ces
chiffres ont été basés sur des projections de ressources
humaines, ont été basés sur des projections de coûts
normaux. C'est ce qui nous a amenés au chiffre de $21 millions qui, en
plus, inclut les frais qui sont reliés au fonds d'indemnisation. C'est
la manière dont ces chiffres ont été établis. Ils
ont été établis à $21 millions. Il s'agit
d'estimations, de projection d'estimations. Il n'y a aucune garantie que le
montant qui a été projeté sera finalement le montant
réel des dépenses qui ont été encourues.
Nous avons projeté, au meilleur de notre connaissance, ces
chiffres-là pour en arriver au chiffre de $21 millions.
M. Saint-Germain: Et vous avez prévu combien
d'employés, si vous voulez, combien de fonctionnaires pour administrer
lorsque le régime fonctionnera, si vous voulez, normalement?
Mme Payette: Selon nos estimations actuelles, nous
prévoyons qu'il y aura environ 725 employés qui seront
directement affectés au projet du régime d'assurance automobile.
Le Bureau des véhicules automobiles a demandé un nombre de 268
employés au Conseil du trésor pour s'occuper de la partie de la
perception des contributions et aussi un peu pour d'autres fonctions que le
Bureau des véhicules automobiles s'est vu confier récemment
comme, par exemple, l'établissement du poids total en charge pour les
fins d'immatriculation, etc.
Pour l'indemnisation, nous prévoyons avoir besoin d'environ 230
personnes. Le chiffre exact qui a été prévu et qui a
été approuvé par le Conseil du trésor est de 232
personnes, dont à peu près la moitié sont des
employés de la Commission des accidents du travail et la moitié
sont des employés de la régie. A la régie et des services
centraux de la régie, il y aura environ 175 personnes, et environ 50
personnes au fonds d'indemnisation qui existe déjà, d'ailleurs,
ce qui fait approximativement 725 personnes en tout.
M. Saint-Germain: Maintenant, ces personnes qui seront au
service, par exemple, du ministère des Transports, est-ce qu'elles
seront payées par la régie, remboursées par la
régie, j'entends les salaires et les...
Mme Payette: Etant donné que le Bureau des
véhicules automobiles, qui est une direction générale du
ministère des Transports, a un mandat statutaire, les employés
qui seront engagés par le Bureau des véhicules automobiles seront
des employés du ministère des Transports. Ce que le
ministère des Transports fera, c'est d'estimer le coût, au
ministère des Transports, de l'opération de l'assurance
automobile ou de perception de contributions, et c'est ce montant qui sera
facturé à la régie comme telle.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a une somme qui va être
payable par les clients, si je peux dire, de la régie, lorsqu'ils auront
versé les sommes au niveau des caisses populaires, soit...
Mme Payette: En ce qui a trait à la perception des
contributions du régime d'assurance automobile, il n'y aura aucun
montant additionnel d'imposé au moment du paiement de la contribution
lors de l'émission de la plaque ou lors de l'émission du permis.
Il y aura, par ailleurs, un montant de $0.50 qui sera retenu par les caisses
populaires pour chacune des transactions qui seront faites à cet
égard.
M. Saint-Germain: Alors, il y aura $0.50 par transaction payables
par le client, par l'automobiliste.
Mme Payette: Non, ce n'est pas payable par l'automobiliste. C'est
retenu par la caisse populaire, c'est-à-dire que c'est une
réduction du montant que les caisses populaires nous remettront. C'est
une charge à la régie, en d'autres termes, de $0.50...
M. Saint-Germain: Ah bon!
Mme Payette:... pour chaque contribution qui sera
perçue.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a actuellement un protocole
d'entente entre la Commission des accidents du travail et la régie?
Mme Payette: Le protocole d'entente n'a pas été
officiellement signé, parce que nous sommes évidemment, à
l'heure actuelle, à établir, d'une façon bien
précise, tout le mécanisme, les systèmes administratifs,
les systèmes informatiques, etc. Mais il y a, à l'heure actuelle,
une base d'entente qui est bien précise et qui est bien définie
entre la Commission des accidents du travail et la Régie de l'assurance
automobile.
M. le Président, si le député de Jacques-Cartier me
le permettait, il y a M. De Coster m'en a informée aujourd'hui
un document qui fait état des négociations qui ont eu lieu
entre la Commission des accidents du travail et la régie, et M. De
Coster serait disposé à faire distribuer ce document aux membres
de la commission.
M. Roy: Merci, M. le Président, Mme le ministre; je
l'avais en note. Je lis dans vos pensées.
Mme Payette: Vous allez vous y perdre.
M. Saint-Germain: Maintenant, je suppose que la procédure
sera la même pour la Commission des accidents du travail relativement
à la régie que pour le Bureau des véhicules automobiles
relativement à la régie. On vous fera parvenir, je suppose, un
compte pour les frais..
Mme Payette: Ce sont les projections faites par ces organismes
qui ont été incluses dans le document de projection totale des
coûts.
M. Saint-Germain: Oui, vas-y. M. Fontaine: M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Si je comprends bien, les $21 millions de frais
d'administration, est-ce que cela comprend les frais qui vous sont
demandés par le ministère des Transports, l'entente avec la
Commission des accidents du travail et les $0.50 qui seront retenus par les
caisses populaires?
Mme Payette: Oui, tout est inclus.
M. Fontaine: Tout est inclus. Les 725 personnes qui vont
être employées pour travailler à la régie seront des
fonctionnaires.
Mme Payette: Ce sont des fonctionnaires, mais ce ne sont pas des
employés qui sont engagés strictement pour la régie, ce
sont des employés qui seront affectés à l'opération
globale de
l'assurance automobile. Comme je vous le disais, il y aura
peut-être 250 employés qui seront aux bureaux des véhicules
automobiles et qui appartiendront au ministère des Transports; il y aura
de 100 à 105 employés qui seront des employés de la
Commission des accidents du travail et qui seront affectés à
l'opération de l'assurance automobile.
M. Fontaine: Ces gens feront partie de la Commission de la
fonction publique?
Mme Payette: Oui, certainement.
M. Fontaine: On sait qu'il y a actuellement un projet de loi qui
est à l'étude sur la Commission de la fonction publique, la loi
53. Advenant le cas, par exemple, d'une grève dans la fonction publique
au début de 1978, qu'est-ce qui va se produire avec le fonctionnement de
la régie?
Mme Payette: C'est une question qui, en soi, est très
hypothétique. Je pense qu'on n'est pas le seul organisme qui soit sujet
à ce genre d'aléa. Je peux vous assurer qu'il y aura des
mécanismes de prévus, au cas où il pourrait arriver ce
genre d'accident de parcours.
M. Fontaine: C'est une question hypothétique, mais c'est
également une question réaliste.
Mme Payette: Oui, j'en conviens.
M. Fontaine: Est-ce que vous ne pensez pas que, s'il y avait une
entente avec les courtiers d'assurances, on pourrait éviter ce
problème?
Mme Payette: Non seulement je ne le pense pas, mais je suis
convaincue que non. C'est un mécanisme gouvernemental basé sur un
système qui touchera 3 700 000 détenteurs ou propriétaires
d'automobile, 3 millions de conducteurs d'automobile et qui affectera 60 000
indemnisés. On ne peut pas passer, du jour au lendemain, d'un
système de ce genre à un autre système basé sur une
autre structure.
M. le Président, j'espère que je n'ai pas compris que le
député de Nicolet-Yamaska supposait que nos amis les courtiers
puissent devenir des "scabs", en l'occurrence.
M. Fontaine: Non, mais...
M. Lalonde: Etes-vous déjà rendus en
grève?
M. Roy: C'est plutôt le contraire qui se produit à
l'heure actuelle.
Mme Payette: Non, la question était hypothétique,
la réponse aussi.
M. Fontaine: Ce qu'on comprend de ce régime, c'est que
l'assurance va être obligatoire pour obtenir une plaque
d'immatriculation. Advenant le cas d'une grève, cela veut dire que les
gens ne seraient pas assurés et ne pourraient pas obtenir de plaques
d'immatriculation...
Mme Payette: Non, je pense qu'il faut bien comprendre que, sous
le système proposé, le droit à l'indemnisation n'est pas
ouvert par le paiement de la contribution, il est statutaire. C'est ce qui
différencie le système actuel de l'ancien système. Le
droit à l'indemnisation est statutaire, est inaliénable et n'est
lié, en aucune façon, à la contribution; la contribution
perçue n'est qu'un mécanisme d'autofinancement du régime
et c'est tout.
M. Fontaine: Cela voudrait-il dire qu'advenant une grève
pendant une période de six mois, le gouvernement ne pourrait plus
récupérer de primes et, d'un autre côté, serait
obligé d'indemniser les victimes?
Mme Payette: C'est bien possible. Dans le cas d'une grève,
notre souci serait de continuer à indemniser les victimes, comme le
souci de la Régie des rentes, à l'heure actuelle, est de
continuer à émettre ses chèques d'allocations familiales
et ses chèques du Régime de rentes.
M. Fontaine: D'accord.
Je reviens à la question de l'indemnisation des victimes au cours
de l'année 1978. On a soumis, au cours de l'avant-midi et de
l'après-midi, le chiffre de $50 millions qui seraient versés en
indemnités au cours de l'année 1978. Si j'ai bien compris, cela
inclut les autres indemnités, c'est-à-dire les préjudices
esthétiques, etc., et les montants forfaitaires qui seraient
versés. Cela inclut également les rentes qui seraient
versées en 1978.
Mme Payette: Cela inclut une partie des autres indemnités,
celles qui vont pouvoir être versées parce que le besoin s'en fait
sentir et certaines rentes d'indemnités de remplacement de revenu la
première année de rente et la première année de
rente aux survivants des victimes décédées.
M. Fontaine: Alors, tout ce que la régie va verser en
indemnités en 1978, cela ne dépassera pas $50 millions.
Mme Payette: De $50 à $60 millions, le
déboursé.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez prévu ce qui pourrait
être déboursé en 1979?
Mme Payette: Comme je l'ai mentionné à plusieurs
reprises, nous effectuons présentement des études sur les
mouvements des fonds et cela devrait être disponible d'ici quelques
jours.
Les montants versés en 1979 pour les accidents survenus en 1978,
parce qu'il y aura, en 1979, de nouveaux accidents, malheureusement, pour
lesquels on commencera à payer en 1979 aussi des indemnités. La
partie des indemnités versées après 1978 pour les
accidents survenus en 1978 est incluse dans le coût actuel, mais
évidemment ceux qui vont venir en 1979 ne le sont pas. Cela fera partie
de l'autre analyse actuarielle.
M. Fontaine: On sait qu'une rente peut être
capitalisée. Cela existe dans différentes polices d'assurance
actuellement. On peut capitaliser une rente qui pourrait être
versée. Si on capitalisait les rentes qui seront versées en 1978
par la régie et qu'on les comparait à ce qui serait versé
dans le régime actuel à titre d'indemnités, est-ce qu'on
peut faire des comparaisons?
Mme Payette: Les rentes qui seront versées pour les
accidents en 1978 sont déjà capitalisées dans l'estimation
du coût et, dans le régime actuel, la forme d'indemnisation n'est
pas, comme telle, une capitalisation de rente. C'est une indemnisation
forfaitaire. On utilise peut-être certains guides qui ont rapport
à des tables d'actualisation, mais à ce que je sache, on
n'utilise pas la capitalisation comme telle.
M. Fontaine: On nous dit que pour le premier exercice financier
les chiffres sont connus; c'est $60 millions maximum et on sait qu'il y a des
études qui sont faites pour les années à venir. Est-ce
qu'il serait logique de penser que, comme dans tout autre système, en
1979 et les années à venir, il y aura une augmentation de la
tarification?
Mme Payette: Le coût, en 1979, va dépendre de la
fréquence anticipée des accidents. Si on anticipe une diminution
des accidents suffisamment forte, il pourrait y avoir une réduction,
mais il faudrait qu'elle soit assez forte. Par contre, il y a des
éléments dans le régime qui font que le coût va
nécessairement croître pour une fréquence égale des
accidents de gravité égale étant donné que le
coût est basé sur des revenus, sur les revenus gagnés dans
un exercice financier, on peut penser que le coût va croître de
façon parallèle aux revenus, aux salaires.
M. Fontaine: Donc, s'il n'y a pas de réduction sensible
des accidents dans les prochaines années, c'est assuré qu'il va y
avoir une augmentation du coût du régime.
Mme Payette: Les indemnités vont être plus
élevées, le coût va être plus
élevé.
M. Fontaine: A l'article 45... Pardon?
M. Paquette: A moins de geler les salaires de tout le monde.
Mme Payette: A moins de geler les salaires.
M. Fontaine: Oui, on est d'accord, mais on est surpris que cela
n'ait pas déjà été fait.
A l'article 45, on parle des autres indemnités. On dit que la
victime qui subit, dans un accident, une blessure, un préjudice
esthétique, une mutilation, des douleurs, une perte de la jouissance de
la vie, a droit à une indemnité forfaitaire dont la somme et les
modalités sont prescrites. Est-ce que vous avez calculé les
montants que cela va occasionner, les déboursés
occasionnés à la régie par cet article 45?
Mme Payette: Le coût est indiqué à la page
19, c'est $22 875 000.
M. Fontaine: On dit que ces montants forfaitaires, les sommes en
seront déterminées par des modalités prescrites par
règlement. C'est donc dire que vous avez pris connaissance des
règlements.
Mme Payette: On mentionne qu'on a soulevé
l'hypothèse que le règlement serait conforme au livre bleu.
M. Fontaine: Ah bon!
M. Roy: Le livre bleu, ce n'est pas la loi.
Mme Payette: Non, mais nous avons basé notre
hypothèse sur ce qui était dans le livre bleu.
M. Fontaine: Vous tenez pour acquis que le gouvernement va
adopter un règlement qui serait conforme au livre bleu?
Mme Payette: Nous tenons pour acquis que la régie est
consciente du fait que si le règlement déborde du livre bleu, le
coût de cet article pourrait être plus ou moins
élevé.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez pu faire une étude
comparative entre ce qui sera versé en vertu de l'article 45 et ce qui
est versé dans le régime actuel à titre de
préjudices esthétiques, inconvénients et pertes de
jouissance de la vie et souffrances?
Mme Payette: M. le Président, sur cette question, avant
que l'actuaire ne réponde, je voudrais, si vous le permettez, donner une
explication. Moi, j'ai découvert la discrimination épouvantable
qui sévit dans le système actuel par rapport à ce genre
d'évaluation. Je suis la seule bien placée, à cette
commission parlementaire, pour en parler, puisqu'il s'agit d'une discrimination
favorable aux femmes. Toute discrimination, quelle qu'elle soit, favorable ou
défavorable, m'apparaît mal venue. Savez-vous, M. le
Président, que le système actuel évalue un
préjudice esthétique sur le corps entier d'une femme à un
tarif absolument inconcevable comme si toute la marchandise était
à vendre? Nous sommes en train de revoir et de tenter de corriger cette
discrimination.
M. Fontaine: Faire baisser les indemnités pour les
femmes.
Mme Payette: Oui, dans la mesure où c'est
discriminatoire.
M. Fontaine: Je maintiens quand même ma question. Est-ce
que vous avez fait une étude comparative entre les deux systèmes
d'indemnisation?
M. Saint-Germain: Je croirais que c'est plus grave de
dévisager une belle femme qu'un homme.
Mme Payette: C'est ça de la discrimination.
M. Saint-Germain: Je fais de la discrimination.
M. Fontaine: J'espère que vous allez le dire en public,
à la télévision.
Mme Payette: C'est déjà fait.
M. Fontaine: C'est déjà fait? On ne l'a pas
entendu.
Mme Payette: Nous n'avons pas fait d'étude comparative
pour le coût de cette indemnité en particulier. Les dossiers
d'assureurs, à ce sujet, ne ventilent pas les coûts de
façon bien spécifique.
Cela dépend de l'humeur du juge ce matin-là.
M. Roy: Parlez-vous des juges de la Cour suprême?
Mme Payette: Je ne les connais pas, je ne sais pas vraiment
lesquels.
M. Saint-Germain: Vous ne parlez pas des juges de la Commission
des affaires sociales?
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska n'a pas encore terminé?
M. Fontaine: Non, M. le Président. On sait qu'il y a eu
des amendements déposés à la suite du dépôt
du projet de loi en deuxième lecture. Vous avez étudié les
amendements et vous eh arrivez à la conclusion que suite aux amendements
apportés, le régime va coûter moins cher, c'est exact?
Mme Payette: Ce n'est pas cette conclusion. Vous vous
référez certainement aux $385 millions du livre bleu qui
étaient basés sur des statistiques d'accidents différentes
de celles utilisées. Nous avons pris une expérience plus
récente.
M. Fontaine: Est-ce que les amendements qu'on a apportés
ont fait en sorte qu'on a modifié le coût du régime
à la baisse?
Mme Payette: Entre le projet de loi et...
M. Fontaine: Entre le projet de loi en deuxième lecture et
les amendements qui ont été déposés pour
l'étude article par article.
Mme Payette: Oui, il y a eu certaines diminutions.
M. Fontaine: Est-ce qu'on vous a consulté auparavant pour
vous demander où il serait plus facile de diminuer, de changer?
Mme Payette: On a évalué certaines alternatives de
coût, d'indemnité.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont et ensuite le député de Beauce-Sud.
M. Raynauld: M. le Président, je vois au tableau B du
deuxième document sur la tarification, des intérêts
gagnés de $8,8 millions pour 1978 fondés sur un taux
d'intérêt de 8%. J'ai essayé de trouver quelle était
implicitement votre hypothèse sur les déboursés. Si je
calcule 8% sur $275 millions, ça fait près de $22 millions. Si on
divise ça par deux pour avoir à peu près six mois ou dix,
vous avez $8,8 millions.
Il semble donc que vous avez une hypothèse relativement
conservatrice. Si vous dépensez seulement de $50 millions à $60
millions et que vous en retirez $345 millions, il devrait vous rester,
pratiquement toute l'année, $275 millions.
Mme Payette: Les intérêts gagnés sur ces
sommes tiennent compte de la méthode de calcul des coûts. En fait,
l'estimation, l'actualisation des rentes et des coûts est faite en
supposant que les accidents surviennent, en moyenne, au milieu de l'exercice
financier.
Si, en moyenne, les contributions parvenaient à la régie
au milieu de l'année, à ce moment-là, on n'aurait pas
à tenir compte de gains d'intérêts. Mais les contributions
sur l'immatriculation parviennent, en moyenne peut-être 80%
d'entre elles six mois avant cette date. C'est ce dont on tient compte
ici. Pour les autres gains d'intérêts, on a réduit le
coût des indemnités en conséquence par l'actualisation.
M. Raynauld: Vous calculez à 8% pour une période
moyenne. Est-ce que je peux déduire que la période moyenne, cela
se réfère à l'avenir ou si cela se rapporte plutôt
au nombre de mois où vous conservez les fonds?
Mme Payette: C'est une période moyenne de six mois,
effectivement.
M. Raynauld: De six mois. Je déduis que, pour 1978, si
votre taux de rendement prévu est de 8%, pour conserver votre 2%
d'écart, vous avez supposé que l'augmentation des prix
était de 6%.
Mme Payette: Nous n'avons pas fait cette hypothèse.
M. Raynauld: Vous n'en avez pas besoin pour 1978.
Mme Payette: Non, on n'a pas besoin d'hypothèse. Mais
l'hypothèse sur le taux d'intérêt, pour les six premiers
mois, effectivement, est faite de façon conservatrice. Lorsqu'on
projette les revenus, il faut regarder, encore une fois, l'ensemble des
éléments. Comme il y a certaines incertitudes sur le nombre de
véhicules/année sur lesquels on devra contribuer, pour le taux
d'intérêt, on a utilisé un taux qui nous apparaissait
conservateur. On a pris un taux bas. Il faut l'envisager avec le choix des
autres hypothèses.
M. Raynauld: Quel est le taux moyen de rendement de la
Régie des rentes, le rendement sur ses actifs?
Mme Payette: De mémoire, c'est 8,8%.
M. Raynauld: 8,8%, à peu près. Ce taux ne change
pas énormément, ne change pas de façon très rapide,
de toute manière.
Mme Payette: C'était de 8,7% en 1976.
M. Raynauld: Cela ne change pas très rapidement, ce genre
de taux. Je voulais simplement vous demander si ma déduction est bonne;
finalement, si l'indice des prix à la consommation monte plus vite que
6%, à l'avenir on va être en difficulté, par rapport
à vos hypothèses...
Mme Payette: II ne faut pas le voir par rapport à cela.
L'inflation n'influence en rien ces entrées de fonds. On tient compte de
l'inflation uniquement à partir du moment où les
indemnités sont actualisées.
M. Raynauld: Oui, à partir de 1979, cela commence.
Mme Payette: A partir du milieu de l'année, on en tient
compte.
M. Raynauld: Oui. A ce moment-là c'est pour cela
que je reviens à cela il reste que, pour les années
ultérieures, et compte tenu des réserves que vous avez prises sur
les accidents de 1978, si le taux d'inflation dépasse 6%, à ce
moment-là les coûts vont excéder ceux que vous avez
là.
Mme Payette: On ne peut pas conclure cela. Si le taux de
rendement des actifs qui seront investis à la Caisse de
dépôt et placement est inférieur au taux d'inflation plus
2%, à ce moment-là, notre estimation de coût est
déficitaire. Il y a un certain déficit d'expérience pour
les rentes qui sont versées et qui sont actualisées.
M. Raynauld: Ce matin, j'avais demandé si vous
étiez capable de nous donner les volumes concernés par ces taux
de rendement et ces indemnités à verser. Si je comprends bien, du
côté des obligations qui sont prises pour l'avenir, à
partir de 1978, c'est quelque chose comme $324 millions moins $50 millions,
c'est-à-dire $274 millions, quelque chose comme cela?
Mme Payette: Environ $260 millions...
M. Raynauld: Sur lesquels des indemnités vont porter. De
l'autre, supposez-vous que les actifs que vous retenez pour cela sont à
peu près équivalents de sorte qu'on n'ait pas besoin de
pondérer ces 2%? C'est pour cela que vous le faites comme cela?
Mme Payette: Je ne comprends pas clairement.
M. Raynauld: Votre écart de 2%...
Mme Payette: Oui.
M. Raynauld: ... ce sont 2% qui vont générer des
revenus en fonction des actifs qui sont détenus, d'une part.
Mme Payette: C'est cela.
M. Raynauld: De l'autre, du côté des
indemnités à verser, l'augmentation du coût va
dépendre aussi du volume total des indemnités prévues pour
les années ultérieures. Ces deux montants sont-ils suffisamment
identiques pour que vous n'ayez pas besoin de pondérer cet écart
de 2%? Supposons, autrement dit que, de vos actifs, vous n'ayez que 1% de
toutes les indemnités à verser pour les années futures,
votre écart de 2% resterait là mais il porterait sur des actifs
tellement minimes par rapport au volume d'obligations que vous auriez prises
pour les années futures que cela ne voudrait rien dire. Il faudrait,
à ce moment-là, le pondérer par le volume respectif des
indemnités à verser pour l'avenir et des actifs que vous
conservez pour le moment. Etant donné que vous n'avez pas parlé
de pondération à ce sujet, dois-je en déduire qu'en fait
les deux montants sont à peu près identiques?
Mme Payette: C'est qu'on suppose que tous les actifs sont
investis à un taux de rendement moyen.
M. Raynauld: Ces actifs sont équivalents...
Mme Payette: Aux coûts, aux indemnités à
verser.
M. Raynauld: A verser pour l'avenir. Mme Payette: C'est la
valeur actuelle. M. Raynauld: II n'y a pas de...
Mme Payette: On ne suppose pas que l'argent est productif,
c'est-à-dire que la différence de 2% en tient compte.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. J'aimerais poser une
question au ministre à ce moment-ci, puisqu'il s'agit d'une
décision politique. Je ne pense pas que cela concerne l'actuaire comme
tel. Y a-t-il une raison particulière pour laquelle on a
éliminé ou pour laquelle on a établi un délai de
sept jours avant de commencer à indemniser les victimes, étant
donné le grand nombre de victimes qui se trouvent automatiquement
exclues de la possibilité de recevoir une compensation à la suite
d'un accident?
Mme Payette: On nous assure que, très souvent, des
individus ont des assurances-salaires qui
les protègent dans le cas des premiers jours de perte à la
suite d'un accident. C'est sur la recommandation de certains médecins.
Il paraît extrêmement difficile d'évaluer les dommages
corporels des sept premiers jours.
M. Roy: Je m'étonne un peu, puisque, effectivement, la
Régie de l'assurance automobile va fonctionner en collaboration avec la
Commission des accidents du travail, alors qu'on vient de déposer un
projet de loi d'amendement à l'Assemblée nationale afin d'obliger
les employeurs à indemniser les travailleurs, lorsqu'ils sont victimes
d'un accident de travail, à partir de la première journée.
Je m'étonne réellement. Si c'est difficile pour la régie
de faire une évaluation, si c'est difficile pour les médecins, je
me demande pourquoi on veut imposer des mesures sociales au frais des
autres.
Mme Payette: C'était également une des
évaluations qu'on retrouvait dans le rapport Gauvin, en page 319, au
paragraphe b), "Indemnités pour incapacité".
Au renvoi, en bas de la page, le rapport Gauvin dit: "Cette disposition
n'est pas incompatible avec l'objectif de l'indemnisation parce qu'une
incapacité de travail de moins de huit jours ne constitue que rarement
une perte catastrophique pour un individu. D'ailleurs, des raisons
d'efficacité dictent ce choix, puisque les frais d'administration et de
paiement sont exorbitants par rapport au montant de semblables pertes".
M. Roy: Oui, c'est bien indiqué, en effet, dans le rapport
de la commission Gauvin, mais le rapport de la commission Gauvin a quand
même fait grand état, comme je le disais tantôt, du fait que
40% des personnes ne recevaient pas d'indemnisation au moment où elles
étaient victimes d'un accident. De toute façon, je ne veux pas
faire un débat là-dessus, c'est la responsabilité
gouvernementale. On a pris cette décision au gouvernement; c'est une
responsabilité qui appartient au gouvernement.
J'aimerais revenir à la Régie de l'assurance automobile
pour discuter des frais d'indemnisation. Vous avez dit, M. De Coster, tout
à l'heure, que vous aviez prévu 725 employés pour
l'année 1978. Avez-vous fait des projections pour les années
à venir?
Mme Payette: Nous croyons que ce chiffre devra nous assurer un
rythme de croisière normal. Il pourra y avoir augmentation dans une
certaine mesure, qu'il est assez difficile d'évaluer, selon
l'augmentation du nombre d'accidents. Etant donné que l'opération
est basée sur un système d'informatique très
poussé, il ne peut pas y avoir de relation directe ou de rapport direct
entre l'augmentation du nombre des accidents et l'augmentation du
personnel.
M. Roy: Les $21 millions, c'est ce que vous avez prévu
quand même en frais d'administration pour l'année 1978?
Mme Payette: C'est pour l'année 1978.
M. Roy: Lorsqu'on nous a donné les chiffres ce matin, il y
a quand même une chose qui a été dite à la
commission parlementaire et sur laquelle je suis entièrement d'accord
parce que c'est tout à fait normal, c'est que pendant la première
année, la régie n'aura pas autant de travail à faire que
pendant la deuxième année, parce qu'effectivement, il y a des
dossiers d'accidents qui vont arriver à la fin de l'année, et
qu'un certain nombre d'accidents ne seront pas traités durant
l'année de l'accident survenu au cours de 1978.
Mme Payette: Je suis d'accord en ce qui a trait à
l'indemnisation. D'abord, si on prend la cotisation, c'est exactement le
même volume, puisque cette année il y a 3,7 millions de
véhicules, et l'année prochaine, il y en aura peut-être 3,9
millions, je ne sais pas, mais le nombre de véhicules est là
cette année. Du côté de la cotisation, il ne devrait pas y
avoir d'augmentation. En ce qui a trait à l'indemnisation, il y a
plusieurs services tout de même qui exigent maintenant un
complément normal. Je pense, par exemple, à l'information. Je ne
pense pas qu'on multiplie à l'avenir le personnel en fonction de
l'augmentation du volume. Je pense qu'en ce qui a trait à la
communication avec le public, le personnel demeure à peu près le
même. Dans le domaine de la recherche, statistique, etc., ce sera
à peu près le même personnel. Dans le domaine de
l'administration, ce sera aussi à peu près le même
personnel. En ce qui a trait à l'indemnisation, c'est là
peut-être où le volume peut faire fluctuer le nombre de personnes
et les coûts de la régie. Il reste tout de même que nous
devons présentement assurer un service complet. Il y a onze bureaux
régionaux de la Commission des accidents du travail qui doivent
fonctionner à l'heure actuelle. L'opération centrale, en ce qui a
trait au traitement des données, est déjà mise en place.
Il va falloir la roder, il faudrait roder le système, il va falloir
continuer à former le personnel. Je ne vois réellement pas qu'il
puisse y avoir des sauts, du côté de l'indemnisation, bien
dramatiques.
M. Paquette: M. le Président, si le député
de Beauce-Sud me le permet, c'est exactement dans la même direction.
M. Roy: D'accord.
M. Paquette: Concernant l'augmentation possible de personnel,
j'imagine qu'il serait normal pendant quelques années qu'il y ait une
augmentation progressive à mesure qu'il y a de plus en plus de victimes
indemnisées en même temps. Après un certain nombre
d'années, cela devrait se stabiliser à mesure qu'il y a des
indemnisés qui sortent des listes de paie de la régie, j'imagine,
si je peux m'exprimer ainsi.
Mme Payette: Oui, je pense que...
M. Paquette: Avez-vous évalué après
combien
d'années le nombre d'indemnisés risque d'être
stable, en supposant un taux d'accidents fixe? Une vingtaine d'années,
peut-être? Quarante ans?
Mme Payette: On dit quarante ans.
M. Paquette: Si c'est quarante ans, on ne se trompe pas.
Mme Payette: II faut faire attention aussi, c'est que... ... ce
serait étonnant.
Une Voix: Le régime va être tellement bon qu'il va
être encore là.
Mme Payette:... il va être encore là.
Il faut faire attention, c'est que le gros de l'ouvrage est dans le
traitement de la réclamation. C'est là où se trouve le
gros de l'ouvrage en somme. Il y aura un nombre assez constant on
espère même que cela va diminuer d'accidents, et
conséquemment, des cas qu'on devra traiter. Le paiement se fait par
ordinateur. L'ordinateur peut en prendre beaucoup. C'est évident qu'en
matière de réadaptation, plus il y en aura, plus on travaillera
en matière de réadaptation. En ce qui a trait au paiement
lui-même, c'est tout simplement une question d'informatique. La machine
en prend autant qu'on peut lui en donner.
M. Roy: J'aimerais revenir sur la question des frais
d'administration. Vous avez retenu le chiffre de la Régie des rentes du
Québec, 6%, comme base de calcul.
Mme Payette: Je regrette, nous n'avons retenu aucun chiffre autre
que les chiffres absolus qui ont été projetés par les
organismes et la régie. Nous ne nous sommes fiés d'aucune
façon sur un pourcentage quelconque, que ce soit le pourcentage de la
Régie des rentes ou le pourcentage de la Régie de l'assurance
automobile ou ceux qui ont déjà été cités
par le ministre ou d'autres autorités politiques.
Nous avons estimé le coût du régime en chiffres
absolus, et cela s'est adonné par un hasard que c'est 6%, mais c'est un
hasard.
M. Roy: Mais vous admettrez quand même... En tout cas, ce
n'est pas vous qui l'avez dit, mais cela nous a été dit ici que
la Régie de l'assurance automobile était capable de s'administrer
au même tarif que la Régie des rentes du Québec. Cela a
été dit maintes et maintes fois.
Mme Payette: M. le Président, non. Ce qui a
été dit, c'est qu'on pouvait déjà avoir un indice
que c'était possible, puisque la Régie des rentes coûte 3%
ou 3,3% et que la Commission des accidents du travail coûte 8% ou un peu
plus que 8% avec 280 000 réclamations par année. Alors, ça
nous donnait une idée, mais, à partir des chiffres, là, on
a une réponse définitive.
M. Roy: Oui, vous avez parlé évidemment des
chiffres de la Commission des accidents du travail. Mais quand vous parlez de
8% à la Commission des accidents du travail, si je prends les chiffres
et que je fais le pourcentage de la CAT par rapport aux primes perçues,
c'est près de 11%. C'est un peu plus de 10%. C'est plus près de
11% que de 10%, parce que, dans le chiffre de 8%...
Mme Payette: C'est un rapport qui est public.
M. Roy: C'est un rapport qui est public, mais j'aimerais dire que
la Commission des accidents du travail a des revenus de placement qui sont
assez élevés, parce qu'il y a des placements à long terme
qui rapportent depuis fort longtemps. Mais si vous faites le calcul... Parce
qu'il faut quand même partir des mêmes bases de calcul, si on veut
faire des comparaisons. Parce qu'ici, c'est 6% de $345 millions, le chiffre est
calculé comme ça. Alors, si je prends le chiffre car, $345
millions, c'est le coût du régime global si je prends,
dis-je, le pourcentage d'intérêt qui est perçu par la
Commission des accidents du travail par rapport aux indemnités qu'elle
perçoit, ça change le pourcentage et ça met le pourcentage
plus élevé. Quand on examine le coût de l'administration du
régime d'assurance automobile à peu près au même
coût. Mais je trouve c'est mon opinion personnelle et elle est
partagée par plusieurs que ça s'apparente beaucoup plus,
au niveau de l'administration, à la Commission des accidents du travail
qu'à la Régie des rentes du Québec, parce que la
Régie des rentes du Québec accepte un dossier
d'indemnité...
Mme Payette: J'espère, M. le Président...
M. Roy: ... en cas d'invalidité totale. Il n'y a pas
d'invalidité partielle. Il n'y a pas de dossiers temporaires. C'est de
l'invalidité totale ou il y a des rentes d'orphelins, des rentes de
veuves et des rentes de décès. Ce sont des rentes permanentes,
tandis qu'ici, c'est un...
Mme Payette: J'espère, M. le Président, que le
député de Beauce-Sud reconnaîtra que c'est, en tout cas,
nettement mieux comme performance que l'entreprise privée dans le
même secteur.
M. Roy: Vous avez tellement... Je ne dirai pas "vous", je
m'excuse, M. le Président, mais on ne peut pas faire la comparaison
entre l'administration gouvernementale et l'administration de l'entreprise
privée pour la bonne raison que les chiffres ne sont pas calculés
de la même façon et je ne veux pas reprendre les propos que j'ai
tenus ce matin pour ne pas faire un marathon, comme il s'est dit à
l'Assemblée nationale cet après-midi. Je ne m'embarquerai pas de
nouveau là-dessus, mais quand on regarde, à un moment
donné, et qu'on veut faire une comparaison entre le coût du
régime et le coût de l'assurance privée, je pense qu'on
s'écarte passablement...
Au niveau des coûts de l'administration, dans les $21 millions...
Si vous voulez un débat là-dessus, on va en faire un.
M. Vaillancourt (Jonquière): II vous reste 40 minutes pour
poser des questions. Profitez-en!
M. Lalonde: Un instant! M. Roy: On n'est pas pressé. M.
Lalonde: Est-ce que c'est la... M. Roy: A part de ça,
écoutez!
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, c'étaient les
règles du jeu de ce matin, tout simplement.
M. Lalonde: Ce sont vos règles...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre!
M. Lalonde: ... nous autres, on n'a jamais accepté
ça.
Le Président (M. Bertrand): Du calme, messieurs! Tout va
tellement bien.
M. Roy: Est-ce qu'il y a des montants dans l'administration de
prévus, par exemple, pour des frais de service au niveau des agents de
la réclamation, au niveau des courtiers, par exemple, des services des
courtiers, puisqu'on a dit qu'on examinait la possibilité d'un
rôle que pourraient jouer les courtiers, par exemple, pour remplir les
formules pour les victimes d'accidents? Est-ce qu'il y a des montants de
prévus dans ces $21 millions?
Mme Payette: Non, il n'y a pas de montant de prévu dans
les $21 millions.
M. Roy: Cela veut dire que s'il y avait une entente, il faudrait
que les montants soient plus élevés.
Mme Payette: Ce seraient des montants additionnels.
M. Roy: Est-ce que Mme le ministre pourrait nous dire ce qui est
prévu de ce côté-là? Est-ce qu'on compte
effectivement faire jouer un rôle aux courtiers au niveau des
réclamations?
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'on comprendra
que je ne réponde pas à cette question dans la mesure où
le président de la régie négocie présentement avec
la Fédération des courtiers.
M. Roy: Oui...
M. Lalonde: M. le Président...
M. Giasson: Est-ce que la négociation fonctionne toujours
ou si elle est au point mort?
Mme Payette: La négociation fonctionne toujours, à
ma connaissance. Elle n'a jamais été au point mort, sauf dans
l'esprit de certains courtiers.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Fontaine: Est-ce que vous allez les traîner
jusqu'à ce que la loi soit adoptée?
Mme Payette: M. le Président, une négociation,
c'est une négociation; elle suit son cours.
M. Lalonde: M. le Président, sans entrer dans les
détails de la négociation, je comprends que c'est une
négociation, donc, on ne peut pas négocier ici.
Est-ce que le ministre pourrait nous décrire les services que le
gouvernement entend confier aux courtiers et les besoins s'il en est, et
il doit y en avoir puisqu'il semble rechercher le service des courtiers, d'une
certaine façon, en négociant; je présume que c'est de
bonne foi qu'il veut remplir de cette façon ou voir remplir par
les courtiers?
Mme Payette: M. le Président, je ne recherche pas le
service des courtiers, sauf que les courtiers ont fait valoir, en commission
parlementaire et je pense que le député de Jacques-Cartier
s'en souviendra qu'ils pouvaient peut-être servir
d'intermédiaires pour donner un côté plus humain au
rôle de la régie auprès des blessés, dans certaines
régions où, dans certains cas, un blessé peut se retrouver
à l'hôpital et incapable de se mettre en relation avec la
Commission des accidents du travail. Nous avons accepté de voir si
c'était possible que les courtiers remplissent ce rôle et nous
avions demandé aux courtiers de chiffrer leurs services à ce
moment précis de leur intervention. Pour le reste des réponses,
le mandat a été clair et précis au président de la
régie, M. De Coster; il n'y avait pas autre chose à
négocier, ni la perception des primes, ni la vente des plaques
d'immatriculation, ni autre chose que ce rôle d'intermédiaire sur
le plan humain entre la régie et les blessés dans des accidents
d'automobiles. C'est ce que nous négocions présentement avec les
courtiers.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, mais je pense que
j'avais la parole tantôt...
M. Lalonde: Je pensais que vous l'aviez laissée, je
m'excuse.
Je n'ai pas parlé souvent, mais si le député de
Beauce-Sud veut continuer, j'aurais simplement une dernière question
là-dessus.
Est-ce que le ministre compte quand même conclure ces
négociations avant l'adoption de la loi parce que je suppose que, en
assumant que les négociations soient conclues de façon favorable
aux courtiers, on devrait prévoir des dispositions, dans la loi,
concernant le rôle qu'on veut faire jouer aux courtiers?
Mme Payette: M. le Président, si vous le permettez, je
pense que je vais demander à M. De Coster de nous faire savoir, de la
façon qui lui paraît adéquate, dans les circonstances, en
présence des représentants des courtiers, où en sont les
négociations.
J'ai personnellement rencontré les officiers de la
Fédération des courtiers et son représentant, comme j'ai
d'ailleurs rencontré les représentants de l'Association des
courtiers, puisqu'il y a deux organismes qui regroupent des courtiers, comme
j'ai aussi rencontré l'Association des agents de réclamations,
c'est-à-dire les experts en sinistres, qui, eux aussi, sont directement
impliqués dans le règlement des réclamations et qui, comme
les autres, subissent des réductions de revenus par le fait de
l'introduction de la loi.
La Fédération des courtiers, puisque je pense qu'il s'agit
surtout de la Fédération des courtiers c'est, au moins, la
proposition de la Fédération des courtiers qui a surtout fait la
manchette nous a fait une proposition. Généralement, la
proposition se présentait comme ceci: D'abord, on demandait une
participation des courtiers aux huit transactions, généralement,
qui sont reliées à l'immatriculation et qui sont reliées
à la perception des contributions de l'assurance automobile.
C'était la première chose qu'on nous demandait.
Deuxièmement, on a demandé une participation du courtier
au contrôle de l'assurance obligatoire pour les dommages corporels. A ce
titre, ce qu'on demandait, c'est que la loi exige que le feuillet rose,
l'attestation d'assurance, c'est-à-dire l'attestation qui provient de la
compagnie d'assurances soit livrée, par le fait de la loi, par le
courtier. On demandait aussi pour le courtier qu'il soit
rémunéré pour l'information générale qu'il
serait appelé à donner au public en général.
Finalement, on demandait, pour le courtier, la possibilité de
participer à la procédure des réclamations,
c'est-à-dire d'apporter une assistance technique aux
sinistrés.
Pour cela, on demandait que le courtier ait le droit d'imposer une
capitation à tous les assurés. Cette première capitation
avait été établie à $6. Quand on définit
assuré, on se demande ce que veut dire assuré et on peut
émettre certaines hypothèses. La première hypothèse
c'est qu'il y a 3 700 000 véhicules. On peut dire, peut-être qu'il
y a 3 700 000 assurés, à $6, cela voudrait dire à peu
près $22 millions. $6 sur 3 700 000 véhicules, cela voulait dire
$22 millions, ce qui signifie, en somme, doubler le coût d'administration
du régime. Ou bien on dit: II y a trois millions de véhicules
parce qu'il y a trois millions de conducteurs, cela faisait $18 millions; ou
bien on dit: II y a 2 500 000 assurésje ne sais pas, la
définition d'assuré n'avait pas été établie
ce qui voulait dire un coût additionnel au régime de $15
millions pour les services que le courtier entendait rendre. Cette capitation,
après discussion non pas négociation, parce que
négocier sur cette base-là était assez difficile a
été réduite à $4. Avec $4, on joue encore avec un
minimum d'à peu près $10 millions et un maximum de $12 ou $15
millions.
On disait aussi que, pour avoir ce droit d'imposer la capitation, il
fallait qu'il y ait entente entre le gouvernement et la
Fédération des courtiers. On parlait de la
Fédération des courtiers, on ne parlait pas de l'Association des
courtiers ou on ne parlait pas des agents de réclamation. On disait
qu'il fallait qu'il y ait entente avec le gouvernement parce qu'on pensait bien
que le courtier ne pourrait pas percevoir cette capitation directe sans qu'il y
ait, en somme, une certaine coercition d'apportée par le biais d'une
entente avec le gouvernement. Pour signer une entente avec le gouvernement, on
demandait que, dans la loi, on reconnaisse un cadre juridique à la
Fédération des courtiers, dans la loi 67, Loi sur l'assurance
automobile.
Alors, cela a été la proposition que nous ont faite les
courtiers. C'était une proposition qui, au moins pour la régie,
n'était pas recevable dans son ensemble. Il y avait des choses qu'on
nous demandait, qu'on n'était certainement pas capable, même si on
l'avait voulu, de leur accorder, comme le cadre juridique et l'entente avec le
gouvernement.
Et la position de la régie a été que
peut-être il serait souhaitable qu'une assistance technique soit
donnée aux sinistrés, à la victime d'un accident
d'automobile, au moment de sa réclamation. Parce que le souci de la
régie est fonction de la victime et non pas fonction d'aider des
intermédiaires. La préoccupation particulière de la
régie est envers la victime. Je ne dis pas qu'on n'est pas sympathique
à la position des courtiers, nous le sommes; nous ne disons pas non plus
que les courtiers se désintéressent des victimes, mais je pense
tout de même que les courtiers voient, et à juste titre, je pense
bien, à leur intérêt personnel. Alors, étant
donné que la préoccupation de la régie était
fonction des victimes, nous avons dit que peut-être il serait souhaitable
qu'une assistance technique soit fournie par les courtiers à la demande
de la victime. Etant donné que le courtier est connu de la victime, je
pense qu'il serait normal que la victime se tourne vers lui pour dire: J'ai eu
un accident d'automobile et je vais avoir des formules à remplir et ce
sont peut-être des formules assez difficiles à remplir et le
courtier, à ce moment-là, pourra fournir une assistance
technique. Mais cette assistance technique-là pourra aussi bien
être fournie par les agents de réclamation aussi, parce qu'ils
l'ont déjà et c'étaient eux qui étaient experts en
sinistres, qui réglaient les sinistres précédemment, et
peut-être aussi que cela pourrait se faire. Peut-être que les
avocats réclameront aussi de pouvoir faire cette même chose,
puisqu'ils l'ont fait dans le passé.
Mais nous négocions, à l'heure actuelle, avec la
fédération, comme nous négocions avec l'Association des
agents de réclamation. La position de la régie est que si une
assistance technique peut être fournie par les courtiers, ou par les
agents de réclamation, la régie est même, à ce
moment-là, prête à reconnaître, surtout dans les
premières années, que cette assistance technique puisse
être rendue nécessaire par un système nouveau,
peut-être par une certaine complexité ou peut-être par une
certaine confusion et la régie est même prête
à reconnaître ce fait en assumant les frais qui pourraient
être reconnus comme des frais raisonnables à l'acte,
c'est-à-dire pour chacune des réclamations. C'est sur cette
base-là que nous négocions à l'heure actuelle. Nous avons
demandé à la Fédération des courtiers et aux agents
de réclamations: Dites-nous donc si ce mécanisme-là vous
paraît logique.
Si oui, quel serait le montant raisonnable, croyez-vous, qui pourrait
être reconnu comme étant une compensation normale d'un
professionnel vis-à-vis de son client?
M. Roy: Merci. Il y a deux questions qui se posent
immédiatement. Il y en a une, entre autres, puisque vous avez
mentionné que la Fédération des courtiers n'avait pas de
cadre juridique et que ça fait longtemps qu'elle en demande. Est-ce que
vous êtes en mesure de nous dire aujourd'hui si la
Fédération des courtiers d'assurances pourra avoir le cadre
juridique qu'elle réclame depuis longtemps?
Mme Payette: J'ai parlé de cadre juridique, M. le
député, je n'ai pas dit que la fédération n'avait
pas de cadre juridique. J'ai dit que la fédération
demandait...
M. Roy: Un cadre juridique.
Mme Payette: ... que soit reconnu dans la loi 67 un cadre
juridique qui lui permettrait de convenir d'une entente ou de signer une
entente avec le gouvernement du Québec à cette fin
spécifique.
M. Roy: C'est ça. Je m'excuse, j'ai peut-être mal
posé ma question mais elle était dans ce sens. Ma question
s'adressait au ministre.
Mme Payette: Pour l'instant, M. le Président, il ne nous
apparaît pas nécessaire d'inclure ce cadre juridique dans le
projet de loi 67. Il me semble qu'à la fin de ces négociations
l'entente qui pourrait intervenir servirait de cadre juridique.
M. Roy: Mme le ministre vient de nous dire qu'elle ne recherchait
pas les services des courtiers elle nous a dit ça tout à
l'heure en ce qui la concernait. J'aimerais savoir si M. De Coster a
effectivement reçu le mandat il n'appartient pas à M. De
Coster de répondre à ce moment-ci de négocier des
montants forfaitaires avec les courtiers qui peuvent affecter ce montant de $21
millions, tel qu'il est mentionné à la page 20 du document
concernant le coût du régime.
Mme Payette: Je pense que M. De Coster a en effet un mandat clair
à ce sujet, qu'il sait à l'intérieur de quelle somme
peuvent se situer les négociations. Je pense qu'il a déjà
d'ailleurs mentionné qu'il y avait des sommes absolument hors de propos
en ce qui concerne cette possibilité. Nous avions demandé aux
courtiers, dans un premier temps, il y a déjà longtemps, de
chiffrer eux-mêmes le service rendu, ce qui aurait été
utile, je pense, puisqu'il s'agit là d'un acte nouveau, ce qui aurait
peut-être donné une base de négociation.
Dans la mesure où, à ma connaissance, cela n'a pas
été fait, les négociations continuent entre le
président de la régie et la Fédération des
courtiers.
M. Roy: Est-ce qu'on est en mesure de nous dire aujourd'hui
si...
Mme Payette: Maintenant, M. le Président, je désire
insister sur le fait qu'il y a 4500 courtiers au Québec réunis en
deux associations, l'Association des courtiers et la Fédération
des courtiers. Il ne faudrait pas oublier l'Association des courtiers qui a
aussi des experts en sinistres qui représentent 800 membres au
Québec.
M. Giasson: Est-ce que Mme le ministre me permet une indication
sur l'affirmation qu'elle vient de faire? Il n'y a pas deux associations qui
représentent les intérêts professionnels propres du
courtier.
Mme Payette: C'est exact.
M. Giasson: II y a la fédération, mais savez-vous
que tous les courtiers membres de la fédération... L'immense
majorité est également membre de l'association?
Fédération et association regroupent exactement les mêmes
personnes, si je devais citer un chiffre, peut-être dans une proportion
de 98%.
Mme Payette: Les chiffres qu'on nous a demandés, si vous
me le permettez Mme le ministre, sont les suivants: II y avait environ 4500
courtiers. L'Association des courtiers regroupait pratiquement ces 4500
courtiers: la Fédération des courtiers regroupait plutôt
des bureaux de courtage. Tout cela se situait plutôt dans l'ordre de 2500
ou quelque chose comme ça.
M. Giasson: Mais ce sont les mêmes personnes que vous
retrouvez dans la fédération et qui sont membres de
l'association.
Mme Payette: C'est qu'elles ne sont pas toutes
représentées par la fédération.
M. Roy: Est-ce que la situation que vous venez de décrire
constitue un obstacle à la négociation?
Mme Payette: Pas véritablement. Ce qui nous oblige
cependant à une attention particulière, c'est l'Association des
experts en sinistres qui est, j'oserais dire, à mon avis et à la
suite de l'expérience que j'ai vécue dans ce dossier, qui me
paraît presque mieux préparée que les courtiers à
remplir le rôle qu'on est en train de tenter de décrire. Les
experts en sinistres sont déjà rodés à ce genre de
rôle d'intermédiaire. Il ne semble pas impossible que les
courtiers puissent s'ajuster, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il y a
également 800 experts en sinistres.
M. Roy: Quelles sont les intentions du gouvernement, en
définitive? Est-ce qu'on a réellement l'intention, au niveau du
gouvernement j'aimerais bien avoir des choses très claires
de retenir les services de ces gens, dans le but d'humaniser le système
et de permettre à la population du Québec, aux citoyens victimes
d'accidents d'automobile, d'avoir recours à quelqu'un qui s'y
connaît?
M. le Président, j'aimerais dire à Mme le ministre que
dans le cas des accidents de travail, habituellement, ce sont les employeurs
qui remplissent les formules et ce sont les personnes qui travaillent dans les
bureaux des employeurs, qui remplissent les formules pour leurs
employés. Lorsque les employés sont pris, comme tels, avec des
formules très compliquées, dans lesquelles on pose
énormément de questions, où il y a beaucoup de chiffres
à fournir, c'est extrêmement délicat et c'est
extrêmement difficile.
Dans le cas présent, si on ne veut pas faire en sorte que les
bureaux des députés deviennent des bureaux de
réclamations, des bureaux qui pourront permettre d'offrir aux gens des
renseignements et des explications à savoir comment remplir leurs
formules, je pense qu'il est temps qu'on y pense. Je parle surtout pour le
côté ministériel, parce que lorsque les gens sont au
pouvoir, on va peut-être un peu plus les voir que lorsqu'ils sont dans
l'Opposition, malgré que dans l'Opposition, quelquefois, on fait du
bureau pour plusieurs comtés.
Mme Payette: M. le Président, j'espère que le
député de Beauce-Sud ne veut pas qu'on négocie pour les
députés un tarif à l'acte?
M. Roy: Non. Je le dis de façon très
sérieuse. Je ne le veux surtout pas et d'ailleurs, je le refuserais.
Mme Payette: Pour être sérieuse, M. le
Président, je pense que la volonté du gouvernement est de donner
le meilleur service possible aux blessés dans un accident d'automobile,
au meilleur coût possible. Ce qui paraissait exorbitant, dans la
première demande des courtiers, c'était qu'on fasse payer 3 700
000 personnes, alors que 60 000 personnes auront besoin du service rendu.
A partir du moment où on s'entend sur le fait que les courtiers
interviennent comme intermédiaires, après accident, pour remplir
des formulaires, je pense que les négociations peuvent suivre leur cours
et j'ai bon espoir qu'avec la bonne volonté que les courtiers ont
manifestée jusqu'à maintenant, on en arrive à un
coût qui soit acceptable pour la population du Québec.
M. Roy: Quand Mme le ministre parle d'un coût acceptable,
est-ce que cela veut dire, dans son esprit, que c'est un coût que la
population devra défrayer en plus si le coût sera
défrayé par la régie? Toute la différence est
là.
Mme Payette: M. le Président, il n'y a pas de
différence, puisque le budget de la régie est payé par la
population du Québec. Que la régie le dépense à un
endroit ou à l'autre, c'est la population qui va payer pour le
régime qu'on propose. Notre grande préoccupation, c'est que cela
ne soit pas à un coût exorbitant.
Le service rendu par la régie est payé par la population
du Québec. Ce qui nous importe, c'est que cela ne rajoute pas au
coût, pour un service qui n'est pas absolument nécessaire. Ce
service, pour l'instant, est estimé utile après un accident.
C'est ce qu'on tente de quantifier, quant aux montants qui doivent être
alloués.
M. Roy: Si j'ai bien compris... Premièrement, j'aimerais
bien préciser une chose...
Mme Payette: Que ce soit la régie qui paye ou que ce soit
le blessé, la situation est la même puisque c'est la population
qui paye le régime.
M. Roy: Non, il y a une différence, parce que le
coût est réparti sur un plus grand nombre. Il y a une grande
différence.
Mme Payette: Mais nous pensons qu'il y a une injustice, pour
notre part, à faire payer le service du courtier par 3 millions
d'assurés, alors que 60 000 blessés risquent d'en avoir
besoin.
M. Roy: Quand on s'assure, c'est en cas de malchance, Mme le
ministre.
Mme Payette: Cela n'a pas été
démontré, jusqu'à maintenant, par le système qu'on
connaît.
M. Roy: Quand on s'assure, c'est pour faire face, à un
moment donné, à des éventualités. Il y a une chose
que je ne peux pas laisser tomber. On dit qu'on fait payer le régime
actuel pas le régime proposé, mais le régime actuel
par les 3 700 000 automobilistes. Il n'a pas été
démontré, au contraire, qu'il y avait une baisse dans le
coût total du régime d'assurance automobile, pour les
automobilistes, premièrement.
Deuxièmement, si j'ai bien compris et je pense être
en mesure de lire un peu entre les lignes, ce que la régie
négocie actuellement avec les courtiers, c'est un tarif, le moins cher
possible, mais un tarif qui devra être payé par la victime, au
moment où elle fera remplir ses formules.
Mme Payette: Non, M. le Président, pas
nécessairement.
M. Roy: Comment expliquez-vous alors ce que vous venez de me
dire, que vous ne voudriez pas que tout cela soit payé par
l'ensemble?
Mme Payette: Je pense que ce que j'ai voulu dire, M. le
Président, c'est que nous voulons éviter qu'il y ait une
dépense de $18 ou $22 millions, facturée à la
régie, et que nous tentons de limiter ce coût aux services rendus
effectivement.
M. Roy: Ce n'est pas tellement clair. Mme Payette: Voyons
donc!
M. Roy: Non, cela n'a pas été clair depuis le
début et ce n'est pas plus clair encore aujourd'hui. Si je comprends
bien...
Mme Payette: Est-ce que cela serait plus clair...
M. Roy:... ce qui a été dit, on négocie un
taux actuellement, le plus bas possible.
Mais ce taux devra être défrayé
séparément, individuellement, par les personnes qui
désireront faire remplir cette formule pour éviter que ceux qui
ne sont pas victimes d'accidents d'automobiles n'aient pas à payer, ne
soient pas pris sur l'ensemble.
Mme Payette: Non, ce n'est pas de cela qu'il s'agit et ce n'est
pas le coût le plus bas possible, c'est le coût le plus juste
possible.
M. Roy: Le plus juste possible, d'accord, je vous le donne ce
bout-là.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est important.
M. Roy: Je vous le donne. Le coût le plus juste possible
est payé par la victime et non pas par la régie.
Mme Payette: Pas nécessairement.
M. Roy: Quand le gouvernement et la régie entendent-ils
pouvoir terminer ces négociations? Actuellement il faut dire les
choses telles qu'elles sont on fait attendre tout le monde et on dit: Ne
déclarez pas la guerre. Tenez-vous tranquilles. On est en train de
négocier. On va en discuter. Durant ce temps, on avance avec le projet
de loi et la motion de guillotine va être discutée jeudi à
l'Assemblée nationale. Tantôt, la loi sera adoptée.
Après, on va dire: Le cadre juridique ce qu'on nous a
répondu depuis fort longtemps ce n'est pas possible. On mettra
cela dans l'entente. Tout à coup, s'il n'y a pas entente, il n'y aura
pas de cadre juridique et on aura tout simplement fait attendre ces gens et on
aura borné la population.
Je voudrais éviter l'odieux d'une pareille tentative ou d'une
tentation. Je ne dirai pas d'une tentative, je dirai d'une pareille tentation
toujours possible pour le gouvernement.
Mme Payette: M. le député de Beaude-Sud devrait
savoir que je ne succombe pas facilement aux tentations. Je pense que ces
négociations se font de bonne foi. J'ai entièrement confiance en
M. De Coster pour les mener à terme.
M. Roy: Mme le ministre nous a dit qu'elle ne succombait pas aux
tentations, mais elle nous a dit qu'actuellement, elle ne recherchait pas les
services des courtiers. Je l'ai bien noté, elle l'a dit tout à
l'heure, c'est dans le journal des Débats.
Mme Payette: C'est à la suite de votre déclaration,
M. le député de Beauce-Sud et il ne faut pas me faire dire ce que
je n'ai pas dit. C'est vous qui avez utilisé ce terme et je vous ai dit
que je ne courais pas après les courtiers, depuis le début de la
discussion de ce dossier, sauf qu'en commission parlementaire ils ont
effectivement fait valoir qu'ils pouvaient jouer un rôle à un
moment précis, après un accident. A ce moment-là, nous
nous sommes interrogés à savoir s'ils n'avaient pas raison.
On est prêt à reconnaître qu'effectivement il se
pourrait bien que, dans bien des cas, ils puissent être utiles. Il reste
encore qu'on puisse se payer leurs services.
M. Roy: C'est au conditionnel et au futur et c'est toujours au
conditionnel et au futur.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Cela va, M. le
député de Beauce-Sud?
M. Roy: Sur cette question des courtiers, si d'autres de mes
collègues ont d'autres questions, je n'y ai pas d'objection.
M. Saint-Germain: Oui, j'en aurais des questions à
poser.
M. Roy: J'aimerais revenir, par exemple, concernant l'entente
qu'il y a avec la Commission des accidents du travail...
Le Président (M. Bertrand): Un instant! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, M. le député de
Montmagny-L' Islet.
M. Giasson: M. le Président, je veux être bien
sûr d'avoir bien entendu le ministre il y a un moment lorsqu'il a
déclaré qu'il n'est aucunement question, dans le présent
ou dans le futur, d'impliquer le courtier d'assurances dans le secteur de la
perception du financement de la régie comme dans celui de
l'émission des plaques d'immatriculation.
Mme Payette: C'est exact et cela a été dit depuis
le mois d'avril, si bien que ce n'est pas nouveau dans le dossier.
M. Giasson: Rien ne pourra changer cela dans le futur, rien de
rien?
Mme Payette: A ma connaissance, présentement, non.
M. Giasson: A votre connaissance, présentement, mais ce
n'est pas impossible, malgré tout, au-delà de votre connaissance
présente?
Mme Payette: Vous savez parfaitement, M. le député,
que rien n'est impossible dans le monde qu'on connaît. Je vous dis,
à ma connaissance, au moment où on se parle, la réponse,
c'est non.
M. Giasson: Parfait. Dans les autres demandes formulées
par la fédération, M. De Coster a énu-
méré différents champs d'activités dans
lesquels un courtier serait prêt à fonctionner à
l'intérieur du service. Il y a un point sur lequel je voudrais avoir des
précisions. Est-ce que, dans ce qui fait l'objet des négociations
présentement, le point qui touche l'émission de la garantie
d'assurance ou de l'attestation de l'assurance est un point sur lequel les
courtiers peuvent toujours espérer jouer un rôle?
Mme Payette: La loi présentement impose à
l'assureur de faire parvenir à l'assuré une attestation
d'assurance. Ce que la Fédération des courtiers a demandé,
c'est que les courtiers soient associés au contrôle de
l'assurance, c'est-à-dire que les courtiers deviennent les
intermédiaires reconnus par la loi entre l'assureur et l'assuré
pour la transmission du feuillet rose ou de l'attestation d'assurance et que le
contrôle de l'assurance soit fait par l'attestation d'assurance et non
pas par une déclaration d'assurance telle qu'elle est faite
présentement.
Ce que les courtiers nous ont demandé aussi, c'est que, dans le
cas où il y aurait annulation d'une police d'assurance, ils puissent,
eux, communiquer avec la Sûreté du Québec pour envoyer
chercher la plaque d'une automobile qui circule. Le courtier voulait être
impliqué non seulement dans l'attestation d'assurance, mais surtout dans
le contrôle de l'assurance et dans un contrôle qui irait, comme je
vous l'ai dit, jusqu'à aviser la police provinciale ou ordonner à
la police provinciale d'aller enlever des plaques d'une voiture dont le
propriétaire venait d'annuler la police d'assurance. Dans cette optique,
d'abord, la loi n'exige pas une attestation d'assurance pour les fins de
contrôle. La loi exige présentement, par le choix du gouvernement,
une déclaration d'assurance. Le reste, évidemment, nous
apparaissait peu souhaitable.
M. Giasson: Dans l'hypothèse, que je crois vraie, en vertu
de laquelle le gouvernement recherche le meilleur fonctionnement possible du
principe de l'assurance obligatoire, même pour la responsabilité
touchant les dommages matériels, il ne vous apparaît pas, pour un
fonctionnement encore plus efficace, qu'il faudrait associer le courtier dans
le contrôle de l'attestation à être remise à
l'automobiliste, comme parfois aux fins d'éviter des délais qui
seraient beaucoup plus longs, comme parfois les associer ou le retrait d'une
plaque d'immatriculation lorsqu'un assuré fait défaut de garder
sa police en vigueur au renouvellement de la police ou au cours du terme de la
police.
Mme Payette: Présentement, par choix, comme je vous le
signalais, la loi ne demande qu'une déclaration d'assurance pour les
fins de contrôle de l'assurance obligatoire. Graduellement, il est fort
possible que nous en venions à resserrer cette procédure si elle
ne nous apparaît pas adéquate. Il nous semble tout de même
assez invraisemblable qu'un courtier puisse exercer le pouvoir qui est
présentement dévolu aux directeurs des bureaux des
véhicules automobiles et que le courtier puisse, sur la foi d'une
annulation de sa police, donner ordre à la police de la route d'aller
enlever les plaques, parce que l'assuré peut annuler son assurance chez
un courtier et aller prendre une assurance chez un autre.
M. le Président, il y a peut-être une chose qu'on semble
aussi mettre de côté, c'est que ce ne sont pas tous les
assurés qui transigent présentement avec les courtiers. Il y a,
effectivement, des assurés qui continuent et qui souhaitent continuer
à trouver leur assurance au comptoir. Dans la mesure où on
accepterait de négocier ce qui est proposé maintenant, ce serait
reconnaître qu'on ne peut pas être assuré au Québec
sans l'intermédiaire du courtier.
M. Giasson: M. le Président...
Mme Payette: Seulement une explication supplémentaire. Il
est prévu, dans le projet de loi 67, que les assureurs doivent faire
connaître, dans un délai qui est cité au projet de loi 67,
les annulations dans les deux sens d'un contrat d'assurance. Nous ne pensons
pas qu'il est nécessaire que le courtier soit, à ce moment, un
intermédiaire entre l'assureur et le Bureau des véhicules
automobiles.
M. Giasson: Sans que le courtier...
Mme Payette: Nous sommes à négocier avec les
assureurs présentement pour une procédure qui serait aussi
resserrée que possible dans ce domaine.
M. Giasson: Sans que le courtier ait ce pouvoir de communiquer
avec la Sûreté du Québec, aux fins de procéder au
retrait des plaques, il m'apparaît quand même
préférable, pour un meilleur contrôle à
l'intérieur de la partie responsabilités-dommages
matériels, que le courtier soit associé dès le
départ; il pourrait communiquer avec l'assureur dans un temps
très rapide pour donner l'indication que tel automobiliste ne
détient plus d'assurance-responsabilité.
Mme Payette: Communiquer avec l'assureur...
M. Giasson: L'assureur, oui, parce qu'un courtier, cela peut
représenter beaucoup d'assureurs, plusieurs assureurs.
Mme Payette: J'imagine qu'il le fait déjà?
M. Giasson: Oui, mais dans un temps plus rapide. Si on veut
vraiment que le principe...
Mme Payette: Si le courtier donne un mauvais service
présentement?
M. Giasson:... de l'assurance obligatoire dans le champ de la
responsabilité pour dommages matériels fonctionne et soit
véritablement efficace, il m'apparaît nécessaire d'avoir
des contrôles ou des capacités d'intervention à la base.
Comme on sait que l'assurance-automobile est transigée à 85% de
son volume par des bureaux de courtage, c'est là
qu'on retrouve le volume. C'est donc là qu'on pourrait intervenir
et mettre des dispositions dans la loi qui permettraient l'efficacité du
contrôle de l'assurance obligatoire.
Mme Payette: Si le député de Montmagny-L'Islet ne
pense pas que ce qui est prévu dans la loi et qui oblige les assureurs
à nous faire connaître, dans un délai qui est
déjà délimité, l'annulation du contrat d'assurance,
est-ce que ce biais n'oblige pas nécessairement les courtiers, de toute
façon, à faire connaître rapidement la situation d'un
client à l'assureur?
M. Giasson: Oui, mais dans le cas d'un automobiliste
assuré qui ferait défaut de payer sa prime, le processus peut
être encore assez long, parce que ce n'est pas le courtier dans le
contexte actuel qui peut procéder à l'annulation du contrat.
Mme Payette: M. le Président, je dois vous dire que nous
avons retourné cette question dans tous les sens. Il est question de la
situation des courtiers depuis le mois d'avril. Nous avons bien
évalué le rôle du courtier, et le seul moment où
nous nous sommes véritablement arrêtés pour nous dire
qu'effectivement le courtier pouvait probablement être utile, c'est comme
intermédiaire après un accident.
M. Giasson: Puisque les négociations ne sont pas rompues,
à la déclaration même du ministre, au moment où on
se parle, que ça continue de fonctionner; il y a négociation, il
y a discussion, il y a des offres de part et d'autre. Quelles sont les offres
précises que la régie met à la disposition de la
Fédération des courtiers au moment où on se parle?
Mme Payette: II a fallu d'abord délimiter le mandat qui
était donné au président de la régie dans ces
négociations. Ce mandat n'était pas de négocier ce qui a
été présenté dans un document qui remonte au 12
novembre, je crois, de la part de la fédération, et qui incluait
toutes les opérations qui viennent d'être mentionnées par
le président de la régie. Le mandat donné au
président de la régie est de négocier avec les courtiers
leur rôle d'intermédiaire après un accident, et le mode de
paiement, le coût de ce service rendu.
M. Giasson: La négociation se limite à ce point
précis.
Mme Payette: C'est exact.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Mme Payette: Je m'excuse. Je pense que j'aimerais faire le point
un peu sur la philosophie de la régie. La proposition qui a
été faite par la fédération débordait
évidemment la compétence de la régie, en ce sens qu'on
demandait, par exemple, de participer à l'émission des plaques,
on demandait un cadre juridique, on demandait une entente avec le gouvernement.
Il reste, tout de même, que la régie a comme souci d'humaniser le
système; et les instructions que j'ai données, les directives que
j'ai données ont toujours été dans le même sens. Il
s'agit d'une clientèle qui est victime d'un accident. Il s'agit de
clients qui sont souvent traumatisés. Il s'agit d'un nouveau
système. Il faut absolument humaniser le système, il faut
l'approcher du client. Il faut essayer de donner une assistance technique,
autant qu'il est humainement possible, à cette personne.
C'est un souci et c'est un devoir pour la régie de le faire. Il
peut y avoir des coûts rattachés à ça. On aurait pu
dire, par exemple: La victime peut, de son propre chef, avoir recours au
courtier qu'elle connaît, lui demander un service professionnel que le
courtier, comme professionnel, pourrait lui rendre et lui demander un
honoraire. Ou bien, on peut reconnaître le fait qu'on souhaiterait que
l'assistance technique soit donnée à toutes les victimes et,
à ce moment-là, qu'on reconnaît qu'il s'agit d'un droit de
la victime d'avoir une assistance de l'extérieur et que la régie,
à ce moment-là, assume les frais de cette assistance
extérieure. Ce sont les propositions que nous avons
étalées devant les courtiers. Nous avons demandé aux
courtiers qu'elle était leur réaction sur ce genre de proposition
et s'ils pouvaient chiffrer l'honoraire qui semblerait juste et raisonnable, ou
de facturer au client ou à la victime, si c'était l'avenue qu'ils
recommandaient, ou de facturer à la régie, si c'était
l'entente qu'on croyait devoir accepter.
Maintenant, si tout cela doit se situer dans un cadre juridique
donné qui prenne la forme d'une entente entre le gouvernement et la
Fédération des courtiers, c'est évident que c'est une
question qui déborde encore la régie qui doit être prise
sur le plan politique. Mais en ce qui a trait à la responsabilité
même de la régie d'humaniser son système, la régie,
à ce moment, transige avec les courtiers, avec les agents de
réclamations de façon à pouvoir s'assurer que le
système soit humanisé, possiblement aux frais de la
régie.
Qu'est-ce que quantifier veut dire? La Fédération des
courtiers nous avait donné des barèmes pour les services qu'elle
espérait rendre. Elle nous disait: Pour l'assistance technique dans la
présentation de la réclamation, cela vaut une capitation de $1
par assuré. Si la capitation est de $1 par assuré et qu'on
convient qu'il y a entre 2 700 000 et 3 millions d'assurés, cela
voudrait dire que le coût à la régie serait de l'ordre de
$2 500 000 ou de $3 millions, répartis entre environ 60 000
réclamations, 4500 courtiers et 800 agents d'indemnisations.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Giasson: Quand vous parlez d'un tarif de $1, c'est pour donner
l'information à l'assuré, à l'automobiliste?
Mme Payette: Non, c'était pour l'assistance technique. La
tarification demandée était originellement de $3 pour le
contrôle de l'assurance, de $2 pour l'information générale
à donner à la population et de $1 pour l'assistance technique
au
client; ce qui n'incluait pas la participation souhaitée à
l'émission des plaques que la fédération acceptait de
faire au même tarif que les caisses populaires. Quand on parlait d'une
capitation de $6, si ma mémoire est bonne, c'était $3 pour le
contrôle de l'assurance, $2 pour l'information générale au
client à tous les clients, tous ceux qui, dans la province de
Québec, sont couverts, cela veut dire tout le monde et $1 pour
l'assistance technique au moment d'un sinistre, au moment d'un accident.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, tout à l'heure le
ministre nous a dit que le seul moment où elle voyait que les courtiers
pouvaient intervenir dans le système était à titre
d'intermédiaires, à la suite d'un accident. D'un autre
côté, elle nous a dit auparavant qu'il lui semblait que les agents
de réclamations étaient mieux préparés que les
courtiers pour intervenir à la suite d'un accident. On sait que le
gouvernement a déjà dit qu'il avait un préjudice favorable
aux travailleurs; est-ce que cela veut dire que le gouvernement a un
préjudice favorable aux agents de réclamations?
M. Vaillancourt (Jonquière): Un préjugé!
M. Fontaine: Excusez-moi; un préjugé.
M. Vaillancourt (Jonquière): La différence est
fondamentale.
Mme Payette: M. le Président, ce n'est pas tout à
fait ce que ça veut dire. Effectivement, moi, personnellement, j'ai un
préjugé favorable envers les experts en sinistres qui me
paraissent mieux préparés à ce rôle. Je vous ai dit
cependant et j'ai ajouté que je pensais que les courtiers pouvaient s'y
préparer. Ils sont suffisamment structurés, comme organisation,
pour pouvoir, en une fin de semaine d'information ou deux, donner à
leurs membres la formation nécessaire pour jouer le rôle qu'on
entend leur faire jouer.
M. Fontaine: Est-ce que les négociations avec les agents
de réclamations sont plus avancées qu'avec les courtiers et
est-ce que leurs demandes portent sur les mêmes points?
Mme Payette: On doit dire qu'on est tous les deux au même
point et cela porte sur les mêmes points. On est tous les deux au
même point, c'est-à-dire que maintenant la
fédération doit réagir à la proposition que nous
avons faite et les agents de réclamation doivent réagir à
la même proposition. Maintenant, qui va rentrer sa proposition le
premier, c'est...
M. Fontaine: Est-ce que vous pouvez nous faire état de la
proposition que vous avez faite aux deux groupes?
Mme Payette: La proposition, c'était une par- ticipation
du courtier ou de l'agent de réclamations dans la procédure de
réclamation au moment d'un accident. C'est-à-dire qu'on demandait
au courtier ou à l'agent de réclamations de fournir à la
victime une assistance technique pour lui permettre de rédiger ou de
remplir les formules requises qui permettent à la régie de faire
une évaluation en fonction des indemnités payantes. C'est la
proposition que nous avons faite.
M. Fontaine: Comment seraient-ils payés pour faire ce
travail?
Mme Payette: Les deux méthodes qu'on a
évoquées étaient ou celle de la relation professionnelle
entre le courtier et son client, que le client appelle son courtier pour lui
dire: J'ai eu un accident, m'aiderais-tu à remplir ma formule et pour
cela, je vais te payer l'honoraire que tu vas me demander, ou bien que tous les
assurés aient droit au même service de recourir à leur
courtier ou à leur agent d'assurance aux frais de la régie.
M. Fontaine: Votre proposition à vous, quelle
était-elle?
Mme Payette: C'était une des deux, au choix. M.
Fontaine: Au choix.
Mme Payette: Au choix des courtiers. On a demandé aux
courtiers et aux agents de réclamations de réagir. Si le courtier
veut adopter réellement l'aspect professionnel de sa profession... Je
pense que c'est la même relation entre un courtier et son client qu'entre
un avocat ou autre professionnel et son client. Si, par ailleurs, on
reconnaît que tous les assurés devraient avoir une assistance
technique, à ce moment-là la régie est même
prête à assumer les coûts à la condition
évidemment qu'on s'entende sur un honoraire à l'acte qui soit
juste et raisonnable.
M. Fontaine: Est-ce que cela se limiterait à remplir la
formule de réclamation ou si cela irait plus loin que cela?
Mme Payette: A partir du moment où la formule est
entrée, elle entre dans le système et elle va passer par le
processus d'évaluation. Alors, là, il n'y a pas d'intervention
extérieure.
M. Fontaine: Non, d'accord.
Mme Payette: II y a une évaluation de donnée sur
les documents qui auront été présentés et si les
documents sont bien présentés par le courtier, c'est
évident que dans le système, cela va passer encore mieux. Le
courtier ne peut pas intervenir à un stade de ce
système-là, c'est bien entendu. Vient la décision du
fonctionnaire de la régie ou d'un comité de fonctionnaires de la
régie, sujette à révision par le conseil d'administration
de la régie à la demande de la victime non satisfaite pour
ensuite passer au troisième processus d'appel qui est celui de la
commission des Affaires sociales.
M. Fontaine: Justement, c'est cela que je voulais vous dire.
Est-ce que le courtier serait habilité à intervenir au niveau de
la révision également?
Mme Payette: Non, nous n'avons pas entrevu la possibilité
de faire intervenir le courtier à ce moment-là. Nous ne voyons
réellement pas l'utilité de la présence du courtier
à ce moment-là.
M. Roy: M. le Président.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aimerais bien, si
vous le voulez bien, dire un mot.
Le Président (M. Bertrand): Je suis une certaine rotation,
M. le député de Jacques-Cartier, pour être en mesure de
donner la parole à tous ceux qui la demandent. Alors, le
député de Beauce-Sud avait demandé à être
reconnu. De sais que vous l'avez demandé. C'est votre tour ensuite.
M. Roy: Ce ne sera pas très long, M. le Président.
On a parlé tout à l'heure c'était le
député de Montmagny-L'Islet du contrôle de
l'assurance. Il m'apparaît qu'il y a une grande faiblesse dans le
régime actuel puisqu'on parle d'assurance obligatoire. Je ne vois pas
comment l'assureur pourra aviser la régie de la suspension d'une police
d'assurance qui n'existe pas. Parce que, si la personne va...
Mme Payette: M. le Président, on doit faire la preuve de
son assurance en dommages matériels; donc, cette police existe.
M. Fontaine: C'est simplement une déclaration.
M. Roy: C'est tout simplement une déclaration de la
personne qu'on demande. Ce n'est pas la production d'un document et ça
devrait être dit; c'est pour ça que j'amène cette
précision. Si on exigeait la production d'un document, du petit
certificat que nos assureurs nous remettent lorsqu'on prend nos polices
d'assurance, il y a des numéros là-dessus et, dans les fiches qui
seront remplies au moment de la perception de la prime, qu'on indique le
numéro et le nom de la compagnie d'assurance; la régie aurait,
à ce moment-là, les deux données de base.
Mme Payette: C'est prévu d'ailleurs, M. le
Président, par le projet de loi, de présenter le fameux petit
papier rose ou alors de donner le numéro de son assurance et le nom de
sa compagnie.
M. Roy: Si c'est prévu, c'est déjà une bonne
amélioration, parce que je pense quand même qu'il ne faudrait pas
en venir à un système qui ferait en sorte qu'une simple
déclaration pourrait ouvrir la porte a toutes sortes de
déclarations de la part des personnes et qu'on dise: Regardez, la
régie gouvernementale, l'assurance obligatoire, cela a fonctionné
à 100%. Je pense bien, c'est attaché aux plaques
d'immatriculation. Regardez le régime privé, c'est assuré
à 78%, 79% et 81%, et la faiblesse de l'entreprise privée. Il ne
faudrait quand même pas faire exprès pour ouvrir des portes. Je
pense que, si on veut protéger le public, il faut y aller avec
honnêteté.
Mme Payette: Je pense qu'on le prend aussi sérieusement,
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Roy: Je trouve ça un peu drôle, M. le
député de Nicolet-Yamaska, tantôt, a parlé des
préjudices favorables, on dirait que vous avez un préjudice
favorable à l'entreprise privée. Je n'emploie pas le mot
"préjugé", j'emploie le mot "préjudice"!
Dernier point, M. le Président, puisque c'est une nouvelle
donnée que nous avons, celle d'avoir une meilleure garantie
là-dessus, étant donné qu'il ne me reste que quatre
minutes et que je voudrais permettre à mes collègues de poser
leurs questions, voici une dernière question. On a parlé d'un
montant versé par le Conseil du trésor, par le ministère
des Finances à la régie, d'une subvention. Mme le ministre a
appelé ça un transfert de $21 millions.
Est-ce que, effectivement, il y a des ententes qui sont intervenues?
Est-ce que les pourparlers sont terminés? Ou est-ce seulement à
l'état de projet?
On sait très bien, et je le sais par expérience comme
député, que, pour avoir une subvention, pour avoir un montant
d'argent du gouvernement, pour une municipalité ou pour un organisme
quelconque, il faut passer par le Conseil du trésor. Il faut passer par
toute une série de procédures assez lourdes.
J'aimerais savoir à ce moment-ci ce qu'il en est au juste. Est-ce
qu'il y a des garanties de ce côté-là?
Mme Payette: Je ferai d'abord remarquer à M. le
député qu'il ne s'agit pas d'un transfert du Conseil du
trésor. Il s'agit d'une affectation d'une partie de la taxe sur les
carburants à la Régie de l'assurance automobile. Il y a une
modification qui sera faite à la loi 67, pour permettre à la
régie d'accepter ces fonds et il y aura une modification à la Loi
de la taxe sur les carburants, qui fera en sorte que le ministère du
Revenu, qui percevra la taxe sur le carburant, à mesure où cette
taxe va être perçue, devra remettre l'équivalent de $0.01
directement à la régie. Il ne s'agit pas réellement de ce
qu'on appelle dans notre jargon un transfert ou une subvention. C'est un effet
de la loi qui dit que $0.01 qui aura été collecté sur les
carburants sera envoyé directement à la régie.
M. Roy: Actuellement, M. le Président, il y a $0.19 qui
sont perçus par le gouvernement provincial sur chaque gallon de
carburant, peu importent les termes; je ne veux pas faire un débat de
dictionnaire là-dessus.
Mais, Mme le ministre nous a dit, non pas dans les documents qu'elle
nous a remis, non, mais dans le communiqué de presse qu'elle a re-
mis aux journalistes, qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle
augmentation de taxe puisque, effectivement, cela serait $0.01 sur les $0.19
déjà perçus.
Mme Payette: C'est exact.
M. Roy: Qu'on appelle cela subvention, transfert, cela revient au
même. Le ministère des Finances aura effectivement $20 millions,
$21 millions, $22 millions de moins pour les distribuer aux autres
ministères, parce qu'il devra en prendre une partie pour une affectation
à la Régie de l'assurance automobile. Moi, j'appelle cela des
subventions, parce que tout le monde comprend ce mot. C'est bien facile
à comprendre.
Mme Payette: C'est de la démagogie. M. Saint-Germain:
M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: C'est dire que le nombre d'employés que
vous prévoyez à la régie, vous en avez donné les
chiffres tantôt, ne tient pas compte des services futurs que pourraient
donner les courtiers, c'est-à-dire que vous avez assez d'employés
pour donner le service à la clientèle?
Mme Payette: C'est-à-dire que l'introduction des courtiers
dans le mécanisme ne réduirait pas le nombre d'employés.
Non, nous ne prévoyons pas que cela puisse réduire le nombre
d'employés.
M. Saint-Germain: La première formule qui sera
faite...
Mme Payette: Excusez-moi, s'il y a une réduction, ce
serait peut-être une réduction d'un certain nombre
d'enquêteurs, mais ce n'est pas réellement significatif.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui va arriver? Une personne qui est
blessée va faire appel immédiatement à la
régie.
Mme Payette: Oui, ou elle peut faire appel à son courtier,
si c'est entendu.
M. Saint-Germain: Si c'est entendu.
Mme Payette: Ou à son agent de réclamations.
M. Saint-Germain: Si les courtiers ne sont pas là, il me
semble évident que, pour plusieurs victimes, il va y avoir là une
difficulté première qui sera de remplir cette formule. Elle est
transmise à la régie pour considération. Tout de suite, si
elle est mal remplie ou s'il y a un manque de renseignements, il va y avoir
nécessairement un service à la clientèle. Il va y avoir
des gens attitrés.
Mme Payette: C'est cela.
M. Saint-Germain: Quel est le nombre de ces gens attitrés
à répondre à la clientèle soit par
téléphone, soit par lettre ou soit par visite?
Mme Payette: D'abord, il y a une unité qui va être
mise sur pied pour répondre directement par téléphone
à toute demande relative au régime d'assurance automobile. Il y
aura un numéro de téléphone unique qui permettra à
toute personne dans la province de communiquer par téléphone pour
avoir un renseignement général en ce qui a trait au régime
de l'assurance automobile. C'est la première chose. Il y aura en plus
onze bureaux régionaux de la Commission des accidents du travail
répartis partout dans la province et il y en aura, je crois, je ne peux
pas dire exactement, il me semble qu'il y en aura une quarantaine d'autres qui
seront incessamment répartis dans le paysage, dans la province, et ces
points sont des points de contact direct avec le sinistré et la
clientèle.
M. Saint-Germain: Alors, la victime pourra s'adresser au bureau
de la Commission des accidents du travail aussi.
Mme Payette: Aussi.
M. Saint-Germain: Indifféremment à un endroit ou
à l'autre.
Mme Payette: Indifféremment.
M. Saint-Germain: II arrive très souvent, vous êtes
probablement au courant, qu'à la Commission des accidents du travail il
y a toutes sortes d'inconvénients pour les personnes indemnisées.
C'est un rapport médical qui n'entre pas, c'est un employeur qui a
retardé, et pourtant le système de la Commission des accidents du
travail est relativement simple parce que les victimes sont toujours
aidées de leur employeur.
Il y a même des gens qui sont attitrés au niveau de
l'industrie pour voir à ce que ces personnes aient le service.
Malgré tout, il y a beaucoup de difficultés, on le sait, à
titre de député.
Mme Payette: La régie est très sensible à
cela aussi.
M. Saint-Germain: Vous allez avoir assurément des
difficultés. Maintenant, vous avez dit qu'il...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, je m'excuse, il est 18 heures. Est-ce qu'avant que nous ne
suspendions nos travaux, les membres de la commission sont prêts à
adopter les paragraphes 11, 12 et 20 qui étaient suspendus?
M. Lalonde: M. le Président, ce n'est pas pour retarder la
commission, mais il est déjà 18 heures, il faut revenir à
20 heures. Cela fait cinq ou six
heures que nous sommes ici aujourd'hui. J'ai eu l'occasion de poser
seulement trois questions à nos experts. J'espère qu'ils vont
revenir tantôt. J'aimerais mieux qu'on reprenne à 20 heures.
Le Président (M. Bertrand): Alors, on verra tout cela
à 20 heures. Je rappelle tout simplement que le ministre semblait avoir
indiqué aux membres de la commission ce matin que les fonctionnaires qui
l'accompagnent ne seraient pas ici à la séance de ce soir.
M. Lalonde: J'ai compris cela aussi, mais on commentera cela ce
soir.
Le Président (M. Bertrand): De toute façon, nous
suspendons nos travaux jusqu'à ce soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs, s'il vous plaît!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67, Loi
sur l'assurance automobile.
Comme c'est la deuxième séance à partir d'un
même ordre de la Chambre, je ne vais pas répéter les
membres de la commission.
Le paragraphe 11 de l'article 1 sera-t-il adopté?
Définitions (suite)
M. Saint-Germain: Concernant le paragraphe 11, M. le
Président, je crois que l'Opposition aurait tout à fait raison,
avant de passer à l'étude de la définition des
différents termes inscrits dans le projet de loi, de poser des questions
sur les études que sous-tendait tout le projet de loi.
Je dis, M. le Président, que, aujourd'hui, pour une fois, depuis
les longues heures que nous avons passées à étudier ce
projet de loi, nous avons pu aller au fond des choses et avoir les explications
qui s'imposaient et que nous devions avoir pour étudier le projet de loi
en général et les articles comme ceux que nous étudions ce
soir en particulier.
Je crois que les gens ici, à la commission, ont tous appris, que
ce soient les députés de l'Opposition ou les
députés du gouvernement. Cela nous a aidés
énormément à comprendre l'ensemble du projet et nous
serons beaucoup plus à l'aise pour en poursuivre l'étude.
Ceci dit, M. le Président, je n'ai rien d'autre à ajouter
au sujet du paragraphe 11 de l'article no 1.
Le Président (M. Bertrand): Paragraphe 11,
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je propose l'adoption du
paragraphe 12, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le paragraphe 12 de l'article
1 sera-t-il adopté?
M. Roy: Un instant, s'il vous plaît!
M. Fontaine: M. le Président, on avait demandé cet
après-midi à l'actuaire qui comparaissait devant la commission
s'il était possible de nous donner le coût des indemnités
en ce qui regardait les vêtements et il me semblait avoir compris qu'il
déposerait un document en ce sens. Je ne sais pas si j'ai mal
interprété ses paroles.
Mme Payette: Je pense que ce qu'il a donné, M. le
Président, c'est l'évaluation des articles 46, 47 et 62. A la
demande du député de Beauce-Sud,
il avait ensuite ventilé ce qui était prévu
à chacun des éléments, si mes souvenirs sont bons, par
rapport à cet après-midi.
M. Roy: La ventilation cependant était...
L'élément "vêtements" n'apparaissait pas en particulier, il
était regroupé avec d'autres, dans le document qu'on nous a
donné.
Mme Payette: Je pense que, à l'article 46, on a
donné une évaluation de...
M. Roy: $16 millions, orthèses, transport,
vêtements, etc. A l'article 46. Après cela il y avait, à
l'article 47, $4 millions, réadaptation, budget, plus qu'une estimation.
Ensuite, l'article 62, examens médicaux: $9 millions, ce qui faisait un
total de $29 millions pour les trois articles. Pour les vêtements
j'aurais aimé avoir ce détail en particulier.
M. Fontaine: Est-ce que vos conseillers peuvent nous donner ce
chiffre?
Mme Payette: Le conseiller qui est ici est un conseiller
juridique. Ce qu'on peut essayer de faire, quand il y a une question
précise comme celle-là, c'est prendre note de la question et,
dans la journée de demain, tenter de donner la réponse de
façon aussi précise que possible. Quant a moi, je veux bien en
prendre note; au sujet des vêtements, en particulier, c'est ça la
question?
M. Fontaine: Oui et il faudra tenir compte, à ce moment,
du fait que si on accepte un bijou comme étant un vêtement, ou si
on dit que ce n'est pas un vêtement.
Mme Payette: On posera la question en même temps.
Le Président (M. Bertrand): Paragraphe 12, adopté,
tel que modifié? Adopté. Paragraphe 20? Adopté?
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que, en fin de
compta, ce sont les recommandations du Barreau qui ont été
acceptées là-dessus?
Mme Payette: Oui, M. le Président, les recommandations du
Barreau étaient de considérer les conjoints qui recevaient ou
avaient droit de recevoir une pension alimentaire comme des personnes à
charge et c'est effectivement ce qui a été introduit dans la
définition de personne à charge.
M. Roy: Le paragraphe 20 est tel que modifié par les
projets d'amendements que nous a déposés le ministre? Ce n'est
pas tel que défini à la page 3 du projet de loi
lui-même?
Le Président (M. Bertrand): Le cahier noir.
M. Roy: C'est le cahier noir. Alors, le paragraphe 20 se lirait
comme suit: "Une personne à charge:" a) un conjoint, b) une personne qui
est mariée ou, le cas échéant, qui a été
mariée à la victime et i) qui en est séparée de
fait ou légalement et dont le mariage est dissous par un jugement
définitif de divorce ou déclaré nul par le jugement en
nullité de mariage et dans tous les cas... En somme, c'est ce qu'on
retrouve dans les deux pages. La définition est beaucoup plus
longue.
Mme Payette: Ce qui a été ajouté, c'est le
sous-paragraphe b) où on prévoit le cas des conjoints
séparés et également le cas des exconjoints qui sont
divorcés et qui reçoivent ou avaient droit de recevoir une
pension alimentaire.
Le Président (M. Bertrand): Adopté?
M. Fontaine: M. le Président, juste avant de l'adopter,
j'avais demandé la dernière fois si on pouvait vérifier
les amendements du code civil qu'on a adoptés à
l'Assemblée nationale il y a deux ou trois semaines, qui modifient la
définition de personne à charge ou conjoint, si ce n'était
pas la même chose que ce qui est adopté ici.
Mme Payette: Est-ce que vous faites allusion au projet de loi du
ministre de la Justice, qui reconnaissait l'autorité parentale?
M. Fontaine: Oui, c'est cela.
Mme Payette: II y a concordance. Nous avons fait en sorte qu'il y
ait concordance.
M. Fontaine: On a répété la même
chose.
Le Président (M. Bertrand): Adopté? Adopté.
L'article 1 est maintenant...
M. Lalonde: Avant de l'adopter, M. le Président, je
voudrais... On pourrait, en principe, demander d'ajouter quelque chose à
l'article 1, par amendement. Je voudrais simplement savoir, M. le
Président, ceci. On a assez longuement discuté de la question des
courtiers avant le dîner et, des informations que nous avons eues, il
appert qu'une négociation est en cours, qu'il est donc possible que des
courtiers soient inclus dans le réseau, ou plutôt dans le
régime de l'assurance automobile. Au cas où une entente
interviendrait et où une telle entente exigerait une addition dans les
définitions, est-ce que le ministre est d'accord pour que,
éventuellement, on ajoute cette définition même si on
adopte l'article 1?
Mme Payette: Au départ, je pense qu'il n'y a pas
d'objection, sauf que je ne pense pas que ce soit le cas, après la
conversation que nous avons eue cet après-midi. Si ça devait
être ça, on pourrait revenir à l'article 1 à ce
moment-là.
Le Président (M. Bertrand): Cela vous va, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui, ça me va et la proposition que j'avais
à faire à ce moment-ci, qui est d'ajouter
une définition de courtier, serait prématurée
actuellement; je pourrai la faire éventuellement. J'espère que
vous me permettrez d'ajouter ceci: les négociations seront
terminées avant la fin de l'examen, de l'étude de cette loi.
Parce qu'autrement il pourrait être assez illusoire de conclure une
entente qui ne serait pas autorisée par la loi et qui ne donnerait pas
à la régie les pouvoirs nécessaires pour conclure une
entente avec les courtiers.
C'est par mesure de prudence que je le mentionne à ce stade-ci,
sans vouloir en faire un débat, espérant que ces
négociations sont faites de bonne foi. Je pense que la mesure des
renseignements qu'on a eus avant le dîner témoigne qu'une
conclusion de ces négociations pourrait se retrouver dans la loi, au cas
où le gouvernement aurait besoin de la loi comme appui pour donner suite
à cette entente qui pourrait intervenir.
M. Fontaine: M. le Président, juste avant d'adopter
l'article 1, il y a, à l'article 1, un préambule dont nous
n'avons pas discuté et qui concerne la question des règlements.
Ce préambule dit ceci: "Dans la présente loi et dans les
règlements adoptés sous son autorité, à moins que
le contexte n'indique un sens différent, les expressions suivantes
signifient: "; on donne les définitions. A ce moment-là, je me
demande si ça ne viendrait pas en contradiction avec l'article 176
auquel nous avons déjà référé et qui permet
au lieutenant-gouverneur en conseil ou au gouvernement d'ajouter ou de changer
les définitions. Je ne sais ce qu'en pense le conseiller
juridique...
Mme Payette: M. le Président, je pense que ce
préambule ou ce paragraphe introductif est une clause de style que l'on
trouve dans la majorité des lois, c'est-à-dire que la
majorité des lois commencent par un article qui définit des
expressions utilisées dans le projet de loi. Normalement, les
expressions qui sont utilisées dans la loi doivent comporter le
même sens dans les règlements.
C'est pourquoi on le prévoit dans la loi et dans les
règlements et, par la suite, il est possible de prévoir des
pouvoirs de réglementation aux fins de donner des critères
particuliers pour des expressions ou pour des cas particuliers d'exception ou
d'autres dispositions semblables dans le projet de loi.
Je pense que l'utilité de ce paragraphe introductif est de
permettre que dans les règlements, on n'ait pas, encore une fois,
à définir à nouveau les termes, mais utiliser les
expressions qui sont dans le projet de loi.
M. Fontaine: Les règlements seraient adoptés en vue
d'ajouter aux définitions qui sont déjà
mentionnées, mais non pas en vue de les modifier.
Mme Payette: En fait, un règlement a pour but de
compléter une loi. Un pouvoir réglementaire est donné dans
l'exercice d'une juridiction précise dans la loi, afin que l'organisme
qui administre une loi ou qui a charge de l'application de la loi puisse bien
appliquer et bien administrer la loi.
Je pense que c'est dans ce sens-là que le pouvoir
réglementaire est donné.
M. Fontaine: A ce moment-là, pourquoi, dans l'article
176a, paragraphe b), on dirait: "Le gouvernement peut, par règlement,
préciser ou restreindre la définition du mot "automobile". La
définition est donnée à l'article 1 et dans un autre
article du projet de loi, on permet au gouvernement de modifier à
nouveau cet article.
Mme Payette: Comme il est permis, dans d'autres dispositions de
ce pouvoir de réglementation, l'article 176, de préciser
l'application de certaines autres dispositions. Il y a quand même une
énumération, à l'article 176, où on prévoit
des pouvoirs de réglementation et on donne à la régie le
pouvoir de se doter de critères pour l'évaluation de certains cas
précis. C'est dans ce sens-là que ie pouvoir de
réglementation est donné à l'article 176.
M. Fontaine: Lors d'une séance antérieure, on avait
fait allusion au fait que les définitions qui seraient ajoutées
par règlement seraient probablement les mêmes que celles qu'on
connaît en vertu du Code de la route, ou de la Loi de l'indemnisation des
victimes d'accidents d'automobile. Est-ce que vous avez pu vérifier ce
fait?
Mme Payette: A une séance antérieure, j'avais
donné l'exemple lors de la définition du mot "résident"
où on se servirait de l'exemple de la Régie de
l'assurance-maladie. J'ai d'ailleurs avec moi la réglementation de la
Régie de l'assurance-maladie. Il me fera plaisir d'en donner des copies
aux membres de la commission.
Il s'agit de critères où l'on prévoit des cas
particuliers, le cas des étudiants ou des cas semblables. Je pense que
dans un pouvoir de réglementation, on se donne des critères pour
bien évaluer et bien apprécier les différentes situations
qui se présentent à l'administrateur du régime.
Le Président (M. Bertrand): Article 1, adopté?
M. Roy: Non, M. le Président. Je pense que pour
répondre au désir exprimé par l'honorable
député de Marguerite-Bourgeoys, il y aurait lieu de suspendre
l'étude de l'article 1 pour pouvoir y revenir.
On peut cependant considérer comme adoptés tous les
paragraphes jusqu'au paragraphe 30, mais en ne fermant pas la porte à
l'article 1 pour laisser la possibilité à des amendements
ultérieurs, seulement si cela devenait nécessaire. Je ne sais pas
ce que le député de Marguerite-Bourgeoys en pense, mais ce n'est
pas la première fois qu'en commission parlementaire, en étudiant
un projet de loi, on suspende l'étude de l'article 1 sans reprendre la
discussion mais au cas où ce serait nécessaire, à un
moment donné, d'ajouter un paragraphe.
En ce qui me concerne, je ne veux pas faire de débat
là-dessus, mais pour la bonne marche de nos travaux tout simplement, il
y aurait peut-être
lieu de suspendre l'adoption définitive de cet article pour
passer aux autres. On verra, au fur et à mesure, si c'est
nécessaire d'y revenir. Ce n'est pas un précédent, M. le
Président. Je veux vous assurer que c'est loin d'être un
précédent.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, suite
à la demande du député de Marguerite-Bourgeoys, Mme le
ministre s'est déclarée extrêmement ouverte à ce
sujet, sous réserve des discussions qui ont lieu entre la régie
et les courtiers.
D'autre part, je vous ferai remarquer, M. le Président, que vous
avez vous-même déclaré que, lorsque tous les paragraphes
étaient adoptés, l'article, par le fait même, était
lui-même adopté, sans qu'on ait à l'adopter de façon
intégrale.
Le Président (M. Bertrand): Ce n'est pas tout à
fait vrai, M. le député de Jonquière. Il pourrait arriver
qu'une motion d'amendement à l'article 1 suppose l'addition d'un
paragraphe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tous les paragraphes sont
adoptés.
Le Président (M. Bertrand): Tous les paragraphes, tels
qu'ils sont présentés dans le projet de loi no 67, ont
été adoptés, mais vous remarquerez vous-même que,
dans un certain cas, il y a eu suppression d'un paragraphe. Il y a des choses
comme cela. Comme il peut y avoir suppression, il peut aussi y avoir
addition.
Je pense qu'on pourrait accepter, avec le consentement de tout le monde,
de suspendre l'adoption finale de l'article 1, quitte à revenir
là-dessus s'il doit y avoir modification ou pas. De toute façon,
cela ne nous dérange pas dans nos travaux.
M. Lalonde: C'est une technicité, au fond. Cela vous fait
un article de plus, cela en fait deux au lieu d'un.
Le Président (M. Bertrand): Pour les fins du rapport
à l'Assemblée nationale, cela ne pose pas de problème.
Nous passerions donc immédiatement...
M. Roy: Avant, pour faire suite à la question qui a
été posée par le député de Nicolet-Yamaska
on a fait référence au préambule de l'article 1 au
niveau des règlements, c'est-à-dire qu'on a fait
référence aux règlements j'aimerais savoir si on
peut espérer avoir les règlements concernant la Loi sur
l'assurance automobile.
M. Lalonde: Vous pouvez espérer, oui. Sûrement qu'il
faut espérer. Cela fait longtemps qu'on espère.
Mme Payette: Ne perdez pas espoir.
M. Roy: Cela fait longtemps qu'on espère, je suis d'accord
avec mes collègues là-dessus. On espère.
Mme Payette: Moi aussi j'espère les avoir, M. le
député de Beauce-Sud. Dès que je les aurai, cela me
permettra de vous les faire connaître.
M. Roy: Vous ne les avez pas lus? Mme Payette: Pas encore,
M. le député.
Le Président (M. Bertrand): Bien. J'appelle
l'article...
M. Roy: Je serais tenté de poser la question: Qui est
ministre?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre!
Une Voix: On pourrait suspendre quelques minutes pour vous
permettre de les lire.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Mme Payette:
C'est niaiseux...
Le Président (M. Bertrand): J'appelle l'article 3, M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Lalonde: Article 2.
Une Voix: L'article 2 est adopté.
Mme Payette: On peut le reprendre, par exemple.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... avant de proposer
l'adoption de l'article 3...
Mme Payette: On va reprendre l'article 2.
Le Président (M. Bertrand): Non, Mme le ministre, il est
adopté.
M. Lalonde: Si c'est Mme le ministre qui le suggère!
Mme Payette: Etes-vous sûr, M. le Président?
Le Président (M. Bertrand): C'est écrit ici.
Adopté, Roland Dussault, président. A l'ordre! M. le
député de Jonquière, article 3. Vous avez la parole.
Indemnisation du dommage corporel
Dispositions générales (suite)
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, avant
de proposer l'adoption de l'article 3, qui établit l'un des principes
très importants de cette loi, je voudrais profiter de cet article pour
émettre mes opinions générales sur ce projet de loi no 67,
ce que je n'ai pas encore eu l'occasion de faire.
Le Président (M. Bertrand): Je l'accepterai, M.
le député de Jonquière, en faisant en sorte que
vous respectiez quand même l'article 3.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, vous
comprendrez qu'ayant...
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce que M. le
député, excusez-moi, parle au nom du ministre ou s'il parle en
son nom personnel ou au nom du gouvernement?
M. Lalonde: II parle seulement en son nom personnel.
M. Vaillancourt (Jonquière): En mon nom personnel.
Parlez-moi d'une question!
M. Saint-Germain: C'est une question qui...
Le Président (M. Bertrand): Pour l'instant, le
député de Jonquière parle en son nom personnel.
M. Saint-Germain: C'est que, d'habitude...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne voulez pas entendre
ce que j'ai à dire, M. le député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: ... c'est le ministre qui prend la parole le
premier. C'est la raison pour laquelle je vous ai posé cette
question.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je parle comme
député de Jonquière...
M. Saint-Germain: Non, dans le fond, j'ai hâte de vous
entendre, M. le député. Allez, je vous en prie.
M. Vaillancourt (Jonquière):... et membre du
Barreau...
M. Saint-Germain: Je respecte les membres du Barreau.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... et député
de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bertrand): Ne craignez pas, je
considérerai que...
M. Fontaine: Quelqu'un qui est fier d'être membre du
Barreau.
M. Paquette: II n'a pas dit qu'il était fier.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): ... le député de
Jonquière utilise le droit de parole du gouvernement.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai l'impression que les
gens d'en face ont pas mal peur de ce qu'un avocat pourrait avoir à dire
sur l'assurance automobile.
M. Saint-Germain: Vous ne parlez pas au nom du Barreau non
plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): Surtout pas! M. le
Président...
M. Roy: De la façon que les avocats ont été
considérés jusqu'à maintenant, j'imagine qu'on a peur de
ce que les avocats auraient à dire.
M. Vaillancourt (Jonquière): On a tellement de
difficulté à parler qu'on se penserait réellement devant
les tribunaux.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ayant
pratiqué le droit pendant huit ans, et au moins 65% de ma pratique
étant affectée au domaine des accidents d'automobiles, vous
conviendrez avec moi que ce sujet m'intéresse au plus haut point, non
seulement comme avocat, mais surtout comme député de
l'Assemblée nationale et conducteur et propriétaire d'un
véhicule automobile. Même si je suis membre du Barreau du
Québec, je dois vous avouer, au grand déplaisir d'ailleurs du
bâtonnier général, que je ne suis pas et que je ne me
considère pas comme le représentant ou l'un des
représentants du Barreau au sein de l'Assemblée nationale. J'ai
été élu comme député du comté de
Jonquière à l'Assemblée nationale du Québec. Je
représente donc ces électeurs à l'Assemblée
nationale.
J'aurais été médecin, architecte ou travailleur
syndiqué à l'Alcan que le résultat de l'élection,
le 15 novembre dernier, dans le comté de Jonquière, aurait
été exactement le même. Autrement dit, ce n'est pas le fait
d'avoir été avocat...
M. Roy: M. le Président, je m'excuse. Je ne veux pas
être désagréable à l'endroit de mon collègue,
le savant député de Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): On n'a pas droit à un
préambule, M. le Président?
M. Roy: ... mais j'aimerais savoir quelle relation cela a avec
l'article 3?
M. Vaillancourt (Jonquière): J'arrive, j'arrive.
M. Lalonde: C'est un discours de deuxième lecture.
Le Président (M. Bertrand): Je pense que...
M. Fontaine: II aurait dû parler en deuxième
lecture, cela aurait été bon.
Le Président (M. Bertrand): ... le député de
Jonquière voulait sans doute profiter d'un court et bref
préambule pour venir nous exposer les raisons pour lesquelles il propose
l'adoption de l'article 3.
M. Fontaine:... l'envoyer dans son comté.
M. Roy: Nous allons le laisser "préambuler", M. le
Président.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il peut nous dire pour quelle raison
il est malheureusement avocat?
M. Roy: II sent le besoin de se justifier; alors, on le lui
permet.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'article 3 du projet de loi no 67 établit l'un des grands principes de
ce nouveau régime de l'assurance automobile. Cet article édicte,
en effet, que la victime d'un dommage corporel causé par une automobile
est indemnisée par la régie et suivant les dispositions de cette
loi, sans égard à la responsabilité de quiconque.
Depuis toujours, dans le domaine des accidents d'automobiles, nous avons
véou avec le système de la responsabilité, avec le
système de la faute, de la négligence, de l'imprudence ou du
manque d'habileté. Ainsi donc, lorsqu'un client venait nous rencontrer
à notre bureau après avoir été blessé dans
un accident d'automobile, la première question ou l'une des
premières questions que le procureur posait à son client
était de savoir comment s'était déroulé cet
accident afin de voir, justement, si la responsabilité de celui-ci
était partiellement ou totalement en cause.
L'importance de cette question était évidente puisque, si
les faits de l'accident, tels que racontés par le client et parfois
établis par le rapport de police, démontraient l'entière
responsabilité de ce client, il était malheureusement de notre
devoir d'avocat d'informer et d'aviser ce client qu'il n'y avait tout
simplement aucun recours en justice qui soit possible contre l'autre
partie.
Cet individu, souvent gravement blessé, s'en retournait donc chez
lui sans l'espoir d'aucune compensation financière pour les
préjudices corporels subis.
Mme le ministre des Consommateurs, responsable du dossier sur
l'assurance automobile, a eu, à plusieurs reprises, l'occasion
d'affirmer qu'elle considérait l'indemnisation des victimes de dommages
corporels causés par une automobile comme une mesure sociale.
L'Opposition, M. le Président, a bien ri et rit encore de cette
affirmation et comment pourrait-il en être autrement, elle qui
défend, si mal d'ailleurs, quant au sujet qui nous occupe, les
intérêts de nombreux groupes particuliers ayant des
intérêts financiers et économiques qui sont
étroitement liés avec la décision que prendra le
gouvernement?
Il est bien évident, M. le Président, qu'une
réforme profonde de l'assurance automobile, comme une réforme
profonde de n'importe quelle autre politique, peut, à l'occasion, avoir
des incidences sur les intérêts de différents groupes
formant notre société. Un fait, cependant, demeure, c'est qu'un
gouvernement est élu pour gouverner, qu'il est élu pour
l'ensemble de la population et qu'il doit, en conséquence, orienter ses
politiques non pas en fonction des intérêts de groupes
particuliers, mais, au contraire, en fonction de l'intérêt public,
en fonction, dans le cas qui nous occupe, de l'intérêt et du plus
grand bien de la population québécoise en
général.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je n'ai aucune
hésitation à affirmer que je souscris d'emblée au principe
de l'indemnisation sans égard à la faute en ce qui concerne les
dommages corporels causés par un véhicule automobile comme
étant une mesure sociale.
M. le Président, j'ai toujours considéré, et ce
même avant le 15 novembre 1976, qu'il était absolument anormal et
injuste qu'un père de famille, blessé dans un accident et qui
voyait son épouse décéder par la suite de ce même
accident et son plus jeune enfant subir une fracture du crâne, ne puisse
obtenir une compensation financière pour les dommages subis en raison
que, un certain soir, à une minute précise et à une
certaine intersection, distrait par une conversation trop intéressante
qu'il avait avec son épouse, celui-ci avait malheureusement
brûlé un feu rouge donnant ainsi lieu à une grave
collision.
M. le Président, au cours de ces huit années de pratique
de ma profession d'avocat, j'ai malheureusement eu l'occasion, à de
nombreuses reprises, d'informer des clients que ceux-ci n'avaient absolument
aucun recours en justice puisque les circonstances de cet accident
démontraient leur entière responsabilité,
démontraient que l'accident était survenu par leur faute
personnelle, cette faute pouvant être un manque d'attention, une simple
distraction, une fausse manoeuvre, une indisposition passagère, une
vitesse excessive, un bris mécanique ou une trop grande
témérité.
M. Fontaine: Ou l'ivrognerie.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, l'ivrognerie, cette
liste n'étant pas limitative.
Je vous assure, M. le Président, qu'il est extrêmement
pénible d'apprendre une telle nouvelle à un client et cela
était d'autant plus pénible lorsque l'individu en question ne
détenait aucune police d'assurance personnelle pour couvrir ses pertes
économiques au moins de façon minimale. Mais qu'arrivait-il si le
procureur jugeait que cet accident dans lequel avait été
blessé son client avait été causé, partiellement ou
entièrement, par la faute de la tierce partie? Le procureur envoyait
alors une mise en demeure, se procurait les divers rapports médicaux
essentiels pour établir le quantum des dommages et faisait, par la
suite, signifier à la tierce partie, partiellement ou totalement
responsable de l'accident, une action en justice réclamant le montant
des dommages subis par son client. Lorsque assurée, la tierce partie
remettait cette action en justice à sa compagnie d'assurances qui
produisait une comparution par l'intermédiaire de ses procureurs.
Lorsque la responsabilité de la tierce partie était claire et
évidente, ces actions pouvaient se régler hors cour, par suite de
négociations intervenues entre les deux parties, mais, même dans
ces cas de responsabilité claire
et évidente de la tierce partie assurée, il était
vraiment exceptionnel que le client puisse être indemnisé à
l'intérieur d'un délai d'un an à 18 mois suivant
l'accident. D'autre part, comme il arrive encore souvent la compagnie
d'assurances contestait la responsabilité ou encore contestait la
responsabilité et le quantum des dommages. Nous devions, à ce
moment, être convoqués à la Cour supérieure avant
d'être entendus, ce qui veut dire, à la Cour supérieure de
Chicoutimi, un délai de deux ans et demi à trois ans et demi.
Quand vous étiez convoqué, il fallait espérer que vous
étiez le premier au rôle parce que, trois ans après
l'accident, s'il arrivait que vous étiez le quatrième au
rôle et que la première cause en question durait la
journée, vous n'étiez pas refoulé au lendemain matin,
mais, à ce moment, vous "débarquiez du petit rôle"
pour employer un terme juridique "du grand rôle" et vous
étiez reconvoqué devant la Cour supérieure dans un autre
délai de six mois, ce qui nous met à trois ans et demi ou quatre
ans de la date de l'accident.
Lorsque j'ai quitté la pratique privée, le 15 novembre
dernier, plusieurs dossiers d'accidents remontant à 1973, 1974, 1975
étaient encore au rôle de la Cour supérieure de Chicoutimi,
les deux parties attendant que ces causes soient fixées à une
date bien précise.
Inutile de vous dire que, pendant toute cette période, les appels
téléphoniques de mes clients à mon bureau étaient
nombreux, que le demandeur n'était aucunement indemnisé, qu'il se
devait d'attendre d'être convoqué par la Cour supérieure et
cela sous réserve, évidemment, de la décision du juge qui
pourrait donner, entièrement ou partiellement raison à la tierce
partie. Dans tous les cas, lorsque le demandeur obtenait gain de cause,
partiellement ou totalement, il fallait que celui-ci donne 15% de la somme
capitale obtenue par suite du jugement ou d'une entente à l'amiable
à son avocat en plus des 10% traditionnellement octroyés par les
compagnies d'assurances aux avocats sur règlement hors cour, ce qui
faisait 25%.
Voilà, brièvement M. le Président, ce qu'est le
régime actuel d'indemnisation des blessures corporelles par suite d'un
accident d'automobile. Ce régime est tellement déficient à
tous les points de vue, que même tous les partis politiques, si ma
mémoire est fidèle, avaient dans leur programme électoral,
au cours de la dernière élection, pris l'engagement d'apporter
une réforme en profondeur de l'assurance automobile. Cette
réforme, bien sûr, aurait peut-être pu être
différente si le gouvernement était un gouvernement
libéral, elle aurait également pu être différente si
le gouvernement était formé par le parti de l'Union Nationale. Le
15 novembre 1976, les citoyens du Québec ont donné mandat au
Parti québécois de former le gouvernement et en ce qui me
concerne, j'espère que le gouvernement entend demeurer sur ses positions
quant aux principes contenus à l'article 3 du projet de loi.
J'espère que le gouvernement demeurera sur ses positions, parce
que je suis convaincu qu'en ce qui concerne l'indemnisation des victimes des
dommages corporels par suite d'un accident, ce principe est bon, juste,
honnête et équitable. Certains, M. le Président,
soutiennent que le projet de loi actuel peut être source d'une injustice
possible et qu'il faudrait permettre le recours aux tribunaux réguliers
pour l'excédent du régime de base. Mme le ministre a
déjà eu l'occasion d'émettre son opinion à ce
sujet. Je respecte l'opinion de ces gens, mais je ne la partage pas, M. le
Président, car il s'agit tout simplement d'un retour à un
régime dépassé dans une société comme la
nôtre, c'est-à-dire un régime au système de la
responsabilité, au système de la faute telle que je l'ai
décrite antérieurement. Ceux qui en ont les moyens, même
s'ils ont été traités de petits bourgeois par le
député de Jacques-Cartier, ce que je ne partage pas du tout,
auront toujours, M. le Président, la possibilité de contracter
une police d'assurance personnelle pour protéger leurs
intérêts économiques au-dessus du régime de
base.
Alors, M. le Président, très brièvement, j'avais
l'intention par ce petit exposé de donner comme député
à l'Assemblée nationale, comme membre du Barreau, mon appui le
plus total aux principes énoncés à l'article 3 du projet
de loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'ai
écouté avec attention notre collègue nous parler de
l'article 3 du projet de loi. Premièrement, je dois dire que sa charge
contre le statu quo au point de vue de l'assurance est absolument inutile car
je crois que la très grande majorité de la population et des
membres de cette assemblée n'a aucunement le goût de
défendre le statu quo et veut absolument un changement profond du
système d'assurance automobile qui nous régit actuellement.
Ce qui me surprend un peu plus, c'est cette charge qu'il fait contre la
justice et contre les avocats. Je croyais...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président. En vertu de l'article 96 de notre règlement que
vous connaissez d'ailleurs...
M. Lalonde: Après qu'il aura terminé.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avec la permission du
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Allez.
M. Vaillancourt (Jonquière): Avec votre permission. M. le
Président, je n'ai aucunement fait une charge contre la profession
d'avocat. Au contraire, je respecte trop cette profession pour faire ce que le
député de Jacques-Cartier m'a reproché et me reproche.
J'ai dit tout simplement que, comme avocat, j'étais malgré tout
d'accord avec le principe énoncé à l'article 3. J'ai eu
l'occasion de rencontrer au cours du dernier congrès du Barreau qui a eu
lieu dans la région du Saguenay-Lac Saint-Jean nombre de mes
confrères, jeunes et moins jeunes, qui ont souscrit d'em-
blée au principe de l'indemnisation sans égard à la
faute.
Je ne voudrais pas, étant donné que je suis encore avocat,
que je pratique encore cette profession, même étant
député de l'Assemblée nationale, que vous voyiez dans mes
propos des choses que je n'ai absolument pas dites.
M. Saint-Germain: M. le Président, suis-je correct ou non?
J'ai réellement interprété son intervention comme une
charge contre la justice.
M. Vaillancourt (Jonquière): Dans le système
actuel, oui.
M. Saint-Germain: Si cet énoncé lui semble injuste,
libre à lui de l'interpréter de la sorte. D'ailleurs, il a eu la
parole pour y revenir.
Je dis personnellement, même si je ne suis pas avocat mais simple
citoyen imbu de ses libertés personnelles, qui sont, à mon avis,
un des plus grands actifs qu'une personne puisse posséder, qu'on
devrait, dans un système démocratique, avoir beaucoup d'estime
pour la justice. J'aurais aimé qu'il fasse cette déclaration
devant son collègue, le ministre de la Justice, car il est vrai que la
lenteur de nos tribunaux est souvent source d'injustice et très souvent
dans les causes concernant les accidents d'automobiles.
Mais ce n'est pas en établissant une régie qu'on va
parvenir à remédier à ces lenteurs administratives. Ce
n'est pas non plus en retirant des tribunaux ces causes qu'on va arriver
nécessairement à une meilleure justice. Je crois que la
façon logique d'y parvenir est d'essayer de sensibiliser le ministre de
la Justice qui a beaucoup à dire dans l'efficacité administrative
de nos tribunaux. C'est à lui qu'appartient la responsabilité de
voir à ce que nos tribunaux soient assez expéditifs pour
atteindre les buts que nous voulons qu'ils atteignent au point de vue de
l'efficacité et de la vitesse lorsqu'ils rendent la justice.
S'il trouve que les avocats sont trop bien
rémunérés, il ne fait peut-être pas là
exception à bien des gens. Je trouve moi aussi que les honoraires que
les avocats retirent d'une cause concernant un accident d'automobile ne sont
pas toujours en concordance avec le travail qu'ils doivent faire. Voilà.
Les professions au Québec sont sous la juridiction, si je ne m'abuse, de
l'Office des professions. Nous voilà avec une régie.
Je suppose bien que le gouvernement qui l'a établie a voulu que
cet office voie à ce que les professionnels ne puissent pas abuser du
public. Vous voyez bien, M. le Président, que ce n'est pas en
établissant un office ou une régie qu'on règle absolument
tous les problèmes. Il pourrait certainement faire ses
représentations au Barreau; connaissant la responsabilité du
Barreau, je sais pertinemment qu'on l'écoutera, étant
donné qu'il est député en plus, je crois qu'on
l'écoutera avec beaucoup d'attention.
Ce qui m'inquiète surtout dans cet article, M. le
Président, c'est qu'on dit que les dommages corporels causés par
une automobile seront indemnisés par la régie. Nous voilà
encore avec une régie d'Etat, une entreprise de l'Etat. Nous croyons que
le gouvernement devrait créer ces régies ou ces entreprises
d'Etat, exclusivement lorsque l'entreprise privée ne peut pas atteindre
les buts que le gouvernement s'est fixés, c'est-à-dire, dans le
cas qui nous occupe, qu'une régie devient absolument inutile, si
l'entreprise privée est assez bien structurée, assez efficace,
pour atteindre les buts qui sous-tendent ce projet de loi.
Je crois pertinemment que même en modifiant très peu,
même peut-être en ne modifiant pas du tout cette loi, les
entreprises privées pourraient très bien administrer ce
régime et l'administrer d'une façon plus efficace que l'Etat, et
surtout, l'Etat n'aura pas à se lancer dans une aventure comme elle le
fait actuellement, avec tous les risques que cela peut comporter.
A la page 2 du document qu'on nous a remis concernant les estimations du
coût du régime d'indemnisation des dommages corporels, on peut
lire, sous le titre "Considérations générales sur
l'estimation des coûts", II convient de souligner que le coût
réel du régime pour un exercice financier ne peut être
connu qu'après un grand nombre d'années, c'est-à-dire une
fois que toutes les indemnités sont payées aux victimes
d'accidents d'automobiles se produisant au cours de cet exercice. Il est
possible, à ce moment seulement, de savoir si les contributions
versées au cours d'un exercice financier et les intérêts
gagnés par ces sommes sont suffisants pour payer toutes les
indemnités. L'écart entre le coût réel et le
coût estimé dépend des variations entre les
hypothèses choisies, le comportement réel des facteurs ayant une
influence sur le coût. Le choix des hypothèses revêt donc
une importance primordiale. Elles sont basées sur des statistiques
parfois incomplètes et sur des prévisions de l'évolution
des tendances observées. Ces prévisions contiennent une marge
d'incertitude et font appel au jugement".
Si j'ai lu cela, M. le Président, c'est pour bien faire ressortir
qu'une régie d'Etat, avec le régime que l'on veut établir,
est un risque. C'est un risque dans l'immédiat et c'est un risque aussi,
et surtout, pour les années à venir, dans un contexte aussi
difficile au point de vue financier que celui que nous avons dans le moment,
où on fait appel constamment à l'industrie privée pour
investir dans cette province. On dit, lors de mini-sommets, aux investisseurs:
Venez investir au Québec, on a besoin de vous. Il faut développer
notre industrie secondaire, il faut avoir des investissements. C'est important.
Le chômage est élevé.
Voilà que l'Etat prend ces sommes d'argent et prend des risques
dans un domaine où c'est absolument inutile d'en prendre. On ne nous a
jamais prouvé, malgré qu'on ait siégé toute la
journée avec les actuaires, et avec M. le président de la
régie, qu'un tel régime, administré par les
sociétés privées ne serait pas mieux administré.
Autrement dit, on ne nous a pas prouvé qu'il y avait obligation d'avoir
une régie d'Etat pour administrer ce régime.
Les actuaires nous ont dit qu'il est difficile d'estimer les coûts
avec exactitude; je le crois, même avec les études les plus
poussées et même
avec les hommes les plus compétents. C'est un projet de loi
nouveau. C'est une aventure nouvelle. Il y a tellement d'impondérables,
il y a tellement de facteurs qui vont jouer que, même avec les
études les plus justes, il y aurait encore une marge d'erreurs
importante. Lorsqu'on a vu cet après-midi qu'on s'est basé, bien
souvent, qu'on a été chercher des études ou des
statistiques qui datent déjà de six ou sept ans, je crois qu'il y
a encore là un autre facteur qui augmente les risques que l'Etat
court.
Je crois que l'Etat devrait s'emparer de l'administration d'un champ
d'activités donné seulement lorsque les citoyens et l'entreprise
privée font montre d'inaptitudes ou qu'ils oeuvrent en vue d'un but que
l'Etat veut atteindre et que l'industrie privée, par ses structures
mêmes, ne peut pas atteindre. Entre autres, j'en en vue
l'étatisation de l'électricité. Je crois qu'on peut
réellement argumenter que, dans un tel contexte, parce que la
concurrence pour la distribution de l'électricité est tout
à fait inexistante, on a là des arguments qui peuvent permettre
à l'Etat d'agir à la place de l'industrie privée.
On sait pertinemment qu'il y a beaucoup de nos régies qui sont
inefficaces même si, bien souvent, elles ont le monopole dans leur champ
d'activités donné et que beaucoup de corporations régies
par l'Etat ont, ces dernières années, donné naissance
è des problèmes très difficiles à surmonter.
Je me souviens très bien, par exemple, que, lorsque SIDBEC a
été créée, c'était l'euphorie. On allait
avoir, dans cette province, une industrie sidérurgique. Cette industrie
allait attirer des investissements. D'autres industries se serviraient des
matières premières de SIDBEC pour les transformer en
matières finies et les remettre sur le marché. SIDBEC aurait
permis de créer plusieurs milliers d'emplois au Québec, etc. On a
vu, cet automne, SIDBEC arriver avec un autre déficit. La somme de $30
millions a été prise dans les revenus de la province, on l'a
remise à SIDBEC, de façon que SIDBEC puisse continuer à
fonctionner. Soyez sans crainte, M. le Président, SIDBEC reviendra
encore au printemps. C'est devenu un cancer.
Je me souviens du même phénomène à la
Société générale de financement. Pourquoi ne pas
vous parler de la Société des alcools? On sait quelles
difficultés cela a apporté au gouvernement. Cela nous a
même valu un mandat de perquisition. On sait combien de fois on a
accusé la régie...
M. Paquette: C'est vous qui en parlez.
M. Saint-Germain: ... d'être la cause de manoeuvres
frauduleuses, de ceci et de cela, mais c'est cela, la réalité des
régies d'Etat. On a l'Office des professions. Voilà qu'un
député dit: Les avocats sont trop coûteux. C'est pourquoi
une régie qui a une autorité sur le comportement des bureaux, des
professions.
Ici, il n'y a aucun doute que, si le Bon Dieu nous prête vie, on
verra, dans quelques années, l'ampleur de la bévue qu'on aura
faite.
Je ne veux pas, M. le Président, prendre plus de temps. Je sais
qu'il y a des collègues qui veulent parler sur le même sujet.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Concernant l'article
3 et l'intervention du député de Jonquière, je dois
malheureusement revenir sur la définition qu'on donne à l'article
3. On en a discuté longuement. Je ne veux pas allonger le débat
là-dessus. On revient toujours à la notion de "causé par
une automobile", ce qui, à mon avis, fait toujours
référence à la notion de responsabilité. Je veux
tout simplement le mentionner, je ne fais pas de débat
là-dessus.
Ce qui m'intrigue le plus et ce sur quoi je ne suis pas d'accord, c'est
lorsqu'on dit que les indemnités seront versées par la
régie.
Là-dessus, je pense qu'on a manifesté à plusieurs
reprises notre opinion, à savoir que nous étions contre
l'étatisation dans ce domaine. C'est pour cette raison que nous avons
beaucoup de réticence à voir adopter cet article.
Concernant plus particulièrement l'intervention du
député de Jonquière, je dois dire que je suis d'accord
avec certaines déclarations qu'il a faites, concernant la lenteur des
tribunaux, les inconvénients et les injustices du régime actuel.
J'en suis toujours à me demander si...
Mme Payette: Vous auriez pu voter pour le projet en
deuxième lecture?
M. Fontaine: Non, parce que je viens de vous dire qu'on est
contre l'étatisation, contre le fait que ce soit une régie d'Etat
qui indemnise les victimes d'accidents d'automobile au Québec. Nous
pouvons sans doute reconnaître qu'il y avait et qu'il y a des injustices
dans le régime actuel, qu'il y a des inconvénients, qu'il y a des
lenteurs, mais j'en suis toujours à me demander si le système
proposé sera moins lent ou sera plus juste. C'est qu'avant que la
régie puisse établir qu'une victime aura droit à telle ou
telle rente, je peux facilement imaginer que cela pourra prendre dans certains
cas plus d'un an, car il faudra toujours savoir au moins si une victime est
apte ou non à retourner au travail. A ce moment, il pourra
s'écouler une certaine période de temps. J'en suis toujours
à me demander également si le projet de loi proposé sera
plus juste que le système actuel en ce qui regarde le paiement des
primes. On sait qu'avec le régime proposé, tout le monde va payer
la même prime, sera sur un pied d'égalité; par contre, les
indemnités versées ne seront pas les mêmes pour tout le
monde, parce que celui qui gagnera $18 000 recevra plus que celui qui gagnera
$9000 ou $6000.
Je pense que, de ce côté, sur la notion de justice, on peut
se poser une question. J'admets que le système actuel a des failles.
Nous avons, depuis
le début de l'étude de ce projet de loi, manifesté
que nous avions des propositions concrètes à faire. Je pense que
nous pouvons dire, et nous le disons depuis longtemps, que l'assurance
obligatoire, c'est demandé depuis plusieurs années, et que cela
aurait dû être adopté depuis longtemps. Je me rappelle que
l'ancien ministre des Institutions financières, M. Tetley, était
venu rencontrer l'Association des avocats de province, il y a trois ans, je
pense. Il nous avait dit c'était un petit peu avant Noël
: D'ici Noël, cela va être adopté, l'assurance
obligatoire. Cela fait trois ans et cela n'a pas été
adopté. Je pense que la population et le Barreau étaient d'accord
pour que cette assurance obligatoire soit adoptée dans les plus brefs
délais.
Il y a, bien sûr, des injustices au niveau des indemnités,
parce qu'il y a des gens qui ne seront jamais indemnisés dans le
système actuel. Nous faisons également la proposition que le "no
fault" doit être établi dans une certaine mesure pour permettre
qu'il n'y ait pas de personnes victimes d'un accident d'automobile qui ne
soient indemnisées d'aucune façon, quoiqu'on doive
reconnaître que, dans le système actuel, il y a toujours le
bien-être social, l'assurance-chômage qui peut aider dans certains
cas, et des choses comme cela. On est d'accord sur une certaine forme
d'indemnité. J'irais même jusqu'à dire que je serais
d'accord pour que les indemnités du projet de loi 67 servent de
régime de base "no fault" et que tout le monde puisse être
indemnisé selon le régime proposé. Ce sur quoi je ne suis
pas d'accord, par exemple, c'est sur le fait qu'il n'y ait pas de recours pour
les sommes additionnelles qui pourraient être
récupérées. On a pourtant demandé à
plusieurs reprises au ministre de réviser cette position, puisque, si on
prétend que le régime indemnise bien les victimes, on doit
également admettre que les victimes ne seront pas indemnisées de
toutes leurs pertes.
A ce moment-là, il serait possible de conserver la notion de
responsabilité quant au surplus, pour que les personnes puissent
être indemnisées complètement à la suite d'un
accident d'automobile.
M. Paquette: Si elles ne sont pas responsables.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le
député de Nicolet-Yamaska me permettrait une question?
M. Fontaine: Oui, certainement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous pouvez
évaluer la moyenne, en dollars, des jugements qui ont été
rendus par la Cour supérieure en ce qui concerne les actions en dommages
où il y avait blessures corporelles et perte de salaires? Quelle
était la moyenne des jugements de la Cour supérieure en milliers
de dollars?
M. Fontaine: Je ne peux pas vous répondre.
Vous n'avez même pas la réponse vous autres mêmes,
comment voulez-vous que je l'aie?
M. Vaillancourt (Jonquière): Pouvez-vous me dire si, dans
votre pratique, vous avez eu de nombreux cas où les montants des
jugements étaient supérieurs à $18 000, toutes proportions
gardées, par rapport au nombre de causes que vous avez plaidées
dans ce domaine?
M. Fontaine: C'est bien évident qu'il y a eu certains
jugements qui ont dépassé ces montants, mais je ne peux pas vous
donner une réponse, je ne peux pas vous le dire. Cependant, moi, je
pourrais affirmer, par exemple, si on fait le total de toutes les
indemnités qui sont versées aux victimes d'accidents
d'automobiles dans le système actuel, si on fait la moyenne des deux
systèmes, que le système actuel indemnise beaucoup mieux que ce
qui est proposé dans le régime actuel.
C'est évident qu'on est d'accord pour que tout le monde soit
indemnisé sur une certaine base, et j'irais même jusqu'à
dire que je serais d'accord pour que le système actuel serve de base.
Mais si votre système est tellement bon, s'il indemnise tellement bien
tout le monde, pourquoi avez-vous peur de laisser le recours pour le surplus?
Qu'est-ce que ça va enlever à votre régime si vous laissez
le recours pour le surplus? Qu'est-ce que ça va enlever aux victimes?
Cela va leur permettre tout simplement d'être mieux indemnisées si
elles ne sont pas responsables de l'accident.
C'est la proposition que je veux faire. On a probablement les
mêmes objectifs, mais on a peut-être des moyens différents
de les atteindre. Là-dessus, on ne pourra peut-être pas
s'entendre, mais il y a des représentants du Barreau qui sont venus
à cette commission parlementaire présenter leur mémoire
qui, soit dit en passant, était très bien préparé,
et je pense que le ministre devrait se rendre à leurs arguments.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Je pense bien que, par cet article 3, nous touchons au coeur même
de la loi puisqu'il se lit comme suit: "La victime d'un dommage corporel
causé par une automobile est indemnisée par la régie et
suivant les dispositions du présent titre, sans égard à la
responsabilité de quiconque."
Il est évident que je ne peux, en ce qui me concerne, à la
suite de mes collègues de l'Opposition, tant le député de
Jacques-Cartier que le député de Nicolet-Yamaska, accepter cet
article tel que rédigé à l'heure actuelle.
Je me suis toujours opposé et je m'opposerai toujours à
tout régime monopolistique, que ce soient des régimes d'Etat, des
régimes privés, des régimes coopératifs, syndicaux
ou autres. Un monopole, ça constitue toujours un monopole, et devant un
monopole un citoyen est toujours dépourvu. C'est toujours
extrêmement difficile de se
faire entendre et, lorsqu'il n'y a pas de concurrence, l'administration
de ce régime devient, par la force des choses, plus dispendieuse, la
mécanisation devient extrêmement compliquée.
Comme ceux qui dirigent ce genre d'institution sont sûrs et
certains que, de toute façon, ils vont avoir la clientèle quand
même, il n'y a pas de problèmes. Ils peuvent négocier la
sécurité d'emploi tant qu'ils voudront, il n'y a aucun
problème; la sécurité n'est pas pour le public, la
première sécurité. On ne me fera jamais croire ça.
Je le dis encore une fois, non seulement au niveau des institutions
gouvernementales ou paragouvernementales... Il n'y en a pas plus au niveau des
monopoles privés... Cela a été clairement
démontré qu'au niveau des assureurs privés il n'y avait
pas de monopole. J'ai pris la peine de poser la question en commission
parlementaire lorsque nous avons entendu les mémoires. Je pense que tous
mes collègues qui siégeaient autour de la table ont
été en mesure de s'en rendre compte: II n'y a Ras monopole,
actuellement, dans le régime d'assurance privé, d'où la
non-nécessité, pour l'Etat, d'en faire un régime
monopolistique. Cela, c'est un premier point.
Même s'il y avait un monopole de l'assurance privée, cela
ne justifierait pas l'Etat d'en faire un régime monopolistique;
peut-être que cela justifierait cependant l'Etat de lui livrer une chaude
concurrence, ce qui est totalement différent. Ce que vient de dire
l'honorable député de Jonquière, qui est avocat, qui
connaît des cas d'assurance automobile et qui peut avoir une
jurisprudence beaucoup plus grande que celle que je peux avoir
même si ça fait longtemps qu'on reçoit des gens à
nos bureaux et que des dossiers nous sont confiés, on finit quand
même, sans être avocat, par avoir une certaine jurisprudence
personnelle mais, comme avocat et ayant eu à plaider devant les
tribunaux, je pense que ce que le député de Jonquière a
voulu dire ce soir je ne mets pas en doute ce qu'il a voulu dire, ici,
en commission parlementaire porte à interprétation: Cela
dépend des assureurs, cela dépend des courtiers d'assurances,
autrement dit, cela dépend des professionnels de l'assurance si les gens
sont mal "réglés". Je ne dis pas que c'est ce qu'il a dit, M. le
Président.
M. Paquette: II l'a dit deux ou trois fois.
M. Roy: II a parlé du système, nous sommes d'accord
avec ça. Tout le monde demandait selon les sondages qui ont
été faits dans la population l'assurance obligatoire.
La commission Gauvin a siégé assez longtemps et a
étudié le régime pour démontrer... Tout le monde
l'a demandé, les assureurs, le Barreau, les courtiers, les
députés, les partis politiques, tout le monde a demandé un
changement dans le régime d'indemnisation et qu'on ne vienne pas me
faire croire aujourd'hui que ça peut dépendre des courtiers et
des assureurs s'il y avait des gens qui étaient mal
"réglés". On a demandé des modifications au Code civil
parce que c'étaient les tribunaux et non les assureurs qui fi- xaient
les indemnités. Quand ça prend trois ans, quatre ans, cinq ans...
J'ai même vu des cas de six ans qui ne sont pas réglés; des
cas d'accidents d'automobiles dans lesquels il y a eu des victimes qui sont
devenues complètement invalides et, après six ans, il n'y a rien
de réglé; ça dépend des assureurs? Cela
dépend des tribunaux et, à ce moment, qu'on place les
responsabilités où elles doivent être.
Alors, quand on parle d'un régime monopolistique, en vertu de
l'article 3, je suis encore plus inquiet, surtout quand je regarde les sources
d'inspiration du gouvernement. Dans le régime qui a été
proposé par le rapport d'un certain M. Gauvin, je pense qu'il faut
regarder ce document, il est très instructif. Il est daté du 7
mars 1975; il semble que, à ce moment, ce n'était pas le Parti
québécois qui était au pouvoir. Je ne sais pas si j'ai
oublié les dates, mais, si ma mémoire est bonne, ce
n'était pas le Parti québécois qui était là.
De toute façon, cela a été rejeté par le
gouvernement de l'époque.
Régime proposé, première étape: trois ans.
Le détail de l'organisation de la première étape pourrait
être comme suit: a) régie d'Etat. Dans un premier temps, le
gouvernement pourrait créer une régie d'Etat monopolistique,
chargée d'assurer une couverture de base, dans un système de
responsabilité sans égard à la faute en ce qui concerne
les blessures corporelles, laissant à l'industrie privée le soin
de couvrir les dommages non couverts par le régime de base en ce qui
concerne les blessures corporelles et les dommages matériels, dans un
système de responsabilité conventionnel". Je n'ai pas lu cela
dans la loi, M. le Président, je n'ai pas lu celadans le livre bleu
de...
Mme Payette: M. le Président, si M. le
député de Beauce-Sud me le permet, je vais peut-être
apporter une correction; il ne s'agit pas du rapport Gauvin, mais du rapport
Desjardins.
M. Roy: Du rapport Desjardins, je m'excuse, j'ai bien voulu dire
Desjardins; je m'excuse du lapsus et je remercie Mme le ministre de me
corriger, pour les fins du journal des Débats, parce que je ne voudrais
quand même pas que... Non, c'est important, merci.
Dans un deuxième temps et c'est là que je pense
qu'il faut avoir les yeux grands ouverts le gouvernement pourrait
prendre en main la couverture des dommages matériels et celle des
dommages pour blessures corporelles non couverts par le régime de base.
Dans un deuxième temps, étatisation au complet.
Un député vient de dire ici: J'espère. Il a le
courage de ses idées, j'ai toujours admiré une personne qui a le
courage de ses opinions, même si je ne suis pas d'accord avec elle. C'est
là où nous travaillons. D'ailleurs, les gens du Parti
québécois qui sont venus en commission parlementaire ont quand
même eu cette logique de ne pas vouloir imposer deux administrations,
deux régimes, deux dossiers, deux réclamations en cas de
sinistre. Alors, qu'on ne vienne pas me faire croire qu'on va avoir ce
régime mitigé, un pied dans l'en-
treprise d'Etat et l'autre pied dans l'entreprise privée, et que
ça va durer tellement longtemps. Non, c'est parce qu'on n'est pas
prêt et qu'on veut roder le système, qu'on veut monter les
fichiers avant. On n'est pas pressé, mais, en attendant, ce sont les
assurés au Québec qui vont payer tout ça. Je n'ai pas fini
de faire mes calculs.
Mais $40 millions que le projet de réforme va coûter au
gouvernement pour la prochaine année, $21 millions sur la taxe sur
l'essence, $10 millions pour le manque à gagner du régime
d'assurance hospitalisation et du régime d'assurance-santé et
j'avais oublié, ce midi, la taxe de 2.7% que les assureurs paient sur
toutes les primes perçues, ce qui représente un autre montant de
$9 millions. Cela fait $40 millions de manque à gagner pour le
gouvernement qu'on subventionne et ce n'est pas tout.
Deuxièmement, si on veut faire une réforme de justice
sociale, il manque quelque chose dans la loi et je pense que ce serait
probablement la possibilité de l'introduire à ce
moment-là. Dans un régime où on abolit la
responsabilité, la faute, pour quelle raison permettrait-on à une
personne victime d'un accident d'automobile et qui n'est pas responsable, et
dont la non-responsabilité est prouvée pour la réclamation
des dommages matériels de $250 qui peuvent être faits à son
automobile... Il faudra qu'on détermine la responsabilité,
à moins qu'on en vienne à des amendements dans la loi au cours de
l'étude de la loi, mais tel que proposé dans le projet de loi
original, il faudrait qu'on détermine quand même la
responsabilité puisqu'on parle d'un régime conventionnel. Pour
quelle raison cette personne, si elle n'est pas responsable d'un accident,
devrait-elle perdre sa semaine de salaire? On sait très bien que des
personnes, parfois, à la suite d'une perte d'une semaine de salaire,
peuvent perdre leur emploi, parce que les gens ne sont pas tous
syndiqués. Ils n'ont pas tous la sécurité d'emploi. Quels
sont les recours que ces personnes vont pouvoir avoir?
Nous avons tous parlé en faveur d'une amélioration du
régime d'assurance automobile. J'ai offert ma collaboration au
gouvernement et ma collaboration est acquise, pour qu'on améliore le
régime d'assurance automobile; mais si on améliore quelque peu le
régime d'assurance automobile et que par toutes les autres
subtilités qu'on retrouve dans le régime et par les complications
qui en découlent, on place une certaine catégorie de victimes
dans des situations pires qu'avant, du moins pas mieux qu'avant. Nous avons
gagné quoi, lorsqu'il en coûte plus cher et que c'est
démontré qu'il en coûte plus cher, même si on veut
camoufler le coût réel du régime en faisant en sorte de
contribuer à un manque à gagner de $40 millions qui a
déjà été établi ce soir au niveau des pertes
que le gouvernement devra assumer et pour lesquelles d'autres ministères
devront se priver de capitaux?
M. le Président, j'ai l'intention de proposer un amendement
à cet article du projet de loi, parce qu'il y a d'autres amendements de
concordance qui viendront par la suite: Que l'article 3 soit modifié en
remplaçant dans la troisième ligne les mots "la régie" par
les mots "un assureur auto- risé", le nouvel article se lisant comme
suit: La victime de dommages corporels causés par une automobile est
indemnisée par un assureur autorisé et suivant les dispositions
du présent titre, sans égard à la responsabilité de
quiconque... C'est un assureur agréé.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'article 96. J'ai attendu qu'il finisse. J'avais le droit d'attendre.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que je peux recevoir
votre amendement, M. le député de Beauce-Sud? Oui, M. le
député de Jonquière; vous voulez vous prévaloir de
l'article 96?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, et après,
émettre un argument sur la recevabilité de la motion.
M. le Président, très brièvement, pour dire au
député de Beauce-Sud, que je sais très honnête, que
je n'ai jamais dit que la faute du régime actuel incombait aux assureurs
ou aux avocats ou aux tribunaux. Je pense que l'essence de mes propos tendait
à démontrer que dans une société comme la
nôtre, le système de la faute avec lequel nous avons vécu
pendant des années et des années était maintenant
dépassé et qu'il fallait passer à l'indemnisation sans
égard à la faute afin que des situations pénibles que j'ai
vécues et que vous avez sans doute vécues au cours des
dernières années, lors des visites de vos électeurs
à votre bureau, afin que ces personnes blessées qui ont vu des
membres de leur famille blessée également, soient
indemnisées. Loin de moi l'intention de donner mon appui à
l'article 3 pour la raison que le système va mal à cause des
avocats, des tribunaux ou des assureurs. Je pense que c'est une question de
système. C'est sur la faute telle que nous l'entendons depuis des
années.
M. Roy: J'apprécie la précision du
député. Je pense que cela confirme ce qu'on disait.
M. Fontaine: M. le Président, sur le même point, on
a fait allusion, tout à l'heure, à une victime qui, après
quatre ans, cinq ans, six ans, n'était pas indemnisée.
Dans le système actuel, je pense qu'il s'agissait sûrement
d'une victime qui avait subi de graves blessures et qui n'était pas
encore rétablie après une période de six ans, pour
laquelle on ne pouvait régler le cas.
Il est bien sûr que si on propose un régime d'indemnisation
sans égard à la faute, un régime de base, ces
cas-là ne se verraient plus, parce que les accidentés
recevraient, immédiatement après l'accident, une indemnité
qui leur permettrait de vivre pendant qu'ils ont une incapacité totale
temporaire. Mais, dans le régime proposé, on va sûrement
voir des victimes se trimbaler pendant cinq ans ou six ans devant les
médecins de la régie pour aller démontrer qu'elles ne sont
pas aptes à retourner au travail.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la question de recevabilité.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense, M. le
Président, que la décision que vous allez avoir à rendre
sur la recevabilité sera de répondre à la question
suivante: Est-ce que la motion du député de Beauce-Sud a pour
conséquence de modifier l'un des principes adoptés par
l'Assemblée nationale lors de l'adoption du projet de loi en
deuxième lecture.
L'article 3 de la loi actuelle émet au moins deux principes
fondamentaux. Le premier est relatif à la responsabilité. On dit
que, dorénavant, l'indemnisation des blessures corporelles se fera sans
égard à la faute, alors qu'au préalable, cette
indemnisation se faisait par rapport à la faute. Vous conviendrez avec
moi qu'un amendement ou une motion d'amendement qui aurait pour effet de
ramener le système de la responsabilité serait un amendement
irrecevable puisqu'à l'encontre d'un principe adopté en
deuxième lecture.
D'autre part, c'est là le but de l'amendement du
député de Beauce-Sud, je pense que le deuxième principe
que nous retrouvons à l'article 3 est celui du paiement, par qui se fera
le paiement. On sait qu'une loi a créé la Régie de
l'assurance automobile et que, dans le système antérieur, dans
notre système actuel, dis-je, l'indemnité ne se faisait pas par
une régie, mais par un assureur autorisé ou par un assureur
agréé.
Or, l'article 3, tel qu'adopté en deuxième lecture, a
également eu comme conséquence d'adopter le principe du paiement
de l'indemnisation par un organisme créé par une loi actuellement
en vigueur, qui s'appelle la Régie de l'assurance automobile du
Québec. J'estime que l'amendement du député de Beauce-Sud,
s'il était déclaré recevable, aurait comme
conséquence de nous ramener à des discussions sur un des
principes fondamentaux de l'article 3, c'est-à-dire l'organisme de
paiement des indemnités et, d'autre part, la responsabilité sans
égard à la faute.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je m'accorde avec la
première partie des propos du député de Jonquière,
à savoir que le principe de l'article 3, le premier principe qu'il
énonce, que désormais les indemnités seront payées
sans égard à la faute. Je ne suis pas d'accord avec lui toutefois
quand il tente de coiffer la modalité du paiement du mot de principe ou
du caractère de principe. En effet, l'article a été
rédigé d'une façon, je pense, relativement habile pour
tenter d'inclure dans le principe de l'indemnisation sans égard à
la responsabilité le fait de savoir qui va payer cette
indemnité.
Il m'apparaît évident, et votre décision va
être importante, M. le Président, que la façon de faire un
paiement, c'est une modalité. On aurait pu dire: Sera payable par la
régie par chèque, par exemple. Est-ce que ce serait un principe,
parce que ce serait dans un article qui énonce déjà le
principe d'indemnisation sans égard à la responsabilité?
La réponse est évidente. On dit que ça va être
indemnisé par la régie.
M. le Président, dans ce projet de loi, c'est tellement vrai que
le fait que l'indemnité est payable par la régie est une
modalité que la même loi prévoit qu'en ce qui concerne les
dommages matériels, ça va être fait autrement.
Les paiements d'indemnités vont être faits autrement.
L'indemnisation va être faite par les assureurs.
Comment penser à une loi qui, si je suis l'argument du
député de Jonquière, consacrerait deux principes
contradictoires? Ou bien c'est un principe ou cela n'en est pas un. Si cela en
est un, il vaut pour toute la loi. On ne peut pas, dans la même loi,
avoir deux principes contradictoires, si c'est un principe. C'est tellement
vrai que c'est une modalité qu'on pourrait avoir un autre chapitre qui
dit autre chose, payable par d'autres personnes. C'est évident que le
fait que cela soit payable par la régie, dans l'article 3, est une
modalité, et, étant donné que c'est le seul argument qui a
été apporté par le député de
Jonquière, je ne m'étendrai pas sur les autres dispositions du
règlement qui, à mon sens, rendent cet amendement parfaitement
recevable.
M. Fontaine: Je voudrais dire à cette assemblée que
je suis d'accord avec l'amendement proposé, et j'avais moi-même
l'intention d'en proposer un semblable. Sur le principe d'admissibilité
de cet amendement, je pense, M. le Président, qu'il saute aux yeux que
le véritable principe qui a été adopté en
deuxième lecture par l'Assemblée nationale est le principe de la
non-responsabilité ou du "no fault", ou de dire sans égard
à la responsabilité de quiconque.
Je pense que, dans cet article 3, qui est très court, c'est ce
principe qui est consacré dans le projet de loi. Comme le disait le
député de Marguerite-Bourgeoys, le fait de dire qu'une
indemnité sera payée aux victimes par la régie n'est
qu'une modalité d'application de ce principe. On aurait bien pu dire,
par exemple, que la victime d'un dommage corporel causé par une
automobile est indemnisée par la Commission des accidents de travail, et
cela n'aurait en aucune façon changé le principe de ce
troisième article du projet de loi 67, de ce principe du projet de loi
67.
M. le Président, je pense que l'amendement proposé par le
député de Beauce-Sud est tout à fait recevable, selon nos
règlements.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'aurais seulement deux arguments à ajouter, M. le
Président, mais je pense qu'ils viennent d'être bien
mentionnés par mes deux collègues. Le principe de la loi, c'est
le principe de notion de non-responsabilité que nous vaut le
régime d'indemnisation. C'est cela qui est dans la loi.
Mes collègues ont entièrement raison lorsqu'ils disent:
Qui va payer le régime d'indemnisation, si c'est le même
régime d'indemnisation et le même principe du régime
d'indemnisation qui est
maintenu, et si c'est le même principe de la
non-responsabilité qui est maintenu.
L'amendement que j'ai proposé ne change rien, en ce qui a trait
au régime d'indemnisation. Tout le régime d'indemnisation ne
change pas du tout la loi. Deuxièmement, dans la notion de
non-responsabilité, il n'est aucunement modifié par cet
amendement. C'est une question de modalité, M. le Président. Je
n'ai pas l'intention d'intervenir plus longtemps au niveau des arguments, mais
cet amendement est parfaitement recevable.
M. Vaillancourt (Jonquière):...
Le Président (M. Bertrand): Non, M. le
député de Jonquière.
Je remercie les partis politiques d'avoir fait part à la
présidence de leurs remarques sur la recevabilité de cette motion
d'amendement. C'est la première, d'ailleurs, qui nous soit
présentée depuis le début des travaux de cette commission
et qui pose un réel problème d'interprétation au plan de
ce qui doit être appelé principe, détails ou
modalités d'un projet de loi.
Je m'en réfère à l'article 154 de nos
règlements qui dit: "En commission plénière ou
élue, après la deuxième lecture, on ne peut discuter que
les détails d'un projet de loi je pense que le mot est important
il ne peut y avoir audition publique que devant une commission
élue, pourvu que celle-ci consente.
Deuxième paragraphe: "La commission peut amender un projet de
loi, pourvu que l'amendement ne soit pas étranger a l'objet du projet
je pense que c'est respecté dans la motion d'amendement du
député de Beauce-Sud et qu'il ne s'oppose pas au principe
affirmé en deuxième lecture."
La difficulté relève évidemment de
l'interprétation que l'on donne à ce qui a été
considéré comme le principe de ce projet de loi en
deuxième lecture.
J'ai bien senti que, dans l'argumentation des partis de l'Opposition, il
y avait une référence à l'un des deux principes qui
semblent être incorporés dans cet article, à savoir
l'absence de responsabilité ou le fait que les dispositions d'un
régime public d'assurance automobile ne tiendraient pas compte de la
responsabilité, comme c'est le cas dans le système actuel.
Sans vouloir entrer dans le fond du débat, parce que ce n'est pas
mon rôle comme président, mais comme je dois tout de même
savoir distinguer entre le principe et les modalités, je dois
considérer que le principe, tel que débattu en deuxième
lecture à l'Assemblée nationale, dépassait la seule
question de la responsabilité, et, pour résumer d'une
façon un peu lapidaire ce qui était en fait le fond du
débat en deuxième lecture, je pense qu'il s'agissait vraiment de
l'instauration d'un régime public d'assurance automobile pour la
couverture des dommages corporels et du maintien d'un régime
privé d'assurance pour ce qui concerne les dommages matériels. Je
pense que, là-dessus, il n'y a pas de discussion possible,
c'était vraiment le fond de ce projet de loi 67. Dans la mesure
où nous touchons à l'un ou à l'autre de ces deux aspects
qui consacrent le principe fondamental de ce projet de loi, je dirais
même que la notion de création d'une régie devant assumer
la responsabilité d'indemniser des victimes d'accidents d'automobiles
pour ce qui est des dommages corporels venait avant même le principe de
l'absence de responsabilité.
Dans ce contexte, je suis vraiment obligé surtout de tenir compte
du fait qu'on ne peut pas associer au mot "Régie" le mot "détail"
ou le mot "modalités", quand on sait qu'il y a déjà un
projet de loi qui a été voté à l'Assemblée
nationale, le projet de loi no 49, qui est maintenant une loi du Parlement, et
dont la seule fonction était justement de constituer la Régie de
l'assurance automobile du Québec.
En d'autres mots, je n'entre pas dans le fond du débat, mais
voulant marquer jusqu'où va le principe du projet de loi no 67 et
où commencent les modalités et les détails du projet de
loi no 67, je dois considérer, M. le député de Beauce-Sud,
que lorsque vous demandez de remplacer le mot "Régie" par les mots
"assureur agréé", vous touchez à l'essence même du
principe qui a été débattu à l'Assemblée
nationale sur le projet de loi no 67.
Pour cette raison importante, et sans vouloir entrer encore une fois sur
le fond de la question, M. le député de Beauce-Sud, je dois juger
irrecevable votre motion d'amendement.
M. Roy: M. le Président, je respecte votre
décision. Je ne veux pas reprendre les arguments non plus, mais
j'aimerais quand même qu'on se situe et je solliciterais peut-être
votre aide à ce moment-ci de façon à préciser
exactement le cadre à l'intérieur duquel nous devrons
évoluer pour présenter les motions d'amendement.
Si j'ai bien compris, vous dites que le principe de la loi, c'est
l'établissement d'un régime public, monopolistique, pour
l'indemnisation des dommages corporels. Est-ce exact?
Le Président (M. Bertrand): Le mot "monopolistique", M. le
député de Beauce-Sud, je ne l'ai pas utilisé, je ne
l'utiliserai pas non plus.
M. Roy: L'établissement d'un régime public qui
assure la totalité des indemnisations pour les dommages corporels.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je ne veux pas entrer sur le fond, mais pour avoir entendu
suffisamment les intervenants jusqu'à maintenant et avoir pris
connaissance de ce projet de loi no 67, je sais qu'il y a certains individus
qui pourront, au-delà d'une certaine limite, prendre une couverture
spéciale pour certains dommages corporels qu'ils pourraient avoir, dans
la mesure où la loi actuelle ne les satisferait pas dans le cadre des
modalités qu'elle définit.
Je ne veux donc pas employer ce mot "monopolistique". Vous semblez
vouloir donner ici une
opinion sur le caractère exclusif de la couverture par la
régie pour les dommages corporels.
M. Roy: Très bien. De toute façon, je pense qu'un
des principes si je peux en juger de par votre décision de
la loi serait l'établissement d'un régime public
d'indemnités pour les dommages corporels.
Le Président ((M. Bertrand): Exact.
M. Roy: De confier à l'entreprise privée les
indemnités au point de vue des dommages matériels.
Le Président (M. Bertrand): Exact.
M. Roy: Le principe de la loi: la notion de
non-responsabilité.
Le Président (M. Bertrand): Exact.
M. Roy: Nouveau régime d'indemnisation, autre principe de
la loi. En somme, il y aurait quatre grands principes dans la loi.
Le Président (M. Bertrand): Le dernier que vous avez
mentionné était déjà inclus dans le premier.
M. Roy: II était déjà inclus dans le
premier. Merci, M. le Président, mais avec votre permission, puisque
j'avais encore cinq minutes à ma disposition tout à l'heure, et
compte tenu du fait qu'il y a place, évidemment, pour une couverture
supplémentaire dans le régime d'assurance pour indemnisation des
dommages corporels, je pense que l'article tel que rédigé dans la
loi, la victime d'un dommage corporel causé par une automobile est
indemnisée par la régie et suivant les dispositions du
présent titre, sans égard à la responsabilité de
quiconque, cet article est incomplet. S'il y a place pour une couverture
additionnelle par l'entreprise privée, l'article 3 devrait se lire comme
suit: La victime d'un dommage corporel causé par une automobile est
indemnisée par la régie ou par un assureur autorisé et
suivant la disposition du présent titre, sans égard à la
responsabilité de quiconque. Alors, je pense que cet article devrait
être amendé.
C'est pourquoi je propose que l'article no 3 soit modifié en
ajoutant à la troisième ligne, après les mots "la
régie", les mots suivants "ou par un... je m'excuse cela fait
longtemps qu'on travaille, on devient fatigué, je pense qu'on comprendra
cela assez facilement. Je me reprends et je m'excuse auprès du journal
des Débats que l'article 3 soit modifié en ajoutant
à la troisième ligne, après les mots "la régie",
les mots suivants "ou par un assureur agréé". Le nouvel article
devrait se lire comme suit: La victime d'un dommage corporel causé par
une automobile est indemnisée par la régie ou par un assureur
agréé suivant la disposition du présent titre, sans
égard à la responsabilité de quiconque.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je ne voudrais pas...
M. Paquette: Sur la recevabilité?
Le Président (M. Bertrand): Non, je ne voudrais pas qu'il
y ait un débat là-dessus. M. le député de
Beauce-Sud, j'espère que vous allez être en mesure de me suivre
dans cette argumentation qui comporte un certain aspect de
subtilité.
M. Roy: La subtilité, est-ce que cela veut dire qu'elle
touche un peu le fond du débat? Est-ce cela?
Le Président (M. Bertrand): Non, pas du tout. C'est
simplement une question de forme, mais qui a des incidences jusqu'à un
certain point sur le fond de la question. Je m'explique, M. le
député de Beauce-Sud, et encore une fois, je vous le dis, je ne
suis pas là pour prendre position. J'occupe le siège de la
neutralité. Je n'ai pas du tout l'intention d'appuyer l'une ou l'autre
des parties dans ce débat.
Quand vous rédigez votre motion d'amendement en laissant supposer
que l'individu aurait le choix, la victime ou l'individu qui participe à
ce régime d'assurance automobile, entre un régime public et un
régime privé, parce que c'est bien ce que vous dites, c'est l'un
ou c'est l'autre, vous refaites, par cet amendement qui, dans le fond, est une
présentation différente du premier, vous recréez la
même situation problème. J'ai bien cru sentir que votre intention
était d'exprimer qu'au-delà de ce régime public, qui est
une couverture pour l'ensemble des citoyens, pour l'ensemble des
assurés, une possibilité était encore laissée
à l'individu d'aller chercher un supplément de couverture en
termes d'assurance automobile pour les dommages corporels.
Dans la motion d'amendement telle que vous la présentez, vous ne
répondez pas à cet objectif, si je veux bien me faire comprendre,
mais vous voulez plutôt instaurer une liberté de choix pour
l'individu entre adhérer à un régime public ou
adhérer à un régime privé, ce qui nous
ramène exactement au problème que nous avions tantôt,
à savoir que le principe fondamental discuté en deuxième
lecture, soit un régime public complet d'assurance automobile pour
dommages corporels.
Au-delà d'une certaine limite qui est, je pense, fixée par
la loi, à moins que ce ne soit pas mentionné mais je pense
que c'est mentionné dans la lo i il y a possibilité, pour
un individu, d'une couverture supplémentaire. Alors donc, dans sa
présentation, dans sa forme, votre motion d'amendement rejoint les
difficultés que présentait le premier amendement tantôt,
qui touchait vraiment le fond de la question et qui touchait l'un des principes
essentiels votés en deuxième lecture.
M. Roy: Sur le point que vous venez de soulever, M. le
Président, je pense que l'article est complètement
différent de l'autre, parce que dans l'autre, l'article
remplaçait le régime de régie d'Etat par le régime
des assureurs privés. Je pense que ça, c'est assez clair.
Le Président (M. Bertrand): Dans la première motion
d'amendement, vous remplaciez l'un par l'autre; dans la deuxième, vous
instaurez la liberté de choix entre l'un et l'autre.
M. Roy: ... motion d'amendement... Je comprends et je suis
d'accord avec vous que ça peut être interprété de
cette façon-là, M. le Président. Mais comme on permet,
dans le régime, une couverture supplémentaire par le
régime privé, par les assureurs privés, j'aimerais savoir,
M. le Président, de quelle façon l'article 3 pourrait être
amendé ou rédigé pour ne pas fermer la porte.
Mme Payette: Si ça peut vous aider, M. le
Président, je vous soulignerai...
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de Beauce-Sud, je pense que... On me donne ici une
indication importante, selon laquelle, à l'article 4 qui suit, il y a
déjà une mention qui est faite sur ce que vous parlez à
l'article 3 dans votre motion d'amendement.
M. Fontaine: M. le Président?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Concernant la question du principe du régime
public, je me demande je vous pose la question s'il ne serait pas
possible de maintenir un régime public sans que les indemnités
soient payées par la régie?
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Nicolet-Yamaska, si vous voulez
répéter.
M. Fontaine: Vous dites que c'est une question de principe, que
le principe est qu'on adopte un régime public. Je vous pose la question
suivante: Est-ce qu'il ne serait pas possible de maintenir un régime
public sans que les indemnités soient payées par la régie?
Ce que je veux dire par là, c'est que la régie pourrait dire,
elle, comment indemniser et que l'assureur agréé pourrait payer.
A ce moment-là, on ne contreviendrait, en aucun cas, au principe qui a
été adopté en deuxième lecture?
Le Président (M. Bertrand): Là-dessus, M. le
député de Nicolet-Yamaska, je pense que ce n'est pas le lieu de
discuter de cet élément-là. Il y a déjà une
loi qui a été votée, la loi 49, qui définit les
responsabilités de la régie. C'est à ce moment-là
qu'il aurait fallu apporter des amendements qui, par exemple, auraient pu
manifester que la régie a certaines responsabilités, mais en
délègue certaines autres à d'autres institutions ou
organismes. Cela n'a pas été fait dans le cadre de l'étude
du projet de loi no 49, et ce ne serait pas le moment de discuter, ici, des
responsabilités de la régie, puisque, dans l'article 3, il n'est
pas fait mention de ces responsabilités de la régie; il est
uniquement fait mention de l'organisme qui est responsable de l'application du
régime public d'assurance automobile.
Alors, M. le député de Beauce-Sud, j'ai jugé
irrecevable votre motion d'amendement et je pense, effectivement, qu'à
la lecture de l'article 4, il y a là certains éléments qui
donnent des éléments de réponses à votre intention
d'apporter certains amendements.
M. Roy: M. le Président, j'accepte les deux jugements que
vous venez de rendre en commission parlementaire, et je n'ai pas le choix, je
suis obligé de les prendre. Je me demande si nous aurons le temps de
nous rendre à l'article 201 de la loi, et je me demande comment il se
fait que le gouvernement propose lui-même un amendement qui change le
principe de la loi, et je lis l'article 201 proposé dans les amendements
puisqu'il est permis d'aller plus loin...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement!
Question de règlement, M. le président!
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Question de
règlement, M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'en vertu d'un article que vous connaissez probablement mieux que moi,
selon lequel il n'y a aucunement appel des décisions d'un
président de commission parlementaire et d'autre part, on
pourrait vous faire mention que nous jugerons, parvenus à l'article 201,
si l'amendement proposé par Mme le ministre vient à l'encontre
d'un principe du projet de loi à ce stade-ci, il est
prématuré d'en appeler de votre décision en se fiant sur
un amendement qui pourrait être proposé à l'article
201.
M. Roy: M. le Président, sur le point qui vient
d'être soulevé, je voudrais dire que l'honorable
député de Jonquière prend les articles qu'il veut quand
ça lui plaît. C'est lui-même qui, tantôt, a fait
référence à l'article 4. Si on veut respecter
l'éthique ou la coutume dans les commissions parlementaires...
M. Vaillancourt (Jonquière): La décision est
rendue.
M. Roy: ... que l'on étudie, article par article, l'un
après l'autre, j'en conviens. Mais ça fait tellement de fois
qu'on fait référence à des articles ultérieurs dans
un projet de loi que ne crée pas de précédent, ce soir, en
intervenant de cette façon. Si vous me le permettez, M. le
Président, je veux quand même la lire parce que c'est une question
qui concerne le principe du projet de loi, et je tiens à le dire
à l'intention de mes collègues parce que, lorsque le rapport de
la commission sera déposé pour être étudié
devant l'Assemblée nationale, ce rapport fera l'objet d'un débat
et, par la suite, nous aurons un débat de troisième lecture.
Qu'on prenne note tout de suite que, à l'article 201, lorsqu'on dit que
la régie peut...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Roy: Cela fait mal, n'est-ce pas?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, question de règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai soulevé tout
à l'heure une question de règlement et vous n'avez aucunement
rendu de décision sur cette question. Est-ce qu'il est possible, pour le
député de Beauce-Sud, par le biais de l'article 201, d'en venir
à l'appel de votre décision?
M. Roy: Tous les membres de la commission...
M. Raynauld: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Avant que vous
n'invoquiez une question de règlement, je veux répondre au
député de Jonquière.
Je suis certain que, connaissant le député de Beauce-Sud,
qui est maintenant membre de l'Assemblée nationale depuis de nombreuses
années, il sait assez bien, je pense, que, effectivement, on ne revient
jamais sur une décision rendue par la présidence. Je suis certain
que ce n'est pas son intention, je suis même certain que, lorsqu'il a
prononcé les mots "si j'accepte votre décision", il n'y avait pas
d'hypothèse de refus là-dedans, il y avait simplement une
formulation, sans doute un style nouveau donné à l'introduction
de sa phrase, mais il n'avait certainement pas l'intention de revenir sur la
décision du président, je crois qu'il voulait simplement
mentionner que, à l'article 201, il y avait un autre
problème.
M. le député de Beauce-Sud, effectivement, l'article 201
viendra en son temps et, tant et aussi longtemps que cet article ne sera pas
appelé, je vous inviterais, s'il vous plaît, à collaborer
et faire en sorte que nous puissions, pour l'instant, nous en tenir à
l'article que nous avons devant nous.
M. Roy: M. le Président, je vous demanderais une directive
spécifique à ce moment-ci.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Roy: Je ne veux pas avoir un traitement de faveur à
cette commission, mais je ne veux pas avoir un traitement autre que celui des
autres non plus. Alors, s'il est admis, à partir de ce moment et
j'aimerais qu'on y pense au niveau de la commission parlementaire qu'on
ne doit pas aller à des articles ultérieurs dans la discussion de
ce projet de loi, je tiens à dire que nous allons avoir de fichus
problèmes pour l'étudier et l'adopter article par article, parce
qu'il y a des articles de loi qui se réfèrent à d'autres
et on n'a qu'à regarder l'article no 4... Je m'excuse, je ne voudrais
pas récidiver, je vais prendre l'article no 2, M. le Président,
"Nonobstant le sous-paragraphe du paragraphe 29..." et dans tous les articles
de la loi, on fait référence à d'autres articles.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je n'empêcherai jamais un membre de la commission, dans son
argumentation sur un article particulier, de s'appuyer sur certains autres
articles, mais toujours dans le but d'étudier cet aritcle précis,
que ce soit l'article 3, l'article 4 ou l'article 5. Cependant, au moment, M.
le député de Beauce-Sud, où une décision est rendue
sur les motions d'amendement présentées à l'article 3, que
vous profitiez de votre droit de parole, non pas pour remettre en question la
décision de la présidence, mais pour inviter la présidence
à tenir compte d'un écart qui, semble-t-il, serait survenu
à l'article 201, je pense que, là, vous n'êtes plus tout
à fait dans le cadre du débat.
Si vous vous servez de votre argumentation à l'article 3 ou
à l'article 4 et que, pour ce faire, vous avez besoin d'invoquer un
autre article, je vous donnerai la permission, M. le député de
Beauce-Sud, mais pas dans le cadre où vous voulez revenir ou discuter,
de quelque façon que ce soit, d'une décision rendue par la
présidence. Je pense qu'on se comprend.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Roy: Je m'excuse, mais je ne peux pas laisser cela comme cela,
laisser l'impression à la commission et vous laisser l'impression, M. le
Président, que je veux contester votre décision. Ce n'est pas
pour contester votre décision. Ce que je voulais, c'est attirer
l'attention de la présidence sur les dispositions de l'article 201 au
cas où nous n'aurions pas le temps de l'examiner ici, en commission
parlementaire, ce qui est fort possible, ce qui est plus que probable.
Le Président (M. Bertrand): Le président en a pris
note, M. le député de Beauce-Sud. M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: J'avais pensé que le député de
Beauce-Sud avait encore quelques minutes à discuter sur la proposition
principale et qu'il pouvait parfaitement utiliser l'article 201 comme exemple
pour illustrer sa pensée sur sa position de fond. Je ne vois pas
pourquoi on interdirait au député de Beauce-Sud de faire appel
à un autre article du projet de loi lorsqu'il veut expliquer un point de
vue qu'il a parfaitement le droit d'expliquer en termes de proposition
principale, sans contester du tout votre décision.
Le Président (M. Bertrand): C'est exactement ce que je
viens de dire, M. le député d'Outremont. Alors, l'article 3, nous
poursuivons la discussion.
M. Roy: M. le Président, je vous demande une directive.
L'article 201 se réfère à l'article 3.
M. Paquette: C'est un autre projet de loi, d'un autre projet de
loi.
M. Lalonde: Cela ne fait rien, c'est une loi pareille.
M. Paquette: C'est cela, son problème. M. Roy: II y
a des amendements qui... M. Lalonde: Ne soyez pas trop...
M. Roy:... démontrent clairement jusqu'à quel point
cela peut être difficile de travailler à cette commission
parlementaire.
M. Paquette: Regardez l'article précédent.
M. Roy: On nous amène une brique de documents.
M. Paquette: Je viens à peine d'en prendre connaissance,
mon collègue aussi. Il s'agit de l'article 3 d'une autre loi, la loi qui
a créé la Régie de l'assurance automobile. C'est
parfaitement légitime de modifier une autre loi ou n'importe quelle loi
dans ce projet de loi. Cela ne vient pas non plus contredire le principe de la
présente loi 67 à l'étude.
M. Roy: Oui, M. le Président, parce que ces dispositions
n'ont pas été...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que l'article 3 est
adopté, M. le Président?
M. Roy: Non, il n'a pas été adopté. Un
instant.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement, s'i vous plaît, avant le député de
Beauce-Sud. Le député de Jonquière est nerveux. J'aimerais
que vous le rassuriez. Cela ne fait pas longtemps qu'il est ici, il va falloir
qu'il apprenne des choses. C'est un président très
agréable, d'ailleurs, quand il préside, mais là, il se
pense encore président. M. le Président, c'est cela, son
problème. Cet après-midi, il était là, il disait:
Des questions, des questions et, 40 minutes avant 18 heures, il nous a
rappelé à l'ordre: Attention, vous n'avez que 40 minutes pour
interroger les experts. Comme si on ne pouvait pas les rappeler! Là,
à la première occasion, et je l'ai écouté... Cela
fait à peu près une demi-heure que j'observe son
énervement avec beaucoup de patience; je voudrais lui dire, très
amicalement, que, si c'est comme cela qu'il conçoit nos débats,
cela peut être plus long et beaucoup plus désagréable. Ce
soir on n'a pas été désagréable, on n'a pas
été trop long. J'aimerais qu'il sache que l'Opposition a des
questions à poser, on a des arguments à faire valoir et que vous
lui donniez une petite leçon, M. le Président. J'ai vu votre
patience aujourd'hui, par exemple, c'était adorable. Vous avez
été un président en or. Ce n'était pas facile, mais
quand même, je pense que votre expérience va pouvoir montrer au
député de Jonquière jusqu'à quel point on doit
réellement laisser les débats se poursuivre sans aller, trop
pointilleux, à la lettre du règlement.
Le Président (M. Bertrand): Je vous remercie, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, de contri- buer à ramener
la sérénité, le calme et la quiétude dans cette
commission parlementaire.
M. le député de Beauce-Sud, je pense que...
M. Roy: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): ... votre point a
été marqué...
M. Roy:... dans nos règlements, il est permis à un
député, membre d'une commission, de proposer que la commission
fasse un rapport intérimaire à l'Assemblée nationale. Il
est permis à un député... oui, je l'ai déjà
fait. Il est permis à un député de proposer l'ajournement
de la séance, une fois par séance. Je n'ai pas l'intention de
revenir sur ces deux articles. Je ne voudrais pas qu'on m'y force. On a
touché au principe de la loi. Vous venez de rendre une décision
que j'accepte, selon laquelle les amendements que j'avais proposés
auraient mis en cause le principe de la loi. Ce que je vous demande, c'est
comment il se fait que dans les règlements, dans les amendements que
nous a fournis le ministre, il y a tout un chapitre qui n'était pas dans
la loi lorsqu'on a fait l'étude en deuxième lecture. On ne pense
pas pouvoir être en mesure d'en discuter ici en commission parlementaire.
Ces amendements modifient la loi de la régie.
Les amendements qu'on apporte à la loi à l'heure actuelle
modifient la loi de la régie alors qu'il n'en avait pas
été question dans cette loi 67. On ne voyait pas d'article
lorsque nous avons voté sur cette loi en deuxième lecture. C'est
là qu'est le point. Il y a une disposition là-dessus, M. le
Président. Je pourrais, ce soir, en étudiant les deux articles
que j'ai demandés tantôt, donner des raisons pour demander une
directive. Si on ne veut pas toucher au principe de la loi, je ne voudrais pas
qu'on arrive avec des amendements de dernière minute et qu'on en vienne
à toucher au principe de la loi, puisque dans cette loi on autorise la
régie à acheter les actions des compagnies d'assurance. Il n'en
avait jamais été question avant.
Je pense que c'est un principe. On a parlé des principes de la
loi tantôt, et j'ai dit que je ne voulais pas avoir de traitement
préférentiel. J'ai dit que je ne voulais pas, par contre, avoir
des traitements de faveur ni de défaveur non plus. Je suis prêt
à accepter toutes vos décisions, M. le Président. Cela
fait longtemps que je siège à l'Assemblée nationale
je vous remercie de l'avoir admis et j'ai toujours respecté la
présidence.
J'aimerais quand même que nos travaux se déroulent dans
l'ordre, d'une façon normale, pour que les membres de la commission
parlementaire, qui ont la responsabilité de décider de ce fameux
projet de loi sur l'assurance automobile, même s'ils décident
majoritairement sur division... Il reste quand même qu'il y a une
disposition dans cette loi qui nous inquiète à l'heure actuelle
et qui remet en cause, dans les projets d'amendement du ministre, le principe
même de la loi. J'aimerais avoir des directives là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): La directive, elle est bien
simple...
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais parler
là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! La directive est bien simple, M. le député de
Beauce-Sud. Chaque fois que le président, au moment où un article
sera appelé, dans l'ordre où ils sont inscrits dans le projet de
loi no 67, jugera qu'un amendement qui est proposé contrevient au
principe de la loi votée en deuxième lecture, je me ferai fort de
souligner qu'il sera jugé irrecevable.
Nous en sommes pour l'instant à l'article 3. Je vous ai
laissé manifester votre opinion, M. le député de
Beauce-Sud. J'aurais pu, je pense, selon les règlements, empêcher
que vous puissiez le faire, mais j'ai voulu vous laisser exprimer votre
opinion. Je dois vous dire pour l'instant que l'article 201 n'étant pas
encore appelé, je ne peux pas rendre de jugement avant qu'il ne le soit.
Donc, nous allons poursuivre la discussion sur l'article 3 qui est devant nous
en ce moment. La parole est au député de Beauce-Sud, qui n'avait
pas terminé d'utiliser son droit de parole sur cet article.
M. Roy: Ce n'est pas tellement encourageant de vous proposer un
autre amendement, M. le Président. J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais, après
tout ce débat de procédure, essayer de répliquer aux
interventions de l'Opposition concernant l'article 3 et vous dire pour quelles
raisons je suis d'accord avec les deux dispositions essentielles de cet article
qui concernent l'établissement d'un régime sans égard
à la responsabilité et, également, de la gestion de ce
régime par une régie publique.
M. le Président, j'accepte difficilement qu'on tente,
malgré toute évidence, de nier trois faits, à mon avis,
qui établissent cet article et qui sont un progrès
considérable sur la situation actuelle.
D'abord, le régime proposé dans les articles suivants, et
dont le principe est posé à l'article 3, va donner aux citoyens
du Québec une protection accrue. Je pense que c'est très
difficile à mettre en doute, malgré les affirmations du
député de Nicolet-Yamaska.
Le seul organisme qui a mis cette question en doute lors des
séances de la commission parlementaire, si je me rappelle bien, c'est le
Barreau, qui nous a dit que 66% des victimes seraient moins bien
indemnisées qu'elles ne le sont maintenant. On se rappellera qu'on a
réussi à faire dire à ces gens que leurs calculs, qui
pouvaient être mis en doute, étaient basés sur 1% des cas,
c'est-à-dire 1% des victimes qui se rendaient, tout au long du
processus, jusqu'à un jugement final. Les assureurs, c'était sur
les coûts. Je parle de l'indemnisation.
On a demandé aux représentants du Barreau: Quelles sont
les causes les plus importantes que vous avez eu à traiter? Il y a des
avocats qui nous ont dit: On a eu des causes de $50 000, de $100 000. On leur a
répliqué: II n'a pas dû en avoir beaucoup? On nous a
répondu: Effectivement, il y en a trois ou quatre par année.
M. le Président, quand, après tout un long processus
judiciaire, après quatre ou cinq ans, une victime d'assurance automobile
réussi à se voir accorder, par un tribunal, $50 000, cela veut
dire que les $50 000 vont servir uniquement à payer les dettes de cette
personne, règle générale, les intérêts
encourus pour se financer et son manque à gagner pendant tout ce
temps-là.
M. Raynauld: C'est pas mal exagéré.
M. Paquette: Comparez cela avec une rente indexée au
coût de la vie.
Des cas de $50 000 ou de $100 000, ce sont des gens qui sont dans une
incapacité permanente durant la majeure partie de leur vie; une rente
indexée au salaire moyen, mettons-la à $10 000 par année,
pendant vingt ou trente ans, et regardez le total que cela fait.
M. Fontaine: $50 000...
M. Paquette: Ce qui arrive avec le régime qui est
proposé j'ai pris les cas extrêmes, les cas qui nous sont
amenés le plus souvent je pense que, dans tous les cas
d'incapacité permanente, les gens vont avoir une protection accrue et
ce, sans traîner devant les tribunaux. C'est mon premier point.
Mon deuxième point, c'est que c'est une protection garantie.
C'est une protection que nous pouvons garantir aux Québécois,
quelles que soient les circonstances dans lesquelles ils sont victimes d'un
accident d'automobile, qu'ils soient responsables ou non, qu'ils soient au
volant d'une automobile, passagers ou piétons. Dans tous les cas, nous
pouvons leur garantir 90% du salaire moyen, jusqu'à un plafond de $18
000. Nous pouvons leur garantir les indemnités concernant la mutilation,
la perte de jouissance de la vie, la perte sur le plan esthétique. Ce
sont des indemnités garanties par le régime. Si nous pouvons les
garantir, c'est parce que, justement, il y a un régime de base sans
égard à la responsabilité qui évite tout le hasard
de se promener devant les tribunaux pour essayer de chercher un coupable.
Si on veut assurer ces indemnités de base qui indemnisent les
pertes de toutes les victimes d'accidents d'automobiles, et de façon
garantie, si on veut le faire, il faut établir dans le projet de loi des
indemnités fixes qui sont garanties.
Je pense que cela nous amène à dire que le droit de
recours doit être supprimé pour des sommes additionnelles, parce
qu'à ce moment-là, cela amènerait les citoyens à
devoir s'assurer, au cas où ils frapperaient des gens qui ont un salaire
plus haut que $18 000. C'est difficilement mis en principe. Il y en a qui
cherchent à restreindre le régime de non-responsabilité.
Je pense qu'on pourrait arriver à une entente là-dessus sur un
régime de base sans égard à la responsabilité.
Pour ce régime de base où les indemnités sont
fixes, où il n'y a pas de recours devant les
tribunaux, à quoi cela sert-il d'avoir dix, vingt ou trente
compagnies d'assurances qui vont offrir exactement le même régime?
Je suis bien d'accord qu'on puisse laisser jouer, dans certains domaines, une
concurrence.
A une intersection, s'il y a trois banques, enfin, une caisse populaire
ou une banque ou deux banques de type différent, sur le même coin
de rue, c'est un petit peu choquant, parce qu'on se dit: II y a une perte de
ressources dans la société, mais cela peut être acceptable,
si ces banques offrent des services différents.
Dans le cas du régime qui est proposé, ces compagnies
devraient offrir un régime identique. On ne voit absolument pas pourquoi
il y aurait 10, 20 ou 30 compagnies d'assurances qui se partageraient un
régime identique. On arrive presque automatiquement, n'en
déplaise au député de Beauce-Sud, à un
monopole.
Maintenant, le monopole doit-il être privé ou public?
Là, c'est une question d'opinion. Il y en a qui disent
qu'automatiquement l'entreprise publique est moins efficace. Je soutiens que
s'il y a un domaine où l'entreprise privée nous a
démontré son inefficacité, c'est bien l'assurance
automobile. C'est bien facile de dire: C'est toujours plus efficace quand c'est
l'entreprise privée, quand on a dans l'optique de toujours confier les
choses non rentables à l'entreprise publique. Si on confie, par exemple,
l'enseignement à l'entreprise publique, on va se surprendre que,
maintenant, l'enseignement n'étant plus réservé à
une élite, les coûts augmentent. C'est tout à fait
normal.
M. Fontaine: Est-ce que le député me permettrait
une question?
M. Paquette: Oui.
M. Fontaine: Est-ce que vous admettez qu'un régime de base
identique pourrait être offert par différentes compagnies
d'assurances, mais à des prix différents?
M. Saint-Germain: Les coûts d'administration
n'étaient pas toujours les mêmes, croyez-moi!
M. Fontaine: C'est là que joue la concurrence.
M. Paquette: Voulez-vous répéter, je m'excuse?
M. Fontaine: Est-ce que vous admettez qu'un régime de base
identique pourrait être offert par différentes compagnies
d'assurances, mais à des prix différents?
M. Paquette: Bien sûr, c'est possible. Je vous l'ai dit que
c'était possible.
M. Fontaine: C'est cela la concurrence, quand il y a plusieurs
compagnies qui peuvent offrir le même régime, mais a des prix
différents.
M. Paquette: Sur quelle base seraient offerts ces prix
différents? Si ces compagnies sont obligées d'offrir exactement
les mêmes indemnités, il y en a une qui va peut-être gratter
un peu plus sur l'administration. Une régie publique nous permet de
baisser les coûts d'administration; si vous ne voulez pas accepter 6%,
mettez 10%, bon Dieu! Ce n'est quand même pas énorme, quand on
compare les coûts qu'on nous a donnés dernièrement, de 36%
au niveau des compagnies privées. Ce n'est quand même pas
énorme. Il y a cette raison fondamentale qui m'amène à
opter pour une régie publique. Une deuxième raison, c'est que,
parce que, de par ce régime, on va payer une rente indexée, il y
a nécessairement une accumulation de capital qui va se faire. Dans
l'intérêt du Québec, je préfère voir cette
accumulation de capital entre les mains d'une régie publique, qui va
l'utiliser dans les intérêts de la population, soit en fonction
des bénéficiaires du régime, soit au niveau de
l'investissement qu'elle va faire.
Je préfère que ces $200 millions par année soient
entre les mains de notre instrument collectif, qui est l'Etat du
Québec...
M. Fontaine: Rembourser...
M. Paquette: ... plutôt qu'entre les mains de compagnies
privées. Si ce n'est pas une bonne raison, je vous demande comment on va
finir par faire une certaine reconquête de notre économie au
Québec.
M. Roy: Le chat sort du sac.
M. Paquette: Est-ce que c'est en luttant, en espérant
qu'il y a des entrepreneurs privés qui vont finir par être
concurrentiels face aux multinationales? M. le Président...
M. Roy: L'étatisation des capitaux.
M. Paquette: ... je ne pense pas que ce soit possible.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Paquette:
Or, M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, je m'excuse. Il est 22 heures, en vous invitant d'être prudents
sur les routes ce soir, madame, messieurs, en retournant chez vous. On ajourne
nos travaux jusqu'à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 2)