Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières poursuit l'examen du projet de loi no 67, Loi sur
l'assurance-automobile. Les membres de la commission sont M. Beauséjour
(Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse). Bonjour, M. le député de
Bellechasse, bienvenue à cette commission parlementaire.
M. Goulet: Je prends la place de M. Russell.
Le Président (M. Bertrand): Non, vous êtes inscrit,
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: M. Fontaine, à la place de M. Russell.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge (Jeanne-Mance), M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Landry (Fabre) remplacé par M.
Paquette (Rosemont); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)
remplacé par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau), M.
Marois (Laporte), M. Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M.
Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud); M. Russell (Brome-Missisquoi)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Vaillancourt (Jonquière).
Nous en étions à l'étude de l'article... Un
instant, M. le député de Bellechasse.
Mme Payette: M. le Président, je désirerais, avec
votre permission, faire distribuer aux membres de cette commission des copies
d'amendements aux articles 21, 22 et 30, tel que cela avait été
annoncé, ainsi qu'aux articles 191 à 197.
Le Président (M. Bertrand): Ces amendements peuvent
être distribués, mais nous ne les recevrons formellement qu'au
moment de l'étude de l'article.
Mme Payette: ... dès que la rédaction sera
complétée, je pourrai les distribuer.
Le Président (M. Bertrand): Parfait.
M. Roy: Nous remercions Mme le ministre.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Bellechasse.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'il y aurait lieu,
avec le consentement unanime des membres de cette commission, que MM. Gosselin
de Sherbrooke et Rancourt de Saint-François soient...
Le Président (M. Bertrand): M. Gosselin de Sherbrooke est
déjà inscrit comme membre de cette commission.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. Rancourt.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que M. Rancourt,
député de Saint-François, remplacerait M. Marois
(Laporte)?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. Marois (Laporte).
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'il y a consentement?
Bien. Alors, M. le député de Bellechasse.
Indemnisation du dommage corporel Dispositions
générales (suite)
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je vois qu'il n'y a pas
seulement l'Union Nationale qui a un problème de présence. M. le
Président, vous comprendrez que je parlerai au nom de...
Mme Payette: Vous étudiez le projet 69, je suppose...
M. Goulet: ... en l'absence du député de
Nicolet-Yamaska qui, malheureusement, a été retenu dans son
comté à cause d'un décès. Le texte que je livrerai
est le texte que devait vous livrer le député de
Nicolet-Yamaska.
Vous avez rendu hier une décision sur une motion
présentée par mon collègue de Gaspé
prévoyant un droit d'appel à un tribunal judiciaire en cas de
désaccord d'une victime avec les décisions des différents
tribunaux administratifs, concernant les indemnités à recevoir.
Cette décision reposait sur le fait que la motion était
prématurée, qu'elle pourrait être présentée
lors de l'étude des articles 57 ou 58 et que ladite motion, telle que
rédigée, changeait le sens du premier paragraphe de l'article 4
qui établit que l'on ne peut identifier la responsabilité en
ayant recours aux tribunaux.
Ceci nous en sommes conscients faisant partie du principe
du projet de loi, nous acceptons, M. le Président, votre
décision. Nous voulons toutefois porter à votre attention une
autre dimension de ce premier paragraphe. Tel que rédigé, nous
vous soumettons respectueusement qu'il nous serait impossible d'amender les
articles 57 ou 58 et de tenter d'y introduire le recours aux tri-
bunaux puisque l'article 4 dit: "Nulle action à ce sujet
retenez bien ce mot n'est reçue devant une cour de justice".
L'expression "à ce sujet", selon les avis juridiques et
sémantiques que nous avons demandés, réfère aux
indemnités, ce qui fait que nulle action concernant les
indemnités ne peut être reçue devant une cour de justice,
rendant ainsi impossible l'amendement éventuel des articles 57 ou 58.
C'est donc l'article 4 qu'il faut d'abord amender. Je ne crois pas que le
recours ou non à un tribunal judiciaire fasse partie du principe du
projet de loi, si on pense à ce recours en fonction du montant de
l'indemnité accordée à une victime par la régie ou
la Commission des affaires sociales. Ce qu'il faut préserver du principe
de l'article 4, c'est l'interdiction de se présenter devant un tribunal
pour y trouver un coupable. Ce qu'il nous faut y ajouter, pensons-nous, c'est
la possibilité d'ajouter aux articles 57 ou 58, pour un citoyen, de se
présenter devant un tribunal judiciaire pour y contester le montant de
l'indemnité à être versée.
Idéalement, M. le Président, nous aurions voulu que cet
appel porte sur le montant global de l'indemnité sans égard aux
sommes maximales prévues par la présente loi. Par esprit de
collaboration, parce que nous savons qu'un tel amendement serait rejeté,
nous limitons notre demande à réclamer la possibilité d'un
recours judiciaire jusqu'à un maximum des montants d'indemnité
prévus à la présente loi, montants qu'il nous sera permis,
nous l'espérons, de pouvoir modifier.
Plusieurs possibilités s'offrent à nous pour modifier le
premier paragraphe. Nous voulons éviter un long débat de
procédure où nous pourrions nous embourber pendant de longues
heures. A cette fin, je demande au ministre si elle est prête à
accepter un amendement au projet de loi. Nous le situerons plus tard dans le
projet amendement qui dirait essentiellement je n'en fais pas une
question de forme, mais de contenu qu'un citoyen pourrait en appeler
devant un tribunal judiciaire pour un montant qui ne dépasserait jamais
les indemnités prévues par la loi et ce, après les deux
recours aux tribunaux administratifs.
C'est pour cette raison que nous voulons apporter l'amendement suivant,
amendement qui se lit comme suit: Que le premier paragraphe de l'article 4 soit
modifié et que l'on enlève les mots "à ce sujet" pour les
remplacer par les mots "dépassant les indemnités maximales
prévues au présent titre".
Ce que nous voulons, M. le Président, c'est avoir un appel aux
tribunaux. Nous l'avons dit il y a quelques minutes. Nous offrons notre
collaboration, mais nous n'allons pas jusqu'à dire qu'on ne devrait pas
avoir recours aux tribunaux pour le maximum qu'on devrait apporter. Pour la
réclamation de base, ça va, mais pour le maximum, nous aimerions
que les gens puissent avoir recours aux tribunaux. C'est pourquoi nous
apportons cet amendement que notre technicien s'empresse de distribuer. Est-ce
que vous avez des coptes de...
Le Président (M. Bertrand): J'en ai une. M. le
député de Bellechasse, j'ai bien écouté votre
argumentation. Elle m'a plue. Elle m'est apparue tout à fait logique et
tout à fait justifiée.
Le seul problème, c'est que votre motion d'amendement ne me
paraît pas répondre à l'argumentation que vous avez
soutenue. Je m'explique. La partie de la phrase, dans le premier paragraphe,
qui se termine par "n'est reçue devant une cour de justice", "nulle
action n'est reçue devant une cour de justice" réfère
à la notion de responsabilité. C'est de cela qu'il est
question.
M. Goulet: Oui. Entre responsabilité minimale et
responsabilité maximale, il y a une différence.
Le Président (M. Bertrand): Non, je pense que vous
confondez la notion de responsabilité et la notion de couverture.
M. Goulet: D'accord, oui.
Le Président (M. Bertrand): Si vous remplaciez les mots
"à ce sujet" par les mots "dépassant les indemnités
maximales prévues au présent titre", lisons la phrase: "Les
indemnités prévues au présent titre tiennent lieu de tous
les droits, recours et droits d'action de quiconque en raison d'un dommage
corporel causé par une automobile et nulle action dépassant les
indemnités maximales prévues au présent titre n'est
reçue devant une cour de justice."
A ce moment-là, vous faites porter votre motion d'amendement sur
la notion des indemnités et non pas sur la notion du recours en justice,
sur la question de la responsabilité.
M. Goulet: M. le Président, permettez-moi de consulter mon
collègue de Nicolet-Yamaska qui vient d'arriver.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Goulet: Comme je vous l'ai dit au début de la
séance, j'ai livré le message qu'il avait lui-même
préparé.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Fontaine: L'amendement que vous proposez ou que vous
suggérez serait d'enlever "à ce sujet" pour dire "nulle action
dépassant les indemnités prévues au présent titre",
les indemnités de base.
Le Président (M. Bertrand): Messieurs, je vais prendre
quelques secondes pour...
Nous travaillons en ce moment. Je ne rends pas de décision. Nous
essayons de progresser dans la recherche d'une solution convenable. Je
comprends très bien ce que vous recherchez. Vous recherchez une
définition des mots "à ce sujet" qui vous laisse la
possibilité de présenter, au moment venu, aux articles 57 et 58,
un amendement qui pourrait signifier que, dans le cadre des
indemnités prévues par la loi, en dehors de l'appel qui
est fait, premièrement devant la régie, deuxièmement
devant la Commission des affaires sociales, il puisse y en avoir un
troisième qui soit fait devant un tribunal de droit commun.
Vous craignez que les mots "à ce sujet", ne définissant
pas de façon assez précise s'il s'agit du sujet de la
responsabilité ou du sujet des indemnités... Vous demandez que
cela soit précisé immédiatement au paragraphe premier de
l'article 4 pour que cela ne prête pas à confusion au moment
où nous aborderons l'étude des articles 57 et 58.
M. Goulet: Est-ce que je peux rectifier, M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Je pense, M. le
député de Nicolet-Yamaska, que j'ai bien interprété
votre idée.
M. Fontaine: C'est exactement cela.
M. Goulet: M. le Président, les indemnités
prévues au présent titre... C'est pour cela qu'on dit à ce
sujet: Si l'indemnité vous me permettrez de m'expliquer par un
exemple prévue pour un bras cassé est de $2000, et que la
régie décide de donner $1000, on voudrait avoir recours aux
tribunaux pour avoir le maximum de l'indemnité prévue. C'est
cela.
Le Président (M. Bertrand): C'est cela que j'avais
compris, M. le député de Bellechasse, il n'y a pas de
problème de ce côté.
M. Goulet: C'est cela que vous aviez compris.
Le Président (M. Bertrand): La seule difficulté,
à ce moment, c'est que, écrite comme elle l'est, votre
proposition pourrait aussi porter à confusion, comme les mots "à
ce sujet" le font, dans le sens suivant. C'est qu'on lirait "nulle action
dépassant les indemnités maximales prévues au
présent titre n'est reçue devant une cour de justice, donc toute
action ne dépassant pas les indemnités maximales prévues
au présent titre peut être reçue devant une cour de
justice". Or, le danger, à ce moment, c'est d'être porté
à penser que cette nouvelle phraséologie voudrait consacrer en
même temps le principe qu'il peut y avoir un recours en
responsabilité devant un tribunal avec votre motion d'amendement. La
confusion se trouve donc à demeurer. M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'aurais peut-être un renseignement à fournir. Je connais le but
de l'amendement du député de Bellechasse qui est, en fait, de
permettre à une victime qui n'est pas satisfaite des indemnités
qu'elle reçoit de la commission au niveau des indemnités,
sans égard à la faute d'aller devant les tribunaux de
droit commun pour obtenir le maximum que lui donne la loi. Si je vous donnais
le renseignement que toutes les victimes recevront un montant forfaitaire pour
chaque genre de mutilation, de telle sorte que chaque victime recevra toujours
le montant forfaitaire prévu à la loi et à l'article
45...
M. Fontaine: Pas seulement pour les mutilations, c'est pour
toutes les rentes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, je parle de
blessures...
M. Fontaine: On veut un appel sur n'importe quoi. On ne veut pas
un appel seulement sur un cas en particulier.
M. Vaillancourt (Jonquière): On parle de blessures, de
préjudices esthétiques, de mutilations, douleurs ou pertes de
jouissance de la vie. A l'article 45, la personne recevra toujours... Si c'est
prévu, par exemple, $5000 pour la perte de l'oeil gauche, elle ne pourra
pas recevoir $4250. Elle va recevoir $5000. A ce moment-là, comment
peut-elle aller devant les tribunaux de droit commun pour aller chercher la
différence? Il n'y aura pas de différence.
M. Fontaine: Ce qu'on veut, c'est qu'il y ait un appel qui soit
fait devant les tribunaux de droit commun pour aller contester les
décisions de la régie, parce qu'il y aura des décisions de
la régie.
M. Vaillancourt (Jonquière): Dans quels domaines?
M. Fontaine: Dans n'importe quel domaine, sauf celui que vous
venez de mentionner.
M. Saint-Germain: Sur le degré d'incapacité.
M. Fontaine: Sur le degré d'incapacité. Sur le
retour au travail, par exemple. Si un médecin de la régie dit:
Vous êtes apte à retourner au travail, et la personne dit: Non, je
ne suis pas apte à retourner au travail. Ce qu'on veut, c'est que la
personne ait le droit d'aller en appel devant les tribunaux de droit
commun.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est 57 et 58. Mme Payette:
C'est 57, 58.
M. Fontaine: Quand on dit, à l'article 4, que nulle action
à ce sujet n'est reçue devant une cour de justice, cela
empêche ce recours. C'est pour cela que, si vous êtes prêts
à considérer le fait qu'il y a un appel devant les tribunaux de
droit commun pour contester les décisions de la régie, à
ce moment-là, quelle que soit la forme que prendra cet amendement, si
vous êtes prêts à en discuter, peut-être que vos
conseillers juridiques pourraient aviser à ce sujet et nous donner
l'amendement qui pourrait être recevable. Mais ce que nous voulons, c'est
faire adopter ce principe. Si vous me dites que vous n'êtes pas d'accord
et
que vous ne voulez pas faire entrer ce principe dans la loi, cela ne
donne rien d'en discuter.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ai-je bien compris que votre
droit d'appel consistait essentiellement en un appel sur le montant des
indemnités? Là, vous nous dites que l'appel pourrait consister,
par exemple, à faire vérifier une décision de la
régie qui déclare que telle personne est inapte à
travailler pour trois mois et nous prétendons qu'elle est inapte
à travailler pour dix mois. C'est cela?
M. Fontaine: Peut-être que l'exemple du
député de Bellechasse n'était pas tout à fait
correct, mais...
M. Goulet: M. le Président, si on prend...
Le Président (M. Bertrand): Excusez-moi, M. le
député de Bellechasse, le député d'Outrement a
demandé la parole, toujours sur cette question qui nous tracasse en ce
moment.
M. Raynauld: C'est cela, sur ce problème particulier. Je
voudrais essayer d'en parler, mais pas comme un avocat. Le problème que
cela pose, c'est que, lorsqu'il n'y a pas d'appel devant les tribunaux, on est
obligé dans la loi et on est obligé dans les règlements de
faire des règles communes pour un grand nombre de cas. Ce que, je pense,
on cherche ici, c'est d'essayer de trouver un truc par lequel on pourra faire
des examens au mérite et que ce ne soit pas toujours $5000 pour la perte
d'un oeil ou la perte d'un bras, mais qu'il puisse y avoir une certaine
flexibilité pour que cela puisse être jugé au
mérite. On ne peut pas prévoir, dans une loi et dans des
règlements, tous les cas possibles et imaginables.
Dans une soirée, on s'est amusé à essayer
d'imaginer des cas et, à tout coup, on disait, ça ne peut pas
être prévu comme cela; par exemple, l'arbitraire que peut
représenter, nécessairement pas par mauvaise
volonté le fait d'établir une règle qui dise: A 18
ans, il se passe telle chose; si c'est moins de 18 ans, il se passe autre
chose. Il y a plusieurs articles comme celui-là.
Si une femme a moins de 35 ans, c'est telle chose qui s'applique; si
elle a plus de 35 ans, c'est telle autre. Vous admettrez que ces 35 ans sont
arbitraires. Cela pourrait bien être 34 ans et six mois et, à ce
moment, on tomberait dans une catégorie; si c'est 35 ans et deux mois,
par hasard ça va être une autre catégorie. Les
indemnités vont être bien différentes.
Je pense que ce qu'on essaie de trouver, c'est une façon de juger
au mérite certains cas avec une flexibilité qui,
nécessairement, sera mise dans la loi. La réponse du
gouvernement, là-dessus, c'est qu'un autre mécanisme le
prévoit à 56 ou 57, mécanisme interne au gouvernement. La
Commission des affaires sociales est interne au gouvernement. A ce moment, on
dit: Ce seraient des tribunaux qui pourraient invoquer la jurisprudence,
même si la loi a changé, des interprétations ou des
jugements qui ont été faits. Il y a une longue juris- prudence
qui a été utilisée, qui a été faite. Cela
donne davantage confiance aux gens si ce recours existe. C'est dans ce sens
qu'on cherche à trouver des choses. Je ne sais pas s'il y a des
amendements appropriés, mais je crois que le problème est
réel.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'avais posé des questions
hier, avant l'ajournement de nos travaux, sur des points semblables et je
m'aperçois que les mêmes questions sont posées par mes
collègues, tant de l'Union Nationale que du Parti libéral. Je
suis convaincu qu'il y a également des questions qui se posent à
ce sujet chez les membres du Parti québécois.
L'amendement proposé par mon collègue de l'Union Nationale
ce matin me semble une disposition qui devrait être contenue dans le
projet de loi je ne suis pas un spécialiste de la
rédaction, autrement dit, de la terminologie des amendements pour
permettre aux citoyens et citoyennes qui ne seraient pas satisfaits de la
décision de la commission d'appel de pouvoir aller devant les tribunaux
de droit commun. Cette disposition n'est pas nouvelle pour le gouvernement
puisque, dans le cas de la Commission des accidents du travail, on peut aller
devant les tribunaux contester la décision de la Commission des
accidents du travail. Cela s'est fait à plusieurs reprises et j'ai
plusieurs exemples, dans mes dossiers, de personnes qui ont été
devant les tribunaux plaider et contester la décision de la Commission
des accidents du travail.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, à moins que la loi ait changé, les décisions
de la CAT sont finales et sans appel.
Sur bref d'évocation, mais pas sur un appel.
M. Roy: II y a des gens qui sont allés devant les
tribunaux de droit commun. De quelle façon ils y sont allés, je
ne l'analyserai pas. Je ne ferai pas de discussion ce matin.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pas sur un appel.
Le Président (M. Bertrand): Je ne veux pas qu'on commence
de...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas une discussion
que je voulais, seulement apporter une précision. Mon confrère
est là, il peut...
Le Président (M. Bertrand): ... débat
là-dessus. Je demande simplement des précisions pour qu'on puisse
satisfaire les gens qui cherchent à proposer des amendements, mais qui
ne veulent pas trahir les principes de la loi. M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je n'irai pas chercher les dossiers dans mon bureau parce
que ce sont des dossiers privés qui concernent des individus. Mais il y
a des
gens qui sont allés devant les tribunaux et la décision de
la Commission des accidents du travail... Peu importe de quelle façon on
a utilisé le Code de procédure civile, je ne suis pas un
spécialiste là-dedans, mais je dis ceci cependant: Ils ont
été capables de renverser la décision qui avait
été prise par la Commission des accidents du travail et ils ont
obtenu une compensation additionnelle. J'aimerais que dans la loi de la
régie de l'assurance automobile, les citoyens du Québec puissent
avoir les mêmes privilèges et les mêmes dispositions. Il y a
suffisamment de spécialistes, non seulement à cette table, mais
le ministère dispose de spécialistes pour la rédaction des
articles de loi; qu'on permette à des gens de pouvoir intervenir et
d'avoir un droit de recours additionnel parce que je trouve inadmissible, et
d'ailleurs, cela a été dit devant la commission parlementaire
lors des audiences, cela a été dit par le Barreau, cela a
été dit par plusieurs organismes qui sont venus devant nous,
parce que le gouvernement lui-même qui est propriétaire de la
régie...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, je vous
ramène à l'ordre dans un certain sens parce que, ce que vous
dites en ce moment, aux yeux de la présidence, c'est tout compris. Je
comprends votre argumentation, je comprends ce que vous voulez demander. Vous
demandez qu'il y ait un autre appel qui soit rendu possible au-delà de
celui qui est fait devant la régie, au-delà de celui qui est fait
devant la Commission des affaires sociales. Je l'ai compris. En ce moment, j'ai
une décision à rendre sur la recevabilité d'un amendement,
d'une motion d'amendement. Telle que cette motion d'amendement est
rédigée, elle porte à confusion elle aussi, comme pouvait
porter à confusion les mots "à ce sujet" aux yeux de ceux qui ont
présenté la motion d'amendement. Tout ce que je veux, c'est
amener les membres de la commission à préciser davantage, sur le
plan de la formulation, cette motion d'amendement, pour qu'elle puisse
être jugée recevable. Je ne veux pas empêcher un
débat là-dessus, mais je dois l'empêcher dans la mesure
où la motion d'amendement n'apporterait pas d'éclaircissement et
au contraire ne tendrait qu'à semer davantage de confusion sur le
principe du paragraphe premier de l'article 4. C'est uniquement le sens des
propos que nous devons avoir en ce moment. Il ne s'agit pas de mener le
débat sur le recours devant un tribunal de droit commun. Ce débat
sera mené à un autre moment.
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce que ce serait
trop vous demander de me lire l'amendement?
Le Président (M. Bertrand): "Que le premier paragraphe de
l'article 4 soit modifié et que l'on enlève les mots "à ce
sujet" pour les remplacer par les mots "dépassant les indemnités
maximales prévues au présent titre" Alors, la phrase se lirait
comme suit: "Les indemnités prévues au présent titre
tiennent lieu de tous les droits, recours et droits d'action de quiconque, en
raison d'un dommage corporel causé par une automobile, et nulle action
dépassant les indemnités maximales prévues au
présent titre n'est reçue devant un cour de justice". Ma crainte,
comme président, à ce moment-ci, au moment où je dois
protéger le principe de la non-responsabilité, c'est que votre
amendement, s'il était accepté, pourrait laisser sous-entendre,
je ne dis pas c'est votre intention, mais il pourrait laisser sous-entendre
qu'il n'y a pas de recours en justice pour des indemnités
dépassant celles prévues au présent titre, mais qu'il y en
a pour les indemnités ne dépassant pas. A ce moment-là, on
risquerait de semer la confusion, encore une fois, sur la notion de
responsabilité. C'est ce qui est dangereux.
M. Goulet: M. le Président, sur la recevabilité de
l'amendement, vous dites que vous comprenez le principe, mais que les mots
"à ce sujet" ne sont pas exacts. Il y a le conseiller technique,
à la gauche de Mme le ministre, qui veut prendre la parole depuis tout
à l'heure, possiblement qu'il pourrait nous éclairer, changer ce
mot-là, avoir un mot...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Bellechasse, je n'ai pas dit que le mot n'était
pas exact. Objectivement, il est exact...
M. Goulet: Je veux dire, qu'il portait à confusion.
Le Président (M. Bertrand):... il est là. Mais je
dis que dans votre esprit c'est le but de votre motion d'amendement
ces mots portent à confusion et pourraient vous empêcher
d'amender les articles 57 et 58 pour avoir un troisième appel. Je
comprends votre préoccupation. Peut-être pourrions-nous, à
ce moment-ci, écouter les avis du conseiller juridique du gouvernement
en la matière.
M. Goulet: C'est ce que je propose.
M. Saint-Germain: M. le Président, si vous permettez,
j'aurais quelques mots à dire là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): Accepteriez-vous, M. le
député de Jacques-Cartier... Je pense que l'ensemble des membres
aimerait bien entendre le conseiller juridique du gouvernement dire ce qu'il y
a dans ces mots "à ce sujet".
M. Saint-Germain: Après, d'accord.
Mme Payette: Voici, M. le Président, l'option qui a
été prise par le gouvernement et qui a été traduite
dans le texte de loi est la suivante: les demandes d'indemnité, au lieu
d'être portées devant un tribunal de droit commun, devront
être portées devant la Régie de l'assurance automobile,
ceci en vertu de l'article 53 du projet de loi. En tant qu'avocat et
participant à l'élaboration de ce texte de loi, nous avons retenu
la phraséologie employée dans la Loi des accidents du travail,
afin d'éliminer la possibilité que quelqu'un tente de
porter sa demande d'indemnité devant un tribunal de droit
commun.
Autrement dit, ce qu'on peut donner comme interprétation aux mots
"à ce sujet", dans mon esprit, c'est la suivante: nulle action, en
raison d'un dommage corporel causé par une automobile, n'est
reçue devant une cour de justice. Alors, les mots "à ce sujet",
dans mon esprit, réfèrent à un dommage corporel
causé par une automobile.
Aux articles qui vont suivre, 53, 57 et 58, prévoyant la
procédure de révision et la procédure d'appel, il est
prévu que, pour les décisions qui auront été
rendues par la Régie de l'assurance automobile, un mécanisme de
révision interne à la Régie de l'assurance automobile est
prévu ainsi qu'un mécanisme d'appel à un autre organisme
qui n'est pas un tribunal de droit commun, mais qui est la Commission des
affaires sociales. Ce mécanisme qu'est la Commission des affaires
sociales, évidemment, n'est pas un tribunal de droit commun, mais
entendra les appels des décisions rendues par la Régie de
l'assurance automobile.
Advenant le cas où un réclamant se sentirait
lésé, se sentirait brimé par la décision de la
Commission des affaires sociales, au même titre que, par exemple, lorsque
le député de Beauce-Sud a fait référence tout
à l'heure à des décisions de la Commission des accidents
du travail qui pourraient être portées en appel, il y a
possibilité qu'il y ait des brefs d'évocation émis contre
l'organisme qui a rendu une décision en appel pour réviser ou
pour demander que la décision rendue par l'organisme soit
révisée.
Je pense que lorsqu'il est prévu, dans l'article 4, une
étanchéité pour que l'action ou la demande
d'indemnité ne puisse pas être portée devant un tribunal de
droit commun, c'était pour faire en sorte que tout le mécanisme
qui a été adopté par le gouvernement puisse être
bien rendu dans un texte de loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier a demandé la parole.
M. Goulet: D'accord.
M. Saint-Germain: Je crois que notre conseiller dit juste, mais
je crois, d'un autre côté, qu'il pèche grandement par
omission. Si le gouvernement a mis dans cette loi des principes soi-disant
généraux, il n'en reste pas moins que le gouvernement même,
dans cette loi, a mis des exceptions, comme à l'article 4 où des
gens, pour blessures corporelles, sont en dehors de la loi. Il a mis des
exceptions pour les citoyens du Québec qui voyagent à
l'extérieur de la province. Il a mis des exceptions pour les
étrangers qui voyagent à l'intérieur de la province.
M. le Président, à mon avis, il y a des exceptions
à ce principe.
Il s'agit de savoir jusqu'à quel point on peut faire des
exceptions. Est-ce qu'il appartient exclusivement au gouvernement de fixer ces
exceptions, sans le concours de l'Opposition ou de cette commission? La Chambre
a accepté un principe.
Elle ne nous a absolument pas empêchés de retrancher des
exceptions ou d'ajouter des exceptions.
D'ailleurs, nous, de l'Opposition officielle, nous ne sommes pas contre
le "no fault", comme vous le savez très bien, jusqu'à un montant
de $18 000. Nous ne sommes pas contre ce principe. Mais nous voulons
qu'après...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Saint-Germain: Non, écoutez, tout le monde a eu le
droit de parole. Je parle du gros bon sens.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Il y a une question
de règlement. Je vais au moins l'entendre.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, le
député de Jacques-Cartier est manifestement en train de parler du
fond de la question. Il est rendu sur le principe de la responsabilité.
Vous avez une motion devant vous. Elle n'a encore été
déclarée ni recevable, ni irrecevable. Vous avez émis de
très fortes réserves quant à sa formulation actuelle et
quant au but recherché. Vous avez invité les
députés à présenter une nouvelle formulation, si la
chose était possible.
Je vous demanderais tout d'abord de rappeler au député de
Jacques-Cartier de parler de la forme et non pas du fond, et, d'autre part, je
vous prierais de rendre une décision sur la recevabilité ou
l'irrecevabilité de la motion telle que rédigée, que vous
avez devant vous.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Sur la recevabilité, M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Oui, M. le Président, sur cette
même recevabilité. Je crois que mon intervention était tout
à fait dans l'ordre. Je dois vous dire que nous, de l'Opposition,
à ce moment-ci, nous nous sentons extrêmement frustrés.
Nous étudions l'article 4. C'est un article de base. Il a ses limites,
il a ses exceptions. On devrait avoir le droit d'en ajouter ou d'en retrancher.
C'est un principe qui a été établi, si vous voulez
l'interpréter comme cela, mais un principe, c'est un principe qui peut
avoir ses modifications et ses exceptions, c'est dans la loi. Comme Opposition
au gouvernement, on devrait avoir le droit de faire passer à cette
commission, nos points de vue, en faisant les motions qui s'imposent.
Une Voix: M. le Président...
M. Saint-Germain: II y a des principes, dans cette loi, et je
peux vous en nommer un autre. Avec les exceptions incluses dans la loi, il y a
des gens qui vont être obligés de prendre des assurances de
responsabilité civile. Cela me semble
être définitif. Qui va définir, à un moment
donné, dans le cas d'un type qui va avoir un accident et qui va tomber
sous le coup des exceptions, s'il a, pour se protéger, en plus, une
police de responsabilité civile, qui va déterminer, dis-je, si
c'est la régie qui va payer ou si c'est sa police d'assurance
responsabilité civile? Cela va faire une cause, si on ne s'entend pas.
Qui jugera? Le Tribunal de droit commun ou la Commission des affaires
sociales?
Ce sont des choses qu'on devrait être à même de
discuter et sur lesquelles on devrait pouvoir faire des motions. Cela n'attaque
pas le principe de base. Nous sommes pour le principe de base, jusqu'à
$18 000, sans responsabilité.
Je vous le dis, je ne veux pas faire de critique, je respecte
très bien vos décisions. Mais peut-être qu'il y a là
des éléments auxquels vous n'avez pas pensé, et je dois
vous dire que l'Opposition trouve frustrant de ne pas pouvoir amener des
amendements qui pourraient à ce point de vue améliorer la
loi.
M. Fontaine: Sur la recevabilité...
Le Président (M. Bertrand): Non. Dernière
intervention. Je vais laisser à ceux qui ont fait la motion d'amendement
le soin de... J'en ai assez. Je vais donner un dernier droit de parole au
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je pense que l'intervention du conseiller technique
est très à point, parce qu'elle nous a fait voir exactement ce
que vise l'article 4. L'article 4 vise essentiellement à empêcher
qu'il y ait un recours devant les tribunaux, pour les indemnités
dépassant ce qui est prévu dans la présente loi.
Ce n'est pas un principe de la loi que nous avons voté en
deuxième lecture, c'est une modalité d'application de ce principe
et c'est exactement notre motion d'amendement.
Ce que nous voulons par l'amendement, c'est qu'une personne puisse,
à la suite d'une décision de la Commission d'appel des affaires
sociales, avoir un recours devant les tribunaux de droit commun pour contester
cette décision concernant les indemnités qui nous seront
accordées ou quelque décision que ce soit de la régie.
Je pense qu'on a dit tout à l'heure qu'il y avait un droit de
révision de la Cour supérieure à la suite d'un bref
d'évocation, mais ce n'est pas un droit d'appel. Par un bref
d'évocation, on peut aller devant la Cour supérieure seulement
lorsqu'il y a déni de justice. Je pense que ce que nous voulons par
notre amendement, c'est qu'il y ait un droit d'appel automatique ou
peut-être avec la permission d'un juge ou quelque chose comme cela,
quelle que soit la modalité, mais qu'il y ait un droit d'appel comme
principe qui soit adopté dans ce projet de loi pour que les justiciables
puissent faire réviser les décisions de la Commission des
affaires sociales par un juge d'un tribunal de droit commun, un juge
indépendant.
Mme Payette: M. le Président, si vous me permettez,
seulement pour rectifier une affirma- tion du député de
Nicolet-Yamaska. Ce que j'ai dit au sujet de l'interprétation du premier
paragraphe... Je ne voudrais pas qu'on tienne pour acquis ce que j'ai dit comme
étant une négation du droit de recours pour l'excédent des
indemnités prévues au régime. Ce que j'ai dit au sujet du
premier paragraphe, c'est qu'aucune action, aucune demande d'indemnité
en raison d'un dommage corporel... Il ne s'agit pas des indemnités
au-delà de celles prévues par le régime. En fait, au
complet, aucune demande d'indemnité ne peut être portée
devant un tribunal de droit commun.
M. Fontaine: Mais l'article 4 porte sur les indemnités.
Les premiers mots que vous employez sont les indemnités.
Mme Payette: Oui, mais en tout cas...
M. Fontaine: M. le Président, seulement un dernier
mot.
Le Président (M. Bertrand): Bien.
M. Fontaine: Je voudrais peut-être apporter une
modification pour que vous puissiez recevoir cet amendement. Vous contestez le
fait qu'en changeant les mots "à ce sujet", cela puisse apporter une
autre confusion. Je pense qu'on pourrait garder les mots "à ce sujet",
en ajoutant "dépassant les indemnités prévues au
présent titre n'est reçue devant aucune cour de justice".
Cela se lirait: "... et nulle action à ce sujet dépassant
les indemnités prévues au présent titre n'est reçue
devant aucune cour de justice".
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce qui laisserait supposer
c'est irrecevable et ce n'est pas le but de l'article 4 qu'une
personne qui a un recours pour une indemnité prévue au titre et
inférieure aux indemnités prévues pourrait s'adresser aux
tribunaux de droit commun, ce qui n'est pas le but visé par l'article.
On dit que toute demande d'indemnité, suite à un accident
d'automobile où on cause un dommage corporel, est automatiquement
adressée à la Régie de l'assurance automobile. C'est cela
le but de l'article 4.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Non, je m'excuse.
M. Giasson: Votre décision n'est pas prise?
Le Président (M. Bertrand): Elle est prise, mais je
voulais simplement prendre connaissance de cette modification qu'ils comptaient
apporter eux-mêmes à leur propre amendement et je voulais mesurer
exactement quel en devenait le sens, une fois qu'on acceptait ces
mots-là.
Je vais...
Une Voix: Suspendre.
Le Président (M. Bertrand): Non, je ne suspendrai pas.
Dans un état de très grand doute,
ayant entendu surtout les commentaires du conseiller juridique à
ce sujet, et ayant mesuré à la fois le sens de ce que les
parlementaires de l'Opposition voudraient voir aborder dans le projet de loi,
c'est-à-dire cette possibilité d'un appel sur les
indemnités et non pas sur la responsabilité, étant
donné aussi les explications qu'a fournies jusqu'à maintenant le
conseiller juridique du gouvernement quant à l'interprétation
à donner aux mots "à ce sujet", étant donné que je
ne pourrais pas, en toute justice, fermer à ce moment-ci la porte, de
façon brutale, empêchant les membres de l'Opposition de manifester
un désir, un besoin et me placer dans la situation où, en
arrivant aux articles 57 et 58, parce que je n'aurais pas permis un
débat sur le sens du premier paragraphe de l'article 4 et que, donc,
certains amendements ne pourraient être formulés aux articles 57
et 58, malgré, pour l'instant, les failles de rédaction de la
motion d'amendement du député de Nicolet-Yamaska, je vais, dans
l'état de doute qui s'empare de moi, en ce moment, sur le sens à
donner à ce paragraphe premier, juger recevable la motion d'amendement
du député de Nicolet-Yamaska, permettre qu'il y ait débat
sur cette motion, et faire en sorte que de ce débat puissent sortir
certains éclairages sur le sens à donner à ce paragraphe
premier. Je pense qu'en ayant la possibilité de défendre sa
motion d'amendement, le député de Nicolet-Yamaska pourra faire
valoir ses arguments, et ainsi les membres de la commission pourront trancher
en toute connaissance de cause. Sur ce, je permettrai donc que commence le
débat sur la motion d'amendement du député de
Nicolet-Yamaska. Vous avez la parole, M. le député de
Nicolet-Yamaska, sur votre motion d'amendement.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie, s'il
vous plaît?
Une Voix: Est-ce que c'est l'amendement révisé?
Le Président (M. Bertrand): Non, c'est l'amendement
premier non révisé.
M. Fontaine: Ce serait "nulle action dépassant les
indemnités prévues n'est reçue devant une cour de
justice".
M. le Président, le projet de loi 67 tel que proposé dans
sa forme actuelle... C'est-à-dire qu'il y a deux mécanismes de
décisions qui peuvent être rendues par la Régie d'assurance
automobile. A un premier palier, il y a une révision administrative par
la régie elle-même pour décider si une personne a droit ou
non à une indemnité ou a droit à telle ou telle
indemnité. Il y a également le mécanisme d'appel qui
s'appelle la Commission des affaires sociales, pour décider
également du droit à l'indemnité et des indemnités
qui peuvent être versées par cette même régie.
Le Président (M. Bertrand): Je vais être, par
contre, très précis. Je n'accepterai pas que dans le débat
de fond que nous engageons, nous discu- tions des articles 57 et 58 pour
eux-mêmes. Je n'accepterai le débat de fond que dans la mesure
où les gens tenteront d'expliquer que, rédigé comme il
est, le paragraphe premier pourrait porter un préjudice grave à
ceux qui voudraient, au moment des articles 57 et 58, obtenir qu'il y ait un
troisième droit d'appel qui se fasse devant un tribunal de droit commun
sur les indemnités. Le débat de fond, je ne veux pas le voir
porter sur l'importance d'un recours devant un tribunal de droit commun, je
veux le voir porter sur la nécessité à l'article 4 de
préciser certaines choses pour qu'aux articles 57 et 58, autre chose
puisse être discutée. Là-dessus, je serai très
sévère.
M. Fontaine: M. le Président, c'est bien sûr que si
immédiatement, nous adoptions l'article 4 tel quel, cet article tel
qu'il est rédigé et comme il a été expliqué
par le conseiller juridique du ministre... Pardon?
Mme Payette: Tel qu'il a été compris.
M. Fontaine: Non, tel qu'il a été expliqué
par le conseiller juridique, cela ferme la porte à tout recours devant
les tribunaux de droit commun, que ce soit un recours en appel des
décisions de la Commission des affaires sociales ou que ce soit un
recours en responsabilité pour le surplus des indemnités qui
seront versées par la régie; l'article 4 ferme toute porte
à un recours devant les tribunaux de droit commun. Ce que nous voulons,
par cet amendement, c'est que la porte ne soit pas fermée, pour
qu'à l'article 57 nous puissions formuler un amendement qui permettrait
ce recours. C'est tout ce que j'ai à dire là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): Très bien. M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, j'ai l'impression
que ce que le représentant de l'Union Nationale veut faire, c'est le
contraire de ce que fait l'amendement.
Regardons nulle action chez nous nulle cela veut dire aucune
action dépassant les indemnités maximales. Si je prends
comme exemple les $18 000, cela veut dire qu'au-dessus de ces $18 000
prévus au présent titre, ce serait impossible d'aller devant une
cour. Ce qui voudrait dire qu'au-dessous de cela, ce serait possible d'aller
devant une cour, mais j'ai l'impression que c'est le contraire qu'on
atteindrait. Ce serait au-dessous de $18 000 qu'on pourrait aller devant une
cour. En tout cas, j'avais compris l'amendement de l'Opposition d'une toute
autre façon que celle-là.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
qui me dépasse dans cet amendement, c'est qu'on veut un appel et qu'on
parle d'une action. Tout le monde sait qu'en droit un appel ce n'est pas une
action. Je suis très surpris que le député
de Nicolet-Yamaska nous présente un amendement qui se lise:
"Nulle action à ce sujet, dépassant les indemnités
maximales prévues au présent titre..." alors qu'il sait fort
bien, selon toutes les explications qu'il nous a données, que c'est un
droit d'appel qu'il veut. Comment peut-il m'expliquer que, voulant un droit
d'appel, il garde le terme "action"? On sait qu'une action commence par un bref
d'assignation et se termine par une comparution. Il peut y avoir d'autres
sortes d'actions, mais un appel n'est pas en soi une action.
Le Président (M. Bertrand): Alors, M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld:Si je me permets, j'ai l'impression qu'on
comment pourrait-on dire "s'éjarre".
Mme Payette: Qu'on vasouille...
M. Raynauld: Qu'on vasouille dans la confusion.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est la confusion.
Mme Payette: C'est exact.
M. Raynauld: Je pense que l'amendement qui est proposé dit
le contraire de ce que les proposeurs veulent. Je pense que les proposeurs
seraient prêts à accepter...
Mme Payette:... les pensées et les intentions.
M. Raynauld: Les pensées, oui... nulle action
dépassant les indemnités maximales prévues ni
reçues devant une cour de justice. Or, ce sont justement les actions qui
pourraient éventuellement dépasser les indemnités
maximales prévues qui pourraient aller devant une cour de justice, si
nous voulons un régime ou si c'est une façon
détournée d'avoir un régime "no fault" partiel.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas cela qui...
Mme Payette: M. le Président, nous voilà
éclairés.
M. Raynauld:... à l'intérieur je ne sais pas
si c'est cela, mais de toute façon, c'est comme cela que je pourrais
interpréter cet amendement. Si ce n'est pas cela, cela fait juste
témoigner de la confusion dans laquelle on est. J'avais pensé que
le député de Nicolet-Yamaska, suivant les explications qu'il
avait données, était prêt à ne pas forcer une cour
de justice à dépasser les indemnités prévues dans
la loi, mais qu'à l'intérieur de cela il voulait que ce soit...
Ce n'est pas ce que l'amendement dit.
M. Goulet: M. le Président...
M. Raynauld: C'est cela le problème.
M. Goulet: Ce qu'on veut, M. le Président si vous
m'accordez la parole c'est ne pas aller au-delà des
indemnités maximales prévues. On veut que si un juge dit: C'est
$12 000 et que le maximum est de $20 000, on veut pouvoir aller chercher, la
différence, les $20 000, le maximum. Si le juge a donné $12 000
pour telle indemnité à un bras ou à un oeil et que le
maximum prévu est de $20 000, on ne veut pas aller au-delà de $20
000, on veut aller chercher le maximum prévu et avoir le droit de se
défendre.
Je conviens avec vous que la formulation est peut-être...
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'admets que la formulation de l'amendement porte
à confusion.
Le Président (M. Bertrand): Merci.
M. Fontaine: L'amendement tel que formulé ne vise pas
exactement ce qu'on veut comme réclamation.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous rendriez un service à la commission si vous le
retiriez immédiatement.
M. Fontaine: J'y viens, M. le Président. Je viens de
prendre connaissance d'un amendement qui serait proposé par le
député de Montmagny-L'Islet et qui viserait exactement le but que
nous voulons atteindre. Pour l'instant, je voudrais immédiatement
retirer la motion d'amendement que j'ai proposée. Nous pourrons discuter
de cette même motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Consentement
accordé.
M. Roy: Consentement accordé. Vous avez la preuve, ce
matin, que l'esprit vivifie et que la lettre tue.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, nous savions que vous aviez des lettres, mais pas à ce
point.
M. Roy: Je n'ai pas compris.
Le Président (M. Bertrand): C'est enregistré au
journal des Débats.
M. Roy: Je le lirai.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L' Islet.
M. Giasson: Oui, M. le Président... Mme Payette:
Des lettres anonymes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Motion retirée, M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Oui, motion d'amendement
retirée.
M. Giasson: Motion retirée... J'aurais une autre motion
d'amendement qui s'énoncerait comme suit: "Que le premier alinéa
de l'article 4 soit modifié en ajoutant après "une cour de
justice"; sauf un recours d'appel devant un tribunal de droit commun sur une
question d'appréciation ou de quantum, déterminée par la
régie ou par la Commission des affaires sociales, en deçà
des indemnités maximales prévues dans le projet de loi."
M. Vaillancourt (Jonquière): Prima facie, c'est beaucoup
mieux.
Le Président (M. Bertrand): Puis-je recevoir votre
amendement, s'il vous plaît?
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'on pourrait en
avoir une copie?
Le Président (M. Bertrand): Cela viendra.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour se prononcer sur la
recevabilité, il est parfois important d'avoir copie de la motion.
Le Président (M. Bertrand): Je sais, mais je relis quand
même pour que les gens puissent se le mettre dans l'esprit: "Que le
premier alinéa de l'article 4 soit modifié en ajoutant,
après le mot "justice", à la sixième ligne, les mots "sauf
un recours d'appel devant un tribunal de droit commun sur une question
d'appréciation ou de quantum, déterminée par la
régie ou la Commission des affaires sociales, en deçà des
indemnités maximales prévues dans le projet de loi."
Est-ce que les gens préfèrent avoir copie avant de
discuter de la recevabilité?
M. Vaillancourt (Jonquière): II faut essayer de trouver
quelque chose, M. le Président!
Le Président (M. Bertrand): Je suspends la séance
deux minutes, le temps d'avoir des copies.
(Suspension de la séance à 11 h 5)
Reprise de la séance à 11 h 10
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs! Sur la recevabilité de cette motion, y a-t-il un membre du
gouvernement qui désirerait se faire entendre? M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
après avoir étudié très brièvement la motion
d'amendement présentée par le député de
Montmagny-L'Islet, je pense que celle-ci pose des problèmes juridiques
très importants et a des implications également
économiques. Je me demande, M. le Président, si l'Opposition, de
façon unanime, ne pourrait pas consentir à une suspension ou
à un ajournement de nos travaux jusqu'à demain matin, ce
qui...
Le Président (M. Bertrand): Je pense que vous voulez
suspendre l'étude de l'article 4 et non pas ajourner les travaux de la
commission.
M. Vaillancourt (Jonquière): Suspendre l'article pour nous
permettre d'étudier les implications juridiques du
phénomène Cour supérieure comme tribunal d'appel. La
question qui se pose est la suivante: Si la victime n'est pas satisfaite de la
décision du tribunal de droit commun, est-ce qu'elle peut après
aller et devant la Cour d'appel et devant la Cour suprême du Canada? Je
pense que le problème est sérieux et qu'il faut
l'étudier.
M. Roy: Vous avez dit la Cour suprême?
M. Vaillancourt (Jonquière): En fait, c'est un
problème juridique qui se pose. Si la Cour supérieure est
considérée aux fins de cette loi comme un tribunal d'appel,
est-ce que la victime pourrait possiblement aller se plaindre de nouveau
à la Cour d'appel et par la suite à la Cour Suprême? Le
Conseil privé, heureusement, est aboli depuis 1949; sinon on aurait un
autre problème. C'est la question qu'on voudrait étudier. Je ne
crois pas avoir la compétence personnelle pour donner une réponse
à ce sujet.
Le Président (M. Bertrand): Proposez-vous la suspension de
l'article 4?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, la suspension de
l'article 4, jusqu'à demain matin; on pourrait le reprendre demain
matin.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous nous opposons
fortement à la suspension de cet article pour la bonne raison que c'est
un article de base. Selon les modifications qu'on peut apporter à
l'article 4, on peut changer toute la teneur du projet de loi, tous les
inconvénients qu'on y trouve. L'article 4 va nous apparaître
à peu près à tous les articles qui auront une
signification quelconque. Je n'ai pas d'objection à suspendre pour
quelques minutes, sur la motion, si vous voulez, mais il faudrait bien
continuer. On ne peut pas mettre de côté l'article 4 et continuer
à étudier le projet de loi. Cela me semble absolument
inconcevable.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que si on est d'accord pour suspendre l'étude de l'amendement, il
y aurait lieu également de suspendre l'étude de l'article 4,
puisque nous sommes en face d'un amendement qui n'a pas encore
été déclaré recevable ou irrecevable. Je
pense qu'on ferait un débat sur une motion principale sans savoir
encore si l'amendement va être reçu ou non. Je pense que ce serait
logique. Il y a des articles qu'on peut étudier, comme par exemple
l'article 5 sur les réputées victimes; on peut étudier
cela sans compromettre la possibiilité d'un appel ou non à la
Cour supérieure. C'est un problème très particulier que
pose l'amendement. Il y a beaucoup d'autres articles qu'on pourrait
étudier après.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas d'objection de principe à ce
que le gouvernement... Bien que je sois réellement surpris cela
fait des mois qu'on étudie ce projet de loi qu'on ne
maîtrise pas l'article 4 ou les données de l'article 4 plus que
cela, au niveau du gouvernement. Si on veut suspendre pour quelques minutes, je
n'ai pas d'objection, mais on ne peut pas suspendre cet article et continuer
l'étude du projet de loi.
M. Roy: M. le Président, sur la suspension, disons que je
ne ferai pas une guerre de procédure pour que l'article soit suspendu
pour la séance de ce matin, mais j'aimerais bien qu'il soit clairement
établi que ce soit le premier article qui pourrait revenir à la
discussion dès la prochaine séance. Je m'explique. C'est parce
que je ne prétends pas, à la lumière d'une certaine
expérience que j'ai acquise au cours des années en commission
parlementaire et au cours des études des projets de loi litigieux durant
les fins de session, qu'il est possible de repasser tous les articles. Je ne
voudrais pas que cet article soit suspendu et qu'on ne puisse en discuter, car
je n'ai pas l'impression qu'on puisse voir tous les articles de ce projet de
loi avant l'ajournement de nos travaux. La motion de bâillon qui est dans
le feuilleton de l'Assemblée nationale est assez spécifique
là-dessus et nous donne un bon indice, si je me réfère
à l'expérience passée. Je pense qu'il faut s'y
référer parce que c'est la même composition, c'est la
même teneur des articles que j'ai vus avant le 15 novembre. Alors, je ne
voudrais pas que cet article soit mis de côté de façon
à être reporté à la fin de l'étude du projet
de loi. Je suis prêt à donner mon consentement, mais à
condition que ce soit le premier article dont on va discuter cet
après-midi ou ce soir.
M. Vaillancourt (Jonquière): La seule différence,
c'est qu'on s'engage à étudier cet article en priorité,
mais ce qu'on avait demandé, autant que possible, c'est demain matin, 10
heures, pour l'article 4, pour l'amendement.
M. Roy: Demain matin?
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 4, demain matin, si
possible.
M. Roy: Demain matin, vous dites? M. Vaillancourt
(Jonquière): Oui.
Le Président (M. Bertrand): II est question que la
commission siège.
M. Roy: II est question.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Roy: Ce n'est pas décidé.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sous réserve, sous
réserve.
M. Roy: Sous réserve.
M. Fontaine: Moi non plus, je ne veux pas faire de débat
de procédure là-dessus, mais je trouve amusant de voir que le
gouvernement ne soit pas prêt à défendre une telle
question...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous êtes
capable de répondre à la question que j'ai posée?
M. Fontaine: M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous êtes
capable d'y répondre personnellement?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Fontaine: M. le Président, depuis la deuxième
lecture, à peu près tous les députés de
l'Opposition qui ont pris la parole sur le sujet ont dit qu'ils voulaient avoir
un appel. Il me semble que, si le gouvernement avait été
conscient de ses responsabilités, il aurait fait étudier la
question avant ce matin. Je pense également que, sur la
recevabilité, il serait possible d'en discuter ce matin et que la
décision pourrait être rendue.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
suis convaincu...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, comme il s'agit d'une motion
que je viens de déposer, au-delà des considérations ou des
inconnues soulevées par le député de Jonquière, je
crois qu'on devrait au moins franchir une première étape qui a
une dimension, une relation différente avec les hésitations
formulées par le député de Jonquière, soit
l'étape de la recevabilité de cette motion; ce sont là
deux paliers très différents l'un de l'autre. Je le reconnais et
c'est l'évidence même.
J'aimerais savoir, ce matin, à la suite de la motion que j'ai
déposée, l'avis ou l'opinion du président de la commission
sur la recevabilité de la motion telle que formulée.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): S'il y a consentement unanime,
sinon, M. le député de Jon-
quière... Y a-t-il consentement unanime pour qu'il ajoute
certains...
Des Voix: D'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
que je voudrais faire comprendre au député de Montmagny-L'Islet,
c'est que l'avis juridique que nous allons avoir sur l'amendement,
d'après moi, a une incidence sur la recevabilité. Parce que je
suis convaincu que, si on vous donnait un avis juridique, du moins, je le
présume, selon laquelle la victime pourrait, par la suite, aller devant
la Cour d'appel et la Cour suprême, vous seriez peut-être
prêt à retirer votre amendement, considérant que nous
serions rendus devant trois appels possibles, la régie, la Commission
des affaires sociales, la Cour supérieure, la Cour d'appel, la Cour
suprême du Canada. Je pense que ce serait complètement illogique,
il n'y a aucune de nos lois qui prévoit autant d'appels.
Je pense que vous voyez l'importance de cette question, c'est dans le
seul et unique but de régler ce problème que nous proposons la
suspension de l'article 4. Sinon, je vais faire une motion écrite de
suspension en bonne et due forme qui sera dé-battable.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Non, je m'excuse, je vais
rendre ma décision à ce moment-ci. Je crois, M. le
député de Jonquière, qu'il y a une très nette
distinction à faire, à ce moment-ci, sur le plan de la
procédure, entre la recevabilité d'une motion d'amendement et la
discussion sur la pertinence même de l'amendement dans ce qu'il comporte
d'explications qui pourraient être apportées et qui pourraient
même remettre en cause la recevabilité. En d'autres mots, je crois
que, lorsque vous disiez tout à l'heure que certaines informations
pourraient amener le proposeur de la motion à la retirer s'il apprenait
que d'autres recours pouvaient être possibles devant un tribunal, type
Cour supérieure, Cour d'appel ou Cour suprême, et qu'à ce
moment-là il aurait peut-être l'intention de la retirer, puisque
ce n'est pas le sens de la motion d'amendement qu'il voudrait apporter, je
pense que ce n'est pas à ce moment-là que ces informations
doivent être apportées. C'est au moment où la discussion se
fait sur la motion d'amendement que vous pourriez y apporter des informations
qui l'amèneraient à voter contre sa propre motion d'amendement,
s'il jugeait que cette motion d'amendement le mène trop loin dans les
procédures d'appel, au-delà du tribunal de droit commun, tel que
défini dans la motion d'amendement.
Pour ces raisons, n'ayant rien à reprocher à cette motion
d'amendement sur le plan de la forme, n'ayant pas à entrer dans le fond
du débat, je dois la juger, à ce moment-ci, recevable. C'est dans
le cours du débat que nous pourrons juger de là-propos de voter
une telle motion d'amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
respecte votre décision, mais puis-je me permettre de vous dire qu'en
rendant cette décision, vous venez de permettre à l'Opposition
d'atteindre le seul objectif qu'elle avait, c'est-à-dire d'en
discuter?
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a du mal là-dedans?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, il est bien clair que, dès lors que je la juge
recevable, elle est donc débattue.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est leur seul but.
Le Président (M. Bertrand): Evidemment, dans ce contexte,
il peut maintenant y avoir discussion sur la motion d'amendement
présentée par le député de Montmagny-L'Islet.
M. le député de Montmagny-L'Islet voulait-il prendre la
parole lui-même?
M. Giasson: Je laisse mon collègue...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voulais retenir la
suggestion qui a été faite par le gouvernement. On pourrait
suspendre la discussion de l'amendement lui-même, qui est jugé
recevable. Mais cela n'empêche pas du tout de discuter de l'article 4, eu
égard à d'autres aspects.
Je suggérerais qu'on continue à discuter de l'article 4,
dans la mesure où il y a d'autres points qui vont être
soulevés, et qu'on suspende simplement la discussion de cet amendement
qui a été jugé recevable. Je pense que c'était une
suggestion acceptable de la part du gouvernement. Qu'il nous donne les
informations qu'il juge nécessaires pour la bonne compréhension
du débat, mais je ne pense pas que cela entraîne
nécessairement la suspension de la discussion de tout l'article 4.
Le Président (M. Bertrand): Votre demande, je la comprends
très bien, M. le député d'Outremont et je comprends
l'état d'esprit dans lequel vous l'amenez. Ce n'est pas une
procédure habituelle. S'il y avait, dans l'article 4, vraiment trois ou
quatre paragraphes très différents, comme à l'article 1,
et que nous acceptions d'en suspendre un et d'en étudier un autre, je
comprendrais.
Dans le cas présent, c'est une procédure assez
inhabituelle. Je n'accepterais que cela puisse se faire que dans la mesure
où il y aurait un consentement unanime de ne pas faire le débat
immédiatement sur la motion d'amendement, mais, tout de même, de
discuter du reste de l'article 4. Dans des circonstances normales, il faudrait
suspendre l'ensemble de l'article 4, avec sa motion d'amendement, et passer
à un autre article, quitte à revenir à l'article 4 dans un
temps qui pourrait être fixé immédiatement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, vous
avez déclaré l'amendement recevable. Je pense que le
député d'Outremont a le droit de parler sur l'amendement.
Mme Payette: Oui, M. le Président, la proposition est
qu'on puisse suspendre l'article 4 jusqu'à demain matin.
Le Président (M. Bertrand): Ce serait la proposition,
à ce moment-là, de suspendre l'article 4 jusqu'à demain
matin, sinon d'aborder immédiatement le débat sur
l'amendement.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous allons continuer
le débat, tel que le veut le règlement.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. le
député d'Outremont, là-dessus? M. le député
de Montmagny-L'Islet?
M. Raynauld: On discute sur l'amendement?
Le Président (M. Bertrand): Oui, sur l'amendement.
M. Raynauld: Je n'ai pas grand-chose à dire sur
l'amendement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, si j'ai proposé cet
amendement, c'est que, dans mon esprit, il m'apparaît impérieux de
permettre à toutes les futures victimes d'accidents d'automobiles
d'avoir une possibilité de vérifier le bien-fondé d'une
décision rendue par la régie ou par la Commission des affaires
sociales, qui est le seul recours possible, tel que prévu et
énoncé dans le projet de loi.
Pourquoi? Parce que cela m'apparaît un droit fondamental de tout
citoyen québécois qui pourrait juger que ceux qui ont eu à
analyser un dossier de réclamation, que ce soit sur le plan de
l'évaluation d'une incapacité totale ou partielle, que ce soit
pour une incapacité permanente ou temporaire, que ce soit dans
l'attribution d'une indemnité face à cette incapacité
déterminée, il m'apparaît essentiel de maintenir un droit
de recours d'appel au-delà de la décision rendue par la
Commission des affaires sociales.
On sait fort bien que l'expérience du passé nous a
indiqué que, dans certains cas, en dépit de la qualité des
hommes ou des personnes qui travaillent, à titre d'exemple, au niveau de
la Commission des affaires sociales, il y a eu des décisions rendues sur
des dossiers autres que ceux sur lesquels ces gens seront appelés
à se prononcer lorsque la loi sera en vigueur. On peut facilement
concevoir que ces gens-là, au niveau de la Commission des affaires
sociales, ont pu, même avec la meilleure volonté, errer quelque
peu et rendre des décisions qui ne correspondaient pas aux droits
réels des personnes qui ont comparu devant cette commission.
Je le dis pour avoir comparu en quelques occasions devant la Commission
d'appel des affaires sociales. Dans l'interprétation de décisions
rendues à un palier inférieur à la commission, parce que
j'avais une connaissance profonde des dossiers pour lesquels je comparaissais
devant la Commission des affaires sociales, j'en avais une connaissance pour
les avoir analysés, avoir fait de la recherche, avoir examiné
tout ce qu'on pouvait découvrir à l'intérieur du dossier,
face à une décision rendue par une autorité
inférieure à celle de la Commission des affaires sociales.
C'est à partir de ces raisons et de cette connaissance de
certains dossiers auxquels j'ai travaillé qu'il m'apparaît
essentiel de conserver, en l'indiquant à l'article 4, une
possibilité de recours d'appel d'une ou des décisions qui
seraient rendues par les deux paliers de décision prévus dans la
loi, soit la régie ou la commission.
Je veux le faire sans brimer, j'en ai la conviction, sans outrepasser
les principes fondamentaux qu'on a voulu intégrer dans ce projet de loi.
Il ne s'agit pas d'un postulat nouveau qui dépasserait ou qui mettrait
en doute les grands principes qui ont été énoncés
au départ et qui ont reçu une approbation par le vote de
deuxième lecture à l'Assemblée nationale. C'est pourquoi
je crois qu'il faut absolument examiner sérieusement cette
possibilité de recours d'appel au-delà peut-être des
implications que cela pourrait représenter face aux objections
soulevées par le député de Jonquière.
Le Président (M. Bertrand): Quelqu'un d'autre demande-t-il
la parole?
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que si cet
amendement était accepté par cette commission cela
résoudrait énormément de problèmes. Il y a dans ce
projet de loi énormément d'articles dont l'interprétation
est laissée à la discrétion de la régie et à
la discrétion de la Commission des affaires sociales. Qu'on
interprète certains articles d'une façon large ou qu'on les
interprète d'une façon conservatrice, il y aura pour les victimes
un décalage important entre les sommes qui pourraient leur être
allouées.
Il y a aussi de nombreux articles qui laissent à la régie
un droit d'interprétation extrêmement large. Par exemple, la
régie devra déterminer si le degré d'incapacité
partielle ou totale, permanente ou passagère des victimes qui sera
établi aura un effet déterminant sur les indemnités qu'une
telle victime recevra.
Il n'est pas toujours facile de déterminer avec justice le
degré d'incapacité. D'ailleurs on sait très bien
qu'actuellement, malgré une longue jurisprudence devant nos tribunaux,
il y a encore là des difficultés. Ce degré
d'incapacité, selon l'emploi, selon l'occupation de la victime, prend
aussi un sens tout à fait différent.
Si, par exemple, un pianiste perd un de ses doigts, on pourra
déterminer, au niveau de la régie, la même
incapacité que celle d'un plombier qui aura perdu le même doigt,
mais il reste que,
pour la victime, de par son état même, de par sa profession
même, de par son occupation même, la perte d'un doigt pour l'un n'a
absolument pas la même signification que la perte d'un doigt pour
l'autre. Nécessairement, si on veut établir une loi juste, il
faudra que cette différence dans l'évaluation de l'importance de
cette blessure se reflète au niveau des indemnités. Sans un
recours devant les tribunaux de droit commun, il sera extrêmement
difficile pour une telle victime d'avoir justice devant la régie, parce
que seuls les tribunaux de droit commun peuvent juger l'indemnité qui
est due à une victime d'une façon personnelle.
Un jugement devant un tribunal de droit commun est un jugement qui
concerne la situation, l'état, l'occupation ou la blessure subie par une
victime donnée. C'est un jugement personnel. Ce n'est pas un jugement
qui fait partie, si vous voulez, d'un nivellement. On ne juge pas les gens par
groupe, par numéro, par quantum, exclusivement. On juge les torts faits
à quelqu'un de victime en victime. C'est là une grande garantie.
On devra juger quelle sera la perte économique d'une victime qui est au
foyer, qui travaille à temps partiel, qui travaille à un emploi
temporaire. On devra juger les dommages lors d'un accident vécu par un
étudiant, et même un étudiant qui appartient à une
faculté ou à une autre. Voilà d'autres situations qui
placeront la régie dans une situation très difficile pour
apprécier adéquatement même les revenus des victimes, tel
que la loi est rédigée.
Voilà de nouveau une des raisons pour lesquelles les tribunaux de
droit commun devraient avoir leur mot à dire, car de nouveau, les
tribunaux de droit commun pourront juger les victimes personnellement une
à une. Ce sera même, pour la régie, une source de
renseignements, parce que la régie, par ce droit d'appel, pourra prendre
connaissance des antécédents judiciaires, des jugements
antécédents, de la jurisprudence, autrement dit, et elle pourra,
à même ces jugements, bonifier et rendre plus justes les
indemnités qu'elle doit verser aux victimes. S'il n'y a pas de droit
d'appel, comment la régie pourra-t-elle savoir que ces barèmes
qu'elle a déterminés, que les sommes qu'elle devra verser aux
victimes sont nécessairement justes? Avec les verdicts des tribunaux,
elle pourra rajuster son échelle d'indemnisation sur les jugements
rendus devant les tribunaux et sur des jugements qui seront rendus d'une
façon absolument individuelle.
Il y a un autre facteur très important. La régie sera
obligée de doser le vouloir d'une victime de retourner au travail, ou de
ne pas y retourner, sa capacité de retourner au travail ou son
incapacité. C'est là beaucoup de responsabilités
laissées à la régie. Ce sera même dans l'état
actuel des connaissances médicales. Il est très difficile pour un
médecin, si compétent soit-il, de réellement affirmer,
sans aucun doute, qu'une personne peut ou ne peut pas accomplir un tel travail.
Qu'est-ce qui arrivera, en fait, actuellement, s'il n'y a pas de droit d'appel?
Il y aura, à cause de la teneur de la loi, de sa rédaction, des
gens qui voudront, coûte que coûte, retourner au travail et qui
seront gran- dement motivés à y retourner, mais il y aura des
gens qui, dans des situations données, auront intérêt
à recevoir les indemnités et à ne pas travailler. Il y
aura aussi de ces gens que la régie trouvera aptes à retourner au
travail et des victimes qui, en fait, n'auront pas la santé voulue ou
n'auront pas les capacités voulues pour accomplir le travail que la
régie exigera d'eux. Là, je crois que c'est s'attaquer à
un droit fondamental de tout citoyen.
Par le biais de cette loi, on obligera les gens à travailler si
on le juge à propos. C'est, à mon avis, abominable, hormis qu'il
y aurait au moins un recours devant les tribunaux de droit commun.
Je pourrais continuer à feuilleter la loi et, à chaque
article ou du moins dans de nombreux articles, on verrait qu'on charge la
régie et la Commission des affaires sociales de responsabilités
pour lesquelles elles ne sont pas préparées. Malgré leur
bonne volonté et leur compétence, il sera extrêmement
difficile, dans un tel contexte, de rendre justice aux citoyens.
Je crois que, si le gouvernement acceptait cet amendement, il se
placerait, vis-à-vis de la population, dans une situation beaucoup plus
facile à défendre que la situation dans laquelle il s'est mis
avec cette loi. Il est impossible que les victimes, qui perdront et qui
n'auront pas de droit d'appel devant les tribunaux, croient réellement
qu'elles ont obtenu justice. Il n'y aura même pas apparence de justice,
M. le Président. Il y aura d'ailleurs des injustices. Cette loi est
juste ou n'est pas juste pour les victimes, mais pourquoi ne pas laisser les
tribunaux juger de la justesse des indemnités et des décisions
rendues? Car, seuls nos tribunaux de droit commun donneront à la
population la preuve que le gouvernement est bien intentionné et qu'il
tient, après que ce projet sera devenu loi, à l'améliorer
constamment selon les verdicts et les jugements de nos tribunaux.
On n'en sortira d'ailleurs pas. Nos tribunaux existent depuis des
siècles. Ils sont partie intégrante de notre constitution. Ils
sont libres. On discute souvent des difficultés administratives de nos
tribunaux. Si, de ce fait, il y a des injustices qui sont subies par les
justiciables... Personne ne doute que nos tribunaux jugent d'une façon
indépendante et avec une compétence reconnue. Les critiques que
l'on fait vis-à-vis de la justice ne concernent pas la qualité
des jugements rendus. Elles concernent beaucoup plus les difficultés
administratives de nos tribunaux. Si on a des difficultés au point de
vue de l'administration de nos tribunaux, ce n'est pas en essayant de
créer, parallèlement, d'autres tribunaux... parce qu'on arrivera
nécessairement au même résultat. La seule façon
logique, pour le gouvernement, c'est d'améliorer la qualité de
l'administration de nos tribunaux de façon que le justiciable soit
jugé dans le laps de temps voulu de façon qu'il obtienne
justice.
Si on veut que la Commission des accidents du travail donne l'image d'un
tribunal indépendant, il faudra nécessairement nommer les juges
à vie, rendre les juges ou les commissaires absolument
indépendants, non pas simplement en fait,
mais ils devront donner l'image, dans la population, de commissaires
absolument indépendants de la volonté du gouvernement. Serait-ce
le premier ministre ou qui que ce soit qui les appelle ou qui essaie
privément de plaider devant eux?
Il faudrait nécessairement que les commissaires soient absolument
indépendants des autorités gouvernementales, soit du Parlement,
soit de l'exécutif surtout. Il faudrait qu'il y ait des lois de
procédure d'établies et, nécessairement, on en viendra
à établir des lois de procédure qui seront pratiquement
semblables à celles de nos tribunaux de droit commun.
On en viendra à cela, parce que la Commission des affaires
sociales n'aura pas à juger exclusivement les causes ou les appels qui
résulteront de cette loi; elle a actuellement d'autres obligations. On
la surchargera probablement par tous ces appels parce qu'il y en aura,
M. le Président, croyez-moi qui naîtront de l'application
de cette loi. Elle sera embourbée comme nos tribunaux de droit commun,
on aura de la difficulté à établir, par exemple, le
degré d'incapacité des victimes, leur motivation à
travailler ou à ne pas travailler.
Tous ces gens iront en appel et on s'embourbera de la même
façon que nos tribunaux peuvent être embourbés et on
tombera exactement dans les mêmes lacunes, avec une exception, c'est que
jamais les commissaires ne donneront l'image d'être indépendants
de l'exécutif. Comment voulez-vous qu'un type qui est nommé pour
trois ans, pour cinq ans, pour dix ans et qui, bien souvent, son mandat
terminé, voudra bien continuer à être commissaire soit
libre? Tout le monde connaît cela, M. le Président, on a fait de
la politique. Est-ce qu'un commissaire qui voit son terme se terminer dans six
mois, un an, deux ans, sera un homme libre, un homme qui n'aura aucune
motivation, aucun intérêt personnel à ne pas écouter
le gouvernement? A mon avis, c'est tout à fait inadmissible.
Le projet de loi est juste ou n'est pas juste pour les victimes, qu'on
ne craigne donc pas de laisser le tribunal juger. C'est probablement à
ce stade, M. le Président... On sait pertinement que, dans la
population, ce projet de loi crée des inquiétudes, on le sait. On
le sait au niveau du gouvernement, du caucus, on le sait au niveau du cabinet,
et je dis au gouvernement que si un droit d'appel existait devant les
tribunaux, il serait beaucoup plus facile à ceux qui sont responsables
de cette loi d'arriver devant la population et de dire: Ecoutez, nous avons
confiance d'avoir établi une loi juste. Nous avons confiance qu'elle
améliorera énormément la situation des victimes
d'accidents d'automobiles. Nous l'avons fait avec
désintéressement; la preuve, c'est que nous sommes prêts
à laisser les tribunaux juger de la qualité de nos
décisions, de la qualité de nos indemnisations, etc.
J'y reviens parce que c'est très important. Avec les jugements de
nos tribunaux, la régie, le gouvernement pourront se rendre compte
jusqu'à quel point cette loi est juste ou injuste, jusqu'à quel
point elle pourra être juste pour un certain nombre de citoyens ou un
grand nombre de citoyens, jusqu'à quel point elle pourra être
injuste pour certaines victimes qui oeuvrent dans des champs d'activité
bien spécifiques et bien donnés. Ils pourront se rendre compte
jusqu'à quel point ces $18 000, maximum ou minimum, sont importants ou
non. Elle aura le portrait de la situation et ce serait un
élément important. Nous, de l'Opposition officielle,
considérons cet amendement capital. Si cet amendement était
accepté, nos appréhensions, en ce qui regarde le projet de loi,
seraient diminuées de beaucoup parce que nous verrions, dans ces droits
d'appel, une façon de diminuer ou de modifier les barèmes, de
modifier les interprétations bien souvent injustes que la régie
devra faire.
Je ne dis pas que les gens de la régie sont des gens incapables,
mais il est impossible d'interpréter tellement d'articles qui ont un
sens tellement large, qui laissent tellement de place à des jugements
personnels, qu'il est impossible que les indemnisés soient
réellement traités avec justice. Vous avez là un
élément fondamental qui pourrait faire ressortir ce qu'il y a de
bon dans la loi parce qu'il y a certainement des choses qui sont bonnes
dans cette loi et qui pourrait ainsi faire ressortir les faiblesses de
la loi. Mais pourquoi le gouvernement devrait-il se priver d'une telle source
de renseignements? C'est inimaginable, à mon avis, parce qu'il y aurait
là une source de renseignements valable qui, de mois en mois, servirait
à revenir sur des définitions, à revenir sur le sens de
certains articles, à revenir sur la justification de certains quanta,
à connaître réellement jusqu'à quel point cette loi
est positive pour une grande partie des citoyens, et comment elle peut
être négative et injuste pour une grande partie des citoyens.
C'est une source de renseignements absolument fantastique qu'on pourrait avoir
là.
Alors, je veux bien laisser mes collègues parler
là-dessus. J'avais cru, M. le Président, qu'un tel amendement
aurait pu être recevable. J'avoue que j'aurais pu feuilleter ce matin le
projet de loi et sortir bien d'autres points en faveur de l'acceptation de cet
amendement.
Le Président (M. Bertrand): Vous ne voulez pas me faire
revenir sur ma décision, M. le député de
Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: Non, je vous en prie.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière a demandé la parole juste avant vous, M. le
député de Nicolet-Yamaska. Vous êtes le suivant.
M. Fontaine: Habituellement on ne fait pas le tour?
Le Président (M. Bertrand): Non, pas à ce
moment-ci.
M. Roy: Pourquoi?
M. Fontaine: Je pensais que...
Le Président (M. Bertrand): Parce qu'il s'agit d'une
motion d'amendement. Je prends les droits de parole tels qu'ils me sont
exprimés par les membres, c'est tout.
M. Fontaine: Habituellement, il me semble que sur une motion, on
demande aux oppositions de s'exprimer, ensuite, au gouvernement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que je...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, je pourrais au contraire vous indiquer que si la motion
d'amendement est formulée par le parti de l'Opposition officielle, c'est
ensuite au gouvernement à prendre la parole et ensuite aux deux autres
partis d'opposition. Je pense que l'une vaut bien l'autre.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'aurais cédé volontiers...
Le Président (M. Bertrand): II n'est pas question de
vouloir brimer qui que ce soit. M. le député de Jonquière,
allez-y, ensuite ce sera M. le député de Nicolet-Yamaska et M. le
député de Beauce-Sud.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... mon droit de parole au
député de Beauce-Sud, mais je dois être à un autre
endroit à midi et c'est pour cette raison que je ne l'ai pas fait.
M. le Président, mes premiers mots seront pour faire remarquer au
député de Jacques-Cartier et j'aimerais qu'il
m'écoute que l'article 58 du projet de loi 67 prévoit
qu'un réclamant qui se croit lésé par une décision
rendue en révision par la régie, suivant l'article 57, peut
interjeter appel de cette décision à la Commission des affaires
sociales constituée en vertu de la Loi de la Commission des affaires
sociales, qui dispose de l'appel selon ses règles de preuve, de
procédure et de pratique. Or, j'aimerais tout d'abord dire, M. le
Président, que la Loi de la Commission des affaires sociales 1974,
chapitre 39, prévoit que les décisions de la Commission des
affaires sociales sont finales et sans appel. De telle sorte, M. le
Président, que cette motion et là je le dis très
brièvement aurait dû être déclarée
irrecevable pour le motif que la Commission des affaires sociales, qui a
été créée par la Loi de la commission des affaires
sociales prévoit elle-même...
M. Saint-Germain: Le président a rendu une
décision...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Jacques-Cartier, vous n'aurez même pas besoin de
tenir vos propos, je sens bien ce que vous alliez indiquer. Je voudrais aussi
indiquer au député de Jonquière qu'à ce moment-ci,
il n'est pas question pour lui de revenir sur la décision rendue par la
présidence au sujet de la recevabilité de la motion d'amendement.
Je lui per- mets d'argumenter, je lui permets de soutenir sa thèse, mais
pas de revenir ou de vouloir juger la décision du président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, loin
de moi l'intention de contester ou de venir en appel de vos décisions,
mais je pense que pour l'information des membres de l'Opposition, qui ont
voté d'ailleurs cette Loi de la Commission des affaires sociales, il
était bon de rappeler que c'est cette même loi qui prévoit
que les décisions de cette commission sont finales et sans appel.
Je pense qu'il était bon de le souligner et je n'ai aucunement
voulu, de près ou de loin, contester votre décision.
Je comprends les objectifs, fort louables en soi, de la motion du
député de Montmagny-L'Islet. Cette motion peut amener, pour ceux
que l'on veut protéger, c'est-à-dire les victimes, des
préjudices considérables. Sur quel sujet pourrait aller en appel
une victime si l'amendement était adopté? La première
chose qui nous vient à l'idée... Supposons que, pour une blessure
précise, la loi prévoit un montant forfaitaire de $5000 et que la
personne n'en reçoit que $2000. Elle va devant la Cour
Supérieure, prend un avocat et court le risque de perdre sa cause pour
la somme de $3000.
Remarquez que la compétence... là, c'est un droit d'appel.
Il n'est pas question de $3000 ou plus. Comme on veut donner à la Cour
Supérieure un pouvoir d'appel, comme ce n'est pas une action en justice,
il n'est pas nécessaire que la différence entre l'offre de la
régie et le montant de l'appel soit de $3000 ou moins, en vertu des
pouvoirs de la Cour Supérieure. Supposons que cette victime
reçoive $2500 ou $3000 mais qu'elle prétende qu'elle aurait
dû recevoir $5000. Que doit-elle faire? Elle était
représentée par un avocat devant la Commission des affaires
sociales. Elle se prend également un avocat pour aller devant le
tribunal d'appel, avec évidemment les délais qui sont habituels
devant les tribunaux de droit commun. Elle n'est pas sûre de gagner sa
cause. Elle n'est pas assurée, cette victime, que la Cour
Supérieure, tribunal d'appel, va lui donner raison. Si elle perd, la
régie, qui aura pris des procureurs pour se défendre devant le
tribunal d'appel, voudra voir ses frais judiciaires payés par la partie
qui a perdu devant le tribunal d'appel, comme ça se passe
régulièrement. On en a parlé hier, de ça.
Donc, pour une différence de $1500, de $2000 ou de $3000, le
justiciable va en appel, se prend un procureur et s'il perd, non seulement ne
recevra-t-il pas la différence, puisqu'il n'est aucunement assuré
que le tribunal d'appel lui donnera raison, ce qui est possible, on verra
tantôt, mais à ce moment-là les frais judiciaires de la
partie adverse seront acquittés par la partie défaillante,
c'est-à-dire la victime.
M. Giasson: C'est le mode de fonctionnement présent.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Fontaine: Le citoyen n'a plus le droit de prendre de
décision.
M. Giasson: Chaque citoyen qui va en appel... Le Président
(M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que c'est un détail à ne pas négliger, puisque
l'article 45 prévoit que toute...
M. Fontaine: Vous n'avez sûrement pas pris d'actions
souvent dans votre vie.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, à
l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, mais je n'ai jamais fait
payer $800 ou $500 en honoraires à un client pour une cause de $800 ou
de $1000, d'accord? Je peux vous le dire, par exemple.
M. Fontaine: Ce n'est pas là la question. Il y a toujours
un risque lorsqu'on prend une action à la cour, on ne sait jamais si on
va gagner.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, à l'ordre!
Messieurs les avocats!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Nicolet-Yamaska, voulez-vous respecter mon droit de parole, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Fontaine: Je
vais vous répondre.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'article 45 de la loi prévoit que la victime qui subit, dans un
accident, une blessure, un préjudice esthétique, une mutilation,
des douleurs ou une perte de jouissance de la vie, a droit à une
indemnité forfaitaire. Nous n'avons aucune raison de penser que ce
montant forfaitaire prévu à la loi pour une blessure
précise ne sera pas payé. Nous n'avons aucune raison d'en douter,
surtout qu'il faut se rappeler que, devant cette Commission des affaires
sociales, il y aura toujours un médecin qui fera partie du tribunal, ce
qui n'est pas le cas devant le tribunal de droit commun.
En passant, M. le Président, je dois vous dire que les remarques
du député de Jacques-Cartier, quant à la
présumée non-indépendance des personnes qui composent le
personnel de la Commission des affaires sociales, sont totalement
déplacées. Certains nous ont même laissé savoir
qu'ils se sentaient passablement insultés par de telles remarques. Je ne
pense pas que la conscience professionnelle, l'objectivité,
l'indépendance et le professionnalisme soient l'apanage de nos seuls
juges des tribunaux de droit commun.
M. Saint-Germain: J'aime à me faire juger par les juges et
à me faire soigner par les médecins.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense, de toute
façon, que le député de Jacques-Cartier n'acceptera jamais
de rétracter les propos qu'il a tenus quant à ces personnes qu'il
ne connaît pas, pour la plupart.
Mais je dois vous avouer que ces remarques sont totalement
déplacées. M. le Président, il y aura toujours un
médecin devant la Commission des affaires sociales. Il y en aura cinq
devant la cour, mais la victime pourra...
M. Raynauld: ... tant qu'on en veut.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais la victime qui sera
représentée par son avocat, M. le député
d'Outremont, devant la Commission des affaires sociales...
M. Raynauld: Ne sautez pas dans des affaires comme
celles-là.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... aura le droit d'assigner
son médecin, son propre médecin, devant cette commission.
M. Raynauld: On peut en amener autant qu'on en veut.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un tribunal
administratif, M. le député d'Outremont. Il y a des règles
de preuve beaucoup plus...
M. Fontaine: ...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Jonquière, n'entendez pas les propos.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député
d'Outremont sait fort bien, ou devrait savoir, parce qu'il me dit qu'il y a des
médecins qui viendraient témoigner devant le tribunal de droit
commun, que la victime aura le droit, non seulement de se faire
représenter par son avocat, mais de convoquer des témoins. Non
seulement le tribunal sera-t-il lui-même composé d'un
médecin, mais la victime pourra appeler un, deux ou trois
médecins, pour venir appuyer sa thèse, M. le Président. Et
la régie, elle aussi, aura des médecins pour appuyer sa
thèse.
Et ce tribunal, composé de personnes, je présume
puisque la bonne foi se présume consciencieuses, objectives,
à la suite de la preuve qui sera entendue, rendra une
décision.
Mais ce n'est pas seulement devant la Commission des affaires sociales
que le médecin intervient pour la première fois, M. le
Président. Dans l'article 53 parce que la Commission des affaires
sociales, c'est la troisième étape le fonctionnaire qui
aura à rendre une décision, qui aura à prendre une
décision...
M. Giasson: ... régi...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... ce fonctionnaire,
évidemment, fera appel au médecin de la régie pour prendre
cette décision.
Je voudrais vous rappeler le témoignage du Collège des
médecins M. le député de Jacques-Cartier, vous
étiez présent qui est venu témoigner devant la
commission parlementaire, plus précisément sur le secret
professionnel. A ce moment-là, on a eu l'occasion de poser des questions
à ces gens. Il n'a fait aucun doute, et il ne fait aucun doute dans leur
esprit qu'il est, pour un médecin moyennement et normalement
compétent, comme tous les bons médecins sortant de nos
universités, facile de déterminer si la personne est apte ou non
apte à retourner au travail. Tenez pour acquis que, dans le
système actuel, il n'y a plus de taux d'incapacité. C'est
important à comprendre.
Sur quoi avaient lieu les discussions devant les tribunaux de droit
commun? Par expérience, je peux vous dire qu'il y a un médecin,
ou deux médecins, qui venaient dire: C'est 10%, c'est 12%
d'incapacité partielle permanente. Et, en défense, il y avait un,
deux ou plusieurs médecins qui venaient dire: C'est 18% et 20%. Ou c'est
10% et 11%. Ou c'est 5% ou 6%. Et le juge, n'ayant aucune connaissance
médicale, n'étant aidé, comme assesseur, d'aucun
médecin, devait, suivant la preuve faite, rendre une décision
juridique et également prendre une décision sur le quantum des
dommages, ce qui amenait l'appréciation d'une preuve
médicale.
M. le Président, devant la Commission des affaires sociales, il y
aura un médecin. Il y aura des avocats. Et il y aura des témoins
qui pourront être, et qui seront probablement presque toujours des
médecins, soit pour la victime, soit pour la Régie de l'assurance
automobile, puisque la responsabilité disparaîtra de notre
système, en ce qui concerne les accidents d'automobiles.
Je pense, M. le Président, qu'il est extrêmement important
que la population sache que, lorsque le fonctionnaire, en vertu de l'article
53, prendra une décision, il sera aidé, pour la partie
médicale de son travail, par un médecin. Je ne pense pas que le
député de Jacques-Cartier puisse mettre en doute la conscience
professionnelle et l'objectivité des médecins qui pourront
travailler pour la régie, même si ceux-ci travailleront pour la
régie.
Je pense, M. le Président, que c'est important de savoir cela.
Hier, M. le député de Jacques-Cartier se posait des questions,
à savoir s'il y aura des avocats devant la Commission des affaires
sociales. On l'a dit, et on le répète, il y aura des avocats. Et
il y aura des témoins. Et il y aura également des règles
de preuve beaucoup plus souples. C'est également important. Je pense que
tout le monde connaît, ou à peu près, les règles de
preuve qui régissent notre droit commun et qui sont définies dans
le Code de procédure civile.
La régie adopte ses propres règles de preuve. Sans
présumer que ce sera comme à la Cour des petites créances,
avec aussi peu de formalisme, on peut présumer qu'il y aura un juste
milieu entre le formalisme assez rigoureux des tribunaux de droit commun et
l'absence totale ou presque de formalisme devant la Cour des petites
créances où il n'y a pas d'avocat. Devant la Commission des
affaires sociales il y aura des avocats.
On pourrait donc aller en appel dans deux cas: pour savoir si on est
apte ou non à retourner au travail... Pour cela, il y a
déjà un médecin, qui se prononce en vertu de la
première étape, et de la deuxième également. Devant
la Commission des affaires sociales, la victime est représentée
par un avocat et par son médecin qui témoigne. Un médecin
forme ou fait partie du tribunal, ce qui est déjà mieux que dans
le système actuel.
On peut aller en appel également sur le quantum des dommages. Je
voudrais bien faire comprendre à mes amis de l'Opposition tous les
préjudices qui pourraient survenir du fait que des gens se rendent en
appel pour des montants bien souvent et dans la plupart des cas minimes,
puisque l'article 45 prévoit des montants forfaitaires. J'entendais
tantôt le député de Jacques-Cartier parler de taux
d'incapacité. Va-t-il enfin comprendre, lui qui a suivi, depuis le
début, les travaux de cette commission, qu'il n'y a plus de taux
d'incapacité? Je me demande si, dans sa lecture du projet de loi 67, le
député de Jacques-Cartier s'est rendu jusqu'à l'article 45
qui prévoit des montants forfaitaires. Il n'y a plus de taux
d'incapacité. Je pense que c'est important à savoir et c'est
important que les gens le sachent, M. le Président.
M. Saint-Germain: De quelle méthode va-t-on se servir pour
établir les taux d'incapacité?
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y en aura pas.
M. Saint-Germain: Dans l'étude de l'actuaire, sortez votre
document, on parle d'incapacité à longueur de pages. Il n'y a pas
de taux d'incapacité. C'est une technique établie.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: Si vous enlevez cette technique, qu'est-ce
qu'il reste pour évaluer l'incapacité d'une personne?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Questions
seulement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Enfin, donner un appel devant
les tribunaux de droit commun, sous réserve de l'opinion légale
qui sera émise et qu'on essaiera de vous donner demain matin, ce serait
même là alourdir le système.
L'opposition libérale, qui a adopté la Loi de la
Commission des affaires sociales, a fait en sorte que les décisions de
cette commission soient finales et sans appel justement pour que les
justiciables reçoivent justice dans les délais les plus rapides.
Cette même opposition, qui était le gouvernement et qui a
adopté cette loi, qui a créé ce tribunal selon cet esprit,
vient nous proposer aujourd'hui de modifier la Loi de la Commission des
affaires sociales pour faire en sorte que les décisions de la commission
aient des appels. En plus,
cela alourdirait le système qu'on veut changer justement parce
qu'il est lourd.
Je suis sûr que le député de Jacques-Cartier sait ou
se rappelle les motifs profonds qui ont fait en sorte que son gouvernement,
à ce moment-là, rende les décisions de la régie ou
de la Commission des affaires sociales finales et sans appel. J'ai eu
personnellement l'occasion, même si je n'ai jamais plaidé devant
la Commission des affaires sociales, de lire certains de ses jugements. Je suis
sûr que le député de Nicolet-Yamaska a dû
également avoir l'occasion de lire certains de ces jugements. Bien que
les personnes en question ne fussent pas des juges nommés par le
gouvernement provincial ou fédéral, je puis vous dire qu'elles
rendaient des jugements selon l'interprétation de textes de loi qui
avaient un fondement juridique irréfutable.
M. Giasson: Ce n'est pas là le problème, c'est dans
les faits évoqués.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que c'est important
de savoir cela. Le système que l'on propose à ces trois paliers
vous le retrouvez presque dans la Loi de l'aide sociale et dans la Loi de
l'assurance-chômage.
J'ai eu l'occasion de lire des jugements de la Commission d'appel en ce
qui concerne l'assurance-chômage. Les membres de cette Commission d'appel
ne sont également pas des juges nommés par nos gouvernements. On
avait à se prononcer sur l'interprétation de textes de loi, sur
l'interprétation de faits vécus. Je puis vous dire que j'ai
toujours été favorablement impressionné par le fondement
juridique de ces décisions, alors que, dans le cas qui nous occupe, il
n'y aura pas d'interprétation par la Commission des affaires
sociales.
Je pense que ce qui doit nous guider en vertu de cet amendement, c'est
le bien des justiciables. Dans combien de cas ceux-ci pourront-ils aller en
appel? Dans combien de cas, pour des sommes d'argent minimes... Vous savez
qu'en vertu de la Commission des affaires sociales et de la loi...
M. Fontaine: ... pour eux.
M. Vaillancourt (Jonquière):... les indemnités,
c'est sans égard à la responsabilité. Quand vous serez
devant la Cour supérieure, même s'il n'y a pas de
responsabilité, est-ce que la Cour supérieure, par pitié,
par sympathie, va donner raison nécessairement à la victime? Non.
La victime n'ira en appel que si la Commission des affaires sociales a rendu un
jugement manifestement injuste, déraisonnable, si la différence
entre ce qu'elle prétend avoir droit et ce qu'elle a reçu, est
élevée, ce qui implique des sommes de plusieurs milliers de
dollars. Vous conviendrez avec moi que la plupart des justiciables ne
prendraient pas le risque de se présenter devant la Cour d'appel ou
devant le tribunal d'appel qu'on voudrait créer par cette loi pour des
sommes de $1000, $1500, $2000 et $2500, alors qu'on sait qu'ils prennent le
risque de perdre leur cause et de payer des frais judiciaires en plus de payer,
évidemment, leur procureur.
Le Président (M. Bertrand): Je vous demanderais de
conclure, M. le député de Jonquière, il vous reste une
minute.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, en
terminant, je pense que cet amendement du député de
Montmagny-L'Islet devrait être rejeté. Du moins, en ce qui me
concerne, je vais voter contre cet amendement, parce que j'estime qu'il aurait
pour but d'alourdir le système et qu'il n'est pas dans
l'intérêt des justiciables. Les procédures actuellement
prévues par le projet de loi 67 donnent toutes les garanties que les
justiciables obtiendront une indemnisation juste et raisonnable. Il y a
actuellement trois étapes de prévues. A chacune de ces
étapes, il y a un médecin qui donne son opinion sur des faits qui
relèvent de sa compétence professionnelle. Nous avons des avocats
présents devant la commission, qui pourront représenter et la
victime et la régie. Nous avons également des avocats à
cette Commission des affaires sociales. Nous avons des médecins. Je
pense que ce qui importe, c'est, non seulement comme le député de
Jacques-Cartier le dit, que justice soit rendue, mais que l'apparence d'une
justice soit rendue. Je pense que le projet de loi 67, avec les
procédés et avec les procédures prévues atteint ces
deux objectifs. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Merci. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Avant que le
député de Jonquière ne parte, je voudrais lui dire qu'il a
oublié une question, lorsqu'il dit qu'il y a deux endroits où on
va pouvoir aller en appel à la Commission des affaires sociales, soit
sur le quantum ou sur le droit à la rente ou à une
indemnité. Je pense qu'il faut également tenir compte du fait
qu'on va pouvoir aller aussi en appel sur la question de l'admissibilité
à la loi, le droit de recevoir quelque chose de la loi. Par exemple, si
quelqu'un, à la suite d'un accident, fait une demande à la
régie, et qu'on lui dit que le véhicule dans lequel il
était, n'était pas une automobile, à ce moment, son
recours est final. La Commission des affaires sociales va maintenir cette
décision et il ne pourra pas aller devant quelque autre tribunal pour
demander de réviser cette décision.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que j'ai déjà eu l'occasion de répondre à
cela, qu'il y avait une interruption de prescriptions et que la personne qui
voit la régie dire qu'elle n'est pas admissible en vertu de cette loi,
peut prendre des procédures en vertu de l'article 1053 du Code civil,
tout simplement devant les tribunaux de droit commun, parce qu'il y a
interruption de prescriptions.
M. Fontaine: Oui, mais on sait que pour aller devant le tribunal
de droit commun, il faut qu'il y ait déni de justice. Il faut prouver le
déni de justice pour demander une révision de la Cour
supérieure. On sait que c'est très difficile. Ce n'est
accepté que dans de rares cas. Ce qu'on vous demande, c'est d'inclure ce
droit dans la loi. Ce n'est pas compliqué. Il n'y aura pas des millions
de demandes à la suite de ces décisions. Les cas qui vont aller
en appel devant la Cour supérieure vont être très
restreints. Il faut aussi penser que si ces gens se font conseiller par des
avocats, les avocats ont encore une certaine responsabilité
professionnelle et ils vont les conseiller dans leur meilleur
intérêt.
En deuxième lecture de la loi 67, nous avons adopté trois
grands principes qui sont directeurs de cette loi, c'est-à-dire
l'obligation pour tous de s'assurer, le "no fault", la
non-responsabilité, et la création de la régie qui est
l'étatisation d'une partie du domaine de l'assurance. Lorsque nous avons
créé la régie, nous avons également discuté
de son fonctionnement. Lorsque la loi sera adoptée, si on l'adopte telle
quelle, lorsque quelqu'un va vouloir faire une demande à la
régie, il va y avoir une décision d'un fonctionnaire qui va
déterminer les indemnités auxquelles la personne aura droit
à la suite d'un accident d'automobile. Si la personne n'est pas
satisfaite de cette décision du fonctionnaire, elle va pouvoir en
appeler à la régie, c'est-à-dire au conseil
d'administration de la régie qui va pouvoir réviser cette
décision. Enfin, si elle n'est pas satisfaite, elle pourra aller devant
la Commission des affaires sociales où on a effectivement des avocats
qui vont pouvoir représenter les clients.
Mais ce qu'on reproche à la Commission des affaires sociales, ce
n'est pas de rendre des décisions qui ne sont pas juridiques, ce qu'on
lui reproche c'est de se baser...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Nicolet-Yamaska, me permettriez-vous une question?
M. Fontaine: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Corroborez-vous les propos du
député de Jacques-Cartier sur la non-conscience professionnelle,
la non-indépendance et la non-objectivité...
M. Saint-Germain: M. le Président, question de
règlement. On interprète mal mes paroles. Je ne me suis jamais
attaqué à la crédibilité ou à la
compétence de ceux qui font partie de la Commission des affaires
sociales. J'ai dit qu'on leur demandait trop pour le peu de dépendance
qu'ils avaient vis-à-vis de la régie, et j'ai dit qu'on les
plaçait dans une situation intenable. Ils n'auront même pas
l'apparence de cette indépendance qui est la base de l'homme qui a
à juger.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Le député
de Nicolet.
M. Fontaine: M. le Président, je ne veux pas revenir
là-dessus pour l'instant, mais je vais y revenir au cours de mon
intervention.
Je disais donc que la Commission des affaires sociales prend des
décisions qui sont formulées dans une argumentation juridique.
Cependant, ce qu'on lui reproche, c'est de se baser sur les documents qui sont
au dossier et assez souvent le fonctionnement de cette commission, selon
l'expérience que j'en ai, et le député de
Montmagny-L'Islet y a fait également allusion tout à l'heure, qui
constitue ces dossiers ont, bien sûr, les faits qu'on leur apporte, et
assez souvent ils se basent sur ces faits. Et ces faits sont souvent soit
incomplets, ou partiellement erronés et c'est là-dessus que les
décisions de la Commission des affaires sociales vont pouvoir être
contestées surtout.
On va pouvoir aller en appel, à la Commission des affaires
sociales, à mon avis, sur trois points, c'est-à-dire sur
l'admissibilité à la loi, le quantum, c'est-à-dire le
montant des bénéfices de la loi, et le droit à la rente
qu'on va pouvoir verser à la suite d'une incapacité permanente.
-
Les témoignages des différents organismes qui sont venus
à la commission parlementaire lorsqu'on a entendu les
témoignages des gens, surtout celui du Barreau nous ont bien mis
en garde contre le fait que des décisions soient rendues par des
fonctionnaires, premièrement, et révisées par d'autres
fonctionnaires. Je vais revenir à la question qui a été
soulevée tout à l'heure par le député de
Jacques-Cartier. Je pense que toute administration a tendance à se
protéger elle-même; ce n'est pas mettre la compétence des
fonctionnaires en doute que de dire ça, mais je pense que savoir qu'on
peut en appeler de leur décision rendra ces mêmes fonctionnaires
plus enclins à s'efforcer de rendre des décisions qui seront plus
justes et plus équitables. C'est les protéger contre leur propre
faiblesse ou les faiblesses du système que de permettre un droit
d'appel.
Le droit d'appel est un droit fondamental qui est reconnu dans notre
système judiciaire et je pense que la révision de la Cour
supérieure, dans ce domaine de l'assurance automobile, pourrait
être bénéfique pour tous les justiciables. Les
décisions de la Cour supérieure seront rendues par des juges
indépendants et je pense que c'est là-dessus qu'il faut insister
pour dire qu'il y a nécessité de révision de
décisions d'un fonctionnaire, particulièrement dans ce domaine.
On comprend qu'il puisse y avoir des organismes quasi judiciaires ou
administratifs où il n'y a pas d'appel de leurs décisions, mais,
dans ce domaine de l'assurance automobile, où les montants en jeu
pourront être assez considérables, il est important qu'il puisse y
avoir une révision de ces décisions.
On a eu à faire face à l'expérience de la
Commission des accidents du travail depuis plusieurs années, et il y a
en tout cas, mon expérience personnelle me l'a
démontré beaucoup d'injustices actuellement à la
Commission des accidents du travail; ça a été admis par
plusieurs députés, même du côté
ministériel, lorsqu'on a fait
l'étude du projet de loi qui amendait la Loi de la Commission des
accidents du travail. Par le fait qu'actuellement, il n'y ait pas de
révision des décisions de la Commission des accidents du travail,
sauf dans de rares cas où on fait appel au bref d'évocation, il y
a des injustices qui se produisent et il serait souhaitable, également
dans ce domaine, qu'il y ait aussi un appel.
Que le gouvernement nous dise si, réellement, il veut que cette
loi soit une loi juste et, s'il veut que cette loi soit une loi juste
comme il nous l'a dit jusqu'à maintenant qu'il accepte ce droit
d'appel. Je pense que, sur la question de la justice, il n'y a pas de prix
qu'on puisse mettre en jeu pour dire qu'on permet cet appel ou qu'on ne le
permet pas. Je pense que les gens voudront demander justice, à quelque
prix que ce soit. Il n'y a rien de plus frustrant que de penser avoir un droit
ou de penser avoir été traité injustement et de ne pas
pouvoir exercer ce droit ou exercer un droit d'appel contre une injustice dont
on pense être la victime. Je pense qu'il est important que le
gouvernement puisse comprendre cela et puisse laisser le citoyen prendre ses
propres décisions...
Je ne vois pas pourquoi le gouvernement, dans ce domaine comme dans bien
d'autres actuellement, prendrait la décision à la place du
citoyen et dirait: Vous allez agir de telle façon et vous n'aurez pas le
droit d'aller en appel des décisions. Si cela coûte $50, $100 ou
$200 pour avoir le coeur net, je pense que c'est important de laisser le choix
au citoyen d'aller jusqu'au bout de son idée et recevoir justice.
L'argumentation du député de Jonquière là-dessus,
je m'en dissocie parce que je pense qu'il faut quand même se fier au bon
jugement de ceux qui ont à administrer la justice au Québec et si
les avocats sont là pour protéger également un citoyen,
ils vont sûrement conseiller leur client dans le meilleur
intérêt de toute la population et à ce moment-là, si
la personne n'a pas de droit, l'avocat va lui dire: C'est dommage, mon gars,
mais tu n'as pas de droit. Si par contre il pense qu'il a une chance d'aller
chercher quelque chose, il va lui donner les chances qu'il peut avoir. Je pense
qu'il faut se fier, dans ce domaine, aux conseillers juridiques, aux
avocats.
La Commission des affaires sociales va, bien sûr, avoir des
médecins qui vont aider à prendre des décisions et qui
vont également prendre des décisions. Cela me dépasse
qu'il y ait des médecins qui vont pouvoir aller témoigner devant
cette commission... Il y a des médecins qui vont témoigner, je
suis d'accord, mais il y a un médecin qui va être juge et un
médecin qui va être témoin et c'est le médecin qui
va être juge qui va prendre la décision. Oui, je suis d'accord, il
y a trois juges, mais dont un est médecin. Alors, le médecin qui
est juge va prendre la décision et le médecin qui va être
témoin va aller témoigner.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas le
médecin qui va prendre la décision, c'est le tribunal.
M. Fontaine: C'est le tribunal, mais le médecin va faire
partie du tribunal qui va prendre la décision.
M. Roy: Est-ce que c'est le pupitre qui va prendre la
décision ou si ce sont les gens qui vont être assis
derrière?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un tribunal, ce n'est
pas une personne qui prend la décision, c'est le tribunal.
M. Roy: Si ce n'est pas le pupitre qui prend la décision,
cela va être les gens qui vont être derrière le pupitre et
là il va y avoir un médecin.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un tout en soi, un
tribunal. On dit: C'est la Cour d'appel qui a rendu une décision et non
pas un juge de la Cour d'appel.
Le Président (M. Bertrand): Messieurs, M. le
député de Nicolet. A l'ordre!
M. Fontaine: J'imagine mal que le médecin faisant partie
du tribunal qui va prendre la décision, ne suivra pas sa propre opinion
dans le dossier et va suivre l'opinion d'un autre médecin. J'imagine
que, dans plusieurs cas, c'est le médecin qui va faire partie du
tribunal qui va l'emporter. Je ne suis pas sûr que cela va toujours
être dans l'intérêt du justiciable.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais est-ce que vous
admettrez avec moi que c'est au moins aussi valable d'avoir un médecin
pour apprécier des connaissances médicales qu'un juge du tribunal
de droit commun?
M. Fontaine: Pas dans ce cas-là. Je pense que le juge est
en mesure d'apprécier le témoignage d'un médecin qui va
témoigner devant lui et de prendre la décision qui s'impose par
la suite. Mais de là à faire réviser une décision,
un témoignage d'un médecin par un autre médecin, il y a
une marge. C'est là, je pense, que peut se faire l'injustice, parce que
les deux médecins vont sûrement avoir des opinions contraires et
à ce moment-là c'est le médecin qui va faire partie du
tribunal qui va prendre la décision.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est le tribunal qui va
prendre la décision.
M. Fontaine: De toute façon si on vous donne nos
arguments, si vous refusez ce droit d'appel, c'est le gouvernement qui en
portera le fardeau devant la population et elle sera la première
à le lui reprocher.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je croyais
sincèrement qu'un des objectifs que le gouvernement cherchait à
poursuivre dans ce projet de réforme
de l'assurance automobile, c'était de mieux indemniser les
victimes.
Je dois dire qu'après tout ce que j'ai entendu, surtout les
propos du député de Jonquière ce matin, et ce que j'avais
déjà entendu d'ailleurs au cours des séances
précédentes, je me pose des questions et je cherche. J'en suis
rendu à chercher quel est le véritable objectif que poursuit le
gouvernement. On a mis de côté l'objectif qui visait à
réduire le coût de l'assurance automobile, on a dit: C'est pour
mieux indemniser les victimes. L'Opposition s'unit, fait front commun pour
tâcher d'apporter des suggestions, faire des propositions d'amendement en
vue de s'assurer qu'effectivement les victimes soient mieux indemnisées.
Qu'est-ce qu'on nous répond? On nous répond qu'il y aura un
tribunal qui va décider, un tribunal composé d'un avocat, d'un
médecin et d'autres personnes que le gouvernement choisit lui-même
qui sont déjà choisies d'ailleurs qui ne sont pas
nommées à vie mais pour des périodes dont le mandat est
renouvelable.
Ces personnes, je ne mets pas en doute leurs qualités et leur
intégrité. Mais je ne peux pas accepter, je ne peux pas admettre
qu'on demande à des médecins de jouer un rôle et qu'on leur
confie des fonctions judiciaires ou quasi-judiciaires. L'expérience a
démontré à la Commission des accidents du travail,
puisqu'on s'y réfère et que le gouvernement a conclu une entente
avec la Commission des accidents du travail... Je comprends que Mme le ministre
n'a pas une longue expérience dans ce domaine. Si elle avait plusieurs
années d'expérience comme employeur, si elle avait
été victime d'un accident de travail, si elle avait une longue
expérience comme député, elle serait en mesure de
corroborer et d'admettre le bien-fondé de nos appréhensions.
Dans les jugements connus et reconnus dont je dispose d'une certaine
quantité et si nécessaire, je pourrai les apporter pour donner
des exemples pratiques, pertinents, aux membres de la commission afin de les
éclairer là-dessus, c'est normal que ça se fasse. Les
médecins protègent leurs diagnostics. C'est tellement vrai qu'une
personne, récemment, s'est présentée chez un
spécialiste, parce qu'elle n'était pas satisfaite du rapport des
"experts" de la Commission des accidents du travail, pour avoir un nouveau
rapport. Le diagnostic a été envoyé à son
médecin de famille. Lorsque le spécialiste a appris que ce
rapport pouvait être transmis à la Commission des accidents du
travail, il a interdit au médecin de famille d'envoyer ce rapport
à qui que ce soit, pour le garder confidentiel dans son bureau, parce
qu'il n'est pas intéressé ce sont ses propres paroles
à perdre son temps et à être contesté devant
la Commission des accidents de travail. Les cas sont nombreux.
M. le Président, dans l'industrie de la construction, il y a des
lois qui font jouer le rôle de plombier aux plombiers et celui
d'électricien aux électriciens.
Mais on ne demande pas aux électriciens d'être plombiers et
aux plombiers d'être électriciens.
Je pense, M. le Président, que l'objectif que poursuit le
gouvernement est de plus en plus clair. Sa première préoccupation
est la masse de fonds qu'il y a dans ce projet de loi et qui va être
à la disposition de la Caisse de dépôt et placement. Si
c'est la meilleure indemnisation des victimes d'accidents d'automobiles,
puisqu'on n'a pas pu trouver des formules qui verraient à baisser les
primes d'assurance automobile, on aurait une autre attitude que celle-là
du côté gouvernemental.
C'est très décevant, surtout après les propos
judicieux qui ont été livrés tout à l'heure tant
par le député de Nicolet-Yamaska que par les autres qui se sont
succédé, à cette table, ce matin. Ne pas vouloir entendre
raison.
L'Etat qui est assureur, décide d'être lui-même le
tribunal, juge et partie. Et s'il y a un parti politique que j'ai tellement
entendu, en commission parlementaire, à l'Assemblée nationale,
depuis qu'il siège ici, depuis 1970, nous faire des leçons et
faire des leçons à tout le monde, sur les conflits
d'intérêts, de quelle façon place-t-on ce tribunal,
propriété du gouvernement, pour décider, pour les victimes
d'accidents d'automobiles, ce qui devra leur être donné?
Le député de Montmagny-L'Islet a cité certaines
expériences qu'il a eues avec la Commission des affaires sociales. Je
confirme les propos qu'il a tenus. J'en ai d'autres. Et les
députés qui ont eu l'occasion d'avoir affaire à ces
tribunaux, ce genre de tribunaux quasi judiciaires, savent de quoi on parle
quand on parle de ces choses.
Au lieu de vouloir libérer le citoyen de la tutelle de l'Etat, ce
dont se plaint un certain nombre de collègues, tant ministres que
d'autres, on se plaint de la machine gouvernementale et de l'énorme
bureaucratie. On est en train de livrer le citoyen aux mains de la tutelle
gouvernementale. Et dans le domaine de l'assurance automobile, cela va
être comme dans le domaine des accidents de travail, cela va être
"Prends cela, toi, et tais-toi." Cela a déjà été
dit.
Mme Payette: Cela vous va bien.
M. Roy: Pardon?
Mme Payette: Cela vous va bien.
M. Roy: Non, madame. Je m'excuse. C'est la seule phrase que vous
avez dite ce matin en commission parlementaire. Cela ne contribue pas à
nous éclairer, à éclairer ceux qui nous regardent et ceux
qui nous écoutent.
Mme Payette: De vous écouter cela m'éclaire
aussi.
M. Roy: Non, cela ne me va pas bien, parce que justement ce n'est
pas de ce genre d'administration que les Québécois veulent. Et ce
n'est pas ce genre d'administration qu'ils attendaient du Parti
québécois qui se voulait un gouvernement démocratique,
administrant en fonction des intérêts de la population, à
l'écoute de la population, transparent. Où est la transparence
là-dedans?
Cela fait sourire Mme le ministre. Je trouve malheureux tout ce qui a
été dit. Le public se pose d'énormes questions de ce
côté-là.
On a en face de nous un gouvernement qui veut libérer le citoyen
du Québec. Il faut qu'il fasse en sorte de voter une mesure qu'on dit
sociale, mais elle ne l'est pas, c'est une mesure socialiste, ce qui est
différent. J'ai une autre définition d'une mesure sociale. On
refuse ce matin un amendement présenté par l'Opposition pour
demander au gouvernement que le citoyen ne soit pas aux prises avec des
décisions trop arbitraires, des décisions découlant de la
tutelle gouvernementale et des organismes paragouvernementaux. Il me semble
qu'il n'y a pas là de mystère et que ce n'est par sorcier. Si le
citoyen pouvait avoir un droit de recours qui nous donnerait et qui donnerait
à la population du Québec une soupape de sécurité
à cause des décisions trop arbitraires qui pourraient venir de la
Commission des accidents du travail... Dieu sait qu'il y en a
déjà eu. Je le dis, je pèse mes mots et j'en prends la
responsabilité. Ce qui se dégage de toute cette attitude du
gouvernement, c'est qu'il semble à mon avis, cela semble de plus
en plus clair que la seule grande préoccupation actuelle soit la
grosse masse d'argent qu'il y a derrière tout cela, puisque,
effectivement, il va percevoir $345 millions. Les experts qui sont venus ici
devant la commission parlementaire ont dit qu'effectivement seulement $70
millions seront déboursés durant l'année et que l'Etat
pourra disposer de cette somme pour travailler au développement
économique du Québec.
Le gouvernement a un choix à faire. Ou on travaille en fonction
de la masse d'argent, il semble que ce soit cela j'aimerais que le
gouvernement me donne des preuves du contraire ou on travaille dans
l'intérêt de la population du Québec et des victimes
d'accidents d'automobiles. Si on a réellement cela à coeur, si on
a réellement comme mission de vouloir travailler dans
l'intérêt de la population du Québec et de donner à
ceux qui sont aux prises avec des décisions trop arbitraires la chance
d'avoir un droit de recours additionnel, je pense qu'on fera un pas de l'avant
vers ce qu'on pourrait appeler une saine démocratie.
Je constate qu'il est 12 h 30. Je proposerais la suspension de nos
travaux.
Le Président (M. Bertrand): Ce n'est pas
nécessaire, les débats sont ajournés sine die
automatiquement.
M. Roy: Je garde mon droit de parole en revenant, c'est pour cela
que je le propose.
Le Président (M. Bertrand): Vous ne perdez rien.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières est réunie pour poursuivre l'étude article par
article du projet de loi 67, Loi sur l'assurance automobile.
Les membres de la commission sont M. Beau-séjour (Iberville), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Landry (Fabre) remplacé par M. Paquette
(Rosemont); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé
par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau); M. Marois (Laporte)
remplacé par M. Rancourt (Saint-François); M. Marquis
(Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M. Roy
(Beauce-Sud); M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Vaillancourt
(Jonquière).
M. Saint-Germain: M. Larivière est remplacé par M.
Giasson, s'il vous plaît.
Le Président (M. Marcoux): Oui, c'est fait. M.
Saint-Germain: C'est fait. Merci.
Le Président (M. Marcoux): C'est le député
de Beauce-Sud qui avait la parole. Il était en train de parler, si je ne
m'abuse, sur un amendement présenté par le député
de Montmagny-L'Islet. Il lui restait encore dix minutes de droit de parole.
M. Roy: M. le Président, je vous remercie. Je n'ai pas
l'intention de prendre les dix minutes que j'ai à ma disposition, du
moins je n'en ai pas l'intention à ce moment-ci, à moins que je
sois inspiré en cours de route, mais, après avoir entendu les
rumeurs à peine voilées à l'Assemblée nationale cet
après-midi, les avis qui ont été donnés, je me
demande réellement si cela vaut la peine de se donner tant de mal pour
tâcher de travailler à la bonification d'un projet de loi
puisqu'il semble que le lit soit fait, que les couvertures de lit soient
retenues. Le nombre a été calculé et décidé
et c'est irrévocable, au point qu'on a mesuré, je pense bien, la
grandeur de la pièce.
Je me demande, à partir de ces intentions, de quelle façon
un parlementaire, que ce soit du côté du gouvernement ou du
côté de l'Opposition, peut être en mesure d'apporter une
collaboration vraiment valable, de façon à s'assurer que le but
qu'on recherche et que Mme le ministre recherche, une meilleure indemnisation
des victimes d'accidents d'automobile, puisse être atteint.
Je disais donc ce matin que j'ai toujours trouvé
extrêmement déplorable qu'on remplace les tribunaux de droit
commun par des tribunaux gouvernementaux, par des commissions gouvernementales,
des commissions d'appel qui agissent en quelque sorte comme de
véritables tribunaux et
qui rendent des décisions qui sont sans appel. Ce qui a fait la
force de notre système politique même s'il y a des
faiblesses, tout le monde en conviendra de notre régime
démocratique, cela a été de faire en sorte que le
judiciaire soit complètement séparé de l'exécutif
et du législatif. Quand on regarde ces tribunaux gouvernementaux, on ne
peut pas faire autrement que d'admettre que ces tribunaux sont presque juge et
partie en même temps, parce que les deux répondent aux mêmes
endroits, au même ministre.
Quand on veut faire jouer à ces organismes les rôles
d'assureur et de tribunal en même temps, il est évident que ces
gens sont placés dans des situations de conflits
d'intérêts. Pour reprendre un peu ce que j'ai dit à midi,
s'il y a un parti politique au Québec avec lequel je suis d'accord sur
le fait de prendre tous les moyens possibles pour éviter que ceux qui
ont des rôles, des responsabilités publiques ne soient pas
placés en conflits d'intérêts, c'est bien le parti
politique qui formait l'Opposition officielle au temps où nous avons
travaillé ensemble dans l'Opposition et, qui, depuis, forme le
gouvernement.
Il ne faudrait pas que ce soient seulement des paroles. Il faudrait que
cela se traduise en actes. Quand je vois une loi qu'on veut la loi de
l'année, une loi à caractère social comme dit Mme le
ministre... On veut faire justement une loi sociale pour se préoccuper
du sort des victimes d'accidents d'automobiles et on fait en sorte de les
placer sous la tutelle de l'Etat en leur disant: Mesdames et messieurs, le
petit tribunal du ministère des Affaires sociales rend des
décisions et c'est sans appel. Vous devrez faire ce que quelqu'un a
déjà dit bien longtemps avant ce soir: Prends cela et tais-toi.
Pour employer l'expression qui avait été employée dans le
temps, ce n'était pas: Toi, tais-toi, c'était: Toé,
tais-toé.
Même si certains milieux peuvent faire certains reproches à
nos tribunaux, il n'en demeure pas moins qu'il y a différents paliers de
tribunaux. Je pense que mon collègue, le député de
Jonquière, pourrait en dire beaucoup plus que moi. Vous avez la Cour
suprême, la Cour d'appel et la Cour supérieure. Il n'y a à
peu près pas de juges dans les paliers inférieurs de
l'administration de la justice qui ne savent pas que le jugement qu'ils vont
rendre peut être devant un tribunal supérieur, ce qui incite
à la prudence, à prendre toutes les précautions
nécessaires pour rendre le meilleur jugement possible. C'est
indépendant de l'exécutif, c'est indépendant du
législatif.
A partir du moment où vous nommez des individus, quels qu'ils
soient, avec la meilleure crédibilité, avec les meilleures
intentions possibles et que leur jugement est sans appel donc, il n'y a
personne pour les vérifier par la suite la population devra s'en
contenter, peu importe la façon dont le jugement pourra être
appliqué. Si c'est là la façon ou la méthode que
veut utiliser le gouvernement en vue de mieux protéger les victimes
d'accidents d'automobiles, je voudrais dire à Mme le ministre et au
gouvernement qu'on fait fausse route.
Je le dis de façon très sincère et très
sérieuse à l'endroit du gouvernement. Je pense que de ce
côté-là, le gouvernement aurait non seulement
intérêt, mais ce serait son devoir, ce serait le devoir du
gouvernement de faire en sorte que les jugements, que les décisions qui
sont prises par la Commission des affaires sociales puissent être
rappelées devant un tribunal supérieur. Sur le plan strictement
politique, pourquoi le gouvernement actuel, parce qu'il semble que c'est sa
décision, accepterait-il la responsabilité de porter l'odieux et
de faire en sorte que ces gens-là se retrouvent dans les bureaux des
députés du côté ministériel, parce qu'eux,
ils sont au pouvoir? On pense toujours que le député qui est au
pouvoir a plus de pouvoir que le député de l'Opposition, alors
que, assez souvent, dans nos bureaux, c'est l'inverse, parce qu'on a plus de
latitude, plus de liberté pour s'exprimer, pour parler, pour
dénoncer quand c'est nécessaire.
Alors, pour quelle raison courir ce risque d'en supporter l'odieux et
obliger les gens à se plier et à s'agenouiller devant les
tribunaux gouvernementaux? Je pense que c'est une tendance actuellement, et le
gouvernement lui-même... J'ai entendu plusieurs de mes collègues,
tant du côté des députés que du côté
ministériel, depuis un certain temps ce serait trop long de vous
rappeler les déclarations que ces gens ont faites mais on a
déploré le fait que la machine gouvernementale devenait beaucoup
plus présente, "omnipuissante", omniprésente, et que de plus en
plus, le simple citoyen est démuni devant ce gigantesque appareil
administratif gouvernemental. Je comprends mal qu'on fasse des lois pour
alourdir la machine et ainsi soumettre le citoyen davantage.
Or, M. le Président, je terminerai tout simplement
là-dessus, en espérant que le gouvernement va réviser ses
positions et qu'il permettra à nos concitoyens, citoyens du
Québec, citoyens qui ont des droits, citoyens qui désirent
maintenir un régime démocratique, citoyens qui désirent
garder une certaine liberté, des citoyens qui désirent que leurs
droits puissent être entendus... Les cours de justice que nous avons au
Québec, les différents paliers de tribunaux que nous avons, ce
n'est pas pour la galerie, ce n'est pas pour les apparences, ces gens-là
ont un rôle véritable à jouer. Alors, qu'on fasse donc en
sorte que ceux que le gouvernement nommera ou que ceux que le gouvernement a
nommés actuellement à la Commission des affaires sociales
puissent être des personnes qui, elles aussi, aient des comptes à
rendre à quelqu'un. J'ai toujours trouvé déplorable,
depuis que je siège ici à cette assemblée, de trouver, de
plus en plus, dans les structures gouvernementales, des couvertures qui font en
sorte qu'il y a de plus en plus de gens qui ont des responsabilités,
mais qui n'ont de comptes à rendre à personne et qui n'ont jamais
de comptes à rendre à personne. Alors que les parlementaires
eux-mêmes, les ministres ont des comptes à rendre, les
députés du côté ministériel ont des comptes
à rendre comme gouvernement, et les députés de
l'Opposition ont
également des comptes à rendre, puisqu'il faut aller
solliciter le renouvellement de notre mandat lorsqu'il y a des élections
fédérales.
Je m'excuse, j'ai failli faire sursauter mes collègues d'en
face...
Mme Payette: C'est un lapsus intéressant. Chassez le
naturel il revient au galop. C'est gênant!
M. Roy: Je ne suis pas gêné du tout parce que c'est
un lapsus qui est bien involontaire et je pense que mes opinions...
Mme Payette: C'est ça un lapsus, c'est toujours
involontaire.
M. Roy: ... sont bien connues là-dessus. Je ne veux pas
faire un débat là-dessus parce que ça nous
empêcherait de discuter de l'assurance automobile. On aura sûrement
l'occasion de reparler de ce sujet. Mais, c'est que le gouvernement est
tellement transparent que, à un moment donné, on voit le
fédéral à travers, c'est un peu ce qui nous amène
à faire des lapsus bien involontaires, M. le Président, mais,
encore une fois...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Beauce-Sud, je dois vous informer qu'il vous reste environ 60 secondes.
M. Roy: Merci, M. le Président, j'en prendrai dix pour
dire, tout simplement, que le gouvernement devrait réviser ses positions
et, si c'est réellement son intention de trouver des formules pour mieux
indemniser la population du Québec, qu'il donne donc des outils qui
permettront aux citoyens du Québec, victimes d'accidents d'automobiles
de se faire entendre.
Le Président (M. Marcoux): Mme.le ministre.
Mme Payette: M. le Président, vous le savez, je n'ai pas
fait d'études en droit, sauf que je poursuis lentement mon chemin en
faisant des recherches dans ce domaine...
M. Fontaine: Vous auriez de la difficulté à vous
faire admettre au Barreau.
Mme Payette: Je pense que, au Barreau, je serai
éternellement refusée; ça c'est sûr, même si
j'arrivais à faire des études complètes en droit. Cela
n'empêche pas que je fais des efforts pour comprendre, vous parlez, si
bien que je suis allée, M. le Président, aux renseignements et
que j'ai trouvé un certain nombre de documents pour bien expliquer ce
qui est contenu dans le projet de loi 67 et les raisons pour lesquelles je
voterai contre l'amendement proposé par le député de
Montmagny-L'Islet.
J'ai d'abord trouvé, M. le Président, un rapport d'un
groupe de travail sur les tribunaux administratifs, les membres de ce
comité de travail étant: MM René Dussault, devenu depuis
sous-ministre au ministère de la Justice, Patrice Garand, Yves
Ouellette, Gilles Pépin et deux experts consultants: Aimé
Lacroix et Paul Robitaille, ce sont des professeurs en droit. Comme vous le
voyez, je poursuis lentement mes études. On trouve, dans ce document,
une explication sur la notion de tribunal administratif. Le propre d'un
tribunal est de rendre justice. C'est donc toujours par analogie avec les
organismes qui, par essence, rendent la justice, soit les tribunaux judiciaires
de droit commun, que nous utilisons le terme "tribunal".
Avec l'évolution des idées politiques, économiques
et sociales et l'évolution du droit, on se rend compte qu'à
côté des deux types de justice traditionnelle, la justice civile
et la justice pénale, se distingue une troisième justice qui a sa
finalité et ses caractéristiques propres, la justice
administrative. Dans un Etat moderne, contemporain, il est facile de discerner
ces trois types de justice qui ont amené les législateurs
à intervenir pour créer des institutions et des régimes
juridiques et pro-céduraux différents.
La justice civile, M. le Président, c'est la justice ordinaire,
fondamentale, de droit commun. Elle concerne les rapports entre les sujets de
droit ordinaire dans l'interprétation et l'application des lois. La
justice pénale, c'est celle qui concerne les rapports entre les sujets
de droit ordinaire et la puissance publique dans l'interprétation et
l'application des lois de nature pénale et répressive. La justice
administrative, c'est la justice qui concerne les rapports entre les
administrés et l'administration publique dans l'interprétation et
l'application des lois administratives.
Cette justice a longtemps été considérée
comme partie intégrante de la justice civile, l'administration
étant considérée surtout comme un sujet de droit ordinaire
lorsqu'elle était assujettie au contrôle des tribunaux. C'est en
raison de la prolifération et de l'importance de ces lois dites
administratives qu'on en est venu à parler de justice administrative
pour la solution du litige soulevé par ces lois. L'expression "loi
administrative" peut signifier les lois qui ont pour objet de
réglementer un secteur de l'activité économique et
sociale, comme surveillance, permis, contrôle; ce seront, par exemple, la
loi relative au commerce des alcools, la loi sur le commerce des valeurs
mobilières, le Code du travail. Les lois qui ont pour objet d'offrir aux
administrés des prestations d'ordre économique et social, ce
seront la Loi de l'assurance-maladie, la Loi de l'aide sociale, la Loi de
l'assurance-récolte. Les lois qui ont pour objet d'imposer un fardeau ou
une charge aux administrés, ce sera le cas des lois fiscales, des lois
exigeant une contribution à un régime de sécurité
sociale. Les lois qui définissent le statut et le régime
juridique des institutions administratives, ce sera le cas des lois
municipales, des lois scolaires, des lois des ministères et organismes
du gouvernement, des lois relatives aux statuts de la fonction publique.
Il importe ici de faire une distinction entre la justice administrative,
les tribunaux administratifs et le droit administratif, car ces notions ne se
re-
groupent pas nécessairement. La justice administrative ne
concerne que les aspects contentieux du droit administratif, en ce sens que, si
toutes les institutions administratives sont appelées à
appliquer, voire à interpréter du droit administratif, les
tribunaux administratifs ne sont concernés principalement que par le
contentieux administratif.
Par ailleurs, il n'y a pas que les tribunaux administratifs qui ont
compétence pour régler les litiges dont l'ensemble constitue le
contentieux administratif.
Les tribunaux judiciaires et les cours de justice sont aussi, dans une
large mesure, les juges de l'administration, soit à la faveur des
contrôles judiciaires suivant les recours prévus au Code de
procédure civile, soit à la faveur des recours spéciaux
prévus dans diverses lois, surtout dans les domaines municipal, scolaire
et fiscal. Il y a peu de pays où les trois types de justice, civile,
pénale et administrative, sont bien compartimentés et
confiés à des institutions différentes. Chez nous, il
existe des institutions de juridiction univoque et des institutions de
juridiction mixte qui cumulent l'une et l'autre des trois justices ou les trois
à la fois.
Les exemples qui vont suivre illustrent cette réalité. La
Cour provinciale exerce une juridiction civile ordinaire, une juridiction
pénale et une juridiction administrative par voie d'appel ou de recours
spéciaux, tel le quo warranto. La Cour Supérieure est
dotée, pour sa part, d'une juridiction civile ordinaire, comme tribunal
de droit commun, d'une juridiction administrative et même d'une
juridiction pénale, contrôle judiciaire de l'excès de
juridiction, requêtes en homologation des décisions de certains
organismes administratifs, procès de novo en vertu du Code
pénal.
La Commission des loyers, comme tribunal administratif, exerce une
juridiction administrative par voie d'appel des décisions des
administrateurs locaux. Le Tribunal du travail exerce une double juridiction,
soit une juridiction administrative, en appel des décisions du
commissaire-enquêteur, et une juridiction pénale, en vertu des
dispositions pénales du Code du travail.
La Cour des sessions de la paix, enfin, n'exerce qu'une juridiction
pénale. La nécessité de bien distinguer entre la justice
civile et la justice pénale est admise de plus en plus. Aussi tend-on
à créer des institutions spécifiques à juridiction
pénale exclusive. A part de très rares exceptions, tel le
Tribunal du travail, les tribunaux dits administratifs n'ont pas de juridiction
pénale. La distinction entre justice pénale et justice
administrative est donc ainsi respectée.
Quant à l'opportunité de distinguer entre justice civile
et justice administrative, de vives controverses se soulèvent. Il est
cependant manifeste que le législateur québécois, quelles
que soient les justifications sur lesquelles il se fonde, multiplie les
soi-disant tribunaux administratifs et leur confie certaines fonctions
juridictionnelles qu'il retire aux tribunaux de droit commun. Il interdit
même les recours contre les décisions des tribunaux dits
administratifs aux tribunaux de droit commun et tend à les soustraire
à toute forme de surveillance et de contrôle.
Cette dernière attitude a pour fondement le postulat voulant
qu'il n'y ait véritablement justice que la justice traditionnelle
administrée par les tribunaux ordinaires, les seuls à offrir les
vraies protections inhérentes à l'idée de justice. Or,
cette justice traditionnelle est lente, d'un fonctionnement lourd et
coûteux, et elle est généraliste, en ce sens qu'elle
suppose que le juge est expert dans tous les secteurs du droit.
Voilà pourquoi le législateur contemporain crée,
sans plan bien défini, mais de façon sûre et certaine, des
tribunaux chargés de rendre une justice expéditive au
fonctionnement souple et peu coûteux et au sein desquels il tend à
faire siéger des spécialistes ou des gens qui doivent le
devenir.
La justice administrative répond à des besoins d'ordre
concret et pratique. D'une part, l'administration publique ne peut, sous peine
de voir son action sérieusement handicapée et son
efficacité restreinte, être impliquée dans d'interminables
litiges avec les administrés.
Or, s'il fallait que les multiples décisions que prennent les
innombrables autorités administratives puissent faire l'objet de litige
devant les tribunaux de droit commun, ce serait la fin de l'administration
efficace.
D'autre part, le simple administré, dans la très grande
majorité des cas, n'est pas de taille à faire des procès
à l'administration devant les tribunaux ordinaires.
Enfin, toutes ces lois d'interventions économiques et sociales,
qu'il s'agit d'interpréter et d'appliquer, doivent l'être
promptement, sinon, toute leur économie en est perturbée. Elles
doivent l'être, de ce fait, par des gens spécialisés qui en
connaissent à' fond tous les rouages et qui sont aussi familiers avec le
secteur particulier de l'activité économique ou sociale
régie par ces lois. Ceci implique également que ces organismes
doivent fonctionner suivant une procédure beaucoup plus souple et
davantage appropriée aux circonstances.
Mais ce n'est pas tout, M. le Président. Il ne s'agit là,
bien sûr, que d'un rapport d'un groupe de travail de quelques professeurs
d'université, si bien que je vais m'en référer maintenant
à un autre document qui est le livre blanc sur la justice
présenté par Me Jérôme Choquette.
On trouve, à la page 120 de ce document, M. le Président,
ce qui suit: Les tribunaux administratifs forment une autre catégorie.
Il s'agit des organismes à qui le législateur
délègue uniquement ou presque, des responsabilités
d'adjudication. Ils ont pour mission de prendre des décisions
susceptibles d'influer sur les droits et les obligations des citoyens, en se
fondant sur des normes objectives fixées dans des lois ou des
règlements. Ils exercent donc, dans des secteurs limités de
l'administration publique, des fonctions semblables à celles
confiées aux cours de justice.
Peuvent être placés dans cette catégorie, le
Tribunal du travail, le Tribunal des transports, le
Tribunal de l'expropriation, le Tribunal des professions, la Commission
des affaires sociales, le juge des mines, le Bureau de révision
prévu par la Loi de l'évaluation foncière, la Commission
des loyers.
Plusieurs motifs ont été mis de l'avant pour justifier
l'existence d'organismes paraministériels ainsi chargés
d'attributions juridictionnelles, besoins d'assujettir le règlement de
différends, compte tenu, par exemple, de la clientèle, à
des procédures distinctes de celles observées par les cours de
justice: simplicité, coût, délai; désir,
étant donné le volume possible des litiges, de ne pas encombrer
le rôle des tribunaux déjà surchargé; volonté
de nommer, au sein de ces organismes, des spécialistes ne
possédant pas les qualifications juridiques requises pour siéger
sur de véritables cours de justice; besoin de singulariser l'exercice
d'une fonction d'adjudication donnée; volonté de s'assurer que le
droit en cause d'un caractère technique sera appelé par un juge
spécialisé.
Il ne convient pas, dans le but de simplifier apparemment
l'administration de la justice au Québec, de recommander tout simplement
l'abolition des divers véritables tribunaux administratifs actuellement
en existence et de proposer que leur responsabilité soit assumée
par la Cour du Québec; ce serait tenir pour acquis, sans avoir fait les
études qui permettraient de justifier une politique aussi rigide, que
l'existence autonome de chacun des tribunaux administratifs ne serait
aucunement justifiée au plan de sa structure, de ses règles de
procédure, de l'objet de sa compétence, des besoins des
justiciables".
En page 125, on continue en disant: Par ailleurs, force est de
reconnaître que le fait de soumettre ces organismes administratifs
à un contrôle intégral des tribunaux judiciaires ne serait
pas d'une très grande logique. Il est possible, en effet, que l'on
pourrait difficilement réconcilier ce contrôle avec les motifs
particuliers invoqués pour justifier le maintien de ces organismes".
L'amendement qui est devant nous a pour objet de permettre,
au-delà de la décision rendue en appel par la Commission des
affaires sociales, un autre appel devant le Tribunal de droit commun. Suivant
l'avis des légistes du gouvernement, on ne peut concevoir ces deux
catégories d'appels. Ou bien l'appel des décisions de la
régie est porté devant la Commission des affaires sociales, ou
bien il est porté devant le Tribunal de droit commun.
Le gouvernement a opté pour l'appel devant un tribunal
administratif pour des raisons d'efficacité, de cohérence
législative avec les lois à caractère social qui
prévoient un appel devant la Commission des affaires sociales.
Bien plus, des amendements récents ont été
apportés par la Loi no 5, sanctionnée au mois d'août
dernier, modifiant, entre autres, la Loi des accidents du travail et celle de
la Commission des affaires sociales et ces amendements avaient la même
portée que les dispositions contenues dans le projet de loi 67. Il ne me
semble pas me souvenir que l'Opposition ait manifesté, à ce
moment-là, quelque critique. Donner suite à l'amendement serait
donc contraire à la pratique législative cou- rante et contraire
également à l'économie générale du projet de
loi.
De toute façon, c'est dans le cadre général d'une
discussion approfondie sur le tribunal administratif qu'est la Commission des
affaires sociales qu'il faudrait examiner cette question d'appel. Je suis bien
prête, pour ma part, à en suggérer un examen attentif
à mes collègues de la Justice et des Affaires sociales, mais je
ne croirais pas opportun ici d'adopter un tel amendement et, de toute
façon, sachez que je suis tout à fait d'accord avec le maintien
du pouvoir général de surveillance de la Cour supérieure
par le biais du bref d'évocation, par exemple.
Ce n'est pas tout, M. le Président, plus près de nous
encore je me reporte au journal des Débats du mardi, 22 octobre
1974 alors qu'une commission parlementaire siégeait pour l'étude
du projet de loi 40 qui créait la Commission des affaires sociales. Une
réponse de M. Forget, bien connu dans notre Assemblée ici, disait
ceci: "C'est même, sans aucun doute, la raison d'être de cette
nouvelle commission.
Pour ce qui est des représentations faites par M.
Deslières relativement à la possibilité d'en appeler
à nouveau d'une décision de la commission d'appel selon
son expression je dois souligner que, quel que soit le libellé de
ce projet de loi, il demeure que la Cour supérieure a un pouvoir
général de surveillance de toute espèce d'organisme et de
corps public et que, par un bref d'évocation, il est possible de saisir
la Cour supérieure des décisions prises par la Commission des
affaires sociales, lorsque, par exemple, il peut être prouvé que
la décision est entachée de partialité, que les parties
n'ont pas été entendues ou qu'il y a une autre
irrégularité grave dans les procédures suivies par la
commission. Je pense que ce n'est pas strictement nécessaire, ce recours
existe déjà".
Le 13 décembre 1974, à l'Assemblée nationale
je me réfère encore au journal des Débats à
une question de M. Bédard, député de Chicoutimi, qui parle
d'un appel au ministre, M. Forget répond ceci: "Non, il n'y a pas
d'appel au ministre. Il y a, cependant, le bref d'évocation que j'ai
déjà mentionné si elle, la commission, outrepasse sa
juridiction ou si elle ignore les exigences quant à la procédure
normale devant un tribunal". Je pense qu'on a entendu, depuis bien des jours
et, dans mon cas, bien des semaines, beaucoup de mal au sujet de la Commission
des Affaires sociales. Pour ma part, à la suite des lectures que j'ai pu
faire et que je viens de vous transmettre, je voterai contre cet amendement
puisque je suis convaincue que la Commission des affaires sociales est
parfaitement en mesure de répondre au droit d'appel des citoyens quant
au projet de loi 67.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais, si c'est encore
possible, essayer de convaincre le gouvernement d'accepter cet amendement.
Je
crois que l'amendement a été fait en toute bonne foi. Il
porte sur un problème fondamental de droit, mais mon premier argument
sera que ce n'est pas le genre d'amendement qui met en cause l'essentiel du
projet de loi qui est présenté. Il s'agit vraiment d'une
modalité particulière où le gouvernement pourrait
certainement se sentir justifié de modifier sa position sur ce point
particulier tout en maintenant l'essentiel, non seulement les principes du
projet de loi, mais même sa structure et ses grandes modalités
d'application. C'est un premier point qui, je pense, est important, puisque
cela nous permet de discuter au mérite, sans être accusés
de vouloir sabrer l'ensemble du projet de loi 67. Premier point, cela ne me
paraît pas un amendement qui remette en cause un point central dans le
projet de loi.
Le deuxième point porte sur la question de fond qui est celle de
savoir s'il est bon de confier à des tribunaux administratifs le soin de
prendre des décisions sur l'application de la loi 67. J'ai entendu Mme
le ministre nous citer des arguments qui portent sur le tribunal administratif
en tant que tel. Je voudrais rappeler, à cet égard, je voudrais
faire un certain nombre de remarques à cet égard.
La première remarque, c'est qu'il y a une distinction, il me
semble, à faire entre les arguments qui sont en faveur d'un tribunal
administratif et la possibilité qui est laissée, oui ou non, de
faire un appel de ces décisions administratives. Si on entend par
tribunal administratif, seulement dans ce cas, la Commission des affaires
sociales, je pense, en effet, comme Mme le ministre, qu'il faudrait choisir. Je
ne pense pas qu'il soit possible de conserver des décisions qui seraient
rendues par la régie, des décisions qui sont appelées et
qui sont rendues ensuite par une autre commission, et ensuite, avoir trois,
quatre ou cinq recours. Je pense, en effet, qu'il faudrait simplifier le
mécanisme.
Dans cette perspective, je pense que si le choix était à
faire, si on nous donnait le choix ou si on nous disait qu'on ne peut pas faire
autrement, je pense que notre position serait qu'il serait
préférable de confier les appels à des cours de droit
commun plutôt qu'à la Commission des affaires sociales. Quoi qu'en
en soit, ce n'est pas l'objet de l'amendement en question, mais je tiens
à préciser ce point. Je ne pense pas que l'on veuille, par
l'amendement en tout cas, ce n'est pas l'objectif que nous poursuivons
multiplier les appels indéfiniment.
Le problème fondamental qui est posé, me semble-t-il, par
les tribunaux administratifs, à mon avis et encore une fois, je
ne parle pas comme un juriste, mais comme un citoyen, dans ce cas-ci, tout
à fait ordinaire c'est le problème de conflits
d'intérêts. Moi, je trouve extraordinaire qu'alors qu'on va
dénoncer les conflits d'intérêts à peu près
partout où ils se posent, à chaque fois que l'on pose l'existence
d'un conflit d'intérêts au sein de l'Etat, là, cela devient
une vertu. On va avoir un organisme qui s'appelle la Régie de
l'assurance automobile et qui va prendre des décisions c'est un
organisme gouvernemental et on va confier les appels de cette
régie à d'autres personnes qui font encore partie de l'appareil
gouvernemental. Il me semble que si les attaques que l'on fait d'habitude dans
ce domaine en disant que les gens sont juges et parties, si elles ne
s'appliquent pas dans un cas comme celui-ci, je me demande quand elle
s'appliquent. C'est ça qui me semble, à moi, en tout cas, le
problème fondamental. Le gouvernement est juge et partie dans cette
affaire. Qu'on donne des pouvoirs à la Commission des affaires sociales,
que l'on donne des statuts aux membres de cette Commission des affaires
sociales, ça fait partie de la Commission des affaires sociales comme
source d'appel, c'est un autre organisme administratif faisant partie du
même appareil gouvernemental, sans indépendance assurée,
sans cette division des pouvoirs qui a demandé des siècles pour
être créée, c'est-à-dire les tribunaux, un pouvoir
judiciaire, qui, lui, est indépendant du pouvoir législatif, qui
est indépendant du pouvoir exécutif. On a mis des siècles
à bâtir des organismes et des structures qui assurent en
tout cas, c'est comme ça qu'on l'a perçu une
démocratie élémentaire, une société dans
laquelle les citoyens ne sont pas toujours à la merci du même
pouvoir politique.
Là, au nom de l'efficacité j'ai trouvé
ça ironique, puisque c'est bien la première fois que j'entends le
ministre parler d'efficacité on dit: Les tribunaux administratifs
sont plus efficaces que les cours. Je me demande bien s'il y avait un autre
domaine où on ferait passer, dans la perspective de ce gouvernement,
l'efficacité avant des principes qui me paraissent, même à
moi, plus fondamentaux, des principes d'indépendance du pouvoir
judiciaire par rapport aux pouvoirs administratif et politique, problème
de liberté des gens, des droits de recours qui sont assurés
suivant des générations et des générations
maintenant de juristes, de jurisprudence et qui assurent ce minimum de
garanties d'assurance dont les citoyens ont besoin pour se sentir en
sécurité...
On invoque aussi le problème des frais que les tribunaux
ordinaires entraînent. Justement, le gouvernement présente un
projet de loi sur le recours collectif où on va imposer aux entreprises
de payer des frais judiciaires; mais le gouvernement ne semble pas même
avoir pensé une seconde qu'il pourrait peut-être s'appliquer
à lui-même le même remède, que peut-être que la
Régie de l'assurance automobile devrait payer les frais judiciaires qui
seraient occasionnés par des appels devant des cours de droit commun. Si
c'est ça l'objection, pourquoi une loi sur le recours collectif ne
s'appliquerait qu'à des entreprises, mais ne s'appliquerait pas à
des organismes qui prennent des décisions également et qui
peuvent être je ne dis pas tout le temps dommageables ou
qui peuvent être préjudiciables à des citoyens?
Enfin on dit que ce genre d'argument était une critique souvent
abusive, soit l'intégrité des membres on en a parlé
cet après-midi de la Commission des affaires sociales ou des
hommes qui sont impliqués dans cette commission. Cette
critique ne devrait pas être retenue. Je pense que personne ne
veut mettre en cause l'intégrité, l'honnêteté,
l'indépendance d'esprit même, des gens qui peuvent être
nommés à ces postes dans les tribunaux administratifs. Là
n'est pas le problème du tout. On pourrait dire que, si les gens veulent
absolument parler en faveur de la Commission des affaires sociales ou des
tribunaux administratifs en général, ceci serait aussi une
critique injuste à l'égard des tribunaux ordinaires; on pourrait
retourner l'argument de la même façon.
Ce n'est pas cela l'idée. L'idée, c'est que les tribunaux
ordinaires sont des tribunaux qui assurent cette indépendance
vis-à-vis des grands pouvoirs, des pouvoirs fondamentaux. Si, pendant
des siècles, on a pensé qu'il était essentiel d'avoir une
division des pouvoirs, je me demande si s'en remettre simplement à une
rapidité un peu plus grande dans la façon de faire ou dans la
façon de disposer de cas peut être une objection ou un avantage,
en tout cas, qui ait le même poids que celui d'affaiblir progressivement,
par des mesures de plus en plus nombreuses, l'importance des tribunaux de droit
commun qui font partie d'un système judiciaire qui, je pense, est
à la base même de nos institutions démocratiques.
Pour me résumer, ce qui est proposé dans cet amendement,
c'est donner la possibilité d'en appeler de décision
administratives, d'en appeler à travers les organismes qui ont
été créés à cet effet. S'il n'est pas
possible de donner un appel, personnellement je préférerais que
toutes les contestations soient soumises aux tribunaux de droit commun
plutôt qu'à la Commission des affaires sociales.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
puisqu'il reste quelques minutes au député d'Outremont, est-ce
que celui-ci pourrait me permettre une question?
M. Raynauld: Si je peux répondre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'il est au courant
que, entre le 1er novembre 1970 et le 30 juin 1973, au niveau de
l'efficacité, la Commission des affaires sociales a entendu 4174 appels,
ce qui est, d'après mon expérience, beaucoup?
M. Fontaine: Ce n'étaient pas des accidents d'automobiles
cependant. Ce n'est pas la même chose.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je comprends. Je demande
l'opinion du député d'Outremont. La question est adressée
au député d'Outremont. Je voudrais avoir son opinion
là-dessus.
M. Raynauld: Non, je ne le savais pas; je n'en avais aucune
espèce d'idée. Je vais cependant vous dire que des gens m'ont
rapporté...
M. Giasson: Si mon collègue me le permettait. De ce nombre
de causes entendues, un peu plus de 4000, de l'ensemble de ces causes, le
député de Jonquière pourrait-il nous dire combien il y a
eu de changements de décisions rendues avant la Commission d'appel des
affaires sociales par le conseil de révision?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, vous
comprendrez que je n'ai pas ces statistiques, mais je sais par...
M. Giasson: Ce serait nécessaire.
M. Vaillancourt (Jonquière):... expérience que les
tribunaux de droit commun, disons la Cour supérieure, ont habituellement
environ cinq causes à entendre par jour inscrites au rôle. On sait
également qu'on ne procède pas aux cinq causes inscrites au
rôle la même journée puisque souvent la première ou
la deuxième cause dure toute la journée.
Je voulais demander ceci au député d'Outremont: Est-ce
qu'il considère qu'entendre 4171 appels, en deux ans et dix mois, par
rapport à ce qu'on rencontre en Cour supérieure, ce n'est pas
là quelque chose d'extrêmement valable?
M. Raynauld: Je ne conteste pas qu'un tribunal administratif
puisse être efficace. Cela a justement été l'objet de mon
intervention qu'il se peut très bien que les tribunaux administratifs
en tout cas je le conçois facilementdisposent plus
rapidement de cas. Ce que j'ai essayé de démontrer si vous
m'avez écouté c'est que, même si on avait certains
de ces avantages, on avait aussi des inconvénients majeurs. On sape
progressivement les institutions qu'on a créées depuis
très longtemps et qu'on a toujours considérées comme
fondamentales, essentielles dans une société
démocratique.
Si on transfère de plus en plus de ces choses-là en dehors
du système judiciaire habituel, je dis qu'on affaiblit ces institutions
et c'est cela qui m'inquiète. Si la réponse à cela est que
c'est simplement une question d'efficacité, ma réponse à
moi est très simple: Essayons de rendre les cours ordinaires de droit
commun plus efficaces. Je ne sais pas quel est le problème. Est-ce que
c'est parce qu'il n'y a pas assez de juges? Est-ce que c'est parce que les
procédures sont trop longues? Je n'en sais rien, mais je suis certain
que si c'est vraiment cela la difficulté, la solution serait davantage
d'essayer de rendre plus efficaces les institutions de droit commun
plutôt que d'en créer d'autres à côté.
J'ajouterai là-dessus que, quand j'invoque un argument comme
celui-là, n'étant pas un juriste de profession et n'étant
pas au fait des choses de tous les jours, ce qui me frappe il y a quand
même des connotations dans ma tête, dans mon esprit, que vous
trouverez abusives et ce que j'ai toujours pensé c'est que les
tribunaux d'exception étaient le résultat du totalitarisme. Les
tribunaux militaires, par exemple, je n'ai jamais considéré cela
comme étant des tribunaux particulièrement justes ou assurant une
justice. Je préfère des tribunaux de droit commun. C'est bien
sûr que c'est
une exagération ce que je vous dis là, mais dans ma
tête, je me dis que c'est du même ordre, c'est de la même
nature. On crée des tribunaux qu'on est capable de contrôler
davantage à l'intérieur d'un système administratif
plutôt que de recourir à des institutions toutes faites, qui ont
été créées pour assurer, justement, cette
indépendance du pouvoir judiciaire et là on invoque, pour cela,
des notions d'efficacité.
Je vous dis que cela n'a pas de commune mesure entre l'importance, si
j'ai raison, de sauvegarder ces principes fondamentaux de démocratie et
d'une société libre et la notion d'efficacité qui, quoique
je la trouve très importante en soi, ne fait pas le poids. C'est cela
mon problème et je me dis que, si on continue encore longtemps
peut-être que simplement cette décision n'est pas très
importante si on continue pendant des années et des années
à invoquer les mêmes raisons d'efficacité et qu'on
soustrait, année après année, de plus en plus de
compétences du système judiciaire, on va en arriver à un
système où il n'y aura plus de distinction entre ce
système judiciaire de décision et le pouvoir politique et le
pouvoir administratif et, à ce moment-là, je pense que c'est
aller dans la mauvaise direction.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous aviez déjà treize minutes environ
d'utilisées. Alors, allez-y.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je voudrais tout
d'abord dire qu'à la suite de conversations privées avec quelques
députés du côté ministériel que je ne
nommerai pas parce que ce sont des conversations privées, ceux-ci m'ont
fait part qu'ils seraient en faveur de cet amendement si on leur disait
qu'à l'article 45, par exemple, les indemnités forfaitaires
versées pour mutilation, préjudice esthétique, douleurs,
perte de jouissance de la vie, n'étaient pas des montants aussi
forfaitaires qu'on veut le mentionner dans le projet de loi.
C'est-à-dire que les montants versés pourraient varier selon les
décisions de la commission. L'article dit: La victime qui subit dans un
accident une blessure, un préjudice esthétique, une mutilation,
des douleurs ou une perte de jouissance de la vie, a droit à une
indemnité forfaitaire dont la somme et les modalités sont
prescrites et cela veut dire prescrites par règlement. Cela veut
dire que les modalités de paiement vont être prescrites par
règlement, règlement que nous ne connaissons pas, que le ministre
ne connait pas non plus, parce qu'on lui a demandé de déposer
lesdits règlements et elle nous dit qu'ils ne sont pas prêts. Mais
ce qui va arriver par exemple, c'est qu'on va déterminer par
règlement dans quel cas on va verser telle ou telle indemnité.
Par exemple, on va nous dire, dans le règlement, que si quelqu'un se
fait couper un doigt à la suite d'un accident d'automobile, cela va
être tel montant qu'il va recevoir. On m'a indiqué, par exemple,
que si la personne se fait couper le doigt à la jointure, cela n'est pas
un doigt perdu, mais qu'il faut que ce soit coupé je ne sais pas
comment on appelle cela jusqu'à la main.
Je parle par expérience...
Mme Payette: Le doigt coupé jusqu'au coude.
M. Fontaine: ... même si Mme le ministre veut faire des
farces, je parle par expérience.
Mme Payette: Ce ne sont pas des farces. On peut avoir un doigt
coupé jusqu'au coude.
M. Fontaine: Actuellement, dans les polices d'assurance,
lorsqu'on indique des indemnités comme cela, on indique jusqu'où
la coupure doit s'effectuer pour que le paiement puisse être fait. Cela
sera sûrement la même chose...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement. Je ne voudrais pas être
désagréable envers le député de Nicolet-Yamaska,
mais je pense que celui-ci est en train de nous parler de l'article 45 et des
pouvoirs de réglementation, alors que nous sommes actuellement sur un
amendement du député de Montmagny-L'Islet.
M. Fontaine: C'était une introduction, M. le
Président, j'arrive au fait. C'est que les députés en
question m'ont dit qu'ils seraient en faveur de l'amendement
proposé.
Mme Payette: Vous vous êtes mis un doigt dans l'oeil.
M. Fontaine: Une chance que je les ai tous!
M. Vaillancourt (Jonquière): Combien pour le doigt et
combien pour l'oeil?
M. Fontaine: Les députés en question m'ont dit, M.
le Président, qu'ils seraient en faveur de cet amendement s'ils
s'apercevaient que les paiements qui seraient effectués par la
régie pouvaient être modifiés selon des règlements
édictés et s'ils pouvaient varier selon chaque individu, selon
chaque cas.
Je pense que les règlements devront nécessairement
indiquer ces faits et, à ce moment-là, en arrivera à un
arbitraire qui sera laissé à la régie et à la
Commission des affaires sociales. C'est pour ces raisons, M. le
Président, qu'on vous demande, étant donné qu'il y aura de
l'arbitraire du côté de la régie et du côté de
la Commission des affaires sociales, de permettre un appel à la Cour
Supérieure pour réviser ces décisions.
Si, comme nous disent le ministre et les députés
ministériels, la loi 67 offre toutes les garanties voulues aux citoyens,
aux assurés, pourquoi ne pas permettre que les décisions de la
Commission des affaires sociales soient révisées par un vrai
tribunal qui offre toutes les garanties d'impartialité?
On a essayé tout à l'heure, je pense, de nous passer un
sapin peut-être à l'approche des fêtes mais on
nous présente le bref d'évocation comme étant un droit
d'appel. M. le Président, un bref d'évocation, ce n'est pas un
droit d'appel. On a tenté de démontrer à la commission
qu'on pouvait aller devant la Cour Supérieure en faisant un bref
d'évocation.
Je peux vous dire que, dans ma pratique, qui n'a peut-être pas
été tellement longue, à peu près quatre ans, je
n'ai jamais eu l'occasion de faire un bref d'évocation. Je pense que, si
on demandait au député de Jonquière combien il a
réussi à en faire, on pourrait peut-être les compter sur
les doigts de notre main, même s'il a pratiqué plus longtemps que
moi.
Je voudrais également lui demander combien il a réussi
à faire passer de brefs d'évocation.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Cela prendrait le consentement
des membres de la commission, parce que...
Mme Payette: II y a une question, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Même s'il y a une
question, ça prend le consentement des membres de la commission parce
que le député de Jonquière a épuisé son
temps de parole.
M. Roy: M. le Président, on est toujours prêt
à collaborer pour que la lumière vienne à cette table.
Nous l'avons demandée depuis assez longtemps, mon consentement vous est
acquis.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que je dois
interpréter le consentement du député de Beauce-Sud comme
étant un consentement unanime des membres de la commission?
M. Roy: Oui, oui.
Le Président (M. Marcoux): Oui, alors...
M. Raynauld: A condition qu'il nous explique bien toutes les
contraintes qui existent pour obtenir des brefs d'évocation.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Raynauld: Je ne connais pas ça, mais on me dit qu'il y
en a beaucoup.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
que j'ai à dire, tout d'abord, c'est que je pense que Mme le ministre
n'a pas présenté la procédure d'évocation comme une
procédure d'appel. Je pense que c'est très mal interpréter
son propos puisque, dans les extraits qu'elle a lus, elle a
expliqué...
M. Saint-Germain: Elle a un gros livre.
M. Vaillancourt (Jonquière): De toute façon, je
pense, M. le député de Jacques-Cartier, que Mme le ministre n'a
jamais prétendu que tout cela sortait d'elle-même, mais ça
venait de professeurs d'université et d'experts en la
matière...
M. Saint-Germain: J'ai cru que c'était à
côté du débat et que ça ne s'appliquait pas du tout
là-dedans.
Le Président (M. Marcoux): N'engageons pas un débat
sur le sujet.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que tous
conviendront que Mme le ministre n'a jamais considéré le bref
d'évocation comme un droit d'appel. D'autre part, j'admettrai, sans
fausse modestie, au député de Nicolet-Yamaska, que j'ai pris
très peu de brefs d'évocation, pour la raison que les principes
de justice naturelle sont généralement observés devant les
tribunaux administratifs.
Je pense que cette question serait posée à n'importe quel
confrère et vous vous rendriez compte que, toutes proportions
gardées, avec le nombre de causes que les avocats plaident en
général, les brefs d'évocation sont une très infime
minorité des procédures qui ont été plaidées
par les avocats.
Il s'agit tout simplement d'une procédure extraordinaire, d'une
procédure très limitative, donc extraordinaire, un peu le
mandamus, le certiorari. J'en ai pris peut-être trois en huit ou neuf ans
de pratique.
M. Fontaine: Combien de réussies?
M. Vaillancourt (Jonquière): Deux.
Mais il faut dire que généralement et je pense que
mon confrère, de même que tous les autres, l'admettront les
règles de justice naturelle les plus élémentaires sont
toujours respectées devant nos tribunaux. S'il fallait que cela arrive
devant la régie, inutile de vous dire qu'un bref d'évocation
serait reçu à la Cour supérieure.
M. Fontaine: Je disais cela, parce qu'on semblait dire devant
cette commission que les brefs d'évocation couraient les rues et qu'on
pouvait obtenir cela n'importe quand. Je pense qu'il faut quand même
faire la part des choses.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une garantie pour le
justiciable qui voit que les principes de justice élémentaire ne
sont pas respectés.
M. Fontaine: Oui, mais il y a d'autres principes que la justice
élémentaire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qu'on ne me pose pas de
questions, M. le Président, parce que cela m'incite à parler.
Le Président (M. Marcoux): Je dois vous informer, M. le
député de Nicolet-Yamaska, qu'il vous reste deux minutes.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Il y a d'autres
principes que la justice élémentaire qu'il faut également
faire respecter. Je pense que le droit d'appel à la Cour
supérieure pourrait garantir ces principes. Ne siégeant qu'en
appel des décisions de la Commission des affaires sociales, le nombre de
causes serait infiniment restreint.
Je pense qu'à ce moment-là, cela n'alourdira pas le
système, les tribunaux vont pouvoir rendre des décisions normales
et cela n'alourdira pas le système plus qu'il ne l'est actuellement. De
ce côté-là, il y aurait également possibilité
d'améliorer le système judiciaire pour pouvoir faire
procéder plus rapidement.
On sait que présentement, même dans le système
actuel, il n'y a pas plus que 5% des causes d'accidents d'automobiles qui se
rendent devant le tribunal. Je pense que, si on adoptait la présente loi
67, il n'y aurait sûrement pas 5% des accidents qui iraient devant la
cour. Il y en aurait encore moins que cela, parce qu'il y a déjà
un mécanisme d'appel qui s'appelle la Commission des affaires
sociales.
Concernant l'efficacité de la Commission des affaires sociales,
laissez-moi en douter. Actuellement, la Commission des affaires sociales a une
expérience, mais non pas en assurance automobile. Cela va être
tout un autre système de preuve qui va devoir être établi
devant la Commission des affaires sociales et celle-ci va devenir ce
n'est pas une prédiction que je vous fais, je pense que vous allez en
convenir aussi lourde que n'importe quel tribunal ordinaire.
Le Président (M. Marcoux): Je vous inviterais à
conclure.
M. Fontaine: Je conclus, M. le Président, en demandant au
gouvernement, au ministre, de bien vouloir reconsidérer sa
décision qui est peut-être un peu trop hâtive et se rendre
aux arguments de l'Opposition.
En terminant, M. le Président, je voudrais demander le
consentement de cette commission pour faire siéger M. Grenier,
député de Mégantic-Compton, à la place de M.
Goulet.
Le Président (M. Marcoux): En remplacement de M. Goulet
(Bellechasse). Est-ce qu'il y a consentement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Consentement donné. M.
le député d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, à plusieurs
commissions, on a souvent entendu dire que les procédures devant un
tribunal de droit commun, c'était long, qu'il y avait des choses
à changer. Je veux bien croire que cela ressemble à plusieurs de
nos discussions que nous avons ici, à l'Assemblée nationale, et
même en commission.
Je crois qu'ajouter encore des problèmes qui retourneraient
à un tribunal de droit commun alourdirait les choses. Quand on dit qu'il
y a 5% des causes qui se rendent devant un tribunal de droit commun et que cela
prend jusqu'à deux ou trois ans pour être réglé, et
qu'il n'y a que 5% des causes, je me demande pourquoi on n'essaie pas de
trouver un moyen plus efficace d'en arriver à un règlement.
Quand on parle de tribunaux spécialisés, selon ce que je
sais, le droit de recours, une fois que la Commission des affaires sociales a
pris une décision... Il n'y a pas de droit de recours durant un tribunal
de droit commun. Est-ce qu'il y en aurait devant la Commission des accidents de
travail? Je ne crois pas.
M. Fontaine: C'est malheureux.
M. Beauséjour: Est-ce qu'il y en a devant la Régie
de l'assurance-maladie? Il n'y en a pas.
M. Roy: Cela ne serait pas mauvais qu'il y en ait.
M. Beauséjour: Si jusqu'ici on dit que les tribunaux de
droit commun sont lourds et qu'on veut en ajouter encore, je ne vois pas
où sera l'efficacité.
M. Fontaine: Vous venez de lui enlever toute l'assurance
automobile, monsieur.
M. Beauséjour: Bien sûr.
M. Fontaine: Ce n'est pas à eux de décider, c'est
à nous.
M. Beauséjour: Cela va les soulager peut-être de
certaines causes qu'ils ont actuellement. Cela va peut-être aller un peu
plus vite.
Une Voix: Cela va désengorger les cours de justice.
M. Beauséjour: Cela va désengorger. J'ai
l'impression que cela va être pour le mieux. C'est pourquoi je
n'ajouterais pas plus de recours que les deux qu'il y a actuellement pour
qu'une bonne fois on en arrive à un règlement quand il s'agit de
quelqu'un qui a subi un accident.
Il y a une chose qu'on semble oublier, c'est qu'on est rendu à
l'article 4. La Régie de l'assurance automobile et de la Commission des
affaires sociales se basent sur des articles qui vont venir après, elles
ne se fient pas simplement à leur flair. Il y a des articles qui
viennent après et sur lesquels elles doivent se baser. Ce n'est pas
simplement sur un jugement qui pourrait venir d'un ministre, ce n'est
même pas là, c'est à partir de données qui vont
venir après...
Une Voix: Des règlements.
M. Beauséjour:... des règlements et aussi des
articles qui touchent le projet de loi sur lequel nous sommes en train de
travailler. Je ne sais pas si on va passer au travers d'ici Noël...
M. Fontaine: Je ne le pense pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): La bonne foi se
présume.
M. Beauséjour: ... en commission, mais une chose est
certaine...
M. Fontaine: Pas avec l'avis qu'on a eu en Chambre cet
après-midi.
M. Roy: C'est le bill qui va passer à travers nous.
M. Vaillancourt (Jonquière): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laberge: Pourvu que ce ne soit pas une automobile.
Une Voix: Vous n'êtes pas président de la
commission.
M. Roy: Premier accident.
M. Beauséjour: La Régie de l'assurance automobile
doit se baser sur des données qui vont venir après et qui sont
déjà les garanties d'une administration et d'une justice... Je
crois que cela va être beaucoup plus efficace que d'attendre deux ou
trois ans, dans notre système de tribunaux de droit commun qui se perd
dans les années et qui ne donne pas plus justice qu'un tribunal
spécialisé, puisqu'on aura des personnes qui pourront
étudier les causes dans un temps relativement beaucoup plus court. Je me
demande si, dans un autre domaine le député de Beauce-Sud
pourra peut-être y penser au sujet de l'agriculture on ne pourrait
pas aussi penser à des tribunaux spécialisés. Ce serait
peut-être très bien.
M. Roy: Pour juger qui?
M. Vaillancourt (Jonquière): Les quotas.
Mme Payette: Le fédéral.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une perche.
Mme Payette: Pour juger le fédéral.
Le Président (M. Marcoux): J'inviterais maintenant le
député de Montmagny-L'Islet. Je ne sais pas si c'est son droit de
réplique qu'il veut utiliser.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Effectivement je n'ai
utilisé que quelques minutes ce matin dans mon argumentation au soutien
de la motion que j'avais présentée.
M. Vaillancourt (Jonquière): La forme était
parfaite d'ailleurs.
M. Giasson: Votre prédécesseur à cette table
avait accepté la recevabilité avec beaucoup d'enthousiasme et de
rapidité.
Si j'ai proposé cet amendement, c'est parce que je crois vraiment
que toutes les victimes, non pas d'une année ou deux on
présume que ce régime va être instauré et devra
durer dans le temps devraient profiter de l'application la plus
poussée de la justice qui soit.
Les intervenants qui m'ont précédé ce soir, comme
ce matin, ont invoqué des motifs, qui, pour les uns, se tenaient assez
bien, qui, pour d'autres, avaient moins de poids. Le député de
Jonquière, entre autres, a fait l'éloge des tribunaux
administratifs, mettant particulièrement en évidence le fait que
c'était un gouvernement antérieur, le régime
libéral au pouvoir, qui avait reconnu le principe et qui avait
décidé d'instaurer quelques tribunaux administratifs. Il a
cité, entre autres, la constitution de la Commission d'appel des
affaires sociales, mais il doit reconnaître qu'il y avait des motifs qui
soutenaient cette décision à l'époque.
Qu'est-ce qui a été recherché au moment de
créer le tribunal administratif qui s'appelait la Commission d'appel des
affaires sociales?
C'était d'abord de reconnaître que la clientèle qui
allait s'adresser à ce tribunal, dans un premier temps, les
premières causes qui viendraient devant la Commission d'appel des
affaires sociales, étaient toujours celles des gens les plus
démunis de la société. C'étaient des
bénéficiaires d'aide sociale qui devaient comparaître
devant la Commission d'appel des affaires sociales, donc des personnes
démunies au plan financier. On voulait également, pour cette
catégorie de citoyens, avoir une formule d'administration de la justice
qui soit beaucoup plus expéditive que celle que nous avions connue
traditionnellement. Evidemment, un bénéficiaire de l'aide sociale
qui interjette appel sur une décision rendue d'abord par un
fonctionnaire, décision qui a été maintenue par le conseil
de révision et qui met en cause son droit à recevoir un minimum
vital, il n'a pas autre chose, c'est un bénéficiaire d'aide
sociale. Là, il était facile de comprendre que, dans le cas d'un
tribunal administratif qui, par sa loi constituante, rendait une
décision définitive, puisque c'était un tribunal de
dernière instance, le législateur de l'époque veuille y
donner cette dimension.
Avec le temps, on a remplacé la Commission d'appel des affaires
sociales par la Commission des affaires sociales qui continue de recevoir des
demandes émanant des bénéficiaires de l'aide sociale, mais
auquel tribunal administratif on a élargi le mandat, lui permettant
d'entendre ou de rendre des décisions définitives sur des
décisions des fonctionnaires de la Régie des rentes du
Québec. On avait même pensé élargir encore ce mandat
puisqu'il était prévu, dans un temps futur assez prochain, de
faire déboucher ce genre de droit d'appel ou de décisions finales
par un tribunal administratif. On voulait remettre cela entre les mains de la
Commission des affaires sociales et, avec le temps, possiblement d'autres
organismes gouvernementaux auraient pu y être dirigés en appel,
puisque c'est le tribunal de dernière instance, de dernier recours. On
aurait dirigé cela vers la Commission des affaires sociales. C'est
important que je vous cite cela, parce que la création de la Commission
d'appel des affaires sociales, dans un premier temps, était faite pour
répondre à une clientèle qui vraiment n'avait même
pas les moyens d'aller en appel devant d'autres tribunaux, parce que
c'était les gens les plus démunis.
Je savais, pour avoir appris de mes collègues qui ont une
formation juridique, qu'il y avait toujours la possibilité du bref
d'évocation comme
dernier et ultime recours, mais le député de
Jonquière qui lui, a une formation juridique, sait qu'il n'est pas
facile d'obtenir un bref d'évocation, comme il peut être facile
d'obtenir un appel devant un tribunal supérieur. Le député
de Jonquière sait beaucoup mieux que moi que l'argumentation ou les
motifs à invoquer pour obtenir recevabilité d'un bref
d'évocation, doivent être exceptionnels. Il faut presque prouver
que le tribunal d'une première instance a outrepassé ses
pouvoirs, qu'il a vraiment erré dans l'interprétation judiciaire
d'une loi ou d'une réglementation ou des événements
similaires. Il ne faut pas croire que c'est facile pour le simple justiciable
ou la victime d'un accident d'automobile, puisque nous sommes dans ce
régime, d'obtenir par son procureur un bref d'évocation. Est-ce
que le député de Jonquière reconnaît cela?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je l'ai dit tout à
l'heure. Ce n'est pas fréquent, c'est exceptionnel, et c'est difficile.
C'est parce que cela n'arrive pas souvent, c'est parce que les règles
sont généralement observées.
M. Giasson: C'est pourquoi il m'est apparu que nous allions
bonifier notre loi, si on devait permettre ce recours en appel devant un
tribunal de droit commun pour quelques causes. Quels seraient les gens qui
pourraient aller en appel si on acceptait d'inclure cette dimension dans le
projet de loi? C'est peut-être un dixième de 1% des victimes
d'assurance automobile. Même si ce n'était que pour cette portion
si minime, je crois qu'il vaudrait encore la peine qu'on retienne cette
dimension et qu'on permette, pour une meilleure application de la justice chez
nous, de reconnaître le droit d'appel. C'est dans cet esprit que j'ai
formulé mon amendement. Je demeure convaincu que, pour l'application de
la justice la plus poussée et afin de permettre les pouvoirs les plus
grands possible à l'endroit de justiciables ou de victimes d'accidents
d'automobiles, que cette commission pourrait accueillir de façon
favorable l'amendement que j'ai proposé.
Le Président (M. Marcoux): II n'y a plus d'intervenant.
Est-ce que l'amendement sera adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejeté sur division,
M. le Président.
Mme Payette: Rejeté.
Des Voix: Vote!
M. Fontaine: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse. Je n'avais pas vu
d'autres intervenants et j'avais appelé le vote.
M. Giasson: M. le Président, si vous permettez, j'ai
encore du temps dont je puis disposer.
Le Président (M. Marcoux): Mais, non...
M. Giasson: Oui. C'est simplement pour vous indiquer un cas. Les
tribunaux administratifs...
Le Président (M. Marcoux): Non, une minute!
M. Giasson:... sont beaucoup plus récents au
Québec...
Le Président (M. Marcoux): Une minute, M. le
député de Montmagny-L'Islet! J'avais appelé le vote. Je
voudrais savoir s'il y a consentement... Non. Une fois le vote appelé,
je vous donne à nouveau le droit de parole...
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a consentement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): ... et, à ce
moment-là, s'il y a d'autres députés qui le demandent, je
serai pris dans un sérieux dilemme. Est-ce qu'il y a consentement pour
que le député de Montmagny-L'Islet puisse compléter se
pensée?
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a consentement, M. le
député.
Le Président (M. Marcoux):M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, M. le Président, merci! Puis-je vous
rappeler les expériences vécues par certains pays d'Europe qui
ont vu fonctionner des tribunaux administratifs depuis fort longtemps, bien
avant que cela fonctionne au Québec! On a pu apprécier
l'application de la justice par les pouvoirs qui étaient accordés
à ces tribunaux administratifs et, à l'usage et à
l'expérience, même ces pays d'Europe ont créé
quelques pays d'Europe un tribunal d'appel spécial, limité
à recevoir les appels uniquement sur des décisions rendues par
des tribunaux administratifs. C'est vous indiquer qu'il y a cette
possibilité, en dépit de l'évocation qu'a faite tout
à l'heure Mme le ministre en citant des universitaires et en citant
l'ancien ministre de la Justice au Québec. Même si j'ai beaucoup
d'estime pour cet ancien collègue, il nous a prouvé qu'il peut
parfois errer lui aussi.
Mme Payette: Je vous le concède.
M. Giasson: Vous le concédez. Tout ça vous
indique...
Mme Payette: Peut-être moins dans le domaine du
droit...
M. Giasson: ... que même un tribunal administratif qui a
son mérite...
Mme Payette: ... que dans le domaine politique.
M. Giasson: ... en rendant la justice plus ex-péditive,
surtout dans le secteur de relations entre l'Etat et les citoyens, peut
être encore amélioré, bonifié, puisque des pays
d'Europe nous ont
prouvé que l'usage et l'expérience les avaient
amenés à décider d'avoir un tribunal de recours sur des
décisions rendues par les tribunaux administratifs.
Mme Payette: Je suis en train de demander au président
s'il me reste du temps. Je pense que je n'ai pas besoin de demander ça.
Cela prendrait peut-être un consentement simplement pour que je vous
rappelle une chose...
Une Voix: Article 160, paragraphe 2.
Mme Payette: ... que j'ai vue. Oui, mais je ne veux pas
l'utiliser pour rien, c'est ridicule. Je trouve beaucoup de choses ridicules
dans nos règlements et tout ça, mais, si le député
me le permet, j'ai bien dit tout à l'heure que ce que vous venez de
souligner, qu'effectivement des tribunaux administratifs pourraient
éventuellement faire appel à un autre tribunal, moi, je suis
prête à le suggérer à mes collègues de la
Justice et des Affaires sociales. C'est peut-être dans ce sens-là
qu'il faut aller. Si ça veut dire la Cour supérieure, la
réponse, c'est non. C'est le contenu de ce que je vous ai dit.
M. Giasson: Cela va peut-être prendre la permission du
fédéral, parce que, là, on change de pays.
Mme Payette: Ah bon!
Le Président (M. Marcoux): J'avais appelé le vote,
mais j'ai cru que le député de Mégantic-Compton voulait se
manifester. Comme j'avais appelé le vote formellement, je veux demander
le consentement des députés de la commission. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour entendre le
député de Mégantic-Compton, oui.
Le Président (M. Marcoux): Alors, comme il y a
consentement, ça me fait plaisir, M. le député de
Mégantic-Compton, de vous céder la parole.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Vous me permettrez,
bien brièvement, d'intervenir, puisque c'est la première fois que
je viens à la commission. Si elle doit se continuer, j'aurai plus de
temps pour venir appuyer les efforts de notre député de
Nicolet-Yamaska. Bien brièvement, le député de
Nicolet-Yamaska donnera les explications à un sous-amendement que
j'aimerais apporter, à la sixième ligne de la motion
d'amendement, pour enlever les mots "la régie ou". L'amendement se
lirait ensuite comme suit: "Que le premier alinéa de l'article 4 soit
modifié en ajoutant, après le mot "justice", à la
sixième ligne, les mots "sauf un recours d'appel devant un tribunal de
droit commun sur une question d'appréciation ou de quantum
déterminé par la Commission des affaires sociales en
deçà des indemnités maximales prévues dans le
projet de loi".
J'aimerais que vous permettiez au député de
Nicolet-Yamaska de faire un peu l'argumentation du sous-amendement...
Le Président (M. Marcoux): Le sous-amendement vise
à supprimer quels mots exactement?
M. Grenier: Uniquement les trois mots "la régie ou"
à la sixième ligne, je pense... Il prend de l'importance.
Le Président (M. Marcoux): II se lirait comme ceci: "Sauf
un recours d'appel devant un tribunal de droit commun, sur une question
d'appréciation ou de quantum déterminée par la Commission
des affaires sociales, en deça des indemnités maximales
prévues par le projet de loi".
M. Grenier: C'est cela. Je demanderais au député de
Nicolet-Yamaska, si vous le voulez bien, qu'il fournisse l'argumentation pour
ce sous-amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, pour
bien se comprendre, j'aimerais que le député de Nicolet-Yamaska
nous explique quelle est la différence fondamentale entre l'amendement
et le sous-amendement avant qu'on se prononce sur la recevabilité.
M. Fontaine: Oui, M. le Président, je vais l'expliquer
immédiatement. C'est qu'il y a trois paliers de décision, selon
la Loi de l'assurance automobile, le projet de loi 67. Il y a un premier palier
de décision qui est celui du fonctionnaire, un deuxième palier de
décision qui est celui du Conseil d'administration de la régie et
le troisième palier est la Commission des affaires sociales.
Il me semblerait que l'amendement qui a été apporté
par le député de Montmagny-L'Islet permettrait d'aller
immédiatement en appel, devant un tribunal de droit commun, à la
suite d'une décision de la régie. Or, ce n'est pas ce que nous
voulons et je pense que ce n'est pas non plus ce que le député
voulait. Ce que nous voulons, c'est qu'il y ait un appel des décisions
de la Commission des affaires sociales. C'est la raison pour laquelle je
voudrais retrancher les mots "la régie".
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est jugé
recevable.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, on ne
peut pas s'exprimer sur la recevabilité!
M. Giasson: Le sous-amendement.
Le Président (M. Marcoux): Pas l'amendement, le
sous-amendement.
M. Fontaine: Le jugement est rendu.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que, effectivement, votre décision est rendue?
Le Président (M. Marcoux): Ma décision est rendue,
je juge le sous-amendement recevable.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
conteste d'abord votre rapidité d'exécution, puisque...
M. Roy: II ne faudrait pas, pour une fois qu'on est
expéditif à cette commission, que vous contestiez la
décision.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
sais fort bien que l'intention du député de Montmagny-L'Islet,
lorsqu'il a présenté son amendement, était de permettre un
droit d'appel, devant les tribunaux de droit commun, des décisions, non
pas de la régie, mais de la Commission des affaires sociales...
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président. Est-ce que le député parle sur le fond du
sous-amendement?
Le Président (M. Marcoux): J'avais bien compris que le
député avait commencé à parler sur le fond,
mais..
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, M. le Président,
est-ce qu'il vous est possible...
M. Saint-Germain: Votre décision a été
rendue, si je ne m'abuse! On s'est toujours gentiment soumis, M. le
Président, à toutes les décisions que le président
a rendues. Vous avez rendu une décision, si le député veut
parler sur le fond, j'en suis, mais j'espère qu'il ne parle pas sur la
recevabilité.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
conteste votre rapidité d'exécution et non pas votre
décision.
M. Roy: Cela revient pas mal au même.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'il a été convenu que tous les partis politiques...
Mme Payette: Est-ce qu'il y a un droit d'appel de vos
décisions, M. le Président? Je ferais confiance à la
Commission des affaires sociales là-dessus.
M. Raynauld: ... hier, avec un autre président, la
réponse a été: non.
Le Président (M. Marcoux): Je l'ai peut-être rendue
rapidement, mais en tout cas, il m'appa-raissait que, à sa face
même, c'était un sous-amendement recevable. Le sous-amendement ne
contredisait pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais il est exactement
comme l'amendement, M. le Président.
M. Fontaine: II n'y a que le député de
Jonquière qui n'a pas compris, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député
sait fort bien qu'on ne va pas en appel devant les tribunaux de droit commun
des décisions de la régie, mais de la Commission des affaires
sociales.
M. Fontaine: C'était écrit dans l'amendement, que
voulez-vous? Ce n'était pas nécessaire...
M. Saint-Germain: II n'y a pas de droit d'appel d'une
décision rendue par notre président, M. le Président.
M. Roy: Voyez-vous comme c'est commode un droit d'appel, vous
êtes les premier à vous en plaindre.
Mme Payette: Oui, mais ici il n'y en a pas du tout, tandis que
nous, on en prévoit trois.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sans
en appeler de votre décision et tout en la respectant, mais en ne la
partageant pas, je dois vous dire que, lorsque le député de
Montmagny-L'Islet et il me contredira si ce n'est pas cela a mis
les mots "par la régie ou par la Commission des affaires sociales", dans
sa motion d'amendement, c'était en relation avec "appréciation du
quantum déterminé par la régie". On sait que le quantum,
en vertu de la loi, peut être apprécié, à la
deuxième étape, par la régie et, en troisième
étape, par la Commission des affaires sociales. Mais, lorsqu'il parlait
d'un droit d'appel, il ne voulait pas passer de la régie au tribunal de
droit commun, mais il voulait passer de la Commission des affaires sociales au
tribunal de droit commun.
Je fais mien l'exposé de 20 minutes que j'ai fait ce matin, M. le
Président, sur l'amendement du député de
Montmagny-L'Islet, puisque j'estime que le sous-amendement du
député de Nicolet-Yamaska ou de Mégantic-Compton ne change
absolument rien au fond du problème.
M. Giasson: Une rectification peut-être. Dans ma motion,
c'est sur une question d'appréciation ou de quantum. Ce n'est pas une
appréciation de quantum. C'est une question d'appréciation ou de
quantum. Cela peut être l'appréciation au droit à
l'indemnisation. Cela peut être l'appréciation d'une
incapacité ou d'une invalidité.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Montmagny-L'Islet, me permettez-vous une question? Est-ce que votre amendement
n'avait pas pour but de permettre un appel de la décision de la
Commission des affaires sociales devant un tribunal de droit commun?
M. Saint-Germain: M. le Président, on n'a pas le droit de
revenir sur un débat passé.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que c'est cela? Est-ce
que c'était cela, l'esprit de votre amendement? C'est cela, l'esprit du
sous-amendement également et c'est dans ce sens que c'était
irrecevable. C'est exactement le même amendement.
M. Fontaine: II veut en appeler de votre décision, M. le
Président.
M. Saint-Germain: J'avais demandé le droit de parole, M.
le Président, sur le sous-amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, je vais en appel de la
décision parce que...
M. Raynauld: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander au député de Jonquière de laisser parler les gens
pour qu'ils expliquent ce qu'ils veulent? Je pense que, premièrement, le
député de Jonquière n'a pas le droit de contester la
décision du président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous pouvez
répéter les discours que vous avez faits tout à
l'heure.
M. Raynauld: Qu'il se prononce sur le fond lorsqu'on aura compris
exactement la portée du sous-amendement qui est proposé.
Le Président (M. Marcoux): Je me suis peut-être
prononcé rapidement, mais j'ai jugé que le sous-amendement
était recevable parce qu'il supprimait des membres de phrases, mais ne
contredisait pas... Le sous-amendement ne doit pas contredire l'amendement
proposé. Dans ce sens-là, je pense que le sous-amendement
était recevable. Le sous-amendement peut être battu ou
accepté, ce qui ne préjuge en rien de l'amendement, du vote ou de
la décision des membres de la commission sur l'amendement.
Mme Payette: M. le Président...
M. Beauséjour: M. le Président, une question de
directive.
Mme Payette: Pardon, j'avais demandé la même chose.
C'est moins une question de directive, M. le Président, qu'une question
de règlement, parce que je voudrais vous signaler que, dans un grand
respect de votre décision, M. le Président, je voudrais
simplement qu'on m'évite d'avoir à relire ce que j'ai fait une
première fois tout à l'heure. Je pense que ce que j'ai lu
s'applique parfaitement maintenant, mais j'écouterais avec beaucoup
d'attention l'argumentation de l'Opposition sur ce sous-amendement.
Le Président (M. Marcoux): La parole est au
député de...
M. Beauséjour: M. le Président, une directive... A
la suite de ce qui s'est passé, vous aviez demandé le vote. On a
accepté d'une façon una- nime de laisser la parole à un
député et à un autre. Est-ce que cela veut dire
qu'à l'avenir, si on laisse la parole, c'est possible de faire des
amendements?
Le Président (M. Marcoux): C'est justement pourquoi j'ai
été très clair. Je n'ai pas pris sur moi de donner la
parole au député de Mégantic-Compton qui avait
demandé la parole après que j'ai appelé le vote. Il y a eu
consentement. Alors, lorsqu'un député a le droit de parole, il a
le droit de proposer un sous-amendement lorsqu'il parle sur un amendement.
Mme Payette: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Je voudrais terminer ce que
j'étais en train de dire. Il y a eu un sous-amendement de proposé
que j'ai jugé recevable. Maintenant, normalement, les
députés ont droit de parole sur le sous-amendement.
Mme Payette: Une question de règlement, M. le
Président. Dans le sens du respect de notre règlement, je pense
que tout ce qui s'est passé à ce moment-là a semé
la confusion et que les députés de ce côté-ci ont
probablement cru que vous aviez appelé le vote, premièrement, et
deuxièmement, qu'on demandait le droit de parole pour le
député de Mégantic-Compton pour ses 20 minutes, ce qui a
amené un consentement, mais je crois qu'il y a eu une certaine
confusion.
Une Voix: On aurait dû nous avertir. M. Fontaine: M.
le Président.
M. Grenier: Si vous permettez, M. le Président, ce n'est
pas la première fois autour de cette table qu'on arrive avec un
problème de ce genre-là. On a siégé autour de cette
table pendant des mois cet été et c'est tout à fait normal
qu'à un moment donné, vous ne voyiez pas à première
vue qu'un député veut prendre la parole. J'avais signalé,
en levant la main je ne voulais pas interrompre l'intervenant que
j'avais l'intention de prendre la parole, mais, avant cela, vous aviez
constaté qu'il n'y avait pas d'autres députés qui avaient
droit de parole. Vous avez demandé le vote pour réaliser
après que je demandais un droit de parole. Pendant mon droit de parole,
j'ai fait une motion de sous-amendement, ce qui est tout à fait dans
l'ordre et qui a été perçu également par le
député de Jonquière qui connaît bien la
situation.
Le Président (M. Marcoux): Sur la motion de
sous-amendement, M. le député de Mégantic-Compton. Sur la
question de procédure, je crois que c'est réglé; c'est sur
le sous-amendement.
M. Fontaine: C'est moi qui demande la parole.
Le Président (M. Marcoux): D'accord, sur la motion de
sous-amendement, M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je ne veux pas faire un
débat de cinq heures là-dessus. Simplement, ce que je veux...
M. Vaillancourt (Jonquière): Faites vôtre votre
discours de tout à l'heure, ça va être parfait, c'est la
même chose.
M. Fontaine: Ecoutez, si vous voulez qu'on fasse un débat,
on va en faire un. J'essaie de vous faire comprendre que mon amendement est le
simple bon sens. Si on lit la motion telle que rédigée par le
député qui l'a proposée, ça permettrait d'aller
immédiatement en appel à la Cour Supérieure d'une
décision de la régie. Ce n'est pas ça que vous voulez et
nous non plus. Ce qu'on veut, c'est qu'il y ait un appel de la décision
de la Commission des affaires sociales. C'est pour ça que
j'enlève les mots "la régie ou". Vous devriez voter en faveur de
cette motion d'amendement, parce que c'est le simple bon sens qui l'exige.
Ce n'est pas compliqué, c'est seulement ça que je
veux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne l'aurez pas.
M. Fontaine: Têtu! Comme le ministre!
Mme Payette: On aurait pu vous le dire avant que ce serait non.
Cela peut durer des jours.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent prendre la parole sur la motion de
sous-amendement visant à supprimer les trois mots "la régie
ou"?
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Fontaine: Si vous étiez conséquents avec vous
autres...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est le même
problème de fond.
M. Saint-Germain: Je crois que la déclaration que vient de
faire le député de Jonquière a dépassé sa
pensée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne parlais pas au nom du
gouvernement, je parlais en mon nom personnel.
M. Saint-Germain: Même en votre nom personnel, c'est une
phrase...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne parlais pas au nom du
gouvernement, je parlais en mon nom personnel.
M. Saint-Germain: C'est une phrase qu'il ne devrait pas dire et
je crois que la population lui demandera des comptes. De toute façon,
vous n'avez pas à vous expliquer sur la recevabilité. A mon avis,
M. le Président, vous avez très bien fait de recevoir ce
sous-amendement, parce qu'il était logique et il veut bien dire ce qu'il
veut bien dire. De toute façon, je n'abuserai pas de mon droit de
parole, mais il faut tout de même constater que l'article 4 est
fondamental dans ce projet de loi.
M. Grenier: Ce n'est pas inscrit au journal des Débats,
mais on fait des menaces à notre député de
Nicolet-Yamaska.
M. Roy: Nous sommes en train d'assister à un
règlement hors cour.
M. Grenier: Cela ressemble à un règlement de
comptes.
Le Président (M. Marcoux): Je vous proposerais
d'écouter à nouveau les propos du député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je me servirai, M. le Président, de
l'occasion qu'on me donne pour dire qu'à mon avis...
Le Président (M. Marcoux): Vous parlez du
sous-amendement...
M. Saint-Germain: Je parle du sous-amendement.
Le Président (M. Marcoux): ... visant à supprimer
les mots "la régie ou".
M. Saint-Germain: ... Mme le ministre a bien fait de
déclarer que même si vous avez accepté ce sous-amendement,
elle ne relirait pas les passages de ce volumineux volume qu'elle nous a
donné tout à l'heure, parce que je crois sincèrement que
cette lecture n'était tout simplement pas en concordance avec le sujet
dont nous discutons. Nous avons toujours soutenu que les décisions que
la régie ou la Commission des affaires sociales auront à prendre
dépassent largement, et très largement, soit en importance ou par
le genre, par l'éventail de décisions qu'elles devraient prendre,
l'autorité ou le champ d'action qu'on donne habituellement à une
commission administrative.
C'est là fondamentalement notre point de vue. Je ne
répéterai pas le discours ni l'argumentation que j'ai faits ce
matin. Mais il me semble qu'à sa face même, les
responsabilités que les membres de la commission auront dépassent
largement le mandat qu'on donne à une commission comme celle-ci.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse de vous
interrompre, mais je ne suis pas convaincu que vos propos portent sur le
sous-amendement.
Mme Payette: Je pourrais vous prêter mes livres, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Vous auriez dû, M. le Président,
m'avertir avant, parce que j'ai terminé.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je veux vous rassurer tout de suite, M. le
Président, je veux rassurer Mme le ministre aussi, je ne
répéterai pas ce que j'ai dit tout à l'heure. J'en aurai
d'autres occasions, sûrement.
Dans la motion de sous-amendement, sans vouloir faire un débat de
procédure, la motion présentée par le député
de Mégantic-Compton, me semble très claire. Dans la motion
d'amendement, on disait: La régie ou la Commission des affaires
sociales. Il n'a pas été de notre intention, du moins pas la
mienne, de proposer que les décisions rendues par la Régie de
l'assurance automobile soient portées devant les tribunaux de droit
commun.
Ce que nous avons demandé, c'est qu'il y ait une soupape
additionnelle qui permettra aux citoyens d'être entendus et de ne pas
être soumis à la décision trop arbitraire de la Commission
des affaires sociales.
L'amendement du député de Mégantic-Compton a pour
effet de limiter le droit de recours une fois que l'instance, qu'on appelle la
Commission des affaires sociales, aura été entendue. Pour donner
un autre argument à l'appui de cette motion, je vais me
référer aux deux documents que Mme le ministre a lus tout
à l'heure.
Il y a deux grands éléments qui se dégagent des
documents que Mme le ministre a lus: L'efficacité administrative, d'une
part, versus le droit de recours du citoyen. Il est évident que les deux
documents lus par Mme le ministre, du moins les paragraphes qu'elle nous a
cités, favorisent l'efficacité administrative.
Ce que nous soutenons comme principe, c'est le droit de recours du
citoyen c'est cela qu'on favorise. Les tribunaux de droit administratif comme
la Commission des affaires sociales... Je ne porte pas de jugement à
l'endroit de la Commission des affaires sociales, je parle tout simplement de
ce genre de tribunal administratif, quel qu'il soit, et je fais abstraction des
individus qui composent et forment ces tribunaux.
C'est un principe. Actuellement, ces tribunaux d'administration ont
toujours choisi l'efficacité administrative au lieu de s'interroger et
d'examiner, comme première préoccupation, le droit de recours du
citoyen. C'est à cela que nous en avons et c'est la raison pour laquelle
le gouvernement devrait accepter la recommandation qu'on lui fait. Je
n'interviendrai plus sur cette question. Il y a quand même d'autres
articles à discuter dans ce projet de loi, même si le gouvernement
veut absolument aller dans cette direction et décider de
l'efficacité administrative au-dessus des droits de recours du citoyen,
du droit d'être entendu. Même s'il n'y avait même pas 1%,
peut-être même pas un dixième de 1% des causes entendues
devant la régie qui pourraient éventuellement être
portées devant un tribunal de droit commun, ce qui constitue une infime
minorité, je dis qu'il y a une soupape qui m'apparaît essentielle
à l'exercice d'une saine démocratie et à la sauvegarde des
droits du ci- toyen, si on veut effectivement faire en sorte que ce
régime d'assurance automobile vise à améliorer le
régime d'indemnisation.
J'appuie le sous-amendement proposé par mon collègue de
Mégantic-Compton, en espérant qu'il sera agréé par
la commission, afin qu'on puisse passer à un autre article.
Le Président (M. Marcoux): Je vais maintenant appeler au
vote le sous-amendement visant à supprimer, dans l'amendement, les mots
"la régie ou". Est-ce que le sous-amendement est adopté?
M. Saint-Germain: Vote enregistré.
Le Président (M. Marcoux): M. Beauséjour?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Bisaillon? M. Gagnon?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Gosselin? M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Laberge?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Lalonde? M. Paquette? M.
Giasson?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Lefebvre?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Rancourt? M. Marquis?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Marcoux): Mme Payette?
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Raynauld?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Roy?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Fontaine?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Saint-Germain?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Jonquière? M.
Vaillancourt?
M. Vaillancourt (Jonquière): Jonquière est contre
et Vaillancourt est contre.
Le Président (M. Marcoux): Le sous-amendement est
rejeté.
M. Roy: Le vote, je veux avoir le résultat du vote.
Le Président (M. Marcoux): Contre: 7 Pour: 6
J'appelle l'amendement suivant: "Que le premier alinéa de
l'article 4 soit modifié en ajoutant, après le mot "justice"
à la sixième ligne, les mots "sauf un recours d'appel devant un
tribunal de droit commun sur une question d'appréciation ou de quantum
déterminé par la Régie ou la Commission des affaires
sociales en deça des indemnités maximales prévues dans le
projet de loi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Même vote.
Le Président (M. Marcoux): Même vote. L'amendement
est rejeté. Nous revenons à l'article 4 tel que
modifié.
Mme Payette: Adopté.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Une Voix: Ce n'est pas le vote.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que... Mme Payette:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Je ne procède jamais
à la hâte...
Mme Payette: Vous êtes moins vite. M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): ... quand je ne suis pas
certain de mon affaire.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Mme
Payette:...
Le Président (M. Marcoux): Si j'ai la bonne feuille, oui.
La parole était au député de Jacques-Cartier...
Mme Payette: Ce n'est pas une question de feuille.
Le Président (M. Marcoux): ... qui avait
déjà treize minutes à son actif dans le débat sur
l'article 4. Je crois qu'il lui en reste sept.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que cet
article d'ailleurs nous avons déjà passé quelques
heures à l'étudier je ne suis absolument pas à la
gêne...
Mme Payette: Ce n'est pas pressé.
Une Voix: On en a manqué des bouts nous autres.
M. Saint-Germain:... est un des principaux articles qu'il y a
dans ce projet de loi. Tout de suite on voit apparaître une grave
injustice pour tous les citoyens qui subiront des dommages qui
excéderont le montant déterminé dans la loi. Il me semble
absolument impensable qu'on enlève à tous les citoyens qui ont un
revenu de $18 000 ou plus tout droit de recours, tout droit d'action. On les
limite exclusivement à se prendre une assurance personnelle, s'ils
veulent bien le faire, et pas seulement s'ils veulent bien le faire, s'ils
peuvent l'obtenir à des taux abordables.
On semble croire que, dans un temps d'inflation comme aujourd'hui, un
salaire qui dépasse $18 000 par année est nécessairement
un gros revenu. On sait pertinemment que les gens qui gagnent $20 000, $25 000,
$30 000 et même $35 000 par année, surtout avec le niveau
d'impôt qu'on paie, s'ils ont le moindrement de responsabilités de
famille... S'ils gagnent $35 000, ils peuvent vivre convenablement, mais il
leur est absolument impossible d'avoir des économies qui leur
garantissent une certaine sécurité s'ils perdent, du coup, les
revenus que leur donne leur travail.
Dans une société comme la nôtre, les gens qui
peuvent vivre sans travailler, soient-ils des descendants de familles à
l'aise, très rares sont ceux qui peuvent vivre des économies
accumulées par les générations précédentes
ou par des économies accumulées par leur propre travail. Il me
semble absolument évident que des gens qui gagnent $20 000, $25 000, $30
000 et $35 000 par année ont assurément besoin d'une protection.
Il me semble que, si le projet de loi n'est pas modifié et si ces gens
ont un accident, cela pourrait être, pour plusieurs, et je dirais
même pour la majorité, catastrophique. Ces gens seront
obligés de diminuer leur niveau de vie d'une façon plus
qu'appréciable, d'une façon exagérée, ce qui pourra
leur créer des inconvénients sérieux, non seulement
l'éducation des enfants pourra en souffrir, par exemple, mais cela
pourra créer des difficultés dans les relations sociales ou les
relations humaines qui existent à l'intérieur même d'une
famille.
En conséquence, je ferais une motion d'amendement qui se lirait
comme suit: Que le quatrième alinéa de l'article 4 soit
modifié en remplaçant tous les mots, après le mot
"victime", par ce qui suit: D'exercer un recours pour l'excédent de
l'indemnité de base.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que je pourrais vous demander d'attendre avant que vous rendiez une
décision?
Le Président (M. Marcoux): Oui, avec plaisir. Ne soyez pas
nerveux! Que le quatrième alinéa de l'article 4 soit
modifié en remplaçant tous les mots, après le mot
"victime", par ce qui suit: D'exercer un recours pour l'excédent de
l'indemnité de base. Un instant!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la recevabilité, j'ai déjà eu l'occasion de faire une
question de règlement sur un amendement semblable, mais
rédigé de façon différente, ayant la même
essence. Je pense que vous êtes lié, M. le Président, par
une décision antérieurement rendue par la présidence, par
un autre qui occupait ce fauteuil, et qui avait décidé qu'un
amendement qui avait pour but d'établir un système de
responsabilité était irrecevable parce qu'allant à
l'encon-tre de l'article 3 de la loi 67 qui a été adopté,
si je ne m'abuse, hier. Il est manifeste... D'ailleurs, je poserais la question
au député de Jacques-Cartier, à savoir si ces recours se
faisaient sur une base de responsabilité ou de
non-responsabilité, et je serais convaincu qu'il me répondrait:
sur une base de responsabilité. Il est manifeste que cela va à
rencontre du principe établi à l'article 3, que cette loi a
été adoptée en deuxième lecture avec ces principes,
que les articles de notre règlement nous empêchent de modifier les
principes d'un projet de loi qui a été adopté en
deuxième lecture. Je vous réfère plus
particulièrement, entre autres, à la décision et je
termine là-dessus que la présidence a rendue hier matin
sur une motion ayant comme conséquence de ramener le système de
la responsabilité dans le projet de loi 67.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
membres d'autres partis qui désirent parler sur la
recevabilité?
M. Raynauld: M. le Président, en ce qui concerne le
premier argument selon lequel vous êtes lié par une
décision antérieure, je vous rappelle que ce n'est vrai que si
l'amendement est identique à celui d'hier, ce qui n'a pas
été démontré.
Deuxièmement, sur le fond de la recevabilité, je voudrais
insister auprès de vous pour vous faire voir que, lorsqu'on limite
l'application d'un principe, on ne nie pas l'existence de ce principe. Ce que
nous reconnaissons, c'est qu'il y a un principe d'absence de
responsabilité pour un régime de base; nous acceptons ce principe
de non-responsabilité. Nous en restreignons l'application au
régime de base et il est tout à fait exact que l'objet de cet
amendement, c'est d'enlever la responsabilité pour l'excédent de
ce régime de base.
Je soutiens, et avec une profonde conviction, que de restreindre
l'application d'un principe ne contrevient pas au principe, puisque cette loi
est remplie c'est bien normal de modalités d'application
de ce principe. Si, à chaque fois qu'on présente une restriction
à l'application d'un principe, ces amendements sont irrecevables, autant
arrêter maintenant la discussion puisque tout le projet de loi porte
là-dessus. Un projet de loi, ce sont des modalités d'application.
Par exemple, on a plusieurs exceptions à l'article 17. On indique, dans
la loi, comment ce principe de non-responsabilité va s'appliquer,
quelles vont être les indemnités versées. Toutes ces
questions sont des questions d'application.
Je soutiens donc qu'un amendement qui vise, encore une fois, à
respecter le principe de non-responsabilité pour le régime de
base, est un amendement qui vient limiter l'application du principe, mais ne
contredit pas ce principe. Je ne vois pas de quelle façon, par quel tour
de raisonnement, par quel tour de passe-passe on peut faire croire aux membres
de cette commission qu'un amendement qui limite ceci au régime de base
puisse être une contradiction avec le principe lui-même.
Le Président (M. Marcoux): Brièvement, sur la
recevabilité, parce que...
M. Roy: Sur la recevabilité, j'aurais
préféré...
Le Président (M. Marcoux): ... je vais être
très bien informé bientôt.
M. Roy:... que l'amendement ait été reçu,
tout simplement pour qu'on puisse en disposer et que le gouvernement assume ses
responsabilités et que l'Opposition prenne les siennes.
Je vais vous dire pourquoi je suis étonné que, du
côté gouvernemental, on en fasse une motion de
non-recevabilité.
Cet amendement, qui dit "que le quatrième alinéa de
l'article 4 soit modifié en remplaçant tous les mots après
le mot "victime" par ce qui suit: d'exercer un recours pour l'exercice de
l'indemnité de base"; il ne vient pas changer grand-chose,
c'est-à-dire qu'il ne vient pas changer le principe dans le projet de
loi; parce que si je me réfère à l'article 7 que nous
devrions probablement être appelés à discuter au cours des
prochains jours, il est dit ceci: "La victime d'un accident survenu hors du
Québec, qui a droit à l'indemnité prévue au
présent titre, peut bénéficier de celle-ci tout en
conservant ces recours pour l'excédent en vertu de la Loi du lieu de
l'accident".
Il y a déjà un droit de recours qui est prévu.
Lorsque l'accident survient en dehors du Québec, ça ne change pas
le principe de la loi. Il ne faudrait quand même pas s'attaquer à
toutes sortes de virgules pour faire des débats de procédure,
parce que, à ce moment-là, je ne pense pas qu'on puisse en
accuser l'Opposition.
Le gouvernement peut être d'accord ou non, ce qui est son droit
strict, avec un amendement proposé par l'Opposition, mais qu'on
arrête de discuter pendant des heures autour de la table pour savoir si
l'amendement est recevable ou non.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Nicolet-Yamaska, très brièvement, sur la recevabilité.
M. Fontaine: Oui, très brièvement, M. le
Président.
L'amendement, tel que proposé, qui se lit comme suit: ...
"d'exercer un recours pour l'excédent de l'indemnité de base",
permettrait d'exercer un recours devant les tribunaux de droit commun pour
l'excédent des indemnités qui sont prévues dans le projet
de loi 67. A l'article 3, M. le Président, on dit: "Ce que la
régie, selon la loi, devra indemniser." On dit: "La victime d'un dommage
corporel causé par une automobile est indemnisée par la
régie, et suivant les dispositions du présent titre, sans
égard à la responsabilité."
M. le Président, je comprends l'article 3 comme disant que la
non-responsabilité, le "no-fault", ce principe de "no fault" qu'on a
adopté en deuxième lecture, n'existe que dans la mesure où
le présent titre s'applique; pour l'excédent, ce principe ne
s'applique pas.
M. le Président, pour ces raisons, je pense que l'amendement, tel
que proposé, serait recevable.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'aurais une directive à vous demander.
M. Raynauld: M. le Président, le député de
Jonquière a déjà parlé sur la
recevabilité.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'aurais une directive à vous demander, ce n'est pas une question de
règlement.
Le Président (M. Marcoux): Je ne peux présumer de
ce que le député de Jonquière va me dire. S'il me demande
une directive, je suis disposé à l'entendre.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une question, M. le
Président, ce n'est pas une affirmation.
M. Saint-Germain: Est-ce une directive ou une question?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est une question.
Habituellement, une directive c'est une adresse au président, c'est une
demande.
Le Président (M. Marcoux): Allez-y.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ne
serait-il pas souhaitable, compte tenu que vous devrez lire la décision
qu'a rendue le président hier et que nous faisons face au même
problème, que nous ajournions tout simplement nos travaux pour vous
permettre de rendre une décision éclairée?
Le Président (M. Marcoux): Non, je suis prêt
à rendre ma décision. Je crois que, à sa face même,
il y a un principe qui est affirmé dans la loi. En ce qui concerne les
dommages corporels, c'est le principe de la non-responsabilité pour
toute indemnisation, pour tout dommage corporel; l'amendement contrevient
à ce principe pour lequel la Chambre s'est déjà
prononcée en deuxième lecture. C'est pourquoi je juge
l'amendement non recevable.
M. Roy: ... continuons.
Le Président (M. Marcoux): Nous revenons à
l'article 4, tel que proposé, de façon modifiée.
Mme Payette: Adopté.
M. Raynauld: Adopté. Tout le projet de loi est
adopté, M. le Président. On n'a plus rien à discuter
ici.
Mme Payette: Merci, M. le député d'Outremont.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission...
M. Raynauld: On n'est jamais capable de discuter dans aucun
débat, M. le Président. Chaque fois qu'on essaie de faire un
débat sur le fond, on refuse les amendements, on les rend non
receva-bles quant à la face même. C'est faux. C'est un amendement
élémentaire qu'on apporte, une limitation au principe.
Mme Payette: M. le Président, il conteste votre
décision.
Le Président (M. Marcoux): M. le député
d'Outremont, vous remettez en question la décision du président
quand vous dites que chaque fois que vous apportez un amendement sur le
fond...
M. Raynauld: ... depuis hier, j'ai demandé et c'est
recevable.
Le Président (M. Marcoux): ... le fond a été
décidé en deuxième lecture par l'Assemblée
nationale et comme président, je suis tenu de respecter les principes
qui ont été votés en Assemblée nationale. Est-ce
qu'il y a des députés qui veulent se prononcer sur l'article 4
tel que proposé dans sa modification.
M. Saint-Germain: M. le Président... Mme Payette:
... M. le Président.
M. Saint-Germain: ... il m'est difficile de continuer, mais
puisqu'il le faut, il le faut. On aurait aimé, par un amendement, dire
au gouvernement et dire à la population, quelle était notre
politique concernant cette législation. Il y a des principes, M. le
Président, inacceptables dans combien d'articles là-dedans. Je me
demande bien où le gouvernement veut en venir en nous empêchant de
faire le débat qui s'impose surtout sur l'article 4 qui est...
Mme Payette: M. le Président, il conteste votre
décision à nouveau.
M. Saint-Germain: Je ne critique pas la décision du
président, je dis...
Mme Payette: C'est le président qui a empêché
la recevabilité de cet amendement et pas le gouvernement.
M. Saint-Germain: J'ai le droit de parler sur les droits de
recours. Tout est dans l'article 4, les indemnités prévues au
présent titre tiennent lieu de tous les droits, recours et droits
d'action. Et des principes il y en a plein l'article. Alors, je dis qu'on rend
là une injustice pour tous les gens qui gagnent $18 000 et plus.
D'autant plus que je crois que le dernier article ici est tout à fait
farfelu, il ne donne rien, il n'explique rien et je fais une motion
d'amendement pour que le troisième alinéa, pour ce qui regarde
l'article 17, de l'article 4, soit retranché. On fera la même
motion pour le dernier paragraphe.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, une
question de règlement. C'est sur la recevabilité. En vertu de
l'article 70 de notre règlement, un amendement ne peut avoir que les
objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par
d'autres.
Il est irrecevable si son effet est d'écarter la question
principale sur laquelle il a été proposé et il en est de
même d'un sous-amendement par rapport à un amendement.
M. Saint-Germain: Sur la recevabilité, c'est exactement ce
que la motion fait, elle enlève du projet de loi un ensemble de mots et
c'est le troisième paragraphe, M. le Président, parce que nous le
croyons non nécessaire à ce stade de nos travaux et nous voulons
que certains éléments qui sont contenus dans l'article 17 soient
assurés par ce plan d'assurance. C'est la raison pour laquelle nous
voulons que le troisième paragraphe soit re- tranché. Il n'y a
là, j'imagine bien, à sa face même, aucun principe. Le
gouvernement veut limiter l'application de sa loi et nous voulons
l'élargir, tout simplement.
C'est exclusivement une modalité d'application.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que d'autres membres
veulent se prononcer sur la recevabilité?
M. Giasson: Sur la recevabilité, au-delà des motifs
ou de l'argumentation évoquée par le député de
Jonquière, je crois que l'ensemble du contenu de l'article 4 doit
être pris comme une entité et le retrait du troisième
alinéa ne change aucunement le principe de base que nous retrouvons
à l'article 4, principe de base qui se lit surtout au premier
alinéa.
Personnellement, j'appuie cette motion, je crois que c'est recevable,
parce qu'il y a des dispositions dans l'article 17 et le retrait de cet
alinéa 3 a comme référence l'article 17 et il y a des
dispositions dans l'article 17 qui m'apparaissent inacceptables. On ne biffe
pas la totalité ou l'entité complète de l'article 4, c'est
seulement un des alinéas. Il m'apparaît que cet amendement
proposé par le député de Jacques-Cartier serait
recevable.
Le Président (M. Marcoux): Je constate qu'il est 22 heures
et que, selon l'ordre de la Chambre, nous devons terminer nos travaux
maintenant. Je me prononcerai sur la recevabilité de l'amendement
proposé à l'ouverture de nos travaux, demain matin, 10 heures,
à la salle 91-A. La commission ajourne ses travaux à 10 heures,
demain matin.
(Fin de la séance à 22 h 1)