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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67
intitulé Loi sur l'assurance automobile. Les membres de la commission
sont: M. Beauséjour (Iberville); M. Bi-saillon (Sainte-Marie)
remplacé par M. Rancourt (Saint-François); M. Gagnon (Champlain),
M. Gos-selin (Sherbrooke); M. Goulet (Bellechasse) remplacé par M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. La-berge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); M. Landry (Fabre) remplacé par M. Paquette
(Rosemont); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé
par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M.
Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M.
Roy (Beauce-Sud); M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé par M. Le
Moignan (Gaspé); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Indemnisation du dommage corporel Dispositions
générales (suite)
Hier, au moment d'ajourner les travaux de la commission, une motion
d'amendement avait été présentée par le
député de Jacques-Cartier, à l'effet de retrancher le
troisième alinéa de l'article 4. Je ne crois pas qu'il y avait eu
débat sur la recevabilité de cette motion sur le troisième
alinéa de l'article 4 à retrancher. Il n'y avait pas eu de
débat sur la recevabilité, si ma mémoire est bonne,
d'après ce qu'on m'a indiqué, la présidence changeant de
tête, mais ne changeant pas de personnalité.
M. Beauséjour: II y avait une discussion sur la
recevabilité, mais sans que ce soit terminé, je pense.
Le Président (M. Bertrand): Peu importe. Je rendrai ma
décision, indépendamment du débat sur la
recevabilité.
M. Saint-Germain: II n'y a pas eu de débat sur la
recevabilité, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): II n'y a pas eu de
débat. Très bien. Il n'y en aura pas non plus.
M. Saint-Germain: Hier, M. le Président, on a eu un
président qui prenait ses décisions très rapidement. Cela
a semblé malheureux.
Le Président (M. Bertrand): Ah bon! Bien.
L'amendement qui est proposé ici par le député de
Jacques-Cartier est à l'effet de retrancher le troisième
alinéa: Les dispositions qui précèdent dans le
présent article ne s'appliquent pas dans les cas visés dans
l'article 17.
Je lui ferai valoir que pour des raisons d'économie de la loi, il
y a là une volonté de retirer un paragraphe qui apparaît
important dans l'économie générale de la loi, dans la
mesure où l'article 17 existe et pourrait être adopté.
Toute volonté de retrancher un paragraphe comme celui-là,
qui est en fait un paragraphe de concordance par rapport à un article
qui sera discuté plus tard... On ne peut donc retrancher, maintenir ou
en tout cas débattre cet article que dans la mesure où on
discutera de l'article 17.
En effet, dans la mesure où, par exemple, l'article 18 pourrait
être adopté, il est bien évident que le deuxième
alinéa de l'article 4 a sa raison d'être sur le plan de
l'économie générale de la loi. Dans la mesure où
l'article 17, je n'essaie pas de supposer ce qui va arriver, sera
adopté, c'est un article qui, pour des raisons d'économie
générale de la loi, a sa raison d'être ici à
l'article 4.
Dans la mesure où je recevrais la motion d'amendement du
député de Jacques-Cartier afin de retrancher le troisième
alinéa, le président, implicitement, admettrait que certaines
choses ont déjà été débattues à
l'article 17 quant au maintien, au rejet ou à l'amendement de cet
article 17. Dans le contexte présent, tant et aussi longtemps que cet
article ne sera pas discuté, il serait effectivement très
délicat de vouloir le retrancher, car nous devrions revenir à
l'article 4 pour le maintenir, si jamais l'article 17 était
adopté.
Pour ces raisons, je ne peux pas, à ce moment-ci, recevoir un tel
amendement le jugeant tout à fait prématuré dans le
contexte de la concordance normale à établir dans le projet de
loi.
M. Saint-Germain: Je vous demanderais une directive, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier, bien sûr.
M. Saint-Germain: J'avais cru qu'on pouvait faire cette motion
d'amendement à ce stade-ci des travaux, parce qu'on se
référait bien directement, dans l'article 4, à l'article
17. Si j'ai bien compris votre décision, on ne pourrait pas, à
l'article 17, dire à cette commission que l'article 17 a
été adopté parce qu'il est inclus dans l'article 4.
Le Président (M. Bertrand): II faut qu'on se comprenne
bien, M. le député de Jacques-Cartier. Quand on arrivera à
l'article 17, s'il arrivait que les membres de la commission modifient de fond
en comble cet article, le retranchent et le remplacent par un nouveau qui
dirait exactement le contraire de ce qu'il dit à l'heure actuelle, il
est évident,
pour de simples raisons de concordance, qu'il faudrait revenir à
l'article 4 et modifier le troisième alinéa de cet article.
M. Saint-Germain: ... à ma demande de directive, si je
faisais exactement la même motion à l'article 17, est-ce
qu'à ce stade de nos travaux elle serait recevable?
Le Président (M. Bertrand): A condition que l'article 17
ait été modifié. En d'autres mots, ce paragraphe 3 de
l'article 4 est purement un paragraphe de concordance, pour expliquer ce qui
prévaut à l'article 4, dans la mesure où les articles 18
et 17 sont adoptés.
M. Saint-Germain: Lors de l'étude de l'article 17, si je
fais la même motion, elle sera donc, à ce stade, acceptable.
Le Président (M. Bertrand): Elle pourrait être
jugée recevable à l'article 17 dans la mesure où le
débat que nous aurions sur l'article 17 nous amènerait, par
concordance, à éliminer le troisième alinéa de
l'article 4. Vous comprenez?
M. Saint-Germain: Oui. Je comprends très bien. Est-ce
qu'on se trouve, par le fait même, prisonniers du fait qu'on accepte
l'article 4 et que cette disposition du troisième paragraphe existe et
sera donc votée? Est-ce qu'il me serait permis à l'article 17 de
faire exactement la même motion, de retrancher simplement le
paragraphe?
Le Président (M. Bertrand): Cela pourrait être
possible, au moment de l'étude de l'article 17, consécutivement
à des décisions qui pourraient être prises sur l'article
17, d'être amenés, pour des raisons de concordance, dans le cadre
de l'économie de la loi, à suggérer qu'il puisse y avoir
un retour à l'article 4, pour être conséquents avec ce
qu'on adopterait à l'article 17.
M. Paquette: M. le Président, si je peux me permettre. Je
pense qu'il est d'usage, au moment de la troisième lecture, de
présenter certains amendements de concordance, parce que, quand une
commission étudie des articles et en modifie un certain nombre, souvent,
les membres de la commission ne sont pas en mesure de constater tous les
articles qui nécessitent de petits amendements mineurs de concordance,
avec les changements qu'ils effectuent dans le projet de loi. Vous avez raison
de dire que la modification de concordance à l'article 4, si, par
exemple, l'article 17 était supprimé un peu plus loin, n'a
même pas besoin d'être faite par la commission. Elle sera faite par
les légistes du gouvernement.
Le Président (M. Bertrand): Pour parler un français
simple et compréhensible et non juridique, M. le député de
Jacques-Cartier, je dirai simplement que, dans une situation parfaite, il
aurait été peut-être souhaitable que dans l'ensemble d'une
loi, tout élément qui établit une action qui est
posée, suite à une autre, devrait faire en sorte, par exemple,
que l'article 17 ait pu être discuté avant qu'on dise quelque
chose sur l'article 4. Je dis dans un monde idéal, mais tout le monde
sait que dans les lois, telles qu'on les connaît, il arrive souvent que
dans l'article 1, on fasse référence à un 29e article ou
à un 50e article et que c'est une façon de procéder qui a
toujours caractérisé notre législation.
M. Raynauld: Sur ce point, M. le Président, de cette
directive, je pense qu'il y a un autre aspect qui est également
important, c'est celui des précédents que créent les
décisions qui sont prises par la présidence. Lorsque nous avons
discuté de l'article 3, vous avez rejeté des amendements sous
prétexte qu'ils étaient prématurés, qu'il fallait
les discuter à l'article 4. Rendu à l'article 4, on nous a
refusé deux amendements pour pouvoir discuter d'une restriction à
l'application du principe de non-responsabilité, et il y a beaucoup
d'arguments qui ont été utilisés pour appuyer la
non-recevabilité de la motion, dont une à l'effet que cela avait
été décidé à l'article 3.
Je pense que la question qu'on pose, c'est que si on nous dit ceci: Ce
n'est pas le moment de discuter de l'article 17, je ne veux pas que lorsqu'on
va arriver à l'article 17, on dise: On a disposé de ça
à l'article 4. Ce n'est pas seulement la question de concordance. Cela
va un peu plus loin que ça, parce que, à l'article 4, hier, on
s'est fait refuser plusieurs amendements et, quand on les avait
présentés à l'article 3, on nous disait que c'était
prématuré et, rendu à l'article 4, on a dit: Voyez! On a
adopté l'article 3 hier, on ne va pas recommencer la discussion sur
l'article 3.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont...
M. Raynauld: C'est ça, le problème.
Le Président (M. Bertrand): ... il faudrait prendre tous
les cas de motions d'amendement à l'article 3 qui ont été
refusées pour les raisons que vous invoquez. Il faudrait tous les
reprendre un par un pour voir exactement à quelle motion d'amendement
vous faites référence exactement. Je me rappelle très bien
avoir rendu des décisions à l'article 3 en disant qu'elles
étaient non seulement prématurées, mais qu'elles seraient
même jugées irrecevables à l'article 4, étant
donné qu'elles attaquaient le principe même de la loi, et je dirai
aussi que j'ai accepté, contrairement à ce que vous venez de
dire, qu'il y ait une motion d'amendement à l'article 4, justement au
premier alinéa, mais que la discussion se fasse en même temps sur
les articles 57 et 58, admettant qu'il puisse être fait mention de ces
articles dans le cadre de la motion d'amendement qui avait été
présentée par le député de Montmagny-L'Islet.
Alors, en d'autres mots, il n'y a pas deux poids, deux mesures, mais il
y a des situations différentes qui se présentent d'un article
à l'autre. Je pense qu'il faut savoir apprécier chacun à
sa juste valeur dans son contexte très précis.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: L'amendement, tel que proposé, vise tout
simplement à...
Le Président (M. Bertrand): Ecoutez, M. le
député de Nicolet-Yamaska, je m'excuse, mais là, on
discute d'une décision que j'ai rendue.
M. Fontaine: C'est une directive que je vous demande. Pouvez-vous
nous dire, M. le Président, dans ce projet de loi, ce qu'on peut changer
à part des virgules? Pouvez-vous me le dire? Hier, on a essayé de
faire un amendement de concordance et on l'a même refusé. Je me
demande à quoi riment nos travaux, ici, aujourd'hui? Il n'y a rien qu'on
puisse faire qui puisse changer le projet de loi, tout est décidé
d'avance et il n'y a rien qui nous permette de modifier quoi que ce soit.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, je vous ferai valoir que c'est tout à fait inexact. Aux
yeux de la présidence, tout amendement doit être reçu selon
le respect qu'il a des règles de procédure, selon le respect
qu'il a des principes votés en deuxième lecture et selon le
respect qu'il a de la démarche normale que nous devons adopter pour
l'étude de chacun des articles. Ceci étant dit, il n'appartient
pas au président d'évaluer le fond des questions, mais uniquement
de s'en tenir à la validité, à la recevabilité de
chacune des motions. C'est uniquement là notre rôle et je n'ai pas
à représenter, ici, le gouvernement dans ce qu'il juge ou ne juge
pas acceptable comme genre de motion.
Sur l'article 4, M. le député...
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aimerais, avec votre
permission, prendre une minute ou deux pour résumer nos positions en ce
qui concerne l'article 4. Vous n'êtes pas sans savoir que nous aurions
aimé conserver le régime de base tel quel, c'est-à-dire
sans responsabilité, sans égard à la faute; un
régime de base tel quel, ou à peu près, du moins, mais
toujours en conservant ce droit d'appel aux tribunaux de droit commun que nous
considérons comme très important.
Nous aurions aimé, en plus, pour ceux qui ont des revenus de $18
000 et plus, qu'ils conservent leur droit, à titre de citoyens, de se
faire dédommager pour les dommages qu'ils subissent; bien souvent ils
seront des victimes tout à fait innocentes. Il me semble absolument
inconcevable de traiter aussi cavalièrement tout un secteur de la
population. Non seulement élimine-t-on les surplus de revenus de la loi,
c'est-à-dire qu'on élimine la protection qu'on devrait garder au
surplus de revenu, mais aussi on fait en sorte que ces gens n'ont aucun
recours, d'une façon ou d'une autre.
Cela me semble tout à fait inconcevable. Si on considère
qu'une loi, soi-disant sociale, doit nécessairement être à
l'avantage de tous les mem- bres de la communauté, il y a là un
accroc à mon avis extrêmement important, surtout dans le contexte
économique actuel, dans un temps d'inflation. Il me semble absolument
inconcevable qu'on s'en tienne à ce point de vue, à cette
politique.
On taxe, à la limite, ceux qui ont dans la vie un certain
succès au point de vue financier, un succès même
très relatif. On sait pertinemment que l'impôt sur le revenu est
très important pour ceux qui gagnent de $12 000 à $20 000. En
plus, la loi les prive d'avantages certains. Il faut considérer aussi
que ces revenus augmenteront, je l'espère bien, dans l'avenir.
Même s'il y a indexation des $18 000, il restera toujours une importante
couche de la population qui se sentira traitée avec injustice.
Alors, un type qui gagne $30 000 ou $35 000 pourra faire une promenade
le dimanche avec sa famille. Il pourra se faire heurter par un irresponsable
sous l'effet de l'alcool ou de la drogue, qui conduit habituellement
dangereusement, qui est un danger public. On pourra faire subir à cette
famille les pires inconvénients. Cela pourra aller jusqu'au
décès des victimes, et voilà que ces personnes seront
privées de tout recours et de tout droit à avoir justice. Cela me
semble absolument inconcevable. On laisse à ces gens le soin de se
procurer une protection dans le régime d'assurance privé.
J'ose dire que le gouvernement, à ce point de vue, n'a rien fait
pour faciliter, même à ces gens, l'obtention d'une telle
sécurité.
On sait pertinemment que ceux qui se spécialisent dans
l'assurance automobile ne sont pas ceux qui se spécialisent dans
l'assurance pour perte de revenu à cause de maladie ou d'accident.
D'ailleurs, je crois que ces assurances sont habituellement fournies par des
groupes et je sais que, lorsqu'elles sont rédigées en vue de
s'appliquer ou de protéger une personne individuellement, les prix sont
réellement astronomiques. C'est une injustice à sa face
même et je me demande comment le gouvernement peut soutenir une telle
injustice.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jeanne-Mance voudrait vous poser une question.
M. Saint-Germain: Oui.
M. Laberge: Vous avez affirmé deux choses. D'abord, les
assurances-indemnités de salaire en cas de maladie ou d'accident ne sont
pas vendues par les courtiers d'assurances, ce qui est faux, parce que c'est
aussi vendu par une bonne partie des assureurs-vie dont je suis et j'en ai
déjà vendu moi-même...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, ce n'est pas ce que j'ai dit. Je
n'ai pas parlé...
M. Laberge: Vous avez dit que ce n'étaient pas les
mêmes assurances vendues par les mêmes personnes.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas vendu par les mêmes
assureurs, je n'ai pas parlé de courtiers. C'est entendu qu'un courtier
peut en vendre tout un éventail.
M. Laberge: Les courtiers peuvent offrir ce produit à
leurs assurés et, deuxièmement, il est vrai que les taux
étaient sensiblement plus élevés pour une assurance
individuelle que pour une assurance collective dans ce domaine, mais la raison
principale était que c'était peu connu et peu utilisé de
la part des gens et vous connaissez la loi des grands nombres: lorsque beaucoup
de gens possèdent un genre de contrat, les taux moyens ont des chances
de diminuer. Donc, il ne faudrait pas dire que les gens à revenu
élevé, sentant le besoin d'une protection supplémentaire
de plus de $18 000 en cas d'invalidité causée par un accident ou
une maladie, ne pourraient pas se procurer un produit qui serait
adéquat, et se le procurer individuellement.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois...
Le Président (M. Bertrand): Même si votre question
est plutôt affirmative, M. le député...
Une Voix: II y a un point d'interrogation.
Le Président (M. Bertrand): ... je vais demander au
député de Jacques-Cartier de répondre.
M. Saint-Germain: Je crois qu'à la deuxième partie
de votre affirmation, comme l'a dit le président, vous me rejoignez. Je
ne crois pas que l'on soit opposé l'un à l'autre. En ce qui
regarde la première partie, j'ai bien dit que les assureurs qui se
spécialisent pour protéger les automobilistes ne sont pas les
mêmes que ceux qui offrent cette protection.
J'ai dit que cette assurance était coûteuse, je ne crois
pas qu'on diffère tellement d'opinion.
Voilà ce que j'avais à ajouter au sujet de l'article
4.
Le Président (M. Bertrand): Cet article sera-t-il...
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais, avant d'adopter l'article, faire
également quelques commentaires. Je pense qu'on a essayé, par
tous les moyens possibles et imaginables, de faire comprendre au gouvernement
qu'il était souhaitable, pour la population du Québec, et pour
les assurés, d'obtenir un droit d'appel, soit un droit d'appel
directement après la décision de la régie, ou un droit
d'appel après la décision de la Commission des affaires
sociales.
Malheureusement, le gouvernement n'a pas voulu se rendre à nos
arguments. Je le déplore in- finiment. Vous pouvez être
assurés que, lorsque des injustices se produiront, parce qu'il va y en
avoir, des injustices, l'Opposition va sûrement se faire un devoir de les
faire connaître à la population et d'en faire porter le fardeau au
gouvernement actuel.
Je suis presque convaincu que d'ici un an, le gouvernement devra revenir
devant l'Assemblée nationale pour modifier ce projet de loi et y
apporter les modifications que nous avons proposées.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je n'ai pas épuisé le temps que
j'avais à ma disposition sur la discussion de l'article lui-même.
Je pense qu'il y a deux aspects qu'on a essayé de mettre de l'avant: le
premier, qui a été fortement souligné, parce qu'un
amendement a été jugé recevable, hier, c'est celui du
recours aux tribunaux, par opposition à un tribunal administratif, comme
la Commission des affaires sociales. C'est à l'intérieur du
régime d'indemnité de base, sans responsabilité.
Maintenant, il y a un autre aspect que nous aurions voulu faire valoir.
C'est la raison principale, en ce qui me concerne, pour laquelle je voterai
contre cet article 4. Nous aurions voulu qu'au-delà de ce régime
de base, on revienne à un régime de responsabilité.
La raison pour laquelle on voulait proposer un régime comme
celui-là, est que cela permettrait, en plus du régime qui existe
déjà, à des victimes innocentes de recevoir davantage, par
une combinaison de régime de responsabilité pour ce régime
de base à $18 000 et ensuite, par un supplément...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse de vous
interrompre. Le député de Jonquière vient de soulever une
question de règlement.
M. Raynauld: De règlement?
Le Président (M. Bertrand): Oui. Le député
de Jonquière.
M. Raynauld: Quel règlement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous allez voir.
M. le Président, je pense que cet amendement a été
jugé irrecevable, et je pense que le député d'Outremont
est en train d'argumenter sur le fond de la question, à savoir pourquoi
on devrait avoir, en haut du régime de base, un système de
non-responsabilité.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, je m'excuse. Mais à ce moment-ci, le
député d'Outremont est en train de faire valoir les arguments
pour lesquels il va s'opposer à cet article 4, parce qu'il regrette que
certaines choses ne s'y retrouvent pas. Il explicitait sa pensée en
di-
sant quelles étaient ces choses qu'on n'y retrouvera pas et qu'il
aurait aimé y voir. M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Merci, M. le Président.
Comme je le disais, je pense qu'une combinaison d'un régime sans
responsabilité pour des indemnités basées sur un revenu
allant jusqu'à $18 000, d'une part, et un régime de
responsabilité pour l'excédent permettrait d'indemniser des
victimes innocentes d'une façon plus généreuse que ce
n'est le cas à l'heure actuelle.
On sait que, dans le régime actuel, ces victimes innocentes sont
souvent mieux indemnisées que les victimes responsables. Je pense que
dans le nouveau régime également il est possible à un
grand nombre de personnes d'obtenir des indemnités beaucoup plus
considérables que ne l'offre le système actuel.
Par conséquent, je pensais qu'une combinaison comme cela aurait
été préférable à ce qui nous est
proposé aujourd'hui. En outre, lorsque nous avons examiné des
articles particuliers, plus loin dans le projet de loi, nous nous sommes
aperçus que, dans beaucoup de cas, il y avait de très grandes
difficultés à tracer les lignes frontières entre
différents cas particuliers. Un régime de responsabilité
pour l'excédent du régime de base permettrait de résoudre
ces difficultés d'une façon beaucoup plus satisfaisante que si on
s'en tient au régime actuel.
En effet, j'ai déjà dit que, dans un régime
réglementaire comme celui qui nous est proposé, il est
très difficile de prévoir tous les cas particuliers, de tenir
compte des circonstances particulières. Si on avait un régime de
responsabilité pour l'excédent du régime de base, cela
permettrait, au moins pour cette portion de la population qui est victime
d'accidents d'automobiles, de voir ses cas jugés au mérite,
plutôt que d'être jugés en fonction de normes
générales, de normes statistiques. Je pense que c'est pour
retrouver un peu ce caractère d'humanisation des régimes, dans la
mesure où ils peuvent être humanisés, qu'une
possibilité de recours pour des victimes innocentes permettrait
d'améliorer le système actuel. Cela n'enlève absolument
rien au régime actuel. On ne peut pas dire que cela viole les principes
qui ont été mis de l'avant. Cela ne restreint pas la
portée du projet de loi, cela améliore ce projet de loi.
Bien sûr, en échange, il y aurait la
nécessité, pour un assez grand nombre de personnes, de prendre
justement une assurance supplémentaire. Mais, on me dit que, dans les
circonstances où cela se poserait, les primes seraient très peu
élevées, parce que, comme le régime de base indemnise
l'ensemble des victimes, il est évident que le risque additionnel serait
très faible et, par conséquent, les primes seraient très
peu élevées.
Je me rappelle que, dans son discours de deuxième lecture, Mme le
ministre avait fait état du fait qu'on forcerait ainsi peut-être
80% ou 85% je ne me rappelle plus du chiffre qu'elle avait cité
de la population à s'assurer.
La réponse à cela, c'est que, si mes informations sont
bonnes, cela ne coûterait pas plus que $10 par année.
Invoquer un argument comme celui-là sans ajouter que, compte tenu
du risque, les primes seraient aussi basses que cela, je pense que cela induit
les gens en erreur. On ne parle plus de forcer 85% de la population à
s'assurer au même taux, à $250, $300 ou $100. Il s'agit d'un
risque très minime supplémentaire. Comme il n'enlève rien,
pourquoi serait-il si aberrant, si odieux de réintroduire ce principe
lorsqu'il permettrait à environ 15% de la population d'être mieux
indemnisée sans rien enlever aux 85% qui sont déjà
là? C'est le sens commun qui nous amène à proposer une
combinaison comme celle-là. Peut-être est-elle moins
cartésienne, moins logique, qu'elle heurte les esprits simples qui
aiment bien voir tout encadré, que les choses soient très claires
avec le moins de cas possible, en particulier, le moins d'exceptions possible.
Cela fait plaisir à l'esprit, mais cela ne correspond pas aux
réalités, aux besoins des gens qui sont là.
On présente un projet de loi qui a toutes les apparences d'un
projet de loi on le dit assez qui vise à favoriser les
gens qui étaient sous-indemnisés à l'heure actuelle, mais
en enlevant à une autre catégorie de la population des
indemnités qu'elle recevait en plus grand volume avec une meilleure
protection que ce que le régime propose. Il arrive que ces gens sont
mieux nantis que les autres, en général. Cela fait plaisir au
gouvernement de dire: Pour une fois, on va vous organiser. On va s'assurer que
le régime va aider les gens soi-disant plus pauvres, ce qui, à ce
moment, est très contestable quand on fait la proposition inverse.
On s'aperçoit que l'effet net de ce régime, c'est encore
une fois de favoriser les gens qui gagnent moins de $18 000. On touche
là la grande majorité des gens, mais à l'intérieur
de ces $18 000, comme les primes sont uniformes pour la même
catégorie de gens, elles favorisent les gens qui gagnent plus cher,
plutôt que ceux qui gagnent moins cher. Elles vont aussi favoriser les
catégories de risques plus élevés, en uniformisant de
nouveau les primes. Encore une fois, ce n'est pas nécessaire.
Il me semble que le gouvernement aurait pu imaginer autre chose.
Peut-être y viendra-t-il plus tard, mais, pour l'instant, le
système est tel qu'il favorise les gens qui sont davantage portés
à avoir des accidents par manque d'expérience; je pense aux
jeunes en particulier. Je pense que c'est un système qui, autrement dit,
subventionne les gens qui ont de hauts risques et de hautes probabilités
d'accidents au désavantage et aux dépens des gens dont le risque
d'accident est plus faible, que les raisons soient bonnes ou mauvaises.
Ceci dit, il me semble que cela aurait été une
amélioration par rapport au régime proposé que de
prévoir un régime de responsabilité au-delà du
régime de base tel qu'il est proposé.
C'est la raison pour laquelle je vais voter contre l'article 4.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je vais être
très bref, ce matin. Je dois dire, au tout début, que mes
illusions sur la réforme de l'assurance automobile s'envolent une par
une.
Lorsqu'on a commencé à siéger à cette
commission parlementaire et même à cette table, à la suite
de la publication du rapport Gauvin, il apparaissait clairement qu'il y avait
trois objcectifs à atteindre: premièrement, la diminution du
coût de l'assurance automobile pour les assurés;
deuxièmement, un meilleur régime d'indemnisation, et,
troisièmement, faire en sorte de hâter le règlement des
sinistres.
Evidemment, la première illusion, ou le premier objectif, que je
considérais comme étant une illusion à l'époque,
est disparue depuis longtemps, à cette commission surtout, depuis le
dépôt du projet de loi no 67. Il nous restait une illusion:
meilleure indemnisation des victimes. Evidemment, on place les victimes,
actuellement, sous la responsabilité d'un tribunal gouvernemental
administratif, juge et partie, qui répond aux mêmes
autorités, et c'est pourquoi je dis que la seule illusion qui nous
restait vient tout simplement de s'envoler. Je n'en ferai pas un débat.
Je ne proposerai pas d'amendements. Il y a d'autres amendements à
discuter dans ce projet de loi, quoique je m'étonne qu'on n'ait
même pas changé une virgule depuis que nous avons commencé
à étudier ce projet de loi.
On pourra peut-être accuser l'Opposition de vouloir faire de
l'obstruction, mais le rôle de l'Opposition, c'est d'examiner le projet
de loi, de proposer des amendements c'est ce qui a été
fait dans le passé; c'est ce qui se fait aujourd'hui et je
comprends mal que les amendements qui ont été proposés
jusqu'à maintenant aient toujours été
considérés je dis bien toujours été
considérés comme des amendements non recevables.
C'est pourquoi je dis que nos illusions s'en vont. La dernière
vient de partir et, M. le Président, je termine là-dessus, je
vais vous éviter le devoir, la désagréable tâche de
me rappeler à l'ordre, mais je vais voter contre l'article no 4,
point.
Le Président (M. Bertrand): Je vous rappelle tout de
même à l'ordre, car vous avez dit quelque chose qui attaque la
présidence et ça, vous ne pouvez, vous ne devez pas le faire.
Vous avez dit que toutes les motions d'amendement ont été,
jusqu'à maintenant, jugées irrecevables. Je crois que vous
commettez là un grave impair, car il y en a qui ont été
jugées recevables, mais qui n'ont pas été adoptées.
C'est une très nette différence.
M. Roy: C'est-à-dire qu'elles ont été
jugées non recevables et, lorsqu'elles étaient recevables, elles
étaient non reçues. C'est bien que vous fassiez cette
précision. D'ailleurs, c'est ce que j'avais à l'esprit.
Le Président (M. Bertrand): Je n'en doute pas. C'est la
raison pour laquelle je voulais vous aider à corriger vos propos.
L'article 4 est-il adopté?
M. Roy: Sur division, certainement.
M. Saint-Germain: Vote enregistré.
Le Président (M. Bertrand): Adopté sur division?
Vote enregistré demandé par M. le député de
Jacques-Cartier.
Article 4, nouveau texte, M. Beauséjour?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Rancourt?
M. Rancourt: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gagnon?
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gosselin? M. Fontaine?
M. Fontaine: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Laberge?
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde? M. Paquette?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Giasson?
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Lefebvre?
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Marois? M. Marquis? Mme
Payette?
Mme Payette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld?
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy?
M. Roy: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Le Moignan? M.
Saint-Germain?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt?
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Bertrand): Pour, 8; contre, 5. L'article
4 est adopté. J'appelle l'article 5.
M. Saint-Germain: L'article 5, M. le Président, enfin
voilà un article qui démontre réellement une politique
sociale.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président. Est-ce que le ministre ne doit pas expliquer l'article?
Le Président (M. Bertrand): Je pense que vous me rappelez
à l'ordre de façon assez juste, M. le député
d'Iberville. Je devrais, normalement, demander au ministre de présenter
son article.
Mme le ministre.
Mme Payette: L'article 5, M. le Président, se lit comme
suit: "Est réputée victime la personne qui subit un dommage
corporel en portant secours à la victime d'un accident." Le but de cet
article est de prévoir le régime applicable à une personne
qui subit un dommage corporel en portant secours à une victime. Cet
article a été introduit pour des raisons d'humanité afin
de protéger les personnes qui subiraient des blessures en allant
secourir une victime et qui ne pourraient autrement être admissibles aux
indemnités prévues par la loi parce qu'il ne s'agirait pas d'un
dommage causé par une automobile et résultant d'un accident.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce que cette personne conserverait un droit
de recours si elle gagnait $35 000 par année et qu'en essayant de sauver
quelqu'un d'une voiture en flammes, par exemple, à la suite de son coup
d'audace elle se voyait invalide?
Mme Payette: C'est le même régime que les autres
victimes, M. le Président.
M. Roy: J'aurais une question également.
Le Président (M. Bertrand): Je vais laisser au
député de Jacques-Cartier le soin de terminer son
intervention.
M. Saint-Germain: En lui-même, cet article est positif. Je
crois qu'il est temps que, dans nos lois, on protège ceux qui ont encore
assez de courage et de sens civique pour essayer de porter secours à
leurs concitoyens en danger. En principe, on ne peut pas être contre un
tel article; mais vous avez entendu, M. le Président, le ministre dire
que les gens qui gagnent au-delà de $18 000 par année se
verraient pénalisés. Ils paieraient un prix très
élevé pour avoir eu le courage de porter aide à leurs
concitoyens. On revoit ici les injustices que la loi peut comporter en limitant
les indemnités à un revenu de $18 000. A ce point de vue, bien
qu'en principe cet article soit juste, il me faut conserver une certaine
réticence. Je crois qu'on aurait pu au moins faire exception pour les
victimes qu'on veut protéger à l'article 5.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense qu'on doit
être en faveur de cet article. Il y a, dans le système actuel,
beaucoup d'injustices qui se produisent.
J'avais un cas particulier à vous soumettre mais je n'ai pu
l'apporter ce matin. Je sais qu'il arrive assez souvent que des gens ont
à aller porter secours à la suite d'un accident mais, dans le
système actuel, ils ne sont malheureusement pas indemnisés.
Je peux donner l'exemple de quelqu'un qui est pris sur la voie
ferrée; il y a un train qui s'en vient; un passant vient l'aider
à pousser son automobile, et pendant qu'ils sont en train de pousser, le
train les frappe. A ce moment-là, ce serait un cas qui serait applicable
dans la loi à l'article 5. Je pense qu'il faut approuver de telles
choses. La seule réserve que j'ai et j'en fais une question, c'est que
je me demande si cela ne pourrait pas porter à confusion dans le cas
où, par exemple, des badauds seraient attroupés autour d'un
véhicule et que le véhicule prendrait feu, exploserait et
blesserait les personnes autour. Je me demande si, à ce
moment-là, les gens ne se serviraient pas du prétexte qu'ils
allaient porter secours à une victime qui était prise à
l'intérieur du véhicule, pour se faire indemniser. Je ne sais pas
ce que le conseiller juridique en pense. De toute façon, de façon
générale, nous acceptons d'emblée cet article 5.
Mme Payette: M. le Président, concernant l'exemple que le
député vient d'apporter, d'abord, il faut dire que dans une loi
il est extrêmement difficile de pouvoir répondre aux cas de fraude
quels qu'ils soient. Des situations de fraude peuvent se présenter et
des supposées victimes peuvent demander à la régie
d'être indemnisées. Je pense qu'il s'agira pour la régie
d'un problème administratif, de pouvoir essayer d'identifier les
véritables victimes par rapport à celles qui tenteraient de
passer à côté. L'exemple que vous avez soulevé plus
particulièrement parle d'une explosion d'une automobile alors qu'il y a
des gens autour. Dans mon esprit, il s'agit d'un exemple couvert par la loi,
c'est-à-dire que les victimes seraient indemnisées parce qu'il
s'agit d'un dommage causé par l'usage d'une automobile.
M. Fontaine: Elle n'est pas en mouvement.
Mme Payette: M. le Président, au sujet de la distinction,
à savoir si on va indemniser seulement les victimes blessées par
des automobiles en mouvement, je pense que cette distinction-là n'est
pas valable, à mon sens. L'usage d'une automobile n'implique pas que
l'automobile soit en mouvement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, cela m'amène un peu
à poser une question sur nos tribunaux administratifs. Je ne sais pas si
nos amis les procureurs qui sont ici membres de cette commission pourraient
nous apporter un peu d'éclairage là-dessus. Qu'est-ce qui arrive,
advenant le cas d'une personne qui ne serait pas considérée par
la régie comme une personne ayant porté secours à la
victime d'un accident? Elle se retrouve devant la Commission des affaires
sociales et, dans cette question de preuve, il faut faire appel à une
longue jurisprudence. Cela prend des connaissances légales très
étendues, ce que certains membres de la Commission d'appel des affaires
sociales n'ont pas. Comme il n'y a pas de droit d'appel, je me demande quels
sont les droits de recours d'un citoyen à qui on ne reconnaîtrait
pas le droit justement d'être indemnisé en vertu de cette
disposition, en vertu de cet article, pour se faire entendre? Si je dis ces
choses, c'est que nous avons déjà des cas à la Commission
des accidents du travail qui sont identiques et je pense que c'est
extrêmement difficile pour les victimes d'accidents d'être en
mesure de se faire entendre et de pouvoir avoir droit de recours. J'aimerais
bien que quelqu'un nous éclaire, si c'est possible, ce matin, parce que
je tiens à dire que je suis entièrement d'accord sur cet article,
totalement d'accord sur cet article. J'aimerais bien que sur le droit du
citoyen on nous éclaire un peu plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
comprends la question du député de Beauce-Sud, mais j'ai ici le
rapport annuel 1976/77 de la Commission des affaires sociales.
Non seulement y a-t-il des avocats qui sont membres de la Commission des
affaires sociales, mais, habituellement, pour ne pas dire toujours, le
président du tribunal est un avocat.
Evidemment, je ne sais pas si on exige de cet avocat ou de ces avocats
un minimum d'années d'expérience, à savoir si on pourrait
nommer quelqu'un... Peut-être que Mme le ministre pourra répondre
à cette question.
Mme Payette: Ce qui est prévu à la Commission des
affaires sociales, à la suite de l'amendement à la loi 5 de la
Commission des accidents du travail, c'est qu'il y ait une division qui se
spécialise dans les accidents du travail à la Commission des
affaires sociales et qu'il y ait une division qui se spécialise dans les
accidents d'automobiles et qui aurait recours à des gens qui ont
déjà de l'expertise dans ces deux domaines.
M. Roy: Si les membres de la commission ne sont pas
majoritairement des avocats, considérant le préjudice favorable
au Barreau et aux avocats que semblent avoir certains membres du gouvernement,
je m'interroge encore davantage.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je suis quasiment content
qu'il y ait une tempête ce matin.
M. Paquette: C'est tiré par les cheveux, ça.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense qu'il n'est pas
nécessaire que le tribunal soit composé majoritairement
d'avocats, parce que, devant le tribunal de droit commun, il ne faut pas
oublier que le juge, qui est seul pour entendre la cause, est un avocat, en
fait, qui est devenu juge parce qu'il avait dix ans d'expérience et il a
été nommé pour toutes sortes de raisons. Je pense que le
fait d'être avocat...
M. Roy: Lesquelles? Quelles raisons?
M. Vaillancourt (Jonquière): En fait, la seule
différence, en ce qui me concerne, entre un avocat...
M. Giasson: Rien ne va changer, à ce niveau, sous le
soleil.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... et un juge, disons entre
un avocat ayant dix ans d'expérience et un juge qui a été
nommé et occupe le poste de juge, c'est le titre de juge. Mais je pense
que le député de Beauce-Sud admettra avec moi que ce n'est pas le
fait d'avoir le titre de juge et d'avoir été nommé juge
d'une cour ou d'une autre par un gouvernement qui est le critère de la
compétence. Sans faire de généralité, je pense que
tous admettront que certains avocats expérimentés du
Québec, dont la réputation n'est plus à faire, pourraient
être nommés juges. Ce poste ne leur a jamais été
offert, ne leur sera probablement jamais offert et ils sont pourtant
drôlement compétents.
Par contre, sans vouloir faire de personnalité, il y a quand
même des juges au sujet desquels on peut se poser des questions. Je pense
que le fait que le tribunal ne soit pas composé majoritairement
d'avocats est très peu important, puisque, comme Mme le ministre le dit,
il va y avoir des divisions à l'intérieur de la Commission des
affaires sociales et j'ose espérer, présumer que les avocats qui
feront partie de ce tribunal seront des gens qui auront une expérience
minimale dans le domaine de l'assurance automobile. Du moins, c'est à
souhaiter.
Mme Payette: M. le Président, si le député
de Beauce-Sud me permet, je m'adresse presque en même temps à mon
collègue de Jonquière, est-ce qu'on ne peut pas penser que
l'expertise disponible devant les tribunaux actuellement reste disponible pour
la Commission des affaires sociales, en termes de consultation? On ne commence
quand même pas à zéro dans ce domaine.
M. Roy: Je comprends, mais il reste quand même un fait, et
mon collègue de Jonquière va sûrement l'admettre, c'est
qu'on peut discuter de la compétence de certains juges et des jugements
de certains tribunaux. Il reste que le jugement n'est pas final, tandis que le
jugement de la Commission d'appel des affaires sociales est final et sans
appel. C'est là qu'est le point.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, si vous voulez entrer sur ce terrain, il
y a des jugements de la Cour provinciale, les juges de la Cour
provinciale sont seuls pour entendre les causes, pour entendre des
témoins. A moins de certaines exceptions prévues
systématiquement au Code de procédure civile, le jugement du juge
de la Cour provinciale ne peut être porté en appel devant la Cour
d'appel. Il y a certains jugements de certains juges de la Cour des sessions de
la paix, en certaines matières, où le juge exerce seul sa
fonction, qui ne sont pas appelables. Il y a certains jugements de la Cour
d'appel où on ne peut pas aller, à moins d'autorisation de la
Cour suprême. Dans tous les domaines de l'appel, il y a des balises, des
restrictions.
M. Roy: Limitons-nous, les droits d'appel existent dans les cas
d'accidents d'automobile.
Le Président (M. Bertrand): Messieurs, me
permettriez-vous...
M. Vaillancourt (Jonquière): Bien, là...
M. Roy: Je ne ferai pas le tour de toutes les causes...
Le Président (M. Bertrand):... M. le député
de Jonquière, M. le député de Beauce-Sud...
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord, je vais vous donner
un exemple, à moins que je ne me trompe...
Ml. Roy: Je ne ferai pas le tour de toutes les causes.
Le Président (M. Bertrand):... M. le député
de Jonquière et M. le député de Beauce-Sud...
M. Roy: Excusez, je ne vous avais pas vu, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): II ne faudrait pas induire,
M. le Président... On m'a posé une question, je pense que j'ai le
droit d'y répondre.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, je m'excuse. A ce moment-ci, j'ai laissé aller
quelques questions du député de Beauce-Sud qui voulait obtenir
quelques informations minimales. Comme président d'assemblée, je
constate que votre débat est un peu en dehors de la question qui nous
concerne à l'article 5. Je vous demanderais, s'il vous plaît,
messieurs, de ne pas commencer un débat sur la question des tribunaux
administratifs sur un article où il n'en est absolument pas
question.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'avec votre permission je pourrais donner un exemple, ou plusieurs
exemples...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): II ne faut tout de même
pas induire la population en erreur.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, je m'excuse.
M. Vaillancourt (Jonquière): On ne peut appeler d'aucun
jugement rendu par des juges de la Cour provinciale pour les accidents
d'automobiles, pour des sommes de $3000 et moins. Il faut le savoir.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Jonquière!
Mme Payette: C'est important de le savoir...
M. Vaillancourt (Jonquière): On ne peut appeler d'aucun
jugement rendu par la Cour des petites créances pour des accidents
d'automobiles. Il faut le dire aussi.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Je sais que toutes
ces choses sont très importantes. Tout ce qui concerne les tribunaux
administratifs, toutes ces questions sont très importantes, mais
à leur place, à leur moment, dans le cadre de nos débats.
Pour l'instant, nous en sommes à un article qui n'a rien à voir
avec les tribunaux administratifs, l'article 5.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président.
M. Saint-Germain: Pourquoi le député se
fâche-t-il?
M. Roy: Nous sommes en train d'étudier la Loi sur
l'assurance automobile.
M. Vaillancourt (Jonquière): Parce qu'on ne me permettait
pas de répondre à une question qui avait été
posée.
Le Président (M. Bertrand): Article 5.
M. Roy: Article 5: "Est réputée victime la personne
qui subit un dommage corporel en portant secours à la victime d'un
accident". Je veux savoir comment une personne, qui est victime et qui subit un
dommage corporel en portant secours à la victime d'un accident, peut
faire valoir son droit, advenant le cas où la Commission des affaires
sociales dirait non. Je pense que je me conforme exactement au
règlement, M. le Président. Je m'excuse. Je ne veux pas remettre
en cause votre décision...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Roy: ... mais les informations que vient de nous donner le
député de Jonquière sont très pertinentes et nous
apportent de la lumière ce matin.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Beauce-Sud!
Mme Payette: Voyons donc, Fabien!
M. Paquette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, question de règlement.
M. Paquette: M. le Président, je suis de votre avis: tout
ce débat est antiréglementaire. Supposons que nous restions avec
un droit d'appel devant la Commission des affaires sociales, est-ce que cela
vous empêcherait d'accepter cet article? Cela prouve que ce débat,
c'est-à-dire vers qui on va faire l'appel, est non pertinent. On va y
revenir aux articles 57 et 58. On en a parlé à l'article 4. On
n'est pas pour en parler à chaque article.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, je vous remercie de m'aider à mener ces travaux de
façon sereine. M. le député de Nicolet-Yamaska, vous ne
voulez pas revenir là-dessus? Sur l'article 5?
M. Fontaine: Non, M. le Président. Sur un point qui a
été soulevé tout à l'heure par le
député de Jonquière. Il a fait une certaine attaque
vis-à-vis de la magistrature...
M. Vaillancourt (Jonquière): Oh! Oh!, je vous en prie!
L'article 96, M. le Président.
M. Fontaine: Je voudrais lui demander...
M. Vaillancourt (Jonquière): Article 96, M. le
Président.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais lui demander
si...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
article 96.
Le Président (M. Bertrand): Jusqu'à
maintenant...
M. Vaillancourt (Jonquière): Avec la permission du
député de Nicolet-Yamaska...
M. Fontaine: Je n'ai rien dit encore.
Le Président (M. Bertrand): Jusqu'à maintenant, le
député de Nicolet-Yamaska ne me paraît pas avoir
été très loin dans la poursuite de ses propos.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais il n'est pas
obligé d'aller plus loin, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Si jamais il outre- passait
ses droits, je vous permettrai, M. le député de Jonquière,
de rétablir les faits.
M. Fontaine: M. le Président, le député de
Jonquière a dit qu'on pouvait se poser des questions sur la
compétence de certains juges. Je lui demande si on peut faire le
parallèle avec l'attaque qu'a faite le député de
Jacques-Cartier hier contre les médecins.
M. Saint-Germain: J'ai fait une attaque contre les
médecins?
Le Président (M. Bertrand): Messieurs, cachez vos armes.
Ne commencez pas la guerre.
M. Vaillancourt (Jonquière): II est malheureux qu'en cette
commission parlementaire, chaque fois qu'on prend la parole et qu'on semble
parler un peu de la lenteur du système, ce soit une attaque à
fond de train contre le Barreau et contre les tribunaux. Chaque fois qu'on dit
que certains juges sont peut-être moins compétents que d'autres
avocats qui ont vingt ans d'expérience et qui auraient pu facilement
être nommés juges, c'est une attaque contre la magistrature.
M. le Président, je me dispenserai de faire une profession de foi
envers la magistrature que j'estime hautement, mais je maintiens que certains
juges n'auraient jamais dû être nommés au poste qu'ils
occupent. C'est la grande minorité, heureusement.
M. Fontaine: Est-ce que vous ajoutez que cela va être la
même chose pour les fonctionnaires qui vont siéger à la
Commission des affaires sociales?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Dans tous les domaines,
chaque métier fournit son monde, vous savez.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Jonquière! M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'avoue que je n'ai pas compris la
déclaration du député au sujet d'une prétendue
attaque que j'aurais faite contre les médecins.
M. Fontaine: Ce n'est pas tout à fait une attaque. Hier,
vous vous posiez des questions sur la compétence des médecins
lorsqu'ils seront appelés à rendre un jugement à la
Commission des affaires sociales.
Mme Payette: Vous avez dit: Sont-ils compétents?
Voilà la question!
M. Saint-Germain: Je m'excuse, M. le Président. J'avais
dit, si je ne m'abuse: Laissons les médecins faire de la médecine
et les juges juger. J'ai été bien compris; je m'excuse.
M. Paquette: Et les législateurs légiférer.
Est-ce qu'on pourrait adopter l'article 5, M. le Président?
Le Président (M. Bertrand): Nous pouvons faire cela.
Est-ce que l'article 5 est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 6.
M. Fontaine: C'est de la responsabilité.
Le Président (M. Bertrand): Adopté à
l'unanimité.
M. Roy: C'est presque à l'humanité.
Mme Payette: Ne laissez pas cela devenir une habitude.
Le Président (M. Bertrand): Article 6?
Mme Payette: L'article 6, M. le Président, se lit comme
suit: "L'indemnisation bénéficie à toute victime
résidant au Québec et à ses personnes à charge, que
l'accident ait eu lieu au Québec ou hors du Québec". "Lorsque
l'accident survient au Québec, sont réputés résider
au Québec le propriétaire, le conducteur et le passager d'une
automobile immatriculée au Québec".
Le but de l'amendement: 1) La première partie est de forme;
2)comme certains non-résidents sont tenus de s'immatriculer au
Québec et que l'immatriculation constitue le moyen
privilégié pour le financement, ces derniers seront ainsi
appelés à contribuer au régime sans
bénéficier en contrepartie de la protection qu'ils procurent.
A titre d'exemple, les non-résidents, propriétaires de
véhicules devant circuler au Québec pendant plus de dix jours
pour exécuter un contrat, doivent s'immatriculer. Il en va de même
des visiteurs présents au Québec pendant plus de trois mois et
des entrepreneurs qui ont une place d'affaires au Québec. Comme ils
contribuent au régime, il a été décidé de
leur accorder la protection du régime public au même titre qu'un
Québécois. C'est la raison de l'amendement.
Comme cette protection est accordée aux propriétaires, il
faut aussi l'étendre aux conducteurs de véhicules
immatriculés au Québec, sans quoi ils risquent de supporter seuls
les conséquences pécuniaires de l'accident, puisqu'à moins
d'être propriétaires ils n'ont pas d'assurance
responsabilité.
Quant aux non-résidents, passagers d'une automobile
immatriculée au Québec, ils sont rarement responsables de
l'accident. L'amendement a pour but de leur accorder la même protection
qu'à un Québécois, par exemple, un non-résident
dans une voiture taxi immatriculée au Québec.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je m'aperçois
qu'on est soucieux de faire partager nos malheurs à ceux qui ne
résident pas au Québec. En plus, pour ce faire, ils devront
payer.
M. Roy: Tous les risques... M. Saint-Germain: C'est
cela.
Mme Payette: On est obligé de faire partager nos malheurs
à ceux qui...
Le Président (M. Bertrand): Adopté? M. Paquette:
Adopté. Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Ce n'est pas
adopté.
M. Roy: Non, parce que je m'aperçois que l'article 6 est
passablement modifié. J'avais des remarques à faire à
l'article 7 tel que rédigé dans le projet de loi. Je me rends
compte que mes remarques devront être faites à l'article 6.
Si j'ai bien compris l'article, lorsqu'un accident survient au
Québec le propriétaire, le conducteur et le passager d'une
automobile immatriculée au Québec.
A l'ancien article 7 je pourrais peut-être, avec votre
permission M. le Président, essayer d'avoir un éclairage
général sur les deux articles on disait: "La victime d'un
accident survenu hors du Québec, qui a droit à l'indemnité
prévue au présent titre, peut bénéficier de
celle-ci tout en conservant son recours pour l'excédent en vertu de la
loi du lieu de l'accident".
Il y a une subrogation ici à l'article 7. J'aimerais que Mme le
ministre nous donne plus d'explications sur les articles 6 et 7, puisque les
amendements de l'article 6 modifient l'article 7, tel que rédigé
antérieurement, à mon avis.
Mme Payette: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
Mme Payette: ... les articles 6 et 7 ne visent pas la même
chose. L'article 7 vise un accident survenu hors du Québec, alors que
l'article 6 vise un accident survenu au Québec. Il n'y a pas duplication
de ces deux articles.
M. Roy: L'article 8.
Le Président (M. Bertrand): Un instant! Oui, M. le
député de Beauce-Sud. Vous avez posé une question sur
l'article 8?
M. Roy: Non, je vais attendre. Je reviendrai à l'article
8.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Suite à l'amendement apporté à
l'article 6, cela m'amène à me poser des questions sur la
façon qu'on pourrait traiter, à l'intérieur du
régime, des victimes qui ne seraient pas des résidents du
Québec, mais qui viennent y travailler pour des entreprises, des
entrepreneurs, qui exécutent des activités au Québec et
qui seraient conducteurs ou passagers à bord de véhicules qui ne
sont pas immatriculés, pour la bonne raison que ces véhicules
n'utilisent jamais les chemins publics, mais sont utilisés dans des
territoires réservés à l'entreprise ou à
l'exploitant.
Cela se produit également pour des entreprises
québécoises dans de multiples cas; j'ai à l'idée,
par exemple, des entrepreneurs forestiers, à l'intérieur d'une
concession forestière privée ou publique, concession à
l'intérieur de laquelle fonctionnent des véhicules moteurs qui
n'ont jamais porté et ne porteront jamais d'immatriculation, puisque ces
véhicules n'utiliseront jamais les routes. On a le même
phénomène à la ferme aussi où beaucoup de
véhicules moteurs, propriétés de fermiers, ne sont pas
enregistrés, et pour cause, parce qu'il s'agit de quelques
véhicules que le fermier n'utilise jamais sur les routes. Il s'agit de
véhicules de services internes de l'entreprise.
Dans le cas d'une entreprise de l'extérieur qui amène ici
des véhicules non immatriculés, pour les raisons que je
mentionnais, comment pourrait-on traiter la réclamation ou
l'indemnisation de victimes qui ne seraient pas des résidents
québécois, tenant compte du libellé de l'amendement
apporté à l'article 6?
Mme Payette: M. le Président, l'exemple qui est
apporté ici, concerne les non-résidents dont les automobiles,
propriétés d'une entreprise ou propriétés
peut-être même des personnes en question, ne sont pas
immatriculées. Alors, le changement qui a été
apporté, si vous voulez, au principe de la loi, à savoir
d'indemniser les résidents et, quant aux non-résidents,
d'appliquer le principe de la responsabilité, a été pour
tenir compte du fait que certains non-résidents devaient immatriculer
leurs véhicules au Québec, contribuant ainsi au régime.
Dans la mesure où les non-résidents ne doivent pas immatriculer
leurs véhicules au Québec, ils sont soumis au régime de
l'article 8, à savoir le régime de la responsabilité. Dans
la mesure où les non-résidents ne sont pas responsables, ils
seront indemnisés par la régie. Aussi, l'exemple que vous avez
apporté pouvait entrer dans le champ des accidents du travail; à
un moment donné, lorsqu'on est conducteur ou propriétaire d'un
véhicule et qu'on fait un travail, il est possible que cela entre dans
le champ des accidents de travail, mais comme il s'agit de
non-résidents, il faudrait considérer la Loi des accidents du
travail pour savoir si cette loi peut recevoir application dans ce cas
précis ou s'il y a entente entre plusieurs juridictions à ce
sujet, ce dont je ne suis pas au courant.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question supplémentaire, à partir d'un exemple, bien
sûr, si j'ai compris? Qu'est-ce qui arrive a un touriste dont la voiture
n'est pas immatriculée au Québec, qui vient au Québec et
qui subit un accident pour lequel il n'est pas responsable?
Mme Payette: Le régime qui lui est applicable, c'est celui
de l'article 8. S'il n'est pas responsable, il est indemnisé par la
Régie de l'assurance automobile.
M. Raynauld: D'accord.
M. Fontaine: Je trouve cela un petit peu curieux, par exemple, si
on fait une comparaison entre l'article 6 et l'article 8, que dans le cas d'un
étranger qui conduirait sa propre automobile, supposons un
Américain qui conduit son automobile au Québec, qui a un
accident, à ce moment, le système de responsabilité
s'applique. Il doit poursuivre la régie pour se faire payer. Par contre,
si c'est un étranger, mais qui est passager dans le véhicule d'un
Québécois, là, il n'a pas de responsabilité et la
régie va le payer.
Mme Payette: Ce qui arrive la plupart du temps, c'est qu'on a
considéré que dans le cas des passagers, il est très rare
qu'ils soient responsables d'un accident. Or, plutôt que de les soumettre
au régime de la responsabilité, il a été
décidé de les couvrir lorsqu'ils se trouvaient à bord d'un
véhicule immatriculé au Québec.
M. Fontaine: S'il conduit le véhicule d'un
Québécois, il est indemnisé quand même?
Mme Payette: Excusez-moi, je n'ai pas entendu la question.
M. Fontaine: S'il conduit un véhicule immatriculé
au Québec, il est considéré comme victime...
Mme Payette: La raison, et Mme le ministre l'a dit tout à
l'heure, c'est qu'il se peut que les conducteurs qui ne sont pas
propriétaires de véhicules, ne possèdent pas comme telles
d'assurances de responsabilités.
Or, les maintenir au système de responsabilité ferait en
sorte qu'il serait possible que, dans un régime de
responsabilité, les conducteurs n'ayant pas de police d'assurance de
responsabilité, soient tenus de débourser personnellement des
sommes qui pourraient être très importantes. C'est pourquoi il a
été décidé de les couvrir, puisque
l'immatriculation du véhicule est le moyen pour la régie d'avoir
des prestations à verser aux victimes; à ce moment-là, on
a décidé de les couvrir.
M. Roy: On parlait d'un Américain tantôt. Il y a
beaucoup d'Américains qui entrent par l'autoroute 73, la route de la
Beauce, qui est considérée comme la troisième route
d'entrée de touristes américains au Québec.
L'Américain est impliqué dans un accident d'automobile. Il est
obligé de faire la preuve qu'il n'est pas responsable. Alors,
est-ce que, à ce moment-là, il y a des dispositions de
prévues et est-ce que c'est prévu de façon très
claire pour que les actions ou la poursuite ne soient pas intentées
conjointement entre le propriétaire de l'automobile et la
régie?
Mme Payette: A l'article 8, M. le Président, il est
prévu que c'est la régie qui va indemniser le
non-résident. Alors, pour que le non-résident soit
indemnisé, il devra évidemment s'adresser à la
régie, faire sa réclamation, prouver sa non-responsabilité
et, évidemment, pour prouver sa non-responsabilité, je pense que
la régie devra comparer, si vous voulez, les déclarations des
deux automobilistes en cause, s'il y a deux automobilistes.
M. Roy: C'est le tribunal de la régie qui va
décider? La Commission des affaires sociales?
Mme Payette: Non, un instant, s'il vous plaît! Ce qui
arrive, c'est que le domaine de la responsabilité relève du
domaine des tribunaux ordinaires. Or, ce qui est prévu, c'est que la
demande, forcément, est présentée à la
régie. Si l'individu ne peut pas en arriver à une entente avec la
régie qui, pour les fins de ce projet de loi, est l'assureur, si vous
voulez, à ce moment-là, la régie peut être
portée devant les tribunaux par un non-résident.
M. Roy: Si le tribunal de droit commun j'aimerais faire
cette précision considère que, justement, l'automobiliste
québécois a été considéré comme
responsable de l'accident, et que la régie accepte de payer les
réclamations à l'Américain, c'est le système de
responsabilité qui s'applique à ce moment-là. Est-ce que
la régie pourra indemniser l'Américain, compte tenu de sa
réclamation, avec des sommes plus élevées que c'est
prévu pour les victimes québécoises?
Mme Payette: Non, M. le Président, parce que les sommes
que peut verser la régie sont les sommes qui sont prévues dans le
projet de loi. Que la victime soit un résident ou un
non-résident, les indemnités auxquelles peut avoir droit la
victime sont les indemnités prévues dans le projet de loi.
M. Roy: S'il n'est pas satisfait et qu'il réclame un
excédent, étant donné que la culpabilité a
été clairement établie, qu'est-ce qui arrive?
Mme Payette: II est dit dans le projet de loi, à l'article
8... Si on veut partir à l'article 8, M. le Président. On dit:
"La victime d'un accident survenu au Québec et qui n'y est pas
résidant est indemnisée par la régie en vertu du
présent titre" et les mots "en vertu du présent titre" comportent
évidemment les notions d'indemnité, de limite, si vous voulez, de
montant, et les prestations qui sont accordées plus loin dans tout le
titre traitant du dommage corporel. Alors, on a essayé, dans cet
article, de préciser que les indemnités auxquel- les pouvait
avoir droit une victime, que cette victime soit québécoise ou
non-résidante, soient celles qui sont prévues dans le projet de
loi.
M. Roy: Oui, mais nonobstant l'article 4, en cas de
désaccord entre la régie et la victime sur la
responsabilité de cette dernière, le recours de la victime contre
la régie à ce sujet est soumis au tribunal. Ma question est la
suivante, j'en viens là-dessus: Qu'est-ce qui arrive si la personne et
le tribunal décident que la victime, qui est non responsable d'un
accident, en vertu d'une grande jurisprudence dont on pourra disposer à
ce moment-là... Qu'arrive-t-il si on démontre, de façon
très claire, que les indemnités prévues par la loi
québécoise sont insuffisantes relativement au préjudice
subi par la victime et que la personne se retourne, à ce
moment-là, en vertu de certaines dispositions peut-être du droit
international, contre l'automobiliste qui a été
considéré par un tribunal de droit commun comme étant
responsable de l'accident?
Je ne sais pas, M. le Président, je ne suis pas un
spécialiste dans toutes ces questions de droit, mais c'est une question
qui se pose, c'est un point qui devrait être clairement établi
à ce stade-ci.
Mme Payette: M. le Président, je vais répondre
à cette question; dans le cas de l'article 8, le deuxième
alinéa dit: "Nonobstant l'article 4". Ce pourquoi on met de
côté l'article 4, c'est qu'on est en régime de
responsabilité et l'article 4 traitait de l'abandon du droit de
poursuite de responsabilité. Or, il était nécessaire,
à cet article, de prévoir que l'article qui mettait de
côté le système de responsabilité, ne s'appliquait
pas dans le cas d'un non-résident puisqu'on est en système de
responsabilité. Or, le non-résident va devant le tribunal, le
tribunal applique la loi et dit à l'individu: Vous êtes
responsable ou vous n'êtes pas responsable; à ce moment, en vertu
des dispositions de la loi, il faut présumer que le tribunal va rendre
un jugement ordonnant à la régie de payer les indemnités
prévues dans le projet de loi. Je pense que c'est la situation qui
prévaut.
M. Roy: Après que la culpabilité ait
été clairement démontrée, qu'il y a même eu
négligence criminelle pour un automobiliste québécois
ce sont des choses qui arrivent dans des jugements qui sont rendus
à la suite d'accidents d'automobiles...
M. Saint-Germain: Beau procès!
M. Roy: Je veux savoir, à ce moment, jusqu'où les
citoyens du Québec, en vertu du nouveau régime, peuvent avoir la
totale protection? Je n'en suis pas sûr; je ne suis pas le seul à
me poser des questions là-dessus, il y a d'éminents juristes qui
se sont posés la question et la question a même été
posée je pourrais peut-être retrouver certains passages
lorsque nous avons reçu le Barreau, entre autres, en commission
parlementaire. Ce n'est pas clair.
Mme Payette: M. le Président, nous avons modifié
l'article 8 suite aux recommandations qui ont été faites par le
Barreau qui présentait son mémoire à ce sujet en
commission parlementaire. Nous avons tenté de fermer la porte, nous
avons tenté de limiter les obligations de la régie à ce
qui est prévu dans le projet de loi et si un tribunal devait en arriver
à d'autres conclusions, à ce moment on ne peut pas
contrôler les décisions des tribunaux. Cependant, je tiens
à préciser que ce que vous avez apporté tout à
l'heure, à savoir si un Québécois était
déclaré coupable il faut employer le terme de
responsabilité puisque culpabilité est au niveau pénal
ou responsable, il importe peu que ce soit en vertu d'une
négligence grossière criminelle; il s'agit de termes de
responsabilité et non de termes de culpabilité. Or, les notions
qui s'appliquent à ce moment, pour la détermination de la
responsabilité, sont explicitées aux articles 97 à 102,
où il y a des présomptions de responsabilité comme il en
existe actuellement en vertu de la loi d'indemnisation.
M. Roy: Vous avez bien dit, si j'ai bien compris qu'on
m'excuse, pour moi ce sont des informations qui sont extrêmement
pertinentes qu'on a tenté de fermer la porte. Je suis d'accord
avec les tentatives ou les tentations, dans certains domaines, mais je voudrais
être bien sûr que la porte est hermétiquement fermée
et qu'on a pris toutes les mesures, dans la rédaction de ce projet de
loi, pour s'assurer que les automobilistes québécois peuvent
avoir la totale protection de la régie advenant le cas.
J'ai parlé, tantôt, de négligence criminelle. Il y a
des jugements qui ont été rendus où on a
considéré que c'était de la négligence criminelle
et non pas une responsabilité volontaire. Il y a bien des
interprétations qui ont été données. De ce
côté, ça m'apparaît extrêmement important,
compte tenu de ce qui va être dit à la commission parlementaire,
compte tenu de ce qui va être écrit dans le journal des
Débats; ce sera sûrement cité par certains procureurs,
à un moment donné, à l'occasion de procès,
procès dont il est facile de deviner... Il faut réaliser que ce
genre de procès, nous allons en avoir.
Mme Payette: M. le Président, si vous le permettez, une
dernière remarque. Il est bien dit, dans l'article 8, ce qu'on a lu tout
à l'heure, à savoir que la victime d'un accident survenu au
Québec, qui n'y est pas résident, est indemnisée par la
régie. Advenant le cas où un tribunal déciderait qu'un
non-résident a droit à plus que ce que prévoit la
régie, à ce moment c'est la régie qui, ici, se porte
garante des indemnités à verser au non-résident.
Advenant le cas où jamais, en vertu de droit international
privé, qu'on sait extrêmement vague et qui est possible... On ne
sait jamais de quelle façon les tribunaux peuvent appliquer soit la loi
du domicile du débiteur; la loi de celui qui poursuit, de l'endroit, du
lieu de l'accident, les règles sont assez imprécises à ce
sujet. Adevenant le cas où il y aurait un jugement qui serait dans le
sens que vous avez indiqué tout à l'heure, les indemnités
ici sont versées par la régie.
M. Roy: Même s'il y avait des poursuites contre les
excédents, c'est la régie qui les prend sous son entière
et totale responsabilité.
Mme Payette: Le texte de loi se veut plus clair possible et le
plus étanche possible. On n'espère pas que des choses semblables
se produisent.
Le Président (M. Paquette): M. le député...
Un instant. Je pense que nous avons fait une excursion vers l'article 8 pour
éclairer le débat sur l'article 6. C'est tout à fait
utile, mais j'aimerais qu'on revienne autant que possible sur le sujet
spécifique de l'article 6, puisque nous allons aborder l'article 8 un
peu plus tard. Evidemment, il n'est pas interdit d'évoquer l'article 8
pour éclairer l'article 6, mais là, je pense qu'on est vraiment
entré dans la discussion de l'article 8. J'inciterais les
députés, tout simplement, à revenir à l'article
6.
M. Roy: D'accord, M. le Président, nous prenons note de
votre directive, mais si cela peut vous rassurer, je peux dire qu'on pourra
probablement les voter tous les trois presque en même temps, parce que
les trois sont reliés.
Le Président (M. Paquette): D'accord. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'avais seulement une
question d'ordre juridique. Même si c'est la régie qui va payer,
si jamais il y avait des problèmes de ce côté-là,
j'aimerais savoir du conseiller juridique s'il a requis une opinion juridique
concernant la question posée par le député de Beauce-Sud
et concernant également le fait qu'un étranger pourrait obtenir
un jugement dans son pays. Par exemple, si un Ontarien pouvait obtenir jugement
chez lui, l'apporter en exemple au Québec et l'exécuter, à
ce moment-là, est-ce qu'il y a eu des opinions juridiques qui ont
été demandées pour déterminer les chances de
succès ou non des articles 6 et 8?
Mme Payette: II y a deux informations que je peux fournir
à ce moment-ci. La première c'est qu'une étude a
été commandée à un professeur de
l'Université Laval sur cette question en particulier, cet article par
rapport au droit international. La deuxième information indique que la
semaine dernière se tenait aux Etats-Unis le congrès national des
surintendants des assurances auquel a participé le surintendant des
assurances du Québec. Au cours de ce congrès, le surintendant a
explicité le projet de loi 67 et a tenu des réunions, en
particulier avec les surintendants des Etats périphériques au
Québec, pour nous assurer que les surintendants étaient bien
informés du contenu du projet de loi 67 et pourraient en informer les
ressortissants des Etats américains périphériques.
M. Roy: M. le Président, sur ce que vient de dire Mme le
ministre, c'est-à-dire qu'on a étudié le projet de loi
67...
Le Président (M. Paquette): Vous avez terminé, M.
le député.
M. Roy: ... est-ce qu'ils ont pris connaissance aussi des
amendements?
Mme Payette: Ils ont pris connaissance des amendements tels
qu'ils sont déposés à cette commission; on leur a
expliqué que ce n'est qu'un projet de loi et qu'ils seront
prévenus de façon officielle lors de la mise en vigueur.
M. Roy: Parce que les amendements complètent
énormément.
Mme Payette: C'est exact. Cela a été fait la
semaine dernière, donc les amendements étaient disponibles.
M. Roy: Cela a été fait la semaine dernière,
d'accord.
Le Président (M. Paquette): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: En ce qui regarde cette question bien
spécifique du député de Beauce-Sud, à quel article
dit-on bien clairement que dans un tel cas la régie se rendra
responsable de toute décision des tribunaux?
Mme Payette: M. le Président, l'article 8 qu'on a lu tout
à l'heure dit que la victime d'un accident survenu au Québec et
qui n'est pas résidente est indemnisée par la régie.
Alors, la poursuite que peut intenter un non-résident est contre la
régie. Si la poursuite est intentée contre la régie, c'est
donc elle qui doit verser les montants dont un tribunal pourrait
décider.
M. Saint-Germain: Vous pensez que c'est assez clair, qu'il n'y a
pas un tribunal qui peut revenir là-dessus.
Mme Payette: M. le Président, de toute façon, je
pense que l'article 4 établit l'abandon du droit de recours. On a
établi aussi à l'article 3 que les indemnités sont
versées par la régie. Je pense que l'économie de la loi
fait en sorte qu'au niveau du dommage corporel, c'est la régie qui
indemnise les victimes.
On a même prévu, dans le cas des non-résidents, que
c'était la régie qui indemnisait les victimes et non pas le
Québécois.
M. Saint-Germain: Une cause comme ça pourrait aller
jusqu'à la Cour suprême. Si les juges soutiennent que la victime a
droit à plus que ce que la régie offre ce n'est pas
impossible, légalement est-ce que la régie a le droit de
verser des sommes aux individus qui dépassent ce qui est prévu
dans la loi actuelle?
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'avec l'article
8, les articles 3 et 4, où on établit assez clairement les
obligations de la régie, advenant le cas d'un jugement et tenant compte
du fait qu'on dit aux Québécois de ne plus s'assurer pour
dommages corporels, pour la responsabilité, je pense que les obligations
qui sont faites à la régie sont quand même assez grandes.
Il faut rappeller aussi que les cas qui peuvent survenir ne peuvent pas
être très nombreux.
M. Saint-Germain: J'en suis, mais ça peut tout de
même avoir des répercussions très importantes sur
l'administration de la loi.
J'aurais une deuxième question, M. le Président. Pour
continuer dans le même sens que le député de
Montmagny-L'Islet tout à l'heure, dans le cas de ces voitures qui seront
simplement utilisées sur des terrains qui ne sont pas publics et qui ne
sont pas immatriculées, qu'est-ce qui arrive si la personne qui est
frappée est résident du Québec, mais n'est pas sur les
lieux pour travailler? Celle-ci n'est certainement pas protégée
par la Commission des accidents du travail; c'est un chasseur, un type qui fait
de la motoneige; qu'est-ce qui arrive dans un cas comme ça?
Mme Payette: Le cas de la motoneige, M. le Président, est
prévu à l'article 17.
M. Saint-Germain: Je ne parle pas de motoneige, je parle d'une
voiture qui n'est pas immatriculée, parce qu'elle ne passe pas dans les
chemins publics. Elle est dans le bois, dans une concession forestière,
comme le député de Montmagny-L'Islet l'a expliqué tout
à l'heure.
Mme Payette: Je ne connais pas le contenu exact du Code de la
route, mais, à ma connaissance, toute voiture qui est
possédée au Québec doit être immaculée. Il y
a des exceptions qui sont prévues dans la loi pour des personnes qui
sont de passage au Québec, pour des personnes qui ne se font que se
servir du Québec pour aller dans une autre juridiction, mais, à
ma connaissance, tout véhicule qui est possédé,
utilisé au Québec, doit y être immatriculée. Il y a
des cas pour des non-résidents, les non-résidents ne sont pas
tous à l'immatriculation dans certaines conditions.
Mais je pense que les exemples que vous avez apportés sont des
exemples qui peuvent trouver réponse à l'article 17, au niveau
des exclusions au régime.
M. Saint-Germain: Ces gens vont tomber sous...
Mme Payette: ... le système de la responsabilité,
M. le Président.
Le Président (M. Paquette): M. le député
d'Outremont.
M. Saint-Germain: J'aimerais bien, si vous le permettez...
Le Président (M. Paquette): Vous n'avez pas
terminé, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je sais que le député de
Montmagny-L'Islet sait très bien ce qui se passe en forêt.
M. Giasson: Le conseiller vient de nous indiquer que la loi qui
régit les véhicules automobiles oblige tout propriétaire
de véhicule à moteur à détenir un enregistrement ou
à immatriculer son véhicule. C'est peut-être vrai, il
faudrait que je le voie.
Mais, dans les faits, au Québec, nous avons des milliers, pour ne
pas dire des dizaines de milliers de véhicules automobiles qui n'ont
jamais porté d'immatriculation, pour la simple raison qu'il s'agit de
véhicules qui n'empruntent jamais la voie publique. Ce sont des
véhicules à moteur.
Mme Payette: C'est parce que le député de
Jacques-Cartier a mentionné spécifiquement des voitures de
chasseur, par exemple.
M. Saint-Germain: Non, j'ai mentionné...
M. Giasson: Des voitures dans le sens d'automobiles, parce que
ça peut être une voiture à traction animale; pour un
chasseur, il arrive parfois...
M. Saint-Germain: Ce qu'on entend par voiture dans la loi, il y a
toute une description, il y en aura plusieurs, je ne parle pas
nécessairement de la voiture de promenade. Ce que la loi
considère comme étant une voiture...
M. Raynauld: Un véhicule automobile.
M. Saint-Germain: ... est un véhicule automobile. Si c'est
un résident du Québec qui n'est pas à son travail et qui
se fait blesser, qu'est-ce qui arrive? Tout à l'heure, lorsque le
travailleur se faisait blesser, vous avez dit qu'il relevait probablement de la
Commission des accidents du travail. Je ne parle pas d'un travailleur, je parle
d'un citoyen du Québec qui n'est pas au travail.
Mme Payette: Blessé par quelle sorte de
véhicule?
M. Giasson: II peut même arriver, dans le cas qu'on a
cité tout à l'heure, si vous permettez, qu'il y ait des gens qui
ne soient pas indemnisés par la Commission des accidents du travail.
Si vous, vous êtes sur une propriété privée
et que vous n'êtes pas travailleur, que vous n'êtes pas là
pour faire un travail commandé, et que vous subissez des blessures par
un véhicule qui est possédé par un étranger, qui
n'est pas immatriculé au Québec, pour les raisons qu'on a
mentionnées tout à l'heure, vous ne pourrez pas réclamer
de la CAT.
Mme Payette: M. le Président, au sujet des
Québécois, il est dit, à l'article 6, que les
Québécois bénéficient de l'indemnisation, que
l'accident survienne au Québec ou hors du Québec. Peu importe que
l'automobile soit immatriculée ou non, le résident du
Québec a droit à l'indemnisation.
M. Giasson: Sauf les exceptions prévues dans la loi.
Mme Payette: Oui, sauf les exceptions prévues par la loi,
bien sûr.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Paquette ): Auparavant, M. le
député d'Outremont avait demandé la parole.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que votre
façon de procéder permet d'examiner également l'article 8,
ou à peu près, en même temps que l'article 6, puisque ce
sont vraiment deux articles connexes dans cette perspective.
Le Président (M. Paquette): M. le député,
pour autant, encore une fois, que la discussion autour de l'article 8 soit
claire. Nous discutons sur l'article 6.
M. Raynauld: Je pense que oui, M. le Président. Toutes les
questions qui ont été posées ont indiqué...
Le Président (M. Paquette): Pas toujours.
M. Raynauld: C'était toujours proche, très proche,
en tout cas, de l'article 6. Ma question est dans le prolongement de ce qui a
été discuté jusqu'à maintenant.
Si je comprends bien l'article 8, lorsqu'il s'agit d'un
non-résident du Québec, qui n'est pas responsable d'un accident,
on dit, à l'article 8, qu'il est indemnisé par la régie,
en vertu du projet de loi, s'il y a contestation seulement sur la
responsabilité. Cela va devant les cours et les cours, si je comprends
bien aussi, ne seraient tenues d'accorder des dommages, des indemnités,
qu'en fonction du projet de loi.
Je pose le cas d'un Américain qui n'est pas responsable d'un
accident qui survient au Québec et qui, lui, était assuré
pour $200 000. Il ne peut pas espérer recevoir plus que ce que la
régie prévoit pour ses propres citoyens.
A ce moment-là, ce non-résident ne peut pas se faire
rembourser par sa propre compagnie d'assurance puisque sa propre compagnie
d'assurance, normalement, aurait recours contre le responsable de l'accident.
Par conséquent, sa protection au Québec n'est pas valable au
même titre et au même degré que s'il était dans
l'Etat américain où il réside.
La question que je pose à ce moment-là, c'est un peu la
question inverse à celle du député de Beauce-Sud. Ce n'est
pas tellement la protection qui est accordée aux
Québécois, si j'ai bien compris, cette protection est
adéquate, mais c'est celle de l'autre, c'est celle du
non-résident québécois.
La question que je me pose, c'est: Comment peut-on fonctionner ainsi,
dans le sens qu'on reconnaît que le non-résident n'est pas
responsable, mais on ne paiera pas la totalité du dommage? On va payer
simplement les indemnités, en fonction du projet de loi, comme il est
à l'heure actuelle.
Or, on sait que, dans ce projet de loi, si ce type gagne plus de $18
000, il n'est pas indemnisé. Il me semble, d'une part, que, même
si ce n'est pas inéquitable, en relation avec les résidents du
Québec, il reste que cet individu ne recevra pas la totalité des
indemnités qu'il recevrait s'il avait l'accident chez lui, dans un
régime de responsabilité.
Mme Payette: M. le Président, si vous le permettez.
D'abord, au sujet de l'énoncé qui précédait la
question, on a fait état, par exemple, d'un étranger qui avait
une police d'assurance de $200 000 et que cette police ne serait pas valable
ici, au Québec, que le non-résident ne pourrait pas s'adresser
à sa compagnie d'assurance.
Il faut d'abord comprendre que la protection de $200 000 qu'a un
non-résident est probablement en matière de
responsabilité. Ce qui vise l'assurance-responsabilité, c'est
évidemment de protéger l'assuré lorsqu'il est responsable.
Autrement dit, les $200 000 ne sont jamais acquis à l'individu.
Ce montant est acquis à un tiers qui n'est pas responsable, dans
la mesure où l'individu qui a pris une police d'assurance blesse
quelqu'un et est tenu responsable en vertu d'un jugement ou autrement.
Je pense que ces $200 000 continuent de s'appliquer au Québec.
L'individu, l'étranger qui s'amène ici avec son automobile, avec
sa police d'assurance automobile, a un accident. Deux hypothèses sont
possibles: il est responsable ou il n'est pas responsable. S'il est
responsable, la régie ne l'indemnisera pas, tout comme s'il avait eu un
accident à l'étranger. S'il avait été responsable,
il n'aurait pas été indemnisé. C'est la même
situation. On ne change rien à la situation d'un non-résident,
qu'il ait son accident à l'étranger ou au Québec. Dans la
mesure où il est responsable, il n'a rien. En principe, il n'a rien.
S'il n'est pas responsable, la régie va l'indemniser.
M. Raynauld: Mais s'il n'est pas responsable dans l'Etat
américain où il se trouve, si on prend cet exemple, à ce
moment-là, dans ces circonstances, il recevrait un plein recouvrement
des dommages qu'il subit, parce que cette compagnie s'adresserait à un
tiers. Parce qu'il arrive au Québec, à ce moment-là, cela
ne fonctionne plus de la même façon, il ne peut pas recouvrer la
totalité de ses dommages.
Mme Payette: Je pense qu'on revient au fameux débat,
à savoir si le système de responsabilité est meilleur que
le système de "no fault". Il faut dire là-dessus que, dans la
mesure où un étranger subit un accident à
l'étranger et qu'il n'est pas responsable, il va recevoir pleine
indemnisation. Il faut d'abord tenter de savoir si le responsable est
assuré. S'il l'est, pour combien? Est-ce que cela va satisfaire le
règlement que pourra obtenir cet étranger? On essaie de
présumer que le système de responsabilité fait en sorte
que les non-responsables obtiennent une pleine compensation. Je pense que les
études qui sont faites aux Etats-Unis de même que les
études qui sont faites dans d'autres provinces du Canada tentent
à démontrer le contraire. Il y a un débat
d'idéologie, à savoir si le système de
responsabilité est meilleur que le système de "no fault".
M. Fontaine: M. le Président, seulement un mot. Etant
donné qu'on fait beaucoup de publicité aux Etats-Unis pour
attirer les touristes américains, ce qui amènera la construction
du Centre des congrès, il va sûrement y avoir une foule
d'Américains au Québec l'an prochain. Qu'est-ce qui arrive si
deux Américains se heurtent?
Mme Payette: C'est l'article 8 qui reçoit application.
M. Fontaine: Ils sont indemnisés.
Mme Payette: C'est-à-dire que celui qui n'est pas
responsable va être indemnisé par la régie, celui qui l'est
ne recevra rien. Dans le régime actuel, ce qui se serait produit pour un
accident entre deux non-résidents, ce serait la même chose: il y
aurait eu un responsable et un non-responsable. Une victime aurait
été indemnisée, l'autre pas.
M. Fontaine: Ce sont les Québécois qui vont payer
pour les touristes américains?
Mme Payette: A ce compte-là, on peut rétorquer
qu'il y a un droit de subrogation contre le non-résident qui serait
responsable, c'est-à-dire que la régie peut capitaliser les
sommes qu'elle est appelée à verser. Elle les
récupérera de celui qui est responsable, du non-résident
responsable. Ce que la régie déboursera pour le
non-résident qui n'est pas responsable, elle le
récupérera, parce qu'on est dans le système de
responsabilité, de l'étranger. On ne peut pas dire, à ce
titre, que la régie ou les Québécois subventionnent les
non-résidents.
M. Roy: Cette disposition est-elle bonne pour la
régie?
Mme Payette: Quelle disposition?
M. Roy: La disposition que vous venez de nous expliquer.
Mme Payette: La subrogation?
M. Roy: Oui.
Mme Payette: C'est l'article...
M. Roy: Non, je demande si c'est bon pour la régie de
poursuivre les Américains pour récupérer certaines
sommes.
Mme Payette: Vous me demandez de porter un jugement. Le
seul...
M. Roy: J'aimerais avoir l'opinion du ministre. Je comprends que
vous n'êtes pas...
Mme Payette: La seule remarque technique, si vous me permettez,
M. le Président, c'est qu'on est en système de
responsabilité pour les non-résidents. Lorsqu'on est en
système de responsabilité, on doit maintenir les
mécanismes qui ont cours actuellement, à savoir le droit d'action
de quelqu'un contre quelqu'un, contre une autre personne, et le droit de
subrogation. Ce sont des recours inhérents au système de
responsabilité. Sur le point technique, ce sont les seules observations
que je peux faire.
M. Roy: Sur le même point, parce que je pense que c'est
bien important. L'on touche peut-être, non seulement peut-être,
mais on touche à une question fondamentale.
Un citoyen du Québec qui est aux Etats-Unis dans un régime
de responsabilité, est couvert par la régie dans sa voiture,
ainsi que ses passagers citoyens et résidents au Québec. On est
d'accord? J'ai deux questions à poser à ce moment. Advenant le
cas où il y aurait des passagers américains dans son automobile,
qu'ils circulent dans l'Etat du Maine, que le propriétaire du
véhicule québécois est considéré comme
responsable de l'accident survenu dans l'Etat du Maine, en vertu des lois de
l'Etat du Maine vous pouvez prendre le New Hampshire, le Vermont, le
Massachusetts, le Connecticut, peu importe, n'importe quel de ces Etats
est-ce que ces passagers américains, dans son automobile, sont couverts
par la régie?
Mme Payette: M. le Président, ils ne sont pas couverts par
la régie, mais ils sont couverts par la police d'assurance automobile
que les gens devront prendre auprès de l'entreprise privée.
M. Roy: Bon. Cela veut dire qu'il va falloir se couvrir pour la
responsabilité publique pour voyager aux Etats-Unis.
Mme Payette: M. le Président, c'est la question que je me
suis fait poser au moins 25 000 fois depuis six mois. Quand vous partez pour
les Etats-Unis, M. le député de Beauce-Sud, est-ce que vous
appelez votre courtier avant de partir pour lui dire que vous allez à
Burlington samedi matin, actuellement?
M. Roy: Non.
Mme Payette: Bon. Vous ne sentez pas le besoin, vous ne vous
sentez pas inquiet...
M. Roy: Non, parce que je suis couvert pour tout cela.
Mme Payette: C'est cela. Il y a actuellement dans votre police
d'assurance un avenant qui concerne vos déplacements vers les Etats-Unis
qui va être maintenu dans votre police, d'assurance obligatoire
auprès de l'entreprise privée.
M. Roy: Bon.
Mme Payette: Les deux, matériels et corporels...
M. Fontaine: ... le dommage corporel, pourquoi ne le prenez-vous
pas au complet?
Mme Payette: Que ce soit un avenant ou une clause, cela
représente trois ou quatre lignes dans un contrat d'assurance...
Voilà... C'est cela. Cela coûte quelques dollars comme protection.
Vous vous souvenez qu'une fois j'ai osé répondre que ce
n'étaient pas tous les Québécois qui voyageaient, ce ne
sont pas tous les Québécois qui voyagent et, qui ont des
accidents. Le risque encouru étant minime, cela ne coûte pas cher
sur la répartition de l'ensemble.
M. Roy: M. le Président, justement...
Mme Payette: M. le Président, on est rendu à
l'article 75 en étudiant les articles 6 et 7 et peut-être 8.
M. Roy: Un instant, je comprends!
Mme Payette: Cela concerne l'entreprise privée.
M. Roy: Un instant! C'est bien important dans les articles 6, 7
et 8, parce qu'à l'article 75, je ne crois pas, avec la motion de
"bâillon" qui a été annoncée, qu'on va pouvoir en
parler. Je ne crois pas qu'on puisse en parler. Mme le ministre vient de nous
dire, si j'ai bien compris, qu'il va falloir garder un avenant dans nos polices
d'assurance pour la responsabilité publique pour circuler en dehors du
Québec.
Mme Payette: Cela existe déjà et c'est
maintenu.
M. Roy: Oui, cela existe déjà et c'est maintenu.
C'est ce qui fait que...
Mme Payette: Ce qui est mieux, M. le député de
Beauce-Sud, c'est que tous les Québécois vont avoir cette police
d'assurance, ce qui n'est pas le cas présentement.
M. Roy: Un instant, madame, j'aimerais vous dire ceci.
Très peu de Québécois non assurés se permettent
d'aller aux Etats-Unis, d'aller outre frontière.
Mme Payette: Je ne le sais pas, je ne fais pas de contrôle
aux frontières.
M. Roy: Non, mais il faut quand même dire les choses telles
qu'elles sont. Qu'arrive-t-il à tous les travailleurs du Québec?
Je ne parle pas des bourgeois, je parle des travailleurs qui vont passer leurs
vacances à Old Orchard, à New York. C'est ce qui me fait dire
justement que la réforme proposée actuellement ne porte pas de
diminution sur
les coûts. Dans le cas de ma police d'assurance, je suis
près des Etats-Unis; on ne peut pas avoir une diminution proportionnelle
de la cotisation ou de la prime qu'on devra payer sur l'assurance
québécoise, parce qu'il nous faut garder nos anciennes polices
pour cette raison. C'est la même chose pour les gens du
Nouveau-Brunswick. C'est la même chose pour les gens qui sont près
du Nouveau-Brunswick. C'est la même chose pour les gens du Nord-Ouest, de
la vallée de l'Outaouais, de la Gatineau, de la région de Hull,
et même de la région du West Island de Montréal,
près des Etats-Unis, sans oublier tous ceux qui sont le long de la
frontière des Etats-Unis, au Sud du Québec, et cela concerne pas
mal de monde.
Or, ce qui va arriver, c'est qu'il y a bien des gens qui vont se croire
assurés pour les dommages corporels par la régie gouvernementale
et qui vont se retrouver aux Etats-Unis avec de fichus problèmes et avec
des risques de poursuite. C'est là que dans le régime
proposé, si on avait confié à l'entreprise privée
la réforme j'en suis là, M. le
Présidentproposée, les assureurs et les courtiers auraient
pu faire un ajustement complet pour être en mesure de protéger les
citoyens du Québec.
C'est la plus grande objection que j'ai dans votre réforme de
l'assurance automobile, parce que pour les citoyens que j'ai le mandat de
représenter, cela constitue une très forte augmentation du
coût de l'assurance automobile, alors que les buts que nous visions,
c'était justement de baisser le coût du régime.
Mme Payette: M. le Président, j'ai une question à
poser au député de Beauce-Sud: Sur quoi peut-il s'appuyer pour
dire que ça représente une augmentation?
M. Roy: Cela représente une augmentation, parce qu'on ne
peut pas avoir de diminution correspondante dans nos polices d'assurance
à la prime exigée par la régie.
Mme Payette: M. le Président, c'est une des choses que
nous avons discutées avec le Bureau des assureurs du Canada et il est
faux que ça représente une augmentation.
M. Roy: Cela représente une augmentation, madame, et le
Bureau des assureurs du Canada a publié, dans le journal, la semaine
dernière, dans le journal Dimanche-Matin, un tableau que j'ai ici et qui
démontre clairement que, nonobstant les réserves et les remarques
que je viens de faire, il y a une augmentation pour la majorité des
Québécois.
Mme Payette: M. le Président, les chiffres qui ont
été publiés par le Bureau des assureurs du Canada dans
cette publicité que j'ai qualifiée de fausse, au cours de cette
commission parlementaire, sont des chiffres de 1976, alors que les nôtres
sont des chiffres de 1978.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour continuer dans la même veine...
M. Roy: Madame ne cite pas les chiffres du Bureau des assureurs.
Elle dit qu'elle n'est pas d'accord avec le Bureau des assureurs, ce qui est
toute une différence.
Mme Payette: M. le Président, je cite les chiffres du
Bureau des assureurs, et j'ai ici un document que je suis prête à
faire distribuer aux membres de cette commission, qui réfute, chiffre
par chiffre, les chiffres avancés par le Bureau des assureurs du
Canada.
M. Roy: Oui, et j'y tiens, M. le Président, à ce
que ce document soit déposé.
Mme Payette: Avec joie, M. le Président!
M. Saint-Germain: De toute façon, M. le Président,
pour continuer dans la même veine...
M. Roy: ... on va considérer les...... dans la joie.
M. Saint-Germain: De toute façon, pour continuer dans la
même veine, les assureurs n'auraient pas le droit de se servir des
chiffres de 1976, tandis que le gouvernement se sert des chiffres qui datent de
1971 et de 1972. De toute façon, nous en sommes là. Cela fait des
drôles de raisonnements, mais, enfin... En ce qui regarde les citoyens
qui vont, comme...
Mme Payette: M. le Président, une question de
règlement. On se sert des chiffres de 1971 et de 1972, et le
député de Jacques-Cartier le sait parfaitement, pour pouvoir
étayer des statistiques et non pas faire des projections du coût
du régime en 1978.
M. Saint-Germain: Bon! On établit des statistiques pour
établir le coût du régime, mais autrement, il n'y aurait
pas de raisons d'en établir.
Mme Payette: Oui, mais on ne propose pas à la population
des faux chiffres en disant que c'est ça que ça va coûter
en 1978. Nous, on a donné les vrais chiffres en 1978.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas vous dire que vous
présentez des chiffres qui sont faux. Je vous dis que vous
présentez des chiffres qui sont basés sur des hypothèses
d'études qui ont été faites en 1972 et en 1971 et que vous
reprochez aux assureurs de prendre ceux de 1976. C'est tout. Alors, dans le
même ordre d'idées...
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député de Jacques-Cartier reconnaîtrait que
comparer le coût d'un régime en 1976 et le coût en
1978, ce sont deux choses différentes? J'espère au moins que le
député d'Outremont va reconnaître ça.
M. Raynauld: Mme le ministre, je ne suis pas sûr si je suis
prêt à le reconnaître, savez-vous? Je ne suis pas du tout
sûr de ça. Evidemment, c'est difficile de discuter de façon
très précise, parce qu'on ne sait pas de quoi on parle. Mais si
vous me dites que les seules bases de statistiques que l'on a pour estimer ce
coût de 1978, ce sont les accidents qu'on connaît en 1976, on va
accepter les accidents de 1976. C'est bien évident, ça. Alors,
là, si vous voulez parler d'une autre chose... J'ai regardé
très brièvement ces histoires sur les primes des assureurs et je
n'ai pas été capable de me faire une idée.
On dit: C'est pour 1978. C'est bien possible que ce soit basé sur
des coûts de 1976, mais il faut bien que vous admettiez que lorsque vous,
vous avez estimé les coûts pour 1978, il a fallu que vous preniez
des statistiques et que vous les ajustiez pour tenir compte de circonstances
différentes peut-être, mais vous ne savez pas, en 1978, quel va
être le nombre d'accidents. Alors, vous prenez quoi comme base? Vous
prenez les années antérieures. Alors, est-ce que c'est une chose
aussi inacceptable que vous semblez le présenter? J'en doute.
Mme Payette: M. le Président, peut-être que je n'ai
pas été claire. Dans cette publicité, venant du Bureau des
assureurs du Canada, la prime qui est annoncée comme étant celle
payée est celle de 1976. La nôtre, dont on parle, est celle de
1978. C'est simplement à ce niveau-là que je souhaitais que le
député d'Outremont reconnaisse que de comparer une prime de 1976
et une prime de 1978, cela n'est pas la même chose. Ce qui aurait
été honnête, cela aurait été de dire ce
qu'aurait coûté l'assurance automobile en 1978, dans le
régime qu'on connaît.
M. Saint-Germain: Comment voulez-vous qu'il puisse le
calculer?
M. Roy: Mme le ministre nous a dit, à plusieurs reprises,
qu'elle ne connaissait pas l'avenir. J'ai posé bien des questions et je
n'ai pas été le seul à poser des questions sur les
projections. Si on a mis énormément de temps et qu'on a eu
beaucoup de difficultés à avoir les documents que nous voulions,
on nous a dit que c'était parce qu'il avait fallu recueillir les
statistiques disponibles.
Je m'étonne et c'est très difficile à comprendre,
c'est un dossier qui est très difficile à suivre parce qu'il
semble que, une journée, on est en 1976, le lendemain en 1977 et, par la
suite, on est en 1978; on va finir en 1980.
M. Saint-Germain: A part cela, les assureurs ne peuvent pas
calculer le coût du régime; ils n'en ont certainement pas les
données, ils ne connaissent pas les règlements et...
M. Raynauld: Ensuite, M. le Président, la question
pertinente, ici, je pense que ce que le député de Beauce-Sud
voulait faire ressortir, c'est qu'on n'a aucune indication sur le coût
total de cette assurance, c'est là qu'est le problème qu'on
essayait de discuter. Même si on accepte les chiffres qui ont
été distribués comme ils le sont et qu'on dit, ce sont les
vraies primes qui vont être payées dans le régime public,
on n'a évidemment par le coût total puisqu'on ne sait pas combien
va coûter l'assurance obligatoire de $50 000, on ne sait pas quel va
être le coût de protection de l'assurance, pour un automobiliste,
pour 1978, ne sera pas connu, aussi longtemps qu'on n'aura pas
additionné les primes payées en vertu du régime public et
les primes payées en vertu du régime privé, en vertu des
assureurs privés. Je pense que c'est ce qu'on essaie de soulever. Je
pense qu'il n'est pas suffisant de comparer la prime qui est proposée
dans le document du gouvernement à l'heure actuelle, avec le coût
actuel de l'assurance automobile. Je pense que c'est ça qui est le point
important. Il est bien possible qu'on ait utilisé les données de
1976, je n'en sais absolument rien, je suis très heureux d'avoir votre
document, on va le lire et on va voir, mais ce que je veux dire c'est que c'est
la difficulté de comparer le coût actuel avec le coût du
régime parce qu'il faut additionner les deux; c'est un régime
double que vous proposez, ce n'est pas un régime unique.
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Excusez-moi, messieurs, mais
on est nettement à l'encontre du règlement, depuis quelques
interventions. J'ai laissé aller, voulant montrer assez de souplesse,
mais je dois noter que, à ce moment-ci, vous seriez drôlement
bienvenus de revenir aux propos de l'article 6.
M. Roy: M. le Président, on vient de nous remettre un
document. Peut-on faire des commentaires sur le...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je m'excuse...
M. Roy: Depuis quand ne peut-on pas faire de commentaires sur les
documents qu'on nous remet?
Le Président (M. Bertrand): Monsieur, ne vous emballez
pas! La parole est au député de Jacques-Cartier, c'est uniquement
ce que je voulais vous souligner, M. le député de Beauce-Sud.
Gardons notre calme; c'est vendredi, il y a tempête de neige, je
sais, cela nous rend maussades devant l'état des routes que nous aurons
à traverser pour nous rendre chacun dans nos milieux, mais restons
calmes pendant que nous sommes ici.
M. Roy: Très calmement...
M. Saint-Germain: On est tellement heureux ici, M. le
Président, surtout quand il n'y a pas autre chose à faire. Que
voulez-vous faire avec une température semblable?
J'aimerais continuer, si vous me le permettez, comme j'allais le faire
lorsque d'autres ont pris la oarole.
Actuellement, prenons une région bien particulière comme
Hull, par exemple. L'industrie privée a les moyens de s'adapter au site
géographique des*assurés. Les primes sont moins dispendieuses
pour cette région. Je pense qu'on peut affirmer, sans se tromper, que
l'un des facteurs c'est que bien souvent ces gens travaillent à Ottawa
ou voyagent souvent en Ontario et, comme les accidents sont moins nombreux en
Ontario qu'au Québec relativement cela concourt à
un abaissement du coût des primes.
Dans le système actuel, si on est obligé ce n'est
pas un "si" parce qu'on le sera obligé de s'assurer en plus
contre les dommages matériels, on sera aussi obligé de s'assurer
pour dommages corporels lorsqu'on voyage à l'extérieur de la
province, il me semble évident que, pour la région de Hull, le
raisonnement est tout à fait inverse. Ce qui va arriver en fait, c'est
que, parce qu'on voyage souvent en Ontario et qu'on voyage habituellement dans
des régions où le taux d'accidents est moins élevé,
on a un abaissement du coût des primes.
Nécessairement, on sera obligé de payer le même prix
que les autres, mais la police qui sera émise par un assureur
privé continuera à tenir compte du fait que cet assuré
voyagera, peut-être à 50%, 75% ou 35%, le pourcentage qu'on veut,
mais un pourcentage sûrement plus élevé que celui du
citoyen moyen de la province de Québec qui demeure, par exemple, dans
cette ville, dans la capitale. Alors, celui-ci aura très peu de baisse
dans sa police et il va tout de même continuer à payer le
même prix au niveau de la régie. Alors, celui-ci aura très
peu de baisse dans sa police et il va tout de même continuer à
payer le même prix au niveau de la régie. Alors, on peut dire,
sans se tromper, que ces gens-là vont sûrement avoir une
augmentation de prime. Cela me semble être absolument évident.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: On s'est posé beaucoup de questions sur ce que
coûterait la nouvelle police d'assurance qu'on devrait acheter pour
circuler hors du Québec. Je voudrais savoir pourquoi on pense qu'il peut
y avoir du changement, parce qu'actuellement le ministre nous a dit que dans
une police d'assurance qu'on possède pour circuler hors du
Québec, il y a un avenant qui nous protège. Il n'y aura pas de
changement sur cet avenant. Alors, pourquoi dit-on que, dans l'avenir, cela
coûtera plus cher? Je me suis informé. On me dit que c'est entre
3% et 5% environ, la protection de cet avenant hors du Québec.
Tantôt, quand le député de Beauce-Sud a dit que cela
coûterait plus cher à l'avenir, je me demande sur quoi il se
base.
Deuxièmement, il a dit tantôt que très peu
d'automobilistes non assurés circulaient hors du Québec. Je
voudrais savoir aussi sur quoi il se base pour dire cela, parce que je connais
personnellement des gens qui ont été hors du Québec et qui
n'ont pas de police d'assurance qui ne sont pas assurés. Je ne sais pas
où il prend ses statistiques. Je voudrais revenir sur une question que
j'ai trouvé très intéressante du député de
Montmagny-L'Islet, en ce qui concerne les véhicules automobiles qui ne
sont pas immatriculés. J'ai trouvé que c'était une
question extrêmement importante à laquelle j'aimerais avoir une
réponse. On sait qu'il existe beaucoup de véhicules automobiles
qui ne sont pas immatriculés ici et je voudrais savoir... Lorsqu'on a
dit que six millions de Québécois étaient assurés,
peu importe où, je pense que le député de
Montmagny-L'Islet soulevait une question, par exemple, sur un territoire de
chasse, à l'intérieur d'une ferme, où je connais des gens
qui ont une vieille automobile... Ils circulent à l'intérieur de
la ferme. Est-ce que ces gens-là sont assurés?
Mme Payette: Sauf, M. le Président, les exceptions
prévues à l'article 17, les Québécois sont
protégés, sont couverts par le régime, que l'automobile
soit immatriculée ou non. Dans le projet de loi, lorsqu'on dit, à
l'article 6, qu'une indemnisation bénéficie à toute
victime résidant au Québec ou aux personnes à sa charge,
il n'y a pas de référence faite à l'immatriculation des
véhicules. Alors, les résidents du Québec
bénéficient d'une indemnisation, peu importe que l'automobile qui
les a blessés soit immatriculée ou non immatriculée, sauf,
bien sûr, les exceptions prévues à l'article 17.
M. Gagnon: Quand vous parlez d'automobile, vous parlez de tout
véhicule à moteur. Par exemple, un véhicule
transformé, cela existe beaucoup sur les fermes, dans les territoires de
chasse ou de pêche est-ce que cela s'appelle toujours une automobile?
M. Giasson: La définition du terme "automobile", la loi le
précise fort bien.
M. Raynauld: Je voudrais ajouter qu'à l'article 17, on
exclut les véhicules de ferme dont l'utilisation est principalement
destinée à ne pas aller sur les chemins publics. On a
discuté de cela dans les définitions et cela est exclu. Par
conséquent, pour compléter la réponse, celui qui subit un
accident sur sa ferme avec un tracteur qui, d'habitude, ne va pas sur les
routes n'est pas indemnisé.
M. Giasson: II devra se procurer une police de
responsabilité comme il le fait traditionnellement, que ce soit une
police qui couvre la responsabilité de l'ensemble des véhicules
de ferme ou assurer chacun de ses véhicules par une description propre
à chaque véhicule avec prime afférente.
M. Saint-Germain: M. le Président, si on avait
accepté nos motions, le député aurait la
définition
d'un véhicule automobile dans la loi mais là, on ne le
sait pas. Ce n'est pas défini. Les règlements vont le
définir.
M. Gagnon: C'est clairement défini, c'est correct.
M. Saint-Germain: De toute façon, pour ce qui regarde le
coût...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Beauce-Sud avait demandé la parole.
M. Saint-Germain: Moi aussi, M. le Président. Je vais
terminer, ce ne sera pas bien long.
En ce qui regarde le coût réel de la police pour un
individu, comme le disait le député d'Outremont, ça va
être l'addition des deux primes. Il me semble absolument évident
que, plus on va en laisser dans la prime ou dans la police d'assurance de
l'entreprise privée, plus ce coût va être
élevé. D'autant plus que je n'ai pas l'impression que les
assureurs privés pourront, en supposant que la protection corporelle
vaut 35% de la prime, ils ne pourront pas baisser leur prime de 35%, pour la
bonne raison qu'on les oblige à réimprimer leur police, à
faire des études nouvelles et, en plus, à émettre une
prime qui contient ou qui ne contient pas une protection pour blessure
corporelle. Cela ne diminue presque pas leur coût d'émission des
primes.
Vous émettez une police qui coûte $500 de prime, vous en
émettez une autre qui coûte $1000. Pour l'assureur,
l'émission de sa prime, ce sont à peu près les mêmes
frais d'administration, il n'y a pas grand-chose qui change.
Actuellement, on prend une police unique où tout est compris; on
peut aller en dehors, on peut voyager où on veut, c'est global, la
police, point. C'est tout. Mais actuellement, pensez-vous que les assureurs
privés qui vont assurer une personne qui réside ici à
Québec, vont lui demander: Est-ce que vous voyagez beaucoup en dehors?
Il n'y a pas de raison. Il y a des années où je ne vais
même pas en dehors de la province. Ce sont des déclarations qui
vont être faites par les assurés, par les clients, et les
assureurs vont en tenir compte.
Mais l'autre qui est de Montréal et qui dit: J'ai un camp
d'été en Ontario ou celui qui est à Hull et qui dit: Je
travaille à Ottawa ou j'ai un camp à Ottawa. Le type de
Québec qui dit: Ma parenté est en Ontario, mes amis sont en
Ontario, je vais en Ontario souvent ou je fais des affaires en Ontario. Tout
ça va faire augmenter la prime. Cela me semble absolument
évident. Si vous voulez réellement avoir le coût de votre
police, il va falloir que vous additionniez premièrement les deux
coûts; c'est élémentaire, c'est évident.
En plus, vous allez être obligé, comme citoyen du
Québec, de considérer ce que cette loi va vous coûter en
taxes et en perte de droit de subrogation pour l'assurance-maladie. Le citoyen,
la victime même va être obligée de prendre en
considération la perte du régime de rentes qu'elle pourrait
recevoir ou la perte de sa pension de vieillesse. Vous allez, si vous voulez
avoir une comparaison directe, être obligé de considérer la
qualité de l'in- demnisation de cette police et la qualité de
l'indemnisation actuellement.
Alors, ah! ah! on peut le faire, mais il faut être actuaire ou
professionnel pour aller au fond des choses; cela me semble tout à fait
évident.
M. Gagnon: Quand vous mentionnez qu'il va falloir
réimprimer toutes les polices d'assurance, ainsi de suite, à mon
point de vue, tout ce qu'on devra garder sur les polices pour les dommages
matériels...
M. Saint-Germain: Tous les dommages corporels sont en dehors.
M. Gagnon: Oui, on l'a déjà sur nos polices
d'assurance. Ce qu'on enlève, en fait, c'est la partie corporelle, tout
simplement. Le reste existe sur la police d'assurance.
M. Saint-Germain: On enlève la partie corporelle en ce qui
regarde les accidents qui arrivent au Québec.
M. Gagnon: C'est ça.
M. Saint-Germain: Si vous allez en dehors, vous allez être
obligé d'avoir une autre assurance; vous n'enlevez pas tout, vous
enlevez une partie, la majeure partie, j'en conviens. Mais il y a tout de
même une partie qui va être importante pour bien des citoyens, qui
va rester la responsabilité de l'assureur privé.
M. Gagnon: C'est le même avenant qu'on a actuellement.
M. Saint-Germain: Vous êtes assureur vous; si moi je
parcours 25 000 milles par année et, la moitié du millage, je la
fais en dehors de la province, vous allez imposer des frais en
conséquence. Il n'y a pas de charité à faire.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Mon collègue m'a
posé des questions tout à l'heure sur l'assurance automobile.
D'ailleurs, je le félicite de s'intéresser à ce projet et
je l'invite, comme tous ses collègues, à l'examiner attentivement
et aller au fond des choses. On m'a demandé tout à l'heure sur
quoi je me basais pour dire qu'un très grand nombre, le plus grand des
pourcentages de ceux qui n'avaient pas d'assurance, ne circulaient pas hors des
frontières. Je pense que vous êtes assez bien placé pour
donner une indication. Je pense que c'est assez facile aussi à
admettre.
D'abord, il y a les personnes âgées qui gardent leur
automobile pour se rendre uniquement au village, à deux ou trois milles
de chez eux; c'est une catégorie.
M. Gagnon: Ces gens-là sont assurés,
habituellement.
M. Roy: II y en a qui sont assurés et il y en a qui ne
sont pas assurés. Je tiens à dire qu'il y en a qui ne sont pas
assurés. Et ceux qui ne sont pas assurés ne vont pas beaucoup
plus loin que leur patelin.
La deuxième catégorie qui n'est pas assurée en
comprend un grand nombre. Ce sont les bénéficiaires de la loi de
l'aide sociale. Assez souvent, ils ont des automobiles qui datent de plusieurs
années. Ces gens-là ne courent pas la chance de circuler en
dehors des frontières pour se retrouver avec des problèmes, avec
des complications épouvantables.
Et vous avez aussi une catégorie de jeunes. Je ne dis pas les
jeunes, je dis une catégorie de jeunes. Je pense être en mesure de
répondre à la première partie de la question que vous
m'avez posée.
En ce qui a trait aux 3% ou 5% qu'on retrouve avec un avenant sur leurs
polices d'assurance pour aller aux Etats-Unis, je tiens à vous
direet je pense que le député de Montmagny-L'Islet est
beaucoup plus connaissant que moi de ce côtéque ce n'est pas
une couverture totale, c'est un extra. Il y a une grande différence
entre les deux, puisque dans la responsabilité publique, les dommages
corporels sont couverts non seulement au Québec, mais aux Etats-Unis. Et
si vous voulez être mieux couverts aux Etats-Unis, vous devrez payer un
extra, mais cet extra n'est pas la couverture.
Prenez votre police d'assurance à l'heure actuelle et communiquez
avec votre assureur. Demandez-lui si du fait que vous irez aux Etats-Unis et
que vous aurez à circuler en dehors de la frontière assez
régulièrement, quelle réduction vous allez avoir sur votre
police, proportionnellement à la prime que vous devrez payer à la
régie gouvernementale? C'est à partir de là qu'on peut
discuter toutes sortes de chiffres ce matin. Faites-le de façon
très claire, très précise, et vous serez en mesure de
calculer que, pour vous, cela ne constituera pas une diminution si vous
êtes obligé d'aller aux Etats-Unis. Cela constituera une
augmentation et une augmentation appréciable.
M. Gagnon: Je m'excuse, M. le Président.
M. Giasson: M. le Président, il y aurait des
précisions à apporter pour éclairer nos débats.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
Mme Payette: M. le Président, si le député
de Montmagny-L'Islet s'apprête à apporter les précisions
que j'ai devant les yeux, je trouverais cela parfait de ne pas être
obligée de le faire moi-même.
M. Giasson: Je ne sais pas...
Mme Payette: J'ai le contrat d'assurance, qui est le même
pour tous les individus au Québec.
M. Giasson: Pour détruire l'idée d'avenant, qui
existe présentement ou qui devra exister dans le futur, afin d'assurer
la responsabilité pour les blessures corporelles à
l'extérieur du Québec, il faudrait préciser une chose. Le
contrat d'assurance automobile qui existe au Québec depuis des
années, qui a toujours été soumis à l'approbation
du Surintendant des assurances du Québec, quel qu'il soit, doit au moins
émettre, quitte, s'il veut donner des protections des couvertures ou des
extensions à cela, on ne l'empêchera pas...
Mais il y a un contrat type minimal qui, dans son libellé, dans
les conventions ou les conditions statutaires ce sont les grands termes
qui forment un contrat d'assurance automobile dit que la couverture en
vigueur s'applique pour l'utilisation d'une automobile à
l'intérieur de la partie continentale de l'Amérique du Nord, ou
sur les navires desservant des pays, en partant de l'Amérique du
Nord.
Mme Payette: Si le député de Montmagny-L'Islet me
le permettait...
M. Giasson: Cela est automatique et les assureurs ont toujours
déterminé leurs primes à partir de ce libellé, de
ce contenu.
Dans la prime établie par les assureurs, il était
prévu qu'un certain pourcentage d'événements allait se
produire dans toute l'Amérique du Nord. C'est sûr que si le
client, l'assuré, s'en va au Mexique, un bon courtier va l'aviser qu'il
sort de la partie continentale. S'il se rend en Amérique du Sud ou dans
une île qui ne fait pas partie du continent, il va être couvert sur
les navires qui conduisent les véhicules, mais dès qu'il sortira
de la partie continentale... C'était le contrat de base.
Mme Payette: Si le député me le permet, j'ai le
texte exact devant moi qui dit: A l'article 1 de dispositions diverses: Etendue
territoriale de la garantie: "Sauf dérogation expressément
stipulée, l'assurance s'exerce à l'intérieur du Canada et
des Etats-Unis d'Amérique ainsi que sur les bateaux faisant le service
entre les ports de ces pays".
M. Giasson: A l'avenir, il est permis de croire que le contrat
d'assurance automobile pour la partie couvrant la responsabilité et les
dommages matériels devra être soumis pour approbation...
Mme Payette: Au surintendant des assurances.
M. Giasson: ... au surintendant. Vous avez là le
libellé nécessaire pour répondre à toutes les
dispositions que le projet de loi contient vis-à-vis de la
responsabilité pour les dommages matériels ou les couvertures
propres aux véhicules possédés par l'automobiliste.
M. Raynauld: M. le Président, si je comprends bien, cela
prouve que cette protection devra demeurer et qu'on devra continuer à
payer pour celle-là?
Mme Payette: On a toujours dit qu'elle demeurait et qu'il n'y
avait pas d'augmentation de coûts. Ce serait plutôt le contraire,
puisque le risque va être partagé par 20% de plus de la population
qui pourraient éventuellement se rendre aux Etats-Unis.
M. Gagnon: Là où je veux en venir, c'est lorsqu'on
fait croire aux gens qu'il faudra une police additionnelle. Je trouve qu'il y a
une partie de charriage là-dedans qui induit la population en erreur.
C'est là où je voulais en venir. C'est déjà une
protection qu'on payait. Pourquoi aller dire qu'on va être obligé
de prendre une police additionnelle?
Cela ne vient pas de moi. J'ai personnellement consulté des
courtiers que je considère très compétents dans mon coin.
Un courtier m'a dit: II n'y a aucun changement de ce
côté-là. Ce n'est pas une police additionnelle, c'est tout
simplement un avenant qui est prévu actuellement, une clause
automatique.
M. Giasson: Je ne crois pas qu'il y ait d'avenant.
M. Gagnon: Appelons cela avenant ou pas, c'est prévu.
M. Giasson: Je fais des hypothèses, je ne le sais pas.
Mme Payette: C'est compris dans le contrat d'assurance.
M. Saint-Germain: Non, mais la prime sera augmentée en
conséquence. C'est cela qu'il est juste de dire. Il n'y aura pas de
police.
M. Giasson: II n'y aura pas de police additionnelle, mais il y
aura une prime. Effectivement, dans l'ensemble de la prime totale, il y aura
une parcelle de la prime...
M. Gagnon: Comme actuellement.
Mme Payette: Comme c'est le cas actuellement.
M. Giasson: ... qui prévoira la responsabilité des
assureurs, comme c'est le cas présentement.
M. Roy: Ce qui fera en sorte qu'il n'y aura pas une diminution
proportionnelle à la prime qui sera facturée par la régie
à cause d'une partie de la couverture qui doit demeurer. Je n'ai jamais
dit autre chose à cette commission. Parfois, on peut obtenir une police
additionnelle, un avenant additionnel, une clause additionnelle...
Mme Payette: Je vous ai entendu, M. le député de
Beauce-Sud, dire autre chose à la radio.
M. Roy: Non, je n'ai jamais dit autre chose que cela. On a pu
dire à un moment donné que cela va prendre une couverture
additionnelle.
Mme Payette: Fausse information.
M. Roy: Certains interprètent cela comme une police
additionnelle ou un autre...
Mme Payette: Une police supplémentaire, oui, c'est cela le
charriage.
M. Roy: Peu importe que ce soit police, avenant ou clause
additionnelle, laissons faire la lettre, regardons l'esprit. C'est l'esprit qui
compte.
Mme Payette: Ah oui!
M. Roy: II ne pourra pas y avoir diminution totale de la
couverture par rapport à la prime qu'on devra payer à la
régie. C'est toujours ce que j'ai soutenu. C'est cet esprit qui est
sous-tendu et c'est ce qui me fait dire que, chez nous je ne suis pas
ici uniquement pour représenter les gens de chez nous cela va
coûter plus cher.
Mme Payette: Je me suis contentée jusqu'à
maintenant de dire, dans les discussions que nous avions avec le BAC, que cette
prime n'augmenterait pas. Je pense même qu'elle devrait diminuer parce
que la partie couvrant les Québécois à l'étranger
est prise en charge par la régie dorénavant. Cette partie devrait
diminuer d'autant dans le contrat d'assurance.
M. Roy: Mais la responsabilité publique pour
l'automobiliste québécois demeure à l'étranger. Il
faudrait l'ajouter.
Mme Payette: Oui, et ce sera payé dans le contrat
d'assurance, mais ce sera une prime moindre que celle qui existe
actuellement...
M. Roy: Ah!
Mme Payette: ... parce qu'on en enlève aussi une
partie.
M. Roy: Elle sera diminuée, mais pas proportionnellement
à la prime que la régie va augmenter.
Mme Payette: Cela, M. le député de Beauce-Sud, nous
la négocierons avec le Bureau des assureurs du Canada et la Corporation
des assureurs.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le ministre pourrait-il nous dire pourquoi d'un
côté, il prend en charge les dommages corporels qui surviennent
aux Québécois au Québec et que, de l'autre
côté, il dit que, lorsqu'un Québécois va être
à l'étranger, on va laisser cela à l'entreprise
privée? C'est encore le dommage corporel.
Mme Payette: C'est encore faux, puisqu'on couvre les
Québécois aussi à l'étranger.
M. Fontaine: Pas pour la responsabilité civile?
Mme Payette: Non, mais pour leurs dommages personnels, comme
c'est le cas au Québec, en ce qui a trait aux dommages corporels.
M. Fontaine: Au Québec, vous abolissez la
responsabilité civile.
Mme Payette: II ne s'agit que des étrangers
impliqués dans un accident avec un Québécois.
M. Fontaine: Le Québécois qui circule au
Québec n'a plus de responsabilité civile. La régie va
l'indemniser de quelle que façon que ce soit, mais lorsque ledit
Québécois s'en va aux Etats-Unis, par exemple...
Mme Payette: II va aux Etats-Unis.
M. Fontaine: Non, ce que je voudrais, c'est que vous preniez en
charge la responsabilité des Québécois, même
lorsqu'ils seront à l'étranger qu'on recherchera leur
responsabilité. Pourquoi ne pas inclure cela dans votre régime
plutôt que de le laisser aux compagnies privées? Si vous voulez
prendre le dommage corporel, prenez-le au complet, n'en prenez pas seulement
une partie.
Mme Payette: II n'y a rien à répondre
là-dessus.
M. Fontaine: J'ai d'autre chose, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Allez-y.
M. Fontaine: On a mentionné tout à l'heure qu'il y
avait des services spécifiques qui seraient créés à
la régie pour poursuivre, en subrogation, des étrangers ou pour
se défendre des actions qui pourraient être intentées
contre la régie par des étrangers. Y a-t-il effectivement un
service spécifique qui sera créé à la régie.
Y aurait-il des avocats qui seront employés là? Est-ce que ces
services...
Mme Payette: Un service juridique est prévu, en effet.
M. Fontaine: II est prévu. Est-il sur pied
actuellement?
Mme Payette: On est en train de se bâtir. On est à
la recherche des personnes... C'est fait par voie de concours public.
M. Fontaine: Est-ce que ces coûts sont prévus dans
votre régime?
Mme Payette: Les coûts sont prévus.
M. Fontaine: Où peut-on les retrouver dans votre
document?
Mme Payette: Dans les frais d'administration, au total, à
l'intérieur de cette enveloppe de $21 millions.
M. Fontaine: Est-ce que ce serait possible d'avoir la ventilation
des 6% d'administration que vous prévoyez?
Mme Payette: Vous avez eu M. De Coster à qui vous auriez
pu largement poser cette question, si vous aviez voulu.
M. Fontaine: Vous l'avez, le renseignement. Vous pourriez nous le
donner?
Mme Payette: Je peux m'informer et vous apportez un renseignement
plus précis.
M. Fontaine: Merci.
Le Président (M. Bertrand): Article 6, adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Article 6, adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 7?
M. Saint-Germain: A l'article 7, la motion qu'on veut...
Où est-elle? J'aurais une motion qui se lirait comme suit: "Que le
premier alinéa de l'article 7 soit modifié en remplaçant
dans la deuxième ligne les mots "hors du", par le mot "ou", et en
retranchant tous les mots après le mot "excédent" dans la
cinquième ligne.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, Mme le ministre voulait dire quelque chose avant que...
Mme Payette: M. le Président, je vous demande une
directive. Le député de Beauce-Sud a dit à un moment
donné qu'on pouvait tenir pour acquis qu'on allait adopter les articles
6, 7 et 8, à la suite des discussions larges et ouvertes qu'il y a eu
sur toute la question. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on reprenne
l'article 7. Je voudrais, cependant, qu'on me donne le temps de le lire, si
cela ne vous dérange pas trop.
M. Roy: Bien sûr!
Le Président (M. Bertrand): On ne peut pas les adopter en
bloc, il faut les adopter un par un. Nous en sommes à l'article 7. Je
demandais si les membres étaient prêts à adopter. M. le
député de Jacques-Cartier m'indiquait qu'il avait une motion
d'amendement.
M. Gagnon: Je suis d'accord pour étudier les trois
articles ensemble.
Mme Payette: C'est cela. Il y a eu un consentement pour
étudier les trois articles ensemble.
M. Saint-Germain: Personnellement, je n'ai laissé personne
parler en mon nom.
Mme Payette: N'ayant pas parlé contre, est-ce qu'on ne
doit pas présumer que vous avez parlé pour?
M. Saint-Germain: Ecoutez, ne me faites pas parler plus que je ne
parle. Car on n'en finira pas.
Mme Payette: Je n'ai pas entendu qui que ce soit autour de cette
table dire qu'il était contre cette proposition du député
de Beauce-Sud de parler des trois articles, 6, 7 et 8 en même temps.
M. Saint-Germain: Je ne voudrais tout de même pas...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
Mme Payette: M. le député de Beauce-Sud me confirme
que c'est exact.
M. Saint-Germain: ... qu'on interprète mon silence.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Rosemont, vous étiez à la
présidence à ce moment.
M. Paquette: Oui, sur cette question, j'avais demandé aux
députés de se discipliner, d'invoquer les articles 7 et 8 pour
autant qu'ils se rapportaient à la discussion sur l'article 6. Le
député de Beauce-Sud nous a dit: Soyez tolérant, M. le
Président, cela va nous permettre d'accepter les trois articles plus
rapidement. Evidemment, les autres députés n'ont pas donné
leur opinion à ce moment. On a pensé que c'était le
cas.
Le Président (M. Bertrand): Comme on doit les adopter
à la suite, madame, sur l'article 7.
M. Fontaine: On va les adopter quand même.
Mme Payette: L'article 7 se lit comme suit: "La victime d'un
accident survenu hors du Québec, qui a droit à l'indemnisation
prévue au présent titre peut bénéficier de celle-ci
tout en conservant ses recours pour l'excédent en vertu de la loi du
lieu de l'accident. "Nonobstant l'article 4, la régie qui indemnise une
victime en vertu du présent article est subrogée dans les droits
de celle-ci et peut recouvrer les indemnités ainsi que le capital
représentatif des rentes qu'elle est ainsi appelée à
verser, de toute personne ne résidant pas au Québec qui, en vertu
de la loi du lieu de l'accident, est responsable et de toute personne tenue
à l'indemnisation des dommages corporels causés dans l'accident
par ce non-résidant. La subrogation s'opère de plein droit dans
la décision de la régie d'indemniser la victime."
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
Mme Payette: M. le Président, j'aimerais...
Le Président (M. Bertrand): Madame, d'accord.
Mme Payette: ... seulement donner un mot d'explication sur
l'amendement. Le deuxième alinéa a été
modifié pour préciser que la subrogation de la régie ne
peut s'exercer que contre un non-résidant. L'alinéa ajouté
indique à partir de quel moment la régie peut exercer la
subrogation.
Le Président (M. Bertrand): Bien.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne crois pas que je
devrais nécessairement vous relire cette motion. La voilà.
Le Président (M. Bertrand): Alors, le député
de Jacques-Cartier propose que le premier alinéa de l'article 7 soit
modifié en remplaçant, dans la première ligne, les mots
"hors du" par le mot "au" et en retranchant tous les mots après le mot
"excédent" dans la cinquième ligne.
Mme Payette: Ce n'est pas vrai! Cela devient ridicule.
Le Président (M. Bertrand): Un instant!
Mme Payette: Vous êtes sûr que vous avez le bon
projet de loi?
M. Paquette: Vous êtes sûr que vous n'êtes pas
mêlé dans vos papiers?
Le Président (M. Bertrand): Alors, je m'excuse, M. le
député de Jacques-Cartier, mais la fonction de votre amendement,
c'est d'écarter la question principale.
La question principale... Il est question dans cet article d'accidents
survenus en dehors du Québec.
M. Saint-Germain: M. le Président, il m'appa-raît
tout à fait clair que j'apporte cet amendement, parce que je veux
nécessairement que les victimes d'un accident d'automobile qui a lieu au
Québec soit traitée exactement comme les victimes d'accidents
survenus hors du Québec. Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir
là-dedans de si extraordinaire. C'est la politique du Parti
libéral vis-à-vis de l'assurance, et à cet article qui
traite des victimes d'un accident survenu hors du Québec, nous voulons
que les victimes d'un accident qui survient au Québec, soient
traitées de la même façon. C'est loin d'être
ridicule.
M. Paquette: M. le Président, sur la
recevabilité...
Le Président (M. Bertrand): Alors, je m'excuse, M. le
député de Jacques-Cartier. Cela m'aide à comprendre
davantage que votre motion d'amendement ne peut pas être recevable
étant donné qu'elle a pour fonction évidente... Je vous
reconnais ce droit, mais je ne peux pas l'accepter
comme président, étant donné que vous
écartez, à toutes fins pratiques, la question principale qui est
soumise à l'article 7 et qui a pour but, justement, de parler de ceux
qui sont victimes d'accidents hors du Québec et qui prévoit un
droit d'indemnisation particulier pour ces victimes d'accidents hors du
Québec. Il est bien évident que je dois juger irrecevable votre
motion, puisqu'elle écarte la question principale.
M. Saint-Germain: Alors, sur la question de fond à
l'article 7, M. le Président, vous avez bien compris que je voulais
simplement que les victimes d'un accident survenu hors du Québec et les
victimes d'un accident survenu au Québec soient traitées
exactement de la même façon. Je ne vois pas pour quelle raison le
gouvernement...
Mme Payette: Cela va à l'encontre du règlement, M.
le Président.
M. Paquette: M. le Président...
M. Saint-Germain: Cela ne va absolument pas à l'encontre
du règlement.
M. Paquette: Question de règlement, M. le
Président. Vous venez de rendre une décision concernant
l'irrecevabilité de l'amendement du député. Le
député est en train de vous expliquer pourquoi il a fait cet
amendement.
M. Saint-Germain: Pas du tout, pas du tout.
M. Paquette: C'est tout à fait non pertinent, je m'excuse,
mais...
M. Saint-Germain: Pas du tout. Je parle sur le fond de l'article
7.
Mme Payette: ... juste à côté du fond.
Le Président (M. Bertrand): Sur l'article 1 ...
M. Paquette: ...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, sur l'article 7, j'ai effectivement jugé irrecevable une
motion...
M. Fontaine: C'est à peu près comme le
gouvernement.
Le Président (M. Bertrand): ... qui aurait eu pour effet
de changer complètement le sens de l'article 7 et qui,
évidemment, avait pour fonction d'écarter, donc, la question
principale qui nous est soumise ici.
Maintenant, le député de Jacques-Cartier veut exprimer que
cet article 7 lui apparaît, d'une certaine façon, inacceptable,
jusqu'à un certain point, parce qu'il est incomplet, n'incluant pas
aussi les gens qui sont victimes d'accidents à l'intérieur du
Québec.
M. Paquette: II parle sur le principe de la loi, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Je lui ferais
valoir que pour ce qui concerne les victimes d'accidents survenus au
Québec, concernant leur droit à l'indemnisation et leur
possibilité de recours ou leur impossibilité de recours, cela a
été débattu à l'article 4 et qu'à ce
moment-ci, on ne va certainement pas refaire le débat à l'article
4. Nous en sommes à l'article 7 sur les victimes hors Québec.
M. Saint-Germain: Alors, M. le Président, je dis que la
préservation du recours pour l'excédent, en faveur d'une victime
d'accident survenu hors du Québec, établit hors de tout doute que
le gouvernement considère comme incomplète les indemnités
versées par le régime proposé par le projet de loi
actuellement. Pour quelle raison donne-t-on aux victimes d'un accident hors
Québec des droits légitimes? Alors, on traite ces gens-là
d'une façon différente, d'une façon plus juste.
Nous, comme Québécois, on aurait avantage à avoir
des accidents hors du Québec. C'est lorsqu'on aura des accidents hors du
Québec qu'on sera réellement dédommagé avec
justice.
M. Paquette: Je vous en souhaite un, maudit! Le
Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: Faites-vous poursuivre hors du Québec, vous
allez voir si c'est le "fun".
M. Saint-Germain: Alors, actuellement, tous les citoyens du
Québec qui gagnent $18 000 et plus par année, tous les citoyens
du Québec dont la perte d'un membre comme on a dit
précédemment à cette commission par exemple, la
perte d'un doigt, pour un musicien; c'est catastrophique pour lui, cela vaut
certainement plus que votre grille de $20 000. C'est ridicule d'offrir $20 000
à un musicien pour la perte d'un doigt. C'est une injustice flagrante.
Ce type, par malheur et aussi par bonheur, a un accident hors du Québec.
Là il va être traité avec justice; s'il n'est pas
responsable de l'accident, il va dire au juge: Mon doigt vaut $2000 000, $3000
000 ou $400 000, il va prouver devant le tribunal que son doigt vaut cela et il
va être payé. Par contre, s'il a le même accident au
Québec, il va avoir une pitance de quelques mille dollars et une pension
d'environ $11 000 par année.
M. Paquette: Est-ce que je peux poser une question au
député, M. le Président?
M. Saint-Germain: Oui, amenez-les ces questions, je suis sur un
terrain solide. Allez-y!
M. Paquette: Je n'ai pas cette impression, je dirais plutôt
un terrain glissant.
A l'extérieur du Québec, il va pouvoir poursuivre la
personne responsable pour ses dommages, qui sont particuliers, en autant qu'il
soit assuré dans cette province. Au Québec, il me semble qu'il va
également recevoir une indemnité supplémentaire au
régime, en autant qu'il se soit assuré pour ses besoins
particuliers...
M. Saint-Germain: C'est une question ou une affirmation?
M. Paquette: Je vais mettre un point d'interrogation au bout,
ça s'en vient.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, ne tombez pas dans un travers qui a été celui du
député de Jeanne-Mance, à un moment donné. Je
voudrais que vous ne preniez pas prétexte de la question que vous voulez
poser au député, pour faire votre argumentation, parce qu'il y a
un autre député qui a demandé la parole.
M. Paquette: Oui. D'autre part, M. le Président, le
député de Jacques-Cartier ne pense-t-il pas le point
d'interrogation s'en vient que...
Le Président (M. Bertrand): Deux questions
équivalent à une affirmation, M. le député!
M. Paquette: Le député est-il d'avis que, si on
allait dans le sens qu'il nous propose, on devrait également avoir la
conséquence inverse et déplorable que, si ce musicien perd son
doigt à l'intérieur du Québec et qu'il s'adonne à
être responsable de l'accident, il ne serait pas indemnisé du
tout?
M. Saint-Germain: Pas avec le régime. On a proposé,
nous du parti, de conserver cela comme régime de base. On a dit qu'i y
avait, pour une grosse minorité de la population, une injustice
flagrante; c'en est une injustice. Le même type qui est au Québec
parlons du citoyen québécois, dans le même sens que
vous en parlez il dit, il peut arriver que je sois responsable d'un
accident et que, dans cet accident, je perde ma main ou un doigt. Il va aller
voir une compagnie d'assurances privé et il va assurer ses mains.
M. Paquette: Oui, et alors, il va pouvoir le faire avec ce
régime.
M. Saint-Germain: II s'en va aux Etats-Unis, il a un accident, il
perd sa main. Il sera payé par son assurance personnelle et le juge qui
rendra jugement et qui tiendra quelqu'un d'autre responsable de l'accident...
Il va être dédommagé et le juge ne lui demandera même
pas s'il a une assurance personnelle. Ce n'est pas de ses affaires, cela ne le
regarde pas, parce que le gars a payé sa prime pour lui,
indépendamment de qui que ce soit. C'est son bien, son droit personnel,
parce qu'il y a encore des juges qui respectent les libertés
personnelles des citoyens. On n'a pas tous des gouvernements comme celui du
Québec.
M. Paquette: Ma question, M. le Président, c'est que,
inversement, au Québec. Cette même personne, qui aurait un
accident au Québec et qui s'est assurée pour ses besoins
particuliers, se verra également accorder l'indemnité, qu'elle
soit responsable ou non, alors qu'à l'étranger, il faudra qu'elle
ne soit pas responsable.
M. Saint-Germain: Un musicien qui joue pour l'orchestre
symphonique de Montréal, vous allez lui donner $11 000 et vous allez le
priver de son travail, vous allez le priver de son gagne-pain, de sa joie de
vivre. C'est la raison pour laquelle...
Mme Payette: Pourquoi $11 000? C'est le remplacement de son
revenu jusqu'à concurrence de $18 000 et, à ma connaissance, les
musiciens de l'orchestre symphonique gagnent plus que cela.
M. Saint-Germain: Si ce gars-là a deux enfants, s'il a une
femme, s'il n'est pas divorcé comme tout le monde et qu'il a une femme,
quel va être son montant net, lorsque vous aurez enlevé
l'impôt sur $18 000?
Mme Payette: Au salaire de l'orchestre symphonique, actuellement,
ces gens peuvent prendre une assurance privée.
M. Saint-Germain: Quand vous aurez enlevé tout ce que vous
leur enlevez et, après cela, vous allez dire: Cela coûte 10% pour
travailler. Tu n'as plus besoin de faire cela. On te coupe ton montant net de
90%, qu'est-ce qui va arriver? Quel sera...
M. Fontaine: Combien le régime va-t-il lui donner?
M. Saint-Germain: $11 000, $12 000.
M. Fontaine: Combien le régime va-t-il lui donner?
Mme Payette: Le maximum, $18 000.
M. Fontaine: Ce n'est pas $18 000, c'est $18 000 brut.
M. Saint-Germain: Brut, qu'est-ce qui reste, net?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: 90% de $18 000. $17 000 pendant 40 ans, calculez
ça.
M. Fontaine: Ce n'est pas $17 000.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas $17 000.
M. Fontaine: C'est 90% de $13 000.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, à l'ordre, s'il vous plaît! Sur l'article, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
Mme Payette: Annexé au coût de la vie.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Fontaine: Vous capitalisez...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Giasson: II y a un fait, c'est que l'article...
M. Saint-Germain: Alors, je dis que les $18 000 brut, qu'on
n'essaie donc pas de faire croire que c'est $17 000 net. Voyons donc, c'est
ridicule. On sait l'impôt qu'on paie!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Qu'on me dise des choses qui ont du bon sens,
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Saint-Germain: Non, j'ai la parole, si je ne m'abuse.
Le Président (M. Bertrand): A condition de demeurer sur
l'article.
Mme Payette: Même à $10 000 pendant 40 ans, M. le
Président, c'est combien?
M. Saint-Germain: On me pose des questions. M. Fontaine: A
la condition qu'il vive 40 ans.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Messieurs les
membres du gouvernement, je vous demanderais de permettre au
député de Jacques-Cartier de revenir aux propos de l'article
7.
M. Saint-Germain: S'ils me disent des choses semblables,
qu'est-ce que vous voulez? Qu'on me donne $200 000, vous verrez ce que cela
vaudra au bout de 20 ans.
M. Gagnon: Cela ne répond pas à la question parce
qu'il a parlé de $11 000.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: Alors, je dis, M. le Président, qu'on
traite les citoyens du Québec beaucoup mieux et avec une plus grande
justice lorsqu'ils ont des accidents hors de la province et je ne vois pas par
quelle philosophie, par quel raisonnement, on peut arriver à une chose
semblable.
C'est tout à fait ridicule, c'est un article qui est
complètement en contradiction avec le principe même de la loi et
on l'accepte pour des accidents qui arrivent en dehors des Etats-Unis. Pour
quelle raison ne l'accepte-t-on pas pour des accidents qui ont lieu au
Québec? C'est ici, au Québec, qu'on devrait avoir une justice. La
majeure partie des accidents des Québécois auront lieu au
Québec. C'est lorsqu'on sera au Québec qu'il y aura ces
injustices que je viens de vous décrire. C'est ce qui est arrivé.
C'est ce qui arrive avec une telle loi, un tel article.
Je ne suis pas contre l'article, je dis qu'il devrait s'étendre
à tous les Québécois, quel que soit l'endroit où
ils auront un accident. Là, vous avez le droit de recours, le citoyen a
ses pleins droits, s'il a un accident en dehors du Québec. Il pourra
actionner, il pourra aller devant les tribunaux de droit commun, il pourra
plaider sa cause, il pourra être rémunéré
directement en relation avec les dommages qu'il a subis. C'est ça la
justice et c'est ça qu'on veut. Tous les gens, tous les
Québécois qui auront des accidents en dehors de la province vont
être traités sur le même pied, qu'ils gagnent $18 000, $35
000 ou $40 000, $200 000, s'ils veulent. Ils vont tous être égaux
devant la loi.
Ici, on nous arrive avec des gens qui vont gagner $35 000; on dit: Toi,
non, c'est trop, tu n'as pas d'affaire dans la vie à avoir un
succès semblable, c'est un abus, tu aurais dû rester au salaire de
tout le monde, on t'aurait rémunéré comme tout le monde.
Cela n'a pas de sens, M. le Président, et je crois que cet article
confirme nos dires, parce que c'est exactement ça qu'on voudrait pour
les citoyens du Québec, exactement ça.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Le contenu de
l'article 7 met en évidence une situation qui fera en sorte que, dans
certains cas d'accidents d'automobile ou de pertes de revenu découlant
d'accidents d'automobile, des citoyens québécois vont recevoir
une indemnisation beaucoup plus forte si l'accident se produit à
l'extérieur du Québec. Dans le cas cité par le
député de Rosemont, où il a prévu que le citoyen
québécois qui a un accident dont il est responsable à
l'extérieur du Québec... C'est sûr que le traitement qu'on
lui accordera dans l'indemnisation à l'extérieur ne change rien
à la situation.
Dans des cas précis de Québécois subissant des
blessures corporelles sérieuses ou décédant même
à l'étranger, en dehors du Québec, il faut
reconnaître qu'ils recevront un traitement supérieur en
matière d'indemnisation à ce que notre régime
québécois lui accorderait, dans les mêmes circonstances,
toutes choses étant égales, si l'accident survenait au
Québec.
Je pense à ces citoyens qui peuvent faire preuve d'un revenu
très important, d'un revenu élevé, et qui, au
Québec, vont être traités à partir des maximums
prévus dans le régime et qui serait un traitement nettement
inférieur, dans certains cas au traitement d'indemnisation que la
réglementation ou la loi de d'autres provinces ou d'autres pays pourrait
accorder. C'est une réalité dans le régime. Et on n'y peut
rien si on ne change pas des principes fondamentaux qu'on retrouve à
l'intérieur de ce projet de loi.
M. Paquette: M. le Président, si le député
me
le permet, pour compléter son tableau qui commence très
bien, il va devoir admettre également, qu'il y a des cas de victimes qui
seront indemnisées plus fortement au Québec, qu'elles ne le
seront si elles étaient soumiseset elles le sont actuellement
qu'elles ne le seraient si elles avaient un accident à
l'extérieur du Québec. Je pense que le député va
être d'accord avec cela.
M. Giasson: C'est possible, selon les endroits où
l'accident survient.
M. Paquette: Quel est le nombre?
M. Giasson: L'opinion ou le comportement des tribunaux ou des
cours de justice, d'un Etat à l'autre, aux Etats-Unis, à
l'intérieur des Etats-Unis d'Amérique, leur appréciation
n'est pas la même, par les tribunaux qu'on retrouve à
l'intérieur des Etats américains; et le comportement
également des juges ou des tribunaux, dans certaines provinces
canadiennes, n'est pas identique par rapport à des traitements
donnés dans d'autres provinces.
Il y a des appréciations ou des bases d'appréciation, ou
des évaluations, qui ne sont pas faites de la même manière,
qui diffèrent, d'une province par rapport à une autre, ou d'un
Etat américain par rapport à d'autres Etats américains. Il
s'agit d'avoir examiné des jugements sur des cas précis, des
situations à peu près identiques, pour constater que le
comportement des tribunaux peut différer.
Cependant, je voudrais aller au deuxième alinéa pour
obtenir des précisions. On dit ceci: "Nonobstant l'article 4, la
régie qui indemnise une victime en vertu du présent article est
subrogée dans les droits de celle-ci et peut recouvrer les
indemnités ainsi que le capital représentatif des rentes qu'elle
est ainsi appelée à verser".
De quelle façon va être déterminé le
recouvrement ou la subrogation qui va se faire, pour établir la valeur
capitalisée des rentes, tout en tenant compte de l'indexation qui,
éventuellement, devrait se produire dans le futur? Est-ce que la
subrogation va se faire uniquement à partir de la capitalisation de la
rente actualisée au moment de la réclamation, ou si on va
également réclamer, que la régie pourra également
réclamer les taux d'indexation qui varieront d'une année à
l'autre, sans doute, selon l'expérience qu'on connaît?
Mme Payette: II y a un actuaire présent qui peut sans
doute nous donner ce renseignement.
J'aimerais qu'on précise bien votre question, parce qu'elle a un
aspect technique, à mon point de vue. Si je comprends bien, vous
demandez de quelle façon on évaluerait l'indexation future d'une
rente qui serait versée à un résidant. Elle serait faite,
fort probablement, sur la base des hypothèses qui sont utilisées
dans l'évaluation des réserves que la régie met pour des
accidents similaires qui surviennent à des Québécois.
M. Giasson: Excusez-moi, je n'ai pas saisi votre base de
réclamation pour ce qui a trait à l'in- dexation qui devra
s'appliquer à toutes les rentes annuellement.
Mme Payette: Sur la base de l'indexation, on en tient compte dans
l'hypothèse du taux d'intérêt. On en a parlé lors de
l'évaluation. C'est un taux d'intérêt de 2%. En actualisant
une rente à 2%, on tient compte indirectement de la valeur de
l'indexation future de la rente. Pour ce qui est de la partie durée de
la rente, autrement dit, la personne peut être invalide pendant un
certain nombre d'années et ensuite retourner au travail, on a certaines
bases d'évaluation qui sont des pourcentages de
récupération moyens qui peuvent être appliqués
à certaines situations d'accidents.
Quand une personne est invalide, par exemple, à 15% ou 20%, selon
le genre d'accident, on peut évaluer qu'en principe elle devrait
retourner au travail après un certain nombre d'années, de
guérison et de récupération. Sur cette période, on
peut actualiser une rente indexée. Ce sont les deux aspects du calcul de
cela.
M. Giasson: A titre d'exemple, imaginons un cas. Vous avez un
jeune Québécois qui va aux Etats-Unis et subit un accident
d'automobile et décède de cet accident. Il est prouvé
qu'il n'avait pas de responsabilité dans l'accident, que c'était
un tiers qui était responsable. On devra payer une rente à ses
ayants droit, toujours dans l'hypothèse que cet homme ait des enfants,
si c'est un jeune citoyen québécois, un garçon de trente
ans. On va payer une rente à l'épouse sur une période de
temps fort longue, si celle-ci vit jusqu'à l'âge de 65 ans et
plus. Quelle est la certitude ou la garantie que la régie a d'obtenir la
totalité de la rente qu'elle devra payer sur une période de 30,
35 ou 40 ans peut-être à la veuve du défunt, compte tenu
qu'elle va toujours appliquer le principe de l'indexation à la rente
annuelle versée à la veuve?
J'ai peur qu'il y ait un manque à gagner possiblement dans la
subrogation qui est permise à la régie dans un cas type comme je
viens de soumettre.
M. Fontaine: ... pour capitaliser.
Mme Payette: Fondamentalement, une capitalisation, c'est une
utilisation de moyens nettement futurs qui peuvent se réaliser. Sur un
grand nombre de cas, généralement, les hypothèses
devraient être saines; autrement dit, ne pas produire de déficit
ou de profits indus. En admettant aussi que la personne qui est responsable est
solvable, la régie, devrait, en moyenne, retrouver,
récupérer la totalité des sommes.
M. Giasson: A moins qu'elle ne fasse des ententes, qu'elle
apporte des conditions suivant lesquelles elle accepte de recevoir, par son
droit de subrogation, les montants versés avec des ententes qu'on pourra
réclamer, dans les années futures, la valeur précise des
rentes qui auraient été payées aux ayant droit de cette
victime.
M. Fontaine: M. le Président, sur le même
point, quelle garantie pouvez-vous nous donner que les tribunaux
étrangers vont se rendre à vos arguments là-dessus? C'est
qu'il va falloir poursuivre à l'étranger pour
récupérer cette rente?
Mme Payette: M. le Président, il s'agit de l'application
d'un principe de la responsabilité. Dans la mesure où quelqu'un
paie pour quelqu'un d'autre, il n'y a pas de cession de créance au sens
juridique du terme. La créance passe d'une personne à une autre
qui se trouve subrogée. Dans cette mesure, le tribunal étranger
devrait accepter le subrogeant, celui qui a reçu la subrogation, de
pouvoir poursuivre. C'est comme, si en principe, la victime elle-même
poursuivait... De toute façon, la victime transporte ses droits à
la régie qui, elle, en vertu des sommes qu'elle a versées,
obtient le droit de récupérer ces sommes. Il s'agit du principe
juridique de la subrogation qui est contenue dans le Code civil. Je ne pense
pas que les tribunaux étrangers puissent...
M. Fontaine: Je ne vois pas le problème là-dessus.
Ce n'est pas sur le droit à la réclamation que vous allez avoir
des problèmes, c'est sur les montants que vous allez pouvoir
récupérer, parce que vous autres, vous allez calculer, vous allez
capitaliser votre rente. Est-ce que les tribunaux étrangers vont
accepter cette argumentation?
Mme Payette: Je pense qu'en système de
responsabilité ou de contre-preuve, il y a des experts qui peuvent
intervenir et qui peuvent, à ce moment, soit contredire le
témoignage de l'expert de la régie, soit apporter un
éclairage nouveau.
Sur la base des témoignages offerts par des experts, le juge du
tribunal étranger aura à se prononcer, comme il le fait,
j'imagine, sur des causes où c'est la victime qui poursuit le
responsable et il aura à déterminer quel montant exact
représente la perte. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il y a une
différence énorme entre ce qui existe actuellement et ce qui va
exister en vertu de ce régime.
M. Giasson: Mais, à partir de l'exemple que je vous ai
donné, revoyons comment ça peut se dérouler en pratique.
L'accident survient, le jeune chef de famille décède. On suppose
que c'est quelqu'un qui avait un très bon revenu. Bon! La régie,
elle, ouvre son dossier, décide de quelle façon elle
procède. On présume que la régie décide
d'indemniser, c'est-à-dire de payer l'indemnisation maximale qui est
prévue, compte tenu de tous les faits qu'on connaît. Bon!
Au-delà de ça, il est facile d'imaginer que si cette veuve est
bien conseillée, elle va retenir les services d'un procureur qui va
aller prendre sa défense, produire sa réclamation auprès
d'un tribunal de l'Etat ou de la province où l'accident s'est
produit.
Dès le départ, je présume que la régie va
faire signer immédiatement au bénéficiaire de la rente,
c'est-à-dire la veuve, un droit... va retenir le droit de subrogation.
Mais, au moment... Parce que la procédure qui peut se faire
là-bas peut durer deux, trois, et même quatre ans s'il s'agit
d'une grosse réclamation qui débouche sur un jugement du
tribunal. Les sommes que la régie aura versées au moment
où elle va aller les réclamer, parce que la preuve de
responsabilité a été faite par le tribunal contre le
tiers; le quantum d'indemnisation, qui est déterminé
également par le tribunal... A partir de ce moment-là, la
régie pourra commencer à recouvrer, c'est-à-dire par le
droit de subrogation; je présume qu'elle pourra également exiger
des intérêts sur la somme qu'elle va aller chercher au moment
où toute l'opération sera terminée.
Mme Payette: C'est exactement ça, M. le
député, et, en plus, comme la régie aura, elle,
déjà commencé à payer, j'imagine que la preuve du
paiement qu'elle fait déjà sera facile à établir
avec les projections qui sont nécessaires...
M. Giasson: J'ai bien l'impression, M. le Président, qu'il
sera assez difficile pour la régie, sur le paiement de rentes annuelles
qui durent longtemps, de recouvrer la totalité, même en vertu de
son droit de subrogation, à cause de certaines inconnues, à moins
d'ententes qui vont prévoir que tout le temps que la régie devra
payer la rente, elle aura son droit de réclamer, par la subrogation,
mais...
Mme Payette: Le danger que vous y voyez...
M. Giasson: II y a un danger parce que la victime, au-delà
de sa rente payée par la régie, va aller chercher un surplus qui
va représenter le règlement forfaitaire, tel que
déterminé par le tribunal de cette province.
Mme Payette: Si vous le permettez, M. le Président, une
dernière brève remarque. Dans la mesure où la victime
poursuit au-delà de ce qu'elle reçoit de la régie, elle
devra prouver la responsabilité du non-résident. Pour obtenir ce
paiement, elle devra ensuite faire la démonstration comme c'est
le cas dans un régime de responsabilité que son
expectative de vie est de X, qu'elle a peu de chances de retourner au travail,
etc., en fait, ce qu'on a à démontrer dans le système
actuel de la responsabilité. En partant de là, je pense que la
procédure de subrogation de la régie pourra, en toute logique,
suivre la procédure que la victime québécoise peut avoir
devant un tribunal à l'étranger. Je pense qu'il y aura à
ce moment, non pas une dualité d'actions, mais dans la même
action.
Le Président (M. Bertrand): La commission ajourne ses
travaux jusqu'à lundi, 15 heures.
M. Roy: II y a de la Chambre à 15 heures.
Le Président (M. Bertrand): II y a de la Chambre à
15 heures, alors la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 3)