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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Dix sept heures cinq minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières poursuit l'examen du projet de loi no 67, intitulé
Loi sur l'assurance automobile. Les membres de cette commission sont: M.
Beauséjour (Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon
(Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre), M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M. Giasson
(Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau) remplacé par M. Rancourt
(Saint-François); M. Marois (Laporte) remplacé par M. Perron
(Duplessis); M. Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld
(Outremont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé
par M. Le Moignan (Gaspé); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M.
Vaillancourt (Jonquière).
Nous en étions à l'étude de l'article 7.
Indemnisation du dommage corporel Dispositions générales
(suite)
M. Roy: Avant, M. le Président, si vous le permettez, avec
votre permission, j'aurais encore une question à poser à Mme le
ministre, mais, cette fois-là, cela concernera le sujet de l'assurance
automobile. Si vous me le permettez, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Allez toujours, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: J'aimerais savoir si la réglementation concernant
le régime d'assurance automobile est prête.
Mme Payette: Hélas, non, M. le Président. La
réglementation n'est pas prête. Mon engagement tient toujours,
cependant. Dès qu'elle sera prête, elle sera connue.
M. Roy: Mais comme nous avons une motion guillotine, non pas pour
nous couper le cou, mais pour nous couper la langue...
Mme Payette: Dont je ne suis absolument pas responsable, M. le
Président.
M. Roy: Je sais que vous n'êtes pas responsable, mais,
quand même, est-ce qu'on peut espérer, est-ce qu'il y a une petite
lueur d'espoir, toute petite, qu'on pourra connaître la
réglementation avant que la commission ne soit tenue de faire son raport
devant l'Assemblée nationale?
Mme Paquette: Nous faisons tout ce que nous pouvons, M. le
Président, pour que ce soit prêt avant, mais je ne peux pas
prendre d'engagement, à ce moment-ci, pour des personnes qui travaillent
à ma place. Si c'était moi qui le faisais, je pourrais prendre un
engagement.
M. Roy: Si c'était vous qui le faisiez...
Mme Payette: Ce serait déjà prêt, M. le
Président.
M. Roy:... ce serait déjà prêt. Alors, on
apprécie énormément la capacité de travail et les
intentions de Mme le ministre là-dessus, mais il n'y a aucune
mini-certitude, si minime soit-elle.
Mme Payette: II faudrait, M. le député,
après cette absence de deux jours, que je puisse vérifier de
nouveau, mais, à ma connaissance, aujourd'hui, je ne suis pas
informée que ce soit prévu dans les 24 ou 48 heures.
M. Roy: Pour terminer ma question, est-ce que Mme le ministre
pourrait, demain matin, avant de commencer les travaux...
Mme Payette: Vous informer où en sont les travaux?
Certainement, M. le Président.
M. Roy: Merci.
Le Président (M. Bertrand): Article 7, adopté?
Mme Payette: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Point encore?
Mme Payette: Ah Fabien, vous vouliez l'adopter vendredi.
M. Roy: Oui, c'est parce que...
Le Président (M. Bertrand): Au moment d'ajourner les
travaux, la dernière fois, je crois que nous étions vers la fin
du débat sur l'article 7.
Mme Payette: M. le Président, justement le
député de Beauce-Sud nous avait fait savoir qu'il état
disposé à adopter les articles 6, 7 et 8 d'un seul coup,
puisqu'il avait posé des questions sur les trois en même
temps.
M. Roy: Vous savez, la nuit porte conseil et comme j'ai
rencontré plusieurs personnes hier, plusieurs m'ont interrogé; on
m'a posé certaines questions auxquelles je n'étais pas capable de
répondre, parce qu'effectivement, nous ne connaissions pas la
réglementation. Deux questions qui m'ont été
posées, si c'est possible d'avoir des précisions de ce
côté, je pense que ça pourrait permettre d'apporter un peu
plus de lumière dans le débat. Articles 6, 7 et 8, je ne veux
pas...
Le Président (M. Bertrand): L'article 6 est terminé
de toute façon.
M. Roy: En tout cas, sur ces articles, étant donné
qu'il y a des amendements qui ont été proposés comme tels:
Une personne qui est résidente du Québec et qui est aux
Etats-Unis, dans un véhicule du Québec, si elle est victime d'un
accident d'automobile on dit toujours que c'est la loi de l'endroit qui
prévaut, l'endroit où l'accident a lieu qui permet l'application
du régime d'indemnisation donc, une personne résidant au
Québec, qui a un accident aux Etats-Unis, qui est dans le
véhicule d'un citoyen du Québec et qui est victime d'un accident
d'automobile, qui subit des dommages corporels, est-ce qu'elle peut se
prévaloir de la loi américaine, la loi qui prévaut sur le
lieu de l'accident pour intervenir et poursuivre le propriétaire du
véhicule?
Mme Payette: M. le Président, ce que prévoit la loi
est assez clair à l'article 7, où on dit que le
Québécois qui a un accident à l'étranger a droit
à l'indemnisation prévue au régime public et a le droit
aussi, parce qu'on ne peut pas légiférer à
l'extérieur, de prendre les recours qui lui sont ouverts dans d'autres
juridictions.
M. Roy: Ce qui veut dire que je dois garder une
responsabilité publique pour les passagers de mon véhicule,
à l'extérieur du Québec.
Deuxième question, M. le Président, une personne qui est
victime d'un accident à l'âge de 12 ans ce sont des cas
particuliers et qui reste infirme pour la vie, incapable de travailler
pour la vie.
Il se marie à vingt-deux ans et, effectivement, a une famille,
deux ou trois enfants. Sa femme et ses enfants pourront-ils
bénéficier du régime d'indemnisation, dix ans ou quinze
ans plus tard?
Mme Payette: M. le Président, il faudrait savoir, dans
l'exemple qu'on a donné, quelle est l'invalidité à
laquelle on fait référence. Est-ce que la personne qui, à
douze ans, subit un accident d'automobile, devient invalide, incapable de
travailler? C'est cela?
M. Roy: C'est cela.
Mme Payette: A ce moment-là, pour ce qui est de la rente
prévue dans le projet, nous avons des dispositions qui accordent
à une telle victime, pendant sa minorité, la rente minimale.
Au-delà de sa période de majorité, à partir de
dix-huit ans, un calcul sera prévu pour accorder à cette victime
une compensation. Il faut se référer aux catégories, quand
on fait référence à des victimes, dans le projet de loi,
un peu plus tard, on va parler des catégories de victimes. Il y a les
victimes avec emploi, sans emploi, les mineurs, les étudiants. Lorsqu'on
traite d'une victime, il faut se référer à l'article
précis.
M. Roy: Je vous remercie de ces informations, malgré que
je crains, comme tous mes collègues. autant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, qu'il ne nous sera
pas possible d'étudier ces articles, étant donné la
guillotine qui nous guette, comme je le disais tantôt; elle ne nous
guette pas la tête, mais elle nous guette la langue, en fin de
semaine.
Mme Payette: Si on pouvait commencer maintenant, on
avancerait.
M. Roy: Je m'excuse, Mme le ministre, M. le Président,
mais j'espère que mes collègues ont bien compris que les
passagers québécois, qui seront dans les automobiles des
Québécois, en dehors de la frontière du Québec,
seront responsables j'espère qu'on a bien compris cela du
côté ministériel en vertu de la loi qui
prévaut, l'endroit où aura lieu l'accident, d'où
l'obligation de garder une couverture de responsabilité publique pour
les dommages corporels. Ce qui me fait dire, M. le Président, à
cause des grandes conventions qui existent, comme le député de
Montmagny-L'Islet en a parlé l'autre jour...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: M. le Président, j'ai la parole et je termine
là-dessus.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous pourriez
répéter votre dernière affirmation?
M. Roy: Les citoyens résidant au Québec, qui sont
passagers dans une automobile du Québec, et qui seront victimes d'un
accident survenu en dehors du Québec, aux Etats-Unis, sont couverts par
le régime d'accidents d'automobiles du Québec, comme citoyens du
Québec, mais pourront, si, en vertu de la loi qui prévaut,
à l'endroit où l'accident a lieu, revenir contre le
propriétaire du véhicule, d'où l'obligation de garder,
dans notre police d'assurance, une couverture pour dommages corporels, pour
responsabilité publique, en dehors du Québec.
Je pense qu'on touche là un gros point, on touche là un
point fondamental dans la réforme de l'assurance automobile, ce qui fait
en sorte que la duplication que nous avons à l'heure actuelle risque de
causer des préjudices extrêmement graves à l'endroit des
citoyens, à l'endroit des gens qui auront à se déplacer
outre frontière.
Mme Payette: J'ai laissé le député de
Beauce-Sud aller jusqu'au bout, mais il ne faudrait pas qu'il recommence
à semer la panique et la fausse information dans la population. Il ne
s'agit pas là d'un gros point qu'on vient de découvrir, c'est un
petit point qu'on va retrouver à l'article 75. C'est ce qui
prévaut présentement dans les polices d'assurance et qui sera
maintenu, comme cela a été expliqué la semaine
dernière.
M. Roy: C'est exactement cela, mais la réforme ne change
rien, c'est cela que je veux dire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, Mme le ministre vient de nous
informer que l'article 75 s'applique. Je cherche l'article 75. Je le retrouve
à la section II du titre III qui est l'indemnisation du dommage
matériel. Mme le ministre pourrait-elle préciser sur
l'application de l'article 75 pour ce qui concerne les dommages corporels,
à savoir...
Je viens d'avoir la réponse de mon collègue de
Montmagny-L'Islet, selon laquelle le troisième paragraphe de cet article
s'applique aussi aux dommages corporels, il reste que cela ne fait que
confirmer l'appréhension du député de Beauce-Sud, à
savoir que les Québécois devront avoir des assurances
au-delà du régime public pour se tenir garants de toute
réclamation qu'ils pourraient avoir pour des accidents qui auraient lieu
à l'extérieur de la province.
Mme Payette: II est vrai que les Québécois devront
avoir une police d'assurance, une seule, dans laquelle on trouvera ce
paragraphe dont on a discuté vendredi dernier, en l'absence du
député de Marguerite-Bourgeoys. Ce paragraphe qui dit que la
police couvre également l'assuré pour toutes les provinces
canadiennes et les états américains, aussi bien pour les dommages
matériels que pour les blessures corporelles. Dans ce sens, ce n'est pas
quelque chose qui s'ajoute, c'est quelque chose qui existe déjà
dans le contrat d'assurance et qui sera maintenu.
J'ai même dit qu'en principe, le coût de ce paragraphe dans
la police d'assurance devrait diminuer à cause du fait que nous enlevons
de ce paragraphe la couverture des dommages corporels à des
Québécois qui seront indemnisés par la régie.
M. Lalonde: La remarque de Mme le ministre à propos de mon
absence de vendredi m'amène quand même à lui expliquer
cela ne concerne que moi que c'était mon incapacité
de parler, à ce moment, n'ayant plus de voix. C'est revenu, le ministre
peut être tranquille. Je suis là pour longtemps encore. M. le
Président, il reste que...
Mme Payette: M. le Président, mon allusion à
l'absence du député de Marguerite-Bourgeoys n'avait rien à
voir avec les raisons pour lesquelles il n'était pas là. Il y
avait une tempête de neige. Il y avait d'autres personnes qui
n'étaient pas là, sauf qu'il aura raté cette longue
discussion...
M. Lalonde: A ce moment, son allusion est encore plus
malvenue.
Mme Payette: C'était tout simplement que vous aviez
raté cette longue discussion et cette explication au sujet de cet
article qu'on retrouve dans les polices d'assurance, qui ont d'ailleurs
été données, en grande partie, par le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Lalonde: M. le Président, il reste que, que ce soit
sous forme d'une police ou de plusieurs polices, le coût de cette
assurance pour garantir les Québécois à l'encontre des
réclamations pour dommages corporels lors d'accidents survenus à
l'extérieur du Québec, doit s'ajouter au coût qui nous est
déclaré ici, par les documents qui nous sont remis. Voilà
encore un coût caché, un coût qui, si on le compare au
coût du régime actuel, doit être ajouté à ceux
qu'on nous donne.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'ajouterai
là-dessus, pour terminer cette histoire, que, si on marque une certaine
surprise à cet égard, ce n'est pas tellement parce que cela
s'ajoute au régime actuel, c'est parce que, je pense, dans l'opinion
publique, il n'y avait plus d'assurance-responsabilité pour dommages
corporels. Là, on est en train de faire préciser des points qui
étaient dans le projet de loi, mais qui, effectivement, n'ont pas
été perçus comme cela. Même nous, cela nous a pris
beaucoup de temps avant de découvrir tous ces points. Je pense qu'on
réaffirme ici le fait que, pour les dommages corporels, on pensait qu'il
n'y aurait plus d'assurance privée pour cela. Là, on
s'aperçoit qu'on en a besoin d'une. Comme le député de
Marguerite-Bourgeoys vient de le dire, c'est un coût qui s'ajoute
à l'ensemble des coûts qui nous sont déjà
présentés.
Le Président (M. Bertrand): L'article 7 est-il
adopté?
M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Bertrand): Adopté sur division.
Article 8, Mme le ministre.
Mme Payette: L'article 8 se lit comme suit: "La victime d'un
accident survenu au Québec et qui n'y est pas résidante, est
indemnisée par la régie, en vertu du présent titre, dans
la proportion où elle n'est pas responsable de l'accident, à
moins d'une entente différente entre la régie et la juridiction
du lieu de résidence de cette victime. "Nonobstant l'article 4, en cas
de désaccord entre la régie et la victime sur la
responsabilité de cette dernière, le recours de la victime contre
la régie à ce sujet est soumis au tribunal. La
responsabilité est déterminée selon les règles du
droit commun dans la mesure où les articles 97 à 102 n'y
dérogent pas."
Le but de l'amendement: La reformulation entière de cet article
est nécessaire pour clarifier les droits et obligations des parties en
cause. Au premier alinéa, on ne dit plus que la victime non
résidante a le droit d'être indemnisée, mais bien qu'elle
est indemnisée, ceci afin d'éviter que certains puissent se dire:
On en a le droit, mais on préfère ne pas l'exercer et
plutôt poursuivre. On suit en cela la phraséologie employée
à l'article 3. Au premier alinéa également, on a
changé le mot organisme par le mot juridiction, ce dernier terme
étant de portée plus large. Ainsi une entente pourrait
éventuellement être conclue entre la régie et une
juridiction dont l'administration d'un régime d'indemnisation pourrait
être confiée à l'entreprise privée, ce qui n'aurait
pu être fait en vertu du texte actuel. Au deuxième alinéa,
il a été clairement établi que la victime non
résidante avait un droit contre la régie.
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Pour la victime d'un accident qui se produit au
Québec, mais qui n'en est pas résidante si je comprends
bien le sens de cet article cela veut dire que la victime aura un droit
de recours contre la régie, en autant qu'elle est coupable ou non
coupable, où il pourra ainsi s'établir un pourcentage de
responsabilité. Si elle est coupable, elle n'est indemnisée en
aucune façon. Alors, voilà tout de suite une personne qui est
parmi nous et qui perd certains droits que la loi donne aux résidants.
D'un autre côté, si elle est déclarée non coupable
par les tribunaux de droit commun, elle peut être compensée. Mais
elle reste tout de même compensée selon la loi et le
règlement du projet de loi no 67, c'est-à-dire qu'on lui
enlève un privilège ou un droit qui est enlevé aux
Québécois.
Parce que c'est un système de non-responsabilité, ce droit
et ce privilège sont exclus lorsque c'est un touriste, mais, d'un autre
côté, si le touriste n'est absolument pas responsable, il reste
tout de même limité aux limites de la régie. Je crois qu'il
y a là une injustice pour ceux qui voyagent au Québec, il y a une
incohérence, et je me demande, surtout si on considère que
l'industrie touristique, au Québec, est en difficulté, s'il n'y a
pas là un facteur qui viendra à être connu, surtout chez
les Américains qui nous fournissent la majorité de nos touristes
et qui fera que la province de Québec sera définitivement moins
recherchée comme lieu de vacances.
Il faut tout de même penser que la majorité des gens qui
nous visitent sont des gens qui ont un revenu qui dépasse souvent
amplement $18 000. Ces gens, s'ils ont un accident dans le Québec, vont
être obligés de prouver leur responsabilité ou leur
non-responsabilité dans un accident, mais, d'un autre côté,
ils vont être limités, jamais ils ne pourront recevoir plus que la
rente. Cela va comporter un risque certain pour tous les touristes.
Je crois qu'il serait préférable que, si on les fait
relever du système de non-responsabilité, comme dans le statu quo
actuel, on leur laisse un droit de recours relativement aux dommages qu'ils
auront subis. Je ne vois pas une autre façon de résoudre ce
problème parce que, autrement, vous pouvez être assurés
que, dans les dépliants touristiques, on va nécessairement... Je
ne parle pas de ceux qui seront publiés par le gouvernement du
Québec, probablement qu'on va éviter de dire cela aux
Américains, mais les Américains ont assez de moyens de se
renseigner que cela sera certainement su par tout ceux qui viennent au
Québec, soit d'une façon régulière, parce qu'il y a
des Américains qui ont des champs d'été au Québec,
qui y viennent régulièrement; ils peuvent aussi avoir des amis ou
des parents, si on pense, par exemple, à tous les
Franco-Américains qui nous visitent annuellement; ces gens vont savoir
cela et certainement cela va rendre le Québec moins attrayant; la
même chose pour les Ontariens.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Seulement une question, M. le Président.
Est-ce qu'il y a des ententes particulières en voie
d'élaboration, conformément au paragraphe 1 de cette loi,
ententes avec les autres états? Si oui, quelles seraient ces ententes,
sinon, qu'est-ce que vous entrevoyez?
Mme Payette: II n'y a pas encore d'entente, M. le
Président, avec les autres Etats. J'ai informé cette commission
vendredi que le surintendant des assurances du Québec avait
participé au congrès des surintendants des assurances des
différents états américains il y a maintenant sept ou huit
jours et qu'il doit nous faire rapport à ce sujet dans les jours qui
viennent.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que le député de Jacques-Cartier a trouvé quelque
chose qui n'est pas tellement extraordinaire. C'est le même
système qu'actuellement pour les non résidants du Québec
qui viennent ici. S'ils sont responsables de l'accident, c'est bien dommage,
ils ne peuvent pas poursuivre l'autre partie. S'ils ne sont pas responsables,
ils peuvent poursuivre l'autre partie. C'est le système actuel, sauf que
s'ils sont indemnisés, ils le seront en vertu du titre 1 de la
présente loi.
M. Saint-Germain: C'est cela l'injustice.
M. Giasson: Pas tout à fait. Il y a une nuance. On ne peut
pas dire que la...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Giasson: ... situation qui va prévaloir, suite à
l'application de cet article, va créer une situation absolument
identique à celle qu'on a présentement. Parce que les victimes,
présentement, qui subissent des accidents au Québec et qui
peuvent prouver une perte de revenu très importante, ne sont pas
limitées aux $18 000, ce qui sera le cas.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai dit: Sauf qu'ils seront
indemnisés en vertu du titre 1 de la présente loi. C'est cela la
différence.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'on est en train
de comprendre... Les arguments ont déjà été
avancés. Je dirai d'un côté que cela me paraît une
incohérence sérieuse dans le projet de loi, puisque dans le cas
des non résidants, on leur donne accès aux tribunaux de droit
commun pour établir le degré de responsabilité; mais comme
on vient de le préciser, en échange de cet accès aux
tribunaux, il n'y a qu'une responsabilité bien inférieure, du
côté de la régie, à la responsabilité qu'un
assureur privé serait tenu de fournir en vertu du régime actuel.
En effet, le non résidant, même s'il n'est absolument pas
responsable, ne pourra être dédommagé et indemnisé
que dans la mesure du programme général prévu par ce
projet de loi 67. Cela me paraît une limitation, d'abord qui introduit un
cas d'exception sans raison. Je crois que la régie, comme assureur, si
la régie doit devenir un assureur, devrait au moins offrir les
mêmes services que n'importe quel assureur. A l'heure actuelle et
cela me paraît d'ailleurs assez ironique lorsqu'on prétend
toujours que des régies publiques peuvent faire mieux que des
entreprises privées on a un beau cas inverse où on limite
la responsabilité de la régie publique à un niveau bien
inférieur à celui qu'on voudrait souvent exiger de l'entreprise
privée. C'est d'ailleurs, à mon avis ce n'est pas la
première fois que cela arrive, cela arrive presque tout le temps
un cas qui mérite d'être souligné; là il s'agit bien
d'un assureur public qui va donner des services inférieurs à ceux
que n'importe quel assureur privé donnerait dans les mêmes
circonstances. Alors, je pense que cet article mériterait d'être
modifié parce que je pense que c'est nous faire du tort à
nous-mêmes, comme Québécois, puisque ça va donner
une mauvaise réputation au Québec dans le cas d'accidents ou des
non-résidants sont impliqués et ne seront pas responsables.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Montmagny...
Mme Payette: M. le Président, je voudrais ajouter une
information avant qu'on termine l'intervention du député
d'Outremont. Il faudrait tenir compte, dans toutes ces remarques, de l'article
6 où les non-résidants voyageant dans des autos
immatriculées au Québec, des autos de location, des taxis, des
autobus ou des voitures prêtées par des citoyens du Québec,
sont couverts automatiquement par le régime sans avoir à
démontrer la responsabilité de qui que ce soit.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Saint-Germain: Contrairement, M. le Président,
l'inverse n'est pas vrai. Nos résidants qui vont visiter les Etats-Unis,
l'Ontario ou une autre province canadienne sont couverts par la régie,
c'est vrai. Mais ces voyageurs conservent tous les droits de recours que la loi
leur donne dans les différents Etats où ils vont voyager, ils ne
sont absolument pas limités. Ils vont aller en cour, ils vont plaider;
s'ils ne sont absolument pas responsa- bles, et s'ils prouvent à la cour
qu'ils ont subi $100 000 de dommages, ils vont être
dédommagés. D'ailleurs, la loi le prévoit bien parce
qu'elle se conserve un droit de subrogation pour les indemnités qu'elle
paiera à nos Québécois qui voyagent.
Mais lorsque l'étranger va être au Québec, on le
limite, lui, par exemple.
M. Raynauld: M. le Président, si vous me permettez, je
voudrais compléter, justement dans ce sens. Il est prévu,
semble-t-il, des espèces d'accords de réciprocité, si je
comprends bien, par le premier alinéa. Cela voudrait dire, s'il y a un
contenu à ces accords de réciprocité, qu'il peut
très bien se produire le cas où il y aurait une entente avec
l'Ontario en vertu de laquelle le même traitement serait donné de
part et d'autre. Dans ces cas-là, il est évident, me semble-t-il,
que vous seriez obligé d'accorder à ces résidants la
pleine couverture pour les dommages corporels et au complet, dans la mesure
où une autre province comme l'Ontario, par exemple, donne
déjà aujourd'hui des indemnités complètes lorsque
la non-responsabilité existe.
La même chose arriverait pour des Etats américains. Par
conséquent, est-ce que vous voulez conserver ça comme des
arguments de négociation ou est-ce que vous ne pourriez pas
déjà dire, dans le projet de loi, que vous accordez aux
non-résidants les mêmes droits que les résidants du
Québec auront lorsqu'ils vont voyager à l'étranger ou
à l'extérieur du Québec?
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez, pour
essayer de clarifier la situation, la phrase qui dit: "à moins d'une
entente différente entre la régie, la juridiction du lieu de
résidence de cette victime", cela vise à couvrir des endroits ou
des juridictions où il y a un régime semblable à celui du
Québec. Cela veut dire que si l'Ontario adoptait un régime "no
fault", dans le sens du Québec ou comme celui que le Manitoba et la
Saskatchewan sont en train de bâtir, ça voudrait dire que la
régie québécoise pourrait s'entendre avec la juridiction
étrangère aux fins d'indemniser réciprociquement leurs
ressortissants ou leurs résidants. Il n'y aurait pas à ce
moment-là à indemniser un résidant onta-rien ou l'Ontario
n'aurait pas à indemniser un résidant
québécois.
C'est dans ce sens que l'entente a été prévue.
M. Raynauld: Si l'Ontario demandait de traiter les Ontariens qui
viennent au Québec de la même façon que les
Québécois sont traités en Ontario?
M. Giasson: Dans le contexte présent.
M. Raynauld: Dans le contexte présent. Il n'y aurait pas
d'entente possible?
Mme Payette: Je pense, M. le Président, que les mots
ententes différentes, entre la régie et la juridiction, visent
à couvrir, j'imagine, des régimes semblables, où il serait
difficile, à un moment donné, de pouvoir avoir des ententes entre
une ju-
ridiction qui a un système de responsabilité et une autre
qui a un système complètement sans égard à la
responsabilité.
M. Lalonde: On pourrait avoir une entente avec la
Nouvelle-Zélande. C'est à peu près le seul endroit
où les gens ont fait la folie qu'on est en train de faire.
Mme Payette: Cela serait bon d'y aller. M. Lalonde: Cela
serait excellent.
Mme Payette: Cela serait une folie très
intéressante.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, les dispositions de l'article
qui fait l'objet du débat nous amènent à nous poser des
cas types qui pourraient se produire. Dans l'hypothèse où une
victime d'accident survenu au Québec à une personne qui n'habite
pas le Québec, à la suite duquel la régie a
décidé, a rendu la décision qu'il n'y avait aucune part de
responsabilité civile de la part de l'automobiliste ou de la personne
qui a pu provoquer cet accident... Partant de ce fait établi, la
régie dirait à cette personne: C'est dommage, l'automobiliste ou
la personne que vous jugez responsable n'a aucune responsabilité.
A partir de là, est-ce qu'il faut comprendre que la victime
habitant hors du Québec, à la suite de l'accident au
Québec, aurait tout de même cette capacité d'en appeler
devant un tribunal de droit commun pour faire examiner la décision de la
régie en matière de responsabilité?
Mme Payette: M. le Président, le deuxième
alinéa de cet article dit bien qu'en cas de désaccord entre la
régie et la victime sur la responsabilité de la victime, le
recours de la victime contre la régie, à ce sujet, est soumis au
tribunal. je pense que la victime non-résidente qui ne pourrait pas
s'entendre avec la régie sur le partage de la responsabilité
impliquant un Québécois, par exemple, ou un autre
non-résident, pourrait s'adresser au tribunal de droit commun pour faire
départager la responsabilité encourue lors de l'accident.
M. Giasson: Sans aucune restriction. C'est un droit absolu que
cette victime aurait?
Mme Payette: Oui. C'est ce que dit le deuxième
alinéa, M. le Président.
M. Giasson: Et à partir du moment où la
régie admettrait, à la suite d'accident, une
responsabilité partielle ou partagée et déciderait
d'indemniser cette victime en proportion de la responsabilité
partagée en pourcentage, si la victime jugeait que la proportion de
responsabilité de l'accident, telle que déterminée par la
régie, ne correspond pas à la réalité ou à
sa perception des choses, elle pour- rait aller devant le tribunal et,
peut-être, si c'était là le jugement rendu, faire augmenter
la part de l'indemnisation qui aurait été proportionnelle
à la responsabilité découlant de l'accident. Cela pourrait
aller jusque-là, faire augmenter une fraction d'indemnité que la
régie admettrait, toujours en proportion de la responsabilité
dans l'accident?
Mme Payette: M. le Président, prenons un exemple où
on dirait, à la suite d'un accident... Le non-résident essaie de
régler, avec la régie, le pourcentage de responsabilité.
La régie dit, par exemple, que c'est 50%-50%, qu'il y a un partage
égal de responsabilité. Le non-résident n'étant pas
d'accord, il n'a qu'à s'adresser au tribunal pour faire renverser ce que
la régie prétend, comme dans la situation actuelle, par exemple,
où ce serait un assureur qui vous dirait: Considérant telle ou
telle affaire, considérant la situation des véhicules,
considérant ceci et considérant cela, à ce
moment-là, on arrive à un partage de 50%-50% de la
responsabilité. Si vous n'êtes pas d'accord, à ce
moment-là, libre à vous de poursuivre, pour démontrer la
responsabilité de l'autre.
M. Giasson: Et si, a priori, la victime en cause acceptait la
décision de la régie dans un premier temps, comment s'apercevoir
des indemnités, si elle jugeait par après que le partage des
responsabilités tel que déterminé ne correspond plus
à sa vision des faits? Est-ce qu'on lui laisserait le droit,
après avoir accepté, dans un premier temps, de toucher les
indemnités, de retourner devant un tribunal?
Mme Payette: C'est le droit commun qui s'appliquerait.
M. Giasson: II n'y aurait pas de quittance ou de reconnaissance
de fait de sa part à partir du moment où elle touche une
première indemnisation?
Mme Payette: Dans la situation actuelle, je pense que des
ententes peuvent intervenir entre une victime et un assureur. L'entente
lie-t-elle l'assuré? Supposons, par exemple, que j'ai un accident avec
un autre individu et que je ne suis pas responsable, mais que l'assureur du
responsable me dit: Je te considère responsable à 50%. Je
décide, à un moment donné, que j'accepte ce
règlement de bonne foi, sans avoir été vicié dans
le consentement, etc., je pense qu'à un moment donné, il y aurait
difficulté pour un individu d'aller prouver qu'il n'a pas donné
son accord, son consentement à une entente, mais, dans la mesure
où il y aurait eu, par exemple, un consentement d'arraché, au
mauvais sens du terme, je pense qu'il serait possible pour un
non-résidant à la suite de l'entente, de quand même
poursuivre la régie. Il s'agit, je pense, du maintien de la situation
actuelle.
M. Saint-Germain: M. le Président, je croyais...
M. Giasson: C'est parce qu'il y a danger de revivre le même
phénomène dans l'hypothèse que
l'on fait qu'une foule de situations qui ont été
vécues, même dans un système de responsabilité; des
victimes avaient vraiment besoin de toucher l'argent qui pouvait leur revenir
et ont réglé trop vite plutôt que de se prévaloir de
leur droit d'aller chercher le maximum d'indemnisation.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sauf qu'il faut bien faire la
distinction que cela s'applique à des non-résidants et que ce
n'est quand même pas l'immense majorité des cas, alors que
l'exemple que vous donnez s'appliquait, règle générale,
à des résidants du Québec, à des
Québécois.
M. Giasson: C'est cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que la distinction
est fondamentale, quoique je comprends le problème que vous soulevez en
ce sens qu'on s'adresse à des non-résidants ici et non pas
à des résidants du Québec.
M. Giasson: Vous comprenez que si c'est un ressortissant
étranger dont le revenu est faible, il n'a pas autant de marge de
manoeuvre que celui qui a de bonnes ressources et qui dit: Je suis prêt
à attendre; je conteste la décision de la régie. Cela
prendra le temps que cela voudra. Je vais devant le tribunal. Je m'en vais
chercher le maximum, parce que j'ai cette capacité financière
d'attendre, de faire face à tous ces délais et d'aller au maximum
de mes capacités de réclamation.
Il va encore y avoir des cas un peu analogues à ceux qu'on
vit.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: On dit que ce régime peut faire diminuer le
nombre de touristes au Québec. A mon point de vue, ce serait l'inverse,
si jamais on commençait à donner la bonne information. Qu'est-ce
qui arrive actuellement à un touriste, hors du Québec, qui a un
accident au Québec avec un des 23% d'individus qui n'ont pas d'assurance
actuellement? C'est une chose à considérer. Au moins, le touriste
qui va venir au Québec va savoir que, dorénavant, tout le monde
est assuré. Personnellement, pour avoir travaillé dans
l'assurance, je sais jusqu'à quel point cela inquiète le touriste
hors Québec qui actuellement voyage au Québec et a un accident.
Cela veut dire qu'il est obligé de prendre ses précautions.
M. Giasson: ... s'il n'est pas responsable de l'accident
présentement.
M. Gagnon: Pardon?
M. Giasson: Le touriste, le non-résidant du Québec
qui devient victime d'un accident dans lequel il n'a pas de
responsabilité va prouver sa non-responsabilité par un jugement,
va déposer cela au fonds d'indemnisation des victimes de la route et il
va être indemnisé par le fonds.
M. Gagnon: Je suis d'accord, mais, encore là, cela prend
combien de temps? Tandis que, par le nouveau régime, on saura fort bien
que tout le monde est assuré.
Mme Payette: II y a un maximum de $35 000, quel que soit le
nombre des accidentés impliqués dans l'accident.
M. Gagnon: C'est cela. Je pense que la loi ne fera pas fuir le
tourisme, au contraire.
Lorsqu'on donnera les bons renseignements, cela peut l'attirer
sûrement, parce qu'on sera plus en sécurité,
dorénavant au Québec, qu'on ne l'a jamais été.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, dans cet article, on commence
à trouver l'un des nombreux inconvénients du caractère
artificiel du régime choisi par le gouvernement. On trouvera d'ailleurs,
dans les autres articles qui suivent, des conséquences bizarres,
abracadabrantes et souvent injustes de ce vide de principe qu'on retrouve dans
la commodité que le gouvernement a choisie. On s'est dit: On fait un
échange. On va donner des indemnités pour tout le monde et on va
enlever le système de responsabilité, d'une part, et même
limiter les indemnités. On fait cet échange pour atteindre des
buts quand même désirables, à savoir que tout le monde sera
indemnisé. On ne peut pas admettre les étrangers avec leurs
véhicules parce qu'ils ne participent pas au financement. Ou bien, aux
frontières, on leur impose une taxe sur l'assurance pour qu'ils
participent, ou bien on les laisse entrer et on leur dit: C'est vrai. Etant
donné que vous ne participez pas, on ne peut pas vous faire
bénéficier du régime d'indemnité automatique.
Alors, on va vous donner la charge de prouver votre non-responsabilité
pour avoir droit aux indemnités.
D'un autre côté, ce qu'on vient de leur remettre,
c'est-à-dire le fardeau de la responsabilité, on ne leur remet
pas la contrepartie, c'est-à-dire un système qui n'a pas de
limite quant aux indemnités s'ils ne sont pas responsables.
L'objection du député de Champlain tantôt, à
savoir qu'il y a des touristes qui arrivent ici et ont des accidents dont ils
ne sont pas responsables... Avec les 23% qui ne sont pas assurés, ils
peuvent arriver devant une situation où, n'étant pas responsables
d'un accident, ils ne sont pas indemnisés. La réponse à
cela, ce n'est pas cette espèce de système incohérent,
c'est l'assurance obligatoire sur laquelle tout le monde est d'accord.
L'assurance obligatoire, il reste à savoir comment on applique cela. Je
comprends les difficultés qu'un gouvernement peut avoir à
appliquer l'assurance obligatoire. Je comprends qu'il peut arriver la situation
où il y a toujours un petit pourcentage de gens qui vont réussir
à ne pas se couvrir, enfin, réussir à s'enlever du
système, mais pas 23%. Je pense qu'il y a une façon d'appliquer
un système
d'assurance obligatoire qui couvrirait au moins 95% et qui laisserait un
très petit pourcentage de non-assurés.
On est donc devant cette situation où, à la suite des
réponses que le conseiller juridique nous a données... Je ne veux
pas mal interpréter ses réponses, mais il m'a semblé
qu'à la suite des précisions qu'il nous a données, les
ententes de réciprocité soient quand même assez
limitées, parce qu'il faudrait que ce soit avec un Etat ou un territoire
où il y a un système à peu près semblable au
nôtre qu'il pourrait y avoir des ententes. Si on ne me corrige pas, je
pense que c'est à peu près ce qui nous a été
dit.
Mme Payette: M. le Président, c'est effectivement ce que
j'ai dit. Rien n'empêche qu'il puisse en exister entre un Etat qui aurait
un "no fault " partiel jusqu'à concurrence de $18 000. A ce moment, cela
deviendrait d'application assez difficile vis-à-vis de la régie
qui, elle, paie jusqu'à un montant limité.
M. Lalonde: Oui, c'est justement cela.
Si Dieu nous prête vie, et si le leader du gouvernement nous
prête du temps, on va arriver à certains articles, pas très
éloignés, où on a des exemples, à remplir des
cahiers, d'injustices créées par cet aspect artificiel, qui
toutes et je réfère aux injustices pourraient
être éliminées en acceptant un droit de recours
au-delà du régime. C'en est un. Si on acceptait un droit de
recours au-delà du régime, le régime réussirait
à enlever les plus criantes injustices de la situation actuelle,
à savoir les délais dans l'indemnisation et le fait que beaucoup
de victimes ne sont pas indemnisées. Mais au-delà de cela, on
conserverait le moyen de parer à toutes ces situations, comme je l'ai
dit tantôt, situation dont certaines sont bizarres et mêmes
drôles. Mais il y en a qui sont tout simplement injustes. J'ai hâte
d'arriver à certains articles où j'aurai des exemples à
vous donner et d'autres députés en ont où
c'est le monde à l'envers. Et l'application stricte d'un système
artificiel qui ne correspond pas du tout à ce que les gens veulent et
surtout à ce dont les gens ont besoin.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, il y
a environ selon certaines statistiques 16% des accidents au
Québec où il y a des blessures corporelles; je pense qu'on peut
s'entendre là-dessus. Je ne possède pas de statistiques qui
démontreraient combien de non-résidents font partie de ces 16%.
Je pense que le débat que l'Opposition mène actuellement est en
principe valable. D'autre part, il ne s'applique qu'à une infime
minorité de ces 16%.
Il y a peut-être des endroits dans le monde où un
Québécois peut aller avec son automobile, mais est-ce qu'il
existe partout des fonds d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile?
Je ne le sais pas. Mais est-ce concevable qu'un Québécois s'en
aille ailleurs aux Etats-Unis ou ailleurs et qu'il ait un
accident dont il n'est pas responsable, qu'il soit heurté par une
personne qui n'a pas d'assurance responsabilité et qu'il ne puisse
exercer aucun recours? C'est possible ailleurs aussi. Au non-résident
qui vient ici, on dit: Si vous n'êtes pas responsable, nous vous
indemnisons en vertu des indemnités prévues au titre 1 du projet
de loi 67. Si vous êtes responsable, vous n'avez pas le droit à
l'indemnité, mais vous pouvez aller combattre la régie devant le
tribunal de droit commun. C'est ce que le conseiller juridique a répondu
tout à l'heure.
Il y a 16% des accidents au Québec où il y a des blessures
corporelles. Je suis bien prêt à mener un débat
là-dessus. Si la question que vous soulevez impliquait beaucoup de gens,
elle serait très valable, mais j'aimerais savoir de combien de personnes
on parle actuellement. On parle peut-être de moins de 1% de ces 16%.
M. Lalonde: Si vous permettez, M. le Président, c'est une
question qui nous est posée. Je comprends qu'il y a le principe que le
savant procureur de Jonquière pourrait nous exprimer en latin "de
minimis non curat pretor", c'est-à-dire qu'on ne s'occupe pas des
grenailles; je pense que c'est à peu près cela en
français. Mais il reste que la possibilité d'une situation comme
celle-là peut être un facteur important dans la décision
des touristes ou des gens de l'extérieur. Il n'y a pas seulement des
touristes, des non-résidents, ce sont aussi des gens qui travaillent,
qui viennent faire des affaires, qui viennent faire des échanges ici,
qui viennent avec leur voiture et ce ne sont pas nécessairement des gens
de Californie qui viennent en avion. Il y a tous les états voisins et
les provinces voisines du Québec.
Quel que soit le système constitutionnel qu'on conserve ou qu'on
change, cela va rester tel quel géographiquement. C'est peut-être
quelques centaines de victimes, dans les faits, mais ça affecte des
dizaines et des dizaines de milliers dans leur décision de venir ou non
parce qu'il y a des possibilités qu'ils soient dans ces centaines. C'est
l'effet psychologique qui, à mon sens, peut être néfaste.
On a assez de difficulté à avoir des touristes, à les
encourager, on dépense des centaines de milliers de dollars dans de
beaux projets de publicité pour venir visiter le Québec
alors qu'on va passer nos vacances à Ogunquit mais il faut tout
de même être un peu cohérent.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ils vont aussi savoir que
tous les gens sont assurés au Québec; ils vont savoir qu'on vient
d'adopter un régime d'assurance obligatoire et que tous vont
détenir une assurance.
M. Lalonde: Ils vont savoir qu'ils n'ont aucun droit de recours
au-delà. Premièrement, qu'ils n'ont aucun droit de recours
au-delà du régime des indemnités, mais, en plus de cela,
il va falloir qu'ils ne soient pas responsables pour être
indemnisés alors que les Québécois, responsables ou non,
sont indemnisés. On les traite réellement
en visiteurs pas tellement désirés, on les traite
réellement en conducteurs et en passagers de deuxième classe
parce que nous, on n'est pas obligé de déterminer la
responsabilité pour profiter du système c'est d'ailleurs
l'idée fondamentale de cela, la disparition de la responsabilité
mais eux, par exemple, il va falloir qu'ils ne soient pas responsables
pour profiter du régime; c'est là que m'apparaît
l'incohérence du système.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'autre part, vous admettrez
que, au niveau de tous les dommages matériels il faut quand
même le dire ils vont savoir qu'en venant au Québec, peu
importe par qui ils sont heurtés, la personne qui conduit ou qui est
propriétaire de l'automobile va avoir une police d'assurance
responsabilité pour au moins $50 000. Quand vous allez à
l'extérieur, vous posez-vous la question, avant de partir: Si j'ai un
accident et que je ne suis pas en tort est-ce que c'est ça qui
détermine votre voyage? est-ce que je vais pouvoir poursuivre
l'autre partie?
M. Lalonde: Beaucoup. En fait je pense, je ne sais pas si le
député de Jonquière a eu l'occasion d'aller visiter les
pays voisins, mais quand vous décidez d'y aller avec votre voiture, vous
vous posez des questions, surtout si vous amenez votre famille ou des amis,
vous êtes responsables moralement. J'espère que le
député de Jonquière va se poser ces questions,
désormais, quand il ira passer ses vacances avec ses collègues de
l'Assemblée nationale dans le Maine.
M. Vaillancourt (Jonquière): Surtout pas, avec ma femme et
mes enfants; ça va faire.
M. Lalonde: Surtout pas. Non, mais quand même,
sérieusement, ce sont des questions qu'il faut se poser.
Mme Payette: Cela est bien plus "cheap" que mon allusion à
votre absence de vendredi!
M. Lalonde: Vous regrettez mon absence de vendredi, n'est-ce
pas?
Mme Payette: Cela est bien plus "cheap" que mon allusion à
votre absence de vendredi.
M. Lalonde: Que voulez-vous, j'écoute ce qu'on me dit.
Apparemment, à l'Assemblée nationale, au mois d'août, on
s'en va dans le Maine, ce n'est pas de ma faute, ce sont les journaux qui en
parlaient; on ne va pas reprocher aux journalistes de le rapporter, il y avait
même des photographies du premier ministre à Ogunquit, alors que
nous, nous étions ici sur la colline parlementaire.
Mme Payette: Antiréglementaire, M. le
Président.
M. Lalonde: C'est Mme le ministre qui m'a demandé de
donner des précisions.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si on faisait tous ensemble
des reproches au gouvernement américain pour la législation qu'il
vient d'imposer aux Américains et qui détruit un peu le tourisme
au Québec et à Montréal. Je pense que ce serait beaucoup
plus valable. Je pense que ce n'est pas cela qui va arrêter le tourisme.
Si tout le monde appuyait le gouvernement pour la localisation du centre des
congrès à Montréal, cela augmenterait également le
tourisme au Québec. Vous n'êtes pas d'accord, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Oui, mais il ne faut pas noyer le poisson.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tous ensemble, travaillons
pour que le centre des congrès se bâtisse au meilleur endroit,
cela va être bon pour le tourisme.
M. Lalonde: On est d'accord sur un centre de congrès. M.
le Président, je suis d'accord sur un centre de congrès, je suis
d'accord avec toutes les mesures pour encourager le tourisme et aussi pour
faire changer les politiques du gouvernement américain qui
réduisent... Mais, au-delà de cela, il ne faut quand même
pas faire exprès pour leur dire de rester chez eux. C'est quand
même noyer le poisson que de parler du centre des congrès surtout
qu'il va être quelque part au-dessus d'un endroit entre deux parties
d'une ville. Enfin, je vais violer le règlement, si je continue. Il
reste, M. le Président, que cela m'apparaît je veux
conclure là-dessus le droit de recours, ici et dans d'autres
articles où les injustices vont être encore plus criantes, cela va
pénaliser des gens de chez nous, du monde de chez nous, des bon
Québécois et Québécoises qui vont être
impliqués. Le droit de recours réglerait cela. Là, on a un
exemple qui va être encore plus criant dans d'autres articles qui s'en
viennent du caractère artificiel qui ne court pas à des principes
fondamentaux.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
viens d'obtenir des statistiques sur le nombre d'accidents impliquant des
blessures corporelles des non-résidants au Québec, sur le nombre
total d'accidents au Québec; sur 168 486 accidents au Québec, en
1976, il y en a eu 997, c'est-à-dire même pas 1%, à peu
près...
M. Giasson: Cela fait 1%.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, parce que 1% cela ferait
1684, environ 5/10 de 1%...
M. Giasson: Ne mêlez pas les blessés avec les
accidents.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, je parle...
M. Giasson: Le livre bleu nous donne en 1975, 1893 morts, 51 919
blessés impliqués dans 164 384 accidents. Vous êtes autour
de 1%.
M. Vaillancourt (Jonquière): Dans 168 000 accidents
survenus au Québec en 1976, il y a eu 997 non-résidants qui ont
été blessés ou tués.
M. Giasson: En 1976, d'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): 997 non-résidants qui
ont été blessés ou tués, dans 168 486 accidents. Or
1% donnerait 1684, 997 devrait donner environ 0,7%.
M. Giasson: Vous avez combien de blessés dans les 168 000
accidents en 1976?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai pas ce...
M. Giasson: Le livre bleu nous les donne pour l'année
1975.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): On parle de véhicules
impliqués.
M. Saint-Germain: Je comprends très mal l'argument
de...
M. Vaillancourt (Jonquière): 997 véhicules
impliqués sur 168 000.
M. Saint-Germain: Vous savez, lorsqu'on met des pourcentages,
c'est anonyme. Ce sont des images, mais la réalité, c'est qu'il y
aura pratiquement 1000 personnes, 1000 accidents où des étrangers
seront impliqués et ça fait 1000 personnes au moins. Cela peut
être plus, parce que, dans un même accident, plusieurs
étrangers peuvent être impliqués. Cela me semble être
une injustice.
M. Gagnon: Admettez donc, par exemple...
M. Saint-Germain: Ce sont des humains. Le gars arrive, il perd
son fils, il perd sa femme. Ecoutez, quand bien même il y en aurait un
seul, c'est un être humain.
Mme Payette: M. le Président, il s'agit de 997
véhicules sur à peu près 160 000...
M. Saint-Germain: Bien oui.
Mme Payette:... et, dans ces véhicules, on n'a pas le
pourcentage de blessures corporelles. Il se peut qu'il y en ait seulement
quelques-uns sur 997 véhicules.
M. Saint-Germain: Bien oui et puis? On tue une personne, ce n'est
pas grave.
Mme Payette: Des grenailles.
M. Saint-Germain: II y a un hold-up dans une banque et il n'y en
a qu'un de tué, on est six millions au Québec. Il y en a un qui
meurt, pourquoi dépenser des centaines de milliers de dollars pour
essayer de chercher le coupable?
M. Gagnon: Admettez donc que le nouveau régime va donner
aux touristes beaucoup plus de sécurité qu'on n'en a jamais
donnée.
M. Saint-Germain: Voyons donc!
M. Gagnon: Infiniment plus de sécurité.
M. Saint-Germain: Ecoutez, on ne compare pas le nouveau
régime à un ancien régime. Tout le monde renie le statu
quo.
M. Gagnon: Vous comparez sur des hypothèses
actuellement.
M. Saint-Germain: Quant à changer quelque chose, pourquoi
ne pas le faire bien? Je ne compare pas sur des hypothèses.
Actuellement, même pour un non-résidant, il y a le fonds de
compensation. C'est $35 000 pour l'indemnisation, il y a au moins ça.
Mon but particulier, en faisant ces comparaisons, ce n'est pas de comparer une
banane et une poire. Je ne compare pas le nouveau régime à
l'ancien régime, on compare le nouveau régime pour ce qu'il est,
le nouveau régime traite mal les étrangers. Cela m'apparaît
absolument évident.
M. Gagnon: Lorsque vous dites que ça va chasser le
touriste, vous faites une comparaison. Il reste qu'on donne plus de
sécurité aux touristes qu'ils n'en ont jamais eu sur le plan des
accidents d'automobiles au Québec.
M. Saint-Germain: C'est faux... M. Raynauld: C'est
faux.
M. Saint-Germain: ... le touriste qui s'en vient au Québec
aujourd'hui sait que, s'il subit $100 000 de dommages, il va avoir un droit de
recours; il le sait.
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il n'est pas assuré,
il est limité à $35 000, par exemple, moins $200.
M. Saint-Germain: Ecoutez, si le gouvernement veut faire adopter
l'assurance obligatoire, on est complètement d'accord, pour faire
disparaître les injustices que vous mentionnez. Mais ce n'est pas
ça qu'on fait, on étudie un projet de loi qui nous dit: On va
traiter...
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aimerais ça que le
député de Jacques-Cartier mette autant de ferveur et de
conviction à défendre les Québécois qu'il en met
à défendre le pourcentage de 0,5% de non-résidants
blessés au Québec.
M. Saint-Germain: On dit qu'un homme prouve jusqu'à quel
point il est civilisé en traitant les étrangers et les
dépourvus. A part ça, avec le plaidoyer que j'ai fait contre
l'assurance automobile, j'ai la conscience bien nette au sujet des efforts que
j'ai faits pour protéger les Québécois
contre un système qui ne tient pas debout, qui n'a aucun sens et
qui est ridicule.
Je voulais apporter une précision relativement à la
question qui a été posée par le député de
Montmagny, et faire ressortir un point particulier, parce que j'avais compris
que, dans sa question, le député de Montmagny incluait aussi,
dans le droit de recours vis-à-vis des tribunaux, qu'un étranger
pouvait apporter devant la cour le quantum des sommes que la régie doit
lui verser. Si j'ai bien compris la réponse du procureur,
l'étranger va avoir un droit de recours relativement à sa
responsabilité dans l'accident, mais il n'a pas de droit de recours,
relativement aux sommes qui lui seront versées par la régie.
Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Payette: Vous avez bien compris, M. le
député.
M. Saint-Germain: Alors, voilà! M. le Président,
j'aurais une motion d'amendement à faire, relativement à
l'article 8, pour que cet article 8 soit remplacé par le suivant: "La
victime d'un accident survenu au Québec et qui n'y est pas
résidante conserve son droit de recours contre la régie. La
responsabilité et les indemnités versées sont
déterminées par une cour de justice, selon les règles du
droit commun, dans la mesure où les articles 97 à 102 n'y
dérogent pas".
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): N'y aurait-il pas lieu,
à ce stade-ci, puisqu'un amendement doit ajouter ou retrancher des mots,
d'inviter le député de Jacques-Cartier à dire quels sont
les mots qui sont modifiés, retranchés ou ajoutés, face
à la motion principale qui est l'article...
M. Saint-Germain: On vient de le dire, c'est l'article 8.
M. Raynauld: C'est au dernier paragraphe. Le dernier
alinéa reste là et tous les autres sont remplacés.
Le Président (M. Bertrand): De toute façon,
à ce moment-ci, avant de rendre une décision sur la
recevabilité de cette motion d'amendement, j'ajourne les travaux
jusqu'à huit heures ce soir.
(Suspension de la séance à 16 heures)
Reprise de la séance à 20 h 6
Le Président (M. Clair): A l'ordre, madame, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières est réunie pour continuer l'étude
article par article du projet de loi no 67 intitulé Loi sur l'assurance
automobile.
Messieurs, comme vous pouvez le constater, je remplace le
député de Vanier pour présider cette commission. Etant
donné que je l'ai vu très brièvement, pourriez-vous me
confirmer que vous en étiez à l'étude de l'article 8,
qu'une motion d'amendement à l'article 8 par le député de
Jacques-Cartier avait été proposée, mais que la
recevabilité n'avait pas encore été débattue?
M. Saint-Germain: C'est bien cela.
Le Président (M. Clair): Elle n'avait pas encore
été déclarée recevable par le président. Sur
la recevabilité de la motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous n'avons rien à
dire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense qu'elle est parfaitement recevable. On a
peut-être mentionné quelques mots avant la suspension à 18
heures, du côté ministériel, en ce sens qu'on ne pourrait
pas, par motion d'amendement remplacer tout un article par un autre. Il me
semble avoir entendu cela. Si ce n'est pas le cas, je voudrais quand même
vous mentionner que si cela devait être un élément de votre
décision, je pense que le règlement vous permet de
considérer le fait que les premiers mots de l'article 8, tel que
proposé par le député de Jacques-Cartier, sont les
mêmes que ceux de l'article 8 proposé par le ministre. On pourrait
faire du patinage de procédure en disant qu'on va remplacer tel mot,
après tel mot et cela reviendrait au même.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est pour cela d'ailleurs
que je n'ai pas soulevé cette question, puisque je sais fort bien que
vous pourriez l'amender en disant que l'article soit modifié en ajoutant
après les mots, les mots suivants.
M. Lalonde: C'est cela. Pour cette question, je pense que c'est
clair. Quant au principe même, je pense qu'il s'agit ici de
modalités. On est rendu réellement dans les articles qui
déterminent de quelle façon certaines victimes... On parle quand
même de victimes qui sont dans une situation exceptionnelle. On a
même mentionné avant l'ajournement qu'il s'agit de victimes qui ne
résident pas au Québec. On parle réellement de
modalités. Cela ne contrevient pas du tout aux principes principaux qui
ont déjà été énoncés dans les
articles précédents.
Le President (M. Clair): D'autres intervenants sur la
recevabilité de la motion? Je déclare la motion recevable,
malgré le fait que soulignait le député de
Marguerite-Bourgeoys qu'on pourrait toujours disputer que la motion devrait
plutôt se lire, de remplacer les mots après "survenu au
Québec " par les mots de la motion du député de
Jacques-Cartier, mais étant donné que ce fait n'est pas
soulevé par les ministériels, je la déclare recevable.
Des intervenants sur la motion d'amendement? Est-ce que vous aviez une
méthode particulière de procéder ou si vous
procédiez suivant l'esprit le plus strict du règlement?
M. Lalonde: On avait un excellent président et,
j'en suis sûr, un excellent successeur qui appliquait la
règle d'équité, qui tentait, quand même, de faire la
rotation d'un parti à l'autre, mais dans l'ensemble.
Le Président (M. Clair): C'est simplement pour savoir s'il
y avait une espèce de "gentleman agreement" spécial à
cette commission, puisque je n'en ai pas suivi les travaux.
Mme Payette: Gentlewoman agreement! M. Lalonde: Gentle
person!
Le Président (M. Clair): Qui demande la parole? Article 8,
la motion d'amendement du député de Jacques-Cartier est-elle
adoptée? M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, sans reprendre l'ensemble du
débat puisque nous avons déjà discuté du fond des
articles 6, 7 et 8 à quelques reprises depuis vendredi dernier, je
voudrais quand même appuyer cet amendement. Je voudrais l'appuyer parce
que vous savez que la position de notre parti sur le système de
responsabilité, sur l'absence de responsabilité est telle que
nous aurions voulu, même si on n'a pas été capable d'avoir
le débat de fond, que le principe de responsabilité soit
conservé pour l'excédent du régime de base qui est
proposé dans le projet de loi 67. Nous y voyons donc une
possibilité de nous rapprocher de cet idéal en ce qui concerne au
moins les non-résidants. Si nous le faisons à l'intérieur
de cet article, c'est parce que, déjà, l'article original
proposait un régime particulier pour les non-résidants,
régime particulier qui comporte un recours devant les tribunaux de droit
commun pour l'établissement du degré de responsabilité
dans un accident, mais, comme l'article original limite l'application de ces
règles de droit commun aux indemnités prévues par le
régime de base, d'abord, nous y voyons une exception à l'ensemble
du projet de loi qui s'applique à une partie peut-être très
minime des victimes d'accidents, mais quand même une exception, et compte
tenu que ces exceptions représentent quand même des sources
d'incohérence pour le projet de loi, il nous semble qu'il aurait
été préférable, si on doit donner un recours, de
conserver le principe de responsabilité d'abord, et ensuite de donner un
recours aux non- résidants, comme, d'ailleurs, il était
absolument indispensable pour établir le degré de
responsabilité dans un accident et pourvoir aux indemnités
prévues.
Je pense qu'il aurait été préférable d'aller
jusqu'au bout de ce principe et si on reconnaît le principe de
responsabilité, on devrait aussi reconnaître que les
indemnités pour l'ensemble des dommages subis devraient s'appliquer.
L'objet de l'amendement est donc de permettre un recours aux tribunaux de droit
commun, pas seulement pour rétablir le principe de la
responsabilité mais également pour rétablir les
indemnités prévues. On a dit cet après-midi que ce
principe s'applique à un petit nombre d'accidentés. Moi j'y vois
une raison pour être en faveur de cet amendement plutôt que
d'être contre l'amendement. Parce que s'il s'agit d'une modalité
d'application qui n'est pas financièrement coûteuse, tant mieux,
à ce moment-là, on devrait respecter la justice dans la plus
grande mesure possible.
Ensuite, je dirai, en faveur de cet amendement, je l'ai dit cet
après-midi et je le répète il me frappe que dans cet
article tel qu'il est proposé, on restreigne la responsabilité de
la régie à un point tel que s'il s'agissait d'un assureur
privé, il devrait, lui, prévoir les indemnités maximales
plutôt que d'être limité à ce régime
d'indemnités de base. C'est tel que le propose le projet de loi.
Enfin, je pense que si nous voulons modifier des régimes qui sont
relativement communs en Amérique du Nord, qui sont des régimes de
responsabilité partielle ou totale, il me semble que nous avons grand
avantage au Québec à conserver, pour le traitement des
non-résidants, des régimes qui soient aussi proches de la
pratique qui existe encore soit dans les autres provinces qui sont les plus
proches des nôtres, soit dans les états limitrophes, les
états américains limitrophes. Je pense qu'il faudra faire, si cet
amendement n'était pas adopté, une publicité
considérable auprès des gens qui viendront au Québec,
parce que le régime sera différent. Dans le cas des victimes non
responsables, je pense qu'il faut admettre que dans ces cas-là, les
indemnités prévues sont inférieures à celles que
les régimes, dans ces autres provinces ou dans ces états
limitrophes, pourraient prévoir.
Par conséquent, si nous voulons éviter que des
réputations même abusives, même excessives, se
créent, que des images se créent à propos du
Québec, je pense qu'il faudrait une très grande campagne
d'information, qui serait évidemment inutile, si nous acceptions
l'amendement tel qu'il est proposé.
Cet amendement, en effet, prévoit le paiement intégral des
indemnités pour l'ensemble des dommages subis et non pas seulement une
partie de ces dommages. Je pense que, si, comme on le sait cet
après-midi, chaque fois qu'on part aux Etats-Unis, on se demande quel
est l'Etat américain qui va avoir un régime plus ou moins
particulier d'assurance automobile, ce n'est pas tellement comme ça que
ça se pose, il me semble. On s'est fait une image, une idée, et
on pense, peut-être à tort, mais, en général, que
lorsqu'on va dans un
état limitrophe américain, le régime est à
peu près semblable au nôtre.
Je pense qu'on ne se trompe pas d'ailleurs en disant ça, en
pensant ça. Bien sûr que l'on s'informerait, si on allait dans des
pays ou des provinces qui nous sont complètement inconnus, dont on ne
connaîtrait pas le régime d'assurance automobile qui y existe. On
s'informerait, et bien sûr, cela affecterait nos décisions de
voyager ou de ne pas voyager, si on apprenait que, dans un cas d'accident, on
n'était pas susceptible d'être indemnisé
complètement. Je pense qu'il en va de même de ce nouveau
régime introduit ici, on l'a dit assez, le gouvernement s'en vante, il
dit que c'est une innovation, peut-être une première mondiale,
à l'exception de la Nouvelle-Zélande, mais les innovations ont
leur prix.
Les innovations ont ce prix qu'il faut que les gens soient
informés de ce régime; s'ils ne sont pas informés de ce
régime et qu'ils ont de mauvaises surprises, ça va jouer contre
l'économie du Québec, ça va certainement jouer contre
l'industrie touristique et ça va être aussi un facteur additionnel
dans les évaluations que les gens vont faire, dans
l'intérêt qu'ils auront de venir travailler au Québec, de
venir faire des affaires au Québec ou même de venir y passer leurs
vacances. Je pense que ce n'est pas notre intérêt d'agir ainsi et,
justement dans la mesure où cette motion impliquerait un très
petit nombre de victimes, je pense que c'est une raison supplémentaire
pour être en faveur d'un paiement intégral des dommages subis.
On nous a aussi dit cet après-midi que, par rapport au
régime actuel, le régime proposé pouvait comporter
certains avantages. C'est exact, il peut comporter certains avantages, mais il
comporte aussi des désavantages. Il n'est pas connu, ce régime
nouveau qui nous est proposé et, pour les non-résidants, il
comporte aussi des désavantages qui ne sont pas connus et qui pourraient
soulever sûrement des questions, sinon des inquiétudes, dans
l'esprit des gens qui sont susceptibles de venir au Québec.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député
d'Outremont, pourriez-vous me permettre une question? Je comprends très
bien la deuxième phrase de l'amendement, mais pas la première
phrase de l'amendement "conserve son droit de recours contre la régie";
je comprends que dans le deuxième paragraphe, la deuxième phrase,
il est dit; La responsabilité, les indemnités... Ils s'en vont
devant un tribunal de droit commun qui décide, et de la
responsabilité et du quantum des dommages, si la personne n'est pas
responsable.
Mais quel est le sens de la première partie de l'amendement,
"conserve son droit de recours contre la régie"? Est-ce que c'est en
vertu d'un système de responsabilité ou de
non-responsabilité? Deuxième question: Est-ce que c'est en vertu
des indemnités prévues dans la loi 67? Ce n'est pas clair
dans...
M. Raynauld: II me semble que c'est clair, c'est de conserver son
droit de recours contre la régie, implicitement dans un régime de
responsabilité. Et ensuite, on précise de quelle
responsabilité il s'agit. C'est la responsabilité de l'accident
et aussi les indemnités, indépendamment du régime
proposé par la loi 67. Si on est dans un régime de
responsabilité, c'est, je suppose, le régime actuel qui
s'applique comme il s'applique dans les autres provinces, où on
réclame des indemnités pour des dommages subis et la cour
établit le quantum c'est le vocabulaire des gens dans l'assurance
de ces dommages. Mais c'est la totalité des dommages.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour bien comprendre, cela
veut dire que le non-résidant au Québec s'adresse à la
régie, et la régie le déclare responsable. Cette personne
s'en va devant le tribunal de droit commun qui lui, peut le déclarer non
responsable...
M. Raynauld: C'est cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bien.
M. Beauséjour: Faites-vous une idée, vous
n'êtes pas d'accord tous les deux.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'exemple, la victime...
M. Lalonde: Si vous permettez, c'est qu'elle ne s'adresse pas
à la régie comme étant un payeur d'indemnité.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour déterminer la
responsabilité, c'est ce que j'ai dit.
M. Lalonde: Elle s'adresse à la régie, pour lui
payer, pas l'indemnité, en vertu du projet de loi, limitée
à $18 000.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous voulez écouter
mon exemple. Je vais vous poser la question, parce que j'aimerais comprendre.
Je ne suis pas nécessairement contre l'amendement, mais je voudrais le
comprendre. S'il y a seulement moi qui ne le comprend pas, je m'excuse
auprès des autres.
Le non-résidant au Québec s'adresse à la
régie et la régie décide que cette personne est
responsable. Cette personne, selon votre amendement, peut s'adresser au
tribunal de droit commun qui, lui, peut dire: Je ne suis pas d'accord avec la
régie et je vous déclare non responsable. A ce moment-là,
le tribunal lui accorde les indemnités, non pas en vertu du projet de
loi 67, mais des dommages réellement subis. D'accord? C'est cela? C'est
une des hypothèses.
M. Raynauld: Sous réserve de l'opinion de mon
collègue, j'avais compris que, si le non-résidant subit un
accident, il s'adresse à la régie pour savoir quel est le
règlement que la régie pourrait lui proposer, qu'il soit
responsable ou non. La régie peut décider, à ce
moment-là, qu'il n'est pas responsable et de lui verser une indem-
nité de tant. Que la décision de la régie porte sur
le degré de responsabilité ou sur le quantum des
indemnités versées, dans les deux cas, le non-résidant
pourrait se retourner et en appeler devant les tribunaux de droit commun pour
faire renverser la décision de la régie soit sur l'un, soit sur
l'autre des deux cas. C'est comme cela que j'avais compris cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord.
M. Raynauld: J'avais à peu près terminé mon
plaidoyer pour cet amendement. Encore une fois, je pense qu'en
résumé, il me semble que cet amendement vient compléter un
début, qui est déjà dans l'article lui-même,
d'arrangement spécial et particulier pour les non-résidants qui
comporte un élément de responsabilité dans les accidents,
ce qui représente une exception au principe général du
projet de loi. Nous le portons jusqu'à sa conséquence ultime,
c'est-à-dire un recours devant les tribunaux à la fois pour
établir le degré de responsabilité et le niveau des
indemnités si ce non-résidant n'est pas satisfait de la
décision de la régie.
M. Saint-Germain: Je crois que l'avocat nous avait bien dit qu'il
y avait un recours devant les tribunaux pour la responsabilité, mais non
pas pour le quantum.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais c'est
l'amendement.
M. Raynauld: C'est ce que je dis, mais l'amendement porte
à la fois sur le degré de responsabilité et sur le volume
des indemnités, tandis que l'article lui-même ne porte que sur la
responsabilité.
Le Président (M. Clair): D'autres intervenants sur la
motion d'amendement?
Mme Payette: J'ai demandé la parole. Le
Président (M. Clair): Mme le ministre.
Mme Payette: Je voulais simplement prendre quelques minutes pour
faire remarquer que c'est avec un amendement qu'on touche l'incohérence.
L'Opposition a sans doute oublié qu'à l'article 6 que nous avons
adopté, nous indemnisons les non-résidants qui voyagent dans des
véhicules immatriculés au Québec, qui sont des passagers
dans des voitures-taxis, si bien qu'à l'article 8, avec l'amendement qui
est proposé, ne seraient pénalisés que les
non-résidants piétons ou voyageant dans leur propre
véhicule. Si cela ne s'appelle pas de l'incohérence, je ne sais
pas comment cela s'appelle, si bien que je serai contre cet amendement.
M. Raynauld: Voulez-vous répéter, Mme le ministre,
je n'ai pas compris? Je m'excuse.
Mme Payette: Voulez-vous relire l'article 6?
M. Raynauld: Je l'ai lu plusieurs fois. Je sais qu'un
non-résidant peut être indemnisé lorsqu'il conduit une
voiture immatriculée au Québec.
M. Vaillancourt (Jonquière): Plus que cela. M.
Raynauld: C'est cela que j'ai compris.
M. Vaillancourt (Jonquière): Lorsqu'il est passager...
Mme Payette: D'un taxi.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... ou conducteur.
M. Raynauld: Ou qu'il est passager dans une voiture
immatriculée au Québec. Là, on ne parle pas de cela, on
parle des voitures qui ne sont pas immatriculées au Québec.
Mme Payette: C'est bien ce que je dis.
M. Vaillancourt (Jonquière): Votre amendement ne
devrait-il pas plutôt se lire, si on veut être logique avec
l'article 6: La victime d'un accident survenu au Québec et qui n'y est
pas résidant, autre que celle prévue à l'article 6,
deuxième ou troisième paragraphe?
M. Lalonde: M. le député...
M. Vaillancourt (Jonquière): Voulez-vous parler de toutes
les victimes non-résidantes ou voulez-vous parler de celles non
comprises dans l'article 6? Cela serait...
M. Raynauld: Ah! cela...
M. Lalonde: Si le député de Jonquière veut
faire un sous-amendement, nous autres, on va en discuter.
M. Vaillancourt (Jonquière): Là, on ne le sait plus
trop. C'est une question que je pose, parce qu'on a adopté l'article
6.
M. Lalonde: C'est peut-être exact.
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a déjà un
paquet de non-résidants qui sont couverts par l'article 6. Actuellement,
ceux qui ne sont pas couverts sont ceux qui conduisent leur propre
véhicule automobile au Québec, il ne faut pas l'oublier, alors
que votre article, tel que rédigé, fait totalement abstraction du
fait qu'on a adopté l'article 6 et soumet à un régime de
responsabilité ceux qu'on a enlevés du système de
responsabilité, c'est-à-dire tous les passagers
non-résidants, tous les conducteurs d'une automobile immatriculée
au Québec et non-résidants. On les protège eux.
Pour eux, il n'est pas question de responsabilité. Ils sont
indemnisés. Votre article pourrait pénaliser beaucoup de
personnes qui sont actuellement protégées par l'article 6 tel que
rédigé.
M. Lalonde: II s'Infère de la lecture de l'article, quand
on parle et qu'on dit: "et qui n'y est pas résidant", que cela ne frappe
pas les mêmes personnes qui sont décrites a l'article 6 puisque,
par l'amendement du ministre récemment, on a fait en sorte que tout
propriétaire, conducteur ou passager d'une automobile est
réputé être un résidant. L'incohérence vient
probablement de l'article 6. Qu'est-ce que vous voulez? A l'article 8, on
essaie de corriger un petit peu ce projet de loi qui est un véritable
nid d'incohérence. C'est possible qu'on contredise un peu ce qui s'est
passé avant parce qu'on n'a pas réussi à convaincre le
gouvernement de mettre un peu de plomb dans son projet de loi, un peu de
cohérence. Maintenant, si le député de Jonquière
veut, par un sous-amendement, suggérer une amélioration, nous
avons quand même cette qualité, nous, de l'Opposition, nous sommes
très modestes. Nous n'avons pas prétendu régler tout le
problème dans un amendement. C'est à peu près le seul qui
a été accepté jusqu'à maintenant. Si le
député veut nous aider, on sera prêt à en
discuter.
M. Vaillancourt (Jonquière): II ne faudrait pas
interpréter nécessairement mes paroles comme une acceptation d'un
amendement éventuel. Ce que je veux dire, c'est que, si on adoptait
l'article 8 tel que rédigé, il faudrait nécessairement, si
on veut être cohérent, retourner à l'article 6.
M. Lalonde: C'est possible, à ce moment...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est probable,
même.
M. Lalonde: ... unanimement, la commission pourrait facilement
retourner à l'article 6. Si c'est seulement à l'article 8 que
vous voyez la lumière, c'est facile ensuite de retourner à
l'article 1 et de revenir en arrière pour tout corriger.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais seulement
ajouter un mot là-dessus. Je n'ai peut-être pas la
subtilité des juristes, mais je ne vois pas du tout en quoi l'article 8
pourrait venir en conflit avec l'article 6. On dit à l'article 8 que le
non-résidant conserve son droit de recours. Cela ne veut pas dire...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je peux vous l'expliquer.
C'est parce que...
M. Raynauld: Oui, si vous voulez. Il conserve son droit de
recours contre la régie. Même s'il est indemnisé, en vertu
de l'article 6, il pourra encore ne pas être d'accord avec cela. Quel est
le point?
M. Vaillancourt (Jonquière): A l'article 6, que nous avons
d'ailleurs adopté, probablement sur division, puisque les articles
adoptés à l'unanimité sont rares, on dit que, lorsque
l'accident survient au Québec, sont réputés, aux fins de
la loi, résider au Québec le propriétaire, le conducteur
et le passager d'une automobile immatriculée au Québec, ce qui
veut dire qu'un Américain non résidant au Québec qui est
passager dans une voiture de taxi sera considéré, à toutes
fins utiles et à toutes fins que de droit, comme un
Québécois, ne sera pas soumis au système de la
responsabilité; il sera indemnisé par la régie. Quand vous
faites votre amendement à l'article 8, vous dites: La victime d'un
accident survenu au Québec et qui n'y est pas résidante... C'est
décrit de façon tellement large que cela englobe, dans votre
article 8, ceux que l'on prévoit...
M. Lalonde: Non, M. le Président, l'article 6 existe.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Lalonde: C'est seulement les autres résidants que
l'article 8 couvre.
M. Raynauld: ...
M. Saint-Germain: Ecoutez, je ne suis pas...
M. Lalonde: C'est évident.
Le Président (M. Clair): Un à la fois, s'il vous
plaît, messieurs, un à la fois, pour les fins du journal des
Débats. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je ne sais pas, je ne suis pas légiste
et je ne suis même pas avocat, mais, lorsque je lis dans le
deuxième paragraphe "lorsque l'accident survient au Québec, sont
réputés résider au Québec le propriétaire,
le conducteur et le passager d'une automobile immatriculée au
Québec", on dit que ces gens, selon la loi, sont des résidants du
Québec. C'est ce que cela dit. Nous autres, on parle des autres.
Une Voix: C'est cela.
M. Saint-Germain: II n'y a pas de contradiction là-dedans.
Le ministre devrait savoir cela. Il me semble que, si le ministre lit le
français comme nous elle non plus n'est pas avocat, pas plus que
moi c'est clair, on dit, selon la loi, ce sont des résidants du
Québec. C'est fini. C'est classé. C'est définitif. Nous
autres, dans notre amendement, on parle des non-résidants, on ne parle
plus des autres. Ils sont exclus, par le fait même, dans la
définition qu'on veut donner d'un type qui est assis dans une automobile
qui est immatriculée au Québec; on dit que celui-là n'est
plus un étranger, c'est un résidant du Québec. Cela me
semble être clair, direct, définitif. Là, on parle des
non-résidants. On ne parle plus de ceux-là.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Jacques-Cartier, d'Outremont ou de Marguerite-Bourgeoys, j'aurais une autre
question à poser. Lorsque vous dites qu'il conserve son droit de recours
contre la régie, je comprends que, dans une affaire de
responsabilité, parce que la régie aura à trancher...
Est-ce qu'il conserve aussi un droit de recours contre le
Québécois responsable de l'accident?
M. Lalonde: II est évident que la régie prend fait
et cause du Québécois. Il est évident que le seul recours
qu'a le non-résidant c'est contre la régie qui prend fait et
cause du Québécois, mais qui se trouve dans la position,
simplement, de l'autre partie dans l'accident, qui a à décider si
elle paie ou non, ou de l'assureur de cette autre partie de l'accident qui a
à décider si elle est responsable ou si l'autre partie à
l'accident est responsable et combien cela vaut. Si elles ne s'entendent pas
elles vont en cour. C'est évident.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Une autre réponse, encore une fois, non
légale, non juridique, c'est que la régie est un assureur. Il a
la même chose que n'importe quel autre assureur.
M. Saint-Germain: Je pense qu'on serait mieux de demander
à notre légiste de s'approcher. Ce serait moins long, je pense
bien.
Le Président (M. Clair): D'autres intervenants sur la
motion d'amendement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Un instant!
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Dans l'amendement qui nous est
proposé il est question de deux choses: déterminer la
responsabilité et les indemnités. On est revenu souvent en
disant: "afin qu'un non-résidant puisse recevoir le plein montant". Ce
que je remarque, par exemple, c'est qu'on a quand même oublié
d'indiquer que, supposons $18 000, ce qui serait un plein montant, c'est pour
une année, ce qui veut dire que si la personne n'est pas responsable et
qu'il est décidé qu'elle devrait recevoir un montant de $18 000
pendant dix ans, le montant devient différent. Cela devient $180 000. Et
à l'article 12, il y a aussi la possibilité de donner un montant
forfaitaire. Ceci veut dire que le montant global d'une façon ou d'une
autre peut dépasser de beaucoup puisqu'on dit: le montant de base.
M. Saint-Germain: Absolument pas.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Beauséjour: C'est pour cela que, personnellement, je
serai contre l'amendement, parce que je ne vois pas ce que cela vient
ajouter.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! Le
député de Marguerite-Bourgeoys et le député de
Jonquière. Quand on veut la parole, on la demande, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Je n'ai pas parlé.
Le Président (M. Clair): Vous aviez demandé la
parole.
M. Lalonde: Oui, oui. Je pensais que vous me rappeliez à
l'ordre, M. le Président.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aimerais avoir le
droit de parole.
M. Lalonde: M. le Président, si je suis en faveur de cet
amendement, c'est à contrecoeur. Au fond, on va se trouver, par cet
amendement, à traiter d'une façon un peu plus civilisée
les gens qui n'habitent pas ici que les gens qui habitent ici. On va se trouver
à mettre un peu de justice dans les rapports qui vont se créer
par des accidents ou des individus qui ne sont pas des résidants du
Québec, qui vont être partis, alors que ce gouvernement, dans son
projet d'apprenti sorcier, a refusé ce droit de recours à ses
propres résidants du Québec. Cela me crée un
problème, M. le Président; il n'est pas mince, parce qu'au fond,
ayant été incapable, jusqu'à maintenant, de faire
comprendre au gouvernement que le droit de recours à ses propres
citoyens canadiens résidant au Québec est nécessaire pour
un projet, un régime qui va pouvoir régler les injustices que
l'on trouve dans le projet de loi 67, on doit quand même se soucier de le
donner à d'autres alors qu'on se l'est refusé à
nous-mêmes. On se l'est refusé de façon bien
évidente, on a essayé de trouver un régime qui ne
coûte pas beaucoup plus cher que le régime actuel mais qui va,
tout en permettant l'indemnisation d'un plus grand nombre de personnes, refuser
l'indemnisation complète à un aussi grand nombre de personnes.
J'ai expliqué cet après-midi, avant que soit faite la motion
d'amendement, les raisons pour lesquelles je serai en faveur de cet amendement,
à savoir que le droit de recours élimine les situations bizarres,
étranges qui sont créées par le caractère
artificiel, le caractère de panacée, le caractère de
remède de guérisseur que ce gouvernement a donné à
son projet de loi, à son régime, afin de tenter de tout englober,
mais en oubliant des principes fondamentaux de justice sociale. Cela
m'apparaît une occasion de remettre dans ce projet un peu plus de
justice, à savoir qu'une fois qu'on a réglé les
problèmes principaux par un régime de base qui indemnise tout le
monde, au moins pour un minimum, on laisse, pour l'excédent, le droit
des gens à fonctionner simplement comme nous l'avons fait ici, qu'on
laisse le système de responsabilité s'exercer dans la
liberté des gens, tout simplement.
Naturellement, on n'est peut-être pas encore rendu au moment
où Mme le ministre va nous dire combien d'automobiles il faut avoir et
quelle sorte, de quelle grandeur, de quelle couleur. Mais, avant d'en arriver
là, elle nous l'a annoncé la semaine dernière,
j'étais là, c'est avant mon départ, j'aimerais qu'on ouvre
la porte à un peu de liberté, qu'on ouvre la porte à
l'exercice, Je vais employer un mot cher aux péquistes, "normal" des
droits des gens. Il m'apparaît malheureux qu'on doive tenter
de retrouver ce caractère, d'injecter dans ce projet de loi ce
caractère à l'égard des non-résidants. Mais c'est
la première occasion que nous avons de le faire, on a tenté de le
faire avant, ça n'a pas été reçu, à cause du
caractère un peu spécial du libellé de la loi, qui
était très difficile à amender.
Je ne critique pas les décisions de la présidence, mais
c'est la première occasion et c'est à regret que nous
présentons, pour des non-résidants, un amendement qui
m'apparaît donner des droits à des gens, on aurait bien
aimé que ce soit nos gens à nous, les gens,qui restent ici, qui
résident au Québec.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
lorsque je regarde l'amendement apporté à l'article 8 et que je
regarde l'article 8 tel que proposé, on se rend compte qu'il n'y a qu'un
seul point en litige entre le texte original et l'amendement. Dans
l'amendement, on permet un recours devant un tribunal de droit commun en ce qui
concerne les indemnités, et elles pourraient, dans ce cas-là,
être supérieures à celles prévues à la loi.
L'article 8 prévoyait déjà qu'il y avait, pour les
non-résidants conduisant leur propre véhicule au Québec,
un système de responsabilité. La régie ne payait pas, si
le non-résidant était responsable, mais, par contre, le
non-résidant pouvait, dans l'article 8, tel que nous l'avons ici,
s'adresser aux tribunaux pour faire vérifier ou réviser la
décision de la régie en ce qui concerne la
responsabilité.
Si, d'autre part, la régie en venait à la conclusion que
le non-résidant était non responsable de l'accident, il
était indemnisé en vertu de l'article 8, selon les
indemnités prévues à la loi 67. Donc, la seule
utilité, à toutes fins pratiques, de l'amendement du
député de Jacques-Cartier est de permettre, au-delà de la
responsabilité, de s'adresser au tribunal de droit commun pour obtenir
des indemnités supérieures ou inférieures à celles
prévues à la loi 67.
Nous avons déjà accepté, dans des articles
préalables, qu'au Québec, toute personne qui était
victime, selon les définitions d'un accident d'automobile, d'un dommage
corporel était indemnisée en vertu et en fonction des
indemnités déjà prévues au projet de loi 67. Je
pense que c'est clair. Nous avons également adopté qu'un
résidant québécois qui avait un accident hors du
Québec était également couvert et indemnisé en
vertu des indemnités prévues à la loi, sauf que, dans ce
cas-là, la régie était subrogée dans les droits de
cet assuré contre la personne responsable de l'accident en vertu des
lois en vigueur là où avait lieu l'accident.
A l'article 6 qui est adopté également, nous
protégeons et j'ai donné des statistiques cet
après-midi tous les résidants non québécois,
passagers ou conducteurs d'un véhicule automobile immatriculé au
Québec.
Nous avons établi cet après-midi que moins de 1% des
véhicules automobiles impliqués dans un accident au Québec
concernait des non- résidants. En plus de cela, nous protégeons
déjà, à l'article 6, tous les passagers et tous les
conducteurs non-résidants, mais conduisant un véhicule automobile
immatriculé au Québec, de telle sorte que l'Opposition voudrait
que l'on donne, à ces non-résidants responsables d'un accident,
ce que l'on ne donne pas, dans ce même article de loi, aux
résidants québécois.
Ces personnes peuvent également détenir des polices
d'assurance-responsabilité personnelles. Ces résidants peuvent
avoir des polices d'assurance personnelles comme nous. Nous disons
qu'au-delà de $18 000, les citoyens québécois qui veulent
protéger leurs intérêts supérieurs à $18 000,
peuvent, en vertu de l'article 3 ou de l'article 4, je pense, détenir
une assurance supplémentaire pour protéger les risques de pertes
au-delà de $18 000.
C'est cela que l'Opposition officielle veut. En ce qui me concerne, je
vais voter contre l'amendement du député de Jacques-Cartier,
puisqu'il n'est pas dans l'intention du député de
Jonquière, en tout cas et je ne pense pas que ce soit l'intention
du gouvernement d'aller au-delà des indemnités
prévues à la loi.
Il est bien évident que la journée où nous
permettrons à des non-résidants d'aller s'adresser au tribunal de
droit commun pour obtenir des indemnités supérieures à
celles du régime, en ce qui me concerne, la journée où on
fera cela, je le ferai et je le demanderai pour les
Québécois.
Il n'est pas question de donner à des non-résidants plus
de droits qu'aux Québécois. Nous avons décidé que
le régime actuel serait un régime de non-responsabilité,
avec les indemnités qui étaient prévues par la loi. Libre
à ceux qui veulent s'assurer de façon supplémentaire, de
le faire.
M. le Président, je pense que c'est là le but de
l'amendement de l'Opposition officielle et je voterai contre cet
amendement.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Lalonde: Quelques secondes seulement pour réagir.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je prends note du fait que le député de
Jonquière ne veut pas donner plus de droits aux non-résidants
qu'aux Québécois, reconnaissant là le fait qu'on en a
donné beaucoup moins aux Québécois par ce projet de
loi...
M. Vaillancourt (Jonquière): Article 96, M. le
Président. J'ai dit que la journée...
M. Lalonde: M. le Président, l'article 96, c'est quand
j'aurai fini de parler.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je présumais votre
consentement.
M. Lalonde: Non, je n'ai pas terminé. C'était trop
beau de vous entendre.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous pouvez terminer, vous avez la parole:
M. Lalonde: J'avais déjà souligné l'aspect
regrettable de cette situation qui nous amenait, nous, de l'Opposition
officielle, à suggérer de donner plus de droits à des
non-résidants. Le député de Jonquière a concouru
à mon opinion. Il ne veut pas donner plus de droits à des
non-résidants. Je le comprends. Cela prouve qu'on a donné moins
de droits aux Québécois, et cela prouve que le gouvernement s'est
peinturé dans un coin, avec son projet de loi artificiel.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 96, M. le
Président, ce que je veux dire, et si le député de
Marguerite-Bourgeoys veut que je précise, je vais préciser. Je
considère que les Québécois, en vertu du régime
actuel, sont extrêmement bien protégés et qu'ils auront les
indemnités prévues à la loi.
Ce qu'on a voulu protéger, et ceux qu'on a voulu protéger,
M. le Président, c'est ceux qui, d'après des études qui
ont été faites, gagnaient des salaires de $18 000 ou moins, et
c'est la grosse majorité des Québécois.
Ce qu'on dit également, c'est que ceux qui gagnent plus de $18
000 même si, personnellement, je n'emploierai jamais les termes
employés par le député de Jacques-Cartier sont
capables de se procurer une protection supplémentaire.
Je n'ai jamais voulu dire, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, et je le répète, que ce projet de loi ne
donnait pas de droits. Au contraire, il en donne beaucoup, puisqu'il indemnise
des gens qui sont responsables d'un accident, ces victimes qui, auparavant,
n'étaient aucunement indemnisées.
Mais je dis, par contre, que s'il fallait donner un recours devant les
tribunaux de droit commun parce que j'ai voté personnellement
contre un recours devant les tribunaux de droit commun, pour ceux qui
étaient assujettis au régime je serais absolument
illogique avec moi-même si je permettais un tel droit à des
non-résidants.
Je vous dirai bien franchement que, la journée où la loi
sera amendée pour permettre aux non-résidants d'aller devant les
tribunaux de droit commun pour obtenir des revenus supplémentaires,
à ce moment, on fera le même amendement pour les
Québécois.
Le Président (M. Clair): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Le député de Jonquière n'a
jamais rien compris dans cela. Le gouvernement a établi un régime
de non-responsabilité. Il s'en fait un principe. On dit: On ne peut pas,
dans le contexte social d'aujourd'hui, où la voiture est tellement
entrée dans les moeurs que ce n'est plus un loisir, ce n'est plus un
moyen de se transporter au travail, c'est entré dans les moeurs, c'est
pratiquement une obligation aujourd'hui d'avoir une voiture... Pratiquement
tous les gens ou toutes les familles en ont une. C'est dans les moeurs.
On sait pertinemment que les conducteurs d'automobiles ont tant de
décisions à prendre au mille. On en est même arrivé
jusque-là. Il ne faudrait pas les rendre responsables, parce qu'on a
été distrait c'est humain d'être distrait
parce qu'on a fait une fausse manoeuvre c'est normal de faire une fausse
manoeuvre à un moment donné; parmi les multiples
décisions qu'on est amené à prendre lorsqu'on voyage en
automobile, on ne peut pas empêcher un être humain de faire une
erreur de jugement; c'est inhérent à la nature humaine. On a
argumenté comme cela, pour bien prouver qu'il fallait avoir un
régime de "no fault". Nous avons accepté cela comme régime
de base, mais ce grand principe, quand c'est pour les étrangers, ne
compte plus, ce ne sont pas des êtres humains, ils n'ont pas le droit
d'être distraits, ils n'ont pas le droit de faire les erreurs que nos
concitoyens peuvent faire sur la route. Pour eux, la voiture est un objet de
luxe, ce n'est pas dans les moeurs. Ce grand principe ne s'applique plus, ce
principe qu'on défend envers et contre tous, et qui est
défendable, je l'avoue. Quand on arrive au Québec, cela ne tient
plus.
Il me semble évident qu'il y a une relation entre le
régime de non-responsabilité et la façon dont on
dédommage les gens dans cette loi. A mon avis, il y a une relation
directe. Si, à un moment donné, on en restait au régime de
responsabilité, on serait réellement obligé de changer les
structures de la loi et il y aurait des répercussions au niveau des
indemnisations et ainsi de suite. On n'a pas voulu faire cela. On a
accepté, comme principe, la non-responsabilité et on a bâti
un projet de loi en conséquence. Voilà.
Pour l'étranger, cela n'existe pas. On lui dit: Toi, mon "boy",
on va te payer, si tu es capable de nous prouver que tu es absolument innocent
dans cet accident. On le taxe en partant. D'un autre côté, on ne
te donnera pas le droit de demander la valeur des dommages que tu as subis.
C'est là qu'est fondamentalement la différence entre le
traitement qu'on donne à l'étranger et celui qu'on donne au
citoyen du Québec. Le citoyen du Québec n'a pas à prouver
sa non-responsabilité. Pas du tout. On dit à l'étranger:
Toi, par exemple, tu seras obligé de la prouver. Et on ne donne rien en
compensation pour cela, parce qu'on dit: D'un autre côté, tu ne
recevras pas plus que le régime établi pour tous les
Québécois, régime basé sur la
non-responsabilité. C'est là qu'est réellement
l'injustice.
On dit aux Québécois: Vous allez avoir ce régime,
que vous soyez responsables ou non. C'est ce qu'on dit à tout le monde.
Mais au non-résidant, on dit: Non, tu seras obligé de prouver ta
non-responsabilité. Il y a là un handicap et on ne lui donne rien
en compensation. Il me paraît absolument évident qu'on le traite
d'une façon bien différente de celle qu'on traite le citoyen du
Québec.
Si on veut laisser la responsabilité au voyageur, qu'on lui
laisse aussi ce qui est la suite de la
responsabilité, qu'on lui laisse le droit d'actionner pour les
dommages qu'on lui fait. Ce n'est pas une charité à lui faire,
à mon avis. Si vous ne le faites pas, les étrangers seront
certainement beaucoup moins bien traités que nos concitoyens. Cela me
semble évident.
On pose une condition pour faire entrer les étrangers dans le
système et on ne leur donne rien en compensation. On les limite à
des indemnités qui tiennent compte du "no fault". Il y a là une
injustice. Notre amendement ne fait pas autre chose que d'essayer de traiter
les voyageurs dans le même sens qu'on traite nos propres concitoyens.
C'est tout ce qu'il en est.
Le Président (M. Clair): Mme le ministre.
Mme Payette: J'ai trouvé malheureuse cette allusion
à des droits en plus ou des droits en moins, dans la mesure où ce
que nous proposons, par ce régime, c'est d'échanger le droit de
recours par le droit à l'indemnisation, qui nous paraissait un droit
plus fondamental dans la société dans laquelle on vit, avec le
nombre d'accidents, le nombre de véhicules aussi qui circulent sur nos
routes.
J'aimerais qu'on arrête de charrier quant à une
indemnisation complète ou incomplète, parce que, dans le
système que nous connaissons présentement, dans le régime
de la responsabilité, le total des indemnités qui sont
payées présentement est de l'ordre de $219 millions. Si on
ajoutait à cela des indemnités pour les 28% de la population qui
ne sont jamais indemnisés, on pourrait atteindre un total de $274
millions. Avec le régime que nous proposons, vous savez que nous
envisageons des indemnités de l'ordre de $320 millions à $322
millions, dans la première année.
Quand on parle d'une indemnisation incomplète, j'aimerais qu'on
se rappelle ces chiffres avant de lancer des choses comme cela.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense que ma remarque va s'inscrire exactement
à la suite de la dernière intervention du ministre. Je voulais
demander également, à propos de l'intervention du
député de Jonquière, si le système proposé
est si généreux que cela et s'il est plus généreux
que le système actuel, quelle opposition vous avez à ce qu'on
reconnaisse que les gens pourraient se faire indemniser suivant les tribunaux
de droit commun? S'il était si généreux que cela, à
ce moment, cela ne coûterait rien. On répond à cela en
disant: Le régime que nous proposons est bien plus complet que les
indemnités du régime actuel. Si c'est vrai, reconnaissons qu'il
n'y a pas d'inconvénient à ce qu'on aille devant les tribunaux de
droit commun faire reconnaître ces indemnités pour qu'elles soient
versées.
En plus, je voudrais bien mentionner, à titre d'exemple, que cet
amendement que nous proposons est vraiment également la contrepartie de
l'article 9 qui va suivre où la régie peut recouvrer
également les indemnités qu'elle verse en vertu du même
principe de subrogation.
Je pense que, si on voulait aller au bout du principe établi
même dans l'article 8 original, l'amendement aurait sa place et serait
d'une logique absolument sans faille.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Jacques-Cartier.
M. Lalonde: J'aurais simplement quelques mots à ajouter
à la dernière intervention du ministre...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... qui nous a dit que tout ce qu'on voulait faire,
c'était d'échanger le droit de recours pour l'assurance d'une
indemnisation. Or, c'est exactement ce qu'on refuse aux étrangers, dans
l'article 8.
Le Président (M. Clair): C'est justement, M. le
député. Je voulais simplement indiquer que je sens qu'il y a un
glissement au fur et à mesure des intervenants vers...
M. Lalonde: Madame a glissé avant moi, laissez-moi glisser
avec elle.
Le Président (M. Clair): Je suis d'accord, mais je ne
voudrais pas qu'on change le sujet de la conversation.
M. Lalonde: Non, mais c'est très pertinent, parce que ce
qu'on reproche à l'article 8 et ce que veut corriger l'amendement, c'est
cette espèce d'incohérence vous n'étiez pas ici cet
après-midi quand on en a parlé de tout le système.
On dit: On échange le droit de recours pour une assurance
d'indemnisation. C'est une décision qu'on peut faire, mais, quand on
arrive aux non-résidants, on dit: Vous n'avez pas
l'assurance-indemnisation, il va falloir que vous prouviez la
responsabilité de l'accident. On enlève d'un côté et
on n'enlève pas de l'autre.
Cet échange dont le ministre faisait état dans sa
dernière intervention m'apparaît complètement renié
par l'article 8 que veut corriger justement l'amendement, parce que, dans
l'article 8, on dit: Bon, si vous n'êtes pas résidant ici, vous
allez devoir prouver la responsabilité avant d'avoir droit à
quoi? Pas à une indemnisation complète, à l'indemnisation
de la régie. Dans cet échange qu'on a fait pour tout le monde, on
enlève une contrepartie pour les étrangers. C'est à cela
que nous nous opposons.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Jacques-Cartier, voulant que l'article 8 soit
remplacé par le suivant: "La victime d'un accident survenu au
Québec et qui n'y est pas résidante, conserve sont droit de
recours contre la régie; la responsabilité et les
indemnités versées sont déterminées par une cour de
justice selon les règles du droit commun dans la mesure
où les articles 97 à 102 n'y dérogent pas."
Est-elle adoptée?
M. Vaillancourt (Jonquière): Rejetée.
M. Saint-Germain: Vote enregistré, M. le
Président.
M. Lalonde: Appel nominal.
Le Président (M. Clair): Que ceux qui sont...
M. Lalonde: Vous n'avez pas présidé durant le
projet de loi 101, sûrement?
Le Président (M. Clair): Non, sûrement pas. Dans les
documents que m'a remis le député de Vanier, il y a plusieurs
listes de membres. Je serais embêté de vous dire laquelle est
valide pour aujourd'hui... M. Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Bisaillon (Sainte-Marie)? M.
Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gosselin (Sherbrooke)? M.
Goulet (Bellechasse)? M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Landry (Fabre)? M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)? M. Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Clair): Mme Payette (Dorion)?
Mme Payette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud)? M. Le
Moignan (Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Saint-Germain (M.
Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Vaillancourt
(Jonquière)?
M. Vaillancourt (Jonquière): Contre.
Le Président (M. Clair): Le résultat est quatre
pour l'adoption de la motion, et huit contre. La motion est donc
rejetée.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 8 est-il
adopté?
Le Président (M. Clair): L'article 8 est-il
adopté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté sur
division.
Le Président (M. Clair): Adopté sur division.
J'appelle l'article 9. Mme le ministre.
Mme Payette: L'article 9 se lit comme suit: Nonobstant l'article
4, la régie qui indemnise une victime en raison d'un accident survenu au
Québec est subrogée dans les droits de celle-ci et peut recouvrer
les indemnités ainsi que le capital représentatif des rentes
qu'elle est ainsi appelée à verser de toute personne ne
résidant pas au Québec qui est responsable de cet accident dans
la proportion où elle en est responsable, et de toute personne qui est
tenue à l'indemnisation des dommages où elle en est responsable,
et de toute personne qui est tenue à l'indemnisation des dommages
corporels causés dans ledit accident par ce non-résidant. La
subrogation s'opère de plein droit par la décision de la
régie d'indemniser la victime. Le recours de la régie est soumis
au tribunal et se prescrit par trois ans à compter de la subrogation. La
responsabilité est déterminée suivant les règles du
droit commun dans la mesure où les articles 97 à 102 n'y
dérogent pas.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Mme Payette: Est-ce que je pourrais expliquer l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): Mme le ministre.
Mme Payette: L'article 9 du projet déposé en
première lecture traitait de la définition du mot
"conjoint". On a vu que la définition de ce mot, au paragraphe 7
de l'article 1, avait été modifiée et, avec cette
modification, l'article 9 devient inutile. Le nouvel article traite du droit de
subrogation de la régie contre un non-résidant lorsque l'accident
survient au Québec. C'est le contenu de l'article 15 du projet de loi
déposé en première lecture qui a été repris
et modifié pour plus de clarté. Comme ce droit de subrogation
était en relation avec l'article 8, il a été placé
immédiatement après cet article. Les modifications visent
à préciser à partir de quel moment la régie obtient
le droit de subrogation et la prescription applicable à la régie.
Le délai de prescription était auparavant prévu à
l'article 16; comme les droits de subrogation de la régie sont peu
nombreux, il a été jugé bon d'inclure le délai de
prescription dans le corps même de l'article.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Lalonde: Excusez-moi, sur une question de règlement.
Est-ce que vous avez déclaré l'amendement recevable?
Mme Payette: II est reçu, M. le Président,
puisqu'il ont tous été déposés en bloc.
M. Lalonde: Non, M. le Président, il n'a certainement pas
été reçu. D'ailleurs, je pense que, là-dessus, il
ne faut pas se méprendre. L'entente qui avait été faite
avec l'accord du président était que les amendements ou les
articles avec les amendements proposés devenaient des motions
principales, mais sujets à l'acceptation par la présidence
suivant les règlements, pour autant que cela ne change pas le principe
du projet de loi adopté en deuxième lecture et toutes les autres
règles que vous connaissez bien.
Le Président (M. Clair): Je déclare l'amendement
recevable. Le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Raynauld: M. le Président, une question d'information.
L'article 9a sera-t-il discuté séparément de l'article 9?
C'est parce qu'il y a un autre amendement qui a été
proposé par le gouvernement.
Le Président (M. Clair): Nous en discuterons
séparément.
M. Raynauld: Séparément. Très bien.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, ici, je crois que c'est
le comble de l'incohérence, franchement. Là, on va à la
limite. Tout à l'heure, on a parlé d'une victime. Maintenant,
c'est simplement le type, l'étranger qui n'est pas victime d'accident,
mais on juge qu'il en a causé un. J'avoue que je comprends mal ces
dispositions. Je ne répéterai pas l'argument que j'ai
donné tout à l'heure relativement au principe. On se fait un
principe de quelque chose ou on ne s'en fait pas un principe. Si le
gouvernement se fait un principe de la non-responsabilité totale de tout
ce qui regarde les blessures corporelles... Ecoutez, pour quelle raison va-t-on
tenir les étrangers responsables d'accidents d'automobiles, si on a
longuement discuté et on l'a fait en faveur de la
non-responsabilité, disant que ce n'était pas raisonnable de
rendre les gens responsables d'accidents d'automobile? On l'a dit et on l'a
répété. On pourrait même, à la rigueur, dire
que ce principe est établi... Même s'il est établi par la
loi, il pourrait facilement être absolument indépendant d'un
régime d'assurance automobile. Cela pourrait être simplement une
assurance automobile donnée. Autrement dit, on aurait pu, dans une loi,
établir la non-responsabilité des conducteurs d'automobile et
laisser pratiquement le tout aux assureurs privés et pratiquement ne pas
changer le statu quo, au point de vue des assureurs.
Je dis que c'est le comble, parce qu'on déroge au principe par le
simple fait que le type est un étranger. Je vous ferais remarquer que,
dans tout cela, le Code criminel demeure quand même, si un
étranger a conduit d'une façon dangereuse à cause de la
drogue, à cause de l'alcool ou simplement par irresponsabilité,
on peut toujours l'atteindre par le Code criminel. Là, on met
l'étranger complètement en dehors du principe. On lui dit: Tu vas
être obligé de prouver que tu es responsable ou pas et on donne
à la régie un droit de subrogation vis-à-vis de
l'étranger.
Qu'est-ce qui arrive? L'étranger a toujours sa police
d'assurance; supposons que c'est un Américain, il est
protégé; habituellement, les étrangers qui voyagent au
Québec ont leur assurance. Il peut bien aussi ne pas être
assuré, on va le poursuivre, il va être obligé de venir
à son procès, l'avocat de la régie va dire devant le juge:
Vous savez, une distraction, pour le chauffeur, ce n'est pas humain. Le gars
qui est distrait est responsable. Le gars qui fait une fausse manoeuvre...
Autrement dit, il va soutenir le contraire de tout ce qui a été
dit lors de l'étude de cette loi et le contraire de tout ce qu'on dit en
commission, pour gagner son point, absolument opposé.
C'est ainsi qu'on va placer l'avocat de la régie qui va
poursuivre l'étranger. Probablement que s'il y avait un excellent
avocat, la régie pourrait nous donner un bon coup de main à ce
stade-ci à l'Opposition, ce serait un excellent collaborateur. Si jamais
le député de Jonquière est en dehors de la politique et si
on s'adonnait à l'engager comme avocat de la régie, avec passion,
il dirait...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, on m'accuserait de
profiter d'une nomination politique.
M. Saint-Germain: ... il soutiendrait devant le juge exactement
le contraire de ce qu'il vient de nous dire. En plus, il y a un droit de
subrogation.
C'est entendu que l'étranger va être dans une situation
assez difficile pour se défendre contre la régie, qui va
établir devant le juge qu'on donne à la victime du Québec
une telle indemnité. Il va falloir établir et projeter dans
l'avenir ce que ça va coûter, cette indemnité qu'on va
payer à la victime pour le reste de ses jours. Est-ce que ça va
comprendre aussi toute les dépenses que la régie va être
obligée de faire pour la réhabilitation de cette victime, si elle
est réellement invalide de façon définitive?
Pour être logique, si on donne un droit de subrogation à la
régie, il faudrait bien en donner un à la Régie de
l'assurance-maladie. Parce que, comme la Régie de l'assurance-automobile
n'a pas de droit de subrogation vis-à-vis de la Régie de
l'assurance-maladie, il serait juste, si la régie veut se faire
rembourser par cet étranger, que la Régie de l'assurance-maladie
ait aussi le droit de se faire rembourser pour les dépenses
inhérentes aux soins qu'on donnera à la victime du Québec,
parce que la Commission des accidents du travail devra obtenir un droit de
subrogation.
Je ne comprends pas très bien pour quelle raison on traite ainsi
les étrangers, les gens d'ailleurs qui coûtent plusieurs centaines
de milliers de dollars; on fait de l'annonce pour attirer les gens du
Québec, on sait qu'au niveau du ministère du Tourisme, combien de
centaines de milliers de dollars on peut dépenser, on a à voter
ces budgets tous les ans.
Voilà qu'après les avoir invités, leur avoir dit
que le Québec est un endroit plaisant, après avoir vanté
nos paysages, surtout notre hospitalité, on les traite comme des gens
qui sont réellement bâ-drants, des gens qui n'ont pas les
mêmes droits que nos citoyens et cela aura certainement des
répercussions dans l'avenir, sur l'image du Québec.
Ensuite, on a parlé, en page huit, des victimes. Et on a soutenu,
envers et contre tous, que cela ne valait pas la peine de faire un amendement,
parce que cela ne concernait qu'un tout petit nombre d'individus.
C'était très important, cette argumentation, très valable,
au point de vue du ministre. Je peux faire ici la même
argumentation...
M. Raynauld: II y a plus de responsables.
M. Saint-Germain: Peut-être qu'il va nous arriver avec cela
et dire qu'il y a plus de responsables que de victimes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas cela que
j'allais dire.
M. Saint-Germain: Alors, s'ils sont un très petit nombre,
1%.
Le Président (M. Clair): MM. les députés,
s'il vous plaît! Un à la fois.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député
de...
M. Saint-Germain: Mais si on prend l'argumentation du petit
nombre entre les victimes qui sont étrangères, cela
n'empêche pas le gouvernement, malgré ce très petit nombre
de responsables, de mettre un article bien spécial dans la loi, pour que
la régie aille chercher son argent, pour des indemnités que la
régie sera certainement obligée de payer.
Cela devient important. C'est important, même s'il n'y avait que
trois ou quatre personnes, ou une dizaine. Il faut aller chercher notre argent.
L'argumentation que vous avez donné du petit nombre, il faudrait bien,
en toute honnêteté, la répéter à ce
stade-ci.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, ce
n'est pas cela que j'allais dire, mais je me demande si on n'aurait pas
dû accepter la suggestion du député d'Outremont et
étudier les articles 9 et 9a en même temps. Si le
député de Jacques-Cartier avait pris la peine de lire l'article
9a, il y a une bonne partie de ses affirmations qui n'aurait même pas
été faite.
Je pense que, M. le député d'Outremont, votre suggestion
n'était pas si mauvaise que cela.
M. Saint-Germain: Non, j'ai dit qu'on doit permettre à
l'assurance-maladie... C'est ce qu'on fait, on va le faire. Le gars va passer
devant le tribunal, par la régie, par la Commission des accidents du
travail et par la Régie de l'assurance-maladie. On va lui donner;
celui-là, on va l'attraper. On va... On va aller chercher notre argent.
C'est exactement cela qui arrive.
Le Président (M. Clair): D'autres intervenants sur
l'article 9? Le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais me limiter
à une question technique. Comment va-t-on faire pour estimer le capital
représentatif des rentes que la régie sera appelée
à verser? Si je comprends bien le projet de loi, lorsqu'il y a une rente
qui est versée, cela dépend évidemment du
décès de la personne. Cela peut être quarante ans, cela
peut être deux ans, cela peut être cinq ans. Comment fait-on pour
estimer cela?
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'il y a eu
discussion à ce sujet l'autre jour lorsque le député de
Montmagny-L'Islet avait posé la question. Il avait été
établi, je pense, qu'avec la projection du taux d'intérêt,
avec la projection du montant qui est appelé à être
versé aux victimes, à ce moment-là, il était
possible de faire la capitalisation des sommes que les victimes pouvaient
recevoir. Ce faisant, se servant des tables, il est possible de calculer le
montant que représentent les indemnités versées sous forme
de rentes, le montant en capital.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'on ne se
comprend pas. Sur la capitalisation et sur la valeur présente des rentes
à verser, cela va très bien. Il n'y a pas de problème pour
cela, ce n'est pas là qu'est le problème. C'est le montant
d'argent qui va être versé. Lorsqu'on se sert de cette
méthode, on s'en sert à partir des tables de morta-
lité, on fait des moyennes statistiques. Et pour établir
le coût du régime, dans son ensemble, on a utilisé cette
méthode et il n'y a pas de problème. On dit: En moyenne, il y en
a qui meurt un peu plus vite et un autre qui meurt un peu plus tard. En
moyenne, cela va arriver à cela.
Mais il s'agit ici d'un cas particulier, si je comprends bien. Il s'agit
d'un non-résidant. On essaie de recouvrer des sommes de ce
non-résidant. Et c'est un cas particulier, vous ne pouvez plus vous
servir de tables de mortalité et d'histoires comme cela. C'est un cas
spécial, particulier. Et il me semble que vous devez savoir, pour
être capable d'établir le capital aujourd'hui de la rente, combien
d'années vous allez la payer, la rente?
C'est cela qui est ma question. Ce n'est pas tellement l'actualisation
ou le taux d'intérêt.
Mme Payette: Je travaille pour le ministère des
Consommateurs encore maintenant.
J'aimerais apporter quelques précisions sur la question qui est
soulevée, je pense qu'elle est intéressante. Si je comprends bien
votre question on va essayer de discuter un peu du problème pour
voir si moi aussi je le perçois comme vous une actualisation de
bénéfices futurs implique, comme on l'admettait l'autre jour,
l'application de moyennes, enfin une survenance moyenne
d'événements futurs.
Dans le cas d'un Québécois soutien de famille, qui serait
tué au Québec par un étranger, la régie
bénéficierait d'un droit de subrogation contre un
étranger. Etes-vous d'accord avec moi, M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Oui, jusque là.
Mme Payette: J'imagine que, dans le cas où c'est un
conjoint qui aurait environ 35 ans, il se fait actuellement, dans les cours de
justice, des calculs de prestations futures qui se guident des facteurs
d'actualisation basés sur l'expectative de vie. Il est évident
que la régie ne peut pas attendre 45 ou 50 ans, d'ici à ce que la
victime meure, pour aller faire une subrogation contre un
non-résidant.
C'est vrai que, dans un cas particulier, la régie devra baser une
subrogation sur des facteurs moyens d'actualisation, mais si ces accidents, ces
situations se produisent un certain nombre de fois durant l'année ou
durant les années à venir, je pense qu'en gros, si les
hypothèses utilisées dans l'actualisation sont saines, on devrait
aller chercher, en moyenne, la valeur de ces rentes. C'est peut-être dans
cette optique qu'il faut voir le problème.
M. Raynauld: Je ne connais pas les pratiques des cours ou les
pratiques des sociétés d'assurance. Ce que vous me dites, somme
toute, c'est que même s'il s'agit d'un cas particulier, on se sert quand
même de moyennes pour établir le montant global à
verser.
Mme Payette: Le droit de subrogation de la régie se
prescrit trois ans après l'indemnisation.
Cela fait un délai, j'imagine. On peut tenir compte de certains
facteurs, de l'âge du bénéficiaire des prestations de la
régie. Cela donne des éléments d'information sur
l'importance des prestations qui lui seront versées.
J'imagine que ce sont des éléments suffisants pour
déterminer un montant d'indemnisation.
M. Raynauld: J'ai l'impression que ce sont des choses auxquelles
on pourrait facilement apporter un argument. Je veux laisser cela aux
juristes.
Mme Payette: On tombe assez rapidement dans des
éléments assez techniques. On aborderait un problème
peut-être plus difficile si on parlait d'invalidité.
M. Raynauld: D'invalidité.
Mme Payette: Oui, je l'admets avec vous. Si un
Québécois est blessé et devient invalide, la prestation
est basée sur la capacité de gain. C'est difficile à
évaluer. Là encore on peut tenir compte de la nature. Pour ce
cas, on pourrait évaluer le pourcentage d'invalidité, les chances
de retour au travail. J'imagine qu'un juge, devant les faits, devant toutes les
informations quant à la gravité d'une blessure, pourra en
évaluer le coût pour la régie, même si encore
là le droit se prescrit après trois ans et qu'il faut aller
chercher les sommes tout de suite. J'imagine que c'est faisable. Cela pose un
problème particulier, je l'admets avec vous. Il n'est pas insoluble.
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai reconnu, dans les propos de M... Je n'ai pas
saisi votre nom.
Mme Payette: Cloutier.
M. Lalonde: ... Cloutier, les façons qu'on a actuellement
de calculer les indemnités pour les cas de dommages, surtout dans le cas
d'invalidité, mais je me demande si le texte qui nous est proposé
c'est moins à vous que je m'adresse que peut-être au
conseiller juridique qui dit que le capital représentatif de
rentes va permettre justement à des juges de conclure de la même
façon... Qu'est-ce qu'un capital représentatif de rentes? Il
faudrait être sûr que c'est bien ce que l'actuaire nous dit. Il
faut que cela se traduise dans un texte juridique qui, quant à moi,
soulève des problèmes.
Le capital représentatif de la rente donnée, c'est surtout
dans le cas d'une incapacité, d'une invalidité. On a trois ans,
on peut jouer sur trois ans pour avoir une idée peut-être un peu
plus précise des chances. Quels sont les calculs, comment savoir si la
régie va être appelée à payer telle rente annuelle,
et pendant combien de temps, selon l'âge de la personne, etc? Il reste
qu'il peut y avoir aussi des inconnues là-dedans. Il y en a une, par
exemple qui est variable, à savoir la capacité de
reprendre le travail, dans trois, quatre ou cinq ans. Est-ce qu'avec ce
texte on couvre la situation?
Mme Payette: M. le Président, le problème que vous
soulevez, c'est en regard de la durée de versement des indemnités
par la régie et, ensuite, par raport à l'exercice du droit de
subrogation, à savoir quel montant finalement la régie va pouvoir
réclamer. Est-ce exact?
M. Lalonde: Oui, c'est cela. Mme Payette: C'est cela?
M. Raynauld: C'est surtout le premier problème.
Mme Payette: La durée?
M. Raynauld: Oui, surtout celui-là.
Mme Payette: Lorsqu'on fait mention du capital
représentatif des rentes qu'elle est ainsi appelée à
verser, est-ce qu'on ne voit pas, dans ces mots, que la régie verse des
rentes, que ces rentes sont périodiques? En appliquant le capital que le
versement des rentes va constituer, est-ce que ce n'est pas cela finalement
qu'on vise dans le texte? Comment savoir à l'avance, au bout d'un an, si
une personne va continuer à être invalide toute sa vie? Il y a
peut-être des médecins qui sont plus experts que nous pour
déterminer ces questions et je pense aussi que si on applique cela dans
le régime actuel, il y avait quand même des difficultés
lorsqu'on en venait à déterminer l'invalidité de
quelqu'un, lorsqu'on essayait de savoir si c'est à 15 ou si c'est
à 10, à partir de quel moment quelqu'un est invalide totalement.
A ma connaissance, c'est aussi difficile que d'essayer d'évaluer si
quelqu'un est incapable de travailler ou non. Je pense que, là-dessus,
les tribunaux appliqueront les principes qu'ils ont actuellement et se
serviront de témoignages d'experts, comme les actuaires,
également des médecins, pour déterminer la durée de
l'invalidité de quelqu'un, invalidité exprimée en termes
d'incapacité à retourner au travail, plutôt qu'en
pourcentage.
M. Lalonde: Est-ce que ce ne serait pas plus clair de dire qu'on
va recouvrer les indemnités, ainsi que la valeur en capital des rentes,
parce qu'on ne parle pas, en fait, de la valeur en capital des rentes?
Mme Payette: Je pense que les mots "capital représentatif"
sont les mots usuels en termes actuariels, à ma connaissance.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Si on prenait, par exemple, un exemple bien
pratique pour essayer de voir jusqu'à quel point cet article et les
autres peuvent nous entraîner, surtout celui-là, si vous voulez
bien, il faut penser qu'une victime qui peut être aussi un touriste ou un
voyageur au Québec peut aussi être tenue victime et responsable de
l'accident, ou partiellement responsable de l'accident. Supposons, avec le
régime qu'on a, qu'un type est victime d'accident et, comme on a dit
tout à l'heure, que c'est un étranger. Il va en cour, il a un
droit de recours, il ne peut pas s'entendre avec la régie. La
régie va dire à cette victime étrangère: Vous
êtes, monsieur, tenu à 50% responsable de l'accident. Le type s'en
va chez lui. On peut même en prendre soin ici, à
Québec.
L'hospitalisation est finie, il peut être transporté aux
Etats-Unis, par exemple, il continue son hospitalisation là et au bout
de trois mois, on lui dit: II n'y a plus rien à faire, vous avez les
jambes partiellement paralysées. Vous avez droit à 50% de
l'indemnisation du régime du Québec.
Entre-temps, c'est un employé d'une compagnie, c'est un
administrateur, et il gagne $40 000 par année. La compagnie continue
à le payer et quand son hospitalisation est terminée, que sa
convalescence est terminée, étant donné qu'il a rendu
service à la compagnie, elle ne voit pas d'objection à ce qu'il
poursuive sa carrière comme administrateur à cette même
compagnie. Il n'a jamais perdu son salaire, et malgré son handicap, il
va continuer à gagner plus de $18 000 par année. Qu'est-ce que la
régie va lui donner? Une somme minime pour mutilation, dans les $20 000.
Est-ce cela?
Mme Payette: M. le Président, dans le cas où
quelqu'un est en mesure de retourner au travail, il est évident qu'il
n'y aura pas de perte de revenu. A ce titre, il ne sera pas indemnisé.
Cependant, s'il a des frais médicaux, s'il y a une mutilation, comme
vous venez de le dire, il y a des indemnités qui lui sont versées
à ce titre, mais pas pour perte de salaire, puisqu'il n'en perd pas.
M. Saint-Germain: Alors, l'indemnité, c'est un montant
forfaitaire.
Mme Payette: En cas de mutilation, oui.
M. Saint-Germain: Qui sera à l'intérieur des $20
000. C'est tout ce qu'il recevra, parce qu'il n'a jamais perdu son salaire,
est-ce vrai ou faux?
Mme Payette: C'est vrai.
M. Saint-Germain: S'il a été hospitalisé
dans la province de Québec, la Régie de l'assurance-maladie et de
l'assurance-hospitalisation vont lui faire payer 50% de ses soins, qu'il sera
obligé de diminuer, nécessairement, sur le montant forfaitaire
qu'on lui aura remis.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que vous me
permettez? Dans l'exemple que vous avez apporté, évidemment, si
l'individu a un droit, vous venez de dire que c'est un non-résidant qui
a un droit, à ce moment, il n'est pas responsable.
M. Saint-Germain: J'ai dit qu'il était responsable de
l'accident à 50%, alors on va aller chercher 50% des frais
d'hospitalisation et des frais médicaux qu'on lui a donnés. Cela
va diminuer d'autant plus l'indemnisation ou le montant forfaitaire qu'il
recevra pour mutilation. Le type est dans une chaise roulante, il marche avec
des béquilles, et c'est tout ce qu'il va recevoir. Il va se retourner et
il recevra une action de la régie, parce qu'on n'a pas tenu compte de la
responsabilité pour le citoyen du Québec. Et si le même
citoyen du Québec gagne aussi $40 000 par année, et qu'il n'est
plus capable d'occuper de nouveau son emploi en autant qu'il gagne plus
de $18 000, l'exemple tient, s'il travaille dans la construction, par exemple
on lui paie une rente totale. On lui donne entre $12 000 et $13 000 par
année. On ne va pas chercher 50% de la rente. On actionne la victime
étrangère pour le montant total de la rente. Cette personne ne
reçoit rien, elle n'est pas capable de rien recevoir, elle est
sérieusement handicapée, mais elle sera obligée de payer
$100 000. C'est quelque chose!
Mme Payette: Dans la proportion de sa
responsabilité...
M. Saint-Germain: Est-ce vrai ou faux ce que je dis, M.
l'avocat?
Mme Payette: Vous avez donné un exemple très long.
Je n'ai malheureusement pas pu suivre toutes les données que vous
avez...
M. Saint-Germain: Je peux recommencer, si vous voulez.
Mme Payette: Recommencez si vous voulez, sauf que j'ai
noté que vous avez dit qu'il y avait 50-50 de responsabilité.
M. Saint-Germain: J'ai dit: de responsabilité.
Mme Payette: A ce moment, ce qui est prévu dans le
régime, à moins qu'il ne soit un résidant qui est passager
d'une automobile immatriculée Québec...
M. Saint-Germain: Non.
Mme Payette: C'est un vrai non-résidant.
M. Saint-Germain: Un vrai non-résidant qui entre au
Québec, il conduit son automobile et il a un accident. Il va à la
régie, il n'est pas content, il actionne la régie et porte sa
cause devant nos tribunaux de droit commun. Le juge lui dit: Vous êtes
à 50% responsable de l'accident. Il retourne chez lui. J'ai
décrit la situation, je pense que vous m'avez écouté, vous
m'avez compris. Il reçoit le montant forfaitaire à
l'intérieur des $20 000. Point. La même personne est responsable
de 50% de l'accident. La victime, le résidant québécois
qui a frappé est dans la même situation que lui, mais il n'a pas
de responsabilité, la régie va le dédomma- ger totalement.
Le type est un travailleur de la construction qui est invalide d'une
façon définitive, ou peut-être pourrait-il répondre
au téléphone, supposez cela si vous voulez.
De toute façon, vous allez payer pour ce gars. L'Américain
va être chez lui, il ne reçoit pratiquement rien pour l'accident,
parce que la somme qu'il va recevoir, avec la facture d'hôpital, il ne
restera pius grand-chose. Mais la régie va arriver avec une action de
$100 000; il va plaider et comme de raison, il va perdre. Là, il va
recevoir un compte de $100 000; parlez-lui du Québec, à ce
gars-là.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... il y a quelque chose d'assez inusité ici
que j'ai pris un peu de temps à trouver. L'exemple du
député de Jacques-Cartier est quand même très
révélateur là-dessus. Il est évident, quand on met
les deux articles 8 et 9 l'un en face de l'autre, qu'on traite de façon
différente la même situation, à savoir que
l'étranger qui arrive au Québec avec son automobile, non
immatriculée ici, qui a un accident, doit prouver la
responsabilité de l'autre pour être dédommagé. On
n'est pas arrivé dans les problèmes à savoir comment vous
allez contrôler ça va bien dans les autres articles
à savoir s'il peut avoir un emploi; le bonhomme est retourné en
Californie et les inspecteurs de la régie ne sont pas là,
à moins que la régie veuille faire un monstre avec sa
structure.
Enfin, il est retourné en Californie et une certaine
responsabilité a été établie, lui permettant de
recevoir quelque chose, disons 50%. D'un autre côté,
immédiatement après ou dans les trois ans, la régie se
retourne contre l'assureur de l'Américain et demande le montant actuel
ou actualisé, enfin, un montant en capital qui peut être dans les
$50 000 ou $100 000 je ne sais pas comment ça peut être
évalué, les actuaires pourront nous dire ça, on sait que
c'est un montant capital beaucoup plus considérable que le montant de la
rente annuelle qu'il reçoit il peut recevoir $5000 par
année et sa compagnie d'assurances peut être appelée
à payer immédiatement ou dans les trois ans le capital de cette
rente. C'est-à-dire que ça va se trouver à être le
capital et l'exemple du député de Jacques-Cartier rend cela
encore plus intéressant. Le Québécois qui a
été blessé dans le même accident dont il est
responsable à 50%, l'intérêt de le savoir, cette
responsabilité, c'est pour savoir combien on va payer
l'étranger.
Parce que le Québécois est payé selon son revenu,
90% de $18 000. Donc, les 50% de responsabilité vont entrer en jeu
seulement pour savoir quel est le montant actualisé qui va être
payé par notre autre bonhomme, je crois. On peut peut-être me
corriger si je fais erreur.
Mme Payette: Non, le pourcentage de responsabilité, c'est
pour savoir jusqu'à quel point on indemnise le non-résidant.
M. Lalonde: Dans la réclamation de l'article 9, on dit:
Dans la proportion où elle en est responsable. Donc, cette
responsabilité va avoir un effet sur le remboursement de capital. Mais
il reste que d'un côté, il y a un bonhomme ou une bonne femme qui
reçoit une rente qui va peut-être être assujettie souvent
à la discrétion de la régie. Les articles où la
régie fait valoir sa discrétion, j'en ai une liste, je suis
seulement rendu à l'article 55. L'article 12, les anciens articles...
Remplacer la rente par un paiement unique ou périodique, la régie
peut déterminer un revenu brut ou autre, articles 19 et 20. Article 21,
évaluer le revenu brut présumé d'un étudiant,
ça peut être un étudiant, ce bonhomme ou cette bonne
femme.
Alors, c'est assujetti à la discrétion de la régie,
à savoir s'il va pouvoir profiter de son bout de l'arrangement. Mais
d'un autre cêté, lui-même ou son assureur va devoir
débourser maintenant un montant capital. Est-ce que vous trouvez
ça juste? Est-ce que ce n'est pas ce n'est pas à vous que
je pose la question, c'est au député, au gouvernement
est-ce qu'on ne traite pas d'une façon exorbitante la réclamation
que l'on veut faire de sa partie de responsabilité alors qu'on lui donne
seulement une partie beaucoup moins intéressante pour... Là, on
peut arriver, je ne veux pas faire du mélo, mais dans quelle mesure les
compagnies d'assurances de ces gens qui vont venir ici... Ils vont leur dire:
Cela va te coûter un peu plus cher, parce que tu t'en vas au
Québec. Là on n'est pas traité de la même
façon.
Dans quelle mesure cela ne peut-il pas avoir un effet sur le coût
de l'assurance de ces gens qui vont s'en venir au Québec? Dans quelle
mesure cela ne pourrait-il pas être une incitation à aller
ailleurs?
Au-delà des principes, de la pratique on aime cela le
tourisme, le tourisme est d'ailleurs l'une de nos industries les plus
importantes est-ce qu'on n'a pas le droit de se poser des questions.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne comprends pas pourquoi
le député de Marguerite-Bourgeoys s'offusque de ce droit de
subrogation qu'on donne à la régie. Dans le système
actuel, le non-résidant, supposons l'Américain, qui vient aussi
au Québec, et qui est responsable d'un accident, qui rend invalide une
famille québécoise ou un père de famille s'attend et doit
s'attendre, à recevoir, éventuellement, dans l'année
suivante, une action en dommages de la part de ce citoyen
québécois; il sera assuré, ce non-résidant, ou il
ne le sera pas; s'il ne l'est pas, probablement que dans son pays ou dans son
Etat, il y aura un organisme qui s'appelle ou qui ressemble au fonds
d'indemnisation, il s'attend à cela. C'est un système de
responsabilité.
Et pourtant, dans le système actuel, ce citoyen non
résidant du Québec, responsable d'un accident, ne reçoit
rien, ou à peu près rien du Québec. Au lieu de la victime
qui va poursuivre... Vous savez qu'en droit, à moins que je ne me
trompe, on ne peut céder plus de droits qu'on en a. La personne qui en
subroge une autre dans ses droits possède exactement les mêmes
droits et recours que l'autre. On ne peut céder ce qu'on n'a pas. A
l'impossible nul n'est tenu. Vous connaissez tous ces principes.
M. Lalonde: Pierre qui roule n'amasse pas mousse.
M. Vaillancourt (Jonquière): La seule différence
qu'apporte l'article 9, c'est quoi? C'est qu'au lieu que ce soit le père
de famille québécois, le citoyen québécois qui
poursuive le non-résidant américain responsable de l'accident,
c'est tout simplement la régie qui prend lieu et place pour la victime,
par la subrogation, qui ne prend pas plus, mais pas moins, que les droits de la
victime, et qui intente, au lieu d'une action d'un an, au lieu d'une
prescription d'un an, dans un délai de trois ans, une action en dommages
contre le responsable de l'accident.
En fin de compte, c'est le système, dans le cas de la subrogation
d'un non-résidant responsable, de la responsabilité que l'on
connaît actuellement, sauf qu'on dit, à cet Américain: Si
tu n'es pas responsable de l'accident, ou si tu es proportionnellement, ou en
partie, responsable, on va t'indemniser en fonction de ta
responsabilité. C'est ce qu'on dit à cet Américain.
Je ne comprends pas le pourquoi de ces propos, surtout de la part du
député de Marguerite-Bourgeoys, qui est avocat et qui
connaît tout cela, qui sait que le pauvre citoyen de l'Etat du Vermont,
peut, s'il cause un accident demain matin, au Québec, et s'il est
responsable, recevoir une action en dommages de $100, $125, $150, $25 000,
selon les dommages subis par la victime. Il recevra cette même action,
mais au lieu de la recevoir de la victime, il la recevra de la régie qui
a été subrogée dans les droits et recours de la
victime.
Je pense que c'est très cohérent ce texte-là. C'est
très logique et cela correspond à un système
d'équité absolument normal.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jacques-Cartier ou M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le député de Jacques-Cartier me le
permet, je l'en remercie. Je n'ai pas réussi à me faire
comprendre du député de Jonquière, je vais recommencer.
J'ai parlé d'un cas de 50%-50% de responsabilité. M. le
député de Jonquière, ce qui m'apparaît injuste, et
dans une certaine mesure, un peu odieux, c'est le fait que, d'un
côté, on indemnise, par cette loi, à même des rentes
qui sont assujetties à beaucoup de discrétion de la régie,
et, de l'autre côté, la régie reçoit un droit,
dans les trois ans, de se faire rembourser le plein montant de la valeur
actualisée en capital, alors que c'est un capital qui va être
calculé, dans une bonne mesure, à même une rente qu'elle
pourra, de sa propre discrétion, l'année suivante,
réduire, avec des appels aux tribunaux de droit commun. On n'en
connaît pas là-dedans, sur la question strictement de la rente.
C'est cela qui m'apparaît incohérent et injuste. D'un
côté, la régie dit...
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, vous n'en êtes
pas...
M. Lalonde: Si on a établi la responsabilité 50-50,
ce sont les tribunaux qui ont fait cela. Disons que tout le monde est heureux,
50-50. Je vous donne tel montant, que je peux réduire dans deux ans si
j'apprends que vous êtes retourné au travail. Entre-temps, je vous
actionne pour le plein montant du capital actualisé. Cela ne
m'apparaît pas tellement civilisé comme façon de faire
affaire avec le monde.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais dans la proportion
où elle en est responsable, c'est-à-dire...
M. Lalonde: C'est 50-50.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, d'accord. Donc, vous
n'en êtes pas...
M. Lalonde: Mais dans la manière d'indemniser, ce n'est
pas 50-50. Ah non!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! Un à
la fois, s'il vous plaît!
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais c'est une
discussion.
M. Lalonde: Non, sur la subrogation, on n'a seulement qu'à
la subroger à 50%, naturellement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne me sens pas capable,
comme je ne suis pas actuaire, de répondre à cette question, mais
je dis...
M. Lalonde: C'est politique, ce n'est pas actuariel.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... M. le Président,
par votre intermédiaire, au député de Marguerite-Bourgeoys
que je pense que les mots "capital représentatif des rentes" veulent
dire que le tribunal va essayer de dire quelle est la valeur capitale qui
pourrait ou qui serait en mesure ou qui serait susceptible de donner au
bénéficiaire une rente mensuelle pendant X périodes
données.
M. Lalonde: On a parlé de cela tantôt, je me fie aux
avocats et aux actuaires.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le tribunal tiendra compte,
je présume, dans l'appréciation du quantum de ce capital, des
intérêts dont va pouvoir bénéficier la Régie
de l'assurance automobile sur la somme capitale au fil des années. Je
présume en toute équité.
M. Lalonde: Ou même totale de la discrétion qui
existe dans la Loi de ta régie. A ce moment-là, le capital peut
devenir assez illusoire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je fais aussi confiance aux
juges, aux actuaires et aux avocats là-dessus.
Le Président (M. Clair): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Sur le même point, ce n'est pas tellement sur
l'évaluation encore une fois, c'est sur le contraste qu'il y a, d'une
part, entre payer une rente à une victime et réclamer un capital
complet. Si on voulait être logique, il faudrait aussi permettre aux
non-résidants de recevoir la valeur en capital de l'indemnité que
la régie va lui offrir et, d'autre part, la régie pourra
réclamer la valeur en capital du non-résidant. Il y a un hiatus
entre les deux et cet hiatus est incontestable à mon sens.
Ou bien la régie réclame une rente ou l'équivalent
d'une rente ou, si elle ne veut pas payer la valeur en capital, à ce
moment-là, cela me paraît difficile qu'elle puisse aussi la
réclamer. C'est un hiatus qui existe dans le traitement qui est
donné aux non-résidants. C'est cela l'histoire.
On discutait tout à l'heure sur un plan plus juridique. La
subrogation, par exemple, on dit que c'est la même chose que ce qui est
payé à la victime au Québec, mais ce n'est pas la
même chose que ce qui est payé à la victime qui est un
non-résidant. Sur le plan de la subrogation en tant que telle, j'ai
l'impression qu'il y a aussi un problème.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député
d'Outremont, si on regarde l'article 12, on se rend compte que la régie
peut, lorsqu'elle est d'avis qu'il est à propos de le faire pour aider
la réadaptation de la victime ou, dans le cas d'une victime
résidant hors du Québec ou cessant d'y résider, remplacer
la rente visée dans l'article 26 ou dans l'article 44 partout paiement
périodique ou par un paiement unique représentatif de la valeur
de l'indemnité.
Evidemment, je comprends comme vous que ce n'est pas une obligation,
mais, du moins, la porte est certainement ouverte à l'article 12, parce
que...
M. Lalonde: La porte est ouverte à la discrétion et
à l'arbitraire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais à la
discussion également, parce que nous sommes rendus à l'article 9
et on pourra en parler à nouveau à l'article 12, mais on voit
déjà que le législa-
teur a pensé à cette possibilité de capitaliser
immédiatement cette rente versée à la victime hors du
Québec.
M. Raynauld: Le législateur aurait pu y penser pour
l'article 9, s'il y avait pensé pour l'article 12.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a rien qui nous dit
qu'il ne le fera pas.
M. Lalonde: Nous annoncez-vous un amendement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, mais je vous dis qu'on
en parle à l'article 12. Peut-être que vous ne le savez pas.
M. Lalonde: Le génie du législateur jusqu'à
maintenant, du côté du gouvernement, ne nous a pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez dit au début
que les articles de la loi étaient très bien
rédigés et j'en ai pris note.
M. Lalonde: C'était à l'intention du libellé
et des avocats qui ont travaillé là-dessus et non pas des
députés.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne l'ai jamais pris pour
les députés.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Cependant les assureurs américains qui
assurent leurs clients, les Américains, vont voir leurs clients
être victimes d'accidents d'automobiles au Québec ou responsables
d'accidents d'automobiles au Québec et ils vont s'apercevoir de tous les
problèmes que cela leur occasionne.
Si leurs clients ne sont pas dédommagés convenablement des
dommages causés, il n'est pas dit, dans certains Etats, qu'il n'y aura
pas de recours contre leur propre assureur, dans l'Etat où ils
demeurent, qu'ils n'auront pas le droit d'arriver chez leur assureur et de
dire: Ecoutez, je suis dans un fauteuil roulant et j'ai reçu $5000, et
ensuite aller devant leur juge et plaider contre leur propre assureur. Ils vont
le faire. Vous pouvez être absolument assurés qu'ils vont le
faire. Si vous pensez qu'ici, on peut faire les fous, on peut voter n'importe
quelle loi "niaiseuse", jamais les Américains vont nous empêcher
de le faire, mais vous n'obligerez jamais les Américains, les assureurs
américains à ne pas admettre dans leur police, à un moment
donné: Cette police d'assurance ne tient pas pour une personne qui
voyage au Québec. Vous pouvez être assurés que c'est ce qui
va arriver. Vous pourrez vous obstiner, et donner les arguments les plus fous
que vous voulez pour gagner votre point et tenir votre bout, les assureurs
américains vont tenir leur bout eux aussi. On ne peut pas jouer dans la
tête du monde comme cela.
Vous allez vous réveiller un bon matin avec des assureurs
américains qui diront à leurs clients, et ce sera écrit
dans la police: Cette police est non valable pour tout conducteur d'automobile
dans la province de Québec. D'accord? Ou bien, payez-nous! Ou bien, si
vous allez dans le Québec, vous allez nous donner une prime
additionnelle de tant. C'est tout. C'est ce qui va arriver, vous pouvez en
être assurés.
M. Lalonde: C'est un autre coût caché.
M. Saint-Germain: Quand les assureurs américains auront de
leurs clients qui seront victimes d'accidents au Québec et que cela leur
coûtera beaucoup plus cher que lorsqu'ils voyagent ailleurs, ces
assureurs vont aller chercher leur argent. Qu'est-ce que vous voulez?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Bertrand): Vous l'avez maintenant.
M. Vaillancourt Jonquière): M. le Président, ce que
je ne comprends pas... Je comprends l'exemple du député de
Jacques-Cartier. Savez-vous que, dans le système actuel, votre gars, qui
est assuré par une compagnie d'assurances privée aux Etats-Unis,
s'il est responsable de l'accident, ne recevra rien du Québec, sinon une
action en justice du Québécois qu'il va avoir blessé par
sa faute? C'est ce qu'il va recevoir. Sa compagnie d'assurances privée,
qu'est-ce qu'elle fait après qu'elle a indemnisé le
Québécois qui a eu des dommages corporels par la faute du
non-résidant, qu'est-ce qu'elle fait, sinon la même chose que les
compagnies d'assurances privées nous font au Québec? Une
augmentation de primes, M. le député de Jacques-Cartier, par
votre intermédiaire, M. le Président, évidemment...
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qu'il va faire, le juge?
M. Vaillancourt (Jonquière): Votre exemple est
complètement boiteux.
M. Saint-Germain: Non!
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous le savez.
M. Saint-Germain: Pas du tout. Que va faire le juge
américain lorsque le citoyen américain va arriver devant lui et
qu'il va dire: M. le juge, je suis dans un fauteuil roulant aujourd'hui
à cause d'un accident survenu au Québec? J'ai été
tenu responsable de 50% de cet accident. Il va sortir ce qu'il a reçu et
il va dire: Cela m'a donné $5000 ou $7000. J'ai une police d'assurance,
M. le juge, de telle compagnie américaine qui me garantit qu'on va payer
les dommages lorsque je ne suis pas responsable. Je ne suis pas responsable et
je ne suis pas capable de percevoir de montant.
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il n'est pas responsable,
quand la régie poursuivra ce citoyen non-résidant...
M. Saint-Germain: II va se faire...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... prétendument non
responsable, parce que vous savez que la régie...
M. Saint-Germain: Oui, mais il va se faire...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Jacques-Cartier, vous venez de soulever un point intéressant.
M. Saint-Germain: Ecoutez, s'il a blessé le type, un
citoyen québécois, et qu'il a été tenu simplement
responsable pour 50%, il va être obligé de payer
l'indemnité entière. Les assureurs américains vont-ils
accepter cela? Ils vont dire: On est prêt à payer 50% des
dommages, mais on ne peut pas payer 100%. Notre client a été tenu
à 50% responsable, mais ils lui font payer le montant total de
l'indemnité.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je ne
peux que répéter que la subrogation de la régie ne lui
donnera pas plus de droits que la victime, tout simplement. C'est cela la clef
du système.
M. Saint-Germain: Non. Si c'est un citoyen américain, vous
le savez pertinemment, M. le député... Le citoyen
québécois n'a pas de responsabilité à
établir, qu'il soit responsable à 50% ou non, il reçoit
une indemnité totale. Comme la régie a le droit de subrogation,
l'action va être pour la somme totale...
M. Vaillancourt (Jonquière): Comment, pour la somme
totale? La subrogation va être pour les droits et recours qui
étaient possédés avant la subrogation par la victime.
M. Saint-Germain: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que vous auriez
intérêt à consulter votre collègue.
M. Saint-Germain: D'accord. Je m'excuse.
M. Vaillancourt (Jonquière): Excusez-moi! Je
l'accepte.
M. Saint-Germain: La victime du Québec va être
payée à 100%. La régie aura un droit de subrogation de
50%, mais cette somme de 50% va être tellement plus considérable
que ce que le citoyen américain va recevoir dans de nombreuses
occasions, surtout s'il gagne $35 000 ou $40 000 et s'il peut continuer
à travailler ou si la compagnie qui l'engage veut le garder, il ne
recevra pratiquement rien. Et cette somme de 50% d'indemnité
payée par la régie au citoyen québécois va
dépas- ser amplement l'indemnité que lui, va recevoir. C'est ce
que j'ai voulu dire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qu'est-ce qu'il reçoit
du Québec dans le système actuel, s'il est responsable?
M. Lalonde: 50%.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qu'est-ce qu'il reçoit
du Québec s'il est responsable?
M. Saint-Germain: II va recevoir 50%.
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il est responsable de
l'accident, qu'est-ce qu'il reçoit du Québec dans le
système actuel? Il reçoit quoi?
M. Saint-Germain: Bien oui, mais écoutez...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'avez pas
répondu à ma question.
M. Saint-Germain: ... l'assureur américain qui vend une
police à son client...
M. Gagnon: M. le député, qu'est-ce qu'il
reçoit dans le même exemple, actuellement?
M. Saint-Germain: II va être payé selon exactement
la teneur de la police que l'assureur américain lui a vendue. Exactement
la même teneur.
M. Gagnon: Cela ne serait pas pareil.
M. Saint-Germain: Non, cela ne serait pas pareil, c'est
certain.
M. Vaillancourt (Jonquière): Autrement dit, vous acceptez
qu'un citoyen québécois...
M. Saint-Germain: Parce que le citoyen américain,
premièrement, s'il gagne $40 000...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Jacques-Cartier, je vais vous poser une question...
M. Saint-Germain: ... par année, sa police d'assurance, en
cas de non-responsabilité, lui promet un dédommagement pour perte
de revenu de $40 000, surtout pour le temps où il ne travaillera pas.
C'est cela qu'il va recevoir. Si le gars est dans une chaise-roulante pendant
un an et demi il va recevoir $60 000 "dret-là" pour la perte de revenu
pendant un an et demi s'il n'a pas travaillé.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jacques-Cartier...
M. Saint-Germain: C'est cela que l'assureur américain va
lui dire. C'est cela qu'il va obtenir s'il a un accident aux Etats-Unis. Quand
il va arriver à Québec, qu'est-ce qu'il va recevoir?
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député de Jacques-Cartier est en train de nous
dire qu'un citoyen américain qui gagne $40 000 a une
assurance-salaire de $40 000 ou est-ce qu'il a une assurance automobile
responsabilité?
M. Saint-Germain: Je suis en train de dire qu'un citoyen
américain qui gagne $40 000 par année...
Mme Payette: II n'est pas assuré d'avoir $40 000 par son
assureur américain. Il a beau être Américain.
M. Saint-Germain: ... et s'il est un an et demi dans une chaise
roulante, il a un droit d'action de $60 000 contre le responsable. C'est de
cela qu'il a le droit. Et au Québec, il ne l'a plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Jacques-Cartier, est-ce que vous acceptez qu'un citoyen québécois
non responsable, qui subit des préjudices corporels par la faute d'un
non-résidant ou par la faute d'un Américain, puisse intenter
lui-même une action en dommages contre ce responsable
non-résidant? Est-ce que vous acceptez ce fait là?
M. Saint-Germain: Si je m'en vais aux Etats-Unis, moi...
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est simple comme question.
Est-ce que vous acceptez le fait que si vous êtes blessé au
Québec et que vous n'êtes pas responsable, mais que vous avez
été blessé par la faute d'un citoyen américain ici
au Québec...
M. Saint-Germain: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous acceptez le
fait que vous pouvez personnellement, dans le régime actuel, poursuivre
vous-même ce citoyen américain?
M. Saint-Germain: Bien non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous acceptez
cela?
M. Saint-Germain: Moi, j'ai été frappé par
un Américain et j'ai été payé "dret-là", par
la compagnie parce que je n'étais pas responsable. C'est ma compagnie
qui a été chercher l'argent.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous acceptez
cela? M. le député d'Outremont, est-ce que vous acceptez
cela?
M. Raynauld: II dit oui. C'est cela qu'il dit.
M. Saint-Germain: J'ai eu un accident avec un Américain.
Je n'étais pas responsable. Ma compagnie m'a payé tous les
dommages. Qu'est-ce qui est arrivé avec la compagnie? Ma compagnie a eu
un droit de subrogation. Je ne sais pas ce qu'ils ont fait avec, ce sont eux
qui se sont arrangés avec cela. Ils m'ont payé, moi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous l'acceptez, ce fait
là?
M. Saint-Germain: Bien, tiens.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous acceptez le
fait que la régie, étant subrogée dans les droits de ce
citoyen québécois, puisse avoir pour les mêmes droits pour
ces mêmes recours, ces mêmes obligations un recours contre ce
même citoyen américain non résidant?
M. Saint-Germain: Je l'admets bien. Mais partez de la même
base.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bon, on vient de
régler le problème.
M. Saint-Germain: Bien oui!
M. Vaillancourt (Jonquière): II ne reste que le
problème de la capitalisation.
M. Saint-Germain: Voyons donc!
M. Lalonde: Qui est l'injustice fondamentale.
M. Vaillancourt (Jonquière): On n'était pas
là-dessus avec le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je suis revenu au premier exemple que j'ai
donné. Vous lirez le journal des Débats et vous allez voir que
mon exemple tient, et amplement à part cela. Il tient tellement que vous
aurez avant longtemps, et vous saurez me le dire, des restrictions sur les
polices d'assurance américaines.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est le maintien de la
responsabilité en ce qui concerne le...
Mme Payette: Cela les incitera à instaurer un
régime de "no fault" aux Etats-Unis, ce qui serait éminemment
souhaitable.
M. Saint-Germain: Cela me fait penser, lorsqu'on donne un coup de
pied au derrière d'un éléphant, les
éléphants partent tous en peur.
Mme Payette: M. le Président, est-ce qu'on peut adopter
l'article 9?
M. Saint-Germain: Ils sautent les clôtures.
Le Président (M. Bertrand): L'article 9 est-il
adopté?
Mme Payette: Adopté, M. le Président. M.
Vaillancourt (Jonquière): Adopté.
M. Raynauld: M. le Président, il y avait un article
9a.
Mme Payette: II vient après, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui. Article 9, adopté
sur division.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Bertrand): Article 9a. Mme le
ministre.
Mme Payette: L'article 9a se lit comme suit, M. le
Président: "Dans les cas visés dans le deuxième
alinéa de l'article 7 et nonobstant l'article 4, dans les cas
visés dans l'article 9, les personnes suivantes, lorsqu'elles sont
subrogés dans les droits de la victime en vertu des lois ci-après
mentionnées, possèdent les mêmes recours que la
régie pour recouvrer leurs créances contre la personne ne
résidant pas au Québec, qui est responsable de l'accident, ou
contre la personne tenue à l'indemnisation des dommages corporels
causés dans cet accident par un non-résidant? "La Commission des
accidents du travail et, le cas échéant, l'employeur, en vertu de
la Loi des accidents du travail, Statuts refondus, 1964, chapitre 159, la
Commission des accidents du travail, en vertu de la Loi de l'indemnisation des
victimes d'actes criminels, 1971, chapitre 18, la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, en vertu de la Loi de
l'assurance-maladie, 1970, chapitre 37, et le gouvernement, en vertu de la Loi
sur l'assurance-hospitalisation. Statuts refondus du Québec, 1964,
chapitre 163, et en vertu de la Loi de l'aide sociale, 1969, chapitre 63".
M. Saint-Germain: M. le Président...
Mme Payette: Dans le régime, le but de ce nouvel article
est de prévoir le droit de subrogation des organismes publics. Dans le
régime actuel, les organismes publics, tel la CAT, la RAMQ, la RQ ont un
droit de subrogation contre le responsable d'un accident. Ainsi, ces organismes
peuvent recouvrer du responsable ou de son assureur les montants
dépensés pour un accidenté d'automobile. En principe, ce
droit est aboli. Cependant, dans la mesure où la régie conserve
un droit de subrogation contre un non-résidant, il est normal d'accorder
le même droit à ces organismes.
Ce droit n'était pas prévu dans le projet
déposé en première lecture.
M. Saint-Germain: Voilà, ça fait suite à ce
que je disais tout à l'heure, il faut aller au bout de ses peines. Si on
accepte l'article 9, celui-là fait la suite.
M. le Président, cela veut dire que, si jamais le Québec
se sépare, je vais même avoir de la difficulté à me
décider à le visiter après la séparation du
Québec avec une loi semblable. En fin de compte, je trouve que vous
donnez une mauvaise image du Québec et ça créera des
inconvénients sérieux au niveau de l'industrie touristique, parce
que, croyez-moi, les assureurs américains seront nécessairement
obligés de tenir compte de toutes ces dispositions. Je ne souhaite pas
qu'ils aillent jusqu'à modifier leurs polices d'assurance, mais il ne
faudra pas non plus être surpris qu'ils le fassent.
S'ils le font, ce sera très négatif pour l'image du
Québec et cela ne vaudra pas les sommes qu'on pourrait économiser
de cette façon. D'ailleurs, on a mentionné que ça
concernait un petit nombre de victimes et que ce serait de la contre-propagande
contre les millions dépensés pour essayer d'attirer le tourisme
au Québec.
Le Président (M. Bertrand): Adopté? Mme Payette:
Adopté, M. le Président. M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Bertrand): Adopté sur division.
Article 10.
Mme Payette: M. le Président, l'article 10 se lit comme
suit: "L'indemnité d'une victime incapable est versée à
son tuteur ou à son curateur ou, à défaut, à une
personne désignée par la régie. La personne ainsi
désignée a les obligations d'un tuteur ou d'un curateur, selon le
cas".
M. Saint-Germain: Alors...
Le Président (M. Bertrand): Un instant!
Mme Payette: "Le but, M. le Président, était de
prévoir que l'indemnité puisse être versée à
une autre personne que la victime lorsque celle-ci est mineure ou incapable. Le
but de l'amendement, en vertu de l'article 10 prévu dans le projet
déposé en première lecture, était que la
régie pouvait exercer une discrétion qui vienne en contradiction
avec un jugement de la Cour Supérieure nommant un tuteur sur avis du
conseil de famille.
C'est la même situation pour un curateur. L'amendement vise donc
à corriger la possibilité de contradiction; de même, s'il
n'y a pas de tuteur ou de curateur, la personne qui reçoit
l'indemnité doit l'administrer de la même façon qu'un
tuteur ou un curateur".
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Quelle est la contradiction que le ministre vient de
mentionner entre la décision d'un juge et la décision de la
régie? Est-ce bien ce que j'ai compris?
Mme Payette: M. le Président, ce qui est arrivé,
c'est que, dans la version du projet de loi en première lecture, on
avait repris la formulation qui était dans la Loi des accidents du
travail, où on ne faisait pas référence à un tuteur
ou à un curateur.
Il aurait pu arriver que la régie verse une indemnité
à une personne autre qu'un incapable, qui ne soit pas le tuteur, ni le
curateur. Suite aux représentations du Barreau, qui ont
été faites en commission parlementaire, la formulation a
été
reprise pour justement prévoir le cas du tuteur et du
curateur.
M. Lalonde: M. le Président, pourquoi donner un droit
à la régie de désigner quelqu'un, alors que tout notre
régime de droit civil et aussi la Loi de la curatelle publique
prévoient la façon dont ces personnes sont
représentées?
Mme Payette: Le principe qui est consacré dans l'article,
c'est que l'indemnité est versée au tuteur ou au curateur.
Advenant le cas où des personnes désirent qu'il n'y en ait pas,
à ce moment-là, la régie pourrait désigner une
personne. Mais le principe, c'est que dès qu'il y a un tuteur ou un
curateur, il reste au conseil de famille à se réunir et à
nommer un tuteur pour que la régie verse l'indemnité au
tuteur.
Mais s'il n'y en a pas et si la victime ne désire pas qu'il y en
ait, ou sa famille ne désire pas qu'il y en ait, à ce
moment-là, il est possible que l'indemnité puisse être
versée à une personne que désigne la régie.
Le Président (M. Bertrand): Madame, messieurs, à ce
moment-ci, nous devons ajourner nos débats. Oui, M. le
député de Jonquière?
M. Vaillancourt (Jonquière): Etant donné que nous
ne sommes rendus qu'à l'article 10, je me demande si on ne pourrait pas
avoir un consentement unanime pour poursuivre les travaux de la commission
jusqu'à une heure plus avancée, jusqu'à onze heures ou
minuit peut-être?
M. Lalonde: M. le Président, si on avait le commencement
de la moitié du quart du soupçon que le gouvernement nous
laisserait étudier ce projet de loi en toute
sérénité, jusqu'au bout, cela nous ferait plaisir, quant
à moi, de participer à un consentement, qui, je l'espère,
serait unanime. Mais avec le bâillon et la guillotine qu'on fait
suspendre au-dessus de notre tête, c'est rire de nous autres. Ce n'est
pas du tout ce que le député de Jonquière avait
l'intention de faire. Mais c'est le sentiment que j'ai, selon lequel c'est nous
demander de faire un peu plus de petits exercices de comédie, pour
continuer une heure de plus.
Le Président (M. Bertrand): La commission ajourne ses
travaux jusqu'à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 3)