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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Douze heures deux minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs!
Je m'excuse auprès des membres de la commission, mais j'avais
quelques rendez-vous journalistiques dans le "hot room", mais pas sur la motion
ayant trait aux communications.
M. Raynauld: Vous expliquiez le mécanisme de la guillotine
aux journalistes?
Le Président (M. Bertrand): La commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières poursuit
l'examen du projet de loi no 67 intitulé Loi sur l'assurance automobile.
Les membres de la commission sont: M. Beauséjour (Iberville), M.
Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Perron (Duplessis); M. Gagnon
(Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse) remplacé
par M. Grenier (Frontenac)...
M. Grenier: Mégantic-Compton.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse,
Mégantic-Compton; M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre) remplacé par M. Paquette
(Rosemont); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé
par M. Giasson (Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte), M.
Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion), M. Raynauld (Outremont), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi) remplacé par M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska); M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Vaillancourt
(Jonquière).
Nous en étions à l'étude de l'article 21.
Motion demandant le retrait des articles modifiant la
loi 49
M. Saint-Germain: M. le Président, vous avez appris comme
nous, ce matin, que l'Assemblée nationale avait décidé que
cette commission ferait rapport à l'Assemblée nationale vendredi.
Ceci dit, il nous apparaît évident qu'il nous sera impossible de
terminer l'étude de ce projet de loi et qu'il nous sera absolument
impossible d'étudier tous les articles.
Il y a tout de même, à l'intérieur de ce projet de
loi, un ensemble d'amendements qui modifient la loi 49. Nous croyons
sincèrement qu'en apportant ces amendements, le gouvernement a
dépassé les responsabilités que l'Assemblée
nationale nous a transmises.
La loi 67 ayant été votée en deuxième
lecture et son principe ayant été accepté,
l'Assemblée na- tionale nous a donné un mandat très
précis, celui d'étudier, non pas les principes de la loi, mais
les technicités, les modalités d'application, etc.
Mais elle ne nous a absolument pas autorisés à modifier
une autre loi, comme la loi 49 et, ce faisant, nous dépassons, à
sa face même, le mandat que l'Assemblée nationale nous a
confié.
Comme je le disais, nous ne pourrons pas faire l'étude de ces
articles et il nous sera impossible de vous transmettre nos
appréhensions à ce sujet. C'est la raison pour laquelle je fais
motion ce matin afin que l'on retire tous les articles qui modifient la loi
49.
La motion se lira comme suit: Je fais motion pour que tous les articles
modifiant la loi 49 soient retirés immédiatement du projet de loi
67.
M. Charron: Motion pour...
Le Président (M. Bertrand): Je lis la motion
présentée par le député de Jacques-Cartier. M. le
député de Jacques-Cartier fait motion pour que tous les articles
modifiant la loi 49 soient retirés immédiatement du projet de loi
67.
Sur la recevabilité de cette motion, M. le député
de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je viens d'entendre la
lecture de la motion présentée par le député de
Jacques-Cartier. Celle-ci m'apparaît manifestement, à sa face
même, irrecevable et ce, pour les raisons suivantes:
Nous avons reçu mandat de l'Assemblée nationale
d'étudier article par article le projet de loi no 67, ce que nous
faisons d'ailleurs depuis le 16 novembre dernier. Nous en sommes maintenant
à l'article 21.
J'estime que cette motion est irrecevable pour la raison, tout d'abord,
que nous nous devons d'étudier absolument les articles préalables
aux articles en question et, deuxièmement, qu'elle est pour le moins
prématurée.
Si le député de Jacques-Cartier a l'intention de proposer
des motions de retrait de certains articles du projet de loi no 67, il n'a tout
simplement qu'à attendre que la commission soit arrivée à
l'étude de ces articles et, à ce moment-là, il pourra
proposer tous les amendements possibles, soit modifier, retrancher, ajouter des
mots ou même proposer le retrait de cet article en question.
Alors, je ne crois pas que l'article 21 soit un des articles
visés par la motion du député de Jacques-Cartier. C'est un
article qui est bel et bien au projet de loi no 67, qui n'a pas encore
été étudié. Par la suite, il est dans l'intention
du gouvernement de procéder à l'étude des articles 22, 23
et ainsi de suite jusqu'à ce que les travaux de cette commission
parlementaire soient terminés. Je soutiens que nous nous devons de
respecter le mandat de la commission. Je soutiens surtout que cette motion est
irrecevable ici même, au moment de l'étude de l'article 21,
puisque l'article 21 ne fait
aucunement partie du fond de la question soulevée par le
député de Jacques-Cartier. Si, par contre, parvenu à
l'article 24, il s'agit de l'un des articles visés par le
député de Jacques-Cartier, il pourra, à ce moment,
proposer le retrait de l'article 24, s'il y a lieu.
Je soumets que la motion est irrecevable parce que
prématurée.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, essentiellement, les
arguments du député de Jonquière sont à savoir que
la motion est irrecevable pour deux raisons: Tout d'abord, parce qu'on a
reçu un mandat d'étudier tous les articles du projet de loi, et
deuxièmement, la motion serait prématurée parce qu'elle
devrait être faite au moment où nous aborderions l'étude de
ces articles, les articles dont on recherche le retrait, à savoir les
articles 200, 201, 202, 203, 204, 204a et 205.
Sur le premier argument, je dirai que le fait que nous ayons reçu
un mandat d'étudier les articles du projet de loi n'empêche pas du
tout le gouvernement de retirer des articles, et il l'a déjà
fait, il a déjà retiré, avant l'article 21, au moins un
article, à mon souvenir. C'est d'autant plus vrai que lorsque nous avons
reçu ce mandat, les articles en question, 200 à 205,
n'étaient pas dans le projet de loi. On a reçu un mandat, si vous
voulez, d'étudier les articles qui étaient dans le projet de loi
imprimé en première lecture, sur lequel le débat en
deuxième lecture a eu lieu. Ce qui n'empêchait pas il ne
faut pas être trop formaliste du tout le ministre ou quelques
membres de cette commission de suggérer des amendements. On sait que le
ministre ne s'est pas gêné pour en suggérer. Il y a un
bouquin d'amendements.
Sur la recevabilité, le fait qu'on a reçu un mandat
d'étudier article par article le projet de loi 67 n'empêche pas
cette commission de retirer des articles. Le ministre l'a fait au moins une
fois. Premièrement.
Deuxièmement, s'il fallait être très formaliste, on
dirait: Le mandat que nous avons reçu, c'est d'étudier ce projet
de loi, non pas les articles 200 à 205 inclusivement, qui sont nouveaux,
mais c'est un argument par l'absurbe, M. le Président. Je ne fais que
l'effleurer pour vous dire jusqu'où l'argument du député
de Jonquière nous entraînerait.
Sur le deuxième argument, à savoir que c'est
prématuré, je pense que c'est un argument qui ne s'adresse pas au
fond, parce que vous pouvez très bien, comme président,
présumer que, dans le préambule de la motion, il y a: que la
commission suspende l'étude des articles 21 à 199 inclusivement
et qu'on retire les articles 200... Là, on entrerait dans le formalisme
qui ne m'apparaît pas faire partie de l'économie de notre droit
parlementaire, et, si jamais votre décision était que c'est
prématuré parce qu'on n'a pas proposé la suspension de
l'étude des articles 21 à 199, je vous dis maintenant que je
ferai une motion pour suspendre l'étude des articles 21 à 199;
cela nous indique, encore là, jusqu'à quel point on tomberait
dans l'absurbe et dans la "procédurite" si on suivait le deuxième
argument.
En terminant, sur la question de la recevabilité, j'aimerais
faire appel au gouvernement, au député de Jonquière en
particulier qui a parlé de la recevabilité. La question que nous
proposons nous apparaît extrêmement importante. M. le
Président, ce n'est pas à vous que je m'adresse. Je sais que vous
avez toujours pris vos décisions en fonction de l'importance
égale des questions, l'une après l'autre. C'est au gouvernement
que je m'adresse, par votre entremise. Cette question nous apparaît
fondamentale, nous apparaît telle que ce n'est pas une menace;
c'est un avertissement, parce que je ne veux quand même pas que le
gouvernement dise qu'on a été pris par surprise si on ne
trouve pas chez le gouvernement l'ouverture nécessaire pour
répondre à nos demandes, notre capacité de continuer ici
à discuter de ce projet de loi sera mise en péril, et nos
chances, qui sont minces, mais qu'on conserve jour après jour, heure
après heure, malgré les frustrations de voir un gouvernement qui
n'est pas ouvert du tout à nos suggestions, que nous avons quand
même maintenues, suivant nos lois, suivant les règlements, suivant
le mandat que nous avons reçu, nous apparaîtront nulles à
ce moment-là, et nous aurons à nous conformer à...
M. Paquette: Elles existent actuellement.
M. Lalonde: Elles sont très minces, mais quand même,
nous devons poursuivre, malgré le peu de chances que nous avons...
Maintenant, si le gouvernement se montre totalement, à cause des
principes fondamentaux qui sont mis en cause par l'addition de ces articles,
s'il maintient sa position, telle qu'exprimée par le
député de Jonquière, sur la motion, nous devrons
reconsidérer notre participation à cette commission.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
puisque la question s'adresse à moi...
M. Fontaine: M. le Président, question de
règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai eu une question...
Le Président (M. Bertrand): Non, je ne pense pas, à
ce moment-ci, que je doive recevoir du député de
Marguerite-Bourgeoys une question qui puisse demander une réponse. J'ai
uniquement pris ses remarques comme étant formulées dans une
approche interrogative, mais interrogative voulant affirmer quelque chose et
non pas interrogative voulant obtenir une réponse. La réponse
viendra autrement.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense que la
question qu'il faut maintenant se poser, c'est à savoir quel est le
mandat de cette commission?
Nous avons étudié le projet de loi 67, en deuxième
lecture, sur des principes qui y étaient inclus, à savoir le "no
fault", l'indemnisation des dommages corporels par la régie, les
dommages matériels par les compagnies d'assurances privées. Ces
principes étaient inclus dans le projet de loi 67 et chacun des
députés de l'Assemblée nationale avait la
possibilité de s'exprimer sur les principes de ce projet de loi.
Je me rappelle fort bien qu'en deuxième lecture, lorsque le
ministre a fait son discours, elle nous avait annoncé une série
d'amendements et nous en avait fait l'énumération. Je me rappelle
également que les amendements à la Régie d'assurance
automobile n'étaient pas inclus dans...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, j'ai
une demande de directive à vous adresser.
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, il a
été convenu, au début de cette commission parlementaire
et ma question sera précédée d'un court
préambule que les amendements feraient partie de la loi à
partir du moment où ils seraient déposés par Mme le
ministre. Or, M. le Président, je me demande et la question que
je vous demande est une directive une motion qui a pour but de retirer
un texte de loi qui n'existe pas dans la loi est-elle recevable?
M. Fontaine: M. le Président, on discute sur la
recevabilité et c'est moi qui ai la parole.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A ce moment-ci, M.
le député de Jonquière, il n'est pas à propos que
je réponde à une telle demande de directive, étant
donné que le débat qui est en cours en ce moment ne porte que sur
la recevabilité de la motion formulée par le député
de Jacques-Cartier. Je pense que je pourrai rendre une décision en
fonction des avis qui me seront formulés.
J'indique, de toute façon, qu'au moment où je viens
d'entendre le député de Jonquière et le
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai l'esprit déjà
rafraîchi par les informations qui m'ont été transmises et
les lumières qui m'ont été procurées de telle sorte
que j'entends le député de Nicolet-Yamaska, mais avec le
sentiment que je peux déjà rendre ma décision. Cependant,
c'est votre droit d'intervenir, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, s'il y a quelque chose de
frustrant pour un avocat, c'est de savoir que le jugement est rendu avant qu'il
ait plaidé. Alors, je pense que...
Le Président (M. Bertrand): II n'est pas rendu.
M. Fontaine: Je l'espère. J'espère pouvoir vous
éclairer encore plus. Je disais donc, M. le Président, sur la
recevabilité, que les amendements qui avaient été
annoncés en deuxième lec- ture par l'honorable ministre
n'incluaient aucunement les amendements qui sont inclus aux articles 200 et
suivants. Surtout qu'on ajoute un principe essentiel au projet de loi, en
particulier concernant l'article 201, celui d'autoriser le gouvernement
à acquérir et à détenir des actions.
Or, M. le Président, ce mandat d'amender la loi de la
régie et d'ajouter des autorisations ne nous a pas été
donné par l'Assemblée nationale. C'est pour cette raison, M. le
Président, que cette motion est recevable, d'autant plus qu'on peut se
référer aux règlements, à l'article 154, au
paragraphe 2, qui se lit comme suit: "La commission peut amender un projet de
loi, pourvu que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du
projet et qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en deuxième
lecture."
Or, M. le Président, les amendements qui sont proposés
pour amender l'article 3 du projet de loi 49 et pour amender, entre autres,
l'article 201, ces amendements, M. le Président, ajoutent un principe
qui n'était pas affirmé dans le projet de loi en deuxième
lecture.
Je vous réfère également, M. le Président,
à l'article 158 qui dit: Une commission ne peut modifier, dans son
principe, une proposition qui a déjà été
adoptée par l'Assemblée. Or, j'ajoute encore une fois, M. le
Président, que l'article 201 et les autres ajoutent à ce
principe.
On peut se référer également à l'article 70
qui dit: "Un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne peut avoir, que les objets suivants: retrancher, ajouter
des mots ou les remplacer par d'autres. Il est irrecevable si son effet est
d'écarter la question principale sur laquelle il a été
proposé et il en est de même d'un sous-amendement..." M. le
Président, les amendements qui sont proposés aux articles 200 et
suivants ont pour effet d'ajouter à la question principale. Je pense, M.
le Président, que ces articles doivent vous guider dans la
décision que vous allez rendre.
M. Roy: M. le Président, je ne vous priverai pas de mes
modestes lumières ce matin, qui ne sont que des étincelles, comme
dit le député de Mégantic-Compton.
M. le Président, je croyais que mon collègue et ami,
l'honorable député de Jonquière attirerait votre attention
sur la non-recevabilité de la motion du député de
Jacques-Cartier en vous disant que ce que le député de
Jacques-Cartier demande, simplement, c'est le retrait d'amendements à
venir dans la loi.
M. le Président, de deux choses l'une: ou nous demandons le
retrait d'amendements à venir, ce qui nous donne raison de le demander,
parce que ça change le mandat de la commission, ou les amendements
auxquels on fait référence à l'heure actuelle sont
déjà considérés comme reçus en commission
parlementaire.
Si ces amendements ne sont pas considérés comme
reçus en commission parlementaire, raison de plus ce matin d'appuyer la
motion du député de Jacques-Cartier, étant donné
que ces mo-
tions d'amendements sont incluses dans le volumineux document qui doit
faire partie des amendements que le gouvernement a l'intention de proposer,
à cette commission, au projet de loi no 67. C'est très clair,
ça se présente de cette façon.
Est-ce que l'Opposition serait obligée de faire huit à dix
motions pour respecter à la lettre, les virgules, les points-virgules de
tout ce qui touche notre procédure parlementaire? Je pense qu'on est
quand même assez adultes pour pouvoir se parler et se comprendre sans
faire de la "procédure" pour le simple plaisir de faire de la
"procédure".
Cette motion d'amendement doit être reçue pour les raisons
suivantes: parce qu'il est manifestement dans l'intention du gouvernement de
considérer les amendements qu'on retrouve dans le volumineux cahier
noirnoir est assez significatif qui nous a été remis
par Mme le ministre et qui, selon ce qu'on peut en juger, fera partie du
rapport de la commission parlementaire qui doit être rédigé
après minuit, demain soir, pour être transmis à
l'Assemblée nationale avant dix heures vendredi matin.
Je ne jouerai pas l'autruche, je ne pense pas que ce soit la place pour
le faire. Le député de Jonquière disait que lorsqu'on sera
rendu à ces articles, on pourra en discuter. Il ne faudrait quand
même pas être naïf et nous prendre pour des enfants de la
prématernelle. On en a déjà vu d'autres et on sait
très bien qu'on ne pourra pas se rendre là. C'est de façon
claire et très nette.
Ce que nous voulons savoir ce matin, c'est quelles sont les intentions
du gouvernement et c'est la raison pour laquelle la motion doit
être jugée recevable relativement à son projet de
changer le principe d'une autre loi que celle pour laquelle nous sommes
convoqués. Dans la loi 49, puisque ces amendements se
réfèrent à la loi 49 et c'est un argument de plus
pour vous dire que la motion doit être jugée recevable il
n'était aucunement question d'accorder à la régie, lorsque
nous avons étudié le principe de cette loi à
l'Assemblée nationale, lorsqu'elle a été
étudiée en commission et adoptée en troisième
lecture, et finalement sanctionnée par le lieutenant-gouverneur, il
n'était aucunement question de lui donner un mandat qui lui permette de
se porter acquéreur de compagnies d'assurances. C'est clair.
Il n'en était pas question non plus dans la loi 67 qui a
été étudiée à l'Assemblée nationale,
qui a été votée en deuxième lecture, et que nous
avons reçu mandat d'examiner. Ce n'est que dans les intentions
avouées pas dans les intentions cachées dans les
intentions avouées du gouvernement, dans son projet d'amendement, qu'on
retrouve des dispositions à cette loi.
Je pense que cette question doit être vidée de façon
très claire, parce que vous-même, M. le Président, vous
avez suffisamment d'expérience parlementaire pour constater que vous
allez avoir certaines difficultés dans la rédaction du rapport et
à présenter ce rapport à l'Assemblée nationale. Je
pense que vous en êtes conscient.
Je pense que, si c'est l'intention du gouvernement et c'est
pourquoi je vous dis que la mo- tion doit être jugée recevable
d'amender la loi 49 pour faire en sorte de donner ce pouvoir à la
régie, il devrait y avoir un autre projet de loi déposé
à l'Assemblée nationale, ce projet de loi devrait être
discuté en deuxième lecture à l'Assemblée nationale
et être déféré, par la suite, en commission
parlementaire pour être examiné. On pourra être d'accord ou
non avec les intentions du gouvernement, tel que l'a dit le premier ministre ce
matin, mais c'est une autre affaire.
Actuellement, je veux que ce soit très clairement établi.
Je n'ai pas l'intention, en ce qui me concerne, de participer très
longtemps à cette parodie de la Chambre, à cette parodie de la
commission parlementaire, à cette acrobatie vis-à-vis de nos
règlements, et, relativement à l'article 158 qui est très
clair, une commission ne peut modifier, dans son principe, une proposition qui
a déjà été acceptée par l'Assemblée.
C'est très clair. Je n'ai pas l'intention de participer à cette
comédie, qui est en train de devenir une tragédie, à
l'occasion de l'étude de ce projet de loi no 67.
M. le Président, cette motion doit être jugée
recevable, c'est une motion de fond. Les députés
ministériels peuvent ne pas être d'accord avec cette motion. Mais,
je pense, et non seulement je pense, mais je suis convaincu qu'il faut
absolument que cette question soit étudiée à cette
commission parlementaire et avant d'aller plus loin dans l'étude de ce
projet de loi, parce qu'il ne faut pas être naïfs et faire
l'autruche au point de penser qu'on va avoir le temps de se rendre à
l'article no 200 et être capables d'examiner ces nouvelles
dispositions.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière me demande la parole sur la question de la
recevabilité. Je ne lui la donne que si vous donnez votre
consentement.
M. Lalonde: Je vais donner mon consentement, M. le
Président, si aussi, on a l'occasion de répondre à ses
nouveaux arguments. Soyons justes. Audi alteram partem. Deux fois, c'est pour
tout le monde.
Le Président (M. Bertrand): C'est parce que je sais que
c'est le genre de risque que nous courons que je demande...
M. Lalonde: Mais je suis prêt à continuer.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, comme
on veut étudier le projet...
M. Roy: Consentement conditionnel.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, comme
on veut étudier le projet de loi et qu'on veut avancer dans les
articles...
Décision du président
Le Président (M. Bertrand): Alors, vous ne le prenez pas,
non.
Quand le député de Nicolet-Yamaska et le
député de Beauce-Sud utilisent les articles 70, 154 et 158 de
notre règlement pour plaider que la commission ne peut modifier, dans
son principe, une proposition qui a déjà été
acceptée par l'Assemblée, pour plaider que la commission peut
amender un projet de loi pourvu que l'amendement ne soit pas étranger
à l'objet du projet, qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en
deuxième lecture.
Pour plaider que l'amendement doit se reporter directement au sujet de
la motion proposée et qu'il est irrecevable, si son effet est
d'écarter la question principale sur laquelle il a été
proposé. Quand ces articles de notre règlement sont
invoqués, le président ne les entend pas. Ils portent sur le
fond. Cela fait partie du débat que nous aurions, si la motion
était jugée recevable.
Le président entend cependant d'autres arguments. Ils sont venus
du député de Marguerite-Bourgeoys et du député de
Jonquière, partiellement du député de Beauce-Sud et
à peu près pas du député de Nicolet-Yamaska, ne lui
en déplaise.
Le mandat de cette commission parlementaire est d'étudier le
projet de loi no 67 article par article, nous le savons. Comme il est d'usage,
il a été permis, avant même que nous n'entreprenions
l'étude du premier article, de procéder à l'étude
d'un certain nombre de motions dites préliminaires. Il y en a eu, je
crois, cinq ou six de présentées, quelques-unes reçues,
débattues, votées. A un certain moment, le président a
statué que les motions préliminaires avaient fait leur temps et
qu'il convenait d'aborder l'étude du projet de loi article par article;
ce qui fut fait et ce qui est en cours d'être poursuivi, depuis que nous
sommes passés de l'article 1 à l'article 21.
A ce moment-ci, on veut, à toutes fins pratiques, refaire, au
moment où on aborde l'étude de l'article 21, une motion que nous
pourrions qualifier de préliminaire dans le sens suivant: C'est qu'elle
aurait pu être faite au moment où, avant d'aborder l'étude
du premier article, les membres de la commission avaient à leur
disposition le cahier noir des amendements, les informations selon lesquelles
il y avait, dans ces amendements, un certain nombre qui va, je pense, de
l'article 201 à 200 et quelques...
Une Voix: L'article 205
Le Président (M. Bertrand): ... l'article 205...
d'amendements relatifs à une loi qui a été adoptée
par l'Assemblée nationale, la loi 49 qui proposait que des amendements
puissent être apportés à cette loi qui a déjà
été adoptée par l'Assemblée nationale. Les membres
de la commission et la présidence avaient ce document. On pouvait, avant
d'aborder l'étude de l'article 1, faire une motion préliminaire
demandant de retirer ces articles qui portent sur un autre projet de loi; enfin
pour reprendre l'argumentation, qui tendraient, aux dires de certains membres
de la commission, à trahir le principe qui a été
voté en deuxième lecture sur le projet de loi 67.
Dans les circonstances, il est bien clair que je ne suivrais pas le
mandat de cette commission, comme président, si, à ce moment-ci,
je permettais une motion préliminaire qui pouvait être faite, qui
aurait pu être faite certains diront qui aurait dû
être faite avant d'aborder l'étude de l'article 1. A ce
moment-là, nous aurions pu engager un débat sur la motion telle
qu'elle m'a été présentée par le
député de Jacques-Cartier.
Cette motion, je vous le dis immédiatement, pour que justement
nous gagnions du temps, si elle avait été présentée
au moment des motions préliminaires, je l'aurais jugée
recevable.
M. Raynauld: Cela veut dire après...
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont, soyez gentilhomme.
M. Fontaine: A un moment donné, vous avez dit que
c'était assez. Alors...
M. Raynauld: On ne pouvait plus en présenter.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Lalonde: Si on n'avait pas la guillotine au-dessus de la
tête.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Elle aurait
été jugée recevable au moment où on étudiait
les motions préliminaires, au moment où un certain nombre d'entre
elles ont été présentées, certaines qui reprenaient
des motions refusées antérieurement sous d'autres formes, etc. A
ce moment, je vous le dis immédiatement, je la jugerais recevable si, au
départ, et là, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je réponds à votre préoccupation,
comme vous l'avez si bien exprimée et qui était très
claire. Effectivement, ce que vous demandez, c'est qu'il soit reconnu que pour
présenter une telle motion, cela équivaut, à toutes fins
pratiques, à suspendre l'étude des articles 21 à 200 pour
aborder immédiatement l'étude de l'article 201 et soumettre,
à l'occasion de l'étude de l'article 201, une motion à
savoir que nous retirions cet article 201, et par la suite, 202, 203, 204 et
205.
Vous avez aidé la présidence, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, parce qu'effectivement, je crois que c'est la
façon normale, correcte, réglementaire de procéder. Cette
motion, je vous le dis immédiatement serait, pourrait, pourra, sera
jugée recevable, mais dans des conditions où il y aurait,
effectivement, possibilité qu'elle puisse être reçue par la
présidence.
Dans le contexte actuel, au moment où le mandat nous oblige
à poursuivre l'étude des articles les uns après les
autres, puisque nous en sommes à l'article 21 et que nous sommes loin
d'être je m'accorde avec le député de
Marguerite-Bourgeoys bien loin d'être à l'article 201, sur
le strict plan de nos règlements, de nos procédures, de nos
traditions et de tout ce qui nous tient à coeur comme parlementaire
parce
que dans le fond, il faut respecter ces choses à ce
moment-ci, je dois, effectivement, juger tout à fait
prématurée la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys et très bien indiquer que dans la forme, le
député de Marguerite-Bourgeoys sait fort bien quels sont ses
droits et de quelle façon il peut se sortir de cet imbroglio. Je pense
même que cela n'a pas été sans atteindre les oreilles des
membres de la commission parlementaire, à savoir qu'il y avait,
effectivement, d'autres moyens de parvenir au même but. Sur ce, je juge
donc irrecevable, parce que prématurée, la motion du
député de Jacques-Cartier et je donne la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys.
Motion pour l'étude immédiate de
l'article 200
M. Lalonde: M. le Président, je fais la motion suivante:
Que l'étude des articles 21 à 199 inclusivement je ne mets
pas cela dans la motion, mais je l'explique, je réfère au
numérotage de la brique avec amendements soit suspendue et que
l'on aborde immédiatement l'étude de l'article 200.
Le Président (M. Bertrand): Cette motion...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sur
la recevabilité.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
même si vous avez presque déjà rendu votre jugement sur
cette motion qui a été présentée par le
député de Marguerite-Bourgeoys et que j'attendais d'ailleurs, je
maintiens, M. le Président, que celle-ci devrait également
être déclarée irrecevable et ce, pour la raison suivante:
M. le Président, il a été discuté et convenu au
début de cette commission parlementaire que les amendements
proposés par Mme le ministre deviendraient et feraient partie
intégrante du texte de loi, donc, seraient des motions principales,
à partir du moment où ils seraient déposés par Mme
le ministre. Autrement dit, M. le Président, la commission parlementaire
et surtout la présidence avait le choix entre décider si les
amendements allaient être déposés en bloc ou si, d'autre
part, ils allaient être déposés au fur et à mesure
de l'étude des articles.
M. le Président, si ma mémoire est fidèle, et je
pense que dans ce cas-ci elle l'est, il a été
décidé par la présidence qu'au fur et à mesure de
l'étude des articles Mme le ministre proposerait les amendements.
Ceux-ci feraient partie du nouveau texte de loi et seraient
considérés comme des motions principales.
En conséquence, M. le Président, les articles 200, 201 et
suivants n'existent pas, à toutes fins utiles, au moment où on se
parle. Bien sûr, si la commission fait rapport et si nous ne sommes pas
arrivés à ces articles, Mme le ministre pourra présenter
ses amendements à la présidence de l'Assemblée nationale
qui jugera, elle, si ces motions sont recevables et si elles vont à
l'encontre d'un principe. Mais au moment où on se parle actuellement,
nous n'avons pas abordé encore l'étude des articles 22 et
suivants. Les articles 200 et 201 n'existent pas légalement et le
député de Marguerite-Bourgeoys nous propose de suspendre
l'étude de nombreux articles pour entreprendre l'étude d'un
article qui n'existe pas.
M. le Président, pour que la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys soit recevable, il faudrait que Mme le ministre, au
préalable, conformément à votre décision,
dépose devant cette assemblée l'amendement qu'elle entend
apporter à ces articles, qui deviendraient de nouveaux articles. A
partir de ce moment-là, une motion telle que celle
présentée par le député de Marguerite-Bourgeoys
pourrait être déclarée recevable, l'article que l'on
devrait étudier existant.
M. le Président, je m'excuse de faire de la procédure
à ce stade-ci. Ce n'est aucunement par déformation
professionnelle, mais je pense que, ce matin, je suis venu ici, moi, pour
étudier l'article 21 et l'article 22. L'Opposition officielle, surtout
et essentiellement, nous a amenés dans un débat de
procédure. Je ne m'attendais pas à employer ce genre d'argument
extrêmement légaliste et formaliste, mais je me dis, M. le
Président, qu'on ne peut suspendre l'étude de l'article ou d'un
certain nombre d'articles pour entreprendre l'étude d'un article qui
n'existe pas au moment où on se parle. D'autre part, je soutiens que si
Mme le ministre déposait ce texte de loi, s'il était
déclaré recevable comme amendement et comme motion principale,
à ce moment-là, la motion pourrait être
déclarée recevable, sous réserve des autres arguments qui
pourraient être soulevés.
M. le Président, je soutiens tout simplement que vous devez,
même si vous avez déjà presque rendu votre décision,
je le répète je le regrette, d'ailleurs je soutiens
respectueusement que vous êtes lié par cette décision et
par cette directive que vous avez donnée aux membres de la commission au
début des travaux de cette commission parlementaire. En
conséquence les articles 200 et 201 n'existant pas au moment où
on se parle, cette motion devrait tout simplement être
déclarée irrecevable parce que complètement inutile.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Je veux d'abord indiquer au
député de Jonquière, pour que ce soit bien clair, que je
n'ai pas rendu de décision, je n'ai même pas "presque" rendu une
décision, j'ai simplement indiqué, dans la décision
antérieure que j'ai rendue, que le député de
Marguerite-Bourgeoys savait de quels autres moyens il pouvait se servir pour
arriver aux mêmes fins. Cela ne préjuge en rien du genre de motion
qu'allait présenter le député de Marguerite-Bourgeoys et
du genre de décision que j'allais rendre.
M. Lalonde: M. le Président, généralement,
dans les arguments concernant la recevabilité, on
s'en tient à un niveau plus abstrait. Dans ce cas-ci, je pense
que l'argument du député de Jonquière soulève un
problème fondamental. J'y arriverai tantôt.
Tout d'abord, rappelons que vous avez reçu la motion du
député de Rosemont voulant suspendre l'étude des articles
1 à 73; je vous rappelle cela comme jurisprudence. Ma motion est de la
même nature, c'est-à-dire de suspendre l'étude des articles
21 à 199 inclusivement.
Deuxièmement, l'argument du député de
Jonquière est qu'il n'y a pas d'article 200. M. le Président, il
va falloir qu'on arrête de rire de nous. Là-dessus, je ne veux pas
trop élever le ton, on est encore à la recevabilité. Mais
est-ce que Mme le ministre, qui ne parle pas souvent, pourrait nous dire si
elle a l'intention, oui ou non, d'apporter cet amendement ou si elle va laisser
le député de Jonquière se cacher derrière la
procédurite et si Mme le ministre, d'autre part, va jouer à la
transparence en disant: Je vous ai tout donné? On ne peut pas jouer sur
les deux plans. Est-ce que j'ai bien vu un article 200? Ce ne sont pas les
journaux qui ont publié ce projet, c'est bien le ministère des
Consommateurs? C'est bien autorisé par le ministre et, là, il y a
un article 200.
Si, M. le Président, on doit se cacher derrière la
procédurite et je suis sûr que vous ne le ferez pas parce
qu'il y a quand même une limite c'est une raison de plus, pour
nous de l'Opposition, de nous sentir parfaitement inutiles à cette
commission.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je veux juste ajouter un mot, M. le
Président, pour retourner un argument du député de
Jonquière. Ce qu'on a décidé, en commission, je pense, M.
le Président, c'est que le livre noir qui nous a été
présenté, à moins que le ministre nous dise que c'est
comme le document qui a été présenté par le
député de Beauce-Sud, hier, qu'elle n'en a pas eu connaissance;
jusqu'à preuve du contraire, c'est elle qui nous l'a donné. Les
articles 200 et suivants qui sont mentionnés dans ce projet de loi ainsi
que les autres amendements qui y sont inclus, ont été, par la
présidence, jugés, prima facie, recevables.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
M. Fontaine: Est-ce que je peux terminer? On se fait toujours
interrompre.
Donc, ils font partie de la loi, telle qu'amendée, en autant
qu'on puisse en discuter. Ce qu'on veut, par la motion qui est
présentée par le député de Marguerite-Bourgeoys,
c'est aller immédiatement étudier les articles 200 et suivants.
Je pense que cette motion est tout à fait recevable, comme d'autres que
vous avez déjà reçues au préalable.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je pense qu'il n'est pas
nécessaire d'argumenter tellement longtemps pour savoir que la motion
est recevable.
La commission est maîtresse de ses travaux, M. le
Président, et le député de Rosemont, mon illustre
collègue, si ma mémoire est fidèle, a
présenté une motion du genre durant les tout premiers jours de
nos travaux et il voulait nous faire étudier...
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 74 existait!
M. Roy: ... à partir de l'article 73.
Le député de Jonquière nous dit que les articles
n'existent pas. On lit, dans nos documents, que les articles existent. Cela
ressemble à du tricotage.
M. Vaillancourt (Jonquière): A toute fin que de droit, ils
n'existent pas encore.
M. Roy: Je savais que Mme le ministre avait de nombreux talents,
mais je ne lui connaissais pas celui-là. On est en train de vouloir
faire de la commission parlementaire un club de tricotage. Cela existe, cela
n'existe pas, une maille à gauche, une maille à droite.
M. Lalonde: Une maille manquée surtout.
M. Roy: C'est vrai que cela pourrait nous rappeler quelque chose,
comme on vient de me le signaler, mais on n'est pas ici pour s'amuser. Un
rapport va être déposé qui va partir de la commission
parlementaire demain soir après minuit; il va être
déposé à l'Assemblée nationale. On ne peut
l'éviter, tout le monde est au courant, tout le monde en est conscient.
Une motion a été adoptée et votée ce matin à
l'Assemblée nationale qui nous oblige à faire rapport.
Qu'est-ce qu'il va y avoir d'écrit sur ce rapport? Est-ce que les
articles qui existent de temps en temps et qui n'existent pas à d'autres
temps, qu'on tricote et qu'on détricote quand cela fait l'affaire, qu'on
veut tisser dans le projet de loi, vont exister ou est-ce que ces articles
n'existeront pas dans le rapport de la commission? C'est cela qu'on veut
savoir, M. le Président. C'est cela que la présidence a besoin de
savoir. C'est cela que l'Assemblée nationale va avoir besoin de savoir.
C'est une décision que nous devons prendre ici parce que c'est nous qui
avons eu le mandat d'étudier le projet de loi et de proposer des
amendements.
Les amendements peuvent venir des partis de l'Opposition ou du parti
ministériel. Il appartient à la commission de les accepter, de
les modifier ou de les rejeter. C'est là qu'est la question. C'est
à cette question que nous devrons répondre. Nous risquons, si
nous ne répondons pas ici à cette question de façon
très claire, de façon très précise, que
l'Assemblée nationale se retrouve avec le problème. Lorsque le
problème va arriver à l'Assemblée nationale, nous allons
nous retrouver dans quelle situation? Encore de la procédure et de la
procédurite.
Alors, M. le Président, pour la bonne marche de nos travaux,
étant donné que nous sommes tous des gens sérieux, on peut
ne pas être d'accord avec la motion présentée par
l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys, mais je pense que le
président doit la recevoir parce qu'il y a de nombreux
précédents. Je reviendrai pour discuter du fond de la question,
M. le Président, en espérant que vous rendrez votre
décision et que la motion sera reçue.
Décision du président
Le Président (M. Bertrand): Je désire remercier les
députés pour les éclairages qu'ils ont apportés. Je
voudrais indiquer au député de Jonquière que, lorsque nous
avons commencé à siéger à cette commission
parlementaire, à un certain moment, le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières a pris un document
contenant un certain nombre d'amendements, contenant même aussi le projet
de loi no 67, dans lequel document il y avait des articles non modifiés,
des articles modifiés et à un certain moment de nouveaux articles
modifiant des articles déjà modifiés dans le document
noir. Je me rappelle avoir, à un certain moment, dit aussi à peu
près textuellement, d'ailleurs en réponse à certaines
questions qui m'avaient été posées par l'Opposition qui
voulait argumenter sur la recevabilité de ces amendements, comment on
devait les considérer, motion principale ou amendement ou
sous-amendement, etc., et que les amendements soumis par le ministre
responsable du projet de loi faisaient partie, ipso facto, du projet de loi no
67.
A la subtilité qu'invoque le député de
Jonquière indiquant que ces articles n'existent pas tant et aussi
longtemps qu'ils n'ont pas été présentés à
leur tour, je dirai qu'il a raison. Ces articles n'ont pas d'existence
légale. Mais ils ont une existence législative. Ils ne sont pas
articles de loi, mais ils sont articles de projet de loi. Comme membres de la
commission parlementaire, notre responsabilité est de travailler dans un
contexte de préparation d'une loi à être
adoptée.
Dans ce contexte, les articles n'ont pas, comme tels, de valeur
légale à ce moment-ci, du moins ceux dont nous n'avons pas encore
discuté et même ceux dont nous avons discuté ici même
en commission parlementaire n'ont pas de valeur légale au sens vrai du
terme, tant et aussi longtemps que le lieutenant-gouverneur n'a pas
apporté sa sanction royale.
Donc, puisque nous sommes dans un processus législatif, tous ces
amendements font partie, ipso facto, du projet de loi et doivent être
considérés comme tels. Cet élément de
l'argumentation du député de Jonquière, je pense, à
ce moment-ci, y répond de façon claire.
Pour ce qui est du reste, à savoir la recevabilité d'une
motion de suspension d'article, effectivement, le député de
Jonquière se rappelle, comme moi, que c'est là une coutume bien
établie; au projet de loi 101, d'ailleurs, il n'a pas argumenté
sur cet aspect purement formel de la mo- tion du député de
Marguerite-Bourgeoys. Ces éléments de réponse étant
maintenant apportés, je dois juger tout à fait recevable la
motion du député de Marguerite-Bourgeoys et permettre, à
ce moment-ci, en conformité avec l'article 160 de nos règlements,
que les députés puissent en débattre. L'article 160 se lit
comme suit: "Lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des
crédits, un député peut prendre la parole sur le
même point aussi souvent qu'il lui plaît, à condition de ne
parler plus de vingt minutes en tout sur un même article, un même
paragraphe, une même motion ou une même question d'ordre ou de
règlement ".
Sur la motion du député de Marguerite-Bourgeoys, M. le
député de Rosemont.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'aurais une demande de directive.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Puisque vous avez admis qu'il
fallait que Mme le ministre présente les amendements, puisque vous avez
reconnu que légalement, l'article 200 n'existait pas encore, est-ce
qu'il serait possible à Mme le ministre de présenter au moins
l'article 200, puisqu'il n'existe pas encore?
M. Lalonde: Sur la motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): II faut présenter
l'article avant.
Le Président (M. Bertrand): Non, M. le
député de Jonquière, je m'excuse. Il ne s'agit pas a ce
moment-ci d'appeler l'article 200. Il faudrait d'abord que nous ayons
adopté la motion du député de Marguerite-Bourgeoys
à l'effet de suspendre les articles 21 à 200 et qu'ensuite, nous
abordions l'étude de l'article 200. Alors sur votre motion, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Avant de commencer, M. le Président, je
voudrais demander au député de Jonquière s'il a
l'intention de voter pour la motion. A ce moment-là, on pourrait gagner
du temps.
M. Vaillancourt (Jonquière): La motion de?
M. Lalonde: Ma motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non.
M. Paquette: Non, moi je n'en ai pas l'intention.
Débat sur la motion
M. Lalonde: M. le Président, il va falloir encore prendre
du temps précieux. Il nous reste à peine quelques heures qui
s'égrènent rapidement pour tenter de convaincre le gouvernement
de le
démasquer pour que la population voie clair dans le jeu que ce
gouvernement est en train de faire au mépris le plus flagrant des
principes les plus fondamentaux de notre démocratie.
M. le Président, il y a deux éléments qui me
commandent la présentation de cette motion. Un qui existait
jusqu'à maintenant, vous l'avez d'ailleurs reconnu dans votre
première décision, c'est-à-dire les articles 200 à
205, qui nous ont été présentés avec tous les
autres amendements, donc, qui étaient à notre connaissance depuis
plusieurs jours. L'autre, c'est la motion de guillotine, le bâillon que
l'Assemblée nationale impose à la commission et qui a
été votée ce matin, juste avant la reprise des
débats de cette commission parlementaire.
Il n'y a aucun doute que les questions fondamentales que soulève
la proposition, par le ministre, des articles 200 à 205, existaient il y
a plusieurs jours. Il y a aucun doute que nous nous sommes posé ces
questions et que nous avons déjà, entre nous, dans notre
étude, dans nos caucus, délibéré sur
l'à-propos de ces articles 200 à 205.
Mais jusqu'à ce matin, nous n'avions aucune raison de croire que
nous n'aborderions jamais l'article 200. Et je ne pense pas qu'un seul membre
de cette commission ait l'illusion, puisse avoir honnêtement cette
illusion, même si, idéalement, ou abstraitement, on puisse dire:
Si on adopte tous les articles un par un, si on passe une minute par article,
de l'article 21 à l'article 199, on peut aborder l'article 200 ce
soir.
Mais c'est raisonnablement impossible de croire qu' on pourra,
après un débat, un bon débat sur les articles 21 à
199, aborder l'article 200 avant l'heure fatidique de minuit demain soir. C'est
évident et quelque argument qui pourrait être apporté
à l'encontre de cette proposition me paraîtrait fallacieux.
Donc, nous n'aurons pas l'occasion de discuter de l'article 200, de
l'article 201, jusqu'à l'article 205, à moins que ma motion ne
soit adoptée. C'est à regret et je le dis très
sincèrement que je dois poser ce geste parce que cela veut dire
qu'on a moins de chances d'aborder d'autres articles comme les articles 22, 23,
24.
A des articles sur le financement, par exemple, nous avons des
suggestions brillantes à faire au gouvernement, à l'article 131,
par exemple, et suivants. Combien de questions pertinentes! On a vu, à
l'article 21, hier soir, au cours des quelques dernières minutes, les
questions pertinentes que nous avons pu poser au gouvernement. Je demande
malheureusement de suspendre l'étude de cet article sur lequel on n'a
pas eu les réponses.
L'article 22... Je ne les passerai pas tous un par un, M. le
Président. Mon intention n'est pas de prendre mes vingt minutes. Mais il
y a tellement de questions d'injustice inscrites dans ce projet de loi qui ne
sont pas volontaires, qui sont simplement la conséquence
inévitable de l'inspiration désincarnée de ce projet de
loi, du caractère artificiel du projet de loi, du caractère
commode du projet de loi. Notre devoir, c'est de les examiner toutes une par
une, mais il me semble qu'au-delà des problèmes majeurs que
soulèvent les articles 21 et suivants, que soulève l'article 131
sur le financement, les absences de garanties que ce projet de loi donne,
enfin, les garanties que le projet de loi ne donne pas à la population
quant aux coûts, malgré l'importance de toutes ces questions, il y
en a une fondamentale et c'est celle qui est soulevée par les articles
200 à 205.
Je ne reviendrai pas très longtemps, je veux simplement,
très calmement souligner le caractère inusité et le
mot est faible de cette façon de procéder. Dans ces
articles, on propose des amendements de fond, y compris l'article 201 qui est
un pouvoir donné à la Régie de l'assurance automobile
d'acquérir, de se porter acquéreur d'actions de compagnies,
d'entreprises privées. Par ces articles, on amende une loi qui n'avait
pas été effleurée, sauf dans la définition de la
Régie de l'assurance automobile et aussi dans les articles qui
réfèrent à la régie, et qui n'avait pas
été modifiée d'un iota par tout le projet de loi
adopté en deuxième lecture.
On arrive ici en commission parlementaire et on nous demande de changer
des principes à ce projet de loi qui n'ont jamais été
étudiés à l'article 67. C'est la raison pour laquelle on
demande d'aborder ces articles, non pas qu'on veuille les accepter, parce que
je vous dis tout de suite que si on aborde ces articles, la première
question que je vais vous poser, c'est: Est-ce que l'amendement apporté
par Mme le ministre est recevable? D'ailleurs, vous vous souvenez, lors d'une
de nos premières réunions, lorsque nous avons accepté que
les amendements de Mme le ministre soient considérés comme des
motions principales strictement aux fins de la procédure, vous aviez, et
je vous prie de me corriger si je fais erreur, reconnu que cela ne voulait pas
dire qu'ils étaient tous re-cevables, mais que la recevabilité de
chacun devait faire l'objet d'une décision à mesure qu'on les
aborderait.
Cela va être la première chose que je vais vous demander si
on aborde l'étude de l'article 200. Il nous apparaît vraiment
important, actuellement, d'aborder l'article 200. C'est une question de
principe qui va au-delà de toutes les erreurs, de toutes les faiblesses,
de toutes les carences, de toutes les inanités que ce projet de loi
contient jusqu'à l'article 200. C'est dans ce sens que j'ai dit
tantôt aux membres du gouvernement, par votre entremise, que nous, de
l'Opposition officielle, et j'ai raison de le croire d'après les
remarques d'autres membres de l'Opposition, allons devoir considérer
notre contribution absolument impossible si nous n'abordons pas cet article 200
immédiatement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, à l'encontre de la
motion de suspension, je ne reprendrai pas tous les arguments que nous a servis
l'Opposition le 16 novembre pour suspendre l'étude de l'article 74
en
attendant les estimations de coûts, les manuels de tarification,
ni les arguments invoqués une semaine plus tard après la
suspension des travaux le 22 novembre, ni les arguments invoqués le 29
novembre avant qu'on puisse enfin aborder l'étude de ce projet de loi.
On pourrait évidemment servir les mêmes arguments, à savoir
que tout est lié dans le projet de loi et qu'il est toujours
préférable de commencer par le début plutôt que par
la fin. Je n'étais pas d'accord à ce moment, je ne le suis
toujours pas. Donc, je n'invoquerai pas ces arguments.
Je tiens à dire tout simplement que l'Opposition a fait une
découverte tardive de ces amendements, très tardive. J'ai
constaté, en tout cas, en ce qui concerne le député
d'Outremont malheureusement, il n'est pas ici qu'il s'en est
aperçu vers le 30 novembre ou le 1er décembre, ce qui prouve que
l'Opposition n'avait pas suffisamment étudié le projet de loi. On
s'est aperçu, à un moment donné qu'il y avait cet
élément nouveau, ce qui explique que nous soyons, à la fin
de nos travaux, au moment où...
M. Giasson: C'est ça, le projet de loi...
M. Paquette: Oui, mais ceci avait été
déposé le 16 novembre, M. le Président.
M. Giasson: ... qu'on a voté en deuxième
lecture.
M. Lalonde: On le savait avant, mais...
M. Giasson: C'est ça qu'on a voté en
deuxième lecture.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre!
M. Paquette: En tout cas, ce n'est pas l'essentiel de mon
argumentation...
M. Lalonde: Ne profitez pas de l'absence du député
d'Outremont quand même pour...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: Ce n'est pas l'essentiel de mon argumentation. Je
pense que, tout de même, si cette découverte avait
été moins tardive, nous aurions pu, peut-être, dès
le début de nos travaux, faire l'étude de cette question.
Maintenant, nous en sommes à la fin des travaux. Je ne
répéterai pas non plus tous les arguments pour lesquels il est
nécessaire que ce régime entre en vigueur le 1er mars.
J'aimerais dire, sur le fond de la question, qu'à mon avis, si
nous acceptions la suspension de tous les articles d'ici à l'article
200, ce serait pour une seule raison, c'est que les articles 200 et 201
touchent aux principes et ont été présentés suite
au dépôt du projet de loi en deuxième lecture, ce qui est
exact. A mon avis, ça ne touche pas aux principes et je vais vous dire
pourquoi, M. le Président.
Le principe de la loi adoptée en deuxième lecture, c'est
essentiellement un régime de non-responsabilité,
géré, pour l'essentiel, par une régie publique, laquelle
avait reçu un début de définition dans la loi 49, et un
régime laissé aux assureurs privés avec un certain nombre
de mécanismes de contrôle.
Or, la loi 49 contenait un article disant que les responsabilités
de la régie et le régime seraient précisés dans un
autre projet de loi et que les responsabilités de la régie
pourraient être révisées à ce moment-là.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont...
M. Paquette: On va peut-être me dire...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, je m'excuse...
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): ... avant que vous n'entriez
vraiment sur le fond de cette question, je pense qu'il serait
préférable que nous ajournions nos débats à ce
moment-ci et que vous repreniez la parole à 15 heures pour poursuivre
votre argumentation.
Nous suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance à 15 h 7
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous poursuivons nos travaux à cette commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières. Nous en
étions à débattre une motion présentée par
le député de Marguerite-Bourgeoys pour suspendre l'étude
des articles 21 à 199 inclusivement et entreprendre immédiatement
l'étude de l'article 200. La parole était au député
de Rosemont au moment où nous avions ajourné nos travaux. Comme
il n'est pas là, je demanderai que quelqu'un d'autre puisse prendre la
parole immédiatement. C'est le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Nous sommes
présentement à étudier une motion du député
de Marguerite-Bourgeoys qui demande de suspendre, pour l'instant,
l'étude article par article du projet de loi, soit les articles 21 et
suivants jusqu'à l'article 199. Pourquoi cette motion? Je pense qu'il
faut en faire une question de principe. Vous avez sans doute assisté
comme nous, ce matin, à la période des questions à
l'Assemblée nationale où différentes questions de
privilège ont été soulevées, entre autres une
question de privilège, une question fort sérieuse,
soulevée par le chef intérimaire de l'Opposition officielle, qui
portait justement sur ce point. J'en fais une question de principe; c'est une
question du respect des droits du législateur, du respect des droits des
membres de l'Assembée nationale. On étudie en deuxième
lecture un projet de loi, le projet de loi 67, qui avait différents
principes qu'on a énumérés à plusieurs reprises,
soit le principe de l'indemnisation sans égard à la faute, le
principe de l'indemnisation par une régie d'assurance automobile, mais
nous n'avons jamais étudié le principe d'acheter ou
d'acquérir des actions de compagnies d'assurances. C'est
là-dessus que portent les articles 200 et suivants.
C'est pour ces raisons qu'il est urgent que nous passions à
l'étude de ces articles parce que c'est notre dernière chance de
les étudier. Nous n'avons pas eu la chance de les étudier en
deuxième lecture, contrairement à nos règles de
procédure parlementaire et si on continuait au rythme où nous
allons, avec la motion de clôture qui s'en vient, qui a été
votée, nous obligeant à faire rapport à l'Assemblée
nationale à l'ouverture de la session vendredi matin, il
s'avérerait impossible d'étudier ces articles qui apportent des
principes nouveaux dans le projet de loi.
Ce que nous voulons par cette motion, M. le Président, c'est
avoir au moins la chance d'étudier ces articles et ces nouveaux
principes qui sont introduits dans le projet de loi 67, même si ce n'est
pas la procédure habituelle. Normalement on devrait retourner à
l'Assemblée nationale pour étudier le projet de loi en
deuxième lecture ou, à tout le moins, retirer ces articles pour
en faire un nouveau projet de loi; à ce moment-là, on
étudierait le nouveau principe qui serait introduit.
C'est urgent de le faire, M. le Président, parce que c'est notre
dernière chance. On sait que le glas a sonné pour notre
commission parlementaire et c'est notre dernière chance de pouvoir
étudier ces articles. Si nous ne le faisons pas immédiatement,
cela va être impossible de le faire et le projet de loi va être
adopté tel qu'amendé par le ministre.
Si on se réfère à la réponse qui nous a
été donnée par le premier ministre ce matin et je
déplore qu'il nous ait répondu de cette façon
lorsqu'on lui posait la question à savoir si on pourrait étudier
cet article, on nous a répondu que si on était contre on voterait
contre mais qu'on n'aurait pas l'occasion de l'étudier.
Or, M. le Président, je pense que c'est le déni de nos
droits de législateurs que de procéder ainsi parce que nous
sommes ici pour légiférer, pour étudier les projets de
loi. Des motions de clôture, des bâillons, comme on en impose
actuellement, semblent être une habitude du gouvernement. Il a l'air de
vouloir procéder comme cela à peu près dans tous les
dossiers. Alors, M. le Président, je pense qu'il est important que vous
acceptiez cette motion pour que nous puissions immédiatement
procéder au moins à ces études. Il est important que le
président... Bien sûr, ce n'est pas lui qui décide, mais il
est important que les membres de la commission décident d'étudier
immédiatement cet article.
M. le Président, je veux vous rappeler en terminant que
l'Opposition fait front commun face à cette motion et à
l'attitude du gouvernement. Je veux vous rappeler également que
l'Opposition, ce n'est pas la minorité à l'Assemblée
nationale. L'Opposition représente 60% de la population, qui, le 15
novembre 1976, a voté pour ces gens-là, les gens de l'Opposition.
Alors, c'est nous qui avons la majorité, M. le Président, ce
n'est pas le parti ministériel. Je voudrais rappeler au gouvernement
qu'il y a également 60% des gens qui sont contre le projet de loi 67. Il
faudrait une fois pour toutes que le gouvernement en tienne compte et en prenne
conscience.
J'espère que les députés ministériels
réviseront leur position, changeront leur fusil d'épaule
on est prêt à leur pardonner de changer d'idée et
appuieront cette motion qui vient à point, parce que c'est la
dernière chance. C'est la dernière journée que nous avons
pour discuter de ce projet de loi et, si cette motion devait être
rejetée, M. le Président, personnellement, je commencerai
à douter de nos institutions démocratiques.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Il ne fait aucun doute
dans l'esprit de tout le monde que je vais appuyer la motion qui a
été présentée. En écoutant le
député de Rosemont ce matin, c'est-à-dire avant la
suspension de nos travaux ce midi, je pense qu'il a résumé, dans
une très courte phrase, la situation dans laquelle la commission
parlemen-
taire se trouve. Il a dit: L'Opposition a fait une découverte
tardive. On s'est dit surpris que l'Opposition n'ait pas, à l'occasion
des remarques préliminaires du projet de loi, abordé cette
question.
Si l'Opposition a fait une découverte tardive, je dirai
même, dans certains cas, accidentelle, parce que, quand on reçoit
une brique qui comporte 297 pages d'amendements... C'est la première
fois, en ce qui me concerne, que je vois autant d'amendements
présentés dans un seul bloc.
Il est évident que les amendements auxquels on fait
référence et qui apparaissent dans ce bloc sont à la fin.
Comme nous savions que la commission parlementaire allait normalement commencer
par étudier l'article 1 avant l'article 10 et l'article 10 avant
l'article 20, nous avons commencé à étudier les premiers
articles. Il a fallu que nous ayons le temps d'examiner cette brique pour
pouvoir nous rendre compte de la portée véritable des amendements
inclus dans ce rapport qu'on veut faire ajouter à la loi 67.
M. le Président, je pense que mes collègues du
côté ministériel, je m'adresse surtout à ceux-ci,
ont autant de responsabilités que les membres de l'Opposition.
Il est important et j'insiste là-dessus lorsque des
précédents risquent d'être créés lors de nos
travaux, soit à l'Assemblée nationale ou en commission
parlementaire, mais puisque nous sommes en commission parlementaire, je vais me
limiter aux précédents qui peuvent être créés
à l'occasion de nos travaux en commission parlementaire... Il est
arrivé parfois que des gens au pouvoir se soient retrouvés,
après des élections, dans l'Opposition. C'est déjà
arrivé et cela va sûrement arriver encore.
Les précédents qu'on va créer du côté
ministériel risquent de pénaliser et de placer nos
collègues d'en face probablement de ce côté-ci de la table,
dans quelques années, peut-être dans quelques mois, situation
qu'ils pourraient eux-mêmes déplorer.
J'ai déjà entendu beaucoup de propos, que j'entends
aujourd'hui du côté ministériel. Ces propos étaient
tenus par l'Opposition d'alors qui forme aujourd'hui le parti
ministériel et ceux que j'entendais du parti ministériel
étaient tenus par les gens qui forment aujourd'hui l'Opposition.
Je regarde mon excellent ami, le leader du gouvernement, sourire, et je
pense qu'il est le témoin le plus aguerri de cette situation,
puisqu'au-jourd'hui, il a affaire de l'autre côté de la Chambre.
Je ne voudrais pas le citer et citer énormément de ses propos, je
ne veux pas lui porter préjudice d'une façon plus spéciale
aujourd'hui. On veut travailler de façon positive.
M. Burns: Vous ne voulez pas attaquer ma modestie non plus, je
présume.
M. Roy: Je ne veux pas blesser votre modestie non plus, et
surtout votre sincérité. Or, M. le Président...
M. Lalonde: ... cela ferait pitié.
M. Roy: II faudra lui donner un consentement unanime, mais je me
réserve le droit d'y penser, M. le Président.
M. Lalonde: On va y penser.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, ne commencez pas. Vous avez commencé par voir le leader
parlementaire...
M. Burns: C'était déjà dangereux de
mentionner que j'étais ici.
Le Président (M. Bertrand): Ensuite, vous avez
commencé à lui adresser la parole...
M. Roy: Voyez-vous, si j'ai vu le leader parlementaire, c'est que
lui il n'est pas transparent.
M. Lalonde: Comme le reste du gouvernement.
M. Roy: Ceci dit, M. le Président, je dis de façon
très sérieuse que la motion devrait être jugée
recevable, et s'il y a des gens qui devraient en être
intéressés et qui devraient appuyer cette motion avec conviction,
avec fermeté, ce sont bien mes collègues du parti
ministériel.
M. le Président, j'aurais d'autres remarques à faire en ce
qui concerne le fond de la question. Je pourrai y revenir à d'autres
occasions. J'invite encore une fois, au risque de me répéter
parfois, il faut se répéter plusieurs fois pour être
bien compris, pour avoir été bien entendu. Je pense et je suis
convaincu que le parti ministériel n'a pas le choix. On doit accepter
cette motion, puisque, si on introduit une nouvelle façon de
légiférer et une nouvelle façon de procéder en
commission parlementaire, nous faussons les règles mêmes de
pratique, les traditions, les habitudes par lesquelles les commissions
parlementaires ont fonctionné jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je ne voudrais pas
être trop long, mais je crois qu'en effet, il s'agit d'une motion qui
vise à donner une dernière chance à ce Parlement pour
permettre à des députés de se pronocer sur un principe
capital qui est celui de savoir si cette Régie de l'assurance automobile
aura le droit ou non d'acquérir ou de détenir des actions
d'entreprises privées dans l'assurance.
C'est un principe fondamental. Il faut bien noter que, si cette motion
n'est pas acceptée, nous n'aurons pas eu l'occasion de discuter d'un
article dont l'importance est aussi évidente. Cet article aurait
dû, je pense, être apporté comme un amendement à la
loi 49. Je maintiens que, cette loi 49 ayant été adoptée
au mois d'août, si cet article, cette volonté du gouvernement
était aussi manifeste, comme l'a dit ce matin le premier ministre, si
c'était un engagement électoral, à ce moment-là, on
aurait dû y songer au moment où on a pré-
sente le projet de loi 49. On aurait dû, à ce
moment-là, donner l'occasion aux membres de l'Assemblée nationale
de se prononcer sur ce principe comme il est de toute évidence
élémentaire dans un régime démocratique comme le
nôtre.
Ceci n'ayant pas été fait, on se sert d'un subterfuge
le mot n'est pas trop fort pour introduire ce principe dans une
loi qui n'est pas celle que nous étudions à l'heure actuelle. Je
dis subterfuge, parce qu'on ne l'a même pas présenté dans
le projet de loi lui-même, tel qu'il est imprimé et tel qu'il a
été voté en deuxième lecture. On présente
cela dans des amendements, un peu comme si c'était par inadvertance,
parce qu'on traite cela un peu comme un article de concordance quelque part. On
apporte cela, comme cela, à l'occasion de l'étude d'un autre
projet de loi.
Là, nous demandons la suspension de la discussion sur les autres
articles, parce qu'il nous est apparu que, lorsqu'on applique la motion de
clôture comme elle a été votée ce matin, on n'aurait
pas l'occasion de discuter de ce principe fondamental. Quand bien même on
voudrait nous faire croire qu'on l'a découvert trop tard, il y a
peut-être bien d'autres choses qu'on n'a pas encore découvertes,
d'ailleurs, dans tous ces amendements. Il faut bien se rappeler que Mme le
ministre a déposé, la semaine dernière, des amendements
qui modifiaient pour une deuxième fois son projet de loi 67. On l'a vu
avec l'article 21 sur les étudiants. Là, on apporte une motion de
clôture. Par conséquent, on n'aura plus l'occasion de discuter de
cet amendement, encore une fois un amendement capital dans la philosophie de
notre société. Si cette motion n'était pas acceptée
par le gouvernement, je pense qu'on manquerait la dernière chance que
nous avons, comme parlementaires. On manquerait la chance de sauver
l'essentiel, c'est-à-dire au moins donner un endroit, une occasion
à des parlementaires de se prononcer sur cet amendement qui nous est
présenté à la loi 49.
Je pense que si on n'a pas cette occasion de discuter, si on n'a pas
cette occasion de se prononcer, ce sera une page noire dans les annales
parlementaires de cette province, parce que ce sera la première fois
qu'on aura donné un pouvoir au gouvernement de nationaliser des
entreprises sans même qu'on n'ait eu l'occasion d'en parler à
l'Assemblée nationale. Si on n'appelle pas cela un accroc...
Des Voix: C'est faux.
M. Raynauld: ... ce n'est pas faux, le gouvernement, la
régie peut acquérir des actions de toute corporation. Si on lit
le français comme je le lis, vous pouvez acheter un bloc majoritaire
d'actions de toute corporation. A ce moment, j'appelle cela nationalisation. Si
les actionnaires n'acceptent pas de bon gré, ils savent très bien
que le gouvernement a d'autres moyens de leur faire accepter la vente de leurs
actions. Donc, c'est une acquisition par le gouvernement de
sociétés privées d'assurances. Cela a toujours
été considéré, jusqu'à maintenant tout au
moins, comme des exceptions dans le genre de régime économique et
social dans lequel nous vivons. Il faudrait, au moins, qu'on puisse en discuter
à l'Assemblée nationale, qu'on ne nous passe pas cela comme des
couleuvres sans qu'on s'en aperçoive, sans qu'on ait l'occasion d'en
discuter, et sans même qu'on puisse voter librement sur un amendement,
encore une fois, aussi important que celui-ci.
Je dis donc qu'il faut voter en faveur de cette proposition qui vous est
faite ce matin, parce que c'est la seule occasion que ce gouvernement pourrait
donner à l'Opposition de discuter de ce principe.
Merci, M. le Président.
M. Burns: M. le Président, si la commission me le
permettait, je voudrais prendre la parole là-dessus. Je ne suis pas
membre de la commission. Donc, je sollicite de la part de la commission un
droit de parole.
Le Président (M. Bertrand): A condition, M. le
député de Maisonneuve, d'abord, que les deux intervenants qui
sont inscrits, soit les députés de Montmagny-L'Islet et de
Jacques-Cartier puissent se faire entendre. Par la suite, si la commission
donne son consentement, nous pourrons vous entendre.
M. Burns: C'est que ça pourrait peut-être avancer le
débat, si vous me permettiez de parler tout de suite.
M. Giasson: M. le Président, je serais prêt à
céder mon droit de parole, à une condition: Si ce que le leader
veut nous apprendre constitue vraiment l'abandon d'une certaine arrogance,
telle que celle que nous vivons depuis deux jours en cette assemblée. Si
c'est dans ce sens-là, j'accepterais de céder mon droit de
parole.
M. Burns: Je ne suis pas ici pour compliquer les
problèmes, vous savez; je suis ici pour essayer d'aider à faire
avancer les travaux.
M. Giasson: D'accord. On donne encore la chance au coureur.
M. Burns: D'accord. Est-ce que j'ai le consentement de la
commission, oui?
Des Voix: Oui, consentement.
M. Burns: Je ne peux pas d'autre part... Même si je n'ai
pas suivi les travaux, je connais mes collègues qui sont ici et je ne
crois pas qu'ils aient une longue histoire d'arrogance derrière eux, de
sorte que je prends un petit peu...
M. Giasson: J'exclus vos collègues. Ils n'étaient
pas là de 1970 à 1976.
M. Burns: Non, mais je parle de mes collègues
ministériels...
M. Giasson: II y a bien des choses qu'ils ne connaissent pas,
eux...
M. Burns: ... qui sont membres de la commission cependant.
M. Giasson: Je m'adresse à vous.
M. Burns: M. le Président...
Mme Payette: C'est ton arrogance à toi.
M. Burns: Ah! Vous parlez de mon arrogance à moi?
M. Giasson: Depuis deux jours, par rapport à l'homme que
j'avais découvert pendant six ans.
M. Burns: Je pense, au contraire, avoir été
très conciliant.
M. Giasson: Dans tous les cas, laissez-moi mes
appréciations.
M. Burns: Vous avez le droit. Si c'est à moi que
s'adresse...
M. Lalonde: M. le Président, un consentement, est-ce que
ça se retire?
M. Burns: Si c'est à moi que s'adressaient les remarques
d'arrogance...
M. Lalonde: II me semble que ce n'est pas comme une
guillotine...
M. Burns: ... je les prends en toute humilité. M.
Lalonde: ... cela aussi?
M. Burns: Peut-être ai-je été arrogant? Mais
je ne crois pas l'avoir été.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je veux tout simplement dire
que dans le but de montrer notre collaboration, même si,
fondamentalement, nous trouvons qu'il y a un certain illogisme dans l'attitude
de l'Opposition qui, par exemple, au début de l'examen du projet de loi,
se refusait de passer à l'article 24...
Mme Payette: 74.
M. Burns:... 74, pardon, sans avoir en main un certain nombre de
documents. Avec la position qu'elle tient actuellement, même si on
reconnaît ça et je pense que ce n'est pas de l'arrogance de dire
cela, même si on reconnaît qu'il y a un certain du moins
dans mon esprit illogisme entre les deux attitudes, dans le but de
faciliter la progression des travaux et étant donné aussi que,
depuis ce matin, il y a une motion de clôture qui va
nécessairement s'appliquer aux travaux de cette commission, étant
donné qu'il apparaît que ce soit très important pour
l'Opposition de discuter des articles 200 et suivants, tels que proposés
par le ministre, personnellement, si j'avais le droit de vote, je serais
favorable à adopter la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Je n'ai pas le droit de vote à cette commission, j'ai le droit de
parole maintenant que vous me l'avez accordé, et j'espère que
vous ferez de même à l'endroit de mon collègue le
député de Saint-Jacques qui, dans quelques minutes, devra me
remplacer parce que je suis appelé ailleurs, mais je pense que cela
aiderait à faire progresser les travaux de la commission en permettant
l'adoption de la motion du député de Marguerite-Bourgeoys.
Je suis évidemment sûr d'avance, et je sais exactement quel
genre de débat j'espère d'ailleurs me tromper, M. le
Président il va commencer à y avoir autour de ces
articles, mais quand même, justement pour démontrer cette bonne
foi de la part du gouvernement, je demanderais à mes collègues
ministériels, même si certains sont réticents et je
les comprends de voter en faveur et même d'accepter
d'emblée la motion du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez. Je ne
comprends pas...
M. Burns: Vous n'êtes plus d'accord qu'on soit d'accord
avec vous?
M. Lalonde: Je ne comprends pas. Avant le lunch, le
député de Jonquière, si mon souvenir est bon, ou le
député de Rosemont...
M. Burns: Je parle de réticences de certains membres de
notre côté. Ecoutez, n'en demandez pas trop! Voulez-vous qu'ils se
couchent par terre et que vous leur sautiez sur le dos? Est-ce que c'est cela
que vous voulez?
M. Lalonde: Pour que le ministre soit bien sûr, quand
même, que nous avons fait...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai pas parlé
là-dessus, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela va!
M. Vaillancourt (Jonquière): Voulez-vous
répéter que je n'ai pas parlé là-dessus, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Burns: Vous nous démontrez quel genre de collaboration
vous nous donnez.
Le Président (M. Bertrand): Du calme.
M. Lalonde: C'est vrai. Je désire corriger ce que je viens
de dire. Le député de Jonquière avait parlé
à l'encontre de la recevabilité. Avec vigueur.
M. Paquette: J'allais dire à la fin de mon intervention
que j'étais d'accord pour qu'on suspende des articles. Malheureusement
l'ajournement est arrivé...
M. Lalonde: A l'invitation un peu implicite du ministre,
député de Maisonneuve, je dois dire que nous avons
indiqué, alors qu'il n'était pas à cette commission, ce
matin, de façon très claire, que nous voulons aborder les
articles 200 et suivants, pour en demander le retrait, pour en combattre la
recevabilité. C'est clair. La motion avait d'ailleurs été
déclarée prématurée par le député de
Jacques-Cartier. Je veux que ce soit clair dans son esprit que, si il donne son
consentement, c'est pour cela.
M. Burns: D'accord.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Burns: Alors, allons-y, M. le Président, puisqu'il
semble que la commission soit d'accord.
Le Président (M. Bertrand): La motion du
député...
M. Saint-Germain: M. le Président...
Des Voix: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: J'avais le droit de parole sur cette motion, et
je voudrais bien le conserver.
Le Président (M. Bertrand): Un instant. Le
député de Maisonneuve, leader parlementaire du gouvernement, a
manifesté qu'il était d'accord avec la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys. A ce moment-ci, chaque
député peut tout de même parler sur cette motion si c'est
son désir, tant et aussi longtemps qu'elle n'est pas adoptée par
les membres de la commission. Le député de Jacques-Cartier a
demandé la parole; il peut maintenant exercer ce droit.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous avons
déploré pendant tout le temps des travaux de cette commission que
Mme le ministre responsable de la loi que nous étudions n'ait jamais
reçu l'aide d'autres ministres du cabinet. Nous avons trouvé cela
extrêmement curieux car nous avons senti que bien souvent elle
s'était placée dans des situations extrêmement difficiles.
Les questions que nous avons posées et que nous étions en droit
de poser recevaient des réponses ambiguës, floues, très peu
claires, réponses qui n'ont en rien satisfait l'Opposition et qui n'ont
pas, par l'intermédiaire de l'Opposition, satisfait le public non plus.
Nous avons été bien aise d'avoir parmi nous, pour quelques
instants, un ministre chevronné. Ce ministre, ayant été
dans l'Opposition, comprend réellement les principes et l'esprit de nos
institutions parlementaires.
M. Charron: Vous en avez un autre.
M. Saint-Germain: II me fait plaisir, entre autres, d'avoir le
député de Saint-Jacques. Je suis confiant qu'on pourra s'entendre
mieux que précédemment.
Ceci dit, M. le Président, je crois que le leader du gouvernement
a très bien compris que les motions que nous avons
présentées à la présidence ne concernaient pas
exclusivement le bill 67. L'importance de l'étude des articles 200 et
suivants dépasse de beaucoup l'importance du bill 67, bien que tout le
monde admette unanimement qu'on a là un projet d'importance fondamental,
primordiale.
On veut passer à l'étude de ces articles, M. le
Président, parce que, dans ces articles qui nous ont été
amenés après la deuxième lecture, il y a là un
bris, une injure faite à nos institutions et au système
démocratique qu'on connaît. Il me semble évident que les
articles 200 et les suivants sont une modification du projet de loi 49. Si je
lis les notes explicatives du projet de loi 49, M. le Président, je lis
ceci: Ce projet de loi pourvoit à la constitution et à
l'organisation...
Le Président (M. Bertrand): Un instant, M. le
député de Jacques-Cartier, M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Paquette: Une question de directive.
M. Laberge: Seulement une question et je vais vous la poser.
L'argumentation du député de Jacques-Cartier, d'après moi,
est en dehors de la motion du député de Marguerite-Bourgeoys qui
vise la suspension puisqu'on n'a pas encore voté ni
décidé... Est-ce qu'il y a eu consentement? Je n'ai pas su si la
question de suspendre les articles 21 à 199 avaient été
réglée, oui ou non. L'argumentation du...
M. Saint-Germain: Pour votre information, M. le
député, la motion a été reçue. Je discute et
je donne à cette assemblée...
M. Laberge: Cela a été reçu?
M. Saint-Germain: ... la raison de cette motion. C'est ce que je
fais.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jeanne-Mance, effectivement, depuis que nous avons abordé l'étude
de cette motion, chacun des parlementaires qui est intervenu est allé
quelquefois au-delà du sens même, du fond même de la motion
et a commencé à discuter de la pertinence d'inclure ou de ne pas
inclure dans le projet de loi 67 les articles 200 à 205. J'ai
été suffisamment souple parce que je crois qu'effectivement, pour
être en mesure d'expliquer pourquoi on veut suspendre les articles 21
à 199, il faut expliquer pourquoi on veut aborder immédiatement
l'étude des articles 200 à 205 et que cela entraîne
inévitablement, vous l'admettrez avec moi, qu'on aille jusqu'à
discuter un peu du fond de cette question.
M. Laberge: Cela avait l'air du fond, beaucoup.
Le Président (M. Bertrand): C'est simplement pour des
raisons de souplesse, pour ne pas avoir à rappeler continuellement les
membres a l'ordre; il faudrait rappeler tout le monde à l'ordre
continuellement; le débat serait tout à fait impossible.
M. Laberge: Je vous remercie.
M. Saint-Germain: Je vous remercie, M. le Président.
Je disais donc que, dans les notes explicatives du bill 49, je lis ceci:
"Ce projet de loi pourvoit à la constitution et à l'organisation
d'un organisme désigné sous le nom de Régie de l'assurance
automobile du Québec. Cet organisme a pour fonction d'élaborer et
de mettre en place les mécanismes administratifs requis a), pour
l'instauration d'un régime d'indemnisation universelle pour les
personnes lésées en raison d'un dommage corporel causé par
une automobile et b), pour la partie en charge, par la régie, d'un fonds
d'indemnisation des personnes lésées en raison d'un dommage
matériel causé par une automobile lorsque la personne responsable
du dommage est inconnue, n'est pas assurée, n'est pas assurée
suffisamment, ou est assurée auprès d'un assureur insolvable. "Ce
régime d'indemnisation ne pourra, toutefois, être mis en oeuvre,
ni le fonds d'indemnisation être créé que suivant une autre
loi qui prévoira les principes et les modalités".
Alors, il n'y a rien, dans cette loi, qui donne à la régie
une autorité autre et des pouvoirs autres que ceux que je viens de vous
décrire. Par les articles qui suivent, après 200, on donne
à la régie des pouvoirs qu'elle n'a pas actuellement. C'est
évident qu'on modifie, par le biais du bill 67, une loi passée et
que, dans le projet de loi 67 accepté par l'Assemblée nationale
en deuxième lecture et dont l'Assemblée nationale nous a
chargés de l'étude article par article, rien dans ce projet de
loi et dans le mandat de l'Assemblée nationale nous dit ou nous permet
de donner à la régie des pouvoirs qu'elle n'a pas.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, à ce moment-ci, vous êtes entré tellement
profondément dans le fond de la question que cela ne ressemble plus
seulement à des invocations pour nous amener à voter en faveur de
la motion de suspension. Je me dois de vous rappeler un peu les propos que j'ai
tenus tantôt. Autant je pouvais laisser une certaine lattitude, autant je
me dois tout de même de constater qu'à ce moment-ci, les membres
de la commission parlementaire, d'après les opinions qui ont
été exprimées, seraient prêts à voter en
faveur de la motion du député de Marguerite-Bourgeoys, en tout
cas, si j'interprète bien le voeu du leader du gouvernement.
Vous savez fort bien, comme moi, que nous aurons l'occasion, si cette
motion est adoptée, de faire un débat de fond sur les articles
200 à 205, par quelque moyen que ce soit. Mais on y sera, et donc, je
vous inviterais à collaborer pour que nous puissions disposer de la
motion qui est devant nous, en ce moment, et enchaîner avec l'article 200
et les autres, de telle sorte qu'à ce moment-là, vous pourrez
sans doute faire les interventions que vous faites en ce moment.
M. Saint-Germain: M. le Président, je veux bien revenir
sur le sujet, mais je vous ferai tout de même remarquer que lorsque le
leader parlementaire a demandé aux membres du gouvernement de bien
vouloir voter pour la motion, il s'est permis une certaine critique du
comportement de l'Opposition.
Et lorsque quelqu'un me pile sur les pieds, M. le Président,
j'aime bien avoir l'occasion de lui répondre. Je croyais que
c'était exactement cela que je faisais. Je le faisais d'une façon
très positive, je voulais vous expliquer les motivations qui nous ont
amenés à vous présenter les motions que nous avons faites
ce matin.
Je voulais donc, après vous avoir expliqué le contenu du
bill 49, vous dire maintenant, qu'étant donné que nous avons un
bâillon et que les travaux de cette commission se termineront demain, et
que nous n'aurions pas eu le temps, si le gouvernement n'avait pas
accepté de voter en faveur de cette motion, de faire ressortir qu'on
était à nous passer un sapin, et un sapin de taille; parce qu'il
est contre l'esprit de nos institutions, contre les règlements et pour
n'importe qui ayant siégé à cette assemblée depuis
un certain nombre d'année, c'est une procédure que je trouve
personnellement révoltante.
Lorsqu'on sait qu'on va arriver à l'Assemblée nationale
vendredi avec un document de la sorte, une brique d'amendements qu'on n'a pas
pu étudier, et que par hasard, on semble avoir introduit dans cette
brique de documents une modification d'une loi antérieure, sans
même qu'elle ait été discutée à
l'Assemblée nationale au niveau de la deuxième lecture, je ne me
permettrai pas de qualifier une telle procédure.
Et nous l'avons vu dans les amendements, nous les avons
étudiés. Cela fait longtemps que nous savons que cet amendement
est là. Si nous n'en avons pas parlé plus tôt, c'est qu'on
n'aurait jamais pensé que le gouvernement nous aurait amené le
bâillon d'une façon aussi précipitée.
Je ne critique pas le bâillon à ce moment-ci. Si le
gouvernement veut nous imposer le bâillon, c'est sa
responsabilité. Il le fait selon la loi et le règlement. Et il en
prendra la responsabilité devant le public.
Mais essayer de nous passer un sapin comme cela, c'est révoltant.
Croyez-moi, M. le Président, on ne le fera pas et on ne se rendra pas
complice d'une telle procédure. Cela s'attaque à la base
même de nos institutions.
Qu'on soit de l'Opposition ou du côté ministériel,
comme députés, notre première responsabilité, c'est
de défendre les institutions. J'ai l'impression que c'est ce qu'on fait
dans le moment.
Je sais pertinemment que le ministre n'aime pas les institutions
parlementaires. Je sais pertinemment que l'Opposition...
M. Gagnon: M. le Président, j'aimerais avoir une
directive, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: C'est depuis onze heures cet avant-midi, à ma
connaissance, qu'on entend dire qu'on n'aura pas le temps d'étudier. Je
pense qu'on serait prêt à commencer l'étude de l'article
200, tel que nous l'avons décidé. Je me demande ce que le
député de Jacques-Cartier a encore à nous dire sur le fait
qu'on n'aura pas le temps d'étudier. Prenons au moins le temps,
arrêtez de nous faire perdre du temps et commençons à
étudier.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: ... si vous ne voulez pas m'écouter,
c'est votre droit.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: Moi, j'ai le droit de parole et je le prends
pour répondre au leader parlementaire. Ce droit m'appartient.
M. Gagnon: Le "show" a été assez fort. Pourquoi ne
commencerions-nous pas à étudier?
M. Saint-Germain: Interprétez cela comme vous l'entendez,
cela vous regarde.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Messieurs, de la
sérénité. Allons donc!
M. Gagnon: Qui manque de sérénité?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Champlain, le député de Jacques-Cartier a la parole pour une
raison bien simple. C'est que nos règlements lui permettent de parler.
Le règlement 160 lui permet de parler pendant 20 minutes sur la motion
présentée par le député de Marguerite-Bourgeoys;
même s'il a la conviction que cette motion sera adoptée à
l'unanimité, il peut utiliser son droit de parole et c'est la raison
pour laquelle je dois maintenant lui céder à nouveau ce
droit.
M. Saint-Germain: Je disais, M. le Président, que
lorsqu'on est ministre et qu'on est le parrain d'une loi aussi importante, et
qu'on n'en connaît pas la philosophie profonde, qu'on ne connaît
pas les technicités d'application de cette loi... Lorsque, chaque fois
que l'Opposition lui demande une question sérieuse, une question de
fond, on est obligé de se référer à ses
fonctionnaires pour avoir une réponse logique, ce n'est pas surprenant
qu'un ministre, dans de telles conditions, trouve le temps long.
Je sais bien que si j'étais à sa place, si j'étais
obligé de défendre devant les institutions parlementaires...
M. Gagnon: A vous endurer, c'est assez long, merci.
M. Saint-Germain: ... un bill comme le bill 67 sans en
connaître la portée, vous pouvez être sûrs que ce
serait ennuyant. Je ne le blâme pas de ne pas aimer cela.
Chaque fois qu'il présentera un projet de loi devant un
gouvernement sans le connaître, puisqu'il connaît celui-là,
il va trouver le temps long, chaque fois, croyez-moi. Cela n'a rien à
voir avec la valeur de nos institutions, absolument rien.
M. Charron: Ah non!
M. Saint-Germain: On peut en rire, d'autant plus que lorsqu'on
croit qu'on a le monopole de la vérité, qu'on est au pouvoir pour
dicter, envers et contre tous, contre l'Opposition, contre le peuple, contre
les institutions, c'est sans importance, on est bien assis dans notre chaise,
on a le pouvoir, on va s'en servir et au diable les oppositions d'où
qu'elles viennent. C'est la vérité, c'est la meilleure loi qu'on
peut avoir. Elle est bien faite, il n'y a rien à y modifier, elle est
dans l'intérêt de la population. On en a vu des hommes comme cela
mener des pays, mener des nations et on sait où cela les a
menés.
M. Charron: II n'y a pas si longtemps d'ailleurs.
Une Voix: On en parlera à nouveau.
M. Saint-Germain: On pourrait bien revenir au passé, je ne
m'y oppose pas, mais le président nous arrêterait.
Le Président (M. Bertrand): C'est cela.
M. Saint-Germain: Voilà, M. le Président.
Croyez-moi, si le gouvernement vote pour cette motion, on abordera
l'étude des articles mentionnés dans la motion et on verra
à ce qu'elle soit rejetée. On fera certainement appel au
président et on lui expliquera que cette motion est irrecevable parce
qu'elle traîne derrière elle un principe que nous n'avons pas
étudié à l'Assemblée nationale en deuxième
lecture.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet, avez-vous laissé tomber votre droit de parole?
M. Giasson: Même en permettant au leader parlementaire
d'intervenir avant moi tout à l'heure, je n'avais pas l'intention de
laisser tomber mon droit de parole...
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Giasson: ... surtout pas à ces heures
exceptionnelles.
Il va de soi que j'appuie entièrement la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys et pour cause. Pour
différentes raisons, mais avant tout pour rappeler avec quel charme et
quelle douceur on nous avait appris que la loi 49 créant la Régie
de l'assurance automobile avait une fin très louable, d'abord celle de
mieux indemniser les victimes de dommages corporels suite à des
accidents d'automobile. On le faisait en abandonnant le principe de la
responsabilité aux fins d'une meilleure efficacité, d'une plus
grande rapidité de paiement et d'indemnisation.
On nous avait dit que la régie pouvait, même si elle avait
ce caractère de monopole absolu, mieux atteindre et réaliser ses
fins, mais on avait également insisté sur le fait que ce
n'était pas le rôle du gouvernement ou d'une régie d'Etat
de s'occuper des dommages matériels, de prendre charge des carcasses ou
de la tôle, peu importe les termes utilisés dans le temps.
Or, voici qu'on demande d'approfondir et de connaître davantage la
volonté du gouvernement, puisque la régie peut agir, en vertu des
dispositions contenues dans les articles 200 à 206, sur demande du
gouvernement dans un secteur totalement différent que les fins qui
étaient recherchées lorsqu'on a voté la loi de la
régie en vue de créer cet organisme et de lui donner les pouvoirs
pour appliquer un nouveau régime d'indemnisation des blessures
corporelles.
Il est fondamentalement important à mon sens qu'on puisse
examiner la pensée profonde de ce gouvernement.
Lorsqu'on examine le contenu des articles en cause, ce gouvernement, qui
s'était lavé les mains en criant qu'il ne voulait pas s'immiscer
dans les dommages matériels, qu'il ne poursuivait pas d'autres fins que
celle de l'indemnisation des victimes de dommages corporels, il nous faut
savoir aujourd'hui combien de masques avait ce gouvernement lorsqu'il a
tenté de faire croire au Parlement, aux députés de
l'Opposition, à la population du Québec, que les fins qu'il
poursuivait, étaient louables, étaient véritablement
à l'avantage et au mieux-être des victimes d'accidents
d'automobiles, en matière de blessures corporelles. Il faut savoir quels
sont les masques qui devront tomber afin de vraiment y découvrir la
pensée profonde et fondamentale, lorsqu'on dit, par exemple, que la
régie, avec l'approbation du gouvernement, pourra acheter ou
détenir du capital-actions de sociétés.
Cela fait mal? Oui, cela fait mal. Pas à moi individuellement,
mais aux citoyens du Québec, à qui on a menti
effrontément. Maintenant qu'on en découvre le vrai visage, par le
contenu des articles 200 à 206, on découvre qu'on a menti non
seulement aux députés de l'Assemblée nationale, mais
à toute la population du Québec, lorsqu'on s'est lavé les
mains de vouloir intervenir dans le secteur des dommages matériels.
Voici qu'aujourd'hui, on voudrait, comme gouvernement, mettre les pieds,
pénétrer et même s'emparer, si c'était là le
désir final de la petite équipe d'hommes qui dominent ce
gouvernement, connaissant leur pensée en matière de
socialisation, leur pensée sur les bienfaits inégalés de
l'étatisation et du contrôle de l'économie... On a dit: La
socialisation, dans un premier temps, doit prendre charge de la
sécurité des citoyens, mais pour ce qui est des secteurs qui
touchent fondamentalement l'économie, le commerce et la finance, on ne
touche pas à cela. Voici que des dispositions nous indiquent le
cheminement qu'entend suivre ce gouvernement.
C'est pourquoi on se doit, nous, de l'Opposition, et également
les députés du côté ministériel qui, pour un
bon nombre, n'ont pas pu approfondir la loi 67 comme l'a fait le
député de Rosemont, je le concède, et le
député de Jonquière, je le concède
également... Je serais excessivement curieux de prendre un bloc de
députés ministériels, de les amener dans une salle et de
commencer à converser avec eux pour connaître la profondeur de
leurs connaissances de la loi 67. Ce serait amusant de vivre cette
expérience.
Or, on se doit de débattre les articles qui ont été
apportés tout récemment, qui n'ont même pas
été adoptés en deuxième lecture par
l'Assemblée nationale, parce qu'ils n'étaient connus de personne,
sauf peut-être du ministre et de quelques mandarins du côté
du gouvernement, qu'ils soient des élus ou des fonctionnaires qui
soutiennent l'équipe ministérielle.
Pourquoi n'a-t-on pas permis, lors d'audiences de la commission
parlementaire qui a reçu des groupes et des individus qui sont venus
exposer devant nous leur perception ou leur vision ou leur réserve ou
leur désir de voir bonifier cette loi, que ces pensées
cachées, que ces désirs, qui étaient déjà
ceux de certaines personnes du côté du gouvernement, nous soient
dévoilés? Pourquoi n'a-ton pas permis à ces citoyens de
livrer leurs pensées sur cette attitude, sur cette volonté de
pénétrer de façon directe le champ d'un commerce
donné, qui est celui de l'assurance.
Je pense qu'il est facile d'imaginer que, sur une simple volonté
du gouvernement, ce gouvernement pourrait pénétrer tout le champ
de l'assurance générale, non seulement l'indemnisation des
dommages matériels en automobile, mais le champ de toutes les assurances
qu'on appelle communément assurances générales, toute la
ligne IRAD comme on appelle, quels que soient les différents champs de
responsabilité. Que le gouvernement, que le député de
Saint-Jacques ne me dise pas non. Que le gouvernement se porte acquéreur
d'une compagnie ou du capital-actions d'une compagnie qui écrit toutes
les lignes d'assurances générales, et le gouvernement sera
présent, et pourra y aller d'une première étape dans
l'acquisition du capital d'une telle compagnie. Si les grands apôtres de
l'étatisation n'étaient pas satisfaits, on pourrait, dans un
deuxième temps, si les capacités financières ou les
réserves de la régie permettaient une nouvelle incursion dans le
champ du capital-actions d'une deuxième, d'une troisième ou d'une
quatrième compagnie, on le ferait encore.
Tout est conditionné par l'attitude des quelques individus qui
représentent la force, qui sont les véritables leaders à
l'intérieur du gouvernement, et c'est pourquoi, M. le Président,
on se doit d'interroger ce gouvernement. On nous a fait signe que non, tout
à l'heure, lorsqu'on a fait état de la possibilité. On se
doit d'étudier profondément les articles en cause, afin de
découvrir le vrai visage de l'actuel gouvernement en ce qui a trait
à l'avenir de l'industrie et du commerce de l'assurance au
Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, c'est curieux de participer
à un débat qui s'étire au moment où nous savons
déjà qu'il y a consentement unanime à ce que nous
adoptions cette motion. Mais, puisque les députés libéraux
ont voulu...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une question?
M. Charron: Oui.
M. Lalonde: Le ministre qui l'a précédé
à son siège, le député de Maisonneuve, a
recommmandé aux membres de cette assemblée, de cette commission,
de voter en faveur de la motion...
M. Charron: C'est ça.
M. Lalonde: ... mais je n'ai entendu aucun membre se ranger
derrière les ordres.
M. Charron: Non, mais le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous en avez
entendu dire qu'ils étaient d'accord?
M. Paquette: Je m'excuse, mais vous avez les oreilles
bouchées.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys aura sans doute sa réponse au moment du vote.
M. Lalonde: C'est ça.
M. Charron: Le député de...
M. Paquette: Cela fait deux ou trois fois qu'on dit:
Adopté. On a hâte de passer à 200.
Le Président (M. Bertrand): D'accord...
M. Charron: Le député de Marguerite-Bourgeoys est
ici depuis assez longtemps pour savoir que, quand le leader du gouvernement
indique que la majorité ministérielle est prête à
acquiescer à une proposition de l'Opposition, ça veut dire que ce
serait tout de suite si vous le vouliez. Mais je comprends, M. le
Président, que nos amis de l'Opposition continuent à
réclamer l'adoption de cette motion que nous leur avons
déjà promise, probablement parce qu'ils vont manquer d'arguments
sur le fond lorsqu'on accédera à leur demande...
M. Raynauld: C'est parce qu'il y a une clôture et on n'aura
pas le temps de parler.
M. Charron: ... et qu'ils aiment mieux la réclamer.
Mais je comprends pourquoi la Chambre a retiré aussi...
M. Paquette: ...
M. Charron: Je comprends aussi pourquoi la Chambre a
retiré la confiance à cette commission...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on a demandé
le consentement pour laisser le leader adjoint du gouvernement s'exprimer
ici?
Le Président (M. Bertrand): Non.
M. Lalonde: Alors, je ne le donne pas, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Très bien! M.
Paquette: Cela, c'est mesquin. M. Lalonde: S'il veut commencer
à faire... M. Paquette: M. le Président...
M. Lalonde: ... de la petite politique, on n'est pas
intéressé.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que je pourrais demander, au nom du député de
Saint-Jacques, la permission de tous les membres de la commission pour qu'il
puisse s'adresser à cette commission parlementaire?
M. Lalonde: Je viens de dire non.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci. Je me demandais si
j'avais bien entendu; maintenant, je le sais.
M. Lalonde: J'ai dit non, n-o-n. D'accord?
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez peur de ce qu'il va
dire?
M. Lalonde: Je ne veux pas faire de la petite politique ici.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez peur? Non?
M. Lalonde: D'accord? Il y a une motion; il ne peut même
pas voter. Il y a déjà des ordres qui ont été
donnés aux membres ici. Ils ne sont pas capa-
blés de les suivre? Cela en prend deux fois, des ordres?
M. Paquette: M. le Président, est-ce que je
pourrais...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: ... avoir la parole, s'il vous plaît, pour
intervenir dans le débat?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. le député de Jonquière a demandé la
parole avant M. le député de Rosemont.
M. Vaillancourt (Jonquière): Une chance, M. le
Président, que le député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas
à donner de consentement dans mon cas, parce que je présume que
je ne l'aurais pas non plus.
M. le Président, je trouve que l'Opposition se scandalise pour
bien peu. Depuis le mois de mai 1977 que l'on parle d'assurance automobile et
depuis le mois de mai 1977 que Mme le ministre parle de la possibilité,
si le secteur privé de l'assurance ne démontre pas sa bonne foi,
que le gouvernement embarque dans le domaine des assurances, dans une ou dans
plusieurs compagnies.
M. le Président, l'Opposition se scandalise de bien peu, car,
dans sa tournée des douze principales villes du Québec, Mme le
ministre a montré ce vrai visage du gouvernement, a dit la
vérité au public québécois, en parlant
également, à ce moment-là, dès le mois de mai 1977,
dans les douze principales villes du Québec, de cette
possibilité, pour le gouvernement, d'embarquer, si les compagnies
d'assurances ne faisaient pas preuve de bonne foi, dans le domaine de
l'assurance automobile, et même, dans le livre bleu sur l'assurance
automobile, il était fait mention également d'accorder à
la régie le pouvoir d'offrir les autres couvertures en assurance
automobile.
M. le Président, je pense...
M. Fontaine: On n'a pas étudié le livre bleu, on a
étudié le projet de loi.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense...
M. Paquette: ... va dégongler votre "balloune"...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... et je le
répète, que l'Opposition se scandalise de bien peu car Mme le
ministre non seulement dans sa tournée, non seulement dans le livre
bleu, mais encore en commission parlementaire, après la première
lecture, a fait également état, encore une fois, de cette
possibilité.
Lors d'entrevues publiques, soit à la radio, soit à la
télévision, lors d'exposés publics devant des clubs
sociaux, elle a eu l'occasion, à plusieurs reprises, de
répéter cette possibilité, advenant la non-collaboration
du secteur privé des assurances, pour le gouvernement d'embarquer dans
ce champ d'activités.
Je suis personnellement surpris d'entendre un député comme
le député de Montmagny-L'Islet se dire scandalisé du
visage du gouvernement, se demander où est le vrai visage du
gouvernement, visage que nous démontrions dans notre programme
électoral...
M. Raynauld: Pas dans la loi 49.
M. Vaillancourt (Jonquière): Visage que nous avons
démontré dans le livre bleu sur l'assurance automobile...
M. Lalonde: Qu'on a caché dans la loi 49.
M. Vaillancourt (Jonquière): Et visage que nous avons
régulièrement montré depuis le mois de mai 1977.
M. Lalonde: Qu'on a caché dans les lois 49 et 67.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je comprends que la presse
est présente, je comprends que c'est l'une des dernières
occasions pour l'Opposition officielle de faire son "show" et je l'accepte. Je
l'accepte puisque les trois dernières semaines de commission
parlementaire nous ont habitués à ce genre de scénario. Je
l'accepte, en autant que la vérité soit connue et la
vérité est que ce gouvernement n'a jamais caché au peuple
québécois et aux citoyens du Québec cette
possibilité.
Mais ce qui fait mal à l'Opposition officielle, eux les
défenseurs des compagnies d'assurances, eux les défenseurs du
Barreau, eux les défenseurs de ces groupes minoritaires, c'est que le
gouvernement aille dans le secteur de l'assurance privée, aille toucher
une compagnie d'assurances qui ne démontrerait pas sa bonne foi, sa
collaboration. Cette attitude de l'Opposition officielle ne me surprend
guère puisque, car dans la loi 101, elle protégeait les
anglophones, et dans l'assurance automobile elle protège les courtiers,
les avocats et les compagnies d'assurances.
Ce gouvernement-ci veut protéger la population du
Québec...
M. Roy: Vous ne protégez personne.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... et les citoyens du
Québec, les conducteurs, les piétons, passagers et
propriétaires de véhicules automobiles. Je pense que c'est le
vrai visage de ce gouvernement-ci et que l'attitude de l'Opposition
officielle... Puisqu'on n'a pas encore eu la chance d'entendre l'Union
Nationale... mais que la manifestation est la corroboration de toutes les
attitudes...
M. Fontaine: M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai dit qu'on n'avait pas
encore eu la chance de vous entendre!
M. Fontaine: J'ai parlé avant que vous soyez rendu en
commission. Si vous aviez été à l'heure, vous m'auriez
entendu. Mais vous étiez probablement en caucus avec le leader qui vous
a conseillé de voter pour la motion parce que vous vous étiez
prononcé contre. J'ai les galées ici.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Nicolet-Yamaska...
M. Lalonde: ... la motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez l'exemple du projet
de loi 45, M. le député de Nicolet-Yamaska.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, le
député de Nicolet-Yamaska a pris la parole de 15 h 7 à 15
h 12, le député de Beauce-Sud de 15 h 12 à 15 h 17.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'étais en train de
dire et je m'en excuse auprès de mon collègue que je n'ai
pas eu l'occasion d'entendre que l'Opposition officielle, par son
attitude d'aujourd'hui et des semaines précédentes, ne fait que
corroborer et garder cette attitude qu'elle a prise le 15 novembre dernier et
de défendre, non pas les intérêts de la population du
Québec, mais de certains groupes particuliers qui voient leurs
intérêts économiques et financiers perturbés par un
régime avec lequel ils ne sont pas d'accord.
C'est vrai que je suis un néophyte en politique, c'est vrai que
je suis un profane, mais je suis arrivé ici avec l'intention de voter
pour des lois qui vont faire l'affaire de l'ensemble des citoyens du
Québec.
Je ne suis pas arrivé ici comme défenseur d'une classe
particulière de la société. Je représente des
électeurs, et je me dis que tous les députés de
l'Assemblée nationale, dans cette enceinte, se devraient de collaborer
avec des lois qui ont pour but le mieux-être de l'ensemble de la
population du Québec. Bien sûr que dans toute réforme en
profondeur, il y aura toujours des groupes minoritaires, des classes de
citoyens qui verront certains intérêts brisés par une
réforme en profondeur. Je pense que c'est inévitable. Mais je
pense qu'un gouvernement, quel qu'il soit, et j'attribuais ou du moins
j'osais attribuer ce qualificatif à l'ancien gouvernement... Je
pensais que tout gouvernement se devait de faire son action en fonction de
l'ensemble et du mieux-être des citoyens du Québec. Je me suis
rendu compte, dans la loi 101, dans la loi 45 et dans la loi 67, et j'aurai
probablement l'occasion de me rendre compte encore, que l'Opposition officielle
et ici je précise bien l'Opposition officielle continue
à faire ce qu'elle fait depuis le début, c'est-à-dire
être le défenseur des groupes particuliers, des citoyens
privilégiés du Québec.
M. le Président, en terminant, je n'ai absolument pas peur, en ce
qui me concerne, de montrer mon vrai visage; je pense que j'ai toujours
montré mon vrai visage. Le gouvernement n'ira pas né-
cessairement dans le domaine de l'assurance privée, mais il est bon
quand même que la régie ait le pouvoir, avec l'autorisation du
gouvernement, d'embarquer dans ce champ d'activité si les compagnies
d'assurances privées...
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président. Je déteste interrompre un collègue, mais cela
fait très longtemps que le député de Jonquière
parle du fond de l'article 201 lui-même. Tout ce qu'on a
suggéré, tout ce que la motion suggère, c'est de suspendre
l'étude des autres articles pour en arriver à ces
articles-là, éventuellement, auquel cas on en ferait un
débat de fond. Ce qu'on a évoqué, c'est que le droit
parlementaire était bafoué parce qu'on a ajouté des
amendements à une loi. On l'a mentionné, mais on n'est pas
allé au fond. En fait, je pense, M. le Président, que vous
devriez rappeler à l'ordre...
M. Paquette: Une question de règlement. Je trouve cela
inacceptable, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Non, ce ne sera pas
nécessaire. Le député de Marguerite-Bourgeoys
soulève, à l'endroit du député de Jonquière,
exactement la même remarque que le député de Jeanne-Mance
avait soulevée tout à l'heure à l'endroit du
député de Jacques-Cartier. J'avais rendu une décision
à ce moment-là en disant que je comprenais qu'on puisse glisser
sur le fond des articles 200 à 205 et j'avais demandé au
député de Jacques-Cartier de bien vouloir se limiter au fond et
à la forme de la motion qui est devant nous, à savoir de
suspendre l'étude des articles 21 à 199. Alors, je demande aussi
au député de Jonquière, tout en comprenant la situation
telle qu'elle se présente, qui est assez délicate dans les
circonstances, de se limiter le plus possible à la motion.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, en
terminant, je vais voter en faveur de la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys, bien, comme l'a dit le leader du gouvernement, que nous
soyons actuellement en train de survoler plusieurs articles importants que
cette commission aurait dû étudier. Toutefois, dans le même
esprit de collaboration et sans l'influence de quiconque, personnellement je
voterai pour la motion présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys. M. le Président, je pense qu'on pourrait
procéder au vote.
M. Lalonde: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Je viens d'entendre qu'il va voter en faveur de ma
motion et je regarde les galées du 14-12-77 c'est ce matin
à 12 h 47, page 1545. Je vais lire: "Le Président (M. Bertrand):
Non, M. le député de Jonquière, je m'excuse. Il ne s'agit
pas, à ce moment-ci, d'appeler l'article 200. Il faudrait
d'abord que nous ayons adopté la motion du député
de Marguerite-Bourgeoys en vue de suspendre les articles 21 à 200 et
qu'ensuite nous abordions l'étude de l'article 200. Alors, c'est votre
motion, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. "M. Lalonde: Avant
de commencer, M. le Président, je voudrais demander au
député de Jonquière s'il a l'intention de voter sur la
motion. A ce moment-là, on pourrait gagner du temps. "M. Vaillancourt
(Jonquière): La motion de... "M. Lalonde: Ma motion. "M. Vaillancourt
(Jonquière): Non. "M. Paquette: j'imagine que c'est le
député de Rosemont Non, moi je n'en ai pas l'intention.
Alors, je termine la citation: "M. Lalonde: M. le Président, il
va falloir encore prendre du temps précieux."
M. le Président, c'est pour cela que je veux être bien
sûr que j'ai bien entendu. Quand dit-il la vérité?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Ce matin ou cet après-midi?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, dans
les deux cas je disais et je dis la vérité. Ce matin, j'occupais
ce fauteuil et en ce qui me concerne...
M. Saint-Germain: Le patron est resté le même.
M. Lalonde: Vous avez changé de fauteuil.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, j'ai changé de
fauteuil, avec plaisir d'ailleurs, puisque vous savez qu'un élève
apprend toujours d'un bon professeur.
M. Lalonde: Je suis d'accord, M. le Président. Il faudrait
prendre le vote le plus tôt possible avant qu'il ne change encore
d'idée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, je n'étais pas
d'accord ce matin, parce que je ne voulais pas apporter à une
opposition, qui n'a jamais apporté de collaboration, ma
collaboration.
M. Lalonde: II ne faudrait pas mettre un autre repas entre nos
délibérations, M. le Président.
M. Saint-Germain: Vite, M. le Président, le
député de Jonquière est bien intentionné.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous voulez une
réponse, M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne voulez pas
m'embarquer là-dedans. Il y en a qui sont plus souples, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, ce sera très bref.
J'avais commencé une intervention sur la motion de suspension...
Le Président (M. Bertrand): A 12 h 52.
M. Paquette:... à 12 h 52, et malheureusement, je n'ai pas
eu l'occasion de la terminer. J'avais l'intention de démontrer
jusqu'à quel point l'Opposition faisait, sans motif valable, une
tempête dans un verre d'eau. J'aurai l'occasion de reprendre ces
arguments tantôt lors du débat. J'allais terminer en disant
et je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys va comprendre
notre changement d'attitude et d'idée, on a suffisamment d'idées
pour en changer.
J'allais conclure en disant que la seule raison valable pour suspendre
les articles, c'était d'empêcher l'Opposition de quitter cette
salle comme elle nous en a fait la menace ce matin; la seule raison valable de
le faire, c'est encore la seule aujourd'hui, c'est de vider cette question.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je vais changer
l'opinion que j'ai exprimée ce matin et je vais voter pour la
suspension.
Je reviendrai sur la question de fond lorsque nous ferons le
débat.
M. Raynauld: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Un instant, M. le
député de Rosemont! M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Je croyais que c'était contraire aux
règles parlementaires d'imputer des motifs indignes c'est
ça et injustes...
M. Paquette: Ah Seigneur!
M. Raynauld: ... et malhonnêtes. Je pense que le
député de Rosemont devrait se rappeler ces règles. Je
proteste, M. le Président.
M. Paquette: M. le Président, je m'excuse, mais j'ai bien
entendu ce matin, je n'ai pas le compte-rendu du journal des Débats
devant moi, mais il a bien dit qu'il allait suspendre la collaboration...
M. Raynauld: Non, que notre patience avait des limites.
M. Paquette: ... et que c'était une raison pour quitter la
salle, effectivement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Vaillancourt (Jonquière): On va faire sortir le journal
des Débats.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Paquette:
C'est ça.
M. Lalonde: La contribution, cette capacité d'apporter une
contribution à ces travaux serait en péril.
M. Paquette: Oui.
M. Lalonde: Vous êtes bien faibles!
M. Paquette: Très subtil, très subtil.
M. Lalonde: Enfin, si c'est la seule façon de vous faire
comprendre le bon sens, on va recommencer.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je termine là-dessus,
je pense que la seule raison pour laquelle nous devons suspendre ces articles,
c'est pour continuer à bénéficier de la collaboration de
l'Opposition et discuter du fond du projet de loi. Si nous ne pouvons pas le
faire à l'article 21, nous préférons le faire à
l'article 200.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, mon collègue de
Jonquière, a changé de fauteuil et il a changé de visage
en même temps. Je lui demanderais d'être prudent à l'avenir
et de remarquer comment il va s'asseoir. Cela peut être assez
délicat.
M. le Président, sans autre préambule, on a parlé
tantôt du visage du gouvernement, de l'attitude qui a été
maintenue, on a fait énormément référence aux
propos de Mme le ministre, on a fait également référence
au livre bleu. Je vais prendre le livre bleu, et ce n'est pas moi, le
député de Beauce-Sud, ni le député de
Jacques-Cartier, ni le député de Marguerite-Bourgeoys, ni le
député d'Outremont, ni le député de
Montmagny-L'Islet, ni le député de Nicolet-Yamaska qui a
rédigé le livre bleu. Mais, dans le livre bleu, voici ce qui est
écrit, à la page 32:
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous lirez la page 46
après.
M. Roy: Page 32: On parle des solutions que le gouvernement
pourrait apporter dans ces hypothèses législatives futures
parce que c'était le livre bleu, la loi 67 n'était pas
écrite"C'est cette solution que le gouvernement propose: un
régime universel d'assurance accident (dommages corporels), et le
maintien de l'entreprise privée pour le reste". C'est écrit
à la page 32 du livre bleu qui a été
présenté par Mme le ministre. On me dira que le gouvernement a pu
modifier son attitude, modifier sa position par la suite, ce qui est son droit,
je ne le conteste pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le
député de Beauce-Sud me permettrait une question? Est-ce qu'il a
également, dans son volume, la page 46, paragraphe 5?
M. Roy: J'ai la page 32 dans le livre bleu.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que votre volume se
rend à la page 46?
M. Roy: Oui, il se rend à la page 46. Quel paragraphe
voulez-vous lire?
M. Vaillancourt (Jonquière): Le premier paragraphe en haut
de la page à gauche. Vous n'avez pas le même livre bleu.
M. Roy: Moi, j'ai le vrai, celui qui est sensé être
transparent.
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous me le prêtiez,
je pourrais vous montrer le paragraphe.
M. Roy: C'est écrit dans le livre bleu, celui qui m'a
été remis, pas l'autre. Si on a deux politiques, deux livres,
deux façons de procéder, c'est une autre affaire.
M. Paquette: C'est le même livre en deux formats
différents. Franchement, bon Dieu!
M. Roy: A la page 32, je répète: "c'est cette
solution que le gouvernement propose", si on a pris trois attitudes, trois
positions dans le livre bleu, c'est une autre affaire. Un régime
d'assurance accident (dommages corporels), et le maintien de l'entreprise
privée pour le reste.
Après que le projet de loi a été
déposé, Mme le ministre nous a dit, dans son discours de
deuxième lecture: La loi 67 propose une solution mixte où une
régie publique administrera le régime de base en matière
de dommages corporels, et l'entreprise privée, soumise à de
nouvelles mesures de fonctionnement et de surveillance, administrera le
reste.
M. Paquette: Cela fait partie des mesures de surveillance,
justement.
M. Roy: Plus loin et je cite Mme le ministre dans son
discours de deuxième lecture vous pouvez peut-être nous
reprocher d'avoir été naïfs et d'avoir cru à la
parole du gouvernement et je vous donnerais raison.
M. le Président et je cite la parole de Mme le ministre
c'est pourquoi et... principalement à la suite de la commission
parlementaire dont les séances se sont terminées hier, nous
présenterons à cette Chambre une série d'amendements sur
un certain nombre de sujets, mais sans apporter de changements aux principes
fondamentaux énoncés plus haut.
Ce sont les paroles du ministre.
Mme Payette: C'est cela.
M. Roy: Je comprends qu'on en est rendu à utiliser un
vocabulaire et une dialectique de l'autre côté de la Chambre. Il
va falloir qu'on demande au gouvernement de nous imprimer de nouveaux
dictionnaires, parce que j'ai l'impression qu'on ne
parle pas la même langue. Je ne sais pas si on se dirige vers la
tour de Babel, mais je suis en train de me le demander sérieusement,
parce que les mots ne semblent pas avoir la même signification.
Je dis, M. le Président, que nous avons été
bernés, que nous avons été trompés et on a induit
la Chambre en erreur. On a induit les membres de la commission parlementaire en
erreur. Je me demande sérieusement, pour ne pas mettre en doute la bonne
foi de Mme le ministre, si elle n'est pas manipulée actuellement par ses
fonctionnaires qui n'ont pas réussi, eux, à se faire entendre par
l'ancien gouvernement, mais qui ont trouvé un régime
extrêmement soumis aux ambitions de ces fonctionnaires dans le nouveau
régime. Je suis en train de me poser la question de façon
très sérieuse.
Encore une fois, comment concilier j'aimerais qu'on
m'éclaire les paroles qui ont été dites à
l'Assemblée nationale? Comment concilier le contenu du livre bleu, du
livre qui nous a été remis et qui a été
déposé devant l'Assemblée nationale du Québec? Pas
l'autre pour le caucus. C'est ce qui me permet de m'interroger sur le fait que
les gens du caucus n'ont pas les mêmes informations que nous. Ils n'ont
pas les mêmes documents. Il y a eu des réimpressions.
M. le Président, pour toutes ces raisons, je suis heureux quand
même de constater que nos collègues d'en face ont fini par
comprendre qu'il était nécessaire d'aborder cette question et
d'examiner cette nouvelle introduction, ce nouvel aspect du projet de loi que
le gouvernement tente d'introduire dans les amendements qui sont
proposés, qui sont contenus dans le livre noir qui nous a
été déposé, devant l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys m'a demandé...
M. Paquette: On va recommencer à parler nous autres aussi,
dans ce cas-là.
M. Lalonde: C'était simplement quelques remarques que je
voulais faire...
Le Président (M. Bertrand): Correct.
M. Lalonde: ... à propos de la diatribe du
député de Jonquière, qui voulait envelopper sa volte-face,
mais c'est fait.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je peux constater que vous
êtes encore avec nous.
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais simplement
revenir quelques minutes sur ce qu'on a dit tout à l'heure, lorsqu'on a
dit qu'on n'a pas caché, du côté du gouvernement, la
possibilité d'intervenir dans ce domaine.
On a fait état de cette possibilité. Je suis d'accord
qu'on en a entendu parler. Mais ce qu'on a étudié, dans le projet
de loi 67, ce ne sont pas des possibilités. On a étudié un
projet de loi qui s'appelle le projet de loi de l'assurance automobile.
Auparavant, on avait étudié un projet de loi qui s'appelle le
projet de loi no 49, créant la régie de l'assurance automobile et
jamais, dans aucun de ces deux projets de loi, ce nouveau principe n'a
été invoqué comme possibilité. Ce n'est
qu'après, en commission parlementaire, qu'on nous a déposé
les amendements.
M. le Président, si on se fiait à toutes les
possibilités qui sont invoquées par le gouvernement, on
s'apercevrait qu'il y a plusieurs possibilités qui ont été
invoquées pendant la campagne électorale et que le gouvernement
tarde à vouloir adopter.
On avait parlé souvent d'indexer les impôts des
particuliers et on avait invoqué cette possibilité. Maintenant,
on n'en parle plus. Il y a plusieurs autres possibilités qui avaient
été invoquées et les projets de loi qui sont
déposés à l'Assemblée nationale n'en parlent pas
non plus.
M. le Président, le projet de loi 49, qui avait pour but de
créer la régie de l'assurance automobile détermine les
fonctions de la régie et jamais, en aucun moment, la possibilité
qui est évoquée aux articles 200 et 201, les amendements
proposés à la loi 67, n'avaient été
invoqués.
M. le Président, le député de Jonquière
disait tout à l'heure, qu'il était un néophyte en
politique, j'en suis un également. Quand je me suis
présenté en politique, comme député, je pensais
devoir agir comme un législateur et je pensais qu'on aurait des choses
à décider à l'Assemblée nationale et en commission
parlementaire.
Je ne pensais pas que ce serait toujours le gouvernement qui
déciderait; je ne pensais pas que ce serait toujours l'exécutif
qui déciderait. Je pensais qu'on serait consulté et qu'on aurait
l'occasion de donner notre opinion sur les projets de loi qui sont
proposés à l'Assemblée nationale. Je ne pensais pas que ce
seraient des choses qui seraient ajoutées après et desquelles on
n'aurait pas l'occasion de décider, sur lesquelles on n'aurait pas
l'occasion de s'exprimer.
M. le Président, avec cette sorte de gouvernement, je m'interroge
sur le rôle du député, sur le rôle du processus
législatif qui s'appelle l'Assemblée nationale, le Parlement du
Québec. Merci, M. le Président.
M. Roy: M. le Président, je désire soulever une
question de règlement puisque, tout à l'heure, on m'a
demandé, avec beaucoup d'insistance, de lire la page 46 du livre bleu.
La page 46 du livre bleu n'a aucun rapport avec le sujet que j'ai
mentionné puisqu'elle traite uniquement de la réadaptation des
victimes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas cela.
M. Roy: II y a quand même des limites pour charrier, pour
essayer de nous induire en erreur, pour nous faire passer pour des gens qui ne
savent pas lire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Paquette: M. le Président, y a-t-il moyen
d'arrêter cela? Il y a deux versions, c'est quand même simple.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, le problème est très simple, il y avait
équivoque. Le député de Jonquière se
référait à un document qui a été
distribué à l'ensemble de la population, qui reproduit ce que
vous avez dans votre document, mais, évidemment, puisque ces textes sont
reproduits dans des documents différents, vous n'avez pas exactement les
mêmes pages.
Mme Payette: Le député de Beauce-Sud l'a-t-il
trouvé maintenant?
M. Roy: M. le Président, quand on a voté, à
l'Assemblée nationale...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, s'il
y avait une...
M. Roy: M. le Président, on me pose une question, je vais
répondre. Quand on a voté à l'Assemblée nationale,
on n'a pas voté sur le livre bleu; on a voté sur le projet de loi
67. Dans le projet de loi 67, il n'en était pas question, c'est
clair.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, vous venez de dire que j'ai essayé de vous induire en
erreur. J'aimerais que vous trouviez le passage en question et que vous
rétractiez vos propos, même s'il n'y a pas de question de
privilège ici.
M. Roy: Oui, à la page 71, on tire les conclusions.
"L'ensemble des mesures que le gouvernement entend prendre
éventuellement", mais, dans le projet de loi 67, il n'y avait rien.
Mme Payette: Et alors, qu'est-ce que cela dit?
M. Roy: C'est le projet de loi 67 que nous sommes chargés
d'étudier ici et non pas le livre bleu de Mme le ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Tantôt, vous avez
parlé du livre bleu, vous avez dit que je vous avais induit en erreur et
qu'à la page 46, il n'y avait rien là-dessus. Je vous demande, si
vous trouvez le passage, de bien vouloir rétracter vos propos.
M. Roy: M. le Président, non, je ne rétracterai
sûrement pas mes propos, parce qu'à la page 73, nous avons la
preuve que ce n'est qu'une hypothèse...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne pensais pas que vous
feriez comme le député de Johnson.
M. Roy: ... c'est qu'on parle également, dans le livre
bleu, à la page suivante, de l'impôt sur le revenu. Je ne sache
pas que l'impôt sur le revenu a été retenu. Quand
même, il ne faut pas charrier non plus.
Le Président (M. Bertrand): M. le
député...
M. Paquette: L'impôt sur le revenu, M. le
Président...
M. Roy: C'étaient des hypothèses, on parle
d'impôt sur le revenu, prenez la peine de la lire. Ce n'est pas cela la
loi, la loi, c'est le bill 67.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre.
Mme Payette: Certains ont avoué être des
néophytes en politique, je dois également faire cet aveu. M. le
Président, je dois vous dire que cela ne fait pas remonter cette
institution dans mon estime.
Une Voix: Nous autres non plus.
Mme Payette: Nous n'avons pas encore, à ma connaissance,
abordé la question de fond, nous en sommes à discuter la motion
du député de Marguerite-Bourgeoys. Je me soumettrai au
règlement, ce règlement qui m'interdit, pour l'instant, de parler
sur le fond de la question, mais qui m'invite à parler sur cette motion
qui demande la suspension des articles 21 à 199 pour nous permettre
d'étudier les articles 200 jusqu'à 205.
Je m'étonne que cette motion ait été
présentée à ce moment-ci. Je m'étonne d'autant plus
que cela me paraît illogique. Nous avions, au tout début des
travaux de cette commission parlementaire, proposé à l'Opposition
d'accepter d'étudier ce projet de loi à partir de l'article 74,
donnant le temps au ministre responsable et au gouvernement de présenter
ses études de tarification et de coûts du régime.
L'Opposition nous a dit, à ce moment-là, qu'il était
impossible de commencer l'étude du projet de loi à l'article 74,
compte tenu du fait que les principes mêmes de la loi étaient
contenus dans les premiers articles, que l'Opposition souhaitait discuter
largement des articles qui traitaient des indemnités à être
payées, des articles qui traitaient de la tarification, des moyens
retenus par le gouvernement pour percevoir les primes d'assurance
automobile.
Nous avons été empêchés de travailler pendant
deux semaines, tentant d'obtenir un accord sur la suspension des articles 1
à 73 inclusivement, pour pouvoir commencer à l'article 74
l'étude des articles qui traitaient de la manière dont nous
allons vivre comme gouvernement avec l'entreprise privée dans le domaine
des dommages matériels.
Je pense qu'il est facile de reconnaître que ce qu'on nous demande
maintenant est illogique par rapport à ce qu'on nous a refusé au
début de nos travaux. Nous avons cependant l'intention d'accepter de le
faire pour manifester notre bonne volonté et pour permettre à
l'Opposition, effectivement, d'étudier les articles 200 à 205 et
ainsi, obtenir les explications qu'elle a demandées.
On a cependant profité de cette motion pour parler largement du
fond et vous avez explicité, M. le Président, que même avec
beaucoup d'expérience, on pouvait glisser, ce que je tenterai
d'évi-
ter de faire, moi, néophyte. Je me contenterai de vous dire qu'au
moment où on vous déclare qu'on apprend une chose nouvelle, cette
intention était connue depuis le 15 avril, et que par la suite, j'ai eu
l'occasion, à quelques dizaines ou quelques centaines de reprises, de
répéter l'intention du gouvernement de donner à la
régie le pouvoir d'entrer en concurrence avec l'entreprise privée
si cela devenait nécessaire. Mes mots ont toujours été
accompagnés de cette précision "si c'était
nécessaire". Il faut voir là tout simplement notre désir
de voir la population du Québec satisfaite des services rendus par
l'entreprise privée et de voir là une porte ouverte pour le
gouvernement afin d'aller vérifier s'il est vraiment aussi difficile
qu'on le dit de faire de l'assurance automobile dans le dommage
matériel.
Il pourrait se révéler que le gouvernement ait envie de se
donner un secteur témoin pour connaître les difficultés
auxquelles font face les assureurs du Québec. Ces intentions ont
été portées à l'attention de togs ceux qui se sont
intéressés aux discussions qui ont entouré ce projet de
loi. Ces intentions n'ont jamais été cachées. Elles ont
même été répétées en commission
parlementaire devant des groupes qui représentaient, soit des assureurs,
soit des groupes autres qui réclamaient l'étatisation
complète de l'assurance automobile et auxquels je me suis entendue
répondre sur le même ton et presque avec les mêmes mots que
le gouvernement ne souhaitait pas devenir un assureur, que nous n'envisagions
pas l'étatisation de l'assurance automobile ou de quelqu'autre assurance
au Québec, mais que nous envisagions, si la situation devait continuer
à se détériorer, de nous donner la possibilité de
vérifier où sont les difficultés, en achetant, de
gré à gré, une compagnie ou deux compagnies d'assurances
pour nous permettre une concurrence loyale avec l'entreprise privée.
Je pense que ces déclarations de ma part permettent de
rétablir la vérité, à ce moment, et de
rétablir aussi le visage de ce gouvernement qui ne s'est pas
caché de ses intentions, ni dans un sens, ni dans l'autre. Il n'a jamais
été dit que nous envisagions des interventions dans d'autres
secteurs de l'assurance. Il n'a jamais été dit que nous
envisagions l'étatisation du secteur privé. Il a
été déclaré que nous voulions donner à la
régie la possibilité d'entrer en concurrence loyale avec
l'entreprise privée, si cela devenait nécessaire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, à la suite
de la motion du député de Marguerite-Bourgeoys, j'avais cru
qu'après les nombreux jours d'étude que nous avons passés
sur ce projet de loi, surtout qu'au début, nous avons passé
à peu près dix jours pour adopter environ dix articles et comme
il y en a 209, cela aurait peut-être pris un an et demi avant de tout
passer.
Ces derniers jours, cela me semble un peu comme si le bâillon, qui
était sur les yeux, est tombé sur la bouche et que l'Opposition y
a vu...
Hier, on a passé dix articles, et en sautant l'article 200, il
serait peut-être possible d'étudier des articles qui n'ont
peut-être pas été approfondis lors de l'audition des
mémoires.
J'étais prêt à voter en faveur de la motion, mais
comme il existe, dans notre système parlementaire, des stratégies
et que je continue, d'ici à la fin des discussions, à
étudier les stratégies qui ont cours actuellement, puisque nous
ne sommes pas à l'étude de l'article 200, mais que nous en sommes
encore à des débats qui s'allongent, je réserverai ma
décision pour le vote à la toute fin.
Je vous remercie.
Le Président (M. Bertrand): Bien! M. Lalonde: M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... je ne voudrais pas allonger inutilement le
débat, qui aurait pu s'arrêter à 12 h 47, mais les propos
de Mme le ministre méritent qu'on s'y arrête.
Elle est étonnée, tout d'abord, que nous ayons combattu
une proposition du gouvernement ou, enfin, d'un député
ministériel, le député de Rosemont, je crois, de passer
immédiatement à l'étude de l'article 74 au tout
début. Je vous ferai remarquer que c'était à cause d'un
retard du gouvernement d'informer la commission que cette motion était
faite et que c'était pour permettre, pour donner un peu de temps au
gouvernement de remettre aux membres de la commission les rapports que nous
réclamions vigoureusement depuis le début.
Mme le ministre dit: Nous avons été
empêchés de travailler pendant deux semaines. Mais il faut quand
même rétablir les faits. C'est par l'incurie du gouvernement que
nous avons été empêchés de travailler pendant deux
semaines et le gouvernement l'a reconnu. Entre le 16 et le 22 novembre, le
gouvernement n'a pas convoqué la commission parlementaire. Même,
à une occasion, je crois que c'est le 22 je ne voudrais pas
induire cette commission en erreur à une de ces occasions, c'est
le gouvernement lui-même, par la bouche de son leader adjoint, le
député de Saint-Jacques, qui a proposé l'ajournement sine
die. Je m'en souviens; c'est dans les archives.
Entre le 22 et le 29 novembre, on n'a pas siégé non plus.
Ce n'est pas l'Opposition qui convoque la commission, c'est le gouvernement, et
le gouvernement n'a pas convoqué la commission parlementaire entre le 22
et le 29 novembre. Alors, en ce qui nous concerne...
M. Paquette: ... aviez pas commencé l'étude du
projet de loi, soyez honnête.
M. Lalonde:... nous, de l'Opposition, je pense que nous avons eu
le loisir de commencer sérieusement à étudier le projet de
loi le 29 novembre.
M. Paquette: C'est parce que vous l'avez bien voulu.
M. Lalonde: II ne faudrait quand même pas tenter de tromper
la population là-dessus.
Mme le ministre s'inquiète de la logique dont nous faisons preuve
actuellement, étant donné que nous avons refusé de passer
à l'article 74 en insistant pour commencer par l'article 1 et que,
maintenant, nous réclamons l'étude de l'article 200
immédiatement.
Mais il semble qu'il y ait une certaine inconscience quelque part.
Est-ce qu'il faudrait apprendre à Mme le ministre qu'il y a eu une
motion de clôture adoptée ce matin même et que c'est
seulement après le vote à l'Assemblée nationale, aux
premiers instants de la séance suivante, à cette commission-ci
après le vote, que nous avons dû en conclure qu'il n'y a plus de
logique qui tienne lorsqu'on a la guillotine au-dessus de la tête, le
couteau sous la gorge. Là, il y a des questions de principes
fondamentaux auxquels il faut s'attacher et c'est pour ça que nous avons
fait cette motion.
On dit: Lisez le livre bleu. Ecoutez les déclarations, que Mme le
ministre a faites des dizaines et peut-être des centaines de fois sur ses
intentions.
Nos intentions n'ont jamais été cachées, dit-elle,
mais qu'est-ce que veut dire cet article... Le projet de loi 49 et le projet de
loi 67, à mon sens, sont les intentions et les décisions du
gouvernement. C'est cela. Ce n'est pas le livre bleu. Le livre bleu est un
document de travail qui n'a jamais été autre chose qu'un document
de travail, qui n'a jamais été soumis à l'Assemblée
nationale, qui n'a jamais été soumis même à une
commission parlementaire. Le gouvernement convoque parfois des commissions
parlementaires pour étudier des livres blancs, bleus, rouges ou verts,
mais celui-là n'a pas été soumis à une commission
parlementaire. Si mon souvenir est bon, c'est le projet de loi 67 qui a
été soumis à une commission parlementaire. Or, ni le
projet de loi 49 ni le projet de loi 67 ne contenaient les articles 200 dont on
réclame l'examen le plus tôt possible.
Je pense qu'on ne peut pas reprocher à l'Opposition ou à
quiconque est observateur impartial de se poser des questions sérieuses
lorsqu'on constate la coïncidence. Après un livre bleu, il y a une
loi 49 et un projet de loi 67. Il y a l'examen de ce projet de loi 67 en
commission parlementaire avant la deuxième lecture; il y a le
débat en deuxième lecture et, tout à coup, lorsque
l'Assemblée nationale n'a plus qu'à l'examiner, article par
article, ici en commission parlementaire ensuite il y a les
étapes du rapport et de la troisième lecture dont on sait qu'ils
ne sont que des débats plutôt limités c'est tout de
suite après, coïncidence, que l'on introduit cette intention qui
était dans le livre bleu, mais cela semble louche. Tout observateur
impartial trouverait que cette coïncidence est étrange et bizarre.
Je pense qu'en toute objectivité, il ne faudrait quand même pas
accuser l'Opposition de vouloir souligner cette "coïncidence".
Pour être bien sûr que l'Assemblée nationale n'est
pas l'objet d'un subterfuge, que l'Assemblée nationale n'est pas la
victime d'un tour de passe-passe par ce gouvernement, il est bon que nous
passions immédiatement à la considération de l'article
200, dont j'ai déjà annoncé que nous demanderions le
retrait aussitôt que nous y arriverions; ainsi de suite jusqu'à
l'article 205.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je n'entrerai pas dans le débat concernant le
retrait ou le non-retrait des articles 200 et suivants, je vais attendre tout
à l'heure. J'aimerais simplement essayer de donner certaines
explications, à la suite de l'intervention du député de
Marguerite-Bourgeoys. D'abord, lorsqu'il nous parle de la motion concernant la
suspension des articles 1 à 73 et qu'il dit que c'est à cause de
l'incurie du gouvernement qu'on a piétiné pendant deux semaines,
je tiens quand même à lui faire remarquer que les articles 74 et
suivants justement n'étaient aucunement liés au document que
l'Opposition demandait. On aurait donc très bien pu passer aux articles
74 et suivants. Si, pendant une semaine, le gouvernement n'a pas
convoqué la commission, c'est tout simplement parce qu'il n'y avait pas
moyen.
On a fait toutes sortes de propositions, d'amendements, pour qu'on
puisse commencer à travailler à l'article 74, article pour lequel
et pour les suivants, c'était la même chose on
n'avait absolument pas besoin des documents demandés par l'Opposition.
Et si on l'avait fait, on se serait probablement rendu aux articles 200 et
suivants et on les aurait déjà étudiés. C'est donc
dire qu'il n'y a aucune manoeuvre là-dedans, il n'y a aucune intention
du gouvernement de cacher l'existence de ces articles. Si on ne les a pas
étudiés avant, c'est uniquement que l'Opposition n'a pas voulu
comprendre qu'il était possible d'étudier les articles 74 et
suivants sans les documents qu'elle demandait qui traitaient uniquement du
régime corporel décrit aux articles 1 à 73.
Je vais maintenant me permettre de lire le passage que le
député de Beauce-Sud n'a pas lu tantôt. C'était
à la conclusion du livre bleu déposé en avril. On disait:
"Voici en résumé l'ensemble des mesures, que le gouvernement
entend prendre pour réformer l'assurance automobile." Et suivent onze
points qui se retrouvent, à un titre ou l'autre, dans le projet de loi.
Le cinquième point est le suivant: "Accorder à la régie le
pouvoir d'offrir les autres couvertures en assurance automobile s'il y a lieu."
Et le troisième dit: "Laisser à l'entreprise privée
l'administration de l'assurance des dommages matériels et des
régimes supplémentaires en dommages corporels."
M. Roy: Voulez-vous lire le troisième, s'il vous
plaît?
M. Paquette: Le député de Beauce-Sud voit une
contradiction entre ces deux articles...
M. Roy: C'étaient deux hypothèses, deux volets et
on pouvait prendre l'un ou l'autre.
M. Paquette: Je pense que l'intention du livre bleu,
c'était de dire qu'on allait prendre les deux,
c'est-à-dire que l'article 3 affirmait le principe et je
considère encore que cela fait partie du principe du projet de loi.
M. Roy: Le prendre et ne pas le prendre, les deux.
M. Paquette: Ecoutez, je suis en train de vous répondre.
Alors, l'article 3 affirmait le principe que les dommages matériels
seraient laissés à l'entreprise privée et le point cinq
disait qu'on accorderait à la régie des pouvoirs, s'il y a lieu.
Non pas qu'on mettrait dans le projet de loi que la régie doit se donner
un secteur témoin, mais qu'elle pourrait, au besoin, s'en donner un
comme mesure de pression et de contrôle du secteur privé de
l'assurance automobile.
Je pense que l'ensemble des députés va être d'accord
qu'on a besoin d'intervenir également, non pas pour tout
étatiser, mais intervenir dans le domaine matériel pour
contrôler les coûts de l'assurance automobile. Il y a
déjà des mesures dans la loi qui concernent une corporation des
assureurs, qui concernent des pouvoirs accrus au surintendant des assurances.
Par l'article 200, l'article 201 plus précisément, le
gouvernement veut se donner le pouvoir, au besoin, si les choses n'allaient pas
à sa satisfaction, de se donner un secteur témoin. C'est
l'intention qui est affirmée dans le livre bleu depuis avril, qui n'est
pas contradictoire avec le principe du projet de loi, qui vise à laisser
le dommage matériel au secteur privé de l'assurance
automobile.
Le député de Marguerite-Bourgeoys est surpris que cette
disposition n'ait pas été prévue au niveau du projet de
loi 49. Je pense qu'encore là, je ne vois aucunement le désir du
gouvernement de cacher quoi que ce soit, si on regarde les dates de
dépôt des différents projets de loi. Le projet de loi 49
qui a créé la Régie de l'assurance automobile a
été déposé le 21 juin 1977 et adopté le 26
août 1977. Le projet de loi que nous étudions actuellement, le
projet de loi 67, a été déposé en première
lecture le 17 août 1977, donc avant l'adoption du projet de loi 49. Il
était donc impossible d'amender le projet de loi 49 dans ce document. Il
fallait donc que ce soit des amendements qui viennent subséquemment en
dépôt en première lecture de ce document. Dans la loi 49,
on a voulu prévoir uniquement les pouvoirs nécessaires...
J'aimerais qu'on m'écoute. On a voulu prévoir dans le projet de
loi 49 uniquement les pouvoirs pour la mise en marche et les études
préparatoires nécessaires à l'installation
éventuelle d'un régime d'assurance automobile, de façon,
justement, à ne pas préjuger du régime qui viendrait, du
projet de loi 67, et de façon que la loi 49 puisse être
adoptée le plus rapidement possible et de façon à
permettre de constituer une régie qui préparerait tous les
mécanismes, les instruments nécessaires, qu'elle fasse toutes les
études nécessaires pour préparer la mise en vigueur de
l'assurance automobile. Lorsque le projet de loi 67 a été
déposé, en première lecture, il était impossible
d'amender déjà la loi 49 qui créait la régie en
étendant ses pouvoirs, puisque cette loi n'était pas encore
adoptée; elle ne l'a été qu'après le
dépôt de ce projet de loi. Il n'est donc pas surprenant de voir
arriver, sous forme d'amendement à l'article 201, une extension des
pouvoirs de la régie qui est conforme aux intentions du livre bleu, ce
qui a été répété à plusieurs reprises
par le ministre.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il aurait
été possible au ministre d'annoncer cet amendement lors de son
discours de deuxième lecture, au moins pour informer la Chambre et ceux
qui avaient l'intention d'intervenir?
Mme Payette: M. le Président, le discours de
deuxième lecture, selon nos règlements, doit essentiellement
porter sur les principes. Je n'estime pas que cet article soit un des
principes, les principes étant la prise en charge par une régie
d'Etat des indemnités pour dommages corporels causés par des
accidents d'automobiles. A mon avis, il n'est pas question d'un principe au
moment où on parle d'une concurrence dans les dommages
matériels.
M. Lalonde: Je posais ma question... Une autre question, si vous
permettez.
M. Roy: Une question de règlement, M. le Président.
Quand même, il va falloir qu'on cesse d'induire en erreur les membres de
la commission.
J'ai ici la page 52 du discours que le ministre a prononcé
à l'Assemblée nationale, j'ai son propre texte: "Et c'est
pourquoi, et principalement à la suite de la commission parlementaire
dont les séances se sont terminées hier, nous présenterons
en cette Chambre une série d'amendements sur un certain nombre de
sujets, mais" ce ne sont pas les paroles du député de
Beauce-Sud "sans apporter de changements aux principes fondamentaux
énoncés plus haut".
M. Paquette: Exactement ce que j'ai dit.
M. Roy: M. le Président, je reconnais au gouvernement le
droit d'amender une loi existante. Nous avons un règlement, il y a des
procédures pour le faire, pour amender un projet de loi. C'est la raison
pour laquelle j'en fais une question de règlement. Quand on nous
annonce, aux membres de l'Assemblée nationale, de bonne foi... A moins
qu'il faille mettre en doute la parole de nos collègues à
l'avenir, on est obligé, en vertu de nos règlements, de prendre
la parole qu'on nous donne. C'est l'éthique qui guide les travaux de
l'Assemblée nationale et, lorsqu'un député veut mettre en
doute la parole d'un de ses collègues, il est obligé de se
référer à une disposition particulière du
règlement; autrement, il est obligé de prendre la parole du
ministre.
Nous avons pris la parole de Mme le ministre. Elle nous a dit: sans
apporter de changements aux principes fondamentaux énoncés plus
haut, dans le projet de loi et dans les articles. J'irai peut-être
à l'encontre du règlement, M. le Président, là-
dessus, mais, étant donné qu'on a touché
question de règlement, M. le Président dans les articles
auxquels on fait référence...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Roy: Je suis sur une question de règlement et il n'y a
pas de question de privilège en commission parlementaire, je
regrette.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai pas soulevé de
question de privilège.
M. Roy: Sur cette question, M. le Président, les
amendements auxquels on fait référence et auxquels mes
collègues ont fait référence, ce sont des amendements qui
viennent amender une autre loi existante. Le gouvernement a le droit de le
faire, mais il faut qu'il présente une loi à cette fin. C'est
là qu'est toute la différence, parce que c'est la coutume, c'est
la façon de légiférer. La commission parlementaire n'a pas
mandat de modifier la loi 49, je regrette, elle n'a pas mandat de le faire.
M. Paquette: M. le Président, on amende d'autres lois,
dans ce projet de loi, que la loi 49.
M. Roy: Oui, c'était dans la loi 67. M. Paquette:
Pourquoi pas la loi 49? M. Roy: C'était dans la loi 67.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Beauce-Sud, là, on est vraiment sur le fond de
la question.
M. Paquette: Exactement. Je n'avais pas terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Paquette: M. le Président, je n'avais pas
terminé.
Le Président (M. Bertrand): Ah bon!
M. Paquette: M. le député de Marguerite-Bourgeoys
ou un autre m'a interrompu en posant une question qui a été
déférée au ministre, après quoi il y a eu une
question de règlement du député de Beauce-Sud.
M. Lalonde: Je m'excuse, ce n'est pas avec l'intention de
distraire la commission de vos propos.
M. Paquette: Je sais, c'est parce que je n'avais pas
terminé mon raisonnement, mais j'espère que, maintenant, il est
un peu plus clair pour l'Opposition que la démarche gouvernementale
s'est faite au grand jour tout le long, qu'il n'était pas possible, au
niveau de la loi 49, c'est-à-dire qu'on aurait pu, dans la loi 49,
mettre ce pouvoir annoncé dans le livre bleu, se donner un secteur
témoin dans l'assurance des dommages matériels, cela aurait
été possible, mais ce n'était pas l'intention du
gouvernement de le faire parce que la loi 49 avait simplement pour but,
à ce moment-là, de mettre en train la régie pour qu'elle
puisse commencer à faire les études nécessaires et
à établir une structure pour assumer le régime.
C'était nécessairement à la loi 67 d'amender la loi
49, mais ça ne pouvait pas, encore une fois, être dans le document
puisque ce document a été présenté avant l'adoption
de la loi 49; on ne pouvait donc pas avoir un amendement à une loi qui
n'existait pas encore. C'est simplement ça.
Tout ça pour vous dire que l'amendement qui nous est
arrivé ne pouvait pas faire autrement qu'arriver après la
deuxième lecture. La question qui reste, c'est: Est-ce que l'article 201
est une question de principe ou une question de modalité? Je dis que
c'est une question de modalité et je vais vous dire pourquoi. De toute
façon, le gouvernement a le pouvoir de prendre le contrôle de
compagnies d'assurances actuellement par la Caisse de dépôt, par
exemple, ou d'autres moyens.
Je pense qu'il y a vraiment une tempête dans un verre d'eau et
c'était le prétexte recherché par l'Opposition pour faire
le "show" traditionnel de fin de session, qu'on pourra peut-être
éviter si on a des sessions à dates fixes, chose qu'on n'a pas pu
établir cette année parce qu'on n'a pas réussi à
s'entendre avec l'Opposition.
Cela nous montre toute la foire qui fait justement le mauvais renom du
parlementarisme et qu'on subit encore une fois pour rien. On fait une
tempête dans un verre d'eau. Je n'ai pas le temps d'expliquer, parce que
j'entrerais trop dans le fond, en quoi cet article 201 n'est pas une question
de principe, mais j'aurai l'occasion de le faire tout à l'heure.
M. Raynauld: M. le Président, je n'avais pas l'intention
du tout de revenir sur ce sujet, mais, quand on a cité le livre bleu
tout à l'heure, cela m'a surpris de n'avoir pas noté, lorsque je
l'avais lu, que cet article 201 s'y trouvait. A le relire, je trouve que c'est
absolument extraordinaire, l'extension et l'interprétation que l'on peut
donner à cet article 5 et qu'on en fait une preuve que le gouvernement
est transparent et qu'il est clair, lorsque l'article dit: accorder à la
régie le pouvoir d'offrir les autres couvertures en assurance
automobile, s'il y a lieu.
Est-ce qu'on pourrait m'expliquer comment on pourrait interpréter
cet article pour dire qu'on va créer là un secteur témoin?
Franchement, c'est dépasser les bornes. Tout ce qu'on dit
là-dedans, c'est qu'on va accorder, s'il y a lieu, le pouvoir d'offrir
les autres couvertures. Ne pensez-vous pas qu'on ne pouvait pas
interpréter cela comme si c'était que la régie pourrait
offrir elle-même, directement, une couverture de risques particuliers,
spéciaux, pour les handicapés, pour les motoneigistes, n'importe
quoi? Tout à coup, on nous dit: Regardez donc, c'était inscrit
dans le livre bleu.
On a dit là-dedans qu'on allait créer un secteur
témoin, qu'on allait acheter des entreprises privées.
Je ne comprends plus la logique de ces députés qui
viennent nous dire...
M. Paquette:... que l'Etat achète des entreprises
privées; c'est pour cela.
M. Raynauld: ... lisez donc le livre bleu, vous allez voir que
c'était là. Franchement, ce n'était pas là du tout.
Non, ce n'était pas là du tout. Je défie le
député de Rosemont de venir nous dire qu'il y a un secteur
témoin dans le livre bleu. Cet article 5 n'a rien à y voir. C'est
un premier point.
Le deuxième, c'est sur les questions de procédure. Je
pense que le député de Rosemont essaie de nous expliquer
qu'à travers le dédale des procédures et des dates de
dépôt d'un projet de loi, du livre bleu, du projet de loi 67 et du
projet de loi 49, ce n'était pas possible d'apporter un amendement ici,
sans avoir déposé l'autre document, etc.
Ce que je réponds à cet argument et je m'excuse
c'est que cela prouve seulement une chose, que le gouvernement ne savait
pas ce qu'il ferait de ces projets, lorsqu'il les a déposés en
Chambre. C'est ce que cela prouve. Il déposait un projet de loi et, tout
à coup, il pensait à autre chose. Pensant à autre chose,
il fallait bien apporter un amendement à la première chose qu'il
avait faite.
Cela veut dire que c'était non préparé, que le
gouvernement a présenté des projets de loi sans savoir ce qu'il
voulait faire, quelle combinaison il pouvait faire avec le projet de loi 49 et
le projet de loi 67. Il ne savait pas quels étaient les amendements
qu'il voudrait apporter. Il les a apportés après avoir
déposé son projet de loi 67, de façon que nous ne
puissions pas discuter de ce que nous, nous considérons un principe,
même si, du côté ministériel, on peut appeler cela
des modalités de détail, comme je l'ai dit tout à l'heure,
des articles de concordance. Nous, nous considérons que c'est un
principe fondamental qui aurait dû être discuté.
Là-dessus, la seule façon peut-être de tirer cette
question au clair, ce serait de demander au ministre si, lorsqu'elle a
prononcé son discours de deuxième lecture, elle connaissait
l'existence de cet amendement 201.
Mme Payette: M. le Président, je n'avais pas en main les
amendements. Je les ai rendus disponibles pour les membres de la commission
dès que je les ai eus. Il était cependant connu que
c'était notre intention d'apporter des amendements à la loi 49.
Je pense que l'article 3 de la loi 49 en fait état. Si je n'ai pas
abordé cette question dans le discours de deuxième lecture
et je me répète j'en suis désolée, c'est
qu'on m'a expliqué que le discours de deuxième lecture ne devait
traiter que des principes.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Lorsque la loi 49 a été
étudiée, c'est moi qui étais, au nom du Parti
libéral, responsable du dossier. Comme d'habitude, le gouvernement nous
est arrivé au mois d'août avec cette loi qui avait
été déposée au mois de juin, je crois. Le
gouvernement était pressé, c'était la fin de la
première partie de la session.
Je me souviens très bien qu'après avoir privément
dialogué, nous avions convenu que si le gouvernement voulait enlever de
la loi 49 les principes qui y étaient inclus, on adopterait ce projet de
loi avec grande facilité, mais que si les principes étaient
inclus dans le projet de loi, on ferait une bataille à finir. C'est
aussi clair que cela. On a jugé bon d'enlever les principes, la loi a
été votée. Prenez le journal des Débats pour plus
de rapidité.
Qu'on ait dit dans le livre bleu, M. le Président, et qu'on
l'interprète comme on voudra, que la régie aurait pu avoir tel ou
tel pouvoir, qu'on ait répété à Sherbrooke,
à Jonquière, dans le Bas-du-Fleuve, dans Saint-Maurice, à
Montréal, que la régie aurait le droit d'acheter des parts
communes dans une société d'assurances, cela a seulement
l'importance que le ministre veut bien lui accorder.
Il y a des gens qui parlent tout le temps, qui parlent partout et, quand
c'est le temps de parler, qui ne parlent plus. C'est exactement ce qui est
arrivé. A l'Assemblée nationale, c'était le temps de
parler, mais dans le projet de loi 67, il n'y a absolument rien qui donne ces
pouvoirs à la régie et encore moins dans la loi 49.
A l'Assemblée nationale, on a étudié le projet de
loi 67 tel quel. Le discours que Mme le ministre nous a fait tout à
l'heure, c'était un excellent discours en deuxième lecture pour
une loi qui aurait été apportée et qui aurait donné
le pouvoir à la régie d'étatiser les
sociétés d'assurances. C'est cela la vérité.
Quand on essaie de démontrer une similitude avec les arguments
apportés pour ne pas commencer à étudier le projet de loi
à l'article 74, vous n'avez qu'à relire le journal des
Débats pour constater que les raisons pour lesquelles cette motion a
été apportée et les raisons pour lesquelles l'Opposition
l'a rejetée n'avaient rien à voir avec la motivation et les
raisons qui nous ont amenés à apporter la motion qu'on
étudie dans le moment, absolument pas.
Si on a apporté cette motion et si on veut passer à
l'article 200, c'est qu'il n'y a aucune relation entre les articles qui le
précèdent et les articles 200 à 205. C'est un projet de
loi nouveau qu'on nous a inséré dans une brique d'amendements,
c'est cela la vérité.
M. Paquette: Puis-je vous poser une question, M. le
Président?
M. Saint-Germain: Ah oui! on en voit beaucoup.
M. Paquette: Si ces articles n'ont aucune relation avec le reste,
pourquoi ne les a-t-on pas étudiés le 16 novembre? On aurait pu
le faire.
M. Roy: Cela n'a aucune relation avec le projet de loi.
M. Saint-Germain: Cela n'a aucune relation avec le projet de
loi.
M. Paquette: Si c'est vrai ce que vous dites, on aurait pu le
faire le 16 novembre.
M. Saint-Germain: Pour quelle raison n'est-ce pas dans le projet
de loi 67? Est-ce qu'on l'a oublié? Est-ce qu'on l'a fait parce qu'on a
voulu le faire? Je ne le sais pas. N'importe quelle raison peut être
invoquée. Peut-être que, comme le gouvernement ne sait pas
planifier ses législations et qu'il nous présente des
législations en amateur, il a oublié des articles. C'est bien
possible. Probablement que c'est cela qui est arrivé.
M. Paquette: J'ai l'impression que vous vous plaignez parce que
c'est trop bien planifié.
M. Saint-Germain: II reste que le principe de l'assurance
automobile et celui de donner le pouvoir à la régie d'acheter des
parts communes au niveau des compagnies d'assurances, cela ne se ressemble pas
du tout. Ce sont deux principes différents que de
légiférer sur le projet de loi 67 et modifier la loi 49. Cela n'a
aucune relation possible.
Le Président (M. Bertrand): Madame, messieurs...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Vous désirez encore
intervenir, M. le député de Jonquière? Je
m'apprêtais à mettre la guillotine sur ce débat...
M. Vaillancourt (Jonquière): Allez-y.
Le Président (M. Bertrand): ... considérant que
nous étions tellement entrés dans le fond de ce qui va nous
concerner d'ici quelques minutes, je me disais qu'il était sans doute
préférable d'y aller tout de suite.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord, M. le
Président.
M. Lalonde: Appel nominal.
M. Fontaine: M. le Président, j'aurais simplement une
question à poser avant.
Le Président (M. Bertrand): Allez-y donc, M. le
député de Nicolet-Yamaska, nous ne sommes pas à une
question près.
M. Fontaine: Etant donné que le gouverne- ment et le Parti
québécois avaient manifesté différentes intentions
durant la campagne électorale surtout et qu'on avait, à ce
moment-là manifesté l'intention de nationaliser purement et
simplement les compagnies d'assurances, le ministre peut-il nous dire
aujourd'hui si on doit considérer cette intention comme faisant partie
d'un projet de loi qui viendrait prochainement?
Mme Payette: Je vais vous faire la même réponse que
j'ai faite aux autres personnes qui ont posé cette question au cours des
derniers mois. Je ne peux pas préjuger des décisions du
gouvernement en 1987, qu'il soit du Parti québécois ou d'un autre
parti, mais ce que je peux voir devant ce gouvernement me fait répondre
non.
Une Voix: II faut revenir un peu plus tard.
Le Président (M. Bertrand): On demande...
Mme Payette: L'étatisation.
Mise aux voix
Le Président (M. Bertrand): ... l'appel nominal sur le
vote qui va maintenant être pris sur la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys qui se lit comme suit:
Que l'étude des articles 21 à 199 inclusivement soit
suspendue et que l'on aborde immédiatement l'étude de l'article
200.
M. Beauséjour?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Perron?
M. Perron: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gagnon?
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gosselin? M. Laberge?
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Grenier n'est pas
là. M. Lalonde?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Paquette?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Giasson?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lefebvre?
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Marquis?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette?
Mme Payette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Fontaine?
M. Fontaine: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt?
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour. M. Paquette: II
faut avoir l'unanimité.
Le Président (M. Bertrand): Pour, 15, contre aucun. Cette
motion est adoptée à l'unanimité.
M. Lalonde: C'est long à les convaincre. Mme Payette:
Quelle belle institution!
Le Président (M. Bertrand): J'appelle donc l'article
200.
Mme Payette: ... depuis 11 heures, ce matin. M. Saint-Germain:
M. le Président...
M. Beauséjour: Est-ce que le ministre ne pourrait pas
expliquer avant...
M. Lalonde: Avant, il y aurait une question...
Le Président (M. Bertrand): J'appelle donc
l'article...
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, nous n'avons pas caché
notre intention, au contraire, depuis le début ce matin, de
présenter une motion pour le re- trait des articles 200 et 205. Ma
demande de directive est la suivante: Est-il maintenant le moment de poser
notre motion de retrait avant même qu'on le lise ou doit-on laisser le
ministre lire cet article 200? Est-ce qu'après cela, notre motion sera
aussi recevable, sans préjuger de la décision?
Le Président (M. Bertrand): Comme il s'agit d'un nouvel
article, puisque c'est un amendement apporté par Mme le ministre au
projet de loi no 67 et que cet amendement consiste en l'addition d'un article,
l'article 200, et comme tous les amendements déposés,
distribués aux membres de la commission parlementaire comme je
l'ai dit à plusieurs reprises sont considérés comme
faisant partie ipso facto du projet de loi, à ce moment, je dois
demander au ministre de présenter le nouvel article 200, à la
suite de quoi nous verrons ce que nous devons en faire.
Remplacement de l'article 2
de la Loi constituant la Régie
de l'assurance automobile du Québec
Mme Payette: M. le Président, l'article 200 se lit comme
suit: "L'article 2 de la loi constituant la Régie de l'assurance
automobile du Québec 1977, chapitre insérer ici le
numéro de chapitre du projet de loi no 49 sanctionnée le
26 août 1977, est remplacé par le suivant: La régie a pour
fonction: a) d'appliquer le régime d'indemnisation des victimes de
dommages corporels prévu par la Loi sur l'assurance automobile
insérer ici l'année et le numéro de chapitre du
présent projet de loi no 67 ; b) d'administrer le fonds
d'indemnisation constitué en vertu de la Loi sur l'assurance automobile
et exercer pour le compte de ce dernier les droits et les obligations qui lui
incombent en vertu de ladite loi. "2- Aux fins prévues au paragraphe 1,
la régie peut: a) mener des études sur les moyens de favoriser la
réadaptation des victimes; b) acquitter, dans la mesure prévue
par la Loi sur l'assurance automobile, les demandes d'indemnités qui
peuvent lui être présentées en vertu de ladite loi; c)
recouvrer les indemnités qu'elle est appelée à verser
lorsque ladite loi le prévoit; d) intervenir dans toute action
résultant d'un accident causé par une automobile; e) transiger ou
faire des compromis avec les réclamants; f) par elle-même ou par
une personne qu'elle désigne, enquêter sur toute matière de
sa compétence, à ses fins, la régie et toute personne
qu'elle désigne, sont investies des pouvoirs et des immunités des
commissaires nommés en vertu de la Loi des commissions d'enquêtes.
Statuts refondus 1964, chapitre 11. "Avec l'autorisation du gouvernement, la
régie peut conclure avec la Commission des accidents du travail du
Québec, constituée en vertu de la Loi des accidents du travail,
Statuts refondus 1964, chapitre 159, tout accord et tout contrat de service aux
fins de déléguer à cette dernière certaines
fonctions reliées aux demandes d'indemnisation pour dommages corporels,
pouvant être présentées en vertu de la Loi sur l'assurance
automobile.
La régie a également pour fonction d'administrer tout
autre régime ou programme que la loi ou le gouvernement lui confie."
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Avez-vous des notes
explicatives, Mme le ministre, avant?
Mme Payette: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. le
député de Rosemont, vous demandez une directive?
M. Paquette: J'ai une directive à vous demander.
J'aimerais savoir, étant donné que cet amendement arrive
après l'adoption en deuxième lecture, même s'il fera partie
du projet de loi comme motion principale, s'il est recevable. Est-ce qu'il est
contraire au principe du projet de loi? Est-ce que vous devez vous prononcer
là-dessus pour que nous commencions à l'étudier?
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): Avant, je vais répondre
au député de... Parce que là, nous allons entrer...
M. Lalonde: Mais ma question de règlement a trait à
la demande...
Le Président (M. Bertrand): ... va aller dans le
même sens, mais simplement une petite indication au député
de Rosemont...
M. Paquette: Une directive.
Le Président (M. Bertrand): ... avant de partir. Quand le
ministre présente des amendements au projet de loi dont elle est
responsable, je l'ai souvent dit, ces amendements font partie, ipso facto, du
projet de loi. Cependant je me rappelle bien avoir dit aussi, à
l'occasion de cette décision que j'avais rendue, qu'il pouvait arriver
qu'un membre de la commission soulève un débat sur la
recevabilité d'un tel amendement ou d'un tel article nouveau. A ce
moment-là, je devrais, comme président, entendre les remarques
que ces personnes voudraient faire quant à la recevabilité d'un
tel amendement.
M. Paquette: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier avait demandé la parole. M. le député.
Motion pour le retrait de l'article 200
M. Saint-Germain: Oui. Je ne voudrais pas, M. le
Président, reprendre tout ce qui a été dit cet
après-midi. Vous ne serez certainement pas sur- pris si je fais une
motion qui se lit comme suit: "Je propose le retrait des articles 200 à
205 inclusivement ".
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je ne
voudrais pas faire de la procédure à ce stade-ci mais puisque
nous en sommes à l'article 200, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que la
motion du député de Jacques-Cartier se réfère
à l'article 200, quitte, par la suite, à voir quelle sera la
décision pour notre attitude sur les articles 201, 202, 203 et 204?
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, si ça pouvait...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, ce n'est pas une
question de règlement, c'est une question...
Le Président (M. Bertrand): Non, d'accord, mais je laisse
au député de Marguerite-Bourgeoys le soin d'enchaîner.
M. Lalonde: ... Si cela pouvait rassurer la commission ou la
présidence, on n'a pas d'objection à revenir avec une motion de
retrait pour chaque article, s'il faut se conformer au règlement de
cette façon-là.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
Indépendamment de la recevabilité ou de la
non-recevabilité de la motion présentée par le
député de Jacques-Cartier, je préférerais,
effectivement, qu'elle soit libellée en faisant référence
uniquement à l'article 200, puisque c'est le seul article devant lequel
nous sommes placés à l'heure actuelle, si le député
de Jacques-Cartier n'y voit pas d'objection.
M. Saint-Germain: Non, je n'y vois pas d'objection, en principe.
Seulement, vu que les raisons que nous apporterons pour le retrait de chaque
article seront les mêmes, j'avais cru que, de cette façon, on
pourrait limiter le débat à une seule motion, M. le
Président. Mais si vous le jugez autrement, libre à vous.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, une
directive. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, avant de parler de la
recevabilité de l'amendement du député de Jacques-Cartier,
de savoir, de votre part, si vous acceptez... Je pense que le
député de Jacques-Cartier n'a pas soulevé la question de
la recevabilité de la motion principale de Mme le ministre, il a tout
simplement proposé une motion de retrait de l'article 200. Alors, est-ce
que je dois comprendre que...
M. Paquette: II faut dire qu'elle est recevable. Le
Président (M. Bertrand): ... d'abord...
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, c'est ça. Est-ce
que l'amendement est reçu? Par la suite, il y aura la motion...
Le Président (M. Bertrand): C'est ça.
M. Lalonde: II y a peut-être une question pertinente
là-dessus...
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Paquette: Oui, c'est très pertinent.
M. Lalonde:... à savoir est-ce qu'on ne devrait pas savoir
si elle est recevable avant de la retirer?
Le Président (M. Bertrand): Alors, madame, messieurs, je
voudrais, ayant que nous n'entamions ce débat qui sera
nécessairement un débat de procédure, n'en déplaise
aux néophytes...
Mme Payette: ... M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Oui. ... simplement dire ceci,
et là, je dois faire amende honorable. J'ai rendu une décision
plus tôt, au cours de cette séance, sur une motion
présentée par le député de Jacques-Cartier qui
demandait que soient retirés les articles 200 à 205
inclusivement. J'avais dit, à ce moment-là, parce que nous en
étions à l'étude de l'article 21, que je devais juger
irrecevable cette motion parce qu'elle était
prématurée.
Je n'ai pas les galées devant moi et je crois, par contre, me
souvenir que j'avais indiqué, d'un même souffle parfois, on
a trop d'air dans les poumons; il faudrait en retenir un peu que cette
motion pouvait être jugée recevable, pourrait être
jugée recevable...
M. Lalonde: Sera...
Le Président (M. Bertrand): Sera et pourra être
jugée recevable.
M. Lalonde: On a de la mémoire.
Le Président (M. Bertrand): J'en ai une aussi. Je ne suis
pas encore sénile. Et à cause de cela, il s'agirait simplement de
procéder à l'adoption d'une motion ayant trait à la
suspension des articles 21 à 199 et par la suite, cela deviendrait,
à toutes fins pratiques, automatique qu'une telle motion de retrait d'un
article puisse être faite très facilement.
A ce moment-ci je pense que c'est très important pour le
journal des Débats, surtout pour les futurs présidents qui auront
à travailler à des commissions parlementaires, je pense au
député de Jonquière, je pense à d'autres personnes
qui pourraient convoiter un tel poste je pense qu'il serait important
que j'indique immédiatement que la procédure de retrait d'un
article n'est pas reconnue comme telle par nos règlements.
Là-dessus, j'ai dû, au cours de l'heure du dîner, faire un
certain nombre de recherches et mener un certain nombre de consultations pour
apprendre que nous sommes soumis à un certain nombre de règles.
Je pense en particulier au règlement no 70: "Un amendement doit se
rapporter directement au sujet de la motion proposée et il ne peut avoir
que les objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par
d'autres. Il est irrecevable, si son effet est d'écarter la question
principale sur laquelle il a été proposé." Je fais valoir
que la question principale sur laquelle un amendement est proposé, dans
le cas d'un article, c'est l'article lui-même. Dans le cas qui nous
concerne je fais immédiatement la nuance il ne s'agit pas,
à proprement parler, d'une motion d'amendement. Il s'agit d'une motion
de retrait. En d'autres mots, on ne veut pas considérer la question qui
est devant nous, on veut l'écarter. Dans ce sens, on pourrait
jusqu'à un certain point arguer que la motion de retrait est une motion
dont l'effet final est d'écarter la question principale qui nous est
soumise, à savoir l'article 200.
Pour éclairer davantage ma lanterne, je suis retourné au
règlement qui avait cours à l'Assemblée nationale,
règlement publié sous la direction de l'honorable Bernard
Bissonette, orateur de l'Assemblée législative, 1941. A l'article
566: "Un comité plénier peut apporter n'importe quel amendement
à un bill public pourvu que cet amendement se rattache au sujet du bill
ou soit conforme à des instructions spéciales, etc." et dans les
notes qui apparaissaient au bas des pages, il y en avait une, la note no 7, qui
citait des auteurs, May, Campeau et autres et qui disait: "II est
irrégulier de proposer de rayer un article en entier. Quand on veut
qu'il soit rayé, on vote contre son adoption."
Me servant donc de l'article 70 de nos règlements,
explicité par les anciens règlements, surtout par l'article 566,
et mieux explicité encore par les notes au bas des pages faisant
référence à certaines interprétations par trois
auteurs sur le retrait ou la radiation d'un article, dans les circonstances, je
pense que je dois nuancer et c'est le moins que je puisse faire parce
que c'est quand même les futurs présidents qui seraient pris dans
un piège très délicat es propos que j'avais tenus
selon lesquels on peut tout de go balancer un article, proposerson retrait, le
rayer tout simplement du projet de loi.
Cependant, ceci étant dit, il peut y avoir un débat sur la
recevabilité de l'amendement amené par le ministre, d'autant plus
que cet amendement constitue un nouvel article et, dans ce contexte-là,
un président est toujours bienvenu de solliciter les avis des membres de
la commission, surtout quand les membres de la commission qui ont des
inquiétudes manifestent le désir de les exprimer. Dans ces
conditions je pense que cela répond aux préoccupations
exprimées par le député de Rosemont, par le
député de Marguerite-Bourgeoys et par le député de
Jacques-Cartier dans ces conditions, je fais donc amende honorable pour
une décision que j'ai rendue précédemment et qui pouvait
vraiment porter préjudice à certaines attitudes qui pourraient
être prises par la suite par d'autres présidents sur le retrait
d'un article. Mais, pour autant, cela n'empêche pas qu'il puisse y avoir
un débat sur la recevabilité et évidemment, par la suite,
la possibilité de voter contre un article. M. le député de
Jonquière avant...
M. Paquette: M. le Président, une directive, s'il vous
plaît. C'est parce que c'est préalable. Si le député
me le permet, c'est vraiment préalable.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Paquette: Indépendamment de la recevabilité de
la motion du député de Jacques-Cartier qui a pour effet de biffer
l'article 200, est-ce que je dois conclure, M. le Président, que,
puisque, et aucun député autour de cette table n'a
contesté l'amendement du ministre, cet article est donc
re-cevable...
M. Lalonde: Non.
M. Paquette: ... et devant nous pour étude? C'est ce que
j'aimerais savoir.
M. Lalonde: Non.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, j'ai été là-dessus assez clair tantôt.
J'ai dit: J'appelle l'article 200, parce qu'il y a un article devant nous. Cet
amendement est considéré comme faisant partie du projet de loi
ipso facto. Cela fait partie de nos traditions; de la même façon
que je pourrais recevoir lecture d'une motion d'amendement ou d'une motion de
suspension, quelle qu'elle soit, la lire, même permettre quelques
explications et ensuite procéder à un débat sur la
recevabilité. Je pourrais le faire pour n'importe quelle motion
présentée. Dans le fond, l'article 200 est une motion. C'est une
motion du ministre responsable en vue d'adopter l'article 200.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'avant de
débattre... Simplement pour que ce soit bien clair dans mon esprit, ce
ne sera pas long...
M. Lalonde: M. le Président.
M. Saint-Germain: M. le Président.
M. Paquette: Donc, avant de débattre une motion relative
à l'article 200, s'il n'y a aucun député qui
soulève une question de non-recevabilité de l'article 200 tel que
proposé par le ministre, à ce moment-là, on pourra
considérer qu'on l'a devant nous et on pourra en discuter et l'amender
au besoin. D'accord.
Le Président (M. Bertrand): C'est évident.
M. Lalonde: M. le Président, je veux vous annoncer
déjà que nous avons des questions sur la recevabilité.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, mes
propos seront divisés en deux parties. Premièrement, pour
corroborer, en fait, l'amende ho- norable que vous avez faite, car je voulais
justement vous citer, si vous nous aviez laissé parler sur la
recevabilité, non seulement l'article 566 de l'ancien règlement,
notes 7 et 8, non seulement l'article 70 du présent règlement,
mais également des décisions rendues tout récemment,
particulièrement à la commission de l'éducation
chargée d'étudier la loi 101, et plus particulièrement
celle du 4 août 1977 rapportée à la page 1707, no 160, du
journal des Débats. M. le Président, je pense que votre
décision sera un bon guide pour les présidents qui auront
à se prononcer à l'avenir sur ces sujets. Sur la
recevabilité, M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Pour l'instant, la
recevabilité n'a pas été encore officiellement mise de
l'avant, ou l'irrecevabilité n'a pas encore été mise de
l'avant. Je pense que le député... Oui, pas officiellement. Le
député de Jacques-Cartier veut-il parler sur ce sujet?
M. Saint-Germain: Je ne veux pas, M. le Président, prendre
la parole sur la recevabilité de mon amendement. Mais je veux bien vous
demander une directive, car, en entendant lire vos notes, j'ai cru comprendre
que cela ne concordait pas avec... Je ne vous blâme pas de
l'interpréter comme tel, mais ce n'était pas là,
nécessairement, le sens de ma motion. Vous savez pertinemment, avec les
débats, qu'on a eus antérieurement, que le sens de ma motion veut
que je considère cet article comme étant inclus d'une
façon non régulière dans les articles qu'on a à
étudier par ordre de l'Assemblée nationale.
C'est cela qu'on demande. Considérant qu'elle est incluse d'une
façon irrégulière, nécessairement, je ne
considère pas que je peux la modifier, je veux simplement
l'éliminer.
Ma directive serait, vu que je vous exprime ce que j'entendais faire
avec ma motion, je vous laisserais bien la liberté de la modifier, si
vous le croyez à propos.
Le Président (M. Bertrand): Non seulement je la modifie,
M. le député de Jacques-Cartier, mais je la retire, parce que je
crois qu'elle ne peut pas être débattue dans cette forme à
cause des précautions que j'ai voulu prendre et que je n'avais pas
prises là-dessus j'ai voulu être très clair
au moment où j'en avais discuté à la séance de ce
matin.
Pour cette raison, la façon de rejoindre votre objection qui est,
à toutes fins pratiques, de ne pas vouloir discuter de cet article 200,
c'est à ce moment-ci d'en contester la recevabilité et je pense
que c'est ce que s'apprêtait à faire le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, tout d'abord, j'aimerais, en
préambule, vous demander votre indulgence en ce qui concerne la question
débattue. Il s'agit d'une question importante, qui fait appel à
des principes fondamentaux de notre droit parlementaire et qui peut
peut-être prendre un peu plus de temps. Je vous inviterais même
à faire excep-
tion à la tradition de nos commissions parlementaires en vertu de
laquelle le président décide de n'accepter qu'une intervention de
chaque parti. Je laisse ça à votre bon jugement.
Le Président (M. Bertrand): Et au consentement des membres
de la commission, ce qui me faciliterait la tâche.
M. Lalonde: Deuxièmement, je voudrais aussi, en
préambule, vous dire que je ne vous tiens pas rigueur du tout, au
contraire, d'avoir fait ce que vous appelez amende honorable, très
modestement. Vous auriez pu simplement dire que vous précisiez une
décision que vous aviez déjà rendue et je vous remercie
des précisions que vous nous avez données.
Ceci dit, je pense que, dans votre mise au point, plutôt qu'amende
honorable, j'aimerais souligner un écueil, c'est celui de
l'interprétation de la question principale. Je fais
référence à l'article 70, deuxième paragraphe, qui
parle d'un amendement. Il est irrecevable, si son effet est d'écarter la
question principale. Dans vos propos, j'ai cru comprendre que vous
considériez l'amendement de Mme le ministre comme la question
principale. Je ne peux vous en blâmer pour les fins pour lesquelles vous
avez rendu votre décision.
Mais je pense qu'il faut quand même être très clair
là-dessus. Aussi longtemps que l'amendement n'est pas accepté,
reçu par la présidence, même si, de plein consentement
unanime, au début de nos travaux, nous avons convenu que les amendements
de Mme le ministre seraient des motions principales pour les fins des
délibérations, ça ne peut être une question
principale qu'une fois reçu.
L'article 200, pour discuter de sa recevabilité, il faut le lire,
on l'a lu et on s'aperçoit qu'on amende, par cet article, une loi, la
Loi constituant la Régie d'assurance automobile du Québec. Cette
loi n'est pas amendée par le projet de loi no 67. C'est par amendement,
après la deuxième lecture, que, tout à coup, on modifie la
Loi de l'assurance automobile.
Il y a une règle, et je devrai en appeler à l'ancien
règlement, qui dit qu'un amendement ne peut quand même se
rapporter qu'au principe adopté lors de la deuxième lecture et,
en aucune manière, je ne peux voir dans le projet de loi 67, tel
qu'adopté, en deuxième lecture, quelque principe que ce soit,
établissant que la Loi sur la Régie de l'assurance automobile
puisse être modifiée.
Non seulement cela, mais le titre même du projet de loi doit
couvrir tout le contenu de la loi. Je fais référence à
l'article 541 de l'ancien règlement qui dit: Le titre d'un bill public
doit en couvrir tout le contenu.
Ainsi, si on avait eu l'intention d'inclure un principe à l'effet
que la loi de la régie de l'assurance automobile devait être
amendée, on verrait, dans le titre, non seulement: Projet de loi 67, loi
sur l'assurance automobile, mais, amendant la Loi constituant la régie
de l'assurance automobile, quel que soit le titre.
Je vous mentionne aussi l'article 546, l'ancien règlement: Un
bill public ne peut être présenté qu'avec le titre sous
lequel il est désigné dans l'ordre d'autorisation et il ne doit
contenir aucune disposition étrangère à ce titre; ceci
pour étayer l'argument que je viens de vous présenter.
A l'article 548, nous avons un autre argument qui est à
l'encontre de la recevabilité de cet amendement. Nous nous souvenons,
à moins d'erreur, que, lorsque le ministre a présenté son
discours en deuxième lecture, elle a lu un petit message du
lieutenant-gouverneur disant que ce bill avait été accepté
ou autorisé.
C'est l'usage, non seulement l'usage mais l'exigence de notre droit
parlementaire, de nos lois applicables, à l'effet qu'aucun projet de loi
qui exige des dépenses publiques, qui engage des deniers publics, ne
peut le faire, à moins d'avoir cette autorisation.
Or, si vous vous référez à l'article 548 de
l'ancien règlement, vous voyez... Je peux lire le début,
quoiqu'il est moins pertinent: Quand un bill public a pour objet direct et
principal l'exécution de quelques travaux publics à l'occasion de
quelques subventions, etc., il ne peut être présenté
qu'après qu'une résolution, ayant le même objet, a
été recommandée par le lieutenant-gouverneur, prise en
comité plénier et agréée par la Chambre.
M. le Président, à la note 6 qui réfère, en
bas de la page 160 de l'ancien règlement de L.P. Geof-frion, vous voyez
que les disposition d'un bill, qui sont sujettes à la recommandation du
lieutenant-gouverneur, sont nulles et sans effet si elles n'ont pas
été recommandées, conformément à l'article
548, paragraphe 1.
Le troisième paragraphe de l'article 549 dit: Les dispositions
qui doivent être recommandées par le lieutenant-gouverneur, et
celles-là seules, sont imprimées entre doubles crochets, dans le
bill présenté, et elles sont censées ne pas en faire
partie, tant qu'elles n'y ont pas été incorporées.
Ceci pour dire, M. le Président, que toute disposition, que ce
soit par amendement ou dans le projet de loi principal, qui engage des fonds
publics, doit être autorisée au préalable par le
lieutenant-gouverneur, et nous n'avons pas eu, quant à cet amendement
particulier, et qui sera encore plus pertinent, je l'avoue, quant à
l'article 201, cette autorisation. Il est quand même pertinent pour
l'article 200, si on se réfère au paragraphe 2, paragraphe b),
qui donne à la régie le pouvoir d'acquitter, dans la mesure
prévue par la loi sur l'assurance automobile, les demandes
d'indemnité.
Donc il y a sûrement là dépenses, engagement de
fonds publics et le sous-paragraphe e) "de même transiger ou faire des
compromis avec les réclamants", le sous-paragraphe d) "intervenir dans
toute action résultant d'un accident causé par une automobile".
Enfin tout ce qu'on propose d'autoriser à la régie dans ce
paragraphe 200 engage les fonds publics et n'ayant pas été
présent dans le projet de loi 67 qui nous a été
présenté, qui a été adopté en
première lecture, qui a été adopté en
deuxième lecture, je pense
que le ministre est inhabile actuellement à présenter un
amendement qui va engager des fonds publics sans avoir eu, au préalable,
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil.
Je pourrais aussi vous citer des autorités, Sir Barnett
Cocks.
M. Vaillancourt (Jonquière): Comment s'appelle-t-il?
M. Lalonde: Sir Barnett Cocks. A la page 551 il faudrait
que je vous dise naturellement l'édition, la 17ème édition
de 1964 on lit: "Amendments or new clauses creating public charges
cannot be proposed if no money resolution or ways and means resolution has been
passed or if the amendment or clause is not covered by the terms of the
resolution."
Il y a une résolution. Mme le ministre en a fait état au
tout début de son discours de deuxième lecture, mais non pas pour
couvrir cet amendement qui arrive, tout nouveau, jamais même
soupçonné lors du dépôt du projet de loi.
Pour ces raisons en particulier, je crois que l'amendement
proposé par l'article 200 ne peut être accepté, ne peut
même pas être considéré par notre commission
parlementaire, actuellement. C'est un nouveau projet qui entraîne des
dépenses publiques, qui engage des fonds publics et qui doit tout
d'abord, au préalable, être autorisé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, ce qui nous rend tout à fait
inhabiles, c'est-à-dire que l'absence de cette autorisation nous rend
tout à fait inhabiles. Cela montre jusqu'à quel point quand
même toute l'économie de notre droit parlementaire a une
logique.
On a un mandat de l'Assemblée nationale. L'Assemblée
nationale nous a donné un mandat d'étudier, article par article,
le projet de loi no 67 qu'on peut amender naturellement, comme le
règlement nous autorise à le faire, mais l'Assemblée
nationale ignore ce qu'on fait actuellement, on le sait. Souvent le
président de l'Assemblée nationale dit: Je n'ai aucune
connaissance, ni judiciaire, ni juridique, ni légale de ce qui se passe
en commission, jusqu'au rapport. Peut-être qu'on pourrait décider
ici ce soir de faire rapport immédiatement à l'Assemblée
nationale pour qu'à un moment donné, à une autre
étape, l'Assemblée nationale, étant saisie une
deuxième fois de ce projet, le gouvernement décide de quelle
façon traiter ce nouveau projet de loi que constituent les articles 200
à 205. Mais ici nous avons eu le mandat d'examiner le projet de loi 67,
article par article, autorisé par le lieutenant-gouverneur en conseil en
ce qui concerne les dépenses. Mais cela ne peut concerner la
Régie de l'assurance automobile parce qu'on n'en parle pas dans le
projet de loi, sauf pour y référer dans les définitions,
pour dire qui l'administre, mais pas dans la Loi constituant la Régie de
l'assurance automobile.
Ce sont les principales raisons qui, je crois, militent en faveur du
rejet par la présidence. J'attire votre attention sur le fait que c'est
une question assez inusitée, importante. Je sais que vous avez toujours
fait preuve d'une grande sagesse. Je ne dis pas cela par flagornerie. Vous avez
toujours motivé vos décisions. Qu'on soit d'accord ou non, au
moins, on sait pourquoi.
Je pense que c'est une décision qui peut faire jurisprudence
parce que si on acceptait que le gouvernement procède ainsi dans un
projet de loi par amendement après la deuxième lecture, amender
une loi complètement différente, on se trouverait, en commission
parlementaire, à court-circuiter l'Assemblée nationale qui est
quand même notre maîtresse, notre maître, si on
préfère, et qui...
Le Président (M. Bertrand): ... sexuelle est permise
là-dedans.
M. Lalonde: ... de qui on tient un mandat bien précis. On
ne peut pas aller au-delà de notre mandat. On irait au-delà de
notre mandat de considérer cet amendement.
Le Président (M. Bertrand): Bien, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je vous remercie. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, je ne voudrais pas reprendre
tous les arguments qui ont été apportés par le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je pense que je dois souscrire
à ces arguments d'emblée. Ce sont des arguments fort
sérieux, et suite à une recherche passablement poussée, je
voudrais tout simplement vous apporter des arguments simples que j'ai pris dans
notre propre règlement. Je dois vous dire tout d'abord qu'avec cet
article 201 qui nous est proposé...
Une Voix: 200.
M. Fontaine: 200, pardon. Nous faisons référence
à deux projets de loi bien différents. Il y a tout d'abord le
projet de loi 67 qui... Deux projets de loi différents qui apportent des
principes différents et qui ont été adoptés. L'un a
été adopté et sanctionné, soit le projet de loi 49,
et l'autre est à l'étude, article par article, après la
deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Si on se
réfère aux notes explicatives du bill 47, au tout début,
on s'aperçoit que les principes de ce projet de loi...
Le Président (M. Bertrand): 49, M. le
député.
M. Fontaine: Pardon?
Le Président (M. Bertrand): 49 ou 67?
M. Fontaine: 67.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez dit 47; c'est
simplement pour le journal des Débats.
M. Fontaine: Je m'excuse, c'est 67. Au tout début des
notes explicatives, on décrit les principes du projet de loi 67 et je
cite: "Ce projet de loi vise l'instauration au Québec d'un régime
d'in-
demnisation des personnes lésées à raison de
dommages corporels causés par une automobile, et met à la charge
de la Régie de l'assurance automobile du Québec l'administration
d'un fond d'indemnisation des personnes lésées à raison
d'un dommage matériel causé par une automobile, lorsque la
personne responsable du dommage est inconnue, n'est pas assurée, n'est
pas assurée suffisamment ou est assurée auprès d'un
assureur insolvable."
M. le Président, ce sont là les principes du projet de loi
67. Si on regarde le projet de loi 49, on nous dit: "Ce projet de loi pourvoit
à la constitution et à l'organisation d'un organisme
désigné sous le nom de Régie de l'assurance automobile.
Cet organisme a pour fonction d'élaborer et de mettre en place les
mécanismes administratifs requis: a) Pour l'instauration d'un
régime d'indemnisation universelle pour les personnes
lésées à raison d'un dommage corporel causé par une
automobile, b) Pour la prise en charge par la régie d'un fonds
d'indemnisation des personnes lésées à raison d'un dommage
matériel causé par une automobile lorsque la personne responsable
du dommage est inconnue, n'est pas assurée, n'est pas assurée
suffisamment ou est assurée auprès d'un assureur insolvable."
M. le Président, on peut voir que ces deux textes ont une
certaine ressemblance et visent à peu près les mêmes buts.
Je ne vois aucunement là-dedans les nouveaux principes qui sont
visés par l'adoption des articles 200 et suivants tels qu'amendés
par le ministre. On doit également se référer à
notre règlement, parce qu'à la suite de l'adoption d'un projet de
loi en deuxième lecture, c'est-à-dire lorsqu'on étudie un
projet de loi en deuxième lecture, on discute seulement des principes
des projets de loi. Chaque fois qu'on déroge à la discussion de
ces principes, le président de l'Assemblée nationale est toujours
là pour nous rappeler à l'ordre et pour nous dire: M. le
député, vous devez revenir sur les principes. Vous n'avez pas le
droit de parler de modalités d'application ou de tel article, en
particulier. On nous rappelle à la pertinence du débat.
Or, l'article 200 tel que proposé ne se réfère pas
au principe dont j'ai fait la lecture tout à l'heure.
Bien au contraire, il ajoute un autre principe qui n'avait pas
été discuté à l'Assemblée nationale en
deuxième lecture et, lorsqu'on ajoute un principe, il aurait
nécessairement fallu le discuter en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale et, à ce moment-là, tous les membres
de l'Assemblée nationale auraient pu et auraient eu l'occasion de
s'exprimer sur ce principe. Or, si on l'adopte en commission parlementaire ici,
cela veut dire qu'on passe outre au pouvoir des législateurs qui leur
permettrait de discuter de cet amendement, qui apporte un principe nouveau.
C'est sans doute pour ces raisons, M. le Président, que ceux qui
ont rédigé le nouveau code qu'on appelle le Code Lavoie, ont fait
appel à des articles comme l'article 154, paragraphe 2, où il est
dit: "La commission peut amender un projet de loi pourvu que l'amendement ne
soit pas étranger à l'objet du projet et qu'il ne s'oppose pas
aux principes affirmés en deuxième lecture".
Or, M. le Président, si on considère que l'amendement, tel
que proposé, ajoute un nouveau principe, c'est-à-dire qu'il en
ajoute plusieurs, à part de ça...
M. Vaillancourt (Jonquière): Les fonctions sont des
principes?
M. Fontaine: Non.
M. Paquette: Les fonctions de la régie.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord. Je voulais savoir
quel principe.
M. Fontaine: Par exemple, le principe d'autoriser le gouvernement
à conclure avec la Commission des accidents du travail,
constituée en vertu de la Loi des accidents du travail, à
conclure des ententes, c'est un principe, ça.
M. le Président, on autorise cette régie à conclure
des ententes. Or, M. le Président, la commission ne peut amender un
projet de loi lorsqu'on veut en modifier l'objet. La commission ne peut, non
plus, modifier, dans son principe, une proposition qui a déjà
été adoptée par l'Assemblée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Quel article?
M. Fontaine: C'est l'article 158.
M. le Président, je pense que si on veut, par le biais d'un
amendement, proposer des ajouts à un projet de loi et que ces ajouts
n'ont pas été discutés en deuxième lecture, je
pense qu'on fait tout à fait fausse route, qu'on passe outre aux
pouvoirs du législateur pour les conférer, ces pouvoirs, à
l'exécutif, qui s'appelle le gouvernement, puisqu'aucun membre de
l'Assemblée nationale n'aura l'occasion de discuter ces articles
à l'Assemblée nationale. A ce moment-là, bien que le
premier ministre l'a dit aujourd'hui, on n'aura pas d'autre choix que de voter
contre, tout simplement sans pouvoir donner notre opinion.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
Suite aux observations qui ont été faites, je pense qu'il
y a un point sur lequel j'aimerais attirer davantage votre attention, M. le
Président, puisque vous aurez une décision à prendre.
Je pense qu'il est important de se demander d'abord quel est le but de
la motion qui ajoute un nouvel article au projet de loi.
Après avoir entendu Mme le ministre tout à l'heure, il est
entendu que la première conséquence, le premier effet de la
motion d'amendement concernant ce nouvel article qui nous est proposé, a
pour objet d'amender la Loi constituant la Régie de l'assurance
automobile. C'est le but
pour lequel l'amendement et la motion ont été
présentés.
En aucune façon, dans ce projet de loi, même pas en
deuxième lecture, ni à l'Assemblée nationale, il n'a
été fait mention, il a été question de la
portée du projet de loi qui a été soumis par
l'Assemblée, que ce projet comportait des dispositions en vue d'amender
la Loi de la Régie de l'assurance automobile. Le projet de loi pour
lequel nous avons reçu un mandat de l'Assemblée nationale ne
comportait que 192 articles.
On pourra peut-être dire que, dans un projet de loi il est normal
d'amender d'autres lois. On pourra apporter cet argument. Je dois dire que
c'est exact. Maisc'est là que c'est important c'est que,
lorsqu'un projet de loi amende d'autres lois, ce sont des amendements de
concordance pour permettre à la loi d'être appliquée et
d'être applicable.
On nous dit que cette loi ne change pas le principe puisqu'on conserve
l'assurance automobile. Je vais me servir d'un exemple. Si une loi pour assurer
le développement économique du Québec était
présentée devant l'Assemblée nationale et que, dans ce
projet de loi, il y ait trois objectifs bien précis: la stimulation, la
création d'emploi, la modernisation des entreprises et des subventions
devant être accordées aux entreprises pour lesquelles la loi
aurait été examinée en deuxième lecture et sur
lesquelles les différents partis qui composent l'Assemblée
nationale et les membres, tant ministériels que de l'Opposition,
auraient eu l'occasion de s'exprimer, si, de plus, en arrivant à la
commission parlementaire, les députés proposaient des amendements
pour augmenter le capital de la SDI et également pour assurer le
développement économique du Québec, personne ne nierait ce
grand objectif.
Mais qu'on touche à une autre législation, à un
autre objet, à une autre loi sur lesquels la Chambre ne se serait pas
prononcée et sur lesquels on n'aurait même pas attiré
l'attention de l'Assemblée nationale dans une telle
éventualité, et si cette attitude était adoptée par
une commission parlementaire, il est évident que tous les
députés de l'Assemblée, les députés de la
commission, pourraient invoquer l'article 158 du règlement qui dit, de
façon très claire et très précise: "Une commission
ne peut modifier, dans son principe, une proposition qui a déjà
été acceptée par l'Assemblée".
Or, c'est exactement ce qui est devant nous. Si cet article change le
principe de la loi no 67, il change également le principe même de
la loi 49, une autre loi, la Loi constituant la Régie de l'assurance
automobile.
Pour bien vous signaler que la motion qui est devant nous ne peut pas
être reçue, c'est que, la loi no 49 même, dans les notes
explicatives, on mentionne de façon très claire que cet organisme
a pour fonction d'élaborer et de mettre en place les mécanismes
administratifs requis: a) pour l'instauration d'un régime
d'indemnisation universelle pour les personnes lésées en raison
des dommages corporels causés par une automobile; b) pour la prise en
charge par la régie d'un fonds d'indemnisation des personnes
lésées, en raison de dommages matériels causés par
une automobile, lorsque la personne responsable du dommage est inconnue, n'est
pas assurée suffisamment ou est assurée auprès d'un
assureur insolvable. Ce régime d'indemnisation ne pourra toutefois
être mis en oeuvre, ni le fonds d'indemnisation créé que
suivant une autre loi qui en prévoira les principes et les
modalités. Ce sont tous les principes qu'il y avait dans la loi 49.
Jamais il n'a été question, lorsqu'on a
étudié la loi 49 en deuxième lecture, en commission
parlementaire, et lorsqu'on est revenu lors de l'adoption du rapport, l'examen
du rapport, de l'adoption du rapport, de l'étape de troisième
lecture, qu'on en est venu à discuter des amendements qui permettaient
à la régie de se porter acquéreur de gré ou par
expropriation d'une compagnie d'assurances. Il n'en a jamais été
question dans la loi 49 comme telle, en me basant sur les écrits, sur
les rapports qui ont été faits à l'Assemblée
nationale.
Or, M. le Président, cet amendement, en plus d'apporter un
élément complètement nouveau, complètement
étranger au projet de loi, aux objectifs précis du projet de loi
no 67 qui vise à la création d'un régime d'indemnisation
sans égard à la responsabilité pour les dommages
corporels, cet amendement va même plus loin, ajouter un principe au
projet de loi 67. Il ajoute un nouveau principe et il étend les pouvoirs
d'une autre législation, sans même que l'Assemblée
nationale n'ait été saisie de cette intention du gouvernement et
sans même que notre commission parlementaire n'ait été
mandatée pour examiner ce nouveau pouvoir que le gouvernement veut
donner à la régie.
Donc, M. le Président, nous ne sommes pas du tout
habilités à examiner cet article ou encore les articles qui
suivront, mais cet article surtout, parce que nous n'avons pas reçu un
mandat de l'Assemblée nationale à ce sujet.
De plus, M. le Président, nous serions même dans
l'illégalité puisque l'ouverture que cette motion, que ces
articles proposent au projet de loi, comportent des dépenses publiques,
comportent l'obligation pour le gouvernement..., comportent des implications
monétaires. Il n'y a pas eu de déclaration à cet effet et
si je me réfère aux dispositions de l'article no 566,
sous-paragraphe 10, dans le vieux règlement lorsque le nouveau
règlement est incomplet, on peut référer au vieux
règlement le sous-paragraphe 10 dit ceci: "Lorsqu'un
comité plénier procède à l'examen d'un bill, il est
irrégulier de proposer quelques dispositions qui doivent être
préalablement recommandées par le lieutenant-gouverneur." C'est
très clair. Ce qui ferait, M. le Président, que les travaux de
notre commission seraient dans l'illégalité la plus
complète. M. le Président, je pense que vous n'avez pas le choix.
Si on réfère seulement à l'article 158, c'est très
clair, c'est très précis.
L'honorable député de Marguerite-Bourgeoys vous a
apporté toute une série d'arguments tout à l'heure que je
n'ai pas à reprendre mais auxquels
je souscris. Il en est de même de mon collègue
député de Nicolet-Yamaska.
M. le Président, lorsque nous avons travaillé à la
préparation de ce règlement, le nouveau règlement, le Code
Lavoie, j'ai eu l'honneur, le privilège... Le Code Lavoie, d'ailleurs je
tiens bien à donner à M. Bonenfant ce qui lui revient; il a fait
un excellent travail, un travail extraordinaire pour la rédaction de ce
Code Lavoie.
Lorsque nous avons établi les dispositions de l'article 158,
c'était de façon très claire et très précise
et je pourrais même vous dire que, dès le début de nos
travaux, lorsque nous avons proposé des amendements, par exemple, qui
avaient pour objet de permettre, non seulement à la régie, mais
à un assureur autorisé d'indemniser les victimes, vous avez rendu
une décision que je respecte, une décision qui, je pense,
était justifiée, après avoir entendu votre argumentation
selon laquelle on en venait à modifier un des objectifs, un des grands
principes qui sous-tendaient la loi qui était devant nous.
M. le Président, pour ces mêmes considérations
je pense que nous avons quand même des responsabilités nous
ne pouvons pas, ici, à nos travaux, c'est ma conviction profonde,
à la lumière des quelques petites expériences, des
quelques années que j'ai passées à l'Assemblée
nationale, il nous est absolument impossible de le faire, nous serions dans
l'illégalité parce que nous n'avons pas été
mandatés par la Chambre pour ce faire.
Cependant, s'il est dans l'intention du gouvernement d'étendre
les pouvoirs de la loi 49 pour permettre à la régie de
procéder à l'acquisition de compagnies d'assurances, c'est la
responsabilité du gouvernement et il a le loisir de le faire. Mais il y
a des méthodes pour le faire; c'est qu'il faut qu'il présente un
bill à cet effet à l'Assemblée nationale, qui devra
être étudié en deuxième lecture et, par la suite,
être déféré en commission parlementaire. On pourra
être d'accord ou ne pas être d'accord avec cette intention du
gouvernement, mais il demeure que, si c'est dans l'intention du gouvernement de
prolonger les pouvoirs de la Régie de l'assurance automobile, il y a des
dispositions dans notre règlement pour le faire. Mais, à ce
moment-ci, nous ne pouvons pas le faire, compte tenu des limites et du mandat
que nous avons reçu de l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Du consentement unanime... Et
je veux quand même être assez clair, parce que nous pouvons
effectivement commencer un très, très long débat sur la
recevabilité; n'oubliez jamais que, premièrement, si vous voulez
accepter qu'un membre parle, même si un collègue de sa formation
politique l'a déjà fait, il faudra un consentement unanime.
Secundo, le président peut, à un certain moment, juger
qu'il est suffisamment renseigné et rendre sa décision sur la
recevabilité. Je ne me gênerai pas pour le faire quand je jugerai
que le temps sera venu de le faire.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, sous
réserve de ce que vous venez de dire, nous accordons notre consentement
pour que le député de Montmagny-L'Islet parle, en
présumant que la pareille pourra nous être rendue.
M. Giasson: Très rapidement, M. le Président.
D'abord, il me paraît que la décision que je viens de voir rendre
est assez lourde de conséquences, selon le choix que vous ferez.
Mais je veux tout simplement vous indiquer que les articles 200 à
206 sont, hors de tout doute, des modifications ou des amendements à la
loi 49.
Etant donné que ces articles n'ont pas été soumis
à l'Assemblée nationale avant le vote de deuxième lecture,
il m'apparaît assez évident qu'on ne peut pas, pour
différentes raisons invoquées par les intervenants qui m'ont
précédé, de façon légale... En vertu du
droit parlementaire et de la réglementation qui le complète, nous
ne pouvons, de façon légale, discuter présentement de ces
articles. Il faudrait, à mon sens, que le leader du gouvernement ou le
gouvernement, rappelle un nouveau projet de loi devant l'Assemblée
nationale, qui aurait comme fonction, avant le vote de deuxième lecture,
d'amender la loi 49 comme telle.
J'avais d'autres arguments, mais j'avais dit que je serais bref.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous pouvez y aller si vous
voulez.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense qu'il y a deux articles qui ont été cités et qui,
effectivement, doivent s'appliquer; ce sont les articles 154.2; La commission
peut amender un projet de loi, pourvu que l'amendement ne soit pas
étranger et je ferai remarquer au député de
Montmagny-L'Islet que nous sommes à l'amendement de l'article200, et non pas 201, 202, 203, 204, 205 la commission peut amender
un projet de loi, pourvu que l'amendement ne soit pas étranger à
l'objet du projet et qu'il ne s'oppose pas aux principes affirmés en
deuxième lecture.
Et l'article 158, cité par le député de
Nicolet-Yamaska, qui dit qu'une commission ne peut modifier, dans son principe,
un principe qui a déjà été accepté par
l'assemblée.
M. le Président, je pense que la question que vous allez devoir
vous poser est la suivante: Est-ce que l'article 200 du projet de loi no 67 a
comme conséquence de modifier un principe qui a été
adopté en deuxième lecture par l'Assemblée nationale?
Je me rappelle fort bien de l'une de vos décisions sur une des
nombreuses motions qui ont été présentées par
l'Opposition officielle, motions qui avaient trait à certains
amendements aux articles 3, 4 et suivants du projet de loi 67 et à ce
moment-là, vous avez été très clair. Je n'ai pas
ici l'extrait du journal des Débats, mais vous avez, je pense, avec une
très grande précision, dégagé les princi-
pes de ce projet de loi no 67, même si l'Opposition arguait,
après vos décisions, qu'il y avait 50, 55 et 60 principes dans ce
projet de loi.
Je pense que vos décisions antérieures, pas seulement une,
ont démontré que vous aviez établi au moins pour un
amendement apporté à l'article 3 deux grands principes du projet
de loi no 67 que nous retrouvons à l'article 3. Je ne sais pas s'il y a
eu un amendement à l'article 3. Il n'y en a pas eu?
Une Voix: Non, il n'y a pas eu d'amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): "La victime d'un dommage
corporel causé par une automobile est indemnisée par la
régie et suivant les dispositions du présent titre, sans
égard à la responsabilité de quiconque".
Me rappelant, M. le Président, que vous avez rendu cette
décision sur l'article 3, c'est pour cette raison que je vous cite. Je
vous cite également, puisque vous aurez, je pense, nécessairement
à vous référer à ces décisions que vous avez
vous-mêmes rendues sur les principes du projet de loi no 67 pour
décider si l'amendement proposé à l'article 200 a
justement pour objet d'aller à l'encon- tre de ces deux principes que
vous avez vous-même dégagés à l'article 3.
Quels sont ces deux principes? Le premier principe: régime
public. Je me rappelle encore de l'insistance que vous avez mise lorsque vous
êtes arrivé au mot "public ", "régime public d'assurance
automobile"...
M. Roy: Continuez.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... et le deuxième
principe.
M. Roy: Continuez avec le premier principe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ne m'interrompez pas, s'il
vous plaît!
M. Roy: Quand même!
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous pensez me faire
perdre mon argumentation, vous n'y arriverez pas.
M. Roy: Non, on veut être bien informé.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je sais que c'est une vieille
tactique employée.
M. Roy: Non, elle n'est pas vieille.
Le Président (M. Bertrand): Allons, allons!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je sais que ce n'est pas
votre but, mais le député de Marguerite-Bourgeoys, qui a un
sourire narquois, semble...
M. Lalonde: Je n'ai rien dit.
Le Président (M. Bertrand): II reste deux minutes, M. le
député de Jonquière, avant 18 heures.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je présume que si je
n'ai pas terminé, je pourrai continuer.
M. Lalonde: Ah oui! Ah oui, sûrement. Le
Président (M. Bertrand): D'accord. M. Lalonde: La table porte
conseil.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le deuxième principe,
M. le Président, que vous avez dégagé de l'article 3,
c'était un régime public d'assurance automobile pour les dommages
corporels "sans égard à la responsabilité de
quiconque".
J'espère avoir l'occasion, durant l'heure du souper, de sortir
ces extraits du journal des Débats pour pouvoir vous les citer, mais je
présume que, dans votre grande sagesse, vous avez déjà ces
documents devant vous et qu'ils vous seront un guide précieux dans la
décision que vous aurez à rendre.
Nous avons les principes du projet de loi 67. Nous sommes ici en train
d'étudier le projet de loi 67, mais regardons également le
principe du projet de loi no 49, projet de loi qui est devenu loi et qui a
été adopté, je pense, le 26 août 1977
Le principe contenu à l'article 1 du projet de loi 49, c'est la
création d'une régie de l'assurance automobile. L'Opposition aura
beau essayer de trouver d'autres principes dans ce projet de loi no 49, elle
n'y réussira point. Par contre, elle pourra voir des fonctions, elle
pourra voir des attributions, elle pourra voir des devoirs, elle pourra voir
des responsabilités données à cette Régie de
l'assurance automobile qui a été créée par la loi
49.
M. le Président, ceci étant dit, nous connaissons donc
maintenant le principe de la loi 49, qui est la création de la
régie d'Etat, Régie de l'assurance automobile du Québec.
Nous connaissons également, par votre décision et par mes
remarques corroborant votre décision, les deux principes contenus au
projet de loi 67. J'essaierai de vous démontrer à 20 heures en
quoi l'amendement de l'article 200 ne contrevient aucunement à ces
principes.
Le Président (M. Bertrand): Merci. Nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67
intitulé Loi sur l'assurance automobile. Nous en étions à
l'article 200, dans un débat sur la recevabilité. Il y a quelques
intervenants qui désiraient encore se faire entendre. Je leur indique
immédiatement que le président se sent suffisamment
renseigné mais qu'il n'a pas l'intention de brimer les personnes qui
auraient demandé la parole avant que nous n'ajournions nos débats
à 18 heures. Je crois que le député de Jonquière
avait la parole, de même qu'une ou deux personnes de l'Opposition. Je
peux indiquer immédiatement qu'après ces quelques interventions
le président sera en mesure de rendre sa décision sur l'article
200.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement... J'ai précisé avant la suspension
de 18 heures, que les principes de l'article 67 étaient établis
à l'article 3 de la loi et que, d'autre part, le principe de la loi 49
était établi à l'article 1, c'est-à-dire la
création de la Régie de l'assurance automobile du Québec.
La question que vous deviez vous poser était de savoir si l'article 200,
tel que proposé par Mme le ministre, allait à l'encon-tre des
principes du projet de loi 67, tels qu'établis à l'article 3.
Si on regarde l'article 200, tel que proposé par Mme le ministre,
nous nous rendons compte que cet article a pour but de définir quelles
seront les fonctions de la Régie de l'assurance automobile du
Québec. Je pense qu'il n'est pas besoin de disserter beaucoup pour faire
la distinction entre le principe d'une loi qui est, dans le cas du projet de
loi 49, la Régie de l'assurance automobile du Québec, et les
fonctions, les devoirs et les pouvoirs que l'on attribue à cette
même régie.
Le député de Nicolet-Yamaska a donné comme exemple
de l'ajout d'un nouveau principe le fait que, selon l'article 200 et je
maintiens que ce n'est pas un principe, mais une fonction la
régie peut conclure avec la Commission des accidents du travail certains
accords. Si on regarde comme il faut le projet de loi 49, on se rend compte
qu'à l'article 2 de ce projet de loi 49, ce présumé ajout
de principe, tel que mentionné par le député de
Nicolet-Yamaska, était déjà mentionné à
l'article 2 du projet de loi 49.
Or, M. le Président, je pense que la différence
fondamentale que n'a pas faite le député de Nicolet-Yamaska est
celle entre le principe d'une loi et les attributions de pouvoirs et de devoirs
que nous accordons à un organisme qui s'appelle la Régie de
l'assurance automobile du Québec.
M. le Président, je prends acte de l'admission du
député de Beauce-Sud qu'il est possible, dans une loi, de
modifier le ou certains articles d'une autre loi. D'ailleurs, M. le
Président, je n'aurais qu'à vous référer à
la Loi de la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
sanctionnée le 13 juin 1969, chapitre 53, qui a elle-même
été amendée par la loi de l'assurance-maladie du
Québec, je vous cite, par exemple, l'article 81, l'article 82, l'article
83, l'article 84, l'article 85, l'article 86, l'article 87.
Or, M. le Président, tous ces articles de la Loi de
l'assurance-maladie du Québec ont tout simplement comme
conséquence et comme effet de modifier la Loi de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
M. Saint-Germain: Est-ce que je pourrais poser une question au
député?
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, certainement.
M. Saint-Germain: Ces articles n'étaient-ils pas
rédigés lors du dépôt de la loi en deuxième
lecture, au niveau de l'Assemblée nationale?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
l'ignore tout simplement et l'importance de la question que vous posez...
M. Lalonde: Cela donne une idée de la valeur de
l'argument.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'étais en train de répondre au député de
Beauce-Sud, de corroborer ses affirmations selon lesquelles il était
possible, dans une loi, de modifier le texte d'une autre loi et je
démontrais que la Loi de l'assurance-maladie du Québec modifiait
certains articles de la Loi de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Pour répondre à la question du député de
Jacques-Cartier, M. le Président, ça se résume à
ceci: Est-ce que l'article 200 modifie le principe qui a été
adopté en deuxième lecture?
On a dit, M. le Président, avec énormément
d'ardeur, que l'article 200 amenait des engagements financiers de la part du
gouvernement. M. le Président, le projet de loi 67 a été
adopté en deuxième lecture, ces principes ont donc
été adoptés en deuxième lecture et je pense que
tous conviendront que ces principes du projet de loi 67 se retrouvent à
l'article 3. "La victime d'un dommage corporel causé par une automobile
est indemnisée par la régie et suivant les dispositions du
présent titre, sans égard à la responsabilité de
quiconque."
M. le Président, en adoptant ce principe de l'indemnisation, sans
égard à la faute, de toute victime de dommages corporels
causés par un véhicule automobile, c'était là que
l'Assemblée nationale donnait le pouvoir de le dépenser, le
pouvoir des engagements financiers parce que l'Assemblée nationale a
accepté le principe de l'indemnisation financière de toute
victime de dommages corporels causés par un véhicule automobile
sans égard à la faute. Alors, M. le Président, ce principe
a été adopté et c'est de là que découlent
les engagements financiers de la régie. C'est de l'article 3. En
adoptant l'article 3, nous adoptons le pouvoir de dépenser, le pouvoir
d'indemniser les victimes
suite au principe que nous avons adopté à l'article 3.
Je pense que cet argument du député de
Marguerite-Bourgeoys n'est pas extrêmement fort puisque
l'Assemblée nationale a déjà adopté ce pouvoir de
dépenser de la part de la régie qui est nommément
désignée, et je tiens à le souligner, à l'article
3. L'indemnisation des victimes des dommages corporels n'est pas faite par
n'importe qui. Elle est faite par la régie, créée
elle-même par la loi 49.
M. le Président, je pense avoir répondu de cette
façon à l'argument du député de
Marguerite-Bourgeoys en ce qui concerne les engagements financiers.
En terminant, pour ne pas être trop long, je dis tout simplement
que l'article 200, tel que proposé par Mme le ministre, devrait
être déclaré re-cevable pour la raison que cet article ne
fait que définir les fonctions, attributions et devoirs de la
Régie de l'assurance automobile du Québec et que, d'autre part,
ces fonctions, ces attributions et ces devoirs n'ont aucunement à faire
avec les principes qui ont été adoptés par
l'Assemblée nationale lors de la deuxième lecture. En
conséquence, les articles 154, paragraphe 2, et 158, tels que soumis par
les députés de l'Opposition, sont intégralement
respectés et ne seront pas enfreints par cet article 200.
M. le Président, je vous soumets le tout respectueusement.
Le Président (M. Bertrand): Je permettrai une très
brève intervention d'un représentant par formation politique.
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez, je
voudrais simplement, illustrer l'absurdité de la situation au cas
où cet amendement serait déclaré recevable, vous auriez,
à ce moment-là, une motion d'amendement qui deviendrait une
question principale, en vertu de nos règlements, qui n'aurait jamais
été connue par l'Assemblée nationale, mais, étant
devenue question principale, les amendements que les membres de cette
commission voudraient proposer se heurteraient au principe maintenant
accepté, reçu comme question principale, alors que cette question
principale n'aurait jamais été acceptée par
l'Assemblée nationale. A ce moment, nous nous serions substitués
à l'Assemblée nationale et nos amendements, qui contrediraient le
principe de cet amendement de Mme le ministre, ne seraient plus recevables,
étant donné que, le règlement s'appli-quant, l'article 200
devenant question principale, aucun amendement attaquant ce principe ne
pourrait être recevable. Nous serions, ici...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le
député de Rosemont pourrait poser une question?
M. Lalonde: M. le Président, j'ai le droit de parole.
Nous serions dans la situation absurde où, un principe n'ayant
jamais été accepté par l'Assemblée nationale, nous
ferions ici notre petite As- semblée nationale. Un amendement
deviendrait question principale, à l'égard de laquelle nous ne
pourrions pas proposer d'amendement qui irait à l'encontre du principe
jamais adopté par l'Assemblée nationale.
M. le Président, je vous soumets très respectueusement la
situation intenable dans laquelle les membres de l'Opposition en particulier
seraient de pouvoir continuer de discuter de cet amendement, qui serait devenu
une question principale.
M. Paquette: Puis-je vous poser une question, M. le
député?
M. Lalonde: Oui.
M. Paquette: J'ai l'impression que vous confondez motion
principale et principe. L'article 200, effectivement, s'il est
déclaré recevable, fera partie du projet de loi et deviendra une
motion principale. Maintenant, rien n'empêchera, à mon avis
j'aimerais que M. le Président statue là-dessus les membres
de cette commission d'y apporter des amendements, puisque l'article 200 n'est
absolument pas, en soi, l'énoncé d'un principe du projet de loi
67. On rappelle que le principe du projet de loi 67 est un régime public
dans le domaine corporel, et sans égard à la
responsabilité.
N'êtes-vous pas d'accord pour dire que l'article 200 traite tout
simplement des conséquences, en ce qui concerne les fonctions de la
régie, des conséquences du reste des articles du projet de loi
qui, eux-mêmes, sont basés sur le principe du projet de loi
67.
Rien ne nous interdirait de dire: La régie a pour fonction
d'appliquer le régime d'indemnisation, ou recouvrer les
indemnités qu'elle est appelée a verser lorsque la loi le
prévoit. On pourrait ne pas être d'accord avec cette nouvelle
fonction qu'on veut donner à la régie et la modifier.
M. Lalonde: En réponse, M. le Président, je
référerai le député de Rosemont à l'article
70 qui dit qu'un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée et ne peut avoir que les objets suivants: retrancher, ajouter
des mots ou les remplacer par d'autres.
Dans l'hypothèse, où un amendement serait proposé
par un député, par un membre de cette commission, à la
motion principale, à la question principale que serait devenue
l'amendement du ministre, en vertu de la décision du président
selon laquelle cela serait recevable, j'arrive au deuxième membre de cet
article: II est irrecevable donc l'amendement si son effet est
d'écarter la question principale sur laquelle il a été
proposé et il en est de même d'un sous-amendement, par rapport
à un amendement.
Ce que je veux dire, c'est qu'ayant été accepté,
ayant été reçu par le président, l'amendement
devient une question principale dans le sens de l'article 70.
M. Paquette: D'accord.
M. Lalonde: Et tout amendement que moi, par exemple, je pourrais
proposer, qui irait à l'encon-tre du principe...
M. Vaillancourt (Jonquière): Quel principe? M. Lalonde:
Chaque article a un principe. M. Vaillancourt (Jonquière): Ah
bon! M. Paquette: Oui.
M. Lalonde: ... du principe de l'article 200, serait
refusé par l'application de l'article 70, alors que le principe de
l'article 200 n'a jamais été accepté par
l'Assemblée nationale.
M. Paquette: Comme les principes de la plupart des articles de ce
projet de loi.
M. Lalonde: C'est dans ce sens-là que je veux attirer
l'attention. Je neveux pas ouvrir un débat, mais j'ai tenté de
répondre à la question du député de Rosemont. C'est
dans ce sens que je veux attirer l'attention du président, sur
l'absurdité dans laquelle...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... vous vous êtes
embarqué.
M. Lalonde: ... dans laquelle le gouvernement nous a
embarqués, en renonçant, en négligeant de
réimprimer son projet de loi, à cause de l'énormité
de ses amendements. On est obligé actuellement, article par article, de
se battre sur la recevabilité.
M. Vaillancourt (Jonquière): Donc, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, les trente définitions de
l'article 1 constituent, chacune d'elles, un principe...
M. Paquette: ... qui a été voté en
deuxième lecture.
M. Vaillancourt (Jonquière): Et il y a trente principes,
dans l'article 1. C'est cela?
M. Lalonde: M. le Président, je regrette, mais ce n'est
pas réellement mon invitation que je suis encore...
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour moi, il y a trente
motions principales.
M. Lalonde: Vous m'avez demandé d'être bref.
M. Vaillancourt (Jonquière): Changez de sujet, vous
êtes sur une mauvaise voie.
M. Lalonde: J'aurais terminé là, mais, étant
donné la question, je dois rappeler au député de
Jonquière que l'article 1 faisait partie du projet de loi 67 dont les
principes ont été acceptés en deuxième
lecture...
M. Vaillancourt (Jonquière): Les 200 principes.
M. Lalonde: ... alors que l'article 200 n'en faisait pas partie.
C'est toute la différence. C'est là tout l'objet de notre
débat.
M. Paquette: Si c'est cela, vraiment, il n'y a rien à
faire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, brièvement.
M. Fontaine: Très brièvement, M. le
Président. Le député de Marguerite-Bourgeoys dit qu'il y a
un principe dans chaque article et je suis d'accord avec lui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je suis d'accord avec
cela.
M. Fontaine: II y en a un très important, M. le
Président, dans l'article 200. Tout à l'heure, le
député de Jonquière rapportait mes paroles lorsque je
disais qu'il y avait un principe à lavant-dernier paragraphe de
l'article 200. Je maintiens que c'était, à mon avis, un principe
important, sauf que le principe le plus important de l'article 200 se situe au
dernier paragraphe où on dit: "La Régie a également pour
fonction d'administrer tout autre régime."
M. le Président, je voudrais que vous preniez bien note de ce
principe, parce que, si on dit que le principe qui a été
adopté en deuxième lecture par le projet de loi 67 est
l'indemnisation des personnes lésées en raison d'un dommage
corporel causé par une automobile...
M. Lalonde: Excellent. Un autre principe.
M. Fontaine: Lorsqu'on dit qu'on va permettre à la
régie d'administrer tout autre régime, cela ne peut pas
être ce régime, parce que, déjà, il est
administré.
M. Lalonde: Oui.
M. Fontaine: Tout autre régime sera quoi? Il reste
seulement le dommage matériel. C'est cela, tout autre régime.
Administrer le dommage matériel, c'est un principe qui n'a pas
été voté en deuxième lecture. C'est pour cela que
je vous dis qu'il y a un principe...
M. Lalonde: Très pertinent.
M. Fontaine: ... important qui est ajouté dans l'article
200. C'est un principe qui n'a pas été adopté en
deuxième lecture. Si on se réfère au paragraphe 2 de
l'article 154, on retrouve: "La commission peut amender un projet de loi,
pourvu que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet
de loi..."
Or, l'objet du projet de loi 67, ce n'est pas
d'administrer un autre régime, c'est d'administrer le
régime prévu dans le projet de loi 67.
M. Lalonde: Excellent. M. Roy: M. le Président...
M. Lalonde: Très pertinent.
M. Roy: ... à moins d'une disposition contraire, le
règlement de l'Assemblée nationale s'applique aux commissions
parlementaires.
M. Lalonde: Excellent.
M. Roy: Dans l'article 3 de notre règlement, il est dit
ceci: "La procédure de l'Assemblée nationale du Québec est
réglée: "1e par des lois; "2e par le règlement; "3e par
des règlements adoptés pour la durée d'une seule session;
"4e par des ordres spéciaux adoptés par l'Assemblée et
dont l'effet est limité aux matières pour lesquelles ils sont
votés; c'est un cas auquel on pourrait se référer
actuellement "5e par les précédents établis par
suite de l'interprétation des lois et du règlement."
Si je me réfère un peu à la jurisprudence que nous
retrouvons dans nos lois et dans nos traditions parlementaires, il faut revoir
l'article 567 de notre ancien règlement, qui complète et qui
ajoute à notre règlement actuel, et qui se lit comme suit: "Quand
un comité plénier apporte à un bill public quelques
amendements qui ne cadrent pas avec le titre de ce bill, il doit amender le
titre en conséquence." A l'heure actuelle, il faudrait que la loi que
nous avons devant nous soit la Loi de l'assurance automobile et modifiant la
Loi de la Régie de l'assurance automobile, si on voulait être en
conformité avec les précédents établis et
l'interprétation de nos lois et règlements.
M. le Président, au moment où nous avons commencé
l'étude de la loi je me réfère à la page
R-1216B, page 2, soit la séance pendant laquelle nous avons fait un tour
des grands principes qui guidaient le projet de loi j'avais
demandé: "M. Roy: Très bien, de toute façon, je pense
qu'un des principes, si je peux en juger par votre décision de la loi,
serait l'établissement d'un régime public pour les dommages
corporels." "Le Président: Exact." Deuxièmement: "M. Roy: De
confier à l'entreprise privée les indemnités au point de
vue des dommages matériels." "Le Président (M. Bertrand): Exact."
"M. Roy: Le principe de la loi est la notion de responsabilité. Exact.
Le nouveau régime d'indemnisation, un autre principe de la loi. En
somme, il y aurait quatre grands principes de la loi." "Le Président (M.
Bertrand): Le dernier que vous avez mentionné était
déjà indu dans le premier." C'étaient les trois grands
principes qu'il y avait dans la loi que nous avons votée à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, j'aimerais attirer votre atten- tion sur un
autre fait. Supposons qu'en deuxième lecture...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que vous seriez assez aimable, s'il vous plaît,
pour...
M. Roy: Conclure?
Le Président (M. Bertrand): Non. Pour me faire porter mes
propres paroles pour que je puisse les relire?
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, avec plaisir.
Le Président (M. Bertrand): Simplement me les faire
transmettre par...
M. Roy: J'y souscris de bonne grâce. A la page R-1216B,
page 2, nous étions...
Le Président (M. Bertrand): Je ne vous demande pas de les
répéter, M. le député de Beauce-Sud, je les ai
entendues. Je voudrais simplement les voir.
M. Roy: Les voir?
Le Président (M. Bertrand): Je crois que ce que vous avez
lu est exact. C'est pour une toute autre raison.
M. Roy: D'accord. Parfait. Deuxièmement, un autre
élément qui me fait dire que la motion en discussion n'est pas
acceptable, c'est qu'à partir du fait où un membre de
l'Assemblée nationale qui aurait été je prends un
exemple en particulier totalement opposé à
l'étatisation du régime ne serait-ce que partiel
d'assurance automobile, aurait décidé d'accepter le compromis qui
a été offert par le gouvernement, tel qu'il a été
déclaré à l'Assemblée nationale lors de la
deuxième lecture, pour soumettre à la charge de la régie
l'indemnisation des victimes pour les dommages corporels et laisser à
l'entreprise privée l'indemnisation pour les dommages
matériels.
Ce compromis aurait fait en sorte de décider de mon vote à
l'Assemblée nationale. Je n'aurais pas été satisfait mais
ce compromis quand même discutable aurait été acceptable
dans les circonstances.
Or, j'accepte de voter en deuxième lecture pour le projet de loi,
mais qu'en commission parlementaire on vienne ajouter un élément
dans la loi et je prends l'article 200 que je considère comme non
recevable qu'on accorde à la régie les pouvoirs
additionnels et qu'on retrouve dans le paragraphe suivant que la régie a
également pour fonction d'administrer tout autre régime ou
programme que la loi ou le gouvernement lui confie... c'est-à-dire que
si cet article devait être adopté il y a aussi l'article
suivant qui dit que la régie peut détenir des actions ou acheter
des compagnies d'assurances cela voudrait dire que
la régie de l'assurance automobile pourrait intervenir dans le
secteur des dommages matériels.
Cela voudrait aussi dire que la régie pourrait intervenir dans
l'assurance au niveau des responsabilités civiles. Cela voudrait aussi
dire que la régie pourrait intervenir dans des programmes
d'assurance-incendie. Cela voudrait également dire cela. En aucun
moment, la porte n'a été ouverte, lors de l'étude de la
loi 67, de tous les débats qui ont suivi et du mandat qui a
été confié à la commission parlementaire, à
cette possibilité.
Pour toutes ces considérations je ne veux pas
répéter les exemples que j'ai donnés cet
après-midi. J'aimerais vous répéter l'exemple que je vous
ai donné dans le cas d'une éventuelle loi pour favoriser le
développement industriel. Une fois que cette loi aura été
votée à l'Assemblée nationale, on viendra en commission
parlementaire pour modifier le capital-actions de la SDI, sans que cela ait
été discuté à l'Assemblée nationale, et
permettre ainsi à la SDI d'acheter des entreprises ou de faire des
investissements dans des entreprises comme telles. Ce serait une façon
de procéder qui deviendrait inacceptable.
Je pense que nous n'en avons pas le droit en cette commission
parlementaire. Je sais que la décision que vous avez à rendre
n'est pas facile. Mais il faut que vous pensiez que la décision que vous
allez rendre aujourd'hui peut servir de jurisprudence à l'avenir, autant
pour le gouvernement présent que pour le gouvernement futur.
C'est pourquoi je pense que, malgré les difficultés de
votre décision, vous n'avez pas tellement le choix. La commission
parlementaire et vous avez la responsabilité de mener à
bien les travaux de cette commission doit remplir le mandat qu'elle a
reçu de l'Assemblée nationale, pas plus, c'est-à-dire
qu'elle- ne doit pas aller plus loin et déboucher sur un mandat qui ne
lui a pas été confié ni autorisé par
l'Assemblée nationale du Québec.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, j'ai indiqué que j'allais entendre uniquement un intervenant
par formation de l'Opposition. Pour être libéral, dans le bon sens
du terme, je pense que je vais étendre aussi cet avis à un membre
du gouvernement. Je ne glisse pas, madame, j'utilise les mots dans le sens que
le Petit Robert leur donne.
M. Paquette: Merci, M. le Président, d'autant plus que,
sauf erreur, nous n'avons eu droit qu'à une seule intervention dans tout
le débat. Cela va peut-être équilibrer.
Le Président (M. Bertrand): Brièvement, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Très brièvement, M. le
Président, j'aimerais simplement dire au député de
Beauce-Sud, par votre intermédiaire, que nous ne traitons pas de
l'article 201, nous en traiterons au moment où nous y arriverons; pour
le moment, c'est l'arti- cle 200. Il a donné des éléments
qui touchaient à l'article 201.
L'article 3 de la loi 49 et je lis textuellement: "le régime
d'indemnisation des victimes des dommages corporels ne pourra être mis en
oeuvre, ni le fonds d'indemnisation être créé, que suivant
une autre loi qui en prévoira les principes et les modalités." Je
pense que l'article 200 prévoit non pas ces principes, mais ces
modalités, puisqu'il décrit essentiellement et je vais
venir au dernier paragraphe par la suite dans l'ensemble de l'article on
décrit de nouvelles fonctions à donner à la régie
qui, à mon avis, font partie des modalités, qui sont des
conséquences directes des autres articles du projet de loi puisqu'il
faut bien que quelqu'un ou qu'un organisme applique ces articles du projet de
loi.
Si je regarde le dernier paragraphe, qui peut avoir l'air plus
litigieux, on donne à la régie... "La régie a
également pour fonction d'administrer tout autre régime ou
programme que la loi ou le gouvernement lui confie." D'une part, M. le
Président, il me semble que ce paragraphe est susceptible d'amendement,
s'il est reçu, et qu'il ne vient pas à l'encontre du principe du
projet de loi et qu'il n'ajoute aucun autre principe. Cela dit tout simplement
que la loi ou le gouvernement pourrait confier à la régie un
autre régime ou programme déjà existant; même dans
le cas du gouvernement, il faudrait que ce régime ou ce programme existe
déjà. D'autre part, je pense que ce qu'on a à
l'idée, dans ce dernier paragraphe, ce sont des cas qui ont
été soulevés ici, par exemple, qui concernent la
couverture des accidents de véhicules automobiles sportifs comme une
motoneige ou une "motocross", pour lesquels le ministre a annoncé son
intention, d'étendre éventuellement le régime d'assurance
automobile. Je pense, à ce moment, que ça prendra
évidemment une autre loi pour le faire...
M. Roy: Ce n'est pas ça du tout.
M. Paquette: II me semble que ce paragraphe ne touche absolument
pas au principe du projet de loi. Si toutefois vous deviez en juger ainsi, M.
le Président, malgré l'avis que je vous donne, je vous signale
que tout le reste de l'article est absolument nécessaire pour assurer
une conséquence normale aux autres articles du projet de loi de
façon à confier à quelqu'un la responsabilité
d'appliquer le projet de loi.
Je pense que l'article est recevable, il est amendable, il est
débattable, et si on est plus ou moins d'accord avec, entre autres, le
dernier paragraphe de cet article, on pourra toujours l'amender.
M. Saint-Germain: Ce dernier paragraphe ne donne pas des...
M. Paquette: Non, j'ai parlé au président.
M. Lalonde: Je pense que le député de
Jacques-Cartier aurait une question à poser.
M. Saint-Germain: Justement, vous ne considérez pas
j'y perds mon latin que ce dernier paragraphe donne des surplus de
pouvoirs à la régie, pouvoirs qu'elle n'a jamais eus et qui n'ont
jamais été discutés à l'Assemblée nationale.
Si ce n'est pas cela, alors je ne comprends rien au français.
M. Paquette: M. le Président, ce que j'ai dit, c'est qu'il
faut qu'un régime ou qu'un programme existe avant qu'il puisse
être confié à la régie.
M. Lalonde: Mais pas nécessairement maintenant. C'est
là ma question, est-ce que...
M. Paquette: Non, non, cela peut être un programme non
existant qui devra être créé.
M. Lalonde: Ah! Ah!
M. Fontaine: Vous avez dit: Déjà existant,
tantôt.
M. Paquette: Qui devra être créé par une
autre loi, qui devra être créé et discuté devant
l'Assemblée nationale éventuellement.
M. Beauséjour: M. le Président, avant que vous ne
preniez une décision, je voudrais avoir une directive.
Le Président (M. Bertrand): A quel sujet?
M. Beauséjour: Avez-vous l'intention d'indiquer si chacun
des articles est recevable l'un après l'autre ou tous ensemble?
Une Voix: Seulement l'article 200.
M. Beauséjour: Seulement 200. D'accord.
Le Président (M. Bertrand): Madame et messieurs les
membres de la commission, je tiens à vous remercier pour les
lumières que vous m'avez apportées et qui m'ont été
très utiles au moment où la flamme de mon fanal s'estompait.
M. Fontaine: De quel côté?
Décision du président
Le Président (M. Bertrand): J'avais besoin d'avoir tous
ces éclairages tous plus lumineux les uns que les autres et, dans ce
long débat sur la recevabilité de l'article 200, je n'ai pas
besoin de vous dire que tout cela a été extrêmement
important. J'indique immédiatement que la décision que je vais
rendre sur la recevabilité ne touche pas l'article 201 ni l'article 202,
ni 203, ni 204, ni 205, ni 206 etc. La décision que je rends n'affecte
que l'article 200.
L'article 200 a une caractéristique qu'ont aussi les autres
articles; c'est que c'est un amendement. C'est un amendement qui a une connota-
tion particulière, c'est un nouvel article. C'est aussi un nouvel
article un peu spécial qui s'inscrit dans le contexte d'une
présentation d'amendement venue après une discussion à
l'Assemblée nationale en deuxième lecture du projet de loi no 67.
Cependant, dans sa légitimité, ou si on invoque des raisons de
légitimité, il a le droit de venir se présenter en
commission parlementaire comme amendement, puisque c'est la fonction d'une
commission parlementaire que de recevoir des amendements au moment où
elle étudie des articles d'un projet de loi. Rien dans nos
règlements ne s'oppose à ce que des amendements soient
apportés, que de nouveaux articles soient inscrits, que des articles
soient retirés par la volonté du gouvernement. Rien ne s'oppose
à tout cela. Tous les règlements sont très clairs à
ce point de vue. Tout peut être apporté, mais dans la mesure
où cela ne vient pas en contravention avec les principes votés en
deuxième lecture, où cela ne vient pas écarter l'objet
même de nos débats, qui est le projet de loi 67 sur l'assurance
automobile, dans la mesure où cela n'est pas étranger au projet
de loi sur l'assurance automobile, dans la mesure où cela ne vient pas
s'opposer à des principes que nous avons déjà votés
en deuxième lecture.
Dans ce contexte, quelle importance revêt l'article 200? L'article
200 fait référence à une loi déjà
votée par le Parlement, la loi 49. L'article 200 fait
référence, plus particulièrement, à l'article 2 du
projet de loi no 49, qui a pour fonction d'indiquer quelles sont les
responsabilités de la régie, quelles sont ses fonctions, quels
sont exactement les mandats qui lui sont confiés concernant une
éventuelle loi à être votée par le Parlement, loi
sur l'assurance automobile.
L'article 3 du projet de loi 49 indique d'ailleurs que le régime
d'indemnisation des victimes de dommages corporels ne pourra toutefois
être mis en oeuvre, ni le fonds d'indemnisation être
créé, que suivant une autre loi qui en prévoira les
principes et les modalités. Il n'y a rien de neuf là, c'est du
déjà vu, c'est du déjà discuté et cela a
été fait en deuxième lecture à l'Assemblée
nationale, cela a été fait en deuxième lecture en
commission parlementaire au moment de l'étude, article par article, du
projet de loi no 49. Donc, tous les membres de la commission parlementaire
savaient qu'un jour viendrait où, au moment de l'étude du projet
de loi 67, Loi sur l'assurance automobile, des articles viendraient
prévoir et expliciter les principes et les modalités qu'aurait
à régir cet organisme institué par le projet de loi no
49.
Effectivement, si on regarde le texte de l'article 200, celui-ci
rejoint, dans sa terminologie, dans sa phraséologie, à toutes
fins pratiques, le texte de l'article 2 du projet de loi no 49 et donne une
réponse à l'article 3 de la loi no 49. L'article 200 n'invente
rien, l'article 200 n'est pas du nouveau; l'article 200 est simplement la
traduction, quelques mois après, d'articles déjà contenus
dans la loi 49, à partir de principes déjà votés et
qui ne consistent uniquement qu'à expliciter sur le plan des
modalités comment, maintenant, va s'opéra-tionnaliser cette loi
sur l'assurance automobile. Donc, dans ce contexte bien précis de
l'article
200 je suis toujours très spécifique je
crois qu'il n'y a pas, à proprement parler, de problèmes. Ce
n'est pas la première fois que des situations comme celles-là se
présentent; j'ai devant moi la Loi créant la Régie de
l'assurance-maladie, cette loi a été sanctionnée le 13
juin 1969, et la Loi de l'assurance-maladie a été
sanctionnée le 17 juillet 1970. Il peut donc arriver qu'une régie
soit créée avant que la loi qui explicite le contenu même
du mandat de cette régie puisse être votée par
l'Assemblée nationale. Il y a d'ailleurs dans cette Loi de
l'assurance-maladie, des articles, à la fin je ne vous les
donnerai pas pour l'instant, mais j'en ai pris connaissance tout à
l'heure qui, effectivement, font référence à la Loi
de la Régie de l'assurance-maladie et qui tentent d'expliciter quel
serait exactement le mandat, les fonctions, les responsabilités de la
régie.
Donc, aux yeux de la présidence, article 200, pas de
problème, sauf une réserve importante, une réserve qui, si
le président n'en prenait pas connaissance et conscience, risquerait de
porter immédiatement préjudice à une décision qu'il
pourrait rendre éventuellement sur d'autres articles. Cette
réserve, c'est le dernier paragraphe de l'article 200. Le dernier
alinéa de l'article 200 se lit comme suit: "La régie a
également pour fonction d'administrer tout autre régime,
programme, que la loi ou le gouvernement lui confie "Le président a le
sentiment qu'il peut arriver, sans même entrer dans le fond, que,
derrière ces deux lignes et un cinquième, se cache tout
simplement la volonté du gouvernement, par exemple, d'extensionner son
programme d'assurance automobile aux motoneiges, ou par exemple de faire en
sorte que la Loi de l'assurance automobile soit extensionnée pour
englober d'autres types de véhicules qui ne sont pas directement
reliés à l'automobile ou qui, étant reliés à
l'automobile, pourraient inclure des catégories qui ne sont pas
contenues dans la loi, à l'heure actuelle.
M. Fontaine: Dommages matériels.
Le Président (M. Bertrand): Mais le dernier paragraphe de
l'article 200 peut aussi faire référence à un
éventuel article à être voté dans cette loi et sur
lequel nous prenons un très sérieux engagement à l'article
200.
Pour ces raisons et ayant tenté d'être le plus objectif
possible, et le plus neutre possible, et tentant de ne pas me situer à
la présidence, ni d'un côté, ni de l'autre, n'étant
représentant ni du gouvernement, ni de l'Opposition, je considère
rece-vable l'article 200, mais je suspends et prends en
délibéré le dernier paragraphe de l'article 200,
étant entendu, à cause des raisons que j'ai exprimées, que
ce dernier paragraphe serait, en ce moment, délicat à
étudier dans le contexte précis de l'article 200, et en attendant
que d'autres décisions puissent être rendues sur d'autres
articles.
Donc, nous allons aborder l'étude de l'article 200, mais sans son
dernier paragraphe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté?
M. Saint-Germain: Je ne vois pas très bien, M. le
Président, comment on pourrait aborder l'étude de cet article.
C'est un tout. Cette motion du gouvernement est en tout. Je crois que cette
motion est recevable ou elle n'est pas recevable. J'avoue que vous me prenez un
peu par surprise.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, ce jugement est fait de nuances.
M. Saint-Germain: Oui, je le comprends très bien.
Le Président (M. Bertrand): Et dans le contexte
très précis devant lequel j'étais placé, comme
président, je crois que, hors le dernier paragraphe, le reste de ma
décision ne peut absolument pas être remis en cause; incluant
même le dernier paragraphe, à ce moment-ci, vous ne pouvez pas
remettre en cause cette décision. Elle est irrévocable. Donc,
nous allons aborder l'étude de l'article 200 sans son dernier
paragraphe.
M. Roy: M. le Président, seulement un mot, non pas pour
commenter votre décision, vous l'avez rendue, je l'accepte, mais pour
préciser une attitude que nous avons soutenue.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que vous me demandez
une directive, M. le député de Beauce-Sud?
M. Roy: Oui, je vous demande une directive. Il faudrait, lorsque
nous aurons terminé l'article 200, savoir la façon dont vous
allez procéder pour l'article suivant. Les réserves que nous
avons amenées se sont toujours référées au dernier
paragraphe de l'article 200. Tout ce que nous avons dit s'est toujours
référé au dernier paragraphe de l'article 200.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je ne veux pas revenir sur ce que j'ai dit. Je pense l'avoir dit de
façon tellement claire...
M. Roy: Oui.
Le Président (M. Bertrand): ... que cela m'ap-paraît
inutile de revenir sur la question. Nous allons étudier l'article 200,
son dernier paragraphe n'est pas inclus dans la discussion, il est suspendu, il
est pris en délibéré par le président et, quand
nous arriverons à l'article 201, quoique je reconnaisse que l'ensemble
du débat sur la recevabilité s'est fait sur l'article 201
beaucoup plus que sur l'article 200, à ce moment-là, je
permettrai tout de même qu'il puisse y avoir discussion sur la
recevabilité de l'article 201. Mais le président ne rend une
décision que sur l'article 200, c'est le seul article qu'il a devant
lui.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président.
M. Roy: D'accord. Ce qui veut dire, pour ré-
pondre à ma demande de directive, que le dernier paragraphe de
l'article 200 serait repris après l'article 201?
Le Président (M. Bertrand): II pourrait arriver que ce
soit cela. Il pourrait arriver que ce soit autre chose. Mais, ce qui est
très clair, c'est qu'au moment où nous discutons de l'article
200... et s'il arrivait que nous l'adoptions, nous aurions adopté un
article 200 qui n'aurait pas, en son sein, le dernier paragraphe.
M. Roy: Le dernier paragraphe, ça va.
M. Saint-Germain: Je vous demanderais une directive, s'il vous
plaît, M. le Président. Est-ce que je dois interpréter
votre décision comme si ce dernier paragraphe était
éliminé du document?
Le Président (M. Bertrand): Vous ne l'avez pas devant vous
pour la discussion de l'article 200, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je vous demande cette directive, M. le
Président, parce que vous savez qu'on travaille sous la menace du
bâillon. Si vous ne rendez pas de décision sur ce dernier
paragraphe d'ici à demain, à la fin de nos travaux, ce paragraphe
restera inscrit dans le document. C'est exactement ce que nous voulons
éviter.
Le Président (M. Bertrand): Je peux immédiatement
indiquer à M. le député de Jacques-Cartier que ma prise en
délibéré ne dépassera certainement pas la
clôture des travaux de cette commission. Vous serez fixés sur la
décision finale que je rendrai sur ce dernier paragraphe avant que
n'intervienne la clôture des travaux de cette commission.
M. Lalonde: Minuit, demain.
Le Président (M. Bertrand): Minuit demain. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Roy: Ce qui veut dire que vous allez rendre votre
décision à 11 h 55.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, je ne vous permets pas d'intervenir dans mon ordre du jour et dans
mon horaire de vie.
M. Roy: Je ne touche pas votre horaire de vie et je m'en garde
bien. Je touche à l'horaire qui me concerne.
Une Voix: De nuit.
Le Président (M. Bertrand): Je n'ai pas dit horaire de
nuit; j'ai dit horaire de vie. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Roy: Je touche à l'horaire, M. le Président, qui
nous concerne.
Le Président (M. Bertrand): D'accord, on s'est compris. M.
le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je conçois mal qu'on puisse étudier un
article dont une partie a été suspendue par une décision
de la présidence.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, je ne peux pas vous permettre...
M. Fontaine: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Posez-moi une question,
demandez-moi une directive, soyez clair, soyez explicite...
M. Fontaine: C'est une question...
Le Président (M. Bertrand): ... mais ne revenez pas sur ma
décision.
M. Fontaine: Non, je ne reviens pas sur la décision; j'en
fais une question de règlement. Ce que je dis, c'est qu'il est difficile
pour les parlementaires de discuter un article dont la moitié a
été suspendue. Je pense qu'il y aurait deux solutions, soit que
le gouvernement fasse une motion pour division de la question selon l'article
87 ou...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse...
M. Fontaine: Voulez-vous me laisser terminer, M. le
Président?
Le Président (M. Bertrand): Oui, mais vous allez à
l'encontre du règlement.
M. Fontaine: Si je vais à l'encontre du règlement,
il y en a beaucoup qui vont à l'encontre du règlement, parce
qu'on est en train de suspendre des articles et on va continuer à les
étudier quand même.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, ma décision est d'une clarté limpide. Il n'y a
pas de dernier paragraphe en ce moment, il n'y en a pas. Pouvez-vous, M. le
député de Nicolet-Yamaska, prendre un bout de papier ou un crayon
de feutre noir et effacer les trois dernières lignes de l'article 200?
Elles ne sont pas à l'article 200, c'est la décision du
président. Il les a prises en délibéré et cela peut
vouloir dire que, si jamais il acceptait éventuellement, d'ici la
clôture, de faire en sorte que cette partie de l'article, qui est
maintenant enlevée, revienne ou soit reçue, il y aurait un
débat là-dessus...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): II y aurait une discussion, il
y aurait vote, il y aurait tout ce qu'il y a habituellement quand quelque chose
est reçu.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'heure actuelle, il n'y a
rien. Donc, nous ne discutons pas de ce dernier paragraphe, il n'est pas
là.
M. Fontaine: On a passé la journée là-dessus
pour rien, en fin de compte.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska, franchement, c'est faire peu d'honneur aux propos que vous
avez tenus, parce que c'est vous qui l'avez occupée avec l'ensemble des
membres de la commission, cette journée, à discuter de la
recevabilité.
M. Lalonde: M. le Président, pourriez-vous mettre cet
article aux voix, s'il vous plaît?
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, avant
de donner suite à la proposition du député de
Marguerite-Bourgeoys, puis-je rappeler au député de
Nicolet-Yamaska, par votre intermédiaire, que l'article 65, paragraphe
2, puisque nous avons une motion devant nous, dit: "Le président peut
également modifier dans sa forme une motion pour la rendre recevable."
Je voulais faire connaître cet article au député de
Nicolet-Yamaska, sauf votre respect.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez parfaitement raison,
M. le député de Jonquière. J'inviterais le
député de Nicolet-Yamaska, dans le calme le plus total je
pense que c'est ce calme qui anime les membres de la commission à
bien se rendre compte exactement que, dans le fond, la situation est
très claire.
M. Grenier: On a demandé le vote pour reporter à un
an la taxe sur le linge des enfants. C'est bien important.
Le Président (M. Bertrand): Nous pouvons continuer; nous
allons apprendre ce qui se déroule exactement de l'autre
côté.
M. Lalonde: M. le Président, pourrait-on mettre aux voix
cet article, s'il vous plaît?
Adoption de l'article 200, sauf le dernier
paragraphe
Le Président (M. Bertrand): Nous le pouvons. L'article 200
tel que reçu par la présidence, avec suspension du dernier
paragraphe pour prise en délibéré de la part de la
présidence, sera-t-il adopté?
M. Lalonde: Sur division.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté, sur
division.
M. Lalonde: Vote.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un vote, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): C'est un vote? M.
Vaillancourt (Jonquière): Oui.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons suspendre les
travaux de la commission pendant quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 5)
Reprise de la séance à 21 h 26
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission poursuit ses travaux. L'article 200 a été
adopté sur division.
M. Roy: L'article 200 sans le dernier paragraphe.
Le Président (M. Bertrand): Le président n'avait
pas besoin de dire que l'article 200 sans son dernier paragraphe avait
été adopté sur division, parce que l'article 200 qui a
été adopté sur division a un nouveau dernier paragraphe
qui n'est pas le dernier paragraphe qui avait été mis en suspens
tout à l'heure.
M. Roy: C'est-à-dire que l'avant-dernier est devenu le
dernier.
Le Président (M. Bertrand): Voilà! Article 201.
M. Lalonde: Sur division.
M. Roy: M. le Président...
M. Lalonde: L'article 200, c'est sur division.
Le Président (M. Bertrand): Oui, c'est écrit.
M. Roy: M. le Président, sur l'article 201, est-ce que
vous êtes prêt à rendre votre décision tout de suite
ou faut-il reprendre toute l'argumentation que nous vous avons servie pendant
deux heures et demie?
Le Président (M. Bertrand): Vous avez émis des
commentaires dans le cadre du débat sur la recevabilité de
l'article 200 qui, à tout le moins, ont apporté beaucoup
d'éléments de renseignements au président sur l'article
201. Admettons
tous ensemble qu'hormis le dernier paragraphe de l'article 200,
l'argumentation de l'ensemble des membres de la commission parlementaire,
d'ailleurs, portait beaucoup plus sur l'article 201 que sur l'article 200.
Donc, j'ai déjà beaucoup de lumières d'accumulées.
Il en faut encore un petit peu. Je dois vous dire qu'à ce moment il
manque tellement de petit peu...
M. Fontaine: Encore un petit peu et vous me verrez encore...
Article 201: Acquisition et détention d'actions
par la régie
Le Président (M. Bertrand): Voilà. Il manque
tellement de petit peu que j'ai vraiment besoin de recevoir d'autres avis des
membres de la commission et je sais qu'ils porteront seulement sur l'article
201. Même si, à l'heure actuelle, je vous le dis très
sincèrement, je n'ai pas pris de décision en ce moment dans mon
for intérieur, je ne voudrais pas que ce débat soit plus long que
celui que nous avons eu sur l'article 200, parce qu'il y a vraiment eu beaucoup
de renseignements tout de même qui ont été transmis.
Comme le débat sur la recevabilité ne portait tout de
même dans sa forme que sur l'article 200, des membres de la commission
ont pu éviter d'apporter certains arguments, sur l'article 200 parce
qu'ils comptaient apporter ces arguments sur l'article 201. Pour ce faire, je
fais la proposition suivante, et je pense que le président est en droit
de la faire puisque c'est lui qui peut clore ce débat sur la
recevabilité: Qu'il y ait deux intervenants du côté du
gouvernement, deux intervenants du côté de l'Opposition
officielle, un intervenant pour l'Union Nationale et un intervenant pour le
Parti national populaire.
M. Roy: Je ne pourrais pas en avoir deux?
Le Président (M. Bertrand): Je pourrais vous le proposer,
M. le député de Beauce-Sud, ce serait ensuite un problème
de régie interne.
M. Roy: Non, j'interviendrais deux fois. Mme Payette: Une
régie? Une Voix: Quelle régie?
Mme Payette: Le député de Beauce-Sud? Une
régie?
Le Président (M. Bertrand): Je demanderais,
effectivement...
M. Lalonde: C'est très privé, ce n'est pas
public.
Le Président (M. Bertrand): Je demanderais donc que le
gouvernement s'entende pour trouver deux porte-parole; l'Opposition officielle,
la même chose. Ainsi, après avoir entendu six intervenants, qui,
je l'espère, seront le plus brefs pos- sible essayez de
concentrer vos arguments je rendrai ma décision d'ici quelques
minutes.
M. Lalonde: Messieurs les anglais, tirez les premiers.
Mme Payette: Cela me pose un problème...
M. Vaillancourt (Jonquière): On va présenter
l'article avant.
Mme Payette: ... parce que c'est moi qui dois tirer.
Le Président (M. Bertrand): Je pense que Mme le ministre,
si elle veut simplement présenter l'article 201, pourrait être
exemptée d'être comptée dans le débat sur la
recevabilité.
Mme Payette: M. le Président, c'est que le
député de Marguerite-Bourgeoys invitait le premier intervenant
à tirer en disant qu'il s'agissait d'un anglophone.
M. Lalonde: Un anglophone.
M. Giasson: Présentez les obus et d'autres tireront.
Mme Payette: L'article 201 se lit comme suit: "La régie
peut, avec l'autorisation du gouvernement, acquérir et détenir
des actions de toute corporation constituée pour pratiquer les
assurances de dommages".
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Je veux immédiatement
proposer...
M. Giasson: Pas d'autres commentaires.
M. Roy: Peut-on demander à Mme le ministre pourquoi elle
nous présente cet article?
Le Président (M. Bertrand): Je pense qu'à ce
moment-ci, si Mme le ministre avait terminé ses propos, nous passerions
immédiatement au débat sur la recevabilité, à moins
que Mme le ministre ait des commentaires à ajouter.
Mme Payette: J'estime l'avoir fait cet après-midi lors de
la discussion sur la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Alors, pour laisser, je
pense, ce qui m'apparaît correct dans nos règlements, un droit de
réplique au gouvernement concernant la recevabilité je
pense que cela pourrait être normal dans les circonstances vous
pourriez peut-être commencer...
M. Paquette: D'accord. Je vais commencer.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Rosemont.
Le Président (M. Bertrand): Et ensuite nous
enchaînerions avec les porte-parole de l'Opposition.
M. Paquette: Je pense que, pour juger de la recevabilité
de cet article, nous devons essentiellement nous demander trois choses.
Premièrement, contrevient-il aux principes de la loi 49?
Deuxièmement, contrevient-il aux principes de la loi 67?
Troisièmement, ajoute-t-il un nouveau principe au projet de loi 67,
auquel cas l'amendement pourrait être jugé irrecevable en vertu de
l'article 154, deuxième paragraphe, de notre règlement?
Sur le premier point, concernant le principe de la loi 49, je pense
qu'il a été établi précédemment que ce
principe consiste uniquement en la création d'une régie dans le
domaine de l'assurance automobile, et votre décision sur l'article 200
confirme qu'un tel amendement, par conséquence logique, n'est pas
contradictoire avec le principe de la loi 49 puisqu'il ne s'agit que d'ajouter
une fonction à la régie de l'assurance. C'est ce qu'on a fait
à l'article 200 et c'est également ce qui a été
fait dans le passé par le gouvernement libéral à la loi de
l'assurance-maladie, où une loi subséquente à une loi
créant la Régie de l'assurance-maladie est venue modifier les
fonctions de la Régie de l'assurance-maladie. Je pourrais, au besoin,
vous citer les articles, mais je pense que ce n'est pas
nécessaire...
M. Giasson: Votée en deuxième lecture.
M. Paquette: Sur le point que je mentionne. Sur d'autres points,
cela pourrait compter, mais sur le point que je mentionne...
Le Président (M. Bertrand): Je n'accepterai pas, dans le
cadre de ce débat très limité, à six intervenants,
qu'il y ait, de part et d'autre, des interventions qui nourrissent un dialogue
que je veux éviter, le mot "dialogue" étant entendu dans son sens
antiréglementaire, et non pas dans son sens plus positif.
M. Paquette: En ce qui concerne le respect du principe de la loi
49, je pense qu'ajouter certaines fonctions à la Régie de
l'assurance automobile ne contrevient aucunement au principe de cette loi.
Deuxièmement, y a-t-il contradiction avec un des principes votés
en deuxième lecture en ce qui concerne la loi 67, la loi que nous
étudions présentement? Je pense qu'on a presque
complètement éclairci quels sont les principes de cette loi, mais
il peut y avoir ambiguïté. Je pense que vous avez dit, à un
moment donné de nos débats, que les principes de cette loi
étaient un régime public dans le domaine des dommages corporels,
ce qui n'empêchait pas, soit dit en passant, un certain rôle
à l'entreprise privée dans le dommage corporel également,
puisqu'une assurance supplémentaire pourrait être prise par toute
personne qui voudrait s'assurer pour l'excédent du plafond de $18 000
dans le cas de l'indemnité du revenu. Le principe général
était donc un régime public dans le dommage corporel, et un
régime sans égard à la responsabilité.
Par voie de conséquence, M. le Président, si vous en
veniez même à juger je vais argumenter sur cette base
qu'également dans le domaine matériel, il s'agit d'un
régime de responsabilité et d'un régime d'entreprise
privée, je pense que je serais d'accord pour vous dire que ça
fait également partie du principe dont nous avons discuté en
deuxième lecture. Vous voyez que je ne me rends pas les choses
particulièrement faciles, mais j'aimerais quand même argumenter
sur cette base.
M. le Président, sur cette base, est-ce que l'article 201
contrevient à ces principes fondamentaux que nous avons adoptés
en deuxième lecture? L'article 201 se lit comme suit: "La régie
peut, avec l'autorisation du gouvernement, acquérir et détenir
des actions de toute corporation constituée pour pratiquer les
assurances de dommages". Il s'agit donc d'un pouvoir qui pourra être ou
ne pas être exercé. S'il était exercé, il aurait
comme conséquence que la régie pourrait détenir des
actions comme actionnaire minoritaire ou des actions même comme
actionnaire majoritaire d'une ou de plusieurs corporations oeuvrant dans le
domaine de l'assurance des dommages matériels, en ce qui concerne
l'assurance automobile.
M. le Président, je pense que ceci ne contrevient en rien aux
principes de la loi 67. Tout d'abord, cette possibilité pour la
régie d'exercer un tel pouvoir maintient le régime de
non-responsabilité dans le domaine des dommages matériels.
D'accord? Je pense que cela maintient le régime de responsabilité
je dis bien responsabilité, M. le Président dans le
domaine des dommages matériels. Ce principe n'est en rien affecté
par ce pouvoir qu'on ajoute à la régie.
Deuxième principe: Est-ce que cet article met en jeu le
régime d'entreprise privée dans le dommage matériel? Je
soutiens que non, M. le Président, pour la raison suivante: c'est que
même si la régie devenait actionnaire, même majoritaire,
d'une ou de plusieurs compagnies d'assurance automobile, ces compagnies
demeureraient privées, au sens de la loi; ce seraient des corporations
privées, à but lucratif, qui seraient dans un régime de
concurrence, donc régime d'entreprise privée et
généralement considéré comme synonyme de
régime de concurrence. Cette compagnie qui serait en fait une compagnie
mixte, une corporation privée, serait en concurrence avec les autres
corporations privées, dans un régime de responsabilité.
Par conséquent, M. le Président, je pense que cet article ne
contrevient en rien aux principes de la loi 67. Par conséquent, j'en
conclus également que cet article n'ajoute aucun nouveau principe au
projet de loi 67 parce que, si c'était le cas, à cause de
l'article 154, deuxième paragraphe, cet article pourrait être
jugé irrecevable. Mais ce n'est pas le cas, M. le Président,
parce que, comme je viens de le dire, cet article respecte le maintien d'un
régime d'entreprise privée, de libre concurrence entre
entreprises privées dans le domaine des dommages matériels, dans
un régime de responsabilité et que, deuxièmement, il
s'agit essentiellement d'une mesure de pression et également d'une
mesure de contrôle qui permet au gouvernement d'établir un secteur
témoin dans
l'assurance automobile. Ce sont les intentions que le ministre a
livrées depuis le début, depuis le dépôt du livre
bleu sur l'assurance automobile. C'est une mesure analogue, elle est
différente bien sûr, mais analogue à celle contenue dans le
projet de loi qui concerne la présence du gouvernement dans une
corporation des assureurs. Cette mesure vise à faire en sorte que le
gouvernement soit bien au fait de ce qui se passe dans le domaine de
l'assurance automobile et qu'il puisse, au besoin, orienter certaines des
décisions de cette corporation.
C'est également une mesure analogue sur le plan de l'information
des citoyens à ces pouvoirs accrus qu'on donne au surintendant des
assurances d'obtenir les manuels de tarification des compagnies, de les
remettre au ministre. Elle-même peut les déposer devant
l'Assemblée nationale de façon qu'ils soient à la
portée de tous les citoyens. De la même façon, on peut
soutenir que cette compagnie ou ces compagnies privées, mais dont les
actions sont détenues majoritairement par la régie, permettraient
cette information des citoyens, ce contrôle, cette pression dans le
domaine de l'assurance privée, mais sans aucunement nier le
régime d'entreprise privée dans le dommage matériel et un
régime où la responsabilité est conservée comme
régime de base.
Pour ces raisons, M. le Président, je pense que l'article
n'ajoute pas de principe, il s'agit d'une modalité, il n'est pas
contradictoire avec les principes de la loi 67 ni avec le principe de la loi
49.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Le premier intervenant de
l'Opposition officielle, le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais d'abord
répondre aux arguments du député de Rosemont. Tout
d'abord, il s'est posé la question à savoir si l'article 201
contrevient à un principe de la loi 49. Je vais vous dire, à ce
moment-ci, que le député de Rosemont est la victime d'une
confusion, et d'une confusion regrettable, mais pas tellement dommageable,
parce qu'il est permis à chacun de nous et à vous-même, M.
le Président, de le ramener dans la bonne voie. La question n'est pas de
savoir si l'article 201 contrevient au principe de la loi 49; au cas où
le député de Rosemont l'aurait oublié, nous
étudions ici le projet de loi 67.
M. Paquette: L'argument avait été invoqué
par le député de...
M. Lalonde: Je prends cet argument, M. le Président, qui
est imbu d'une certaine inanité, et je vais le laisser là. Quant
au projet de loi 67, on se pose la question à savoir s'il contrevient
à un principe de la loi 67? Ma réponse est évidente, je
pense. Oui, il contrevient à un principe dans le sens qu'il crée,
qu'il affirme un principe qui n'est pas prévu. Il ajoute quelque chose
qui n'est pas du tout prévu dans le projet de loi 67. Là, je vais
reprendre un peu, mais plus rapidement que le député de
Jonquière cet après-midi, l'article 3, par exemple, qui dit que
la victime de dommages corporels causés par une automobile est
indemnisée par la régie. Quel est le principe là? C'est
que la victime de dommages corporels causés par une automobile est
indemnisée par la régie. C'est cela le principe. Elle n'est
indemnisée par personne autre et elle n'est pas la victime de n'importe
quel autre dommage. Il s'agit de dommages causés par une automobile.
Suivant les dispositions du présent titre, on est au titre II, il y a
là toutes sortes de dispositions qui prévoient de quelle
manière la victime sera dédommagée.
Le dernier principe ou le dernier volet de ce principe, c'est sans
égard à la responsabilité de quiconque. Voilà, M.
le Président, les principes fondamentaux. Il y en a d'autres. Il y en a
à l'article 4. D'ailleurs, on s'est buté à ces principes
quand on a tenté de les amender. L'indemnisation tient lieu de tous les
droits, recours etc. Où est le droit d'acquérir par la
régie des actions de compagnies d'assurance là-dedans? Je le vois
mal, M. le Président, mais enfin, je laisse cela à votre
jigement. Naturellement, chaque article a un morceau de principe, mais je n'ai
trouvé dans aucun article le principe qui prévoit que la
régie aurait le droit d'acquérir des actions de qui que ce soit
et en particulier des actions de compagnies d'assurances. Est-ce qu'il ajoute
un nouveau principe? Oui. Il ajoute très clairement un nouveau principe.
Dans aucun article, aucun chapitre du projet de loi 67 ne soupçonne-t-on
le pouvoir de la régie d'acquérir des compagnies d'assurances.
Donc il ajoute un nouveau principe.
La régie peut, maintenant, d'après l'article 101; c'est un
nouveau pouvoir qu'on donne à la régie d'acquérir et de
détenir des actions de toute corporation avec l'autorisation du
gouvernement; M. le Président, je soutiens respectueusement que
ça ne nous regarde pas. Cela pourrait être avec l'autorisation du
surintendant, ça pourrait être avec l'autorisation de qui que ce
soit, même une autorité civile ou religieuse, c'est une
modalité. Le principe, c'est le pouvoir de la régie
d'acquérir et détenir des actions de toute corporation
constituée pour pratiquer des assurances de dommages.
C'est un nouveau principe.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de revenir sur
l'argumentation qui est peut-être plus pertinente d'ailleurs à
l'égard de l'article 201 qu'à l'égard de l'article 200. Je
n'ai pas l'intention de revenir sur cette argumentation. Sauf peut-être
pour rappeler l'existence de l'article 64 que vous connaissez sans doute et qui
dit: "une motion ne peut être présentée que par un
représentant du gouvernement, après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a pour objet direct je
vais au sous-paragraphe 3 l'imposition d'une charge additionnelle sur
les revenus publics ou sur les contribuables".
Je soutiens respectueusement, M. le Président, que l'article 201
soumet l'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus publics,
toujours assujettis à l'autorisation du gouvernement.
M. le Président, lorsque le gouvernement agira, décidera,
oui ou non, de l'autoriser, nous, de cette commission parlementaire, et
vous-même, M. le Président, nous serons loin. Le
législateur sera dépassé, laissé pour compte,
laissé de côté à ce moment-là. Or, nous
sommes au niveau de la législation et non pas au niveau de
l'autorisation par le gouvernement.
Il faut donc une recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil pour
qu'une motion puisse être présentée par un
représentant du gouvernement. C'est le cas actuellement, c'est à
l'article 64, qui a pour objet direct l'imposition d'une charge additionnelle.
Je vais simplement répéter, très brièvement, que le
lieutenant-gouverneur en conseil qui a autorisé le ministre à
présenter son projet de loi et dont l'autorisation a été
transmise par le ministre lors du débat en deuxième lecture, ne
comprenait pas, ne couvrait pas, n'incluait pas l'article 201, ne pouvait pas
couvrir, ne pouvait pas inclure, ne pouvait pas comprendre l'article 201, parce
que cet article 201, dans la sagesse du ministre, a été
proposé après coïncidence la deuxième
lecture.
Le ministre était trop occupé pour prendre connaissance
des amendements elle nous l'a dit tantôt qui étaient
préparés pour nous informer; nous de l'Assemblée
nationale, ce n'est pas très impor tant, nous n'étions qu'au
stade de la deuxième lecture, nous ne faisions que nous occuper du
principe, ce n'est pas très important.
Naturellement, la dictature de la majorité avait
déjà décidé qu'elle allait imposer son diktat et a
décidé que ce n'était pas tellement important, les
députés à l'Assemblée nationale; on leur donnerait
ça tranquillement à la commission parlementaire.
Donc, le lieutenant-gouverneur en conseil n'a pas autorisé la
régie à acquérir ou à détenir des actions de
toute corporation constituée pour pratiquer les assurances de dommages.
Ceci, je le soutiens respectueusement, est un défaut majeur,
fondamental. Je m'en réfère à l'article 155 de l'ancien
règlement et je lis le paragraphe 1; "Nulle motion ayant pour objet
direct ou devant entraîner directement l'allocation ou l'affectation de
deniers publics, l'imposition ou l'augmentation de quelque charge sur le
peuple, la remise totale M. le Président, on devrait presque
retirer le projet de loi 67 quand on parle de charge sur le peuple, mais enfin,
je poursuis ou partielle de quelque somme due à la couronne ou la
concession de quelque bien appartenant à la couronne ne peut être
mise en délibération, ni aux voix, à moins que le
lieutenant-gouverneur n'en ait, au préalable, recommandé l'objet
pendant la session en cours, et qu'elle n'ait été renvoyée
à un comité plénier ou rapportée par ce
comité".
Je vous suggérais tantôt qu'une des façons de
contourner le problème serait de faire rapport à
l'Assemblée nationale, mais j'en reste là.
La note 1, à cet article 155, dans le règlement
annoté de l'Assemblée législative de L.P. Geof-frion, dit
ceci: "On ne peut déroger à cette règle parce qu'elle
reproduit, en ce qui concerne la recommandation du lieutenant-gouverneur, une
règle établie par la constitution et les statuts refon- dus du
Québec, et en ce qui concerne l'adoption préalable en
comité plénier, un principe reconnu de droit parlementaire."
M. le Président, le lieutenant-gouverneur n'a pas autorisé
l'article 201, n'a pas autorisé le gouvernement à
présenter l'article 201. Il nous est parvenu par la voie d'une brique
après l'adoption. Il contrevient, il ajoute un principe au principe
déjà retenu par le projet de loi 67, tel qu'adopté par
l'Assemblée nationale.
M. le Président, lorsque nous avons discuté de l'article
200, j'ai fait état d'autres autorités dans le même sens.
Je n'ai pas l'intention de les répéter pour conserver un
caractère de brièveté à mes remarques, tel que vous
l'avez demandé, mais je soutiens respectueusement qu'il y a une
différence fondamentale entre l'article 200 et l'article 201. Je l'avais
même reconnu lors de mes remarques en disant que certains arguments
étaient plus pertinents en ce qui concernait l'article 201 que l'article
200, parce que l'article 200, sans revenir sur votre décision,
commentait la façon dont la régie allait administrer le
régime et l'article 3 du projet de loi 67 confiait à la
régie la responsabilité d'administrer ce régime. Mais
cependant, ni l'article 3 ni aucun autre article ne prévoit que la
régie va commencer à acheter des compagnies d'assurances.
Dans cette mesure, M. le Président, je crois que votre
décision va affecter un principe fondamental, et de façon
beaucoup plus brutale que l'article 200, de façon beaucoup plus brutale.
Dans quelle mesure peut-on permettre à une commission parlementaire,
à un gouvernement, de tenter, comme le gouvernement le fait avec
l'article 201, de déroger aux principes fondamentaux de notre droit
parlementaire, à savoir que c'est l'Assemblée nationale qui doit
d'abord adopter les principes et confier ensuite à une commission
parlementaire le soin d'en discuter les détails lors de l'examen,
article par article?
C'est une décision fondamentale, encore plus rigoureusement
fondamentale que celle de l'article 200 et je sais que vous en êtes
conscient, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Si vous voulez attendre, M. le
député d'Outremont, peut-être pourrait-on laisser parler
une autre formation politique?
M. Raynauld: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je pense qu'il faut
attacher une importance primordiale aux mots qui sont utilisés dans
l'article 201, qui fait l'objet de la présente discussion. L'article 201
nous dit: La régie peut, avec l'autorisation du gouvernement,
acquérir et détenir des actions de toute corporation
constituée pour pratiquer les assurances de dommages."
M. le Président, le mot "pratiquer" est un mot important. Si le
gouvernement acquiert et détient
des actions de corporations pour pratiquer les assurances de dommages,
je pense que c'est là le principe nouveau qui est ajouté.
Dans le texte de la loi 67 qui nous donne le principe au début,
dans les notes explicatives, on dit et j'y reviens juste pour vous donner
le grand principe qui est donné au tout début: "Ce projet vise
l'instauration au Québec d'un régime d'indemnisation des
personnes lésées à raison d'un dommage corporel on
parle de dommage corporel seulement causé par une automobile.
Le principe de la loi, c'est d'indemniser les personnes qui subiront des
dommages corporels causés par une automobile, M. le Président, si
on établit le principe que la couverture des dommages corporels est un
principe... On dit que le gouvernement va pratiquer l'assurance de dommages
corporels. C'est cela le principe du projet de loi 67.
A posteriori, si c'est un principe de permettre au gouvernement de se
lancer dans le commerce de dommages corporels, c'en est sûrement un autre
que de permettre au gouvernement de se lancer dans un autre commerce, qui est
celui du commerce de tout dommage, l'assurance des dommages.
Quant on parle d'assurance-dommages, c'est tout autre chose, cela peut
être l'assurance pour dommages sur les automobiles, sur les dommages
matériels, cela peut être l'assurance de responsabilité
publique en général, cela peut être l'assurance
commerciale. On a fait allusion, cet après-midi, à l'assurance
qu'on pourrait offrir à des sportifs, par exemple, qui subiraient des
accidents de chasse ou de pêche, enfin toutes sortes de dommages,
d'assurance-dommages.
M. le Président, ce n'est pas du tout le but du projet de loi 67.
Le but du projet de loi 67, c'est d'indemniser des personnes
lésées à raison de dommages corporels causés par
une automobile.
On nous dit: Si c'est nécessaire, on va acheter une ou deux
compagnies d'assurances, on va faire une concurrence loyale, on va créer
un secteur témoin. M. le Président, que le gouvernement montre
donc son vrai visage, qu'il nous dise tout simplement qu'il veut s'en aller
vers l'étatisation complète de toute l'assurance, l'assurance
automobile, de toute assurance-dommages. C'est là le nouveau principe
qu'on veut ajouter.
On nous dit: On n'en aura pas besoin, mais on va le mettre quand
même. M. le Président, ce n'est pas comme cela qu'on agit. Si on
n'en a pas besoin, qu'on le retire tout de suite et qu'on arrête d'en
discuter. On y reviendra, si on en a besoin plus tard avec un autre projet de
loi. A ce moment, on aura l'occasion, comme parlementaires, de discuter de ces
principes, lorsqu'on étudiera ce futur projet de loi en deuxième
lecture. C'est cela le principe qu'on ajoute, c'est le principe de se lancer
dans le commerce, en concurrence loyale, comme on le dit, mais de se lancer
quand même dans le commerce de toute assurance-dommages. C'est un
principe qui est ajouté, c'est un principe qui contrevient à
l'article 158 de notre règlement qui dit: "Une commission ne peut
modifier, dans son principe, une proposition qui a déjà
été acceptée par l'Assemblée nationale".
L'Assemblée nationale a accepté le principe du projet de
loi 67 que je vous ai mentionné en deuxième lecture, mais elle
n'a jamais sanctionné le principe qui est ajouté dans l'article
201, soit celui de se lancer dans le commerce de dommages tout simplement, de
tout dommage.
L'autre argument qui a également été invoqué
par le député de Marguerite-Bourgeoys est en ce sens que le
lieutenant-gouverneur n'a pas accordé son autorisation pour
étudier cet article, parce que c'est bien sûr que si on accepte
cet article, il va occasionner des dépenses. Or, le
lieutenant-gouverneur doit toujours accorder son autorisation là-dessus,
et je vous réfère, bien sûr, à l'article 64,
paragraphe 3, qui dit: "Une motion ne peut être présentée
que par un représentant du gouvernement, après recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a pour objet: "3. L'imposition
d'une charge additionnelle sur les revenus publics ou sur les
contribuables;"
II y a une contribution supplémentaire du public qui va
être la conséquence de l'acceptation de l'article 201 du projet de
loi. Vous pouvez être sûr que si le lieutenant-gouverneur avait
connu toutes les implications de ce projet de loi, il n'aurait sûrement
pas donné son autorisation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, brièvement.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je dois dire que je
regrette un peu d'être obligé de revenir je me sens un peu
obligé de revenir pour discuter des principes qui ont
été largement et abondamment discutés au cours de
l'après-midi et au début de la soirée.
Je ne voudrais pas vous donner trop de lumière, parce que trop de
lumière risque d'aveugler. C'est quand même une chose sur laquelle
il faut exercer une certaine prudence.
Mais, après avoir écouté les propos du
député de Rosemont, ce ne sont certainement pas eux qui ont
contribué à vous éblouir, ni encore moins à vous
aveugler. Il est évident et cela crève les yeux que c'est un
changement de principe de la loi 49 puisqu'on étend les pouvoirs de la
loi 49.
En ce qui a trait aux principes de la loi 67, cela crève encore
les yeux qu'il n'était aucunement question, lors du débat de
deuxième lecture, de modifier la loi de la régie pour lui
accorder les pouvoirs de se lancer dans d'autres secteurs d'activités,
dans l'assurance et de se porter acquéreur de compagnies d'assurances.
Ce sont des propos qui n'ont été dits à l'Assemblée
nationale par aucune personne qui est intervenue pour et au nom du
gouvernement, ni même par Mme le ministre.
M. le Président, je ne voudrais pas revenir à toute la
discussion et à toute l'argumentation qui vous ont été
fournies au cours de l'après-midi et qui viennent encore d'être
fournies par des mem-
bres de l'Opposition, parce que j'estime qu'actuellement, on est en
train de faire de la discussion pour faire de la discussion. Je ne vous fais
pas de reproche, mais, si la décision avait été rendue
auparavant, cet après-midi, il y a belle lurette que cela aurait
été décidé. Vous n'étiez peut-être pas
en mesure de rendre votre décision, je ne vous en fais pas grief. Je
pense quand même que, si vous pouviez avoir des doutes sur l'article 200,
c'est très clair pour l'article 201.
Je terminerai là-dessus pour dire tout simplement qu'en se
référant encore à l'article 158... J'hésite
même à citer encore une fois l'article 158, parce qu'on a
l'impression d'être un peu perroquet à force de le citer et de le
reciter, mais c'est clair. Une commission ne peut modifier dans son principe
une proposition qui a déjà été acceptée par
l'Assemblée. Le vote que nous avons été appelés
à prendre à l'Assemblée nationale reposait sur trois
grands principes: Un régime d'indemnité pour blessures
corporelles sans égard à la responsabilité. Ce
régime d'indemnité est confié à la Régie de
l'assurance automobile. Le troisième principe qu'il y avait dans ce
projet de loi consistait à introduire un élément je
pense que je viens de le citer de non-responsabilité. En tout
cas, comme on vous l'a signalé, comme plusieurs des membres de cette
commission vous l'ont signalé, le député de
Nicolet-Yamaska vient de le faire d'une façon très claire, le
député de Marguerite-Bourgeoys également, je me priverai
de continuer davantage, mais, en vous référant aux propos que
j'ai tenus cet après-midi et à l'exemple que je vous ai
donné, relativement à d'autres lois qui pourraient être
adoptées, et avec lesquelles on pourrait essayer de tenter le même
genre de procédure à la commission parlementaire, une fois que
l'Assemblée nationale en a disposé... C'est peut-être
faible comme argument, mais je tiens quand même à vous dire que
les arguments de fond que nous vous avons livrés, qui sont
consignés au journal des Débats, je pense que vous les avez
notés et il n'est pas nécessaire d'en ajouter d'autres. Je pense
que vous en avez suffisamment et que vous êtes suffisamment
éclairé.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont, brièvement, s'il vous plaît.
M. Raynauld: Oui, M. le Président. Je pense qu'il faut
établir, d'abord, que ce que cet article 201 ajoute, c'est bien un
principe. Si on ne peut pas s'entendre sur ce point, je me demande ce qui va
être important pour un gouvernement, ce qui sera important pour une
société, si on n'entre pas, dans ces principes, le pouvoir pour
un gouvernement d'acquérir des entreprises privées, de prendre
des participations, d'acheter des entreprises privées et de les
transformer en entreprise d'Etat. Je pense qu'il s'agit vraiment là d'un
principe fondamental. Ce principe n'apparaît pas à la loi 49.
C'est donc un principe nouveau. Ce principe n'apparaît pas non plus
à la loi 67. On l'a dit longtemps et souvent, les principes de la loi 67
ne comprennent pas la nationalisation ou l'acquisition d'en- treprises
privées. Ce principe peut même contrevenir à l'article 3 du
projet de loi 67, dans la mesure où cet amendement, l'article 201, ne
comporte aucune restriction.
La régie peut acquérir n'importe quelle entreprise qui
s'occupe d'assurance de dommages, comme il est dit à cet amendement 201.
Je pense donc qu'il peut contrevenir à l'article 3 du projet de loi 67
dans la mesure où on pourrait acquérir une entreprise et
décider que cette entreprise va indemniser les dommages corporels
suivant un principe d'égard à la responsabilité ou sans
égard à la responsabilité.
Par conséquent, je pense que ce principe d'acquisition d'une
entreprise privée n'a pu être discuté par
l'Assemblée nationale. Comme je pense qu'il s'agit d'un principe
fondamental, je crois que cela contrevient à toutes les règles
parlementaires que nous suivons ici.
Je dirai enfin que, nulle part dans la loi, il n'est prévu que la
régie pourrait disposer du pouvoir d'acquérir des entreprises,
mais, si elle a le pouvoir d'acquérir des entreprises, on devrait dire,
dans la loi 67 ou dans la loi 49, que la régie a aussi le pouvoir d'agir
comme assureur puisque, si elle devient propriétaire d'une entreprise
d'assurance, elle devient assureur.
Ici, je pourrais comparer ce qui a été fait par exemple
dans le cas de l'amiante. On a le projet de loi no 70 sur la
Société nationale de l'amiante. Il s'agit bien d'une loi qui a
été déposée dans le but d'acquérir une
entreprise privée. Et quel est l'objet de cette société?
"La société a pour objet la recherche, le développement et
l'exploitation des gisements d'amiante, y compris la mise en marché de
la production, de même que toute activité industrielle,
manufacturière ou commerciale reliée à la transformation
de la fibre d'amiante."
Une Voix: Ce sont les notes explicatives.
M. Raynauld: Ce sont les notes explicatives du projet de loi no
70. Donc, il est bien clair que si le législateur avait voulu donner le
pouvoir d'acquérir des entreprises sous une forme majoritaire, il aurait
aussi fallu que la loi 49 ou la loi 67 autorise la régie à agir
comme assureur, c'est-à-dire à faire le commerce de l'assurance
et à avoir le pouvoir de faire toute opération reliée
à cette activité.
Donc, je pense que ce n'était prévu ni dans l'une ou
l'autre loi. C'est un pouvoir qui me semble important, sinon capital, puisqu'il
change les règles du jeu. Ce n'est pas avec des équivoques et des
expressions qui ne veulent rien dire comme celle, par exemple, du secteur
témoin qu'on va changer la réalité.
La réalité des choses, c'est que, lorsqu'on acquiert une
entreprise et qu'on en acquiert la majorité des actions, cela ne demeure
pas, contrairement à ce que le député de Rosemont a pu
dire tout à l'heure, une entreprise privée. Cela devient une
entreprise publique. C'est évident. L'expression de secteur
témoin ne fait que cacher des réalités qui sont
déplaisantes à l'opinion publique et c'est pour cela qu'on
l'appelle comme cela.
C'est exactement la même chose que lors-
qu'on est passé de la séparation à
l'indépendance, de l'indépendance à la
souveraineté, de la souveraineté à la
confédération. Là, c'est exactement la même
opération qu'on est en train de faire. On ne nationalise pas, mais non,
on achète de gré à gré. Et si on achète de
gré à gré, l'entreprise demeure privée. La belle
affaire! des entreprises publiques mais qui demeurent privées.
Le secteur témoin, c'est la même chose. On crée des
entreprises publiques qui sont, par nature, c'est bien évident, des
entreprises qui ont des pouvoirs monopolistiques puisque c'est l'Etat qui leur
donne les pouvoirs. Et on dit: Bien non, ce sont des entreprises qui restent
dans le système de la concurrence. Cela ne change rien. C'est une petite
modalité.
Mais on sait très bien que la réalité n'est pas
celle-là du tout. Une des grandes caractéristiques des
entreprises publiques, on l'a vu dans l'acier, c'est justement de supprimer la
concurrence progressivement et de forcer le gouvernement à intervenir
encore davantage parce que plus le gouvernement intervient dans ce
domaine-là, moins les entreprises privées sont en mesure de
rendre les services que le gouvernement peut être en droit d'attendre de
ces entreprises privées.
Je dis donc que c'est un principe important, c'est un principe qui, je
pense, tient vraiment à l'essence même du genre de régime
que nous avons et il me semble inconcevable qu'on puisse faire un tel
changement sans que l'Assemblée nationale en ait été
saisie de façon explicite, ouverte, franche, honnête. Un
amendement comme l'article 201 est une manoeuvre qui a été
apportée à la dernière minute pour tâcher de faire
passer une décision sans que les parlementaires aient pu en discuter.
C'est pour cela que nous en sommes là aujourd'hui, nous en sommes rendus
à discuter de la recevabilité d'une motion pour pouvoir discuter
de ce projet, lorsqu'il s'agit d'une nationalisation ou d'un achat de
gré à gré. C'est fantastiquel II me semble qu'il aurait
fallu, seulement pour cela, une loi spéciale apportée,
discutée à l'Assemblée nationale. On aurait aussi pu en
discuter en commission parlementaire par la suite.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais bien poser une
question.
M. Raynauld: Si vous me permettez de terminer, M. le
Président, je pense qu'il s'agit d'un principe important, d'un principe
qu'on n'a pas pu discuter, ni pour la loi 49, ni pour la loi 67; cela donne
à cette régie des pouvoirs accrus de beaucoup, qui
n'étaient pas prévus et, à mon avis, pour ces raisons, cet
amendement est évidemment non recevable.
M. Paquette: Est-ce que le député me permettrait de
lui poser une question? Est-ce qu'une banque, comme la Banque Canadienne
Nationale ou la Banque Provinciale qui est une banque privée
dont les actions sont détenues majoritairement par le Mouvement
coopératif Desjardins, est-ce que ça en fait une
coopérative pour autant?
M. Saint-Germain: Je ne vois pas de relation.
M. Paquette: Vous ne la voyez pas, mais elle est évidente.
De la même façon, est-ce qu'une régie publique, qui
détient la majorité des actions d'une compagnie privée,
est-ce que ça en fait une compagnie publique?
M. Raynauld: Je vais répondre. A ma connaissance, les
caisses populaires n'ont pas les actions majoritaires de la Banque Provinciale,
c'est un actionnaire minoritaire.
M. Paquette: Mettons qu'elles le sont.
M. Raynauld: Elles le sont. A ce moment, c'est une filiale, si
elles deviennent majoritaires, c'est une filiale qui appartient aux caisses
populaires; cela n'en fait pas une coopérative, bien sûr, c'est
bien évident, mais il n'en demeure pas moins que ce sont les caisses
populaires qui en sont propriétaires et qui peuvent décider ce
qu'elles veulent.
M. Paquette: Pour ça, d'accord.
M. Raynauld: Elles désignent la majorité des
membres du conseil d'administration, elles font agir cette filiale de la
façon qu'elles veulent parce qu'elles ont le contrôle majoritaire.
Je dis que, si le gouvernement acquiert le contrôle majoritaire d'une
entreprise privée, ça devient une entreprise d'Etat.
M. Paquette: Ce n'est pas une entreprise publique, c'est une
entreprise privée sous contrôle majoritaire de l'Etat.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
serai très bref...
M. Roy: Bravo, c'est le meilleur discours!
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que tout a
été dit.
M. Lalonde: Tout a été dit? Je pense, oui!
M. Vaillancourt (Jonquière): Presque tout.
M. le Président, je voudrais simplement faire miennes les paroles
du député de Rosemont quant à la recevabilité de
l'amendement apporté à l'article 201 et surtout prendre bonne
note et admission du mot employé par les députés de
Marguerite-Bourgeoys et d'Outremont, le mot "pouvoirs" que l'on accorde
à la régie.
M. le Président, lorsque nous avons discuté de la
recevabilité de l'article 200, nous avons fait la distinction entre les
principes, d'une part, d'un projet de loi et, d'autre part, les pouvoirs, les
attributions, les devoirs, les fonctions que nous accordions à un
organisme. M. le Président, je suis sûr que, comme moi, vous avez
entendu ces mots
dans la bouche des députés d'Outremont et de
Marguerite-Bourgeoys.
M. le député de Rosemont a amplement parlé des
principes du projet de loi 67, que vous connaissez très bien. C'est un
principe de non-responsabilité en ce qui concerne les dommages corporels
et c'est un principe de responsabilité en ce qui concerne les dommages
matériels, mais, en aucun endroit, dans le texte de loi, nous
n'attribuons, de façon exclusive, que ce soit dans le titre I ou dans le
titre II, à un organisme précis l'accomplissement de ces
fonctions et de ces devoirs. A aucun moment, dans les articles 74 et suivants,
on n'accorde l'exclusivité de l'indemnisation des dommages
matériels à l'entreprise privée et à aucun endroit,
M. le Président, on ne le fait dans le titre I, puisque les compagnies
privées d'assurance pourront également assurer pour les dommages
corporels pour des montants supérieurs aux indemnités
prévues par la loi.
M. le Président, je soumets respectueusement que l'article 201,
tel que présenté par Mme le ministre, devrait être
accepté, déclaré recevable du moins.
M. Raynauld: Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Jonquière? Est-ce qu'il admet que si la
régie acquerrait une société privée, acquerrait le
contrôle majoritaire d'une société privée, cela
viendrait en conflit avec le titre II où on dit, suivant vos propres
termes, que ce sont les entreprises privées qui ont
l'exclusivité...
M. Vaillancourt (Jonquière): Où cela?
M. Raynauld: ... de l'indemnisation des dommages
matériels?
M. Vaillancourt (Jonquière): Où cela?
L'exclusivité?
M. Raynauld: C'est vous qui avez dit cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non. J'ai dit justement qu'on
ne disait pas qu'on donnait l'exclusivité. M. le Président,
d'ailleurs, puisque le député d'Outremont m'amène sur ce
terrain, j'aimerais vous ramener à la page 26 et à l'article 74
du projet de loi 67 où, en dessous du titre III, il est écrit:
L'indemnisation du dommage matériel, Responsabilité civile et
régime d'assurance. M. le Président, c'est très clair,
à la lecture de ces mots, que c'est le principe de la
responsabilité civile qui est maintenu et à aucun endroit dans
l'article on n'accorde l'exclusivité de la compensation en dommages
matériels à l'entreprise privée.
M. Raynauld: Et nulle part n'est-il dit que la régie a le
pouvoir de payer des indemnités pour des dommages matériels.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'admets cela, mais le
problème n'est pas là.
M. Raynauld: C'est là qu'est le problème.
C'est là que viendrait la... C'est là qu'est le
principe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le problème est de
savoir si...
M. Paquette: Ce n'est pas la régie qui le ferait, c'est
une corporation privée sous contrôle majoritaire de la
régie qui paierait les indemnités comme n'importe quelle
compagnie d'assurances. Absolument.
M. Raynauld: Bien, voyons donc! Voyons donc!
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Raynauld: Cela n'a aucun sens, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Raynauld: La régie deviendrait une entreprise
privée.
Une Voix: Décision.
M. Paquette: Ce ne sont pas ses actionnaires.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Saint-Germain: On est en train de "filibuster " l'Opposition,
M. le Président.
Amendement jugé irrecevable
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier. Je vous remercie, messieurs. J'ai reçu tellement de
lumière de votre part que j'ai l'impression de ressembler à un
arbre de Noël illuminé à ce moment-ci de nos
débats.
Une Voix: Cela vaut un cadeau au moins!
Le Président (M. Bertrand): Cela dépend pour
qui.
M. Roy: Vous n'avez pas de couronne ni d'ange au-dessus!
Le Président (M. Bertrand): Je voudrais
immédiatement indiquer, pour que cela soit bien compris, parce qu'au
moment où ma décision sera rendue...
Mme Payette: Elle sera sans recours et sans appel.
Le Président (M. Bertrand): ... elle sera sans recours et
sans appel, et l'un des deux côtés de cette table, que ce soit
à ma droite ou à ma gauche, pourrait se sentir
lésé. Je veux indiquer immédiatement que je prends cette
décision en toute liberté, n'étant ni affecté par
les formes de chantage qui ont pu être exprimées à savoir
que les
membres de l'Opposition quitteraient la commission s'il advenait que
nous adoptions, que nous recevions des articles qui leur apparaissent
absolument indiscutables en cette commission. Je ne fais pas de procès
là.
M. Roy: Qui a dit cela?
M. Raynauld: On n'a jamais parlé de cela.
Le Président (M. Bertrand): Je ne fais pas de
procès. Je n'ai même pas indiqué qu'un tel chantage avait
pu être exprimé officiellement. Je dis simplement que si on
pouvait croire que je me laisserais emporter dans ma décision par une
quelconque volonté des membres de l'Opposition, une fois que la
décision serait rendue, de quitter...
M. Roy: Vous avez des voix.
Le Président (M. Bertrand): Ah! J'ai des choses.
J'ai des oreilles en tout cas. Ou même que ce soit du côté
du gouvernement, le fait de sentir qu'ayant un président qui est membre
de cette formation politique et qui, en d'autres lieux, siège aussi
comme partisan...
M. Vaillancourt (Jonquière): Un député
averti en vaut deux!
Le Président (M. Bertrand): ... il est bien clair que,
dans les circonstances, je ne saurais subir d'influence indue que ce soit du
côté gouvernemental ou du côté de l'Opposition.
Mme Payette: ...
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre, je
préfère ne pas répéter tout haut ce que vous m'avez
dit tout bas.
M. Saint-Germain: Ne me dites pas que vous allez rester tout
seul!
Le Président (M. Bertrand): L'article 201 est très
différent de l'article 200. Je crois que c'est le député
de Nicolet-Yamaska, non, c'est le député de Marguerite-Bourgeoys
qui a tenu ces propos. Je pense qu'il ne pouvait pas dire plus juste.
L'article 201 amène une prise en considération d'un
certain nombre d'éléments qui n'avaient pas leur prise sur
l'article 200. A l'article 201, plusieurs des intervenants ont fait valoir une
question de principe: l'article 201 contrevient-il au principe de la loi 49?
L'article 201 contrevient-il au principe de la loi 67? L'article 201
ajoute-t-il un principe à la loi 67? Discussions valables, pertinentes,
questions importantes, réponses, à l'occasion, très
sensées, de part et d'autre. Il y a effectivement toute une discussion
autour du principe ou du fond de l'article 201, à savoir si le fait de
permettre à la régie, avec l'autorisation du gouvernement,
d'acquérir, de détenir des actions de toute corporation pour
pratiquer des assurances de chômage... de dommages...
M. Lalonde: Ce serait plus payant en chômage.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce là un nouveau
principe...
Mme Payette: Le député d'Outremont voudrait qu'on
le prenne.
Le Président (M. Bertrand): ... à la loi 49? Je
pense que le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il peut y avoir un doute
raisonnable à la présidence à l'effet de trancher, pour
dire que c'est ou ce n'est pas un principe nouveau; un doute énorme.
Est-ce un article qui contrevient au principe de la loi 67? M. le
député de Beauce-Sud faisait remarquer, à juste titre, que
j'avais tenu des paroles... A un certain moment durant les travaux de cette
commission, il m'avait demandé: "Très bien, de toute
façon, je pense qu'un des principes, si je peux en juger par votre
décision, serait l'établissement d'un régime public
d'indemnité pour les dommages corporels?" Réponse du
président: "Exact". M. Roy: "De confier à l'entreprise
privée les indemnités au point de vue des dommages
matériels". Réponse du président: "Exact". "La notion de
non-responsabilité"? Député de Beauce-Sud, réponse
du président: "Exact".
Je m'étais donc avancé prudemment dans certaines
réponses données au député de Beauce-Sud sur les
principes de la loi 67, quant à l'instauration d'un régime public
d'assurance automobile pour la couverture des dommages corporels exercée
par une régie, et le maintien d'un régime privé, avec
responsabilité civile, assurance obligatoire pour les dommages
matériels.
Donc, l'article 201 contrevient-il au principe de la loi 67?
Jusqu'à un certain point, je serais porté à dire oui. Le
député de Rosemont a fait valoir des arguments valables, il a
tenté de plaider qu'une société, une régie, un
organisme pouvaient participer financièrement dans des entreprises
privées et ne pas pour autant consacrer le caractère public d'une
telle entreprise. La Caisse de dépôts effectue un certain nombre
d'opérations, la Société générale de
financement effectue un certain nombre d'opérations. Ce ne sont pas pour
autant des sociétés qui deviennent propriétaires des
entreprises dans lesquelles elles acceptent de participer.
Mais la réponse ou l'argumentation du député de
Rosemont, tout au plus, vient faire contrepoids à certains
éléments que j'avais moi-même apportés, en
considérant, suite à des questions du député de
Beauce-Sud, qu'il y avait effectivement dans le projet de loi 67,
reconnaissance de la responsabilité de l'entreprise privée pour
ce qui était des dommages matériels.
Le moins qu'on puisse dire, à la deuxième question du
député de Rosemont, contrevient-il au principe de la loi 67? Un
gros doute.
Ajoute-t-il un principe à la loi 67? Je pense qu'ayant
répondu à la deuxième question, c'est-à-dire:
Contrevient-il au principe de la loi 67? nous nous trouvons indirectement
à répondre à la
troisième question: Ajoute-t-il un principe à la loi
67?
Dans les circonstances, je dois donc, à tout le moins, constater
que si l'amendement apporté par le ministre responsable, et, en tant que
tel, sur le strict plan de la forme, c'est-à-dire le gouvernement,
apporte un amendement en commission parlementaire, en deuxième lecture,
au moment de l'étude article par article, sur le plan strictement de la
forme, il a effectué le même geste que lorsqu'il a apporté
un amendement au projet de loi 67, à l'article 200. C'est le même
geste. Il y a une totale adéquation dans la procédure qu'a
dû employer le gouvernement pour amener cet amendement sur la table.
Cependant, avec les réserves, les doutes que je viens
d'émettre sur le caractère de principe qui est celui de l'article
201, je dois donc en même temps constater qu'effectivement, cela la
différencie beaucoup de l'article 200.
J'ai bien dit, au moment de juger recevable l'article 200, que l'article
200, tout au plus, ne faisait que reprendre, pour l'améliorer, un
article déjà voté dans le cadre du projet de loi no 49, un
article discuté en deuxième lecture à l'Assemblée
nationale, en deuxième lecture en commission parlementaire, au moment de
l'étude article par article, et que nous ne pouvions certainement pas
considérer que l'article 200 apportait quoi que ce soit de neuf au
projet de loi no 67 et à la loi no 49.
Ce n'est pas le cas de l'article 201. L'article 201, c'est du neuf.
L'article 201, ce n'était pas inscrit en d'autres lettres, sous une
autre forme, dans la loi 49. Ce n'était pas non plus, comme tel,
présenté au moment où le projet de loi no 67 a
été déposé en première lecture, à
l'Assemblée nationale, et discuté en deuxième lecture,
à l'Assemblée nationale.
Il y a donc un article 201. J'ai des réserves et des doutes
à savoir si c'est un principe ou pas, mais je constate que les arguments
sur lesquels je m'étais fondé pour recevoir l'article 200 ne
peuvent pas du tout, de la même façon, être invoqués
pour l'article 201. Il faudrait que, pour l'accepter, j'invoque d'autres
arguments. Et quels seraient ces autres arguments? Il faudrait d'abord que
j'aie la conviction profonde, certaine, hors de tout doute, qu'il ne s'agit pas
d'un principe.
Il faudrait aussi que j'aie le sentiment que les règles qui
président à l'adoption de nos lois ont été
respectées. Si c'était un principe que l'article 201, ce serait
immédiatement réglé, cette motion d'amendement serait
jugée irrecevable. Si c'est un principe sur lequel j'ai des doutes et
des réserves, le moins qu'on puisse dire, c'est que d'apporter un tel
amendement en deuxième lecture, au moment de l'étude article par
article, c'est délicat, si on considère que, déjà,
le projet de loi 67 contenait des articles qui faisaient
référence à la loi 49 et à la présence d'une
régie, et qu'il aurait bien pu arriver que, malgré le fait que la
loi 49 soit adoptée après que le projet de loi 67 ait
été déposé à l'Assemblée nationale,
on pouvait tout de même annoncer déjà ses couleurs dans le
projet de loi no 67.
A ce moment-ci, devant cet état de doute, de réserve, je
m'en remets à un article de nos règlements qui est l'article 43.
L'article 43 se lit comme suit: "43.-. Le Président se prononce sur les
questions de règlement un débat sur la recevabilité
constitue, à toutes fins pratiques, une question de règlement
au moment où il le juge à propos, et il peut demander des
directives à l'Assemblée ou la laisser se prononcer".
Voilà un article de nos règlements fort peu
invoqué, fort peu utilisé. De mémoire d'homme, puisque je
ne peux parler de la mienne, puisque je n'y étais pas, ou de
parlementaire, je crois que la dernière fois qu'on s'est servi d'un tel
article, c'est au moment des événements d'octobre, des mesures de
guerre. Le président de l'Assemblée nationale d'alors avait
invoqué l'article 43 pour demander à l'Assemblée de se
prononcer.
M. Roy: Le règlement n'existait pas.
Le Président (M. Bertrand): Mais on avait invoqué
cette possibilité pour la présidence de laisser
l'Assemblée se prononcer.
Je n'utiliserai pas l'article 43. A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. Roy: Quand on veut rire du monde, c'est comme cela, allez-y.
Allez-y, riez, c'est drôle.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud!
M. Vaillancourt (Jonquière): Un jugement
motivé.
M. Fontaine: Honni soit qui mal y pense.
Le Président (M. Bertrand): Je n'utiliserai pas l'article
43, parce que je pense que ce serait sombrer dans la facilité et
s'empêcher de prendre ses responsabilités. Je pense que la
présidence doit prendre ses responsabilités.
Dans le contexte de doute sérieux et de réserve que j'ai
à l'endroit de l'article 201 quant à son critère de
principe, considérant que les règles normales de discussion de
nos lois font en sorte que nous devons, je pense, permettre au maximum que tout
ce sur quoi peut percer quelque doute puisse faire l'objet de débat
là où vraiment les membres de l'Assemblée nationale
peuvent le faire en ayant le sentiment qu'ils peuvent discuter de tous les
principes, même ceux sur lesquels on a des doutes, et considérant
de plus que l'article 201 est un amendement à la loi 49, que c'est sur
le projet de loi 67, que nous sommes en train de travailler et qu'un amendement
apporté dans le cadre de l'étude du projet de loi 67 sur une
autre loi avec des conséquences peut-être aussi importantes que
celles que laissaient entrevoir les expressions d'opinions des membres de la
commission et les doutes du président, car le président ne peut
pas se cacher qu'il y a là une porte ouverte très grande, je dois
juger irrecevable cette motion
d'amendement et, Mme le ministre, à ce moment-ci, je vous
demanderais, s'il vous plaît, de nous présenter l'article 202.
Une Voix: Oui, M. le Président.
Mme Payette: L'article 202 se lit comme suit: "L'article 7 de
ladite loi...
M. Paquette: M. le Président, question de directive. Je ne
voudrais pas éterniser le débat là-dessus, je respecte
votre décision. J'aimerais simplement vous demander s'il n'y a pas un
précédent. Lorsque nous débattions de la loi 101, je me
rappelle que l'Opposition avait présenté une motion d'amendement,
que le président avait été placé devant le
même dilemme que vous-même, M. le Président, et qu'il avait
finalement décidé qu'en cas de doute, il était
préférable de laisser débattre l'amendement devant la
commission.
Je me demande si, étant donné ce précédent,
vous ne créerez pas un autre précédent dans le sens
inverse.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont, je veux qu'il soit bien établi que mes doutes ne sont pas sur
la décision que je rends, mes doutes sont sur le caractère de
principe de l'article 201. J'avais un autre élément à
ajouter, M. le député de Rosemont, mais je pense que cet
élément de réponse devrait vous satisfaire pour
l'instant.
M. Paquette: On ne peut pas dire qu'on n'a pas essayé!
Mme Payette: M. le Président, l'article 202 se lit comme
suit...
M. Roy: Je m'excuse, Mme le ministre, sur ce qui vient
d'être dit, il y a quand même une décision qui a
été suspendue, concernant la dernière partie de l'article
200. Est-ce que c'est le même jugement qui s'applique à l'article
201?
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, c'est l'autre élément d'information que je voulais
ajouter à l'endroit du député de Rosemont. Cette
décision que j'ai rendue, je l'ai rendue après avoir
écouté les membres de la commission. Je dois vous dire aussi que
j'ai consulté le président de l'Assemblée nationale et le
vice-président de l'Assemblée nationale pour obtenir aussi
certains renseignements qui m'ont été très utiles. Je
voudrais, M. le député de Beauce-Sud, maintenir tout de
même en délibéré ma décision quant au dernier
paragraphe de l'article 200, pour l'instant.
M. Roy: Maintenant, M. le Président, sur un point de
règlement. En vertu des dispositions de notre règlement, la
commission est tenue de faire rapport. Est-ce que la décision que vous
venez de rendre va être bien mentionnée dans le rapport, parce que
la commission a un rapporteur? Ce que j'aimerais savoir, à ce moment,
c'est si la décision que vous venez de rendre va être bien
inscrite dans le rapport de la commission à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Bertrand): Elle le sera, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Quand prévoyez-vous pouvoir informer les membres
de la commission de votre décision concernant la deuxième partie
de l'article 200?
Le Président (M. Bertrand): Demain, avant que nous ne
terminions l'étude du projet de loi 67 en commission parlementaire.
M. Roy: Je m'excuse, mais puisque vous avez dit ce sont
quand même des questions qui sont assez fondamentales que vous
alliez consulter le vice-président et le président de
l'Assemblée nationale, j'estime que cela pourra se faire demain au
début de la journée. Pour quelle raison, demain, dès
l'ouverture de nos travaux, ne rendriez-vous pas votre décision sur cet
article, plutôt que d'attendre à 23 heures ou minuit, demain
soir?
Le Président (M. Bertrand): Vous pouvez être
certain, M. le député de Beauce-Sud, que, dans toute la mesure du
possible, cela sera fait le plus tôt possible dans la journée de
demain. Je n'attendrai pas, je peux vous en assurer, que nous soyons rendus
à la toute fin de nos travaux, demain soir.
M. Roy: Je serais tenté de poser une question à Mme
le ministre à ce moment. Je parle un peu après avoir vécu
certaines expériences. Lorsque des motions sont rejetées ou sont
battues en commission parlementaire, le gouvernement peut ou pourrait les
déclarer irrecevables et pourrait réintroduire ces amendements
lorsque chaque parti politique, après le dépôt du rapport,
dispose d'un certain nombre d'heures pour suggérer et proposer des
amendements au projet de loi. Ce que j'aimerais savoir, de façon
très claire, c'est si on est en mesure de nous dire si le gouvernement a
l'intention de revenir avec cette motion dans les amendements qu'il entend
proposer, que Mme le ministre entend proposer avant l'adoption du rapport
à l'Assemblée nationale, après son dépôt.
Mme Payette: M. le Président, je ne crois pas être
en mesure de donner une réponse au député de Beauce-Sud
maintenant. La décision du président m'a ébranlée
aussi et je demande le temps de réfléchir, ce qui me paraît
normal.
M. Roy: Nous nageons dans l'incertitude, dans
l'indécision, dans l'équivoque. Nous avons une motion de
bâillon. Il faut finir avant demain soir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Article 202, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Article 202?
M. Fontaine: Seulement un renseignement.
Lorsque vous aurez rendu votre décision sur l'article 200,
concernant le dernier paragraphe, est-ce qu'on doit comprendre qu'on va revenir
à l'étude de l'article 200, advenant le cas où vous
l'accepteriez?
Le Président (M. Bertrand): Tout dépend, M. le
député de Nicolet-Yamaska. S'il arrivait que je juge recevable ce
dernier paragraphe, évidemment, il faudra en discuter.
M. Roy: La commission est presque dans une impasse.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, de grâce!
M. Roy: Je n'ai pas dit "était dans une impasse"; j'ai dit
"presque dans une impasse".
Le Président (M. Bertrand): De grâce, ne dramatisons
pas inutilement.
M. Roy: Non, c'est assez dramatique!
M. Paquette: On pourrait demander au député de
Beauce-Sud quels amendements il a l'intention de déposer à
l'Assemblée.
M. Roy: M. le Président, je ne sais plus...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, non, c'est tout
à fait à l'encontre du règlement. Article 202?
M. Roy: Vous ne le savez pas, parce que, si vous le saviez, on
pourrait le savoir.
Le nombre de directeurs de la régie
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Article 202,
madame.
Mme Payette: M. le Président, l'article 202 se lit comme
suit: L'article 7 de ladite loi est modifié en remplaçant, dans
la troisième ligne, le mot "cinq" par le mot "sept".
Le Président (M. Bertrand): Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-elle recevable? Est-elle
reçue?
Le Président (M. Bertrand): Oui. M. Vaillancourt
(Jonquière): Adopté.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous avions
prédit, pendant toute l'étude du projet de loi 67, que la
régie, étant un monopole d'Etat, allait grossir, allait
engraisser très vite, allait devenir très dispendieuse, allait
augmenter son personnel d'une façon accélérée.
Même quand le président de la régie nous a mentionné
les prévisions au point de vue de l'engagement du personnel, nous avons
été très sceptiques.
Voilà qu'on n'a pas terminé l'étude du projet de
loi 67 que le gouvernement nous arrive avec un nouvel amendement qui prouve
déjà nos avancés: on veut faire passer le nombre des
directeurs de cinq à sept. En voilà déjà, M. le
Président, deux de plus et la régie ne s'est pas encore vu
remettre les responsabilités qu'on va lui donner lorsque l'étude
du projet de loi 67 sera terminée. Nous pouvons déduire tout de
suite que c'est une augmentation de 40%. On a commencé par la
tète et vous pouvez être assuré que ça va se mettre
à descendre et que, très probablement, ces 40% qui vont descendre
jusqu'à la secrétaire et au balayeur de plancher.
Mme Payette: C'est un programme de création d'emplois.
M. Saint-Germain: C'est juste, c'est ça. Malheureusement,
c'est comme bien des programmes de création d'emplois, lorsqu'on en
crée un, il y en a deux, sur le marché privé, qui
disparaissent, surtout si on veut redonner à la régie le droit
d'exproprier les entreprises privées des assureurs. On verra que, dans
le domaine de l'assurance au Québec, le nombre des emplois dans
l'industrie privée va augmenter très lentement, s'il ne diminue
pas, et qu'il va augmenter très rapidement au niveau de la
régie.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Est-ce que je pourrais poser une question à
Mme le ministre? Est-ce qu'elle pourrait m'expliquer pourquoi elle apporte un
amendement comme celui-ci? Qu'est-ce qui s'est passé entre le moment
où elle a fait voter la loi on ne s'amuse pas quand on vote une
loi, il me semble que c'est pour quelques semaines... Vous aviez pensé,
à ce moment, que cinq personnes étaient suffisantes, et
maintenant, quelques semaines plus tard, on en est rendu à sept.
Pourriez-vous m'expliquer cela?
Mme Payette: M. le Président, pendant la période
d'implantation de la régie, son mandat était moins élargi
qu'il ne l'est maintenant, ses fonctions étaient restreintes; il
s'agissait d'un organisme structuré tout simplement, le nombre de cinq
était suffisant. On reconnaîtra là notre grand sens de
l'économie. Il n'était pas nécessaire d'avoir sept
personnes, mais cela devient nécessaire avec le mandat élargi qui
est donné à la régie par le projet de loi 67.
M. Roy: Une question, M. le Président. M. Raynauld:
C'était au mois d'août?
Mme Payette: Oui, au début il n'y avait personne,
ça a commencé avec une personne.
M. Raynauld: Alors, en quelques semaines...
M. Roy: Les deux nouveaux membres que le gouvernement a
l'intention d'ajouter seront représentatifs de quel milieu?
Mme Payette: Jusqu'à maintenant, M. le Président,
les cinq postes dont il était question dans la loi 49 étaient
occupés par des fonctionnaires représentant de
mémoire le BVA, le ministère des Consommateurs, le
président de la régie, la Commission des accidents du travail,
donc les organismes directement concernés par la mise sur pied de la
régie. Nous n'avons pas déterminé quelles seront les
personnes appelées à remplacer ces cinq fonctionnaires.
M. Roy: Serait-il dans vos intentions de nommer des
représentants des consommateurs?
Mme Payette: Pas à ce niveau. Il a été
envisagé, pendant un certain temps, de faire appel à des
associations de consommateurs au sein de la corporation devant gérer les
centres d'évaluation, mais pas au niveau dont il est question
maintenant.
M. Roy: Mme le ministre suggère à la commission de
nommer cinq personnes, d'élargir le nombre de membres de la régie
de cinq à sept personnes et on ne peut pas nous dire à ce
moment-ci pourquoi on veut l'augmenter à sept, et quelles sont les
personnes ou quels sont les secteurs ou les groupes à qui on veut
permettre d'être effectivement représentés à la
régie. Cela m'étonne. Franchement, cela m'étonne.
J'aimerais bien qu'on nous donne des précisions. Ce n'est sûrement
pas pour rien qu'on a proposé cinq à sept personnes. C'est parce
qu'on avait l'intention de nommer quelqu'un d'autre. Si on a l'intention de
nommer quelqu'un d'autre, on doit quand même avoir une opinion, à
ce moment-ci, à savoir quels individus ou classes sociales on veut faire
représenter. Je pense quand même que ces éléments
sont absolument indispensables, sont fondamentaux avant de proposer une
augmentation du nombre de membres d'une commission.
Mme Payette: M. le Président, en réponse au
député de Beauce-Sud, moi, je considère qu'il n'existe pas
de classes sociales et, pour l'instant, je ne peux pas donner de réponse
définitive. On envisage une composition représentative mais qui
n'est pas déterminée pour l'instant.
M. Roy: Mais pourquoi l'augmenter à sept?
Mme Payette: La réponse a déjà
été donnée, M. le Président.
M. Roy: Elle ne nous satisfait pas, la réponse, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je tente de comprendre les raisons invoquées
par le ministre des Consommateurs pour justifier l'augmentation de cinq
à sept. Elle nous dit qu'au moment de voter la loi 49, qui créait
la régie, le mandat qu'on prévoyait à cette régie
était plus restreint que celui qu'on lui donne effectivement. Alors, je
tente de voir qu'est-ce qu'on applique, comme mandat élargi, à la
Régie de l'assurance automobile par rapport à tout ce qui
était recherché dans le livre bleu. Il y avait des objectifs fort
bien définis dans le livre bleu; les grands principes y étaient.
Ce qu'on a fait en votant la loi 67, on a voulu traduire, par des textes
législatifs, par des termes de loi, le contenu ou les objectifs
recherchés dans le livre bleu comme réforme de l'indemnisation
des victimes de blessures corporelles. Je ne vois pas la dimension qui serait
vraiment élargie dans le contenu de la loi 67 par rapport aux
véritables objectifs formulés et très bien définis
dans le livre bleu. Pour moi c'est difficile à comprendre, cet
élargissement de mandat.
Mme Payette: M. le Président, ce n'est pas si
compliqué que cela. On donne à cinq personnes qui composaient le
conseil d'administration, au moment de la création de la régie,
le rôle de mettre sur pied la régie. Il s'est agi, jusqu'à
maintenant, de cinq fonctionnaires représentatifs des organismes dont on
avait besoin pour mettre sur pied la régie. Au-delà de cela, il
nous semble qu'une représentation accrue donnera la possibilité,
éventuellement, d'une représentation diversifiée et plus
justifiée avec le mandat qui est donné par l'application de la
loi 67.
M. Giasson: J'accepte mieux l'explication que vous venez de
donner.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le
député.
M. Fontaine: Le ministre a parlé de mandat élargi.
Qu'est-ce que c'est cela, le mandat élargi?
Mme Payette: La loi 49 donnait à la régie un mandat
qui était de mettre sur pied une régie. Avec l'adoption
éventuelle du projet de loi 67, la régie doit administrer un
régime d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobiles. Je pense
qu'il s'agit là d'un mandat élargi par le fait même de
l'adoption de ce projet de loi.
M. Fontaine: Mais vous saviez cela d'avance lorsqu'on a
adopté la loi 49 que vous seriez obligé d'administrer.
C'était le contenu de votre livre bleu. C'était bien
évident. Est-ce que ce ne serait pas plutôt en vue de mettre sur
pied ce qui était dit à l'article 201 que vous voulez avoir plus
de personnes?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un pouvoir. M. Roy:
Cela fait partie d'un tout. M. Fontaine: On ne répond
pas?
M. Lalonde: On va peut-être retirer l'article 202.
Mme Payette: La réponse est non, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait me dire qui elle a en tête pour nommer les deux nouveaux, les
deux additionnels?
Mme Payette: II s'agirait probablement, M. le Président,
de deux nominations, mais peut-être de trois, quatre, cinq,
dépendant du fait que les fonctionnaires qui sont en poste actuellement
ne seront pas nécessairement appelés à demeurer en
poste.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai cru comprendre et
je m'excuse si je fais erreur que les cinq qui ont été
nommés étaient des fonctionnaires, ce qui est tout à fait
compréhensible, étant donné que les organismes qui ont
constitué la régie sont de la fonction publique. On a donc
demandé à des fonctionnaires de constituer le conseil
d'administration.
Est-ce que les cinq fonctionnaires actuels, tel qu'autorisé par
la loi 49 en vigueur, ont été nommés?
Mme Payette: M. le Président, le président a
été nommé pour cinq ans...
M. Lalonde: M. De Coster...
Mme Payette: Les quatre autres fonctionnaires ont
été nommés, comme le prévoyait la loi 49, jusqu'au
1er mars 1978.
M. Lalonde: On a cinq membres, et la loi nous suggère sept
membres. Au-delà des cinq qui existent actuellement, qui sont en
fonction jusqu'au mois de mars, est-ce que Mme le ministre pourrait nous dire
qui elle a l'intention de nommer pour ces deux postes additionnels?
Mme Payette: Non, M. le Président, je n'ai pas
terminé ma réflexion à ce sujet.
M. Lalonde: Est-ce que Mme le ministre aurait des suggestions qui
lui auraient été proposées? Est-ce qu'elle pourrait nous
faire part des candidats ou candidates qu'elle considère?
Mme Payette: Je n'ai pas, M. le Président, de liste de
candidats, mais je recevrai volontiers les suggestions des
députés à cette table.
M. Saint-Germain: Ça t'en bouche un coin! M. Lalonde:
Je suis bouche bée!
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le
député de Jacques-Cartier a raison?
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous êtes
candidat?
M. Lalonde: Je suis bouche bée, M. le Président.
Tant de générosité couvre sûrement un
piège.
Mme Payette: M. le Président, je ne comprends pas...
M. Lalonde: On appelle cela un cadeau de Grec, en anglais.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre!
Mme Payette: Je ne comprends pas, M. le Président, que le
député de Marguerite-Bourgeoys soit tellement
étonné puisque je viens de répondre au
député de Beauce-Sud qu'il n'est pas absolument exclu que
quelqu'un puisse représenter les consommateurs. Cela n'a pas
été envisagé comme tel.
Mais si le député de Beauce-Sud en fait
éventuellement une suggestion, qu'il a la gentillesse de venir m'en
faire part, c'est bien sûr que je me pencherai sur cette suggestion.
M. Roy: La suggestion vous est faite, madame. M. Paquette:
Et je la seconde.
Mme Payette: Oui, éventuellement, M. le
député, il me fera plaisir d'en discuter avec vous si vous avez
en tête des gens particulièrement intéressants.
M. Roy: Je ne veux pas qu'on m'accuse de vouloir placer des
amis.
Mme Payette: Les amis de nos amis sont nos amis.
M. Lalonde: Est-ce que vous accepteriez un ennemi?
Mme Payette: II y en a tellement déjà, M. le
Président, qu'il n'y a pas de raison pour qu'on n'en prenne pas un de
plus.
M. Lalonde: En devenant vos amis, peut-être qu'ils vont
changer d'idée.
Mme Payette: Cela se pourrait.
M. Lalonde: Est-ce qu'on vote, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Article 202? Mme Payette:
Adopté, M. le Président.
M. Saint-Germain: Sur division, M. le Président.
Mme Payette: II faut vraiment que vous vous forciez pour
cela.
M. Lalonde: C'est une question de principe.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, parce que toute motion
principale est un principe, selon...
Articles 203 et suivants
Le Président (M. Laberge): Nous passons à l'article
203.
M. Vaillancourt (Jonquière): On vient d'adopter le
principe de l'article 202.
Le Président (M. Laberge): Mme le ministre.
Mme Payette: L'article 203, M. le Président, se lit comme
suit: "Ladite loi est modifiée par l'insertion, après l'article
16, des articles suivants: "16a: Aucun recours extraordinaire, aucune mesure
provisionnelle, ne peut obliger la régie à faire ou à ne
pas faire un acte qui découle de l'exercice de ses fonctions ou de
l'autorité qui lui est légalement conférée en vertu
de la présente loi et de la Loi sur l'assurance automobile. 16b: Deux
juges de la Cour d'appel peuvent, sur requête, annuler sommairement tout
bref et toute ordonnance ou injonction délivrés ou
accordés, à l'encontre des articles 16 ou 16a. 16c: II est
interdit d'entraver le travail d'un enquêteur ou d'un inspecteur de la
régie dans l'exercice de ses fonctions, de le tromper par des
réticences ou par des déclarations fausses ou mensongères
ou de refuser d'obéir à tout ordre qu'il peut donner en vertu de
la présente loi et de la Loi sur l'assurance automobile.
Cet enquêteur ou cet inspecteur doit, s'il en est requis, exhiber
un certificat attestant sa qualité, signé par le président
de la régie ou par une personne autorisée par lui, à cette
fin".
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le député
de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: On a changé de président.
Le Président (M. Laberge): La présidence est
indivisible, à ce qu'on dit.
M. Roy: La présidence doit être d'une
neutralité absolue.
M. Saint-Germain: Absolue.
M. Roy: M. le Président, je fais confiance à
l'honorable député.
Le Président (M. Laberge): Je vais essayer de
représenter dignement le président.
M. Roy: Mais je tiens bien à dire qu'il y a une tradition
qui vaut dans nos délibérations et ces questions ont
été soulevées maintes et maintes fois par nos
collègues du Parti québécois alors qu'ils étaient
dans l'Opposition j'ai même vu, à deux reprises je
pense que le député de Marguerite-Bourgeoys s'en souviendra
deman- der le changement d'un président de commission parce qu'il
avait participé au débat. Mais je n'en fais pas une question de
privilège, c'est simplement une réserve, parce qu'il faut
être prudent, très prudent vis-à-vis de la
présidence.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud, pour le moment, jusqu'à maintenant, je ne crois pas avoir
participé aux débats, sinon avoir essayé d'observer pour
maintenir le règlement. Je souhaite personnellement, ayant peu
d'expérience dans le domaine, de ne pas être pris dans un
méli-mélo où il serait difficile de s'en sortir, mais je
vous fais confiance.
M. Roy: Nous vous faisons également confiance.
M. Saint-Germain: Vous pouvez être assuré, M. le
Président, de notre entière collaboration.
M. Lalonde: ... collaboration pour éviter tout
écueil.
Le Président (M. Laberge): Tout est enregistré au
journal des Débats, je vous remercie.
M. Saint-Germain: Permettez-moi tout de même de vous dire,
M. le Président, que le gouvernement perd vite confiance en ses moyens.
En plus d'augmenter le nombre de ses administrateurs, il se sent soudainement
obligé de les protéger à la limite. Il faut les exclure
complètement de toute autorité judiciaire. Pourtant, lorsqu'on a
voté cette loi il y a déjà quelques semaines, on n'avait
pas cru nécessaire de les protéger contre des assauts, non pas
des assauts d'adversaires, mais simplement les assauts du système
judiciaire qui, comme vous le savez, est habituellement bien conservateur et
agit toujours avec prudence.
Ecoutez, on peut demander au ministre pour quelle raison, tout à
coup, après les quelques mois de la mise en place de la régie
avec le bill 49, il se croit obligé de protéger les responsables
jusqu'à ce point. Est-ce que vous sentez une réaction
négative de la part du public?
M. Lalonde: Mme le ministre n'a pas de réponse.
M. Saint-Germain: II vaut aussi bien que le... Le
Président (M. Laberge): ... bien entendu...
Mme Payette: M. le Président, je vous autorise à
entendre et à le faire mettre au journal des Débats. Je dirai
encore une fois qu'effectivement, sur les questions légales, je n'ai
aucune prétention, je continuerai de ne pas en avoir. Si cela amuse le
député de Marguerite-Bourgeoys de le souligner chaque fois, je
lui dirai que je suis maintenant à toute épreuve à ce
sujet et qu'il me fait plaisir de céder la parole à un avocat,
conseiller juridique du ministère.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je dois dire qu'il n'y a aucune des réactions
de Mme le ministre qui m'amuse. Je voudrais toutefois lui faire remarquer que
le fait d'inscrire des amendements est une décision politique, que ce ne
sont pas des avocats, des conseillers juridiques, que l'on respecte beaucoup,
dont on reconnaît la compétence, qui vont nous convaincre, comme
députés, de l'à-propos d'ajouter tout à coup les
articles 16a, 16b et 16c. C'est vrai que pour le langage, le libellé, on
doit faire confiance aux avocats, aux conseillers de toute nature, aux
actuaires ou à tout autre conseiller, pour nous aider là-dessus,
mais que le ministre ait décidé aujourd'hui, ou il y a un mois,
d'ajouter les articles 16a, 16b et 16c, c'est une décision politique. Et
je pense que si, depuis le commencement de nos délibérations, on
avait eu le rapport du ministre, la preuve d'une connaissance, d'une
compétence politique un peu plus grande, on aurait probablement fait un
bout de chemin un peu plus grand qu'aujourd'hui.
Alors que, jusqu'à maintenant, chaque fois qu'on pose une
question...
Mme Payette: ... dans votre comté.
M. Lalonde: ... le ministre est obligé de se retourner
pour poser les questions aux fonctionnaires. Dans les questions de
détail technique, d'accord. Mais il y a quand même un bout! On
demande au ministre comment il se fait qu'aujourd'hui, après l'adoption
de l'article 49, il a cru bon de suggérer au Conseil des ministres
d'ajouter les articles 16a, 16b et 16c. Quelqu'un le lui a peut-être
suggéré, il y a des conseillers partout. Mais la décision
politique, c'est le ministre qui la prend. Est-ce qu'elle peut répondre
à ça?
M. Saint-Germain: Elle ne le sait pas, laissons parler
l'avocat.
M. Lalonde: C'est une drôle de situation.
M. Roy: C'est une question qui a été
soulevée par le règlement. Lorsqu'on étudie les projets de
loi... J'aimerais quand même signaler aux membres de la commission que
cela n'est pas arrivé souvent qu'on ait permis aux officiers du
ministère de pouvoir venir discuter avec les députés lors
de l'étude d'une loi article par article. Il n'y a pas eu tellement de
précédents de créés.
Je ne voudrais pas qu'on mêle les fonctions et qu'on place les
officiers de l'Etat dans des situations délicates, dans des situations
pénibles. Lorsque nous avons eu à discuter de la réforme
électorale, c'est un sujet qui a été abordé avec
passablement d'attention de la part de ceux qui ont fait partie du
sous-comité et de ceux qui ont fait partie du comité de la
réforme parlementaire, ce qu'il ne faudrait pas mêler. C'est
là que je rejoins les propos du député de
Marguerite-Bourgeoys; si nous avons besoin de renseignements techniques pour
nous donner une interpré- tation ou une portée juridique d'un
article de la loi, c'est une chose. J'accepte, en ce qui me concerne, comme
membre de la commission parlementaire, que les officiers du ministère et
que le conseiller juridique répondent.
Mais ce qui n'est pas acceptable, et on ne doit pas créer de
précédent de ce côté-là, parce que je trouve
qu'il n'appartient pas aux employés de l'Etat de discuter et
d'argumenter avec ceux qui ont été élus pour
légiférer... Il faut que ce soit clair. Il y a une ligne de
démarcation très nette. C'est assez difficile. Je dois dire
à Mme le ministre que nous avons été très
tolérants et je dois dire que nous l'avons fait par délicatesse
à l'endroit de Mme le ministre. Nous l'avons fait également par
délicatesse à l'endroit des officiers du ministère et
à l'endroit du conseiller juridique, qui sont venus devant la commission
parlementaire.
Mais je n'ai plus l'intention, en ce qui me concerne, surtout dans
l'imprécision et dans l'incertitude dans lesquelles nous nous dirigeons,
de tolérer que l'argumentation politique, la décision politique,
soit discutée par les responsables du ministère. Il va falloir
que cette question soit discutée et argumentée par le ministre
lui-même, ou par les autres membres de la commission parlementaire.
M. Paquette: Question de règlement. M. Giasson: M.
le Président.
Le Président (M. Laberge): J'ai reconnu M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Comme le ministre se confesse, je reconnais que mes
connaissances en matière juridique sont très restreintes. Je n'ai
pas honte de cela, je n'ai pas eu cette possibilité de développer
des connaissances approfondies dans ce secteur.
Mais au-delà de cela, le libellé des articles 16a et 16b,
entre autres j'exclus, pour les fins de la discussion, 16c si
j'interprète bien, selon ce que je peux, compte tenu de mes
connaissances juridiques, le libellé ou le contenu de ces deux articles,
je ne m'explique pas qu'on veuille surprotéger au-delà des
dispositions que contient l'article 16 dans la loi 49; cela m'apparaît
être comme une surprotection qu'on voudrait voir accordée aux
fonctionnaires et aux employés de la régie qui ont
déjà une sécurité assez grande assurée par
l'article 16 puisque l'article dit: "Les membres du conseil d'administration,
de même que les fonctionnaires et employés de la régie, ne
peuvent être poursuivis en justice, en raison d'actes officiels accomplis
de bonne foi dans l'exercice de leur fonction". C'est déjà donner
de bonnes garanties et une bonne sécurité.
Or, les nouveaux articles 16a et 16b viennent surenchérir
largement à la protection ou à la sécurité qu'on
veut donner à ces personnes, dans l'accomplissement de leurs
tâches. Peut-être que le conseiller juridique, tout au moins pour
éclairer ma lanterne, pourrait nous indiquer ce qu'on recherche
effectivement dans les pouvoirs de protection additionnelle qu'on veut accorder
à ceux
qui vont travailler à différents niveaux à
l'intérieur de la régie.
M. Paquette: Je m'excuse, c'est parce que j'avais demandé
la parole à peu près en même temps que le
député de Montmagny-L'Islet.
C'était pour réagir aux propos du député de
Beauce-Sud. J'aimerais d'abord lui dire qu'effectivement, quand il s'agit de
questions politiques, c'est entre députés qu'il faut en discuter.
Mais j'aimerais qu'il comprenne la nature particulièrement technique du
projet de loi, qui fait qu'on a besoin, souvent, d'avoir recours à un
conseiller juridique ou, dans d'autres cas, à des actuaires.
Effectivement, je pense qu'on charrie un peu en laissant croire que le
ministre est responsable de cette chose, quand je vois les
députés de l'autre côté de la table qui ont fait
également énormément d'erreurs sur le contenu de certains
articles et nous autres aussi on en a fait à l'occasion. Je pense qu'il
faut être un peu plus tolérant que cela. Par exemple, cela
m'étonnerait que le député de Beauce-Sud puisse nous dire
ce qu'est une mesure provisionnelle. Moi, je ne le sais pas.
M. Roy: Pardon?
M. Paquette: Une mesure provisionnelle, c'est quoi? Je ne le sais
pas.
M. Roy: Vous ne savez pas cela?
M. Paquette: Non. Vous le savez peut-être, mais je ne le
sais pas.
Je pense qu'avant de dire qu'on se protège des fonctionnaires, on
a besoin de poser un certain nombre de questions techniques aux conseillers
juridiques pour qu'ils nous expliquent la portée de ces amendements,
après cela, on pourra savoir si c'est sur le plan politique et on pourra
en discuter avec le ministre, si, sur le plan politique, ces articles sont
appropriés.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné que
c'est moi qui ai ouvert le débat là-dessus, j'aimerais boucler la
boucle et terminer, enfin pour ce qui me concerne, là-dessus. Oui, on a
toujours besoin de conseillers juridiques, de conseillers de toutes sortes,
financiers, actuaires, surtout quand il s'agit d'un projet de loi technique. On
n'a pas refusé notre collaboration jusqu'à maintenant pour,
pendant des heures, interroger des gens compétents j'ouvre une
parenthèse, cela fait longtemps que je veux l'ouvrir pour dire que mes
propos ne s'adressent pas à la compétence des fonctionnaires, au
contraire, je pense qu'ils ont été d'une patience et qu'ils ont
démontré une connaissance, une loyauté qui ne
m'étonne pas, surtout pour ce ministère pour lequel j'ai une
certaine faiblesse, étant donné que j'ai déjà
été sous-ministre de ce ministère, enfin, pas
nécessairement pour les personnes qui sont intervenues, peut-être
que je les connaissais, peut-être que je ne les connaissais pas, mais il
reste que...
Mme Payette: "pig".
M. Lalonde: Pardon?
Mme Payette: ... espèce de "pig".
M. Saint-Germain: Que dit-elle? Qu'est-ce que c'est?
M. Lalonde: Je ne sais pas ce que cela veut dire.
Une Voix: ... espèce de "pig"?
Mme Payette: Je vous l'expliquerai.
M. Lalonde: Enfin, M. le Président...
M. Fontaine: Est-ce en anglais?
M. Lalonde: C'est peut-être en anglais.
Mme Payette: On m'a traitée d'anglophone.
M. Roy: En vertu de la loi 101, on a le droit d'exiger la
traduction française immédiatement.
M. Lalonde: Les fonctionnaires ont, je pense, répondu
à l'appel que la commission a fait à leur égard, mais il
arrive un moment où la décision politique doit être
expliquée à la commission parlementaire, comme, par exemple, j'ai
le droit de demander à Mme le ministre un recours extraordinaire
ou une mesure provisionnelle, on pourra demander à l'avocat ce que c'est
comment il se fait qu'elle a pris la décision de proposer cela comme
amendement maintenant, comment il se fait que cela n'a pas été
mis dans la loi 49. Est-il arrivé des situations, des problèmes,
des faits qui n'étaient pas à la connaissance du gouvernement
à ce moment-là et qui sont à sa connaissance, qui sont
venus à sa connaissance et qui expliquent qu'on demande au
législateur d'ajouter ces pouvoirs. C'est une décision politique
qui n'exige pas une connaissance technique.
Je suis sûr qu'à un moment donné, quand cela a
été écrit et qu'au ministère on a
présenté cela au ministre, elle a posé ces questions.
Comment se fait-il que vous proposiez cela? Pourquoi? Ce sont ces
réponses qu'on veut. Cela ne demande pas une connaissance technique,
mais il m'apparaît qu'il arrive trop souvent à cette commission
que nous devons nous reposer sur des réponses de personnes qui ne sont
pas élues quant à l'opportunité politique d'adopter des
articles et des amendements. C'est injuste pour nous, parce qu'on est
élu et on n'a pas ces connaissances techniques qu'on nous propose; c'est
injuste aussi pour les fonctionnaires qui ne sont pas élus, qui doivent
naturellement une loyauté à l'égard du gouvernement et qui
sont appelés souvent à donner des opinions à
caractère un peu politique, à savoir pourquoi on a fait cela.
C'est au ministre de répondre à cela.
J'aimerais bien que le ministre me dise ce que veut dire "pig" quand
elle m'en a adressé le mot.
Mme Payette: II me fera plaisir de vous l'expliquer entre les
deux Chambres tout à l'heure.
M. Lalonde: Non, cela a été dit publiquement. Je
veux avoir l'explication publiquement.
M. Roy: C'est écrit dans le journal des Débats,
d'ailleurs.
Le Président (M. Laberge): Peut-être. Tout en tenant
compte de vos remarques de tout à l'heure, M. le député de
Beauce-Sud, j'ai passé près d'intervenir, parce que cela ne me
semblait pas être dans la pertinence du débat.
M. Lalonde: C'était sûrement impertinent, M. le
Président, mais je ne sais pas si c'était non pertinent.
M. Paquette: M. le Président, je pense comprendre, parce
que, depuis le début de cette commission, on a cherché à
mettre en doute la compétence du ministre. Je trouve cela
extrêmement regrettable.
Je pense que, dans.les débats de fond, dans les débats
politiques, Mme le ministre a amplement expliqué les objectifs
politiques de son projet de loi, que ce soit à la commission
itinérante, à la commission parlementaire où on a
reçu les mémoires, à la télévision, dans les
journaux, également à cette commission parlementaire. J'aimerais
qu'on passe à l'étude de l'article 203.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, pour
répondre au député de Marguerite-Bourgeoys, je comprends
que ce n'est pas la place ici pour commencer à expliquer ce qu'est un
recours extraordinaire et une mesure provisionnelle. Je peux dire au
député de Beauce-Sud, sans expliciter chacune des
procédures, qu'on retrouve cela, en ce qui concerne les mesures
provisionnelles, aux articles 733 à 761 du Code de procédure
civile et, en ce qui concerne les recours extraordinaires, aux articles 834
à 861 inclusivement du Code de procédure civile.
En deuxième lieu, j'aimerais dire que ces articles se retrouvent
dans la Loi de la Régie des rentes du Québec aux articles 26b,
26c et 26d; dans la Loi créant la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, aux articles 18, 18a et 18c, et dans la Loi des assurances, aux
articles 7, 8 et 14. Il s'agit tout simplement, et je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys le sait fort bien, de clauses de
style que l'on rencontre souvent dans des lois de ce genre. Si le
député de Beauce-Sud le veut bien, je pourrai même lui
faire parvenir une photocopie personnellement du Code de procédure
civile relativement à la définition de ces recours.
M. Roy: Je remercie mon collègue de Jonquière de sa
sollicitude, mais je dois dire que j'ai une copie du Code de procédure
civile et une copie du Code civil, même si je ne suis pas avocat. Je le
remercie quand même.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. On vient de nous dire
que c'est une clause de style qui est incluse dans plusieurs projets de loi.
C'est exact, sauf que, par exemple, dans le présent projet de loi,
lorsqu'on a étudié les articles qui le concernaient, on a
essayé de convaincre le gouvernement qu'il fallait inclure dans ce
projet de loi un recours en appel des décisions soit de la régie,
soit de la Commission des affaires sociales. A ce moment, on nous a
répondu: Ce n'est pas nécessaire, vous pouvez toujours prendre un
bref d'évocation et aller devant la Cour supérieure. Or, en
incluant ces deux articles, 16a et 16b, on vient tout simplement nous dire
qu'aucun recours extraordinaire, tel le bref d'évocation, ne peut
obliger la régie à faire ou à ne pas faire un acte qui
découle de l'exercice de ses fonctions ou de l'autorité qui lui
est légalement confiée. On autorise en plus deux juges de la Cour
d'appel qui peuvent, sur requête, annuler sommairement tout bref et toute
ordonnance ou injonction délivrés ou accordés à
l'encontre de l'article 16 ou 16a.
M. le Président, je pense qu'on vient tout simplement de
contredire ce fait, lorsqu'on nous disait: Ce n'est pas grave, vous prendrez
des brefs d'évocation. On vient tout simplement de les laisser tomber.
On ne pourra pas obtenir de bref d'évocation.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Nicolet-Yamaska, j'aimerais vous répondre là-dessus. J'ai dit,
tout d'abord que, c'étaient des clauses de style. Effectivement, les
brefs d'évocation sont prévus à l'intérieur de ces
mesures. Je ne voudrais pas entreprendre ici un débat constitutionnel
sur la constitutionnalité de ces articles qui sont proposés dans
la loi, sauf que les tribunaux reconnaissent quand même, malgré
l'insertion de ces articles dans les textes de loi, le pouvoir de
contrôle et de surveillance de la Cour supérieure.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, à l'article 16a, on parle
de recours extraordinaires, aucune mesure provisionnelle sur des mesures en
attendant des jugements à règlement de justice et qui peuvent
également donner une interprétation plus grande que celle que
nous a donnée le député de Jonquière. J'aimerais
bien qu'il soit clairement stipulé dans la loi que, si on parle de
recours extraordinaires, on se réfère directement aux articles du
Code de procédure civile dont on a fait mention tout à l'heure,
et que, si on parle de mesures provisionnelles, on stipule clairement en vertu
de quels articles. Je m'explique. J'explique le pourquoi de ma demande,
à ce moment. Si, à un moment donné, l'Assemblée
nationale décide d'adopter une motion pour faire comparaître en
commission parlementaire les dirigeants d'une régie gouvernementale ou
de la régie gouvernementale, qu'est-ce que les parlementaires auraient
à dire si on disait, par exemple, ou si on apportait, sur un point de
règlement, qu'en vertu de la loi et des droits qui ont été
accordés à la régie, la régie est au-dessus de
cela?
Si je cite cet exemple, c'est à la suite d'une motion qui avait
été présentée à l'Assemblée nationale
je ne veux pas en faire l'historique et qui avait
débouché sur la convocation de la Commission des accidents du
travail devant la commission parlementai re. Je suis convaincu d'une chose:
Cela a été tellement peu agréable pour les commissaires
qui avaient été nommés que je ne pense pas qu'ils soient
intéressés à revenir, ni eux ni d'autres.
Pourquoi ces gens auraient-ils des pouvoirs et des couvertures qui
pourraient les mettre à l'abri même des parlementaires et des
élus du peuple, en partant du principe que le Parlement est
l'institution souveraine, la première des institutions? Je suis
terriblement méfiant sur ces dispositions qui me portent à
penser, n'étant pas avocat, que ces gens-là ont presque autant de
pouvoir que Napoléon en avait, les pouvoirs d'un empereur.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que je pourrais vous poser une question?
M. Roy: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai mal saisi le
début de votre exemple. Faites-vous allusion à une motion qui
serait adoptée par une commission parlementaire demandant qu'un officier
de la régie vienne ici témoigner en commission parlementaire et
si celui-ci refusait, à ce moment-là ces articles
empêcheraient la commission ou les personnes en autorité de le
convoquer?
M. Roy: J'ai donné cela en exemple. Pas une motion d'une
commission parlementaire parce qu'une commission parlementaire peut
difficilement faire ce genre de motion. C'est l'Assemblée nationale qui
peut faire ce genre de motion, en vertu des motions de
députés.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, vous êtes certainement au courant de l'article 153 de notre
règlement. Cela a été appliqué dans le cas de la
Wayagamack c'est moi qui présidais la commission: "Lorsqu'une
commission élue a requis une personne de se présenter devant elle
pour s'y faire entendre et là je fais la distinction entre une
motion invitant quelqu'un à comparaître et ce qu'on dit à
l'article 153 ou pour produire des documents et que cette personne
refuse de le faire, la commission fait rapport de ce refus au président
de l'Assemblée nationale et celui-ci prend les moyens
nécessaires pour que la demande de la commission soit satisfaite."
M. Roy: Mais, M. le Président, lorsqu'une commission
élue a requis une personne de se présenter devant elle, il s'agit
d'une mesure extraordinaire.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est arrivé il y a
trois mois.
M. Roy: Ici, on dit aucun recours extraordinaire. Quand on a fait
comparaître les gens de la Wayagamack il n'y avait rien dans la Loi des
compagnies, il n'y avait rien dans la Loi des sociétés, il n'y
avait rien dans la Loi de la Bourse de Montréal...
M. Vaillancourt (Jonquière): Si vous continuez l'article,
aucun recours extraordinaire relativement à faire ou ne pas faire un
acte qui découle de l'exercice de ses fonctions. Venir comparaître
devant une commission parlementaire n'est certainement pas un acte qui
découle des fonctions d'un officier de la régie, en vertu de la
loi.
M. Roy: Oui, venir devant une commission parlementaire pour
répondre de ses fonctions. On pourrait citer bien d'autres exemples.
J'en donne, un particulier. C'est pourquoi je me demande quelle serait la
réaction de l'Assemblée nationale si, à un moment
donné, le ministre titulaire de ce ministère ou de cette
régie gouvernementale se référait justement aux pouvoirs
qui ont été accordés à la régie et aux
mesures extraordinaires qui placent les commissaires à l'abri de tout
cela.
Je pense... Non, je ne serais pas d'accord moi non plus, je comprends
très bien...
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne suis pas d'accord sur
l'interprétation que vous donnez relativement à un ordre de
convocation en vertu de l'article 153 de notre règlement.
M. Roy: Pour quelle raison n'y aurait-il pas seulement des
dispositions? Même si j'ai beaucoup de réserves sur les
dispositions, qu'on se limite au moins à ce qui est prévu dans le
Code de procédure civile et dans le Code civil, mais qu'on le stipule
clairement.
Je n'en fais pas un amendement, M. le Président. Remarquez bien
que je n'en fais pas un amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vais essayer de...
M. Roy: Je souscris aux réserves qui ont été
faites par les députés de Marguerite-Bourgeoys et de
Nicolet-Yamaska. Si j'ai soulevé ce point, c'est à la suite des
remarques qui ont été faites du côté
ministériel, en ce sens qu'on retrouvait ces dispositions dans d'autres
lois relatives à protéger les dirigeants de ces régies
gouvernementales ou de ces sociétés paragouvernementales. C'est
uniquement à ce niveau que je l'ai fait. Je vois qu'il y a passablement
de doute et d'incertitude dans l'esprit de tout le monde.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, je comprends que vous n'en faites pas un amendement, mais puis-je
essayer de vous convaincre que, lorsque l'article 203 propose, dans l'article
16a, "aucun recours extraordinaire et aucune mesure provisionnelle", nos textes
de
loi devant être cohérents, cela veut nécessairement
dire que ce sont les recours extraordinaires et mesures provisionnelles
prévus à notre Code de procédure civile. Je pense que ce
serait superfétatoire d'aller préciser les numéros des
articles du Code de procédure civile qui s'appliquent aux recours
extraordinaires puisque déjà, dans le livre cinquième du
Code de procédure, au titre 1, ce sont les mesures provisionnelles et au
titre 6, ce sont les recours extraordinaires. Je pense que ce serait superflu,
mais si c'est pour nous permettre... Et encore là, non, je ne suis pas
d'accord.
M. Lalonde: M. le Président, je comprends les
appréhensions et les préoccupations du député de
Beauce-Sud. J'aimerais simplement souligner le fait qu'il arrive et
j'espère qu'il arrivera encore bientôt qu'on amende les
codes de procédure civile pour les moderniser et que les numéros
d'articles changent, les numéros de chapitres changent. Cela pourrait
peut-être créer un problème de référence, de
concordance que de mettre des numéros d'articles. C'est strictement une
réserve dont je fais état au niveau pratique.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
député.
M. Lalonde: Si, quand même, le député peut
démontrer qu'il y a un danger de confusion, à ce moment, je
serais prêt à m'accorder avec lui, mais jusqu'à maintenant
cela n'a pas été démontré, d'autant plus que, dans
le Code de procédure le député de Jonquière
le mentionnait ce sont des titres bien définis, on les appelle
recours extraordinaires et on les définit dans le Code de
procédure, ainsi que les mesures provisionnelles.
M. le Président, je voulais simplement dire que je ne m'accordais
pas avec le député de Jonquière quand il dit que ce sont
des clauses de style. Je pense que c'est faire peu de cas du contenu de ces
articles. C'est un contenu lourd et qui, malheureusement, est devenu une
habitude dont on s'est rendu coupable, nous les anciens gouvernements.
Je pense que ça a commencé avec les gouvernements de l'Union
Nationale quand M. Duplessis a absolument voulu que ses organismes soient
complètement en dehors du droit de contrôle et, de surveillance de
la Cour supérieure. Cela a commencé ainsi. Depuis, les
gouvernements qui se sont succédé ont trouvé ça
bien commode. On a commencé à légiférer pour que
tout ce que les organismes gouvernementaux faisaient ne soit pas assujetti aux
recours extraordinaires, que ce soit les quo warrante les brefs...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous avez dû participer
à quelques-unes de ces rédactions d'ailleurs!
M. Lalonde: J'ai sûrement, à mon regret, à
avouer ma culpabilité totale là-dessus, ce qui n'empêche
pas...
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous en prenons bonne note,
le remords... Pas le regret, le remords.
M. Lalonde:... la contrition, le ferme propos et le remords
complet.
Mais, plus sérieusement, M. le Président, ce genre de
disposition se retrouve dans des lois qui ont des dispositions très
coercitives, qui demandent une application impliquant des inspecteurs,
quasiment la police. A ce moment, on sait que la population va regimber et
qu'il va falloir en faire une application coercitive.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que c'est l'ancien
Solliciteur général qui parle? La police!
M. Lalonde: M. le Président, je pense je ne suis
pas d'accord, je vais voter contre qu'étant donné
l'impopularité générale du projet de loi no 67, il est
venu à la connaissance du gouvernement qu'il serait peut-être sage
de protéger ses inspecteurs, sa police pour que le dégoût
général de la population ne fasse pas qu'ils soient victimes de
toutes sortes de recours. On voit là, justement, la mesure de la
popularité ou de l'impopularité du régime actuel.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
voudrais tout simplement dire au député de Marguerite-Bourgeoys,
par votre entremise, évidemment, que si je dis que c'est une clause de
style, c'est tout simplement parce qu'il y a des décisions de la Cour
suprême qui, malgré ces articles, donnent le pouvoir de
contrôle et de surveillance à la Cour supérieure. D'autre
part, j'aimerais quand même rappeler au député de
Marguerite-Bourgeoys, en ce qui concerne l'impopularité de la loi, que
la dernière loi qui est tombée sous la guillotine, c'est la loi
101, et que les sondages sont extrêmement bons pour la loi 101...
M. Saint-Germain: Que le député n'aille pas trop
loin, s'il va trop loin, on va aller chercher le leader parlementaire.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai très bon espoir
que cette deuxième loi, qui va tomber sous la guillotine, aura,
après quelques mois d'application, d'aussi bons sondages, de telle sorte
que l'Opposition officielle, comme elle l'a fait pour la loi 101, ne parlera
plus, d'ici quelques mois, de la loi 67.
M. Lalonde: Est-ce que c'est ce qui inspire le gouvernement
à apporter des guillotines à toutes les lois? Est-ce que cela
présage un gouvernement par décret maintenant, étant
donné que cela fait peur un peu cette philosophie du
député de Jonquière? Enfin, je suis complètement
à l'encontre du règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, c'est un souvenir que je
voulais vous rappeler.
Le Président (M. Laberge): Je le constatais, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Giasson: Pour comprendre davantage la dimension juridique,
tout de même... Lorsque le
député de Jonquière nous dit que la Cour
supérieure a un droit d'intervention. Comment dois-je comprendre cela en
vertu du libellé de l'article 16b qui dit que deux juges de la Cour
d'appel peuvent, sur requête, annuler sommairement tout bref, toute
ordonnance, toute injonction délivrés ou accordés à
l'encontre des articles 16 et 16a? Est-ce que deux juges de la Cour d'appel, en
vertu de l'article 16b, pourraient décider au-delà d'un avis,
d'un jugement ou d'un édit rendus par la Cour supérieure, est-ce
qu'ils auraient des pouvoirs au-delà de tout cela? Est-ce que je dois
comprendre ainsi?
M. Vaillancourt (Jonquière): Exactement, ces articles
existent dans d'autres lois. Il est bien évident qu'il a pu y avoir des
mesures provisionnelles ou extraordinaire qui ont été prises, qui
ont pu être annulées peut-être par la Cour d'appel et par
d'autres tribunaux dont la Cour suprême qui, malgré tout cela, a
autorisé le pouvoir de contrôle et de surveillance.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 203... M.
le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais quand même
attirer l'attention des membres de la commission sur une disposition qu'on
retrouve à l'article 16c. "Il est interdit d'entraver le travail d'un
enquêteur ou d'un inspecteur de la régie dans l'exercice de ses
fonctions, de le tromper par des réticences ou par des
déclarations fausses ou mensongères". Cette disposition, nous
avons l'habitude de la voir, de la revoir dans chacune de nos lois, lorsque des
gens sont mandatés pour exercer certaines fonctions, que ce soit
à l'intérieur des ministères ou à
l'intérieur des sociétés paragouvernementales. Il y a une
dimension qu'on ajoute: Ou de refuser d'obéir à tout ordre qu'il
peut donner. Là, on parle du travail d'un enquêteur ou d'un
inspecteur, "ou de refuser d'obéir à tout ordre qu'il peut donner
en vertu de la présente loi et de la Loi sur l'assurance automobile".
J'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi on a mis ces amendements, quelle est
la portée et quels sont les buts qu'on cherche à atteindre? On
n'est pas tellement habitué de voir des dispositions dans la loi qui
obligent la population à obéir aux ordres que peuvent donner, en
vertu d'une loi, un inspecteur ou un enquêteur. Le rôle d'un
enquêteur, c'est d'enquêter, ce n'est pas de donner des ordres. Le
rôle d'un inspecteur, c'est d'inspecter, ce n'est pas de donner des
ordres. Je me demande ce que cela vient faire là et pourquoi on retrouve
cette disposition dans l'article.
M. Giasson: M. le Président, dois-je comprendre... Je me
pose les mêmes questions que le député de Beauce-Sud.
Est-ce qu'il est loisible ou logique de comprendre qu'on pourrait, par
là, demander à un réclamant, à une victime de
dommages corporels, en vue d'approfondir l'étude de son état
d'invalidité ou d'incapacité, lui donner l'ordre de se soumettre
à un examen médical afin de permettre à la régie de
mieux évaluer la réclama- tion que cette victime fait? Est-ce
qu'il s'agit de cas de cette nature qu'on recherche par le contenu ou le mot
à mot qu'on retrouve dans l'article 16c qui a été
soulevé par le député de Beauce-Sud?
Mme Payette: Non, il ne s'agit pas d'un cas tel qu'exposé
par le député de Montmagny-L'Islet. On a d'autres exemples,
cependant, qui vont peut-être aider à comprendre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, il y aurait
peut-être l'exemple pour répondre à la question du
député de Beauce-Sud d'un inspecteur, par exemple, qui, en
vertu de la loi, peut demander à un employeur de lui montrer le registre
pouvant démontrer le salaire réellement gagné par un
employé. C'est un pouvoir qui est donné par la loi à un
inspecteur de demander ou de vérifier quel est le salaire gagné
par un employé, d'aller voir l'employeur. L'employeur pourrait,
éventuellement, refuser de répondre aux questions de
l'enquêteur ou refuser de montrer les livres qui donnent le salaire
réellement gagné par l'employé. Je pense que cet exemple
pourrait peut-être éclairer les membres de la commission.
M. Fontaine: D'accord. Je viens de comprendre ce qu'on nous cite,
mais...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas "tout ordre".
C'est "tout ordre qu'il peut donner en vertu de la présente loi". Je
pense que ce sont les mots importants.
Donc, il faut regarder les pouvoirs qu'ont ces personnes en vertu de la
loi; ils peuvent donner des ordres en vertu des pouvoirs qui leur sont
conférés par la loi que vous avez adoptée, que vous avez
adoptée, il ne faut pas l'oublier.
M. Roy: J'aimerais bien voir les ordres, mais pour cela, il
faudrait regarder les règlements et nous ne les avons pas, ces
règlements.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a pas de
règlement là-dessus, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président. M. Roy: Ah, je
m'excuse.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'y a pas de
règlement là-dessus.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous avez demandé la parole?
M. Fontaine: Oui, M. le Président, je comprends l'exemple
qui nous a été donné par le député de
Jonquière, mais je me demande par contre ce qui arrive si quelqu'un
refuse d'obéir à un ordre, si un patron refuse de montrer les
livres de paye d'un employé. Est-ce qu'il y a des sanctions qui sont
rattachées à cet article 16c? Vous n'avez pas
écouté?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, écoutez un
peu.
M. Fontaine: Vous commencez à être fatigué.
Je veux savoir s'il y a des sanctions qui sont rattachées à
l'article 16c.
Mme Payette: Les sanctions prévues par la Loi des
commissions d'enquête.
M. Fontaine: Ce n'est pas indiqué.
M. Lalonde: ...
Mme Payette: M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que vous
permettez?
M. Fontaine: Oui.
M. Lalonde: C'est légal, ça.
M. Fontaine: C'est une question technique.
Mme Payette: M. le Président, concernant ce
problème, les enquêteurs sont investis des pouvoirs donnés
aux commissaires nommés en vertu de la Loi des commissions
d'enquête. Il faut se référer à cette loi pour
savoir dans quelle mesure les enquêteurs et les tribunaux pourront
imposer des sanctions oui pourraient être applicables au cas où
une personne, requise par un inspecteur de donner des renseignements, ne
voudrait pas les donner. Il faut se référer à cette loi.
Je ne l'ai pas ici, malheureusement, avec moi, mais on pourrait, demain,
regarder les sanctions qui pourraient être applicables dans ces
cas-là.
M. Fontaine: Je m'excuse, mais je n'ai pas à la
mémoire l'article qui dit que les enquêteurs...
Mme Payette: L'article 200, paragraphe 2, sous-paragraphe f), que
vous avez adopté.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article 203 sera
adopté?
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté sur
division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
Article 204.
Des Voix: Adopté.
M. Vaillancourt (Jonquière): On peut le présenter
avant, peut-être?
M. Lalonde: Si c'est nécessaire techniquement,
d'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a un consentement
à ce qu'il soit présenté?
M. Lalonde: Oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Article 204a...
M. Roy: L'article 204a, M. le Président, je pense qu'il
doit être suspendu...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce qu'il est
présenté?
M. Lalonde: Je suis prêt à l'accepter tel que
présenté ici.
M. Roy: Lorsqu'on parle de deniers pour la mise en application de
la présente loi, ça peut se référer aussi au mandat
qu'on pouvait retrouver à l'article rejeté par le
président?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, l'article a
été jugé irrecevable, il ne fait pas partie de la loi. Ce
sont ceux qu'on a adoptés et non pas les autres qui ont
été...
M. Giasson: II a été jugé irrecevable en
commission parlementaire, il va pouvoir passer par d'autres étapes, dont
celui du débat à l'Assemblée...
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il est
présenté à nouveau.
M. Lalonde: ... le présenter.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai dit s'il.
M. Lalonde: Lequel?
M. Vaillancourt (Jonquière): On parle de l'article
201.
M. Lalonde: 201 est mort.
M. Giasson: II est mort en commission parlementaire.
M. Fontaine: Ils peuvent le présenter à nouveau
lorsqu'ils vont faire leurs amendements.
M. Lalonde: Essayez-vous!
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'article
204a...
M. Roy: Un instant, s'il vous plaît. C'est parce que dans
le nouveau texte qu'on a stipulé ici, il y avait déjà un
article 23 qui apparaissait dans la Loi de la régie et la modification
on n'a pas le texte actuel, ni la modification mais on dit que
l'article sera remplacé par le suivant.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un nouvel article.
M. Raynauld: On peut demander quel a été le
changement qui a été fait?
M. Lalonde: D'habitude, on met la modification et le texte, je
pense qu'on a enlevé simplement les dernières lignes, "qui sont
remises à la régie", etc, article 23. Le député de
Jonquière connaît ça par coeur, non?
Le Président (M. Laberge): J'ai ici, sous les yeux,
l'article 23 de la loi 49 sanctionnée le 26 août dernier. Je vois
qu'il y a des changements; alors, je vais vous donner lecture de l'article tel
qu'il est. A l'article 23, on dit ceci: "Les deniers requis pour la mise en
application de la présente loi sont pris, jusqu'à la date de la
mise en oeuvre du régime, à même les sommes obtenues en
vertu des articles 21 et 22 et, à compter de cette date, à
même les sommes perçues pour les fins de la présente loi,
qui sont remises à la régie, avec les intérêts et
pénalités s'y rapportant, déduction faite des
remboursements et compte tenu des ajustements découlant d'ententes ainsi
que des frais de perception déterminés par le gouvernement".
M. Lalonde: Est-ce qu'on peut avoir des explications sur le
changement, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): On demande une explication sur
le changement.
M. Raynauld: C'est quoi, le changement.
Mme Payette: "Coucouche panier, papates en rond".
M. Raynauld: Pardon?
Mme Payette: Coucouche panier, papates en rond.
M. Raynauld: Je ne comprends rien là-dedans, moi.
M. Lalonde: Mme le ministre a un langage un peu spécial ce
soir.
Mme Payette: C'est rien cela.
M. Lalonde: Je lui laisse jusqu'à minuit pour retirer ce
qu'elle a dit à mon endroit tantôt.
Mme Payette: Et vous avez exactement le même temps pour
retirer ce que vous avez dit, vous.
M. Lalonde: J'ai présenté des compliments aux
fonctionnaires du ministère. Je ne retire certainement pas cela.
Le Président (M. Laberge): M. le conseiller juridique, au
nom...
M. Lalonde: ... pourrait adresser la parole. On pourrait
reconsidérer.
M. Charron: Pas du tout.
M. Paquette: Réexaminer le champ de bataille.
M. Vaillancourt (Jonquière): II n'a pas signé la
première expérience.
M. Lalonde: Après la défaite cuisante du
gouvernement tantôt qui s'est vu proscrire un article important.
M. Paquette: Cuisante!
M. Charron: Puisque vous vous êtes suffisamment
détériorés sans que j'intervienne.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que ce sont des voix que
j'entends?
M. Charron: Ce sont des voix que vous entendez.
M. Raynauld: On a tiré les choses au clair.
M. Saint-Germain: Lorsque le député de
Saint-Jacques arrive, d'habitude c'est de mauvais augure.
M. Lalonde: II n'a pas droit de parole. M. Charron: C'est
signe de guillotine! M. Raynauld: C'est cela.
M. Saint-Germain: C'est cela. C'est le maître des grandes
oeuvres.
Le Président (M. Laberge): Alors... Une Voix: Vous
aimez cela, à part cela!
M. Lalonde: M. le Président, c'est en plein
désordre que le député de Saint-Jacques est en train
d'entraîner la commission.
M. Charron: C'est vrai.
M. Paquette: II joue son rôle de ministre de la
Défense.
M. Roy: M. le député de Saint-Jacques veut-il
imiter l'ancien premier ministre, venir semer la zizanie dans nos travaux?
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, M. le
député de Beauce-Sud! M. le député de Beauce-Sud,
je crois que le...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, on
serait prêt à répondre à la question du
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Laberge): Oui, je crois qu'on a une
réponse.
Mme Payette: M. le Président, concernant l'article 23,
c'est-à-dire l'article 204a qui modifie l'article 23 de la loi 49, tout
d'abord, il faut dire que l'article 23 de la loi 49 fait état des
deniers qui sont requis pour la mise en application de la loi.
Avec la loi 67, il est évident que les deniers requis pour la
mise en application de la loi comportent les deniers requis pour l'application
de la loi sur l'assurance automobile, à la suite d'une modification
précédente, où on a dit que la régie devait
s'occuper de l'administration de la loi 49 et de la loi 67.
Il y avait une modification qui avait été envisagée
au niveau de l'article 136 de la loi 67, qui reprenait substantiellement ce que
nous avons à l'article 23. Pour plus de clarté, l'article 136 de
la loi 67 a été retranché, c'est-à-dire qu'il y a
un amendement proposé par Mme le ministre pour retrancher cet article.
L'article 23 reprend substantiellement les données de l'article 136,
afin de préciser que les sommes mises à la disposition de la
régie, en vertu des articles 131 et suivants sur le financement, doivent
servir uniquement à l'administration de la régie et de la
présente loi.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question supplémentaire? Est-ce que je suis dans la bonne voie si
j'interprète l'amendement comme permettant, après la date de mise
en application du nouveau régime, que les articles 21 et 22, qui
autorisent le gouvernement à faire des avances à la régie,
continueront à s'appliquer?
Mme Payette: C'est exact.
M. Raynauld: Si je comprends bien, l'objet de l'amendement
à ce moment-là, c'est de prendre des assurances au cas où
la régie ne recevrait pas suffisamment de ressources à même
le régime, parce que, dans l'article 23 original de la loi 49, on disait
qu'à compter de la date, il fallait que la régie utilise
seulement les fonds, les sommes perçus pour les fins de la
présente loi qui sont remises à la régie avec les
intérêts et pénalités s'y rapportant,
déductions faites, etc., mais il y avait plus de
références aux articles 21 et 22, qui prévoient des
versements par le gouvernement, à même le Trésor, à
la régie.
Dans l'amendement qui est proposé, l'article 204a, on dit: "A
compter de cette date, les sommes mises à la disposition de la
régie, ainsi que celles cela n'y était pas
versées en vertu desdits articles 21 et 22..." C'est bien exact?
Mme Payette: Pourrais-je commenter un peu...
M. Raynauld: Avant que vous ne répondiez, j'ajouterais
simplement une question ou un commentaire. A ce moment-là, est-ce que
cela ne veut pas dire que, si le régime ne s'autofinance pas, on pourra
recourir aussi, par la suite, aux mêmes articles 21 et 22,
c'est-à-dire obtenir des fonds du Trésor pour l'administration de
la régie et aux seules fins de l'administration de la régie?
Mme Payette: II ne faut pas isoler cet article, il faut aussi le
voir avec les articles qui se situent dans le titre sur le financement, aux
articles 131 et suivants; il y est dit que la régie doit s'autofinancer
à même les sommes qu'elle reçoit en vertu de
l'immatriculation, des permis de conduire et, bientôt, s'il y a des
amendements qui sont présentés, la taxe sur l'essence.
A ce moment-là, partant de là, les modifications qu'on a
apportées ici étaient pour prévoir des fins d'année
financière ou encore, à un moment donné, la régie
peut avoir des réserves, et pour ne pas être obligée de
racheter des actions ou des obligations, et perdre les intérêts
qui peuvent être accumulés pour ces sommes. L'intention
était de permettre à la régie de pouvoir, dans des cas
limites, demander des sommes au gouvernement, mais il faut quand même
lire les articles avec la section sur le financement.
Le Président (M. Laberge): L'article 204a, dans ce cas,
serait-il adopté?
M. Roy: J'aurais une question à poser à Mme le
ministre. Le conseiller juridique du gouvernement ce n'est pas une
question technique, c'est une question politique vient de dire que des
amendements seraient apportés bientôt relativement à la
taxe. J'aimerais avoir un peu d'éclaircissements là-dessus.
Mme Payette: Ces amendements sont à l'étude. Ils
seront déposés le plus rapidement possible devant les membres de
cette commission.
M. Roy: Ce sont des amendements qui modifient la Loi de la taxe
sur les carburants?
Mme Payette: C'est exact.
M. Roy: Ce qui peut comporter une hausse de taxe du
carburant?
Mme Payette: Non, M. le Président. M. Roy: Pourquoi
amender la loi?
Mme Payette: Pour permettre au ministre du Revenu de verser
à la régie un cent sur ce qui est déjà perçu
comme taxe sur le carburant.
Le Président (M. Laberge): Article 204a? M. Lalonde:
J'aurais une question à poser.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Certains membres de l'Assemblée nationale ont
émis des inquiétudes à savoir que les fonds recueillis par
la régie l'an prochain pourraient servir à financer les
activités du gouverne-
ment. Autrement dit, on sait que la première année,
d'après les chiffres qu'on nous a donnés, la régie aurait
à peu près $50 millions à débourser, pour sa
première année d'activités, puisqu'il lui resterait
peut-être quelques centaines de millions au-delà, $200 millions
environ, qu'elle va recevoir conformément à l'application de la
loi. On a suggéré que le gouvernement pourrait peut-être,
à même ces montants, financer ces opérations. Il me semble,
et ma question s'adresse au ministre ou au conseiller juridique, pour
l'interprétation, que l'article 23 ne permette pas à la
régie de prêter au gouvernement. Est-ce que je fais erreur?
Mme Payette: Excusez-moi, je n'ai pas entendu votre question.
M. Lalonde: Est-ce que l'article 23, ou d'autres dispositions de
cette loi 49, permet à la régie de prêter de ses fonds ou
des surplus qu'elle pourrait avoir on sait qu'il va y en avoir l'an
prochain au gouvernement pour ses opérations courantes?
Mme Payette: II y a dans les articles dans le titre sur le
financement, qui traitent de la façon dont doivent être
administrées les sommes dont la régie n'a pas besoin à
court terme. Il y a l'article 124 pour le fonds d'indemnisation et l'article
137 pour la régie. Les sommes dont la régie n'a pas besoin
à court terme doivent être déposées dans la Caisse
de dépôt et placement.
M. Roy: Les articles 124 et 137 de quelle loi?
Mme Payette: De la loi 67.
M. Roy: De la loi 67. Je m'excuse.
M. Vaillancourt (Jonquière): On aurait pu les
étudier, mais on les a sautés.
M. Lalonde: On arrive. Cela veut dire que par le biais de la
Caisse de dépôt, le gouvernement pourra se financer à
même les surplus qui auront été reçus par la
régie. Donc, les préoccupations d'un député de
l'Assemblée nationale sont fondées.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je me demande si
l'interprétation que vient de donner le député de
Marguerite-Bourgeoys est exacte, à moins que je lise mal l'article 137
du projet de loi 67, où on dit que les sommes sont
déposés, effectivement, auprès de la Caisse de
dépôt et placement, laquelle les administre comme fonds distinct,
selon les modalités établies entre elle-même et la
régie. Si je comprends bien, c'est donc à la régie de
déterminer l'utilisation de ces fonds.
M. Lalonde: Oui, mais cela n'empêche pas la Caisse de
dépôt de déterminer...
M. Paquette: Ce n'est pas exclu.
M. Lalonde: ... par exemple, de prêter à court
terme, ou à trente jours, ou à soixante jours au
gouvernement.
M. Paquette: Ce n'est pas exclu, mais ce n'est pas forcé
non plus.
M. Roy: A quel article, votre référence? M.
Paquette: A l'article 137. M. Roy: 137.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que je peux
appeler...
M. Roy: Un instant, M. le Président.
M. Raynauld: M. le Président, à l'article 204a,
l'objet de l'amendement, c'est de permettre à la régie de
continuer à percevoir ou à recevoir des sommes au trésor
pour des fins d'administration, même après la mise en place du
régime. Je pense que c'est cela que je retiens de
l'interprétation qui a été faite, que ce soit dans cinq
ans ou dans dix ans, et donc, cela permet à la régie si jamais il
y avait un déficit d'opération, par exemple, de continuer
à recevoir des fonds du gouvernement. Ce que je voudrais poser comme
question à Mme le ministre...
Mme Payette: II semble que le député d'Outremont
n'a pas retenu la réponse qui a été faite dans le sens que
cet article ne peut pas s'isoler d'autres articles où il est
prévu que la régie doit s'autofinancer.
M. Raynauld: Oui, c'est exact. Mais on affirme un principe d'un
côté et, d'un autre, on permet à la régie de
continuer à recevoir des fonds.
M. Paquette: Elle devra rembourser. Mme Payette: Bien oui.
M. Raynauld: Maintenant...
M. Paquette: Mais elle devra les rembourser en vertu de l'autre
article.
M. Raynauld: Elle devra les rembourser, mais on ne dit pas quand,
etc. C'est ça le problème?
M. Paquette: Est-ce que vous pensez qu'on doit figer ça
dans le béton?
M. Raynauld: Pardon?
M. Paquette: Est-ce que vous pensez qu'on doit figer ça
dans le béton?
M. Raynauld: C'était figé dans l'article 23
original et ma dernière question à Mme le ministre,
c'était: Quest-ce qui s'était passé aussi depuis le
16 août pour devoir changer ça? Est-ce qu'il y a une raison?
Pourquoi n'a-t-on pas pensé à ça pour le 16 août?
Cela ne me paraît pas une clause nouvelle, des circonstances nouvelles
qui donnent lieu à ça.
Mme Payette: L'un des amendements principaux, M. le
Président, sert à préciser dans cet article que ces sommes
servent essentiellement à l'administration de la loi qui est devant
nous.
M. Raynauld: Oui, mais pourquoi n'y avait-on pas pensé au
mois d'août? Comment se fait-il qu'on soit obligé d'amender un
projet de loi pour une telle chose?
Mme Payette: Parce que le projet de loi no 67 n'était pas
devant nous pour étude.
M. Lalonde: Moi, je comprends qu'il y ait eu des oublis, qu'on
doive ajuster un certain nombre de choses, mais il faut quand même
l'expliquer, parce qu'il reste que c'est une loi jeune, qui a été
adoptée il y a à peine quelques mois.
M. Roy: On a fait référence, M. le
Président, à l'article 137. Je ne sais pas si je vais à
l'encontre du règlement, mais c'est une explication dont j'ai besoin et
j'ai l'impression qu'on n'aura pas le temps de se rendre à l'article 137
avant minuit demain soir.
Il est dit que les sommes dont la régie prévoit ne pas
avoir besoin à court terme pour le paiement de ses obligations et pour
son administration sont déposées sans délai auprès
de la Caisse de dépôt et placement. L'argent dont elle a besoin
à court terme, à quel endroit la régie va-t-elle le
déposer?
Mme Payette: La régie doit garder à sa disposition
les sommes dont elle a besoin pour payer les indemnités qui sont
prévues au projet de loi et qui devront être disponibles
immédiatement pour paiement ou dans un court délai. Ce qui ne
sera pas requis dans un court délai sera placé auprès de
la Caisse de dépôt et placement.
M. Roy: Mais, en attendant, vous ne garderez sûrement pas
ça dans le tiroir-caisse?
Mme Payette: Dans la poche du président? M. Roy:
Non. Mme Payette: Bon!
M. Roy: Ni dans le porte-monnaie du président. Est-ce que
cela va être déposé dans les caisses populaires ou dans les
banques, en attendant?
Mme Payette: De toute façon, ce sera auprès du
président de la régie.
M. Giasson: M. le Président...
M. Roy: Vous n'êtes pas en mesure de nous répondre
à cela à ce moment-ci?
Mme Payette: Non, M. le Président.
M. Roy: Non. Et vous venez de conclure une entente avec les
caisses populaires!
M. Giasson: M. le Président, peut-être, pour
clarifier ou pour avoir une meilleure interprétation du libellé
de l'article 23, n'aurait-il pas été préférable de
lire: "A compter de cette date, les sommes mises à la disposition de la
régie..." là, on peut présumer que ce sont les
sommes venant du financement du régime "...ainsi que celles
qu'elle a obtenues...", au lieu de dire "qu'elle obtient", "... qu'elle a
obtenues en vertu desdits articles 21 et 22 doivent servir exclusivement
à l'administration de la régie et de la présente loi."
Une Voix: "... qu'elle devrait obtenir..."
Mme Payette: M. le Président, il y a une technique
législative qui veut que, dans les textes de loi, le plus possible, on
parle au présent. Je pense que si on se met à faire du
passé dans un texte de loi, il est possible qu'il y ait des
interprétations qui puissent se faire qui soient...
Une Voix: Cela a le même sens. M. Giasson: Pas
nécessairement.
Le Président (M. Bertrand): L'article 23 est-il
adopté?
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aimerais bien...
M. Giasson: Cela n'a pas le même sens.
M. Saint-Germain: Si je lis bien peut-être
pourrait-on me dire si je suis dans l'erreur ou non à l'article
23...
Le Président (M. Bertrand): A l'article 204, je m'excuse
c'est moi qui me suis trompé.
M. Saint-Germain: Par l'article 204, c'est l'article 23 qui est
modifié. Alors, la régie, en plus des sommes qu'elle
reçoit par le projet de loi 67, conserve, par les articles 21 et 22, la
liberté d'emprunter. C'est bien cela? Ces emprunts par l'article
22 sont garantis par le gouvernement. Si la régie, à cause
d'un déficit, décide de ne pas payer ces sommes, elles sont
payables par les fonds consolidés. C'est bien cela?
M. Lalonde: C'est garanti.
M. Saint-Germain: N'Y a-t-il pas là un moyen indirect de
financer la régie par les revenus de la province?
Mme Payette: M. le Président, l'article 133
nous dit que les sommes fixées annuellement par la régie,
en vertu de l'article 132, doivent être suffisantes pour permettre le
paiement de la totalité des indemnités auxquelles ont droit les
victimes d'un accident survenu au cours de l'exercice financier en vue duquel
ces sommes sont fixées, le paiement des obligations du fonds
d'indemnisation. Elles doivent également être fixées de
façon que l'actif de la régie, déduction faite de ses
passifs et de toute réserve de stabilisation qu'elle peut
établir, soit suffisant pour couvrir le montant évalué,
conformément à l'article 134, nécessaire au paiement de
toutes les indemnités, présentes et futures, découlant
d'accidents survenus au cours des exercices précédents.
M. Saint-Germain: M. le Président, si par erreur les
sommes n'étaient pas suffisantes, c'est là que la
régie...
M. Paquette: C'est impossible, il y a toujours $200 millions.
Mme Payette: Si les sommes n'étaient pas suffisantes, M.
le Président, et si la régie devait afficher un déficit,
la seule solution, pour la régie, est d'augmenter sa tarification
l'année suivante.
M. Lalonde: Et, entre-temps, emprunter pour couvrir ses
frais.
Mme Payette: Elle devra rembourser. M. Raynauld: C'est
ça qui est la mesure. Mme Payette: Nécessairement
rembourser.
M. Saint-Germain: Mais, légalement toujours, si à
un moment donné, pour des raisons politiques, un gouvernement n'ose pas
augmenter les sommes requises par une hausse du coût des plaques ou des
permis de conduire; est-ce qu'il n'y a lieu, pour le gouvernement, d'inciter la
régie à déclarer qu'elle n'est plus capable de faire face
aux emprunts garantis par le gouvernement et, par ce fait, faire annuler les
sommes et les faire payer par le gouvernement?
Mme Payette: M. le Président, le gouvernement est
lié par la loi qui est devant nous et, à l'article 207, on aura
plus de détails.
M. Lalonde: M. le député de Jacques-Cartier,
à ce moment-là, il faut battre le gouvernement.
M. Saint-Germain: Je pense à ce qui est arrivé en
Colombie-Britannique; tout à coup avec un gouvernement qui a
changé, on a trouvé que l'assurance automobile était
absolument déficitaire, et le nouveau gouvernement a été
obligé d'augmenter la moitié des coûts. Qu'est-ce qui est
arrivé, entre-temps, avec le gouvernement en place?
Mme Payette: Le député de Jacques-Cartier vient de
donner la réponse. Effectivement, le nouveau gouvernement a dû
augmenter les primes.
M. Saint-Germain: Oui, mais écoutez une minute, ce n'est
pas être honnête envers la population que de lui laisser croire
pendant un an, deux ans, trois ans ou quatre ans que les coûts sont tels
et, à un moment donné, on dit: La régie est
déficitaire, elle n'est plus capable de payer ses dettes; ces dettes
étant garanties par le gouvernement, on prend alors les revenus de la
province pour couvrir les dettes.
M. Paquette: M. le Président, si je peux me permettre; je
pense qu'il ne s'agit pas de ça, l'article 133 est extrêmement
étanche, toute dette faite par la régie doit être
remboursée. A ce compte-là, la régie sera dans la
même situation que les assureurs privés l'ont toujours
été. Il y a des années où ils n'ont pas
perçu suffisamment pendant deux ou trois ans avant de se rendre compte
que le nombre d'accidents avait augmenté; après cela ils se sont
aperçus qu'il fallait augmenter les primes démesurément;
ils se sont fait taper sur les doigts par la régie anti-inflation et
là ils commencent à penser à réduire leurs primes.
On va être exactement dans la même situation.
M. Lalonde: Sauf qu'ils n'étaient pas subventionnés
par le gouvernement.
M. Saint-Germain: II en reste...
M. Paquette: J'aimerais que vous me démontriez que la
régie est subventionnée parce que, depuis le début de la
commission, on a lancé en l'air des chiffres de $42 millions qui sont
des chiffres...
M. Lalonde: Pas $48 millions, $86 millions.
M. Paquette: ... tout à fait gratuits.
M. Roy: II y en a au moins $50 millions.
M. Paquette: J'aimerais les prendre un par un, ces chiffres.
M. Roy: II y a au moins $50 millions de manque à gagner du
gouvernement et de subventions, on peut vous démontrer ça
n'importe quand, détails à l'appui.
M. Paquette: J'aimerais ça qu'on le fasse.
M. Roy: M. le Président, si vous permettez, je vais vous
donner un exemple.
M. Paquette: Je vous donne un exemple...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, à l'ordre,
à l'ordre! Je pense que...
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Vous admettrez avec moi qu'on
glisserait...
M. Roy: On nous le demande, on peut le four-
M. Paquette: Je pense que c'est relié au débat, M.
le Président, parce que l'aspect central de cet article nous
soulève un débat: Est-ce que la régie va se financer par
des frais cachés? On vient de voir que, sur le plan des emprunts
possibles ou encore des subventions temporaires du gouvernement, la
régie devait rembourser et qu'il n'y a pas de frais cachés
là. On nous dit: II y en a ailleurs. Je pense que c'est peut-être
le temps de faire ce débat, je pense qu'il n'y en a pas ailleurs.
M. Roy: Oui, il y en a ailleurs, on peut faire le débat
n'importe quand, M. le Président.
M. Raynauld: M. le Président, si c'est permis, demain
matin, on en fera un.
M. Saint-Germain: Quoiqu'on dise que la loi soit étanche,
le gouvernement trouve tout de même logique de garantir lui-même
les emprunts de la régie. Il y a une raison. Si le prêteur
trouvait réellement que la loi est étanche, comme les
députés ou le gouvernement actuellement semble le
considérer, cet article qui fait que les emprunts de la régie
sont garantis par le gouvernement deviendrait absolument inutile. On a
trouvé qu'il était tout de même nécessaire,
malgré cette soi-disant loi étanche, de garantir les emprunts par
le gouvernement.
Alors, on ne fait pas ça pour rien, ce n'est certainement pas
pour rien que les prêteurs... On sait que les prêteurs vont exiger,
malgré la loi, une garantie gouvernementale.
Le Président (M. Bertrand): L'article 23 est-il
adopté?
M. Saint-Germain: Adopté sur division. M. Roy:
Adopté sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, c'est
l'article...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse. L'article 204a
est-il adopté? Adopté sur division. La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)