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Etude du projet de loi no 67 Loi sur l'assurance
automobile
(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67,
intitulé Loi sur l'assurance automobile. Les membres de cette commission
sont M. Beauséjour (Iberville), M. Bisaillon (Sainte-Marie)
remplacé par M. Charron (Saint-Jacques); M. Gagnon (Champlain), M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse) remplacé par M. Shaw
(Pointe-Claire); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
M. Landry (Fabre) remplacé par M. Paquette (Rosemont); M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par M. Giasson
(Montmagny-L'Islet); M. Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte) remplacé
par M. Perron (Duplessis); M. Marquis (Matapédia), Mme Payette (Dorion),
M. Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell (Brome-Missisquoi)
remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Vaillancourt (Jonquière). M. Charron est
déjà inscrit à la place de M. Bisaillon
(Sainte-Marie).
Nous en étions à l'article 205. Mme le ministre.
Décisions de la Commission des accidents du
travail
Mme Payette: L'article 205, M. le Président, se lit comme
suit: "L'article 25 de ladite loi est modifié par l'addition des
alinéas suivants; "Les décisions rendues par la Commission des
accidents du travail de Québec ont la même valeur que si la
régie les eût rendues elle-même. "La commission peut
déléguer généralement, à ceux de ses
fonctionnaires qu'elle désire, les fonctions qu'elle a acceptées
en vertu d'un contrat ou accord conclu, conformément au présent
article. "Les paragraphes 3a), 3c) et 3d) de l'article 59 de la Loi des
accidents du travail, statuts refondus 1964, chapitre 159, s'appliquent mutatis
mutandis à cette délégation. L'Assemblée nationale
devra être informée de toute délégation de fonctions
effectuée par la régie, à la Commission des accidents du
travail de Québec."
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que cet article sera
adopté?
M. Saint-Germain: M. le Président, voilà un article
qui confirme bien ce que nous avions discuté ici, au niveau de cette
commission, lorsque, à cet article, nous faisions une relation entre les
victimes d'accidents du travail qui sont en même temps des victimes
d'accidents d'automobiles, et qui peuvent être indemnisées par la
Commission des accidents du travail, mais qui peuvent aussi en appeler à
la régie si la régie, de par ses règlements, remettait
à une telle victime une indemnisation qui serait supérieure
à celle payée par la Commission des accidents du travail.
Nous avions, si vous vous en souvenez, mentionné qu'à la
Commission des accidents du travail, on établissait le degré
d'incapacité permanente, partielle ou temporaire d'une victime pour en
arriver à lui payer une indemnité, tandis qu'à la
Régie de l'assurance automobile on calculait les indemnités d'une
façon différente. Mais on doit toujours subir les examens des
médecins de la Commission des accidents du travail. Nous avions dit
qu'il serait difficile d'établir l'incapacité ou la
capacité de travailler, selon qu'on est médecin à la
Commission des accidents du travail ou de la régie.
Ici, cet article semble bien confirmer ce qu'on avançait, car les
employés de la Commission des accidents du travail pourront être
considérés comme les employés de la régie.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, j'avais seulement une
question là-dessus. A l'article 25 de la loi 49, on dit: "La Commission
des accidents du travail du Québec constituée en vertu de la Loi
des accidents du travail peut, avec l'autorisation du gouvernement, conclure
avec la Régie tout contrat de service ou tout accord relatif à
l'application de la présente loi. "
II me semble que lorsque M. De Coster était venu
témoigner, il nous avait dit qu'il n'y avait qu'un projet d'entente avec
la Commission des accidents du travail, que l'entente n'était pas
conclue et qu'il était impossible de le faire, parce que la loi ne le
permettait pas.
Or, il me semble que l'article 25 permettrait qu'un tel accord soit
signé.
Mme Payette: Si on pousse le raisonnement au bout, il conclurait
un accord sur quoi?
M. Fontaine: Sur...
Mme Payette: Puisqu'il n'y a pas d'accord à conclure pour
la Régie de l'assurance automobile autre que celui prévu
après l'adoption du projet de loi 67.
M. Fontaine: II n'y a pas d'accord actuellement avec la...
Mme Payette: Non, vous avez eu en main... M. De Coster a fait la
distribution aux membres de cette commission d'un projet d'entente avec la
Commission des accidents du travail. Je n'ai jamais nié qu'il y avait eu
des négociations, ce qui
était absolument normal. Après l'adoption du projet de loi
67, il y aura éventuellement signature d'un accord avec la Commission
des accidents du travail.
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Bertrand): L'article 205 est-il
adopté?
M. Charron: Adopté. Une Voix: Sur division? M.
Saint-Germain: Adopté.
Mme Payette: Ne lâchez pas la bonne habitude! Divisez!
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article...
M. Fontaine: Si vous voulez l'avoir divisé, sur division,
M. le. Président.
Mme Payette: Ce serait dommage, c'était cela depuis le
début.
Le Président (M. Bertrand): Sur division. Article
206...
Mme Payette: Après mûre réflexion, c'est sur
division.
M. Raynauld: La vôtre?
Mme Payette: Non, c'est la vôtre. Toujours la
vôtre.
M. Raynauld: Ne parlez pas pour nous, s'il vous plaît!
Mme Payette: II n'y a que la vôtre.
Le Président (M. Bertrand): Article 206?
Mme Payette: L'article 206 se lit comme suit: "Nonobstant les
dispositions du Code de la route, aucune immatriculation d'un véhicule
automobile autre qu'une motoneige ne peut être effectuée à
moins que la personne qui la requiert: a) n'ait founi au bureau une
déclaration attestant qu'elle a satisfait aux obligations
imposées par la loi...
M. Raynauld: Question de règlement!
Le Président (M. Bertrand): Un instant, question de
règlement!
M. Raynauld: M. le Président, nous avions adopté
une motion pour différer l'étude des articles 22 à 199
pour entreprendre l'étude des articles 200 à 205. Nous sommes
rendus à l'article 206. Il me semble qu'il serait plus normal de
retourner à l'article 22, je ne me rappelle plus exactement lequel, si
c'était 22 ou 23.
M. Charron: A moins que vous ne vouliez solliciter de poursuivre
à l'article 206 où nous sommes, ou à 144, si cela vous
tente.
M. Raynauld: Nous préférerions revenir...
Mme Payette: Ou à 153 ou à 188, ou à 37
peut-être.
M. Saint-Germain: M. le Président, il nous reste tellement
peu de temps. Nous allons revenir aux articles de fond, si vous voulez
bien.
Mme Payette: L'article 42, je vous le suggère
particulièrement.
Le Président (M. Bertrand): Alors, du consentement des
membres de la commission, on revient à l'article 21?
M. Charron: On revient à l'article 21?
M. Lalonde: Est-ce qu'on a un nouveau membre?
M. Charron: Oui, en règle, d'ailleurs. Le
Président (M. Bertrand): L'article 21?
M. Paquette: II va pouvoir parler aujourd'hui. On n'a pas besoin
du consentement.
Le Président (M. Bertrand): C'est un nouveau papillon, je
crois.
M. Lalonde: C'est cela.
M. Raynauld: M. le Président, sur la lancée du
ministre, ce matin, il est possible que l'on veuille peut-être choisir
des articles sur lesquels on pourrait avoir des débats plus importants
en cours de route.
Mme Payette: M. le Président, je n'aurais même
aucune objection à cette demande de l'Opposition. Il serait
peut-être utile, cependant, simplement pour la bonne marche de nos
travaux, qu'on nous fasse une liste des articles qu'on veut étudier en
particulier et en priorité. Si c'était nécessaire, M. le
Président, on pourrait même prendre cinq minutes pour permettre
à l'Opposition de choisir ses articles. Faites votre marché.
M. Saint-Germain: Nous allons continuer, si vous voulez bien, M.
le Président. Nous sommes à étudier les articles 19, 20,
21, 22, 23, 24, qui sont très importants.
M. Lalonde: M. le Président, si vous permettez, je ne
voudrais quand même pas mettre de côté l'offre de Mme le
ministre.
M. Charron: On peut suspendre la séance pour que vous vous
entendiez.
Indemnité de remplacement du revenu
M. Lalonde: Non, sans suspendre, on peut continuer l'étude
des articles 21 et 22. Entretemps, d'ici...
M. Charron: Entendez-vous entre vous pour n'avoir qu'une seule
position. Ce serait plus utile.
M. Lalonde: ... 15 heures, à la reprise, on pourra
peut-être suggérer des articles différents.
M. Charron: Donc, jusqu'à 13 heures, c'est lui qui
mène; à partir de 15 heures, c'est vous qui menez.
M. Saint-Germain: On va parler du projet de loi, voulez-vous?
M. Raynauld: Ce n'est pas ça du tout. On veut
étudier l'article 21 ou 22 et, ensuite, on voudrait changer.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. Raynauld:
C'est ça, la position.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Dans ce bel esprit
de camaraderie, nous allons donc poursuivre l'analyse de l'article 21.
M. Lalonde: En parlant de camaraderie, M. le Président,
j'ai une question de règlement à soulever.
Hier soir, les membres de cette commission ont entendu des propos
surprenants dans la bouche de Mme le ministre et que je n'ai soulevés ou
relevés qu'une fois en lui demandant de les retirer avant minuit, ce qui
n'a pas été fait. Je n'ai pas la transcription des
délibérations, mais il me semble que plusieurs ont
été témoins ici du fait qu'elle aurait adressé
à celui qui vous parle les paroles suivantes: Espèce de "pig"!
C'est une espèce d'insulte bilingue. Je n'ai rien contre le bilinguisme,
M. le Président, mais il m'apparaît que ces propos tenus... On
peut dire, naturellement, qu'après des dizaines d'heures de
délibérations, il peut s'installer dans nos échanges un
certain laisser-aller, mais il reste quand même que nous
représentons ici une institution fondamentale, la commission
parlementaire, qui est l'extension de l'Assemblée nationale et qu'un
règlement, je pense, particulièrement à l'article 99,
interdit à un député d'attaquer un collègue,
d'insulter, de se servir d'un langage blessant à l'adresse de qui que ce
soit et, dans ces conditions, M. le Président, j'aimerais que vous
demandiez au ministre de retirer ses paroles.
Mme Payette: M. le Président, je le ferai volontiers
après que le député de Marguerite-Bourgeoys aura
retiré sa longue élucubration sur les capacités du
ministre qui vous parle à porter le dossier de l'assurance automobile;
ce que je fais, M. le Président, depuis plus d'un an maintenant.
Dans la bouche d'une femme, M. le Président, l'expression "pig"
signifie exactement ce que ça veut dire et est
généralement accompagnée d'une giffle mentale que je ne
retirerai pas non plus ce matin.
M. Lalonde: M. le Président, Mme le ministre me
suggère de retirer une longue...
M. Perron: Diatribe!
M. Lalonde: ... enfin, ce qu'elle appelle une longue proposition
que j'ai faite hier, qui, je pense, avait trait à la compétence,
la capacité ou le manque de compétence ou de capacité du
ministre. Il m'apparaît que c'est non seulement le droit, mais le devoir
d'un membre de cette commission, y compris un membre de l'Opposition,
d'exprimer son opinion sur la façon dont le gouvernement assume ses
responsabilités, avec compétence ou avec incompétence.
S'il fallait, que chaque fois qu'un membre de l'Opposition exprime une opinion
selon laquelle un gouvernement ou l'un de ses membres fait preuve
d'incompétence, qu'il doive recevoir une insulte personnelle à la
figure y compris la giffle mentale, mais ça, M. le
Président, il faudrait dire que je ne l'ai pas sentie A ce
moment, il faut quand même être sérieux.
Doit-on avoir une précaution particulière pour Mme le
ministre? Je ne sais pas. M. le Président, nous sommes en politique,
nous assumons des responsabilités, nous avons décidé de
jouer le jeu, à ce moment, il faudrait quand même qu'on s'en
tienne au règlement et que les propos qui ne sont pas conformes au
règlement... Je ne pense pas que l'article 8, qui dit: "des propos
blessants", inclue des jugements politiques d'un membre de l'Opposition sur le
gouvernement ou sur un membre du gouvernement. Est-ce que c'est blessant, pour
un ministre, de se faire dire qu'il n'est pas compétent? C'est fort
possible, mais ce n'est pas ce que le règlement veut dire à
l'article 99, paragraphe 8.
M. le Président, s'il fallait, pour rassurer le ministre, que je
retire ce que j'ai dit, je regrette, M. le Président, mais je vais
mériter beaucoup d'autres qualificatifs de ce genre-là, parce que
j'ai l'intention de continuer à dénoncer l'incompétence du
ministre. Alors, je vous demande de demander au ministre de retirer ses
paroles.
M. Raynauld: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense que les deux cas sont complètement
différents. Dans un cas, il s'agit dans le cas du
député de Marguerite-Bourgeoys d'un jugement qu'il a
porté dans un langage parlementaire, en utilisant un vocabulaire
accepté de tout temps. Je pense qu'il arrive peut-être, au moins
une fois par semaine, que l'Opposition puisse dire que les gens du gouvernement
se
comportent, dans une circonstance particulière, de façon
incompétente ou inepte. Je l'ai dit moi-même plusieurs fois. Ce
sont moins des jugements sur les personnes, sur la personnalité, que sur
des actes qui sont posés. Dans le cas de l'insulte que le ministre a
lancée à la figure du député de
Marguerite-Bourgeoys, il s'agit d'un langage non parlementaire et je pense
qu'il convient de lui faire retirer ces paroles.
M. Saint-Germain: II me semble évident qu'à cette
commission, même si nous avons fait de chauds débats, nous avons
été particulièrement prudents, en ce sens que jamais aucun
membre de cette commission ne s'est attaqué à la personne des
membres de cette commission. Nous sommes simplement des humains et, d'un
côté comme de l'autre, bien souvent, si nous avions eu ces
discussions dans une situation non publique, il aurait pu arriver qu'on se
laisse aller à des moments d'impatience, mais je crois qu'un
parlementaire a comme première responsabilité d'être
très prudent à ce point de vue et de ne jamais s'attaquer
à la personnalité de ses adversaires politiques. Dire qu'un
ministre est compétent ou incompétent... Personnellement, j'ai
déjà dit à cette commission que je trouvais
incompétent le ministre responsable de cette loi. C'est un jugement
absolument politique et c'est le devoir de l'Opposition de faire ressortir
devant le public les faiblesses du gouvernement ou des ministres, quels qu'ils
soient.
Il reste à ceux qui nous écoutent à
interpréter, à leur façon, le jugement qu'on peut porter,
jugement politique et il appartient au public de constater ou d'admettre que
notre affirmation est correcte ou fausse. J'ai été hier, tout
à fait estomaqué d'entendre Madame qualifier un de nos
collègues de ce titre. Franchement, bien que je sache ce que ce mot veut
dire en français, j'ai pensé qu'il pouvait, en plus, y être
attaché une certaine signification que je ne connaissais pas.
Mais si elle nous confirme ce matin que c'est bien ce qu'elle a voulu
dire, il me semble normal et tout à fait de nos règlements, que
vous l'obligiez à retirer ses paroles, parce que si ce genre d'attaque
est permis, il nous sera absolument impossible, à cette commission, de
continuer nos travaux dans une atmosphère constructive, il va de
soi.
M. Charron: M. le Président, avant que vous ne nous
rendiez votre interprétation de l'article que les députés
de l'Opposition ont soulevé, je voudrais que vous teniez compte du
moment où des propos peuvent devenir ceux que l'on énumère
dans la série d'alinéas de l'article 99. Ces circonstances
expliquent très souvent pourquoi une phrase lancée peut avoir une
portée beaucoup plus grande à un moment, beaucoup moins
importante à un autre moment.
Il faut bien comprendre que lorsqu'on soulève également ce
règlement, très souvent, ça fait partie d'une
stratégie pour faire perdre le temps, pour continuer à attirer
l'attention sur autre chose que l'invitation qui nous a été
faite, d'abord par la confiance de l'Assemblée, puis retirée par
l'Assemblée devant le peu de résultat du travail effec-
tué à cette commission d'étudier, article par article, un
projet de loi aussi important que celui-là.
Nous achevons, Mme le ministre l'a rappelé elle-même, un
très long cheminement de ce projet de loi où les attaques, si
elles ont été enrubannées dans un parlementarisme que les
années d'expériences de nos adversaires leur ont permis
d'acquérir, n'en étaient pas moins, à l'occasion,
particulièrement vicieuses et basses.
M. Paquette: Effectivement.
M. Charron: Et, en ce sens, si, à l'occasion, l'hypocrisie
parlementaire...
M. Paquette: En parlant d'incompétence...
M. Charron: ... cède le pas à la
spontanéité d'un long travail fait dans des conditions
difficiles, avec un manque de collaboration complet et quotidien de
l'Opposition, dans l'étude d'un projet de loi...
M. Paquette: Une certaine incompétence aussi.
M. Charron: La compétence manifeste que je puis leur
reconnaître, c'est celle de faire perdre le temps de la commission sur un
projet aussi fondamental au point que l'Assemblée nous a retiré
sa confiance et que nous en sommes à la dernière journée
de nos travaux.
Je pense que toutes ces circonstances, M. le Président,
expliquent très bien l'incident d'hier. Que ressuscite ce matin le
député de Marguerite-Bourgeoys, faute de s'entendre avec ses
collègues sur les articles à étudier aujourd'hui... Je
pense qu'il serait plus opportun de suivre l'invitation que nous avons faite
à l'Opposition, soit de nous indiquer immédiatement quels sont
les articles sur lesquels elle croit avoir une certaine compétence
à faire valoir, sinon je croirai qu'il ne lui en reste
définitivement plus, autre que celle de s'accrocher à des
babioles.
M. Lalonde: M. le Président, si vous le permettez, je dois
vous assurer et prenez ma parole là-dessus que ce n'est
pas pour faire perdre le temps de la commission que je soulève cette
question. Je pense que c'est important.
Je me range aux premiers propos du ministre d'Etat au Haut-Commissariat
selon lesquels ces propos ont été lancés justement
à la fin d'une longue journée. C'est la raison pour laquelle je
n'ai pas formellement fait appel à l'article 99 hier soir. J'ai attendu
le calme, la sérénité, le repos du matin pour le faire.
Mais le fait que Mme le ministre l'ait répété ce matin
élimine l'hypothèse selon laquelle ces propos auraient
été le résultat de la fatigue, peut-être de la
frustration causée par l'humiliante défaite qu'elle a connue
hier, soit la proscription de l'article 201, le rappel à l'ordre et aux
règlements que la disparition de l'article 201 constitue.
Si elle le répète aujourd'hui, M. le Président, je
pense qu'il est de votre devoir de faire appliquer l'article 99, tout
simplement. Après cela, on passera aux travaux.
Le Président (M. Bertrand): Ce n'est pas une situation
très rose que vous créez à la présidence,
c'est-à-dire d'avoir à intervenir sur des éléments
de discussion aussi subjectifs que peuvent l'être les propos qui ont
été tenus hier par le ministre responsable de la Loi sur
l'assurance automobile et ceux aussi tenus par le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Il est bien clair, pour reprendre les expressions du
député de Saint-Jacques, que, jusqu'à un certain point, le
paragraphe 8 de l'article 99 pourrait, à la limite, s'appliquer aussi
bien aux propos tenus par le député de Marguerite-Bourgeoys
qu'aux propos tenus par le ministre responsable du projet de loi 67.
En effet, le paragraphe 8 dit bien: "II est interdit à un
député qui a la parole de se servir d'un langage violent ou
blessant à l'adresse de qui que ce soit ou irrespectueux pour
l'Assemblée".
Je pense qu'un langage blessant à l'adresse de qui que ce soit,
cela peut prendre différentes formes; cela peut être
présenté sous le couvert d'attaques qui sont acceptées
dans notre système parlementaire; cela peut prendre la forme de mots
qui, sans qu'ils n'aient de connotation violente, n'en ont pas moins une
connotation blessante.
Je crois que, quand le ministre responsable du dossier a répondu
aux propos du député de Marguerite-Bourgeoys, il ne s'est pas
enquis de savoir si, oui ou non, ces mots allaient être enrubannés
ou si son expression allait respecter, oui ou non, un article du
règlement.
Ceci étant dit, je crois que, si je demandais au ministre
responsable, si j'exigeais du ministre responsable de retirer ces mots, je ne
pourrais certainement pas lui permettre ou enfin l'obliger
j'enlève le mot permettre de retirer l'intention qui se cachait
derrière ces propos.
M. Lalonde: On ne demande pas cela.
Le Président (M. Bertrand): Or, je crois que la seule
différence qui pouvait se retrouver entre l'intervention du
député de Marguerite-Bourgeoys et l'intervention du ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, c'est
que, si les intentions étaient les mêmes de part et d'autre,
à l'endroit de l'un et de l'autre, les mots pour l'exprimer
différaient. Ils avaient davantage de coloration parlementaire dans le
cas du député de Marguerite-Bourgeoys. Ils avaient une autre
coloration dans le cas du ministre responsable. Je suis convaincu que, si son
mot avait été utilisé à l'endroit du ministre de
l'Agriculture, cela n'aurait jamais apporté de problème,
puisqu'il aimerait peut-être que cela lui soit renvoyé à
l'occasion, étant donné que c'est son champ de
compétence.
Mais à ce moment-ci, je me limiterai donc je pense que
vous comprendrez pourquoi ...
M. Fontaine: Pas dans le sens qu'il a été
employé.
Le Président (M. Bertrand): ... uniquement à
demander au ministre responsable, conformément à la lettre et non
pas tellement à l'esprit, parce que, comme je l'ai dit, au niveau des
intentions, je n'ai de procès à faire de qui que ce soit, mais
uniquement pour être en mesure de respecter la lettre de notre
règlement, de retirer, à défaut d'en retirer l'intention,
le mot qu'il a prononcé hier à l'endroit du député
de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Payette: M. le Président, avez-vous l'intention de
demander au député de Marguerite-Bourgeoys de retirer les mots
"enrubannée de parlementarisme" qu'il a utilisés à mon
égard?
M. Lalonde: M. le Président, je suis prêt à
retirer tous les mots que vous déclarerez antiparlementaires dans ma
déclaration et si les mots "incompétent, n'a pas
démontré une capacité de la maîtrise du dossier, si
ce sont des mots antiparlementaires, je suis prêt à me soumettre
à votre suggestion.
Si le mot "pig", d'autre part, est un mot parlementaire et si vous le
décidez, à ce moment-là, je le mettrai dans la liste des
mots que je peux employer à l'Assemblée.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à ma connaissance je le dis sous toute
réserve, car j'aurais besoin de consulter, de façon plus
précise, le journal des Débats; je pourrais donc revenir plus
tard durant cette séance pour indiquer si, oui ou non, vous avez
utilisé des mots antiparlementaires à ce moment-ci, je
n'ai pas entendu, venant de votre part, un mot, au-delà de ce que vous
avez utilisé et au-delà de ce que vous exprimiez, qui pourrait
être considéré comme contraire au paragraphe 8 de l'article
99.
M. Lalonde: D'avance, je vous dis que je suis prêt à
les retirer, ceux que vous trouverez antiparlementaires et dont vous me ferez
part dans l'avenir, après la lecture du...
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
Mme Payette: M. le Président, j'estime que, dans cette
attaque basse dont j'ai été la victime hier de la part du
député de Marguerite-Bourgeoys, on a attaqué, à
travers moi, toutes les femmes qui sont membres de cette Assemblée
nationale. On a également, par mon intermédiaire, attaqué
aussi toutes les femmes qui ont des prétentions politiques au
Québec.
Cependant, comme ce n'est pas la première fois que nous avons
à subir ces basses attaques, je me permettrai de vous rappeler que la
présidence, à certains moments est au féminin, et que la
présidence, dans ces moments, a aussi beaucoup de difficultés. Je
me permettrai de vous rappeler que n'en étant pas à une
première injure, acceptée, assimilée, mais sans pencher la
tête, je retirerai volontiers le mot que j'ai dit, mais je n'en pense pas
moins.
Le Président (M. Bertrand): Merci, madame. Article 21.
Mme Payette: M. le Président, l'article 21 avait
été lu, à ma souvenance, et nous en étions
au débat qui suivait la lecture.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on peut interpréter cet
article comme voulant dire qu'un étudiant en première
année à l'université recevra une indemnisation, s'il subit
un accident, comparable ou similaire à celle de l'étudiant qui
étudie pour une maîtrise, par exemple, ou qui étudie pour
un doctorat?
Mme Payette: Excusez-moi, M. le député de
Jacques-Cartier. Je ne por.ais pas attention à votre question.
M. Saint-Germain: J'ai demandé si un étudiant qui
est en première année d'université et qui subit un
accident recevra une indemnisation identique à celle d'un
étudiant qui étudie au niveau de la maîtrise ou du
doctorat?
Mme Payette: Tel que l'amendement est conçu, en effet.
M. Saint-Germain: C'est dire que vous trouvez qu'il est
équitable de rémunérer ces deux victimes de la même
façon.
Mme Payette: II nous est en effet apparu plus équitable de
prévoir une indemnisation des victimes étudiantes se basant sur
un critère connu que de tenter, dans ces circonstances très
particulières qui ne permettent pas de connaître, de façon
même évaluable sur le plan actuariel, le revenu potentiel de ces
étudiants... Il nous est apparu plus équitable de fixer
l'indemnité à partir de critères qui sont connus et
calculables.
M. Saint-Germain: Je sais pertinemment qu'il n'est pas facile
d'indemniser les victimes d'une façon juste, de les classifier, parce
qu'il faut absolument les classer. Il faut absolument les standardiser. Comme
la philosophie de base de ce régime veut que la base de toute
indemnisation soit en relation directe avec la perte du revenu d'une victime,
il apparaît tout à fait évident qu'on est obligé
d'établir un revenu à une victime, même si cette victime
n'a jamais été au travail, n'a jamais eu aucun revenu. Il est
absolument évident que cela peut, dans certains cas, être
très difficile, et même je dirais, pratiquement impossible. Il
reste que ce qui doit compter dans la rédaction d'un tel article n'est
pas nécessairement la facilité ou la difficulté des
techniques. La justice veut que la victime soit payée relativement aux
dommages qu'elle a subis. Même si c'est difficile de l'établir, il
est inadmissible qu'on en arrive à une technique facile d'application,
mais injuste pour la plupart des victimes. Ce qui doit être d'importance
primordiale, c'est la juste rémunération des victimes. C'est cela
qui devrait être le principe de base. Lorsqu'on nous dit: C'est trop
difficile, on va prendre un chemin facile, une technique facile, on passe
à côté du but abso- lument, et ça n'explique pas la
rédaction de cet article, qui a pour but, non pas de
rémunérer d'une façon juste, on le voit bien...
Qui peut soutenir, en toute logique c'est simplement le gros bon
sens qu'un élève en première année
d'université a la même valeur, puisqu'on doit parler de valeur
économique, que l'étudiant qui étudie au niveau du
doctorat. N'importe qui sait cela, même ceux qui ne connaissent pas le
milieu universitaire, qui n'ont aucune expérience en assurance; c'est la
pure logique, c'est le gros bon sens.
Alors,' pour avoir, dans cette optique, une technicité facile, on
crée des injustices énormes. C'est tout à fait
inadmissible, a mon avis. D'ailleurs; je crois que c'est beaucoup plus facile
d'établir les revenus virtuels des étudiants que
d'établir, par exemple, le revenu des victimes qu'on décrit
à l'article 20. A I'article 20, c'est réellement difficile, parce
qu'il faut même établir les capacités physiques, les
capacités intellectuelles et l'expérience. Imaginez,
établir les capacités physiques et les capacités
intellectuelles. Ce n'est pas facile, c'est évident. Mais au niveau
universitaire, on peut tout de même dire: Si quelqu'un étudie pour
un doctorat, on n'a pas besoin d'établir ses capacités
intellectuelles. Il les a établies lui-même. L'expérience
de la vie a prouvé ses capacités intellectuelles.
Il est beaucoup plus facile d'établir les revenus virtuels des
étudiants, à mon avis, parce qu'ils oeuvrent dans des domaines
limités, ils oeuvrent dans des domaines où on connaît le
revenu des professionnels, et si on ne vient pas à bout d'établir
les revenus ou si on trouve injuste d'établir des revenus en relation
directe avec les études de chaque étudiant... Par exemple, si on
veut indemniser d'une façon plus libérale les étudiants en
médecine, soi-disant, parce que les médecins ont des revenus
élevés, et rémunérer d'une façon plus
conservatrice ceux qui étudient, par exemple, pour devenir docteurs en
pédagogie, il pourrait y avoir là une injustice, mais on peut
prendre des moyennes au moins dans des champs d'activités qui exigent un
diplôme ou un doctorat... Tandis que là, on simplifie, on met tout
le monde sur le même pied et, à l'article 20, la technicité
est tout à fait inverse. Je dis qu'il aurait été plus
facile d'établir le revenu virtuel des étudiants que
d'établir le revenu virtuel des victimes énumérées
à l'article 20. C'est une façon de procéder qui me
renverse. Je ne vois pas là... C'est inadmissible.
Le Président (M. Bertrand): Le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que mes
premières remarques sur l'article 21 avaient été pour
noter l'incohérence, sinon l'absurde du traitement que l'on donne aux
étudiants, d'une part, comparativement avec le traitement que l'on
donne, à l'article 20, à d'autres personnes qui
n'exerçaient pas d'emploi.
Je voudrais soulever justement quelques cas plus concrets qui
montreraient à quel point le trai-
tement d'un cas peut être différent d'un autre et comment
il peut être inéquitable.
Je prends le cas, par exemple, d'un étudiant, un adulte qui
travaille et qui a travaillé pendant 25 ans, et qui prend une
année sabbatique pour devenir étudiant dans une
université. A ce moment-là, est-ce que c'est l'article 21 qui
s'applique? Il s'agit bien d'un étudiant inscrit dans une
université à temps plein et parce que l'accident tombe cette
année-là plutôt que pendant les 40 autres où il
travaillait à temps complet, et pouvait gagner le double du salaire
moyen des travailleurs du Québec, qui est prévu comme base
d'indemnisation. Si on suit l'article 21, c'est évident que cette
personne va perdre considérablement.
Un autre exemple, c'est celui du travail à temps partiel. On dit,
à l'article 20, que ceux qui travaillent à temps partiel auront
une indemnité basée sur le revenu que l'expérience, la
formation, les capacités physiques ou intellectuelles auraient pu lui
faire gagner. Prenons le cas d'un étudiant qui travaille à temps
partiel. Si je comprends bien, c'est l'article 21 qui s'appliquerait parce
qu'il est étudiant à temps plein, car souvent ces
étudiants, surtout au niveau avancé, font du travail à
temps partiel. A ce moment, parce qu'il travaille à temps partiel ou
qu'il a un emploi occasionnel, cet étudiant pourrait invoquer l'article
20, et cet article 20 lui donnerait une indemnité très
supérieure à celle qu'il pourrait obtenir s'il était
traité comme un étudiant.
Je vais vous donner un troisième cas; le travail de vacances. Un
étudiant est en vacances et il travaille. A ce moment c'est l'article 20
ou un autre article, l'article de ceux qui travaillent à temps plein qui
s'applique. S'il arrive que l'accident survient un mois plus tard, c'est un
autre article qui s'applique parce qu'il redevient étudiant. A ce
moment, le hasard fera que son indemnité pourra être très
largement inférieure à celle qu'il aurait pu avoir si...
Mme Payette: M. le Président, j'aimerais corriger une
erreur qui se glisse ici, si le député d'Ou-tremont me le permet.
Dans le cas qu'il vient de citer, à l'article 20 on dit: sous
réserve de l'article 21 et de l'article 22.
M. Raynauld: Cela veut dire quoi au juste? Mme Payette:
Vous allez les lire d'abord.
M. Raynauld: Expliquez donc un peu. Sous réserve, cela
veut dire que la victime qui, lors de l'accident, n'exerçait aucun
emploi ou exerçait un emploi à temps partiel, occasionnel... Ce
n'est pas le cas que je vous donne, c'est du travail à temps plein, il
est en vacances. Pendant les vacances d'été il n'est pas inscrit
à l'université; il travaille à temps plein. Ça ne
s'applique pas.
Mme Payette: On peut prendre pour acquis, M. le
député que, dans l'exemple que vous donnez, cet étudiant
fréquente une université pendant la période
déterminée qui est la période scolaire.
M. Raynauld: Oui, mais Mme le ministre, comment savez-vous si
l'étudiant va retourner à l'université au mois de
septembre? Il travaille à temps plein, l'été, il est en
troisième année de médecine. Qu'est-ce qui vous dit qu'il
va encore s'inscrire à temps plein? Il peut très bien avoir
terminé...
Mme Payette: II est très logique que, après avoir
fait une troisième année de médecine, un étudiant
s'engagerait dans une quatrième année parce qu'il y en a une
quatrième.
M. Raynauld: Vous savez très bien qu'il y a un très
grand nombre d'étudiants qui, chaque année, décident
d'abandonner leurs études. A ce moment, je me demande quelle base on
pourrait invoquer pour donner une indemnité très
inférieure...
M. Charron: Vous savez fort bien que, avant la fin d'une
année scolaire, un étudiant s'inscrit pour la prochaine
année, quand il est au niveau universitaire. Il a déjà des
frais de scolarités à encourir.
M. Raynauld: S'il n'a pas l'intention de s'inscrire, il ne
s'inscrit pas.
M. Paquette: M. le Président, si on me permet. Dans ce
cas, peut-être que l'étudiant tomberait sous le coup de l'article
20. Je pense que la régie peut difficilement faire autrement que
d'appliquer le critère de l'article 21, pour évaluer, puisque
cette personne n'a jamais travaillé à temps plein. Evidemment,
si, dans le cas de l'article 20, c'était un chômeur qui avait
déjà occupé un emploi rémunérateur à
temps plein, on pourrait faire une évaluation plus fine que celle
prévue à l'article 21. Dans le cas de cet étudiant qui est
en troisième année de médecine et qui occupe un travail
à temps partiel, durant l'été, il n'a pas encore
occupé de travail rémunérateur, à temps plein, et
je pense qu'on n'aura pas d'autre choix que de se baser sur le salaire moyen.
C'est une approximation grossière, mais cela évite quand
même l'arbitraire de la part de la régie.
M. Raynauld: Enfin, M. le Président, je soulève ces
cas pour montrer, encore une fois, qu'il est bien difficile et je n'en
fais pas reproche au gouvernement de prévoir tous les cas
possibles et imaginables. Quant à moi, je pense que j'aurais
préféré l'article original l'article 21
où, à ce moment-là, au moins c'est consistant, c'est
cohérent avec l'article 20.
Dans tous les cas où il n'y a pas un revenu brut évident,
on essaie de l'estimer et au mieux de notre connaissance, de la connaissance de
la régie et, bien sûr, à ce moment-là, on ne
traiterait pas de la même façon un étudiant qui est en
première année et un étudiant qui en est à des
études post-doctorales à temps complet ou un étudiant
adulte qui a travaillé pendant 40 ans, pendant 20 ans ou pendant dix
ans. On voudrait essayer de simplifier les choses, mais on introduit des
possi-
bilités d'incohérence très sérieuses. Quand
je parle d'incohérence de ces traitements inégaux de cas
identiques ou presque identiques, à cause de l'article 20, d'une part,
et la combinaison avec l'article 21 et, d'autre part, bien sûr, une
règle comme celle-là peut avoir la vertu de la simplicité
mais va introduire des injustices à l'intérieur du groupe
d'étudiants. En effet, il me paraît évident qu'on ne peut
pas traiter de la même façon un étudiant de première
année et un étudiant, encore une fois, qui peut faire des
études doctorales ou postdoctorales. Je pense donc que la suggestion que
je ferais, ce serait de revenir à l'article original 21, même si
je n'en fais pas une motion formelle, car il me semble qu'il vaudrait la peine
que le gouvernement réfléchisse encore davantage à ce
point, à cause justement de tous les cas individuels qu'on peut
imaginer. Je pourrais probablement, en exerçant mon imagination, en
trouver trois ou quatre autres douzaines et sûrement que le gouvernement
pourrait faire cela aussi, pour montrer qu'on en arriverait à des
impasses.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, lorsqu'on a commencé
à étudier cet article, j'avais à peu près les
mêmes interrogations que le député d'Outremont et je me
suis posé la question, je me suis demandé si on ne devrait pas
reformuler l'article, proposer un amendement. Finalement, je pense
effectivement que c'est extrêmement délicat. Le seul
problème qui peut se présenter on peut évidemment
trouver des tas d'exemples se résume à une chose: il
s'agit de cas presque semblables, comme vous I'avez dit, dont un serait soumis
à I article 20 et un autre à l'article 21. Je pense que, s'il
s'agit de cas presque semblables, la régie, qui va devoir appliquer
l'article 20, va devoir se baser sur une quantité d'informations presque
semblables pour déterminer le revenu possible et arriver à une
indemnité presque semblable. Il me semble qu'il va y avoir une pression
sur la régie, lorsqu'elle exercera les compétences plus souples
qu'on trouve à l'article 20. Elle devra tenir compte des contraintes de
l'article 21, de façon à éviter ces injustices. Il y aura,
dis-je une pression sur la régie pour que des cas presque semblables se
solvent par des indemnités presque semblables. D'autre part, si on
revenait à l'article original, je pense qu'il y aurait effectivement une
injustice, parce qu'on ne peut pas préjuger qu'un étudiant en
voie de compléter ses études va d'abord les terminer et, d'autre
part, va trouver un emploi dans la catégorie d'études qui
l'occupe. Par exemple, un étudiant en première année de
droit a toutes les chances de se retrouver commis de bureau ou peut-être
même sans emploi.
M. Lalonde: Surtout avec la loi 67.
M. Paquette: Avec la loi 67, oui, surtout avec le genre de
régime qu'on a actuellement au Québec, le genre de
compétences limitées qu'on a pour s'y attaquer.
Ce serait peut-être faire une injustice que de préjuger que
ces gens vont d'abord terminer leurs études puis trouver un emploi
correspondant à la formation acquise. Malheureusement, on commence
à avoir une surproduction de PHD en mathématiques qui ont
même de la difficulté à trouver un emploi d'enseignant dans
les CEGEP et qui peuvent se retrouver dans un emploi tout à fait
différent...
M. Raynauld:... il y a des députés maintenant.
M. Paquette: ... de celui qu'ils postulent. A plus forte raison,
s'ils n'ont pas terminé ce doctorat.
D'autre part, je pense qu'il y a dans la disposition de l'article un
mécanisme d'incitation à retourner aux études,
c'est-à-dire que quelqu'un qui se trouverait, par exemple, en
troisième année de baccalauréat et qui serait victime d'un
accident recevrait quand même un montant décent dont la moyenne,
après consultation au ministère..
M. Raynauld: $12 000. M. Paquette: ... se situe... M.
Saint-Germain: $11 900.
M. Paquette: ... non, c'est $8793, la rémunération
hebdomadaire moyenne des travailleurs au Québec...
M. Lalonde: On nous a dit $11 900. M. Raynauld: $12 000,
c'est $11 900.
M. Lalonde: $11 971, je pense, qu'on nous a dit, quelque chose
comme ça.
M. Saint-Germain: C'est peut-être le revenu net, 90% du
revenu net.
M. Raynauld: Ce sont les indemnités à payer.
M. Paquette: Les indemnités moyennes à payer.
M. Raynauld: Ah oui, 90% du revenu net.
M. Paquette: C'est ça, exactement. C'est 90%. Avec cette
somme, un étudiant qui voit ses études interrompues par un
accident d'automobile va se retrouver avec un revenu assure, ce qui va
faciliter ses études et l'inciter également à les terminer
de façon à pouvoir excéder ce revenu, parce qu'il pourrait
calculer, malgré des perspectives économiques qui ne sont pas
très bonnes de ce temps-ci, qu'en terminant ses études, il
pourrait commander un revenu supérieur.
Donc, il y a un mécanisme d'incitation dans cet article qu'on ne
retrouve pas à l'article 21, parce qu'à l'inverse, si on
accordait une indemnité à cet étudiant comme s'il avait
complété ses études et trouvé un emploi dans ce
champ, on lui donnerait le salaire qu'il aurait s'il avait terminé
ses études et trouvé un emploi correspondant à la
formation acquise. Oui.
M. Saint-Germain: Vous avez établi l'indemnité
nette qui serait payée, 90% du revenu net, à un étudiant.
Cet étudiant est dans sa chaise roulante pour le reste de ses jours,
mais il retourne à l'université, est-ce qu'il continue à
recevoir son indemnité?
M. Paquette: Tant qu'il n'a pas de revenu provenant d'un emploi,
il me semble.
M. Saint-Germain: Ma question est bien directe: II retourne
à l'université, est-ce qu'il reçoit son
indemnité?
M. Paquette: Oui. Il retourne à l'université, il
n'est donc pas employé à temps plein, il n'a pas de salaire
à temps plein.
M. Saint-Germain: Ecoutez, il est blessé, le temps qu'il
est étudiant, pendant sa convalescence, le temps qu'il est chez lui,
j'admets qu'il est clair dans la loi qu'il va être indemnisé. Mais
il retourne à ses occupations. Est-ce qu'il va être
considéré, parce qu'il faut toujours revenir à cette
question de revenu, comme un employé qui retourne à son emploi et
va chercher le même revenu?
M. Raynauld: Celui qui retourne sur le marché du travail
n'est plus considéré comme ayant une incapacité; à
ce moment-là, il n'a plus droit aux indemnités. J'ai l'impression
que cet argument d'incitation à retourner ne joue pas, parce qu'à
ce moment, il n'aura pas droit à l'indemnité, s'il
retourne...
M. Paquette: Je pense que c'est exact.
M. Saint-Germain: Où le lisez-vous? Est-ce qu'il a
droit...
M. Paquette: Vous avez raison. Tel que l'article est
libellé effectivement...
M. Raynauld: M. le Président...
M. Paquette: Cela, c'est un point embêtant, je le
reconnais. Je vais terminer mon intervention en laissant cette question en
suspens...
M. Saint-Germain: La victime devient incapable de poursuivre ses
études, mais là, elle en est capable.
M. Paquette: Non, mais c'est clair, M. le député,
je pense que le premier alinéa dit que la victime a droit à
l'indemnité, si elle devient capable de poursuivre ses études.
Donc, si elle retourne aux études, elle n'est plus incapable...
M. Saint-Germain: Elle n'est plus incapable.
M. Paquette: ... donc, elle n'a plus droit à
l'indemnité. Je pense que c'est assez clair.
M. Saint-Germain: Vous trouvez ça juste?
M. Paquette: Je n'ai pas dit ça. Vous venez de me faire
voir une chose que je n'avais pas vue simplement. C'est ce que je dis, on va
mettre cela en suspens, je vais terminer mon intervention.
M. Fontaine: II n'y a pas seulement l'Opposition qui est mal
informée. Vous nous reprochiez tout à l'heure d'avoir un manque
de compétence...
M. Paquette: Je n'ai jamais dit qu'il y avait... Oui, oui. Je
pense que cela s'est manifesté à plusieurs reprises dans la
plupart des débats de fond qu'on a eus et que vous avez trouvé
réponse à des questions et à des choses que vous aviez
oubliées. Maintenant, je n'ai jamais prétendu...
M. Fontaine: Des deux côtés.
M. Paquette: ... qu'on avait la science infuse et qu'on ne
pouvait pas ne pas percevoir des choses qu'on n'avait pas vues. Je suis certain
qu'en cours de route, on en aperçoit.
M. Fontaine: Ah oui!
M. Paquette: Ce n'est absolument pas lié à la
compétence. Je veux tout simplement dire que, quand un
député de l'Opposition affirme qu'il va y avoir des frais
cachés, je ne veux pas ouvrir le débat, mais, de $83 millions
dans le régime, c'est rendu à $86 millions.
Des Voix: A $86,3 millions.
M. Paquette: C'est un peu extraordinaire.
M. Fontaine: Cela, c'est à part de ce qu'on va retrouver
plus tard.
M. Paquette: Là-dedans, il y a, de toute évidence
des chiffres qui n'ont rien à voir avec cela. Je suis obligé
d'attribuer cela à une incompétence, quand on dit qu'il va y
avoir un manque de revenus à gagner, de taxes...
Une Voix: D'accord.
M. Paquette: Alors que le volume d'activités des assureurs
privés va rester le même, il faut en conclure qu'il y a le
même montant de taxes qui est perçu. En tout cas, on pourrait les
prendre un par un.
M. Giasson: Est-ce que j'ai bien compris, M. le Président?
Le volume d'activités des assureurs privés va demeurer le
même?
M. Paquette: A peu près le même, à cause de
l'assurance obligatoire qui va forcer tout le monde à s'assurer et qui
va compenser pour les dommages corporels.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: Je vais terminer mon interven-
tion sur cet article. Il y a quand même un mécanisme
incitatif, malgré ce qu'on vient de découvrir dans le premier
paragraphe, un mécanisme incitatif de retour aux études, dans le
sens suivant: c'est que si on revenait au texte actuel de l'article 21, on
accorderait une indemnité à une personne comme si elle avait
terminé ses études et s'était trouvé un emploi, en
fonction de cette formation. Je pense que cela pourrait inciter les individus
à ne pas poursuivre leurs études.
Je pense qu'il y a un mécanisme incitatif, dans le nouvel
article, qui m'apparaît un progrès.
Il y a ensuite un aspect discrétionnaire que j'ai soulevé
à l'article 21 sous sa forme actuelle. Sans savoir ce qui va arriver
à une personne, on évalue son idemnité à tel
niveau, alors qu'une autre personne, à la maison par exemple, qui se
retrouverait avec un niveau d'études équivalent, pourrait se voir
attribuer une indemnité de remplacement de revenus beaucoup moindre. Je
pense qu'il y aurait une injustice si on maintenait l'article 21 tel quel.
Il me semble qu'avec le nouvel article 21, faute de plus d'informations,
on se rabat sur la meilleure norme qu'on puisse trouver et on prend le salaire
moyen. Si des cas semblables doivent être évalués par
l'article 20, je le répète, je pense que la régie va
devoir, ayant la même quantité d'information, en arriver à
un chiffre à peu près semblable à celui qu'elle
déterminerait à l'article 21, qui est une norme moyenne.
M. Lalonde: On a fait pas mal de débat avant-hier, je
pense, pour soulever les problèmes. Ma question au gouvernement, c'est:
Pourquoi traiter l'étudiant de façon différente que celle
dont vous avez traité les personnes frappées par l'article
20?
Mme Payette: Parce qu'il nous est apparu, M. le Président,
après avoir demandé des avis actuariels sur la question, qu'il
était véritablement plus facile d'établir une
évaluation juste de la perte économique, de personnes qui sont
fixées dans la vie. Cela nous a été confirmé par
les actuaires, qu'il était effectivement plus difficile, au niveau des
étudiants. Jusqu'à maintenant, on n'a proposé que des
exemples d'étudiants dans des secteurs qu'on peut qualifier de
privilégiés, jusqu'à un certain point. Mais il y a
également des étudiants dans le domaine technique, par exemple,
où l'évaluation, semble-t-il, serait encore plus difficile et
peut-être plus injuste au bout du compte.
Il nous est apparu que fixer, comme nous l'avons fait, un montant qui
est appréciable et qu'il est possible d'évaluer, avec lequel il
est possible de maintenir un pouvoir d'achat, nous paraissait plus juste dans
les circonstances.
M. Lalonde: Je vous remercie. L'article 20 dit: On couvre la
victime qui n'exerçait, lors de l'accident, aucun emploi, tout en
étant capable de travailler. C'est bien le cas d'un étudiant. Ce
serait un emploi occasionnel. Beaucoup d'étudiants ont des emplois
à temps partiel.
Deuxièmement, on dit que la régie détermine
l'emploi que la victime aurait pu occuper habituellement et à temps
complet j'espère en tenant compte de sa formation, de son
expérience, de ses capacités physiques et intellectuelles.
Pourquoi ne pourrait-on pas appliquer les mêmes critères à
l'étudiant? Là, on pourrait tenir compte, au moins, de sa
formation. Et s'il est à mi-chemin entre le début et la fin de
ses études, ou presque à la fin, au moins il pourra profiter de
cette évaluation qu'on fait pour d'autres qui sont soit chômeurs,
soit à temps partiel.
Pourquoi prendre l'étudiant lui-même
séparément? Parce qu'il est étudiant, qu'il ne travaille
pas, il n'est pas plus "ne pas travaillant ", n'étant pas travailleur,
que la victime qui, lors de l'accident, n'exerçait aucun emploi tout en
étant capable de travailler, qu'elle était chômeur. C'est
cela que je ne m'explique pas.
Mme Payette: Je ne peux pas répéter autre chose que
ce que j'ai déjà dit. Qu'après nous être
inquiétés également de cette situation, après avoir
demandé des avis d'actuaires, nous en sommes arrivés à la
conclusion, à la suite de leurs conseils, qu'autant il paraissait
possible d'évaluer correctement les personnes qui sont visées par
l'article 20, autant l'injustice paraissait plus grande, le danger d'arbitraire
plus grand en ce qui concerne les étudiants. C'est pourquoi nous avons
opté pour cette solution.
M. Lalonde: Je déplore le choix du gouvernement, parce que
cela peut produire toutes sortes de conséquences. Ainsi, la victime qui
n'exerce aucun emploi, tout en étant capable de travailler, si elle
étudie, va être traitée dans une moyenne. On a parlé
de $8000. La victime qui n'exerçait aucun emploi, tout en étant
capable de travailler, mais qui étudiait jusqu'à la semaine
dernière et qu'elle a un accident aujourd'hui; elle sera traitée
en tenant compte de sa formation, de son expérience, de ses
capacités physiques et intellectuelles. Vous avez deux étudiants,
deux copains qui ont à peu près une capacité
intellectuelle semblable qui sont presque à la fin de leurs
études. Tout à coup, un doit laisser, il lui manque quelques
crédits. Cela arrive avec la flexibilité surtout actuelle des
institutions d'enseignement à tous les niveaux, même au niveau
universitaire. Il laisse un mois avant son copain, parce qu'il a besoin
d'argent. Il sait qu'il ne pourra pas finir de toute façon. Il est mieux
de continuer l'année suivante. Ils sont tous les deux dans le même
véhicule et ils ont un accident. Celui qui a continué
d'étudier va recevoir les petits $8000, rendu à la
dernière année de génie. Celui qui a laissé ses
études, qui exerçait un emploi à temps partiel, qui venait
seulement de commencer un emploi à temps partiel pour tenter de
rejoindre les deux bouts cela arrive souvent, dans toutes sortes de
milieux pour lui on va pouvoir tenir compte de sa formation, de son
expérience, de ses capacités physiques, de ses capacités
intellectuelles et, malgré le voeu que le député de
Rosemont faisait tantôt que la régie va pouvoir, d'une certaine
façon, s'arranger pour en arriver à peu près au même
montant pour les
deux, je soumets que ce n'est pas exact. La régie est liée
par la loi. L'article 20 va s'appliquer à l'étudiant qui a
laissé ses études il y a une semaine, et l'article 21 à
celui qui est encore aux études.
Cela crée des injustices qui réapparaissent inutiles et
qui, malheureusement, affectent une classe de notre société qu'on
ne doit tout de même pas vouloir affecter négativement plus qu'une
autre, les étudiants.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, si c'est le même
bureau d'actuaires qui a soutenu les études sur lesquelles sont
basés les articles 20 et 21, je conseillerais au gouvernement de changer
de bureau, parce qu'il y a certainement des gens plus compétents dans la
province de Québec que le bureau auquel on s'est adressé.
Pour revenir à cet exemple que je donnais tout à l'heure
au moment où j'ai posé une question au député
de...
M. Paquette: II serait peut-être bon de développer
ce que vous venez de dire.
M. Saint-Germain: Je peux le développer. C'est qu'à
sa face même, il y a une injustice flagrante là-dedans. Si un
actuaire n'est pas capable d'arriver...
M. Paquette: Cela n'a rien avec la compétence technique
des actuaires.
M. Saint-Germain: ... à de meilleures solutions, je
changerais d'actuaire si j'étais responsable de cela, et ce ne serait
pas long non plus, croyez-moi. On n'en parlera pas longtemps.
M. Lalonde: M. le député de Jacques-Cartier, je
changerais de gouvernement.
M. Saint-Germain: Ou encore, oui.
M. Paquette: II va falloir que vous travailliez passablement
fort.
M. Saint-Germain: J'ai bien de la difficulté à
admettre que des actuaires compétents ne pourraient pas en arriver
à concertations différentes, d'autant plus que, pour revenir
à cet exemple que je donnais, l'étudiant retourne à ses
études dans sa chaise roulante. En partant de là, il a
reçu une pitance de $9000 par année, pour quelques mois ou pour
l'année entière. Il n'y a rien dans la loi qui va compenser, s'il
a besoin d'aide, si on est obligé de le conduire à
l'université, s'il doit revenir, s'il doit se déplacer. Il n'y a
rien de prévu dans la loi pour ces choses-là.
Mme Payette: II vient de se glisser une erreur probablement
involontaire de la part du député de Jacques-Cartier. Il y a des
frais de réadaptation qui sont prévus à ce moment dans la
loi.
M. Saint-Germain: Est-ce que ces frais de réadaptation
consistent à payer une personne qui aidera quelqu'un qui est
impotent?
Mme Payette: Cela peut faire partie du processus de
réadaptation. De plus, si le député de Jacques-Cartier me
permettait une question. Nos années d'études ne sont quand
même pas si loin derrière nous. Quand il parle d'une pitance, il a
fait ses études avec quoi, comme revenu?
M. Paquette: Cela veut dire que le salarié moyen a une
pitance.
M. Saint-Germain: Non, je ne parie pas de choses
personnelles.
Mme Payette: Avant de qualifier $8000 de pitance, je crois qu'il
est important de savoir ce que cela représente pour la population du
Québec, $8000.
M. Saint-Germain: Non, c'est une pitance. Il n'y a personne qui
va choisir un fauteuil roulant pour $8000 par année. C'est impensable.
Ecoutez, vous avez un type...
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'il n'y a
personne qui va se jeter devant une auto pour avoir un accident
d'automobile.
Mme Payette: Ce n'est pas un choix, M. le Président.
M. Saint-Germain: C'est un accident, vous avez un type qui est en
pleine santé et qui est cloué dans un fauteuil roulant. Si vous
êtes déjà passé par là, dans un fauteuil
roulant, ce sont des dommages corporels très sérieux qui marquent
assurément une personne.
M. Paquette: Je comprends tout cela, mais sur trente ans, cela
fera $240 000.
M. Saint-Germain: Un étudiant qui...
M. Paquette: C'est le salaire moyen des
Québécois.
M. Saint-Germain: Ecoutez, on parle d'un étudiant qui peut
être aussi bien au niveau du doctorat; vous allez donner $8000 ou $9000
par année à un type comme cela; j'appelle cela une pitance. Cela
me semble être... C'est aussi clair que cela.
Mme Payette: Est-ce que c'est une pitance, M. le
député de Jacques-Cartier, pour quelqu'un qui étudie, par
exemple, pour devenir mécanicien?
M. Saint-Germain: II y a des députés qui gagnent
$27 000 par année et qui trouvent qu'ils n'en ont pas assez. Comment
va-t-on comparer les $9000?
Mme Payette: Cela ne répond pas à ma question. Si
le député veut bien répondre à ma question.
M. Saint-Germain: Posez-la à nouveau, je veux bien y
répondre.
Mme Payette: Ma question était: Est-ce qu'il s'agit d'une
pitance aussi pour un étudiant qui veut devenir mécanicien?
M. Saint-Germain: II n'y a pas un étudiant qui va le
devenir... Il va être mécanicien, il va gagner beaucoup plus que
$9000 et il va être debout sur ses deux jambes. Cela me semble absolument
évident. Si vous donnez le choix... Même un étudiant qui
veut devenir mécanicien, c'est loin d'être au niveau du doctorat.
Avec les revenus que les mécaniciens peuvent obtenir aujourd'hui, leur
donner $9000 par année, lorsque par accident, ils sont cloués
à un fauteuil roulant, c'est une pitance.
Mme Payette: M. le Président, je comprends mal. Est-ce que
le député de Jacques-Cartier voudrait essayer de
m'éclairer? Est-ce que sa suggestion est à savoir qu'on donne
davantage à un étudiant en médecine qu'à un
étudiant mécanicien?
M. Saint-Germain: Ce n'est pas ma question. J'allais continuer
pour l'exemple que j'avais donné tout à l'heure. J'ai
demandé si la loi permettait à cet étudiant, parce que le
type, même en fauteuil routant, il y a bien des professions qu'il peut
pratiquer; est-ce qu'on va lui payer de l'aide? Il est bien possible que cet
étudiant ait besoin d'aide. Vous avez parlé d'adaptation, mais
vous ne l'avez pas affirmé. Vous avez dit "peut". Ce n'est certainement
pas clair dans la loi.
Mme Payette: Si on arrive à l'article 47, le
député aura réponse à sa question.
M. Saint-Germain: Je vais le lire, l'article 47, si vous le
permettez.
Mme Payette: M. le Président, est-ce qu'on passe à
l'article 47, parce que j'ai...
M. Saint-Germain: Vous l'avez mentionné, alors j'aimerais
avoir le droit de le lire.
Mme Payette: ... un nouvel article à lire.
M. Saint-Germain: Le nouveau texte: la régie peut prendre
les mesures nécessaires mais c'est discrétionnaire .
Vous dites: La régie peut prendre. Au moins, dites: La régie doit
prendre. Là, cela va être clair. On va le savoir. Vous dites: La
régie peut prendre.
Qui peut nous dire autour de cette table si elle va prendre cette
décision ou non? Personne. C'est à la discrétion de la
régie. Vous mettez les victimes d'accidents d'automobiles sous
l'autorité de la régie. C'est ce que vous faites toujours. Elles
sont à la merci de la régie et vous ne leur donnez même pas
un droit de recours autre que celui à la Commission des affaires
sociales. Vous fixez, ici, comme revenu...
Mme Payette: M. le Président, ce serait peut-être
une bonne idée de lire, maintenant que c'est commencé, l'article
dans son entier, parce que je pense que la fin de l'article est aussi
importante pour éclairer tout le monde.
M. Saint-Germain: Excusez-moi si j'ai oublié quelque
chose. "La régie peut prendre les mesures nécessaires et faire
les dépenses qu'elle croit opportunes ou convenables pour contribuer
à la réadaptation des victimes, pour atténuer ou faire
disparaître toute incapacité résultant d'un dommage
corporel, pour faciliter le retour à la vie normale et leur
réinsertion dans la société et sur le marché du
travail."
Cela veut dire la même chose; c'est ce qu'on disait tout à
l'heure. Cela reste un "peu", mieux défini, je l'admets, mais c'est
"peut". Si on leur paie cette aide, combien de temps va-t-on la leur payer? On
sait, de par les statistiques, que la moyenne des revenus des bons techniciens
et des finissants universitaires est plus élevée que le salaire
moyen. Alors, mettez comme base au moins le salaire moyen des techniciens ou le
salaire moyen des citoyens qui sont diplômés de
l'université.
Alors, vous, vous établissez comme base le salaire moyen de tout
le monde, même de ceux qui ont un cours élémentaire.
M. Lalonde: Le gouvernement a-t-il l'intention de modifier
l'article 21?
Mme Payette: Nous ne prévoyons pas d'amendement, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Alors, on va passer à autre chose,
qu'est-ce que vous voulez!
M. Lalonde: ... ce qu'on a pu faire, c'est souligner les
problèmes d'injustice qui viennent du caractère artificiel et
commode des choix du gouvernement. C'est la population qui va en souffrir.
Le Président (M. Bertrand): Alors, l'article 21 est-il
adopté?
M. Lalonde: Sur division.
M. Raynauld: Sur division ou appel nominal? Appel nominal.
Une Voix: Vote!
M. Raynauld: Appel nominal là-dessus, c'est important.
M. Giasson: Vote!
Le Président (M. Bertrand): Sur l'article 21, M.
Beauséjour?
M. Beauséjour: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Charron?
M. Charron: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gagnon?
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gosselin? M. Shaw? M.
Laberge?
M. Laberge: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde?
M. Lalonde: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Paquette? M. Giasson?
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Paquette?
M. Paquette: Sur l'article 21? Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Lefebvre?
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Perron?
M. Perron: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Marquis?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette?
Mme Payette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld?
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Roy? M. Fontaine?
M. Fontaine: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt?
M. Vaillancourt (Jonquière): Abstention.
Le Président (M. Bertrand): Alors, pour, 9; contre, 5;
abstention, 1. La motion est adoptée. L'article 21 est adopté sur
division. Article 22.
Mme Payette: L'article 22, M. le Président, se lit comme
suit: "Sur réserve des articles 21 et 24, la victime qui, lors de
l'accident, était mineure et sans emploi, a droit à
l'indemnité de remplacement du revenu si, à la suite de
l'accident, elle devient incapable de vaquer aux occupations habituelles de son
âge. Jusqu'à sa majorité, la victime a droit à
l'indemnité minimum visée dans le deuxième alinéa
de l'article 26. A compter du jour de sa majorité, la victime a droit
à l'indemnité de remplacement du revenu si elle est incapable de
travailler des suites de l'accident. Son revenu brut est réputé
égal à un montant annuel égal à 75% d'une moyenne
annuelle calculée à partir de la rémunération
hebdomadaire moyenne des travailleurs de l'ensemble des activités
économiques du Québec telle qu'établie par Statistique
Canada pour chacun des douze mois précédent le 1er juillet de
l'année précédant le début de l'exercice financier
de la régie au cours duquel la victime atteint sa majorité. Les
quatrième et cinquième alinéas de l'article 51
s'appliquent mutatis mutandis au calcul de l'indemnité visée dans
le troisième alinéa."
M. Lalonde: M. le Président, tout simplement une question
de directive. Est-ce qu'il y a un nouveau texte à part celui qu'on a?
Ici, on a le 1er mars pour l'avant dernier alinéa.
Le Président (M. Bertrand): On en a un
deuxième.
M. Lalonde: On en a un deuxième?
Mme Payette: C'est un texte qui a été
déposé en même temps qu'un texte amendant l'article 21 et
l'article 30.
M. Raynauld: On va avoir de la difficulté à
interpréter la loi.
M. Saint-Germain: Oui, ça nous fait pas mal
d'amendements.
M. Lalonde: Est-ce que Mme le ministre pourrait nous expliquer
les raisons des changements entre le texte actuel tel qu'il
apparaît dans le projet de loi 67 le premier amendement, et
ensuite le deuxième?
Mme Payette: M. le Président, j'ai devant moi une
étude juridique de la responsabilité en matière
d'accidents d'automobiles au Québec dont l'auteur est Jean-Louis
Beaudoin. C'est le tome 3, compensation judiciaire; on trouve, à la page
107, sous le titre "L'enfant", ce qui suit: "L'évaluation de
l'incapacité de travail de l'enfant est encore plus complexe que celle
de la femme au foyer. En effet, plus la victime est jeune, moins grand est le
degré de certitude ou de probabilité concernant la profession ou
le métier qu'elle exercera plus tard. Dans le cas de l'enfance, le
tribunal en est réduit, dans la plupart des cas, à abandonner
tout espoir de calculer l'incapacité de travail et se contente, en
général, d'une somme reflétant l'incapacité
fonctionnelle. Une première méthode consiste à
réclamer pour la perte totale ou partielle de l'année scolaire,
lorsque l'enfant va à l'école et que l'accident a eu un effet
tangible sur sa fréquentation de l'école ou sur ses
résultats scolaires. On se trouve, de la sorte, à indemniser le
fait qu'un retard dans la scolarisation entraînera nécessairement
un retard de l'arrivée sur le marché du travail. Il est
évidemment difficile d'évaluer ce que vaut une année de
scolarité puisque les faits parti-
culiers à l'espèce ont une influence sur le montant.
La seconde méthode consiste, lorsqu'il y a déjà des
indications précises du choix fait du futur métier, à
accorder une indemnité en se basant sur le salaire moyen que le
demandeur pouvait attendre de l'exercice de ce métier. A cet
égard, il est curieux de constater que, dans certains cas, les tribunaux
prennent en considération des facteurs qui nous apparaissent, en toute
déférence, relever du domaine de la supposition la plus gratuite.
Voilà la raison, M. le Président, pour laquelle nous avons
apporté cet amendement qui nous paraît une meilleure
évaluation des indemnités à être payées dans
ces cas particuliers.
M. Lalonde: M. le Président, quelle est la distinction que
le gouvernement fait entre un enfant c'est l'objet de l'avis du juriste
et le mineur, c'est-à-dire à quel moment arrête-t-on
d'être un enfant, d'après le gouvernement et le projet de loi 67,
et devient-on mineur, mais non plus enfant? Autrement dit, la personne de 17
ans et demi est-elle encore dans la situation qui est couverte de façon
juste, je pense, par l'avis de Me Beaudoin, je crois?
Mme Payette: M. le Président, c'est pour faire la
distinction entre l'article 21 et l'article 22. L'article 21 traite d'un
étudiant, qu'il soit mineur ou majeur, cela n'a pas d'importance, mais
le critère, c'est: Est-ce qu'il étudie à un niveau
postsecondaire? S'il étudie à un niveau postsecondaire, la
victime a droit aux indemnités prévues à l'article 21.
S'il s'agit d'un mineur sans emploi, c'est l'article 22 qui s'applique. Je ne
sais pas si je réponds à votre question.
M. Lalonde: ... pour commencer, oui.
Mme Payette: A ce moment-là, le critère n'est donc
plus le même. On prend le critère de la minorité dans le
cas de l'article 22, l'enfant mineur, mais, par des techniques
législatives, en écrivant les mots: sous réserve de
l'article 21, à ce moment-là, pour le mineur qui serait un
étudiant de niveau postsecondaire, ce sont les indemnités de
l'article 21 qui s'appliqueraient.
M. Lalonde: Si le mineur est étudiant au secondaire, c'est
l'article 22. Et s'il est chômeur?
Mme Payette: Si le mineur est chômeur.
M. Lalonde: S'il est chômeur, s'il n'étudie pas?
Mme Payette: C'est l'article 20.
M. Raynauld: ... secondaire, c'est l'article 22; après le
secondaire, c'est l'article 21.
Le Président (M. Bertrand): Adopté?
M. Saint-Germain: M. le Président, un jeune enfant de 4 ou
5 ans qui a un accident va recevoir $80 par semaine, si je ne m'abuse. Il va
recevoir $80 par semaine et c'est un maximum, quel que soit son état. Un
jeune enfant qui ne peut pas aller à l'école... S'il retourne
à l'école, quelle que soit sa condition physique, il peut avoir
une jambe coupée et tout de même aller à
l'école...
Mme Payette: M. le Président, il y a pour cet enfant dont
parle le député de Jacques-Cartier des indemnités
prévues à l'article 45, qui sont des indemnités de
réadaptation, de même qu'à l'article 47. Il nous
apparaît que ces frais de réadaptation s'appliquent
peut-être encore mieux dans le cas qui nous occupe, celui des
enfants.
M. Saint-Germain: Oui, mais est-ce qu'on pourrait me dire un peu
ce qu'on entend exactement dans la loi par des indemnités de
réadaptation?
Mme Payette: C'est non seulement dans la loi, mais dans l'esprit
du gouvernement tout ce qui permet de vivre une vie aussi normale que possible
et de reprendre sa place de façon aussi normale que possible dans la
société.
M. Saint-Germain: Alors, ça comprend surtout des soins
médicaux, des soins de réadaptation donnés dans un centre
de réhabilitation, dans un hôpital ou, dans quelque chose de
semblable, du moins dans un établissement.
Mme Payette: Cela peut, je pense, M. le Président,
être plus que ça. Cela peut-être, par exemple... Imaginons
parce qu'on en est à des hypothèses le cas d'un
enfant qui perd l'usage de la voix, d'un membre ou des yeux. Ça peut
aller aussi loin que favoriser, par toutes les techniques modernes connues ici
ou à l'étranger, une réadaptation et une
réinsertion dans la société.
M. Saint-Germain: Pour permettre à cet enfant de se
réadapter, est-ce que cela permet aussi des frais de transport aux
différents endroits où il devra se rendre?
Mme Payette: C'est prévu, M. le Président, à
l'article 46.
M. Fontaine: La réadaptation, ce n'est pas l'article
45.
Mme Payette: L'article 47.
M. Fontaine: Vous aviez dit l'article 45.
Mme Payette: L'article 45, ce sont les frais de...
M. Lalonde: De mutilation.
Mme Payette: C'est cela. 45, mutilation; 46, frais
médicaux et réadaptation; 47...
M. Saint-Germain: Et si, après sa réadaptation, par
exemple, un enfant qui perd une jambe,
ou ses deux jambes peut retourner à l'école publique
normalement, on arrête de payer ces $80 d'indemnité.
Mme Payette: C'est cela, M. le Président, dans la mesure
où il retrouve ses activités habituelles, les activités de
son âge. En effet, il perd cette indemnité de $80, ce qui
n'implique pas qu'il perd nécessairement, cependant, les
indemnités de réadaptation, si on doit continuer à lui
fournir des soins particuliers ou à favoriser, par une attention
particulière, une réinsertion encore plus globale dans la
société.
M. Saint-Germain: Notre jeune est handicapé, à six
ans, à une jambe, aux deux jambes ou à un bras. Un an
après, il est réadapté, il continue ses études. Il
ne reçoit plus de rente. Et jamais de sa vie, il ne va en recevoir
davantage.
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'il est faux de
dire jamais de sa vie, dans la mesure où un dossier n'est pas clos
à la Régie de l'assurance automobile et que ce dossier peut
être rouvert à n'importe quel moment.
M. Saint-Germain: Enfin, il continue ses études, il
apprend une technique, il va à l'université ou il termine comme
technicien. Il gagne plus de $18 000 par année. Oublions l'indexation de
ces $18 000. Il arrive qu'il ne recevra jamais plus rien.
Mme Payette: M. le Président, à l'article 22, il
est prévu qu'à compter de sa majorité, la victime a droit
à l'indemnité de remplacement du revenu si elle est incapable de
travailler des suites de l'accident.
M. Fontaine: S'il travaille?
M. Saint-Germain: On travaille avec seulement une jambe, surtout
quand on est jeune, on peut se réadapter.
Mme Payette: Justement, M. le Président, un des buts que
vise le régime, c'est la réinsertion dans la
société.
M. Saint-Germain: Oui.
Mme Payette: Si cette personne peut travailler, je pense
qu'ensemble il faut le souhaiter, parce que cela permet une vie qui ressemble
à une vie normale, en tout cas, malgré l'absence d'un membre.
M. Saint-Germain: C'est l'absence d'un mem- bre. On pourrait
donner toutes sortes d'exemples, mais restons-en là-dessus. L'enfant est
blessé, perd une jambe. Un an après, il est de retour à
l'école. On le considère réadapté et il l'est, en
fait. Les enfants se réadaptent vite. Il fait sa vie. C'est tout ce
qu'il reçoit à cause de cet accident et on considère
encore que c'est juste.
Mme Payette: Les indemnités prévues aux articles
45, 46 et 47...
M. Saint-Germain: Oui, mais en fait... Parlons en fait, laissons
les numéros, si vous voulez. Il ne reçoit plus rien, c'est cela.
Pourquoi ne pas le dire? Ce n'est pas faux ce que je dis là. Il est
blessé, il a seulement une jambe pour le reste de ses jours. Le temps
qu'il n'ira pas à l'école, on lui remettra $80 par semaine. Du
moment qu'il retourne à l'école, les $80 disparaissent. Il fait
ses études et, après cela, il gagne sa vie honorablement. C'est
tout ce qu'il reçoit. C'est cela la vérité.
M. Fontaine: M. le Président, les articles 45, 46 et 47
s'appliquent pendant l'incapacité. Lorsque l'enfant est
réadapté, il ne reçoit plus rien.
Mme Payette: Je maintiens qu'un enfant qui est blessé
à la suite d'un accident d'automobile reçoit le minimum, $80 par
semaine, plus les indemnités prévues aux articles 45, 46 et 47
jusqu'à ce qu'il se soit réadapté et qu'il puisse vivre
normalement.
M. Saint-Germain: C'est l'exemple que je donne. Il retourne
à l'école publique avec ses petits voisins, comme il faisait
avant son accident.
Mme Payette: S'il faut se réjouir que cet enfant ait pu
réintégrer la société, avoir une vie normale, avoir
un emploi...
M. Saint-Germain: Oui, je l'admets, tout le monde va
être...
Mme Payette: ... et participer, par son apport, à
l'enrichissement de la société québécoise.
M. Saint-Germain: C'est bien d'accord, mais il ne se
réjouira jamais de cet accident et d'avoir perdu une jambe.
Le Président (M. Bertrand): Bien. A l'ordre! A l'ordre!
Bien, M. le député de Jacques-Cartier. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame et
messieurs! La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières poursuit l'examen du projet de loi no 67
intitulé Loi sur l'assurance automobile. Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, ce matin, au début de
nos travaux, j'ai proposé aux membres de l'Opposition de pouvoir, au
cours de la journée, passer de l'étude d'un article à un
autre qui pouvait sembler plus important. Je voudrais, à ce moment,
demander si l'Opposition serait d'accord pour qu'après l'étude de
l'article 22, que nous avons commencé à étudier ce matin,
nous passions à l'étude des articles 80 et 83.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Quant à moi, je n'ai aucune sorte
d'objection.
Le Président (M. Bertrand): Bien.
M. Fontaine: Je pense que ce sont tous des article importants,
sauf qu'il y a ici la présence de plusieurs courtiers qui sont
sûrement intéressés à ce qu'on étudie les
articles 80 et 83.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: A la demande des courtiers et de madame, vous
pouvez bien passer à ces articles, mais assurément, nous devrions
revenir après aux articles, reprendre les travaux où nous les
avons terminés ce matin.
Le Président (M. Bertrand): Alors, s'il y a consentement
pour étudier les articles 80 à 83 après l'article 22,
aucun problème. Après l'article 83, nous verrons, car ce matin,
Mme le ministre avait laissé une porte ouverte pour permettre à
l'Opposition officielle et aux membres de l'Opposition, si c'était leur
désir, d'indiquer les articles qu'ils aimeraient voir étudier.
Alors, on verra après l'article 83. De toute façon, normalement,
après l'article 83, nous reviendrions à l'article 23. Nous
verrons à ce moment. L'article 22.
M. Saint-Germain: Vous voulez terminer l'article 22?
Le Président (M. Bertrand): Oui, on va terminer l'article
22 d'abord, sur lequel on avait déjà commencé notre
débat.
M. Saint-Germain: Pour continuer sur l'article 22, et toujours en
parlant de mineurs, nous avons dit que pour un enfant blessé, le minimum
qu'il recevrait, c'est-à-dire ce qu'il recevrait, ce seraient $80 par
semaine, le temps qu'il serait absent de son école; en plus, la
régie pourrait voir à défrayer les dépenses de
réadaptation. On a souligné "pourrait" et on ne semble pas
être capable de nous donner, en blanc et en noir, exactement ce que
ça veut dire; par exemple, si les dépenses de voyage, ainsi de
suite, seraient payées. De toute façon, le tout serait
laissé, il me semble, à la discrétion de la
régie.
Ceci dit, il peut bien arriver et il arrivera d'ailleurs que cet enfant
puisse être, à cause d'une blessure à la colonne
vertébrale, par exemple, paralysé des deux jambes, et il pourra
être paralysé définitivement. Est-ce que le projet de loi
prévoit des sommes à payer pour le soin de cet enfant? Parce que
j'imagine bien... Il est certain qu'un enfant, surtout dans les permiers mois
ou même dans les premières années, aura besoin de soins
intensifs. On devra l'aider à satisfaire à tous ses besoins les
plus élémentaires, ce qui créera certainement, pour la
famille ou pour ceux qui en ont la charge, un surplus de travail très
considérable et, bien souvent, un travail qu'ils ne pourront pas faire
eux-mêmes. Est-ce qu'il y a des sommes qui sont prévues pour
défrayer les soins que nécessitera une telle victime?
Est-ce que je pourrais avoir une réponse?
Mme Payette: Les réponses à ces questions ont
déjà été données ce matin, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Non, je demande: Aide ménagère
ou... Qui va défrayer les soins que va nécessiter cet enfant?
Enfin, il y a des familles qui vont vouloir garder cet enfant à la
maison, il va falloir, bien souvent, le nourrir. On va être obligé
de... Quelqu'un va être obligé d'être près de lui
pratiquement à longueur de journée. Cet enfant ne pourra pas
vivre seul, même pour une demi-heure ou une heure. Il aura besoin d'une
présence continuelle. Alors, est-ce qu'il y a des sommes dans la loi qui
sont prévues pour dédommager les familles qui seront
obligées d'engager quelqu'un pour prendre soin de cet enfant?
Mme Payette: II m'apparaît que dans un cas comme celui que
cite le député de Jacques-Cartier, si la situation physique d'un
enfant fait en sorte que personne d'autre ne peut s'en occuper, sauf une
personne spécialisée dans les soins aux malades, les frais de
cette personne seraient normalement compris dans les frais de
réadaptation.
M. Saint-Germain: Oui, mais vous dites toujours "seraient".
J'aimerais savoir si les frais occasionnés par le soin de cet enfant
seront défrayés par la régie ou ne le seront pas.
Mme Payette: A l'article 46, on dit bien les frais
médicaux, paramédicaux. J'ai bien dit que si les soins de cet
enfant nécessitaient la présence de quelqu'un
spécialisé dans ce genre de soin, ce serait couvert par l'article
46 du projet de loi.
M. Saint-Germain: Oui, mais, à ce stade-là, un
enfant n'a pas besoin de soins spécialisés toute sa vie. Cela
prend quelqu'un pour le laver, cela prend une présence près de
lui, cela prend quelqu'un
pour satisfaire ses différentes demandes, cela prend quelqu'un
pour l'amuseril va vouloir s'amuser d'une façon ou d'une
autre cela prend quelqu'un pour le déplacer, cela prend quelqu'un
pour le nourrir. Ce ne sont pas nécessairement des soins
spécialisés. Ce sont les soins qu'une mère de famille ou
qu'une femme au foyer donne à sa maisonnée d'une façon
régulière. Il me semble évident que, dans bien des cas, le
soin d'un tel enfant va dépasser la capacité physique d'une
mère de famille, d'une responsable de famille.
Mme Payette: II nous apparaît que ce à quoi fait
allusion le député de Jacques-Cartier ressemble
étrangement aux soins qu'on doit donner à un enfant, normalement,
dans le cadre d'une famille.
M. Saint-Germain: Bien non!
Mme Payette: S'il ne s'agit que d'affection, d'attention, c'est,
en général prodigué non seulement par la femme au foyer,
mais par le père au foyer pendant les heures où il y est. S'il
s'agit de soins spécialisés, c'est couvert par l'article 46.
M. Saint-Germain: Ce ne sont pas des soins
spécialisés, ce sont les soins qu'un enfant normal peut accomplir
lui-même ou les tâches qu'un enfant normal... Un enfant normal peut
aller aux toilettes tout seul; un enfant paralysé ne le peut pas. Un
enfant normal peut manger seul; un enfant paralysé ne le peut pas. Un
enfant normal peut se laver seul; un enfant paralysé ne le peut pas. Y
a-t-il des sommes prévues? Ce ne sont pas des soins
spécialisés. La réadaptation est finie, l'hospitalisation
est finie, les soins médicaux sont finis, c'est un enfant
définitivement paralysé.
Mme Payette: M. le Président, malgré le fait qu'on
ne peut pas penser un seul instant qu'il y a, dans le cas d'un enfant, une
perte économique comme telle, une somme de $80 par semaine est
prévue justement comme compensation pour ces soins spéciaux
qu'une famille devra donner à ce genre de blessé.
M. Saint-Germain: $80 par semaine ce n'est pas un montant
suffisant pour procurer... On sait pertinemment qu'une bonne à la maison
coûte $135, $150 par semaine.
Mme Payette: ... qu'ils n'ont rien actuellement.
M. Charron: Pour procurer quoi? Ce n'est pas un montant suffisant
pour procurer... Pour procurer quoi?
M. Saint-Germain: Les soins domestiques qu'un enfant
paralysé peut nécessiter.
M. Charron: Un enfant paralysé, vous sautez aux
conclusions extrêmes. On parle d'un enfant blessé.
M. Siant-Germain: Et l'exemple...
Mme Payette: M. le Président, si un enfant paralysé
ne peut pas être soigné dans le cadre des activités
normales d'une famille et qu'il a besoin de services spéciaux quant
à un bain à donner, ces services sont couverts par l'article
46.
M. Charron: Tout le temps de son invalidité.
M. Fontaine: Pendant combien de temps? Cela ne se peut pas.
Mme Payette: C'est tellement mieux que maintenant.
M. Saint-Germain: Je lis l'article 46 qui dit, M. le
Président...
M. Charron: J'ai l'impression que votre principal avantage dans
l'étude de cette loi...
M. Fontaine: C'est pour cela qu'on dit que les victimes vont
devenir des assistés sociaux de l'assurance automobile.
M. Saint-Germain: Je lis l'article 46, M. le Président qui
dit...
M. Charron: Que sont les victimes dans le régime
actuel?
M. Saint-Germain: ... une victime a droit, dans tous les cas,
sans limite de temps et dans la mesure où ils ne sont pas
déjà couverts par un régime de sécurité
sociale, au remboursement des frais raisonnables occasionnés par la
suite d'un accident pour des soins médicaux et paramédicaux, le
transport par ambulance ou autrement en vue de recevoir ces soins. On parle de
soins médicaux ou paramédicaux. Ce ne sont pas, si je ne m'abuse,
des soins paramédicaux d'avoir soin d'un enfant.
Mme Payette: Vous vous abusez, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Non, je ne m'amuse pas.
Mme Payette: Vous ne vous amusez pas, vous vous abusez. Il s'agit
effectivement de soins paramédicaux.
M. Saint-Germain: Est-ce que c'est bien cela que ce mot
"paramédicaux" veut dire?
Mme Payette: C'est exact.
M. Saint-Germain: Alors: Le transport par ambulance ou autrement
en vue de recevoir ces soins, l'achat de prothèses ou d'orthèses
et le remplacement de vêtements. La victime a droit aussi au
remboursement des autres frais de même nature autorisés par la
régie. Alors, si on donne à une victime $80 par semaine,
qu'est-ce qu'il lui reste comme dédommagement à titre d'individu,
de citoyen, pour passer le reste de ses jours, invalide.
Mme Payette: II lui reste, M. le Président, selon la sorte
d'accident qu'il a eu et dont il a été victime, ce qui est
prévu à l'article 45, en plus.
M. Fontaine: J'aurais une question...
M. Saint-Germain: Cela, c'est la somme forfaitaire de $20 000.
Ecoutez, on ne va pas loin avec cela, d'autant plus qu'il va recevoir le
maximum de $20 000.
M. Fontaine: Question précise, exactement sur le cas que
le député de Jacques-Cartier vient de souligner. Si, par exemple,
un enfant infirme à la suite d'un accident d'automobile est
obligé de demeurer à la maison, est-ce que le ministre nous
indique, par sa réponse, en faisant référence à
l'article 46, que la régie va offrir les services d'une
infirmière pour apporter des soins à domicile?
Mme Payette: Si le cas le nécessite, oui.
M. Fontaine: Cela ne sera pas donné par un autre service
d'un autre ministère, cela va être donné par la
régie, c'est ça?
Mme Payette: Quel ministère, le revenu?
M. Fontaine: Les affaires sociales. Quelle est votre
réponse?
Mme Payette: Est-ce que quelqu'un connaît la
réponse?
M. Saint-Germain: C'est vous qui devez la connaître, ce
n'est pas l'assistance, c'est vous qui devez la connaître, la
connaissez-vous ou pas? Demandez à monsieur, il va vous la donner si
vous ne la connaissez pas.
Mme Payette: M. le Président, on m'explique
qu'effectivement c'est couvert par nous; c'est couvert par les affaires
sociales s'il s'agit d'un cas d'aide sociale.
M. Fontaine: Je ne comprends pas très bien votre
réponse. Si quelqu'un est victime d'un accident d'automobile, qu'il
reçoit des prestations de la régie, j'imagine qu'il ne recevra
pas en même temps des prestations d'aide sociale.
M. Charron: C'est exact.
M. Fontaine: Ce que je veux savoir...
M. Charron: Cela, c'est juste la connaissance de la Loi de l'aide
sociale qui vous permettrait de le...
M. Fontaine: Ce que je veux savoir, c'est si la régie va
payer les services ou si c'est le ministère des Affaires sociales. Parce
que si c'est le ministère des Affaires sociales qui va payer, c'est un
autre coût caché qu'on n'a pas déterminé.
Mme Payette: Ils le font actuellement, il ne s'agit donc pas d'un
coût caché.
M. Fontaine: Ils ne le font pas pour les accidents
d'automobiles.
Mme Payette: Exactement oui.
M. Fontaine: Mais vous allez récupérer le
montant.
M. Charron: II y a le sous-entendu à chaque question,
l'idée que dans le régime actuel, dont on veut se
départir, dont les Québécois veulent se départir,
tout, pour chacun des citoyens du Québec victime d'un accident
d'automobile, est totalement et à leur pleine satisfaction
indemnisé par le régime actuel.
M. Fontaine: C'est ce que vous prétendez.
M. Saint-Germain: C'est ce que vous prétendez, c'est dans
la loi.
M. Charron: On dirait toujours que vous partez vos objections
à la modification qu'apporte cette loi dans le régime de vie des
citoyens, en disant: C'est actuellement le paradis terrestre pour les
accidentés d'automobile...
M. Saint-Germain: On n'a jamais dit cela.
M. Fontaine: Cela paraît que vous n'avez pas assisté
à la commission parlementaire.
M. Charron: Je le sais, parce que si vous aviez dit cela, vous
auriez été traités de menteurs par l'ensemble des citoyens
du Québec.
M. Saint-Germain: Et on ne l'a pas dit. On n'est pas des
menteurs.
M. Charron: Vous ne l'avez pas dit parce que vous êtes
assez prudents pour ne pas le dire. Mais dans le fond de vos
interventions...
M. Fontaine: On l'admet, que le régime actuel...
M. Saint-Germain: On l'a admis depuis le début des
travaux.
M. Charron: Comme dans le fond de votre question, celle-là
même que vous venez de poser à Mme le ministre, en demandant si
c'est l'aide sociale ou si c'est l'article 46 de la loi qui va l'assurer...
Nous disons, dans le cas où une personne relève
déjà de l'aide sociale, cela sera assumé par l'aide
sociale. Dans le cas où cette personne a déjà un revenu,
c'est assumé par l'article 46 de la loi.
On vous répond pour l'un ou l'autre cas de ces citoyens. Mais si
je vous retournais la question parce que vous l'adressez toujours en
présupposant que cela va être pire que ce que c'est actuellement
savez-vous quel est le cas actuel d'une personne, par exemple, qui est
accidentée d'automobile, et qui est sur l'aide sociale?
Moi, je suis député d'un comité où il y a
8000
assistés sociaux. La plupart ne sont même pas
assurés parce qu'ils n'ont pas le moyen de s'assurer actuellement. Ils
ne le sont pas. S'ils vont victimes d'accidents d'automobiles actuellement, ils
sont sur le carreau pour le reste de leur vie, parce qu'ils ne peuvent payer un
avocat pour aller le chercher...
M. Fontaine: Cela c'est faux.
M. Charron: Ils n'entameront rien pour aller chercher une
indemnité. Vous le savez.
M. Fontaine: C'est faux.
M. Saint-Germain: L'aide juridique, voyons donc!
M. Charron: Vous savez très bien également ce que
signifient pour ces citoyens toutes ces de-marches.
M. Fontaine: M. le Président, n'importe quel avocat va
prendre une cause d'accident, même si la victime n'a pas d'argent.
M. Charron: Vous savez que tout le temps où ces
démarches sont en cours, ces citoyens sont sur le carreau. Je ne fais
cette intervention qu'en ce moment, parce que j'assiste aux questions où
vos affirmations ne sont pas tout à fait présentes. Votre
affirmation de base qui dit que le régime actuel n'est pas
parfait...
M. Saint-Germain: M. le Président, je soulève un
point de règlement.
M. Fontaine: Vous apportez des arguments comme si on était
au tout début de la commission, il y a un an.
M. Charron: Non. Vous aussi, vous vous adressez à la
commission dans le même sens.
M. Saint-Germain: Le député de Saint-Jacques, M. le
Président... Question de règlement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Jacques-Cartier, question de règlement.
M. Saint-Germain: Le député de Saint-Jacques n'a
pas à interpréter nos paroles, ni le sens de nos paroles.
D'ailleurs, il n'a jamais été ici, il arrive. S'il avait
été avec nous, il aurait su qu'on n'a jamais défendu le
statu quo et que nous sommes les premiers à admettre que le statu quo
doit être modifié profondément.
Mais quant à changer quelque chose, changeons-le pour quelque
chose de meilleur. Ce n'est pas une politique sociale qu'on étudie,
c'est une assurance automobile. Ce n'est pas une politique d'assistance
sociale. Il ne faut pas mêler les deux, non plus. C'est l'assurance qu'on
étudie.
M. Perron: Mais vos questions mêlent les deux tout de
même.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: Les questions sont bien claires. On veut
savoir, selon ce projet d'assurance, quelle sera l'indemnisation des victimes.
On ne peut pas acheter une police d'assurance dans la vie sans demander: S'il
m'arrive telle chose, comment vais-je être indemnisé? Il me semble
que c'est de première importance.
M. Vaillancourt (Jonquière): Profitez-en, vous achevez de
parler, ce ne sera pas long.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons revenir aux propos
de l'article 22. Article 22.
Une Voix: Adopté.
M. Fontaine: Non, M. le Président. On fait toujours
référence, lorsqu'on étudie l'article 22, à
l'article 45. Serait-il possible de savoir si les montants qui seront
versés en vertu de l'article 45 vont varier d'une victime à
l'autre? Par exemple, si un enfant de deux ans se fait couper une jambe et
qu'un adulte se fait couper une jambe, ces montants vont-ils varier d'une
personne à l'autre ou est-ce que ce sera un montant fixe pour tout le
monde?
Mme Payette: II a toujours été dit, depuis le
début, qu'il s'agit d'une table forfaitaire qui évalue au
même prix la jambe de tout le monde.
M. Paquette: Contrairement à la situation actuelle.
M. Fontaine: On dit que cette table, à l'article 45, doit
être prescrite par règlements. Est-ce que ces règlements
sont prêts?
Mme Payette: Ils ne sont pas terminés, M. le
Président.
M. Fontaine: Quand seront-ils terminés?
Mme Payette: J'imagine bientôt. Nous avons repris ce
travail, à plusieurs reprises, à la lumière de certains
contacts que nous avons pu établir avec certains Etats américains
où il semble que les tables de montants forfaitaires à être
payés dans des cas d'accident sont plus précises, plus
raffinées que celles que nous connaissions jusqu'à maintenant, si
bien que c'est dans l'esprit d'avoir une table encore plus parfaite que nous
prenons le temps de la faire.
M. Fontaine: Ces règlements seront-ils
déposés devant l'Assemblée nationale lorsqu'ils seront
connus, lorsqu'ils seront prêts?
Mme Payette: Ils seront publiés dans la Gazette
officielle, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): L'article 22 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Toujours à l'article 22, M. le
Président, pour revenir à ce que le député de
Saint-Jacques nous disait, actuellement ceux qui sont accidentés,
leurs frais sont payés par l'assurance-hospitalisation et
l'assurance-maladie, mais, au point de vue de l'assurance-maladie et de
l'assurance-hospitalisation, il y a un droit de subrogation contre les
assureurs des victimes, lorsque ces victimes sont trouvées coupables. Il
se paie quelque $10 millions et au-delà, entre $10 millions et $12
millions par année, par les assureurs privés à la
Régie de l'assurance-maladie.
Si on dit que c'est un coût caché, c'est que
dorénavant, ce n'est pas la régie dans ces cas qui va
rémunérer ou qui va remettre ces sommes à la Régie
de l'assurance-maladie. C'est l'assurance-maladie qui va payer directement.
Comme on sait pertinemment que les sommes de la régie sont disparues, on
verra le coût de l'assurance-maladie être modifié,
être augmenté. C'est une subvention indirecte, même on
pourrait dire directe, à la Régie de l'assurance automobile. Les
gens, en plus de payer pour leur plaque, et de payer pour le permis de
conduire, auront à payer $10 millions de plus pour les services
médicaux et l'hospitalisation.
Mme Payette: M. le Président, à ce sujet, il est
probable que le député de Jacques-Cartier n'a pas entendu mes
réponses. Elles ont été données à quelques
reprises durant la période des questions à l'Assemblée
nationale, réponses qui étaient à savoir qu'effectivement,
à la Régie de l'assurance-maladie du Québec, il y a
environ $1,5 million qui étaient perçus de cette façon, et
à l'assurance-hospitalisation, $8,5 millions. Cela fait $10 millions au
total, presque $10 millions. La décision de ne pas exercer de droit de
subrogation au sujet de cette somme a été annoncée
déjà. Il est difficile pour l'instant d'affirmer qu'il s'agit
d'une somme de $10 millions, dans la mesure où il nous est difficile
d'évaluer le nombre, cependant, de cas d'assistés sociaux qui
disparaîtront de par l'existence de la Régie de l'assurance
automobile.
M. Raynauld: Là-dessus, je pense qu'il ne faudrait
peut-être pas faire un débat de sémantique. Je crois que
lorsque nous disons que la Régie de l'assurance-maladie,
l'assurance-hospitalisation recevait $10 millions des assureurs privés,
je pense que c'est bien exact. A l'avenir, ils ne recevront plus ces $10
millions. Il est donc bien exact que ces deux programmes gouvernementaux auront
un manque à gagner de $10 millions. Je ne voudrais pas argumenter sur le
fait...
Mme Payette: Quand on parle justement de $10 millions, il est
difficile d'évaluer la somme. C'est largement moins que cela.
M. Raynauld: C'est difficile de l'évaluer, mais
jusqu'à maintenant, la somme a été de $10 millions. C'est
vous-même qui venez de faire l'addition, $1,5 million et $8,5 millions.
On est bien obligé de se rapporter à ces chiffres qui sont
disponibles et qui existent. Ils peuvent être changés, mais ils
pourraient aussi peut-être être changés en hausse
plutôt qu'en baisse. Disons $10 millions. on ne se chicanera pas pour un
million. Mais lorsque nous disons qu'il y a $10 millions là qui
représentent une subvention à l'assurance automobile, c'est dans
le sens précis où les accidentés de l'automobile, ou les
victimes de l'automobile ne paieront pas cette somme de $10 millions, ce
qu'elles payaient auparavant. Je pense que c'est exact de dire que cela
représente un manque à gagner pour ces régies ou une
subvention à l'assurance automobile, parce que si les accidentés
payaient cela, il me semble que le régime public qui est proposé
devrait comporter $10 millions de plus comme coût. Je pense que c'est
tout ce que nous voulons dire. Je ne veux pas non plus argumenter sur le fait
que c'est caché ou pas caché.
Je pense effectivement que Mme le ministre l'a dit à plusieurs
reprises et je pense également que c'était indiqué dans
divers documents. Mais il reste que, lorsque nous estimons le coût du
régime à $345 millions, il y a $10 millions qui ne sont pas
comptés. C'est tout ce que nous voulons dire. Je pense que c'est
incontestable.
Mme Payette: M. le Président, il ne s'agit pas de $10
millions. Nous avons communiqué avec le ministère des Affaires
sociales, à quelques reprises, à ce sujet. Il est impossible
actuellement d'évaluer de combien ces $10 millions seront
diminués par le fait, comme je viens de le dire, qu'un grand nombre
d'assistés sociaux n'auront plus besoin d'avoir recours au
ministère des Affaires sociales de par l'existence de la Régie de
l'assurance automobile. Cet abandon du droit de subrogation nous a
été inspiré par le rapport Gauvin, qui le suggérait
également, et j'ai également dit, au cours de la période
des questions je crois que c'est hier ou avant-hier qu'aussi
étonnant que ça puisse paraître, les compagnies
d'assurances réclamaient également l'abolition de ce droit de
subrogation et ne voulaient plus payer ces $10 millions.
M. Raynauld: M. le Président, il me semble qu'on pourrait
finir par s'entendre là-dessus. Nous ne contestons pas que la
décision que vous avez prise soit une bonne décision.
Mme Payette: Bon! ... M. Charron: Bon!
M. Raynauld: Nous ne contestons pas ça. Nous contestons
que le coût du régime, tel qu'il est présenté, ne
représente pas la totalité des frais du régime public qui
est proposé. C'est clair, ça? On ne conteste pas ça. C'est
bien possible que vous ayez raison de faire ça comme ça et de ne
pas exiger de subrogation. C'est bien possible. Mais ce que nous voulons faire
admettre, cependant, c'est que le coût du régime est de $10
millions de plus. Maintenant, vous apportez, cet après-midi, un autre
argument que je n'avais pas entendu, l'aide sociale. Je vous dirai
là-dessus qu'il est possible que l'aide sociale subventionne, que ce ne
soit pas seulement la Régie de l'assurance-maladie ou la régie de
l'assurance-
hospitalisation, s'il y en deux je pense qu'il n'y en a qu'une,
mais, en tout cas c'est fort possible que ce soit l'aide sociale aussi
qui subventionne le régime de l'assurance automobile. Cela reviendrait
au même dans ce cas-là.
Si vous nous dites que les paiements de l'aide sociale vont diminuer
parce que la Régie de l'assurance automobile va payer des
indemnités à certaines personnes qui n'en recevaient pas,
là, je serais d'accord avec vous.
Mme Payette: M. le Président, question de
règlement. On ne peut quand même pas laisser véhiculer des
erreurs comme celles-là. Ce n'est pas l'assurance automobile qui sera
subventionnée par l'aide sociale. Cela risque d'être le contraire
qui va se produire, c'est ce que je viens d'expliquer, dans la mesure où
il se peut que des personnes indemnisées par la Régie de
l'assurance automobile n'auront plus besoin d'avoir recours à l'aide
sociale.
M. Fontaine: M. le Président, question de
règlement. On ne peut quand même pas laisser véhiculer des
erreurs comme celles-là, parce que, M. le Président, vous savez
que, dans le système actuel...
M. Vaillancourt (Jonquière): II ne peut pas invoquer
l'article 96, il n'a pas parlé.
M. Fontaine: On ne peut laisser véhiculer des erreurs
comme celles-là, M. le Président, parce que, dans le
système actuel, on sait que, lorsqu'il y a un accident d'automobile et
que la personne n'est pas indemnisée, l'aide sociale intervient pour
consentir un prêt à la victime de l'accident et que, dans le
système qui sera proposé, lorsque la victime ne sera pas
indemnisée par la régie, cela va être l'aide sociale qui va
l'indemniser, purement et simplement. Ce ne sera pas un prêt, à ce
moment-là, ce sera un don.
M. Charron: S'il n'y a pas un règlement satisfaisant pour
la personne, qu'arrive-t-il une fois qu'elle est allée emprunter au
bien-être social?
M. Perron: Elle doit remettre, n'est-ce pas? M. Fontaine:
Elle doit le remettre. M. Charron: Ah! Bon! Vous voyez?
M. Fontaine: Mais avez-vous plusieurs cas où des gens ont
été obligés de remettre?
M. Charron: Et pourquoi pas? Chaque fois qu'il y a une
responsabilité.
M. Fontaine: II n'y a jamais personne qui est capable de remettre
quoi que ce soit; ces gens n'ont pas d'argent.
M. Saint-Germain: Mais pourquoi parler des assistés
sociaux? Ils vont payer leurs plaques et vont payer leur prime comme les
autres.
M. Charron: Ce ne sont pas des assistés sociaux qu'on
parle. On parle de ceux qui sont obligés pour vivre, au lendemain d'un
accident d'automobile, de recourir au bien-être social. Ils ne le sont
pas nécessairement auparavant, mais, comme ils sont invalides au
lendemain d'un accident d'automobile, comme ils ne peuvent plus gagner leur
vie, au moment où ils la gagnaient, jusqu'au soir même de
l'accident d'automobile, le lendemain, ils vivent avec quoi, vous pensez? En
attendant que ça se règle et que ça traîne en cour,
en attendant qu'il y ait un avocat de l'aide juridique, s'ils n'ont pas assez
d'argent, ou qu'ils en financent un s'ils ont un revenu suffisant pour recourir
à un avocat, pendant que ça traîne devant les tribunaux, il
y a des enfants qui ont faim pendant ce temps-là, à la maison;
même s'ils sont invalides et s'ils sont blessés, cela
n'empêche pas les enfants de la famille d'avoir faim. Qu'est-ce qu'ils
font dans ce temps-là, vous pensez? Ils appellent à l'aide
sociale. Ils "tombent", comme ils le disent eux-mêmes, sur le
bien-être social, tant et aussi longtemps que dure le cas.
M. Fontaine: Quand ils reçoivent le règlement, ils
remboursent.
M. Charron: S'ils perdent en cour, parce que l'autre est encore
plus fort? Au bout d'un an et demi, deux ans, s'ils perdent? Ils sont
déclarés responsables de l'accident d'automobile dans lequel ils
sont intervenus. Tout ce qu'ils ont reçu pendant ce temps... Je suis
député d'un comté où ces cas se produisent.
M. Fontaine: Moi aussi!
M. Charron: Vous aussi, sans aucun doute. Tout ce qu'ils ont
reçu de l'aide sociale leur est automatiquement exigé le
lendemain que leur responsabilité criminelle...
M. Fontaine: Mais ils ne peuvent pas le payer, c'est
impossible.
M. Charron: Vous pensez cela, vous! J'ai des cas tous les jours,
à mon bureau de comté, où les gens sont soumis à
rembourser, à partir de leur allocation d'aide sociale, ce qu'ils
doivent à l'aide sociale, c'est-à-dire ce qu'on leur coupe. Au
lieu des $237 par mois, on leur dit: Comme vous devez $500, vous allez en
remettre $50 par mois pendant dix mois et ils tombent à $187. Ils
viennent me voir pour me dire: Essayez de calmer l'aide sociale. C'est vrai que
j'ai une dette à son endroit, j'ai été
déclaré responsable, elle m'a financé pendant ce
temps-là, mais je ne peux pas... A $237, je n'arrive déjà
pas, je ne peux toujours pas baisser à $187!
Ce que l'on dit à ces citoyens-là, dans le projet de loi
actuel, c'est qu'à compter des jours à venir, ils recevront 90%
du revenu qu'ils faisaient en gagnant honorablement leur vie, jusqu'au soir
où il leur est arrivé cet accident, qu'ils soient ou non
responsables de ce qui s'est produit, et pour leurs victimes et pour
eux-mêmes. C'est la modification que nous apportons actuellement.
Savez-vous ce que c'est que d'être, au lendemain d'un accident
d'automobile ce n'est arrivé à aucune des personnes autour
de cette table des accidents d'automobiles, oui, cela peut nous arriver,
mais d'être obligé de tomber, comme on dit, sur le bien-être
social, au lendemain, parce qu'il n'y a aucune politique sociale, dans la
société dans laquelle on vit, qui a daigné imaginer que
cela pouvait arriver à n'importe qui, quand il y a 2,5 millions de
véhicules-automobiles qui circulent dans le Québec et qu'on n'a
pas tous les reins assez forts, financièrement parlant, le lendemain
matin, pour être capable de, à la fois, survivre, faire survivre
sa famille et se payer un avocat pour essayer de gagner la cause devant le
tribunal à la fin. Ce n'est pas tout le monde qui a les reins assez
forts pour cela. Et entre-temps, il faudrait toujours bien qu'on ait quelque
chose pour vivre!
M. Giasson: Je pense avoir mal compris le député de
Saint-Jacques. Dans l'exemple qu'il tente de nous donner, selon lequel un
bénéficiaire d'aide sociale est impliqué dans un accident,
puisqu'il a dit que le tribunal l'avait tenu responsable de l'accident, s'il a
été tenu responsable de l'accident, je ne peux pas voir pourquoi
il est tenu de rembourser l'aide sociale. Je voudrais qu'il me précise
cela ou bien...
M. Charron: Ils peuvent le lui réclamer. S'il est
tenu...
M. Giasson: Si vous allez demander de l'aide sociale parce que
vous n'avez plus de revenu, à la suite d'un accident d'automobile, et
que vous avez une possibilité d'obtenir une indemnité du fait que
vous n'êtes pas tenu responsable, l'aide sociale va vous faire des
avances d'allocations qui seront remboursables si vous gagnez et percevez de
l'argent. Si vous êtes tenu responsable, c'est bien dommage, vous n'aviez
plus de revenu, vous étiez éligible à l'aide sociale et
vous n'êtes pas tenu de rembourser. Des cas comme celui que vous citez ne
correspondent pas à la réalité.
M. Perron: Suite à la perte de la cause par
l'assisté social, comme on peut l'appeler, à ce moment-là,
qu'arrive-t-il si la partie adverse décide de poursuivre maintenant?
Elle dit: Cela va coûter $50 000. Qu'arrive-t-il? Est-ce que cela vient
du fonds consolidé ou si cela vient de l'aide sociale qui va payer les
$50 000?
M. Paquette: C'est le fonds d'indemnisation.
M. Giasson: Si un tribunal a établi que la
responsabilité de l'accident incombait au bénéficiaire de
l'aide sociale, en présumant que celui-ci n'a pas d'assurances, ne
possède pas de biens, n'est pas solvable au sens de la loi, le jugement
rendu va être déposé au fonds d'indemnisation des victimes
et, s'il y a lieu de verser le maximum prévu au fonds, ce sera la
maximum. Par contre si le quantum établi, suite aux pertes encourues
lors de cet accident, est inférieur au maximum de $35 000, on paiera le
volume d'indemnité, qu'il soit de $15 000 ou de $22 000. C'est ainsi que
cela fonctionne.
Mme Payette: Le député de Montmagny-L'Islet me
permettrait-il une question? Connaît-il l'état financier du fonds
d'indemnisation actuellement?
M. Giasson: L'état financier présent?
Mme Payette: Oui.
M. Giasson: Je n'ai pas vu de chiffres récents.
Mme Payette: A ma connaissance, il y a un déficit, aux
dernières nouvelles, d'environ $12 millions. Cela expliquerait-il la
raison pour laquelle les compagnies d'assurances ne veulent plus du fonds
d'indemnisation et ont demandé au gouvernement de le prendre à sa
charge?
M. Giasson: Je comprends que les compagnies aient demandé
au gouvernement la possibilité de prendre charge du financement du fonds
d'indemnisation, puisque ce fonds a toujours été alimenté,
que je sache, dans le passé, par une fraction de chacune des primes
d'assurance automobile versée par chacun des assurés au
Québec. Cela a été la seule source de financement du fonds
d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobiles. S'il y en a d'autres,
j'aimerais les connaître.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
j'aimerais prendre les armes du député de Saint-Jacques et dire
que le lendemain de l'accident, ce n'est même pas sûr que cette
personne qui n'a pas de revenu va avoir l'aide sociale parce que si elle a plus
de $2500 de biens, même si elle n'a aucun revenu, elle n'aura même
pas droit à l'aide sociale.
M. Giasson: Tout est conditionné par le titre de biens. Si
elle possède une résidence de $15 000, elle est admissible
à l'aide sociale. Si elle a un chalet ou un terrain secondaire quelque
part ou des économies quelque part, là elle devient
limitée à $2500, total des économies ou des valeurs de
biens aux propriétés qu'elle peut posséder, mais elle a
toujours droit à sa résidence.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'il y a plusieurs
types de cas qui peuvent se présenter, mais il existe un certain nombre
de cas où des victimes d'accident ont reçu et reçoivent
actuellement des prestations de l'aide sociale qui, dans le nouveau
régime, vont être payées par l'assurance automobile. Donc,
il y a une certaine part du fonds que je suis incapable d'évaluer pour
le moment avec laquelle la régie de l'assurance automobile va
subventionner le régime d'aide sociale, si on veut employer vos termes.
Est-ce que cela compense les frais d'hospitalisation qui, maintenant, par ce
biais, vont subventionner la régie? Peut-être pas
exactement. Peut-être que c'est plus, peut-être que c'est
moins.
M. Giasson: Personne ne le sait à ce moment-ci.
M. Paquette: De là à affirmer qu'il y a $10
millions de frais cachés, je trouve cela nettement
exagéré. Ceci dit, M. le Président, je pense qu'on est
rendu pas mal loin de l'article 22. On a quand même vidé pas mal
la question.
M. Giasson: Là-dessus, M. le Président, il est
évident que des victimes d'accident d'automobile, suite à la mise
en application de ce régime, seront indemnisées par le
régime et n'auront plus à recourir aux allocations sociales. Il
est aussi exact que la régie d'assurance-maladie du Québec allait
chercher dans le régime actuel de l'assurance automobile environ $10
millions ne nous chicanons pas sur le montant juste et que cette
même régie devra retourner chercher les $10 millions à une
autre source de financement qui serait celle des cotisations payées pour
une quote-part par l'employé, l'autre quote-part par l'employeur. C'est
cela la réalité qu'on va vivre.
M. Charron: M. le Président, je veux souscrire à
l'affirmation du député, qui a déjà
été ministre d'Etat aux affaires sociales, qui a
déjà connu la Loi de l'aide sociale et son application et surtout
le fonds actuel de la Régie d'assurance-maladie. Il sait, quand moi
j'étais dans l'Opposition et que je me suis occupé de ce dossier
en 1975, qu'un des gros sujets de débat à la régie de
l'assurance-maladie était le mal inouï que la régie avait
à récupérer des assureurs privés des dettes du
régime actuel que ceux-ci leur devaient.
Mme Payette: Ils ne veulent pas payer.
M. Charron: Ils ne veulent pas payer ou ils se font tirer
l'oreille au point que nous avons eu pendant un certain temps... Je l'affirme
sous toute réserve mais j'avais envie de bondir à l'étude
des crédits du ministère des Affaires sociales de 1975 quand le
ministre de l'époque, le député de Saint-Laurent
aujourd'hui, m'avait fourni ces indications, quand le président de la
Régie d'assurance-maladie avait répondu à mes questions.
On chiffrait à environ $20 millions ce que devaient les compagnies
d'assurances privées à la Régie d'assurance-maladie,
certains comptes montant jusqu'à cinq ou six ans. Tout ce temps
où les assureurs privés ne versaient pas à la Régie
d'assurance-maladie ce qu'ils lui devaient, l'intérêt sur cette
dette était assumé par l'ensemble des contribuables
québécois. Encore une fois...
M. Paquette: Une subvention aux compagnies privées.
M. Charron: ... quand on dit... C'est une subvention aux
compagnies privées. Quand on pose la question: Avez-vous pensé
que cela allait surcharger de $10 millions la Régie d'assurance-
maladie? Si on ne veut pas prétendre que le régime actuel est un
paradis terrestre, il faudrait montrer l'autre côté de la
médaille. Tant et aussi longtemps...
M. Lalonde: M. le Président.
M. Charron: Je n'ai pas terminé. Tant et aussi
longtemps...
M. Lalonde: Excusez-moi.
M. Charron: ... que l'on maintient le régime actuel, il y
a des dettes que la régie, par avocats interposés, par frais
judiciaires interposés, par démarches et énergies humaines
interposées, s'efforce de récupérer des assureurs
privés qui se font tirer l'oreille, malgré le contrat qu'ils
avaient signé avec les citoyens assurés, malgré les
efforts à l'occasion que les courtiers peuvent faire à leur
endroit pour leur dire: Payez donc ce que vous devez au fonds consolidé
de la province ou au fonds de la Régie de l'assurance-maladie. Ils se
font tirer l'oreille, espèrent gagner du temps et ne versent pas la
somme qu'ils doivent. Je ne sais pas où en est ce dossier, parce
qu'à ce moment-là, quand j'étais dans l'Opposition,
j'avais questionne le ministre des Affaires sociales sur les mesures que la
régie allait prendre pour récupérer l'argent qui lui
était dû par les compagnies d'assurances privées.
La réponse du ministre, à l'époque, était:
Nous allons faire notre possible, parce que c'est de l'argent qui nous est
dû et qui est dû à tous les Québécois. Est-ce
que les démarches judiciaires ont été
accélérées, est-ce que les résultats se sont fait
sentir au point qu'aujourd'hui il n'y a plus de dette? Moi, j'ai perdu
connaissance de ce dossier depuis quelques mois, mais c'était quand
même le cas et ça me surprendrait qu'on en soit arrivé
à l'époque où tout est réglé.
M. Paquette: Question de règlement, M. le
Président. Je m'excuse d'intervenir, mais ça fait très
longtemps qu'on parle totalement en dehors de l'article 22 et je pense qu'il
serait temps, je m'excuse auprès du député qui allait
prendre la parole, je pense qu'on a pas mal vidé la question. On
n'aurait même pas dû le faire parce qu'on allait à
l'encontre du règlement depuis un bon bout de temps.
Le Président (M. Bertrand): C'est amusant de voir un
député qui soulève une question de règlement
à son propre endroit.
M. Paquette: En effet, M. le Président, c'est de
l'autodiscipline.
Le Président (M. Bertrand): Article 22. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'aimerais dire, à l'occasion de
l'article 22, que les assistés sociaux, comme tout le monde, vont payer
leur quote-part, au moins tous ceux qui ont une automobile ou
tous ceux qui ont un permis de conduire, et il y en a plusieurs. Ils
sont considérés par la loi comme tout le monde.
En plus, ils vont payer le même prix que les autres, même si
au point de vue des indemnités, ils vont recevoir pas mal moins que les
autres. C'est une injustice, à mon avis, flagrante. De toute
façon, personne n'a défendu le statu quo, on est tous du
même dire. On a même, depuis longtemps, dit, et je crois que c'est
accepté unanimement, que l'assurance devait être obligatoire.
M. Charron: Vous avez eu six ans pour changer le statu quo, mais
vous n'y avez pas touché.
M. Saint-Germain: Ecoutez, je ne reviendrai pas sur le
passé...
M. Charron: Non, on ne reviendra pas sur le passé
certain.
M. Perron: On va y penser au passé nous autres.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas d'objection.
M. Charron: Quand vous me dites que vous n'êtes pas pour le
statu quo, vous avez eu six ans pour le changer et vous n'avez osé
grouiller d'un pouce.
M. Saint-Germain: D'ailleurs, le 15 novembre, il y avait une loi
déposée qui valait beaucoup plus que celle-là, beaucoup
plus.
M. Vaillancourt (Jonquière): Elle aurait été
déposée le 16, mais...
M. Saint-Germain: En plus d'être pour l'assurance
obligatoire, on est aussi pour un régime "no fault" de base. Alors,
toutes ces choses, les injustices que les assistés sociaux peuvent
subir, ça disparaîtrait. Mais on veut dire que, quant à
changer une loi, on est mieux de la changer pour quelque chose de valable. On
dit que celle-là n'est pas valable. D'ailleurs un assisté social
qui va payer sa prime et qui va subir un accident, qui va recevoir $80 par
semaine, plus $10 par personne à charge, ne sautera pas au plafond non
plus. Il n'y a rien là pour devenir riche.
M. Charron: M. le Président, j'invoque l'article 96 pour
rétablir les faits sur ma dernière intervention. Je fonctionnais
de mémoire et je me rappelais qu'en 1975 ce que devaient les compagnies
d'assurances à la Régie de l'assurance-maladie était de
$20 millions. J'ai en main aujourd'hui le chiffre pour 1978, c'est $34 millions
que doivent les compagnies d'assurances privées actuellement à la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. On estime...
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Charron: Excusez-moi, laissez-moi termi- ner cette information
pour l'assemblée, pour éclairer...
M. Saint-Germain: Oui, oui...
M. Charron: ... les débats de l'Assemblée.
M. Paquette: ...
M. Charron: Cela fait partie des frais cachés du
régime actuel. D'accord?
M. Raynauld: Absolument pas.
M. Charron: On estime, à la Régie de
l'assurance-maladie, être capable de récupérer $10 millions
des $34 millions qui lui sont dus par les assureurs privés et on estime
les frais d'avocats et les frais judiciaires, attenant à toute la
ribambelle de démarches pour récupérer des compagnies
privées ce qu'elles doivent à l'Etat québécois,
à $2 millions ou $3 millions; $2 ou $3 millions pour aller chercher $10
millions et laisser paître pour de nouvelles années à venir
les $24 millions qui nous sont dus.
Aux députés de l'Opposition qui s'indignent devant les
frais cachés parce que, désormais la Régie de
l'assurance-maladie assumera le coût de toute personne victime
d'assurance automobile...
Mme Payette: D'accidents.
M. Charron: D'accidents d'automobiles... je veux dire que cette
information est peut-être à propos dans la considération
des intentions gouvernementales. Nous avons $34 millions à
récupérer des compagnies d'assurances privées; on estime
pouvoir en récupérer $10 millions...
M. Raynauld: Vous l'avez déjà dit.
M. Charron: Et cela va nous en coûter... Mais je le
renouvelle pour essayer d'altérer votre opinion...
M. Raynauld: Mais cela n'est pas nécessaire de le
répéter trois fois.
M. Charron: Cela va nous en coûter de deux à trois
pour en récupérer dix.
M. Raynauld: J'ai compris. M. le Président, je m'insurge
contre ce genre d'information qui est fournie ici, parce que je pense qu'il
n'est pas possible, sans examiner les cas, de savoir de quoi il s'agit. Vous
pouvez très bien dire qu'il peut y avoir $75 millions de dettes, qui
peuvent être dues au gouvernement du Québec. Si ces dettes sont
encourues en vertu des lois existantes et qu'il y a des contestations devant
les tribunaux sur la responsabilité d'une compagnie d'assurances ou d
une autre, c'est parfaitement légitime et je pense que, si vous voulez
poursuivre votre argument et dire que ce sont des subventions et que ce sont
des
choses inacceptables, à ce moment-là, vous devez
également dire qu'il est inacceptable qu'il y ait des contestations
devant les tribunaux sur la responsabilité des sociétés en
cause.
A ce moment-là, vous dites: Somme toute, nous autres, on va
subventionner les entreprises, parce que ces entreprises ne devraient pas avoir
le droit de contester devant les tribunaux leur degré de
responsabilité, dans les cas que vous citez. Elles ne devraient pas
être en mesure, en vertu des lois présentes, de se
présenter devant des cours pour faire établir la
responsabilité exacte.
Je pense que c'est absolument inadmissible. Il peut y avoir des cas
là-dedans qui remontent à trois ans, quatre ans ou cinq ans. On a
cité des cas semblables pour la Commission des accidents du travail, et
c'est exactement le même cas, où des gens ne sont pas capables de
recevoir l'indemnité à laquelle ils pensent avoir droit. Il
s'agit ici d'une entreprise publique il ne s'agit pas d'une entreprise
privée vous savez très bien que, dans des choses comme
celles-là, si cela remonte à trois ans, cela pourrait tout
simplement vouloir dire que c'est le flot normal des indemnités
perçues par la régie, puisque, si cela remonte à trois
ans, et qu'on récupère $10 millions par année, cela serait
à peu près l'ordre de grandeur. On aurait une espèce de
flot en cours, qui n'est pas réglé, qui pourrait facilement
s'élever à trois fois ce qu'il est là.
Je pense que vous donnez une information qui, parce qu'elle est
incomplète, peut être une information fausse, une information
erronée, une information qui, en tout état de cause... Si les
assureurs privés suivent les lois, ils ont parfaitment le droit de faire
cela.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Paquette: II faudrait revenir à l'article 22, M. le
Président.
M. Fontaine: C'est un fait, M. le Président. Le
député de Saint-Jacques nous dit qu'il y a $34 millions qui sont
dus par les compagnies d'assurances. Il y a quelque chose qui est
sûrement faux dans son énoncé. Il y a des
réclamations qui sont faites à des gens qui ne sont pas
assurés, dans ce montant de $34 millions. Ce qui arrive, c'est que la
Régie de l'assurance-maladie réclame à la personne
responsable de l'accident et, si cette personne est assurée, c'est la
compagnie d'assurances qui paie.
Mais si la personne n'est pas assurée, c'est la personne
elle-même qui doit payer. Dans le montant de $34 millions, il y a
sûrement des réclamations contre les 20% de personnes qui ne sont
pas assurées au Québec. Je ne sais pas à combien ce
montant peut être chiffré, mais ce n'est pas $34 millions.
Il y a également une autre chose qui nous a été
dite tout à l'heure, c'est que, dans le système actuel, il y a
des frais incidents, comme les frais d'avocats, les démarches et
l'énergie humaine.
Est-ce que le député de Saint-Jacques prétend que,
lorsque le régime d'assurance-accident de la loi 67 sera adopté,
il n'y aura plus de frais d'avocats, il n'y aura plus de démarches, il
n'y aura plus d'énergie humaine dépensée? M. le
Président, voyons donc! Avec la liste de fonctionnaires qu'on devra
rencontrer avant de pouvoir obtenir les indemnités, vous pouvez
être sûr qu'on aura besoin d'avocats et qu'on aura des
démarches à faire. Et, après cinq heures, on ne pourra pas
les faire.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Si l'Opposition cherche des coûts
cachés, elle en a oublié. Je peux lui en passer un avec la
question de règlement.
M. Fontaine: C'est intéressant.
M. Beauséjour: A la vitesse où on étudie le
projet... Je prends, dans les premiers dix jours, dix articles adoptés.
Au prix où on est payé, cela revient environ à $12 000
pour dix jours. Et, pour adopter tous les articles de la loi, il y a au moins
$2 520 000 qu'on pourrait ajouter.
M. Raynauld: Heureusement, vous mettez la clôture.
M. Beauséjour: Vous pouvez ensuite ajouter le papier,
comme coût caché, et le chauffage ici. J'étais pour dire
les pilules, peut-être, que le député de Jacques-Cartier
nous oblige à prendre.
M. Fontaine: Voulez-vous abolir l'Assemblée nationale?
Une Voix: On a la censure...
M. Beauséjour: M. le Président, pour éviter
tous ces coûts cachés...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Beauséjour: ... je demanderais qu'on revienne à
l'article 22 et qu'on arrête de s'éparpiller sur toute autre
chose.
M. Fontaine: Oui, mon père.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président(M. Bertrand): Al'ordre! Du calme!
NI. Lalonde: Sur la question de règlement...
M. Saint-Germain: Si le député a été
payé au nombre de mots qu'il a dits, on pourrait calculer combien cela a
coûté aux citoyens du Québec pour chaque mot qu'il a
prononcé. Ce serait un joli montant!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier!
M. Gagnon: Vos mots sont à très bon marché.
Le Président (M. Bertrand): A Tordre! A l'ordre!
Une Voix: Les vôtres ne valent pas cher.
M. Gagnon: Ils ne valent pas cher?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre!
M. Beauséjour: M. le Président, c'est pour revenir
à l'article 22.
Le Président (M. Bertrand): Bien sûr. Bien
sûr.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement,
parce que j'aimerais bien comprendre l'intervention brillante du
député.
M. Paquette: Vos interventions ne valent pas cher le mot.
Le Président (M. Bertrand): Non, il n'y a rien à
comprendre, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: II n'y a rien à comprendre? ah bon! Je me fie
à votre jugement, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Très bien, merci.
M. Marquis: C'est la plus grande vérité qui a
été dite ici au cours de la semaine.
M. Blank: Oui, le président l'a dit.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre! M. le député de Saint-Louis, vous n'êtes pas, je
pense...
Mme Payette: Présent.
M. Blank: Je ne suis pas présent, excusez-moi, je suis
Blank!
Le Président (M. Bertrand): C'est cela, bien. Vous
êtes transparent.
Une Voix: Article 22...
Une Voix: II n'est pas payé.
M. Blank: Transparent, oui, laissons-les...
Le Président (M. Bertrand): L'article 22 est-il
adopté?
Mme Payette: Adopté.
M. Saint-Germain: Sur division.
Des Voix: Adopté.
M. Raynauld: Cela vient de baisser de $2 millions à $1
million.
Le Président (M. Bertrand): Article 80.
M. Saint-Germain: Ah bon! on passe à l'article 80.
Mme Payette: L'article 80 se lit comme suit:
Renouvellement du contrat d'assurance "Le contrat d'assurance est
renouvelé de plein droit, pour une prime identique et pour la même
période, à chaque échéance du contrat, à
moins d'un avis contraire émanant de l'assureur ou de l'assuré;
lorsqu'il émane de l'assureur, l'avis de non-renouvellement ou de
modification de la prime doit être adressé à
l'assuré, à sa dernière adresse connue, au plus tard le
trentième jour précédant et incluant le jour de
l'échéance."
J'apporte un nouvel amendement, M. le Président: Remplacer le
deuxième alinéa par le suivant: "Lorsque l'assuré fait
affaire par l'entremise d'un courtier, l'avis prévu dans le premier
alinéa est transmis par l'assureur au courtier à charge par ce
dernier de le remettre à l'assuré."
M. Saint-Germain: Le texte de cet... M. Raynauld: A-t-on
ce texte?
Le Président (M. Bertrand): Non, c'est nouveau.
M. Raynauld: C'est d'aujourd'hui cela? Mme Payette: Je
m'excuse, parce qu'il est...
M. Raynauld: Mieux vaut tard que jamais. On va l'avoir encore
demain probablement.
Une Voix: Dimanche. M. Raynauld: Dimanche.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'êtes pas
d'accord avec cet amendement?
M. Raynauld: Je ne le connais pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ah bon! Vous ne l'avez pas
entendu?
Le Président (M. Bertrand): Un instant! Un instant! Un
instant! Du calme!
M. Fontaine: On ne fera pas comme vous avez fait hier.
M. Lalonde: Oui. On n'a pas eu les ordres du député
de Maisonneuve d'être d'accord, nous autres.
Une Voix: Elle est préparée de longue date
celle-là.
M. Vaillancourt (Jonquière): Elle est vieille
celle-là!
M. Lalonde: Elle n'est pas vieille. Elle a 24 heures et elle est
encore bonne. Elle sera bonne longtemps.
M. Paquette: Je m'excuse, mais c'est venu de la commission, pour
votre information...
Une Voix: Vous le savez cela.
Le Président (M. Bertrand): Voici quel serait le nouveau
texte de l'article 80: "Le contrat d'assurance est renouvelé de plein
droit, pour une prime identique et pour la même période, à
chaque échéance du contrat, à moins d'un avis contraire
émanant de l'assureur ou de l'assuré; "Lorsqu'il émane de
l'assureur, l'avis de non-renouvellement ou de modification de la prime doit
être adressé à l'assuré, à sa dernière
adresse connue, au plus tard le trentième jour précédant
et incluant le jour de l'échéance. "Lorsque l'assuré fait
affaire par l'entremise d'un courtier, l'avis prévu dans le premier
alinéa est transmis par l'assureur au courtier, à charge par ce
dernier de le remettre à l'assuré."
Une Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: M. le...
Mme Payette: M. le Président, je voudrais, à ce
moment-ci, prendre quelques minutes pour expliquer pourquoi nous introduisons
ce deuxième alinéa à l'article 80.
Les courtiers exerçant leur profession au Québec ont fait
valoir que nous les placions, par le libellé de l'article 80, tel qu'il
avait été prévu, dans la situation de non-reconnaissance
de la part des compagnies d assurances et dans la situation de voir
éliminer le rôle d'intermédiaire qu'ils jouent
présentement entre les assureurs agréés avec lesquels ils
sont appelés à traiter, et les assurés, d'une part, qui
sont leurs clients.
Nous avons donc réintroduit, à ce moment, un
deuxième alinéa qui permet aux courtiers de jouer le rôle
qu'ils jouent présentement, qui leur permet de servir
d'intermédiaire entre l'assureur et l'assuré dans les cas
où le courtier traite déjà avec ses assurés.
D'autre part, je suis informée que les négociations entre la
régie et les courtiers, par l'intermédiaire de l'Association des
courtiers ou de la Fédération des courtiers, continuent. Ces
négociations ne se font pas exclusivement avec la
Fédération des courtiers, comme le président de la
régie nous l'a appris au moment où il est venu à cette
commission. Toute entente pouvant intervenir entre la régie et la
Fédération des courtiers serait absolument légale et dans
les attributions de la régie de conclure ces ententes avec la
Fédération des courtiers, si on devait en arriver à une
entente.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous n'avons pas encore
le texte.
Le Président (M. Bertrand): Non, il va arriver d'un
instant à l'autre.
M. Raynauld: A première vue, je pourrais dire que cela me
semble une amélioration très nette sur l'article qui existait
auparavant. Je voudrais encore le lire pour en être bien sûr.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska voudrait peut-être prendre la parole
là-dessus?
M. Fontaine: J'aimerais bien prendre connaissance de
l'amendement.
Le Président (M. Bertrand): Alors, je suspends pendant une
minute environ, le temps de recevoir la photocopie.
(Suspension de la séance à 16 h 8)
Reprise de la séance à 16 h 20
Le Président (M. Bertrand): Alors, nous poursuivons.
Est-ce qu'un représentant de l'Opposition désire prendre la
parole sur ce nouvel article?
M. Saint-Germain: C'est-à-dire que c'est ajouté,
ça, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): C'est ajouté.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous croyons simplement
que c'est la rédaction que cet article aurait dû avoir dès
que la loi fut déposée. Il me semble qu'on revient tout
simplement à la normale. D'ailleurs, je ne veux pas revenir
là-dessus. Nous, de l'Opposition, avons souvent argumenté contre
cet article 80, mais vu qu'on le change dans le sens demandé, et
bien...
Le Président (M. Bertrand): Bon!
M. Saint-Germain: ... que les courtiers soient heureux, et
j'espère qu'ils auront autant de succès dans les
négociations qu'ils entreprendront au niveau de la régie...
Le Président (M. Bertrand): Alors, comme il semble que
c'est...
M. le député de Nicolet-Yamaska?
M. Fontaine: Oui, je voudrais intervenir un petit peu
là-dessus, M. le Président. Je suis d'accord avec l'amendement
proposé, sauf que je me pose des questions. Je sais que les courtiers
d'assurances détiennent à peu près tous des polices
d'assurances de responsabilité. C est bien évident que dans le
système actuel il faut que ça fonctionne comme ça, sauf
qu'il peut arriver que la police du courtier ne soit pas en vigueur ou que
quelque
chose se produise et qu'il soit poursuivi personnellement. A ce
moment-là, il faudrait savoir si le courtier en question serait
solvable.
Advenant le cas, par exemple, où on applique le paragraphe b) tel
que proposé, si un courtier omettait d'aviser son assuré que le
renouvellement n'est pas effectué par la compagnie d'assurances,
à ce moment-là, la personne en question se croirait
assurée, alors qu'elle ne le serait pas, et si un accident survenait,
elle devrait revenir contre son courtier pour lui réclamer les dommages
qu'elle aurait subis alors qu'elle pensait être assurée.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu... Je ne le sais pas. C'est
peut-être simplement une question technique. Vos techniciens pourront
nous donner la réponse. Au lieu d'envoyer l'original de l'avis au
courtier, ne serait-il pas mieux de l'envoyer plutôt à
l'assuré, avec copie au courtier?
M. Giasson: Non.
M. Fontaine: En tout cas, un des courtiers ici présents
pourra peut-être nous apporter la réponse. Je me pose simplement
la question.
Il y a l'autre question qui suit ça. Advenant le cas où un
renouvellement ne serait pas effectué par une compagnied'assurances,
cela voudrait dire que la personne ne serait pas assurée si elle ne
réussissait pas à s'assurer chez une autre compagnie. Qu'est-ce
qui va se passer par la suite pour les plaques de l'automobile? Est-ce que la
personne va quand même pouvoir conserver ses plaques et se promener sans
assurance?
Mme Payette: M. le Président, l'assurance étant
obligatoire, il sera extrêmement rare qu'une compagnie puisse annuler une
police d'assurance. Si cela devait arriver, cependant, nous avions d'abord,
dans un premier temps, proposé un centre de distribution des risques.
Les assureurs nous ont dit qu'il n'était pas nécessaire de
créer un centre de distribution des risques, qu'ils avaient l'intention
de le faire entre eux, de se distribuer entre eux les risques
considérés actuellement comme de mauvais risques.
Dans les négociations qu'a le surintendant des assurances avec
les assureurs présentement, il est question de ce sujet qui nous
occupe.
M. Fontaine: La première partie de ma question...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, le
fait qu'on envoie l'original à l'assuré et une copie au
courtier... Moi je me dis que les courtiers, comme les avocats, les
médecins, les notaires, doivent avoir des polices d'assurance de
responsabilité professionnelle. En tout cas, moi, j'en avais une et j'en
ai encore une; le député de Montmagny-L'Islet devait en avoir une
et doit encore en avoir une. Je pense que c'est la règle
générale.
M. Giasson: C'est fondamental.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
de...
M. Fontaine: Supposons que, dans une police
d'assurance-responsabilité que le courtier détient, il y a une
franchise de $1000 et que le courtier n'est pas solvable. Ecoutez, ce sont des
questions qu'on se pose.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ecoutez, là...
Mme Payette: Je suis sûr, M. le Président, qu'il n'y
a pas un seul courtier au Québec qui n'est pas solvable pour $1000.
M. Fontaine: Je ne sais pas s'ils vont le rester longtemps.
M. Laberge: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet et ensuite M. le député de Jeanne-Mance.
M. Giasson: Je voudrais d'abord indiquer à la commission
que je suis entièrement d'accord avec l'amendement qui a
été apporté à l'article 80. Il s'agit tout
simplement de confirmer dans les faits, à l'intérieur de la loi
que nous aurons à voter, un état de situation, une
réalité qui existe depuis fort longtemps au Québec.
Mme Payette: Je voudrais juste faire une toute petite
parenthèse pour dire que nous ne voulions pas changer cela avait
été mal interprété ou mal rédigé
notre intention n'était pas de changer cette situation.
M. Giasson: Mais tout de même, si on prend l'article 80
dans son libellé...
Mme Payette: J'avais déjà dit en commission
parlementaire que ce n'était pas le sens que nous donnions à
l'article 80.
M. Giasson: Lorsque vous lisiez le libellé de l'article
80, c'était assez formel qu'il n'y avait pas de choix possible; dans le
cas d'augmentation d'une prime donnée, dans le cas de
non-renouvellement, l'assureur se devait de communiquer avec l'assuré.
On ne trouvait aucune indication qu'il y avait place pour le courtier comme
intermédiaire entre l'assureur et l'assuré, tandis que cet
avenant, cette modification garde au courtier un rôle qui
m'apparaît essentiel s'il veut vraiment jouer le rôle d'un
courtier. Ce ne serait pas la même chose s'il s'agissait d'un agent
captif, c'est-à-dire d'une personne qui travaille à titre d'agent
avec un seul assureur. A ce moment-là, c'est ce qu'on appelle un agent
captif, à un point tel que, si la compagnie faisait défaut
d'aviser l'assuré ou même si elle avisait son agent que celui-ci
faisait défaut d'aviser l'assuré, cela pourrait être sans
doute interprété, au plan légal, même si c'est
l'agent captif qui a fait l'erreur, comme étant l'erreur de la compagnie
puisqu'il s'agit d'un de ses fondés qui est mandataire, uniquement
attaché à cet assureur. Les courtiers d'assurances du
Québec peuvent et se doivent de continuer d'être les
représentants immédiats de l'assuré auprès
de l'un ou de l'autre assureur. C'est la dimension professionnelle du
rôle d'un courtier. Ce n'est pas un individu qui est attaché
à un ou à des assureurs, c'est un individu, au plan
professionnel, qui se doit, d'abord et fondamentalement, à son client,
à son assuré. Il représente ses intérêts,
face à un marché, à une industrie donnée, et c'est
lui qui doit le guider dans le choix de couverture, de type de contrat, de
volume, enfin tout ce qui est inhérent à un contrat d'assurance.
Veuillez croire que je souscris entièrement à l'amendement qu'on
vient de déposer sur la table.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: Le député de Montmagny-L'Islet m'a
enlevé une partie des paroles que je voulais prononcer. Je vais
simplement ajouter que, tout à l'heure, le député de
Nicolet-Yamaska soulignait que cela créait peut-être des
inquiétudes; il mettait en doute le fait que les courtiers soient
solvables ou aient des mesures de sécurité. Ils ont des
assurances-responsabilités. J'ai tourné la tête vers la
salle et je suis certain qu'il n'avait pas l'approbation de la salle. Je crois
qu'on peut passer directement à l'adoption de cet article du projet de
loi parce que je crois qu'il rejoint l'assentiment de la grande
majorité, sinon de la totalité des personnes ici.
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais ajouter que je me posais tout simplement
des questions pour savoir s'il n'y aurait pas de problèmes avec cet
article et je pense que le député de Montmagny-L'Islet nous a
donné des explications très satisfaisantes.
Quant à l'autre partie, on n'est pas ici pour savoir si on a
l'approbation de la salle oui ou non, on est ici pour légiférer.
Je pense donc que cette remarque était déplacée et
j'ajoute, en terminant, que je suis présentement satisfait des
explications données et je voterai pour l'amendement proposé.
Le Président (M. Bertrand): Eh bien, mon Dieu! Dans ce
grand moment de joie fraternelle, allons-nous adopter à
l'unanimité l'article 80?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté.
M. Lalonde: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Bertrand): J'appelle donc l'article
81.
Mme Payette: 83, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, c'étaient
les articles 80 et 83. Alors, j'appelle donc l'article 83.
Commission versée au courtier ou à
l'agent d'assurances
Mme Payette: L'article 83, M. le Président, se lit comme
suit: "L'assureur doit, sur tout document faisant état du montant de la
prime exigée pour le contrat d'assurance, indiquer clairement le montant
et le pourcentage de la commission qui sont versés au courtier
d'assurances ou à l'agent d'assurances. Cette mention doit aussi
apparaître sur tout tel document émanant d'un courtier ou d'un
agent". Je voudrais ajouter, M. le Président, un alinéa
supplémentaire qui dit: "L'assureur qui ne fait pas affaires par
l'intermédiaire de courtiers doit, sur tout document faisant état
du montant de la prime exigée pour le contrat d'assurance, indiquer
clairement le montant et le pourcentage de ses frais de mise en
marché".
M. le Président, j'ai beaucoup insistéet je pense
l'avoir largement expliqué au cours des derniers mois que
c'était dans un grand souci de protection des consommateurs qu'il me
paraissait essentiel de demander aux courtiers de se soumettre à cette
requête essentielle et, me semble-t-il, élémentaire dans le
commerce exercé auprès de la population. La principale remarque
de la part des courtiers, aussi bien dans les rencontres qui ont eu lieu
pendant la tournée que durant la commission parlementaire sur le projet
de loi 67, a été à l'effet que cette exigence de la part
du gouvernement envers les courtiers pouvait prendre allure de discrimination
dans la mesure où des compagnies d'assurances transigeant directement au
comptoir n'étaient pas tenues de faire connaître le coût du
service rendu à la population. C'est la raison, M. le Président,
de l'ajout de l'alinéa que je viens de vous lire, à l'article 83,
qui rétablit pour tous ceux qui transigent de l'assurance automobile
avec la population, de faire connaître le coût du service
rendu.
Le Président (M. Bertrand): Puisque nous devrons attendre
quelques minutes avant d'avoir l'amendement, est-ce qu'il y a tout de
même des députés qui veulent prendre la parole?
M. Raynauld: Je pourrais peut-être poser des questions, M.
le Président. Je pense avoir compris l'amendement qui a
été présenté. Je voudrais savoir comment il sera
possible à un assureur d'indiquer, si j'ai bien compris, la somme et le
pourcentage de ses frais de mise en marché? Cela me paraît
très théorique cette demande et je me demande comment, en
pratique, concrètement, à moins de demander aux assureurs qu'ils
fournissent un bilan complet de leurs opérations à chaque
assuré, cela me paraît beaucoup. Un assureur, sans courtiers.
Alors, il faut qu'il donne le montant de la prime. Je pensais que
c'était cela. Le montant de la prime, c'est le coût de
l'assurance, mais en plus une somme et un pourcentage de ses frais de mise en
marché... Est-ce qu'il va y avoir un rè-
glement qui va expliquer cela? Est-ce que c'est... En tout cas, c'est
une question que je pose.
Mme Payette: Je pense, M. le Président, que c'est
largement compris par les assureurs qui transigent au comptoir et dans
l'argumentation de la part des courtiers sur ce sujet, on disait que le
personnel requis au comptoir, par exemple, pour la préparation des
contrats d'assurance et la vente parce qu'il s'agit de cette mise en
marché des polices d assurance était un personnel
rémunéré donc qui percevait, un peu de la même
façon que le courtier, soit sous forme de salaire ou autre forme,
dépendant de la compagnie d'assurances, un pourcentage qui, de toute
façon, est payé, au bout du compte, par le consommateur
d'assurance. Je pense que cela ne représente pas de difficulté
pour ces compagnies spécialisées dans la plupart des cas dans la
vente au comptoir de faire connaître ce coût de ceux qui transigent
avec la population.
M. Raynauld: M. le Président, j'aimerais être
rassuré là-dessus. J'aimerais bien aussi prendre la parole du
ministre, mais est-ce qu'il y a eu des consultations avec les assureurs
là-dessus? Est-ce qu'ils sont d'accord que c'est facile à dire,
facile à faire?
Mme Payette: II n'y a pas eu de consultation au sens où
vous l'entendez, M. le député d'Outremont, mais ces questions
sont abordées par le surintendant des assurances avec les assureurs et
le surintendant fait rapport de façon précise des
négociations qu'il y a et le surintendant nous fera connaître si
ça représente des difficultés, mais il ne semble pas que
ça en représente.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, il s'agit ici d'un article
qui ouvre une dimension tout à fait nouvelle dans le champ d'un principe
qu'on retrouve généralement dans tout commerce ou toute
entreprise commerciale. Au moment de lire cet article, la teneur et le
libellé de cet article, je me suis posé des questions
au-delà des éléments qu'a pu soulever le ministre des
Consommateurs, à savoir s'il n'y aurait pas eu possibilité de
procéder de façon différente. Je suis porté
à croire que le ministre ou ses conseillers ont dû examiner
d'autres hypothèses, ils ont dû examiner d'après
moi, je l'ignore, mais on me le dira s'il n'aurait pas été
possible de dire, au lieu d'utiliser le texte qu'on retrouve à l'article
83: "L'assureur, dans tous les documents faisant état d'une prime, doit
le faire à partir d'une prime nette et quand je dis nette, je
veux dire nette de commission qu'on fait habituellement ceci de
manière que l'habitué sache quel est le coût d'une prime
nette, quitte à revoir plus en profondeur le mode de
rémunération traditionnel qui pourrait, de toute manière,
être connu également de chacun des assurés puisque, si on
débouchait sur la facturation d'une prime nette, l'assuré serait
appelé à connaître les frais de mise en marché que
peut lui réclamer le courtier d'assurances". J aimerais savoir si cela a
été examiné en profondeur, cette possibilité et, si
oui, quels sont les motifs pour lesquels on ne l'a pas retenu et qu'on a
préféré la formulation qu'on retrouve à l'article
83.
Mme Payette: Est-ce que vous pourriez, M. le député
de Montmagny-L'Islet, expliciter ce que vous entendez par cette prime
nette?
M. Giasson: Lorsque je demande si vous avez examiné la
possibilité que, dorénavant, à partir de la mise en
vigueur de cette loi, les assureurs puissent ou que l'assureur puisse facturer
surtout des documents qui font état de primes ou de ristournes, quelle
que soit l'opération qui en découle, que l'assureur, au lieu
d'indiquer la prime totale qui inclut présentement la commission ou la
rémunération du courtier, indique sur des documents une prime
nette de commission, quitte à ce que le courtier, pour les services
qu'il rend à son client, puisse réclamer sa
rémunération sur base d'honoraires ou sous une forme
différente de celle qu'on a connue habituellement dans le champ de
l'assurance.
Mme Payette: Est-ce que le député de
Montmagny-L'Islet est d'accord pour reconnaître que nous atteignons le
même but par l'article 83, tel qu'il est?
M. Giasson: On n'atteint pas exactement le même but, parce
que, dans l'hypothèse où les courtiers seraient
rémunérés à partir d'honoraires, il est facile
d'imaginer, que, dans certains cas, certains dossiers, l'honoraire serait
différent de celui de la commission que l'assureur veut bien lui payer.
Il pourra y avoir des honoraires supérieurs dans certains dossiers
à la commission payée, il pourra également y avoir des
honoraires qui seraient peut-être inférieurs à la
commission qui est indiquée selon les tarifs de commission ou les taux
de commission que l'industrie accorde habituellement.
Mme Payette: M. le Président, on me dit que c'est une
chose qui regarde la Loi des courtiers, que ça pourrait
éventuellement être vu de cette façon. Pour l'instant, ce
que nous désirons, c'est que le consommateur connaisse le coût du
service rendu.
M. Giasson: Mais le consommateur, dans une large mesure, est
informé des taux de commission payés par...
Mme Payette: Quelle que soit la forme de
rémunération.
M. Giasson: Mais, présentement, déjà, on a
beaucoup d'automobilistes ou d'assurés en automobile qui connaissent le
pourcentage. Ils n'ont peut-être pas le montant de commission
calculé au cent sur les documents. On sait qu'en automobile, ça
se traduit aux environs de 12%.
Mme Payette: M. le Président, je dois dire au
député de Montmagny-L'Islet qu'à ma connaissance et au
cours des longs mois que j'ai passés à écouter la
population du Québec parler de ce sujet, il ne m'a pas été
donné de constater que beaucoup de personnes connaissaient ce
pourcentage dont il est question.
M. Giasson: Mais vous croyez vraiment, fondamentalement, qu'il
est important que l'automobiliste, ou celui qui se porte acquéreur, ou
qui achète une police d'assurance automobile, doive connaître, au
cent près, la commission qui sera versée par l'assureur au
courtier?
Mme Payette: Oui, M. le Président, et cela va dans le
même sens que ce que nous avons l'intention, éventuellement, de
demander à l'intérieur du Code de protection du consommateur.
M. Giasson: Et si vous procédez ainsi, est-ce qu'on doit
croire que toutes les entreprises qui sont à l'intérieur d'une
activité commerciale, devront nécessairementsur des
documents nécessaires à ces activités commerciales, quelle
que soit la forme d'activité faire connaître aux clients le
montant ou la forme de rémunération qui sera versée, quel
que soit le type d'activité commerciale au Québec?
Mme Payette: Je pense que c'est une question qu'on pourra revoir
au moment de l'étude du Code de protection du consommateur, en ce qui
concerne ce dont vous parlez. En ce qui concerne l'article 83 et la situation
qui nous occupe ici, je crois effectivement, non seulement qu'il est essentiel,
mais qu'il est bon que la population connaisse le coût du service rendu.
Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas dans le but de
desservir les courtiers, mais c'est peut-être, au contraire, dans le but
de dire à la population que le courtier, le service rendu, coûte
exactement tel pourcentage ou telle somme, et qu'on cesse, s'il n'y a pas de
raison, et si le service a été bien rendu, de dire que c'est trop
cher.
M. Giasson: Qu'on cesse de dire que c'est trop cher?
Mme Payette: J'ai bien dit, si le service a été
bien rendu.
M. Giasson: Mais Mme le ministre connaît assez les hommes,
pris au sens large du terme, l'être humain, si vous me permettez un mot
plus précis... Même si le service a été d'une
qualité indiscutable, il va toujours se trouver beaucoup de gens pour
affirmer ou déclarer que c'est trop cher.
Mme Payette: A ce moment-là, M. le député,
ces gens n'étant pas satisfaits du service rendu par leur courtier,
pourront toujours essayer un autre courtier pour voir si le service sera
meilleur.
M. Paquette: M. le Président...
M. Giasson: Lorsque je vous dis qu'un courtier a donné le
maximum de service qu'il peut donner à un client, très souvent,
les clients trouvent que c'est encore trop cher, même s'ils allaient voir
un autre courtier, ils vont se retrouver devant la même situation.
Mme Payette: M. le député, c'est la même
situation dans tous les autres domaines. On peut trouver qu'on paie trop cher
une tasse de café, ou que le repas servi au Parlementaire est trop cher.
On peut également trouver qu'un service rendu par un médecin est
trop cher, ou par un courtier est trop cher. Il y a toujours une marge
d'insatisfaction, j'imagine, dans la population.
Mais si le service est rendu correctement, si une personne trouve que le
service de son courtier est essentiel pour qu'elle se sente bien, par rapport
aux différents sujets qu'elle a à traiter avec une compagnie
d'assurances, je pense qu'il est bon, de part et d'autre, qu'on sache ce que
cela coûte et qu'on estime que le service rendu vaut ce qu'on a
payé.
M. Paquette: M. le Président... M. Lalonde: M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, il est peut-être
regrettable que cet article doive être étudie par la commission,
avant qu'une autre commission, ou celle-ci, puisse se pencher sur le Code de
protection du consommateur, parce que cela a l'air d'un article d'exception. Je
sais qu'il y a certains courtiers qui ont passé...
M. Giasson: C'en est un, certainement.
M. Paquette: II y a certains courtiers qui ont pu avoir
l'impression que cet article était particulièrement dirigé
contre eux. Particulièrement dans le domaine de l'assurance automobile,
je pense que l'amendement du ministre vient corriger, dans un même
domaine, ce qui aurait pu nuire au courtier, c'est-à-dire l'intention
que les citoyens pourraient avoir de transiger directement avec les compagnies
d'assurances. Maintenant, ils pourront voir également, quand ils
transigent au comptoir avec les compagnies d'assurances, sans avoir le service
d'un courtier... Ils ont peut-être des coûts en tout cas,
c'était la prétention de la Fédération des
courtiers qu'il y a, dans ces cas-là, des coûts qui sont du
même ordre que lorsqu'on transige avec un courtier : Je pense que
cela pourrait permettre à certaines personnes de se dire: Moi, je vais
au comptoir, mais cela me coûte aussi cher que si je passais par un
courtier. Pourquoi pas me prémunir des services d'un courtier?
J'aimerais dire que cela va assez loin cette chose-là, le
principe qui est derrière cela. Encore une fois, je regrette que cela
arrive tout seul. On va voir que dans le Code du consommateur, et
peut-être dans d'autres lois, la même philosophie anime le
gouvernement. Ce n'est pas parce qu'on a quelque chose de particulier contre
les courtiers, bien au contraire.
C'est une philosophie qui veut que les citoyens soient de plus en plus
conscients des choses qui les touchent. S'il y a un domaine qui touche les
citoyens, c'est bien la consommation. Les services qu'on paie, c'est la
façon dont notre chèque de paie est utilisé, est
divisé entre les différents services et les différents
biens de consommation. Qu'on sache exactement où va l'argent. Qui en
profite? Quel est le coût net des marchandises? Quelle est la valeur
ajoutée à telle étape ou telle autre étape?
Où les produits sont-ils faits?
Je pense que la prise de conscience de ce qui se passe, une certaine
responsabilité et une certaine conscience sociale, cela passe par
l'information des citoyens. Ce n'est pas beaucoup cela, ici, c'est une petite
chose, c'est une goutte d'eau dans l'océan, mais c'est l'exemple d'une
philosophie sociale extrêmement importante si on veut avoir une vie
sociale plus juste, plus équilibrée.
J'aimerais vous dire qu'il y a d'autres cas, il n'y a pas seulement les
courtiers qui sont soumis à un tel article. Il y a, entre autres, les
députés de l'Assemblée nationale, dont tout le monde
connaît le salaire et les indemnités, qui sont discutés et
qui constituent d'ailleurs un phénomène d'autocensure,
c'est-à-dire que les gens peuvent se permettre de discuter les services
que nous rendons à la population en fonction du salaire qu'ils nous
paient. Je pense que c'est un excellent principe qu'on a commencé
à appliquer à nous-mêmes et qu'il est normal d'appliquer
dans tous les secteurs de la vie où les gens se paient des services.
Qu'est-ce que ce serait si les salaires des députés
étaient cachés? Ce ne serait pas nécessairement si grave
que cela, mais cela empêcherait les citoyens de mettre en question,
d'évaluer les différents services, l'activité des
parlementaires en fonction du salaire qui leur est consenti.
Je pense que c'est un principe auquel nous devons tenir. J'ai
écouté les représentations des courtiers, en ce sens que
cela allait créer certains embêtements administratifs, que cela
prendrait un certain temps pour calculer la prime et l'inscrire sur la facture,
mais je pense que, quand on regarde cet objectif fondamental et cet objectif
global, cette idée de responsabilité du citoyen par l'information
doit primer pour autant qu'on ne fasse pas de discrimination envers les
courtiers face aux compagnies d'assurances, face à l'achat d'une
compagnie d'assurances au comptoir. Je pense que l'amendement qu'on a
déposé corrige cette situation.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'on doit
distinguer les deux alinéas, celui qui existe actuellement à
l'article 83 et l'amendement qu'on nous propose. Dans l'article 83, l'aspect,
je dirais, qui répugne un peu, c'est que les courtiers seront les seuls,
à peu près, à devoir révéler...
D'un autre côté, il y a une raison à cela. C'est que
le courtier, lorsqu'il envoie la facture, la prime, vend un produit et un
service. Je pense que cela ne répugne pas à l'esprit que le
client sache ce que le produit coûte et ce que le service coûte.
Quand un avocat envoie son compte c'est seulement un service le
client sait combien cela coûte. Le profit est là-dedans, s'il y en
a, mais au moins les frais sont dedans et on le sait à ce point de
vue.
M. Paquette: Exactement.
M. Lalonde: Dans l'amendement, je pense qu'on a un
problème, parce qu'on demande d'indiquer clairement le montant et le
pourcentage des frais de la mise en marché. Cela peut varier d'un
organisme à l'autre, selon qu'il est bien administré ou non. Cela
dépend des coûts de certains services à l'intérieur
je parle de cette mise en marché qui peuvent être
plus élevés dans certains secteurs de la province, moins dans
d'autres. Cela ne comprend pas du tout le profit, alors que, dans le premier
paragraphe, cela comprend le profit éventuel. Cela comprend tout le
coût, tandis que les frais de la mise en marché ne me semblent pas
un critère objectif qui permette d'atteindre les fins pour lesquelles on
veut justement légiférer. On n'atteint pas les mêmes fins
dans l'amendement qu'on a dans le premier alinéa.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que le député de Marguerite-Bourgeoys voudrait dire que
dans l'article 83, premier alinéa, le pourcentage ou la commission du
courtier devient un profit?
M. Lalonde: Non, mais dans la commission, il y a sûrement
un profit, j'espère.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, mais c'est parce qu'il y
a des frais d'administration...
M. Lalonde: II y a des frais d'administration...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... pour payer le courtier.
Il y a des salaires, il a un loyer...
M. Lalonde: ... il y a des frais fixes, il y a des frais de mise
en marché. Il y a le profit, il y a tout.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense que la
population...
M. Lalonde: Tout est compris, mais dans le deuxième
alinéa, il y a seulement des frais de mise en marché. Il n'y a
pas de frais fixe. Cela peut se calculer de différentes façons,
dépendant de l'organisation, de la structure qui est différente
d'une fois à l'autre. A un moment donné, le salaire de la
téléphoniste sera chargé au service de mise en
marché et elle travaillera peut-être pour d'autres services, et la
moitié de son salaire va être chargée à la mise en
marché, et l'autre moitié ailleurs, ou tout sera chargé
ailleurs pour que cela n'augmente pas les frais de mise en marché.
Il
peut y avoir un jeu là-dedans qui va faire manquer le but de cet
article.
M. Paquette: M. le Président, si le député
me le permet, je pense qu'effectivement, il y a un problème là,
mais on a répondu tantôt que le surintendant des assurances allait
discuter avec les compagnies. On sait que dans une compagnie, dans un organisme
quel qu'il soit, il y a moyen de budgéter par projet. Il s'agirait de
demander aux compagnies d'assurances de budgéter l'aspect, la fonction
de mise en marché et vente de l'assurance, à part des autres
activités de la compagnie, en attribuant, par exemple, une certaine
partie des frais fixes, une certaine partie des frais de personnel, de
façon que la constatation que pourrait faire le consommateur sur ce
coût, puisse être comparée d'une façon juste et
raisonnable avec la commission qui est payée au courtier lorsqu'il
transige par l'intermédiaire d'un courtier.
M. Lalonde: L'autre aspect, M. le Président...
M. Paquette: Cela m'apparaît se jouer à ce niveau.
Je pense qu'il est extrêmement important que vous l'ayez souligné;
il faut absolument que le surintendant des assurances établisse avec
toutes les compagnies une procédure de ce type.
M. Lalonde: M. le député de Rosemont, des propos du
ministre, on doit conclure que les négociations, dans quelque sens qu'on
l'entende, que ce soit avec le surintendant des assurances ou autrement, ne
sont pas terminées. On nous demande de légiférer ici,
comme membres de la commission, à propos d'un concept, d'inclure dans la
loi un critère, qu'on ne sait même pas qu'il va être
valable, alors que les négociations ne sont pas terminées d'une
part avec les assureurs, et d'autre part, alors que même si le
gouvernement s'apprête à proposer une loi pour tous les biens de
consommation à peu près dans le même sens, qu'on ne sait
pas réellement jusqu'où on va aller, comment on va pouvoir aller
jusqu'où on veut aller, quels critères on va employer pour
être juste envers tout le monde.
Quand un appareil récepteur de télévision ou de
radio, un grille-pain est vendu, il y a sûrement aussi des frais de mise
en marché. Si c'est l'intention du gouvernement d'exiger de tout
producteur ou vendeur de produits d'indiquer quel est le coût de la vente
en fait, c'est cela qu'on veut savoir il faudrait le faire pour
tout le monde, parce que ce sont trois réserves importantes que j'ai sur
l'amendement, à savoir qu'on n'atteint pas les buts qu'on recherche ou
on peut les manquer.
Deuxièmement, les négociations avec les assureurs ne sont
pas terminées, et troisièmement, on se trouve à imposer
cela à des assureurs pour l'amendement, alors qu'il me semble que ce
serait plus juste de l'imposer à tout le monde en même temps, si
jamais c'est la décision du législateur.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je pense qu'on peut diviser cette discussion en deux
parties, étant donné qu'il a deux paragraphes. En ce qui concerne
le premier paragraphe de l'article 83, je pense qu'il faut que je joigne ma
voix à celles des autres députés de l'Opposition qui ont
pris la parole là-dessus. Cela me paraît à tout le moins
discriminatoire, parce qu'on va demander aux courtiers de dévoiler, en
fin de compte, leurs profits, alors qu'on ne le demande pas dans tout autre
commerce actuellement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas le profit.
M. Fontaine: En tout cas, leurs honoraires ou leurs pourcentages
de commission. Je pense que dans d'autres situations, si le gouvernement veut
adopter, éventuellement, un Code de protection du consommateur, il
serait toujours possible d'en discuter à ce moment et possiblement, de
voter une loi qui prévoirait ce genre de chose.
Mais en ne le faisant que pour les courtiers, moi, ça
m'apparaît discriminatoire, parce que... Je ne sais pas... On pourrait
donner l'exemple d'une municipalité qui voudrait adopter une
réglementation pour dire que M. Untel n'a pas le droit de garder de
chien. Je pense que ce serait discriminatoire. Lorsqu'on veut adopter une
réglementation, il faut l'adopter pour l'ensemble de la population
régie par un gouvernement.
M. Paquette: ... régie par une loi.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que, dans le cas
actuel, le gouvernement fait de la discrimination à l'endroit des
courtiers d'assurances. C'est mon avis. Je pense que j'ai droit à mon
opinion, et vous pouvez être en désaccord avec ça. Mais je
pense que ceux qui sont en mesure de comprendre la situation vont se rendre
à cet argument.
Maintenant, il y a l'autre question, M. le Président, de
l'article 83, au paragraphe b). On demande aux compagnies de dévoiler
leurs frais de mise en marché. Je pense qu'il va y avoir un
problème. Je ne sais pas si les conseillers techniques peuvent nous
donner des renseignements là-dessus, ou le ministre. Les compagnies
d'assurances qui font affaires avec des courtiers ont également des
frais de mise en marché et, elles, elles ne seront pas obligées
de les dévoiler, tandis que les compagnies qui ne font pas affaires avec
des courtiers, qui font la mise en marché elles-mêmes, vont
être obligées de dévoiler leurs frais de mise en
marché. Je ne sais pas ce qui va se produire. Il me semble qu'il y
aurait... On peut peut-être employer le mot "discrimination" là
aussi, mais il y a une différence. En tout cas, il y aurait
peut-être des éclaircissements à donner.
Quand on demande également...
Mme Payette: M. le Président, si le député
me le permet, si on vous proposait d'échanger les mots "mise en
marché" pour "vente au comptoir"?
M. Lalonde: M. le Président, ça ne règle pas
le problème.
M. Giasson: Cela ne règle pas le problème.
M. Lalonde: Cela ne règle pas le problème, parce
que...
M. Giasson: Parce qu'à partir de là il y a toute
une série de coûts que le courtier doit supporter, qui font partie
de ses frais de mise en marché, qui dépassent le salaire
payé à une personne au comptoir qui peut recevoir les clients
elle-même. On désavantage encore plus...
Mme Payette: ... la mise en marché...
M. Giasson: Entre les deux, c'est la "mise en marché",
quoique la mise en marché, Mme le ministre, c'est
incontrôlable.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Giasson: II faudrait que le surintendant des assurances
maintienne des gens dans les bureaux de toutes les compagnies d'assurances qui
traitent directement avec le public ou par l'entremise de gens à salaire
pour véritablement contrôler les frais de la mise en
marché. Sinon, je ne peux pas concevoir qu'on puisse contrôler
ça. C'est trop facile de jouer à l'intérieur de ça.
On peut prendre du personnel dont on impute le salaire à d'autres
activités à l'intérieur du bureau et que ces mêmes
personnes, dans les faits, soient affectées à la vente et
représentent des coûts de vente ou de mise en marché, que
ce soit de façon totale ou partielle. Je ne peux concevoir qu'on puisse
contrôler, à moins d'avoir une équipe sur place, des
représentants ou des fonctionnaires du surintendant...
Une Voix: Des inspecteurs.
M. Giasson: ... des inspecteurs qui soient sur place et qui
voient de quelle façon on utilise le personnel tout le long du jour.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Nicolet-Yamaska, aviez-vous terminé?
M. Giasson: II peut arriver que des appels
téléphoniques soient pour régler des dossiers de
réclamation ou viennent du côté de la mise en
marché, et qu'on les impute aux dossiers de réclamation. C'est
flou à l'extrême. Il n'y a pas de contrôle qui
m'apparaîsse possible.
M. Saint-Germain: M. le Président...
M. Fontaine: J'aurais une question à poser, M. le
Président, à savoir si la régie serait également
prête à indiquer sur ses primes quel pourcentage de mise en
marché elle va avoir.
Mme Payette: Le président de la régie
prévoit un rapport annuel qui sera déposé devant
l'Assemblée nationale.
M. Paquette: Ce sera beaucoup plus détaillé que
ça.
M. Fontaine: Les compagnies d'assurances font toutes un rapport
annuel.
Le Président (M. Bertrand): Bon! M. le
député...
M. Giasson: D'ailleurs, M. le Président, il y a d'autres
éléments qu on pourrait examiner à l'intérieur de
ça aussi. Si on exige des assureurs, qu' procèdent avec des gens
à salaire ou qui font de la vente au comptoir, uniquement les frais de
la mise en marché et que ça serve de comparaison, ce serait
encore inégal, puisque l'intérieur de l'ensemble de la commission
perçue par un courtier, vous n'avez pas uniquement là-dedans les
frais de la mise en marché. Vous avez une partie de ces frais qui vont
au règlement des réclamations, c'est-à-dire du temps qui
est consacré, des coûts d'appels téléphoniques,
parfois même des voyages. Il y a toute une série de coûts
à l'intérieur de la commission qui ne sont pas affectés
directement à la vente, mais à d'autres activités qui ne
sont même pas inhérentes à la vente.
Je ne crois vraiment pas, en toute honnêteté, que le fait
d'ajouter l'amendement ou l'alinéa dans sa formulation présente
va permettre une comparaison équitable, loin de là. Je vous le
dis très sincèrement, il n'y a pas assez de possibilités
de contrôle, et il y a trop de jeux possibles à l'intérieur
de tout cela. On ne peut pas s'en remettre au libellé qu'on retrouve
dans l'alinéa de l'article 83.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, il y a, dans certaines
entreprises, une facilité à disséquer le coût des
services, le coût de la marchandise ou d'une assurance, comme dans le cas
qui nous occupe. Il y a des entreprises qui le font même dans un
marché libre. Par exemple les garagistes. On vous fait votre facture, on
dit: C'est tant pour telle pièce, et les services, ce sont tant d'heures
à tel taux et le tout est bien décrit. Dans d'autres
activités, c'est beaucoup plus difficile.
Mais il reste que si aujourd'hui les courtiers sont obligés de
dévoiler le coût des services qu'ils rendent, c'est par pur
accident. Cela ne s'intègre pas dans une loi générale.
Cela aurait été beaucoup plus intelligent d'inclure cet article
dans une loi générale pour protéger le consommateur, comme
Mme le ministre vient de le mentionner. Mais pour eux c'est déjà
fait, parce qu'il arrive par accident que dans un de leurs champs d
activités, on ait passé une loi comme le projet de loi 67. C'est
tellement discriminatoire pour les courtiers, que même à
l'intérieur de leur propre activité, ils ne seront pas
obligés de dévoiler le coût de leurs services. Ils vont
vendre une assurance automo-
bile, ils sont tenus par la loi de donner le coût de leurs
services. Ils vont vendre une assurance-feu, ils ne sont plus obligés du
tout. Une assurance-vie, ils n'ont aucune obligation. C'est discriminatoire
à l'intérieur même de leurs activités.
Ce n'est pas avec cela qu'on va changer la face de la province; un
article comme celui-là est un article qui a une importance très
relative. Il a peut-être beaucoup d'importance pour les courtiers, mais
il reste que pour l'intérêt du public, c'est sans
conséquence. Ce n'est pas le fait que les courtiers vont dévoiler
le coût de leurs services pour la vente de polices d'assurance automobile
qui va changer grand-chose dans la protection du consommateur.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le
député de Jacques-Cartier me permettrait une question?
M. Saint-Germain: Ceci étant dit...
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-il d'accord...
M. Saint-Germain: Après si vous voulez bien. Je crois que
cet article, à mon avis, ne devrait pas exister. On l'a tellement senti,
d'ailleurs, que, sous la pression des courtiers, on a créé un
certain équilibre entre l'assureur qui passe par les courtiers et celui
qui ne passe pas. Parce que cela semblait un peu odieux d'obliger les courtiers
à dévoiler leurs coûts et de ne pas obliger l'assureur qui
va directement à son client à dévoiler les siens. Pour
sauver la face, on arrive avec un amendement. Amendement qui ne sera
très probablement pas applicable. On laisse cela au surintendant des
assurances, mais dans la loi c'est fait. Si le surintendant des assurances
trouve que cette partie de la loi n'est pas applicable, il va sourire et
établir des barèmes. Les assureurs fourniront à peu
près les chiffres qu'ils voudront bien fournir, parce que, en fin de
compte, comment voulez-vous qu'on puisse réellement disséquer le
coût de la mise en marché pour un assureur qui va directement
à son client? Il y a simplement, par exemple, toute cette question des
annonces. Un assureur qui passe par les courtiers va s'annoncer à la
télévision, dans les journaux, partout. En plus, le courtier va
s'annoncer lui aussi, soit dans les journaux, à la radio ou simplement
par des contacts personnels en invitant quelqu'un à "luncher" et ainsi
de suite.
L'assureur qui passe directement au public va s'annoncer lui aussi. Il
va faire une annonce dans le journal, à la télévision ou
ailleurs et à même son annonce il va annoncer l'endroit où
est situé son bureau de distribution. Comment disséquer le
coût de la publicité si on veut mettre tout le monde sur le
même pied comment disséquer le coût de la
publicité qui sera payable ou considérée comme
étant la publicité faite pour l'assureur comme tel et la
publicité qu'il fait comme vendeur. C'est impossible.
Alors, l'amendement n'est absolument pas valable. C'est un amendement.
On a pensé faire plaisir aux courtiers qui venaient ici. On a dit:
Tiens... Alors, personnellement, je suis contre cet article, je le trouve
absolument inutile, bien que je ne m'oppose pas au principe, à un
principe qui voudrait que, pour tous les gens du Québec, pour tous les
soins reçus par les citoyens du Québec, lorsqu'ils facturent leur
client, il y ait un meilleur traitement. Moi, en principe... Mais, si on le
fait, on le fait pour tout le monde. On ne le fera pas seulement pour les
courtiers.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Un instant. M. le
député de Champlain, M. le député d'Outremont, M.
le député d'Iberville, M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je vais laisser parler mes collègues.
M. Gagnon: Je suis entièrement d'accord sur cet amendement
parce qu'à mon point de vue, il vient réparer une injustice qu'il
aurait pu y avoir entre les courtiers qui doivent faire connaître leurs
frais, leurs coûts, leurs profits et la compagnie qui transige
directement avec le client; on ne les place pas sur le même pied. Je
pense que les compagnies connaissent très bien leur coût de vente
puisqu'une compagnie choisit la forme de représentation qu'elle doit
prendre pour la clientèle. Quand on a rencontré des
représentants de compagnies qui sont venus en commission parlementaire,
plusieurs nous ont mentionné leur coût de vente. Alors, ces
compagnies savent très bien que, si on vend directement au comptoir ou
par l'entremise d'agents qui vont directement à domicile, on peut
déterminer je ne sais pas jusqu'à quel point; il faudra
trouver des formalités pour le faire on peut facilement
déterminer le salaire, le même coût, en fait, que le
pourcentage, par exemple, qu'on donne à un courtier. Je pense que cet
amendement doit être accepté et vient tout simplement
rétablir l'équité et une concurrence plus juste entre les
compagnies qui vendent directement et celles qui passent par le courtier.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais dire, au
départ, que je suis en faveur du principe qui est recherché dans
cet article et l'amendement. Le principe que je vois dans cet article, c'est
une information plus complète au consommateur, une information qui me
paraît absolument indispensable si nous voulons, en même temps,
donner une véritable liberté de choix à ces consommateurs.
Je suis donc tout à fait d'accord sur la recherche des formules qui
appliqueront ce principe. Malheureusement, ce que nous avons devant nous
aujourd'hui est une improvisation parce que nous avions un article, au
départ, qui était l'article 83, dans lequel on a pensé
qu'on donnerait de l'information au consommateur, une information pertinente,
en demandant au courtier de révéler le montant, le pourcentage de
la commission qui est versée au courtier d'assurances. Comme on l'a dit
tout à l'heure, cela a l'air curieux, on veut imposer
cela seulement aux courtiers. On ajoute, à la dernière
minute, un autre amendement qui s'applique aux assureurs. Or, pour les
assureurs, et en relation avec les courtiers, je voudrais suggérer qu'en
fait, c'est ajouter l'insulte à l'injure parce que, dans le cas des
courtiers, ce que nous demandons au courtier de révéler, ce sont
les recettes brutes, le montant de la commission qui est versée au
courtier, c'est la recette brute du courtier. Qu'est-ce qu'on demande aux
assureurs? De révéler une partie des coûts et ces
coûts, ce sont des coûts qui sont définis de façon
tellement vague et tellement approximative que ce n'est pas pratique, ce n'est
pas applicable. Les frais de mise en marché, c'est un concept qui n'a
pas de contenu légal. C'est un concept qui a peut-être un contenu
approximatif dans l'industrie, mais qui ne peut pas être appliqué
de façon stricte.
On l'a dit tout à l'heure, si on applique un article comme
celui-là, il est évident, de prime abord, que les entreprises
concernées vont pouvoir déterminer elles-mêmes ce qu'elles
voudront mettre dans les frais de mise en marché, ce qu'elles voudront
exclure des frais de mise en marché et que ceci sera tout à fait
arbitraire de toute manière.
Je pense donc qu'un article comme celui-là ne pourrait, ne
devrait être apporté qu'après des consultations
approfondies avec les entreprises concernées, ce qui n'a pas
été fait. On nous demande ici de voter un amendement sans qu'on
ne sache s'il pourra être appliqué, sans qu'on ne sache de quelle
façon il sera appliqué et sans qu'on ait même
consulté les premiers intéressés. C'est pour cela que je
trouve que c'est un article improvisé et un article qui pourrait
être punitif à l'égard des courtiers d'assurances, parce
qu'au fond, c est seulement pour eux que la clause est claire, mais qui
révèlent des recettes brutes que, de toute manière, les
consommateurs vont avoir tendance à comparer avec une partie, infime
peut-être, des coûts d'un assureur.
C'est dans ce sens que je dis que c'est un article qui ne devrait pas
être introduit à ce stade-ci. Je pense, comme il a
été suggéré également tout à l'heure,
que l'intention de cet article devrait être appliquée. On devrait
lui donner suite, mais dans le cadre d'une loi générale. Et comme
le ministre a déjà annoncé un tel projet sur la protection
du consommateur, je suggère fortement qu'on retire l'article qui est
présenté dans le cadre de cette Loi sur l'assurance automobile et
qu'on l'examine de nouveau, qu'on le réintroduise au besoin dans le
cadre du projet déjà annoncé sur la protection du
consommateur.
J'espère qu'à l'occasion d'une loi générale
comme celle-là, on va pouvoir trouver des modalités qui vont
être plus acceptables, plus pratiques et administrativement acceptables
et qu'on atteindra les buts poursuivis sans imposer des règles qui me
paraissent, à ce stade-ci, excessives à tous égards.
Je ne sais pas si je suis conforme au règlement de proposer le
retrait de cet article, mais je pense que c'est exactement ce que j'ai à
l'esprit. Si c'est réglementaire, je propose qu'on retire
carrément l'article 83, de même que l'amendement, quitte à
le réintroduire dans le projet de loi sur la protection du consommateur
sous une autre forme.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont, je comprends très bien votre intervention et votre
intention, mais il n'est pas possible, à ce moment-ci, de proposer le
retrait de l'article 83; la façon d'exprimer concrètement votre
désir, c'est de voter contre l'article 83.
M. Lalonde: Question de directive. M. le Président. Vous
venez de dire qu'il n'est pas possible de proposer le retrait, est-ce que,
d'après vous, d'après le règlement, le ministre pourrait
retirer l'article 83, ainsi que l'amendement?
Le Président (M. Bertrand): Oui, car il y a un article
dans notre règlement qui permet a celui qui est responsable du projet
d'article ou d'amendement, de le retirer, même au moment où il a
été mis en délibération.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais simplement
ajouter que je pense que c'est je n'ai pas consulté mon
collègue d'Outremont en fait, le sens de son intervention qui
suggérait au gouvernement de le retirer.
M. Raynauld: Oui.
M. Lalonde: Parce que ce n'est pas une réponse.
M. Raynauld: Je ne suis pas ici pour gagner des points.
M. Lalonde: Est-ce que vous allez le retirer? Non?
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, les principes de
base qu'on retrouve dans cet article me semblent très valables, mais la
question que je me pose rejoint les propos du député d'Outremont,
pour avoir travaillé à une autre commission, celle des affaires
municipales.
Quand il y a un article qui ne va pas dans un cadre
général, il semble qu'il est toujours préférable de
l'encadrer dans une loi où il va dans un cadre
général.
Comme l'article qu'on retrouve ici me semble aller plutôt dans le
cadre d'un futur projet de loi sur la protection du consommateur, et je crois
aussi qu'il pourrait toucher également diverses professions, je crois
que cela serait préférable de le retirer et de l'ajouter
plutôt au projet de loi sur la protection du consommateur.
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Pardon, le
député de Rosemont avait demandé la parole avant. Ensuite,
il y aura le député de Nicolet-Yamaska et le député
de Jonquière.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'on a fait
état, et on a l'accord de plusieurs membres de l'Opposition, sauf celui
du député de Nicolet-Yamaska, du principe selon lequel il est
nécessaire que les consommateurs connaissent les montants des services
dont ils paient les frais.
Il est étonnant que le député de Nicolet-Yamaska ne
soit pas d'accord sur cela puisque, dans sa pratique, en tant qu'avocat, il a
dû lui arriver, en tant que professionnel, d'envoyer des notes de
services à ses clients. Je pense que c'est, effectivement...
M. Fontaine: Ce n'est pas un bien que je vendais.
M. Paquette: M. le Président, je pense que, dans le cas
des courtiers, c'est un service également, ce n'est pas un bien.
M. Fontaine: Je n'ai pas dit que je n'étais pas d'accord
dans le cas des courtiers, j'ai dit que je n'étais pas d'accord, pour
l'instant, pour étendre cela à tout le monde, dans le commerce en
général.
M. Paquette: C'est très bien.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous vous trouviez seul dans
votre position et vous venez de changer d'idée.
M. Paquette: Parfait.
M. Lalonde: Avec le député d'Iberville, on fait un
front commun.
M. Fontaine: Je n'ai pas changé d'idée, je n'ai
jamais pris la parole là-dessus. C'est vous qui avez
interprété mes signes de tête.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous vous sentiez solitaire
dans votre position.
M. Fontaine: M. le Président, on interprète des
signes de tête de l'autre côté. Je pense qu'on va un peu
loin.
M. Paquette: M. le Président, je rectifie donc. Je pense
que nous sommes tous d'accord sur le principe voulant que, comme dans la
plupart des corporations professionnelles, les clients connaissent le
coût des services qu'ils paient.
Le problème, c'est que cela existe déjà, dans la
plupart des corporations professionnelles, je crois, et on a devant nous un
projet de loi qui concerne l'assurance automobile et qui, indirectement,
contient certains articles qui touchent les courtiers.
Ce qui serait injuste, ce serait de mettre ce principe, qui
m'apparaît important, dans la loi, sans assurer une certaine justice,
face au cas des personnes qui transigent directement avec les compagnies
d'assurances.
On a fait état des difficultés de l'amendement soumis ce
matin par le ministre, en disant qu'il serait difficile d'évaluer de
tels services fournis directement par une compagnie d'assurances.
M. le Président, j'aimerais vous dire que le rapport Gauvin, aux
pages 154 et suivantes, traite justement de la mise en marché, par les
courtiers et par les compagnies d'assurances et trouve le moyen, à
l'aide d'un certain nombre de critères, d'évaluer le coût
de ces services, qu'ils soient offerts par les courtiers ou par les compagnies
d'assurances.
Il est donc possible de déterminer ces coûts de
façon juste. Je vais dire ce que j'entends par une façon juste de
le faire. Il faut que ces coûts se basent sur des évaluations
comparables aux frais des courtiers, par exemple, une part des profits des
compagnies d'assurances doit passer dans le service de mise en marché;
une part de la publicité aussi; une part du service
téléphonique; des secrétaires qui y sont affectées;
du coût de maintien d'un bureau, de personnel pour répondre aux
clients qui vont sur place. Je ne suis évidemment pas en mesure de
déterminer avec précision ce mode de calcul qui serait
équitable, face au coût du service rendu par les courtiers, mais
je dis simplement que c'est possible. Par conséquent, il me semble qu'il
est possible de préciser l'amendement du ministre en s'assurant que ceci
sera fait, et de façon équitable, par rapport aux services
offerts par les courtiers.
J'ai l'intention de déposer un amendement. Je vais déposer
un amendement à l'article tel que présenté par le ministre
et qui consisterait à ajouter, à la fin de ce qui est maintenant
le deuxième alinéa, les mots suivants "tel que prescrit par le
gouvernement sur recommandation du surintendant des assurances".
Actuellement, le deuxième alinéa se lit comme suit:
"L'assureur qui ne fait pas affaires par l'intermédiaire de courtiers
doit, sur tout document faisant état du montant de la prime
exigée pour le contrat d'assurance, indiquer clairement le montant et le
pourcentage de ses frais de mise en marché".
Mon amendement a pour effet de dire que ceci sera fait par un
système, à l'aide de normes, prescrit par le gouvernement, parce
que c'est lui qui a l'autorité, je pense, de le faire, sur
recommandation du surintendant des assurances, qui a le mandat, ailleurs dans
la loi, d'obtenir les documents appuyant les estimations de coûts des
compagnies d'assurances et qui est également en contact continuel avec
ces compagnies et qui est probablement le mieux placé, en s'inspirant du
rapport Gauvin, en s'inspirant de méthodes qu'on connaît bien dans
l'entreprise, qui consistent à budgétiser par projet je
pense qu'on peut dire qu'il s'agit vraiment de cela ici et, à
l'aide de ces informations, le surintendant des assurances sera en mesure de
recommander au gouvernement des normes qui permettraient une juste
évaluation de l'équivalent du service rendu par les
courtiers.
Je dis que si cet amendement était adopté, cela
permettrait à la personne qui transige directement avec une compagnie
d'assurances de s'apercevoir que le service que lui donne le courtier ne
coûte pas très cher, coûte très peu ou ne coûte
rien, dans certains cas, face au fait de transiger directement avec les
compagnies d'assurances, et qu'elle se rendra compte qu'il est avantageux pour
elle de passer par un courtier d'assurances, ce dont personnellement je suis
convaincu.
Je dépose donc cet amendement. Je vais vous le déposer par
écrit immédiatement pour la transcription.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska. Maintenant, on parle sur l'amendement.
M. Fontaine: C'est sur la motion d'amendement. Sur l'amendement,
vous pouvez y aller.
M. Lalonde: II faut attendre que l'amendement qu'on est en train
de griffonner vous parvienne, M. le Président.
M. Paquette: Je ne suis pas en train de griffonner, je suis en
train d'écrire, M. le Président.
M. Lalonde: Excusez-moi, j'avais pensé qu'on avait la
guillotine qui nous pendait sur la tête, qu'on était en train de
faire son testament.
M. Vaillancourt (Jonquière): Les condamnés semblent
résignés.
M. Perron: La vôtre, vous l'avez faite pendant les six ans
et demi que vous avez été là.
M. Lalonde: Je pense que le député de
Jonquière fait erreur. Il se méprend sur le ton que nous avons
tenu depuis une demi-heure mais que nous sommes en train de laisser, devant
l'improvisation épouvantable du gouvernement. Dans quatre heures et
trois quarts, nous aurons mis fin aux travaux, d'après un ordre de la
Chambre, notre maître.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous l'avez voulu. Vous
n'avez pas voulu travailler. Cela fait trois semaines que vous refusez de
travailler. Vous commencez à travailler.
M. Lalonde; Cet après-midi, le ministre a choisi
lui-même de proposer à l'article 83 un amendement écrit
à la main...
M. Paquette: On va trouver d'autres trous dans deux mois, ne vous
en faites pas. C'est toujours comme cela.
M. Lalonde: M. le Président, on est censé
être en retard.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas la forme qui
compte, c'est le contenu.
M. Lalonde: On est censé avoir mis trop de temps sur des
articles. Il a choisi de nous proposer un amendement écrit à la
main, tellement improvisé que même Mme le ministre a
suggéré de changer "les frais de mise en marché" pour
autre chose. Après cela, cela ne marche pas, on revient à "mise
en marché".
Mme Payette: Question de règlement, M. ie
Président.
M. Lalonde: Le député d'Iberville s'est
déclaré en faveur du retrait...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre!
Mme Payette: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: ... du sous-amendement.
Mme Payette: Je n'ai pas proposé un amendement en
suggérant qu'on change "mise en marché". J'ai demandé si
"vente au comptoir" paraissait plus satisfaisant. Ce que je recherchais,
c'était justement de me faire dire que "vente au comptoir", que nous
avions envisagé, ne comprenait pas les coûts que nous cherchons
à dévoiler.
Le Président (M. Bertrand): L'amendement du
député de Rosemont va dans le sens de modifier le deuxième
alinéa en ajoutant, à la fin, "tel que déterminé
par le gouvernement sur recommandation du surintendant des assurances".
Une Voix: C'est "déterminé", ce n'est plus
"prescrit".
M. Paquette: C'est "déterminé".
Une Voix: Vous avez dit "prescrit dans la loi".
M. Vaillancourt (Jonquière): Là, c'est
déterminé.
M. Raynauld: Vous ne voulez pas de règlement?
M. Lalonde: Vous ne voulez pas utiliser le mot "prescrit" qu'on a
si gentiment décrit?
M. Paquette: Je pense qu'il ne s'agit pas de prescrire un
montant, mais de déterminer des conditions dans lesquelles on va faire
l'évaluation. C'est une suggestion du conseiller légal.
Personnellement, je n'ai pas de préférence.
M. Raynauld: On n'en est pas à un changement
près.
Le Président (M. Bertrand): Sur l'amendement?
M. Lalonde: Est-ce qu'il est reçu?
Le Président (M. Bertrand): II est reçu.
M. Lalonde: J'avais déjà commencé à
faire l'entrée en matière de ce sous-amendement.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur cet amendement.
M. Lalonde: Sur l'amendement. Un amendement de la part du
député de Rosemont...
M. Vaillancourt (Jonquière): Le nouvel article
était une motion principale.
M. Lalonde: ... à l'article du ministre dont le retrait a
été exigé par le député d'Iberville
tantôt, qui fait front commun avec l'Opposition officielle et les autres
oppositions.
M. Paquette: Qui, j'espère, va changer d'idée.
M. Lalonde: Je ne le sais pas, il faudrait peut-être aller
chercher le député de Maisonneuve, mais son factotum est ici, le
député de Saint-Jacques vient de rétablir l'ordre.
M. Perron: II reste tout de même qu'il en a le droit
à l'intérieur de notre parti, vous savez cela? Oui! Vous autres,
vous n'en avez pas le droit, mais nous autres, on l'a!
M. Lalonde: Cela n'arrive pas assez souvent. Vous devriez le
faire plus souvent.
M. Perron: C'est à notre discrétion.
M. Lalonde: La dernière fois que vous l'avez fait, vous
vous êtes fait rappeler à l'ordre par les "boss" qui sont venus
s'asseoir ici dans le siège que le député de Saint-Jacques
vient de prendre. Le député d'Iberville, j'espère, va
avoir le courage de ses opinions comme il a eu celui de les exprimer
tantôt.
M. Perron: Vous interprétez quelque chose que vous avez lu
à l'intérieur des cadres de votre parti.
M. Lalonde: Je pense qu'il est absolument inacceptable de
travailler ici avec la sage opinion de l'Assemblée nationale,
appuyé par la dictatoriale majorité du Parti
québécois...
Une Voix: Question de règlement.
M. Lalonde: ... parce qu'on prend trop de temps. On a
décidé de l'autre côté qu'on prenait trop de temps
sur les articles. On est rendu à l'article 83, que le ministre
lui-même a proposé, pas nous. On a été très
gentil. On a laissé sauter de l'article 22 à l'article 80,
à l'article 83.
Une Voix: Le charriage recommence.
M. Lalonde: Là, on nous offre un amendement à une
motion, qui est une motion principale de par la tradition, mais qui est aussi
une nouvelle motion principale qui a tout le caractère d'un amendement
griffonné sur le coin d'un bout de papier sur le coin de la table cet
après-midi, à la mine... non à la plume... Excusez-moi, M.
le Président.
M. Paquette: A la mine.
M. Lalonde: A la mine, cela va bien.
M. Perron: Cela fait trois semaines et demie que vous faites
cela, vous autres.
M. Lalonde: On vient reprocher aux courtiers de ne pas faire leur
travail comme du monde. On leur lance des jugements globaux, à savoir
qu'on doit les éliminer de toutes sortes d'activités. On impose
des lois grossières. On met nos gros sabots pour tenter de tout
régler, de tout réglementer, alors que le gouvernement n'est
même pas...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre A l'ordre!
M. Paquette: Est-ce que je peux poser une question au
député?
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 96. C'est faux, ce
que vous dites là, et vous le savez!
M. Lalonde: ... capable de préparer des amendements qui
ont du bon sens, alors que, dans quatre heures, on va être
bâillonné...
M. Paquette: M. le Président...
M. Lalonde: On n'est pas bâillonné avant minuit, par
exemple.
M. Paquette: ... est-ce que je peux poser...
M. Lalonde: Je trouve cela absolument dégueulasse...
M. Paquette: Est-ce que je peux poser une question?
M. Vaillancourt (Jonquière): Votre intervention est
dégueulasse, c'est vrai!
Une Voix: Ce qui est dégueulasse, c'est la façon
dont vous avez travaillé.
M. Lalonde: Si le mot est antiparlementaire, je le retire.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Perron:
De la démagogie!
M. Paquette: Est-ce que je peux poser une question au
député de Marguerite-Bourgeoys? Est-ce que le
député de Marguerite-Bourgeoys s'oppose à ce qu'on fasse
le travail de toute
commission, c'est-à-dire que, quand on s'aperçoit qu'il y
a un article qui n'est pas tout à fait satisfaisant et on va en
voir d'autres dans deux mois, dans trois mois, dans un an, et à un
moment donné il va y en avoir assez qu'il va falloir amender le projet
de loi, comme n'importe quel projet de loi est-ce qu'il a objection
à ce qu'on fasse notre travail en commission, qu'on dépose des
amendements et lorsqu'une idée nouvelle se dégage de la
discussion, qu'on en tienne compte? Il me semble que c'est démocratique.
On essaie de tenir compte de vos opinions pour bonifier le texte d'un
article.
M. Lalonde: La question est posée. La réponse,
c'est qu'abstraitement, dans des conditions normales, même
concrètement dans des conditions normales, oui, c'est le but, mais quand
il nous reste quatre heures et trois quarts à délibérer
sur encore quelques centaines d'articles ou presque, je trouve cela absolument
inacceptable. C'est rire du monde que de venir nous présenter une
motion, en fait, qui est une motion d'amendement, simplement pour essayer de
sauver la face, qui ne tient pas debout, que, très honnêtement,
comme l'a toujours fait le député de Rosemont, tente de
raccrocher... Je ne suis pas, en principe, en désaccord avec le
sous-amendement ou, en fait, l'amendement à l'amendement qui
n'était pas un amendement. Je ne suis pas en désaccord avec cela,
mais qu'est-ce qu'on fait ici actuellement? Il est 17 h 20, cela fait presque
une heure qu'on est sur des griffonnages du gouvernement, alors qu'on a une
guillotine pour laquelle le député a voté, j'en suis
sûr... S'il était là, il a voté en faveur de la
guillotine. Lui-même a décidé de mettre fin à nos
travaux à minuit...
M. Paquette: Certainement, M. le Président. Cela n'a
jamais si bien été...
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai parlé en faveur
de la guillotine.
M. Lalonde: Tout ce qu'on fait actuellement, c'est rire du
monde.
Une Voix: Je ne m'en vanterais pas à votre place.
M. Lalonde: Je trouve cela absolument inacceptable.
M. Paquette: Article 96...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Qu'y a-t-il, M. le
député de Rosemont?
M. Paquette: Ce sera très bref. C'est parce que c'est la
deuxième fois, et le député de Marguerite-Bourgeoys vient
de dire que nous présentons cet amendement pour sauver la face. Ce n'est
pas la première fois, M. le Président, devant cette commission,
que j'ai défendu l'idée que les courtiers devaient, pour
humaniser le régime, servir d'intermédiaires entre la population
et la régie dans tous les secteurs où ils seraient utiles, et ces
amendements, que nous présentons aujourd'hui, sont tout simplement une
conséquence de cette attitude générale. Les
négociations entreprises avec les courtiers et cette idée de leur
donner éventuellement un cadre juridique dans lequel ils pourraient
fonctionner est également une conséquence de cette attitude, M.
le Président.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai plus rien à
dire sur l'amendement. On va reprendre le débat sur...
M. Raynauld: D'habitude, on fait ça après...
Le Président (M. Bertrand): Sur le sous-amendement dont
vous parlez? Sur l'amendement?
M. Raynauld: Sur l'amendement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je voulais simplement dire
un mot. Il me semble que si on s'oppose autant à cette façon de
procéder, c'est parce qu'on joue ici avec des carrières et avec
le succès ou la faillite d'industries entières...
M. Perron: Ah!
M. Raynauld: ... et qu'on ne peut pas faire ça, comme
ça, à la dernière minute, changer des articles de loi. On
a l'air de penser qu'un article de loi, ça n'a aucune espèce
d'importance, qu'on pourra peut-être... Je pense, d'ailleurs, que si on
continue comme ça, c'est peut-être parce que le gouvernement a
l'intention d'apporter d'autres amendements d'ici une semaine, d'en apporter
d'ici deux semaines, mais on ne peut pas travailler comme ça.
Quand on présente un projet de loi comme ça, il faut, il
me semble, discuter avec les gens qui connaissent ça. Nous-mêmes,
on ne connaît ça qu'à moitié. On n'est pas dans ce
métier-là, nous, sauf exception de deux ou trois ici qui ont pu
avoir une expérience plus directe, mais on fait ça après
consultation. On ne fait pas ça en arrière d'une table en disant:
Bon! On va changer ça, parce que ça n'a pas l'air de fonctionner
très bien.
M. Paquette: Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il n'y a pas eu de
consultation?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Raynauld: Parce que le ministre nous a dit tout à
l'heure qu'il n'y avait pas eu de consultation en ce qui concerne les
assureurs.
M. Lalonde: Cela va se faire.
M. Raynauld: Là, le surintendant va s'engager dans des
conversations, va discuter, mais l'amendement va être adopté avant
que le surintendant
ait complété ses discussions avec l'industrie
concernée, avec les gens qui sont là-dedans, qui en font leur
carrière, qui en font leur vie. Et nous, on joue avec ça
exactement comme s'il s'agissait de rien du tout, comme s'il s'agissait de
fermer une fenêtre ou de l'ouvrir et là, on nous apporte, comme
ça, à la dernière minute... Moi, je trouve que c'est une
improvisation absolument inadmissible. Ce n'est pas tellement sur le fond...
C'est peut-être possible qu'on puisse apporter, avec ce sous-amendement
ou cet amendement, une légère amélioration à
l'affaire, mais c'est plus profond que ça. Le problème, c'est que
cela n'a pas été pensé. Cela n'a pas été
réfléchi. Cela n'a pas été préparé.
Ce n'est tellement pas préparé qu'on arrive à une
commission parlementaire où le gouvernement lui-même apporte des
amendements à la dernière minute, comme on l'a dit tout à
l'heure, quatre heures avant une guillotine. Imaginez ce qui aurait pu se
passer dans tout le reste du projet de loi. On n'aura pas le temps de passer le
reste du projet de loi. Peut-être que le ministre aurait eu d'autres
bonnes idées comme ça pour faire des changements. On nous apporte
des amendements la dernière journée, juste avant la guillotine,
et après, on va dire que c'était le temps de l'imposer, la
guillotine. Moi, je ne comprends rien.
M. Charron: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, les soubresauts de
l'Opposition sont intéressants, ce qui nous prouve que, malgré
les longues heures passées par la commission à étudier ce
projet de loi, il reste encore un fond d'énergie.
M. Raynauld: On en a beaucoup plus que vous ne le pensez.
M. Charron: Dommage! Je pense que les collègues, si je
prends la sincérité de leurs propos, sont en train de
témoigner d'un profond regret qu'ils ont à avoir fait perdre le
temps de la commission sur une série de motions préliminaires,
série d'interventions ridicules qui se répétaient les unes
après les autres, sur d'autres articles, alors qu'ils se rendent compte
eux-mêmes, au moment où la Chambre nous a retiré la
confiance sur l'efficacité de notre travail ici en commission, qu'on
aurait eu avantage, effectivement, dès le 10 novembre, où cette
commission a été convoquée, à siéger, jour
après jour, plutôt que d'essayer de "foirer" comme on l'a
fait...
M. Raynauld: On a commencé le 29, jour après jour,
pas le 10 novembre.
M. Charron: On aurait pu...
M. Saint-Germain: C'est le 29 novembre, pas le 10. Pourquoi
lancer des chiffres en l'air?
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Raynauld: Vous dites n'importe quoi!
M. Saint-Germain: Pas dire n'importe quoi! Des faits! Des
faits!
M. Charron: On aurait pu, à partir de ce moment...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Raynauld: Ce n'est pas le 10. Le 10, le projet de loi a
été déposé.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Saint-Germain: D'où ça vient, ça, le
10?
M. Charron: On aurait pu, à partir de ce moment...
Une Voix: Voyons donc!
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: On s'est réuni le 16 sans succès, le
22 sans succès, le 29...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Paquette: On a commencé à travailler
sérieusement le 30.
M. Raynauld: On a commencé le 29. Le Président
(M. Bertrand): Du calme!
M. Lalonde: Est-ce que le ministre, député de
Saint-Jacques, me permettrait une question? Se souvient-il qu'il a
lui-même proposé l'ajournement sine die de cette même
commission?
M. Charron: Exactement. Et je me souviens... M. Lalonde:
Bon. Ce n'est pas nous, c'est lui.
M. Charron: La porte ouverte par le député de
Marguerite-Bourgeoys va se refermer sur ses doigts.
M. Lalonde: Expliquez. Vous n'étiez pas prêt.
M. Charron: Je vous ai proposé, lorsque je suis
allé en commission parlementaire, avant le dépôt de la
tarification par le gouvernement, puisque vous faisiez des objections "flu-flu"
les unes après les autres, sur le fait qu'en votre âme et
conscience, vous ne pouviez procéder à l'examen du projet de loi
tant et aussi longtemps que le gouvernement ne se prononcerait pas sur les
échelles de tarification, qu'il vous était impossible de vous
préparer, d'offrir un règlement...
M. Saint-Germain: Question de règlement. M. Charron:
... satisfaisant...
M. Saint-Germain: Le député de Saint-Jacques n'a
pas le droit de mentir. Ce n'est pas l'échelle de tarification qu'on
demandait exclusivement.
M. Paquette: Question de règlement. 96, c'est à la
fin de l'intervention.
M. Saint-Germain: On demandait les études actuarielles qui
soutenaient tout le...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Vous
rétablirez les faits.
M. Charron: C'est faux.
M. Saint-Germain: Vous ne connaissez pas le dossier, pas du
tout.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: Je vais rappeler au député de
Jacques-Cartier, si sa mémoire est à l'équivalent de son
imagination, de les mettre conjointement à l'oeuvre pour comprendre
très bien que, lorsque je me suis adressé en commission
parlementaire, au moment où vous faisiez des montagnes avec des chiures
de mouches pour ne pas procéder à l'article 1, réclamant
tantôt la tarification, tantôt le rapport Gauvin, tantôt
ceci, tantôt cela...
M. Saint-Germain: Tantôt le rapport Gauvin. Le
Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Charron: Le témoignage de M. Gauvin. Avez-vous
réclamé le témoignage de M. Gauvin, oui ou non?
M. Saint-Germain: C'est très éloquent votre
affaire. On l'avait, le rapport Gauvin.
M. Charron: Avez-vous réclamé le témoignage
de M. Gauvin, oui ou non?
M. Lalonde: Laissons le député-ministre continuer
à divaguer, M. le Président. On va perdre encore du temps. Il est
en train de faire le "filibuster" du gouvernement.
M. Charron: Ce que je veux dire, ce que je rappelle aux
collègues de l'Opposition ce soir, c'est que, voyant que vous perdiez le
temps de la commission, à ce moment-là, et pour éviter que
la confiance de la Chambre à l'étude article par article vous
soit retirée, je suis allé en commission moi-même pour vous
présenter, en acceptant le bien-fondé de vos objections je
ne les croyais pas, je me suis rendu à vos objections quand même
je vous ai dit: Est-ce que l'on ne pourrait pas... D'accord, vous voulez
avoir la tarification, vous voulez avoir la mer et le monde en même
temps, au fond...
M. Saint-Germain: On n'a même pas les règlements
à ce stade-ci.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Charron: Voulez-vous me laisser parler!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Saint-Germain: Parlez sensément. M. Paquette:
Vous répondrez après.
M. Charron: Parce que vous demandiez la mer et le monde...
M. Paquette: Ils n'ont pas de mémoire.
M. Charron: ... auparavant, parce que vous n'étiez pas
préparés à vous prononcer sur le principe de l'article 3
ou sur le principe de l'article 5, parce que juste étudier la
définition de "automobile" réclamait de votre part une
encyclopédie, parce qu'il aurait fallu vous définir ce
qu'était un "garage" à partir d'une étymologie du
dictionnaire Larousse, parce que ces messieurs ne voulaient pas procéder
à l'étude de l'article 1, je vous ai dit: Je vous fais une
proposition, pour ne pas perdre le temps et surtout, si vous étiez
suffisamment intelligents pour le comprendre, pour qu'on ne se ramasse pas, en
fin de session, avec l'obligation de clôturer parce qu'on n'aura pas
terminé l'étude...
M. Saint-Germain: Personne n'est obligé de
clôturer!
M. Charron: Je vous ai dit, à ce moment-là...
M. Lalonde: Pas besoin de clôturer, on peut aller
jusqu'à janvier, février, mars...
M. Charron: Voulez-vous me laisser parler ou si cela vous
dérange tant que cela?
M. Lalonde: Allez, continuez. Ce n'est pas très brillant.
On en a vu des meilleures.
M. Charron: Je vous propose, en faisant semblant qu'il y avait
beaucoup de raisons... Au fond, ce que vous vouliez, c'était bloquer le
projet de loi, tout le monde le sait très bien, mais je faisais semblant
comme l'hypocrisie parlementaire l'oblige parfois de vous croire.
J'ai pris votre parole. Vous aviez besoin de ces documents, le gouvernement
était sur le point de les fournir; au Conseil des ministres, on
était en train de les étudier. Mais je vous ai dit: Pourquoi ne
passerait-on pas...
M. Saint-Germain: A ce stade-là, il les
étudiait!
Une Voix: La loi était là.
M. Paquette: Nous essayons...
M. Charron: Ce n'est pas la loi qu'on étudiait. M. le
Président, pendant que nous étions...
M. Fontaine: Nous n'en avions pas besoin, mais eux en avaient
besoin!
M. Charron: Pendant qu'au Conseil des ministres... Je vais
reprendre l'expression...
M. Lalonde: Reprenez-vous parce que... Le député
est drôle.
M. Charron: ... à présenter et à
préparer la tarification que vous avez désormais entre les mains
et que vous réclamiez. Oui. C'est au Conseil des ministres que nous
avons étudié cela. Lorsque nous avons examiné, à la
suite des représentations qui avaient été faites, les
amendements à apporter aux indemnités et à la couverture
qui devaient être assurées par le régime.
Je vous ai proposé d'y passer immédiatement, étant
donné que cette loi avait 200 articles. Vous faisiez des chichis en
disant que vous ne pouviez pas procéder. Je vous ai proposé de
passer aux articles où vous n'aviez pas besoin de ces documents pour
procéder. Je vous ai proposé, par une motion ferme du
gouvernement, de procéder immédiatement à l'article 74 du
projet de loi qui, lui, concerne les dommages matériels, qui concerne
les gens qui sont directement intéressés au monde de l'assurance,
ce qui n'est pas requis dans l'état actuel de la loi, n'est aucunement
requis par autre chose.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. Charron:
Je m'excuse.
M. Lalonde: C'est une question de règlement. Le
député-ministre est en train de faire l'histoire de la commission
parlementaire. On est ici sur un amendement.
M. Perron: Cela vous choque, n'est-ce pas? M. Lalonde:
Non, mais on a peu de temps.
M. Perron: Le député de Marguerite-Bourgeoys n'aime
pas cela.
M. Charron: C'est parce que le député de...
M. Lalonde: J'aime bien l'éloquence du
député-ministre, mais quand même, M. le Président,
on a le droit d'invoquer la pertinence après dix minutes.
M. Giasson: Si on revenait sur...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Saint-Jacques...
M. Charron: Je vais l'invoquer le règlement, moi aussi, M.
le Président, je vais invoquer le règlement exactement pour
rétablir les faits.
Le Président (M. Bertrand): A quel sujet?
M. Charron: C'est pour rétablir les faits à la
suite de l'intervention des députés qui disent qu'ils sont
étonnés, sidérés, renversés, qu'ils n'ont
pas le temps de regarder les articles. Je vous ai proposé, il y a au
moins trois semaines, de procéder immédiatement à
l'étude de l'article 74, ce qui nous aurait permis, dans une
étude rationnelle et intelligente, d'atteindre dans une
atmosphère régulière l'article 80 et l'article 83, que
nous sommes appelés à débattre cet après-midi. Tout
le monde aurait pu...
M. Fontaine: Et alors?
M. Lalonde: Cela prouve quoi?
M. Charron: Vous l'avez refusé.
M. Lalonde: Vous n'avez pas le courage de vos opinions?
M. Charron: Vous l'avez refusé, parce que vous
étiez entêtés à poursuivre...
M. Lalonde: Vous auriez pu le voter.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Charron: Parce que vous l'avez refusé...
M. Fontaine: Vous n'étiez pas prêts. On a
proposé un amendement aujourd'hui et vous n'étiez pas prêts
il y a trois semaines.
M. Charron: ... il était nécessaire de revenir
à l'étape où on est actuellement.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs! Je
voudrais sonner la fin de la récréation, et vous demander
à tous, sans exception, cela inclut tout le monde, du côté
gouvernemental ou du côté de l'opposition, vous avez, depuis dix
minutes, quinze minutes même, d'un côté comme de l'autre,
refait le débat qui s'est déroulé à
l'Assemblée nationale au moment où la motion de clôture a
été discutée et votée. Nous n'allons pas, en
commission parlementaire, reprendre ce débat, ni d'un côté
ni de l'autre. A ce moment-ci, c'est terminé. Je demande qu'on revienne
à la pertinence du débat sur l'article 83.
M. Lalonde: M. le Président, je propose que vous mettiez
l'amendement aux voix.
Le Président (M. Bertrand): Alors, l'amendement du
député de Rosemont est-il adopté?
Mme Payette: Adopté.
M. Saint-Germain: Sur division.
M. Lalonde: Alors, on revient à la motion principale.
Le Président (M. Bertrand): Adopté sur division.
Nous revenons... A l'ordre! Nous revenons à la motion principale,
article 83.
M. Giasson: M. le Président, on demande pourquoi on est
contre cela, c'est parce que cela ne donne pas chance égale et
traitement égal...
M. Charron: Le vote est pris. Au lieu de perdre du temps, vous
auriez pu vous exprimer.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Sur l'article 83,
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Fontaine: M. le Président, je pense que j'avais
demandé la parole.
Le Président (M. Bertrand): Oui, vous l'aviez, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Si la décision
du gouvernement est,dans un avenir rapproché, d'apporter une loi
à l'Assemblée nationale pour protéger les
intérêts des consommateurs, et d'inclure dans cette loi que toute
personne qui donnerait au Québec un service quelconque, devrait indiquer
le pourcentage de la commission, le coût de ses services, je pense
qu'à ce moment-là il y aurait lieu, sûrement, d'y penser et
d'en discuter. Mais pourquoi le gouvernement arrive-t-il maintenant avec
l'article 83 et propose-t-il immédiatement que, pour les courtiers, cela
devait s'appliquer tout de suite? Je pense, M. le Président, que le
gouvernment devrait comprendre que les courtiers ont droit d'être
traités comme tout le monde, sur un pied d égalité avec
tout le monde et que si le gouvernement a I intention de proposer cette loi
prochainement, les courtiers, bien sûr, y passeront comme les autres et
on sera en mesure de discuter cette loi à l'Assemblée
nationale.
On dit qu'on veut faire cela parce qu'on veut protéger le public.
M. le Président, je pense qu'il y aurait moyen de protéger le
public d'une autre façon et d'atteindre le but qu'on veut. Le but qu'on
veut, c'est que les courtiers dévoilent les commissions qu'ils retirent
de l'inscription des polices d'assurance.
M. le Président, si le gouvernement demandait au surintendant des
assurances de dévoiler publiquement les pourcentages de commissions
versées aux courtiers, je pense que cela pourrait apporter un
élément de solution au gouvernement. Je pense, actuellement,
pouvoir affirmer que toutes les commissions sont à peu près
égales, dans à peu près toutes les compagnies d'assurances
au Québec; cela varie alentour de 12%, qu'on a dit tout à
l'heure. Je pense qu'à ce moment-là, cela permettrait au
surintendant des assurances, par une publicité quelconque, de
dévoiler cette commission au public. A ce moment-là, le
consommateur pourrait être protégé pour l'instant,
jusqu'à ce qu'une loi soit présentée là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que l'article 83 est
adopté?
M. Giasson: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'aurais possiblement accepté les amendements
proposés par le député de Rosemont, mais à la
condition qu'on donne véritablement un traitement égal à
toutes les parties qui sont impliquées à l'intérieur des
exigences de l'article. J'aurais accepté comme dernier recours
l'amendement du député de Rosemont, si on avait
rédigé le premier alinéa de l'article 83 dans un texte qui
se lirait à peu près comme ceci: "Le courtier d'assurances doit,
sur tout document faisant état du montant de la prime exigée pour
le contrat d'assurance, indiquer clairement le montant et le pourcentage de ses
frais de mise en marché, tel que prescrit par les recommandations du
surintendant des assurances du Québec."
Là, d'après moi, on permet davantage une certaine
équité sur la manière dont devront s'établir les
modalités en vertu desquelles le surintendant pourra contrôler de
véritables frais de mise en marché constitués dans un
bureau de courtier par rapport aux véritables frais de mise en
marché chez un assureur qui vend au comptoir ou qui vend avec un
personnel salarié.
Autrement, il n'y a pas de possibilité de faire de comparaison ou
d'égalité. Du personnel qui travaille dans un bureau de courtier
ou même chez un assureur, ça peut faire toutes sortes
d'opérations dans une même journée. La personne qui devra
expliquer un contrat d'assurance automobile peut vendre, deux heures
après, une police d'assurance-vie, parce qu'aujourd'hui, les assureurs
qui font de la vente au comptoir vendent de l'assurance-vie. L'autre client
pourra être une personne qui vient solliciter une police
d'assurance-incendie, une autre, ce sera... Comment voulez-vous
départager ça avec exactitude?
Le phénomène, on le vit également dans un bureau de
courtage, quel que soit le nombre d'employés qu'il y a là. Ce
personnel est affecté à toutes sortes d'opérations les
plus diversifiées: il vend de l'automobile, de la responsabilité,
de l'incendie, du commercial, de l'assurance de risques divers, toutes les
lignes; et il peut faire ça à l'intérieur d'une même
journée de travail. Il faut voir la réalité des choses et
opérer à partir d'une situation concrète. Si on devait
contrôler uniquement les frais de mise en marché chez les
assureurs qui font de la vente au comptoir... Il faut donner la chance
égale à un bureau de courtier de se limiter aux frais
réels de coûts de mise en marché, toute chose étant
égale. C'est la logique qui commande ça.
Ce n'est pas un cours d'administration; c'est une réalité
connue par ceux qui pratiquent à l'intérieur de ça; c'est
le simple bon sens.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question
à poser au gouvernement. Quelles sont les
pénalités prévues par la loi ou par les lois au cas
de violation de l'article 83, s'il est adopté tel que proposé et
amendé.
Mme Payette: M. le Président, il s'agit de l'article
172.
M. Lalonde: M. le Président, à l'article 172, on
prévoit qu'en cas de contravention, la personne est coupable d'une
infraction et passible d'une amende d'au moins $500 et d'au plus $5000. La loi
ne prévoit pas de cas de récidive ou d'amende plus importante au
cas de récidive, mais il reste que chaque courtier qui ferait erreur
dans l'évaluation du pourcentage et, ce qui est encore plus difficile,
chaque assureur qui ferait erreur...
M. Paquette: Pas qui ferait erreur, M. le Président, qui
contreviendrait...
M. Lalonde: Ce serait une violation.
M. Paquette: Ecoutez, vous êtes avocat. Je ne sais pas,
mais vous devriez savoir cela.
M. Lalonde: Je dis que l'assureur doit... C'est une contravention
que de ne pas l'indiquer de façon exacte, puisqu'il faut de la
précision dans une loi. Ce n'est pas le rapport Gauvin, c'est la loi, la
loi, c'est pour tout le monde. Le rapport Gauvin, naturellement, faisait une
évaluation, quels sont les coûts, de telle façon, au point
de vue des statistiques, à partir de données le
député de Rosemont connaît cela mieux que moi dont
la rigueur est moins exigeante que lorsqu'une loi dit: Dans tout document qui
inclut le coût d'une prime d'assurance, vous devez indiquer les frais de
vente ou les frais de mise en marché. Si vous en oubliez, c'est une
contravention.
M. le Président, cela m'apparaît absolument inadmissible,
alors qu'on recherche la déjudiciari-sation dans nos
sociétés, de créer encore des gens qui vont devenir, sinon
des criminels, des contrevenants en puissance, quotidiennement, à chaque
compte qu'ils vont envoyer. M. le Président, c'est tout à fait
inadmissible. J'espère que le gouvernement se rend compte de
l'énormité de la situation dans laquelle il est en train
d'engager seulement une certaine partie de la population, d'accord.
Mais c'est justement cela. C'est d'autant plus discriminatoire que cela
s'adresse strictement soit à des courtiers, soit à des assureurs.
Je n'ai plus d'espoir de changer l'opinion du gouvernement. J'espérais,
en entendant le député d'Iberville, que le gouvernement se
laisserait toucher davantage par ses propos que par les nôtres,
étant donné qu'on est dans l'Opposition. On a exprimé,
tout le monde, je pense, un accord sur le principe que le consommateur ait le
plus d'information possible. Ce n'est pas la première fois. Des
gouvernements ont précédé celui-ci, qui ont fait des
démarches dans ce sens-là, au point de vue législatif,
etc. Il y a d'autres démarches à faire, il y a beaucoup de
progrès à faire, d'accord, en principe, mais il faut le faire
pour tout le monde en même temps, et surtout, il ne faut pas le faire
d'une façon aussi inéquitable, aussi improvisée. Il me
semble que la responsabilité du gouvernement est grande à ce
stade-ci et que si nos propos n'ont pas pu le faire changer d'idée, il
en portera toute la responsabilité.
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que l'article 87...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, j'ai
entendu, avec beaucoup d'attention les propos de tous les députés
qui sont intervenus pour nous parler de l'article 83. Je prends note de ce
qu'ont admis les députés de Marguerite-Bourgeoys, d'Outremont, de
Jacques-Cartier j'ai une bonne mémoire de
Montmagny-L'Islet, malheureusement pas dans le cas du député de
Nicolet-Yamaska, que tous les membres de celte commission sont favorables au
principe qui veut que les citoyens du Québec, que les citoyens
québécois connaissent exactement les montants d'argent qu'ils
auront à payer pour les services qui leurs sont rendus.
M. Giasson: Vous avez mal compris.
M. Lalonde: ... information sur les services, un instant! Ce
n'est quand même pas...
M. Giasson: Qu'on traite tous les citoyens de la même
manière, je suis d'accord, mais je n'accepte pas le sens de
l'interprétation que vous voulez donner à la commission, parce
que c'est faux. Qu'on traite tout le monde, à l'intérieur
d'opérations commerciales, de la même manière et de
façon équitable, je suis d'accord... Le jour où Mme le
ministre des Consommateurs va procéder à un de ses projets dont
elle a parlé il y a quelques minutes, et qu'on mettra tous les gens sur
une base équitable, égalitaire et uniforme, je suis d'accord.
Mais ce que vous étiez en train de dire ne correspond pas à ma
pensée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Sur le principe.
M. Giasson: Ne me prêtez pas des intentions que je n'ai
pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
disais que je prends note de ce qu'ils ont admis sous réserve des
remarques du député de Montmagny-L'Islet, tout en tenant pour
acquis que cette ligne de pensée entre, je pense, dans la politique de
l'ancien gouvernement qui nous a précédé, car nous savons
qu'il y a actuellement un Office de la protection du consommateur qui a un
conseil d'administration, qui a un président, qui a des membres.
Mme Payette: II n'allait pas y en avoir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Nous avons également
une Loi de la protection du consommateur. On nous annonce, pour bientôt,
je pense je pense que Mme le ministre a déjà eu
l'occasion, même à l'Assemblée nationale de parler sur
cette intention, de l'avouer qu'on aura un Code de la protection du
consommateur.
J'ai pratiqué pendant un certain nombre d'années et je
pratique encore la profession d'avocat et je suis surpris de constater que le
député de Nicolet-Yamaska qui, comme moi, au fil des
années a dû présenter des notes de services et des comptes
d'honoraires professionnels à ses clients, je suis surpris de constater
qu'il est le seul à cette commission qui ne désire pas informer
la population du Québec sur ces coûts.
M. Fontaine: M. le Président, article 96.
Le Président (M. Bertrand): Non, ce n'est pas l'article
96, mais je pense que je vous permettrai, M. le député de
Nicolet-Yamaska...
M. Fontaine: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): ... d'intervenir à ce
moment-ci pour situer exactement les remarques du député de
Jonquière.
M. Fontaine: Je voudrais apporter une rectification à ce
qui vient d'être dit. Je n'ai jamais dit à cette commission que je
n'étais pas d'accord pour que les gens connaissent le coût des
services qui leurs sont rendus. Ce que j'ai dit, c'est que je ne suis pas
d'accord pour qu'on fasse connaître le coût de toute vente
commerciale qui peut exister.
Par exemple, si quelqu'un va s'acheter un meuble, va-t-on devoir
indiquer sur la facture quel profit va faire le marchand de meubles. C'est ce
sur quoi je suis en désaccord. Si c'est un service, je pense que cela
peut-être acceptable. C'est ce que j'ai dit à cette commission et
je ne permettrai pas au député de Jonquière
d'interpréter mes paroles autrement que ce que je viens de dire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, j'en
prends bonne note. C'était sans doute le but de mon affirmation. Je suis
heureux de constater que le député de Nicolet-Yamaska a fait
amende honorable et qu'il fait partie maintenant...
M. Fontaine: Je n'ai pas fait amende honorable, je n'ai jamais
dit d'autre chose que cela.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordrel
M. Lalonde: II nous reste quatre heures, ne vous amusez pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): Qu'il a fait amende honorable
et qu'il fait maintenant partie des rangs de ceux...
M. Fontaine: M. le Président, je n'ai pas fait amende
honorable. Je n'ai jamais dit autre chose. Si le député est
capable de me le prouver, qu'il me sorte les galées des
procédures ici en commission parlementaire et qu'il me les montre. Qu'il
me prouve le contraire. Je n'accepterai pas son affirmation.
Le Président (M. Bertrand): Bien, M. le
député de Nicolet-Yamaska. M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
prends bonne note des affirmations du député de Nicolet-Yamaska,
tout en disant que je suis heureux qu'il y ait maintenant unanimité des
membres de cette commission sur le principe ou sur le but de l'article 83. Je
dis principe, parce que pour le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Voulez-vous le retirer? Je n'ai pas besoin de toute
sorte d'affaire.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas... Si vous voulez le retirer,
retirez-le, et si vous voulez le voter, votez-le!
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, vous avez la parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
puisque les membres de la commission, je le constate, ne sont pas
désireux de m'entendre, eux, qui m'ont entendu passablement, je dois
l'admettre, au cours des dernières semaines, je propose donc l'adoption
de l'article 83 tel qu'amendé.
M. Saint-Germain: Vote enregistré, M. le
Président.
Une Voix: Vote nominal.
Le Président (M. Bertrand): Appel nominal sur l'article
83. M. Beauséjour?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Charron?
M. Charron: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gagnon?
M. Gagnon: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Gosselin? M. Shaw? M.
Laberge?
M. Laberge: Abstention.
Le Président (M. Bertrand): M. Lalonde?
M. Lalonde: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Paquette?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Giasson?
M. Giasson: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Lefebvre?
M. Lefebvre: Abstention.
Le Président (M. Bertrand): M. Perron?
M. Perron: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Marquis?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Bertrand): Mme Payette?
Mme Payette: Pour.
Le Président (M. Bertrand): M. Raynauld?
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Fontaine?
M. Fontaine: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Saint-Germain?
M. Saint-Germain: Contre.
Le Président (M. Bertrand): M. Vaillancourt?
M. Vaillancourt (Jonquière): Pour.
Le Président (M. Bertrand): Pour 7, contre 6, abstention
2. L'article 83 est adopté.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que je pourrais savoir si le député de Nicolet-Yamaska a
voté pour ou contre?
Le Président (M. Bertrand): Contre. Avant que nous ne
terminions nos travaux pour cette partie de notre séance avant 18
heures, j'avais une décision à rendre hier sur l'article 200, le
dernier paragraphe de l'article 200.
M. Fontaine: Ah oui!
Décision du président sur le dernier
paragraphe de l'article 200
Le Président (M. Bertrand): Comme j'avais promis que je ne
le ferais pas à la toute dernière minute, je vais le faire
immédiatement.
Le dernier paragraphe de l'article 200, tel qu'il était
rédigé initialement, parce que celui que nous avons adopté
ne comporte pas de dernier paragraphe, c'est-à-dire qu'il comporte un
dernier paragraphe, mais pas celui qui était là initialement.
Le paragraphe se lisait comme suit: "La régie a également
pour fonction d'administrer tout autre régime ou programme que la loi ou
le gouvernement lui confie".
Je ferai d'abord valoir que si l'article était
rédigé en disant: "La régie a également pour
fonction d'administrer tout autre régime ou programme que la loi lui
confie", évidemment il n'y aurait absolument aucun problème. Une
loi qui confie des responsabilités à une régie est donc
une loi qui a été discutée, votée et
sanctionnée; mais les mots "ou le gouvernement", dans ce paragraphe,
sont des mots d'une importance considérable.
En effet, sans que je puisse dire quoi que ce soit des intentions du
gouvernementcar ce n'est pas mon devoir comme président de la
commission sans que je puisse dire quoi que ce soit des intentions du
gouvernement sur le genre de régime ou de programme que pourrait
administrer la régie, il m'apparaît évident, comme
président de la commission, que la présence des mots "ou le
gouvernement", donc, la rédaction de ce dernier paragraphe, est une
porte ouverte à un danger qui serait ceiui de laisser toute
liberté au gouvernement d'introduire un nouveau régime ou un
nouveau programme, sans que les législateurs c'est ça qui
est important aient l'assurance que ce régime ou ce programme ne
porte pas atteinte aux principes du projet de loi no 67. A cause de ces
raisons, à cause de sa rédaction, je dois juger irrecevable le
dernier paragraphe de l'article 200 et, à ce moment-ci, nous devrions
normalement passer à l'étude de l'article 22, je crois?
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une proposition
à faire.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Lalonde: M. le Président, on me suggère... M.
Paquette: ... étant donné votre...
M. Lalonde: ... de vous remercier, mais je pense que toutes vos
décisions devraient justifier des remerciements, pas seulement celles
qui favorisent un côté plus que l'autre.
Le Président (M. Bertrand): J'en ai rendu plusieurs
qui...
M. Lalonde: Oui.
M. Paquette: M. le Président, je trouve votre
décision fort sage, et dans le même esprit, il vous est possible
de formuler de nouveau cette résolution pour qu'elle soit recevable.
Le Président (M. Bertrand): La commission...
M. Paquette: On peut enlever les mots "ou le gouvernement" et la
recevoir.
Le Président (M. Bertrand):... doit recevoir ici et juger
à leur juste valeur les amendements qui sont soumis par les membres.
Plutôt que de s'engager dans des voies imprécises,
ajournons nos travaux à ce moment-ci jusqu'à 20 heures ce soir et
nous poursuivrons à ce moment-là.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, madame,
messieurs!
Nous allons poursuivre l'étude du projet de loi no 67, puisque la
commission reprend ses travaux à 20 h 9. Mme le ministre.
Déclaration du ministre au sujet de l'article
83
Mme Payette: M. le Président, je ne voudrais pas faire
reproche à la présidence, mais je crois que tous les membres de
la commission admettront que nous avons suspendu nos travaux très
rapidement à 18 heures. Vous avez, M. le Président, fait l'appel
nominal demandant le vote sur l'article 83. Il y a eu juste quelques secondes
de remue-ménage. Vous avez immédiatement suspendu les travaux
jusqu'à 20 heures. J'aurais eu, M. le Président, à ce
moment-là, une déclaration à faire qui était,
à mon avis, importante, que je vais faire maintenant et qui m'aurait
permis de dire que l'article 83 ne sera pas promulgué par proclamation
du gouvernement avant que nous ayons la certitude, de la part du surintendant
des assurances, que le mandat qui lui est confié, de bien s'assurer de
l'équivalence entre ce que nous demandons aux courtiers et ce que nous
demandons aux compagnies d'assurances faisant de la vente au comptoir, est
exactement l'équivalence et la correspondance.
M. Saint-Germain: M. le Président, nous remercions madame
d'avoir trouvé une façon si élégante de retirer
l'article.
Mme Payette: M. le Président, une question de
règlement. M. le Président j'aurais pu faire cette
déclaration à 18 heures si vous n'aviez pas suspendu nos travaux
à ce moment-là.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement. Là, c'est pour vrai quand même. Qu'on s'en
prenne à vous, à la façon dont vous avez suspendu les
travaux pour tenter de justifier une incurie additionnelle de la part du
ministre dans la tenue de son dossier, je ne l'accepte pas. M. le
Président, vous l'avez fait, vous avez rendu une décision. Mme le
ministre avait tout le temps d'exprimer son désir de prendre la parole.
Si elle a changé d'idée au cours du dîner, libre à
elle, mais qu'elle ne tente pas de vous en faire supporter la
responsabilité. Je ne l'accepte pas, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Ecoutez... M. Roy: M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): C'est justement, M. le
député de Beauce-Sud, je m'apprêtais, comme
président, tout de même à statuer. Je crois
que je ne prends pas les propos du ministre comme une attaque à
mon endroit. Cela n'a absolument rien à voir.
De toute façon, vous savez, nous sommes à
l'intérieur d'une même séance, nous avons ajourné de
18 heures à 20 heures, mais nous avons repris à 20 heures
à l'occasion d'une même séance qui avait été
ajournée à 18 heures. Il est bien clair que Mme le
ministre...
Nous ayons, à 17 h 50, pris le vote sur la proposition qui
était faite par le gouvernement, à l'article 83. Ensuite, j'ai
pris cinq minutes, pas tout à fait cinq minutes, pour rendre une
décision sur l'article 200, dernier paragraphe. Après cela, il y
a eu un petit... Non, il n'y a pas eu de brasse-camarades, ni de brouhaha; il y
a eu simplement de petits échanges, corne des gens qui se demandent
à qui on passe maintenant.
A ce moment-là, j'ai dit: Puisqu'il est presque 18 heures
effectivement il n'était pas encore 18 heures nous allons
ajourner nos débats jusqu'à 20 heures. Je peux comprendre que
dans ces circonstances, Mme le ministre se soit sentie un peu bousculée
par cette décision rapide qui intervenait avant 18 heures. Mais
maintenant, elle a eu l'occasion, à la reprise de la séance,
à 20 h 10, de faire la déclaration qu'elle a voulu faire à
18 heures. C'est aussi simple que cela, je pense qu'il n'y a pas lieu d'en
faire un drame.
M. Lalonde: M. le Président, à moins que le
député de Beauce-Sud ait quelque chose...
M. Roy: Oui.
M. Lalonde: ... à soulever au point de vue du
règlement, j'aurais un article à suggérer.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Roy: M. le Président, sur la déclaration, si
vous me permettez, puisqu'on a permis à Mme le ministre d'apporter un
élément nouveau à la commission parlementaire, je pense
qu'il est de notre droit de pouvoir faire un bref commentaire sur la
déclaration qu'elle vient de faire, avec votre permission. Ce serait une
demande, en même temps, que je ferais à Mme le ministre.
Mme le ministre vient de dire que l'article 83 ne serait pas
promulgué, tant et aussi longtemps que le surintendant des assurances,
si j'ai bien compris, n'aurait pas donné son avis. Est-ce que Mme le
ministre accepterait...
M. Vaillancourt (Jonquière): Ce n'est pas ça
qu'elle a dit.
Mme Payette: Non. Ce que j'ai dit, M. le Président, je ne
le reprendrai pas mot à mot parce que ce n'est pas une
déclaration écrite. J'ai dit que cet article ne serait pas
promulgué jusqu'au moment où le surintendant des assurances ne
sera pas en mesure de nous donner la certitude que ce que nous demandons aux
courtiers soit exactement l'équivalent de ce que nous demandons aux
compagnies d'assurances qui font de la vente au comptoir.
M. Roy: A ce moment-là, quel sera le mécanisme?
Est-ce qu'on va procéder selon le mécanisme habituel,
c'est-à-dire promulgation à vie dans la Gazette officielle, un
point c'est tout, ou si on compte en informer la Chambre?
Mme Payette: M. le Président, il me fera plaisir d'en
informer la Chambre à ce moment-là.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait quand même élaborer sur les circonstances qui pourraient
déterminer comment on va pouvoir se rendre compte que le surintendant
est en mesure de déterminer que l'équivalence de quelque chose
est égale à quelque chose d'autre? C'est assez vague comme
disposition. Cela m'apparaît plutôt un faux-fuyant devant la
division, la zizanie qui s'est installée dans le caucus
ministériel. C'est une façon de noyer le poisson.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordrel
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre va pouvoir nous dire ce qui va
faire en sorte qu'on va pouvoir savoir si le surintendant se décide ou
ne se décide pas.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'article 83 a été adopté. Vous avez permis à Mme
le ministre, non pas de faire une déclaration ministérielle,
puisque...
M. Shaw: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Un instant! Je m'excuse. Une
à la fois, cela suffira.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ma question de
règlement se résume à ceci, pour le bénéfice
du député de Pointe-Claire que je salue pour la première
fois à cette commission parlementaire. M. le Président, nous
sommes ici pour étudier article par article le projet de loi. Nous avons
demandé à l'Opposition de nous suggérer des articles
qu'elle voudrait voir étudiés, de préférence
à d'autres. Le député de Marguerite-Bourgeoys m'a
déjà indiqué, quelques minutes avant vingt heures, qu'il
serait intéressé à étudier l'article 133 de ce
projet de loi. Nous sommes d'accord, nous y consentons. Si le
député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas changé
d'idée quant à l'article à étudier, je pense qu'on
devrait passer à l'étude de cet article.
M. Shaw: M. le Président, pour rétablir les
faits...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement.
L'article 96 ne peut s'appliquer dans ce cas-ci, puisqu'on ne rectifie des
faits que lorsque nous avons prononcé un discours. Or, le
député de Pointe-Claire n'a pas dit un mot encore à cette
commission.
M. Shaw: Excusez-moi, mais je vais dire un mot.
Le Président (M. Bertrand): Des questions de
règlement, des questions de règlement. Si le président
était assez méchant pour vous demander à chaque fois quel
règlement vous invoquez pour prendre la parole, je pense bien que...
M. Shaw: J'invoque le règlement.
Une Voix: C'est ce que j'allais suggérer.
Le Président (M. Bertrand):... vous seriez très mal
à l'aise tout le monde. Alors, comme il n'y a pas de questions de
privilège en commission parlementaire, le député de
Jonquière sait, pour avoir déjà exercé cette
fonction, qu'il est d'usage que le président puisse interpréter
le type d'intervention qu'un parlementaire veut faire. Et là-dessus, je
sais bien à quels propos s'apprêtait le député de
Pointe-Claire. M. le député de Pointe-Claire, très
brièvement, je pense que vous réussirez à dire ce que vous
voulez dire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Vous êtes conscient
que j'ai assisté à la présentation de tous les
mémoires en commission parlementaire et que j'ai suivi les travaux de
cette commission tout au long. J'ai d'autres travaux à faire à la
commission des affaires sociales, mais soyez certains que je suis conscient de
ce projet de loi.
Le Président (M. Bertrand): Merci. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous aviez un article à
suggérer?
M. Lalonde: A l'invitation de Mme le ministre, ce matin, je pense
qu'après avoir justement parcouru, d'une certaine façon, le
projet, j'aimerais, si c'est le consentement des membres de cette commission,
que l'article 133 soit abordé. Nous aurions intérêt, je
pense, à l'étudier.
Une Voix: C'est un beau numéro, cet article.
M. Beauséjour: Question de règlement, M. le
Président. Quand on a terminé, à 18 heures, je voudrais
savoir si on était toujours au dernier paragraphe de l'article 200, sur
la question de possibilité de retrancher...
Le Président (M. Bertrand): Non, c'est
réglé. M. Beauséjour: C'est réglé. D'accord,
merci.
M. Paquette: Le dernier paragraphe est retiré. Il est
irrecevable.
Le Président (M. Bertrand): Le paragraphe est irrecevable.
Nous en revenions à l'article 23, mais je me rappelle que Mme le
ministre avait soumis la possibilité que l'Opposition officielle puisse
communiquer un certain nombre d'articles qu'elle aimerait voir étudier.
C'est ce que le député de Marguerite-Bourgeoys s'apprêtait
à faire. Mme le ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'Opposition officielle et
les autres oppositions également.
Financement de la régie et du fonds
d'indemnisation
Mme Payette: L'article 133 se lit comme suit: "Les sommes
fixées annuellement par la régie en vertu de l'article 132
doivent être suffisantes pour permettre le paiement de la totalité
des indemnités auxquelles ont droit les victimes d'un accident survenu
au cours de l'exercice financier en vue duquel ces sommes sont fixées,
le paiement des obligations du fonds d'indemnisation ainsi que le paiement des
frais d'administration de la régie et du fonds d'indemnisation. "Elles
doivent également être fixées de façon à ce
que l'actif de la régie, déduction faite de ses dettes et de
toute réserve de stabilisation qu'elle peut établir, soit
suffisant pour couvrir le montant, évalué conformément
à l'article 134, nécessaire au paiement de toutes les
indemnités, présentes et futures, découlant d'accidents
survenus au cours des exercices précédents".
Le but de l'amendement. Dans le premier alinéa, il s'agit de
corriger une erreur typographique, de remplacer tout simplement "d'une
accident" par "d'un accident" et, dans la troisième ligne du
deuxième alinéa, pour clarifier, de remplacer "passifs" par
"dettes".
Le but de cet article. En exigeant une expertise actuarielle et une
évaluation des sommes nécessaires au paiement des
indemnités, le législateur vise à l'autosuffisance du
régime.
Il faut que les sommes recueillies au cours d'une année soient
suffisantes pour permettre le paiement des indemnités, peu importe la
durée de versement. Ce faisant, les interventions extérieures
sont minimisées, puisque la loi exige que les sommes exigibles soient
actuariellement équivalentes aux sommes versées.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Nous avons, à cet article, atteint une
étape fondamentale du projet de loi. Si l'on se souvient des objectifs
qui ont été décrits par le gouvernement non pas
seulement le gouvernement, mais même les gouvernements
précédents, le gouvernement précédent tous
ceux et celles qui se sont préoccupés de la question de
l'assurance automobile au Québec, et qui, d'une façon quasi
unanime, ont reconnu que les lacunes pour employer un terme faible
ou les défauts, les vices pour employer peut-être
un
terme un peu plus réel, plus réaliste du
système actuel résidaient tout d'abord dans l'indemnisation
tardive, ensuite dans l'indemnisation incomplète pensons aux
victimes responsables et ensuite, dans le coût de l'assurance
automobile qui a connu plutôt une ligne ascendante depuis quelques
années.
Je serais à l'encontre du règlement si je
commençais à vous décrire de quelle façon on doit
réduire les coûts. Disons simplement que déjà des
dispositions concernant la sécurité routière qui ont
été prises par l'ancien gouvernement, et espérons-le,
continuées par le gouvernement actuel, ont quand même
réduit le nombre d'accidents et le nombre de victimes, de
blessés, de blessés graves surtout, soit à la suite de la
sécurité routière, c'est-à-dire la surveillance
routière par les forces policières, ou de l'emploi de la ceinture
de sécurité, et aussi de la réduction des vitesses sur
certaines routes.
Il reste que le coût de l'assurance demeure dans l'esprit de tous
les Québécois, un élément extrêmement
important, je dirais capital, demeure un objectif de premier ordre dans toute
démarche qui est faite par le gouvernement actuel ou qui pourrait
être faite par quiconque et, dans l'article 133, on trouve justement les
dispositions concernant les coûts. On dit que les sommes fixées
annuellement doivent être suffisantes je ne continue pas la
lecture du premier alinéa deuxièmement, elles doivent
être également fixées de façon que l'actif de la
régie, etc. Donc, on parle actuellement, dans l'article 133, de la
façon que les sommes exigibles, en vertu d'un régime, seront
traitées. Devront-elles être suffisantes pour de telles fins? On
dit au premier alinéa et au deuxième de quelle façon elles
doivent être fixées.
Mais il m'apparaît que cet article est étrangement muet en
ce qui concerne un objectif fondamental du projet de régime d'assurance
automobile, surtout si on se reporte aux engagements que ce gouvernement
traîne derrière lui, dont il a hérité d'une
dernière campagne électorale qui n'est pas tellement loin
où on avait promis mer et monde, où on s'était
engagé à toutes sortes de choses, y compris des engagements
concernant les coûts.
Les Québécois sont d'accord, sûrement, pour que le
gouvernement intervienne de façon même vigoureuse dans le domaine
de l'assurance automobile, mais toujours en tenant compte des coûts,
à savoir si ces sommes dont on parle aux deux alinéas de
l'article 133 ne se traduiront pas dans leurs goussets par des
déboursés additionnels, des déboursés non
justifiés. C'est ça la véritable question qu'on se pose
actuellement.
On a vu naturellement les difficultés auxquelles on peut avoir
à faire face dans l'établissement d'un tel régime. Je ne
veux pas revenir sur les articles 20, 21, 22 il y en a d'autres qu'on
n'a pas abordés à savoir comment, par l'imposition d'un
système global, d'une structure un peu artificielle, on peut trouver
dans l'application quotidienne des problèmes.
Mais, au-delà de ces problèmes individuels, il reste que
toute la population se demande combien ça va coûter et je suis
surpris, à cet article 133, alors qu'on dit que les sommes doivent
être suffisantes pour telle, telle ou telle chose et qu'elles doivent
être fixées de telle, telle et telle façon, qu'on n'ait pas
pensé aux Québécois, qu'on n'ait pas pensé aux
assurés à qui on a pourtant dit que ça ne coûterait
pas plus cher; certains ont même dit que ça coûterait moins
cher.
M. Paquette: Cela coûtera moins cher.
M. Lalonde: On me fait signe qu'on a dit que ça
coûterait moins cher.
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela coûte moins
cher.
M. Lalonde: J'ai même cru entendre une voix timide, qui
semble venir de Jonquière ou des environs qui me dit...
M. Vaillancourt (Jonquière): En tout cas moi je baisse de
$200.
M. Paquette: $300 pour moi.
M. Lalonde: ... que ça coûterait moins cher pour les
Québécois, mais je me dis, M. le Président, que le
gouvernement, à ce stade-ci, manquerait à sa parole, manquerait
à ses engagements, s'il négligeait d'inscrire, dans son projet de
loi, des garanties relativement au coût. Ce n'est que par la loi; des
promesses électorales, M. le Président, on sait ce qu'on peut en
faire. On en a vu des promesses électorales qui ont été
bafouées par ce gouvernement, moins d'un an après.
Je ne veux quand même pas prendre connaissance de ce qui se passe
à l'Assemblée nationale, alors qu'on taxe les vêtements des
enfants, M. le Président, je serais antiréglementaire si je le
faisais; donc, je ne le ferai pas. Mais, il reste, M. le Président, que,
quand on parle de promesses électorales, cela a un goût amer dans
la bouche de plusieurs Québécois et à bon droit. Il nous
reste à peine trois heures et demie pour tenter d'aider le
gouvernement...
M. Perron: ... qu'il augmente les allocations familiales!
M. Roy: C'est le fédéral qui paie.
M. Lalonde: Oui, c'est vrai, on remplit quelques promesses avec
l'aide du fédéral, ça, par exemple, ça aide.
Je pense, M. le Président, que, comme membre de l'Opposition, je
ne ferais pas mon devoir, ce soir, si, dans les quelques heures avant
l'exécution de cette commission, je n'aidais pas le gouvernement
à remplir une promesse électorale importante. Une promesse
électorale qui, si ma mémoire est fidèle, faisait dans
tout l'horizon des promesses électorales... Naturellement il y en avait
tellement, on promettait mer et monde; on avait même réussi
à voiler l'indépendance et la séparation, à mettre
cela sous le tapis.
Un parti, à ce moment-là, assoiffé de pouvoir, a
promis toutes sortes de choses, mais il y en a qui faisait le tour de la
province et qui se retrouvait dans la bouche d'à peu près tous
les candidats péquistes, c'était l'assurance automobile.
C'était à propos des coûts de l'assurance automobile.
Plusieurs ont dit que cela coûterait moins cher. Quelques-uns ont
été plus sages et ont dit que cela ne coûterait
peut-être pas plus cher. Encore, le député de
Jonquière me confirmait tantôt qu'il avait lui-même dit que
cela coûterait moins cher.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non.
M. Lalonde: Excusez-moi, j'ai mal interprété votre
intervention.
M. Shaw: Moins cher et meilleur service.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai dit que, dans mon cas,
cela coûterait passablement moins cher.
M. Lalonde: Alors, le député de Jonquière,
dans sa promesse électorale, s'est occupé de son cas. M. le
Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous reconnais un minimum de fair play, je l'ai dit
ici et non pas durant la campagne électorale. S'il vous plaît.
M. Lalonde: Je m'excuse, parce que moi, je parlais de promesses
électorales et vous m'avez dit que vous aviez dit que cela
coûterait moins cher pour vous. Alors, voilà un électeur
qui est satisfait. Cela en fait un. C'est le premier que je rencontre,
d'ailleurs, M. le Président, depuis qu'on parle d'assurance
automobile.
M. Paquette: Vous ne vous êtes pas promené
beaucoup.
M. Lalonde: Je me suis promené partout. M. Paquette:
Je m'excuse, mais...
M. Lalonde: Ecoutez, puisqu'on me le demande, je vais vous donner
un autre témoignage que je viens de recevoir. La
Fédération des jeunes chambres du Canada français. Cela ne
sonne pas une cloche?
M. Vaillancourt (Jonquière): Du Canada? Un pays
étranger.
Le Président (M. Laberge): Messieurs!
M. Lalonde: La Fédération des jeunes chambres du
Canada français. Alors, j'ai ici un message de Telbec qui dit: "La
Fédération des jeunes chambres du Canada français, qui a
étudié le projet d'assurance automobile depuis 1975, s'est
prononcée à plusieurs reprises, dénonçant le
principe et l'application de l'étatisation de l'assurance automobile en
ce qui a trait aux dommages corpo- rels mais là, cela n'a pas
réellement trait aux coûts, j'y arrive M. le Président
plusieurs autres organismes ont fait de même sans que le ministre
en tienne réellement compte. M. le Président, je ne veux pas
qu'on me taxe d'être antiparlementaire pour avoir mentionné ce
message qui est en termes très parlementaires. Je continue: Les jeunes
chambres, devant l'imminence du vote final sur cette question, n'entrevoient
qu'une solution, que l'on reporte l'application du projet de loi 67 en 1979".
Je ne termine pas le message, c'est à peu près dans le même
sens. Enfin, pour revenir à la pertinence...
M. Paquette: Avez-vous aussi une lettre du BAC dans vos affaires
et du Conseil du patronat et tout cela?
M. Shaw: Cela vous dérange.
M. Paquette: Avez-vous parlé aux gens moyens, dans la
rue?
M. Lalonde: Je ne pensais pas que vous vous occupiez des
minorités. Je pensais, au contraire, que vous les mettiez de
côté du revers de la main, comme vous avez fait avec les
courtiers. Est-ce que ce n'est pas ce que vous avez... On nous a
reproché, d'ailleurs, c'est le député de Jonquière
qui nous reprochait, à nous de l'Opposition, de nous occuper des
minorités.
M. Beauséjour: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Paquette: M. le Président, je pense que je n'ai pas
parlé des minorités.
M. Lalonde: Vous avez parlé du Conseil du patronat.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
M. Paquette: C'est parce que vous nous sortez des lettres
d'organismes qui se sont déjà prononcés contre le projet
de loi; alors, je ne vois pas ce que cela apporte dans le débat,
franchement. Il n'y a rien de neuf là. Je vous demande si vous avez
parlé à des gens dans la rue, et s'ils vous ont parlé.
M. Beauséjour: M. le Président, une question de
règlement.
M. Lalonde: Oui.
M. Paquette: S'ils craignaient une étatisation de
l'assurance automobile?
M. Lalonde: Oui, j'en ai parlé.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre! Il y a une question
de règlement qui est soulevée. M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, je me demande si le
député de Marguerite-Bourgeoys fait ses voyages en raquettes,
mais je trouve que cela lui prend pas mal de temps pour arriver à
l'article 133.
M. Lalonde: Je ne sais pas, M. le Président, si le
député d'Iberville veut se faire pardonner son vote de
tantôt, que j'ai trouvé très courageux et je l'en
félicite ici.
M. Beauséjour: Article 133.
M. Lalonde: J'aurais voulu l'en féliciter personnellement
en dehors de la Chambre, mais je ne l'ai pas rencontré.
M. Beauséjour: Article 133.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, j'étais
à l'article 133, au moment où on m'a provoqué, on m'a
demandé des témoignages de l'extérieur. Oui, M. le
Président, j'ai rencontré moult personnes qui se posent des
questions sérieuses et c'est toujours la même question; au fond,
c'est toujours la même question. C'est malheureux, parce que
malgré une tournée, des parades, la population n'est
réellement pas informée, à savoir combien elle va recevoir
dans tel cas. Je ne peux pas blâmer le gouvernement, la loi n'est pas
adoptée, il va sûrement y avoir... Si elle est adoptée, si
le gouvernement ne voit pas la lumière et ne la retire pas d'ici demain.
Si le gouvernement ne la retire pas, si la loi est adoptée,
j'espère que le gouvernement... Parce que ces organismes... Il y a quand
même des gens passablement honnêtes dans la fonction publique qui
vont suggérer sûrement au gouvernement de faire un programme de
publicité pour dire aux gens combien ils vont recevoir en cas de tel,
tel sinistre.
Mais les questions qu'on nous pose quand on s'en va dans la rue, quand
je vais dans mon comté, quand les gens viennent nous rencontrer dans nos
bureaux, c'est: Combien ça va coûter? Même si j'en crois des
sondages du Parti québécois qui révéleraient que le
projet de loi est impopulaire, ça ne ferait que confirmer justement ces
témoignages individuels qui nous sont donnés quotidiennement;
combien ça va coûter?
M. le Président, à l'article 133, je ne vois pas combien
ça va coûter. A l'article 133, je pense, pour rendre service au
gouvernement, qu'on devrait ajouter un paragraphe qui rassurerait la population
sur...
M. Paquette: ... tout le monde.
M. Lalonde: Même pas, même pas, je n'irai pas
jusque-là dans les sornettes des promesses électorales du Parti
québécois lors de la dernière campagne électorale.
Je dirai simplement que si les gens sont assurés que ça ne
coûtera pas plus cher que cela leur a coûté en 1977, le
gouvernement aura fait une bonne partie de son boulot. Dans ce but, M. le
Président, j'ai l'intention de proposer un amendement à l'article
133 qui se lirait comme suit: "Que l'article 133 soit modifié en
ajoutant à la fin l'alinéa suivant: Cependant, ces sommes
ce sont les sommes qui sont mentionnées aux alinéas 1 et 2
ajoutées au coût de l'assurance pour les dommages matériels
exigée par cette loi, ne peuvent dépasser, pour chacune des deux
années suivant l'entrée en vigueur de la présente loi
encore là, on ne peut quand même pas, on agirait comme
prophète si on pouvait dire quels seront les coûts en 1985-1990;
l'inflation et tout ça, ça peut changer; mais pour deux ans, je
pense que le gouvernement peut s'engager et je reprends: pour tout
détenteur d'un permis de conduire et pour tout détenteur d'une
plaque d'immatriculation d'automobile, le coût de l'assurance automobile
payé par lui en 1977".
Je reprends, M. le Président, parce que j'ai fait des
apartés, l'alinéa proposé se lirait comme suit:
"Cependant, ces sommes ajoutées au coût de l'assurance pour des
dommages matériels exigée par cette loi ne peuvent
dépasser, pour chacune des deux années suivant l'entrée en
vigueur de la présente loi, pour tout détenteur d'un permis de
conduire et pour tout détenteur d'une plaque d'immatriculation
d'automobile, le coût de l'assurance automobile payé par lui en
1977".
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, avant
de parler sur la recevabilité, est-ce que nous pourrions avoir une
photocopie de la motion d'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys?
Le Président (M. Bertrand): Est-ce qu'il y a des copies,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, de votre motion?
M. Lalonde: J'en ai des copies pour les députés de
l'Opposition officielle, M. le Président. Je faisais confiance au
secrétariat des commissions pour en faire des copies. Je pourrais
prêter la mienne à quelques députés
ministériels.
Le Président (M. Bertrand): On pourrait en prêter
une, en tout cas, au secrétaire pour qu'il puisse en faire des
photocopies.
L'article 133 serait modifié pour ajouter à la fin un
nouvel alinéa qui se lirait comme suit: "Cependant, ces sommes
ajoutées au coût de l'assurance pour les dommages matériels
exigée par cette loi, ne peuvent dépasser pour chacune des deux
années suivant l'entrée en vigueur de la présente loi,
pour tout détenteur d'un permis de conduire et pour tout
détenteur dune plaque d'immatriculation d'automobile, le coût de
l'assurance automobile payé par lui en 1977".
M. Vaillancourt (Jonquière): Ceux qui n'étaient pas
assurés, ils ne paieront pas.
M. Lalonde: II faut que cela dépasse, parce qu'on parle de
l'assurance payée par lui. Ceux qui n'en ont pas payé,
nécessairement, cela dépasse.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ils n'en paient pas.
M. Lalonde: Ils n'en paient pas à ce moment-là.
Cela peut dépasser.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne l'ai pas lu encore.
M. Lalonde: Astucieux.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'en doute pas.
M. Shaw: M. le Président, c'est fort simple. Si le
ministre est prêt à accepter...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Pointe-Claire, on va d'abord commencer par la recevoir.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, il y a un petit
élément qui m'agace. C'est la partie de votre texte qui dit: Ces
sommes, ajoutées au coût de l'assurance pour les dommages
matériels exigée par cette loi, ne peuvent dépasser, pour
chacune des deux années, etc.
Etes-vous conscient, M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
que la partie qui concerne les dommages matériels, c'est-à-dire
le coût de l'assurance pour les dommages matériels, n'est pas
fixé, ni par la régie, ni par le gouvernement, ni par la Loi de
l'assurance automobile, ni par ses règlements, mais que c'est là
une responsabilité qui appartient entièrement à
l'entreprise privée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Voilà!
M. Lalonde: Oui, M. le Président, je suis fort conscient
de cela, ce qui n'empêche pas la recevabilité et voici pourquoi...
D'ailleurs, je ne plaide pas sur la recevabilité, je réponds
à votre question.
L'assurance pour dommages matériels n'est pas incluse dans le
régime public, mais elle est réglementée par le projet de
loi. Quand je parle de l'assurance pour les dommages matériels
exigée par cette loi, vous comprendrez que j'inclus la police de
responsabilité de $50 000, parce que c'est exigé par cette loi,
à l'article 127 ou un autre dont je ne me souviens plus du
numéro.
Je suis conscient de cela...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, on connaît le minimum de la police d'assurance
qu'un individu devra avoir pour la couverture des dommages matériels,
mais la loi je ne pense pas, enfin pour ce que j'en ai lu ne fixe
pas les primes, ou n'intervient pas au niveau des primes, ne réglemente
pas au niveau des primes.
M. Lalonde: Non. Ce qui exigerait, si cet amendement était
accepté par le gouvernement et j'espère qu'il va
l'être, d'ailleurs, je m'attends à ce qu'il le soit, parce que
c'est pour l'aider qu'on le présente cela assurerait tout simple-
ment, à chaque assuré actuel, non pas à ceux qui ne sont
pas assurés, parce que ceux qui ne sont pas assurés ne peuvent
pas être couverts de par le libellé de l'article, mais à
ceux qui sont assurés de ne pas payer davantage en 1978, pour les
dommages corporels et les dommages matériels ainsi qu'en 1979 que ce
qu'ils ont payé en 1977, puisque c'est l'engagement que le gouvernement
a pris.
Cela exigerait de la régie ou du gouvernement, mais par le biais
de la régie, dans le calcul des sommes à l'article 133, de faire
des projections. Si les projections qu'on nous a présentées dans
les études actuarielles, les rapports savants qu'on nous a soumis sont
bonnes, sont valides, la régie peut en faire d'aussi valides, d'aussi
bonnes par des projections sur le coût de l'assurance des dommages
matériels.
Cela n'a pas pour effet de rendre, je pense, l'amendement inepte, la
régie devant s'en rapporter à des données
extérieures au gouvernement, extérieures au régime,
extérieures à la régie pour déterminer les sommes
totales dont elle disposera.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je vous remercie beaucoup de m'avoir apporté
quelques éléments de réponse, cela m'aide. Vous vous
rappelez que, lorsque j'ai refusé l'article 201 présenté
par le gouvernement, j'avais émis de très sérieuses
réserves, parce que l'article 201 introduisait des notions nouvelles que
nulle part ailleurs, ni dans le projet de loi 67, ni dans la loi 49 nous
n'avions vues ni même entrevues, à savoir que le gouvernement
pourrait se porter acquéreur de certaines actions pour pratiquer
l'assurance dans le domaine des dommages matériels.
M. Lalonde: M. le Président, excusez-moi. Allez-vous
permettre aux membres de cette commission de se prononcer sur la
recevabilité?
Le Président (M. Bertrand): Pas sur cela, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je vous dis pourquoi. C'est
qu'à ce moment-ci c'est ce que j'allais dire je retrouve
immédiatement, à la lecture de votre motion dont je comprends
très bien l'intention il y a une certaine noblesse d'intention
à vouloir présenter des choses comme celles-là... Ce qui
m'agace très sérieusement, c'est que vous y introduisez
vous-même une modification substantielle, à savoir que, par les
mots ajoutés "aux coûts de l'assurance pour les dommages
matériels exigés par cette loi" quand on parle des sommes,
on parle des sommes payées dans le cadre du régime public et
payées dans le cadre du régime privé... Cela me fait me
poser le même type de questions que je m'étais posées
lorsque l'article 201 m'avait été soumis.
M. Lalonde: M. le Président, je n'aime pas vous
interrompre, mais dans l'hypothèse où le gouvernement ou les
représentants du gouvernement seraient d'accord sur la
recevabilité, pourrait-on leur demander s'ils l'accepteraient?
Le Président (M. Bertrand): De la même façon
que je pourrais, dans l'état où je n'aurais pas de
décision personnelle à rendre, laisser les membres de la
commission se prononcer sur sa recevabilité, dans ce cas-ci, je dois
exercer ma responsabilité de président, comme je l'ai fait pour
l'article 201. Le gouvernement aurait pu me demander: Ne serait-il pas possible
de demander à l'Opposition si elle ne serait pas disposée
à le recevoir, bien qu'il comporte certaines failles sur le plan de la
présentation, etc.? Dans le cas présent, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, le président doit se poser
une autre question très sérieuse, c'est que s'il reçoit
cette motion d'amendement et si, ensuite elle est débattue, le
président ne peut préjuger si elle sera battue ou
acceptée.
Si elle était acceptée, le président porterait,
jusqu'à un certain point, la responsabilité d'avoir laissé
passer, dans un amendement, un élément nouveau sur le plan des
principes ou même sur le plan des modalités qui pourrait porter
atteinte à certaines dispositions du projet de loi actuel.
Je vous le dis, si je juge irrecevable votre motion, ce n'est pas parce
qu'elle ne pourrait pas être présentée sous une autre
forme, et je n'ai pas de conseil à vous donner, mais s'il était
question des sommes dans le régime public d'assurance automobile,
à ce moment, on est tout à" fait dans le cadre de la loi 67 et on
respecte tout à fait les principes. Mais ici, il est question des deux
régimes, public et privé, alors qu'on sait fort bien qu'en aucun
endroit, la loi 67 ne prévoit de dispositions relatives au pouvoir de la
régie de fixer les primes qui devraient être soumises aux
assurés par les compagnies privées. Dans un contexte comme
celui-là, un article, comme l'article 133 tel que vous voudriez
l'amender, effectivement, porterait préjudice très
sérieusement au principe même de la loi 67. Pour cette raison qui,
d'ailleurs, rejoint presque en tout point la raison qui m'avait fait rejeter
l'article 201, je dois juger cette motion irrecevable.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, sur l'article
133...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
pense que j'avais la parole sur votre liste après le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je m'excuse.
Le Président (M. Bertrand): C'est exact. M. le
député de Jonquière, et immédiatement après,
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président. Je comprends que vous avez déclaré irrecevable
la motion du député de Marguerite-Bourgeoys. Je suis à me
demander, d'ailleurs, si l'une des raisons qui avait motivé le
député de Marguerite-Bourgeoys à présenter une
telle motion, n'était pas sa crainte de voir les compagnies
privées d'assurances avoir des tarifs démesurés en ce qui
concerne ces tarifs quant aux dommages matériels obligatoires en vertu
du projet de loi 67.
Puisque le député de Marguerite-Bourgeoys a fait de
nombreuses tournées de son comté et qu'il a rencontré
beaucoup de ses électeurs, dit-il, j'aimerais quant à moi dire
que j'ai également fait une tournée de comté et que j'ai
rencontré également bon nombre d'électeurs. J'ai eu
l'occasion également de rencontrer des électeurs après la
publication par Mme le ministre de la tarification, ce qui a été
fait il y a environ quelques semaines.
M. Paquette: Je pense que le député n'était
pas au courant.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je suis assuré que le
député de Marguerite-Bourgeoys a fait ses tournées avant
la publication des tarifs, s'il les a faites. En ce qui me concerne, j'ai eu
l'occasion d'en parler avec mes électeurs avant la publication des
tarifs et après la publication des tarifs. Je dois vous dire qu'avant la
publication des tarifs, les électeurs s'entendaient sur au moins une
chose, c'est que tous étaient d'accord. D'ailleurs, le
député de Marguerite-Bourgeoys l'a admis lui-même, qu'une
réforme de l'assurance automobile s'imposait. Je suis également
d'accord avec le député de Marguerite-Bourgeoys, à savoir
que la préoccupation ou les préoccupations fondamentales des
citoyens du Québec sont de deux ordres, premièrement: Quel va
être le coût que j'aurai à débourser pour mes polices
d'assurance ou ma police d'assurance en 1978? D'autre part, quelle sera la
protection qui me sera offerte? Je pense que l'on ne peut dissocier une prime
d'assurance automobile avec les couvertures qui nous sont offertes par les
différents régimes.
Or, je disais qu'avant cette tournée, les électeurs
s'entendaient sur cette réforme de l'assurance automobile. Bien
sûr, ils nous posaient de nombreuses questions, mais devant la
diversité des sources d'information qui étaient à la
portée des citoyens, ceux-ci, je pense, étaient mal
informés, ou du moins, ne connaissaient pas tout à fait les
grandes lignes du régime. J'ai été à même de
constater également, après la publication des tarifs que les
électeurs commençaient déjà à savoir et
savaient dans la plupart des cas quelle serait leur prime d'assurance
automobile pour la prochaine année.
Voyez-vous, les partis d'Opposition, et surtout l'Opposition officielle
ont été et a été très surpris d'apprendre
par la publication de ces tarifs qu'il en coûterait $98, $85 plus $13,
c'est-à-dire $98 à un citoyen québécois pour avoir
la protection des dommages corporels offerte par le titre 1 de la loi 67. Bien
des partis politiques, bien des gens au cours de ces semaines qui ont
précédé la publication des tarifs avaient semé le
doute et l'inquiétude dans la population en avançant des chiffres
fabuleux et en faisant croire à la population, sachant que cette
population était intéressée par le coût qu'elle
aurait à payer pour ces primes d'assurance, donc faisait valoir des
chiffres extrêmement élevés.
Ce qui a choqué, ce qui a surpris, et ce qui fait mal à
l'Opposition, c'est justement de voir la réac-
tion des électeurs, des citoyens du Québec, conducteurs et
propriétaires, devant la publication des tarifs faite par le
ministère des Consommateurs.
M. le Président, je ne peux évidemment pas et je n'ai pas
la prétention de parler pour tous les citoyens du Québec, mais je
peux vous dire que dans le comté que je représente, cette
tarification, publiée par le ministère, a été
très bien reçue.
M. Lalonde: Les $100 millions sont cachés quand
même.
M. Vaillancourt (Jonquière): Deuxièmement, M. le
Président, les électeurs, donc, pour $98 recevront quoi? Alors
que la prime moyenne, à moins que ma mémoire me fasse
défaut, dans le domaine des blessures corporelles, dans le
système actuel, était d'environ $130, elle baisse maintenant
à $98, mais ça, sans égard à la faute, ce qui veut
dire que tout piéton, tout passager, tout conducteur et tout
propriétaire de véhicule automobile en tort ou non sera
indemnisé par le titre un de la loi 67 et ce, pour $98. Mais le
conducteur, lui, ne paiera pas $98, M. le Président, et c'est important
que la population le sache; le conducteur, lui, va payer $13.
M. Roy: II conduit quoi, le conducteur?
M. Vaillancourt (Jonquière): Le conduteur, $13.
M. Roy: II conduit quoi, votre conducteur, une bicyclette?
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a beaucoup de
conducteurs de véhicules automobiles au Québec, qui conduisent
des véhicules sans en être propriétaires, M. le
Président. Je comprends que M. le député de
Beauce-Sud...
M. Shaw: Est-ce qu'ils ont besoin d'assurance?
M. Vaillancourt (Jonquière):... a certainement les moyens,
lui, de conduire un véhicule dont il est le propriétaire, mais
bien des citoyens québécois mon frère, par
exemple...
M. Lalonde: Est-ce que le député de
Jonquière me permettrait une question?
M. Roy: C'est devenu une affaire de famille votre affaire.
M. Lalonde: Une petite question...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
à la fin de mon intervention, s'il vous plaît. J'ai toujours
permis, M. le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Bien oui, c'est pour ça, ça me
surprend.
M, Vaillancourt (Jonquière): Je sais que ça vous
fait mal, mais...
Le Président (M. Bertrand): Article 100.
M. Lalonde: C'est parce que j'aimerais être
éclairé.
Le Président (M. Bertrand): Article 100.
M. Vaillancourt (Jonquière): S'il vous plaît,
collègue et confrère, je demande votre collaboration.
M. Paquette: II préfère la confusion.
M. Vaillancourt (Jonquière): Or, M. le Président,
donc, pour $98, pour les propriétaires, $13 pour les conducteurs, rien
pour les passagers, rien pour les piétons, tous ces gens-là
seront indemnisés en vertu du titre 1 du projet de loi no 67.
M. le Président, j'ai déjà eu l'occasion de dire
à cette commission qu'il était extrêmement
désagréable, malheureux et pénible pour un procureur
d'apprendre à ses clients, à son client blessé, qui avait
vu son épouse décéder dans le même accident, l'un de
ses enfants blessé également, de lui dire tout simplement:
L'accident est dû à ta faute. L'accident est dû à ta
négligence. L'accident est dû à ta distraction. L'accident
est dû à une erreur passagère. Tu es blessé, mais tu
n'as aucun recours, puisque tu en es responsable.
M. le Président, cette personne s'en allait tout simplement
bredouille, perdait, pour un temps, son emploi, faisait peut-être appel
au Bien-Etre social, à moins quelle n'ait un système d'assurance
ou un régime d'assurance personnel pour se couvrir. M. le
Président, c'était pénible. De nombreux citoyens
québécois ont été blessés, ont vu des
membres de leur famille blessés et n'ont jamais été
indemnisés pour le motif qu'ils avaient pas toujours, vous savez,
parce qu'ils étaient en état d'ébriété
fait une mauvaise manoeuvre à une certaine intersection, un
certain soir.
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, j'aimerais
invoquer le règlement. Je n'aime pas interrompre la tirade du
député, mais de la pertinence, s'il vous plaît.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député...
M. Lalonde: II reste trois heures. On est rendu dans l'accident
de la veuve et de l'orphelin.
M. Vaillancourt (Jonquière): On est dans les primes, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): On est dans l'argent, M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, M. le
Prési-dent.
M. Lalonde: On est dans l'argent...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, les
primes vont servir à donner des couvertures aux assurés, et je
pense que l'article 133, qui parle des sommes qu'auront à verser les
citoyens, me permet de parler et de dire aux citoyens du Québec ce qu'on
va leur donner pour les sommes qu'on réclame à l'article 133 et,
en ce sens-là, M. le Président, je vous demande
immédiatement si j'ai le droit, en vertu de l'interprétation que
je donne à l'article 133, de parler également des
couvertures.
Le Président (M. Bertrand): Chaque fois qu'habilement, M.
le député de Jonquière, vous vous rattachez à
l'article 133 pour aller cueillir une idée dans un arbre qui se trouve
à côté. Je faciliterai votre travail, mais j'ai besoin de
sentir, pour ma sécurité de président, que vous êtes
dans le cadre d'un débat qui porte sur l'article 133.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, votre
décision est fort sage puisque vous savez que l'accessoire suit toujours
le principal.
M. le Président, donc pour $98, $13 pour les conducteurs, rien
pour les passagers et rien pour les piétons, une couverture totale, au
niveau des blessures corporelles, que nous soyons en faute ou non.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de parler sur le fond de
l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys, mais j'ai
l'impression que le fondement de sa motion...
Le Président (M. Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, mais il n'y a pas de motion du
député de Marguerite-Bourgeoys devant cette commission.
M. Shaw: II parle pour ne rien dire?
M. Lalonde: Est-ce que vous aviez l'intention de l'appuyer?
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est vrai que la moyenne au
bâton n'est pas tellement élevée à cette commission
parlementaire.
M. Lalonde: Avez-vous l'intention d'appuyer? En parlant de
moyenne au bâton, depuis deux jours, le gouvernement a mordu la
poussière souvent. 201, 83, ce n'est pas riche.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, j'allais dire que
c'était probablement votre crainte de voir les compagnies d'assurances
privées avoir des tarifs démesurés qui vous faisait
présentement un tel amendement et certainement pas une crainte de
l'administration de la Régie de l'assurance automobile.
Je vous sais gré, M. le Président, que, par votre
entremise, le député de Marguerite-Bourgeoys ait eu cette
pensée, ait fait appel à cette collaboration des compagnies
d'assurances privées dans le régime des dommages
matériels.
M. le Président, le député de Shefford,
dernièrement, dans une colonne de l'opinion des lecteurs, demandait aux
citoyens de son comté de lui faire parvenir leur opinion sur l'assurance
automobile. En date du samedi, 10 décembre 1977, suite à la
demande du député de Shefford, un électeur
intéressé par le sujet de l'assurance automobile, voulant
évidemment répondre à l'invitation, fort aimable
d'ailleurs, de son député, écrivait au
député de Shefford pour lui donner son opinion sur l'assurance
automobile.
Puisque le député de Marguerite-Bourgeoys a cité
des extraits d'une lettre de la Fédération des jeunes chambres du
Canada français, j'aimerais, quant à moi, lui citer cette lettre
d'un électeur de Granby.
M. Lalonde: Cela en fait deux, vous et lui!
M. Vaillancourt (Jonquière): "M. Richard Ver-reault,
député de Shefford. Le Bureau d'assurance du Canada a fait
publier, ces jours-ci, des annonces publicitaires dans les media, demandant de
dire à notre député ce que nous pensons de l'assurance
automobile. Dans une annonce parue dans les journaux, au début de
décembre, on y voit un tableau comparatif de la prime M. le
Président, évidemment pour me relier à l'article 133
d'assurance pour dommages corporels, tableau montrant celle du
régime actuel et celle du projet du gouvernement. L'annonce ne le dit
pas. Pourquoi ne le dit-elle pas? Ce n'est pas à l'avantage du
régime actuel de le dire. L'annonce ne dit pas que 28% des victimes
d'accidents d'automobiles ne sont jamais indemnisés dans le
régime actuel. L'annonce ne dit pas que le responsable d'un accident ne
reçoit qu'une compensation de $35 par semaine pour perte de revenu,
à condition qu'il soit assuré au chapitre "b". Alors que le
régime du gouvernement prévoit une compensation
équivalente à 90% de son revenu net, le temps que dure son
invalidité, jusqu'à la fin de ses jours, s'il y a lieu, et
indexée au coût de la vie, à chaque année.
Peut-on comparer deux primes toujours 133, M. le Président
quand les couvertures sont tellement différentes? Cette
publicité est définitivement biaisée. Le tableau fait voir
une prime que paie un homme marié de plus de 25 ans, sans accident
depuis cinq ans. Un veuf ou un célibataire seraient-ils plus mauvais
conducteur? Etre jeune vous rend coupable de quoi pour payer une surprime,
même si vous n'avez jamais eu d'accident? Que dire de ceux qui ont eu le
malheur de devoir faire une réclamation à la suite d'un accident?
Ils subiront une hausse de prime pendant cinq ans. Cela ressemble plus à
un plan de finance qu'à un plan d'assurance. Le projet du gouvernement
corrige ces anomalies. Il punira, par une surprime, les mauvais conducteurs
eux-mêmes, c'est-à-dire ceux qui auront enfreint le Code de la
route et auront ainsi accumulé des points de démérite et
non pas leur voisin parce qu'ils ont le même âge ou le même
statut matrimonial. Et, que penser de ces compagnies d'assurances qui refusent
d'assurer votre automobile si vous ne leur donnez pas vos assurances de
maison.
L'annonce publicitaire du BAC conclut que le projet du gouvernement est
plus compliqué et plus cher. Le projet est plus simple car la victime
d'un accident n'aura pas à intenter, à grands frais, des
poursuites judiciaires qui traînent depuis plusieurs années devant
les tribunaux, tout en étant à la merci du talent des procureurs
et de la présence des témoins. C'est plus cher. Ici, la
fausseté est de taille car la prime moyenne actuelle est de $131, soit
$33 de plus que celle prévue avec le projet du gouvernement pour une
meilleure couverture.
Non, Monsieur mon député, je suis incapable de croire
à la bonne foi de ces compagnies d'assurances qui publient de telles
faussetés ou demi-vérités. Elles ont perdu là une
excellente occasion de se taire et ces milliers de dollars gaspillés en
publicité négative auraient été mieux placés
s'ils avaient servi à baisser les primes d'assurance.
Quant à vous, Monsieur mon député, vous auriez pu
faire preuve d'un peu plus d'imagination que de demander un
référendum sur le sujet. Ce n'est pas plus brillant que de tenir
un référendum sur la qualité du transport en commun dans
votre comté. "
Evidemment, je ne dirai pas le nom.
M. Lalonde: Signé par qui?
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous voulez que je dise le
nom du signataire?
M. Lalonde: Vous avez lu sa lettre.
M. Vaillancourt (Jonquière): Claude Lamothe, Granby. Cela
a été rapporté dans le journal La Voix de l'Est.
M. Lalonde: Elle est déjà publique.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le samedi 10 décembre
1977, dans l'Opinion des lecteurs, Lettre ouverte à mon
député. M. le Président, je pense que ce n'est pas,
évidemment, le témoignage...
M. Lalonde: On a une lettre là. En avez-vous d'autres?
M. Paquette: Non, on n'en a pas d'autres en sens inverse.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... de la
Fédération des jeunes chambres du Canada français, mais
c'est le témoignage d'un Québécois, d'un
Québécois que l'on retrouve dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys, comme on le retrouve dans le comté de
Nicolet-Yamaska, comme on le retrouve dans le comté de Jacques-Cartier,
certainement dans le comté de M. le Président et également
dans le comté de Mme le ministre. M. le Président, ce
témoignage... Le député de Beauce-Sud,
évidemment.
M. Roy: Non, vous n'en avez pas. Prouvez-le. M. Shaw:
Garanti.
M. Lalonde: Nommez-le.
M. Vaillancourt (Jonquière): En tout cas, M. le
Président, cet article, lorsque j'ai eu l'occasion de le lire, m'a
rappelé les témoignages que j'ai eus dans mon propre comté
à la suite de la publication des tarifs. J'ose espérer, M. le
Président, que, lorsque ce projet de loi sera enfin adopté, au
lieu d'avoir à faire face à une diversité
intéressée de sources d'information, que le citoyen du
Québec, conducteur, passager, piéton et propriétaire de
véhicules automobiles, pourra enfin lire et comprendre la
publicité de son gouvernement, du ministère, qui va lui
expliquer, dans une campagne de publicité, le contenu du projet de loi
67 qui sera devenu loi à ce moment-là.
M. le Président, inutile de vous dire je pense que c'est
une vérité de La Palice que les différents
organismes qui ont fait de la publicité, parfois
intéressée, souvent intéressée sur le sujet, n'ont
certainement pas aidé les électeurs et les citoyens du
Québec, à se faire une idée sur l'assurance automobile.
Mais, depuis quelques semaines, M. le Président, ils savent enfin ce
qu'ils auront à payer puisqu'ils peuvent déjà s'informer,
auprès de leur courtier d'assurances, pour savoir, combien,
approximativement, leur coûtera leur police
d'assurance-responsabilité de $50 000, autrui. Je pense qu'un courtier
normalement informé est capable de donner, approximativement, à
ce citoyen, une idée de la prime qu'il aura à payer et, en ce qui
concerne...
M. Lalonde: La pertinence.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... le gouvernement, il sait
déjà, ce propriétaire, qu'il paiera $98. Ce conducteur
sait qu'il paiera $13. M. le Président, pour toutes ces raisons,
j'estime que la motion principale de l'article 133 devrait être tout
simplement adoptée pour qu'on puisse passer à l'étude d'un
autre projet de loi, puisque...
M. Lalonde: M. le Président, l'article 100. J'avais une
question à poser avant le "filibuster " du député de
Jonquière, qui veut gaspiller les dernières heures qu'il nous
reste.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président.
M. Perron: Vous allez les gaspiller pendant le prochain mois.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Roy: Un instant, un instant, ne faites pas de
débat.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, à
l'ordre.
M. Lalonde: Vous, vous nous gaspillez la vie 24 heures par
jour.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre. Oui, article
100.
M. Vaillancourt Jonquière): M. le Président, je
suis assuré...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... que le
député de Marguerite-Bourgeoys ne me reproche pas d'avoir pris
les vingt minutes qui me sont allouées par l'article 160 de notre
règlement.
M. Lalonde: Non, je ne pense pas qu'il ait pris encore vingt
minutes. Cela nous a semblé vingt minutes.
Le Président (M. Bertrand): Non, il n'a pas pris vingt
minutes.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci beaucoup, vous
êtes bien gentil.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Jonquière parlait des conducteurs qui vont payer $13. Combien,
d'après lui, le conducteur paie-t-il pour l'assurance automobile
actuellement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Les conducteurs...
M. Lalonde: Combien de piétons paient pour l'assurance
automobile actuellement? Il a parlé de piétons. Combien de
passagers paient pour l'assurance automobile actuellement?
M. Vaillancourt (Jonquière): Je n'ai jamais dit, M. le
député.
M. Lalonde: Vous avez dit que les piétons en profitaient
et ne payaient pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai dit que les
piétons ne paieraient pas et qu'ils seraient indemnisés dans tous
les cas, alors qu'au préalable, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, les piétons ne payaient pas, mais ils
n'étaient pas toujours indemnisés. Cela, vous le savez.
M. Lalonde: Pas toujours.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je sais, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, que votre expérience en
politique et je pense, en droit criminel, ne vous a pas donné l'occasion
de faire énormément de pratique dans le domaine de l'assurance
automobile. Mais je suis assuré, après trois semaines de travaux
de cette commission, que si vous aviez eu l'occasion de rencontrer les citoyens
du Québec dans votre bureau, qui vous racontaient leurs accidents, leurs
malheurs, peut-être auriez-vous été plus en mesure
non seulement peut-être mais je suis sûr de comprendre les
plaintes et les récriminations de ces citoyens et que votre contribution
aux travaux de cette commission parlementaire n'en aurait été que
plus grande. Mais M. le Président...
M. Lalonde: M. le Président, M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Lalonde: J'ai posé une question pour avoir une
réponse.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je réponds... M.
Lalonde: Un instant là.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
n'en veux point...
M. Lalonde: Je ne veux pas me laisser charrier...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... je n'en veux point...
M. Lalonde: J'ai posé la question, est-ce que le
conducteur...
M. Vaillancourt (Jonquière): ... au député
de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: ... paie quelque chose actuellement pour l'assurance
automobile...
M. Vaillancourt (Jonquière):... de ne pas avoir eu
l'occasion de faire cette pratique.
M. Lalonde: ... la réponse est non.
M. Paquette: $85 dans la région de Montréal.
M. Lalonde: Si le fameux expert en assurance automobile...
M. Shaw: Oui...
M. Lalonde: ... qui témoigne depuis je ne sais pas combien
de temps ici, de son expérience qu'on ne peut éprouver nulle
part, peut arrêter de dire des demi-vérités, qu'il dise
donc combien le conducteur paie actuellement. Il ne paie rien pour l'assurance
automobile.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, il 'y
a des conducteurs dans la région de Montréal actuellement qui ne
sont pas propriétaires, et qui paient une prime additionnelle de $85,
à Québec, $79, à Hull, $66, dans les Cantons de l'Est,
$92, en Gaspésie $100 et au Lac-Saint-Jean, $101 lorsqu'ils ont moins de
25 ans.
M. Lalonde: S'il n'a pas...
M. Shaw: Ah, s'ils ont moins de 25 ans.
M. Lalonde: Oui.
M. Shaw: Ah, ah.
M. Vaillancourt (Jonquière): Or, avec nous, ils vont payer
$13.
M. Shaw: Je le sais.
M. Lalonde: A Hull, pour ceux qui ont plus de 25 ans, à
Hull...
M. Shaw: Qui va payer...
M. Lalonde: Pour ceux qui ont plus de 25 ans, à Hull, M.
le Président, est-ce que le député de Jonquière
pourrait nous dire la différence?
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai répondu à
votre question.
M. Lalonde: Dans le régime actuel, ils paient à peu
près $63 et avec le projet du gouvernement, ça va être $98,
plus $13, plus $5 à $10...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, on
prend avis de cette question et je suis sûr que d'ici une demi-heure, on
sera en mesure de donner ces chiffres au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous voulez dire que ça fait des mois que vous
proposez un projet, ça fait des semaines que vous faites la leçon
à tout le monde et vous ne connaissez pas des réponses aussi
élémentaires que ça sur ce que ça coûte? Il
est temps qu'on vous mette la guillotine à vous.
M. Vaillancourt (Jonquière): Mais vous dites que ça
ne leur coûtait rien avant, alors que vous savez que ce n'est pas
vrai.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Jonquière, à l'ordre. La parole est au
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne défendrai
pas le régime actuel. Je sais que personne n a le goût de le
défendre. J allais dire.
Une Voix: Vous manquez de force.
M. Roy: Je m'excuse auprès de mon collègue, M. le
Président, mais d'habitude, on fait un tour de table quand il y a un
article.
Le Président (M. Bertrand): Je m excuse, mais le
débat a commencé alors que M. le député de
Marguerite-Bourgeoys avait demandé la parole. Le député de
Jonquière a enchaîné, le député de
Jacques-Cartier m'a demandé la parole, ensuite j'avais le
député de Beauce-Sud. Effectivement, il arrivait que,
traditionnellement, ce soit un représentant de chaque formation qui
prenne la parole. Si le député de Jacques-Cartier accepte que
l'Union Nationale prenne son droit de parole ainsi que le député
de Beauce-Sud, on reviendra à lui tout de suite après.
M. Saint-Germain: C'est dommage, mais enfin, allez.
M. Lalonde: Au nom du front commun.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Le
député de Jonquière a dit à cette commission ou
semble vouloir faire accroire à cette commission ou à la
population du Québec que les oppositions à l'Assemblée
nationale sont contre tout changement en assurance automobile.
M. le Président, je pense qu'il est important de rétablir
les faits. Depuis le début de la commission, tous les membres de
l'Opposition font valoir le fait que nous sommes en faveur du "no fault",
partiel ou total dans certains cas, mais nous sommes en faveur d'un certain
régime de "no fault", nous sommes en faveur que tout le monde soit
assuré au Québec, et ce depuis longtemps.
Je ne dirai pas que c'est malhonnête, mais c'est des
demi-vérités que de faire croire à la population qu'il y a
seulement le Parti québécois, le parti au pouvoir, le parti
ministériel, qui soit dans la vérité et qui soit pour des
changements dans l'assurance automobile. Le gouvernement nous cite des cas
d'accidents, des cas où des pères de famille sont allés le
voir et qui n'ont pas pu faire des réclamations. Tout le monde a eu
connaissance de ces choses et en est conscient. On est d'accord qu'il puisse y
avoir des changements de ce côté.
M. le Président, je ne pense pas qu'on puisse nous raconter ici
qu'il y a seulement le parti au pouvoir qui ait pris conscience de ces
phénomènes et qui soit prêt à apporter des
changements.
Si on revient à la tarification, je me demande comment il se fait
qu'à un moment donné, on nous a présenté un projet
de tarification où cela devait coûter $133, je pense et que, suite
à la présentation du projet de loi, on nous en propose un autre
où c'est diminué à $98. Qu'est-ce qui s'est passé
entre-temps?
Je veux bien croire que les accidents ont diminué, je suis bien
d'accord, mais il s'est passé autre chose aussi, M. le Président.
Il s'est passé des amendements dans le projet de loi, entre autres
à l'article 37, paragraphe 2, où on a réduit les
indemnités. C'est pour cela, M. le Président, que cela
coûte moins cher. On a réduit les indemnités. L'article 37,
paragraphe 2, déposé en deuxième lecture, disait: Le
pourcentage visé dans le paragraphe 1 est établi à 65%
pour une personne à charge, à 75% pour deux personnes à
charge et, s'il y en a plus de deux, à 75% plus 5% par personne à
charge, à compter de la troisième, jusqu'à concurrence de
90%.
On amende cela, M. le Président, et on dit: Le pourcentage
visé dans le paragraphe 1 est établi à 55% au lieu de 65%
et à 65% au lieu de 75%. Ces amendements comportent des montants
d'argent considérables. On ne l'a pas mentionné. C'est cela qui
diminue la tarification.
Il y a autre chose aussi qu'on n'a pas mentionné. Lorsque nous
avons entendu des mémoires, en commission parlementaire Mme le ministre
n'a jamais fait mention de la taxe sur les carburants. Je pense même
pouvoir affirmer qu'elle a déjà dit en cette Chambre qu'elle
avait écarté la
possibilité de recourir à une taxe sur les carburants. Or,
quand on nous présente le projet de tarification, on voit que le
ministre a décidé d'aller chercher $0.01 le gallon d'essence, ce
qui représente $21,5 millions qu'on ne va pas chercher dans une
tarification qu'on doit exiger des assurés, mais qu'on va chercher dans
la poche du ministre des Finances. Mais qui va payer cela? Ce sont les
contribuables du Québec. Il y a un manque à gagner de la part du
ministre des Finances et ce sont les contribuables du Québec qui vont
devoir en défrayer le coût, tôt ou tard.
M. le Président, qu'on dise donc à la population où
on va les chercher, ces $21,5 millions.
M. Shaw: La vérité, enfin.
M. Fontaine: Si on n'avait pas été le chercher, on
aurait été obligé de l'ajouter à la tarification.
Qu'on dise donc également à la population que, sur $345,1
millions qu'on va chercher dans les poches des assurés, on va en
redonner seulement $50 millions l'an prochain aux assurés, en
indemnités. Qu'on le dise donc! Et il y a $200 millions qui vont
être placés dans les coffres de la régie, pour aller les
placer ailleurs, dans d'autres services.
M. Perron:... combien d'accidents corporels...
M. Paquette: Et c'est le taux qui est payé pour les rentes
indexées.
M. Fontaine: M. le Président, je suis sûr que si on
avait eu le temps de faire le tour de tous les articles de la loi, il y aurait
eu d'autres indemnités qui ont été diminuées et
dont on n'a peut-être pas eu le temps de prendre connaissance.
M. le Président, qu'on dise la vérité à la
population du Québec et qu'on fasse peut-être un
référendum. On disait tantôt que ce n'était
peut-être pas une idée tellement originale de faire un
référendum là-dessus. Faites-en donc un
référendum, vous allez voir ce que vous allez avoir comme
réponse des Québécois. Faites-en un, vous allez voir.
M. Shaw: Même sur l'indépendance. M. Paquette: Bien
brillant!
M. Vaillancourt (Jonquière): Cela viendra en son temps, M.
le député de Pointe-Claire.
M. Paquette: Vous n'êtes pas sûr de gagner dans
Pointe-Claire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): A l'article 96, j'aimerais
rectifier les faits. Je ne pense pas avoir dit que... En tout cas, c'est le
député de Nicolet-
Yamaska qui parlait. Je sais que, dès le début, l'Union
Nationale s'est prononcée, sur l'assurance automobile, je pense, pour le
système du "no fault" partiel ou total. Je ne voudrais pas que mes
propos aient fait penser au député de Nicolet-Yamaska que
j'accusais son parti d'être en désaccord complet avec le projet de
loi. Ce n'était pas du tout mon intention; je n'ai jamais eu cette
idée non plus.
M. Fontaine: Je suis bien content de vous l'entendre dire.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
M. Paquette: On va vous aider à la prochaine
élection.
M. Roy: J'ai écouté mon collègue de
Jonquière, tout à l'heure, dans son discours que je pourrais
qualifier de discours de deuxième lecture, nous expliquer en quelque
sorte ses convictions relativement au projet de réforme de l'assurance
automobile. Il ne m'a sûrement pas convaincu. Je lui souhaite seulement
une chose, c'est d'avoir réussi à se convaincre lui-même,
dans son for intérieur. Je lui souhaite surtout de ne pas avoir de
réveil brutal.
Quand j'écoute le gouvernement nous dire qu'il a consulté
la population, qu'il n'y a pas de problèmes et que les gens sont
d'accord, c'est curieux. J'ai eu l'occasion de rencontrer passablement de gens
dans la province et je n'ai pas vu tellement de gens qui étaient
d'accord avec le régime. Cela me rappelle un peu, quand le gouvernement
agit de cette façon et tente de crier plus fort pour enterrer les
doléances, les réclamations et les inquiétudes de la
population, ce qui s'est passé dans le Titanic au moment où il a
frappé l'iceberg. On demandait à l'orchestre de jouer plus fort
pour ne pas entendre ce qui s'en venait. Vous agissez à peu près
de la même façon.
Je pense que le député, Mme le ministre et le gouvernement
font un oubli extrêmement sérieux lorsqu'ils abordent le
coût de l'assurance automobile et qu'on les entend dire à la
population que les coûts vont diminuer. Ce qu'on n'a jamais voulu
admettre, ou du moins ce qu'on n'a pas voulu accepter de voir, c'est que les
citoyens du Québec... M. le Président, je n'ai pas interrompu mon
collègue.
M. Vaillancourt (Jonquière): Moi non plus. M. Roy:
Je vous mets en garde.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je prenais une note.
Une Voix: II y en a qui sont fatigués.
M. Roy: Je vous permets même d'en prendre deux,
excusez-moi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous êtes nerveux, M.
le député de Beauce-Sud.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière!
M. Roy: Non, je ne suis pas nerveux. Une Voix: Vaut mieux
prévenir que guérir.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous surveillez mes moindres
gestes.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jonquière, il faut comprendre l'état dans lequel se trouvent les
membres de a commission au moment où la guillotine s'en vient.
Mme Payette: II n'y a pas de danger...
Le Président (M. Bertrand): Le bourreau vient de demander
à chacun s'il avait quelque chose à dire avant d'y passer. Le
député de Beauce-Sud ne voudrait pas être tranché
dans ses propos.
M. Roy: Non, malgré qu'à minuit la guillotine va
tomber. Ce ne sera peut-être pas le cou, mais cela sera sûrement la
langue.
M. le Président, je pense qu'on a oublié une chose du
côté gouvernemental. Je le déplore de façon
très sérieuse. On s'est fermé les yeux sur une
réalité au Québec, c'est que les Québécois
voyagent à l'extérieur. Je le dis encore et je le
répète. Ceux qui demeurent près de la frontière
américaine, l'Ontario, le Nord-Ouest québécois, la
vallée du Témiscamingue, Montréal, les Cantons de l'Est,
près des Etats-Unis, et on oublie de dire cela.
Je comprends que, lorsqu'on avait demandé à Mme le
ministre à quel endroit on avait pris l'exemple pour proposer un tel
projet de réforme, Mme le ministreje peux citer ses propos puisque
c'est dans le journal des Débats de l'Assemblée nationale
nous avait dit qu'on avait copié ce régime ou qu'on
s'était inspiré du régime de la
Nouvelle-Zélande.
Je ne crois pas que la situation de la Nouvelle-Zélande soit
comparable à celle du Québec, c'est une île. Le
Québec, ce n'est pas une île et le rideau de fer, ou le rideau de
bambou, ou le rideau de je ne sais pas quoi n'a pas encore été
posé. Les Québécois peuvent circuler autour.
Quand on dit qu'on cherche à protéger une classe de gens,
parmi ceux qu'on peut situer dans les classes plus élevées de
l'échelle sociale, je pense aussi et surtout aux petits travailleurs du
Québec qui, pendant leurs vacances, en été, vont prendre
leurs vacances sur les plages de la Nouvelle-Angleterre avec leur automobile.
Je ne parle pas des gros bourgeois, je parle des travailleurs du
Québec.
Je parle également des travailleurs du Québec qui
travaillent aux Etats-Unis à l'heure actuelle. Il y en a une bonne
quantité qui travaille en Ontario; ceux qui sont situés
près de la frontière onta- rienne. On oublie cela, mais on
devrait en tenir compte lorsqu'on parle du coût et qu'on veut faire des
comparaisons. Pour quelle raison cherche-t-on justement à augmenter
l'amplificateur? Pour essayer de se fermer les oreilles jusqu'à ce que
la loi soit adoptée? Pour ne pas entendre les questions que la
population se pose et ne pas entendre les demandes de la population du
Québec? Ce sera votre problème. On aura fait notre devoir.
M. le Président, à l'article 133, si je le lis, si
j'essaie de l'interpréter textuellement, il n'y a aucune
référence aux montants qui seront payés et qui seront
versés par le trésor public, le transfert de la taxe. Je ne sais
pas non plus, puisqu'on a dit qu'un projet de loi serait déposé
à l'Assemblée nationale.
J'ai ici le feuilleton de ce matin. Le projet de loi n'est même
pas inscrit à I appendice. La session proroge ses travaux la semaine
prochaine. Les projets de loi sont censés être tous
déposés si j'en juge de par les discussions privées que
nous avons eues avec les responsables de la législation du
côté gouvernemental.
Qu'est-ce que c'est? L'affaire du $21 millions. Est-ce que le ministre
des Finances a donné son accord définitif? Je n'ai pas entendu un
mot, en ce qui me concerne, du ministre des Finances à ce sujet. Je ne
sache pas que le ministre des Institutions financières, le ministre des
Consommateurs soit autorisé à parler pour et au nom du ministre
des Finances. Est-ce que cela veut dire on peut se poser la question
à ce moment que c'est une possibilité, une
hypothèse, une projection, l'affaire des $21,5 millions?
Si j'en juge par l'article, et s'il est interprété
à la lettre, les assurés devront payer en totalité le
coût du régime. C'est bien indiqué: Le paiement des
obligations du fonds d'indemnisation ainsi que le paiement des frais d
administration de la régie et du fonds d'indemnisation. Il n'y a aucune
virgule, aucun paragraphe, aucun mot dans cet article qui laissent place
à la subvention gouvernementale. J'ai appelé cela une subvention,
le gouvernement aime mieux appeler cela un transfert, de toute façon, on
ne discutera pas sur les termes. Ce sont $21 millions pris dans le
trésor public qui vont venir à la rescousse de la Régie de
i'assu-rance automobile et qui vont priver le gouvernement d autant d'argent,
ce qui fera que certains ministères devront se comprimer davantage
à cause de ce manque à gagner, ou le gouvernement devra avoir
recours à une augmentation de taxes, une augmentation d'impôts
pour aller chercher le manque à gagner. Dans ce domaine, il n'y a pas de
place pour de l'acrobatie, deux plus deux font quatre.
M. le Président, même si nous sommes à deux heures
et demie de la guillotine, nous ne sommes pas tellement informés. Je
pense que les renseignements dont nous disposons comme membres de la
commission, je viens de les répéter devant cette commission,
alors qu'on sait très bien que la taxe sur les carburants, lorsqu'elle a
été votée par le Parlement, a toujours eu pour but de
mettre à la disposition du ministère de la Voirie, qui est
de-
venu le ministère des Transports aujourd'hui, des montants pour
travailler à la réfection, à l'expansion et à
l'entretien du réseau routier du Québec. Est-ce que le
ministère des Transports devra se priver d'une somme de $21,5 millions
de plus à l'avenir? C'est une question pour laquelle nous n'avons pas de
réponse, mais qui demeure posée. On n'a pas tellement
été bavards de ce côté, mais le ministre des
Finances n'a absolument rien dit.
En ce qui a trait au coût caché du régime, qu'est-ce
que cela va coûter au gouvernement le régime d'assurance
automobile, en plus de ce que les citoyens du Québec vont payer? Il y a
d'abord les $21,5 millions de taxes si l'on poursuit l'idée et qu'on va
jusqu'au bout. Il y a les $10 millions de manque à gagner, parce qu'on
ne remboursera plus la Régie de l'assurance-maladie et la Régie
d'assurance-santé. J'en conviens, et on pourra peut-être me dire
que ces demandes ont été faites par les assureurs. Ces demandes
ont été faites par les courtiers. Ces demandes ont
été faites par les partis d'opposition. C'est vrai. Seulement, on
devrait en tenir compte dans le calcul; on devrait le dire et non pas le
cacher, pour faire croire à la population que c'est parce que le
gouvernement fait une réforme du régime d'assurance automobile
que cela coûte moins cher. On n'a pas tellement fait état non plus
de la taxe de 2% ou de 2,7%, que les assureurs doivent payer au moment de la
perception des primes d'assurance, ce qui va constituer pour le gouvernement un
autre manque à gagner de $9 millions. Je suis rendu à $40
millions.
Le gouvernement sera privé directement d'argent dans ce
régime, dans cette prétendue réforme de l'assurance
automobile. Si j'ajoute en plus les mises à pied que nous trouverons
dans le secteur de l'assurance, de travailleurs et de travailleuses qui, au
lieu de payer de l'impôt, seront en chômage, une baisse du chiffre
d'affaires des courtiers qui, en diminuant leur revenu, effectivement, vont
diminuer le montant d'impôt qu'ils doivent payer. M. le Président,
je pense que ce n'est pas exagéré d'évaluer cette somme
à un minimum de $10 millions, ce qui fait $50 millions de manque
à gagner que le gouvernement provincial... Alors que nous sommes
actuellement en pleine période d'austérité, alors qu'on
demande aux municipalités du Québec de se serrer la ceinture, de
se priver de subventions... Les hôpitaux sont privés de
subventions. Il y a des restrictions dans le domaine de l'éducation un
peu partout. On ne peut même pas garantir qu'il y aura effectivement une
diminution du coût de l'assurance automobile pour les automobilistes du
Québec.
M. le Président, quand je dis que le gouvernement va à
l'aventure, il va à l'aventure et c'est vrai. On aura beau augmenter les
amplificateurs pour tâcher d'enterrer les représentations de
l'Opposition de la population du Québec, il demeure que ce n'est pas
moins vrai.
On fait quand même référence au pouvoir de
réglementation. Où sont les règlements qui vont
interpréter la loi, qui vont la restreindre dans certains cas, qui vont
lui donner de l'extension dans d'autres cas? Ce sont toutes des choses que les
parlementaires devraient avoir. Je ne fais que citer les paroles de mes
collègues du Parti québécois, au moment où nous
faisions, en quelque sorte, équipe dans l'Opposition pour demander
à l'ancien gouvernement de déposer les règlements lorsque
des lois comportaient un immense pouvoir de réglementation et que les
règlements comportaient des restrictions ou comportaient des
dispositions qui changeaient la portée du projet de loi comme tel. Nous
sommes à deux heures et demie de la guillotine, M. le
Président.
Alors, je pense qu'on devrait prendre note, au lieu d'essayer de se
convaincre que le régime est bon... Je pense que mes collègues du
côté ministériel, s'ils ont cette information, qu'ils la
donnent en commission parlementaire, ils vont rendre service à tout le
monde. S'ils ne l'ont pas, c'est signe qu'ils ne sont pas mieux informés
que nous, et s'ils ne sont pas mieux informés que nous, je me demande
qui se cache derrière cette prétendue réforme.
M. le Président, j'attends je vais mettre fin à mes
propos que mes collègues du côté ministériel
répondent aux questions que je viens de poser, notamment en ce qui
concerne la taxe sur les carburants qui devra être
transférée. Qu'on me dise, par exemple, s'il y a une entente avec
le ministère des Finances. Quels sont les accords qui ont
été conclus jusqu'à maintenant? Quand la loi sera-t-elle
déposée devant l'Assemblée nationale? Après cela,
on pourra revenir sur l'article 133, parce qu'il sera peut-être
nécessaire de l'amender et de tenir compte des sommes que le
gouvernement entend verser à la régie, si on ne veut pas faire en
sorte c'est selon les intentions mêmes et les aveux mêmes du
gouvernement que ce soit les automobilistes seuls qui en assument le
coût total et qu'il y ait une participation gouvernementale par un
transfert de revenus. Mais dans l'article 133, il n'en est pas question.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, suite à l'invitation
du député de Beauce-Sud, je pense qu'il faudrait reprendre tous
les débats de cette commission pour démontrer jusqu'à quel
point la plupart de ses arguments sont sans fondement. Je ne dis pas tous; je
ne dis pas que le régime est parfait, mais je dis qu'il règle ce
problème essentiel dans l'indemnisation insuffisante et tardive dans le
domaine du dommage corporel. Je pense que les gens seront mieux couverts et
indemnisés pour leurs dommages qu'ils ne le sont présentement. Je
pense que nous avons fait cette démonstration à plusieurs
reprises au cours des travaux de cette commission. A plusieurs reprises,
à l'occasion, on nous a amené des cas limites, des cas
extrêmes où certaines personnes, suite à un accident
d'automobile, s'étaient vu accorder une indemnité de $50 000.
Evidemment, il s'agit de cas de gens souffrant d'incapacités permanentes
et qui perdaient totalement leur revenu.
Dans le nouveau régime, M. le Président je
reconnais que c'est un cas extrême. Il faudrait prendre ça cas par
cas, mais ce serait trop long ces gens-là vont recevoir une
indemnité moyenne de $9000 par année pendant peut-être 20
ou 30 ans. Ils vont pouvoir recevoir, par cette rente indexée, autour de
$200 000 à $300 000 au cours de leur vie.
Je pense que les indemnisations vont être également plus
rapides. La durée de règlement moyen est de deux ans et demi
à trois ans et le régime prévoit que, sept jours
après l'accident, sur rapport du médecin, le régime
commencera à ver ser l'indemnité de remplacement de revenus.
M. le Président, je pourrais amener d'autres arguments pour
démontrer que la couverture est meilleure et plus rapide, mais je pense
que cette preuve a été amplement faite et que les
députés de l'Opposition ont essayé de trouver des aspects
où certaines personnes seraient moins indemnisées et je pense
qu'ils en ont été absolument incapables.
D'autre part, M. le Président, paradoxalement la prime moyenne du
régime corporel va baisser, pour une meilleure couverture et pour une
indemnisation plus rapide. Le coût moyen de la prime même en
incluant la taxe sur les carburants, dont je vais parler assez longuement, tout
à l'heure, en réponse aux questions du député de
Beauce-Sud va effectivement baisser. Je pense que c'est ça qui
dérange l'Opposition; elle essaie, depuis le début, d'attaquer la
crédibilité du régime. Le ministre a déposé
il y a, je pense, deux semaines et demie, un document qui fait une étude
de coût, qui évalue le coût du régime, le coût
de chacun des articles de ce projet de loi, et on en arrive à coût
global de $345 millions.
M. le Président, nous avons fait venir, à cette table, le
président de la régie, M. De Coster, les actuaires qui ont
travaillé sur ces documents. Les députés de l'Opposition,
en particulier le député d'Outremont nous l'avons fait
également ont posé à ces gens la question de
façon très serrée afin d'examiner la façon dont ils
avaient évalué le coût du régime,
particulièrement lors du débat concernant les frais
d'administration. L'Opposition a toujours soutenu qu'il était impossible
de financer une régie publique comme la Régie de l'assurance
automobile, pour des frais d'administration de 6%. On se rappelle qu'a
été évoqué le coût des différentes
régies publiques variant de 3% à 13%, avec une exception, une
régie dans le domaine agricole qui est en train d'être
réorganisée. M. De Coster et ses fonctionnaires nous ont, en
quelque sorte, présenté leurs prévisions
budgétaires sur les frais d'administration. Ils nous ont
démontré, à notre satisfaction je pense ça
n'a pas pu être mis en doute par les députés de
l'Opposition qu'effectivement le coût d'administration serait de
6%.
M. le Président, les députés de l'Opposition
peuvent difficilement admettre ça. Je les comprends. Certains ont encore
des questions, d'autres ont des motifs politiques de le faire et ils essaient
de semer l'incertitude dans la population, au sujet des primes. En ce qui
concerne l'appui de la population, sur cette question, M. le Président,
d'une part, je tiens à dire que, malgré la publicité
massive du Bureau d'assurance automobile du Canada, dans les journaux, qui
disait: Le régime d'assurance automobile est plus complexe, plus cher
alors qu'on s'est fait accuser par les députés de
l'Opposition d'être trop simplistes, uniformisateurs, d'avoir un
régime qui met tout le monde en case on nous dit que le
régime est complexe, nuancé, qu'il s'adapte à
différentes si-tuations et, malgré cette publicité qui
incitait les citoyens à envoyer des lettres; on disait: Envoyez une
lettre à votre député pour lui dire que vous n'aimez pas
ce projet de loi. Evidemment je n'ai pas fait une enquête auprès
de tous les députés de l'Assemblée nationale, mais je n'en
ai pas reçue, le député de Duplessis n'en a pas
reçue, le député de Jonquière n'en a pas
reçue. J ai consulté une quinzaine de députés
ministériels, ils n'ont pas reçu une seule lettre
là-dessus. Je ne sais pas si les députés de l'Opposition
en ont reçu. Est-ce que le député de Montmagny-L'Islet a
reçu une lettre à ce sujet...
M. Roy: Peut-être Mme le ministre...
Mme Payette: Non, M. le député de Beauce-Sud, aussi
étonnant que ça puisse paraître.
M. Roy: Mme le ministre, je vous ai fait parvenir personnellement
200 copies de lettres.
Mme Payette: J'ai appelé cela une pétition, M. le
député.
M. Roy: Tiens! Mon dictionnaire n'est plus bon.
M. Shaw: Elle dit toujours la vérité!
M. Paquette: Peut-être à la suite d'une
assemblée que vous avez faite. M. le député de...
M. Roy: Ce ne sont pas des lettres, ce sont des
pétitions!
M. Paquette: ... Beauce-Sud, c'est peut-être à la
suite d'une assemblée ou à une tournée que vous avez faite
dans votre comté.
Mme Payette: Des lettres circulaires toutes signées,
ça ressemble à une pétition, M. le
député.
M. Roy: Vous en avez eu de différentes formes et de
différentes régions du Québec.
M. Paquette: M. le Président, je pense que j'avais la
parole.
M. Roy: Ce n'est pas moi qui vous ai coupé la parole, M.
le député.
M. Shaw: C'est pour rétablir les faits.
M. Paquette: Je pense que le député a
présenté son cas, mais je pense qu'il est presque unique dans
cette assemblée et je me demande s'il y a d'autres députés
de l'Opposition qui ont reçu des lettres suite à la campagne du
Bureau d'assurance automobile.
M. Roy: Tiens, des lettres. En voulez-vous? Il y en a de toutes
les sortes. C'est à consulter.
M. Paquette: Vous avez dû travailler fort pour obtenir
cela, parce que moi je n'en ai pas eu.
M. Gagnon: Qui vous a imprimé cela?
M. Roy: Vous pourrez même prendre les noms pour leur
écrire et leur offrir une carte de membre de votre parti. Je vous le
permets.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de Beauce-Sud est un cas unique dans le genre. Je n'ai pas
entendu un autre député de l'Opposition me dire qu'il avait
reçu des lettres suite à la campagne du Bureau d'assurance
automobile. Je n'en ai pas reçu. Les quelque 20 collègues que
j'ai consultés non plus. J'en conclus que le député de
Beauce-Sud a dû travailler très fort pour obtenir ces lettres dans
son comté.
M. le Président, j'ai fait moi-même une tournée de
mon comté. Je me suis promené, pas parmi les péquistes,
pas parmi des gens qui pourraient appuyer la politique gouvernementale ou
même penser qu'elle ne va pas assez loin, mais sur la rue; je suis
entré dans des centres commerciaux, j'ai parlé aux gens sur la
rue. J'ai également fait des assemblées dans mon comté.
J'en fais tous les mois avec des gens des clubs de l'âge d'or, des
associations de loisirs, qui ne sont pas, non plus, des péquistes. Je
leur ai expliqué le régime d'assurance automobile et on en a
discuté. Au cours de la discussion, pas une seule fois ces gens, qui
avaient des questions bien sûr sur le financement du régime, n'ont
craint, comme l'ont affirmé certains députés de
l'Opposition, l'étatisation du régime.
Au contraire, ils ont dit: Cela fait tellement d'années qu'on n'a
pas de véritable régime d'assurance automobile, quand on a le
malheur d'avoir un accident on paie de nouveau le coût de l'accident en
trois ans, généralement. Ce n'est pas un régime
d'assurance. D'après ce qu'on voit, en plus des dommages corporels,
pourquoi n'étendez-vous pas le régime aux dommages
matériels? M. le Président, je pense qu'on a laissé le BAC
faire sa publicité sans faire de publicité gouvernementale,
malgré le dépliant, qu'a exhibé le député de
Beauce-Sud, qui provenait du ministère des Transports. Je pense que
c'est tout simplement par respect pour l'Assemblée nationale, en
attendant que cette loi soit votée; et même sans cette
publicité, cette contrepublicité massive qu'aurait pu faire le
gouvernement, pour contrer la publicité du Bureau des assurances
automobile, M. le Président, je pense que l'opinion de la population a
évolué.
Au début, c'était plutôt des craintes, des
interrogations et, M. le Président, d'après les sondages que nous
avons faits, c'est de plus en plus une approbation au régime.
Après l'expérience que j'ai faite dans mon comté avec ces
assemblées et avec cette tournée, je demeure convaincu, M. le
Président, que les Québécois comprennent le gain de ce
régime; meilleure couverture, plus rapide, assurance obligatoire, une
garantie de remboursement à un coût moyen moins cher. J'en arrive
aux coûts, M. le Président.
Dans la publicité du Bureau d'assurance automobile du Canada, M.
le Président, on fait circuler des chiffres qui sont un peu
malhonnêtes. On dit: Le régime actuel coûte à
Montréal $97, à Québec $91, à Hull $63, dans les
Cantons de l'Est $93, en Gaspésie $105 et dans le Lac-Saint-Jean $99. M.
le Président, il est à remarquer qu'on ne mentionne pas que ce
sont les chiffres de 1976. Le coût de la vie a augmenté depuis ce
temps-là et il faut comparer des chiffres de la même année.
Ce sont des chiffres de 1976.
Ensuite, on oublie de dire que 92% des automobilistes ont le chapitre B
de l'assurance automobile et il faut ajouter ces coûts, qui sont
d'environ $10, au prix mentionné. Ce n'est pas dit dans la
publicité. On compare avec les chiffres du projet Payette qui sont de
$98, $85 pour les plaques d'immatriculation en supplément du coût
habituel et $13 pour le permis. M. le Président, en ce qui concerne
également les seconds conducteurs d'une automobile, on dit: Cela va
coûter $13 de plus, mais on oublie de mentionner les chiffres
donnés par le député de Jonquière tout à
l'heure comme quoi les chauffeurs de 25 ans et moins paient autour de $80 au
lieu de $13 pour être assurés comme deuxième
conducteur.
M. le Président, quand on compare les chiffres réels en
tenant compte des frais d'administration, c'est assez révélateur.
Je prends le régime proposé à $98 et j'ajoute $7 pour la
taxe sur l'essence de $0.01; si vous calculez ça, le chauffeur moyen qui
fait 12 000 milles durant l'année, je pense qu'en moyenne, ça va
coûter à chaque automobiliste qui prend son auto
régulièrement, environ $7. Cela nous amène à
$105.
Là-dessus, il y a $7 en frais d'administration et $98 en
indemnités. Si on regarde le régime actuel, M. le
Président, la prime moyenne, je pense que cela n'a pas été
contesté par personne, on peut la mettre autour de $130. Alors, si on
regarde les frais d'administration des compagnies privées qui sont de
34% évidemment, cela inclut le profit, tout ça ce
qui veut dire $47 en frais d'administration et seulement $83 en
indemnités, avec le résultat que même pour une prime plus
élevée, le régime actuel rembourse moins en
indemnités que le régime proposé; de fait, $15 de moins en
moyenne.
Là où se trouve toute la finesse, M. le Président,
dans l'amendement que nous a présenté tout à l'heure le
député de Marguerite-Bourgeoys... Il sait très bien que
ces chiffres concernent des primes moyennes, mais que la façon
d'évaluer la prime d'assurance automobile diffère dans les
deux cas. Dans le cas des compagnies privées, la prime varie en
fonction de critères comme l'âge, le sexe; ils sont en bonne
partie discriminatoires et essaient d'évaluer le risque pour une
compagnie privée, alors que comme point de départ du
régime d'assurance automobile proposé, la prime pour un
véhicule de promenade est uniforme.
Cela veut donc dire qu'il y a certains automobilistes, ceux qui paient
des primes très basses, qui pourraient voir leur prime augmentée
de $10 ou $15. A l'opposé, M. le Président, il y a aussi des gens
qui paient actuellement $600, $700, jusqu'à $1000 et même $2000 et
qui vont voir leur prime fortement réduite de $400 et même $500
seulement sur les dommages corporels, si on calcule que ceux-ci occupent
à peu près le tiers du coût d'une police d'assurance.
C'est évidemment toute la finesse du député de
Marguerite-Bourgeoys de nous présenter un amendement qu'on ne peut
évidemment pas accepter, parce que l'amendement disait: Le régime
devra baisser pour toutes les personnes assurées, ce qui est
évidemment tout à fait impossible étant donné le
type de régime que nous proposons.
M. le Président, quand vous expliquez ça à des
gens, même des gens qui ont relativement tendance à être un
peu plus conservateurs, parce qu'ils en ont vu d'autres; je pense aux citoyens
de l'âge d'or que j'ai rencontrés il y a une semaine et demie dans
mon comté. Quand vous leur expliquez ça, ils comprennent. C'est
normal, c'est une façon différente de calculer et il y a certains
automobilistes qui vont voir leur prime augmenter de $10, d'un autre
côté, la prime moyenne, pour une personne qui se situe dans la
moyenne, va baisser de $25 à $30. La grande majorité des citoyens
du Québec va en bénéficier, va payer moins cher tout en
étant mieux couverte, indemnisée de façon garantie et de
façon plus rapide. J'en arrive à la taxe sur les carburants, M.
le Président, je l'ai incluse dans mon évaluation, dans les $7.
Quand j'explique le régime d'assurance automobile à mes
concitoyens de Rosemont, je leur explique la nature de cette taxe.
Le député de Beauce-Sud a été surpris de ce
changement d'attitude du gouvernement sur la taxe des carburants parce qu'au
début, effectivement, le ministre avait dit: Nous n'allons pas inclure
de taxe sur les carburants dans le régime. Maintenant, pour bien
comprendre les réserves que nous avions, il y en avait principalement
deux. La première était: pour que la taxe ne soit pas
entièrement mangée par les frais d'administration, pour la
percevoir, il fallait qu'elle soit assez élevée; si on se
contentait de percevoir seulement un cent le gallon, mais de façon
indépendante et propre à ce régime, nous allions avoir des
frais d'administration qui couvriraient peut-être 75% des sommes que nous
irions chercher par ce moyen.
Pour avoir un retour suffisant, déduction faite des frais
d'administration, il faudrait peut-être avoir quelque chose comme $0.10
le gallon et, à ce moment-là, cela serait inacceptable pour les
régions frontières qui pourraient être tentées
d'acheter leur essence à l'extérieur des frontières du
Québec. Je pense que le raisonnement était juste, que le ministre
avait exprimé cela très clairement lors de la première
séance de la commission parlementaire, lorsque nous écoutions les
mémoires des différents organismes.
Depuis ce temps, après la discussion au sein du gouvernement,
nous avons découvert qu'il était possible, pour le ministre des
Finances, de prendre $0.01 le gallon sur une taxe qui est déjà
perçue, c'est-à-dire que le prix de l'essence n'augmentera pas
l'an prochain à cause du régime d'assurance automobile, et de
l'affecter à cela. Ce n'est pas un coût caché, c'est un
coût qui a été très bien présenté dans
le document que le ministre a déposé devant l'Assemblée
nationale et il faut effectivement, lorsqu'on compare les coûts du
régime actuel et de l'ancien régime ajouter à la prime un
montant moyen de $7 qui vient de cette taxe.
Est-ce que le ministre des Finances va aller rechercher les sommes ainsi
perdues pour le trésor public d'une autre façon? Le prochain
budget nous le dira. S'il ne le fait pas, on en conclura que les citoyens du
Québec ont reçu une diminution de taxe.
Je pense qu'il n'y a pas matière à fouetter un chat avec
la taxe sur les carburants. Je pense que les citoyens du Québec doivent
quand même constater que, cette taxe incluse, ils ont quand même
une réduction substantielle de la prime moyenne.
Le député de Nicolet-Yamaska a dit: Cette baisse de prime
est causée par une baisse d'indemnisation. Il nous a cité des
exemples d'indemnités qui avaient été
réévaluées à la baisse. Il y en a, effectivement,
et il y en a qui ont été réévaluées à
la hausse, également. Je pense, par exemple, aux contraintes que nous
avions pour les personnes âgées, qui étaient proprement
inacceptables. Personnellement, j'étais en désaccord avec cet
article du projet de loi qui plafonnait à 75 ans l'âge pour
recevoir une rente indexée en cas d'accident d'automobile. Cette limite
a été levée et cela ajoute certains coûts au
régime.
Peut-être que, globalement, je serais prêt à admettre
qu'on avait surévalué certaines indemnités et, au cours de
l'étude article par article, et des discussions jusqu'à
maintenant, je ne pense pas qu'on ait pu démontrer que certains citoyens
seraient moins bien indemnisés qu'avant le nouveau régime,
même après certaines réductions à certains endroits
et certaines augmentations à d'autres.
M. le Président, je pense que toute l'histoire de cette
commission parlementaire nous montre que les prétentions de l'Opposition
selon lesquelles, pour certains cas, le régime précédent
indemnisait mieux et plus rapidement, et plus justement, et plus
adéquatement les victimes, se sont révélées non
fondées. Et la question des coûts, si les députés de
l'Opposition veulent le dire honnêtement, c'est une diminution moyenne de
coûts, avec une légère augmentation pour les automobilistes
qui ont les primes les plus basses et une diminution importante des primes pour
les automobilistes qui paient des primes élevées.
Le Président (M. Bertrand): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît.
M. Paquette: Je conclus. Je n'ai pas parlé,
évidemment, de la partie matérielle, parce que je suis convaincu
que l'Opposition est certaine que les compagnies privées vont nous
baisser les primes dans ce domaine l'an prochain.
M. Roy: M. le Président, en vertu des dispositions de
notre règlement...
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Roy: J'ai écouté, non pas attentivement, mais
religieusement le député de Rosemont. Depuis que la commission
parlementaire tient ses travaux, très habilement, il a contourné
les questions fondamentales que je lui avais posées.
M. Paquette: Je suis bien prêt à continuer...
M. Roy: Voici la première question que je pose au
gouvernement, et j'espère que, cette fois-ci, on va me donner une
réponse. Lorsque le député dit ou prétend qu'il y
aura une baisse pour un pourcentage de la population dans le coût de
l'assurance automobile, est-ce qu'on tient compte du coût de
l'assurance-responsabilité publique pour les gens qui ont à
circuler en dehors du Québec? Je n'ai jamais eu cette
réponse.
M. Shaw: Ils ne le savent pas.
M. Roy: Premier point, on ne le sait pas. Cela commence à
être important...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: Je poserai la question tout à l'heure. Je n'aurai
pas autre chose... Quand on m'aura répondu là-dessus...
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Rosemont, à l'ordre! M. le député
de Beauce-Sud, à l'ordre! Vous êtes en train de vous
prévaloir de l'article 100, M. le député de Beauce-Sud,
pour poser une question au député de Rosemont. Vous n'avez pas,
à ce moment-ci, à faire une intervention, à argumenter,
vous posez des questions. Je vais vous inscrire, M. le député de
Beauce-Sud. Il vous reste du temps d'ailleurs pour parler, mais, à votre
tour. Le député de Pointe-Claire a demandé la parole. Le
député d'Iberville a demandé la parole. Ces gens
voudraient bien... Le député de Jacques-Cartier, je m'excuse, a
demandé la parole. Il est le premier sur la liste. M. le
député de Montmagny-L'Islet a demandé la parole.
Ou vous posez des questions au député de Rosemont et il y
répond, ou vous prenez les minutes qui vous restent, tout à
l'heure.
M. Roy: Je vais laisser mes collègues poser des questions
durant leurs interventions et je reviendrai, si nécessaire, si les
réponses n'ont pas été complétées.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II n'est certainement pas facile de comparer
les coûts du régime qu'on a actuellement et les coûts
occasionnés par la régie. Il y a tout de même une
façon de connaître la prime directe que le citoyen devra payer.
Les citoyens devront certainement attendre que le régime soit loi, qu'il
soit appliqué. La seule façon qu'ils auront, d'une façon
immédiate, pour trouver s'il y a une hausse ou baisse de coûts
sera parce qu'il y a même des gens qui vont s'assurer au mois de
janvier, au mois de février, qui se sont assurés au mois de
novembre pour un an de prendre la somme qui sera déduite par les
assureurs privés qui ne sont plus responsables des dommages corporels et
additionner cette somme... Je ne sais pas si je me suis bien expliqué.
C'est-à-dire que pour arriver à définir le coût, ils
devront faire l'addition du coût de la régie, de la prime
fixée à la régie, et de la prime qui sera payée
à l'industrie privée. En faisant cette addition pour une
assurance semblable, ils pourront réellement comparer s'il y a
augmentation ou baisse. On sait pertinemment que, lorsque la loi sera en
vigueur, les assureurs devront remettre une certaine somme à leurs
clients et, si cette somme qu'ils remettront à leurs clients est
inférieure à la somme que ces clients devront payer à la
régie, ils pourront tout de suite dire: Là, j'ai une
augmentation. Si c'est le contraire, ils pourront dire: II y a une
diminution.
Ces citoyens, surtout ceux qui connaissent la loi, devront penser aux
sommes qu'ils devront verser à la régie comme contribuables. On
paie en allant chercher nos plaques, en allant chercher un permis de conduire;
on paie comme contribuables, on paie toujours. Il n'y a rien qui se crée
dans la vie et il n'y a rien qui se perd aussi facilement. Payer d'une main ou
de l'autre, c'est du pareil au même. S'ils sont capables de faire cela,
additionner les sommes qu'ils vont payer à la régie, et celles
qu'ils vont payer à l'entreprise privée, et les sommes qu'ils
vont payer en taxes, ils auront le prix que cela leur a réellement
coûté pour leur assurance et ils verront là s'il y a une
augmentation ou une baisse. Ce sera exclusivement pour la première
année, parce que personne ne sait combien cela va coûter dans la
deuxième année et personne ne sait ce que cela va coûter la
troisième année. Ce n'est pas moi qui le dis, on le trouve dans
ce fameux document nous nous sommes tellement battus pour l'avoir, nous
l'avons eu qui nous a été remis par Mme le ministre et qui
s'intitule Régie de l'assurance automobile du Québec,
estimé des coûts du régime d'indemnisation des dommages
corporels.
Je lis à la page 2 de ce document ce que les actuaires nous ont
dit: "II convient de souligner que le coût réel du régime
pour un exercice financier ne peut être connu qu'après un grand
nombre d'années, c'est-à-dire une fois que toutes les in-
demnités sont payées aux victimes d'accidents
d'automobiles se produisant au cours de cet exercice. Il est possible à
ce moment seulement de savoir si les contributions versées au cours d'un
exercice financier et les intérêts gagnés par ces sommes
sont suffisants pour payer toutes les indemnités.
L'écart entre le coût réel et le coût
estimé dépend des variations entre les hypothèses choisies
et le comportement réel des facteurs ayant une influence sur le
coût. Le choix des hypothèses revêt donc une importance
primordiale.
Elles sont basées sur des statistiques parfois
incomplètes, des prévisions de l'évolution des tendances
observées. Ces prévisions contiennent une marge d'incertitude et
font appel au jugement. Ce sont les professionnels assureurs ou du moins les
actuaires qui nous donnent ces considérations.
Actuellement, que ce soit au niveau du gouvernement, ou que ce soit au
niveau du public, ou que ce soit au niveau des assureurs, personne ne peut
réellement dire quel sera le coût réel de ce régime,
parce qu'il y a tellement de facteurs qui sont flous dans la loi. Actuellement,
les assureurs privés ne savent même pas exactement ce qu'ils
doivent assurer, car je suppose que le commun des mortels va dire à son
courtier: Je veux une assurance qui me donne une protection équivalente
à celle que j'ai dans le moment. Pour ce faire, l'assureur devra
nécessairement analyser les risques que cela comporte. Si on prend
l'article 17, les exemptions qui sont là, si on prend les primes qui
devront être payées pour être assuré lorsqu'on voyage
en dehors du Québec, etc., c'est là qu'on verra la
différence lorsqu'on additionnera la prime payable a la régie et
la prime payable à l'assureur privé. Car il y a dans les termes
de plusieurs articles les règlements ne sont pas sortis, on ne
sait pas exactement ce que cela veut dire et de quelle façon cela va
s'appliquer il y a certains articles qui sont loin d'être clairs.
Je suis certain que les assureurs privés auront une difficulté
réelle à établir leurs risques, parce qu'ils ne savent pas
au juste ce qu'ils assurent. Je parle toujours des dommages corporels.
Ceci dit, voilà la façon dont la régie sera
financée. Voilà une façon, à mon avis, logique de
compter les coûts pour les assurés pour l'année 1978. Il y
a aussi des coûts cachés. Je n'en ferai pas
l'énumération complète, mais si je prends ce même
document qui nous a été remis par les actuaires j'ai ici
"indemnités de remplacement du revenu" cette indemnité
coûtera à la régie je vous fais grâce du
coût des articles... il y a une ventilation relativement à chaque
article il y a un sous-total de $157 millions qui seront les sommes
prévues pour indemniser les personnes pour pertes de revenu. Ce
sous-total est diminué par l'article 29, rente d'invalidité du
Régime des rentes du Québec, $7 millions; l'article 30, rente de
retraite du Régime des rentes du Québec, $2 millions; l'article
18, c'est pour la Commission des accidents du travail, parce qu'il n'y a plus
de loi de subrogation, cette loi qu'on a adoptée pour protéger
les victimes lors d'actes criminels, $1,7 million. Si on fait l'addition,
voilà que c'est une somme de $11 486 750 estimée par les
actuaires.
Dès lors, les indemnités seront diminuées d'autant.
C'est une baisse de coût au niveau de l'indemnité. A ce moment,
c'est la victime qui paie. C'est la victime indemnisée qui paie. Les
actuaires l'admettent bien, parce qu'après nous avoir donné le
coût total des indemnités, ils diminuent dans leur document les
sommes payables qui seront retirées aux victimes d'accidents dont les
indemnités seront diminuées d'autant parce qu'ils
reçoivent un régime de rente et un régime
d'invalidité. Si on se réfère aux indemnités de
décès, on voit le même phénomène, le
sous-total est de $122 302 427 et là, on enlève encore la rente
de survivants du régime des rentes du Québec pour un montant
d'au-delà de $29 millions.
Pour ce qui concerne la CAT et la IVAC, c'est-à-dire la
Commission des accidents du travail et cette loi que j'ai mentionnée
tout à l'heure, il y a un autre million de dollars. Voilà une
autre baisse de $30 millions. $30 millions ici et $11 millions que j'ai
soulignés précédemment, nous voilà rendus à
la jolie somme de $41 millions. Concernant les autres indemnités, comme
de raison, il n'y a pas de baisse comme celle que j'ai mentionnée.
Alors, voilà! Il y a tout de même là une subvention
versée par les victimes, de $40 millions, à la régie, qui
voit ses annuités, ses rentes qu'elle paie, diminuer d'autant. M. le
Président, je trouve que c'est absolument inacceptable, et lorsque
j'entends dire le député de Rosemont qu'il est allé
expliquer à ces gens âgés le régime de l'assurance
automobile, s'il s'adressait, je suppose, à des gens de 65 ans et plus,
j'espère qu'il leur aura bien mentionné qu'une bonne partie
d'entre eux, s'ils sont victimes, auront très probablement la rente
minimale de $80 par semaine, soit $320 par mois... on peut peut-être
mettre $330 ou $335, considérant qu'il y a 52 semaines dans une
année et qu'on diminuera de ces sommes et le régime des
rentes...
M. Paquette: ... le régime des rentes.
M. Saint-Germain: ... et leur pension de vieillesse. C'est bien
ça.
M. Paquette: Oui.
M. Saint-Germain: Quand vous leur avez dit ça...
M. Paquette: Je leur ai expliqué ça...
M. Saint-Germain: ... ils étaient heureux de
ça?
M. Paquette: ... et on a fait une simulation aussi des primes au
tableau, on a pris des cas et tout ça...
M. Saint-Germain: Alors, c'étaient des gens riches.
M. Paquette: Non.
M. Saint-Germain: Si c'étaient des gens qui n'avaient que
ça comme revenu, considérant que ces gens-là, qui sont
victimes d'accidents, peuvent être invalides, peuvent être
alités, peuvent être dans une chaise roulante, si vos personnes
âgées étaient heureuses de ça, j'y perds mon latin,
en toute sincérité.
M. Perron: II y a longtemps que vous l'avez perdu.
M. Saint-Germain: Seulement, que je perde mon latin, c'est sans
importance, mais vous allez vite vous apercevoir que la province entière
n'a pas perdu son latin et va très bien connaître ce régime
en très peu de mois.
Il y a bien d'autres coûts cachés. Là, je n'ai pas
parlé des subventions directes gouvernementales comme la taxe sur
l'essence, par exemple. Cela, c'est une subvention directe. Alors, c'est le
citoyen qui va payer cela. Mais il y a des facteurs cachés, comme les
sommes, par exemple, qui vont être perdues par les assureurs, comme pour
les courtiers, si on prend l'article 179, et j'aimerais bien, s'il y avait
moyen, avant la fin de la soirée, qu'on étudie cet article...
Je puis, M. le Président, je pense bien, en parler tout de suite,
parce que c'est une...
M. Paquette: ...
M. Saint-Germain: Cela a une répercussion sur les
coûts, absolument.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Jacques-Cartier, nous sommes à étudier l'article 133
présentement, à moins que...
M. Shaw: M. le Président, cela implique l'article 179
aussi.
M. Saint-Germain: Cela implique les coûts, écoutez
une minute! N'écoutez pas seulement les gens à votre droite, M.
le Président, on va vous induire en erreur.
M. Shaw: C'est votre décision, M. le Président, pas
celle de Mme le ministre.
M. Saint-Germain: Nous parlons des coûts de l'application
de cette loi, et il y a, à l'article 179, des coûts...
M. Paquette: C'est un bon article.
M. Saint-Germain: ... qui seront occasionnés parce que la
loi sera mise en application, et cela entre...
Mme Payette: M. le Président, question de
règlement. Nous avons commencé l'étude de l'article 133
à 8 h 15 ou autour de 8 h 15. Nous accepterons volontiers, M. le
Président, de passer à l'étude d'un autre article quand
nous aurons terminé l'article 133.
M. Saint-Germain: Bon! Si madame veut nous promettre de revenir
à l'article 179 à la fin de l'article 133, je peux bien terminer
ma...
Mme Payette: M. le Président, nous avons dit que nous
accepterions de discuter n'importe quel article, nous l'avions
déjà annoncé ce matin, ça n'a pas été
retiré, sauf qu'il me paraît normal qu'on termine l'étude
de 133, avant de passer à un autre article.
M. Saint-Germain: Après l'article 133, on pourra revenir
à l'article 179. Est-ce que je dois interpréter votre
déclaration comme telle?
Le Président (M. Bertrand): Je pense que c'était le
sens des propos de madame.
M. Shaw: M. le Président, une question de clarification
sur ce sujet. On parle de la tarification; c'est impossible de parler de la
tarification, sans mentionner l'article 179, parce que ça implique le
montant qui sera versé au client quand il achètera ses plaques
d'immatriculation. Si on parle de tarification, ça implique l'article
179.
M. Saint-Germain: Je vous ferai remarquer, M. le
Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'article 133, à moins que je me trompe, est un article qui parle des
sommes que la régie va demander aux propriétaires ou aux
conducteurs pour avoir droit à la protection dans le domaine corporel.
Alors, que l'article 179, à moins que je me trompe, a trait à la
remise, par les compagnies d'assurances, de ce qui appartiendra à
l'assuré, du trop-perçu par rapport au contrat d'assurance qui
lie cet assuré à la compagnie d'assurances. Je pense qu'on peut
adopter, M. le Président, l'article 133, et passer à l'article
179.
M. Saint-Germain: M. le Président, si vous voulez bien me
donner l'opportunité de parler sur cette question de
règlement.
Le Président (M. Bertrand): Non, M. le
député de Jacques-Cartier. Je vais vous donner la permission de
parler parce que c'est à vous qu'appartient le droit de parole en ce
moment, en rappelant au député de Jonquière et au
député de Pointe-Claire que l'article 133 est ce genre d'article
qui, évidemment, peut amener la discussion de plusieurs autres articles.
Le député ne s'est d'ailleurs pas gêné pour le
faire, mais le président se garde le privilège de ramener
l'intervenant dans les limites de ce qui est acceptable, étant
donné que nous en sommes tout de même à l'article 133.
M. le député de Jacques-Cartier, vous pouvez continuer
votre intervention.
M. Saint-Germain: Je disais, M. le Président, que
l'article 133 va refléter les coûts qui sont payables lors de
l'immatriculation des voitures et lors de l'achat du permis de conduire, mais
il y a
d'autres coûts rattachés à l'assurance, et ces
coûts, malheureusement, ne sont pas payés par le gouvernement,
mais ce sont des coûts occasionnés par l'application de cette loi.
Même s'ils ne sont pas payés par la régie, ça reste
des coûts; si le gouvernement avait décidé de payer ces
coûts, ça aurait fait varier les sommes indiquées dans
l'articles 133. Je pourrais prendre d'autres articles, mais à cet
article 179, il me semble évident que, aux assureurs privés qui
devront remettre à leurs clients les sommes indiquées par cet
article ça occasionnera des coûts, et des coûts qui ne
seront pas payés par la régie, mais qui sont des coûts. En
ce qui a trait au courtier, le courtier qui devra modifier une police ou
l'arrêter, si vous voulez; si un client a un contrat d'un an...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, là je comprends bien que vous parlez des coûts
qu'un assuré devra débourser, payer, assumer par sa
participation, comme assuré, à deux régimes; l'un public,
l'autre privé, mais dans le cadre de l'article 133, il n'est question
que des coûts qui sont relatifs au régime public d'assurance
automobile. A aucun moment, dans cet article, il n'est fait mention du
régime privé. Donc, je vous demanderais de ne vous limiter
qu'à la discussion sur le régime public, les sommes
afférant au régime public, les coûts afférant au
régime public, pour l'assuré. Je vous permettrai même,
à l'occasion, de déborder un peu, comme certains parlementaires
l'ont fait, mais pas d'aller dans le régime privé qui
représente une toute autre question que l'article 133.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne sais pas si vous
avez pris la peine de lire l'article dans son entier, mais vous trouverez que
l'argumentation que je donnais concernait cette remise de prime pour
l'assurance corporelle, pour les dommages corporels, ce qui est dans le
régime public.
Si l'on n'avait pas eu cette étatisation des dommages corporels,
ces coûts que je mentionne, inhérents à l'article 79,
n'auraient pas existé. C'est par l'application de cette loi, et je parle
de l'indemnisation des dommages corporels, ce qui fait que les assureurs
privés sont obligés d'accepter des coûts qui, à mon
avis, en toute justice, devraient être payés à la
régie et qui ne le sont pas. Si ces coûts avaient
été payés par la régie, selon la justice, d'un
autre côté, les sommes que les citoyens auraient payées et
les sommes que sous-tend l'article 133 auraient été
différentes. Je trouve que, pour rendre justice, les sommes payables
selon l'article 133 auraient dû être augmentées de
façon à dédommager ceux qui, par l'article 179, subiront
des préjudices et des préjudices sérieux.
On m'a même dit que beaucoup de courtiers subiraient des pertes de
$10 000, $12 000 ou $15 000, selon les chiffres d'affaires, car, en plus
d'annuler des polices et de remettre à leurs clients les sommes
exigées par la loi, ils sont obligés de payer les coûts
d'administration que leur causeront ces sommes qu'ils doivent remettre, une
augmentation de coûts administratifs qui n'avaient jamais
été prévus lorsque les polices ont été
émises. Alors, voilà un coût direct causé par
l'application de cette loi, mais qui n'est pas remboursé par la
régie et qui aurait dû l'être.
Il faut penser aussi, M. le Président, que les courtiers devront
remettre une partie, la partie correspondante de leurs honoraires.
L'émission de cette prime qui devait durer un an a coûté le
coût régulier d'administration pour une prime d'un contrat d'un
an. Et voilà qu'après s'être donné les mêmes
peines et avoir payé les mêmes frais administratifs, ils voient ce
contrat d'un an écourté de six mois faisons une
hypothèse de six mois et ils sont obligés de remettre
cette partie de leur prime qui leur était due. En plus, ils sont
obligés d'entrer en contact avec leurs clients, d'émettre des
chèques, de faire des appels téléphoniques et ainsi de
suite, et c'est une augmentation considérable de leurs coûts
d'administration pour cette année-là.
J'avoue que ces dépenses ne se referont plus dans les
années subséquentes, mais, comme cette loi a été
déposée à l'Assemblée nationale sans qu'on entre en
contact avec tout le monde qui oeuvre dans le domaine de l'assurance
aujourd'hui et à tous les niveaux, je suis assuré que le ministre
n'est pas au courant, absolument pas au courant des coûts que cela
comporte.
Si je me sers, M. le Président, de l'article 133, c'est pour bien
dire au ministre qu'il devrait se pencher sur cet article, l'étudier et
voir jusqu'à quel point il pourrait être dommageable à
certains courtiers, quitte à changer les coûts que nous indique
l'article 133. Premièrement, je crois qu'il serait dans
l'intérêt de le faire et que cela servirait bien la justice. C'est
la même chose pour les assureurs qui seront obligés de refaire
tous leurs calculs actuariels, qui seront obligés de réimprimer
leurs polices et de recommencer. Ils subiront absolument les mêmes
préjudices.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à dire sur
cet article 133.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Merci, M. le Président. Je vais en profiter,
mais, franchement, j'ai eu l'avantage pendant quelques jours de travailler
à une commission qui était positive, qui a voulu entendre les
témoins, des experts qui sont venus parler et les députés
de l'Opposition qui ont présenté des suggestions pour
améliorer un projet de loi. Mais on arrive maintenant à moins de
deux heures de la guillotine et nous l'avons réalisé et tout le
monde le sait à la Chambre, parce que le lendemain, quand ce projet de
loi sera, comme on dit en anglais, "stuffed to the people", tous les courtiers
d'assurance ont besoin de s'occuper de plus de deux millions de polices
d'assurance pour mettre en application les différences qu'impliquent les
articles 133 et 179 du projet de loi.
Puis on dit que ce montant est d'à peu près $130, ce sont
ces renseignements que le gouver-
nement a transmis à la population. Il dit qu'il y a une
différence de $130, en moyenne. Vous savez, les courtiers d'assurances
savent que, le lendemain, ils ont besoin de commencer les calculs pour chaque
police d'assurance, chaque police, plus de deux millions; pourquoi? Parce
que...
Mme Payette: M. le Président, juste une petite correction,
ce ne sont pas les courtiers qui feront le calcul, mais les assureurs.
M. Shaw: Mme le ministre, avec un peu de politesse, ce sont
vraiment les courtiers qui le font. Ils le feront avec l'aide des ordinateurs
des compagnies d'assurances, mais, à la fin, ceux qui ont vendu ces
polices d'assurance feront les remboursements d'argent. La
réalité est là et pourquoi? Quelle forme de changement?
Est-ce que ces $130 sont vraiment là? Vous savez bien qu'ils ne sont pas
là. $130. Même dans cette annonce du BAC, vous dites que c'est
toujours dans leur intérêt de publier des faussetés; ce
n'est pas vrai du tout.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est un électeur de
Granby, ce n'est pas moi.
M. Shaw: C'est la réalité, c'est la
vérité. La moyenne est presque entre $95 et $110. C'est une
différence, un petit montant. Mais, même ce montant, nous avons
besoin de faire le calcul pour la différence entre chaque personne, pour
sa couverture personnelle, pour la différence qui sera payée par
la régie dans les cas d'accidents. Maintenant, on dit que c'est $18 000
brut. En vérité, c'est à peu près $12 000. $12 000,
pour moi personnellement, pour chacun des députés dans cette
Chambre, ce n'est pas assez. On doit prendre un peu d'assurance, c'est vraiment
obligatoire pour couvrir nos dépenses quotidiennes si un accident
arrive.
On a encore besoin de prendre de l'assurance dans ce domaine. Est-ce que
c'est impliqué dans ces $130? Pas du tout. Et les indemnités
supplémentaires de $50 000 qui sont impliquées quand vous voyagez
à l'extérieur du Québec... On sait fort bien que les
jugements, dans les accidents qui impliquent des blessures corporelles,
maintenant, aux Etats-Unis, atteignent des millions de dollars. Ceux qui ont
deux commerces, ceux qui ont une profession, oui, ce sont ceux qui sont
avantagés et même ceux qui ont des emplois. Il y en a de moins en
moins chaque jour au Québec. Ils ont besoin d'être
protégés pour cette différence.
Oui, M. le Président, on a besoin de calculer quel pourcentage de
ce montant sera versé aux détenteurs de permis de conduire ou aux
détenteurs de plaques d'immatriculation. La vérité est que
si c'est $50, je suis bien surpris. Est-ce que c'est cela que vous avez dit,
dans vos calculs de $130? C'était dit avant. Il y a des experts du
côté ministériel. Mais je trouve que s'ils sont si experts,
ils sont déjà chez des experts qui sont...
J'ai toujours peur d'une nouvelle régie sans expérience.
J'ai toujours peur d'embarquer dans une aventure du gouvernement qui dit que
nous allons avoir un coût d'administration de 7%, et la
réalité... On parle de services. On a dit tantôt qu'il n'y
aura plus de services avec cette... Il nous faudra aller chercher les plaques
d'immatriculation et, avec $0.50, il nous faudra aussi faire la queue.
Deuxièmement, il est important, si nous avons un accident, de travailler
avec la Commission des accidents du travail. Vous êtes fiers de la
Commission des accidents du travail. Vous êtes habitués à
travailler avec la...
M. Paquette: Cela s'en vient. M. Shaw: II s'en vient bien,
oui.
M. Paquette: Elle n'était pas bonne avant, mais elle s'en
vient bien.
M. Shaw: Moi, j'ai de l'expérience et je suis sûr
que ceux qui sont accidentés vont être exploités. Je suis
convaincu que ceux qui sont accidentés vont être exploités,
parce que c'est une fonction gouvernementale. Il n'y a pas d'appel qui soit
vraiment un appel en cour. Mais c'est le service.
M. le Président, je parle parce que cela doit être dit. Je
sais que tout le monde est connaissant au Québec. Je n'ai jamais
parlé à quelqu'un qui croit que cette forme d'assurance
étatisée est pour le bien des Québécois. C'est pour
un objet politique d'un parti politique. C'est la vérité.
Mais elle va être passée et vous allez payer le prix du
"stuffing the law" à la population. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, pour rendre justice
au gouvernement, et pour aider aussi l'Opposition dans ses calculs des
coûts cachés, je voudrais corriger un chiffre que j'ai
avancé cet après-midi, quand j'ai dit que les travaux ici
coûtaient $12 000 par jour. Il aurait fallu lire $1200 par jour. $12 000,
c'était pour dix jours. Mais cela ne change pas le chiffre, à la
vitesse où on va. D'ailleurs, j'ai l'intention de revoir mes chiffres,
parce que je pense que cela dépasse $2 520 000 pour passer tout le
projet de loi.
Ceci dit, M. le Président, je veux compléter la collection
du député de Beauce-Sud, au sujet du courrier qu'il a
reçu. Je dois admettre que moi aussi, j'ai reçu une lettre. Dans
ma réponse, j'en félicite l'auteur puisque je trouve que c'est
une bonne chose de communiquer avec son député.
M. Roy: Combien en avez-vous reçu?
M. Beauséjour: Une. D'après ce que je peux voir, M.
le Président...
M. Shaw: Est-ce que vous avez des lettres sur d'autres
sujets?
M. Beauséjour: Sur bien d'autres sujets, oui, mais sur
celui-là, une.
M. Roy: Si je n'avais reçu qu'une lettre de la part de mes
électeurs, je commencerais à être inquiet.
M. Beauséjour: M. le Président, j'ai bien
parlé de ce qui concerne l'assurance automobile, je n'ai pas
parlé pour les autres domaines et je n'ai pas parlé non plus des
rencontres des échanges que je peux avoir avec mes électeurs.
C'est simplement pour préciser que d'après la teneur de la
lettre, l'auteur parle des jeunes, ce qui veut dire que ce n'est pas une
personne jeune, mais plutôt d'un âge plus élevé. Je
voulais donner simplement la conclusion à laquelle il arrive. Sa lettre
vient probablement de la publicité qu'il a lue dans les journaux,
puisqu'il fait mention d'un journal. C'est à la suite de ce qu'il a lu
dans un journal que cet individu a décidé de m'écrire.
Chose curieuse, il arrive à une conclusion et suggère au
gouvernement une assurance pour tous les dommages à autrui, corporels et
matériels, feu et vol.
Je laisse cela à la réflexion... Le gouvernement a
décidé d'agir autrement. Comme le temps nous est précieux
et que je ne veux rien ajouter sur les coûts cachés, cachés
de l'Opposition ou de l'Opposition cachée, je ne m'en souviens plus, je
vais laisser la parole à d'autres pour qu'on puisse enfin passer
à un autre article.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 133 serait
adopté, M. le Président.
M: Roy: Sur division.
Le Président (M. Bertrand): Je pense que le
député de Montmagny-L'Islet m'avait demandé la parole.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Montmagny-L'Islet, l'article 133 est-il adopté?
M. Giasson: Un instant! J'aurais quelques commentaires.
M. Shaw: C'est le président qui est censé poser
cette question. Oui, c'est cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Excusez-moi, c'est une...
M. Giasson: M. le Président, je voudrais d'abord
répondre à une question que le député de Rosemont
m'a posée il y a déjà passablement de temps ce soir. Il a
répété sa question, mais étant donné qu'un
autre intervenant est venu changer le cours du débat, je n'ai pas
répondu à sa question. C'était une question pour savoir si
j'avais reçu beaucoup de lettres de citoyens de mon comté en vue
de protester sur la venue d'un nouveau régime ou en vue de commenter
cela. A ma connaissance, je n'ai pas reçu une seule lettre. Au
départ, je dis cela, mais si on veut aller au bout de
l'expérience que j'ai vécue de ce côté-là, je
peux facilement affirmer que j'ai eu des centaines de demandes d'avis ou
d'information relativement au nouveau programme d'assurance automobile. J'ai
même participé à des soirées sociales où
j'avais à faire un énoncé, un exposé sur des
thèmes qui ne touchaient pas l'assurance, énoncé qui
était suivi d'une période de questions. Curieusement, la salle,
au lieu de maintenir les questions à l'intérieur du sujet que
j'avais développé, obliquait immédiatement et me demandait
de donner mon avis sur une foule de sujets ou d'inconnues que ces gens avaient
à l'esprit.
Mme Payette: M. le député, si vous permettez, ce n
est même pas une question. Je pense que c'est normal qu'on s'adresse
à vous, d'une part, parce que vous avez une longue expérience
dans ce domaine. Je ne vous poserai pas la question à savoir si vous
avez reçu des lettres ou des demandes d'information comme courtier ou
comme député, parce que, chez vous, l'un ne va pas sans l'autre.
Je pense que c'est normal qu'on s'adresse à quelqu'un qui a une plus
grande connaissance du dossier pour avoir de l'information.
Je me permettrai de dire à ce moment-ci que le
député de Beauce-Sud aussi a vu effectivement beaucoup de gens
qui se sont adressés à lui pour protester, mais le
député de Beauce-Sud a invité ces protestations dans la
mesure où il a pris position contre le régime proposé par
le gouvernement et où il a fait une tournée à cet
effet.
On a polarisé, si on veut, autour d'un certain nombre de
personnes et l'Opposition, d'un côté, et la demande d'information
auprès de quelqu'un qui en possédait. Pour ma part, je dois vous
dire que je n'ai pas, au cours de l'année qui s'achève maintenant
cela fait un an je n'ai pas rencontré, je pense, une seule
personne au Québec qui ne m'ait pas posé des questions sur
l'assurance automobile. C'est normal, je crois.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je voulais tout de même indiquer quel
était le comportement des gens, même si ces gens ne se donnaient
pas la peine ou ne prenaient pas le temps de formuler des questions par une
communication écrite. Par contre, ce qui est beaucoup plus facile, comme
je l'indiquais, beaucoup de gens, de façon verbale m'ont demandé
mon avis et mon opinion.
Au début, avant que nous commencions à connaître
véritablement le contenu de cette Régie de l'assurance
automobile, c'est-à-dire tant et aussi longtemps que le projet de loi 67
n'a pas été déposé, il n'était pas facile de
répondre et de vouloir, en toute objectivité, indiquer aux gens
ce que le coût serait et cela se comprend. On pouvait commenter les
principes contenus dans le projet de loi, facilement, parce que,
déjà, le livre bleu nous avait indiqué quels
étaient les grands principes que poursuivait le gouvernement. Mais il
nous a fallu attendre le projet de loi 67 et les projections de coûts ou
de tarification, selon la ou les modalités que le gouvernement
retiendrait pour financer le régime.
A un certain moment, il avait été question d'un coût
possible à l'immatriculation, qui se situerait entre $100 et $110.
C'étaient un peu les chiffres qu'on avait indiqués à
l'époque. On nous disait qu'au-delà de cela, on était
à réfléchir profondément sur les modes possibles
qu'on pourrait utiliser pour aller chercher l'argent nécessaire au plein
financement. Il aurait pu y avoir des points d'impôt. Il y avait la
possibilité de percevoir une taxe sur l'achat de la gazoline. Enfin, il
y avait différentes hypothèses possibles. Evidemment, quand on
tente de comparer des coûts pour des choses qui ne sont pas identiques et
qu'on veut demeurer objectif, vous allez reconnaître que c'est à
peu près impossible. J'ajoute même, au moment où on se
parle, qu'en dépit des projections qui ont été
préparées, d'extrapolations, des hypothèses qu'ont
utilisées les actuaires pour guider le gouvernement dans les sommes qui
seraient nécessaires pour être véritablement en mesure de
faire face aux obligations que contient la loi 67, là encore, il y a de
l'inconnu. Est-ce que vous admettez cela?
M. Paquette: Absolument.
M. Giasson: Tout sera conditionné dans les
structures...
M. Paquette: Ce sont des prévisions.
M. Giasson: Tout sera conditionné, à l'avenir, par
le comportement des automobilistes au Québec, l'expérience
réelle vécue année après année, selon le
nombre d'accidents, selon le nombre de blessés, la gravité de ces
blessures, enfin, il y a toute une série d'éléments qui
entrent en ligne de compte. Si le gouvernement persiste dans un grand optimisme
ou dans l'espoir que la sécurité routière va contribuer
à diminuer le nombre d'accidents ou de blessés et qu'une
meilleure éducation faite auprès de toute la population du
Québec contribuera, pour sa part, à diminuer cette partie de
l'inconnu, peut-être nous est-il permis de croire, dans cet état
d'optimisme, le meilleur qui soit toute chose étant dans les
meilleures conditions possibles que les extrapolations
préparées par les experts du gouvernement vont se traduire par
une réalité de faits, dans cinq ans, dans dix ans ou dans quinze
ans, et même davantage, selon les futures victimes d'accidents
d'automobiles.
M. Paquette: Je pense qu'on est justement dans un débat
extrêmement intéressant et non partisan. C'est toujours facile
avec le député de Montmagny-L'Islet, effectivement. C'est
extrêmement important qu'on termine comme cela cette commission
parlementaire, parce que cela va aider les citoyens du Québec. Ma
question est: Est-ce que vous avez étudié les prévisions
ce sont des prévisions, effectivement, il n'y a aucune certitude
absolue dans quelque prévision que ce soit? les actuaires du
gouvernement ont l'impression d'avoir fait une évaluation conservatrice
des coûts. Quel est votre jugement sur ces prévi- sions? Est-ce
que vous pensez qu'effectivement, ces prévisions sont
conservatrices?
M. Giasson: Je suis d'avis qu'elles sont très optimistes,
les prévisions de l'expert du gouvernement. J'ai quelques points qui me
permettent de me prononcer dans ce sens. Lorsque, par exemple, on escompte que
le rendement des placements que la régie fera va se tenir à un
palier de 2% plus élevé que l'indexation moyenne sur laquelle on
peut compter à l'avenir, au cours des prochaines années, cela me
paraît excessivement optimiste. Ce serait peut-être réaliste
si nous continuions de fonctionner à l'intérieur de
règlements tels ceux qu'on avait dans une régie anti-inflation.
Or, au Québec, nous avons déjà laissé tomber notre
régie. On sait d'ores et déjà qu'Ottawa s'en va vers les
mêmes dispositions. Vraiment, dans un futur immédiat ou moyen,
nous n'avons aucune indication que l'inflation galopante que nous avons connue
il y a quelques années à peine ne pourrait pas se reproduire.
Pour moi, c'est déjà un indice, à savoir que les experts
qui ont conseillé le gouvernement, y sont allés avec un
très grand optimisme. J'ai également beaucoup de réserve
sur ce que représentera exactement, parce qu'on y va toujours à
partir d'hypothèses, le coût de l'indexation de ces rentes qui
vont être payées, dans certains cas, sur des périodes de
trois, cinq, dix, quinze, vingt, et cela pourrait même aller
jusqu'à trente ans dans le cas de certaines victimes.
Je suis porté à croire que nous connaîtrons vraiment
le coût de ce régime seulement lorsque nous aurons vécu une
expérience de quelques années. Comme je l'indiquais il y a
quelques moments, si tout allait pour le mieux, si le comportement des
automobilistes et des chauffeurs au Québec s'améliorait, cela
aurait des conséquences favorables. Si cet état de fait
n'atteignait pas les espoirs que l'on recherche, vous admettrez que tout
ça aurait un effet contraire. C'est possible, en dépit de tout ce
que le gouvernement voudrait instaurer pour inciter les propriétaires ou
les conducteurs à changer leurs habitudes, qu'il y ait des changements
favorables et qu'il y ait des changements, en certaines périodes,
défavorables. L'expérience des assureurs, des compagnies
d'assurances depuis 20 ans, nous a indiqué qu'à certains moments,
pour des raisons qu'on ne connaît pas, les automobilistes du
Québec ont donné de meilleures expériences comme
comportement à titre de conducteurs de véhicules automobiles; ces
moments étaient suivis d'autres périodes, des cycles, que je
dirais de deux ou trois ans, où là, l'expérience
vécue par l'industrie de l'assurance a été telle qu'elle a
dû faire face à des augmentations du nombre d'accidents et de
réclamations, toujours en tenant compte du parc automobile au
Québec, qui a eu tendance à s'accroître à chaque
année.
Pour moi, je ne peux vraiment pas m'engager dans un débat
à fond de train dans le secteur des coûts éventuels et
possibles, parce qu'il y a trop d'inconnues, il y a véritablement un
danger qu'on se trompe de ce côté-là.
Tout à l'heure, le député de Rosemont, pour
établir des comparaisons à partir de chiffres qui avaient
été publiés par le BAC, a indiqué qu'en 1976, il
était logique de dire que le coût moyen de cette prime, pour faire
face aux indemnisations des blessures corporelles, se situait aux environs de
$130. Mais on sait d'ores et déjà que l'expérience connue
par les assureurs, par l'industrie de l'assurance automobile au Québec
pour l'année en cours, l'année 1977, est nettement plus
intéressante que celle vécue en 1976. Il faudrait tenir compte,
quand on utilise le chiffre de $130, de la possibilité réelle
qu'il y aurait de voir réduire ce coût de $130 de la même
manière que le fait l'évaluation du ministère des
Consommateurs, des experts. Justement à partir de cette
expérience vécue en 1977, on a réalisé qu'on
pouvait réduire les prévisions de coûts, les prendre
à partir d'un chiffre de $100 à l'immatriculation comme on
avait prévu initialement dans un coût total de $385 millions
pour les réduire quelque peu, parce qu'on prévoyait que
l'expérience réelle vécue en 1977 serait beaucoup plus
favorable que celle de 1976. Je pense que cela a été fait
également à partir d'une autre hypothèse que
l'expérience de l'année 1978 qui sera celle vécue une
première fois par la Régie de l'assurance automobile, qui
continuera d'être favorable, peut-être plus favorable que
l'expérience connue en 1977. C'est pour ça que je dis que je ne
voudrais pas entreprendre de longs débats parce qu'il y a trop
d'inconnues dans ce champ pour être capable de lancer des
affirmations.
Il est évident que si on veut faire des comparaisons c'est
mon dernier propos à ce sujet entre des chiffres connus par
l'industrie et les charges qu'on veut faire, on aurait pu tenter de traduire la
totalité du coût, face aux prévisions des experts, à
partir de l'immatriculation, au lieu d'aller chercher une petite partie comme
la taxe sur l'essence, d'autres parties, peut-être, comme le permis de
conduire, enfin, tous les éléments qui composent; cela aurait
peut-être été un peu plus juste de passer aux comparaisons,
même si cela n'avait pas été complet, ni parfait.
C'est vous indiquer que, lorsqu'on se lance dans des comparaisons et
qu'on essaie d'évaluer des coûts et des régimes entre eux,
on peut dialoguer fort longtemps et on ne sera vraiment pas au bout d'une
réponse véritable et authentique.
M. Paquette: Oui, mais, si le député me le permet,
je pense qu'on peut quand même tout en admettant que les
régimes sont très différents évaluer une
prime moyenne. J'ai bien dit, dans mes affirmations, que la prime moyenne, en
1978 contrairement à ce que vous avez dit du régime
actuel, aurait été, selon les projections, de $130, alors que la
prime moyenne, avec le nouveau régime, si on inclut la taxe moyenne, sur
l'essence, de $7 par année, sera de $105. Tout ce que j'ai dit, c'est
que la prime moyenne sera réduite de $25 et que, par conséquent,
les assurés qui paieraient très près du minimum des primes
payées actuellement au Québec, verraient leur prime
légèrement augmenter, à cause du mode de tarifica- tion et
ceux qui sont au-dessus verraient leur prime diminuer fortement. Je pense que
c'est incontestable.
M. Giasson: Mais cette prime de $130 que vous escomptiez, par
l'industrie, pour l'année 1978, vous l'établissez à partir
de l'expérience connue en 1976 comme prime moyenne?
M. Paquette: En 1976, c'est ça.
M. Giasson: En 1976, elle était précisément
de quel ordre, cette prime moyenne?
M. Paquette: Si on inclut le chapitre B, qui est, je pense,
payé par 92% des assurés, elle était d'environ $107. Cela
varie selon les régions; à Montréal, par exemple,
c'était de $107, alors que, en Gaspésie, c'était de $115
et $101 dans la région de Québec, $73 à Hull et $109 au
Lac-Saint-Jean.
M. Shaw: Est-ce que je peux poser une question?
M. Giasson: Là encore, je ne comprends pas.
M. Paquette: C'est extrêmement difficile, mais...
M. Giasson: L'expérience vécue en 1977
révèle qu'on pouvait s'attendre à une diminution de prime
et, effectivement, si l'industrie avait continué de fonctionner, elle
aurait dû réduire ses primes. D'ailleurs, c'est à partir de
cette expérience, comme déjà pour les premiers six mois,
que quelques assureurs au Québec ont décidé de
réduire les primes. Je sais qu'on n'est pas d'accord, Mme le ministre,
mais...
Mme Payette: Non, c'est parce qu'il y a aussi d'autres raisons,
mais c'en est une.
M. Giasson: II peut y avoir d'autres raisons, mais c'est une
très forte raison pour laquelle on a eu des réductions de prime
chez certains assureurs au Québec. En tout cas, je ne voudrais pas non
plus lancer un débat sur les chiffres qui ont été
utilisés comme hypothèse, mais $130 cela m'apparaît assez
élevé, compte tenu de l'expérience de 1976, celle qu'on
connaît en 1977, présumant que le mouvement pourrait se maintenir
au cours de 1978.
M. Shaw: Est-ce que je peux poser une question au
député, M. le Président? Est-ce que vous faites une
comparaison entre la réalité de la couverture du système
actuel et la couverture qui a été prévue par la
régie, parce que ce n'est pas la même chose? Maintenant, avec la
couverture disponible, vous pouvez être indemnisé jusqu'à
$30 000 par année, mais...
M. Giasson: Evidemment, on a déjà eu l'occasion
d'examiner les éléments que suppose la question que vous venez de
poser. Il est vrai que
20% des citoyens du Québec, devenant des victimes suite à
un accident d'automobile, pourraient obtenir un montant global ou maximum plus
élevé que le maximum prévu dans le régime du projet
de loi 67. Tous ces citoyens du Québec qui gagnent au-delà de $18
000 par année, présumant qu'ils subissent des blessures
corporelles importantes ou encore qu'ils décèdent, à la
suite d'un accident, auraient obtenu généralement, une
indemnité supérieure, parce que ces gens ont presque toujours la
capacité d'aller au bout d'une réclamation, de retenir les
services de procureurs, d'attendre même les délais qu'il faut pour
qu'un jugement de cour soir émis. Je reconnais que, pour 20% des
citoyens du Québec, il est facile d'affirmer que le montant maximum
d'une indemnité aurait été supérieur au montant qui
a été prévu par la loi 67, mais pour 80%...
M. Shaw: ... dans ces $130...
Le Président (M. Bertrand): Avez-vous terminé, M.
le député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Oui, M. le Président, je voudrais qu'on aborde
d'autres articles du projet de loi qui ont aussi beaucoup d'importance.
Le Président (M. Bertrand): Mme le ministre, vous pouvez
prendre la parole sur cet article.
Mme Payette: M. le Président, je n'utiliserai pas 20
minutes, même si...
Le Président (M. Bertrand): Vous avez droit à plus
de temps, madame.
Mme Payette: Oui, je sais, j'aurais probablement droit à
une heure, mais je n'ai pas envie de le faire, M. le Président, ce n'est
pas de cela qu'il s'agit. J'ai peu parlé au cours de la soirée
mais j'ai encore une fois écouté avec beaucoup d'attention tout
ce qui a été dit autour de cette table et ce n'est pas la
première fois, on le reconnaîtra. Il me fait toujours plaisir
cependant de prendre la parole après le député de
Montmagny-L'Islet. Ce n'est pas la première fois que j'ai l'occasion de
lui rendre hommage et je vais le refaire encore une fois. Je pense que c'est
assez rare que cela arrive entre un ministre responsable d'un dossier et un
député de l'Opposition officielle, mais j'en profiterai pour
souligner l'honnêteté du député de Montmagny-L'Islet
dans ce dossier, tout au long de son étude. On n'a pas toujours
été nécessairement d'accord sur toutes les questions, mais
le député a toujours refusé de s'engager dans des
débats sur le coût du régime, sur la tarification, et il
est l'un des seuls à avoir reconnu et admis qu'il était
extrêmement difficile de faire des comparaisons entre des choses qui ne
sont pas semblables.
On assiste, et il en a été question ce soir, à une
publicité du Bureau des assureurs du Canada qui dure depuis un certain
temps où les comparaisons sont fausses parce que d'abord, il s'agit de
chiffres de 1976; en plus, c'est faux parce qu'on compare et je l'ai
utilisé cette expression des pommes et des oranges. On compare
une couverture ou une forme d'indemnisation qui plaît au
député de Pointe-Claire, qui défend ce régime et
qui défend ce qu'on connaît actuellement comme étant
meilleur, privilège que je lui reconnais mais que ne partage pas
l'ensemble de la population. L'opinion de l'ensemble de la population est
plutôt à l'effet que le système qu'on connaît
présentement n'est plus adéquat par rapport à la
société dans laquelle on vit et c'est une chose que le
député de Montmagny-L'Islet a toujours reconnu, l'effort, en tout
cas, qui a été fait par le gouvernement et par le ministre
responsable, quelles que soient les accusations qui ont été
portées par d'autres députés, l'effort qui a
été fait pour ne pas utiliser ce dossier de façon
démagogique, ne pas lancer de la poudre aux yeux, ne pas se servir de
chiffres de n'importe quelle façon et de tenter au maximum, depuis un
an, d'informer correctement la population du Québec en lui disant
exactement ce que nous étions en train de faire, en expliquant
exactement les changements que nous apportions, en tentant également,
parallèlement, M. le Président, d'expliquer quel était le
régime actuel parce que le député de Montmagny-L'Islet,
qui exerce le métier de courtier depuis longtemps, sait parfaitement que
la situation que nous vivons actuellement est pratiquement aussi inconnue de la
part de la population que ce que nous avons proposé en
échange.
La seule chose que je voudrais dire, M. le Président, à ce
moment-ci, c'est qu'il est vrai que le coût du régime est connu,
il est vrai que nous avons fait des projections. Le député de
Montmagny-L'Islet a dit que c'étaient des projections qui lui
paraissaient optimistes; elles me paraissent, à moi, conservatrices,
elles m'ont été affirmées comme telles par des
actuaires-conseils qui ont reçu le mandat de ne pas nous mettre dans une
situation difficile, qui ont donc fait une expertise conservatrice par rapport
aux chiffres. Le député de Montmagny-L'Islet sait, par exemple,
que nous n'avons pas fait nos calculs en escomptant une baisse du taux
d'accidents, malgré que nous comptions sur la population du
Québec pour nous aider dans ce dossier de l'assurance automobile
et cela aussi j'ai été appelée à le dire à
plusieurs reprises qu'une des choses qui ferait baisser le coût de
l'assurance automobile, en général, c'est la baisse du taux
d'accidents.
Le député de Montmagny-L'Islet sait aussi que nous sommes
sérieux dans notre intervention au niveau des changements au Code de la
route, de l'application du Code de la route, de la surveillance de la
sécurité routière. C'est déjà
commencé, nous avons l'intention d'aller plus loin dans ce domaine et
nous espérons même être soutenus par les partis
d'Opposition. Je pense que ce sera assez facile d'obtenir un consensus autour
de la sécurité routière. Nous espérons être
soutenus parce que ce ne sont pas toujours des mesures populaires auprès
de la population que d'imposer une réglementation plus
sévère. Ce n'est pas facile de faire comprendre à la
population
qu'il faut réduire la vitesse sur les routes et qu'il n'y a pas
beaucoup d'autres façons de réduire le taux d'accident.
Dans ce sens, le coût du régime est connu, il a
été calculé par des experts qui ont reçu mandat de
faire des calculs conservateurs par rapport aux chiffres qui sont
proposés. Nous avons, M. le Président je pense que je peux
le dire, il ne me sera peut-être pas donné de reparler avant
minuit je voudrais en profiter pour dire que nous avons fait depuis un
an, le travail le plus honnête qui nous soit connu actuellement. Je
voudrais, de nouveau, répéter qu'à aucun moment, dans le
dossier, je n'ai, pour ma part, utilisé des chiffres à tort et
à travers.
M. Shaw: M. le Président, seulement pour faire une
rectification; personnellement, je n'ai jamais dit que j'appuie le
système actuel. Nous avons, comme parti et à titre personnel,
toujours dit que nous avions besoin d'accepter les recommandations de
l'étude Gauvin pour avoir un système de "no fault". Je suis
contre la position du gouvernement d'étatiser pour les dommages
corporels parce que nous sommes convaincus que les compagnies d'assurances
actuelles ont tous les moyens de satisfaire la population.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, il vous reste six minutes.
M. Roy: M. le Président, c'est un peu par hasard que je
prends la parole après Mme le ministre, et non pas pour reprendre ses
propos et engager une polémique. Je pense que tout le monde est d'accord
pour dire qu'on avait besoin d'une réforme de l'assurance automobile. Je
peux dire à Mme le ministre que je ne sens aucunement le besoin de me
justifier, mais j'ai fait partie de la commission parlementaire qui a
étudié le rapport Gauvin et nous avons fait un examen de
façon très sérieuse.
Tout le monde est d'accord là-dessus, je pense que toutes les
formations politiques, que ce soit au pouvoir ou dans l'Opposition, avaient
reconnu qu'il était nécessaire d'apporter une réforme
à l'assurance automobile. En ce qui a trait à la
sécurité routière, je pense que ça se passe de
commentaire. Il n'y a personne à l'Assemblée nationale qui
s'oppose à ce qu'un effort maximum se fasse au niveau de la
sécurité routière. Cependant, je dois noter qu'à la
question que j'ai posée tout à l'heure, et je l'ai posée
déjà à plusieurs reprises, je n'ai pas eu de
réponse.
J'aimerais, avant de terminer, M. le Président... J'ai pris une
lettre dans le milieu du dossier, je veux la lire à l'intention de Mme
le ministre; je pense qu'elle va refléter l'opinion de l'immense
majorité de la population. Je tiens bien à dire, au cas où
cela aurait été mal compris, quelle est l'attitude que j'ai
manifestée ce n'est pas moi qui ai composé la lettre
c'est dans ce sens que j'ai fait des interventions à
l'Assemblée nationale. "Honorable ministre, à titre de
consommateur et de propriétaire d'un véhicule automobile, je veux
vous féliciter pour les efforts que vous déployez sur le dossier
de l'assurance automobile" ce n'est pas si mal "cependant, je
tiens à vous faire remarquer que le régime que vous proposez ne
répond pas du tout à mes besoins". Bon. "Je ne suis pas d'accord
avec le régime d'Etat et je préfère de beaucoup que vous
laissiez l'administration de votre régime à l'entreprise
privée. Je n'apprécie guère la perspective de me retrouver
seul face à l'appareil gouvernemental, à la suite d'un accident.
J'aimerais conserver les services du courtier pour mes besoins d'assurance.
J'ose espérer que vous tiendrez compte de ma lettre, car elle
représente l'opinion de beaucoup de mes amis. Je vous remercie de votre
bonne attention et demeure... ' Copie, M. René Lévesque, premier
ministre du Québec; copie, Fabien Roy, député de
Beauce-Sud.
Mme Payette: M. le Président, j'ai en effet reçu
200 à 300 copies de cette même lettre, signée de noms
différents. J'ai accusé réception et je peux dire au
député de Beauce-Sud le contenu de la réponse. En gros,
c'est justement pour ça que la régie a le mandat, actuellement,
de négocier avec les courtiers et les experts en sinistres.
M. Roy: De négocier jusqu'à ce que la loi soit
adoptée, point.
Mme Payette: M. le Président, M. le
Président...
M. Roy: Je pense que cela ne sert à rien d'essayer de se
raconter des histoires, il y a des réponses qui auraient dû
être connues jusqu'à maintenant si on avait été
sincère.
Mme Payette: M. le Président, au secours. M. le
Président, au secours.
M. Roy: Si on avait été sincère...
Mme Payette: M. le Président, le député de
Beauce-Sud...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
Mme Payette: ... vient presque de porter une accusation. Le
député de Beauce-Sud laisse entendre que j'aurais donné
mandat à la régie de négocier jusqu'à l'adoption du
projet de loi.
M. Roy: Actuellement, on a l'impression ce n'est pas la
première fois que je le dis...
Mme Payette: Cela est très différent, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Un instant, M. le Président, je porte le poids de
mes propos et j'en mesure la portée. L'impression qui se dégage:
nous ne sommes pas dupes.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est ce que vous avez.
M. Roy: Nous ne sommes pas dupes. Nous avons déjà
vu cela, des négociations, avant aujourd'hui. Il y en a eu dans d'autres
secteurs et dans d'autres domaines. A la suite des questions que j'ai
posées à Mme le ministre, à l'Assemblée nationale,
à savoir si les courtiers d'assurances seraient éventuellement
appelés à servir d'intermédiaires entre l'assuré et
la régie, je réfère Mme le ministre à ses propres
réponses et non aux explications qu'aurait tenté de donner le
député de Beauce-Sud. Je ne me cite pas, je réfère
Mme le ministre à ses propres réponses...
Mme Payette: M. le Président...
M. Roy: ... compte tenu des pouvoirs dont dispose la
régie, compte tenu des traditions, des habitudes et des politiques
gouvernementales il ne faut pas jouer sur les mots de ce
côté-là si la régie, M. le
Président...
Mme Payette: M. le Président, je ne dirai pas question de
règlement, parce que cela ne sert à rien une question de
règlement. On se sert de cela pour parler, semble-t-il, mais je ne veux
pas faire cela, moi. J'ai l'intention de respecter le règlement.
Je voudrais cependant rectifier des choses qui sont dites. Le
député de Beauce-Sud je le sens, j'en ai l'impression
utilise la situation dans laquelle on se trouve, en présence d'un
certain nombre de courtiers, pour m'amener à répéter le
mandat qui a été donné à la régie, et je
suis heureuse de le répéter.
Le mandat n'est pas de négocier jusqu'à l'adoption du
projet de loi. Le mandat est de négocier une entente, si elle est
possible, afin que les courtiers et les experts en sinistres puissent
éventuellement servir d'intermédiaires entre la régie et
les accidentés.
M. Roy: Et comme on sait très bien, suite aux
réponses que nous a données Mme le ministre, que la régie
ne peut pas défrayer elle-même les coûts d'un tel service,
c'est qu'on négocie un tarif à la régie qu'on mette
donc les cartes sur la table qui sera exigé éventuellement
de l'assuré, en plus de son assurance. Qu'on dise donc les choses telles
qu'elles sont.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Mme Payette: M. le Président, je n'ai pas à
négocier ici avec le député de Beauce-Sud.
M. Roy: On n'est quand même pas des enfants, M. le
Président, je ne veux pas intervenir dans les négociations, mais
cela crève les yeux, voyons.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Roy: Cela a été fait avant aujourd'hui,
voyons.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! Mme le ministre a
terminé son intervention, M. le député de Beauce-Sud
aussi. A ce moment-ci, nous allons...
M. Paquette: M. le Président, il y a une question qui est
restée en l'air, de la part du député de Beauce-Sud, et je
pense qu'il serait bon de ne pas la laisser traîner. Je m'excuse de ne
pas y avoir répondu dans mon intervention. J'ai épuisé mes
vingt minutes, mais je pense que le ministre peut y répondre beaucoup
mieux que moi.
Mme Payette: M. le Président, je veux bien essayer de
répondre, encore une fois, aux inquiétudes du
député de Beauce-Sud, mais j'ai tout à coup un souvenir
on a quelquefois des "flashs" je m'excuse du mot anglais, des "flashs"
de mémoire j'ai l'impression d'avoir dit exactement la même
phrase la dernière fois que cette question a été
posée. Je vais tenter de calmer les inquiétudes du
député de Beauce-Sud, au sujet des gens appelés à
voyager à l'extérieur du Québec.
Je suis allée parler au député de Montmagny-L'Islet
pour lui demander s'il ne voulait pas accepter de le faire à ma place,
tellement j'arrive au bout des arguments, pour expliquer au
député de Beauce-Sud que ces citoyens du Québec sont
couverts, d'une part, par la régie de l'assurance automobile pour les
blessures corporelles, lorsqu'ils sont à l'extérieur du
Québec, que ce soit dans un Etat américain ou une province du
Canada, ou en Europe.
Les dommages matériels sont déjà couverts dans les
polices d'assurance qui existent présentement et on vous a lu, l'autre
jour, l'extrait de la police d'assurance que j'ai appelé un avenant, par
erreur. Le député de Montmagny-L'Islet a corrigé cette
erreur, en disant que ce n'était pas un avenant, et effectivement, cela
n'en est pas un.
On vous en a fait lecture et cette clause du contrat demeurera dans le
contrat d'assurance à venir mais, cette fois, sera obligatoire
auprès de l'entreprise privée, ce qui améliore la
situation, parce que les 20% de non-assurés seront assurés
dorénavant.
M. Roy: Est-ce que je peux poser une question additionnelle, M.
le Président? Juste une question additionnelle? Est-ce que les personnes
qui subiront des dommages corporels, à l'extérieur du
Québec, et qui ne sont pas des citoyens du Québec, seront
indemnisés par la régie de l'assurance automobile du
Québec?
Mme Payette: Des citoyens qui ne sont pas du Québec?
M. Roy: Oui.
Mme Payette: Non.
M. Roy: Merci. C'est clair. Il faudra avoir une
assurance-responsabilité publique pour voyager à
l'extérieur du Québec.
Mme Payette: C'est ce qu'il y a dans le contrat d'assurance.
M. Paquette: Comme maintenant. M. Roy: Cela va
coûter plus cher.
Mme Payette: Là, M. le député de Beauce-Sud,
vous faites rire toute la salle.
M. Roy: Peut-être.
M. Vaillancourt (Jonquière): L'article 139 serait
adopté, M. le Président.
M. Fontaine: M. le Président, sur le même point, la
limite d'assurance est de $50 000.
Mme Payette: Le minimum est de $50 000.
M. Fontaine: Pensez-vous qu'il y a beaucoup de gens qui vont se
promener à l'extérieur du Québec avec une police
d'assurance de $50 000?
Mme Payette: Les $50 000 permettent à la personne qui est
assurée d'avoir une couverture pour le minimum exigé dans l'Etat
où elle se trouve ou dans la province du Canada où elle se trouve
à ce moment-là.
M. Fontaine: Quand on sait que les compagnies d'assurances
n'assurent actuellement presque plus en bas de $100 000.
Mme Payette: Oui, mais cela répond à ce que je vous
dis. Ce que je vous dis est une réponse à votre question. Quand
cette personne se trouve je vous donne un exemple, sans l'affirmer comme
une vérité dans l'Etat du Michigan, si, par exemple, le
minimum est de $1 million, pendant la période de temps où
l'assuré se trouve dans l'Etat du Michigan, il est couvert pour ce
minimum. Quand il passe à l'Etat voisin, si le minimum est de $250 000,
il est assuré pour les $250 000, minimum exigible dans cet Etat, qui
couvre en même temps les blessures corporelles et les dommages
matériels, comme c'est le cas présentement dans les polices
d'assurance.
M. Fontaine: C'est ainsi que cela se passe actuellement?
Mme Payette: C'est maintenant fait et c'est maintenu dans le
contrat d'assurance.
M. Saint-Germain: Si vous permettez, M. le Président,
j'aurais une question sur le même sujet.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, cela
prend le consentement unanime, je pense, parce que le député de
Jacques-Cartier...
Le Président (M. Bertrand): Non.
Mme Payette: M. le Président, me permettez-vous une
question au député de Beauce-Sud. Est-ce que ses
inquiétudes sont calmées?
M. Saint-Germain: Je vous avais demandé si j'avais...
Le Président (M. Bertrand): Oui, vous allez l'avoir.
M. Roy: Non, elles ne sont que précisées.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, vous avez une question à poser au ministre?
M. Saint-Germain: Est-ce que cela ne veut pas dire que le montant
de la prime qu'aujourd'hui on paie aux assureurs privés pour se
protéger contre les dommages corporels causés à autrui ne
sera que partiellement réduit par le fait que les assureurs
privés seront obligés de conserver dans leur police certains
risques concernant les blessures, les dommages corporels?
Mme Payette: Dans un premier temps, nous pensons qu'au contraire
il se pourrait que cette "couverture", que je mets entre guillemets, parce
qu'il paraît que ce mot n'est pas français, soit accordée
à un prix moindre dans la mesure où nous retirons aux assureurs
la protection des citoyens québécois pour leur voiture à
eux.
M. Saint-Germain: Mais...
Mme Payette: On enlève une partie du risque. Comme, en
plus, ce risque sera réparti sur 20% de plus de la population, en
principe, il doit se faire une distribution du coût d'une autre
façon que celle qui se fait maintenant, si bien qu'au bout du compte,
normalement et logiquement, on devrait avoir une baisse qui ne sera pas
exorbitante de cette "couverture" en particulier.
M. Saint-Germain: Vous ne répondez pas à ma
question, vous entrez comme élément les gens qui ne sont pas
assurés actuellement. Cela ne veut pas dire que ces gens sont de bons
risques. Il y en a plusieurs parmi ceux-ci que les compagnies ne veulent pas
prendre. Ce n'est pas cela ma question. Je paie une assurance automobile
aujourd'hui. Dans cette assurance automobile que j'ai, une partie de la
prime...
M. Vaillancourt (Jonquière): Le député de
Jacques-Cartier a-t-il encore du temps ou est-ce que son temps est
complètement...
M. Saint-Germain: Oh!
M. Vaillancourt (Jonquière): II y a environ trois quarts
d'heure, le député de Jacques-Cartier nous a demandé
d'étudier l'article 179. Il en a même parlé pendant dix
minutes.
M. Saint-Germain: Je posais, M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): Le député de
Nicolet-Yamaska m'a fait signe qu'il aimerait parler de l'article 179 ce
soir.
M. Saint-Germain: Certainement, on s'en va à l'article
179.
M. Fontaine: Pour une fois, M. le Président, mon signe a
été bien interprété.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le député de
Beauce-Sud me donne le même signe affirmatif.
M. Saint-Germain: J'ai simplement demandé au
président si je pouvais poser une question après que beaucoup de
membres eurent posé des questions.
Mme Payette: La question a été posée et il a
eu sa réponse.
M. Vaillancourt (Jonquière): La question a
été posée, la réponse a été
donnée et votre temps est expiré.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre! Le
député de Jacques-Cartier avait parlé de 21 h 54 à
22 h 18. Il lui reste donc...
M. Vaillancourt (Jonquière): II a dépassé
son temps de quatre minutes.
Le Président (M. Bertrand): Ah oui! Il l'avait
dépassé.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on me refuse le privilège de
poser une question?
Le Président (M. Bertrand): Si c'est une question dans le
vrai sens du terme, M. le député de Jacques-Cartier, non.
M. Paquette: Une dernière question.
Le Président (M. Bertrand): Oui, une question.
M. Saint-Germain: Je disais que, dans la police que je paie
aujourd'hui, une partie de la prime est pour me couvrir contre les dommages
corporels que je peux faire aux autres. Il n'y a aucune distinction entre s'ils
sont faits au Québec ou ailleurs. Elle me couvre partout en
Amérique du Nord.
Ceci dit, on va me remettre une partie de ma prime, mais ce sera
simplement une partie. J'aimerais bien que le ministre me dise si c'est vrai ou
si c'est faux, car mon assureur actuellement continuera à m'assurer pour
les dommages corporels subis hors du Québec et même pour les
dommages corporels dont je pourrais être responsable, comme certaines
exemptions qu'il y a à l'article 17.
Mme Payette: M. le Président, la réponse, c'est
qu'on enlève le chapitre B, plus environ la moitié du chapitre
A.
M. Saint-Germain: Je perds mon temps. Passons à l'article
179.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous ne comprenez pas
encore?
Le Président (M. Bertrand): L'article 133 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Sur division.
Le Président (M. Bertrand): Adopté sur division.
Article 179?
M. Saint-Germain: J'en ai déjà parlé.
Le Président (M. Bertrand): Un instant! Mme le
ministre.
M. Vaillancourt (Jonquière): On va encore consentir.
Dispositions transitoires et finales
Mme Payette: M. le Président, l'article 179 se lit comme
suit: "La présente loi entraîne modification de plein droit, dans
les limites de ses dispositions, des obligations de l'assureur en vertu d'un
contrat d'assurance en cours".
Cette modification ne peut justifier aucune majoration du montant de la
prime fixée par le contrat, ni la résiliation de celui-ci.
Si les obligations de l'assureur en vertu d'un contrat en cours sont
réduites, la prime prévue à l'égard de ce contrat
doit être ajustée en conséquence.
Si la prime a été payée à l'avance, le
montant de rajustement doit être remis dans les trois mois à moins
que l'assuré n'accepte au cours de cette période qu'il soit
porté à son crédit.
M. Saint-Germain: Est-ce que madame a terminé?
Mme Payette: Oui, j'ai terminé.
M. Saint-Germain: J'aurais d'abord une question à poser.
Est-ce qu'il y aura des règlements rattachés à cet article
en particulier?
Mme Payette: Non, il n'y a pas de règlement
rattaché à cet article.
M. Saint-Germain: Si je comprends bien, pour bien m'exprimer, je
vais donner un exemple bien défini. Si un assureur a émis une
police par l'entremise d'un courtier, et qu'à la date de l'application
de cette loi ce contrat ait été mis en vigueur pendant six mois,
qu'est-ce qui arrive exactement?
Mme Payette: Si j'ai bien compris la question, c'est: Qu'est-ce
qui se passe si un individu a souscrit un contrat et qu'il s'est
écoulé six mois avant le 1er mars, si le régime entre en
vigueur le 1er mars?
M. Saint-Germain: Exact.
Mme Payette: A la lecture de l'article, il faut comprendre ce que
couvrait le contrat d'assurance automobile qu'avait l'individu. Supposons qu'il
avait un contrat de responsabilité, qu'il avait le chapitre B,
c'est-à-dire ce qu'on appelle l'assurance individuelle ou l'assurance
personnelle... le chapitre C), je pense que c'est la couverture des dommages
matériels. Je pense qu'on peut mettre cela de côté pour
l'instant, la régie ne s'occupant que des dommages corporels. Il faut
s'attacher aux chapitres A et B.
A la lecture de l'article, on dit bien que la loi entraîne une
modification de plein droit, donc, c'est une modification en vertu de la loi,
dans les limites de cette disposition et des obligations de l'assureur en vertu
d'un contrat d'assurance en cours.
Donc, la régie prenant en main l'indemnisation des victimes de
dommages corporels, il faut que le contrat, lorsqu'il s'appliquait en
matière de dommages corporels, subisse des modifications qui doivent
entraîner, en vertu des paragraphes subséquents, des modifications
dans la prime: ces modifications ne peuvent pas être à la hausse;
elles doivent être à la baisse.
Je pense que c'est l'essence de l'article. Si on applique ça
maintenant au cas que vous avez soulevé, à savoir quelqu'un qui a
souscrit à un contrat pendant six mois, les assureurs, en vertu de la
loi, sont obligés de calculer le remboursement de la partie de la prime
qui reste, si vous voulez, à courir.
Il y a également la partie des frais d'administration qui, eux
aussi, doivent être réduits en conséquence. Je pense que ce
sont les deux éléments, la partie de la prime qui couvre le
risque et la partie de la prime affectée aux frais d'administration. Je
pense que c'est l'essence de l'article 179.
M. Saint-Germain: Oui, on doit remettre à l'assuré
la moitié de la somme qui le protégeait plus la moitié des
frais d'administration. La moitié des frais d'administration inclut la
moitié des honoraires payés aux courtiers.
Mme Payette: M. le Président, il ne s'agit peut-être
pas de la moitié. Je pense que ce qui est important de savoir à
ce moment-ci, c'est que le surintendant des assurances discute
présentement avec les assureurs. Quand je dis: Présentement,
j'espère que ce n'est pas à cette heure-ci, ce soir, mais,
effectivement, il discute durant les jours qui courent maintenant, avec les
assureurs du Québec de la façon dont cet article devra être
appliqué.
Je suis informée par le surintendant que les courtiers ont fait
valoir qu'une partie de cette prime leur était déjà
acquise, puisqu'ils avaient déjà touché, eux, la partie
qui leur revient sur la prime payée.
Je pense qu'il ne peut pas, et je ne peux pas présentement
présumer des discussions du surintendant des assurances avec les
assureurs. Je sais cependant que ces questions sont discutées en
même temps avec les assureurs, à savoir comment on peut
éventuellement rétablir une équité pour le
consommateur, pour le courtier et pour l'assureur, et ce n'est qu'à la
fin de ces discussions qu'on saura exactement comment le partage peut se
faire.
M. Saint-Germain: Mais vous m'aviez bien dit qu'il n'y avait pas
de règlements.
Mme Payette: II n'y a pas de règlements, M. le
Président, c'est exact.
M. Saint-Germain: Mais, alors, on est à discuter des
technicités d'application de l'article 179, si je ne m'abuse, puisqu'il
y a dialogue entre les assureurs et, je suppose, les courtiers et les
autorités du gouvernement.
Mme Payette: C'est exact, M. le Président, et ce n'est pas
le seul article qui donne lieu à des discussions entre le surintendant,
puisque le surintendant a un rôle à jouer, et le surintendant doit
voir, par exemple, à ce qu'une corporation des assureurs soit
créée, et ces discussions sont en cours depuis déjà
un certain temps. Plusieurs sujets ont été abordés, et la
question traitée à l'article 179 fait partie des discussions.
M. Saint-Germain: Oui, mais si le principe d'application de
l'article 179 n'est pas dans l'article même, de quelle façon...
S'il n'y a pas de règlements d'attachés, tout devrait être
dans la loi, la modalité d'application, aussi bien que le principe
même.
Mme Payette: M. le Président, ce que la loi
prévoit, c'est la base même des discussions, au-delà de
ça on ne peut pas calculer, individuellement, par la suite, le retour
à chaque individu, dans la loi; il faut nécessairement que, par
la suite, ce soient des modalités.
M. Saint-Germain: S'il y a une remise toujours en
conservant, pour bien comprendre la discussion, l'exemple que je vous ai
donné on ne remet pas nécessairement 50% puisque ce
sont six mois, moitié du contrat d'un an de la prime et 50% des
frais d'administration ou 50% des coûts d'honoraires des courtiers
à l'assuré.
Mme Payette: C'est cela, on ne remet pas 50%
nécessairement; dans certains cas, certaines polices seront
écoulées après une période de neuf mois et non pas
de six mois.
M. Saint-Germain: Oui, c'est ce que je veux dire; en pourcentage,
ce ne sont pas 50%, si ce
sont neuf mois, ce seront les neuf douzième, si vous le prenez en
fraction.
Mme Payette: C'est cela.
M. Saint-Germain: Ce ne sera pas nécessairement cela.
M. Fontaine: M. le Président, juste là-dessus. Il
existe actuellement une table de remboursement d'annulation des primes. Est-ce
qu'on va se baser sur cette table? Je pense que la table est comprise dans la
police d'assurance du Québec. Est-ce qu'on va se baser sur cette table
pour faire les remboursements?
Mme Payette: Ce dont on m'informe, c'est qu'on est en train de
discuter présentement, avec les assureurs, si ce qui doit être
remboursé c'est 100% de ce qui est dû ou si c'est 90% parce que
10% ont déjà été engagés pour frais
d'administration. Si c'est moins de 90%, c'est là l'objet de la
discussion avec les assureurs.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jacques-Cartier, aviez-vous terminé?
M. Saint-Germain: Je n'ai pas terminé, mais si le
député...
Ce que je veux dire c'est que, dans cet article, on ne retrouve aucune
phrase qui laisse au surintendant des assurances le pouvoir de faire ces
changements.
Mme Payette: En ce qui concerne les pouvoirs du surintendant,
dans cet article, on ne retrouve pas, comme vous l'avez dit, le pouvoir
donné au surintendant de négocier quoi que ce soit. Cependant, ce
sont les assureurs qui ont l'obligation, en vertu de la loi, d'ajuster en
conséquence le montant des remboursements. S'il arrivait, dans des cas
hypothétiques où les assureurs abuseraient, par exemple je
ne sais pas si vous vouliez faire allusion à ces cas le
surintendant aurait le pouvoir, qui lui aurait été donné
dans la loi 67, d'analyser les données statistiques fournies par les
assureurs. Or, à la lumière des tarifications qui seront
transmises, déposées au bureau du surintendant, ce dernier sera
en mesure de faire l'analyse de ces données et lui-même doit faire
un rapport à ce sujet.
M. Saint-Germain: Oui, mais une fois que le surintendant aura
analysé le bien-fondé des données qui lui seront remises
par les assureurs, est-ce que nécessairement toujours pour
simplifier on sera obligé de remettre au client 50% de la somme ou
si on ne sera pas obligé?
Mme Payette: Ce n'est pas 50%; on sera obligé de remettre
la somme qui restera due au client pour la partie de la police qui n'est pas
épuisée et pour la partie du dommage que nous retirons. Il ne
s'agit pas nécessairement de 50%.
M. Saint-Germain: Mais, tout cela ne sera pas... Je paie une
prime d'automobile qui me coûte $1200...
Mme Payette: Vous la payez cher.
M. Saint-Germain: Si vous la divisez au mois, je dirais que je
paie $100 par mois. Il y a six mois d'écoulés. Quand le
surintendant des assurances aura bien déterminé quelle est cette
partie de la prime que je paie pour me protéger contre les dommages pour
lesquels je serai dorénavant protégé par la régie,
lorsque le surintendant des assurances aura accepté ces chiffres, est-ce
que, nécessairement, s'il me reste, dans mon contrat, trois mois
à couvrir, je recevrai les 3/12 de cette partie de prime qui couvre de
tels risques?
Mme Payette: Votre question est de savoir si vous recevrez
$300?
M. Saint-Germain: Si vous voulez.
Mme Payette: Puisque cela vous coûte $100 par mois pour
votre couverture complète?
M. Saint-Germain: Oui. On est encore à ne pas se
comprendre, même dans les questions, parce que...
M. Paquette: M. le Président, je voudrais essayer
d'aider...
M. Saint-Germain: Ecoutez-la.
M. Paquette: Je pense que j'ai compris votre idée. Vous me
le direz...
M. Saint-Germain: Ce n'est pas $100 qui couvrent toutes mes
dépenses corporelles...
M. Paquette: J'espère que je ne nuirai pas aux
débats, mais vous voulez savoir si le consommateur va recevoir 100% des
montants qui doivent lui revenir, 100% des montants qui lui sont dus, compte
tenu du nombre de mois qu'il reste à couvrir et compte tenu du
pourcentage de primes qui seront maintenant couverts par la régie. C'est
cela?
M. Saint-Germain: En deux mots, pour faciliter la question, les
$100 étaient là pour couvrir mes dépenses corporelles,
pour couvrir mes risques contre dommages corporels. C'était cela mes
$100.
Mme Payette: Cela revient à ma toute première
réponse. C'est l'objet même des discussions en cours
présentement entre le Surintendant et les assureurs, parce que les
assureurs prétendent qu'une partie de ce qui devrait revenir est
déjà engagé en frais d'administration, pour les polices.
Les courtiers prétendent qu'une partie de ce qui leur est revenu leur
reste dû pour des frais déjà encourus.
M. Saint-Germain: Là je comprends.
Mme Payette: I! se pourrait, M. le Président, qu'à
la fin des discussions on estime qu'il est juste et équitable que le
retour soit de l'ordre de 90% ou de 85%, selon que les courtiers auront fait
valoir qu'effectivement des sommes ont été engagées et
qu'ils en auront fait la démonstration, que les assureurs auront fait
valoir que des frais sont déjà engagés, déjà
dépensés, et qu'ils auront fait la preuve que c'est exact. A ce
moment, nous pourrons accepter que le contribuable reçoive 90% ou 85% de
ce qui a été avancé.
M. Saint-Germain: Alors, ces 90% ou 85% ou 80%, lorsque le
surintendant aura terminé ses discussions avec les assureurs et les
courtiers, qui va dire à la régie de payer sur la base de ce
principe?
Mme Payette: Ce n'est pas la régie qui va payer.
M. Saint-Germain: Je veux dire qui va dire aux assureurs et qui
va obliger les assureurs à payer sur ce principe?
Mme Payette: C'est la loi, M. le Président, de par
l'article...
M. Saint-Germain: Là, cela va vous prendre un
règlement, cela va prendre quelque chose pour dire: On paie à
90%. Quelle est la technicité législative dont vous allez vous
servir pour le faire?
Mme Payette: M. le Président, le libellé de
l'article 179 dit, à l'alinéa troisième, que si les
obligations de l'assureur, en vertu d'un contrat en cours, sont
réduites, la prime prévue à l'égard de ce contrat
doit être ajustée en conséquence. En conséquence, en
fait, il était législativement difficile d'essayer de donner des
critères et des normes pour essayer de prévoir les cas possibles
et la partie qui pouvait être retournée à
l'assuré.
M. Saint-Germain: Alors, si j'ai posé toutes ces
questions, c'est que je voulais réellement m'y comprendre. Est-ce que je
pourrais dire qu'il reste que le troisième paragraphe laisse une grande
liberté d'action aux autorités gouvernementales en ce sens
qu'après discussion on pourrait arriver à n'importe quelle
conclusion, on aurait la liberté de les inclure.
Mme Payette: Si le député est d'accord, on pourrait
dire une certaine flexibilité plutôt que liberté d'action
pour permettre justement qu'on puisse tenir compte des investissements qui ont
été faits par les assureurs, par les courtiers
éventuellement, et que ces individus ou ces organismes ne soient pas
lésés dans leurs droits.
M. Saint-Germain: Une dernière question. Je n'en ai pas
pour longtemps. Qui est responsable? Est-ce que le surintendant des assurances
doit entrer en relation avec le BAC? Est-ce qu'on consi- dère que c'est
le BAC qui est le représentant des assureurs?
Mme Payette: C'est exact, M. le Président, le BAC est le
représentant de la majorité des assureurs. C'est avec le BAC et
les assureurs non affiliés au BAC, que les discussions se
poursuivent.
M. Saint-Germain: Au niveau des courtiers maintenant, cela se
fera avec qui?
Mme Payette: L'Association des courtiers, M. le Président,
et la fédération.
M. Saint-Germain: Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, sur ce même point, je
ne veux pas être désagréable. Je pense que la latitude
qu'on peut donner au gouvernement là-dessus, à première
vue, je suis d'accord avec ça, sauf que je me pose une question,
peut-être légale; à ce moment-là les conseillers
juridiques pourront peut-être nous aider. Comment va-t-on faire pour
légaliser l'entente qui surviendra entre le surintendant des assurances
et les compagnies d assurances? Parce qu'il pourrait arriver, par exemple, si
je ne suis pas satisfait de cette entente, que je prétende que la loi
m'accorde plus de droits que l'entente qui serait conclue; je pourrais sans
doute poursuivre ma compagnie d'assurances sur la base de l'article 179 pour
lui dire: Donnez-moi mon remboursement tel que prévu dans la loi.
Mme Payette: M. le Président, le surintendant des
assurances, le représentant du gouvernement... Et moi, je vais plus
loin, c'est-à-dire qu'après avoir pris connaissance des fonctions
véritables du surintendant, j'en suis arrivé à dire que
c'est une sorte d'ombudsman des assurances. Il ne s'agit pas d'entente à
signer avec les assureurs, mais il s'agit de discussion pour que les assureurs
sachent comment appliquer l'article 179 et que ce soit juste et
équitable.
M. Fontaine: Oui, je suis d'accord, mais si on se base sur le
dernier paragraphe de l'article 179 qui dit: "Si la prime a été
payée à l'avance, le montant de l'ajustement doit être
remis dans les trois mois. " Alors, à ce moment-là, si je
prétends qu'on me doit $600 sur ma prime d'assurance c'est un
exemple que je donne quelle que soit l'entente conclue entre le
surintendant des assurances et les compagnies d'assurances, si je
prétends qu on me doit $600, je vais pouvoir poursuivre ma compagnie
pour réclamer ce montant, même à l'en- contre de l'entente
qui peut intervenir.
Mme Payette: Je répète qu'il ne s'agit pas d'une
entente...
M. Fontaine: D'accord.
Mme Payette: A la suite de discussions et, est-ce que je
devrais dire consultations ou éclaira-
ges de la part du surintendant des assurances les compagnies vont
pouvoir adopter une politique par rapport à leur clientèle, qui
soit en accord avec les discussions qui ont eu lieu.
M. Fontaine: D'accord. Supposons que le surintendant, avec les
compagnies d assurances, décide d'adopter la politique de ne pas
rembourser la commission des courtiers. Est-ce que je vais pouvoir poursuivre
la compagnie pour dire: Remboursez-moi la commission du courtier?
Mme Payette: C'est exact.
M. Fontaine: A ce moment-là, on ne protège pas les
courtiers d'assurance.
M. Roy: M. le Président...
M. Fontaine: On ne protège pas la commission. Si on prend
l'exemple des courtiers en immeubles, lorsqu'ils concluent une entente avec un
client et que la vente est effectuée, ils ont droit à leur
commission, même si c'est le client lui-même qui vend sa propre
maison, ils ont toujours droit à leur commission, même s'il y a
une résolution de la vente par la suite, ils gardent toujours leur
commission, parce qu'ils ont effectué leur travail. Je pense que c'est
le même cas pour les courtiers d'assurances.
Avec cet article 179, on les expose à des poursuites judiciaires
pour réclamer le montant de la commission.
Mme Payette: M. le Président, il n'était pas dans
l'intention du gouvernement de trancher cette question. Il n'est pas dans notre
intention d'ordonner aux compagnies d'agir de telle façon. Il
était dans l'intention du gouvernement de faire valoir aux compagnies
qu'une partie de la prime doit retourner à l'assuré, ce que nous
faisons par l'article 179. Le surintendant des assurances n'a pas les pouvoirs
d'imposer une décision; il peut aider, il peut discuter, il peut faire
valoir les intérêts des citoyens du Québec, des
consommateurs d'assurance. Au-delà de ça, s'il y avait
insatisfaction, il faudrait poursuivre devant les tribunaux.
M. Fontaine: Mais le législateur peut établir la
forme de remboursement et le comment du remboursement. Le
législateur...
Mme Payette: Nous le faisons par l'article 179.
M. Fontaine: Vous pourriez sûrement inclure dans votre
article de loi, une clause disant que la prime doit être
remboursée, sauf la commission du courtier. Si c'est votre
intention.
Mme Payette: M. le député, nous n'avons pas
l'intention d'inclure cette clause, à ce moment-ci, dans l'article 179.
Elle est en discussion présentement...
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne voudrais pas couper la parole à personne,
mais il reste que l'article 179 ouvre la porte très grande. On expose
les professionnels de l'assurance à des centaines de poursuites
judiciaires. Si le gouvernement ne veut pas déterminer la façon
exacte et limiter, établir des limites très précises dans
cet article, il est préférable de ne pas avoir d'article du
tout.
Si on ouvre la porte, il faut prévoir jusqu'où la porte
peut s'ouvrir. C'est extrêmement dangereux. J'ai fait un bref calcul, M.
le Président, si on me le permet. Le montant perçu par le
gouvernement sera de l'ordre de $345 millions. Il y a des primes de neuf mois,
dix mois, il va y en avoir de deux mois et d'un mois. Si on fait la moyenne en
deux, cela représente $170 millions. Si on recoupe encore en deux
je vais être très conservateur cela fait $85 millions,
à 10%, ce sont $8,5 millions que cela représente pour les
courtiers. C'est une masse de $8,5 millions, pour laquelle les courtiers ont
payé des salaires. Les salaires sont payés. Ils ont payé
leur personnel. Ils ont payé leurs frais de bureau,
l'électricité, tous les frais d'administration. Ils ont
vécu, ils se sont payé des salaires. Est-ce qu'on s'imagine les
risques que nous prenons en ouvrant cette porte à des poursuites
vis-à-vis de ces personnes? Je pense qu'en toute sincérité
et en toute justice, on n'a pas le droit de le faire.
M. le Président, j'avais préparé une motion
d'amendement...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Beauce-Sud, avant que vous ne fassiez votre motion d'amendement, j'aurais une
question à poser au député de Nicolet-Yamaska. A partir du
moment où le débiteur, c'est l'assureur, comment peut-il
justifier un recours possible de l'assuré contre le courtier? C'est
l'assurance qui est le débiteur de la somme. Ce n'est pas le
courtier.
M. Fontaine: Cela peut être le contraire. Je ne sais pas
comment cela va se produire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le lien de droit du
créancier débiteur, c'est entre l'assuré et
l'assureur.
M. Fontaine: C'est-à-dire que le lien de droit, je pense
qu'il est entre le courtier... Parce que le client fait toujours affaires avec
le courtier, il ne fait pas affaires avec une compagnie d assurances.
M. Vaillancourt (Jonquière): Par exemple, en vertu de
l'article 179, on nous dit que c'est l'assureur qui va rembourser. Le
créancier, pour moi, c'est l'assuré, en supposant qu'il ait une
créance...
M. Fontaine: En vertu de la loi, oui.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le débiteur, c'est qui
pour vous? Est-ce que c'est le courtier ou la compagnie d'assurances?
M. Fontaine: En vertu de l'article 179, le débiteur est la
compagnie.
M. Vaillancourt (Jonquière): Comment pourrais-je maintenir
une action en justice contre un courtier, alors que la prime d'assurance est
touchée par la compagnie, et que c'est elle qui est la
débitrice?
M. Fontaine: Cela va revenir au même. Si les compagnies les
coupent, les reprennent, les primes, à même les autres primes
futures...
M. Vaillancourt (Jonquière): N'êtes-vous pas
d'accord que le courtier est un mandataire conformément aux articles
1704 et suivants du Code civil du Québec? Comment pourriez-vous
justifier une action contre un courtier sur cette base?
M. Fontaine: Cela revient au même. Même si ce n'est
pas une action contre le courtier, si les compagnies d'assurances les
remboursent, elles vont les réclamer des courtiers. Cela revient au
même. Que ce soit l'un ou l'autre qui les réclame.
M. Giasson: M. le Président, le député de
Beauce-Sud, vient, il y a un moment, d'indiquer quelles seraient les
conséquences qui peuvent découler du dernier alinéa de
l'article en cause, 179. Je trouve que cet article a une importance capitale
pour tous les bureaux de courtiers d'assurance au Québec.
M. Vaillancourt (Jonquière): Le consommateur aussi.
M. Giasson: Oui, le consommateur, mais en tenant compte de
l'ensemble du fonctionnement des services rendus et des frais encourus par des
bureaux de courtage. Habituellement, dans des modes de transactions qui se sont
établis entre les compagnies d assurances et les courtiers, lorsque une
police est émise, elle est émise avec une prime, qui
apparaît sur le contrat, qui est faite généralement
à la compagnie, sauf des cas où les courtiers émettent
eux-mêmes leurs propres contrats. En tout cas.
La facturation, le montant de la prime, se fait directement au courtier,
chaque mois, par ce qu'on appelle un compte mensuel, un compte d'agent
mensuel.
Lorsqu'il y a des opérations en vertu desquelles il y a des
réductions de couverture ou des activités qui débouchent
sur une remise, une ristourne, comme on appelle cela dans le métier des
assureurs, des compagnies, et que, par les avenants en cause, on fera
connaître, à la face, dis-je, de ces avenants, le montant de ces
ristournes. Mais au moment de procéder à la facturation, s'il
s'agissait d'une ristourne de $50 à titre d'exemple, c'est le montant de
$50 qui apparaît sur le document qui est envoyé chez le courtier
qui, à son tour, les retourne à l'assuré.
Cependant, l'opération entre le courtier et l'assuré
n'accorde pas $50 au courtier. Entre le courtier et l'assureur, cette
opération n'accorde pas $50. Au document de comptabilisation, on fait
apparaître une ristourne de $50. La compagnie retire au courtier la
commission. En présumant qu'elle serait de 12% en moyenne, même si
le courtier perd les 12% des $50, il doit retourner à son assuré
$50.
Or, les dispositions de l'article qu'on discute présentement ont
comme conséquence de rendre capital d'examiner les faits, je pense,
au-delà du mandat qu'on a confié au directeur de la régie
comme au surintendant des assurances. Je crois qu'on doit aborder ce sujet ici,
en commission parlementaire, afin de voir les véritables dimensions que
cela peut poser.
Voici qu'un contrat d'assurance a été renouvelé,
une police automobile, il y a deux mois, cinq mois, sept mois, neuf mois, cela
n'a pas d'importance. Sur ce contrat d'assurance, il y a eu une prime de
déterminée au chapitre A de la police qui assure l'ensemble de la
responsabilité civile de l'assuré pour blessures corporelles,
décès, dommages matériels qu'il peut causer à
autrui.
Le BAC, dans le mémoire qu'il a déposé devant la
commission parlementaire, a établi la moyenne de primes qui devait
s'appliquer pour la partie des blessures corporelles en citant, sauf erreur,
qu'il y avait 35% de la prime qu'on affectait aux obligations découlant
du paiement des blessures corporelles.
Partons d'un exemple donné. Si un assuré a payé
$100 de prime au chapitre A de sa police qui assure l'ensemble de sa
responsabilité, les compagnies conviennent qu'il y a $35 qui sont
nécessaires pour faire face aux obligations pour blessures corporelles
et la différence, pour les dommages matériels. Cela va?
Il va rester un autre élément, puisque, des 35%, les
assureurs devront peut-être retrancher un pourcentage qu'ils doivent
retenir, puisque la partie des blessures corporelles, ils devront garder sur le
contrat la "couverture" qui devra protéger l'assuré dès
qu'il sort des limites du Québec. Cela pourrait être combien? 33%
ou 32%, je l'ignore. Là encore, il faudrait que les experts examinent
cela véritablement.
M. Paquette: Je pense que c'est 5% du total des sommes
affectées aux blessures corporelles.
M. Giasson: Si c'était 5%...
M. Paquette: Non, pas 5% du total, 5% de...
M. Giasson: Non, 5% pris sur les 35%. Ce qu'il est important de
réaliser ici, c'est que tout le travail qui a été
effectué sur ces polices d'assurance automobile par les courtiers, tous
ces frais sont entièrement subis et assumés.
On pourra prétendre qu'en cours de route, un courtier n'aura plus
à s'occuper de la partie d'une réclamation découlant des
blessures corporelles, mais, comme on sait, d'ores et déjà, que
tous les accidents ou 98% des accidents qui vont causer
des blessures corporelles vont également déboucher sur
l'ouverture d'un dossier d'avis d'accident pour payer également des
dommages matériels, le courtier va continuer d'effectuer les mêmes
opérations et de subir les mêmes frais, même s'il n'a plus
à s'occuper de la partie des blessures corporelles.
Les fins d'émission du renouvellement ou du contrat sont
assumées en totalité. Le service que le courtier avait à
donner suite à un changement ou une substitution de véhicule,
c'est assumé. S'il y a eu des changements de couverture
nécessaires par l'addition d'un jeune conducteur, c'est
déjà assumé. Si, après le retrait de la couverture
des blessures corporelles sur le contrat, l'assuré change de
véhicule, le courtier a toujours la même obligation de
préparer un avis de substitution à l'intention de la compagnie,
même si la partie des blessures corporelles est disparue du contrat. Il
m'apparaît, après avoir réfléchi à tout cela,
que la commission gagnée par les courtiers au Québec sur la
partie des blessures corporelles est constituée de frais qui sont
entièrement subis par les courtiers, et même le
phénomène de retrait d'une partie de la couverture au chapitre A
de la police, ne diminue en rien les frais d'opération du bureau
à quelque palier que ce soit. Je pèse mes mots, cela va plus loin
que cela. L'opération d'un bureau de courtier d'assurances, à
l'avenir, même si une partie de la couverture, soit celle des dommages
corporels, est éliminée, ne pourra pas permettre aux courtiers
d'assurances du Québec de réduire leur personnel s'ils veulent
maintenir un service égal à l'endroit de leur client. C'est une
autre réalité, puisque, chaque fois que vous aurez à faire
une opération sur une police, même si la prime est réduite
par l'élimination des blessures corporelles, vous avez exactement les
mêmes opérations à effectuer tout au long du chapitre.
Pour la partie comptabilisation, évidemment, la prime va
être moins élevée, mais il faut que vous fassiez quand
même votre comptabilisation. Le personnel que vous aviez dans
l'opération traditionnelle connue dans un bureau de courtiers, vous
devrez le maintenir. C'est pourquoi je crois qu'on doit en débattre ici,
et il faut avoir une expression d'opinion de la part du gouvernement, de la
part du ministre des Consommateurs, il faut avoir sa réaction face au
phénomène réel que les courtiers vont vivre à la
suite du retrait des blessures corporelles du chapitre A de la police.
Mme Payette: M. le Président, en date du 15
décembre, et si je me hâte de parler, cela va être hier,
cela ne fera pas deux jours encore, la Fédération des courtiers,
par lettre, nous a fait connaître un certain nombre de chiffres
concernant le sujet que vient d'expliciter le député de
Montmagny-L'Islet. Je vous ai dit déjà que ce sujet fait partie
des discussions qui sont entamées depuis déjà plusieurs
semaines entre le surintendant des assurances, qui nous représente dans
ce dossier, et les assureurs.
Il est de notre intention, M. le Président, qu'il y ait de
l'équité dans ce retour aux consommateurs.
Je pense que le député de Montmagny-L'Islet comprendra que
mon souci comme ministre responsable est cependant de ne pas léser les
assureurs, de ne pas léser les courtiers et de ne pas léser les
consommateurs. Tenant compte de ces trois intervenants je ne sais
même pas s'il n'y en a pas d'autres au moins de ces trois
intervenants, nous avons l'intention de faire en sorte que l'arrangement final
qui sera accepté par les assureurs soit équitable pour tous, et
j'ai bien dit que les courtiers ont fait valoir, depuis le 15 décembre,
c'est-à-dire hier, par lettre adressée au ministère
c'est plus précis jusqu'à maintenant, ils avaient fait
valoir qu'une partie, en tout cas, importante ou non, de ce qu'ils avaient
déjà perçu était engagée, et dans les
discussions que nous avons avec les assureurs, nous tenons compte de cette
situation.
M. Roy: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Beauce-Sud.
M. Beauséjour: ... d'impôt.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, j'avais la parole
tout à l'heure, j'ai permis à deux...
D'abord, je demanderais le consentement unanime de la commission pour
qu'on dépasse minuit pour discuter de cette question. Je pense que c'est
fondamental. On est tenu... Non, s'il y a un consentement unanime de la
commission, il n'y a pas de problème. On est tenu de faire un rapport
à 10 heures demain matin.
M. Charron: Non, je regrette, mais...
M. Roy: Bon, bien, écoutez! Je retire... Je n'ai pas
parlé...
M. Charron: Non.
M. Paquette: M. le Président...
M. Roy: Je n'ai pas parlé. Je n'ai pas parlé parce
que je veux revenir sur la question.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Bien! D'accord! On
revient...
M. Charron: ... M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Bertrand): Non, il n'y a pas de... C'est
réglé.
M. Charron: J'invoque le règlement.
M. Roy: C'est retiré. Je le retire, M. le
Président.
M. Charron: J'invoque le règlement. Le Président
(M. Bertrand): Un instant!
M. Charron: J'invoque le règlement pour rappeler au
député de Beauce-Sud...
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Bon! Un instant, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Le député de Saint-Jacques n'a
pas le droit de parole.
Le Président (M. Bertrand): Oui, je m'excuse, il est
inscrit.
M. Charron: J'invoque le règlement. M. Roy: Quel
article du règlement?
M. Saint-Germain: Quand l'avez-vous mis sur la liste?
Le Président (M. Bertrand): Au début de la
séance, ce matin.
M. Charron: Pour rétablir les faits. Nous ne
siégeons pas ici avec le consentement de l'Assemblée, mais nous
devons, à minuit, dans dix minutes, obtempérer à un ordre
de la Chambre, que la commission, le voudrait-elle, ne peut changer.
Le Président (M. Bertrand): Bien! Vous avez la parole, M.
le député de Beauce-Sud.
M. Roy: La motion de guillotine nous obligeait à faire
rapport demain matin avant l'ouverture de la Chambre.
M. Vaillancourt (Jonquière): II faut terminer nos travaux
à minuit.
M. Charron: Et les travaux finissent à minuit.
M. Roy: Les travaux, normalement, finissent à minuit, en
vertu d'une autre motion...
Le Président (M. Bertrand): M. le
député...
M. Roy: ... qui est la motion de fin de session, mais qui
n'interdit ni à la Chambre, ni à la commission parlementaire de
dépasser le temps.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! M. le
député de Beauce-Sud...
M. Roy: II y a assez de jurisprudence d'établie
là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Beauce-Sud, indépendamment de ça, M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: Je n'y reviens plus.
Le Président (M. Bertrand): ... vous savez que ça
vous prend un consentement unanime; vous ne l'avez pas. Je vous donne la
parole. Il vous reste dix minutes.
M. Roy: Bon! D'accord! D'ailleurs, j'apprécie beaucoup la
collaboration du député de Saint-Jacques là-dessus.
M. le Président, je veux revenir sur le point il me reste
exactement quatre minutes, cinq minutes environ pour dire, à la
suite de ce qu'a dit Mme le ministre... Mme le ministre a parlé de ses
intentions. Elles sont fort louables, je suis d'accord avec elle.
Mme Payette: Ce ne sont pas mes intentions, M. le
Président. Ce sont les intentions du gouvernement.
M. Roy: Non, les intentions du ministre et du gouvernement. Je
vous associe au gouvernement, parce que j'imagine que vous avez votre mot
à dire là-dedans.
Mme Payette: Vous êtes bien bon, M. le
député!
M. Roy: D'accord.
Les discussions et les négociations, ce sont deux choses bien
distinctes. Si un citoyen décide de se prévaloir de la loi 39,
une fois qu'elle sera adoptée, la Loi du recours collectif, et cela a
été dit à Trois-Rivières par un officier de votre
ministère... Il a dit qu'il y avait probabilité de poursuite
collective contre...
M. Paquette: Contre les compagnies d'assurances.
M. Roy: ... les compagnies d'assurances qui pourront revenir
contre les courtiers et garder la commission, comme l'a dit le
député de Montmagny-L'Islet. Il y a un enjeu de $7 millions
à $10 millions pour des citoyens et cette commission sera
considérée, pour la plupart des courtiers, comme un salaire et
ceux qui ont des employés ont payé le salaire de leurs
employés. Est-ce qu'on doit faire en sorte, M. le Président, de
faire une ouverture dans la loi qui puisse permettre, malgré les
intentions du ministre, parce que les intentions de Mme le ministre, les
négociations qui ont lieu entre la fédération et le
surintendant des assurances n'ont rien à voir avec la loi comme telle,
une fois que la loi sera votée, puisque les gens prendront la loi, se
prévaudront des dispositions de la loi et iront devant les
tribunaux.
Plus que cela, étant donné la nouvelle portée de
recours collectif qu'on veut apporter vis-à-vis de la loi 39, il s'agit
qu'une seule personne au Québec gagne sa cause et tout le monde sera
obligé d'y passer. Alors, pour une réclamation d'une commission
de $25 à $30, les courtiers peuvent perdre de $7 millions à $15
millions, vous pouvez le calculer.
M. le Président, je fais immédiatement motion pour que
l'article 179 soit modifié en ajoutant,
dans le quatrième alinéa, après le mot
"ajustement", les mots suivants: "moins le montant de la commission du
courtier", de façon que le nouvel alinéa 4 se lise comme suit:
"Si la prime a été payée à l'avance, le montant de
l'ajustement, moins le montant de la commission du courtier, doit être
remis dans les trois mois, à moins que l'assuré n'accepte, au
cours de cette période, qu'il soit porté à son
crédit".
M. le Président, j'ai des copies de cette motion, je vous les
remets immédiatement. En espérant qu'elle sera reçue
unanimement, car je pense que nous sommes tous conscients de la portée
de l'article de loi proposé par le gouvernement et de l'urgence de
l'amender.
Le Président (M. Bertrand): Elle est reçue.
Mme Payette: M. le Président, sur la motion d'amendement,
je dois dire, à ce moment-ci, que le ministre des Consommateurs est
extrêmement inquiet, parce que l'introduction de l'amendement
proposé par le député de Beauce-Sud fait en sorte que, au
moment où on se parle, c'est-à-dire le 16 décembre, encore
maintenant, c'est-à-dire le lendemain du jour où des chiffres
précis nous ont été transmis par la
fédération des courtiers à ce sujet, on nous demande, M.
le Président, d'introduire dans la loi un amendement qui ferait en sorte
que les consommateurs que je suis appelée à protéger
également seraient peut-être lésés d'une partie de
ce pourcentage perçu par les courtiers, que nous n'avons pas encore
évalué correctement à partir des nouveaux chiffres qui
nous sont arrivés il y a 24 heures.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on pourrait nous dire...
Mme Payette: M. le Président, je crois que j'ai la
parole.
Le Président (M. Bertrand): Vous l'avez madame.
Mme Payette: II me paraît donc extrêmement hasardeux,
à ce moment-ci, sous prétexte de mieux protéger un groupe
de citoyens qui s'appelle les courtiers, et qui a effectivement, comme je l'ai
reconnu préalablement, fait un travail pour lequel il a
été payé et que nous évaluerons avec lui pour
savoir jusqu'à quel point ce qui a été perçu est
déjà investi... Mais je dois, M. le Président, m'opposer
à cet amendement comme ministre responsable des consommateurs pour
être bien sûr que l'ensemble de la population du Québec ne
sera pas lésé pour des sommes qui lui reviennent.
M. Roy: M. le Président, le ministre s'oppose sous
prétexte qu'il désire protéger les consommateurs. Il est
exact que la décision du gouvernement n'est pas une décision des
consommateurs, c'est une décision du gouvernement, la loi. Ce n'est pas
une décision des courtiers, ce n'est pas une décision des
assureurs. C'est une décision gouvernementale et malheureusement, M. le
Président, cela me démontre que nous sommes en train de discuter
très sérieusement des implications d'un article de la loi qui met
en danger le gagne-pain de milliers de personnes au Québec alors que
nous avons une motion de guillotine qui nous empêche d'en disposer et de
l'évaluer, ce qui me démontre de façon très claire
et sans équivoque que le gouvernement se dirige vers l'aventure, qu'on
n'est pas prêt à accepter ce projet de loi, que nous aurions
dû avoir à notre disposition au moins encore une couple de
semaines pour pouvoir l'examiner. Je pense que le gouvernement comprend,
à l'heure actuelle...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre!
M. Roy: Je veux avoir le dernier mot, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Je le sens bien.
M. Roy: Puisque la guillotine tombe à 24 heures
précises, M. le Président, le gouvernement n'est pas prêt.
Il vient d'avoir une preuve que sa loi est mal préparée. On a mal
mesuré la portée de cette loi et il y a des implications
socio-économiques très profondes dans notre
société. Si on a jugé bon de voter $2 millions pour sauver
l'emploi de 300 personnes à Tricofil, je ne verrais pas pourquoi on
irait dans l'aventure pour mettre en danger le gagne-pain d'environ 12 000
personnes au Québec.
M. Lalonde: M. le Président.
M. Saint-Germain: D'autant plus, M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier!
M. Saint-Germain: D'autant plus, M. le Président je
ne parlerai qu'une seconde pour laisser parler les autres que cette loi
a été déposée au mois d'août. C'est depuis le
mois d'août qu'on a l'article 179. Est-ce qu'on pourrait m'expliquer
comment il se fait qu'un gouvernement responsable, pour un article où il
y a tellement d'implications, n'ait pas déjà solutionné ce
problème et qu'il en soit encore au stade, cinq minutes avant la
guillotine, de la discussion sans savoir encore où il s'en va?
M. Shaw: M. le Président, je crois que j'ai la parole.
J'ai bien essayé de dire une chose: cela se voit que ce projet de loi
est mal préparé pour être imposé l'année
prochaine. C'est incroyablement clair pour tout le monde. Deuxièmement,
s'il est appliqué, pour la protection de leur gagne-pain, les courtiers,
les compagnies d'assurances et même les citoyens eux-mêmes devront
contester ce projet de loi devant les cours.
M. Roy: La transparence du gouvernement!
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On voit bien, M. le Président, dans les
dernières minutes de cette commission, jusqu'à quel point le
gouvernement nous a imposé une parodie de la démocratie dans son
improvisation, son manque de préparation. Le ministre, que j'ai
accusé d'incompétence et d'incapacité de présenter
un tel projet de loi hier soir, l'a démontré encore une fois en
nous annonçant tantôt, deux minutes, trois minutes ou cinq minutes
avant la fin de nos délibérations qu'elle n'était pas
prête à prendre une décision sur un amendement reçu,
extrêmement important, pour lequel, pour ma part, j'ai reçu et
d'autres membres aussi, des représentations bien fondées qui
mettent en danger l'avenir de Québécois; pas des grosses
multinationales, M. le Président, des Québécois! Cela
s'écrit exactement comme le Parti québécois, et c'est
aussi québécois que tout le monde. Des petites entreprises vont
devoir remettre, simplement par une loi aveugle, des montants qu'ils ne devront
pas puisqu'ils ont engagé des dépenses, ils ont donné des
services déjà. On va les obliger à remettre
aveuglément des montants qui ne sont pas dus.
M. le Président, la protection des consommateurs peut être
un paravent pour cacher l'incapacité de comprendre une situation. C'est
comme ça depuis le commencement de cette commission. C'est comme
ça que ça se termine et c'est symp-tomatique ou, enfin, ça
reflète l'improvisation, le manque de préparation.
Je crains, je ne le souhaite pas, mais je crains que le gouvernement, en
prenant la décision de bousculer la commission parlementaire, de
bousculer l'Assemblée nationale pour imposer à la population un
projet de loi sans qu'on ait la chance d'examiner calmement, sereinement, un
amendement aussi important que celui du député de Beauce-Sud, le
gouvernement s'en aille à l'aventure et je fais miens les propos
du député de Beauce-Sud là-dessus et impose
à la population un projet de loi qu'elle ne veut pas, dont elle ne veut
pas, dont elle n'a pas besoin, simplement pour faire payer, par la population,
des promesses électorales en l'air; c'est un régime dont le
coût n'est même pas vrai, qui va coûter des dizaines et
dizaines de millions, à la population, de plus que ce qui est
déclaré. M. le Président, c'est cela que ce gouvernement
d'apprentis sorciers vient ae nous faire encore une fois, en chaussant ses deux
gros sabots.
Fin des travaux
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président...
M. Roy: M. le Président, il est minuit... Il est minuit,
M. le Président, je regrette.
Mme Payette: II reste une minute.
M. Roy: II est minuit, M. le Président, nous autres, on a
fini. Finies les folies.
M. Charron: Va-t-en mon Fabien. Tu vas t'en aller pour
longtemps.
Une Voix: Tu as charrié, tu as fait ton "show".
M. Charron: M. le Président, vous m'avez reconnu.
Le Président (M. Bertrand): II vous reste trente secondes,
M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: Je voudrais vous dire, en invitant le rapporteur
à faire rapport à la commission, demain matin, comme l'ordre de
la Chambre l'indique, que le bien-fondé de l'amendement du
député de Beauce-Sud sera examiné, comme le ministre l'a
dit, avec la Fédération des courtiers, pour que justice soit
faite à l'un et à l'autre, c'est-à-dire aux consommateurs
et à ceux qui sont leurs agents intermédiaires avec les
compagnies d'assurances.
M. le Président, je constate qu'il est minuit et je propose donc,
conformément à l'ordre de la Chambre, que le rapporteur de la
commission, précédemment nommé le 15 novembre dernier,
lorsque la commission a entamé ses travaux, soumette le rapport de la
commission demain, que le rapport soit déposé demain et que son
acceptation soit débattue lundi.
Le Président (M. Bertrand): La commission termine l'examen
du projet de loi no 67 et ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 3)