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Etude des projets de loi nos 86, 241 et 216
(Quinze heures cinq minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous commençons la commission parlementaire des consommateurs,
coopératives et institutions financières, qui est réunie
pour l'étude du projet de loi no 86 et des projets de lois privés
241 et 216.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Gagnon (Champlain), M. Gosselin (Sherbrooke),
M. Goulet (Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Landry (Fabre) remplacé par M. Chevrette
(Joliette-Montcalm); M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Lefebvre (Viau), M. Marois (Laporte) M. Marquis (Matapédia), Mme Payette
(Dorion), M. Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Russell
(Brome-Missisquoi), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier), M. Vaillancourt
(Jonquière)... M. Dubois (Huntingdon) remplace M. Russell
(Brome-Missisquoi).
Nous allons commencer par le projet de loi 86...
M. Saint-Germain: II faudrait remplacer M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue) par M. Giasson (Montmagny-L'Islet). Il faudrait
aussi remplacer M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) par M. Picotte
(Maskinongé). Il faudrait aussi remplacer le quatrième membre, M.
Larivière, par M. Garneau, qui pourrait être ici s'il n'est pas
occupé en haut.
Le Président (M. Laplante): Lequel voulez-vous remplacer
aussi?
M. Saint-Germain: M. Larivière...
Le Président (M. Laplante): M. Larivière est
remplacé par M. Giasson, (Montmagny-L'Islet).
M. Saint-Germain: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde est remplacé
par M. Picotte, (Maskinongé).
M. Saint-Germain: Et M. Raynauld.
Le Président (M. Laplante): Et M. Raynauld remplacé
par M. Garneau (Jean-Talon).
M. Saint-Germain: Voilà.
Le Président (M. Laplante): Nous allons débuter par
la loi 86 qui est une loi du ministre.
Mme Payette: M. le Président, à la demande du
député de Jacques-Cartier, est-ce qu'il vous serait possible
d'envisager de commener par le projet de loi no 216?
Projet de loi no 216
Le Président (M. Laplante): Je n'ai aucune objection. Le
projet de loi 216 est présenté par M. Guy Chevrette. Est-ce qu'il
y a un groupe qui doit être entendu pour cette loi, Loi concernant la
Société de réassurance des mutuelles-incendie du
Québec?
M. Lesage (Gilles): Mon nom est Gilles Le-sage, avocat. Je
représente la Société de réassurance. Je suis
accompagné du président, le notaire Dufresne, ainsi que de M.
Jean-Paul Guilbault, le directeur général de la
Société de réassurance.
Le Président (M. Laplante): Très bien, monsieur.
Est-ce que vous avez des commentaires sur le projet?
M. Lesage: II s'agit, en fait, d'un projet de loi qui a pour but
de régulariser la situation de la Société de
réassurance et d'étendre ses pouvoirs pour la mettre à
jour, et lui permettre de faire face à la réalité qu'elle
vit tous les jours.
Il y a d'abord, au début du bill, un changement de nom, en ce
sens qu'on fait disparaître l'appellation de "mutuelles-incendie" pour
l'appeler strictement "mutuelles de réassurance ", pour nous permettre
de pouvoir réassurer en tout temps d'autres compagnies d'assurances ou
d'autres mutuelles, et de ne pas prendre seulement de la réassurance de
compagnies qui font de l'incendie seulement.
Quant à l'autre article, la modification est à l'article 2
où on ajoute, à la fin de cet article, les mots "de dommages ".
C'est afin de différencier des opérations de réassurance,
que ce soit des réassurances de dommages et non pas d'assurance-vie.
C'est strictement une clarification.
La modification suivante est une modification afin de changer le nom du
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. Le nom a été modifié depuis l'adoption
de la première loi. Le nom ayant été modifié, on se
met à la page en changeant le nom.
L'article 4...
Mme Payette: J'imagine que c'est le nom du ministère que
vous voulez changer?
M. Lesage: Oui, je ne veux pas faire d'allusion au nom propre du
ministre. Si vous voulez, on peut mettre votre nom aussi.
Mme Payette: Non, je n'y tiens pas vraiment.
M. Roy: Cela vous exposera à présenter un autre
bill.
Mme Payette: Vous allez être obligé de revenir,
c'est cela, éventuellement.
M. Lesage: On ne le sait jamais, on ne peut jamais prévoir
l'avenir.
Mme Payette: Nous sommes tous des occasionnels.
M. Lesage: II y en a qui disent cela, oui. M. Chevrette:
Des élus.
M. Lesage: C'est surtout vrai que vous êtes plutôt
des élus que des occasionnels. Tant que vous êtes élus,
vous êtes permanents.
A l'article 4, ce sont tout simplement des retranchements. C'est
strictement technique.
M. Saint-Germain: Au fur et à mesure.
Le Président (M. Laplante): Me Lesage, on va permettre les
questions, si vous voulez. Lorsqu'un membre aura une question à poser
à ces messieurs, vous pourrez la poser.
M. Lesage: Je suis d accord en tout temps, sur n'importe quelle
question que vous aurez à poser.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: A l'article 2, je remarque que le nom de
"mutuelle" est disparu. Vous dites: "La société est une
corporation sans but lucratif et a pour objet la réalisation
d'opérations d'assurance et de réassurance (de dommages)."
Auparavant, vous vous en teniez aux opérations d'assurance et de
réassurance mutuelle?
M. Lesage: Oui, tout ce que j'ai dit, c'est tout simplement pour
faire une différence entre l'assu-rance-vie et l'assurance-dommages,
alors que la Société de réassurance s'adresse uniquement
à des dommages, à des assurances qui sont prises pour couvrir des
dommages, et non pas l'assu-rance-vie. C'est le but unique d'ajouter ce mot. Il
n'est pas question de faire disparaître les mots "réassurance
mutuelle". D'ailleurs, si vous allez à l'article 1, vous voyez qu'on
change le nom et que le nom demeure encore Société mutuelle de
réassurance. On ne parle pas du nom, on parle de la description des
opérations.
M. Saint-Germain: Oui, c'est la raison pour laquelle je vous pose
cette question, je m'excuse. J'avoue cette loi a été
déposée ce matin que je n'ai pas été capable
d'aller au fond des choses là-dessus. Alors, je lis simplement que
l'article 2 de la loi, telle qu'elle existe présentement, vous
dites...
Mme Payette: Je m'excuse, il n'a pas été
déposé ce matin, le projet de loi 216.
M. Saint-Germain: Non, ce sont les deux autres. Vous avez
raison.
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: De toute façon, j'en ai pris
connaissance après les études...
Mme Payette: C'était simplement une correction pour qu'il
n'y ait pas une erreur dans le journal des Débats.
M. Saint-Germain: ...de la loi 67. Je m'excuse. La
société est une corporation sans but lucratif et a pour objet la
réalisation d'opérations d'assurance et de réassurance
mutuelle.
M. Lesage: Non, mais c'est parce que c'est une
société de réassurance. Nous voulons avoir la
liberté de pouvoir réassurer d'autres risques que des risques
mutuels, mais des risques de dommages seulement.
M. Saint-Germain: Voilà. Merci.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, Me Lesage...
Je vais vous redonner votre droit de parole, M. le député de
Beauce-Sud, parce que je m aperçois que si je continue dans cette veine,
on pourra peut-être poser beaucoup de questions, mais ne pas adopter les
articles. Si vous voulez, on va commencer à adopter les articles, et
chaque fois, Me Lesage pourra parler sur l'article et poser les questions
après.
M. Lesage: D'accord.
Le Président (M. Laplante): L'article 1 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 2? M.
le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci. On parle d'une société mutuelle
d'incendie. Actuellement, cette société est formée par...
Il y a des mutuelles-incendie de paroisse. Il y avait des mutuelles-incendie de
comtés, si ma mémoire est bonne. Est-ce que cette
société regroupe les deux?
M. Lesage: Oui. La société de réassurance et
la société qui a été formée du regroupement
de la Fédération des mutuelles-incendie.
Les mutuelles-incendie sont un groupe de mutuelles de comtés ou
de paroisses qui sont regroupées, qui sont toutes membres d'une
fédération. Ce qui arrivait, c'est que ces compagnies n'avaient
pas de société de réassurance et la société
de réassurance a été formée justement dans le but
que cette fédération ait sa propre société de
réassurance et aussi, vous le verrez plus loin, pour suppléer
à certains services que les mutuelles de comté ou de paroisse ne
peuvent pas donner.
M. Roy: D'ailleurs, cette société de
réassurance est actuellement la propriété exclusive
des...
M. Lesage: De la Fédération des
mutuelles-incendie.
M. Roy: ... de la Fédération des
mutuelles-incendie.
M. Lesage: C'est ça.
M. Roy: Combien y a-t-il de membres?
M. Lesage: 172.
M. Roy: 172 membres. Maintenant, est-ce que vos statuts, vos
règlements, votre règlement de régie interne vous
permettent de faire de la réassurance pour d'autres...
M. Lesage: Oui.
M. Roy: ... d'assurances que les sociétés qui sont
membres de la fédération?
M. Lesage: Oui, mais toujours sujet vous le verrez plus
loin dans la loi et sous les restrictions des dispositions de la Loi des
assurances et aussi de l'approbation du surintendant des assurances.
M. Roy: Cela veut dire que vous pouvez vous étendre
à d'autres compagnies. Vous pouvez faire de la réassurance pour
d'autres compagnies.
M. Chevrette: Adopté?
M. Giasson: Un instant! Même si vous êtes une
société sans but lucratif, vous avez ce droit de passer des
traités de réassurance avec d'autres compagnies à
capital-actions.
M. Lesage: Non, il faut que ce soit des mutuelles.
M. Giasson: Des mutuelles. M. Lesage: Oui.
M. Giasson: Maintenant, est-ce que toutes les mutuelles de
paroisses et les mutuelles de comtés au Québec transigent leurs
contrats de réassurance uniquement avec votre société ou
s'il y a encore des mutuelles, soit de paroisses, soit de comtés, qui
ont des contrats de réassurance avec d'autres réassureurs que
votre société?
M. Lesage: Oui, il y en a qui en ont avec d'autres.
M. Giasson: Avez-vous une idée dans quelle proportion?
M. Lesage: II y en a 172 d'affiliées et 196 mutuelles.
M. Giasson: Ce qui fait que vous avez la
réassurance...
M. Lesage: Toutes les mutuelles actionnaires de la compagnie font
leur réassurance par la société de réassurance. Il
y a 196 mutuelles et il y en a 172 qui sont affiliées à la
société de réassurance.
M. Giasson: Maintenant, dans les mutuelles de paroisse, par leur
loi constituante, est-ce qu'elles ont le droit de transiger de l'assurance
automobile responsabilité ou dommage matériel aux
véhicules?
M. Lesage: Certaines l'ont, et vous verrez plus loin qu'il y a un
article justement pour nous permettre de suppléer à ce manque. Ce
qui arrive, c'est que dans certaines paroisses ou dans certains comtés,
certaines mutuelles ne peuvent pas concurrencer le courtier d'assurances normal
ou la compagnie d'assurances normale qui, elle, offre un éventail de
couverture d'automobile, d'incendie et tout ça, et ce qui va arriver
à ce moment-là, c'est que nous demandons, vous le verrez plus
loin dans un article, le pouvoir que, tant que la mutuelle n'est pas
organisée pour le faire, et avec la permission du surintendant des
assurances, de pouvoir suppléer à ce service que la mutuelle de
paroisse ou de comté ne peut pas fournir.
M. Giasson: Est-il possible de croire qu'en décembre 1977,
nous avons au Québec des mutuelles de paroisses, des mutuelles de
comtés, qui transigent déjà de l'assurance automobile?
M. Lesage: Non.
M. Giasson: Aucune jusqu'à présent?
M. Lesage: Non. A moins qu'elles ne le fassent a titre de
courtiers. Mais même à cela, non.
M. Giasson: Bien.
M. Roy: M. le Président, j'aurais deux autres questions
à poser, que j'ai oubliées tout à l'heure. Combien de
capital une mutuelle est-elle obligée de souscrire pour faire partie de
la société?
M. Lesage: $1,5 million.
M. Roy: C'est le capital total?
M. Lesage: Oui.
M. Roy: Mais le capital de chacune qui est affiliée
actuellement?
M. Lesage: Proportionnel à son chiffre d'affaires.
M. Roy: Et le capital de la société est de $1,5
million.
M. Lesage: Oui.
M. Roy: Quel est le chiffre d'affaires de la dernière
année complète?
Une Voix: La dernière année complète va se
terminer en décembre 1977, cela va être $8,4 millions de
primes.
M. Roy: Quel est l'encours de la réassurance que la
société couvre actuellement? Quel est le montant total de
réassurane, la valeur totale de réassurance que la
société couvre actuellement?
M. Dufresne (André): Le montant donné couvre
seulement de la réassurance.
M. Roy: Cela représente quelle somme globale?
M. Lesage: L'assurance en force que vous voulez savoir?
M. Roy: L'assurance en force, oui.
M. Dufresne: $2 milliards d'assurances en force.
M. Roy: $2 milliards d'assurances en force dans les
sociétés, dans les mutuelles.
M. Oufresne: Dans la Société de
réassurance.
M. Roy: Dans la Société de réassurance. Qui
sont répartis uniquement... C'est de l'assurance qui a été
faite par les sociétés, par les mutuelles?
M. Dufresne: Actuellement, les mutuelles se sont
regroupées pour former cette Société de reassurance et
toutes les mutuelles qui sont actionnaires de cette compagnie-là,
membres de cette compagnie-là, réassurent avec la compagnie. Mais
ce n'est pas une obligation pour elles de réassurer. Elles peuvent
également se réassurer avec d'autres compagnies de
réassurance. Mais c est simplement à nous de favoriser que les
membres soient satisfaits et participent à leur compagnie de
réassurance.
M. Roy: Combien y en a-t-il sur les 172, actuellement, qui ont
recours à vos services dans le domaine de la réassurance?
M. Dufresne: II y en a 172.
M. Lesage: M. Roy, ce que vous n'avez pas compris tout à
l'heure, c est qu'il y a 196 mutuelles, dont 172 qui participent à la
Société de réassurance, sur 196.
M. Roy: D'accord.
M. Dufresne: Vous vous demandez peut-être ce que sont les
196, mais c'est que le projet de loi 70 fait que les mutuelles de
municipalités ne peuvent pas faire partie de la Société de
réassurance, pas les mutuelles de comtés, les mutuelles de
municipalités.
A ce moment-là, elles sont garanties par le fonds de la
municipalité. Elles ne font pas partie de notre groupe et ne feront
jamais partie du groupe non plus.
M. Roy: Elles ne le peuvent pas, parce que la loi ne le leur
permet pas. Est-ce qu'il y a eu des demandes, des démarches de faites
pour que ces sociétés mutuelles de paroisses puissent en faire
partie?
M. Dufresne: II y a une fusion, un regroupement qui est en train
de se faire actuellement et la redivision va se faire autrement.
Le Président (M. Laplante): Article 2 adopté.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que j'ai bien compris
que vous aviez pour $2 milliards de réassurance cédée par
les sociétés membres?
M. Dufresne: C'est cela.
M. Giasson: Cela veut dire que vous avez connu, au cours de 1977,
un accroissement considérable par rapport à l'année
1976?
M. Dufresne: On a commencé à opérer en
juillet 1976.
M. Giasson: C'est parce que nous avons reçu ce matin
à I'Assemblée nationale le rapport du surintendant des assurances
et, au total de l'assurance en vigueur chez les mutuelles de paroisses, on
retrouve $1 836 000 000, contre une réassurance cédée de
$1 185 000 000. pour l'année 1976.
M. Dufresne: D'accord.
M. Giasson: C'est le rapport annuel de 1976.
M. Lesage: En 1976, il y a eu des opérations durant cinq
mois seulement. La compagnie a commencé à opérer en
juillet 1976.
Le Président (M. Laplante): Article 2, adopté?
M. Chevrette: Article 3 également. Le Président
(M. Laplante): Article 3?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 4? Adopté.
M. Lesage: C'est simplement pour changer, à ce
moment-là, la Loi des assurances, la numérotation. Ce sont des
numéros qui sont retranchés.
Le Président (M. Laplante): Article 4 adopté.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 5? Me Lesage.
M. Lesage: Ce qui est arrivé au sujet de l'article 5,
c'est que si vous prenez l'ancien article 5, il
était divisé en 5.1, 5.2 et 2 était divisé
en a), b) et c).
Certaines mutuelles ont compris qu'il s'agissait là de trois
façons de pouvoir devenir membre de la société, alors
qu'en fait il y a deux façons de devenir membre de la
société, mais que c) était un moyen qui leur était
donné pour pourvoir au financement. Nous avons changé la
numérotation pour que ce soit bien clair que les deux seuls moyens, les
deux seules façons de devenir membre, sont l'ancien 2a et 2b et nous
avons, à ce moment-là, ajouté le 2a, qui spécifie
bien que l'emprunt est un moyen de financer la cotisation et non pas un moyen
de devenir membre.
Il y avait un besoin de clarification à cet effet dans la
loi.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a des
questions? Article 5. Adopté. Article 6. Adopté.
M. Roy: A l'article 6...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: ... pour notre information, les membres de la commission,
les articles 12, 17 et 18, pourquoi sont-ils abrogés? C'est de la
concordance?
M. Lesage: Non. Dans le cas de l'article 12, c'est un ancien
article qui dit: «Les administrateurs ne sont pas
rémunérés.» Devant l'ampleur qu'a prise la
société de réassurance, ce qui est arrivé, c'est
que les administrateurs qui sont, pour la plupart, des gens dont la
réassurance ou l'assurance ne sont pas l'occupation principale, il est
devenu très onéreux pour eux de participer au travail de la
société. Je vais vous donner le plus bel exemple, c'est le
notaire Dufresne qui est un notaire en pratique privée et qui doit venir
à Québec deux jours par semaine pour vaquer à ses
occupations de président et de la fédération et de la
société de réasssurance.
Cela n'a absolument aucun sens, ce genre de bénévolat,
alors on a laissé la liberté, à ce moment-là, de
donner une rémunération proportionnelle à être
déterminée par le conseil d'administration.
M. Roy: D'accord. Je pense que c'est une évolution tout
à fait normale, il y a des fédérations de caisses
d'épargne et de crédit qui ont les mêmes problèmes.
Je pense que Mme le ministre est au courant qu'il y a déjà des
demandes faites au ministère depuis plusieurs années à ce
sujet, étant donné la dimension et l'ampleur qu'ont prises ces
entreprises. Alors, je suis d'accord.
Vous avez parlé de l'article 12, qu'en est-il des articles 17 et
18?
M. Lesage: L'article 17 nommait les différentes personnes
qui ont procédé à l'incorporation, ce qui était
nécessaire au moment de la présentation de la première
loi, mais qui n'est plus nécessaire maintenant que la loi est en
vigueur. L'article 18 était l'article qui fixait l'ordre du jour de la
première assemblée des membres.
Alors, on a passé ce stade depuis longtemps.
Le Président (M. Laplante): Article 6. Adopté.
M. Roy: D'accord. Adopté.
M. Saint-Germain: A l'article 12...
Le Président (M. Laplante): Cela a été
expliqué.
M. Saint-Germain: L'abrogation de cet article a été
décidée de quelle façon?
M. Lesage: Je m'excuse, mais je ne comprends pas votre
question.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il a été
étudié dans...
Le Président (M. Laplante): Parlez dans votre micro, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce que cet article a
été...
M. Lesage: Ce n'est pas que je ne vous entends pas, je ne
comprends pas le sens de votre question.
M. Saint-Germain: Je voulais dire, qui a décidé
d'abroger l'article 12 de l'ancienne loi? Est-ce en assemblée
générale ou lors d'un conseil de direction, une décision
du conseil...
M. Lesage: Tout ce qui est devant vous, monsieur, a
été approuvé par l'assemblée
générale.
M. Saint-Germain: Et l'assemblée générale
n'a pas trouvé bon de mettre certaines limites?
M. Lesage: L'assemblée générale a
entièrement confiance en son conseil d'administration qu'elle
élit chaque année.
M. Saint-Germain: Merci.
Le Président (M. Laplante): Article 6. Adopté.
Article 7. Me Lesage, avez-vous des commentaires?
M. Lesage: C'est un article afin de rendre la
société sujette aux dispositions de la Loi des assurances, en
matière de placement. C'est tout simplement que toute disposition dans
cette loi-ci qui n'est pas incompatible..., que les dispositions de la Loi des
assurances s'appliquent à la Société de
réassurance.
Le Président (M. Laplante): Des commentaires sur l'article
7? Adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 8. Avez-vous des
commentaires, Me Lesage?
M. Lesage: Sur l'article 8, c'est l'article dont je parlais,
où nous demandons des pouvoirs accrus afin de pouvoir suppléer
directement à ce que nos mutuelles de comtés ou nos mutuelles de
paroisses ne peuvent pas faire, c'est-à-dire l'assurance automobile.
Cependant, nous avons une restriction en ce sens qu'avant même de
nous lancer dans l'assurance automobile, nous devons obtenir la permission du
Surintendant des assurances.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Si vous allez dans le champ de l'assurance automobile
comme telle, est-ce que vous allez opérer à partir d'une prime
totale lors de la souscription du risque ou si vous allez fonctionner avec
billets de dépôt?
M. Dufresne: Avec billets de dépôt. M. Giasson:
Avec des billets de dépôt.
M. Roy: L'assurance automobile serait établie par la
société. Elle ne le serait pas par les mutuelles de comtés
ou les mutuelles de paroisses?
M. Lesage: Ce que nous voulons tout simplement, c'est un
supplément de services dans les cas où les mutuelles ne peuvent
pas fournir un tel service.
M. Roy: C'est-à-dire que les mutuelles agissent, à
ce moment-là, comme souscripteurs, s'occupent de faire souscrire les
polices...
M. Lesage: C'est cela.
M. Roy: ... mais qui sont couvertes non pas par les mutuelles de
paroisses, non pas par les mutuelles de comtés; elles seraient couvertes
par la société.
M. Lesage: C'est cela. Exactement. C'est pour combler une lacune.
Ce sont des représentations qui nous ont été faites. Il y
a certaines compagnies d'assurances qui, malheureusement, lorsque vous arriviez
pour assurer un risque auprès de ces compagnies..., il est
évident que le risque de feu, de dommages, est plus intéressant
que le risque d'automobile et les compagnies d'assurances, bien souvent,
refusaient de prendre strictement le risque de l'automobile.
On disait aux gens: Si vous nous donnez votre assurance-feu, votre
assurance-maison, nous allons prendre votre risque automobile. Sans cela, nous
ne le prenons pas. Ce qui arrivait, c'est que nos mutuelles de paroisses et de
comtés étaient en net désavantage. Vous comprendrez bien
qu'elles ne pouvaient compétitionner, à ce moment-là,
parce que l'assurance automobile, on en a toujours besoin.
De cette façon, nous suppléons un service qui
n'était pas donné, et de cette façon, nous mettons nos
mutuelles sur le même pied que n'importe quelle autre compagnie
d'assurances.
M. Roy: En somme, vous allez faire de l'assurance automobile,
mais vous ne toucherez pas au dommages corporels? Uniquement aux dommages
matériels.
Le Président (M. Laplante): Adopté? M le
député de Montmagny.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que vous aviez
déjà des mutuelles de paroisses qui transigeaient de
l'assurance-responsabilité civile?
M. Dufresne: Actuellement, toutes les mutuelles de paroisses
acceptent de la responsabilité civile.
M. Giasson: Elles étaient déjà dans le champ
de responsabilité civile?
M. Dufresne: Oui.
M. Giasson: En pénétrant le champ de I assurance
automobile, est-ce que vous avez I intention de vous limiter uniquement
à des véhicules possédés par des agriculteurs?
M. Dufresne: C'était le but. M. Lesage: C'est
cela.
M. Giasson: Vous ne déborderez pas ce
groupe-là?
M. Lesage: Non.
M. Giasson: Uniquement pour ne pas que ce soit assurance
automobile sur véhicules de promenade, camions...
M. Lesage: Je ne sais pas si vous le savez, mais l'agriculteur,
au point de vue assurance automobile, est le meilleur risque.
M. Giasson: Oui, et depuis fort longtemps d'ailleurs.
M. Lesage: C'est plus intéressant pour nous de le prendre
comme client.
M. Giasson: Surtout à prime égale avec les autres
catégories de risques qu'on a au Québec.
M. Lesage: D'accord.
M. Giasson: De toute façon, vous êtes sans but
lucratif.
Le Président (M. Laplante): Article 8, adopté?
M. Goulet: Juste une question. J'aimerais demander...
M. Lesage: Sans but lucratif, mais tout de même pour le
bénéfice de nos membres...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Lesage: ... et le bénéfice de nos assurés
aussi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Giasson: Les surplus deviennent des ristournes
automatiquement.
M. Lesage: Peut-être pas nécessairement, mais ils
amènent des baisses de primes, par exemple.
M. Giasson: C'est une ristourne indirecte.
M. Lesage: Si vous voulez l'appeler une ristourne, appelez-la une
ristourne, mais cela n'en est pas une effectivement.
Mme Payette: Indirect n'en est pas un.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: J'aimerais savoir, M. le Président, depuis
l'adoption de la loi 67, si on prévoit avoir une grosse demande
concernant l'assurance automobile? Quelle importance est-ce que cela peut
avoir?
M. Lesage: Evidemment, ce sera tout ce qui n'est pas couvert par
la loi 67. N'étant pas encore dedans, on ne peut pas vous parler de la
demande.
Mme Payette: II en reste beaucoup.
M. Lesage: On n'en a pas fait l'expérience.
M. Goulet: Depuis l'adoption de la loi 67, pensez-vous que cet
article a encore sa raison d'être?
M. Lesage: Pourquoi pas?
Le Président (M. Laplante): Article 8, adopté?
M. Saint-Germain: Quelle définition donnez-vous exactement
aux termes «assurance automobile»? Est-ce que cela comprend les
tracteurs, les instruments de ferme, les camions?
M. Lesage: Tout le matériel roulant qui est utilisé
pour les fins de l'agriculteur.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Article 8,
adopté?
M. Giasson: M. le Président, peut-être une
dernière question.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: A l'article 20, paragraphe 2, «fonds de
réserve minimum», on parle d'un fonds minimum de $500 000. Cela
sera complété par la garantie venant des billets de
dépôt signés par les assurés, n'est-ce pas?
M. Lesage: II est déjà déposé.
M. Giasson: II est déjà déposé, mais
au-delà de cela vous allez quand même avoir des billets de
dépôt?
M. Lesage: Non, au niveau de la société, il n'est
pas question de souscriptions, c'est au niveau des mutuelles locales.
M. Giasson: Très bien.
Le Président (M. Laplante): Article 8, adopté.
Article 9, adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Projet de loi 216,
adopté sans amendements.
M. Chevrette: Merci, maître...
M. Lesage: Nous remercions les membres de la commission d'avoir
bien voulu nous entendre.
Mme Payette: Merci, Me Lesage.
Le Président (M. Laplante): Le projet de loi 241, ce ne
sont pas eux autres qui... Il y a un groupe qui discutera le projet de loi
241.
M. Roy: Nous vous remercions d'avoir été à
notre disposition.
M. Lesage: D'accord.
Projet de loi no 241
Le Président (M. Laplante): Quel autre groupe discutera du
projet de loi 241? La Société coopérative
fédérée est-elle ici? J'appelle le projet de loi 241
présenté par le député Réal Rancourt,
député de Saint-François, je crois. Le projet de loi 241
est une Loi modifiant la Loi refondant la charte de la Société
coopérative fédérée des agriculteurs de la province
de Québec. Est-ce qu'elle a un représentant? Oui, M. le
député de Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, avant de débuter,
j'aimerais vous présenter Me Alain Gar-
neau, représentant de la Société coopérative
fédérée des agriculteurs du Québec.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous expliquer le but
de votre projet de loi sans en parler article par article?
M. Garneau (Alain): Sans en parler article par article...
Le Président (M. Laplante): Oui, sur l'aspect
général du projet.
M. Garneau (Alain): ... c'est une loi très technique qui
touche et affecte le mode de représentation à l'intérieur
de l'assemblée générale de la Société
coopérative fédérée. Je me sens dans l'obligation,
afin d'informer les membres de la commission plus adéquatement, de
décrire en gros le pourquoi de cette demande de changements. C'est que
la Société coopérative fédérée se
trouve, en quelque sorte, la fédération d'environ 145
coopératives, ce qui représente environ 35 000 producteurs
québécois.
Sont membres de la Société coopérative
fédérée ces 145 coopératives. Dans la loi
actuellement en vigueur, le mode de représentation, c'est que chaque
coopérative nomme un délégué au sein de
l'assemblée générale de la Société
coopérative fédérée. Ce
délégué a un nombre de voix proportionnel au chiffre
d'affaires et au nombre de coopérateurs à l'intérieur de
la coopérative locale agricole qu'il représente. Ceci a
entraîné un certain déséquilibre au sein de
l'assemblée générale. Au moment où ce projet de loi
a été adopté, les coopératives étaient d'un
ordre de grandeur similaire, mais, avec le développement
économique qu'a pris le mouvement coopératif agricole, des
coopératives, pour des raisons particulières ou des raisons de
développement de certaines industries, sont devenues nettement plus
importantes que d'autres, de telle sorte qu'il y avait une disproportion
à l'assemblée générale de la Société
coopérative fédérée.
Notre intention, à ce moment, c'était, en demandant les
modifications désirées à notre charte constitutive, de
pondérer la représentation de chacune des coopératives. La
technique proposée fait que chacune des coopératives locales, au
lieu d'élire un seul délégué la représentant
à l'intérieur de l'assemblée générale de la
coopérative fédérée, pourra élire
jusqu'à quinze délégués. C'est un maximum. Quant
à savoir si une coopérative devra avoir un, deux, trois ou
plusieurs, ou quinze délégués, ce sera proportionnel,
encore une fois, à son chiffre d'affaires et au nombre de
coopérateurs qu'elle a en son sein, de telle sorte que nous serons
assurés que chacune des coopératives, chacune de nos entreprises
coopératives, qu'elle soit petite, moyenne ou importante, puisse
être entendue à l'assemblée de la fédération.
Si notre ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières me le permet, j'aimerais mentionner que ce projet implique
nécessairement, comme c'est un projet technique, des amendements
à apporter à l'intérieur de la Loi des
sociétés coopératives agricoles. J'imagine que vous sera
présentée tout à l'heure la loi no 86. Si on me le permet,
je sens le besoin d'expliquer pour voir les besoins.
Enfin, si on prend le projet de loi no 86, les modifications
nécessaires qui ont dû être apportées, qui devront,
à mon sens, être apportées pour donner un effet entier
à notre projet de loi privé, sont de l'ordre de trois. D'abord,
dans la loi actuelle des sociétés coopératives agricoles,
on dit que l'assemblée générale d'une
société coopérative agricole, selon sa loi. doit
élire un délégué ou un substitut, compte tenu du
fait qu'on pourra aller jusqu'à quinze dans le projet proposé.
Nécessairement, il faut faire un amendement technique.
Egalement, il y a deux autres amendements qui interviennent dans le
projet de loi modifiant les sociétés coopératives
agricoles. Le deuxième, c'est qu'on demande, ce sont pour des raisons
bien pratiques, que, actuellement, aux sociétés
coopératives agricoles, c'est l'assemblée générale
qui élit les délégués pour représenter cette
coopérative au sein de l'assemblée générale de la
coopérative fédérée, l'assemblée
générale nomme une liste de délégués et que
le conseil d'administration, dans l'ordre de nomination de ses
délégués, les choisissent pour les représenter au
sein de la coopérative fédérée à
l'assemblée générale.
La raison en est une très technique. Habituellement, les
assemblées générales de coopératives agricoles
surviennent quelque temps après l'assemblée
générale de la Coopérative fédérée,
ce qui fait qu'il se passe pratiquement un an entre le moment où
l'assemblée générale d'une coopérative agricole
élit ses délégués, et l'assemblée
générale au sein de laquelle ses délégués
siègent pour représenter leur coopérative. Il arrivait,
à ce moment, soit pour des raisons d'essai ou des raisons d'absence,
qu'on ne pouvait pas avoir à la dernière minute...
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse d'être
obligé de vous interrompre, c'est qu'on vient de nous appeler pour un
vote; à moins que vous n'ayez à peu près qu'une minute de
texte encore, on pourrait revenir et recommencer à étudier le
projet de loi en revenant.
M. Garneau (Alain): Le troisième point maintenant, c'est
qu'on demande, pour assurer encore la protection de nos institutions
coopératives c'est qu'il n'existe pas à l'intérieur
de la Loi des sociétés coopératives agricoles de rotation
au sein du conseil d'administration, ce qui existe, par exemple, dans la Loi
des associations coopératives, à la commission, pour
assurer une certaine stabilité aux institutions, qu'il y ait une
rotation au conseil d'administration.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Est-ce que vous
aimeriez voter le projet? Est-ce qu'il est assez clair pour vous avant de
voter?
M. Giasson: Seulement une brève remarque. A
I'intérieur de la loi 86, contrairement à ce qui avait toujours
prévalu comme application de la
plus grande démocratie, soit le choix ou la désignation
d'un délégué ou substitut aux assemblées de la
Coopérative fédérée par les sociétaires
réunis en assemblée générale, on permet aujourd'hui
de ne pas faire ce choix au niveau des sociétaires en assemblée,
mais de remettre cela entre les mains du conseil de direction qui, lui, aura
à faire le choix lui-même...
M. Garneau (Alain): Si vous me permettez, selon le projet de loi
en question, l'assemblée générale aura le droit, oui ou
non, de remettre le choix entre les mains du conseil d'administration; elle se
garde le droit de le faire.
M. Giasson: C'est ça. Je reconnais qu'au plan pratique,
c'est peut-être préférable...
M. Garneau (Alain): J'aurais simplement... M. Giasson: ...
dans l'application...
Le Président (M. Laplante): Je voudrais éclaircir
avant, M. le député de Montmagny-L'Islet; avez-vous l'intention
de les adopter tous les deux avant de monter ou si on va voter?
M. Giasson: Je ne peux pas décider au nom de mes
collègues.
Le Président (M. Laplante): Pardon?
M. Giasson: Je ne peux pas décider au nom de mes
collègues.
M. Saint-Germain: Nous allons revenir.
Le Président (M. Laplante): Non, je vous demande, à
la table, on va revenir?
M. Roy: On va revenir.
Le Président (M. Laplante): D'accord. On suspend pour le
temps du vote à l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 15 h 41)
Reprise de la séance à 15 h 55
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, madame et
messieurs!
Reprise de l'étude du projet de loi 241.
La parole était au député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Ce n'est pas tellement sur le projet de loi 241 que
le débat portait au moment où nous avons dû interrompre,
c'était sur la loi 86. J'avais indiqué une certaine
réserve sur des pouvoirs nouveaux qu'on donnait au conseil de direction
d'une coopérative locale, d'une coopérative affiliée
à la Fédérée, soit celle de mettre entre les mains
du conseil d'administration le choix des délégués ou
substituts. Je reconnais que, côté pratique, comme je l'avais
indiqué, c'est peut-être là une modification qu'on se doit
d'apporter. Mais il y a un autre danger. J'ai eu l'occasion de voir fonctionner
les coopératives agricoles, d'assister à des assemblées
générales annuelles et il y a peut-être le danger que de
bons vendeurs, à l'intérieur des assemblées
générales de coopératives affiliées, face à
des projets assez importants que la Fédérée comme telle
aurait, tentent de faire désigner, en remettant les pouvoirs de la
désignation des délégués et substituts, tentent d'y
faire nommer les personnes qui seraient agréables, ou favorables, ou
susceptibles d'être facilement convaincues d'une des positions que la
Fédérée doit prendre ou de l'évolution de son
histoire.
On sait qu'elle est devenue aujourd'hui une entreprise de très
grande envergure, qui a pris beaucoup d'expansion et qui rêve
également d'aller dans des secteurs nouveaux. C'est peut-être
normal et logique qu'une entreprise comme la Fédérée
veuille développer, dans les mesures du possible, tous les services
imaginables à l'endroit de ses membres ou des sociétaires des
coopératives affiliées, mais j'y verrais peut-être une trop
grande facilité qu'aurait la Fédérée devant une
situation majeure ou une décision d'importance de
télécommander un conseil d'administration qui aurait le pouvoir
confié, je l'admets, par les sociétaires lors de
l'assemblée annuelle, de choisir telle ou telle personne.
M. Garneau (Alain): Vous parlez de problèmes de
principe..., je connais quand même beaucoup les producteurs puisque je
travaille à temps plein au sein de la coopérative
fédérée et je répondrais à cela que le
pouvoir est quand même laissé à la discrétion de
l'assemblée générale de décider si elle
délègue au conseil d'administration le soin de nommer les
délégués qui représenteront sa coopérative.
Quant à cela, le pouvoir du conseil d'administration est très
restreint. Dans une première hypothèse, si l'assemblée
décide de garder ces pouvoirs, de ne pas les déléguer, le
conseil d'administration n'a pas le droit de choisir qui que ce soit. Il doit
prendre la liste et nommer les délégués dans l'ordre.
M. Giasson: Je comprends que si les sociétaires, dans
chacune de leurs coopératives, sont très vigilants et
désirent proposer une liste de délégués et de
substituts au conseil d'administration, pas de problème, ça va
bien. Ce serait l'autre possibilité. La nature humaine étant ce
qu'elle est.
M. Garneau (Alain): La nature humaine étant ce qu'elle
est...
M. Giasson: Vous avez vu diriger des assemblées annuelles
de coopératives agricoles dans certains milieux? Quelqu'un qui est
habile vend son produit, il vend sa marchandise comme on dit.
M. Garneau (Alain): Dans la loi actuelle c'était
peut-être plus facile puisque d'une certaine façon
il y avait simplement un délégué. Si on parle des
faits et des habitudes de certaines coopératives, c'était
très souvent le président qui y allait. Si on parle de faits et
de coutumes. Je pense que dans les faits...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci. Vous nous avez expliqué, Me Garneau, en
détails les objectifs de la loi et les demandes que vous faites au nom
de la coopérative fédérée. J'aimerais rappeler aux
membres de la commission ici qu'il y a quand même un principe qui
prévaut en coopération et je pense que c'était même
la bible des pionniers de Rockdale: un homme, un vote. Peu importe le nombre
d'actions, peu importe le chiffre d'affaires. Un homme, un vote, un membre, un
vote au niveau des paliers supérieurs.
Par la force des choses, à cause de certaines
circonstances,à cause de très grands capitaux qui sont mis en
cause, les services multiples qui sont accordés, le législateur a
été obligé d'accorder, sur le plan législatif, une
formule mixte qui tient compte d'un certain nombre de personnes qui peuvent
représenter non seulement les sociétaires, mais
représenter en plus des personnes membres d'une coopérative, de
représenter aussi un chiffre d'affaires puisque les personnes qui
votaient, auparavant, avaient quand même un certain nombre de votes. Vous
l'avez souligné tout à l'heure, en tenant compte du chiffre
d'affaires, en tenant compte de l'ampleur de la coopérative.
Evidemment, c'est un principe que nous retrouvons uniquement à ce
niveau, dans le monde de la coopération; dans le domaine des caisses
d'épargne et de crédit, ce principe ne prévaut pas. Peu
importe les dépôts qu'un sociétaire peut avoir à sa
caisse populaire, peu importe le capital-actions, qu'il ait une part de $5000
ou $3000 de capital social, il a droit à un même vote. Peu importe
le capital social et l'actif d'une caisse affiliée, vous avez les
mêmes droits, les mêmes privilèges, pas plus.
Alors, on introduit aujourd'hui un élément nouveau qui
est, en quelque sorte, une formule mixte entre le système
coopératif et le système capitaliste, parce que dans le
système capitaliste on vote selon le nombre de parts, le nombre
d'actions pas de parts, les parts sociales, on parle de cela dans le
langage coopératif mais au niveau du capital-actions. Alors, on
introduit une nouvelle mesure. Je ne fais pas objection à cette nouvelle
mesure, mais je dois dire qu'à la suite d'échanges avec mon
collègue de Montmagny-L'Islet, nous nous étions un peu
consultés et nous avions, en quelque sorte, retenu les mêmes
réserves parce que je pense, M. le Président, qu'on me permettra
de faire une observation qui couvrira en même temps la loi 86 et la loi
241, parce qu'elles sont toutes les deux de concordance. Avec votre accord, M.
le Président, pour ne pas revenir discuter des mêmes choses...
Le Président (M. Laplante): D'accord!
M. Roy: Alors, en ce qui me concerne, je serais prêt
à accepter un certain nombre d'amendements qu'on retrouve dans les deux
projets de loi, mais il ne faut pas oublier le principe fondamental qui est de
faire en sorte que le système coopératif demeure entre les mains
des hommes, entre les mains des membres, entre les mains des sociétaires
et non pas entre les mains du volume d'affaires ou de la masse monétaire
ou du capital. C est pourquoi, M. le Président, je serais prêt, en
ce qui me concerne, à accepter les dispositions de la loi 241 et
même de la loi 86, avec la seule réserve que le quatrième
paragraphe de l'article un de la loi 86 soit biffé. J'en fais même
une proposition, j'en fais même un amendement.
Mme Payette: M. le Président, avant qu'on passe à
des amendements, est-ce que je pourrais dire au député de
Beauce-Sud que nous ne changeons rien au niveau du principe puisque ce principe
existe déjà dans la loi, à l'article 32 où l'on
peut lire: "Une association sociétaire et une section de
sociétaires ont droit à un vote pour chaque membre qui la compose
et à un vote pour chaque $10 000 d'affaires traités avec la
société ou pour tout autre montant fixé par le
règlement de l'Assemblée " et, à l'article 33, "les votes
attribués selon la participation aux affaires de la
société sont établis à la clôture du dernier
exercice de la société d'après le chiffre d'affaires
traité avec la société, au cours dudit exercice, par
l'association de sociétaires ou les sociétaires de la section ".
Alors, ce n'est pas...
M. Roy: Ce n'est pas ce principe qui est changé. Le
principe a déjà été changé, mais,
aujourd'hui, au lieu de donner plus de votes à une personne, la loi est
amendée de façon qu'il y ait plus de personnes qui
siègent, si j'ai bien compris la teneur de la loi, pour
représenter la société, la coopérative. La
réserve que j'ai, M. le Président et j'ai parlé,
à un moment donné, d'un amendement au projet de loi
n'était pas sur ce principe. C'était sur l'autre principe, qui a
été souligné par l'honorable député de
Montmagny-L'Islet, à savoir que l'assemblée
générale ou l'assemblée générale
spéciale peut déléguer au conseil d'administration le
pouvoir de désigner ce ou ces délégués ainsi que ce
ou ces substituts. Je m excuse, peut-être, de ne pas avoir
été assez clair, de ne pas mètre assez explicité au
cours de mon intervention, mais je dis qu'il y a un principe qui est à
la base de la coopération et il faut faire en sorte que ces
sociétés demeurent entre les mains des sociétaires,
demeurent entre les mains des individus. Je pense que si on doit tenir une
assemblée générale spéciale pour
déléguer ce pouvoir au conseil d'administration, je ne verrais
pas pourquoi on ne ferait pas plutôt une assemblée
générale spéciale pour nommer les
délégués.
C'est pourquoi, au quatrième paragraphe du projet de loi 86... je
m'excuse...
Le Président (M. Laplante): Je vais être
obligé de vous arrêter là, M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Laplante): ... pour être en
règle avec le mandat de cette commission et surtout le
déroulement de l'étude des lois, si vous voulez, on va adopter la
loi 241, après ça, on ira aux amendements de la loi 86.
D'accord?
M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Projet de loi 241, article 1,
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Roy: Adopté au complet.
Le Président (M. Laplante): Au complet. Article 2. Il y a
seulement deux articles. Oui, monsieur?
M. Garneau (Alain): J'aurais suggéré à la
commission un amendement de concordance. On n'est pas encore rendu à
l'article 2, mais, à l'article 2, on dit, "La présente loi entre
en vigueur le 31 décembre 1977". Je suggérerais à la
commission "le jour de sa sanction".
Le Président (M. Laplante): Je crois qu'elle sera
sanctionnée dès cet après-midi, dès cette
semaine.
Mme Payette: M. le Président, entre les deux projets de
loi, il serait normal qu'il y ait concordance.
Le Président (M. Laplante): C'est à vous à
le dire, madame.
Mme Payette: M. le Président, je crois que Me Garneau
tente de nous souligner que, les deux projets étant liés, il
serait normal qu'il y ait concordance quant à la sanction plutôt
que le 31 décembre pour un et sanction pour l'autre.
M. Giasson: Je propose l'amendement suggéré par M.
Garneau.
M. Roy: Je seconde l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Amendement apporté
à l'article 2. "La présente loi entre en vigueur le jour de
sanction ".
M. Giasson: De sa sanction.
Le Président (M. Laplante): Ecoutez, il faut s'entendre.
Dans l'autre projet de loi, c'est écrit, "la présente loi entre
en vigueur le jour de sanction". Je vous lis ce qu'il y a de marqué. Si
vous avez des amendements, vous en ferez. Ce n'est pas à moi à
les faire.
Mme Payette: M. le Président, est-ce qu'on va faire un
amendement pour ajouter le mot "sa"?
Le Président (M. Laplante): Oui. Article 2, adopté
avec amendement.
M. Roy: M. le Président, avant d'adopter l'article 2,
j'aimerais qu'on regarde l'article 1, M. le Président, dans l'ordre.
M. Marquis: C'est le projet de loi 241 qu'on adopte.
M. Roy: C'est 241, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Projet de loi 241,
adopté avec un amendement.
M. Roy: D'accord.
Projet de loi no 86
Le Président (M. Laplante): J'appelle le projet de loi 86.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Pour reprendre ce que
j'avais commencé à dire tout à l'heure, je suis
disposé, en ce qui me concerne, à ce qu'on adopte le projet de
loi 86, mais je fais un amendement pour biffer le troisième paragraphe,
qui se lit comme suit: "L'assemblée générale annuelle ou
une assemblée générale spéciale peut cependant
déléguer au conseil d'administration le pouvoir de
désigner ce ou ces délégués, ainsi que ce ou ces
substituts ". J'endosse les arguments donnés tout à l'heure par
le député de Montmagny-L'Islet à ce sujet. J'ai les
mêmes réserves que lui.
Le Président (M. Laplante): En somme, vous proposez de
biffer complètement le quatrième paragraphe seulement...
M. Roy: C'est ça.
Le Président (M. Laplante): ... de l'article 1.
Des Voix: Le troisième.
M. Roy: J'en ai fait la lecture parce qu'il y a une discussion
à cette table à savoir si c'est le troisième ou le
quatrième. En tout cas, peu importe, je ne veux pas faire un
débat à ce niveau.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: ... je l'ai cité, c'est le troisième
paragraphe, qui se lit comme suit: "L'assemblée générale
annuelle ou une assemblée générale spéciale peut
cependant déléguer au conseil d'administration le pouvoir de
désigner ce ou ces délégués, ainsi que ce ou ces
substituts". Je propose que ce paragraphe soit biffé.
Le Président (M. Laplante): ... soit biffé. Mme le
ministre.
Mme Payette: M. le Président, je vous avoue que,
personnellement, ça me cause des problèmes, même au niveau
du principe, que ce paragraphe soit biffé, parce qu'on nie un droit
à l'assemblée générale. Il est dit, si on reprend
la lecture: "L'assemblée générale annuelle ou une
assemblée générale spéciale peut
déléguer au conseil d'administration le pouvoir de
désigner ce ou ces délégués, ainsi que ce ou ces
substituts". J'ai l'impression qu'en biffant le paragraphe, on retire un droit
à l'assemblée générale, qui peut décider ou
ne pas décider de ne pas déléguer. Quand on peut
décider de le faire, on peut aussi décider de ne pas le
faire.
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je comprends les principes énoncés par
le député de Beauce-Sud, mais ce que Mme le ministre vient de
dire, je l'accepte aussi. L'assemblée générale annuelle ou
une assemblée générale spéciale "peut"... On lui
donne toute la latitude voulue, si l'assemblée décide qu'on ne
délègue ses pouvoirs au conseil d'administration.
Mais où ce serait dangereux, c'est si l'assemblée est
contrôlée par le conseil d'administration, ce qui arrive souvent
dans les petites coopératives.
Mme Payette: M. le Président...
M. Goulet: Le conseil d'administration peut contrôler
l'assemblée générale, mais M. le Président, c'est
un membre un vote. Si les gens ne veulent pas déléguer leurs
fonctions au conseil d'administration, ils ne sont pas obligés de le
faire. C'est bien marqué "peut déléguer". Je ne vois pas
pourquoi. Je comprends les principes que veut protéger le
député de Beauce-Sud, mais...
M. Giasson: Ce n'est pas la même chose.
M. Goulet: Je ne peux pas poser la question au
député de Beauce-Sud, mais si c'est parce qu'il a peur que
l'assemblée soit contrôlée par le conseil
d'administration... C est seulement dans ce cas-là.
Le Président (M. Laplante): Je vais essayer d'en
écouter un, et après cela, je donnerai la parole à ceux
qui la demandent. M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Par votre entremise, M. le Président, je pose
la question au député de Beauce-Sud, étant donné
qu'on peut, ou on ne peut pas, c'est à la discrétion des membres,
déléguer les fonctions, nommer les
délégués.
La question que je pose au député de Beauce-Sud est:
Est-ce que c'est parce qu'il a peur que l'assemblée soit
contrôlée par le conseil d'administration? Cela serait seulement
dans ce cas-là que cela pourrait être dangereux.
L'assemblée générale n'est pas obligée de
déléguer ses fonctions. Elle n'est pas obligée.
Le Président (M. Laplante): Si le député de
Beauce-Sud veut vous répondre, il est entièrement libre.
M. Roy: M. le Président, ayant quelques années
d'expérience dans le domaine de la coopération, tant dans le
domaine des coopératives agricoles que des coopératives
forestières, que dans les caisses d'épargne et de crédit,
je peux dire ceci: Le législateur doit être extrêmement
prudent. C'est une question de prudence. Des assemblées
générales annuelles, il y en a de toutes sortes. Je ne pense pas
qu'il appartienne au législateur d'aller s'ingérer à
l'intérieur d'une assemblée générale annuelle.
Mais il appartient cependant au législateur de définir les
limites et les pouvoirs, tant les pouvoirs de rassemblée
générale, que les pouvoirs du conseil d'administration, comme les
pouvoirs du président, du gérant général, du
directeur général et de chacune des fonctions.
Je reprends un peu les propos de mon collègue de
Montmagny-L'Islet, si on permet à une assemblée
générale de déléguer au conseil d'administration
les pouvoirs de désigner ce ou ces délégués ou ces
substituts, c'est qu'il y a danger. Je ne citerai pas d'exemple, mais il y a un
danger qu à un moment donné des personnes qui sont de bons
vendeurs, réussissent, dans une circonstance spéciale, dans une
circonstance assez exceptionnelle, à faire transmettre au conseil
d'administration de la caisse de la société, de la
coopérative, à l'occasion d'une assemblée
générale, le pouvoir de choisir les
délégués, le pouvoir de choisir les substituts.
S ils sont choisis par l'assemblée générale...
Mme Payette: Ça se fait, cela.
M. Roy: II faut être pratique, il faut dire les choses
telles quelles sont.
Mme Payette: Je ne peux pas croire que cela se passe comme cela
dans les coopératives.
M. Roy: II ne faut pas être naïf, Mme le ministre. Si
les gens sont nommés par l'assemblée générale
et il y a un principe qui est fondamental ils sont responsables
de leur mandat à l'assemblée générale. S'ils sont
nommés par le conseil d'administration, ils sont responsables de leur
mandat au conseil d'administration. C'est aussi simple et aussi clair que
cela.
Je le dis à la lumière et dans l'intérêt du
monde de la coopération, dans l'intérêt des
sociétaires, dans l'intérêt des principes
coopératifs que nous avons le devoir de protéger. Je pense, M. le
Président, que l'article précédent donne toute la
latitude, donne tous les pouvoirs pratiques au conseil d'administration
d'être en mesure d'agir, puisque l'assemblée
générale transmettra une liste
de délégués et de substituts, et ce, par ordre de
priorité, dans l'ordre déterminé sur cette liste; c'est ce
que dit le texte précédent de cette loi.
Le conseil d'administration peut vérifier pour s'assurer de la
présence des délégués, au cas où. Comme l'a
dit Me Garneau tout à l'heure, étant donné qu'il peut
s'écouler des périodes de huit à dix mois entre la
nomination de ces délégués et l'assemblée
générale de la Société coopérative
fédérée de Québec, qu'il y a des personnes qui,
à un moment donné, ne sont plus membres de la
société, que d'autres sont décédées, que
d'autres sont incapables d'y aller... Avec cette marge de manoeuvres qu'on
retrouve dans l'article précédent, je pense qu'il y a là
toute la question pratique qui fait en sorte que les délégations
de chacune des coopératives puisse être représentée
en totalité, à l'occasion des assemblées
générales de la Société coopérative
fédérée qui donne à ce mouvement et qui permet au
législateur en même temps de sauver les principes et de garder une
certaine distance pour éviter que dans ce monde, dans le monde de la
coopération, ce soient les conseils d'administration des unités
locales qui en viennent à diriger le palier supérieur. Pour ma
part, c'est un principe fondamental.
Le Président (M. Laplante): C'est une longue
réponse, très claire. M. le député...
Mme Payette: M. le Président, seulement...
M. Goulet: M. le Président, c'est une réponse
à ma question. Si le ministre veut intervenir...
Le Président (M. Laplante): Oui, exactement.
Mme Payette: Je sais qu'il s'agit ici non pas d'un bill
privé, mais d'un projet de loi en bonne et due forme. J'aimerais
cependant, peut-être pour moi aussi... C'est-à-dire que je pense
que le député de Beauce-Sud comprend qu'au niveau du principe, je
suis attentive, et beaucoup plus qu'il ne peut le penser, à ce que les
droits d'une assemblée générale soient
respectés.
D'autre part, il me semble, au moment où on se parle, que ce
paragraphe fait en sorte que les droits de l'assemblée
générale sont respectés. Je voudrais vous demander s'il y
a consentement, parce que ce n'est pas l'habitude qu'on puisse demander
à Me Garneau s'il voit des difficultés au niveau de
l'application. Si cela suscite des problèmes, peut-être que lui,
qui est au coeur de cette situation, pourra nous éclairer
là-dessus. Ce n'est pas courant, je le sais, je pense qu'il faut un
consentement.
Le Président (M. Laplante): Avant de répondre
je sais que ce n'est pas courant je vais laisser ia parole au
député de Jacques-Cartier. Après cela, je demanderai le
consentement unanime des membres pour une telle question. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas de...
M. Goulet: M. le Président, je m'excuse, c'est parce que
j'avais posé une question.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, c'est vrai, M. le
député de Jacques-Cartier, M. le député de
Bellechasse a posé une question au député de
Beauce-Sud.
M. Goulet: Par votre entremise, j'ai eu une longue
réponse, j'ai donné mon droit de parole au ministre.
Le Président (M. Laplante): II a eu une longue
réponse doublée de celle du ministre. M. le député
de Bellechasse.
M. Goulet: Seulement une seconde, M. le Président. Compte
tenu des explications que le député de Beauce-Sud a
données en parlant du deuxième et du troisième paragraphe,
pour conserver les principes, le principe fondamental de la
coopération... Etant donné la latitude qu'on donne au conseil
d'administration par le biais du deuxième paragraphe, je peux dire que
le député de Beauce-Sud est probablement meilleur vendeur que le
ministre. Il m'a convaincu, M. le Président... Pour conserver le
principe fondamental de la coopération, compte tenu de la latitude qu'on
donne déjà au conseil d'administration par le biais du
deuxième paragraphe...
Mme Payette: II ne faut pas comprendre par là que le
député de Beauce-Sud est bon vendeur dans les assemblées
générales.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Roy: J'ai dit, Mme le ministre, que j'avais une certaine
expérience.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Avant que notre invité puisse
répondre, je crois que Mme le ministre a raison lorsqu'elle dit qu'en
enlevant cet article, on enlève certaines responsabilités
à l'assemblée générale. C'est justement, je crois,
fondamentalement l'argumentation du député de Beauce-Sud. Ce que
vous enlevez à l'assemblée générale, vous le
remettez à l'individu à titre de coopérateur, c'est la
différence fondamentale.
En fait, pour m'expliquer encore plus clairement, je prendrai un cas
particulier, si vous arrivez à une assemblée
générale où le conseil d'administration demande que
l'assemblée lui remette les pouvoirs que cet article lui permet de
posséder; le type qui veut se présenter pour être
délégué de sa coopérative va être
obligé de faire un combat, si vous voulez, à deux étapes.
Premièrement, il sera obligé, surtout si l'exécutif veut
avoir ses responsabilités de domination, de battre en assemblée
générale I'exécutif. L'exécutif pourra aussi passer
par un membre en particulier qui demandera à l'assemblée de
remettre à l'exécutif la responsabilité de ces
nominations, mais, de toute façon, le membre, avant de poser sa
candidature, sera obligé de gagner l'assemblée
générale pour que ses responsabilités ne soient pas
remises.
En partant de là, c'est pratiquement demander à une
assemblée générale un vote de confiance.
Cela pourrait mettre plusieurs membres de l'assemblée non membres
de l'exécutif à la gêne. On aura un ami à
l'exécutif. On aura un parent à l'exécutif. Le membre
pourra craindre, d'une certaine façon, que son vote soit
interprété comme un manque de confiance, tandis que, si on laisse
à l'individu comme tel cette responsabilité, le membre qui veut
se présenter comme délégué pose simplement sa
candidature et le vote se prend. Je crois qu'il y a là une
différence très importante. Personnellement, j'ai
été membre d'une caisse populaire et président d'une
caisse populaire pendant dix ans. Je sais très bien qu'un
exécutif qui s'entend et qui veut faire pression sur une
assemblée générale, s'il y a une certaine unanimité
au niveau de l'exécutif, c'est chose relativement facile.
Je sais pertinemment par expérience qu'un tel vote peut
être considéré comme un vote de non-confiance dans
l'exécutif. Seulement, si, indépendamment du vouloir de
l'exécutif, un membre dans la salle peut dire: Je présente M.
Untel comme délégué à l'assemblée annuelle
de la Fédérée, c'est clair, c'est précis. Tout le
monde prend son vote. Même à ce stade, les membres de
l'exécutif ne pourront pas, comme groupe, prendre position pour ou
contre un candidat parce que là, la salle pourra sentir qu'il y a des
pressions, et même, certains membres de l'exécutif seront à
la gêne de donner... Ils laisseront plus facilement à la salle la
liberté de choix parmi les délégués qui sont venus.
Lorsqu'on dit: on laisse à l'assemblée générale, on
donne plus de responsabilité à l'assemblée
générale. Je crois que c'est comme groupe. Ce que vous remettez,
comme groupe, comme responsabilités à l'assemblée
générale, vous l'enlevez à l'individu qui est à
l'intérieur même, qui est présent à
l'assemblée de sa coopérative.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Matapédia.
M. Saint-Germain: Excusez-moi; pour terminer, je dis ceci
à la suite d'une expérience dans un milieu urbain. Maintenant, je
ne connais pas par expérience les traditions des coopératives
agricoles. Si la situation est approximativement la même, je crois que ma
comparaison vaut. Je sais qu'à titre de président de caisse
populaire, je me refuserais à ce que la salle laisse à un
exécutif le soin de nommer des délégués pour
quelque raison que ce soit.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Matapédia.
M. Marquis: Si vous me permettez, j'aimerais avoir simplement un
éclaircissement concernant le paragraphe suivant où, pour
l'année 1978, d'une façon particulière, on donne aux
conseils d'administration la possibilité de choisir les
délégués ou les substituts. Est-ce que quelqu'un, soit Mme
le ministre...
Mme Payette : Oui, il y a une raison de possibilité de
fonctionner...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas être
trop sévère sur les procédures, à moins que, dans
votre énoncé, vous...
Mme Payette: Cela va être tel...
M. Marquis: C'est parce que cela a des implications...
Le Président (M. Laplante): S'il y a des implications
directes, c'est lié..
Mme Payette: Cela va être très court, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Allez-y, Mme le
ministre!
Mme Payette: L'assemblée générale de la
Fédérée doit avoir lieu au tout début de
l'année 1978, alors que les assemblées des 145
coopératives n'ont lieu qu'au cours de l'année 1978 et même
un peu plus tard. Cette assemblée ne pourrait pas avoir lieu s'il n'y
avait pas ce paragraphe. Cela deviendrait extrêmement compliqué.
La Fédérée ne pourrait pas parce qu'il faudrait qu'elle
communique avec les 145 coopératives pour que les
délégations se fassent. L'assemblée de la
Fédérée ne se ferait qu'après.
M. Roy: D'ailleurs, c'est un article qui ne s'applique que pour
un an, comme mesure transitoire.
Mme Payette: C'est cela. C'est strictement une mesure
transitoire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Mme le ministre vient de nous indiquer que
l'assemblée générale annuelle de la Coopérative
fédérée ne pourrait pas se tenir si le projet de loi n'est
pas adopté dans sa teneur présente. Je ne comprends pas trop.
Elle pourrait tout au moins se tenir selon les modalités en vertu
desquelles elle a toujours fonctionné dans le passé. Ce ne serait
pas dramatique. Ce serait loin d'être dramatique. Le danger que je vois
derrière cela... On sait qu'aujourd'hui, et M. le conseiller juridique
pourra infirmer ou confirmer cela, dans beaucoup de coopératives, le
gérant, contrairement au système qui prévalait autrefois,
est engagé sur approbation de la fédérée.
Non? Jamais! Le gérant est toujours engagé et
entièrement payé...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet, je voudrais avoir seulement un consentement des membres de
la commission, et je ne voudrais pas créer de précédent
non plus en accordant la parole à M. Garneau.
M. Giasson: Mais on a le droit de lui poser des questions.
Le Président (M. Laplante): Oui, si vous voulez lui en
poser... Parce qu'on est tombé sur un projet de loi gouvernemental
actuellement, non pas un projet de loi privé. Mais si...
Mme Payette: D'autre part, il y a certaines questions auxquelles
nous pouvons répondre. Il y a des fonctionnaires qui m'accompagnent qui
ont aussi des réponses. La question que je voulais, moi, adresser
à Me Garneau était de savoir si le fait de retrancher le
troisième paragraphe créait des difficultés ou s'il y
avait vraiment des difficultés majeures.
M. Saint-Germain: Ecoutons M. Garneau. Il est du milieu. Il nous
indiquera...
Le Président (M. Laplante): Ecoutez un peu!... M.
Saint-Germain: Consentement.
Le Président (M. Laplante): C'est délicat
actuellement. L'ordre de l'Assemblée...
Une Voix: On donne le consentement, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Si vous donnez le consentement
unanime, je ne voudrais pas que ce soit considéré comme un
précédent.
M. Saint-Germain: Très bien.
Le Président (M. Laplante): Cela, j'y tiens
énormément pour les fins du journal des Débats.
M. Saint-Germain: On s'est compris.
Le Président (M. Laplante): C'est unanime, le consentement
que vous donnez?
M. Goulet: Sur ce point, M. le Président, il me semble
qu'une commission est toujours maîtresse de ses procédures.
Le Président (M. Laplante): Oui, c'est pourquoi, je vous
le dis, je veux me protéger, moi aussi, pour ne pas créer de
précédent à l'intérieur de cette commission. Je
crois que c'est mon rôle de protéger aussi... M. Garneau.
M. Garneau (Alain): En tant que procureur du Mouvement
coopératif agricole, cela m'apparaît très important, cet
article. Les raisons sont les suivantes. Je comprends l'inquiétude de
certains qui disent: Est-ce que cela affecte, oui ou non, la
démocratisation de nos institutions? Je suis entièrement d'accord
avec notre ministre des Consommateurs et Coopératives qu'au contraire,
on ajoute des pouvoirs à l'assemblée générale. Je
comprends également que l'inquiétude de certains vienne de
certains faits pratiques, de certaines expériences.
De mon côté, j'ai quand même passablement
d'expérience dans le domaine. Je suis à la fois procureur pour
les différentes coopératives qui sont affiliées à
la Coopérative fédérée. Il n'en demeure pas moins
que je suis convaincu que le principe n'est pas affecté. C'est
simplement le mode de nomination des délégués qui pourrait
être affecté. L'assemblée générale a toujours
le pouvoir de retirer... Quand le texte de la loi dit que l'assemblée
générale peut... cela implique qu'elle a toujours le pouvoir de
retirer du conseil d'administration le soin d'élire les
délégués et, compte tenu de l'expérience dans les
milieux agricoles, on n'est pas sans savoir que le conseil d'administration est
davantage voué à sa coopérative qu'à la
fédération. Quand on retrouve à l'intérieur de la
fédération 145 coopératives fonctionnant dans des domaines
aussi variés que la transformation du lait, des fruits et des
légumes, des viandes, l'élevage de porcs et l'élevage
avicole, le délégué qui se présente là est
généralement voué au service de sa coopérative.
Deuxièmement, comme ce sont des postes du conseil
d'administration, quant à votre crainte que le conseil d'administration
monopolise les pouvoirs au sein de l'assemblée, il reste quand
même que ces gens-là, qui sont dans les conseils d'administration,
sont des gens qui doivent être élus tous les ans et, dans la
pratique habituelle, il y a toujours consultation. Je n'ai jamais vu un conseil
d'administration nommé indépendamment des besoins ou des
désirs de l'assemblée générale, ni faire des choses
qui ne sont pas conformes aux désirs de l'assemblée
générale.
Quatrièmement, j'aimerais ajouter également que cela
correspond à des besoins très pratiques, les raisons pour
lesquelles... Comme nos assemblées générales de
sociétés coopératives sont généralement
tenues après telle assemblée générale de la
Coopérative fédérée, il peut s'écouler six
ou huit mois entre l'assemblée générale d'une
coopérative agricole et celle de la Coopérative
fédérée.
Un autre point que j'aimerais ajouter, pour que ce soit très
clair, c'est que chacune de ces coopératives est totalement
indépendante de la Coopérative fédérée. On
mentionnait tout à l'heure que le gérant de ces
coopératives était nommé par la Coopérative
fédérée. C'est complètement inexact. Au contraire,
on retrouve, je pense, au sein du mouvement coopératif, parce que ce
sont des entités complètement distinctes, un certain dynamisme
qui permet la réussite qu'on a eue à l'intérieur du
mouvement coopératif agricole.
Je me permets de parler en tant qu'avocat, maintenant. J'aimerais
ajouter un dernier point à titre personnel. Je suis moi-même fils
de cultivateur et, d'une certaine façon, fils d'un coopérateur
qui a toujours travail lé ardument, et je me sens un peu affecté
par la remarque qu'on vient de faire, selon laquelle un
culti-vateur-coopérateur peut être à la merci de tout
chanteur et de tout vendeur. Je pense que le mouvement coopératif
agricole contient des producteurs et je pense que les producteurs sont
généralement des gens très près de leurs affaires
et des gens qui s'occupent très bien de leurs affaires.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je dois avouer que je suis extrêmement sensible
aux remarques qu'a faites le député de Beauce-Sud, car moi aussi,
par expérience... Je ne veux pas prétendre par là que je
ne fais pas confiance à la classe agricole, j'en fais partie moi aussi.
Mais on sait qu'il existe un certain danger et j'ai vécu des
expériences semblables. Lorsqu'on dit que cela peut faciliter le travail
ou les procédures, je ne vois pas la différence qu'il y a de
demander à l'assemblée générale de faire une
assemblée générale spéciale ou une assemblée
générale annuelle pour déléguer les pouvoirs au
conseil d'administration ou, lors de cette assemblée, nommer les
délégués. Je ne pense pas que ce soit un manque de
confiance, sauf qu'on a eu sensiblement les mêmes expériences et
que je peux vous dire que dans certains cas, j'ai dû constater qu'il y a
peut-être des producteurs qui, sans se laisser manipuler... enfin, il
existait un danger. Je suis très sensible à cet amendement visant
à retirer ce troisième paragraphe, et je pense qu'on revient tout
simple-ment à la base, c'est-à-dire que c'est l'assemblée
générale qui nomme ses délégués.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Au plan pratique pour la tenue de la prochaine
assemblée générale de la Fédérée,
même si cet article était adopté et même si on peut
prévoir que les membres à l'assemblée
générale annuelle ou spéciale donnent le pouvoir, il
faudrait, pour les assemblées générales annuelles
déjà tenues dans les coopératives locales, quand
même convoquer les sociétaires dans une assemblée
générale spéciale qui, lors de cette assemblée
générale spéciale, déléguerait au conseil
d'administration ce pouvoir de choisir les délégués. Non?
L'assemblée générale annuelle ou une assemblée
générale spéciale "peut" cependant déléguer
au conseil d'administration. Si la dernière assemblée a
été tenue au mois d'août...
M. Garneau (Alain): Est-ce que je peux...
M. Marquis:... I'année 78, ce ne serait pas
nécessaire.
M. Garneau (Alain): Est-ce que je peux me permettre une
intervention?
Le Président (M. Laplante): Allez-y.
M. Garneau (Alain): Ce qui se passe habituellement dans nos
coopératives, généralement cela va assez bien, comme dans
toutes les autres institutions, il y a une seule assemblée
générale qui se tient en même temps que l'assemblée
annuelle, à savoir une fois par année. Elle se tient
généralement, compte tenu de l'activité des producteurs
agricoles qui est généralement entre le mois de mars, avril et le
mois de septembre, octobre. Cela se tient dans le début de l'hiver, donc
en janvier et fevrier,ce qui fait que géné- ralement c est
à ce moment-la, du moins dans la loi actuelle, que sont nommés
les délégués qui représentent la coopérative
au sein de l'assemblée générale annuelle de
coopératives fédérées.
Le Président (M. Laplante): M. le députe de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vous avez dit tout à Iheure que, si on
enlevait ce paragraphe, on enlevait certains pouvoirs ou certaines
responsabilités à I'assemblée générale. Mais
si on retranche le paragraphe, on enlève à l'assemblée
générale un pouvoir de diminuer ses propres
responsabilités en fin de compte. On l'oblige, si vous voulez, en
enlevant le paragraphe, à garder l'entière responsabilité
de nommer ses délégués.
Une dernière quest ion. Vous êtes au service de la
Fédérée, si je ne m'abuse?
M. Garneau (Alain): Disons plutôt du mouvement
coopératif. Je suis aussi procureur des différentes
coopératives qui sont societaires de la coopérative
fédérée.
M. Saint-Germain: Merci
Le Président (M. Laplante): Le depute de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, au tout début je
partageais les craintes exprimées par le député de
Beauce-Sud et le député de Montmagny-L'Islet, mais à la
lumière des explications données par le conseiller juridique,
étant donné que le mandat des conseils d'administration est
renouvelé tous les ans par l'assemblée générale, si
les coopérateurs ont confiance dans les gens qu'ils ont nommés au
conseil d'administration, je pense qu'on devrait quand même leur faire
confiance pour nommer un délégué au niveau de
l'assemblée générale annuel le. A ce moment-là, je
n'ai plus de craintes sur le quatrième paragraphe, ou le
troisième.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je veux seulement ajouter qu'on a dit qu'on enlevait
des pouvoirs à l'assemblée générale. Je ne le crois
pas. Je ne l'interprète pas de cette façon-là. On
enlève des pouvoirs à certains individus peut-être. C'est
tout simplement cela. C'est s'assurer tout simplement que les pouvoirs restent
entre les mains de I'assemblée générale. C'est pour cela
que je suis d'accord sur l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, j'ai I' impression qu'on est
en train de se substituer à l'assemblée générale
quand on parle comme cela. On dit... Je m'excuse auprès du
député, c'est bien la preuve qu'on ne s est pas mis d'accord. On
se substitue comme législateurs à l'assemblée
générale qui est toute-puissante. S'il y a des individus qui la
manipulent, l'assemblée générale disposera de ces
individus. Nous
n'avons pas, nous, comme législateurs, à corriger une des
situations particulières dans un endroit, dans une coopérative
où certaines personnes sont peut-être arrivées à
manipuler un groupe de personnes. Si cette coopérative est saine et si
l'assemblée générale est saine, elle va automatiquement
nettoyer ses rangs de ces individus. On n'a pas, nous, par le projet de loi
qu'on a devant nous, à nous substituera une assemblée
générale pour prendre des décisions à sa place.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je ne veux pas faire le
procès de la coopération, au contraire, je n'ai pas à f
aire ce procès et iI n'y a pas de procès à faire à
la coopération non plus. Mais le monde n'est pas parfait, pas plus
là qu'ailleurs. Le procureur a dit tantôt qu'il fallait être
très pratique. Evidemment, cette tentation d'être très
pratiques est d'éliminer de l'assemblée générale,
d'enlever un pouvoir à l'assemblée générale parce
que l'assemblée générale le perdrait. On permet à
l'assemblée générale de se départir d'un pouvoir
qu'elle devrait avoir en exclusivité, en ce qui me concerne, si on veut
être d'accord sur les principes coopératifs. Je comprends ce que
Mme le ministre vient de dire. Je comprends qu'au niveau des intentions, au
niveau des grands objectifs, c'est beau tout cela, mais je pense qu'on ne peut
pas, comme législateurs, ouvrir la porte, parce que ce qui va arriver,
c'est que cela ne prendra pas cinq ans je peux vous faire une
prédiction pour que, dans ce domaine-là, les pouvoirs
soient remis entre les mains du conseil d'administration. Je me rappelle et
certains de vos collaborateurs et de vos officiers se rappelleront
sûrement les discussions qui ont eu lieu avant 1970 avec le
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives c'était le nom qu'il portait dans le temps
parce qu'on avait voulu, au niveau d'une fédération, faire
en sorte que les gérants de caisses ne soient pas engagés par la
fédération, mais payés par la fédération.
C'est quand même une distinction qu'il faut faire. Nous nous y sommes
opposés justement pour sauver l'autonomie des membres, des institutions
membres qui sont les premières institutions, qui sont la
propriété des sociétaires, des individus. M. le
Président, je ne veux pas faire une question de prestige de faire
accepter un amendement par le gouvernement, mais je terminerai
là-dessus. Dans l'article précédent, il est bien clairque
l'assemblée générale établit une liste qu'elle
remet au conseil d'administration qui, lui, désignera dans l'ordre... Je
pense que c'est clair que cela donne les pouvoirs nécessaires au conseil
d'administration et que c'est un mécanisme acceptable. Dans l'article
qui suit, M. le Président, il y a une disposition qui permet
parce qu'on vient d'adopter la loi 241 une disposition
transitoire...
Mme Payette: M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Laplante): Oui, Mme le ministre.
Mme Payette: Le député de Beauce-Sud dit qu'il ne
veut pas se donner de l'importance en apportant un amendement. Moi, je ne veux
pas me donner de l'importance en refusant l'amendement parce que si
j'étais convaincue qu'effectivement cela prive l'assemblée
générale d un droit, je serais d'accord sur I'amendement.
Je relis à partir du chiffre 3, paragraphe 3, par les paragraphes
de remplacement. Ce que je lis à moins que j'interprète mal ce
texte, mais il me semble que je l'interprète correctement,
"l'assemblée générale élit les membres du conseil
d'administration et un vérificateur". Pour ça, ça va
très bien. "Toutes ces personnes restent en fonction jusqu'à
l'élection de leur successeur", ça va très bien aussi
l'assemblée générale, l'année suivante
"Elle établit l'assemblée générale
une liste de personnes à même laquelle le conseil
d'administration désignera dans l'ordre déterminé sur
cette liste le ou les délégués. "
C'est l'assemblée générale qui dresse une liste de
personnes qu'elle met à la disposition du conseil d'administration. Pour
moi, l'élimination du paragraphe suivant fait en sorte qu'on vient de
retirer à l'assemblée générale la
possibilité de dire: Je ne veux pas faire une liste...
M. Roy: Ce n'est pas ça du tout, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, j'ai une
information à donner aux membres de l'Assemblée. Je me suis
gardé de parler, depuis le début, dans un but très net de
m'éclairer sur le projet de loi. Je vous ai laissé aller aussi
librement que chacun de vous voulait aller sur l'amendement du
député de Beauce-Sud. Je n'ai pas jugé de la
recevabilité de l'amendement, mais je crois qu'il serait temps, à
ce moment-ci, de le faire. Je vais vous dire pourquoi j'ai voulu agir, en bon
démocrate, pour qu'il y ait entente entre vous.
En vertu de l'article 154, comme le député de Beauce-Sud
propose de biffer ce paragraphe, au deuxième alinéa. Si vous
voulez le lire, je crois que ça pourra vous donner la réponse, M.
le député de Beauce-Sud...
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... et vous pourriez revenir
avec un amendement qui améliorerait le texte, parce que l'article que
vous proposez de biffer va directement se rattacher à l'article premier,
ce qui n'est pas une modification à I article premier.
M. Goulet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Si vous regardez l'article
154, alinéa2...
M. Goulet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): ... la commission peut amender
un projet de loi pourvu que l'amendement ne soit pas étranger à
l'objet du projet...
M. Goulet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante):... et qu'il ne s oppose pas au
principe affirmé en deuxième lecture.
M. Goulet: M. le Président, question de
règlement.
M. le Président, je ne comprends pas que ça fasse une
demi-heure qu'on discute sur une motion et que là, vous décidiez
de dire si elle est re-cevable ou non. Ecoutez, tout le monde ici a jugé
de la recevabilité de cette motion, sinon on n'en aurait pas
discuté pendant une demi-heure ou trois quarts d'heure.
Le Président (M. Laplante): Depuis qu'on a
étudié les premières lois, je croyais même, à
ce moment-là, lorsque l'amendement du député de Beauce a
été présenté, je me suis gardé, parce que je
croyais qu'une discussion très courte s engagerait, de me prononcer sur
la recevabilité. Vous lirez la transcription du journal des
Débats, et jamais je ne me suis prononcé sur la
recevabilité.
M. Goulet: M. le Président, sur un point de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Mais actuellement, je vois
qu'on s'en va vers un débat de fond et il est temps, je crois, que je
juge de la recevabilité. Le jugement que je vais rendre...
M. Goulet: M. le Président, avant que vous ne rendiez
votre décision...
Le Président (M. Laplante): J'ai déjà rendu
ma décision.
M. Goulet: M. le Président, avant que vous rendiez votre
décision...
M. Roy: Ah non, je m excuse là.
M. Goulet: M. le Président, normalement, je n'ai pas 25
ans d'expérience dans cette Chambre, si la recevabilité n'est pas
invoquée dès le début, la motion est
présumée recevable.
M. Roy: Elle est reçue.
M. Goulet: Cela s'est passé comme ça depuis un an,
et elle est reçue. Ecoutez, à chaque commission je ne mets
pas en doute votre décision mais si la recevabilité d'une
motion n'est pas invoquée dès le début, elle est
présumée recevable. Et selon la jurisprudence, je vous
défie daller voir n'importe quelle jurisprudence, ça s'est
toujours passé comme ça.
M. Roy: M. le Président, sur le point de règle-
ment. On a référé à l'article 154: "La commission
peut amender un projet de loi pourvu que l'amendement ne soit pas
étranger au projet de loi." Ce n'est pas un amendement qui amène
un élément nouveau dans un projet de loi et il ne s'oppose pas au
principe affirmé en deuxième lecture. Cela ne se pose pas non
plus.
Je ne propose pas de biffer un amendement, je propose de biffer un
paragraphe dans un amendement, ce qui est complètement différent.
Pendant les quelques années que j'ai assisté aux commissions
parlementaires, je n ai même pas posé la question de
recevabilité, parce que c'était tellement clair dans mon esprit,
et on m en excusera, que cet amendement était recevable, que j'ai
considéré que vous l'aviez reçu automatiquement.
J'endosse les propos de l'honorable député de Bellechasse,
à partir du moment où on a entrepris la discussion sur le fond et
que personne n'a soulevé la question de la recevabilité, la
jurisprudence a clairement établi que l'amendement est reçu,
n'est pas voté, mais est reçu.
M. Saint-Germain: Question de règlement, M. le
Président. Cela fait une demi-heure qu'on parle sur le fond de la
question. On a même questionné le procureur. Ne nous obligez pas
à faire de la procédurite à cette heure-ci. Qu'est-ce que
cela va donner? On ne peut pas juger un amendement irrecevable lorsque,
unanimement, on s'est mis à en discuter le fond, vous aussi, et que les
décisions ont été prises. Cela serait, d'après
l'esprit et la tradition, revenir sur une décision déjà
donnée. Le fait que vous n'avez pas arrêté nos discussions
et qu'on en discute depuis une demi-heure au moins, c est clair que votre
décision a été rendue. Pour quelle raison voulez-vous
revenir sur votre décision? Je n'y comprends rien. Si vous jugez que
vous avez à revenir sur la décision, il va falloir parler sur la
recevabilité. Ce n'est pas un projet de loi d une importance
énorme. On en discutait d une façon bien positive. On est ici
dans l'intérêt public.
Mme Payette: Je dois également vous dire que mes
interventions ont été faites en pensant que nous parlions sur
l'amendement. Je me souviens que ma première phrase, dans ma
première intervention, disait presque textuellement: M. le
Président, sur l'amendement...
M. Laberge: M. le Président, j'avais juste une question
à poser au ministre, une question d'information, pour clarifier ma
propre compréhension du troisième alinéa de l'article
3...
Une Voix: Sur l'amendement.
M. Laberge: Sur l'amendement? Je voulais comprendre, si
j'étais en faveur de l'amendement ou non. en posant une question au
ministre: Est-ce qu'on comprend, dans ce troisième paragraphe que
rassemblée générale peut déléguer son
pouvoir pour l'année en cours, ou d'une façon
définitive?
Le Président (M. Laplante): Je vais trancher...
M. Giasson: M. le Président, suite aux propos que vous
avez tenus il y a quelques minutes, vous aviez une décision à
rendre. J'attends votre décision.
Le Président (M. Laplante): Pour les fins de bonne entente
et de bonne discussion de ce projet de loi, vu l'état avancé, je
vais la juger recevable. Vu toutes les considérations du
député de Beauce-Sud, personne n'a protesté, je le
constate; personne n'a contesté la recevabilité. Une autre fois
ce sera au président d'agir dès le début et de poser la
question sur la recevabilité, pour ne pas faire de
précédent. Je la juge recevable.
Mme Payette: M. le Président, ma réponse à
la question du député est la suivante:
Le paragraphe, tel qu'il est écrit, fait en sorte que
l'assemblée générale peut déléguer, de
façon permanente ou de façon annuelle, comme elle l'entend, son
pouvoir au conseil d'administration. Mais l'assemblée
générale est souveraine dans cette décision de
déléguer ou non.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Je sais que c'est un projet de loi
présenté par Mme le ministre. Mais je voudrais savoir de la part
de Me Garneau si, au niveau des sociétés coopératives
agricoles, il en a été question à des assemblées
générales, de cette possibilité.
Mme Payette: M. le Président, je crois que je peux
répondre à cette question. J'ai ici un télégramme
qui m'a été adressé par M. Poulin, le directeur
général de la Coopérative fédérée de
Québec. Je pense que je peux le lire, il n'est pas très long. "La
Coopérative fédérée de Québec est d'accord
avec proposition lue par Me François Jobin au téléphone
aujourd'hui, relativement à l'amendement de la Loi des
sociétés coopératives agricoles, pour nomination
délégués des S.C.A. (sociétés
coopératives agricoles) à assemblée annuelle
coopérative fédérée. But visé de
l'amendement original était et est toujours de permettre à une
société coopérative agricole d'assurer sa
représentation complète à l'assemblée
générale de Coopérative fédérée de
Québec, même si délégués nommés
quelques mois auparavant sont absents. Croyons possible d'atteindre cet
objectif avec nouveau amendement projeté. Nous vous assurons
modification répond aux désirs exprimés par les
coopératives agricoles afin d'assurer plus de souplesse au mode de
nomination de leurs délégués.
Invitons autorités concernées à nous
référer toute plainte exprimée par une coopérative
au sujet d'amendements projetés à la loi des SCA. Rolland Pigeon,
président. L.P. Poulin, directeur général,
Coopérative fédérée du Québec."
M. Beauséjour: M. le Président, je tiens quand
même à poser ma question dans un autre sens. Je vois que c'est le
président ou deux personnes du côté de l'administration;
mais, du côté de l'assemblée générale est-ce
qu'il en a été question?
Mme Payette: Je pense que ce télégramme dit ceci,
parce que cela a été une préoccupation pour le ministre
responsable de savoir si les assemblées générales des
coopératives, des 145 coopératives, avaient été
consultées. Je considère ce télégramme comme une
réponse affirmative.
M. Roy: Oui, mais ce télégramme a été
signé par M. Pigeon, président de la Société
coopérative fédérée...
M. Giasson: Et par Louis-Philippe Poulin, secrétaire
général.
M. Roy: ... et par Louis-Philippe Poulin, secrétaire
général.
Mme Payette: Oui. Je dois vous dire, M. le député
de Beauce-Sud, que je n'ai aucune raison de douter de la parole de ces deux
personnes...
M. Roy: Je n'en doute pas.
Mme Payette: ... qui m'assurent, dans ce
télégramme, que les coopératives ont été
consultées.
M. Roy: Je ne doute pas...
M. Saint-Germain: Excusez-moi.
M. Roy: ... je ne veux pas non plus qu'on laisse insinuer que je
doute. Je ne veux pas faire une question de règlement ici.
Mme Payette: Mais, la question que je leur posais était
exactement celle-là. La réponse est donc donnée.
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce que Mme le
ministre a reçu...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je vais formuler ma question d'une autre
manière.
M. Saint-Germain: Est-ce que le...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Bellechasse.
M. Saint-Germain: Est-ce que j'ai la parole? Je veux poser des
questions simplement dans le même...
Le Président (M. Laplante): Oui, le député
de Bellechasse avait commencé à poser...
M. Goulet: M. le Présient, je vais formuler ma question
de... Je m'excuse, M. le député d'Iberville. Est-ce que, lors des
assemblées générales, à
chaque assemblée générale des 145
coopératives, il a été question de cela? Oui ou non?
Est-ce qu'on leur a demandé de se prononcer là-dessus?
Mme Payette: Je ne pense pas.
M. Goulet: Je ne veux pas la réponse du président
de la Société coopérative fédérée.
Lors des assemblées générales, est-ce que oui ou non il en
a été question, à chaque assemblée
générale, non pas à deux ou trois, à chacune,
à la majorité des assemblées? C'est cela la question.
Est-ce qu'il en a été question?
Mme Payette: La réponse, c'est que la discussion a
été faite à l'assemblée annuelle
générale de la Société coopérative
fédérée composée des représentants des
différentes coopératives.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce que Mme le
ministre aurait reçu des représentations non pas de la
Société coopérative fédérée, mais de
certaines coopératives agricoles locales au niveau des
coopératives?
Mme Payette: M. le Président je pense que la
question s'adressait à moi nous n'avons pas eu de
représentations dans le sens où l'entend le député
de Jacques-Cartier. Nous avons eu cependant des représentations du
ministère de l'Agriculture à ce sujet, et les amendements que
nous apportons dans le projet de loi 86 répondent aux inquiétudes
du ministère de l'Agriculture à ce sujet.
Le Président (M. Laplante): Réponse. D autres
intervenants? Est-ce que l'article premier, modifié, en biffant
oui, sur l'amendement, c'est cela "à l'assemblée
générale annuelle ou une assemblée
générale..."
M. Saint-Germain: Excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Peut-être que monsieur I avocat aurait
quelque chose à ajouter avant de terminer.
M. Garneau (Alain): La seule chose, c'est qu avec mon
expérience...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, dans le sens des toutes
dernières questions qu'on vient de poser, qu'on vient d'essayer
d'éclaircir au sujet des assemblées locales, je dis bien, des
caisses en elles-mêmes.
M. Garneau (Alain): Tout ce que je peux dire, c est que ce
projet, cette tentative, cela existe, dans cet esprit, depuis deux ans et
nécessairement, cela a été discuté. Je suis
convaincu que cela a été discuté puisque, à chaque
fois, cela impliquait, chaque année, la nomination des
délégués, etc. Cela a été discuté au
sein de chacune des assemblées locales des sociétés
coopératives locales agricoles.
M. Saint-Germain: Les sociétés coopératives
locales, est-ce qu'il y en a au moins une minorité qui s est fortement
opposée à cette procédure ou est-ce que cela a
été...
M. Garneau (Alain): Non, il n'y a pas eu d'objection, c'est
entré dans la tradition.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Giasson: M. le Président, à venir jusqu'à
maintenant, le nomination, le choix des délégués
substituts était fait en fonction des dispositions de la loi avant
I'amendement qu'on lui apporte. L'article 19 disait ceci:
L'assemblée générale élit les membres du
conseil d administration: un vérificateur et, s'il y a lieu, un
délégué et un substitut à l'assemblée
générale de la Société coopérative
fédérée.
Cela veut dire que chaque coopérative, par son assemblée
annuelle, déléguait ou nommait le délégué et
le substitut. Avec les amendements qu'on apporte à la Loi de la
Coopérative fédérée, à sa charte, on va
retrouver des coopératives locales qui auront droit à deux,
trois, quatre ou cinq délégués, selon le nombre de
sociétaires à l'intérieur, par bloc de 200 qui donne une
unité et se compose de 200 sociétaires. C'est cela?
M. Garneau (Alain): C'est cela, oui. Par contre, il ne faut
oublier qu'actuellement, au sein de la Coopérative
fédérée, chaque coopérative avait un droit de vote,
c'est-à-dire avait un seul délégué, mais qui avait
un vote proportionnel, ce qui fait qu'à l'intérieur, avec quatre
ou cinq coopératives à la limite, on aurait pu contrôler.
C'est dans cet intérêt qu'on fait le projet. D'ailleurs, les
grandes coopératives sont parfaitement conscientes et ont appuyé
fortement ce projet.
M. Saint-Germain: Personnellement, je ne voudrais pas prolonger
le débat là-dessus. Ce qui m'intéresse et ce qui
m'inquiète, c'est que, dans tous les mouvements coopératifs
aujourd'hui, on a une forte tendance à la centralisation. De plus en
plus, les décisions se prennent de haut. Je crois que c'est là
une philosophie qui est fausse à long terme pour les
intérêts du mouvement coopératif. C'était là
mon inquiétude.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, je demanderais une
suspension de cinq minutes pour qu'on se mette d'accord ici, avec certains
délégués de notre côté.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous êtes
prêts à accepter une suspension de deux minutes?
M. Saint-Germain: On va accepter, si les gens veulent se
consulter, il n'y a pas de mal.
(Suspension de la séance à 16 h 55).
Reprise de la séance à 17 h 3
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, madame,
messieurs!
M. Rancourt: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Saint-François.
M. Rancourt: ... reprendre la séance.
Le Président (M. Laplante): Etes-vous d'accord pour
reprendre la séance? Vous êtes d'accord aussi?
Sur la motion du député de Beauce-Sud, qui a pour objet,
à l'article premier, de retrancher le troisième alinéa,
"l'assemblée générale annuelle ou une assemblée
générale spéciale peut cependant déléguer au
conseil d'administration le pouvoir de désigner ce ou ces
délégués ainsi que ce ou ces substituts". On demande de
retrancher ce paragraphe. Vous êtes prêts pour le vote?
M. Gagnon: M. le Président, simplement un mot pour dire
qu'après avoir consulté mes... Non? D accord. Je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, monsieur. Le vote
est appelé.
Vote à main levée? Ceux qui sont pour?
M. Roy: Nommez-les.
Le Président (M. Laplante): Nominal. M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Gosselin (Sherbrooke)? M.
Goulet (Bellechasse)?
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)? Non.
M. Picotte: Picotte.
Le Président (M. Laplante): M. Picotte
(Maskinongé)?
M. Picotte: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm)?
Mme Payette: ... M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet)?
C'est le "fun" prendre des votes comme ça. M. Lefebvre
(Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Marois (Laporte)? M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme Payette (Dorion)?
Mme Payette: Contre, M. le Président.
M. Roy: La revanche! ... elle va être encore battue.
Le Président (M. Laplante): M. Garneau (Jean-Talon)? M.
Roy (Beauce-Sud)?
M. Roy: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Russell (Brome-Missisquoi)?
M. Saint-Germain (Jacques-Cartier)?
M. Saint-Germain: Pour.
Le Président (M. Laplante): Pardon?
M. Saint-Germain: Je suis pour.
Le Président (M. Laplante): M. Vaillancourt
(Jonquière)?
M. Roy: ... n'a pas été changé. Il aurait
fallu qu'il soit changé.
Le Président (M. Laplante): II n'a pas été
changé. Ecoutez! Le vote...
M. Roy: C'est un oubli qui a été fait.
Une Voix: ... j'ai fait la remarque aujourd'hui...
Le Président (M. Laplante): Le vote a été
pris,
je regrette, suivant la liste qui a été donnée. Un,
deux, trois, quatre, cinq six. Six, contre; cinq, pour. Rejeté.
L'article 1 du projet de loi no 86 adopté.
Mme Payette: M. le Président, vous avez là un vote
qui ne tient pas debout. Nous sommes sept députés
ministériels.
Le Président (M. Laplante): Non.
Mme Payette: Excusez-moi. Il y a deux noms qui n'étaient
pas sur la liste, un de chaque côté.
Le Président (M. Laplante): C'est cela. Projet de loi 86,
article premier, adopté?
M. Saint-Germain: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Article 2, il y a une
modification qu'il faudra apporter pour qu'il soit concordant...
M. Picotte: Je propose l'amendement d'ajouter "sa".
Le Président (M. Laplante): Sa sanction. Amendement
adopté? L'article 2 se lirait comme suit: "La présente loi entre
en vigueur le jour de sa sanction."
Projet de loi 86 adopté avec modification. Merci.
Le président fera rapport à I Assemblée nationale.
Les travaux sont ajournés sine die.
Merci à tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 7)