Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
lundi 4 novembre 2019
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Vol. 45 N° 42
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Thériault, Lise
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Roberge, Jean-François
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Rizqy, Marwah
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Roberge, Jean-François
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Thériault, Lise
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Émond, Jean-Bernard
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IsaBelle, Claire
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Rizqy, Marwah
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Hivon, Véronique
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Thériault, Lise
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Roberge, Jean-François
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Skeete, Christopher
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Thériault, Lise
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Rizqy, Marwah
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Roberge, Jean-François
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Thériault, Lise
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Roberge, Jean-François
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Provençal, Luc
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Émond, Jean-Bernard
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Rizqy, Marwah
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Labrie, Christine
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Labrie, Christine
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Thériault, Lise
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Hivon, Véronique
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Roberge, Jean-François
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Provençal, Luc
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Provençal, Luc
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Thériault, Lise
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Roberge, Jean-François
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Rizqy, Marwah
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Charbonneau, Francine
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Thériault, Lise
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Roberge, Jean-François
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Lemieux, Louis
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Rizqy, Marwah
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Thériault, Lise
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
14 h (version révisée)
(Quatorze heures cinq minutes)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte. Et je demande
aux gens dans la salle, puisqu'ils sont nombreux, de bien vouloir fermer vos
téléphones cellulaires ou les mettre en mode vibration.
Donc, la commission est réunie afin de
procéder à des auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Chassin (Saint-Jérôme) est remplacé par
Mme Blais (Abitibi-Ouest); Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)
est remplacée par Mme Jeannotte (Labelle); Mme Guillemette (Roberval)
est remplacée par M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata); M. Poulin
(Beauce-Sud) est remplacé par M. Provençal (Beauce-Nord); et
Mme Melançon (Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
Remarques préliminaires
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, cet après-midi, nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous entendrons la Fédération des commissions scolaires du
Québec, l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, la
Centrale des syndicats du Québec, la Confédération des syndicats nationaux et la
Fédération autonome de l'enseignement.
Et, puisque notre commission a débuté un
petit cinq minutes en retard, je vais vous demander tout de suite un
consentement pour pouvoir poursuivre au-delà de nos travaux. Consentement.
Merci.
Donc, je vais céder, sans plus tarder, la
parole au ministre de l'Éducation pour ses remarques préliminaires. M. le
ministre, vous disposez de 5 min 34 s
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Il me fait plaisir de commencer cette séance de
consultations. Je veux saluer d'abord M. le sous-ministre, tous les députés en
face de moi, qu'on commence à connaître. C'est maintenant... il y a déjà
quelques projets de loi qu'on a le plaisir de travailler ensemble, toute
l'équipe, aussi, de la députation, du côté du gouvernement, et toute l'équipe,
des fois, en arrière, qu'on ne regarde pas ou dont on ne voit pas tout le
travail, là. Mais, évidemment, chaque fois qu'il y a un projet de loi qui est
déposé à l'Assemblée nationale, c'est que ça a été précédé de beaucoup de
séances de travail.
Puis, évidemment, l'équipe de
fonctionnaires puis l'équipe du cabinet travaillent très, très fort pour
arriver avec le meilleur projet de loi possible, sachant qu'il va être
amélioré, c'est certain — on commence les consultations, mais on sait
bien que, dans ces consultations-là, il va y avoir des suggestions, il va y
avoir des points qui vont être soulevés, qui vont nous faire réfléchir, de ce
côté-ci ou de l'autre côté, qui vont les amener aussi à, des fois, insister davantage,
en référant à ce que vous direz, vous qui venez en auditions particulières — donc,
qui sera certainement amélioré au moment où il sera sanctionné. Puis c'est très
bien comme ça. J'ai participé à l'exercice en étant de l'autre côté, dans
l'opposition, puis de ce côté-ci maintenant.
Le projet de loi n° 40 est attendu
par plusieurs, plusieurs, plusieurs personnes, plusieurs Québécois, plusieurs
contribuables, parents, mais aussi plusieurs personnes qui oeuvrent dans le
réseau scolaire. Le réseau scolaire, c'est mon réseau, hein, j'y ai passé ma
vie : 17 ans à enseigner à l'intérieur du réseau, dans le réseau public,
siégé sur deux conseils d'établissement de deux commissions scolaires
différentes, passé trois années au Conseil supérieur de l'éducation, commission
de l'enseignement primaire.
Je visite, depuis que j'ai les fonctions
de critique... Alors que j'étais dans l'opposition, j'avais les fonctions liées
à l'enseignement... à l'éducation et à l'enseignement supérieur, puis
maintenant j'ai ces fonctions ministérielles là, et j'ai visité des dizaines et
des dizaines d'écoles. Encore la semaine dernière, deux fois, j'arrive avec ma
boîte à lunch puis je m'en vais dîner avec l'équipe-école, la direction d'école,
les employés de soutien, les professionnels, des fois, les gens du service de
garde — quoiqu'on les croise avant ou après dîner parce qu'ils sont
pas mal occupés pendant la période du dîner — les enseignants, et
plusieurs, plusieurs personnes attendent une amélioration de la gouvernance.
• (14 h 10) •
Plusieurs enseignants, plusieurs cadres
dans les commissions scolaires, que je rencontre dans d'autres forums,
attendent cette amélioration de la gouvernance scolaire. Ils nous disent que c'est
lourd, bureaucratiquement, en ce moment. Ils nous disent que c'est difficile,
parfois, de prendre des initiatives en matière pédagogique. Ils nous disent que
c'est difficile de mobiliser les gens sur les conseils d'établissement, parce
qu'il n'y a pas assez d'autonomie dans nos écoles. Ils nous disent :
Parfois, en enseignant dans les écoles, on se sent un peu comme des
techniciens, on ne se sent pas respecté, on ne sent pas la compétence des
enseignants et de toute l'équipe-école reconnue pour prendre les bonnes
décisions pour les <élèves...
M. Roberge : ...
il n'y a pas assez d'autonomie dans nos écoles. Ils nous disent : Parfois,
en enseignant dans les écoles, on se sent un peu comme des techniciens, on ne
se sent pas respecté, on ne sent pas la compétence des enseignants et de toute
l'équipe-école reconnue pour prendre les bonnes décisions pour les >élèves.
C'est l'écho qu'on reçoit sur le terrain, en visitant des dizaines d'écoles
dans des milieux favorisés et défavorisés, en milieu rural, en milieu urbain. C'est
ce qui ressort.
Évidemment, il n'y a pas d'unanimité. Évidemment,
il y a des gens qui souhaiteraient que ça ne change pas. Mais beaucoup de
personnes sur le terrain attendent cette décentralisation de la prise de
position, attendent qu'il y ait davantage d'argent qui soit envoyé aux écoles.
Pas tout, pas tout l'argent, évidemment. Il faut garder une instance régionale,
un centre de services scolaires qui va être là pour, évidemment, s'occuper des
transports scolaires, des écoles, de la répartition des ressources. Mais, quand
on prend ces décisions-là, eh bien... et c'est ce qu'on va faire avec le projet
de loi n° 40, quand on prend ces décisions-là, il faut les prendre avec
les parents et avec ceux qui sont sur le terrain, de plus en plus.
Donc, j'espère qu'on va pouvoir avoir des
discussions qui seront sereines puis j'espère qu'on regardera le projet de loi
pour ce qu'il est, qu'on n'essaiera pas de lui faire dire des choses qu'il ne
dit pas, pour qu'ensemble on améliore la gouvernance scolaire. C'est quelque
chose qui a été tenté à quelques reprises, ces dernières années, de manière
timide, avec le projet de loi n° 86 et le suivant, mais là, cette fois-ci,
je pense qu'on va pouvoir aller au bout de l'exercice une fois pour toutes puis
remettre les écoles entre les mains de la communauté. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, sans plus tarder, je me tourne du côté de
l'opposition officielle, vers la députée de Saint-Laurent. Vous avez
3 min 43 s
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre, tous les députés.
Bonjour, mesdames de l'opposition. On se retrouve, et j'en profite. Je vois que
le sous-ministre est enfin avec nous. Je vous rappelle que j'ai posé une
question par rapport à vos frais, lorsque vous étiez, à l'époque, à l'ADJEQ, et
vos pièces justificatives sont toujours attendues, pour une somme de
20 000 $. Et ça tombe totalement à propos puisqu'aujourd'hui on parle
de gouvernance scolaire et de transparence. J'espère que le sous-ministre
pourra donner le ton à tout l'ensemble des Québécois.
Effectivement, vous avez dit qu'on
commençait à se connaître, M. le ministre, d'entrée de jeu. C'est vrai qu'on
commence à se connaître. Parce qu'il y a eu le projet de loi n° 3, qui
venait uniformiser la taxe scolaire, puis ensuite il y a eu le projet de loi
n° 12, des frais chargés aux parents, le projet de loi n° 5. Puis,
nous, ce qu'on a appris, les partis d'opposition, c'est le peu d'écoute et que,
lorsque vous avez une idée en tête, c'est très difficile de vous faire revenir
en arrière, puis d'avoir cette sensibilité qui est tellement importante
lorsqu'on est ministre, puis d'entendre son réseau. Alors, oui, on commence à
vous connaître et on espère sincèrement que vous avez entendu les différentes
voix qui se lèvent.
Parce que, moi, quand je regarde la salle,
c'est rendu notre quatrième projet de loi en éducation puis c'est la première
fois qu'on a une salle bondée de monde debout. Alors, effectivement, votre
projet de loi est attendu, mais pas pour les bonnes raisons. Parce qu'en plein
milieu de l'année scolaire, ce que nous, on entend sur le terrain, pour être
allés un peu partout au Québec, c'est qu'on veut des services pour les enfants,
pas des jeux de structure. On veut s'assurer, là, qu'effectivement les enseignants,
leur autonomie professionnelle est préservée. On veut s'assurer que tous les
services soient décidés, oui, de façon locale, pas ici, dans un complexe G, par
des fonctionnaires, surtout lorsqu'on sait que, des fois, il y a des décisions
qui ne proviennent pas... qui ne rentrent pas dans un fichier Excel.
Alors, c'est pour ça que nous, aujourd'hui,
on va faire ce qu'on a essayé de faire en maternelle quatre ans, bonifier votre
projet de loi. Mais, je vais vous le dire très clairement, là, vous avez quand
même fait un choix politique de déposer votre projet de loi avec un agenda très
serré, et j'espère sincèrement que, lorsque vous avez fait le dépôt de votre
projet de loi, vous n'allez quand même pas nous bâillonner. Parce que nous
avons l'intention de faire un travail rigoureux.
Le projet de loi des maternelles quatre
ans, vous aviez seulement 18 articles, et on a fait un peu plus de
80 heures. Quand je regarde l'agenda... Ça va peut-être vous faire
sourire, mais on a quand même bonifié votre projet de loi, pour vous rappeler à
quel point les milieux défavorisés, c'est important, puis les enfants
handicapés aussi. Mais, ici, quand je regarde votre projet de loi, nulle part
il n'est question de réussite éducative. Alors, oui, on va prendre notre temps,
et j'espère que vous aussi, vous prendrez votre temps pour réaliser qu'en ce
moment jouer dans les structures, ça ne donne pas de services aux élèves. On
espère aussi que vous allez comprendre qu'en plein milieu d'année scolaire
c'est important d'avoir une certaine stabilité.
D'autre part, je vois quand même beaucoup
de femmes, énormément de femmes dans la salle. Au même titre que le conseil
municipal, une démocratie, lorsqu'on veut la soutenir, il faut s'assurer de
leur donner des moyens. Et, lorsque je parle de femmes, je vous rappelle que,
dans les commissaires scolaires élues, elles sont majoritairement des femmes et
qu'il s'agit aussi de leur première porte d'entrée pour une démocratie dans la
politique. Et là vous, votre réponse à ça, c'est de les abolir. Faites
attention, c'est un terrain glissant. Parce que je vous rappelle qu'au Québec
il y a plusieurs maires et mairesses qui ont été élus par acclamation, et, si
on suit votre logique, il faudrait aussi les abolir parce qu'elles ne seront
pas nécessairement, comme vous dites si <bien...
Mme Rizqy : ...
majoritairement des femmes et qu'il s'agit aussi de leur première porte
d'entrée pour une démocratie dans la politique. Et là vous, votre réponse à ça,
c'est de les abolir. Faites attention, c'est un terrain glissant. Parce que je
vous rappelle qu'au Québec il y a plusieurs maires et mairesses qui ont été
élus par acclamation, et, si on suit votre logique, il faudrait aussi les
abolir parce qu'elles ne seront pas nécessairement, comme vous dites si >bien...
la participation active n'est pas au rendez-vous.
Alors, moi, je crois qu'au contraire on
peut moderniser. Si on a un problème de participation, donnons-nous des outils,
que ça soit de jumeler les élections avec le municipal, le vote électronique,
et surtout donner les outils pour avoir une démocratie qui fonctionne, et non
pas tout simplement abolir. Ça, c'est le chemin facile. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. Je regarde maintenant la députée
de Sherbrooke, qui est porte-parole en éducation et en enseignement supérieur
pour la deuxième opposition. Vous avez 56 secondes, Mme la députée.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. J'aimerais ça, remercier les gens qui se sont déplacés vraiment
nombreux avec un très bref avis. Donc, je pense que c'est signe à quel point
les gens sont préoccupés par ce projet de loi là.
Je n'ai pas beaucoup de temps. J'aimerais
simplement dire au ministre que je trouve ça important que les groupes qui vont
défiler devant nous soient vraiment bien entendus, en particulier quand ils
vont nous parler de ce que devraient être les priorités en éducation, quand ils
vont nous dire si, d'après eux, ce projet de loi là s'attaque aux priorités en éducation
et quand ils vont nous dire ce que ce projet de loi là fait ou ne fait pas pour
la réussite éducative. Donc, j'aimerais que le ministre y porte une attention
très spéciale. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Donc, idem pour la députée de Joliette, de
la troisième opposition, 56 secondes à vous aussi.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon
:
Merci, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de saluer le ministre, toute sa
valeureuse équipe, mes collègues de l'opposition et tous les groupes. Merci
beaucoup de montrer autant d'intérêt pour ce projet de loi, qui est vraiment
très, très important, pas nécessairement pour les bonnes raisons.
Et moi, je me demande vraiment... Quand on
dit que l'éducation doit être la priorité, encore faut-il ensuite poser les
bons gestes prioritaires. Et je me demande vraiment comment de jouer dans les
structures, une mégaréforme brassage de structures, est la chose à faire, quand
ce qu'on devrait faire, c'est s'occuper de persévérance scolaire, de réussite
éducative, de valorisation de nos enseignants, de soutien à nos tout-petits qui
entrent à l'école, qui font la transition au secondaire.
On devrait se battre pour une école qui
est le creuset de l'égalité des chances et se battre contre les deux, les
trois, les quatre vitesses dans le système d'éducation. Alors, je me demande
vraiment comment on va arriver à ça et j'espère que le ministre va être à l'écoute
de tous les commentaires qu'on va recevoir.
Auditions
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée. Donc, sans plus tarder, je vais souhaiter la bienvenue
aux représentants de la Fédération des commissions scolaires du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent et à
procéder à votre exposé. Vous avez juste à me regarder, je vous ferai un cinq,
un deux, un une, et, après ça, je devrai mettre fin à votre exposé, même si ce
n'est pas terminé, parce que vous aurez compris que je suis la gardienne du
temps. Donc, la parole est à vous. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Fédération des commissions scolaires du Québec
(FCSQ)
M. Fortier (Alain) :Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes, MM.
les députés, je suis Alain Fortier, le président de la Fédération des
commissions scolaires du Québec. Je suis accompagné de Mme Louise Lortie,
la vice-présidente de la fédération, de Mme Hélène Roberge, présidente de
la commission scolaire des Patriotes, en Montérégie, de M. Gaétan Gilbert,
président de la commission scolaire de l'Or-et-des-Bois, en Abitibi-Témiscamingue,
et de M. Éric Antoine, commission scolaire au Coeur-des-Vallées, en Outaouais.
Nous allons exprimer, aujourd'hui, nos
vives préoccupations liées au projet de loi n° 40,
une réforme centralisatrice et discriminatoire envers les francophones. C'est d'ailleurs
la première fois que nous pouvons le faire. En tant que représentants de près
de 700 élus scolaires de partout au Québec, nous n'avons pas été consultés
avant le dépôt du projet de loi sur la réflexion et les intentions du ministre.
Chaque jour, les médias rappellent les
différents enjeux auxquels est confronté le réseau public d'éducation :
valorisation de notre personnel, pénurie de main-d'oeuvre, manque d'espace,
francisation, services aux élèves à besoins particuliers, adéquation
formation-emploi, intégration du numérique, et, bien sûr, j'en passe. Et que
nous propose ce projet de loi comme solution? Un brassage de structures
diviseur, inutile et certainement stérile. Il nous fera perdre du temps et
assurément beaucoup d'argent aux Québécois.
• (14 h 20) •
Rien dans le projet de loi n° 40
ne traite de ces réels enjeux de notre réseau public d'éducation. Nous avons
beau lire, relire, analyser le projet de loi en détail, nous n'arrivons pas à
répondre aux questions suivantes : À partir de quel diagnostic, quelle
analyse le ministre nous propose-t-il ce chambardement de structures? À quels
enjeux ou besoins répond-il? En quoi ces propositions seront-elles bénéfiques
pour la réussite de <nos...
M. Fortier (Alain) :
... analyser le
projet de loi en détail, nous n'arrivons pas à répondre
aux questions suivantes : À partir de quel diagnostic, quelle analyse le
ministre
nous propose-t-il ce chambardement de structures? À quels enjeux ou besoins
répond-il? En quoi ces
propositions seront-elles bénéfiques pour la
réussite de >nos élèves?
Mme Lortie (Louise) :
Le ministre parle de décentralisation, alors que, dans les faits, il s'agit, évidemment,
de centralisation. Il ne transfère aucun pouvoir actuel du conseil des
commissaires vers les écoles. Quelle est la différence? Le ministre s'octroie
plutôt de nouveaux pouvoirs et éteint la voix locale des citoyens. Nous en
avons déjà vu un exemple avec le projet de loi n° 37, dans lequel le gouvernement
impose des achats regroupés sans tenir compte des besoins locaux et du développement
économique des milieux.
Dans ce projet de loi ci, le ministre va
jusqu'à se conférer, de façon exceptionnelle, des pouvoirs sans limites de
réglementer sur ses objectifs du projet de loi, sans même retourner auprès des
députés de l'Assemblée nationale pour modifier la Loi sur l'instruction
publique. Pour faire court, le ministre dira aux gens quoi dire, quoi
faire, quoi apprendre, peu importe où qu'ils soient, en Abitibi, à Québec, dans
le Bas-du-Fleuve, en Outaouais, au Saguenay ou encore même à Laval.
Dans le projet de loi n° 40,
le ministre s'octroie, par exemple, le pouvoir d'exiger des regroupements de
ressources et de services avec d'autres partenaires, dont les établissements
privés d'éducation. Le ministre s'octroie aussi le pouvoir d'autoriser les
travaux de construction ou de rénovation majeurs des immeubles lorsque le coût
total estimé du projet est supérieur aux montants qui seront déterminés par
lui. Et il s'octroie aussi la possibilité d'annuler toute décision d'une
commission scolaire jusqu'au 1er mai 2020. Cette centralisation à outrance
aura des impacts néfastes sur notre réseau public d'éducation. Elle éloignera
de la prise de décision les besoins des élèves et de la communauté.
Mais le plus préoccupant avec ce projet de
loi, Mme la Présidente, c'est, bien sûr, le recul démocratique important qu'il
fait subir à la société québécoise. Dans les faits, disons-le, le ministre de
l'Éducation souhaite se débarrasser d'un palier démocratique qu'il juge
dérangeant, un caillou dans son soulier, nous a-t-il dit. Que reproche-t-il au
modèle actuel? Pourtant, le taux de diplomation et de qualification a progressé
de 9 % au cours des huit dernières années, et les élèves du Québec
performent très bien dans les tests internationaux. Grâce au travail de tous
les acteurs, y compris des élus scolaires, notre réseau fait des progrès, au
bénéfice de toute la société et de son développement socioéconomique et
culturel.
L'ensemble de la littérature existante
affirme l'importance du maintien de la démocratie représentative dans la
gestion de notre réseau. Le ministre ne s'appuie d'ailleurs sur aucune analyse
claire faite sur la démocratie ou les modes de gouvernance afin de proposer son
nouveau modèle.
Mme Roberge (Hélène) :
L'éducation est un bien public. Elle appartient à l'ensemble de la population.
Le projet de loi remplace les élus scolaires au suffrage universel par un
conseil d'administration composé de parents membres de conseils
d'établissement, d'employés et d'une minorité de membres de la communauté avec
un profil de compétences prédéterminé. Prédéterminé par qui? Par le ministre. Ces
nouveaux administrateurs seront donc choisis par quelques personnes. Ce
faisant, le ministre dépouille la collectivité de son influence sur le système
public d'éducation et enlève toute légitimité aux futurs centres de services
scolaires, qui n'auront aucune imputabilité face aux payeurs de taxes
scolaires. Mentionnons également la perte de liens entre les administrateurs et
la communauté. Envers qui seront redevables ces nouveaux administrateurs?
Nous perdons aussi la vision de l'ensemble
du territoire. La représentativité de chaque quartier, de chaque milieu est, à
nos yeux, essentielle. La voix des écoles de village, par exemple, pourrait ne
pas être entendue, et cela représente un net recul pour l'équité entre les
écoles du Québec. Nous avons de nombreux exemples de petites écoles devant être
fermées, si on regarde seulement du niveau administratif, mais pour lesquelles
les élus scolaires ont pris la décision de les garder ouvertes pour maintenir
la vitalité du village. C'est cette même légitimité qui a permis aux
commissaires élus de prendre la décision de choisir l'intégration des élèves en
difficulté dans les classes régulières dans certains milieux, notamment.
Le modèle actuel peut-il s'améliorer?
Assurément. Nous ne proposons pas le statu quo. Notre démocratie mérite qu'on
s'y attarde pour l'améliorer, non pas pour la jeter aux poubelles. Le ministre
propose de remplacer le faible taux de participation aux élections scolaires
par un taux beaucoup plus faible, celui des assemblées générales des
établissements, défiant ainsi toutes les règles de bonne gouvernance.
M. Fortier (Alain) :
Nous dénonçons également l'aspect indéniablement discriminatoire envers les
francophones du <Québec...
Mme Roberge (Hélène) :
...
de remplacer le faible taux de participation aux élections scolaires
par un taux beaucoup plus faible, celui des assemblées générales des
établissements, défiant ainsi toutes les règles de bonne gouvernance.
M. Fortier
(Alain) :
Nous dénonçons également l'aspect
indéniablement discriminatoire envers les francophones du >Québec. Alors
que le projet de loi permet aux anglophones d'élire la majorité des membres de
leurs futurs centres de services scolaires, ce droit est retiré aux
francophones. Il retire du même coup le droit des citoyens francophones
désirant s'impliquer en éducation de se présenter aux élections scolaires, <alors...
>qu'ils aient ou non des enfants à l'école. Ce choix du ministre a pour
effet de discriminer les francophones, tant en vertu de la charte québécoise
que de la charte canadienne, et donc d'affaiblir les bases juridiques du
nouveau modèle proposé.
En résumé, Mme la Présidente, ce projet de
loi ne répond à aucun enjeu réel en éducation, mais crée plutôt un brassage
inutile de structures. Il centralise de nombreux pouvoirs dans les mains du
ministre sans octroyer de nouveaux pouvoirs aux écoles. Il installe un climat
de méfiance parmi les acteurs du réseau public d'éducation et les dévalorise.
Il retire l'école de sa communauté et discrimine les francophones. Nous
demandons donc aux parlementaires de surseoir à son adoption.
Nous invitons le gouvernement à voir plus
loin que des préjugés, une idéologie, une promesse électorale. Les partenaires
du réseau de l'éducation ont besoin d'être unis autour d'un même objectif, un
même objectif : la réussite et la persévérance scolaires.
Nous recommandons, donc, de tenir une
vaste consultation auprès de l'ensemble des partenaires sur les principaux
enjeux en matière d'école, d'éducation et de gouvernance. Ceux et celles qui
travaillent fort tous les jours dans le milieu de l'éducation ont appelé, à de
multiples reprises, à un exercice de réflexion pour se doter d'une vision de
notre système public d'éducation.
Mme la Présidente, pour une des rares fois
au Québec, nous avons l'opportunité de défendre une valeur fondatrice de notre
société : la démocratie, <alors... >et il n'y a pas de petite
démocratie. Alors que l'éducation à la citoyenneté représente un des fondements
de notre Programme de formation de l'école québécoise, qu'est-ce qu'on propose
plutôt? C'est un projet qui va à l'encontre de ce fondement-là. Et nous
souhaitons sincèrement qu'il y aura énormément d'écoute et que nous pourrons,
ensemble travailler, tous les acteurs du réseau, à la réussite et à la
persévérance de nos jeunes et moins jeunes dans le milieu public d'éducation.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Fortier. Donc, sans plus tarder, nous allons débuter la période
d'échange. M. le ministre, vous avez 16 minutes pour l'échange du côté du
gouvernement. Allez-y.
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Un petit salut spécial à Mme Roberge, qui est la
présidente de la commission scolaire des Patriotes, qui touche mon comté. Aucun
lien de parenté, mais on a quand même travaillé des dossiers ensemble dans la
région de Chambly, Saint-Basile-le-Grand, etc.
Donc, je veux revenir sur certains
éléments que vous nous avez exposés et vous poser quelques questions. Disons,
dans la dernière année, est-ce que vous pouvez nous nommer des gestes que le gouvernement
a posés pour faire du dépistage précoce? Est-ce que vous avez vu le gouvernement
poser des gestes pour agir tôt?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien, en fait, ce que vous essayez de faire, là, c'est d'installer les maternelles
quatre ans dans le réseau scolaire. Donc, en voulant un, si vous jugez que ça
est une mesure pour agir tôt... Ce qu'on a essayé de vous dire tout au long de
ce projet de loi là, c'est qu'agir tôt ça commence à zéro, et qu'on essaie
d'avoir un parcours scolaire qui va tout au long du parcours scolaire, en fait,
là, en continuité, en travaillant en collaboration avec les CPE, avec les
réseaux scolaires, etc.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien, exactement,
il y a eu les maternelles quatre ans qu'on commence, là. Il y a eu... on
travaille avec le ministère de la Famille pour améliorer les collaborations
familles‑centres éducatifs à la petite enfance. Il y a le programme Agir tôt en
santé.
Ce que je voulais illustrer avec vous, c'est
que ce n'est pas parce qu'on améliore la gouvernance scolaire qu'on s'empêche
de faire de la prévention au décrochage en agissant tôt, en faisant du
dépistage, ou qu'on s'empêche de valoriser la formation professionnelle, ou
qu'on s'empêche de lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre qui touche le
réseau de l'éducation, hein?
• (14 h 30) •
On a créé des parcours de formation, des
passerelles, des bourses d'études. Ensuite, on a rendu publiques de nouvelles
façons d'obtenir des brevets, des tolérances d'enseignement. On a ajouté des
ressources pour les élèves EHDAA. Parce que je partage ce constat-là, aussi :
les enfants qui ont des besoins particuliers doivent avoir davantage d'aide,
là. Il y a des centaines de professionnels de plus cette année que l'an
dernier. On a rajouté des classes <spécialisées, les commissions
scolaires...
>
14 h 30 (version révisée)
<15361
M. Roberge :
...publiques de nouvelles façons d'obtenir des brevets, des tolérances
d'enseignement. On a ajouté des ressources pour les élèves HDAAV. Parce que je
partage ce constat-là, aussi, des enfants qui ont des besoins particuliers
doivent avoir davantage d'aide, là. Il y a des centaines de professionnels de
plus cette année que l'an dernier. On a rajouté des classes >spécialisées.
Les commissions scolaires, je pense, en ont ouvert. Ils étaient bien contents. En
tout cas, quand je <me suis... quand je >circule dans les écoles,
bien des gens sont bien contents de voir plusieurs des gestes qui ont été
posés.
Il faut juste
prendre garde d'éviter le raccourci suivant. Tantôt, quelqu'un a dit : Pour
faire court. Mais, des fois, pour faire court, on fait des raccourcis. Et c'est
un problème. Parce qu'on peut être en désaccord avec des éléments d'un projet
de loi, tout en reconnaissant que le gouvernement a posé des gestes pour la
formation de la main-d'oeuvre, le dépistage précoce, les interventions auprès
des enfants handicapés.
Je ne pense pas
que ça soit honnête de dire qu'on ne peut pas améliorer la gouvernance parce
qu'on doit rénover des écoles. On a annoncé 2,3 milliards, et je pense que,
dans toutes les commissions scolaires, ça a été bien reçu. Et, en annonçant 2,3 milliards
pour rénover nos écoles, ça ne nous empêchait pas d'améliorer la gouvernance ou
ça ne nous obligeait pas non plus à améliorer la gouvernance. Mais ce n'est pas
parce qu'on prend deux, trois, quatre décisions que les unes s'opposent aux
autres. Mais c'est un raccourci qu'on a entendu souvent, je voulais revenir
là-dessus.
Vous nous avez
dit, tout à l'heure, lors de la présentation, que la Fédération des commissions
scolaires était d'accord pour améliorer le système. Pourtant, moi, je vois la
présidente de la commission scolaire des Laurentides, Mme Johanne Hogue,
qui dit, et je la cite : «La fédération n'a pas démontré d'ouverture à
présenter un point de vue différent.» Mme Hogue, la présidente, une
commissaire de la commission scolaire des Laurentides, nous dit : «Nous
sommes d'avis qu'une nouvelle gouvernance éducative non politique impliquant
davantage des acteurs oeuvrant directement auprès des élèves pourrait se
révéler très bénéfique.» Comment se fait-il qu'elle n'ait pas eu davantage
d'écoute au sein de la Fédération des commissions scolaires, au point qu'elle
se sente obligée de quitter la fédération pour exprimer son désir d'améliorer
le système?
M. Fortier
(Alain) : ...vous avez un long préambule. Je vais
essayer d'être un peu court. Si on veut parler de Mme Hogue, qui ne s'est
pas présentée au conseil général au moment où on essayait d'établir une
position commune et donc qui a préféré rester de côté... Et, lorsqu'elle a vu
qu'elle n'a pas été invitée, elle nous a rappelés en disant : J'aimerais
bien être invitée. Et nous, ce que nous lui avons dit, c'est : En autant
que vous adhérez à la position des 59 commissions scolaires qui sont chez
nous.
Or,
ce que vous nous dites, M. le ministre, c'est que, s'il y a un groupe qui dit
que c'est une bonne idée, bien, il faudrait peut-être faire attention, il y
aura peut-être un groupe qui viendra ici pour dire que c'est une mauvaise idée.
Et là est-ce que, des fois, un groupe, ça fait en sorte que c'est une mauvaise
idée, mais, des fois, un groupe, ça fait en sorte que c'est une bonne idée? Là,
il faut juste garder nos lignes.
Sur
l'idée de la gouvernance, maintenant, où vous dites que vous n'avez rien fait, moi,
je pensais qu'on avait un projet de loi qui, à quelque part, cherchait à
améliorer la réussite et la persévérance scolaires. On ne revoit pas la
gouvernance pour revoir la gouvernance. La gouvernance que vous proposez là ne
s'appuie sur aucune étude qui dit qu'un tel modèle de gouvernance est un modèle
efficace de gouvernance. Nous avons des recherches qui disent complètement
l'inverse.
Donc,
dans ce sens-là, si on est en train de faire un brassage de structures, ce
qu'on appelle stérile et inutile, bien là, vous avez raison d'aller de l'avant,
mais, si vous croyez que vous avez, avec votre projet de loi, aidé la réussite,
la persévérance des élèves, bien, travaillons ensemble puis travaillons à cet
enjeu-là qui nous rejoint tous ici, là.
La
Présidente (Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Bien là, je trouve que ça va dans la direction de nos rencontres qu'on a déjà
eues précédemment. On s'est quand même déjà parlé, à quelques reprises, de
plusieurs sujets, évidemment, notamment de la gouvernance. Mais un des
objectifs du projet de loi — il y en a
plusieurs, là — c'est de dépolitiser un peu la
prise de décisions à l'échelle régionale. Des fois, c'est quelque chose qui
nous a desservis, qui a servi, des fois, en des batailles juridiques.
Est-ce
que vous pourriez... est-ce que vous avez cette information-là ou alors nous la
fournir, dire... Vos membres, là, les commissions scolaires, dans les cinq
dernières années, est-ce qu'on sait combien ils ont engagé en frais juridiques,
outre la poursuite pour les frais chargés aux parents là? Celle-là, là, je vais
le mettre sur le compte des précédents gouvernements qui ont laissé pourrir la
situation. Mais, à part ça, est-ce que vous avez cette information-là ou est-ce
que vous pouvez la trouver? Combien d'argent a été dépensé par les commissions
scolaires en frais juridiques? Je sais qu'à English-Montréal, là, ça n'a pas
été long qu'on frôle les 400 000 $. Mais, de votre côté, est-ce que
vous le savez pour vos membres ?
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Fortier.
M. Fortier
(Alain) : Peut-être de voir le lien entre les
frais qu'on engage pour des raisons juridiques… Parce que nous sommes des
organisations qui gérons à peu près 11 milliards de dollars, là. Si on
éliminait tous les frais juridiques qu'on a dans les commissions scolaires, on
serait dans le pétrin, là.
Mais
il y a une chose qu'on a faite, par exemple, c'est de la politique locale.
C'est comme si vous disiez que faire de la politique, ce n'est pas bon, au
Québec. Faire de la politique locale, ça a fait que, chez Éric Antoine, de la
commission <scolaire...
M. Fortier
(Alain) :
...
des raisons
juridiques. Parce que nous sommes des organisations qui gérons à peu près 11 milliards
de dollars, là. Si on éliminait tous les frais juridiques qu'on a dans les
commissions scolaires, on serait dans le pétrin, là.
Mais il y a une chose
qu'on a faite, par exemple, c'est de la politique locale. C'est comme si vous
disiez que faire de la politique, ce n'est pas bon, au Québec. Faire de la
politique locale, ça a fait que, chez Éric Antoine, de la commission >scolaire
au Coeur-des-Vallées, là, c'est lui qui a levé le drapeau en disant qu'en ce
moment, là, il y a des gens qui magasinent leurs taxes scolaires. C'est grâce à
la politique scolaire d'Éric Antoine qu'aujourd'hui vous avez pu faire, nous,
ce que nous, on croyait être essentiel, un taux régional de taxation et qui est
devenu, là, par dérive de propos, là, à une taxe uniformisée de taxation. C'est
ça, faire de la politique locale.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je vais
laisser mon collègue de Richelieu prendre la relève.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Richelieu, la parole est à vous. Il reste encore 8 min 25 s
M. Émond : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M Fortier, Mme Lortie, Mme Roberge. Heureux
de vous retrouver sur cette tribune, Mme Roberge. M. Antoine et M. Gilbert,
merci beaucoup, bienvenue parmi nous.
Je suis heureux, comme mes collègues, de
participer aux consultations particulières de cet important projet de loi,
parce que, bien entendu, Mme la Présidente, on va collaborer, on va écouter, on
va partager avec nos collègues d'en face, aussi, comme on le fait depuis le
début de cette législature-ci. On l'a fait dans d'autres projets de loi, entre
autres, la collègue l'a évoqué tantôt, le projet de loi n° 5,
sur lequel moi, j'ai senti un ministre qui a fait preuve de beaucoup d'écoute
et d'ouverture, ce qui nous a permis de bonifier le projet de loi après avoir
écouté et entendu beaucoup nos collègues.
Mais tout ça pour vous dire que, pour
avoir moi-même œuvré... puis je suis content de participer à cet important
projet de loi là comme adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation, mais,
pour avoir œuvré dans le milieu de l'éducation durant quelques années, puis là
ça ne me rajeunit pas en disant ça, j'ai vécu, de l'intérieur, la fusion des
commissions scolaires de Sorel et de Tracy, en 1998, si je ne m'abuse, voilà,
et qui a été bien faite, mais qui a mené à toutes sortes de petits problèmes
également. Mais là n'est pas la nature de mon propos. Je voudrais plutôt parler
de gouvernance, Mme la Présidente.
Et je ne vais pas me diriger vers les
élections scolaires ou les taux de participation faméliques, là, mais plutôt de
vous parler de… J'aurais envie de dire : Vous savez, les centres de la
petite enfance, les CPE, on en parle beaucoup, et à raison, les cégeps, les
universités, les CIUSSS, plusieurs organisations au Québec, et ce, partout en
région, sont gérées par des conseils d'administration. Et puis j'ai
l'impression, en lisant votre mémoire ou vous entendant... J'aimerais que vous
puissiez m'expliquer pour quelle raison les commissions scolaires ne
pourraient-elles pas être gouvernées, elles aussi, par des C.A. représentés par
des gens du milieu en éducation et dont l'expertise est également reconnue.
M. Fortier (Alain) :
Je dirais bien simplement que, si on pense que l'école
publique doit être un bien commun et intéresser toute la population, ce n'est
certainement pas en disant à une partie de la population : Mêlez-vous de
vos affaires si vous n'avez pas d'enfant. D'accord?
L'autre chose que je vous
dirais, c'est que le pendant d'un cégep, qui est une bâtisse, c'est
probablement une école secondaire ou une école primaire qui a aussi une bâtisse
et pour laquelle, dans ce projet de loi là, on réunit des parents, des
employés, un directeur puis un membre de la communauté comme dans les cégeps.
Une commission scolaire, ce
n'est pas ça. Une commission scolaire, c'est un regroupement d'écoles sur un
territoire pour s'assurer que toutes les personnes qui vivent sur le territoire
soient représentées et avoir son mot à dire.
Moi, je disais, aujourd'hui,
à Mario Dumont que, dans la commission scolaire Kamouraska—Rivière-du-Loup, il y a Rivière-du-Loup puis 32 municipalités et
puis que, dans le projet de loi, ça se peut qu'il y ait huit personnes... en
fait, 16 personnes qui viennent de Rivière-du-Loup puis zéro d'aucune de
toutes les communautés qui l'entourent. Et la gouvernance actuelle, qui peut
être améliorée par toutes sortes de moyens, va garantir la représentativité des
citoyens.
Et je terminerais en vous
disant que l'UNESCO, par ses grandes conventions internationales, dit que le
rôle des gouvernements, c'est de mobiliser la communauté autour de l'école.
Alors, moi, je m'excuse, là, mais un conseil d'administration, ce n'est pas la
même chose qu'une gouvernance de proximité.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député de Richelieu.
M. Émond : Oui.
Je vais juste compléter puis rapidement, Mme la Présidente, si vous permettez,
parce j'entends des choses intéressantes, M. Forcier, et puis... Fortier,
pardon. Et c'est vrai qu'il doit y avoir une composition, dans des conseils
d'administration, de gens qui s'impliquent en éducation.
Puis là j'ai le goût de vous
citer et en ouvrant les guillemets : «À l'heure actuelle, la réalité,
c'est que les parents ne s'impliquent pas beaucoup à l'intérieur de la
structure scolaire.» Et je referme les guillemets. Là, moi, puis vous pourrez
me corriger si je me trompe, je vois ça un peu comme une remise en question de
la capacité des parents à siéger sur un conseil d'administration comme un
manque de temps.
• (14 h 40) •
Tu sais, moi et ma conjointe,
avec trois enfants, j'ai siégé sur de nombreux conseils d'administration tout
en étant papa. Puis qu'est-ce que vous pourriez dire aux parents qui siègent,
actuellement, qui sont sur des conseils <d'établissements...
M. Émond : ...
une remise en question de la capacité des parents à siéger sur un
conseil d'administration comme un manque de temps.
Tu sais, moi et ma
conjointe, avec trois enfants, j'ai siégé sur de nombreux conseils
d'administration tout en étant papa. Puis qu'est-ce que vous pourriez dire aux
parents qui, siègent, actuellement, qui sont sur des conseils >d'établissement,
qui sont au comité de parents de leur commission scolaire, au conseil des
commissaires comme commissaire-parent, par exemple?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :...de dévaloriser la capacité des individus à s'impliquer. Ce
que les parents nous disent... Moi, j'arrive de l'Abitibi, par exemple, là, où
les gens me disaient : Alain, il y a trois conseils d'établissement, puis
ils n'ont même pas assez de parents pour compléter leur conseil
d'établissement. Ça, c'est chez Gaétan Gilbert, ici. Il y a des parents qui ont
demandé de ne plus siéger à certains comités parce qu'ils n'étaient pas
capables de joindre les... d'être au conseil des commissaires.
Donc, ce qu'on vous dit, là, c'est que, si
on remplace une représentativité qu'on dit de 5 % — et nous le
reconnaissons, travaillons à l'améliorer — par une représentativité beaucoup
moins grande, en termes de proportion de gens qui s'impliquent, c'est là que le
bât blesse dans cette affaire-là.
Dernier élément, c'est que, vous savez, si
les parents veulent vraiment s'impliquer dans la gouvernance scolaire, là, il y
a une manière qui fait en sorte qu'ils pourraient avoir les 15 sièges
autour d'un conseil des commissaires : ils ont juste à mettre leurs faces
sur le poteau.
La Présidente (Mme Thériault) :
Ça va? Mme la députée de...
Mme IsaBelle : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Pardon?
Mme IsaBelle : Huntingdon.
La Présidente (Mme Thériault) :
Huntingdon, oui absolument. Excusez-moi, je connais votre nom.
Mme IsaBelle : Bonjour,
M. Fortier. Bonjour. Écoutez, moi, je suis plus intéressée par la
formation parce que, dans le projet de loi, les membres du C.A. et du conseil
d'établissement vont recevoir des formations. Alors, j'ai comme deux petites
questions. Est-ce que vous savez, vous, en tant que fédération, s'il y avait
des commissions scolaires qui offraient des formations aux commissaires? Et, si
oui ou non, bon, bien, me le dire. Et puis comment vous voyez, dans notre
projet de loi, cette obligation-là de formation? Trouvez-vous que c'est bon,
comme projet?
M. Fortier (Alain) :
En fait, vous parlez à un gars, tu sais, qui a quand même un doctorat en
éducation, donc qui croit beaucoup, beaucoup, beaucoup à la formation initiale
et continue. Toutes les commissions scolaires, en tout cas, ont toujours eu
l'avantage de s'assurer que leurs élus scolaires soient formés le mieux
possible. Donc à votre question : Croyez-vous à la formation?, bien sûr.
Je pense que vous êtes...
Mme IsaBelle : Et il se
fait de la formation.
M. Fortier (Alain) :
Et il se fait de la formation. La fédération offre énormément de formation aux
élus scolaires. Les commissions scolaires elles-mêmes font de la formation. La
question n'est pas là. La question est de savoir où est-ce que chaque groupe
est rendu. Et il faut quand même se poser la question : En quoi une
formation uniformisée va tenir compte de l'expertise de chacun ou de la
nouveauté des autres? Et pourquoi ne pas se fier sur le pouvoir local, les gens
dans l'action, comme les enseignants vous le disent, d'ailleurs, d'être capable
de dire : Nous, la formation dont on a besoin, en ce moment, c'est
celle-ci, et de les laisser se donner un temps de formation? Qu'on oblige la
formation, il n'y a pas de problème, on est en faveur de la formation. Qu'elle
vienne de Québec, c'est là, la question. C'est là, le problème...
Mme IsaBelle : Mais
pourquoi vous dites qu'elle serait... Je peux y aller?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, excusez.
Mme IsaBelle : Pourquoi
vous dites qu'elle serait uniformisée? Il va y avoir une base offerte par le
ministère, mais, par la suite, la commission... enfin, le centre de service
pourra...
Des voix
: ...
Mme IsaBelle : ... — excusez,
hein? — pourra, par la suite, l'adapter à son milieu. Pourquoi vous
dites qu'elle serait uniformisée?
M. Fortier (Alain) :
Bien, simplement, quand on lit un projet de loi, là, formation qui sera «élaborée
par le ministre»… Moi, si vous me dites : Il y aura de la formation et
chacun des gouvernements locaux pourra se donner son projet de formation et de
développement professionnel, on achète, là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il reste à peine 12 secondes... 15 secondes. Question rapide? Non? O.K.
Là, je vais juste vous rappeler les règles, s'il vous plaît, parce qu'on a des
gens qui vont écrire vos propos et savoir qui a prononcé quelles paroles,
évidemment. Donc, je vous demande d'attendre que je vous reconnaisse. Et, quand
il y a un échange, j'essaie de ne pas intervenir, sauf qu'il faut attendre au
moins que je vous reconnaisse. Donc, regardez-moi, je vous redonnerai la parole
une autre fois. Donc, sans plus tarder, je vais aller du côté de l'opposition
officielle, avec Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je vous
regardais. Bonjour. Premièrement, merci d'être présent. Ma première question,
d'emblée : Est-ce que vous avez trouvé, finalement, dans le projet de loi,
qui est assez costaud, comment on fait pour améliorer le sort des élèves, la
réussite éducative? J'ai cherché.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Comme vous l'avez vu, là, entendu dans ma...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
M. Fortier (Alain) :
Oui? On va se demander si on... Comme vous l'avez entendu dans ma présentation,
nous, on a beau le lire et le relire, là... D'ailleurs, la réponse de M. le
ministre, c'est : On a fait plein de choses à l'extérieur. Mais, dans ce
projet de loi là, là, en tout cas, il ne semble pas y avoir grand-chose.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Vous avez
sûrement lu, comme nous tous au Québec, que nos jeunes enfants souffrent de
plus en plus tôt de détresse psychologique. En quoi le projet de loi n° 40 fait en sorte qu'on peut <aider...
M. Fortier
(Alain) :
... la réponse de
M. le ministre, c'est :
On a fait plein de choses à l'extérieur. Mais, dans ce projet de loi là, là, en
tout cas, il ne semble pas y avoir grand-chose.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Vous avez
sûrement lu, comme nous tous au Québec, que nos jeunes enfants souffrent de
plus en plus tôt de détresse psychologique. En quoi le projet de loi
n°
40 fait en sorte qu'on peut >aider,
outiller non seulement les élèves, les enseignants, mais tous ceux qui sont
dans le réseau de l'éducation?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien, j'allais dire : Je pense que votre question est synonyme de la
première, là.
Mme Rizqy : Donc, en
rien?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Vous avez
aussi remarqué qu'il y a d'autres priorités. J'entends souvent des parents nous
parler de l'obsession des enfants pour leur écran tactile, que ça devient
vraiment un gros problème. Est-ce que ça, en priorité... Est-ce que jouer dans
les structures ou s'attaquer à ce fléau... pour vous, laquelle serait la plus
grande priorité des Québécois que vous entendez d'Abitibi à Rimouski?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :...indépendant, là, d'une firme — je ne sais pas si
je peux la nommer, bref, je ne connais pas la règle ici, mais bref — et
sur l'amélioration de la gouvernance, là, sur les 12 qui avaient été mises de
l'avant, venait, juste un petit peu avant : s'occuper des élèves doués,
mais était, je pense, si je me souviens bien, 11e sur les 12 ou 10e sur les 12
priorités, la première étant, bien sûr, de s'occuper des élèves, des besoins,
des... là, je n'ai pas l'ordre par cœur, mais tout ce qu'en fait tous les
journaux relatent et rappellent, à quel point le réseau public de l'éducation a
de très, très grands défis, là. Jamais, en tout cas, ce défi de gouvernance,
là, n'était une priorité pour à la fois les Québécois, mais aussi, là, le
réseau public de l'éducation.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci.
J'aimerais demander à Mme Roberge quelle est sa relation avec le ministre
de l'Éducation à titre d'élue? À titre d'élue, là, vous, quand il y a une
problématique, est-ce que c'est vous qui êtes imputable puis qui appelez au
bureau du député? Puis, par la suite, lorsqu'il n'y aura plus de commission
scolaire, bien, qui, qui va prendre le téléphone pour appeler le député?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Roberge.
Mme Roberge (Hélène) :
Merci. Effectivement, nous avons eu quelques rencontres pour des dossiers qui
concernent la commission scolaire des Patriotes, notamment quand c'est des
demandes d'ajout d'espace, par exemple. On a également rencontré le ministre
pour lui parler de notre modèle, à la commission scolaire, de fonctionnement
très décentralisé et de quelle façon notre gouvernance était une bonne
gouvernance. Et, lors de cette rencontre-là, c'était quelques jours après que M.
le ministre avait mentionné, dans une entrevue, quelque chose par rapport à la
mauvaise gouvernance des commissions scolaires, que c'était préférable de le
changer, de le modifier. Et je lui avais dit que j'avais trouvé — il
s'en rappellera sans doute — blessants ses propos. Parce que nous
avons une bonne gouvernance, comme la grande majorité des commissions
scolaires, ce qu'il avait reconnu, en disant : Parfois, les mots dépassent
notre pensée.
Oui, il y a des exemples où on voit dans
les médias qu'il y a des gouvernances de certaines commissions scolaires qui
seraient remises en question. Je n'ai pas la teneur des rapports, etc. Mais, si
on va dans ce sens-là, on pourrait faire la même chose pour le milieu
municipal. Il y a eu la commission Charbonneau, il y a eu des commissions...
des municipalités avec des difficultés, il y a des municipalités en tutelle,
notamment, même sur le territoire de la circonscription de M. Roberge,
avec Chambly, et il n'y a personne qui pense que ça serait une bonne idée de
remettre en question la démocratie municipale, de remettre en question les élus
municipaux. Pourquoi on fait ce parallèle-là en éducation? À mon sens, il n'y a
aucune raison de faire ça. La politique, c'est bon aussi pour l'éducation,
c'est notre bien public, comme je disais tout à l'heure, et ça appartient à
tout le monde.
Mme Rizqy : Parfait. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Le nombre de
rencontres du conseil d'administration avec les parents, est-ce que ça, c'est
réaliste?
La Présidente (Mme Thériault) :
Madame...
M. Fortier (Alain) :
Peut-être que je permettrais, si vous le permettez, Mme la Présidente, de
laisser la présidente de la commission scolaire de Laval répondre.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. Mme Lortie.
Mme Lortie (Louise) :
Oui. Juste pour vous dire, là, par rapport au comité exécutif, comité qu'on
abolit dans la loi, dans le projet de loi, chez nous, à Laval, l'année
dernière, on a eu 29 rencontres, c'est des rencontres où on donne des
contrats de 100 000 $ et plus. On a eu 29 rencontres. Ça, on ne
parle que de l'exécutif. Conseil des commissaires, 31 rencontres. Cette
année, là, depuis le début de l'année scolaire, on a eu sept rencontres de
comité exécutif pour donner, là, près de 30 millions de contrats. Il faut
les vérifier, ces contrats-là, on a un pouvoir là-dessus, mais aussi une
responsabilité — merci. Et on se dit que, s'il y a juste 10 rencontres,
comme le ministre le dit présentement, bien, il y aura sûrement moins de
décisions qui seront prises par le conseil d'administration. Moins de décisions
au conseil d'administration, ça veut dire plus de pouvoir au directeur général
ou dans l'organisation, ce qui fait en sorte que ce qui sera décidé au conseil
d'administration va être obligé d'être beaucoup moins de portée. Et, à ce
moment-là, bien, on se questionne. Il y a la centralisation, mais il y a aussi
le pouvoir donné à l'administration.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
• (14 h 50) •
Mme Rizqy : Donc, tantôt,
lorsque le député de Richelieu parlait du temps consacré avec sa femme pour
aller à certaines rencontres, on était loin de... Parce qu'en fait, dans la
réalité, c'est quand même une trentaine de rencontres au minimum, où est-ce
qu'il y a aussi des contrats à vérifier. Puis, quand même, vous, non seulement
votre tête... bien, votre face est sur le poteau, <mais...
Mme Rizqy :
Donc,
tantôt, lorsque le député de Richelieu parlait du temps consacré avec sa femme
pour aller à certaines rencontres, on était loin de... Parce qu'en fait, dans
la réalité, c'est quand même une trentaine de rencontres au minimum, où est-ce
qu'il y a aussi des contrats à vérifier. Puis, quand même, vous, non seulement
votre tête... bien, votre face est sur le poteau, >mais vous êtes aussi
la personne imputable, en fin de journée, non?
Mme Lortie (Louise) :
Bien, je suis imputable et je suis aussi…
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lortie.
Mme Lortie (Louise) :
Pardon, Mme la Présidente. Je suis imputable, mais je suis aussi la
représentante des citoyens. Je suis la représentante de chaque quartier de
Laval où il y a des commissaires qui représentent tous les quartiers
défavorisés, plus favorisés, allophones, plus francophones — quoiqu'à Laval il y en a de moins en moins. Mais
ce que je vous dirais, c'est que ce travail-là, qui est extrêmement important,
qui s'ajoute, évidemment, aux réunions... Mais, si on veut ramener les besoins
de nos quartiers, on a de besoin d'avoir quelqu'un qui fasse ça, et, dans le
projet de loi, cet article-là est enlevé sur... dans le fond, d'informer le
conseil d'administration des besoins, des attentes de la population, c'est rayé
de la carte.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Mme Lortie,
vous, ça fait combien d'années que vous êtes commissaire puis présidente ?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lortie.
Mme Lortie (Louise) :
Merci. Je suis commissaire depuis 2003, je suis présidente depuis 10 ans.
Mme Rizqy :
Belle continuité!
Une voix
:
...
Mme Lortie (Louise) :
11 ans.
Mme Rizqy :
Donc, ici, c'est une question de... une belle continuité. Et j'ai fait quand
même le tour de plusieurs commissions scolaires, puis on voit que, oui, il y a
du renouvellement, mais il y a une certaine continuité puis un passage de
savoir entre les différents commissaires qui vont se succéder. Mais, quand je
regarde la participation des parents dans les conseils d'établissement, je
note, dans différentes commissions scolaires, que le taux de participation est
non seulement très faible, mais que le renouvellement d'un mandat est autour de
50 %. Est-ce que là, ici, on a même un défi de continuité pour la prise de
décisions et de bonne gestion, de gouvernance ?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Lortie, allez-y.
Mme Lortie (Louise) :
Oui. Effectivement, il y a une problématique à ce niveau-là. Je vous dirais
qu'il y a les conseils d'établissement, le comité de parents, aussi, auquel on
donne un pouvoir par rapport aux frais chargés aux parents. 50 % des membres chez nous — je ne peux pas
parler pour les autres — sont nouveaux cette
année, donc connaissent à peine les pouvoirs du comité de parents, dans le
fond, les fonctions du comité de parents.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et j'ai Mme Roberge qui veut ajouter.
Mme Roberge (Hélène) :
...participation aux assemblées générales de parents, à la commission
scolaire des Patriotes, pour les assemblées générales de cette année, il y
avait environ 3,4 % des parents qui se sont présentés
dans les assemblées générales. Et, si on rapporte ça en termes d'électeurs,
c'est moins de 1 % des électeurs, à ce moment-là. Si
je regarde une école secondaire, à Chambly par exemple, où il y a 693 élèves,
il y avait 11 parents dans la salle.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée, il vous reste un petit peu plus que deux minutes.
Mme Rizqy :
Ah! Moi, j'ai trois minutes à mon cadran.
La Présidente (Mme Thériault) :
2 min 20 s
Mme Rizqy :
D'accord. Tantôt, Mme Lortie, vous avez parlé que vous, votre rôle, puis
c'est le rôle de tous les commissaires ici, c'est d'avoir un recul pour avoir
cette vue d'ensemble de tout votre réseau. J'ai fait différentes régions dans
ma tournée pour rencontrer différents commissaires — étant donné qu'on aura un temps très raccourci pour pouvoir bien vous
entendre — et ils me disaient que... des parents
qui vont être sur un conseil d'établissement, s'ils vont à la réunion, qui va
être autour du début du mois de septembre, pour être nommés au conseil
d'établissement. Par la suite, ceux-là vont aller au conseil d'administration...
Mais qui va s'assurer, là-dedans, de la représentativité de toutes les régions
et de tous les milieux ? Parce que, là, si je comprends bien, on pourrait
avoir tous les parents de la même école qui vont être sur le conseil
d'administration.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Oui. J'allais dire : C'est un peu l'exemple que
je vous donnais tout à l'heure, là, dans le sens... de Rivière-du-Loup et
Kamouraska—Rivière-du-Loup, où il y a 32 municipalités,
et Rivière-du-Loup où, tu sais, il y a une grosse école secondaire, trois ou
quatre écoles primaires. Donc, les parents pourraient… les parents, mais même
les employés, enfin bref, tout le monde pourrait venir de Rivière-du-Loup, dans
ce conseil-là, et les 32 municipalités n'auraient aucune représentation.
Probablement que M. Gilbert peut donner aussi l'exemple de la réalité de
l'Abitibi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Certainement. M. Gilbert.
M. Gilbert (Gaétan) : Merci. En fait, Mme la Présidente, je ne sais pas à qui parlait M. Roberge,
quand il disait que toutes les personnes qu'il a rencontrées étaient en faveur
d'enlever la démocratie scolaire, entre autres. Parce que chez nous, en
Abitibi, et là je ne parle pas juste de ma commission scolaire, je parle de
toute l'Abitibi, toutes les personnes que j'ai rencontrées, et j'en ai
rencontré plusieurs, à partir du moment où je leur ai expliqué ce qu'on
faisait, il n'y a pas personne qui m'a dit qu'on était inutile, il n'y a pas
personne qui a dit qu'on ne devrait plus avoir d'élection scolaire. Au
contraire, on a des résolutions de chambres de commerce, des municipalités, des
préfets, des maires, des parents qui disent qu'on devrait garder le modèle
actuel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, il vous reste 20 secondes.
Mme Rizqy :
...rapidement. Qu'est-ce que vous pensez, dans le projet de loi, comme quoi les
nouveaux centres de services vont devoir donner des services au privé?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier, en 15 secondes.
M. Fortier (Alain) :
Bien, je ne sais pas sous quelle forme ça peut prendre,
là. Mais est-ce que c'est une nouvelle manière de financer plus l'école privée?
Je ne le sais pas, là, mais ça reste à voir. Nous, on a été très, très étonnés.
Puis ça démontre, encore une fois, l'idée centralisatrice, c'est-à-dire que ça
veut dire que le ministre peut forcer le partenariat, sans vraiment savoir les
tenants et aboutissants, là, <de…
M. Fortier
(Alain) :
Bien,
je ne sais pas sous quelle forme ça peut prendre, là. Mais, est-ce que c'est
une nouvelle manière de financer plus l'école privée? Je ne le sais pas là,
mais ça reste à voir. Nous, on a été très, très étonnés. Puis ça démontre
encore une fois l'idée centralisatrice, c'est-à-dire que ça veut dire que le
ministre peut forcer le partenariat, sans vraiment savoir les tenants et
aboutissants, là, >de ça. Mais, en même temps, je vous dirais
qu'il y a au-dessus de 1 500 partenariats, dans l'ensemble des
commissions scolaires, qui sont faits sur la base d'une bonne entente et d'une
bonne collaboration.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange. Donc, Mme la députée de Sherbrooke, la
parole est à vous pour 2 min 40 s, en échange avec la
commission... la fédération, pardon.
Mme Labrie : Merci.
Merci. J'aimerais ça, vous entendre. Il a été nommé, tout à l'heure, qu'il
était question d'éliminer des acteurs politiques, hein, avec l'élimination de
commissions scolaires. Le ministre voit ça comme une bonne chose. Vous, d'après
vous, est-ce que c'est une bonne chose d'éliminer des acteurs politiques dans
les régions du Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :Bien, là, j'ai juste le goût de dire : Bien, si on
élimine... si c'est une bonne chose d'éliminer les acteurs politiques, bien, on
s'en va, tout le monde, chacun chez nous puis on écoute la game de hockey ce
soir, là. Je veux dire, on est tous des politiciens. Il y a des politiciens
dans toutes les municipalités du Québec. La loi des municipalités dit que, du
moment qu'il y a une municipalité, il y a au moins sept élus. Qu'il y ait 122 personnes,
ça prend sept élus. Donc, à quelque part, au Québec, on valorise la voie
politique. Et une société se structure autour de ses politiques, ça ne se structure
pas autour de celui qui crie le plus fort, hein? On peut avoir des
manifestations puis revendiquer un enjeu, mais il vient à un moment donné où il
faut s'arrêter puis établir les politiques pour structurer la société. Moi, je
pense qu'au contraire il n'y a pas assez de politique, au Québec, et de la
politique qui sert l'intérêt de tout le monde et non pas de la politique de
parti.
Mme Labrie : Qui pourra
jouer le rôle de défendre un enjeu politique, par exemple, pour une fermeture
d'école ou quoi que ce soit, un enjeu régional, par rapport à notre réseau d'éducation?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien, la question, elle est bonne, dépendamment si les gens qui sont autour du
conseil d'administration viendront d'écoles dans le pétrin. Mais moi, je
m'amuse, là, avec Kamouraska—Rivière-du-Loup, et les 32 villages, là, et
les petites écoles où il y aura 32 élèves. Vous savez que Ginette Côté, de
la commission scolaire de l'Estuaire, a décidé de maintenir une école de six
élèves ouverte parce qu'elle a écouté sa population? Pensez-vous que la
population de l'école de six élèves, là, aurait été au centre de
l'administration puis aurait dit : Oui, c'est vrai que ça coûte cher, mais,
à quelque part, il y a la vitalité du village? On n'a aucune idée de ça. Et
c'est ça qu'on essaie de dire ici. La force du système actuel, c'est la
représentativité citoyenne équitable de tous les territoires du Québec au sein
d'organismes locaux décisionnels pour l'avenir du Québec.
Mme Labrie : Je vais y
aller avec une dernière question. Le ministre présente sa réforme comme une
réduction de la bureaucratie. Est-ce que vous pensez que ça va être le cas ou
c'est simplement un prétexte pour essayer de vendre sa réforme?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 30 secondes, M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :
Bien, politique égale bureaucratie. C'est quand même assez étonnant, là. Mais,
en même temps, puis je pense que le ministre nous l'a dit tout à l'heure, là,
ça fait déjà six mois ou je ne sais pas... où toute l'équipe gouvernementale
travaille à l'élaboration de ça. Bien, déjà là, il y a une augmentation du
travail bureaucratique, là. Et, avec les pouvoirs qu'il se donne, bien, il va
falloir faire tous ces suivis-là. Avec la reddition de compte qu'il augmente,
passant de 25 000 $ à 10 000 $, puis, avec le projet de loi
n° 37, on va continuer à augmenter la bureaucratie. Moi, je m'excuse, là,
mais on n'est vraiment pas en train de diminuer la bureaucratie, au contraire<...
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci...
M. Fortier
(Alain) :
...>, on diminue la voix des citoyens,
la voix locale. C'est ça qu'on est en train de faire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Fortier. Donc, sans plus tarder, je vais aller du côté de la
députée de Joliette, pour 2 min 40 s, vous aussi, en temps
d'échange.
Mme
Hivon
:
Merci, Mme la Présidente. Donc, évidemment, j'ai plusieurs questions pour vous.
Mais je voulais juste faire un petit commentaire.
On a tous dit, dans nos remarques
introductives, qu'on espérait que le ministre ait de l'ouverture, une ouverture
au dialogue. Puis je dois vous dire que j'ai été assez mal à l'aise par la
teneur des échanges tout à l'heure. Je ne pense pas que le but, aujourd'hui,
c'est de prendre en défaut des gens que le ministre... dont le ministre
souhaite abolir les postes. Je pense qu'on devrait plutôt bénéficier de leur
expertise. On peut comprendre qu'il y a une certaine émotivité, un engagement,
une passion quand ils font leurs représentations. Mais moi, j'aimerais ça qu'on
puisse bénéficier de leur expertise, parce que c'est eux qui sont sur le
terrain depuis des dizaines d'années. Donc, voilà.
Ceci étant dit, je voulais voir, tantôt,
vous avez dit... Sur toute la question de la centralisation et de la
décentralisation, il y a beaucoup de discours, je dirais, divergents. Le
ministre nous dit que c'est un exercice extraordinaire de décentralisation. Ce
qu'on entend, notamment, dans les régions, c'est une très, très grande crainte
de centralisation : Abitibi, toutes les régions sont concernées, mais,
souvent, les régions éloignées encore plus. Donc, quand vous avez dit tantôt
que vous ne voyez aucun pouvoir qui était réellement transféré des commissaires
aux écoles, alors que le ministre nous dit qu'il va y avoir beaucoup plus
d'autonomie pour les écoles, est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu
pourquoi vous estimez que ce discours-là ne colle pas à la réalité du projet de
loi?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et vous avez 1 min 15 s pour le faire, M. Fortier.
• (15 heures) •
M. Fortier (Alain) :
Je vais essayer d'être court. D'abord, au point de vue projet de loi, on a de
la misère à voir où est-ce que les écoles ont plus de pouvoir… ont plus de
responsabilités, par exemple. Les écoles vont devoir faire la promotion de
l'école publique. Tout à coup, là, une des responsabilités <supplémentaires
du conseil...
>
15 h (version révisée)
<27
Mme
Hivon
:
...du projet de loi?
M. Fortier
(Alain) :
Bien, tout d'abord...
RLa Présidente (Mme Thériault) :
Et vous avez 1 min 15 s pour la faire, M. Fortier.
M. Fortier (Alain)T :
Je vais essayer d'être court. D'abord, au point de vue projet de loi, on a de
la misère à voir où est-ce que les écoles ont plus de pouvoirs. Elles ont plus
de responsabilités, par exemple, les écoles vont devoir faire la promotion de
l'école publique. Tout à coup, là, une des responsabilités >supplémentaires
du conseil d'établissement, ça va être de faire la promotion de l'école
publique, là, hein? Mais, à part de ça, en termes de pouvoirs, là, on n'en voit
pas.
Mme
Hivon
:
Quand le ministre dit, par exemple : Le projet pédagogique, tout ça, c'est
les écoles qui vont décider ça seules maintenant, est-ce que c'est vrai? Et,
deux, c'est quoi, les impacts de ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Fortier.
M. Fortier (Alain) :Bien, ça, c'est assez comique, parce que, bien sûr, ce sont les
conseils d'établissement en ce moment qui adoptent, là, le projet éducatif
comme les règles sur l'intimidation. Bref, hein, l'école elle-même adopte
beaucoup d'affaires. Ce qu'on voit dans le projet de loi qui change, là, c'est
le approuve-adopte, c'est-à-dire qu'en ce moment l'administration, la direction
d'école, l'équipe-école présentent quelque chose au conseil d'établissement,
puis ils disent oui ou non. Bien, maintenant, ils vont pouvoir discuter sur
place et dire oui. C'est la seule différence qu'on a vue.
Mme
Hivon
:
O.K.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il reste cinq secondes, rapidement.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je suis désolée. Je suis la gardienne du temps, vous l'aurez compris. <Donc,
nous allons... >Je vous remercie, les gens qui vous accompagnaient, M. Fortier.
Nous allons suspendre quelques instants
pour permettre le changement de groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 1)
(Reprise à 15 h 5)
1355 La
Présidente (Mme Thériault) : Donc, nous allons reprendre nos
travaux et nous accueillons, cette fois, l'Association des commissions
scolaires anglophones du Québec. Donc, je vais vous inviter à vous présenter, et,
par la suite, vous aurez un 10 minutes pour votre exposé. Merci.
Association des
commissions scolaires anglophones du Québec (ACSAQ)
M. Lamoureux (Dan) : Mme
la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, nous vous remercions de
nous entendre sur le projet de loi n° 40.
I am Dan Lamoureux,
president of Québec English School <Boards...
La Présidente (Mme Thériault) :
...vous présenter, et par la suite vous aurez un 10 minutes pour votre
exposé. Merci.
M. Lamoureux (Dan) :
Mme
la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, nous vous remercions de
nous entendre sur le projet de loi n° 40.
I am Dan
Lamoureux, president of Québec English School >Boards
Association and chairman of the Riverside School Board. I am accompanied this
afternoon by QESBA vice-president, Noel Burke, Central Québec School Board
chairperson, Stephen Burke — and no relationship — our
executive director, Russell Copeman, and Kim Hamilton, director of
communication and special projects.
The Québec English School
Boards Association has always been guided by the imperative that all
legislation concerning education in Québec must first and foremost contribute
to student success and, secondly, be effective and efficient in setting out the
framework by which our education system ensures that it succeeds. QESBA
analysis of Bill 40 considers the additional imperative for the English
language minority in Québec that the positive obligations imposed on the Government
of Québec by section 23 of the Canadian Charter of Rights and Freedoms, as
interpreted by various judgments of the Supreme Court of Canada, be respected.
M. Burke (Noel) :
Bill 40 represents the most significant school governance change since the
creation of linguistic school boards 20 years ago. It will necessarily impose
disruptive structural changes on the Québec public school system that is
currently the envy of many OECD countries. This legislation needs to be very
deliberately studied, and its impacts carefully evaluated from the perspective
of student success.
The conclusions listed in
this brief are based on a detailed analysis of the bill, viewed through the all-important
lens of student success, and on our community's right to control and manage our
educational institutions. The burden is on the Government of Québec to
demonstrate through evidence-based public policy analysis how Bill 40 will
contribute to student success or increase it. In our estimation, it has not
adequately done so, and there in fact exists research contrary to this theory.
Tout en reconnaissant que
le gouvernement du Québec a fait un effort pour répondre à la situation
particulière de la communauté anglophone du Québec, le projet de loi
n° 40, dans sa forme actuelle, limite des droits constitutionnels de notre
communauté de gérer et de contrôler notre système scolaire.
M. Copeman (Russell) : Le
projet de loi n° 40 confère également au ministre de l'Éducation le
pouvoir d'intervenir et d'exercer un degré de contrôle important sur les
centres de services scolaires. Nous estimons que les modifications prévues au
projet de loi portent atteinte à l'indépendance et à l'autonomie des futurs centres
de services.
Le projet de loi crée, pour les centres de
services anglophones, une structure de gouvernance et un processus électoral
complexes, déroutants, compliqués et difficiles à mettre en oeuvre.
Compte tenu de la portée des changements
que le projet de loi n° 40 entraîne dans le système d'éducation public au
Québec, il est très inquiétant que le nouveau modèle structurel et
organisationnel proposé dans le projet de loi n'a pas été précédé par des
consultations et des discussions publiques exhaustives à l'échelle du Québec. De
notre avis, un dialogue constructif entre le gouvernement et toutes les parties
intéressées de la société civile, tel qu'un processus d'états généraux ou un
processus de livre vert, aurait eu une meilleure chance de produire le
consensus public très large, consensus nécessaire pour modifier des
institutions vouées à l'éducation de la ressource la plus précieuse dont notre
société dispose : la jeunesse du Québec.
Notre association déplore que le
gouvernement propose de supprimer un niveau de démocratie locale en éliminant
les élections au suffrage universel pour les commissions scolaires francophones
du Québec. Les élections au suffrage universel représentent le processus
démocratique le plus légitime qui soit. Elles assurent l'apport des citoyens et
l'obligation de rendre des comptes en ce qui concerne la gestion des deniers
publics. Elles garantissent l'inclusion, l'identité et la réactivité au niveau
communautaire. Elles renforcent aussi le lien critique entre notre système
d'éducation et les communautés locales.
• (15 h 10) •
Par ailleurs, tout comme nos collègues de
la Fédération des commissions scolaires du Québec, nous n'avons vu aucune
analyse comparative fondée sur des données probantes démontrant que le modèle
de gouvernance proposé dans le projet de loi n° 40 améliorera la réussite
scolaire. À l'ère de la politique publique basée sur la rigueur, cette absence
d'étude et d'analyse probante est une importante lacune dans la réforme du
gouvernement, une lacune qui remet en cause la justification sous-jacente <du...
M. Copeman (Russell) : ...proposé
dans le projet de loi n° 40 améliorera la réussite scolaire. À l'ère de la
politique publique basée sur la rigueur, cette absence d'étude et d'analyse
probante est une importante lacune dans la réforme du gouvernement, une lacune
qui remet en cause la justification sous-jacente >du projet de loi.
En ce qui concerne la situation
particulière de la communauté anglophone, l'article 23 de la Charte
canadienne des droits et libertés exige que les commissions scolaires
anglophones soient contrôlées et gérées par la minorité anglophone du Québec
qu'elles desservent. Dans des décisions successives de la Cour suprême du
Canada, les francophones hors Québec ont fait valoir avec succès leurs droits
prévus à l'article 23 d'avoir des écoles et des commissions scolaires
uniques et autonomes au service de la langue et de la culture française, la
langue de la minorité à l'extérieur du Québec. Ces décisions s'appliquent aux
écoles publiques anglophones du Québec et à leurs parents, élèves et
communautés avec autant de vigueur. La décision historique de la Cour suprême
Mahe contre Alberta, en 1990, et des décisions subséquentes de la cour précisent
ceci de façon instructive. Vous avez certains détails de la décision Mahe dans notre
mémoire, que vous avez soit en main ou soit sous les yeux.
Étant donné que ni la nécessité de
changements en profondeur de la gouvernance scolaire ni les améliorations à la
réussite scolaire qui découleront du modèle proposé n'ont été démontrées de
manière convaincante, le projet de loi n° 40 devrait être retiré dans
l'attente d'un processus d'états généraux de notre système d'éducation, y
compris la réforme de sa gouvernance.
Advenant que le gouvernement décide
d'aller de l'avant avec le projet de loi et compte tenu du fait que, dans sa
forme actuelle, il impose des limites aux droits constitutionnels de la
communauté anglophone de contrôler et gérer notre système scolaire, nous
demandons que les commissions scolaires anglophones soient accordées la même
exemption générale des dispositions de la loi que celle accordée à la
commission scolaire crie et à la commission scolaire Kativik au Nunavik. Cette
exemption représente également l'approche qu'ont <été, qu'ont >adoptée
les provinces de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard et le
territoire du Yukon pour les conseils et les commissions scolaires francophones
et acadiennes de la minorité linguistique, lorsqu'ils ont entrepris une réforme
de la gouvernance.
Si le gouvernement et l'Assemblée
nationale rejettent l'exemption des commissions scolaires anglophones du projet
de loi n° 40, les modifications énumérées dans notre mémoire s'imposent
afin de réduire le préjudice causé par le modèle de gouvernance proposé dans le
projet de loi et afin que celui-ci puisse minimalement fonctionner.
L'Association des commissions scolaires
anglophones du Québec est convaincue que le gouvernement du Québec fait fausse
route avec le projet de loi n° 40. Nous n'avons vu aucune preuve
convaincante que le projet de loi améliorera la réussite scolaire. Il n'a pas
fait l'objet d'un large soutien de la part des partenaires éducatifs. Selon un
récent sondage, les Québécois ne considèrent pas la réforme structurelle comme
une priorité en matière d'éducation. Ce projet de loi plongera le système
scolaire du Québec dans les années de modifications structurelles, nous détournant
ainsi de notre mission première d'éduquer nos élèves.
Deux récents sondages effectués par la
firme Léger ont confirmé que les Québécois anglophones sont fortement attachés
à leurs commissions scolaires et qu'ils leur font confiance pour défendre les
intérêts de notre communauté. Nous vous rappelons également que le taux de
réussite scolaire des commissions scolaires anglophones dépasse ceux de la
moyenne québécoise. Comme le dit le vieil adage, qui se dit mieux peut-être en
anglais : «If it isn't broke, don't fix it.»
Nous estimons que, tel qu'élaboré, et en
dépit des efforts du gouvernement d'écouter nos préoccupations, le projet de
loi n° 40 représente une limitation des droits constitutionnels de
contrôle et de gestion de notre communauté. Le projet de loi devrait être
retiré, et le gouvernement devrait revenir à la case zéro.
M. Lamoureux
(Dan) : In conclusion, judged by student
results, English school boards are... success story. (Interruption)
M. Burke (Noel) :
...a success story — his voice is going… We
should be focussing on how to make school boards better, not on what
replacement models should be imposed on our community. The Government should
work together with school boards, and other stakeholders, and the community at
large to strengthen the current system for the benefit of our students. We are
willing to be part of this process and we hope the Government will be as well. «Merci.»
Thank you.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, nous avons reconnu un ancien collègue à l'Assemblée nationale, qui
a siégé ici de 1994 à 2008. Donc, M. Copeman, ancien député de Notre-Dame-de-Grâce,
bienvenue à l'Assemblée nationale. Sans plus tarder, je vais céder la parole au
<ministre...
M. Burke
(Noel) :
…
and we hope the Government will be as well.
Merci.
Thank you.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, nous avons reconnu un ancien collègue à l'
Assemblée
nationale, qui a siégé ici de 1994 à 2008. Donc, M. Copeman, ancien député
de Notre-Dame-de-Grâce, bienvenue à l'Assemblée nationale. Sans plus tarder, je
vais céder la parole au >ministre pour son bloc d'échange de toujours 16 minutes.
M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci de votre présentation posée, mesurée. On a eu l'occasion,
dans les derniers mois, soit face à face ou avec des membres de cabinet,
d'échanger ensemble sur les principes de ce projet de loi, sur ce qu'on voulait
faire. On s'est parfois colletaillé un petit peu sur les principes, mais je
pense qu'on a quand même montré, du côté du gouvernement, qu'il y avait
définitivement une ouverture pour tenir compte du droit constitutionnel, mais,
plus que ça, je pense, pour montrer le respect qu'on a pour l'importance
qu'accorde la communauté anglophone à la gestion et au contrôle.
Ensuite, on peut rester, à la fin, avec
des désaccords sur le détail, mais je pense quand même que, en tout cas, de
notre côté, on a apprécié le ton, à chaque fois, de ces rencontres. Je pense
qu'on a démontré aussi notre bonne foi puis notre désir de respecter les droits
constitutionnels, mais, plus que ça, de respecter la volonté, parce qu'on est
convaincus, en fait, on est convaincus que peut-être que ça aurait été testé
devant les tribunaux, mais qu'à terme on aurait respecté le droit des parents
de gérer et contrôler leur réseau scolaire, parce que notre interprétation de
l'article 23 de la Constitution, c'est bien que ce sont les parents qui
ont le contrôle, qui doivent avoir le contrôle et la gestion de leur réseau scolaire.
Maintenant, en maintenant le suffrage
universel pour élire les parents et les membres de la communauté, donc tout le
monde peut choisir ces gens-là, des parents et des non-parents peuvent voter
pour des parents et des non-parents. Il me semble que ça montre bien qu'on a
tenu compte... même si, comme je dis, à la fin, à la toute fin, peut-être qu'on
ne s'entend pas dans le fin détail, mais je pense que, sur le principe, on a
toujours été courtois et de bonne foi des deux côtés, je veux le souligner,
c'est important de le dire.
Un des éléments qui revient souvent, quand
on regarde la littérature, c'est l'importance du lien entre l'élève et
l'adulte. Et je fais... je change de sujet, parce que je reviens aux fondements
derrière le projet de loi, puis des gens disent : Ah! pourquoi ça
améliorerait la réussite des élèves de revoir la gouvernance? Je pense que de
reconnaître ce que disent beaucoup les sciences de l'éducation, c'est de voir
que le lien élève... pas seulement les tout-petits, là, les élèves, autant les
tout-petits, les adolescents, les adultes en centre de formation
professionnelle, le lien élève-adulte est primordial, et donc les adultes qui
ont ce lien-là doivent, il me semble, être impliqués dans la prise de décision.
En ce moment, sur les conseils des
commissaires, il y a bien souvent des parents, mais évidemment il n'y a pas de
membre du personnel qui siège au conseil des commissaires à ce moment-ci.
Est-ce que vous ne pensez pas que ça serait un écho à ce que dit la
littérature, d'abord, d'avoir des gens qui ont ces liens-là avec les élèves,
qui les amènent à réussir, sur le C.A., ça aiderait à prendre des décisions qui
sont plus éclairées de manière pédagogique, mais aussi que ça serait une
formidable valorisation du rôle de la direction d'école, des enseignants, du
personnel de soutien, du personnel professionnel, les impliquer maintenant au
conseil d'administration, ça ne serait pas de reconnaître, justement,
l'importance qu'ils ont? Est-ce que c'est une ouverture que vous avez d'avoir
des membres sur le C.A. qui, tous les jours, ont ce lien avec les élèves?
M. Lamoureux (Dan) : Pour
moi<, je, mais,>... je vais commencer, mais, pour moi, c'est
vraiment dur, parce qu'on trouve, dans nos communautés... c'est vraiment les
gens qui aident les écoles. Ils ont dans les écoles, ils travaillent avec les
enfants, ils travaillent pour les enseignants. Le problème, ce qu'il se passe,
aussitôt que tu rencontres dans un C.A., comme tu as mentionné, une personne
qui est un enseignant, ou un directeur, c'est tout le temps... pour moi, il va
y avoir beaucoup de conflits, «conflict of interest», dans le rôle du C.A. avec
le directeur général... «I don't know...»
• (15 h 20) •
M. Copeman (Russell) : Oui.
M. le ministre, nous craignons effectivement que vous allez créer un régime un
peu corporatiste au niveau d'un conseil d'administration, que la possibilité de
conflit réel existe. Et alors, oui, l'importance de... le lien entre les
adultes et les élèves qui sont dans le système existe, mais de là à suggérer
que ça prend des membres du personnel sur le conseil d'administration, je ne
pense pas que ce lien-là est démontré. Si l'objectif, un de vos objectifs,
c'est de dépolitiser les décisions, je ne suis pas sûr que vous <allez...
M. Copeman
(Russell) :
...
les adultes
et les élèves qui sont dans le système existe, mais de là à suggérer que ça
prend des membres du personnel sur le conseil d'administration, je ne pense pas
que ce lien-là est démontré. Si l'objectif, un de vos objectifs, c'est de
dépolitiser les décisions, je ne suis pas sûr que vous >allez atteindre ça avec quatre membres du personnel, payés, qui sont... le
jour, rapportent, entre autres, au directeur général pour certains, et, le
soir, en conseil d'administration, deviennent le patron du D.G. On ne pense pas
que ça va fonctionner, ce système-là.
La Présidente (Mme Thériault) : Je vais juste vous signifier... vous levez votre main, je vais vous
identifier, parce que, surtout qu'il y a une difficulté, deux personnes portent
le même nom de famille, donc on va juste s'assurer qu'on a la bonne personne
qui soit enregistrée pour le Journal des débats. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien, à
cet égard, je pense qu'on ne joue pas au cobaye avec notre réseau scolaire.
Dans les cégeps, on a ce que vous dénoncez, des gens qui sont membres du
personnel, qui, siègent au conseil d'administration. On a ça aussi dans nos
universités. Il y a des membres qui sont membres du personnel et qui siègent
sur le conseil d'administration des universités. Ça fonctionne. Maintenant,
partout où il y a des humains, il peut y avoir des conflits, bien sûr. Mais je
pense que le système actuel a ses propres conflits, on le voit bien, là, hein, il
suffit de regarder le journal de temps en temps, on le voit bien que, dans les
conseils des commissaires aussi, parfois, il y a des chicanes, il y a du
corporatisme, il peut y avoir tout ça.
Mais, sincèrement, un système à l'abri de
conflits entre personnes, ça n'existe pas. Donc, on n'atteindra pas l'idéal. On
peut viser mieux, cependant, on peut viser à l'améliorer. Et je pense, d'avoir
une représentativité, c'est peut-être quelque chose qui pourrait améliorer les
choses.
Et là j'ai une petite question pour vous :
En ce moment, dans les neuf conseils des commissaires, les neuf commissions
scolaires anglophones, est-ce que vous avez la répartition? Est-ce que vous
savez combien sont actuellement parents d'enfants dans le réseau? Je veux dire,
on peut être parent d'enfants, là, qui sont rendus maintenant au cégep, à
l'université ou sur le marché du travail, mais est-ce que vous savez combien de
vos commissaires ou quel pourcentage sont, en ce moment, parents?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Noel Burke.
M. Burke (Noel) : Oui,
dans notre commission scolaire, là, on a quatre sur 12 qui sont les parents que...
les commissaires parentaux puis aussi on a trois autres qui sont des parents
maintenant. Mais, au sujet de représentation, il faut qu'on comprenne, comme
société, que l'investissement dans l'éducation, c'est pour... c'est un
investissement de chaque et tous les citoyens du Québec, pas seulement ou en
majorité les parents. Dans notre commission scolaire, avec 20 000 élèves,
on a plus de 300 parents qui sont impliqués direct dans la gouvernance des
écoles locales, l'intention de votre projet de loi. Est-ce qu'on a besoin de
huit autres parents? Ce n'est pas de dire : Il n'y a pas de place pour
parents ou une place plus représentante que maintenant. Mais on laisse à côté
tous les intérêts de la communauté générale et tous les citoyens. Notre rôle,
comme éducateurs, n'est pas la production des bons fils et des filles, c'est la
production des citoyens productifs et, encore, c'est un investissement de
chacun et tous les citoyens du Québec.
La Présidente (Mme Thériault) :
Cette fois, c'est M. Stephen Burke.
M. Burke (Stephen) :Mme la Présidente, je vais me faire le défenseur de personnes
de mon âge et d'un peu moins, qui ont toujours la passion de s'assurer que les
enfants du Québec reçoivent le meilleur enseignement possible. Et je trouve ça
malheureux qu'on décide tout bonnement que, si tu n'es pas parent, ce n'est pas
de tes affaires. Je trouve ça très triste. C'est ce qu'il arrive, vous savez,
au niveau collégial et au niveau universitaire, il n'y a pas beaucoup de gens
qui se préoccupent de comment les étudiants fonctionnent à l'université et même
au cégep. Je ne vois pas l'intérêt. Je n'ai jamais de... Il n'y a pas de voisins
qui ne m'ont jamais parlé de ça.
Mais il y en a qui m'ont parlé, puis, si
vous avez lu les journaux, je sais ce que vous avez lu ce matin, mais, si vous
aviez lu, samedi matin, Le Journal de Québec, il y avait un de nos
autobus, nous, qui n'a pas pu traverser... en fait, deux qui n'ont pas pu
traverser le pont. Bon, est-ce que je blâme le ministre des Transports parce
qu'il n'a pas été capable de tasser le camion qui a bloqué le pont
Pierre-Laporte? Bien non, ça ne serait pas correct de dire ça, ce n'est pas de
sa faute. Mais nous, on nous blâme. À cause d'un projet de loi qui est
maintenant à l'étude, tous les maux qui se passent en enseignement au Québec,
c'est la faute des commissaires d'école.
Bien, c'est ça, je vous le dis, là, c'est
ça que j'entends. Il y a des gens qui ne savent même pas ce qu'on fait et qui
se disent, là… il y avait un petit topo, là, tu pouvais répondre, là : Aïe!
Si on peut se débarrasser d'eux autres. Comme si c'est les commissaires d'école
qui vont régler le problème de sécurité routière, vendredi, pendant qu'il y a
eu une tempête extraordinaire qui a mis 1,2 million de ménages québécois
dans la noirceur, y inclus certaines commissions scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Sainte-Rose, il vous reste à peu près six minutes au bloc
d'échange.
M. Skeete : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je me permets de vous <saluer...
M. Burke
(Stephen) :
...
le problème de sécurité routière,
vendredi, pendant qu'il y a eu une tempête extraordinaire qui a mis 1,2
million
de ménages québécois dans la noirceur, y inclus certaines commissions
scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Sainte-Rose, il vous reste à peu près six minutes au bloc
d'échange.
M. Skeete :
Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je me permets de vous >saluer. Il est vrai
que le réseau anglophone est très performant. Je vous remercie pour tout ce que
vous faites dans le réseau, messieurs et madame.
Vous avez mentionné, sur la page 3 de
votre mémoire, que, sous sa forme actuelle, le projet de loi n° 40 limite
excessivement les droits constitutionnels de la communauté. Vous allez, par la
suite, pour citer Mahe comme source, disant que ça va trop loin. Puisque
l'arrêt Mahe parle d'une certaine mesure de gestion et de contrôle, considérant
que le projet de loi du ministre continue à vous permettre le contrôle et
l'accès de la communauté, en plus de vous permettre le suffrage universel, en
quoi le projet de loi limite excessivement les droits?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Copeman.
M. Copeman (Russell) :
Bien, <on peut, >on peut vous donner beaucoup d'exemples. Par
ailleurs, je ne peux pas laisser passer le commentaire du ministre, c'est un différend
que nous avons avec le ministre sur l'interprétation de l'article 23. Le
ministre nous a dit et répète aujourd'hui que c'est le droit des parents de
gérer et contrôler le réseau scolaire. Nous rejetons cette interprétation, que
nous jugeons trop étroite, que des décisions successives de la Cour suprême
parlent beaucoup plus du droit à la communauté de contrôler et gérer, et non
pas des parents. Ça, c'est une question qui, malheureusement, pourrait se
régler en cour. Ce n'est pas l'objet. On souhaite une solution politique. M. Skeete,
quelles limites dans...
La Présidente (Mme Thériault) :
...de Sainte-Rose. Vous ne devez pas l'appeler par son nom de famille.
M. Copeman (Russell) :
Oui, mais...
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est le député de Sainte-Rose.
M. Copeman (Russell) : M.
le député de Sainte-Rose.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, merci.
M. Copeman (Russell) : Je
ne savais pas, Mme la Présidente, que vous êtes aussi exigeante avec des
invités que vous l'êtes avec des collègues, mais je vais le faire. Alors, M. le
député de Sainte-Rose...
Des voix
: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Thériault) :
Surtout un ancien collègue.
M. Copeman (Russell) : Mme
la Présidente, si vous pouvez diriger les commentaires envers M. le député de Sainte-Rose,
je dirai ceci : les parents sur le conseil d'administration doivent être,
dans le projet de loi, doivent être membres d'un conseil d'établissement au
moment de leur élection. Ça élimine la possibilité, pour la vaste majorité, de
se porter candidat pour le conseil d'administration. La présence possible des
membres du personnel qui n'ont pas le droit de... ne sont pas lésés en droit,
limite excessivement le droit, l'obligation pour les quatre membres de la communauté
de se faire élire sur l'étendue du territoire.
M. le président Burke est président d'une
commission scolaire dont le territoire est à peu près le même que l'Espagne. Et
là vous demandez à quatre individus de la communauté, qui doivent avoir, par
ailleurs, des profils spécifiques, de se présenter sur l'ensemble du
territoire. Tous ces éléments-là, nous sommes convaincus, limitent le droit de
gérer et contrôler garanti dans la Constitution canadienne.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Je crois que le député de Sainte-Rose a une autre intervention, allez-y.
M. Skeete : Je vais
poursuivre. En fait, je partage l'interprétation de mon collègue le ministre de
l'Éducation sur le fond, mais ce qui me manque, c'est qu'avec l'interprétation
que vous apportez, c'est comme si le ministre de l'Éducation, quand il s'agit
de... le réseau scolaire d'une minorité linguistique, peu importe dans le pays,
si on pousse l'exemple à son maximum, il n'aurait même pas le droit d'exiger
des normes pour les professeurs, ou les normes de notes, ou imposer un
curriculum. C'est comme si le ministre de l'Éducation a zéro droit par rapport
à ce qui est attendu d'un résultat scolaire. Où est-ce que, selon vous, le
pouvoir du ministre se termine dans sa capacité d'exercer le rôle de ministre
de l'Éducation partout sur le territoire québécois?
La Présidente (Mme Thériault) :
J'ai M. Burke. Oui, M. Copeman.
M. Copeman (Russell) : Je
vais débuter, M. le député de Sainte-Rose. Certainement pas, on ne prétend pas
que le ministre n'a aucun pouvoir, c'est absolument faux. Il s'agit d'une
balance entre les décisions de la Cour suprême et les pouvoirs accordés au
ministre en vertu des lois québécoises.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Stephen Burke.
• (15 h 30) •
M. Burke (Stephen) :
La précision que je veux faire, c'est que, malheureusement, dans l'opinion
publique, on pense que les anglophones maintiennent le suffrage — moi,
j'appelle ça «universal suffering» — le suffrage universel. On ne l'a
pas préservé parce que, quand on limite les candidats puis qu'on dit que c'est...
ce n'est pas universel, ça ne peut pas. Vous n'aimeriez pas ça, vous, que les
seules personnes qui votent à une élection provinciale soient identifiées comme
étant de telle catégorie ou de telle profession, hein? Bon. C'est ça que vous
avez fait. Alors, je suis content, à la commission parlementaire, de dire à
tous les Québécois et Québécoises que le suffrage universel nous a été enlevé.
Alors, ça, ça va être clair, là, ça va être dans les médias demain, ce n'est
pas ça qu'on va avoir. On a une façon de <voter qui est très...
>
15 h 30 (version révisée)
< M. Burke (Stephen)T :
...de telle catégorie ou de telle profession,
hein? Bon. C'est ça que vous avez fait. Alors, je suis content, à la
commission
parlementaire, de dire à tous les Québécois et Québécoises que le suffrage
universel nous a été enlevé. Alors, ça, ça va être clair là, ça va être dans
les médias demain. Ce n'est pas ça qu'on va avoir.
On a une façon de >voter qui est
très différente, et qui est très limitative pour plusieurs personnes, et qui
fait en sorte qu'un retraité comme moi, qui, depuis 10 ans, se consacre à
cette passion-là de m'assurer que nos écoles donnent les meilleurs services
possibles, ont un taux de diplomation et de graduation de 90 % — M.
le ministre, vous devriez être content autant que moi — bien, c'est
ça que je veux dire, là, si ça peut être clair, on n'a pas gardé le suffrage
universel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, M. Noel Burke.
M. Burke (Noel) : Et, au
sujet du rôle d'un conseil d'administration d'un centre de services scolaire et
que c'est l'interprétation des exigences du ministère, même que le curriculum
et les régulations, etc., pour savoir est-ce que c'est répondre à la réalité de
la communauté anglophone minoritaire, ce n'est pas pour substituer ces
règles-là, mais c'est l'interprétation et l'application propre dans un milieu
qui est spécifique.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il ne reste plus de temps du côté ministériel, donc je me tourne vers
l'opposition officielle, avec la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je vais quand même
ouvrir une parenthèse, Mme la Présidente, pour faire suite aux propos du
ministre et des propos de la députée de Joliette. D'entrée de jeu, on a dit
qu'on voulait avoir des débats sereins. Ici, on n'est pas à la salle
Pauline-Marois, donc il y a une certaine proximité. Et nous entendons les
commentaires du ministre lorsqu'il s'esclaffe, mais surtout lorsqu'il dit, deux
fois plutôt qu'une : C'est effrayant, mentir de même.
Bien, Mme la Présidente, je vais reprendre
l'expression d'un ancien premier ministre : Ici, on n'est pas à la cour du
roi Pétaud. Alors, je demande au ministre de l'Éducation de s'excuser et de
retirer ses propos.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Roberge : Je ne sais
pas à quoi elle fait référence.
Des voix : …
La Présidente (Mme Thériault) :
O.K. Non, on... Non. S'il vous plaît, s'il vous plaît, on a des invités qui
sont ici, qui veulent nous faire part de leurs points de vue. J'ai entendu
votre point, Mme la députée de Saint-Laurent, je pense que M. le ministre aussi
a entendu, donc je vais vous demander d'aller à vos échanges. Il reste
9 min 45 s
Mme Rizqy : Merci
beaucoup de votre présence. Pouvez-vous nous expliquer, vous, est-ce qu'il y a
une affaire là-dedans, dans le projet de loi n° 40, parmi les centaines
d'articles, qui améliore la réussite éducative chez les jeunes? Déjà que vous,
vous avez un excellent taux. Félicitations.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Copeman.
M. Copeman (Russell) : On
n'en a pas trouvé beaucoup. Même, on a fait des demandes d'accès à
l'information au ministère de l'Éducation concernant des études comparatives,
des analyses, etc., avant le dépôt de projet de loi. Cette demande-là a été
refusée en prétextant que la décision était en cours. On a répété la même
demande d'accès à l'information après le dépôt du projet de loi et nous sommes
toujours dans la période d'attente, les 30 jours. Mais visiblement, dans
le public, on n'en a vu aucun à date.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lamoureux.
M. Lamoureux (Dan) : Mais
on a des rapports qui viennent de l'extérieur, du Canada, dans le Canada, du
Canadian School Board Association. On a beaucoup de rapports que c'est... ils
ont prouvé qu'une bonne gouvernance, c'est important pour le succès de nos
enfants. «So», il y a partout d'autres études qu'on peut vous donner.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Tantôt, le
ministre disait comme quoi qu'il aurait pu aller de l'avant avec son projet de
loi sans faire aucune concession pour la minorité linguistique anglophone puis
ça l'aurait passé le test des tribunaux. C'est drôle, moi, je suis aussi
avocate, puis j'ai lu les différentes décisions de la Cour suprême puis des
tribunaux aussi de cours d'appel de différentes provinces, et on parle non
seulement des parents, mais, à ma lecture, on parle de minorités linguistiques.
Est-ce que je me trompe?
La Présidente (Mme Thériault) :
Alors, M. Lamoureux? Non? M. Copeman.
M. Copeman (Russell) : Non,
vous ne vous trompez pas. Encore une fois, je dis très, très respectueusement,
c'est un différend entre les avocats du ministère de l'Éducation, qui sont là
depuis un certain temps, n'est-ce pas, qui ont plaidé à peu près la même chose
il y a un certain temps, pas si longtemps que ça. Je soupçonne que ce sont les
mêmes avocats. Mais il ne faut pas arrêter à Mahe, il faut aller à
Arsenault-Cameron, il faut aller à la Colombie-Britannique, il faut aller à
d'autres. Je ne suis pas avocat, Mme la députée, mais on ne veut pas que cette
question-là soit réglée en cour. On veut qu'on trouve une solution politique à
cette question-là. Mais c'est sûr que la communauté anglophone ne renoncera
jamais à l'exercice de nos droits constitutionnels.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : C'est drôle,
parce que le ministre de l'Éducation plaide pour dépolitiser. Mais alors je me
tourne vers vous, M. Copeman, puisque vous avez déjà été député, ce projet
de loi n° 40, tel qu'il a été déposé, avec la date, et on sait qu'il y a
quand même des avis légaux qui doivent être envoyés si on veut annuler les
prochaines <élections...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
Mme la députée.
Mme Rizqy : C'est
drôle
parce que le
ministre de l'Éducation plaide pour
dépolitiser. Mais alors, je me tourne vers vous, M. Copeman, puisque vous
avez déjà été député, ce projet de loi n° 40, tel qu'il a été déposé, avec
la date, et on sait qu'il y a quand même des avis légaux qui doivent être
envoyés, si on veut annuler les prochaines >élections auprès des
commissions scolaires. Vous, à titre d'ancien élu, vous trouvez ça comment,
l'exercice actuel?
M. Copeman (Russell) : Je
suis trop sage pour tomber dans ce piège, Mme la députée. J'ai trop
d'expérience parlementaire pour commenter le processus. Je ne fais qu'observer
que les consultations particulières continuent jusqu'au 13 novembre. Après
ça, il restera 12 jours de séances pour l'Assemblée nationale, 12 jours de
séances pour adopter le principe du projet de loi et un projet de loi qui
contient 312 articles et qui modifie 84 autres lois québécoises,
incluant, par ailleurs, la Loi sur les arrangements préalables du service
funéraire et de la sépulture. On comprend que c'est un exemple de concordance,
mais on se demande ce sont les funérailles de qui.
Des voix
: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Thériault) :
La question est vraiment pertinente. La question est très pertinente, mais je
ne pense pas qu'on va avoir la réponse cet après-midi. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup pour votre réponse, mais vous comprendrez qu'on n'aura peut-être pas
l'occasion, en étude article par article, d'avoir la réponse à la question que
vous venez de soulever, hein, compte tenu de l'échéancier.
Dites-moi, si on reste au niveau
constitutionnel, quand vous regardez le projet de loi n° 40 tel que
rédigé, avez-vous, oui ou non, l'impression que vos droits constitutionnels
pour la minorité linguistique anglophone sont respectés totalement?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Stephen Burke.
M. Burke (Stephen) :
Je pense que non. Non, je vous le dis, là, on ne garde pas... Le suffrage
universel, tel qu'il est dans le moment, c'est ça, du suffrage universel. Ça
permet à une personne âgée comme moi, qui n'a pas d'enfant dans le système mais
une petite-fille qui est en première année, de garder sa passion. Et je sais
que, pour plusieurs, ils vont dire : Mais tu n'as pas d'affaire là-dedans.
Oui, j'ai de l'affaire là-dedans. C'est important.
Et nos jeunes à nous, dans le réseau
anglophone, sont parfaitement bilingues. Ce sont des citoyens du Québec qui
peuvent aller partout. Mon fils, actuellement, c'est un gradué de l'Université
Laval, il est à Hambourg, en Allemagne. D'où vous pensez qu'il dit qu'il vient?
Il vient de Québec. Il vient de Québec, du Québec. Il est fier d'être Québécois
et Canadien.
Alors, quand vous me dites, là :
Est-ce que c'est conforme à la Constitution?, tout mon être, là, me dit non,
non, non. Et je comprends que ce n'est pas fait de mauvaise foi. Ça, je le
rajoute, je ne mets aucune mauvaise foi dans ce projet de loi là. Mais je dis,
comme nos collègues francophones ont dit et comme on a dit dans notre mémoire :
Pourquoi ne pas faire des états généraux? Pourquoi laisser tomber... Pourquoi
ne pas essayer de se parler? Peut-être pas dans une ambiance... Puis j'espère
qu'on n'est pas en confrontation. Nous, on fait juste défendre nos idées. On y
croit beaucoup. Et, moi, c'est mon dernier tour de piste, là, il y a des gens qui
sont capables de me remplacer. Tout le monde est remplaçable. Mais je pense
qu'il faudrait qu'ils me remplacent dans un système qui est comme celui qu'on a
en ce moment et sans aller à la Cour suprême, de grâce.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : ...aussi la
porte par rapport aux autres provinces, le reste du Canada. Vous, vous êtes la
minorité linguistique, ici, au Québec, mais on a des minorités linguistiques
francophones. Ici, au Québec, on va dire, d'une part, que les anglophones
pourront, dans une certaine mesure, et je le mets entre guillemets, avoir un
droit de vote, mais, les francophones, vous n'aurez pas de droit de vote.
Est-ce que ça, ça peut nuire à la défense des droits linguistiques des
minorités francophones dans les autres provinces, lorsque la plus grande... où
est-ce que le plus gros bassin de francophones n'ont pas le droit de vote, ici,
au Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lamoureux.
M. Lamoureux (Dan) : Oui.
La semaine passée, on a été à Winnipeg pour la fédération nationale des
commissions scolaires. Et là on a parlé avec les 28 commissions scolaires
en dehors de Québec, et eux autres sont...
Une voix
:
Francophones.
M. Lamoureux (Dan) :
...francophones, oui, et eux autres ont peur qu'est-ce qu'il va se passer ici parce
qu'ils peuvent... parce que ça se peut qu'ils vont perdre leurs droits, pas
directement demain, mais en temps. Parce que, vous savez, d'autres provinces
nous regardent pour savoir s'ils peuvent faire la même affaire pour leur
identité. «So», ça, c'est important, dans ma tête.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Copeman.
• (15 h 40) •
M. Copeman (Russell) :
Mme la Présidente, cette question-là est suivie à travers le pays. On dirait,
en anglais : «It's a national question.» Il ne faut pas l'utiliser dans le
terme francophone parce que ça veut dire autre chose, pancanadienne. Les
minorités francophones à l'extérieur du Québec suivent de très près ce débat-là
et sont très préoccupées par toute limite imposée sur les droits
constitutionnels. Et limites, il y en a dans le projet de <loi...
M. Copeman (Russell) :
...l'utiliser dans le terme francophone parce que ça veut dire autre chose,
pancanadienne. Les minorités francophones à l'extérieur du Québec suivent de
très près ce débat-là et sont très préoccupées par toute limite imposée sur les
droits constitutionnels. Et limites, il y en a dans le projet de >loi.
Nous reconnaissons un effort du gouvernement du Québec de retenir une forme de
suffrage universel, nous le reconnaissons. Ce qu'on dit dans le mémoire, très
clairement, c'est qu'il y a des limites imposées dans la structure proposée
qui, quant à nous, enfreignent nos droits constitutionnels. Et on apporte
certaines suggestions pour diminuer ces préjudices-là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, 1 min 20 s
Mme Rizqy : Merci pour
votre réponse. Je rappelle que le Québec a aussi le devoir et la responsabilité
de promouvoir la langue française non seulement ici, au Québec, mais aussi à
l'extérieur du Québec. Et j'entends ces inquiétudes qui, moi aussi, m'ont été
faites part par des gens qui étaient à Winnipeg. Et je vois, en arrière de vous,
M. Michael Murray, qui est le président de la commission scolaire de
Eastern Townships, qui nous parle de petites écoles, de petites écoles. Mais
de 11 élèves, quand on a commencé, ces 11 élèves-là sont maintenant rendus
36 parce que des gens comme M. Murray, avec des enseignants, puis la
communauté... pas juste les parents, des grands-parents qui n'ont plus d'enfant
dans le réseau, mais qui se battent pour garder et préserver l'institution qui
est non seulement l'école, mais le village au complet, qui vit de cette école.
Alors, là-dessus, je sais que vous avez
sûrement d'autres petits cas concrets, mais est-ce que vous pensez sincèrement
que, dans un fichier Excel qui va être fait ici, au complexe G, que ces
petites écoles de 11 élèves vont être maintenues?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et vous avez 25 secondes pour répondre à la question, M. Lamoureux.
M. Lamoureux (Dan) : Dans
ma tête, j'aimerais croire que les décisions qui sont prévues...«they'll keep
them», mais, en réalité, je ne sais pas. Malheureusement, «you know»...
Mme Rizqy : Demain, on
reçoit Élections Québec. Pensez-vous que c'est le temps qu'on modernise la liste
pour, justement, favoriser les élections au niveau de la communauté anglophone?
On en parle toujours, puis personne n'a agi là-dessus.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui ou non?
M. Copeman (Russell) : Il
y a une série de mesures proposées dans le mémoire, il y a une série de mesures
qui ont été proposées dans le rapport Jennings pour améliorer le taux de
participation. Facile, peu coûteux et plus accessible.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci beaucoup. Cela met fin au bloc d'échange. Donc, on va aller du côté de la
deuxième opposition. Mme la députée de Sherbrooke, 2 min 40 s à
votre disposition.
Mme Labrie : Merci. Je
trouve ça intéressant. Dans votre mémoire, vous mentionnez, dans la première
recommandation que vous faites... c'est celle de tenir des états généraux. C'est
aussi quelque chose qui a été abordé par la Fédération des commissions
scolaires juste avant vous, et ce processus-là de réflexion nationale qui
impliquerait tous les partenaires de l'éducation, c'est aussi quelque chose que
j'ai proposé au printemps dernier, sur des états généraux ou même une
commission d'enquête comme celle qui avait mené au rapport Parent, et,
malheureusement, à l'époque, ça avait été balayé de la main par le ministre de
l'Éducation.
Mais j'aimerais ça, savoir qu'est-ce que...
Pourquoi pensez-vous qu'on devrait entamer un tel processus de cette ampleur,
impliquer tous les partenaires de l'éducation au Québec? Et qu'est-ce que ça
devrait inclure comme réflexion? Parce vous dites : Y compris la réforme
sur la gouvernance. Sur quoi d'autre on devrait se pencher, collectivement, en
éducation?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Noel Burke.
M. Burke (Noel) : Oui. Je
pense que ce n'est pas clair que les parents veulent avoir ce type d'influence
dans la gouvernance d'un système scolaire. Ce n'est pas clair. Ce n'est pas
clair. Même que les citoyens de Québec, aimer ce même type d'organisation
scolaire, c'est très fort et très complexe. Il faut qu'on ait un débat public
sur ça. C'est quoi que les citoyens veulent comme un système scolaire qui est
géré propre...
Au sujet, par exemple, une école de 11 élèves,
par exemple, c'est la commission scolaire ou les centres de services qui ont la
responsabilité de distribuer les ressources à toutes les écoles et garder ces
types d'école, même si c'est dans un petit coin de province, dans une ville
particulière. On a des exemples des écoles communautaires, Community Learning
Centres, qui, par exemple, dans les Magdalen, le journal local est publié dans
l'école. L'éducation des adultes existe dans l'école. C'est une… très vibrante,
au lieu d'avoir une perspective particulière par les parents qui existe encore
dans les conseils d'établissement, mais au niveau de, comment on dit, le vieil
hélicoptère, il faut qu'on garde le «big picture», le grand portrait du
système. Il faut qu'on ait, comme un gouvernement puis comme un représentant...
je suis, comme commissaire, pas un représentant des élèves ni les parents, mais,
en même temps, je suis un parent, mais notre responsabilité, ma responsabilité,
comme commissaire, est <d'avoir...
M. Burke (Noel) : ...comme
un gouvernement puis comme représentant... je suis, comme commissaire, pas un
représentant des élèves ni les parents, mais, en même temps, je suis un parent,
mais notre responsabilité, ma responsabilité comme commissaire est >d'avoir
un représentant de société dans le milieu, dans le secteur éducatif.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Et je n'ai plus de temps, malheureusement. Je dois passer à la
troisième opposition. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup de votre présentation. J'aimerais vous amener sur une question
qui vous est chère, c'est celle de la communauté qui est représentée dans les
instances, pas seulement les parents. Et puis, évidemment, on voit, là, dans la
proposition qui est faite, que le rôle des parents va être très, très important.
Je pense que de... Quand on regarde ça, on trouve tous que c'est une bonne idée
que les parents puissent avoir un grand rôle dans la prise de décision, donc
sur les conseils d'administration, mais j'aimerais vous entendre, que vous
élaboriez un petit peu sur, pour vous, pourquoi il faut garder un souci
important d'autres représentants de la communauté et pas juste des gens qui ont
des enfants, en ce moment, à l'école.
M. Copeman (Russell) : Très
brièvement...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et vous avez deux minutes pour faire ça, M. Copeman.
M. Copeman (Russell) : Très
brièvement, nous pensons qu'il devrait y avoir un meilleur équilibre sur le
conseil d'administration entre parents et représentants de la communauté.
Deuxièmement, un des facteurs, puis je
suis en poste depuis un an, un des facteurs clés que j'ai découvert, très
honnêtement, très franchement, qui contribue au succès des élèves est la forte
participation de la communauté dans nos écoles tout partout, que ce soit en
Gaspésie, en Abitibi, dans les Cantons-de-l'Est, tout partout. Ce n'est pas
simplement... L'école n'est pas simplement l'affaire des parents, des
enseignants, des membres du personnel, qui sont des acteurs clés, mais il y a
des Community Learning Centres, comme M. Burke a parlé, il y a des
activités communautaires. Ça amène des bénévoles. Ils aident les enfants à
faire des... ils font de l'aide aux devoirs après. Il y a des activités dans
la... Et moi, je suis personnellement convaincu que ça fait partie du taux de succès
élevé des commissions scolaires anglophones, l'engagement communautaire.
Mme
Hivon
: Il
y a tout un débat... Je comprends qu'on n'a pas eu le temps d'en parler
beaucoup, là, mais est-ce que c'est vraiment de la décentralisation ou, au
contraire, c'est plus de la centralisation? Dans les secondes qu'il me reste,
on ne pourra pas aller en détail là-dessus, mais il y a un article qui est
soulevé par plusieurs groupes, puis c'est l'article 310, sur le pouvoir
réglementaire du ministre, qui dit que le gouvernement va pouvoir, par
règlement, prendre toute mesure utile à l'application de la loi ou à la
réalisation efficace de son objet. Est-ce que vous avez des commentaires par
rapport à ce pouvoir règlementaire là? Qu'est-ce que vous voyez qui pourrait
être fait par ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez 20 secondes, M. Copeman.
M. Copeman (Russell) : Entre
autres, c'est un des articles qui nous fait... qu'on arrive à la conclusion que
ça ne respecte pas le droit de gérer et contrôler, qu'il y a une
centralisation. Que ce soit l'article 308, l'article 60... 312, 310,
on peut en énumérer d'autres, vous les avez dans le mémoire, mais nous, nous
sommes convaincus qu'il y a une forte centralisation du pouvoir vers Québec,
vers le ministère, et ça aussi enfreint possiblement à nos droits
constitutionnels de gérer et contrôler notre système scolaire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je vais devoir mettre fin aux échanges. Donc, Mme Hamilton, M. Burke,
M. Lamoureux, M. Copeman et M. Burke, merci de votre
présentation.
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 48)<
>
(Reprise à 15 h 51)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais vous demander un peu de silence et de reprendre
votre place puisque les travaux se poursuivent.
Des voix : …
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais demander aux gens, dans le fond de la salle… s'il vous plaît! Merci. Merci beaucoup.
Donc, nous
accueillons la Centrale des syndicats du Québec. Donc, Mme Éthier, vous
avez une dizaine de minutes pour nous présenter votre mémoire ainsi que nous
présenter les gens qui vous accompagnent. La parole est à vous.
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Mme Éthier (Sonia) :
Alors, bonjour. Je vous remercie de nous avoir conviés à participer à ces
auditions sur le projet de loi n° 40. Nous sommes ici pour porter
la voix des 125 000 membres que nous représentons en éducation.
Je vous présente d'abord les personnes qui
m'accompagnent, avec qui je vais partager la présentation :
M. Jacques Landry, qui est président de la Fédération des professionnelles
et professionnels de l'éducation, à ma droite, M. Éric Pronovost,
président de la Fédération du personnel de soutien scolaire, et
Mme Nathalie Chabot, qui est conseillère à la CSQ. Et je veux mentionner
que la Fédération des syndicats de l'enseignement n'est pas avec nous
aujourd'hui puisqu'elle viendra présenter son mémoire jeudi. Ce mémoire est
complémentaire à celui de la CSQ et va traiter des aspects relatifs à la
profession enseignante.
D'abord, je pense que
vous vous doutez bien que je veux commencer par exprimer mon mécontentement
quant au processus. Le projet de loi que nous avons devant nous est non
seulement volumineux, hein, mais il propose des changements majeurs à la Loi
sur l'instruction publique, et de tels changements demandent à être réfléchis
collectivement. Malheureusement, on n'a pas jugé bon de faire cet exercice de
réflexion. Aussi, bien, on nous laisse bien peu de temps pour analyser le
projet, consulter les instances, présenter notre position. Pour nous, là, ce
n'est ni plus ni moins qu'une insulte.
Alors, je vais présenter les principales
idées de notre mémoire, avec, comme point de départ, le titre que nous lui
avons donné : Danger d'inégalités. Je vais donner deux
illustrations d'inégalités contenues dans le projet de loi.
La première, c'est qu'il compromet encore
plus l'égalité des chances. En effet, il contient des dispositions qui vont
stimuler davantage la compétition entre les établissements publics qui vont
renforcer l'école à la carte. Et on sait que les élèves moins bien nantis
socialement sont encore aujourd'hui les perdants de cette loi du plus fort
puisqu'ils n'ont pas les ressources pour jouer le jeu de la compétition.
Comment le projet de loi va-t-il renforcer
cette compétition? Bien, principalement, de trois manières : premièrement,
en rendant plus facile, pour les parents, le choix d'une école qui est située
en dehors du territoire de leur centre de service scolaire; et, deuxièmement,
en donnant aux parents un contrôle plus grand sur l'offre de projets
particuliers, puisqu'on leur accorde un poids plus grand au conseil d'établissement
où sont prises les décisions à ce sujet, on donne aussi au comité de parents la
possibilité de donner son avis sur les projets offerts ou envisagés par les
écoles, un avis qu'il donnerait au conseil d'administration composé
majoritairement aussi de parents; troisièmement, en confiant au comité de
parents et au conseil d'établissement la responsabilité de promouvoir et de
valoriser l'école publique — présentement, ce sont les commissions
scolaires qui le font, mais dans une perspective plus large.
Il faut éviter, absolument, d'aviver la
dynamique de concurrence au sein du réseau public, une dynamique qui est
défavorable aux élèves moins bien nantis. Alors, au mémoire, on a une
recommandation, la recommandation 1, qui est présentée aux pages 5 et
6. Et on veut être bien <clairs...
Mme Éthier (Sonia) :
...plus large.
Il faut éviter, absolument, d'aviver la
dynamique de concurrence au sein du réseau public, une dynamique qui est
défavorable aux élèves moins bien nantis. Alors, au
mémoire, on a une
recommandation, la recommandation 1 qui est présentée aux pages 5 et
6, et on veut être bien >clairs : nous sommes pour la participation
des parents dans le réseau scolaire, c'est une collaboration qui est plus que
nécessaire, et c'est pour cela qu'on doit y avoir un équilibre entre la place
qu'on accorde aux parents et celle qu'on accorde aux acteurs du milieu
scolaire. Ça prend un partenariat équilibré.
Ce qui m'amène à ma seconde illustration
d'égalité contenue dans le projet de loi, c'est relatif aux dispositions qui
limitent l'apport du personnel dans la prise de décision. C'est le cas des
conseils d'établissement, où le projet de loi vient miner l'équilibre du
partenariat entre le groupe de parents et le groupe des membres du personnel.
C'est, pour nous, inacceptable, notamment parce que c'est une
non-reconnaissance de la contribution du personnel.
Ce déséquilibre, il est aussi manifeste
dans la composition du conseil d'administration, où le personnel n'aurait que
quatre sièges. Pour nous, la parité doit être conservée au conseil
d'établissement et aussi au conseil d'administration. Nous avons des
recommandations sur la composition du conseil d'administration en page 12
du mémoire et les recommandations importantes <composant... >concernant
la composition et les fonctions du conseil d'établissement, pages 21 à 24.
Alors, avant de donner la parole à
M. Pronovost, je veux vous dire un mot sur ce que l'on veut pour les
conseils d'administration, et ça, c'est très important pour nous. Peu importe
si les conseils des commissaires demeurent ou si ce sont des conseils
d'administration, il faut que les personnes qui seront là aient un rôle de
représentation. On souhaite une amélioration de la démocratie participative. On
attend du conseil d'administration qu'il soit une instance ouverte qui agit en
toute transparence, qui favorise la participation citoyenne. On ne veut pas
d'une instance... ou on ne veut plus d'une instance hermétique. Et on a une
recommandation à la page 15 de notre mémoire. Évidemment, on a peu de
temps, donc on présente l'essentiel.
M. Pronovost (Éric) :
Donc, bonjour à tous. Je m'adresse à vous aujourd'hui au nom des 30 000 membres
du personnel de soutien scolaire de la Fédération du personnel de soutien
scolaire pour vous dire que les fusions de services projetées par le ministre
nous inquiètent sérieusement. Je vais vous citer des articles de loi de
l'instruction publique qui pourraient être modifiés par ce projet de loi
n° 40.
Un aspect important de nos inquiétudes se
trouve à l'article 215.2 de la LIP. En ouvrant la porte aux partages de
ressources, que ce soit pour la perception de la taxe ou d'autres ressources,
il y a un risque important de perte d'expertise du personnel déjà en place et
de l'ouverture à la sous-traitance. Nous voyons également un danger à ce que le
ministre puisse demander à un centre de services scolaire de produire une
analyse visant à évaluer les possibilités de partage de ressources et de services
avec un autre centre de services scolaire.
Par exemple, la délocalisation des
techniciens, techniciennes en informatique d'un centre de services à l'autre
réduirait le temps d'intervention pour régler des problèmes urgents. On y voit
un grand danger de sous-traitance. Voir la recommandation <dans le
mémoire à la... recommandation >7 à la page 15 du mémoire CSQ.
À la section I.1, concernant la
modification du territoire des centres scolaires, plus précisément l'article 116
de la LIP, nous voulons que la décision revienne au milieu, que ce soit le
ministre qui tranche par décret au lieu.
À l'article 193.6 de la LIP, concernant le
comité d'engagement pour la réussite des élèves, nous désirons que le personnel
de soutien scolaire puisse bénéficier de deux sièges afin d'assurer une
meilleure représentation. Nous participons activement aussi à la réussite des
élèves.
À l'article 51.2 de la LIP, il y a
deux éléments qui nous interpellent. Tout d'abord, l'appellation de responsable
en service de garde, selon le plan de classification, il s'agit d'une
technicienne en service de garde. Le terme est important, car il peut porter à
confusion entre la direction d'école et la technicienne. Le deuxième élément
concerne la transparence. Si la technicienne en service de garde ne peut se
présenter au conseil d'établissement, nous désirons que la personne substitue
soit élue par ses pairs, tel que c'est le cas actuellement.
J'invite le ministre à modifier son projet
de loi pour trouver des solutions à l'ensemble de ces problématiques que nous
anticipons et ainsi, surtout, favoriser la stabilité du personnel de soutien
scolaire. Merci.
• (16 heures) •
M. Landry (Jacques) :
Bonjour. Je représente les professionnelles et professionnels des commissions
scolaires. J'aimerais d'abord attirer votre attention sur le fait que le projet
de loi retire les trois mentions au Service d'animation spirituelle et
d'engagement communautaire, le SASEC, de la Loi de l'instruction publique. Même
si ce service universel peut faire toute la différence dans le parcours des
élèves qui sont en recherche d'identité, il s'effrite par manque de ressources
déjà depuis plusieurs années, et nous le déplorons. La situation du SASEC
prouve que les services professionnels ne sont pas <protégés. Même si la
loi et les régimes...
>
16 h (version révisée)
< M. Landry (Jacques)T :
... d'engagement communautaire, le SASECV, de la Loi de l'instruction publique.
Même si ce service universel peut faire toute la différence dans le parcours
des élèves qui sont en recherche d'identité, il s'effrite par manque de
ressources déjà depuis plusieurs années, et nous le déplorons.
La situation du SASEC prouve que les
services professionnels ne sont pas >protégés. Même si la loi et les
régimes pédagogiques prévoient que les élèves ont droit à l'ensemble des
services éducatifs complémentaires, dont l'orthophonie, la psychologie,
l'orientation scolaire ou la psychoéducation, dans les faits, ces ressources-là
sont la marge de manoeuvre budgétaire des commissions scolaires. Les années
d'austérité l'ont d'ailleurs bien prouvé.
Comment peut-on justifier que les élèves
d'une région aient accès à deux professionnels par 1 000 élèves alors
que la région voisine a un ratio de six professionnels pour 1 000 élèves?
Non seulement cela nuit à l'égalité des chances, mais c'est discriminatoire.
Ce que nous recommandons, à la page 8
du mémoire, c'est la mise en place d'un seuil de services éducatifs
complémentaires pour les élèves. Ce seuil minimal devrait tenir compte des
réalités régionales et des indicateurs de vulnérabilité. Enchâsser ce principe
dans la Loi de l'instruction publique enverrait un message fort quant à la
volonté d'assurer aux élèves l'accès aux ressources dont ils ont besoin.
Il faut aussi protéger nos services
publics. Nous n'avons aucun contrôle sur la sous-traitance dans le réseau
scolaire, et ça nous coûte très cher. Une évaluation professionnelle au privé
n'aura jamais le même impact qu'une équipe de professionnels sur le terrain qui
observe en classe, intervient de façon cohérence, et suit, participe au plan
d'intervention, et fait des liens avec l'équipe-école et le personnel
enseignant et les parents. Il est incontournable d'encadrer le recours à la
sous-traitance dans la Loi de l'instruction publique. Nous avons une
recommandation à cet effet à la page 15 de notre mémoire.
Nous dénonçons d'ailleurs que le projet de
loi même donne même au ministre le droit d'exiger le partage de ressources et
de services, entre autres, avec des établissements privés ou divers organismes.
L'économie budgétaire ne doit pas être la seule motivation. Il faut surtout
protéger et analyser les impacts sur les services aux élèves de manière à
protéger l'expertise publique. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Ceci met fin au temps que j'avais, malheureusement, pour vous. Donc,
sans plus tarder, on va aller avec les échanges avec M. le ministre, pour votre
16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Alors, merci d'être présents et présentes. Je veux saluer aussi
la présence de Mme Scalabrini et Mme Bilodeau, qu'on entendra plus
tard cette semaine.
Je voudrais revenir sur un élément que
vous avez utilisé. Vous avez utilisé le mot «danger d'inégalité» parce qu'il y
a des articles dans le projet de loi qui répondent à une problématique réelle
qu'on a vécue à plusieurs endroits au Québec. Je me souviens, en 2017,
notamment, CSDM puis commission scolaire Marguerite-Bourgeoys : ça s'était
appelé les frontaliers. Il y avait une école sur le territoire de
Marguerite-Bourgeoys, l'école Monseigneur-Richard, une école secondaire. Il y
avait de la place, une école publique à Verdun qui avait de la place, beaucoup
de places disponibles, sauf qui était à la limite du territoire de la
commission scolaire. L'autre côté de la rue, c'était l'autre commission
scolaire. Des parents voulaient fréquenter l'école de la commission scolaire
voisine qui, au fond, était accessible à pied, mais la commission scolaire, la
CSDM, refusait : Non, non, non, vous allez aller 20, 30, 40 minutes
plus loin dans une autre école. Pour moi, c'est une aberration. Quand on dit,
là, dans les discours, on entend souvent dire ça : Il faut mettre l'élève
au centre des préoccupations. Ce serait le temps de le faire puis tenir compte
de ce que les parents veulent. Et de permettre à des parents d'envoyer leur
enfant sur le territoire d'un centre de services voisin, dans la mesure où il y
a de la place, évidemment, dans la mesure où les parents veulent transporter
leur... ils peuvent y aller à pied, ou si les parents acceptent de transporter,
pour moi, ce n'est pas une source d'inégalité. J'aimerais comprendre votre
raisonnement là-dedans.
Mme Éthier (Sonia) :
Dans un premier temps, je pense qu'on s'entend sur le fait que la Loi sur l'instruction
publique prévoit déjà, de façon exceptionnelle, à une commission scolaire
d'accueillir des enfants en provenance d'une autre commission scolaire, c'est
déjà dans la loi. Alors, nous, ce qu'on voit dans cet article-là, c'est le fait
qu'on puisse, dans le fond, permettre à des parents, peu importe... ça, c'est
une situation qui est légitime. Il n'y a pas de place dans une commission
scolaire, il y a de la place à côté dans une autre commission scolaire, je
pense que ça entre dans les mesures exceptionnelles. Mais, pour nous, le fait
de l'enchâsser dans la loi, ça veut dire que les parents pourront regarder dans
l'autre commission scolaire... Puis là je ne le dis pas négativement, là, je ne
le dis pas négativement. On le place dans le projet de loi, là. Les parents
pourront regarder l'école à la carte, des projets particuliers dans la
commission scolaire à côté, puis peut-être qu'en même temps ça va permettre aux
parents... tu sais, c'est sur la route du travail, et le projet est
intéressant, donc c'est l'école à la carte. Et donc, <pour...
Mme Éthier (Sonia) :
...
Les parents pourront regarder l'école à la carte, des projets
particuliers dans la commission scolaire à côté, puis peut-être qu'en même
temps ça va permettre aux parents... tu sais, c'est sur la route du travail, et
le projet est intéressant, donc c'est l'école à la carte. Et donc, >pour nous, c'est non pertinent et c'est très dangereux.
Quand on dit : Danger
d'inégalités,on sait très bien que les enfants, les parents qui sont de
familles défavorisées n'auront pas les mêmes moyens que les parents qui sont
plus favorisés puis qui pourront se permettre d'aller ailleurs. Et le danger,
là, je le dis vraiment, c'est l'école à la carte. Puis, pour nous, ça ne
devrait pas apparaître dans le projet de loi. Mais je comprends très bien la
situation, M. le ministre, que vous nous indiquez. C'est tout à fait
inacceptable, mais la loi est déjà claire là-dessus. Il y a une possibilité, c'est
exceptionnel, mais je pense qu'on devrait garder l'article qui est dans la loi
tel qu'il est. Je pense qu'on n'a pas besoin de ça au Québec, là.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Roberge : Mais
c'est tellement clair dans la loi que ces parents se sont fait refuser parce
que c'est la commission scolaire, en ce moment... Quand on dit que ce sont des
mini gouvernements, c'est presque : tu as besoin de ton passeport si tu
veux traverser la limite de la commission scolaire, là, c'est la petite
république. Et là c'est comme si l'enfant, pour la commission scolaire,
représente une subvention. Et, si le parent voit une place pour son enfant
l'autre côté de la rue, l'autre côté de la limite territoriale, qu'il est prêt
à le transporter, il y a une place pour lui, la commission scolaire, en ce
moment, peut dire: Non, je garde cet enfant, j'ai besoin de cette subvention.
C'est là où on ne s'entendra peut-être jamais.
Moi, quand je dis: Remettre
l'école au service de la communauté, ça veut dire ça. Et la loi actuelle, si on
ne la change pas, bien, rien ne changera, et ce qu'il s'est passé en 2017
continuera de se passer. Puis ça se passe un peu partout. On demande la
permission à la commission scolaire : s'il vous plaît, pouvez-vous me
rendre mon enfant pour que je puisse l'envoyer et le conduire moi-même dans une
école publique juste à côté? Et là vous dites, si c'est sur le trajet des
parents et ça plaît aux enfants : Quelle dérive! Faudrait l'empêcher d'y
aller. Moi, je pense que, si c'est sur le trajet des parents puis que ça plaît
aux enfants et qu'il y a une place, pour moi, ce n'est pas une dérive, pour
moi, ce n'est pas une inégalité.
Et c'est comme si on pouvait
magasiner, si je prends vos termes, l'école, mais, sur notre territoire de
notre commission scolaire, il n'y a pas de problème. Mais, si on passe la
limite territoriale, maintenant, du centre de service, c'est un problème. Je ne
comprends pas. Parce que vous permettez, vous ne nous demandez pas, à ce que je
sache, d'empêcher les enfants d'aller à une école autre que leur école de
quartier. Est-ce que vous voulez nous empêcher de faire ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Je pense qu'à l'intérieur d'une même commission scolaire il y a les écoles
de quartier, je pense que, quand on disait, d'entrée de jeu, là, qu'il aurait
fallu réfléchir en amont de ce projet de loi, bien, on aurait pu clarifier ces
questions-là. La question, là, principale, dans... Toute la question, c'est
vraiment la question des projets particuliers. Vous le savez, là, dans le
projet de loi, les projets particuliers apparaissent un petit peu partout, là,
puis on voit, dans ce projet de loi, l'école à la carte.
Mais je pense que l'école de
quartier où les enfants sont à proximité, bien, je pense qu'on peut encore
penser que… et, d'ailleurs, on en a déjà discuté, de ça,
quand on a participé à la commission parlementaire sur les frais de scolarité,
là, attribués aux parents et on a déjà discuté de ça, je
pense que l'école de quartier a tout ce qu'il faut pour accueillir tous les
enfants pour donner les services éducatifs dont ils ont besoin et de recevoir
l'éducation dont ils ont besoin. Et nous voyons, dans ce projet de loi,
probablement… vous le dites bien, M. le ministre, qu'on ne s'entendra
probablement pas là-dessus, puis je vous l'accorde, parce que nous, on voit
plus loin que ça. On voit plus loin que la question du territoire, où vous
donnez un exemple précis qu'une commission scolaire empêche des enfants de
fréquenter la... c'est un problème, là, mais je ne pense pas qu'il faille
modifier le projet de loi pour aller dans ce sens.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
• (16 h 10) •
M. Roberge : Bien, moi,
je pense que, quand on voit des problèmes qui sont législatifs et qu'on
améliore la Loi sur l'instruction publique, c'est pas mal notre devoir de
régler ces problèmes-là. Parmi les interventions que vous avez faites dans les
médias dernièrement, vous avez dit : On vient nous dire qu'on va nous
dicter sur quoi on doit se former et, si on n'accepte pas de se former là, on
nous dit d'aller se former. Il pourrait même y avoir des sanctions. C'est vrai
qu'il y a des articles, il y a un article, là, qui parle de la formation des enseignants
dans le projet de loi. Mais où vous avez vu que le projet de loi disait sur
quoi on doit se former ou qu'on <prescrivait...
M. Roberge : ...
C'est vrai qu'il y a des articles, il y a un article, là, qui parle de la
formation des enseignants dans le projet de loi. Mais, où vous avez vu que le
projet de loi disait sur quoi on doit se former ou qu'on >prescrivait
l'objet de la formation? Pouvez-vous me dire ça, là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Je voudrais juste vous dire, M. le ministre, que la FSE va être ici jeudi sur
les enjeux particuliers au personnel enseignant, puis je préférerais leur
laisser présenter leur mémoire puis vous répondre de façon approfondie sur
cette question-là. Mais je sais de... vous parlez de l'article 133, là,
mais, si vous ne voyez pas d'inconvénient, je pense que la FSE va être capable
de vous indiquer clairement leur point de vue là-dessus.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je
comprends. On ramènera cette question-là. Mais c'est quand même... ce n'est pas
la présidente de la FSE qui l'a dit, c'est la présidente de la CSQ. C'est vous
qui avez dit ça, que, là, dans la loi, on allait dire où devaient aller se
former les enseignants. Bon, alors, peut-être qu'il y aura un erratum. Ce n'est
pas le cas. On ne prescrit pas dans la loi où les gens doivent se former sans
quoi il y aurait des sanctions. Il faut faire attention quand même. On peut
être en désaccord avec la loi sur certains points, mais il faut quand même la
décrire telle qu'elle est, parce que peut-être, finalement, qu'on est plus
d'accord qu'on le pense.
Par rapport... peut-être une question pour
M. Pronovost, mais bon, c'est à vous de voir. Il me semble avoir vu, en fait,
oui, je suis convaincu de ça, vous disiez, lors des projets de loi n° 86 et n° 105 des précédents
gouvernements, que vous souhaiteriez que les membres du personnel soient sur
l'instance du conseil d'administration. Donc, est-ce que vous êtes en accord avec
le fait qu'il y ait quatre postes qui soient réservés, justement, pour les
membres du personnel, alors qu'en ce moment sur le conseil des commissaires,
c'est zéro?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Pronovost.
M. Pronovost (Éric) :
Bien, écoutez. Oui, excusez. Qu'il y ait déjà un poste, oui, effectivement…
Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on pense très clairement qu'il faut que l'école
reste à l'école. Donc, s'il y avait plus de gens du milieu de l'école qui
étaient sur ces conseils-là pour pouvoir davantage amener des situations ou
régler des cas problèmes, parce que ces gens-là vivent l'école au quotidien,
vous comprendrez qu'on ait une personne... un membre du personnel de soutien
sur cette table-là, bien, oui, effectivement. Mais est-ce qu'on en aurait voulu
deux, puis trois, puis un peu plus? Je pense que oui, parce qu'on touche toutes
les sphères. On touche autant le service administratif que le service direct à
l'élève, que le service d'entretien puis de manuels. Donc, vous comprendrez
qu'il y aurait, je pense, de la place pour davantage avoir plus de personnes du
personnel de soutien scolaire sur ces conseils-là pour être capable, comme je
l'ai dit puis je le répète, de s'asseoir avec ces gens-là et de s'assurer que
les décisions qui vont être prises vont être prises par des gens qui oeuvrent
aussi dans l'école. Et c'est ce qui fait peur un petit peu, hein? Il y a
beaucoup de gens autour qui vont arriver puis qui vont se greffer. C'est quoi,
le niveau de connaissances de l'école? C'est inquiétant pour les gens. Donc, à
partir de ce moment-là, moi, ce que... je ne serai jamais ouvert à ce qu'on en
ait plus, de personnel de soutien scolaire, c'est sûr, sur la table du conseil
d'administration, bien entendu. C'est sûr.
M. Roberge : Bien, je
suis heureux...
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge :
...d'entendre ça parce que, ce que vous venez de faire comme plaidoyer, comme
témoignage, ça démontre l'importance d'avoir des gens de l'équipe-école à
l'instance régionale sur le conseil d'administration. Puis vous dites : Ça
va amener un éclairage important là où des décisions peuvent être prises par
rapport à la situation actuelle. Sans dire que tout n'est pas correct dans la
situation actuelle, on vise à l'améliorer, la situation actuelle. Puis vous
nous démontrez bien qu'il y aura un avantage.
Ceci dit, on ne peut pas dire ça et dire
qu'améliorer la gouvernance ce n'est donc qu'un brassage de structures et donc
que ça ne sert à rien. Parce qu'à ce moment-là ce que vous nous dites, c'est
qu'il faut améliorer la gouvernance, mais, si on améliore la gouvernance, on
s'attaque aux structures, puis ça, faire les structures, ça ne sert à rien.
Donc, il faudrait juste choisir, soit c'est une bonne idée d'avoir des gens du
personnel sur le C.A., puis on est prêts à revoir la gouvernance pour ça, soit
c'est une mauvaise idée, puis toutes modifications législatives, même si c'est
pour améliorer la gouvernance, ce n'est pas bon, parce qu'il y a d'autres
priorités. Alors, est-ce que vous êtes d'accord, comme centrale, oui ou non,
qu'on peut s'intéresser à la gouvernance tout en faisant d'autres choses pour
améliorer la réussite? On peut-u faire les deux?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Bien, est-ce qu'on peut faire les deux? Dans un premier temps, là, je pense
qu'il y a un constat alarmant qu'on peut faire, c'est que les gouvernements qui
se sont succédé ont tué, à petit feu, la démocratie scolaire. Il y a un danger
réel en enlevant la structure politique. Le danger, <c'est de...
Mme Éthier
(Sonia)T : ... je pense qu'il y a un constat alarmant qu'on
peut faire, c'est que les gouvernements qui se sont succédé ont tué à petit feu
la démocratie scolaire. Il y a un danger réel en enlevant la structure
politique. Le danger, >c'est de retirer le contre-pouvoir.
Parce qu'une des questions qu'on se pose aussi, c'est que les conseils
d'administration, est-ce qu'ils auront un droit de parole public? Alors, pour
nous, ça, c'est un élément qui est questionnant. Et, comme je le disais tout à
l'heure, quand j'ai présenté les quelques propositions, si le gouvernement va
de l'avant avec le conseil d'administration, pour nous, il est important
d'avoir la parité, parce que, comme mon collègue l'a dit, on pense que le... Est-ce que ça va?
Une voix
: ...
Mme Éthier (Sonia) :
On pense que, justement, la parité, c'est important, ça fait un équilibre, et
puis, en même temps, le personnel connaît ce qu'il faut pour l'école, connaît
les solutions, les besoins. Il pourrait y avoir un apport important.
Pour la centrale, ce qui... pour nous, là,
la structure intermédiaire, elle doit demeurer. Ça, c'est un incontournable,
une structure intermédiaire. Puis, ce qui nous... un élément qu'on trouve
positif dans le projet de loi, c'est que, minimalement, la structure
intermédiaire va garder la responsabilité du partage des ressources entre les
écoles. Pour nous, c'est important, parce que les écoles n'ont pas toutes les
mêmes moyens. Donc, cette structure intermédiaire, pour nous, il faut qu'elle
garde la vision globale de la commission scolaire pour être capable de garder
un équilibre entre les établissements. Alors, ça, c'est primordial.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Richelieu, 1 min 15 s au temps ministériel.
M. Émond :
1 min 15 s, merci de me reconnaître, Mme la Présidente,
messieurs, mesdames, Mme Éthier que je salue particulièrement. Je disais
tantôt avoir oeuvré dans les années 90, vous étiez alors localement ma
présidente, à l'époque. Et puis je suis très heureux de vous revoir aujourd'hui,
parce qu'à chacun de nos échanges, parfois, on a des points de convergence, des
points de divergence, mais toujours dans le respect. Puis je vais aller
rapidement sur un point de convergence, mais pour lequel j'aimerais avoir plus
de précisions, même si, M. Pronovost, vous en avez parlé quand même un
petit peu.
Il y a des groupes avant vous qui ont
indiqué que ce n'était pas une super idée de mettre des membres du personnel au
sein des conseils d'administration. De votre côté, vous trouvez que c'est une
bonne idée, même, vous en voudriez plus. Tu sais, dans mon cas, en éducation,
il y a un triangle qui est très important, pour moi, pour la réussite éducative :
le triangle élève, enseignant et parent, la collaboration ou l'implication des
trois. Puis donc, dans notre volonté de vouloir qu'il y ait davantage de
parents qui s'impliquent à la réussite éducative, je veux juste comprendre
bien, si vous voulez avoir plus de membres du personnel au sein du C.A., vous
voulez qu'il y ait moins de parents qui y soient présents également, c'est bien
ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
Il vous reste cinq secondes.
Mme Éthier (Sonia) :
Ce qu'on a demandé, là, ce qu'on vous dit, au C.A., il y a 16 personnes,
je ne me trompe pas, huit membres du personnel, huit membres du... des parents,
de la communauté. Alors, on veut la parité, si le ministre va dans ce sens-là,
parce que c'est important, comme je vous le dis, c'est...
La Présidente (Mme Thériault) :
Je dois vous interrompre, désolée. Merci. Donc, je regarde du côté de
l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Le ministre a donné comme exemple la commission scolaire de Montréal,
la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, puis il disait comme si on
interdisait le partage de services. Juste pour rectifier certains faits :
405 élèves de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys vont à la commission
scolaire de Montréal, 593 de la commission scolaire de Montréal vont à la commission
scolaire Marguerite-Bourgeoys. Et j'étais en train de m'entretenir avec
certains présidents quand ils ont entendu les propos du ministre. Lorsqu'il y a
un refus, ce n'est pas de gaieté de coeur, c'est parce que l'école est pleine.
Et, présentement, à l'école Marguerite-Bourgeoys, on parle de plusieurs écoles
secondaires, une capacité de 120 %. Et je me tourne vers vous parce que,
nous, ça fait quand même quelques fois qu'on se voit, p.l. n° 3, p.l. n° 5, p.l. n° 12 et
maintenant p.l. n° 40. Lorsque nous avons invoqué, je dis le «nous»
là, tous les partis d'opposition, le manque de locaux, le manque d'enseignants,
que c'était vraiment ça, la priorité, pensez-vous que c'est encore ça, la
priorité, dans la réussite éducative, de s'assurer qu'on est capable de
valoriser les enseignants, de trouver des espaces davantage où est-ce qu'il en
manque puis d'avoir assez de monde pour s'occuper de nos enfants présentement?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
• (16 h 20) •
Mme Éthier (Sonia) :
C'est certain que, si on pose la question aux gens du milieu, bien, je ne pense
pas. Ce que les gens souhaitent, ce que nous souhaitons, évidemment, c'est de
l'ajout de ressources, c'est de l'argent supplémentaire, c'est de l'air neuf,
c'est l'autonomie professionnelle pour l'ensemble des personnels. C'est
vraiment, on le sait, là, on est en <situation...
Mme Éthier (Sonia) :
...
aux gens du milieu, bien, je ne pense pas. Ce que les
gens souhaitent, ce que nous souhaitons, évidemment, c'est de l'ajout de
ressources, c'est de l'argent supplémentaire, c'est de l'air neuf, c'est
l'autonomie professionnelle pour l'ensemble des personnels. C'est vraiment, on
le sait, là, on est en >situation... on s'en va en
situation de pénurie, problème d'attraction, puis c'est partout, dans toutes
les professions de l'éducation. Alors, évidemment qu'on met ça en haut, hein,
des priorités pour le bien des enfants. Parce que c'est ça, là, qu'il faut
regarder, là. Il faut donner ce qu'il faut au personnel pour réaliser leur
travail pour permettre aux élèves de réussir. Ça, là, c'est notre... on est là
pour ça, là.
Donc, mais, maintenant, on a
un projet de loi devant nous et on doit y répondre. Puis je pense que, pour
nous, c'est important, on a 14 recommandations et on tend la main au
ministre de l'Éducation. C'est ce qu'on veut faire pour corriger le tir, pour
faire en sorte qu'il n'y ait pas davantage d'inégalités au niveau de
l'éducation publique. Et, quand je dis «davantage», il faudrait finir par les
aplanir, les inégalités. Et ce n'est pas en mentionnant, tout partout dans le
projet de loi, les projets particuliers, les projets particuliers, qu'on va y
arriver. Alors, là-dessus, je suis d'accord avec vous.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Lorsque
vous êtes venue lors du projet de loi n° 12, qui portait sur les frais
facturés aux parents, vous avez vraiment mis le doigt sur le bobo. Vous avez
dit : Là, là, attention, là, l'inégalité des chances, c'est une école à
deux vitesses qui s'en vient. Aujourd'hui, vous nous parlez de clientélisme. Le
ministre trouve que ça peut être de bon augure qu'un parent puisse prendre son
auto, aller déposer son enfant plus proche du travail. Prenons des cas concrets :
une famille qui est moins fortunée dans Hochelaga, est-ce qu'eux vont pouvoir
prendre leur auto puis aller travailler, déposer leur enfant dans une autre
école, disons, par exemple, dans le comté de Westmount?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Poser la question, c'est y répondre. Je pense... je ne crois pas, puis c'est
dans ce sens-là que, tout à l'heure, j'essayais d'exprimer clairement le danger
de cette disposition qui nous amène l'école à la carte davantage. On a déjà,
dans notre réseau, on le sait, on le mentionne... le réseau public a déjà ses
projets particuliers. Certains établissements ont des projets particuliers, ça
crée de l'iniquité. Il y a des frais scolaires qui sont beaucoup... qui sont
chers et qui empêchent certains parents de... que leur enfant y participe. Mais,
à un moment donné, il va falloir se poser la question, puis c'est ce qu'on
aurait dû faire avant le dépôt du projet de loi : Qu'est-ce qu'on veut, au
Québec, comme éducation? Comme système public d'éducation, qu'est-ce qu'on
veut? On aurait dû déblayer le terrain d'abord, avant le dépôt d'un projet de
loi, qui nous amène à des endroits, qui nous... qu'on voit davantage
d'iniquités.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. J'aimerais vous amener dans un article plus précis du projet de loi :
34, paragraphe 2°. In fine, je vais me permettre de le lire, c'est question des
notes : «Elles peuvent toutefois permettre exceptionnellement au directeur
de l'école, après consultation de l'enseignant, de majorer le résultat d'un
élève s'il existe des motifs raisonnables liés à son cheminement scolaire.»
Ici, il y a le terme «majorer», que j'ai mis de l'emphase, puis «après
consultation». Puis, juste avant que vous me répondiez, j'ai, devant moi, une
décision, une sentence arbitrale, qui a été rendue ici, à Québec, sous la
présidence de Jean-Guy Roy. Et, ici, c'était où est-ce
qu'un enseignant, sa note a été changée. C'est non seulement l'enseignant que
sa note est changée qui est affecté, mais, lorsqu'on prend le temps de lire la
décision, les enseignants autour recevaient, par la suite, de la pression des
élèves. Ils disaient : Attention, vous pouvez avoir le même sort que
l'autre enseignant. Et c'est plusieurs témoignages de plusieurs collègues
enseignants. Pensez-vous que cet article-là, précisément le passage que je
viens de vous citer, devrait être complètement biffé?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Absolument. Moi, je pense que c'est un scandale, c'est inapproprié. Puis là
je sais que Mme Scalabrini va être ici jeudi pour répondre à la question,
mais c'est inconcevable qu'un enseignant qui utilise son jugement
professionnel, qui a lui-même enseigné à cet élève, qui a passé une évaluation
et qui se fait... puis que la direction de l'école le consulte pour majorer
cette note-là, là, moi, je trouve que c'est inconcevable et ça ne devrait pas
apparaître nulle part. Ça mine l'autonomie professionnelle du personnel
enseignant et c'est inconcevable, je le répète.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je me tourne,
là, pour parler maintenant des personnels de soutien. Plusieurs ont décrié
avoir des plages à temps partiel puis que, des fois, il manque un quart, là, je
parle de 15 minutes, pour ne pas avoir une charge complète. Maintenant que
ça va être les directions d'école qui vont <pouvoir...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Je me
tourne, là, pour parler maintenant des personnels de soutien. Plusieurs ont
décrié avoir des plages à temps partiel puis que des fois il manque un quart,
là je parle de 15 minutes, pour ne pas avoir une charge complète.
Maintenant que ça va être les directions d'école qui vont >pouvoir
choisir davantage, apparemment, est-ce que, là, on peut avoir un risque assez
important de mettre encore plus en péril ceux et celles qui occupent le poste à
temps partiel et de les mettre dans une situation de précarité d'emploi encore
plus grave que ce l'est actuellement?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Pronovost.
M. Pronovost (Éric) :
Oui. C'est clair que ça n'aidera pas. Ça, c'est sûr. Si l'école redevient un
endroit où une seule personne de la direction d'école s'occupe de prendre les
décisions, d'évaluer les besoins, de s'occuper de vérifier le nombre de
personnes qui fréquentent, exemple, le service de garde, avoir le bon ratio,
hein, donc vous comprendrez qu'effectivement, nous, ce qu'on dit depuis le
début, pour contrer cette fameuse précarité-là, cette problématique d'horaire,
nous pouvons participer davantage dans la vie de l'école, à tous les jours,
aider nos collègues enseignants, travailler de concert avec les professionnels.
On le répète depuis longtemps.
Donc, on pense qu'on a une solution, mais,
encore une fois, il faut se faire écouter, hein? Il faut être capable
d'échanger, puis j'en ai discuté déjà avec M. le ministre. Sauf qu'on
attend des gestes concrets sur le terrain qu'on ne voit pas présentement, et
ça, bien, ça nous cause une problématique. Et ça a un lien direct avec la
rétention puis l'attraction d'emploi. Donc, les gens quittent, s'en vont dans
un grand magasin, peu importe, vont travailler ailleurs pour 40 heures au
lieu d'avoir... Parce que, vous savez, il y a des gens, là, qui, chez nous, là,
arrivent à 7 heures le matin, quittent à 6 heures le soir, et en
travaillent 3 h 15 min dans une journée au complet. Donc, la
plage est immense.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée, 2 min 30 s à peu près.
Mme Rizqy : Je me permets
ici de faire certains parallèles pour avoir le recul puisqu'on a quand même
siégé sur différents projets de loi. Mais un qu'on n'a pas siégé, parce qu'on
est ici au p.l. n° 40, c'est le p.l. n° 37 et le p.l. n° 5,
qu'on vient de terminer où est-ce qu'on a terminé sur une note qui nous a tous
laissé un goût très amer dans la bouche sur la question des agréments pour les
écoles privées, p.l. n° 37, où est-ce qu'on voit qu'il y a une grande centralisation
à Québec pour la décision, pour le pouvoir d'achat notamment.
Et là, ici, dans le projet de loi, il est
question encore de l'école privée, du service. Le ministre parle toujours du
conseil d'administration des cégeps et des universités. Or, j'ai été
professeure à l'université avant de faire le saut en politique. Moi, quand je
regarde ça, oui, le conseil d'administration universitaire, c'est pas mal des
étudiants adultes, mais, quand je regarde ça, ça ressemble pas mal plus à un
conseil d'administration d'une école privée. Ici, est-ce qu'on a un danger de
non seulement centraliser les pouvoirs, mais peut-être même démanteler l'état
public en matière d'éducation?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier, en une minute à peu près.
Mme Éthier (Sonia) :
Je pense que, sur la question dans le projet de loi, c'est sur le partage des
ressources, là, précisément, qu'on parle, évidemment, il y a un danger là. Le
partage des ressources, jusqu'où on va aller, on ne sait pas trop. Premièrement,
je pense qu'il y a un certain danger pour le personnel, là, pour la perte
d'expertise, hein, parce que les gens, dans les commissions scolaires, ont
l'expertise pour... et les gens du milieu savent ce dont on a besoin en termes
de matériel, là. Donc, ça, c'est un enjeu qui est important, puis jusqu'où ira,
justement, ce partage de services.
Ça, c'est une question qu'on se pose :
Est-ce qu'on ira... Parce que le ministre, il a beaucoup de pouvoir, là, et
notamment de demander à un centre de services de produire une analyse visant à
évaluer les possibilités de partage des ressources et de services avec un autre
centre de services scolaire, faire des recommandations ou exiger des mesures
favorisant le partage des ressources ou de services soient mises en oeuvre
entre deux centres de services scolaires. Ça, ça va loin, là.
Et ça, c'est inquiétant, parce les régions
comme la mienne, Sorel-Tracy, où nous avons une commission scolaire, où il y a
une vitalité régionale, où la commission scolaire est située au centre-ville,
puis que les gens, bien, ils ont leur emploi, ils font cette tâche-là, là, les
achats, toute la question administrative et qui font rayonner l'économie dans
la région, bien, moi, pour moi, je suis très inquiète sur cet article-là, où le
ministre détient le pouvoir. Jusqu'où ça ira? Je vous le dis, on est inquiets.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Éthier. Donc, nous allons passer à la deuxième opposition.
2 min 40 s, Mme la députée de Sherbrooke.
• (16 h 30) •
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Écoutez, vous êtes le troisième
groupe qu'on entend, vous êtes aussi le troisième groupe à nous dire qu'avant
d'aller de l'avant avec un projet de loi qui réforme la gouvernance ça aurait
pris une réflexion collective pour savoir où est-ce qu'on veut s'en aller en
éducation, et j'espère que le ministre l'entend pour la <troisième
fois...
>
16 h 30 (version révisée)
<17889
Mme Labrie :
...merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Écoutez, vous
êtes le troisième groupe qu'on entend, vous êtes aussi le troisième groupe à
nous dire qu'avant d'aller de l'avant avec un projet de loi qui réforme la
gouvernance ça aurait pris une réflexion collective pour savoir où est-ce qu'on
veut s'en aller en éducation. Et j'espère que le ministre l'entend pour la >troisième
fois. J'aimerais ça, vous entendre... vous avez déploré le potentiel
d'entretenir l'inégalité des chances et même de dérives par rapport à ça avec
le projet de loi. Qu'est-ce qu'on devrait poser comme geste pour assurer
l'égalité des chances dans nos écoles?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Je pense qu'il faut, il faut vraiment... Pour assurer l'égalité des chances, il
y a un élément qu'on a parlé souvent, c'est la mixité scolaire, hein? <Donc,
ce... >Et les chercheurs le disent, la majorité des chercheurs le
disent, que la mixité scolaire, c'est un élément favorisant la réussite pour
tout le monde. Alors, ça, c'est un élément.
Maintenant, bien, les ressources. Il faut
que les ressources soient au rendez-vous. Ça fait quand même... Le premier
ministre nous a dit, dans son discours inaugural, que l'éducation, c'était la
priorité. Bien, malheureusement, on attend encore. On sait, là, il y a des
projets de loi qui se défilent devant nous un après l'autre. Mais il y a
absence de vision globale du système d'éducation au Québec, et c'est ça que ça
nous aurait pris. À moment donné, il faut prendre le temps de réfléchir pour
être capable de poser les bons gestes et de prendre les bonnes décisions pour
favoriser davantage l'égalité des chances, en partie par la mixité scolaire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Labrie : Oui, vous
avez parlé, tout à l'heure, de seuil minimal de services professionnels.
Pourtant, le ministre, il y a quelques mois, semblait avoir annoncé qu'il y
aurait un seuil minimal de services. Donc, visiblement, ça ne répondait pas à
ce qu'il fallait. J'aimerais ça, que vous nous exposiez pourquoi.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Landry, en 30 secondes.
M. Landry (Jacques) : En
fait, nous, on pense que le seuil de services, c'est comme une façon d'offrir
des chances vraiment égales à tout le monde. Parce que ce qu'on s'est aperçu,
c'est... La dernière fois, l'austérité, il y a eu, une année, 350 postes
de coupés. Puis ce qu'on s'aperçoit, c'est qu'il y a des commissions scolaires
où tu as... tu prends deux professionnels pour 1000 élèves, d'autres cinq
pour 1000 élèves. Donc, nous, ce qu'on dit, c'est : Si on veut
vraiment l'égalité des chances, bien, il faut qu'on soit en mesure d'offrir des
services aux élèves, peu importe leur région, peu importe leur école. Et puis
on a... en fait, c'est, je pense, une des bonnes façons qu'on a de protéger
l'école publique, en s'assurant d'avoir des services de qualité.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Landry. Donc, je vais passer maintenant la parole à la députée
de Joliette pour son bloc. Mme la députée.
Mme
Hivon
: Merci
beaucoup. J'ai un 2 min 40 s J'aurais plein de questions. Je
veux juste dire, je pense que, oui, la mixité sociale, c'est fondamental, puis
on a bien compris que, même si ça a l'air bien simple de dire : Bien, dans
le fond tous les parents vont choisir où ils veulent que leur enfant aille,
puis, si c'est sur le chemin du travail, bien, ça va être formidable, il y a
peut-être des enfants qui n'ont pas ces possibilités-là, parce les parents vont
aller à l'école de quartier, et ça va faire, au bout du compte, qu'on va
dévitaliser des milieux, qu'il n'y aura plus de mixité sociale et que,
justement, les enfants qui auraient le plus besoin de la mixité sociale en
auront peut-être moins le bénéfice.
Puis je veux vous emmener, par rapport à
ça, là, à un élément plus précis. Les projets particuliers, là, vous en parlez
beaucoup. Vision globale, on en est, nous autres aussi. On aurait aimé ça, qu'il
y ait une vision globale avant d'aller pièce par pièce, parce que les projets
particuliers, on a vu, dans un autre projet de loi, que, maintenant, ils
peuvent exister, puis il n'y a pas de plafond sur les frais qui peuvent être
chargés. On n'a pas la cartographie, on ne sait pas comment il y en a. Est-ce
que vous êtes d'avis que, là, comme certains le disent, il va avoir une
compétition plus grande encore entre les écoles puisqu'il va y avoir ce
décloisonnement-là? En termes de projets particuliers, qu'est-ce que ça peut
avoir comme impact?
Puis, si j'ai du temps, l'autre question, ça
serait sur la prise de parole publique. Vous avez dit ça : Qui va prendre
la parole publiquement au nom des C.A., ou tout ça? Le ministre a déjà dit que
ce serait les directeurs généraux qui parleraient publiquement pour les
nouveaux centres de services. Est-ce que vous pensez que ce devrait être les
D.G. ou le président du conseil? Qui devrait prendre la parole?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et vous allez avoir 1 min 15 s pour répondre aux deux questions
de la députée de Joliette.
Mme Éthier (Sonia) :
Bien, d'abord, sur...
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Éthier.
Mme Éthier (Sonia) :
Oui, sur la première question, sur le fait que ce n'est pas tous les
enfants qui vont pouvoir, justement, aller où bon... où les parents pourraient
les amener, parce qu'il y a un frein, il y a un frein au niveau des
possibilités parfois dans les... pour les parents qui sont dans les milieux
défavorisés. Et évidemment que ça nous inquiète, comme vous le disiez, sur
l'espèce de compétition, hein, qui va probablement s'accentuer par rapport à ce
qui existe actuellement. Il y en a déjà. On le sait, que les projets
particuliers <ont été... >se sont multipliés dans les écoles
publiques pour mettre un frein au départ des enfants vers le privé, mais, en
même temps, ça fait que ça a accentué l'inégalité, donc, là-dessus.
Et puis sur... <un...
Mme Éthier (Sonia) :
...ont été multipliés... se sont multipliés dans les écoles publiques pour
mettre un frein au départ des enfants vers le privé, mais, en même temps, ça
fait que ça a accentué l'inégalité, donc, là-dessus.
Et puis sur... >un élément qui
nous inquiète aussi, qui parlera? Parce qu'il n'y aura pas de contre-pouvoir. Alors,
qui aura le droit de parole au niveau des conseils d'administration et comment
on va être capable de délibérer publiquement, en toute transparence, que la
population va pouvoir retrouver ce goût et cet intérêt pour l'éducation? Alors,
ça, là, c'est un élément qui est vraiment primordial dans le projet de loi,
comment la démocratie va se... comment ça va se passer pour qu'on ait vraiment,
je dirais, la possibilité de savoir exactement puis de voir les débats, là, au
C.A., publiquement, là. C'est important, ça. Moi, je vous dis...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois malheureusement... Je vous ai donné 40 secondes de plus,
Mme Éthier. Désolée. Je voulais votre réponse. Donc, merci beaucoup à
M. Pronovost, Mme Éthier, Mme Chabot et M. Landry.
Nous allons suspendre quelques instants
pour que la Confédération des syndicats nationaux puisse s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 39)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux. Donc, nous
accueillons M. Létourneau, avec la Confédération des syndicats nationaux.
Merci de nous présenter les gens qui vous accompagnent, M. Létourneau. Et
vous avez 10 minutes pour nous présenter votre mémoire.
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
M. Létourneau
(Jacques) : Oui. Mme la Présidente, M. le ministre, députés.
Alors, je suis accompagné de Mireille Bénard, qui est adjointe au comité
exécutif de la CSN, qui est responsable du dossier de l'éducation, Alexandra
Mathieu, qui est du service de recherche et qui travaille sur les questions
d'éducation, Nathalie Arguin, qui est présidente de la Fédération des employés
de services publics, et Annie Charland, qui est présidente du secteur du
soutien scolaire à la CSN.
• (16 h 40) •
Alors, très rapidement, la CSN, c'est une
organisation syndicale de 300 000 travailleuses, travailleurs dans
tous les secteurs d'activité, dans toutes les catégories d'emploi. À la
fédération, on représente 30 000 employés qui sont dans le secteur
scolaire. On représente notamment du personnel administratif, on représente le
soutien direct aux élèves, les services <de...
M. Létourneau (Jacques) :
...travailleuses, travailleurs dans tous les secteurs d'activité, dans toutes
les catégories d'emploi. À la fédération, on représente 30 000 employés
qui sont dans le secteur scolaire. On représente notamment du personnel
administratif, on représente le soutien direct aux élèves, les services >de
garde et, bien sûr, le soutien manuel.
Alors, peut-être dire, d'entrée de jeu,
que, quand le gouvernement de la CAQ a été élu, la première discussion qu'on a
eue avec M. Legault puis, par la suite, avec M. Roberge, on avait
salué, comme organisation syndicale, cette volonté-là de faire de l'éducation,
au Québec, une priorité. Je pense qu'on peut se dire sans trop hésiter qu'il y
a une crise de l'éducation publique, notamment au niveau primaire, secondaire,
qui est liée, évidemment, à des périodes qu'on a traversées au Québec. Les
mesures d'austérité, les compressions budgétaires, ça, je pense que tout le
monde fait consensus là-dessus pour dire que, sans être dans une dynamique de
rupture, il y a quand même des signaux fort inquiétants qui viennent remettre
en question toute la qualité. Ça n'a rien à voir avec la qualité des services
qui sont donnés par le personnel enseignant ou non, mais, quand on regarde
l'état actuel de l'éducation publique au Québec, on a, justement, intérêt à
s'en occuper.
D'ailleurs, on avait, justement, salué le
gouvernement en disant : C'est une bonne chose qu'on s'occupe de
l'éducation. D'ailleurs, quand le ministre des Finances a annoncé des crédits
supplémentaires pour embaucher de la main-d'œuvre, quand on a annoncé qu'on
allait lancer un chantier de rénovation de nos écoles, dont certaines sont dans
un état carrément lamentable, on a effectivement salué les gestes posés par le
gouvernement.
Évidemment, dans le contexte actuel, nous,
on considère qu'il y a encore beaucoup de pain sur la planche et, honnêtement,
on a été étonnés, à la lecture du projet de loi n° 40, de constater qu'on
était dans quelque chose de très administratif et que la remise en question des
élections scolaires ou des commissions scolaires dans leur forme actuelle,
c'était un peu comme viser un objectif sans toucher la bonne cible.
Est-ce que c'est l'existence des
commissions scolaires au Québec qui explique, par exemple, qu'il nous manque
d'enseignants puis d'enseignantes, qu'il manque de personnel spécialisé, qu'il
nous manque de personnel de soutien? À notre avis, même si on reconnaît
qu'effectivement, sur le plan de la démocratie, il y a peut-être là un déficit
quand tu regardes les taux de participation, comme organisation syndicale, on a
toujours dit : Donnons-nous les moyens pour renforcer cette instance
politique là — parce que c'est vrai que c'est politique, et ce n'est
pas un mal de faire de la politique quand on s'adresse à des enjeux de société
comme ceux de l'avenir de l'éducation — donnons-nous les moyens de
renforcer, justement, cette dimension-là de notre vie démocratique en société
pour être capable, justement, de maintenir les équilibres sur les territoires
puis d'être capable de répondre de façon efficace aux enjeux qui traversent le
monde de l'éducation.
Alors, évidemment, quand on met sur la
table la fin des élections scolaires, d'abord, on veut rappeler au gouvernement
qu'il s'agit d'une des plus vieilles institutions dans une conjoncture,
honnêtement, où s'attaquer aux droits fondamentaux de pouvoir voter, de pouvoir
se prononcer sur qui va assurer la gouvernance d'une institution aussi
importante que les commissions scolaires, et d'être remplacée de façon
administrative par des instances qui vont être composées de parents, de
personnel, alors qu'on a déjà une expérience difficile dans les conseils
d'établissement... Nous, quand on parle avec notre monde, on nous dit : C'est
une réalité, ça, sur le terrain, que ce n'est pas facile de recruter. Alors là,
on comprend, en plus, qu'on va demander au monde de faire du bénévolat, on voit
mal comment cette nouvelle forme de gouvernance là va être capable de régler
les problèmes sur lesquels on est actuellement confrontés.
L'autre chose qu'on nous avait dite, puis
moi, je l'avais dit à M. le ministre, je l'avais dit à M. Legault : J'espère
que vous ne nous ferez pas de réforme Barrette en éducation puis que vous ne
vous mettrez pas à jouer dans les structures. Bon, loin de nous l'idée de comparer
le projet de loi n° 40 à la réforme Barrette en santé, mais disons que,
quand on regarde un certain nombre d'articles du projet de loi qui portent vers
une forme de centralisation entre les mains du ministre, une
dépolitisation, pas de façon... au sens péjoratif, là, mais d'une
dépolitisation réelle des enjeux d'éducation dans le palier régional, bien, on
s'inquiète, parce qu'on se dit : Demain matin, là, c'est qui qui va donner
le contrepoids, justement, des politiques mises de l'avant par un gouvernement,
par un État, dans des enjeux aussi fondamentaux que ceux auxquels on est
confrontés actuellement dans l'enseignement, dans le réseau de l'éducation, de
l'éducation publique?
Donc, il y a des dimensions qui nous
inquiètent au niveau de la centralisation, de la concentration, toute la
question des regroupements de services, la question, même... On ne parle pas de
fusion, jusqu'à maintenant, de ces centres de services scolaires, mais, en même
temps, la porte est ouverte par un certain nombre <d'articles...
M. Létourneau (Jacques) :
...de l'éducation publique?
Donc, il y a des dimensions qui nous
inquiètent au niveau de la centralisation, de la concentration, toute la
question des regroupements de services, la question, même... On ne parle pas de
fusion, jusqu'à maintenant, de ces centres de services scolaires, mais, en même
temps, la porte est ouverte par un certain nombre >d'articles qui pourraient
éventuellement nous replonger dans ce qu'on a connu en 1998, quand il y a eu
des fusions des commissions scolaires, puis mes collègues pourront vous en
parler, de l'effet des fusions de commissions scolaires sur l'éloignement,
surtout sur des grands territoires, entre des écoles qui sont moins
représentées ou moins considérées quand il s'agit d'avoir un plan de
développement dans une région pour assurer une équité dans la distribution du
financement puis dans l'organisation des services sur le territoire. Donc, il y
a des dimensions, là, qui sont mises de l'avant dans le projet de loi qui nous
inquiètent à ce compte-là.
Il y a eu évidemment la loi n° 37,
on y a fait référence tantôt, j'écoutais les autres présentations. Il y a le projet
de loi n° 40, il y a la loi n° 37. Quand on pose
les questions d'équité, ou d'iniquité plutôt, il y a la fameuse loi n° 12, qui, à notre avis, introduit davantage de
concurrence, parce que, là, <on va... >on remet en question la
gratuité puis on ne plafonne pas les frais qui seront éventuellement chargés
aux parents, alors que le ministre, quand il était dans l'opposition... puis
qu'on s'est aperçu que ça coûtait bien cher pour des parents, notamment,
d'envoyer leurs enfants à l'école publique, alors que ça devrait être
normalement gratuit, bien, on s'aperçoit que, là, on est en train de mettre en
place des conditions qui vont peut-être entraîner de l'iniquité.
On l'a dit, là, au Québec, c'est le régime
à deux vitesses, le privé financé, le public. Mais ça fait une couple d'années
qu'on est dans presque du trois vitesses, parce que, dans l'école publique, il
existe — moi, mes enfants sont au secondaire — le programme
international puis il existe le programme régulier. Et qui va à l'international?
Qui va au régulier? On la connaît, la réponse. Moi, en tout cas, je pourrais
vous en jaser longuement, mais ce n'est pas l'objectif aujourd'hui, dans la
mesure où je suis ici comme président de la CSN, pas comme parent.
Mais toujours est-il que l'absence de
mixité sociale dans l'école et dans les processus d'apprentissage fait en sorte,
justement, qu'on n'est pas en train de régler les problèmes d'iniquité, bien au
contraire. Alors, <que... >nous, on pense, honnêtement, il y a un
coup de barre à donner au Québec actuellement, il y a même un cri du coeur
qu'on doit lancer au gouvernement pour, justement, s'assurer que l'enseignement
primaire, secondaire... c'est les tout-petits, c'est les jeunes qui vont former
le Québec de demain, aient des chances égales et que, quelque part, on mette en
place un véritable processus de consultation.
Moi, je vais vous dire, là, je ne suis pas
assez vieux pour avoir connu l'époque du rapport Parent, mais le Québec s'est
bâti sur son système d'éducation public, sur l'accès à l'éducation. On avait un
rattrapage, à l'époque, à réaliser au Québec. Il me semble qu'on devrait se
donner toutes les chances et, justement, consulter la population, consulter les
intervenants, consulter les travailleuses, les travailleurs, mais pas juste les
travailleuses et les travailleurs, consulter l'ensemble de la population pour
savoir qu'est-ce qu'on veut demain, au Québec, comme système d'éducation pour
maintenir les grands principes d'équité qui nous habitent, mais de moins en
moins parce qu'ils sont en train de s'altérer complètement avec les inégalités
qui s'observent aujourd'hui dans le monde de l'éducation. Alors, voilà, je
m'arrête là-dessus.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Létourneau. Donc, sans plus tarder, je vais passer la parole à
M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Je vais essayer de clarifier
quelques éléments pour voir... être certain qu'on comprenne bien, parce que
j'ai l'impression que, si on comprend mal ce qu'il y a dans le projet de loi
puis qu'on le répète, on extrapole puis on en vient à faire peur aux gens avec
des choses, des articles qui n'existent pas.
Comme là, vous avez dit... en fait, Mme la
Présidente, monsieur nous a dit que, parce qu'il y avait une possibilité qu'il
y ait des fusions de services, qui existait déjà dans la loi actuelle, en
passant, c'était déjà là, il pourrait y avoir des fusions de centres de
services au complet. Ce n'est pas dans le projet de loi. Il faudrait avoir un
autre projet de loi pour fusionner des territoires.
Ce que fait le projet de loi actuel, il
transforme 69 commissions scolaires, francophones et anglophones, neuf
anglophones, 60 francophones, en 69 centres de services scolaires. Il
n'est pas question de fusionner des territoires. Je ne comprends pas pourquoi
vous dites, bien, ça pourrait mener à des fusions de territoires, parce que,
pour fusionner des territoires, ce qui n'est pas notre intention, il faudrait
revenir, déposer un autre projet de loi puis lancer une autre ronde de
consultations.
Alors, <est-ce que... >pourquoi
lancer ça, alors que ça fait peur aux gens et que ce n'est pas dans le projet
de loi?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Létourneau. Mme Arguin.
• (16 h 50) •
Mme Arguin (Nathalie) :
Oui, bonjour. Bien, nous, ce qu'on a vu et ce qui a vraiment inquiété nos
membres, <c'est...
M. Roberge :
...est-ce que... pourquoi lancer ça, alors que ça fait peur aux gens et que ce
n'est pas dans le projet de loi?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Létourneau. Mme Arguin.
Mme Arguin (Nathalie) :
Oui, bonjour. Bien, nous, ce qu'on a vu et ce qui a vraiment inquiété nos
membres, >c'est... on y voit la possibilité très claire de la fusion de
territoires. La notion de territoires limitrophes et de consentement ou de
demande des milieux pour fusionner les territoires disparaît. C'est ce qu'on a
vu dans le projet de loi. Alors, les gens qu'on représente, ils ont vu tout de
suite la possibilité de le faire, la possibilité, aussi, que ce soit vraiment <une
demande... >à la demande du ministre ou du ministère de pouvoir faire
ces fusions-là.
Donc, nos gens, après avoir... nos
membres, après avoir vécu toutes ces années de fusion en 1998, la vague de
fusion qui a pris des années à se mettre en place, et ensuite les mesures
d'austérité qu'on connaît, sont vraiment hyperinquiets de voir une porte
s'ouvrir. On ne dit pas que c'est écrit nommément, mais de voir la porte
s'ouvrir sur une ixième réforme ou refonte des territoires au Québec, ça a
inquiété énormément nos gens.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Mais c'est
un peu là où j'en suis. Vous dites : Il y en a déjà eu, des fusions, et là,
comme on veut changer la gouvernance, peut-être qu'il y en aura plus tard.
C'est un peu coupable par association. Ce n'est pas parce qu'il y en a déjà eu
et que, là, on revoit la gouvernance qu'il va y en avoir. C'est un peu la même
gymnastique. Tout à l'heure, vous avez mentionné : Loin de nous l'idée de
comparer le p.l. n° 40 à la réforme Barrette. Il y en
a plusieurs avant vous qui ne se sont pas privés.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais juste vous demander de ne pas faire indirectement ce que vous n'avez
pas le droit de faire, d'appeler un ancien ministre ou un député par son nom.
M. Roberge : D'accord,
d'accord, c'est bon. Loin de nous l'idée de comparer le p.l. n° 40
à la présente réforme en santé faite par l'actuel député de La Pinière.
La Présidente (Mme Thériault) :
C'est mieux.
M. Roberge : En fait, ce
n'est pas ça qu'on fait du tout. Mais, comme la dernière fois que quelqu'un a
revu la gouvernance d'un réseau important, qui est en santé, ça a eu des
conséquences néfastes, à ce moment-là, le précédent... le ministre de la Santé
qui est actuel député de La Pinière s'est arrogé de nouveaux pouvoirs, a
fusionné des territoires — là, il y en a eu, des fusions de
territoires, des vraies, ce n'étaient pas des craintes, il y en a
eu — et s'est donné le pouvoir de nommer les membres d'un C.A., on
dit : Bien, maintenant qu'on veut améliorer la gouvernance, il va
probablement arriver ce qu'il est arrivé la dernière fois.
Mais, quand on regarde le projet de loi
pour ce qu'il est, il n'y en a pas, de fusion de territoire. Il n'y en a pas,
de ministre qui nomme des gens sur les conseils d'administration. Ce n'est pas
vrai. Et le ministre, avec ce projet de loi là, le gouvernement actuel, moi ou
le prochain qui occupera mon siège, ne pourra pas nommer les gens sur les C.A.
et ne pourra pas nommer les directions générales. Or, dans la précédente
réforme de la santé, il nommait les gens sur les C.A., il nommait les D.G.
Alors, je comprends qu'il y a des
souvenirs douloureux de la précédente réforme en santé, mais est-ce que ça veut
dire qu'il faut s'améliorer, d'améliorer la gouvernance, supposons, en
éducation ou en transport, en disant : Au cas que, au cas que ça soit
aussi pire que la dernière fois?
La Présidente (Mme Thériault) :
Excusez-moi, M. le ministre.
M. Roberge : Ça voudrait
dire qu'on serait condamnés à ne plus jamais améliorer nos gouvernances?
La Présidente (Mme Thériault) :
Excusez-moi, M. le ministre. J'ai une question de règlement, la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui,
j'aurais une question de règlement. Écoutez, je ne sais pas en vertu de quel
article, mais le ministre a dit textuellement qu'il aurait besoin d'une
nouvelle loi pour fusionner des territoires, alors que c'est faux. À
l'article 46 du projet de loi qu'on est en train d'étudier en ce moment,
ça dit que «le gouvernement peut, par décret, […]de sa propre initiative, [appliquer]
toute modification au territoire des centres de services». Donc là, je pense
qu'il donne une information inexacte aux gens ici en disant que ça prendrait un
nouveau projet de loi pour procéder.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci pour votre question de règlement. M. le ministre, j'imagine que vous
allez référer à l'article de la députée.
M. Roberge : Je vous
remercie. On y reviendra à ce moment-là pour démontrer que ce n'est nullement
l'intention et que ce n'est pas une modification qu'on vient de faire en
donnant de nouveaux pouvoirs. Ce n'est pas le projet de loi ici, là, qui vient
donner de nouveaux pouvoirs en faisant des fusions. Donc, je veux juste qu'on
prenne garde à se faire peur en faisant dire au projet de loi des choses qu'il
ne dit pas.
Et, puisque vous représentez des gens qui
travaillent dans les instances, ma question serait : Est-ce qu'il y a une
ouverture parmi vos membres à avoir des postes réservés sur le conseil
d'administration? Est-ce que certains de vos membres voient ça d'un bon œil,
comparé à la situation actuelle, où ce sont des commissaires, d'avoir plutôt un
conseil d'administration avec des employés, des gens qui travaillent au
quotidien dans les écoles?
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme Mathieu.
Mme Mathieu
(Alexandra) : En fait, je voudrais juste revenir à la question
précédente du ministre et son étonnement sur nos craintes. En fait, considérant
que M. le ministre a déjà <mentionné...
M. Roberge : ...des
gens qui travaillent au quotidien dans les écoles?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Mathieu.
Mme Mathieu (Alexandra) :
En fait, je voudrais juste revenir à la question précédente du ministre et son
étonnement sur nos craintes. En fait, considérant que
M. le ministre a
déjà >mentionné publiquement, devant journalistes, qu'il considérait
éventuellement la possibilité de fusion, je vois mal en quoi le ministre est
surpris, aujourd'hui, par notre crainte. De un.
De deux... Est-ce que j'ai le droit de
poser des questions?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui.
Mme Mathieu (Alexandra) :
Considérant que le ministre a pris la peine de retirer de la LIP les notions de
consentement et de territoires limitrophes, il comprendra que nous sommes
extrêmement inquiets. Et on comprend mal, ici, son étonnement devant notre
inquiétude.
Et, encore une fois, la ministre Labrie
a... pardon, la députée Labrie, désolée, mon erreur, désolée...
M. Létourneau
(Jacques) : La députée de Sherbrooke.
Mme Mathieu (Alexandra) :
...voilà, merci, députée de Sherbrooke mentionnait qu'en effet tout ça peut se
faire par règlement. Donc, voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
Voilà. Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Je peux
répondre brièvement avant de laisser la parole à mon collègue. La question des
territoires, j'en ai parlé avec les intervenants précédents, c'est pour
permettre à des parents dont il y aurait des enfants dans une école qui
voudraient inscrire leurs enfants sur le territoire du centre de services
voisin de pouvoir inscrire. C'est ça, l'intention. Je vais laisser la parole, maintenant,
à mon collègue de Beauce-Nord.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. M. le député de Beauce-Nord.
M. Provençal :
Merci, Mme la Présidente. J'ai regardé attentivement votre mémoire puis même le
site de votre organisation. <Je vais... >J'aurais trois questions.
La première, c'est que le projet de loi, là, prévoit une place accrue aux
employés de soutien — puis vous nous mentionnez que vous avez plus de
30 000 employés au niveau du service soutien — alors, dans
tous les conseils d'administration, mais également au sein des comités
d'engagement pour la réussite des élèves. Comment vous percevez cette implication-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin (Nathalie) :
Oui. Juste revenir sur... Je vais répondre à votre question, mais je veux
vraiment revenir sur l'inquiétude qu'on a, parce que c'est ça qui a suscité le
plus. Nos gens nous on dit, là : On est heureux de voir arriver un ministre
de l'Éducation qui connaît le milieu, on est heureux de voir que c'est une
priorité pour le gouvernement de réinvestir, et on s'en allait dans des bonnes
grâces de nos membres, qui étaient vraiment contents. Et ils ont été sonnés
après tout ce qu'ils ont vécu. Ça, il ne faut pas le minimiser. Le personnel de
soutien, là, oui, on va être heureux de voir qu'il y a une représentation puis
que ça n'a pas été oublié, éventuellement, malgré les positions qu'on peut
avoir sur la démocratie scolaire et le fait d'abolir la démocratie scolaire et
régionale. Mais les gens, là... C'est à l'article 116, là, de la LIP. La
manière que c'est écrit, ce n'est pas nous qui avons fait peur aux gens, M. le
ministre... Mme la Présidente, là. Donc, ce n'est pas nous qui avons fait peur
aux gens. Les gens ont été épeurés eux-mêmes en lisant, en lisant cet... Il
y a un grand ajout, là, à cet article-là, qui rouvre des grandes portes. Et
vraiment, les fusions, là, c'est le personnel de soutien scolaire, qui est au
cœur de la machine, là, qui est au cœur, c'est le personnel administratif,
c'est le personnel d'entretien, c'est le personnel... puis c'est les services
aux élèves qui sont directement impactés quand on s'empêtre dans des fusions
interminables. Ça a pris presque 10 ans pour compléter le dernier
processus.
Alors, moi, je pense qu'il ne faut pas
s'étonner que nos membres, ils sont vraiment inquiets et ils ont été vraiment
déçus de voir qu'on risquait, là — je vais le dire, mais le risque
est, en rajoutant quatre cinq paragraphes dans cet article-là, le risque est
bien réel — de s'embarquer dans un autre processus interminable, et,
surtout, qui allait les impacter d'une certaine façon, mais en ne sachant pas
laquelle. Donc, c'est énormément de portes ouvertes.
Donc, sur le fait d'avoir gardé une
représentation dans les articles du projet de loi, on en est. On a toujours... Puis,
comme personnel de soutien, on n'est pas les premiers qui ont la voix au chapitre
de façon naturelle. Ce n'est pas les personnes qu'on vient voir de premier chef
dans le réseau de l'éducation, mais c'est les personnes qui sont au cœur de la
machine, c'est les personnes qui font rouler notre système d'éducation, qui
travaillent au niveau administratif, qui réparent nos écoles et qui peuvent
faire la prévention, quand on a assez de personnel sur le terrain pour pouvoir
faire de la prévention, et ne pas juste éteindre des feux ou colmater des
brèches, et puis s'apercevoir, après des années, que tout ça, ça n'a pas
fonctionné. Mais c'est là-dessus que je voudrais vraiment insister.
Et, si c'est comme la discussion que M. le
Président de la CSN avait déjà eue avec M. le ministre, que ce n'est nullement
l'intention de fusionner des territoires, bien, moi, j'inviterais à revoir cet
article-là pour que ce soit vraiment clair pour tout le monde, parce que ce
n'est vraiment pas l'impression que ça donne.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député de Beauce-Nord, vous avez encore à peu près cinq minutes.
M. Provençal :
Merci, Mme la Présidente. Oui, je comprends qu'à la première question que j'ai
posée vous êtes quand même en accord avec une implication du personnel de
soutien, à la première question que je vous ai posée, pour une place accrue aux
employés de soutien dans les conseils d'administration.
• (17 heures) •
Mme Arguin (Nathalie) :
Mais nous, on ne sera pas...
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin (Nathalie) : Oui,
<désolée. Nous...
>
17 h (version révisée)
<17829
M. Provençal :
...je comprends qu'à la première question que j'ai posée vous êtes quand même
en accord avec une implication du personnel de soutien, à la première question
que je vous ai posée, pour une place accrue aux employés de soutien dans les
conseils d'administration.
Mme Arguin (Nathalie)T :
Mais nous, on ne sera pas...
RLa Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin (Nathalie)T :
Oui. >désolée. Nous, bien, exactement, là... Mais, comme je vous ai dit,
<on est... >quand on peut... on revoit des structures et qu'on
fait une place au personnel de soutien, on va être en accord.
Mais là je ne serais pas accord avec...
Là, ce qu'on a placé en début, c'est que nous, on pense, là, en début de
discussion aujourd'hui, ce qu'on pense, c'est qu'on n'en était pas rendus, sans
consultation, à revoir la structure démocratique dans laquelle on est
présentement. Et cette consultation-là aurait été très, très instructive d'y
impliquer... ça aurait été très instructif d'y impliquer le personnel de
soutien et administratif qui en fait partie et qui connaît plus que moi, même,
le coeur du fonctionnement des commissions scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le député.
M. Provençal :
J'aimerais revenir, là, sur vos craintes, si M. le ministre me le permet, là.
Vous craignez des fusions imposées de centres de services, des regroupements de
services, des pertes possibles d'emploi, mais il n'est pas du tout question
d'imposer ce genre de décisions ni de couper des postes depuis le début de
l'annonce du projet de loi. Le projet de loi permet ces actions si elles sont
avantageuses pour tous. On parle de possibilité, puis j'insiste sur le mot
«possibilité», sur le plan juridique et non d'obligation tous azimuts, là. Est-ce
que vous considérez que des regroupements de services peuvent être avantageux? Et,
si oui, dans quelles conditions? Parce que vous avez quand même, probablement,
réfléchi à cet élément-là avec un cadre de référence.
La Présidente (Mme Thériault) :
...Mme Charland, je pense, hein? Oui. Mme Charland, allez-y, c'est
beau.
Mme Charland (Annie) :
Oui, nos membres ont excessivement peur des regroupements de services. Excusez,
j'ai une grippe. Si, mettons, en plus, en n'étant plus limitrophe, mettons que
le service de la paie peut se faire sans être limitrophe, on va prendre la paie
de mes Îles-de-la-Madeleine, qui vont aller se faire à Montréal. Il arrive quoi
avec mes filles qui font la paie aux Îles-de-la-Madeleine? Il arrive quoi avec
les travailleuses et les travailleurs qui ont un problème avec la paie?
Qu'est-ce qu'il arrive avec eux pour aller rencontrer la personne parce qu'elle
n'est pas capable de l'expliquer par téléphone? Parce que souvent ils vont se
rendre au centre administratif. Le regroupement... Puis, en plus, le
regroupement n'est pas nécessairement juste avec des commissions scolaires.
Dans le projet de loi, il est ouvert où ce qu'ils peuvent se faire avec les
villes. Il est très, très, très large.
Alors, oui, c'est très, très, très... Le
monde n'est pas bien là-dedans. C'est vraiment... C'est sûr qu'on n'est jamais
bien avec l'inconnu, mais je vais vous dire que votre projet de loi donne
beaucoup trop d'ouverture à aller un peu partout en fusion, en regroupement. Et
puis, en regroupement, on ne se racontera pas de menteries, là, j'ai déjà un
syndicat qui m'a avertie que son D.G., il parle déjà de regroupement de
services, c'est déjà dans l'air. Alors, ne venez pas me dire que c'est juste
des possibilités. On le sait, que c'est déjà dans l'air, ça se parle déjà.
Alors, c'est sûr que nos membres ont peur, puis ça va toujours rester une
crainte.
La Présidente (Mme Thériault) :
J'ai M. le ministre qui voudrait intervenir. 1 min 30 s
M. Roberge : Il reste peu
de temps. Je veux clarifier quelque chose sur l'article 46 de la LIP,
puisqu'on est là-dedans puis on parle pas mal de fusion, de regroupement. La
notion de fusion de services est définitivement dans le projet de loi
n° 40. C'est une possibilité qui pourrait arriver ultérieurement pour...
L'idée, c'est de maximiser, c'est de faire des économies puis c'est de
réinvestir l'argent pour embaucher des gens qui donnent des services directs
aux élèves. Je pense qu'on n'est pas loin de la mission de l'État.
Ceci dit, la LIP actuelle, à l'article 116
et 117, permet déjà au gouvernement de fusionner, carrément, des commissions
scolaires, là. 117, là, on parle : «En cas de division [ou] pour la
formation d'un nouveau territoire, une nouvelle commission scolaire [a été]
instituée [...] dans [le cadre d'un] décret.» Puis le gouvernement peut,
de sa propre initiative… ça, c'est en ce moment, là, sans consultation, là, le
gouvernement peut, en ce moment, fusionner des commissions scolaires. Avec la
loi qu'on fait, on oblige une consultation.
Donc, ce n'est pas comme si on venait
donner un nouveau pouvoir au ministre de fusionner des commissions scolaires.
Les précédents gouvernements, péquistes comme libéraux, l'avaient, puis ça ne
les dérangeait pas. Nous, on ajoute la notion qu'il faut consulter, et là, tout
à coup, ça serait une centralisation? Je ne vois pas les choses du même oeil.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez cinq secondes pour répondre.
Mme Mathieu (Alexandra) :
Je répondrai que... parce qu'en fait vous avez pris la peine de retirer la
notion de consentement, donc de diction au préalable et de territoires
limitrophes. Donc, en fait, ce n'est pas ce qu'il est marqué dans le p.l. n° 40. Donc, si vous pouvez me lire l'extrait exact que
vous semblez mettre de l'avant, j'apprécierais, merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je n'ai plus de temps, malheureusement. Mais je vais aller avec la députée de
Saint-Laurent, qui, je pense, va prendre la balle au bond.
Mme Rizqy : Mme Mathieu,
inquiétez-vous pas. J'étais convaincue qu'il allait nous parler de
l'article 117, ça fait que je l'avais déjà sorti. C'est croire que je
commence à le connaître, hein? L'article 117, le deuxième paragraphe,
mentionne que, toutefois, il faut recréer une autre commission scolaire, alors
que...
<Vous...
La Présidente (Mme Thériault) :
...mais je vais aller avec la députée de Saint-Laurent, qui, je pense, va
prendre la balle au bond.
Mme Rizqy :
Mme Mathieu, inquiétez-vous pas. J'étais convaincue qu'il allait nous parler
de l'article 117, ça fait que je l'avais déjà sorti. C'est croire que je
commence à le connaître, hein? L'article 117, le deuxième paragraphe,
mentionne que, toutefois, il faut recréer une autre commission scolaire, alors
que... >
Vous avez vu juste lorsque vous avez fait
référence à l'article 46 du projet de loi n° 40. Avant qu'on rentre
ici, en consultation, le ministre de l'Éducation faisait un point de presse
pour dire que ceux qui vont venir ici vont faire peur puis que nous autres
aussi, les oppositions, on risque de faire peur. Et là, quand que j'entends le
ministre de l'Éducation dire : Bien là, en quoi qu'aujourd'hui... quand
que vous dites qu'on va fusionner des territoires, réduire le nombre de centres
de services, où vous voyez ça dans le projet de loi n° 40? Ça prend un
nouveau projet de loi. Ayoye!
Moi, il y a deux semaines, je disais qu'il
n'avait clairement pas écrit son projet de loi puis je pensais qu'il ne l'avait
pas lu. Maintenant, j'en suis convaincue, qu'il ne l'a pas lu, parce que
l'article 46 du projet de loi est assez édifiant : «Le gouvernement
peut, par décret, à la demande d'un centre de services — je vais sauter
certains passages — […]ou de sa propre initiative après consultation
des centres de services [...] intéressés, apporter toute modification [du]
territoire des centres de services scolaires.» Donc, oui, il peut fusionner. Le
deuxième paragraphe dit qu'à ce moment-là il décide quel centre de services va
exister. Le dernier paragraphe, il dit que, par décret, il met fin à
l'existence de ce centre de services.
Mais ne prenez pas ma parole du projet de
loi n° 40, vous avez aussi le plan de gouvernance qui a été écrit par
M. Roberge en janvier 2018.
La Présidente (Mme Thériault) :
...
Mme Rizqy : C'est plutôt :
«Moins coûteux et éventuellement moins nombreux, les centres de services [sont
à l'école] seront intégrés au ministère de l'Éducation.» Si ce n'est pas de la
centralisation, je ne sais pas c'est quoi.
Mais on a eu la chance déjà de discuter...
puis je vais revenir au personnel de soutien. Vous avez parlé, justement, des
Îles-de-la-Madeleine. Présentement, dans votre réseau là, c'est majoritairement
femmes, temps partiel. Présentement, là, dans votre réseau, l'inquiétude que ça
soit encore davantage les femmes qui subissent les contrecoups de ce projet de
loi, est-ce qu'elle est largement partagée, cette inquiétude, par vos membres?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Charland.
Mme Charland (Annie) :
Énormément, parce que, quand même, on a plus de la moitié de nos membres qui
sont déjà précaires. La majorité sont des femmes. Alors, quand on parle de
coupures, qui on vise? C'est encore les femmes et c'est souvent des
monoparentales. Alors, oui, la crainte, elle est excessivement là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin, vous voulez ajouter?
Mme Arguin (Nathalie) :
Si je peux me permettre, en complément, quelques chiffres, là, pour imager,
bien, on a 85 % de femmes qui travaillent dans le réseau, et il y en a plus
de 50 % qui sont à statut précaire, donc temps partiel — et, plus
de 50 %, c'est des chiffres conservateurs — et, qui plus est, ce
sont des femmes qui travaillent au soutien direct à l'élève : des
travailleuses en éducation... des techniciennes en éducation spécialisée, des
préposées aux élèves handicapés, nos personnels dans les services de garde.
Donc, c'est les plus impactées. La plus grande précarité se trouve au soutien
direct aux élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Vous me
permettrez de faire des ponts avec qu'est-ce qu'il se passe présentement au
Québec dans d'autres projets de loi, n° 37, projet de loi aussi n° 40
sur la nouvelle façon de gérer nos infrastructures informatiques. On veut
centraliser. Puis, tantôt, vous avez parlé de la paie. En ce moment, on vit la
pire crise en matière de vol de données puis vol d'identité. Quand on
centralise, pour avoir parlé avec plusieurs experts ingénieurs en informatique,
il y a un risque assez important, lorsqu'il y a des attaques, des
cyberattaques, d'être encore plus exposés.
Tantôt, le ministre a dit : Oui, mais
vous avez rien contre — non pardon, c'était le député de Beauce-Nord — de
faire des économies d'échelle. Si je prends l'exemple fédéral, trouvez-vous
qu'il y a vraiment eu des économies d'échelle pour centraliser les paies avec
Phénix?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin (Nathalie) :
Oui. Encore là, on pose la question et on y répond beaucoup, surtout en nommant
Phénix. Mais, je pense, ce qu'il est important d'analyser là-dedans… les
regroupements de services pour sauver de l'argent puis réinvestir l'argent dans
les services, on y est, là, mais, dans un système d'éducation public, ce n'est
pas qu'une question financière. Regrouper, par exemple, comme disait ma
collègue, un service de la paie, si on dévitalise un ensemble de régions, qu'on
vide les centres administratifs puis qu'on vient précariser une partie du
personnel qui l'est un peu moins, bien, on ne sera pas gagnants au bout de la
ligne, parce que ça a un coût social, toutes ces mesures-là aussi, qu'il ne
faut pas négliger. Il n'y a pas juste le coût de payer du papier moins cher. Il
faut quand même évaluer toute la dévitalisation qu'on va voir dans les régions,
qui pourrait arriver avec... bon, c'est avec une centralisation, puis une
autre, puis une autre, parce qu'encore là c'est une grande porte ouverte que
nos membres voient dans ce projet de loi là.
Mme Rizqy : Puis avec,
justement, les prêts de services, vous parlez de précarité. Là, on ne sait pas
trop à qui qu'on va prêter, là, parce que ce n'est pas clair, c'est nébuleux. Est-ce
la ville, le privé? On ne sait pas trop.
Dites-moi, non seulement il y a la paie
qui peut être en danger, mais aussi le lieu où est-ce que l'employé doit faire
sa prestation de services. Est-ce que ça peut être inquiétant de ne pas savoir
où est-ce que je commence ma journée puis où est-ce que je la finis?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Charland.
• (17 h 10) •
Mme Charland (Annie) :
C'est sûr que, si on fait des prêts de service, qu'elle commence à l'école,
qu'elle s'en va à la <ville...
Mme Rizqy : ...dites-moi,
non seulement il y a la paie qui peut être en danger, mais aussi le lieu où
est-ce que l'employé doit faire sa prestation de services.
Est-ce que ça
peut être inquiétant de ne pas savoir où est-ce que je commence ma journée puis
où est-ce que je la finis?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Charland.
Mme Charland (Annie) :
C'est sûr que, si on fait des prêts de service, qu'elle commence à l'école,
qu'elle s'en va à la >ville, qu'elle s'en va à l'école privée après, je
pense que le kilométrage, si on s'en va comme dans Estuaire, qui a plus de
300 kilomètres d'un bout à l'autre du territoire, je pense que ça pourrait
devenir très compliqué pour une personne. Ce n'est pas pour rien qu'on perd nos
membres, qu'ils s'en vont travailler dans des Tim Hortons ou dans des magasins,
parce qu'ils ont un 40 heures fixe à la même place, là. On a déjà ce
problème-là qu'on vit quotidiennement. Ils s'en vont travailler à la santé, ils
s'en vont travailler, même, des fois, pour d'autres commissions scolaires qui
sont près du même territoire, parce qu'ils offrent plus d'heures. Alors, si on
commence à faire des prêts de service d'un bord puis de l'autre, oui, on
pourrait vraiment... ça pourrait être très inquiétant pour le personnel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin, vous voulez ajouter?
Mme Arguin (Nathalie) :
Oui, j'ajouterais, à ce niveau-là également, que, dans les prêts de service, si
on se met à avoir des employés qui proviennent de différentes organisations
autres que l'école... Il ne faut pas négliger le sentiment d'appartenance. Puis,
je ne vous le cacherai pas, là, en ce qui concerne le personnel de soutien, il
faut le rappeler souvent, ça, parce qu'on voit souvent que c'est des services
périphériques, ce n'est pas des services... Oui, on a une catégorie directe aux
élèves puis un lien plus évident, mais, quand on parle de personnel
administratif, du personnel d'entretien, bien là, il y a comme un lien qui se
fait moins naturellement.
Puis de dire : Bien, ça, ce n'est pas
grave, ces gens-là, si ça vient de la ville puis ça vient d'un peu n'importe
où, puis que, là, nos écoles deviennent un peu... C'est des portes battantes
avec des visages qui changent à chaque jour. Ça, on en a tous eu, je pense, ou beaucoup
de gens autour de la table, nos enfants à l'école. Et puis, bien,
M. Claude qui vient nous aider quand il y a un dégât, là, c'est vraiment
très important, en tout cas, pour mes enfants, moi, ça l'était. Comme je dis,
on ne va pas parler de nos expériences personnelles, mais l'école, ça nous
rejoint tous et toutes. Alors, un concierge qu'on connaît et qu'on reconnaît
jour après jour, ça a aussi son importance, et c'est également à prendre en
compte quand on parle de regrouper ou de fusionner certains services.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Ah, bien, ma
collègue la députée de Mille-Îles aimerait aussi poser des questions.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. Je trépigne un petit peu parce que vous avez utilisé
un mot qu'on n'a pas utilisé jusqu'ici, et Dieu sait qu'on n'a pas beaucoup
parlé de la réussite éducative, mais vous avez parlé de la clientèle des élèves
handicapés. On parle de mixité, on parle de vouloir donner des services, mais
on parle aussi de regard sur le choix parental de l'école où il peut y avoir
des services. Est-ce que vos membres vous ont, en quelque sorte, parlé de cette
clientèle, quelquefois d'exception, quelquefois qu'il ne l'est moins qu'on
pourrait le penser, mais quelquefois d'exception, qui pourrait être un peu dans
le... Je vais utiliser un mot, puis ce n'est pas pour faire peur, c'est
vraiment pour faire une image, là, mais dans le principe de ballottement, c'est-à-dire
un parent qui peut choisir son école, mais qui, tout d'un coup, ne peut plus la
choisir parce qu'il n'y a pas de place ou parce qu'on ne peut pas lui offrir
les services, puis qu'il a un enfant à besoins particuliers. Est-ce que, dans
votre personnel, il y a une question qui s'est posée par rapport à la clientèle
d'exception?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Charland.
Mme Charland (Annie) :
Bien, écoutez, on a quand même nos classes en particulier en majorité. C'est
sûr qu'on peut en avoir qui vont être dans des classes. On aime beaucoup que
nos élèves en besoins particuliers soient intégrés, dans la mesure du possible,
en travers des autres, parce que, justement, on veut chercher la mixité. On
veut que... Tous les autres du régulier sont habitués de voir un élève avec une
canne, avec un problème d'élocution, ils n'en font plus de cas. Et, comme ça,
bien, on prépare l'avenir de demain à ne pas juger les autres aux côtés. Et
puis nos élèves à besoins particuliers vont beaucoup plus augmenter parce
qu'ils se sentent valorisés, ils se sentent intégrés, et ça, c'est quelque
chose que, oui, on veut vraiment qu'ils restent en travers de nos écoles.
Alors, quand on parle d'écoles à projets
particuliers, où est-ce que, là, on va se ramasser avec juste, juste des gros
projets, là, international, sports-études, et tout, eux autres, ils n'ont pas
d'intégration dedans, ils n'ont pas de mixité, ils n'ont pas le même lien avec
eux. C'est quand même... Oui, on y tient, qu'ils aient leur place.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Oui, j'avais vu la dame juste à côté lever la main. Donc...
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin, allez-y.
Mme Arguin (Nathalie) :
Puis en complément de ce que vient de détailler ma collègue également, si on
met bout à bout toutes ces mesures qui semblent un peu... pas anodines, mais un
peu périphériques, là, sur, bon, légaliser... ça, ce n'est pas périphérique du
tout, là, mais venir légaliser sans plafond les frais pour les programmes
particuliers, permettre aux parents d'aller où bon leur semble puis de faire
d'une mesure d'exception la règle, c'est ça, le problème avec cette mesure-là. L'augmentation
des programmes sélectifs va y aller. On veut donner, même, la valorisation de
l'école publique aux écoles plutôt qu'aux centres de services.
Donc, comment une école, qui, elle, a
décidé de faire un choix puis de valoriser des programmes plus sélectifs… fasse
la valorisation de l'école publique d'une mixité sociale? C'est sûr qu'il y a
des gens qui vont être oubliés sur le bas-côté de la route. Et les plus
vulnérables, bien, c'est souvent les premiers qui sont oubliés, qui sont moins
bien desservis. Alors, tout <ça...
Mme Arguin (Nathalie) :
...plutôt
qu'aux centres de services.
Donc, comment une école, qui elle a
décidé de faire un choix puis de valoriser des programmes plus sélectifs, fasse
la valorisation de l'école publique d'une mixité sociale? C'est sûr qu'il y a
des gens qui vont être oubliés sur le bas-côté de la route. Et les plus
vulnérables, bien, c'est souvent les premiers qui sont oubliés, qui sont moins
bien desservis. Alors, tout >ça mis ensemble, mis bout à bout, ça va,
bien oui, favoriser la compétition entre les écoles, favoriser les iniquités. Faire
des écoles où, oui, on va accueillir des gens plus en difficulté, des enfants
plus en difficulté, puis d'autres écoles où ce ne sera pas le choix qui aura
été fait, nous, c'est l'appréhension qu'on a.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 15 secondes.
Mme Rizqy : Est-ce que
vous avez trouvé, finalement, quels sont les pouvoirs qui sont retournés aux
écoles?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Arguin.
Mme Arguin (Nathalie) :
Bien, on rit, parce que c'est un peu notre... On se questionne beaucoup
là-dessus. On ne l'a pas trouvé, ce qui pourrait vraiment être ramené aux
écoles. Et ça nous inquiète quand même, parce que, sans encore faire peur à
personne... mais on dit : Si on ne l'a pas trouvé, est-ce qu'il est
quelque part où on ne le voit pas encore? Parce que c'est un projet quand même
volumineux. On est rapidement assis ici devant vous pour en débattre, et
c'était très instructif d'entendre tout le monde, mais on n'a pas entendu, non,
on n'a pas entendu quelqu'un le mentionner puis on n'a pas vu concrètement et
clairement quels seront les nouveaux pouvoirs directement aux écoles.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, nous allons aller du côté de la députée de Sherbrooke maintenant.
Mme Labrie : Merci.
D'abord, j'aimerais souligner que vous êtes le quatrième groupe de suite à nous
mentionner que ça aurait pris une consultation très vaste de la population
avant d'apporter des changements dans le réseau de l'éducation. Donc, j'espère
que le ministre l'a entendu.
Vous avez mentionné, tout à l'heure, que
vous ne vouliez pas comparer avec la réforme qu'il y a eu en santé, mais, moi,
ce que j'entends sur le terrain, en région, c'est qu'il y a des inquiétudes
parce que les fusions de territoire, ça porte atteinte aux conditions de
travail du personnel, notamment le personnel de soutien. Puis eux l'ont vécu de
près dans le réseau de la santé. Est-ce que c'est quelque chose qui est exprimé
aussi par rapport à votre personnel, l'inquiétude de, par exemple, devoir avoir
des postes qui sont un peu... vous avez parlé de portes battantes, tout à
l'heure, là, les postes qui sont un peu diffus sur le territoire, des gens qui
sont appelés à aller beaucoup plus loin que... de chez eux qu'auparavant?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Charbonneau. M. Létourneau, pardon.
M. Létourneau
(Jacques) : Tu pourras compléter, mais c'est clair que, dans la santé,
l'expérience des réformes a eu des impacts extrêmement négatifs sur la
mobilisation du personnel puis des travailleuses, des travailleurs. Qu'on soit
un professionnel ou un non-professionnel, là, peu importe la position qu'on
occupe, c'est clair que, quand les réformes puis les restructurations sont
adoptées puis imposées sans véritable participation puis consultation des
employés, ça ne donne pas nécessairement les résultats escomptés parce que ça
ne les mobilise pas. Si tu veux être capable de changer le cours des choses,
mobilise le monde qui travaille avec toi, dans l'intérêt général, puis,
normalement, tu vas y retrouver des résultats positifs. Et ça, dans les grands
réseaux, que ce soit le réseau de la santé ou le secteur de l'éducation, on a
toujours eu de la difficulté, au Québec, à intégrer cette notion-là.
Donc, nous, quand on dit :
Consultons, oui, bien sûr, le monde qui font le travail, qui sont au premier
plan sur le terrain pour, justement, apporter un éclairage à partir de leur
réalité puis de leur pratique. Consultons aussi les parents puis les citoyens,
les citoyennes. Il me semble que c'est se donner une petite chance de réussir,
plus que, quand tu l'adoptes, tu l'imposes puis tu l'organises, un peu comme
est train de le faire… au niveau de l'éducation publique, là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et Mme Arguin veut ajouter. Vous avez
30 secondes.
Mme Arguin
(Nathalie) : Bien, ça ne sera pas plus long,
parce qu'on parle beaucoup de précarité que ça peut amener, mais il ne faut pas
oublier que, pour le personnel administratif, qui sont au cœur, comme je
disais, de la machine, quand il n'y a pas de consultation, ce qu'ils font,
c'est qu'ils subissent les changements. C'est tout ce qu'ils font. Alors là, on
parle de surcharge, on parle de surcharge pour ces personnes-là, notamment les
secrétaires d'école, où on n'a pas encore trouvé quels vont être les rôles
accrus dans les écoles. Il y a des secrétaires, présentement, qui font deux
écoles, des directions d'école aussi, mais nous, on représente les secrétaires
d'école, là, mais il y a des... Donc, il y a un paquet de choses qu'on ne peut
pas prévoir les impacts. Et, si on se retrouve avec des gens qui ont plus de
surcharge et d'autres de nos membres qui ont plus de précarité, on ne voit pas
comment on est en train d'améliorer la gouvernance.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, Mme Arguin. Donc, nous allons aller
du côté de la députée de Joliette. Comme vous voyez, 2 min 40 s,
ça passe très rapidement.
Mme
Hivon
: Oui.
Merci beaucoup.Donc, dans votre mémoire, à la page 11, vous
rappelez que le ministre, lorsqu'il était dans l'opposition, il s'était insurgé
sur la question du non-plafonnement des frais des projets particuliers, en fait,
sur toute la question de l'équité ou des multiples vitesses dans le réseau
public, dans le réseau de l'éducation québécois. Puis là vous dites, vous
continuez : «La CSN comprend mal, dans ce contexte, pourquoi le ministre a
retiré des devoirs et des responsabilités des centres de services le fait de
valoriser et promouvoir l'éducation publique sur son territoire.» Pourquoi vous
jugez que c'est fondamental que les centres de services eux-mêmes gardent cette
mission-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Mathieu? M. Létourneau? Mme Mathieu.
• (17 h 20) •
Mme Mathieu (Alexandra) : Considérant
que c'est le palier régional qui doit voir à l'équité sur l'ensemble du
territoire, je vois mal pourquoi le ministre a pris la peine, il a pris la
peine de le retirer de la Loi sur l'instruction publique et qu'il est allé <le...
Mme
Hivon
:
...de services eux-mêmes gardent cette mission-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Mathieu? M. Létourneau? Mme Mathieu.
Mme Mathieu (Alexandra) :
Considérant que c'est le palier régional qui doit voir à l'équité sur
l'ensemble du territoire, je vois mal pourquoi le ministre a pris la peine, il
a pris la peine, de le retirer de la Loi sur l'instruction publique et qu'il
est allé >le descendre dans le p.l. n° 40
au niveau des écoles. En fait, je ne vois pas... je ne comprends tout
simplement pas, en fait, comment ça ne peut... comment ça peut ne pas être un
palier régional et une logique, en fait, entre écoles. À moins qu'on me dise
aujourd'hui que ça soit une volonté de concurrence entre les écoles… Si tel est
le cas, je vois la logique. Sinon...
Mme
Hivon
:
Oui, justement, pour en venir à cette idée de compétition, de concurrence entre
les écoles, qu'est-ce qui, là-dedans, vous inquiète de dire : Bien, dans
le fond, le parent, il va avoir le choix, il va simplement choisir l'école dans
l'ensemble du territoire de sa région où ce serait bien pour son enfant? Donc,
qu'est-ce qui vous inquiète là-dedans, de mettre plus de concurrence entre les
écoles?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Mathieu.
Mme Mathieu (Alexandra) :
En fait, je pense que le problème... ici, on est tous d'accord pour dire...
surtout quand le ministre prend des cas exceptionnels où, oui, il y a
clairement des problèmes, actuellement, je pense qu'on peut tous le reconnaître,
mais, en fait, je pense qu'on peut aussi s'entendre pour dire que ces
problématiques ont fait de l'exception la règle ici. Donc, on comprend la
nécessité qu'il y ait un certain assouplissement, en fait, dans le choix des
parents. Ceci dit, en théorie, c'est déjà le cas dans la Loi sur l'instruction
publique actuellement.
Là où on considère que le pas est vraiment
extrême, c'est de faire de cette exception-là la règle. Et ce que ça vient
faire ici, c'est que ça vient enlever... un des garde-fous qu'on a, justement,
un de ceux que le ministre ôte, c'est un des garde-fous qu'on a actuellement
pour justement venir tenter de limiter et de maintenir une équité minimale, peu
importe où on se trouve sur le territoire du Québec, peu importe notre
catégorie socioéconomique.
Donc, en fait, à notre sens... À moins que
le ministre, encore une fois, considère que ça soit des principes qui sont à
revoir. Si tel est le cas, on demande des consultations publiques élargies, si
le principe de réussite pour tous et l'accessibilité pour tous à un système
public… et on parle ici de scolarisation obligatoire, là...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange, malheureusement. Donc, M. Létourneau,
Mmes Bénard, Mathieu, Arguin et Charland, merci pour votre passage à la commission
parlementaire.
Nous allons suspendre quelques instants
pour permettre à la Fédération autonome de l'enseignement de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 22)
(Reprise à 17 h 24)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons reprendre les travaux avec
l'audition de la Fédération autonome de l'enseignement. M. Mallette, vous
avez 10 minutes pour nous faire votre présentation et nous présenter les
gens qui vous accompagnent également. Bienvenue à l'Assemblée.
Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
M. Mallette
(Sylvain) : Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les
députés, mon nom est Sylvain Mallette, je suis un enseignant en histoire au
secondaire et président de la Fédération autonome de l'enseignement.
Participera à la présentation Mme Nathalie Morel, qui est une enseignante
titulaire au primaire et vice-présidente à la vie professionnelle. Nous
accompagne M. Yves Cloutier, conseiller au Service de la vie
professionnelle, ainsi que des profs qui assistent aux travaux de la
commission. D'autres encore <manifestent...
M. Mallette
(Sylvain) :
...président de la Fédération autonome de
l'enseignement. Participera à la présentation Mme Nathalie Morel, qui
est une enseignante titulaire au primaire et vice-présidente à la vie
professionnelle. Nous accompagnent M. Yves Cloutier, conseiller au service
de la vie professionnelle, ainsi que des profs qui assistent aux travaux de la
commission. D'autres encore >manifestent devant l'Assemblée nationale
pour dénoncer le projet de loi qui fait l'objet des travaux de la commission.
La FAE représente plus de 45 000 enseignantes
et enseignants de tous les secteurs d'enseignement. Elle est présente dans les
régions de Montréal, de Laval, de la Capitale-Nationale, de l'Outaouais, dans
lesquelles se trouvent les quatre plus grands pôles urbains du Québec, ainsi que,
dans les Laurentides, l'Estrie et la Montérégie.
La FAE tient à dénoncer les conditions
mises en place pour la tenue des travaux de la commission. Rien ne justifie
l'empressement du gouvernement, si ce n'est la volonté de faire vite pour ne
pas dire faire à la va-vite. La densité du projet de loi et ses nombreux effets
sur les écoles publiques, les élèves jeunes et adultes qui les fréquentent
ainsi que sur les enseignantes et enseignants qui y travaillent méritent mieux
que des stratagèmes qui ne feront pas honneur à ceux qui les orchestrent.
La réforme portée par le ministre de
l'Éducation ne vise pas à reconnaître l'expertise de ses anciennes et anciens
collègues. Cette réforme est signée de la main de celles et ceux qui se méfient
des profs, qui cherchent à les rendre responsables de ce qui ne va pas et qui
ambitionnent d'en faire de simples exécutantes et exécutants.
La profession enseignante est en
souffrance. Elle souffre de la pénurie de personnel, elle souffre de la
désertion professionnelle, elle souffre de la détresse psychologique, elle
souffre des départs précipités à la retraite, elle souffre du mépris affiché
par les pédagocrates et autres experts patentés, qui, depuis trop longtemps,
considèrent les profs et leurs élèves comme de simples cobayes sur lesquels ils
expérimentent leurs théories fumeuses.
Au Québec, dans le monde de l'éducation,
toutes les réformes imposées d'en haut ont échoué. Toutes. Celle portée par le
ministre Roberge connaîtra le même sort. Malheureusement...
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais vous demander, je vais juste vous demander, M. Mallette, de ne pas
nommer le ministre par son nom, et plutôt ministre de l'Éducation.
M. Mallette
(Sylvain) : Celle portée par le ministre connaîtra le même
sort. Malheureusement, comme toutes ces réformes qui encombrent les corridors
du ministère de l'Éducation, les premières victimes sont toujours les profs et
leurs élèves, particulièrement les plus vulnérables.
La réforme imposée au début des
années 2000, pompeusement rebaptisée renouveau pédagogique par les apôtres
du socioconstructivisme radical, est un parfait exemple de dirigisme
pédagogique et illustre bien jusqu'où peut aller la logique technocratique en
éducation. Or, à cette pédagogie désincarnée et idéologique, il convient de
répondre par l'entremise de l'expérience quotidienne de la pratique
enseignante, certes, dans toute sa complexité et ses contradictions, mais
également exemple des a priori et des dogmes.
Comment notre système d'éducation s'est-il
rendu à son état actuel? Quel bilan faisons-nous des politiques ou réformes
implantées depuis 20 ans au Québec? Il est inconcevable d'amorcer des
travaux sans répondre à ces questions fondamentales. Oui, M. le ministre, les
enseignantes et enseignants sont des praticiennes et praticiens compétents et
sont les mieux à même de déterminer les approches pédagogiques qui sont
appropriées pour leurs élèves qui leur sont confiés et d'évaluer leurs
apprentissages. Oui, les profs sont les premiers experts de la pédagogie. Non,
celles et ceux qui font le choix de quitter la classe, parfois même de la fuir,
celles et ceux qui n'y ont jamais mis les pieds ne méritent pas que vous leur
donniez plus de pouvoir. Non, les profs ne veulent pas gérer les
établissements, pas plus qu'ils ne veulent gérer les commissions scolaires. Les
profs veulent enseigner.
Non, le projet de loi ne réduira pas la
bureaucratie. Non, le projet de loi ne dépolitisera pas les structures scolaires.
Non, le projet de loi ne vise pas à décentraliser les pouvoirs vers les
établissements.
Oui, le projet de loi permet au ministre
de l'Éducation de s'arroger des pouvoirs normalement dévolus à un ordre
professionnel. Oui, le projet de loi témoigne de la vision utilitariste et
marchande du gouvernement en matière d'éducation. Oui, le projet de loi
illustre le parti pris du ministre envers les directions d'établissement et les
gestionnaires. Oui, le projet de loi dévalorise les profs et la profession enseignante.
J'invite Mme Morel à poursuivre.
• (17 h 30) •
Mme Morel
(Nathalie) : Le contenu du projet de loi n° 40 a
profondément indigné et choqué les enseignantes et enseignants. Ils ont été
estomaqués par tout ce que le ministre et le gouvernement tentaient d'y cacher.
Loin de n'être qu'un projet de loi pour venir transformer les commissions
scolaires en centres de services et à l'instar d'un cheval de Troie, on y a
dissimulé des ruses pour faire main basse sur la profession enseignante et pour
rendre l'école publique québécoise encore plus inéquitable et vulnérable aux
aléas du marché scolaire et du clientélisme si chers aux politiques de l'actuel
gouvernement. C'est ce que les chercheurs en santé mentale appellent les
méfaits de la gestion. En d'autres mots, encore plus de ce qui épuise,
décourage, <dévalorise et fâche les...
>
17 h 30 (version révisée)
< Mme Morel
(Nathalie)T :
...et pour rendre l'école publique
québécoise encore plus inéquitable et vulnérable aux aléas du marché scolaire
et du clientélisme, si cher aux politiques de l'actuel gouvernement. C'est ce
que les chercheurs en santé mentale appellent les méfaits de la gestion. En
d'autres mots, encore plus de ce qui épuise, décourage, >dévalorise et
fâche les enseignantes et enseignants, les mène vers l'épuisement et la
désertion.
Plusieurs articles du projet de loi
n° 40... Est-ce que je vous dérange, M. le ministre?
La Présidente (Mme Thériault) :
Continuez, Mme Morel, s'il vous plaît.
Mme Morel
(Nathalie) : Plusieurs articles du projet de loi n° 40
s'attaquent directement à l'autonomie professionnelle du personnel enseignant
ou déconsidèrent son expertise et son professionnalisme. Par exemple,
l'article 34 qui permettrait aux directions de majorer les notes moyennant
une simple consultation du prof. Cet ajout est à mille lieues de ce que les
enseignantes et enseignants demandaient pour protéger leur autonomie
professionnelle. Il ne faut pas rendre légal un geste qui, malgré qu'il soit
malheureusement encore posé par certaines directions ou commissions scolaires,
ne l'est tout simplement pas. C'est comme si on permettait à certains élèves de
tricher un peu, car plusieurs trichent. Au contraire, on doit interdire
formellement, et dans la LIP, aux directions et aux commissions scolaires de
tripoter les notes.
Évaluer les apprentissages, c'est donner
une note, une appréciation à un exercice, un projet, une épreuve aux élèves à
qui nous enseignons. Établir des normes et modalités, c'est décider
collectivement, par exemple, du nombre d'étapes, la date de fin des étapes ou
du nombre de compétences qui seront évaluées à chacun des bulletins. Ce sont
deux concepts juridiquement non compatibles, et c'est intellectuellement
malhonnête de les confondre. Il faudrait plutôt inscrire officiellement dans la
LIP, à l'article 19, que la responsabilité d'évaluer les apprentissages
des élèves constitue un domaine exclusif et réservé au personnel enseignant,
tel que stipulé déjà par les tribunaux.
Les nouvelles obligations de formation
continue proposées à l'article 133, avec menace de sanctions à défaut de
s'y conformer, laissent supposer que la qualité de l'enseignement au Québec est
si déficiente qu'il faille menacer les profs de perdre leur autorisation
d'enseigner en les contraignant à subir des formations souvent farfelues, quand
les obstacles actuels au perfectionnement sont pourtant connus : c'est
l'accès à des formations de qualité et des budgets insuffisants pour répondre à
nos demandes. En contexte de pénurie de personnel, le ministre n'aurait pas pu
trouver une meilleure recette pour insulter ses ex-collègues et leur démontrer
qu'il allait leur imposer, probablement sous bâillon, son ordre professionnel,
même si eux n'en voulaient pas.
Le Conseil supérieur de l'éducation écrivait
pourtant, en 2014 : «Aujourd'hui, plus que jamais, le conseil a la
conviction que de confier plus explicitement la maîtrise d'oeuvre de son projet
de développement professionnel à chaque prof est un levier essentiel de
reconnaissance et de valorisation de la profession.» Pourquoi? D'une part,
parce que le développement professionnel d'une personne ne peut être décrété
par autrui, on ne peut développer l'expertise de quelqu'un contre son gré, et,
d'autre part, parce que l'efficacité même des activités de développement
professionnel s'appuie sur la capacité de celles-ci à répondre aux besoins de
l'individu, tant personnels et professionnels qu'organisationnels.
Troisièmement, l'ajout d'un nouveau comité
d'engagement vers la réussite des élèves, composé minoritairement de profs, à
l'article 88, semble plutôt en être un de conformité pédagogique. Le
risque est grand que ce comité ne devienne un tribunal d'inquisition des
pratiques enseignantes. Selon les résultats des élèves, on déclarera que certaines
enseignantes ou certains enseignants font bien ou mal leur travail. Et
permettez-nous de supposer qu'on dirigera les profs qui ne rencontrent pas les
cibles du plan d'engagement vers la réussite vers de la formation continue.
Cette ingérence inédite dans la pratique enseignante est inadmissible. La
diversité de la recherche en éducation est le reflet de la réalité des milieux :
une diversité infinie dans des combinaisons infinies de facteurs de réussite
dont plusieurs extérieurs à l'école.
Finalement, la nouvelle composition des
conseils d'établissement, qui viendrait réduire le nombre de sièges, donc de
droits de vote, des personnels de l'école, est un exemple éloquent du peu de
considération que le ministre a à l'égard de ceux-ci. Et pourquoi faire nommer
les membres de la communauté seulement par les parents et leur donner un droit
de vote? Et, pourquoi instaurer la possibilité de donner un avis à la direction
sur toute question propre à faciliter la bonne marche de l'école? Ce ne sont,
pour nous, que de nouvelles invitations aux ingérences et au non-respect de
notre expertise.
Bref, la réforme du ministre, c'est non,
pour la FAE. Et nous exigeons de lui... de lui-même, pardon, et du gouvernement
qu'ils retirent le projet de loi n° 40 afin de dire haut et fort aux
enseignantes et aux enseignants qu'ils ont été entendus, mais surtout compris.
Les solutions pour améliorer le réseau public résident ailleurs. Il faut
s'attaquer aux problèmes de fond, soit la composition de la classe, la
réduction des iniquités scolaires, en commençant par cesser le financement
public des écoles privées. Ce qu'il faut à l'école publique québécoise,
rappelons-le, la plus injuste au Canada, à ses élèves, jeunes et adultes, et à
ses profs de tous les secteurs, ce sont des classes plus équilibrées, moins
nombreuses et plus de ressources humaines et financières pour remplir ses
missions. Je vous remercie de votre attention.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et cela met fin à votre présentation. Donc, je vais aller avec le bloc
d'échanges du côté ministériel. M. le ministre, 16 minutes.
M. Roberge : Merci, Mme
la Présidente. Merci bien. Vous dites que le projet de loi aurait été écrit par
ceux qui se méfient des professeurs. Je vous rassure, là, je ne me méfie pas de
mes <collègues...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
minutes.
M. Roberge : Merci,
Mme la Présidente. Merci, bien. Vous dites que le projet de loi aurait été
écrit par ceux qui se méfient des professeurs. Je vous rassure, là, je ne me
méfie pas de mes >collègues enseignants. Puis il n'y a pas personne dans
le cabinet... D'ailleurs, j'ai deux enseignants à mon cabinet. C'est peut-être
assez rare, là, qu'il y ait un ministre de l'Éducation qui soit enseignant
encore, avec un poste réservé, puis deux enseignants qui sont dans le cabinet
aussi. Puis on a toute une équipe en arrière qui, je pense, travaille pour
améliorer les conditions d'enseignement et de réussite des élèves. Mais
qu'est-ce qui peut vous faire dire que le projet de loi aurait été écrit par
ceux qui se méfient? Quand on se méfie, ça veut dire qu'on pense qu'ils sont malveillants,
là. À quoi vous faites référence?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Mallette... Mme Morel.
Mme Morel
(Nathalie) :…commencer. Bien, dans un
premier temps, M. Roberge, quand on dit ça...
La Présidente (Mme Thériault) :
Non, je vais vous demander juste de l'appeler... jamais par son nom. M. le
ministre ou ministre de l'Éducation.
Mme Morel
(Nathalie) : Alors, dans un premier temps, vous savez, quand on
a vous rencontré, quelques jours avant le lancement, là, du projet de loi, à
plusieurs égards, vous nous avez présenté des enjeux, à M. Mallette et à
moi, et nous avons dit : Ça, ça ne passera pas, ça ne passe pas, ça
attaque les profs directement, les enseignantes et les enseignants n'ont pas
besoin de se faire dire encore comment enseigner, comment évaluer.
Et c'est pour ça qu'on revient tout le
temps en vous disant : On se méfie certainement des profs, quand on pense
qu'on va regarder les résultats des élèves, au comité d'engagement vers la
réussite, avec une minorité de profs, puis qu'on va aller promouvoir certaines
pratiques pédagogiques, hein, issues de la recherche, la fameuse recherche,
dont celle en évaluation. Vous allez loin.
Moi, là, je vais vous dire franchement,
là, j'ai de la misère à croire qu'il n'y a pas quelqu'un, derrière ce projet de
loi là, qui colporte encore que les profs au Québec sont mal formés, qu'il faut
absolument mettre les profs en formation continue. Et c'est là qu'on vous dit :
Pour nous, ce n'est pas juste de la méfiance, c'est du mépris. C'est ça qu'on
dénote derrière ce projet-là, là, envers les enseignantes et les enseignants.
M. Mallette
(Sylvain) : Et on a aussi l'ordre... c'est le 18 septembre
que vous nous avez rencontrés sur la question de la formation continue, qui est
un véritable ordre professionnel qui ne dit pas son nom, mais c'est un ordre
professionnel. J'ai réagi très fortement, et vous avez clairement dit :
Donc, si je comprends bien, si je mets ça dans le projet de loi, c'est comme si
j'ouvrais les hostilités. Puis qu'est-ce qu'on voit, quand on prend
connaissance du projet de loi? On retrouve ça.
Quand, par exemple, vous cherchez, quand
le ministre cherche à légaliser ce que nous avons dénoncé, en tripotage des
notes, bien ça, c'est envoyer le message parce qu'on est dans une logique de
majorer les résultats. C'est étonnant, hein? Les profs ne mettraient jamais des
notes trop hautes. C'est toujours des notes trop basses, dans certains cas,
jamais des notes trop hautes.
Quand vous dites, dans votre projet de
loi, quand que le gouvernement dit, dans son projet de loi, qu'après
consultation... Puis on le sait, dans le réseau, ce que ça veut dire, «après
consultation» : Cause toujours, mais je déciderai bien de faire ce que je
veux. Le message que ça envoie, c'est que le prof n'aurait pas fait le travail
correctement, que le résultat que lui donne à l'élève, qu'il voit
quotidiennement, ce n'est peut-être pas le bon résultat.
Comment une direction d'école qui ne connaît
pas l'élève, qui ne l'a jamais rencontré, qui ne l'a possiblement même jamais
vu dans le corridor d'une école, qui ne lui a pas enseigné, qui ne lui a pas
fait le suivi... comment une direction d'école peut, elle, avoir le jugement de
décider de majorer le résultat, mais pas le prof? Ça, c'est remettre en
question le jugement professionnel des profs.
Puis on le répète, hein, il y a des
décisions arbitrales qui ont été rendues qui spécifient que l'évaluation relève
du domaine exclusif des profs. Vous réécrivez la jurisprudence avec votre
projet de loi. Puis il ne faudrait pas que nous, on se méfie de ce projet de
loi là? C'est un projet de loi qui a suscité la colère en nos rangs. C'est un
projet de loi qui attaque de plein fouet la profession enseignante.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Vous me permettez
de ne pas être d'accord pour dire que le projet de loi attaque les enseignants
ou la profession enseignante. Pour moi, ce n'est pas une mauvaise chose de
prévoir de la formation continue. Et, en ce moment, il y a des... Puis, depuis
des années, c'est arrivé qu'il y a eu des notes qui, semble-t-il, ont été
changées. Puis je pense que c'est l'exception, ça n'arrive pas souvent, mais
c'est arrivé. J'ai entendu ça, moi aussi, en parlant, puis en circulant dans
des écoles, puis en parlant à des amis. J'ai plusieurs amis qui sont encore
enseignants aux directions d'école, mais ils sont enseignants, pour la plupart,
qui me disent qu'ils ont déjà mis une note, un jeudi ou un vendredi, puis,
oups!, le lundi ou le mardi, elle avait été changée. Mais personne ne l'avait
consulté, cet enseignant-là.
En précisant, dans la loi, que, si on veut
questionner quelque chose, obligatoirement, de l'écrire, noir sur blanc, dans
la loi: on doit parler à l'enseignant, bien, vous prenez ça comme une attaque. Moi,
je prends ça pour une avancée par rapport à la situation actuelle, considérant
aussi qu'au Québec les directions d'école sont des enseignants. On ne peut pas
devenir une direction d'école si on n'est pas enseignants.
• (17 h 40) •
Je vous accorde que les directions
d'école, surtout dans les écoles secondaires, ne connaissent pas tous les
élèves par leurs noms. Ceci dit, je pense qu'ils sont capables de faire ce
genre de choses de manière exceptionnelle, et surtout en le précisant que, par
rapport à en ce moment, ça se fait sans consulter qui que ce soit. Donc, je ne
pense pas, là, <que...
M. Roberge : ...
direction d'école, si on n'est pas enseignants. Je vous accorde que les
directions d'école, surtout dans les écoles secondaires, ne connaissent pas
tous les élèves par leurs noms. Ceci dit, je pense qu'ils sont capables de
faire ce genre de choses de manière exceptionnelle, et surtout en le précisant
que, par rapport à en ce moment, ça se fait sans consulter qui que ce soit.
Donc, je ne pense pas, là, >que ce soit une attaque.
Et je visite des écoles, je ne dirais pas
toutes les semaines, mais j'essaie, j'en visite assez souvent. J'en ai visité,
avant le dépôt du projet de loi, alors que, bon, il y a des gens qui en
écrivaient des bouts déjà dans les médias, là, puis, après, et je n'ai pas
entendu cette véhémence, ces critiques. Je m'assois, je dîne avec les
enseignants, il n'y a pas de caméra, il n'y a pas rien, je leur dis : Bien,
qu'est-ce qui vous inquiète? Qu'est-ce qui vous emballe? Qu'est-ce que vous
souhaitez pour la prochaine année? Vous voulez parler de gouvernance? Vous
voulez parler de n'importe quel sujet? Et je n'entends pas cette virulence que
j'entends aujourd'hui dans la commission, quand je circule dans les écoles. Je
m'en étonne.
Puis de dire que le projet de loi ferait
des enseignants de simples exécutants, je ne pense pas. En reconnaissant
l'expertise professionnelle dans la loi, pour la première fois, il me semble,
il me semble que c'est tout sauf une dévalorisation. En leur donnant ce qu'ils
n'ont pas, en ce moment, un poste à l'instance régionale, un poste sur le C.A.
du centre de services, il me semble qu'au contraire c'est une valorisation.
Tout à l'heure, je le sais bien qu'il y a
deux syndicats d'enseignants majeurs au Québec, francophones... les anglophones
aussi, bien sûr, mais, tout à l'heure, il y a quand même une autre centrale
syndicale qui sont venus me dire qu'il n'y en avait pas assez, d'enseignants
sur le conseil d'administration, mais que, quand même, d'avoir des membres du
personnel sur le C.A., c'était une valorisation, une reconnaissance importante,
il en faudrait plus. Comment on peut réconcilier ça avec le fait que ce serait
une attaque? Ce n'est pas ce que disent bien des gens sur le terrain.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Morel.
Mme Morel (Nathalie) :
Merci. Pour ce qui est de la formation continue, quand vous dites : Ce
n'est pas une mauvaise chose de prévoir de la formation continue, ce n'est pas
du tout ça que le projet de loi dit, hein? Le projet de loi dit qu'il y a de la
formation continue... est obligatoire, puis, à défaut de s'y conformer, il peut
y avoir des sanctions. Alors, ce n'est pas du tout de prévoir de la formation
continue. La formation continue, il y en a à tous les jours, à toutes les
semaines, à tous les mois, à toutes les années dans toutes les écoles. Le
problème : accessibilité à des formations de qualité, deuxièmement, pas
assez d'argent, les budgets, pas de suppléants, pénurie de personnel. Alors, on
est toujours dans le cercle vicieux. On n'a pas les conditions pour pouvoir
vivre des activités de... de perfectionnement, pardon, qui répondent à nos
besoins.
Alors, ce n'est pas une prévision de
formation continue que vous mettez, c'est une obligation avec des menaces de
sanctions de perdre son autorisation d'enseigner. Ce n'est pas rien, là, perdre
son autorisation d'enseigner. Et on rajoute : en contexte de pénurie de
personnel, des profs légalement qualifiés qui perdraient leur autorisation
d'enseigner… C'est quelque chose. Alors, quand vous dites : Je me promène
dans les écoles, je ne sais pas si vous dites aux enseignantes et aux
enseignants qu'ils pourraient perdre leur autorisation d'enseigner s'ils ne
suivent pas les programmes de formation continue. Décrétés par qui? On ne le
sait pas non plus. On va le savoir plus tard dans le règlement.
Changer les notes, quand vous dites...
Moi, ça me jette à terre de vous entendre, M. Roberge. Vous étiez dans
l'opposition...
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
Mme Morel (Nathalie) : M.
le ministre, pardon encore. Vous étiez dans l'opposition, vous avez demandé une
commission parlementaire sur le tripotage de notes : C'est inacceptable,
on ne doit pas tripoter les notes. On se serait attendus à ce que vous disiez,
dans le projet de loi : C'est interdit; s'il y a des directions puis des
commissions scolaires qui font encore ça, ce n'est pas légal. Ce n'est
certainement pas de venir légaliser l'illégalité. Ça n'a aucun sens.
Les directions ne sont pas habilitées à
mettre des notes sur des travaux, des épreuves, des examens. C'est nous, les
profs, qui évaluons les apprentissages. Les directions, les normes, les
modalités, on vous le dit dans le mémoire, c'est deux choses complètement
différentes. Pour nous, c'est intellectuellement très grave de confondre ces
deux concepts-là. Évaluer les apprentissages, ce n'est pas aux directions.
Quand ils étaient profs, dans leurs classes, oui, c'était leur responsabilité.
Maintenant, ils dirigent l'école, ils ne sont pas capables d'évaluer les
apprentissages.
C'est effrayant, puis ça va être des
pressions de parents, cogner à la porte de la direction : On veut faire
majorer la note pour que l'enfant soit accepté dans le PPP, qu'il soit accepté
à l'école privée, qu'il soit promu à l'année suivante, même si cet enfant-là,
peut-être, n'avait pas les acquis. Pour nous, là, changer les notes, cette
avancée-là, c'est un recul important. C'est pire, on vient légaliser des actes
illégaux. C'est très, très, très grave. Je vais laisser mon collègue parler de
la reconnaissance de l'expertise et des postes au C.A.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. M. Mallette.
M. Mallette (Sylvain) : Oui.
On va être au clair, hein, la FAEest reconnue pour être claire, comme je l'ai
été quand on a participé aux consultations, là, qu'avaient décidées l'ancien
ministre de l'Éducation. La FAE n'aménagera pas la misère de ses membres. On
laisse ça à d'autres.
Il n'y a pas de reconnaissance. D'abord,
il faudrait clarifier qui élit qui et est-ce que la personne, l'enseignante ou
l'enseignant, serait redevable, hein? Parce que le ministre a dit : Je ne
ferai pas comme l'ancien ministre en Santé, je ne nommerai pas les gens qui siégeront
au conseil d'administration. Puis, quand on lui pose la question : C'est
donc les profs qui seraient sur des C.E., des conseils d'établissement, qui
choisiraient, <entre...
M. Mallette
(Sylvain) :
...
l'enseignante ou l'enseignant,
serait redevable, hein? Parce que le ministre a dit : Je ne ferai pas
comme l'ancien ministre en Santé, je ne nommerai pas les gens qui, siégeront au
conseil d'administration. Puis, quand on lui pose la question : C'est donc
les profs qui seraient sur des C.E., des conseils d'établissement, qui
choisiraient >entre eux, la personne qui siégerait au conseil
d'administration, donc cette personne-là serait redevable à ses pairs? Ah! non,
non, non, il n'est pas redevable. Bien, il est donc nommé? Non, il n'est pas
nommé, il est élu. Bien, s'il est élu, il y a un principe. Puis il y a des
règles... il y a des principes de base, hein, en démocratie : si je
procède à l'élection d'un individu, l'individu en question m'est redevable, il
doit me rendre compte des gestes et des décisions auxquelles il a participé.
Ça, ce n'est pas clair dans le projet de loi.
Mais, nous, je le répète, on n'aménagera
pas notre misère. La FAE ne jouera pas dans ce jeu-là. Moi, j'ai vécu la fusion
des commissions scolaires, en 1998, hein? On nous promettait, à l'époque, là,
l'argent était pour arriver par pleins camions dans les écoles, on était pour
ne plus savoir quoi faire avec cet argent-là. Il y a eu zéro, zéro en ajout de
services, puis la réforme... Parce que le ministre s'est amusé à nous dire :
Il y a aura l'équivalent de 160 professionnels de plus sur quatre ans,
dans le réseau, en abolissant les élections scolaires.
Nous autres aussi, on s'est amusés à
calculer. C'est, donc, sur quatre ans — on va y aller sur quatre
ans — ça veut dire que l'an prochain, là, c'est l'ajout de
15 minutes de ressources professionnelles par établissement, par semaine.
C'est ça? C'est ça, améliorer le sort des élèves, particulièrement des plus
vulnérables? C'est ça, venir aider les profs, qui n'en peuvent plus, qui en ont
par-dessus la tête, qui lancent des cris d'alarme?
Je ne sais pas où le ministre se promène,
mais nous, on se promène là où les profs en arrachent. Les profs n'en peuvent
plus. Les profs disent : Comment ça se fait que je suis au front, puis on
est toujours après me dire : Bien, tu es mal formé, tu n'as pas bien
compris, est-ce que tu as fait ce qu'il fallait que tu fasses?
C'est drôle, il y a une pénurie de
personnel, puis tous ceux qui sont supposément compétents, comment ça se fait
qu'ils ne reviennent pas nous donner un coup de main en venant sur le terrain
avec nous autres? Ah! ça, ils ne le font pas. Ils restent bien confortablement
assis dans leur bureau. Donc, c'est clair, pour nous, on n'aménagera pas notre
misère. Il n'en est pas question.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. J'ai le député de Saint-Jean qui... en intervention. Il reste un peu
moins de quatre minutes, M. le député.
M. Lemieux : Merci
beaucoup. Vous m'avez dit : Un peu moins de quatre minutes?
La Présidente (Mme Thériault) :
Un peu moins de quatre minutes.
M. Lemieux : Merci, Mme
la Présidente. Le ministre vous a dit qu'il avait bien peur de ne pas être
d'accord; je vous écoute, puis plus je vous écoute, moins je suis d'accord, moi
aussi. Mais on a quand même peut-être la capacité de comprendre davantage.
Par exemple, en parlant de formation, vous
dites, dans le mémoire, à la page 9, qu'il revient aux enseignants de
décider de leur formation, que le financement doit être au rendez-vous, blabla.
Bon. Et vous dites, à la page 8 de votre mémoire, toujours, que de
nombreux enseignants suivent plusieurs formations au cours d'une année. Vous
représentez neuf syndicats, 45 000 enseignants. Avez-vous une idée de
la formation de ces 45 000 enseignants-là?
Mme Morel
(Nathalie) : Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Lemieux : En formation
continue, je veux dire, là, qui ont été faites.
Mme Morel
(Nathalie) : Toutes les directions de toutes les écoles de
toutes les commissions scolaires font à chaque année, c'est déjà prévu dans la
LIP, la consultation pour avoir l'ensemble des formations qui sont souhaitées. Tous
les comités locaux de perfectionnement, comité paritaire de perfectionnement
avec les commissions scolaires ont toute cette information-là. C'est les
parties patronales qui ont cette information-là entre les mains...
M. Lemieux : Je suis le
député, moi...
Mme Morel
(Nathalie) :…alors, vous avez juste à
leur demander.
M. Lemieux : Non, je suis
le député, puis on jase, là. J'ai juste besoin de comprendre.
Mme Morel
(Nathalie) : Bien, on jase... Le perfectionnement, c'est un
enjeu de négociation. Le perfectionnement, c'est conventionné. Alors, toutes
les parties patronales, commissions scolaires, directions d'établissement, ont
toutes ces réponses, ont toutes les réponses aux questions. C'est déjà extrêmement
encadré, balisé, tant au niveau des commissions scolaires qu'au niveau des
services éducatifs des commissions scolaires. Alors, toute cette
information-là, ce n'est pas nous qui la détenons parce que c'est une
prérogative qui est locale dans les milieux.
M. Lemieux : Mais, comme,
justement, le projet de loi dont vous venez de nous parler aujourd'hui veut
rehausser les exigences relatives à la formation continue des enseignants, vous
ne pensez pas que ce serait une bonne nouvelle pour les nouveaux enseignants,
puisqu'on va rehausser... Parce que, là, vous m'avez expliqué exactement ce
qu'on fait, même si je n'ai pas de chiffre parce que je suis juste député puis
que je ne négocie pas, moi, là. Mais cette formation continue là dont on parle...
Non, mais vous m'avez dit que c'est normé par les négociations, mais...
Mme Morel
(Nathalie) : ...contrats de travail qui
appartiennent autant à l'employeur qu'aux travailleurs.
M. Lemieux : Oui, c'est
ça, voilà. Mais je voudrais quand même comprendre dans quelle mesure les
nouveaux enseignants ne seraient pas, justement, gagnants dans cette idée-là
qu'on pourrait avoir… Parce que vous dites que vous avez besoin de formation,
aussi, vous dites que vous voudriez décider de votre formation. Pour les
nouveaux enseignants qui arrivent, ce serait génial, non, ce projet de loi là?
Mme Morel
(Nathalie) : C'est déjà possible, on n'a pas besoin d'instaurer
un programme de formation continue obligatoire. Il y a déjà la possibilité,
dans toutes les écoles, avec les comités locaux de perfectionnement, que les
profs fassent des demandes à leurs comités locaux de perfectionnement, et donc qu'on
s'assure que ça réponde aux besoins du personnel, comme le Conseil supérieur de
l'éducation le disait, en 2014, dans son avis sur le développement
professionnel des enseignantes, des enseignants. C'est à nous de décider de
quelle formation nous avons besoin, qu'est-ce qui répond à nos besoins.
• (17 h 50) •
Parce que, comme le dit le CSE, on ne peut
pas contraindre des gens contre leur gré. On peut bien les asseoir dans des
formations puis dire : Vous allez suivre la formation sur la réponse à
l'intervention, parce que c'est ça, la façon <d'enseigner...
Mme Morel
(Nathalie) :
...
le disait, en 2014, dans son
avis sur le développement professionnel des enseignantes, des enseignants.
C'est à nous de décider de quelle formation nous avons besoin. Qu'est-ce qui
répond à nos besoins?
Parce que, comme le dit le CSE, on ne
peut pas contraindre des gens contre leur gré. On peut bien les asseoir dans
des formations puis dire : Vous allez suivre la formation sur la réponse à
l'intervention, parce que c'est ça, la façon >d'enseigner maintenant,
mais on va les obliger, on va les contraindre. Bien, un prof peut bien aller
s'asseoir, vous pouvez l'obliger, comme direction. Ça ne veut pas dire que ça
va n'avoir aucun résultat.
Mais, si on exprime des besoins puis qu'on
dit : Moi, j'ai le goût parce que je trouve, en informatique, pour
l'éthique, il y a quelque chose que je veux faire, là, ça part du prof
lui-même. C'est ça, le développement professionnel. Alors, faisons confiance
aux enseignantes et aux enseignants. N'allons pas leur dire : Ah! on va vous
menacer de sanctions, on va vous retirer votre autorisation d'enseigner si vous
ne suivez pas des formations continues. Puis on sait très bien ça va être quels
types de formations continues : celles qui font en sorte qu'on n'investit
pas plus de ressources humaines et financières dans les milieux puis qu'on
donne aux profs encore plus de travail.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il reste à peine 10 secondes.
M. Lemieux : 9, 8, 7,
6...
La Présidente (Mme Thériault) :
Bon, d'accord. Donc, merci. Désolée, ça passe très vite, le temps. Donc, on
va aller du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent,
vous avez 10 min 40 s
Mme Rizqy : Édifiant.
Bonjour, merci de votre présence. En quoi ce projet de loi aide la réussite
éducative?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Mallette, peut-être?
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, moi, écoutez, clairement là... Parce que
c'est typique, hein, du ministère de l'Éducation : Parce qu'on le dit,
c'est vrai, puis c'est vrai parce qu'on le dit. Hein, c'est comme ça, là, c'est
la croyance, hein, on nous le dit, les gens qui réfléchissent au ministère de
l'Éducation. Puis ça se répercute aussi dans les commissions scolaires, dans les
administrations scolaires. On nous dit : C'est une croyance. C'est quand
même fantastique, hein? C'est le ministère de l'Éducation, puis ils sont
incapables de faire preuve, soit par la recherche supposément probante, de ce
qu'ils disent, mais c'est une croyance, c'est un effet de mode. Puis là on nous
dit : Bien, c'est un projet de loi pour assurer la réussite éducative. Ah
oui? Bien, c'est comme la dernière réforme qu'on nous a passée dans la gorge.
En quoi ça a amélioré la réussite éducative des élèves? Le Québec combat encore
un taux de décrochage élevé. On rencontre des difficultés énormes auprès de
certaines populations d'élèves.
Et puis j'en profite pour dire qu'il
faudrait peut-être qu'on arrête de parler de clientèle scolaire. Ce ne sont pas
des clients, ce sont des êtres humains. On devrait parler de population
scolaire, particulièrement des populations les plus vulnérables, qui vont faire
les frais. Parce ce que projet de loi là n'améliorera pas la réussite des
élèves, ce n'est pas vrai.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : J'aimerais
revenir sur l'ordre professionnel. Moi, je me rappelle d'avoir déjà été, un
dimanche, à Laval, avec des enseignants qui étaient en formation, puis c'était un
dimanche, puis je me rappelle avoir parlé avec certains, il me dit : Bien,
durant la semaine, Marwah, on est débordés. C'est une salle qui était comble,
mais vraiment comble. Puis eux ont choisi d'être là un dimanche, hein, ils ont
des enfants puis des familles.
Alors, est-ce que je me trompe ou le
problème, au niveau de l'enseignement de la formation, ce n'est pas un manque
de volonté des enseignants, mais c'est les plages horaires? Parce qu'en ce
moment, avec la pénurie d'enseignants, on a des enseignants qui sont à bout de
souffle puis que, dans l'horaire, la case où est-ce qu'ils sont supposés de,
par exemple, préparer leur matériel pédagogique... sont : Non, on remplace
un autre groupe encore. Ça fait en sorte que, justement, les enseignants font,
oui, de la formation, mais, même la fin de semaine, ils doivent en faire, puis
que c'est faux, le mythe de penser que les enseignants refusent de se former.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Morel.
Mme Morel
(Nathalie) : Je vous dirais aussi qu'il y a un des éléments,
actuellement, qui pose problème, c'est que le perfectionnement, la formation
continue, ça devrait se faire dans la semaine régulière de travail. Quand je me
perfectionne, ça devrait être à l'intérieur de mon cadre de travail. Mais là,
étant donné qu'on vit des pénuries, particulièrement dans certains territoires,
chez nos syndicats affiliés, des pénuries importantes de personnel enseignant,
bien là, il n'y a pas d'enseignant pour remplacer ceux qui iraient en
formation.
Alors, ce qu'on fait souvent, c'est que
les commissions scolaires innovent en disant : Bien, allez-y le soir, puis
on va vous payer un montant d'argent, qui n'est pas le montant du salaire
horaire d'un prof, d'une enseignante, d'un enseignant. Les enseignants se
sentent mal d'y aller parce qu'ils savent qu'ils y vont à rabais, hein? En
quelque part, c'est quasiment du bénévolat. Mais, deuxièmement, toutes nos
enseignantes, particulièrement, et nos enseignants qui sont parents ne peuvent
pas nécessairement. Parce qu'à la fin de ma journée de travail de prof, bien,
j'ai ma journée de maman qui commence, puis je dois aller chercher mes enfants,
puis je dois aussi vivre ma vie de citoyenne. Alors, c'est ça, aussi, quand on
dit : L'accessibilité, le problème d'accessibilité, il est réel.
Les profs demandent… soit qu'on ne peut
pas parce qu'on n'a pas assez d'argent, les budgets de perfectionnement
pourraient être haussés énormément… et, deuxièmement, de leur donner du temps
réel, donc, durant la semaine régulière de travail, et le type de formation…
Ceux et celles qui connaissent des profs
peuvent vous dire : À 95 % — puis je n'ose pas dire
100 % — certaines années, c'est des formations complètement
farfelues. Les profs se font infantiliser, vont dans des formations puis disent :
J'ai perdu ma journée, ou, dans des journées pédagogiques, mur à mur, des
formations. Ils n'ont pas le choix d'aller dans la formation, ils se font
imposer. Ils s'assoient là puis disent : C'est du niaisage, j'aurais pu
faire 56 000 autres affaires qui auraient été productives
aujourd'hui.
Ça fait que c'est ça, <aussi...
Mme Morel
(Nathalie) :
...
certaines
années, c'est des formations complètement farfelues. Les profs se font
infantiliser, vont dans des formations puis disent : J'ai perdu ma
journée, ou dans des journées pédagogiques, mur à mur, des formations. Ils
n'ont pas le choix d'aller dans la formation, ils se font imposer. Ils
s'assoient là puis disent : C'est du niaisage, j'aurais pu faire 56
000 autres
affaires qui auraient été productives aujourd'hui.
Ça fait que c'est ça, >aussi, qu'il faut aller regarder. Au lieu de faire ce bilan-là, c'est
ça qu'on aurait dû faire : aller voir qu'est-ce qu'il se donne
actuellement, aller voir qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne
pas, c'est quoi, les besoins des enseignantes, des enseignants. Non. On décrète
d'en haut qu'on va leur en imposer puis, faute de sanction, s'ils ne se
conforment pas : par règlement, autorisation d'enseigner. C'est très, très
grave. Et ça, c'est une gifle.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Puis on efface vraiment la pire pénurie de main-d'oeuvre dans les enseignants.
On a l'Ontario qui fait des publicités sur Facebook pour venir chercher nos
profs, et, année après année... Le nombre de Québécois enseignants et
enseignantes qui quittent pour l'Ontario augmente depuis les cinq dernières
années. La désertion dont vous faites référence, avec le projet de loi
n° 40, est-ce qu'on est capable de le contrer ou est-ce que ça va juste
donner une autre raison, davantage, de quitter la profession?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Mallette.
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, savez-vous ce qui est grave,
Mme la députée? C'est que, face à ce phénomène-là, qui est tragique… La
désertion professionnelle, ça veut dire qu'un individu fait le choix de quitter
une profession qu'il avait choisie. Bien, il y a des gens au ministère de
l'Éducation, savez-vous ce qu'ils nous disent quand on leur en parle? C'étaient
des gens qui n'étaient pas faits pour le métier, ça arrive. Ce mépris-là, le
mépris qui est porté par certains, au ministère de l'Éducation, à l'endroit de
la profession, est insupportable. Ça devrait être dramatique.
La profession enseignante au
Québec connaît un des taux de désertion les plus élevés. Ça devrait être jugé
une priorité. Ça ne l'est pas. Pourquoi? Parce que ceux qui nous disent ça sont
ceux qui décident des conditions dans lesquelles on va travailler. Quand on dit
d'un prof qu'on va l'inscrire de force dans une logique de formation continue,
malgré les plans de perfectionnement qui sont négociés en vertu de la loi sur
la négociation dans le régime public, parapublic, qui sont négociés, quel
message on leur envoie? Bien, c'est que tu n'es pas bien formé, tu n'as pas
compris.
C'est ça qui est... C'est à
ça que le ministre devrait s'attaquer, pas à venir, dans son projet de loi,
placer les fondations d'un ordre professionnel. Et j'avais même souligné puis
salué la décision du ministre, alors qu'il était porte-parole de l'opposition,
de la deuxième opposition, si ma mémoire est bonne... de l'opposition, en
éducation, deuxième opposition en éducation, quand il avait dit : Écoutez,
sur la question de l'ordre professionnel, on ne l'imposera pas, on a compris
que les profs n'en voulaient pas. Je lis le projet de loi, puis j'ai la
prétention de savoir lire un projet de loi, je suis capable de comparer la loi
actuelle avec ce qui est prévu dans le... 312 articles, je suis capable de
faire ça, puis je vois que l'ordre professionnel est là, mais il ne dit pas son
nom.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy :
Puis quelque chose, aussi, qui ne dit pas son nom, c'est l'article 34,
paragraphe 2°, le gonflage de notes. On parle de majoration. Donc, majorer,
c'est toujours à la hausse. Après consultation, je vous invite à la décision
arbitrale où est-ce qu'il y a eu, justement, un directeur d'école qui a majoré
à la hausse, suite à des pressions de parents qui disaient à l'enseignant :
Oui, mais t'as été sévère, t'as été bien trop sévère. L'enseignant s'est remis
en question, est parti en congé de maladie. Mais, rapidement, 80 enseignants
sur 111 se sont concertés pour dire : Une seconde, là, c'est notre
autonomie professionnelle qui est mise en cause.
Dans cette décision
arbitrale, c'est neuf jours d'auditions où est-ce que plusieurs autres
enseignants sont venus témoigner pour dire les choses suivantes, puis je pense
que c'est excessivement important de les mentionner, alors je cite :
«Certains craignaient, si les notes de leurs élèves étaient trop basses, de
subir le même sort que celui de M. Routhier. Le
sentiment général était que — la chose suivante — l'on a gagné sur le prof.» Ça, c'est les étudiants qui disaient ça aux
professeurs, aux enseignants. «Ceux-ci étaient fâchés et se sentaient désavoués
par la façon dont les choses s'étaient passées et avaient peur de ne pas avoir
le soutien de la direction si un même événement se produisait pour eux.»
Donc, il y avait aussi une
crainte, là, qui était rendue à l'ensemble de l'établissement. Les enseignants
qui disent : O.K., là, maintenant, quand on a des parents qui ne sont pas
contents, ils vont frapper, là, davantage plus fort sur la porte du directeur
d'école, qui, lui, va venir consulter puis dire... Parce que consulter, ça ne
veut pas dire écouter, là, on sait, là : p.l. n° 3, p.l. n° 5
et p.l. n° 12. Alors, consulter, là, est-ce que, pour vous... Là, je
vais être claire ici, clairement, on vient légaliser une situation qui a été
jugée illégale, dans cette décision arbitrale, et on veut mettre fin à ce
courant de jurisprudence de façon intentionnelle.
Et, Mme la Présidente, pour
être sûre que le ministre le lise, je dépose copie. Et je me suis permise de
surligner les passages pertinents, parce que je sais que c'est quand même 26 pages.
Document déposé
La Présidente (Mme Thériault) :
Il y a consentement pour le dépôt de document? Consentement. Merci. Donc, vous
avez un peu moins de deux minutes pour répondre à la question de la députée de
Saint-Laurent.
• (18 heures) •
Mme Morel
(Nathalie) : Alors, pour nous, ce que le ministre propose sur
les pouvoirs des directions d'établissement, quant à la majoration des notes,
c'est exactement ce que vous venez de décrire, là. Je l'avais dit, tout à
l'heure, c'est de rendre légal <quelque chose qui ne l'est...
>
18 h (version révisée)
<1355
RLa
Présidente (Mme Thériault) : ...consentement pour le document, dépôt
de document, consentement, merci. Donc, vous avez un peu moins de deux minutes
pour répondre à la question de la députée de
Saint-Laurent.
Mme Morel
(Nathalie)T :
Alors, pour nous, ce que le ministre
propose sur les pouvoirs des directions d'établissement quant à la majoration
des notes, c'est exactement ce que vous venez de décrire, là,
je l'avais
dit tout à l'heure
, c'est de rendre légal >quelque chose qui ne
l'est pas. Ce qu'il faut aussi savoir, c'est que le reste du texte, hein, de
cet article 34 là dit que la direction pourrait faire ça «après
consultation de l'enseignant [...] s'il existe des motifs raisonnables liés à
son cheminement scolaire». Et d'autres questions se sont posées : c'est
quoi... quelles... qui va juger de la raisonnabilité? Qu'est-ce qu'un motif
raisonnable? Est-ce que ça va être la direction qui va en juger elle-même?
C'est un petit peu, je vous dirais, une espèce de cercle vicieux.
L'exemple qu'on a relaté, nous, en en
parlant avec les enseignantes et les enseignants, qu'on a souvent dénoncé au ministère
de l'Éducation, au ministre, à son équipe, ce que font présentement les
directions d'établissement et les commissions scolaires de l'article 222
de la LIP… Pour ceux qui ne connaissent pas l'article 222, c'est celui qui
permet, pour des raisons humanitaires ou pour éviter un préjudice grave,
d'exempter un élève de l'application d'une disposition du régime pédagogique.
Présentement, c'est utilisé ad nauseam au deuxième cycle du secondaire, qui est
supposé être une promotion par matière, pour dire : Ah! même si l'élève
n'a pas réussi en français ou en mathématiques, on le fait passer en évoquant
l'article 222. Parce que, là, on dit : Bien, là, s'il ne passe pas au
niveau suivant, ça va atteindre son estime de lui-même. C'est ça qu'on dit
comme motif pour permettre l'utilisation de l'article 222 et on a consulté
le ministère à plusieurs reprises, et c'est ce que les gens du ministère nous
disent qu'il est acceptable de faire. Alors, là aussi, ça n'a pas de sens. C'est
quoi ça, des motifs raisonnables liés à son cheminement scolaire? Quand le prof
a mis une note, on ne fait pas ça sur le coin de la table, là, mettre une
note, c'est un processus. D'ailleurs, la politique d'évaluation des
apprentissages du ministère dit que le socle sur lequel repose l'évaluation des
apprentissages, c'est le jugement professionnel de l'enseignante et de
l'enseignant.
La Présidente (Mme Thériault) :
Cela met fin à l'échange avec la députée de Saint-Laurent. Donc, je vais aller
du côté de la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, Mme
la Présidente. On sent toute la colère que vous avez face au processus et au
contenu de ce projet de loi là. Vous avez dit que vous vous sentez insultés,
entre autres, parce que, bon, il y a des choses qui sont cachées dans ce projet
de loi là, qui n'étaient pas annoncées. Je dois dire que je vous comprends de
vous méfier du concept de consultation pour le changement de note, dans la
mesure où vous avez vu ce qu'il s'est passé après que le ministre vous ait
consulté en septembre, puis, finalement, il est allé de l'avant quand même.
Depuis plus d'un an, le ministre nous dit que l'objectif de cette réforme-là,
c'est de redonner du pouvoir aux gens qui connaissent les élèves par leurs noms. Je
pense qu'on peut s'entendre collectivement que les personnes qui connaissent le
plus les élèves par leurs noms, c'est les enseignants et les enseignantes. Quel
nouveau pouvoir vous avez, avec ce projet de loi là, en avez-vous trouvé?
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, d'abord, pour vous dire, par rapport à la
colère, hein, nos profs qui sont tellement en colère qu'ils nous ont confié le
mandat… puis c'est toujours par transparence aussi qu'on le dit, par souci de
transparence… les profs sont tellement en colère que, si le projet de loi
n° 40 n'est pas retiré, on a le mandat d'envisager des moyens d'action
lourds. Ça veut tout dire, hein? Il y a une colère, là, qui gronde, et le ministre
a, je pense, l'intelligence pour l'entendre. Maintenant, nous n'acquerrons
aucun nouveau pouvoir. Nous en perdons, même. On en a fait la démonstration sur
la question de l'évaluation, le peu de pouvoir qu'on a, on nous l'enlève pour
le donner, moi, j'ai utilisé cette image-là, hein, on nous livre pieds et
poings liés aux directions d'école puis aux gestionnaires de commissions
scolaires. Donc, il est faux de prétendre, comme le font certaines personnes,
que nous obtenons plus de pouvoir, c'est faux.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il vous reste à peu près une minute, Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Bien,
écoutez, je pense qu'on a entendu votre besoin, vous avez nommé que vous avez
besoin de classes plus équilibrées, de classes moins nombreuses, de plus de
ressources humaines. J'espère que le ministre a entendu ça, j'espère qu'il
entend aussi votre appel à reculer puis à discuter, je pense que vous avez fait
la démonstration que c'est assez grave, ce qu'il y a dans ce projet de loi là,
puis je vous remercie.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. Mallette, 30 secondes, mot de la fin.
M. Mallette
(Sylvain) : Bien, écoutez, nous, on est disposés à discuter,
puis, en plus, l'école publique, elle appartient… puis, c'est quand même
extraordinaire, hein, on modifie de fond en comble le projet... la Loi sur
l'instruction publique, c'est fondateur du Québec, l'école publique, c'est ce
qui a permis au Québec de se sortir de l'état de sous-scolarisation dans lequel
il se trouvait, puis on fait ça vite, on fait ça sur invitation, alors que
l'école publique, elle appartient à l'ensemble de la population, pas juste à
des groupes qu'on invite ou des groupes qui réussissent à se faire inviter
parce qu'ils font des conférences de presse pour dénoncer le fait qu'ils ont
été exclus. On parle de l'école publique, qui a permis au Québec de se
développer puis d'occuper la place qu'il occupe actuellement dans le monde. Il
y a quelque chose là d'incompréhensible.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Mallette. Et le dernier bloc d'échange est avec la députée de
Joliette, toujours pour un 2 min 40 s.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, j'aurais deux
questions, une grande parce qu'on sait que vous êtes de grands défenseurs de
l'école publique québécoise, donc on a entendu d'autres groupes s'inquiéter
grandement du fait qu'on <allait...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
la députée de Joliette, toujours pour un 2 min 40 s.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, j'aurais deux
questions, une grande parce qu'on sait que vous êtes de grands défenseurs de
l'école publique québécoise, donc on a entendu d'autres groupes s'inquiéter
grandement du fait qu'on >allait accroître les inégalités, diminuer la
mixité sociale. J'aimerais vous entendre plus spécifiquement là-dessus.
Puis, deuxième question plus spécifique
sur les notes, j'ai été très surprise, moi aussi, quand j'ai vu ça, parce que,
dans l'opposition, le ministre s'était fait un grand adversaire du tripotage
des notes, comme il disait. J'ai toutes sortes de citations sous les yeux, là :
«La note de passage, c'est 60 %, ce n'est pas 58 %. On n'a pas à
changer ça.» Il a dit tout à l'heure qu'en ce moment c'était déjà permis et
possible pour les directions d'école de le faire. Alors, je voulais savoir
quelle est votre réaction par rapport à ça. Est-ce qu'effectivement, en ce
moment, c'est tout à fait légal que quelqu'un change la note donnée par un
enseignant?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et, Mme Morel, je vous vois prendre des notes, vous avez
1 min 40 s.
Mme Morel
(Nathalie) :...c'est faux. Écoutez, que
quelqu'un nous produise les textes où c'est permis qu'une direction change les
notes. Quand les directions, puis elles ont prétendu ça quand on est sortis sur
le tripotage de notes, les trois associations de direction sont sorties avec le
même discours : oui, mais c'est nous qui approuvons les normes et
modalités. Encore une fois, malhonnête, ce n'est pas la même chose. Des normes
et modalités, c'est, collectivement, dans une école, certaines balises qu'on se
donne. Évaluer les apprentissages, c'est autre chose. Alors, non, ce n'est pas
permis présentement, c'est stipulé, d'ailleurs, par les tribunaux. Alors, ce
n'est pas permis, donc c'est grave si on prétend ça.
Deuxièmement, sur la question des
inégalités, il est vrai qu'on a mis beaucoup d'emphase sur les enjeux qui... on
représente des enseignantes et des enseignants, mais, pour nous, le premier
article du projet de loi n'est pas anodin. Quand on vient biffer «la commission
scolaire [auquel ils appartiennent]», là, je n'ai pas le texte devant moi,
quand on vient biffer ça, donc on vient donner la possibilité, c'est de briser
l'école commune, c'est briser l'école de quartier. C'est dire aux parents :
Vous pouvez donc magasiner. Quand on parle de clientélisme, on est là-dedans.
On dit : Parmi les écoles «de la commission scolaire dont il relève», on
vient enlever ça, donc, qu'est-ce qu'il va se passer? Qu'est-ce qui se passe
dans les PPP? Qu'est-ce qui se passe avec l'école privée? Ça va être la même
affaire.
Les parents sont tous à la recherche de
l'école qui, dans le palmarès, réussit le mieux parce qu'on veut le meilleur
pour nos enfants. Ça fait que le libre choix va être encore le libre choix des
mieux nantis, des parents qui parlent français, des parents qui sont plus
favorisés. La représentation des parents dans les C.E., dans les C.A.,
qu'est-ce qu'il se passe dans la vraie vie? C'est des parents qui sont
disponibles, qui sont un peu plus favorisés parce qu'ils n'ont pas un autre
boulot, qui ne vont pas travailler le soir, qui ne sont pas monoparentaux.
Alors, c'est tout ce contexte-là qu'on a vu dans le p.l. n° 12, qu'on
revoit dans le p.l. n° 40, où, encore une fois, c'est les mieux
nantis qui ont voix au chapitre, c'est les mieux nantis qui sont capables de
comprendre tout ça et qui vont probablement magasiner l'école où il y a le plus
de meilleurs... de bons élèves, où les taux de réussite, hein, le plan
d'engagement vers la réussite, les statistiques sont les plus belles.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin. Nous n'avons plus de temps. Donc, M. Mallette, Mme Morel,
M. Cloutier, merci d'avoir été avec nous. Je vous remercie pour votre
contribution aux travaux.
Et la commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain, 10 heures, où elle poursuivra son mandat. Merci, bonne
soirée.
(Fin de la séance à 18 h 8)