Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
jeudi 7 novembre 2019
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Vol. 45 N° 45
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires
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Intervenants par tranches d'heure
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Thériault, Lise
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Roberge, Jean-François
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Lemieux, Louis
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IsaBelle, Claire
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Rizqy, Marwah
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Rizqy, Marwah
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Thériault, Lise
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Charbonneau, Francine
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Roberge, Jean-François
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Roberge, Jean-François
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Thériault, Lise
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Poulin, Samuel
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Lévesque, Mathieu
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Rizqy, Marwah
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Charbonneau, Francine
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Maccarone, Jennifer
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Hivon, Véronique
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Hivon, Véronique
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Thériault, Lise
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Thériault, Lise
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Roberge, Jean-François
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Chassin, Youri
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Rizqy, Marwah
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Émond, Jean-Bernard
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Charbonneau, Francine
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Charbonneau, Francine
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Thériault, Lise
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Ciccone, Enrico
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Roberge, Jean-François
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Ciccone, Enrico
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Roberge, Jean-François
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Émond, Jean-Bernard
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Rizqy, Marwah
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Charbonneau, Francine
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Ciccone, Enrico
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Roberge, Jean-François
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Tardif, Denis
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Rizqy, Marwah
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Rizqy, Marwah
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Ciccone, Enrico
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
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Roberge, Jean-François
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Roberge, Jean-François
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Ciccone, Enrico
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Rizqy, Marwah
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Labrie, Christine
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Hivon, Véronique
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-deux minutes)
La Présidente (Mme Thériault) :
Nous allons débuter nos travaux. Merci. Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée
par M. Lévesque (Chapleau); Mme Guillemette (Roberval) est remplacée
par M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata); et Mme Melançon (Verdun)
est remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, cet avant-midi, nous entendrons tout d'abord l'Association des
directions générales des commissions scolaires et, par la suite, l'Institut du
Nouveau Monde.
Donc, sans plus tarder, M. Maltais,
j'imagine que vous allez nous faire la présentation de votre mémoire, nous
présenter les gens qui vous accompagnent, et, par la suite, il y aura des
échanges avec les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
Association des directions générales des
commissions scolaires (ADIGECS)
M. Maltais (Lucien) :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre de l'Éducation, Mmes et MM.
les députés. Je me présente, Lucien Maltais, président de l'Association des directions
générales des commissions scolaires et directeur général de la commission
scolaire des Chênes. À ma droite, je suis accompagné de M. Normand
Lessard, vice-président de l'association et directeur général de la commission
scolaire Beauce-Etchemin, à ma gauche, je vous présente M. Sylvain
Racette, président de l'association des directions générales des commissions
scolaires anglophones et directeur général de la commission scolaire Riverside,
et, au bout à gauche, par M. Michel Bernard, secrétaire général qui a déjà
été directeur général de la commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke.
Nous sommes ici pour représenter les
directions générales des commissions scolaires francophones et anglophones du
Québec, et nous vous remercions de nous donner l'occasion de vous soumettre nos
commentaires sur le projet de loi n° 40, en espérant qu'ils vous soient
utiles.
D'emblée, l'ADIGECS reconnaît que le
réseau, déjà performant, doit continuellement s'améliorer et optimiser ses
façons de faire. Que ce soit sur le plan des mécanismes de collaboration ou sur
des éléments qui permettront de se centrer davantage sur les conditions
optimales menant à la réussite des élèves, nous sommes engagés à ce que la
réussite soit toujours la priorité de nos actions et celle du réseau. On <retrouve…
M. Maltais (Lucien) :
...que ce soit sur le plan des mécanismes de collaboration ou sur des éléments
qui permettront de se centrer davantage sur les conditions optimales menant à
la réussite des élèves, nous sommes engagés à ce que la réussite soit toujours
la priorité de nos actions et celle du réseau. On >retrouve notamment
dans le projet de loi le maintien du Plan d'engagement vers la réussite, une
approche collaborative de gestion axée sur la réussite et le résultat des
élèves permettant une vision commune, rassembleuse et cohérente des actions à
prioriser par tous les acteurs du réseau. Cette vision cohérente doit impliquer
les établissements dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'un projet éducatif
qui doit tenir compte de ce Plan d'engagement vers la réussite. Or, nous sommes
très préoccupés de constater la disparition des possibilités d'intervention
explicites et des mécanismes de régulation nécessaires à l'intervention de la
direction générale à l'endroit des établissements.
Au cours des dernières années, c'est cette
approche de gestion axée sur les résultats qui a d'ailleurs permis un virage
important vers l'enjeu de la réussite. Le taux de diplomation a augmenté de 4,1
points de pourcentage en cinq ans et de 9,9 points de pourcentage en 10 ans.
Ceci a permis d'atteindre maintenant 81,8 % de taux de diplomation et même
de dépasser la cible gouvernementale, qui était établie à 80 % en 2020.
Pour nous assurer de conserver ce site d'amélioration de la réussite des
élèves, nous demandons de maintenir la possibilité pour la direction générale
d'intervenir auprès des établissements qui pourraient s'éloigner du sens à
donner à leur projet éducatif. En effet, il est essentiel de maintenir, sinon
de renforcer la cohésion et la cohérence des actions vers une vision commune et
partagée au sein de l'organisation, laquelle s'actualise dans le Plan
d'engagement vers la réussite, autour duquel tous les acteurs de la réussite
doivent converger.
C'est pour appuyer cet élément essentiel
que nous avons inclus dans notre mémoire une illustration d'un cadre de
cohérence documenté et duquel s'inspirent depuis quelques années les différents
acteurs. Il met en évidence les meilleures pratiques par un leadership partagé et
les conditions optimales favorisant la réussite des élèves, et ce, autour d'une
vision commune.
Cette vision commune orientée vers les
déterminants de la réussite et les pratiques reconnues efficaces ne peuvent
trouver leur sens que dans la mesure où la direction générale exerce pleinement
son leadership éducatif et administratif. Nous recommandons donc que les
interventions de la direction générale puissent se faire également sur les
objectifs et les cibles choisis par l'établissement dans le cadre du projet
éducatif afin de s'assurer que les meilleures pratiques y soient privilégiées
et qu'elles soient en adéquation avec le Plan d'engagement vers la réussite et
avec la planification stratégique du ministère.
Dans le même esprit, nous recommandons que
l'évaluation périodique du projet éducatif soit également acheminée à la
commission scolaire ou au futur centre de services scolaire. Ceci permettra à
la direction générale de faire les interventions pertinentes lors de la
démarche de supervision des directions d'établissement.
En matière de gouvernance, compte tenu de
la position des directions générales au titre de premiers dirigeants et
considérant que le conseil des commissaires actuel a comme seul employé le
directeur général, nous jugeons important d'exercer un devoir de réserve et de
demeurer neutre dans ce débat relatif au maintien ou non du conseil des
commissaires. Cependant, puisque le gouvernement a comme intention, par ce
projet de loi, de transformer les conseils de commissaires en conseils d'administration,
nous souhaitons vous soumettre nos commentaires. Ceux-ci porteront notamment
sur la contribution plus importante des parents, du personnel et des
représentants de la communauté aux décisions et aux orientations que prendra le
futur centre de services scolaire.
Depuis quelques années, nos pratiques
pédagogiques et de gestion se sont modifiées pour prendre appui sur la
recherche et les pratiques reconnues efficaces. C'est avec cette visée que nous
avons réfléchi à ce que pourrait être le modèle de conseil d'administration
idéal basé sur les meilleures pratiques. Nous nous sommes permis de vous le
décrire dans ce mémoire. Par contre, puisque la proposition du projet de loi
diffère de ce modèle idéal, nous vous proposons des modifications qui pourraient
s'avérer satisfaisantes. Toutefois, dans la réalité quotidienne, lors des
travaux du conseil d'administration, certaines modalités proposées risquent
d'engendrer certaines dérives et des conflits d'intérêts.
• (11 h 40) •
Nous accueillons positivement la volonté
du ministre d'instituer, par le futur centre de services scolaire, un comité
d'engagement pour la réussite des élèves. Notre association s'était déjà
manifestée en ce sens lors des consultations antérieures. Nous reconnaissons
alors la valeur ajoutée d'un tel comité pour s'appuyer sur la collaboration et
l'expertise partagée <afin...
M. Maltais (Lucien) :
...par le futur centre de services scolaires, un comité
d'engagement
pour la réussite des élèves. Notre
association s'était
déjà
manifestée en ce sens lors des consultations antérieures. Nous reconnaissons
alors la valeur ajoutée d'un tel comité pour s'appuyer sur la
collaboration
et l'expertise partagée >afin de favoriser la réussite de nos élèves. D'ailleurs,
des comités de pilotage ont été mis en place dans la plupart des commissions
scolaires. Ces comités ont permis de faire l'analyse des résultats, le
déploiement et le suivi de leur Plan d'engagement vers la réussite, et ce, en s'assurant
de la cohérence des projets éducatifs des établissements avec le plan. Comme
évoqué précédemment, il ne manque donc qu'un mécanisme de régulation formel
dans ce projet de loi pour en assurer toute sa valeur ajoutée.
M. Racette (Sylvain) : En
ce qui concerne les commissions scolaires anglophones, pour lesquelles une
certaine forme d'élection scolaire est maintenue, les directions générales de
ces commissions scolaires identifient deux types de préoccupations liées au
projet de loi n° 40. Le premier, d'ordre pratique, concerne les ressources
humaines et financières liées à cette opération qui se fera sur un cycle plus
court ainsi que la fenêtre plus mince que ce délai raccourci offre pour
entreprendre des projets d'envergure. Le second, d'ordre plus fondamental,
porte sur la compatibilité des restrictions imposées aux candidats possibles
pour les postes d'élus et, conséquemment, sur les restrictions imposées à la
communauté de choisir les élus qu'elle juge les plus aptes à les représenter,
avec le droit constitutionnel de la communauté anglophone de gérer et contrôler
ses institutions.
M. Maltais (Lucien) :
Enfin, nous avons regroupé plusieurs recommandations qui font bien sûr
référence aux principaux éléments évoqués précédemment, mais qui permettent
aussi d'approfondir notre réflexion et de bonifier le projet de loi concernant
d'autres dispositions.
Nous vous remercions de votre attention et
sommes disponibles pour répondre à vos questions. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Maltais, M. Racette. Donc, sans plus tarder, du côté
ministériel pour environ 15 min 30 s, M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation, pour votre mémoire, tout ce
que vous avez dit. Merci, malgré tout, d'avoir participé à l'exercice. On s'est
parlé à quelques reprises dans les derniers mois pour travailler en amont du
dépôt du projet de loi, comme on l'a fait avec tous les groupes, et je vois que
votre réflexion s'est poursuivie au fil de ces échanges-là, puis on va prendre
bonne note de vos très nombreuses recommandations. Je vous en remercie
sincèrement, c'est le genre de contribution qu'on souhaite.
Et ce n'est pas évident, puisqu'hier soir...
et je fais un aparté, hein, ça ne vous concerne pas directement, mais hier soir
j'ai reçu des appels fort inquiétants de cadres scolaires, de directions
générales, et je... pas vous personnellement, mais de cadres scolaires, de
directions générales, de directions d'école qui subissaient d'importantes
pressions de la part des conseils des commissaires... pas tous, bien sûr, mais
qui subissaient d'importantes pressions pour ne pas collaborer à la
bonification de ce projet de loi, pour d'aucune façon aider ou même ajouter
leur pierre aux modifications qui s'en viennent. Et je déplore ça ici, ce matin,
et je vous remercie de participer, avec votre devoir de réserve, puis vous le
faites très, très bien. Puis je ne prétends pas que vous avez modulé vos
interventions suite à ça. Vous l'avez très bien exprimé, vous dites :
Bien, puisque le projet de loi est là, allons-y. Mais je sais qu'il y a des
gens parmi vos membres qui vivent des moments difficiles en ce moment.
Maintenant, par rapport à la constitution
du conseil d'administration qui pourra remplacer le conseil des commissaires,
vous nous dites, à la page 38 : «Concernant la composition du conseil
d'administration», à votre recommandation 12... bon, vous y allez plutôt
avec une répartition différente, 5-5-5, donc cinq parents, cinq employés, cinq
membres de la communauté, et vous rajoutez «avec profils d'expertise».
Est-ce que vous pouvez nous expliquer
davantage qu'est-ce que vous souhaitez comme profils d'expertise, puis pourquoi
c'est si important d'avoir des profils d'expertise pour ces gens venant siéger
sur le C.A. à titre de membres de la communauté?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) :
Oui. Donc, évidemment, dans le partage, pourquoi, tout d'abord, le 5-5-5?
Évidemment, on voulait avoir une situation, au lieu que ça soit un face à face,
bien, évidemment, qu'au niveau des pouvoirs ça soit partagé. Évidemment, on est
dans un mode collaboratif pour ne pas qu'un groupe ait plus d'importance qu'un
autre.
Au niveau, aussi, des employés, la
direction des services éducatifs, pour nous, c'était un joueur important. On
voyait qu'il n'y avait peut-être pas de place pour un cadre scolaire, puis
nous, on croyait que peut-être la présence d'un cadre... d'un directeur des
services éducatifs était de quoi d'important, surtout avec la mission que la
commission scolaire a ou que le futur centre de services aura si le projet de
loi est <adopté...
M. Maltais (Lucien) :
...un cadre scolaire, puis nous, on croyait que
peut-être la présence
d'un cadre... d'un directeur des services éducatifs était de quoi d'important,
surtout avec la mission que la
commission scolaire a ou que le futur
centre de services aura si le
projet de loi est >adopté.
Pour ce qui est en lien avec les profils
d'expertise, bien, évidemment, il faut comprendre que les organisations des
centres de services scolaires, les futurs centres de services ou, présentement,
les commissaires, c'est des grosses organisations, donc, évidemment, il faut
penser que c'est l'ensemble des écoles, des établissements primaires,
secondaires, formation générale des adultes, formation professionnelle, pour
lequel ils sont déployés sur un vaste territoire et pour lequel il peut y avoir
des enjeux spécifiques.
Donc, pour nous, l'organisme, l'instance
décisionnelle doit avoir des compétences propres, que ça soit en finances, en
ressources humaines, au niveau de la communauté, au niveau des ressources
matérielles. Et c'est là l'apport de la communauté, hein, parce qu'évidemment
on va comprendre que notre système public appartient à la population, d'avoir
des gens de la communauté avec des profils d'expertise qui peuvent nous aider à
avoir une vision, un regard, une vue d'ensemble du système avec leurs
compétences propres.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Bien
sûr, rien n'empêche... De toute façon, les gens qui viennent du réseau lui-même
amènent leur vision, leur expertise. L'enseignant, l'employé de soutien, la
direction d'école amènent cette expertise-là, c'est évident. Bien sûr, les
parents n'ont pas que la qualité d'être parents, hein, ils peuvent être
travailleurs sociaux ou ils peuvent provenir du milieu des arts, du milieu des
sports, ils peuvent être eux-mêmes administrateurs de haut niveau. Ils ne sont
pas que parents, bien sûr. Mais l'idée d'introduire, peut-être, ces profils
d'expertise pour les membres de la communauté vient peut-être apporter une
garantie qu'il y aura une meilleure représentativité puis qu'on aura, sur le
conseil d'administration, toutes les qualités et les compétences nécessaires
pour prendre des décisions administratives sur des budgets qui sont quand même
considérables.
Vous avez amené plusieurs points, mais je
voudrais revenir sur celui de la gestion collaborative, qui fait sa place, là,
bon an, mal an, à l'intérieur du réseau. Certaines directions d'école ont dit
que le projet de loi allait peut-être faciliter, améliorer la gestion
collaborative. Quelle est votre opinion par rapport à ce projet de loi là et
cette idée d'avoir une implication plus grande des acteurs du milieu dans la
gestion, l'administration? Est-ce que c'est statu quo? Est-ce que ce projet de
loi là facilite la gestion collaborative? Quelle est votre opinion à ce sujet?
M. Maltais (Lucien) :
Bien, nous, dans le fond, on prend acte de la volonté ministérielle de faire un
pas de plus vers la collaboration. Vous savez, les directions générales
exercent un leadership très fort au niveau du réseau.
Juste pour vous donner comme exemple, il y
a un projet qui se déploie qui s'appelle le projet CAR : collaborer,
apprendre, réussir, qui est déployé à travers tout le réseau, où les directions
générales, de par leur initiative, avec le support de la fondation Chagnon, ont
utilisé leur leadership pour mettre en place des équipes collaboratives, des
communautés de pratique, des communautés d'apprentissage professionnel, et ce,
à différents paliers, donc des directions générales qui travaillent ensemble
pour améliorer leurs pratiques à l'intérieur des commissions scolaires afin de
faire réussir plus d'élèves, des directions générales qui animent, à
l'intérieur de leurs organisations, les équipes collaboratives de direction
d'école pour que les directions d'école avec les meilleures pratiques puissent
installer dans leur milieu des équipes collaboratives, et les équipes-écoles
qui, elles, travaillent ensemble pour améliorer la réussite dans leur milieu.
Vous le savez, je pense que c'est bien... On
voit, dans l'esprit de la loi, que la collaboration, c'est un levier très fort
pour faire réussir les organisations. Ensemble, on peut aller plus loin. On
peut se former ensemble, on peut être plus performants, plus efficients, mais
surtout on peut faire réussir plus d'élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Puis
je pense que la création du comité d'engagement envers la réussite va dans
cette direction-là, certainement. Mais bien sûr qu'on pourra y apporter des
modifications, à ce comité-là, suite à vos recommandations, mais je pense qu'on
va directement, quand même, dans une gestion collaborative puis une implication
des divers acteurs sur les leviers qui vont amener la réussite scolaire. Puis
il y a quand même d'autres personnes qui sont passées avant vous qui ont dit,
justement, que ces éléments-là, spécifiquement, venaient donner une couleur au
projet de loi, qu'ils allaient amener la réussite scolaire et la réussite
éducative, parce que je prends bonne note que les gens l'ont mentionné, de ne
pas évacuer la notion de réussite éducative, qui est plus large que celle de la
réussite scolaire.
Sur ces mots, je laisserais, si vous
permettez, Mme la Présidente, mon collègue de Saint-Jean prendre la relève.
La Présidente (Mme Thériault) :
Absolument, M. le ministre. M. le député de Saint-Jean, il vous reste un peu
moins de huit minutes.
• (11 h 50) •
M. Lemieux : Merci
beaucoup, Mme la ministre... Mme la Présidente. Excusez, je regardais le
ministre.
Le ministre l'a souligné, vous avez
beaucoup de recommandations, 34. Moi, j'ai beaucoup de petites questions, des
clarifications surtout, mais gênez-vous pas si vous voulez expliquer davantage
que juste répondre, c'est juste pour régler des détails.
Comme par exemple, dans le mémoire, vous
identifiez, et vous l'avez dit encore ce matin dans votre résumé, que la
plupart des <commissions...
M. Lemieux : ...vous
avez
beaucoup de recommandations, 34. Moi, j'ai
beaucoup de
petites questions, des clarifications surtout, mais gênez-vous pas si vous
voulez expliquer davantage que juste répondre, c'est juste pour régler des
détails.
Comme
par exemple, dans le
mémoire,
vous identifiez, et vous l'avez dit encore ce matin dans votre résumé, que la
plupart des >commissions scolaires ont mis en place un comité de
pilotage pour faire l'analyse des résultats. Est-ce que tous les membres du
personnel scolaire sont mis à contribution pour assurer le déploiement et le
suivi de tout ça? Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur le comité de pilotage?
M. Maltais (Lucien) :
Bien, évidemment, tout d'abord, d'entrée de jeu, c'est vrai que j'aurais pu
mentionner l'initiative du comité d'engagement pour la réussite. Dans le projet
de loi, c'est une initiative, pour nous, qui est... on est très favorables.
Maintenant, pour ces fameux comités de
pilotage là, bien, ce qu'il faut comprendre, c'est que nous, comme direction
générale, ce qu'on veut, c'est insuffler à l'intérieur de nos organisations, à
l'aide d'un leadership fort, une vision commune pour que les gens puissent
travailler ensemble. Puis notre objectif, c'est de faire réussir les élèves. On
veut que les... Oui, on veut avoir des résultats, puis pour nous, les
résultats, c'est la réussite de nos élèves.
Évidemment ces comités-là, pour nous, il
est très clair que ça ne se fait pas tout seul, puis évidemment on a besoin de
la collaboration de tous les acteurs. Donc, évidemment, lorsqu'on veut
effectuer un changement, le meilleur moyen pour que ce changement-là puisse
atterrir, c'est la participation, la participation du plus grand nombre. Donc,
dans ces comités-là, évidemment, la participation de tous est privilégiée.
M. Lemieux : Dans
votre... Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, M. le député.
M. Lemieux : Merci. Dans
votre mémoire, vous faites référence, c'est à la page 17, je pense, à «un
équilibre dans le partage des responsabilités et des prises de décisions».
Comment cet équilibre-là contribuerait au renforcement du principe de
subsidiarité, dont on a énormément parlé depuis le début? Alors, ça vous donne
une chance d'en parler davantage.
M. Maltais (Lucien) :
Bien, évidemment, oui... Excusez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, il n'y a pas de problème.
M. Maltais (Lucien) :
Pardon. Évidemment, il faut comprendre qu'à l'intérieur d'une organisation on
parle d'un système. Donc, il faut regarder les individus et les instances, ils ont
des rôles et responsabilités. Et évidemment, en lien avec leurs rôles et
responsabilités, il y a une imputabilité qui est associée.
Lorsqu'on est dans un mode de gestion
collaborative, évidemment, on va essayer de trouver la meilleure façon pour que
les rôles et responsabilités soient donnés aux bonnes personnes à la bonne
place au bon moment. Et comment faire ça? Bien, dans le principe de
subsidiarité, on veut que les décisions se prennent à la bonne place. Puis évidemment,
lorsque c'est éducatif, on souhaite que, le plus possible, ça soit près de
l'élève. Donc, comment faire tout ça? Bien, c'est de s'assurer qu'en
collaboration, en prenant le contexte des organisations puis en s'assurant que
ça réponde aux besoins de l'organisation... parce que vous comprendrez que, les
commissions scolaires, il y en a plusieurs, ils ont des particularités qui sont
différentes, il y en a qui sont en région urbaine, d'autres qui sont en région
éloignée, donc d'essayer de voir, selon les besoins de l'organisation puis
ensemble, c'est quoi, la meilleure façon de répartir nos rôles et
responsabilités. Donc, on pourrait parler, là... Un document très populaire
dans les commissions scolaires, c'est le Règlement de délégation de
fonctions et de pouvoirs, qui, lui, va traduire, évidemment, les pouvoirs
de chacun dans l'organisation. Je pense que j'ai mon collègue M. Bernard
qui veut compléter.
M. Bernard (Michel) :
En fait, ce qui nous importe le plus, en fait, en matière de subsidiarité... On
est tout à fait favorables au fait que les décisions se prennent le plus près
possible de l'élève. Cependant, en matière d'équité, c'est le centre de
services scolaire qui peut agir pour s'assurer que, sur l'ensemble d'un
territoire, c'est la seule instance qui pourrait intervenir pour s'assurer d'un
accès équitable pour tous les enfants du territoire, et tous les adultes aussi,
remarquez, et ça, pour nous là, c'est extrêmement important.
M. Lemieux :
M. Maltais, aimez-vous la sémantique?
M. Maltais (Lucien) :
Excusez?
M. Lemieux : La
sémantique.
M. Maltais (Lucien) : Oui.
M. Lemieux : Parce que, attendez,
vous dites, dans votre mémoire... vous écrivez, dans votre mémoire, puis ce
n'est sûrement pas une faute de frappe, c'est trop beau comme ça : «...le
centre de services scolaire continue d'être en service à la mission auprès des
établissements et non pas au service de ces derniers.» J'aime la sémantique. Expliquez-moi.
M. Maltais (Lucien) :
Bien, évidemment, nous, la notion qu'on fait «en service» puis «au service»,
c'est la force du groupe. Vous savez, lorsqu'on est une commission scolaire,
puis peut-être un jour un centre de services scolaire, ce qu'il faut
comprendre, c'est qu'à l'intérieur de l'organisation on a des rôles et
responsabilités, mais aussi il y a un sens de partage commun. Donc, évidemment,
il faut comprendre que ce n'est pas lui qui crie le plus fort qui va avoir
nécessairement plus de ressources. Il y a un travail d'équipe qui doit se faire,
puis c'est dans ce partage-là qu'évidemment on va comprendre que, dans le lien
d'autorité puis l'arbitrage qui doit se faire, bien, la direction générale a un
rôle là-dedans, puis c'est de garder le cap sur des orientations qu'on a
prises.
Ça fait qu'évidemment, si on donne comme
message qu'au service une direction d'école lève la main, demande quelque chose,
puis automatiquement on lui donne ce qu'elle demande, bien, évidemment, on va
comprendre que ça, ça pourrait enlever de quoi à une autre école, à un autre
centre.
Vous savez, lorsqu'on parle d'une
commission scolaire, on pense juste, mettons, au centre administratif, mais le
centre administratif, c'est une petite partie. La vraie vie d'une commission
scolaire, c'est les écoles et les centres. Donc, nous, on doit être un petit
peu le chien de garde de tout ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Huntingdon, il vous reste un petit peu plus... 2 min 30 s,
à peu près.
Mme IsaBelle : Parfait.
Alors, écoutez, moi, je reviens sur votre point 7, le comité d'engagement
pour la réussite des élèves. C'est un comité, pour moi, qui m'apparaît <important...
M. Maltais (Lucien) :
...c'est les écoles et les centres. Donc, nous, on doit être un petit peu le
chien de garde de tout ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de
Huntingdon, il vous reste
un petit peu plus...
2 min 30 s,
à peu près.
Mme IsaBelle :
Parfait. Alors, écoutez, moi, je reviens sur votre point 7, le comité
d'engagement pour la réussite des élèves. C'est un comité, pour moi, qui
m'apparaît >important, et pour vous aussi, hein, je pense que vous le
soulevez, vous l'avez trouvé, vous l'avez même mentionné tantôt aussi. Je
trouve intéressante votre recommandation de permettre, par exemple, une
flexibilité des profils de qui pourrait participer, comme, justement, le membre
issu de la recherche.
Où, par contre, je me questionne, c'est
lorsque vous dites aussi d'ajouter à ce comité un gestionnaire responsable de
l'administration scolaire... de l'adaptation scolaire, pardon. Est-ce que ce
n'est pas la personne qui serait issue de la recherche qui pourrait être
responsable de ça aussi? Et pourquoi un gestionnaire et non pas un membre?
M. Maltais (Lucien) :
Bon, évidemment, notre position par rapport à ça, c'est que, lorsqu'on va
travailler pour le comité d'engagement pour la réussite, évidemment, on va
travailler sur le Plan d'engagement vers la réussite. Vous savez, les besoins
particuliers des élèves, c'est de quoi d'extrêmement important. Nos
gestionnaires dans nos organisations, qui est souvent un cadre de services, une
direction de services adjointe, une direction des services éducatifs, bien, eux
vont piloter divers comités, puis je pense que c'est important qu'ils aient la
place à l'intérieur de ce comité-là pour s'occuper de nos élèves ayant des
besoins particuliers pour ne pas qu'ils soient oubliés, évidemment. Puis je ne
dis pas qu'on les aurait oubliés, mais évidemment je pense que c'est une place
importante, là, qui doit être faite à l'intérieur du comité.
Mme IsaBelle : O.K. Donc,
vous y voyez vraiment... O.K. Et ce gestionnaire-là, enfin, ça pourrait aussi
être un professionnel, là, ça pourrait être une autre personne ou ça pourrait
être le membre issu de la recherche. C'est peut-être là... Oui, vous vouliez
ajouter quelque chose?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Bernard.
M. Bernard (Michel) : Bien, en fait, c'est parce qu'un des plus importants enjeux dans le
réseau pour offrir des meilleurs services aux enfants en difficulté
d'apprentissage et handicapés, c'est la répartition des ressources. Et ça
appartient aux services éducatifs issus des besoins de chaque milieu de faire
une répartition où tout le monde va avoir des services de manière équitable et
de qualité, et c'est un gestionnaire qui prend en compte l'ensemble de ces
besoins-là et non pas un professionnel qui pourrait être un psychologue,
quoiqu'ils ont, évidemment, une compétence pour exprimer des points de vue,
mais pas sur la coordination de l'ensemble des services.
Mme IsaBelle :
O.K. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, sans plus tarder, je vais aller du côté de l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez
10 min 20 s.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup. Merci et bienvenue. Tantôt, M. Bernard, vous avez fait
référence à l'équité versus égalité. Pouvez-vous juste, en ce moment, nous
expliquer comment vous fonctionnez pour assurer, justement, l'équité à travers
le réseau?
M. Bernard (Michel) : Si vous permettez...
Mme Rizqy :
Je vous regarde.
M. Bernard (Michel) :
Ah! vous voulez que je réponde, moi? Bien, écoutez, historiquement, on a
toujours dit, même dans nos propres organisations... parce qu'on transige avec
nos partenaires qui revendiquent des ressources, toujours, et le mot «égalité»
est souvent évoqué, alors que nous, on utilise toujours le mot «équité», et il
y a une différence importante entre les deux. C'est ce que vous voulez savoir?
C'est ce que je comprends.
Égalité, ça veut dire on en distribue
partout pour tout le monde de manière égale. C'est ça, l'égalité. L'équité,
c'est de tenir compte davantage des besoins spécifiques, alors donc, ça appelle
à une certaine modulation des ressources qui sont distribuées. Parce que, quand
on parle de donner des chances égales à tous les élèves, il faut parler
d'équité. Et, nous, ce qu'on demande, d'ailleurs, dans le projet de loi, c'est
de réintroduire cette notion-là dans la mission du centre de services scolaire.
Mme Rizqy : Je vous
remercie, parce que, pour nous, ce que vous venez de dire, c'est essentiel. Et
ça fait des mois que, dans différents autres projets de loi, que ce soient, par
exemple, les frais facturés aux parents lorsqu'il était question des programmes
pédagogiques particuliers ou dans la distribution des nouvelles classes de
maternelle quatre ans, où est-ce que nous, on s'est battus pour avoir plus de
classes en milieu défavorisé... Puis maintenant vous faites référence à cette
notion d'équité et non pas d'égalité, qui nous est très proche, à nous, parce
que... Je le dis parce que le ministre de l'Éducation, souvent, nous a parlé
d'égalité, d'égalité, d'égalité, et je suis contente que vous nuancez et vous
distinguez les deux termes aussi parfaitement.
Et tantôt vous avez dit, M. Maltais,
qu'en ce moment le réseau va bien, il se porte bien. Qu'est-ce qui fait en
sorte, justement, qu'il se porte si bien? Avec aussi la réponse de
M. Bernard.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) :
Bien, tout d'abord, je vais mentionner que, lorsque... On comprend que la
volonté gouvernementale, c'est de nous demander de faire un pas de plus. Donc,
il ne faudrait pas comprendre que notre position, c'est le statu quo. On
comprend que ce qui nous est demandé à l'intérieur de ce projet de loi là,
c'est de faire un pas de plus. Donc, évidemment, on a fait diverses
recommandations sur le système, les structures qu'ils nous ont proposés en
place. Mais présentement... Oui?
• (12 heures) •
Mme Rizqy : Si vous
permettez, M. Maltais, je vais juste vous interrompre, <parce qu'en
fait...
>
12 h (version révisée)
< M. Maltais (Lucien) :
…demander de faire un pas de plus. Donc, il ne faudrait pas comprendre que
notre position, c'est le
statu quo. On comprend que ce qui nous est
demandé
à l'intérieur de ce
projet de loi là, c'est de faire un
pas de plus. Donc,
évidemment, on a fait diverses
recommandations
sur le système et les structures qu'ils nous ont proposés en place.
Mais
présentement… Oui?
Mme Rizqy : Si vous
permettez, M. Maltais, je vais juste vous interrompre, >parce qu'en
fait, hier, le ministre de l'Éducation l'a très bien exprimé, il ne parlait pas
de faire un pas de plus, il disait clairement... il a illustré ses propos ainsi :
On inverse la pyramide, le paradigme. Il dit : On change le paradigme, en
faisant ce geste-là, donc on changeait.
Et, avant de changer, moi, je veux juste
m'assurer, ainsi que mes collègues, que, lorsque que j'ai l'AGIDECS qui est
devant moi, qui écrit dans son mémoire que le système fonctionne, et je cite, très
bien... j'aimerais savoir pourquoi qu'en ce moment ça fonctionne très bien puis
aussi que... dans les dernières années, je remarque — et
félicitations! — un taux de diplomation qui continue, à chaque année,
de s'améliorer. Je crois qu'il y a une seule commission scolaire, au mois de mai
dernier, qu'on a su que le taux avait un petit peu été en baisse, mais, dans
les 72, il y en a juste une. Mais, sinon pouvez-vous nous expliquer comment
vous faites pour, justement, que ça fonctionne très bien en ce moment?
M. Maltais (Lucien) :
Bien, tout d'abord, je vais vous l'expliquer, mais ma petite parenthèse serait
la suivante, donc, évidemment, pourquoi qu'on fait des recommandations en lien
avec le projet de loi actuel, c'est pour conserver la lignée que nous avons
prise depuis quelques années. Et comment expliquer nos résultats des dernières
années? Bien, je crois qu'à travers le temps c'est... la gestion axée sur les résultats
nous a apportés à être plus cohérents au niveau du système. Si on prend, par
exemple... depuis quelques années, le gouvernement nous donne des objectifs et
des cibles pour lesquels nous, nous allons donc… avec sa planification
stratégique, nous donne des objectifs que nous allons inclure dans notre Plan d'engagement
vers la réussite. Ensuite, on fait notre Plan d'engagement vers la réussite, on
va voir les établissements, et les établissements, en cohérence, établissent
leurs projets éducatifs. À l'intérieur de tout ça, il y a des mécanismes de
régulation qui font que nous avons réussi à mettre en place les moyens nécessaires
pour avancer.
Évidemment, vous comprendrez qu'un autre
ingrédient a été de la mise en place des approches collaboratives, donc tout ça
se met en place. Nous, vous savez, notre rôle, comme administrateurs, c'est de
prendre les encadrements gouvernementaux et de les faire atterrir sur le
terrain dans nos organisations en s'assurant de faire réussir le plus d'élèves
possible.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Maltais. Mme la députée des Mille-Îles, vous avez un peu plus de
5 min 30 s.
Mme
Charbonneau
:
Merci. Bonjour. Ça manque de filles dans votre groupe, mais ça, c'était juste
pour me faire plaisir que je vous le dis, pensez-y.
Ceci dit, ceci dit, en ce moment, je vais
revenir au modèle actuel, parce que je pense que, pour les gens qui nous
écoutent puis pour ne pas faire de campagne de peur, il faut être capable de
faire la comparaison entre ce qui pourrait être puis ce qui est en ce moment.
Malheureusement, quelquefois, on entend un regard qui est porté sur le conseil
des commissaires qui est un peu bête, hein, des fois c'est toujours de sa
faute, mais le conseil des commissaires, c'est aussi un organe politique. Puis,
vous le disiez bien tantôt, puis j'ai apprécié vous l'entendre dire, le conseil
des commissaires n'a qu'un seul patron... a un seul employé, qui est le
directeur général, qui, lui, a tous les autres employés. Donc, habituellement,
la conversation qui se passe entre le conseil des commissaires, qui est
politique, et l'administration, dont vous représentez, fait en sorte que les
questions se posent, les décisions se prennent et l'application se fait de
façon administrative par les directeurs généraux.
Quand il n'y aura plus... si jamais on
arrive à ce moment-là, parce que ce sera deux modèles différents, et, juste
avec un petit coup de coude, vous pouvez toucher à quelqu'un qui aura un modèle
complètement différent du vôtre, puisqu'on garde, chez les anglophones, un modèle
démocratique et on enlève le modèle démocratique aux francophones, mais, à
partir du moment où la réponse ne viendra pas du conseil des commissaires, que
l'imputabilité ne sera pas au conseil des commissaires, qu'il y aura peut-être
moins de gens pour prendre la responsabilité d'une décision, d'une équité ou
d'une égalité, parce que j'aime aussi votre comparaison, qui va prendre
l'imputabilité d'une décision qui est prise au sein de quelque chose d'autre
qui s'appellerait un conseil des commissaires?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) :
Bien, tout d'abord, d'entrée de jeu, nous savions que nous allions peut-être
avoir une petite question sur le manque de présence féminine à notre table, donc
juste vous dire qu'en 2018 40 % de nos membres étaient du sexe féminin, et
présentement nous sommes à 55 %, en 2019. Malheureusement, à la table, ici...
Mme
Charbonneau
:
Je suis contente de vous l'entendre dire parce que c'est important de
comprendre que le modèle masculin, dans nos écoles et dans nos bureaux de
direction... ne sont pas juste masculins, ils sont aussi féminins.
M. Maltais (Lucien) :
Maintenant, je comprends très bien votre question, puis évidemment il y a un
changement de culture extrêmement important qui s'opère à l'intérieur des
intentions gouvernementales puis à l'intérieur de ce projet de loi là.
Évidemment, si le projet de loi est adopté, il faut comprendre qu'au niveau de
la formation, hein, puis nous, on l'avait dit, on veut être associés à cette
formation-là qui sera donnée, ça va être extrêmement important que les acteurs
puissent bien comprendre leur rôle. Je crois quand même que ça existe, des
conseils <d'administration…
M. Maltais (Lucien) :
...
des intentions gouvernementales puis à l'intérieur de ce projet de
loi là. Évidemment, si le projet de loi est adopté, il faut comprendre qu'au
niveau de la formation, hein, puis nous, on l'avait dit, on veut être associés
à cette formation-là qui sera donnée, ça va être extrêmement important que les
acteurs puissent bien comprendre leur rôle. Je crois quand même que ça existe,
des conseils >d'administration qui sont imputables de leurs décisions.
Et, dans le principe de subsidiarité aussi, chaque individu, les instances ont
des rôles et fonctions. Quand on a des rôles et fonctions, bien, évidemment, on
a des pouvoirs qui y sont associés. Et, lorsqu'on a ces pouvoirs-là, bien,
vient avec la reddition de comptes, l'imputabilité, rendre des comptes. Donc,
nous, pour l'instant, notre modèle n'est pas créé, mais on sait qu'il y aura
quand même une notion d'imputabilité qui sera à installer, là, si le projet de
loi est adopté dans le nouveau système.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme
Charbonneau
:
Je vous posais la question parce que je me souviens d'avoir été assise dans une
classe de sixième année, puis j'étais là comme parent, donc j'étais assise à un
pupitre avec le nom de mon jeune, à moi, devant moi, donc ce n'était pas mon
nom qui était écrit. À titre de présidente de commission scolaire, j'avais
apprécié que ça ne soit pas mon nom qui soit écrit. Et l'enseignant faisait la
démonstration de comment ça fonctionnait dans sa classe et est venu au moment où
un parent a levé la main puis qu'il a dit : Bien, les dictionnaires... ils
sont donc bien poches, vos dictionnaires, ils sont tout déchirés, tout maganés,
c'est quoi, cette affaire-là? Et la réponse systématique de l'enseignant, ça a
été de dire : Oui, mais ça, c'est le conseil des commissaires qui a décidé
qu'on n'investissait pas dans les livres. Cette phrase-là n'existera plus.
Et maintenant vous allez probablement
avoir à gérer plus de directives qui vont venir du politique, mais pas du
politique partenaire assis à côté de vous, du politique qui vient de la grande
tour puis qui prend des décisions après avoir eu des recommandations, alors on
ne pourra pas lancer la balle avec autant de facilité. Est-ce qu'à ce moment-là
vous croyez... puis c'est une question très... elle se veut objective, là,
croyez-vous que c'est le directeur général de la commission scolaire qui va
devenir le porte-parole officiel pour pouvoir défendre... ou on va tout
simplement retourner la balle au politique, qui serait le politique, maintenant,
provincial, puisque ça ne sera plus de politique scolaire?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) :
Bien, évidemment, vous comprendrez que nous, comme premiers dirigeants
administratifs, on a toujours considéré que nous devons... notre devoir, c'est
de s'assurer que les volontés gouvernementales, que les volontés de notre
instance décisionnelle puissent atterrir dans nos organisations. Donc,
évidemment, on parle d'un changement de culture important pour lequel, là... si
on parle du D.G., qui sera un porte-parole, bien, ce ne sera pas le même genre
de porte-parole qu'est présentement un président. Donc, si, évidemment, cette
loi-là est adoptée, il y a un changement de culture qui s'impose, donc une
posture différente. Donc, il ne faudrait pas penser que notre rôle va être
semblable à un président de commission scolaire actuel. Comment ça va se jouer,
tout ça, à l'intérieur du système? Bien, puisqu'on est en approche... on vise
d'avoir une gestion participative, une gestion collaborative, bien, c'est une
volonté ministérielle. Donc, nous, on croit qu'il y a une volonté ministérielle
forte de travailler avec le réseau, de travailler avec les partenaires. Et,
nous, je crois que si c'est installé de la tête du réseau jusque dans les
classes, bien, évidemment, ça va être un système qui va pouvoir être
fonctionnel.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met fin à l'échange. Donc, je me tourne maintenant vers la députée de
Sherbrooke pour 2 min 35 s. Mme la députée.
Mme Labrie : Merci.
Écoutez, j'aurais vraiment beaucoup de questions à vous poser. Premièrement, je
vois qu'il y a plusieurs recommandations que vous faites par rapport au fait
que le centre de services devrait rester responsable de l'équité puis aussi que
la valorisation de l'éducation soit dans leur mission. J'imagine que c'est en
référence au fait que la mission de promouvoir l'école publique est retirée. Donc,
je suis contente de voir que ça vous préoccupe aussi. On a beaucoup d'acteurs
qui sont venus ici nous dire que c'était très inquiétant.
Dans votre mémoire, vous demandez des
clarifications sur les intentions de modification de territoire et de partage
des services. J'aimerais ça savoir c'est quoi, vos inquiétudes par rapport à
ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) :
Bien, évidemment, tu sais, vous comprendrez que notre préoccupation c'est lorsqu'on...
les changements de structure et les changements d'organisation et de
territoire, bien, ça apporte peut-être des éléments de distraction. Donc, nous,
évidemment, c'est de voir s'il y a une volonté ministérielle de revoir les
territoires, c'est plus dans ce sens-là. Parce que, vous savez, nous, ce qu'on
veut, c'est continuer à travailler dans un mode collaboratif à atteindre nos
objectifs puis nos cibles de réussite pour tous les élèves. Donc, évidemment,
on sait qu'un changement de structure, bien, ça peut apporter beaucoup
d'éléments de distraction, donc nous, on veut les éviter.
Mme Labrie : Vous
souhaitez éviter des fusions de territoires, par exemple.
M. Maltais (Lucien) :
Tout à fait.
Mme Labrie : Vous ne
voulez pas être contraints de faire des fusions de territoires.
M. Maltais (Lucien) :
Exactement.
Mme Labrie : Et comment
vous voyez ça, la possibilité que, maintenant, les familles pourraient choisir
d'inscrire leur enfant dans n'importe quelle école sur le territoire ou même
dans n'importe quel centre de services?
M. Maltais (Lucien) :
Nous, tout ce qui est bon pour les élèves, pour les familles, on va trouver un
moyen de le faire atterrir dans notre réseau. Ça se peut qu'il y ait des
inconvénients, mais évidemment on va trouver des solutions, ce qu'on fait
habituellement dans nos organisations.
• (12 h 10) •
Mme Labrie : Puis je vais
y aller sur la question de la gestion axée sur les résultats, dont vous avez
parlé tout à l'heure. Je trouve que vous en avez parlé avec beaucoup de positif,
alors que, pourtant, c'est <hautement...
M. Maltais (Lucien) :
...
atterrir dans notre réseau. Ça se peut qu'il y ait des inconvénients
mais, évidemment, on va trouver des solutions, ce qu'on fait habituellement
dans nos organisations.
Mme Labrie : Puis je
vais y aller sur la question de la gestion axée sur les résultats, dont vous
avez parlé tout à l'heure. Je trouve que vous en avez parlé avec beaucoup de
positif, alors que, pourtant, c'est >hautement critiqué dans le milieu.
On a constaté, dans les dernières années, là, les troubles anxieux ont doublé
auprès des élèves, le niveau de détresse psychologique est très élevé, là,
29 % des jeunes au secondaire qui ont un taux de détresse psychologique, ce
sont des choses qui sont en augmentation. Là, je ne vous parle même pas des enseignants,
je vous parle des élèves. Donc, vous ne pensez pas que ça peut avoir un lien
avec la pression induite par la gestion axée sur les résultats?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 20 secondes, M. Lessard.
M. Lessard (Normand) :
Oui. Tout simplement, la gestion axée sur les résultats, sur quoi qu'on mise...
puis dans le réseau, c'est beaucoup en fonction... au niveau des
apprentissages. Comment fait-on pour savoir si l'élève a appris? Ce n'est pas
uniquement une analyse des résultats des bulletins, ça, c'est une photo, mais c'est
bien plus à savoir comment fait-on pour mesurer que l'élève a réussi, a appris,
qu'est-ce qu'on fait avec l'élève qui n'a pas appris, qu'est-ce qu'on fait avec
l'élève qui sait, puis après ça, bien, c'est comment qu'on adapte nos services.
Donc, c'est ça, la volonté de la gestion axée sur les résultats qu'on veut
mettre de l'avant et qu'on met de l'avant depuis maintenant cinq, six ans, à
travers le réseau, dans plus de 63 commissions scolaires, principalement avec
le mouvement CAR.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois maintenant aller du côté de la députée de Joliette pour vos
2 min 35 s, à vous aussi.
Mme
Hivon
:
Oui, merci beaucoup. Je veux revenir aussi, brièvement, sur la question de
l'équité. C'est un souci très important qu'on a, de ce côté-ci de la Chambre ou
de la commission. Donc, vous dites : C'est très important de confier
nommément, noir sur blanc, ce rôle-là de voir à l'équité. Pourquoi ce serait
inquiétant que ce ne soit pas confié noir sur blanc aux centres de services, la
notion d'équité? Et est-ce que c'est plus inquiétant, avec la réforme, que ce
rôle-là ne soit pas confié clairement?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Maltais.
M. Maltais (Lucien) :
Bon, est-ce qu'on a pris le terme «inquiétant» — je ne me rappelle
pas — dans notre mémoire? Par contre, une chose qui est claire, c'est
que, nous, ce qu'on dit, c'est que, puisque le centre de services scolaire, c'est
l'ensemble des établissements qui, eux, en mode collaboratif, déterminent la
façon qu'ils vont déployer les ressources et les services, il faut que la mission
revienne au centre de services scolaire d'avoir une répartition équitable, soit
au niveau des programmes, des services.
Je pourrais prendre, exemple, l'anglais
intensif. Pourquoi, par exemple, dans un secteur donné, il n'y aurait pas
d'anglais intensif ou il n'y aurait pas de quoi qui serait organisé pour
s'assurer de l'équité? Je pourrais parler des classes d'adaptation scolaire, je
pourrais parler des projets particuliers.
On comprend que le comité de répartition
des ressources, lui, doit répartir de manière équitable les ressources, mais,
lui, c'est un petit peu plus au niveau du budget des ressources. Mais la vision
globale de la commission scolaire du déploiement des services sur le territoire,
nous, on croit que ça doit être une mission qui doit revenir aux centres de
services scolaires. On veut travailler en équipe, donc d'avoir une vision
commune, pour nous, c'est un élément important.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme
Hivon
:
Vous n'êtes pas rassurés, quand on entend les directions d'école nous dire que
tout ça va parfaitement se faire parce qu'elles vont se parler entre elles,
qu'ils n'ont pas besoin d'avoir d'autre monde qui voit à ça? Vous n'avez peut-être
pas dit le mot «inquiétant», mais je vous demande : Pourquoi ça ne vous
rassure pas, quand on entend ce discours-là?
M. Maltais (Lucien) :
Nous, on croit... puis, si on prend Michael Fullan, lorsqu'on parle d'une organisation,
d'avoir des stratégies claires, une vision commune, des approches cohérentes,
bien, évidemment, ça se fait avec le leadership fort d'une direction générale
qui peut assumer son rôle pleinement, avec un conseil d'administration, un
conseil des commissaires qui, lui, a cette vision-là, qui la donne au directeur
général qui la fait atterrir dans l'organisation. Donc, c'est comme ça qu'on
reste une organisation cohérente puis une organisation apprenante.
Mme
Hivon
:
En dernier lieu, vous mentionnez que vous voulez revoir la composition des C.A.
pour qu'il y ait moins de parents, 5-5-5, comme vous avez dit, vous élaborez beaucoup
sur l'équilibre qui est nécessaire. On a entendu un point de vue très fort pour
la présence des parents. Pourquoi, selon vous, il faudrait diminuer la présence
des parents?
M. Maltais (Lucien) :
Bien, rapidement, je dirais, on ne veut pas nécessairement diminuer la présence
des parents, on trouve qu'à l'intérieur du système ils ont plusieurs places, le
comité de parents, les conseils d'établissements.
Pour ce qui est du conseil
d'administration qui est proposé, on se dit qu'on veut tout simplement un
partage plus équitable des groupes pour s'assurer que ça forme une équipe puis
qu'il n'y ait pas de polarité, qu'il y ait un groupe d'un côté puis un groupe
de l'autre. Donc, c'est seulement dans cette intention-là, donc, d'avoir un
partage plus équitable des forces.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, ceci met fin à l'échange avec les parlementaires. Merci, MM. Lessard,
Maltais, Racette et Bernard, d'être venus en commission parlementaire.
Nous allons suspendre quelques instants
pour permettre <à l'Institut du Nouveau Monde de prendre place. Merci.
1355
La Présidente (Mme Thériault) :
... Merci, MM. Lessard, Maltais, Racette et Bernard, d'être venus en
commission
parlementaire.
Nous allons suspendre
quelques
instants pour permettre >à l'Institut du Nouveau Monde de prendre place.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
(Reprise à 12 h 17)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît, chers collègues! Donc, nous allons reprendre les
travaux, et nous entendons maintenant l'Institut du Nouveau Monde.
Mme Malorie Flon, qui est directrice du développement, vous avez environ
une dizaine de minutes pour nous présenter votre mémoire, et par la suite il y
aura des échanges avec les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
Institut du Nouveau Monde (INM)
Mme Flon (Malorie) :
Parfait, merci beaucoup. M. le ministre, MM., Mmes les parlementaires, merci
d'accueillir notre contribution à vos travaux.
INM a pour mission d'accroître la
participation des citoyens à la vie démocratique. On mène des activités
d'éducation à la citoyenneté, des activités d'information et de participation
publique. Nous percevons le retrait du droit pour tous les citoyens d'élire les
personnes chargées de gouverner les écoles comme un recul sur le plan de la
participation.
Notre contribution à vos travaux se fonde
sur trois constats. D'abord, les grandes orientations de l'école publique
bénéficient de la part de tous les membres de la société. Le taux de
participation de 4,88 % enregistré aux dernières élections scolaires est
un problème qui doit être abordé. Des changements s'imposent pour renforcer la
légitimité politique de la gouvernance de nos écoles. Et, troisièmement, il
existe au Québec des inégalités socioéducatives, et elles doivent rapidement
occuper l'attention des acteurs de la gouvernance scolaire, quels qu'ils soient.
On s'apprête à supprimer un palier
démocratique, c'est un geste majeur. Avons-nous vraiment tout essayé? L'école
publique est peut-être un des biens les plus précieux de notre société. Ça
contribue à réduire les inégalités, c'est un véhicule de prospérité économique,
c'est un déterminant de la santé, c'est un véhicule d'intégration des
immigrants. À l'origine, l'intention du législateur était de faire en sorte,
avec les gouvernements scolaires, d'assurer que l'éducation publique n'était
pas seulement dans les mains de gestionnaires ou d'administrateurs, mais aussi
de citoyens élus, proches des communautés, comme gardiens de la mission et des
valeurs fondamentales et d'équité pour nos jeunes.
• (12 h 20) •
On comprend comment on est parvenu à ce
taux de participation famélique en lisant un article de Jean-Pierre Proulx dans
L'État du Québec en 2016. Il décrit comment les commissions
scolaires sont passées de 1 557 commissions scolaires catholiques,
273 commissions scolaires protestantes en 1960 à 71 en 1999. Donc, la
réduction importante du nombre de commissions scolaires a creusé l'écart entre
les électeurs et les candidats, et surtout la gouvernance s'est éloignée des <écoles...
Mme Flon (Malorie) :
...
273 commissions
scolaires protestantes en 1960 à 71 en 1999. Donc, la réduction importante du
nombre de commissions scolaires a creusé l'écart entre les électeurs et les
candidats, et surtout la gouvernance s'est éloignée des >écoles. Mais,
vous êtes parlementaires, les bénéfices de la participation démocratique sont
nombreux, alors on se pose la question si on a vraiment tout essayé.
Du point de vue de l'INM, il y a des
solutions qui ont été amenées dans le débat public dans les dernières années
qui auraient mérité une attention, qui auraient mérité d'être testées avant
l'abolition complète du principe d'une gouvernance qui est redevable devant la
population. Puis je pense aux principales solutions qui étaient le jumelage des
élections municipales et scolaires ou le recours aux élus municipaux pour
valider les orientations de l'éducation publiques sur leurs territoires.
Je vais me permettre un parallèle avec le
réseau de la santé pour poser une question. Le dernier gouvernement a réformé
la gouvernance des établissements de santé en en réduisant le nombre. On est
passés de 269 en 2014 à 34 établissements en 2019. Les membres des
conseils d'administration, tout comme les P.D.G., sont désignés par leurs pairs
ou nommés par le ministre. Les citoyens n'y ont plus leur place. Les
établissements de santé, selon plusieurs observateurs, ont perdu aussi de leur
proximité avec les communautés.
Le projet de loi n° 40 ne va pas
exactement là, mais la porte s'ouvre sur, peut-être, d'autres réformes. Pour
poursuivre le parallèle, depuis l'avènement des centres intégrés de santé et de
services sociaux, beaucoup de services sociaux sont négligés. On parle
beaucoup, ces jours-ci, de protection de la jeunesse. Il y a la prévention, la
santé publique, la stratégie globale de soutien et d'hébergement relativement
au vieillissement de la population.
Tout autant que dans le domaine de santé,
les besoins en éducation sont énormes, variés, dépassent la transmission de la
matière par le programme. Alors, la question que je pose : Comment nous
assurer que l'histoire ne se répétera pas dans le réseau scolaire, où la perte
de légitimité représentative par la réforme envisagée est plus grande que celle
subie dans le réseau de la santé?
Le changement opéré par le projet de loi
est celui s'un système de représentation par suffrage universel à un système de
représentation des citoyens-utilisateurs. L'opportunité d'aller vers cette
démocratie d'usagers, c'est que le taux de participation risque d'augmenter
étant donné la plus grande proximité des électeurs avec les candidats. Avec le
taux de participation, la légitimité politique, aussi, des représentants va
augmenter, mais le risque : que la gouvernance des écoles d'un territoire
prenne une direction plus utilitariste en lien avec les intérêts des acteurs
concernés, des usagers, en prenant moins compte d'autres enjeux municipaux,
régionaux, communautaires ou relatifs au développement à plus long terme de
notre société.
L'autonomie et le pouvoir décisionnel
accru des parents sur les conseils d'établissement sont une bonne chose du
point de vue de la participation des parents qui sont des citoyens. Ils
risquent de se sentir plus interpelés ayant plus de pouvoir, donc de s'engager
dans l'école de leurs enfants. Il y a le Conseil supérieur de l'éducation, en
2016, dans un rapport, qui a documenté les bénéfices des conseils
d'établissement, qui favorisent l'ouverture des établissements à leur milieu,
qui ajoutent de la transparence, forcent les différents acteurs — direction,
personnel, parents, élèves — à travailler ensemble, développent le
sentiment d'appartenance.
Il y a d'autres situations où les conseils
d'établissement vivent des difficultés. Il y a des membres qui s'impliquent
pour d'autres raisons que celles que le meilleur intérêt des élèves. On a vu
des enseignants voter en bloc au gré d'intérêts corporatistes. On a vu des
parents qui s'investissaient au conseil pour les intérêts individuels ou
particuliers de leurs élèves. Il a aussi été observé une méconnaissance des
rôles et fonctions et des pouvoirs qui s'exercent au sein de cette instance-là.
Mais en fait les défis liés aux conseils
d'établissement, au travail sur les conseils d'établissement sont les mêmes que
ceux vécus dans les conseils des commissaires, sont les mêmes que ceux vécus à
l'Assemblée nationale. Les luttes de pouvoir, ça s'observe dans des instances
comme celles-là, où il y a différents intérêts qui se confrontent. La chose à
faire, à notre avis, c'est de mieux soutenir les représentants sur ces
instances dans l'exercice de leur rôle. C'est possible de les accompagner pour
développer l'art de la collaboration et de la recherche de l'intérêt général à
travers la discussion, la confrontation des perspectives citoyennes,
institutionnelles, tout en s'appuyant sur des connaissances scientifiques et
des données sur les milieux.
Un autre point que je souhaite souligner
sur la participation des parents, c'est qu'elle varie selon les milieux
socioéconomiques et culturels. On sait que les parents qui siègent sur les
conseils d'établissement sont généralement plus éduqués, gagnent un meilleur
revenu que la moyenne des Québécois. Leurs enfants sont plus nombreux à
fréquenter des classes enrichies que des classes d'adaptation scolaire, moins
de 5 %. Donc, considérant que peut-être qu'un des plus grands défis de
notre système éducatif, actuellement, c'est de favoriser la mixité scolaire, de
réduire les inégalités de parcours <scolaires...
Mme Flon (Malorie) :
…
la moyenne des Québécois. Leurs enfants sont plus nombreux à fréquenter
des classes enrichies que des classes d'adaptation scolaire, moins de 5 %.
Donc, considérant que peut-être qu'un des plus grands défis de notre système
éducatif, actuellement, c'est de favoriser la mixité scolaire, de réduire les
inégalités de parcours >scolaires, il va falloir donner les moyens aux
écoles pour susciter cette participation des parents qui sont plus éloignés ou
traditionnellement moins impliqués, au risque de perdre de vue les intérêts
généraux de l'ensemble des élèves.
Je me permets aussi une observation sur la
disparition des AVSEC, des agents de vie spirituelle et d'engagement
communautaire. À l'INM, on intervient beaucoup dans les écoles secondaires, et
nos meilleurs alliés sont ces personnes-là, parce qu'elles soutiennent les
programmes de coopération, d'engagement environnementaux, des programmes de
soutien aux conseils d'élèves. À l'heure actuelle, ces professionnels ont donc
un impact important auprès des jeunes. Et donc on se demande comment ces
fonctions vont être redistribuées. Dans le contexte de la pénurie
d'enseignants, des tâches plus que pleines, on peut craindre que leur
disparition nuise aux opportunités d'engagement et de participation des élèves.
Le projet de loi n° 40 donne au
conseil d'établissement l'obligation de consulter les élèves ou des groupes
d'élèves. C'est une très bonne chose. On recommande même d'élargir cette notion
pour encourager plus globalement la participation des élèves. On oeuvre auprès
des jeunes depuis plusieurs années, on sait qu'il existe des défis pour
susciter la participation des jeunes, mais il y a des stratégies très efficaces
aussi. La plus signifiante, c'est certainement l'éducation à la citoyenneté
pour que nos élèves, maintenant mais plus tard, lorsqu'ils seront à leur tour
professionnels, peut-être dans le réseau éducatif, parents, puissent contribuer
activement à notre vie démocratique puis à celle du réseau scolaire.
Inversement, la participation des citoyens
à la vie démocratique de leur école est aussi en soi une stratégie d'éducation
à la citoyenneté. Donc, si c'est encouragé dès le plus jeune âge, on renforce
la capacité des acteurs sur le très long terme d'exercer leurs rôles puis leurs
fonctions, notamment celles qui leur sont dévolues par la loi. À l'heure
actuelle, l'éducation à la citoyenneté n'est pas un projet central de l'école
publique mais un projet périphérique. Comment susciter la participation des
élèves devrait constituer un volet de la formation ministérielle que devront
suivre les membres des conseils d'établissement. L'art de la participation
citoyenne, c'est de savoir qui faire participer quand, sur quel objet, comment.
La gestion quotidienne d'une école est peut-être un objet moins pertinent que
les grandes orientations du projet éducatif, par exemple. Dans tous les cas,
ces démarches doivent s'appuyer sur de l'information vulgarisée pour hausser la
qualité de la participation.
Je vais vous faire l'économie des
bénéfices de la participation citoyenne, qui se retrouvent dans mon mémoire, si
vous souhaitez en savoir davantage.
Je vais passer aux recommandations.
L'intention du législateur à l'origine des gouvernements scolaires était de
garantir une participation à et une surveillance citoyenne de l'éducation
publique. Dans la pratique, le taux de participation aux élections scolaire
nous a éloignés de cette intention noble.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je m'excuse, mais on n'a vraiment plus de temps.
Mme Flon (Malorie) : Ah!
excusez-moi.
La Présidente (Mme Thériault) :
On a dépassé de plusieurs minutes. Je suis convaincue que les parlementaires
auront l'occasion de vous questionner sur vos recommandations, puisqu'ils ont
une copie entre leurs mains. Je suis désolée.
Donc, je vais me tourner du côté du
ministre de l'Éducation. Vous avez, M. le ministre, 16 minutes.
• (12 h 30) •
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Je vais commencer par vous remercier pour la richesse de
votre analyse puis de vos propos. On voit que vous avez vraiment pris le temps
de passer à travers le projet de loi n° 40. Vous avez fait quelques mises
au point, posé quelques questions, je vais essayer d'y répondre, puis
peut-être, moi aussi, je pourrais me permettre quelques mises au point pour
qu'on ait une compréhension commune des objectifs.
D'abord, vous avez parlé de la réforme
qu'il y a eu en santé par le précédent ministre de la Santé en disant :
Mais ils sont passés de 269 organisations à 34, donc des fusions, des
abolitions, des membres de conseil d'administration nommés par le ministre.
Vous avez dit : Bien, le projet de loi n° 40 ne va pas là. Je vous
remercie de cette précision, parce qu'il y a plusieurs personnes qui pourraient
attaquer le projet de loi n° 40. On fait une espèce d'amalgame en disant :
C'est pareil, puis c'est la même chose, puis c'est une autre réforme pareille.
On peut bien faire des comparables, là, mais, de manière générale, il ne va pas
à la même chose.
Vous posez quand même une question : Comment
s'assurer que l'histoire ne se répète pas? Donc, il ne va pas là au départ,
mais prenons garde puis mettons même un garde-fou pour être sûrs qu'un éventuel
dérapage ne l'y amène pas. Mais le projet de loi, tel qu'il est, ne va pas… ce
n'est pas un copier-coller du projet de loi n° 40 ni dans ses mesures ni
dans son intention, puis je vous remercie de cette correction et de ce rappel à
ceux qui <galvauderaient…
>
12 h 30 (version révisée)
<15361
M. Roberge :
...prenons garde puis mettons même un garde-fou pour être sûrs qu'un éventuel
dérapage ne l'y amène pas. Mais le
projet de loi, tel qu'il est, ne va
pas... ce n'est pas un copier-coller du
projet de loi n° 40, ni
dans ses mesures ni dans son intention, puis je vous remercie de cette
correction et de ce rappel à ceux qui >galvauderaient cette idée.
Vous nous mettez en garde, par exemple,
contre l'instauration d'une instance de citoyens-utilisateurs par rapport au système
qu'on a actuellement. Je pense qu'à certains égards on pourrait accepter que
les parents, sur un conseil d'administration de centre de services... bon, ce n'est
pas eux qui sont dans les classes, mais ils peuvent faire office de citoyens-utilisateurs.
Par exemple, de faire entrer des membres de la communauté qui ne sont ni
parents ni employés du centre de services, je ne pense pas qu'on peut les
qualifier de parents ou citoyens-utilisateurs, puis de faire une place pour une
première fois à des enseignants, des directions d'école, des professionnels,
orthopédagogues, et tout ça, je ne pense pas qu'on peut les qualifier de citoyens-utilisateurs.
Donc, oui, il y a une place aux citoyens-utilisateurs,
réservée, avec un nombre défini de places qui est là, mais il y en a déjà, en
ce moment, parce qu'il y a déjà des parents-commissaires, spécifiquement, sur
les conseils des commissaires. Ils sont en moins grand nombre, mais ils sont déjà
présents sur les conseils des commissaires, ces parents-utilisateurs. Avec un
C.A., on leur donne davantage de sièges, mais il reste que c'est loin d'être
tous les sièges.
Ensuite, vous nous mettez en garde, vous
nous posez la question, dire : Est-ce qu'il y a un danger de ne pas aller
vers quelque chose qui est plus utilitariste, puisqu'on fait de la place à...
Avec la prémisse que ce sont des parents-utilisateurs qui contrôlent le système — bon,
prémisse que j'ai remise en question, mais vous pourrez, bien sûr, intervenir à
la fin de ma question, qui s'en vient, je vous rassure — est-ce qu'il
y a un danger d'aller davantage vers quelque chose qui soit utilitariste?
Je veux vous rassurer en vous disant que
les conseils d'établissement comme les conseils d'administration de centres de
services vont voir à l'organisation, à une question d'équité, mais les
curriculums, les programmes, les diplômes vont rester entre les mains du gouvernement.
Donc, on ne pourrait pas changer, supposons, le français ou augmenter la part
de formation destinée simplement au marché du travail, comme ça, sur un conseil
d'administration.
Et j'ai envie de vous poser une autre question
et je vous pose cette question-là, mais vous réagirez, parce que j'ai abordé plusieurs
points, ça va être sur la question, qui est nouvelle, qui a été très peu
abordée avant vous, c'est la question de participation des élèves. Et, dans le projet
de loi, on donne cette mission au conseil d'établissement, de dire : Bien,
au moins une fois par année, vous allez avoir le devoir d'aller voir vos
utilisateurs premiers, même pas les parents, les élèves, de consulter les
élèves. Pour la première fois, on donne cette obligation-là, cette mission au conseil
d'établissement. Comment vous voyez ça? Puis comment est-ce qu'il faudrait le
structurer dans la loi pour dire comment ça doit être fait, ou, bref, quelle
est votre opinion sur cette question qui n'a pas été abordée encore en commission?
Mme Flon (Malorie) :
Pour la première question, évidemment, c'est bien qu'il y ait des représentants
des communautés sur les conseils d'administration des centres de services. Bon,
proportionnellement, peut-être qu'ils sont plus nombreux, mais, vous savez, moi,
je ne m'embarquerai pas à vous conseiller : Il faut tant de tel corps
professionnel ou de combien de citoyens, je laisse à des personnes plus
expertes de gouvernance de faire ces recommandations-là.
Je voudrais quand même réagir. La notion
de citoyen-utilisateur, pour moi, elle englobe aussi tous les acteurs concernés.
Donc, je ne pense pas juste aux parents, je pense aussi aux professionnels, aux
gestionnaires, dans le sens où ils ont des intérêts dans la façon dont le
réseau fonctionne. Le bénéfice qu'on perd, je crois, avec le rôle des citoyens
comme instance de gouvernance, c'est en cette théorie, ce rôle de s'élever au-delà
des intérêts d'utilisation... puis je ne devrais peut-être pas utiliser le mot
«utilisation», mais des intérêts des acteurs concernés. Puis, même dans le
domaine de la santé, les utilisateurs, c'est, oui, les patients, mais il y a
aussi des professionnels qui ont des intérêts corporatistes, on peut le dire
comme ça, dans la façon dont un système roule. Donc, d'avoir des citoyens,
souvent, ça nous permet de s'élever puis d'avoir un regard plus élevé ou autre,
disons-le ainsi. Mais je pense, oui, qu'il faut le nommer, puis on s'en va vers
un autre genre de démocratie en donnant ce rôle de gouvernance à des acteurs du
système.
Pour la question de la participation des
élèves, je l'ai dit, c'est une bonne chose, on le voit d'un bon oeil, cette obligation
de consulter. Il peut y avoir des bonnes et des mauvaises façons de consulter.
À votre question : Comment est-ce qu'on recommanderait <de....
Mme Flon (Malorie) :
...pour la
question de la
participation des élèves, je l'ai dit,
c'est une bonne chose, on le voit d'un bon oeil, cette
obligation de
consulter. Il peut y avoir des bonnes et des mauvaises façons de consulter. À
votre
question : Comment
est-ce qu'on recommanderait >de
mettre ça dans le projet de loi?, c'est une excellente question, puis
j'aimerais que vous me donniez plus que 30 secondes pour y penser. Si vous
souhaitez, on pourrait rester en contact à ce sujet-là. Mais je crois, en
effet, qu'il y a des règles, il y a des règles de l'art de la consultation, que
nous connaissons bien, à l'INM, qu'on pourrait vous communiquer, et qu'il y
aurait moyen de sensibiliser ou de former, puisqu'il était question d'une
formation. Dans le projet de loi, ça devrait faire partie d'une formation, parce
qu'il y a des stratégies efficaces et d'autres qui sont nuisibles, qui ont plus
tendance à créer du cynisme quand on consulte puis qu'il n'y a pas de suites,
par exemple. Donc, c'est ça, je pourrai vous transmettre des règles de l'art de
la participation publique qui s'adressent à la participation des jeunes,
également, et qui pourraient faire l'objet d'un volet de la formation qui est
prévue.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien.
Au bas de la page 7, je vais citer une partie du mémoire, vous dites :
«Le projet de loi n° 40 donne plus de pouvoir et d'autonomie aux conseils
d'établissement des écoles. C'est une bonne chose pour encourager la
participation à cette instance et pour assurer que chaque établissement ait la
marge de manoeuvre pour répondre aux besoins de ses élèves.» Plus loin, on dit :
«L'autonomie et le pouvoir décisionnel accru des parents...» Je suis content
que vous le mentionniez, parce qu'il y en a qui disent : Non, il n'y en a
pas, de décentralisation, mais là on le voit, là : «L'autonomie et le
pouvoir décisionnel accru des parents siégeant sur les conseils d'établissement
et le conseil d'administration d'un centre de services sont donc une bonne
chose d'un point de vue de la participation des citoyens-parents.» Donc, on
voit qu'il y a une espèce d'implication de la communauté dans son école.
Mais par contre, vous soulevez la question,
peut-être qu'à l'instance régionale une plus grande participation des gens qui
n'ont pas de lien direct soit comme parent soit comme employé... et je prends
bonne note de ce commentaire, parce que c'est le genre de chose qu'on peut
faire comme ajustement, après des participations constructives comme la vôtre.
Et, si vous me permettez, Mme la Présidente, je céderais la parole à mon
collègue de Beauce-Sud... ou Nord, j'oublie toujours.
La Présidente (Mme Thériault) :
Sud.
M. Roberge : Je m'excuse.
Beauce-Sud.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. M. le député de Beauce-Sud, la parole est à vous. Vous avez
7 min 30 s, environ.
M. Poulin : Il n'y a
aucun problème. Si je pourrais être député de toute la Beauce, un jour, j'en
serais très heureux, mais ça ne serait qu'au fédéral, en fait.
Alors, merci, Mme la Présidente. Merci, M.
le ministre. Très content de vous revoir, Malorie, et qu'on puisse passer un
peu de temps ensemble. L'Institut du Nouveau Monde est déjà un partenaire du
gouvernement du Québec, entre autres pour l'élaboration du prochain plan pour
la jeunesse québécoise. On a travaillé ensemble sur la meilleure façon de
consulter les jeunes du Québec.
Et, vous avez raison, moi, je suis
extrêmement inquiet sur la participation des jeunes dans nos institutions
démocratiques, surtout quand je regarde le taux de participation lors des
dernières élections provinciales, qui était bas pour tout le monde mais qui
était particulièrement bas, également, pour les jeunes du Québec, ce sont des
chiffres qui sont tout récents, autour de 58 % des jeunes de 15 à 29 ans
qui sont allés voter. Alors, il y a une grande inquiétude à avoir sur la façon
dont on peut rapprocher la démocratie des jeunes.
Il n'en demeure pas moins que j'aimerais
savoir : Dans tout l'historique de l'INM et dans toute l'expérience que
vous avez, quand vous allez dans les écoles et que vous travaillez très fort
avec les conseils d'élèves, est-ce qu'ils vous parlent d'un intérêt pour les
élections scolaires? Est-ce que vous avez des données sur le 4,88 % qui
vont voter? À l'intérieur de ça, combien de jeunes vont voter? Et est-ce que
vous sentez un appétit pour les élections scolaires à travers votre expérience
auprès de la jeunesse québécoise?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : De
manière générale, les jeunes ne savent même pas qu'il existe une telle chose
qu'une élection scolaire, et même les plus vieux, là, donc il y a, je pense, un
déficit d'éducation politique. L'éducation politique, ça fait partie de
l'éducation à la citoyenneté, mais comment le système démocratique fonctionne,
ce n'est pas enseigné de manière systématique à nos jeunes. Donc, non, il n'y a
pas de données sur le nombre de jeunes, je n'ai pas de données à vous fournir
sur le nombre de jeunes qui votent. Mais, dans nos ateliers de Politique 101,
on parle des paliers démocratiques, et souvent les gens qu'on rencontre ne
savent pas qu'il existe des élections scolaires. Voilà, vous avez... Donc, c'est
ça. Non, il y avait une autre partie à votre question?
• (12 h 40) •
M. Poulin : Oui, bien,
absolument, mais je parlais, en fait, de... si les jeunes vous en parlaient. Vous
m'avez répondu, vous me dites : Non, ils ne savent même pas qu'il y a les
élections scolaires, vous n'aviez pas de données à me donner, là, sur le
4,88 %, à savoir s'il y avait des jeunes, beaucoup de jeunes qui sortaient
voter aux élections scolaires.
J'ai une autre question, parce que je
connais et je reconnais votre expertise en termes de participation citoyenne. Et,
dans le futur plan sur la jeunesse, on va mettre quand même pas mal d'argent
pour voir de quelle façon on peut mieux inciter les jeunes à aller voter. J'ai
annoncé l'aile jeunesse de la Fédération québécoise des municipalités, la FQM,
qui est une première, pour concerter les jeunes <élus...
M. Poulin : ...
sortaient
voter aux élections scolaires.
J'ai une autre question, parce que je
connais et je reconnais votre expertise en termes de participation citoyenne.
Et, dans le futur plan sur la jeunesse, on va mettre quand même pas mal
d'argent pour voir de quelle façon on peut mieux inciter les jeunes à aller
voter. J'ai annoncé l'aile jeunesse de la Fédération québécoise des
municipalités, la FQM, qui est une première, pour concerter les jeunes >élus
municipaux, mais ce qui revient souvent, c'est qu'ils nous disent : On
aime ça quand les gens qui prennent les décisions sont près de nous. Et vous ne
voyez pas quelque chose de positif, dans le projet de loi n° 40, que les
directions d'école, les enseignants aient, justement, une... puissent prendre,
un, des décisions encore plus près des élèves? Et je me mets dans la peau des
conseils d'élèves, qui vont pouvoir aller à la porte du directeur, dire :
Je veux ça dans mon école, on pense que c'est bon, et que ces gens-là puissent
voir les moyens d'agir rapidement auprès des élèves, et ceci ne va pas
renforcer l'intérêt des élèves, justement, envers la prise de décision, envers
l'implication citoyenne? Puis, oui, ce n'est peut-être pas loin de moi, les
décisions, c'est peut-être dans mon école que je peux faire bouger les choses,
est-ce que ce n'est pas positif, ça, dans le projet de loi n° 40?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) :
Oui, c'est positif, c'était d'ailleurs ce que je vous ai décrit, si tant est
que ce pouvoir soit, évidemment, mis en pratique, ce pouvoir dévolu au conseil
d'établissement, et que la consultation des élèves soit bien faite.
Je dois avouer que je ne suis pas juriste
ni experte de la gouvernance scolaire, mais, à la lecture du projet de loi, ce
n'est pas non plus toujours très, très clair — puis je m'adresse à
vous aussi, M. le ministre — quels pouvoirs appartiennent aux
conseils d'établissement, quels pouvoirs appartiennent aux centres de services,
quels pouvoirs appartiennent au ministère. Je trouve qu'il manque quand même de
clarté sur cette répartition des pouvoirs dans le projet de loi. Ça mériterait
peut-être d'être précisé.
Mais, oui, les pouvoirs accrus dévolus aux
conseils d'établissement, c'est une bonne chose. L'obligation de consulter les
élèves, c'est une bonne chose. S'il y a une vraie dynamique de collaboration
dans les écoles, cela va renforcer le leadership, aussi, des directions
d'établissement. On sait qu'actuellement il y a des jeunes qui ont des
directions d'établissement qui sont très favorables à la composition d'un
conseil d'élèves, d'autres qui sont moins favorables, ils se butent encore à de
la résistance. Donc, ça va, évidemment... on va voir comment ça va se passer
dans la pratique.
Je suis contente, aussi, de savoir que
vous allez faire une place à la consultation dans la prochaine stratégie
jeunesse. On sera là pour vous fournir des recommandations. Je sais que c'est
votre prérogative de les suivre ou pas. On en a fourni pour la façon de
consulter, actuellement, certaines n'ont pas été retenues, mais ce n'est pas
grave, ça nous fait quand même plaisir de continuer à vous porter conseil.
M. Poulin : Bien, vous me
connaissez, j'aime prendre les excellentes idées. Il y en avait plusieurs,
mais, avec le temps qu'on avait dans le cadre des consultations, on ne pouvait
pas toutes les prendre.
Mme Flon (Malorie) :
Bien sûr.
M. Poulin : D'ailleurs,
je suis convaincu qu'on va se voir à Québec le 12 décembre, et on va
pouvoir discuter de tout ça.
Mme Flon (Malorie) :
Absolument, je serai là.
M. Poulin : En terminant,
on réfléchit, depuis plusieurs années, à la façon dont on peut, justement,
mieux impliquer nos jeunes et qu'ils aillent plus voter aux élections
provinciales, qu'il y ait plus de candidatures jeunesse au provincial, au
fédéral et au municipal. Et moi, je pense que, quand les jeunes au Québec vont
dire : C'est possible d'avoir du pouvoir dans mon école, rapidement on va
ressentir un impact positif sur les autres paliers.
Mme Flon (Malorie) : Je
suis entièrement d'accord avec vous.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le député de Beauce-Sud. J'ai le député de Chapleau qui veut faire
une intervention. Un peu plus de 1 min 30 s, questions et
réponses.
M. Lévesque (Chapleau) :
Parfait, donc ce sera rapide. Merci, Mme la Présidente, merci à tout le monde.
Donc, peut-être parler de l'accroissement
de la participation citoyenne, ça semble être la trame de fond de votre présentation,
là. Vous avez évoqué l'idée, bon, que l'éducation publique ne soit pas
seulement entre les mains d'administrateurs ou de gestionnaires. Vous avez
également, là, parlé du changement qui était opéré, donc la représentation par
suffrage universel vers le citoyen-utilisateur. Vous avez également rappelé
judicieusement le taux de participation très bas, là, quoi, 4,86 %, aux
dernières élections puis vous avez appelé, en quelque sorte, à une solution.
La solution, ça ne pourrait pas
nécessairement être... ou est-ce que ça ne serait pas, justement, le projet de
loi n° 40, justement, qui propose... qui vise à encourager la
participation des citoyens? Donc, les parents, les membres de la communauté, le
personnel scolaire, ces personnes sont élues, dans le fond, par leurs pairs
pour participer, dans le fond, à la démocratie scolaire, est-ce que vous voyez
d'un bon oeil cette participation-là? Est-ce que c'est quelque chose qui est
quand même intéressant pour vous?
La Présidente (Mme Thériault) :
...secondes pour répondre aux multiples questions.
Mme Flon (Malorie) :
Nous voyons des risques et des opportunités au projet de loi n° 40. On
recommande quand même la prudence. On a l'impression qu'il y a un éloignement
de l'intention originelle du législateur, avec les gouvernements scolaires, qui
était d'avoir des citoyens qui n'ont pas d'intérêt direct dans le réseau, qui
ont un rôle de surveillance.
La Présidente (Mme Thériault) :
Ça vous va? Merci. Nous allons maintenant du côté de l'opposition officielle.
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Bienvenue parmi nous. Désolée, mais j'ai manqué un bout. Comment on
fait pour améliorer la démocratie en abolissant un palier de démocratie au
Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) : Je
n'ai pas dit qu'on améliorait la démocratie...
Mme Rizqy : Vous, non,
mais il me semble que c'était sous-entendu.
Une voix
: …
Mme Rizqy : Ah! la
participation citoyenne.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais vous demander de ne pas vous interpeler de part et d'autre, s'il vous
plaît.
Mme Rizqy : D'accord.
Donc, je veux juste bien comprendre, pour ceux...
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, faites votre échange avec notre <invitée...
Mme Rizqy : …
en
abolissant un palier de démocratie au Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) :
Je n'ai pas dit qu'on améliorait la démocratie...
Mme Rizqy : Vous, non,
mais il me semble que c'était sous-entendu.
Une voix
: …
Mme Rizqy : Ah! la
participation citoyenne.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais vous demander de ne pas vous interpeler de part et d'autre, s'il vous
plaît.
Mme Rizqy : D'accord.
Donc, je veux juste bien comprendre, pour ceux...
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, faites votre échange avec notre >invitée.
Mme Rizqy : Donc,
êtes-vous d'accord que, lorsqu'on veut améliorer la participation citoyenne, ce
n'est pas en abolissant un palier de décision où est-ce qu'on invite les gens,
justement, à aller voter?
Mme Flon (Malorie) :
Bien sûr. C'est-à-dire que, oui, c'est un palier démocratique qui va
disparaître, donc ça va être une occasion de participation citoyenne qui va
disparaître.
Mme Rizqy : Vous avez sûrement
remarqué que, souvent, il y a des femmes, aussi, qui se présentent à titre de
commissaires, que c'est leur première fois qu'elles vont mettre, permettez-moi
l'expression, leur face sur le poteau et que d'autres, par la suite, vont
pouvoir cheminer, vont devenir conseillères de ville, mairesses, députées ici,
à l'Assemblée nationale, ou même au fédéral. Pensez-vous que, justement, en
abolissant ce palier, on peut peut-être même mettre un frein à certaines femmes
qui n'auront pas eu l'occasion, un jour, d'expérimenter la vie politique?
Mme Flon (Malorie) :
Toute abolition d'une opportunité de participation citoyenne constitue un frein.
Ça limite les expériences de participation à la vie démocratique.
Mme Rizqy : Tantôt, vous
avez dit, puis vous m'avez fait sourire : Je ne suis pas juriste, et vous
vous êtes tournée vers le ministre de l'Éducation en disant : Dans la loi,
ce n'est pas très clair, les pouvoirs qu'il va y avoir puis si on veut vraiment
participer. Puis, juste avant, vous avez dit : Il faut faire aussi
attention aux consultations pour consulter, et ça, ça m'a vraiment fait sourire
parce que... J'aimerais ça que vous élaboreriez un peu là-dessus, parce qu'effectivement,
lorsqu'on ne sait pas quels pouvoirs on a et qu'on est consulté, mais que des
fois on a l'impression qu'une consultation va amener à une prise de décision,
mais qu'on n'a pas eu la décision escomptée, est-ce que ça peut faire en sorte
que les gens, par la suite, vont être découragés et même peut-être même, après
ça, arrêter de participer?
Mme Flon (Malorie) :
Bien sûr. Il y a plusieurs éléments de réponse. Pour avoir une participation de
qualité, c'est-à-dire qui va véritablement améliorer la décision et l'éclairer,
il faut une information adéquate. Donc, les élèves ont besoin, si on les
consulte, d'avoir une certaine information, ça a besoin d'être clair, c'est
quoi, le sujet, les paramètres. Il faut une diversité de modalités de
consultation pour aller rejoindre différents élèves. Est-ce qu'on va juste
s'adresser à ceux qui parlent plus haut, mieux, fort ou est-ce qu'on va aller
chercher les autres catégories d'élèves également? Il y a plusieurs autres
paramètres auxquels on doit faire attention. Il faut évidemment clarifier qu'est-ce
qui va être fait avec le résultat de la consultation, comment la consultation
va éclairer la décision. Il y a une gestion d'attentes à faire quand on
consulte. Donc, oui, une mauvaise consultation peut générer du cynisme et du
désengagement.
Mme Rizqy : Merci. Puis je
sais que… Merci beaucoup pour votre participation, parce que je peux vous dire
que c'est une bonne dose de fraîcheur en démocratie.
Mme Flon (Malorie) :
Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée des Mille-Îles.
• (12 h 50) •
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Je vais passer à travers vous pour passer un
message en premier. Je vais vous dire que la commission scolaire de Laval, en
2018, a fait un partenariat avec vous et a fait une conversation publique sur
l'école lavalloise de demain. C'était en 2018, peut-être que je n'aurai pas la
chance et la joie de voir l'impact que ça a eu pour susciter la démocratie
scolaire à Laval, puisque, si la tendance se maintient et le nombre de 75
contre le reste fait en sorte que le projet de loi passe, on ne verra pas le
résultat de la chose. Mais je veux vous dire que j'ai trouvé ça intéressant
d'être assise dans la même salle que les gens de commerce, des gens du
municipal, des gens du tourisme, les gens qui s'occupent de Laval mais qui se
soucient aussi de son école publique, assis dans la même salle. Ça fait que je
vous le dis, parce que j'ai eu le privilège de voir les gens que vous
représentez en action dans ce principe de consultation là, j'ai trouvé ça très
intéressant, et c'était une décision du conseil des commissaires de faire ça.
Donc, quelquefois, hein, il faut le savoir, plus souvent qu'autrement, ils
prennent des très, très bonnes décisions.
Ce sur quoi je veux revenir, parce que
vous êtes la deuxième personne à avoir le souci de nous le signaler,
quelquefois, quand je fais partie d'un milieu défavorisé, peut-être que les
gens ne pensent pas pouvoir participer parce qu'ils portent un propre jugement
sur leur valeur ajoutée. Et on sait que, si on n'entend pas les gens de milieux
vulnérables, bien, on va peut-être avoir une iniquité qui va s'installer sans
même s'en apercevoir. Pourquoi? Bien, parce que, quand j'ai un vocabulaire
élaboré, quand je suis fière de moi, quand je suis sûre de moi puis quand j'ai
du temps et des sous pour s'occuper du temps que je n'ai pas, bien, peut-être
que je peux faire valoir des idées que quelqu'un en milieu défavorisé ne
pourrait pas faire valoir.
Donc, dans ma perspective à moi, puis je
vous le <dis…
Mme
Charbonneau
:
... s'en apercevoir. Pourquoi? Bien, parce que, quand j'ai un vocabulaire
élaboré, quand je suis fière de moi, quand je suis sûre de moi puis quand j'ai
du temps et des sous pour s'occuper du temps que je n'ai pas, bien, peut-être
que je peux faire valoir des idées que quelqu'un en milieu défavorisé ne
pourrait pas faire valoir.
Donc, dans ma perspective à moi, puis
je vous le >dis bien sincèrement, je pense que mes collègues le savent maintenant,
moi, la clientèle défavorisée, c'est une clientèle que j'aimerais avoir sous
mon aile de façon constante pour pouvoir vraiment adresser toutes les petites problématiques,
que ce soit la faim, que ce soit l'aide aux devoirs, ou tout le reste. Mais, si
mon nombre est réduit, si mon conseil d'administration est géré autant par le
personnel qui s'occupe de ces écoles que les parents qui sont mieux nantis,
comment je fais de m'assurer d'une équité — et non d'une égalité, d'une
équité — dans un milieu de vie? Puis moi, en ce moment, je pourrais
vous parler de Laval, là, mais, vous le savez comme moi, Laval, c'est 35 kilomètres
par 45 kilomètres, et je passe de la pauvreté à la richesse. Je le dis en
toute humilité, parce que c'est une variante partout sur l'île, et je peux dire
qu'en ce moment j'ai une équité de services à Laval. Alors, quand je change le système — puis
je reprends le geste — je change le paradigme, comment je fais pour
m'assurer que je n'échappe pas ma clientèle en milieu défavorisé?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) :
C'est une excellente question, et c'est une préoccupation, aussi, que nous
avons puis, je pense, que je vous ai communiquée à travers le mémoire. On a la responsabilité
de s'assurer une répartition équitable des ressources. Comment est-ce que ça va
se faire? Je ne le sais pas, ce n'est pas très clair. Est-ce qu'il va y avoir
des gens des ressources éducatives sur les C.A. des centres de services? Je ne
sais pas. Dans tous les cas, il y a plusieurs stratégies pour veiller à une répartition
équitable, il y a des moyens d'aller susciter la contribution des personnes
vulnérables, de les faire se sentir assez compétents pour participer à des
décisions publiques. Puis, bien, il y a des données qui existent sur les
milieux, il faut que décisions soient prises sur la base de données. Mais
comment on a les données? En allant voir les gens, souvent, les personnes
concernées aussi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée... Ah! Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, désolée.
Mme Maccarone : Combien
de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Thériault) :
Trois minutes.
Mme Maccarone : O.K.
Merci pour votre présence aujourd'hui. Moi aussi, je vais utiliser votre
présence pour passer un message. Je ne sais pas si vous êtes au courant ou si
les collègues sont au courant, mais, au sein du conseil des commissaires de
Lester-B.-Pearson, ils ont deux élèves qui sont commissaires...
Une voix
: ...
Mme Maccarone : …oui,
qui siègent, et ça, c'est un modèle. Là, je nomme juste une commission
scolaire, mais il y en a plusieurs, puis il y en a plusieurs, puis ça, c'est
quelque chose qu'on fait sans détruire le système de gouvernance actuellement
en place. Ça fait que c'est une modification facile à faire dans la structure
pour assurer qu'on a une participation citoyenne qui est plus accrue puis de
rejoindre la jeunesse.
Vous avez mentionné, dans votre
témoignage, que... ma collègue vient de le mentionner, l'accès pour les milieux
défavorisés mais aussi pour les parents des enfants, peut-être, handicapés,
etc., puis je crois que le chiffre que vous avez utilisé, c'est 5 %. Ça
fait qu'on n'a pas vraiment un taux de participation qui est favorable. On sait
que c'est difficile pour ces parents de participer, ils ont des contraintes de
temps, etc., puis leur situation, souvent, ne leur permet pas de participer.
Selon vous puis votre expertise, est-ce que le projet de loi n° 40
va permettre un meilleur accès pour les parents de ces enfants-là handicapés ou
en déficience intellectuelle?
Mme Flon (Malorie) :
Pour l'instant, il n'y a rien dans la lecture du projet de loi qui me permet de
penser qu'il y a des nouveaux moyens qui sont proposés pour favoriser la
participation de ces gens-là.
Mme Maccarone : Parfait.
Le système actuel qu'on a, présentement, on sait que, maintenant... J'aimerais
vous faire entendre par rapport au système de deux tracks, parce qu'on parle
vraiment d'abolir un système, un réseau de démocratie. On va garder une forme
de démocratie qui, selon moi, ne respecte pas la Constitution, qui protège la
communauté minoritaire d'expression anglaise, pour la communauté anglophone,
mais on va abolir ce palier de démocratie totalement pour les francophones.
Est-ce que ça, ça représente une problématique, selon vous?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Flon.
Mme Flon (Malorie) :
Oui. Ce n'est pas une problématique que j'ai examinée, donc je ne me sens pas à
l'aise de me prononcer dessus, mais, selon les observations qu'on voit dans les
médias, en effet, il y aurait une iniquité, mais je ne voudrais pas en dire
plus.
Mme Maccarone : O.K. Une
dernière question pour vous, parce que j'ai entendu mes collègues parler de
pouvoirs des parents, puis ça serait un... pouvoirs des parents qui sont
accrus. Actuellement, dans le système que nous avons pour les élections des
membres qui siègent sur le conseil de commissaires, savez-vous si les parents
sont exclus à se présenter pour toutes les positions qui sont disponibles?
Mme Flon (Malorie) :
Non, les parents peuvent se présenter.
Mme Maccarone : Ça fait
qu'actuellement, si on a 13 ou 10, tous les parents peuvent se présenter?
Mme Flon (Malorie) :
Oui.
Mme Maccarone : Ça fait
que ça veut dire qu'ils ont déjà un <pouvoir de...
Mme Maccarone : ...sur
le conseil de commissaires, savez-vous si les parents sont exclus à se
présenter pour toutes les positions qui sont disponibles?
Mme Flon (Malorie) :
Non, les parents peuvent se présenter.
Mme Maccarone : Ça
fait qu'actuellement, si on a 13 ou 10, tous les parents peuvent se présenter?
Mme Flon (Malorie) :
Oui.
Mme Maccarone : Ça
fait que ça veut dire qu'ils ont
déjà un >pouvoir de
représentation, ils ont déjà un pouvoir de participer. Puis, dans le projet de
loi n° 40, ça veut dire qu'ils vont diminuer le
nombre de parents qui auront un siège autour de la table, n'est-ce pas?
Mme Flon (Malorie) :
Oui.
Mme Maccarone : Est-ce
que ça, c'est un pouvoir accru?
Mme Flon (Malorie) : Un
pouvoir accru, non, mais le projet... C'est sûr que le vrai problème, ce n'est
pas que les parents n'ont pas l'opportunité de se présenter, c'est le taux de
participation qui est le vrai problème.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange. Je vais passer, maintenant, la parole à la
députée de Joliette. Et il y a déjà eu un consentement ici, entre les
différents partis, pour verser le temps de la députée de Sherbrooke au profit
de la députée de Joliette, avec le consentement du ministre et de l'opposition
officielle. Mme la députée de Joliette, vous avez près de cinq minutes.
Mme
Hivon
:
Merci. Vous ne savez pas la chance que j'ai aujourd'hui, j'ai cinq minutes au
lieu de 2 min 40 s, donc c'est Noël.
Oui, alors, écoutez, bien, merci beaucoup,
c'est intéressant, c'est une perspective un peu différente. Je me demandais, vous
avez abordé, avec ma collègue de Mille-Îles, rapidement, la question de
l'équité, vous avez beaucoup parlé de la question de... dans la répartition des
ressources, mais est-ce que vous vous êtes penchés sur... Le groupe qui vous
précédait nous disait que ce serait important que l'équité soit vraiment une
fonction, de s'assurer de l'équité, assumée par les nouveaux conseils
d'administration, donc, des centres de services. Est-ce que vous vous êtes
penchés sur toute cette notion d'équité là en lien avec le fait que, là, il va
y avoir un libre choix complet pour la fréquentation des écoles, puisqu'il n'y
aura plus de lien avec le territoire dans l'article 1 du projet de loi?
Vous n'avez pas regardé cette question-là spécifiquement?
Mme Flon (Malorie) : Vous
m'amenez dans un niveau d'analyse pour lequel on ne se sent pas suffisamment
experts.
Mme
Hivon
:
Parfait, c'est ce que je voulais savoir. En termes de consultation, puis de
comment faire atterrir des réformes, puis de s'assurer d'un consensus social,
ce qui est un peu votre expertise, est-ce que... Là, on a une réforme sur les
structures, la gouvernance, avec certains autres éléments qui arrivent, mais ça
n'a pas été précédé d'une vaste consultation sur les enjeux de fond, je dirais,
sur quelle est l'école qu'on veut, en ce moment, sur l'école à deux vitesses, à
trois vitesses, sur des enjeux d'équité, notamment. Est-ce qu'on aurait dû
faire ça ou est-ce qu'on bénéficierait, comme société, de faire les choses dans
cet ordre-là?
Mme Flon (Malorie) :
Oui, clairement, nous aurions bénéficié d'avoir un débat social plus large, je
crois, sur cette question-là pour examiner différents scénarios, confronter les
idées dans la discussion aussi. Là, vous avez une succession de points de vue
individuels qui vont, certes, vous informer, mais je crois qu'on aurait
bénéficié de faire aussi délibérer les acteurs entre eux sur ces questions-là,
et peut-être que des recommandations s'en serait dégagées.
Mme
Hivon
:
Parce qu'il y a une force au travail qu'on fait puis qui peut se répercuter,
via les médias, dans l'espace public, ce qui engage un dialogue, mais je pense
qu'il faut faire les choses dans l'ordre et je pense aussi qu'il faut se donner
du temps, parfois, quand on fait des réformes comme celle-là. Malheureusement,
je pense qu'en ce moment on ne travaille pas dans les conditions idéales parce
qu'on met cette réforme-là avant d'avoir fait le débat sur le fond et parce
qu'on travaille avec un échéancier très serré, parce que le ministre a déclaré
que, le 29 février, les commissaires scolaires n'auraient plus les
responsabilités qu'ils assument à l'heure actuelle, donc ça met un peu de
pression, je dirais, pour un sain débat public. Est-ce que le facteur temps est
un élément, dans la saine délibération, pour bâtir des consensus et faire
atterrir des réformes?
Mme Flon (Malorie) :
Absolument.
Mme
Hivon
:
Merci. Ça a l'air arrangé, là, mais on ne s'était pas...
Mme Flon (Malorie) : Ça
ne l'est pas.
Mme
Hivon
:
Non, c'est parce que moi, j'ai été très marquée, comme certains le savent, par
mon expérience avec l'aide médicale à mourir. Je ne dis pas que c'est la même
chose, mais le facteur temps et l'aspect délibératif a aidé beaucoup à bâtir
les consensus. Puis je pense que, quand on change des choses comme ce qu'on
change aujourd'hui, qui vont affecter tout le système scolaire, il ne faut pas
minimiser comment une réforme va atterrir, comment on a pu bâtir le consensus
pour que les acteurs se sentent mobilisés et qu'il y ait cette adhésion-là.
Mme Flon (Malorie) :
Oui. Puis, si je peux me permettre, pour qu'il y ait un débat social efficace,
aussi, il y a un volet d'information qui est important. Et je pense que, dans
la société québécoise, il y a encore une mécompréhension de certains rôles, de
comment les pouvoirs se répartissent, actuellement, même entre les différents
acteurs, et puis, oui, on aurait bénéficié de temps pour pouvoir avoir ce
débat-là.
Mme
Hivon
:
Oui. Puis moi, je donne un exemple en termes... je ne sais pas si le ministre
va la faire, là, cette campagne d'information là, mais toute la question, <justement...
>
13 h (version révisée)
< Mme Flon (Malorie) :
…une mécompréhension de certains rôles, de comment les pouvoirs se répartissent
actuellement, même entre les différents acteurs, et puis, oui, on aurait
bénéficié de temps pour avoir ce débat-là.
Mme
Hivon
:
Oui. Puis moi, je donne un exemple en termes... je ne sais pas si le ministre
va la faire, là, cette campagne d'information là, mais toute la question, >justement,
de la fréquentation des écoles, du changement, un peu, des écoles de quartier,
des impacts que ça peut avoir pour les écoles de village. En ce moment, il n'y
a pas de débat là-dessus, les gens ne sont pas au courant parce qu'ils pensent
qu'on est juste dans la question des structures. C'est d'abord ce dans quoi on
est, mais, je pense, c'est un enjeu important.
Je voulais vous amener, ma collègue y a
fait référence, vous aussi... la présence des gens qui s'impliquent. Certains
nous ont dit que, souvent, il y a une disproportion de gens de milieux
économiquement plus favorisés qui vont s'engager plus facilement, pour toutes
sortes de raisons qu'on peut imaginer. Comment on fait? Parce que, là, on a un
double défi, il va y avoir plus de parents… bien, pas plus de parents, on se
comprend, mais, dans la composition, il y a une proportion forte réservée aux
parents versus les membres de la communauté. Un, ça, j'aimerais ça vous
entendre à savoir si on a le bon équilibre.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 20 secondes.
Mme
Hivon
:
Ah! puis, deux, comment on fait pour stimuler la participation de gens qui
participent moins facilement?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et il vous en reste 15.
Mme Flon (Malorie) :
Pour susciter la participation de gens qui participent moins facilement, il
faut des ressources, il faut du temps, il faut du monde qui font des liens. On
passe par des organismes, on fait des appels, on va rencontrer des gens, on
crée une relation de confiance. Donc, il y a des ressources à mettre en place.
Sur l'équilibre, comme je vous dis, je
préférerais m'abstenir de dire un nombre adéquat, là, pour les centres de
services, mais c'est certain que je vois d'un bon oeil qu'il y ait des
représentants de la communauté. En même temps, ma compréhension, c'est que ces
gens-là seront élus par les parents, donc est-ce qu'on ne passe pas un peu à
côté de la… Je pose la question. Il y a aussi une question…
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je vous remercie de votre contribution, Mme Flon.
Nous allons maintenant suspendre les
travaux, et nous les reprendrons à 15 heures. Merci. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 heures)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, la Commission de la
culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir
éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques.
Et nous poursuivons les auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières et des auditions
publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi
sur l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires.
Cet après-midi, nous entendrons la Fédération
des cégeps, l'Institut de coopération pour l'éducation des adultes, laFédération québécoise
des municipalités et la Fédération des syndicats de l'enseignement.
Donc, je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Fédération des cégeps. M. Tremblay, vous avez à peu
près une dizaine de minutes pour nous faire votre exposé et nous présenter les
gens qui vous accompagnent, et par la suite ce sera les échanges avec les
parlementaires. Bienvenue à l'assemblée.
Fédération des cégeps
M. Tremblay (Bernard) :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mmes, MM. les députés. Je commence donc en
me présentant, Bernard Tremblay, je suis le président-directeur général de la
Fédération des cégeps. Je suis accompagné, à ma gauche, de M. Sylvain
Lambert, qui est le président de notre Conseil des directions générales puis qui
est également le directeur général du cégep Édouard-Montpetit, à ma droite, Me Annie
Kirouac, qui est avocate, donc, au Service juridique de la fédération.
Nous sommes ici aujourd'hui pour
représenter, évidemment, les 48 cégeps du Québec, et nous vous remercions
de nous donner l'occasion de commenter le projet de loi n° 40, dont
certaines modifications législatives présentent un intérêt pour nos membres.
D'entrée de jeu, je me permettrai de
préciser que, pour nous, les modifications apportées, donc, à la structure
décisionnelle des commissions scolaires n'ont de sens que si elles contribuent
à améliorer les services éducatifs offerts aux élèves. C'est donc dans cette
perspective que nous avons analysé le projet de loi. Mais nous pensons aussi
qu'elles doivent préparer les élèves du secondaire, donc, à la poursuite de
leurs études au niveau collégial, s'ils le souhaitent. C'est donc dans la
perspective du continuum de formation entre les ordres d'enseignement que la
Fédération des cégeps se prononce sur ce projet de loi.
Parmi les éléments qui nous interpellent
plus particulièrement, on retrouve des éléments de centralisation qui nous
paraissent présenter un certain risque de déconnexion par rapport aux réalités
régionales et institutionnelles. Il y a un risque d'alourdissement des processus
et de la reddition de comptes en ce qui concerne notamment les analyses qui
pourraient être exigées par le ministre en matière de partage de ressources et
des services. Il en va de même pour l'autorisation nécessaire avant de procéder
à des travaux de construction, d'agrandissement ou de rénovation, par exemple.
Vous savez, les réseaux de l'éducation
doivent répondre aux besoins des élèves et des étudiants selon des échéanciers
serrés et avec un cycle de gestion, je dirais, qui est particulier et qui est
différent de celui du gouvernement. C'est pourquoi l'ancrage de la gouvernance
des établissements dans leurs régions est une caractéristique fondamentale en
éducation.
Comme première recommandation de notre
mémoire, nous demandons que le projet de loi valorise cet ancrage de la
gouvernance des centres de services scolaires et des établissements dans leurs
communautés. Nous proposons également que les centres de services scolaires
disposent du libre choix de convenir d'une entente de partage de services. Le
projet de loi comporte un pouvoir au ministre qui nous questionne un peu à cet
égard.
En ce qui concerne la composition des
conseils d'administration des centres de services scolaires, nous notons avec
satisfaction qu'un membre du personnel ne pourra représenter une association de
salariés d'un centre. Il s'agit d'un élément important, selon notre expérience.
Nous recommandons cependant, sur la base de notre expérience que nous avons
vécue, donc, dans les cégeps, d'introduire une disposition équivalente à
l'article 12 de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel pour renforcer la notion de primauté des intérêts du centre
lorsque des décisions sont prises avec des membres de l'interne.
Sur ce, je vais laisser mon collègue
poursuivre la présentation.
M. Lambert (Sylvain) :
Oui. Dans la recommandation 4 de notre mémoire, nous demandons qu'un siège soit
réservé à un représentant des cégeps au sein du conseil d'administration du
centre de services scolaire, au même titre que les conseils d'administration
des cégeps comprennent actuellement des membres de commissions scolaires et un
membre des universités. Cette pratique, pensons-nous, favorise les relations
entre les établissements sur des enjeux comme la persévérance scolaire ou la
mise en commun de services, par exemple.
De même, le comité d'engagement pour la
réussite des élèves, dont la composition est définie dans le projet de loi,
devrait aussi comprendre un représentant des cégeps pour occuper le siège
réservé à un membre issu de la recherche en éducation. Plusieurs projets de
recherche sur la réussite au collégial sont en cours dans les cégeps, nous
possédons donc une vaste expérience dans le domaine.
Par ailleurs, le projet de loi nous semble
un peu trop discret quant au profil attendu des membres parents qui occuperont
les huit sièges du conseil. Pour que ce conseil dispose des expertises
nécessaires pour exercer une gouvernance <représentative…
M. Lambert (Sylvain) :
...
recherche sur la réussite au collégial sont en cours dans les cégeps,
nous possédons donc une vaste expérience dans le domaine.
Par ailleurs, le projet de loi nous
semble un peu trop discret quant au profil attendu des membres parents qui
occuperont les huit sièges du conseil. Pour que ce conseil dispose des
expertises nécessaires pour exercer une gouvernance >représentative,
nous proposons, dans notre recommandation 5, qu'il soit demandé aux centres de
services scolaires d'élaborer un profil de compétence de tous les membres de
leur conseil d'administration.
La notion d'allocation de présence au
conseil d'administration prévue dans le projet de loi a également retenu notre
attention, et nous accueillons favorablement cette mesure. Nous recommandons
par conséquent que le gouvernement se penche sur les moyens à mettre en place
pour traiter de manière équitable tous les membres externes des centres de
services scolaires mais aussi des cégeps. Je te redonne la parole.
M. Tremblay (Bernard) : Si
vous le permettez, je terminerai avec deux remarques.
La première concerne l'article 34 du projet
de loi, qui permet exceptionnellement aux directeurs d'école de majorer le
résultat d'un élève après avoir consulté l'enseignant. Cette disposition
pourrait entraîner, selon nous, une utilisation de ce pouvoir sans le
consentement de l'enseignant, à qui nous reconnaissons le jugement
professionnel requis pour assumer cette fonction d'évaluation dans sa classe.
Et, si ce n'est pas le cas, nous croyons que le centre de services scolaire
devrait avoir la capacité d'agir face à un enseignant qui comporte des
problèmes de compétence ou autres, là, alors, si ce problème, évidemment, est
de cet ordre-là.
Notre deuxième remarque est plutôt une
mise en garde. Alors, certains groupes que vous entendrez dans le cadre de ces
auditions pourraient vouloir saisir l'occasion pour s'inviter dans un débat non
sollicité sur la gouvernance de la formation professionnelle. Or, il serait dangereux
de croire que la solution du problème de rareté de main-d'oeuvre passe par la
prise en charge de cette gouvernance par les entreprises ou les associations
d'entreprises. Cela pourrait avoir pour conséquence d'imposer un virage
utilitariste à la formation professionnelle, au détriment de la formation
fondamentale nécessaire aux travailleurs et à tous les citoyens.
En ce qui concerne l'identification des
besoins de formation, qui serait aussi la cause de la rareté de main-d'oeuvre,
selon certains, nous voulons rappeler que les conseils régionaux des
partenaires du marché du travail jouent un rôle important à cet égard, il
serait inutile d'ajouter une autre instance consultative décisionnelle. Nous
invitons donc le ministre à rediriger ce débat de société vers les membres de
la Commission des partenaires du marché du travail. Évidemment, cette mise en
garde concernant la formation professionnelle s'applique aussi à la formation
technique.
Nous vous remercions pour votre écoute, et
nous espérons que vous prendrez en considération nos remarques. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci beaucoup, M. Tremblay. Donc, sans plus tarder, je me tourne vers le
ministre pour votre bloc d'échange de 16 minutes. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Plusieurs questions pour vous,
d'abord parce que, bon, vous arrivez à titre de partenaire du réseau de
l'éducation, mais aussi avec un partenaire qui a un mode de gouvernance qui est
différent de qu'est-ce qu'on a dans le réseau scolaire, sans élection au
suffrage universel puis… Parce que, pour mettre en jeu notre proposition, on a
regardé ce qui se faisait ici, ce qui se faisait ailleurs, ce qui se faisait
dans le réseau universitaire, collégial, donc chez nous et ailleurs. De votre
côté, les conseils d'administration dans les cégeps fonctionnent avec un nombre
de personnes qui représentent diverses catégories. Pourriez-vous exposer aux
gens quelle est la composition habituelle d'un conseil d'administration sur un
cégep?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lambert.
M. Lambert (Sylvain) :
Je vais y aller de mémoire, je vais essayer de ne pas en oublier. On a des
étudiants, on a des enseignants, il y a aussi les gens du milieu
socioéconomique, deux représentants, il y a des gens du milieu de l'industrie,
des industriels, donc, qui sont présents, il y a aussi un représentant
universitaire, représentant de commission scolaire, des anciens diplômés soit
du secteur technique, secteur préuniversitaire. Et là j'espère que je n'en
oublie pas, mais ça représente assez…
Donc, on parlait du profil de compétence,
c'est quand même une représentation intéressante de la société. Et ce mélange
interne-externe, là aussi, fait des débats fort intéressants, parce
qu'évidemment, là, nous, on arrive avec des positions qui ont été débattues à
l'interne. C'est intéressant pour alimenter la réflexion que les gens de
l'interne y soient, mais évidemment il faut... Et c'est comme ça qu'est prévue,
aussi, la loi chez nous. Il y a quand même une majorité de membres externes,
bien sûr, pour assurer une bonne gouvernance. Donc, on a vraiment des
représentants très diversifiés sur nos conseils d'administration.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. Je
fais des liens avec l'intervention précédente, en fin d'avant-midi, où on avait
l'INM, l'Institut du Nouveau Monde, qui nous parlait de ces gouvernances-là,
avec les gens qui sont utilisateurs, ou parents-utilisateurs, ou des fois des
gens qui sont dans l'instance elle-même, comme des profs, des choses comme ça,
parce qu'on pouvait les compter comme utilisateurs aussi. Donc, vous avez des
C.A. avec une pluralité d'acteurs, des gens de l'interne, des gens de
l'externe, des gens qu'on pourrait qualifier d'utilisateurs, des gens qu'on
pourrait qualifier de membres de la communauté ou, enfin, de partenaires, et
vous avez combien de personnes? Tout ce monde-là, quand on additionne tout ce
monde-là, ça fait des C.A. de combien de personnes, à peu près?
• (15 h 10) •
M. Lambert (Sylvain) :
En général, c'est 19 personnes. Il y a certaines exceptions, là, quand il
y a des écoles <nationales...
M. Roberge : ...qu'on
pourrait qualifier de membres de la communauté ou, enfin, de partenaires, et
vous avez combien de personnes? Tout ce monde-là, quand on additionne tout ce
monde-là, ça fait des C.A. de combien de personnes, à peu près?
M. Lambert (Sylvain) :
En général, c'est 19 personnes. Il y a certaines exceptions, là, quand il
y a des écoles >nationales ou des situations particulières, ça peut
aller jusqu'à 21, mais…
Une voix : …
M. Lambert (Sylvain) : …cégep
régional, oui, mais sinon, c'est 19, la norme dans le réseau.
M. Roberge : O.K. Donc,
on n'est pas très loin du modèle proposé ici avec nos centres de services, où
on arrive à 16. Mais ça peut être un peu plus nombreux, dans le cas du
réseau anglophone, là, ça pourrait monter jusqu'à 20. Donc, entre 16
et 20, on n'est pas loin de 19.
Vous vous intéressez, dans votre mémoire,
à un point qui n'a pas été soulevé par les intervenants précédents, donc je
trouve ça intéressant, la notion de compensation ou de jetons de présence, parce
que beaucoup de gens ont dit : Bien, voyons, ça ne marchera pas, les C.A.,
les centres de services, on demande à des bénévoles de venir faire un travail
qui devrait prendre des heures, et des heures, et des heures. Bon, on extrapole
en pensant que les gens sur le C.A. feraient le même travail que les
commissaires. C'est faux. En partant, on ne demandera pas aux gens qui sont sur
les C.A. de faire le travail des commissaires. Mais, si on veut un comparable,
puisqu'on n'a pas des C.A. sur nos centres de services en ce moment, on n'a pas
encore nos centres de services, on va se tourner vers vous, peut-être deux
questions. Vos C.A. se rencontrent combien de fois par année? Et est-ce qu'il y
a une espèce de compensation financière ou de jetons de présence pour
participation sur vos instances?
M. Lambert (Sylvain) : ...bon,
je vais continuer. Bien, non, il n'y a pas de jeton de présence, donc, c'est un
engagement bénévole. Évidemment, ça peut être variable selon les cégeps, le
nombre de rencontres, mais, généralement, il y en a au moins six par
année, parfois plus, ça peut aller à huit, 10 dans des années où est-ce
qu'il doit y avoir des C.A. extraordinaires pour des questions, des situations
particulières. Mais je pense que, si on dit entre six et 10 par année,
c'est pas mal ce à quoi ça ressemble, là, le nombre de rencontres.
Évidemment, il y a aussi des comités. Il y
a un comité exécutif, là, qui est prévu dans la loi. Il y a aussi des comités,
souvent, d'audit finances, des comités de gouvernance, tout dépendant, là,
encore une fois, de la gouvernance locale. Donc, il y a des gens qui sont plus
impliqués, pour qui c'est peut-être plus demandant, il y a des réunions qui
s'ajoutent, mais ça se fait de manière bénévole, et généralement les gens sont
là parce qu'ils croient en la cause, parce qu'ils veulent contribuer, là, à
l'avancement de l'éducation au Québec.
M. Tremblay (Bernard) :
Mais, j'ajouterais, si on a mentionné, évidemment, cette considération-là des
jetons de présence... on sait que, bon, c'est une recommandation de l'IGOPP, on
sait que, de plus en plus, on implante plusieurs recommandations, y compris
dans les cégeps, des recommandations de l'IGOPP qui impliquent plus de
réunions, plus de comités, que la gouvernance, donc, ne se limite plus à
participer une fois par mois à un conseil d'administration mais à avoir, donc,
des comités ad hoc ou des comités statutaires, et donc, dans ce contexte-là, on
pense que la tendance nous amène à dire que, oui, ça prend une reconnaissance,
au-delà de l'engagement des gens, pour être sûrs que le travail se fait avec
tout le sérieux nécessaire. Même si, présentement, on a des gens engagés, les
gens commencent à nous dire : Bien, on est un peu essoufflés puis on
trouve que c'est exigeant, ce qu'on nous demande, d'ajouter un comité RH, puis
d'ajouter un comité de gouvernance, puis un comité de finances, etc.
M. Roberge : O.K. Mais
donc c'est une bonne idée d'avoir une espèce de compensation, des jetons de
présence. Aussi, je le précise, les gens qui siégeront sur les conseils
d'administration, au-delà… qu'on estime en ce moment... Puis ce n'est pas fait,
hein, il ne faut pas mettre la charrue devant les boeufs, le projet de loi
n'est pas sanctionné, les règlements ne sont pas adoptés. On a une intention,
qu'il faut mettre sur la table, d'environ 100 $ par rencontre comme jeton
de présence. 10 à 12 rencontres par année, ça fait quand même un peu plus
de 1 000 $. Puis ce qu'il y a en ce moment aussi, les frais de
déplacement, tout ça, évidemment, ça serait compensé, surtout quand on pense
qu'il y a des très grandes commissions scolaires. Des fois, on pourrait avoir
quelqu'un qui fait 30, 40, 50, 60 kilomètres, facilement, pour se rendre à
la rencontre, puis évidemment ça serait compensé.
Mais ça nous amène, à vous entendre, à
voir que ça se peut, trouver… des cégeps, il y en a une quarantaine au Québec,
ça se peut, trouver 40, 50 fois 10 personnes qui sont
bénévoles, qui sont compétentes, qui veulent donner de leur temps. Ça se fait
même bénévolement dans le réseau des collèges, des cégeps, pas de raison que ça
ne pourrait pas se faire, avec jetons de présence, dans le réseau des
commissions scolaires, devenues des centres de services. Ce n'est pas une
utopie de penser ça, d'autant plus que la Fédération des comités de parents
nous a dit : Nous autres, on en a plein, de parents qui le feraient.
M. Tremblay (Bernard) :
J'ajouterais, par ailleurs… puis, oui, je pense que vous avez raison de le dire,
mais en même temps... puis c'est ça aussi, le sens de notre propos en
introduction, ce lien entre la communauté et la maison d'enseignement.
Vous savez, on administre des fonds
publics, c'est normal qu'on rende des comptes à l'État, mais en même temps
c'est important que les gens qui sont au conseil d'administration aient le
sentiment de vraiment faire oeuvre utile et de non pas seulement sanctionner
des choses. Et ça, on l'entend dans nos conseils d'administration, où les gens
nous disent : Écoutez, il y a beaucoup de redditions de comptes au
gouvernement, est-ce qu'on a un rôle vraiment utile, nous? Alors, je le dis, de
façon générale, je pense que ce souci-là, comme parlementaires, vous devez
l'avoir. En tout cas, je profite de l'occasion pour vous le souligner, donc,
que les gens sentent vraiment leur contribution, et je pense que ça, c'est gage
<d'engagement...
M. Tremblay (Bernard) :
...
nous disent : Écoutez, il y a beaucoup de redditions de comptes
au gouvernement, est-ce qu'on a un rôle vraiment utile, nous? Alors, je le dis,
de façon générale, je pense que ce souci-là, comme parlementaires, vous devez
l'avoir, en tout cas je profite de l'occasion pour vous le souligner, donc, que
les gens sentent vraiment leur contribution, et je pense que ça, c'est gage >d'engagement.
M. Roberge : Je pense, c'est
très important, justement, d'aller dans un contexte de respect de l'implication
des gens, donc de reconnaître au conseil d'administration du centre de services
une liberté de choix, une capacité d'agir, puis même chose pour, dans notre
cas, les conseils d'établissement aussi. Si on veut que les gens
s'investissent, les gens viennent, il ne faut pas qu'ils aient l'impression
d'être des plantes vertes autour d'une table puis d'être là pour être là, de
servir de quorum. Je pense, il faut respecter les gens.
Un autre élément sur lequel j'aimerais
vous questionner, c'est la question de porte-parole, de représentant officiel.
Dans le modèle proposé avec le projet de loi n° 40, les gens sur les conseils
d'administration se trouvent à être élus différemment. Moi, je dis qu'ils vont
être élus deux fois. Souvent, ils vont être élus sur le conseil d'établissement
puis, après ça, ils vont être élus sur le C.A., mais après, sur le C.A., ils
font un travail d'administrateur, de veille. Ce ne seraient plus eux, les porte-parole,
ce seraient eux qui nommeraient le directeur général ou la directrice générale
en tant que porte-parole. Des gens nous ont dit : Ah! bien là, ça n'a pas
de bon sens, d'aller empêcher les gens de s'exprimer, vous allez museler les
gens, les directions générales ne contesteraient pas le gouvernement, les
directions générales ne pourraient pas prendre un ministre ou un gouvernement
de front. Est-ce que vous avez l'impression que les directions générales des
cégeps, parce qu'elles ne sont pas élues, ne peuvent pas critiquer le gouvernement
ou dénoncer même un geste ou une parole prononcés par un ministre ou un premier
ministre? Est-ce que vous vous sentez muselés parce que vous n'êtes pas élus au
suffrage universel?
M. Tremblay (Bernard) :
Si je réponds, est-ce que vous allez avoir l'impression que je muselle mon
président? Non, mais j'ai le goût de dire… Je pense qu'effectivement… Je ne
crois pas, hein, de pouvoir… En fait, je peux témoigner que je ne crois pas que
les directions générales de cégep, là, se sentent muselées. Mais par ailleurs, évidemment,
je pense que, dans leurs prises de position publiques, ils prennent une
position administrative.
Évidemment, à partir du moment où on
change une gouvernance, entre guillemets, politique à une gouvernance plus
administrative, là, on comprend que le porte-parole de l'établissement, il est
souvent mandaté pour expliquer, dans le fond, des décisions de l'organisation. Et
souvent, dans notre expérience, la direction générale, parce qu'elle a une
connaissance de l'ensemble des dossiers de l'établissement, est bien placée
pour dire : Bien, voilà pourquoi telle situation s'est produite, voilà
quel choix on a fait, mais c'est sûr que c'est plus dans un rôle, j'oserais
dire, explicatif que dans un rôle de revendication, parce qu'évidemment, à
partir du moment où on est des gestionnaires, on est dans une autre posture.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Saint-Jérôme, il vous reste 5 min 30 s.
M. Chassin :
Merci. En ajout sur cette question-là, est-ce que, par exemple, les cégeps bien
implantés dans leur communauté ne portent pas parfois aussi la voix de leur
communauté pour faire valoir certains besoins?
M. Tremblay (Bernard) :
Oui, tout à fait. Effectivement, peut-être, ma réponse n'a pas mis ça en
évidence. C'est sûr qu'il y a, comment dire, les besoins de la région, les
besoins en matière d'enseignement supérieur, c'est sûr que les directions
générales sont en mesure de les partager. Et je pense que mon collègue peut
ajouter avec des exemples concrets.
M. Lambert (Sylvain) :
Oui, tout à fait. Mais, de toute façon, juste dans l'actualité, aujourd'hui,
vous verrez que des directeurs généraux prennent position, et il n'y a rien qui
empêche, en effet, quand ils représentent... et d'où l'importance de la
représentativité au sein de la gouvernance pour que la position du cégep que
représente le directeur général soit celle d'une communauté, soit celle d'un
milieu qui s'affirme, là.
M. Chassin :
On y reviendra peut-être, mais, justement, dans le projet de loi n° 40, on
a un peu cette intention là d'ancrer tant les C.A. que les conseils
d'établissement avec la communauté. Je voudrais quand même attirer l'attention
des gens ici et des gens qui nous écoutent sur une proposition que vous faites.
En fait, vous parlez de reproduire l'article 12 de la Loi des collèges
d'enseignement dans le projet de loi n° 40, spécifiquement. Bien en fait,
vous pouvez peut-être nous résumer l'article 12, Mme Kirouac, pour
expliquer en quoi ça peut être intéressant, dans la gouvernance, de garder ce
principe.
Mme Kirouac (Annie) : En
fait, pour résumer l'article 12, l'article 12, vous avez quatre
alinéas qui parlent, un, évidemment, du principe de conflit d'intérêts, où on
doit se retirer et le dénoncer, mais il y a des alinéas qui prévoient un
automatisme, pour les membres du personnel, où ils doivent se retirer quand ils
ont à voter sur lien d'emploi, rémunération, conditions de travail soit de leur
catégorie d'employé ou une autre catégorie également. Alors, il y a un
automatisme que nous, on considère qui devrait être reproduit au niveau, là,
des conseils, là, pour les commissions scolaires.
• (15 h 20) •
M. Chassin :C'est une suggestion que je trouve intéressante. Parfois,
justement, en regardant d'autres lois dans d'autres ordres d'enseignement, on
peut s'en <inspirer...
Mme Kirouac (Annie) :
...catégorie d'employé ou une autre catégorie
également. Alors, il y a
un automatisme que nous, on considère qui devrait être reproduit au niveau, là,
des conseils, là, pour les commissions scolaires.
M. Chassin :
C'est une suggestion que je trouve intéressante.
Parfois, justement, en regardant d'autres lois dans d'autres ordres
d'enseignement, on peut s'en >inspirer.
Vous parlez du partage des services aussi,
à la page 3 de votre mémoire, puis, dans le fond, j'essaie de bien vous
suivre, là, quand vous parlez du libre choix, finalement, du centre de services
par rapport à une entente. Évidemment, ça signifie, à quelque part, que, dans
l'article, vous souhaiteriez que le ministre ne puisse pas exiger, en fait, en
partage… Je ne sais pas, puis là j'essaie de voir avec vous… Dans l'article
proposé, il y a plusieurs étapes, hein? Donc, on voit qu'il y a une
progression, il y a une réflexion, il y a même une analyse. Autrement dit, le «exiger»
arrive un peu à la fin d'un processus où tous les acteurs sont impliqués, où il
y a, dans le fond, des données probantes. Est-ce que vous n'avez pas
l'impression que, justement, en plaçant le «exiger» à la fin on montre à quel
point on fait d'abord une démarche de bonne foi avec tous les acteurs? Et en
même temps, puis là c'est une question, peut-être, un peu plus, justement, de
gouvernance ou de responsabilité ministérielle, ultimement, mais, comme il
s'agit de données publiques, est-ce qu'il n'est pas légitime qu'un ministre du
gouvernement soit responsable de ces dépenses-là, et, à tout prendre, le
ministre de l'Éducation, ce serait peut-être le plus indiqué?
M. Tremblay (Bernard) :
Oui. En fait, je vous dirais, nous, selon notre expérience, quand il y a des
orientations, des souhaits qui sont émis par notre ministre, effectivement, ils
sont pris en considération, ils sont analysés.
Et je reviens encore sur l'importance de
tenir compte du contexte de chacune des régions. Et donc, avec tout le respect
que j'ai pour les gens qui sont à Québec, il reste quand même que les gens de
la région ont une capacité de tenir compte d'enjeux qui, parfois, peuvent
échapper aux gens qui sont à Québec, et au-delà des individus, hein, parce que,
comme on dit souvent, quand on parle d'un projet de loi, ce projet de loi là, s'il
entre en vigueur, il nous dépassera tous, en termes de durée. Et donc ce n'est
pas un enjeu par rapport aux personnes, mais c'est un enjeu par rapport au fait
que, de façon naturelle, l'organisation des ministères peut conduire à un
crescendo qui se ferait très rapidement et qui se conclurait assez rapidement
par une conclusion du type : Bien, vous devez le faire. Et on pense,
nous...
Puis, vous savez, il y a un autre débat,
actuellement, qui est en cours sur le Centre d'acquisitions gouvernementales, il
y a des liens à faire. Pour nous, c'est important, si le message est lancé, de
dire : Travaillez ensemble. Les gens vont le faire. Les réseaux de
l'éducation sont des réseaux très collaboratifs quand ils comprennent bien les
orientations du gouvernement, et on pense donc que d'y aller sur une base
volontaire est suffisant et produirait les effets qu'on souhaite obtenir.
M. Chassin :
Même si, à la fin, la responsabilité ministérielle doit être, à quelque part,
inscrite dans le projet de loi, est-ce que vous êtes sensibles à cet
argumentaire?
M. Tremblay (Bernard) :
Puis c'est intéressant de la façon dont vous l'amenez, parce que je vous
réitère que, si on veut que nos conseils d'administration aient le sentiment qu'ils
dirigent quelque chose, il faut à tout le moins qu'ils aient cette capacité-là,
réelle, sans avoir toujours une épée de Damoclès, en disant : Si vous ne faites
pas ce qu'on veut, bien, on va vous le dire, quoi faire. Et ça, c'est un signe
qu'on voyait dans le projet de loi, sur lequel on voulait vous mettre en garde,
parce que l'éducation, contrairement à la santé, dans la plupart des systèmes
d'éducation dans le monde, est justement... on valorise l'implication locale et
on pense que c'est important, donc, que ça ne soit pas, donc, une espèce
d'automatisme, là, de sanction ministérielle, à la fin.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met fin à l'échange. Donc, je me tourne du côté de l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous pour
16 minutes.
Mme Rizqy : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Ah! excusez, 10 min 40 s, pardon.
Mme Rizqy : Ah! j'étais
très heureuse pendant un moment.
Merci, et bienvenue parmi nous. Tantôt,
vous avez parlé de gouvernance bien ancrée, de ne pas avoir le sentiment de,
justement, juste sanctionner, «rubber-stamping», comme on dit souvent en anglais.
Et le ministre parle beaucoup d'inverser le paradigme et ramener le pouvoir au
centre de ceux qui sont plus proches des élèves. Pourtant, dans le projet de
loi, il y a beaucoup : par règlement, par règlement, par règlement. Donc, clairement,
on voit qu'il y a aussi une indication que ça va être centralisé ici, à Québec.
Et vous avez aussi dit, pour reprendre votre expression : Avec respect,
des fois les gens de Québec, ils peuvent en échapper, et que les gens de régions
sont mieux placés.
Je m'en voudrais énormément de ne pas
ouvrir cette parenthèse aujourd'hui, car cette semaine a été lourde en émotions
pour nous, à l'Assemblée nationale. Nous avons reçu des étudiants étrangers
dans nos tribunes, nous avons vu des étudiants manifester devant l'Assemblée
nationale, et vous avez dit d'entrée de jeu que vous représentez les cégeps. Alors,
suite à une décision par règlement, le ministre de l'Immigration… voici ce qui
arrive pour le cégep de Matane : 45 % des étudiants viennent <d'ailleurs...
Mme Rizqy : ...
étrangers
dans nos tribunes, nous avons vu des étudiants manifester devant l'Assemblée
nationale, et vous avez dit d'entrée de jeu que vous représentez les cégeps. Alors,
suite à une décision par règlement, le ministre de l'Immigration… voici ce qui
arrive pour le cégep de Matane : 45 % des étudiants viennent >d'ailleurs,
risque de coupures de professeurs, de six à sept postes qui peuvent être coupés,
programmes à risque : photographie, tourisme, animation 3D, où 60 %
des étudiants viennent de l'étranger, alors que le taux de placement est très,
très élevé. Le cégep de Saint-Félicien, ce matin... c'est Mme Prescott qui
est la D.G., qui s'exprimait à Radio-Canada : 25 % de la clientèle
provient de l'international, technique en transformation des produits
forestiers, 50 % des étudiants inscrits sont de l'international...
M. Émond : ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, question de règlement, M. le député de Richelieu?
M. Émond : Je soulèverais
l'article 211 de notre code — puis je m'excuse, là, je m'excuse quasiment
de soulever un point de règlement en consultations particulières, ce n'est pas
quelque chose qui est usuel — comme la collègue de Sherbrooke l'a
fait d'entrée de jeu lors du début de nos travaux, puis simplement pour
recadrer le débat. Donc, l'article 211, au niveau de la pertinence… Je
sais que c'est très tentant, puis la collègue sait que j'ai beaucoup de respect
pour elle, d'amener les débats du salon bleu vers les salles de commission,
mais je pense que de parler d'immigration… Même si on parle… dans un contexte
collégial, là, on est dans un projet de loi qui vise à réformer la gouvernance
du collège… Je vous demanderais de demander à la collègue de revenir dans le
débat en cours, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Thériault) :
…commencer par écouter la collègue. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : …terminer. Le
cégep de l'Abitibi, 20 % des demandes d'admission proviennent de
l'étranger dans trois programmes qui ne sont pas sur la liste.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, on était sur le point d'ordre.
Mme Rizqy : Ah! désolée,
je pensais que ça pourrait intéresser les collègues de savoir aussi ce qui se
passe à Baie-Comeau, puisqu'on reçoit aussi les gens de la Fédération des
cégeps, on parle de gouvernance et on parle que, des fois... Et je reprenais
les propos de notre invité, qui dit que, oui, des fois les gens de Québec
peuvent prendre des décisions qui peuvent leur échapper et que les personnes
les mieux placées sont peut-être ceux qui sont dans les régions. Maintenant, je
donnais un exemple très éloquent de qu'est-ce qui peut arriver comme dérives
lorsque des décisions sont prises par règlement. Je pense que c'est
excessivement pertinent, à propos, et je crois que plusieurs Québécois, en ce
moment, s'attendent d'avoir une réponse.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous me permettez de statuer, M. le député? Vous savez que la règle de la
pertinence, elle doit être interprétée de manière large. Et, lorsqu'on parle de
la gouvernance, effectivement, c'est le projet de loi. Donc, la députée a bien
démontré son point. On va l'écouter tranquillement. Mais je vais vous demander,
Mme la députée, d'être quand même prudente, d'essayer de rester sur notre
propos.
Mme Rizqy : C'est vrai
qu'il y a plusieurs autres cégeps, mais je pense que vous avez compris mon
point, à savoir, lorsqu'on parle de… Justement, dans un projet de loi
n° 40, où est-ce qu'on voit quand même, à plusieurs endroits, que des
décisions vont être prises par règlement, est-ce qu'à ce moment-là on
s'approche dangereusement de ce que vous nous avez expliqué tantôt, qu'on
pourrait mettre des gens dans une posture où est-ce qu'ils auront la sensation
ou la perception que de ne faire qu'entériner des décisions qui sont prises
ici, au complexe G, ou par un ministre tout seul dans son bureau?
M. Tremblay (Bernard) :
Je vous répondrais à ça qu'évidemment c'est difficile pour moi de commenter de
façon partielle, dans le sens où la Loi sur l'instruction publique, pour la
connaître d'une autre vie, est une loi quand même substantielle avec, évidemment,
de nombreux articles. Alors, le message général que nous, on veut vous
transmettre, c'est que vous êtes les mieux placés pour voir l'équilibre. Mais
est-ce que c'est le fait d'avoir des pouvoirs réglementaires au ministre qui
crée un problème ou autre? Il y a une chose qui est sûre, je pense qu'au final
l'économie générale de la loi doit donner le sentiment aux conseils qu'ils ont
un réel rôle à jouer, tout en ayant aussi un équilibre pour permettre,
évidemment, à l'État d'assurer, évidemment, une cohérence des actions en
matière d'éducation.
Mme Rizqy : Quand vous
dites «dans une autre vie», est-ce que vous faites référence à à peu près deux
décennies à la fédé? D'accord. Je pourrais continuer, mais je tiens à laisser ma
collègue de Mille-Îles… Elle a plusieurs questions, elle aussi. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Mille-Îles, il y a sept minutes devant vous.
Mme
Charbonneau
:
Merci. Alors, le scoop a été lancé. M. Tremblay, bonjour. Vous allez bien?
C'est un plaisir de vous retrouver. Puis je vois que vous êtes toujours aussi
professionnel que je vous ai connu... Dans ce temps-là, je vous appelais
maître. On a changé de titre, tous les deux, mais c'est un plaisir de vous
retrouver, M. le président, madame.
Je commencerais peut-être par une question
qui peut sembler bête et méchante, mais on se connaît, donc je peux être qui je
suis habituellement, et vous comprendrez que...
Des voix
: …
• (15 h 30) •
Mme
Charbonneau
:
Non, mais laissez-moi finir ma phrase, parce que je pourrais avoir du plaisir
encore plus que ça, mais, puisqu'il me connaît bien, il sait que la question ne
sera pas bête et méchante. Quand vous parlez de profil chez nos parents, j'ai
le goût de vous retourner la question en disant : Vos étudiants, vos
parents, vos partenaires, est-ce qu'ils ont tous une forme de profil? Parce
qu'on parlait, juste avant, de… chacune des régions a sa couleur, chacune des
instances représente <quelquefois...
>
15 h 30 (version révisée)
<635
Mme
Charbonneau
:
...chez nos parents, j'ai le goût de vous retourner la question en
disant : Vos étudiants, vos parents, vos partenaires,
est-ce qu'ils
ont tous une forme de profil?
Parce qu'on parlait, juste avant, de...
chacune des régions a sa couleur, chacune des instances représente >quelquefois
des formations techniques puis des choses qui sont différentes. Donc, est-ce
que chacun de vos cégeps exige ou demande à ce que chaque participant ait des
profils précis?
M. Tremblay (Bernard) :
La réponse, c'est non. Mais vous avez pu comprendre, par la composition qu'on a
présentée tout à l'heure, qu'il y a quand même une grande diversité et qu'en
fait, dans la diversité de la composition du conseil d'administration d'un
cégep, on retrouve indirectement ces profils-là, puisqu'on a les étudiants, des
membres de l'interne, des membres du socioéconomique, des gens de l'éducation
primaire, secondaire, des universités.
Alors, nous, en fait, en regardant,
justement, notre gouvernance, on se disait : Puisqu'il y aura, donc,
normalement, je crois, huit parents, bien, peut-être qu'il y aurait... ce
serait utile... puis pas dans l'optique, évidemment, de brimer la possibilité
que des gens puissent siéger, mais au moins un peu comme une attente, en fait :
Voilà ce qu'on recherche, voilà ce qu'on a besoin pour avoir une composition
d'un conseil qui soit assez équilibré et qui comporte les forces qu'on recherche.
De plus en plus, encore une fois, l'IGOPP nous a enseigné que c'était important
d'avoir ce souci, au-delà de la représentativité, d'avoir des gens qui ont
peut-être certains atouts qui permettent de poser des questions dans différents
domaines, donc c'est dans cette optique.
Mme
Charbonneau
:
Donc, une recommandation pour les autres mais pas nécessairement une
recommandation que vous appliquez dans la forme de gestion que vos cégeps ont,
parce que ce n'est pas la...
M. Tremblay (Bernard) : Non,
parce que la composition est un petit peu différente.
Mme
Charbonneau
:
Oui, c'est ça. Je comprends.
M. Tremblay (Bernard) : Puis
on sent que notre composition a cette variété, j'oserais dire, là, naturelle.
Mme
Charbonneau
:
Oui. Habituellement, un cégep, ça représente combien de bâtiments?
M. Tremblay (Bernard) :
Écoutez, on a, donc, 48 cégeps au Québec — donc, les cégeps,
c'est les collègues publics, hein, ça exclut les collèges privés,
évidemment — et on parle d'à peu près 100 points de service.
Alors, vous pouvez voir que... Bon, évidemment, il y a... si je parle de la
Gaspésie—Les Îles, bien, vous avez plusieurs campus au-delà du campus de Gaspé.
Alors donc, vous voyez à peu près, donc, un bâtiment, deux bâtiments, trois
bâtiments par cégep, là.
Mme
Charbonneau
:
Et donc, puisque vous les connaissez bien, il y a comme une marche de
différence entre la grandeur d'une commission scolaire et la grandeur... la
relation ressources matérielles-ressources humaines, commissions scolaires et
cégeps. Ça, on s'entend pour dire qu'il y a une belle différence, là.
M. Tremblay (Bernard) :
Tout à fait. Il y a des analogies parce qu'on est dans le même domaine, mais
c'est des réalités différentes, définitivement.
Mme
Charbonneau
:
Habituellement, vos étudiants, ils sont votés par leurs pairs pour être là?
M. Tremblay (Bernard) :
Choisis par les pairs, oui.
Mme
Charbonneau
:
Donc, choisi par les pairs, pas avec un profil, juste choisi par ses pairs, j'insiste.
J'insiste parce que, malgré le sentiment de perte de démocratie du côté
francophone seulement, je serais encore plus attristée de savoir qu'on ne
fonctionne pas par démocratie, c'est-à-dire votés par leurs pairs, pour avoir
des parents qui participent à différents aspects des fameux comités.
Dans votre structure, est-ce que tout le
monde a accès à l'ensemble des comités que vous avez? Parce qu'il y a des
sous-comités. Est-ce que tout le monde a accès, du conseil d'administration?
M. Lambert (Sylvain) :
Ça dépend des règlements locaux, mais il y a des choses qui sont exclues, comme
par exemple ça ne peut pas être un membre de l'externe qui occupe la
présidence. Il y a ce type de règle là. Parfois, les comités exécutifs,
certains cégeps ont fait le choix que ce soient seulement des membres externes.
D'autres, au contraire, privilégient d'avoir au moins un membre interne mais
pas plus. Donc, c'est un petit peu différent d'un cégep à l'autre, là, mais
ça... Il peut y avoir des règles, en effet, pour assurer, encore une fois, une
bonne gouvernance, là, et s'assurer que les bonnes personnes sont sur les
bonnes chaises.
Mme
Charbonneau
:
Donc, vous avez un comité exécutif.
M. Lambert (Sylvain) :
Oui. C'est prévu par la loi, en fait. Ce n'est pas...
Mme
Charbonneau
:
Oui, bien, je le souligne au passage parce que, dans la nouvelle structure du projet
de loi n° 40, il n'y a pas vraiment de comité
exécutif, il n'y a qu'un conseil d'administration. Donc, c'est pour ça que je
le soulignais au passage. Je pense que c'est important de comprendre la
légitimité puis la vocation de chaque comité.
Puis un comité exécutif, ça exécute, ça ne
fait pas juste approuver. Donc, dans le principe de la plante verte, je pense
que, votre comité exécutif, les gens se sentent engagés et bien pris à partie
des différentes décisions que vous avez à prendre.
Dans les commissions scolaires, puis il n'y
a seulement qu'un regroupement qui l'a soulevé, on a un protecteur de l'élève.
Chez vous, il y a, je crois, un ombudsman, non?
M. Tremblay (Bernard) :
...cégeps ont mis en place le rôle d'ombudsman, mais il n'y a pas de principe,
là, du même type, là, dans la Loi sur les collèges, non.
Mme
Charbonneau
:
Donc, si je suis un élève ou un parent d'un élève, ce qui est plus rare chez
vous, parce que... Moi, je me <souviens...
Mme
Charbonneau
:
...il y a, je crois, un ombudsman, non?
M. Tremblay (Bernard) :
...cégeps ont mis en place le rôle d'ombudsman, mais il n'y a pas de principe,
là, du même type, là, dans la Loi sur les collèges, non.
Mme
Charbonneau
:
Donc, si je suis un élève ou un parent d'un élève, ce qui est plus rare chez
vous parce que... Moi, je me >souviens, juste au secondaire, mes enfants
roulaient des yeux quand ils savaient que je m'impliquais, donc j'imagine qu'au
cégep... Quand mon fils est rentré à l'université, il m'a regardé avec son
doigt puis il m'a dit : Non, je ne dis pas le reste, maman, mais non. Ça
fait que...
Alors, quand quelqu'un a une plainte à
faire ou une revendication, prenons-le comme ça, il passe par quelle porte?
M. Tremblay (Bernard) :
Tous les cégeps ont différents processus de gestion des plaintes, ça, c'est un
fait. Et, vous parlez des étudiants, évidemment, les étudiants au niveau
collégial, vous le savez, ont des associations qui sont très présentes et, justement,
qui sont représentées au sein des conseils d'administration.
J'aimerais préciser aussi, juste pour être
clair par rapport à l'idée d'un profil, notre idée n'était pas d'empêcher, évidemment,
le choix, mais plutôt de... Vous savez, des fois, c'est en termes d'attentes,
hein, juste pour que les gens comprennent c'est quoi, les attentes qu'on a à
leur égard, s'ils acceptent de siéger à un conseil. C'est aussi dans cette perspective-là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange, Mme la députée. Donc, je regarde
maintenant la députée de Sherbrooke, pour 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci. Je
veux discuter avec vous de la question de la majoration des résultats. Est-ce
que, dans le réseau collégial, les directeurs de cégep ont le pouvoir de
majorer ou de jouer avec les résultats donnés par les professeurs?
M. Lambert (Sylvain) :
J'ai été directeur des études, et ça aurait été la dernière chose que j'aurais
faite. En fait, on n'a pas cette autorité-là. Il y a des mécanismes, hein, on a
des politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages. Si quelqu'un
n'est pas satisfait de sa note, il y a des comités de révision de notes, il y a
tout un processus qui encadre ça. Mais on laisse ça aux experts, on ne donne
pas ça aux gestionnaires.
Mme Labrie : Donc, est-ce
que vous trouvez que c'est approprié de donner ce droit-là aux directions
d'école aux niveaux primaire et secondaire et formation aux adultes et
professionnelle?
M. Tremblay (Bernard) :
Bien, c'est pour ça, évidemment, qu'on le mentionne dans notre mémoire. Pour nous,
ça nous semble... ça nous étonne un peu. Et sachant le débat que ça génère, en
ayant le sentiment que ce n'est pas des situations fréquentes, je me dis, il me
semble que ça pourrait créer, justement, une impression, je dirais, que la
gestion s'immisce dans les notes, alors que ça ne me semble pas être une
situation usuelle. Et c'est pour ça qu'on se disait : Si c'est dans
l'optique où il y a une situation de blocage avec certains enseignants, là il
faut peut-être attaquer le problème de front et se dire : Bien, il faut
traiter ces situations-là de façon particulière.
Mme Labrie : Tout à fait.
Puis vous, vous recevez, dans les cégeps, les élèves qui graduent de l'école
secondaire, vous devez, dans certains programmes, les sélectionner en fonction
des résultats qu'ils ont obtenus au secondaire. Est-ce que ça vous préoccupe,
le fait que le résultat qui est sur le bulletin pourrait ne pas correspondre au
résultat de l'évaluation de l'enseignant?
M. Tremblay (Bernard) :
C'est un peu dans cette perspective-là, effectivement, qu'on fait la remarque.
Je pense qu'effectivement, dans une question de continuité, les notes demeurent
une référence, hein, importante. Alors, évidemment, de sentir que cette note-là
est juste et qu'elle correspond bien à l'évaluation qui est faite par
l'enseignant nous semble important.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Mme la députée de Joliette, pour votre bloc, 2 min 40 s
aussi.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Merci de votre présence. Dites-moi, quand vous parlez, d'entrée
de jeu, de la centralisation, «une menace à l'autonomie des instances
régionales», vous l'avez abordé rapidement, je voulais juste vous entendre sur
qu'est-ce qui, dans ce qui est centralisé, vous inquiète le plus par rapport à
la perte de pouvoirs des instances régionales, quels éléments, spécifiquement?
Parce que je dirais qu'on entend des craintes de beaucoup d'endroits, mais, en
région, particulièrement, la réforme fait craindre beaucoup sur le pouvoir des
instances régionales. Donc, est-ce que vous pouvez expliciter?
• (15 h 40) •
M. Tremblay (Bernard) :
On a nommé de façon particulière, je vous dirais, deux éléments que je pourrais
souligner. Toute la question de la rénovation, de l'agrandissement, des
transformations, on comprend qu'il y a des coûts importants qui sont liés à ces
décisions-là, mais en même temps on sait aussi, l'ajout d'autorisations, ce que
ça implique comme délai, hein? Et donc, pour nous, ça, c'est une crainte
importante, quand on voit, évidemment, les enjeux qu'on a avec nos bâtiments
scolaires, puis on ne peut pas faire autrement que de projeter ça un peu sur
nous, en se disant : Si on vivait la même situation, on serait vraiment
inquiets de notre capacité de livrer dans les délais. Donc, ça, c'est un
premier élément, en étant conscients que ce qu'on dit, c'est qu'il y aurait un
seuil qui serait établi, mais, puisque le seuil, évidemment, sera établi plus
tard, et il pourrait être bas, bien, il y a une inquiétude, je pense, qui se
dessine là.
L'autre élément, on l'a abordé un peu plus
tôt, c'est sur le partage de ressources, où là on se dit : Est-ce que ce
n'est pas vraiment le rôle d'un organisme public que de déterminer les
opportunités qui s'offrent à lui <pour...
M. Tremblay (Bernard) :
…plus tard, et il pourrait être bas, bien,
il y a une
inquiétude,
je pense, qui se dessine là.
L'autre élément, on l'a abordé
un
peu plus tôt, c'est sur le partage de ressources, où là on se dit :
Est-ce
que ce n'est pas
vraiment le rôle d'un
organisme public que de
déterminer les
opportunités qui s'offrent à lui >pour partager,
donc, soit des services ou des ressources avec d'autres organismes, et pas nécessairement
des organismes qui sont de même nature, pas nécessairement deux centres de
services scolaires, peut-être un centre de services avec une municipalité, ou
avec un centre de santé, ou avec un cégep, ou avec un autre organisme de la
région? Alors, on pense, là aussi, que ce choix-là doit demeurer pour
permettre, dans le fond, des choix qui soient vraiment régionaux, un avantage,
aussi, à une concertation régionale.
Mme
Hivon
:
O.K. Je comprends que vous avez répondu à ma collègue que vous êtes conscients
que la réalité d'un C.A. de cégep versus d'un éventuel centre de services qui
couvrirait l'ensemble de ce qui est maintenant une commission scolaire, c'est quand
même passablement différent. Vous amenez quand même l'idée de dire que… et vous
vous référez, là, à l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et
publiques sur la question de la rémunération puis de la considération qui est
octroyée aux personnes qui vont siéger sur les C.A. Donc, est-ce que je
comprends qu'à cet égard-là vous avez une recommandation d'aller au-delà d'un… je
comprends que vous avez votre propre recommandation, ça, j'ai compris, mais,
puisqu'on parle de la gouvernance en milieu scolaire, d'avoir une vraie
rémunération pour les membres qui vont siéger?
M. Tremblay (Bernard) :
Oui, bien, en faisant abstraction, évidemment, des autres organismes qui
pourraient justifier le même genre de recommandations, oui, je pense
qu'objectivement... Encore une fois, si on veut que les gens s'impliquent, en
connaissant les territoires de commissions scolaires, effectivement, en ayant
vu des élus scolaires faire des heures de route pour se rendre à des réunions,
je pense que, là, ça devient, évidemment, très important. Ça existe aussi dans
le réseau collégial, mais, malgré tout, il faut quand même faire la distinction
entre les deux, oui. Je pense que c'est particulièrement important dans le cas
des centres de services scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met fin à l'échange. Donc, Me Kirouac, M. Tremblay, M. Lambert,
merci de votre participation à la commission parlementaire.
Nous allons suspendre quelques instants
pour permettre à l'Institut de coopération de l'éducation des adultes de
prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 44)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la commission reprend ses travaux, et nous
allons entendre M. Daniel Baril, directeur général de l'Institut de
coopération pour l'éducation des adultes. Vous avez une dizaine de minutes pour
nous présenter votre mémoire, M. Baril. Ça sera suivi des échanges avec
les parlementaires. Bienvenue à l'Assemblée.
Institut de coopération pour l'éducation des
adultes (ICEA)
M. Baril
(Daniel) : Merci bien, Mme la Présidente. M. le ministre, MM.
et Mmes les membres de la commission, d'entrée de jeu, nous voulons vous
remercier de nous avoir invités à présenter nos considérations à votre commission.
Pour l'essentiel, les débats entourant le projet de loi n° 40 ont porté
sur des questions qui relèvent principalement du secteur des jeunes pour toutes
sortes de bonnes raisons. En nous invitant, vous témoignez d'un intérêt pour la
portée de ce projet de loi sur le secteur de la formation générale des adultes,
la FGA pour la suite des choses, et de la formation professionnelle, la FP pour
la suite de ma présentation. Nous incluons la formation professionnelle dans
notre propos sur l'éducation des adultes, puisque 56 % des élèves de ce
secteur ont plus de 25 ans, et la moyenne est autour de 26, 27 ou 28 ans. On
peut, en toute légitimité, les considérer comme des adultes.
Tout d'abord, l'ICEA est un organisme
fondé en 1946, donc nous existons depuis un petit moment. Depuis 73 ans, nous
oeuvrons à la promotion et au développement de l'éducation des adultes au
Québec. Nous regroupons plus de 120 organisations dans tous les domaines de
l'éducation des <adultes…
M. Baril
(Daniel) : ...les considérer comme des adultes.
Tout d'abord, l'ICEA est un
organisme
fondé en 1946, donc nous existons depuis un petit moment. Depuis 73 ans,
nous oeuvrons à la promotion et au
développement de
l'éducation
des adultes au
Québec. Nous
regroupons plus de
120 organisations dans tous les domaines de l'éducation des >adultes
au niveau local, régional et provincial national, et nous avons une charte
fédérale, donc on a aussi un champ d'action qui est du côté des communautés
francophones en situation minoritaire au Canada.
À la lecture du projet de loi, nous avons
constaté une situation qui se produit souvent lorsqu'il est question de
politiques ou d'orientations en éducation : l'éducation des adultes est ou
bien insuffisamment prise en compte ou tout simplement oubliée, en fait, sous
le couvert d'un propos sur l'éducation où on traite, en fait, de l'éducation
des jeunes. Donc, il y a une nuance qu'il faudrait faire, à un moment donné, bien
distinguer, quand on parle d'éducation, parlons-nous des jeunes, des adultes ou
de l'ensemble des populations?
Le projet de loi n° 40 est un exemple
de ce phénomène. Définitivement, ce projet de loi propose des changements
substantiels au modèle de gouvernance scolaire. Étant une organisation oeuvrant
dans le domaine de l'éducation des adultes, nous apporterons un éclairage sur
ces changements à partir d'une perspective propre à l'éducation des adultes.
Notre mémoire comporte deux grands
questionnements : un premier touchant au fond du projet de loi, un second
concerne plus directement la prise en compte de la FGA et la FP dans le modèle
de gouvernance proposé. Nous centrons notre propos sur deux acteurs qui nous
apparaissent négligés dans le modèle de gouvernance qui est avancé dans le
projet de loi n° 40 : la population prise dans son ensemble et les
élèves adultes. Ça se peut que je dise «étudiants», j'ai de la misère à dire
«élèves» pour des adultes, mais, vous me comprendrez, c'est les «élèves» au
sens de la loi.
Premier questionnement, un modèle de
démocratie scolaire qui, selon nous, comporte d'importantes lacunes. À l'origine
du projet de loi réside en partie l'évaluation faite par le gouvernement de
lacunes supposées à la démocratie scolaire. Le principal problème évoqué, le
faible taux de participation aux élections scolaires. Or, en matière de
démocratie scolaire, le projet de loi n° 40, selon
nous, propose une solution qui comporte plus de lacunes que le problème que le
gouvernement cherche à solutionner. Essentiellement, à un bassin universel
d'électrices et d'électeurs on substitue des collèges électoraux, grosso modo,
composés d'un nombre restreint de personnes. Au final, le modèle proposé
souffre de plus grandes lacunes en matière de démocratie scolaire que ce qu'on
impute au système en place.
En outre, au coeur des changements
proposés réside une transformation fondamentale du modèle démocratique. Dans
l'état présent des choses, l'ensemble des citoyens et des citoyennes peut
choisir les personnes qui président à la gestion scolaire dans leurs régions.
Or, dans le projet de loi n° 40, le choix de ces représentantes et de ces
représentants reviendrait uniquement aux parents d'élèves qui siègent au
conseil d'établissement de l'école de leur enfant. Aussi légitime que cela peut
être, il y a beaucoup d'autre monde qui aurait un mot à dire sur la gestion
scolaire, et qui l'ont présentement, mais à qui on enlève un certain droit. Ce
changement réduit à sa plus simple expression le modèle de gouvernance. Ainsi,
en lieu et place d'un modèle de gestion démocratique de l'école par l'ensemble
de la population, le gouvernement propose un modèle basé sur le client, soit le
parent d'élève, et uniquement le parent d'élève qui a la possibilité de
s'engager dans la gouvernance de l'école de son enfant. J'ai apprécié les
remarques du Directeur général des élections sur qui s'implique, qui a la
capacité, le loisir et les ressources de s'impliquer. C'est très pertinent dans
le sens de notre remarque.
Même les représentants de la communauté
seront élus par les parents. Donc, les gens de la communauté ne seront pas
redevables à l'ensemble des payeurs, des contributeurs mais aux parents qui les
auront élus. Étant donné le caractère public de l'éducation et l'importance que
toutes et tous puissent se prononcer sur son avenir, il est justifié pour nous
de miser sur un modèle de gouvernance qui soit le plus démocratique possible.
Par ailleurs, le projet de loi n° 40
traite de manière inéquitable les citoyens et les citoyennes selon qu'ils
soient francophones ou anglophones. Ces derniers bénéficient d'un régime
électif universel, alors qu'une large part de la population francophone se voit
retirer ce droit d'élire les personnes siégeant aux conseils d'administration
des centres des services scolaires. Il importe donc de préserver une
participation citoyenne large aux décisions prises en matière scolaire. Nous
avons deux recommandations sur ce thème : première recommandation, octroyer
aux citoyens et aux citoyennes francophones le même régime électif des
représentants et des représentantes aux conseils d'administration des centres
de services scolaires que celui accordé aux citoyens et aux citoyennes
anglophones; recommandation n° 2, accorder un poids
plus important aux représentants et aux représentantes de la communauté dans le
prochain modèle de gouvernance scolaire.
• (15 h 50) •
Deuxième considération, prendre en compte
les spécificités de l'éducation des adultes, et nous avons focalisé sur une
idée : la représentation des élèves adultes dans la nouvelle gouvernance.
Le projet de loi n° 40 est d'abord et avant tout, pour nous, un projet de
loi proposant des changements à la gouvernance scolaire du secteur de la
formation générale des jeunes, en fait foi le rôle central accordé aux parents
d'élèves dans le nouveau modèle de gouvernance, aussi légitime que cela puisse
être. Or, ce pouvoir accordé aux parents à l'égard de l'éducation des enfants
ne s'applique pas lorsqu'il est <question...
M. Baril
(Daniel) : ...est d'abord et avant tout, pour nous, un
projet
de loi proposant des changements à la gouvernance scolaire du secteur de la
formation générale des jeunes, en fait foi le rôle central accordé aux parents
d'élèves dans le nouveau modèle de gouvernance, aussi légitime que cela puisse
être. Or, ce pouvoir accordé aux parents à l'égard de l'éducation des enfants
ne s'applique pas lorsqu'il est >question de la FGA et de la FP,
puisqu'on on a devant nous des adultes eux-mêmes et qui souvent sont eux-mêmes
parents et peut-être même parents d'enfants qui sont au primaire et au
secondaire.
La FGA et la FP comportent des
spécificités qui les distinguent de la formation générale des jeunes. Au
premier chef, la perspective de l'éducation des adultes recommande d'accorder
aux personnes apprenantes un pouvoir sur les décisions éducatives les
concernant. L'inclusion d'une représentation étudiante au sein des actuels
conseils d'établissements des centres d'éducation des adultes et des centres de
formation professionnelle va dans ce sens. Or, le projet de loi n° 40 ne
fait pas écho à cette représentation au sein du conseil d'administration du centre
de services scolaire. C'est ce qui justifie nos recommandations.
Troisième recommandation, assurer une
représentation des élèves adultes des centres d'éducation des adultes et des
centres de FP au conseil d'administration des centres de services scolaires.
Quatrième recommandation, assurer une
représentation des mêmes élèves des centres d'éducation des adultes et des
centres d'éducation de formation professionnelle, ainsi que des élèves à
besoins particuliers au comité d'engagement pour la réussite scolaire.
Cinquième recommandation, assurer une
représentation des élèves adultes ayant des besoins particuliers au sein de la
gouvernance scolaire, et nous proposons la création d'un comité consultatif des
services aux élèves de la FGA et de la FP ayant des besoins particuliers. Le
concept de handicap est moins présent à l'éducation des adultes. Il y a une
notion plus large de besoins particuliers qui justifie d'avoir une voix au sein
des processus décisionnels pour bien entendre les besoins de ces personnes.
Nos recommandations font valoir une
représentation accrue des étudiantes et des étudiants des centres d'éducation
des adultes et des centres de formation professionnelle dans la gouvernance
scolaire. Une telle représentation est un principe de base de la perspective de
l'éducation des adultes. En ce sens, nos recommandations militent pour une modification — une
revendication historique du mouvement des étudiants adulte — de la
Loi sur l'accréditation et le financement des associations d'élèves ou
d'étudiants pour élargir cette loi aux centres d'éducation des adultes et aux
centres de formation professionnelle. Les élèves à la FGA et à la FP sont des
adultes. À ce titre, il est légitime qu'ils bénéficient d'une reconnaissance et
participent aux décisions les concernant.
En conclusion, l'éducation des adultes est
un domaine fort complexe, on en convient. Prendre en compte ces réalités
comporte son lot d'exigences. Dans cette optique, nous estimons que le projet
de loi comporte d'importantes lacunes. En fait, à sa décharge, la situation
actuelle, aussi, de la gouvernance comporte des lacunes sous l'angle de
l'éducation des adultes. Dans des déclarations sur l'éducation des adultes,
l'UNESCO rappelle que la gouvernance de l'éducation des adultes repose sur une
participation de l'ensemble des parties prenantes, incluant les élèves, ou les
étudiants, ou les adultes en apprentissage eux-mêmes. Pour ces raisons, les
propositions incomplètes du projet de loi n° 40, comme de la situation
actuelle, eu égard à l'éducation des adultes, confirme notre évaluation qu'il
serait pertinent d'adopter une nouvelle politique d'éducation des adultes. Une
telle politique permettrait entre autres de clarifier cette question complexe
de la gouvernance de l'éducation des adultes et de la participation des
apprenants adultes aux décisions qui les concernent. M. le Président, je vous
remercie.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé, M. Baril. Nous sommes maintenant prêts à
passer à la période d'échange, et nous commençons avec M. le ministre pour une
période de 16 minutes. À vous la parole, M. le ministre.
M. Roberge : J'allais
dire «merci, Mme la Présidente», mais je trouvais que vous aviez changé
passablement dans l'intervalle. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Je suis habitué d'être échangé, moi, monsieur.
M. Roberge : Très bon. Je
vous remercie, M. le Président. Merci pour votre présentation. Quelques
remarques, quelques questions. Vous dites, à la page 4 de votre mémoire :
«Le principal problème évoqué est le faible taux de participation aux élections
scolaires», pour arriver avec un changement. Je ne suis pas d'accord avec ça. Ce
n'est pas le principal problème évoqué. C'est parfois une réponse quand des
gens qui veulent défendre un statu quo, le système actuel, ils disent :
Bien, regardez, voyons, nous avons une formidable légitimité démocratique, comment
pouvez-vous remettre ceci en cause? Puis là on dit : Oui, bon, écoutez,
avec un taux de participation de moins de 5 %, on repassera.
Mais l'objectif et la raison pour laquelle
on veut revoir, moderniser la gouvernance scolaire, ce n'est pas à cause du
faible taux. Ce n'est pas ça, l'argument principal. Ce n'est pas ce qui nous
amène à moderniser ça. On pense qu'il est pertinent de remplacer une
gouvernance, en ce moment, avec des minigouvernements élus qui veulent arriver
avec des politiques éducatives. Davantage, on veut remplacer ceci et non pas
l'abolir, mais le remplacer, et le transformer par des centres administratifs,
des centres de services scolaires qui seraient là pour coordonner, <aider...
M. Roberge : ...en ce
moment, avec des minigouvernements élus qui veulent arriver avec des politiques
éducatives. Davantage, on veut remplacer ceci et non pas l'abolir, mais le
remplacer, et le transformer par des centres
administratifs, des centres
de services scolaires qui seraient là pour coordonner, >aider, soutenir,
apporter de l'équité, mais non pas gouverner les écoles et non pas diriger les
écoles à distance. C'est un changement de paradigme, mais qui n'est pas basé
sur le simple fait que le taux de participation est très, très bas.
D'ailleurs, j'apprenais tout à l'heure,
là, qu'à la commission scolaire Coeur-des-Vallées il y a un commissaire,
lui-même, qui est venu un peu dire ce qu'on pense, il est allé dire : «Le
projet de loi prévoit entre autres le passage d'une démocratie élective au
suffrage universel à une démocratie élective de type communautaire.
Personnellement, je crois à ce nouveau moyen. Je suis d'avis que ce type de
gouvernance correspond davantage à ce que nous sommes devenus comme
organisation.» Et c'est un commissaire actuellement en poste à la commission
scolaire Coeur-des-Vallées qui appuie la transformation pour les mêmes raisons
que nous, et non pas en disant : J'ai été élu avec seulement x pour cent
de la population, changeons la gouvernance. Je ne sais pas, d'ailleurs, avec
combien de votes ce commissaire a été élu ou pas, là n'est pas l'objet. Donc,
je tenais à préciser, ici, ce n'est pas ça, les fondements.
Maintenant qu'on veut améliorer la
gouvernance, on prend des gestes, on pose des choses, puis on tient compte,
justement, de la formation générale des adultes, et on en profite pour corriger
plusieurs des failles, des lacunes qu'il peut y avoir dans la loi actuelle. Une
des choses, c'est que les gens qui sont en formation des les adultes ne sont
pas visés par les plans de lutte à l'intimidation. Donc, une des mesures dans
ce projet de loi là, c'est de les inclure.
D'ailleurs, moi, j'avais dénoncé, à
l'origine... Je cherchais une façon de protéger les étudiants adultes. Et,
quand le précédent gouvernement, la précédente ministre de l'Enseignement
supérieur avait fait un projet de loi pour lutter contre les violences
sexuelles sur les campus, je lui avais dit, à l'époque : Bien, est-ce
qu'on peut trouver une façon... Et c'est un projet de loi qui était très bon,
d'ailleurs. On a travaillé à le bonifier, mais je pense que c'était une bonne
initiative. J'avais dit, à l'époque : C'est quoi, vraiment, la différence
entre un jeune ou une jeune de 22, 23, 24, 25 ans qui est au cégep, à
l'université ou dans un centre de formation générale des adultes? Pourquoi cet
élève-là en CFGA ne serait pas protégé? Puis, bon, malgré les suggestions, ça
n'avait pas été modifié là. Vous comprenez que, maintenant qu'on a une autre
opportunité, on en profite. Est-ce que vous pensez que c'est pertinent? Est-ce
que vous pensez que ça devrait être dans le cadre de cette loi-là? Puis est-ce
que vous avez des suggestions à nous faire pour, dans le cadre de ce projet de
loi là, mieux protéger les élèves ou étudiants adultes avec des plans de lutte
contre l'intimidation et même contre les violences sexuelles?
M. Baril
(Daniel) : Bien, je crois que c'est à saluer. On a focalisé
notre intervention sur la mécanique de la gouvernance parce que le projet de
loi, sans être omnibus, comporte des éléments de différentes natures, là, de la
formation continue du personnel, qui peut relever de relations
patronales-syndicales, à d'autres éléments. Donc, ça, c'est à saluer.
Il y a une perte dans le passage du modèle
en place à un nouveau modèle. C'est ce qu'on a essayé de traduire par une
recommandation sur accorder plus de poids à la communauté. Présentement, les
commissaires, la formule commissaires, vous pouvez lui trouver plusieurs
défauts, elle a un avantage, c'est que c'est des gens qui sont libres d'attaches
par rapport aux arbitrages qu'ils font à l'échelle régionale. Ils ne sont pas
des représentants d'un groupe, d'un acteur particulier, du jeu autour de la
décision en éducation et ils tirent leur légitimité, aussi faible que le taux
de participation puisse être, là, de l'ensemble de la population. Ça, c'est un
élément du système en place qui devrait être renforcé. Il y a des représentants
de la communauté, mais il y a deux lacunes dans tout ça : un, ils doivent
témoigner de certaines expertises techniques pour être des administrateurs, et
quelqu'un qui souhaiterait se présenter sans avoir ces éléments-là aurait une
prise contre elle-même, et, l'autre, ils sont choisis par des parents.
Il y a un élément, peut-être, de la
situation en place qu'il faudrait renforcer, c'est comment tous les parents
pourraient quand même être au jeu d'une décision des gens qui les représentent,
et tous les citoyens, pas juste les parents, là, tous les citoyens. Il y a
présentement un comité de parents. Pourquoi ne pas avoir un comité de la
communauté, qui, elle-même, là, de ce comité-là, et ses électeurs, là,
déciderait des gens qui les représentent en fonction de priorités?
• (16 heures) •
Ce qui est intéressant, je trouve, dans la
gouvernance actuelle... et elle a une longue histoire, là, elle remonte au XIXe
siècle, et son ADN est de représenter la communauté, et même face à l'État. Au
XIXe siècle, il y avait un peu ça dans l'origine des commissions scolaires,
c'est un gouvernement, effectivement, et il y a une légitimité que ça soit un
gouvernement parce que l'instruction obligatoire et la formation de base, ce
n'est pas la même chose que le cégep et l'université. Toute la société investit
dans la construction d'une nouvelle génération, c'est des choix parentaux,
c'est des choix de communauté. Et il y a une pertinence à essayer de garder un
élément de ce modèle-là, au-delà... un procès, ou une critique, ou une demande,
je ne <sais pas...
>
16 h (version révisée)
< M. Baril
(Daniel) : ...la
formation de base, ce n'est pas
la
même chose que le cégep et
l'université. Toute la société investit dans
la construction d'une nouvelle génération, c'est des choix parentaux, c'est des
choix de communauté. Et il y a une pertinence à essayer de garder un élément de
ce modèle-là au-delà... un procès, ou une critique, ou une demande
, je
ne >sais pas, qu'on peut faire à l'égard des commissaires, qui va
au-delà du taux de participation. Donc, il y a un équilibre, là, dans la
gouvernance, qui est perdu. Et tous les gens qui paient des taxes scolaires, ce
n'est pas tous ces gens-là qui auront un mot à dire et ce n'est pas tous ces
gens-là qui vont pouvoir exprimer leur point de vue, à moins de faire des
enfants et de devenir un parent d'élève à un moment donné. C'est un lourd prix
à payer pour pouvoir voter.
Et, sous l'angle des politiques en
éducation des adultes, elle est pertinente, la politique de lutte à l'intimidation,
aussi, mais ça dépasse les éléments de gouvernance, c'est des éléments de
politique. C'est ce qui explique qu'on ne l'a pas saluée — je le fais
en séance, ici, c'est une bonne chose — puis qu'on a fait porter plus
directement sur la représentation, la mécanique de la gouvernance elle-même.
Le Président (M. Ciccone) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je vais
laisser mon collègue de Richelieu.
Le Président (M. Ciccone) :
M. le député de Richelieu, à vous la parole.
M. Émond : Merci, M. le
Président. M. Baril, bonjour. C'est un plaisir de discuter avec vous
aujourd'hui, parler un peu de formation générale aux adultes, de formation
professionnelle. Vous savez, le ministre est accompagné de ses deux adjoints
parlementaires. Puis le rôle des adjoints, moi, je vois ça un petit peu
comme... de mon côté, pour la formation professionnelle, et, pour mon collègue
de Saint-Jérôme, qui m'a parlé, d'ailleurs, de vous en bien, vous avez eu la
joie de vous connaître dans une autre vie, je crois... les adjoints
parlementaires, on supporte le ministre, hein, on le conseille dans toutes
sortes de dossiers, et puis, tu sais, je nous vois un petit peu, les adjoints,
chacun sur son épaule, de chaque côté, là, pour lui souffler à l'oreille de ne
pas oublier nos champs de compétence respectifs. Mais je suis content parce
qu'on collabore avec un ministre qui a à coeur l'ensemble du domaine de
l'éducation au Québec, incluant, en ce qui me regarde, la formation
professionnelle et la formation générale aux adultes.
Puis là je vous rejoins, parce qu'il y a
des particularités propres à ces secteurs qui sont vraiment très précises. J'ai
eu le bonheur, dans les derniers mois, de visiter plusieurs centres de
formation professionnelle, de Terrebonne à Sorel-Tracy, dans mon coin, à
Rivière-du-Loup, chez le collègue, à Sherbrooke la semaine prochaine. Et, dans
chacune des régions du Québec, les centres de formation professionnelle ont
tous à peu près les mêmes enjeux à des niveaux différents. Il y a une particularité,
puis je ne vous apprends rien là-dedans, là, le taux d'inscription... pas
seulement l'inscription, mais la diplomation en formation professionnelle est
directement liée avec la force de l'économie, le taux de chômage. Puis, comme
au Québec, bien là, on est dans un mode de pénurie de main-d'oeuvre, les
inscriptions sont plus difficiles ou, en tout cas, ne sont pas ce qu'elles ont
déjà été puis, plus loin, la diplomation. Pourquoi la diplomation? Parce que
les employeurs viennent littéralement s'arracher les étudiants en plein milieu,
avant même la fin de leur formation, pour arriver à combler leurs besoins de
main-d'oeuvre. Puis ça, c'est quelque chose que je trouve très désolant,
déchirant même, parce que c'est important que chacun de nos jeunes et moins
jeunes, les adultes qui fréquentent ces réseaux sortent de là avec un diplôme
qualifiant, pour plusieurs raisons. Une des premières, c'est que — puis
je ne veux pas être un prophète de malheur aujourd'hui — à un moment
donné, le cycle économique, il va se renverser un peu, hein? La dernière grande
récession, 2008, moi, j'étais dans le monde des affaires à cette époque, puis
là ça fait quand même au-delà de 10 ans, puis on a des collègues, au sein
du Conseil des ministres, beaucoup plus qualifiés que moi pour parler de ça,
mais on avait le collègue de Robert-Baldwin, hier, justement, qui en parlait, alors,
il faut quand même se préparer et même en éducation. Puis ce que je trouve
triste, c'est quand nos jeunes et moins jeunes sont happés par le milieu des
affaires, par les entrepreneurs avant même d'avoir obtenu un diplôme
qualifiant, ce qui fait en sorte que, quand le cycle économique va s'inverser,
parce qu'à un moment donné ça va arriver, bien, ça sera les premiers qui seront
licenciés dans leurs emplois respectifs, puisqu'ils seront sans diplôme. Alors,
c'est important, collectivement, ensemble, de prendre les moyens de les amener
vers la diplomation, le cheminement complet de leur formation.
Mais là c'est un long préambule, et avant
même que la collègue soulève un point de règlement pour non-pertinence, je
reviens dans le projet de loi.
Une voix : ...
M. Émond : Ah! merci. Tout
ça pour vous dire que, dans vos suggestions, vous proposez, à raison, que la
formation professionnelle... la FP et la FGA aient davantage de place ou soient
entendues au sein des conseils d'administration. Donc, le projet de loi prévoit
déjà une forme de représentation de la FP puis de la FGA dans les conseils
d'administration, dans les comités d'engagement pour la réussite, dans le
comité de répartition des ressources. Chaque centre d'éducation des adultes
doit déjà instituer un conseil d'établissement dans lequel il y a des élèves
adultes. Alors donc, il y a une place qui est <réservée...
M. Émond : ...
prévoit
déjà une forme de représentation de la FP puis de la FGA dans les conseils
d'administration, dans les comités d'engagement pour la réussite, dans le
comité de répartition des ressources. Chaque centre d'éducation des adultes
doit déjà instituer un conseil d'établissement dans lequel il y a des élèves
adultes. Alors donc, il y a une place qui est >réservée dans les
conseils d'administration, dans le projet de loi, pour une personne de 18 à 35
ans — je pense qu'on est pas mal dans les cibles évoquées — et
un élève adulte pourrait donc poser sa candidature au sein du conseil
d'administration. Est-ce que ça, c'est quelque chose qui vous satisfait? Quelle
représentation supplémentaire souhaitez-vous avoir?
M. Baril (Daniel) :
Oui, bien, ce n'est pas satisfaisant. Nous proposons vraiment le même modèle
qu'on retrouve dans les cégeps et dans les universités : des représentants
étudiants de la FGA. Et toute la mécanique est en place, hein, la même
mécanique que pour les parents. Il y a déjà des étudiants qui siègent au
conseil d'établissement. Donc, le bassin d'électeurs est déjà constitué, on
peut prendre, par symétrie, la même mécanique que chez les parents.
Et il y a une différence d'avoir
précisément des représentants étudiants, parce que les gens de la FGA, les
élèves, les étudiants de la FGA et de la FP ont des problématiques complètement
différentes de celles des jeunes : conciliation famille-travail... Les
exemples que vous soulevez sont intéressants. Quelqu'un qui a quitté son
emploi, qui retourne aux études, qui se demande un peu comment faire, il n'y a
rien de mieux qu'une association étudiante pour l'appuyer puis il n'y a rien de
mieux qu'un représentant de son association étudiante pour faire valoir des
problématiques, par exemple, de retour aux études, après une longue période, de
travailleurs qui sont au chômage en formation professionnelle ou à la FGA. Il y
a beaucoup de personnes immigrantes, etc., qui sont là.
Donc, de la même manière... Les
intervenants précédents, dans les cégeps, soulevaient la présence d'étudiants
dans les conseils d'administration des cégeps. Ils sont appuyés par une
association qui a des moyens, qui a du personnel pour les aider à passer au
travers toutes les problématiques. Il y a une structure de représentativité.
Donc, ce n'est pas juste un individu de 18 à 35 ans qui a fait un petit
dépliant électoral et qui a été élu, c'est des gens qui font partie d'un corps,
d'une organisation, au même titre que le personnel, au même titre que les
directeurs.
Donc, c'est un peu de jouer à forces
égales — non seulement accorder une voix aux étudiants, mais de jouer
à forces égales — en leur permettant d'avoir des associations qui les
soutiennent fortement, au même titre que tous les autres acteurs du monde de
l'éducation qui participent aux conseils d'administration et à tous les
processus et comités décisionnels qu'il peut exister.
M. Émond : Vous avez
sûrement vu, dans le projet de loi, qu'il y a une formation, hein, qui est
évoquée pour les membres du conseil d'administration qui vont prendre place au
sein des centres de services. Puis moi, je pense que cette formation-là peut
être une bonne occasion de sensibiliser les gens qui vont en faire partie, dans
le cadre de la formation, aux besoins. Tantôt, vous avez évoqué les besoins
particuliers de la clientèle adulte, ça, je vous rejoins là-dessus. Donc, on
peut également, au sein de cette formation-là, je crois, éduquer ou, en tout
cas, sensibiliser les gens qui vont faire partie du conseil d'administration
aux spécificités de la formation professionnelle et de la FGA. Est-ce que vous
pensez que c'est une avenue qui peut être aussi intéressante?
M. Baril (Daniel) :
Je pense, si vous demandez à des travailleurs de ne pas se syndiquer puis de
dire qu'il y aura un comité qui va sensibiliser la partie patronale à leur
réalité, ils vont vous dire : On n'est jamais mieux servi que par
soi-même. C'est la même logique qui s'applique là aussi. La sensibilité est
nécessaire, encore plus pour les étudiants à besoins particuliers, mais d'avoir
son propre représentant autour de la table qui participe, qui est appuyé par
une association représentative qui l'outille... Il n'y a rien de mieux que se
défendre soi-même et faire entendre son propre point de vue, aussi pertinente
que soit la sensibilisation de tout le monde autour de la table aux réalités de
tout le monde.
Le Président (M. Ciccone) :
Il vous reste une minute, M. le député.
M. Émond : Je vais
prendre mes dernières secondes juste pour vous remercier de votre passage, des
propositions fort pertinentes que vous faites. On va sûrement en débattre lors
de l'étude détaillée puis écouter nos collègues des oppositions, comme on l'a
fait dans tous les autres projets de loi qui ont trait à l'éducation. On
revient de la sanction du p.l. n° 5 et on était
heureux de dire au lieutenant-gouverneur combien M. le ministre a fait preuve
d'écoute, de collaboration pour prendre... On a discuté beaucoup, on a discuté
longuement, et il y a des choses intéressantes qui ont été retenues qui font
maintenant partie du projet de loi n° 5. Et ce sera
assurément le cas... je ne suis pas en train de parler que ça va être le cas,
de discuter longuement, mais de prendre des points intéressants des collègues
de l'opposition. Tout ça pour dire : Je vous remercie de votre passage.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. le député. Maintenant, la parole est à un membre de
l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole est à vous
pour 10 min 40 s.
• (16 h 10) •
Mme Rizqy : Merci. Je
vais essayer de faire plus court que le député de Richelieu. Écoutez, tantôt,
le député de Richelieu a dit que... ce n'était peut-être pas pertinent, tout ce
qu'il disait, mais, oui, effectivement, il y a des passages qui étaient quand
même pertinents, surtout lorsqu'il a parlé qu'il a été adjoint parlementaire,
avec son collègue le député de Saint-Jérôme, au ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur et qu'ils agissaient un petit peu comme les deux voix
autour des oreilles du ministre de l'Éducation. Eh bien, j'ai envie de leur
dire que nous autres aussi, on trouve ça triste de voir des étudiants qui sont
appelés à aller au <marché...
Mme Rizqy : ...
surtout
lorsqu'il a parlé qu'il a été adjoint parlementaire, avec son collègue le
député de Saint-Jérôme, au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur et qu'ils agissaient un petit peu comme les deux voix autour des
oreilles du ministre de l'Éducation. Eh bien, j'ai envie de leur dire que nous
autres aussi, on trouve ça triste de voir des étudiants qui sont appelés à
aller au >marché du travail trop tôt. Mais qu'est-ce que je trouve
encore plus triste, aujourd'hui, c'est que, quand vous nous parlez enfin de pénurie
de main-d'oeuvre, c'est qu'en ce moment même, au Québec, on en a, des gens, on
a des étudiants qui sont ici, au Québec, qui ne demandent que ça, pouvoir
s'intégrer. Ils sont francisés, ils ont des diplômes du Québec. Avec le
programme d'excellence québécoise, que vous êtes en train de mettre la hache
dedans, s'il vous plaît, prenez votre rôle d'adjoint parlementaire, saisissez
l'opportunité, parce que je refuse de croire que notre ministre de l'Éducation
n'a pas de coeur, ça, je refuse de le croire.
Et, en parlant de formation
professionnelle, moi, ma collègue la députée de Mille-Îles est aussi
porte-parole en formation professionnelle, alors je lui cède la parole.
Bienvenue parmi nous. La table est mise.
Le Président (M. Ciccone) :
Avez-vous une question, Mme la députée?
Mme Rizqy : Ah! je
passais la…
Le Président (M. Ciccone) :
Ah! parfait, O.K. Donc, Mme la députée des Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme
Charbonneau
:
Merci, M. le Président. Bonjour, M. Baril.
M. Baril (Daniel) :
Bonjour.
Mme
Charbonneau
:
Vous allez bien?
M. Baril (Daniel) :
Très bien, et vous?
Mme
Charbonneau
:
Ça va bien. Merci d'être là. Effectivement, vous représentez un grand nombre de
gens qui sont plus souvent qu'autrement un peu transparents dans l'ensemble du
monde scolaire. Je le dis parce que quelquefois on se déchire pour vous avoir.
Moi, je me souviens de débats où les cégeps disaient que vous deviez être sous
leur joug puis que, même, vous faisiez un peu le travail qu'eux faisaient. À
d'autres endroits, j'ai entendu la formation professionnelle parler de vous
dans… pas de vous personnellement, mais de l'institution de l'éducation des
adultes sous une autre forme.
Donc, quand, au départ, vous avez dit :
Je me sens investi de représenter l'éducation des adultes et la formation
professionnelle, je vous sens plus fort en éducation des adultes, puisque la
formation professionnelle, pour moi, c'est une branche juste à côté. Mais
j'entends, quand vous nous dites : Je représente les adultes en éducation,
pas ceux qui enseignent, mais ceux qui sont apprenants, et donc merci de le
faire avec autant d'élégance.
J'ai trouvé, comme vous, qu'il y avait pas
mal de lacunes dans le projet de loi n° 40. Mais, ceci dit, je vais
revenir sur certaines questions. Il y a quelques années, on ne parlait pas du
tout d'élèves HDAA chez les adultes. On mentionnait à peine du bout des lèvres
les élèves de 16 ans. Parce que mon collègue relève avec justesse le fait qu'en
formation professionnelle les gens qui doivent faire un stage, des fois, ne
reviennent jamais, et c'est un problème qu'on a.
Mais un autre problème qu'on a en
éducation des adultes, c'est un élève qui décide de décrocher pour toutes
sortes de raisons, hein, le travail, ça peut être la maladie, mais ça peut être
aussi un moment d'égarement, et sa seule façon de revenir, c'est par le biais
de l'éducation des adultes. Et quelquefois vos installations sont à même une
école secondaire, ce qui crée une problématique de fréquentation, parce que le
jeune ne veut pas revenir dans son école secondaire, mais c'est là qu'elle est,
l'école des adultes, donc ça crée une problématique.
Je reviens sur mes EHDAA. Ça n'existait
pas, il y a quelque temps, le discours où on parlait des adultes avec certaines
difficultés, mais qui décidaient d'allonger le temps d'études pour pouvoir
atteindre ce but ultime du secondaire V. Quand vous nous dites : On
aimerait avoir une place, puis on a une place à prendre, est-ce que, dans les
comités EHDAA des commissions scolaires, il y a un siège qui est réservé pour
l'éducation des adultes?
M. Baril (Daniel) :
À ma connaissance, pour les élèves du primaire, secondaire, le côté… parce que
l'expression «EHDAA» n'est pas utilisée, c'est «à besoins particuliers», puis
qui dépasse les handicaps et qui est très, très large. Donc, c'est un peu pour
faire miroir à cette réalité-là chez les jeunes qu'on a proposé un comité
distinct, parce que les univers sont tellement différents, et les parents sont
peut-être au jeu, pas au jeu, c'est un autre univers. Bon, ce n'est pas une
question de fond, mais on trouvait plus intéressant, plus productif de séparer
les discussions des élèves handicapés ou à besoins particuliers chez les jeunes,
et chez les adultes, et aussi en FP, parce que, là, on peut être avec des gens
de 20, 30 ans, et l'univers de problématiques est complètement différent. Ce
n'est pas une question de fond, mais on trouvait plus intéressant…
Puis aussi les gens de l'éducation des
adultes sont un peu chats échaudés, hein? Chaque fois qu'on parle d'éducation,
on parle des jeunes, puis nous, on se sent tout le temps un petit peu le parent
pauvre, ça fait qu'on a un réflexe de dire : Bien, on va avoir notre
espace à nous à quelque part, mais de proposer, au sein des centres de services
scolaires, d'avoir un représentant étudiant FP-FGA. Il y a déjà des
représentants de ces secteurs-là. C'est intéressant, là, de les mettre ensemble
à l'échelle régionale parce qu'on peut travailler sur la perspective de
l'apprentissage tout au long de la vie, et garder l'idée de continuum jeunes-adultes,
et créer, à l'échelle régionale, une vision plus holistique, pour prendre un
mot propre aux politiques d'éducation des adultes, dans ces questions-là. Donc,
à cette échelle-là, c'était intéressant. Et aussi, au comité sur la réussite
scolaire, d'avoir, là aussi, des élèves... d'étudiants adultes pour travailler <les…
M. Baril (Daniel) :
...
tout au long de la vie, et garder l'idée de continuum jeunes-adultes,
et créer, à l'échelle régionale, une vision plus holistique, pour prendre un
mot propre aux politiques d'éducation des adultes, dans ces questions-là. Donc,
à cette échelle-là, c'était intéressant. Et aussi, au comité sur la réussite
scolaire, d'avoir, là aussi, des élèves... d'étudiants adultes pour travailler
>les questions de projets pédagogiques et réagir à l'échelle régionale
plus fortement, là on trouvait ça intéressant de garder ensemble, de ne pas
avoir une instance distincte pour travailler la perspective de l'éducation tout
au long de la vie, qui est aussi de regarder préscolaire, jeunes et adultes de
manière plus transversale et construire des parcours.
Mme
Charbonneau
:
Je trouve que votre proposition est fort intéressante, d'autant plus que, si on
ajustait quelques formations professionnelles, on pourrait donner un métier à
des gens qui ont un léger handicap et les aider à contribuer au quotidien dans
le parcours d'une vie d'une communauté, ce qui, maintenant, ne se fait pas parce
qu'on doit faire une formation. Je vous donne l'exemple, là, très court, mais,
en conciergerie, il y a un cours de formation professionnelle, mais il est tellement
cadré que quelqu'un qui a une légère déficience ne peut pas le suivre dans les
mêmes délais, ce qui fait en sorte qu'on prive des gens d'avoir une belle
formation puis de participer à la communauté. Donc, j'entends votre idée de
regroupement et je le trouve fort intéressant.
J'ai particulièrement été interpelée par
votre commentaire d'avoir le choix d'aller à l'école et avoir l'obligation
d'aller à l'école. J'y accole la même perspective entre être obligé d'aller à
l'école publique ou être choisi pour être à l'école privée. Je le dis en toute
candeur, parce que c'est vraiment ça, il y a vraiment une perspective
différente entre un et l'autre.
Que pensez-vous... ou avez-vous eu écho
des gens que vous représentez sur la formation obligatoire pour les enseignants,
puisque vous avez, vous, des enseignants qui, quelquefois, ne sont pas titrés,
je vais le dire comme ça, ou reconnus comme les enseignants primaire et
secondaire?
M. Baril (Daniel) :
Une précision sur le «nous», nous sommes un centre de recherche, de réflexion
et de promotion de l'éducation des adultes, nous ne gérons pas des établissements,
là. Vous avez eu des syndicats d'enseignants qui sont venus, il y en a un qui
sera là en après-midi, ils sont tout à fait capables de répondre à cette
question-là.
Mais je peux peut-être jeter dans vos réflexions
un principe de base de la formation en entreprise : elle doit être
négociée entre des acteurs, elle doit être convenue. La négociation entre les
attentes de l'employeur et les attentes et les besoins du syndiqué ou du
personnel, qu'il soit syndiqué ou non, est un principe de base de la formation
en entreprise, avec des comités paritaires. Et donc, pour moi, par extension,
ça s'applique aussi à tout ça.
Et, pour ceux d'entre vous qui... vous vous
souvenez, dans les années 80, il y a eu un grand rapport sur l'éducation des
adultes qui mettait l'accent sur le caractère volontaire de l'éducation des
adultes. Et ce principe-là aussi, dans le monde de l'entreprise, un peu moins
volontaire, parce qu'il y a de la négociation entre les besoins de l'entreprise
et ceux des travailleurs, mais c'est un principe qui peut faire partie de vos
réflexions.
Puis, pour ce qui est de l'accord ou non
des représentants des enseignants sur l'obligation spécifique qui est inscrite,
je les considère tout à fait aptes à vous répondre de leur propre voix. Ils
l'ont fait voilà quelques jours puis ils vont sûrement le faire tout à l'heure,
dans deux présentations.
Mme
Charbonneau
:
Sûrement. Dans la volonté du projet de loi n° 40, il
y a des chercheurs. Je vole presque la question de ma collègue de Huntingdon,
qui est toujours celle qui la pose, habituellement. Dans le principe même
d'avoir des gens impliqués, de la recherche, au sein des conseils
d'administration — et j'ai même de la misère à le
dire — est-ce que vous y voyez là une possibilité d'avoir quelqu'un
nommément de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes pour
pouvoir bien guider les gens dans cette perspective de la complémentarité de
services qu'il y a à l'intérieur de ce que moi, je vais continuer à appeler une
commission scolaire?
M. Baril (Daniel) :
J'espérais qu'on me la pose. Elle a été posée au Conseil supérieur de
l'éducation, en écoutant la transmission. C'est probablement un des exemples où
on va voir que l'importance et le poids des problématiques de jeunes vont
prendre le dessus sur celles des adultes, parce que je serais peut-être prêt à
faire une gageure que, dans l'ensemble des nouveaux conseils, le pourcentage
des chercheurs qui seront des spécialistes de l'éducation des adultes risque
d'être plus faible, parce qu'on va privilégier, pour toutes sortes de bonnes
raisons, un expert du primaire ou du secondaire, peut-être même du primaire,
fort probablement. Donc, il y a un risque. On n'a pas proposé d'avoir un
chercheur spécifique de ce domaine-là, parce qu'à un moment donné, si tout le
monde est spécifique, ça va devenir des conseils de 50 personnes, là, mais
c'est un exemple où j'anticipe que c'est fort probable que ça ne soit pas des
chercheurs de la FGA, de la FP ou de l'éducation des adultes qui se retrouvent
aux conseils d'administration, parce que les parents d'élèves vont privilégier
une expertise qui va répondre à leur intérêt et probablement... — je
ne fais pas un procès d'intention, mais je fais l'hypothèse — fort
probablement à leur intérêt, et c'est un risque.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous <plaît...
M. Baril (Daniel) :...
qui se retrouvent aux conseils d'administration, parce
que les parents d'élèves vont privilégier une expertise qui va répondre à leur
intérêt et probablement... — je ne fais pas un procès d'intention,
mais je fais l'hypothèse — fort probablement à leur intérêt, et c'est
un risque.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous >plaît, M. Baril.
M. Baril (Daniel) :
J'ai terminé.
Le Président (M. Ciccone) :
Vous avez terminé? Bien, merci beaucoup. Merci beaucoup, M. Baril. Maintenant,
il est temps de passer la parole à la députée de Sherbrooke pour une période de
2 min 40 s. À vous la parole, Mme la députée.
Mme Labrie : Merci. Je
vais revenir à votre première recommandation, qui est d'octroyer aux
francophones le même régime électif de représentants que celui des anglophones.
Est-ce que, pour vous, c'est discriminatoire, le fait de ne pas donner le même
régime aux deux groupes?
M. Baril (Daniel) :
Ça porte à confusion parce que... Il faudra entendre, à un moment donné, la
raison fondamentale. On peut la deviner. Puis on oublie aussi qu'il y a une loi
sur l'instruction publique des Cris et autres communautés autochtones, qui
n'est pas touchée, donc qui aura le système en place, donc là on va avoir trois
régimes.
Qu'est-ce qui distingue fondamentalement
le fait de distinguer les régimes? Je ne suis pas un avocat, je ne peux pas
répondre à cette question-là. Nous posons la question, mais on la pose en
fonction de l'importance qu'on accorde au choix, à la participation par
l'ensemble de la population aux décisions liées à l'école. Donc, nous, notre
focus, c'est cette population qui perd des droits, les parents qui n'ont pas
d'enfants qui vont à l'école ou les non-parents. Donc, on l'a focalisé là-dessus.
Vous soulevez une question de droit, discrimination.
Je ne veux pas répondre un langage militant, là, les juristes seront à même,
eux-mêmes, de dire s'il y a discrimination ou non. Et j'entendais les gens de
la Fédération des commissions scolaires, ils ont répondu en partie à votre
question.
Mme Labrie : Oui, mais on
essaie d'avoir l'opinion de plusieurs personnes. Et c'est vrai, ce que vous
soutenez, que, bon, pourquoi faudrait-il qu'il y ait des régimes différents
pour des groupes. Qu'est-ce qui distingue vraiment ces groupes-là qui
mériterait qu'ils soient traités différemment? Il y a la question de
l'éligibilité aussi, vous l'avez nommée, là, bon, ce n'est pas tout le monde
qui serait éligible.
À la conclusion de votre mémoire, vous
dites que ce serait le temps d'adopter une nouvelle politique d'éducation des
adultes. À quand remonte la dernière?
M. Baril (Daniel) :
2002. Elle est plus ou moins caduque parce qu'elle ne demeure plus un document
de référence, là. Elle avait un plan d'action qui se terminait en 2007, et,
depuis ce temps-là, les milieux de l'éducation des adultes ont réfléchi : Bon,
est-ce que c'est pertinent? Est-ce qu'il y a des nouveaux contextes? Pas juste
demander pour demander mais justifier.
Et le projet de loi n° 40
nous rappelait que, souvent — ce que je disais en introduction — quand
on a une réflexion sur l'éducation, dans les faits, on a une réflexion sur
l'éducation des jeunes. Et le bout éducation des adultes, parce que c'est un
univers complètement différent, autant chez les étudiants, chez les acteurs,
chez les problématiques, etc., c'est tout le temps difficile de le traiter. On
a eu un exemple, voilà quelques années, avec la Politique de la réussite
éducative, qui a essayé de prendre l'ensemble du champ. Il y a des éléments
intéressants en éducation des adultes, mais il y a beaucoup d'éléments qui
n'ont pas pu être traités parce que ce n'était pas le but de cette
politique-là. Ça fait que, bien, nous, formellement, depuis le mois de février
2019, on demande qu'il y ait un processus pour une nouvelle politique...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Baril (Daniel) :
...et le projet de loi n° 40 nous a juste rappelé que
c'est pertinent d'avoir un espace propre pour réfléchir à ces questions-là.
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Maintenant, la parole est à la députée de Joliette pour une
période de 2 min 40 s.
Mme
Hivon
:
Oui. J'ai 2 min 40 s et j'aurais trois questions. Je vais vous
les dire, vous choisirez ce qui vous apparaît le plus pertinent ou si vous êtes
capable de répondre à tout.
Est-ce qu'à l'occasion de ce débat sur ce
projet de loi là, au-delà de la question de revoir la politique, il y a un
changement concret qu'on pourrait apporter, autre que ce que vous dites, en
lien avec la gouvernance, qui pourrait faire vraiment une différence,
concrètement, pour la formation générale des adultes, si c'est le cas?
Ensuite, vous nous parlez de l'importance
de mettre, donc, une représentation — je suis tout à fait
d'accord — pour ce secteur-là d'activité au sein du conseil
d'administration. En même temps, vous dites qu'il faut augmenter la
représentation de la communauté. Comment on arrive à cet exercice-là
d'équilibre? Parce qu'il n'y a déjà aucun étudiant, élève qui est là, donc là,
un élève qui aurait un mandat spécifique adulte, comment on y arrive?
Puis finalement, la centralisation, est-ce
que ça a un impact plus inquiétant pour la formation des adultes?
M. Baril (Daniel) :
Oui, en rafale, bien, sur la première, notre proposition, dans les quelques semaines
qu'on a eues pour se préparer : y aller avec donner du pouvoir aux
apprenants, il y a de quoi de structurant qui va se produire, et
changer la Loi sur l'accréditation pour le court terme.
Sur la deuxième, on n'est pas rentrés dans
les chiffres parce que, quand on a fait le débat, c'était comme échanger un
représentant d'un groupe pour un autre groupe, puis ça devenait un peu... Là,
je pense que vous allez le faire article par article, il y a une réflexion à
venir. Il y a beaucoup d'acteurs, et faire le choix de l'éducation des adultes
dans une gouvernance va nécessairement impliquer d'augmenter le nombre. D'après
moi, là, on ne s'en sort pas, sinon ça va être d'échanger un pour l'autre.
Et, sur centralisation, décentralisation,
je dirais, ce qui nous a préoccupés dans la réflexion, c'est qu'est-ce qui se
passe au régional. Parce qu'il y a déjà du local, il y a déjà du national avec
le ministère, qu'est-ce qui se passe à l'échelle locale? Et il y a une <dimension...
M. Baril (Daniel) :
...
d'après moi, là, on ne s'en sort pas, sinon ça va être d'échanger un
pour l'autre.
Et, sur centralisation,
décentralisation, je dirais, ce qui nous a préoccupés dans la réflexion, c'est
qu'est-ce qui se passe au régional. Parce qu'il y a déjà du local, il y a déjà
du national avec le ministère, qu'est-ce qui se passe à l'échelle locale? Et il
y a une >dimension... pour nous, le pouvoir à la communauté devient une
manière de rééquilibrer et de permettre aussi aux gens, entre ce qu'ils
entendent de Québec et ce qu'ils peuvent entendre comme parents ou non, de
faire de la médiation. Parce que le local, c'est quelques pâtés de maisons ou
quelques rangs dans les milieux ruraux, le régional, c'est des problématiques...
Les problématiques d'emploi, ce n'est pas le coin de la rue puis le dépanneur,
là, les problématiques d'emploi, elles sont régionales. Donc, ce qui se passe à
l'échelle régionale, c'est plus qu'un conseil d'administration. Le côté
politique, il appartient au droit à l'éducation, il appartient à la formation
de base...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Baril (Daniel) :
...il appartient à la Loi sur l'instruction publique.
Je tends à vous écouter... bien, j'ai
votre passé en tête, et je vous préfère de l'autre côté de la table.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Ciccone) :
J'ai bien changé, M. Baril.
Sur ce, M. Baril, je vous remercie
beaucoup pour votre grande contribution aux travaux de cette commission.
Je vais suspendre quelques instants pour
permettre au groupe suivant de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 26)
(Reprise à 16 h 28)
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants
de la Fédération québécoise des municipalités. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à présenter, également, les personnes qui vous accompagnent.
Fédération québécoise des municipalités (FQM)
M. Demers (Jacques) :
Parfait. Jacques Demers, je suis le maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, préfet
de la MRC de Memphrémagog. Oui, c'est un nom... Jacques Demers, bien sûr, en
voyant sourire, j'ai... mais c'est mon vrai nom. Je suis président de la
Fédération québécoise des municipalités. Avec moi, au niveau de... directeur
des politiques, M. Pierre Châteauvert, j'ai, administrateur à la FQM et
maire de Lac-Édouard, M. Larry Bernier, et aussi, celle qui s'occupe
beaucoup des dossiers, différents dossiers, dont celui des écoles, Maryse
Drolet, qui nous accompagne aussi.
Je vais demander, étant donné qu'on a 10
minutes de présentation, à M. Bernier de nous faire la présentation du
mémoire, s'il vous plaît.
• (16 h 30) •
M. Bernier (Larry) :
Merci, M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés. Alors, fondée en
1944, la Fédération québécoise des municipalités compte aujourd'hui plus de 1 000 municipalités
locales et régionales qui sont membres, généralement les municipalités de moins
de 25 000 habitants, et la totalité des MRC du Québec.
La FQM s'appuie sur une force de plus de 7 000 élus.
Ses structures décisionnelles et consultatives, dont son conseil d'administration,
ses six commissions permanentes et son assemblée des MRC, lui permettent de
prendre des positions visant le développement durable du territoire québécois.
La FQM est donc la porte-parole des régions du Québec.
La fédération remercie les membres de la
commission de l'opportunité qui lui est donnée de s'exprimer sur ce projet de
loi, en particulier sur les volets touchant spécifiquement les compétences
municipales et les préoccupations de ses membres. En région, le milieu de vie
correspond aux territoires de MRC. De par leurs compétences décrites dans la
loi, la MRC et la municipalité sont responsables de l'aménagement du territoire
et de la vie des communautés. Ces responsabilités, vous en conviendrez... cette
responsabilité, plutôt, vous en conviendrez, est très large. Les citoyens
interpellent leurs élus autant pour des questions de voirie que pour les
services de <santé, les...
>
16 h 30 (version révisée)
< M. Bernier
(Larry) :...compétences décrites dans la
loi, la MRC et la
municipalité sont responsables de l'aménagement du
territoire et de la vie des communautés. Ces responsabilités, vous en
conviendrez...
cette responsabilité, plutôt, vous en conviendrez, est
très large. Les citoyens interpellent leurs élus autant pour des questions de
voirie que pour les services de >santé, les activités communautaires et,
bien sûr, leurs écoles. Dans cette optique, l'école est vue par les citoyens et
citoyennes comme le coeur de la vie de la municipalité ou du village. Il y a
donc obligation de collaborer entre les décideurs municipaux et scolaires, ce
qui, malheureusement, n'est pas toujours le cas. En fait, il semble que les
deux réseaux oeuvrent malheureusement de plus en plus en silo.
En tant que représentante des
gouvernements de proximité et porte-parole des régions, la FQM demande que des
modifications au projet de loi soient faites de façon à reconnaître les
municipalités en ce sens et que les relations entre ces deux réseaux soient
officialisées et institutionnalisées.
Puisque les rapports entre les réseaux
communautaire et municipal se font d'abord localement, la FQM demande de
modifier le projet de loi pour introduire un processus obligatoire de
coordination entre le centre de services scolaire et les municipalités par
territoire de MRC. Ainsi, le conseil de la MRC convoquerait au moins une fois
par année les membres des conseils d'administration des centres de services
scolaires de son territoire pour un exercice obligatoire de concertation.
Les sujets suivants devraient
obligatoirement être inscrits à l'ordre du jour de ces rencontres : premièrement,
les planifications stratégiques, les plans d'immobilisation, d'aménagement et
de développement de chaque organisation; les ententes de partenariat et de
partage des équipements et infrastructures; les besoins et les priorités en
matière de formation professionnelle et de main-d'oeuvre, liés à l'état du
marché et des demandes des entreprises du territoire, tels qu'identifiés par le
service de développement de la MRC; quatrièmement, les offres de services et
d'activités parascolaires ainsi que les services de garde et les camps de jour;
et finalement l'occupation du territoire incluant l'ouverture et le maintien
des écoles. Les comptes rendus seraient rendus publics par un dépôt lors de la
réunion régulière de la MRC suivant la rencontre.
Advenant qu'en cours d'année le centre de
services scolaire souhaite apporter des modifications aux orientations ayant
fait l'objet d'une présentation au conseil de la MRC, celui-ci devra à nouveau
rencontrer le conseil de la MRC avant toute décision.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit,
pour la formation des conseils d'administration des centres de services
scolaires, quatre sièges membres de la communauté. Le milieu municipal est
inséré dans la catégorie communautaire, sportif, culturel, de la santé,
des services sociaux ou des affaires. L'élection de ces représentants est
confiée à un collège de parents et d'élèves siégeant sur les conseils
d'établissement. Or, il est donc inconcevable de considérer les élus municipaux
de la même manière que les représentants des autres domaines groupes d'intérêt.
Pour la FQM, si un ou des élus doivent siéger au conseil d'administration du
centre, la nomination devrait être effectuée par une instance légitime du monde
municipal.
Aussi, la FQM propose qu'un représentant
choisi par chaque conseil de MRC couvert par le centre de services scolaire
soit ajouté au conseil de celui-ci, en plus de ceux prévus dans le projet de
loi. Aussi, nous proposons que les représentants choisis par les conseils des
MRC soient dotés d'un droit d'imposer un moratoire sur toute décision ayant un
impact sur les communautés et les responsabilités municipales tant que le sujet
ne sera pas traité lors d'une réunion formelle avec la MRC concernée. Ce droit
vise à assurer le plus large consensus possible advenant toute situation
difficile dans la gestion des dossiers cités précédemment.
Le projet de loi ne prévoit aucun critère
territorial en ce qui a trait aux sièges réservés aux représentants des parents
ni aux membres de la communauté. Ainsi, rien ne préserve l'équilibre entre la
représentation des territoires ruraux et urbains. Ainsi, la FQM demande qu'un
critère de représentation de la diversité du territoire couvert par le centre
de services scolaire soit prévu afin qu'un équilibre soit assuré entre les
milieux ruraux et urbains au sein du conseil d'administration.
Le projet de loi confirme que le nombre de
centres de services scolaires reste le même que les commissions scolaires
actuelles. Or, ce découpage ne respecte pas les limites administratives de
plusieurs MRC. Ces situations complexifient grandement les relations entre les
deux réseaux, scolaire et municipal. Il est donc essentiel que les centres de
services scolaires respectent, à terme, les territoires des MRC. La FQM demande
que soient revus les territoires des centres de services scolaires afin
qu'aucune MRC n'ait plus d'un centre sur son territoire.
Dans les différentes prises de position du
ministre sur les visées de son projet de loi, arrive en tête de liste la
volonté de décentraliser les décisions à l'échelle locale. La FQM est en accord
avec la vision du ministre d'appliquer le principe de la subsidiarité à la
gouvernance des affaires scolaires. Toutefois, il faut que cette volonté soit
inscrite formellement dans la loi afin que celle-ci survive aux éventuels
changements de responsabilités ministérielles. En effet,qu'arrivera‑t‑il advenant la nomination d'un
ministre ayant une vision différente du rôle des instances locales et
régionales en matière d'éducation au Québec? Ainsi, la FQM <demande
que...
M. Bernier
(Larry) : ...
scolaires. Toutefois, il faut que cette
volonté soit inscrite formellement dans la loi afin que celle-ci survive aux
éventuels changements de responsabilités ministérielles. En effet,
qu'arrivera-t-il
advenant la nomination d'un ministre ayant une vision différente du rôle des
instances locales et régionales en matière d'éducation au Québec? Ainsi, la FQM
>demande que les pouvoirs du ministre soient balisés de façon à inscrire
formellement dans la loi la volonté du ministre actuel de maintenir et
consolider la prise de décision et la gestion du réseau scolaire à l'échelle
locale, notamment en ce qui a trait à la desserte de services.
La FQM a rappelé à de nombreuses reprises
aux différents ministres de l'Éducation les liens étroits et quotidiens entre
la municipalité et l'école. Ces liens sont encore plus présents dans le cas des
petites écoles, dont la survie est trop souvent menacée en raison de politiques
et règlements des commissions scolaires et du ministère. Plusieurs
municipalités investissent des sommes importantes pour le maintien du service
de garde pour les enfants de l'école, et certaines en sont même les
gestionnaires lorsque ce service n'est pas offert par l'école, malgré
l'imposition de nombreuses contraintes réglementaire. La FQM demande que des
ajustements et des clarifications législatives soient apportés de façon à
permettre aux municipalités qui le souhaitent d'investir ou de prendre en
charge les services de garde pour les enfants de l'école, et ce, sans
soustraire l'école de ses obligations.
Toutes les recommandations de la FQM ont
pour but d'améliorer les liens et les partenariats entre les municipalités et
les écoles pour le bien de nos collectivités. Je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Bernier, pour votre exposé. Je suis maintenant prêt à
reconnaître un membre du gouvernement, M. le ministre et son équipe. À
vous la parole pour 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M.
le Président. Merci pour votre présentation. Content de vous revoir. On s'était
déjà vus, à quelques moments, lors de l'élaboration du projet de loi, pour vous
présenter un peu les grandes lignes puis recevoir vos avis.
Vous me permettez quelques réactions à vos
commentaires. C'est sûr qu'il y en a certains qui suscitent beaucoup
d'adhésion, aussi de la réflexion, d'autres, je veux dire, on ne peut peut-être
pas aller là, puis des questions.
Donc, d'abord, je dois vous dire, on ne
veut pas jouer dans le film du redécoupage, des fusions, défusions. Vous nous
demandez, puis je le comprends, pour simplifier les partenariats, les échanges,
les exercices de coordination, de redécouper, de retracer les lignes, les
territoires des commissions scolaires devenues centres de services sur les
bases des MRC. C'est une idée que je comprends, moi-même étant député d'une
circonscription laquelle n'étant pas taillée sur la taille des villes ou des
MRC. Déjà, comme député, ça peut poser un problème, aussi, pour travailler
comme ça. Je pense que, dans ce cas-ci, je veux dire, le remède serait
peut-être plus grave que la maladie.
On se souvient de triste mémoire de la
tentative du ministre Bolduc, dans le précédent gouvernement, qui jouait, là, à
retracer les contours des commissions scolaires, défaisant les bassins versants
des écoles. Bon, de ce point de vue là, sincèrement, on n'a pas l'intention... puis
je sais qu'en disant ça, je rassure beaucoup de personnes.
Cependant, il y a des choses qui nous
interpellent et pour lesquelles on veut clarifier des choses. À la page 4
de votre projet de loi, vous dites : On a tenu une consultation sérieuse.
Vous avez regardé, même avant que le projet de loi soit déposé... on voit, en
bas de la page 4, vous dites : On a regardé le Plan de gouvernance
scolaire — Remettre les écoles entre les mains de la
communauté, qui avait été déposé en janvier 2018, préalablement à
l'élection. Donc, vous aviez même amorcé cette réflexion-là de manière
proactive avant même que le projet de loi soit déposé, avant même qu'on fasse
ces rencontres-là. Il y a des ajustements qui ont été faits depuis. Une des
choses, d'ailleurs, qui était dans le plan de gouvernance déposé, alors que
nous étions dans l'opposition, disait que les centres de services allaient être
intégrés au ministère, puis on disait que les directions seraient nommées par
le ministre. Ça aurait été une forme de centralisation, il ne faut pas s'en
cacher. Et on a changé d'idée depuis en consultant plusieurs groupes, dont
vous. Donc, les centres de services ne sont plus intégrés au ministère d'aucune
façon dans le projet de loi, ce sont des entités qui existent par elles-mêmes
avec une autonomie importante. Et il n'est pas question que le ministre ou le
gouvernement nomme les membres des C.A. ou les directions générales, ça aurait
été aussi une forme de décentralisation. On aurait pu, si on était allés là,
justifier peut-être une comparaison avec la réforme du précédent ministre de la
Santé. Or, nous ne sommes pas allés là, balayant du revers de la main toute
tentative de comparaison boiteuse.
• (16 h 40) •
Maintenant, quelque chose qui m'interpelle
beaucoup et sur lequel j'aimerais savoir comment on ferait bien pour faire
quelque chose... votre dernière recommandation, la 6, m'interpelle. Je vois une
main tendue, je vois une intention de <collaborer, de...
M. Roberge : …
maintenant,
quelque chose qui m'interpelle beaucoup et sur lequel j'aimerais savoir comment
on ferait bien pour faire quelque chose... votre dernière recommandation, la 6,
m'interpelle. Je vois une main tendue, je vois une intention de >collaborer,
de prendre soin, ensemble, des enfants. À la recommandation 6, vous dites :
«La FQM recommande que le ministre assouplisse les normes et règlements de
telle sorte que la conclusion d'ententes entre les commissions scolaires et les
municipalités visant l'offre ou le maintien de services de garde [dans les
écoles] soit facilitée.» Puis vous précisez encore… Est-ce qu'il y a des
exemples d'endroits où ça fonctionne déjà, ce type de collaboration là, pour
prendre, ensemble, soin des enfants, peut-être dans les endroits, même, qui
sont plus petits? Et, si oui, comment ça marche? Et, si non, comment on peut
faire pour améliorer le projet de loi?
On a une opportunité, ici, de faciliter la
collaboration municipalités- écoles-centres de services, et ça, ça m'interpelle
beaucoup, beaucoup, qu'ensemble on trouve des moyens de collaborer. Donc,
est-ce que ça se fait? Si ça se fait, est-ce qu'on est obligés de tourner les
coins ronds? Et, peut-être pas aujourd'hui, mais même plus tard, si vous voulez
nous suggérer des propositions d'amendement, on les prendra avec beaucoup
d'ouverture, mais, sur ce sujet-là, j'aimerais vous entendre.
M. Demers (Jacques) :
Je vais quand même aller rapidement, je vais laisser ce point-là revenir à
Maryse, qui connaît très bien le dossier, entre autres, qu'on vit dans certains
endroits. Quand on parlait du territoire, pourquoi l'importance, nous, du
territoire, c'est que tout se fait sur une base de MRC, puis on le vit
particulièrement auprès de nos écoles ou de nos centres sportifs. Souvent, on
décide d'investir avec eux, ne serait-ce que dans une piscine, dans une piste
d'athlétisme, dans différentes choses, mais, quand tu as trois commissions
scolaires à l'intérieur de ta MRC, là, ça rend les choses très difficiles. On a
beau mettre des fonds en commun puis de dire : On va travailler, là, on
travaille d'un côté, on travaille de l'autre, là, on a un problème de
territoire.
Mais, ce que vous dites, on le comprend
très bien. On comprend que, pour des familles, de décider que... le lieu où
est-ce qu'ils vont, ça peut être compliqué. Ce qu'on demande par ça, ce
territoire-là, ce n'est pas faire du mur-à-mur. Il y a peut-être des endroits
où est-ce qu'on pourrait se coller aux endroits que ça peut correspondre mieux
par les MRC. C'est souvent ce qu'on demande. Je n'irai pas plus loin sur ce
bout-là.
La gouvernance, on en avait parlé, on en a
parlé de différentes façons, puis pourquoi l'importance que ça a pour nous. C'est
particulièrement que, dans nos villages, je pensais que ce qui allumerait le
plus, c'est sur le fait qu'on dit : On veut un moratoire. Le mot
«moratoire» peut faire peur à des personnes, parce qu'on se dit, pour nous,
c'est très important qu'avant qu'on ferme une école, on veut faire partie de
l'équation. On ne dit pas que la décision sera différente, mais on veut en
faire partie puis voir de quelle façon on pourrait régler ça. Si on veut avoir
du monde dans nos régions, on veut garder nos écoles, il faut absolument avoir
un lien direct, de là aussi pourquoi on demande des sièges attitrés absolument
au monde municipal. Puis pourquoi on se croit différent de d'autres, bien,
c'est souvent au niveau monétaire aussi. Quand on fait un parc de jeux, on le
fait ensemble. Quand on installe notre patinoire, on l'installe collée sur
l'école, même si la commission scolaire n'a pas mis un sou. On dit : Ceux
qui vont s'en servir le plus dans la semaine, c'est l'école, on va la mettre à
la place où elle doit être. C'est pour ça qu'on dit : On est un joueur
quand même différent, on s'est donné un statut. Je vais essayer… je comprends
qu'il va avoir un laps de temps, à un moment donné… Maryse, de répondre,
particulièrement à la question sur les gabarits, oui.
Mme Drolet (Maryse) :
Alors, oui, effectivement, la recommandation 6 traite de la question des services
de garde pour les enfants du scolaire. On a profité de l'opportunité de ce projet
de loi là pour revenir, effectivement, vous exposer cette problématique-là.
Elle se vit dans beaucoup de milieux ruraux, dans les milieux où on a des
petites écoles, pas suffisamment d'enfants pour que la commission scolaire
mette en place le service de garde avec les règles qui sont convenues, là, de
six enfants à statut régulier, bon, alors vous les connaissez, et, à ce
moment-là, on sait aujourd'hui que c'est un service de garde qui est essentiel,
c'est un service essentiel pour les parents, et c'est aussi un élément
déterminant pour des familles de choisir une école ou pas, quand on n'a pas le service
de garde. Une famille peut faire... et plusieurs le font, choisit d'inscrire
leurs enfants dans l'école d'un village plus éloigné ou plus près du travail.
Bref, ça fragilise beaucoup d'écoles, ce
qui fait que beaucoup de conseils municipaux s'investissent financièrement dans
le maintien du service. Et il semble y avoir une lecture, là, je dirais,
juridique différente sur la légalité de ce geste. On ne se vante pas, on le
fait, on investit, mais il y a des fonctionnaires de ministères, notamment
Affaires municipales, qui ont signifié à certains de nos élus, dire :
Bien, vous ne pouvez pas vraiment gérer, financer un service de garde, la loi… bon,
alors là, il y a trois, quatre lois qui rentrent en ligne de compte, la Loi sur
les services de garde à l'enfance, quand ce n'est pas sous leur juridiction de
la Loi sur l'instruction publique. Ce qui fait qu'il y a un petit ménage à
faire pour faire en <sorte que…
Mme Drolet
(Maryse) : ...
de nos élus, dire : Bien, vous ne
pouvez pas vraiment gérer, financer un service de garde, la loi… bon, alors là,
il y a trois, quatre lois qui rentrent en ligne de compte, la Loi sur les
services de garde à l'enfance, quand ce n'est pas sous leur juridiction de la
Loi sur l'instruction publique. Ce qui fait qu'il y a un petit ménage à faire
pour faire en >sorte qu'on reconnaisse l'effort que fait le milieu
municipal pour maintenir ce service pour les enfants pour que les enfants restent
dans l'école et que la... Bon, on travaille tous collectivement, et c'est ce
genre de frein qu'il faudrait assouplir et faciliter pour le milieu.
Le Président (M. Ciccone) :
Je reconnais maintenant le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata. À vous la
parole.
M. Tardif :
Merci, M. le Président. Tout d'abord, bienvenue. Merci de partager votre
réflexion. Moi, je comprends la FQM sur l'angle... ou, en tout cas, je pense en
comprendre une partie, sous l'angle des volets spécifiques qu'elle a abordés
concernant ses préoccupations et ses juridictions. Et évidemment le ministre
allait... et j'allais, pardon, dans le même sens que le ministre. Toute la responsabilité
territoriale, vous m'avez donné le vertige, pratiquement, quand j'ai... où j'ai
eu une incompréhension, on pourra en discuter par après, de même que la
question des fermetures d'écoles que vous avez soulevée tout à l'heure. Dans le
comté que je représente, lorsque des situations comme celles-ci se présentent,
c'est clair que tes conseils municipaux sont des partenaires avec les
différents intervenants pour trouver des solutions. Alors, j'entendais votre
message, mais je pense qu'il y a déjà une mécanique naturelle qui se fait de
votre part ou de la part des membres que vous représentez.
Donc, la question où je veux en arriver, c'est...
selon vous... Moi, je les ai lus, je voudrais comprendre deux aspects les plus
porteurs que vous trouvez, les plus essentiels pour vous dans ce projet de loi.
Je le sais, qu'il y en a plus que ça, mais je vous en demande deux, s'il vous
plaît.
M. Demers (Jacques) :
Nous autres... bien, il y a différentes choses. Je commencerais par ce que vous
disiez pour vous puis peut-être votre région ou, en tout cas... Tantôt, avec nous,
on avait le vice-président de la fédération, qui est le préfet de Kamouraska,
qui est Yvon Soucy, qui nous exprime : Mais chez nous, on l'a, cet
échange-là avec la commission scolaire. Oh! les autres autour disent... pour
l'ensemble des autres, on leur dit : Bien, nous autres, on ne l'a pas. C'est
important, cette étape-là, qu'il y ait un lien, qu'il y ait des échanges. Ça
existe à des endroits puis ça a l'air de bien fonctionner. C'est, je pense, un
naturel que ces parties-là aient même une obligation de se parler.
M. Tardif :
Parce que, juste pour vous interrompre, j'ai deux commissions scolaires et j'en
partage une partie avec M. Soucy, puisque je suis le voisin du Kamouraska,
mais j'ai également celle des Basques et des lacs, donc, du Témiscouata, et
dans ces deux situations que la variante s'est produite et que j'ai eu les
mêmes résultats. Mais je comprends, là, ce que je vous me dites par rapport à
d'autres réalités.
M. Demers (Jacques) :
Oui. On ne peut pas généraliser ça au Québec, ça ne se passe réellement pas
comme chez vous dans toutes les régions.
M. Tardif :
Non, on est un coin assez unique, quand même.
M. Demers (Jacques) :
Parfait. Des points essentiels sur lesquels on veut... On veut que les
décisions des commissions scolaires restent au niveau régional. On veut le
moins possible que ça soit centralisé, justement pour ce genre de discussion
là. Si les décisions se prennent à Québec ou si le ministre devient celui qui
décide... on ne peut pas faire du mur-à-mur. Quand on va vous parlez d'une
école qui, parfois... à Lac-Édouard, qui a trois ou... C'est combien d'élèves, présentement?
M. Bernier (Larry) : Cinq,
cette année.
M. Demers (Jacques) :
Oh! excusez, c'est une bonne année, ils sont cinq élèves. Bien, c'est unique.
On parlerait de la même chose pour Montréal ou à d'autres, ça n'a pas de sens,
de rester sur un territoire comme ça puis d'en garder une ouverte, mais, quand
on voit le bénévolat que les gens font pour la faire fonctionner, pour que le
milieu... c'est particulier. Or donc, des décisions, il faut qu'elles soient
locales, il ne faut pas éloigner ça. C'est notre plus grande crainte, la
première. Je ne sais pas s'il y a des éléments, Larry...
M. Bernier (Larry) :
Ce que je veux peut-être ajouter, c'est que tout le monde conviendra qu'avoir
une école dans un milieu c'est essentiel à la vitalité du milieu, hein? Les
enfants, ça crée de la vie, etc., et ça permet au milieu de se développer,
parce qu'on n'attire pas des jeunes familles si on n'a pas de service de garde
puis si on n'a pas d'école, c'est d'une évidence renversante. En tout cas, je
pense bien que personne ne peut contredire ça. Et c'est pour ça que, les municipalités,
comme nous avons à coeur le développement de notre région, de nos
municipalités, on veut faire partie de la donne avec les centres de services
scolaires pour prendre les décisions qui ont rapport avec les écoles parce
qu'on s'occupe de tout le reste. On s'occupe des loisirs, on s'occupe du
logement, on s'occupe des services de proximité, on s'occupe d'Internet,
cellulaires puis on s'occupe de l'emploi, mais on veut également s'occuper de
l'aspect école parce que c'est un élément essentiel de base dans le
développement et la revitalisation d'un secteur, je pense, en tout cas. C'est
pour ça qu'on veut être partie prenante.
• (16 h 50) •
M. Tardif :
Alors, ça, c'est le premier aspect, on <parle de...
M. Bernier
(Larry) : ...on s'occupe des services de proximité, on s'occupe
d'Internet, cellulaires puis on s'occupe de l'emploi, mais on veut
également
s'occuper de l'aspect école, parce que c'est un élément essentiel de base dans
le développement et la revitalisation d'un secteur, je pense, en tout cas. C'est
pour ça qu'on veut être partie prenante.
M. Tardif :
Alors, ça, c'est le premier aspect, on >parle de décentralisation ou de
se rapprocher. Le deuxième aspect, parce que je vous en ai demandé deux...
M. Demers (Jacques) :
O.K. Bien, moi, le premier, c'est vraiment : les décisions locales font
partie de ça. Après ça, c'est le lien, l'obligation. Tu sais, tantôt, ce qui
vous a donné le vertige un peu, quand on vous a parlé de moratoire ou de territoire...
Le territoire, je le comprends assez bien, puis on ne veut pas brasser les
familles, parce que des fois ce n'est pas... l'endroit où est-ce que tu
habites, peut-être que, dans certains cas, le meilleur découpage est celui que
les commissions scolaires ont fait, qui se retrouve plus près. Puis j'aurais
des exemples tangibles où est-ce qu'on voit, à l'intérieur de grandes villes,
mais ça fait partie d'une autre... Il faut qu'ils restent là, il faut que ces
élèves-là fassent le moins de kilomètres possible, ça, on le comprend.
Quand on parle du moratoire, il est très important
parce que, si on ne l'a pas, cette approche-à, bien, il faut être capables de
dire, à un moment donné : Minute, on met un «hold», comme un maire peut le
faire lors d'une séance. Tu peux le faire, mais tout ce que ça fait, c'est
qu'on reporte la décision. Ce n'est pas de se donner un droit de bloquer quelque
chose, c'est de dire : Un moratoire, c'est un laps de temps où est-ce
qu'on s'assoit tous ensemble puis on essaie de trouver les pistes de solution
pour les enfants qui sont là. C'est vraiment dans ce but-là. Oui, Pierre.
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui. L'idée, c'est de briser les silos entre les
deux réseaux parce que, de plus en plus, bon, les commissions scolaires ont des
plus grands territoires en région, donc des fois les distances, et on le voit,
sont loin. Comme, vous, il est à 100 quelques kilomètres, le siège social, mais
ça n'a pas... ça a quand même... M. Demers, il est dans sa municipalité, c'est
eux autres qui ont investi dans la cour d'école. Donc, l'idée, c'est d'obliger
les deux réseaux à se parler au moins une fois par année pour partager leur planification,
et de discuter, puis peut-être de s'entendre et d'établir des consensus. Et, là
aussi, la question d'ouverture ou la fermeture d'une école devra être traitée à
ce moment-là. Les gens doivent se parler, ce qui ne se passe pas. Bon, peut-être,
effectivement, Kamouraska... mais on vous fera remarquer, en passant, que c'est
la MRC qui convoque le conseil de la commission scolaire depuis plusieurs
années, et c'est comme ça que ça fonctionne. Mais ce modèle-là fonctionne dans
ce cas-là, et ce qu'on nous disait, c'est que, sur la base des territoires de
MRC, il faut le généraliser pour forcer la discussion et l'entente, et pour que
les choix soient vraiment basés sur la communauté, puis que tout le monde ait
accès. La dimension publique et de diffusion de l'information... parce que,
quand il y a des choses qui se passent au conseil des MRC, il y a des gens qui
débarquent, il y a des informations... il y a toujours des journalistes, ce que
vous n'avez pas nécessairement au conseil de la commission scolaire ou même...
dans ces futurs conseils, il n'y aura pas nécessairement de journalistes
toujours, mais, au conseil de la MRC, il y a toujours une couverture média,
donc les citoyens, on peut avoir accès à l'information.
Donc, avec les cinq éléments, vous
remarquerez qu'il y a aussi toute la dimension...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Châteauvert
(Pierre) : ...donc les gens vont pouvoir se parler puis établir
des consensus de gestion de la communauté, des différents éléments de la
communauté, donc de briser les silos.
M. Tardif :
Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt, maintenant, à reconnaître un membre de l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez
10 min 40 s. À vous la parole.
Mme Rizqy : Oui, merci.
Bienvenue parmi nous. Tantôt, vous avez mentionné quelques craintes, dont notamment
le redécoupage. À l'article 46 du projet de loi n° 40,
il est justement question que le gouvernement peut, par décret, procéder à un
redécoupage pour le centre de services. Vous en pensez quoi, de cela?
M. Demers (Jacques) :
Bien, là-dessus, ce qui est important pour nous, c'est de faire partie de la discussion,
parce que... comme je vous disais tantôt, c'est que ça ne soit pas du
mur-à-mur. Tu sais, même nos territoires, on le sait qu'ils ne sont pas
parfaits, là, il y a des endroits, ça causerait des problèmes, de vouloir
coller sur une MRC, mais il y a des endroits que c'est ce qu'il faut faire. C'est
de se le permettre puis d'avoir cette discussion-là ensemble, parce que souvent
les investissements... parce qu'il faut parler d'argent, là-dedans, là, les
commissions scolaires sont souvent limitées, les écoles, à faire des
investissements. Bien, souvent, le municipal, pour garder la vitalité puis pour
leurs services, mettent aussi des sous. C'est pour ça que le découpage fait
toute la différence, parce que, quand tu as trois, quatre commissions scolaires
à l'intérieur d'une même MRC, ce qui existe présentement, bien, c'est
compliqué, là. C'est là-dessus qu'on se dit : Il va falloir regarder si on
peut travailler autrement.
Mme Rizqy : Vous
comprendrez qu'à l'article 46, par décret, ce n'est pas une consultation.
Par décret, c'est une sanction qui part d'ici, du gouvernement...
M. Demers (Jacques) :
Vous avez absolument raison. À ce moment-là, ce qu'on demande, c'est de pouvoir
participer à ça pour trouver la meilleure... pour les élèves, mais pour le
territoire.
Mme Rizqy : Parfait. Vous
avez aussi mentionné votre désir pour avoir plus de décentralisation. Si on va
dans un autre article, je vous amène à l'article 112 du projet de loi... pardon,
114 du projet de loi, où est-ce qu'il est aussi question, ici, que le
gouvernement peut... En fait, vous, les nouveaux centres de services... pas
vous, les municipalités, mais les centres de services ne pourront pas procéder,
sans l'autorisation, à certains travaux de construction, d'agrandissement,
d'aménagement, de transformation, de démolition, de remplacement ou de <rénovation...
Mme Rizqy : ...
du
projet de loi, où est-ce qu'il est aussi question, ici, que le gouvernement
peut... En fait, vous, les nouveaux centres de services... pas vous, les
municipalités, mais les centres de services ne pourront pas procéder, sans
l'autorisation, à certains travaux de construction, d'agrandissement,
d'aménagement, de transformation, de démolition, de remplacement ou de >rénovation
majeure des immeubles sans avoir obtenu la permission du gouvernement, selon
les montants qui vont être établis par règlement. Et là, évidemment, on n'a pas
le montant par règlement. En fiscalité, on a ce qu'on appelle les dépenses
courantes puis les dépenses en capital, donc, qu'on doit amortir. Par exemple,
là, là, en ce moment, avec ce projet de loi, l'article 114, si on veut
changer toutes les fenêtres de l'école, il faut attendre la permission, là, d'ici,
au complexe G, là. Ça, est-ce que vous, pour vous, c'est de la
décentralisation?
M. Demers (Jacques) :
Exactement ce qu'on voudrait qui se décide localement. Puis là-dessus, encore,
je vais embarquer le monde municipal, quand on va parler de travaux, il faut
faire partie de l'équation. Peut-être que, le gymnase, il y a moyen de le faire
un peu plus grand parce qu'on a des besoins l'été. Peut-être que, le soir, il y
aurait des activités qui se passent là. C'est là-dessus qu'on veut faire partie
de la discussion, de là où est-ce que je parle des discussions locales, on peut
investir beaucoup mieux que de faire en double deux petites choses. Souvent,
dans nos villages, on a besoin d'un grand gymnase ou d'une salle communautaire,
on peut se le permettre plus facilement. Oui, Pierre, excuse, tu voulais...
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui, si vous le permettez, par rapport à votre
question, de façon précise, je pense que vous faites référence à la capacité
d'emprunt, parce que, quand tu changes les... à la capacité d'emprunt, parce
qu'il devrait y avoir, normalement, un emprunt. Si, supposons...
Mme Rizqy : Je ne fais
pas, non, aucunement référence à la capacité d'emprunt, je fais référence...
M. Châteauvert
(Pierre) : O.K. Parce que nous, on fait partie du périmètre
comptable. Lorsqu'on emprunte, effectivement, il faut qu'on en discute avec le
ministère des Affaires municipales, mais, si c'est dans nos opérations
courantes, c'est dans les opérations.
Mme Rizqy : Si vous le
permettez, non, pour bien recadrer la question, non, je parle vraiment des
commissions scolaires, qui, présentement, gèrent des budgets, ce qu'ils
veulent... Par exemple, en ce moment, les commissions scolaires, si elles
désirent rénover les fenêtres, bien, ils n'ont pas besoin d'avoir une permission.
Si, par exemple, vous changez un siège de toilette, ça, ça s'appelle une
réparation, vous ne demandez pas de permission. Mais, si vous changez
l'ensemble des sièges de toilette, bien là, maintenant, avec
l'article 114, attendez votre permission. Ça, pour moi, ce n'est plus de
la décentralisation. Puis je vous vois hocher de la tête, donc je pense que
vous êtes pas mal en accord avec moi.
M. Châteauvert
(Pierre) : Bien, oui, je suis d'accord, voyons. C'est ce qu'on
veut puis c'est ce qu'on reprochait. Puis, tantôt, on faisait un lien avec la
santé, mais c'est ce qu'on a reproché. Quand on a perdu un lien direct de
gestion dans nos établissements, dans nos hôpitaux, ce qu'on disait : Bien
là, ça n'a pas de bon sens, elle est rendue loin, la personne qui décide. On
veut un gestionnaire sur place. Laissons-lui au moins la capacité de prendre
des décisions au quotidien. Ça prend un boss sur place, quand tu as une
entreprise, là, il ne faut pas qu'il soit trop loin, là.
Mme Rizqy : Bien, j'en
suis. Et, je vais vous dire, il y a une affaire qui m'étonne un peu, c'est
qu'il y a beaucoup de questions, mais très peu de questions sur la démocratie,
alors que j'ai devant moi des élus. Il y a quand même plus de 300 signataires
d'une... ou même une déclaration d'un conseil municipal qui est en appui pour
la démocratie scolaire. Plusieurs municipalités, dont notamment celles qui ont
des petites, petites écoles... Là, pour ceux qui nous écoutent, c'est des
écoles de 11 élèves, 25 élèves, cinq élèves. Donc, vous comprendrez
que, pour moi, parler de démocratie, c'est assez important, parce qu'il y a
quand même un danger. Si l'argument principal pour faire la réforme du ministre
de l'Éducation, c'est de dire qu'on va faire des économies parce qu'il n'y a
pas assez de participation, quand même, la question se pose, est-ce que, par la
suite, la prochaine étape, c'est vous autres? Parce qu'il y a quand même
plusieurs municipalités qui sont élues par acclamation.
M. Demers (Jacques) :
Oui. Les fois que c'est élu par acclamation, peut-être qu'on peut considérer
que c'est les bonnes personnes qui sont là, aussi. J'ai toujours l'impression,
quand quelqu'un dit que quelqu'un est élu par acclamation... Il peut y avoir un
questionnement. Bien, on peut-u considérer que... Ou, quand quelqu'un a fait
quelques mandats, peut-être que c'est qu'il fait... Mais les gens ont un choix.
Quand on me parle d'élection... On a décidé qu'on ne mêlait pas ce côté-là.
Puis le monde municipal en a vécu, des changements de structure. J'étais
président de la CRE au niveau de l'Estrie quand que les CRE sont disparues.
C'en était un, lieu où est-ce qu'on avait des élus qui venaient de toutes les
formes et de toutes les façons. On a dit, du jour au lendemain : Non, les
CRE, c'est une structure qu'on ne veut plus, elles coûtent trop cher en
administration. Mais on prend ça puis on met ça au niveau des MRC sans me dire
comment que les MRC coûtent en administration. Des changements de structure, il
y en a régulièrement. Là, on me dit qu'on veut en faire. J'ai déjà eu une
discussion avec le président de la Fédération des commissions scolaires...
• (17 heures) •
Mme Rizqy : Si vous me
permettez, là, je ne parle pas de changement de structure, je parle vraiment de
démocratie. C'est, vous le savez, un des fondements mêmes de notre société
juste et démocratique. Lorsque j'ai des élus devant moi, et que vous ne parlez
pas de cela, alors que plus de 300 signataires de différentes
municipalités et de différents villages... je me permets quand même de, moi, poser
la question quand... Bien qu'on peut être élu par acclamation puis être très
compétent, ça, ce n'est pas la question, c'est quand même les gens qui vont
aller ou ne pas aller voter, des fois. Et c'est là qu'est la question que je
pose, c'est ce que, si on commence à réfléchir, comme société, que ça coûte
trop cher, la démocratie, qu'il n'y a pas assez de monde qui vont voter puis
qu'on se dit : Bien, savez-vous quoi, on <abolit...
>
17 h (version révisée)
<17883
Mme Rizqy :
…quand… Bien qu'on peut être élu par acclamation puis être très compétent, ça,
ce n'est pas la question, c'est
quand même les gens qui vont aller ou ne
pas aller voter, des fois. Et c'est là qu'est la question que je pose, c'est
que, si on commence à réfléchir, comme société, que ça coûte trop cher, la
démocratie,
qu'il n'y a pas assez de monde qui vont voter puis qu'on se
dit : Bien, savez-vous quoi, on >abolit, à ce moment-là ça ne
devient pas un terrain glissant? Parce que ça se peut qu'à un moment donné on
se dise : Bien, on va regrouper certaines MRC ensemble, on va regrouper
certains villages ensemble puis on va abolir certaines élections, il n'y a pas
assez de personnes qui se présentent au conseil. Est-ce que ça peut être un
terrain glissant — telle est ma question — pour la
démocratie?
M. Demers (Jacques) :
Oui. C'est pour ça qu'en démocratie... ce que je vous parlais, c'était des CRE.
Les CRE, là, c'étaient les conférences régionales des élus. Tous les gens qui
étaient autour de la table, c'étaient des gens élus. Ce qu'on a aboli, c'est
l'endroit, au niveau de régions, que toutes les… les gens qui étaient élus à un
endroit ou l'autre se retrouvaient pour se parler au niveau régional, c'est ça
qu'on a aboli. Puis les commissions scolaires s'y trouvaient, chacun des élus
s'y trouvait, c'est ça qu'on a aboli. On s'est dit : O.K., il y a une
structure qui a été défaite. C'est pour ça qu'on demande, nous, ici,
aujourd'hui, si... la journée que vous déciderez... Il y en a déjà qui ont
essayé de fusionner des municipalités, de fusionner des différentes structures…
Mme Rizqy : Moi, je parle
vraiment plus du vote de citoyens, là. Je vous parle de démocratie, vote de
citoyens. Comme vous savez, l'éducation, l'école publique, n'appartient pas à
des partenaires, mais aux citoyens. Et, si on commence à réfléchir, au Québec,
que la démocratie coûte trop cher, que la participation, au lieu de la rendre
plus active, on l'abolit, moi, je crois qu'il y a vraiment un danger. Mais, si
vous permettez, vu que le temps file, je vais vous poser une autre question.
M. Demers (Jacques) :
Dommage.
Mme Rizqy : Bien, vous
pouvez répondre. Mais, quand vous parlez des CRE, les CRE, on comprend tous que
c'est une structure…
M. Demers (Jacques) :
Ah! c'est dommage, parce que ce n'étaient que des élus.
Mme Rizqy : Oui, on
comprend tout ça. Mais moi, là, je vous pose une question que… visiblement,
vous ne souhaitez pas répondre, alors je vais vous poser une autre question.
Beaucoup des commissions scolaires qu'on a rencontrées cherchent des terrains
pour bâtir des écoles. Ça, ça se passe vraiment partout, on entend ça. Puis ils
frappent souvent aux municipalités, puis ils nous disent que, malheureusement,
ça peut être difficile. Alors, comment on fait pour améliorer les
communications pour savoir trouver des beaux terrains, pas n'importe quels
terrains, des beaux terrains pour construire ces écoles? Parce que,
visiblement, c'est une problématique qu'on voit sur le terrain un peu partout
au Québec.
M. Demers (Jacques) :
O.K. Parfait. Rapidement, je vais répondre quand même à…
Mme Rizqy : Oui, allez-y.
M. Demers (Jacques) :
Parce que, dans le fond, là, ce qu'on dit, puis c'est pour ça qu'on cherche une
place dans les écoles puis dans la structure, d'avoir des élus municipaux qui
se trouvent à cet endroit-là pour être sûr qu'il y ait des gens qui sont
choisis par les citoyens localement pour y siéger. De là où est-ce qu'on dit :
Dans les différentes structures, vous allez choisir des gens pour ces conseils
d'administration là, il va y en a qui vont venir de l'élection, puis, oui, ça
serait du monde municipal à ce moment-là.
Au niveau des terrains…
M. Châteauvert
(Pierre) :…on propose le lieu de
coordination. La discussion annuelle, justement, c'est un des sujets. Dans la
liste, on avait cinq sujets par rapport à la planification stratégique :
les plans d'immobilisations, d'aménagement, développement, l'occupation du
territoire, incluant l'ouverture, les médecins, les écoles, les ententes de partenariat.
Ce sont des sujets qui doivent être discutés entre le conseil et au niveau de
la table de la municipalité régionale de comté, où est-ce que vous retrouvez
tous les élus. Et puis cette discussion-là, ces discussions-là doivent se faire
là, et les consensus doivent s'établir là.
Mme Rizqy : ...là, je
vais peut-être recommencer ma question. Parce que, là, présentement, là, vous
avez quand même des élus scolaires puis vous avez des élus municipaux, puis
malheureusement on entend encore des histoires où est-ce qu'on n'est pas
capables de trouver des terrains, alors qu'il y a quand même deux paliers de
gens élus démocratiquement qui sont supposés s'entendre pour le bien des
enfants. Alors, est-ce que vous avez une solution concrète, là, pour nous dire
comment que, présentement, on ne va plus entendre d'histoires où est-ce qu'on
met des écoles proches des pylônes, proches des gares ferroviaires, proches des
autoroutes, puis que ce n'est pas vraiment au plus fort la poche au pied carré
parce qu'on préfère construire une tour de condos que de construire une école.
Ça, vraiment, là, les Québécois, là-dessus, ils ne sont plus capables.
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Demers (Jacques) :
O.K. Bien, de façon générale, dans les régions du Québec, on n'a pas vraiment
cette problématique-là. Où est-ce que vous allez trouver ça, c'est dans les
grands centres urbains, dans vos communautés urbaines où est-ce qu'il y a
énormément... Au niveau des régions, là, la fois que le gouvernement est prêt à
y construire une école, là, on lui fait de la place. On pense à nos jeunes. On
a plus de misère à les garder qu'à les construire. À ce moment-là, là, je
voudrais trouver les exemples, qu'il y a un village au Québec qui n'a pas
trouvé de place pour son école, elle n'existe pas. On cherche des écoles qui
restent en vie. C'est vraiment là-dessus qu'on travaille, là.
M. Ciccone :
Merci beaucoup, merci beaucoup. Maintenant, je passe la parole à la députée de
Sherbrooke pour 2 min 40 s. À vous la parole.
Mme Labrie : Merci. J'ai
bien entendu votre plaidoyer envers les CRE, qui ont été une grande perte pour
les régions. J'en entends souvent parler parce que mon bureau de circonscription
est dans l'ancien local d'une CRE de l'Estrie, puis… bien, Sherbrooke, puis c'est
quelque chose dont on parle souvent avec beaucoup de nostalgie.
Puis j'entends aussi votre besoin d'un
meilleur arrimage entre les commissions scolaires, les municipalités, le besoin
que les décisions soient prises localement, mais de manière concertée aussi,
dans ces différents secteurs-là, puis je me demande : Est-ce qu'on a
vraiment besoin d'abolir les commissions scolaires pour ça? Est-ce qu'on ne
pourrait pas aménager, dans le modèle <actuel…
Mme Labrie : ...
c'est
quelque chose dont on parle souvent avec beaucoup de nostalgie.
Puis j'entends aussi votre besoin d'un
meilleur arrimage entre les commissions scolaires, les municipalités, le besoin
que les décisions soient prises localement, mais de manière concertée aussi,
dans ces différents secteurs-là, puis je me demande : Est-ce qu'on a
vraiment besoin d'abolir les commissions scolaires pour ça? Est-ce qu'on ne
pourrait pas aménager, dans le modèle >actuel, une manière de favoriser
cette collaboration-là avec les municipalités?
M. Demers (Jacques) :Je comprends votre question, puis ça ressemble... On n'a pas
pris cet aspect-là en venant ici aujourd'hui. En regardant, on s'est dit :
Bon, il y a un projet de loi, on travaille sur le projet de loi en essayant de
répondre ce que nous, on pense qu'il faut le plus protéger. Si le gouvernement
décide de garder les commissions scolaires, là, on va souhaiter, comme dans Kamouraska,
comme à d'autres endroits, qu'il y ait plus de liens. Il y a des places que ça
fonctionne bien. Comme vous disiez, au niveau des CRE, je pense qu'on en avait
une qui fonctionnait, mais il y a des endroits où que ça allait moins bien. Il
y a eu des décisions de prises.
Dans celle-là, une fois qu'il y a un
projet de loi, on s'est dit : On pourrait venir vous parler pendant trois
heures de vouloir la garder... de regarder. À ce moment-là, on aurait pris un
autre angle. L'angle qu'on a pris, aujourd'hui, c'est de dire, avec ce qui est
proposé, là, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que ça aille le mieux possible
pour nos régions. C'est vraiment l'aspect qu'on y a pris.
Mme Labrie : Je comprends
que vous ayez fait ce choix-là, mais en même temps je veux aller peut-être un
peu dans le même sens que ce qu'a essayé d'aborder ma collègue, dans le fond,
la démocratie. Tu sais, l'argument, le prétexte nommé par le gouvernement en
place pour ce projet-là de gouvernance, c'est le faible taux de participation
aux élections scolaires. Puis vous et moi, on le sait que le taux de
participation est faible aussi au niveau municipal puis qu'il y a même plus
d'élus municipaux élus par acclamation qu'il y a d'élus scolaires, en
pourcentage. Donc, le risque de glissement, comme a nommé ma collègue de
Saint-Laurent, est quand même assez élevé, là, quand on dit : Bon, la
participation est trop faible, on abolit ça, on transforme ça en conseil
d'administration. Nous, on est préoccupés par ce glissement-là au niveau
démocratique. Puis je comprends que ce n'est pas le choix que vous avez fait
d'aborder ça ici, mais le voyez-vous, ce risque-là, quand même?
M. Demers (Jacques) :
Bien, je suis surpris quand vous nous dites que les taux sont plus faibles.
Dans beaucoup de municipalités, les taux sont plus hauts qu'au provincial ou
qu'au fédéral. Quand...
Mme Labrie : ...élus par
acclamation, je veux dire.
M. Demers (Jacques) :Oui, le taux d'élus, mais le taux de
votation dans nos municipalités, quand il y a des votes, là, on a un très bon
taux de votation, les gens sont présents. Quand il y a le maire qui a une élection
dans un village, il s'arrange pour faire sortir son monde, puis celui qui est
contre aussi. Le taux de votation, au monde municipal, est très, très élevé. Il
y a, oui, dans bien des endroits... qui choisissent de garder. Si le problème
de garder... il n'y a pas eu d'autres personnes qui se sont présentées, est-ce
qu'on considère que c'est à cause que les gens... qu'il devrait y en avoir à
chaque fois? Peut-être qu'ils font un bon ouvrage, aussi. Ça, je pense que c'est
considéré.
Mme Labrie : C'est
peut-être aussi la même chose avec le scolaire aussi, hein?
M. Demers (Jacques) :
Tout est possible. Mais les fois qu'il y a deux personnes qui se présentent,
nos taux de votation sont très élevés.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Demers (Jacques) :
Oui, c'est terminé.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt, maintenant, à reconnaître la députée de Joliette
pour 2 min 40 s.
Mme
Hivon
:
Oui. Je suis très heureuse de vous entendre, de vous avoir ici. Il y a beaucoup
de craintes. Moi, je dois dire que moi et mes collègues qui proviennent de
beaucoup de régions, dans ma formation politique, de régions un petit peu plus
éloignées, entendent beaucoup de craintes quant à la centralisation. Je
comprends que vous partagez un peu ces craintes-là.
Très concrètement, vous l'avez évoqué un
petit peu, tout à l'heure, sur les petites écoles, les écoles avec très peu
d'élèves, est-ce que vous avez des craintes que ça puisse amener peut-être un
manque de sensibilité par rapport à la réalité de ces petits milieux, ces
petites écoles? Puis qu'est-ce que vous proposez pour que cette réalité-là soit
bien prise en compte?
M. Bernier (Larry) :
Moi, je ne pense pas, peu importe la structure qu'on va mettre en place, que ça
va changer quoi que ce soit au niveau de la sensibilité. La sensibilité, pour
moi, elle est à l'intérieur de chaque individu. Et nous, présentement, on a
parti notre projet parce que c'était vraiment un projet particulier, il est
unique au Québec...
Mme
Hivon
:
On en a discuté, de votre projet, mais plus largement.
M. Bernier (Larry) :...oui, vous en avez entendu parler, et on l'a parti avec des
gens de coeur, puis on l'a tenu à bout de bras pendant sept ans. Puis, au bout
de sept ans, là, par différents moyens, on a fait intervenir la commission
scolaire, puis c'est par déduction, avec la commission scolaire puis une
présentation qu'on a faite auprès des dirigeants, qu'à un moment donné on a eu
une collaboration avec eux, puis ça va très bien, présentement, avec eux, à ce
niveau-là.
Ça fait que je me dis : Si ça s'est
réussi dans une structure, ça va continuer à se réussir dans une autre
structure, surtout que, je me dis, la nouvelle structure, je pense qu'il va y avoir
beaucoup de parents sur ce conseil d'administration là, alors, s'il y a des
gens qui sont bien sensibles à la situation des enfants, c'est bien les
parents.
Alors, je me dis, bien, moi, je
n'appréhende pas de difficulté particulière par rapport à cette nouvelle façon
de faire, là, je me dis, c'est plus au niveau de la sensibilité de chaque
individu qu'on va y arriver, si chacun est conscient. Parce qu'en fin de compte
la sensibilité nous mène à la conscience, hein? En fin de compte, si on est conscient
de la difficulté de l'autre, bien, on est prêt à y participer, à l'aider.
Alors, moi, je pense que c'est de même que ça va fonctionner.
Mme
Hivon
:
Et parlant de sensibilité, j'image que vous avez une sensibilité territoriale
et donc vous êtes conscients que, par exemple, dans un territoire donné,
puisqu'il n'y a pas de <siège ou de...
M. Bernier
(Larry) : ...
En fin de compte, si on est conscient de
la difficulté de l'autre, bien, on est prêt à y participer, à l'aider. Alors,
moi, je pense que c'est de même que ça va fonctionner.
Mme
Hivon
:
Et parlant de sensibilité, j'image que vous avez une sensibilité territoriale
et donc vous êtes conscients que, par exemple, dans un territoire donné,
puisqu'il n'y a pas de >siège ou de découpage de territoires, en fait,
les conseils d'établissement vont voter, à travers les parents qui siègent là,
pour les parents qui vont être sur les C.A., donc il n'y a aucune garantie que,
par exemple, ce ne serait pas, essentiellement, les parents du centre urbain.
Donc, ça, je voulais vous entendre là-dessus.
Puis l'autre chose sur laquelle je voulais
vous entendre... Vous listez, à la page 7, plein de sujets dont vous
aimeriez voir des discussions se faire entre des instances scolaires et
municipales, mais est-ce que vous pensez que c'est réaliste de demander ça
comme charge de travail à un C.A. composé, comme vous le dites, majoritairement
de parents non rémunérés qui vont déjà siéger sur un conseil d'établissement et
un conseil d'administration?
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Bernier (Larry) :
Oui, c'est ça. Moi, je pense que oui, je pense qu'il y a possibilité. C'est sûr
que ces gens-là vont être assistés, probablement, avec des gestionnaires, là,
qui vont encore exister, hein, dans les nouvelles structures et qui vont les
éclairer un petit peu pour prendre les meilleures décisions. Mais je ne pense
pas que ça puisse poser plus de difficultés tellement grandes à ce niveau-là.
Le Président (M. Ciccone) :
Alors... Oui?
Mme Drolet (Maryse) :
Si j'ai quelques secondes... Non?
Le Président (M. Ciccone) :
15 secondes.
Mme Drolet (Maryse) :
En fait, on a une recommandation sur le découpage territorial parce qu'on a
effectivement cette préoccupation-là, qu'il n'y a plus de territoire de
circonscription. Donc, on peut penser, imaginer le scénario d'une concentration
de représentants au conseil et qu'il y ait des territoires qui soient moins
représentés au conseil d'administration du centre. Alors, c'est effectivement
une recommandation qu'on a.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme Drolet, merci beaucoup, M. Demers, M. Châteauvert,
M. Bernier. Merci pour votre grande contribution aux travaux de cette commission.
Je vais suspendre quelques instants pour
laisser place au prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 15)
Le Président (M. Ciccone) :
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants de la
Fédération des syndicats de l'enseignement. Je vous rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter ainsi que vos invités. À vous la parole.
Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE)
Mme Scalabrini
(Josée) :Merci beaucoup. Bonjour. Je suis
Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement.
La FSE est la <plus...
Le Président (M. Ciccone) :
... syndicats de l'enseignement. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échanges avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous
présenter ainsi que vos invités. À vous la parole.
Mme Scalabrini
(Josée) :
Merci beaucoup.
Bonjour. Je suis Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de
l'enseignement.
La FSE est la >plus importante organisation
représentant les enseignants au Québec. Elle regroupe 34 syndicats
représentant plus de 65 000 enseignants aux quatre coins du Québec.
Elle compte parmi ses membres des enseignants du préscolaire, primaire,
secondaire, de la formation professionnelle, de la formation générale des
adultes ainsi que des enseignants en adaptation scolaire et des spécialistes.
La FSE représente également les enseignants qui travaillent dans les
commissions scolaires cries, Kativik. Elle est affiliée à la CSQ.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de
Mme Brigitte Bilodeau, la première vice-présidente à la FSE,
Mme Fanny Lamache et M. Sébastien Bouchard, deux conseillers de la
fédération.
Nous ne sommes pas venus ici pour
invectiver le ministre ni pour crier notre colère, même si elle est bien
présente. Nous sommes ici pour représenter les enseignants et faire valoir leur
voix au sujet d'un projet de loi qui les indigne et pour lequel ils réclament
des amendements.
Nous avons tous entendu le ministre dire à
maintes reprises qu'il souhaitait valoriser la profession enseignante,
reconnaître l'expertise des enseignants et rapprocher les décisions de celles
et ceux qui connaissent les élèves par leurs noms. Si nous partageons ces
objectifs, force est de constater que les moyens proposés pour y arriver ratent
complètement la cible.
Le projet de loi n° 40
devait revoir la gouvernance du réseau, mais il a débordé largement de ce cadre
pour venir restreindre encore davantage l'autonomie professionnelle des
enseignants. Pire, il met fin à la parité en diminuant la place du personnel au
conseil d'établissement, comme si leur voix devait compter moins. Par ce projet
de loi, le ministre dévalorise la profession, ma profession et, du coup, la
sienne. Ce projet de loi ne répond à aucune urgence du terrain, mais à un
engagement politique. Il y a des besoins autrement plus criants dans le réseau.
La FSE réclame d'ailleurs depuis des années qu'on se donne une vision globale
en éducation et qu'on cesse les changements à la pièce.
L'an dernier, la FSE a mené une vaste
consultation auprès de milliers de ses membres sur le thème Maîtres de notre
profession. C'est sur cette base que nous nous adressons à vous
aujourd'hui. Nous aimerions souligner qu'il est, pour nous, inacceptable que
des changements aussi importants que ceux contenus dans ce projet de loi, qui
auraient des répercussions majeures, soient amenés dans des délais aussi courts
et sans véritable consultation au préalable. Le ministre nous dit souvent qu'il
est ferme sur les objectifs, mais souple sur les moyens. Il a là une excellente
occasion de nous le démontrer.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Dans son projet de loi, le ministre nous concède une expertise pédagogique,
mais sans réelle portée. Il ajoute, à l'article 19 de la loi, que
l'enseignant possède «une expertise essentielle en pédagogie». Cet ajout est purement
symbolique et n'aura aucun effet réel sur les enseignants. Le projet de loi
n'accorde aucun droit ni aucun pouvoir supplémentaire aux profs. Au contraire,
il leur ajoute des obligations et leur retire des pouvoirs.
Il faut reconnaître l'expertise et le
jugement professionnel des enseignants dans le choix des pratiques pédagogiques
et en matière d'évaluation. La recette pour y arriver serait simple, le
ministre n'a qu'à modifier le projet de loi pour que le nouvel article 19
reprenne exactement le libellé qu'il avait lui-même proposé lors de l'étude du
projet de loi n° 105, qui se lit comme suit : «Dans
le cadre des programmes de formation et des dispositions de la présente loi,
ainsi que dans le respect de son autonomie professionnelle individuelle, de son
jugement et de son expertise, […]l'enseignant a le droit de diriger la conduite
du ou des groupes d'élèves qui lui sont confiés, de choisir la démarche
appropriée pour la préparation […] de ses cours, son matériel didactique et ses
instruments d'évaluation ainsi que de prendre les modalités d'interventions
qu'il juge appropriées.» Il ne resterait qu'à ajouter une petite phrase pour
établir que l'évaluation des apprentissages est une compétence exclusive à
l'enseignant, et le tour serait joué.
• (17 h 20) •
Le projet de loi légalise la manipulation
des notes. Introduire dans la loi qu'une direction pourrait majorer les
résultats d'un élève après avoir consulté l'enseignant n'est rien de moins que
de légaliser une pratique inacceptable que tout le monde ici présent a pourtant
décriée. En invoquant comme seul motif qu'actuellement ça se fait déjà sans en
avertir les enseignants revient à nier le débat qui a déjà eu cours. Présenter
cet article de loi comme un gain, c'est ne pas être à la hauteur de ses
engagements, puisque l'expérience nous a appris que l'exception devient souvent
la règle. La FSE est d'avis <que...
Mme Bilodeau (Brigitte) :
...
en invoquant comme seul motif qu'actuellement ça se fait déjà sans en
avertir les enseignants revient à nier le débat qui a déjà eu cours. Présenter
cet article de loi comme un gain, c'est ne pas être à la hauteur de ses
engagements, puisque l'expérience nous a appris que l'exception devient souvent
la règle. La FSE est d'avis >quetoute manipulation de notes par qui
que ce soit devrait tout simplement être interdite clairement.
Le projet de loi cadenasse l'autonomie professionnelle.
La FSE a toujours soutenu la recherche en éducation et sa diffusion auprès des
enseignants parce qu'elle permet d'alimenter leurs réflexions professionnelles.
Malheureusement, nous avons constaté dans plusieurs milieux que des partisans
de certaines chapelles universitaires viennent imposer leur vision avec
l'assentiment des commissions scolaires.
La création d'un comité d'engagement pour
la réussite des élèves, qui aurait pour mandat de promouvoir les pratiques
éducatives issues de la recherche ouvrirait toute grande la porte à des
intrusions dans l'autonomie professionnelle des enseignants, qui deviendraient
de simples exécutants. Le projet de loi donne à ce comité le mandat de
promouvoir, c'est-à-dire de mettre quelque chose en avant, de préconiser quelque
chose en essayant de le faire adopter, d'en favoriser le développement. Nous
avons beau chercher, nous ne voyons pas en quoi se faire dicter des pratiques
pédagogiques reconnaîtrait l'autonomie professionnelle des enseignants.
Le projet de loi asservit la formation continue
des profs. Soyons clairs, les enseignants font de la formation, ils veulent en
garder la pleine maîtrise d'oeuvre pour maintenir un haut degré de compétence
professionnelle en ayant le choix du contenu, de la forme, du lieu et du moment,
sous réserve des formations concernant l'adoption de nouveaux encadrements ministériels
ou la mise à jour des programmes d'études. Ils refusent d'être assignés à des
formations qui ne font pas de sens pour eux. Ils refusent également de se faire
imposer, par des formations, des approches ou des méthodes au goût du jour,
sans égard à leur pratique, à la réalité de leur classe ou à leur expertise
terrain...
Ce qu'ils proposent, ce sont des moyens
pour soutenir l'accès à la formation : une offre de formations variées et concrètes
qui répond à des besoins réels, une plus grande reconnaissance de la formation
continue qu'ils font déjà, une bonification des budgets de perfectionnement,
incluant le personnel à statut précaire, qui n'est actuellement pas financé
pour se former, et du temps dans l'organisation du travail en dehors des
journées pédagogiques.
Si le projet de loi veut actualiser
réellement l'expertise pédagogique du personnel enseignant dans la formation
continue, il doit retirer son objectif de le contraindre, de le surveiller et
de le sanctionner en la matière. Il doit plutôt valoriser son
professionnalisme, reconnaître et soutenir sa participation à des activités de
formation continue.
Force est de constater qu'en dépit de ses
promesses le ministre impose sournoisement et à la pièce des éléments d'un
ordre professionnel. Faut-il rappeler que les enseignants se sont prononcés
massivement contre l'instauration d'un tel ordre et qu'ils ont confirmé cette
position une fois de plus dans notre vaste consultation de l'an dernier?
Le consensus autour d'une école commune
est en péril. Les ministres rajoutent sans arrêt des contenus obligatoires sans
qu'il n'y ait de temps pour le faire : la RCR, l'orientation scolaire et
professionnelle, l'éducation à la sexualité, et on parle même d'ajouter des
compétences numériques et de faire de la prévention en santé mentale. Pour la
FSE, la cour est pleine. L'école fourre-tout, ça suffit.
Dans ce projet de loi, le ministre veut
aussi laisser plus de pouvoirs au conseil d'établissement, ce qui pourrait
entraîner la prolifération des projets particuliers et ainsi encourager l'école
à trois vitesses, avec l'école privée, les projets sélectifs particuliers et la
classe ordinaire.
Il faut stabiliser les heures prévues à la
grille-matières et recentrer l'enseignement sur l'essentiel. Nous proposons
donc que le temps alloué à chaque matière soit déterminé sur proposition des
enseignants et que soit instauré un temps minimum prescrit alloué à chaque
matière. Je le rappelle, rien ne protège, actuellement, le nombre d'heures
d'enseignement à consacrer aux différentes matières. C'est un temps indicatif
et non prescriptif. Il nous apparaît essentiel de recentrer le curriculum sur
la formation de base commune et de reconstruire une école pour tous. Cela
constituerait un legs très enviable pour un gouvernement qui dit prioriser
l'éducation.
Mme Scalabrini
(Josée) : Un gouvernement qui veut réellement faire de
l'éducation une priorité devrait d'abord s'atteler à apporter des solutions à
des problèmes criants en écoutant les profs qui sont sur la ligne de feu à tous
les jours.
En somme, le projet de loi n° 40 rate
la cible. Il répond clairement à des engagements politiques, mais pas aux
promesses faites aux enseignants. La déception est d'autant plus grande que le
projet de loi, qui fait reculer leur autonomie et leurs droits, est porté par
un collègue enseignant. Pour un gouvernement qui se fait un point d'honneur de
respecter ses engagements, celui de la valorisation des enseignants est loin
d'être réalisé.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Scalabrini
(Josée) : Il y a un dicton qui dit que, quand c'est important,
on trouve des <moyens...
Mme Scalabrini
(Josée) :
…
par un collègue enseignant. Pour un
gouvernement qui se fait un point d'honneur de respecter ses engagements, celui
de la valorisation des enseignants est loin d'être réalisé.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Scalabrini
(Josée) :
Il y a un dicton qui dit que, quand c'est
important, on trouve des >moyens, et quand ça ne l'est pas, on trouve
des excuses. On verra donc ici ce que le ministre en pense vraiment. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup pour votre exposé. On passe maintenant à la période d'échange. M.
le ministre, vous avez 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M.
le Président. Merci pour votre présentation, toujours aussi passionnée, mais
dont j'apprécie le ton, certainement. Ça facilite grandement nos échanges. Je
vous en remercie encore. Il y a plusieurs éléments sur lesquels je voudrais
revenir, des précisions que je voudrais obtenir ou que je voudrais faire.
Je vois, dans votre mémoire, au début de
votre conclusion, dans le premier paragraphe, on dit : «Le gouvernement actuel
a donc déposé [un] projet de loi n° 40 qui devait avoir pour
[objectif principal] de modifier la structure de gouvernance scolaire actuelle
afin de remplir ses engagements politiques.» Je veux faire une mise au point. L'objectif
du projet de loi n° 40 n'est pas de remplir des engagements
politiques. Les engagements politiques ont été pris avec des objectifs plus
nobles que de remplir des engagements politiques. Évidemment, on souhaite aller
de l'avant parce qu'on souhaite... Et on verra si les moyens pris sont les
meilleurs puis si on peut les ajuster, mais probablement que, sur les objectifs,
on peut s'entendre.
On souhaite avoir une plus grande
implication de ceux et celles qui font l'école à tous les jours. On souhaite
avoir une plus grande subsidiarité, sans l'imposer comme un dogme, en sachant
qu'on a besoin de… Il y a des choses qui doivent se faire à l'échelle
régionale, hein? Ce n'est pas une abolition de la commission scolaire pour
qu'il n'en reste plus rien, c'est une transformation. Mais on souhaite avoir
une plus grande implication de ceux et celles qui font l'école tous les jours.
On souhaite mettre de la chair autour de l'os puis avoir un vrai principe de
subsidiarité appliqué. On souhaite avoir plus de gestion collaborative. Puis,
au bout du compte, en additionnant tout ça avec beaucoup d'autres mesures, puis
les ressources professionnelles ajoutées, puis un respect de l'autonomie, on
pense qu'à terme il y aura une augmentation de la réussite. Mais on ne fait pas
ça parce que, tu sais, on a dit qu'on allait le faire. On pense que ce sont des
moyens qui vont nous permettre d'atteindre des objectifs qui nous sont communs
à tous.
Maintenant, on va regarder les moyens,
ensemble, pour voir dans quelle mesure on peut se comprendre ou dans quelle
mesure on peut apporter des améliorations à ce projet de loi là. J'ai vu, dans
vos propositions ou dans vos recommandations, à la fin, qui sont fort
nombreuses... on va prendre le temps de toutes les regarder, mais il y en a une
qui nous dit qu'on devrait mettre dans la mission deux choses qui seraient
absentes dans le projet de loi n° 40 : la notion de promouvoir et
valoriser l'école publique. J'en conviens, ce n'est pas là en ce moment. Je
pense que c'est quelque chose qu'on pourrait assez aisément intégrer dans les
amendements, de dire que le C.A. et le centre de services devraient avoir cette
mission de promouvoir et valoriser. Et ce n'est pas juste des mots, je pense
qu'ensuite, quand on met ces mots-là, ça se traduit par des décisions, par des
gestes. J'accueille ça favorablement.
Vous nous proposez aussi, dans vos
recommandations, que, dans la mission, on nous dise : Bien, la mission du
C.A., la mission du centre de services, c'est de jouer un rôle d'équité, de
répartition des ressources pour plus d'équité. Encore une fois, je conviens que
ce n'est pas dans l'énoncé de mission actuel. Je veux juste préciser, pour
compréhension... Et on peut le mettre, on peut bien le mettre, je n'ai pas
d'objection à ça, évidemment. Cependant, il est déjà dans l'article 275.1,
ce principe de la loi actuelle, et il demeurera. À l'article 275.1, donc,
on dit que le centre de services fait une répartition des ressources puis on
dit : «Cette répartition doit être effectuée de façon équitable», donc, en
respectant le principe de l'équité, et ce n'est pas biffé avec le projet de loi
n° 40. Ceci dit, on peut bien le rajouter aussi dans l'énoncé de mission,
mais juste pour rassurer des gens qu'il n'était pas question d'éliminer quelque
chose qu'il y avait, à savoir une instance régionale qui veille à une équité
sur le territoire. C'était déjà là, ça reste là.
• (17 h 30) •
Sur la question de la notation, de l'évaluation,
sujet très sensible quand on parle à des professionnels de l'enseignement que
vous êtes, vous dites : Toute manipulation de notes doit être bannie. J'en
conviens, je suis 100 % d'accord, je ne veux pas de manipulation de notes.
Je pense que j'ai posé un geste fort, au printemps, qui le démontrait bien. Le
précédent gouvernement défendait ça en disant : Ah! ce n'est pas moi qui
l'ai instauré, donc je ne le toucherai pas. Nous, on l'a <arrêtée, cette…
>
17 h 30 (version révisée)
<15361
M. Roberge :
…de notes doit être bannie, j'en conviens, je suis 100
% d'accord,
je ne veux pas de manipulation de notes. Je pense que j'ai posé un geste fort,
au printemps, qui le démontre bien. Le précédent gouvernement défendait ça en
disant : Ah! ce n'est pas moi qui l'ai instauré, donc je ne le toucherai
pas. Nous, on l'a >arrêtée, cette manipulation, cette majoration
automatique des 58 %, 59 % à 60 %.
Dans le projet de loi, on pensait faire
une avancée, puis là il y a une levée de boucliers, ça fait qu'on va continuer
de réfléchir. On peut se remettre en question, mais on pensait faire une
avancée en disant : Il y a des notes qui sont manipulées, en ce moment,
sans que personne ne soit consulté, sans que personne ne soit avisé. On s'est
dit : Si une direction avait des doutes, en tant que leader pédagogique,
et voulait modifier une note... Et c'est écrit «majorer». Savez-vous quoi? Je
vais admettre l'erreur, on aurait pu dire «modifier». Majorer, ça veut dire que
ce serait seulement vers le haut. C'est probablement, sincèrement, une erreur
de notre part d'avoir choisi ce verbe-là, qui est bien mal choisi. Mais, si
elle devait être modifiée, cette note, comment on pourrait faire pour respecter
la compétence professionnelle d'évaluer puis en ayant un mécanisme d'appel?
Moi, je veux bien retirer cet
amendement-là ou le changer du tout au tout, j'entends ce que vous me dites, mais
est-ce qu'on peut trouver une façon pour que, de manière exceptionnelle ou
ultra-exceptionnelle — on peut mettre les superlatifs qu'on veut — il
soit possible d'avoir un mécanisme de révision, comme en ont parlé, d'ailleurs,
la Fédération des cégeps avant vous, aujourd'hui même? Ils ont dit : On ne
changera jamais une note, mais il y a un mécanisme de révision qui existe. Puis
on pourrait peut-être trouver quelque chose ici, dans nos discussions, qu'on
pourra reformuler en des amendements légaux plus tard, qui nous satisferait
tous, avec cette intention commune de reconnaître l'expertise, le geste
professionnel, l'autonomie professionnelle des enseignants, de l'acte
d'enseigner, de l'évaluation, sans peut-être cette maladresse d'avoir mis
«majorer», que je reconnais. Donc, est-ce qu'on peut s'entendre sur quelque
chose comme ça?
Mme Scalabrini
(Josée) : Je vais faire un bout, Mme Bilodeau pourra
compléter, si elle veut. Premièrement, quand vous avez mentionné les
recommandations que vous trouviez au mémoire, là, vous étiez dans l'annexe où
on a mis des recommandations de la CSQ, ce n'était pas... juste l'annexe avant,
c'étaient les recommandations que nous, on faisait aujourd'hui.
Premièrement, c'est vrai qu'au printemps
vous avez posé un geste important qui nous a permis de croire que vous étiez
contre la manipulation des notes. Quand on a analysé le projet de loi, là, ce qu'on
y voyait, c'est : Ah non, maintenant, on vient cautionner cette
manipulation de notes là.
Quand vous dites : Est-ce qu'on
pourrait penser à un mécanisme?, le mécanisme de révision des notes existe déjà,
n peut demander une révision des notes. Entre-temps, si, ce qui était contesté,
c'est de dire : On veut comprendre pourquoi l'enseignant est arrivé à
cette note-là, c'est une chose, ça. On peut demander, mais ça ne veut pas dire
qu'on va changer la note. Tous les enseignants au Québec vont admettre que des
fois on peut vouloir comprendre comment on en est arrivé à donner cette note-là,
mais ça ne veut pas dire... Parce qu'un enseignant peut bien vouloir dire
comment il en est arrivé à ça, mais ça ne veut pas dire qu'il veut changer sa
note. Si l'enseignant considère qu'un moment donné : Oups! j'ai réalisé
que j'avais fait une erreur, il la changera, sa note. Mais, si l'enseignant dit :
Non, non, j'étais avec cet élève-là, j'ai suivi le cheminement de cet élève-là,
c'est la note qu'il mérite... Par contre, si une direction a des reproches à
faire à un enseignant parce qu'il doute de son évaluation, il existe, dans
l'école, un mécanisme pour faire des suivis à des enseignants.
Et c'est pour ça, pour nous, qu'il est
très malhabile d'aller écrire noir sur blanc dans un projet de loi qu'exceptionnellement,
après consultation, une direction peut changer la note. Non, la note, elle
appartient à l'enseignant, elle n'appartient pas à la direction, parce que c'est
l'enseignant qui a fait le cheminement. Je ne sais pas si Mme Bilodeau
veut ajouter.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Bien, simplement mentionner qu'on n'écrit pas un projet de loi pour des
exceptions ou pour des problématiques exceptionnelles, on écrit un projet de
loi pour la majorité des gens. Alors, moi, je pense que la très, très forte
majorité des enseignants ont un jugement professionnel qui mérite d'être
respecté, et, dans ce sens-là, il faut effectivement leur donner l'autonomie en
matière d'évaluation des apprentissages.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, à cet
égard, j'ai une petite divergence d'opinions. Je pense qu'on doit prévoir, dans
le projet de loi, des exceptions, mais par contre il ne faut pas imposer des
mécanismes qu'on devrait utiliser seulement en cas d'exception à la majorité. C'est
une nuance que j'apporterai.
Et, comme je dis, peut-être que cet
article-là devra être revu. En fait, je pense qu'il serait revu, de toute
façon, parce que «majorer», en partant, c'est le mauvais verbe, ça, je le
reconnais. Et ensuite, si on doit le modifier autrement puis <pour...
M. Roberge : ...
utiliser
seulement en cas d'exception à la majorité. C'est une nuance que j'apporterai.
Et, comme je dis, peut-être que cet
article-là devra être revu. En fait, je pense qu'il serait revu, de toute
façon, parce que «majorer», en partant, c'est le mauvais verbe, ça, je le
reconnais. Et ensuite, si on doit le modifier autrement puis >pour ne
pas imposer à une majorité quelque chose qui devrait être à une minorité ou une
exception, j'en suis, je vous dis tout de suite que nous allons réviser sérieusement
ça, on vous a entendus.
Pour ce qui est de quelque chose que vous
avez mentionné, la parité sur les conseils d'établissement, là, on fait bien
peu de changements dans la proposition du conseil d'établissement. Cependant,
ce qu'on proposait, ce qu'on propose dans le projet de loi n° 40,
c'est d'arriver avec un... de donner le droit de vote au représentant de la
communauté sur le conseil d'établissement. Il y a une place, en ce moment,
réservée à un membre de la communauté sur le conseil d'établissement, mais il
est non votant. En leur donnant le droit de vote, on vient, selon vous, brimer
cette parité. Pouvez-vous nous expliquer davantage puis nous en parler,
pourquoi c'est incorrect? Puis qu'est-ce qu'on devrait faire, donc?
Mme Scalabrini
(Josée) : Moi, je vais revenir à l'objectif, au départ, des conseils
d'établissement, c'était cette parité-là. La voix des enseignants sur la vie
d'une école, des enseignants et du personnel de l'éducation sur la vie de
l'école, c'est important. On n'a jamais dit qu'on est plus importants que les
parents. Les parents, on en a besoin dans le système. C'est essentiel, les
parents, c'est eux qui font qu'on a des enfants à l'école. Mais on dit :
Le quotidien, par contre, la vie au quotidien, les besoins dans une école,
c'est le personnel qui les connaît. Et, pour nous, si on veut donner des votes
à d'autres membres en dehors du personnel, bien, il faut s'assurer que la
parité demeure toujours avec le personnel pour assurer l'équilibre dans les
réflexions et qu'on ne tire pas... La majorité des conseils d'établissement,
vous l'admettrez avec nous, vont bien. Mais, si un jour ça va moins bien, il
faut donner une chance équitable de pouvoir parler correctement de la vie à
l'école et dans les centres.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Les conseils d'établissement ont été constitués dans cet esprit d'équilibre là
entre les parents, qui veulent le bien de leurs enfants, et les détenteurs de
l'expertise qui est dans l'école, et je pense que c'est extrêmement important
de garder cet équilibre-là. Ça va bien, effectivement. Ça fait, quoi, plus de
20 ans, là, qu'on vit avec les conseils d'établissement, et les gens ont
appris à travailler ensemble, à collaborer ensemble dans le respect de
l'expertise de chacun, et ça, c'est absolument essentiel. De briser la parité
lancerait un très mauvais message aux enseignants. Ce serait comme nier leur
apport en termes d'expertise au sein du conseil d'établissement.
M. Roberge : Et, puisqu'on
est dans le nombre de personnes, les proportions des différents groupes, je
vous amènerais sur le conseil d'administration. Dans sa forme actuelle, le
projet de loi n° 40 propose un modèle qui peut être
semblable à ce qu'il y a au conseil d'établissement. En même temps, il y a une
nuance, on parle de la moitié aux parents, après ça 25 % membres de la
communauté, 25 % personnel de l'école. Certains ont dit que c'était
correct. Avant vous, d'autres nous ont dit : Il faudrait avoir une triple
égalité. Ils nous ont suggéré d'arriver autour de 15 membres, mais d'avoir
égalité, mais à trois, donc cinq parents plutôt que huit, là, cinq parents,
cinq de la communauté, cinq du personnel, c'est ce qui a été mis aux voix. Ce
n'est pas le projet de loi n° 40, mais j'aimerais ça
vous entendre sur cette recommandation qui a été formulée par quelques groupes
avant vous.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Bien, encore là, je vous mentionnerai d'entrée de jeu que, pour nous, il n'y avait
pas nécessité de tout brasser la structure actuelle, on aurait été capables de
vivre encore avec les conseils des commissaires. On reconnaît qu'il y aurait peut-être
eu lieu d'améliorer certaines choses, mais on aurait très bien vécu avec le
maintien des structures actuelles. Si votre intention est de mettre en place
des conseils d'administration, nous, on vous demande de revenir, encore là,
comme sur les conseils d'établissement, avec la parité, toujours dans l'objectif
de reconnaître l'expertise des gens du terrain, qu'ils puissent contribuer aux
décisions, en équilibre avec les représentants des parents et de la communauté.
La proposition d'équilibre entre trois parties revient à dire que les membres
du personnel seraient minoritaires, ce qui ne nous apparaît pas souhaitable.
• (17 h 40) •
Mme Scalabrini
(Josée) : Et j'ajouterai que, pour nous, ce qui est crucial, en
plus, c'est qu'on veut s'assurer que ce seront les représentants du personnel
qui pourront décider qui est le personnel qui va au conseil d'administration,
que ce n'est pas en dehors du personnel qu'on nommera les gens qui doivent être
là, même si on reste convaincus qu'il y avait beaucoup d'autres priorités et
qu'on n'avait pas besoin <d'aller...
Mme Scalabrini
(Josée) :
...veut s'assurer que ce seront les
représentants
du personnel qui pourront décider qui est le personnel qui va au
conseil
d'administration, que ce n'est pas en dehors du personnel qu'on nommera les
gens qui doivent être là, même si on reste convaincus
qu'il y avait
beaucoup
d'autres priorités et qu'on n'avait pas besoin >d'aller tout changer le
fonctionnement. On pouvait réaménager ce qui existait, mais on n'avait pas
besoin de tout chambarder comme on le fait.
M. Roberge : Très bien.
Je précise quand même que, bon, selon les modèles, en ce moment, ce qui est
proposé, c'est quatre membres du personnel, certains groupes nous en ont
proposé cinq. Là, vous dites : Bien, dans le fond, si on change, il
faudrait que ce soit moitié-moitié. Dans tous les cas, c'est plus que le statu
quo, parce qu'il faut bien prendre conscience qu'en ce moment, sur les conseils
des commissaires, il n'y a personne de l'équipe du personnel. Il n'y en a pas,
d'employés de soutien, il n'y en a pas, de professionnels, il n'y en a pas, d'enseignants,
il n'y en a pas, de directions d'école. On se prive, je pense, à tort, de cette
expertise des gens qui, tous les jours, font l'école mais qui n'ont pas,
d'aucune manière, leur mot à dire sur l'instance la plus importante, sur le conseil
d'administration, contrairement à ce qu'on a dans nos cégeps, où il y a une
place pour les gens qui font le cégep à tous les jours, les gens qui
enseignent, contrairement à nos universités, où il y a une place sur nos les
C.A. de nos universités pour ces personnes-là.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, M. le ministre.
M. Roberge : Bon, on y
reviendra, de toute façon, on aura d'autres occasions. Je vous remercie beaucoup
pour votre collaboration aux travaux.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup.
Mme Scalabrini
(Josée) : Est-ce qu'on peut faire une petite réponse?
Le Président (M. Ciccone) :
Sur le temps de Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Scalabrini
(Josée) :Bien, j'apprécie que le ministre
nous parle de cégeps. Et il n'a pas parlé d'hôpitaux, mais je vais l'ajouter, parce
que, quand on vous parlait de parité — tantôt, on va revenir — on
a fait des petites recherches, nous autres aussi, même si on avait très peu de
temps pour se préparer à nos présentations, et les organisations qui ont un conseil
d'administration, ce ne sont pas, généralement, les usagers, qui sont sur les conseils
d'administration, ce sont ceux qui vivent au quotidien dans ces centres-là qui
sont en priorité. Donc, quand on vous parle de parité, on ose espérer qu'on
retiendra, si on veut souvent donner ces exemples-là d'autres organisations, qu'on
regardera l'exemple au complet.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Et le conseil des commissaires était une instance démocratique qui tenait ses
réunions en séances publiques, donc c'était un lieu de représentation, quand
même, pour le personnel, où on pouvait faire valoir la voix des enseignants.
Le Président (M. Ciccone) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci.
Bienvenue. Plusieurs choses, je commence d'emblée avec l'article 34 du
projet de loi, où est-ce qu'il est question de majoration de notes, qui seront
maintenant rendues légales. Dès lors que le projet de loi n° 40 a été
déposé en Chambre, j'ai demandé au ministre de retirer complètement le
paragraphe qui dit qu'«elles peuvent toutefois permettre exceptionnellement au
directeur de l'école, après consultation de l'enseignant, de majorer le
résultat d'un élève s'il existe des motifs raisonnables liés à son cheminement
scolaire». Moi, j'ai demandé le retrait complet, que ça soit biffé, parce que,
même si aujourd'hui le ministre dit que ce n'est pas le bon temps de verbe, «majorer»,
il y a plus que juste ça, c'est que «consultation», c'est quoi? Est-ce que ça
aussi, c'est un bon mot? Parce qu'on pourrait dire «consentement». Mais j'ai
déposé une sentence arbitrale, où est-ce qu'un enseignant a été consulté, mais
l'arbitre a mis dans sa décision : Il a obtenu son consentement, il l'a
mis entre guillemets, parce que l'enseignant était tellement secoué d'avoir
reçu la pression de certains parents qu'il a dit : Oui, oui, mais il
n'était pas apte à consentir à ce moment-là. Et j'aimerais vous entendre
là-dessus, parce que, pour moi, c'est assez important que, même si le ministre
change et dirait «avec consentement», on vient d'ouvrir, là, la porte toute
grande à beaucoup de pression sur les enseignants pour obtenir un consentement.
Mme Scalabrini
(Josée) : Je vais vous dire qu'avec la confusion qui a été
créée par l'ajout qu'il y a eu de l'article, il faut qu'on aille préciser que
le seul responsable de la note, c'est l'enseignant. On est rendus, je pense, à
cette étape d'aller le confirmer noir sur blanc qu'une note ne peut être
changée. Le seul responsable de la note, c'est l'enseignant.
Mme Rizqy : Parfait. Et,
à l'article 222, c'est déjà inscrit, là, qu'il y a une mesure d'exception
pour des raisons humanitaires, dans la Loi sur l'instruction publique, pour
modifier une note. Il me semble que ça, c'est la réponse à la question du
ministre de tantôt, quand il disait «avoir une disposition d'exception sur
les exceptions». 222, il me semble que c'est assez clair que, pour des raisons
humanitaires, oui, effectivement, il pourrait y avoir une modification, là.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Il faut savoir qu'il y a actuellement des décisions de tribunaux qui
reconnaissent l'évaluation des apprentissages de compétence exclusive des
enseignants.
Mme Rizqy : Merci. Je
vous amène aussi à loi référendaire, 35, il y a une petite subtilité que j'aimerais
soulever, où est-ce qu'on parle, et permettez-moi l'expression, du
redoublement, où est-ce que ça va être maintenant inscrit «après consultation
de l'enseignant». Il me semble que, si c'est l'enseignant qui est maître du
résultat scolaire, c'est lui qui va mettre la note, et là, après ça, oui ou
non, il va y avoir un redoublement ou pas, là, et non pas que le directeur d'école
va décider, après avoir consulté, si, oui ou non, il fait redoubler. Il
pourrait y <avoir, ici...
Mme Rizqy : ...
de
l'enseignant», pardon. Il me semble que, si c'est l'enseignant qui est maître
du résultat scolaire, c'est lui qui va mettre la note, et là, après ça, oui ou
non, il va y avoir un redoublement ou pas, là, et non pas que le directeur d'école
va décider, après avoir consulté, si, oui ou non, il fait redoubler. Il
pourrait y >avoir, ici, une ambiguïté ou une interprétation qui pourrait
permettre un jour à un directeur d'école de dire que lui aussi a son mot à dire
sur le résultat scolaire d'un élève.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Pour nous, l'enseignant doit être partie prenante de la décision qui est prise
de garder un élève une année supplémentaire au préscolaire ou une année supplémentaire
au primaire, parce que c'est de ça dont il est question dans l'article que vous
mentionnez. Alors, pour nous, c'est absolument important que le déclencheur de
la décision de garder un élève à l'éducation préscolaire une année de plus ou
au primaire une année de plus, ça relève de l'enseignant, qui connaît l'élève,
qui l'a vu évoluer. Alors, c'est ce qu'on fait comme recommandation dans notre
mémoire.
Mme Rizqy : Merci. Et,
bon, est-ce que le projet de loi n° 40 était très attendu, de votre côté, parce
que, tu sais, il y avait une urgence, puis vous l'attendiez avec beaucoup
d'impatience? Puisque c'est ce que nous avons eu comme réponse de la part du ministre.
Mme Scalabrini
(Josée) : Je pense que, dans notre présentation, on l'a très
bien indiqué, que, pour les enseignants sur le terrain, pour la souffrance qui
se vit présentement dans nos écoles, pour les besoins qu'on a, non, ce n'était
pas une priorité, pour nous, le projet de loi n° 40.
Mme Rizqy : D'accord. Et,
au niveau... Désirez-vous parler un peu de démocratie?
Mme Scalabrini
(Josée) : Dans le sens de ce que j'ai dit tantôt, qu'on ose
espérer que, si on doit aller vers un conseil d'administration, c'est les
enseignants qui décideront quel enseignant ou personnel de l'éducation est sur
ce conseil d'administration là.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Le sujet a été abordé sur ces questions-là dans le mémoire de la CSQ. Nous, on
s'est attardés davantage aux enjeux pédagogiques et professionnels qui visent
strictement les enseignants.
Mme Rizqy : Parfait. Pour
illustrer les propos, le ministre a dit que, maintenant, il y a un inversement
du paradigme, donc les enseignants, notamment, auront plus de pouvoirs pour
prendre des décisions. Dans le projet de loi n° 40, avez-vous trouvé les
endroits où est-ce que vous avez, finalement, plus de pouvoirs pour être en
mesure de prendre des meilleures décisions pour... Parce que c'est quand même
vous qui connaissez les élèves par leurs noms.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
...
Mme Rizqy : Rien?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
La réponse est simple : aucun.
Mme Rizqy : Puis
j'imagine que vous avez vraiment beaucoup cherché?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
On a cherché.
Mme Rizqy : D'accord.
Parfait. À ce stade-ci, est-ce qu'il y a encore assez d'espace pour pouvoir
améliorer le projet de loi ou pensez-vous que, pour tout ce qui est pour les
enseignants, ça peut être un peu trop dommageable que de continuer avec autant
de presse? Et considérez aussi qu'on a un calendrier des travaux parlementaires...
et les lettres qui doivent être envoyées au DGEQ, le Directeur général des
élections du Québec, si on veut aller de l'avant avec le projet de loi n° 40,
pensez-vous qu'à ce stade-ci on pourrait peut-être mettre le pied sur la pédale
de frein et de se concentrer sur ce que vous avez dit tantôt, l'urgence d'avoir
une meilleure vision globale de l'éducation?
Mme Scalabrini
(Josée) : Si on est en commission parlementaire aujourd'hui, si
on tenait à venir dire quelles sont les choses qui nous irritent et qui sont,
pour nous, une attaque à l'autonomie professionnelle des enseignants, c'est
parce qu'on croit en la mécanique et qu'on souhaite que des modifications vont
être faites, qu'il y aura des amendements. Les délais nous inquiètent
énormément. Tout ce que l'on souhaite, c'est que ce n'est pas un processus qui
se terminera par un bâillon parce qu'on sera en urgence. Il faut prendre le
temps de faire les choses.
Ça fait des années qu'on dit que ça nous
prend une vision globale de l'éducation. On fait des modifications... pas seulement
le gouvernement qu'il y a là, là, tous les gouvernements qui sont passés ont
fait des modifications à la pièce de la Loi de l'instruction publique qui fait
que ça devient invivable dans nos milieux. Parce qu'à chaque fois qui sont
pénalisés? C'est les gens qui vivent l'éducation au quotidien. Donc, on espère
qu'on va prendre le temps de faire les choses et on espère que, quand viendra
le temps de voter ce projet de loi là, il y aura respect des gens qui sont dans
les écoles et les centres au quotidien.
Mme Rizqy : Dites-moi,
est-ce que vous désirez avoir un ordre professionnel?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, dans le mémoire, la réponse des
enseignants est très claire, ils l'ont réaffirmée l'année dernière, ils ne
souhaitent pas d'ordre professionnel.
Mme Rizqy : Trouvez-vous
qu'avec le projet de loi n° 40... est-ce qu'indirectement on met quand
même des balises, comme s'il allait y avoir un ordre professionnel imposé aux
enseignants?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Effectivement, on l'a mentionné tout à l'heure, on nous amène, dans le fond,
des obligations, des risques de sanctions, alors, un encadrement qui n'est pas
souhaité et, en contrepartie, aucun pouvoir nouveau.
Mme Rizqy : À ce
stade-ci, avec la désertion de la profession, pensez-vous que ça serait peut-être
souhaitable de complètement biffer ces dispositions dans le projet de loi
n° 40?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
C'est ce qu'on recommande.
• (17 h 50) •
Mme Rizqy : D'accord.
Alors, j'espère que le ministre entend vraiment ces messages, car c'est
sérieux, en ce moment, le nombre d'enseignants qui, malheureusement, quittent
la profession, et on ne peut pas continuer à ne pas entendre les témoignages. Tantôt,
j'ai ressenti votre ouverture, je crois que, sincèrement, au niveau des notes,
il va falloir complètement biffer ces dispositions et toutes les sanctions
envers <les...
Mme Rizqy : ...c'est
sérieux, en ce moment, le nombre d'enseignants qui, malheureusement, quittent
la profession, et on ne peut pas continuer à ne pas entendre les témoignages. Tantôt,
j'ai ressenti votre ouverture, je crois que, sincèrement,
au niveau des
notes, il va falloir complètement biffer ces dispositions et toutes les
sanctions envers >les professeurs. Ce n'est pas comme ça qu'on peut
attirer davantage d'enseignants dans notre réseau d'éducation.
J'aimerais revenir sur le conseil
d'administration. Qui va être imputable, maintenant, avec le projet de loi
n° 40?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Le conseil d'administration.
Mme Scalabrini
(Josée) : Ce n'est pas précisé dans le projet de loi.
Mme Rizqy : Non, vous ne
l'avez pas trouvé non plus? D'accord, parfait.
Il reste environ une minute, alors je vais
devoir aller un peu plus rapidement sur ma dernière question. Tantôt, vous
l'avez dit, qu'il y a des enseignants qui... la grille horaire, vous en avez
déjà parlé l'an dernier, et la formation. Les enseignants, je pense que c'est
clair qu'il faut le dire qu'ils font déjà de la formation et que,
malheureusement, ils ne le font pas durant la plage horaire. Alors, qu'est-ce
qu'on doit faire, immédiatement, pour permettre aux enseignants de le faire
durant les heures de travail et non pas le soir ou non pas la fin de semaine?
Qu'est-ce qui doit être fait immédiatement?
Mme Scalabrini
(Josée) : Premièrement, il faut commencer par valoriser la
formation qui se fait présentement. Je l'ai dit l'an dernier, je vais le
répéter, les enseignants au Québec se forment, il y a de la formation.
Malheureusement, encore une fois, tous gouvernements confondus, jamais un
ministère n'est allé chercher les données de la formation qui se faisait. Les
seuls qui ont des données là-dessus, c'est la FSE, qui a pris le temps d'aller
dans les tous les milieux voir ce que faisaient les enseignants comme formations,
et il se fait de la formation chez nos enseignants, donc il faut commencer par
le reconnaître. Il faut aller voir pourquoi, malgré la formation qu'ils font,
c'est si difficile, qu'est-ce qu'on a besoin, pourquoi ce n'est pas mieux
financé, pourquoi on ne trouve pas plus d'espace pour ces formations-là et
s'assurer que les formations qui se donnent dans les milieux viennent répondre
aux besoins des enseignants et non pas aux besoins de tout autre... je ne dirai
pas acteur, mais... Je vais laisser Brigitte continuer.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Vous avez, actuellement, là, les...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît, en terminant.
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Oui. Les enseignants, actuellement, font différentes formes de formations. Il y
en a qui suivent des cours universitaires, il y en a qui vont participer à des
formations qui sont organisées par les commissions scolaires, leurs écoles
organisent des activités de formation à laquelle on leur demande de participer,
ils participent à des colloques et à des congrès, ils sont impliqués dans des
groupes de partage, ils participent à des recherches. Et tout ça, là, souvent,
c'est tout en vase clos, puis on ne reconnaît pas, dans le fond, l'engagement
des enseignants dans leur formation continue. Alors, il faut reconnaître ce
qu'ils font.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Malheureusement, je dois vous arrêter. Merci beaucoup. Je passe
maintenant la parole à la députée de Sherbrooke pour 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci. On
connaît l'impact de la composition des classes dans vos conditions de travail.
J'aimerais ça vous entendre sur l'impact du changement de règles par rapport au
territoire des élèves, le fait que ça s'assouplit beaucoup, quel impact ça peut
avoir sur la composition des classes et qu'est-ce que vous en pensez.
Mme Scalabrini
(Josée) : Vous le savez, ça fait des années qu'on dit qu'au
Québec il existe une école à trois vitesses, les écoles privées, qu'on a décidé
de financer, les projets sélectifs, qu'on a valorisés pour venir compétitionner
l'école privée... On vient beaucoup parler du débat, là, depuis quelques jours,
de ce territoire commission scolaire là, mais nous, on a le goût de dire, là :
Même dans une même commission scolaire, ce n'est pas normal qu'on ait laissé se
développer cette concurrence-là entre les écoles. Au lieu de permettre que tous
les milieux de vie, de par les projets éducatifs, de par la valorisation de
chacune des écoles... de donner le goût aux gens de développer l'école de
quartier, l'école de village. En même temps qu'on intégrait les élèves en
difficulté — parce que vous m'avez parlé de composition de la
classe — on a laissé nos écoles, plusieurs de nos écoles de quartier
ou de village se vider d'élèves qui avaient plus de facilité pour aller vers
des projets sélectifs. Nous, on dit : Au lieu de décloisonner, pas juste
avec les commissions scolaires, là, même à l'intérieur d'une même commission
scolaire, allons donc valoriser le fait qu'on devrait développer des écoles qui
sont intéressantes pour la vie d'un quartier, la vie d'un village et que les
gens aient le goût de rester dans leurs écoles.
Mme Labrie : En moins
d'une minute, j'ai une deuxième question. Vous, en tant que spécialistes de
l'éducation, est-ce que vous croyez que ce projet de loi là a un impact positif
sur la réussite éducative?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Je ne suis pas en mesure d'affirmer ça, quand on regarde les changements qui
sont proposés. Pour nous, il y avait vraiment d'autres urgences qui auraient pu
assurer une meilleure réussite des élèves, notamment par les balises qui
pourraient être apportées à la prolifération des projets particuliers.
Mme Labrie : Vous avez
des recommandations par rapport à ça dans votre mémoire, notamment qu'il y ait
un <rapport...
Mme Bilodeau (Brigitte) :
...
en mesure d'affirmer ça, quand on regarde les changements qui sont
proposés. Pour nous, il y avait vraiment d'autres urgences qui auraient pu
assurer une meilleure réussite des élèves, notamment par les balises qui
pourraient être apportées à la prolifération des projets particuliers.
Mme Labrie : Vous avez
des recommandations par rapport à ça dans votre mémoire, notamment qu'il y ait
un >rapport produit annuellement sur de tels projets pédagogiques particuliers.
J'en profite pour rappeler au ministre que, le 3 septembre, on lui a
demandé des nouvelles sur l'engagement qu'il avait pris au printemps de faire
un bilan, au niveau du ministère, des projets pédagogiques particuliers. Il
nous avait répondu, le 3 septembre, que ça s'en venait dans quelques
semaines, et ça en fait plus que huit, et on n'a toujours pas de nouvelles.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît... Alors, il n'y a plus de temps, et je vais
devoir céder la parole à la députée de Joliette pour 2 min 40 s.
Mme
Hivon
:
Oui, merci beaucoup. Vous avez des recommandations très intéressantes et
détaillées, je vous en remercie. J'espère qu'on va avoir le temps de tout
analyser ça pendant l'étude détaillée et qu'on va pouvoir vraiment aller au
fond des choses. Vous parlez du comité d'engagement pour la réussite des
élèves. Vous faites une recommandation spécifique pour retirer certains
éléments, les paragraphes 2° et 3°qui sont introduits, là, à l'article 88, donc, du 193.7.
Pouvez-vous nous expliquer qu'est-ce que ça change puis pourquoi vous tenez à
ça?
Mme Bilodeau (Brigitte) :
Dans le fond, en donnant le pouvoir à un comité d'engagement vers la réussite à
l'intérieur duquel il y aurait différents acteurs, donc pas seulement du
personnel enseignant, en leur donnant le pouvoir d'analyser les résultats des
élèves puis de faire des recommandations quant à la réussite des élèves, c'est
carrément donner le droit à des gens qui ne sont pas enseignants de venir nous
suggérer des pratiques à adopter pour améliorer la réussite. Pour nous, c'est
carrément une intrusion dans notre autonomie professionnelle, et c'est pour ça
qu'on demande de retirer ces deux éléments-là des mandats du comité
d'engagement pour la réussite.
Mme
Hivon
:
O.K. Pour faire suite à ce que ma collègue de Sherbrooke discutait avec vous,
qui me tient à coeur aussi beaucoup, on en a parlé quand on a parlé du projet
de loi n° 12, toute la question des projets particuliers, l'école à deux
et trois vitesses, pour vous, avec le projet de loi, est-ce que vous voyez des
risques accrus de concurrence entre les écoles? Et, si oui, quelles mesures on
devrait mettre en place pour s'assurer que ça ne sera pas le cas?
Mme Scalabrini
(Josée) : Ça fait deux projets de loi où on vient valoriser les
projets particuliers sélectifs, et, pour nous, il faut mettre fin à ça. Je
reviens sur le fait qu'il faut plutôt valoriser le développement de l'école de
quartier, de village pour donner le goût aux gens d'être dans leur milieu.
Jamais on ne dira que ce n'est pas normal qu'un parent veuille ce qu'il y a de
meilleur pour son enfant, c'est normal, tous les parents veulent ce qu'il y a
de meilleur pour leurs enfants. Nous, est-ce qu'on pourrait vouloir ce qu'il y
a de mieux pour nos enfants? C'est notre responsabilité, dans les écoles, de dire :
On doit s'organiser pour avoir une mixité scolaire, permettre qu'ensemble, dans
une école, on puisse avoir la réalité d'une société...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Scalabrini
(Josée) :...et la ségrégation scolaire ne
vient pas nous aider, présentement, à développer notre réseau scolaire.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme Scalabrini. Merci, Mme Bilodeau,
Mme Lamache, M. Bouchard. Merci de votre contribution. Merci, M. le
ministre. Merci, chers collègues députés.
J'ajourne les travaux de la commission
jusqu'au lundi 11 novembre 2019, à 14 heures, où elle poursuivra
son mandat. Voilà.
(Fin de la séance à 17 h 59)