Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
vendredi 23 octobre 2020
-
Vol. 45 N° 71
Interpellation de la députée de Saint-Laurent au ministre de l’Éducation sur le sujet suivant : Propositions concrètes visant à redresser la situation dans la gestion de la crise de la COVID-19 dans le réseau de l’éducation par le gouvernement caquiste
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10 h (version non révisée)
(Dix heures)
La Présidente
(Mme Thériault) : ...éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques. La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation de
la députée de Saint-Laurent au ministre de l'Éducation sur le sujet
suivant : Propositions concrètes visant à redresser la situation dans la
gestion de la crise de la COVID-19 dans le réseau de l'éducation par le gouvernement
caquiste. M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par Mme Lachance
(Bellechasse); M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par M. Lévesque
(Chauveau); et Mme Melançon (Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau
(Mille-Îles).
La Présidente
(Mme Thériault) : Parfait. Merci. Et je comprends qu'il y a une
entente entre le deuxième groupe d'opposition, puisse intervenir à la troisième
série d'intervention et que le troisième groupe d'opposition intervienne lors
de la cinquième série d'interventions. Donc, nous allons débuter par des déclarations
d'ouverture. Donc, Mme la députée de Saint-Laurent, la porte-parole officielle en
matière d'éducation, vous avez la parole pour 10 minutes.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup. Merci pour cette interpellation. Je crois qu'elle est parfaitement
souhaitée et souhaitable. Je salue toutes mes collègues qui sont présentes
aujourd'hui, ma collègue la députée des Mille-Îles, ainsi que les députées de
Sherbrooke et de Joliette. Merci au ministre d'être présent.
O.K. Les écoles, je pense qu'on avait
besoin de se rencontrer parce que le nombre de classes avec la COVID-19 n'arrête
pas d'augmenter au Québec. Je sais que ça a été très difficile pour le
gouvernement d'avoir juste le bilan dans les écoles. C'est un parent bénévole
qui, à partir de son sous-sol, est capable de le faire. Le site COVID Écoles
nous tient informés assez, assez rapidement. Et quand on se compare avec les
autres provinces, le Québec, nous, là, c'est ça, notre courbe. Elle est
vraiment exponentielle quand on se compare avec l'Ontario, l'Alberta, la
Colombie-Britannique. On parle quand même des taux d'infection, là, qui
dépassent les autres provinces deux fois, trois fois, même cinq fois plus dans
nos écoles québécoises.
Alors, clairement, il y a quelque chose
que les autres provinces ont peut-être compris, que nous, on n'a pas compris.
Et des fois on peut piger les bonnes idées ailleurs. Puis les bonnes idées, ce
n'est pas juste au ministre qu'il y en a, là. Nous, on en a fait plein, des
propositions. D'entrée de jeu on vous a demandé d'avoir un corridor sanitaire
scolaire pour les écoles. Ça, c'est une idée. Elle vient de l'Ontario qui, eux,
ont une équipe dédiée à la santé, 500 infirmières puis hygiénistes qui
sont uniquement dédiés à surveiller les écoles, venir en aide aux écoles,
freiner les éclosions. Moi, j'aimerais vraiment savoir pourquoi que ça, ça ne
pas toujours été fait au Québec. On attend. Le ministre de la Santé a
dit : «Ça s'en vient». Mais ce n'est pas encore arrivé.
Cette semaine, on apprend qu'Ottawa a fait
des commandes importantes, des tests rapides de moins de 15 minutes pour
obtenir le résultat, un peu comme un test de grossesse, là. C'est rapide.
15 minutes plus tard, maximum, on a un résultat. Ça, ça va changer, là,
complètement, là, l'organisation des écoles. Pour les directions d'écoles,
savoir...
Mme Rizqy : ...a fait des
commandes importantes, des tests rapides, de moins de 15 minutes, pour obtenir
le résultat, un peu comme un test de grossesse, là. C'est rapide. 15 minutes
plus tard, maximum, on a un résultat. Ça, ça va changer, là, complètement, là, l'organisation
des écoles. Pour les directions d'école, savoir qu'ils sont capables d'isoler rapidement
les élèves ou le personnel qui a été infecté à la COVID-19, bien, ça leur
permet de prendre des décisions très, très rapides, mais surtout, surtout,
éviter la fermeture d'une classe.
Alors, hier, je disais au ministre :
Bien, Ottawa en a reçu 100 000. Moi, je ne comprends pas que la livraison
a été faite à Ottawa, donc en Ontario, mais pas au Québec, alors que c'est nous
qui a le pire bilan. Puis comprenez-moi bien, je comprends parfaitement qu'on
doit d'abord prioriser, dans le dépistage, le personnel de la santé. Ça va de
soi. Mais je vous rappelle que, lorsqu'on a déconfiné le Québec, rien n'était
obligatoire, sauf l'école. Quand on a ouvert les restaurants, ce n'était pas
obligatoire. Les bibliothèques, ce n'était pas obligatoire. Les gyms, ce
n'était pas obligatoire. Les gens avaient le loisir d'y aller, ou de ne pas y
aller. Les écoles, ça a été obligatoire pour le personnel scolaire au complet
et pour les élèves aussi, alors la moindre des choses, là, c'est de les
protéger.
Moi, aujourd'hui, j'ai une question très,
très spécifique pour le ministre, d'entrée de jeu. Je vous présente ce tableau,
M. le ministre. Fin août, déjà, les experts disaient qu'on commençait une deuxième
vague. La fin août, là, c'est la rentrée scolaire. Le 17 septembre, vous dites,
la CAQ dit : On est encore trop tôt pour dire qu'on est dans la deuxième
vague. C'était en réponse au fait... à un point de presse que j'ai fait avec
mon collègue de Pontiac, le 15 septembre, qui disait : C'est la rentrée parlementaire,
et c'est aussi, en quelque sorte, la première journée de la deuxième vague.
Vous avez plutôt fait une vidéo pour vous moquer qu'on était trop tôt pour dire
que c'était une deuxième vague. Le 21 septembre, finalement, la CAQ mentionne
que nous sommes en deuxième vague. Et finalement, le 8 octobre, vous mettez des
nouvelles mesures pour les écoles.
Et hier, moi, ma mâchoire a un peu
disloqué d'entendre le ministre de la Santé dire : On est au 50e jour de
la deuxième vague. Hier, là, 50e de la deuxième vague. Alors, si vous
permettez, là, 50e jour de la deuxième vague, ça nous ramène quand? Ça nous
ramène au 2 septembre, ça nous ramène à la rentrée scolaire. Ma question très
spécifique au ministre : Qu'est-ce que vous auriez fait différemment, si
vous l'avez su, le 2 septembre, qu'on était en deuxième vague? Concrètement,
qu'est-ce que ça aurait changé pour les écoles du Québec? Auriez-vous imposé le
masque plus tôt? Auriez-vous dit aux élèves de secondaire IV et secondaire
V : Vous serez désormais un jour sur deux à l'école?
Concrètement, si vous, là, le ministre de
l'Éducation, aviez-vous, là... si vous aviez cette information, là, que
finalement, c'était le 2 septembre... Parce qu'hier, le chat est sorti du sac.
On apprend que finalement, ce n'était pas le 21 septembre, c'était le 2
septembre. Donc là, c'est une vingtaine de jours, presque trois semaines qu'on
aurait gagnées si on avait su cette information névralgique. Vous, concrètement,
là, qu'est-ce que vous auriez fait différemment?...
Mme Rizqy : ...hier le chat est
sorti du sac, on apprend que finalement ce n'était pas le 21 septembre, c'était
le 2 septembre. Donc, là, c'est une vingtaine de jours, presque trois semaines
qu'on aurait gagnées si on avait su cette information névralgique. Vous,
concrètement, là, qu'est-ce que vous auriez fait différemment?
La Présidente (Mme Thériault) :
Je comprends, Mme la députée, que c'étaient vos remarques d'ouverture, parce
que le premier bloc sert à ça, et que vous avez conclu votre intervention. Vous
arrêtez là?
Mme Rizqy : Oui.
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. M. le ministre, c'est maintenant votre tour, vous avez 10 minutes pour
faire vos remarques d'introduction.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je salue les collègues des oppositions. Merci, ça fait
plaisir de vous voir pour échanger avec vous aujourd'hui sur le sujet très
important qui nous préoccupe, donc évidemment l'éducation, le droit à
l'éducation, la qualité des services rendus, la réponse à la situation
épidémiologique, l'ajout de ressources pour venir en aide aux écoles. Je salue
aussi la présence de mes très estimés collègues, donc, députés de Chauveau, de
Bellechasse et de Huntingdon, merci d'être présent et présentes avec nous
aujourd'hui. Je sais que depuis longtemps, l'éducation, c'est un sujet qui vous
a à coeur, qui vous tient à coeur, on a eu plusieurs échanges à ce sujet-là.
Donc, je suis content que vous participiez au débat aujourd'hui.
Ma collègue, dans ses remarques
d'ouverture, fait un florilège d'interventions sur beaucoup, beaucoup de
sujets. Elle nous a parlé du site Internet, des tests, de la présence
obligatoire à l'école, des consultations, de la situation épidémiologique qui a
changé. Donc, je vais aborder brièvement chacun de ces sujets, sachant qu'on
aura probablement le temps de creuser davantage, au cours de l'interpellation,
dans le cadre des autres interventions, certaines interventions du gouvernement
puis certaines problématiques aussi soulevées sur le terrain au fil du débat ce
matin.
Donc, elle est revenue sur la transmission
des données, des informations sur la situation épidémiologique dans nos écoles,
donc le nombre d'élèves au Québec qui malheureusement ont reçu un test positif,
le nombre de classes qui sont malheureusement fermées de manière temporaire.
C'est important de le mentionner, on ferme des classes, malheureusement, parce que
la Santé publique constate qu'il y a des cas et qu'il peut y avoir un danger,
mais on les réouvre toujours. C'est vrai qu'en début d'année, pendant quelques
jours, voire un peu plus d'une semaine, on a eu de la difficulté à colliger
l'information, mais là, maintenant, je pense que c'est une histoire du passé.
Ça fait pas mal plus qu'un mois maintenant que, de manière très transparente, à
chaque jour, autour de 13 heures, les informations sont rendues publiques, et
il n'y a personne, là, au Québec qui remet en question la validité et la
fiabilité des données qui sont transmises, la transparence du gouvernement à
cet égard-là. Donc, je pense que, ça, c'est quelque chose qui méritait d'être
traité très, très sérieusement puis qu'on a traité très sérieusement aussi, on
a corrigé cette erreur bureaucratique de début d'année.
Sur la question de la fréquentation
obligatoire de l'école, je suis content que ma collègue revienne sur ce
sujet-là. C'est quelque chose d'important, je pense que c'est une des valeurs fondamentales
au Québec...
M. Roberge : ...on a traité
très sérieusement... on a corrigé cette erreur bureaucratique de début d'année.
Sur la question de la fréquentation
obligatoire de l'école, je suis content que ma collègue revienne sur ce sujet-là.
C'est quelque chose d'important... une des valeurs fondamentales au Québec.
L'éducation, c'est extrêmement important. La fréquentation scolaire, c'est dans
la Loi sur l'instruction publique. On peut s'acquitter d'une obligation de
fréquentation scolaire des élèves, de 6 à 16 ans, de diverses manières,
mais on ne peut se soustraire à la fréquentation scolaire. Donc, la façon
habituelle et privilégiée, évidemment, c'est d'aller à l'école. Au fil des
années, par contre, c'est arrivé des fois que des élèves aient des problèmes de
santé, et bien avant que la COVID fasse son arrivée, puis le réseau scolaire,
là, était capable de s'adapter puis de soutenir les parents et soutenir les
enfants, les adolescents qui ont besoin, parce qu'ils ont un problème de santé,
de recevoir des services à domicile. C'est encore le cas pendant le temps de la
COVID, cet automne. On a bien travaillé avec les centres de services scolaires.
Je souligne l'initiative du Centre de services scolaires des Hautes-Rivières
qui, dès le printemps, avait innové avec une espèce d'école virtuelle, puis
c'est une initiative qui a fait des... Et plusieurs centres de services se sont
inspirés de ça pour être capables de donner des services de qualités aux élèves
qui ont une vulnérabilité médicale à la COVID et qui reçoivent, sur plusieurs
semaines et peut-être pendant toute l'année scolaire, des services éducatifs à
domicile.
• (10 h 10) •
Ceci dit, ma collègue s'intéresse à la
fréquentation obligatoire comme si c'était un problème. En tout cas, elle
disait : Oui, mais, vous savez, il y a juste dans le domaine de
l'éducation que c'est obligatoire, par rapport aux bibliothèques, aux musées...
On est d'accord, là, on veut que les gens fréquentent les musées, mais on ne
l'obligera pas. J'espère qu'elle ne remet pas en question la fréquentation
scolaire obligatoire au Québec, même en temps de pandémie. Je sais que d'autres
États ont fait des choix différents du nôtre. Ils ont laissé plus de choix, je
vous dirais, aux parents. Pour moi, c'est une prise de position que je
qualifierais de hasardeuse, et il faut donner des balises très claires pour que
le droit à l'éducation soit respecté pour tous les élèves du Québec, tous nos
jeunes, tous nos adolescents. C'est un sujet sur lequel nous nous sommes penchés
dès notre arrivée au gouvernement. On s'est assuré que les parents qui font le
choix de l'éducation à la maison, et qui le faisaient bien avant que la COVID
n'arrive, aient des balises très, très claires pour être bien certains que les
enfants, dont les parents ont fait le choix de l'éducation à domicile,
s'acquittent de leurs obligations. Mais je pense qu'il faut clarifier, il faut
statuer là-dessus, là. C'est important, l'éducation, puis ce n'est pas
négociable, la fréquentation obligatoire puis le droit à l'éducation au Québec.
Ma collègue nous dit que la situation
épidémiologique a changé dans le temps. Évidemment, on a connu la première
vague. On est en ce moment au sein de la deuxième vague. Et, à la grandeur du
Québec...
M. Roberge : ...fréquentation
obligatoire puis le droit à l'éducation au Québec.
Ma collègue nous dit que la situation
épidémiologique a changé dans le temps. Évidemment, on a connu la première
vague. On est en ce moment au sein de la deuxième vague. Et, à la grandeur du Québec,
c'est comme si on était arrivés à un plateau en ce moment, mais on aurait hâte
de redescendre ce plateau, hein? C'est vrai pour tout le monde, parce que ce
n'est pas juste des chiffres, là, c'est des personnes, c'est des parents, c'est
des grands-parents, c'est des oncles, des tantes, c'est des enfants. Puis c'est
sûr que toute la société québécoise doit poser tous les gestes nécessaires,
c'est vraiment un effort collectif. Les écoles doivent participer à l'effort
collectif, mais toute la société doit participer à l'effort collectif.
Maintenant, oui, on adapte les mesures gouvernementales
en fonction des avis de nos experts de la Santé publique. Et ma collègue nous
faisait le reproche de ne pas en avoir fait assez assez tôt. C'est toujours
facile après coup de savoir ce qu'il faut faire ou ce qu'il y aurait peut-être
fallu faire, hein? Ça, c'est comme après le fameux match de hockey classique du
samedi soir, le dimanche matin, tout le monde sait quel gardien on aurait dû
mettre devant le but puis quel joueur aurait été sur le premier trio puis c'est
comme ça qu'on aurait gagné le match. Mais ce n'est pas comme ça que ça se
passe.
Au mois d'août, au mois de septembre,
quand on est arrivés avec un plan de la rentrée scolaire, c'était un plan
solide, qui était tout à fait adapté avec la situation épidémiologique du
moment, qui était en phase avec les recommandations de la Direction de la santé
publique au Québec, et qui était même en phase avec la direction de la santé
publique du Canada, et qui résultait de beaucoup de consultations avec les gens
du réseau, donc les directions générales, les cadres, les directions, les
syndicats, les experts, les parents. Quand on a rendu public notre plan à la
mi-juin, ça avait été salué par l'ensemble des partenaires. Quand on a déposé
nos ajustements autour du 10 août, ça a été salué par à peu près tous les
groupes partenaires du réseau scolaire. Et, quand on l'a mis en application au
mois de septembre, c'est sûr que ça a été un ajustement important pour le
réseau scolaire, il n'y a personne de sérieux qui remettait en doute la
validité du plan qui avait été validé par la Santé publique, donc côté
épidémiologique, côté médical, et par tous les partenaires du réseau scolaire
qui ont les deux mains dedans, les mains dans nos écoles, dans l'organisation
scolaire, dans le transport scolaire, dans l'embauche du personnel. Ça tenait
définitivement la route.
La situation a changé entre le 15 août, le
20 août, 5 septembre, le 10 septembre et ce qu'on connaît aujourd'hui. C'est
pour ça qu'il y a à peu près deux semaines, bien, on s'est adaptés puis on a
donné davantage... plutôt, on a adopté davantage de mesures, qui sont des
contraintes pour le réseau scolaire, pour les élèves, pour le personnel, je le
reconnais, mais qui sont nécessaires pour protéger la santé des élèves et du
personnel. Donc, c'est pour ça qu'il y a deux semaines est arrivé...
M. Roberge : ...on a donné davantage...
plutôt, on a adopté davantage de mesures, qui sont des contraintes pour le
réseau scolaire, pour les élèves, pour le personnel, je le reconnais, mais qui
sont nécessaires pour protéger la santé des élèves et du personnel. Donc, c'est
pour ça qu'il y a deux semaines est arrivé le port du couvre-visage en classe
pour les élèves du secondaire. Non, ce n'est pas arrivé au début du mois de
septembre, ce n'était pas ce que recommandaient les experts de la Santé
publique au début du mois de septembre. On peut bien refaire l'histoire, là,
mais ce n'était pas ce que recommandaient les experts de la Santé publique au
début du mois de septembre.
Et il y a toujours des gens qui critiquent
les positions gouvernementales et qui critiquent les experts de la Santé
publique, disant qu'on en fait trop ou trop peu. Et devant cette pluralité
d'avis, autant de quidams, que d'experts, que d'enseignants, bien, il faut se
retourner vers les gens qui nous conseillent, qui sont des experts, qui font
des revues de presse internationales, qui regardent ce qui se passe dans toutes
les écoles en Occident et qui regardent ce qui se passe aussi en fonction des
dernières recherches pour faire des recommandations auprès du gouvernement.
Donc, on va continuer de discuter avec nos partenaires, de discuter avec les
syndicats, de discuter avec les directions d'écoles, avec les parents, même
avec les élèves. Puis on va continuer de tenir compte des avis des experts de
la Santé publique pour prendre les meilleures décisions pour protéger la santé,
la sécurité des élèves, mais aussi pour donner tous les services éducatifs qui
vont maintenir la valeur de notre diplôme d'ici la fin de l'année et pour la
suite des choses. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Vous êtes juste dans les temps. Donc, nous allons maintenant
procéder, en alternance, aux interventions de cinq minutes selon la séquence
suivante : un député de l'opposition... une députée de l'opposition,
devrais-je dire, parce qu'il n'y a que des femmes, ensuite, le ministre, et par
la suite, un député formant le gouvernement. Vous avez cinq minutes
chacun, et nous allons recommencer par la suite. Donc, sans plus tarder, nous
débutons cette première série avec une intervention de Mme la députée de Saint-Laurent.
Vous avez la parole.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Donc, si je comprends bien le ministre, à ma question très précise : Qu'est-ce
qui aurait changé s'il avait su plus tôt qu'effectivement on était dans une
deuxième vague et qu'en fait le curseur n'était pas au 17 septembre, mais bien
au 2 septembre? c'est de la faute de la Santé publique. C'est ça que je dois en
tirer, comme conclusion, donc, vous tenez responsable la Santé publique parce
que vous dites que vous avez tenu compte de tous les avis de la Santé publique.
Alors, c'est ça que je comprends, c'est que ce n'est pas la faute du ministre
de l'Éducation, c'est la faute de la Santé publique. Est-ce qu'on peut avoir un
engagement de votre part de déposer les avis de la Santé publique que vous avez
eus? Est-ce que ça, on peut, Mme la Présidente, demander cet engagement-là?
Parce que ce serait important, nous, d'avoir ces avis de la Santé publique.
Surtout qu'au mois de mai nous avons
participé à une conférence avec le ministre sur le Web et il nous a présenté
différents scénarios de retour en classe pour l'automne et là-dedans, il y
avait retour à 100 %. À l'époque, vous disiez : Très peu probable.
Après ça, il y avait l'autre colonne pour 50 % des élèves, de retour en
classe en alternance, puis il y avait même un scénario d'un tiers...
Mme Rizqy : ...participé à une
conférence avec le ministre sur le Web et il nous a présenté différents
scénarios de retour en classe pour l'automne et là-dedans, il y avait «retour à
100 %». À l'époque, vous disiez très peu probable; après ça, il y avait
l'autre colonne pour 50 % d'élèves de retour en classe en alternance puis
il y avait même un scénario d'un tiers. Vous avez finalement décidé d'aller à
100 % et vous nous avez dit : J'ai eu le O.K. de l'assemblée pubique.
Par la suite, on entend l'INSPQ qui nous
dit que ce n'est pas tout à fait ça, la réalité puis que ce n'était pas supposé
d'avoir tant de monde dans les écoles. Nous, là, oui, on veut avoir nos écoles
ouvertes, mais on veut faire ça de façon sécuritaire puis vous nous demandez,
en fait, de vous croire sur parole, quand vous nous dites : C'est la Santé
publique... Moi, je commence à trouver que la Santé publique a le dos large. Ça
devient quand même facile de pelleter ça dans la cour de la Santé publique.
Puis vous avez la responsabilité, lorsqu'un enfant quitte sa maison; lorsqu'un enseignant
quitte sa maison; lorsqu'un orthophoniste quitte sa maison, lorsqu'une préposée
à l'entretien qui s'en va à l'école quitte sa maison; lorsqu'un surveillant
quitte sa maison, mais l'école devient son deuxième endroit le plus
sécuritaire. Ça, c'est votre responsabilité.
Et on a appris qu'il y avait des
téléphonistes disponibles, 13 000 à Ottawa, vous en avez utilisé
1 000 pour le Québec. Vous avez boudé l'aide offerte par Ottawa.
Finalement, ça a été quoi, la conséquence? Ça a été que les orthophonistes et
les orthopédagogues ont été retirés des services aux élèves qui en ont vraiment
besoin, des enfants HDAA, pour aller faire du traçage, du dépistage. Ça, ce
n'est pas normal.
Alors, nous, aujourd'hui, on vous réitère
ça, là, comme proposition. Ça prend un corridor sanitaire scolaire. Ça, là, c'est
sûr, là, que vous devez trouver des moyens puis ils existent, les moyens. Vous
dites... Vous parlez de l'international, je ne vous demande pas de parler à l'international,
je vous demande de parler avec vos homologues fédéraux puis aussi de voir ce
qui se fait ailleurs au Canada. Les provinces ontarienne, albertaine et Colombie-Britannique,
ça va quand même mieux qu'ici. Il y a quelque chose qui se passe, là. Les
tests de dépistage rapide, est-ce que vous pouvez prendre l'engagement
suivant : de vous assurer que dès lundi, les tests vont être livrés au Québec
et que, oui, vous allez prioriser les écoles du Québec?
• (10 h 20) •
Ça, c'est votre responsabilité, d'offrir
le meilleur milieu sécuritaire pour nos enfants puis le personnel. Imaginez,
là, une trousse de premiers soins au Québec, là, en ère de coronavirus, il me
semble, à mon sens à moi, que maintenant, toutes les tousses de premiers soins
dans les écoles devraient avoir une bonne douzaine de tests rapides. Ça serait
la moindre des choses si on veut garder nos écoles ouvertes. Est-ce que ça, on
peut prendre l'engagement?
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous complétez votre bloc là-dessus? Parfait. M. le ministre, la parole est à
vous pour un cinq minutes.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente.
Je vais répondre à une question.
Est-ce que je blâme la Santépublique? Absolument pas. Je ne jetterai
pas la pierre à la Santé publique parce qu'ils travaillent à chercher des
solutions, parce qu'ils travaillent à protéger la santé des Québécois, autant
ceux qui sont à l'école que tous les autres. Ils font un travail extrêmement
difficile, extrêmement exigeant...
M. Roberge : ...absolument pas.
Je ne jetterai pas la pierre à la Santé publique parce qu'ils travaillent à
chercher des solutions, parce qu'ils travaillent à protéger la santé des Québécois,
autant ceux qui sont à l'école que tous les autres. Ils font un travail extrêmement
difficile, extrêmement exigeant. Ils sont toujours disponibles, le soir, matin,
fin de semaine, comme nous d'ailleurs. Il n'est pas question de jeter le blâme
à qui que ce soit. Tout le monde est de bonne foi, tout le monde veut protéger
la santé des Québécois. Et tout le monde fait des arbitrages cependant pour que
ça soit applicable.
Donc, la Santé publique nous fait des recommandations
très importantes. On discute avec les gens du terrain. Oui. On n'est pas
déconnectés. On parle avec les gens qui sont dans nos écoles puis ceux qui sont
dans nos centres de services scolaires, qui coordonnent ce qui se passe dans
l'école, mais aussi directement, là, ceux qui, tous les jours, prennent leur
voiture, comme disait ma collègue, puis se dirigent vers l'école pour rendre
des services directs aux élèves, on les consulte. Après ça, on donne cette
rétroaction-là à la Santé publique pour vérifier l'applicabilité puis, aussi,
les incidences sur la pédagogique, parce qu'on veut que nos jeunes réussissent.
On veut que nos jeunes continuent d'apprendre. Et c'est comme ça qu'on
travaille.
Je veux revenir sur d'autres sujets qui
ont été abordés par ma collègue. Elle nous a parlé d'orthopédagogues qui,
supposément, là, ne rendaient pas de services directs aux élèves parce qu'ils
étaient affectés à d'autres tâches. Je sais que ça a été soulevé à plusieurs
reprises. Juste pour mettre les choses en perspective, au Centre de services
scolaires de Montréal, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'orthopédagogues.
Il y en a eu 10 ou 11 qui ont été affectés à des classes pour devenir titulaires
de classe. Et on me dit que, sur ces orthopédagogues-là, il y en avait une
dizaine qui étaient affectés comme titulaires de classe, qu'on appelle une
classe spéciale, ou une classe d'adaptation, pour des élèves qui sont
vulnérables.
Donc, je ne pense pas que c'est une
mauvaise nouvelle quand on est dans une classe pour élèves en difficulté
d'apprentissage puis qu'on se fait assigner comme enseignant titulaire un
orthopédagogue. Sincèrement, là, il faut chercher le problème pas mal pour voir
un problème à cet endroit-là. Le problème, c'est si on n'a pas d'autres
orthopédagogues pour remplacer ceux-là et continuer de donner des services aux
élèves qui sont intégrés en classes régulières. Du délestage de services à des
élèves en difficulté, c'est inacceptable. Il n'est pas question qu'on cautionne
ça. Il n'est pas question qu'on accepte ça. C'est pour ça qu'on travaille si
fort pour combattre la pénurie de personnel qu'on a hérité des derniers
gouvernements. Puis ça, il faut le dire, il faut le nommer. Mais il faut faire
attention, là, à faire croire que, tout à coup, là, les orthopédagogues ne font
plus d'intervention aux élèves parce qu'il y a du délestage, ils font d'autres
choses. Il faut en prendre puis en laisser.
Ma collègue est revenue sur la question
des tests. C'est au coeur évidemment de l'intervention gouvernementale. Hein,
on est parmi les États qui testent le plus en proportion de notre population.
C'est vrai pour les écoles, c'est vrai pour tout le monde. On voudrait être
encore...
M. Roberge : ...du délestage,
font d'autres choses. Il faut en prendre puis en laisser.
Ma collègue est revenue sur la question
des tests. C'est au coeur, évidemment, de l'intervention gouvernementale, hein?
On est parmi les États qui testent le plus, en proportion de notre population.
C'est vrai pour les écoles, c'est vrai pour tout le monde. On voudrait être
encore plus rapides dans notre façon de donner des rendez-vous. On voudrait
être encore plus rapides dans notre façon de donner les résultats, particulièrement
pour les élèves et pour le personnel enseignant. Je peux vous dire que c'est
une préoccupation première pour le ministre de la Santé, qui est très actif
là-dessus. Les directions d'école ont un numéro de téléphone, elles sont
capables de guider, d'orienter, en fonction du corridor de services, les
parents qui ont besoin d'un test, donc les enfants qui en ont besoin, même
chose pour le personnel.
Ceci dit, ce n'est pas toujours aussi
rapide qu'on voudrait, on va se le dire, là. La cible, c'est en moins de 24
heures pour avoir le résultat. C'est une cible qui est, la plupart du temps,
atteinte, mais pas toujours. Puis j'ai entendu des histoires d'horreur, là,
cinq jours, six jours, sept jours, huit jours. On ne va pas le nier, là, qu'il
y a eu des dérapages, puis qu'il y a eu des erreurs. Il y en a eu. Mais ils ont
toujours été corrigés. Puis on ne cautionnera pas les erreurs, on ne défendra
pas ça. On va les corriger, les erreurs. On va les reconnaître et puis on va
les corriger.
Pour ce qui est des tests qui nous
viennent du gouvernement fédéral, je peux vous dire qu'on travaille très fort,
qu'on négocie avec les gens du gouvernement fédéral, et les fameux tests Abbott
seront envoyés au Québec, au plus grand bénéfice des Québécois. On parle de
plus de 81 000 instruments, plus de 60 000 tests qui s'en viennent
ici au Québec, pour nous permettre de faire plus et mieux. Et des cliniques de
dépistage massif, où la santé publique débarque et teste de manière massive
dans les écoles, il y en a plus de 30 depuis le début de la pandémie.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre, cela met fin à votre bloc. Je reconnais maintenant une
députée ministérielle. Mme la députée de Bellechasse, la parole est à vous.
Mme Lachance : Merci beaucoup.
Alors, d'abord, je saluerai tous les collègues, je saluerai M. le ministre.
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, très contente d'être ici avec vous
aujourd'hui. Les collègues, le député de Chauveau, et la députée de Huntingdon
ainsi que vous, les collègues de l'opposition, certains que j'ai vus plus
souvent au cours des dernières semaines. Bonjour.
Je suis heureuse de prendre la parole
aujourd'hui sur un sujet, évidemment, qui me tient beaucoup à coeur. Comme vous
le savez, j'ai travaillé pendant plus d'une quinzaine d'années dans les écoles
du Québec, lors, d'abord, de l'implantation de la réforme et puis, par la
suite, j'ai continué quelques années. La période de l'implantation de la
réforme a été une période qui a été une période de grands changements dans nos
écoles. J'ai eu la chance de couvrir les écoles de l'Est du Québec, comme je
l'ai déjà mentionné, ce qui veut dire... de Sherbrooke, entre autres, jusqu'aux
Îles-de-la-Madeleine, sur la Rive-Sud. Et puis j'ai rencontré beaucoup d'enseignants,
beaucoup de directions d'école, des conseillers pédagogiques et puis j'ai
visité beaucoup d'écoles aussi. Et je vous dirais que c'était...
Mme Lachance : ...ce qui veut
dire de Sherbrooke, entre autres, jusqu'aux Îles-de-la-Madeleine, sur la
Rive-Sud. Et puis j'ai rencontré beaucoup d'enseignants, beaucoup de directions
d'écoles, des conseillers pédagogiques, et puis j'ai visité beaucoup d'écoles
aussi. Et je vous dirais que c'était... j'en ai développé une passion, parce
que je n'étais pas issue du milieu de l'éducation. Et au fil des rencontres,
par la suite, parce qu'évidemment le ministre, avant d'être ministre, était déjà
collègue dans les années précédentes, et nous avions eu des discussions sur l'éducation...
et, ma foi, c'est la raison pour laquelle... une des raisons pour laquelle je
me suis impliquée en politique.
Ce qu'il faut savoir, pendant
l'implantation de la réforme... Puis j'y repense, là, c'est qu'avant même la
réforme il y avait des projets pilotes qui avaient été mis en place, puis je
repense à une école de la Rive-Sud de Québec, les Petits-Cheminots, peut-être,
pour les nommer, qui était une école projet pilote avec un groupe
d'enseignantes. Pourquoi je vous parle de ça? Bien, évidemment, il y a une
raison, c'est que, déjà, à la réforme, on réalisait que ça prenait des grandes
qualités pour faire un virage comme celui-là. Et je peux vous assurer que, dans
nos écoles, ces compétences-là sont là. On parle ici de l'imagination, on parle
ici des capacités d'adaptation. Nos enseignants ont une grande capacité de
travail et de se retourner, comme on dit chez nous, sur un dix sous. Alors, ces
compétences-là et ces habiletés-là sont essentielles aujourd'hui dans la
période qu'on vit avec la COVID.
Vous le savez, on est un gouvernement qui
priorise l'éducation puis, dès le discours inaugural, le premier ministre a été
clair sur l'avenir et les ambitions du gouvernement pour que les enfants, nos
jeunes, puissent atteindre leur plein potentiel. Plusieurs engagements ont été
mis en place par la coalition. Je pense à la stabilisation du cadre budgétaire
pour une meilleure planification à long terme. Planification, prévisibilité
dans nos écoles, c'était bien mérité. Le dépistage précoce des difficultés
d'apprentissage puis une offre de services appropriée. Là, ici, je vous parle
aussi de mon rôle d'adjointe parlementaire à la Famille. Avec le programme Agir
tôt, on va arriver à pouvoir dépister tôt et donner des chances à des petits
qui n'en auraient peut-être pas eues sans la mise en place de cette offre de
services là. La maternelle quatre ans aussi, on peut en parler, parce que la maternelle
quatre ans, ce n'est pas rien. Et je vous dis, moi, je parle pour Bellechasse,
c'est extrêmement apprécié et utilisé. Donc, ça, ce sont tous des engagements
et des réalisations qu'on a mis en place. Il y a du soutien aux enseignants,
l'ajout de ressources professionnelles, la valorisation de la profession. Là...
Et sincèrement, là, pour avoir travaillé longtemps dans les écoles, 15 ans,
c'est quand même une belle période pour faire une évaluation... On a eu des discussions,
et la valorisation des enseignants, ça faisait tellement longtemps que... Oui?
La Présidente (Mme Thériault) :
...qu'il vous restait une minute, c'est tout. Allez-y.
• (10 h 30) •
Mme Lachance : O.K. Merci.
Donc, évidemment, toutes ces mesures-là sont extrêmement importantes.
Ce que j'ai vu aussi, bien, il faut en
parler, parce que la gestion de la crise nous a mis en lumière...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Lachance : ...et la valorisation
des enseignants, ça faisait tellement longtemps que... Oui?
La Présidente
(Mme Thériault) : Je vous disais qu'il vous restait une minute.
C'est tout. Allez-y.
Mme Lachance : O.K.
Merci. Donc, évidemment, toutes ces mesures-là sont extrêmement importantes. Ce
que j'ai vu aussi, bien, il faut en parler parce que la gestion de la crise
nous a mis en lumière plusieurs, plusieurs problématiques. Vous savez, le sujet
de l'interpellation de notre collègue la députée de Saint-Laurent, c'est la
gestion de la crise, mais on ne peut pas parler de la gestion de la crise sans
parler de l'état de la situation avant la crise.
En 2015, le gouvernement libéral avait
effectué des coupures en éducation, comme il l'avait fait aussi en santé
d'ailleurs. En janvier 2019, on apprenait que notre collègue de
Saint-Laurent voulait que le PLQ s'excuse pour ses années de coupures
budgétaires. Bien, ces années-là, on en a passé dans nos écoles. Évidemment,
c'est une réalité qu'aujourd'hui on doit comprendre et prendre en
considération. Puis je félicite le ministre de pouvoir naviguer avec ça et
mettre en place un réel plan pour pouvoir... pour permettre à nos jeunes
d'aller à l'école malgré la crise de la COVID-19.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Ça met fin à votre bloc de temps. Donc,
je regarde maintenant du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de
Mille-Îles, la parole est à vous pour cinq minutes.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. Je vais faire une intervention en deux temps. En
premier temps, le ministre me connaît bien, je pense qu'il sait que je peux
faire un petit éditorial rapido. Puis je vais prendre la balle au bond de ma
collègue de Bellechasse. En premier, je vais vous dire bonjour, chères
collègues de Saint-Laurent, de Joliette et de Sherbrooke, et à vous, collègues
du gouvernement. Parce que ça l'air que c'est comme ça qu'il faut qu'on se
nomme. Quand on est du bord, on nomme nos comtés, puis quand on est de l'autre
bord, on ne les nomme pas.
Ceci dit, c'était mon petit remontant. Je
commencerais par vous dire, Mme la Présidente, qu'après plus de 10 ans
dans une commission scolaire, j'ai compris une chose précieuse, c'est-à-dire
que la deuxième bulle d'un enfant, le deuxième lieu où il trouve sa stabilité,
son environnement, ses amis, c'est l'école. Et je serai toujours de celles qui
croient qu'il faut les garder ouvertes parce que c'est un endroit précieux pour
eux. Et je crois aussi que c'est la place où la bulle devrait être d'autant
plus de protection envers nos petits. Je vais dire nos petits. Je pourrais dire
nos grands. Je vais dire, tiens, les étudiants.
Le deuxième endroit le plus sécuritaire
pour un étudiant, après sa résidence, devrait être à l'école. Pourquoi on
insiste tant sur le dépistage, sur les premiers gestes, sur le masque en tout
temps, sur les façons de faire dans nos écoles? Bien, c'est parce qu'on y
croit. On croit que l'école devrait non seulement être un lieu très protégé,
mais un lieu très fréquenté. On a appris dernièrement que l'éducation est
menacée. Il faut prendre un regard objectif puis dire : Le pouvoir, c'est
le savoir. Et on se doit de le maintenir. Et là-dessus, j'y crois.
Mais quand on dit : Il faut dépister
tôt chez les jeunes enfants les problématiques, il faut s'assurer qu'il faut
aussi dépister tôt s'il y a une problématique chez...
Mme
Charbonneau
:
...est menacé. Il faut prendre un regard objectif puis se dire : Le
pouvoir, c'est le savoir, et on se doit de le maintenir. Et, là-dessus, j'y
crois. Mais quand on dit : Il faut dépister tôt chez les jeunes enfants,
les problématiques, il faut s'assurer qu'il faut aussi dépister tôt s'il y a
une problématique, chez l'enfant, en santé. Et quand ma collègue de Saint-Laurent
dit : Dans la trousse de secours, il devrait y avoir des tests, bien, je
vous explique pourquoi, moi, la vision que je peux y avoir. Bien, parce que
s'il y a un signe — puis les directions d'école nous le disent — s'il
y a un signe, il faut retourner l'enfant à la maison. Mais qui va récupérer
l'enfant? Bien, on va faire un appel aux parents puis le parent va essayer de
trouver, de toutes les façons possibles, qui va récupérer l'enfant. C'est une
priorité. Bien, souvent, bien, c'est la grand-mère, c'est le grand-père, c'est
la voisine qui a donné un peu de disponibilité. Et, tout à coup, si cet enfant
a été pas encore évalué, détecté comme porteur de la COVID, bien, je viens de
mettre quelqu'un d'autre dans son circuit. Je viens de handicaper, je viens de
pénaliser, je viens d'infecter quelqu'un d'autre. Donc, je vous dis pourquoi on
pense que c'est important d'y aller rapidement, puis les tests devraient être
une réponse rapide. Puis quand on nous dit : Trouvez-nous des solutions,
c'est vers ça qu'on va. C'était mon éditorial.
Par contre, j'ai une question. Puis je
reviens à mes amours principaux, c'est-à-dire la formation professionnelle. On
a fait une formation accélérée pour des gens qui sont maintenant dans nos
CHSLD. La première cohorte est arrivée, les gens étaient contents de les voir
arriver. Par contre, je nous rappelle que ces intervenants-là n'ont pas la même
latitude que ceux qui ont fait le cours complet. Ils ont des actes restreints,
ils ont des gestes qu'ils ne peuvent pas poser nécessairement comme les autres
et ils sont aussi restreints à l'emploi, puisque si je suis dans la cohorte
accélérée, je ne peux que travailler dans un CHSLD. Je ne peux pas aller
ailleurs. Je ne peux pas voir ça autrement que rester dans le principe CHSLD,
c'est à ça que je me suis engagée.
Donc, la première partie de ma question,
c'est : On a vu des gens sortir, on a vu des gens partir parce qu'ils se
sont sentis bousculés, parce qu'ils se sont sentis aussi intimidés par des gens
déjà sur le marché qui disaient : Aïe, toi, tu l'as un peu trop facile.
C'est ma première question : Est-ce qu'on va mettre un encadrement plus
sûr pour les gens qui font le cours en accéléré? Je vais plus vite parce que je
viens de voir les minutes.
Ma deuxième question va être beaucoup
sur : Est-ce qu'on peut mettre en place un principe de reconnaissance des
acquis pour leur permettre de voir un avenir plus grand que juste le CHSLD,
qu'ils peuvent postuler sur... le monde de la santé, c'est-à-dire dans nos
hôpitaux puis dans les autres? Parce qu'en ce moment, tout ce qu'ils ont devant
eux, c'est : tu rentres dans le CHSLD, tu restes dans le CHSLD puis tu
n'as pas rien d'autre que le CHSLD. Donc, est-ce que le ministre peut regarder?
Un peu un principe d'après tant d'heures de pratique, après tant d'heures sur
le marché, je peux avoir une reconnaissance des acquis ou je peux avoir le même
principe qui va... que je peux aller plus vite puis je peux me retrouver dans
le système de la santé, comme quelqu'un d'autre qui pourrait postuler sur un
poste en santé.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée. Ça met fin à votre bloc...
Mme
Charbonneau
:
...donc est-ce que le ministre peut regarder? Un peu un principe d'après tant
d'heures de pratique, après tant d'heures sur le marché, je peux avoir une
reconnaissance des acquis ou je peux avoir le même principe qui va... que je
peux aller plus vite puis je peux me retrouver dans le système de la santé,
comme quelqu'un d'autre qui pourrait postuler sur un poste en santé.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée. C'est la fin de votre bloc. M. le ministre, pour un
autre bloc de cinq minutes.
M. Roberge : Merci, Mouvement
d'éducation populaire. Merci à ma collègue pour ses questions précises. Elle a
abordé deux sujets, je vais essayer d'y répondre de la meilleure façon
possible. On parlait de la bulle puis du sentiment de sécurité puis de la
formation spécifique qu'on a faite pour nos préposés en CHSLD.
D'abord, je suis d'accord avec elle que,
bien avant l'arrivée de la pandémie, on voyait déjà l'école comme un endroit
sûr, enfin, qui doit être un endroit sûr, un endroit protégé, sécurisant. On
sait qu'il y a malheureusement certains milieux familiaux qui sont difficiles,
qui ont des valeurs contraires à celles, des fois, qu'on transmet à l'école,
des valeurs d'ouverture, des valeurs de dialogue, où on valorise la lecture, la
curiosité. Ce n'est pas partout pareil, dans toutes les maisons. Puis c'est
vrai que, d'ores et déjà, c'était un défi des fois de lutter contre
l'intimidation puis de tendre la main à une famille qui, des fois, travaille à
contre-courant, mais de tendre la main quand même, créer un lien puis faire de
l'école un lieu sécurisé puis une bulle. Là, c'est a fortiori, on veut encore
plus que ça soit un endroit protégé, un endroit où toutes les mesures de santé
et sécurité soient prises pour protéger la santé des jeunes puis qu'on ne pense
pas, quand on va à l'école, qu'on soit un tout-petit, ou un adolescent, ou un
adulte des centres de formation... je sais que ma collègue a une préoccupation
particulière pour la formation générale aux adultes, la formation
professionnelle. Il ne faut pas qu'on se demande si on est en sécurité quand on
va à l'école. Puis on travaille très fort là-dessus, mais on est d'accord.
Sur la question peut-être plus précise de
nos préposés aux bénéficiaires en CHSLD, je dois d'abord donner un solide coup
de chapeau à l'équipe au gouvernement qui s'est revirée de bord de manière
exceptionnellement rapide, qui a été... très dynamiques, très inventifs, très
créatifs. Puis je souligne la présence de la sous-ministre adjointe qui a été
aux commandes pour la création de cette formation-là où il a fallu qu'on
travaille avec les gens dans le réseau, au ministère puis avec la Santé, pour
accoucher, en quelques semaines à peine, d'une formation qui nous permettait de
passer à travers la crise. Parce qu'on manquait de personnes lors de la première
vague pour pendre soin de nos aînés, essentiellement pour deux raisons :
les postes n'étaient pas attractifs, excusez-moi l'anglicisme, n'étaient pas
assez attirants, ils n'étaient pas assez bien payés, hein, bien sûr. Puis, si
on augmentait le salaire d'un coup puis ça devenait tout à coup tentant de
devenir préposé, bien, il fallait compter quand même plusieurs mois de
formation avant d'aller prêter main-forte...
M. Roberge : ...excusez-moi
l'anglicisme, n'était pas assez attirant. Ils n'étaient pas assez bien payés,
hein, bien sûr. Puis, si on augmentait le salaire d'un coup puis ça devenait
tout à coup tentant devenir préposé, bien, il fallait compter quand même
plusieurs mois de formation avant d'aller prêter main-forte. Or, le feu était
pris à la grange, comme on dit, donc ce n'était pas le temps, là, d'aller
former des pompiers sur un horizon à moyen puis à long terme, là, ça pressait.
Donc, on l'a fait.
• (10 h 40) •
C'est vrai cependant que la formation mène
à un emploi en CHSLD seulement pour l'instant. Ceci dit, il va être possible
pour les gens, par la suite, d'aller compléter la formation pour avoir le
diplôme de formation professionnelle complet qui permet de travailler dans une
pluralité de milieux. Puis la question de la reconnaissance des acquis, c'est
une question qu'on s'est posée préalablement et sur laquelle on travaille effectivement.
Donc, quelqu'un qui a le diplôme qu'on a fait en accéléré, qui travaille en ce
moment en CHSLD puis qui dit : Bien, c'est correct, mais peut-être que,
dans un an, dans deux ans, dans cinq ans, je voudrai continuer d'exercer ma
profession dans un autre milieu, pourra vraisemblablement se faire reconnaître
des acquis, devra vraisemblablement aussi aller suivre des cours. Ce sera probablement
quelque chose d'hybride. On y travaille, je ne peux pas vous dire, là, que
c'est réglé. De toute façon, il n'y a pas personne, là, qui veut, je pense,
changer d'emploi tout de suite, là, il faut... Pour avoir une reconnaissance
des acquis, il faut toujours bien avoir des acquis, donc il faut que les gens
vivent quelques mois, sinon au moins quelques années.
Mais je vous dis tout de suite que l'idée
d'une passerelle pour que ces personnes-là aient une mobilité pour aller aider
des aînés dans différentes situations, c'est quelque chose sur laquelle on se
penche, on ne veut pas avoir une formation cul-de-sac pour ces personnes-là.
Puis je ne suis pas en train de dire que ce n'est pas intéressant de travailler
en CHSLD, mais c'est encore plus intéressant d'avoir le choix. Puis c'est
normal qu'au fil d'une carrière on veut avoir une certaine mobilité. Donc, la
reconnaissance des acquis, des formations complémentaires pour permettre aux
gens de pouvoir aller dans différents domaines, c'est quelque chose qu'on
étudie, sur lesquels on va travailler dans les prochains mois. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, je reconnaîtrais maintenant la députée de Huntingdon
pour votre intervention de cinq minutes. Mme la députée.
Mme IsaBelle : Merci, Mme la
Présidente. Moi, j'aimerais remercier d'emblée la députée de Saint-Laurent de
nous donner l'occasion et l'opportunité de discuter de l'éducation ce matin. Je
pense que nous partageons la même passion, hein, nous sommes toutes les deux
issues du milieu de l'éducation par notre profession. Pas de la même discipline
ni de la même université, si vous voulez, mais je pense qu'on partage vraiment
la même passion de l'éducation.
De mon côté, j'aimerais vraiment aborder,
puis je suis contente parce que la députée de l'opposition ainsi que le ministre
le mentionnent bien, nos écoles doivent rester ouvertes. Mais il faut voir
aussi dans quel contexte sont nos écoles. Alors, avant d'aborder, si vous
voulez... En fait, ce qu'il faut se dire, c'est qu'on a hérité effectivement
d'écoles qui étaient en pénurie de main-d'oeuvre, d'enseignants. Et cette
pénurie-là n'est pas arrivée avec la COVID. On va s'entendre, là, ce n'est pas
la COVID qui a provoqué la pénurie, ça existait...
Mme IsaBelle : ...avant
d'aborder, si vous voulez... En fait, ce qu'il faut se dire, c'est qu'on a
hérité effectivement des écoles qui étaient en pénurie de main-d'oeuvre,
d'enseignants. Et cette pénurie-là n'est pas arrivée avec la COVID. On va
s'entendre, là, ce n'est pas la COVID qui a provoqué la pénurie. Ça existait...
Cette situation ou cette problématique, elle était là bien avant, ne serait-ce
que juste de penser, et le MELS se donnait des statistiques en 2002 et 2005, de
15 % à 20 % de nos nouveaux enseignants quittaient la profession à
l'intérieur de cinq à sept ans de leur pratique.
On a aussi la chercheuse Nault de l'UQAM
qui avait aussi alerté, hein, le Québec avec ses statistiques. On a eu par la
suite Karsenti. Donc, tout ça pour vous démontrer que la pénurie de
main-d'oeuvre, elle était là, ou la pénurie d'enseignants, bien avant la COVID.
Et qui plus est, on constate, ou enfin une chercheuse professeure de l'UQTR a
souligné cet été qu'il semblerait qu'il y a des enseignants qui précipitent
leur départ. Hein, on n'a pas de statistique à toute épreuve, là, mais elle est
en train d'étudier ce sujet-là, puis vraiment je la félicite, là, qui
précipiteraient leur départ à la retraite depuis la COVID.
Alors, ça met donc nos écoles en
situation... en demande d'enseignants. Il faut se l'avouer. Donc, je veux
profiter de nos quelques minutes qu'il reste, vraiment, de parler des mesures
concrètes que notre gouvernement, que notre ministre a mis en place pour effectivement combler ces lacunes en manque de
personnel enseignant, puis que je veux féliciter. On a d'abord la... Au
niveau pédagogique, on a toute la mesure qui a été mise en place pour aller
chercher nos retraités, je vais y revenir en détail tantôt, et toute la
campagne je... présent et présente.
Alors, la première mesure qui, à mon avis,
est innovatrice et vraiment brillante, excusez-moi mais je dois le dire, c'est
un incitatif financier, bon, d'abord, majeur pour encourager les enseignants
retraités de moins de cinq ans, hein, qui sont à la retraite depuis moins de
cinq ans, de venir prêter main-forte, justement, à notre système d'éducation,
pour nos jeunes, pour nos élèves, pour les aider, justement, à passer, là, leur
primaire et leur secondaire.
Mais ce qu'il faut savoir, pourquoi on a
ciblé ces enseignants retraités, c'est parce qu'ils sont 8 000 à avoir
pris leur retraite depuis 2015. Alors, c'est une bonne raison d'aller en
chercher. On a un beau bassin, là, de 8 000 enseignants à la
retraite. Et comme ça ne fait que cinq ans qu'ils ont pris leur retraite, on
peut penser qu'ils savent encore leur programme en enseignement, ils savent
encore leur programme d'étude. Donc, c'est vraiment encourageant d'aller les
chercher.
Ensuite, il faut voir aussi, puis on
l'entend, on a souvent des jeunes retraités enseignants qui disent qu'ils
aiment ça pouvoir revenir faire de la suppléance une fois de temps en temps.
Donc, on a un beau bassin, là, d'enseignants qui peuvent venir nous aider dans
nos écoles dans cette période difficile. Mais non seulement ça, c'est que notre
gouvernement a aussi un incitatif financier. Alors, écoutez, il double la
rémunération habituelle. Il passe de 212 $ par jour à 412 $. En plus,
leur rente de retraite ne...
Mme IsaBelle : ...d'enseignants
qui peuvent venir nous aider dans nos écoles dans cette période difficile. Mais
non seulement ça, c'est que notre gouvernement a aussi un incitatif financier.
Alors, écoutez, il double la rémunération habituelle, il part de 212 $ par
jour à 412 $. En plus, leur rente de retraite ne sera pas impactée
négativement. C'est important, ça, là, ce que je vous dis là, là. Ensuite, leur
rente de régime, ou le RREGOP, là, si vous voulez, ils vont pouvoir continuer à
la recevoir. Écoutez, c'est une mesure, là, qui varie entre 3 et
11 millions. C'est évident qu'on ne peut pas établir clairement c'est
combien, parce qu'on ne sait pas combien de retraités reviendront ni combien de
jours de suppléance ils feront.
Rapidement, je veux parler de ma dernière
mesure, qui est toujours au niveau pédagogique. C'est une réorientation
d'études ou de carrière où on incite les personnes qui ont déjà une formation
universitaire dans un domaine qui s'enseigne ou une matière qui s'enseigne à
répondre à la campagne du gouvernement : Présent, présente. Et ça, c'est une
autre belle mesure, une autre belle façon de dire à notre population, à nos
élèves : on les aime et on veut les aider. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée. Parfait pour le temps. Donc, sans plus tarder, je
regarde du côté des députés de l'opposition, et j'ai cru comprendre qu'il y
avait une entente pour que ce soit le troisième groupe d'opposition qui prenne
la parole. Non? Désolée, je dois... Je ne suis pas là. Donc, on... Parfait, il
n'y a pas de problème. Mme la députée de Sherbrooke, la parole est à vous.
Allez-y.
Mme Labrie : Merci. Je ne suis
pas au courant de ça. Donc, il y aurait plusieurs problèmes à aborder par
rapport à la gestion de crise en éducation, mais je vais me concentrer
aujourd'hui sur la détresse psychologique. Je sais que le ministre a ouvert les
écoles précisément pour le bien-être des enfants. Je suis d'accord avec ça,
évidemment. Ouvrir les écoles, c'était la chose à faire. Mais, contrairement à
ce que semble penser le ministre, ouvrir les écoles, ça ne suffit pas pour
assurer le bien-être des jeunes, et, visiblement, la manière dont ça se passe,
ça contribue même à dégrader la santé mentale des élèves et du personnel. Le
ministre a beau nous dire que l'information a toujours été claire de son point
de vue, elle a été comprise de manière très différente un peu partout sur le
terrain, et dans le milieu, constamment, ils ont été obligés de se réajuster
parfois d'une journée à l'autre. Il y a des endroits où ils ont dû refaire
toute la planification des groupes, annuler des activités, l'annoncer aux
parents, aux élèves. C'est des problèmes de communication puis des changements
d'idée qui ont été très anxiogènes pour les équipes-écoles, et ça, ça s'ajoute
à un climat social qui l'est déjà, comme tout le monde sait.
Et les tâches, elles se sont beaucoup
alourdies aussi depuis le début de la pandémie. En plus d'enseigner, les profs
doivent maintenant superviser des mesures sanitaires, désinfecter, gérer les
absences d'élèves, gérer les parents inquiets, et le personnel ne va pas bien.
Il y a trois semaines, huit enseignants sur 10 disaient déceler des signes de
détresse chez leurs collègues. Donc, on est au tout début d'année, et c'est
grave au point où même les collègues s'en rendent compte. Donc, imaginez les
élèves qui passent, eux, des heures dans la même classe que ces enseignants-là,
ils doivent s'en rendre compte aussi. Donc, l'épuisement et l'anxiété des
profs, ça se répercute sur les élèves, et c'est grave, parce que les
spécialistes nous disent qu'un des facteurs de protection pour les enfants,
c'est de pouvoir s'appuyer sur des adultes qui vont bien. Alors, on a des très
gros problèmes si la majorité du personnel ne va pas bien.
Et d'ailleurs les élèves non plus ne vont
pas bien. Les pédiatres nous disent qu'il y a des...
Mme Labrie : ...ils doivent
s'en rendre compte aussi. Donc, l'épuisement, l'anxiété des profs, ça se
répercute sur les élèves. Et c'est grave parce que les spécialistes nous disent
qu'un des facteurs de protection pour les enfants, c'est de pouvoir s'appuyer
sur des adultes qui vont bien. Alors, on a des très gros problèmes si la
majorité du personnel ne va pas bien.
Et d'ailleurs les élèves non plus ne vont
pas bien. Les pédiatres nous disent qu'il y a déjà une vague très bien amorcée
de décrochage, dépression, toxicomanie, cyberdépendance, trouble alimentaire,
peur incontrôlable, distorsion de la pensée. Les lignes d'écoute pour jeunes
voient une hausse importante des demandes. Moi, je ne veux pas banaliser la
pandémie, là, mais quand les pédiatres écrivent une lettre ouverte pour nous
rappeler qu'un enfant est 70 fois plus à risque d'être hospitalisé pour des problèmes
de santé mentale que pour la COVID-19, je trouve que ça mérite d'être entendu
et d'être pris en compte dans gestion de la pandémie. Et les pédiatres sont
très clairs sur le fait qu'il y a certaines mesures prises par le gouvernement
qui ont un impact sur la détresse des élèves, notamment l'annulation des
activités organisées qui pose problème, en particulier les activités sportives.
Donc, ça, c'est toutes des activités qui
normalement participent à la socialisation des enfants, ça fait partie de la
mission de l'école de socialiser. Et là c'est un volet qui est complètement
laissé de côté, en particulier en zone rouge. Les jeunes sont isolés, ils
manquent d'occasion de libérer leur stresse parce que c'est interdit même si
les écoles avaient mis en place des protocoles sanitaires pour leurs activités.
Et pourtant les pédiatres nous disent que la contamination se déroule à
l'extérieur des murs de l'école, entre amis, justement là où les jeunes
risquent de se voir sans respecter les règles de distanciation.
Et pendant qu'on interdit aux jeunes des
activités qui pourraient être encadrées de manière sécuritaire et qui
pourraient leur faire du bien, on est incapables d'avoir assez de ressources
dans nos écoles pour offrir le soutien nécessaire aux élèves pour leur
détresse. Les professionnels, les enseignants nous disent qu'il manque de
soutien. Même si le ministre en a ajouté dans les dernières années, il y en
manque encore des centaines. Et là on n'a pas du tout la capacité en ce moment
de faire de l'intervention préventive parce qu'on ne répond même pas à la
demande pour la détresse.
Le ministre a attendu en octobre pour
lancer un appel aux volontaires pour faire de la surveillance, de la
désinfection, c'est venu trop tard, comme si, pendant tout l'été, le ministre
pensait que toutes les tâches supplémentaires pouvaient être confiées aux
membres du personnel qui sont déjà en place, comme s'ils avaient du lousse dans
leur temps pour faire ça. Et parce que le ministre a tardé à chercher des
renforts, bien là, on a des enseignants des professionnels qui manquent de
temps pour répondre aux besoins des élèves parce qu'ils doivent remettre
eux-mêmes du papier à main dans la salle de bain puis s'assurer qu'on ne manque
pas de savon.
• (10 h 50) •
Et parce que le ministre s'est fermé les
yeux trop longtemps sur l'ampleur des besoins, parce qu'il a été déconnecté des
gens sur le terrain pour prendre des décisions, parce qu'il a pris une approche
autoritaire en interdisant des activités qui sont essentielles au bien-être des
enfants et qui jouent pourtant un rôle dérisoire, à entendre les pédiatres,
dans la transmission communautaire, bien, là, on a un paquet d'acteurs du
réseau de l'éducation et d'élèves qui ne vont pas bien du tout.
Et je dis que c'est une décision du
ministre parce qu'à ce jour, bien, on n'a pas la trace du tout d'un avis de la
Santé publique qui recommandait de mettre fin aux activités organisées pour les
jeunes. Qu'on nous le démontre si ce n'est pas le cas.
Alors, moi, je demande au ministre de
corriger la situation. J'aimerais ça qu'il demande l'autorisation à la Santé
publique de rouvrir les activités sportives et parascolaires dans le respect
des règles sanitaires. Je pense que c'est possible que beaucoup de ces
activités-là puissent se dérouler. J'aimerais ça aussi qu'il s'engage à créer
des postes de professionnels, de personnel de soutien assez intéressants pour
aller chercher ceux qui sont au privé. Parce que ça, c'est des emplois pour
lesquels on n'en maque pas. Simplement, ils travaillent au privé. Donc, on veut
aller les chercher pour pouvoir les avoir...
Mme Labrie : ...les activités
sportives et parascolaires dans le respect des règles sanitaires. Je pense que
c'est possible que beaucoup de ces activités-là puissent se dérouler.
J'aimerais ça aussi qu'il s'engage à créer des postes de professionnels, de
personnel de soutien assez intéressants pour aller chercher ceux qui sont au
privé, parce que ça, c'est des emplois pour lesquels on n'en manque pas.
Simplement, ils travaillent au privé. Donc, on veut aller les chercher pour
pouvoir les avoir dans le réseau public et offrir des services adéquats aux
jeunes.
Donc, c'est deux demandes que je fais au
ministre, parce qu'il faut corriger la situation très rapidement. Il y a
beaucoup trop de détresse en ce moment, autant chez les jeunes que chez le
personnel. Le personnel lui-même est en détresse, ne peut pas répondre à la
détresse des jeunes, et c'est très préoccupant.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée de Sherbrooke. Donc, sans plus tarder, M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Ma collègue a abordé plusieurs sujets qui sont extrêmement
importants. La santé mentale, autant celle du personnel scolaire que des
élèves, on pourrait dire aussi, des parents des élèves, des restaurateurs, des
artistes, c'est lourd pour tout le monde.
Mais intéressons-nous à ce qui se passe
dans nos écoles. Oui, on a fait des demandes à la santé publique, en
disant : Est-ce qu'il y aurait moyen de protéger davantage tout ce qui
garde une motivation spécifique aux élèves? Est-ce qu'on pourrait protéger
davantage nos sports, nos activités culturelles, les concentrations? On parle
souvent de sport-études, arts-études. Il n'y a pas beaucoup d'élèves au Québec,
là, qui sont dans des programmes spécifiques, reconnus au ministère,
sport-études, arts-études, mais il y a beaucoup d'élèves qui font du
parascolaire, des concentrations, des profils. On a déjà eu des conversations
sur les projets pédagogiques particuliers. Et il y a beaucoup d'écoles qui les
avaient préservés en début d'année, hein? Et bien sûr, c'est normal. C'est
comme ça que le débat politique est ainsi fait. On prend la lampe de poche puis
on éclaire là où ça ne va pas. Puis c'est vrai qu'il y a des écoles qui n'ont
pas pu maintenir les programmes particuliers, les programmes d'art, etc.
Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'écoles aussi qui s'étaient organisées pour garder ces activités-là en
groupes-classes, pour faire les regroupements d'élèves, sachant qu'on allait
avoir les groupes-classes, les bulles-classes, mais pour placer les élèves,
ceux qui sont en concentrations denses, ensemble, dans la même classe, placer
les élèves qui veulent jouer au volleyball ensemble, dans la même classe. Ça
n'a pas été vrai partout. Il y en a moins cette année que les années passées,
il faut le reconnaître. Mais ce n'est pas vrai qu'il n'y en a pas, puis ce
n'est pas vrai qu'il n'y en avait pas depuis le début du mois de septembre.
C'est... Il faut quand même remettre les choses en perspective. On avait fait
un sondage au début septembre, et puis grosso modo, il y avait à peu près
50 % des centres de services scolaires qui nous disaient qu'ils avaient pu
préserver l'ensemble des activités dont on parle, en tout ou en partie. Ça veut
quand même dire qu'il y en a 50 % qui nous avaient dit qu'ils n'avaient
pas réussi, il faut le reconnaître.
Ce sont des contraintes qui nous viennent
d'une pandémie mondiale. Parce que, d'un autre côté, c'est sûr que, si on
n'avait pas accepté les recommandations de la santé publique... Je me demande
bien ce que ma collègue nous aurait dit ce matin si on avait bafoué les
recommandations de la santé publique, on avait dit : Non, nous autres, là...
Vous nous dites que, pour protéger les élèves, il faut être en groupes-classes.
L'OMS le dit, Santé publique Canada le dit, Santé publique Québec le dit, mais
nous autres, non, on va éclater les groupes-classes puis on va permettre aux enfants
de jouer, puis il va y avoir...
M. Roberge : ...ma collègue
nous aurait dit ce matin si on avait bafoué la recommandation de la Santé
publique, on avait dit : Non, nous autres, là... Vous nous dites que, pour
protéger les élèves, il faut être en groupes-classes. L'OMS le dit, Santé
publique Canada le dit, Santé publique Québec le dit, mais nous autres, non, on
va éclater les groupes-classes puis on va permettre aux enfants de jouer, puis
il va y avoir des éclosions dans les écoles, puis après ça, on va fermer les
classes, puis là il n'y a plus personne qui ne va jouer de rien. Parce que c'est
ça qui serait arrivé aussi, là. On a déjà des classes qui sont fermées
temporairement, trop à mon goût, même en appliquant les mesures et les
contraintes que personne n'aime. Alors, s'il avait fallu qu'on fasse fi des recommandations,
combien d'écoles seraient fermées de plus au moment où on se parle? Combien de
classes seraient fermées de plus au moment où on se parle? Combien d'élèves
l'auraient attrapé et transmis à des gens de leurs familles? Est-ce qu'il ya
aurait plus de gens hospitalisés? On ne le sait pas. Mais on a été obligés de
prendre ces mesures-là, mais ce n'est vraiment vraiment pas de gaieté de coeur.
Et c'est pour ça que, pour venir en aide au personnel et aux élèves, on a
débloqué des millions de dollars pour embaucher plus de gens pour faire de
la surveillance, pour alléger la tâche du personnel qui porte l'école à bout de
bras et pour éviter la propagation. Même chose pour plus de concierges dans nos
écoles, même chose pour plus d'éducatrices. Donc, des millions de dollars
pour compléter les tâches de celles qui sont déjà dans nos écoles, qui étaient
là depuis des années puis qui voulaient faire plus d'heures. On est capables de
leur donner plus d'heures cette année puis on est contents de pouvoir compléter
leurs tâches. Puis si on manque de personnel, bien, on a une banque de C.V. Il
y a 21 000 personnes qui ont dit : Moi, je réponds présent. Merci au gouvernement
de nous donner cette chance-là, puis je réponds présent. Ça, ça va venir aider
les gens, ça va venir faire diminuer la tension, l'anxiété, les problèmes de santé
mentale. C'est sûr que ça va venir aider.
Ça et l'initiative conjointe avec mon collègue
le ministre délégué à la Santé, qui a pris une initiative extraordinaire
d'injecter 30 millions de dollars de plus. 15 millions pour de l'intervention
et de la promotion en prévention pour la santé mentale et 15 autres millions
pour la prévention des dépendances. Parce qu'on sait que c'est interrelié,
hein, on peut développer des dépendances et ensuite avoir des problèmes de santé
mentale ou avoir des problèmes de santé mentale qui mènent vers la dépendance.
On couvre les deux axes grâce à un partenariat Santé, Éducation, avec les
directions régionales de la santé publique. Donc, on couvre tous les angles.
Ceci dit, je reconnais que c'est encore difficile.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, maintenant, du côté des députés ministériels, M.
le député de Chauveau, la parole est à vous.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Vraiment, c'est un plaisir, ce matin, de
participer à ce débat sur l'éducation. Mais avant d'en parler, permettez-moi tout
d'abord de saluer tous mes collègues. M. le ministre, mes collègues de la
partie ministérielle, les partis de l'opposition. Puis, oui, on a le droit de
se nommer, peu importe, Mme la députée de Mille-Îles, de Saint-Laurent, de Sherbrooke,
il n'y a aucun problème. Puis j'apprécie le ton du débat, c'est intéressant.
Les gens... Parce que moi, je suis convaincu d'une chose, Mme la Présidente,
c'est que les 125 élus ont à coeur l'éducation...
M. Lévesque (Chauveau) : ...de
la partie ministérielle, les partis de l'opposition puis, oui, on a le droit de
se nommer, peu importe, Mme la députée de Mille-Îles, de Saint-Laurent, de
Sherbrooke, de Joliette... mes collègues ici, il n'y a aucun problème. Puis
j'apprécie le ton du débat, c'est intéressant. Les gens... Parce que moi, je
suis convaincu d'une chose, Mme la Présidente, c'est que les 125 élus ont
à coeur l'éducation, tout le monde, tout le monde, tout le monde. Il n'y a pas
personne dans cette enceinte qui fait le pas de venir siéger à l'Assemblée
nationale qui ne considère pas l'éducation comme étant le principal sujet qu'on
devrait parler au Québec. C'est l'avenir, c'est nos jeunes, c'est notre monde.
Moi, je n'ai pas d'enfant, mais j'interviens pour tellement de jeunes dans ma
circonscription qui sont des jeunes familles, que c'est très important.
Puis M. le ministre l'ignore peut-être,
mais moi-même... Parce que je regarde les expertises variées des collègues en
éducation, c'est impressionnant. Des gens qui ont été enseignants, des gens qui
ont travaillé pour des programmes comme ma collègue de Bellechasse. Moi, j'ai
enseigné une session en formation professionnelle. J'ai été prof pour donner le
cours de recherche d'emplois, il y a une quinzaine d'années, dans une...
c'était un centre de formation professionnelle. Puis je vous dis, même si ce
fut court, ce fut très intéressant. Et dans mon travail, à l'époque, dans les
carrefours jeunesse emploi, j'ai donné pas mal de temps à coacher des jeunes
dans le sport étudiant, en badminton notamment. Ça a été une expérience
extraordinaire. Puis là, c'est intéressant, le débat d'aujourd'hui parce qu'on
parle de moyens, comment on peut faire mieux, améliorer la situation en
éducation malgré la crise. C'est ça, la question principale.
Mais moi, je veux faire un petit aparté
avant de venir avec une solution qui me touche, c'est les problèmes concrets,
individuels que chacun des jeunes peut vivre. Bien, je suis content de voir que
le ministre de l'Éducation est au travail. Parce que, moi, chez nous, j'ai un
petit garçon qui était pris dans un dédale, là, entre de l'administratif, puis
là... des changements de situation. Il était au privé. Il se ramasse dans le
système public où est-ce que, là, il y avait des orthos qui lui était promis.
Puis, malheureusement, les orthos, avec la pénurie de main-d'oeuvre, c'était
difficile d'aider. Bien, savez-vous? Le ministre de l'Éducation m'a appelé
personnellement... je n'ai pas vu ça souvent, là, le ministre de l'Éducation
m'a appelé personnellement pour me parler qu'il allait mettre de l'argent sur
la table pour les commissions scolaires et les centres de services, pour leur
permettre d'embaucher des professionnels. Puis moi, je vous dis, là, un homme
comme lui qui prend... qui a à coeur, justement, les cas individuels des
élèves, moi, ça m'a impressionné. Je tenais à vous le dire publiquement,
aujourd'hui : Merci, M. le ministre.
• (11 heures) •
Maintenant, quand on regarde la situation,
il faut s'inspirer des bonnes pratiques. En santé, actuellement, le ministre en
a parlé tantôt, il y avait une pénurie majeure de préposés aux bénéficiaires.
Le gouvernement a mis en place l'initiative : Je contribue. Ça a permis de
recruter 11 000 personnes de plus dans la première vague et 980 de
plus dans la deuxième vague. Une très vaste majorité des gens se maintiennent
en emploi. C'est un moyen très concret qui a été mis en place. Donc, ça a
fonctionné. Il faut répondre à la situation urgente maintenant. Donc, le «Je
contribue» a été bon. Donc, on va s'en inspirer en éducation...
11 h (version non révisée)
M. Lévesque (Chauveau) : ...et
980 de plus dans la deuxième vague. Une très vaste majorité des gens se
maintiennent en emploi. C'est un moyen très concret qui a été mis en place.
Donc, ça a fonctionné. Il faut répondre à
la situation urgente maintenant. Donc, le Je contribue a été bon. Donc, on va
s'en inspirer en éducation. Pourquoi ne pas faire la même chose? Le gouvernement
a mis en place une stratégie de soutien, de recrutement massif. Il y a 19 000
personnes qui ont soumis leur curriculum vitae et il y a 2 000 personnes
qui vont obtenir un emploi dans les centres de services et qui vont... On va
cibler des besoins très précis puis il faut savoir que dans chacune des écoles,
dans chacune des régions, dans chacun des centres de services, les besoins ne
seront pas identiques dans chacun de ces endroits-là.
Tantôt, on a besoin peut-être plus de gens
en service de garde; tantôt, on a besoin de concierges; tantôt, on va avoir
besoin d'éducatrices en service de garde et de surveillants d'élèves aussi. Ça
fait qu'il faut être capable d'avoir une flexibilité. Donc, l'argent a été mis
sur la table. Chacune des régions, chacune des écoles a une marge de manoeuvre,
une marge de manoeuvre pour agir puis ça, c'est le fun d'avoir de la flexibilité
dans ce cas-là.
Moi, ce que j'entends, c'est que les gens
ont fait appel à eux. On leur de mande de venir donner un coup de pouce et les
gens répondent présent. Le ministre met en place des initiatives qui sont flexibles,
qui sont dynamiques, qui répondent aux besoins locaux. Moi, je suis bien, bien
fier de ça, Mme la Présidente. 85 millions qui ont été ajoutés pour ces
besoins précis là, d'une école à l'autre. Alors, je dis bravo au ministre de
l'Éducation et merci aux collègues de contribuer au débat aujourd'hui.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le député. Nous sommes rendus à la quatrième série d'interventions.
Je regarde maintenant la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
Merci, on est aussi en mode propositions, parce
que, oui, il y a le Je contribue qui est, en fait, le Je réponds présent. On
voit que c'est une proposition qui a été faite par la députée de Joliette. Deux
semaines plus tard, finalement, ça a été mis en place. Les gens ont levé la
main, mais concrètement, sur le terrain, là, je suis moi-même allée sur le
terrain, il manque encore du monde. Et ça, il faut travailler et il faut aussi
trouver des solutions pérennes.
Cette semaine, nous, on vous a proposé
mercredi, M. le ministre, de penser à nos étudiants du cégep, qui, eux, présentement,
là, on le sait, vivent aussi de l'isolement et de la détresse psychologique.
Plusieurs d'entre eux disent : Moi, je me sens tout seul dans mon coin
puis je peux comprendre, là, quand on passe notre journée à regarder un écran,
loin de tout le monde, ce n'est pas facile et ça peut vraiment... le risque de
décrochage est vraiment présent.
Alors, on vous a proposé ici... bien
est-ce qu'on peut faire appel aux étudiants collégiaux, à très court terme, là,
à venir donner un coup de main dans leur école de quartier? De venir, là,
s'impliquer et...
Mme Rizqy : ...facile, et ça
peut vraiment... le risque de décrochage est vraiment présent. Alors, on vous a
proposé ici, bien, de... Est-ce qu'on peut faire appel aux étudiants
collégiaux, à très court terme, là, à venir donner un coup de main dans leur
école de quartier, de venir, là, s'impliquer et... Je sais que ce n'est pas
facile de rapidement avoir un nouveau cours à option dans le cégep, je le sais.
Je sais qu'il y a des programmes, puis c'est normé. Tout ça, je suis au
courant. Mais j'ai parlé avec le président de la Fédération des cégeps, et,
s'il y a de la volonté politique, on est capables de se virer de bord au
Québec, on est capables de faire les choses autrement, on est en urgence. On
serait capables d'avoir un cours à option où un étudiant choisit, c'est
volontaire, Implication citoyenne, choisit son projet. Ça peut être, oui, une
école, puis, oui, ça pourrait être un CHSLD. Puis on a parlé avec Bernard
Tremblay, puis on se lançait des idées. Est-ce qu'on peut faire appel, par
exemple, aux étudiants qui sont en technique pour devenir travailleurs sociaux?
Est-ce qu'on peut faire appel aux futures éducatrices? Est-ce qu'on peut faire
appel aussi aux étudiants qui un jour aspirent à devenir médecins? Bien,
justement, c'est une belle occasion de s'impliquer très tôt. Ça développe aussi
des compétences, des compétences d'empathie. Ça dépend... On apprend aussi à
être plus autonome. Ça donne aussi... Pour certains, là, c'est la première
expérience en milieu de travail.
Et je crois qu'on peut rapidement, si on
travaille tous ensemble, le ministre de l'Éducation avec la ministre de l'Enseignement
supérieur, avec le réseau collégial, avec évidemment les directions
d'établissement et les centres de services scolaires — eh oui! je le
dis maintenant — bien, si on se met tout le monde de la partie, on
est capables d'avoir une solution plus pérenne. À court terme, évidemment,
j'invite les professeurs des collèges qui, eux, dans leur grille-matière
actuelle, là, sont capables de changer quelques
évaluations — «évaluations», j'ai de la misère ce matin,
hein? — alors, évaluations pour développer des compétences, pas
nécessairement à travers un travail de session, mais plus à travers une
expérience...
Et moi, je l'ai vécu à l'Université de
Sherbrooke. C'est un régime coopératif puis, oui, ça a des bienfaits.
Évidemment, c'est encadré. Et je rappelle, là, la proposition : l'étudiant
ne devient pas suppléant, l'étudiant peut être appelé à faire plusieurs tâches.
Moi, la première journée, là, quand je suis allée dans mon école, bien, j'ai
mis des masques de procédure dans des sacs Ziploc, parce qu'on... ils en
reçoivent, mais il faut les préparer pour les distribuer après ça aux
enseignants, bien sinon c'est les enseignants ou les directions d'école qui
font ça tard le soir. Puis, oui, on a besoin de la surveillance dans les cours
de récréation. Mais cette pause de 20 minutes, bien, ça permet à l'enseignant,
là, de... pouf! de reprendre un peu de recul avant de revoir encore ses
enfants... ses élèves devant elle ou devant lui. Alors... Et, vous savez,
après... Il y a l'école... Bien, le service de garde le matin, c'est beaucoup
de monde, là, maintenant, et juste gérer le trafic humain à l'extérieur de
l'école... Parce que ce n'est plus comme avant, où est-ce qu'on arrive dans la
cour de récréation, tout le monde joue ensemble. Non, non, il y a une chorégraphie :
groupe 101 arrive, groupe 102, O.K.; maintenant, c'est... 402, vous y allez;
403, c'est à vous. Juste ça, là, ça prend aussi du monde.
Alors, ça, je crois sincèrement qu'on est
capables, si le ministre de...
Mme Rizqy : ...juste gérer
le trafic humain à l'extérieur de l'école. Parce que ce n'est plus comme avant,
où est-ce qu'on arrive dans la cour de récréation où tout le monde joue
ensemble. Non, non, il y a une chorégraphie, groupe 101 arrive,
groupe 102, O.K. Maintenant, c'est le 402, vous y allez. Le 403, c'est à
vous. Juste ça, là, ça prend aussi du monde.
Alors, ça, là, je crois sincèrement qu'on
est capable. Si le ministre de l'Éducation dit que, oui, il embarque là-dedans
puis que, oui il va porter le ballon avec la ministre de l'Enseignement
supérieur, on serait capable à court terme d'avoir un nouveau cours à option au
Québec, implication citoyenne. Et d'ailleurs, au secondaire, ceux qui
connaissent le programme d'éducation international, il y a des heures de
bénévolat qui sont déjà prévues. Et on veut aussi préparer les citoyens de
demain. Et je crois que ça peut être que bénéfique, autant pour l'étudiant
collégial que pour l'école de quartier, de se réapproprier aussi notre école de
quartier puis de s'assurer d'avoir assez de monde pour apporter de l'oxygène, vraiment,
de l'oxygène à nos écoles.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci, Mme la députée. Donc, sans plus tarder, M.
le ministre, votre bloc de cinq minutes.
M. Roberge : Merci, Mme
la présidente. Effectivement, il y a parfois une possibilité de s'adapter assez
rapidement. On en a parlé tout à l'heure quand on a réussi en quelques
semaines, là, à concevoir un nouveau pour les préposés aux bénéficiaires en
CHSLD. Il arrive que, comme on dit, face au même problème, on se pose les mêmes
questions. On trouve à peu près les mêmes solutions. Puis il y a des
convergences d'opinion, peu importe de quel côté on est au gouvernement ou dans
l'opposition.
Je sais que la question des camps pédagogiques
avait fait l'objet de discussions. On avait à peu près tout le monde une même
opinion sur cette option-là, qui a été mise en oeuvre, finalement, en juin et
en août. L'idée d'avoir un Je contribue pour le... Je réponds présent, on y
travaillait déjà. Des gens de l'opposition nous en ont parlé aussi. Donc, finalement,
je pense qu'ils sont bien contents qu'on soit allé dans cette direction-là.
Je pourrais en nommer d'autres aussi où,
des fois, les collègues m'appellent ou m'envoient un courriel en disant :
Ah! Jean-François, on pourrait faire telle affaire, telle affaire. Des fois, on
est déjà en train de la faire. Des fois, non. Puis ça suscite une discussion.
Puis on y pense. On se revire de bord. On en parle en caucus. On en parle avec
le ministère. Puis on est capable de mettre quelque chose de l'avant. Puis
c'est tout à fait constructif.
Puis j'invite nos amis les journalistes
qui nous écoutent en ce vendredi matin à documenter puis à parler de ces
initiatives-là transpartisanes, de ces collaborations-là aussi. Parce que,
souvent, ce qui fait l'objet, là, de reportages, ou ce qui sort dans les médias
sociaux, c'est les points de divergence, alors qu'il y a, bien souvent, des
points de convergence entre les gens qui contribuent autour des commissions.
Puis la Commission culture éducation ne fait pas exception.
L'idée d'ailleurs d'avoir des programmes,
là, ma collègue parle au collégial, mais elle a parlé aussi de ce qui se passe
au secondaire, un programme qui incite à l'implication sociale, c'est quelque
chose avec laquelle ma formation politique est d'accord depuis un certain
temps. Je me souviens, dans la précédente législature, alors que c'était
l'équipe du Parti libéral qui était au pouvoir, ils ont fait des consultations
sur une politique jeunesse. Et c'était dans le mémoire de ma formation
politique de dire...
M. Roberge : ...à l'implication
sociale. C'est quelque chose avec lequel ma formation politique est d'accord
depuis un certain temps.
Je me souviens, dans la précédente législature,
alors que c'était l'équipe du Parti libéral qui était au pouvoir, ils ont fait
des consultations sur une politique jeunesse, et c'était dans le mémoire de ma formation
politique de dire : On devrait avoir quelque chose sur l'implication
sociale, l'implication citoyenne au secondaire. Pourquoi ce serait juste les
élèves qui sont au programme d'éducation international, au PEI, qui
s'impliqueraient socialement? Puis on le voit, là, dans nos comtés, souvent.
Si... Supposons, la guignolée, je le remarque particulièrement. Je suis là puis
je distribue les routes, puis on fait du bénévolat, nous autres aussi, comme députés.
Puis très, très souvent, arrivent beaucoup, beaucoup, beaucoup d'élèves, puis
on leur demande : Pourquoi tu viens participer à la guignolée? «Bien là,
je dois m'impliquer socialement parce que je suis au programme d'éducation
international.» Pourquoi ce ne serait pas tous les élèves qui feraient ce genre
de chose là?
• (11 h 10) •
Puis là ma collègue nous dit : Oui,
très bien, mais au cégep? Alors, plus grand niveau d'autonomie. Bien, moi, je
ne ferme pas la porte à ça. Je pense que c'est une suggestion qui est très
intéressante. Je peux en discuter avec ma collègue à l'Enseignement supérieur.
On avait déjà des conversations pour la question des stages, qui est une autre
façon d'aborder le problème... ou l'opportunité, c'est peut-être plus une
opportunité qu'un problème... pour valoriser, encadrer, encourager
l'implication de nos étudiants, pas juste au collégial, au collégial et à l'universitaire,
socialement. Peut-être que la fenêtre d'opportunités est particulièrement
ouverte en ce moment, en temps de pandémie, alors qu'on a besoin de bras et de
coeurs dans notre réseau de la santé, dans notre réseau de l'éducation. Donc,
ça peut se faire par des stages d'observation, par des stages d'intervention,
ou ça peut se faire aussi d'une autre façon.
Donc, moi, je prends note de cette
suggestion-là. On va voir si on est capables de l'appliquer puis de la rendre
très concrète. Je signale cependant que les gens peuvent aussi, tout
simplement, être rémunérés pour leur travail. On n'est pas contre ça. Avec Je
réponds présent, on pourrait très bien avoir des étudiants de cégep puis des
étudiants d'université qui, plutôt que d'aller travailler dans un commerce ou
dans un restaurant, qui, bien souvent, sont fermés... enfin, la salle à manger
est fermée... Bien, peut-être qu'on a beaucoup d'étudiants qui vont dire :
Bien, finalement, moi, je pourrais aller travailler en service de garde cinq heures,
10 heures, 15 heures-semaine, hein? Ils étudient à temps plein, donc on ne les
encouragera pas à faire 30 heures-semaine, bien que ce soit leur choix. Mais,
oui, ils pourraient dire : Bien, moi, je vais aller travailler 10 heures,
15 heures-semaine pour faire de la surveillance dans nos écoles secondaires.
Donc là, il ne s'agit pas de leur
dire : Viens faire du bénévolat. Il s'agit de leur dire : Bien,
réponds présent, dépose ton CV, on va t'embaucher, on va te rémunérer. C'est
quand même entre 20 $ et 24 $ l'heure. Ces étudiants-là peuvent être
une force vive, puis je les invite à venir contribuer de cette façon-là.
Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, nous sommes maintenant rendus à la députée
ministérielle. Mme la députée d'Huntingdon, la parole est à vous.
Mme IsaBelle : Oui, merci. Et
maintenant, j'aimerais parler vraiment de l'enseignement au niveau supérieur,
ce qui va certainement plus aussi combler notre députée de Saint-Laurent,
puisque c'est vraiment dans ce domaine-là qu'on est, dans l'enseignement
supérieur...
La Présidente (Mme Thériault) :
...et M. le ministre. Donc, nous sommes maintenant rendus à la... ministérielle.
Mme la députée d'Huntingdon, la parole est à vous.
Mme IsaBelle : Oui, merci. Et
maintenant, j'aimerais parler vraiment de l'enseignement au niveau supérieur,
ce qui va certainement plus aussi combler notre députée de Saint-Laurent,
puisque c'est vraiment dans ce domaine-là qu'on est, dans l'enseignement supérieur.
Et j'aurai deux blocs, blocs que j'ai surnommés COVID et bloc investissement.
Le premier bloc, bon, c'est sûr, on va
s'entendre, la pandémie, elle a vraiment touché l'expérience universitaire et
collégiale, mais ce qu'il faut voir... notre gouvernement a mis en place un
plan flexible, hein, tant pour les impératifs sanitaires et pour aider nos
étudiants et étudiantes à poursuivre leurs études. Et... Mais également, notre
gouvernement a respecté les demandes des établissements universitaires ou d'enseignement
universitaires, qui demandaient une marge de manoeuvre dans cette gestion de la
pandémie. Alors, le gouvernement a répondu à ça et leur a permis effectivement
d'offrir de la formation à distance, hybride, etc. Et je veux profiter, là, de
cette occasion que j'aie, ce matin, moi, pour remercier des maires qui, dans
mon comté, ont permis d'ouvrir des salles ou mettre des salles à la disposition
des étudiants de chez nous qui avaient à suivre des formations à distance, mais
qui n'avaient pas accès à Internet chez eux. Alors, je félicite et je remercie
les maires qui ont fait ça dans mon comté à Huntingdon.
Mon deuxième bloc, c'est l'investissement.
Écoutez, déjà, en mars 2020, et pour le budget 2020‑2021, déjà le
gouvernement proposait un investissement supplémentaire de plus de
100 millions pour les études supérieures. Puis ça se décline en plusieurs
objectifs, mais je veux toucher d'abord quatre objectifs, et c'est ça qui est
intéressant ici et qui innove. Le premier objectif, c'était d'inciter davantage
d'étudiants et d'étudiantes à entreprendre des études postsecondaires. Et pour
les inciter à prendre... qu'on mette davantage d'étudiants, bien, on va offrir,
hein, c'est ce qui est proposé, d'offrir de nouveaux parcours académiques, tels
que... entre autres, en sciences, en génie, en informatique, et de s'assurer
aussi de mettre des stratégies qui vont permettre à ces étudiants de persévérer
et de réviser. Alors donc, si on a plus d'étudiants qui entreprennent des
études et qui persévèrent et qui réussissent, bien, forcément, on aura donc
plus d'étudiants ou de finissants pour combler le marché du travail.
Une deuxième mesure était... c'est de
soutenir les facultés universitaires dans des programmes de génie et de
l'informatique. Parce qu'on ne se leurrera pas, là, l'intelligence
artificielle, les innovations technologiques deviennent de plus en plus
importantes. Et quand on pense seulement qu'à la formation et la télémédecine,
bien, l'intelligence artificielle va devenir un créneau fort important et pertinent
pour les prochaines années.
Le troisième élément, si vous voulez, ou
objectifs, et, ça aussi, on innove par ce troisième objectif, c'est d'aider nos
régions. On l'a dit, nous sommes un gouvernement qui veut aider les régions,
mais celui-là, il cherche à résoudre certaines problématiques des régions en
offrant davantage de budgets pour de la formation en région. Et je donne
l'exemple, il y aura une cohorte de 24 étudiants en médecine qui va
être...
Mme IsaBelle : ...ce troisième objectif,
c'est d'aider nos régions. On l'a dit, nous sommes un gouvernement qui veut
aider nos régions, mais celui-là, il cherche à résoudre certaines des
problématiques des régions en offrant davantage de budgets pour de la formation
en région et je donne l'exemple, il y aura une cohorte de 24 étudiants en
médecine qui va être formée annuellement en Outaouais; il y a une cohorte de 18
futurs étudiants ou médecins, en tout cas, on peut le dire comme ça qui vont
être formés annuellement sur la rive sud de Québec et au Bas-Saint-Laurent.
Donc, c'est tout cet ordre de formation aussi qui est possible dans des
créneaux qui habituellement étaient réservés aux grandes villes, mais là, on va
les offrir en région. Et ça, c'est un plus, plus, plus. Je remercie mon gouvernement,
c'est vraiment, là, important.
On le sait, là, que les études
supérieures, ce n'est pas seulement la formation, c'est aussi la recherche.
Alors, écoutez, tout le volet de la recherche est bonifié par cet
investissement-là. Je remercie encore mon gouvernement de reconnaître
l'importance de la recherche et de la reconnaître aussi non seulement en ville,
ou au centre-ville, mais aussi en région. Ça, c'est essentiel.
Alors, voilà, notre gouvernement innove en
favorisant la décentralisation de la recherche en permettant la création
d'unités mixtes de recherche dans nos universités régionales. On va d'abord
commencer par le réseau de l'Université du Québec à Montréal puisque ça sera
plus facile. Et, ensuite, on suppose et on espère, en fait, que davantage de
budgets seront offerts pour la création d'unités mixtes de recherche qui pourra
s'étendre dans les zones d'innovation dans l'ensemble des universités et des
cégeps pour permettre effectivement l'innovation et la recherche. Parce qu'on
sait que nos étudiants, ce n'est pas juste de la formation qu'ils visent, hein,
aux études supérieures, mais c'est aussi de pouvoir participer à des projets de
recherche qui soient nationaux ou internationaux.
Alors, voilà. Moi, je remercie sincèrement
mon gouvernement pour tout l'investissement qu'il accorde aux études
supérieures. Merci, M. le ministre, et merci, chers collègues, de nous avoir
permis de pouvoir échanger avec vous ce matin.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci beaucoup, Mme la députée de Huntingdon. Donc, nous sommes rendus
au cinquième bloc d'intervention. Avant de débuter ce bloc-là, j'aimerais
préciser que, puisque nous avons travaillé avec célérité et débuté nos travaux
à l'heure, il y aura une sixième série d'interventions où il y aura
cinq minutes à la députée de Saint-Laurent et deux ou trois minutes, tout
dépendant du temps qu'il nous reste, à M. le ministre avant de passer aux
10 minutes chacun de remarques finales. Donc, sans plus tarder, la parole
est à la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Très heureuse aussi d'avoir cette occasion
de pouvoir échanger avec le ministre sur l'impact énorme de la COVID dans le
milieu scolaire et sur, bien sûr, nos jeunes. Je pense que c'est certain que
tout le monde est conscient qu'on vit une situation totalement inusitée, sans
précédent et que ça pose des défis hors du commun pour tous les milieux, mais
aussi pour le milieu de l'éducation. Et puis je pense que, si, au printemps, il
y a eu quand même beaucoup de compréhension et d'indulgence, je dirais, dans
tous les secteurs, il y en a un petit peu mois à l'automne comme on le voit,
là, pour les CHSLD, parce qu'on semble revivre...
Mme
Hivon
:
...sans précédent et que ça pose des défis hors du commun pour tous les
milieux, mais aussi pour le milieu de l'éducation. Et puis je pense que, si, au
printemps, il y a eu quand même beaucoup de compréhension et d'indulgence, je
dirais, dans tous les secteurs, il y en a un petit peu peu mois à l'automne,
comme on le voit, là, pour les CHSLD, parce qu'on semble revivre certains des
mêmes problèmes. Bien, c'est un peu la même chose pour le milieu de l'éducation.
On a le sentiment que, malgré tout ce qu'on a vécu au printemps puis tout ce
qu'on voyait venir pour l'automne, que la planification qui aurait dû être au rendez-vous
n'a malheureusement pas été au rendez-vous à la hauteur de ce qu'on aurait dû
voir et qu'il y a encore eu malheureusement beaucoup d'improvisation.
Puis je veux juste ramener certains
éléments, parce que, quand on comprend ou quand on voit la frustration du
milieu, en ce moment, puis les difficultés qui se vivent sur le terrain, il y a
des exemples, dans ça, qu'on se dit : Il me semble qu'on aurait pu faire
mieux. Je donne comme exemples deux grandes annonces qui sont venues la semaine
de la rentrée. On a commencé une campagne publicitaire pour recruter des
enseignants face à la pénurie quand? La semaine de la rentrée. Il me semble
qu'on aurait dû commencer ça au printemps en prévision de la rentrée. Même
chose, l'annonce pour la restriction en lien avec le sport, les activités
parascolaires, les arts, c'est venu quand? Le jour de la rentrée. Ça a
désorganisé tout le réseau, tout le monde a dû remettre son travail encore sur
le métier, «100 fois sur le métier...», je pense qu'ils commencent à connaître
le proverbe, les gens dans nos écoles. Même chose pour ce qui est de la question
du bulletin. Je pense qu'on pouvait prévoir que ce ne serait peut-être pas
l'idéal de demander une tonne d'évaluations puis d'avoir un bulletin très
rapide. C'est venu quand? C'est venu en octobre, alors que déjà les gens
travaillaient sur la première communication avec les parents. Tout ça pour dire
que je pense que ce sentiment-là qu'on est toujours en rattrapage dans le
milieu de l'éducation, on est toujours en train de remettre les choses qu'on
avait planifiées parce que les règles changent, et en plus de tout ce qui doit
être fait, c'est excessivement difficile pour le milieu et extrêmement
frustrant.
• (11 h 20) •
Donc, nous, on avait plein de propositions,
puis on ne reviendra pas dans le détail sur toutes les propositions qu'on a
faites au printemps, mais on avait parlé d'escouade en santé mentale à déployer
rapidement. On avait parlé de budgets dédiés à prévoir pour le soutien pédagogique
pour les élèves qui auraient du rattrapage à faire. Évidemment, toute la
question du matériel informatique. On avait parlé de lancer tout de suite une
campagne de recrutement. Puis on a le sentiment que, du printemps jusqu'à la rentrée,
il y a très, très peu de choses concrètement qui se sont faites puis que... On
a vu finalement des mesures arriver, puis on en est très heureux, puis, à
chaque fois, moi, j'ai félicité le ministre. Je suis très heureuse qu'il ait
repris l'idée du Je contribue qu'on a déposée formellement au mois de
septembre. Mais le fait est que ça arrive toujours tard, puis le milieu était
déjà en train de s'organiser, puis là ils doivent inclure ça, ces nouvelles
réalités là, en étant en train de s'organiser. Donc, je suis très inquiète sur
l'état de nos ressources professionnelles, personnel de soutien et les
enseignants en ce moment.
Et c'est pour ça que je veux voir très
concrètement avec le ministre c'est quoi le plan de match, d'une part...
Mme
Hivon
:
...déjà en train de s'organiser puis là ils doivent inclure ça, ces nouvelles
réalités là, en étant en train de s'organiser. Donc, je suis très inquiète sur
l'état de nos ressources professionnelles, personnel de soutien et les
enseignements en ce moment.
Et c'est pour ça que je veux voir très concrètement
avec le ministre c'est quoi le plan de match d'une part. Le personnel de
soutien est vraiment extrêmement sollicité. Donc, c'est quoi le plan de match?
On lit ce matin, là, dans un article de Valérie Gamache que, par exemple, les
éducatrices en service de garde jusqu'à 70 % sont toujours précaires.
C'est quoi le plan de match pour eux, pour nos concierges, pour les personnes
qui accompagnent nos élèves handicapés? C'est quoi le plan de match pour bonifier
leur travail, faire en sorte qu'elles aient vraiment du temps et qu'elles
puissent avoir des tâches complètes? C'est quoi le plan de match pour ça? Parce
que je pense que ce serait déjà une très bonne idée de clarifier ça.
L'autre chose, c'est tout le soutien
pédagogique à nos élèves. Je ne sais pas jusqu'où... vous devez avoir beaucoup
d'échos vous aussi. Mais moi, on me dit : Les enseignants, ils ne sont pas
capables de faire du rattrapage ou de la récupération en ce moment. Ils sont
pris dans 50 000 tâches. Et ce qui devrait être l'essentiel en ce moment
pour éviter d'avoir une vague de décrochage plus accrue, d'avoir des périodes
de récupération plus importantes, ce n'est pas là, parce qu'il y a toutes
sortes d'autres tâches qui doivent être faites.
Donc, est-ce qu'on est capables de faire
venir vraiment... Parce que je lisais... pour Je contribue, je lisais un peu
les embauches qui ont été faites jusqu'à maintenant, il n'y a rien qui a trait
aux élèves, aux stagiaires, aux élèves universitaires qui peuvent venir prêter
main-forte, aux retraités dans les classes pour faire spécifiquement ça. C'est
quoi le plan de match avant qu'on se réveille, puis qu'il soit trop tard, puis
qu'on se rende compte à quel point les élèves ont eu de la difficulté à
rattraper...
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci, Mme la députée de Joliette. Ça met fin à votre intervention.
Donc, je me tourne maintenant du côté de M. le ministre. Cinq minutes.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. J'ai de la misère à réconcilier les différents éléments de
l'intervention de ma collègue parce qu'elle dénonce plusieurs éléments du point
de match... du plan de match puis nous dit à la fin : Mais c'est quoi, le
plan de match? Bien, elle vient d'en faire une bonne partie, là, elle vient
d'énumérer plusieurs des éléments du plan de match.
Ma collègue nous reproche de faire une
campagne de recrutement des enseignants. On n'a pas commencé à faire du
recrutement des enseignants au mois de septembre. L'élection, c'était le 1er
octobre 2018. Un des premiers gestes que j'ai posés, je pense en début novembre
2018, ça a été d'ajuster la réglementation pour les tolérances d'enseignement,
pour les brevets temporaires pour faciliter l'arrivée de nouveaux talents dans
la profession enseignante. Après ça, on a créé des formations innovantes, on a
lancé le défi au réseau universitaire pour des créer des formations, des
formations passerelles pour aller chercher des enseignants. Après ça, on a créé
notre site Devenir enseignant qui permet justement aux gens au Québec, mais
dans le reste du Canada puis partout à travers le monde, de voir : O.K.,
bon, bien, quelles sont les formations que j'ai? Où est-ce que je pourrais
travailler? Quelles sont les formations passerelles? Quelle est la
réglementation? On en a parlé, on a fait de la promotion.
On n'a pas découvert cet enjeu-là quelque
part au mois de septembre, là, ça fait deux ans qu'on agit, et de plusieurs
façons. Recrutement, formation, information...
M. Roberge : ...les formations
que j'ai, où est-ce que je pourrais travailler, quelles sont les formations
passerelles, quelle est la réglementation. On en a parlé, on a fait de la
promotion. On n'a pas découvert cet enjeu-là quelque part au mois de septembre,
là, ça fait deux ans qu'on agit, et de plusieurs façons. Recrutement, formation,
information, missions à l'international, brevet temporaire, tolérance
d'enseignement, campagne de promotion sur Internet, à la télévision. Et, oui,
c'est vrai, on en a aussi fait au mois de septembre, mais ça faisait deux ans
qu'on travaillait là-dessus. C'est une question de perspective, j'imagine.
Même chose pour le plan de la rentrée. Ma
collègue dit qu'on a déposé le plan de la rentrée le jour de la rentrée.
Absolument pas. On est la première province au Canada à avoir rendu public
notre plan de la rentrée. On l'a rendu public à la mi-juin, après une grande
consultation de tous les partenaires dans le réseau scolaire. On l'a ajusté à
la mi-août parce qu'il fallait tenir compte évidemment de ce qui s'était passé
entre la mi-juin et la mi-août. En deux mois, la situation épidémiologique
avait changé.
Ma collègue nous reproche de faire une
adaptation qui était demandée, celle des bulletins. Les gens ne nous faisaient
pas cette demande-là, les gens terrain. Nous, on est comme ça, on est terrain,
c'est la couleur qu'on a. On est pragmatiques, concrets, axés sur les
résultats, à l'écoute des gens qui, tous les jours, vont à l'école. Et cette
demande de dire : Écoutez, c'est lourd, on se rend compte, là, à l'usage,
en voyant nos élèves, qu'après deux, trois semaines, les retards, dans certains
cas, pas partout, mais il y a beaucoup de jeunes qui ont accumulé des retards
lors du printemps dernier, et ce serait difficile de déposer un premier bulletin
selon le calendrier habituel, est-ce que vous pourriez, au gouvernement, revoir
les règles pour nous donner de l'assouplissement? Donc, la demande est arrivée.
Elle n'est pas arrivée au mois de juin, là, elle est arrivée après la rentrée,
en constatant ce qui se passait dans les écoles. On l'a reçue, on l'a traitée
avec beaucoup d'ouverture, on a fait les processus administratifs, on a fait
les modifications au règlement, et les gens sont très contents sur le terrain.
Je peux vous dire, moi, je parle directement à des regroupements, je parle...
mais aussi à des personnes qui parlent en leur propre nom, là, qui sont des
intervenants directement dans les écoles, les directions d'écoles, les
enseignants qui nous remercient de cette ouverture après avoir formulé une
demande en septembre, de voir que ça s'applique en deux, trois semaines après.
Tout le processus réglementaire est fait. C'est une grande agilité. Ils ne sont
pas habitués de voir un gouvernement aussi agile, capable, après avoir reçu une
demande, trois semaines après de concrétiser une modification au régime
pédagogique. Beaucoup de gens saluent ça.
Ils font d'autres demandes, qu'on étudie,
puis je vous le dis, ça se peut qu'on fasse d'autres ajustements en cours
d'année. Ce n'est pas parce que notre plan du mois de septembre n'était pas
bon, c'est parce que la situation de l'épidémiologie change, c'est parce que
pédagogiquement, il y a des gens sur le terrain qui nous donnent des échos
différents. Puis on va continuer de les écouter, puis on va continuer de faire
des ajustements, puis on va continuer à se faire critiquer par certaines
personnes qui pensent que chaque ajustement est une reconnaissance d'une erreur
précédente. Moi, je ne vois pas ça comme ça...
M. Roberge : ...c'est parce que
pédagogiquement il y a des gens sur le terrain qui nous donnent des échos
différents. Puis on va continuer de les écouter, puis on va continuer de faire
des ajustements, puis on va continuer de se faire critiquer par certaines
personnes qui pensent que chaque ajustement est une reconnaissance d'une erreur
précédente. Moi, je ne vois pas ça comme ça. Moi, je vois ça comme être un gouvernement
agile, à l'écoute du terrain, capable d'ajouter des ressources financières au
milieu de l'année scolaire. Bien oui, entre deux budgets, on est capables
d'aller débloquer des fonds supplémentaires. Que ceux qui ne sont pas d'accord
me critiquent amèrement. Allez-y, gâtez-vous. On va continuer d'aller chercher
des fonds supplémentaires pour répondre aux besoins qui arrivent en plein
milieu de l'année. On n'est pas prisonniers d'un cadre budgétaire déposé en
mars dernier. Si on peut aller chercher d'autre argent au fédéral au milieu de
l'année, on va le faire. Si on peut donner plus d'aides dans nos écoles au
milieu de l'année, on va le faire, on ne se gênera pas puis on va accueillir
les critiques avec un grand sourire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, je regarde maintenant la députée de Bellechasse
pour la dernière intervention de ce groupe... de cette série d'interventions.
Allez-y.
Mme Lachance : Merci beaucoup.
Cinq minutes, c'est très rapide. Je veux essayer, en tant que dernière
intervention, de ramasser un peu tout ça.
La collègue députée de Huntingdon nous a
parlé des actions en enseignement supérieur, des investissements, de
l'importance de la sociabilisation des étudiants, des initiatives pour
permettre aux retraités de s'impliquer dans le milieu puis pour répondre aux
besoins. C'était éclairant de vous entendre, c'était éclairant de nous partager
votre point de vue à la lumière d'une grande expérience, alors je le salue. Le collègue
de Chauveau a parlé de l'initiative Je contribue qui démontre bien qu'en
travaillant ensemble on peut faire avancer les choses et que c'est souhaitable.
Je sais aussi... et puis il y a eu des
propositions de la part des collègues de l'opposition, puis c'était la raison
pour laquelle on était ici ce matin. Donc, ça rend les choses, ma foi,
dynamiques, cohérentes et pertinentes. On le sait, la crise de la COVID touche
tout le monde, touche tous les milieux, et ça met en lumière beaucoup de
vulnérabilité.
Je vais vous partager une petite
expérience personnelle. J'ai une de mes filles qui est dyslexique. Depuis la
première année, on le sait, c'était évident. En première année, au mois de
mars, elle ne connaissait pas encore l'alphabet. Donc, quand tu arrives au mois
de mars de la première année puis que ton enfant ne connaît pas son alphabet,
tu dis : On a un problème. Et, bien, elle est rendue en cinquième
secondaire, et tout son parcours jusqu'à cinquième secondaire s'est déroulé à
merveille, et ça va encore très bien, je vous rassure. Malgré tout, on se rend
compte qu'avec la COVID, le stress, la vulnérabilité est présente, c'est plus
difficile. Fréquemment, elle fait plus d'erreurs. Et elle s'en rend compte
aussi. Donc, c'est une vulnérabilité qu'elle a et qui, ma foi, dans la
condition actuelle, avec la COVID, est encore plus perceptible et difficile.
Donc, elle doit prendre des moyens, se coucher tôt, etc., pour arriver à
combattre sa vulnérabilité. Puis des vulnérabilités, dans la population, il y
en a partout.
• (11 h 30) •
Et tout à l'heure, quand je vous parlais,
bien, je vous parlais de l'état du système, mais c'est aussi ce que la COVID...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Lachance : ...dans la
condition actuelle, avec la COVID, est encore plus perceptible et difficile.
Donc, elles doivent prendre des moyens, se coucher tôt, etc., pour arriver à
combattre cette vulnérabilité. Puis des vulnérabilités, dans la population, il
y en a partout.
Et tout à l'heure, quand je vous parlais,
bien, je vous parlais de l'état du système, mais c'est aussi ce que la COVID a
mis en lumière, hein, la vulnérabilité de tout notre système et nos institutions.
C'est une crise sans précédent, c'est du jamais vécu. La science évolue, elle
évolue chaque jour. La technologie aussi. Et ça n'a pas fini, hein, ça va
continuer d'évoluer. On a parlé de technologie, tout à l'heure, la collègue
députée de Saint-Laurent, nous a parlé des tests rapides. Oui, les tests rapides
existent, mais ce n'est pas encore une panacée parce que, j'imagine qu'elle le
sait, mais j'aimerais le préciser, ce n'est pas comme un test de grossesse,
parce que le test rapide est analysé un à la fois, et, évidemment, bien que ce
soit 15 minutes, c'est 15 minutes, un test à la fois. Donc, on a une
avancée, ça avance, ça s'améliore, mais ce n'est pas encore totalement gagné.
Puis je suis contente d'avoir entendu le collègue
ministre qui a dit qu'il continuerait à faire des ajustements, parce que, bien évidemment,
plusieurs ajustements seront encore à faire dans les prochains mois, et c'est
souhaitable. C'est souhaitable qu'on s'adapte en fonction de l'avancement de la
science, de l'avancement de la technologie, qu'on puisse mettre en place des mesures
et utiliser ces technologies qui nous permettront d'être encore plus efficaces
dans cette crise-là.
Tout à l'heure aussi, des collègues ont
parlé de pérennité. Bien, je veux vous rappeler simplement, puis là, évidemment,
je vais me limiter aux chiffres, on a agi rapidement pour les personnes
vulnérables. Et puis c'est ça, la pérennité, c'est d'avoir des mesures qui sont
là et qui vont permettre des avancées. C'est 100 millions de mesures pour
la rentrée, 20 millions pour l'embauche de centaines de nouveaux
enseignants. C'est 350 nouvelles personnes et plus de 700 ressources embauchées
l'année dernière. Donc, quand on parle de pérennité, on parle d'avancer dans le
temps aussi. 7 millions pour 75 nouvelles classes spéciales, 41 millions
pour l'aide aux devoirs puis des activités supervisées. Évidemment, dans la
lutte à la COVID — puis là je vais aller vite, je vois le temps qui
file — on a mis en place... on a appuyé de nombreux organismes
communautaires dans l'aide alimentaire, la lutte au décrochage, la persévérance
scolaire et l'alphabétisation. On en parle, c'est important, et ça, c'est des
problématiques et des vulnérabilités qui continuent. Maintenant, on a aussi
allégé la bureaucratie pour permettre de débloquer des heures auprès des
professionnels pour répondre à des besoins particuliers, plutôt, évidemment,
que de remplir des formulaires. Donc, tout ça, c'est des mesures qui nous ont
permis d'avancer et ce n'est pas terminé, je vous le confirme puis je suis
contente d'entendre le ministre nous le confirmer aussi. Ça va continuer
d'évoluer puis on va s'adapter pour arriver à avoir les meilleures solutions
pour nos écoles, pour nos élèves au Québec.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci beaucoup, Mme la députée de Bellechasse. Donc, tel qu'annoncé pour
la sixième série d'interventions, Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez...
Mme Lachance : ...le ministre
nous le confirmer aussi, ça va continuer d'évoluer, puis on va s'adapter pour
arriver à avoir les meilleures solutions pour nos écoles, pour nos élèves au Québec.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci.
Mme Lachance : Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci beaucoup, Mme la députée de Bellechasse.
Donc, tel qu'annoncé, pour la sixième série d'interventions, Mme la députée de Saint-Laurent,
vous avez cinq minutes. Allez-y.
Mme Rizqy : Merci. Je
vais diviser ce bloc en trois différents sujets. Premièrement, une analogie, le
prof sait que c'est imparfait. Deuxièmement, le test COVID rapide de
15 minutes, contrairement à ce que la députée de Bellechasse dit, ce n'est
pas une panacée. La réalité, c'est que tous les pays en ce moment essaient d'en
commander parce que, oui, ça change complètement la donne, avoir un résultat en
15 minutes versus trois jours, quatre jours, 10 jours ou pire, ce
qu'on a vu, là, au Québec, des fois 14 jours.
Hier, Doug Ford a dit la chose suivante,
le premier ministre de l'Ontario : C'est un «game changer». En français,
changement majeur. Pourquoi? Bien, parce que mercredi, les
100 000 tests qu'Ottawa a reçus pour l'ensemble des provinces ont été
livrés à Ottawa mercredi. Jeudi, quelle province a mis la main sur les
100 000 tests? L'Ontario. Pourquoi l'Ontario? Tout le monde se pose
la question, mais pas le ministre de la Santé du Québec puis pas le ministre de
l'Éducation. Moi, je me la pose, cette question. Puis savez-vous quoi?
Christine Elliott, la ministre de Santé de l'Ontario se pose la même question.
Elle se dit : Je ne sais même pas pourquoi que, nous, on l'a reçu en
priorité. C'est vrai. Je me pose la même question que Christine Elliott.
Pourquoi que l'Ontario l'ont reçu en priorité puis pas nous au Québec?
Seigneur, Dieu! Là, ça ne pas de bon sens. On est ici. On est cinq fois pire
que l'Ontario pour nos écoles. Puis ça, c'est sans parler des CHSLD, puis les
réseaux de la santé. C'est nous qui devrions les avoir en priorité. Alors, oui,
je suis en beau fusil parce que, non, je ne comprends pas, ici, la logique
d'avoir envoyé l'entièreté des tests en Ontario.
Et quand le ministre, d'entrée de jeu,
nous a dit : Ah! Bien, il y en a 60 000 qui s'en viennent pour
Québec. Bien, à qui qu'il a parlé pour savoir qu'il y en a 60 000 qui s'en
viennent au Québec, si tout l'inventaire qui a été reçu mercredi a déjà été
donné à l'Ontario? Nous, on attend quoi? La prochaine livraison? Elle va
arriver quand, la prochaine livraison? Est-ce qu'on peut avoir une date
précise? Est-ce qu'on peut savoir aussi, sur les millions de tests qu'Ottawa a
commandés au nom des provinces, au nom aussi du Québec, quel pourcentage est
réservé pour les Québécois? On est, là, le pire bilan au pays. On doit taper du
pied. On doit se mettre au téléphone. Puis, non, on ne doit pas accepter, là,
que les autres provinces vont être en priorité sur nous, alors que c'est nous
qu'on a le plus besoin au pays. Puis j'espère que vous partagez la même
insatisfaction que moi aujourd'hui puis que vous êtes tout aussi outrée que
moi. Ça n'a pas de bon sens, là, qu'on n'a pas reçu un seul test de la commande
de 100 000 au Québec. Pas un pour nous, là.
Alors, j'espère que M. le ministre, là,
vous allez partager pour de vrai, cette fois-ci, mon inquiétude puis que, oui,
vous allez taper du pied puis que, oui, il y a des appels qui vont se faire,
puis que vous... Au pire des cas, là, l'Ontario, là, ils pourraient peut-être
nous en passer 50 000 pour la première commande.
Une deuxième affaire. Ma collègue la
députée de Westmount—Saint-Louis... Vous avez reçu, là, le courriel de...
Mme Rizqy : ...alors j'espère
que, M. le ministre, là, vous allez partager pour de vrai, cette fois-ci, mon
inquiétude, puis que, oui, vous allez taper du pied, puis que, oui, il y a des
appels qui vont se faire, puis que... Au pire des cas, là, en Ontario, ils
pourraient peut-être nous en passer 50 000, pour la première commande.
Une deuxième affaire. Ma collègue la
députée de Westmount—Saint-Louis... Vous avez reçu, là, le courriel de la commission
scolaire Sir Wilfrid Laurier, le temps va vite, je vais essayer de résumer. Ils
ont fait plusieurs demandes pour être en mesure d'avoir des agrandissements,
sinon les enfants doivent faire deux heures le matin, deux heures en fin de
journée pour revenir à la maison parce qu'ils doivent changer d'école. Et c'est
une commission scolaire anglophone et c'est des enfants avec un trouble
d'apprentissage, des élèves HDAA. Ils vous ont envoyé une lettre où est-ce que
je suis en copie conforme, mes collègues sont en copie conforme, ils vous
demandent de revenir sur votre décision et de permettre l'agrandissement. De
votre propre bouche, vous avez dit à plusieurs reprises : Envoyez-nous vos
demandes pour des agrandissements, vous serez agréablement surpris. Bien, en ce
moment, ils vous l'ont répété dans la lettre, je peux la redéposer à la
commission, la lettre, mais ils n'ont pas reçu de réponse. Donc, là, en ce
moment, je vous sollicite.
Troisième sujet, le temps va vite. Cette
semaine, M. le ministre de l'Éducation, des demandeurs d'asile attendent
d'avoir le go pour pouvoir s'inscrire à leur cours de français. La priorité de
la CAQ, on le sait bien, avec le ministre de la Justice, le français, il nous
en parle tout le temps. Je veux bien, là, c'est... moi aussi, c'est une très
grande priorité. Par contre, je n'arrive pas à comprendre, aujourd'hui, pourquoi
qu'avec un nouveau critère qui a été instauré en pleine pandémie, là, maintenant,
les demandeurs d'asile doivent attendent d'avoir le CAQ, le critère d'accessibilité
du Québec, pour avoir accès à leur cours de français. Les centres de services
scolaires, même d'ici, du Québec, là, là-dessus, ils vous ont interpellé, ils
vous ont dit : Bien là, ça fait en sorte qu'il y en a qui peuvent attendre
six mois avant d'avoir accès à leur cours de français. Ça n'existait pas avant,
ce critère, pour les demandeurs d'asile. Je vous demande de reconsidérer votre
position, de reculer et de permettre dès maintenant aux demandeurs d'asile
d'avoir accès à leur cours de français. La meilleure façon de s'intégrer au Québec,
vous le savez comme moi, je suis persuadée que vous partagez le même sentiment
que moi, c'est par la langue, notre langue commune, le français. Alors,
là-dessus, j'espère entendre, aujourd'hui, de votre bouche que vous allez
reculer.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. M. le ministre, vous avez deux minutes
pour clore l'échange, et par la suite on repart les chronos pour vos
10 minutes de remarques finales.
M. Roberge : Donc, on a deux
minutes, à ce moment-ci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez deux minutes, oui.
M. Roberge : O.K., merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et après...
M. Roberge : Ma collègue s'est
gâtée en allant dans vraiment beaucoup, beaucoup de sujets, certains qui ne
sont pas en lien avec le thème de l'interpellation. Je vais y aller sur la
question des tests, qui est une question qui nous interpelle tous au Québec. Il
faut dire qu'on a énormément progressé depuis la première vague. Je me souviens
que, pendant un certain temps, on se fixait la cible de 14 000 tests
par jour, puis ça a été... ça prend un certain temps avant qu'on réussisse, là,
à l'atteindre. Dernièrement, on a passé allégrement le cap des 20 000 tests
par jour, et puis même on est monté pas mal plus haut que ça. Donc, c'est dire
qu'il y a énormément de travail qui s'est fait dans le réseau de la santé puis
dans toutes les instances régionales pour améliorer notre capacité à tester...
M. Roberge : ...réussissent,
là, à l'atteindre. Dernièrement, on a passé allégrement le cap des 20 000
tests par jour, et puis même on est monté pas mal plus haut que ça. Donc, c'est
dire qu'il y a énormément de travail qui s'est fait dans le réseau de la santé
puis dans toutes les instances régionales pour améliorer notre capacité à
tester. Donc, sincèrement, il y a eu des pas de géant qui ont été faits, puis
je pense qu'il faut saluer le travail de mon collègue de la Santé à cet
égard-là. Ce n'est pas évident de plus que doubler la capacité de tests au Québec.
On a embauché des gens, on a changé nos façons de faire. • (11 h 40) •
Ma collègue arrive avec l'idée des fameux
tests qu'on appelle les tests Abbott, là, suite au contrat signé entre Ottawa
et l'entreprise. On n'a pas attendu que ma collègue se mette à en parler, là,
dans des interventions, pour discuter avec le gouvernement fédéral. Donc, je
veux rassurer ma collègue, le gouvernement joue très, très bien son rôle, et bien
sûr nous aurons les tests que nous avons besoin d'avoir.
On va continuer d'améliorer notre capacité
de tester parce que... Puis j'en parlais avec un des directeurs généraux de
l'OMS cette semaine, au coeur de la stratégie de la lutte à la COVID, pour
assurer la santé et la sécurité de tous les Québécois, mais encore plus de nos élèves
et des membres du personnel, c'est la traçabilité. C'est la capacité à tester
rapidement et à avoir les résultats rapidement. Donc, soyez assurée qu'on met
tous les efforts nécessaires sur notre capacité de gérer notre personnel et
aussi en faisant appel au gouvernement fédéral.
La Présidente (Mme Thériault) :
...maintenant repartir pour vos remarques finales. Vous avez un 10 minutes
à votre disposition.
M. Roberge : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. On a vraiment abordé beaucoup de thèmes aujourd'hui. La
plupart étaient en lien avec la COVID, la gestion de la crise qui touche nos
écoles, des enjeux logistiques, des enjeux pédagogiques, des enjeux de santé
mentale et des enjeux de recrutement du personnel. Donc, on a couvert assez
large, puis c'est très bien, c'est la beauté de la chose, avec une
interpellation comme ça, on a pu voir la problématique sous plusieurs angles.
Je pense sincèrement que le gouvernement a
très bien fait dans les circonstances. Je dis «dans les circonstances», parce
que c'était extrêmement difficile, alors qu'on a une cible mouvante, hein? On
essaie d'attaquer le virus, mais il est sournois, il est très contagieux, et
les connaissances sur le virus évoluent. Donc, ce n'est pas évident de garder
toujours l'oeil sur la cible et de toujours avoir la meilleure mesure d'avance.
C'est vrai que, souvent, on doit s'adapter et réagir. Je pense que la meilleure
chose qu'on peut faire, c'est de se fier aux avis des scientifiques, de se fier
aux revues internationales, de discuter avec des collègues. Évidemment, nos
experts de la Santé publique le font, mais je peux vous dire que, de mon côté
puis au sein de mon équipe, on le fait aussi.
J'ai eu, dans les derniers mois, plusieurs
conversations avec mon collègue le ministre...
M. Roberge : ...c'est de se
fier aux avis des scientifiques, de se fier aux revues internationales, de
discuter avec des collègues. Évidemment, nos experts de la Santé publique le
font, mais je peux vous dire que, de mon côté puis au sein de mon équipe, on le
fait aussi.
J'ai eu, dans les derniers mois, plusieurs
conversations avec mon collègue le ministre ontarien M. Lecce, avec
M. Cardy au Nouveau-Brunswick, avec Mme LaGrange en Alberta, avec
M. Blanquer en France. J'ai un rendez-vous de pris avec le ministre de
l'Éducation de l'Écosse la semaine prochaine. On a eu plusieurs rencontres
internationales pour voir ce que nous proposent nos experts de santé publique,
État par État, l'applicabilité de ces mesures-là, et comment ça s'implante,
comment ça se vit sur le terrain, école par école, puis je vais même dire cégep
par cégep, université par université. Tout le monde partage leurs bons coups,
les bonnes pratiques puis s'ajuste.
Quand on regarde simplement une situation
puis qu'on voit un problème dans une école, on le déplore. Puis on n'est pas
dans le déni, au gouvernement, actuellement. Quand il y a un enjeu, quand il y
a une école qui ferme, on se regarde dans le miroir, on regarde qu'est-ce qui
s'est passé, la direction de la santé publique fait une enquête, puis je peux
vous dire que nous, on pose des questions ensuite. Bien, il s'est passé quoi?
Comment ça se fait? On n'est pas dans le déni. On ne prétend pas que tout est
parfait. Personne ne s'attend à ce que tout soit parfait.
Notre mission, c'est d'être agiles, c'est
de respecter les avis des experts puis c'est de s'ancrer dans ce qui est
applicable dans le réseau scolaire en fonction des contraintes.
Ensuite, c'est de lever les contraintes.
Est-ce que des mesures appliquées avec succès dans un autre État pourraient
nous servir ici? Oui. Est-ce qu'on est capables de le faire? Est-ce qu'on a
besoin de plus de temps de formation pour nos enseignants? Est-ce qu'on a
besoin de davantage de ressources techniques? Est-ce qu'il faut plus de
tablettes, plus d'ordinateurs? Est-ce qu'on a besoin de plus de techniciens
informatiques pour faire du support? Parce que là il y a des gens qui
manipulent les outils informatiques. À un moment donné, il faut être capable
d'appeler pour avoir du soutien. Est-ce qu'on a besoin de plus d'argent?
Souvent, la réponse à toutes ces questions-là est oui. On a besoin de plus de
soutien, on a besoin de plus de personnel, on a besoin de plus de personnel
d'encadrement, on a besoin de plus de surveillance, on a besoin de plus de
tablettes puis on a besoin de plus d'ordinateurs, on a besoin de plus d'argent.
On a ajouté tout ça dans les derniers mois. On a ajouté tout ça dans les
derniers mois puis on va probablement continuer d'en ajouter encore dans les
derniers mois.
À chaque fois qu'on a pris une décision
dans les derniers mois et depuis le début du mandat, c'était évidemment fidèle
à nos valeurs d'inclusion puis de reconnaissance du professionnalisme des
intervenants scolaires, les enseignants comme les autres, puis en respectant le
principe de subsidiarité, hein? Ça veut dire que la décision...
M. Roberge : ...décision dans
les derniers mois et depuis le début du mandat. C'était évidemment fidèle à nos
valeurs d'inclusion puis de reconnaissance du professionnalisme des
intervenants scolaires, les enseignants comme les autres. Puis en respectant le
principe de subsidiarité, hein? Ça veut dire que la décision doit être prise le
plus près possible de l'élève. On aimerait ça que ce soit l'enseignant qui
prenne la décision. L'enseignant ne peut pas la prendre directement? Ça va se
prendre à l'échelle de l'école, en équipe-école ou même en conseil
d'établissement. Ça ne peut pas se prendre là? Comité de répartition des ressources.
Ça ne peut pas se prendre là? Conseil d'administration ou carrément au
ministère. Mais à chaque fois qu'on peut donner une balise nationale pour
assurer la cohérence, mais donner l'agilité locale sur l'application de cette
balise dans l'école, on le fait. Et je pense que c'est la clé du succès futur.
Je ne prétends pas que tout est parfait à
ce moment-ci, mais il faut quand même souligner qu'on est du bon côté de la
courbe en ce moment. Si je regarde le nombre de classes fermées, qui est pour
moi un indicateur très, très important de la pandémie qu'il y a dans nos
écoles... mais qui est à la grandeur du Québec, mais on ne peut pas penser que
le virus circule partout, mais qu'il ne fera pas son entrée dans les écoles...
bien, il faut se dire que... Le 16 octobre, on est montés jusqu'à 1 118
classes fermées. Aujourd'hui, on arrive à 801 classes fermées. C'est trop, 801
classes fermées.
On va continuer de lutter contre le virus
à la grandeur du Québec parce qu'on sait bien que, quand le virus se propage en
milieu de travail, à l'épicerie, dans la vie de tous les jours, bien, il arrive
à l'école. On va continuer de regarder si on peut ajuster nos mesures dans les
écoles, en parlant aux gens qui sont dans les écoles, sur le terrain, bien sûr.
On ne va pas juste arriver puis imposer des mesures sans leur avoir parlé. Mais
on va continuer d'aller dans la bonne direction parce qu'on a quand même un
écart... J'ai dit 801. Je pense que c'est 881, je m'en excuse. Mais on a quand
même un écart d'à peu près 220 classes de plus qui sont ouvertes.
On va faire les efforts pour assurer
encore mieux la santé... garantir, je veux dire, que les écoles sont des lieux
sains et sécuritaires pour le personnel et pour les élèves. Ce qu'on a fait
depuis le début, ça allait déjà dans cette direction-là. Ma collègue a parlé en
sommes, en millions de dollars, hein? Parce que les discours, ça va bien, mais
encore faut-il donner les outils techniques pour que ça s'applique. Et
l'argent, c'est sûr. C'est sûr qu'on a besoin de fonds. Et on fait tout ça.
Comme on dit, les bottines suivent les babines. Puis, si on peut le faire,
c'est beaucoup grâce aux gens qui sont dans nos écoles. Donc, salut et merci à
tout le personnel qui travaille fort dans nos écoles. On compte sur vous, on
compte sur votre... des fois, on dit le dévouement des gens...
M. Roberge : ...comme on dit,
les bottines suivent les babines. Puis, si on peut le faire, c'est beaucoup
grâce aux gens qui sont dans nos écoles. Donc, salut et merci à tout le
personnel qui travaille fort dans nos écoles. On compte sur vous, on compte sur
votre... des fois on dit le dévouement des gens dans les écoles, mais moi, j'ai
le goût de parler de professionnalisme parce que ce n'est pas juste des gens
qui ont le coeur sur la main, là, c'est des gens qui savent ce qu'ils font.
C'est important de le mentionner. Mais aussi pour nos cadres dans les centres
de services scolaires.
Et cette semaine, c'est la semaine québécoise
des directions d'établissement scolaire. Il faut quand même prendre un moment
pour le souligner. Les directions d'école, c'est un peu les capitaines à bord
dans nos bateaux. Ce sont... des fois on utilise le terme des chefs d'orchestre
parce qu'ils s'assurent que chacun donne le meilleur de lui-même et que tout le
monde contribue en fonction de son rôle. Et ça a été très exigeant pour les
directions d'école comme pour tout le monde depuis le début. Mais de coordonner
des équipes comme ça, d'avoir tantôt une classe ferme, une classe qui rouvre,
un enseignant qui a besoin d'une formation, de prêter du matériel, ça a été
très exigeant, notamment sur les directions d'école. Donc, en cette semaine québécoise
de directions d'école, je veux leur dire merci, à ces dirigeants du réseau
scolaire.
Puis je veux dire aux parents aussi qui
nous écoutent qu'on a plusieurs conversations avec vos représentants, autant la
fédération des comités de parents du réseau anglophone que les deux fédérations
de comités de parents des réseaux francophones. On est à l'écoute de ce que
vous nous dites parce que, bien sûr, vous voulez le meilleur pour votre enfant.
Parfois, vous êtes inquiets. On ne cherche pas seulement à vous rassurer, on
cherche à tenir compte de vos propositions et en posant des gestes qui, eux,
vont vous rassurer. Donc, ça, c'est important de le mentionner.
• (11 h 50) •
Et je termine, Mme la Présidente, en vous
remerciant pour avoir si bien arbitré nos débats et en disant qu'encore une
fois, oui, on va continuer de s'ajuster dans les prochains mois puis on va
continuer de discuter avec nos experts de la Santé publique pour poser tous les
gestes qui protègent la santé des uns et des autres en tenant compte de
l'applicabilité et de la viabilité pédagogique des gestes que l'on pose. Parce
que, bien sûr, on doit, en temps de pandémie, prendre soin de la santé des
gens, mais on ne peut jamais perdre, bien sûr, notre mission, qui est
d'instruire, socialiser, qualifier puis mener chaque jeune à développer son
plein potentiel. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le ministre. Donc, je cède maintenant la parole pour la députée de
Saint-Laurent pour votre dernière intervention. 10 minutes à vous aussi.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Je
tiens à remercier tous mes collègues, la députée de Mille-Îles, la députée de
Sherbrooke, la députée de Joliette et évidemment tous les députés qui sont
présents ici.
L'objectif, pour nous, là, c'est vraiment
de protéger nos milieux scolaires, et c'est pour ça qu'on fait des propositions
depuis le début. Quand je dis début, là, je parle du mois de mars. Les gens ne
savent pas peut-être, mais on avait des appels avec le ministre...
Mme Rizqy : ...sont présents
ici. L'objectif, pour nous, là, c'est vraiment de protéger nos milieux scolaires,
et c'est pour ça qu'on fait des propositions depuis le début. Quand je dis
«début», là, je parle du mois de mars. Les gens ne savent pas, peut-être, mais
on avait des appels avec le ministre, tous les partis d'opposition avec le ministre,
et d'entrée de jeu on a toujours, toujours fait... on a essayé de donner tout
le temps les meilleures solutions, parce qu'on comprenait que c'était une
situation inédite.
Et par la suite, à partir du mois de juin,
pour nous, c'était clair qu'on devait se préparer pour la deuxième vague. On
n'a pas de boule de cristal, mais les experts nous disaient : Il va y
avoir une deuxième vague et, en plus de ça, il va y avoir en plus la grippe
saisonnière. Donc, attachez votre tuque. Alors, nous, tout de suite, on s'est
mis en mode proposition, puis je vais vous en faire un mini-inventaire. Je ne
pourrai pas tout dire, et je ne peux dire exactement qui, mais il y en a plein,
là, qui viennent des partis d'opposition, de moi, de mes collègues.
Faire des partenariats avec les
universités pour trouver de la main-d'oeuvre. On savait d'entrée de jeu que ça
se peut qu'il va falloir qu'on réduise le nombre d'enfants par classe. On s'est
dit : Bien, si on réduit le nombre d'enfants par classe, comme ça a été
fait au mois de mai, un enseignant pour maximum 15 élèves... Ça s'est bien
passé, le retour en classe au mois de mai. Il n'y a pas eu un paquet
d'éclosions, il n'y a eu que quelques cas isolés. Et on trouvait aussi que
c'était bénéfique pour les enfants d'être dans un milieu avec un enseignant et
beaucoup moins d'enfants autour. On s'est dit : Pourquoi on ne répète pas
l'expérience au mois d'août pour la rentrée scolaire? On savait qu'il allait y
avoir deux problèmes : pénurie d'enseignants, pénurie de locaux à certains
endroits.
Alors, on s'est dit à ce moment-là :
Bien, parfait. On sait que ça ne va pas très bien pour les salles de spectacle.
À ce moment-là, c'était fermé. Est-ce qu'on peut prendre des salles de
spectacle? Est-ce qu'on peut prendre Centre des sciences, des musées,
réaménager des espaces? Donc, on pourrait avoir des endroits, même les salles
de réception. Il y a plein de mariages qui ont été annulés, là, au Québec, là.
Donc, on pourrait à ce moment-là même aider des entrepreneurs, parce qu'on les
loue, leurs salles à eux. On réaménage l'espace, on a des nouveaux espaces.
Là, vous allez me dire : Oui. Mais,
Marwah, tu n'as pas réglé le problème de pénurie d'enseignants. Vous avez
raison. Mais on sait qu'au Québec, là, on a des étudiants qui aspirent à
devenir enseignants et qui, eux, ont des stages, donc différents stages à leur
cursus de quatre ans à l'université. On aurait pu travailler avec les doyens de
toutes les facultés d'éducation et adaptation scolaire, il y a environ
17 000 étudiants au Québec, presque 18 000, même. Si on prenait
ceux... troisième année, quatrième année puis qu'on devançait certains stages
pour la rentrée scolaire, on aurait eu pas mal... 8 000 étudiants juste
pour venir nous prêter main-forte pour être dans cet autre lieu, que ça soit par
exemple Centre des sciences, dans un musée, une salle de spectacle avec des
élèves. Ça aurait pu, on aurait pu faire ça si on avait pris l'idée qui a été
donnée fin mai.
On a demandé aussi plus de souplesse pour
l'enseignement à distance. Plus de souplesse, là, ça veut dire qu'il y a des
parents que, oui, eux, là, leur enfant, dans le contexte familial... Moi, je me
rappelle très bien, là, d'être venue ici parler de Mme Varin, une mère de
plusieurs enfants qui a un cancer et qui apprend qu'elle a un deuxième. Elle,
ça a été le parcours...
Mme Rizqy : ...de souplesse
pour l'enseignement à distance. Plus de souplesse, là, ça veut dire qu'il y a
des parents que, oui, eux, là, leurs enfants dans le contexte familial... Moi,
je me rappelle très bien, là, d'être venue ici parler de Mme Varin, une mère de
plusieurs enfants qui a un cancer et qui apprend qu'elle en a un deuxième.
Elle, ça a été le parcours du combattant. Elle m'a écrit, elle a écrit aussi à
la ministre du Tourisme pour avoir de l'aide, parce que c'était pratiquement
impossible d'avoir le billet médical à la rentrée scolaire. Ça a pris
pratiquement un mois. Puis quand elle a eu son billet médical, elle s'est fait
refuser par son centre de services scolaire le droit à avoir l'enseignement à
distance. Peut-être, plus de flexibilité, bien, ça aurait permis à une mère de
se concentrer sur sa vraie bataille, le cancer, et ne pas devoir stresser avec
ça.
Ça a été demandé depuis plusieurs mois,
l'ajout d'heures pour le support scolaire. On a aussi demandé des camps
pédagogiques, du rattrapage. Au mois de juin, ça a été annoncé, puis
rapidement, le 3 juin, ça a été terminé parce qu'évidemment ça a été annoncé
sans être attaché avec le milieu scolaire. C'est sûr que c'est voué à l'échec à
ce moment-là. Mais rapidement, nous, on dit, à ce moment-là, là, le 3 juin, on
a dit : Pour la rentrée scolaire, est-ce qu'on peut faire revenir les
élèves deux semaines avant, ceux qui ont besoin d'une attention plus
particulière? On aurait pu le faire. Et savez-vous quoi? Nicolas Prévost, là,
des directions d'établissement, l'avait dit au mois de juin : Si vous nous
donnez le temps, on est capables de le faire pour le mois d'août. Évidemment,
ça prend du temps, ça prend des ressources, ça prend de la volonté politique.
On a demandé... cliniques de dépistage
mobiles. Le ministre dit aujourd'hui qu'il y en a 30. Bien, elles sont où, les
30? Sont-elles identifiées? Parce que moi, sur le réseau, ce n'est pas ça qu'on
me dit. C'est quand la Santé publique décide d'aller quelque part de façon
isolée, faire du dépistage massif. Mais souvent, c'est qu'il est trop tard,
c'est ça, le problème. Alors, on a donné l'exemple, cette semaine, de l'école
dans Joliette. C'est passé d'un cas, sept cas, 10 cas, 14 cas, puis finalement
on a fermé l'école. On ne veut pas fermer les écoles, c'est pour ça qu'on
dit : Si on est capable d'avoir une équipe de santé dédiée au réseau
scolaire, on va être capable de tester tellement rapidement et vraiment
s'assurer de ne pas fermer les écoles. On vous a parlé de la ventilation,
durant l'été, finalement... même durant les crédits, on a parlé sur la
ventilation parce que l'Ontario ont décidé d'injecter 50 millions juste
pour la ventilation dans les écoles. Finalement, oui, vous l'avez fait, mais un
peu en retard et beaucoup moins, 20 millions de dollars. On vous a demandé
aussi de faire du pairage, du pairage avec les enseignants qui sont, oui, à la
retraite. Parce que moi, je me mets à la place de l'enseignant à la retraite,
ça se peut que ça ne lui tente pas de revenir dans une classe à 25 ou 30
élèves. Mais si, par exemple, on jumelle un enseignant à la retraite avec un
nouvel enseignant, tu sais, celui, là, qui a une chance sur quatre de quitter
la profession dans les cinq premières années, ça va faire d'une pierre deux
coups. Le jeune enseignant va se dire : Ah! j'ai de l'expérience de
quelqu'un qui a 35 ans dans le réseau.
C'est moins lourd dans une classe. C'est
difficile, être enseignant aujourd'hui. C'est vraiment dur. Parce que, dans
votre classe, là, ce n'est pas vrai, qu'ils sont tous égaux. Il y a différents
problèmes qu'on doit résoudre, puis l'enseignant est, oui, enseignant, oui,
psychologue; oui, travailleur social. Il est tout ça à la fois, c'est un
superhéros. Alors, c'est pour ça que ça prend un peu d'aide puis du support.
On vous a aussi demandé de convoquer, oui,
une réunion entre nous plus souvent, parce que je pense qu'il y a des bonnes
idées puis qu'on est capables de vraiment, là...
Mme Rizqy : ...sont tous égaux.
Il y a différents problèmes qu'on doit résoudre puis l'enseignant est, oui, enseignant;
oui, psychologue; oui, travailleur social. Il est tout ça à la fois, c'est un
superhéros. Alors, c'est pour ça que ça prend un peu d'aide puis du support.
On vous a aussi demandé de convoquer, oui,
une réunion entre nous plus souvent, parce que je pense qu'il y a des bonnes
idées puis qu'on est capables de tout mettre ça à contribution. Oui, on vous a
demandé de débloquer des sommes additionnelles pour le transport scolaire, parce
que ça a été toute une gymnastique.
Mais là, je vais me concentrer sur les
dernières, dernières propositions, parce que la liste est vraiment longue.
Prioriser les familles des enseignants pour obtenir des tests rapides, puis je
reviens avec les tests rapides, parce que j'ai besoin de sentir du ministre,
là, que vous partagez ma frustration. On aurait dû recevoir les 100 000
tests ici puis là, on peut regarder, là. Je comprends que l'Ontario les a reçus
avant nous puis je ne sais pas c'est quand la prochaine cargaison, quand est-ce
qu'elle va arriver?
Est-ce qu'on peut au moins appeler Doug
Ford? Je pense que le premier ministre du Québec a une bonne relation, puis
dire : Pouvez-vous partager? Donnez-nous la moitié, on en a pour de vrai
besoin. On n'a pas de place d'avoir un orgueil mal placé au Québec, on a besoin
d'aide. Puis ce n'est pas la faute du gouvernement du Québec. Tant qu'à moi, la
décision de la ministre de la Santé fédérale, elle a erré. Elle a véritablement
erré. Elle aurait dû savoir que quand on regarde la courbe, c'est ici que ça se
passe. C'est nous qui aurait dû être priorisés. Peut-être pas 100 %, je
comprends qu'il faut partager. Mais on aurait dû avoir notre part du lion puis
on ne l'a pas eue.
Je demande aussi... Hier, le ministre de
la Santé a parlé des «SWAT teams», là, pour les équipes de SWAT pour les CHSLD.
Comment ça a été reçu par certains médecins gériatres, c'est que c'est souvent
tard. Ça arrive quand que l'éclosion est déjà entamée, trop bien entamée.
Alors, moi, je vous dis : Si on est capables, là, d'apprendre de ce qui
est arrivé dans les CHSLD, on va être capables de ne pas le répéter dans nos
écoles. On a des gens à protéger et je vous demanderais, là, M. le ministre,
là, de réfléchir à la vaccination, parce que la grippe arrive. Là, il va
falloir qu'on trouve une façon peut-être d'offrir le vaccin carrément dans les
campus, dans les écoles à ceux qui en ont besoin. Ça, c'est quelque chose que
vous devez vraiment réfléchir immédiatement.
Je vous demande aussi, là, de statuer le
plus tôt possible sur les épreuves ministérielles. C'est un stress, autant pour
les élèves que pour le réseau de l'éducation. On devrait avoir une réponse et
surtout, de considérer que plusieurs enfants sont encore en train de faire du
rattrapage de l'année dernière. Donc, ça, je pense, ça va être quelque chose
que vous n'aurez pas le choix, mais de statuer très rapidement. Je vous ai
aussi demandé la chose suivante : les tablettes électroniques. Je vous
l'ai dit, dans le réseau, là, il y en a beaucoup qui disent qu'il en manque. Si
jamais, là, plusieurs écoles doivent fermer en même temps, nous savons, là, on
le sait, il n'y aura pas assez de tablettes pour tous les enfants en même
temps.
• (12 heures) •
Et je vous ai demandé, au lieu d'avoir une
réserve à Québec, distribuez dès maintenant votre réserve à ceux qui en ont
besoin dès maintenant. Ça va faire deux affaires. Un, ça va permettre à l'élève
de se familiariser avec ce nouvel outil et, deuxièmement, ça va vous permettre,
vous, là, de dormir, là, la tête très, très tranquille parce qu'elle va vous
dire : Je l'ai distribué puis, finalement...
12 h (version non révisée)
Mme Rizqy : ...au lieu
d'avoir une réserve à Québec, distribuez dès maintenant votre réserve à ceux
qui en ont besoin dès maintenant. Ça va faire deux affaires. Un, ça va
permettre à l'élève de se familiariser avec ce nouvel outil. Et deuxièmement, ça
va vous permettre, vous, là, de dormir, là, la tête très, très tranquille parce
qu'elle va vous dire : Je l'ai distribué puis, finalement, il n'y en a pas
de problème d'inventaire. Ou, au contraire, de vous rendre compte que, finalement,
les directions d'école qui nous envoient des courriels pour dire qu'il manque
de matériel, finalement, il faut en commander davantage. Ça va vous donner
l'heure juste.
En terminant, ma dernière recommandation, M.
le ministre, on est là pour vous aider parce qu'on y croit. On croit que le
meilleur endroit qu'un enfant doit être, c'est à l'école. Mais pour nous, là,
c'est impératif de mieux protéger le réseau scolaire parce que, sinon, on va
voir trop souvent des classes fermées pendant deux semaines. 14 jours,
c'est long.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci beaucoup, Mme la députée de Saint-Laurent. Ceci met fin à l'interpellation.
Donc, merci, M. le ministre. Merci, les collègues, d'avoir été avec nous.
Je lève la séance de la... Je le lève la
séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Merci. Bonne fin de semaine, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 h 1)