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(Quinze heures six minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je constate qu'il y a quorum. Je déclare ouverte la séance
de la commission élue permanente du commerce extérieur. À
l'ordre, s'il vous plaît! Je rappelle que le mandat de cette commission,
tel qu'il est établi à l'Assemblée nationale, est
d'étudier, article par article, le projet de loi no 89, la Loi sur le
ministère du Commerce extérieur.
Les membres de la commission sont: M. Beaumier (Nicolet), M. Fortier
(Outremont), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Payne (Vachon), M. Gauthier
(Roberval), M. Landry (Laval-des-Rapides), M. Grégoire (Frontenac), M.
Lincoln (Nelligan), M. Paré (Shefford), M. LeMay (Gaspé), M.
Rivest (Jean-Talon).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Dean
(Prévost), M. Léger (Lafontaine), M. Dubois (Huntingdon), M.
Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M. Perron (Duplessis), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Gagnon (Champlain).
M. Rivest: Est-ce qu'il y a une commission du commerce
extérieur qui a été formée?
M. Landry: Elle a été créée par la
modification de nos règlements.
Le Président (M. Desbiens): Elle a été
créée le 10 ...
M. Rivest: Avant même la loi?
M. Landry: Sur proposition du leader.
M. Rivest: Le ministre a préjugé que
l'Assemblée nationale voterait sa loi.
Le Président (M. Desbiens): Le 10 novembre...
M. Landry: Non, non, on a préjugé qu'elle
l'étudierait.
Le Président (M. Desbiens): Le 10 novembre 1982 à
l'Assemblée nationale.
M. Grégoire: Et vous avez voté pour.
M. Rivest: La chose m'aurait échappé. Ce n'est pas
mon habitude.
M. Grégoire: Vous avez voté pour à
l'unanimité.
M. Landry: Si vous avez raté le vote de deuxième
lecture, cela ne m'étonne pas que vous ayez raté un amendement
aux règlements.
Étude article par article Organisation du
ministère (suite)
Le Président (M. Desbiens): Le rapporteur a
été désigné lors de notre première
séance et nous en étions à l'étude de l'article 1.
Est-ce que l'article 1 est adopté? M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Non.
M. Lincoln: J'ai quelques ...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...brèves remarques au sujet de l'article,
parce que je pense qu'une fois qu'on a débloqué l'article 1 au
sujet du principe même de la chose, on peut aller assez vite de l'article
1 à l'article 7. J'aurais voulu faire un petit relevé de ce qui a
été dit, par exemple, par le député de Shefford et
celui de Roberval au sujet de notre position quant au ministère. Je
pense qu'on nous a dit: Les libéraux, vous êtes tout à fait
confus. Le député de Jean-Talon dit: II faudrait un ministre
délégué. Il faudrait qu'on fasse cela au sein des Affaires
intergouvernementales. M. le député d'Outremont dit: Bon!
Peut-être que cela devrait être un délégué du
Commerce extérieur. L'autre dit quelque chose d'autre. On a l'air
d'avoir une position confuse. Ce n'est pas cela. Ce qu'on a essayé de
dire, c'est qu'il y a différentes positions que le gouvernement peut
prendre. Quelle est la meilleure position? C'est cela que nous nous attendons
de nous faire prouver sans équivoque. Par exemple, il y a la question
qui a été soulevée par quelques députés,
à savoir que tous les gouvernements modernes se dotent d'un
ministère des Affaires extérieures. Moi, j'avais dit que cela
n'était pas tout à fait exact, parce que la Suisse n'en a pas. Je
n'ai pas nommé la Suisse, hier, mais c'est un exemple. Elle exporte
beaucoup mais elle a un tout petit cabinet
et un seul ministère du Commerce et de l'Économie. J'ai
parlé des États-Unis. Là j'aurais voulu citer quelques
phrases du ministre parlant des États-Unis parce que je pense que cela
est très important de situer le contexte dans lequel on se trouve.
Maintenant, quel est le rôle du député de Nelligan
quand il nous donne l'exemple américain? L'exemple américain ne
s'applique pas pour la simple raison que, dans l'économie
américaine, le commerce international - et c'est bizarre, à dire,
M. le Président - est d'importance marginale. C'est cela qu'il a dit.
Est-ce que le député de Nelligan sait quel est le pourcentage
import-export du PNB américain au moment où nous nous parlons?
J'ai dit 25%, cela n'a pas été mis, mais j'ai dit 25%. Le
ministre m'a dit: Mais là, justement, vous venez de me confirmer mes
plus sombres angoisses, vous ne savez pas de quoi vous parlez. Alors, j'ai dit:
Oui, mais je veux vous le demander. M. le ministre m'a dit que c'est entre 3%
et 5%. J'ai dit: Écoutez, laissez-moi vous dire... Le ministre m'a alors
interrompu et il a dit: C'est cinq fois moins que ce que vous pensez. J'ai dit:
Je vais vous démontrer que c'est beaucoup plus qu'entre 3% et 5%.
D'accord, on va en discuter. Le ministre m'a dit: Vous pourriez être plus
utile en démontrant les choses, mais vous seriez utile en me laissant
terminer mon intervention. Alors, j'ai dit: D'accord, et on a continué.
Plus tard - et là, je passe là-dessus parce que je crois que
c'est important de situer ce qu'on discute - il m'a dit: II est tombé
dans le piège, le député de Nelligan, 3% à 5% du
fabuleux PNB américain. Là-dessus, on s'entend, la plus grande
puissance de l'histoire de l'humanité, globalement...
Une voix: II commence à être...
M. Lincoln: ... c'est une économie tellement forte qu'elle
est, à toutes fins utiles...
M. Landry: Je vois venir les erreurs qu'il va faire encore
là.
M. Lincoln: ...autosuffisante en tout.
M. Landry:...là-dedans, il va mettre la balance des
paiements.
M. Lincoln: C'est cela qui fait la différence avec
l'économie du Québec. Proportionnellement, donc, le Québec
exporte 5, 6, 7 et 8 fois plus que ne le font les États-Unis parce que
nous ne pouvons pas jouer sur les latitudes tropicales pour les oranges et les
bananes, etc. Je vais donner quelques chiffres au ministre parce que je n'ai
pas eu la chance d'y revenir. Je suis allé prendre mes bouquins hier et
je vais lui donner quelques chiffres qui sont assez intéressants, pour
prouver peut-être le point que ce n'est pas nous qui sommes dans les
ténèbres et qui ne savons pas ce que nous faisons, parce que nous
aussi on a des petits chiffres et je peux les prouver, je vais essayer de les
établir.
Il y a 32 ans de cela, c'était en 1950, les exportations
américaines en pourcentage du PNB, c'était déjà 5%;
les importations, c'était 4,3%; pour tout l'import-export, c'est cela
qu'il a cité, 9,3%.
M. Landry: II n'a pas le droit d'additionner ça, un
instant!
M. Lincoln: Attendez une minute.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: II additionne les bananes avec les pelures de
banane.
M. Lincoln: Vous reviendrez, vous reviendrez.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Rivest: M. le Président, le député a la
parole.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Landry: Ma mère a 72 ans, alors additionnez aussi
cela.
M. Lincoln: Vous reviendrez, vous reviendrez.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Lincoln: Est-ce que j'ai le droit de parole oui ou non?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan, vous avez le droit de parole.
M. Lincoln: En 1960, les exportations américaines
étaient de 5,7% et les importations de 4,6%. En 1970, 6,6% et 5,9%. Les
exportations et les importations américaines... Est-ce que je peux
demander au député de Vachon, qui n'en sait rien, de se taire,
s'il vous plaît?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Lincoln: S'il en sait quelque chose, il pourra le dire
après.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je rappelle, je demande à chacun de respecter le droit de
parole. M. le
député de Nelligan, vous avez la parole.
M. Lincoln: Si le ministre a des chiffres intéressants,
les chiffres américains et les chiffres d'importation, les pourcentages
d'exportation et d'importation ont doublé dans les années
soixante-dix du pourcentage du GNP. En 1981, les exportations
américaines sont de 12,5% du GNP et les importations sont de 11,6% du
GNP. Alors, si le ministre pense que ce sont des informations erronées -
et je vois que ses fonctionnaires sourient - la source que j'ai, c'est le
Bureau Of Economic Analysis, du Joint Economic Committee of Council of Economic
Advisers, Department of Commerce, Washington, USA.
M. Landry: DC.
M. Lincoln: DC, right! J'ai parlé à un des types,
un des contacts avec qui j'ai déjà parlé. C'est un des
contacts qui a écrit justement ce bouquin, que vous devez
connaître sûrement, "Survey of Economie Business". Il me dit que,
par rapport aux importations et exportations américaines, au sujet de la
question de juger le commerce international des États-Unis, si, oui ou
non, ils vont s'embarquer dans un ministère... Ils traitent le commerce
international... Le ministre me dit: On n'ajoute pas... À ce
moment-là, moi, je peux vous dire qu'un des messieurs qui est
nommé dans cette revue, qui est tout à fait acceptée par
le président des États-Unis, comme sa bible... Il me dit qu'ils
fixent le total du commerce international des États-Unis, en 1981,
à 24,1%.
M. Grégoire: En additionnant les deux?
M. Lincoln: Écoutez! Attendez un instant!
Une voix: On va le laisser finir.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. le député de Nelligan, vous avez le droit de
parole.
M. Lincoln: Écoutez, je reviens à ce que le
ministre a dit. Alors, qu'il se corrige lui-même. C'est ça qu'il
m'a demandé. Est-ce que le député de Nelligan sait quel
est le pourcentage import-export du PNB américain? Import-export. Il n'a
pas dit seulement export...
M. Landry: II faut le mettre sur 200 pour...
M. Grégoire: Bien oui, mais si c'est 12%...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Frontenac, je vous demanderais... À l'ordre,
s'il vous plaît! (15 h 15)
M. Lincoln: Même si on prenait purement les exportations -
le ministre parle de 3% et de 5% - même si on oublie les importations,
c'est 12,5% et non de 3% à 5%. Cela, c'est en 1981. En 1950,
c'était déjà 5%. Il est 32 ans en retard. Avant 1950,
c'était plus de 3% ou...
M. Landry: II a dit 40%, après cela, il a rabattu
à...
M. Lincoln: Excusez-moi, je n'ai jamais dit 40%. Je n'ai jamais
dit 40%. Vous êtes pris dans votre piège.
M. Landry: Vous n'avez même pas eu le courage de dire 25%
au journal des Débats. Il faut que j'admette, moi, que je vous ai
entendu dire 25%...
M. Lincoln: Mais cela est extraordinaire!
M. Landry: Vous ne l'avez pas dit assez fort pour que cela entre
dans l'enregistrement mécanique...
M. Lincoln: Cela est extraordinaire! C'est cela que vous voulez
faire entrer dans l'enregistrement mécanique? Je n'ai jamais
parlé de 40% et vous le savez très bien. Je n'ai jamais
parlé de 40%.
M. Landry: Le journal des Débats ne parle pas de 25% non
plus, mais je me souviens très bien que vous avez mentionné les
deux chiffres.
M. Lincoln: J'espère que votre souvenir est meilleur que
celui des chiffres du commerce extérieur des États-Unis avec
lesquels vous avez fait rigoler tout le monde...
M. Landry: On va vous répondre. Continuez votre
exposé et on va vous montrer que vous ne connaissez rigoureusement rien
là-dedans.
M. Lincoln: J'ai dit 25%... Le Président (M. Desbiens):
À l'ordre! M. Lincoln: ...c'est cela que j'ai dit. M.
Grégoire: C'est bien évident.
M. Lincoln: De toute façon, même si on prenait le
chiffre de 12,5%, moi, tout ce que je peux vous dire, c'est que, si vous
téléphonez à l'ambassade américaine, si vous
téléphonez au bureau d'analyse
économique à Washington - et je vais donner la
référence à ce monsieur - si vous téléphonez
pour demander le pourcentage du International Trade des États-Unis, ils
vous répondront 24,1%. Mais même si on prend les exportations
américaines... Le ministre me dit que c'est cinq fois moins que ce que
je dis, mais lui, quand il dit de 3% à 5% et que c'est 12,5%, c'est lui
qui ne sait pas ce dont il parle. Et c'est cela qui nous tracasse. Le ministre
qui est là, avec tous ses aviseurs, avec tous ses bouquins, etc., ne
sait même pas de quoi il parle.
Moi, j'aurais voulu demander puisqu'il pose des questions au pied
levé aux gens comme si on avait tous ces chiffres-là dans la
tête... Il pourrait peut-être me dire ce qu'il pense... Bien oui,
le copain va lui refiler des chiffres qu'il ne sait même pas
lui-même. C'est extraordinaire! C'est cela que nous voulons dire. Pour
une puissance comme les États-Unis, il dit que le commerce international
c'est d'importance marginale, que 12,5% du produit national brut des
États-Unis, c'est marginal. Est-ce que le ministre pourrait me dire
combien est ce marginal en 1981? Combien de milliards de dollars cela
représente? Et eux n'ont pas de ministre pour s'en occuper. Combien de
milliards de dollars? Qu'est-ce que cela veut dire? Je suppose qu'il ne le sait
pas. C'est 367 000 000 000 $. Seulement la balance commerciale des
États-Unis est presque équivalente à toutes les
exportations du Québec, et eux se débrouillent sans ministre du
commerce extérieur. C'est cela qu'on voulait souligner au ministre:
qu'une puissance de cette taille...
M. Payne: Le Département de la défense, le
Pentagone.
M. Lincoln: On ne va pas tenir compte des stupidités
du...
M. Grégoire: Est-il nécessaire de dire des
bêtises quand on ouvre la bouche?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: Justement, c'est cela qu'il devrait savoir: ne pas
dire de bêtises.
M. Grégoire: Lavez-vous donc la bouche!
M. Lincoln: Je peux aussi lui donner les chiffres...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez revenir à votre sujet.
M. Lincoln: ...combien les exportations militaires prennent dans
les 367 000 000 000 $, c'est 9 000 000 000 $. Alors, peut-être que...
Une voix: Cela ne m'intéresse pas.
M. Lincoln: ... vous allez vous y intéresser. Lisez ces
chiffres-là si vous comprenez les chiffres. C'est officiel. Reprenez
tout cela et lisez-le.
M. Payne: Patientez, patientez!
M. Lincoln: Oui d'accord, patientez! Ne me parlez pas du
Pentagone, parce qu'il ne prend même pas 10 000 000 000 $ sur les 367 000
000 000 $ du "Goods and Services" des États-Unis.
Ce que je veux vous dire, c'est que le ministre, avant de nous dire
qu'on ne connaît rien, devrait vérifier ses chiffres. Quand il
nous parle trop des fonctionnaires qui ont l'air de tout savoir du commerce
dans le monde, on se dit que les chiffres qu'il nous présente sont une
preuve qu'il n'a peut-être pas encore étudié la question
aussi à fond que les États-Unis qui ont pris le temps
d'étudier la question afin de savoir si une grande puissance qui exporte
pour 367 000 000 000 $ par an peut se débrouiller sans ministère
du commerce extérieur. Ils n'ont qu'un seul ministère du Commerce
quand nous avons cinq ministères. C'était là le point
qu'on voulait établir. C'est vraiment cela. Je crois que cela prouve un
peu notre point.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: M. le Président, il est dommage que le
député se soit pris dans un piège encore plus profond. Il
se contentait de citer des données assez grosses, mais il est
allé un peu dans l'aspect économique des choses. Il a dit une
monstruosité. Par exemple, je vais vous le prouver très
brièvement, il a dit qu'on pouvait additionner import et export pour
établir le pourcentage du commerce extérieur. Cela voudrait dire
que, dans la situation absurde où un pays importerait 100% de tout ce
qu'il consomme, il serait le champion du commerce extérieur et le
pourcentage serait 101. Ou s'il exporte 1% et importe 99%, il est encore
à 100% import-export. Alors, il faut évidemment deux bases. Je
pense que le député peut reconnaître qu'il ne sait pas
additionner.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec la
façon dont vous l'expliquez...
M. Landry: Vous avez dit tout à fait le contraire.
M. Lincoln: Non, ce n'est pas du tout
ce que j'ai dit. Mais je vais reprendre. Allez, dites ce que vous
voulez.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: C'est vous qui avez la parole, je vais vous faire la
preuve.
M. Landry: Quand un économiste ou quelqu'un qui s'y
connaît un tant soit peu dit que 40% du PNB de tel pays est l'objet
d'import-export, c'est 40% l'un et 40% l'autre sur deux bases de 100 et non pas
sur une seule. Autrement, cela veut dire que le Québec est à 90%
import-export.
M. Lincoln: D'accord.
M. Landry: On a juste à additionner import et export. Plus
on importe plus on serait prospère, c'est absurde. On n'y pense
même pas.
Il y a un piège plus profond dans lequel vous vous êtes
laissé prendre. Pourtant, tous ceux qui regardent la
télévision le soir et y voient le cours de la monnaie ou tous
ceux qui lisent le Financial Post ou le Globe and Mail ou n'importe quoi, voire
la Gazette, savent que ce qui est arrivé en 1981, c'est que la monnaie
américaine a pris un ascendant sur toutes les autres monnaies du monde,
y inclus la nôtre, et que les exportations ne sont pas calculées
en volume, en tannes de grain, en nombre de pneus ou en caisses d'oranges. Sans
exporter une orange de plus, la plus-value des oranges calculée sur un
PNB qui, lui, est calculé en dollars US comme les exportations, modifie
radicalement la proportion.
M. Rivest: Pour vos 3%...
M. Lincoln: ...votre pourcentage est un peu...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Rivest: ...et vos 5%, vous n'avez pas fait cela.
M. Lincoln: II n'a pas fait cela pour les 3% et 5%.
M. Landry: C'est facturé et compté en dollars US.
Les dollars US ont pris une plus-value considérable. Est-ce que c'est
vrai oui ou non? Tout le monde le sait. Ils en ont pris une par rapport au
dollar canadien qui, lui-même, en a pris une par rapport à toutes
les monnaies du monde, sauf peut-être une ou deux.
M. Rivest: Comment justifiez-vous vos 3% et 5%?
M. Landry: Alors...
M. Lincoln: C'est garanti, mais j'ai un peu de...
M. Landry: C'est la même chose, sauf qu'à cette
époque, on en était au Standard Gold Exchange ou à peu
près et le dollar US était à 35 $ l'once d'or.
C'était fixe et stable. Les accords de Bretton Woods ont duré
jusqu'à il y a sept ou huit ans et là, il y a eu des
phénomènes monétaires qui sont entrés en jeu. On
n'est pas pour refaire l'histoire de la science économique. Que notre
commission retienne qu'additionner import et export pour donner un diagnostic
sur le commerce extérieur, c'est la chose la plus saugrenue qu'il m'a
été donnée d'entendre, non seulement en ayant
écouté tous les discours de l'Opposition depuis des
années, mais de plus en réfléchissant à tout ce que
j'ai lu dans les journaux et les revues; c'est élémentaire.
M. Lincoln: D'abord, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Landry: Mais ce n'est pas le point que vous vouliez soulever.
Vous ne vouliez pas mener une bataille mathématique entre vous et nous.
Vous vouliez nous prouver, après avoir voté pour le principe de
la chose en deuxième lecture, à l'unanimité cette fois,
pas moins deux voix, pas moins neuf voix...
M. Rivest: II n'y a pas eu de vote.
M. Landry: Votre chef a dit: Nous sommes d'accord et nous
consentons. Ce qui, dans nos traditions parlementaires et notre
règlement, est plus fort qu'un vote parce que c'est l'unanimité
absolue; il n'a même pas dit sur division, il a parlé au nom de
tout le monde.
M. Rivest: S'il a dit cela, c'est vrai.
M. Landry: Alors, s'il a dit cela, c'est vrai; donc, vous
êtes d'accord avec le principe de la création du ministère
du Commerce extérieur. Et maintenant vous revenez sur ce que vous avez
dit à l'Assemblée nationale...
M. Rivest: C'est faux.
M. Landry: ... et vous prétendez qu'il y a... Je reprends
ce que le député de Nelligan a dit, ce n'était pas
fou...
M. Rivest: II a très bien expliqué cela. M.
Landry: Oui, s'il s'en tenait à ce
genre d'explication, il serait peut-être d'une efficacité
beaucoup plus grande. Il a très bien dit qu'il y a différentes
façons de voir les choses, il y a différentes
possibilités. Vous en avez donné une brochette hier. Vous avez
parlé de ministres d'État, de ministres
délégués, rattachés à ceci, rattachés
à cela. Vous avez donné des possibilités, ce qui prouve
qu'il n'y a pas seulement une solution.
Nous, on en a choisi une et, si je comprends bien ce que le
député de Nelligan nous demande, c'est de démontrer
pourquoi on a pris celle-là et non pas d'autres. Là, on peut
prendre divers pays à titre d'exemple, cela peut aider.
Nous-mêmes, on a invoqué des exemples, mais il faut chercher des
similitudes et des analogies entre les divers pays. Il a parlé de la
Suisse aujourd'hui. Je lui rappelle que la Suisse est une
confédération, une vraie.
M. Lincoln: Le Canada en est une aussi.
M. Landry: Non! Si vous n'êtes pas plus fort en histoire et
en droit constitutionnel qu'en économie, on va s'amuser. La
confédération helvétique, comme son nom l'indique...
M. Lincoln: ...
M. Landry: Regardez le niveau central. Il n'y en aurait pas
pendant un mois, M. le député de Jean-Talon, je vous ai bien dit
que nos devoirs de parlementaires passent avant les sports et les loisirs,
même les plus intéressants. Je disais donc que la
confédération helvétique, au niveau du gouvernement
central, a quatre grands pouvoirs et uniquement quatre, et que les cantons
sont, comme vous le savez, des États souverains pour toutes les
matières sauf quatre: donc le transport, la défense nationale,
les postes et les relations extérieures. C'est une structure
radicalement différente de celle du Canada.
Lorsqu'il parle également de l'importance non pas relative mais
absolue de ce que les Américains exportent, c'est vrai, personne n'a
jamais remis cela en question. J'ai dit le mot "proportionnel" à quatre
ou cinq reprises dans mon intervention, hier, parce que personne ne nie que les
quantités exportées par les États-Unis, à cause de
la puissance de leur économie, sont extrêmement
considérables; il n'y a pas de comparaison. Ils n'ont pas, dites-vous,
de ministère du Commerce extérieur. Non, mais ils ont bien
d'autres choses que le Québec n'a pas. Je ne dis pas qu'il ne les aura
jamais, mais, dans cette ville de Québec, qui n'est pas la plus
importante dans le monde sur le plan des échanges, les États-Unis
d'Amérique ont un consul en permanence et toute une équipe.
M. Rivest: Les Britanniques ont fermé leur consulat
à Québec.
M. Landry: Les Britanniques l'ont fermé. Les
Américains, très lucidement, sont demeurés. Ils ont un
consulat à Montréal.
M. Payne: Ils ont ajouté un membre également
à Montréal, justement dans le commerce. Je peux le nommer.
M. Landry: On ne peut pas comparer, évidemment, les moyens
du grand appareil diplomatique américain, y compris sa dimension
commerciale, et ce que le Québec, avec ses moyens modestes, peut faire.
Je crois que, dans les deux cas, l'exemple n'est pas valide.
Revenons donc à nos motivations que j'avais commencé
à vous exposer hier, ainsi que plusieurs de mes collègues; le
député de Shefford en a parlé, en particulier le
député de Roberval. Nous avons choisi cette structure d'un
véritable ministère non pas séparé des autres,
comme vous le dites. Il ne faut pas être incohérent. Vous nous
avez justement reproché qu'à plusieurs articles du projet de loi,
on parlait de la coordination nécessaire avec les autres
ministères. Ce n'est pas un ministère qui va se placer en orbite
comme un satellite en dehors de l'action gouvernementale. Au contraire, si nous
avons choisi ce ministère individualisé quant à son budget
et à son appareil, je vous ai dit que, premièrement, c'est parce
qu'il s'agit là d'une priorité absolue du gouvernement. Je
reprenais en cela les paroles du premier ministre qui l'a dit à
plusieurs reprises, je retenais les motivations bien expliquées dans un
document que vous avez dans les mains depuis des mois et que tous les agents
économiques québécois ont depuis le même temps:
Bâtir le Québec II, Le virage technologique où nous
reprenions cette argumentation d'une priorité absolue, où nous
reprenions cette argumentation d'une coordination interministérielle
nécessaire qui va être une partie importante de l'action du
nouveau ministère, qui est à la fois un ministère
sectoriel avec une vocation verticale, mais aussi un ministère
horizontal avec une vocation de coordination. Il y a également le fait,
je l'ai dit, que la fonction va réclamer des déplacements
considérables non seulement à l'extérieur du
Québec, mais également à l'intérieur pour organiser
l'offre.
Toutes ces choses militaient en faveur de cela, plus un certain nombre
d'autres arguments que je ne veux pas reprendre; je les ai donnés hier
et ils ont été critiqués par l'Opposition, mais au moins
vous savez quelle est notre position là-dessus. Toutes ces choses font
qu'il fallait qu'un membre du Conseil ait le commerce extérieur
comme
unique préoccupation et qu'il soit assis sur un appareil non pas
monstrueux, technocratique et bureaucratique, mais un appareil commerce
extérieur regroupé sous une même autorité, de
façon à introduire de la cohérence dans cette action.
Vous me parlez de la critique du temps passé. Évidemment,
si on le fait, c'est parce qu'on pense que ce qui était avant
n'était pas parfait. Je ne veux pas dire que c'était minable non
plus. Mais ceux qui se sont le plus occupés de commerce
extérieur, les fonctionnaires de l'Office québécois du
commerce extérieur, autrefois rattaché au MIC, nous ont dit
clairement à plusieurs reprises, par écrit et lors de
réunions, qu'un de leurs principaux problèmes est que leur action
était trop orientée vers des opérations concrètes:
des programmes APEX, des missions et des foires, mais qu'ils n'étaient
pas en mesure, parce qu'ils n'étaient pas chapeautés par un
appareil qui pense commerce extérieur, qui fait les analyses et les
stratégies et par un ministre qui leur donne l'essentiel de ses
énergies et de son temps... Ils avaient l'impression de s'activer, de
faire du bon travail dans le concret, mais souvent avec des objectifs plus ou
moins bien définis, des instruments de mesure déficients et une
force de frappe, au niveau gouvernemental et au niveau politique,
inadéquate parce que le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, je l'ai bien expliqué hier, qui était le patron
jusqu'à ces tout derniers temps de l'Office québécois du
commerce extérieur, a d'autres choses à faire.
M. Rivest: ... En quelle année?
M. Landry: Deux ans.
M. Rivest: II y a deux ans?
M. Landry: Oui. C'était une recommandation de Bâtir
le Québec I!
M. Rivest: Est-ce M. Rodrigue Tremblay qui a voté
cela?
M. Landry: Non, il était déjà parti. C'est
sous M. Duhaime.
M. Rivest: C'était probablement son idée.
M. Landry: Non, la discussion avait commencé avec M.
Rodrigue Tremblay. Il était contre à mort. Il voyait un autre
genre de structure. (15 h 30)
M. Rivest: Je pense que le ministre aurait eu de la concurrence
pour être nommé ministre du Commerce extérieur.
M. Landry: II y a certaines gens qui auraient été
heureux d'apprendre que mon ex-collègue Tremblay...
M. Rivest: II y en a eu. Cela aurait au moins été
une course à trois.
M. Landry: ...sans être méchant pour lui, aurait eu
de nombreux déplacements à l'étranger.
M. Rivest: Cela aurait au moins été une course
à trois, au lieu d'être une course à deux. Pauvre
Jacques-Yvan!
M. Landry: Je réponds à votre question
chronologique, M. le député de Jean-Talon, et j'ajoute, avant que
vous me le demandiez, qu'au MIC, avant l'OQCE, il y avait des services
internationaux et que l'OQCE regroupait essentiellement, dans une direction
unique, les services internationaux, ce qui était une étape vers
une direction unique plus cohérente, mieux consolidée qui sera
celle du ministère du Commerce extérieur.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Rivest: J'aurais un dernier commentaire.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon?
M. Lincoln: Monsieur...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan?
M. Lincoln: Je n'ai pas envie qu'on nous fasse dire des choses
qu'on n'a pas dites. Tout d'abord, je suis entièrement d'accord avec le
ministre que la façon tout à fait normale, traditionnelle,
technique dans l'économie, c'est de prendre les exportations en
pourcentage du PNB. Je suis entièrement d'accord là-dessus. Ce
que j'ai voulu lui dire, c'est que les États-Unis... S'il veut le
vérifier ou si un de ses adjoints veut le vérifier, je suis tout
à fait d'accord pour me rendre à un téléphone
public. Je vais donner le nom de ma référence, de l'un des
participants très important de ce journal à qui j'ai parlé
plusieurs fois. Lui, il vous dira que, quand les États-Unis tiennent
compte du commerce international, ils tiennent compte que les importations,
d'un côté, et les exportations, de l'autre côté,
forment un tout et ils ajoutent le pourcentage. Le chiffre m'a
été donné par lui-même. Si vous voulez, je vais vous
donner la date et le nom de la personne. Il m'a dit qu'ils étaient tout
à fait d'accord, je lui ai même demandé, parce que j'ai
vérifié cela auprès de trois sources différentes:
Est-ce que ce n'est pas normal de prendre purement les
exportations, parce que, après tout, on parle d'une balance
commerciale? Du côté des États-Unis, il y en a 26 100 000
000 $. Il m'a dit: Dans notre cas, nous regardons la totalité, parce que
ce qui nous préoccupe, c'est de voir le gros du commerce international
qui se fait par rapport à ce nous recevons et ce que nous exportons.
C'est lui qui m'a donné ce chiffre. Je suis tout à fait... J'ai
très bien compris. The trade balance, I know what a trade balance is. It
is shown in that book and it is very clear. The trade balance is 26 100 000 000
$. I just told you that before. I know what I am talking about the trade
balance...
M. Landry: It is a balance, it cannot be expressed in just one
figure, obviously.
M. Lincoln: It is obvious...
M. Rivest: On ne vous a pas interrompu.
M. Landry: Because the balance, there are at least two
members.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: Le ministre a envie de m'enfourcher, parce que lui
s'est enfourché hier soir avec ces 3% et 5% qui étaient tout
à fait faux. Il sait que c'est tout à fait faux; il n'a
qu'à regarder les chiffres de ce livre, il saura que c'est tout à
fait faux. Pour les exportations seulement, s'il a envie de parler des
exportations, il m'a parlé de 3,5%. Si c'est de cela qu'il parlait,
c'est 12,5%, ce n'est pas de 3% à 5%. Cela n'a pas été 5%
depuis 1950. Il est 32 ans en arrière. Ce que je voulais lui dire, c'est
qu'il a essayé hier de me ridiculiser, de faire rire toute la galerie du
Parti québécois. Mais le fait est qu'il s'est trompé.
C'est lui qui a dit... Est-ce qu'on a le droit de parler ici?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je rappelle à chacun le devoir de respecter le droit de
parole des autres.
M. Rivest: Oui, M. le Président.
M. Lincoln: Oui, je pense qu'on devrait respecter le droit de
parole. Moi, ce que j'ai voulu dire ce matin, c'est que, selon le bureau
d'analyse économique des États-Unis, ils prennent le commerce
extérieur des États-Unis, qu'ils appellent le commerce
international - quand ils étudient toute la question du commerce
international - ils prennent les exportations brutes et les importations brutes
et ils les ajoutent. Si vous voulez me dire que je suis fou, si vous voulez me
dire que cela ne m'a pas été dit par une des personnes qui sont
là, je vous donnerai le nom du haut fonctionnaire. Je ne veux pas me
confier au ministre parce qu'il n'a pas l'air de comprendre avec ses 3% et 5%.
On va aller téléphoner à cette personne qui est dans ce
bureau, qui est un collaborateur de cette revue et on lui demandera si c'est
cela qu'il a bien dit. Alors, s'il n'a pas dit cela, je suis prêt
à avouer publiquement en Chambre que, si ce n'est pas cela qu'il a dit,
c'est de la folie de considérer cette chose. Je vous dis que c'est comme
cela que les États-Unis considèrent la totalité du
commerce international: quand ils voient quel est le pourcentage du PNB, ils le
séparent et ils l'ajoutent aussi, c'est cela que je vous dis.
M. Landry: Mais cela prend deux ans.
M. Lincoln: On fera cela le plus tôt que vous voudrez,
quand vous voudrez, on fera cela demain matin si vous voulez. Si je me trompe,
je suis prêt à dire devant l'Assemblée nationale que je
suis fou.
M. Landry: On peut aussi suspendre la séance.
M. Lincoln: Si l'on veut suspendre les travaux, on ira
téléphoner maintenant.
M. Rivest: Qu'on apporte un téléphone, M. le
Président.
M. Lincoln: Si le député de Vachon veut être
présent, lui aussi sera présent. On pourra en discuter, par
exemple, je suis tout à fait d'accord.
M. Payne: Mr. President, there are two figures, not one.
M. Lincoln: It is obvious trade balance is two figures, I am not
stupid, you know there are revenues and expenses; revenues in the United States
exports are 367 300 000 000 $ per year in 1981. At the end of 1981, the imports
were 341 300 000 000 $, a difference, which is a trade balance, a positive
trade balance of 26 100 000 000 $ So what is your query?
M. Payne: That is what I asked for, what is the trade
balance?
M. Lincoln: I told you the trade balance two or three times was
26 100 000 000 $. I said to you before, the trade balance alone in the United
States is almost equal to the total exports of Québec. I was trying to
say that in the United States with exports of 367 000 000 $, with imports of
341 000 000 $ which they treat as one
big bulk of international trade, they do not need a ministry of
International Trade, that is the point that I was trying to make.
M. Payne: Here is something to put in you pipe and smoke in those
considerations. The US bought 60% to 65% of our sales, une grande partie venait
du Québec. Juste une petite chose.
M. Lincoln: You mean of your exports, 60% of...
M. Payne: Yes.
M. Lincoln: You mean 60% of US exports are from
Québec.
M. Payne: Les États-Unis achètent 60% de nos ventes
à l'étranger.
M. Landry: US exports are probably from US.
M. Lincoln: Yes, what does that prove anyway?
M. Payne: I am explaining to you what the percentage of our
exportations are.
M. Lincoln: What does that prove in this particular
discussion?
M. Payne: Well, I am giving you an idea of the influence and the
interest and the promotion and the excitement of Québec with respect to
trade with the United States. That is something to be taken into
consideration.
M. Lincoln: I think this is completely irrelevent...
M. Rivest: C'est le ministre du Commerce extérieur. Cela
prouve que cela allait très bien sans un ministre du Commerce
extérieur. C'est cela qu'on essaie de vous dire.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! Je rappelle
à tout le monde qu'on s'éloigne passablement du sujet de
l'article, de l'objet de l'article 1...
M. Lincoln: Je pense que l'article 1, c'est justement la raison
du Commerce extérieur.
Le Président (M. Desbiens): ... qui désigne...
M. Lincoln: Pour revenir à la Suisse, j'en ai parlé
comme d'un exemple, puisque la Suisse a 6 000 000 d'habitants, à peu
près la même population que le Québec. Je comprends
très bien qu'ils aient un gouvernement central, que le ministre des
Affaires économiques suisse fasse partie de la
confédération. Il y a sept membres au cabinet dont un est
ministre de l'Économie. Ce que je veux dire, c'est que la Suisse, qui
est un pays qui exporte presque tout ce qu'il fait du point de vue des
finances, du tourisme, des appareils électroniques, etc., la Suisse, qui
est un pays exportateur, si on prend le tourisme, si on prend les
investissements étrangers, si on prend les exportations, ils se
débrouillent avec un seul ministre pour tout le pays. Si l'on
considère cela, ici, on en a besoin de cinq; c'est cela le point que je
voulais soulever. Je ne voulais pas commencer une querelle constitutionnelle
sur la différence entre la Suisse et le Canada. Je ne pense pas que cela
soit du tout comparable. Le point est que, pour 6 000 000 d'habitants, eux se
débrouillent avec un ministre et je pourrais donner d'autres pays, par
exemple, qui se débrouillent avec moins de ministres que nous.
M. Rivest: Je viens d'avoir une discussion avec le ministre.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan a la parole.
M. Rivest: Dans le modèle qui habite les rêves
péquistes, il n'y a pas de ministre du Commerce extérieur.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, M. le
député de Jean-Talon.
M. Grégoire: M. le Président, voulez-vous demander
au député de Jean-Talon de cesser d'interrompre le
député de Nelligan?
Le Président (M. Desbiens): Je répète...
M. Grégoire: Le député de Nelligan a le
droit de parole, vous lui avez reconnu tantôt qu'il avait le droit de
parler et il arrive qu'il y a un collègue de son parti qui l'interrompt
continuellement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac, si vous voulez lui laisser exercer son droit de parole. M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Laissez-le parler.
M. Rivest: Qui est celui-ci, M. le Président?
M. Grégoire: C'est de la démocratie de demander au
député de Jean-Talon de laisser parler le député de
Nelligan.
M. Rivest: D'où sortez-vous? On ne vous a pas entendu
depuis le début.
M. Lincoln: Je pense qu'on a fait le point, on peut voter sur
l'article 1 et finir là.
M. Landry: M. le Président, il y a une remarque dont le
député de Nelligan me sera reconnaissant. En tout cas...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: ... j'espère qu'il va être d'accord. S'il
pense créer le ministère du Commerce extérieur en votant
l'article 1, il se trompe. C'est l'article 19 qui crée le
ministère.
M. Lincoln: Si vous voulez passer à l'article 19...
M. Landry: C'est comme vous voulez, mais, effectivement...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac, sur l'article 1.
M. Grégoire: M. le Président, je suis un peu
étonné de voir que le député de Nelligan semble
s'opposer ou semble accepter avec réticence et de mauvais gré la
création d'un ministère du Commerce extérieur. Il nous
parle des États-Unis. Il est bien évident, quand vous arrivez aux
États-Unis, qu'une compagnie comme IBM, ou Xerox, ou RCA Victor, ou ITT,
ces compagnies sont assez importantes pour être capables de faire leur
commerce extérieur. Mais quand j'arrive, par exemple, dans mon
comté, j'ai une petite métallurgie qui fait un chiffre d'affaires
de 7 000 000 $, dont 40% sont exportés. Ce n'est pas beaucoup, c'est
petit. Que ces citoyens puissent avoir l'aide d'un ministère du Commerce
extérieur pour les aider à exporter... Par exemple, la
métallurgie Frontenac, dans le comté de Frontenac, qui est une
bonne petite métallurgie très moderne, était fermée
et le gouvernement, par son programme PECEC, l'a remise en opération.
Aujourd'hui, elle est sur un bon départ. Elle a une bonne gestion et de
bons administrateurs. Ces compagnies ont besoin d'aide parce que ce sont de
petites compagnies, comparées aux géants américains, de
petites compagnies qui ont besoin de l'aide d'un ministère du Commerce
extérieur, afin de favoriser et aider leurs exportations.
Je m'aperçois que le député de Nelligan semble
s'opposer à cela. Il semble l'accepter avec réticence. Chez nous,
on a une quantité - le ministre l'a expliqué plus ou moins - de
PME, de petites et moyennes entreprises, de 100, 125, 150 employés. Ce
sont de petites entreprises comparativement aux gros géants
américains qui font de l'exportation. On n'a pas tellement ça
chez nous, et nos petites entreprises en ont besoin. Elles vont être
aidées par la création d'un tel ministère et le
député de Nelligan s'y oppose.
Des voix: Non, non.
M. Grégoire: Du moins, il semble l'accepter avec
réticence. Pourquoi?
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous poser une question? Vous me
demandez pourquoi...
M. Grégoire: Aux États-Unis, on n'en a pas,
pourquoi en aurait-on? Parce que, justement aux États-Unis, on a de
grosses compagnies, des géants internationaux, des multinationales.
Nous, nous sommes un peuple de 6 000 000 d'habitants.
M. Rivest: Ben, voyons donc!
M. Grégoire: Au contraire, vous semblez l'accepter avec
réticence.
M. Rivest: Dans le volume des exportations...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: On se demande, en vous entendant parler, si
vous êtes contre toutes les exportations du Québec.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous poser une question?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il peut vous poser
une question?
M. Grégoire: Ah! bien oui.
Le Président (M. Desbiens): Oui?
M. Lincoln: Nous ne sommes pas contre du tout. Tout ce qu'on veut
vous demander, c'est si vous êtes d'accord, par exemple, pour que le
ministère du Commerce extérieur qu'on va créer se
concentre surtout sur les PME, sur les petites entreprises de votre
comté. Il ne va pas s'occuper d'Alcan, de CIA, de Pratt & Whitney,
de Domtar...
M. Rivest: ... de CIP, de la Consolidated Bathurst, de
Bombardier...
M. Lincoln: ... de CIP, des pâtes et papiers, enfin, il ne
va pas s'occuper des grosses affaires...
M. Rivest: Bombardier, vous ne vous en êtes pas
occupés...
M. Lincoln: ... qui font environ 60% de l'exportation. Alors,
vous pensez que le ministre va se concentrer sur les petites PME. C'est
ça que je voulais savoir. Aux États-Unis, on n'a pas ça.
On n'a pas de petites bottes, on n'a que de grosses boîtes.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Moi, M. le Président, je serais contre
la suggestion faite par le député de Nelligan d'essayer de
restreindre le rôle et le travail du ministre du Commerce
extérieur. Je serais contre les restrictions. Si les compagnies de
pâtes et papier ont besoin de l'aide du ministre du Commerce
extérieur et si elles vont au ministère pour demander une aide,
pourquoi la leur refuser? Pourquoi leur dénier l'aide du gouvernement,
quand elles viennent la demander? Si les compagnies d'amiante, qui sont tout de
même de grosses compagnies, demandent l'aide du ministère,
pourquoi la leur refuser? C'est ce que je ne comprends pas. Pourquoi essayer de
dire à certains: Oui, on va vous aider et à d'autres non?
Pourquoi faire de la discrimination? Je suis contre cette discrimination.
Si les grosses compagnies en ont besoin également, aidons-les
aussi. Il n'y a rien qui s'y oppose. Si elles viennent demander de l'aide,
est-ce que le député de Nelligan suggère qu'on leur dise:
Non, on ne vous aide pas? Non? Boni Alors, pourquoi me poser une telle
question? Il est bien évident que je ne veux pas restreindre le
rôle et le travail du ministre du Commerce extérieur. Au
contraire, je veux qu'il se développe, qu'il se multiplie, parce que les
exportations... On s'est toujours limité, dans votre temps... Depuis 100
ans, on s'est toujours limité, et cela a été le
problème du Québec, à exporter nos richesses naturelles
à l'état pur...
M. Landry: Vous ne visiez pas le député
personnellement, quand vous avez parlé de 100 ans?
M. Grégoire: Écoutez, il a encore des idées
d'il y a 100 ans, mais, de là à dire que je le visais
personnellement, non. C'est tout son parti...
M. Rivest: M. le Président, question de règlement.
Le ministre vient d'interrompre le député de Frontenac.
M. Grégoire: Mais c'était une bonne question. J'ai
permis au député de Nelligan de me poser une question, je pouvais
bien le permettre au ministre aussi. Ce que vient de manifester justement le
député de Nelligan, c'est ce qu'il y a de malsain dans les
opérations commerciales qu'on a toujours eues. Moi, je vis dans un
comté où l'on exploite l'amiante. Jamais, jamais, jamais le
gouvernement libéral du temps... Même si M. Alexandre Taschereau,
en 1932, disait aux compagnies d'amiante: Si vous ne transformez pas au
Québec, on va vous exproprier, il ne l'a jamais fait. On n'a jamais
transformé l'amiante ici. On exportait, à l'état brut, nos
simples richesses naturelles.
Je vais vous donner un exemple, les freins d'automobiles... (15 h
45)
M. Rivest: Vous savez pourquoi?
M. Grégoire: Laissez-moi donc finir et, après, vous
parlerez. Les freins d'automobiles... On produit l'amiante au Québec, on
l'envoie au Brésil; eux, ils font des freins qu'ils retournent à
Détroit pour faire des automobiles et, à Détroit, on vient
nous les vendre à Québec. Voyez-vous le trajet que notre amiante
a fait? Il est passé par Thetford-Mines, le Brésil,
Détroit et il revient à Thetford-Mines sous forme de freins.
Avez-vous déjà vu pire que cela?
Vous vous êtes toujours limités à l'exportation de
nos richesses naturelles à l'état brut et les jobs étaient
ailleurs. On disait que, dans l'amiante, on donnait de l'ouvrage à 6000
mineurs et la transformation de notre amiante, dans tous les autres pays au
monde, donnait de l'ouvrage à 250 000 personnes. Nous, on se contentait
des 6000 mineurs dans le fond du trou. Les profits sortaient et on exportait
à l'état brut. Aujourd'hui, on se rend compte qu'il faut aller
plus loin que cela. Le développement du Québec ne passera pas
exclusivement par l'exportation de notre richesse naturelle à
l'état brut. Il va falloir faire de la transformation, nous aussi. On ne
l'a jamais fait. Cela fait longtemps qu'on s'en rend compte, mais, aujourd'hui,
on veut le mettre en pratique. On crée un ministère du Commerce
extérieur pour voir à l'exportation de nos produits finis.
Ce qui me surprend, c'est de voir que l'Opposition libérale est
réticente là-dessus. Elle est réticente. Oui, je comprends
la question, mais êtes-vous prêts à limiter le rôle
uniquement aux petites entreprises et non pas aux entreprises moyennes ou assez
grosses? On me demande si on veut limiter le rôle du
ministère.
M. Rivest: Vous accordez la priorité...
M. Grégoire: Vous vous relirez et vous verrez cela.
Êtes-vous prêts à dire au ministre de ne travailler que pour
les petites et moyennes entreprises et de laisser faire les autres? Et
là, on m'en a nommé. On n'a pas nommé les mines d'amiante
et cela me surprend parce que ce sont tout de même de grosses compagnies.
C'est 500 000 000 $
d'exportation par année.
Même là, le ministère du Commerce extérieur
pourrait aider à accroître nos exportations de produits finis.
Déjà, alors qu'il y a six ans, jamais on n'avait pensé
produire ici des freins qu'on exporterait, il y avait une compagnie à
Montréal qui s'appelle Distex, dont la Société nationale
de l'amiante est propriétaire à 50%, qui exporte des freins
usagés pour les voitures européennes, partout aux
États-Unis jusqu'en Californie, jusqu'à San Francisco, jusqu'en
Louisiane, partout on exporte des freins aux États-Unis pour les petites
voitures européennes et japonaises.
Ce sont des acquis, car vous savez que, lorsqu'une tonne d'amiante
utilisée pour les freins vaut 700 $ ou 800 $, la valeur ajoutée,
quand le frein est terminé, cela vaut 7000 $ à 8000 $ la tonne.
C'est multiplié par dix. Ce sont des profits et vous voudriez demander
au ministre du Commerce extérieur de limiter ces activités. C'est
cela que vous m'avez posé comme question. Moi, je dis non. Pas de
limites. Plus il pourra en faire, tant mieux. Et comme je connais le ministre,
il en fera beaucoup.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Juste avant de conclure, quant à moi, à
moins que mon collègue n'ait des choses à ajouter sur l'article
1, je ne voudrais pas que, dans son emportement, le député de
Frontenac, qui est toujours très passionné lorsqu'il parle de sa
région, de son comté - on connaît tous les efforts qu'il y
consacre, en particulier dans le domaine de l'amiante, les très nombreux
emplois qu'ils ont créés dans le domaine de l'amiante -lorsqu'il
fait reproche aux gouvernements libéraux de n'avoir rien fait dans
l'amiante, j'espère qu'il inclut celui qui a été ministre
des Richesses naturelles pendant plusieurs années sous un régime
libéral, M. René Lévesque, ainsi que le futur . ministre
du Commerce extérieur qui travaillait à l'époque au
ministère des Richesses naturelles.
Deuxièmement, j'aurais une question à poser au ministre.
D'ailleurs, mon collègue n'a pas du tout voulu dire que le ministre du
Commerce extérieur se consacre uniquement aux petites et moyennes
entreprises. Je pense que le sens de la question de mon collègue... Et
je suis convaincu que c'est l'intention du ministre, compte tenu que les
grandes entreprises, même multinationales, qui travaillent au
Québec, ont des services, le ministre va sûrement recevoir les
demandes que ces entreprises pourront lui adresser, j'en ai la conviction et
c'est aussi la conviction de mon collègue. J'imagine que le ministre
mettra davantage l'accent et la priorité pour aider les moyennes et
petites entreprises qui, elles - et je pense qu'il l'a mentionné dans
son discours - ne sont pas équipées ou n'ont pas la connaissance
des marchés.
Une question, quant à moi. Dans le volume des exportations du
Québec, quelle est la part des entreprises - dans 60%, le chiffre qu'on
a mentionné, je ne m'en souviens pas - de plus de 300 employés?
Autrement dit, pour essayer d'avoir une idée, quel est le volume des
exportations des grandes entreprises par rapport à celui des petites et
moyennes entreprises?
M. Landry: La question est très intéressante. Elle
est pertinente et se greffe immédiatement aussi à l'autre sujet
des PME et des grandes entreprises. Je pourrais faire quelques commentaires
puisqu'on a l'air de s'entendre assez bien là-dessus.
La part des grandes entreprises est de 70% environ; donc, c'est
énorme. Il y a environ 1500 PME québécoises qui exportent
de façon régulière. Il y en a qui exportent de
façon épisodique, une fois de temps en temps, qui commencent, qui
sont tentées de le faire. On pourrait donc multiplier par deux, si on
ajoute ce potentiel, et mettre cela à 3000. Quand on racle les fonds de
tiroirs, qu'on va dans toutes les régions et qu'on regarde tout ce qui
pourrait s'exporter, on monte à 10 000. Mais, essentiellement, c'est 25
firmes qui font le gros du travail.
Alors, le débat n'était peut-être pas clair quand le
député de Nelligan l'a commencé et le député
de Frontenac lui a demandé des précisions. Nous nous entendons
sur le fait que le ministère du Commerce extérieur travaille pour
l'ensemble de l'économie, sauf que l'Aluminium du Canada, comme il a
été dit, a moins besoin de l'aide du ministère du Commerce
extérieur et de l'État, que ce soit celui du Québec ou
d'Ottawa. Exporter des lingots d'aluminium, d'abord, ce n'est pas d'une
complexité extrême, c'est une matière qui est
demandée partout, c'est une matière première.
Deuxièmement, ces compagnies ont des services en permanence à
l'étranger, des vendeurs ou des agents vendeurs, soit leurs cadres ou
des firmes qui travaillent pour elles. Donc, retenons, et l'Opposition nous
donne son appui sur cette question, que la priorité des énergies,
des effectifs, de l'argent sera portée sur la PME déjà
exportatrice ou qui peut le devenir.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Très brièvement, M. le Président.
Il m'est venu à l'esprit l'idée de mentionner que 60% de nos
ventes à l'étranger vont aux États-Unis. Cela me frappe
toujours quand je constate que
beaucoup de nos intérêts économiques à
l'étranger ou à l'extérieur du Québec sont en
fonction de l'axe nord-sud. N'est-il pas intéressant de constater qu'on
pourra coordonner nos stratégies d'intervention en termes de marketing
auprès des États-Unis grâce à ce meilleur instrument
d'intervention que sera le nouveau ministère? On constate, il est
sûr, que le Québec, lorsque les libéraux étaient au
pouvoir en 1976, ne représentait que 16% des exportations totales, alors
que maintenant il représente à peu près 20%, si je
comprends bien.
Donc, depuis 1976, le gouvernement du Québec étouffait,
mais on pense maintenant qu'avec une meilleure coordination, avec une meilleure
connaissance du phénomène de nos ventes à
l'extérieur, la situation peut s'améliorer grâce à
une intervention plus intensive auprès des États-Unis, par
exemple, si c'est bien vrai que 60% ou 65% des ventes sont faites aux
États-Unis. Je considère que le gouvernement du Québec
doit se féliciter d'intervenir, de continuer à intervenir avec
une meilleure coordination et, justement, je pense qu'avec le nouveau
ministère, il sera plus intéressant de le faire.
M. Rivest: L'article 1 est adopté, M. le Président,
sous réserve du commentaire suivant aux propos du député
de Vachon: il y a le facteur dollar également qui a pu jouer. Je
comprends les immenses mérites du gouvernement du Parti
québécois, mais c'est que le dollar et surtout que les
exportations en direction des États-Unis - sans avoir les chiffres et
les données - sont venues précisément des très
grandes entreprises, comme l'industrie des pâtes et papiers en
particulier.
M. Landry: Le député de Jean-Talon se trompe.
M. Rivest: Non?
M. Landry: Parce que c'est en pourcentage du total canadien
exporté. Alors, le dollar à Toronto et le dollar à
Québec, pour l'instant, c'est le même, et le facteur dollar ne
peut pas jouer. Le fait que notre devise se soit dévaluée par
rapport à celle des États-Unis a fait augmenter le volume vers
les États-Unis, mais comme elle se réévaluait par rapport
au reste des monnaies du monde, cela a fait diminuer le volume ailleurs,
théoriquement.
M. Rivest: Mais le volume est tellement plus important aux
États-Unis que cela a certainement aidé.
M. Landry: Oui. Il est sûr que nous concédons que
les pâtes et papiers ont été très certainement
avantagés par la baisse du dollar.
M. Rivest: Alors, l'article 1 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 1 est adopté.
Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. Rivest: Quant à l'article 2, étant donné
que, dans la loi, je le suppose, les arrêtés en conseil ne sont
pas adoptés, il n'y a pas encore eu de nomination, sauf
intérimaire...
M. Landry: Pour l'instant, suivant la
Loi sur l'exécutif, le conseil a nommé M.
Jean Vézina sous-ministre délégué au
Commerce extérieur, comme moi-même je suis ministre
délégué, en attendant.
M. Rivest: Oui. Je vous ai demandé, l'autre jour, en
Chambre, en dehors des débats, si vous aviez déposé les
arrêtés en conseil vous définissant comme ministre
délégué et désignant M. Vézina... Est-ce que
ces arrêtés en conseil ont été
déposés?
M. Landry: Je pense que c'est fait et qu'il y a une obligation de
le faire, mais je vais vérifier auprès des juristes...
M. Rivest: Oh! Un instant! C'est dans la Gazette officielle, de
toute façon.
M. Landry: Dans la Gazette officielle, oui, parce qu'on a
été obligé de le faire.
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Rivest: D'accord, je l'ai. Merci, monsieur.
Deuxièmement, pour qu'on se comprenne bien, j'imagine que le
mémoire du Conseil des ministres... Le ministre ne nous a jamais
répondu à la demande que nous lui avons formulée hier;
nous ne le verrons jamais...
M. Landry: Non, j'ai eu tort de ne pas répondre à
votre demande. Vous pourriez très bien le voir.
M. Rivest: Oui.
M. Landry: C'est un mémoire de deux pages,
extrêmement simple, qui fut accepté d'ailleurs sans discussion,
à toutes fins utiles, au conseil.
M. Rivest: Ah oui! J'aime la précision.
Deuxièmement, le ministre, dans ses nouvelles fonctions, ramassera un
ensemble d'unités administratives, soit du ministère des Affaires
intergouvernementales, soit du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme; il y a
certainement eu un document quelque part qui faisait état des services
ou des unités administratives qui, désormais, en vertu de la loi
que nous étudions, seraient sous la responsabilité du ministre.
Peut-être qu'il serait utile que ce document - pour les fins de
l'étude, ce serait peut-être intéressant...
M. Landry: Oui.
M. Rivest: ... nous parvienne le plus rapidement possible, au
lendemain de l'adoption de la loi, pour que cela soit clairement et
publiquement identifié, si cela n'a pas été
déjà fait.
M. Landry: Je pourrais essayer de vous l'avoir cet
après-midi. En fait, le document auquel vous faites allusion, c'est un
CT, parce que c'est le Conseil du trésor qui se charge de faire
cela.
M. Rivest: Parce que...
M. Landry: L'essentiel est adopté. Le Conseil du
trésor a pratiquement terminé son travail. Si on a le document
ici, on vous le donne dès maintenant; sinon, on le fait quérir et
vous l'aurez.
M. Rivest: Oui. Bon, cela va pour l'article 2.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3...
M. Rivest: Oui, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): ... est adopté. Article
4.
M. Rivest: À l'article 3, étant donné qu'il
soit fait mention du personnel, je suppose aussi qu'au Conseil du
trésor, vous avez dû, compte tenu de la
récupération... Il n'y a pas de nouveaux postes, n'est-ce
pas?
M. Landry: II y a de nouveaux postes.
M. Rivest: Alors, je veux avoir aussi le plan d'effectif qui a
probablement été présenté au Conseil du
trésor et approuvé ou, enfin, en voie d'être
approuvé, je ne sais trop.
M. Landry: Voici. Je peux vous donner - et c'est bon pour le
journal de Débats où les notes se prennent - ceci: nous avons un
effectif autorisé par le Conseil du trésor de 153 personnes. Il y
en a 86 qui viennent de l'Office québécois du commerce
extérieur. Il y en a 37 qui proviennent des autres services du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et du
ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Rivest: Combien de chaque ministère?
M. Landry: Un employé des Affaires intergouvernementales,
36... On s'est bien dit, hier, jusqu'à plus soif, qu'il y en avait 8 aux
Affaires intergouvernementales, à peu près.
M. Rivest: À la coopération économique. Une
quinzaine, vous aviez dit.
M. Landry: Une quinzaine, si on compte le personnel de soutien et
les secrétaires. Alors, c'est entendu que c'est...
M. Rivest: Un.
M. Landry: Oui, et 30 nouveaux postes...
M. Rivest: Ils seront plus nombreux à se marcher sur les
pieds.
M. Landry: ... et j'insiste sur le fait, comme l'a fait le
Conseil du trésor, d'ailleurs, que ces 30 nouveaux postes ne sont pas
des postes véritablement créés de novo. Ce sont des postes
qui sont en réserve ailleurs. En d'autres termes, il n'y a pas de
nouveaux fonctionnaires.
M. Rivest: Et de quelle catégorie sont ces postes? De quel
niveau, j'entends?
M. Landry: Bon. C'est la deuxième partie de votre
question. Ce serait fastidieux si je vous donnais les 153...
M. Rivest: Non, non, en gros.
M. Landry: ... et vous me demandez, en fait...
M. Rivest: ... sur les 30 nouveaux postes.
M. Landry: ... le plan de l'organisation supérieure du
ministère qui n'est pas fait. Il faut attendre que l'Assemblée
nationale ait décidé qu'il y aurait un ministère. Alors,
on a un organigramme provisoire, mais, dans le CT dont je vous ai parlé
et que je vous remettrai, le niveau de ces postes est décrit. Alors,
c'est tant d'administrateurs, tant de...
M. Rivest: II y a un problème que je veux vous signaler.
Cela vient un peu plus loin, on dit que le personnel est administré
conformément à la Loi sur la fonction publique. Étant
donné la spécialisation en matière de commerce
extérieur que devront avoir des fonctionnaires au niveau des
professionnels ou même des cadres... D'autant plus qu'il y aurait
intérêt, je pense, pour du nouveau personnel,
éventuellement, à ce que le gouvernement songe à recruter,
s'il fait un certain recrutement, et probablement qu'il le fera dans le domaine
privé, c'est-à-dire avec des gens qui sont familiers avec les
techniques d'exportation, des choses comme celles-là... (16 heures)
Est-ce que vous avez la certitude que les échelles - étant
donné qu'il y a un caractère très spécialisé
dans le genre de personnel dont vous avez besoin - de la fonction publique,
etc., vont convenir? C'est-à-dire, est-ce que des gens qui font ce
travail dans le secteur privé vont accepter, à des conditions
avantageuses à peu près comparables, de recevoir la
rémunération et les avantages prévus dans le secteur
public, parce que, dans ces catégories d'emplois, souvent, le secteur
privé paie plus?
Je donne l'exemple du problème qui était survenu à
la Régie des rentes du Québec ou plutôt à la Caisse
de dépôt, il y a environ sept ou huit ans, où le
problème des analystes financiers qui étaient là, - il
s'agit là d'une fonction très particulière - la Caisse de
dépôt ne pouvait recruter sur la base des lois et
règlements de la fonction publique des analystes financiers dont elle
avait absolument besoin pour la raison très simple que, dans cette
catégorie d'emplois, le gouvernement, étant donné le
caractère très spécialisé et le niveau de
concurrence sur le marché du travail, les échelles du
gouvernement ne permettaient pas de recruter le personnel dont elle avait
besoin. Est-ce que ce genre de problème vous est parvenu? Est-il trop
tôt pour vous poser la question?
M. Landry: Non.
M. Rivest: Parce que si vous soumettez, évidemment... Je
ne demande pas que vous passiez à côté de la Loi sur la
fonction publique, mais est-ce que vous pensez que... Je suis rendu à
l'article 5, je m'excuse, M. le Président, mais je pose la question tout
de suite.
M. Landry: D'accord, on a réfléchi à la
question. Ma réponse est en deux points.
Premièrement, même si j'en avais le désir le plus
profond - cela aurait du bon sens de le faire, peut-être à cause
de la conjoncture des finances publiques - il n'est pas dans mon intention
d'embaucher du personnel à l'extérieur du gouvernement, sauf en
cas de situation exceptionnelle. Je ne dirai pas que je n'irai pas chercher
à droite et à gauche un grand crack qui s'est illustré
dans le domaine du commerce extérieur. Je crois que l'Opposition ne me
blâmera pas si j'allais accrocher la perle rare ici et là.
Dans l'ensemble, il n'y aura aucun recrutement en dehors de la fonction
publique.
Deuxièmement, concernant le niveau des salaires, j'y
réponds en partie par la première. J'ajoute que, en raison de la
conjoncture, nous nous sommes bien rendu compte qu'il y a un tel niveau de
chômage chez les cadres en Amérique, au Canada et au
Québec, qu'il est préférable d'avoir peut-être un
salaire un peu moins élevé, mais rattaché à un
emploi, que d'avoir, théoriquement, un salaire élevé et
être en chômage. C'est malheureux, mais, en ce sens, la conjoncture
favorise le recrutement d'un excellent personnel à des coûts
acceptables.
M. Lincoln: Est-ce que je pourrais vous poser deux ou trois
questions en ce qui a trait au personnel? Le personnel que vous aviez au
ministère d'État au Développement économique a-t-il
été muté? Est ce qu'il va vers un autre ministère?
Qu'est-ce qui se passe avec...
M. Landry: Le personnel que j'avais au ministère
d'État au Développement économique, qui est
essentiellement le secrétariat du développement
économique, une équipe légère, est toujours le
secrétariat au développement économique, rattaché
à mon collègue, président du Comité
ministériel au développement économique, le ministre des
Finances.
M. Rivest: Le grand gagnant du remaniement... Ah! Ah!
M. Landry: C'est une analyse.
M. Rivest: Vous dites cela avec nostalgie, M. le ministre.
M. Lincoln: Deuxièmement, si...
M. Landry: Gagner de lourdes responsabilités, c'est
très écrasant aussi. J'ai beaucoup d'admiration pour le ministre
des Finances dans toutes ses fonctions, y compris celles dont il vient
d'hériter.
Pour être complet, je dois vous dire que les postes sont
allés chez le ministre des Finances, mais, des fois, les individus sont
restés avec moi; c'est le cas du sous-ministre.
M. Lincoln: Oui, oui, d'accord. Sur les affaires des postes,
d'accord.
Lorsque vous parlez de 36 du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme et un des Affaires intergouvernementales, je suppose
que cela va être le noyau des gens qui seront déjà à
l'extérieur pour ces ministères.
M. Landry: Non, aucun d'entre eux. C'est uniquement l'Office
québécois du commerce extérieur qui a du personnel
à l'extérieur. Donc, c'était indirectement le MIC.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Rivest: M. Biron n'est pas le grand gagnant.
M. Landry: C'est le gouvernement qui est le grand gagnant dans
cette affaire, ainsi que l'efficacité et la coordination de l'action
gouvernementale...
M. Rivest: Par les temps qui courent, il faut bien que le
gouvernement gagne quelque part.
M. Lincoln: Vous avez parlé de...
M. Landry: Oui, ils vont tenter de gagner les élections,
puis...
M. Rivest: Ah! oui. Dieu merci.
M. Lincoln: Une dernière question. Vous aviez
parlé, je crois, dans un de vos discours en Chambre, de lancer
éventuellement d'autres délégations du commerce
extérieur ou bien au sein des délégations existantes ou
des délégations additionnelles. Est-ce que c'est compris dans les
153 personnes ou serait-ce du budget supplémentaire qui aurait à
être voté, ou est-ce dans l'avenir à court terme?
Pouvez-vous nous en parler brièvement?
M. Landry: Ce n'est pas compris dans les 153, mais ce que vous
dites est exact. J'ai l'intention d'élargir la représentation du
Québec à l'étranger, mais pas de la manière
conventionelle qui a été utilisée jusqu'à ce jour.
Je ne peux pas vous donner toutes les précisions parce nos analyses ne
sont pas complètement terminées. Mais il y a possibilité
que le Québec soit représenté à l'étranger
par des contractuels, d'une part, par des gens à temps partiel, d'autre
part. J'illustre ma pensée. Mark-Hot, un fabricant d'appareils de
réfrigération et de chauffage que vous connaissez bien à
Montréal, est présent à Hong Kong. Il accepterait - et ce
sont des consultations que j'ai faites; j'ai vu plusieurs compagnies - le
représentant à Hong Kong accepterait, si le gouvernement du
Québec payait une partie du salaire de son représentant, que ce
représentant consacre une partie de ses énergies à la
promotion des exportations québécoises dans l'ensemble.
Voyez-vous ce que je veux dire?
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Landry: Cela ferait l'affaire de
Mark-Hot et cela ferait l'affaire du gouvernement. Bon, c'est le
deuxième procédé.
M. Rivest: Me permettez-vous une question?
M. Landry: Oui.
M. Rivest: Je pense que c'est une bonne idée, mais comment
allez-vous résoudre le problème des conflits
d'intérêts?
M. Lincoln: C'est ce que je voulais demander.
M. Landry: Dans certains cas, il ne sera pas possible de
résoudre le problème et la formule ne s'appliquera pas dans ce
cas-là. Il faudra qu'on soit sûr que l'individu en question puisse
faire le travail pour sa firme d'origine et faire ses cinq heures par semaine
pour le gouvernement du Québec, sans qu'il y ait une interface
négative, d'une façon ou d'une autre.
M. Rivest: Parce qu'il y a déjà eu, sans mentionner
de nom, un problème survenu en 1968 ou en 1969, avec un
représentant du Québec.
M. Landry: En Italie, je pense.
M. Rivest: Non, je ne dirai pas où, mais à
l'étranger, où cela avait causé, à l'époque
de M. Jean-Jacques Bertrand, un problème sérieux.
M. Landry: Le député de Jean-Talon fait bien de
signaler cette difficulté de la formule. Nous y avions pensé.
Quand on utilisera cette formule, c'est parce qu'on sera sûr que le
terrain sera nettoyé quant aux éventuels conflits
d'intérêts.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que...
M. Lincoln: Oui, cela va.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3 est-il
adopté?
Le Président (M. Desbiens): L'article 4 est-il
adopté?
M. Lincoln: Oui, adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 4 est
adopté.
M. Rivest: Juste une remarque, l'autorité du sous-ministre
est celle du ministre, l'autorité morale, l'autorité non
qualifiée.
M. Landry: M. le Président, nous étudions des
textes de loi. Alors, j'imagine qu'il faut donner à ce mot son extension
juridique et nul autre.
M. Rivest: ... demander qui perd et qui gagne dans cette...
Le Président (M. Desbiens): L'article 4 est adopté.
L'article 5 est-il adopté? Adopté. L'article 6 est-il
adopté? Adopté.
M. Rivest: Oui.
Fonctions et pouvoirs du ministre
Le Président (M. Desbiens): La section II: Fonctions et
pouvoirs du ministre. L'article 7 est-il adopté?
M. Lincoln: Non, l'article 7 n'est pas adopté.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Landry: On arrive au coeur de la loi, en fait.
M. Lincoln: En fait, nos interventions vont vraiment avoir lieu
sur les articles 7, 8 et 9. C'est peut-être la clé de tout. Nous
aurions voulu suggérer un amendement à l'article 7.
Peut-être qu'on pourrait en discuter après qu'on l'aura
déposé.
L'article 7 se lirait normalement comme suit: L'article 7 du projet de
loi est modifié en ajoutant, à la fin du premier alinéa,
après le mot "Québec", les mots: "et dans ses tâches ainsi
que dans l'application de ses politiques, il collabore avec les
ministères et organismes intéressés." Deuxièmement,
en retirant le deuxième alinéa.
M. Landry: Je ne comprends pas la nuance, mais peut-il
l'expliquer?
M. Rivest: L'idée est que...
Le Président (M. Desbiens):
L'amendement n'implique pas de...
M. Rivest: Non, je ne pense pas.
Le Président (M. Desbiens): Cela ne modifie pas de
façon fondamentale l'article 7. Donc, l'amendement est recevable.
M. Rivest: L'article 7 vous donne la responsabilité de
préparer et de proposer des politiques en matière de relations
économiques et commerciales. Et vous, en vertu de la rédaction de
l'article 7, vous le faites, seul théoriquement, seul en vertu de la
lettre même de l'article. Par contre, lorsque vous avez assumé la
responsabilité de voir à l'exécution de ces politiques de
relations économiques, vous le faites avec le concours des
ministères et des organismes. Nous voudrions que, par cet amendement de
mon collègue de Nelligan, vous ayez, chose que probablement en pratique
vous allez faire, une obligation légale de préparer et de
proposer au gouvernement des politiques de relations économiques et
commerciales en collaboration avec les ministères et les organismes.
Cette collaboration, par la rédaction de notre article, serait
également là, au niveau de l'application. Ce qui veut dire que,
finalement, même si on fait disparaître le deuxième
alinéa de l'article, on retrouve la même chose. C'est tout le sens
de l'amendement.
M. Landry: Je vois bien cela. Je vous remercie de l'explication
et je vous dis que nous allons refuser l'amendement et je vais vous expliquer
pourquoi en essayant de vous donner de bonnes raisons. La première va
sans doute vous toucher profondément. Vous avez parlé avec
éloge, hier, de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales, vous avez relaté que vous avez été
mêlé à sa préparation et votre chef a fait de
même. Or, nous avons copié sur cette loi l'article 7,
c'est-à-dire la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales à l'article 10 qui dit: "Le ministre a pour
responsabilité d'élaborer et de proposer au gouvernement une
politique en matière de relations extérieures, et de mettre en
oeuvre la politique adoptée par ce dernier. Il établit et
maintient avec les autres gouvernements et leurs ministères les
relations que le gouvernement du Québec juge opportun d'avoir avec eux.
Il coordonne les activités du gouvernement à l'extérieur
du Québec..."
Vous voyez donc que nous avons copié cette idée que vous
aviez eue et qui me semblait bonne, c'est-à-dire que la
préparation des politiques relève d'un ministère et d'un
ministre. Donc, mon premier argument en est un d'autorité pour vous
rappeler votre passé et ce n'est pas ce que vous avez fait de plus
mal.
M. Rivest: Est-ce que je peux en disposer tout de suite?
M. Landry: Je vais vous donner mon deuxième point et vous
essaierez de faire un sort aux deux. Mon deuxième argument est qu'il ne
m'apparatt pas pratique que, dans l'élaboration même d'une
politique et sa proposition au Conseil des ministres, le ministre ait
l'obligation légale - parce qu'en pratique, cela va revenir pas mal au
même -de se concerter avec tous et chacun des intervenants, pour
l'élaboration de la politique.
Ce n'est pas pratique et cela va à
l'encontre d'une pratique et d'un principe de responsabilité
ministérielle qui veut que, quand un ministre dépose un
mémoire sur la table du Conseil des ministres, il en est responsable et
il en sera loué ou blâmé, mais on saura à qui
distribuer ou l'un ou l'autre.
Deuxièmement, la table du conseil réunit tous les
intervenants qui auront à accepter ou refuser une politique
préparée par le ministre du Commerce extérieur. Donc, la
concertation se fait au niveau ultime autour de la table du conseil et nous
avons, comme le député le sait - nous en avons parlé hier
- un mécanisme supplémentaire qui est celui des comités
ministériels permanents dont celui du développement
économique, qui doit lui-même rendre cohérentes et
approuver toutes les politiques qui relèvent de la coordination
économique. Alors, pour toutes ces raisons, je pense que l'amendement de
l'Opposition, caractéristique d'ailleurs d'un parti de l'Opposition...
Je n'ai aucun mépris pour cet amendement. On peut vous en repasser une
copie si vous avez des problèmes. Vous avez perdu la copie de votre
amendement?
M. Rivest: Non, non, je l'ai, très bien. M. Landry:
Ah! vous l'avez.
M. Rivest: Ce qui me fait sourire, c'est quand vous
décelez par six ans de pouvoir les caractéristiques de
l'Opposition.
M. Landry: Oui, cela s'apprend d'un côté comme de
l'autre. C'est un amendement de type perfectionniste, comme on peut le faire
dans l'Opposition. Mais comme l'Opposition se meut dans le vide quant aux
contraintes de la gestion quotidienne, le gouvernement, lui, ne voit pas les
choses de la même façon. (16 h 15)
M. Rivest: Trois éléments dans la réponse du
ministre. Quant au premier élément selon lequel c'est analogue
à la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales...
Mais ce qui m'inquiète, c'est qu'il s'agit de commerce extérieur
et, évidemment, la notion de commerce extérieur, c'est une notion
précise, import-export, si on peut la définir comme cela et
l'article 1 est extrêmement large, parce qu'on y parle de relations
économiques. Qu'est-ce que cela exclut? Relations commerciales, j'admets
que là, c'est plus près de la définition, enfin, empirique
qu'on peut avoir de la notion de commerce, mais, quand on parle de relations
économiques, que le ministre élabore et propose au gouvernement
des politiques en matière de relations économiques avec
l'extérieur, il y a bien des gens dans le gouvernement qui font
exactement la même chose. Le ministère des Affaires
intergouvernementales va conserver cette responsabilité en vertu de sa
loi. Il y a même des organismes qui vont pouvoir le faire. Je pense, par
exemple, à Hydro-Québec International. Enfin, il y a un paquet
d'éléments possibles avec l'extérieur du Québec. Il
y a même l'idée de tous les rapports à l'intérieur
du marché canadien; par exemple, le ministère de l'Agriculture
peut penser à une politique de relations économiques avec
l'extérieur. Cela, c'est l'argument que je voudrais signaler au ministre
et dans le sens - c'est pour cela qu'on l'a incluse - de la proposition de mon
collègue de Nelligan qui, pensant à cela, dit: Au moins, le
ministre, en lui faisant l'obligation, va devoir se poser la question, à
savoir si, au sujet de ce qu'il projette de faire avec ses collaborateurs,
effectivement, on ne devrait pas aller en consultation. Parce que, s'il ne le
fait pas, peut-être que le ministre va en oublier en cours de route.
Immédiatement, vous pouvez être sûr que, dans le circuit,
avant d'arriver au Conseil des ministres, il y a quelqu'un quelque part qui va
se réveiller et qui va appeler le ministre. C'est l'argument,
étant donné la rédaction elle-même qui
m'apparaît beaucoup plus large que la notion particulière du
commerce extérieur.
Deuxièmement, quand le ministre me dit que ce n'est pas
opérationnel, il m'étonne un peu parce qu'il s'agit de proposer
des politiques, donc des éléments de programme. Or,
lui-même, à l'alinéa 6 de son article 8, quand il s'agit
d'organiser les programmes de coopération économique dans les
secteurs où les échanges... et gérer, si vous voulez, il
le fait, à ce moment, en collaboration avec les ministères et les
entreprises concernés. Donc, c'est de la conception aussi, organiser des
programmes. À ce moment, il se fait une obligation et cela ne semble pas
nuire au caractère opérationnel de la chose.
Troisième argument du ministre, ce qu'il invoque finalement,
hé bien! au Conseil des ministres, tout cela est approuvé, avec
le tamisage du comité des affaires économiques; fort bien. Mais
l'expérience, je pense que le ministre l'a lui-même vécue
comme ministre du Développement économique. D'ailleurs, dans le
document que mon collègue rendait public, dans votre note interne qui a
été rendue publique par le Journal de Québec, vous
mentionnez une chose qui était...
M. Landry: Cela montrait que le gouvernement travaillait
sérieusement.
M. Rivest: ... vous mentionnez un élément; c'est
que, très souvent, les ministères sectoriels... Le ministre
lui-même se définissant dans sa partie verticale comme
étant sectoriel va peut-être être tenté de
télescoper certaines instances de coordination que tous les Conseils des
ministres d'une
manière ou d'une autre ont réussi à se donner avant
d'arriver.
Je pense que le ministre admettra, étant donné que
l'amendement que mon collègue de Nelligan propose n'est pas lourd, n'est
pas un amendement qui crée des contraintes juridiques absolument
exorbitantes et compte tenu de la nouveauté de l'institution que ce
projet de loi crée, compte tenu des tensions absolument
inévitables, des difficutés inévitables des
définitions de juridiction et de l'importance vitale - et je sais que le
ministre en est conscient parce qu'il l'a mentionné - de la
nécessité de collaborer très étroitement avec les
différentes instances du gouvernement, je ne vois pas, pour ces trois
raisons, en tout cas, sur les trois éléments que j'ai
soulignés... La première raison est le caractère
très général de la définition des programmes des
relations économiques avec l'extérieur où beaucoup de gens
doivent être impliqués. Deuxième raison
opérationnelle, il se fait l'obligation de collaborer à l'article
6 et, troisième raison, sur la concertation et l'absence complète
de contraintes fortes. Je me demande si ce ne serait pas une bonne idée
si le ministre acceptait cet amendement pour permettre à l'institution
du ministère du Commerce extérieur de bien s'implanter et de bien
prendre sa place, sans créer toutes sortes de suspicions que les
différents services gouvernementaux pourraient avoir face à cette
nouvelle institution.
J'ajoute un argument: Au moment précis où la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales a été
créée, peut-être parce qu'on a fait cette rédaction
un peu rapidement, effectivement, cela a créé beaucoup de
problèmes, entre autres avec les universités, avec
Hydro-Québec. Il a dû y avoir, par la suite, toutes sortes de
bagarres, parce que les universités ne voulaient pas passer par le
ministère des Affaires intergouvernementales, etc. Effectivement, si,
dans l'élaboration des politiques, on avait fait cette obligation de
collaborer avec les instances concernées, peut-être qu'on se
serait évité beaucoup de problèmes.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Très brièvement. Appuyant les propos de
mon collègue, je considère que c'est vraiment à cause de
la rédaction de l'article 10 que nous avons suggéré
l'amendement. Le ministre a fait le point qu'on devait cadrer l'article 7 avec
l'article 10 des Affaires intergouvernementales. Quant à nous, c'est
tout le contraire de la situation qui nous a paru important. L'article 10
retient toutes ses prérogatives. Dans le cas de l'article 10 existant,
nous avons voulu faire cadrer l'article 7 afin que, justement, à la base
même de la prospection, à la base même de la proposition des
politiques gouvernementales dans le secteur des relations économiques et
commerciales, il y ait une collaboration plutôt qu'à la fin de la
chose, lors de l'application. C'est un peu mettre la charrue devant les boeufs.
En fait, ce qui nous a le plus convaincus de la chose, c'est que, dans
l'article 8... Justement, moi, j'aurais pu citer encore l'alinéa 5 de
l'article 8 qui dit: "coordonner, dans le cadre de la politique
extérieure du Québec, les activités économiques et
commerciales des ministères et des entreprises publiques à
l'extérieur du Québec". Ceci veut dire que, si on coordonne, il
faut qu'il y ait une collaboration. Coordonner indique cela. L'alinéa 6
l'indique, encore une fois.
Nous avons pensé que, si on ne mettait pas une insistance sur la
collaboration lors de la naissance même des projets, c'est tout le
conflit dont on a discuté qui va surgir à cause des articles 10,
11, 14, etc., de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales. C'est le point qu'on avait apporté.
M. Landry: Je comprends parfaitement votre point... Je m'excuse,
M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Landry: Je comprends parfaitement l'idée que vous avez,
sauf qu'elle me paraît, je le réitère, théorique. Ce
qui me fait peur là-dedans, ce qui me pousse à refuser votre
amendement, c'est que j'ai peur d'être pris dans un processus
itératif. Quand je dis "j'ai", je veux dire moi et mes...
M. Rivest: Comment?
M. Landry: Je vais vous expliquer ce que c'est, M. le
député de Jean-Talon. Vous qui êtes érudit, vous
m'étonnez vraiment quand vous me demandez...
M. Rivest: Vous parlez aussi bien que le ministre des Affaires
culturelles.
M. Landry: ... la signification d'un mot aussi simple que le mot
"itératif".
M. Rivest: C'est l'idée d'itinéraire, de
circuit...
M. Landry: Pour ceux qui... Exactement. On fait l'administration
publique comme vous l'avez faite au niveau supérieur. Vous savez
très bien que, lorsqu'on est obligé de se promener de Caïphe
à Pilate - pour prendre une expression qu'on emploie à
Saint-Jacques-de-Montcalm, dans mon village - on n'avance pas vite.
Si vous me demandez d'élaborer la politique et de la proposer au
gouvernement,
mais après avoir fait tout le tour des machines jusqu'à
Hydro-Québec International, le bureau des transports, ce n'est pas
limitatif, votre amendement.
M. Rivest: Non, non.
M. Landry: II collabore avec les ministères et organismes
intéressés. Alors, cela veut dire qu'il faudrait aller, pour
prendre encore un mot plus simple que "itératif", consulter Pierre,
Jean, Jacques, et on perdrait un temps fou. La politique ne se
préparerait pas. Votre garantie de cohérence, vous l'avez dans
les mots suivants "élabore et propose, au gouvernement". Le
gouvernement, en ce qui me concerne, dans le cheminement de mes projets et de
mes politiques, c'est le comité ministériel de
développement économique où se retrouvent le ministre de
tutelle d'Hydro-Québec, donc d'Hydro-Québec International, le
ministre de tutelle de SIDBEC, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, le ministre de tutelle de SOQUIA, soit le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Tous mes collègues
intéressés font partie du processus de tamisage de la
décision et du processus de cohérence. Quand cette
barrière théorique - ce n'est pas forcément une
barrière, c'est un endroit où les projets se bonifient - sera
traversée, il faudra aller mettre cela sur la table du Conseil des
ministres où tous les ministres, y compris celui des Affaires
culturelles, qui, souvent, n'aura rien à voir là-dedans, auront
à se prononcer.
Alors, je pense qu'il serait imprudent d'aller mettre dans une loi que
le maître d'oeuvre de la politique économique du gouvernement en
matière internationale -parce que vous avez bien vu dans le texte qu'il
ne s'agit pas seulement du commerce extérieur, c'est plus large - que
celui qui est ou sera responsable de cela, ait à faire un
pèlerinage et - je le réitère - des itérations qui
feraient perdre du temps à tout le monde, qui dilueraient les politiques
avec les nombreux compromis qui devraient être faits pour plaire à
celui-ci ou à celui-là et qui, en fin de compte, feraient qu'il
n'y aurait plus de responsable.
Même pour l'Opposition, c'est commode d'avoir un responsable pour
savoir qui a commis ceci ou cela pour - ce que vous faites en
général - l'engueuler vertement ou le louer - ce que vous faites
plus rarement. Mais, il faut savoir qui.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval. Est-ce que c'est sur le même point?
M. Gauthier: Ce ne sera pas très long. C'est simplement
pour dire au député de Nelligan que lui qui fait de nombreuses
affaires sait certainement que, dans le domaine du commerce international en
particulier, le succès d'une aventure commerciale réside souvent
dans la possibilité de se tourner relativement vite dans des situations
qui se présentent. Également, un certain dégraissage de
l'appareil administratif fait que le preneur de décisions est beaucoup
plus efficace, beaucoup plus effectif. Dans cette perspective, la loi no 89...
Y aurait-il moyen, s'il vous plaît, M...
M. Rivest: Excusez-moi. Je pense que le ministre a employé
un mot qui n'est pas du tout français.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Roberval.
M. Grégoire: Le Petit Robert, à la page 1037.
M. Rivest: Je ne connais qu'un Robert et c'est le grand.
M. Landry: Vous parlez du magicien, bien entendu.
M. Rivest: Le père de la Baie-James.
M. Grégoire: 1037, dans le dictionnaire Robert.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Roberval, vous avez la parole.
M. Grégoire: C'est l'édition de 1979.
M. Rivest: Non, il y a "itéractif" qui est
français, "itératif" n'est pas français; cela n'existe
pas.
M. Grégoire: Juste le mot après.
M. Landry: Le député de Jean-Talon n'est pas pour
repasser le dictionnaire, on lui prête le dictionnaire; la page est
ouverte au bon mot.
M. Rivest: M. le Président, cette scène est tout
à fait disgracieuse pour le député de Roberval qui avait
la parole.
Le Président (M. Desbiens): Je suis heureux que vous le
reconnaissiez. M. le député de Roberval, vous avez la parole.
M. Grégoire: C'est tout de même bon de faire
remarquer que c'est dans le dictionnaire.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît! À
l'ordre!
M. Grégoire: Si le député de Jean-Talon ne
connaissait pas le mot...
M. Landry: Pour une fois qu'il ne connaissait pas un mot!
M. Grégoire: "Itération", après
"itératif". Cela vient du latin.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: M. le Président. Dès que les
députés de l'Opposition auront terminé leur consultation,
il me fera plaisir de finir mon intervention. Effectivement, on disait que
cette loi avait pour but de créer un ministère qui soit souple,
qui soit efficace, qui puisse prendre un certain nombre de décisions,
qui soit à la dimension même - au diapason, devrais-je dire - de
la tâche qu'il a à accomplir, c'est-à-dire qui soit capable
de centraliser d'une certaine façon la pensée et l'action au
même endroit.
À cet égard, je pense que le ministre responsable, qui
présente la loi, a expliqué très bien que des enfarges
inutiles ne doivent pas se retrouver dans la loi, puisque, effectivement, par
son mandat même, il doit être efficace, il doit être rapide
dans la plupart de ses actions. Voilà pourquoi je pense que l'amendement
de l'Opposition n'est peut-être pas désirable au moment où
on se parle. La loi encadre suffisamment le mandat du ministre et je pense bien
qu'il est inutile d'ajouter ou de complexifier les mécanismes de
consultation. De toute manière, au besoin, connaissant l'esprit de
coopération qui anime le ministre responsable, il saura faire les
consultations en temps et lieu. Et surtout, comme il vous le disait
lui-même tout à l'heure, quand on parle de proposer au
gouvernement des politiques de développement, je pense bien que cela
inclut toute cette concertation, cette mise en commun avec les organismes et
ministères du gouvernement.
Pourquoi être redondant, M. le Président et ajouter ce qui
pourrait sembler être, dans cette situation, des enfarges inutiles? Je
crois bien qu'on ne doit pas retenir cet amendement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan. (16 h 30)
M. Lincoln: Très brièvement. Le ministre a dit
qu'un des arguments qu'il avait contre l'amendement, c'était d'avoir, au
début même d'un processus d'une politique en relation
économique et commerciale, à les discuter avec toutes sortes
d'agents économiques. Il a même parlé d'Hydro
International. Tout ce qu'on lui demande c'est de discuter avec les mêmes
agents économiques que ceux avec lesquels il discutera les applications
des politiques. Il est évident qu'on ne parle là que de ces
agents économiques qui sont concernés par la matière en
question. Ce ne pourrait être qu'un seul ministre, quoi. Seulement, notre
point de vue, c'était qu'il serait bon de causer avec le ministre avant
d'établir la politique plutôt que, plus tard, faire une
application contre laquelle ce ministre s'élèverait parce qu'il a
peut-être, dans le cas qu'on voit ici, un pouvoir de rejet de cette
application en cette matière. C'était vraiment le point.
M. Landry: Je pense que ce que vous avez en tête est
couvert en pratique. D'abord, j'ai l'obligation légale de discuter avec
mes collègues de toutes les politiques, puisque je dois les proposer au
gouvernement qui les approuve ou les rejette. Mais, il y a une
différence essentielle entre collaborer pour l'application et collaborer
pour l'établissement. Cette différence réside dans le fait
que, lorsque la politique est promulguée, c'est un ordre du gouvernement
à ses agences et à ses ministères. Alors là, il
s'agit simplement de collaborer pour que l'ordre du gouvernement soit le mieux
exécuté possible par tous ceux qui participent à
l'exécution, comme l'article le dit bien clairement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: C'est pour souligner que c'est une redondance que
d'ajouter au texte les choses qui sont déjà incluses. Je pense
qu'on a le souci, et l'Opposition également, d'avoir le texte de loi le
plus clair et le plus simple possible. Ce n'est qu'ajouter à ce qui est
déjà indiqué, quand c'est inscrit: "propose au
gouvernement des politiques". Alors, c'est inutile, je pense.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Rivest: Le vote, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Un vote enregistré?
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Alors, j'appelle le vote sur
l'amendement. M. Beaumier, M. Fortier, M. Ciaccia (Mont-Royal)...
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Gauthier (Roberval)...
M. Gauthier: Je suis contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Payne (Vachon).
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Landry
(Laval-des-Rapides).
M. Landry: Je suis contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Grégoire
(Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Lincoln (Nelligan).
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Paré. M. LeMay
(Gaspé).
M. LeMay: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Rivest
(Jean-Talon).
M. Rivest: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Alors, l'amendement est
rejeté par cinq voix contre trois.
M. Rivest: Je regrette, évidemment, la décision du
ministre. Je pensais que l'amendement du député de Nelligan
était certainement de nature à favoriser le travail du ministre.
Mais enfin, on ne reviendra pas là-dessus.
M. Landry: Je ne pense pas que c'était un amendement qui
n'avait pas de bon sens. C'est un argument qui avait un sens...
M. Rivest: Le ministre des Affaires intergouvernementales...
M. Landry: Nous croyons en avoir un meilleur dans notre texte
original, c'est tout.
M. Rivest: Le ministre des Affaires intergouvernementales,
lorsqu'on propose ce genre d'amendement, il le refuse et dit que c'est un
amendement superfétatoire. Les dictionnaires sont à votre
disposition.
Le Président (M. Desbiens): On ne veut pas revenir sur la
discussion. L'amendement a été rejeté. Est-ce que
l'article 7 est adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président. Je voudrais proposer que
l'on amende l'article 7 de la façon suivante: Que l'on supprime,
à la deuxième ligne du premier alinéa de l'article 7, les
mots "de relations économiques et". Le premier alinéa devrait se
lire, selon mon amendement: "Le ministre élabore et propose au
gouvernement des politiques commerciales avec l'extérieur du
Québec de façon à promouvoir le développement et
l'économie du Québec."
Le Président (M. Desbiens): Au fait...
M. Rivest: "... des politiques en matière
commerciale..."
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous pouvez me
transmettre votre texte, s'il vous plaît?
M. Rivest: II n'est pas écrit, M. le Président,
c'est une inspiration géniale qui m'est venue à l'esprit.
Le Président (M. Desbiens): Alors, si vous voulez coucher
votre inspiration sur un morceau de papier.
M. Landry: Celle-là est nettement de moindre
qualité que celle de l'amendement précédent.
M. Rivest: Je pense, M. le Président, qu'on peut convenir
qu'elle est recevable. Je ne veux pas éterniser le débat
là-dessus.
M. Grégoire: Est-ce qu'on pourrait la lire, au moins?
M. Landry: Je ne suis pas absolument sûr qu'elle soit
recevable parce que...
M. Rivest: Oui, c'est recevable.
Le Président (M. Desbiens): Vous doutez de la
recevabilité, M. le ministre?
M. Landry: Oui.
M. Grégoire: Oui, mais qu'est-ce qui...
Le Président (M. Desbiens): Alors, il faudrait avoir le
texte.
M. Landry: Je vais vous dire pourquoi ce n'est pas recevable,
à mon avis. C'est parce que ça contredit carrément tout le
reste de la loi du ministère. Cela modifie radicalement toute l'affaire.
Là, on en fait une agence de promotion commerciale alors que ce que le
gouvernement a proposé à l'Assemblée nationale, dans cette
Loi sur le ministère du Commerce extérieur, c'est vraiment un
ministère chargé de toutes les relations économiques avec
l'étranger, qu'il
s'agisse des investissements étrangers, qu'il s'agisse de la
coopération internationale, des accords industriels. Voyez dans les
articles suivants, M. le Président, vous allez vous rendre compte par
vous-même que ce que propose le député de Jean-Talon nie
vraiment l'essence même du projet de loi.
M. Rivests Sur la recevabilité, M. le Président.
M. Landry: Je suis sur la recevabilité.
M. Rivest: Ah, excusez. Vous n'avez pas terminé?
M. Landry: Je dis que votre amendement n'est pas recevable parce
qu'il nie tout le reste de la loi.
M. Rivest: Oui, ce n'est pas vous qui en décidez, c'est le
président. J'ai le droit de dire pourquoi il est recevable.
M. Landry: Ah, bien sûr!
M. Rivest: Là-dessus, je voudrais simplement dire, M. le
Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, sur la recevabilité.
M. Rivest: ... que nous avons adopté l'article 1 qui se
lit comme suit: "Le ministre du Commerce extérieur est chargé de
diriger le ministère du Commerce extérieur." Or, je vous dis bien
respectueusement, M. le Président, que mon amendement a
précisément pour objet de restreindre la responsabilité du
ministre à des matières commerciales. Le ministre du Commerce
extérieur: matières, commerce extérieur. Je limite cela au
niveau des matières commerciales. Je pense que cet argument est tout
à fait pertinent, d'autant plus que, lorsque nous arriverons à
l'article 19, nous créerons précisément, comme l'a
indiqué le ministre antérieurement, le ministère du
Commerce extérieur.
Ce faisant, sur la recevabilité encore -non, ce serait
peut-être après, mais je peux le passer tout de suite - si on
prend à la lettre le pourquoi on enlève cela sur la
recevabilité, c'est pour vous montrer que cela ne contredit pas le
principe du projet de loi - d'ailleurs, c'est le titre du projet de loi - c'est
que, s'il fallait qu'on lise l'article 7, tel qu'il est rédigé,
il y aurait, quelque part dans le gouvernement, un ministre qui
élaborerait et proposerait des relations économiques avec
l'extérieur.
Or, je vous dis bien respectueusement que le président du
comité ministériel des affaires économiques, le ministre
des Finances, a cette responsabilité, que, dans la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, le ministre
concerné se voit maintenir, puisque la loi n'est pas modifiée il
a cette responsabilité que son service demeurera là. Alors, sur
la recevabilité elle-même de l'amendement que l'on propose, on ne
fait que restreindre la responsabilité générale du
ministre à une dimension très précise, qui est une
dimension limitée à l'idée du commerce extérieur.
Le ministre lui-même - pour ajouter un argument additionnel - a dit que
la décision du gouvernement de proposer un tel ministère,
c'était justement de manifester la priorité ou le
caractère obsessionnel du gouvernement non pas sur la définition
ou la proposition de politique économique en général, mais
bien de mettre le "focus" sur le commerce extérieur. Alors, en proposant
cet amendement, je ne pense pas qu'il y ait, dans toute l'histoire du
parlementarisme contemporain, un amendement qui soit plus recevable que celui
que je viens de vous présenter modestement.
M. Landry: Ah! ah! Le mot tardait, mais il s'imposait.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y en a d'autres
qui veulent intervenir immédiatement sur la question de la
recevabilité?
M. Payne: Oui. Est-ce que vous pouvez lire l'amendement?
Le Président (M. Desbiens): J'ai envoyé photocopier
le texte de l'amendement. Bon. Je vais donc vous lire l'article 7, selon
l'amendement.
M. Rivest: II n'y a pas de drame...
Le Président (M. Desbiens): La motion prévue dans
le projet de loi est la suivante: "Article 7. Le ministre élabore et
propose au gouvernement des politiques en matière de relations
économiques et commerciales avec l'extérieur du Québec, de
façon à promouvoir le développement de l'économie
du Québec." Le nouvel article, tel que nous le propose l'amendement,
enlèverait les mots: "En matière...
M. Lincoln: ... de relations économiques.
Le Président (M. Desbiens): ... de relations
économiques...
M. Lincoln: On ajouterait un "s" au mot "matière".
Le Président (M. Desbiens): D'accord, cela va. Il se
lirait donc ainsi: "Le ministre élabore et propose au gouvernement des
politiques en matières - avec un "s", au
pluriel - et commerciales...
M. Lincoln: ... en matières commerciales...
Le Président (M. Desbiens): ... en matières
commerciales avec l'extérieur du
Québec, de façon à promouvoir le
développement de l'économie du Québec."
M. Rivest: C'est cela.
Le Président (M. Desbiens): Alors, sur la
recevabilité, M. le député de Vachon?
M. Payne: II m'apparaît que cela irait à l'encontre
des principes adoptés dès le début, pour les raisons
déjà invoquées.
Le Président (M. Desbiens): Oui, alors, sur la
recevabilité...
M. Rivest: M. le Président, un dernier argument sur la
recevabilité, le député de Vachon, qui est très
sibyllin dans son argumentation, a justement fait le reproche tantôt
à l'Opposition...
M. Payne: Je suis fatigué d'entendre des arguments
farfelus.
M. Rivest: II a justement dit que l'Opposition avait l'air
d'être contre le commerce extérieur.
M. Payne: Les députés de l'Opposition ne sont pas
sérieux.
M. Rivest: Nous manifestons notre intérêt en disant
qu'on est vraiment pour le commerce extérieur.
M. Payne: Les députés de l'Opposition deviendront
peut-être sérieux.
M. Rivest: Avez-vous des acheteurs?
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autre
intervention sur la recevabilité, l'article... M. le ministre.
M. Landry: M. le Président, je ferais peut-être une
allusion à ce que sont les notes explicatives d'un projet de loi. Vous
savez qu'elles sont régies par certaines règles...
Une voix: ...
M. Landry: Oui. On ne peut pas, à l'occasion des notes
explicatives, sortir du texte, premièrement, faire des commentaires,
etc. C'est pour informer l'Assemblée de l'objet du projet de loi. Comme
le disent les notes explicatives, ce projet de loi a pour objet la constitution
et l'organisation du ministère du Commerce extérieur. Elles
prévoient notamment que le ministre du Commerce extérieur aura le
mandat d'élaborer et de proposer au gouvernement des politiques en
matière de relations économiques et commerciales. Comme les notes
explicatives reprennent l'essence même d'un projet de loi, c'est l'esprit
des notes explicatives, en allant retrancher l'aspect des relations
économiques internationales, vous vous attaquez au coeur même du
projet; et cet amendement, sous des dehors modestes, parce qu'il ne comporte
que le fait de retrancher des mots, torpille pratiquement le projet; il ne peut
donc pas être reçu.
M. Rivest: M. le Président, sur ce dernier argument du
ministre, nulle part, dans toutes les règles du parlementarisme
contemporain, il n'est dit ou même sous-entendu que les notes
explicatives aient quelque valeur indicative particulière au sens de
l'interprétation du règlement. Je crois que cet argument du
ministre, qui est un effort louable sur le plan de l'argumentation, ne pourrait
en aucune façon disposer du titre de la loi. À ce
moment-là, si ce que le ministre dit était vrai, à mon
avis, on aurait dû dire, à l'article 1: Le ministre du Commerce
extérieur est chargé de diriger le ministère du Commerce
extérieur et des affaires économiques, le titre aurait dû
prendre cette évocation et faire la même
référence.
M. Payne: Sur une question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: Non. Sur une question de règlement,
parce que...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac, sur une question de règlement.
M. Grégoire: Oui, le député de Jean-Talon
vient de faire une erreur grave, lorsqu'il dit que les systèmes
parlementaires n'acceptent pas que les notes explicatives aient une valeur
quelconque dans la présentation d'un projet de loi. Je lui rappellerai
qu'en 1937, au Parlement de Londres, et on va présenter des
précédents, un projet de loi avait été
présenté - je me rappelle fort bien l'année, je ne me
rappelle pas le jour, par exemple - qui contenait des notes explicatives
extrêmement longues. Le ministre avait voulu sortir du texte des notes
explicatives et résumer la présentation du projet de loi. Or, il
s'est adonné, une fois le projet déposé, qu'il y a eu
contradiction entre les notes explicatives présentées par le
ministre, qui étaient un résumé improvisé, et le
projet de loi lui-même. Le ministre a été obligé de
retirer son projet de loi, parce qu'il avait été voté en
première lecture, sous avait-on dit, à ce moment-là -
des
représentations erronées, non pas fausses, mais
erronées. Voilà donc un précédent.
La même chose s'était reproduite en 1891. J'ai vu cela se
produire à la Chambre des communes à Ottawa, et je peux rapporter
le précédent au député de Jean-Talon. L'affirmation
faite par le député de Jean-Talon est loin d'avoir des fondements
de procédure parlementaire.
M. Rivest: Est-ce que je peux poser des questions? Est-ce
que...
M. Grégoire: L'affirmation du député de
Jean-Talon est loin d'avoir des fondements de procédure
parlementaire.
M. Rivest: M. le Président, l'argument du
député de Frontenac me paraît intéressant. Est-ce
que, d'une part, le député de Frontenac pourrait donner la
référence au journal des Débats, de la Chambre des
communes en 1891?
M. Grégoire: Je dois vous dire cela de mémoire,
parce que je ne me rappelle pas...
M. Rivest: De mémoire, moi, également, je me
rappelle très bien d'arguments tout à fait contraires et
développés au Parlement de l'Inde...
Le Président (M. Desbiens): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rivest: Quelques semaines après l'indépendance,
je ne me rappelle pas trop...
M. Grégoire: Sous toutes réserves. Les deux textes
que je voulais faire valoir, je ne peux pas les produire.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Je crois que je suis en mesure de statuer. Il est bien entendu qu'une
commission parlementaire ne peut pas modifier l'ordre qui lui avait
été donné par l'Assemblée nationale
d'étudier, comme dans le cas présent, un projet de loi, article
par article, après la deuxième lecture, et que la deuxième
lecture à l'Assemblée nationale porte elle-même sur les
principes fondamentaux de la loi. C'est ce qui fait expressément l'objet
de la deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Dans ces
termes, selon l'article 70, un amendement est irrecevable si son effet est
d'écarter la question principale sur laquelle elle a été
proposée. Comme il m'apparaît que le projet de loi, tel qu'il a
été discuté à l'Assemblée nationale, porte
sur le commerce et les relations économiques, je déclare
l'amendement irrecevable. (16 h 45)
L'article 7 est-il adopté?
M. Grégoire: Adopté.
M. Rivest: J'ai mon voyage. M. le Président, très
respectueux de votre décision...
M. Landry: Le député de Jean-Talon est plus
efficace quand il a le temps de réfléchir à ses
amendements et qu'il les présente par écrit.
M. Rivest: D'accord. On fera, à ce moment-là, pour
respecter votre principe - je l'annonce immédiatement - un amendement
à l'article 19, où nous essaierons de répondre à
votre sentiment sur le principe et nous le dirons au ministre du Commerce
extérieur et des affaires économiques. J'espère que cet
amendement sera recevable.
M. Landry: Quel mot avez-vous employé?
M. Rivest: Des affaires économiques. M. Lincoln:
Relations économiques. M. Landry: Relations économiques.
M. Rivest: On va mettre tout le paquet.
Le Président (M. Desbiens): L'article 7 est-il
adopté?
M. Rivest: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 7 est adopté
sur division.
L'article 8 est-il adopté? M. le député de
Nelligan.
M. Rivest: II y a un peu d'enthousiasme dans cette question.
M. le Président, j'ai seulement une remarque avant de
passer...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: II y a toutes sortes de choses dans l'article 8. Je
n'ai pas saisi la logique ou l'articulation juridique des différents
éléments. Il y a toutes sortes de fonctions qui sont
données. C'est un peu hétéroclite finalement, de
très inégale importance. Je sais que cela a été
difficile de rédiger cela. Le ministre a-t-il des commentaires
généraux à faire sur l'article 8?
M. Landry: La rédaction n'a pas été
difficile et, contrairement à ce que prétend le
député de Jean-Talon, il y a une articulation très
cohérente et très logique. J'avais préparé un
document ayant prévu son
objection. Le voila! Je vais lui dire comment on a
procédé. D'abord, dans notre discussion, à plusieurs
reprises, il vous a été dit que nous regroupions certaines
fonctions qui se retrouvaient déjà dans l'appareil administratif,
mais qui, pour diverses raisons, ne pouvaient pas être dirigées en
exclusivité par un ministre, comme cela sera le cas maintenant, ou
étaient rattachées à des ministères dont la
vocation principale était autre que celle du commerce extérieur
et des relations économiques. Alors, la première ligne
directrice, pour que le député comprenne comment nous avons
rédigé cet article, c'est le transfert, d'un ministère X
au ministère du Commerce extérieur, d'un certain nombre de
fonctions.
Je vais maintenant lui dire lesquelles, point par point.
Une voix: Est-ce le document dont on...
M. Landry: Non, c'est une copie de la loi que j'ai fait annoter.
Alors, premier alinéa: ces fonctions étaient avant au
ministère des Affaires intergouvernementales, au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et dans certains ministères
sectoriels; deuxième alinéa: ces fonctions étaient avant
au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme par la SDI et
l'Office québécois du commerce extérieur; troisième
alinéa: ces fonctions étaient auparavant dévolues à
l'Office québécois du commerce extérieur; quatrième
alinéa: ces fonctions étaient diffuses dans l'ensemble de
l'appareil gouvernemental; cinquième alinéa: ces fonctions
étaient dévolues au ministère des Affaires
intergouvernementales; sixième alinéa: ces fonctions
étaient dévolues au ministre d'État au
Développement économique et au ministère des Affaires
intergouvernementales; septième alinéa: MIC, partie du
ministère des Affaires intergouvernementales. Donc, premier point,
cohérence des regroupements; deuxième point, les fonctions qui
n'étaient assumées pratiquement par personne ont
été surtout regroupées dans le septième
alinéa. Vous voyez naître là une cellule d'analyses, de
réflexions et de stratégies et "stratégies" est le mot
important. Je vous ai dit que l'Office québécois du commerce
extérieur faisait du bon travail dans ses missions, ses programmes APEX,
ses foires, etc., mais que ses agents vivaient dans la frustration de ne pas
connaître la stratégie globale du gouvernement et la
stratégie globale du commerce extérieur. Cela, c'est une addition
nette. C'est de cette façon que nous avons procédé pour
rédiger l'article.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je remercie le ministre de ses explications, sauf que
je trouve, comme première remarque, qu'effectivement, au fil des
paragraphes, le ministère des Affaires intergouvernementales y perd. Une
des questions que je me pose en ce qui concerne les Affaires
intergouvernementales - mes collègues pourront parler pour les autres
ministères - est celle-ci: Comment se fait-il que le projet de loi
n'amende d'aucune façon la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales et que le ministre vient de nous indiquer qu'on
enlève, au fil des paragraphes de l'article 8, des
responsabilités aux Affaires intergouvernementales, si la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales fait encore l'obligation,
puisqu'elle n'est pas changée, de faire... Comment résoudre ce
problème? Elle fait encore l'obligation au ministre de s'occuper des
choses... Par contre, le ministre nous dit que c'est maintenant sa
responsabilité, d'autant plus qu'à l'article 10 - on dit que tout
cela est la réalité, ce que le ministre vient de nous exprimer -
on dit que les fonctions et les pouvoirs que le ministre des Affaires
intergouvernementales acquiert, que les nouvelles fonctions qu'il enlève
aux Affaires intergouvernementales, tout cela s'exerce conformément
à la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales.
Cela m'apparaît être une espèce de précaution dont
j'ignore la raison déterminante. Enfin, "trop fort ne casse pas", comme
disait un ancien premier ministre, et c'est probablement cela. Mais c'est assez
illogique. Cela, c'est la partie des Affaires intergouvernementales.
Deuxièmement, on enlève carrément -je m'excuse,
mais c'est l'intervention de mon collègue, qui pourra parler
là-dessus - des responsabilités quand même assez bien
définies, quand on parle de l'Office du commerce extérieur et
tout cela, au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et,
assez curieusement - M. le Président, je vois votre étonnement -
sans modifier de quelque manière que ce soit la Loi sur le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Je pose vraiment
une question de sens commun: N'y a-t-il pas danger - danger, dans ce cas, est
vraiment un euphémisme - que, quelque part, dans l'appareillage
gouvernemental, il y ait des personnes qui fassent les mêmes choses,
puisque leur loi constitutive, y compris la loi que nous étudions
présentement, va faire l'obligation à plusieurs ministres et
à plusieurs ministères de faire les mêmes choses?
M. Landry: Le député est au coeur du
problème et ses questions ne sont pas théoriques. Ses questions
ne sont tellement pas théoriques qu'il est possible que
l'Assemblée soit saisie de changements à
d'autres lois, dont celle sur le ministère des Affaires
intergouvernementales et, éventuellement, celle sur le ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Donc, l'objection est une objection
de bon sens, comme dit le député; il a raison. Pourquoi est-ce
qu'on n'a pas proposé ce train d'amendements simultanément? Pour
une autre raison de bon sens. La plupart de ces tâches sont quand
même des tâches de coopération et de collaboration, je l'ai
dit et je vais prendre un exemple concret. La loi me donnera la mission de
promouvoir les investissements à l'étranger, mais tout le monde a
la mission de promouvoir les investissements à l'étranger, y
compris le député de Jean-Talon, qui est dans l'Opposition. S'il
va dans une délégation de parlementaires aux États-Unis et
qu'il a la chance de vanter le Québec, de vanter les bas coûts
d'électricité et des tarifs qu'on a faits à Reynolds,
est-ce qu'il va s'en priver? Non.
M. Rivest: Non, d'autant plus que je n'ai pas le programme du
Parti québécois pour me mettre des bâtons dans les
roues.
M. Landry: C'est-à-dire que c'est une façon de voir
les choses. Vous n'avez pas le programme du Parti québécois pour
rendre cohérent ce que vous pourriez dire aux Américains. Alors,
vous allez le faire d'une manière libérale, c'est-à-dire
sans aucune espèce de règles, et il y a des chances pour que vous
disiez n'importe quoi.
M. Rivest: FIRA, c'est très libéral.
M. Landry: ... pour que le Québec soit colonisé au
maximum et que les étrangers puissent tout acheter comme cela a
été le cas pendant malheureusement de trop longues
années.
M. Rivest: M. le Président, je voudrais...
M. Landry: Mais si, en se dépouillant de son esprit
partisan - souvenez-vous que, dans mon exemple, le député est aux
États-Unis - il voulait aborder de façon cohérente le
problème des investissements étrangers et dire aux
Américains: On veut que personne ne vienne acheter le journal La Presse,
on ne veut rien savoir d'investissements étrangers dans les biens
culturels comme celui-là, si vous voulez venir, vous viendrez, il ferait
son devoir de député. À plus forte raison, mon
collègue, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme; mon
collègue, le ministre des Affaires intergouvernementales, le premier
ministre lui-même, tous ceux qui sont membres du Conseil exécutif,
nos députés, les vôtres ont la responsabilité de le
faire, sauf que l'un d'entre ceux que j'ai nommés, qui n'est pas le
député de Jean-Talon, ni le ministre des Affaires
intergouvernementales, mais le ministre du Commerce extérieur, lui, a la
responsabilité spécifique de voir à ce que cela se fasse
en coopération avec tous les autres. Laissez-moi terminer, je vous ai
dit qu'on n'était pas fermé à des modifications à
d'autres lois, en pratique. Nous allons vivre la formule qui naît avec
cette loi pendant un certain nombre de mois; on va être en mesure de
mieux vérifier les interfaces possibles. Mon sentiment est que cela ne
posera pas de problème; si cela posait des problèmes, d'abord
vous serez là pour nous le rappeler ad nauseam et, si ce que vous nous
dites est intelligent, comme cela arrive des fois, on fera les changements. On
a décidé d'avoir une approche pragmatique et de vivre la formule
qui nous apparaît satisfaisante pour l'instant à cause de ce que
j'ai dit précédemment; on verra par la suite. Je pense qu'il n'y
a rien de choquant pour le bon sens dans cela.
Je vous rappelle qu'il y a une autre loi qui existe, que vous
connaissez, c'est la Loi sur l'Exécutif, laquelle permet au premier
ministre de dire à tel ou tel collègue de faire ceci ou cela et
de ne pas faire telle autre chose. Cette loi est une loi
générale, aussi générale que la Loi
d'interprétation, pratiquement, et cela va nous permettre
d'aménager cette période de rodage. Encore une fois, si cela
n'est pas satisfaisant, nous reviendrons devant cette Assemblée avec des
amendements à deux lois et peut-être à plus de deux
lois.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Deux remarques, si vous me permettez. L'explication du
ministre illustre franchement, c'est un des meilleurs arguments - l'argument
que mon collègue, le député de Nelligan, a soulevé
lorsque nous avons proposé l'amendement à l'article 7. Si le
ministre avait accepté de proposer et d'élaborer des politiques
économiques et commerciales en collaboration avec les autres ministres
et organismes du gouvernement, cela aura été drôlement dans
le sens exact des propos qu'il mentionnait. Maintenant, il nous donne une
raison pratique, autrement dit on va essayer, mais la justification est
finalement assez faible. Il nous dit: Pourquoi s'opposerait-on à ce que
moi ou mes collègues de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et des
Affaires intergouvernementales ayons une responsabilité de
développer le commerce extérieur? C'est une drôle de
technique législative. C'est aussi la responsabilité de tous les
membres du Conseil des ministres, lorsqu'ils circulent en province, de voir
à développer des programmes ou des politiques
en matière d'éducation, en matière d'affaires
sociales. Un ministre pourrait se faire donner une responsabilité aussi
générale que celle de développer des politiques et on
pourrait avoir une loi comme cela pour développer les questions de
l'éducation, mais le ministre de l'Éducation aurait la
responsabilité spécifique et particulière en
matière d'éducation. (17 heures)
Je pense que l'argument, au fond, si je retiens cela, et le ministre
vient de le dire pour la première fois, c'est que les arbitrages
juridictionnels d'organisation de l'ensemble de l'appareil gouvernemental avec
ce projet de loi ne sont absolument pas faits. C'est la première fois
depuis le dépôt en première lecture de ce projet de loi que
j'entends pareille déclaration de la part du ministre. C'est exactement
ce qu'il vient de nous dire, qu'ils vont essayer et que peut-être ils
vont amender les lois constitutives des autres ministères si besoin est
et peut-être qu'on n'aura pas besoin de le faire, parce que, en vertu de
la Loi sur l'Exécutif il y aura un arrêté en conseil. Mais,
même s'il y a un arrêté en conseil, M. le ministre, en vertu
de la Loi sur l'Exécutif, le texte constitutif de la loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, comme de la loi sur le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, ne pourra
être modifié par arrêté en conseil, en vertu de la
Loi sur l'Exécutif. On va nager. Mon inquiétude à ce
sujet, je pense que c'est le député de Nelligan ou le
député de Mont-Royal qui l'a soulignée hier, c'est que
l'industriel ou la personne dans le secteur privé qui projette une
action quelconque en matière de commerce extérieur et qui va
signer des choses, va conclure des ententes ou va vouloir
bénéficier des programmes...
M. Landry: Le député voudrait-il que je lui
enlève la moitié de son inquiétude en partant?
M. Rivest: Je vais compléter et vous me l'enlèverez
après que je l'aurai formulée.
M. Landry: Très bien.
M. Rivest: Où va-t-il s'adresser? À qui? C'est ma
première question. Deuxièmement, les gens qui sont et qui restent
en poste, le sous-ministre et tout l'appareil administratif au ministère
des Affaires intergouvernementales et au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme - je parle plus du ministère des Affaires
intergouvernementales, parce que je le connais mieux - les gens, les onze ou
les quatorze personnes qui restent au service de la coopération
économique, lorsqu'ils vont rencontrer des gens à
l'extérieur, dans le cours normal de leurs activités, les gens du
ministère des Affaires intergouvernementales, ici ou à
l'étranger, qui vont avoir des contacts, vont se dire: C'est ma
responsabilité, en vertu de mon ministère, de faire ceci et cela.
Le ministre lui-même, ici, par ses fonctionnaires, par son équipe,
va faire la même chose. Dans le contexte des contraintes
budgétaires, quel luxe! Quel luxe de chevauchement possible! Le seul
espoir, je le dis bien franchement, c'est que le ministre n'attende pas six
mois ou un an avant d'éliminer l'empiétement et le gaspillage que
ce genre de structure inédite - en tout cas, moi, je n'ai jamais vu
ça - va faire naître. C'est vraiment un cafouillis incroyable, de
l'aveu même du ministre, qui nous dit: II n'y a rien de
réglé dans les conflits de juridiction, on va essayer. C'est ce
que vous avez dit, M. le ministre.
M. Landry: Je n'ai jamais dit ça de ma vie.
M. Rivest: Vous avez dit: On va essayer pendant six mois ou une
période raisonnable, et après, s'il faut amender les lois, on va
les amender. Mais quand vous amendez les lois, ce n'est pas seulement un texte
de loi. Une loi, vous le savez vous-même, implique du personnel, des
programmes et, quand un ministère perd...
M. Landry: Je n'en ai jamais amendé.
M. Rivest: ... une fonction particulière, il y a du
personnel et des programmes qui n'ont plus leur raison d'être. Quel truc
invraisemblable! La dernière déclaration du ministre me convainc
que ce projet de loi, malgré ses bonnes intentions théoriques,
risque de compliquer les choses beaucoup plus que de les régler
vraiment. Si le ministre avait été sérieux, le
gouvernement, je pense, aurait dû dire: Voici, ceci et cela sont dans le
commerce extérieur. On crée un ministère du Commerce
extérieur. On lui confie telle ou telle responsabilité: faire le
projet de loi et mettre les dispositions transitoires et finales. La Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales a tel article ou telle
disposition d'abroger. La Loi sur le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme, à tel article, qui confie telle
responsabilité à ce ministère, qui est abrogé. On
récupère les services administratifs, le personnel. On fait un
truc qui se tient debout au lieu d'un truc - enfin, je ne veux pas employer une
expression trop forte - qui va faire une espèce de "bibite" à
trois ou quatre têtes. C'est ce qui va arriver. Le cafouillis de
cela...
M. Landry: Ce n'est pas très fort comme expression.
M. Rivest:... vous l'avez vécu vous-même, avec les
ministres d'État au
Développement économique. C'est une expérience
vécue et quotidienne où le gouvernement, après cette
expérience bien raisonnable, a changé, justement parce que le
ministre d'État aux Affaires économiques était constamment
- parce que les autres avaient aussi leurs responsabilités -
"bypassé" par les ministères sectoriels. Là, c'est un
nouveau joueur qu'on met sur la patinoire, qui va devoir patiner
allègrement à travers tous les... On ne sait pas dans quel but
exactement vous allez lancer la rondelle. Franchement, c'est un match de hockey
à trois ou quatre équipes en même temps sur la patinoire.
Et vogue la galère!.. À quel coût?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Premièrement, je trouve que le
député de Jean-Talon, qui cherche à recevoir de nous des
réponses simplistes - ça fait son affaire pour la politique - se
sert du fait que, lorsque nous apportons des réponses nuancées
qui ne sont ni en blanc ni en noir, parce que la réalité n'est ni
blanche ni noire, mais parfois grise, se sert de notre franchise, de notre
honnêteté, de notre réalisme, parce que c'est comme cela
que cela se présente dans la réalité, pour évoquer
toutes sortes de catastrophes qui n'ont rien à voir avec la nature des
choses. En plus, il se trompe sur lé plan technique et il fait un aveu;
il dit: Je parle du ministère des Affaires intergouvernementales parce
que je le connais plus. Il me fait penser au gars qui cherche sa montre sous un
lampadaire alors qu'il sait très bien qu'il l'a perdue un mille plus
loin mais là, il ne fait pas clair.
Il cherche du côté Affaires intergouvernementales parce
qu'il le connaît plus. Bien, c'est justement là qu'il se passe le
moins de choses. Je l'ai dit qu'il y avait une quinzaine d'agents des Affaires
intergouvernementales qui s'occupaient de questions économiques, une
quinzaine sur les 153 postes. Le gros des troupes était au MIC. Quand
j'ai dit que j'allais réduire son inquiétude, s'il était
honnête il accepterait de reconnaître que son inquiétude
n'est fondée sur rien et qu'elle devrait revenir à néant
parce que la loi sur le ministère de l'Industrie et du Commerce, qui est
une vieille loi qui date de 1941, ne faisait aucune attribution
spécifique de la responsabilité en matière de commerce
extérieur.
C'est simplement pour des raisons historiques, par la Loi sur
l'Exécutif, par arrêté en conseil et impulsion politique
donnée par un gouvernement qu'il a lui-même conseillé, que
le MIC est devenu ce qu'il est devenu. Ce n'est pas à cause de la loi du
MIC qu'il y a l'Office québécois du commerce extérieur.
C'est parce que ni la...
M. Rivest: C'est dans la loi de la SDI. L'idée
d'exportation, c'est dans la loi de la SDI.
M. Landry: L'Office québécois du commerce
extérieur n'a rien à voir avec la SDI, rien, absolument rien, et
c'est nous qui l'avons ajouté des années après que le MIC
eut été fondé. Le loi date de 1941.
Alors, sur le plan juridique, il n'y a aucune interface entre la loi du
ministère de l'Industrie et du Commerce et la loi qui est
présentement devant vous pour étude. Je dirais que les neuf
dixième de l'effectif viennent du transfert du ministère de
l'Industrie et du Commerce au nouveau ministère; neuf dixième des
inquiétudes du député de Jean-Talon devraient
s'évanouir. Il reste un dixième. C'est vrai qu'il reste un
dixième. Parce que je l'ai admis candidement, il en fait un drame. On va
continuer à dire la vérité, remarquez, mais, quand on vous
dit la vérité, vous vous en servez pour faire de l'esbroufe
politique et de l'esclandre. On pourrait être plus pragmatique, en dire
moins, cela vous ouvrirait moins de portes. J'aime mieux vous ouvrir plus de
portes, mais que la vérité soit sur la table et que tout le monde
sache à quoi s'en tenir. S'il veut être honnête, il va
reconnaître que les neuf dixième de son inquiétude, en
apparence fondée, ne le sont pas. C'est tout l'aspect industrie et
commerce.
L'aspect affaires intergouvernementales, maintenant, je l'ai
évoqué parce que le ministère des Affaires
intergouvernementales est en train de préparer une révision de sa
loi, une loi qui quand même date, et il est passé de l'eau sous
les ponts depuis qu'elle a été adoptée par
l'Assemblée. Il se peut si, à l'usage, nous nous rendons compte
qu'il y a des interfaces malcommodes entre la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales et celle-ci, que nous modifiions la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales. Je ne suis même pas
sûr qu'on aura à faire cela. Pourquoi n'en suis-je pas sûr?
Parce que le ministère des Affaires intergouvernementales, qui est
responsable de la politique extérieure du Québec dans sa
totalité - c'est le généraliste des affaires
étrangères - reste responsable de l'ensemble de la politique
extérieure du Québec, donc, d'une façon
générale et au nom de la cohérence, également, de
la politique économique. Personne ne nie cela.
Là, les exemples étrangers qu'on a utilisés de
toutes les manières, à d'autres étapes de nos travaux,
pourraient servir de façon beaucoup plus pertinente. Le State Department
aux États-Unis, cela s'occupe de toute la politique extérieure
des États-Unis, y compris dans ses dimensions économiques, sauf
qu'il se sert des spécialistes du
Department of Trade and Commerce et autres ministères
américains pour faire l'action concrète et l'action de
spécialistes que le ministre du Commerce extérieur fera
maintenant au Québec.
Moi, cela ne me gêne aucunement, au contraire. Je souhaite
vivement que la politique extérieure du Québec ait de
l'unité, ait de la cohérence, que nous ne soyons pas en train de
développer des relations économiques avec un pays qui a
accumulé cent raisons pour qu'on ne fasse rien avec lui.
Le député de Jean-Talon, je sais que cela ne paraît
pas au journal des Débats, brandit des coupures de journaux qui disent:
Landry sort gagnant contre...
M. Rivest: Non, ce n'est pas vrai, le titre...
M. Landry: Si c'était vrai, il y a un gagnant, donc
l'arbitrage est fait.
M. Rivest: ... parce que vous nous avez dit que la bataille n'est
pas encore livrée.
M. Landry: Quand il y a un gagnant, c'est que la partie est
finie.
M. Rivest: C'est ça que vous nous avez dit.
M. Landry: Quand il y a un gagnant, c'est que la partie est
finie.
M. Rivest: Alors, le titre est faux et il faudrait corriger
ça.
M. Landry: Écoutez, ce n'est ni vous ni moi qui
rédigeons les titres des journaux et je pense que ce n'est pas ça
qui va faire l'essence du travail de notre commission. L'essence du travail de
notre commission, ce sont des textes de loi, ce qui existe et ce qu'on essaie
de faire naître péniblement ensemble. Je vous dis que, dans la Loi
sur le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, il n'y a
rien, donc pas d'interface et pas de collision. Dans la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, il y a des articles de
coordination générale et je soutiens qu'ils doivent être
maintenus. Dans cette loi, vous l'avez déjà lue d'ailleurs, il
est dit que nos pouvoirs vont s'exercer dans le cadre général de
la politique extérieure. C'est l'article 10: "Les pouvoirs et fonctions
que possède le ministre en vertu de la présente loi sont
exercés conformément à la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales." Donc, cela ne nie pas la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales. Cela dit que ce que nous
allons faire doit être fait conformément à cette loi. Je
pense que c'est parfaitement normal. Toutes les agences du gouvernement du
Québec, dans leurs relations avec l'extérieur, sont soumises
à la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales. Si
l'Université de Montréal signe un contrat avec une
université de l'étranger, elle doit obtenir, par voie
d'arrêté en conseil, l'autorisation du gouvernement pour le
faire.
M. Rivest: Y a-t-il un autre ministère qui a une
disposition semblable dans sa loi constitutive?
M. Landry: Mais, est-ce qu'un autre ministère, avant
aujourd'hui, avait des responsabilités internationales? La
réponse est non. Il y en avait un. Maintenant, il y en aura deux. Un
généraliste, qui va s'occuper autant de la culture que de la
politique, que des expositions de peinture, que de Dieu sait quoi, et un
spécialiste, celui du commerce extérieur, dont les fonctions sont
décrites à l'article qu'on est en train d'étudier,
l'article 8.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, je pense que nous en sommes
arrivés au noeud du problème. En fait, quand nous avons
présenté notre position sur cette loi, nous avons dit que
vraiment la chose qui nous inquiétait, ce n'était pas le principe
du commerce extérieur. Là, nous en sommes arrivés au point
où on a dit: Bon, d'accord. On est d'accord sur un ministère, on
en a discuté, on a discuté de toutes sortes de choix. L'article
1, créant le ministère du Commerce extérieur, a
été adopté. On passera sans doute à l'article 19,
qui va en faire un ministère. Mais là, on arrive aux articles 7
et 8. Il y a deux façons de voir ça. Peut-être qu'on va se
répéter, mais, en fait, il est important de voir la
situation.
Il y a deux choix. Ou bien on dit qu'on va régler les conflits de
trois lois, de trois ministères, surtout celui des Affaires
intergouvernementales, pour les éliminer au départ. Ou bien,
comme le suggère le ministre, on se dit qu'il y a des conflits
possibles, on peut voir que ça pourrait se produire, mais on va faire du
rodage et, si ça ne marche pas entre-temps, on va régler
ça au Conseil exécutif. Si ça continue à ne pas
marcher, on le réglera par des mesures législatives dans la Loi
sur le ministère des Affaires intergouvernementales, qui est aussi
assujettie à une révision.
Mais, c'est là vraiment le noeud du problème. On a beau
dire: II n'y a rien qui va se passer, il n'y aura aucun conflit, le fait
brutal, c'est que, d'après les pouvoirs législatifs que conserve
le ministère des Affaires intergouvernementales, il y a des
contradictions flagrantes entre les pouvoirs
du ministère du Commerce extérieur, d'une part, et,
d'autre part, dans l'article 7 de la Loi sur le Commerce extérieur; il y
a des conflits avec les articles 10, 11, 14, 15 et 35. Quant à l'article
8, on peut parler encore de 10, 11, 14 et 35 de la Loi sur les Affaires
intergouvernementales.
Par exemple, le ministre dit que la Loi sur le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ne parle pas du tout du commerce
étranger. Peut-être qu'elle ne dit pas que le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme va gérer le commerce
étranger, mais il y a une référence et je vais citer au
moins une référence en tout cas. Le sujet, ce sont les mesures
pratiques pour la vente et l'utilisation rationnelle de produits provenant de
l'industrie et du commerce du Québec tant au pays qu'à
l'étranger.
On peut dire qu'il n'y a pas de conflit là, mais le fait est que
le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, par le fait
même qu'il est le ministère cohésif pour tout le
développement de l'industrie, du commerce et du tourisme, peut dire que
les investissements qui arrivent au Québec lui appartiennent, que le
commerce extérieur qui se développe par rapport à des
industries qui sont basées au Québec, comme par exemple l'Alcan,
etc., il en est titulaire. Il peut se demander quelle est sa juridiction,
à quel point que le ministre... On peut dire que ce sont là des
choses qui n'arrivent pas. Mais le fait est que, ajouter à tout cela,
nous avons des déclarations très récentes du ministre des
Affaires intergouvernementales, qui sont citées textuellement, qui
disent qu'il simpliquera parce qu'il considère que l'une des choses les
plus importantes pour le ministère des Affaires intergouvernementales,
c'est la vocation économique. Il en parle ici et je cite mot à
mot ce qu'il a dit: "Sous le thème des relations extérieures du
Québec, elle mettra l'accent sur la nécessité pour les
Québécois de s'ouvrir au monde plus que jamais et de continuer
à s'affirmer dans tous les domaines, particulièrement dans le
secteur économique." (17 h 15)
M. Landry: Bravo!
M. Lincoln: D'accord, je dis, moi aussi: Bravo! Mais seulement
s'il a une perception différente de celle du ministre par rapport
à la politique... C'est pourquoi nous avions suggéré, par
exemple, qu'il y ait une collaboration au sein de l'élaboration des
programmes de relations économiques et de commerce extérieur. Si
le ministre avait accepté notre amendement à l'article 7,
certainement que nous aurions eu beaucoup moins de réticence par rapport
à l'article 8. Cela aurait permis, à l'article 7, d'avoir une
concertation qui se fasse par voie législative entre ces
ministères. Tandis que là, c'est un conflit tout à fait
direct. Le ministre admet même que plus tard il se pourrait que la Loi
sur le ministères des Affaires intergouvernementales soit
amendée. Cela veut dire que c'est une chose possible. Donc, si elle est
possible plus tard, pourquoi ne pas le faire en même temps et faire face
à quelque chose de tout à fait réel où on peut se
situer pour voir les conflits? En fait, le ministre, s'il voulait des pouvoirs
réels dans la Loi sur le ministère du Commerce extérieur,
peut-être qu'il aurait dû appuyer notre position. Nous voulons lui
éviter justement ces conflits possibles qu'on...
M. Rivest: II aurait été intéressant
d'entendre le ministre.
M. Lincoln: Oui, justement. Alors, si...
M. Landry: II me semble que vous l'avez dit hier.
M. Lincoln: Oui.
M. Rivest: Oui, mais là on a encore bien plus raison.
M. Lincoln: Alors, c'est vraiment notre objection. Le noeud de
cette loi est aux articles 7, 8 et 9, qui cadrent avec l'article 10 qui met
votre ministère sous l'égide des Affaires intergouvernementales.
C'est pourquoi on avait dit au début: Si vous avez des pouvoirs sans
avoir les pouvoirs, quelle est la raison de ne pas avoir un ministère
délégué au Commerce extérieur sous l'égide
des Affaires intergouvernementales? Cela aurait fait gagner beaucoup de temps
pour nous tous ici. Si vous pensez qu'un ministère du Commerce
extérieur séparé est une meilleure formule, alors pourquoi
ne pas avoir persuadé le ministre des Affaires intergouvernementales,
par le Conseil exécutif, de présenter ses amendements à sa
loi maintenant plutôt que dans six mois? Ce sera peut-être trop
tard; il y aura tous les conflits qui seront terminés. Il faudrait
essayer de voir ce qu'il acceptera de réduire de ses pouvoirs. C'est
là le point fondamental, je pense, de notre opposition à cet
article 8.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: II y a une erreur, une dramatisation que vous faites
en employant une notion pour l'autre. Vous parlez de conflit de droits; vous
pensez bien qu'avant de vous proposer cette loi, tout le ban et
l'arrière-ban des juristes du gouvernement se sont penchés
là-dessus. Leur verdict est formel: II n'y a pas de conflit de lois. Il
y a des complémentarités, ce qui est normal. Vous rigolez, mais
je vous citerai la Loi sur
le ministère des Affaires intergouvernementales pour laquelle
vous avez tellement d'admiration que vous l'avez probablement
rédigée vous-même et on verra si vous rigolerez autant.
Donc, premièrement, complémentarité, deuxièmement,
compétence partagée. Je vous l'ai dit: Si l'univers était
en noir et en blanc et si les frontières étaient tirées au
cordeau et si tout marchait comme sur du papier à musique,
peut-être que votre approche théorique aurait quelque bon sens. Ce
n'est pas comme cela que cela se passe. C'est que chaque agence du
gouvernement, dans son secteur, est amenée à poser des gestes
qui, indirectement, relèvent d'un autre secteur. La plupart des lois
prévoient des mécanismes de coopération et de
coordination, ce que nous faisons dans cette loi. Mais ce que vous, du
gouvernement antérieur, avez fait - et vous m'expliquerez votre position
là-dessus, M. le député de Jean-Talon - dans l'article 14
de la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales, on dit:
Le ministre collabore avec les autres ministères du gouvernement dans la
mise en oeuvre à l'extérieur du Québec des politiques dont
ils ont la responsabilité....
M. Rivest: Ce sont eux qui décident, c'est le
ministère qui coordonne...
M. Landry: Ils collaborent avec eux... notamment dans les
domaines de l'immigration, de l'éducation, de l'industrie, du commerce
et du tourisme, des communications et des affaires culturelles.
M. Rivest: Parfaitement.
M. Landry: Alors, ce qu'on fait...
M. Rivest: C'est faux.
M. Landry: ...est exactement la même affaire...
M. Rivest: C'est faux.
M. Landry: ...c'est-à-dire que...
M. Rivest: Vous définissez les politiques....
M. Landry: Non, non, laissez-moi terminer.
M. Rivest: ...vous définissez les programmes. Vous
êtes un ministère sectoriel.
M. Landry: Je ne vous ai pas interrompu.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rivest: C'est ce que vous nous avez dit.
Le Président (M. Desbiens): Alors, M. le ministre.
M. Rivest: Excusez, M. le ministre.
M. Landry: Je ne vous ai pas interrompu, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Mais vraiment...
M. Landry: Vous n'avez pas le service, c'est moi qui l'ai. Je
viens de vous tirer trois as, vous êtes un peu malheureux de cela. Je
vous comprends, cela vous excite; mais laissez-moi finir. Vous avez
établi dans une loi, dont vous nous avez dit beaucoup de bien, parce que
c'est votre gouvernement qui l'avait votée...
M. Rivest: Avec les éloges du chef de l'Opposition du
temps.
M. Landry: ... que les responsabilités peuvent être
partagées, qu'il y a des zones grises, qu'il y a nécessité
de coopération entre les divers ministères; on ne fait pas
autrement. Il y a un ministre maître d'oeuvre de la politique
économique extérieure du Québec, c'est le ministre du
Commerce extérieur; cependant, il devra coordonner son action non
seulement avec les Affaires intergouvernementales, comme cela est écrit
dans la loi, mais avec tous les autres ministères. Vous voyez souvent de
tels mots: à l'article 7: collaboration; à l'article 8.4:
collaborer avec les autres ministères; à l'article 5: coordonner
les activités économiques; au paragraphe 6: en collaboration avec
les ministères et les entreprises intéressés.
Bref, tout ce que vous préconisez, d'une façon simpliste,
comme coopération, on l'a prévu en détail, de façon
cohérente, de manière nuancée, et en tenant compte surtout
de la réalité des choses, qui n'est pas aussi simple que ce que
votre séjour dans l'Opposition vous le laisse entrevoir.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... seulement deux courtes remarques. La
première chose...
M. Grégoire: ...
M. Rivest: Ce n'est pas nous qui avons... Oui, c'est sur la
réponse au ministre, cela ne sera pas long.
Ce n'est pas nous qui avons soulevé ce débat. Je crois que
ce débat n'est pas
seulement un débat de droit ou un débat théorique;
le ministre lui-même a admis qu'il y avait un problème; il dit
qu'il a admis cela candidement ou qu'il a dit la vérité. Enfin,
je pense qu'il...
M. Landry: Soyons de bon compte, je vous ai dit: Nous avons une
période de rodage. S'il y a un problème, ce n'est pas admettre
qu'il y a un problème.
M. Rivest: Mon Dieu! Je vais relire le journal des Débats.
De toute manière, c'est que le ministre a défini son
ministère comme étant vertical et horizontal. D'accord. Je prends
la comparaison qu'il vient de me citer: le ministère des Affaires
intergouvernementales est purement un ministère de coordination. Il n'a
pas de responsabilités ministérielles déterminées,
dans quelque cadre que ce soit: économique, social ou culturel. C'est
une chose. Le ministère qu'on nous propose a les deux fonctions. Le
problème ne se pose pas tellement dans les responsabilités
horizontales qui sont confiées au futur ministre du Commerce
extérieur. Il va se poser lorsque le ministre va assumer ses
responsabilités, pour les fins de la discussion, de type vertical,
c'est-à-dire sectorielles, c'est-à-dire aussi des secteurs du
commerce extérieur, lorsqu'il va déterminer les politiques,
définir les programmes, consacrer les budgets, les effectifs, voir
à l'administration; c'est à ce moment-là que le
problème non pas théorique mais très pratique va se poser.
C'est dans ce sens que nous aurions été beaucoup plus enclins
à approuver l'idée et le principe général du projet
de loi que nous étudions, si ces arbitrages, autant d'ordre juridique
que d'ordre administratif et surtout d'ordre administratif, parce qu'il va y
avoir des coûts dans ce chevauchement, surtout que... Il va y avoir des
coûts, oui.
Si, le projet de loi avait retardé, parce que toute notre
discussion vient de là, au fond, car le ministre a été, je
crois, extrêmement correct, en nous disant: Voici, à l'article 8,
à ses différents paragraphes, les services ou, enfin, les
fonctions qu'exerçait le ministère des Affaires
intergouvernementales, le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, l'Office du commerce extérieur, etc., et voici chacun des
éléments qui étaient ou qui n'étaient pas
exercés du tout, ou enfin, qui étaient très confus.
Lorsqu'il nous a dit cela, très bien; mais pourquoi - c'est la question
que je pose au ministre - dans la loi constitutive de son ministère,
puisque les fonctions identifiées à l'article 8, aux paragraphes
1 à 7, étaient des fonctions, pour la plupart, exercées
par d'autres organismes, pourquoi n'a-t-il pas été possible,
juridiquement parlant, et surtout administrativement et financièrement
parlant, de prolonger peut-être sa démarche, de retarder
l'adoption de ce projet de loi, et d'exprimer les conséquences
législatives des décisions que le gouvernement a prises pour
justement mettre l'accent sur le commerce extérieur et de nous
arriver...
M. Grégoire: II n'a rien compris. Si vous aviez
écouté pendant que le ministre parlaitl II vous a expliqué
tout cela comme il faut, mais vous n'écoutiez pas.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: M. le Président...
M. Grégoire: M. le Président, c'est
épouvantable de ne pas comprendre de même.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Jean-Talon, vous m'aviez dit que
c'était une brève intervention.
M. Rivest: ... des amendements aux lois du ministère des
Affaires intergouvernementales et du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme qui soient clairs pour tout le monde, qu'il y aura au
Québec un vrai ministre du Commerce extérieur et non pas un
ministre du Commerce extérieur piégé par les
susceptibilités, par ailleurs légitimes, que son collègue
d'en haut, le ministre des Affaires intergouvernementales, et que son
collègue d'en bas, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, vont nécessairement avoir. Le ministre nous avoue finalement,
après je ne sais combien d'heures de discussion: Vous savez,
effectivement, c'est le coeur du problème, mais tout cela n'est pas
réglé. On va regarder cela dans les prochains mois, mais on vous
demande d'avoir une loi parce qu'il y a eu, etc., je ne veux pas dire
exactement ce qui en est, mais il y a eu un remaniement et voilà, il
faut que chacun y trouve son compte. C'est ce qui est arrivé. C'est pour
cela qu'on a cette loi à ce moment-ci. Elle est
prématurée. Vous n'avez pas fait votre devoir
élémentaire de mettre de la cohérence dans
l'administration publique. C'est la réalité de ce projet de
loi.
M. Grégoire: M. le Président, il me semble
que...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Rivest: M. le Président, il me semble que le
député de Mont-Royal avait demandé la parole avant le
député de
Frontenac.
Le Président (M. Desbiens}: Vous avez
entraîné un débat, M. le député de
Jean-Talon.
M. Grégoire: Vous avez pris la place du
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Desbiens): Engendré,
c'est-à-dire.
M. Rivest: II a demandé la parole.
M. Grégoire: Oui, mais vous l'avez prise avant lui.
Allez-y, M. le député de Mont-Royal.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Ce ne sera pas long, M. le Président. Le
ministre a fait l'affirmation, tantôt, qu'il n'y avait pas d'interface
juridique entre le projet de loi no 89 devant nous et la Loi sur le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Landry: Voilà, c'est sérieux.
M. Ciaccia: Non, mais je voudrais attirer l'attention du ministre
sur l'article 2 de la Loi sur le ministère de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme. Je pense que mon collègue de Nelligan en a
déjà parlé un peu. On donne au ministre les pouvoirs
suivants. On dit que le ministre est chargé notamment - à
l'alinéa 3 - de suggérer des mesures pratiques pour la vente et
l'utilisation rationnelle des produits provenant de l'industrie et du commerce
du Québec, tant au pays qu'à l'étranger.
M. Landry: Ce qui peut l'empêcher de continuer à
suggérer?
M. Ciaccia: Un instant.
M. Landry: Vous pouvez en suggérer vous-même et vous
êtes dans l'Opposition.
M. Ciaccia: Un instant. En plus de suggérer, il a les
pouvoirs, dans les articles 1 et 2, de prendre les mesures nécessaires
pour l'avancement et le développement de l'industrie, du commerce et du
tourisme au Québec. Je vais faire un autre...
M. Grégoire: C'est normal. Il est ministre, vous ne pouvez
pas l'empêcher de faire cela.
M. Ciaccia: Quand j'aurai fini, peut-être que vous pourrez
intervenir. Il y a une interface très pratique. C'est un double emploi.
Votre affirmation qu'il n'y n'avait pas d'interface, je pense qu'elle est
incorrecte. Vous avez le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
il doit favoriser les moyens et les mesures pour l'avancement et le
développement de l'industrie et...
M. Landry: C'est l'article, il doit suggérer.
M. Ciaccia: Non, non. Favoriser par tous les moyens et les
mesures qu'il juge adéquats l'avancement et le développement de
l'industrie, du commerce et du tourisme au Québec. Alors, cela comprend
tout. Mais, en plus, on lui donne un pouvoir.
M. Landry: De suggérer.
M. Ciaccia: Vous ne pouvez pas lire l'alinéa 3 sans lire
l'alinéa 1. Il a les pouvoirs de mettre cela en application. Tous les
pouvoirs intérieurs et extérieurs.
M. Landry: Au Québec. M. Grégoire: Au
Québec.
M. Ciaccia: Tant au pays qu'à l'étranger.
M. Landry: Non.
M. Grégoire: C'est suggéré, cela.
M. Ciaccia: Comment pensez-vous que la SDI et l'Office
québécois du commerce extérieur ont été
créés? Pas à la suite de votre loi no 89, elle n'existait
pas. Il fallait qu'il y ait un pouvoir pour créer ces organismes.
M. Landry: Vous êtes arrivé en retard. On a
discuté de cela il y a bien longtemps dans notre séance. Vous
connaissez la Loi sur l'Exécutif? Vous savez que le premier ministre a
le droit de déléguer à quiconque, même à
vous, un certain nombre de fonctions. C'est ce qu'il a fait.
M. Ciaccia: La SDI est sous la juridiction du ministre
responsable. Qui est le ministre responsable de la SDI? (17 h 30)
M. Landry: Le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme.
M. Ciaccia: Bon! Très bien. Alors, il y a une
responsabilité des pouvoirs, non seulement pour promouvoir le commerce
intérieur, mais, automatiquement, et par les pouvoirs qu'on lui donne
dans sa loi, aussi pour les produits de l'industrie et du commerce tant au pays
qu'à l'étranger. Il ne divise pas cela en deux. Il ne dit pas:
Écoutez, si le produit va se vendre ici, je ne
donne pas de subventions; si le produit va se vendre ailleurs, je vais
donner des subventions.
M. Grégoire: Bien oui, cela se fait.
M. Ciaccia: II donne des subventions à une industrie qui
peut aussi vendre ailleurs.
M. Grégoire: Non, non, il n'a pas à en donner
spécialement pour l'exportation, mais cela existe.
M. Ciaccia: II peut en donner spécialement. Mais, en en
donnant à une industrie, cela peut couvrir les deux.
M. Grégoire: Oui, mais c'est à cause des
exportations...
M. Landry: Ce que vous dites est vrai, mais cela ne prouve pas
votre point.
M. Ciaccia: Oui, cela le prouve, parce que, dans votre loi, vous
pouvez élaborer et mettre en oeuvre des programmes d'aide favorisant les
exportations et la réalisation d'accords industriels. Est-ce que vous
prétendez dire que, maintenant, sans votre projet de loi, le ministre de
l'Industrie et du Commerce n'a pas ces pouvoirs? D'après sa loi?
M. Landry: Justement, il n'a pas ces pouvoirs, ce sont les
Affaires intergouvernementales qui les ont.
M. Ciaccia: Je regrette...
M. Landry: Le pouvoir de signer des ententes? Il y a uniquement
le ministère des Affaires intergouvernementales qui l'a.
M. Ciaccia: Quant à la promotion pour faire de
l'exportation, c'est vrai que toutes ces ententes doivent passer par les
Affaires intergouvernementales pour avoir une certaine cohérence dans
les relations hors Québec. D'accord? Mais le pouvoir de promouvoir
l'industrie et le commerce pour l'exportation, c'est le ministère de
l'Industrie et du Commerce qui l'a encore aujourd'hui. C'est de cette
façon que cela s'est fait.
M. Landry: Avant cette loi.
M. Ciaccia: Vous ne lui enlevez pas ce pouvoir. Vous ne l'amendez
pas.
M. Landry: Mais oui...
M. Ciaccia: Vous devrez amender la Loi sur le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Landry: Je lui laisse totalement son pouvoir. Écoutez,
je ne voudrais pas vous couper la parole et je m'en excuse, mais ce "truc" est
tellement clair. L'article 3 dit de suggérer - ce sont là les
pouvoirs du MIC -des mesures pratiques pour la vente et l'utilisation
rationnelle des produits. Mais qu'est-ce qui empêchera, au nom du ciel,
Rodrigue Biron de me suggérer tout ce qu'il veut pour promouvoir les
exportations?
M. Ciaccia: Mais quand vous lisez... C'est pour cela que cela
aurait été...
M. Grégoire: Lui-même peut suggérer...
M. Landry: Lui-même peut suggérer, la loi ne lui en
fait pas l'obligation...
M. Ciaccia: Alors, si c'est un pouvoir superfétatoire,
cela n'a pas besoin d'être dans la loi, si on a tout le pouvoir de le
suggérer. Quand vous lisez l'article 3 avec l'article 1, l'article 1 est
fait pour suggérer et prendre les moyens. Lisez les articles 2 et 3
ensemble. Dans l'article 3, il peut le suggérer, mais, dans l'article 2,
il peut prendre les moyens. Voyons!
M. Landry: L'article 2...
M. Ciaccia: Non, tant au pays qu'à l'étranger.
M. Landry: Non, non, dans l'article 2, c'est écrit: au
Québec.
M. Ciaccia: M. le Président, il aurait même
été bon d'avoir le ministre de la Justice à cette
table.
M. Landry: On a de ses agents.
M. Ciaccia: C'est parce qu'on a eu la même sorte de
discussion à d'autres commissions parlementaires et on s'est toujours
fait assurer par le ministre concerné qu'il n'y avait pas de
problème. Mais on l'a su après, des procédures ont
été prises et il y a eu des conflits. Ici, on ne parle pas de
conflits légaux. On parle de pouvoirs que certains ministres ont. On
donne les pouyoirs semblables avec un autre libellé: élaborer,
mettre en oeuvre, faciliter. Mais ces mêmes pouvoirs, M. le
Président, existent avec le ministre de l'Industrie et du Commerce. Si
on veut être cohérent et si on dit: On crée quelque chose
qui n'existe pas, la moindre des choses qu'on devrait faire, ce serait
d'amender la Loi sur le ministère de l'Industrie et du Commerce, parce
qu'il y a clairement un chevauchement. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce, avec l'article 2 de sa loi, va pouvoir faire la même chose que
le ministère et que le ministre du Commerce extérieur se
proposent de faire avec la nouvelle loi, exactement la même
chose. Ils vont tous les deux passer par le ministère des
Affaires intergouvernementales, mais en termes de pouvoirs de promotion, de
mettre en application, de mettre en oeuvre, pour la vente aux pays
étrangers, pour la vente du Québec aux pays étrangers; il
n'y a pas de différence. Et si vous voulez vous donner ce pouvoir, le
moins que vous devriez faire, qu'on vous suggère, c'est d'amender la Loi
sur le ministère de l'Industrie et des Commerce pour lui enlever ce
pouvoir, pour enlever ce chevauchement au ministre de l'Industrie et du
Commerce. Là, cela serait un peu plus clair. En ce moment, il y a
chevauchement et c'est une des raisons, je présume, pour lesquelles vous
avez refusé hier d'inviter le ministre de l'Industrie et du Commerce et
aussi le ministre des Affaires intergouvernementales. Il y a clairement
chevauchement des deux. Vous pouvez dire non jusqu'à minuit, cela ne
change rien. Il l'a fait jusqu'à maintenant, il le fait...
M. Landry: Je vais essayer de vous changer ces choses. Du temps
où vous étiez au pouvoir, vous avez eu le même genre de
problème, vous avez adopté le même genre de solutions, non
seulement une fois, mais plusieurs fois. Je vais vous en donner un cas: la Loi
sur le ministère des Affaires culturelles, le Parti libéral au
pouvoir; la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales, le
Parti libéral au pouvoir, en 1974. C'est le même problème
que celui que vous venez de souligner. La Loi sur le ministère des
Affaires culturelles dit, à son article 2: Le ministre doit favoriser
l'épanouissement des arts et des lettres au Québec et leur
rayonnement à l'extérieur. Dans la Loi sur le ministère
des Affaires intergouvernementales, c'est exactement la même chose.
Est-ce que cela a créé des catastrophes, des calamités,
est-ce que vous vous êtes levés en Chambre pour demander qu'on
amende...
M. Ciaccia: Peut-être que cela n'a pas
créé...
M. Landry: ... une fois que nous sommes venus au pouvoir, la loi
que vous aviez vous-mêmes votée? Non, parce que la
réalité, elle n'est pas simple. Il y a, en pratique...
M. Ciaccia: Ce n'est pas dans le même domaine, vous ne
pouvez pas comparer les Affaires culturelles avec les problèmes de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, voyons!
M. Landry: Vous comparez les Affaires culturelles aux Travaux
publics. Autre interface, il y a la loi du 1%, comme vous le savez, qui demande
au ministère des Travaux publics d'intégrer 1% de contenu
artistique à chacune de ses bâtisses. A-t-on amendé la Loi
sur les Affaires culturelles pour enlever la juridiction sur les sculptures,
à cause de cela ou vice versa? Mais non.
M. Ciaccia: ...
M. Landry: Les deux doivent travailler ensemble et c'est ce que
l'on va faire, surtout qu'avec la Loi sur le ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme, c'est tellement clair que ce qu'il faisait avant,
il va pouvoir le faire encore. Les personnes par lesquelles il faisait la
promotion du commerce extérieur, qui étaient toutes à
l'OQCE, sont transférées totalement au nouveau ministère.
Alors, non seulement elles n'ont pas de responsabilités
législatives, mais elles n'ont pas l'effectif, les effectifs sont
déjà rendus chez nous.
Ce que j'ai dit au député de Jean-Talon, je le redis,
parce que je pense que c'est la réalité. Si, à l'usage, au
rodage, ce que je ne crois pas, les amendements devenaient nécessaires,
comme le ministère des Affaires intergouvernementales est en train de
réviser sa loi et qu'il va vous la soumettre au complet - elle va
revenir devant l'Assemblée nationale - vous allez pouvoir faire une
discussion monumentale sur la question. Vous aurez la chance de mieux faire
cette discussion quand on aura vécu huit ou dix mois du régime
qu'on vous propose, parce que là, vous ne serez pas dans la
théorie comme vous l'êtes présentement et comme on l'est un
peu aussi, je l'admets. Mais, dans la pratique, on aura vécu avec
cela.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Je trouve que les arguments que le ministre
vient d'apporter, surtout en amenant l'exemple du ministère des Affaires
culturelles où, là aussi, il y a danger que cela chevauche... Il
n'y a pas seulement ces domaines. À l'intérieur même des
activités gouvernementales au Québec, il y a des chevauchements:
Par exemple, si le ministère des Transports veut ouvrir une nouvelle
région de voirie et qu'il a besoin de faire construire un bureau de
voirie, ce n'est pas le ministère des Transports qui va le construire,
cela va être le ministère des Travaux publics. Est-ce que, pour
cela, on dit que l'ingénieur de la voirie ne dépendra plus du
ministère des Transports, mais du ministère des Travaux publics?
Jamais.
Il y a des choses qui chevauchent et qui se complètent, c'est
normal, d'autant plus que rien dans la Loi sur le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ne vient à l'encontre de ce qui
est inscrit dans la loi de la formation du ministère du Commerce
extérieur, rien. On donne pleine
juridiction au Québec, au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. On dit que, pour l'extérieur du Québec,
le ministre peut suggérer. C'est normal, mais il n'y a rien qui vient en
contradiction avec ce qui est dit présentement.
C'est évident que des empiétements, il peut y en avoir
d'un ministère à l'autre. Par exemple, le transport scolaire
relève du ministère des Transports. Est-ce que cela veut dire
qu'on va envoyer toute la direction des écoles au ministère des
Transports parce que le transport des écoliers relève du
ministère des Transports? Jamais. L'éducation est toujours sous
la juridiction du ministre de l'Éducation même si le transport des
écoliers - on appelle cela les autobus scolaires -relève du
ministère des Transports. Il y a des chevauchements comme cela dans
toutes les lois, dans toutes les activités gouvernementales. Pourquoi?
Pour apporter plus d'efficacité.
Je lisais tantôt la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales: Le ministère collabore avec les autres
ministères et organismes en vue de... Par contre, dans la loi qui parle
du ministère du Commerce extérieur, on dit bien: Le ministre
élabore et propose. C'est justement ce que vous vouliez changer tout
à l'heure dans votre amendement. Il est bien dit dans la Loi sur le
ministère du Commerce extérieur: C'est le ministre qui
élabore et propose au gouvernement des politiques de relations
économiques et commerciales, alors que, dans la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, il est dit: Le ministre
collabore avec les autres organismes et les ministères. Il me semble que
cela est clair, que cela ne vient pas se contredire et que cela
n'entraîne pas de conflit. Tout se tient dans la loi. Je pense qu'on veut
essayer de défoncer une porte ouverte.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'allais demander si le député veut
devenir adjoint parlementaire au ministre du Commerce extérieur.
M. Grégoire: Non, pas du tout. Toutefois, je dirai au
député d'Outremont que je suis au ministère de
l'Énergie et des Ressources parce que la politique de l'amiante est
là, mais là encore nous serons heureux de demander au ministre du
Commerce extérieur d'aider à l'exportation de l'amiante et des
produits transformés.
M. Landry: Je compte sur le député pour le
faire.
M. Grégoire: Bon. Pensez-vous que moi, dans une
région comme celle-là...
M. Fortier: Vous êtes pris pour prendre cela en note.
M. Grégoire: ... je ne serai pas content d'avoir deux
ministres, au lieu d'un seul, qui vont s'occuper du développement de la
politique de l'amiante? Imaginez-vous, c'est encore mieux. Oui, le ministre
peut être inquiet, parce qu'il sait que je vais le voir souvent et que je
vais lui en parler. Cela peut l'inquiéter parce qu'il sait que je vais
le voir souvent. Je sais qu'il est sympathique à cela...
M. Fortier: ... avertir sa secrétaire...
M. Grégoire: Oui, il va me voir souvent et je vais lui
demander sa collaboration.
M. Landry: Je suis toujours ravi de voir le
député...
M. Grégoire: Pensez-vous, M. le Président, et je le
dis au député d'Outremont, pensez-vous que je suis malheureux de
voir qu'il y aura deux ministres qui, maintenant, pourront pousser...
M. Fortier: Ce n'était pas mon propos.
M. Grégoire: ... dans le secteur de l'amiante? Au
contraire, je vais être content. On va établir des industries ici,
mais il y aura un ministre spécialement chargé de nous aider
à exporter.
M. Fortier: Je ne voulais pas partir de débat
là-dessus.
M. Grégoire: Non, vous êtes mieux de ne pas partir
de débat là-dessus, parce que vous savez que, s'il y a un point
qui fait éclater au grand jour la véracité de
l'argumentation du ministre, c'est bien le secteur de l'amiante qui a toujours
été un produit d'exportation. Qu'il y ait un deuxième
ministre qui vienne s'ajouter aux opérations à l'extérieur
du Québec, c'est parfait. Tant mieux! C'est contre ça que vous en
avez? Arrêtez-moi cela, vous autres!
Le Président (M. Desbiens): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je suis tout à fait d'accord avec la
conclusion de l'adjoint parlementaire, c'est-à-dire que le ministre de
l'Énergie et des Ressources a failli à sa tâche de ce
côté-là, mais ce n'était pas mon propos.
M. Grégoire: Ah! là, je m'oppose, M. le
Président. Le député d'Outremont, je l'ai toujours connu
meilleur que cela...
M. Fortier: C'est parce que des députés sont en
train de m'entraîner...
M. Grégoire: Cela fait environ deux ans qu'il commence...
Il avait de bonnes habitudes au début, mais cela fait deux ans qu'il
commence à prendre les petites méthodes de certains de ses
collègues. Enfin, cela fait un an ou un an et demi qu'il prend les
petites méthodes de ses collègues. Il sait que je n'ai jamais dit
cela. Qu'il ne me fasse pas dire de choses pareilles. Au contraire, j'ai
toujours dit que l'actuel ministre de l'Énergie et des Ressources est en
train de poursuivre la politique de l'amiante avec succès.
M. Fortier: Bon, si le député ne l'a pas dit, moi,
je le dis. M. le Président, j'aurais une question...
M. Grégoire: Qu'est-ce que vous avez fait, vous autres,
dans l'amiante? Rien, pendant les cent ans...
M. Fortier: M. le Président, il est hors d'ordre...
M. Grégoire: ... que vous avez été
là.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Grégoire: Oui, mais c'est bien beau de faire des
affirmations gratuites comme celles-là et de lancer n'importe
quoi...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac, à l'ordre!
M. Fortier: On a droit à nos opinions.
M. Grégoire: Vous n'avez rien fait pendant que vous
étiez là et on vous l'a démontré. Pendant les cent
ans que le Parti libéral a été là, il n'a rien
fait.
M. Fortier: II enfreint le règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Voyons donc!
M. Fortier: II enfreint le règlement. C'est effrayant de
faire perdre le temps de la commission comme cela.
M. Grégoire: Vous enfreignez le règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
d'Outremont, sur l'article 8.
M. Fortier: J'avais une question et c'était une question
très sérieuse. J'ai été étonné de la
réaction du député de Frontenac. Cela avait trait au
fait... Je crois qu'on en est à l'article 8, M. le Président.
Corrigez-moi si je me trompe. Je m'excuse de mon retard, mais
j'étais à l'Assemblée nationale. À l'article 8, on
donne le pouvoir au ministre de la conclusion d'ententes. Lors de son discours
en Chambre, le ministre -cela me fatiguait un peu, parce que je n'y vois pas de
limite - a dit qu'il avait l'intention, entre autres moyens, pour favoriser le
commerce extérieur et la vente de produits québécois
à l'étranger, de faire des ententes avec des agents.
Ici, au Québec, tout le monde utilise des agents. Quand on veut
vendre sa maison, on donne sa maison à un agent à 6% ou 8%, ou
plus, et si l'agent réussit à vendre la maison, il obtient ce
pourcentage, ce sont des frais d'agence. À l'étranger, le
même système est utilisé, mais les montants en jeu sont
beaucoup plus considérables. Tous ceux qui ont oeuvré dans ce
domaine-là savent que - dans certains pays, c'est même la loi
d'avoir des agents: en Arabie Saoudite en particulier et dans d'autres pays; en
Algérie c'est défendu - l'entreprise privée qui veut se
développer, à l'étranger, doit faire sa prospection et,
lorsqu'elle a établi la possibilité de vendre dans un pays
donné, elle se doit d'avoir un agent. Très souvent, d'une part,
parce que cela peut être la loi et, d'autre part, parce que c'est la
pratique commerciale.
Ce qui est facile à faire pour l'entreprise privée
devient, à mon avis, très difficile pour un gouvernement. Dans le
domaine nucléaire, je peux vous dire que - il s'agit d'un marché
extrêmement important -j'ai été impliqué, non pas
dans la négociation du contrat, mais dans la gestion du projet d'une
centrale nucléaire en Corée. Il s'agissait d'un projet de 1 000
000 000 $, dont la vente d'équipements était de d'ordre de 300
000 000 $ à 400 000 000 $. Et pour ce faire, l'Énergie atomique
du Canada avait utilisé un agent. D'ailleurs, cela a fait les manchettes
de plusieurs journaux. (17 h 45)
Le commun des mortels a beaucoup de difficulté à accepter
- je soulève le point -qu'une compagnie de la couronne et encore plus,
à mon avis, un gouvernement puisse entrer dans ce genre de
marché. Par le fait même, lorsqu'on engage un agent - le ministre
l'a dit en Chambre - on donne une commission conditionnelle. Si l'agent
réussit à vendre pour tant de millions de dollars
d'équipement, il a droit à un pourcentage de 3%, 4%, 5%, 6%, 8%
et même 10% dans certains cas. L'entente est celle-ci: l'agent fait son
possible pour faire la promotion et le client n'engage aucuns frais.
Quelquefois, il peut y avoir certaines dépenses, comme le
téléphone et autres, mais normalement le client n'engage aucuns
frais. S'il y a vente effective, le client doit payer un montant qui est un
pourcentage du montant de la vente.
Lorsqu'il s'agit de vendre pour des montants assez extraordinaires...
C'est pour cela que cela m'étonne que ce soit dans la loi, et le
ministre y a fait allusion... Il se pourrait fort bien qu'à Tombouctou
le ministre signe un contrat avec un agent à 6% ou 8%, qu'un vente de
plusieurs millions de dollars se fasse et qu'en conséquence, une fois
que la vente est faite, le ministre doive payer à même l'argent
des contribuables une somme qui peut être assez rondelette. Si c'est 5%
ou 6% de 100 000 000 $, cela fait 5 000 000 $ ou 6 000 000 $. Si c'est 200 000
000 $, cela fait le double.
D'une part, ce qui va être difficile à accepter - à
ce moment-ci, ce n'est qu'une interrogation M. le Président, je ne suis
pas arrivé à des conclusions, mais je pose la question au
ministre - c'est le montant qui est en jeu et que la population n'acceptera pas
à mon avis. Autrement dit, ce qui est assez facile à faire pour
l'entreprise privée devient beaucoup plus difficile pour des
sociétés d'État et encore plus pour le gouvernement. Plus
encore, il y a le fait que, compte tenu de l'entente qui prévaut entre
un client et un agent - l'entente étant que l'on paie l'agent uniquement
s'il y a réellement une transaction - l'agent dise: Vos oignons! Moi, ce
que je fais avec cet argent-là ou la façon dont je fonctionne, ce
sont mes problèmes.
À ce moment-là, bien sûr, il peut arriver dans
certains pays... On ne contrôle pas la morale publique de tous les pays
du monde, que ce soit en Indonésie, en Corée, en Afrique ou
ailleurs, et on n'a de leçon à donner à personne, je pense
bien, et, dans une certaine mesure, quoiqu'on ait évolué beaucoup
en Amérique du Nord et au Québec en particulier depuis 25 ans de
ce côté-là... Je crois qu'il s'agit là d'un
problème extrêmement difficile. Comme le ministre y a fait
allusion, je voulais savoir quelle était son opinion là-dessus.
S'il avait envisagé... Comme il a évoqué justement cette
pertinence de signer des contrats d'agences à l'étranger, avec
les problèmes que cela pose pour une société d'État
et encore plus pour le gouvernement, cela pourrait facilement faire les
manchettes, dans un an ou deux ans, et peut-être faire les manchettes
d'une façon qu'il n'aimerait pas beaucoup. Je me demande s'il est
pertinent que l'Assemblée nationale accorde un tel pouvoir, un pouvoir
illimité à un ministre de contracter avec des agences dans des
pays étrangers, alors que ce genre de transaction n'est nullement
accepté par le public et n'est nullement acceptable, je crois, dans une
très grande mesure.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Le député d'Outremont fait bien de
soulever la problématique des ententes. Je pense que les ententes et les
commissions, c'est un excellent système qui a fait ses preuves à
travers les âges. On ne procède pas autrement à
l'intérieur. La plupart des agents-vendeurs au Québec sont des
vendeurs à commission. Personne ne se scandalise de ça. C'est un
bon stimulant pour la motivation du vendeur et ça fait partie de nos
traditions commerciales. Sauf que, lorsqu'un État s'engage dans ce genre
de transaction, surtout à l'étranger où les moeurs ne sont
pas les mêmes, les lois ne sont pas les mêmes, il y a
immédiatement des problèmes qui surviennent. Je dis
carrément que je ne préconise pas que l'État
lui-même soit partie à ce genre d'ententes.
Les ententes dont il est question sont des ententes de gouvernement
à gouvernement, des ententes de transferts technologiques, des ententes
comme on en a signées avec la France, avec la Belgique,
communauté wallonne, avec la Belgique, communauté flamande. En
d'autres termes, ce ne sont pas des intérêts privés, il
n'est pas question de commission.
À mon avis, on pourrait utiliser avec succès le
système des commissions pour faire vendre les biens des entreprises
privées et non pas ceux des sociétés de la couronne.
À ce moment-là, c'est l'entrepreneur privé qui
défraie la commission. Il n'est pas question que le gouvernement se
mette à payer les commissions et les frais de vente de nos agents
économiques à l'étranger. On leur fournit des services, on
leur fournit un appui logistique, on a les programmes APEX pour les aider dans
la prospection, etc. Mais la vente comme telle, la transaction finale, c'est
une transaction qui a lieu entre un agent privé d'ici et un agent
privé ou public à l'étranger. Si nous utilisons - et je
pense qu'on le doit - le système d'intermédiaires à
commission, qui vendraient des produits québécois dans les pays
où ils habitent, leur commission leur sera versée par
l'industriel québécois qui aura vendu.
M. Fortier: Excusez-moi, M. le ministre. Ce que j'avais
compris...
M. Landry: Et non pas à même les taxes.
M. Fortier: Ce que j'avais compris de votre intervention en
Chambre - cela me semblait une proposition intéressante quoique,
après y avoir pensé, j'aie des interrogations -étant
donné qu'il peut y avoir des petites et moyennes entreprises qui n'ont
pas les moyens d'aller à Tombouctou, d'y vendre leur marchandise et de
faire une entente, de négocier d'abord une entente, parce que ces
négociations exigent une certaines expérience - j'avais compris
que le Québec ou votre ministère entrerait en négociations
avec des
agents à travers le monde. Ces agents vendraient tout ce qui est
disponible au Québec. À ce moment-là, si vous aviez un
agent à Tombouctou, vous diriez à cet agent: On peut vendre du
bois, on peut vendre des tuyaux d'amiante, on peut vendre ci et on peut vendre
ça. Bien sûr, en théorie, ce serait un moyen de vendre les
produits du Québec.
M. Landry: Jusque là, vous rejoignez...
M. Fortier: C'est pourquoi je dis en théorie. Mais je
crois que c'était l'exemple que le ministre avait pris en Chambre et
c'est pourquoi ça m'a fatigué. Je vois que ce n'est pas exclu,
c'est pourquoi je me demande si le ministre est d'accord avec nous pour dire
que ce genre d'ententes avec des agents étrangers serait très
difficilement acceptable sur le plan politique. Je crois qu'il faudrait trouver
un moyen de l'exclure, parce que, tel que c'est libellé...
M. Landry: Je vous comprends mal.
M. Fortier: Le ministre a toute possibilité de faire ce
qu'il veut, même s'il nous dit, aujourd'hui, qu'il n'est pas d'accord
avec cela.
M. Landry: Non. Il y a une distinction à faire. Une partie
de ce que vous dites est vraie. Je pense que ce serait une excellente formule
si un Japonais, par exemple, avait en main catalogue, échantillon et
description de 15 produits québécois de PME qui ne peuvent pas
être représentés au Japon et qui seraient
représentés...
M. Fortier: C'est un très bon exemple.
M. Landry: ... s'il en vend pour 500 000 000 $ et qu'il fait 50
000 000 $ avec cela, il n'aura fait que comme un vendeur à commission
qui, ayant vendu des produits, est rémunéré; plus il en
vend, plus il rémunéré.
M. Fortier: Mais vous savez, M. le ministre...
M. Landry: Je serais parfaitement capable et prêt à
défendre cela devant l'opinion publique québécoise et
l'opinion publique de n'importe quel pays, n'importe quand. Comme un voyageur
de commerce ou même des vendeurs dans des magasins. Chez Eaton, je ne
sais pas si c'est encore le cas aujourd'hui, le vendeur est à
commission; s'il vend un frigo, il prend un certain pourcentage. Ce n'est pas
choquant, l'argent n'est pas sale, sauf dans certaines circonstances.
M. Fortier: Remarquez bien, M. le ministre, je trouve que, si
l'on pouvait convaincre un groupe de compagnies de faire ces
négociations au Japon, je serais plutôt d'accord. Mais je
m'inquiète du fait, comme vous venez de le suggérer, qu'il
pourrait y avoir une entente avec un agent au Japon et sans vouloir jeter des
roches aux Japonais, on sait fort bien que des cas sont sortis dans la presse,
des gens qui étaient à commission pour vendre de
l'équipement américain et qui ont soudoyé le premier
ministre du Japon. J'ai de la difficulté à croire, même
avec tout le courage que le ministre veut se donner, qu'il pourrait
défendre une telle chose...
M. Landry: C'est indéfendable.
M. Fortier: ... devant l'opinion publique.
M. Landry: Non.
M. Fortier: Non, je ne parle pas du fait...
M. Landry: La corruption est la corruption, c'est
indéfendable.
M. Fortier: Ce que je veux dire, M. le Président - le
ministre devra être d'accord avec moi - c'est qu'à la minute
où il signe un contrat avec un agent, disons japonais, le lendemain, il
n'a plus le contrôle sur ce que cette personne fera pour vendre
l'équipement québécois. Je crois qu'on peut s'interroger
sur la pertinence d'une telle initiative. C'est le pouvoir du ministre d'aller
dans cette direction. En tout cas, c'était mon interrogation sur le
libellé du pouvoir qui consiste à pouvoir négocier toute
entente. Si on veut parler d'entente d'État à État, c'est
beaucoup plus facile. Si on veut parler du fait que le ministère
pourrait convaincre certains industriels à se mettre ensemble pour avoir
un agent... D'ailleurs, la meilleure façon serait de négocier une
entente type ou de faire comme on fait très pertinemment; il y a des
ententes Canada-Japon, il y a des ententes... Dernièrement, j'ai
rencontré un Québécois de Montréal, Canadien
français, qui est président d'une entente de coopération
Canada-Irak. J'ai rencontré aussi un autre Canadien français qui
est président de l'entente Canada-Égypte. Alors, à
l'intérieur de ces organismes, il est assez facile, je pense bien, de
convaincre les industriels qui veulent oeuvrer en Irak ou en Égypte de
faire affaires avec un agent particulier pour faire des gains d'échelle.
Mais que le gouvernement aille dans cette direction, en tout cas, moi, cela me
fatigue un peu. En tout cas, on pourra revenir après le souper sur les
limites qu'on pourrait avoir dans cette loi pour empêcher qu'une telle
chose ne se fasse.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Oui, je souscris évidemment au principe. Mais
la bonne foi se présume, comme on dit en droit, et on ne doit pas,
chaque fois qu'on fait une opération commerciale normale et classique,
celle de l'emploi d'un vendeur à commission, présumer que le
vendeur est corrompu. Il y a eu des cas, malheureusement, de corruption. On n'a
pas arrêté le commerce international parce qu'il y a eu cette
affaire dont vous me parlez, au Japon. Même la famille royale
néerlandaise a été soupçonnée. Vous vous
souvenez de l'affaire du prince Bernard, etc.
M. Fortier: II y a moyen de mettre dans l'entente des
spécifications explicites à cet égard, mais ce que je veux
dire, c'est qu'on ne contrôle pas l'agent de toute façon.
M. Landry: II faut prendre des précautions, c'est entendu.
Mais vous admettez vous-même que, dans certains pays, ces agents sont
obligatoires. Ce que j'ai en tête, comme formule, qui sera
présenté en temps et lieu - ce ministère est en train de
naître, alors, on n'a pas les vis et les boulons de tout - c'est de
donner, par exemple, à un résident de Manille un salaire de base
modeste pour représenter, disons, quinze fabricants
québécois. Je n'ai pas la moindre idée de ce que peut
être le cours de la monnaie à Manille présentement, mais
disons que je lui donne 1Q 000 $, qui est un salaire vraiment minimal. Lui, par
son astuce, par son dynamisme, il vend pour 100 000 000 $ de produits, les
industriels lui donnent une commission de 1% et il se construit ainsi un
commerce extrêmement lucratif. Quel Québécois va le
blâmer? On ne va pas le blâmer de faire de l'argent. On ne va pas
le blâmer non plus d'avoir vendu pour 100 000 000 $ de produits
québécois par année.
M. Fortier: On entre dans les détails. Mais ce que le
ministre sait pertinemment...
M. Landry: Autrement, mon alternative...
M. Fortier: ... c'est que, si les grands bureaux de
génie-conseil ont déjà un agent à Manille, ils
n'ont pas besoin d'un agent du gouvernement, et ce serait plutôt pour
aider la petite entreprise.
M. Landry: Exactement. En tout cas, ce n'est pas l'Alcan qui va
recourir aux services d'un agent.
M. Fortier: Ils vont le faire, mais à leur compte.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Lincoln: On a plusieurs amendements à l'article 8, M.
le Président.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente du commerce extérieur suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Grégoire): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Les travaux sont commencés.
M. Lincoln: Oui, nous avons un amendement à l'article 8.
Je propose cet amendement. De prime abord, peut-être que cela aura l'air
un peu malin, mais ce n'est pas du tout l'idée. En fait, nous avons fait
cet amendement en pensant à l'article 9: "Le ministre peut conclure une
entente avec un gouvernement autre que celui du Québec, l'un de ses
ministères, une organisation internationale ou un organisme de ce
gouvernement..." On discutera cela plus tard, à l'article 9. Nous avons
pensé, puisque l'article 9 parle déjà des ententes que le
ministre peut conclure avec d'autres organismes de ce gouvernement, puisqu'on
parle ici d'opérations promotionnelles du marché
extérieur, si on parle de relations économiques et commerciales
avec l'extérieur, on ne parlait pas d'entente gouvernementale ou
intergouvernementale avec des agences nommées à l'article 9.
Alors, nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il faudrait
situer exactement ce dont on parle. C'est ainsi qu'on a fait cet amendement qui
dit: "entre les entreprises québécoises et les entreprises de
l'extérieur". C'est le sens de notre amendement. Nous voudrions le
proposer et avoir la réaction du ministre.
Le Président (M. Grégoire): Si personne ne s'oppose
à la recevabilité de l'amendement...
M. Landry: Je ne m'y oppose pas, mais je ne comprends pas
vraiment. J'aurais peut-être besoin d'explication. Disons que, pour les
besoins de la discussion, je l'accepte de consentement...
Le Président (M. Grégoire): Alors, on accepte la
recevalibilité de l'amendement.
M. Landry: II n'y a pas de problème pour la
recevabilité.
Le Président (M. Grégoire): D'accord.
M. Landry: Mais je vais avoir besoin
d'éclaircissement.
M. Fortier: Relisons l'amendement au complet.
M. Lincoln: Si nous relisons l'article au complet, c'est
l'article...
M. Landry: Pour faciliter l'accès...
M. Lincoln: ... "faciliter l'accès des biens et des
services produits au Québec aux marchés extérieurs, par
des opérations promotionnelles, par la conclusion d'ententes et en
veillant à l'établissement et au développement de
relations économiques et commerciales avec l'extérieur."
Nous avons pensé que ce...
M. Landry: Où est-ce que vous placez "entre les
entreprises québécoises et les entreprises de
l'extérieur"?
M. Lincoln: Après le mot "ententes". M. Landry: Je
ne comprends pas. M. Lincoln: Bon, d'accord.
M. Landry: Comment le ministre pourrait-il, dans ses fonctions,
conclure des ententes entre les entreprises québécoises et les
entreprises de l'extérieur? Ce sont les entreprises entre elles qui vont
faire les ententes?
M. Lincoln: Non, si vous prenez l'article 9: "Le ministre peut
conclure une entente avec un gouvernement autre que celui du Québec,
l'un de ses ministères, une organisation internationale ou un organisme
de ce gouvernement ou de cette organisation..."
Le Président (M. Grégoire): Alors, il faudrait bien
expliquer, si je comprends bien, les factions et pouvoirs du ministre: Les
fonctions et pouvoirs du ministre consistent plus particulièrement
à: faciliter l'accès, par la conclusion d'ententes entre les
entreprises québécoises et les entreprises de
l'extérieur...
M. Lincoln: C'est "faciliter". Exactement. C'est
"faciliter"...
M. Fortier: II faudrait que le ministre essaie de voir la
logique. En fait, c'est: faciliter l'accès des biens et des services
produits au Québec aux marchés extérieurs...
Le Président (M. Grégoire): Par la conclusion
d'ententes entre les entreprises québécoises et de
l'extérieur...
M. Lincoln: ... entre les entreprises québécoises
et de l'extérieur. Nous pensons que c'est le sens de cet alinéa.
Ce n'est pas le sens de conclure des ententes entre le gouvernement et les
organismes, parce que c'est le sujet d'un article spécifique, plus
loin.
Si vous regardez, quand on dit ici que "les fonctions et pouvoirs du
ministre consistent plus particulièrement à: "1 faciliter
l'accès des biens et services produits au Québec aux
marchés extérieurs par des opérations promotionnelles, par
la conclusion d'ententes..." Ententes entre qui et quoi? Est-ce qu'on parle
d'une entente intergouvernementale? Nous avons pensé que cela aurait
été beaucoup plus sage de faciliter la conclusion d'ententes
entre les entreprises québécoises et de l'extérieur. (20 h
15)
M. Landry: Écoutez, je n'ai pas eu deux jours pour
réfléchir à votre amendement. À première
vue, je le trouve intéressant.
M. Lincoln: M. le ministre, si, par exemple, vous vous
référez à l'article 9 - on va voir l'article 9
après - et s'il est adopté comme il est maintenant: "Le ministre
peut conclure une entente avec un gouvernement autre que celui du
Québec, l'un de ses ministères, une organisation internationale
ou un organisme de ce gouvernement ou de cette organisation, en vue de
l'exécution de ses fonctions", vous avez tous les pouvoirs. Si on adopte
l'article 9, vous avez tous les pouvoirs de conclure des ententes avec un
gouvernement, un de ses ministères, une organisation internationale ou
un organisme quelconque; c'est là, dans l'article 9.
Nous n'avons pu conclure que ce paragraphe 1 était un paragraphe
qui avait trait à la facilitation de l'accès des biens et des
services produits au Québec aux marchés extérieurs.
M. Fortier: Je pense qu'il y a deux arguments. Le premier,
à mon avis, le but du ministère est d'inciter les entreprises du
Québec à faire du commerce extérieur. Deuxième des
choses, c'est une protection -comme j'y faisais allusion avant le dîner
-pour le ministre et le ministère contre des possibilités
d'intervention qui seraient malvenues.
M. Grégoire: Le seul point que j'y verrais... Je ne sais
pas si le ministre y verra les mômes points, mais j'aimerais au moins
avoir des explications. Est-ce qu'on ne cherche pas à limiter, quand on
dit les mots suivants: "entre les entreprises québécoises"?
N'y-a-t-il pas déjà une limitation?
M. Fortier: ... entreprise privée ou publique, il n'y a
pas de limitation. Cela peut être Hydro-Québec, SOQUEM ou cela
peut être...
M. Grégoire: ... canadienne oeuvrant au Québec.
Cela peut être une entreprise américaine qui fait affaires au
Québec.
M. Fortier: Ce n'est pas limitatif.
M. Grégoire: À ce moment-là, est-ce une
entreprise...
M. Fortier: Bien oui. Ce n'est pas...
M. Grégoire: Et entre les entreprises
québécoises et de l'extérieur...
M. Lincoln: Si vous voulez, les entreprises situées au
Québec ou...
M. Grégoire: Cela peut aussi être des individus.
M. Rivest: Ce qu'on veut éviter, c'est que cela ne se
réfère pas à des gouvernements.
M. Lincoln: Des gouvernements ailleurs.
M. Rivest: Les ententes ne sont pas claires.
M. Fortier: C'est sûr que c'est une limitation, mais c'est
une limitation qui est faite dans un bon but.
M. Rivest: Comme tous les amendements que l'Opposition
suggère.
M. Landry: Une limitation, parlez-moi donc de cela.
M. Grégoire: J'ai soulevé le point...
M. Rivest: Ce qu'on veut éviter... D'ailleurs ce n'est pas
le sens de l'article, c'est que cela se réfère à des
ententes, selon ce qu'on a compris, peut-être qu'on fait erreur. On a
compris que ce que le ministre voulait faire était de favoriser des
ententes entre entreprises ici au Québec ou à l'étranger
pour faciliter les... Cela ne se réfère pas, "pour faciliter
l'exportation des biens et services du Québec".... Le mot "ententes" ne
se réfère pas ici à des ententes entre gouvernements que
le ministre pourrait parapher, avec ses collègues de niveau
ministériel, avec quelque gouvernement à l'extérieur du
Québec.
M. Landry: ... gouvernement, c'est bien couvert à 9.
M. Rivest: C'est justement pour cela...
M. Fortier: Le gouvernement et les sociétés
d'État.
M. Landry: Sauf que vous oubliez le 2 qui parle d'accords
industriels. Et c'est cela les ententes.
M. Rivest: Oui, mais... Moi, je n'ai plus mes papiers...
M. Lincoln: À ce moment-là... De quoi, parle-t-on?
Est-ce qu'on parle d'accords industriels?
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: Pourquoi ne dit-on pas à la conclusion
d'accords industriels, puisqu'on dit déjà...
M. Landry: C'est ce qu'on dit au no 2.
M. Lincoln: D'accord. Mais là, on dit: "et la
réalisation d'accords industriels" et ici on parle de la conclusion
d'ententes. Alors qu'est-ce que c'est? Est-ce qu'on parle...
M. Rivest: Qu'est-ce que sont les ententes?
M. Landry: Conclure une entente et réaliser un accord...
Les ententes de gouvernement à gouvernement, vous en connaissez des
exemples, je peux vous en donner. On avait signé, Cointat-Landry - le
ministre du Commerce extérieur de la France quand j'étais au
développement économique - une entente sur les transferts
technologiques; on a ouvert un centre à Paris et les Français ont
ouvert un centre ici. Cela est une entente de gouvernement à
gouvernement. J'ai en tête, dans les semaines qui viennent, une entente
gouvernement du Québec et grande corporation américaine pour
faire, en commun, une étude de préfaisabilité d'un projet.
C'est un accord industriel.
M. Lincoln: Pourquoi ne dirait-on pas une entente commerciale ou
industrielle par rapport à une entente... Cela nous rassurerait. Il me
semble que, sous l'article 9, on ne dit pas que l'article 9... Des amendements,
mais l'article 9...
M. Rivest: Tel que rédigé. M. Lincoln: Tel
que rédigé...
M. Rivest: ... couvre les ententes de gouvernement à
gouvernement.
M. Lincoln: Alors, ici...
M. Landry: De gouvernement à gouvernement, c'est couvert.
D'ailleurs, les juristes me disent que, même s'il n'y avait pas l'article
9, j'aurais le droit quand même de le faire.
M. Rivest: Je pense que c'est plus les Affaires
intergouvernementales, compte tenu de leur loi, qui pouvaient le faire, mais,
si vous vous donnez aussi le pouvoir, vous pourrez le faire.
M. Landry: Non, on a dit que n'importe quel ministre, en fait, a
la personnalité juridique de signer des ententes.
Une voix: Sous réserve de la Loi sur les Affaires
intergouvernementales.
M. Landry: Sous réserve de la Loi sur les Affaires
intergouvernementales, si c'est à l'étranger. Alors, nous
disposons de ça, on spécifie à 9. Mais, les ententes entre
les entreprises québécoises et de l'extérieur, à
mon avis, ce sont précisément les accords industriels. Conclure
une entente ou réaliser un accord, ne jouons pas sur les mots, c'est la
même chose.
M. Rivest: Non, non, c'est une précision que nous voulons
avoir.
M. Lincoln: Exactement, c'est ça, il me semble qu'on
devrait dire, à ce moment-là, la conclusion d'une entente
commerciale et industrielle, si vous voulez, ou quelque chose comme ça,
qui précise que c'est pas la même chose que ce que l'on a à
9.
M. Rivest: C'est ça. C'est la seule chose. Je ne sais pas
comment on pourrait le préciser ou le rédiger. Nous avons
pensé que c'était ça, c'est pourquoi nous avons mis les
entreprises québécoises et l'extérieur. On pensait que
ça visait la démarche du ministre de favoriser des ententes. Je
pense, par exemple, dans le domaine de la coopération
franco-québécoise... Je vous avoue que, lors de ma
première lecture, j'ai pensé que c'était pour favoriser
les accords de licence qui existent et qui sont un des domaines de la
coopération franco-québécoise qui va très bien.
Mais ce sont de ententes entre entreprises, c'est-à-dire des
produits...
M. Landry: Industriels.
M. Rivest: C'est parce que maintenant, il y a l'article...
M. Landry: Je ne peux pas, de toute évidence, signer des
ententes entre entreprises, je n'en suis pas une.
M. Lincoln: Non, il s'agit de faciliter.
M. Landry: Bon, écoutez. Là, vous venez de me
convaincre. À l'alinéa 2 c'est exactement ça qu'on dit:
"Élaborer et mettre en oeuvre des programmes d'aide favorisant les
exportations et la réalisation d'accords industriels." Ce sont
précisément vos ententes. Cela doit se faire entre entreprises.
Le gouvernement n'est pas un industriel.
M. Rivest: À l'alinéa 1, ça veut dire quoi
"ententes"?
M. Lincoln: Pourquoi alors ne dit-on pas la même chose?
M. Fortier: M. le ministre, tout à l'heure, vous faisiez
allusion à faire faire une étude par une compagnie
américaine. Cela, c'est prévu à l'alinéa 7.
"Exécuter ou faire exécuter des recherches, des études ou
des analyses dans le domaine des relations économiques et
commerciales..."
M. Landry: Non, parce qu'il faut que je signe avec la compagnie
en question.
M. Lincoln: Oui, oui. L'alinéa 7 permet de faire faire des
études. Ce peut être la compagnie américaine qui fait les
études.
M. Landry: Non, non. Si je les fais, moi, les études. Non,
vous ne me comprenez pas. Je ne vais pas demander à un consultant
américain de faire une étude pour moi. C'est un Américain
qui est intéressé à une activité industrielle et
qui veut que nous fassions l'étude ensemble. Voyez-vous. Alors, à
deux, on va faire un "joint venture" et on va engager un consultant.
M. Rivest: Donc là, c'est une entente...
M. Landry: C'est une entente de la nature de celle qui se trouve
à l'alinéa 2.
M. Rivest: C'est une entente entre le gouvernement du
Québec et l'entreprise. Est-ce que c'est couvert ailleurs dans...
M. Landry: Dans l'alinéa 1: conclusion d'ententes, en
général. Ce n'est pas limitatif. Vous pouvez le laisser sur la
table pendant qu'on continue notre réflexion et que les...
M. Rivest: II peut peut-être le regarder...
M. Lincoln: ... ententes commerciales et industrielles, pour
situer de quoi on parle.
M. Landry: Moi aussi, je l'ai déjà regardé,
mais parfois dix minutes d'étude de plus ça ne nuit pas.
M. Lincoln: Pourquoi, sur l'alinéa 2, M. le ministre, nous
parlez-vous d'accords industriels? Pourquoi ne parlez-vous pas d'ententes?
M. Landry: C'est à titre d'une information qu'on vous
donne et ce n'est pas
limitatif parce que ça peut être une entente technologique,
si vous dites industrielle. Mais une entente technologique peut faciliter
l'accès de biens et services...
M. Fortier: Mais, quand même, je croyais que le but... Je
comprends bien qu'il peut y avoir des exceptions, mais le but des
activités, à notre point de vue, ce qu'on voudrait encourager
avec ce commerce extérieur, ce sont les entreprises
québécoises, quelles soient peut-être des
sociétés d'État, mais dans la très grande partie
des entreprises privées, à signer des ententes de
développement technologique avec des sociétés de
l'extérieur. Par exception, je pense bien que mon exception fait la
règle, ce qu'il faudrait éviter, c'est qu'étant
donné que la loi serait adoptée comme ceci, le gouvernement du
Québec se dise: Nous sommes exportateurs, donc nous nous érigeons
en exportateurs des biens et services du Québec en tant que
gouvernement. C'est ça que ça dit ici.
M. Landry: Non, non.
M. Fortier: Et c'est là notre crainte, c'est qu'une fois
que la loi est adoptée, le ministère du Commerce extérieur
s'érige en exportateur un peu comme un exportateur du genre japonais, en
disant: Nous exportons.
M. Landry: Oui.
M. Fortier: C'est un genre de "Trading Corporation" ou finalement
vous auriez une CCC comme celle qu'il y a à Ottawa, avec laquelle les
entreprises canadiennes n'étaient pas d'accord. À ce
moment-là, ce n'est pas tellement d'encourager et de faciliter, parce
qu'ici on dit très bien "faciliter l'accès des biens et des
services produits au Québec aux marchés extérieurs." On le
voyait dans un sens de supplétif et d'aide. Si vous le laissez tel quel,
la conclusion d'ententes, ce pourraient être celles que le gouvernement
du Québec passe par des ententes technologiques, par des ententes
d'exportation, par des ententes diverses qui feraient que l'État du
Québec serait exportateur lui-même, finalement, une "trading
house" pour l'État du Québec.
M. Landry: Je dois vous dire qu'éventuellement la chose
pourrait arriver. Je me souviens d'une fois qu'on a été
coincé; on venait d'arriver au pouvoir, on venait de donner la garantie
gouvernementale, le gouvernement précédent, à un abattoir
de cailles congelées. Vous rappellez-vous? On s'est retrouvé avec
1 000 000 de cailles qu'on a eues en garantie. Le gouvernement était
propriétaire de cailles congelées pour des années et il a
dû en disposer...
Une voix: On les a vendues.
M. Fortier: ... une société d'État qui
oeuvre dans le domaine de l'agro-alimentaire...
M. Landry: Oui, mais c'était le ministère des
Finances qui avait donné la garantie. Il y a aussi ce cheptel chevalin
dont vous nous...
M. Rivest: Ils n'étaient pas congelés, mais ils
étaient en Floride, M. le ministre.
M. Landry: Oui, c'est vrai, on avait hérité d'un
certain nombre de trotteurs que vous nous aviez laissés. On les a encore
d'ailleurs.
M. Rivest: C'était la seule chose qui continuait de bouger
sous la nouvelle administration, mais, en tout cas... Oui, d'accord. Mais je
pense que le point qu'a soulevé le député d'Outremont,
c'est exactement cela, c'est qu'on ne voulait pas, enfin, à notre
idée, que les ministères, c'est pour cela qu'on a mis les
entreprises pour couvrir Hydro-Québec...
M. Landry: ... exportateurs, parfait, d'accord.
M. Rivest: ... deviennent des producteurs de biens et de services
et qu'ils les exportent. C'était cela, finalement.
M. Landry: II n'y a aucun problème pour cela; je me suis
opposé à cela. Vous parliez de discussion interne avec mon ancien
collègue, M. Tremblay, eh bien, il avait une idée de ce genre,
que j'ai vivement combattue parce que je trouvais que cela n'avait pas de bons
sens. Et puis le gouvernement...
M. Fortier: II va sans dire, comme disait Talleyrand, mais cela
va encore mieux en le disant.
M. Landry: Oui, mais à la façon dont vous le dites,
cela n'ajoute rien à ce qui est déjà là et cela
limite la possibilité, dans les cas exceptionnels, de faire des
ententes.
M. Rivest: Alors, qu'est-ce qui arrive?
M. Landry: II arrive que - je ne sais pas - on vous
suggérerait de vous départir de cet amendement.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que je comprends bien?
C'est M. le député de Nelligan qui a proposé...
M. Rivest: Alors, on le votera...
Le Président (M. Desbiens): On le votera.
M. Rivest: ... sur division.
M. Grégoire: Je voudrais savoir... Vous avez
mentionné que vous vouliez éviter que le Québec ne
devienne producteur de biens et de services et les exporte...
M. Landry: ... le gouvernement. M. Grégoire: Le
gouvernement.
M. Rivest: Les ministères, parce que le mot "entreprises"
comprenait les entreprises publiques...
M. Landry: Oui, sur cela, vous avez raison.
M. Rivest: ... comme, par exemple, la Société
nationale de l'amiante, par notre amendement, est tout à fait couverte,
c'est-à-dire qu'elle pourrait conclure des ententes. Il n'y a pas de
problèmes.
M. Lincoln: On ne veut pas que le gouvernement...
M. Landry: Ah non! Mais le gouvernement n'a pas l'intention de se
lancer dans ce genre d'activité.
M. Grégoire: Ce serait par des entreprises, par des
sociétés d'État.
M. Rivest: Par des entreprises québécoises. Alors,
on le propose, M. le ministre. Quel est votre sentiment final?
M. Landry: Mon sentiment personnel, qui est assis sur celui de
mes savants conseillers, est à l'effet de ne pas accepter votre
amendement et de voter contre.
M. Lincoln: Est-ce qu'on vote?
Le Président (M. Desbiens): Alors, est-ce qu'on vote?
M. Rivest: Oh oui! M. le Président, c'est quand
même...
Le Président (M. Desbiens): À main levée
ou...?
M. Rivest: Appel nominal, M. le Président, c'est quand
même assez important.
Le Président (M. Desbiens): M.
Beaumier (Nicolet).
M. Beaumier: Je suis contre. M. Rivest: Vous êtes
contre.
M. Beaumier: Qu'est-ce que veut dire non? Pour vous autres, un
non veut dire un oui.
Le Président (M. Desbiens): M. Fortier (Outremont).
M. Fortier: Je suis pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Ciaccia (Mont-Royal) est
absent. M. Payne (Vachon). À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Contre. M. Gauthier
(Roberval); M. Landry (Laval-des-Rapides).
M. Landry: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Grégoire
(Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Lincoln (Nelligan).
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Rivest (Jean-Talon).
M. Rivest: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Alors, l'amendement est
rejeté. Est-ce que l'article 8 est adopté?
M. Lincoln: Le même vote, M. le Président.
M. Rivest: Pardon?
M. Lincoln: C'est le même vote, alors...
M. Rivest: Tout l'article 8?
M. Lincoln: Non, pas l'article 8. On parle de l'article 1...
M. Rivest: Oh! vous y allez allègrement, M. le
Président.
M. Lincoln: ... paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Desbiens): Posez la question.
M. Lincoln: Ah! Non, on parle de cela... Si on se comprend, on
fera...
Le Président (M. Desbiens): Alors, on adopterait article
par article?
M. Lincoln: Ah! oui, ah! oui, parce que cet article est
très important...
Le Président (M. Desbiens): Alors, c'est dire que
l'article 8.1 est adopté.
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Sur division. Est-ce que le
deuxième alinéa est adopté?
M. Lincoln: Oui, le deuxième est adopté.
M. Rivest: Attendez!
M. Lincoln: II n'y a pas de problème avec le
deuxièmement.
M. Rivest: Non.
M. Lincoln: Alors, le deuxième alinéa est
adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que le
troisième alinéa est adopté?
M. Lincoln: Le troisième alinéa? Oui, il est
adopté.
M. Rivest: Attendez! Un instant. Ce n'est pas limitatif.
Évidemment, les...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il est
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'alinéa 4 est adopté?
M. Lincoln: Non, à l'alinéa 4, nous avons un
amendement.
M. Landry: J'espère que vous m'en soumettrez un que
j'aurai la joie d'accepter.
M. Fortier: Ce n'est pas sûr.
M. Rivest: Ce n'est pas sûr parce que, de toute
façon, comme vous l'avez indiqué, ce projet de loi n'est qu'un
essai loyal pour quelques... '
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je propose un amendement pour les raisons bien
simples qu'on parle ici...
Le Président (M. Desbiens): Excusez, on va le lire
d'abord.
M. Lincoln: ... des investissements étrangers...
Le Président (M. Desbiens): Vous le lirez d'abord, M. le
député.
M. Lincoln: ... collaborer avec les autres ministères...
On parle du gouvernement du Canada, parce que nous pensons que c'est un sujet
où on parle des investissements étrangers. Il y a toute la
question... (20 h 30)
M. Landry: II me fera plaisir d'en accepter un.
M. Lincoln: ... du contrôle...
M. Fortier: C'est très important, le ministre est d'accord
avec moi là-dessus...
M. Lincoln: ... provincial et fédéral de certaines
entreprises. Il me semble qu'il est essentiel, s'il y a une collaboration
fédérale-provinciale dans les investissements étrangers...
Il est important qu'il y ait une collaboration pour synchroniser les politiques
fédérales et provinciales sur la question des investissements
étrangers. C'est le sens de notre amendement.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement du
député de Nelligan se lit comme suit: "L'article 8 du projet de
loi est modifié en ajoutant, à la première ligne du
paragraphe 4, après le mot "ministères", les mots "et le
gouvernement du Canada".
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: J'aurais des doutes sur la
recevabilité, parce que je me demande s'il est possible à une
commission parlementaire de l'Assemblée nationale du Québec
d'engager d'avance le gouvernement du Canada, par sa collaboration... Oui, mais
on dit "en collaboration avec le gouvernement du Canada".
M. Rivest: M. le Président...
M. Grégoire: J'ai la parole, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Si jamais le gouvernement du Canada
décidait de ne pas collaborer, on attendrait quoi?
Une voix: II ne coopère plus, de toute façon.
M. Grégoire: On dit "et la collaboration du gouvernement
du Canada", mais, s'il
décide de ne pas collaborer, cela voudrait dire que
l'Assemblée nationale, si elle voulait obliger le gouvernement
fédéral à poser des gestes, soit en disant oui ou non
à un investissement...
M. Rivest: Sur la recevabilité, M. le Président, je
n'ai pas d'argument à invoquer...
M. Grégoire: Je crois que cet amendement-là est
irrecevable.
M. Fortier: J'en ai des arguments, parce que, dans la Loi sur le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, on trouve,
à l'article 2, 2e alinéa, "de coopérer avec le
gouvernement du Canada pour faciliter la mise à exécution au
Québec des lois du Parlement du Canada relatives à l'industrie et
au commerce."
M. Landry: Ah! ce n'est pas pareil.
M. Fortier: Bien oui, c'est de la coopération avec le
gouvernement du Canada.
M. Landry: Non, ce sont les lois déjà votées
par Ottawa.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons statuer.
M. Rivest: C'est ce qu'on veut aussi.
M. Grégoire: Non, mais, par cet article, c'est le
Québec qui offre sa collaboration.
M. Rivest: C'est exactement ce qu'on veut. C'est ça.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre! M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Le gouvernement fédéral a des
responsabilités extrêmement importantes et Bombardier en a
très largement profité, n'est-ce pas?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Landry: Elle aurait été plus
généreuse si le Québec avait été
souverain.
M. Rivest: Est-ce que l'amendement est recevable, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): Oui, l'amendement en soi est
recevable. Il faut tout simplement l'ajouter.
M. Fortier: Merci.
M. Rivest: Est-ce que le ministre, compte tenu...
Le Président (M. Desbiens): Sur le fond de l'amendement,
maintenant.
M. Rivest: Oui, mon collègue, en présentant
l'amendement, a invoqué cet argument. Compte tenu de la
déclaration de principe que le ministre a indiqué dans son
discours de deuxième lecture et, deuxièmement...
M. Fortier: Et qu'il a réitérée hier.
M. Rivest: ... compte tenu de l'argument que vient d'invoquer mon
collègue, le député d'Outremont, c'est-à-dire qu'un
amendement tout à fait analogue existe, qu'une disposition tout à
fait analogue existe dans nos lois actuellement; troisièmement, compte
tenu de l'objectif - je pense que c'est ça - du présent projet de
loi qui est vraiment, dans le régime constitutionnel actuel, de mettre
tout en oeuvre pour aider à faire en sorte que les biens et services
produits au Québec puissent faire l'objet de contrats ou de transactions
à l'étranger, puissent être exportés, je pense qu'il
y a tout intérêt, à l'article 4, qu'il y ait une obligation
d'ordre légal, que le ministre d'ailleurs sera libre d'apprécier
au fil de son jugement et de sa discrétion ministériels, de
collaborer, non seulement avec les autres ministères du gouvernement du
Québec, mais également avec le gouvernement du Canada.
Quand nous mentionnons "gouvernement du Canada" dans l'amendement, en
vertu de la Loi d'interprétation, je pense que le gouvernement couvre
également ses organismes. Je pense que cela s'imposerait. Si le ministre
a une autre formulation, je pense qu'il pourrait certainement la
suggérer. Je pense que ce serait extrêmement important pour
traduire, dans un geste concret, les intentions très clairement
exprimées par le ministre et qui répondent aux objectifs des
entreprises québécoises qui, elles, ont déjà une
pratique, de toute manière, en matière de commerce
extérieur avec le gouvernement canadien et les institutions
appropriées. Elles ne demandent pas mieux, celles qui appuient
l'initiative du gouvernement du Québec - je pense que mon
collègue d'Outremont l'a souligné dans son discours, en
deuxième lecture - mais elles exigent, pour donner leur adhésion
au présent projet de loi et leur entière collaboration au
gouvernement du Québec, que ces entreprises, petites, moyennes ou
grandes au Québec ne soient pas prises, dans leurs initiatives
d'exportation des biens et des services, dans quelque querelle que ce soit de
nature politique qui peut avoir sa justification et son intérêt,
mais qui, sur une base strictement d'affaires et sur une base strictement
économique, risque de compromettre les objectifs que le ministre
poursuit.
Je demanderais au ministre qui cherche, depuis le début de cette
étude article par article, à accepter un amendement de
l'Opposition... Je pense que cet amendement ne renverse rien, sauf qu'il
apporte une précision qui est non seulement utile, mais qui
m'apparaît importante pour permettre au ministre de jouer vraiment un
rôle utile pour l'ensemble du monde économique au
Québec.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Grégoire: Oui, je peux bien y aller.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: II y a une chose qui me fait peur
là-dedans. C'est de demander la collaboration du gouvernement du Canada.
Je suis tellement habitué à voir qu'il n'est pas vite. S'il y a
un gouvernement qui est lent dans tout cela, c'est bien le gouvernement du
Canada. Quand on sait le temps que cela prend pour qu'il bouge, pour qu'il
réagisse, je me dis que ce serait mettre des boulets aux pieds du
ministère en disant: Chaque fois que vous voudrez faire de la
prospection d'investissements étrangers... Les gens vont se tanner avant
de venir investir parce que cela n'aboutira pas. Le gouvernement du Canada ne
se décidera pas. J'aurais peur des délais.
Énormément. Il me semble que... On l'a vu d'ailleurs.
S'il fallait qu'il se produise la même chose que dans le cas de la
politique des grains, cela deviendrait grave. Vous savez ce qu'ils sont en
train de faire dans la politique des grains? S'il fallait qu'ils commencent la
même chose pour nos investissements, quand on sait à quel point le
gouvernement d'Ottawa a favorisé les investissements ici, au Canada.
Cela a toujours été en Ontario. Il s'agirait qu'on dévoile
des secrets d'un investisseur possible ici pour que, tout de suite, Ottawa se
retourne et aille le dire dans le creux de l'oreille du ministre du Commerce et
de l'Industrie en Ontario, qu'ils adoptent des lois sous la table et disent:
Tiens, on va vous donner tant de plus si vous allez en Ontario. On sait que
cela s'est produit. On sait que cela se produit. On le sait. J'aurais peur d'un
gouvernement qui ne nous a jamais favorisés, d'un gouvernement qui s'est
toujours retourné dès qu'il a pu pour essayer de favoriser
l'Ontario. On le voit.
Il y avait un domaine dans lequel le Québec avait quasiment le
monopole, c'était le domaine de la construction aérienne.
Qu'est-ce qu'ils se sont dépêchés de faire avec les
investissements étrangers? L'achat du F-18 est un investissement
étranger ici. Les parties de construction qu'il viennent faire ici...
Qu'est-ce qu'ils ont fait? Tout en Ontario.
Une voix: Les deux tiers.
M. Grégoire: Les deux tiers, en Ontario. Je dis...
M. Rivest: N'en parlez pas plus.
M. Grégoire: ... si vous allez mettre le gouvernement du
Canada dans nos secrets des investisseurs possibles pour le Québec,
aussitôt, ils se retournent pour le dire à l'Ontario et ils leur
donnent toutes les adresses, les numéros de téléphone et
ils disent au ministre de l'Industrie de l'Ontario: Dépêchez-vous
de téléphoner aux États-Unis, il y a un investisseur
possible au Canada. Volez cela au Québec.
On sait que cela s'est produit. On sait que c'est comme cela que cela
arrivera. Vous aimez mieux retirer...
M. Lincoln: On ne retirera pas l'amendement.
M. Grégoire: Vous retirez votre amendement, très
bien.
M. Rivest: On ne retire pas l'amendement, mais on va le...
M. Lincoln: Moi, je vais le demander aussi.
M. Grégoire: Le vote, parfait.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Rivest: Continuez à faire des beaux discours et,
après cela, quand il s'agit de...
M. Grégoire: Ce sont des réalités.
M. Landry: Je pense que vous méritez qu'on réponde
aux efforts que vous faites pour bonifier la loi.
M. Rivest: ... la salade du député de
Frontenac?
M. Grégoire: Mais ce sont des faits vécus. Et vous
le savez.
M. Landry: Vous qualifiez outran-cièrement les propos de
mon collègue qui fait son effort pour vous démontrer que votre
amendement est non avenu.
M. Rivest: J'ai tort, j'en conviens.
M. Landry: Si vous l'injuriez, lui, vous m'injuriez aussi parce
que je pense exactement la même chose que lui sur ce
propos.
M. Rivest: Vous êtes masochiste.
M. Landry: Non. Je vous dis honnêtement ce que je pense des
propos déplacés que vous avez eus à son endroit.
M. Rivest: Je n'ai pas eu de propos déplacés.
N'est-ce pas, M. le député de Frontenac?
M. Grégoire: Oui, parce que ce que j'ai dit est vrai. Vous
le savez que c'est vrai. Je l'ai vécu, je l'ai vu et on a des exemples
régulièrement de cela...
M. Rivest: Une question.
M. Grégoire: ... que le gouvernement d'Ottawa a toujours
fait son possible pour envoyer tous les investissements étrangers en
Ontario plutôt qu'au Québec. Cela est régulier. Mais vous,
c'est parce que vous voulez défendre votre grand frère d'Ottawa
que vous...
Le Président (M. Desbiens): C'est le député
de Jean-Talon qui a demandé la parole le premier?
M. Grégoire: II ne faut pas les dire trop fort, ces
affaires-là. Mais quand on vous les dit, vous dites...
M. Rivest: Séparatiste.
M. Grégoire: Ce n'est pas une question de
séparatisme. J'étais fédéraliste en 1962,
j'étais député à Ottawa et la même chose se
produisait dans le temps. Ce sont eux qui m'ont entraîné contre le
système qui veut que le gouvernement d'Ottawa favorise toujours
l'Ontario au détriment du Québec. Vous voulez qu'on aille leur
faire connaître les investisseurs possibles qu'on aurait, qu'on aille
leur dévoiler cela pour qu'aussitôt ils se retournent...
M. Rivest: TIRA, cela existe. Arrêtez donc!
M. Grégoire: ... qu'ils nous donnent des coups de poignard
dans le dos et qu'ils fassent l'investissement en Ontario? Voyons donc!
M. Rivest: II n'y a pas un investisseur sérieux qui va
venir au Canada et au Québec sans passer par le cadre des programmes du
gouvernement canadien qui existe et qui est une réalité pour les
investisseurs étrangers. Ayez donc ce minimum de respect!
M. Grégoire: Alors, pourquoi aller leur demander leur
collaboration s'ils commencent par là?
M. Rivest: Vous allez tous...
M. Grégoire: Pourquoi aller leur demander leur
collaboration s'ils commencent par là?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: C'est justement parce que nous pensions que, s'il y
avait une collaboration quelconque... Même en admettant que vos arguments
soient tous valables, puisque, jusqu'à nouvelle du contraire, le
Québec est une partie du Canada et que le Canada est une partie
intégrante du commerce international des investissements
étrangers, il faudrait une collaboration avec le gouvernement du Canada.
Alors, on ne va pas s'éterniser dans des discours interminables pour
écouter les mêmes choses.
M. Fortier: Là-dessus, je pense que les...
Le Président (M. Desbiens): Excusez-moi, M. le ministre a
demandé la parole.
M. Fortier: Je voulais tout simplement tenter de convaincre mon
collègue - je pense qu'on est d'accord des deux côtés de la
table; le ministre l'a dit; en ce qui concerne...
M. Landry: ...
M. Fortier: Non, non. ... sur le fait que, pour exporter à
l'étranger, c'est requis pour les entreprises qui viendraient
s'établir ici. Quand on parle de collaboration, on ne dit pas non plus
de jouer nos cartes au Québec de telle façon que l'entreprise va
aller s'établir ailleurs. Il est bien certain que, lorsqu'il s'agit de
collaboration dans ce sens-là, si le Québec avait une information
privilégiée, à mon avis, ce serait tout à fait
normal qu'il la conserve et l'utilise à bon escient. Il va arriver,
comme le dit mon collègue de Jean-Talon... De toute façon, si
c'est une entreprise étrangère qui vient s'établir ici, il
faudrait bien dire à quelqu'un à Ottawa que cette entreprise veut
venir s'établir ici. Que le ministre choisisse le "timing" le plus
approprié pour faire cette communication, je pense bien que personne ne
va s'en plaindre. Au contraire, je crois que ce serait agir en hommes
d'affaires astucieux que de jouer nos cartes de telle façon que les
entreprises étrangères viennent s'établir au Québec
et que, en conséquence, cet amendement qui est de collaborer avec le
gouvernement du Canada, que ce soit pour l'exportation ou pour amener des
entreprises
au Québec, ceci se fasse dans le meilleur intérêt du
Québec en collaboration avec le gouvernement du Canada, cela va sans
dire. Je ne crois pas que notre amendement préjuge de certaines
difficultés auxquelles le député de Frontenac fait
référence et empêche le ministre d'user de son jugement
pour faire en sorte que ce soit le Québec qui soit gagnant en
définitive.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Je suis très heureux de voir le
député d'Outremont admettre en grande partie le bien-fondé
de la thèse qui avait été développée par le
député de Frontenac.
M. Fortier: Je n'ai rien admis, M. le Président, je le
prenais comme hypothèse.
M. Landry: Je vous ai surtout laissé parler.
M. Fortier: Je parle en homme d'affaires.
M. Landry: II nous conseille, en homme d'affaires astucieux,
dit-il, de choisir le "timing" pour dévoiler, etc. Cela prouve que le
député de Frontenac avait parfaitement raison,
premièrement. Deuxièmement, je crois qu'en ces matières,
il faut également de l'astuce. On s'entend là-dessus. Il faut
aussi de la coopération non seulement avec le gouvernement du Canada,
mais aussi avec celui de la Chine populaire, si la chose était
nécessaire, pour avoir un investissement étranger; cela ne fait
pas le moindre doute. Cependant, je ne voudrais pas qu'un ministre
québécois - d'aujourd'hui ou de demain ou d'après-demain
se retrouve avec l'obligation de le faire, parce qu'il pourrait y être
contraint devant les tribunaux. Vous vous rendez compte?
Une voix: Ah!
M. Landry: Non, on fait des lois ou on n'en fait pas. Les
tribunaux interprètent ces lois.
Des voix: ...
M. Landry: On pourrait être l'objet d'une injonction
mandatoire sur la base de l'amendement que vous êtes en train de nous
mettre dans les pattes. Alors, on pourrait arriver à la situation
suivante: Disons, par une hypothèse impossible, qu'un ancien premier
ministre du Québec, M. Robert Bourassa, serait ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme du Québec ou ministre du Commerce
extérieur et que son vis-à-vis fédéral serait M.
André Ouellet, dont il a dit que c'était le personnage le plus
insignifiant de l'histoire de la politique fédérale. Pensez-vous
que M. Bourassa serait content de voir, au quatrième alinéa de
son article 8, qu'il doit aller parler à l'homme qu'il considère
le plus insignifiant de l'histoire de la politique fédérale?
C'est très hypothétique que M. Bourassa devienne ministre du
Commerce extérieur...
M. Lincoln: Tout de même...
M. Landry: ... et très hypothétique qu'André
Ouellet reste là encore bien longtemps. De toute façon, si la
chose était arrivée ce temps-ci, alors que l'estime que porte M.
Bourassa à M. Ouellet est plutôt aléatoire, cela aurait
été une entrave et un boulet aux pieds du ministre
québécois, dont il n'a pas besoin.
M. Grégoire: D'autant plus qu'il traite de la prospection
et la prospection...
M. Rivest: Avez-vous terminé? (20 h 45)
M. Landry: M. le Président, je n'ai pas tout à fait
terminé.
M. Rivest: Non, terminez, M. le ministre.
M. Landry: Pour illustrer que la thèse du
député de Frontenac, partiellement confirmée par le
député d'Outremont, n'est pas théorique ou fantaisiste, je
vous rappelle l'affaire Volkswagen. M. Pierre De Bané qui était,
à l'époque, ministre de l'Expansion économique
régionale, s'est scandalisé publiquement et a vilipendé la
fonction publique fédérale de lui avoir caché pendant un
an l'évolution du dossier Volkswagen. Il l'a révélé
lui-même, accusant les fonctionnaires ontariens du ministère de
l'Industrie et du Commerce fédéral d'avoir concocter toute cette
affaire jusqu'à un point de non-retour avant qu'un seul ministre
québécois en entende parler. Cette chose a été
reprise au caucus des députés fédéraux. Donc, ce
que vous nous proposez, c'est une activité périlleuse,
suicidaire. Si une coopération - et j'admets qu'elle doit exister - avec
le gouvernement du Canada doit se faire, il y a beaucoup d'instances pour cela
et auxquelles nous devons respect: la conférence des premiers ministres
des provinces; les conférences fédérales-provinciales du
premier ministre du Canada et des premiers ministres des provinces; la
conférence des ministres de l'Industrie et du Commerce du Canada, la
conférence des ministres du Commerce extérieur à laquelle
j'ai eu l'honneur d'assister - cela a été la première
conférence fédérale-provinciale à laquelle j'ai
assisté en tant que ministre délégué au Commerce
extérieur - qui sont en mesure d'organiser, de façon
permanente,
toute cette coopération que vous souhaitez. Mais, de là
à lier les mains à un membre du Conseil exécutif du
gouvernement du Québec dans cette coopération souhaitable, mais
dont on doit user avec astuce et parcimonie, comme l'a dit le
député d'Outremont - il n'a pas dit parcimonie, je l'ajoute... Je
pense que votre amendement nous empêcherait d'atteindre facilement ces
objectifs et d'une façon beaucoup plus habile.
M. Rivest: M. le Président, le premier argument...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: ... contestation judiciaire, c'est l'argument le plus
fort.
M. Landry: On fait des lois ou on n'en fait pas?
M. Rivest: Oui. Est-ce qu'il y aura un risque de contestation
judiciaire parce qu'à l'article 8, paragraphe 4, on vous fait
l'obligation de collaborer avec les autres ministères du
gouvernement?
M. Landry: II y a M. André Ouellet qui était
ministre fédéral...
M. Rivest: ... non, les autres, dans votre article...
M. Landry: ... son opposant était M.
Robert Bourassa. Comme les deux hommes ne peuvent pas se sentir, cela
pourrait arriver.
M. Rivest: Dans votre article, "... collaborer avec les autres -
mettons qu'on ne fait pas d'amendement - ministères à la
prospection des investissements étrangers", bien entendu, les autres
ministères sont des ministères québécois. Est-ce
que cela ouvrira une contestation judiciaire? Franchement, M. le
Président, je vois votre scepticisme qui est très
révérencieux à l'endroit du ministre, mais je pense
que...
M. Landry: II n'y a jamais eu un procès entre deux
ministères québécois, mais il y en a eu 500 entre le
Québec et le Canada.
M. Rivest: En tout cas, de toute façon... C'est absolument
ridicule. Le deuxième argument...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, vous n'avez pas à prêter d'intention aux autres
députés, encore moins au président.
M. Grégoire: Je ne sais pas quelle sorte d'argumentation
vous faites, mais...
M. Rivest: Non, M. le Président, c'était tellement
évident. Je sais que vous êtes un homme raisonnable, très
modéré et très conscient des responsabilités du
Québec...
Le Président (M. Desbiens): Vous allez me forcer à
dire que...
M. Rivest: ... c'est dans ce sens que j'ai
interprété votre sentiment.
Le Président (M. Desbiens): Alors, laissez...
M. Rivest: Mais je n'ai rien vu.
Le Président (M. Desbiens): Oui, d'accord, j'aime mieux
cela.
M. Rivest: Alors, deuxièmement, il s'agit des
investissements étrangers. Je pense que mon collègue d'Outremont
pourrait sans doute vous en parler davantage, lui qui a oeuvré, ainsi
que mes autres collègues, dans le domaine, mais... Les investisseurs
étrangers qui viennent au Québec et qui choisissent de venir au
Québec y viennent aussi dans le contexte actuel. Ils ne prennent pas une
décision de venir s'implanter au Québec uniquement parce qu'un
ministre ou le gouvernement du Québec fait des efforts pour les y
attirer. C'est un élément extrêmement important, on en
convient, et tous les gouvernements ont eu cette politique et peut-être
bien davantage d'ailleurs, au titre des investissements étrangers, les
gouvernements précédant celui qui est là actuellement,
dans la mesure où le parti politique qui est derrière cela est
quand même beaucoup plus limitatif sur les investissements
étrangers. Or, dans la décision d'investir, ils regardent les
avantages objectifs du Québec, la main-d'oeuvre, enfin, la
possibilité de marché, la fiscalité, etc. C'est le dossier
que le Québec a à offrir, mais il n'y a pas un investisseur
étranger qui prendra une décision réfléchie de
venir s'installer au Québec dans le régime constitutionnel actuel
sans avoir égard à l'ensemble des composantes de son
investissement qui concerne la dimension fédérale,
c'est-à-dire la fiscalité, le marché canadien et
l'ensemble des politiques et des programmes incitatifs qui favorisent
l'implantation d'un investissement en espèces au Canada et, en
particulier, au Québec. Alors, l'article 4 n'est pas tous azimuts. Il se
réfère justement à l'investissement étranger. Je
pense que la seule lecture utile... Ceux qui doivent faire la lecture de cet
article pour voir les intentions du gouvernement du Québec dans cette
loi, il me semble que c'est très important qu'ils sachent à
l'avance, et dans l'intérêt même du Québec, que le
gouvernement du Québec va accepter de collaborer, puisque c'est le
terme qu'on emploie, autrement dit d'intégrer les propres efforts
qu'il va faire, ou qu'il veut faire, pour attirer un investissement
étranger à ceux qui sont faits par le gouvernement
fédéral.
Il me semble, M. le ministre, que, quand vous allez vous trouver devant
un investisseur étranger et que vous allez pouvoir lui dire que, en
vertu de la loi... Je suis convaincu, et j'en ai une connaissance personnelle
à cause de l'expérience que j'ai eue dans le domaine, qu'une des
choses qui ont toujours été sur la table lorsqu'il s'est agi d'un
investisseur étranger - je suis convaincu que l'expérience du
ministre est probablement mille fois plus probante que la mienne dans ce
domaine, compte tenu des responsabilités qu'il a eues - c'est que les
problèmes juridictionnels entre le Québec et le gouvernement
fédéral, les problèmes de conflits d'intérêts
entre les diverses régions du Canada qui veulent toutes avoir le plus
possible d'investissements étrangers, les investisseurs étrangers
veulent en rester très loin. Les entreprises choisissent le site le plus
favorable pour leurs fins propres, c'est-à-dire la rentabilité de
leur investissement.
Toutes ces questions soulevées par le député de
Frontenac - et le ministre lui-même a fait référence
à des problèmes de M. De Bané ou de M. Ouellet, etc. -
tout ça, c'est dans l'univers politique. Le problème de
l'investissement de Volkswagen auquel le député de Frontenac a
fait référence, on pourrait en citer a contrario. J'ai
rencontré à quelques reprises, avec le député de
Notre-Dame-de-Grâce qui est ici, les gens du conseil central de la CSN, a
Sorel, qui ont - et Dieu sait que ce ne sont pas des libéraux ou des
fédéralistes, enfin, peu importe leur opinion - à se
plaindre du gouvernement du Québec parce que le gouvernement du
Québec ne collabore pas, à leur point de vue de travailleurs,
suffisamment pour développer la division de Marine. Ils l'ont
exprimé dans des conférences de presse. Ils nous l'ont dit
à deux ou trois reprises. Mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce était là. Ils ne veulent rien savoir de
ce problème politique, mais néanmoins important parce qu'ils s'y
intéressent. Pour donner un exemple qui est contraire à ce qui se
passe à Ottawa, ils sont allés eux-mêmes à Ottawa
rencontrer les fonctionnaires fédéraux qui s'occupent de la
construction navale, de l'octroi des contrats et ils se sont fait dire - et je
pense que je puis le dire publiquement, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce - Quoi, Marine fait encore du naval? Vous voyez? Ils
n'étaient même pas informés de la part du gouvernement du
Québec que Marine continuait à faire du naval parce que la
décision était extrêmement floue.
Peu importe le dossier de Volkswagen ou de Marine, ce que je dis, c'est
qu'il me semble que, pour remplir cette fonction, le ministre qui va avoir
à rencontrer des investisseurs étrangers... Je pense que le seul
critère d'évaluation de la pertinence ou de la non-pertinence de
l'amendement qui a été suggéré par mon
collègue de Nelligan, ce n'est pas de se placer dans notre optique
libérale ou dans notre optique péquiste, quelles que soient les
frustrations réciproques qu'on puisse ressentir sur l'attitude des uns
et des autres. Je pense qu'une lecture intelligente et responsable de l'article
4 ne doit se faire que dans la perspective de l'investisseur étranger
qui accepte de venir au Québec et qui acceptera, je l'espère, de
venir au Québec dans le cadre constitutionnel actuel. Si le cadre
constitutionnel change, les investisseurs s'en accommoderont de la
manière qu'ils jugeront bonne à ce moment-là. Mais, pour
la prise de décision qui est très importante sur le plan des
investissements étrangers, je pense qu'ils doivent voir dans les textes
de la loi, comme le ministre a pris le soin de le dire - et je ne lui en fais
pas grief, au contraire, on l'a grandement apprécié - que, dans
l'accomplissement des responsabilités qu'il a en matière de
commerce extérieur, il entend collaborer avec les institutions
fédérales.
Je pense que c'est la seule façon responsable d'examiner cet
article; plaçons-nous dans la peau et dans la situation d'un
investisseur étranger qui fera la lecture de cet article et qui verra
que, en matière d'investissements étrangers, l'Assemblée
nationale et le ministre auront l'obligation de collaborer avec les autres
ministères du Québec et avec le gouvernement
fédéral. L'investisseur étranger sera sûr que, pour
la rentabilité de son investissement qu'il fera au Québec - et
j'espère qu'il le fera - il pourra avoir les avantages des programmes du
gouvernement fédéral ainsi que ceux des programmes du
gouvernement du Québec et qu'il pourra s'intégrer, sans
s'immiscer d'une façon ou d'une autre ou sans être victime de
quelque façon que ce soit des tensions politiques qui existent entre les
deux niveaux de gouvernement.
C'est ça la lecture, il me semble, qu'on doit faire et je pense
que c'est le sens des interventions que mes collègues d'Outremont et de
Nelligan viennent de faire. Il me semble que c'est la seule façon. Je ne
récuse pas tous les arguments que le député de Frontenac a
présentés ou même que le ministre a invoqués. Il y a
des faits qui se sont produits et qui sont du domaine public où le
Québec a des récriminations à faire à l'endroit de
l'attitude du gouvernement fédéral; faits historiques ou
même immédiats ou dans l'actualité. Il y en a et il y en a
aussi de l'autre côté. Ce n'est absolument pas pertinent à
la rédaction de l'article. Je ne le mets pas du tout sur un plan
politique. Parce qu'il faut lire l'article tel qu'il est,
celui-ci s'adresse aux investisseurs étrangers et, bon Dieu,
mettons toutes les chances de notre côté de manière qu'au
Québec, on ait les investissements étrangers qu'on veut bien
avoir.
Dans le cadre de la politique générale, bien sûr, du
gouvernement en ce qui concerne les investissements étrangers, il n'y a
aucun problème. Si le gouvernement a certaines restrictions dans
certains domaines ou certains secteurs d'activité, c'est la politique du
gouvernement et elle sera appréciée à son mérite.
Mais n'allons pas refuser un amendement comme ça pour des raisons
politiques qui peuvent être légitimes, selon le point de vue
où on se place. Ce n'est pas ça qui est en cause. Mais essayons
de nous placer dans la perspective des investisseurs étrangers et
essayons, puisqu'on veut demander au ministre de porter un intérêt
particulier à cette question, de faire en sorte qu'on ait davantage
d'investissements étrangers ici pour créer les emplois dont on a
besoin. Le type d'investissements étrangers qu'on veut bien avoir
relèvera de la décision du ministre. C'est tout le sens de
l'amendement qui a été proposé.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais bien
remettre dans le contexte l'amendement et l'article dont il est question
aujourd'hui. L'article se lit ainsi, et je pense que le député de
Jean-Talon s'apercevra, à ce moment-là, qu'il n'a pas du tout
parlé sur le sens des déclarations que j'ai faites tout à
l'heure. L'article dit: "collaborer avec les autres ministères à
la prospection des investissements étrangers."
M. Fortier: C'est ça.
M. Grégoire: Je suis allé voir pour donner la vraie
définition, et c'est exactement ce que le député de
Jean-Talon va reconnaître. Quelle est la définition du mot
"prospection"? C'est bien mentionné ici. Évidemment, il y a la
prospection minière, mais on dit aussi: "Le fait de rechercher des
clients éventuels" - non pas des clients qui sont décidés,
mais des clients éventuels - "et de visiter la clientèle." Alors,
le gouvernement du Québec et le ministre du Commerce extérieur
disent: Pour développer le Québec, il faut se trouver des
investisseurs possibles. Qui? Ah! on va aller en voir, on ne sait pas qui. Mais
la loi lui dit: En collaboration avec le gouvernement du Canada. Alors, avant
de partir pour se trouver des clients éventuels, le ministre appelle
à Ottawa et il dit au gars là-bas - si c'est encore Herb Gray, il
financerait plutôt un Hilton dans son comté - Je vais me chercher
des clients. Je vais faire une tournée pour me trouver des clients
éventuels. As-tu une liste de clients possibles? Oui, j'en ai, je ne les
ai pas encore vus, je ne sais pas, mais... Bon, là ce n'est plus un
investisseur qui a décidé de faire un investissement ici. On va
essayer d'aller l'intéresser.
Dans une condition comme celle où le type qu'on va aller voir n'a
même pas décidé s'il investirait, n'a même pas
décidé s'il investirait au Québec ou en Ontario, on
décide de faire de la prospection. Donc, aller visiter des clients
éventuels. On va les rechercher. On appelle Ottawa et on dit: On veut
collaborer, alors on vous appelle pour venir visiter des clients
éventuels. On va aller voir Untel, Untel et Untel. On collabore. On vous
dit qui, leur numéro de téléphone et leur adresse. C'est
dans ces conditions que j'ai dit qu'à Ottawa, ils se retournent,
prennent le téléphone, appellent en Ontario et leur disent: Allez
donc les visiter, vous autres aussi, les clients éventuels. Ils m'ont
donné toute une liste de noms possibles. Et c'est vrai qu'Untel, ce
serait possible. Mais ce ne sont pas encore des gars qui ont
décidé de faire des investissements. Ce sont des clients
éventuels. Nous disons: "collaborer avec les autres ministères
à la prospection des investissements étrangers". Vous voulez
ajouter: "collaborer avec les autres ministères et avec le gouvernement
du Canada à la prospection des investisseurs étrangers". Le
gouvernement d'Ottawa va se retourner tout de suite et va appeler en Ontario en
disant: On a des clients éventuels, tel que le dit la définition
du dictionnaire au mot "prospection", aller visiter des clients
éventuels. Puis, Ottawa appelle en Ontario et dit: Québec a des
noms en vue, allez-y donc avant lui. (21 heures)
Le ministre du Commerce extérieur a donné des exemples
tantôt. On en a eu, des exemples. On en a vu. C'est l'histoire des
relations fédérales-provinciales,
ontariennes-fédérales, plutôt. C'est l'histoire telle qu'on
l'a toujours vécue et vous voulez qu'on tombe dans ce piège?
Voyons donc, les amis! Voyons donc! À force de se faire donner des coups
de marteau sur les doigts, on apprend. Et vous autres, vous n'avez pas appris.
On a bien pu rester longtemps comme exportateur exclusif de produits naturels
bruts sans les transformer ici. Jamais. Vous avez une plus grande notion que
ça de l'économie.
M. le Président, par principe, par l'expérience de
l'histoire économique du Québec et par l'expérience des
relations entre le Canada et l'Ontario, je vais voter contre l'amendement.
M. Rivest: Pauvre vous! C'est triste, très triste! Vous
avez une connaissance des
milieux financiers et commerciaux remarquable!
M. Grégoire: C'est l'histoire.
M. Landry: Le vote est demandé, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Vous avez demandé le
vote, M. le député Jean-Talon?
M. Rivest: Un vote enregistré.
Le Président (M. Desbiens): Alors, un vote
enregistré.
M. Rivest: II suffirait, M. le Président, d'envoyer
les...
M. Landry: II a été député au
Parlement du Canada plus longtemps que vous n'avez été
député ici.
M. Rivest: ... déclarations du député de
Frontenac aux gens que vous allez rencontrer en prospection et vous verriez
tout le tort que vous feriez au Québec avec le genre de discours que
vous venez de tenir.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jean-Talon, c'est vous-même
qui avez demandé le vote.
M. Grégoire: Que l'investisseur soit
décidé...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: ... et qu'après ça, on fasse
appel à lui...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nicolet et M. le député de Mont-Royal.
M. Beaumier: Je croyais qu'on passait au vote.
Le Président (M. Desbiens): Bien, ça n'a pas l'air
de ça.
M. Landry: M. le Président, le député de
Mont-Royal avait demandé de poser une question et je serais bien
prêt à consentir qu'il la pose.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous maintenez
votre demande de vote?
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais poser une
question.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nicolet avait demandé la parole avant et après, ce sera M. le
député de
Mont-Royal.
M. Landry: Allez-y, M. le député.
M. Beaumier: Très brièvement, M. le
Président. Je comprends très bien la passion que peuvent avoir
les députés de l'Opposition à vouloir toujours
répéter dans nos projets de loi les termes "et le gouvernement du
Canada". Je pense que c'est une de leurs passions et un de leurs mauvais
rêves. Ils changeraient même notre gouvernement pour le
gouvernement du Canada et je pense qu'ils seraient très heureux comme
ça.
M. Rivest: Ah oui! Bien des fois.
M. Beaumier: Sauf que j'aimerais juste signaler la chose
suivante: c'est d'une grande naïveté qui contredit à peu
près toute l'histoire et même des dossiers récents, comme
la loi S-31 et le rapport Gilson, de croire qu'avec un amendement de cet ordre
à un article, cela permettrait de changer à peu près toute
la mentalité, toute la non-coopération qu'on a eue pendant des
années entre les deux niveaux de gouvernement. Pour couper court sur
cette espèce...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: ... québécoise à
l'exportation.
M. Beaumier: M. le député de Jean-Talon, quand vous
parlez, j'écoute quand même. Malgré ce que vous dites,
j'écoute quand même. Merci.
M. Rivest: Je ne le ferai plus.
M. Beaumier: Je termine en disant que cette naïveté
fait que, depuis à peu près une demi-heure, c'est presque inutile
de vouloir faire un amendement à un article de loi, de changer des
moeurs et même des perspectives politiques, des décisions d'un
autre niveau de gouvernement, de ne pas coopérer, de toute façon,
avec le gouvernement du Québec. Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais poser une
question au député de Frontenac. Quand il disait que, si on
collabore avec le gouvernement fédéral, ces gens vont prendre
tous les contrats et les donner à l'Ontario, je voudrais lui demander si
cette intervention était dans le même ordre d'esprit, la
même idée ou pensée, que l'intervention du
député de Shefford quand il nous a annoncé, dans son
discours à l'Assemblée nationale, qu'il était allé
en Californie et qu'il avait vu que
80% des employés au consulat étaient des Ontariens, qu'il
n'y avait pas de documentation sur le Québec. Quand nous avons
vérifié cela, nous avons appris que, sur les cinq hauts
fonctionnaires au consulat canadien, trois venaient du Québec, un de
Vancouver, un de l'Alberta. Il n'y en avait aucun de l'Ontario. Non seulement
ça, mais sur le personnel de quinze employés, sept venaient du
Québec et la documentation apparemment est abondamment disponible sur le
développement du Québec. Je me demandais si l'intervention du
député de Frontenac était basée sur le même
genre d'information et le même ordre d'idées.
M. Grégoire: M. le Président, en
réponse...
Le Président (M. Desbiens): Non, non, M. le
député.
M. Grégoire: C'est une question qui m'a été
posée. Est-ce qu'on m'a posé une question oui ou non?
Le Président (M. Desbiens): Non. M. le
député de Roberval, si vous voulez poser votre question.
M. Grégoire: Je n'ai pas le droit de répondre
à la question. C'est une question à laquelle on a dit oui. C'est
une question...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenanc, il n'y a pas de questions entre députés à
l'Assemblée nationale et pas plus en commission. Vous pouvez
réclamer le droit de parole et, lorsque vous l'aurez, vous pourrez
répondre.
M. Grégoire: ...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, les membres de l'Opposition
nous répètent encore le triste discours qu'on entend
régulièrement à l'Assemblée nationale. Je trouve
cela extrêmement déplorable qu'après la leçon du
F-16 et du F-18 ces gens n'aient pas encore compris que l'intérêt
premier du gouvernement du Canada n'est certainement pas d'aider et d'assister
le gouvernement du Québec dans ses actions commerciales à
l'étranger.
On vit également, actuellement, la question du projet de loi
S-31, qui est fort contesté. On vit aussi la question de
Québecair, et c'est incroyable de voir que ces gens ne comprennent pas,
après avoir eu autant d'exemples, après avoir eu autant
d'évidence devant les yeux, que ces gens, qui se disent
représentants des citoyens dans un comté, ne comprennent pas que
le gouvernement du Canada n'est pas celui qui peut se placer en
défenseur des intérêts du Québec.
Je voterai contre cet amendement. J'espère que...
Une voix: ...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval, vous pouvez continuer.
Une voix: ...
M. Gauthier: M. le Président, il y a peut-être un
problème linguistique. On pourrait peut-être traduire pour le
député de Nelligan, afin qu'il comprenne exactement ce qui se
passe.
M. Lincoln: Excusez-moi. Je parle français aussi bien que
vous.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît: M. le député... À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: Je parle français aussi bien que vous.
N'importe quel jour. Vous ne parlez pas français tellement bien. Je
comprends très bien ce que vous dites.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
de... À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Roberval. M. le député de...
M. Lincoln: Si je ne comprends pas, c'est parce que vous ne le
parlez pas assez bien.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Roberval, vous avez la parole sur l'amendement.
M. Gauthier: Merci, M. le député de Nelligan. Je
suis très heureux de comprendre, M. le député de Nelligan,
que mon français n'est pas suffisamment clair pour que vous puissiez le
comprendre. De toute façon, M. le Président, on a suffisamment vu
d'exemples...
M. Lincoln: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): Je regrette... Sur une
question de règlement.
M. Lincoln: Oui, d'accord. Tout ce que je veux dire, c'est que je
trouve cela bien malheureux, que, à chaque fois, tout revienne sur une
base linguistique et culturelle.
Je vais faire remarquer au député que ma mère ne
pouvait pas être plus française qu'elle l'a été. Ma
femme s'appelle Lise Margeau, elle me parle le plus souvent en
français. Je parle très bien le français, aussi
bien que les députés d'ici; je l'écris également
très bien. Je suis... D'accord, M. le Président...
M. Landry: Ils sont bien chez vous. M. Gauthier: M. le
Président...
M. Lincoln: Seulement, je ne tolère pas ces remarques qui
sont sur une base linguistique. Je n'ai rien dit qui ait pu offenser le
député sur une base linguistique. Je n'ai pas parlé en
anglais. Je n'ai pas adressé la parole ou quoi que ce soit. Il n'avait
pas besoin de se référer à une question linguistique et
culturelle, comme s'il disait que nous, nous étions différents,
nous étions séparés, nous étions les autres. C'est
à cause de cela que le Parti québécois ne recrutera
presque jamais des gens, justement, qui...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Landry: Je dirais que, dans le cas du député,
c'est plus une question de fait qu'une question de règlement.
M. Lincoln: C'est toujours la même histoire. C'est une
question... C'est une question bien exceptionnelle.
Le Président (M. Desbiens): Sur la question de
règlement, M. le député de Vachon.
M. Payne: M. le Président, cela me prendrait cinq secondes
pour mettre un peu d'ordre dans notre discussion.
Je pense qu'on devrait être un peu plus simple. Si on se tire la
pipe de temps à autre, cela arrive de notre côté, dans mon
camp, mais il faut faire la distinction entre ce qui est une blague et ce qui
est la réalité.
M. Lincoln: Ce n'est pas une blague.
M. Payne: C'est la seule chose que j'aimerais
suggérer.
M. Lincoln: C'est une blaque de mauvais goût.
M. Payne: II n'y a pas de mauvais goût, c'est un simple
échange. C'est la même chose pour le député de
Vachon, de tous les côtés de la Chambre. Soyons adultes et
sérieux.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval, je...
M. Grégoire: Sur une question de règlement, moi
aussi.
Le Président (M. Desbiens): Non. À l'ordre, s'il
vous plaîtl
M. Grégoire: Une question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): Si vous soulevez une question
de règlement, cela ne doit pas entraîner un débat. Vous
avez quelle sorte de question de règlement, M. le
député?
M. Grégoire: Sur une question de règlement, sans
faire de débat.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Quelle question de règlement?
M. Grégoire: Sur la question de règlement, je
voulais dire au député de
Nelligan que je reconnais qu'il parle un excellent français.
M. Lincoln: ...
M. Grégoire: Je voulais le féliciter. J'aimerais
parler aussi bien l'anglais qu'il parle le français.
M. Ciaccia: II parle aussi bien en français qu'il parle en
anglais.
M. Grégoire: Je crois qu'il parle un excellent
français et je ne l'en blâmerai pas, loin de là; au
contraire, je le félicite. C'était ma question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval, si vous voulez revenir au sujet, à la motion d'amendement,
à l'alinéa 4 de l'article 8.
M. Gauthier: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Nelligan. J'ai pensé qu'il avait mal compris
puisqu'il se permettait de...
Le Président (M. Desbiens): Non, M. le
député de Roberval, sur l'amendement, s'il vous plaît!
M. Gauthier: Oui, M. le Président. Je voulais seulement
présenter des excuses au député de Nelligan.
Le Président (M. Desbiens): Alors, avez-vous
terminé votre intervention?
M. Gauthier: Parce qu'il parle un excellent français,
c'est effectif, mais je pensais qu'étant donné qu'il jasait avec
le député de Jean-Talon, il n'avait pas compris le sens de mes
paroles. Je m'excuse infiniment.
Toujours est-il, M. le Président, que j'entendais tout à
l'heure dans l'informel de la commission: C'est leur vieux complexe. Je pense
plutôt que les gens complexés sont ceux qui sentent
nécessairement le besoin de se porter à la défense du
gouvernement du Canada chaque fois que ce mot est mentionné ici, soit en
commission ou à l'Assemblée nationale. De toute façon, on
a eu suffisamment d'exemples, que ce soit le fait de s'être fait
organiser dans le cas du F-16 et du F-18 ou que ce soit celui de se faire
encore une fois organiser dans le cas de la loi no S-31, où même
les alliés d'en face nous appuient. Je pense que c'est suffisant pour
comprendre qu'effectivement notre ministre du Commerce extérieur pourra
forcément suppléer à une tâche qui n'a jamais
été faite à notre égard. Il sera en mesure, avec
les pouvoirs que lui conférera cette loi, de faire ce travail de vente
à l'extérieur des produits du Québec - et je le
répète - qui créera des emplois pour les
Québécois et les Québécoises.
L'Opposition devrait être consciente de cette question et devrait
être fière que le gouvernement du Québec se donne enfin une
loi, se mandate un ministre pour aller à l'étranger vendre nos
produits et, effectivement, nous permettre de travailler dans la
transformation. Je ne rappellerai pas les brillants propos du
député de Frontenac cet après-midi, lequel nous disait:
Fini le temps où les Québécois et les
Québécoises devaient se contenter de quelques emplois pour
extraire nos ressources naturelles où que la transformation se faisait
ailleurs.
M. le Président, la transformation se fera chez nous parce que le
ministre du Commerce extérieur, à la place de toute autre
autorité qui n'a pas su faire son travail, saura aller vendre nos
produits à l'extérieur. C'est pour cela que je serai contre
l'amendement proposé par l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): Alors...
M. Rivest: M. le Président, j'aurais une dernière
remarque parce que cela m'apparaît assez important...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
Excusez-moi. M. le député de Vachon et, ensuite, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Très bien.
M. Paynes Avant que les esprits
s'échauffent davantage, M. le Président, je pose la question
préalable.
Question préalable
Le Président (M. Desbiens): C'est accepté. Oui, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le rôle du député de Vachon
est-il de venir ici pour poser des questions préalables?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Payne: Parce que nous sommes tellement fatigués
d'entendre le peu de sérieux de l'Opposition que nous
préférons passer à quelque chose de plus
intéressant.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas de débat
là-dessus.
M. le député de Vachon, à l'ordre!
M. Ciaccia: On est venu ici pour discuter. Je n'ai jamais vu
cela.
Le Président (M. Desbiens): J'ai accepté la
question préalable parce que, j'ai jugé que tantôt, il y
avait un membre de l'Opposition qui avait demandé...
M. Payne: C'est une Opposition tellement faible.
Le Président (M. Desbiens): ... le vote. Alors, je
considère qu'il se sentait suffisamment...
M. Rivest: Cela ne règle pas la question. Quelqu'un dit:
Question préalable et cela finit là. Qu'est-ce qui arrive?
Le Président (M. Desbiens): Le président l'accepte
ou la refuse.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Si le président juge que les députés sont
suffisamment informés...
M. Payne: Suffisamment informés de toutes vos
niaiseries.
M. Rivest: Sur une demande de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Pourriez-vous m'informer de ce qui arrive lorsque le
député qui invoque habituellement la question préalable
l'invoque effectivement? Quelles sont les conséquences juridiques de
cette invocation?
M. Payne: Est-ce un amendement?
M. Rivest: Qu'arrive-t-il après?
Le Président (M. Desbiens): C'est le
vote, si c'est accepté.
M. Fortier: Cela va révéler les vraies intentions
du gouvernement.
M. Landry: ... sur un point technique.
Le Président (M. Desbiens): M. le député...
(21 h 15)
M. Rivest: M. le député de Vachon pourrait
peut-être...
Le Président (M. Desbiens): ... en réponse à
la question du député de Jean-Talon, donc c'est l'article 83 qui
dit, au 2e alinéa: "Le président peut refuser que soit
posée la question préalable s'il juge que le débat sur une
motion n'a pas été prolongé indûment ou s'il croit
que les droits de la minorité seraient lésés par
l'acceptation de la question préalable." C'est en me basant
là-dessus, étant donné que vous-mêmes aviez
demandé le vote...
M. Landry: Aviez demandé le vote.
M. Rivest: II n'y a pas de problème. D'accord.
M. Landry: Très bien, le vote.
Une voix: On retire la question préalable.
Le Président (M. Desbiens): "Lorsque la question
préalable - pour compléter - est acceptée, la motion sur
laquelle elle a été proposée est mise aux voix
immédiatement sans amendement ni débat."
M. le député de Nicolet, sur l'amendement.
M. Beaumier: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le Président de
Roberval.
M. Gauthier: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laval-des-Rapides. M. Landry: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Shefford... Il n'est pas là. M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Pour.
Le Président (M. Desbiens): La motion d'amendement est
rejetée.
Une voix: Est-ce que vous avez le compte, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): Contre: 5. Pour: 4. Est-ce que
l'alinéa 4 de l'article 8 est adopté?
M. Rivest: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
Est-ce que l'alinéa 5 est adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: À l'alinéa 5, nous proposons de
remplacer, à la première et à la deuxième ligne du
paragraphe 5, les mots "dans le cadre de la politique extérieure du
Québec" par les mots "sous la direction du ministère des Affaires
intergouvernementales". Est-ce que l'amendement est recevable?
Le Président (M. Desbiens): Attendez une seconde, le
temps... Sur la recevabilité, M. le ministre?
M. Landry: Je pense que cet amendement est parfaitement
irrecevable, parce que, comme celui que vous n'avez pas reçu à
une étape antérieure de nos travaux, il contredit
carrément l'esprit, le principe du projet de loi. Il vise à
mettre, pour tout ce pan de l'action du ministère, un des membres du
Conseil exécutif sous la tutelle d'un
autre, sous la direction du ministre des Affaires intergouvernementales
et ce n'est pas cela que le gouvernement a voulu faire. S'il avait voulu mettre
le Commerce extérieur aux Affaires intergouvernementales, il l'aurait
mis. Il n'a pas fait cela. Il vous présente une loi qui forme un tout et
un des premiers éléments de logique, c'est la naissance
même du ministère que vous avez acceptée en principe en
votant pour le projet en deuxième lecture. Par conséquent,
l'amendement est parfaitement irrecevable comme contredisant l'essence
même de nos travaux.
M. Rivest: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Sur la recevabilité,
est-ce que vous avez une opinion à émettre, M. le
député de Jean-Talon?
M. Rivest: On voit des principes partout. C'est le principe. Le
principe du projet de loi est de confier à un ministre...
M. Landry: À un et non à deux.
M. Rivest: Oui, à un ministre, l'élaboration de
programmes dans le domaine du Commerce extérieur. Or, M. le
Président, cette élaboration de programmes et de politiques, dans
le domaine du Commerce extérieur, doit, à mon avis, se faire, au
sens de l'amendement, sous la direction du ministère des Affaires
intergouvernementales pour une raison très simple. C'est que le texte de
la loi est purement une précaution littéraire, dans le sens que
c'est exactement la précaution qui est prise. On a pris la peine,
à l'article 5, de dire: "Coordonner, dans le cadre de la politique
extérieure du Québec". Or, qui définit le cadre de la
politique extérieure du Québec? C'est le ministre des Affaires
intergouvernementales. M. le Président, l'amendement n'a qu'un objet,
c'est de préciser très clairement que l'exercice des
responsabilités qui seront confiées au ministre du Commerce
extérieur se fera dans le cadre de la politique extérieure du
Québec...
M. Landry: Mais pas sous la direction...
M. Rivest: ... qui est sous la direction, en vertu des
lois...
M. Landry: ...
M. Rivest: Un instant! ... en vertu des lois qui sont sous la
direction du ministre des Affaires intergouvernementales.
D'ailleurs, M. le Président, l'article 10 précise
justement que la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales
s'applique. Si jamais, d'aventure, vous décidiez que cela contredit le
principe fondamental du projet de loi, dans le sens de la décision que
vous avez rendue antérieurement, moi qui ne connais rien aux
règlements, je comprendrais encore moins.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, l'amendement est
sûrement irrecevable parce qu'on parle d'une loi sur la création
d'un ministère et les gens d'en face veulent le placer, par amendement,
sous la direction d'un autre ministère, un ministère qui sera
éventuellement créé. C'est absolument contre l'esprit de
la loi, et cela se passe de commentaires. On a simplement à disposer de
cet amendement parce que cela change complètement le sens de la loi qui
est devant nous et qu'on a comme objet d'étudier.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal, sur la recevabilité; M. le député de Nelligan
avait déjà indigné le désir de...
M. Lincoln: Sur la recevabilité, je voudrais revenir
à un commentaire du ministre fait antérieurement. Vous avez dit
que vous avez jugé irrecevable une motion à cause d'un point
similaire, mais pourtant, si je me souviens bien, vous aviez refusé la
motion précédente. Vous l'avez déclarée irrecevable
à cause des notes explicatives de la loi. La motion que nous avions
faite alors était qu'on voulait retirer les mots "de relations
économiques". "En matière de relations économiques", on
voulait faire abstraction des mots "de relations économiques" et alors
vous avez jugé que cela était en désaccord avec les notes
explicatives de la loi, le cadre même de la loi qui était
décrit dans les notes explicatives et, sur cette base, si vous vous
référez à vos commentaires antérieurs, vous avez
rejeté l'amendement précédent.
Or, dans ce cas-ci, tout ce que nous disons, c'est que nous laissons
exactement les mêmes activités économiques et commerciales
qui cadrent avec le principe même de la loi. Tout ce que nous voulons
établir tout à fait clairement, c'est que, dans le cadre de la
politique extérieure du Québec, de façon globale, c'est le
ministère des Affaires intergouvernementales qui gère et qui
chapeaute toutes les activités économiques et commerciales
à moins que, justement, la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales ne soit changée, ce qui n'est pas le cas
maintenant.
Le Président (M. Desbiens): M. le
député de Mont-Royal, sur la recevabilité.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que non seulement
c'est recevable, mais je crois que cela s'impose pour éviter une
contradiction flagrante, parce que, si vous regardez l'article 10, l'article 10
se lit comme suit: "Les fonctions et pouvoirs que possède le ministre en
vertu de la présente loi sont exercés conformément
à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales."
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: II y aurait une contradiction; alors c'est pour le
rendre de concordance, exactement. Et l'article 10 de la Loi sur les Affaires
intergouvernementales se lit comme suit: "Le ministre a pour
responsabilités - cela, c'est le ministre des Affaires
intergouvernementales - d'élaborer et de proposer au gouvernement une
politique en matière de relations extérieures et de mettre en
oeuvre la politique adoptée par ce dernier." Comment la présente
motion peut-elle être irrecevable quand elle répète, elle
est en conformité avec la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales et elle évite une ambiguïté, une
contradiction possible, si on n'avait pas cet amendement. C'est le gouvernement
lui-même qui aurait dû la proposer pour rendre l'alinéa 5 de
l'article 8 conforme à l'article 10 de la Loi sur le ministère du
Commerce extérieur et la rendre aussi conforme à l'article 10 de
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Grégoire: M. le Président, sur la recevante.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon, d'abord.
M. Payne: Je pense que, depuis deux jours, on a vu que
l'Opposition marche vraiment sous la bannière du désarroi le plus
total et chaque amendement, particulièrement celui-ci, c'est un symbole
d'improvisation. La vocation du nouveau ministère a été
bien expliquée à maintes reprises, mais comment l'Opposition
pourrait-elle présumer qu'en ajoutant ces mots "sous la direction du
ministère des Affaires intergouvernementales, elle peut aider à
clarifier le rôle du nouveau ministère? Ce n'est pas
compliqué. Un instant, c'est sur la recevabilité.
Le Président (M. Desbiens): Sur la recevabilité,
oui.
M. Payne: Sous sa propre autorité, le nouveau
ministère fonctionne, mais vous ne pouvez pas avoir cette situation
là où un autre travaille. Dans ce cas, le ministère qui
travaille sous la coordination, c'est une tautologie évidente...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Payne: ... que je juge complètement
évidente.
M. Lincoln: M. le Président, je pense que, si le
député de Vachon lisait l'article 10 de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales... Peut-être qu'on ne
lui a pas donné cela dans son dossier. On dit dans cela: "Le ministre
des Affaires intergouvernementales coordonne toutes les activités...
M. Landry: ... il les dirige sous la direction.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Lincoln: ... du gouvernement à l'extérieur du
Québec.
M. Landry: Sous la direction.
M. Lincoln: En plus de celles de...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Nelligan, vous avez la parole.
M. Lincoln: Si le ministère des Affaires
intergouvernementales coordonne toutes les activités, en même
temps, le ministère du Commerce extérieur lui aussi coordonne; on
veut dire qu'il coordonne sous la direction d'un autre, parce que l'un
chapeaute l'autre. Si l'autre coordonne toutes les activités et lui
coordonne certaines activités, il est obligé de coordonner ses
activités spécifiques sous les activités. C'est sûr.
Autrement, il faut amender la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales; c'est le point qu'on a essayé de faire depuis
qu'on est ici aujourd'hui. Comment voulez-vous avoir deux lois tout à
fait contradictoires? L'une dit que le ministre coordonne toutes les
activités, l'autre dit que le ministre coordonne certaines
activités. C'est pourquoi nous, on a voulu éviter toute
ambiguïté en disant: C'est sous le chapeautage, sous la direction,
sous l'égide, ce que vous voulez; c'est comme cela.
Le Président (M. Desbiens): Je crois que je suis assez
informé. Il y a un point sur lequel j'aimerais avoir des informations et
c'est ailleurs que je vais les prendre. Je vais suspendre la séance
quelques instants et m'assurer que je ne crée pas de
précédent dans ma décision.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): La commission a suspendu ses
travaux.
(Suspension de la séance à 21 h 27)
(Reprise de la séance à 21 h 31)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Les autres ne sont pas là?
Une voix: Nous sommes suspendus à vos lèvres.
Le Président (M. Desbiens): Vous êtes suspendus
à mes lèvres? En tenant compte de l'article 10 du même
projet de loi où on dit très clairement que "les fonctions et
pouvoirs que possède le ministre en vertu de la présente loi sont
exercés conformément à la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales", et compte tenu que l'Exécutif a
décidé de créer un ministère du Commerce
extérieur à qui il veut confier certaines fonctions très
précises, selon la formulation de la motion d'amendement, il est clair
que la volonté du législateur est de créer un
ministère et de mettre à sa tête une personne qui en ait la
direction, pour exercer les fonctions très précises qui sont
décrites à l'article 8, dans ces conditions, on ne peut pas, car
ce serait contraire à la motion principale, vouloir ici le placer sous
la direction d'un autre ministère.
En conséquence, selon l'article 70 de notre règlement, je
la juge irrecevable. Est-ce que l'alinéa 5 est adopté?
M. Rivest: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
Alinéa 6. Est-ce que l'alinéa 6 est adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président, il y a un amendement.
Le Président (M. Desbiens): Article 6. M. le
député de Nelligan?
M. Lincoln: Alinéa 6.
Le Président (M. Desbiens): L'alinéa, je m'excuse.
L'alinéa toujours.
M. Lincoln: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Desbiens): Alinéa 6.
M. Lincoln: J'aurais voulu faire un amendement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan a un amendement à proposer.
M. Lincoln: J'aurais voulu proposer l'amendement suivant: Dans la
première ligne de l'alinéa 6, biffer les mots "et gérer".
La première ligne se lirait comme suit: "Organiser, en collaboration
avec les ministères..." Deuxièmement, en ajoutant à la
fin, après le mot "Québec", les mots "et conclure avec ces
ministères et ces entreprises des ententes pour la gestion de ces
programmes".
L'idée de notre amendement est encore une fois que ce
ministère est obligé d'être un ministère qui,
à cause de toutes les situations conflictuelles et en coopération
avec les autres ministères qui ont trait aux mêmes programmes, ne
peut gérer. En fait, d'après les lois conflictuelles, il n'a pas
vraiment les pouvoirs de gérer ces programmes. Nous disons qu'il devrait
conclure, en fait, avec ces ministères et entreprises, des ententes afin
d'assurer la gestion de ces programmes. Mais, il pourrait organiser les
programmes en collaboration avec les ministères et les entreprises
intéressés et coopérer avec eux pour la gestion des
programmes. Nous sommes beaucoup plus au fait avec la situation actuelle et
aussi avec les autres lois que nous avons discutées ad nauseam. C'est le
sens de notre intervention.
M. Rivest: Est-ce qu'il est recevable, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Oui, il est recevable. Il ne
modifie pas...
M. Landry: Pour être recevable, il l'est. Il n'est pas
souhaitable, mais il est recevable.
Le Président (M, Desbiens): Sur le fond, est-ce que
quelqu'un demande la parole?
M. Rivest: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: II y a sûrement quelqu'un, de l'autre
côté, qui va nous dire qu'il n'est pas recevable.
M. Grégoire: Non, non. Ah non!
M. Rivest: Quoi? Vous faiblissez?
Des voix: Non, non, non.
M. Rivest: II y en a encore 24.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Rivest: II y a encore 24 amendements, je vous
préviens.
M. Grégoire: Ça ne fait rien! Ça ne fait
rien!
M. Gauthier: Cela ne contrevient pas à l'esprit de la loi.
Cela l'amoindrit tout simplement.
M. Grégoire: On vous le dit quand vous faites de mauvais
amendements.
Le Président (M. Desbiens): Sur le fond de l'amendement,
s'il vous plaît.
M. Rivest: M. le Président, je ne sais pas. J'ai des
doutes à savoir s'il est recevable. Sur le fond, vous l'avez
déclaré recevable.
Le Président (M. Desbiens): Oui, je l'ai
déclaré recevable.
M. Payne: Je n'ai pas eu le droit de plaider sur la
recevabilité.
Le Président (M. Desbiens): Vous allez devoir plaider sur
le fond.
M. Payne: On ne sait jamais, on peut peut-être vous
convaincre.
M. Rivest: Tout à coup.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement...
M. Lincoln: L'idée de notre amendement...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ... si vous lisez l'alinéa 6: "Organiser et
gérer, en collaboration avec les ministères et les entreprises
intéressés, des programmes de coopération
économique dans les secteurs où les échanges sont le plus
susceptibles de favoriser le développement de l'économie du
Québec", cela ne parle pas, en fait, de commerce extérieur. Cela
ne parle pas de relations économiques avec l'extérieur. Cela dit:
"... susceptibles de favoriser le développement de l'économie du
Québec".
On donne au ministre du Commerce extérieur le pouvoir de
gérer des programmes qui sont susceptibles de favoriser le
développement de l'économie du Québec. Pourquoi le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme n'aurait-il pas les
pouvoirs de gérer des programmes qui sont le plus susceptibles de
favoriser...
M. Landry: ... des programmes de coopération.
M. Lincoln: Cela ne dit pas des programmes de coopération
économique internationale.
M. Landry: Bien oui, ça le dit.
M. Lincoln: Ah non! Dites-moi où est écrit
"international"?
M. Landry: Des programmes de coopération
économique...
M. Lincoln: Ah oui!
M. Landry: Toute la loi parle de l'extérieur.
M. Lincoln: Bien non. À ce moment-là, dites
international. Ce n'est pas cela que ça dit.
M. Landry: Faites un amendement dans ce sens-là.
M. Lincoln: D'accord. Ce que nous voulons dire, c'est que, de la
façon que c'est maintenant, on vous donnerait le pouvoir de gérer
des programmes de coopération économique dans les secteurs
où les échanges sont le plus susceptibles de favoriser le
développement de l'économie du Québec en
général. Il faudrait trouver quelle est la place du ministre
d'État au Développement économique - il n'y en a plus, il
a été remplacé par le président du Comité de
développement économique - du ministre des Affaires
intergouvernementales, du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
du ministre délégué à la Science et à la
Technologie et de tous les autres ministères à vocation
économique, Énergie et Ressources, etc.
Ou bien vous définissez quelle est votre vocation
extérieure, ou bien vous acceptez notre amendement qui est: "et conclure
avec ces ministères et ces entreprises des ententes pour la gestion de
ces programmes", parce que cette gestion ayant trait au développement de
l'économie du Québec en général doit se faire d'une
façon concertée avec ces ministères. C'est un amendement
tout à fait valable, dans ce cas.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Alors, "organiser et gérer", c'est
là-dessus que j'ai des questions à poser au ministre. Est-ce que
cela veut dire que, désormais - si cette loi est adoptée,
malgré la précaution oratoire que vous avez prise à
l'article 10 - le ministre organisera et gérera les programmes de
coopération avec l'Ontario dont s'occupe le ministère des
Affaires
intergouvernementales - la dimension économique, bien sûr,
puisque c'est économique - les programmes avec l'Ontario, le
Nouveau-Brunswick, le Manitoba, la Colombie britannique, l'Alberta? Est-ce que
vous allez prendre charge de tout le dossier économique de la
coopération France-Québec? Carrément, ce ne sera plus le
ministère des Affaires intergouvernementales qui s'en occupera. Est-ce
que vous assumerez tous les programmes de coopération à
l'intérieur de l'Agence pour la coopération technique,
industrielle et économique? M. le Président, je pose la question.
Quelle est la réponse?
M. Landry: Je voulais vous laisser le temps de détailler
votre question.
M. Rivest: Je pourrais en ajouter bien d'autres.
M. Landry: La réponse est généralement oui.
Oui, avec toutes les explications que vous voulez sur chacun des points que
vous avez mentionnés. Le programme ACTIM, par exemple, une
coopération France-Québec très productive et très
ancienne, est déjà géré par le ministre
délégué au Commerce extérieur. Ses pouvoirs et ses
budgets ont été transférés. Tous les programmes de
coopération économique actuellement organisés - ceux qui
ont été organisés vont rester organisés, on ne les
désorganisera pas pour faire plaisir à l'Opposition - seront
gérés par ce nouveau ministère.
Je pourrais aussi faire un commentaire. Ce que je trouve
incohérent dans cet amendement comme dans l'autre, comme dans un certain
nombre d'autres, c'est que vous avez accepté en principe que naisse le
ministère du Commerce extérieur.
M. Rivest: M. le ministre, juste pour compléter ma
question.
M. Landry: Vous avez d'autres questions?
M. Rivest: Non, ce n'est qu'une question additionnelle à
la question... Le ministre me fournit la réponse, très bien. Je
mesure les conséquences que cela aura au ministère des Affaires
intergouvernementales. À ce moment-là, pourquoi le
ministère des Affaires intergouvernementales, qui avait quinze personnes
au service de la coopération économique, en garderait-il quatorze
s'il perd à peu près la totalité - selon la réponse
du ministre - de la gestion et de la l'organisation des accords de
coopération?
M. Landry: D'abord, vous ne pouvez pas présumer de la
façon que le ministère des Affaires intergouvernementales sera
organisé dans la nouvelle situation de droit que nous sommes en train de
créer. Il peut y avoir un poste qui est transféré au
ministère du Commerce extérieur et il pourra y avoir des postes
qui seront transférés dans d'autres directions. Ils peuvent
être réorganisés. Je disais que vous étiez
incohérent parce que vous acceptez cela en principe et que ça
fait deux amendements que vous mettez sur la table pour démolir d'une
main ce que vous essayez de construire de l'autre. Vous faites naître un
ministère et vous voulez mettre le ministre du nouveau ministère
sous la direction du ministère des Affaires intergouvernementales, ce
qui est une antinomie que jamais vous n'auriez acceptée si vous aviez
été à notre place. Premier point. Là, vous nous
présentez un amendement qui ferait que le nouveau ministère
pourrait faire de la coordination générale, ce qui est
déjà assuré d'ailleurs par dix mots dans le texte - je les
ai lus cet après-midi - sauf que la gestion des budgets serait ailleurs.
Alors, vous n'avez pas pu vous concilier avec l'idée que vous
étiez d'accord avec le ministère, poussés par l'opinion
publique, je pense, parce que tout le monde au Québec, à peu
près, est d'accord avec ça. Vous avez suivi ce courant et, une
fois votre appui donné en principe, vous essayez de défaire d'une
main ce que vous faites faiblement avec nous de l'autre. Je ne comprends pas
votre attitude globale.
M. Rivest: C'est pour une raison très simple. On propose
qu'il y ait des ententes, des protocoles d'entente avec les ministères,
ce qui existe depuis toujours. C'est une pratique continue au ministère
des Affaires intergouvernementales de négocier des protocoles d'entente
avec les ministères sectoriels. C'est une pratique qui existe. Alors, on
vous demande, à titre de ministre du Commerce extérieur,
d'organiser, de commencer ou, enfin, de faire votre mandat...
M. Landry: Jusque-là, je suis totalement d'accord.
M. Rivest: ... fort bien, mais ce qu'on veut éviter et ce
qui va se passer, j'en ai de plus en plus la conviction, avec ce projet de loi
d'essai, comme vous l'avez qualifié...
M. Landry: Non, je ne l'ai pas qualifié ainsi. C'est vous
qui avez essayé de déformer mes paroles.
M. Rivest: Bien, qu'est-ce que vous avez dit au juste?
M. Lincoln: Du rodage.
M. Rivest: Que, dans quelques mois, quelque temps, on amenderait
en fait la loi des Affaires intergouvernementales ou la loi
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, enfin, peu importe.
M. Landry: Peut-être, si vos craintes injustifiées
se révélaient justifiées.
M. Rivest: Suivez donc la pratique. Ce qui va arriver, en
pratique, c'est que vos collègues, tout en étant d'excellents
collaborateurs dans la solidarité ministérielle et tout le
tralala, vont certainement collaborer avec vous, sauf que, quand il va y avoir
un dossier qui aura des dimensions internationales... Cela vous est
arrivé lorsque vous étiez ministre d'État au
Développement économique, vous avez eu des difficultés
avec les ministères sectoriels qui ont "bypassé", si vous me
permettez l'expression, à plusieurs occasions la responsabilité
qui était la vôtre. Pas par mauvaise foi, c'est dans la nature des
choses que ça se fasse. Or, le ministère des Affaires
intergouvernementales, ici à Québec, comme le ministère
des Affaires extérieures à Ottawa, face au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, comme dans n'importe quel autre
gouvernement, négocie des ententes, des protocoles d'entente que tout le
monde connaît, pour justement s'assurer qu'il y ait une cohérence
interne au niveau du gouvernement du Québec et que ce ne soit pas
l'initiative ou l'envergure personnelle d'un ministre par rapport à
l'autre qui détermine la cohérence de la gestion.
C'est tout ce que ça propose. On vous dit dans l'amendement du
député de Nelligan: Organiser très bien les programmes.
Quant à leur gestion, de toute façon, avec l'équipage
léger et efficace que vous allez avoir nécessairement, dans vos
ententes ou vos accords industriels, vous allez avoir besoin -parce que ce
n'est pas à vous et je pense bien que ce n'est pas votre mandat - de les
gérer, c'est-à-dire que vous aurez besoin d'administrer les
ententes que vous aurez. Ce sont les ministères sectoriels qui vont le
faire. On vous demande tout simplement d'organiser, par la pratique qui existe
actuellement, des protocoles d'entente. C'est tout ce qu'on vous demande. On ne
vous enlève rien, on ne fait que préciser, sur la base d'une
tradition, une pratique administrative fort connue. Alors, on dit ces deux
choses... On ne vous enlève rien. De toute façon, la pratique va
probablement réussir à vous en enlever beaucoup plus que nos
modestes amendements vont pouvoir le faire. Ce n'est que ça. Il me
semble que c'est normal. J'espère que vous comprenez bien: Organiser
très bien, en collaboration avec les ministères... des programmes
de coopération économique..." À part ça,
"coopération économique", c'est très large, c'est beaucoup
plus que le commerce extérieur, mais, en tout cas, peu importe. Et quant
à la gestion, qui est la mesure de l'efficacité des efforts que
vous allez faire, vous n'êtes plus à l'horizontal. Sur le plan de
la gestion, vous allez nécessairement vous inscrire dans...
M. Landry: Nous sommes des sectoriels. (21 h 45)
M. Rivest: ... le vertical et, à ce moment-là, vous
allez avoir besoin des ministères, des organismes. Si vous
négociez, lors de vos rencontres et de vos voyages au Québec, en
Abitibi et en Indonésie, selon la formule maintenant consacrée,
des accords, par exemple dans le domaine de l'électricité, quand
vous allez revenir ici, vous allez confier à Hydro-Québec le
rôle d'y donner suite. Donnez-vous donc des instruments de gestion de ces
programmes qui soient efficaces et n'ayez pas et je pense que vous ne l'avez
pas, compte tenu des questions qu'on vous a posées au début sur
la dimension en termes d'effectifs que vous envisagez, à votre
ministère - l'ambition, en tout cas, certainement pas pour l'instant, de
gérer vous-même, comme le dit l'article 6, des programmes de
coopération économique. On vous demande simplement de dire...
Vous aurez votre rôle à jouer dans la gestion et vous
négocierez cela à l'intérieur des protocoles d'entente que
suggère mon collègue de Nelligan. Vous aurez la
possibilité de dire votre mot, de faire votre place ad hoc, parce que,
dans ces programmes, et d'ailleurs, au ministère des Affaires
intergouvernementales, il est très bien dit qu'il n'y a aucune
espèce d'uniformité dans le domaine de la coopération
économique... La coopération économique dans le domaine de
l'industrie, du commerce et du tourisme, c'est une chose; la coopération
économique dans le domaine de l'agriculture et des pêcheries, c'en
est une autre. Vous ne pourrez pas avoir de paramètres
généraux, il faudra que vous négociiez des choses ad hoc
dans chacun des secteurs de l'activité économique que vous
développerez.
Il me semble que vous avez là un amendement - peu importent les
opinions qu'on peut avoir sur les amendements que les gens peuvent proposer -
extrêmement sérieux qui pourrait être d'une
efficacité... Dans les protocoles d'entente que vous négocierez,
vous ne serez pas absent comme ministre du Commerce extérieur. Vous
pourrez placer, à l'intérieur du protocole, toutes et chacune des
responsabilités que la loi vous aura confiées, vous aura
imparties. Par contre, vous associerez les ministères sectoriels qui
devront être... Cela me semble assez évident. Comme je vous le
dis, c'est une pratique constante dans l'administration publique. Je ne vois
pas, en tout cas, ce qu'on vous enlève en vous disant cela. On ne vous
enlève pas le pouvoir - peut-être que le
ministre a mal compris, je ne pense pas que ce soit le sens de
l'intervention - ni la totalité de la responsabilité de la
gestion. Au contraire, on veut que vous assumiez la part de
responsabilité qui vous revient à l'intérieur des
protocoles d'entente. Ce n'est absolument pas limitatif. En tout cas, on ne
fera pas tout un plat de cela, mais il me semble que c'est très
raisonnable.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Non. Si vous vouliez me convaincre qu'il faut faire
des ententes et des protocoles avec les autres ministères, je dois vous
dire que, même dans notre statut de ministère
délégué, nous avons déjà commencé
à le faire. Je vous ai dit cet après-midi, dans une longue
énumération, que tous les aspects de nos pouvoirs et fonctions
comportent de la coordination. Nous sommes à la fois un ministère
horizontal et un ministère vertical.
Cet alinéa 6 que vous voulez amender comporte d'ailleurs
déjà, dans le mot "organiser", la vocation verticale et
horizontale. On n'organise pas autrement des programmes qu'en consultant les
ministères sectoriels, vous avez parfaitement raison. Mais comme ces
programmes sont des programmes de coopération économique, donc,
des programmes spécialisés, le gouvernement décide d'en
confier la gérance, une bonne fois pour toutes, à un guichet
unique où les entreprises intéressées, les agents
économiques intéressés sauront où s'adresser pour
avoir accès à ces programmes. Un stagiaire potentiel ACTIM n'aura
pas à courir de Caïphe à Pilate. Il sait que nous organisons
les programmes et que nous les gérons, par ailleurs. Et,
immédiatement après, ce que vous voulez nous faire ajouter, on
constate qu'il y est déjà: "en collaboration avec les
ministères et les entreprises intéressées". Donc, cette
collaboration est déjà constatée par un certain nombre de
protocoles existants dans cette espèce de jurisprudence administrative
du Québec. Non seulement je ne vois pas ce que vous ajoutez, mais, en
plus, vous incluez un aspect limitatif - c'est le premier argument que j'ai
invoqué - qui n'est pas cohérent avec votre position globale
d'appui à la création du ministère du Commerce
extérieur.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Qu'est-ce que vous entendez par programmes de
coopération économique? Je sais que vous avez à l'esprit
le genre de programmes qui ont été cités
déjà, programmes de coopération économique avec des
agents extérieurs, dont plusieurs ont été cités
ici. Mais il y a tellement de programmes de relance de l'économie, etc.,
qui se font entre le gouvernement, des entreprises et des banques... Est-ce que
ce ne sont pas là des programmes de coopération
économique, de toute façon? Qu'est-ce qui arrive quand cela se
passe au sein du Québec? Est-ce que cet article ne vous donne pas ce
qu'est la gestion de ces programmes, parce qu'ils sont susceptibles de
favoriser le développement de l'économie du Québec? Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu alors d'établir que ces programmes dont vous
parlez sont des programmes tout à fait de relations extérieures
et de commerce extérieur?
M. Landry: Oui, vous avez raison. Je vais vous expliquer pourquoi
on parle de programmes de coopération économique. En langue
française, langue que vous connaissez bien, mais, sur ce plan technique,
peut-être un peu moins bien que nous..
M. Lincoln: Là, je suis d'accord.
M. Landry: Non, non. Là, on est purement sur la
sémantique. En langue française, coopération
économique veut dire coopération économique
internationale. Cela va de soi. Vous me proposez de l'ajouter et de le dire. Je
pense qu'il n'y a rien d'incompatible et je peux l'ajouter.
M. Rivest: Nous avons gagné un amendement qui
n'était pas écrit.
M. Landry: À ma grande joie! J'ai rêvé toute
la journée d'accueillir une suggestion de l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): Pardon, il faudra d'abord
disposer de l'amendement en cours.
M. Landry: Nous allons immédiatement liquider votre
amendement, le liquider au sens juridique, et en proposer un autre.
M. Grégoire: Cela viendrait ajouter parce qu'il y a
déjà plus loin: "...dans les secteurs où les
échanges sont le plus susceptible de..." Cela veut dire les
échanges internationaux.
M. Landry: Je sais. C'est une question de sémantique. Le
mot "échanges" en général est appliqué à
l'international comme les mots "coopération économique" sont
toujours appliqués à l'international. Sauf que l'ajouter pour
assurer l'Opposition qu'on n'est pas en train de créer un
ministère économique omnipuissant d'interventions à
l'interne -c'est cela que vous aviez en tête - je pense
que cette précision peut être acceptée. Si vous ne
faites pas l'amendement, nous le ferons nous-mêmes.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas d'autres
intervenants? Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Rivest: Oui, mais pas l'article. L'amendement a
été adopté, n'est-ce pas? Non? L'amendement du
député de Nelligan...
M. Landry: Non, il n'est pas adopté.
Le Président (M. Desbiens): Je demande si l'amendement du
député de Nelligan est adopté.
M. Rivest: D'accord, mais je veux revenir sur
l'alinéa.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'on passe au
vote?
M. Rivest: Non.
Le Président (M. Desbiens): Alors, il est rejeté.
L'amendement du député de Nelligan...
M. Rivest: Quoi?
Le Président (M. Desbiens): On dispose d'abord de
l'amendement qui est sur la table, qui est celui du député de
Nelligan.
M. Rivest: On garde en réserve la suggestion du
député de Nelligan sur la dimension internationale.
Le Président (M. Desbiens): On revient après.
M. Landry: Dont nous ferons un amendement ou dont vous ferez un
amendement.
M. Rivest: J'ai une question à poser sur l'alinéa
en entier. Je voudrais savoir comment cela se passera. Pour prendre un exemple
que tout le monde connaît...
M. Lincoln: J'ai envie de poser une question...
M. Rivest: ... il y a un amendement au ministère de
l'Agriculture, et c'est celui qui me vient à l'esprit pour l'instant.
Gérer des programmes de coopération économique. Par
exemple, vous décidez d'augmenter le volume des exportations du
Québec au Japon dans le domaine du porc, le fameux contrat. Vous
organisez et gérez en collaboration... Votre responsabilité de
gestion - puisque vous allez signer un contrat, une entente avec un
gouvernement ou un organisme quelconque - vous amènera-t-elle à
vous soucier et à agir de manière à vous assurer que la
production porcine au Québec satisfera aux commandes? Allez-vous aller
jusque-là?
Je ne pense pas que vous deviez aller jusque-là, mais ne
trouvez-vous pas, sur le plan de la gestion de votre programme, parce que c'est
cela gérer le programme, c'est ce que cela veut dire, ne trouvez-vous
pas qu'il serait utile - et c'est le sens du premier amendement que le
député de Nelligan a formellement suggéré - aux
fins de la gestion, que vous négociiez et écriviez avec le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation une
entente qui fasse état de la substance de l'accord que vous auriez
signé, des moyens que le ministère de l'Agriculture, avec les
intervenants du milieu, avec les producteurs, devrait avoir, que l'action soit
précisée de façon à vous assurer que la parole que
vous allez donner, qui sera la parole du gouvernement, l'engagement que vous
allez prendre... Vous retournant par la suite vers les instances internes du
gouvernement, en l'occurrence le ministère de l'Agriculture, et cela est
bien important dans l'accomplissement de votre responsabilité, il faut
que vous ayez l'assurance que les ministères et organismes
gouvernementaux rempliront les commandes que vous aurez signées.
C'est dans ce sens-là que l'idée du député
de Nelligan de prévoir des protocoles d'entente donne beaucoup plus
l'assurance que votre rôle sera efficace que simplement une espèce
de phrase qui dise: "en collaboration avec..." Parce que, si votre
collègue, le ministre de l'Agriculture, vous dit: Je regrette, ce ne
sont pas mes priorités actuellement au ministère de l'Agriculture
de développer telle priorité, arrange-toi avec tes
problèmes; moi, j'ai d'autres problèmes dans le domaine de
l'agriculture. C'est dans ce sens que je veux qu'il y ait... Une collaboration
concerne, à mon avis - le député de Frontenac le signale -
tout le monde. Mais, quand on signe des accords et des ententes
précises, il faut que la marchandise soit livrée. C'est la parole
du gouvernement du Québec qui est en cause. C'est toute l'action. Alors
que, s'il y a des protocoles d'entente pour les fournisseurs et pour les gens
avec qui vous allez contracter, la collaboration des ministères, parce
que le ministère doit s'assurer de la collaboration, le ministère
de l'Agriculture, en l'occurrence, des producteurs... Donc, il faut qu'il y
ait, au niveau du ministère de l'Agriculture - et j'imagine que vous
n'en aurez pas au niveau du ministère des Affaires extérieures -
des gens qui vont nécessairement se préoccuper d'une production
animale quelconque.
C'est dans ce sens que je demanderais au ministre, quitte à ce
qu'il garde son article, qu'il me dise, si l'amendement n'est
pas bon, s'il ne veut pas accepter l'amendement du député
de Nelligan, quelle base juridique il va avoir pour vraiment engager la
responsabilité du gouvernement à tous les échelons. C'est
en ce sens que je trouve que sa loi - permettez-moi ceci, j'en arrive à
cette conclusion - n'est peut-être pas assez forte. C'est une
argumentation nouvelle depuis le début, mais on...
M. Gauthier: Cela change.
M. Payne: C'est la porte arrière.
M. Rivest: On essaie tous les moyens.
On a essayé d'affaiblir la loi, mais on n'a pas réussi. On
va essayer de la renforcer. Conversion.
M. Payne: II veut passer par la porte arrière,
maintenant.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Je réitère au député de
Jean-Talon que non seulement ces ententes et ces protocoles sont
nécessaires, il a raison de le dire, mais ils existent. Le cas qu'il a
signalé n'est pas théorique. Je ne sais pas s'il le savait. Il y
a un protocole avec le ministère de l'Agriculture, le ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et l'Office québécois
du commerce extérieur. Nous héritons évidemment, comme
dans une succession, des accords contractuels conclus entre les composantes de
notre ministère et d'autres composantes de l'appareil gouvernemental.
Nous avons l'intention d'en faire une révision, un
dépoussiérage, une mise à jour, mais nous sommes
parfaitement d'accord avec le point de vue du député de
Jean-Talon, c'est-à-dire que rien ne pourrait se faire sans les ententes
et les protocoles avec les sectoriels. C'est la raison pour laquelle la loi,
à plusieurs de ses articles, parle de cette entente, parle de cette
coopération, mais je lui réitère que certains programmes
ne feront l'objet d'aucune entente. Ils seront purement et simplement
gérés, ce qui serait incompatible avec votre amendement, par le
ministère du Commerce extérieur, parce que, dans ces cas, il n'y
a aucune nécessité d'avoir des accords sur la gestion des
programmes.
On ne fait pas des ententes pour des ententes. On fait des ententes pour
que les gens coopèrent de façon ordonnée et organique. Ce
que vous voulez me faire faire, ce sont des ententes pour des ententes, dans
certains cas où je n'en ai pas besoin. J'admets avec vous que, dans la
majorité des cas, j'en aurai besoin, mais non pas dans la
totalité des cas. C'est ce que votre amendement voudrait introduire dans
la loi, ce qui limiterait l'action du ministère.
Le Président (M. Desbiens):
L'amendement est-il adopté?
M. Rivest: Non. L'amendement a été
adopté.
Le Président (M. Desbiens): II y a un seul amendement sur
la table, c'est celui du député de Nelligan.
M. Rivest: II n'a pas été débattu, le
premier.
M. Lincoln: Vous parlez de l'amendement qu'on vous a
présenté.
Le Président (M. Desbiens): Quel premier? L'amendement
suivant, à l'article 8...
M. Fortier: Sur division. M. Rivest: Sur division.
Le Président (M. Desbiens): L'article 8 du projet de
loi... C'est rejeté sur division.
M. Lincoln: J'aurais aimé revenir sur l'amendement
suggéré.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Landry: Alors, que diriez-vous...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: ... si, au paragraphe 6 de l'article 8, la
modification suivante se faisait par l'insertion, après le mot
"économique", des mots "avec l'extérieur"?
M. Rivest: M. le Président, cet amendement est-il
recevable?
Le Président (M. Desbiens): Recevable.
M. Rivest: Vous allez être contre, vous autres? Il faut
l'accepter.
M. Grégoire: D'accord. Pour. Accepté.
M. Gauthier: Pour une fois qu'il y en a un qui a du sens, on vote
pour.
M. Rivest: Le ministre a dit oui. Dites oui en choeur. Allez-y,
la chorale.
M. Gauthier: C'est parce que cela a du sens.
Le Président (M. Desbiens): Ce nouvel amendement est-il
adopté?
M. Rivest: Ce n'est pas un
gouvernement, c'est une chorale.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 6,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Rivest: Le député de Frontenac s'y est
opposé.
Le Président (M. Desbiens): Adopté tel
qu'amendé, sur division.
M. Fortier: On a besoin de toi.
M. Rivest: L'article au total adopté sur division, sur
très grande division. Il risque d'avoir des conséquences
parlementaires...
Le Président (M. Desbiens): L'alinéa 6, n'est-ce
pas? L'alinéa 6. L'alinéa 7 est-il adopté?
M. Rivest: Au sujet de l'alinéa 7, seulement une question
parce qu'on n'en a pas parlé beaucoup et il serait peut-être
insulté. Le ministre d'État à la Recherche scientifique
est-il d'accord avec tout cela?
M. Landry: Mais, bien entendu!
M. Rivest: Parfait! Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): L'article 8 en entier est
adopté sur division. (22 heures)
M. Rivest: Sur une immense division.
Le Président (M. Desbiens): Article 9. Est-ce que
l'article 9 est adopté? M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, l'article 9, c'est la clé de
tout. L'article 9 démontre toutes les contradictions de ces deux lois et
il me semble que tant qu'on n'amendera pas la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales surtout, on en arrivera au point où le
ministre pourra conclure une entente avec un gouvernement autre que celui du
Québec, l'un de ses ministères, etc., en vue de
l'exécution de ses fonctions. Et, pourtant, la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, je le lui dis, restreint
ses pouvoirs. Alors, nous, on suggère un amendement qui serait celui-ci:
Le ministre peut recommander au ministre des Affaires intergouvernementales le
soin de conclure une entente avec un gouvernement autre que celui du
Québec.
M. Rivest: On parle sur la recevabilité? Est-ce que c'est
recevable?
Le Président (M. Desbiens): Oui, il n'y a pas de
problèmes. Il ne vient pas contredire quoi que ce soit dans la loi. Il
est recevable et reçu. Alors, sur le fond.
M. Lincoln: Sur le fond, M. le Président, tant que le
Québec se servira de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales pour chapeauter toutes les ententes... Il y a
sûrement une raison pour laquelle le ministre de l'Énergie et des
Ressources ne veut pas aller à Londres conclure un accord. Il y a
sûrement une raison pour laquelle tous les autres ministres sont
obligés de passer par l'intermédiaire du ministère des
Affaires intergouvernementales pour conclure des accords et des ententes avec
des gouvernements autres que celui du Québec.
Alors, il nous semble que la conclusion tout à fait logique
devrait être que le ministre recommande au ministère des Affaires
intergouvernementales qu'un accord doive être signé et que, s'il
n'y a aucune objection et que cet accord est dans le cadre de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, il n'y aura pas de
problèmes et l'accord sera signé. Il nous semble que c'est un
non-sens de donner au ministre le pouvoir de faire des ententes avec un
gouvernement autre que celui du Québec, quand ce pouvoir est inscrit
dans la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales comme
appartenant au ministre des Affaires intergouvernementales. Comme cette Loi sur
le ministère du Commerce extérieur doit se conformer... "Les
fonctions et pouvoirs que possède le ministre en vertu de la
présente loi sont exercés conformément à la Loi sur
le ministère des Affaires intergouvernementales" qui, lui, a les
pouvoirs de signer les ententes avec les gouvernements autres que celui du
Québec.
Si, par exemple, nous donnions le droit au ministre du Commerce
extérieur de conclure des ententes comme il le voudrait avec les autres
gouvernements, on peut voir le manque de coordination complet qu'il y aurait
dans les relations extérieures; cela serait un vrai capharnaüm.
Alors, pour ces raisons dont nous avons discuté plusieurs fois au cours
de cette étude article par article, nous maintenons que l'article
devrait être changé dans le sens de notre amendement.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Je pense que ce qui vous induit à faire cet
amendement, c'est une méconnaissance que je ne vous reproche pas. Vous
n'avez peut-être pas pu éplucher toute la législation au
cours des derniers jours, tous les mécanismes déjà
existants. Tous les ministères du gouvernement du Québec, ou
à peu près, dans leurs lois constitutives, ont cet article 9 qui
leur donne le pouvoir de
conclure des ententes avec des organisations internationales ou des
gouvernements étrangers. Tous. Alors, ce n'est pas spécifique au
Commerce extérieur. On est pratiquement déjà dans un
article de routine.
Cependant, tous sont soumis à l'article 18 de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales que je lis: "Lorsqu'une
personne autre que le ministre peut, d'après la loi - une personne autre
que le ministre; ce sont donc tous les ministères autres que les
Affaires intergouvernementales - conclure des ententes intergouvernementales,
la signature de cette personne continue d'être requise pour donner effet
aux ententes à moins que le gouvernement n'ordonne autrement."
Ce qui veut dire que le ministre des Affaires intergouvernementales
signe toutes les ententes qui sont visées par l'article 9 de la Loi sur
le Commerce extérieur ou par tous les articles de toutes les lois, celle
de l'habitation, par exemple - ce n'est pas très porté sur
l'international en général - "Le ministre peut, avec
l'autorisation du gouvernement, conclure un accord avec tout gouvernement ou
organisme en vue de l'exécution de ses fonction." Vous vous en prenez -
encore une fois, je ne vous en fais pas un reproche amer, je pense toujours que
vous avez fait tout ce que vous avez pu - à un article qui est un
article routinier qu'on retrouve dans toute la législation constitutive
des ministères et cela ne change rigoureusement rien au fait que
personne ne peut signer sans que le ministre des Affaires intergouvemementales
signe. L'article 10 vient consolider cela, évidemment.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: C'est purement une question d'interprétation,
j'avais compris l'article 18 comme ceci: " Lorsqu'une personne autre que le
ministre..."
M. Landry: Des Affaires intergouvernementales.
M. Rivest: Oui, c'est l'article 18 de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales. J'avais compris que cet
article - peut-être que je fais erreur, je ne le sais pas - se
référait beaucoup plus au pouvoir de signature, que, pour ne pas
obliger le ministre, c'est-à-dire la personne du ministre, à
signer toutes les ententes ou quoi que ce soit, c'était la personne
à l'intérieur du ministère des Affaires
intergouvernementales. Je ne sais pas, je pose la question. Est-ce que
"personne" vise, comprend, dans le cadre de la loi des Affaires
intergouvernementales toute autre personne qui serait extérieure aux
Affaires intergouvernementales? Je ne sais pas comment on peut
l'interpréter, mais, dans le cadre de la loi, il me semble que cela se
réfère uniquement... La loi des Affaires intergouvernementales
peut difficilement faire des obligations ou donner des pouvoirs de signature
à des personnes en dehors du ministère des Affaires
intergouvernementales. Je ne sais pas, je pose la question.
Si le ministre me dit que l'interprétation donnée à
l'article 18... s'il me dit que cet article confère effectivement au
ministre ou même au président d'une régie ou à
quiconque le pouvoir de signer des ententes, mais que cela - c'est ce que le
ministre a dit - n'enlève en aucune façon le droit de regard du
ministère des Affaires intergouvernementales tel que défini aux
articles 16 et autres, parce que cela doit être approuvé non
seulement par cela, mais par le gouvernement, et que toutes ces obligations
légales qui ont été incluses à l'intérieur
de la loi au chapitre 3, la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales, s'appliquent en entier au ministre du Commerce
extérieur... À moins que mon collègue n'ait d'autres
points de vue.
M. Fortier: J'ai une information ici. M. Rivest: C'est
votre interprétation?
M. Landry: M. le Président, je peux faire confirmer cela,
si le député le désire, par la bouche des juristes qui
sont derrière moi.
M. Fortier: Ici, j'ai la loi sur le travail qui vient
d'être déposée, si cela vous intéresse.
Des voix: Oui.
M. Fortier: La loi existante dit ceci, avant qu'elle soit
modifiée: "Le ministre peut, conformément à la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, conclure des ententes avec
un autre gouvernement ou l'un de ses ministères ou organismes en vue de
l'application de la présente loi ou d'une loi dont l'application
relève de lui."
M. Payne: ...
M. Landry: Nous le disons dans deux articles, nous.
M. Fortier: Là, vous ne le dites pas de cette
façon.
M. Landry: Exactement, regardez l'article 10.
M. Beaumier: C'est exactement ce qu'on a dit, l'article 10...
M. Rivest: Attendez, il y a des choses très importantes
qui sont en cause.
M. Fortier: Le libellé ici est beaucoup plus clair, il va
dans le sens de notre...
M. Rivest: Vous permettez, M. le ministre...
M. Fortier: Non, non, je sais que vous êtes plus
connaissant dans cela, allez-y.
M. Rivest: En vue de l'application de la présente loi ou
d'une loi dont l'application relève de lui.
M. Landry: Oui, mais regardez notre article 10.
M. Rivest: Je ne sais pas, si dans toutes les ententes et tous
les accords, l'application relèvera de lui dans le sens du ministre du
Commerce extérieur.
M. Landry: Mais oui, parce que l'article 10 dit: "Les fonctions
et pouvoirs - on vient de travailler des heures sur les fonctions et pouvoirs
qui comportent les ententes, etc. -que possède le ministre en vertu de
la présente loi sont exercés conformément à la Loi
sur le ministère des Affaires intergouvernementales." Cela recoupe
exactement ce que le député d'Outremont a dit.
M. Fortier: Juste pour ajouter une information, peut-être
que le ministre a raison parce que, dans la nouvelle loi 95, à l'article
17, on dit ceci: "Le ministre peut conformément à la loi,
conclure des ententes avec tout gouvernement ou organisme en vue de
l'application de la présente loi ou d'une loi dont l'application
relève de lui."
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous retirez
l'amendement?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Desbiens):
L'amendement à l'article 9 est retiré. Est-ce que
l'article 9 est adopté?
M. Rivest: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 10
est-il adopté?
M. Rivest: M. le Président, il y a de l'hésitation.
Je suggérerais de le supprimer, si mes amis du ministère des
Affaires intergouvernementales ne m'en faisaient pas le reproche, mais je vais
demander qu'il reste et qu'il soit peut-être écrit en
caractère gras.
M. Grégoire: Amendement rejeté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article Il est-il
adopté?
M. Grégoire: Adopté.
M. Rivest: Moi, je défends la cause de Jacques-Yvan.
M. Lincoln: Article 11, adopté, oui.
Le Président (M. Desbiens): Article 11, adopté.
Documents du ministère
Section III, Documents du ministère, article 12. Est-il
adopté?
M. Lincoln: Oui, adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 12, adopté.
Article 13, adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 13, adopté.
Article 14, adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 14, adopté.
Article 15, adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 15, adopté.
Article 16, adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Article 17,
adopté?
M. Rivest: C'est le sous-ministre qui va faire tout le
travail.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Dispositions finales
Le Président (M. Desbiens): Section IV, Dispositions
transitoires et finales. M. le ministre.
M. Landry: M. le Président, je proposerai moi-même
un amendement au
titre.
Le Président (M. Desbiens): Un amendement au titre?
M. Landry: Oui. Donc, immédiatement après la
section IV, au lieu d'avoir "Dispositions transitoires et finales", il n'y aura
que "Dispositions finales".
M. Rivest: Est-ce que le ministre veut nous indiquer qu'il a
aussi l'intention de modifier l'article 22?
M. Landry: Non, pas du tout. Ah! une discussion pourrait s'ouvrir
sur la question.
M. Rivest: Je vais vous poser une question simplement.
M. Landry: Oui.
M. Rivest: Sur l'article 22...
M. Landry: C'est tout simplement que nous entendions modifier par
cette loi certaines autres dispositions législatives et nous avons eu
besoin des dispositions transitoires. On a décidé de
procéder autrement, en amendant directement la loi de la SDI, par
exemple, de sorte que nous n'avons plus besoin des dispositions
transitoires.
M. Rivest: Vous avez amendé la loi de la SDI?
M. Landry: On va procéder par amendements à la loi
de la SDI, si ce n'est déjà déposé, pour la
constitution de son conseil d'administration.
M. Fortier: Ce n'est pas déposé. Il n'y a rien de
déposé sur la SDI.
M. Landry: C'est dans la loi omnibus. M. Fortier: Ah!
M. Rivest: Ah! Ah! Ah! De toute façon, comme le ministre
l'a indiqué plus tôt...
M. Fortier: À quel article sommes-nous?
Le Président (M. Desbiens): Section IV, le titre.
M. Rivest: ... comme ce projet de loi est purement transitoire
pour le retour à la situation ante dans six mois, nous n'avons pas
d'objection.
Le Président (M. Desbiens): Le titre de la section IV:
Dispositions transitoires et finales.
M. Landry: Je reconnais bien le cynisme plaisant du
député.
Le Président (M. Desbiens): Avant l'article 18.
M. Rivest: Le titre est recevable, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Oui. L'amendement est
reçu. Est-il adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Desbiens):
Amendement, adopté. Alors, le titre de la section IV se lirait
ainsi: "Dispositions finales". Article 18, adopté?
M. Rivest: Un instant! "... du Commerce extérieur et des
Affaires économiques"?
M. Landry: On y a pensé.
M. Rivest: Adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
Article 19, adopté?
M. Rivest: Adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
Article 20, adopté?
M. Rivest: Un instant! J'ai une question à poser au
ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Fortier: "... ces sommes sont prises sur..." Il me semble que
le ministre a dit que cela ne coûterait rien et là, il peut
prendre des sommes.
M. Rivest: D'abord, est-ce qu'il reste de l'argent en ce moment
dans le fonds consolidé? La question se pose.
M. Landry: C'est très simple. D'abord, il y a une
période transitoire.
M. Rivest: Combien les fonctionnaires vont-ils payer dans la
récupération, avec la loi 70, pour vous permettre de vous faire
un ministère à vous?
M. Landry: II y a une situation transitoire. Actuellement, les
sommes qui sont consacrées à nos activités viennent du
Conseil exécutif. Il y a eu un CT de transfert et nous sommes
rattachés au Conseil exécutif tant que vous ne nous aurez pas
permis de créer ce ministère. Quand le ministère sera
créé, il entrera, comme tous
les autres ministères, dans le cycle budgétaire normal, en
temps et lieu. Alors, c'est l'objet de cette disposition pour l'exercice
financier de 1982-83, pour une partie de cet exercice.
M. Lincoln: Quels sont les montants, à partir de
l'adoption de la loi, enfin, en présumant...
M. Landry: À peu près en douzième. Il
faudrait fonctionner en douzième.
M. Lincoln: Ce n'est sont pas 10 000 000 $ par an environ?
M. Landry: C'est environ 10 000 000 $ par an.
M. Rivest: Prévus pour le ministère. M. Landry:
Actuel.
M. Rivest: II ne faudrait pas que le ministre...
M. Landry: ... aux crédits.
M. Rivest: Les documents qu'on a demandés, vous les
transmettrez au député de Nelligan?
M. Landry: Oui, volontiers.
M. Rivest: Plus, peut-être, si vous avez des
évaluations. Il n'y a aucun engagement du... C'est le fonds
consolidé. D'accord, article 20, adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 20, adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 21?
M. Fortier: À l'article 21, je voudrais savoir...
Le Président (M. Desbiens): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ... s'il y a des amendements sur cet article de la
part du parti au pouvoir. Cela ne me semble pas acceptable de leur part.
M. Landry: Non, nous n'avons pas d'amendement.
M. Fortier: Non, vous n'avez pas d'amendement?
M. Landry: C'est notre attitude universelle, comme vous le savez,
pour toutes les lois du Québec, de faire bien sentir que nous n'avons
jamais accepté le coup de force constitutionnel ni le rapratriement
unilatéral de la constitution et que, de toutes les manières
possibles, chaque fois que l'occasion nous en sera donnée, nous allons
le rappeler dans la législation du Québec. (22 h 15)
M. Rivest: J'ai une autre question d'information.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Quels sont les articles de la charte constitutionnelle
de 1982 qui préoccupent le ministre pour exclure... Autrement dit, quels
sont les droits et libertés qui sont reconnus à l'ensemble des
citoyens du Canada et dont les citoyens québécois ne pourront pas
bénéficier en vertu de cet article, dans le cadre de l'exercice
des fonctions du ministre?
M. Landry: On pourrait aussi appeler cela les limitations...
M. Rivest: Vous devez avoir des exemples. Vous donnez des...
M. Landry: ... venant diminuer l'action du gouvernement du
Québec et découlant...
M. Rivest: Non, non, je parle des...
M. Landry: ... de la législation qui est là.
M. Rivest: ... droits et libertés. Vous mentionnez que les
articles 2, 7 et 15...
Quels sont les droits fondamentaux qui vous causent des
problèmes?
M. Landry: Bon. J'ai répondu...
M. Rivest: Vous n'avez pas fait cela pour rien. À part un
geste politique, j'imagine que...
M. Landry: Non, non, j'ai répondu en toute bonne foi et de
façon assez élaborée à toutes les questions du
député de Jean-Talon qui, je dois le reconnaître,
étaient intelligentes dans la plupart des cas.
M. Rivest: Oui, mais écoutez...
M. Landry: Celle-là, je reconnais humblement...
M. Rivest: ... vous mettez l'article 2.
M. Landry: ... qu'il me faudrait...
M. Rivest: Regardez...
M. Landry: ... me préparer pour en faire une liste...
M. Rivest: En quoi...?
M. Landry: ...et lui donner une explication complète.
M. Rivest: Je poserai une question plus spécifique. Par
exemple, vous mentionnez l'article 2. En quoi, par exemple, le ministre
sera-t-il gêné dans ses prérogatives constitutionnelles...
En quoi la reconnaissance aux citoyens québécois et canadiens de
la liberté de conscience et de religion, de la liberté de
pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, de la liberté de
réunions pacifiques et de la liberté d'association, en quoi ces
droits pourraient-ils gêner - parce que c'est l'article 2, c'est
exactement ce que vous avez mentionné - l'exercice des
responsabilités ministérielles du ministre du Commerce
extérieur?
M. Landry: Je suis, en principe, parfaitement d'accord avec tous
les droits qu'il vient d'exprimer, sauf que j'ai bien dit que notre
gouvernement a rejeté, rejette...
M. Rivest: C'est un article politique.
M. Landry: ... et rejettera globalement...
M. Fortier: II vient de dire qu'il n'est pas d'accord avec son
cabinet.
M. Landry: ... toutes les conséquences du coup de force
dans la mesure où elles peuvent être évitées.
M. Rivest: Oui, mais...
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: ... il faut bien dire qu'on ne s'oppose pas
aux droits reconnus là...
Une voix: Non.
M. Grégoire: ... mais ces droits étaient tous
reconnus d'avance par notre charte. De plus, ces droits, de par la constitution
de 1867, étaient de juridiction québécoise et non de
juridiction fédérale, et quand le fédéral veut
venir nous enlever nos juridictions...
M. Rivest: Je comprends cela.
M. Grégoire: ... nous nous y opposons, non pas aux droits
qui sont reconnus là, mais au fait que le fédéral veuille
s'approprier cela.
M. Rivest: Je comprends cela, M. le Président.
M. Landry: Vous avez voté avec nous sur...
M. Grégoire: Et vous avez voté contre cela
aussi.
M. Rivest: Je comprends cela, sauf que vous mettez dans un texte
de loi que l'article 2 de la charte constitutionnelle vous embarrasse. Par
exemple, vous êtes plus logique à l'article 3 qui reconnaît
aux citoyens québécois et canadiens le droit de vote. Cela ne
vous cause pas de problème. Alors...
M. Grégoire: C'était dans la constitution et
reconnu comme tel.
M. Rivest: Excusez, j'ai la parole.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: L'article 3 de la charte constitutionnelle ne vous
fait pas problème. Donc, vous ne l'excluez pas en vertu de l'article 21.
Par contre, vous excluez l'article 2 nommément. Alors, en quoi...
M. Landry: Non, non, le député de Jean-Talon
connaît mieux le mécanisme constitutionnel que cela. On rejette ce
qu'on a le droit de rejeter.
M. Rivest: Pardon?
M. Landry: Mais il y en a sur lesquels on n'a aucun choix. Chaque
fois que nous avons - parce que nous sommes respectueux des lois, même
les plus iniques - une obligation légale, nous l'accomplissons.
M. Fortier: On sera obligé de...
M. Landry: Et quand nous avons la chance d'échapper aux
conséquences de cette loi inique sans violer la loi, nous
échappons aux conséquences. C'est pour cela que, dans toutes les
lois présentées par ce gouvernement, vous retrouverez une
disposition analogue.
M. Rivest: Est-ce qu'un peu à...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon.
M. Rivest: Ah! excusez.
M. Landry: Et quand le député parle -M. le
Président, je m'excuse, très brièvement...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: ... d'un article politique avec un certain
mépris, est-ce qu'il vient prétendre qu'il n'est pas en
politique, qu'il ne fait pas de politique, qu'il n'en a jamais fait et qu'il
n'en fera jamais?
M. Rivest: ... texte législatif. Vous avez laissé
échapper... Est-ce qu'on pourrait faire un amendement pour proposer
qu'on puisse remettre dans la charte constitutionnelle le droit de veto que
vous avez également laissé échapper?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon.
M. Rivest: Vous avez laissé échapper cela aussi,
par hasard, dans une nuit, le droit de veto du Québec. Grands
défenseurs des intérêts du Québec!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon. À l'ordre! À l'ordre!
M. Grégoire: Je ne sais pas si le député de
Jean-Talon.
M. Landry: ... permet au député de Jean-Talon de
dire cela.
M. Rivest: Est-ce qu'on pourrait faire un article politique, nous
aussi, pour remettre qu'on doit récupérer le droit de veto
là-dedans? C'est aussi ridicule que cela.
M. Landry: Comment peut-on laisser échapper une chose
qu'on n'a jamais eue?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
ministre.
M. Landry: Comment peut-on laisser échapper une chose
qu'on n'a jamais eue? Deux tribunaux se sont prononcés pour dire que
jamais le Québec n'a eu ce droit de veto.
Le Président (M. Desbiens): Alors, M. le
député de...
M. Landry: Alors, comment peut-on perdre ce qu'on n'a pas?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon.
M. Landry: Vous pourriez perdre le pouvoir, vous ne l'avez
pas.
M. Payne: S'il le faut, on pourrait même déposer une
liste de tous les droits qui sont couverts par la charte
québécoise et qui ne sont pas couverts par les droits du
Canada. J'en ai même une copie ici devant moi qui...
M. Rivest: ... fédérale, la charte
québécoise, oui.
M. Payne: ... pourrait être déposée, si le
député de Jean-Talon le veut bien.
M. Landry: On améliore cela.
M. Payne: En fait, il y a quatorze dispositions qui ne sont pas
protégées par le Canada.
M. Fortier: Adopté sur grande division.
Le Président (M. Desbiens): L'article 21 est adopté
sur division.
M. Rivest: Un vote nominal, M. le Président, quand
même.
Le Président (M. Desbiens): Vote sur l'article 21.
M. Rivest: ... voter comme le ministre.
Le Président (M. Desbiens): Sur l'article 21. M. le
député de Nicolet.
M. Rivest: Ils sont mêlés.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nicolet?
M. Beaumier: J'ai dit oui.
Le Président (M. Desbiens): Oui. Je m'excuse, je n'avais
pas entendu. M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Contre. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Landry: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Shefford. M. le député de Gaspé.
M. LeMay: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Pour le droit de veto, mais contre l'article, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Contre l'article 21.
L'article 21 est adopté par six voix contre quatre.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Je vais approuver le député de
Jean-Talon pour dire qu'on devrait avoir le droit de veto.
M. Landry: On aurait toujours dû l'avoir.
M. Grégoire: On aurait toujours dû l'avoir, mais ils
ne nous l'ont jamais donné.
M. Rivest: On vous faisait confiance.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre. À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Quand il dit pour le droit de veto, je vote
pour, mais c'est parce qu'il y a eu des libéraux qui n'ont jamais
protégé nos droits que nous ne l'avons pas eu.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! L'article 22.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 22 est-il
adopté?
M. Rivest: À l'article 22, j'ai une question à
poser. Quels sont les articles que vous allez faire entrer en vigueur avant les
autres? C'est une question administrative.
M. Grégoire: II faut passer ça au
lieutenant-gouverneur pour la proclamation.
M. Landry: On aurait pu renoncer à cette souplesse qu'on
s'est gardée. C'est au cas où les transferts de juridiction ne
pourraient pas se faire tous à la même date.
M. Rivest: Oui, Dieu sait que vous allez avoir d'immenses
problèmes. M. le Président, je voudrais remercier le
ministre.
Le Président (M. Desbiens): Alors, est-ce qu'on peut
terminer ça avant l'adoption?
M. Grégoire: M. le Président, juste un mot. Tous ce
papier inutile des amendements, est-ce que ce doit être payé par
le gouvernement?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Grégoire: Dans une période
d'austérité.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le titre du projet
de loi est adopté? Loi sur le ministère du Commerce
extérieur.
Des voix: Adopté.
M. Lincoln: Adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que le
projet de loi, en son entier et tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Rivest: Pardon, M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le projet de loi
tel qu'amendé, avec ses titres et sous-titres, est adopté?
M. Rivest: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Le projet de loi est
adopté sur division.
M. Rivest: M. le Président, en terminant, je voudrais
remercier le ministre ainsi que ses collaborateurs et leur souhaiter la
meilleure chance possible dans l'accomplissement de leurs fonctions. Je
souhaite pour les deniers publics en cause que les arbitrages que le ministre
aura à faire, non seulement avec le gouvernement
fédéral... Il faut souhaiter d'abord qu'il collabore avec le
gouvernement fédéral. Je souhaite surtout qu'il puisse -
malgré que j'en doute - obtenir des collaborations efficaces de ces
grands absents de ce débat, le ministre des Affaires
intergouvernementales et le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais dire en
terminant que je suis très heureux de voir que ce projet de loi a
été adopté. Je crois également que le ministre qui
a été nommé pour diriger le commerce extérieur du
Québec est à la hauteur de la situation, qu'il a toutes les
compétences voulues et je suis sûr que, entre autres, dans le
domaine de l'exportation des produits finis en amiante que nous avons
l'intention...
M. Rivest: Ajournons les travaux, M. le Président.
M. Grégoire: ... de transformer ici, nous aurons toute la
collaboration du ministre du Commerce extérieur du Québec.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Grégoire: Je tiens donc à féliciter le
ministre et à lui souhaiter bonne chance.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Landry: Je remercie le président de cette commission
ainsi que mes collègues des deux côtés de la table pour le
remarquable effort qu'ils ont fait en vue de bonifier ce projet et,
malgré le cynisme habituel, et non pas déplaisant, du
député de Jean-Talon, je pense qu'il a beaucoup plus confiance
aux institutions qu'il vient nous aider à établir qu'il ne le
laisse paraître.
Le Président (M. Desbiens): Alors, je demande au
rapporteur, le député de Roberval, de faire rapport à
l'Assemblée nationale dans les plus brefs délais. Je remercie les
membres de la commission.
La commission élue permanente du commerce extérieur a
rempli le mandat qui lui a été confié par
l'Assemblée nationale et elle ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 25)