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(Onze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des corporations professionnelles se réunit afin
d'étudier les crédits budgétaires qui se rapportent
à l'année 1981-1982.
Sont membres de cette commission: M. Blank (Saint-Louis), M. Charbonneau
(Verchères); M. Desbiens (Dubuc) est remplacé par M. Boucher
(Rivière-du-Loup), M. Grégoire (Frontenac), M. Kehoe (Chapleau),
M. Laurin (Bourget), M. Lavigne (Beauharnois), M. O'Gallagher (Robert Baldwin),
M. Proulx (Saint-Jean), M. Rochefort (Gouin), M. Saintonge (Laprairie).
Les intervenants sont: M. Bourbeau (Laporte), M. Fortier (Outremont), M.
Gratton (Gatineau) est remplacé par M. Rocheleau (Hull), M. Gravel
(Limoilou), M. Houde (Berthier), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Martel
(Richelieu), M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Je demanderais un rapporteur, s'il vous plaît.
Une voix: Laurent Lavigne.
Le Président (M. Laplante): M. Lavigne (Beauharnois).
M. le ministre, si vous voulez commencer, si vous avez des remarques
préliminaires au programme 10 de l'Education.
Remarques préliminaires M. Camille
Laurin
M. Laurin: M. le Président, c'est la première fois
que l'occasion m'est donnée, en tant que ministre responsable de
l'application des lois professionnelles, de rendre compte de l'activité
de l'Office des professions. C'est avec plaisir que je répondrai aux
questions des membres de la commission permanente des corporations
professionnelles au cours de cette étude des crédits de
l'office.
Le président de l'office, M. André Desgagné, qui
siège à mes côtés, pourra fournir aux membres de la
commission toute information supplémentaire susceptible de leur
être utile.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, et puisque quelques membres de
cette commission y assistent pour la première fois, vous me permettrez
de décrire succinctement le système professionnel, de
préciser la mission de l'office et de rappeler quelques-unes de ses
réalisations au cours de l'exercice financier 1980-1981.
Le système professionnel actuel a été mis en place
à la suite de l'adoption du Code des professions en 1973. Il a pour
finalité la protection du public dans le secteur des services
professionnels. Ce système est fondé sur un équilibre
entre l'autogestion, c'est-à-dire le contrôle des pairs par les
pairs, et l'hétérogestion, c'est-à-dire une participation
externe à la gestion des professions.
L'autogestion est le fait des trente-neuf corporations professionnelles
qui ont pour fonction principale, en vertu de l'article 23, d'assurer la
protection du public en adoptant et en appliquant un ensemble de
règlements quant à l'admission, à la conduite et à
la compétence de leurs membres. Organisme autofinancé et
autogéré, la corporation procède par élection
à la composition de son bureau. L'ensemble des corporations se regroupe
au sein du conseil interprofessionnel du Québec, qui a notamment pour
but d'étudier les problèmes généraux auxquels ces
dernières doivent faire face et dont l'avis peut être
sollicité par le ministre responsable sur un ensemble de questions
prévues au Code des professions.
L'hétérogestion trouve sa part, d'abord, par le fait que
les administrateurs sont nommés par l'Office des professions au bureau
des corporations professionnelles, au nombre de 2 à 4, selon le nombre
de membres de la corporation. Il y a, en second lieu, l'Office des professions
du Québec, qui est un organisme de surveillance en même temps
qu'un organisme-conseil, dont le mandat est de veiller à ce que chacune
des 39 corporations professionnelles s'acquitte adéquatement de sa
tâche de protection du public, au titre de l'article 12.
Enfin, le gouvernement désigne un ministre responsable de
l'application des lois professionnelles qui, en dernier ressort, doit approuver
les règlements touchant les corporations et prendre une décision
sur les questions qui lui sont soumises concernant le système
professionnel. Bien qu'il réponde au ministre responsable de
l'application des lois professionnelles, l'office possède les
caractéristiques d'un organisme autonome par rapport au gouvernement. Sa
direction est
assurée par un conseil d'administration de cinq membres et Me
Desgagné en est le président depuis maintenant quatre ans.
Conçu comme un élément central du système
que nous venons de décrire, l'Office des professions a pour mission
d'assurer la protection du public par la régulation des professions. Les
composantes de cette mission sont tout d'abord un pouvoir réglementaire
que l'office exerce par l'examen, avant approbation du gouvernement, des
règlements que les corporations adoptent et, de façon
supplétive, par l'édiction même des règlements, dans
le cas des règlements obligatoires, tels les règlements sur
l'inspection professionnelle, la déontologie, la publicité, le
quorum des assemblées, l'arbitrage des comptes et la cessation
d'exercice.
Une autre composante est la régie de certains
éléments du système professionnel, notamment la nomination
d'un certain nombre d'administrateurs au bureau des corporations,
l'administration d'un programme de subventions, l'assistance au gouvernement
dans la nomination des présidents des comités de discipline, la
fourniture de services d'information et d'assistance au public,
particulièrement en matière de plaintes. Cette mission de
protection du public se concrétise également par la consultation
auprès du ministre responsable quant à la création, la
fusion ou la dissolution de corporations professionnelles et quant aux
différents aspects ayant trait à l'évolution de la
législation et de la réglementation, ainsi que de la formation
des professionnels.
Cette philosophie de protection du public qui se dégage du Code
des professions revêt, à mes yeux, une importance primordiale. Que
ce soit au niveau de l'Office des professions, du Conseil interprofessionnel,
des corporations professionnelles, de leurs membres ou du ministre responsable,
nous devons tous orienter notre action commune vers la réalisation de
cet objectif de la protection du public et donner suite de façon
concrète au rôle essentiel, et au rôle social en même
temps, qui nous est dévolu. (11 h 45)
La lourde tâche de l'adoption des règlements obligatoires
tirant maintenant à sa fin, nous devrons donc conjointement unir nos
efforts afin de perfectionner les systèmes mis en place et
répondre aux attentes concrétisées par l'intention du
législateur en 1973. Dans cette optique, le gouvernement devra
répondre à des questions aussi importantes que la pertinence de
la tarification des honoraires professionnels, la libéralisation de la
publicité, la nécessité des conditions
supplémentaires et des comités de la formation.
Passons maintenant aux principales réalisations de l'office en
1980-1981. Je n'évoquerai pas toutes les activités
réalisées par l'office au cours du dernier exercice, puisqu'elles
sont fort nombreuses. Les membres peuvent d'ailleurs consulter le rapport
annuel de l'organisme et le dossier de "support" qui leur ont été
remis et prendre connaissance des activités récurrentes de
l'office et de l'évolution des dossiers en cours.
Vous me permettrez, néanmoins, de rappeler quelques
réalisations qui me paraissent particulièrement significatives et
qui traduisent bien le réel souci de protection du public qui guide sans
cesse l'office dans son travail. Ainsi, dans le cadre de sa fonction conseil,
l'office a formulé un avis sur l'organisation des professions de la
comptabilité, avis qui a fait l'objet récemment d'une
étude en commission parlementaire. Il a aussi rendu un avis sur les
conditions supplémentaires au diplôme ou à la formation de
base et sur les comités de la formation.
L'office recommande notamment que les stages, cours et examens
imposés par les corporations en vue de la délivrance du permis
fassent l'objet d'une évaluation systématique. À cet
effet, j'entends remettre aux membres de l'Assemblée nationale - et ce,
d'ici deux semaines - l'avis de l'office ainsi qu'un rapport émanant de
cet organisme et faisant le point sur diverses réactions
suscitées à la suite de la publication de l'avis.
L'office a en outre formulé un avis sur un rapport d'un
comité d'étude du Conseil des universités,
intitulé: La rationalisation des programmes de spécialisation
médicale.
Il a aussi soumis un mémoire à la commission
d'étude sur l'accessibilité à l'information
gouvernementale et sur la protection des renseignements personnels.
En 1980-1981, l'office a aussi mené trois larges consultations en
vue de remplir diverses obligations. Ainsi, il a soumis à la
consultation des intéressés un document de travail sur la vente
et la distribution des médicaments vétérinaires. Il
procède actuellement à l'analyse des commentaires reçus en
vue de préciser la ligne de conduite qu'il entend adopter dans ce
dossier.
L'office a aussi organisé, en juin dernier, un colloque sur le
titre réservé, afin de permettre aux représentants des
divers milieux de faire connaître leur point de vue sur les avantages et
les inconvénients reliés à ce mode d'organisation des
professions.
En 1980-1981, l'office a accordé une attention
particulière au processus de recrutement et de nomination
d'administrateurs au Bureau des corporations professionnelles. Ainsi, il a
consulté quelque 200 groupes socio-économiques en vue de mettre
à jour son répertoire de candidats au poste d'administrateur.
Auparavant, il s'était donné, sur la base d'une
étude rétrospective, une ligne de conduite relative à la
consultation de ces groupes et au recrutement des candidats.
Enfin, l'office a tenu, en novembre 1980, une session d'information
à l'intention des administrateurs nommés.
Mentionnons aussi que l'office a participé, avec la collaboration
des corporations, à l'opération nettoyage de la
réglementation ou de la mise à jour de la
réglementation.
De plus, afin de permettre une meilleure diffusion des orientations
choisies par l'office, ce dernier entend remettre, de façon
systématique, à tous les membres de l'Assemblée nationale,
les avis qui me seront transmis. Bien que cette énumération soit
incomplète, elle est néanmoins indicative des réalisations
de l'office en 1980-1981.
Passons maintenant aux crédits à approuver. Ces
crédits, qui doivent être approuvés par cette commission
parlementaire, sont demandés afin que l'office puisse disposer des
ressources nécessaires à l'exercice de son mandat. Les
crédits à voter, pour 1981-1982, seront de 2 412 000 $ en
comparaison de 2 350 500 $, en 1980-1981, ce qui constitue une augmentation de
2,4%. Cette hausse résulte de l'application stricte des règles
édictées par le Conseil du trésor en regard des
augmentations budgétaires applicables au traitement et autres
rémunérations ainsi qu'aux autres catégories de
dépenses.
M. le Président, nous sommes tout disposés à
répondre aux questions que les membres de cette commission voudraient
bien nous poser.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Je constate que
les visages ont changé autour de la table, même celui du ministre.
Cependant on s'est rencontré lors de la commission parlementaire sur les
sciences comptables au mois de février. M. Desgagné, qui est le
président de l'Office des professions depuis maintenant 4 ans, et moi,
sommes peut-être les vétérans de cette commission
parlementaire.
Peut-être qu'il y a des visages nouveaux autour de la table,
cependant, les problèmes sont toujours les mêmes. Je voudrais bien
noter avec plaisir que l'Office des professions a bien fait son travail cette
année et surtout il a bien présenté le travail au cours de
la dernière année, dans le dossier, quant au support. Il donne
une liste très bien détaillée de tous les problèmes
dont font face quotidiennement les corporations professionnelles dans la
province de Québec.
J'ai dit l'an dernier, lors des crédits, qu'il n'y a pas eu
beaucoup de solutions apportées aux problèmes. Il y a eu
plusieurs avis d'apportés, mais toutes ces décisions finales
dépendent d'une décision directe du ministre ou du Conseil des
ministres, même un effort de la part du ministre de provoquer des avis de
l'Office des professions...
J'avais dit ceci l'an dernier, à la commission sur les
crédits: Cependant, nous sommes tentés d'appuyer le Conseil
interprofessionnel du Québec qui, le 31 janvier 1980, demandait au
premier ministre la nomitation d'un ministre responsable uniquement de
l'application des lois professionnelles. Je comprends que M. le ministre de
l'Éducation est très occupé avec le ministère de
l'Éducation qui a une importance beaucoup plus grande que celle des
Corporations professionnelles. Cependant, je pense qu'à cette
époque-ci, on voit un embouteillage de décisisons au niveau du
ministère qu'il serait important de nommer quelqu'un pour aider l'Office
des professions et le Conseil interprofessionnel afin de résoudre les
problèmes qui traînent depuis plusieurs années, et on
pourrait citer plusieurs de ces problèmes.
Je pense que vous l'avez bien souligné dans vos points chauds,
dans votre dossier de support qui a été préparé par
l'Office des professions. Pour en nommer quelques-uns, il y a 13 ou 21 demandes
de constitution en corporation professionnelle. Il y a eu des avis
préparés par l'Office des professions. Il y a la question de la
modification du Code des professions concernant le contenu des services
professionnels. Il y a eu des rapports préparés, des avis et
même une entente entre l'Office des professions et le Conseil
interprofessionnel sur ce problème.
Il y a les conditions supplémentaires, le comité de
formation. Je pense que là, même le ministre, à la page 11
du rapport, disait: Le 8 septembre dernier, le ministre a communiqué cet
avis à la presse et annonçait la tenue d'une commission
parlementaire afin d'entendre les réactions des corporations
professionnelles et des autres organismes intéressés à ces
questions. Il n'y a rien de fait depuis.
Il y a le comité d'étude sur la radioprotection. Le fameux
problème qui traîne depuis de nombreuses années,
l'école de technologie supérieure, avec sa demande
d'intégration dans l'Ordre des ingénieurs. Là aussi on
attend toujours une action du ministre.
Il y a le problème des acupuncteurs, des chiropraticiens. On
attend toujours une décision sur la science de la comptabilité.
Une commission parlementaire fort intéressante, en février
dernier, a fait ressortir tous les éléments du problème.
On attend toujours une décision du ministre.
II y a le problème des conseillers d'orientation, le
problème des dentistes et de leurs assistants, et celui des
denturologues. Il y a le problème des médecins
vétérinaires et la liste des médicaments qu'ils peuvent
donner. Il y a le problème des notaires, la refonte de leurs
tarifications. Le fameux problème qui traîne depuis de nombreuses
années maintenant, des opticiens d'ordonnances et des
optométristes. Leur règlement de déontologie n'est
même pas approuvé encore.
Il y a une question de publicité pour les pharmaciens, de
même que plusieurs des professions. On a vu dernièrement dans les
journaux des éditoriaux à propos du droit des avocats de publier
leur spécialité. On ne voudra peut-être entamer le droit de
publier leurs tarifs ou leurs prix, mais je pense qu'on devrait
considérer aujourd'hui que les avocats ont le droit d'annoncer leur
spécialité. Ce matin, si vous avez lu les journaux, la même
question a été posée par les médecins. Tous ces
problèmes traînent dans le décor depuis quatre ans, depuis
que je siège ici à cette commission. Il n'y a pas eu de
décision ferme prise par un ministre qui aurait le temps de se
préoccuper de ce problème. J'insiste sur cela, que le ministre
prenne le temps de s'associer d'autres de ses bons députés et
collègues pour régler ces problèmes. C'est
extrêmement important, on ne peut plus attendre, cela fait quatre ans que
les mêmes problèmes traînent.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, est-ce que vous
avez une réplique M. le ministre? Vous voulez vous en
prévaloir?
M. Camille Laurin (réplique)
M. Laurin: M. le Président, j'aurais beaucoup à
dire sur cet exposé dont je remercie le député de Robert
Baldwin. J'ai pris connaissance de son opinion de l'an dernier où il
demandait qu'un ministre responsable soit nommé et je me suis
demandé quelle avait été la raison pour laquelle, dans le
temps, le gouvernement libéral avait confié au ministre de
l'Education la responsabilité de l'Office des professions. J'ai
trouvé des raisons pertinentes à l'époque, qui me semblent
encore pertinentes, dont la principale était qu'il est difficile de
parler des professions sans parler du curriculum ou de la formation qui aboutit
à l'exercice d'une activité professionnelle et à la
corporation qui doit régir l'exercice de l'activité
professionnelle. Une preuve en est d'ailleurs qu'un des rapports les plus
importants que nous avons actuellement à étudier, c'est l'avis de
l'office sur les conditions supplémentaires et les comités de la
formation.
Cette question de la formation est presque indissolublement liée
à l'activité professionnelle et, dans la pratique, nous
constatons tous les jours que l'activité professionnelle et la mission
éducative sont indissolublement liées. Peut-être que l'on
courrait a des problèmes plus graves si on établissait une
cloison trop étanche entre ces deux secteurs de l'activité des
professionnels. Cela me paraît une raison qui demeure valable dans la
mesure, cependant, où on ne laisse pas s'éterniser les
problèmes, comme le député l'a souligné, et dans la
mesure où on accorde à ces problèmes toute l'attention
qu'ils méritent. (12 heures)
Là, j'en arrive à la deuxième partie de son
exposé où il disait que les problèmes traînent. Je
lui laisse le choix du verbe qu'il a employé mais, pour avoir
été mêlé depuis douze ou treize ans aux
problèmes reliés à l'exercice des activités
professionnelles -quand j'étais chef parlementaire du Parti
québécois, je me rappelle qu'on a adopté le Code des
professions - je ne suis pas sûr que j'utiliserais le même verbe
que lui. Nous savons, en effet, que ces problèmes sont très
délicats, très complexes également, et qu'ils mettent en
cause des principes sociologiques importants aussi bien que des
intérêts très marqués. Je pense que, en la
matière, avant de prendre des décisions, il importe d'agir avec
circonspection. Il importe d'étudier avec attention tous les points de
vue, et Dieu sait si nous le savons, nous, les députés qui sommes
assiégés régulièrement par les représentants
de toutes les corporations professionnelles qui viennent défendre
auprès de nous leurs points de vue particuliers.
Donc, avant que les décisions soient prises, il faut laisser
libre cours à une réflexion très élaborée,
même à des contestations, à des débats qui nous
permettent à nous, élus du peuple, de bien voir les tenants et
aboutissants de chaque position, d'en bien considérer tous les aspects
afin que nous puissions prendre nos décisions au nom des principes qui
ont nécessité la création de l'Office des professions,
c'est-à-dire la protection du public en même temps que ces autres
impératifs que nous devons respecter aussi, les impératifs
éducatifs ou sociaux.
Je ne dirais donc pas que le "retard" -entre guillemets - qui a
été pris dans le règlement de ces problèmes est
attribuable uniquement à de l'incurie ou à de la
négligence. Bien souvent, c'est une preuve de la sagesse des élus
du peuple qui, avant d'en arriver à des décisions qui vont
marquer l'évolution d'une profession en même temps que
l'évolution des besoins sociaux, prennent toutes les précautions
nécessaires pour éclairer leur lanterne afin que leurs
décisions reflètent véritablement l'intérêt
public.
Encore une fois, ceci ne veut pas dire qu'il faille accorder trop de
temps aux problèmes. Je sais qu'actuellement, par
exemple, parmi tous les problèmes que le député a
mentionnés, il y en a qui sont étudiés depuis assez
longtemps pour qu'on puisse envisager une solution à brève
échéance. Pour prendre l'exemple des comptables, après
tous les avis que nous avons reçus, après la commission
parlementaire qui a siégé récemment, je ne pense pas qu'il
y ait grand-chose à ajouter. Nous poursuivons actuellement nos
dernières réflexions et nos dernières vérifications
et je pense bien que, sur ce point-là, la décision est
mûre, comme on dit. Je pourrais dire la même chose sur un certain
nombre d'autres sujets que le député a mentionnés.
Incidemment, le Conseil des ministres a adopté hier le règlement
de déontologie pour les opticiens d'ordonnances.
Je pense en effet, qu'il y a certains problèmes qui ont
mûri au point où nous pouvons envisager une décision,
à brève échéance. Quant aux divers points que le
député a mentionnés, s'il voulait me donner ses
dernières recommandations ou réflexions, susceptibles
d'éclairer notre action, je lui en serais très reconnaissant.
Le Président (M. Laplante): Si vous êtes d'accord,
puisqu'il n'y a qu'un programme, le programme 10, on va parler de tout
ça ensemble. Si ça vous tente, à midi trente, on
l'adoptera, sinon, ce sera à une autre séance. D'accord?
M. O'Gallagher: Je comprends...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Est-ce que l'Office des professions a fait une
étude des effets du jugement récent de la Cour suprême,
à propos des professionnels fédéraux qui ont des
activités ici au Québec? Est-ce qu'il y a eu des études
particulières, comment est-ce que ça va affecter l'office ou les
corporations particulières?
M. Laurin: Le jugement que vous évoquez date d'un an
à peu près et n'a pas été sans préoccuper
l'office, évidemment, parce qu'il remet en question une bonne partie de
la juridiction du Québec en matière professionnelle. Nous avions,
à ce moment-là, saisi le ministère de la Justice qui
occupait, dans ce dossier, pour nous et il devait prendre les dispositions
nécessaires aux fins de faire valoir les droits du Québec. Nous
avions, de notre côté, prévu que...
Le Président (M. Laplante): Pour les nouveaux
députés ici, lorsqu'un membre du personnel d'un ministère
parle, il le fait toujours au nom du ministre, à d'une commission
parlementaire
M. Laurin: Nous avions, de notre côté, prévu
un scénario de concert avec un autre ordre professionnel, l'Ordre des
médecins vétérinaires, tentant de faire établir par
la Cour suprême la juridiction du Québec. Malheureusement, cela
exigeait, de la part du professionnel, qu'il refuse de payer sa cotisation,
donc, de prêter son nom à la cause. À la dernière
minuite, le professionnel s'est refusé à ce jeu, de sorte qu'on
est en train de revoir tout le scénario.
Pour le bénéfice des membres de la commission, je voudrais
peut-être rappeler l'incident auquel le député de
Saint-Louis fait allusion et résumer l'évolution du dossier.
Peut-être que le député de Saint-Louis a lu, comme
moi, cet article du 28 mai dernier, dans le Soleil, où un
célèbre avocat, Me René Dussault, publiait un article sur
l'incident que vous mentionnez et qu'il intitulait "Un pavé
fédéral dans la mare provinciale." Cet article faisait
référence à un jugement rendu par la division d'appel de
la cour fédérale, le 1er février 1980, soit il y a un peu
plus d'un an. Le litige opposait un M. Lefebvre, membre de l'Ordre des
chimistes du Québec, le gouvernement fédéral, l'Institut
professionnel de la fonction publique du Canada, représentant M.
Lefebvre, et la Commission des relations de travail dans la fonction
publique.
L'objet du litige concernait le remboursement, par le
fédéral, des cotisations payées par un chimiste de la
fonction publique fédérale à son ordre professionnel, le
Québec en l'occurrence. En vertu de l'article 32.01 de la convention
collective fédérale applicable, le gouvernement
fédéral doit rembourser à l'employé sa cotisation
professionnelle, lorsque celle-ci paraît indispensable à
l'exercice continu des fonctions de l'emploi qu'il occupe. Un arbitre de la
Commission des relations de travail dans la fonction publique avait
donné raison à l'employé, le 16 janvier 1979.
Le 1er février 1980, la Cour fédérale, division
d'appel, renversait la décision de l'arbitre et donnait raison au
fédéral. La Cour fédérale soutient que le Code des
professions du Québec et la Loi des chimistes professionnels du
Québec ne peuvent s'appliquer comme d'habitude aux
préposés de la couronne en raison des actes qu'ils accomplissent
dans l'exécution de leurs fonctions. Le 6 mai 1980, la Cour
suprême du Canada rejetait une requête pour permission d'en
appeler, intentée par le ministre de la Justice du Québec.
La réglementation des professions relève évidemment
de la compétence constitutionnelle des provinces, mais cet aspect de
constitutionnalité n'a pas été soulevé à la
Cour fédérale. C'est une décision qu'a prise l'avocat de
M. Lefebvre,
en l'occurrence. Dans son article, Me Dussault s'inscrit en faux contre
un tel jugement de la Cour fédérale et propose deux solutions: la
première, l'adoption par le Parlement du Canada d'un Code des
professions canadien, dont l'application devrait nécessairement, pour
des raisons pratiques, être confiée par délégation
aux diverses corporations professionnelles existant dans les provinces. Me
Dussault rejette cependant cette hypothèse et en favorise une autre.
Celle qu'il favorise, c'est la suivante: C'est qu'à l'occasion d'un
litige, une corporation professionnelle solliciterait l'appui du gouvernement
du Québec et contesterait de plein front une telle situation jusqu'en
Cour suprême.
Je dois dire qu'à l'heure actuelle, je n'ai pas eu connaissance,
après vérification, de cas où des professionnels refusent
de payer des cotisations à leur ordre. Ainsi, malgré le jugement
de la Cour fédérale, les professionnels québécois
à l'emploi du fédéral ont continué de payer leurs
cotisations et n'ont donc pas déserté leur ordre professionnel,
comme cela était à craindre. Il faut noter que, quand Me Dussault
a agi dans ce dossier, il était sous-ministre de la Justice. L'avocate,
comme je le disais tout à l'heure, chargée du dossier à
l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada avait alors
rejeté l'offre du Québec d'intervenir au niveau de la
constitutionnalité. L'avocate avait alors mentionné qu'il ne
serait pas question de constitution.
Il est évident que ce jugement constitue un accroc aux
compétences constitutionnelles du Québec, mais je ne crois pas
que jusqu'ici, il ait eu beaucoup d'impact au niveau des corporations. Je pense
donc, en conclusion, et pour mieux répondre à votre question, que
nous devrions attendre qu'un litige soit soulevé quant à ce
problème, et alors en profiter pour amener devant la Cour suprême
du Canada la question de la constitutionnalité des gestes du
fédéral.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin.
M. Blank: La question n'était pas... M. Laurin:
Non.
M. O'Gallagher: Dans votre article tout à l'heure, M. le
ministre, je ne suis pas tellement optimiste que vous puissiez régler
tous les problèmes cités.
M. Laurin: Ils sont mûrs.
M. O'Gallagher: Oui, justement. Il y en a qui sont mûrs, et
parmi ceux qui sont mûrs, il y a le problème des sciences
comptables. Est-ce qu'on peut attendre une décision dans ce cas
précis ou si on peut s'attendre à une loi corrective d'ici la
prochaine session?
M. Laurin: Précisément une des voies de solution
pour un changement aux législations et particulièrement la
législation régissant l'Ordre des comptables. Vous comprenez
qu'avant de consentir à une législation, nous voulons faire une
dernière réflexion, une dernière vérification,
parce que c'est toujours important de toucher à une loi professionnelle,
mais je pense bien, comme je le disais tout à l'heure, que ce dossier
est mûr, qu'on n'a pas d'autres informations véritablement
à aller chercher et je pense qu'il serait logique de s'attendre à
une décision prochaine. Mais j'en profite pour vous demander à
vous aussi si, à la suite de la commission parlementaire et en
poursuivant votre réflexion, vous pensez à des recommandations ou
à des suggestions que vous voudriez nous faire, à part le fait de
régler le problème.
M. O'Gallagher: On ne s'est pas formé en comité
pour en arriver à une décision, on attendait votre
réaction. On pourrait le faire et, à l'occasion, on pourrait se
réunir et vous donner nos commentaires sur cette commission
parlementaire.
M. Laurin: J'aimerais beaucoup recevoir de votre part et de votre
parti des suggestions à ce sujet.
M. O'Gallagher: Très bien. L'autre...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull avait...
M. O'Gallagher: Pendant qu'on mûrit le problème, je
voudrais peut-être avoir d'autres petits détails.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. O'Gallagher: II y a toujours le problème de
l'École de technologie supérieure de l'Université de
Montréal. Où en est rendu ce dossier?
M. Laurin: Je pense que, là aussi, il s'agit d'un dossier
qui a assez mûri; il dure depuis plusieurs années. Toutes les
consultations ont été faites. L'Ordre des ingénieurs a eu
l'occasion de nous transmettre véritablement le fond du baril de ses
objections. Il l'a fait d'une façon constante et habile aussi.
D'un autre côté, nous avons reçu des avis, des
considérants de la part des étudiants de l'École de
technologie supérieure, de son appareil administratif aussi bien que
pédagogique. Nous avons reçu des avis
également de groupes socio-économiques, dont l'Association
des consommateurs, tous les groupes de consommateurs, ainsi que plusieurs
autres avis. Nous sommes en train actuellement de colliger d'une façon
définitive tous ces avis et recommandations et, là aussi, je
pense qu'il n'y a pas grand-chose d'autre à apprendre. Nous avons fait
le tour de la situation et, logiquement, on devrait s'attendre à une
décision prochaine.
M. O'Gallagher: J'aurais encore d'autres questions, mais je vais
passer la parole à d'autres députés.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Justement, M. le ministre, je ne reprendrai pas les
paroles de M. le député de Robert Baldwin, concernant les comptes
rendus ou ce qui a été fait depuis l'année passée
à cette commission, mais j'aimerais poser une couple de questions
précises qui affectent plus particulièrement ma région. Je
pense qu'en Chambre, le député de Hull a déjà
posé une question sur une situation assez malheureuse concernant une
infirmière, Mme Lawrey. Depuis ce temps, je ne sais pas s'il y a eu des
changements dans ce dossier, si c'est encore rendu au même point, mais
j'ai su, en effet, qu'elle ne travaille pas depuis ce temps-là. D'autre
part, l'employeur ne sait pas s'il devrait ou non engager une autre
infirmière pour la remplacer. On voudrait le savoir.
Le Président (M. Laplante): M. le député, je
pense que vous allez retrouver des détails à ce sujet aux
crédits de l'Éducation au programme sur la Charte de la langue
française. (12 h 15)
M. Kehoe: Si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): ...c'est une question
d'habitude et je ne voudrais pas mélanger les programmes, parce que si
on commençait cela dans les commissions parlementaires, surtout à
l'étude des crédits, je pense qu'on se mélangerait pas
mal.
M. Kehoe: Si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Parce que là vous
tombez sur le programme 11, de la Charte de la langue française, qui
fera l'objet d'une commission à part...
M. Kehoe: Pas tout à fait cela. La question que je pose au
ministre, c'est au sujet des tests qui concernent les infirmières et les
comptables agréés. J'ai une autre question...
Le Président (M. Laplante): D'accord, pour autant que ce
n'est pas sur la langue, je suis d'accord.
M. Kehoe: Non, non, ce n'est pas sur la langue, peut-être
que cela a un rapport...
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse.
M. Kehoe: ...sur des tests pour les infirmières et
deuxièmement sur la question des comptables agréés. Vous
êtes sans doute au courant de l'autre volet de ma question; c'est au
sujet d'Oswald Parent, ministre, qui a été défait en 1976
et qui est maintenant dans la position ridicule d'être obligé de
subir des tests émis par l'Office de la langue française. C'est
un Canadien français, qui a suivi des cours dans une école, en
Ontario, et maintenant, il est obligé de subir des tests pour montrer
qu'il est capable de pratiquer sa profession en anglais. Dans le premier cas,
je trouve que c'est une injustice assez importante envers Mme Lowrey et, dans
le cas d'Oswald Parent, c'est ridicule. C'est rendu au point qu'un Canadien
français, qui a toujours fait ses interventions en français ici,
à cette Assemblée nationale, durant 20 ans, est maintenant
obligé de subir un test exigé par la Régie de la langue
française. Les questions que je pose dans les deux cas: Est-ce qu'il y a
une étude de faite concernant ces tests, pour les rendre un peu plus
sérieux et un peu plus humains, et avez-vous un échéancier
assez court pour reviser les tests?
M. Laurin: Évidemment, c'est une question qui chevauche
les deux domaines, celui de l'application de la législation linguistique
aux professions. Il y a un chapitre dans la loi linguistique sur les
professions et qui chevauche en même temps l'organisation
professionnelle. Je comprends un peu les hésitations du
président. J'ai déjà répondu en grande partie
à votre première question en Chambre, et j'avais fait valoir
à l'époque que Mme Lowrey avait quand même
bénéficié de trois renouvellements. Il me semblait qu'elle
n'avait pris au sérieux que le dernier renouvellement. De plus, aux
examens qu'elle avait passés, et qu'ont réussis 90% de tous ceux
qui se sont soumis aux tests au cours des trois dernières années,
ses résultats étaient assez pauvres dans les quatre secteurs
couverts par l'examen. Cependant, j'ai dit, aussi, que le cas avait
été soumis pour révision au service des relations
professionnelles et des moyens d'enseignement. Je dois rencontrer bientôt
le président de l'office pour savoir ce qui en est advenu. J'ai aussi
offert à M. le député de Hull de le rencontrer, nous avons
pris contact l'un avec l'autre et une rencontre est prévue
prochainement. Nous essaierons
d'étudier les tenants et aboutissants de ce cas afin d'en arriver
à la solution à la fois la plus juste et la plus humaine et
j'anticipe beaucoup de cette réunion avec le député de
Hull.
En ce qui concerne le cas du comptable agréé, M. Oswald
Parent, que nous connaissons tous, il s'agit d'une incongruité, comme
vous l'avez dit, que la loi la plus parfaite ne saurait éviter. Nous
connaissons beaucoup d'autres lois qui, malgré qu'elles avaient
reçu l'appui unanime de la Chambre, trouvent, au moment de leur
application, des difficultés que personne n'avait prévues.
Cela m'a donné l'occasion d'apprendre, en particulier, que M.
Oswald Parent avait fait ses études de comptable en Ontario.
Probablement pour la raison qu'à l'époque, son lieu d'habitation
était Hull, et qu'il était plus facile pour lui d'aller faire ses
études en anglais a Ottawa que de les faire en français à
Laval ou à Québec. C'est une décision personnelle qu'il a
prise et que je respecte. Cela ne l'a pas empêché
évidemment de poursuivre toute sa carrière professionnelle
surtout en français, qui était sa langue maternelle.
C'est là un de ces cas d'espèce auxquels je faisais
allusion tout à l'heure. Je suis bien prêt à
considérer ce problème avec beaucoup de sympathie. Je pense que
si M. Parent se présentait pour cet examen à l'Office de la
langue française, on se contenterait de lui serrer la main et de lui
accorder son permis. Je ne connais pas la décision qui sera prise
à cet effet. Je pense que le président de l'Ordre des comptables
s'est conformé à la stricte légalité de la loi. Je
ne sais pas s'il aurait pu agir autrement. Mais, quoi qu'il en soit, je pense
que si M. Parent se présente à l'Office de la langue
française, il aura sans aucune difficulté ce permis qu'il
recherche et on prendra un café ensemble.
M. Kehoe: Mais ne serait-ce pas plus facile de réviser les
tests dans chacun de ces cas-là?
Le Président (M. Laplante): Je ne vous laisserai pas aller
plus loin. On s'en va dans l'autre direction.
M. Laurin: Justement, c'est l'autre partie de la question et
j'aurai sûrement l'occasion d'en reparler avec votre homologue, lorsque
nous étudierons les crédits des organismes dont j'ai la
responsabilité.
Le Président (M. Laplante): Dans le programme 11.
M. le député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: M. le Président, dans le cas des tests des
professionnels, ne serait- il pas temps de réviser la loi pour la rendre
plus logique et plus juste, même en tenant compte de l'intention de la
loi d'enlever cette obligation de test pour les étudiants qui sont des
finissants d'institutions d'éducation québécoises?
M. Laurin: Là aussi, je pense que cela touche plutôt
l'aspect linguistique de la profession. Mais cela ne me fait rien, avec la
permission du président, de répondre brièvement à
votre question.
Il est vrai que la loi 101 faisait une obligation à tous les
étudiants d'écoles secondaires, à tous les
étudiants inscrits au cours secondaire, d'apprendre le français
de façon qu'à la fin de leurs études, ils puissent
prouver, par un examen, une connaissance adéquate de la langue
officielle.
Mais avant que l'effet de cette loi puisse s'incarner d'une façon
tangible au niveau des professions, on peut penser qu'un certain nombre
d'années vont s'écouler.
M. O'Gallagher: C'est cela.
M. Laurin: Après le secondaire, il y a les années
d'études collégiales; dans certains cas, c'est trois ans, et il y
a aussi les années universitaires. C'est précisément pour
couvrir cette période de temps que la loi 101 avait prévu
l'article 39, qui imposait aux professionnels un test pour prouver leurs
connaissances de la langue française afin de mieux servir les clients,
en majorité francophones, du Québec.
Il est évident qu'au fur et à mesure que les années
passent la nécessité de cet article 39 va s'imposer de moins en
moins et c'est dans ce sens que je prends votre recommandation et que je vais y
accorder toute l'attention désirable.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Je ne reprendrai pas, M. le ministre,
l'énumération des problèmes que l'on éprouve dans
les différentes corporations professionnelles que le
député de Robert Baldwin a mentionnées dans son
préambule tout à l'heure, mais on sait très bien qu'il y a
dix ou quinze corporations professionnelles actuellement qui sont
différents types de problèmes. Je sais que le ministre est
conscient de ces problèmes et que, comme il l'a dit tout à
l'heure, il accumule toutes les données, les informations de
façon à pouvoir prendre la décision la plus juste, la plus
pertinente et la plus correcte. Vous avez parlé aussi de dossiers
mûrs et de dossiers que je suppose moins mûrs. Est-ce que, dans le
cas des techniciens et des inhalothérapeutes, le dossier est jugé
comme étant mûr?
M. Laurin: Lequel?
M. Lavigne: Les techniciens et les inhalothérapeutes? Je
sais qu'il y a un problème.
M. Laurin: Les inhalothérapeutes.
M. Lavigne: II y avait aussi, comme deuxième question, le
dossier des notaires. On nous dit que les taux n'ont pas été
révisés depuis 1969. Si je vous pose ces questions, c'est pour
être en mesure de répondre le plus correctement possible à
ceux qui nous font des représentations à nos bureaux de
comté.
Pour terminer, si le ministre était en mesure de nous faire une
mise au point, de nous fournir la liste de tous ces dossiers ces
problèmes pour qu'on puisse donner l'heure juste à ceux qui
viennent nous rencontrer dans nos comtés et qu'on puisse faire le point
avec eux.
M. Laurin: En ce qui concerne les notaires, effectivement, le
tarif n'a pas été révisé depuis 1969. La situation
évolue dans ce domaine, selon qu'on a affaire à une corporation
ou à l'autre. Par exemple, les dentistes, les optométristes, les
médecins négocient maintenant leurs tarifs avec le gouvernement,
par le biais des associations professionnelles. Ce qui n'est pas le cas pour le
plus grand nombre des autres corporations.
Évidemment, comme je le disais dans mon exposé liminaire,
cela pose la question de la tarification des actes professionnels. Probablement
qu'on devra s'orienter, au fil des années, vers une politique
générale de tarification. En attendant, est-ce qu'il faudra
imposer un moratoire aux autres corporations qui ont besoin d'une
révision de leurs tarifs? C'est la question que nous devons nous
poser.
En ce qui a trait à la revision de la tarification chez les
notaires, il y a eu effectivement beaucoup de travail qui a été
fait. Le Conseil des ministres en a été saisi l'an dernier, une
proposition a été faite, qui a été mise à
exécution, celle de la création d'un comité conjoint
où les notaires sont représentés, où l'Office des
professions est représenté et où le gouvernement est aussi
représenté. Ce comité de travail s'est employé
à étudier le problème sous tous ses angles, y compris
celui de la révision de chacun des actes tarifés. Ce
comité vient de me remettre son rapport et je pense, effectivement, que
voila un autre dossier sur lequel, logiquement, une décision devrait
être prise prochainement.
En ce qui concerne les inhalothérapeutes, il s'agit
incontestablement de professionnels mais, pour ne pas multiplier le nombre des
corporations, il nous apparaît préférable, pour le moment,
de ne pas créer une corporation professionnelle distincte pour des
professionnels qui ne sont pas encore tellement nombreux et qui peuvent entrer
quand même dans la catégorie des techniciens, comme vous l'avez
souligné vous-même dans votre question. Il s'agirait alors de
savoir à quelle corporation professionnelle il serait
préférable de les intégrer. Il y a eu des démarches
qui ont été faites quant à une intégration possible
à telle ou telle corporation professionnelle. Je pense que le choix est
en train de se restreindre. Les consultations se poursuivent avec les
inhalothérapeutes. Je ne sais pas si la décision est
complètement mûrie, mais je pense quand même qu'elle ne
devrait pas trop tarder.
M. Lavigne: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): Une dernière question
rapide parce qu'on voulait terminer à midi et demi...
M. Laurin: Ah bon!
Le Président (M. Laplante): ...et il est midi.
Pourriez-vous retarder le vote de deux minutes, s'il vous plaît?
D'accord.
M. O'Gallagher: J'aurais seulement deux petites questions
à poser. À propos de la révision du statut juridique des
corporations à titre réservé, vous avez eu un colloque
l'an dernier, qu'est-ce qui va découler de ça? Il y a le cas
particulier des ostéopathes, qui, apparemment, ont un statut
professionnel aux États-Unis: quel est leur statut éventuel au
Québec? Y a-t-il une étude en cours?
M. Laurin: Comme il n'y a pas de décision prochaine, en
l'occurrence, je demanderais à M. Desgagné de répondre
à vos deux questions.
M. Desgagné: Je commencerai par la deuxième, sur
les ostéopathes. Vous savez que c'est une disposition
particulière de la loi médicale qui prévoit
nommément la possibilité pour certains ostéopathes de
pratiquer au Québec. Ils étaient nommés dans la loi.
Évidemment, cela a vieilli, les gens ne sont plus là et c'est
là le problème. Il s'agit de savoir comment on va résoudre
la question. Est-ce qu'on va la résoudre par une disposition de
portée plus générale ou y aller encore par voie
nominative? C'est l'examen que nous faisons présentement.
Quant à la première question sur le titre
réservé, je dois vous dire qu'à la suite du colloque, nous
avons préparé un document sur lequel l'office s'est penché
lors des deux dernières réunions et la mise au point en est
terminée. Nous allons en faire l'objet d'une large consultation
auprès de tous les groupes qui ont participé au colloque.
M. O'Gallagher: Peut-être une commission parlementaire?
M. Laurin: Sans doute.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous une dernière
question? Dans ce cas, la commission des corporations professionnelles a
terminé l'étude de ses crédits et je propose l'adoption du
programme 10. Adopté?
M. O'Gallagher: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Cela met fin aux travaux de
cette commission.
M. Laurin: Avec des remerciements à M. O'Gallagher et
à M. Kehoe.
Le Président (M. Laplante): Merci. Les travaux de la
commission des corporations professionnelles sont ajournés sine die. Je
prierais le rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale
que les crédits ont été adoptés. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 30)