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Etude des crédits du ministère de
l'Education
(Quinze heures quarante et une)
Le Président (M. Dussault): Madame et messieurs, à
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons commencer les travaux de la
commission parlementaire de l'éducation qui se réunit pour
étudier les crédits du ministère de l'Education. Les
membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Jolivet
(Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé),
M. Paquette (Rosemont), M. Picotte (Maskinongé).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount) et M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Je vais laisser la parole à M. le ministre de l'Education pour
les remarques générales et préliminaires. Si je ne me
trompe pas, M. le ministre nous signifiera dans quel ordre il souhaite voir se
dérouler les travaux de cette commission.
M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au moment de
commencer l'étude des crédits du ministère de l'Education
pour l'année 1978/79, je tiens beaucoup à redire tout
l'intérêt que présente cette démarche en commission
parlementaire. Elle poursuit divers objectifs, mais devrait avant tout me
permettre de rendre compte de la dernière année
d'activités dans le vaste réseau de l'éducation et de
présenter publiquement le programme de travail de l'année
financière qui débute en vue de favoriser la discussion, voire
même la critique. L'Assemblée nationale sera alors mieux
informée de ce qu'il advient des fonds publics considérables
qu'elle consacre à cette tâche sociale essentielle qu'est
l'éducation.
Avant de vous livrer mes remarques préliminaires, mes
observations préliminaires sur les crédits consacrés aux
secteurs primaire et secondaire, j'aimerais, M. le Président, proposer
à tous les membres de cette commission de suivre un certain ordre
permettant d'étudier, avec la plus grande cohérence possible, la
masse des crédits qui nous est proposée.
L'an dernier, nous avions déjà procédé de la
sorte avec un certain succès, je pense. Aussi voudrais-je proposer que
nous étudions d'abord, comme il appert aux premières pages du
cahier qui a été distribué à tous les
députés membres de cette commission, le secteur primaire et
secondaire, c'est-à-dire ce qui relève essentiellement des
commissions scolaires, pour ensuite aborder le secteur postsecondaire,
comprenant les collèges, les universités, puis l'enseignement
privé et enfin l'administration du ministère proprement dit.
Si nous procédions de la sorte, nous pourrions d'abord prendre
connaissance de tous les documents qui se trouvent sous l'oeillet A du cahier
et non seulement adopter, à la fin de nos débats, le programme 4,
mais également plusieurs éléments du programme 2 qui
portent sur l'administration de l'enseignement primaire et secondaire, les
services au réseau, le développement pédagogique, le
soutien administratif, la planification sectorielle et le développement
des systèmes, après quoi nous ferions la même chose pour le
secteur postsecondaire, regroupant le programme 5 et certains
éléments du programme 2. Pour ce qui est de l'enseignement
privé, nous traiterions ensemble le programme 8 et
l'élément 3 du programme 2.
Au chapitre de l'administration, il s'agirait essentiellement du
programme 1, plusieurs éléments du programme 1, de même que
du programme 2, le sommaire des crédits.
Voilà ce que je vous propose, M. le Président.
J'espère que cela pourra aider à la bonne marche de nos
travaux.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
ministre. Cependant, je pense devoir demander à la commission si elle
est d'accord pour suivr§ cet ordre de travail.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Le Moignan: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Ayant l'unanimité de la
commission, nous allons commencer nos travaux. M. le ministre.
Exposé préliminaire du ministre M.
Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
d'abord consacrer quelques moments à l'organisation du travail et
à une vue d'ensemble sur l'évolution de l'éducation.
Un peu plus de 95% des crédits requis pour le fonctionnement de
l'éducation sont destinés à des dépenses qui sont
effectuées au sein des réseaux d'enseignement. C'est
également au sein de ces réseaux que se trouvent les
élèves, les enseignants et beaucoup d'administrateurs et que se
déroule, donc, la plus large part de l'activité
éducative.
Il paraît en conséquence normal que ces réseaux
d'éducation, leurs programmes d'action et les crédits qui leur
sont destinés fassent prioritairement l'objet des préoccupations
de cette commission. Nous procéderons donc d'abord, ainsi qu'il a
été décidé, à l'examen du réseau
primaire et secondaire et des unités administratives qui, au
ministère, en assurent la gestion d'ensemble. Nous présenterons
ensuite le secteur postsecondaire, à l'égard duquel nous
aborderons successivement les questions relatives à l'ensei-
gnement collégial, à l'enseignement universitaire,
à l'éducation des adultes et à l'aide financière
aux étudiants. Nous traiterons, par la suite, des institutions
d'enseignement privé des niveaux primaire, secondaire et
collégial, avant de conclure avec l'administration
générale, laquelle regroupe la direction du ministère, les
organismes de consultation, le secteur de la planification ainsi que les
organismes de soutien aux activités des autres unités
administratives et des réseaux.
En raison du mode de fonctionnement dont nous avons convenu pour
l'analyse des crédits, j'ai l'intention de réserver pour le
moment de l'étude spécifique des réseaux d'enseignement,
la présentation des faits saillants, des principales réalisations
et des orientations les plus significatives qui ressortent des
réalisations de l'année 1977/78 et de celles prévues pour
l'année en cours.
Je commencerai par faire rapidement état de quelques
données d'ensemble qui permettront de situer nos discussions dans un
contexte plus général.
Les crédits de l'Education sont, pour l'année 1978/79, de
l'ordre de $3 638 000 000, ce qui représente un accroissement de 3,8%
par rapport au budget de l'année précédente. En
dépit de cette modeste hausse, ces crédits n'en continuent pas
moins de requérir une part importante, soit 28,5% de l'ensemble du
budget du gouvernement du Québec pour l'année 1978/79, en
comparaison de 29,8%, l'année dernière.
Selon d'autres modes de calcul, non moins éloquents, les
dépenses en éducation représenteront, au cours de la
présente année, environ 7% du produit intérieur brut, ce
qui situe le Québec dans une position comparable à celle des
nations les plus avancées au chapitre de leurs investissements dans ce
secteur de l'activité sociale. J'ajoute que ces dépenses pour les
activités éducatives représenteront un
déboursé d'environ $600 par citoyen, au cours de la prochaine
année, ce qui maintiendra l'avance du Québec sur toutes les
autres provinces.
Je me dois également de vous rappeler que les crédits de
l'Education s'inscrivent dans la logique du récent discours sur le
budget du gouvernement et qu'à ce titre, ils portent la marque de ses
contraintes et en reflètent les principales orientations: ralentissement
du rythme d'expansion des réseaux d'enseignement et gel de certains
coûts à leur niveau de 1977/78; concernant les dépenses du
ministère, diminution de 1%de l'effectif et réduction de 5% de
certaines dépenses. Sur ce, je vous invite à aborder
immédiatement l'examen des crédits de l'enseignement primaire et
secondaire.
Enseignement primaire et secondaire
Avant d'aborder l'étude détaillée des
crédits de l'enseignement primaire et secondaire public, vous me
permettrez de faire un rapide tour d'horizon des développements majeurs
que connaît ce réseau, qui est bien connu de certains
députés membres de cette commission à divers titres, je
pense.
Nous aborderons tout d'abord l'évolution des clientèles et
des ressources. Ensuite, j'évoquerai brièvement les
réalisations les plus marquantes et j'indiquerai les
développements prévus pour les prochains mois.
Au chapitre des clientèles tout d'abord, il existe un
phénomène croissant depuis quelques années, qui est la
dénatalité. Celle-ci continuera d'éprouver le
réseau primaire et secondaire au cours de l'année qui vient. Je
crois qu'il est important que je vous fasse part de quelques
considérations sur ce phénomène.
Pour l'ensemble des réseaux primaire et secondaire, les
clientèles prévues aux crédits passeront de 1 240 717
élèves, qui est un chiffre impressionnant, on en conviendra, pour
l'année qui s'achève, à 1 187 562 élèves
pour l'année qui vient, soit une diminution nette de 4,3%.
C'est cependant au niveau secondaire que cette baisse est la plus
dramatique. Les clientèles y diminueront de 6,4% tandis qu'au primaire,
la baisse sera un peu moins sensible, atteignant 3,2%. On peut toutefois
s'attendre à une légère remontée, qui semble
déjà amorcée au niveau préscolaire, où la
clientèle prévue s'accroîtra de 1,9%, entre 1977/78 et
1978/79. Néanmoins, en dépit de cet indice de reprise, le
problème de la dénatalité, de la baisse des
clientèles continuera de marquer le réseau primaire et secondaire
durant quelques années encore. Ce problème se fait sentir de
façon différente d'une commission scolaire à l'autre. Des
mesures ont dû être prises dans les cas où la baisse
était considérable et risquait de compromettre
sérieusement la qualité des services pédagogiques.
Si la baisse des clientèles se situe à 4%, le personnel
enseignant ne décroît pas au même rythme. Au niveau
primaire, on prévoit une diminution de 0,4% du personnel enseignant,
comparativement à une baisse de 3,2% de la clientèle. Cette
diminution proportionnellement moins forte de l'effectif enseignant est
principalement causée par l'amélioration des règles de
dénombrement d'effectifs dans les conventions collectives.
Au secondaire, le personnel enseignant décroîtra de 5,6%,
alors que la clientèle doit baisser de 6,4%. Cet écart entre la
baisse des clientèles et la diminution des enseignants permet une
amélioration de la proportion maître-élèves et de la
qualité des services à l'élève. Ce
phénomène n'est donc pas entièrement négatif, comme
on pourrait être porté à le penser.
Quant aux surplus d'enseignants qui résultent de la diminution du
nombre d'élèves, les conventions collectives assurent la
sécurité d'emploi à tout le personnel permanent.
L'expérience nous enseigne qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer puisque
aussi bien la presque totalité des professeurs mis en
disponibilité sont, par la suite, réaffectés à des
postes réguliers. C'est ainsi qu'au 1er mai 1977, 659 enseignants
avaient été mis en disponibilité. Au 1er avril 1978, 643
d'entre eux avaient été réaffectés à des
postes réguliers.
Cette expérience nous permet de penser avec assez d'assurance
qu'il en sera de même pour les quelque 1000 enseignants qui ont
été mis en disponibilité depuis quelques semaines. Cette
très faible proportion de mises en disponibilité, par rapport au
nombre d'environ 70 000 enseignants
au sein des réseaux primaire et secondaire, s'explique par le
fait que chaque année, plusieurs enseignants quittent leur travail par
suite de décès, de mise à la retraite, de promotion,
d'obtention d'un emploi dans un autre réseau ou tout simplement de
l'abandon de la profession. Ce taux de départ, qui est
évalué à 9% par année, compense pour les baisses de
clientèle et contribue à diminuer considérablement les
mises en disponibilité.
En plus d'assurer une amélioration de la proportion
maître-élèves au primaire, le calcul des subventions est
fondé, de façon générale, sur un facteur de
réduction qui équivaut à un tiers du pourcentage de la
diminution des populations scolaires, dans le cas de la direction des
écoles, et à la moitié dans le cas des autres personnels
et des autres coûts.
Outre cette solution de portée générale, nous
maintiendrons, en 1978/79, deux mesures particulières en vue d'apporter
l'assistance nécessaire aux commissions scolaires qui sont aux prises
avec une forte baisse des clientèles.
Je pense qu'il convient de dire deux mots de ces politiques
adoptées spécialement pour faire face à ces situations.
Tout d'abord, il existe une politique de soutien pédagogique aux petites
écoles et aux petites commissions scolaires, qui a requis des
crédits de près de $1 million en 1977/78. Ensuite, il y a les
politiques relatives au maintien de la dernière école primaire de
village et au maintien de la dernière école de quartier dans les
zones urbaines, lesquelles visent à satisfaire les besoins et les choix
des communautés locales en ce qui a trait aux distances à
parcourir et à la nature des services que dispensent les
écoles.
En vue du maintien de la dernière école, primaire de
village, les mesures consistent à favoriser une utilisation à des
fins scolaires et communautaires d'édifices devenus trop vastes pour
répondre aux besoins initiaux. Les frais sont alors partagés
entre les utilisateurs et la commission scolaire intéressée est
invitée à fournir pour chaque élève
fréquentant cette école un montant correspondant au coût
moyen par élève sur son territoire. En second lieu, à la
suite d'une simulation dans une quinzaine de commissions scolaires urbaines, le
ministère a pu définir, avec l'aide d'ailleurs des commissions
scolaires, un processus de planification qui leur permet de choisir et de
maintenir ouverte, dans chaque quartier, l'école vers laquelle seront
progressivement dirigés les élèves, au fur et à
mesure que la diminution des clientèles entraînera la fermeture
des écoles. (16 heures)
Nous continuerons, au cours de l'année 1978'79, à mettre
l'accent sur le perfectionnement du personnel enseignant. Pour les
activités de perfectionnement organisées directement par les
commissions scolaires, le montant par enseignant passera de $136 en 1977/78
à $141 en 1978/79. Cela représentera un déboursé
total de l'ordre de $9 500 000.
A ces ressources s'ajoutent des programmes de perfectionnement
destinés, par le ministère, aux secteurs prioritaires. En
1978/79, le coût de ces programmes sera de $11 400 000 et sera ré-
parti de la manière suivante: tout d'abord, dans le cadre du plan de
développement des langues, $3 700 000 seront consacrés au
remplacement des enseignants qui suivront des cours de perfectionnement; $3 800
000 seront versés aux universités pour l'organisation des cours;
$750 000 serviront à l'octroi de bourses aux enseignants; enfin, $2 200
000 seront affectés au perfectionnement des enseignants de la langue
seconde, qui correspond, vous le savez, à une priorité
gouvernementale.
En second lieu, le plan de développement de I'éducation
chrétienne disposera de $639 000 pour le perfectionnement des
enseignants, alors que le plan de développement de l'éducation
physique, de son côté, obtiendra $120 000 pour le perfectionnement
des conseillers pédagogiques.
Troisièmement, le perfectionnement des professionnels non
enseignants se verra, l'an prochain, octroyer une somme de $247 000.
Passons maintenant aux équipements. La baisse
générale des clientèles scolaires a un impact certain sur
les immobilisations pour fins scolaires. Toutefois, elle ne se fait pas sentir
uniformément sur tout le territoire, puisque certaines commissions
scolaires voient même leur clientèle augmenter. Le
déplacement des clientèles entraîne souvent des
réaménagements dans les équipements existants. C'est ainsi
qu'en 1977/78, on comptait 49 projets de construction ou d'agrandissement dans
21 écoles primaires et 28 écoles secondaires, alors qu'on ne
retrouvera, en 1978/79, en raison des baisses de clientèle, que 37
projets en cours, dont 21 toucheront des écoles primaires et 16 des
écoles secondaires.
Par ailleurs, bien que toutes les analyses ne soient pas
terminéees, nous prévoyons mettre en marche, j'allais dire en
chantier, en 1978/79, 33 nouveaux projets de construction ou d'agrandissement
d'écoles primaires et 18 intéressant les écoles
polyvalentes.
Laissez-moi maintenant vous dire deux mots du financement de
l'enseignement primaire et secondaire public. Le coût de ce
système, incluant toutes les dépenses des commissions scolaires,
passera de l'année scolaire 1977/78 à l'année scolaire
1978/79, de $2 247 800 000 à $2 354 800 000, ce qui représente
une hausse de 3,4%. La contribution du ministère de l'Education au
financement de ces dépenses relatives à chaque année
scolaire passera de $1 603 700 000 en 1977/78 à $1 657 800 000 en
1978/79. Cette croissance du coût de système et, par voie de
conséquence, des subventions du gouvernement, est principalement due aux
augmentations de traitement des personnels, en raison, d'une part, d'une
indexation minimum de 6% en 1978/79 et, d'autre part, de la croissance de
l'expérience moyenne acquise par les personnels, dont le coût est
estimé à 2,33% de la masse salariale.
Il faut se rappeler ici que la rémunération
représente plus de 87% des dépenses de l'enseignement primaire et
secondaire.
Les crédits nécessaires pour l'exercice financier 1978/79
du gouvernement passent à $2 057 366 500, soit un accroissement de 0,4%
par
rapport aux crédits de 1977/78. Ce faible accroissement
s'explique par le fait que les crédits de 1977/78 étaient
gonflés d'un montant important pour le versement des subventions
relatives au règlement des conventions collectives. De plus, le montant
de remboursement d'arrérages s'établira à $129 millions,
alors qu'il était de $159 millions en 1977/78. Les crédits
à voter, après déduction des crédits permanents que
représentent les versements aux fonds des régimes de retraite,
s'établissent, quant à eux, à $1 974 458 600. Il est
important de noter que ces sommes vont permettre la série de
réalisations prévues.
Quant aux crédits à voter pour les dépenses des
unités administratives du ministère qui sont directement
responsables du réseau primaire et secondaire, ils se situent à
$18 200 000 en 1978/79 et accusent une hausse de 10,4%. Celle-ci s'explique, en
partie, par les augmentations générales de traitement et
reflète également les modifications de l'organisation du
ministère, qui ont conduit au transfert au primaire et au secondaire, de
personnels antérieurement attachés à d'autres secteurs.
Plusieurs de ces postes ont été affectés aux directions
régionales, dans le cadre de la déconcentration des
activités ministérielles.
Permettez-moi maintenant de faire le bilan des réalisations de
l'année 1977/78. L'an dernier, j'avais eu l'occasion de préciser
les grandes priorités de développement du réseau primaire
et secondaire. Il me paraît opportun de faire le bilan des
réalisations de l'année 1977/78 et d'indiquer les orientations
retenues pour l'année qui vient.
Tout d'abord, je ferai quelques commentaires sur le plan de
développement de l'enseignement des langues. Dans ce domaine, il faut
rappeler que j'ai annoncé l'an dernier plusieurs priorités,
lesquelles sont toutes en voie de réalisation. Pour ce qui est du
français, langue maternelle, la révision des programmes du niveau
primaire a été complétée avec la participation des
milieux intéressés. Ces programmes seront implantés,
à titre expérimental, dès septembre prochain dans
certaines commissions scolaires. En 1978/79, nous entreprendrons la
révision des programmes du niveau secondaire et nous prévoyons
dépenser une somme de $1 million pour l'achat de livres de
bibliothèque au niveau primaire. En 1977/78 également, 220
conseillers pédagogiques ont été engagés par les
commissions scolaires pour l'encadrement des enseignants. De plus, $1 500 000
seront affectés au remplacement des professeurs en instance de
perfectionnement.
Pour ce qui est maintenant de l'enseignement des langues secondes, les
budgets ont permis, l'an dernier, d'engager 190 conseillers
pédagogiques. Des critères ont également été
définis pour l'autorisation de l'enseignement de l'anglais au primaire,
critères qui serviront à l'évaluation des projets des
commissions scolaires. La révision du programme de français,
langue seconde, en cours depuis quelques mois, sera complétée en
juin 1979. Le programme révisé de l'anglais destiné au
secondaire sera implanté dès septembre prochain.
Conformément à ce que j'annonçais l'an dernier, les
programmes dits de langue d'origine, en l'occurrence les langues italienne et
portugaise, ont été mis au point cette année et seront mis
à l'essai dans la région de Montréal dès l'an
prochain, avec la coopération des communautés
intéressées. Nous avons aussi établi des contacts avec la
communauté grecque pour l'organisation d'un enseignement de même
nature.
Au chapitre de l'histoire et de la géographie, je puis vous dire
que la révision du programme de sciences humaines au niveau primaire
avait pour but d'accorder plus de temps à l'enseignement de l'histoire
et de la géographie. Le programme deviendra disponible au printemps de
1979 et tiendra compte des conclusions du livre vert.
Au niveau secondaire, la révision du programme de
géographie et d'histoire nationales se poursuivra jusqu'en juin 1979. Le
programme d'histoire nationale destiné aux élèves du
secteur professionnel pourra être utilisé dès septembre
prochain. Il convient de rappeler que le programme d'histoire nationale est
maintenant obligatoire pour fin de certification au niveau secondaire, secteur
général, et nous étudions la possibilité de le
rendre obligatoire pour la certification des élèves du secondaire
professionnel. Il faudra cependant attendre les conclusions du livre vert avant
de nous déterminer de façon définitive à ce
sujet.
Pour ce qui est maintenant du plan de développement de
l'éducation physique, l'élaboration du plan général
de développement de cet enseignement s'est poursuivie au cours de l'an
dernier. Nous avons consacré $5 millions pour les équipements
légers et $5 autres millions pour l'aménagement des cours
d'écoles, montant qui sera reconduit au cours de l'actuel exercice
financier.
Une subvention de $3 millions a été affectée, en
1977/78, à l'engagement de conseillers pédagogiques en
éducation physique. Cette somme passera à $3 600 000 pour
l'année qui vient et un montant de $2 500 000 sera inclus dans le budget
du ministère des Transports pour faciliter l'accès des
équipements sportifs existants aux élèves du niveau
primaire.
L'élaboration des programmes d'éducation physique pour le
primaire et le secondaire a atteint sa phase finale. L'expérimentation
aura lieu dans quelques commissions scolaires dès septembre qui vient et
la généralisation, je devrais dire l'extension
générale du programme, devrait aboutir en 1979/80.
Il convient que je vous fasse part de nos réalisations et de nos
projets en ce qui concerne l'enseignement religieux. Nous avons, en 1977/78,
révisé le programme d'enseignement religieux pour les
élèves de la 6e année du primaire et élaboré
de nouveaux programmes d'enseignement religieux et moral pour le second cycle
du secondaire. Ces programmes pourront donc être implantés
dès septembre prochain.
Nous avons aussi pris les mesures nécessaires pour que toutes les
commissions scolaires puissent faire respecter les règlements du
comité catholique en ce qui concerne la pastorale scolaire. Dans ce
domaine, plus de $220 000 ont été affectés aux
dépenses admissibles supplémentaires pour remédier
à certaines carences. Pour 1978/79, le ministère a adopté
des critères uniformes qui permettront
d'assurer la qualité des services de pastorale dans tout le
Québec. A ce chapitre, chaque commission scolaire recevra, pour le
primaire, une subvention de base de $2500, plus un montant de $0.50 par
élève.
En outre, chaque direction régionale sera d'ici peu dotée
d'un répondant à temps complet pour la coordination et
l'animation des commissions scolaires en ce qui concerne l'enseignement moral
et religieux ainsi que la pastorale scolaire.
Quant aux écoles protestantes, elles ont utilisé, pour le
perfectionnement des enseignants, les subventions prévues, lesquelles
seront reconduites au cours de l'année qui vient.
Quelques mots au sujet de l'enseignement des arts. A mon arrivée
au ministère, j'ai constaté que le secteur de l'enseignement des
arts souffrait, tout au moins au primaire, d'un certain nombre de carences
qu'il importait de corriger. En 1977/78, nous avons précisé les
mesures spéciales aptes à améliorer cet enseignement,
mesures dont la mise en oeuvre nécessitera, au cours de l'année
qui vient, des crédits de $1 300 000. Au cours de cette même
année, je m'attacherai à préparer de nouvelles politiques
dans ce domaine, en vue d'en faire une priorité, sans doute pour
l'année suivante. (16 h 15)
Au chapitre de l'éducation en milieu défavorisé,
les mesures visant à permettre aux enfants de ces milieux de trouver
plus d'égalité de chances dans l'école ont
été accentuées en 1977/78.
L'an dernier, le ministère avait augmenté à $5 500
000 les crédits à ce chapitre, comparativement à un peu
plus de $3 millions en 1976/77. Le budget de 1978/79 prévoit des
crédits de $7 400 000 pour la recherche et les interventions
éducatives dans ces milieux. Il me paraît opportun de vous dire
comment seront utilisés ces fonds.
En 1977/78, 53 commissions scolaires ont offert une aide
particulière aux enfants de quatre ans, en engageant 142
jardinières pour les maternelles organisées à
l'école ou à la maison.
L'an dernier, 16 commissions scolaires ont commencé à
offrir une aide particulière aux adolescents des milieux
défavorisés, à l'égard des problèmes
d'absentéisme et de décrochage scolaire, de consommation de
drogues ainsi que d'orientation scolaire et professionnelle. Ces mesures
continueront de faire l'objet d'expériences en 1978/79.
Il y a maintenant quelques mois, le ministère a publié une
étude des secteurs défavorisés au Québec, qui nous
permet maintenant de repérer les commissions scolaires où des
interventions seraient utiles.
Enfin, en 1977/78, le ministère amorçait la production de
125 émissions de la série télévisée
"Passe-partout". Ces émissions viennent compléter l'action
auprès des enfants de quatre ans des milieux défavorisés.
Elles sont accompagnées de cahiers qui s'adressent aux enfants
eux-mêmes, mais exigent également la contribution et la
participation des parents. Le soutien à la série "Passe-partout"
comprend aussi l'engagement d'éducateurs-animateurs chargés de
faire le lien avec le milieu familial des enfants.
Toutes ces expériences et d'autres qui s'y ajouteront constituent
le fondement concret d'une politique des interventions éducatives en
milieu défavorisé; je compte rendre public, au cours de l'automne
1978, un document exposant ce que sera cette politique d'ensemble dont nous
n'avons vu jusqu'ici que les premiers linéaments.
Je dois également vous dire quelques mots dans ce même
contexte de la distribution du lait dans les écoles. En 1977/78, le
ministère de l'Agriculture prenait l'initiative d'un nouveau programme
qu'il entendait mener conjointement avec le ministère de l'Education, en
vue de la distribution du lait dans les écoles primaires. L'année
dernière, 56 commissions scolaires, dont 46 pour l'ensemble de leur
clientèle et 10 pour une partie de leur clientèle, ainsi que 200
000 élèves ont bénéficié de ce
programme.
En 1978/79, cette distribution gratuite du lait se fera auprès
d'environ 350 000 élèves du niveau primaire et dans 136
commissions scolaires. Notre objectif est d'atteindre graduellement la
distribution gratuite du lait à tous les élèves des
écoles primaires dès septembre 1981.
Quelques mots de la décentralisation et de la
déconcentration. Avant de vous entretenir du livre vert sur
l'enseignement primaire et secondaire, je tiens à dire quelques mots de
la décentralisation administrative, laquelle demeure pour moi une
préoccupation de premier plan. Le livre vert, vous ne l'ignorez pas,
traite longuement de la question et présente trois hypothèses de
gestion. L'une de ces hypothèses, la troisième, nous était
imposée par le souci d'intégrer notre réflexion sur
l'éducation aux préoccupations plus vastes du gouvernement qui,
de son côté, poursuit des travaux en vue de décentraliser
son administration.
En conséquence, nous avons dû ralentir quelque peu nos
propres travaux afin de consulter la population à ce sujet. Entre-temps,
nous avons poursuivi nos démarches de déconcentration qui, tout
en étant de nature différente, viennent compléter et
préparer la décentralisation. C'est ainsi que la Direction
générale des réseaux, dont j'annonçais l'an dernier
la création, est maintenant bien en place; elle se développera et
se consolidera en 1978/79 en ajoutant 36 personnes et des crédits
supplémentaires d'un montant de $875 000.
Deux autres mesures importantes ont été prises au cours de
la dernière année en vue de favoriser la déconcentration
administrative. L'une porte sur la création de directions
régionales qui se voient confier une partie des mandats dévolus
antérieurement aux unités centrales du ministère. Les deux
directions régionales pilotes créées en 1977/78 ont
travaillé de pair avec les commissions scolaires à faire
l'expérience d'un nouveau mode de liaison administrative entre les
commissions scolaires et le ministère.
Ces nouveaux rapports administratifs constituent, pour le
ministère et les commissions scolaires, une démarche qui nous
fait franchir un pas de plus vers la décentralisation. Selon ce nouveau
mode de liaison, chaque commission scolaire doit préciser ses propres
besoins et élaborer quatre
plans de développement portant sur ses services éducatifs,
ses ressources humaines, ses équipements et ses ressources
financières. Partant de ces plans, les commissions scolaires
élaborent par la suite leurs demandes de ressources, lesquelles font
l'objet d'analyses et de discussions avec la direction régionale. On
veut ainsi éliminer les contrôles "a priori" du ministère
et centrer davantage la discussion sur les besoins réels et les
priorités de chacune des commissions scolaires.
Cette nouvelle manière d'administrer l'éducation a fait
l'objet d'expériences, l'an dernier, dans 45 commissions scolaires. Les
premiers résultats nous indiquent qu'il s'agit là non seulement
d'un outil précieux de gestion plus décentralisée, mais
également d'un instrument très utile à la planification
interne des commissions scolaires. Cette expérience, qui ne constitue
pas encore le large mouvement de décentralisation proposé dans le
livre vert, en est, pour ainsi dire, le prélude, et, si j'en crois tout
ce que j'ai pu entendre au cours de la tournée du livre vert, la
population appuie très largement nos efforts de
décentralisation.
Ces efforts en vue de déconcentrer également la gestion
vont d'ailleurs s'accentuer au cours des prochains mois puisque nous entendons
généraliser progressivement les deux mesures que je viens de
décrire, après avoir procédé à
l'évaluation des expériences entreprises dans les régions
de l'Ou-taouais-Hull et du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Non sans avoir
consulté les fédérations de commissions scolaires, nous
voulons créer quatre nouvelles directions régionales en 1978/79
et parachever l'opération dès 1979/80 si possible; l'implantation
des nouveaux rapports administratifs suivra de près la création
de ces directions régionales et devrait s'étendre à toutes
les commissions scolaires en 1980/81. C'est dire que j'espère avoir
terminé cette vaste opération au cours du premier mandat du
présent gouvernement.
Je ne saurais passer sous silence une démarche qui a fait l'objet
de grands travaux et de tournées en 1977/78: le livre vert de
l'enseignement primaire et secondaire.
Il y a quelques jours, j'ai terminé ma seconde tournée des
régions du Québec, dont je disais volontiers qu'elle était
celle de la moisson. J'avais, à l'automne, semé, à travers
toutes les régions, le blé d'hiver, comme je me plaisais à
l'appeler, et la moisson, somme toute, a été très drue. Je
tiendrai en juin des audiences en vue de recueillir l'opinion des organismes
d'envergure nationale sur les diverses hypothèses de travail
proposées dans le livre vert, qui est avant tout un document
destiné à la consultation de la population et des principaux
agents de l'éducation en particulier.
Vous comprendrez qu'il ne saurait être question, dès
maintenant, d'annoncer les décisions qui s'imposeront à la suite
de cette vaste consultation. Je puis toutefois vous assurer que les
décisions seront fondées sur les délibérations
publiques qui, à mon avis, constituent un succès tout à
fait inespéré. Un grand nombre de personnes et de groupements ont
saisi l'occasion d'exprimer leurs besoins et leurs aspirations en
matière d'éducation.
Voici d'ailleurs quelques chiffres, quelques faits qui en apportent la
preuve. Quelque 585 000 exemplaires du livre vert ont été
distribués. C'est près de trois fois le chiffre que nous avions
prévu au départ. Environ 380 000 guides de lecture ou
questionnaires ont été expédiés à ceux qui
en ont fait la demande. Plus de 23 000 questionnaires avaient été
retournés au ministère au milieu d'avril et il en arrive encore
tous les jours; 20 000 de ces questionnaires représentent des
réponses individuelles, tandis que plus de 3000 questionnaires ont
été remplis par des groupes composés, en moyenne, de dix
personnes. Quelque 1300 mémoires ou rapports de réunions
d'étude nous sont parvenus; ils sont le fruit des
délibérations de plus de 35 000 personnes et le résultat,
la plupart du temps, d'une demi-journée, en moyenne, de discussion.
La tournée régionale que je viens de terminer m'a permis
de prendre connaissance de 400 mémoires et parfois d'en discuter avec
leurs auteurs, lorsque le temps le permettait. Il me reste encore entre 50 et
100 mémoires à recevoir des organismes nationaux et
également des organismes scolaires anglophones.
Enfin, je recevrai, lors des audiences de la seconde moitié de
juin, plus de 50 représentants d'organismes ou groupements nationaux qui
déposeront un mémoire et me feront part de leurs opinions sur les
diverses hypothèses du livre vert.
Le bilan partiel du déroulement de la consultation indique
déjà que les espoirs que nous mettions dans la démarche de
consultation entreprise au mois d'octobre 1977 ont été amplement
comblés. Les nombreuses réactions enregistrées, la
diversité des points de vue exprimés permettent
déjà d'affirmer que le livre vert a pu franchir ce que
j'appellerais le mur d'indifférence qui bloque souvent ce genre
d'initiative, ce genre de consultation.
Dès l'automne prochain, je serai en mesure de rendre public un
plan d'action comprenant les principaux éléments des
démarches à court, à moyen ou à long terme que le
gouvernement entend donner au livre vert.
Toutes ces actions n'épuisent pas, bien sûr, l'ensemble des
réalisations du secteur primaire et secondaire en 1977/78, ni l'ensemble
des projets pour 1978/79. J'ajoute qu'elles n'épuisent pas non plus les
personnels dévoués du ministère de l'Education. Le cahier
d'information, mis à votre disposition, vous permettra de
compléter le tableau et de prendre connaissance des détails lors
de l'étude de chaque activité, tâche vers laquelle nous
pouvons maintenant nous tourner.
M. le Président, comme vous le constatez, je ne fais pas
état immédiatement des crédits, des réalisations et
des projets qui intéressent le secteur postsecondaire; je
préfère réserver ma présentation pour le moment
où, ayant adopté les crédits du secteur primaire et du
secteur secondaire, nous aborderons les autres parties de l'étude des
crédits, de sorte que mes propos seront plus frais à la
mémoire des membres de cette commission, ce qui leur permettra d'en
faire une critique plus perspicace. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
ministre. Avant de donner la parole à d'autres membres de cette
commission, il faudrait voir à nommer un rapporteur. Est-ce qu'un membre
veut me suggérer quelqu'un?
M. Alfred: M. Paquette.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. Paquette accepte
d'être rapporteur de cette commission?
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Dussault): Alors, M. Paquette sera
rapporteur.
On a, je pense, conclu que j'avais appelé le bloc 1, qui
apparaît sur la liste, à la table des matières que nous a
fournie le ministre. Donc, appel du programme 4 et du programme 2,
élément 1. (16 h 30)
Mme La voie-Roux: Je regrette, mais on pourrait peut-être
faire quelques commentaires préalablement à l'étude de
l'élément 2, ou peu importe.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse. Mme le
député, je n'ai pas appelé le vote, je n'ai
qu'appelé les éléments en question, parce que je ne
l'avais pas fait.
Mme Lavoic-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, je vous donne la
parole, Mme le député de L'Acadie.
Remarques de l'Opposition Mme Thérèse
Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord remercier le ministre et les fonctionnaires du ministère de
l'Education pour nous avoir fait parvenir comme l'an dernier, mais
peut-être d'une façon encore plus détaillée, les
crédits ou les cahiers qu'ils ont préparés pour
l'étude des crédits et je pense que ceci est extrêmement
utile et replace les choses dans un ordre plus cohérent.
Ceci dit, je pense que personne ne s'étonnera de mes commentaires
généraux sur le budget de l'éducation pour l'année
1978/79. Il est fort évident, en dépit de la présentation
très élaborée du ministre sur l'enseignement primaire et
secondaire, que l'éducation n'est plus la priorité du
gouvernement et d'ailleurs ne l'a jamais été. Je pense qu'il ne
s'agit pas ici de vouloir d'aucune façon exagérer les faits. Je
pense que les chiffres sont devant nous, et quand on les retrouve à
l'intérieur des commentaires du ministre, il s'agit d'une croissance de
3,8% comparée à 10,1%, l'an dernier, même si l'on tient
compte de la diminution de la clientèle. Qu'il suffise de dire, par
exemple, que, depuis trois ans, il n'y a eu indexation des dépenses que
de 6% en 1977/78, et que cette indexation s'est faite à partir du budget
de 1974/75, ce qui ne tenait même pas compte de l'inflation réelle
qui avait eu lieu en 1975/76, et que si on calcule que l'inflation pour les
trois dernières années veut dire au moins 25% à 26% et
qu'on y retrouve une indexation de 6%, il est très clair que la
qualité des services éducatifs diminue. D'ailleurs, ce fait a
été dénoncé par les différents organismes,
qu'il s'agisse des universités, des CEGEP ou des commissions scolaires
ou des différentes associations d'enseignants.
Quand on parle d'une non-indexation, je pense que c'est peut-être
une chose qu'un organisme scolaire ou une université peut porter pendant
un an, mais je ne pense pas que ce soit un régime que l'on puisse subir,
année après année, sans que finalement la qualité
des services n'en souffre.
Puisque nous parlons plus particulièrement de l'enseignement
primaire et secondaire, et le ministre en a parlé longuement, il faut
aussi tenir compte de l'influence considérable qu'exerce aussi la
diminution des clientèles sur les revenus des commissions scolaires,
compte tenu que les subventions sont accordées per capita. En même
temps qu'on est obligé d'absorber une diminution considérable de
la clientèle, ce qui a des répercussions évidemment sur
les frais d'administration, on doit égalment subir une non-indexation de
l'inflation. Je réalise fort bien qu'il ne peut s'agir en 1977/78 ou
1979 d'expansion, compte tenu de la diminution de la clientèle, alors
que même ceci devrait être nuancé, parce que je pense que,
dans certains secteurs, on pourrait parler d'expansion, mais si on prend la
moyenne générale, il ne faut peut-être pas parler
d'expansion, mais il faut au moins parler d'un maintien de la qualité
des services. Je le répète, encore une fois, cette qualité
se trouve diminuée par ces contraintes budgétaires très
sérieuses que le gouvernement fait porter à l'éducation.
Ce qu'il ne faut pas oublier dans le cas des commissions scolaires, c'est que,
comme l'a mentionné le ministre, les montants qui sont affectés
aux salaires subissent l'indexation prévue dans les conventions
collectives, soit les augmentations d'échelle, l'indexation due à
l'inflation, si bien que les répercussions se font sentir sur les
services aux étudiants, l'animation pédagogique, le personnel de
soutien, les bibliothèques, qui sont vraiment des outils essentiels pour
la qualité de l'éducation.
Sans aucun doute, on retrouve un ajout de $1 million pris dans le
programme de développement des langues pour les bibliothèques du
Québec. Encore faut-il réaliser que ce million, si on tient
compte que la population scolaire à l'élémentaire est de 1
230 000, à peu près, et que les commissions scolaires ont
également dû subir la fameuse politique du livre qui a
augmenté le coût d'acquisition des livres, je n'ai pas fait le
calcul, mais j'imagine que je n'exagère rien en disant que ça
peut valoir entre $0.85 et $0.90 par élève.
Alors, loin de penser qu'à ce moment-ci c'est un grand essor pour
les bibliothèques, je pense que ça ne compense même pas la
politique du livre et la non-indexation des normes.
Je voudrais également citer le Conseil des universités,
qui s'étonne et s'inquiète du fait que cette nouvelle politique
de restriction des ressources effectuées à l'enseignement
supérieur parce que je discute du budget d'une façon
générale soit mise en vigueur avant que la Commission
d'étude sur les universités n'ait remis son rapport
et sans même que le ministère de l'Education ne se soit
prononcé sur des priorités internes de l'enseignement
supérieur dans un document final sur les stratégies triennales de
1978-1981.
On commente, un peu plus loin, les conséquences sur
l'enseignement supérieur de cette austérité des budgets de
l'éducation et je cite: "II est difficile, à ce moment-ci, de
mesurer l'impact d'une telle coupure sur l'évolution de l'enseignement
supérieur au Québec, surtout qu'il n'a pas été
précisé de façon très claire s'il s'agissait d'une
mesure ponctuelle ou plutôt d'une première étape vers un
objectif plus ambitieux de limitation des dépenses dans ce secteur. La
coupure proposée par le gouvernement touche les universités au
moment où celles-ci n'ont pas terminé leur phase de croissance et
où elles peuvent compter sur des accroissements de clientèle pour
quelques années encore. Elle implique donc une baisse dans le volume et
la qualité des services qui ne peut être compensée par une
augmentation équivalente de la productivité des
établissements.
Encore une fois, je suis prête à admettre que, dans une
première année, un certain resserrement ou une non-indexation de
7% ou 8% puisse même obliger à une rationalisation de
l'administration, mais pas quand, d'une part, cette non-indexation se reproduit
durant plusieurs années consécutives et, en plus, quand elle
s'accompagne de coupures, tel que prévu dans le cas des
universités.
Pour ce qui est du cahier qui nous a été remis et compte
tenu des déclarations d'intention qui nous avaient été
transmises par le ministre de l'Education en deux occasions l'an dernier, une
fois au mois de mars devant le Conseil supérieur de l'éducation
et, l'autre fois, à l'occasion de l'ouverture de l'étude des
crédits du ministère de l'Education, inutile de vous dire que le
bilan très ronflant que tente de nous présenter le ministre de
l'Education est loin d'être aussi reluisant qu'il voudrait bien qu'on le
croie.
Je dirais, d'une façon générale, à lire et
à écouter la lecture que nous en a faite le ministre, que, dans
la très grande majorité des cas, il s'agit d'activités du
ministère qui se sont continuées à partir de travaux qui
étaient déjà entrepris. Je citerai de mémoire deux
exemples qui me reviennent: la révision des programmes de
français pour la sixième année... Ils avaient
déjà été faits pour les autres années,
antérieurement à la venue du gouvernement. C'est une
continuation.
Si on parle de la déconcentration il est plus juste de
parler de déconcentration que de décentralisation, ce que le
ministre admet, je pense c'étaient également des projets
qui avaient été mis de l'avant avec les commissions scolaires de
l'Outaouais et de la région de la Gaspésie avant son
arrivée au ministère. On ne fait que continuer ce qui
était amorcé.
Je me permettrai cependant une seule remarque à cet égard.
Une chose m'a un peu inquiétée, sans vouloirentrerdans le
détail; on aura l'occasion d'y revenir. Le ministre se propose
d'étendre cet effort de déconcentration vers quatres autres
commissions scolaires et éventuellement de compléter vers les
années 1979/80. Mais il dit: "Nos efforts en vue de déconcentrer
la gestion vont d'ailleurs s'accentuer au cours des prochaines années,
après avoir procédé à l'évaluation des
expériences entreprises dans les régions de l'Outaouais-Hull et
du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Je me permettrai une question: Est-ce que
les évaluations ont été faites ou allez-vous les
faire?
M. Morin (Sauvé): Nous allons les faire.
Mme Lavoie-Roux: C'est un peu étrange que vous
décidiez d'étendre à quatre autres régions, et
éventuellement à toutes les régions, alors que ces deux
premières expériences n'ont pas été
évaluées.
M. Morin (Sauvé): Je veux dire, madame, que
l'évaluation globale, faisant l'objet d'un rapport, n'est pas encore
terminée. Bien sûr, tout au long de l'expérience, nous
l'avons suivie quotidiennement et nous constatons que le fonctionnement de ces
directions régionales, est satisfaisant. C'est ce qui nous porte
à étendre l'expérience.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre admettra quand même qu'au
texte, c'est pour le moins ambigu.
Puisque nous sommes dans la déconcentration et que j'ai
abordé un peu plus en particulier cette question, je serais heureuse, au
courant de l'étude des budgets, que le ministre ait l'occasion de
définir un peu mieux ce qu'il entrevoit du point de vue de la
décentralisation. On sait que, d'une part, il y a le livre vert, dans
lequel il y a certaines contradictions et que, d'autre part, ici, le ministre
fait beaucoup plus état de la déconcentration que de la
décentralisation qu'il voit comme une démarche préalable,
ceci dans le but de rassurer, dans la mesure du possible, les différents
agents de l'éducation. On me disait et je le dis sous toutes
réserves, M. le Président qu'à une réunion
desdirecteurs généraux qui avait lieu la fin de semaine
dernière dans la région de Chicoutimi, un des sous-ministres qui
était présent aurait laissé entendre qu'il n'était
pas question de décentralisation. Je le répète, et je le
dis sous toutes réserves, mais il reste que les commissions scolaires
jusqu'à maintenant, même si elles ont fait des erreurs, ont quand
même assuré et permis qu'on ait au Québec des services
éducatifs, aux niveaux élémentaire et secondaire, qui
servent assez bien la population, même s'il y a des améliorations
à apporter. Il y a deux mois, le ministre de l'Education et apparemment
le ministre des Finance, quoique j'en sois moins certaine, faisaient marche
arrière sur la question du transfert de l'impôt foncier aux
municipalités. Tout semble indiquer que, pour la prochaine rencontre sur
la fiscalité qui aura lieu avec les municipalités incessamment,
dans une quinzaine de jours, le sort soit jeté ou les dés
déjà tirés en ce sens que tout l'impôt foncier
passerait aux municipalités.
Si tel est le cas, j'aimerais que le ministre puisse nous assurer qu'il
y aura, non pas à l'automne, mais en même temps que cette
politique pourra être adoptée, au moyen d'une législation
quelconque, qu'on assure les commissions scolaires d'une source autonome de
revenu. (16 h 45)
J'aimerais rappeler ici du moins, on le cite, je ne sais pas si
c'est exact que, dans le Soleil du 2 avril 1977, le ministre de
l'Education, le ministre Morin aurait dit: "La supression de l'impôt
foncier scolaire pourrait conduire à l'irresponsabilité
financière dans les commissions scolaires."
J'avais eu l'impression, jusqu'au moment où le gouvernement avait
fait marche arrière il y a une couple de mois sur cette question de
fiscalité, que le ministre de l'Education était quand même
sensible à cette autonomie de financement des commissions scolaires,
quelle que soit la forme qu'elle prenne, et qu'au moins on en soit
assuré. Ceci contrasterait passablement avec ce qui semble être
maintenant presque acquis, que tout l'impôt foncier va passer aux
municipalités. Je voyais un de vos députés qui me faisait
de grands signes af-firmatifs. Si vous voulez contredire M. le ministre, j'en
serais fort aise et cela rassurerait bien davantage les commissions scolaires
que moi-même. Ce sont bien davantage elles qui sont en cause que ma
propre personne.
M. Morin (Sauvé): II faut distinguer, Mme le
député, si vous me le permettez...
Mme Lavoie-Roux: Oui, certainement.
M. Morin (Sauvé): ... entre l'impôt normalisé
et l'impôt pour fins de dépenses non subventionnées, ce
qu'on appelle quelquefois les "inadmissibles".
Mme Lavoie-Roux: II resterait de l'impôt foncier pour les
commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Effectivement. Mme Lavoie-Roux:
Ah bon! Je...
M. Morin (Sauvé): Dans l'hypothèse actuelle,
oui.
Mme Lavoie-Roux: Dans l'hypothèse actuelle.
J'espère que vous allez persister dans vos bonnes intentions, lesquelles
ne seront peut-être pas nécessairement celles de vos
collègues. Mais je sais que c'est une question qui les inquiète
beaucoup et je pense que, durant ces deux années où, quand
même, le monde scolaire connaît une paix relative due, comme
l'indiquait quelqu'un en fin de semaine, au fait que, peut-être le plus
beau cadeau que le gouvernement actuel a reçu, cela a été
des conventions signées quand il est arrivé au pouvoir, je pense,
dis-je, qu'on devrait profiter de ces deux années pour peut-être,
au lieu de soulever des conflits je ne sais pas à quel point utiles,
essayer quand même de consolider ce qui existe.
Ceci m'amène à parler d'un autre point sur lequel le
discours d'introduction du ministre est tout à fait silencieux, c'est la
question des prochaines négociations collectives. J'aimerais
peut-être que, dans les jours qui vont suivre, le ministre de l'Education
nous donne son point de vue sur ce que devrait être le rôle des
commissions scolaires et du ministère de l'Education dans toute cette
question des négociations collectives.
Le ministre du Travail a peut-être d'ailleurs, on l'a vu
dans un de ses écrits qui a été publié
tendance, à moins que ce soit une conviction très profonde
on va parler de tendance pour le moment à penser qu'à la
fois l'Etat et les commissions scolaires sont, de fait, des employeurs des
personnels des commissions scolaires. Si tel était le cas, je pense
qu'il y a un très petit pas à franchir pour que, finalement,
l'Etat ou le gouvernement devienne le seul employeur des commissions scolaires.
J'aimerais mettre le gouvernement en garde contre une telle approche.
J'aimerais également que le ministre nous indique, dans le cas
des négociations présentement en cours avec les enseignants
anglo-catholiques, où en sont rendues ces négociations. Je sais
que certains mandats d'ordre mineur ont été donnés aux
négociateurs du gouvernement. Quand les mandats plus significatifs
seront-ils donnés, de telle sorte que, lorsque la convention sera
échue, le 30 juin, on en soit quand même passablement
avancé dans cette question de la négociation avec les
anglo-catholiques?
Dans le bilan dont le ministre a fait état, je voudrais quand
même rendre à César ce qui appartient à
César, il y a des choses qui sont vraiment, je pense, de l'initiative du
gouvernement actuel. Je voudrais entre autres signaler, à moins que je
ne me trompe et que cela ait débuté avant que le gouvernement
actuel soit ici, mais j'en doute, celle de la...
Je voudrais entre autres signaler à moins que je ne me
trompe et que cela ait débuté avant que le gouvernement actuel ne
soit ici, mais j'en doute d'abord l'obligation du programme d'histoire,
pour la certification; je sais que c'est une décision du ministre
actuel, et, également, le programme qui a été
développé pour les élèves du secondaire
professionnel. Je pense que c'est également une initiative du ministre,
actuel. Tout ce que je souhaite, c'est que la fameuse grille horaire permette
de l'intégrer, parce que c'est tout à fait anormal que, par
exemple, dans des écoles où il y a 40% à 50%
d'étudiants qui sont au professionnel, on n'ait aucune notion d'histoire
en terminant ses études. On sait fort bien, d'ailleurs, le ministre
l'admettait l'an dernier, que les difficultés d'adaptation à la
grille horaire empêchaient que le programme d'histoire soit donné.
Egalement, je pense que les initiatives vis-à-vis de l'enseignement
je ne sais pas si on peut parler de I'enseignement de l'animation
pastorale à l'élémen-taire, sont des initiatives du
gouvernement actuel qui se continuent cette année.
Je veux féliciter le ministre pour les initiatives qu'il songe
à prendre dans le domaine des arts. Alors qu'au secondaire, du moins,
pour un certain nombre d'élèves cela dépend du
nombre d'élèves qui s'en prévalent, quand même, avec
les options il y a quand même des ressources qui sont
intéressantes, alors que, pour l'élémentaire,
c'était vraiment très épisodique, si je peux dire, ou
sporadique d'une école à l'autre ou d'une commis-
sion scolaire à l'autre, je pense qu'une intervention s'imposait
dans ce domaine. Ce sont là des initiatives du gouvernement actuel, que
je veux reconnaître.
Quand on arrive dans d'autres domaines de la révision des
programmes, en français et même en histoire, du réexamen
des programmes d'enseignement religieux, c'étaient là des choses
qui avaient déjà été amorcées sous l'ancien
gouvernement, et je l'ai déjà mentionné.
Je voudrais faire quelques remarques sur ce qui m'apparaît des
absences assez sérieuses de la part du ministre, du moins dans ce
document d'introduction. En ce qui concerne l'éducation des adultes, je
pense, je l'ai dit l'an dernier et je le répète cette
année, qu'il y a une nécessité de l'établissement
d'une politique globale en éducation des adultes, et peut-être le
ministre nous le réserve-t-il quand il arrivera au collégial et
à l'université, mais je pense qu'il y a quand même une
très grande responsabilité que les commissions scolaires
prennent, présentement, à l'égard de l'éducation
des adultes. Cette non-cohérence entre les différents niveaux
d'enseignement, eu égard à cet enseignement, est regrettable,
à moins qu'il y ait quelque chose de beaucoup plus précis, mais
cela m'étonne qu'on n'ait quand même pas commencé à
en parler au niveau de l'enseignement élémentaire et
secondaire.
Le ministre est également assez muet sur la question de
l'intégration des enfants qui relèvent présentement du
secteur de l'enfance inadaptée. Je voudrais souligner, en passant, la
présence de Mme Baron, dont nous n'avions pas eu le plaisir d'avoir la
compagnie l'an dernier, ce qui m'a fait souligner, en fait, que, quand vous n'y
êtes pas, l'élément féminin au ministère de
l'Education est inexistant à cette étude des crédits. Je
vois qu'on ne s'est pas repeuplé du côté de la gent
féminine dans le ministère de l'Education. Si on me permet...
M. Morin (Sauvé): Cela viendra.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est ce que vous m'aviez dit, l'an
dernier. Vous n'avez pas encore trouvé les bonnes personnes. Cela prend
beaucoup de temps.
M. Morin (Sauvé): Oui, cela demande de la patience, mais
nous y viendrons.
Mme Lavoie-Roux: Si, au moins, j'étais sûre que
c'est l'unique raison. Comme, aujourd'hui, j'ai bien ri quand j'ai
trouvé par hasard, sur mon pupitre et je pense que cela vaut la
peine de le souligner l'école coopérative et
l'école sexiste. Je pense qu'il faut rendre hommage au Conseil
consultatif de la femme. C'est un premier geste qui est posé. La seule
chose que j'ai trouvée et on me corrigera si je fais erreur,
c'est peut-être le cas de toutes les écoles coopératives,
mais je ne pourrais pas en jurer c'est que tous les articles semblent
avoir été écrits par des personnes qui sont à
l'extérieur du ministère. Est-ce que je me trompe?
M. Morin (Sauvé): En général, dans cette
revue, oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, j'ai hâte que vous ayez un
produit authentique qui viendrait de l'intérieur du ministère.
Mais, entre-temps, il y a toujours un commencement quelque part. Alors, il
convient de le souligner.
Pour revenir à l'enfance inadaptée j'ai fait cette
longue disgression en pensant à Mme Baron c'est cette
intégration des élèves qui éprouvent des
difficultés d'apprentissage. Il y a eu le rapport COPEX. Je pense qu'il
y a un plan de développement, à l'intérieur du
ministère, qui veut faciliter cette intégration des enfants
inadaptés à l'enseignement régulier. Mais, quand on
regarde les chiffres que le ministère nous a remis cette année,
on voit que je le dis de mémoire de 1976 à 1977, on
passe de 93 000 à 100 000 et là, je réalise qu'il s'agit
de l'intégration des enfants du MAS. C'est normal. Parce qu'on les a
intégrés, cela a gonflé le nombre pendant cette
année. Mais, en 1977/78, on se retrouve avec 103 000 enfants; je pense
qu'il y a lieu de faire un examen sérieux pour savoir dans quelle mesure
ce plan de développement je crois qu'il existe, du moins
est implanté dans les diverses commissions scolaires et il serait
intéressant ultérieurement que, peut-être, le
ministère nous produise des statistiques, que j'appellerais
régionales et même compte tenu des commissions scolaires, sur le
type de clientèles d'enfance inadaptée qu'on y retrouve et,
également, sur le pourcentage de cette clientèle
identifiée comme enfance inadaptée par rapport à une
région ou à une commission scolaire donnée, pour faire un
examen sérieux du problème et apporter les correctifs qui
s'imposeraient. D'ailleurs, il faut dire que le livre vert ne parlait pas non
plus de l'enfance inadaptée.
Du côté de la formation de professionnels, je vois encore,
compte tenu de ce que le ministre nous a remis, qu'il ne s'agit pas d'une
priorité du gouvernement. Sans doute, on en parle dans le livre vert,
mais si peu, si ce n'est pour essayer de présenter des grilles horaires
pour les étudiants à partir des secondaires III, IV et V, et,
pourtant, il y a là un domaine qui a besoin d'être
revalorisé, d'être mieux articulé avec le monde du travail
et aussi pour ne pas avoir tendance à toujours le considérer
comme un sous-produit de l'enseignement général, mais vraiment
l'intégrer à l'enseignement général. Mais
peut-être que ceci ne pourra être réalisé qu'au
moment où les exigences d'admission aux CEGEP auront été
révisées. En passant, je dois regretter que le livre blanc sur
l'enseignement collégial n'ait pas encore été
déposé, même s'il nous avait été, ne disons
pas promis, mais disons annoncé pour l'automne dernier. Je pense que
nous aurons l'occasion d'y revenir un peu plus tard.
Du côté de l'enseignement des langues, j'aimerais beaucoup
que le ministre, qui nous avait dit l'an dernier, au moment de l'étude
des crédits, qu'il avait reçu un rapport du ministère
touchant l'enseignement des langues... Je regrette que nous n'ayons pas encore
reçu ce mémoire... Même si, à
satiété, on répète que l'enseignement des
langues secondes est une priorité du ministère, ce que je
retrouve dans le bilan de l'an dernier, tant pour l'enseignement du
français que pour l'enseignement des langues secondes, c'est simplement
la continuation du fameux plan Cloutier qui était étalé
sur cinq ans, et on décide, cette année, de nouveaux
crédits pour le prolonger davantage.
Je voudrais dire quelques mots sur le surplus de personnel. Je dois dire
que j'ai été un peu c'est peut-être du scandale
facile, me dira-t-on j'ai quand même été un peu
scandalisée du document d'information sur la sécurité
d'emploi du personnel des commissions scolaires qui nous est parvenu du
gouvernement du Québec, ministère de l'Education, en date du 16
mai 1978, où on essaie de rassurer les gens. A peine 2,6% de l'ensemble
du personnel de toutes les commissions scolaires du Québec seraient en
surplus pour l'année scolaire 1978/79. Ne vous inquiétez pas,
à peine 2700 personnes pourraient se trouver en disponibilité. De
ce nombre, 2237 seront des enseignants. ( 17 heures)
Sans aucun doute, le ministre a voulu nous rassurer en disant que tout
ce beau monde va probablement être réembauché, compte tenu
des mises à la retraite, enfin, de tous les autres facteurs qui ont
été énumérés. Mais j'ai l'impression que
c'est la réaction de personnes qui n'ont jamais été
menacées dans leur emploi. Je ne devrais peut-être pas dire cela
d'un député, mais de fonctionnaires qui n'ont jamais senti une
menace à la sécurité de leur emploi, de nous envoyer, d'un
ton aussi débonnaire, cette évaluation de 2700 personnes
salariées qui se retrouvent en disponibilité, je pense qu'il y a
quand même lieu de s'inquiéter. J'aimerais demander au ministre
si, compte tenu des prochaines clauses des conventions ou des prochaines
dispositions des conventions collectives qui seront négociées,
l'an prochain, il entrevoit des modifications dans le sens de cette mise en
disponibilité des enseignants et peut-être davantage dans
l'utilisation des enseignants qui sont mis en disponibilité.
L'an dernier, je lui faisais la suggestion que certaines de ces
personnes pourraient être utilisées comme personnel de soutien
dans des et vous n'aviez pas dit non, M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): Personnel de soutien
spécialisé?
Mme Lavoie-Roux: Personnel de soutien dans des régions
plus défavorisées, pour aider les professeurs en charge. Est-ce
qu'on a envisagé, par exemple, la possibilité que, durant leur
année de disponibilité, on les recycle à
l'université parce qu'évidemment il y a une question de recyclage
des professeurs aussi? Quoique, là encore, et là-dessus
peut-être que le ministre pourra nous informer plus tard, comment
concilier ce problème de recyclage adéquat ou opportun des
professeurs avec les dispositions de la convention collective qui font que
c'est l'ancienneté qui a priorité? Alors, je pense que ce sont
des questions sur lesquelles nous pourrons revenir, mais il ne faudrait quand
même pas minimiser le fait que, dans certaines commissions scolaires, il
y a des professeurs qui sont mis en disponibilité, cette année,
et qui ont jusqu'à neuf ans d'expérience. Vous savez, quand on a
dix ans d'expérience pour arrondir les chiffres et que,
tout à coup, on connaît cette insécurité, je pense
qu'il faut quand même réfléchir sérieusement.
Sommes-nous tellement riches qu'on puisse se dispenser de professeurs qui ont
des qualifications?
Un dernier mot, je voudrais parler des interventions en milieux
défavorisés. Là encore, le ministre, lors des
crédits de l'an dernier, avait annoncé qu'il nous remettrait un
plan de développement touchant l'enseignement ou les interventions en
milieux défavorisés. Vous nous l'annoncez maintenant, je pense,
pour la moisson d'automne. C'est bien cela?
M. Morin (Sauvé): Les milieux
défavorisés?
Mme Lavoie-Roux: Oui, votre politique de
développement.
M. Morin (Sauvé): Oui, dans le courant de l'année
qui vient.
Mme Lavoie-Roux: Dans le courant de l'année qui vient!
Dépêchez-vous avant la fin de votre mandat!
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il est inutile, mais je le
soulignerai encore... Les gens qui oeuvrent dans ces milieux ont nettement
l'impression que ce n'est pas une priorité pour le gouvernement. Sans
aucun doute, il y a la fameuse émission "Passe-partout" , mais qui,
encore une fois même si les animateurs sont davantage
affectés à des zones plus défavorisées
s'adresse à toute la population, et qui ne semble pas à
moins que le plan de développement promis en comporte comporter
d'interventions qui impliquent directement les milieux. Cette action de
"Passe-partout" demeure toujours une opération très marginale, en
fonction des vraies besoins et des mesures d'intervention qui pourraient
être plus bénéfiques dans les zones
défavorisées.
M. le Président, j'arrête ici mes remarques en disant
simplement, et je le réitère, que l'éducation n'est plus
une priorité du gouvernement. Autant j'en suis qu'on doive à
certains moments revoir ces priorités, autant j'en suis qu'on ne doive
pas penser à une expansion compte tenu de la diminution de la
clientèle. Il m'apparaît quand même très
sérieux qu'on permette de prendre du retard à l'éducation.
Je ne citerai que les universités qui disent justement: Nous sommes
encore en période de croissance. Je pense que ce rapport a
été soumis au ministre par le Conseil des universités.
Quand on regarde le retard des universités du Québec par rapport
aux universités de l'Ontario... Il n'y a pas trois jours, l'Office de la
langue française publiait une étude dans laquelle il disait qu'on
ne pouvait pas encore répondre, au moins
dans certains secteurs, à la demande, par exemple, dans
l'administration, compte tenu des diplômés qui sortent des
universités françaises. Je pense que ce sont là des
questions sérieuses qu'il faut examiner de près avant de sabrer
d'une façon un peu arbitraire dans les budgets de l'éducation.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président, mes premières
paroles seront pour féliciter le ministre et tous ceux qui lui ont
facilité la tâche dans la préparation de ces trois cahiers
qui nous furent remis. Ce sont de magnifiques instruments de travail enrichis
de tableaux, de statistiques, d'explications, qui nous donnent en même
temps un vaste éventail de cet univers de l'enseignement, je devrais
plutôt dire ce portrait de l'éducation que nous essayons ici, tous
ensemble, autour de cette table, de bien scruter, de bien étudier.
Comme Mme le député de L'Acadie l'a mentionné, si
le ministère accorde des crédits à la pastorale, à
l'enseignement religieux ou moral, c'est que le ministre sait très bien
qu'il est un peu responsable de l'âme de la nation; je prends l'âme
au sens moral, non pas au sens religieux.
Il m'arrive quotidiennement de répéter certaines paroles.
Ce matin, peut-être par distraction, en disant per ipsum et cum ipso,
pour lui et avec lui et en lui, j'ai dit: Ce serait peut-être une
excellente devise pour le ministère de l'Education, parce que si
l'enfant ou l'étudiant est au centre de l'école, s'il est au
coeur de l'école, j'ose croire que la moisson va tomber en bonne
terre.
Quand on pense aux crédits du ministère de l'Education,
à toutes ses implications, il serait bon de nous arrêter quelques
instants à ce projet éducatif global. Le but de l'école,
après tout, c'est de préparer les jeunes pour la vie. Cette vie
devrait être fructueuse, devrait être heureuse pour le jeune qui
entre à l'école, pas seulement avec l'intention d'obtenir un
diplôme à l'université, ou encore de se procurer du travail
dans l'industrie, ou de gagner de l'argent. Quand on pense à
l'éducation, et c'est cela qui résume en un seul mot tout ce
projet global, ce projet éducatif dans un projet de
société... je crois que si nous réussissons à
former des hommes et des femmes avant tout, par la suite ils pourront devenir
de bons travailleurs ponctuels, loyaux, actifs, des hommes et des femmes de
caractère et, à ce moment-là, nous aurons
déjà assuré l'avenir de la collectivité
québécoise.
Je sais que le ministère de l'Education se doit aussi
d'être pragmatique. Il y a tellement d'implications concrètes,
quand on sait que c'est une très grosse machine, qu'il y a des milliers
de fonctionnaires, qu'il y a des milliards de dollars impliqués dans
tout cela, mais je sais que ceci n'enlève aucune des
préoccupations du ministre qui sait qu'il est d'abord le ministre de
l'Education. Je crois qu'à ce stade-ci, ce qui nous préoccupe, ce
que nous devons essayer d'inculquer aux jeunes, ce sont certaines notions, par
exemple, dans quelle société nous voulons vivre demain, quelle
sorte de citoyens nous voulons former pour cette société de
demain.
C'est encore l'éducation qui va apporter la réponse,
beaucoup plus que d'autres domaines dont nous avons étudié les
crédits. Le débat de qui de l'oeuf et de la poule vient en
premier nous amène peut-être à regarder aussi la
société ou l'éducation ou bien l'éducation dans la
société, je crois qu'il n'y a pas tellement de discussion et,
comme je l'indiquais tout à l'heure, le souci du ministre est
d'équilibrer un budget. Il n'y a aucun doute là-dedans; il doit
nous fournir des statistiques, il doit travailler sur des grilles horaires et
nous sommes dans une société qui évolue tellement vite,
d'ailleurs, on le sent du côté des sciences, du côté
de la médecine qu'après cinq ou dix ans, on doit se recycler, on
doit essayer de se replonger davantage.
Imaginez-vous quand on arrive au plan pratique de l'éducation,
quand on regarde cet enfant qui, déjà, à sa naissance, est
un citoyen à part entière, c'est un produit brut, si je peux me
permettre cette explication, qu'il faut, j'allais dire "encanner", ce n'est pas
le sens, mais un produit qu'il faut finir, qu'il faut aider à se
développer, à se parfaire en cours de route. Il n'y a pas de
question d'âge là-dedans.
Je crois que les intentions du ministère devraient nous
être explicitées davantage, à partir de la
prématernelle ou de la maternelle préscolaire, et aussi les
préoccupations du ministère quant à l'éducation
permanente. Notre société a tellement évolué, Dieu
merci, au cours des dernières années, que l'éducation
n'est plus une question d'âge. A un certain moment, on parlait de forcer
les élèves à demeurer à l'école, à 14
ans, à 15 ans ou peut-être à 16 ans, alors qu'aujourd'hui,
on voit des milliers d'adultes qui recommencent ou qui continuent des
études. C'est ça qui est très encourageant et je crois que
ceci devrait permettre au ministère de nous apporter beaucoup d'autres
précisions sur certaines propositions en général qui ont
été annoncées aujourd'hui par le ministre.
On a mentionné tout à l'heure le livre vert. Il nous
faudrait bien connaître un jour les propositions précises de la
volonté gouvernementale dans beaucoup de secteurs qui demeurent encore
des points d'interrogation: livre blanc sur l'enseignement collégial,
livre blanc sur l'enseignement universitaire, même si nous n'en discutons
pas à ce moment-ci, il y a de nombreuses politiques gouvernementales que
nous avons tous intérêt à connaître. L'avenir, par
exemple, du secteur privé, on en a discuté en fin de semaine. Il
y a aussi la politique de l'accès à la recherche scientifique. On
revient cette année au développement, à l'encouragement
à l'étude de l'histoire et de la géographie, je ne sais
pas si on a oublié l'insertion des cours d'économie au milieu de
ce programme, on a parlé des professionnels et du général.
Peut-être qu'un jour, il faudra repenser ces notions qui semblent jeter
de la discrimination à l'intérieur de
certaines écoles, alors que les élèves du secteur
professionnel se sentent un peu laissés de côté par rapport
à ceux de l'enseignement général. (17 h 15)
Ceci dit, tout le système de l'éducation doit
s'insérer dans le vécu du secteur. Certaines études,
certaines demandes, certains mémoires ont été
exposés et on insiste tellement sur l'insertion de l'école dans
le milieu, que ce soit Saint-Henri, à Montréal, qui n'est pas
nécessairement Saint-Sauveur, à Québec, ou d'autres qu'on
peut puiser à travers toute la province...
Ensuite, il y a le rôle de l'école dans le milieu. Je crois
que le ministère est très au courant de certaines
difficultés, de ce climat de méfiance qui existe depuis trop
d'années, à mon point de vue, entre les parents et la direction
de l'école. Souvent, la direction de l'école semble craindre les
parents. On se demande ce que les parents viennent faire là-dedans;
qu'ils restent donc à la maison. Ils nous ont confié un mandat,
c'est à nous de l'exercer. Les parents, souvent, ont peur des
professeurs; ils craignent l'endoctrinement. Ceci crée certains
malaises. Le gouvernement a certainement un rôle à jouer pour
rétablir ce climat de confiance face aux futures conventions
collectives, comme on vient de le mentionner.
S'il y a cette interaction, cette adéquation, si, toujours, on
agit pour lui et avec lui, si on pense à l'enfant qui est là, au
coeur de l'école, on va penser aussi en termes de perfectionnement des
maîtres. Je sais que c'est une des préoccupations du gouvernement.
Cela a été mentionné aujourd'hui.
Il faudrait aussi que le rôle et la place des parents soient mieux
définis au sein de l'école. Il y a tout notre système
pédagogique aussi qui fait l'objet de nombreuses études et il y a
les difficultés d'apprentissage. Quand on sait qu'il y a un nombre
effarant d'enfants qui sont classés dans cette catégorie
je n'ai pas de pourcentage, je n'ai pas de chiffres ceci nous
amène à nous interroger sérieusement. On se demande si le
système n'est pas en difficulté, le système
lui-même, s'il n'est pas en difficulté de convenance, en
difficulté d'affinités, de conformité avec son
affectation, sa destination. Il y a des surdoués, il y a des
sous-doués, il y a des enfants handicapés. Je sais qu'on fait des
efforts, il y a des écoles spéciales. C'est un point très
important. Dans nos milieux ruraux, on sait qu'il y a beaucoup d'enfants qui
n'ont pas les possibilités. Ce n'est pas facile pour le gouvernement,
vous allez me dire, de s'occuper de ces cas marginaux spéciaux qui,
souvent, ne fréquentent à peu près pas l'école,
alors que si on pouvait l'organiser, il pourrait y avoir au moins les
éléments pour apprendre à lire et à écrire.
Ce sont des enfants qui sont vraiment retardés pour de nombreuses
causes.
Je crois que si l'on veut faire de l'éducation ce projet
collectif, ce projet global, cela va être plus facile quand nous
entrerons dans l'étude des crédits, dans le détail de
chacun des programmes, de mieux saisir là où réellement
nous pourrons rendre service. Les conditions et les relations de travail au
sein du secteur sont en relation directe avec le climat du milieu et la
propension à l'étude et à l'acquisition des connaissances.
En somme, si on veut former un homme, si on veut former une femme, il faut
qu'ils soient à l'école dans les meilleures conditions possible,
dans des conditions favorables. L'école n'est pas seulement un lieu
d'enseignement, ce n'est pas seulement un endroit pour acquérir des
connaissances. C'est aussi le lieu privilégié de la
"socialisation". L'enfant, c'est un être social, qui va devenir membre
d'une société. S'il sait qu'il a un rôle important à
jouer dans cette société, je pense qu'il va être
porté à acquérir les valeurs fondamentales et il va
essayer de réaliser lui-même ce qu'il doit être comme
individu dans cette société.
Quand on voit les jeunes aujourd'hui, même en bas âge, quand
on voit, grâce à la télévision et à beaucoup
d'autres moyens, les possibilités de développement, les questions
qu'ils posent à leurs parents, ou qu'ils nous posent sur l'avenir,
à ce moment-là, je crois que cela devient tellement encourageant
que le gouvernement doit continuer à travailler dans ce sens-là,
et à ne négliger aucun effort pour que l'enfant soit vraiment, au
coeur de l'école, l'être privilégié. Et je termine
avec ceci, M. le Président, pour l'instant.
Le Président (M. Dussault): M. le député
de... Le comté m'échappe.
M. Alfred: Papineau.
Le Président (M. Dussault): ... Papineau.
Mme Lavoie-Roux: Comment pouvez-vous oublier!
Autres interventions M. Jean Alfred
M. Alfred: M. le Président, je siège à une
commission dont dépend le devenir même de l'homme
québécois de demain. Ce qui m'intéresse surtout dans tout
ce débat, c'est l'acte pédagogique, cet acte qui va permettre
à nos jeunes Québécois de demain de se
révéler vraiment des gars et des femmes capables de prendre la
relève, de nous remplacer.
Nous avons parlé beaucoup de l'argent, mais, à mon humble
avis, ce qui est important pour nous, maintenant, c'est une affectation
rationnelle de l'argent que nous dépensons pour l'éducation. Je
pense que le ministre des Finances, en collaboration sûrement avec le
ministre de l'Education, a trouvé un bon moyen d'affecter
rationnellement cet argent, parce qu'on peut dépenser beaucoup d'argent
et, pourtant, on peut ne pas améliorer l'acte pédagogique.
Ce qu'il nous faut, M. le Président, c'est avoir d'abord et avant
tout, dans cet acte pédagogique, des maîtres qui sont
réellement des maîtres complets, formés, des maîtres
modèles, stables et non figés, pour pouvoir élaborer une
véritable relation pédagogique où nos élèves
sont heureux dans la salle de classe où ils sont.
Je suis content que le ministre ait augmenté l'argent pour le
perfectionnement des maîtres. Il faut le souligner, c'est très
important. Cet argent qui a été augmenté pour ce
perfectionnement contribuera, à mon humble avis, à amener les
enseignants à réfléchir sur ce que doit être cette
relation pédagogique qui doit être instaurée entre le
groupe d'élèves et le professeur.
Je pense que les professeurs qui seront appelés à se
perfectionner verront à devenir pour nous des professeurs congruents,
capables de comp-prendre chaque élève et de l'accepter de
façon inconditionnelle.
Je pense aussi que les professeurs se perfectionneront de façon
qu'eux-mêmes deviennent des maîtres, formés
académiquement et psychopédagogiquement, si bien que nous aurons
des maîtres auto-actualisés, formés. Ces hommes et ces
femmes pourront créer une ambiance que j'appellerais, en jargon
pédagogique, auto-actualisante et on pourra ainsi arriver à une
ambiance où nos élèves québécois de demain
seront auto-actualisés.
Je pense que, pour arriver à cela, il faut une véritable
formation des maîtres, une véritable école,
gérée de façon qu'on trouve un climat où les
gestionnaires et les enseignants créent un climat où
l'élève est heureux. Il faut que nous
réfléchissions de façon à remodeler l'attitude qui
règne entre nos administrateurs pédagogiques et les professeurs.
C'est très important.
Dans tout ce débat, il faudrait aussi que nous, les hommes
politiques, nous ne cherchions pas à faire de la politicaillerie avec le
devenir de l'homme québécois, ce qui nous incite aussi, nous
députés, à être réellement pour ces
êtres qui nous regardent des modèles "supportifs ".
Je pense que nous avons un gouvernement où il y a
réellement des hommes et des femmes capables de porter au plus haut
point cette réflexion pédagogique et, encore une fois, je
félicite le ministre pour l'accent mis sur la décentralisation et
la déconcentration; ceci permettra, à mon humble avis, de mieux
contrôler l'argent que nous mettons à la disposition des
commissions scolaires, au niveau local. Ceci nous permettra d'arriver à
une école où chacun se prend en main, où chacun dit: Nous
sommes responsables de l'élève québécois. Ce que
nous devons faire, nous, adultes, nous devons travailler de façon que
tout l'environnement soit éducatif et formateur, et surtout, à
tous les niveaux, être, pour nos élèves
québécois, des modèles d'hommes et de femmes qui
travailleront de façon à avoir des Québécois et des
Québécoises qui marchent la tête haute. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur une question d'information que le
député de Papineau a donnée en disant que les sommes
affectées au perfectionnement avaient été
augmentées. Il y a une grande partie de cela qui est causée par
les conventions collectives, l'autre partie au développement des
langues, au plan de développement des langues. Du côté des
arts, c'est pour l'avenir, mais je pense que dire qu'il y a eu des
augmentations pour le perfectionnement des maîtres... C'est ce qui est
prévu.
M. Alfred: L'utilisation que nous faisons de la somme
affectée contribuera à améliorer l'enseignement.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
répondre à quelques-unes des interventions de mes
collègues de la commission parlementaire.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, mais je ne voudrais pas perdre mon
droit de parole, tout de même.
M. Morin (Sauvé): Je ne pense pas, mais il faudrait s'en
référer au président pour le savoir de façon
sûre.
Le Président (M. Dussault): J'avais cru comprendre qu'il
n'y avait plus personne intéressé à faire des remarques
générales, mais, si vous êtes intéressé, on
va tout simplement demander au ministre d'attendre.
M. Saint-Germain: Oui, j'aurais...
M. Morin (Sauvé): Je suis tout à fait
disposé à entendre les remarques générales du
député. C'est dans la tradition.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Je vous remercie. Dans tout ce long
exposé, ce qui me surprend énormément, c'est que le
ministre a passé sous silence les relations de travail au niveau de tout
le système d'éducation. Cela me semble absolument inconcevable,
surtout pour un député comme moi qui étais
déjà ici lorsqu'on a eu les premières discussions au sujet
d'un nouveau contrat de travail, au tout début de la centralisation,
lorsqu'on a voté le bill 24, et même en Chambre où on avait
déterminé d'autorité les revenus des professeurs. Cela a
été une expérience extrêmement pénible.
C'était le bill 25, j'entends. Je ne ferai pas l'historique de tout ce
processus de centralisation auquel on a assisté au niveau du
ministère de l'Education, un processus qui a fait qu'actuellement, les
commissions scolaires ont bien peu d'autorité et d'importance dans
l'administration scolaire au Québec. D'ailleurs, la population en
général ressent bien ce manque d'autorité de ses
commissaires. C'est une des raisons principales pour lesquelles les citoyens,
malheureusement, se désintéressent de plus en plus des
élections scolaires.
A vrai dire, lorsqu'on fait un court historique
de la centralisation de notre système d'éducation, on
admet facilement que, dans les années passées, il y avait des
raisons sérieuses de centraliser l'éducation au niveau du
gouvernement et que la population en général, les professeurs et
tous ceux qui, de près ou de loin, s'occupaient d'éducation,
appuyaient fortement ce mouvement centralisateur qui pouvait ou qui devait
permettre à toute la province d'avoir une qualité de services
scolaires à peu près uniformes dans tout le Québec. Pour
avoir ce service scolaire à peu près uniforme, il fallait
nécessairement avoir, dans toutes les régions
québécoises, une similitude dans les revenus des professeurs
comme une similitude dans la qualification des professeurs. (17 h 30)
Ceci dit, il faut tout de même admettre que cette centralisation a
amené des relations de travail extrêmement pénibles entre
les professeurs et les diverses autorités, soit provinciales, soit
locales. Tellement pénibles, M. le Président, qu'à chaque
renouvellement de contrat, il y a eu grève. Aucun contrat n'a
été complété sans une grève, et ce n'est que
lors de la signature du dernier contrat qui s'est faite après un
grève qu'on en est venu à signer une entente entre les
représentants des professeurs et les représentants du
ministère. Les autres discussions se sont toujours terminées par
une loi spéciale ou un décret, sans signature de convention
collective.
Ces difficultés dans les relations de travail ont quelquefois
amené, il va sans dire, des relations extrêmement difficiles entre
les parents et les maîtres en particulier. Il va sans dire que bien des
parents n'ont pas pardonné aux maîtres d'être la cause de
voir leurs enfants dans la rue on se souviendra des grèves
et ces parents ont été mécontents, même s'il est
possible que les maîtres, les instituteurs aient eu des raisons
sérieuses de faire la grève.
Cela pourrait aussi amener des difficultés de relations humaines
au niveau des instituteurs et des représentants des instituteurs et de
l'autorité provinciale et aussi des difficultés de relations de
travail entre les représentants des professeurs et les commissions
scolaires; bien souvent, cela a amené des conflits
d'intérêts entre les professeurs et les membres du corps
professoral. Je ne cours aucun risque, M. le Président, lorsque
j'affirme que la détérioration de ces relations de travail a
été un inconvénient très sérieux dans le
développement normal de notre système d'éducation.
Aujourd'hui, il arrive, de par ces relations de travail très
centralisées, que nous avons des contrats de travail de plus en plus
complexes, de plus en plus difficiles d'application où très peu
de gens se retrouvent et qui donnent lieu à des injustices flagrantes
pour les contribuables, premièrement, et même pour certains
professeurs qui sont surchargés pendant que d'autres ont la vie beaucoup
plus facile.
Dans ces conditions, il me semble... Je suis extrêmement surpris
que le ministre, d'aucune façon, n'ait abordé ce problème
extrêmement sérieux, problème auquel le gouvernement aura
à faire face dès l'année prochaine, d'ailleurs, d'au- tant
plus que le Conseil supérieur de l'éducation remettait
récemment au ministre de l'Education le rapport de son comité ad
hoc sur les négociations dans le secteur public et l'enseignement
élémentaire et secondaire. Je crois qu'il y a, dans ce rapport,
des suggestions extrêmement valables et j'aurais aimé
personnellement entendre le ministre commenter ce rapport, qui devrait
être actuellement à l'ordre du jour.
Qu'est-ce que le ministère ou le gouvernement veut faire des
prochaines négociations? Quels seront les sujets qui deviendront des
responsabilités provinciales? Qu'est-ce qui sera de
responsabilité locale, aux commissions scolaires? Quelles seront les
nouvelles politiques que le ministère de l'Education voudra
établir et, s'il y a décentralisation, quelles seront les
politiques que les commissions scolaires voudront bien planifier? Est-ce que
ces nouvelles politiques devront être discutées lors du
renouvellement des contrats de travail? Ce sont là, M. le
Président, des choses que le public a le droit de savoir. Le public a
droit à des explications. Trop longtemps dans le passé, à
mon avis je ne blâme pas le gouvernement actuel; je parle bien des
gouvernements antérieurs on a essayé d'arriver à
des conclusions, à des contrats de travail et, pendant toutes ces
longues discussions, le public n'a pas été tenu au courant; je
dirais même que les députés, pendant les
négociations, n'étaient pas tenus au courant au jour le jour de
ce qui se passait à la table des négociations. C'est
réellement dommageable.
Il faut penser que le ministère de l'Education comme les
commissaires sont les porte-parole de l'ensemble de la population dans ces
négociations et que les professeurs ne sont pas à l'emploi de
l'entreprise privée, ne sont pas à l'emploi d'une entreprise
à profit, que c'est une entreprise publique et que, quelles que soient
les conditions de travail imposées par un nouveau contrat signé,
c'est la population qui subit les préjudices ou profite des bienfaits
d'une atmosphère positive et harmonieuse créée parmi les
professeurs. Dans notre système d'éducation, ces relations de
travail ont toujours été excessivement pénibles depuis la
centralisation de l'Education, au niveau du gouvernement du Québec, et
il me semblerait normal que le ministre de l'Education nous entretienne de la
façon dont il voit venir les négociations que nous aurons
l'année prochaine.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rosemont et, ensuite, le député de Maskinongé.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: M. le Président, de très brèves
remarques, puisque j'aurai l'occasion de revenir sur certains points, lors de
l'étude des budgets en détail.
La première chose qui me frappe dans le rapport du ministre sur
l'enseignement élémentaire et secondaire, c'est la très
grande importance qui est accordée à la révision des
programmes.
J'aimerais que le ministre nous précise de quelle façon
cette révision a été effectuée. Est-ce
qu'il y a eu consultation dans les milieux? Est-ce que les enseignants y
ont participé? Il y a également un équilibre à
assurer, qui me semble présent dans le cas de certaines matières
et pas dans le cas de d'autres, entre la révision des programmes et le
perfectionnement des maîtres, l'engagement de conseillers
pédagogiques, en somme la mise à la disposition des enseignants
de ressources pédagogiques pour affronter ces révisions de
programmes.
En ce qui concerne l'enseignement des langues, j'ai constaté
également, à l'instar de mon collègue de Papineau
et avec plaisir une augmentation de budget dans ce domaine. Cependant,
je crois sentir qu'il y a bien d'autres sommes affectées au
perfectionnement, peut-être quelques autres sommes dans
d'autres matières, dans le cadre de programmes réguliers. Il me
semble que c'est un début intéressant que ce qu'on
expérimente actuellement, peut-être à cause de la situation
politique que le Québec a connue dans le domaine de l'enseignement des
langues, tant au niveau du perfectionnement qu'au niveau de l'encadrement
pédagogique. J'ai noté que le ministre nous annonçait
l'engagement de 220 conseillers pédagogiques dans le domaine de
l'enseignement du français et 190 dans l'enseignement des langues
secondes. J'ose espérer que c'est là le début d'une
politique de soutien à l'acte éducatif. Si on veut vraiment
changer, améliorer la qualité de l'enseignement, c'est dans la
classe que cela se passe et c'est dans la classe qu'il faut apporter des outils
et des moyens.
Un autre point m'a frappé, c'est la déconcentration au
niveau des activités du ministère et la création de
directions régionales. Je pense que tant les députés
ministériels que les députés de l'Opposition devront
constater j'espère que mes collègues de l'Opposition
seront d'accord avec moi là-dessus que la part du budget de
l'éducation demeure fort appréciable, si on tient compte de la
dénatalité; une augmentation de 3,5% devrait nous donner à
peu près la même somme d'argent que l'année dernière
pour fonctionner. Cependant, je constate qu'il y a une augmentation des
dépenses administratives de l'enseignement élémentaire et
secondaire de 10,4%. Je pense que cela tient à la réorganisation
qui a été faite où on a créé la direction
générale des réseaux et la direction des services
pédagogiques si je me rappelle bien . On nous dit qu'on a
regroupé là de nouveaux services qui étaient auparavant
insérés ailleurs. J'aimerais avoir un peu plus de détails
sur cette réorganisation, cette déconcentration. Je termine mes
remarques là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, certaines remarques de mes
collègues ici autour de cette table ont suscité en moi un
problème qui est d'actualité présentement et que le
ministre de l'Education connaît sans doute. Je pense qu'il serait bon
qu'on se le rappelle. L'école, tout le monde en conviendra, doit
être au service entier des étudiants. Quand je dis service, c'est
non seulement au niveau pédagogique, mais c'est à tous les
niveaux professionnels, qui entourent et qui gravitent autour de cette
école.
Quand on parle d'une somme de $9 500 000 concernant le perfectionnement
du personnel enseignant, tout le monde conviendra que c'est nécessaire
et que c'est même obligatoire. Mais nous devons malheureusement constater
que ce perfectionnement, ces sommes qu'on affecte au perfectionnement du
personnel enseignant aboutissent assez souvent au perfectionnement et à
la formation personnelle de nos enseignants, dans le sens suivant, et vous me
permettrez d'utiliser le terme que les enseignants eux-mêmes utilisent,
suite à la convention collective. Ce n'est la faute de personne, c'est
la convention collective qui a voulu cela et ce sont les ententes au niveau des
enseignants et des commissions scolaires. C'est le fameux problème du
"bumping". C'est le terme que les enseignants emploient eux-mêmes.
Souvent, dans nos polyvalentes, M. le Président, à cause
de la dénatalité, on l'a souligné tantôt, nos
enseignants se retrouvent face à un choix, c'est-à-dire qu'ils
doivent changer de matière à cause du nombre d'étudiants
qui ont choisi une matière plutôt qu'une autre. Alors, cela
amène les enseignants, à un moment donné, à cause
du nombre d'années d'expérience qu'ils ont, à changer de
matière, à en choisir tout simplement une autre et ce en fonction
normalement de leurs aptitudes et de leurs capacités.
Si c'était ainsi, je pense, M. le Président, que ce serait
un moindre mal, mais ce qui arrive souvent c'est que ie professeur, qui est
affecté par ce "bumping", se voit dans l'obligation d'essayer de trouver
une autre matière à l'intérieur de son école ou de
sa commission scolaire, des autres écoles de la même commission
scolaire, de se trouver une matière où il ne se verra pas aux
prises avec le même problème à la fin de l'année
scolaire suivante. Ce qui fait, M. le Président, que la plupart du temps
on a des professeurs qui sont spécialisés en français ou
en mathématiques et qui se retrouvent, à un moment donné,
dans le but d'une sécurité additionnelle, à enseigner les
arts plastiques. Etant moi-même intéressé plus
particulièrement à l'agriculture, j'en ai même vu, M. le
Président, qui enseignaient la chimie ou la physique dans une
école polyvalente et qui choisissaient, à un moment donné,
l'option agricole. Cela cause énormément de problèmes. Le
professeur, pour qui le système a décidé qu'il devait
être au service complet des étudiants, s'en trouve
affecté.
Je voulais tout simplement, de façon brève, souligner ce
problème, le porter à l'attention du ministre; non seulement il
affecte le personnel enseignant lui-même, mais il y a des polyvalentes,
M. le Président, qui en souffrent.
J'ai rencontré, en fin de semaine, des gestionnaires de
polyvalentes, et des professeurs, des anciens collèges de
l'enseignement, qui m'ont mentionné que dans certaines polyvalentes, il
y a
énormément de chicane à l'intérieur des
groupes et que ça crée un très mauvais climat. Je pense
qu'il faudrait, à l'avenir, essayer, tout au moins pour autant que faire
se peut, de minimiser ces problèmes et de voir à ce que les
enseignants aient des formules de rechange qui leur permettent au moins
d'enseigner dans un domaine où ils se sentent vraiment habiles et
capables de le faire, et non pas choisir un moindre mal pour tâcher
d'obtenir une certaine sécurité et être certains de ne pas
se faire déplacer l'an prochain et de se retrouver vis-à-vis de
rien au bout d'une autre année scolaire. (17 h 45)
Ce sont uniquement les quelques remarques que je voulais faire comme
remarques préliminaires. C'est un sujet d'actualité
présentement, c'est un sujet grave. S'il y a une lacune où il
faudra amener des corrections dans les plus brefs délais possible, c'est
dans ce domaine, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autres
intervenants au niveau des remarques préliminaires. M. le ministre, vous
avez la parole.
Réponse du ministre
M. Morin (Sauvé): M. le Président, on a
soulevé un certain nombre de questions fort intéressantes. La
première, qui me paraît remettre en doute le sérieux du
gouvernement dans sa façon d'élaborer les politiques dans le
domaine de l'éducation, est celle mise de l'avant par Mme le
député de L'Acadie qui nous dit: Cela n'est plus une
propriété du gouvernement. Allons donc, serais-je tenté de
dire.
C'est à l'éducation qu'il se dépense le plus, par
tête de citoyen: plus de $600. C'est plus que dans les autres provinces,
qui pourtant ne sont pas réputées pour négliger le domaine
de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Elles sont peut-être en avance.
M. Morin (Sauvé): De plus, le gouvernement a
annoncé sa volonté, non seulement de présenter un livre
vert sur l'enseignement primaire et secondaire à la population, mais il
s'apprête à rendre public un livre blanc sur les problèmes
de l'enseignement collégial. Au moment même où je vous
parle, une commission créée par le gouvernement il y a quelques
mois est en tournée à travers le Québec, visitant les
universités du Québec et les diverses régions pour tenter
de définir de nouvelles politiques qui seront soumises au gouvernement
à l'égard de l'avenir de l'enseignement supérieur.
C'est dire que depuis qu'il est là, le gouvernement a mis en
place un vaste dispositif de révision, mais qu'auparavant il
désire avoir le temps de réfléchir et de penser avec la
population les redressements qui s'imposent ça et là, le
renouveau qui, certainement, devrait caractériser l'enseignement au
cours des années qui viennent.
L'éducation, et le premier ministre a eu l'occasion de le
rappeler dans chacun de ses discours inauguraux, l'éducation est l'une
des premières préoccupations du gouvernement. Ce n'est certes pas
la seule. Avec la situation économique que nous connaissons, avec les
lacunes que l'on trouve dans notre vie sociale, il y a certainement d'autres
priorités qui exigent énormément de réflexion, mais
aussi d'actions de la part du gouvernement.
Mais qu'on aille insinuer que l'éducation n'est pas l'une de ses
premières priorités, alors que le gouvernement sait très
bien qu'une bonne qualité d'éducation est un gage d'avenir, une
condition préalable à tout avenir, insinuer que nous nous
désintéressons de la chose, je pense que cela dépasse les
bornes.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce sont les remarques des universitaires
que je vous ai émises, M. le ministre. Ce ne sont pas les miennes.
M. Morin (Sauvé): Je viendrai en temps et lieu aux
universités. A l'heure actuelle...
Mme Lavoie-Roux: ... des associations et des
fédérations.
M. Morin (Sauvé): ... Elles ont l'occasion de faire valoir
leur point de vue devant la commission d'étude sur les
universités. J'ose espérer que les universitaires n'y manqueront
pas. D'ailleurs, je pense que les textes que vous me citiez étaient
extraits justement de présentations devant la CEU; probablement en tout
cas, d'après le contenu de ce que vous avez lu.
Si l'on devait s'en tenir à la seule évaluation du
coût du système, si l'on devait juger les priorités
gouvernementales simplement par les montants qu'il consacre à tel ou tel
aspect de la gestion gouvernementale, les montants eux-mêmes seraient
éloquents, car il ne faut pas seulement prendre une partie des chiffres.
L'évolution du coût du système en années scolaires
n'est pas seulement de 3,8%, qui est l'augmentation des crédits,
purement et simplement, ou encore de 3,4%, qui est l'augmentation des
subventions en années scolaires. Si l'on s'en tenait à cela, on
pourrait croire que c'est peu de chose, bien qu'on dût déjà
observer qu'il y a une augmentation. Mais, en plus de cela, il faut tenir
compte du fait qu'il y a eu une diminution de clientèle de 4,3% qu'on
doit additionner, ce qui fait que l'effort atteint 7,7%. Cela n'est pas la
même chose.
Et on conviendra que, dans une période de contraction
économique et financière, un effort de l'ordre de 7,7% n'est pas
négligeable et, en tout cas, ne peut être avancé comme
preuve que le gouvernement se désintéresse de
l'éducation.
M. le Président, je pourrais encore épiloguer longuement
sur la qualité des services dont on a dit qu'elle ne peut que diminuer.
S'il est une chose que j'ai pu constater depuis que je suis au
ministère, c'est que la qualité des services ne tient pas
seulement à l'argent qu'on y investit. Je ne dis pas toutefois que c'est
une dimension négligeable;
avec un budget comme celui de mon ministère, je
m'éloignerais du bon sens. Mais ce n'est pas la seule dimension. Ce qui
est important et j'en fais une de mes priorités personnelles dans
ce ministère ce qui constitue vraiment une condition de la
qualité de l'enseignement, c'est la motivation des enseignants, c'est la
participation des parents, c'est l'existence de rapports
maîtres-élèves de meilleure qualité, c'est la
présence d'enseignants qui ont la chance de se perfectionner et de
devenir meilleurs d'année en année.
Evidemment, il y a un coût à tout cela, mais au-delà
de l'aspect financier, il y a le sentiment de bien faire son métier. La
motivation que procure le sentiment qu'on travaille pour l'avenir et
peut-être, bientôt, pour un pays véritable, cela aussi entre
en ligne de compte, cela aussi motive. Je suis de ceux qui pensent qu'il est
possible de remotiver tous les agents de l'éducation et de ceux qui
pensent qu'on aurait beau augmenter les crédits à l'infini, comme
l'ont fait certains gouvernements qui nous ont précédés,
les résultats ne seraient pas plus brillants et même pourraient
aller de déconfiture en déconfiture, s'il n'y avait, au fond de
l'acte pédagogique une profonde motivation pour le travail que fait
l'enseignant.
Cela étant dit, je me permettrai de dire quelques mots au sujet
du rôle des commissions scolaires et du ministère dans les
négociations. C'est une question qui a été
soulevée, je crois, par Mme le député de L'Acadie
également. Je n'aurai pas le temps de commenter toutes les questions
qu'on m'a posées avant l'heure de la suspension de la séance, M.
le Président, mais je vais couvrir le plus de domaines possible et, avec
votre permission, j'y reviendrai à la reprise de la séance
à 20 heures.
On a dit que l'employeur, c'étaient les commissions scolaires,
que l'Etat tentait de s'y substituer et de devenir l'unique employeur. M. le
Président, rien n'est plus éloigné de nos
préoccupations actuelles. L'Etat, bien sûr, est le premier payeur,
même dans la situation que nous connaissons actuellement. Avant
même que ne soit transféré le moindre impôt, l'Etat
est le grand payeur. De cette façon, il est certainement partie au
contrat des enseignants. Mais, nous ne voulons pas je le dis aussi
clairement que c'est possible être le seul employeur, parce que
cela signifie une centralisation à outrance, cela signifie que le
ministre s'éloignerait des réalités et des besoins de
chaque milieu, et Dieu sait s'ils sont divers d'une région à
l'autre au Québec.
Récemment, nous avons eu l'occasion de procéder à
des conventions, à des consultations avec les commissions scolaires dans
le sillage du rapport Martin-Bouchard, précisément à
l'égard de ces questions. Je puis vous dire d'ores et déjà
que ce que nous avons proposé, qui pourrait fort bien être
accepté par les commissions scolaires, c'est de constituer une partie
patronale comprenant à la fois le gouvernement et les commissions
scolaires. C'est ce que nous avons proposé très fermement. Nous
sommes même allés à l'encontre du rapport Martin-Bouchard
qui, lui, disait: Un seul négociateur, le Conseil du trésor. Nous
avons voulu, au contraire, nous associer pleinement avec ces employeurs que
sont demeurées et que sont appelées à demeurer dans notre
esprit les commissions scolaires. J'irais même plus loin. Si les
commissions scolaires veulent bien se mettre d accord avec nous, les mandats
qui devront être élaborés avant la grande
négociation qui débutera au mois de janvier 1979, et dont
s'inquiétait à juste titre tout à I'heure le
député de Jacques-Cartier, ces mandats seraient discutés
au sein de l'équipe gouvernement-commissions scolaires. Nous allons,
dans toute la mesure du possible, tenter de nous mettre d'accord entre nous
pour présenter des propositions raisonnables, qui ne sont pas encore
élaborées complètement, aux employés
syndiqués du réseau de l'éducation.
Je vais prendre un exemple pour vous montrer comment les choses peuvent
se dérouler, un exemple qui, évidemment, anticipe sur les
conclusions du livre vert et sur les propositions que le gouvernement sera
prêt à déposer sur la table, qui anticipe également
sur les demandes syndicales dont on n'a eu jusqu'ici que les
prolégomènes. C'est l'exemple de la négociation avec la
PACT, les enseignants anglo-catholiques.
Nous avons entrepris une véritable révision de la
convention actuelle. A ce moment-ci je peux vous dire cela n'a pas
été annoncé publiquement, mais, enfin, je pense qu'on peut
en faire état que les parties ont paraphé
déjà la moitié des articles proposés. Evidemment,
elles ont paraphé les articles qui ne posent pas de problème,
comme tout début de négociation. Il y a tout de même
beaucoup de stipulations qui ne font pas problème. Nous sommes en ce
moment à discuter avec I'autre partie patronale, c'est-à-dire les
commissions scolaires et les "school boards" en vue de déterminer des
mandats. Par exemple, dans le cas de la Fédération des
commissions scolaires du Québec, nous sommes déjà à
compléter l'harmonisation des mandats patronaux qui seront
sollicités du Conseil du trésor par le ministère de
l'Education. Donc, nous sommes déjà en conversation.
Nous estimons être en mesure de poursuivre
régulièrement les négociations. D'ailleurs dans le cadre
de la PACT, lors des rencontres de consultations sur le cadre juridique, on a
manifesté une certaine satisfaction quant au déroulement actuel
des négociations. Donc, pour me résumer, les choses paraissent
bien amorcées et, d'ailleurs, je dois dire que je suis admirablement
secondé par le nouveau "ministre" adjoint aux relations de travail, M.
Raymond Parent, qui fait un travail, je tiens à le souligner... Ce n'est
pas souvent qu'on a l'occasion de le dire à l'égard de nos
fonctionnaires qui travaillent dans l'ombre. Nous sommes quelquefois
admirablement bien secondés.
Le nouveau sous-ministre adjoint.
M. Picotte: Vous avez dit le nouveau ministre.
M. Morin (Sauvé): Non, le sous-ministre adjoint.
M. Picotte: Vous aviez dit le nouveau ministre. On se posait des
questions.
M. Morin (Sauvé): Ministre adjoint? Non, je n'ai pas
encore de ministre adjoint, hélas!
Bien! Il est 6 heures. M. le Président, j'avais encore des
commentaires sur l'impôt foncier, les relations de travail, les surplus
de personnel, les milieux défavorisés, l'enseignement
professionnel et la révision des programmes, mais si vous voulez bien,
nous verrons cela tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: D'accord!
Le Président (M. Dussault): Effectivement, il est 18
heures. Nous suspendons les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h)
Reprise de la séance à 20 h 6
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, madame et
messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de cette commission; au moment
où nous avons ajourné, M. le ministre avait la parole et je la
lui remets.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, parmi les
nombreuses questions qui ont été évoquées par les
membres de la commission, je voudrais en relever encore quelques-unes. L'une
des plus importantes a trait à l'impôt foncier. Elle a
été soulevée par Mme le député de
L'Acadie.
J'ai toujours été soucieux de conserver aux commissions
scolaires une source de revenus autonomes, pensant que cette source de revenus
était indispensable à l'affirmation de leur autonomie, non
seulement de leur autonomie fiscale, mais de leur autonomie tout court.
Effectivement, dans les propositions que le gouvernement vient de rendre
publiques et de soumettre aux municipalités qui en débattront
lors d'une conférence sur la démocratie municipale qui doit avoir
lieu vers la mi-juin, il n'est pas question d'abolir entièrement
l'impôt foncier, mais cette partie qu'on appelle normalisée.
C'est-à-dire cette partie de l'impôt dont le taux d'augmentation
est, notamment, fixé par Québec et qui constitue, à toutes
fins pratiques, un impôt centralisé que perçoivent les
commissions scolaires, mais sur lesquelles elles n'ont pas de prise
puisqu'elles ne peuvent l'augmenter au-delà de certains
barèmes.
Si les municipalités acceptent cette proposition du gouvernement,
ce qu'on ne saurait tenir pour acquis, bien sûr, comment nous assurer que
nous pourrons décentraliser la gestion, les décisions en
matière d'éducation vers les commissions scolaires?
La première hypothèse du livre vert contient à cet
égard des suggestions, des propositions qui sont importantes. A mon
avis, il est possible de décentraliser la gestion du réseau
scolaire en dépit du fait que l'impôt foncier normalisé
serait transféré aux municipalités. En effet, les commis-
sions scolaires conserveraient la possibilité d'imposer un impôt
foncier pour toutes les dépenses non subventionnées, celles qu'on
appelle à l'heure actuelle les dépenses inadmissibles, expression
que je répudie personnellement puisque, si une dépense est
inadmissible, elle ne devrait pas se faire par définition; on veut dire
inadmissible aux subventions, bien entendu. Le ministre des Finances a
été très net dans les contacts qu'il a eus avec les
commissions scolaires depuis quelque temps et auxquels j'étais
présent. Il n'est pas question d'enlever aux commissions scolaires cette
marge de manoeuvre dont elles auront besoin pour aller chercher plus d'argent
si elles décident d'ajouter aux normes de base un certain nombre de
services qu'elles voudraient se payer.
En second lieu, je pense qu'il sera possible de décentraliser un
certain nombre de décisions notamment en faisant appel à ce que
nous appelons les quatre plans de gestion des commissions scolaires portant sur
les ressources humaines, les ressources financières, les
équipements, etc. Ces plans, qui sont mis à l'essai à
l'heure actuelle dans 45 commissions scolaires, je crois, permettent à
chaque commission scolaire de planifier son développement, de planifier
ses dépenses. Les plans sont discutés par la suite avec la
direction régionale déconcentrée et, une fois
approuvés, ils sont mis en oeuvre par la commission scolaire
elle-même, sans contrôle de chacun des actes qu'elle pose. Ce n'est
que par la suite, à la fin de l'année, au moment de la reddition
de comptes, que s'exerce un contrôle a posteriori des transactions, des
actes administratifs posés par la commission.
Nous voulons donc déconcentrer le ministère, nous voulons
également décentraliser les décisions dans plusieurs
domaines et je puis vous assurer, Mme le député, que le
sous-ministre adjoint n'a en aucune façon déclaré que la
décentralisation était remise en question ou abandonnée.
Il me l'a confirmé encore il y a un instant. La décentralisation
demeure donc à l'ordre du jour et, pour ma part, je puis vous laisser
savoir, si cela vous intéresse, que je souhaiterais qu'à
l'automne ait lieu une rencontre entre les commissions scolaires et le
gouvernement pour discuter justement de décentralisation et
d'impôt scolaire autonome.
Je m'entretiens de ces possibilités avec la
Fédération des commissions scolaires à l'heure actuelle et
je ne peux pas vous dire ce qu'il en résultera, parce que nous sommes au
stade des discussions. Mais c'est dans l'ordre des possibilités et, du
côté du gouvernement, il n'y a aucune espèce de
réticence à discuter de ces choses avec les commissions
scolaires. S'il fut jamais question de les supprimer, ce n'était qu'une
possibilité qui s'est trouvée dans le livre vert parce que nous
voulions, en toute franchise, faire savoir que nous en discutions au
gouvernement. On peut dire aujourd'hui que l'existence des commissions
scolaires n'est pas remise en cause. Elles continueront d'exister, elles ont
déjà 133 années d'existence et elles pourront sans doute
rendre encore de nombreux services. En tout cas, c'est la philosophie dont je
m'inspire personnellement. Je suis de ceux qui croient fermement à la
décentralisation.
Le député de Jacques-Cartier a soulevé la question
des relations de travail et, je pense, avec beaucoup d'à-propos. C'est
en effet une bien grande question et ce n'est pas parce que je ne l'ai pas
mentionnée dans mon exposé que je ne m'en soucie point. Au
contraire, à l'heure actuelle, dans la foulée du rapport
Martin-Bouchard, je suis appelé, avec mon collègue des Affaires
sociales et mon collègue du Travail, à en traiter
quotidiennement. Plusieurs séances du Conseil des ministres ont
d'ailleurs été consacrées exactement aux problèmes
qui intéressent le député.
M. le Président, je pense que le député a raison de
souligner la centralisation qui s'est fait jour depuis une dizaine
d'années. Il a admis lui-même que c'était pour des motifs
valables à l'époque, puisqu'il fallait égaliser les
conditions entre les régions, il fallait s'assurer que les villes qui
avaient une assiette foncière convenable ne puissent pas se donner des
services que la région voisine, qui se trouvait à n'avoir aucune
assiette fiscale, était obligée de refuser à ses enfants.
Mais cette centralisation et le rôle unificateur qu'ont joué et le
gouvernement et les centrales syndicales dans les grandes négociations
ont amené, il faut le reconnaître, des problèmes, ont
créé un climat pénible au moment des négociations
et à Dieu ne plaise que cela ne recommence. Nous avons même
été témoins le député le rappelait
de grèves prolongées qui n'ont certainement pas
contribué à améliorer la qualité de l'enseignement.
(20 h 15)
Si je n'en ai pas dit un mot tout à l'heure, ce n'est pas que je
ne sois pas sensible au problème. Je suis prête à corriger
la lacune de mes propos immédiatement, parce que la proposition du
gouvernement, sous forme d'un document de travail, a été rendue
publique la semaine dernière par le ministre du Travail et de la Mai
n-d'Oeuvre. Je pense que le député de Jacques-Cartier a dû
prendre connaissance de ce document qui fait état de la constitution de
la partie patronale, de la partie syndicale, et qui tente de mettre en place
les premiers jalons de ce que sera cette vaste négociation.
La proposition gouvernementale s'inscrit dans le sillage du rapport
Martin-Bouchard, mais elle ne suit pas à la lettre le rapport. Nous
avons été obligés de nous en éloigner sur plus d'un
point. Par exemple, je l'ai mentionné tout à l'heure en
réponse à une observation de Mme le député de
L'Acadie, cette proposition qui nous venait du rapport Martin-Bouchard de
n'avoir pour toute partie patronale que le Conseil du trésor. Nous nous
sommes éloignés de cette proposition parce qu'elle ne nous
paraissait pas réaliste.
La proposition gouvernementale, dans son ensemble, a été
discutée la semaine dernière avec les syndicats et avec les
fédérations d'employeurs. J'ai moi-même passé
l'équivalent d'une journée complète à l'encontrer
nos partenaires et nos vis-à-vis, pour discuter avec eux de toutes les
questions qui étaient contenues dans la politique gouvernementale.
Ce qui est résulté de ces rencontres n'a pas fait l'objet
de conclusions écrites de la part du gouvernement. Je pense que cela
devrait venir, soit cette semaine, soit la semaine prochaine, au Conseil des
ministres. C'est le ministre du Travail qui va nous faire les propositions
finales sur la procédure de la future négociation. Pour
l'instant, je ne puis donc en dire plus, sauf pour annoncer au
député de Jacques-Cartier qu'il y aura peut-être même
des projets de loi qui découleront de ces propositions
gouvernementales.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre me permettrait-il de lui poser une
question sur le sujet?
M. Morin (Sauvé): Oui, volontiers.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, avant le souper, vous
disiez que vous aviez l'intention de travailler avec les différentes
fédérations, dans le cas présent la
Fédération des commissions scolaires, et vous disiez: Si les
commissions scolaires veulent bien se mettre d'accord avec nous, nous pourrions
aller aussi loin que de permettre que les mandats les mandats
importants, j'imagine puissent être discutés entre le
gouvernement et les commissions scolaires.
C'est quand même un peu ambigu. Si les commissions veulent bien se
mettre d'accord, seriez-vous prêt à négocier avec elles?
Finalement, si elles disent non, les laisserez-vous de côté?
Est-ce que c'est un principe au départ que vous faites l'impossible pour
vous entendre, pour que les deux travaillent la main dans la main?
M. Morin (Sauvé): Exactement, je pense qu'on ne peut pas
dire les choses mieux que cela. Mes propos avaient pour but de souligner le
fait que si les commissions scolaires ne voulaient pas faire partie de la
partie patronale ou si elles refusaient de se considérer solidaires du
gouvernement dans une même partie patronale, il serait alors très
difficile de s'entendre. Mais dans la mesure où les commissions
scolaires et les "school boards " acceptent de travailler avec nous, il est
évident qu'il faudra que nous nous mettions d'accord sur les
mandats.
Bien sûr, en cas de désaccord, en particulier sur ce qu'on
pourrait appeler le monétaire lourd, c'est le gouvernement qui aura le
dernier mot, mais dans toute la mesure du possible, nous voulons que les
commissions scolaires prennent leurs responsabilités avec nous,
particulièrement pour tout ce qui touche les négociations locales
où cela me paraît particulièrement indiqué de pendre
leurs conseils.
Je ne sais plus quel député a abordé la question
des surplus de personnel, je pense que c'était Mme le
député de L'Acadie également. Selon elle, le
ministère aurait une façon désinvolte de présenter
les chiffres relatifs aux surplus de personnel. Je pense qu'il s'agit là
d'un excès de langage dont le député n'est pas coutumier.
Faut-il...
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le ministre, que quand on dit: II
n'y aura que 2737 personnes
en surplus, cela a l'air de dire: Ne vous énervez pas, c'est peu
de monde.
M. Morin (Sauvé): Ah!
Mme Lavoie-Roux: Je trouve que c'est assez sérieux.
M. Morin (Sauvé): Eh bien! effectivement, c'est beaucoup
de monde, mais laissez-moi vous expliquer les mécanismes...
Mme Lavoie-Roux: On les connaît tous.
M. Morin (Sauvé): ... de sécurité d'emploi
qui font que le problème n'est pas sans solution. Faut-il rappeler que
les enseignants mis en disponibilité ne perdent pas leur emploi?
Mme Lavoie-Roux: Je sais tout cela, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je suis heureux de vous l'entendre dire,
Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: J'ai d'ailleurs dit dans mon intervention, que
je savais que ce serait compensé. Je trouve que c'est une drôle de
façon d'essayer de rassurer les gens. Il reste que cela demeure un
problème aigu pour les gens qui sont mis en disponibilité...
M. Morin (Sauvé): Sûrement.
Mme Lavoie-Roux:... surtout quand on a huit ou neuf ans
d'expérience.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Je prie Mme le
député de prendre note du fait que je ne suis pas insensible
à ce problème, bien au contraire. Dans le cas des mises en
disponibilité, l'enseignant peut, néanmoins, accepter un poste
dans une autre commission, ce qui se produit fréquemment, ou encore
demeurer dans sa propre commission scolaire et être affecté
à des tâches hors normes pendant une année qu'on pourrait
appeler de répit. Dans les deux cas, cet enseignant conserve son plein
traitement et tous ses avantages sociaux, comme Mme le député,
qui a été présidente de commission scolaire, le sait fort
bien. Toutefois, l'enseignant permanent qui n'a pas été
réaffecté à une tâche régulière dans
sa propre commission scolaire ou qui ne s'est pas relocalisé dans une
autre commission scolaire est tenu, le 1er mai de l'année suivante, au
terme de son année de répit, comme je le disais il y a un
instant, d'accepter une offre d'engagement pour l'année suivante dans
une commission scolaire du Québec. Ce n'est qu'à ce moment qu'un
refus de sa part est considéré comme une démission.
Même alors, l'histoire n'est pas terminée. Pour réduire le
plus possible les mises en disponibilité, une commission scolaire peut
accorder comme mesure supplétive une année de préretraite
à un enseignant admissible, si cette préretraite évite la
mise en disponibilité.
Un enseignant mis en disponibilité peut encore refuser la
mobilité en échange d'une prime de séparation, pouvant
aller jusqu'à environ six mois de traitement.
La sécurité d'emploi, en dépit de ce que d'aucuns
ont pu affirmer récemment, existe. C'est une réalité dans
le monde de l'éducation. Ce n'est que par un abus de langage qu'on
pourrait dire que la sécurité d'emploi n'existe plus.
Je voudrais peut-être ajouter quelques chiffres dont je ne vous ai
pas fait part tout à l'heure au sujet de la situation en 1977. Si cela
vous intéresse, Mme le député...
Mme Lavoie-Roux: II n'en reste que 43, ou 15 même? Vous
l'avez donné dans votre...
M. Morin (Sauvé): Seize exactement, oui. Au 1er mai 1977,
1504 enseignants étaient déclarés en surplus. De ce
nombre, 642 enseignants permanents étaient en disponibilité et
862 non permanents n'étaient pas rengagés. Les différents
mécanismes prévus ont fonctionné et, au 15 avril 1978, il
restait 26 enseignants permanents encore disponibles. Je pense que ce chiffre a
encore diminué depuis lors. Cela signifie que parmi les 642 enseignants
permanents mis en disponibilité au 1er mai 1977, 616 ont
été résorbés, 121 demeurant dans leur commission
scolaire par suite de la mise en préretraite de leurs confrères
admissibles, 42 ont accepté une prime de séparation et 453 autres
ont retrouvé un emploi régulier. De ce nombre, 365,
c'est-à-dire 80%, ont été réaffectés dans
leur propre commission scolaire; 83, c'est-à-dire 17%, ont
été relocalisés dans une autre commission scolaire de la
région et 11 ont accepté une relocalisation dans une autre
région. Et enfin, j'ajouterai que les 26 enseignants permanents toujours
en disponibilité, et 16 actuellement, se sont tous vu offrir au moins un
poste qu'ils ont refusé.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le ministre. Vous dites 365 sont
retournés dans leur propre commission, 83 dans une autre commission, 11
en préretraite ou...
M. Morin (Sauvé): Non, 11 ont accepté une
relocalisation dans une autre région.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Cela donne un total de... Est-ce que vous
en avez perdu de vos quelque 600 du début qui sont simplement sortis de
l'enseignement? C'est ça qui m'intéresse.
M. Morin (Sauvé): II doit y en avoir quelques-uns. Si vous
voulez, je vais demander de l'aide pour vous donner les chiffres au
complet.
Mme Lavoie-Roux: Pour faire les additions. Cela donne 459, si on
considère les 365 dans leur commission, 83...
M. Morin (Sauvé): II y avait 642 permanents... Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... au départ... Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Là-dessus, nous disons que 616
ont été résorbés.
Mme Lavoie-Roux: Tous dans l'enseignement?
M. Morin (Sauvé): Tous dans l'enseignement. 121 sont
demeurés dans leur commission scolaire...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... parce qu'ils ont pris la place
d'enseignants qui étaient en préretraite...
Mme Lavoie-Roux: Oui, en préretraite.
M. Morin (Sauvé): ... ou qui avaient quitté, pour
diverses raisons. Nous avons toujours, comme vous le savez...
Mme Lavoie-Roux: Des démissions.
M. Morin (Sauvé):... un taux d'attrition important; 42 ont
accepté une prime de séparation; 453 ont retrouvé un
emploi régulier...
Mme Lavoie-Roux: Cela donne 616.
M. Morin (Sauvé): Cela donne bien 616, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Après ça, on a
repris trois... D'accord, merci.
M. Morin (Sauvé): J'ajouterai simplement ceci: Pour la
prochaine année scolaire, nous envisageons des mesures prévoyant
une meilleure utilisation des préretraites et des mises en
disponibilité pour tout le réseau. Autrement dit, nous allons
tenter d'améliorer encore le mécanisme de sécurité
d'emploi. Evidemment, là-dessus je ne serai pas bavard parce que cela va
faire l'enjeu d'une négociation. Sans doute la partie syndicale
aura-t-elle, elle aussi des propositions à nous faire sur le sujet.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez vous y appliquer en fonction de la
prochaine négociation avec les anglo-catholiques, si je comprends
bien.
M. Morin (Sauvé): En fonction de la prochaine
négociation, parce que la négociation avec les anglo-catholiques
vient un peu tôt par rapport aux politiques que nous sommes en train
d'élaborer, mais je ne crois pas que les anglo-catholiques soient
appelés à en souffrir outre mesure.
Il y a encore d'autres questions dont on a traité; elles sont
même assez nombreuses. Je prendrai maintenant, M. le Président, si
ce n'est pas abuser de la patience de la commission, le cas des milieux
défavorisés.
J'ai annoncé que nous aurons mis au point une politique d'ici
quelques mois, mais déjà des gestes ont été
posés qui montrent l'intérêt que le gouvernement porte aux
milieux défavorisés, non seulement dans le domaine de
l'éducation, mais dans le domaine social. Outre les $7 400 000
prévus aux crédits 1978/79, on peut considérer qu'il y a
d'autres montants qui ont une incidence favorable pour les milieux
défavorisés.
Je pense en particulier aux OVEP; Mme le député sait ce
que sont les organismes volontaires d'éducation populaire. Je pense
à l'animation communautaire qui se fait sous l'empire de ces programmes,
à l'alphabétisation, à l'éducation populaire, le
tout pour un montant de $2 500 000, ce qui signifie qu'en réalité
les montants que nous mettons au service des milieux défavorisés
sont beaucoup plus près des $10 millions que des $7 millions. Je ne sais
pas s'il est nécessaire d'insister là-dessus. On pourra y revenir
pour des questions plus précises, si vous voulez.
Mme Lavoie-Roux: On pourra y revenir au fur et à mesure
qu'on passera à travers les programmes. (20 h 30)
M. Morin: Oui, on pourra y revenir. J'ajouterai simplement
qu'actuellement, le ministère de l'Education intervient, par le biais
des commissions scolaires, auprès des milieux défavorisés
et à titre expérimental. Une fois que nous aurons
énoncé notre politique générale, il se peut que
nous annoncions des programmes généralisés à
l'intention des milieux défavorisés.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous prévoyez recevoir des
projets expérimentaux des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Nous en recevons déjà.
Comme vous le savez, c'est le Conseil scolaire de l'île de
Montréal qui...
Mme Lavoie-Roux: C'est une autre chose. Je parle du reste de la
province. Là, il ne faudrait pas trop se vanter du conseil scolaire de
l'île de Montréal qui finance à peu près totalement
son programme en milieu défavorisé à même la
surtaxe.
M. Morin (Sauvé): Une partie.
Mme Lavoie-Roux: A peu près 20% que vous subventionnez ou
25% en étant généreux; c'est 20%, le reste est
subventionné par la surtaxe du conseil.
M. Morin (Sauvé): Mais vous pensez bien que nous n'allons
pas décourager le conseil de faire un effort lui aussi.
Mme Lavoie-Roux: Là, je pensais à
l'extérieur de Montréal.
M. Morin (Sauvé): Voulez-vous poser la question maintenant
et qu'on vous fournisse...
Mme Lavoie-Roux: On peut attendre, d'accord. C'est parce que vous
en aviez parlé.
M. Morin (Sauvé): On pourra vous fournir une
réponse détaillée tout à l'heure, si vous le voulez
bien.
Il y a eu également des propos sur la révision des
programmes de la part du député de Rosemont. Celui-ci me
demandait comment nous a-vions procédé et notamment si les
maîtres avaient été consultés. Je suis heureux de
lui dire que 1300 enseignants et conseillers pédagogiques, à
raison d'un comité par programme, participent à la
révision et à l'élaboration des programmes d'enseignement.
Les associations professionnelles d'enseignants j'ai mentionné
récemment, je crois, le cas de l'Association québécoise
des professeurs de français pour ce qui est des programmes de
français, naturellement participent aux différents
comités de programmes. De plus, il y a eu une première grande
réunion de 2000 enseignants, conseillers pédagogiques, principaux
d'écoles et administrateurs scolaires il y a deux ou trois semaines je
crois, au début du mois de mai, à laquelle j'ai participé,
en vue de faire le point sur les travaux en cours, tant pour les programmes
d'enseignement qu'à l'égard des autres activités
pédagogiques, j'entends aussi bien les méthodes d'enseignement,
l'encadrement, les recherches, les examens, l'évaluation. Cette
réunion a eu lieu du 1er mai au 5 mai, à l'Université
Laval, et je crois que c'était une première, dans le domaine de
l'éducation. J'avais rarement vu tant de pédagogues ensemble.
C'était vraiment impressionnant. 2000 pédagogues, mon Dieu, cela
doit bien épuiser le réservoir que nous avons au Québec.
Non, sûrement pas.
Mme Lavoie-Roux: J'espère que non, il y a 70 000
enseignants.
M. Morin (Sauvé): Mais j'entends qu'il s'agissait
là de gens spécialement intéressés aux programmes.
Un pédagogue, Mme le député, c'est tout de même
quelque chose de très important et plût au ciel...
Mme Lavoie-Roux: ... fait de la pédagogie.
M. Morin (Sauvé): ... que tous les enseignants fussent
pédagogues. Cela dit, je ne veux pas me mettre à compter le
nombre d'enseignants par rapport au nombre de pédagogues. Ce serait un
exercice périlleux.
Mme Lavoie-Roux: Je croyais que nos centres de formation les
initiaient ou les formaient à la pédagogie.
M. Morin (Sauvé): Oui, et c'est pour cela que nous avons
des programmes de perfectionnement. M. le député de
Rosemont...
Mme Lavoie-Roux: C'est un débat périlleux, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): ... me posait également une
question sur les dépenses administratives aux niveaux primaire et
secondaire. Il a été frappé par la hausse des
dépenses des unités administratives responsables du secteur
primaire et secondaire, laquelle hausse atteint 10,4%. L'écart est
causé par une augmentation générale des traitements, aussi
par une augmentation de certains personnels et par des causes techniques sur
lesquelles je voudrais maintenant revenir un instant.
Il est illustré par les chiffres qui se trouvent à la page
A-49. Si vous voulez bien prendre votre cahier vert, à la page A-49,
vous verrez que le chiffre passe de $16 549 000 à $18 257 000, ce qui
fait une différence de $1 708 000. L'essentiel de l'explication se
trouve à la page A-61, vers laquelle je vous invite maintenant à
vous tourner. Si vous regardez le tableau qui s'y trouve, vous verrez qu'il
s'agit surtout d'ajustements mécaniques, plus $389 000, lesquels sont
des ajustements aux traitements résultant notamment de la
déconcentration, puisque, évidemment, il y a des mutations qui
sont entraînées par cette politique de déconcentration.
De même, le chiffre de $875 000 est constitué d'ajouts,
d'effectifs et de crédits dont 32 postes réguliers à la
direction générale des réseaux, à la suite de la
restructuration. Cet ajout, comme vous pouvez le constater, explique 48% de la
croissance du budget de la direction des réseaux. C'est donc là
que se trouve l'explication, M. le député de Rosemont, et si vous
voulez plus de détails, nous sommes en mesure de vous en donner encore
davantage. On me signale qu'aux programmes 1 et 2, l'ensemble des
dépenses ministérielles ne s'accroîtra, de fait, que de
0,4% en 1978/79 et ceci en dépit de l'indexation des salaires.
Donc, ce sont vraiment des raisons d'ordre mécanique qui
expliquent cette hausse apparemment considérable. M. le
député?
M. Paquette: Si vous me permettez une petite question
additionnelle, j'imagine qu'on compare des oranges avec des pommes.
L'année dernière, est-ce que la direction générale
des réseaux était créée ou si...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: ... mais elle n'était pas encore... M.
Morin (Sauvé): Elle se mettait en route. M. Paquette: ...
placée, oui.
M. Morin (Sauvé): Elle n'avait pas tout l'effectif dont
elle entend disposer. D'ailleurs, je pense qu'elle ne l'a pas encore tout. Il y
a encore des transferts à effectuer, bien sûr, puisque ça
va devenir la plaque tournante du ministère, j'entends la plaque
tournante entre le ministère et les réseaux. Il va donc falloir
lui donner l'effectif dont elle a besoin, et c'est lié aux directions
régionales, bien sûr.
Mais en fait, les montants n'augmentent pas de façon
désespérée, parce qu'il s'agit souvent de
transferts et que c'est un effectif tiré d'autres services du
ministère qu'on transfère dans la DGR ou même dans les
directions régionales. Je voudrais souligner en terminant que, pour ce
qui est de l'ensemble des dépenses ministérielles, dont j'ai dit
qu'elles ne s'accroîtront que de 0,4%, il s'agit de la croissance la plus
faible dans tout le champ de l'éducation pour l'année
financière 1978/79. J'espère que ça répond à
la question du député.
M. Paquette: Oui.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puis-je aborder
maintenant encore une ou deux questions importantes qui ont été
soulevées par les députés et notamment celle qui a trait
à l'enfance en difficulté d'apprentissage. Je crois que c'est Mme
le député de L'Acadie qui a soulevé cette question. Elle a
traité en particulier de deux aspects de cette question, tout d'abord de
l'augmentation de la population scolaire inadaptée, qui l'a beaucoup
frappée, et, en second lieu, de l'intégration des
élèves inadaptés aux classes régulières, au
système régulier.
Je pense qu'il convient de donner quelques explications pour ce qui est
de l'augmentation apparemment considérable des chiffres de l'enfance en
difficulté d'apprentissage. Si vous voulez bien prendre le tableau qui
se trouve à la page A-08, que vous avez peut-être vu ah
voilà, bien sûr vous constaterez qu'on y trouve la
compilation du nombre d'élèves qui doivent recevoir des services
spéciaux. Il faut bien souligner qu'il y a des services de
rééducation pour certains enfants, des services éducatifs
spécialisés pour d'autres, et enfin, des services qu'on appelle
d'enseignement correctif pour plus de 41 000 élèves. C'est
particulièrement ce dernier service qui s'est développé
depuis quelques années.
Et il faut bien comprendre de quoi il s'agit, autrement, on pourrait
croire que les chiffres sont en train de devenir incontrôlables. Les
politiques du ministère ont permis l'embauche de personnel
affecté à ce qu'on appelle l'enseignement correctif, qui est
destiné aux élèves normaux ou réguliers, mais
éprouvant des difficultés temporaires ou certaines faiblesses
qu'on tente de pallier.
L'examen attentif de l'évolution des clientèles nous
laisse voir que l'augmentation est d'abord causée par
l'intégration des élèves confiés traditionnellement
au ministère des Affaires sociales et surtout par la mise en place de
nouveaux services à ces élèves qualifiés
d'élèves ayant des troubles légers d'apprentissage.
Autrefois, ces élèves doublaient leur année scolaire ou
encore, quittaient l'école prématurément. Aujourd'hui, les
correctifs apportés par les différentes formules, dont le
dénombrement flottant, permettent de réchapper plusieurs de ces
élèves, je dirais même probablement la majorité. Le
nombre d'élèves identifiés a augmenté parce que le
texte de la dernière convention collective a permis de
généraliser ce service qui s'adresse à des
élèves choisis par les commissions scolaires, comme Mme le
député de L'Acadie le sait sans doute.
Pour ce qui est maintenant de l'intégration des
élèves sa seconde question je dirais qu'il n'y a
aucun doute quant aux intentions du ministère. Nous poursuivons, comme
dans tous les pays civilisés, une politique visant à
l'intégration sociale la plus complète possible des enfants en
difficulté d'apprentissage. Bien sûr, il y a des cas qui ne sont
pas intégrables, mais à ceux-là, il faut des institutions
spéciales ou il faut des moyens spéciaux pour s'en occuper. Mais
la politique, la règle générale est l'intégration,
l'intégration scolaire, qui devient notre moyen privilégié
nous permettant d'atteindre cet objectif.
Toute cette population dont je parlais tout à l'heure, soit le
groupe d'élèves ayant des troubles légers d'apprentissage,
est déjà intégrée aux classes
régulières et reçoit des cours d'appoint quelques heures
par semaine. De plus, nous poursuivons actuellement, avec les commissions
scolaires, de nombreuses expériences permettant l'intégration
d'élèves très handicapés physiquement, ou
même mentalement. J'ai moi-même été témoin,
lors de la visite de certaines écoles, de ce que cela pouvait donner.
J'ai été étonné de constater à quel point,
dans une école comme Sainte-Colette, à Montréal-Nord, les
enfants handicapés sont pris en charge par les autres enfants, si bien
que non seulement il y a intégration sociale et psychologique de
l'enfant handicapé, mais il y a éducation de tous les enfants de
l'école, ou, en tout cas, d'un bon nombre d'enfants, qui apprennent, qui
commencent à comprendre que la personne handicapée a des droits,
qu'elle est capable de faire un apprentissage scolaire et que ce n'est pas une
personne à repousser dans un ghetto.
Les enseignants m'ont fait valoir, lors de cette visite en particulier,
à quel point il serait essentiel qu'il y ait des élèves de
ce type distribués dans toutes les écoles. Je crois qu'on
pourrait penser qu'à la longue, cela pourrait avoir un effet
d'éducation sur les élèves qui ne souffrent pas de ces
troubles d'apprentissage.
Que dire encore là-dessus? Si vous avez besoin de statistiques,
nous pourrons vous en transmettre, Mme le député.
Enfants en difficulté d'apprentissage
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, par votre
intermédiaire, j'aimerais dire au ministre qu'on pourra peut-être
y revenir en temps et lieu. Est-ce que je dois conclure, d'après les
explications qu'il a données, que pour l'année 1977/78, le total
de 41 147 enfants souffrant de difficultés d'apprentissage
légères sont intégrés aux classes
régulières? (20 h 45)
M. Morin (Sauvé): Oui, la réponse, c'est
effectivement...
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas l'air sûr.
M. Morin (Sauvé): Je vais demander à Mlle Baron de
venir s'asseoir tout près de moi pour qu'on puisse vous donner une
réponse complète. J'ai l'impression qu'effectivement, les 41 000
l'é-
taient, mais peut-être y a-t-il des nuances à apporter
à cette affirmation.
Oui, en fait, il y en a 25 000, en 1977-1978, servis par le
dénombrement flottant, à comparer à 20 000 en 1976-1977,
et à environ 16 000 en 1975-1976. Cette technique permet vraiment une
intégration pour les difficultés légères
d'apprentissage. C'est ce qui est permis dans la définition de la
technique, mais il faut ajouter à cela, comme le disait M. le ministre,
d'autres expériences qui ne sont pas couvertes par cette statistique,
parce qu'elles font partie des ententes. Quand les enfants sont servis par
ententes, ces nombres sont complètement à part, on ne tient pas
compte s'ils sont servis dans l'établissement ou s'ils sont servis dans
l'école par dénombrement flottant.
C'est ainsi, pour donner un autre exemple, qu'à l'Institut des
sourds de Charlesbourg, les élèves handicapés sourds
intégrés à la polyvalente au niveau de la fin du
secondaire ne sont pas calculés dans le dénombrement flottant et
pourtant ils partagent les cours des élèves. Les 25 000 sont un
minimum, mais on ne peut pas dire que tous les élèves en
difficulté légère sont actuellement servis en
dénombrement flottant, parce qu'il reste encore des classes d'attente et
des classes de maturation, même si la dernière entente collective
n'en prévoyait pas ou pas de la même façon.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais, M. le ministre, si les
collègues le permettaient, qu'on vide cette question de l'enfance
inadaptée pendant que Mme Baron est ici.
M. Morin (Sauvé): J'en conviens très
volontiers.
Mme Lavoie-Roux: Elle est ici surtout pour cela. Si les autres
étaient d'accord... Somme toute, cela veut dire qu'il faudrait calculer
103 000 moins 25 000.
M. Morin (Sauvé): Non, les 103 000 couvrent tous les
enfants, ceux qui sont calculés en dénombrement flottant, ceux
qui sont calculés par les ententes avec les Affaires sociales, de sorte
que les 25 000, encore une fois, ne tiennent pas compte de ceux qui seraient
servis en dénombrement.
Mme Lavoie-Roux: 103 000.
M. Morin (Sauvé): C'est à l'intérieur des
103 000. En fait, il y a actuellement un peu plus de 8000 enfants servis par
entente. Il y a des enfants reçus dans les établissements et
c'est ce qui explique que des 10 000 enfants de plus en trois ans, il faut
exclure les quelque 8000 qui sont actuellement servis.
Mme Lavoie-Roux: Mais, dans votre dénombrement flottant de
25 000...
M. Morin (Sauvé): 25 000 plus un nombre que je ne peux pas
définir.
Mme Lavoie-Roux: II se peut qu'il s'y trouve aussi quelques-uns
des 8000 dont vous parlez?
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: En mettant à peu près 25 000, ou
25 000 à 30 000, si vous voulez, ce serait... Cela veut dire qu'il
resterait 70 000 enfin, en faisant un calcul rapide enfants qui
sont encore dans des classes extérieures aux classes
régulières.
Je sais que, dans ce pourcentage, il y en a probablement
là vous pourrez me corriger 1% qui n'est pas
intégrable.
M. Morin (Sauvé): Je serais porté à dire
qu'il y a plus de 1%, parce que vous avez les handicapés mentaux,
d'abord, les semi-éducables, qui sont difficilement intégrables
à l'heure actuelle. Ils sont près de 3000. Vous avez aussi des
handicapés physiques avec handicaps multiples, physiques et sensoriels,
qui sont difficilement intégrables. Vous avez aussi...
Mme Lavoie-Roux: Ils sont combien?
M. Morin (Sauvé): II faudrait que je retrouve les troubles
graves d'apprentissage qui nécessitent vraiment une
rééducation.
Mme Lavoie-Roux: Soustrayez 10 000, si vous voulez, je pense que
c'est le maximum. Cela veut dire qu'il vous reste au moins un objectif de 60
000 à intégrer dans les classes régulières.
M. Morin (Sauvé): Oui, cela est parfait. C'est vraiment ce
que nous visons.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous observez c'est la
question que je posais tout à l'heure à M. le ministre une
différence dans l'évolution des mentalités entre les
régions ou entre les attitudes des commissions scolaires ou des
enseignants ou enfin... disons les commissions scolaires pour le moment? Est-ce
que vous entendez faire porter vos mesures d'appui ou d'aide du
côté de ces régions? Y aurait-il moyen d'avoir un tableau
général des endroits en province où se retrouvent ces
enfants?
M. Morin (Sauvé): II y a deux questions. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je vais essayer d'y répondre
séparément. Est-ce que le ministère entend faire quelque
chose?
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Morin (Sauvé): Le ministre lui-même a
demandé de préparer une politique et des plans de
développement.
Mme Lavoie-Roux: Elle n'y est pas, la politique.
M. Morin (Sauvé): Elle est à se préparer.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon!
M. Morin (Sauvé): Enfin, les orientations sont
déjà faites. La politique est rédigée...
Mme Lavoie-Roux: Quand l'aurons-nous?
M. Morin (Sauvé): La réponse est au ministre. Je
répondrai à cette question tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Cette politique va viser une
intégration aussi complète que possible, qui suppose, comme vous
l'avez dit, une préparation du milieu. Tous les milieux ne sont pas
prêts au même niveau. Il y a encore des commissions scolaires qui
hésitent même à servir dans leurs écoles certains
enfants de l'établissement. Il y en a d'autres qui sont très
avancées et qui, au fond, pour leur propre clientèle, prennent
des mesures à la fois pour les mésadaptés sociaux
affectifs, même graves, et pour des handicapés physiques et
sensoriels. Elles prennent des mesures qui intègrent vraiment ces
enfants dans le milieu. La politique que je prépare à la demande
du ministre devra prévoir une prise en charge par les commissions
scolaires de leur propre milieu, selon la volonté du ministre. Ce n'est
pas le ministère qui va décider où, quand, comment et
pourquoi, pour chaque enfant, telle mesure va s'appliquer. Je pense qu'il y a
à déterminer des mesures générales et à
aider les commissions scolaires à s'orienter vers une prise en charge
selon des méthodes normalisantes. Les nombres que nous pourrions
actuellement vous donner, c'est la répartition de la clientèle
par région, et je crois, par commission scolaire; le nombre aussi
d'enfants servis par dénombrement flottant, mais encore une fois, cela
ne couvre pas tout. Nos statistiques, à l'heure actuelle, ne sont pas
tout à fait compatibles avec la nouvelle politique.
Mme Lavoie-Roux: Quelle mesure je n'aime pas toujours
utiliser le mot recyclage d'aide entendez-vous donner aux enseignants
réguliers, parce que le succès de ceci dépend grandement
de l'attitude, de l'acceptation des enseignants réguliers à
pouvoir recevoir les enfants dans leur classe? On sait fort bien que les
enseignants réguliers n'ont pas eu de formation; sans avoir de formation
spécialisée, et plusieurs dans leur formation n'ont pas
été sensibilisés à ces problèmes
d'intégration, parce que, de l'époque où il n'y avait
absolument rien, on est passé à l'époque où on les
a tous sortis, et là, on revient vers un équilibre où on
les intègre de nouveau. Il reste quand même que les enseignants
réguliers vont avoir énormément besoin de soutien et
d'aide pédagogique. Est-ce qu'il y a des mesures de prévues pour
les enseignants réguliers, parce qu'on sait que la population scolaire
diminuant, nos enseignants vieillissent, etc.?
M. Morin (Sauvé): Parmi les mesures qui ont
été soumises au ministre et qui vont faire l'objet de plus
d'étude, nous avons essayé de distinguer deux situations bien
différentes. S'il s'agit simplement de troubles légers
d'apprentissage, c'est-à-dire de correction finalement, d'aide au bon
moment vous savez de quoi je parle, c'est-à-dire ne pas attendre
qu'en enfant ait doublé et triplé, ne pas attendre qu'il soit
complètement perdu, mais lui apporter une aide immédiate
pour ces aides, la plupart des enseignants, avec l'aide d'un
orthopédagogue au niveau d'une école, d'une région,
pourraient, je pense, assez facilement prendre en charge ces enfants si on les
aide et si on applique les ratios prévus même dans la
dernière entente collective, qui prévoit quand même un
certain nombre de spécialistes à calculer d'après le
nombre d'enseignants à l'emploi dans l'école primaire. C'est au
primaire qu'il faut vraiment faire cette action.
Pour les enseignants qui auraient des préjugés, qui ne se
sentiraient pas capables, quoique je dois vous dire que j'ai rencontré
beaucoup de groupes d'enseignants depuis un an... J'ai été
invitée à bien des endroits, et je n'ai jamais trouvé, en
fait, de réaction négative. La seule condition qu'on posait,
c'était: Est-ce qu'on nous aidera? Est-ce qu'on aura les instruments
pour le faire? Est-ce qu'il y aura quelqu'un pour nous aider? Je pense qu'il
faut que la politique le prévoie.
Pour les troubles graves, il faut vraiment prévoir du
perfectionnement, parce que les programmes universitaires actuels nous
l'avons constaté ne préparent pas les enseignants à
faire face à tous les troubles graves d'apprentissage. Les
diplômes d'orthopédagogues permettent certainement de faire face
à des troubles ordinaires, mais il n'y a pas encore de
préparation explicite pour les enseignants qui prennent charge des
aveugles, qui prennent charge des sourds, même pour certains troubles
moteurs. Il n'y a qu'aux Etats-Unis ou dans certaines autres provinces qu'on
peut vraiment trouver des systèmes de formation. La politique que nous
sommes à préparer devra prévoir, avec les
universités et les commissions scolaires concernées, des
programmes de perfectionnement pour ce type de situation. Au point de
départ et pour l'ensemble du système, une sensibilisation devrait
surtout se faire principalement au niveau des cadres de la commission, du
service d'adaptation et des écoles. Je pense que les principaux
d'écoles ont un rôle à jouer dans la sensibilisation du
milieu et dans l'aide pédagogique à apporter, s'ils ne sont pas
que des administrateurs financiers.
Mme Lavoie-Roux: II y a deux questions qui, je pense, s
adresseraient davantage au ministre.
Vous savez ce qui était au livre vert et que je vais citer, pas
textuellement, mais de mémoire. L'esprit de la chose voulait qu'on
prévoie, pour les enfants ou les élèves qui
présentent des difficultés d'adaptation, de les sortir du
système scolaire. C'est dommage que je n'aie pas le livre vert, je vous
le lirais. Je vous l'apporterai demain. Enfin, de les sortir des classes...
M. Morin (Sauvé): Régulières.
Mme Lavoie-Roux: ... ce qui nous semblait... Et même
prévoyait l'internat pour eux. Ce n'était pas le mot
"internat"...
M. Morin (Sauvé): Non, je proteste. Ce n'était
certainement pas le mot...
Mme Lavoie-Roux: Internat? Bien, je vous l'apporterai demain, M.
le ministre. Ce n'est peut-être pas le mot "internat", mais...
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux: ... de la résidence ou d'autres
endroits.
Il y avait assurément cette tendance à les sortir de
l'école...
M. Morin (Sauvé): Ecoutez! Il faut préciser...
Mme Lavoie-Roux: Cela me semblait un petit peu en contradiction
avec... C'est bien dommage que je n'aie pas le livre vert. Je vais l'apporter
demain.
M. Morin (Sauvé):... qu'il s'agit de cas graves.
Mme Lavoie-Roux: On ne parlait pas de cas graves.
M. Morin (Sauvé): Je peux vous dire que c'était
l'esprit dans lequel c'était fait, parce qu'autrement nous serions
allés à l'encontre de la politique d'intégration...
Mme Lavoie-Roux: C'est l'interprétation que les gens ont
faite.
M. Morin (Sauvé): ... que le rapport COPEX nous proposait.
Ce n'était pas notre intention d'aller à l'encontre. Non, il ne
faut tout de même pas ajouter trop de crédit à ceux qui
auraient voulu lire, dans ce paragraphe du livre vert, une proposition
d'école de réforme. Ce n'est pas ça que nous avions
à l'esprit. Il s'agit de donner de meilleurs services à des
étudiants qui en ont besoin.
Mme Lavoie-Roux: L'impression que ça créait, M. le
ministre, c'est que les enfants qui dérangeaient dans les classes
ça pouvait être parce qu'ils avaient des troubles d'apprentissage
sérieux ou des troubles de comportement divers, mais pas
nécessairement des troubles graves pouvaient être sortis de
l'école. Il y a souvent cette plainte il faut bien se rendre
à l'évidence de la part des enseignants et des principaux
d'écoles: S'il n'y avait pas quelques élèves qui
dérangent ici et là, on n'aurait pas tous ces problèmes
dans les polyvalentes. Enfin, je suis sûre que Mme Baron a entendu
ça souvent. Je ne voulais pas qu'on succombe à cette tentation
que certains expriment de vouloir sortir des enfants, parce que, justement, ils
ne peuvent pas tous être des enfants sages.
M. Morin (Sauvé): On m'a même suggéré,
dans certaines écoles, de les envoyer à l'école
privée.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Peut-être devrais-je demander
à Mlle Baron si elle a des commentaires à ajouter à ce que
j'ai dit il y a un instant.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): La politique prévoit, comme le
rapport COPEX d'ailleurs, une série de mesures allant de l'aide aux
professeurs réguliers dans sa classe jusqu'à l'école
à domicile pour certains cas tout à fait exceptionnels. Je pense,
par exemple, à des cas de convalescence prolongée allant
jusqu'à l'école spéciale et l'internat; j'irais
jusque-là, moi, dans certains cas. Lorsqu'on parle des enfants
délinquants, qui sont en centres d'accueil, vraiment placés par
la cour à cause de délinquance, ces enfants ne peuvent pas
être scolarisés dans l'école. L'ordre du juge, c'est qu'ils
ne doivent pas sortir. Mais ça ne veut pas dire que le système
scolaire ne les prend pas en charge. Il les prendra en charge par entente,
comme on le fait actuellement, par exemple, à Berthelet. Il n'est pas
exclu, non plus dans la politique, et l'application dépendra du niveau
d'évolution du milieu, que pour certains types d'enfants, il soit
nécessaire, pour leur propre bien, de les scolariser dans une
école spéciale. (21 heures)
Par exemple, si, dans un milieu, on n'accepte pas du tout l'enfant
handicapé mental moyen, le mongolien, par exemple, il ne serait pas
approprié d'en faire un souffre-douleur dans une école
régulière. Je pense qu'à ce moment il faut faire
évoluer le milieu, mais il y a des milieux qui déjà sont
prêts à intégrer ces enfants dans des classes
spéciales, mais dans l'école régulière. D'autres ne
le sont pas et je peux parler en connaissance de cause parce que j'ai eu
à discuter avec des commissions scolaires à ce propos. Il y a
donc un long chemin à parcourir. En fait, il ne devrait y avoir, hors du
système scolaire public, personne; c'est ce que la politique
prévoit; Que personne ne soit obligé d'aller en dehors. Je pense
qu'il faut conserver, au moins comme une étape intermédiaire
et c'est ce que la politique va proposer des moyens de vie
appropriés à certains milieux, c'est-à-dire la classe
spéciale, là où l'évolution ne sera pas faite, et
même l'école spéciale et certainement les
établissements du ministère des Affaires sociales qu'on ne
supprime pas par la politique du ministère de l'Education.
Mme Lavoie-Roux: Deux petites questions qui, je pense, peuvent
être adressées au ministre. Le fait qu'on continue de les calculer
je pense aux enfants qui sont maintenant dans des classes
régulières, mais qui bénéficient du
dénombrement flottant ici, est-ce que c'est la convention qui
vous y oblige ou, si ce n'est pas le cas, je vous demanderais pourquoi vous ne
les sortez pas de vos 103 000?
M. Morin (Sauvé): C'est exactement le désir du
ministère et du ministre, mais je pense qu'il ne faut pas aller plus
loin que les conventions...
Mme Lavoie-Roux: C'est à cause de la convention qu'ils
sont encore là.
M. Morin (Sauvé): ... Les commissions ont appliqué,
dans certains cas, les 10% qui n'obligeaient pas à identifier?
lorsqu'elles ne l'ont pas fait, elles ont dû identifier et dans les
statistiques du 30 septembre, ces enfants sont inclus, mais je pense et
M. le ministre partage sûrement votre point de vue qu'il serait
tout à fait normal de ne plus considérer comme inadaptés
des enfants qui n'ont que des difficultés légères
d'apprentissage pour lesquelles il ne s'agit tout simplement que de mesures
pédagogiques correctives parce que c'est un trouble purement
pédagogique que celui-là.
Mme Lavoie-Roux: Surtout que les enfants sont si souvent
catalogués par les autres rapidement...
La dernière question s'adresse au ministre; il y avait un article
de Mme Gagnon, dans la Presse, il y a une dizaine de jours, touchant les
intentions de la CEQ à l'égard de la prochaine
négociation. Le titre était à peu près ceci: "La
CEQ veut bien être pour les travailleurs, mais elle veut d'abord se
protéger", et elle faisait allusion au fait que...
M. Paquette: "Clauses dans la convention collective".
Mme Lavoie-Roux: C'était le titre... Elle signalait le
fait que la CEQ je ne voudrais pas mal interpréter
s'opposait, jusqu'à un certain point, à l'intégration des
enfants aux classes régulières. Est-ce qu'il y a un fondement
à cela ou est-ce inexact?
M. Morin (Sauvé): II faut sans doute tenir compte du fait
que beaucoup d'enseignants sont prêts à pratiquer
l'intégration, à condition qu'on leur donne des moyens et ils ne
veulent pas se retrouver surtout quand ils se sentent non
qualifiés pour faire face à des situations difficiles avec
plusieurs enfants en difficulté d'apprentissage dans leur classe. Je
pense que c'est là, d'abord et avant tout, leur souci et c'est à
cela qu'il faudra répondre dans la mesure où nous voudrons mettre
sur pied une politique véritable d'intégration.
Mme le député me permet-elle de revenir au livre vert?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Je pense qu'elle chercherait en vain
l'idée d'internat là-dedans...
Mme Lavoie-Roux: Je vais en chercher un.
M. Morin (Sauvé): Je vais vous passer mon exemplaire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, passez-le moi, je vais vous le
retrouver.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais souligner aussi que nous
énoncions cette proposition sous forme de question. "Cette question doit
être posée " je lis le paragraphe 4-79 du livre vert
"elle n'appelle sans doute point une réponse simple, faut-il la chercher
du côté d'institutions spécialisées dans les
troubles de comportement?"
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est très large.
M. Morin (Sauvé): C'est très large, mais dans notre
esprit, évidemment, il s'agissait d'enfants qui ont besoin d'être
envoyés dans des institutions, mais ce n'est sûrement pas la
majorité des enfants.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je pense que, dans un contexte
où on parle d'intégration vous l'avez lu, vous parlez
d'institutions, j'ai dit: Internats à 4-77. Quel numéro
est-ce?
M. Morin (Sauvé): 4-79.
Mme Lavoie-Roux: Du côté de l'institution
spécialisée dans les troubles du comportement... Vous savez, ce
sont presque tous des enfants qui ont des troubles de comportement; alors,
à ce moment-là, cela laissait la porte ouverte. D ailleurs, c'est
comme cela que les gens l'ont interprété, surtout que c'est la
seule allusion qu'on faisait dans tout le livre vert à l'enfance
inadaptée. C'était fort malheureux.
M. Morin (Sauvé): C'est une question qui a donné
lieu à diverses interprétations, mais je pense que les choses
sont maintenant plus claires pour Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Cela va les rendre plus claires pour le public
aussi. C'est plus important encore.
M. Morin (Sauvé): Oui, et j'ai même l'intention pour
que la confusion cesse et, pour qu'on ne puisse pas me faire le reproche de
n'en point parler dans le plan d'action que je vais annoncer à
l'automne, je songe sérieusement à annoncer et le plan d'action
du livre vert et le plan d'action découlant du rapport COPEX en un seul
et même document.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait faire amende honorable. Ce serait
bien.
M. Morin (Sauvé): Mme le député de L'Acadie
est libre de l'interpréter comme elle voudra.
Mme Lavoie-Roux: Merci, je n'ai pas d autre question.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. le ministre
avait terminé ses remarques générales en
réponse...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'en avais
peut-être quelques autres, mais je pense qu'il vaut mieux laisser venir
les questions; le débat était engagé. Je ne voudrais pas
nuire aux questions.
Mme Lavoie-Roux: Mme Baron n'a pas fini.
M. Paquette: Je m'excuse, c'est parce que j'avais encore une ou
deux questions sur l'enfance inadaptée.
M. Morin (Sauvé): Un instant.
M. Paquette: C'est parce qu'on avait convenu de vider le sujet
maintenant. Ce qui m'intéresse là-dedans, ce sont les
mécanismes de dépistage des troubles de l'apprentissage et
également, puisque le rapport COPEX propose différentes
orientations une fois les troubles dépistés, soit des
institutions spécialisées dans certains cas ou
l'intégration dans d'autres, que j'espère dans la majorité
des cas, comment se fera cette orientation des étudiants vers l'une ou
l'autre solution et quelle sera la participation des parents dans ce choix?
M. Morin (Sauvé): Sur la question du dépistage, je
voudrais tout de suite dire que et le rapport COPEX et le comité qui se
préoccupe de la politique et qui la prépare sont quand même
aussi très attentifs à ne pas créer de nouveaux
dépis-teurs qui ne feront qu'augmenter le nombre des enfants
catégorisés, sans apporter de solution.
M. Paquette: ... ou un parent.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est cela. Alors, je pense que ce
qui est important c'est vraiment de fournir à chaque commission scolaire
l'aide dont elle a besoin pour apporter les services nécessaires. Le
dépistage, pour une partie, devrait être fait avant l'âge
scolaire. Je pense, par exemple, aux handicapés physiques et sensoriels.
En liaison avec les plans de développement du ministère des
Affaires sociales, il faut prévoir un dépistage à la
naissance ou dans la période pré-scolaire et à tout le
moins à l'entrée de la maternelle, ce qui signifie des services
sociaux, des services de santé très bien harmonisés avec
les services d'éducation, et cela fait partie de cette politique.
D'ailleurs, à la demande du ministre de l'Education, des
représentants du ministère des Affaires sociales travaillent avec
nous sur ce même comité des politiques.
Cela signifie, au niveau de la commission, donc, des ressources pour
l'évaluation des enfants, mais des ressources surtout pour des services
adaptés. Pour le dépistage fait par le biais du ministère
des Affaires sociales, il est déjà prévu que les parents
sont dans le coup et ne peuvent pas ne pas être dans le coup. Dans le
rapport COPEX, on a aussi bien insisté sur la nécessité
pour les parents, non pas de se voir proposer, sous une forme plus ou moins
claire, des mesures qu'ils ne comprennent pas, mais de faire participer les
parents à l'évaluation, de tenir compte d'ailleurs du milieu
familial et de trouver avec les parents la meilleure solution de sorte que je
pense que pour la mésadaptation socio-affective, il est impossible de
travailler sans les parents. Pour les troubles d'apprentissage légers,
c'est vraiment autre chose, il faut que la famille soit
intéressée. Souvent, c'est surtout dans les méthodes
pédagogiques qu'il faut intervenir: plus d'individualisation, plus
d'attention à l'enfant et de temps en temps, une aide
supplémentaire même en dehors du temps de classe. Il faut
peut-être aussi, c'est l'autre aspect qui est actuellement à
l'étude, revoir notre perception du dénombrement flottant qui,
actuellement, ne se fait qu'à l'heure de la classe, de sorte que
l'enfant est toujours privé d'une partie de sa classe pour avoir un
service approprié pour l'aider à reprendre le fil.
Il y a peut-être lieu de prévoir d'autres types de mesures
pour ces enfants. En général, je pourrais dire que ce qu'il faut
prévoir, si on veut tenir compte du fait que ce sont les commissions
scolaires qui ont la responsabilité d'appliquer les mesures, c'est
d'instrumenter les commissions scolaires, d'instrumenter les directions
régionales du ministère pour aider les commissions, et
d'instrumenter les enseignants. On ne peut pas penser qu'on va diminuer
globalement le nombre d'enseignants affectés à ces enfants. On ne
récupérera pas des enseignants à ne rien faire, parce
qu'on va, par exemple, cesser d'identifier des troubles légers
d'apprentissage. Il faut tout simplement prévoir qu'une partie des
enseignants sont là pour aider les autres à mieux travailler et
pour aider les élèves à mieux profiter des cours.
M. Paquette: II y a des cas de dépistage qui prêtent
moins à controverse en ce qui concerne les déficiences physiques.
Quand on arrive à des difficultés d'apprentissage dans les
déficiences intellectuelles, c'est toujours extrêmement
délicat...
M. Morin (Sauvé): ...
M. Paquette: C'est beaucoup moins sûr et ça
m'amène à cette question. Avant d'orienter un jeune pour la vie
dans une direction ou dans l'autre, est-ce qu'il y a une seule personne qui
fait l'évaluation ou s'il y a des mécanismes de
révision?
M. Morin (Sauvé): Je suis très heureux de vous
entendre dire cela, parce que c'est aussi une des préoccupations de ne
pas laisser à une seule personne ou à un seul administrateur
scolaire le soin de décider du sort d'un enfant. Il faut prévoir
des comités, il faut prévoir des mécanismes qui
intègrent les parents et il faut prévoir aussi un droit d'appel
des parents. Il faut que quelqu'un...
M. Paquette: Je suis parfaitement d'accord avec vous.
M. Morin (Sauvé): ... quelque part puisse confirmer un
diagnostic.
M. Paquette: Cela me rassure, je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me permettez,
une toute dernière question. Assez récemment, l'Association des
parents pour les enfants déficients a présenté au premier
ministre un mémoire dans lequel ceux-ci faisaient état du fait
que... je ne l'ai pas lu en détail, c'est simplement ce que j'ai lu dans
le journal, mais ça m'a frappé, parce que c'est un domaine qui
m'intéresse particulièrement, enfin que certaines écoles
ne semblaient pas très sensibles à ce problème
d'intégration et demandaient justement que des actions soient prises.
Est-ce que vous pourriez commenter cela, est-ce que vous avez vu le
mémoire?
M. Morin (Sauvé): Oui, le mémoire posait deux
jugements assez graves, le premier portait sur la qualité des services
dans certaines commissions scolaires en disant que les parents devaient parfois
se contenter d'être heureux que l'enfant soit reçu dans
l'école tout en sachant qu'il n'y faisait pas grand-chose, ce qui m'a
semblé très dur.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est fort probablement vrai.
M. Morin (Sauvé): Cela peut arriver, parce que ce sont des
services qui se développent. Il faudra y voir, je pense; il y a une
évaluation qui est la responsabilité du ministère quant
à la qualité des services. Je pense que le ministère,
même dans une décentralisation, ne peut pas éviter de le
faire, si on veut bien servir ce type d'enfant.
Son deuxième jugement, c'était justement qu'on ne les
recevait pas toujours très bien, on ne les intégrait pas et on
les mettait à part, même si on les servait bien. C'est un fait
que, même pour la déficience légère, à
l'heure actuelle, la tendance a été, à Montréal
comme ailleurs, vous le savez bien, de sortir ces enfants du milieu
régulier et, au fond, de faire de l'occupationnel, c'est-à-dire
de ne pas développer pleinement toutes leurs ressources et tout leur
potentiel.
Il y a deux courants de pensée: il y a un courant selon lequel,
pour l'enfant déficient mental, il faut le rendre heureux et un autre
selon lequel il faut développer au maximum. A mon point de vue, les deux
ne sont pas incompatibles. Je pense qu'au niveau de la politique à
préparer, il faudrait être très attentif aux faux
débiles, parce qu'il en existe. La mission a permis d'en identifier dans
certains centres d'accueil. Lorsqu'on les a confiés aux commissions
scolaires, je pense à un centre particulier, la commission scolaire a
découvert que certains de ces enfants supposés débiles
moyens très graves, au fond, étaient des débiles
légers, très légers qui pouvaient facilement
s'intégrer. (21 h 15)
II y a donc un danger de catégoriser, dès le début
de la scolarité et, ensuite, de ne rien attendre de ces enfants, donc
aussi, de ne rien leur donner. C'est un des éléments importants,
parce que, finalement, il est peut-être plus difficile d'identifier
très clairement le potentiel d'un enfant qui souffre de
déficience mentale. Nos instruments de mesure ne sont pas
extraordinaires. Il faut miser davantage sur le plus que sur le moins. Les
programmes actuels pour les déficients mentaux datent déjà
d'un bon bout de temps au niveau du ministère. Je ne parle pas de ceux
que nous n'avons pas encore, mais pour la déficience mentale, cela date
d'assez loin. Ils sont à refaire et à préciser. Cela fait
partie précisément des plans dont parlait M. le ministre tout
à l'heure. Les plans s'adresseront aux grandes catégories de
clientèle et devront être spécifiques pour chacun de ces
types d'enfants.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais demander si
vous avez des moyens d'évaluation de la qualité des services qui
sont donnés aux différents groupes d'enfants. Je ne parle pas des
enfants classés en apprentissage léger, mais
particulièrement dans le cas de la déficience mentale.
Il ne faut quand même pas oublier que ce sont des services qui,
dans certaines régions du Québec ont été
développés plutôt récemment. Est-ce que vraiment
toute la province est servie d'une façon adéquate? Je comprends
qu'il y aura toujours des cas qui vont nous échapper, mais il ne
faudrait quand même pas qu'il reste des lacunes graves dans aucune
région de la province.
M. Morin (Sauvé): Non, je pense qu'avec l'action
concertée des deux ministères, particulièrement en
déficience mentale cela va être vrai aussi pour les autres
catégories, mais pour la déficience mentale, c'est
particulièrement vrai il faudra que le ministère se donne
des instruments. A l'heure actuelle, nos instruments ont consisté
beaucoup plus je sais que le ministre aime les choses claires et
franches, alors je le dis clairement et franchement à faire
identifier, selon des évaluations certifiées par des personnes
qualifiées le fait qu'il y avait des enfants et cela a été
de fournir des ressources humaines en pensant que les universités les
formaient et de donner des programmes de base, mais assez peu articulés
et sans beaucoup d'évaluation.
Je pense que ce besoin d'une politique officielle est aussi un besoin de
bien identifier les actions propres au ministère et les actions propres
aux commissions scolaires. Il y a des commissions scolaires qui font des choses
merveilleuses, qui ne sont pas connues par les autres. Il y a malheureusement
une absence de diffusion des expériences heureuses. Cela devrait
être aussi une partie de la politique.
De plus, je dois dire que la mission interministérielle se pose
le même problème de qualité, puisque son objectif est la
scolarisation optimale. Il y a actuellement trois projets pilotes qui visent
à identifier, dans trois milieux différents, comme point de
départ, les services qui sont donnés, par
qui ils sont donnés, quelle est exactement la fonction des
intervenants et quelle est la préparation requise.
A partir de ces expériences pilotes, nous espérons pouvoir
fournir au ministère je parle presque au nom de la mission
des éléments d'évaluation qui servent à
l'intérieur de la politique. Le ministère finance aussi des
projets d'expérimentation dans des commissions scolaires et quelques-uns
de ces projets j'en ai vérifié la liste
dernièrement pourraient se prêter à une
évaluation. Il est difficile pour le ministère de contrôler
ce qui se fait dans chaque classe et dans chaque commission scolaire.
Même une commission scolaire ne peut pas le faire.
Mme Lavoie-Roux: II faut des outils.
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Je pense que c'est ce que la
politique doit prévoir, donner aux commissions les outils pour
évaluer et pour améliorer le service qu'elles donnent.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, est-ce que vous croyez
présentement que les commissions scolaires ont à leur disposition
les instruments suffisants, non pas pour faire le travail d'identification dont
on vient de parler, mais pour faire ce que j'appellerais, dans le fond, la
relance des enfants qui sont placés dans des classes spéciales?
C'était un problème, même là où j'ai
travaillé, compte tenu du nombre d'enfants, pour faire une
réévaluation au moins annuelle. Je dois l'avouer, cela ne se
faisait pas. Je pense qu'un bon plan d'intégration suppose qu'on ait ces
instruments de relance régulière des enfants qui sont
placés dans des conditions particulières d'apprentissage.
M. Morin (Sauvé): Surtout ceux qui sont en classes
spéciales.
A ma connaissance, les commissions scolaires sont
sous-équipées et c'est une partie du problème. Il va
s'agir de savoir si nous pouvons trouver les moyens, le personnel, la formation
et tout ce que cela suppose. Ce sera une politique à échelonner
sur quelques années.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement, en terminant, dire au
ministre que, quand je parle de qualité d'enseignement et qu'il y a
risque, en n'indexant pas suscessivement pendant plusieurs années les
normes, je ne parle pas de changer des ratios qui vont chercher des millions de
dollars ou des choses comme cela. C'est qu'à un moment donné, ce
qui est pénalisé, ce sont des services de soutien comme
ceux-là; il y a des professionnels non enseignants qui sont mis à
pied ou en disponibilité, cette année, à cause des
compressions budgétaires. Quand je parle de qualité
d'enseignement, c'est de cela que je parle. Elles sont déjà
sous-équipées et on risque de les démunir davantage. C'est
dans ce sens que je parle de qualité d'enseignement.
M. Morin (Sauvé): II est bien évident que, lorsque
nous tirerons des conclusions, sous forme de politiques, il faudra
évaluer le coût de tout cela et que le gouvernement aura des choix
à faire, bien sûr.
M. Le Moignan: Mademoiselle, quand on regarde vos chiffres de la
page 08, sur les populations scolaires en difficulté d'apprentissage,
cela couvre toute la province?
M. Morin (Sauvé): Tout le secteur public.
M. Le Moignan: Tout le secteur public du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Merci bien!
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, je vous pose
à nouveau la question. Est-ce que vous aviez terminé vos
remarques?
M. Morin (Sauvé): Je préférerais laisser
venir d'autres questions de mes collègues de la commission plutôt
que de me permettre des commentaires supplémentaires, M. le
Président. Le temps avance et je pense qu'il serait utile que nous
entrions dans le vif du sujet.
Pouvoirs des commissions scolaires
M. Saint-Germain: S'il y avait possibilité, j'aimerais
mieux parler, m'étendre un peu sur la politique de
décentralisation du ministère. Je dois dire, M. le
Président, que j'ai apprécié le fait que le gouvernement
et le ministère ne voulaient pas enlever aux commissions scolaires tout
pouvoir de taxation. Si je comprends bien je crois que ce chiffre est
bon la taxe sur la propriété prélevée par
les commissions scolaires est actuellement de $590 000 000. Est-ce que c'est
juste pour ce qui regarde...
M. Morin (Sauvé): $585 000 000.
M. Saint-Germain:... la taxe normalisée? Quel est le
montant perçu maintenant pour payer les dépenses inadmissibles,
comme on le dit communément, au niveau des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): Vous avez le tout à la page A-39,
M. le député. Si vous voulez bien vous y reporter, vous allez
voir que les dépenses inadmissibles sont estimées, puisqu'il
s'agit d'une estimation, à $60 millions pour 1978/79.
M. Saint-Germain: II arrive, en fait, que cette taxe
normalisée, si, traditionnellement, on l'appelle taxe scolaire,
maintenant qu'elle est contrôlée par le gouvernement provincial,
est une taxe provinciale, à vrai dire?
M. Morin (Sauvé): A toutes fins pratiques, nous pensons
que vous avez raison.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'opinion du ministre des Finances.
M. Morin (Sauvé): C'est aussi l'opinion du ministre des
Finances, mais je lui communiquerai l'accord de vues que vous venez de
signifier.
M. Saint-Germain: Entendu.
M. Morin (Sauvé): Je suis sûr que, venant d'un
ancien administrateur scolaire comme vous, cela aura un certain poids.
M. Saint-Germain: Le surplus de taxes est de $60 millions. On
s'aperçoit vite que le pouvoir de taxation des commissions scolaires
actuellement est extrêmement limité.
Personnellement, je vois notre système scolaire un peu comme
ceci: A la base, nous avons des milliers de commissaires qui
représentent directement le milieu. Dans le Québec, c'est une
très vieille tradition.
M. Morin (Sauvé): 133 ans d'existence.
M. Saint-Germain: Voilà. Cela m'a plu d'entendre le
ministre dire aussi que, pour ce qui est de l'autorité du Conseil du
trésor dans les prochaines négociations, on a bien voulu lui
retirer une certaine autorité en ce qui regarde l'éducation.
M. Morin (Sauvé): Oui, sauf que le Conseil du
trésor, naturellement, reste dans le tableau...
M. Saint-Germain: J'en suis.
M. Morin (Sauvé): ... pour coordonner les mandats, aussi
pour s'occuper de l'aspect financier lourd.
M. Saint-Germain: J'en suis. En fait, je crois qu'on ne peut pas
parler de décentralisation scolaire sans augmenter
énormément les pouvoirs des commissions scolaires et les
responsabilités des commissions scolaires. Il est évident que
seul le ministre élu a autorité pratiquement sur 100 000
personnes, peut-on dire, qui oeuvrent dans le domaine scolaire directement ou
indirectement ou qui gagnent leur vie à oeuvrer, si vous voulez, dans le
domaine scolaire. Il y a à la tête de tout ceci un seul homme
d'élu. C'est bien beau de dire à la population que le
système scolaire actuellement est sous l'autorité du gouvernement
et des hommes élus. C'est vrai. En fait, c'est vrai légalement.
En pratique, je crois que c'est un peu différent. Notre système
est très complexe. Ce n'est pas une petite tâche que d'être
responsable de l'éducation à titre de ministre au Québec.
Avant d'en connaître le rouage et avant de suivre quotidiennement le
déroulement, si vous voulez, de l'administration scolaire au
Québec, c'est déjà quelque chose. Avant, malheureusement,
que la décision du ministre se fasse ressentir au niveau de
l'élève qui est assis sur le banc de l'école, ah! ah!, en
passant par tous les paliers de l'administration, bien souvent, avant que cette
décision se ressente au niveau de l'élève, le ministre a
terminé sa carrière, parce que nos ministres...
M. Morin (Sauvé): Je vais dire comme vous, M. le
député, ah! ah!
M. Saint-Germain: Voilà. J'ai l'impression que, lorsqu'on
enlève aux commissaires élus les responsabilités, en fait,
on les remet aux fonctionnaires, bien que, légalement, on dise toujours
qu'on les remet au ministre; mais on les remet aux fonctionnaires. Aujourd'hui,
il est de mode de se servir des termes "déconcentrer" et
"déconcentration". Vous savez, en éducation, on en a entendu des
termes à la mode, comme cela, qui pourraient dire bien des choses, mais
qui, bien souvent, ne veulent rien dire. Vous savez, la déconcentration,
c'est un beau grand mot. Cela ne nous donnera probablement, au niveau des
régions, quelques fonctionnaires qui seront, assurément,
responsables à Québec, quoi qu'on dise, et probablement que les
commissaires s'apercevront vite qu'en entrant en contact avec ces
fonctionnaires "déconcentrés", ces fonctionnaires
"déconcentrés " devront prendre l'avis de Québec. La
déconcentration vaudra probablement aux commissaires d'école le
privilège de parler à un intermédiaire au lieu de parler
à quelqu'un qui travaille au niveau des décisions. Les
commissaires se rendront probablement vite compte de cela. On pourrait
probablement déconcentrer au point de vue administratif, au niveau de la
capitale, et les résultats seraient probablement les mêmes,
croyez-moi!
Je crois que la population du Québec croira à la
décentralisation lorsqu'elle verra, en pratique, les
responsabilités des commissions scolaires augmentées et la
liberté des commissaires respectée. A part cela, ce sont des
discours, ce sont des théories, ce sont de vains mots. Cela ne veut rien
dire. La population se demande, et avec raison, qui a l'autorité dans le
système scolaire actuel. On sent que l'autorité est tellement
diffuse, est tellement dispersée qu'on ne sait plus à qui on a
affaire, à vrai dire. Même les directeurs d'école ont perdu
de cette autorité. (21 h 30)
En plus de toute cette pyramide qui s'est créée, avant
d'arriver au ministre, il y a les contrats de travail. On n'a pas trouvé
d'autres moyens de réglementer les relations entre les salariés
et l'autorité. Mais il arrive que ces contrats de travail sont, en fait,
de plus en plus complexes, et qu'ils sont un couloir, ils emprisonnent
pratiquement tous ceux qui sont en autorité au niveau scolaire.
Alors, cette décentralisation scolaire devrait se refléter
premièrement, par une plus grande liberté de taxation pour les
commissaires, une plus grande liberté, une plus grande autorité
lors des négociations collectives, à mon avis, et les commissions
scolaires sont beaucoup plus à même de connaître les
priorités de leur milieu, les difficultés auxquelles elles ont
à faire face. Les commissaires vivent ça tous les jours. Ils sont
beaucoup mieux informés que, bien souvent, les fonctionnaires et le
ministre peuvent l'être. C'est entendu que parmi les fonctionnaires au
niveau de l'Education, il y a des intéressés, il y a des gens qui
travaillent dur, qui oeuvrent durement et avec
compétence. Ces gens-là pourraient être très
utiles au niveau local. Peut-être que leur travail serait même plus
efficace au lieu d'essayer de convaincre le ministre...
M. Morin (Sauvé): C'est pour ça que nous les
déconcentrons.
M. Saint-Germain: ... de leur façon de voir, s'ils
pouvaient directement influencer et conseiller les commissaires d'écoles
qui, aussi bien que le ministre, représentent la population. Mais,
pourquoi ne pas donner aux commissaires plus d'autorité? Je ne dis pas,
lorsqu'on parle de taxation, que cette autorité de taxer devrait se
limiter au domaine immobilier. On parle d'agrandir le champ de taxation des
municipalités. On pourrait aussi bien agrandir le champ de taxation des
commissaires d'écoles si ce système n'est plus approprié
aux nécessités du moment.
Alors, c'est ce que j'avais à dire, M. le Président, et je
crois que ce que je dis là, la population en est bien consciente. Elle
sait très bien que quels que soient les mots dont on se sert, quelles
que soient les politiques gouvernementales, il y aura décentralisation,
en autant qu'on donnera plus d'autorité aux commissions scolaires.
C'est entendu que le système décentralisé qu'on
avait il y a 50 ou 75 ans a amené certains inconvénients. On en a
vu des résultats, mais il en reste qu'actuellement, la population du
Québec est scolarisée dans toutes les régions du
Québec. Il y a des moyens de communication qui existent aujourd'hui qui
n'existaient pas dans le temps. On a fait une réorganisation, si vous
voulez, du territoire des commissions scolaires. On en a diminué le
nombre énormément. On ne vit plus dans le contexte d'il y a 50
ans. Je crois qu'actuellement les commissaires d'écoles, en
général, sont capables de prendre leurs responsabilités,
et si la population s'apercevait que, réellement, ces gens ont un
rôle important à jouer dans la qualité des services
scolaires, on attacherait beaucoup plus d'importance à l'école
régionale, à l'école locale ou à la commission
scolaire locale qu'on n'en attache aujourd'hui. Vous savez, les gens ont
toujours le gros bon sens pour eux. Ils connaissent leurs besoins, les
difficultés. Ils savent pertinemment qui est en autorité, ils
savent aussi quand il n'y a plus d'autorité, et si on prouvait aux gens
qu'on veut et qu'on donne aux commissaires d'écoles l'autorité
voulue, l'intérêt des citoyens pour la commission scolaire
reprendrait et renaîtrait. Maintenant, je ne dis pas que ce sont des
politiques qu'on peut établir dans un an, deux ans ou trois ans, mais je
crois qu'il est grandement temps d'en arriver là et de diminuer
énormément l'autorité du ministre, la
responsabilité du ministre, si vous voulez. Gardons l'autorité du
ministre et une autorité bien définie pour les
difficultés auxquelles on peut avoir à faire face, des
difficultés provinciales, si vous voulez, qui concernent l'ensemble des
commissions scolaires, mais on devrait laisser les pouvoirs résiduels
aux commissaires et laisser les commissions scolaires réellement
responsables et les grandes responsables de l'éducation au
Québec.
C'est ce que j'avais à dire, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si vous
permettez, je voudrais faire quelques commentaires à la suite de cette
intervention à laquelle j'apporte beaucoup d'importance parce que je
sais qu'elle vient d'un ancien commissaire d'école qui a exercé
ses fonctions pendant plusieurs années, je pense...
M. Saint-Germain: Cinq ans.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais simplement dire que la phase
de centralisation par laquelle le ministère de l'Education, comme
d'autres ministères du Québec, a dû passer, pendant
quelques années, tire maintenant à sa fin. Il fut un temps
où tout était à construire au Québec en fait
d'éducation. Le député se rappellera qu'il y a 15 ans, une
fraction, un pourcentage infime de notre population scolaire accédait au
niveau secondaire. Il a fallu l'opération 55, il a fallu construire des
polyvalentes; de même, il a fallu créer de toutes pièces un
réseau de collèges. Cela ne pouvait pas se faire sans une
certaine centralisation parce qu'il fallait égaliser les chances de
toutes les régions, équiper toutes les régions sans
distinction, qu'il s'agisse de Montréal, qui avait peut-être plus
de ressources financières et humaines que les autres régions, ou
de la Gaspésie je dis cela à l'intention du
député de Gaspé. Or, cette phase de construction, de mise
en place du réseau, je crois qu'elle est à peu près
terminée, non pas qu'il ne reste pas, bon an mal an, quelques
constructions, quelques agrandissements à faire, nous les faisons sans
difficulté au ministère enfin, sans difficulté,
c'est une façon de parler, il y a toujours à s'expliquer avec le
Conseil du trésor mais je veux dire que ce ne sont plus les
grands mouvements de construction des dernières années.
Maintenant, nous pouvons entrer dans une phase pédagogique de
l'évolution du ministère de l'Education. Ceci ne veut pas dire
que nous allons négliger les équipements, mais, comprenez-moi
bien, il s'agit de mettre désormais l'accent sur ce qui se passe dans
l'école et, pour cela, je pense qu'effectivement il faut revenir
à une certaine décentralisation. Bien sûr, le
ministère ne pourra pas abdiquer complètement ses
responsabilités. Je pense, par exemple, à un
phénomène qui est pour ainsi dire irréversible et qui est
constitué par les échelles de salaire qui s'étendent
à l'ensemble du territoire québécois. Il est bien
difficile de s'imaginer qu'on puisse revenir à une situation où
telle commission scolaire, parce qu'elle avait sur son territoire des
industries et de gros blocs d'appartements, pouvait se payer une
pédagogie de qualité, tandis que la paroisse située
à 20 coins de rues de là, dans un quartier
défavorisé, ou encore dans une petite ville du Québec
éloignée des grands centres ou à la
périphérie, en Abitibi, en Gaspésie, sur la
Basse-Côte-Nord, ces régions,
ces villes ne pouvaient pas se payer les mêmes services. Le
ministère de l'Education va donc garder son rôle
d'égalisateur des chances, en quelque sorte, mais, pour ce qui est de la
pédagogie, bien qu'il doive assurer un minimum, notamment pour les
programmes, qu'il doive assurer à chaque Québécois la
chance d'avoir un minimum d'apprentissage dans la plupart des disciplines, en
dépit de cela, il y a moyen de laisser plus de marge de manoeuvre aux
commissions scolaires. C'est d'ailleurs l'objectif que nous poursuivons
grâce aux quatre plans d'activités.
Je ne sais pas si le député a pris connaissance de ce qui
est dit à la page A-31: 45 commissions scolaires, en 1977/78, utilisent
déjà, mais à titre expérimental, un ensemble de
quatre plans d'activités. Ces plans sont faits par elles, avec les
conseils comme vous le suggériez tout à l'heure, M. le
député de fonctionnaires du ministère qui,
désormais, sont en région et non plus retirés dans leur
tour à Québec. La présentation de ces plans se fait aux
directions régionales du ministère de l'Education et permet aux
commissions scolaires de recevoir des conseils et une aide très
structurée. Les commissions scolaires ne sont pas obligées de
suivre obligatoirement les conseils du ministère, à moins,
évidemment, qu'il s'agisse d'une loi contraignante ou d'une
réglementation dont elles ignoraient l'existence.
Ces 45 commissions scolaires n'ont pas d'autre autorisation à
obtenir du ministère. Elles présentent d'abord un plan de
services éducatifs qui est discuté; ensuite, pour réaliser
ce plan, elles doivent mettre au point le plan des ressources humaines et le
plan des ressources matérielles. Ce sont elles-mêmes qui les
établissent avec les fonctionnaires-conseils. Le tout se traduit par un
plan de ressources financières qui engendre annuellement le budget. Une
fois discutés et approuvés, la commission scolaire met en oeuvre
ses plans et son budget et ce n'est qu'à la fin qu'elles rend compte de
sa gestion parce qu'évidemment, le ministère est tout de
même là pour s'assurer que les fonds publics sont utilisés
correctement. Autrement dit, on diminue le nombre de transactions entre le
ministère et la commission scolaire et surtout entre le Québec et
la lointaine commission scolaire chaque année. Je me suis laissé
dire qu'il y avait jusqu'à 30 et 40 transactions par année entre
une commission scolaire normalement constituée et le ministère.
On me dit même qu'il y avait 54 transactions annuelles. Désormais,
sans que je puisse vous dire exactement combien il y en aura, le nombre sera
considérablement diminué. Autrement dit, la commission scolaire
n'aura pas à courir à Québec à tout bout de champ
pour pouvoir agir. Enfin, il y aurait quatre, cinq, six grandes transactions
chaque année qui engloberaient les autres et qui, évidemment, se
situeraient aussi dans une perspective de planification puisque la commission
scolaire serait invitée à planifier son avenir non pas seulement
pour l'année qui vient, mais peut-être pour deux ou trois ans
d'avance. Il s'agit d'une démarche vrai- ment nouvelle et qui, je crois,
permettra de répondre aux soucis du député de
Jacques-Cartier d'accorder une plus grande autonomie de décision aux
commissions scolaires.
M. Saint-Germain: C'est entendu, M. le Président, qu'on ne
pourra pas, même dans un système très
décentralisé, laisser certaines régions du Québec
à elles seules au point de vue pécuniaire. Il serait inconcevable
qu'on donne dans certaines régions du Québec un service scolaire
à rabais comparativement à ce qu'on pourrait avoir dans les
grands centres et dans les centres les plus industrialisés. Mais il ne
serait pas utopique de penser qu'il pourrait y avoir des paiements de
péréquation, un peu comme on en a entre le fédéral
et le provincial.
M. Morin (Sauvé): C'est le genre de chose dont il s'agit,
oui.
M. Saint-Germain: Surtout, M. le ministre, que c'est même
dans votre programme politique; vous voulez tellement décentraliser le
Canada que vous voulez en séparer la province.
M. Morin (Sauvé): Attention, nous voulons instaurer un
régime d'indépendance ou de souveraineté-association, mais
je sais ce que vous allez me dire. Vous allez me dire, vous allez plaider pour
la souveraineté-association des commissions scolaires.
M. Saint-Germain: Justement.
M. Morin (Sauvé): M. le député, je vous vois
venir.
M. Saint-Germain: Si on est pour la décentralisation, on
devrait l'être aussi bien au niveau provincial, pour ce qui regarde les
commissions scolaires et les municipalités en particulier, qu'on peut
l'être vis-à-vis du fédéral et du provincial.
M. Morin (Sauvé): Toutes proportions gardées...
M. Saint-Germain: ... puisque les commissions scolaires ne sont
pas des nations.
M. Saint-Germain: Ce sont des délégations de
pouvoir du provincial, mais, au point de vue administratif, on pourrait
certainement laisser... On est pour la décentralisation ou on ne I est
pas, à mon avis.
Ceci dit, si on pouvait remettre, pour égaliser, le pouvoir de
payer des commissions scolaires certains paiements sans conditions, il n'est
pas utopique non plus de penser qu'on pourrait laisser, aux commissions
scolaires régionales du moins, la responsabilité des
négociations syndicales qui seraient assurément beaucoup mieux
adaptées aux régions qu'elles ne le sont lorsque faites au niveau
du gouvernement provincial. Il y a certainement des régions où
les priorités, vous le
savez comme moi, sont très différentes des autres. Le
comté de Jacques-Cartier, entre autres, vit de l'industrie. La
région du Bas-Saint-Laurent ou du Bas du fleuve a des activités
tout à fait différentes. Les nécessités au point de
vue de l'éducation sont loin d'être les mêmes. Alors... (21
h 45)
M. Morin (Sauvé): C'est bien sûr et c'est pour
ça que nous pensons à des plans d'activités qui pourraient
beaucoup varier.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pas au point de vue de la
négociation, par exemple.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, il y a 87% de la
dépense des réseaux primaire et secondaire qui est
consacrée à la rémunération. Cela met une limite
sérieuse, une limite grave à l'autonomie, non seulement des
commissions scolaires, mais laissez-moi vous dire du ministère.
M. Saint-Germain: Considérant que 87% des dépenses
sont des salaires et considérant que c'est la raison de fond pour
laquelle le gouvernement doit nécessairement être le responsable
des négociations, le responsable ultime, tant que vous n'arriverez pas
à des négociations locales, la décentralisation sera
quelque chose de fictif. D'après nos institutions, c'est celui qui paie,
comme homme public, comme homme élu, comme les commissaires... Tant que
les commissaires ne paieront pas ou n'auront absolument rien à dire dans
les 87% de leur budget, il n'y aura pas de décentralisation possible. Ce
sera beaucoup plus du paravent.
Celui qui perçoit l'argent et qui a le contrôle des sommes,
c'est toujours celui qui a l'autorité finale, sous quelque
administration que ce soit.
M. Morin (Sauvé): Oui. M. le député, vous
mettez le doigt sur une grande limitation au principe de l'autonomie et je
voudrais explorer ça un peu avec vous. Est-ce que vous iriez
jusqu'à abandonner la négociation centralisée des salaires
pour remettre cette partie des responsabilités aux commissions
scolaires? Est-ce que c'est ça que vous tentez de me dire?
M. Saint-Germain: Je crois que cela serait plus sensé que
la centralisation que nous avons dans le moment, oui.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous ne craignez pas que cela
puisse nous ramener à l'époque où il y avait des
commissions scolaires qui payaient de gros salaires et donc attiraient de bons
enseignants, tandis que d'autres ne pouvaient pas payer de bons salaires et se
ramassaient avec ce qu'ils pouvaient?
M. Saint-Germain: Comme je vous l'ai dit, il faudrait que le
contexte soit différent, il faudrait qu'il y ait des paiements
provinciaux. Ce serait la responsabilité du gouvernement de donner
à chaque région un minimum d'égalité au point de
vue de la capacité de payer.
M. Morin (Sauvé): Poursuivons ça, je pense que
c'est important. Si on disait: Le gouvernement va payer, par tête
d'élève, où que cet élève se trouve au
Québec. Il y a là une péréquation, parce qu'il est
bien certain que l'enfant de la Basse Côte-Nord ou celui de Matagami ne
réside pas dans un milieu où il y a une capacité
financière ou une assiette fiscale semblable à celle de
Montréal ou de Québec. Donc, ce paiement par tête d'enfant
comporte une péréquation, comme vous le disiez tout à
l'heure. Est-ce qu'on ne doit donc pas maintenir la responsabilité du
ministère pour une juste distribution des moyens financiers sur le
territoire? Il faut choisir. A un moment donné, cela comporte une
certaine centralisation.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais en Ontario, M. le ministre, il reste
que l'on accorde un per capita. Evidemment, nous, nous sommes partis à
rebours. Il est difficile de faire la démarche inverse. Vous n'avez pas
une négociation centralisée, sauf qu'on reconnaît un per
capita pour l'élémentaire, pour le secondaire et les gens ne
négocient pas nécessairement localement, mais
régionalement, ou par comté, mais nous, il faudrait refaire
l'opération à l'envers. C'est cela qui est difficile.
M. Morin (Sauvé): Evidemment, quand on
décentralise, quand on parle d'une situation différente comme
celle de l'Ontario, où les négociations sont beaucoup plus
décentralisées, cela n'en comporte pas moins certains
inconvénients. Il se fait une certaine surenchère d'une
commission scolaire à une autre et il n'est pas dit que ce soit une
situation souhaitable. J'ai parlé avec des hommes politiques ontariens
qui m'ont dit qu'ils enviaient, à certains égards, la
façon dont nous négocions les salaires au Québec.
M. Saint-Germain: Oh, là là!
Mme Lavoie-Roux: A d'autres égards. C'est parce qu'ils
auraient fait le saut et ils ne veulent plus le faire, quand ils ont vu le
Québec.
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas convaincu de cela.
M. Saint-Germain: Au moins là, s'il y a une grève,
ce n'est pas une grève générale comme chez nous.
M. Morin (Sauvé): C'est un avantage. Mais la grève
n'est quand même pas la situation normale.
M. Saint-Germain: Je sais pertinemment que si j'étais
employé, je ferais partie d'un syndicat, effectivement. Mais d'un autre
côté...
M. Morin (Sauvé): C'est une confession publique, M. le
député?
M. Saint-Germain: Je le fais parce que...
Mme Lavoie-Roux:... Il n'a jamais été membre d'un
syndicat...
M. Saint-Germain: Oui, je l'ai été, à part
cela. Mme Lavoie-Roux: Oui, pardon.
M. Saint-Germain: Je m'excuse. Mais il reste que cette
centralisation a amené, a donné, par exemple, au président
de la CEQ un pouvoir terrible. Quel que soit le président de la CEQ, on
peut réellement se poser des questions. A l'intérieur du
syndicat, il y a là aussi une centralisation qui est amenée par
la centralisation gouvernementale. Lorsque le gouvernement centralise, tout se
centralise.
La centralisation gouvernementale amène une centralisation au
niveau du syndicat pour lui donner une force telle qu'elle peut mettre les
politiques du gouvernement en jeu et peut occasionner une instabilité du
gouvernement, si vous voulez.
On peut se demander, en toute honnêteté, comme je disais
tout à l'heure que le ministre, le seul homme élu, ne peut pas
contrôler le ministère comme il devrait le contrôler, parce
que c'est une tâche inhumaine pour un seul homme, je crois qu on peut
prendre le même argument au niveau du président de la CEQ. Comment
voulez-vous que cet homme puisse réellement connaître la
mentalité, les priorités, la façon de voir de ses
syndiqués dans chaque commission scolaire? C'est une
impossibilité. D'ailleurs, on l'accuse de prendre des décisions
seul.
La décentralisation scolaire amènerait d'autres
décentralisations et au moins on aurait une certaine stabilité.
Comme je vous dis, tout le monde ne serait pas en grève en même
temps, ce qui n'est pas si mal et la population saurait pertinemment où
sont les patrons. Le commissaire ou le président de la commission
scolaire pourrait même très facilement savoir, parmi les
enseignants, lesquels sont compétents. Il pourrait les connaître
personnellement, jusqu'à un certain point, savoir qui fait l'effort
voulu, qui néglige ses responsabilités, etc. Dans la situation
actuelle, tout le monde est anonyme dans ce système, tout les gens sont
des numéros.
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas de système qui ne
comporte des avantages, d'une part, et de sérieux inconvénients
de l'autre. Pour reprendre le mot du Cardinal de Retz, si gouverner c'est l'art
de choisir entre de grands inconvénients, je préfère
choisir le moindre. Si, d'une part, on revient à un système de
négociation par commission scolaire, cela pourra aussi comporter de
très graves inconvénients, par exemple, de voir un syndicat ou
une fédération se concentrer sur une commission scolaire et
utiliser tous les moyens requis pour obtenir un traitement que, par la suite,
on tentera d'étendre à l'ensemble du Québec, de sorte que
ce système comporte également des inconvénients. Nous les
avons bien connus dans le passé d'ailleurs.
A tout prendre, je ne suis pas sûr que la négociation
salariale centralisée ne comporte pas plus d'avantages ou moins
d'inconvénients que celle- là. Il n'y a pas de solution simple
pour arriver à la décentralisation. Il s'agit de trouver un
équilibre entre les responsabilités de l'Etat. Il ne faut pas
oublier que l'Etat n'était pas dans le tableau il y a quelques
années, maintenant il y est; maintenant, c'est lui qui détient
presque toutes les ressources, en tout cas, une bonne part des ressources. Il
faut rechercher un équilibre entre cette nouvelle présence de
l'Etat, ses responsabilités et, d'autre part, les responsabilités
locales auxquelles je crois, mais qui peut-être doivent porter surtout
sur ce qui est local, sur ce qui intéresse la vie de l'école, la
vie de la commission scolaire, la pédagogie, la marge de manoeuvre dont
on peut disposer à l'intérieur des programmes pour adapter les
programmes à chaque commission scolaire, à chaque
école.
Il y a là un style de gestion à développer. A mon
avis, cela serait plus fructueux que de tenter de revenir à des
négociations locales en matière salariale. Je crains que
celles-là ne comportent beaucoup trop d'inconvénients pour qu'on
puisse s'y arrêter. Bien sûr, il faut clarifier, il faut absolument
clarifier là, je rejoins le député de
Jacques-Cartier le situs des responsabilités politiques du
ministre, d'une part, et des responsabilités des commissions scolaires,
d'autre part. C'est ce que nous allons nous employer à faire dans la
foulée du livre vert, et aussi sans doute dans une rencontre que
j'espère avoir avec la Fédération des commissions
scolaires, l'automne prochain.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Merci, M. le Président. Je voudrais simplement
ajouter quelques mots à ce qui vient d'être dit par un ancien
commissaire d'école et par M. le ministre. Je pense que nous avons
vécu, dans les années soixante entre autres, les
négociations locales. A titre de président du syndicat, j'ai
été appelé à négocier jusqu'à 24
conventions avec 24 commissions scolaires de petites localités. C'est
nous-mêmes qui avons demandé, à ce moment, et Mme Baron
était du groupe, c est nous les syndicats, qui avons demandé une
négociation provinciale, surtout au niveau des salaires, de la masse
salariale. Ce n'était pas facile de négocier avec des
commissaires qui, bien souvent, n'avaient pas la préparation. On se
souvient de petites localités où les commissaires étaient
perdus devant deux ou trois membres négociateurs du syndicat, qui
avaient des renseignements et les commissaires que nous avions face à
nous réussissaient difficilement à placer un mot dans une
soirée. Ils étaient complètement démunis. Je vous
parle de très petites localités. Il y avait des abus. Je ne
serais pas prêt...
M. Morin (Sauvé): Ce n'était pas le
député de Jacques-Cartier.
M. Marquis: Sûrement pas! Il me semble qu'on oublie vite.
Personnellement, je ne voudrais
pas qu'on revienne à ce qu'on a vécu dans ces
années. Evidemment, vous allez me dire qu'il y a eu des fusions de
commissions scolaires, des regroupements, que la situation a changé.
M. Saint-Germain: Oui.
M. Marquis: Je suis quand même prêt à admettre
que la négociation provinciale, telle qu'on la connaît
aujourd'hui, a ses défauts et qu'il faudrait essayer de les corriger,
mais peut-être sans retourner à la situation que nous avons connue
il y a dix ou quinze ans.
Le Président (M. Dussault): Madame et messieurs, nous
sommes à quelques secondes de 22 heures. Est-ce que je peux annoncer
que, demain, à la reprise de nos travaux, à 10 heures, nous
pourrons nous attaquer, si l'on peut dire, à l'élément 1
du programme 4?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y avait une question
d'ordre général que je voulais poser. Si vous m'autorisez
à la poser demain matin, la réponse ne sera pas longue, j'ai
l'impression.
Le Président (M. Dussault): Nous pourrons passer ensuite
au programme 4.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, nous ajournons nos
travaux jusqu'à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 21 h 58)