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Étude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Dussault): Madame le député
et messieurs les députés, nous allons commencer les travaux de
cette commission qui a mandat d'étudier les crédits du
ministère de l'Éducation.
Sont membres de cette commission: M. Chevrette (Joliette-Montcalm)
remplace M. Alfred (Papineau); M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé). M.
Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont), M.
Picotte (Maskinongé).
Sont intervenants: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette... Je
m'excuse, M. Chevrette remplace M. Alfred. M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes),
M. Desbiens (Dubuc), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount) et M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Hier, lors de l'ajournement, il avait été convenu que Mme
le député de L'Acadie reprendrait la parole pour quelques
remarques générales, après quoi nous appellerions le
programme 4.
Mme le député, vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on va...
Franchement, moi, je n'entends rien. Je ne sais pas s'il n'y a que moi, mais...
Vous n'entendez rien, n'est-ce pas?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que quelqu'un du
personnel des commissions pourrait voir s'il est possible, pour le temps de nos
travaux...
M. Chevrette: Impossible. Ils travaillent sur le mur...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que les fenêtres sont ouvertes? On
pourrait au moins fermer les fenêtres du haut. Les fenêtres doivent
être ouvertes.
M. Morin (Sauvé): Elles sont toutes fermées.
M. Chevrette: C'est parce qu'il y a des travaux sur le mur
intérieur. À moins qu'on change de salle, M. le Président,
parce qu'il n'y a que deux commissions qui siègent.
Mme Lavoie-Roux: On va parler plus fort.
M. Chevrette: Mais même si vous alliez à 91, c'est
le même côté qu'ici.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
Le Président (M. Dussault): S'il est exact que seulement
deux commissions siègent ce matin, il est possible d'utiliser la
troisième salle de commission...
M. Chevrette: C'est 91, M. le Président, et c'est sur le
même côté.
Mme Lavoie-Roux: C'est le même côté. C'est le
même problème à 91.
Bon! On va se parler fort.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous allons prendre
notre patience en main. Mme le député de L'Acadie, vous avez la
parole.
Secteur primaire et secondaire (suite)
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
simplement refaire quelques commentaires généraux sur le budget
touchant l'élémentaire et le secondaire; particulièrement
à partir de certaines remarques du ministre qui, je pense, demandent une
rectification à mon point de vue du moins.
Hier, évidemment, il s'est montré très
offusqué que je lui dise que l'éducation n'était pas une
priorité pour le gouvernement. Je dois dire que je ne retire rien, au
contraire. Je voudrais même, s'il me le permet, lui rappeler certaines
remarques qu'il faisait quand il était chef de l'Opposition. Ce ne sera
pas très long. Dans une émission radiophonique, le 15 mai 1976,
alors que M. le ministre était chef de l'Opposition et qu'à ce
moment, on discutait des conventions collectives et des ratios
maître-élèves, le ministre ou le chef de
l'Opposition du temps avait dit qu'il trouvait que le gouvernement
était bien parcimonieux et que c'était un mauvais placement de
vouloir économiser sur le ratio maître-élèves. Il
disait: "Là, c'est l'avenir du Québec, à travers ses
enfants, qui est en cause, nous n'avons que deux richesses, nous avons nos
richesses naturelles, que nous dilapidons et que nous vendons d'ailleurs aux
étrangers, mais nous avons une autre richesse qui est la seule qui
puisse nous permettre de nous reprendre, ce sont nos enfants. Si nous leur
donnons une bonne éducation, ils pourront assurer notre avenir et le
leur en même temps. Or, à l'heure actuelle, dans l'enseignement,
il y a une situation intenable au point de vue des enseignants et je pense
qu'il faut qu'ils comprennent".
Il terminait cette description assez dramatique de l'école en
disant: "C'est une question donc beaucoup plus vaste que la simple
fiscalité, c'est la question de qualité de l'enseignement
à dispenser à nos enfants et c'est la question de l'avenir du
Québec; donc, là-dessus, je pense que le gouvernement fait fausse
route en voulant se montrer parcimonieux."
C'est étonnant comme le pouvoir entraîne à la
parcimonie parce que, en dépit des chiffres que le ministre a bien voulu
nous faire avaler hier après-midi en disant que, dans les faits, en
additionnant le taux de croissance de 3,3% à la diminution de
clientèle de 4,4%, on arrivait à un taux d'augmentation de 7,7%,
je pense que c'est jongler avec des chiffres de façon un peu
élémentaire, parce que si
vous regardez à la page A-19 du cahier qui nous a
été remis...
Une voix: ... page 18.
Mme Lavoie-Roux: Oui, pardon. Je réalise fort bien que
l'addition qu'il a faite, il l'a faite à partir de la page 18 où
il a additionné les 3,4% d'augmentation du budget avec la diminution de
4,3% de la clientèle. Mais si vous regardez à la page 19
où on donne l'explication de l'augmentation du budget, on dit: Au
primaire et au secondaire l'accroissement des subventions de 3,4% malgré
une baisse de 4,3% de la clientèle s'explique par l'indexation des
salaires et l'augmentation du nombre des enseignants prévus par la
convention collective, celle qui avait été signée. Dans le
réseau d'enseignement collégial, et là je... Finalement,
ce qui est vraiment donné comme argent nouveau du point de vue
d'initiatives nouvelles, de besoins auxquels il faut répondre, et hier
soir on a identifié, par exemple, tout le secteur de l'enfance
inadaptée...
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
si vous permettez, nous allons suspendre nos travaux durant quelques minutes,
peut-être dix minutes, de façon que l'on puisse faire
arrêter les travaux à l'extérieur, parce qu'on ne s'entend
pas.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'entendez rien? C'est bien dommage.
Le Président (M. Dussault): Alors, je suspends les travaux
pour à peu près dix minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 23)
(Reprise à 10 h 28)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cette augmentation du
coût du système de 3,4% est vraiment due à l'augmentation
du nombre de professeurs, qui était une initiative de l'ancien
gouvernement qui avait signé cette convention, et de l'indexation des
salaires. J'aimerais référer les collègues à la
page A-41 où on parle justement des facteurs de croissance dans le
domaine primaire et secondaire. L'indexation des traitements du personnel est
de 6% en 1978/79, le vieillissement des personnels d'échelon,
l'indexation et finalement ce qui semble vraiment un ajout à
moins que vous en ajoutiez d'autres, peut-être qu'il y en a d'autres qui
ne sont pas ici, ce sont les seuls que j'ai retrouvés 0,4% de $1
million pour l'éducation physique, les arts et $1 million pour les
milieux défavorisés, l'éducation chrétienne et les
résidences d'étudiants.
Ceci dit, je pense qu'il faut... c'est le rôle de l'Opposition de
le signaler au gouvernement. Le fait qu'on ait eu le gel de l'impôt
foncier, alors qu'on pouvait l'augmenter jusqu'à un maximum de 10% par
année et que cette année le ministre des Finances ait
décrété le gel... Je suis tout à fait d'accord
quand le ministère répond à la Fédéra- tion
des commissions scolaires et qu'il lui dit: Écoutez, ça va
simplement vouloir dire des subventions qui viendront d'ailleurs plutôt
que de venir de l'impôt foncier.
Cela a quand même une incidence sur les dépenses
inadmissibles. Si les commissions scolaires qui se taxent pour l'inadmissible
veulent récupérer la même somme et tenir compte de
l'inflation, elles devront augmenter la taxe scolaire dans l'inadmissible,
comte tenu qu'elles ne peuvent pas se prévaloir de cette
possibilité d'augmenter l'assiette fiscale de 10%.
Quand on parle d'une non-indexation au taux de l'inflation... je pense
que je suis assez conservatrice quand je calcule 27% d'inflation en trois ans.
On n'a indexé que pour 6%. Je voudrais vous donner comme
témoignage, parce que je l'ai en main, une déclaration de la
vice-présidente de la Commission des écoles catholiques de
Montréal qui parlait du budget 1978/79: "Si nous prenons le seul
chapitre de l'énergie, malgré une diminution prévue de
consommation je pense qu'elle a commencé un programme de
conservation de l'énergie qui lui fera économiser $300 000... (10
h 30)
M. Morin (Sauvé): ... fermeture d'écoles...
Mme Lavoie-Roux: Si vous voulez qu'on parle de fermeture
d'écoles, on pourra en parler, mais je vous parle strictement de
l'influence du taux d'inflation. Nos dépenses augmenteront l'an prochain
d'environ $1 million et ceci, en dépit d'une politique de conservation
de l'énergie. Mais $1 million c'est ce que vous nous dites que vous
allez donner aux bibliothèques de la province. Mais cela est dans une
seule commission scolaire, à un seul chapitre, où on retrouve le
résultat de la non-indexation au taux d'inflation de l'enveloppe 2.
Je comprends que c'est le rôle du ministre de défendre les
politiques de son gouvernement et de dire que la priorité de son
gouvernement, c'est l'éducation. Mais je pense que vous avez là
des indications claires et nettes. Si vous soustrayez les 6% des 27%,
arrondissons vers la base à 20%, cela veut quand même dire,
à ce moment-là, que, dans l'enveloppe 2, vous avez quand
même perdu 20%... Vous n'avez pas nécessairement perdu 20% du
total de l'enveloppe 2, parce qu'il y a aussi là-dedans des salaires qui
sont indexés. Mais dans les dépenses touchant le matériel
didactique, touchant les bibliothèques, touchant du personnel de
soutien, là où on se sent coincé, c'est là qu'on va
couper, pas nécessairement où c'est le meilleur, mais où
cela semble le plus facile, à court terme.
C'est dans ce sens que je pense qu'il faut que le ministère se
rende compte... Je pense que j'aide le ministre en lui disant ces choses. Qu'il
les fasse valoir auprès de son collègue des Finances.
M. Morin (Sauvé): Sans doute, mais vous pourriez aussi me
faire observer que c'est la troisième année de compression et que
cette politique, c'est l'ancien gouvernement qui en avait pris l'initiative; le
0% d'indexation, ce n'est pas de nous.
Mme Lavoie-Roux: Je suis tout à fait d'accord, M. le
ministre. Je vous rappellerai et si votre collègue du
comté de Bourassa était là, il m'appuierait que
j'ai protesté très fortement...,
M. Chevrette: Mme Lavoie-Roux, n'avancez rien. On va aller le
chercher.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Chevrette: Je vais aller le chercher.
Mme Lavoie-Roux: Allez le chercher si vous voulez. De toute
façon, s'il ne veut pas m'appuyer, qu'il ne m'appuie pas. Cela ne
changera rien.
D'ailleurs, le ministre de l'Éducation qui était, à
ce moment-là, dans l'Opposition, se souviendra même que les
commissaires, qui voyaient aux destinées de la commission dans le temps,
avaient convoqué tous les députés du territoire de la
CECM, pour protester contre cette non-indexation des normes, entre autres
choses. Même si cela a été fait par l'ancien ou le
nouveau... Si tout avait été parfait avec l'ancien gouvernement,
tout d'abord, vous ne seriez pas au pouvoir et, deuxièmement,
moi-même, je ne serais pas venue à la politique. J'y suis venue
parce que je pensais qu'il y avait des choses à changer et à
améliorer. Vous pouvez bien m'en parler...
M. Chevrette: Pour changer le Parti libéral.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment. Vous ne voulez pas changer
quelque chose dans votre parti?
M. Chevrette: Tout est parfait dans ce qu'on fait.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien mauvais signe.
Mais tout ceci pour vous dire qu'il reste qu'on ne peut pas continuer
indéfiniment dans cette veine sans pénaliser la qualité de
l'enseignement. Mais je vais arriver aux questions précises.. Je
trouvais que c'était une mise au point nécessaire.
Si, d'une part, le ministre doit défendre les politiques de son
gouvernement, je veux bien l'admettre. D'autre part, je pense qu'il faut quand
même pointer du doigt ce qui m'apparaît des faiblesses. Je ferai
remarquer au ministre que je le lui reproche pas de ne pas faire de l'expansion
ou de dire qu'il faudrait dépenser des sommes énormes. Je suis
d'accord avec lui pour qu'on réexamine des priorités.
Normalement, cela se fait à l'intérieur des budgets. Au moins,
qu'on n'étrangle pas petit à petit les ressources qui sont
déjà... On doit assurer au moins le maintien de la qualité
des services. Je pense que c'est un minimum.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Maintenir un rythme de croisière...
M. Morin (Sauvé): II y a de l'expansion, je vais vous le
démontrer tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): II y a de l'expansion, en dépit
de ce que vous venez de dire.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous poser les deux questions, de toute
façon. Si vous voulez me répondre après...
Dans le cahier des renseignements supplémentaires qui accompagne
le livre des crédits, le ministère de l'Éducation aurait
remis au fonds consolidé de la province la somme de $43 181 000. Ce
montant est-il exact? D'où proviennent ces crédits
périmés? Ce n'est peut-être pas nécessairement
à l'élémentaire et au secondaire, il se peut que ce soit
dans d'autres domaines.
La deuxième question: Les règles budgétaires des
commissions scolaires leur ont-elles été remises pour la
préparation du budget et le parachèvement de leur budget?
Une voix: L'année budgétaire 1978/79.
Mme Lavoie-Roux: Oui, 1978/79. La troisième question. Si
la politique mise de l'avant par le ministre des Affaires municipales touchant
l'impôt foncier scolaire devait se traduire, j'imagine, en une loi ou en
des règlements, je l'ignore, est-ce que, pour l'année 1978/79,
les commissions scolaires continueront à financer à même
l'impôt foncier une partie, en tout cas, des dépenses
normalisées?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je
m'étonne que l'ancienne présidente de la CECM ne m'ait pas fait
signe au temps où j'étais chef de l'Opposition...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Vous avez été
invité, vous n'êtes pas venu, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé):... puisqu'elle semble... Vous auriez
dû insister pour venir me porter vos doléances puisqu'il semble
qu'à cette époque, vous partagiez entièrement des vues
que, d'ailleurs, je continue de tenir. Il est bien normal que l'Opposition nous
signale nos faiblesses et je dirais même que c'est une fonction
essentielle, mais il faut aussi dire toute la vérité.
Nous vivons avec une convention collective et elle comporte, comme vous
le savez, une certaine bonification des règles d'effectifs
d'année en année. Ce n'est pas une convention collective que le
présent gouvernement a signée. C'est à l'ancien
gouvernement que nous la devons. Là-dessus, nous pensons que nous
devons, pour ce qui est des règles d'effectifs la respecter et
l'appliquer. Or, d'année en année si vous voulez bien
prendre votre cahier à la page A-17 vous constaterez que la
convention collective signifie une augmentation du nombre d'enseignants
particulièrement au niveau primaire, laquelle, évidemment,
explique en partie l'augmentation de 3,4% des traitements auxquels on doit
ajouter, bien sûr, la diminution de la clientèle pour avoir une
idée
exacte de l'augmentation réelle de 7,9% ou 7,7% des
crédits, des montants consacrés à la bonification de
l'enseignement.
Si vous voulez bien prendre votre cahier à la page A-17, vous
constaterez que les proportions maître-élèves sont
allées en s'améliorant de 1976/77 à l'année qui va
s'ouvrir. Par exemple, au primaire, on a ajouté en 197677. 2499
enseignants. L'année suivante, on avait encore, en plus de l'ancien
décret, un ajout de 2708 enseignants. Cette année, nous passons
à 3417 enseignants de plus que ce qui aurait été
prévu à l'ancien décret. Si vous faites le total de la
maternelle, du primaire, du secondaire et de l'enfance inadaptée, vous
constaterez que cette année, il y a 6117 enseignants de plus que si on
avait continué à appliquer le décret, c'est-à-dire
s'il n'y avait pas eu la convention collective. Ce qui signifie que, cette
année, il y a 700 enseignants de plus dans le système que l'an
dernier. Faites la différence entre les deux colonnes qui se trouvent
à la page A-17, et vous verrez qu'en dépit de la diminution de la
clientèle scolaire, il y a encore 700 enseignants de plus,
particulièrement au niveau primaire.
M. le Président, il faut tout de même tenir compte de cela.
Nous devons vivre avec cette convention collective. Elle n'est pas parfaite,
mais sur ce plan des effectifs, elle permet quand même, d'année en
année, d'améliorer la fameuse proportion, le ratio comme
on dit par anglicisme maître-élèves. M. le
Président, je n'ai pas dit...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, Mme le
député fait valoir une question de règlement. Oui?
Mme Lavoie-Roux: Je sais qu'on ne peut pas soulever de question
de privilège, mais vous avez abordé votre réponse en
disant qu'il faut dire toute la vérité. Je pense que ce que vous
venez d'apporter est exactement ce que j'avais dit, à savoir que la
convention collective, évidemment, prévoyait une augmentation du
nombre d'enseignants, ce qui expliquait, additionnée ou ajoutée
à l'indexation, l'augmentation des coûts. C'est exactement ce que
j'avais dit, M. le Président.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce n'est ni un
point de règlement, ni un point de privilège. Si Mme le
député veut corriger des propos que je tiens, elle a tout le
loisir de le faire, mais il faudrait tout de même me laisser terminer mon
raisonnement.
Nous vivons donc avec cette convention collective. Nous l'appliquons.
Elle comporte une certaine bonification je dirais même importante au
niveau des effectifs, puisque, cette année, il y a 700 enseignants de
plus que l'an dernier, en dépit de la chute dramatique des
clientèles.
Je n'ai pas changé d'idée depuis le temps où
j'étais dans l'Opposition et où je disais que l'avenir national
se trouve directement en cause dans ces questions de la qualité de
l'éducation et j'ai bien l'intention, dans la foulée du livre
vert, de faire en sorte que cette amélioration du rapport
maître-élèves se continue. Dans quelle proportion? Ce sera
à négocier. Vous pensez bien qu'à la veille des grandes
négociations du secteur public, je ne vais pas me mettre, d'ores et
déjà, à annoncer les principes sur lesquels nous allons
nous fonder. Cela fera l'objet d'une négociation. Mais nous tiendrons
évidemment compte de la nécessité de continuer
d'améliorer cette proportion, ce rapport
maître-élèves, mais, en même temps aussi, nous
devrons tenir compte du fait que ce sont les contribuables qui paient pour ces
améliorations et qu'on doit trouver un juste équilibre entre la
capacité de la collectivité de payer pour ces
améliorations, d'une part, et, d'autre part, la nécessité
d'améliorer constamment, aussi bien aux niveaux primaire et secondaire
qu'au niveau de l'enfance inadaptée, le rapport entre le nombre de
maîtres et le nombre d'élèves.
Voilà ce que je voulais dire, M. le Président, en
réponse aux propos de Mme le député de L'Acadie.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, je voudrais vous rappeler que nous avions convenu, hier,
à la fin de nos travaux, qu'après avoir donné la parole
à Mme le député de L'Acadie, nous passerions plus
spécifiquement à l'étude du programme 4,
élément 1.
M. Saint-Germain: Alors, je demanderais simplement le
consentement de la commission. Je crois que nos travaux se déroulent
normalement et je ne vois pas pourquoi, M. le Président, on ne
laisserait pas aux députés, avec l'atmosphère qui existe,
le temps de dire ce qu'ils veulent bien dire. Cela ne peut finalement que
raccourcir les discussions qu'on aura sur les diverses...
M. Chevrette: Encore faut-il que je sache sur quoi!
M. Saint-Germain: Je n'ai pas compris ce qu'il a dit.
Mme Lavoie-Roux: II a dit que si vous voulez avoir son
consentement, encore faut-il qu'il sache ce dont il s'agit.
M. Saint-Germain: Volontiers, M. le député de
Joliette. Alors, les discussions subséquentes en seront d'autant plus
courtes, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, croyez que je tiens absolument à ce que vous ayez toute
latitude pour exprimer vos points de vue, mais il est du devoir du
président de voir à ce que les conventions établies soient
respectées. Si la commission est unanime pour vous laisser vous exprimer
encore sur des remarques générales, je n'y vois aucune
objection.
M. Paquette: M. le Président, si cela porte sur
le budget en général, je n'y vois aucune espèce
d'objection.
M. Saint-Germain: C'est d'ailleurs le sujet qu'on vient de
discuter.
M. Paquette: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Allez, M. le
député.
M. Saint-Germain: Je voulais dire, M. le Président, que,
dans l'augmentation du personnel ou que même dans la baisse de ces ratios
maîtres-élèves, il ne faut pas penser que la qualité
de enseignement, à mon avis, soit directement proportionnelle aux sommes
d'argent qu'on peut y investir. J'ai l'impression que, dans le système
actuel, aussi centralisé qu'il l'est dans le moment, il y a des millions
et des millions de dollars qui sont versés sans aucun résultat
pour les élèves. On pourrait facilement, si on pouvait avoir un
meilleur contrôle de l'administration des écoles, et sans diminuer
d'aucune façon la qualité de l'enseignement, baisser les sommes
non utilisées annuellement en éducation. (10 h 45)
II y a cette question très importante que le député
de Maskinongé a mentionné hier. C'est un secret de polichinelle
qu'il y a des professeurs qu'on paie selon leur scolarité et qui se sont
spécialisés dans un domaine d'enseignement donné, et
voilà qu'à cause de la convention de travail et parce que ces
professeurs peuvent avoir une certaine ancienneté, une
sécurité d'emploi, on peut très facilement les faire
enseigner et il y a des milliers de ces professeurs dans ce cas dans la
province de Québec dans une autre matière pour laquelle
ils ne sont pas spécialisés. Alors, on les paie, à cause
d'une scolarité acquise en vue de leur spécialisation et on les
fait enseigner dans un champ d'activité pour lequel ils ne sont pas
spécialisés. Donc, à quoi sert cette augmentation ou ce
surplus de salaire qu'on leur verse, s'ils n'enseignent pas dans ce domaine
donné? C'est une perte d'argent et cela donne l'impression que le
système scolaire est fait pour les professeurs, les administrateurs et
le ministère de l'Éducation, au lieu d'être au service des
élèves. Vous savez, si les élèves avaient un
syndicat pour protéger leurs intérêts, on aurait des
grèves beaucoup plus souvent dans le système de
l'éducation; ceci est donc très important.
Combien de professeurs croyez-vous... Même les normes ne sont pas,
en fait, respectées, j'entends que le principe des normes n'est pas
respecté. Dans certaines écoles, quelle est la motivation du
directeur pour baisser à la limite le coût d'administration de son
école? Il n'y en a pas, parce que, s'il le fait, il y a une
réaction négative, bien souvent, du personnel. Alors, il a tout
avantage à essayer d'analyser les normes de façon à
essayer de garder un maximum de personnel. Le directeur est donc obligé
de se soumettre à la convention collective et de dire à un
professeur: Tu vas prendre soin de la bibliothèque, tu vas faire de la
surveillance, et tout ceci est inclus dans le contrat de travail. Alors, on
diminue les périodes où le professeur est en face des
élèves et on essaie de l'accommoder par toutes sortes
d'à-côtés. Cela se fait communément. Personne ne
sait cela dans les grosses commissions scolaires, même les commissaires
ne le savent pas. Quand le rapport est fait aux autorités, tout est fait
selon les normes et tout va très bien dans le meilleur des mondes.
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député. M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'aurais une question à poser, si le
député me le permet.
M. Morin (Sauvé): II faudrait le laisser continuer, parce
que ce qu'il disait commençait à répondre à la
question que soulevait Mme le député tout à l'heure.
M. Chevrette: Je comprends bien qu'il répond à la
question, mais j'aurais aimé qu'il lise le chapitre huit avant, parce
qu'il parle d'encadrement.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas à lire des documents que
vous apprenez cela. Vous apprenez cela en parlant avec les professeurs, les
directeurs d'école. C'est là qu'on sait cela. Tout le monde sait
cela dans le milieu scolaire.
M. Chevrette: Je demande la parole.
M. Saint-Germain: Seulement les autorités ne le savent pas
ou bien elles ont intérêt à l'oublier.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais on dirait que Mme le
député de L'Acadie va découvrir des choses.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, le député est
responsable des paroles qu'il prononce. D'ailleurs, c'est un point...
M. Saint-Germain: Vous savez, nous mettre en contradiction, cela
n'a aucune importance dans le sujet. J'aimerais bien que vous abordiez le sujet
de face.
M. Morin (Sauvé): On va essayer de l'aborder de face. M.
le Président, me permettez-vous? Dans la foulée de ce que vient
de dire le député de Jacques-Cartier, il y a des choses tout
à fait exactes. Tout en favorisant le plus possible des politiques qui
mettent plus de services à la portée de l'enfant, on doit avoir
une gestion extrêmement serrée et stricte. Il existe des
écoles et des commissions scolaires où cette gestion n'est pas
suffisamment serrée et stricte. C'est la raison pour laquelle il y a eu
ces compressions budgétaires qui ont commencé sous l'ancien
gouvernement.
Curieusement, avez-vous remarqué qu'en dépit de ces
compressions budgétaires, on ne note pas d'augmentation des
dépenses inadmissibles
depuis quelques années? En tout cas, pas d'augmentation
significative des dépenses dites inadmissibles. Et même, certaines
commissions scolaires bien connues font des surplus.
Alors, il faudrait tout de même tenir compte du fait que l'effet
de la politique gouvernementale, c'est d'amener une gestion un petit peu plus
serrée, disons-le, une meilleure gestion que par le passé.
Peut-être faut-il, avec le député de Jacques-Cartier,
penser qu'il y a encore de la place pour l'amélioration dans la gestion
du système scolaire, ce qui est une question distincte du rapport
maître-élèves, mais qui est rattachée d'une certaine
façon.
M. le Président, cela dit, je voudrais revenir sur la question
soulevée par Mme le député de L'Acadie, il y a un moment,
au sujet des crédits périmés.
M. Saint-Germain: Je ne voudrais pas interrompre le ministre,
mais j'ai soulevé, avec le député de Maskinongé, un
sujet bien précis.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Saint-Germain: Le fait que certains professeurs enseignent, et
plusieurs, dans des champs d'activité pour lesquels ils ne sont pas
spécialisés. J'aimerais bien avoir l'opinion du ministre
là-dessus, s'il vous plaît!
M. Morin (Sauvé): Certainement. Je vais tenter de vous
apporter une réponse. Je vais même essayer de la chiffrer si c'est
possible. Je voudrais pour l'instant me tourner vers les crédits
périmés de $43 millions auxquels faisait allusion Mme le
député de L'Acadie il y a un instant.
Est-ce que je pourrais savoir exactement où vous avez pris ce
chiffre? Parce qu'il a été question, à un moment
donné, de périmer certains crédits; cependant, tel n'a pas
été le cas parce que l'indexation de juillet 1977, qui a atteint
un montant de $25 millions, lesquels ont été payés, a
littéralement effacé tout crédit périmé que
nous pourrions avoir eu sous la main.
Mme Lavoie-Roux: Je me réfère, à moins que
j'interprète mal les données, aux renseignements
supplémentaires, budget 1978/79, où, pour 1977/78, on
prévoyait des crédits de $3 560 000 000 et où on retrouve
des dépenses de l'ordre de $3 517 000 000.
M. Morin (Sauvé): Vous avez fait la différence
et...
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Morin (Sauvé): La réponse ne se trouve pas au
secteur primaire et secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Je l'avais soupçonné, je disais
que ça pouvait être un autre secteur.
M. Morin (Sauvé): Elle se trouve apparemment au secteur
privé, de même qu'au niveau postsecondaire. Pour bien
répondre à la question de Mme le député, je vais
faire sortir les chiffres et, lorsque nous aborderons le postsecondaire, je lui
donnerai les chiffres qu'elle demande. Mais qu'elle se rassure, cela ne touche
pas le primaire et le secondaire.
Ensuite, pour ce qui est des règles budgétaires 1978/79,
je voudrais vous informer, Mme le député, que les orientations
générales ont été fournies aux commissions
scolaires dès septembre dernier; donc, elles avaient une idée de
ce à quoi s'attendre. Le texte final sera envoyé aux commissions
scolaires incessamment, puisque je viens d'apprendre que le Conseil du
trésor les a approuvées il y a deux jours.
Mme Lavoie-Roux: Quand les commissions scolaires doivent-elles
approuver leurs budgets?
M. Morin (Sauvé): C'est au cours des semaines qui
viennent, puisque cela doit être terminé pour le 30 juin, en
principe. Donc, elles auront tout ce qu'il faut...
Mme Lavoie-Roux: Celles qui doivent imposer une taxe doivent
l'imposer à quel moment? Pour Montréal, c'est le 1er juin, si je
ne m'abuse.
M. Morin (Sauvé): Oui, dans le cas d'une augmentation...
Vous voulez dire la taxe pour dépenses non subventionnées?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Cela doit être fait, dans le cas
du CSIM, avant le 1er juin.
Mme Lavoie-Roux: Alors, elles n'ont pas encore...
M. Morin (Sauvé): Si, je pense quelles ont une idée
assez précise, parce que je les ai rencontrées ces jours derniers
et il est même question que je l'approuve avant le 1er juin, quitte
à ce que le budget lui-même soit approuvé quelques semaines
plus tard en raison du dénombrement de la clientèle au PSBQM
où nous avons à établir les chiffres d'une façon
certaine avant que j'approuve les budgets de façon
définitive.
Mais je me suis bien assuré de la chose; il et possible pour moi
d'approuver le taux de taxation sans approuver immédiatement les
budgets. Seulement, il faut dire que le CSIM a une idée assez
précise des besoins qu'il devra affronter, l'année prochaine.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de la commission scolaire de
Québec, est-elle astreinte aux mêmes règles pour la
fixation du taux de taxe? Dans le cas de toutes les commissions scolaires,
quand doivent-elles fixer leur taux de taxe?
M. Morin (Sauvé): Dans le cas des commissions scolaires,
la règle veut que cela se fasse avant le 30 juin. Le CSIM est astreint
à des règles particulières; le taux devrait être
fixé pour le 1er juin.
Mme Lavoie-Roux: Les autres ont jusqu'au 30 juin?
M. Morin (Sauvé): Ils ont jusqu'au 30 juin.
Le Président (M. Dussault): Sur les propos avancés
par le député de Jacques-Cartier, M. le député de
Joliette-Montcalm voulait prendre la parole.
M. Chevrette: Ce que je voulais dire, M. le Président,
c'est que pour moi, il y a des règles du jeu établies dans un
contrat collectif, qui fixent les règles d'affectation des enseignants,
les règles de mutation. Le ministre a dit tantôt qu'il pourrait
peut-être chiffrer le nombre d'enseignants, mais ce doit être
très difficile, compte tenu des systèmes d'affectation et des
systèmes de certification qui ont existé.
On sait que maintenant, dans les diplômes, on a une majeure et une
mineure. On peut avoir une majeure en géographie, mais avoir fait une
mineure en histoire, et enseigner en histoire, ce qui n'est pas
nécessairement contraire au champ de possibilité
d'enseignement.
Il m'apparaît que le député de Jacques-Cartier met
l'accent sur le fait que n'exigeant pas le maximum des normes, cela
dégénère en de la mauvaise administration. Je pense que
les commissions scolaires sont très bien encadrées en ce qui
regarde l'application des normes. Elles ne peuvent outrepasser, si ce n'est que
d'aller dans les admissibles. Sur ce point, je diffère d'opinion avec le
député de Jacques-Cartier.
Il m'est apparu, au départ, qu'il voulait surtout parler de la
qualité de l'encadrement, en soulignant la surveillance, en soulignant
divers types d'activités. Lorsqu'on veut reprocher le manque de
qualité de l'encadrement de la vie étudiante, à mon sens,
on ne doit pas toucher à l'administration financière. On parle,
à ce moment-là, de la qualité de l'enseignement comme tel,
mais l'enseignement pris globalement, non seulement en termes d'étude,
mais en termes d'activités étudiantes.
Il est vrai que dans certaines écoles je suis prêt
à lui concéder ceci on organise la vie étudiante
d'une façon à combler ou à respecter les normes
délimitant la tâche de travail d'une enseignant, qui a droit
à tant de périodes d'enseignement. La commission scolaire a le
pouvoir d'augmenter de deux périodes d'encadrement de la vie
étudiante. Bien souvent, on met des périodes fictives à
l'horaire d'un professeur. On lui fait surveiller, par exemple, un coin de
salle de récréation. C'est peut-être là qu'est la
lacune fondamentale. Le manque de qualité des activités
étudiantes, à mon sens, ne reflète pas, cependant, une
mauvaise gestion financière d'une commission scolaire, mais plutôt
un manque de souci constant d'assurer une qualité de la vie
étudiante, une occupation de l'étudiant, selon ses goûts,
selon ses aptitudes. Il est vrai qu'on a inventé un système de
TP, dans les horaires étudiants, qu'à toutes fins pratiques, les
étudiants jugent surtout comme des problèmes, de très
graves problèmes, plutôt que comme des travaux pratiques, ou des
travaux intéressants pour la vie étudiante.
Mais je ne partirais pas de ce fait pour qualifier d'abord le manque de
qualités globales de l'enseignement. Je parlerais plutôt du manque
de planification dans l'organisation de l'encadrement de la vie
étudiante. Je répète qu'on ne peut pas taxer une
commission scolaire d'être formée de mauvais administrateurs, en
tant que commissaires, parce qu'on se rend au maximum des normes. C'est
prévu, c'est permis, c'est admissible.
Je diffère totalement d'opinion là-dessus. Quant aux
enseignants comme tels, au niveau des affectations, il n'y a pas une commission
scolaire, à moins d'être formée d'administrateurs
bornés, qui, délibérément, affecterait un
enseignant qualifié en français, à l'enseignement de
l'anglais, au niveau de secondaire V.
M. Saint-Germain: Vous affirmez cela sans...
M. Chevrette: J'ai travaillé pendant 17 ans dans le
domaine de l'éducation, M. le député de Jacques-Cartier et
j'ai procédé, pendant au moins une douzaine d'années,
à des affectations d'enseignants. Il n'y a pas une commission scolaire
qui a le moindrement une intelligence de base, qui ne consent pas à
affecter les ressources humaines dans le champ d'enseignement le plus
rapproché de la spécialisation majeure ou mineure du
diplôme. (11 heures)
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas toujours possible.
M. Chevrette: II y a même des diplômes d'ordre
général. On a donné des diplômes, on a
certifié les maîtres au niveau d'un brevet A "at large" leur
permettant d'enseigner toutes Tes matières. Cela a existé, il y a
quelques années, au niveau des écoles normales. Ce bonhomme a
plus de sécurité d'emploi, c'est vrai. Cet individu a plus de
sécurité d'emploi qu'un enseignant nouvellement qualifié
qui n'a qu'une majeure et qu'une mineure bien précise sur son
diplôme. C'est un fait, mais même à partir de là, les
commissions scolaires discutent beaucoup avec les enseignants
présentement et cherchent à leur donner le champ d'enseignement
qui se rapproche le plus, en tout cas, qui correspond le plus à leurs
aptitudes.
Il est bien évident, dans le cadre d'une sécurité
d'emploi assez totalement basée sur l'ancienneté quant aux mises
à pied face à un surplus de personnel, qu'il y a des
difficultés pour quelques exceptions, mais il ne faudrait pas que le
député de Jacques-Cartier affirme à cette commission
parlementaire, parce qu'on a une dizaine d'enseignants au bout de la course
à qui on a de la difficulté à attribuer une fonction qui
corresponde clairement et d'une façon précise à leurs
aptitudes, il ne faudrait pas qu'il fasse une règle
générale et pense qu'il y a une majorité d'enseignants qui
n'enseignent pas dans le champ d'enseignement qui correspond à leurs
aptitudes. Ce serait charrier.
M. Saint-Germain: Actuellement, il y a des centaines
d'enseignants qui enseignent l'anglais dans la province de Québec qui ne
savent même pas en dire un mot. Ils n'en connaissent même pas
l'élémentaire. C'est ridicule. Ces choses arrivent exclusivement
quand c'est le contribuable qui paie, quand c'est de l'argent public. Il n'y a
pas un député ici qui serait en affaires qui admettrait de payer
de sa poche un homme pour remplir des fonctions pour lesquelles il ne serait
pas qualifié afin de lui donner une sécurité d'emploi. Ce
sont toutes des choses qui se font lorsque c'est la taxe qui en paie les frais.
C'est cela l'irresponsabilité.
Il y a, au niveau scolaire, des milliers de gens et les commissaires en
particulier dépensent l'argent du public. Ils sont responsables de
l'argent du public, ils ne sont pas responsables de la taxation au niveau de
leur commission scolaire. C'est le provincial qui est responsable. C'est un
principe absolument faux.
M. Chevrette: M. le député me permettrait-il...
M. Saint-Germain: On a le même phénomène
d'ailleurs au niveau des hôpitaux, absolument le même
phénomène.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le député, mais il
vous manque un bout de la certification des maîtres. Quand un enseignant
n'enseigne pas dans son champ d'enseignement reconnu sur son diplôme, il
devient non légalement qualifié, il a une autorisation provisoire
et il doit obtenir une certification dans cette discipline, s'il veut conserver
une sécurité d'emploi. Le député de
Maskinongé pourrait vous souffler cela à l'oreille gauche et vous
verriez que le gars n'a pas une sécurité absolue quand il n'est
pas dans le champ d'enseignement qui est inscrit sur son diplôme. Il
devient non légalement qualifié...
M. Saint-Germain: Vous avez des troubles actuellement, M. le
Président...
M. Picotte: Si le ministre de l'Éducation avait
répondu hier à la question que j'ai posée principalement
là-dessus, cela aurait clarifié une foule de choses pour les
membres de cette commission. Quand le député de Joliette-Montcalm
dit que c'est quelques dizaines, je ne suis pas certain que ce soit quelques
dizaines. Je dirais quelques milliers et je serais certain de ne pas me
tromper, parce que ces quelques dizaines, seulement dans ma région c'est
quelques centaines.
M. Chevrette: Je parle par commission scolaire.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si le
député de Joliette-Montcalm a terminé, je pourrais me
permettre quelques observations. Je ne sais pas si on peut chiffrer, de
façon claire et précise, le nombre d'enseignants en cause,
surtout qu'il faudrait tenir compte de la compétence de chacun et du
brevet dont il dispose pour établir des catégories rigides
d'enseignants qui seraient aptes à faire ceci, mais pas cela.
Ce qui est évidemment déterminant, c'est le
mécanisme de sécurité d'emploi que nous devons respecter,
parce que l'ancien gouvernement a signé une convention collective qui
comporte des points forts et des points faibles. En attendant de l'avoir
remplacée nous-mêmes, nous respectons cette convention
collective.
Il arrive le député de Joliette-Montcalm le
reconnaît et moi aussi d'ailleurs que des enseignants soient
affectés à des tâches d'enseignement qui ne leur sont pas
familières ou qui ne correspondent pas à leur
spécialisation. La raison en est que, s'il y a vingt champs du
côté profes sionnel, il n'y en a que cinq du côté
général.
La solution, dans la prochaine convention collective, sera de rechercher
plus de subtilités et peut-être un plus grand nombre de champs. Ce
sont des questions délicates. Nous allons devoir revoir les
mécanismes avec les centrales syndicales, de sorte que je ne me mettrai
pas les pieds dans le ciment aujourd'hui pour dire: Cela va être tant de
champs. C'est à voir. Je peux vous dire que nous recherchons un
système qui soit un petit peu plus subtil et qui ne fasse pas en sorte
que quelques enseignants, qu'ils soient nombreux ou peu nombreux, se ramassent
dans des champs pour lesquels ils ne sont pas préparés.
M. le député de Jacques-Cartier exagère un peu
quand il dit qu'il y a des milliers ou des centaines d'enseignants qui
enseignent l'anglais, langue seconde et qui n'en parlent pas un mot. Cela n'est
pas le cas. Il y en a plusieurs qui ne sont pas spécialisés dans
ce domaine, mais qui arrivent tout de même à se
débrouiller, je le reconnais, ce qui n'est pas satisfaisant. Nous allons
essayer d'améliorer les choses. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que
nous mettons $2,2 millions à la disposition des enseignants de ce champ
pour se perfectionner. C'est parce que nous savons pertinemment qu'il y a lieu
de leur donner l'occasion d'améliorer leur enseignement. Autrement dit,
il y a un problème, mais il ne faut pas non plus en faire une
calamité. Nous allons donc tenter de trouver des moyens de circonscrire
ces faiblesses et d'y remédier.
Cela dit, au sujet de la question de l'encadrement qui a
été soulevée également par le député
de Jacques-Cartier, j'aurais deux mots a dire là-dessus. Pour augmenter
la qualité de la vie de l'école, l'enseignant doit fournir 100
minutes par semaine au-delà de sa tâche d'enseignement proprement
dite pour prendre l'initiative d'activités autres que celles qu'on nomme
académiques Si je devais chiffrer ce que nous coûtent ces 100
minutes, je crois qu'on pourrait le faire de façon très
générale en disant que s'il y a 70 000 enseignants et qu'ils
doivent fournir chacun 100 minutes, et si, d'autre part, l'ensemble des
traitements nous coûte environ $1 milliard, les activités
d'encadrement, si on fait le calcul, coûtent quelque $80 millions par
année. Grosso modo, c'est la réponse que je puis donner, environ
$80 millions par année.
M. le Président, je m'arrête pour laisser les membres de la
commission soulever d'autres points, d'autres débats, s'il est
besoin.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Sur cette question d'encadrement, M. le
ministre, vous venez de souligner qu'il y a des sommes considérables qui
sont affectées à l'encadrement. Je suis d'accord avec vous.
Maintenant, je voudrais vous demander quels sont les moyens que vous avez pour
vous assurer que cette formule d'encadrement est en force dans les commissions
scolaires ou dans les écoles.
Je pense que je ne m'avance pas faussement en disant que des commissions
scolaires, soit parce que les relations sont meilleures avec les enseignants,
soit parce qu'un climat différent y règne, soit parce qu'elles
ont plus d'imagination, enfin pour une foule de raisons, tirent bon profit de
l'encadrement ou de cette possibilité d'encadrement, alors que je ne
crois pas que ce soit pas le cas dans d'autres peut-être pas
commissions scolaires, c'est trop général écoles ou
peut-être d'autres commissions scolaires. Il se fait peut-être un
marchandage de l'encadrement au détriment de certaines autres
fonctions.
Il reste que compte tenu des sommes qui sont impliquées, compte
tenu de l'esprit qui a animé les gens qui ont pensé cette formule
d'encadrement et de la nécessité de l'avoir, de quelle
façon faites-vous le suivi de cette clause ou disposition importante de
la convention collective?
M. Morin (Sauvé): Au cours de l'année 1977/78, il y
a eu un certain nombre de colloques de perfectionnement pour les principaux
d'écoles organisés surtout par la Fédération des
principaux d'écoles, mais avec le soutien du ministère, de la
direction générale des réseaux, justement pour aborder
cette question de l'encadrement, voir quelles étaient les
différentes activités qu'on pouvait imaginer et tirer profit des
expériences faites dans d'autres écoles. Ces activités
auprès des principaux d'écoles ont été faites, je
pense, pendant une dizaine de sessions, un peu partout sur |e territoire de la
province, pour réunir le plus de principaux possible, d'une part.
D'autre part, la direction générale des réseaux a une
équipe de travail qui a fabriqué un certain nombre de documents
d'animation mis à la disposition des écoles et des enseignants.
Par le biais des directions régionales, les écoles peuvent se
renseigner, et des gens spécialisés peuvent aider les commissions
scolaires, les écoles, à développer ces activités
d'encadrement prévues à la convention, les activités BCD,
au chapitre 8.
On commence à peine, de ce côté, à
développer des politiques d'encadrement. Il y a eu beaucoup
d'expériences heureuses et nous avons compilé, à la
direction générale des réseaux, un certain nombre
d'activités types développées dans les commissions
scolaires, dans les écoles et qu'on fournit à toutes les
commissions scolaires.
Alors, pour l'année 1978-1979, nous allons continuer ces
mécanismes de sessions de perfectionnement, de documents envoyés
aux écoles et de réunions d'enseignants dans les
différentes régions par le biais des directions
régionales.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'apprécie que le
ministère ait développé des outils d'animation ou de
soutien aux commissions scolaires, mais il reste que je pense que, de la part
de délégués syndicaux entre autres et de certains
enseignants, il y a une résistance à accepter l'encadrement comme
une chose qui fait aussi bien partie de la tâche que, pour le professeur
de français je ne sais pas, moi d'enseigner la
grammaire.
Est-ce que vous êtes capables d'évaluer dans quelle mesure
qu'il y ait, au début, une période d'ajustement, je pense
qu'on peut l'accepter vous voyez ceci comme une possibilité qui
prendra de l'expansion et qui, finalement, utilisera à fond ce
mécanisme de la convention collective, cette disposition de la
convention collective? Est-ce que, à ce moment-ci, si vous
évaluiez les résultats de l'encadrement, vous diriez: Cela
fonctionne dans 50% des cas? Est-ce que vous avez l'impression qu'on avance ou
si vous avez l'impression qu'on piétine?
M. Morin (Sauvé): J'ai nettement l'impression que nous
avançons. Les résistances que nous avons pu sentir se sont
beaucoup plus manifestées au moment de l'année scolaire
1976-1977, parce que la convention s'étant signée tard durant
l'été en août il a été
difficile d'appliquer les mesures d'encadrement dès septembre 1976; on a
eu certaines difficultés; c'était compréhensible. Mais,
dès septembre 1977, c'est-à-dire en septembre dernier, cela a
été beaucoup plus facile et nous n'avons pas noté, de
façon sensible, de résistance. Il y a quelques écoles en
quelques endroits, mais c'est bien minime par rapport à l'ensemble du
réseau et il semble qu'on remarque maintenant un désir de
développer ce genre d'activités et de les intégrer dans le
prolongement des activités d'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous avez l'impression qu'au moment de la
prochaine négociation collective, cette chose-là ne sera pas
remise en question, sauf peut-être pour la développer.
M. Morin (Sauvé): J'espère.
M. Chevrette: ... cette approche.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste qu'entre-temps, ça
coûte $80 millions. Il faut quand même s'assurer que...
M. Chevrette: On est obligé de dire qu'il y a des
expériences pilotes dans certaines écoles...
Mme Lavoie-Roux: ... ça donne des résultats.
M. Chevrette: ... qui sont fantastiques aussi. Il ne faut pas
noter seulement les effets négatifs.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, je ne fais pas
nécessairement, en disant ces choses, des déclarations contre le
gouvernement. N'allez pas croire que je tiens le ministre responsable de tous
les péchés d'Israël dans le domaine de l'enseignement. Il y
a cette convention collective dont il a hérité et il n'a pas
seulement hérité de la convention collective, il a
hérité du système, et c'est le seul homme élu,
comme je le disais hier, au niveau du système. C'est entendu, à
la nouvelle convention, puisque c'est un homme responsable, qu'il va essayer de
la faire modifier, relativement aux intérêts des écoliers
et de la population. Plus il sera sensibilisé aux écoliers et aux
intérêts de la population, plus la négociation sera
difficile et dure. Qu'il ne s'inquiète pas, la bataille va commencer,
et, dans le feu de la bataille, les chefs syndicaux vont faire des pieds et des
mains pour protéger leurs intérêts à titre de chefs
syndicaux et le ministre, à un moment donné, sera obligé
de prendre soin de ses intérêts politiques et des
intérêts politiques du gouvernement. Dans le feu de la bataille,
il y aura simplement les enfants et les parents qui n'auront plus un mot
à dire. Ce sera les derniers intérêts qui seront en jeu. La
preuve est faite par les conditions qui ont existé dans le passé.
On a actuellement des difficultés au point de vue de la
sécurité d'emploi au niveau des cégeps, parce qu'on a
remercié des professeurs. Dans l'industrie privée, cela arrive
tous les jours, pas de problème, plus d'ouvrage; dans les cégeps,
S'il faut congédier certains professeurs parce qu'il n'y a pas le nombre
d'étudiants voulus, là c'est différent. Là, c'est
la bataille qui prend. Pourquoi? Parce que c'est le contribuable qui paie cette
sécurité d'emploi. C'est toujours du pareil au même. On
revient toujours à la même situation. C'est la raison...
M. Paquette: ... vous le savez très bien. Voyons! Quand
même!
M. Saint-Germain: Dans l'entreprise privée, dans mon
comté, les grandes entreprises privées, tous les dix ou quinze
ans, font un lavage dans leur personnel. Pourquoi? Parce que, au niveau du
personnel il s'est créé des amitiés, les gars vont
dîner ensemble, vont jouer au golf, voyagent ensemble et à un
moment donné, dans les relations qui existent au niveau des cadres comme
au niveau des employés, ce n'est plus l'intérêt de la
compagnie qui prime, ce sont les relations personnelles qui prédominent
et les amitiés qui se sont créées.
Qu'est-ce qui arrive? Les profits de la compagnie baissent, on va
chercher un administrateur qui a fait ses preuves, bien souvent en dehors, et
on fait un lavage. Chez nous, cela s'est fait au niveau de la Northern
Electric, cela s'est fait au niveau de l'Engineering, cela s'est fait au niveau
de la Dominion Bridge. Si elle ne le fait pas, c'est la perte de la compagnie.
On diminue le personnel, on diminue le nombre de cadres et bien souvent, avec
moins d'employés, on donne plus de rendement. C'est cela qui,
fondamentalement, n'arrive pas dans des systèmes comme le système
d'éducation dans le Québec.
M. Paquette: Est-ce que je peux vous poser une question? Est-ce
que vous recommandez qu'on applique un tel système dans le domaine de
l'éducation? Au Parlement...
M. Saint-Germain: Si c'était décentralisé,
les gens localement verraient à leurs intérêts, et vous
seriez le premier. Quand vous auriez un compte de taxe élevé sur
votre propriété que vous croiriez injuste et que vous verriez une
école mal administrée, vous seriez le premier à voir
à ce que les commissaires prennent leurs responsabilités. Il ne
serait pas permis à la population d'accepter des gens irresponsables qui
ne font pas leur devoir au niveau des commissions scolaires. Ce serait la
population qui verrait à ce que la commission scolaire se
débarrasse de ces parasites.
Mais tout est tellement centralisé aujourd'hui, c'est monstrueux,
il n'y a plus d'autorité, il n'y a plus de responsabilité. C'est
le système même qui est faux. Ce n'est pas une critique politique
que je fais. Vous l'avez le problème dans les mains; vous ne ferez pas
plus de miracles que les autres dans le passé. Les premiers ministres
ont toujours mis à la tête de l'Éducation les hommes avec
le plus de potentiel et ils se sont brûlés à la
tâche. Brûlés, bien souvent, au point de vue de leur
santé, et aussi politiquement.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Néanmoins, M. le
Président, il est possible d'améliorer la situation et je n'en
ferais pas non plus une question politique. Le député a raison
quand il parle d'un certain héritage, mais on ne peut pas se contenter
de laisser les choses telles quelles sont. C'est dans cette perspective que le
livre vert a été rédigé. Que dit-il
essentiellement? De remettre l'école dans son milieu; de remettre le
milieu dans l'école aussi, en faisant appel, non seulement aux
commissaires qui sont déjà là, mais aux parents, en
faisant appel à des rapports plus suivis entre maîtres et parents,
entre parents et direction d'école; en organisant, s'il est possible
et la tournée me démontre tous les jours que cela est
souhaité par la population des comités de coordination
dans chaque école qui tiendraient compte des exigences, des besoins, des
aspirations de chaque milieu, l'école étant appelée
à répondre davantage à ces besoins et à ces
aspirations.
Est-ce que le gouvernement réussira à remotiver les
parents, les enseignants et par voie de conséquence les enfants aussi?
C'est évidemment le défi des années qui viennent. Mais si
j'en juge d'après la tournée que je viens d'effectuer autour du
livre vert, il semble bien que le milieu veuille désormais se porter
davantage responsable de ses écoles. J'estime que c'est de bon augure et
que c'est dans cette direction que nous trouverons des solutions et non pas en
prenant des voies un peu
simplistes qui porteraient à croire que, si on manie le gros
gourdin, on peut restaurer du jour au lendemain un certain ordre dans
l'école. C'est beaucoup plus compliqué, beaucoup plus subtil que
cela. C'est une affaire de climat, c'est une affaire de mentalité et non
pas une affaire de législation et de réglementation. Voilà
ce que je voulais dire, M. le Président, et d'ailleurs j'ai le sentiment
que le député de Jacques-Cartier ne sera pas sans penser beaucoup
comme moi.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
M. Saint-Germain: M. le Président, seulement une seconde,
si vous voulez bien. Je ne veux pas continuer le débat là-dessus.
Je souhaite bonne chance au ministre, croyez-moi, seulement si le
ministre...
Mme Lavoie-Roux: II a toute ma sympathie.
M. Saint-Germain: ... conserve le contrôle de 87% du budget
au niveau du gouvernement provincial, ses chances de succès sont
minimes.
M. Morin (Sauvé): J'ai expliqué hier, M. le
Président, je ne veux pas y revenir pour ne pas faire perdre le temps de
la commission, la façon dont nous comptions décentraliser
l'administration grâce à nos quatre plans d'activités au
niveau des commissions scolaires. Ce n'est pas juste pour nous amuser que nous
proposons cela. Nous en avons fait l'expérience de façon
satisfaisante dans 45 commissions scolaires, l'évaluation n'est pas tout
à fait terminée, mais l'évaluation préliminaire que
nous avons faite de ce nouveau système est jusqu'ici satisfaisante. Nous
songeons même à créer de nouvelles directions
régionales pour nous rapprocher de chaque région et pour nous
mettre plus à même d'être sensibles aux besoins
exprimés par les commissions scolaires, par l'école, et s'il est
une solution à nos problèmes, c'est dans ce sens-là
qu'elle se trouve.
Le Président (M. Dussault): Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Je dois quand même dire que j'appuie le
député de Jacques-Cartier quand il parle en termes de pourcentage
de budget. Mais quand on parle d'une centralisation de la négociation
collective aussi considérable que celle qu'on connaît, cela
crée des embûches considérables pour justement avoir votre
école du milieu, qui colle au milieu, et aux réalités du
milieu. C'est un fait indéniable. C'est un choix politique que le
gouvernement fait de continuer dans cette ligne. On verra ce que cela va donner
et je comprends que c'est difficile de faire marche arrière, mais il
reste que le ministre est fort conscient qu'on est joliment encarcané
dans chacun des niveaux locaux par les dispositions de la convention collective
et c'est davantage dans ce sens que je parlerais de centralisation.
Mais, pour revenir à des questions plus pratiques, je voulais
simplement demander si, à la page 41, les chiffres que j'ai cités
tout à l'heure constituent simplement pour mon information, sans
commentaire les sommes supplémentaires qui sont ajoutées
et si les autres sont des réaménagements, par exemple, quand vous
avez parlé d'animateurs en pédagogie. Évidemment, cela
fait partie du développement des langues, est-ce qu'il y a d'autres
montants que ceux-là qui sont des montants neufs dans le budget?
Simplement oui ou non. C'est tout, vous me le signalerez s'il y en a
d'autres.
M. Morin (Sauvé): Ce sont des montants additionnels, Mme
le député, qui s'ajoutent d'ailleurs, bien sûr, au plan de
développement de l'enseignement des langues. Ce sont des montants
additionnels.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Alors, je voudrais revenir à la
page A-04. Je pense qu'on va débuter, pour vrai quoique le reste n'ait
pas été inutile.
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
si vous dites qu'on va débuter réellement, est-ce que vous voulez
laisser entendre que nous pouvons maintenant passer au programme 4?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela que je veux dire.
M. Morin (Sauvé): D'ailleurs, nous y sommes implicitement
depuis le début, M. le Président, mais on peut le faire
formellement, si vous le voulez.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): C'est qu'en y allant
très précisément, cela permet au président de faire
le calcul du temps, ce qui n'est pas possible au niveau des remarques
préliminaires et générales, et cela rend toujours le
président un peu nerveux de ne pas pouvoir mieux encadrer le
débat. Ceci dit, j'appelle le programme 4 et plus spécifiquement
l'élément 1. Nous allons y aller dans l'ordre puisque vous avez
l'air d'avoir des points de vue ordonnés, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on ne discutera pas du programme 4
globalement, compte tenu du livre que vous nous avez préparé.
Le Président (M. Dussault): Je n'y vois pas d'objection,
Mme le député...
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'on va encore sauter à
côté, de toute façon.
Le Président (M. Dussault): ... je vais vous
reconnaître vingt minutes sur les quatre éléments du
programme 4.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon, on va procéder
élément par élément, à ce
moment-là.
Enseignement
Le Président (M. Dussault): Je suis là pour
protéger votre droit de parole, c'est pourquoi j'appellerai
immédiatement l'élément 1 du programme 4.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on ne pourrait pas, par exemple,
donner un droit de parole de vingt minutes à chacun des
représentants des partis et ensuite, on pourra faire un deuxième
tour, si les gens n'ont pas posé toutes leurs questions?
Le Président (M. Dussault): Je pense que là, on va
s'embarquer énormément en faisant ça. Vous avez
déjà eu énormément de temps pour discuter de
l'ensemble du programme 4, ainsi que de l'élément 1 du programme
2. Je pense que si vous êtes d'accord pour prendre vingt minutes sur les
quatre éléments du programme 4, c'est une façon de
fonctionner, on l'utilise souvent d'ailleurs. Cependant, vous pouvez utiliser
vingt minutes sur chacun des éléments du programme 4. Remarquez
qu'il s'est déjà dit tellement de choses sur le contenu de chacun
des éléments que ce serait peut-être exagéré,
mais vous avez le droit.
Age d'admission à l'école
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je ne sais pas où
je me situe, mais je pose la première question, j'espère qu'elle
se rapporte à l'élément 1. ... vingt minutes, j'aurais
fini au programme 4.
Dans la première partie, on a passablement de statistiques sur la
description des réseaux et je voudrais demander si, au ministère
je vous avais posé la question l'an dernier et vous m'aviez dit
que c'était à l'examen, si je ne m'abuse vous songez
à réexaminer l'âge d'admission à l'école.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président. À
l'heure actuelle, comme on le sait, cela vaut pour la maternelle aussi bien que
pour la première année, l'enfant doit avoir cinq ans ou six ans
révolus, selon le cas, au 1er octobre. On nous a fait beaucoup de
représentations dans le but d'admettre les gens nés le 2 octobre,
le 3 octobre ou le 1er novembre, en nous disant que dans les cas qu'on nous
signale, l'enfant est intelligent, même quelquefois surdoué et
qu'on ne peut pas le laisser poireauter à la maternelle, alors qu'il
devrait déjà être en première année. Nous
sommes sensibles à ces arguments. Effectivement, il existe des enfants
sans doute plus doués que d'autres ou appartenant à un milieu
où la conversation de tous les jours stimule l'enfant; il y a donc des
enfants qui sont prêts à entrer à l'école avant les
autres.
Néanmoins, c'est très difficile à évaluer,
chaque cas individuel donnant lieu à des disputes à n'en plus
finir et dès que vous faites une exception, tous les parents des enfants
nés entre le 1er octobre et le 1er janvier rappliquent en disant: Si
c'est bon pour la petite Jeanne, c'est sûrement bon pour mon petit
Alexis. Prouvez-moi qu'il n'est pas aussi intelligent que la petite Jeanne. De
sorte qu'on s'enfonce dans des débats sans fin. C'est pourquoi la
règle du 1er octobre a été appliquée de
façon stricte. C'est pourquoi également, je pense qu'à
l'avenir, quelle que soit la date retenue, elle devra être fixe et ferme.
Si jamais nous en venons à retarder la date au 1er novembre, au 1er
décembre, voire au 1er janvier, il faudra sans doute dire non aux gens
qui sont nés le 2 novembre, le 2 décembre et le 2 janvier. Il y
en aura toujours.
À l'heure actuelle, nous étudions au ministère la
possibilité de retarder l'âge au 1er novembre, au 1er
décembre et au 1er janvier. C'est à l'étude. C'est une
question que nous voulons étudier d'abord et avant tout sous ses aspects
pédagogiques. Vous pouvez bien penser qu'une telle décision ne
peut être prise avant qu'on ait fait des études assez approfondies
sur le plan pédagogique et sur le plan des quotients intellectuels.
Cette décision n'est pas prise à l'heure actuelle. J'ose
espérer que d'ici quelques mois, nous serons fixés. (11 h 30)
Lorsque nous aurons tranché l'aspect pédagogique, il
restera à trancher l'aspect financier. Chaque fois que nous retardons la
date d'entrée d'un mois, il en résulte immédiatement un
coût supérieur de $6 millions, de sorte que si nous devions
prendre la décision de retarder la date au 1er janvier, le coût de
système serait immédiatement supérieur de $18
millions.
La solution, s'il en est une, et à la condition que je me
persuade qu'il est souhaitable de retarder la date en raison de
l'évolution du milieu, serait sans doute d'échelonner dans le
temps, sur une période de trois ou de six ans, la transition du 1er
octobre au 1er janvier. Il faudrait d'abord que je me persuade que la chose est
pédagogiquement valable, ce qui n'est pas encore le cas, puisque je n'ai
pas les résultats des études. Je suis donc obligé de
répondre à la question de Mme le député par un
propos d'étape, sans plus, pour l'instant.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais faire deux commentaires à la
réponse du ministre. Je voudrais lui faire remarquer que les
circonstances sont peut-être un peu différentes de ce qu'elles
étaient quand on a établi l'âge d'admission au 1er octobre.
Une de ces conditions qui est changée, c'est le fait que, maintenant,
tous les enfants, à peu d'exception près, passent par la
maternelle et même, de plus en plus, passent par une
prématernelle.
Autrefois, l'enfant arrivait en première année, ou
même en maternelle, et n'avait jamais eu d'autres occasions de
socialisation que celles que lui fournissait l'école
régulière. Je pense que c'est en 1969/70 peut-être
pas partout, mais en tout cas, dans la région de Montréal
qu'on a terminé l'établissement des maternelles. Avant cette
date, les enfants n'étaient pas, d'une façon
généralisée, dans les maternelles.
Les enfants, finalement, se lassent un peu de ce système de
prématernelle. Il y en a même qui. souvent, sont allés en
garderie avant cela. Il y a eu la garderie, la prématernelle, la
maternelle. Ce seraient peut-être des considérations à voir
au plan pédagogique et au plan du développement de
l'enfant, avant de décider d'en faire uniquement une question
d'argent. Je suis prête à admettre que $6 millions et $18
millions, c'est beaucoup d'argent. Mais je pense qu'il ne faut pas non plus
créer des problèmes chez des enfants qui, finalement, un peu
ennuyés d'avoir des activités non stimulantes ou pas suffisamment
stimulantes sur une période d'années, se heurtent à des
problèmes d'adaptation quand ils entrent dans le cadre de la
première année régulière. C'est une
considération importante, je pense.
La deuxième, c'est que c'est vrai... Je disais ceci, parce que ce
n'est pas nécessairement une question de savoir si Ti-Jean est plus
intelligent que Ti-Jan, mais vraiment le fait est que les enfants sont
maintenant soumis à des expériences différentes de ce
qu'elles étaient quand les maternelles se sont ouvertes.
La deuxième chose, évidemment, c'est que, qu'on retienne
le mois de décembre ou le mois de janvier, à ce moment-là,
il y a quand même une demi-année pour l'enfant qui arrive juste
avec un anniversaire qui suit le 1er octobre. Souvent, un enfant qui est
doué perd pratiquement une année. Il reste toujours le
problème d'évaluer les aptitudes des enfants.
Il me semble que ce soit une demande qu'on retrouve d'une façon
de plus en plus fréquente chez les parents et qui mériterait un
examen. Je ferai remarquer au ministre et cela m'avait fort amusé
que quand on a finalement descendu l'âge d'admission à
octobre, on avait trouvé une foule d'arguments pédagogiques pour
rationaliser ou justifier ce choix. Cela ne m'étonnerait pas beaucoup
que, s'il y avait un désir politique qu'on la ramène au 1er
décembre ou au 1er janvier, on vous trouve aussi d'autres bonnes raisons
pédagogiques pour la justifier en novembre ou en décembre. Mais
je pense que la raison fondamentale, sur laquelle il faut se pencher, c'est les
expériences différentes auxquelles les enfants d'âge
préscolaire... sont maintenant soumis et auxquelles ils n'étaient
pas soumis, autrefois.
M. Morin (Sauvé): Mme le député a raison.
Cela tend à relativiser la question qu'elle m'a posée. On ne peut
pas, de dix ans en dix ans, donner la même réponse à cette
question. Non seulement y a-t-il eu amélioration du côté de
l'enseignement à la maternelle, mais il y a le monde des communications
dans lequel baignent les enfants qui est infiniment plus dense que celui
d'autrefois et qui, d'ailleurs, pose des problèmes pour l'apprentissage
de l'écriture.
Je n'irai pas jusqu'aux dernière conclusions que M. McLuhan tire
de la supposée fin de la galaxie Gutenberg, mais il reste que ce nouveau
climat de communications crée des problèmes pour l'apprentissage
de la lecture et de l'écriture. Le nouveau climat, le nouveau bain de
communications dans lequel les enfants se trouvent, joue à la fois pour
eux et contre eux. Il les développe peut-être davantage et, en
particulier, il développe sans doute leurs facultés d'expression
orale, mais il ne facilite pas nécessairement je parle du point
de vue du gros bon sens, parce que nous n'avons pas d'études
précises là-dessus encore les apprentissages scolaires
auxquels ils seront soumis.
Deuxièmement, on porte à ma connaissance des études
dont je ne connais pas le contenu précis encore, mais dont on me dit
ce sont des études britanniques qu'elles concluent
à la nécessité pédagogique de retarder
l'entrée en classe à l'âge de sept ans révolus,
à cause de la transformation du milieu des communications, du monde des
communications, de sorte que j'en tire au moins la conclusion provisoire
suivante: ce n'est pas une question simple qu'on peut trancher sur le plan
politique ou purement politique d'un coup d'épée. J'ai pris note
des propos de Mme le député de L'Acadie, j'y suis sensible, mais
je ne pourrai prendre une décision éclairée dans ce
dossier que lorsque j'aurai devant moi les résultats des recherches en
cours.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire un an, à peu
près?
M. Morin (Sauvé): On me dit quelques mois.
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'elles sont en cours depuis l'an
dernier.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est exact, mais, vous savez, il y
a là des recherches à effectuer...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Morin (Sauvé): ... des sondages à faire. Si nous
ne voulons pas trancher cette question de façon purement politique, pour
plaire aux gens, mais si nous voulons au contraire nous fonder sur des
données pédagogiques un peu sûres, il faut prendre le temps
de le faire.
Mme Lavoie-Roux: Je signale en passant qu'il semble maintenant y
avoir une augmentation des élèves au primaire, à partir de
1978-1979. Au plan démographique, il y a une augmentation, n'est-ce
pas?
M. Morin (Sauvé): Oui, au niveau de la maternelle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, au niveau de la maternelle et qui se fera
sentir en première année l'an prochain. Vous avez
évidemment les données pour les zéro à cinq ans.
Cette progression...
M. Morin (Sauvé): C'est une reprise.
Mme Lavoie-Roux: ... persiste-t-elle chez les zéro
à cinq ans?
M. Morin (Sauvé): C'est une reprise.
Mme Lavoie-Roux: Le bébé boom est arrivé
avant l'avènement du PQ?
M. Morin (Sauvé): Pour un certain palier. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): II ne saurait que s'amplifier
désormais, puisque les gens ont confiance dans l'avenir.
Agents de développement
pédagogique
Mme Lavoie-Roux: Oui. Pourrait-on nous dire combien d'agents de
développement pédagogique il y a au ministère de
l'Éducation, dans quelle matière? Ce que je voudrais savoir, en
fait, c'est quelle a été la croissance des agents de
développement pédagogique dans cela fait trois ans ou
quatre ans qu'on les a au ministère? les quatre dernières
années.
M. Morin (Sauvé): Mme le député, nous allons
faire rechercher les chiffres pour chaque service. Je tenterai de vous donner
la réponse au début de l'après-midi. Je dois vous dire,
cependant, que le système des ADP ne donne pas entièrement
satisfaction au ministère. Nous sommes à réexaminer
l'utilisation qu'on peut faire de ces enseignants qui sont
détachés au ministère. Pour toutes sortes de raisons, nous
n'avons pas toujours obtenu les meilleurs candidats possible, mais je ne
m'étendrai pas là-dessus avant de vous donner les chiffres.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je devrais conclure de votre
réponse que jusqu'à maintenant, ils ont au moins
été maintenus ou en progrès, ou s'il y a une diminution,
par exemple, cette année, compte tenu de ces observations que vous venez
de faire?
M. Morin (Sauvé): II y a eu une diminution dès
1975/76. Depuis ce temps, je pense que cela se maintient grosso modo, mais
j'aurai des chiffres plus précis cet après-midi.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'hier, on lisait une forte
augmentation c'est ce qui m'est apparu, parce que je n'avais pas les
chiffres des ADP en français et en langue seconde.
M. Morin (Sauvé): II faut distinguer. Les conseillers
pédagogiques dans les commissions scolaires, ceux dont on parlait hier,
ce ne sont pas des ADP, c'est du personnel professionnel engagé par les
commissions scolaires dans les commissions scolaires. Les chiffres qui
étaient identifiés hier comme étant 220 conseillers
pédagogiques en français et 190 en anglais, ce sont des
conseillers dans les commissions scolaires. Tandis que les ADP, ce sont des
engagés...
Mme Lavoie-Roux: Ils relèvent du ministère, les
autres relèvent des commissions scolaires.
M. Morin (Sauvé): C'est exact. Je dois dire que le
système des conseillers pédagogiques donne beaucoup plus
satisfaction que le système ADP.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, ces réserves, je les avais
eues dès le départ. C'est une population plus flottante, qui
voyage beaucoup. De toute façon, c'est à vous autres d'en faire
l'évaluation. Du côté de la révision des programmes,
on en a parlé un peu ce matin, est-ce qu'on pourrait nous dire où
vous en êtes dans cette révision des programmes, parce que la
révision des programmes n'a pas débuté cette année
ou l'an dernier? Je dirais qu'elle est presque constante au ministère de
l'Éducation depuis plusieurs années. Où en êtes-vous
donc, tant à l'élémentaire qu'au secondaire?
M. Morin (Sauvé): II est vrai que c'est la fonction d'un
ministère de l'Éducation de constamment revoir les programmes. Il
y a un vaste cycle de révision. Il n'empêche que depuis l'an
dernier, depuis que j'ai annoncé la priorité au français,
la priorité à l'anglais, langue seconde, la priorité
à l'histoire et à la géographie, nous avons
accéléré la révision des programmes dans ces
domaines. Je pense au français, en particulier, où nous achevons,
en ce moment, la révision des programmes du primaire. Nous
entreprendrons bientôt la révision complète des programmes
du secondaire. Cela a fait l'objet de travaux accélérés
depuis l'an dernier, depuis que j'avais annoncé la priorité. Si
vous voulez vous reporter à la page A-66, vous pourrez d'ailleurs
constater quelles sont les réalisations de la direction des programmes,
qui fait partie du développement pédagogique, pour l'année
1977/78. Vous verrez qu'il est question de la mise au point et de l'adoption
d'un cadre d'élaboration des programmes et des guides
pédagogiques. C'était une démarche méthodologique
qu'il fallait faire pour se donner un cadre à l'intérieur duquel
on pourrait désormais fonctionner. Cela est fait, je crois.
Ensuite, on a réalisé un stage de perfectionnement des
professionnels en matière de développement de programmes et de
taxonomie des objectifs. Cela aussi, je pense que ça devait être
fait avant d'aller plus loin. Et, ainsi de suite, vous pourrez constater qu'on
a achevé la publication de 17 recueils des programmes d'études de
l'enseignement professionnel au secondaire. C'est une tâche qui
était commencée, évidemment, depuis quelque temps, mais
qu'on a accélérée et qu'il était urgent de publier.
On a, de même, procédé à la révision des
programmes d'histoire nationale, de français au primaire, comme je
l'indiquais il y a un instant, et on a achevé quelques nouveaux
programmes d'études, dont le programme de formation morale pour les
enfants exemptés de l'enseignement religieux. Cela était en
marche, bien sûr. On a également achevé le programme
intitulé "Grammatical English ", l'économie familiale, la
formation personnelle et sociale, au moins dans sa version préliminaire,
le programme d'écologie, le programme de biologie. J'ajoute que dans le
cas du programme d'écologie, j'en fais une affaire presque personnelle,
puisque j'ai demandé qu'on retienne les services de la personne qui est
probablement la mieux placée au Québec pour nous aider à
mettre au point des programmes et des méthodes d'enseignement les plus
avancés et,
en même temps, les plus réalistes, qui est M. Pierre
Dansereau. (11 h 45)
De même... Oh! je ne vais pas me contenter de lire ce qui se
trouve à la page A-66. Je pense avoir donné l'essentiel.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais savoir d'une façon
précise quel est votre échéancier pour la révision
des programmes, la totalité des programmes. Je comprends qu'il y a
toujours des mises à jour à faire; c'est normal dans un
système qui évolue, et si vous parlez
d'accélération de programmes, est-ce que vous avez songé,
par exemple, à utiliser des professeurs pendant un certain nombre de
saisons estivales, ce qui permettrait justement d'accélérer cette
révision des programmes qui, à mon point de vue, est quand
même très longue et ça, je l'admets?
M. Morin (Sauvé): J'ai signalé hier, Mme le
député, qu'il y avait déjà 1300 enseignants ou
conseillers pédagogiques mêlés à
l'élaboration de ces programmes. Nous pourrions, bien sûr, tenter
d'accélérer les choses l'été, mais, en
réalité, ce qui se passe, c'est qu'il est impossible de rejoindre
les gens l'été. À tour de rôle, ils prennent leurs
vacances, de sorte que si nous voulions pousser durant cette saison, nous
obtiendrions probablement le résultat contraire, qui est de ralentir
tout le processus et de frustrer bon nombre d'administrateurs et d'enseignants
qui seraient appelés à participer à ces exercices. Nous
pensons que, pour l'instant, la partie active de l'année suffit
amplement, à condition qu'il y ait suffisamment de monde dans le tableau
pour procéder aux révisions qui s'imposent. Si vous voulez bien,
Mme le député, vous reporter à la page A-65, vous verrez
quelles sont les orientations pour l'année 1978-1979. Nous voulons, au
cours de cette année, réviser tous les programmes d'études
du niveau primaire, et cela, avant juin 1979. C'est en cours. Cela se fait par
équipes, évidemment, avec la participation de conseillers
pédagogiques et d'enseignants.
Nous voulons, pour juin 1980, avoir revu les programmes du secondaire
qui le nécessitent. Certains de ces programmes avaient
déjà été revus au cours des années qui
précèdent et nous ne voyons pas toujours la
nécessité, l'intérêt de revoir pour le plaisir de
revoir. Quand un programme nous paraît suffisamment bien
étayé comme il est, nous remettons la révision
éventuelle à plus tard.
Vous pourrez lire, à la page A-65, tout ce que nous comptons
faire durant l'année qui vient. Nous voulons revoir les régimes
pédagogiques du primaire et du secondaire; mettre à jour les
politiques générales relatives aux activités
éducatives du primaire et du secondaire; élaborer une politique
d'évaluation et ses modalités de fonctionnement...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le ministre. Ma seule
préoccupation c'est de voir ceci accéléré le plus
possible parce que les écoles et les commissions scolaires le demandent.
Il y a des commissions scolaires qui sont mieux équipées que
d'autres pour le faire, mais si on veut parler d'amélioration de la
qualité de l'enseignement et l'adapter, cela me semble fondamental.
Éducation physique
Touchant l'éducation physique et le sport à
l'école, je vois que l'an dernier le ministère devait...
Déjà, depuis quelques années, le ministère
procédait à un inventaire des ressources en éducation
physique dans les écoles. Je voudrais demander au ministre si on a mis
de côté la possibilité d'établissement de gymnases
ou la construction et le réaménagement de gymnases pour
l'éducation physique. Il y a $5 millions qui sont affectés
à de l'équipement léger. Il y a $3 millions qui vont aux
conseillers pédagogiques et $5 millions sont prévus pour les
cours d'écoles.
J'ai toujours encouragé l'utilisation des cours d'école,
mais si on veut parler sérieusement d'un programme d'éducation
physique pour les élèves de l'élémentaire, il va
falloir penser à des gymnases, compte tenu du climat qu'on a.
D'après mon expérience on est peut-être
privilégié au point de vue du climat à Montréal par
rapport à la ville de Québec où l'hiver dure un peu plus
longtemps et débute un peu plus tôt. Les mois d'école
où on peut se servir de la cour de récréation, c'est quand
même, en étant très optimiste, trois mois par année,
et je pense que je suis optimiste en évaluant cela à trois
mois.
Alors, quels sont vos plans? On parle beaucoup de l'éducation
physique. Le ministre délégué au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports dit qu'il met l'accent
là-dessus, mais dans les faits, que fait-on? Je ne suis pas sûre
qu'on tente d'y répondre de la bonne façon.
M. Morin (Sauvé): Distinguons, si vous le voulez bien,
entre les équipements et les budgets de fonctionnement. Pour ce qui est
des équipements, nous consacrons les millions de dollars que vous avez
mentionnés pour améliorer, notamment, les équipements
légers et les cours d'écoles. Il nous paraît, en effet,
qu'il faut aller au plus pressé et voir à ce que certaines
écoles, qui n'ont pas encore de cours de récréation
convenables puissent au moins créer des conditions propices aux
ébats des enfants. Vous avez cependant raison de penser que c'est
insuffisant et qu'il faut songer à des équipements plus
spécialisés et notamment à des gymnases. Toutefois, nous
nous sommes rendu compte, lorsque nous avons ouvert ce dossier, que si, dans
certaines régions, la coordination entre les commissions scolaires, les
cégeps et les municipalités avait été
effectuée, ailleurs elle ne l'était pas. Je pourrais vous donner
des exemples, dans certains coins du Québec, en particulier dans les
villes, naturellement, où la commission scolaire et la
municipalité, chacun de son côté, ont des
équipements, des gymnases ou même voire des piscines, lesquels ne
sont pas ouverts à l'ensemble de la population.
Vous n'ignorez pas d'autre part qu'il existe une demande de plus en plus
forte du côté des loisirs pour qu'on puisse avoir accès aux
piscines et aux gymnases. Ce besoin se fait également sentir même
au niveau des personnes âgées de sorte que nous nous sommes rendu
compte qu'il fallait, avant de se lancer dans la construction de gymnases ou de
piscines, s'assurer que, partout à travers le Québec, les
équipements existants sont pleinement utilisés. Or, ce n'est pas
le cas. Beaucoup de commissions scolaires refusent, en raison du coût, en
raison des conventions collectives signées avec les concierges, d'ouvrir
les gymnases ou les piscines à la population. De même, les
municipalités hésitent souvent ou refusent même d'ouvrir
leurs portes aux enfants des écoles voisines. De sorte que le
gouvernement a décidé de créer un groupe
interministériel au sein duquel siègent non seulement les
délégués de l'Éducation, mais ceux du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports et ceux des
Affaires municipales, en vue de mieux coordonner les équipements.
Entre-temps, je reçois constamment des demandes de construction
de gymnases, quelquefois de piscines, demandes dans lesquelles on me dit: M. le
ministre, c'est vrai qu'il y a une diminution de la clientèle scolaire,
c'est vrai que nous avons une petite école, mais nous aimerions un grand
gymnase, ou une grande piscine, car cela pourrait être utile
également au reste de la population. Souvent, tout le monde est d'accord
pour faire payer au réseau de l'éducation des équipements
qui serviraient éventuellement aux municipalités et aux loisirs.
À cela, nous répondons, et je crois que cela va devenir une
politique de plus en plus ferme: Que la commission scolaire s'entende avec la
municipalité et avec les loisirs pour se partager le coût d'un
gymnase qui serait suffisamment grand pour accommoder tout le monde.
Je viens, dans le cas de
Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, d'écrire à la
commission scolaire pour lui dire: Très bien, nous paierons notre part.
Notre part sera substantielle. Mais si vous voulez un gymnase deux fois plus
grand alors que votre population scolaire diminue constamment, eh bien, faites
des arrangements avec la commission scolaire, avec les loisirs, et si chacun
veut bien contribuer financièrement, tout le monde pourra avoir un
gymnase qui répondra aux besoins du milieu. C'est vers ce genre de
politique que nous allons de plus en plus.
En attendant, nous voulons améliorer les programmes et les
méthodes pédagogiques et, cette année, le ministère
s'est donné les objectifs suivants, dans le cadre du plan de
développement de l'éducation physique: premièrement,
réviser et compléter la première version du programme
d'enseignement. Là, nous faisons appel à huit ADP et cela exige
un montant de $387 000. Nous devons également élaborer les guides
pédagogiques nécessaires à la compréhension et
à l'application des programmes d'enseignement, mettre à l'essai
le programme d'enseignement dans un nombre limité de commissions
scolaires, élaborer un guide du plein air, évaluer le temps
d'enseigne- ment nécessaire pour atteindre les objectifs,
élaborer un guide sur l'évaluation des apprentissages en
éducation physique pour les niveaux primaire et secondaire,
élaborer, enfin, un guide sur la démarche pédagogique
sous-jacente au programme d'enseignement du primaire et du secondaire.
Voilà. M. le Président, où nous en sommes; si Mme le
député de L'Acadie a des suggestions à nous faire pour
améliorer encore davantage les programmes que je viens de
décrire, tant pour les équipements que pour l'élaboration
des programmes, eh bien, elle est la bienvenue.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on ne peut pas
être contre ce que le ministre vient de dire, il faut coordonner les
efforts, il faut que les municipalités, les commissions scolaires, enfin
les différents organismes et associations se mettent ensemble, il faut
s'assurer que tout soit utilisé au maximum, j'en suis. Mais il reste
que, dans la réalité des faits... Je vais vous donner un exemple
concret, qui est un bon exemple de cette collaboration entre une
municipalité et une école où les coûts ont
été partagés, je vais vous parler de l'école
Père Marquette ou du centre Marquette à Montréal. Le
député de Rosemont est peut-être familier avec cela. Vous
avez cette collaboration très intense, la piscine a été
construite par la ville de Montréal, de même qu'une partie du
gymnase. Vous avez le modèle, dans le sens où vous nous
parlez.
M. Morin (Sauvé): Je pourrais vous citer un cas plus
éloquent encore à Longueuil où on a réussi à
grouper plusieurs organismes pour la construction d'équipements
sportifs.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, je pense que cela
fonctionnait avant Longueuil. Le centre Marquette était là
quand... Peu importe. C'est quand même un exemple de collaboration. Les
élèves de Marquette sont bien servis, de même que la
population le soir, etc.
Il y a, autour de cela, des écoles élémentaires
sans gymnase et de vieilles écoles. Je vous parle de Lamennais, je vous
parle d'une grosse école comme l'Assomption. Ces enfants, qui n'avaient
pas de gymnase, ont pu profiter de Marquette. Les horaires ont
été combinés pour laisser un peu de temps à
l'élémentaire, etc.
Compte tenu des programmes d'éducation physique au secondaire, il
reste que le temps dévolu à ces autres écoles et à
quelques-unes des écoles environnantes n'est pas suffisant ou n'existe
pas. Ce que je veux dire, c'est que le ministère de l'Éducation a
quand même fait un inventaire. S'il a fait un inventaire, j'imagine que
ce n'est pas seulement en fonction des gymnases a, b, c, d, mais en fonction
des populations à desservir et de la localisation de ces gymnases. Je
veux bien attendre que tout le monde se coordonne, mais je pense que les deux
choses doivent aller parallèlement. On peut établir, à ce
moment-ci, où il n'existe pas de gymnase pour l'éducation
physique. Le gouvernement, en faisant toutes ces études, peut, pendant
des années, retarder la
construction des équipements qui sont nécessaires. Il faut
savoir qu'il y a des populations qui ne sont pas servies en éducation
physique, en dépit de tous les efforts de coordination qui se font, de
toute la motivation qu'on peut avoir, etc.
On ne peut pas continuellement dire: On fait des études, on fait
des études. Les deux doivent aller parallèlement et je
m'étonne qu'on ne s'oriente pas plus rapidement vers la construction de
gymnases là où les besoins sont réels et non pas fictifs.
(12 heures)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je tiens quand
même à préciser un ou deux faits qui permettrait
d'éclairer Mme le député de L'Acadie.
C'est un fait que beaucoup d'écoles primaires n'ont pas
accès à un gymnase. Si nous devions construire un gymnase dans
chaque école primaire j'imagine que ce n'est pas cela que vous
avez dit cela ferait 3000 gymnases, au coût moyen de $500 000.
Faites le total...
Mme Lavoie-Roux: ... M. le ministre!
M. Morin (Sauvé): ... alors qu'il existe encore des
problèmes de places-élèves dans le système, Mme le
député le sait. Nous sommes très sympathiques au
développement de l'éducation physique. Nous allons faire un
effort considérable au cours des années qui viennent, mais il
faut que ce développement soit coordonné, compte tenu de la
diminution des clientèles dans le secteur scolaire, avec les
municipalités et les loisirs, parce qu'au fur et à mesure que les
écoles vont être fermées les unes après les autres
je ne dis pas qu'elles le seront toutes, Dieu merci, avec nos nouvelles
politiques, mais il va s'en fermer tout de même il faudrait que
ces équipements puissent être disponibles pour les
municipalités et pour les loisirs. Mais on ne peut pas faire une
politique au terme de laquelle ce serait l'éducation qui paierait pour
tout cela pour ensuite les remettre aux autres. Que les autres fassent leur
effort, qu'ils coordonnent leur effort avec nous.
Mme Lavoie-Roux: Totalement d'accord là-dessus,
mais...
M. Morin (Sauvé): Bien. C'est une note d'accord sur
laquelle nous pouvons terminer M. le Président, puisqu'il passe
midi.
Le Président (M. Dussault): Madame, messieurs, compte tenu
de la convention établie pour quelques semaines, les travaux, le
mercredi, se termineront à midi. J'ajourne les travaux de cette
commission sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 1 )
(Reprise de la séance à 17 heures)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, madame et
messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire
élue permanente de l'éducation ayant le mandat de faire
l'étude des crédits de l'éducation. Les membres de cette
commission sont: M. Alfred (Papineau), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste
(Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le Moignan (Gaspé); M.
Gosselin (Sherbrooke) en remplacement de M. Marquis (Matapédia); M.
Morin (Sauvé), M. Paquette (Rosemont), M. Picotte
(Maskinongé).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Goulet (Bellechasse), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Springate (Westmount), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Je remarque la présence de M. le député de
Bourassa. Est-ce que vous remplacez quelqu'un, M. le député?
M. Laplante: M. le Président, je viens à titre de
parlementaire. Lors de l'étude des crédits, chaque
député peut venir parler et participer aux débats.
Le Président (M. Dussault): Vous êtes le bienvenu,
M. le député de Bourassa.
Mme Lavoie-Roux: Ne serait-il pas intervenant?
M. Laplante: Je n'ai pas besoin d'être intervenant ni
membre de la commission.
Le Président (M. Dussault): Effectivement, M. le
député. Tous les membres de l'Assemblée nationale peuvent
intervenir sans être inscrits à une commission parlementaire pour
les crédits et uniquement pour les crédits.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que par hasard Mme le
député de L'Acadie eût préféré que le
député de Bourassa s'abstînt?
Mme Lavoie-Roux: Non, ce matin, je voulais avoir son
témoignage. Vous vous en souvenez, M. le ministre. Il a deviné
mes désirs.
M. Laplante: Quelle coïncidence!... Il est compliqué
ce verbe.
M. Morin (Sauvé): S'abstînt? Avec un accent
circonflexe.
Mme Lavoie-Roux: Je suis certaine qu'il saura s'abstenir.
M. Laplante: Pour rassurer Mme le député de
L'Acadie, comme présidents...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas besoin d'être rassurée,
aucunement.
M. Laplante: ... des commissions parlementaires, on nous a
demandé de nous abstenir d'être membres des commissions. On ne
peut y aller que lorsqu'on est libres.
Mme Lavoie-Roux: Pour que vous deveniez meilleur président
et c'est fort bien.
M. Laplante: Probablement, cela se peut, "Mme la
Présidente". Vous voyez, une déformation en partant.
M. Saint-Germain: C'est un heureux précédent.
Le Président (M. Dussault): Madame et messieurs, toute
clarification étant faite, nous allons reprendre les travaux de notre
commission. Au moment où nous avions ajourné, Mme le
député de L'Acadie avait la parole. Je ne sais pas si elle avait
terminé son intervention.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous m'aviez accordé mes
premières vingt minutes, en tous les cas.
Le Président (M. Dussault): Tout près, oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il avait été convenu que le
député de Maskinongé... je pense que c'était lui
qui était sur la liste. Il faudrait poursuivre avec l'Union Nationale.
Peut-être que le député de Maskinongé...
Le Président (M. Dussault): C'est cela. Vous êtes en
train de dire à ma place ce que je devrais dire.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Effectivement, selon le
principe de l'alternance, nous devrions donner la parole à M. le
député de Gaspé.
M. le Moignan: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'espère qu'on ne vous
prend pas trop par surprise, M. le député.
Adaptation de l'école au milieu
M. Le Moignan: Presque. J'ai essayé de griffonner quelques
notes à la hâte tout à l'heure. Vous allez peut-être
dire que ce n'est pas responsable, mais j'avais beaucoup d'autres chats
à fouetter en même temps aujourd'hui. Mais, comme nous avons
commencé à étudier le programme 4 et je pense qu'on a
parlé un peu, ce matin, des différents éléments qui
entrent dans le programme 4, j'aurais certaines observations qui, souvent,
peut-être, valent des questions. Le ministre pourra me couper,
m'interrompre quand il le voudra et me fournir, en passant, certaines
réponses.
On parle... Évidemment, on l'a dit hier, au début de la
commission, c'est un projet éducatif ici, qui nous intéresse, et
nous avons des programmes très précis. Je me demande quand on
parle de l'école du milieu, si la précision trop grande des
programmes est de nature à empêcher certaines initiatives locales.
Je pense que je pose ma question immédiatement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous devons
réconcilier deux objectifs. Le premier, c'est d'assurer à tous
les jeunes Québécois et Québécoises, quelle que
soit la région du Québec où ils vivent, un programme
d'apprentissage scolaire minimal. C'est ainsi que la jeune fille, qui est au
secondaire et qui doit quitter Sherbrooke pour aller terminer ses études
au Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, doit pouvoir le faire sans perdre une
année. Il doit donc y avoir une similitude des programmes, quelle que
soit la région du Québec où l'on se trouve. De même,
le jeune garçon, qui est au primaire à Gaspé, doit pouvoir
suivre ses parents à Hull et continuer ses études sans
inconvénient. La réciproque serait vraie, d'ailleurs.
D'une part, donc, nous devons assurer une formation minimale à
tous les jeunes Québécois. Cela ne peut se faire que par le
truchement de programmes de base minimaux. L'autre objectif à atteindre
est celui d'adapter l'école au milieu où elle est inscrite, de
rapprocher l'école de la communauté dont elle instruit les
enfants.
Le livre vert, pour atteindre cet objectif, propose d'abord une marge de
manoeuvre de 150 minutes par semaine, par exemple. Cette marge de manoeuvre
permet à une commission scolaire et. dans notre esprit, à
l'école, de dire comment elle voudrait utiliser ce temps. Serait-ce pour
augmenter les minutes consacrées à l'enseignement de la langue
maternelle ou pour favoriser l'éducation physique ou l'enseignement des
arts? C'est à chaque commission scolaire ou école qu'il
appartiendrait d'y répondre.
Le livre vert va même plus loin, il propose que chaque
école se donne, avec la participation des enseignants, des parents, de
la direction, des personnels non enseignants, voire des étudiants au
niveau secondaire, au second cycle en particulier, un projet éducatif,
c'est-à-dire que chaque école se donne, grâce à une
certaine marge de manoeuvre, un portrait qui soit le sien.
Nous devons donc trouver l'équilibre entre une certaine
centralisation des programmes et la décentralisation qui est
nécessaire pour obtenir que chaque école reflète les
besoins spécifiques de son milieu. Ce n'est pas une chose facile, ce
sera toujours une question d'équilibre et non pas une question de
favoriser soit la centralisation aux dépens de la
décentralisation, ou l'inverse. C'est un peu le même
problème que le conflit entre les droits individuels et les droits
collectifs. D'ailleurs, peut-être pourrait-on constater que ce bon vieux
conflit sous-tend la question que le député a soulevée:
L'intérêt collectif à assurer un programme minimum à
travers tout le Québec, l'intérêt local à s'assurer
que l'école reflète un peu ses aspirations et ses besoins.
Avons-nous trouvé cet équilibre dans le livre vert? Je le
pense; la tournée que j'effectue à travers le Québec tend
à m'en persuader. Cependant, dans certaines régions du
Québec, on veut plus de marge de manoeuvre. On est allé, dans
certains cas, jusqu'à proposer que seulement 60% des programmes soient
définis par Québec; 40%
seraient donc définis par les commissions scolaires, voire les
écoles.
J'avoue qu'il est très difficile de tirer une conclusion
mathématique à la suite de cette consultation. Je vais
néanmoins être obligé de prendre un certain nombre de
décisions après avoir pris connaissance de tout ce qui se trouve
dans les questionnaires qui nous ont été retournés, dans
les mémoires qui nous ont été envoyés.
Peut-être allons-nous être portés à élargir la
marge de manoeuvre un peu plus que ce que nous avions prévu. Je ne sais
encore. Je puis simplement assurer le député de Gaspé que
j'ai été très sensibilisé à cette question
pendant ma tournée du Québec.
M. Le Moignan: M. le Président, si j'ai posé cette
première question, c'est que je sais que, dans beaucoup de milieux, on a
discuté du point sur lequel le ministre apporte des précisions,
que je voulais entendre de sa part. Quand il nous dit que l'école est le
reflet du milieu, il y a une autre objection qui m'a été
transmise, de la part de milieux urbains, de la part des centres: il se peut
très bien que, dans un coin donné d'une ville, peut-être la
zone défavorisée, on dise que l'école, par le fait
même, est défavorisée, car, dans le passé, il y a eu
une tendance pour les parents, parce que l'autre zone était plus
favorisée, d'envoyer leurs enfants dans l'autre zone. Est-ce un
phénomène qui existe encore? Est-ce qu'il y a un danger
là-dedans? Est-ce que cela a causé des problèmes?
M. Morin (Sauvé): Lorsque la commission scolaire est
restreinte dans son étendue, cela ne pose pas particulièrement de
problèmes, puisque le nombre de possibilités offertes aux parents
et à l'enfant est limité. Dans les grandes commissions scolaires,
je sais qu'il y a des règles. On ne va pas nécessairement
à l'école qu'on veut. Il y a un territoire pour chaque
école et, en principe, on est dirigé vers telle école,
sauf, évidemment des cas spéciaux, comme par exemple, une
école de Montréal qui consacre la moitié de son temps
à la formation musicale, auquel cas, évidemment, le recrutement
est beaucoup plus vaste.
Ce vers quoi nous tendons dans la foulée du livre vert, ce sont
des écoles qui refléteraient leur milieu, qui, sans aller
jusqu'à ce qu'on appelle l'école alternative, seraient
néanmoins très typées, très
imprégnées des aspirations, de la mentalité du milieu. Il
se pourrait que le projet pédagogique, que le projet éducatif
d'une commission scolaire consiste à offrir un peu plus de souplesse aux
parents et aux enfants et à leur permettre d'exercer un certain choix
entre les écoles. Mais, pour ça, il faudrait qu'il y ait
suffisamment d'écoles dans un voisinage assez restreint.
Il ne faudrait pas non plus qu'on arrive à une situation
où des écoles seraient pour ainsi dire vides, tandis que d'autres
se rempliraient à capacité. Il y aura là aussi des
équilibres à déterminer.
M. Le Moignan: Dans le même domaine, celui du primaire, je
sais qu'il se fait en Gaspésie, par nécessité, dans la
paroisse de Douglas Town, qui a un certain nombre de familles francophones, le
transport d'élèves à la paroisse de Saint-Georges et vice
versa pour les anglophones de Saint-Georges. C'est au primaire. Est-ce que,
pour le transport, des situations comme ça sont assez nombreuses dans la
province ou si ce sont plutôt des cas isolés? Je parle du
primaire.
M. Morin (Sauvé): Plus on s'éloigne des centres
vers les régions périphériques, plus on trouve ce genre de
situation. Je ne dis pas que ce soit généralisé au niveau
primaire. C'est plutôt exceptionnel, je pense, au niveau primaire. Mais,
au niveau secondaire, c'est plutôt la règle
générale, sauf pour le secondaire I et le secondaire II, qui sont
encore passablement implantés au niveau local.
M. Le Moignan: Maintenant, l'an dernier, nous avons parlé,
en commission parlementaire, d'histoire, de géographie, et cela a
été mentionné en passant, je ne veux pas entrer dans ces
détails, le livre vert fait aussi mention des cours d'initiation
à l'économie. Quand nous sommes passés là l'an
dernier, le 26 mai, le ministre nous avait rassurés et nous disait
qu'à la suite d'une conversation avec te premier ministre, qui se
trouvait au sommet économique de Pointe-au-Pic, c'était le
désir de la direction générale du développement
pédagogique, qui a voulu en faire une de ses priorités en
1977/78, du moins au niveau des secondaires IV ou V. Est-ce qu'il y a eu des
priorités, est-ce que vous avez commencé à élaborer
des programmes en ce sens et est-ce que, bientôt, vous croyez que vos
projets seront mis en chantier. Il était même question, à
ce moment-là, d'une certaine initiation pour le primaire je
comprends que cela sera passablement élémentaire pour en
arriver ensuite à donner des aperçus plus profonds au niveau du
secondaire, en attendant que les élèves n'arrivent au
collégial. (17 h 15)
On sait que les caisses populaires, certaines compagnies, certains
syndicats, multiplient des rencontres d'information, à divers endroits
de la province, pour essayer de donner à la population en
général ils invitent même les jeunes des
notions très brèves.
Est-ce que le ministère en fait une de ses priorités? Vous
aviez déclaré, l'an dernier, que l'histoire, la géographie
et l'économique, cela se tient. Si cela se tient, est-ce que,
bientôt, on en verra la réalisation dans les programmes ou si
c'est difficile, à cause de votre grille horaire, de trouver une
période par semaine? Ou encore, est-ce que nous avons des professeurs
assez préparés pour faire face à cette
éventualité?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si le
député veut bien prendre son cahier vert, à la page
A71...
Mme Lavoie-Roux: Celui-là, oui.
M. Le Moignan: Celui-là m'accompagne.
M. Morin (Sauvé): Je ne parle pas du livre
vert. C'est un document beaucoup plus exalté. Je vous parle du
cahier vert des crédits.
M. Le Moignan: Celui-là m'accompagne continuellement.
M. Morin (Sauvé): Je n'en doute pas. Si vous prenez votre
cahier vert à la page A71, vous verrez que la direction des programmes,
dans le cadre d'un effort pour rendre plus précis les programmes, est en
train de réviser ou d'élaborer plusieurs d'entre eux.
Au niveau primaire, vous pourrez constater que figurent dans la liste
des programmes en voie de révision ou d'élaboration les sciences
humaines, comprenant l'histoire, la géograhie et l'éducation
économique.
En effet, nous voulons que, dès l'école primaire, l'enfant
soit sensibilisé aux questions économiques. Ce programme devrait
être prêt au mois de juin; j'entends le programme de sciences
humaines.
Au niveau secondaire, vous pourrez constater également que
l'éducation économique fait partie des programmes qui sont en
voie de révision. C'est le programme qui s'appelle Initiation à
la vie économique.
Allant plus loin maintenant et me tournant vers l'avenir, j'inviterai le
député de Gaspé à consulter le livre vert.
Voilà quel devrait être son livre de chevet, beaucoup plus que le
cahier vert des crédits.
M. Le Moignan: J'ai déjà consulté le livre
vert...
Mme Lavoie-Roux: Cela va peut-être devenir un peu
incohérent, mais ce n'est pas grave.
M. Le Moignan: ... mais cela demeure tout de même des
projets. C'est précis, mais on ne sait jamais à quelle date cela
va aboutir. On sait que c'est dans le livre vert, mais cela peut prendre
peut-être deux ou trois ans avant que l'étude et
l'application...
Mme Lavoie-Roux: 1984.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je crois que le
livre vert va déboucher sur un plan d'action et c'est à ce
moment-là que le député pourra juger si oui ou non nous
étions sérieux en proposant ce que nous avons proposé dans
le livre vert.
Toujours est-il que, s'il veut bien consulter celui-ci à la page
94, il constatera que nous proposons des objectifs de formation dans le domaine
de l'éducation économique. Je ne lirai pas au long ces objectifs,
mais je lui rappellerai simplement que, pour ce qui est du premier cycle du
secondaire, il est proposé que les programmes visent à ce qu'au
terme du premier cycle l'élève puisse connaître les
opérations financières courantes, établir son budget
personnel, connaître les composantes du budget familial, comprendre
l'influence de la publicité sur ses habitudes de consommation,
posséder les éléments du système économique,
connaître les composantes essentielles de l'économie de son milieu
et, au second cycle, on voudrait atteindre une situation où
l'élève, à sa sortie de ce cycle, soit initié aux
caractéristiques essentielles du système économique dans
lequel nous vivons et à certains autres systèmes, qu'il soit
sensibilisé à la nécessité d'un bon
développement économique pour le bien général de la
collectivité, qu'il comprenne l'interdépendance de la
consommation et de la production, de l'offre et de la demande, des coûts
et des bénéfices, qu'il soit conscient aussi de
l'inégalité dans la répartition des richesses et soit
capable d'en rechercher les causes, qu'il connaisse l'existence de certains
groupements coopératifs qui tentent de résoudre leurs
problèmes économiques par l'action collective.
Voilà, M. le Président, ce que nous avons proposé
à la population. Je puis vous dire que l'impression
générale que je tire de ma tournée est que ces objectifs
sont largement partagés par les principaux agents de
l'éducation.
M. Le Moignan: M. le Président, je voudrais attirer
l'attention du ministre sur une situation de fait dans la ville de
Québec, mais qui peut se répéter ailleurs. À la
suite de conversations avec cinq ou six parents en fin de semaine, je leur ai
demandé de me griffonner tant bien que mal quelle était leur
situation. On m'a mentionné qu'à cause de la diminution tragique
de la population ici dans la ville, il y a beaucoup de
déménagements, les gens s'en vont vers la banlieue. On m'a
donné des chiffres selon lesquelles il y avait 32 906
élèves en 1970 et qu'il n'en reste que 19 500 en 1978. J'ose
croire que ces chiffres sont véridiques. Ce sont des gens, apparemment,
qui vivent à la basse ville de Québec. Ils ont leur
problème, parce que cela entraîne la fermeture
d'écoles.
Ensuite, il y a le boulevard Charest, je crois, qui force les parents
à envoyer leurs enfants, pour parler en termes de protection... Les
écoles qui n'ont pas 225 élèves aujourd'hui n'ont pas
droit à un directeur, ou encore on fusionne on envoie les enfants... On
dit que l'école est jumelée à une autre école. La
route est très dangereuse parce qu'on voyage à 70 milles à
l'heure et même, pour certaines classes, des divisions sont
annexées, la quatrième et la cinquième année
ensemble.
Face à tout cela, on se demande, à l'avenir, de quelle
façon on pourra regrouper ou transporter puisqu'on n'a pas le
transport par autobus... L'inquiétude, c'est surtout pour les jeunes de
5 à 10 ans, parce qu'ils ont le boulevard Charest à traverser. On
nous parle de Notre-Dame-de-la-Pitié, de la rivière
Saint-Charles, du boulevard Hamel et le reste. On dit qu'il y a 17
écoles de quartier qu'on aimerait sauvegarder, mais là encore le
nombre d'élèves a tendance à diminuer.
Face à tout ce problème, j'aimerais simplement avoir une
réponse.
M. Morin (Sauvé): Les chiffres mentionnés par le
député ressemblent tout à fait à ceux que j'ai pu
voir récemment. La dénatalité frappe durement toutes les
commissions scolaires du Québec, et celle de la ville de Québec,
la CECQ, n'y échappe pas. Devant cette situation et la fermeture des
écoles qu'elle entraîne, j'ai énoncé
récemment
une nouvelle politique en vue de maintenir ouverte une dernière
école dans chaque quartier d'une ville.
Pour définir le quartier, puisque c'était l'obstacle
principal, nous avons procédé à des rencontres avec une
vingtaine de commissions scolaires, dont la CECQ. Nous avons ainsi pu,
grâce à la collaboration de la CECQ, établir une sorte de
planification de ce que seront les dernières écoles de quartier
dans la région de Québec.
Pour définir les quartiers, nous avons tenu compte des grands
obstacles naturels: une rivière, une voie ferrée, une autoroute,
un obstacle comme le cap Diamant, un grand parc, bref, tous les obstacles qui
rendent plus difficilement accessible l'école aux enfants. Nous sommes
arrivés, dans le cas de la CECQ, à définir neuf quartiers
dans lesquels sera maintenue une dernière école pour l'avenir
prévisible.
Il s'agit non pas de maintenir des écoles qui n'ont plus leur
raison d'être, mais.de planifier l'avenir de sorte que les familles de
chaque quartier sauront désormais qu'en dépit de la diminution
des clientèles scolaires, elles pourront toujours compter sur cette
école. L'avantage de cette démarche, c'est de prévenir
d'avance les parents que s'ils veulent se loger près d'une école,
ils n'ont qu'à se renseigner pour savoir quelle sera la dernière
du quartier. Cela n'exclut donc pas qu'il y ait des fermetures d'écoles,
puisque, avec les chiffres qu'a mentionnés le député, il
est bien évident que certaines écoles vont devoir être
fermées. Mais nous tentons de nous assurer que chaque commission
scolaire planifie l'avenir et ne se trouve pas prise au dépourvu avec
des chutes dramatiques de clientèle. C'est la réponse la plus
contrète que nous avons pu trouver à ce grave
problème.
Si le député veut me faire des suggestions sur la
façon d'améliorer encore le système, je les recevrai avec
le plus grand plaisir, parce que je ne demande qu'une chose, c'est de faire en
sorte que les jeunes n'aient pas à se déplacer sur de grandes
distances pour atteindre leur école, surtout au niveau primaire, bien
sûr.
M. Le Moignan: Pour les écoles de quartier, M. le
ministre, je serais peut-être mal placé pour vous donner des
conseils d'ordre pratique, étant donné que je n'habite pas la
ville, mais j'ai un cas concret c'est peut-être ma dernière
question les anglophones de mon comté. Cela va devenir tragique.
Vous savez qu'à Gaspé, il y a une école primaire qui a
peut-être 120 ou 130 élèves, grâce à la
municipalité de Pointe-Navarre, Saint-Majori-que, Haldimand, en somme,
tout le tour de la baie de Gaspé. Ensuite, vous allez à dix
milles plus loin, vous avez l'école de Douglastown, paroisse irlandaise
je n'ai pas de chiffres précis mais qui atteint à
peine une centaine de sujets, ce qui fait que, si on va plus loin, il y a
l'école de Barachois, c'est encore quinze, vingt milles. Il y a un
directeur pour les trois écoles. Je pense que c'est sage. Le directeur
se déplace... Mais si ces élèves, à cause de la
dénatalité, et pour d'autres raisons sont regroupés,
à un moment donné, le ministère va affronter un
sérieux problème... Est-ce qu'il est question de les regrouper
la possibilité existe-t-elle au centre? Je parle des
anglophones de notre coin... En tout cas, est-ce possible de maintenir...
M. Morin (Sauvé): C'est un problème qui existe
déjà dans certaines autres régions du Québec...
M. Le Moignan: Oui, si on l'a chez...
M. Morin (Sauvé): La Gaspésie n'est pas la seule
qui est frappée par ce genre de difficulté.
M. Le Moignan: Vous parlez des anglophones?
M. Morin (Sauvé): Nous parlons des anglophones.
M. Le Moignan: Oui, c'est pour ça que je... comme exemple,
mais je sais que la même chose peut se produire aussi ailleurs.
M. Morin (Sauvé): Et peut se produire pour des
francophones aussi, mais...
M. Le Moignan: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... ce sont surtout les anglophones qui
sont dispersés dans certaines régions, et vous savez que le
ministère a des politiques selon lesquelles ces enfants peuvent, par
arrangement, être envoyés à l'extérieur faire leurs
études. Mais, pour plus de détail, je vais demander au
sous-ministre adjoint de compléter la réponse.
Dans les milieux anglophones d'un territoire éparpillé,
prenons un cas précis que j'ai vu récemment, la
Basse-Côte-Nord, les parents sont cinq ou six dans une localité,
on ne peut pas donner un enseignement de qualité au petit nombre
d'enfants qu'ils ont; les parents choisissent l'endroit où ils
voudraient faire éduquer leurs enfants, soit chez des parents ou des
amis, et la commission scolaire paie le coût per capita que cela lui
coûte pour envoyer ces enfants à l'extérieur. C'est une
mesure qui permet d'offrir l'enseignement dans leur langue à ceux qui y
ont droit, même si le nombre d'enfants n'est pas suffisant dans une
localité donnée; mais il y a aussi le fait que, dans les
distances que vous donnez, il y a le transport, souvent, et aussi le
regroupement, qui est la meilleure solution dans ces cas. (17 h 30)
M. Le Moignan: Ou côté secondaire, c'est la
même situation pour les francophones et les anglophones chez nous, parce
qu'ils partent de 40 milles, aux deux extrémités de la ville de
Gaspé, et ils sont dans la même école. À ce
moment-là, cela va assez bien, les catholiques et les protestants sont
regroupés. Est-ce que, du point de vue primaire, il y aurait
possibilité, un jour, de regrouper les catholiques et les protestants
dans la même école primaire?
M. Morin (Sauvé): Cela existe déjà dans
certains cas, mais, évidemment, c'est à l'initiative des
commissions scolaires que nous pouvons adopter des solutions comme
celle-là.
M. Le Moignan: Je sais que ce n'est pas encore tragique chez
nous, mais je sais qu'à un moment donné, cela deviendra un
problème. On ne peut pas leur dire: Allez à l'école
française, parce qu'ils ne sont pas prêts, ils ne parlent
même pas le français, ils l'apprennent en cours de route, quand
ils se reculent un peu plus, mais, au départ, les parents
s'inquiètent, et à juste droit, je pense.
M. Morin (Sauvé): Ce serait évidemment terrible,
n'est-ce pas, qu'ils aient à étudier en français?
M. Le Moignan: Non, parce qu'il y en a qui ont déjà
commencé à le faire.
M. Morin (Sauvé): Oui, et j'espère que vous
encouragez cette tendance!
M. Le Moignan: Ce que je déplore, c'est le cas de nos
francophones qui envoyaient leurs enfants à l'école anglaise, pas
pour en faire des Anglais, parce que le milieu est assez français, mais
pour leur permettre d'être bilingues...
M. Morin (Sauvé): Est-ce pour cela que vous avez
appuyé la Charte de la langue française, M. le
député?
M. Le Moignan: C'est-à-dire que je ne l'ai pas
appuyée en troisième lecture.
M. Morin (Sauvé): Non? M. Le Moignan: Non.
M. Morin (Sauvé): C'est pour cela que je m'interrogeais
sur les propos que vous tenez en ce moment.
M. Le Moignan: Ce n'est pas seulement à cause des
anglophones, M. le ministre, vous le savez très bien. Ce n'est pas parce
que j'ai quelques centaines d'enfants anglophones dans mon comté, cela
motive un peu nos décisions, mais c'était beaucoup plus profond
que cela, la loi 101. Nous étions d'accord sur beaucoup de points, vous
le savez, nous avions beaucoup de beaux arguments qui n'ont pas passé,
de même que les libéraux...
M. Morin (Sauvé): Enfin, j'en conclurai, au moins, que
vous êtes d'accord avec cet aspect de la Charte de la langue
française.
M. Le Moignan: II y a des aspects de la Charte de la langue
française qui sont très positifs, que nous avions dans notre
programme et que j'aurais votés. Si le gouvernement avait accepté
tous les amendements qui ont été proposés, on aurait eu
une très belle loi, cela ne fait aucun doute.
Je vais terminer pour le moment, M. le Président. J'aurai
d'autres questions plus tard.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Dans les commissions
scolaires actuellement, combien y en a-t-il qui sont encore administrées
par des syndics?
M. Morin (Sauvé): De mémoire, je crois que c'est
trois ou quatre, il y a: Rouyn, Baie-Comeau, Greenfield Park et une dans la
Beauce.
M. Laplante: Ces commissions scolaires, c'est en vertu de...
M. Morin (Sauvé): C'est en vertu du bon vieux droit
à la dissidence qui est protégé par les dispositions
constitutionnelles.
M. Laplante: Je sais qu'on a eu beaucoup de difficultés
à un certain moment pour l'acceptation, par les commissions scolaires,
du transport des écoliers. Est-ce qu'il y a encore des revendications au
niveau de la Fédération des commissions scolaires ou des
commissions scolaires? Est-ce qu'elles sont satisfaites actuellement?
M. Morin (Sauvé): D'après les derniers échos
qu'on a eus de la fédération relativement au transport scolaire,
c'était loin d'être négatif. C'était de voir,
suffisamment à l'avance, la réglementation du ministère
des Transports, le règlement no 11 et, jusqu'à maintenant, on
doit dire que, règle générale, il y a une satisfaction qui
se manifeste.
M. Laplante: Tant mieux. On en a parlé, M. le ministre,
depuis des années, je crois que cela fait au moins quatre ou cinq ans
qu'on essaie, du moins du temps où j'étais commissaire et que
madame était présidente, d'avancer l'âge des enfants ou du
moins de rajeunir les enfants...
Mme Lavoie-Roux: On a discuté de cela ce matin.
M. Laplante: Si vous en avez discuté, je ne voudrais pas
revenir...
M. Morin (Sauvé): Nous en avons discuté assez
longuement ce matin.
M. Laplante: ... sur le sujet. M. Morin (Sauvé):
Oui.
Classes d'accueil
M. Laplante: Je lirai le journal des Débats. M. le
Président. Les classes d'accueil, est-ce que vous avez l'intention de
les maintenir, à partir de la prématernelle?
M. Morin (Sauvé): Nous avons I'intention de maintenir les
classes d'accueil, puisqu'il s'avère qu'elles ont rendu de grands
services du côté francophone. J'ai même offert, il y a
quelque
temps, aux commissions scolaires protestantes, si elles voulaient
élargir l'enseignement qu'elles donnent en français, tout en se
conformant, naturellement, au programme français, l'accès
à ces classes d'accueil.
M. Laplante: Vous avez l'intention de les maintenir au même
niveau où elles sont, avec les mêmes programmes. Je sais
qu'à la prématernelle ou à la maternelle, il y a des
choses différentes qu'on donne, des privilèges qu'on donne
à d'autres élèves francophones. Est-ce que c'est
maintenu?
M. Morin (Sauvé): Le nombre d'enfants, évidemment,
détermine l'étendue des services que nous voulons offrir. Ce
nombre a eu tendance à augmenter récemment. Je n'ai pas les
chiffres exacts, mais peut-être M. le sous-ministre pourrait-il nous les
communiquer. La raison en est que le gouvernement s'efforce de favoriser
lintégration des enfants, des personnes qui immigrent au Québec
à l'école française. Et nos efforts, depuis quelques
années je reconnais aussi qu'il y a eu des efforts de la part de
l'ancien gouvernement sur ce chef ont produit d'assez bons
résultats. On a pu voir récemment, d'ailleurs, dans les journaux,
une évaluation très favorable du travail de ces classes
d'accueil. Il n'est pas question d'en diminuer l'importance, mais,
naturellement, si le nombre d'enfants venait à diminuer,
forcément, les services s'en ressentiraient.
M. Laplante: Surtout au niveau des services, M. le ministre. Ils
ont le privilège d'aller à la maternelle une journée
entière au lieu d'une demi-journée et même, je ne sais pas
si c'est courant dans d'autres commissions scolaires, on va jusqu'à leur
servir à dîner avec une popote roulante. Est-ce que c'est encore
un service existant?
M. Morin (Sauvé): Oui, ce sont des services qui leur sont
offerts et le but, évidemment, c'est de faire apprendre la langue
à ces enfants le plus rapidement possible. On pense qu'une
journée, cela donne des résultats plus efficaces, plus concrets
que si on ne les retient qu'une demi-journée.
M. Laplante: Je sais qu'à la CECM, où se trouvaient
ces classes d'accueil, on permettait au secteur francophone de suivre à
temps plein les classes maternelles. Est-ce que cette entente existe encore au
niveau des commissions scolaires qui ont voulu s'en prévaloir?
M. Morin (Sauvé): On me dit qu'il s'en fait...
Mme Lavoie-Roux: Pour permettre un contact entre les deux.
M. Morin (Sauvé): ... encore, oui, par le truchement du
jumelage.
M. Laplante: Maintenant, les COFI. On sait qu'actuellement...
Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Cela relève de l'Immigration.
M. Laplante: Cela relève de l'Immigration, mais je
voudrais savoir les relations qui existent entre votre ministère et
l'Immigration. Est-ce que c'est le ministère de l'Éducation qui
fournit les programmes? Quelles sont les relations qui peuvent exister entre
les deux?
M. Morin (Sauvé): Les COFI ne relèvent pas de
l'Éducation, comme vous venez de l'observer, mais nous avons des
contacts; je pense en particulier au niveau de l'éducation des
adultes.
M. Laplante: L'éducation des adultes. Excusez-moi si je
pose des questions à brûle-pourpoint. Je veux revenir aux
difficultés d'adaptation et d'apprentissage. Si je regarde au budget de
cette année, à moins qu'il y ait des corrections à faire,
il y aurait une diminution dans ce budget: $90 millions à comparer avec
$94 millions l'an passé; en 1977/78, révisé, $103
millions. Les montants se maintiennent d'année en année et on dit
qu'il y a toujours de plus en plus de ces enfants en difficulté
d'apprentissage. Qu'est-ce qui fait que les budgets diminuent au lieu
d'augmenter?
Mme Lavoie-Roux: C'est le nombre d'enfants, ce n'est pas le
budget que vous avez mentionné. C'est 90 603.
M. Laplante: Le nombre d'enfants ou le budget. Ah, je m'excuse.
Une erreur des yeux.
Mme Lavoie-Roux: II s'est trompé de colonne.
M. Laplante: On va avoir une réponse quand même.
M. Morin (Sauvé): Les chiffres auxquels le
député fait allusion...
M. Laplante: Mes chiffres ne sont pas bons, je me suis
trompé de colonne. Je m'excuse, mais je sais qu'il y a diminution quand
même dans le budget pour cette catégorie d'enfants.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est qu'une année portant
l'autre, la diminution est en moyenne d'à peu près 7%. Alors, on
a établi les chiffres, les prévisions en tenant compte d'une
diminution de 7%. C'est à la page 06, page que vous avez amplement
annotée ce matin, Mme le député de L'Acadie.
Si vous me permettez une observation pour ce qui est des chiffres, des
prévisions de l'année 1978/79, il est probable que ce chiffre de
$90 575 ne reflète pas tout à fait la réalité. Ce
sont des chiffres utilisés par le Conseil du trésor en se fondant
sur les données réelles de 1976/77. Ce qu'il importe de noter,
c'est que les montants ne diminueront pas si les clientèles ne diminuent
pas.
Mais le chiffre qui est donné là, les chiffres
utilisés en novembre 1977, pour l'établissement des
crédits, sont des chiffres fixés par le Conseil du
trésor.
L'enseignement en milieux
défavorisés
M. Laplante: Suite à une étude de la CECM qui vient
de paraître et que je n'ai pas lue, concernant les milieux
défavorisés, je ne sais pas si vous en avez parlé ce
matin.
M. Morin (Sauvé): Non.
M. Laplante: Je ne sais pas quelle est la contribution du
ministère. Je sais que cela a été commandé par la
CECM.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Laplante: On vient d'en voir un résultat sur ce qu'on
appelle, au temps où nous vivons, en 1978, des erreurs monumentales sur
la direction qui était prise pour distribuer l'enseignement dans ce
milieu.
M. Morin (Sauvé): Je vous avoue que j'ai pris connaissance
par les journaux du rapport qui a été soumis à la CECM ces
jours-ci. Je n'ai pas encore reçu le texte complet. J'ai vu cependant
les commentaires des journaux que le député de Jacques-Cartier
s'est employé à me faire lire.
Je vous avoue que j'ai hâte de prendre connaissance du rapport
complet, puisque j'ai été quelque peu étonné par
les conclusions de ce rapport. Si j'ai bien compris sa portée, il tend
à démontrer que les résultats obtenus par les enfants
venant de milieux défavorisés ne sont pas moindres que ceux qui
sont obtenus par les enfants venant de milieux moins défavorisés,
de sorte que cela tendrait à démontrer que tous les efforts que
nous faisons pour les milieux défavorisés, c'est-à-dire la
maternelle quatre ans, à l'école ou à la maison, la
série Passe-partout et plusieurs autres efforts qui sont
consacrés à ces milieux seraient parfaitement inutiles.
Avant de tirer cette conclusion, cependant, je voudrais lire et analyser
le rapport qui a été soumis à la CECM avec beaucoup
d'attention. J'ai hâte, notamment, de prendre connaissance de la
méthodologie qui a été utilisée pour en venir
à ces conclusions. Je ne sais pas si Mme le député de
L'Acadie partage ma perplexité, mais je tends à être
prudent.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous avez raison, M. le ministre.
Par contre, il est fort heureux que cette étude ou cette recherche ait
été faite. Dans le fond, cela permet de réajuster le tir
là où il y a lieu, sans cela, on ne ferait pas de recherche.
C'est l'objet des recherches.
Je voudrais revenir un peu plus tard sur les milieux
défavorisés. Il y a quand même une conclusion qui est
tirée et qui est extrêmement importante; c'est à peu
près celle-ci: La période entre deux ans et demi et sept ans est
encore la période où il est le plus important d'intervenir pour
amorcer le processus de développement des enfants. (17 h 45)
Je pense que Francine Bonnier, qui a fait la recherche, dit qu'il ne
faut pas interpréter cela comme mettant la hache dans les
prématernelles ou les maternelles. C'est qu'elle veut, je pense,
détruire certains préjugés, mais je pense qu'il faut que
ce soit nuancé, vous avez raison de l'examiner soigneusement.
Déjà, je voudrais vous dire en passant que la CECM, par exemple
je ne sais pas si c'est dès l'an dernier ou depuis cette
année ne retiendra pas la maternelle à temps plein, comme elle
l'avait pour certains enfants des milieux défavorisés, parce
qu'il est justement prouvé que le programme n'était pas assez
significatif. Cela permettra de rétablir des priorités et c'est
pour cela qu'on fait de la recherche. Mais il ne faut pas arriver à de
grandes conclusions: on jette la...
M. Laplante: J'ai hâte d'avoir la même chance que
vous, Mme le député de L'Acadie. J'ai essayé
d'avoir...
Mme Lavoie-Roux: J'ai pris la peine de téléphoner
dès que j'ai vu la note dans les journaux, parce que cela
m'intéressait beaucoup. J'ai demandé qu'on m'en envoie une copie,
c'est aussi simple que cela.
M. Laplante: M. le ministre, lorsque vous en aurez, pourrez-vous
nous en faire distribuer une copie?
M. Morin (Sauvé): Sûrement, parce que, si les
conclusions sont telles que je les ai lues dans les journaux, cela peut nous
amener à repenser certains de nos efforts dans les milieux
défavorisés. C'est bien certain.
Je vous assure que j'aborde cette question avec l'esprit le plus ouvert
possible, mais, n'ayant pu consulter le document complet, je suis quelque peu
perplexe.
Formation professionnelle
M. Laplante: Je vais revenir, M. le Président, à la
formation professionnelle. À la formation professionnelle, on dispose
d'environ 160 programmes à ce niveau. Est-ce que les programmes ont
été révisés pour les élèves dans le
contexte économique qu'on vit en 1978?
M. Morin (Sauvé): Nous les révisons...
M. Laplante: En 1978, il y a des métiers qu'on
apprend...
Mme Lavoie-Roux: Ah! du côté professionnel, oui.
M. Morin (Sauvé): Nous les révisons les uns
après les autres et, seulement pour la dernière année, je
n'ai pas il y en a eu 17, oui les chiffres exacts sous les yeux,
mais, de mémoire, 17 de ces programmes du secteur professionnel ont
été révisés.
M. Laplante: Avez-vous des ententes actuellement, dans le secteur
des métiers, qui finiront par aboutir, avec le ministère du
Travail, pour certains métiers que les élèves apprennent?
Ceux-ci, rendus sur le marché du travail, ne peuvent pas se placer
à cause, justement, de cartes et...
M. Morin (Sauvé): L'automne dernier, au moment de
l'approbation de la réglementation de l'Office de la construction, le
ministère a été consulté dans la définition
des termes. Effectivement, après entente avec l'Office de la
construction dans la terminologie utilisée, on doit espérer que,
dorénavant, les jeunes qui termineront au secondaire dans les
métiers de la construction auront beaucoup plus de facilité
à accéder au marché du travail que par le
passé.
L'objectif, c'était justement de faire en sorte d'aider davantage
les jeunes qui ont une meilleure qualification à entrer sur le
marché du travail.
M. Laplante: Le secondaire VI, avez-vous l'intention de
l'appliquer avant l'étude du livre vert?
M. Morin (Sauvé): Déjà, dans certains coins,
il existe, de fait, des classes de secondaire VI. Il y avait, l'an dernier, je
crois, à peu près 1500 étudiants qui fréquentaient
ces classes. Dans le livre vert, nous avons proposé d'en faire la
règle, c'est-à-dire que nous pourrions favoriser la chose et
faire en sorte qu'il soit plus facile pour un étudiant de
deuxième cycle du secondaire d'accéder par la suite au
cégep, bien qu'il passe par le secteur professionnel, j'entends le
professionnel long.
M. Laplante: Merci. Une dernière question qui touche un
peu l'administration des commissions scolaires. Une demande de la
Fédération des commissions scolaires du Québec se fait
depuis trois ou quatre ans, c'est la révision des salaires des
commissaires. Lorsqu'on parle de démocratie, on l'a fait avec les
municipalités... Actuellement, en planifiant le salaire des
commissaires, est-ce que le ministère de l'Éducation s'est
attardé, du moins, à regarder les demandes de la
Fédération des commissions scolaires?
M. Morin (Sauvé): II y a eu en 1976/77 une bonification
des honoraires versés aux commissaires. Pour l'année courante,
nous n'avons pas encore abouti, parce que nous faisons face à des
difficultés. La question est posée pour l'année
courante.
M. Laplante: Est-ce que cela veut dire qu'en 1974/75, lorsqu'ils
l'ont eue, cette révision s'est répétée en 1975/76?
Je ne crois pas.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Laplante: Excusez-moi, mais j'étais commissaire
à ce moment.
M. Morin (Sauvé): Deux ans de suite, la
rémunération du commissaire a été
révisée, en tenant compte principalement du facteur de
l'indexation.
M. Laplante: Est-ce que ce serait trop vous demander de nous
envoyer une copie de ces deux choses, les deux fois?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on ne vous l'a pas versée, M.
le député de Bourassa.
M. Laplante: Vous non plus, je crois? On était tous les
deux dans le même sac.
M. Morin (Sauvé): Mme le député de L'Acadie
va apprécier cela!
Mme Lavoie-Roux: Dans le même sac, c'est un peu fort!
M. Laplante: D'ailleurs, cela a même fait l'objet d'une
résolution de la CECM, à ce moment, d'appuyer la
fédération dans ses revendications.
Mme Lavoie-Roux: Vous étiez, comment dit-on, le promoteur
de cette motion.
M. Laplante: Je pense bien, je représentais la CECM au
niveau de la fédération.
Mme Lavoie-Roux: Vous étiez l'initiateur, je pense, au
sein de la fédération.
M. Laplante: Non, pas l'initiateur, madame.
M. Morin (Sauvé): M. le député, nous allons
vous procurer les chiffres pour demain ou après-demain au plus tard.
M. Laplante: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Selon le principe de
l'alternance, je donnerais la parole à M. le député de
Jacques-Cartier, ensuite à M. le député de Sherbrooke.
Demandes d'admission à l'école
anglaise
M. Saint-Germain: M. le Président, relativement à
l'application de la loi 101, pour l'acceptation des élèves dans
le réseau anglais, l'article 75 dit: "Le ministre de l'Éducation
peut conférer à des personnes qu'il désigne le pouvoir de
vérifier l'admissibilité des enfants à l'enseignement en
anglais et de statuer à ce sujet." Est-ce que le ministre pourrait nous
dire le nombre de demandes d'admission à l'école anglaise qui ont
été effectuées en vertu de cet article?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
d'abord dire deux mots pendant qu'on me procure des chiffres exacts, les
derniers que nous possé-
dions. Je voudrais dire deux mots sur le fonctionnement de cet organisme
qu'on appelle le bureau d'admissibilité des élèves
anglophones.
M. Proulx, qui est la personne désignée par moi, est
à l'oeuvre depuis plusieurs mois, depuis l'automne dernier, et il a eu
l'occasion de compulser, avec ses collaborateurs, un nombre de 23 902 dossiers
pour l'ensemble du Québec.
Parmi ceux-ci se trouvent 18 952 enfants admissibles, dont 15 019
à Montréal; 2161 élèves ont été
jugés non admissibles, dont 1954 à Montréal. À
l'heure actuelle, c'est-à-dire en date du 6 avril, il restait 2789
dossiers à l'étude. Ce nombre a dû diminuer quelque peu
depuis.
Vous observerez que la plupart des élèves admissibles, de
même que la grande majorité des inadmissibles, se trouvent
à Montréal, où nous trouvons 82,22% des cas qui ont
été soumis aux personnes désignées.
Je dois ajouter que, pour l'année scolaire 1977-1978, les
commissions scolaires et les institutions privées pouvaient inscrire
directement les enfants qui, l'année précédente,
recevaient l'enseignement en anglais et ceux qui s'inscrivaient pour la
première fois, sous réserve, évidemment, d'une
décision contraire de la personne désignée par le
ministre. Je veux préciser que la grande majorité des commissions
scolaires s'est conformée aux prescriptions de la charte, tant pour les
élèves nouveaux que pour ceux qui fréquentaient
déjà la même institution l'année
précédente. Malgré la date tardive de l'approbation de la
loi, quelques jours avant le début de l'année scolaire, la
rentrée s'est effectuée calmement et même très
correctement. Il y a évidemment des cas spéciaux à
signaler que les députés connaissent comme moi. Celui de la CECM,
celui du BEPGM et celui de certaines écoles ethniques.
Je ne peux donc pas faire part à la commission de chiffres tout
à fait définitifs, nous sommes encore, en ce moment, à
travailler avec le BEPGM en vue d'obtenir tous les documents requis pour la
connaissance ou la non-reconnaissance d'admissibilité de ses
élèves.
M. Saint-Germain: II y a 2582 dossiers qui sont encore à
l'étude. Qu'est-ce qu'il arrive de ces enfants, dans quel réseau
sont-ils actuellement?
M. Morin (Sauvé): Je puis vous dire dans quelles
régions ils se trouvent: quatre dans le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, aucun dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
treize à Québec, aucun à Trois-Rivières, 46 dans
I'Estrie, 2679 à Montréal, 36 dans l'Outaouais, un dans
l'Abitibi-Témiscamingue et dix sur la Côte-Nord.
M. Saint-Germain: On se méprend peut-être parce que,
si je ne m'abuse, l'addition des chiffres que vous venez de me donner
dépasse 2582.
M. Morin (Sauvé): Oui, je m'excuse, on me précise
que, depuis le moment où ces chiffres m'ont été fournis,
il y a eu beaucoup de travail effectué et, à l'heure actuelle,
d'après ce qu'on vient de m'apprendre, les dossiers à
l'étude ont été réduits à 450 dans la
région de Montréal essentiellement. Il n'y en a plus dans les
autres régions; autrement dit, tous les cas que j'ai mentionnés
à l'instant sont réglés.
Je pourrais, si le député le désire, lui fournir,
demain, un tableau plus à jour, dans lequel il aurait tous les derniers
chiffres.
M. Saint-Germain: Parmi ceux qui restent, si vous pouvez me
donner, par région, le nombre d'enfants, mais dans quel réseau
sont-ils? Ces enfants sont-ils dans le réseau de langue anglaise ou de
langue française?
M. Morin (Sauvé): Non, ils sont tous au BEPGM. Les 450 cas
qui restent à régler sont au BEPGM.
Mme Lavoie-Roux: Dans le secteur anglais présentement.
M. Morin (Sauvé): Cette commission scolaire s'est
décidée assez tard à nous offrir sa pleine
coopération. Elle est venue, mais il a falllu y mettre beaucoup de temps
et de persuasion.
M. Saint-Germain: Nous sommes pratiquement à la fin de
l'année scolaire. L'étude de ces dossiers s'est faite un peu tous
les mois. Je suppose qu'il est arrivé qu'on a trouvé que des
enfants n'avaient pas droit d'être à l'école anglaise et
qu'ils y sont actuellement.
M. Morin (Sauvé): Oui, effectivement, il y a des cas
où les enfants, délibérément, ont été
inscrits à l'école anglaise, bien qu'ils n'avaient pas le droit
d'y être, tandis que d'autres enfants ont été inscrits par
erreur à l'école anglaise et dans certains cas ont dû en
être retirés.
M. Saint-Germain: Pour ceux qui ont été inscrits
par erreur, est-ce que ces enfants ont été changés du
système de langue française vers le système de langue
anglaise ou du système de langue anglaise vers le système de
langue française?
M. Morin (Sauvé): Vous donner une réponse
chiffrée exacte, je pourrai le faire demain, si vous voulez.
M. Saint-Germain: C'est important. J'imagine que si, par erreur,
on envoie un enfant dans un réseau ou dans l'autre et qu'à un
moment donné on est obligé de le changer de réseau, pour
I'enfant il y aura un certain traumatisme; pour les parents aussi, je le
suppose. (18 heures)
M. Morin (Sauvé): C'est possible, effectivement, mais dans
la majorité des cas qui m'ont été signalés, c'est
délibérément qu'on avait choisi d'enfreindre les
dispositions de la loi. Il faut dire qu'à ce moment-là
c'était avec l'encouragement du BEPGM, qui avait décidé
d'appliquer le libre choix. Depuis lors, sa politique a évolué
quelque peu, comme vous le savez. Il a décidé notamment,
à la suite de rencontres que nous avons eues, de tenter de
favoriser l'inscription de ses élèves à l'école
française, lorsque ceux-ci devaient aller à l'école
française.
Je n'ai pas de rapport définitif de sa part sur le
résultat de ses efforts, mais il semble que cela n'ait pas porté
les fruits attendus. J'étais prêt, de mon côté,
à faciliter le plus possible l'existence de classes protestantes
françaises. Il en existe déjà d'ailleurs, c'est un
réseau qui est en pleine croissance à l'heure actuelle. J'aurais
vu là, pour les enfants protestants ou pour ceux qui s'assimilent le
plus volontiers à la collectivité protestante, une solution qui
aurait permis de résoudre beaucoup de cas. Il faudra, tôt ou tard,
bien sûr, que le BEPGM admette que cette loi a été
votée pour être appliquée et décide de se conformer
à la loi, comme I'ont fait toutes les autres commissions scolaires
protestantes.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'aurais eu quelques
mots à ajouter là-dessus, mais, puisque le temps ne me le permet
pas, j'aurais d'autres questions dans le même sens que les
premières. Peut-être pourriez-vous en prendre note et me donner
les...
M. Morin (Sauvé): Oui. Voulez-vous m'en faire part et je
vais tenter de faire sortir tous les chiffres pertinents.
M. Saint-Germain: J'aurais aimé connaître le nombre
de déclarations d'admissibilité à l'école anglaise
qui ont été déclarées nulles en vertu de l'article
77 de la Charte de la langue française.
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire l'article qui autorise
le ministre à invalider une déclaration émise par
erreur?
M. Saint-Germain: Par fraude ou sur fondement d'une fausse
représentation. L'article se lit comme suit: "Une déclaration
d'admissibilité obtenue par fraude ou sur le fondement d'une fausse
représentation est nulle." En plus, combien de cas la commission d'appel
instituée par l'article 83 de la charte a-t-elle entendus? Vous avez
donné tout de même des chiffres ici, dans votre livre vert.
M. Morin (Sauvé): II y a des chiffres qui sont
déjà disponibles dans le cahier vert et nous pourrons en discuter
demain, si vous le voulez.
M. Saint-Germain: Si vous pouviez nous disséquer ces
chiffres de façon à nous dire quelle sorte de décision a
été rendue en faveur de l'appelant ou contrairement au vouloir de
l'appelant, si vous voulez.
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas si nous avons tous ces
renseignements à notre disposition, mais je vais essayer de me les
procurer et nous pourrons commencer la séance de demain avec ces
chiffres, si vous le désirez.
M. Saint-Germain: Voilà.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes dans les chiffres, on a
passé l'heure, vous parlez de 23 000 dossiers qui avaient
été soumis, ce sont ceux des enfants qui ont demandé
à être admis à l'école anglaise, mais il y a aussi
ceux qui n'ont pas demandé à être admis à
l'école anglaise ou qui ne sont pas passés par le bureau
d'admissibilité et qui se trouvent dans des écoles anglaises. Je
sais que c'est plus difficile de les compter à l'unité, mais
est-ce qu'on a une idée du nombre de ces enfants, tant chez les
protestants que chez les catholiques des écoles privées?
M. Morin (Sauvé): Nous avons une idée du nombre de
ces élèves, puisque les commissions scolaires et notamment la
CECM ont pu en dépister, sinon tous, du moins la majorité.
Demain, je pourrai également vous donner une idée des
chiffres.
M. Saint-Germain: Une dernière question, M. le
Président, si vous voulez bien. J'aurais aussi aimé savoir
combien de personnes se sont prévalues de l'article 85 au sujet des
règlements pour déterminer à quelles conditions certaines
catégories de personnes séjournant de façon temporaire au
Québec, dont les enfants peuvent être soustraits à
l'application du chapitre... Combien y a-t-il de personnes?
M. Morin (Sauvé): Je crois que nous avons des chiffres
là-dessus que je pourrai vous fournir.
M. Saint-Germain: Combien ont reçu une réponse
affirmative et combien ont reçu une réponse négative? Et
combien de demandes sont encore en suspens?
Mme Lavoie-Roux: Et en fonction de l'article touchant les enfants
qui ont des troubles d'apprentissage, peut-être que cela est plus
difficile. Ils sont peut-être allés à l'école
anglaise. Je ne sais pas si on tient des statistiques là-dessus, mais ce
serait intéressant aussi de le savoir.
Le Président (M. Dussault): Nous ajournons nos travaux
jusqu'à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 5)