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Étude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons commencer les travaux de la commission parlementaire
élue de l'éducation ayant mandat de faire l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M.Jolivet
(Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé),
M. Paquette (Rosemont), M. Picotte (Maskinongé).
Sont intervenants: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Lors de l'ajournement, jeudi soir dernier à dix heures, nous en
étions toujours au bloc 1, selon la table des matières fournie
dès le début des travaux, c'est-à-dire au programme 4,
ainsi que le programme 2, élément 1.
N'ayant aucun intervenant de signifié, dois-je en conclure que
vous êtes prêts à voter...?
Mme Lavoie-Roux: Non. Il y a des intervenants.
Le Président (M. Dussault): Non. Mme le
député.
M. Le Moignan: Est-ce que nous avions terminé la voie
lactée? Oui?
Le Président (M. Dussault): Je ne saurais vous dire, M. le
député, je n'étais pas là comme personne, mais le
président était là, cependant, bien sûr.
M. Le Moignan: C'est réglé.
M. Morin (Sauvé): Nous cherchions toujours l'étoile
polaire.
Livre vert et opération consultation
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour ma part, il est
dans mon intention qu'on ferme le cahier ce matin, à la fin de cette
session. Je voudrais quand même poser quelques questions concernant le
livre vert. Je le fais avec un peu d'hésitations parce que je ne
voudrais pas que le ministre succombe à la tentation de vouloir me dire
tout ce qu'il y a dans le livre vert. Je l'avertis que je l'ai
déjà lu au moins quelques fois, mais il y a quand même
quelques points particuliers sur lesquels je voudrais lui poser des questions
précises.
J'ai cru comprendre il me corrigera là-dessus que,
probablement vers octobre ou novembre, il sera prêt à indiquer
quelle direction il entend donner aux études ou aux consultations qui
ont été faites sur le livre vert.
Dans ma première question, je voudrais lui demander quel a
été le coût de toute l'opération livre vert. Je
comprends qu'elle n'est peut-être pas totalement terminée, mais
quel a été le coût de l'impression, des tournées et
de tout le travail qui a entouré le livre vert? Pouvons-nous avoir une
estimation des coûts?
Préférez-vous que je vous fasse une liste, ou qu'on
intervienne au fur et à mesure des questions.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, s'il s'agit de
questions précises appelant des recherches, si minimes soient-elles,
pour que nous puissions dégager le coût de l'opération
livre vert, il nous faudrait peut-être avoir effectivement une liste de
questions précises auxquelles nous tenterions de trouver des
réponses le plus vite possible. Si Mme le député veut nous
donner des questions précises, je pourrai, pour la prochaine
séance, avoir les réponses.
Mme Lavoie-Roux: Je peux mentionner quelques
éléments que peut comprendre le coût; s'il en manque, je
pense que vous êtes mieux placé que moi pour ajouter d'autres
éléments que je pourrais oublier. Il y a d'abord le coût
d'impression du livre vert, le coût de la publicité, le coût
des personnes ressources qui peuvent être appelées à
participer à l'élaboration du livre vert et enfin, toute
l'opération tournée. Maintenant, s'il y a d'autres
éléments, comme je le disais, vous êtes probablement mieux
placé que moi pour essayer... Je comprends que le coût ne sera pas
final, mais au moins si on pouvait avoir une estimation.
J'aimerais demander au ministre, compte tenu des objectifs du livre
vert, qui entre autre chose, veulent que l'école colle le mieux possible
à la réalité, s'il entend modifier le programme de
l'élémentaire pour qu'on s'y retrouve avec une plus grande
disponibilité de temps qu'avec les 150 minutes par semaine qui restent
le seul temps libre de l'élémentaire, soit 30 minutes par jour,
ce qui est extrêmement restreint pour dire que l'école va se
donner une image, enfin, va refléter l'image de son milieu et surtout
les besoins de son milieu?
À cette même question de minutage, je vais en ajouter une
deuxième qui touche le secondaire; est-il dans les intentions du
ministre de conserver, tel qu'il est mis de l'avant dans le livre vert, la
répartition des cours à partir d'un bloc de trois
périodes, lequel, a comme principal inconvénient, à mon
point de vue, d'obliger les enseignants de rencontrer sauf dans le cas
du français et des
mathématiques au secondaire I, II, III un nombre beaucoup
plus grand d'étudiants alors qu'on déplorait justement,
déjà, ce grand nombre d'étudiants que les professeurs
avaient à rencontrer quand les programmes étaient établis
à partir d'un bloc de cinq périodes. Deuxièmement, ce bloc
de trois périodes va aussi probablement obliger les professeurs à
enseigner, non seulement une ou deux matières, mais peut-être
davantage puisque les enseignants, pour le plus grand nombre, au secondaire,
particulièrement III, IV, et V, sont déjà
spécialisés.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député a mis le doigt sur une question qui se pose à mon
esprit depuis que j'ai entrepris la tournée du livre vert. Nous avons
entendu au cours de cette tournée des arguments contradictoires. Il y
avait d'abord ceux qui nous disaient que ces 150 minutes étaient trop
peu nombreuses pour assurer à chaque école la possibilité
de se donner un projet éducatif qui reflète les besoins, les
aspirations du milieu et les caractéristiques de chaque milieu.
Il y avait les autres qui eux, estimaient qu'il ne devrait pas y avoir
de telle marge de manoeuvre et que tous les programmes devraient être
standardisés à travers l'ensemble du Québec.
L'attitude dont je m'étais fait le porte-parole, dès le
départ, et qui est, au fond, celle du livre vert, était que nous
devions tenter de réconcilier deux exigences. La première a trait
à la responsabilité du ministère de s'assurer qu'à
travers tout le Québec, on trouve ce qu'on pourrait appeler des normes
minimales en fait de programme. J'entends par là que la jeune fille qui
a commencé ses études primaires à Sherbrooke doit pouvoir,
sans perdre une année ou sans perdre de temps significatif, continuer
ses études à Chicoutimi ou ailleurs au Québec, tandis que
le jeune garçon qui a commencé ses études secondaires
à Gaspé doit pouvoir les terminer à Rouyn.
Une autre préoccupation à laquelle il fallait trouver une
solution, ce sont les attentes de chaque milieu en vue de rendre l'école
plus sensible aux aspirations de chacun de ces milieux. Comment
réconcilier la responsabilité du ministère sans
tomber dans l'excès avec ces attentes du milieu? Telle
était la question à laquelle le livre vert a tenté
d'apporter une réponse avec ses 150 minutes de marge de manoeuvre.
Je me rends compte, à la suite de la tournée, que ces 150
minutes sont, en définitive, peu de choses. D'un autre
côté, beaucoup d'enseignants sont venus me représenter
qu'il n'y avait pas suffisamment de minutes consacrées au
français, ni aux mathématiques, ni à la plupart des
disciplines. Beaucoup de parents sont venus nous expliquer que nous avions
diminué les minutes consacrées à telle matière et
qu'il fallait, au contraire, les renforcer, de sorte qu'un programme, un
calendrier, une grille horaire, ne sont jamais qu'un mauvais compromis entre
plusieurs exigences des enseignants et des parents.
À l'heure actuelle, je m'interroge pour savoir si je dois
maintenir ces 150 minutes de marge de manoeuvre au niveau primaire, ou si je
dois les augmenter.
À mon avis, il s'agit, à tout le moins, d'un plancher,
d'un minimum, et on ne saurait diminuer la marge de manoeuvre. Il faut se
demander cependant et je n'ai pas l'intention d'annoncer aujourd'hui le
résultat de ma réflexion sur ce point, puisque la tournée
du livre vert n'est pas terminée il faut s'interroger sur
l'opportunité d'augmenter ce nombre de minutes consacrées
à la marge de manoeuvre. Si nous le faisons, cependant, il faut se
demander également laquelle des matières verra le nombre de
minutes diminuer. Nous ne pensons pas qu'il soit opportun d'augmenter le nombre
de minutes, le total de 1380 minutes par semaine prévu dans le livre
vert et qui correspond, d'ailleurs, à la réalité dans la
plupart des cas.
Certains intervenants nous ont fait valoir qu'il fallait
décentraliser la pédagogie au point que le ministère ne
devrait fixer d'horaire que pour la moitié des heures disponibles dans
la semaine ou 60%, laissant les 40% à la décision de chaque
école ou de chaque commission scolaire.
Entre ces attitudes qui pourraient avoir pour effet de balkaniser le
système scolaire québécois et les 150 minutes, il se peut
qu'il y ait place pour du changement. J'annoncerai celui-ci dans le plan
d'action qui viendra, comme vous l'avez indiqué, Mme le
député, au début de l'automne.
Pour ce qui est des trois périodes plutôt que des cinq
périodes qui ont cours actuellement, je demanderai au sous-ministre
adjoint d'expliquer les raisons techniques pour lesquelles nous avons
adopté, dans le livre vert, cette solution plutôt qu'une
autre.
Une première raison qui motivait cette hypothèse de
travail, à savoir découper le contenu de matières sur une
base de trois périodes-semaines plutôt que les cinq
périodes actuelles, c'était pour essayer de tenir compte de
nombreuses demandes d'ajouter des contenus d'enseignement au niveau secondaire.
Qu'on pense, par exemple, à l'économique, à l'histoire,
à la géographie, à la formation morale, etc. Il y a un bon
nombre de matières qu'on demande continuellement d'enseigner aux enfants
et, lorsqu'on essaie de travailler avec un multiple de cinq, il devient ou trop
lourd ou impossible de faire quoi que ce soit comme réaménagement
possible dans le contenu des programmes.
La base du multiple de trois facilite davantage cette chose de
même que sur une base de session plutôt que sur une base
annuelle.
Une autre raison, c'est que, dans les matières fondamentales
telles que les mathématiques ou le français, on peut facilement
prendre l'hypothèse où deux multiples de trois pourraient
être donnés dans ces cas et, aussi, avoir des unités
d'accréditation et de reconnaissance beaucoup plus souples que le
multiple de cinq.
Une autre chose qu'il faudrait examiner aussi dans cette
hypothèse, c'est que, de plus en plus, on sent une tendance parce
que les enseignants, même au premier cycle du secondaire, deviennent des
généralistes à penser que le nombre d'enseignants
qui seraient responsables
d'un groupe d'élèves serait beaucoup plus grand ou que la
tâche de l'enseignant serait affectée par des multiples de trois.
En ce qui concerne le premier cycle du secondaire, je ne crois pas, si
i'hypothèse actuelle de travail d'avoir des généra-iistes
de plus en plus se matérialisait...
Par ailleurs, au deuxième cycle, il est sûr que ce sera
beaucoup plus des spécialistes qui vont travailler et cela aura pour
effet qu'un enseignant va toucher plus de groupes d'étudiants.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, cela me surprend un peu de
penser peut-être pas un des buts recherchés qu'un
des effets du livre vert ou, enfin, de ce que vous prévoyez, c'est qu'on
va donner encore plus de matières aux étudiants du secondaire.
Selon vos paroles mêmes, suite aux demandes constantes d'ajouter une
matière, d'en ajouter une autre, chaque fois que quelqu'un a une
nouvelle idée lumineuse, on en ajoute... C'est justement une des choses
qu'on a déplorées au secondaire, cet éparpillement d'une
foule de matières. Là, vous nous dites: On va probablement en
ajouter plus. Je me demande si c'est vraiment là un objectif de travail
un peu plus en profondeur et en vue d'une meilleure formation
générale des étudiants du secondaire.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il faut tout de
même regarder le livre vert de près, comme Madame le
député nous disait qu'elle l'avait fait, pour trouver la
réponse à cette question. D'abord, au premier cycle, je ne pense
pas que ce soit le cas que nous ayons multiplié les matières qui
ne seraient pas essentielles. Prenons le secondaire I: langue maternelle,
mathématiques, histoire et géographie générales,
langue seconde, enseignement religieux et moral, éducation physique,
formation personnelle et sociale, art et initiation à l'écologie.
Madame le député veut-elle me dire laquelle de ces
matières pourrait, tout simplement, être laissée de
côté?
Je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il y a eu dispersion à ce
niveau. (10 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Pour reprendre les paroles de votre
sous-ministre, M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): Le sous-ministre a surtout fait allusion
au deuxième cycle du secondaire, où nous tentons d'offrir un
éventail plus complet de matières. Pour ce qui est du premier
cycle, je pense qu'au contraire nous tentons de le restreindre à la
formation générale de plus en plus.
Nous retardons, vous le savez... C'est l'hypothèse du livre vert,
et elle semble appuyée fortement par tous ceux qui sont intervenus dans
le débat; nous retardons les choix d'une année,
c'est-à-dire que le secondaire III sera consacré, avant tout,
à des cours obligatoires avec quelques cours optionnels. Autrement dit,
on peut dire que nous prolongeons la formation générale. Mais,
après cela, nous tentons d'offrir un meilleur éventail de
formation pour le deuxième cycle du secondaire.
Mme Lavoie-Roux: À tout événement, je pense
que vous reconnaissez qu'au deuxième cycle, ce sont encore des
étudiants de 14, 15 et 16 ans qui ont besoin de s'identifier le plus
possible avec des professeurs, et le nombre d'étudiants que les
professeurs auront à rencontrer sera encore plus grand que celui qu'on
rencontre actuellement. Personnellement, je ne puis que le déplorer.
Cela peut être un choix que vous retiendrez, mais je pense qu'il
convient de le mentionner.
M. Morin (Sauvé): Par ailleurs, il faut souligner que nous
recherchons des techniques d'encadrement des étudiants, au niveau
secondaire, qui peuvent permettre à l'étudiant de s'identifier
à une classe. On nous a beaucoup souligné, pendant la
tournée, l'importance de revenir au groupe-classe plutôt qu'au
groupe-matière. C'est une de nos conclusions que nous allons tenter de
pousser le plus possible. Le fait, aussi, de retarder les options, le fait
d'ajouter une année à la formation générale permet
de mieux encadrer les étudiants du premier cycle, en particulier, et
permet de faire en sorte que le groupe-classe soit plus fréquent.
Ajoutez à cela, encore, notre tendance à maintenir le secondaire
l et II près des gens, près de la population, ajoutez à
cela le fait que dans certaines régions éloignées, comme
la Basse-Côte-Nord, j'ai décidé de pousser un peu plus loin
l'expérience du maintien du secondaire III près de la population,
et vous pourrez constater que nous sommes sensibles à cette
nécessité d'organiser un meilleur encadrement des
étudiants au niveau secondaire.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je pense que c'est un fait qu'il
y aura division fort probablement; la division des cycles, dans la mesure du
possible où le nombre d'élèves est suffisant, existera et,
d'ailleurs, existe déjà dans un certain nombre de commissions
scolaires; il n'y a rien de nouveau là-dedans.
Ce que je veux faire remarquer au ministre, c'est... Il m'indique tous
les efforts qu'il veut faire pour le premier cycle. D'accord, "chapeau!" comme
les gens disent.
Mais, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que le décrochage des
élèves accuse une montée vertigineuse au deuxième
cycle. Quand vous prenez les statistiques, si vous prenez celles du
ministère de l'Éducation ou les autres qui ont été
faites, c'est là que se retrouve le grand nombre de décrocheurs,
en secondaire III, IV et V.
Je pense qu'il ne faudrait pas minimiser l'importance, justement,
d'essayer, non pas d'éparpiller, mais également, de rendre plus
solide la formation, l'encadrement, et de ne pas recommencer, sous
prétexte... c'est déjà un bon mouvement de le faire au
premier cycle du secondaire mais je pense que cette préoccupation, on
devrait l'avoir tout au long du secondaire.
De toute façon, je ne veux pas prolonger cette discussion, je
voulais savoir si le ministre voulait maintenir sa décision du
trois-blocs-période; il
semble que ce soit une décision passablement
arrêtée.
M. Morin (Sauvé): Elle n'a pas rencontré
d'opposition significative. Au contraire, durant la tournée, j'ai eu
l'impression qu'elle rencontrait la préoccupation de la plupart des
pédagogues.
Bien sûr, avant de me prononcer définitivement, je voudrais
examiner de plus près la synthèse qui sera faite des
mémoires et des 23 000 questionnaires qui nous sont parvenus.
Sans vouloir prolonger la discussion, M. le Président, je
voudrais demander à Mme le député de L'Acadie, qui a une
certaine expérience dans le domaine pédagogique, en quoi
modifierait-elle ce que nous proposons pour le deuxième cycle du
secondaire? Qu'est-ce qu'elle retrancherait au programme que nous avons
proposé, soit sous forme obligatoire, soit sous forme de matières
optionnelles? Ce serait un débat qui pourrait être fructueux si
elle voulait nous donner sa propre philosophie du second cycle du
secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas entrer dans les détails
mais il y a un principe... Écoutez, M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): C'est important, les détails.
Mme Lavoie-Roux: ... il y a un principe fondamental qui a
été oublié quand vous avez écrit le livre vert,
c'est celui de ne pas modifier les conditions d'admission au cégep, de
continuer de conditionner l'admissibilité, c'est-à-dire de
continuer de penser le programme du secondaire en fonction des exigences du
cégep. Ce qui fait que vous êtes obligé d'avoir un
éventail de matières très grand au deuxième cycle.
Cela, c'est un programme fondamental auquel, pour le moment, vous n'avez pas
touché. Je pense qu'à partir de cela, on pourrait penser à
moins spécialiser, même au deuxième cycle, les
élèves du secondaire.
M. Morin (Sauvé): Madame, il faudrait discuter de cela
matière par matière et point par point parce que c'est dans les
détails qu'on peut résoudre ces problèmes et non pas avec
des généralités.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une généralité
et c'est une remarque qui vous a été faite à plusieurs
reprises par le Conseil supérieur de l'éducation. Si mon opinion
ne vaut rien, il y en a d'autres qui, peut-être à vos yeux, valent
davantage.
M. Morin (Sauvé): Dans le milieu enseignant, chez les
parents, chez ceux qui ont comparu au cours de la tournée du livre vert,
j'ai eu l'impression, au contraire, qu'un certain élargissement des
options, à condition qu'on les retarde d'une année, était
souhaité, était considéré avec beaucoup de
bienveillance par le milieu. Encore une fois, je voudrais regarder de
très près tous les documents qui nous sont parvenus avant de me
prononcer, mais j'ai eu l'impression générale que, sur ce point,
le livre vert était bien appuyé par la population.
Quant au problème que vous avez souligné et qui, à
mon avis, est réel, soit celui des exigences des cégeps par
rapport au secondaire et de la tendance du niveau secondaire à s'aligner
sur les critères, les profils définis par les cégeps,
c'est un problème sur lequel nous nous penchons et il n'est pas
impossible qu'il en soit question dans le livre blanc que nous avons
annoncé sur les collèges.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais demander au ministre... Je sais que
des représentations lui ont été faites de la part de
différents groupes de professeurs de certaines matières, en
particulier des professeurs d'histoire, de géographie, d'économie
familiale et des responsables de l'information scolaire. Dans quelle mesure le
ministre entend-il tenir compte des représentations qui lui ont
été faites au sujet de ces différentes
matières?
M. Morin (Sauvé): II est conforme à la nature
humaine que tous les enseignants estiment que leur matière ne se voit
pas accordé le temps requis. La plupart je pense que personne
n'en sera étonné, j'avais moi-même des attitudes semblables
comme enseignant sont d'avis que leur matière, leur discipline,
est la plus importante, la plus essentielle à l'avenir des
étudiants et que diminuer le moindrement ou ne pas augmenter le nombre
de minutes consacrées à leur matière constitue une sorte
de trahison de la pédagogie.
Il reste que c'est la responsabilité du ministère de
réconcilier toutes ces exigences contradictoires et de proposer des
horaires et des programmes qui soient conformes au bien commun et à
l'importance relative qu'au meilleur de nos connaissances, nous accordons
à chacune des matières. Cela ne signifie pas que le livre vert
soit figé dans le béton. J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt les représentations qui me sont venues notamment
des professeurs d'histoire et de géographie, des professeurs
d'économie et des professeurs d'information scolaire, pour ne parler que
de ceux-là. Il faut tenir compte souvent du fait que le nombre de
minutes qui est consacré à un enseignement augmente, mais pas au
niveau où les enseignants le souhaiteraient. C'est ainsi, par exemple,
que nous ramenons l'histoire et la géographie au primaire et,
forcément, il s'en donnera un petit peu moins au secondaire. Cela a pour
effet de provoquer des réactions, puisqu'on nous explique que
l'enseignement de l'histoire, par exemple, devrait se donner le plus tard
possible.
Effectivement, c'est une autre tendance qu'on retrouve beaucoup dans les
représentations qui nous sont faites; toutes les matières
devraient être enseignées en secondaire V, parce que,
naturellement, les élèves sont plus mûrs lorsqu'ils
parviennent au secondaire V pour assimiler des matières qui sont
difficultueuses. Il est dans la nature des choses que toutes les
matières ne peuvent pas se donner en secondaire V et que certaines
doivent
même faire l'objet, à notre avis, selon des
pédagogues avertis, d'apprentissage plus hâtif que celui que nous
connaissons à l'heure actuelle. C'est ainsi, par exemple, que pour
l'histoire et la géographie il y en aura désormais au primaire si
nos hypothèses de travail sont appuyées par la population.
Voilà la réponse que je puis vous donner, madame; nous allons
tenir compte de tout ce qui nous a été dit, soupeser le pour et
le contre et, en définitive, en venir à un équilibre
général entre les disciplines et les matières qui
reflétera non seulement ce que nous avons entendu, mais le
résultat de notre réflexion pédagogique
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, en ce qui a trait à
l'enseignement de la langue seconde, particulièrement dans le secteur
anglophone où il semble y avoir une diminution du temps consacré
à l'enseignement du français, langue seconde, est-ce que vous
entendez modifier le programme du livre vert à cet égard, parce
qu'on établit des exigences pour les étudiants de langue anglaise
qui vont terminer leur secondaire d'avoir il faudrait que je reprenne
les termes mêmes du livre vert "une bonne connaissance de la
langue anglaise, tant parlée qu'écrite"; est-ce que vous songez
à apporter des modifications de ce côté-ià?
M. Morin (Sauvé): La réponse à cette
question, qui est excellente, devra attendre les rencontres que je dois avoir
avec les commissions scolaires anglophones au mois de juin, dans quelque quinze
jours. Comme vous le savez, la tournée du livre vert, jusqu'ici, a
été confinée aux commissions scolaires francophones et je
n'ai pas rencontré de groupes anglophones qui aient pu m'entretenir de
ce problème. Toutefois, lors de rencontres non formelles avec des
groupes anglophones, on m'a laissé entendre que là-dessus on me
ferait des représentations au mois de juin. Je serai certainement
sensible à ce qui me sera dit à cette occasion, compte tenu,
comme vous l'avez souligné, des objectifs de formations
extrêmement exigeants que propose le livre vert pour les anglophones.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, pourriez-vous nous dire dans
quelle mesure le contenu du cours d'économie familiale, qui, quand
même, avait des objectifs très précis,
particulièrement dans le domaine de l'éducation à la
consommation, dans toutes les sphères d'activités de la vie
quotidienne des individus, va se retrouver dans le cours de formation
personnelle et sociale, parce que si, encore une fois, j'ai bien lu, il ne se
retrouve que comme cours optionnel, je pense, au niveau du secondaire III ou
IV. Il y avait quand même dans ce cours des éléments
extrêmement importants touchant le vécu, non seulement des gens
qui doivent plus tard assumer des responsabilités familiales, mais
même des gens qui, comme individus, doivent assumer des
responsabilités personnelles. (10 h 45)
M. Morin (Sauvé): Êtes-vous sûre qu'il ne soit
pas maintenu comme enseignement obligatoire au premier cycle, madame?
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est formation personnelle et sociale.
M. Morin (Sauvé): La réponse partielle à
votre question, madame, c'est que ce contenu de cours se trouve inclus dans la
formation personnelle et sociale, qui se donne au secondaire I, si vous voulez
bien consulter la page 69 du livre vert.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que, dans le cours de formation
sociale et personnelle qui existe déjà et dont peut-être un
de vos sous-ministres pourrait brièvement nous donner le contenu, est-ce
qu'on pourra ajouter tous les éléments qui se retrouvaient
à l'intérieur du cours d'économie familiale, en ce qui
touchait particulièrement la planification alimentaire, la consommation,
le logement, l'habillement et au sujet duquel, je pense, la population, dans un
sondage organisé par les professeurs d'économie familiale, a
répondu d'une façon très favorable?
Je pense que le cours de formation sociale et personnelle contient des
éléments de civisme, certains éléments
d'économie élémentaire, des éléments
de...
M. Morin (Santé): De santé.
Mme Lavoie-Roux: ... santé, de sexualité,
mettez-en, en voilà! J'apporte la question comme considération
pour réflexion subséquente du ministre qui semble moins familier
avec ce sujet.
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que vous n'avez
qu'à consulter le livre vert, en page 94. L'éducation
économique y est prévue comme partie intégrante au premier
cycle des programmes de formation personnelle et sociale. Vous pourrez
constater que ce sont des objectifs modestes, mais, néanmoins, qui font
vraiment partie d'une formation économique de base, les objectifs
étant les suivants: connaître les opérations
financières courantes; établir son budget personnel et
connaître les composantes du budget familial; posséder les
éléments du système économique et connaître
les composantes essentielles de l'économie de son milieu; comprendre
l'influence de la publicité sur ses habitudes de consommation et
posséder les connaissances requises pour être un consommateur
averti.
C'est tout un programme, en réalité, que l'on propose
là et qui est intégré à la formation
professionnelle et sociale, tandis qu'au second cycle, il s'agit d'un programme
d'éducation économique comme tel.
Mme Lavoie-Roux: Mais ceci ne répond pas exactement
à la question. Jugez-vous que vraiment dans ce cours de formation
sociale et personnelle se retrouve, non seulement d'une
façon superficielle... Il ne s'agit pas uniquement d'un cours
d'information dans le cours de l'économie familiale. Je pense que c'est
un cours où il y a quand même certains principes fondamentaux
d'organisation familiale, individuelle, qu'il faudrait s'assurer de retrouver
quelque part. Je pense qu'il y a un avantage qui est le fait que vous rendiez
obligatoire, pendant les cinq années, une période par semaine. Je
ne suis pas sûre qu'on retrouve d'une façon aussi précise
et aussi bien articulée les éléments que vous trouvez
présentement dans le cours d'économie familiale.
À tout événement, je me demande, M. le ministre,
s'il y aurait possibilité d'obtenir les syllabus, tant de formation
sociale et personnelle... Est-ce que le contenu des cours des programmes de
formation sociale et personnelle d'économie familiale n'ont pas
été complétés?
M. Morin (Sauvé): II ne faudrait pas s'étonner, par
exemple, que dans ce bloc de trois périodes de 50 minutes par semaine
consacrées à la formation personnelle et sociale, on retrouve la
plupart des éléments de ce qui se trouve, actuellement, contenu
dans le programme d'économie familiale. Il y aura sûrement des
regroupements et ce sera obligatoire.
Forcément, comme il s'agit du premier cycle, comme on retrouve
cette formation personnelle et sociale au cours des trois années du
secondaire c'est un bloc de trois périodes de 50 minutes par
semaine il y a tout de même pas mal de temps qui sera
consacré à remplir les objectifs proposés dans la
formation personnelle et sociale, y compris l'éducation
économique.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, ne croyez-vous pas qu'en
opposant l'un à l'autre, du moins dans le livre vert ce n'est
peut-être pas une forme d'opposition, mais on peut le voir comment cela
le cours d'économie familiale et d'initiation à la
technologie, exploration technique, on s'expose à continuer par cet
enseignement, de la façon qu'il est proposé, la division entre ce
qui est offert aux garçons et aux filles à l'enseignement
secondaire, alors que dans l'évolution actuelle, les besoins actuels des
jeunes tant de l'exploration technique que de l'économie familiale sont
nécessaires pour les deux?
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous craignez, Madame le
député, que les filles aient tendance à prendre
l'économie familiale, et les garçons, l'initiation à la
technologie? C'est ce que vous craignez?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quels sont les efforts
déployés pour que les deux groupes participent autant à
l'un qu'à l'autre?
M. Morin (Sauvé): C'est, effectivement, une question qu'on
a soulevée et sur laquelle nous allons devoir nous pencher. Il y a
là, peut-être, une faiblesse dans ce que nous proposons.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question est peut-être davantage
pour répondre à ma curiosité, mais c'est quand même
d'un intérêt un peu plus grand. Il m'a étonné de
voir que dans le secteur protestant, il n'y a pas de cours de formation
personnelle et sociale. Est-ce que, finalement, c'est le cours de formation
morale qui équivaut à un cours de formation sociale et
personnelle?
M. Morin (Sauvé): Oui, exactement.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je vous poserai une deuxième
question: Que deviennent les nôtres quand ils ont des cours de morale et
non pas d'enseignement religieux et qu'on leur donn aussi un cours de
formation personnelle et socia le?
M. Morin (Sauvé): C'est tout simplement que, du
côté protestant, c'est une tradition que cet enseignement soit
inclus dans la formation religieuse et morale, une tradition que nous n'avons
pas cru devoir modifier.
Leur conception de l'enseignement religieux et moral n'est pas celle
qu'on trouve dans le secteur catholique. Nous pensons que c'est digne de
respect. Nous n'avons pas à prendre sur nous la décision de
modifier les habitudes du secteur protestant sur ce point.
D'une façon explicite, le comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation a toujours maintenu que la formation
personnelle et sociale des élèves se faisait à travers
l'ensemble de leur séjour à l'école, de l'enseignement
qu'ils reçoivent dans toutes les matières, ainsi qu'à
travers l'ensemble de la vie de l'école. Le comité protestant a
toujours refusé, au programme officiel des écoles reconnues comme
protestantes, la matière dite formation personnelle et sociale, tandis
que le comité catholique, pour les écoles reconnues comme
catholiques était d'un avis différent. Ce qui explique que, pour
ce bloc, pour cette matière, pour cet ensemble d'enseignement, il y a
une différence évidente entre les deux réseaux.
Mme Lavoie-Roux: Les étudiants qui, dans le secteur
français, demandent l'exemption de l'enseignement religieux, on leur
offre un cours de formatin morale; est-ce qu'il y a un risque d'avoir une
certaine duplication avec le cours de formation sociale et personnelle?
M. Morin (Sauvé): Non, c'est tout à fait
différent, M. le Président, puisque c'est le comité
catholique qui a mis au point un programme de formation morale à
l'intention des élèves exemptés. Il s'agit
véritablement d'un programme de formation morale, en se fondant
notamment sur la Charte des droits et libertés de la personne, sur la
Déclaration universelle des droits de l'homme, dis-je. Il ne s'agit pas
du tout... Enfin, on peut toujours considérer que le cours de formation
personnelle et sociale complète celui que nous consacrons à la
formation morale mais, que je sache, ils ne se chevauchent pas.
Mme Lavoie-Roux: J'avais demandé, au départ, s'il y
avait possibilité d'obtenir les syllabus? Bon, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Oui, nous vous remettrons cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le ministre pourrait nous dire
où son ministère en est tant à l'élémentaire
qu'au secondaire je déborde peut-être un peu le livre vert
quant à la préparation des cours d'éducation
sexuelle? Vous savez qu'il y a eu des controverses à un moment ou
à un autre, et, finalement, l'expérience ne s'est
continuée que dans un certain nombre de commissions scolaires. Je pense
qu'il devient de plus en plus urgent d'assumer des responsabilités
à cet égard et, si jamais un jour les gens veulent discuter
d'avortement avec rationalité, il faudrait peut-être, au
départ, qu'on ait mis en marche tous les autres éléments
qui permettent d'assumer des responsabilités au plan sexuel, et cela de
la meilleure façon possible. J'aimerais savoir où vous en
êtes dans le développement de ces cours, tant à
l'élémentaire qu'au secondaire.
M. Morin (Sauvé): II faut distinguer les deux niveaux. Au
niveau primaire, un document a été préparé par le
service de l'enseignement catholique du ministère. Ce document circule
toujours et nous n'en sommes pas encore à nos conclusions.
Je partage l'avis de Mme le député que l'école doit
prendre ses responsabilités dans ce domaine. D'ailleurs, le livre vert
ne dit pas autre chose et, notamment, si vous avez jeté un coup d'oeil
sur les programmes de formation professionnelle et morale, au niveau
secondaire, vous aurez constaté que nous proposons des objectifs de
formation, tant pour le premier cycle que pour le deuxième cycle. Cela
se trouve à la page 93 du livre vert. Au plan de l'éducation
sexuelle, nous proposons que l'élève qui termine son premier
cycle se connaisse en tant que personne sexuée et connaisse les
phénomènes biologiques et affectifs associés au
développement sexuel, qu'il soit sensibilisé aux aspects
affectifs du développement personnel et à l'importance de
rapports fondés sur le respect de l'autre, la responsabilité et
le sens moral.
Je me dispenserai de vous donner la lecture des objectifs que nous
proposons pour le deuxième cycle. Nous pensons donc que l'école,
et en particulier l'école secondaire, doit assumer ses
responsabilités dans ce domaine.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je reviens à la charge.
On me dit que c'est encore en consultation, ce projet de programme
d'éducation sexuelle à l'élémentaire. Je pense que
je n'apprendrai rien au ministre en disant que, si on attend au secondaire et
particulièrement à la fin du secondaire pour faire
l'éducation sexuelle, cela fera un bout de temps que les
élèves auront dépassé le maître, justement,
à partir de notions mal fondées et non adéquates. Je pense
que c'est à l'élémentaire qu'il est urgent de prendre ses
responsabilités à cet égard.
(11 heures)
Je sais que c'est un sujet délicat, mais il reste qu'on va
continuer de se poser des questions au bout de la ligne: comment
répare-t-on les pots cassés quand les jeunes arrivent à
quatorze, quinze et seize ans? Je pense qu'à un moment il y a
d'autres sujets où le gouvernement semble plus audacieux c'est
peut-être un sujet où ce serait un bon placement de montrer une
certaine audace, parce qu'il est évident qu'une fois au secondaire II et
III, s'il n'y a eu que peu de chose de fait avant, c'est déjà
presque trop tard. Si le ministre et j'en suis certaine est en
contact avec les jeunes, il sait fort bien que dès
l'élémentaire le problème se pose d'une façon
je dirais presque aiguë, du moins à certains
endroits.
M. Morin (Sauvé): II est certain que si les enfants se
mettaient à en savoir plus long que les commissaires, cela pourrait
poser des problèmes. Je voudrais rassurer Madame le
député. La révision des programmes qui est en cours au
ministère et qui va, naturellement, s'inscrire dans la foulée du
livre vert et de tout de ce que nous entendons pendant la tournée, cette
révision inclut les programmes consacrés à
l'éducation sexuelle. Nous devrions terminer ce travail dans le courant
de l'année qui vient. D'ailleurs, à la page A-71 de notre cahier,
nous indiquons que cela fait partie des orientations retenues pour
l'année qui vient, tant pour le niveau primaire sous l'appellation
"Formation personnelle et sociale" qu'au niveau secondaire. Peut-être,
pourrons-nous en reparler l'an prochain lorsque les documents auront
été publiés. Nous devrons, bien sûr, dans la
rédaction de ces programmes, tenir compte de ce qui nous est dit durant
la tournée du livre vert.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je dois comprendre, M. le ministre, c'est
que l'an dernier on était aussi à continuer l'élaboration,
on va encore continuer cette année et peut-être que l'an prochain
on pourra revenir et en rediscuter pour l'année qui va suivre. M. le
ministre, quand on parle de prévention, quand on parle de formation,
qu'on parle de développement de responsabilités en 1978 je
pense que cela remonte avant 1978 il y a eu des lacunes sérieuses
de ce côté et je pense qu'on devrait s'efforcer de tenter de les
combler le plus rapidement possible, sans brusquer les gens, en demandant leur
collaboration. Cela me semble un placement qui, à moyen et à long
termes, serait extrêmement fructueux et bénéfique pour nos
jeunes et pour la société en général.
M. Morin (Sauvé): Vous parlez d'or, Mme le
député, et les orientations retenues pour l'année
prochaine sont sérieuses. Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression
que nous tentons d'ajourner indéfiniment cette question. Au contraire,
le livre vert a proposé des objectifs de formation qui ont
été débattus. Et de plus, je me permets d'attirer votre
attention sur les expériences en
cours dans une dizaine de commissions scolaires, lesquelles
expériences vous sont sûrement connues et...
Mme Lavoie-Roux: ... je les connais, mais il reste...
M. Morin (Sauvé): ... nous voulons connaître le
résultat de ces expériences, les évaluer avant d'aller
plus loin, compte tenu du fait que le milieu est très sensible à
tout ce qui se fait dans ce domaine de l'éducation sexuelle. Comme vous
le savez, s'il est un domaine ou le pluralisme tend à s'affirmer, c'est
bien celui-là.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, tout ce que je peux faire, c'est de
rappeler le problème au ministre et là-dessus, ce n'est
peut-être pas au ministère que je devrais faire des reproches,
parce que je sais que ces programmes d'éducation sexuelle ont
débuté et M. Hallé pourra peut-être me
corriger mais de mémoire, je dirais qu'ils ont
débuté il y a déjà, au moins, sans
exagération, six ou sept ans. Peu importe qui aurait dû en faire
l'évaluation, il reste que c'est dommage qu'on ne l'ait pas encore
commencée. Je ne veux pas accabler le ministère, ce sont
peut-être les commissions scolaires elles-mêmes qui auraient
dû le faire, mais d'une façon ou de l'autre, je pense que c'est
dommage qu'il faille encore attendre les évaluations alors qu'il s'agit
d'initiatives qui ont été prises il y a au moins six ou sept
ans.
M. Morin (Sauvé): Mme le député sait
sûrement que même au sein de milieux qui, apparemment, sont
homogènes sur le plan des mentalités et des valeurs comme, par
exemple, les milieux catholiques, les attitudes varient
énormément d'un milieu à l'autre au sujet de cette
question d'éducation sexuelle. Il est très difficile d'arriver
à faire l'unanimité autour d'objectifs de formation ou d'un
programme. Nous avons même reçu je ne donnerai pas de
détails des protestations et des plaintes des parents de
certaines commissions scolaires indiquant que les expériences qui
étaient en cours ne leur paraissaient pas utiles et qu'il fallait
repenser tout cela, voire même, dans certains cas, abandonner toute
tentative de faire l'éducation sexuelle des enfants à
l'école.
Devant cette diversité des opinions et, faut-il l'ajouter, le
caractère délicat de cette question, le ministère estime
qu'il doit prendre le temps d'examiner tous les points de vue avant de proposer
des programmes définitifs et obligatoires.
Mme Lavoie-Roux: II y a sans doute un pluralisme à
l'égard de ce domaine, mais dans des écoles de différents
milieux où ceci a été commencé, après avoir
consulté les parents et obtenu leur collaboration, je pense qu'il a
été possible de faire un consensus. De toute façon, je
crains que si on retarde davantage, les problèmes seront plus
considérables quand on voudra les régler.
Je vais maintenant passer à une autre question, M. le ministre.
Est-ce que...
M. Morin (Sauvé): Mme le député, avant que
nous quittions ce sujet, je voudrais simplement vous fournir un détail
supplémentaire qui pourrait peut-être vous éclairer sur ce
qui se passe au ministère à l'égard des programmes
d'éducation sexuelle. Il n'est pas impossible que l'on puisse offrir un
choix d'objectifs de formation et de programmes qui pourraient répondre
aux besoins divers des milieux. Autrement dit, chaque commission scolaire
pourquoi pas, si le projet éducatif est retenu par la population
comme étant une solution valable pourrait adopter tel type
d'approche plutôt que tel autre. Cela permettrait à chaque milieu
d'exprimer la conception qu'il se fait de cette éducation et d'exprimer
aussi les valeurs dont il s'inspire. Cela permettrait également de
respecter les mentalités et l'évolution de chaque milieu.
Caractère confessionnel des
écoles
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre peut-il nous dire... Je pense que
selon ce que l'on entend, pour le moment, il n'est pas question de remettre en
question le système confessionnel; enfin, il semble qu'il y ait une
certaine unanimité qu'il faudrait qualifier. Il reste qu'il y a une
partie de la population qui demande de plus en plus et vous y avez fait
allusion l'autre jour, c'est l'Association des parents pour...
M. Morin (Sauvé): L'AQADER... Mme Lavoie-Roux: ...
L'AQADER.
M. Morin (Sauvé): ... pour la défense du droit
à l'exemption religieuse.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, le droit à l'exemption
religieuse. Comptez-vous mettre sur pied ou donner votre encouragement à
l'établissement d'écoles non confessionnelles?
M. Morin (Sauvé): Ce qui se dégage de la
tournée du livre vert et sans qu'on puisse parler d'unanimité
vous l'avez fait en soulignant, d'ailleurs avec raison, qu'il s'agit
d'une certaine unanimité et non pas d'une unanimité certaine
c'est que la majorité des agents de l'éducation que nous
avons rencontrés appuie le livre vert dans son dessein de maintenir le
caractère confessionnel des écoles, à condition que soit
rendu effectif le droit à l'exemption. On nous a fait valoir, même
dans les milieux catholiques, que le respect de la personne, de chaque
personne, exigeait que, conformément aux règlements du
comité catholique d'ailleurs, cet enseignement moral que nous voulons
substituer à l'enseignement religieux, lorsque les parents
réclament l'exemption, soit donné de façon effective. Or,
il ne l'est pas dans plusieurs commissions scolaires, en dépit du
règlement, parce que, nous a-t-on fait valoir, le nombre des
exemptés est si infime qu'on ne peut justifier la présence d'un
professeur pour ces seuls enfants.
Il semble, d'après ce que plusieurs intervenants nous ont dit,
que nous soyons devant un
cercle vicieux. Le fait que cet enseignement soit difficile à
obtenir fait que des parents préfèrent laisser leurs enfants dans
la classe où se donne l'instruction religieuse, plutôt que de les
voir réduits au couloir ou encore envoyés à la
bibliothèque, comme cela se fait dans certains coins.
S'il résulte une chose, clairement, de la tournée du livre
vert, c'est que, désormais, le droit à l'exemption doit
correspondre à une réalité. Avant de vous dire s'il sera
nécessaire de créer des commissions neutres, je pense qu'il
faudra, d'abord, s'assurer que le droit à l'exemption fonctionne ou ne
fonctionne pas.
S'il s'avérait impossible, au cours des deux ou trois
années qui viennent, d'organiser, de façon effective, cet
enseignement de morale pour les exemptés, il faudrait s'interroger sur
l'opportunité de créer des commissions scolaires dites neutres,
c'est-à-dire, destinées à ceux qui ne sont ni protestants,
ni catholiques.
J'ajouterai à cela que quelques conseils de pastorale sont venus
nous dire qu'ils n'avaient aucune objection de principe à la
création d'écoles neutres parallèlement aux écoles
confessionnelles. C'est donc une option qui demeure ouverte pour l'avenir.
Dans l'état d'esprit où je me trouve, à la suite de
la tournée du livre vert, je suis enclin à favoriser, dans une
première étape, le droit effectif à l'exemption.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, j'aimerais soulever un petit
problème marginal, d'une certaine façon. Dans ce respect du droit
à l'exemption de l'enseignement religieux, il se pose certains
problèmes, compte tenu des ressources qui sont mises à la
disposition des écoles et on vous l'a peut-être signalé, M.
le ministre. Par exemple je ne nommerai pas l'école, mais j'en ai une en
tête, où tous les professeurs ont demandé, parce qu'eux
aussi peuvent se prévaloir de cette exemption de l'enseignement, de
l'obligation de faire l'enseignement de la catéchèse... Il y a un
nombre assez important, probablement dans une proportion de 40%-60%, des
enfants pour qui les parents veulent l'enseignement religieux et d'autres pour
qui les parents veulent l'enseignement moral, ce qui fait que pour donner
autant à l'un qu'à l'autre, cette possibilité d'avoir les
ressources d'enseignement nécessaires, l'école, ou même la
commission, ou le district, se trouve pénalisé. Ceci, je l'ai
vécu dans un cas, et cela m'a été rapporté dans une
ou deux autres commissions scolaires où, finalement, pour essayer
d'établir les ressources de l'école, pour répondre
à deux besoins différents, parce que les élèves y
sont suffisamment nombreux, il semble qu'au plan budgétaire, ceci
crée une difficulté. (11 h 15)
M. Morin (Sauvé): Si les proportions étaient de
40%-60%, comme vous l'indiquiez, Madame le député, il n'y aurait
pas de problèmes, parce que les commissions scolaires auraient devant
elles des clientèles suffisantes pour organiser cet enseignement de
façon efficace.
Le problème se pose surtout lorsque la clientèle est
insuffisante et lorsque, dans chaque école, se trouvent un, deux ou
trois enfants exemptés. Naturellement, lorsque c'est le cas, le
coût de l'enseignement moral destiné à ces enfants devient
extrêmement onéreux.
Au ministère, présentement, nous examinons la façon
dont nous pourrions procéder pour que cet enseignement se donne
même dans des conditions difficiles, lorsqu'il y a peu d'enfants. Nous
sommes à examiner les conséquences budgétaires d'une
meilleure reconnaissance de ce droit à l'exemption.
Est-ce que j'ai bien saisi toute la portée de votre question,
Madame le député?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le problème que vous
soulignez existe dans le cas d'un nombre restreint d'exemptions. On
connaît l'image traditionnelle des trois ou quatre enfants qui sont
censés être dans le couloir ou à la bibliothèque
pendant que les autres font de l'enseignement religieux.
Le cas dont je parle, M. le ministre, est celui d'une petite
école où il y a 220 élèves le cas que j'ai
à l'esprit, c'est de 200 à 220 élèves. À ce
moment-là, comme les élèves sont répartis dans
différentes classes, tant ceux qui demandent l'exemption religieuse que
ceux qui requièrent l'enseignement religieux, dans le fond, il faudrait
deux professeurs. Vous avez déjà un nombre restreint de
professeurs, à peu près un par niveau dans une école de
220 élèves, ce qui fait, à ce moment-là, que soit
l'un, soit l'autre, n'a pas les ressources nécessaires mises à sa
disposition.
Je dois vous dire ceci peut vous intéresser qu'il y
a eu une démarche faite récemment, dont j'entendais parler dans
Outremont peut-être vous est-elle parvenue concernant des
enfants de foi juive, qu'on veut intégrer à l'école
française du quartier je pense que c'est Saint-Germain, sous
toutes réserves et, évidemment, eux voudraient avoir
l'enseignement religieux judaïque, et l'école dit: On ne peut pas
vous fournir ce professeur, même s'ils constitueraient un groupe de 40
à 50 élèves, à ce qu'on me dit. L'autre cas
était très précis, c'était un cas que j'ai
vécu moi-même.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas sur lequel vous attirez mon
attention, Madame le député, il n'y a pas que le principe de
l'exemption qui soit en cause, il y a également le principe de
l'enseignement d'une confession autre que celle qui est officiellement celle de
l'école. Donc, la difficulté est un peu plus grande.
Toutefois, je ne voudrais pas que nous excluions, pour l'avenir, la
possibilité d'une solution qui permettrait à des enfants de foi
hébraïque de fréquenter, néanmoins, l'école
publique confessionnelle catholique, avec un enseignement qui leur soit
particulièrement destiné et qui corresponde à leur
croyance. Pour l'avenir, je ne voudrais certainement pas l'écarter,
même si cela peut paraître être un accroc au principe de la
confessionnalité.
Mme Lavoie-Roux: Si nous revenons au premier cas que je vous ai
présenté, je ne sais pas si
vous voyez la difficulté, au plan budgétaire, que peut
rencontrer une école, au plan de ses ressources.
Si je pose ces questions, M. le ministre, c'est simplement pour attirer
votre attention. Je pense que, de la part du ministère comme de la part
des commissions scolaires, il y a un désir honnête de
répondre aux besoins des uns et des autres. Dans un cas, il se pourrait
que ce soient les enfants qui reçoivent l'enseignement moral qui soient
pénalisés, ou même l'inverse peut arriver; dans
l'école que j'ai en tête, la proportion pourrait être
facilement renversée d'une année à l'autre, sur un nombre
aussi restreint d'enfants.
M. Morin (Sauvé): Je veux, simplement, assurer à
Madame le député que nous sommes sensibles aux problèmes
qu'elle soulève et que nous examinons, à l'heure actuelle, toutes
les conséquences budgétaires des choix qui se présentent
à nous, et il ne faut pas exclure que nous soyons obligés de
faire un effort financier, si nous allons reconnaître de façon
effective ce droit à l'exemption.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
Coût du livre vert
M. Morin (Sauvé): M. le Président, avant que nous
passions au député de Gaspé, on me fournit une
réponse qui constitue, à tout le moins, un propos d'étape
à la question qui m'était posée par Mme le
député de L'Acadie au sujet du coût du livre vert.
Permettez que je divise cela en trois chapitres: Communications,
recherches et études, et enfin, organisation de la tournée. Pour
ce qui est des publications, y compris l'impression, la traduction, la
révision, les corrections, les arts graphiques, nous en avons eu pour
$278 748. Pour ce qui est de la publicité et des relations publiques,
toujours dans les communications, le montant s'élève à
$145 800.
Passons maintenant au chapitre des recherches et études: le
sondage nous a coûté $66 295 et il y a eu d'autres dépenses
notamment pour les responsables et les occasionnels, le total étant de
$118 534, y compris le montant que j'ai indiqué pour le sondage.
Enfin, l'organisation de la tournée, c'est-à-dire
l'engagement de conférenciers, de contractuels, d'occasionnels, et tous
les frais, sauf les coûts rattachés au personnel régulier
où il faudrait procéder à une estimation du temps pour
lequel ils ont été disponibles par rapport à leurs autres
tâches, les coûts s'élèvent donc à $109 000.
De sorte que si nous additionnons tous ces coûts, à venir
jusqu'à maintenant, les frais afférents au livre vert ont
été de $652 082.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, par qui le sondage a-t-il
été fait? Avez-vous procédé par soumissions?
M. Morin (Sauvé): La réponse est, effectivement que
nous avons procédé par soumissions, mais je vais demander qu'on
vous donne plus de détails.
C'est par demande de propositions, si ma mémoire est exacte; je
crois qu'il faudrait que je demande à quelqu'un derrière moi quel
est le nom de la maison qui a été chargée de cela... C'est
le Centre de sondage de l'Université de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il a procédé uniquement
par un sondage téléphonique ou s'il a aussi accompagné ce
sondage d'entrevues?
M. Morin (Sauvé): II y avait et le sondage
téléphonique et l'entrevue auprès de 2500 personnes
échantillonnées. Les entrevues duraient trois quarts d'heure, en
moyenne, et il y avait aussi des appels téléphoniques.
Mme Lavoie-Roux: Le centre a procédé de la
même façon que pour le sondage de la CECM deux ans auparavant.
M. Morin (Sauvé): Sensiblement, sauf qu'il a moins
insisté sur les entrevues. En proportion, il a fait moins d'entrevues
qu'il en avait faites à la CECM.
Mme Lavoie-Roux: Ce sondage n'est pas disponible à ce
moment-ci, j'imagine?
M. Morin (Sauvé): Les résultats du sondage ne sont
pas encore déposés. Ils ne sont pas encore entre nos mains. Nous
ne les avons pas encore eus.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce coût, est-ce qu'on tient compte,
par exemple, des professeurs qui ont été dégagés de
certaines commissions scolaires ou s'il y a eu une compensation aux commissions
scolaires pour les professeurs qui ont été dégagés
pour contribuer à l'élaboration du livre vert?
M. Morin (Sauvé): Je ne sache pas que ces coûts
incluent les congés qui ont pu être obtenus par certains
enseignants pour venir comparaître devant la tournée.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce dont je parlais.
M. Morin (Sauvé): Non? Je ne saisis pas la question.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a des professeurs qui ont
été dégagés pour venir travailler à
l'élaboration du livre vert?
M. Morin (Sauvé): Ah! je ne pense pas que ce soit le cas,
non. Il n'y a pas eu de dégagement d'enseignants. Il y a eu, bien
sûr, des consulta-
tions de certaines associations d'enseignants mais le livre vert est un
ouvrage qui a été rédigé avant tout au sein du
ministère.
Mme Lavoie-Roux: II reste que si on prend le cas de Mme
Chénier, est-ce qu'elle n'a pas travaillé à
l'élaboration du livre vert? Et quelques autres; je pense à elle
là...
M. Morin (Sauvé): Je suppose que vous
référez au travail qui a été effectué durant
l'été 1977, au mois de juillet, où un certain nombre de
professeurs ont été recrutés et consultés, si l'on
veut, par les gens du ministère pour l'ensemble des premiers textes du
livre vert.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'ont pas été
rémunérés?
M. Morin (Sauvé): Ils ont été
rémunérés comme des contractuels occasionnels...
Mme Lavoie-Roux: Alors, dans les $117 000.
M. Morin (Sauvé): ... mais ils n'ont pas été
compensés par l'entremise de leur commission scolaire, c'était
pendant l'été; il n'y a pas eu de dégagement. Alors, ils
sont comptabilisés dans: Recherche et étude, $118 534.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Mme le député voudrait
peut-être que je donne les détails au sujet des publications? Je
les ai devant moi, si elle les désire. Je pourrai aussi les lui
communiquer tout simplement pour qu'elle en prenne connaissance.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Il y a beaucoup
d'aspects qui ont été abordés ce matin, que je voulais
moi-même toucher mais, pour ne pas faire de répétition, en
ce qui a trait à l'école confessionnelle, à l'enseignement
de la religion, de la morale et toutes ces choses... Je pense que nous avons
déjà un éclairage.
Avant d'aborder un autre sujet, je voudrais toucher la formation
personnelle et sociale, en ce qui a trait à l'éducation sexuelle
au premier cycle. Je sais, par expérience personnelle, pour avoir
rencontré déjà plusieurs groupes dans le passé,
à différents niveaux de parents, que les attitudes varient
considérablement d'un milieu à l'autre, même dans une
région comme la nôtre. Là, je parle du premier cycle.
M. Morin (Sauvé): Au niveau secondaire.
M. Le Moignan: Du niveau secondaire, oui. À ce
moment-là, pour les parents, je crois qu'il y a une certaine
éducation des parents, j'oserais dire, qui est peut-être à
la base de tout cela. Dans beaucoup de foyers que je connais, il n'y a pas de
problème, les enfants ont commencé à la maison
l'éducation sexuelle; les enfants arrivent à l'école mais,
malheureusement. Mme le député le sait, ce n'est pas l'apanage de
tous les foyers parce que les parents je ne suis pas parent mais j'en ai
trop vus à différentes réunions ou consultations
sont gênés. On ne sait pas comment aborder des sujets qui,
pourtant, me semblent assez simples. Je crois qu'il faut procéder avec
une certaine délicatesse à cet âge, si vous voulez en
arriver à un consensus.
Je comprends les préoccupations du ministre, ce n'est pas facile
à déterminer, même dans le cadre d'un programme. Il y a
encore la question des élèves et des professeurs. Il y a
même des professeurs qui m'ont dit, pourtant... j'ai dit: Madame, vous
êtes mariée. Elle dit: Je suis très mal à l'aise
d'arriver dans une classe et de parler d'éducation sexuelle à mes
jeunes. Enfin, c'est un problème, il y en a peut-être d'autres
multipliés à la douzaine dans des cas semblables.
C'est l'évaluation que le ministère pourrait
peut-être nous donner, suite aux expériences qui ont
été faites dans une dizaine de commissions scolaires, qui
pourraient servir de guide pour les autres commissions où cet
enseignement n'est pas encore commencé. (11 h 30)
Accessibilité au cégep
Maintenant, je voudrais toucher un point qui m'intéresse, et nous
sommes toujours dans le programme 4. Je sais, qu'à l'occasion du rapport
Parent, on avait insisté énormément, à ce moment,
sur une politique d'accessibilité à l'école. On avait fait
des comparaisons avec les collèges classiques qui étaient
plutôt réservés à une élite, comme on le
disait dans le temps. Aujourd'hui, M. le ministre, j'aimerais savoir ceci: avec
nos écoles secondaires, quelle est la proportion vous devez avoir
des chiffres pour l'ensemble de la province, pour des milieux en
particulier, combien d'enfants quittent le secondaire, combien de jeunes ont
accès au collège, au cégep?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, nous avons,
là-dessus, des chiffres assez précis. Si vous voulez nous donner
un instant, nous allons tenter de les repérer. On va nous apporter les
chiffres.
M. le Président, si le député de Gaspé veut
bien prendre la page B-08 dans le cahier B, il pourra trouver les
renseignements qu'il désire sur l'accessibilité aux études
collégiales. Il constatera que le taux de passage sur lequel nous
donnons quelques détails au bas de la page j'entends par taux de
passage, le rapport entre le nombre d'étudiants qui se trouvent en
première année du collégial pour une année
donnée et celui de l'ensemble des élèves du secondaire V,
y compris le secteur privé, pour l'année précédente
ce taux de passage est passé de 45,3% en 1976/77, à 47,6%
en 1977/78. Il est donc à la hausse et, si les hypothèses du
livre vert sont retenues, en particulier les changements que nous proposons du
côté professionnel, il n'est pas impossible, en tout cas il est
à
prévoir que ce taux va augmenter encore. De sorte que, si I'on
tient compte de la clientèle des institutions privées de niveau
collégial et de celle des institutions publiques qui ne relèvent
pas du ministère de l'Éducation, on constate que le pourcentage
de jeunes Québécois qui détiennent un secondaire V et qui
accèdent au niveau collégial a été de 50,5% en
1975/76, 52,1% en 1976/77 et 54,1% en 1977/78.
Aux pages 09 et suivantes, le député trouvera
également d'autres détails sur le taux de passage du secondaire
au collégial.
M. Le Moignan: Est-ce que le ministère a
déjà fait des études comparatives, par exemple, entre les
milieux anglophones ou les milieux américains... Est-ce que cela est
dans votre livre aussi?
M. Morin (Sauvé): Nous avons effectivement fait des
études comparatives entre les milieux francophones et les milieux
anglophones, ici même, au Québec. Nous avons même des
chiffres de ce qui se fait aux États-Unis, je crois, et dans les autres
provinces. Je ne crois pas que cela se trouve dans le cahier mais, si le
député veut obtenir plus de détails, nous pourrons lui en
procurer.
M. Le Moignan: Plus tard, oui?
M. Morin (Sauvé): Cet après-midi, si vous le
désirez, ou du moins, ce soir, puisque cet après-midi, il se peut
que nous consacrions une bonne partie de notre temps à la seconde
lecture du projet de loi no 2, en Chambre.
Je vais demander à M. le sous-ministre de vous donner des
détails sur la question.
Sous réserve de déposer les chiffres que nous avons en
main, on peut indiquer quand même, dès maintenant, que le taux de
passage des élèves anglophones du secondaire V au
collégial est plus élevé que celui des francophones, au
Québec.
Nous sommes encore en période de rattrapage sur ce plan. La
situation s'est beaucoup améliorée, depuis quelques
années, comme je vous l'ai indiqué il y a quelques instants; le
taux de passage est à la hausse, mais nous n'avons pas encore atteint
les taux souhaitables.
M. Le Moignan: Est-ce qu'il s'agit d'une question de goût,
d'une question d'aptitudes? Est-ce que vous avez quelque chose à ce
sujet?
M. Morin (Sauvé): Je ne sais pas ce que disent les
études, mais j'ai l'impression qu'il s'agit aussi de questions
liées de très près aux mentalités et aux traditions
du milieu, lesquelles évoluent à l'heure actuelle, mais
naturellement, comme toutes les évolutions de mentalité, cela
prend quelque temps avant que les changements soient significatifs.
M. Le Moignan: Les milieux défavorisés, comme
toujours, ont certainement beaucoup moins d'élèves qui vont
accéder au collège. Je pense que vous avez des chiffres pour les
milieux comme
Montréal qui vont donner une proportion beaucoup plus forte.
M. Morin (Sauvé): Nous avons aussi constaté
nous aurons les chiffres pour vous préciser la chose, cet
après-midi que les taux varient d'une région à
l'autre du Québec, toujours en fonction, sans doute, de
l'évolution des mentalités, de l'évolution de chaque
milieu.
M. Le Moignan: Si ma mémoire est bonne, M. le ministre,
vous avez mentionné, l'an dernier, au'en 1986 on aurait environ 200 000
jeunes de moins au secondaire, de 200 000 à 250 000, et qu'en même
temps nous aurions environ 15 000 élèves de moins au niveau du
collège.
Je me demande si, en activant la politique de scolarisation, puisque le
nombre des élèves baisse cela va en décroissant
d'année en année il y a possibilité d'en motiver
plus au secondaire, actuellement et de les orienter vers le cégep.
À ce moment-là, c'est peut-être le collège qui en
souffrirait moins dans sa clientèle.
M. Morin (Sauvé): II est sûrement possible
d'améliorer le taux de passage du secondaire au collégial de
façon à ce que ces tendances, dont vous avez fait état il
y a un instant, s'améliorent.
Il est vrai qu'il y aura, d'ici quelques années, au moins 200 000
élèves de moins au niveau primaire et au niveau secondaire, de
sorte que cela va avoir une conséquence, si les tendances actuelles se
maintiennent, au niveau collégial, en dépit du fait que
d'année en année, il y a une légère
amélioration du taux de passage.
Cependant, si, par les recommandations, les hypothèses de travail
que nous faisons dans le livre vert pour améliorer l'enseignement
secondaire et, notamment, pour ajouter une année au secondaire et si,
d'autre part, nous avons le souci d'inclure dans le livre blanc sur les
collèges des dispositions qui permettront de faciliter, de favoriser le
passage des jeunes au niveau collégial, je pense qu'on pourrait faire
mentir ces tendances et améliorer le nombre d'élèves qui
passeront au niveau collégial.
En ce qui me concerne, M. le député de Gaspé, je
puis vous dire que si je pouvais arriver à faire en sorte que le nombre
d'étudiants de niveau collégial augmente au lieu de baisser, ce
qui; évidemment, représente un gros effort par rapport à
la situation actuelle, je n'en serais pas fâché.
M. Le Moignan: Est-il dans la politique de votre ministère
de favoriser l'accès... aux adultes, à ceux qui ont
déjà abandonné les études en cours de route pour
des raisons diverses? Je pense qu'il y a un retour peut-être
appréciable, jusqu'à présent, et qu'il pourrait
s'accentuer encore. Vous avez probablement des chiffres sur cela.
M. Morin (Sauvé): La tendance actuelle des réseaux
est d'être très ouverts à l'éducation des adultes.
Comme question de fait, nous avons des problèmes qui tiennent à
une certaine concurren-
ce entre les commissions scolaires, les collèges et les
universités pour attirer la clientèle adulte. Il y a même
des chevauchements qui vont devoir être éclaircis au cours des
années qui viennent. Peut-être pourrons-nous entrer davantage dans
des détails quand nous aborderons les programmes destinés
à l'éducation des adultes; il va falloir, au cours des
années qui viennent, que nous nous donnions une véritable
politique à l'égard de l'enseignement aux adultes, que nous
coordonnions mieux l'accessibilité à tous les niveaux, pour les
adultes qui en ont besoin. Chez les adultes et chez les jeunes, vous avez des
besoins qui sont quelquefois étonnants. Qu'on songe qu'au Québec
il reste encore, en dépit de tous les efforts, des analphabètes.
Ils ne sont pas nombreux, mais il en reste un léger pourcentage.
Mme Lavoie-Roux: II y en a qui le redeviennent.
M. Morin (Sauvé): Je ne voudrais pas commenter
l'affirmation de Mme le député de L'Acadie qui soutient qu'il y
en a qui le redeviennent, mais il y en a certainement qui ont besoin, à
tout le moins, d'un complément de formation.
Je puis vous dire que tout est fait, à l'heure actuelle, pour
favoriser le retour aux études, au niveau secondaire, au niveau
collégial, et, bien sûr, par le truchement de l'éducation
aux adultes également.
M. Le Moignan: J'ai terminé, personnellement.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie veut à nouveau la parole.
Transport scolaire
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux l'enlever à personne d'autre,
par exemple.
M. le ministre, tout à l'heure, vous parliez de votre
désir d'essayer de garder le plus près possible du milieu le
secondaire l et le secondaire II. Je voudrais aborder le problème
à moins qu'il n'ait été résolu depuis de
Trinité-des-Monts, et le relier, parce que vous savez sans doute que,
d'une certaine façon, il peut être relié au problème
du transport scolaire.
Ma première question va toucher le transport scolaire
plutôt que Trinité-des-Monts. Je pense que, par ricochet, on
pourra revenir à Trinité-des-Monts par la suite. Comme le
transport scolaire relève du ministère des Transports, cette
année, il semble qu'on ait assisté à certaines occasions
à des conflits où, finalement, c'est le transport qui, dans une
certaine mesure, décidait si les élèves allaient à
l'école ou n'y allaient pas. Quel est le niveau de collaboration qui
existe entre les deux ministères, quant au transport des
élèves? Somme toute, le fait que les budgets du ministère
des Transports, pour le transport des élèves, apparaissent,
jusqu'à un certain point, illimités, même si c'est à
l'intérieur de certaines normes, fait parfois faire aux commissions
scolaires des choix qui ne sont peut-être pas toujours à
l'avantage des étudiants. Je pense que Trinité-des-Monts est un
bon exemple à cet égard.
M. Morin (Sauvé): Les commissions scolaires sont
inspirées par deux ordres de considération, je pense, dans la
tendance qui caractérise certaines d'entre elles à rassembler les
élèves dans un même lieu, dans une même école,
des élèves en provenance quelquefois de plusieurs villages, comme
c'est le cas dans l'arrière pays de Montmagny, par exemple. Le cas de
Trinité-des-Monts auquel vous faites allusion se situe justement dans ce
contexte.
La seconde raison souvent invoquée ou souvent influente dans les
décisions des commissions scolaires, est le coût du transport qui,
vous le savez, ne relève pas du même ministère, de sorte
que la commission scolaire peut considérer que transporter les
élèves lui coûte moins cher compte tenu du fait que
c'est le ministère des Transports qui s'en charge que maintenir
une école ouverte dans tel village plus éloigné que les
autres. (11 h 45)
Nous sommes à la recherche de solutions qui nous permettraient de
nous entendre avec le ministère des Transports pour que les
décisions ne soient plus dictées par des considérations de
cet ordre.
Ce n'est pas une mince affaire puisque, comme vous le savez, le
système dont nous avons hérité est passablement rigide, et
il est très difficile d'envisager le transfert de budget d'un
ministère à l'autre, en cours d'exercice en particulier,
lorsqu'on a à décider si, oui ou non, on va maintenir une
école ouverte. Des comités mixtes Éducation-Transports y
travaillent en ce moment, mais il est trop tôt pour faire état de
résultats concrets.
En attendant, j'ai dû, évidemment, me pencher sur le cas de
Trinité-des-Monts, où avaient été maintenues
ouvertes, en dépit de la décision de la commission scolaire, des
classes de secondaire I et II avec l'aide d'un professeur du collège qui
avait pris congé.
J'ai rencontré à deux ou trois reprises les
intéressés, c'est-à-dire, des parents, l'enseignant et des
citoyens qui se préoccupaient du cas de Trinité-des-Monts. Nous
en sommes venus, après de longues délibérations et
discussions avec la commission scolaire que j'ai rencontrée
également, à une solution, à tout le moins, pour assurer
aux enfants, pour l'année en cours, des chances au moins égales
à celles des enfants qui se trouvent dans les autres écoles.
Avant que ne soit approuvé, de façon
générale, le principe des classes à divisions multiples
qui est en cause à Trinité-des-Monts, puisque le nombre
d'élèves est si réduit qu'un même enseignant doit
enseigner à plusieurs classes... Avant de m'engager résolument
dans l'application du principe des divisions multiples, j'ai voulu que soit
étudié, au sein du ministère, par des pédagogues,
ce problème des divisions multiples. Lorsque je me sentirai en terrain
plus sûr, sur le plan
pédagogique, je serai apte à prendre des décisions
qui seront applicables, non seulement à Trinité-des-Monts, mais
aux autres écoles et aux autres commissions scolaires du
Québec.
En attendant, nous nous sommes entendus avec la commission scolaire pour
qu'elle mette à la disposition de Trinité-des-Monts un personnel
minimum pour finir l'année.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre peut-il nous dire à quel
moment cette décision a été prise?
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la date exacte, je
pourrais me renseigner... C'était dans la seconde moitié du mois
d'avril.
Mme Lavoie-Roux: Assez tardivement.
M. Morin (Sauvé): Assez tardivement, parce que les
problèmes soulevés par le cas de Trinité-des-Monts sont
des problèmes graves et qu'il faut résoudre, notamment à
l'égard des classes à divisions multiples, avant de nous engager
dans des solutions qui, si elles sont bonnes pour Trinité-des-Monts,
doivent être bonnes pour les autres écoles du premier cycle du
secondaire de ce territoire. J'ajouterais que ce qui est bon pour
Trinité-des-Monts doit, en principe, être bon pour l'ensemble du
Québec. Cela peut nous amener à des coûts
considérables, tant sur le plan pédagogique que sur le plan
financier, et ce n'est que lorsque j'aurai une idée précise de
ces coûts que je pourrai adopter une politique d'application
générale.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je suis tout à fait
d'accord qu'il y a une prudence à exercer puisque ce qu'on décide
à un endroit a des répercussions sur les autres. Mais la
politique ou l'esprit du livre vert est de respecter les milieux. Quand on
rencontre une telle détermination de la part d'une communauté
dans ce cas-ci, Trinité-des-Monts on devrait lui donner
toutes les chances possibles. Ce qui s'est produit, c'est que la commission
scolaire régionale de Rimouski s'est dit: II nous faudrait
étendre cela à d'autres écoles de village dont les
élèves ont été rapatriés à Rimouski
ou dans d'autres villages. Ces gens ont été obligés de
quémander leur papier, leurs crayons, leurs plumes tout au long de
l'année, alors qu'une étude que vous avez certainement entre les
mains, M. le ministre d'ailleurs, elle vous a été
adressée par la Commission scolaire régionale du
Bas-Saint-Laurent le 13 février 1978 démontrait que
même si on rapatriait les enfants secondaires I et II là où
les parents le désirent, dans l'école élémentaire
du village... évidemment à la condition que cette école
élémentaire ait survécu... S'il n'y a pas d'écoles
élémentaires qui aient survécu, 30, 40 ou 50
élèves de plus dans une école impliquent des frais. Mais
dans le cas de Trinité-des-Monts, il s'agissait d'une école
élémentaire qui vivait encore et à laquelle on conservait
le secondaire I et le secondaire II. La disparité entre les coûts,
selon qu'on paie du transport scolaire ou selon qu'on rapatrie à la
condition que l'école élémentaire existe et que le lieu
physique y soit, la différence entre les coûts apparaît
minime. Il serait extrêmement important qu'on fasse une étude qui
tienne compte davantage du bien des enfants que des ressources mises à
la disposition par le ministère des Transports aux commissions
scolaires. Ces gens-là sont quand même un exemple assez
intéressant. Là où il y a de la détermination, il y
a moyen de faire quelque chose. Il y a vraiment eu une collaboration, des
efforts communs pour produire une école qui m'apparaît assez de
qualité.
M. Morin (Sauvé): J'espère que dans le cas de la
CECM les efforts de certains parents, notamment pour l'école Du
Jarrié et l'école de la Bruère, pourront produire des
résultats semblables. Peut-être pourriez-vous parler à vos
anciens collègues, madame, du cas de Trinité-des-Monts dont ils
pourraient certainement s'inspirer.
J'ajouterai cependant ceci. Nous devons respecter ces gouvernements
locaux que sont les commissions scolaires. Or, dans ce cas de
Trinité-des-Monts, la commission scolaire avait décidé de
fermer les secondaires I et II et de faire des groupes d'élèves
plus importants dans un village voisin. Il nous fallait donc tenir compte
également des décisions de la commission scolaire. Je pense que
Mme le député serait la première à nous jeter la
pierre, au sens figuré, bien sûr, s'il s'avérait que nous
décidions de passer par-dessus la décision d'une commission
scolaire ou de lui dicter son comportement à l'égard de
l'ouverture ou de la fermeture d'une école.
Dans le cas de Trinité-des-Monts, il s'est
révélé que si on appliquait la solution de
Trinité-des-Monts aux autres villages qui voulaient également,
dans la région, ravoir les secondaires I et II sur place, cela aurait
signifié quatre professeurs de plus que ce qui était prévu
dans les normes. Et la commission scolaire se tournait vers le ministère
en disant: Si vous êtes prêt à payer ces quatre professeurs
excédentaires, naturellement nous ferons tout ce que vous voudrez. Mais
les choses ne fonctionnent pas ainsi, comme Mme le député le
sait. On doit rester à l'intérieur des normes qui sont
prévues.
Si le cas de Trinité-des-Monts a été si difficile,
c'est que le nombre d'enfants était très réduit. En
dépit de notre volonté de maintenir les secondaires I
et II le plus près possible de chaque milieu, si le nombre des enfants
diminue d'année en année au point de ne plus pouvoir justifier la
présence d'enseignants, il faut alors se poser des questions. C'est
là qu'entre en ligne de compte la possibilité de divisions
multiples.
Est-ce que, lorsqu'on atteint le niveau du secondaire, les divisions
multiples sont favorables ou défavorables aux enfants? Voilà une
belle question sur laquelle je serais assez heureux de connaître votre
opinion, Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Je vois que le ministre me pose souvent des
questions. Je ne suis quand même pas le ministre et ce n'est pas moi qui
ai les ressources à ma disposition pour faire cette étude.
Je pense qu'il est temps que je le dise parce que cela fait au moins
trois fois que vous me demandez d'établir les programmes,
d'établir les politiques.
M. Morin (Sauvé): Oui, et je continuerai de le faire, Mme
le député. Je continuerai de le faire.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous le ministre. Je vous en fais une
suggestion, M. le ministre. Je pense que vous déplacez le
problème. Quand vous dites: II ne faut pas, vous serez la
première à nous blâmer d'intervenir dans l'autonomie des
commissions scolaires, etc. Le problème est le suivant: D'est
qu'à Trinité-des-Monts, on n'a pas fait un choix
pédagogique, parce que, justement, la façon dont les budgets sont
accordés aux commissions scolaires, cela ne permettait pas un choix
pédagogique, cela permettait un choix budgétaire. Le transport
étant payé, la commission scolaire s'est dit: Mes enfants sont
transportés et cela leur coûte aussi cher que si on payait les
quatre professeurs supplémentaires ou à peu près, parce
que vous pourriez peut-être m'arriver avec une différence de
$5000. Je ne voudrais pas me mettre les pieds dans le ciment, comme vous dites,
ou comme on le dit à cette commission. Il reste que, finalement, les
choix ne sont pas pédagogiques et ils sont budgétaires en
fonction de l'organisation du financement du système scolaire, soit le
transport scolaire, soit les normes pédagogiques. C'est cela le fond du
problème. Ce n'est pas une question d'intervenir. Si je vous pose la
question, ce n'est pas pour me faire dire qu'il faut respecter l'autonomie des
commissions scolaires, je le sais, mais c'est que je pense qu'on doit parfois
réfléchir sur la façon dont on accorde des subventions aux
commissions scolaires pour leur permettre de faire d'abord et avant tout des
choix pédagogiques. C'est dans ce sens que le problème de
Trinité-des-Monts est un excellent exemple d'une situation qui, je
pense, vaudrait la peine d'être examinée pour voir si on ne peut
pas la corriger et permettre de faire le meilleur choix possible dans le
meilleur intérêt des étudiants et des parents.
M. Morin (Sauvé): Je puis vous assurer que c'est
exactement ce que nous faisons à l'heure actuelle. Néanmoins, il
reste que le fond du problème n'est pas aussi simple que vous l'avez
indiqué. Il y a également des choix pédagogiques et, si
vous avez des recommandations à me faire ou des opinions à
exprimer sur la question des classes à divisions multiples, je
répète que je serais intéressé à les
connaître, parce que c'est un problème très difficile. Dans
la mesure où vous avez quelque expérience de l'enseignement et
des questions administratives dans le domaine scolaire, je ne refuserais
certainement pas vos bons conseils sur les inconvénients ou les
avantages des classes à divisions multiples au niveau secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Je ferai remarquer que c'est vrai qu'il y a une
dimension pédagogique à savoir si les classes à divisions
multiples sont bon- nes ou ne sont pas bonnes, et je pense que cela
dépend des niveaux, cela dépend de la motivation des professeurs.
Il y a des professeurs qui n'en veulent pas. Il y en a d'autres qui n'y ont pas
d'objection. Ce sont autant d'éléments qu'il faudrait
analyser.
Il aurait peut-être été intéressant de
prendre l'occasion de Trinité-des-Monts pour justement structurer une
expérience où on aurait pu tenter d'évaluer si, au niveau
du secondaire I et du secondaire II je pense que cela peut devenir
beaucoup plus compliqué en secondaire III, IV et V, d'ailleurs, il y a
moins d'inconvénients à ce que les plus vieux voyagent on
aurait pu, dis-je, saisir cette occasion pour mettre en place une
évaluation possible, évidemment marginale, parce qu'il s'agit
d'une seule école, mais on aurait pu en profiter pour le faire.
Dans le cas de Trinité-des-Monts, si ma mémoire...
M. Morin (Sauvé): Je vous arrête.
L'évaluation va se faire. Sur ce point, nous allons suivre vos
conseils.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais les gens se sont battus pendant sept
mois pour l'obtenir. Enfin, mieux vaut tard que jamais.
De toute façon, dans le cas de Trinité-des-Monts, les
élèves avaient droit, je pense, à un professeur 1,7
professeur, strictement, si on s'en tenait aux normes. Il s'agissait de 3/10 de
professeur qui, si vous mettiez le professeur à $20 000 par
année, je suis très généreuse, ne
représentait quand même pas un montant si considérable que
tout cela; si on tient compte également des économies qui
auraient été faites du point de vue du transport, je pense que
cela s'équilibrait largement. Le problème était de savoir
si on pouvait l'étendre aux autres écoles de villages où
il existait encore une école élémentaire et là le
problème devenait plus considérable.
M. Morin (Sauvé): C'est sous toute réserve, madame,
que j'accepte votre évaluation du nombre de professeurs auquel
Trinité-des-Monts aurait eu droit. D'après ce que nous en savons,
ce chiffre de 1,7 que vous avez donné est sujet à caution. (12
heures)
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais quel est le vôtre?
M. Morin (Sauvé): Nous pourrons vous le donner, puisque le
dossier est déjà très épais. Nous en discutons
depuis des mois. Je pourrai vous le donner cet après-midi. Je crois
qu'il n'est pas exact de dire qu'ils avaient droit à 1,7 professeur.
Mme Lavoie-Roux: Ils avaient peut-être droit à 1,5,
mais j'aimerais quand même avoir le chiffre exact. De toute façon,
est-il dans l'intention du ministère de continuer cette
expérience l'an prochain, à Trinité-des-Monts,
expérience qui, pour vous, a débuté seulement depuis la
fin d'avril?
M. Morin (Sauvé): Nous allons d'abord évaluer
avec le consentement de tous les intéressés les
résultats de ce qui s'est passé cette année à
Trinité-des-Monts. Nous sommes intéressés à savoir
si les enfants ont pu procéder aux apprentissages normaux qu'on attend
d'élèves des niveaux secondaires I et II. Ce n'est
qu'après cette évaluation, de même qu'après avoir
pris connaissance des études en cours sur les classes à divisions
multiples que je pourrai, avec la commission scolaire, puisque celle-ci ne peut
être exclue du dossier, décider si oui ou non l'expérience
doit continuer.
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure le ministre faisait
allusion au maintien des écoles et à la CECM pour que j'aille
convaincre mes anciens collègues il y en a plusieurs qui n'ont
jamais été mes collègues... De toute façon, je
pense que c'est davantage le rôle du ministre de l'Éducation que
le mien de faire cette tâche, mais je pense...
M. Morin (Sauvé): Je m'y emploie, d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a quand même une
différence le cas Du Jarrié, je ne le connais pas d'une
façon précise; alors, je ne pourrais pas en discuter avec
beaucoup de clarté entre les enfants qu'on oblige à faire
une trentaine de milles, et même davantage par jour, et les enfants qui
font des distances beaucoup moins grandes.
Concernant le problème du maintien des écoles
puisque vous me tendez la perche dans les centres urbains, on ne fera
pas de miracle tant et aussi longtemps que les normes habituelles ne seront pas
maintenues et qu'on établira des politiques sans donner les moyens de
les appliquer.
J'entendais ce matin à la radio vous l'avez
peut-être entendu, M. le ministre que la commission scolaire de
Québec venait d'adopter son budget pour l'année à venir et
disait: Compte tenu des normes non indexées, c'est une période
d'austérité, pour équilibrer nos budgets, nous avons
fermé des écoles. Cela a été la même chose.
Je pense que vous avez même indiqué l'autre jour à cette
commission que la CECM aussi, dans des efforts d'équilibrer ses budgets,
était obligée de fermer des écoles.
Je pense que tant et aussi longtemps qu'on établira de grands
principes sur papier, sans donner les moyens de les appliquer, que ce soit Du
Jarrié ou une autre, il est fort risqué que le problème
demeure presque entier, sauf dans les cas de commissions scolaires où on
n'a jamais accordé de réflexion à ce problème de
fermeture des écoles. Il se peut qu'il y en ait dans la province. Je
pense que le problème est demeuré entier, en dépit de la
politique que le ministre a rendue publique au début de l'hiver, en
janvier ou février.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que Mme le ministre me
permet..
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... de dire deux mots là-dessus?
Il est évident qu'avec une diminution de quelque 35 000 ou 40 000
élèves aux niveaux primaire et secondaire, les commissions
scolaires sont acculées à des décisions qui sont
difficiles, mais qui ne peuvent, dans la plupart des cas, qu'aboutir à
la fermeture d'un certain nombre d'écoles. La démarche que nous
leur proposons n'en est pas une qui tend à maintenir toutes les
écoles ouvertes, mais à planifier les conséquences de la
dénatalité pour les années qui viennent et à
identifier dans chaque quartier, défini de la façon que vous
savez, une dernière école qui, elle, demeurera ouverte, quelle
que soit l'évolution subséquente, le quartier étant
identifié géographiquement par l'existence d'obstacles naturels
comme une autoroute, une rivière, une voie de chemin de fer, un grand
parc, qui font que cette entité géographique mérite aussi
par son bassin de population qu'on y maintienne une école comme
service.
Nous sommes persuadés qu'il est possible de faire cela en
planifiant bien l'avenir, sans avoir à mettre à la disposition
des commissions scolaires des normes différentes de celles qui ont
été utilisées dans le passé, sauf, bien sûr,
les indexations que nous estimons nécessaires.
Nous sommes persuadés que cela est possible par une bonne
planification de l'avenir, et la preuve en est que, dans certaines
régions du Québec, les commissions scolaires avec lesquelles nous
avons fait cet exercice de planification s'en disent satisfaites et ont
décidé de l'appliquer. Je pense, en particulier, à la
CECQ, et j'ose espérer que nous finirons par tomber d'accord avec la
CECM pour qu'elle aussi se soucie de maintenir une dernière école
de quartier dans chacun des quartiers qui ont été
identifiés sur son territoire.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette... Le ministre contestait mon
pourcentage de 1,7% tout à l'heure. Je dois contester sa dernière
remarque voulant que la CECM ne se soit jamais souciée ou ne se soucie
pas de conserver des écoles de quartier dans son territoire. Je pense
que le problème de la CECM, entre autres, c'est que, souvent, à
l'intérieur d'un quartier, il y a plusieurs écoles
élémentaires, la population étant plus dense, il y a
parfois deux, trois, quatre écoles élémentaires, et le
problème survient à savoir laquelle il faut garder et que, dans
chacun des cas, la CECM, à ma connaissance, à moins que depuis
deux ans les choses soient changées, a toujours conservé une
école de quartier.
M. Morin (Sauvé): Néanmoins, il y aura deux
quartiers de Montréal qui seront sans école si les écoles
Du Jarrié et de la Bruère sont fermées, et ce sont
vraiment des quartiers qui sont entourés d'obstacles
considérables. Je pense à l'école de la Bruère, qui
est entourée par des espaces et des obstacles naturels
considérables comme, par exemple, l'autoroute qui mène au
pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine. Ce quartier, si la CECM ne change pas
ses décisions, perdra sa
dernière école, et nous estimons que cela aurait pu
être évité.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, vous parlez pour le présent,
M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Mme le député...
M. Morin (Sauvé): Et pour l'avenir.
Le Président (M. Dussault):... si vous permettez, M. le
député de Matapédia avait demandé la parole.
M. Marquis: Merci, M. le Président. Je voudrais simplement
ajouter deux éléments à la discussion qui a eu lieu
tantôt sur le cas de Trinité-des-Monts et, si cela peut être
valable, tant mieux.
Alors que j'étais coordonnateur de l'enseignement secondaire
à la commission scolaire intégrée de la vallée de
la Matapédia, nous avons vécu un cas semblable à celui de
Trinité-des-Monts, alors que les parents d'une paroisse de
l'arrière-pays, comme ça, ont décidé de retenir
à la maison pendant une année entière les
élèves du secondaire I et II et de ne pas les envoyer à
l'école polyvalente d'Amqui.
Or, évidemment, cela a duré un an. Ensuite, tout est
redevenu normal. Je me demande si ce ne serait pas intéressant, pour le
ministère, de faire un certain sondage, en tout cas, une courte
étude sur ce qui est advenu de ces enfants-là et ce que cela a
donné quelques années plus tard, avec un recul maintenant de
trois ou quatre ans, je pense qu'il y aurait peut-être des renseignements
intéressants à tirer de cette expérience.
M. Morin (Sauvé): Durant quelle année cela se
passait-il, M. le député?
M. Marquis: Cela s'est passé l'année de la loi 27,
lorsque nous avons fait l'intégration des deux enseignements et nous
avons également rapatrié tous les élèves du
secondaire I et II de l'arrière-pays pour les regrouper dans les trois
polyvalentes de Causapscal, Amqui et Sayabec.
M. Morin (Sauvé): Je vais voir si nous pouvons tirer
quelques renseignements ou enseignements de cette expérience, de ces
faits mais vous n'êtes pas sans savoir que notre politique à
l'égard des dernières écoles de village en milieu rural
remporte un certain succès dans la Matapédia justement, quand on
songe qu'à Saint-Alexandre-les-Lacs, l'effet de cette politique a
été de rouvrir une école qui était fermée.
On se rend compte que, même au niveau secondaire, cette politique peut
avoir des conséquences heureuses.
Mais ce dont nous parlions tantôt à l'égard des
niveaux du secondaire I et II n'est pas couvert par cette politique de la
dernière école rurale ou urbaine, c'est un autre ordre de
problème qui est lié notamment à la question des divisions
multiples.
M. Marquis: C'était à cela que je faisais allusion,
M. le Président. C'était justement parce que nous, quand on a
défendu la politique qui a été établie à
cette commission scolaire, nous nous fondions sur des critères
pédagogiques et c'est là-dessus qu'on affrontait des parents, si
on peut s'exprimer ainsi. Tandis qu'eux parlaient du transport, nous, on s'en
tenait à des critères pédagogiques. C'est pour cela que
nous avons maintenu la décision de recevoir, dans les polyvalentes, les
élèves du secondaire I et II de ces paroisses.
Un deuxième élément qui fait que c'est une
décision difficile à prendre dans un cas comme
Trinité-des-Monts, c'est que, dans mon comté, il y a des
paroisses qui appartiennent à la commission scolaire du
Bas-Saint-Laurent où, par exemple, il y a actuellement deux classes de
secondaire I et II dans certaines localités. Donc, une classe par
niveau. Si jamais une décision positive était prise pour rouvrir
Trinité-des-Monts, déjà, les gens de chaque village
veulent avoir chez eux un secondaire I et un secondaire II; de sorte que, dans
un cas bien précis, à La Rédemption où il y a
actuellement un secondaire I et un secondaire II qui regroupent les
élèves de Sainte-Jeanne-d'Arc et de La Rédemption
deux classes et trois enseignants, je pense si une décision trop
rapide était prise, vous auriez des demandes pour un secondaire I et un
secondaire II à La Rédemption et un secondaire I et un secondaire
II à Sainte-Jeanne-d'Arc; donc, deux niveaux de secondaire pour un seul
groupe d'élèves, ce qui multiplierait les difficultés non
seulement par deux, mais probablement davantage.
Je pense que cela vaut la peine de continuer encore à
réfléchir sur ce sujet.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Laurier.
M. Marchand: M. le Président, puisque nous sommes à
discuter du transport scolaire, je voudrais dire ceci au ministre: À
cause de la fermeture de plusieurs écoles élémentaires
à Montréal, et je voudrais donner les exemples de
Saint-Thomas-Apôtre, Saint-Vincent-Ferrier, Sainte-Cécile,
Saint-Jean-de-la-Croix, Saint-Édouard, où il y a une école
élémentaire qui doit fermer ou qui est déjà
fermée... Au sujet des préscolaires et des enfants jusqu'à
l'âge de dix ans, on sait que, par les assurances, il doit y avoir une
distance d'un mille pour transporter les enfants à l'école. Par
contre, je me demande s'il n'y aurait pas moyen de changer la
réglementation et aussi des ententes avec les compagnies d'assurance
afin que les enfants âgés de cinq ans à dix ans puissent
prendre l'autobus scolaire en dedans du mille, c'est-à-dire
peut-être sept dixième de mille ou six dixièmes de mille.
Dans ma région, plusieurs enfants ne peuvent même pas aller
à l'école l'hiver à cause de la température, du
mauvais temps. Il ne s'agit pas seulement de la sécurité des
enfants qui est déjà un grave problème, même si on a
des agents de sécurité au coin des rues achalandées. Il
s'agit également de la capacité de l'enfant de
cinq, six, sept ou huit ans de marcher dans la neige pendant un
demi-mille pour se rendre à l'école, en traversant les rues.
À ce moment-là, cela devient une incapacité physique pour
l'enfant de se rendre à l'école. Je me demande si, dans ce
cas-là... Ce ne serait pas très coûteux puisque souvent
l'autobus scolaire passe devant la porte de la maison où il y a un
enfant de cinq, six, sept ou huit ans; il y a de la place dans l'autobus, mais
l'autobus ne peut pas arrêter pour prendre l'enfant parce qu'il est en
dehors des normes et que l'assurance ne pourrait pas payer s'il y avait un
accident.
Je pense que ce serait tout simplement une entente. Je dis simplement,
mais c'est peut-être plus grave que cela. Je pense que c'est possible
qu'il y ait entente entre les commissions scolaires et les compagnies
d'assurance afin d'assurer que nos enfants de cinq à dix ans puissent
suivre leurs cours, peu importe le temps, comme les autres qui sont
avantagés en demeurant plus loin de l'école. (12 h 15)
M. Morin (Sauvé): La question de l'assurance n'est pas
déterminante. Bien sûr, si un chauffeur ramasse des enfants alors
que la réglementation ne lui permet pas de le faire, il se peut que
certaines compagnies d'assurance ne veuillent pas couvrir ces cas par des
indemnités. Mais ce n'est pas cela qui est déterminant. Ce qui
est déterminant, c'est le coût du ramassage des enfants dans un
périmètre restreint autour de l'école. C'est cela qui
empêche vraiment que des autobus plus nombreux, des chauffeurs plus
nombreux soient mis à la tâche de ramasser les enfants. C'est
avant tout, donc, le coût du transport lui-même et non pas le
coût de l'assurance.
M. Marchand: D'accord, M. le ministre, mais je pense bien que
vous donnez une importance capitale à l'instruction secondaire et je
pense que, pour aller à l'école secondaire, il faut commencer par
avoir une instruction primaire des mieux structurées et, si on ne donne
pas la chance à un enfant, si celui qui demeure à plus d'un mille
d'une école est avantagé comparativement à celui qui
demeure à huit dizièmes de mille, je ne vois pas, dans la ville
de Montréal même, où la différence d'argent est
tellement importante, parce que les autobus scolaires ne sont pas remplis. Il
ne s'agit souvent que d'un coin de rue ou d'une rue de surplus à faire.
Ils passent déjà devant ces maisons, vous le savez comme moi.
S'ils se rendent, par exemple, à la rue Jean-Talon et Clark et que
l'enfant demeure au coin de Clark et De Castelnau, cela représente un
coin de rue, alors que l'autobus est obligé, par les sens uniques, de
passer devant ces maisons-là; donc, au point de vue des coûts, je
ne crois pas que cela ait une implication qui soit tellement grande. Il y en a
une, mais très minime, M. le ministre. Je ne vois pas là de
raison, quand on voit les coûts de l'éducation au Québec,
je ne vois pas comment on peut laisser traîner des petits bouts de chou
de cinq, six, sept ans, dans la neige l'hiver ou à des pluies battantes
ou verglaçantes. Ils ne sont même pas capables... ils attrapent
des grippes, ils sont une semaine à la maison et je pourrais vous citer
des cas. J'ai fait des demandes à la commission scolaire pour qu'on
remédie à cela et cela ne s'est pas encore fait. Je pense que, si
le ministère faisait des pressions plus fortes, cela aiderait
sûrement ces enfants-là et les mères, parfois, qui sont
obligées de prendre des taxis pour aller reconduire leurs enfants
à l'école parce que c'est une question d'un ou deux
dixièmes de mille de différence pour se rendre à
l'école.
M. Morin (Sauvé): Si les commissions scolaires ont
été hésitantes, c'est qu'il y a une question de principe
à laquelle on doit répondre. Si on ramasse les enfants qui se
trouvent sur le chemin de l'autobus, comme vous dites, il n'y a pas de raison
qu'on n'aille pas ramasser les autres non plus. C'est une question de justice
distributive et les parents sont prompts à réclamer que, si on
ramasse les uns, il faut tous les ramasser. D'autre part, je tiens à
vous faire observer qu'une commission scolaire peut décider de ramasser
les enfants à l'intérieur d'un périmètre plus
restreint d'un quart de mille ou d'un demi-mille ou ce qu'elle voudra, mais
elle doit se le payer, bien sûr, sous forme de dépenses non
subventionnées, ce qu'on appelle les dépenses inadmissibles. Mais
la chose n'est pas exclue. C'est tout simplement une question de savoir
d'où vient l'argent, du ministère des Transports, soit de la
commission scolaire elle-même. Mais celle-ci a le pouvoir de
décider de le faire et, d'ailleurs, il y en a qui le font.
M. Marchand: Je sais qu'il faut que cela arrête à
une certaine place. Il faut qu'il y ait des limites, je le comprends
très bien. C'est facile à comprendre, mais je sais aussi que le
coût de quelques dixièmes de mille n'est pas
exagéré, ne sera pas très fort, n'augmentera même
pas les taxes des citoyens de la ville de Montréal.
M. Morin (Sauvé): Alors, vos plaidoyers auprès des
commissions scolaires devraient donc aboutir dans ce cas-là.
M. Marchand: Je le ferai. Je voulais le faire ici quand
même pour que cela ait une répercussion et pour vous sensibiliser
à ce petit peuple de travailleurs de notre région.
M. Morin (Sauvé): Je vous remercie, M. le
député, et je reste intéressé à
résoudre ce problème, mais il est certain que les commissions
scolaires ont le pouvoir de décider de le régler.
M. Marchand: Je vous remercie, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Sur cette question du transport scolaire, je
voudrais signaler quelque chose au ministre. Au plan politique, cela ne me sera
pas très favorable, mais je pense que, quand on est obligé de
calculer l'argent qu'on met à la disposition des différentes
priorités du gouvernement ou d'une province, il faut quand même
s'y arrêter. Le ministère des Transports, si vous y
envoyez des noms, va tout financer. Que vous restiez à 5/10 de
mille, vous envoyez 3000 noms d'enfants à l'élémentaire
qui sont transportés, ils financent les 3000 enfants. Cela pourrait
conduire à l'absurde au point où, si on arrivait, par exemple au
choix de l'école, qu'on envoyait les enfants de Montréal-Nord
à Pointe-Saint-Charles, les enfants de Hochelaga à
Montréal-Ouest, ce serait payé entièrement par le
ministère des Transports. C'est à cela que je m'oppose.
Il nous manque de l'argent pour des priorités
pédagogiques, pour du service vraiment aux élèves, le cas
de Trinité-des-Monts en est un, que ce soit le 3/10 ou le 5/10 de
professeurs. Par contre, parce que c'est un autre ministère qui en prend
la responsabilité, là, il ne semble pas y avoir de limite. Je
vous signale le problème, parce que ça me semble une situation
anormale. Comme responsable de l'éducation des enfants, ça doit
être scruté d'un peu plus près.
Si bien que je me souviens d'un cas où les parents ont
exigé le transport scolaire. Parce qu'il y avait une école,
l'école-atelier, nous voulions le refuser. On se disait: Si vous voulez
avoir une école qui soit vraiment une école comme la vôtre,
transportez les élèves, etc. Finalement, ils me sont
arrivés avec cet argument, et c'était exact, le ministère
des Transports défraierait les coûts. Si vous faites le
raisonnement par l'absurde, vous pourriez transporter tous les enfants de
l'île de Montréal, à condition qu'ils habitent
au-delà d'un mille.
J'ai posé une question, au cours de mes remarques
préliminaires, relativement au perfectionnement des maîtres. Il me
reste trois questions, M. le ministre, ne vous découragez pas. Comment
allez-vous penser un projet permanent de perfectionnement des maîtres,
compte tenu de la diminution des élèves et, par
conséquent, du surplus de professeurs et la convention qui
prévoit la réaffectation des professeurs, à partir des
champs, et à partir de la clause d'ancienneté?
M. Morin (Sauvé): C'est une question un peu complexe. Si
vous voulez nous laisser le temps de réunir les faits.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous en poser deux autres pendant qu'ils
réfléchissent.
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est bien.
Mme Lavoie-Roux: Pour qu'on en finisse vraiment. La
deuxième question: Qu'arrive-t-il au projet de réglementation du
plan de retraite pour les ex-religieux?
M. Morin (Sauvé): Est-ce que la question n'est pas sur le
point d'être résolue par le ministre de la Fonction publique? Je
pense même qu'il y a un projet de loi qui devrait aboutir devant
l'Assemblée sous peu; c'est sur le point d'être
réglé.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur le point d'être
réglé.
M. Morin (Sauvé): C'est sur le point d'être
réglé.
Mme Lavoie-Roux: Mon autre question. Je pense que vous ne pourrez
pas y répondre immédiatement non plus. J'aimerais, si
c'était possible, que nous ayons un tableau des écoles nouvelles
et des agrandissements d'écoles qui avaient été
décrétés par les différentes commissions scolaires,
dont certains, par la suite, ont pu être autorisés par le Conseil
du trésor. Depuis novembre 1976, des écoles nouvelles et des
agrandissements ont été décrétés par les
différentes commissions scolaires et autorisés par le Conseil du
trésor. Quel est l'échéancier de réalisation de ces
différents projets d'écoles nouvelles ou d'agrandissement?
M. Morin (Sauvé): Est-ce pour l'ensemble du Québec
que vous désirez ces renseignements, Mme le député?
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'aimerais les avoir pour l'ensemble du
Québec. Je sais bien que vous ne pouvez me les donner sur-le-champ.
M. Morin (Sauvé): D'ici jeudi, nous aurons la
réponse à cette question, Mme le député. Mais je ne
crois pas que nous réussissions à faire une liste complète
pour cet après-midi ou ce soir.
La CECQ
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord. Je voudrais quand même
seulement attirer l'attention du ministre sur le cas de la commission scolaire
de la ville de Québec. Vous vous souviendrez que, l'an dernier, j'avais
soulevé ce problème. Le ministre et le sous-ministre connaissent
certainement mieux que moi cette question.
La CECQ avait décidé, à un moment donné, de
ne pas construire d'écoles nouvelles, mais de prévoir une
certaine forme de réaménagement de ses écoles secondaires
en créant certaines vocations pour les autres, et ainsi de suite, ce qui
réduisait considérablement les coûts d'investissement. Si
je ne m'abuse, je le dis sous toute réserve, dans le cas des
écoles secondaires, il se serait peut-être agi d'une somme de
l'ordre de $2 à $3 millions.
Quels sont les espoirs pour la CECQ, qui me semble, en tout cas,
d'après les éléments que j'ai, avoir été
passablement raisonnable et rationnelle, pour qu'on accède, finalement,
à ses demandes. Il semble que, jusqu'à maintenant, il n'y ait pas
encore eu de réponse affirmative officielle.
M. Morin (Sauvé): Lorsque la CECQ a déposé
son plan qu'elle appelle son réseau d'écoles c'est une
polyvalence du réseau, non pas des écoles polyvalentes, c'est la
nuance qui est importante et après qu'il ait été
accepté, nous lui avions dit que nous étions pour
échelonner sur un certain nombre d'années l'aménagement de
son plan qui était, à l'époque, d'un coût de $10
millions.
Effectivement, pour le prochain budget d'investissements qui est
déposé devant le Conseil du trésor, il y a des sommes
demandées pour commencer à réaliser l'aménagement
des écoles secondaires, tel que demandé par le plan de la CECQ.
Nous attendons une réponse, du Conseil du trésor sur le plan
d'équipement pour faire démarrer ces projets dès cette
année, soit en 1978/79.
Mme Lavoie-Roux: II s'agit d'un montant allant de $2 à $3
millions, je pense, pour ce...
M. Morin (Sauvé): Je ne me souviens pas du montant de la
tranche, mais il y a une première tranche qui est demandée pour
l'année 1978/79.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle peut espérer l'avoir, ou
si le Conseil du trésor a des... Cela me semble vraiment raisonnable,
compte tenu de...
M. Morin (Sauvé): Puisque nous l'avons acheminé
vers le Conseil du trésor, c'est que cela nous paraissait
intéressant, mais il reste à savoir ce que les puissances
financières décideront. Là-dessus, je n'ai pas la moindre
idée à l'heure actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, je me demande si je me
trompe dans mon jugement, je suis prête à l'accepter j'ai
l'impression que pour avoir été, en apparence, plus raisonnable
que d'autres, est-ce qu'elle ne finit pas par, d'une certaine façon,
être un peu pénalisée, compte tenu des retards qui semblent
accompagner cette formule qu'elle avait mise de l'avant?
M. Morin (Sauvé): C'est une question d'opinion, Madame le
député. Bien sûr, elle n'a pas été
déraisonnable, mais elle n'a pas, non plus, été
défavorisée par rapport aux autres, de sorte que nous verrons ce
que répondra le Conseil du trésor.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y avait, dans le cas de la CECQ,
des demandes pour des écoles élémentaires?
M. Morin (Sauvé): Non.
Mme Lavoie-Roux: II n'y avait pas de...
M. Morin (Sauvé): II n'y avait que des aménagements
d'écoles secondaires.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que tous leurs enfants c'est un
problème qui existait l'an dernier, lequel relève de l'enfance
inadaptée; je parle des enfants qui avaient des troubles sérieux,
du côté de l'arriération mentale sont mieux servis
qu'ils ne l'étaient l'an dernier, à cette époque?
M. Morin (Sauvé): Vous faites probablement allusion
à l'aménagement de l'école Saint-Martin où ces
enfants sont regroupés. La commission scolaire, elle-même, ne pose
pas cela comme étant sa priorité numéro 1. Elle pose,
comme priorité, parce que la question a été
soulevée à plusieurs reprises, l'aménagement de ses
écoles secondaires avant l'aménagement de l'école
Saint-Martin. C'est dans ses priorités, mais non pas la première
priorité.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, il y a deux questions. Je pense
que l'éducation des adultes, on pourra la repasser avec le
collégial et l'université...
M. Morin (Sauvé): Oui, effectivement, c'est ce qui est
prévu, M. le Président, mais si nous pouvions adopter ce qui a
trait au primaire-secondaire, de façon que je puisse libérer les
fonctionnaires compétents pour qu'ils puissent retourner à leurs
responsabilités il y a tout de même quatre jours qu'ils
sont avec nous j'en serais très reconnaissant aux membres de
cette commission.
Mme Lavoie-Roux: C'est exactement mon intention, c'est pour cela
que je vous demandais si on pouvait revenir. Il y a un autre point sur
lequel... On pourra peut-être y revenir au moment de l'administration
générale pour ne pas retarder, justement, l'adoption de ceci,
c'est la question des ressources qui sont déplacées du
ministère vers les régions, la création, apparemment de
nouveaux postes et les implications budgétaires. Ceci pourrait
être repris au moment de l'étude de l'administration des
réseaux? (12 h 30)
M. Morin (Sauvé): Tout à fait.
Mme Lavoie-Roux: Pour le reste, M. le ministre, je voudrais vous
remercier ainsi que les fonctionnaires de l'élémentaire et du
secondaire parce que je pense que leur aide nous a été
très précieuse. Ah! le perfectionnement, vous ne l'avez pas?
Le Président (M. Dussault): Je pense bien que la
commission va donner son accord à l'acceptation de la réponse qui
sera donnée par M. le sous-ministre.
Perfectionnement des maîtres
M. Morin (Sauvé): Votre question était la suivante
si j'ai bien compris: Quelles mesures prenez-vous pour prévoir
l'organisation du perfectionnement des maîtres...
Mme Lavoie-Roux: Assistant permanent de...
M. Morin (Sauvé): ... en tenant compte des
difficultés pratiques de la réaffectation de l'enseignant dans
divers champs ou matières, compte tenu des règles de
sécurité.
Sommairement, je vous dirais que nous travaillons sur deux volets: le
premier, que je qualifierais de la recherche de l'expression des besoins et, le
deuxième, qui est de l'ordre des stipulations à être
convenues au moment des prochaines négociations. Sur le premier volet,
d'une part,
nous travaillons auprès des enseignants et, d'autre part,
auprès des commissions scolaires. Auprès des enseignants, nous
avons lancé une enquête, par échantillon, auprès de
2000 enseignants, avec questionnaire élaboré au-delà de 50
questions pour connaître leurs caractéristiques, leur formation,
leurs aspirations et la façon dont eux voient les choses, comme
individus. La deuxième partie de ce premier volet s'adresse aux
institutions et cherche à identifier le besoin tel que les commissions
scolaires le voient. Donc, les individus, d'une part et les institutions,
d'autre part.
Le deuxième volet qui, lui, ne pourra être
réglé d'une façon complète qu'au moment des
prochaines négociations, devrait nous amener à réviser le
chapitre 8 sur la tâche, sans doute, mais spécifiquement le
chapitre 5 sur la sécurité et le chapitre 7 sur le
perfectionnement. Sur la sécurité, compte tenu des prochaines
négociations, on ne peut entrer dans des explications
élaborées mais il faudra certainement revoir la question des
champs d'enseignement versus l'ancienneté. Actuellement, le nombre de
champs, qui est de 25, est l'un des facteurs qui est pris en
considération dans l'affectation et dans les mécanismes de
sécurité mais l'ancienneté y entre également et
complique forcément le problème. Au chapitre 7, qui porte sur le
perfectionnement, ce à quoi nous pensons mais nous devrons en convenir
avec nos interlocuteurs syndicaux, il s'agit d'établir, dans la
convention, une priorité au perfectionnement des maîtres qui sont
réaffectés en raison des règles de sécurité,
plutôt que de laisser l'entière liberté aux
intéressés d'attribuer les sommes per capita allouées dans
la convention sur le perfectionnement des enseignants, de $141 par tête,
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: Présentement, je pense que c'est
décidé conjointement avec le syndicat?
M. Morin (Sauvé): Oui, il y a un comité conjoint
dans chaque commission.
Mme Lavoie-Roux: Alors, à ce moment-ci, vous utiliserez
peut-être un peu plus de coercition.
M. Morin (Sauvé): On serait... coercition, le mot...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de meilleur terme, si vous
voulez.
M. Morin (Sauvé): On serait tenté, on se propose...
Enfin, on aurait l'intention de proposer à nos cocontractants syndicaux
de convenir dans la prochaine entente de la nécessité ou de
l'opportunité d'identifier ce besoin comme prioritaire.
Mme Lavoie-Roux: Une sous-question: Prévoyez-vous que,
dans la foulée du livre vert, pour utiliser le terme du ministre... On
avait été habitué, avec le ministre au
développement culturel, d'entendre parler des choses qui étaient
marquées "au coin de" et là, on parle de "la foulée du
livre vert". Plus sérieusement, prévoyez-vous qu'avec
l'application possible au secondaire, enfin, une réorgani- sation du
régime pédagogique et peut-être du choix des programmes,
etc., que vous vous retrouviez, aussi, avec un nombre d'enseignants à
recycler?
Je pense, entre autres, à un article que j'ai lu y
avait-il un fondement ou pas? des professeurs de géographie qui
disaient: Avec le livre vert, il y a 500 professeurs de géographie en
surplus; vous pourriez avoir les professeurs d'économie familiale, vous
pourriez avoir les professeurs en information scolaire, etc.
Prévoyez-vous trouver, là aussi, un certain nombre de professeurs
à recycler?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il pourrait y
avoir, de-ci de-là, des cas de ce genre et s'y appliqueraient les
dispositions dont nous voulons convenir avec nos partenaires syndicaux.
Je pense, cependant, qu'il est fortement exagéré de
laisser entendre que plusieurs centaines d'enseignants pourraient se trouver
mis de côté par les dispositions du livre vert. Bien sûr,
d'aucuns parmi les enseignants peuvent être insatisfaits de l'importance
qu'on donne à leur matière, mais il ne faut pas oublier que pour
ce qui est, par exemple, de l'enseignement de la géographie, celui-ci,
si on tient compte des heures qui lui sont consacrées tant au niveau
primaire que secondaire, sera plus étendu qu'il ne l'est à
l'heure actuelle. Je n'ai donc pas de grande crainte de ce
côté.
M. le Président, je vous serais bien reconnaissant d'appeler les
programmes du primaire et du secondaire, sous réserve, comme Madame le
député de L'Acadie l'a indiqué tout à l'heure,
qu'elle puisse, lorsque nous aborderons la gestion du ministère central,
évoquer les questions, qu'elle a indiquées et qui touchent aux
directions régionales.
Le Président (M. Dussault): Dans ce sens, est-ce que la
commission est prête à adopter le programme 4, ainsi que le
programme 2, élément 1?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Le Moignan: D'accord, adopté.
Le Président (M. Dussault): Alors, ceci dit pour vous
rendre service, on m'a fait part tout à l'heure que nous reviendrions
cet après-midi, après la période des questions, mais
plutôt tard, en commission, peut-être vers 17 heures.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puis-je attirer
votre attention sur le fait que nous avons couvert tout le primaire et le
secondaire maintenant, et que nous pourrions également procéder,
à moins que l'élément 1 n'ait recouvert toutes les
catégories dans votre esprit...
Si je comprends bien, nous n'avons pas à les adopter
nommément?
Le Président (M. Dussault): Je vous ai demandé si
vous étiez prêts à adopter le programme 4, ainsi que le
programme 2, élément 1. Cela inclut forcément les
divisions 1, 2, 3 et 4.
M. Morin (Sauvé): Je me demandais si la procédure
exigeait que vous ayez à les appeler tous, nommément.
Le Président (M. Dussault): On ne le fait pas
habituellement.
M. Morin (Sauvé): Très bien. Merci.
Le Président (M. Dussault): Ceci dit, nous ajournons nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 39)
(Reprise de la séance à 17 h 28)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Madame, messieurs, nous allons reprendre les travaux de la commission
parlementaire de l'éducation ayant le mandat de faire l'étude des
crédits du ministère de l'Éducation.
Lors de l'ajournement de nos travaux ce matin, nous avions adopté
le programme 4, ainsi que le programme 2, élément 1. Nous pouvons
donc maintenant commencer l'étude du bloc postsecondaire.
Je laisse la parole à M. le ministre de l'Éducation.
Enseignement postsecondaire
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le domaine de
l'enseignement postsecondaire recouvre, comme on le sait, plusieurs
réseaux d'enseignement et plusieurs unités administratives. Si
vous le voulez bien, nous en ferons l'examen dans l'ordre suivant:
En premier lieu, nous verrons le réseau de l'enseignement
collégial public, c'est-à-dire le réseau des
collèges d'enseignement général et professionnel et la
direction générale de l'enseignement collégial du
ministère au sujet desquels je vous ferai part de remarques
préliminaires dans un instant.
Par la suite, nous examinerons le réseau de l'enseignement
universitaire sur lequel je réserverai pour l'instant mes commentaires.
Comme vous le savez, ce réseau comprend l'ensemble des
universités du Québec de même que la direction
générale de l'enseignement supérieur du
ministère.
En troisième lieu, nous ferons l'étude de
l'éducation des adultes qui recoupe le réseau des commissions
scolaires, le réseau des collèges et plusieurs organismes
à caractère privé. Nous couvrirons également les
activités de la direction générale de l'éducation
des adultes.
En quatrième lieu, nous aborderons la question de l'aide
financière aux étudiants principalement administrée par le
service des prêts et bourses du ministère.
Enfin, nous conclurons par une présentation des activités
du bureau de la science et de la technologie
Réseau collégial public
Permettez-moi de me tourner maintenant vers le réseau
collégial public et de vous entretenir de son évolution
passée, actuelle et future. Le réseau d'enseignement
collégial public est, à l'heure actuelle, constitué de 46
établissements d'enseignement administrés par 37 corporations
d'enseignement général et professionnel.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
auprès de M. le ministre. L'autre jour, vous nous avez remis un beau
texte. Est-ce que vous en avez aujourd'hui?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense que
nous pouvons en trouver quelques exemplaires.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez en trouver d'autres quand
même.
M. Morin (Sauvé): II y a eu là une petite erreur,
sans doute.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse.
Le Président (M. Dussault): La distribution est faite, M.
le ministre.
M. Morin (Sauvé): Les collèges d'enseignement
public desservaient, en 1977/78, une clientèle régulière
de 118 340 étudiants, laquelle a connu une augmentation de 11,3% de
1976-1977 à l'année suivante. Cet écart s'explique
notamment par l'accroissement naturel du nombre des jeunes en âge
d'entreprendre des études collégiales, par l'arrivée
à ce niveau d'une forte partie de la double promotion du secondaire
à la suite de l'application du règlement numéro 7, par une
certaine élévation du taux de passage nous l'avons vu ce
matin, ce taux est passé de 45,3% en 1976-1977 à 47,6% pour
l'année courante et par une augmentation du taux de
persévérance dans les études.
Cependant, l'effet de ces différents facteurs s'atténuera
dès cette année: le nombre d'étudiants réguliers
diminuera légèrement à 117 000 il s'agit d'une
baisse de 1,2% avant de tomber à 107 000 selon les
prévisions pour l'année 1979-1980.
Alors que le personnel de cadre et de gérance, le personnel
professionnel non enseignant et le personnel de soutien ont connu dans les
cégeps une certaine stabilité entre l'année 1976-1977 et
l'année 1977-1978, le nombre des professeurs est, pour sa part,
passé de 8441 à 9425 au cours de la même période.
Cette hausse exceptionnelle de près de 1000 enseignants résulte,
bien sûr, de l'augmentation de la clientèle, mais est aussi
attribuable à l'application des termes de la convention collective.
À quelques exceptions près, les projets ma-
jeurs de construction dans le réseau collégial ont
été réalisés. Les six projets, dont les travaux
sont en cours et qui seront terminés l'an prochain au coût total
de $33 millions, comprennent un projet d'agrandissement, un projet de
bibliothèque, deux projets de blocs sportifs, un projet de
transformation et un seul projet de nouvelle construction.
Pour l'année scolaire 1977-1978, les dépenses de
fonctionnement des cégeps sont évaluées à $401 900
000. Pour l'année scolaire 1978-1979, ces mêmes dépenses
seront de l'ordre de $433 400 000, soit une augmentation de 7,83% par rapport
à une diminution prévue de 1,61% des clientèles
régulières. Cette augmentation de 7,83% s'explique par la
combinaison de trois facteurs principaux qui sont l'indexation moyenne des
salaires à 8,91%, la variation de la clientèle que j'ai
décrite et l'ajout de 100 professeurs pour l'allégement de
la tâche en vertu des dispositions de la convention collective.
Par ailleurs, les sommes requises par la gestion de l'enseignement
collégial au ministère même s'accroîtront de 5,3%,
passant de $2 700 000 en 1977-1978, à $2 800 000 pour l'année
suivante.
Je voudrais, maintenant, passer en revue un certain nombre de faits
saillants qui intéressent l'évolution du monde de l'enseignement
collégial public et cela, dans le double but de faire le point sur les
réalisations majeures de 1977-1978 et de préciser les principales
orientations retenues pour l'année qui vient.
L'accessibilité accrue aux études collégiales
constitue une préoccupation constante. J'ai indiqué, il y a un
instant, qu'en 1977-1978, dis-je, la population étudiante des
collèges a connu, pour diverses raisons, une augmentation
particulièrement forte de l'ordre de 11,3%. En raison de cette
croissance particulièrement rapide, diverses mesures ont
été privilégiées, notamment les locations
temporaires et les réaménagements des horaires, en vue
d'éviter que le manque de place n'empêche les candidats
admissibles d'accéder au niveau collégial, surtout dans les
régions de Québec, de Trois-Rivières et des
Cantons-de-l'Est, où l'impact de la double promotion s'est fait le plus
fortement sentir.
On se souviendra qu'il y avait eu, là-dessus, au cours des
derniers mois, des questions en Chambre auxquelles j'avais répondu.
L'accessibilité au cégep des diplômés de
l'enseignement professionnel de niveau secondaire a fait l'objet d'attentions
spéciales, l'an dernier: dix-sept collèges ont participé
à l'élaboration de guides et de grilles de passage, dans une
dizaine de domaines techniques. Cette opération, qui s'est
avérée bénéfique, je crois, surtout pour les
candidats des techniques infirmières et ceux des communications
graphiques, sera évaluée, resserrée et sûrement
poursuivie au cours de l'année qui vient.
Dans le même ordre d'idées, les expériences de
décloisonnement entre le secondaire et le collégial
professionnels qui ont été poursuivies, l'an dernier, en
équipement motorisé et en électrodynamique,
s'étendront, cette année, aux techniques de la mécanique,
aux techniques forestières, à celles de secrétariat et
à l'électrotechnique.
Le développement harmonieux des enseignements collégiaux
exige une série d'actions concertées. À titre d'exemple,
la promotion des programmes peu fréquentés doit être
assurée de façon continue; l'accès aux programmes pour
lesquels le marché de l'emploi évolue défavorablement doit
être limité; les études sur la pertinence de la
création de nouveaux programmes et les expériences qu'on poursuit
sur les programmes pilotes doivent être régulièrement
suivies.
Développer les enseignements, cela signifie également
élargir la répartition de certains programmes dans le
réseau. En 1977-1978, les programmes professionnels
d'électrotechnique, de finance, de transport, de secrétariat et
d'art plastique, ont fait l'objet d'un tel élargissement. Il en sera de
même pour l'année qui vient en ce qui concerne les programmes de
gestion d'entreprises agricoles, de dessin de conception mécanique et
d'électrodynamique.
Développer les enseignements, cela requiert également
l'élaboration d'une série de plans de développement pour
les enseignements qu'on pourrait appeler à vocation nationale. Un tel
plan de développement a été mis au point l'an dernier pour
l'École de pilotage du collège de Chicoutimi; c'est notre
intention d'engager, cette année, un processus semblable pour le textile
à Bourgchemin, le papier à Trois-Rivières,
l'aérotechnique à Édouard-Montpetit et pour les techniques
maritimes à Rimouski.
Au chapitre de l'amélioration des programmes et de la
pédagogie, un certain nombre de faits significatifs méritent
d'être mentionnés.
Tout d'abord, je vous prie de noter la participation importante des
enseignants aux 85 comités de coordination provinciale des programmes et
des disciplines. Ces activités d'ordre pédagogique seront encore
accrues au cours de la présente année et comporteront, notamment,
l'organisation d'une vingtaine de colloques par les professeurs pour leur
permettre de continuer l'animation et la réflexion pédagogiques
amorcées l'an dernier.
Par ailleurs, le ministère continuera de soutenir une vingtaine
de projets de recherche soumis par les collèges eux-mêmes.
Certains de ces projets visent à améliorer l'enseignement des
langues, des sciences et de certains programmes professionnels; d'autres, qui
ont été entrepris en 1977-1978 et se termineront l'an prochain,
portent sur les ressources et les pratiques pédagogiques des
collèges.
Comme autre contribution à l'amélioration des programmes
et de la pédagogie, je tiens à signaler que, dans le cadre du
programme de francisation des enseignements technologiques, plus de 250
professeurs de l'enseignement professionnel ont bénéficié,
l'an dernier, de stages en France pour l'amélioration de la langue
d'enseignement; environ 72 autres participeront à ce programme l'an
prochain.
Il me paraît difficile de ne pas rappeler les
événements survenus dans quelques cégeps au cours du mois
d'avril 1978, au sujet du non-renouvellement des contrats d'environ 300
professeurs non permanents.
Dans un communiqué émis le 3 mai dernier, j'ai eu
l'occasion d'exprimer publiquement mon point de vue sur cette affaire. Sans
entrer dans tous les détails techniques qu'elle comporte, il me faut
indiquer que cette question se résume essentiellement à un
désaccord sur l'interprétation et l'application de certaines
clauses de la convention collective en vigueur.
Ma décision de juger non fondées les revendications des
syndicats d'enseignants et de ne pas ouvrir les conventions collectives repose
sur les deux fondements suivants: d'une part, le professeur à temps
partiel, même lorsqu'il est réputé à temps complet,
ne peut revendiquer des droits plus étendus que ceux de son
collègue régulier à temps complet qui ne possède
même pas un droit de grief lorsque son premier contrat d'engagement n'est
pas renouvelé; d'autre part, les règles négociées
relativement à la sécurité d'emploi s'avéreraient
inapplicables si elles étaient confiées à des professeurs
remplaçants ou à des professeurs à temps partiel
réputés à temps complet des postes qui doivent être
offerts à des professeurs jouissant de la sécurité
d'emploi en vertu des dispositions de la convention collective, laquelle
sécurité d'emploi, on le sait, est une sécurité de
réseau.
À la suite du refus syndical d'accepter un arbitrage
accéléré, nous avons quand même maintenu notre offre
de constituer un comité spécial de replacement. Nous avons
également pris les dispositions nécessaires pour que les
étudiants ayant eu à subir les conséquences des
arrêts de travail des enseignants soient le moins possible
pénalisés dans leurs projets immédiats d'étude ou
de travail.
En terminant ce chapitre sur l'enseignement collégial public, il
me paraît utile de faire le point sur une priorité de travail
annoncée en 1977-1978, j'entends la préparation d'un livre blanc
sur l'enseignement collégial. Ce document d'orientation
présentera un bilan des cégeps après onze années,
évaluera les orientations actuelles et définira les actions
nécessaires à la relance de l'enseignement collégial, au
cours des années à venir. Il devrait être rendu public
dès l'automne 1978. En ce moment, nous y travaillons ardument au sein du
ministère et avec le concours du comité interministériel
de développement culturel. (17 h 45)
Je vous remercie, M. le Président, je suis à la
disposition des membres de cette commission pour les questions qu'ils voudront
bien me poser.
Le Président (M. Dussault): Le programme 5, ainsi que
l'élément 2 du programme 2, et plus spécifiquement
l'activité 1, sont appelés. Pour clarifier l'ordre que nous
suivrons, nous ferons comme lors du bloc précédent. Je donnerai
20 minutes de parole sur les questions préliminaires, les remarques
générales, ce qui permettra à chacun de s'exprimer, et
nous reviendrons, nous ferons un autre tour, et même deux ou trois, si
nécessaire, par la suite. D'accord?
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si la commission voulait donner son
consentement, il y a ici le député de Maskinongé qui
s'intéresse à un aspect particulier des cégeps. Je me
demande si vous permettriez que je lui cède mon droit de parole, parce
qu'il est à la commission de l'agriculture? Il ne siège pas avant
le souper, mais il doit siéger après le souper et il a
siégé les jours précédents, il aurait quelques
questions précises à poser.
M. Morin (Sauvé): Volontiers, M. le Président, en
ce qui nous concerne.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Maskinongé.
Enseignement agricole
M. Picotte: Merci, M. le Président. Comme Mme le
député de L'Acadie vient de le mentionner, étant
donné qu'à 20 heures, je devrai être à la commission
permanente de l'agriculture, j'aimerais poser quelques questions à M. le
ministre, concernant, justement, cet enseignement agricole.
L'an dernier, il fut question, au niveau de l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture, de cet enseignement
agricole, et je me permettrai de citer à la lettre le ministre de
l'Agriculture qui, d'ailleurs, à ce moment, avait l'appui total de tous
les membres de cette commission, je pense, concernant cet enseignement
agricole. Le ministre disait donc: "L'enseignement agricole doit être
repensé. J'ai rencontré le ministre de l'Éducation
à ce sujet, et nous voulons former un comité conjoint du
ministère de l'Éducation et du ministère de l'Agriculture
du Québec pour réévaluer l'enseignement agricole
surtout au niveau des cégeps et probablement aussi au niveau secondaire
également. '
J'aimerais savoir du ministre de l'Éducation si effectivement ce
comité conjoint a été formé, et si oui, y a-t-il eu
jusqu'à présent plusieurs rencontres et y a-t-il eu des
recommandations formulées au niveau du ministère?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, le comité conjoint
a été formé. Il est à l'oeuvre, et je vais demander
au sous-ministre de vous donner les détails de son fonctionnement.
Le comité conjoint a été créé l'an
dernier, mais je ne puis vous fixer la date. C'est un comité
léger, composé du sous-ministre de l'Agriculture et du
sous-ministre de l'Éducation, lequel comité à deux...
M. Picotte: Est-ce qu'il y a un quorum?
M. Morin (Sauvé): Les deux se sont rapidement entendus
pour créer trois groupes de travail c'est la méthode qui
nous a paru efficace l'un pour l'éducation des adultes en milieu
agricole, l'autre pour l'enseignement de niveau collégial dans les
cégeps, y compris les ITA, et le troisième, si ma mémoire
est bonne, pour les suites à donner qui ont été
données et qui n'ont pas été
données au rapport de l'opération sciences
appliquées sur l'enseignement supérieur et la recherche
universitaire en agriculture. Le ministre de l'Éducation ne peut
être au courant, mais nous venons de recevoir de nos sous-comités
les rapports en question, en particulier celui sur les adultes et celui sur le
collégial. Nous devons nous voir au niveau du comité proprement
dit, à deux, mais, à toutes fins utiles, le travail a
été exécuté au cours de l'année.
Je ne peux vous en dire plus. Nous venons de...
M. Picotte: Mais les différentes recommandations n'ont pas
encore été faites?
M. Morin (Sauvé): On vient de les avoir physiquement dans
nos mains et c'est tout ce que je puis vous en dire à ce moment-ci.
M. Picotte: Est-ce qu'on prévoit mettre, peut-être,
un point final à ces discussions et dans quels délais?
M. Morin (Sauvé): C'est une question de quelques
semaines.
Il faudra que j'en prenne connaissance d'abord. Je ne les ai pas
reçues et je ne serai pas en mesure de vous donner une réponse
avant de voir ce qu'on nous recommande, mais je puis vous dire que le ministre
de l'Agriculture suit la question de près et ne manque pas une occasion
de me rappeler l'urgence qu'il y a à régler un certain nombre de
problèmes dans ce domaine de l'enseignement de l'agriculture au niveau
collégial.
M. Picotte: Si je ne m'abuse, M. le Président, c'est que,
présentement, la certification du côté de l'enseignement
agricole, de même que les programmes et leur contenu, ainsi que
l'engagement du personnel relèvent évidemment du ministère
de l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): Dans les écoles secondaires et
dans les collèges, oui, mais non pas dans les instituts de technologie
agricole.
M. Picotte: Non, d'accord. C'est justement à ce niveau que
j'aimerais faire un parallèle, puisqu'on a parlé tantôt de
l'éducation des adultes. Moi qui ai déjà travaillé
dans ce domaine, je pense qu'à l'éducation des adultes, lorsqu'on
parle de recyclage agricole et qu'on donne des cours au niveau agriculture, ce
qui en fait la force et ce qui fait que ces cours sont valables je ne
voudrais pas porter un jugement personnel j'oserais comparer les cours
à l'éducation des adultes à ceux qui se donnent au niveau
du cégep ou au niveau secondaire ce qui fait la force des cours
à l'éducation des adultes, c'est que, dans ces milieux, on se
soucie peut-être très peu de la qualification scolaire comme
telle, mais on va chercher surtout des gens du milieu. Je pense que ce qu'il
manque au niveau du secondaire comme au niveau du cégep, ce sont
justement ces qualifications du milieu agricole dont on ne se soucie
guère.
J'aimerais connaître l'opinion du ministre, son opinion
personnelle, s'il accepte de nous la donner. Pense-t-il que cela ne serait pas
plus adéquat que cet enseignement agricole relève presque en
exclusivité du ministère de l'Agriculture plutôt que de
relever du ministère de l'Éducation comme cela se passe
présentement?
M. Morin (Sauvé): Le ministère de l'Agriculture est
déjà responsable des enseignements qui se donnent dans les
instituts de technologie agricole. Dans le réseau de l'enseignement,
nous avons eu recours à des enseignants et j'entends par là que
nous n'avons pas nécessairement eu recours à des agronomes. Je ne
sais pas si le député fait allusion à la
nécessité d'avoir recours à des agronomes, parce que
j'imagine que le ministère de l'Agriculture aurait le souci de donner le
meilleur enseignement possible, donc, sans doute, d'avoir recours à des
experts, mais, dans le réseau de l'enseignement, nous pensons qu'il est
très difficile d'avoir recours uniquement à des agronomes,
étant donné les conditions de travail qui doivent être
faites à ces professionnels. C'est la raison pour laquelle nous avons
tendance à favoriser nos propres personnels, dans ce qui est le
réseau de l'enseignement, mais l'agriculture peut naturellement faire ce
qu'elle veut de son côté.
M. Picotte: Je faisais allusion justement à l'embauchage
du personnel des agronomes, mais je pourrais faire aussi allusion aux
spécialistes du ministère de l'Agriculture qui existent au niveau
des bureaux régionaux de l'Agriculture, et ces gens qui sont
déjà à l'emploi du ministère de l'Agriculture
pourraient participer à ces cours que nous dispensons dans les
cégeps et au niveau secondaire. Je fais aussi allusion au personnel que
le ministère de l'Agriculture a déjà au niveau des bureaux
régionaux. Ce qui arrive souvent, dans nos écoles, c'est qu'une
journée par année, on fait ce qu'on appelle une journée de
carrières pour les étudiants, surtout quand il s'agit pour les
étudiants de prendre une orientation; à ce moment-là, on
invite différentes personnalités de tous les milieux à
venir donner leur point de vue pour tâcher d'orienter
l'étudiant.
Les agronomes comme le personnel qualifié du ministère de
l'Agriculture dans nos bureaux régionaux viennent rencontrer ces
étudiants une fois par année. Je pense qu'ils pourraient rendre
d'énormes services à ce niveau, au niveau du cégep et au
niveau, principalement, du secondaire, en collaboration, évidemment,
avec le ministère de l'Éducation et le ministère de
l'Agriculture.
M. Morin (Sauvé): M. le député n'ignore sans
doute pas que l'UPA nous a fait des représentations expresses sur cette
question de l'enseignement dans les institutions du réseau
d'enseignement, et l'UPA préfère que l'enseignement agricole se
donne dans l'enseignement public normal, plutôt que de requérir du
ministère de l'Éducation
qu'il fasse appel à des agronomes. Ce n'est pas que les agronomes
ne sont pas compétents, mais les responsables de l'UPA pensent que le
futur agriculteur doit se trouver, le plus possible, dans le contexte
général des études de même que les adultes doivent
se trouver avec d'autres adultes et non pas isolés entre agriculteurs.
C'est la philosophie, je pense, qui inspire l'UPA dans les
représentations qu'elle nous a faites.
M. Picotte: Que l'aspirant agriculteur fasse partie du
décor normal de l'institution et ait une formation
générale, je pense bien, on conviendra tous, que c'est
souhaitable et même recommandable.
Je pense qu'il faudrait pousser de façon additionnelle le point
de vue agricole comme tel, qui est très faible, à ce
moment-là, dans nos institutions. On a parlé, tantôt,
d'instituts de technologie agricole, je sais que, de ce côté,
c'est sous le contrôle du ministère de l'Agriculture, mais vous
conviendrez, M. le ministre, que ce sont presque des étudiants
choyés qui ont accès à l'Institut de technologie agricole.
Si je dis "choyés", c'est tout simplement dans le sens que sur le nombre
d'étudiants qui font des demandes, c'est une très petite
quantité qui y a accès et on en refuse une quantité
énorme, à cause du manque de places et parce que c'est restreint
dans nos instituts de technologie.
M. Morin (Sauvé): C'est la raison pour laquelle l'UPA
aimerait nous voir développer l'enseignement agricole au niveau des
institutions publiques du réseau d'enseignement. J'ajouterai ceci, M. le
député: Pour ce qui est de l'enseignement aux adultes, il n'est
pas exclu que la DGEA ait recours à des experts ou à des
enseignants qui soient extérieurs au réseau d'enseignement
public. Comme question de fait, elle peut faire appel à toute personne
jugée compétente.
Comme question de fait, on me confirmait, il y a un instant, qu'elle le
fait assez souvent...
M. Picotte: Dans la majorité des cas.
M. Morin (Sauvé): ... de sorte que cela n'est pas exclu.
Je ne pense pas qu'on puisse faire la même chose pour ce qui est... Il
n'y a pas la même souplesse lorsqu'on parle du niveau secondaire normal,
ou du niveau collégial normal, j'entends destiné aux
étudiants d'âge collégial ou secondaire.
M. Picotte: À cause des conventions collectives, je
suppose.
M. Morin (Sauvé): Notamment, et aussi parce que ces
enseignants doivent avoir, comme vous le savez, une charge définie par
la convention collective et aussi, tout simplement, parce que ce personnel est
moins coûteux que si on devait avoir affaire, dans chaque cas, à
des agronomes, des gens possédant des qualifications d'agronomes.
M. Picotte: Parce que je trouve et c'est justement
là où je l'ai souligné quelque peu l'autre jour que
c'est malheureux, à un moment donné, dans une polyvalente, qu'un
professeur se trouve à déplacer un autre professeur à
cause des conventions collectives, qu'il se retrouve dans le secteur agricole
avec lequel il n'a aucune affinité et, la plupart du temps...
M. Saint-Germain: II n'aurait pas vu de patates de sa vie.
M. Picotte: La plupart du temps, il ne peut même pas faire
la différence entre une vache et un boeuf.
M. Saint-Germain: Comme le ministre de l'Agriculture.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous avez des cas concrets
à me signaler, où le déplacement aurait eu... (18
heures)
M. Picotte: Je n'ai pas de cas concrets présentement parce
que ce n'est pas encore définitif. Mais je sais que le professeur qui
est venu me rencontrer envisage cette possibilité. Cela veut dire que
cela peut se produire même si c'est un pourcentage très peu
élevé. Je pense que c'est lamentable.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que ce serait pour enseigner
l'agriculture proprement dite ou pour enseigner des sciences de base dans le
secteur de l'enseignement agricole? Si c'est pour enseigner la chimie à
des futurs agriculteurs, je ne pense pas que nous soumettions l'enseignant
à la torture.
M. Picotte: À ce moment-là, je suis d'accord avec
vous mais, de toute façon, il se peut aussi... Je pourrai vous donner
des détails lorsque j'aurai un cas précis, je le ferai parvenir
au ministre.
M. Morin (Sauvé): Je serai très heureux de
connaître les détails parce que, effectivement, si un enseignant
qui fait la chimie se ramassait à enseigner les techniques agricoles, il
y aurait quelque chose qui serait...
M. Picotte: Anormal.
M. Morin (Sauvé): ... vraiment un peu bizarre.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, l'heure est venue
de mettre fin à nos travaux.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir
le consentement, j'aurais encore deux ou trois courtes questions. Ce serait
terminé, en ce qui me concerne.
Le Président (M. Dussault): Si la commission est d'accord,
je n'y vois pas d'objection.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Nous pourrons peut-être nous
réunir à 20 h 10 au lieu de 20 heures. Je pense qu'il faut que
chacun de nous ait deux bonnes heures pour se rétablir après les
péripéties de l'après-midi.
M. Picotte: Je pense que cela ne prendra pas dix minutes.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Maskinongé, il faudrait quand même que cela ne soit pas
très long parce que moi, comme président, je dois me
libérer dans les prochaines minutes.
M. Picotte: Ce ne sera pas très long, si vous me donnez le
temps de parler, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Allez, M. le
député.
M. Picotte: Vous indiquez dans le document: Pour favoriser
l'accessibilité au cégep des diplômés de
l'enseignement professionnel au secondaire, les collèges ont
participé à l'élaboration de guides et de grilles de
passage dans les domaines suivants, dont, entre autres, la technologie
agricole. Serait-il possible d'avoir ces grilles et ces guides?
M. Morin (Sauvé): Oui, c'est possible, M. le
député. Nous pourrions vous les faire remettre demain, par
exemple. Est-ce que cela vous conviendrait?
M. Picotte: D'accord. Aussi, est-ce que le ministre pourrait nous
dire, au niveau des instituts de technologie agricole, soit celui de
Saint-Hyacinthe ou celui de La Pocatière, combien de finissants ont
gradué dans ces institutions pour les années commençant en
1975 jusqu'à ce jour?
M. Morin (Sauvé): Je pourrais sans doute obtenir le
renseignement de mon collègue...
M. Picotte: II pourrait le déposer...
M. Morin (Sauvé): ... de l'Agriculture parce que ces deux
instituts ne relèvent pas du ministère de l'Éducation,
comme vous le savez. Si vous allez aux crédits de l'agriculture, ce
soir, vous auriez peut-être plus de facilités à obtenir ces
renseignements de mon collègue de l'Agriculture.
M. Picotte: D'accord. C'est terminé.
Le Président (M. Dussault): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 h 5.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
(Reprise de la séance à 20 h 17)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire de
l'éducation, ayant le mandat de faire l'étude des crédits
du ministère de l'Éducation. Au moment où nous avons
suspendu nos travaux, nous avions donné la parole à M. le
député de Maskinongé qui, à ce qu'on me dit, avait
terminé son intervention.
Je donne maintenant la parole à M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier Mme le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir, M. le député
de Gaspé.
Enseignement collégial
M. Le Moignan:... qui me permet de passer le premier. Je n'ai pas
d'exposé mais peut-être quelques questions et, comme la
dernière fois, M. le ministre, vous êtes libre de prendre la
parole quand vous le voulez. J'ai regardé le livre vert un peu,
concernant l'enseignement collégial, et on voit vous l'avez
mentionné aujourd'hui que, dès l'an prochain, il y a une
chute de 10 000 étudiants. Évidemment, c'est un problème
assez grave pour votre ministère. Vous mentionnez le projet d'une
nouvelle construction. Où serait située cette nouvelle
construction et elle pourrait loger combien d'étudiants?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire, M. le
Président, qu'il se trouve, en ce moment, un certain nombre de projets
dont certains ont abouti et certains sont sur le point d'aboutir devant le
Conseil des ministres. Le projet de construction dont vous parlez, M. le
député, est celui du collège John-Abbott qui sera
construit partiellement sur les terrains appartenant à l'ancien
collège Macdonald à Sainte-Anne-de-Bellevue. Il s'agit de la
phase 2 d'un projet considérable qui, au total, va coûter environ
$20 millions, la phase 2 elle-même devant coûter environ $7
millions, si ma mémoire est bonne.
Les anglophones ne sont pas parmi les mieux logés au niveau des
cégeps et, dans le cas de ce collège, en particulier, il y a eu
de nombreuses difficultés et des déménagements, le
collège étant logé à Pointe-Claire, depuis quelque
temps, dans des locaux loués. Donc, nous sommes sur le point de les
équiper convenablement, comme les autres citoyens du Québec.
M. Le Moignan: Maintenant, une telle institution va loger combien
d'élèves?
M. Morin (Sauvé): Le devis pédagogique prévu
est destiné à 4000 étudiants. C'est une clientèle
qui, d'après nos analyses démographiques, demeurera stable
pendant quelques années.
M. Le Moignan: Cela m'amène à vous poser une autre
question. Vous avez deux cégeps francophones qui ont déjà
une section anglophone dont Gaspé et l'Outaouais. Le cégep de
Gaspé
qui compte 300 ou 400 élèves de la section
anglophone...
M. Morin (Sauvé): Nous allons nous enquérir du
chiffre exact, M. le député, si vous voulez nous donner un
instant. Effectivement, cela doit être de l'ordre de quelques
centaines.
M. Le Moignan: Parce que nous sommes très loin, vous
savez, du...
M. Morin (Sauvé): Deux cents étudiants.
M. Le Moignan: C'est-à-dire que le cégep voisin
serait celui de Québec, je crois... vous avez un cégep anglophone
à Québec?
M. Morin (Sauvé): C'est exact, oui. Le collège
public le plus rapproché serait le collège St.Lawrence de
Québec.
M. Le Moignan: C'est donc dire que du point de vue pratique, pour
les années à venir, et pour le développement normal
intellectuel et de tout dans un petit cégep comme le nôtre, cela
peut devenir un problème vraiment angoissant.
M. Morin (Sauvé): Pourriez-vous me dire, exactement,
à quoi tient votre angoisse? C'est le nombre d'étudiants qui
pourrait diminuer?
M. Le Moignan: II est évident que le nombre va diminuer,
c'est-à-dire qu'on ne peut pas offrir tellement d'options, à ce
moment-là, et je sais que tous nos anglophones ne fréquentent pas
nécessairement le collège de Gaspé. Plusieurs, je crois,
se dirigent vers l'extérieur, dans des collèges mieux
équipés, peut-être, ou du moins, là où il y a
une clientèle, où il y a plus de choix.
M. Morin (Sauvé): Le problème que vous soulevez, M.
le député, est un problème général. La
dénatalité frappe non seulement les collèges et les
universités, mais elle frappe encore plus durement, pour l'instant du
moins, les niveaux primaire et secondaire.
Si jamais elle atteint des proportions dramatiques pour le
collège de Gaspé, il faudra en tirer les conclusions qui
s'imposeront, avec le plus de ménagement possible et avec le plus
d'humanité possible. Mais il faudrait, M. le député,
compte tenu de vos fonctions paragouvernementales, que vous vous employiez
à encourager les naissances.
M. Le Moignan: Nous allons commencer une croisade. Les gens ne
nous écoutent plus comme avant dans ce domaine; ce serait un peu
d'imprudence.
M. Morin (Sauvé): M. l'abbé, vous devriez quand
même faire un effort.
M. Le Moignan: Je me souviens que le premier ministre Jean Lesage
avait déploré, aussi, la dénatalité dans les
années soixante, en fonction de l'avenir du système scolaire.
Cela fait déjà...
M. Morin (Sauvé): Si nous l'avions écouté,
à l'époque, M. l'abbé... si les Québécois
l'avaient écouté, à l'époque.
M. Le Moignan: Le premier ministre libéral de
l'époque...
Je vous ai parlé de cette chute de quelque 10 000
étudiants. Est-ce qu'au point de vue pédagogique, au point de vue
des professeurs, cela cause des problèmes sérieux, à ce
moment-là, seulement dans l'espace d'un an? C'est donc dire qu'une
année plus tard, il y aura encore une autre chute.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas au cours de l'année
1978-1979 que nous aurons le plus de problème. En effet, la diminution
n'est pas radicale, et je pense qu'en appliquant la convention collective comme
nous l'avons fait cette année, nous arriverons à assurer une
sécurité d'emploi efficace pour la plupart, je dirais, pour la
grande majorité des enseignants qui seraient mis en
disponibilité.
À compter de 1979-1980, effectivement, nous aurons des
problèmes à moins que d'ici là, naturellement, nous ne
négociions à nouveau une nouvelle convention collective comme
cela devra se faire puisque la convention applicable aux collèges
publics expire en juin 1979. Donc, nous avons encore le loisir de
négocier un système de sécurité qui pourrait
constituer une meilleure protection pour les enseignants. Ce n'est pas fait
encore et je ne peux pas vous dire quelles seront les offres du gouvernement
aux syndiqués, mais je puis vous dire que cela nous préoccupe et
que nous allons tenter d'améliorer le mieux possible la convention
collective sur ce chapitre. On me signale que dans le cas de Gaspé, M.
le député, il n'y a pas péril en la demeure puisque les
chiffres se maintiennent. Au cégep de la Gaspésie, nous en
sommes... Pour l'ensemble du cégep, il s'agit donc de francophones et
anglophones additionnés, cela donne 1161; en 1985, nous en sommes encore
à 978; donc vous le voyez, la baisse n'est pas dramatique et en ce qui
vous concerne, vous ne devriez pas avoir de tragédie sur les bras.
M. Le Moignan: Tant mieux.
M. Morin (Sauvé): Vous ne serez probablement plus
député de toute façon en 1985, mais si vous l'étiez
par hasard, eh bien!...
M. Le Moignan: Je commence ma carrière, M. le ministre,
vous oubliez cela.
M. Morin (Sauvé): II y en a qui sont courtes.
M. Le Moignan: Non, la mienne est prédestinée. Cela
va être très long. Oui, Bona, je peux l'imiter, vous savez.
M. Morin (Sauvé): À Dieu ne plaise.
M. Le Moignan: L'imiter dans sa longévité, à
ce point de vue-là, oui.
M. Morin (Sauvé): Y a-t-il quelque autre question qui vous
tracasse, M. le député?
M. Le Moignan: Non, cela ne me tracasse pas, mais je me dis
qu'après dix années d'expérience dans les cégeps,
dans les collèges, je sais qu'ils ont plus de latitude qu'au secondaire,
par exemple, dans des projets d'innovation pédagogique. On parle d'une
école de pilotage à Chicoutimi, donc c'est centraliser l'avenir
du pilotage et l'assurer. On parle de textile à un autre endroit, des
pâtes et papiers...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Le Moignan: ... ou des pêches maritimes avec les
changements...
M. Morin (Sauvé): Les grandes spécialisations.
M. Le Moignan: Oui, c'est donc dire que le champ est ouvert, il
est loin d'être terminé, c'est un domaine qui peut se
développer dans chacun des collèges, sans que ça nuise aux
autres et ça peut devenir une vocation particulière pour chacun
de ces collèges, individuellement.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr, à moins que
nous ne nous déterminions, à un moment donné, à
affranchir certaines de ces grandes écoles de la tutelle des
collèges. C'est une hypothèse de travail aussi qui a cours en ce
moment. Plusieurs de ces grandes écoles ne sont pas très
heureuses de leurs rapports avec les collèges.
M. Le Moignan: Elles ne sont pas nécessairement
situées à l'intérieur du collège même...
M. Morin (Sauvé): À l'heure actuelle, elles le
sont. Elles sont rattachées...
M. Le Moignan: Elles sont rattachées.
M. Morin (Sauvé): ... à des collèges
publics, à des cégeps.
M. Le Moignan: Je vois qu'il y a environ 118 000
élèves cette année au secteur public et au secteur
privé, on ne compte que 15 000 étudiants environ, d'après
les chiffres que j'ai vus plus loin, c'est à peu près ça.
Je sais que, dans les institutions du secteur privé, il y a des maisons
qui sont centenaires, qui ont une longue tradition. Ce n'est pas le même
problème qu'au primaire et qu'au secondaire, quand on parle de
l'enseignement privé, qu'il faut sauvegarder ou revaloriser, et le
reste.
Est-ce que le secteur privé doit lutter plus du côté
des collèges, étant donné le nombre inférieur
d'étudiants qu'au secteur public, qui est peut-être mieux pourvu
à certains points de vue en fait de professeurs ou en fait
d'équipement, ou bien est-ce que les deux secteurs sont d'égale
valeur à tous les points de vue, sans établir de comparaison? (20
h 30)
M. Morin (Sauvé): Qu'est-ce que vous voulez dire par
lutter, M. le député? Voulez-vous dire lutter pour la
clientèle?
M. Le Moignan: Non. La clientèle, je sais que c'est
discuté comme dans l'enseignement primaire et secondaire, mais est-ce
que ces maisons vont souffrir de la baisse de clientèle, est-ce qu'elles
vont être capables d'affronter l'avenir? Vous n'avez pas...
M. Morin (Sauvé): Écoutez, normalement, la baisse
de la clientèle devrait toucher aussi bien le secteur privé que
le secteur public. Ne trouvez-vous pas que ce serait injuste que le secteur
public voie ses effectifs diminués radicalement, tandis que le secteur
privé verrait le nombre de ses étudiants augmenter?
M. Le Moignan: Non, normalement, je crois bien que cela va
baisser de façon... Non, mais on dit parfois que le secteur
privé, c'est le parent pauvre du côté des collèges.
C'est cela que je m'expliquais mal. J'ai lu cela, je ne sais pas où, que
c'était le parent pauvre, qu'il y avait moins d'étudiants, qu'il
y avait moins de choix, moins de possibilités, mais il n'y a pas de
preuve à cela.
M. Morin (Sauvé): Non. Que je sache, il n'y a pas de
problème de ce côté-là. L'an dernier, nous avons
revu la formule de financement, mais cela a quand même coûté
beaucoup plus cher à l'État. En définitive, je ne pense
pas que quiconque ait eu à souffrir de problèmes financiers
l'année dernière. Ce n'est pas le cas. Nous pourrons regarder
cela de près au chapitre consacré à l'enseignement
privé, si vous voulez.
M. Le Moignan: Quand on parlera de l'enseignement privé,
pour ces détails.
M. Morin (Sauvé): Oui. Mais je ne sache pas, en
réponse à votre question, que les établissements
privés soient désavantagés par rapport aux
établissements publics. Loin de là.
M. Le Moignan: J'aurais une autre question d'ordre
général. Nous vivons dans un monde où la technologie
l'emporte de plus en plus. Notre société doit même
s'ajuster à cette technique un peu partout. Dans nos collèges, on
a déjà parlé dans le passé et cela fait
longtemps que c'est commencé de la lutte entre la
spécialisation et la culture générale. Comment
entrevoyez-vous, dans les années à venir, étant
donné que cette technique ou technologie va continuer de se
développer, il n'y a pas de doute, l'harmonie entre les
étudiants, les professeurs, la formation en général ou la
culture? C'est une chose fort possible.
M. Morin (Sauvé): C'est un vieux dilemme que
celui de la tête bien faite par rapport à la tête
bien pleine. Au niveau des collèges comme au niveau secondaire,
d'ailleurs, nous essayons de trouver un juste équilibre entre ces deux
tendances.
Au niveau secondaire, cela signifie, selon les termes du livre vert, que
nous avons tendance à allonger la formation générale,
c'est-à-dire à diviser l'enseignement secondaire en deux cycles,
les trois premières années étant consacrées
à l'enseignement commun, général et les options, les choix
de matières ne s'offrant aux étudiants qu'à compter du
secondaire IV.
De même, toujours selon le livre vert, nous avons fait le projet
d'allonger d'une année le niveau secondaire, notamment au secteur
professionnel, de façon que les élèves de ce secteur
puissent accéder au collège en plus grand nombre.
Comment équilibrer au cégep la formation
générale et la formation spécialisée? Nous essayons
de trouver un équilibre entre les cours obligatoires il y en a
pour tout le monde et les cours de spécialisation. Ils sont
évidemment nombreux. On doit les offrir en tout état de cause aux
étudiants, puisque plusieurs se destinent aux universités,
lesquelles, comme vous le savez, ont des profils d'admission. C'est une autre
question de savoir s'ils devraient pouvoir dicter de la sorte leur comportement
aux cégeps, mais toujours est-il qu'en ce moment, c'est la situation qui
règne.
Je ne sais si j'ai répondu directement à votre question,
M. l'abbé, M. le député, mais peut-être voudrez-vous
me poser des questions plus précises.
M. Le Moignan: Vous ne répondez pas directement, parce
qu'en partant du secondaire, jusque-là, je suis entièrement
d'accord avec vous, mais au cégep, mon intention n'est pas de
séparer et d'avoir une ligne de démarcation, au contraire, c'est
que, de plus en plus, je crois que les étudiants vont se diriger vers la
technique et ils ont le droit d'avoir une formation générale
comme ceux qui vont vers les sciences humaines. Ces derniers ont droit aussi
à une formation scientifique.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais vous n'insinuez pas que cela
n'existe pas actuellement?
M. Le Moignan: Je sais que cela existe. M. Morin
(Sauvé): Cela existe.
M. Le Moignan: Avec l'évolution de l'avenir, je me demande
si cela crée des problèmes.
M. Morin (Sauvé): Ah! Vous craignez qu'on délaisse
la formation générale au détriment...
M. Le Moignan: Non, pas nécessairement. M. Morin
(Sauvé): Ou l'inverse?
M. Le Moignan: Non, c'est l'équilibre à garder, je
pense, qui est sain et bon.
M. Morin (Sauvé): Je ne veux pas anticiper sur le livre
blanc sur les collèges que nous nous proposons de rendre public; mais il
sera largement question de ce problème, dans les pages du livre
blanc.
M. Le Moignan: Cela m'amène à une dernière
question. Alors qu'on cause avec de jeunes étudiants...
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Le Moignan: ... c'est l'éternel problème du
latin et du grec: On me force à prendre des cours de philosophie, je
n'ai pas besoin de cela, etc. Les jeunes nous disent: II doit y avoir d'autres
cours qui forment l'art du raisonnement, n'importe quoi.
Je ne sais si cela devient pour vous un problème quand on demande
le délaissement des cours de philosophie pour y substituer des cours de
sociologie ou d'autres disciplines qui s'y rapprochent.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la philosophie, M. le
Président, il en a été beaucoup question dans la rubrique
récemment. L'attitude du ministère est que la philosophie doit
demeurer une matière obligatoire, en dépit des difficultés
que cela nous cause, en dépit de toutes les tendances à se servir
quelquefois de cet enseignement, à des fins idéologiques. Nous
pensons que la philosophie est très formatrice comme discipline et nous
n'avons pas l'intention de diminuer de quelque façon que ce soit cet
enseignement.
M. Le Moignan: C'est parce que l'argument qu'on nous apporte
je sais que cela ne vaut pas c'est son caractère
obligatoire. C'est cela qu'on n'aime pas, mais vous avez d'autres
matières dans d'autres domaines, comme le français, comme
certaines sciences, les mathématiques, qui sont aussi obligatoires.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Le Moignan: Un certain pourcentage que vous allez
maintenir.
M. Morin (Sauvé): Je pense que la solution, M. le
député, c'est d'améliorer la qualité de cet
enseignement. Lorsque ce sera devenu, comme cela l'est dans certains
collèges, à n'en pas douter, un enseignement de bonne
qualité, il n'y aura plus de difficulté du côté des
étudiants, et, au contraire, ils comprendront que c'est essentiel
à leur formation. En tout cas, je veux que vous sachiez que je n'ai pas
l'intention de modifier le caractère obligatoire de cet
enseignement.
M. Le Moignan: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Drummond.
M. Clair: M. le Président, en vertu de notre
règlement, même si je ne suis pas membre de
cette commission, je crois qu'au niveau de l'étude des
crédits du ministère, tout député est admis
à se faire entendre sur les sujets qui le préoccupent.
Le Président (M. Dussault): Vous avez tout à fait
raison.
M. Clair: J'aimerais donc profiter de l'occasion qui m'est
offerte pour sensibiliser le ministre et les membres de cette commission
à la situation qui prévaut actuellement au cégep
Bourgchemin, et plus particulièrement, au campus de Drummondville du
cégep Bourgchemin. Premièrement, le statut juridique du campus de
Drummondville, qui est la principale ville du comté que je
représente à cette Chambre, est celui d'un cégep
régional, soit le cégep régional Bourgchemin. En vertu de
la loi qui a constitué ce cégep régional comme tous les
autres, c'était, un peu comme on dit dans la Loi sur les
pénitenciers, pour le plus grand intérêt des gens qui
étaient concernés par ce cégep régional. J'aimerais
soulever, premièrement, la question de la
dérégionalisation ou de la régionalisation du cégep
Bourgchemin. On sait que ce cégep recouvre le territoire couvert par
Sorel, Tracy, Saint-Hyacinthe et Drummondville, le principal bassin de
population identifié par Communication-Québec, en tout cas,
étant celui de Drummondville, alors que le siège social du
cégep est justement situé à Saint-Hyacinthe.
La première question qu'on peut se poser relativement à ce
cégep régional est certainement celle de savoir quelle
région. Je pense que l'esprit régional qui a animé le
ministère à l'époque et qui continue de l'animer encore
doit correspondre non seulement à une idée vague mais à
une réalité vécue.
Or, les municipalités des territoires concernés ne font
pas partie de la même région administrative, ont très peu
de liens en commun et, encore une fois, le fait que le siège social du
cégep soit situé à Saint-Hyacinthe alors que le bassin
principal de population est à Drummondville crée une distorsion
de situation qui apparaît pour le moins surprenante.
Quelle région est couverte? Est-ce celle de Yamaska? Est-ce celle
du Richelieu, du Bas-Richelieu à Sorel? Est-ce celle de Drummondville?
Cela m'apparaît être un sujet qu'il va être important de
clarifier. Quels avantages la régionalisation a-t-elle pu apporter, par
exemple, à la population que je représente? Je pense qu'on a de
la difficulté à faire un bilan positif des avantages qu'a pu en
retirer la population de Drummondville. J'en donnerai seulement deux
exemples.
Nous sommes convaincus, nous, en région, en tout cas, que le
retard actuel dans la construction d'un cégep ou d'un campus
décent à Drummondville relève en partie du fait qu'il y a
un cégep régional qui couvre la région de
Drummondville.
Un autre exemple: cette année, si mes informations sont exactes,
le cégep Bourgchemin devra liquider un certain déficit dont je ne
me souviens pas du montant exact. Administrative- ment parlant, cependant, les
représentants de la région de Drummondville au cégep
régional sont convaincus qu'au point de vue administratif les raisons
peuvent être identifiées et sont attribuables au campus de
Saint-Hyacinthe ou au campus de Sorel-Tracy, mais non pas au campus de
Drummondville.
Or, suivant la décision qui a été prise au conseil
d'administration, mes informations indiquent que les trois campus devront
assumer leur part de déficit, ce qui vient encore grandir les injustices
qui peuvent naître d'une situation comme celle-là; et ce ne sont
que deux exemples. Si je vous exposais tous ceux qu'on a portés à
mon attention, je pourrais en faire une longue liste et, vraiment, en
région, on ne voit pas d'avantages à cette
régionalisation.
Mais, de façon plus immédiate et plus préoccupante
encore pour la population régionale de Drummondville, c'est le dossier
de la construction d'un campus à Drummondville, régional ou
autonome, peu importe... avoir des locaux décents.
Je pense que même si la faute ne relève sûrement pas
du ministre actuel, la situation qu'on vit actuellement est à peu
près la suivante si on en brosse un tableau le plus bref possible: iI y
a, pour desservir les étudiants du cégep de Drummondville, un
immeuble principal qui est constitué d'un édifice
désaffecté qui, je pense, a déjà été
un high school à l'époque. Cet immeuble a été
désaffecté et c'est là qu'est né le campus de
Drummondville pour le cégep. Accolé à cet ancien
édifice, on a mis en place, il y a maintenant tout près de huit
ans si je ne me trompe pas des unités de maisons mobiles
ou des unités préfabriquées qui ont un aspect pour le
moins décevant dans un milieu étudiant. On a connu toutes sortes
de problèmes. Pas plus tard que le printemps dernier, on a dû
c'est la même chose tous les printemps fermer des sections
complètes du cégep parce qu'on ne parvenait plus à trouver
des barils qu'on mettait dans les classes parce que le toit ne pouvait
résister à la fonte des neiges. Il pleuvait tellement dans
l'immeuble qu'on a dû fermer des sections du cégep.
Mme Lavoie-Roux: ... cela coulait aussi.
M. Clair: Au cégep de Drummondville, les étudiants
sont répartis dans sept sites différents dans la ville de
Drummondville, ce qui force le même étudiant, dans certains cas,
à fréquenter trois sites dans la même journée, parce
que l'immeuble principal, de la façon qu'il est constitué, ne
peut accueillir tout le monde. Il n'y a aucun et j'insiste sur ce point
service de cafétéria le moindrement décent pour les
1500 étudiants environ qui fréquentent le cégep. Ce qu'on
peut y trouver de plus fin comme nourriture, c'est, en fait, des tartelettes
à la viande qu'on met dans un four micro-ondes et qui nous sont
livrées dans un délai tellement court que j'ai moi-même
failli me casser une dent, à un moment donné, en voulant en
manger. Il n'y a même pas ce qu'on appelle des hot dogs ou des
hamburgers. Il y a des chips et du
coke. Je pense que cela fait vraiment figure de parents pauvres... (20 h
45)
Mme Lavoie-Roux: ... leur donner du lait.
M. Clair: ... et il n'y a aucune résidence non plus. Les
services...
M. Morin (Sauvé): ... d'un projet de... Mme
Lavoie-Roux: De lait.
M. Morin (Sauvé): ... lait-école.
M. Clair: Ce serait le cas de le dire; cela pourrait s'appliquer
non seulement au primaire, mais également au collégial. Dans le
cas présent cela pourrait être utile.
Il n'y a aucune résidence de sorte que les services
généralement doivent fonctionner pour les étudiants du
cégep dans des conditions vraiment difficiles.
Ces aménagements qui, en 1970 ou aux environs de cette
année, avaient été prévus comme étant
temporaires, sont maintenant en place depuis près de dix ans. On n'a pas
de signe... véritablement que la situation pourrait s'améliorer
à court terme.
Je voudrais insister également sur une dimension sociale
importante. La ville de Drummondville est une ville ouvrière, une ville
humble qui compte parmi les trois villes qui se situent au troisième ou
quatrième avant-dernier rang au niveau du revenu familial et du revenu
individuel moyen, parce qu'on sait que Drummondville vit surtout du textile,
où les salaires sont plutôt faibles. Elle a une longue tradition
de privations dans le domaine scolaire, parce qu'à l'époque des
collèges classiques, pour Drummondville, le collège classique,
c'était le séminaire de Nicolet que j'ai eu le privilège
de fréquenter avant qu'il ne devienne un institut de police; l'autre
collège classique, c'était le collège de Saint-Hyacinthe.
Les écoles normales étaient à Saint-Hyacinthe et à
Nicolet, etc., l'école d'agriculture était à Nicolet, de
sorte qu'une population ouvrière, qui avait quand même des droits,
s'est vu privée, pendant ce qu'on pourrait appeler l'ancien
régime, d'un enseignement à la portée, non pas de tous,
mais d'un plus grand nombre, parce que, quand un collège classique
était à Nicolet, je me souviens que les externes pouvaient plus
facilement le fréquenter. Il y avait plus de gens pauvres qui venaient
de Nicolet pour fréquenter le petit séminaire à
l'époque que de gens qui venaient de Drummondville, par exemple.
Pourtant, ce n'est pas que ces gens-là n'ont pas de talent.
J'aimerais rappeler au ministre, par exemple, que, même si c'est une
ville ouvrière, la commission scolaire régionale
Saint-François a, année après année, depuis
longtemps déjà, fait la preuve que les étudiants d'un
milieu ouvrier peuvent quand même connaître d'excellents
résultats. Sans avoir les chiffres précis, je pense que. depuis
plusieurs années, ils se situent, au point de vue des réussites
moyennes, dans les tout premiers rangs. Ce n'est pas par manque
d'intérêt non plus parce qu'en relisant un petit bout de
l'histoire de Drummondville, vous serez peut-être heureux d'apprendre, M.
le ministre, que la première municipalité au Québec
à réclamer, par résolution auprès du gouvernement,
en 1910 ou 1911, l'obligation de la fréquentation scolaire, fut la ville
de Drummondville. Ce n'est sûrement pas parce que les gens, les ouvriers
ont moins d'intérêt à la chose scolaire que d'autres.
L'an dernier, M. le ministre, lors de l'étude des crédits
budgétaires du ministère, j'avais également soulevé
la question et vous m'aviez répondu ce qui suit: À l'heure
actuelle, le collège de Drummondville est penché sur le dossier
et nous attendons de ses nouvelles. Si tout va bien, si le député
sait faire passer les messages qui conviennent, eh bien, nous pourrions sans
doute songer à aller chercher les autorisations nécessaires
auprès du Conseil des ministres vers le mois d'août. Et en boutade
peut-être, le ministre avait ajouté: Avant l'août, foi
d'animal...
Alors, cette population a fait des pressions polies, que je me permets
de qualifier de polies, cette région humble que j'ai l'honneur de
représenter, tant par ses conseils de ville, ses associations de
parents, ses clubs sociaux, la chambre de commerce, les syndicats, tout le
monde a, depuis 1973, multiplié les démarches, toujours polies et
tranquilles, pour obtenir la décision. En 1973, la décision est
venue et, en 1978, suivant un échéancier qui m'avait
été fourni au mois de janvier 1977 et qui semblait avoir
reçu l'accord du ministère à ce moment-là, au
moment où on se parle, il y a déjà plus de seize mois de
retard sur un échéancier qui prévoyait l'ouverture pour,
je pense, septembre 1979.
Je me demande, M. le ministre, ce qu'on peut faire pour
accélérer ce dossier. Quand je consulte le sommaire des plans
d'équipement, je vous avouerai franchement qu'il faut exercer de la
retenue pour un représentant d'une population comme celle que je
représente. Quand on voit, et je n'ai rien contre cela, des gymnases,
des bibliothèques, des aménagements définitifs autour des
pavillons, des transformations, etc., sans être agressif, et même
si je le suis un peu et si les gens de chez nous commencent à
l'être un peu, on comprend mal comment il se fait qu'on peut trouver de
l'argent pour des choses qui sont utiles, qui sont essentielles, on n'en doute
pas, mais il nous semble qu'il devrait y avoir un ordre de priorités
dans l'essentiel qui, d'une façon ou d'une autre, permette de
reconnaître l'urgence de régler le cas du campus de Drummondville.
Il ne s'agit pas tant au point de vue structure, ça peut toujours
attendre les structures. Mais il me semble que le climat au cégep de
Drummondville se détériore lentement, surtout, à cause de
l'absence de locaux fonctionnels, ce qui n'est pas de nature à engendrer
un climat d'épanouissement pour les étudiants et les
enseignants.
Je voudrais profiter de l'occasion pour alerter le ministre de cette
situation et lui dire toutes les attentes que les gens de la région de
Drummondville mettent dans le ministre de l'Éducation actuel
pour combler ce besoin urgent dans les meilleurs délais.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le
député de Drummondville me pose deux questions: la
première a trait aux collèges régionaux, la seconde
à l'avenir du cégep Bourgchemin. Pour ce qui est des
collèges régionaux, ceux-ci, vous ne l'ignorez pas, ont rendu des
services insignes dans le passé, lorsqu'il fallait faire essaimer une
institution vers d'autres villes du Québec. Ils ont permis
littéralement de créer de nouveaux établissements.
Aujourd'hui que nous sommes arrivés à construire l'ensemble du
réseau, qu'il n'est plus guère question d'ajouter de nouveaux
établissements au réseau des collèges, on me signale
souvent des difficultés au sein des collèges
régionaux.
Il semble que plusieurs des nouveaux collèges, notamment dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans la région à
laquelle vous appartenez, aimeraient bien voler de leurs propres ailes. Ils ont
le sentiment, quelquefois, que leurs intérêts sont
sacrifiés ou qu'ils ne disposent pas de toute l'autonomie qu'ils
estiment souhaitable. Devons-nous démembrer en conséquence les
cégeps régionaux? C'est une question qui est à
l'étude en ce moment dans le cadre du livre blanc. Bien que je ne puisse
pas même laisser entrevoir ce que sera la solution, puisque nous en
débattons, non seulement au niveau du ministère, mais au niveau
du Conseil interministériel du développement culturel,
éventuellement au niveau du Conseil des ministres, je puis vous dire que
c'est une question qui est à l'ordre du jour.
Nous nous posons la question activement à savoir si on doit
maintenir des collèges régionaux ou trouver d'autres solutions.
Je ne peux pas en dire davantage pour l'instant. Par ailleurs, je puis
peut-être vous en dire un peu plus pour ce qui est de la construction
d'un collège à Drummondville. Vous avez rappelé mes propos
de l'an dernier, qui étaient tenus avec la plus entière bonne
foi. Mais depuis lors, nous avons été un peu retardés.
Vous savez qu'il y a eu quelques contractions dans les budgets, il a fallu
refaire les études démographiques dans certains cas, bref, nous
avons pris un peu de retard. Mais la construction d'un collège à
Drummondville est dans notre proposition de plan d'équipement 1978-1983.
Et, bien qu'il ne s'agisse pas encore de ce qu'on appelle l'enveloppe
engagée, le projet est maintenant, depuis trois jours, devant le Conseil
du trésor.
J'ai signé les papiers ces jours derniers. La construction est
prévue pour 900 étudiants et le coût estimé
approximatif est de l'ordre de $10 millions. Vous me demandiez que faire pour
accélérer le dossier? Eh bien, ma foi, continuez de poser des
questions indiscrètes comme celles-là, posez-les peut-être
aussi au ministre des Finances, cela pourrait toujours aider.
M. Clair: Dans le cadre du programme d'équipement du
ministère de l'Éducation, j'aimerais savoir dans quel ordre de
priorité le ministre situe la construction d'un campus à
Drummondville. Je n'ai pas eu le plaisir de visiter l'ensemble des
collèges du Québec, mais de tous ceux que je connaisse, il n'y en
a pas un seul qui est aussi mal en point que celui de Drummondville au point de
vue de l'équipement.
M. Morin (Sauvé): M. le député, avez-vous
visité le collège Dawson? Cela se voit. Avez-vous visité
John-Abbott?
M. Clair: Non plus. Avez-vous visité celui de
Drummondville?
M. Morin (Sauvé): Oui. M. Clair: Quand?
M. Morin (Sauvé): II y a deux ans. J'y ai
été reçu...
M. Clair: Fort aimablement.
M. Morin (Sauvé): ... très bien d'ailleurs, par les
étudiants qui m'ont fait visiter les lieux. Il ne pleuvait pas ce
jour-là, donc, je n'ai pas pu constater que les toitures étaient
trouées, comme vous l'avez dit. Mais j'ai vu de quoi il s'agissait et je
partage entièrement votre avis, ces locaux ne sont pas convenables.
Donc, il faut y voir.
Dans l'ordre des priorités, je vous invite à consulter les
pages B-28 à 30.
M. Clair: C'est déjà fait, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est déjà fait. C'est ce
qui vous inquiétait sûrement.
M. Clair: C'est juste, quand je regarde l'ordre. Si la
nomenclature, à la page B-30, à l'article d),
révélait un ordre des priorités, je vois que deux autres
après, il n'y a plus grand-chose.
M. Morin (Sauvé): II y a tout de même d'autres
choses qui viendront encore par la suite. L'avantage, si je puis m'exprimer
ainsi, du système, c'est qu'il nous permet de planifier sur plusieurs
années. Tout ce que vous avez sur la page B-29, John Abbott, Rimouski,
Champlain, La Pocatière, comme vous le voyez, les travaux sont
déjà engagés. Et même la fin des travaux est
prévue pour 1979 ou 1978 même, ou 1980.
Tandis qu'à la page B-30, vous avez des projets dont les mesures
préparatoires vont commencer, ou sont commencées, comme c'est le
cas pour le projet qui vous préoccupe.
M. Clair: Depuis 1973.
M. Morin (Sauvé): Oui. Mais je n'assumerai pas
complètement la responsabilité...
M. Clair: Et je ne vous l'imputerai pas.
M. Morin (Sauvé): ... pour ce qui s'est passé avant
le 15 novembre 1976. Je tiens à vous dire
que je suis sensible à la situation qui prévaut à
Drummondville. Comme je vous l'ai dit, il y a un instant, j'ai vu de mes yeux
la condition dans laquelle se trouvent les locaux. Cela ne peut pas durer. J'en
suis conscient.
M. Clair: Est-ce qu'il serait question, M. le ministre, de
remettre en cause deux questions qui ont été longuement
débattues et qui, officiellement, pour moi, m'apparaissaient être
des raisons de délais, soit la détermination de la
clientèle et la détermination du lieu? Est-ce que ces deux
questions seraient susceptibles d'être remises en cause, puisque c'est
après des négociations qui ont duré six mois dans un cas
et quatre mois dans l'autre, je pense, que la décision a
été prise? J'ai eu des indications montrant qu'il pourrait
être à nouveau possible de remettre en cause l'étude
démographique qui avait été faite et la question du
lieu.
Si tel devait être le cas, j'aurais de la difficulté,
compte tenu de l'expérience vécue, à penser qu'on pourrait
effectivement engager, dès cette année, la phase de
préparation des plans et devis.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la
détermination des clientèles, le cégep de Drummondville
n'est pas dans une situation particulière. Comme il a été
dit un peu plus tôt, il a fallu revoir les prévisions de
clientèle au moins à deux reprises, pour l'ensemble de tous les
cégeps. C'est précisément en raison de la
dénatalité dont il a été question un peu plus
tôt.
Il nous faudra, à très brève
échéance, revoir l'ensemble des prévisions de
clientèle, non plus en fonction des clientèles prévues en
1985, mais des clientèles prévues en 1980. Déjà
l'étude est en cours actuellement et on sera en mesure d'apporter une
réponse rapidement. (21 heures)
M. Clair: Cette révision est-elle faite sur une
échelle particulière, par bassin régional, ou est-ce
plutôt un pourcentage qui est appliqué à chacun des...
M. Morin (Sauvé): Elle est faite pour chacune des
régions, suivant une méthode que l'on applique depuis
déjà un bon moment et qui tient compte de la provenance des
étudiants à partir de chacune des commissions scolaires qui
desservent la région dans laquelle le cégep est
implanté.
M. Clair: Quand vous dites...
M. Morin (Sauvé): On a même plus, on a même
une idée assez précise du taux de passage dans une région
donnée.
M. Clair: Vous dites que cette étude peut être
menée rapidement, est-ce possible d'indiquer quel genre de délai
peut être en cause? D'autre part, on vit un problème chez nous.
Les gens bien fortunés, souvent, vont, avec le choix de
l'étudiant bien entendu, se diriger vers une autre institution de sorte
que si on reprend sans cesse les études de clientèle,
tantôt, il n'y aura plus de clients. Ce sera pas compliqué, il n'y
en aura même plus besoin. Est-ce que, d'une part, les délais sont
prévisibles? D'autre part, dans quelle mesure de nouveaux délais
n'entraîneront-ils pas eux-mêmes de nouveaux délais?
M. Morin (Sauvé): Ce que nous avons l'intention de faire
dans le cas de Drummondville, puisque la demande est déjà devant
le Conseil du trésor, c'est de faire une étude
particulière pour le cégep de telle sorte qu'on puisse être
amené à répondre rapidement, dans un délai de trois
semaines ou d'un mois au maximum, à la question précise de savoir
quel sera le nombre d'étudiants en 1990 et non pas en 1985, mais il ne
s'agit pas d'un délai.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'imagine que le
ministre ne s'attend pas que je lui fasse des compliments pour la
célérité avec laquelle il s'est acquitté de
l'engagement qu'il avait pris lors de l'étude des crédits l'an
dernier, que, vers octobre et possiblement novembre, le livre blanc sur
l'enseignement collégial aurait été produit et qu'il
envisageait subséquemment certaines modifications aux lois existantes
qui auraient pu être discutées à l'Assemblée
nationale au printemps. C'est un peu comme le cégep de Drummondville, je
pense qu'on accuse une année de retard.
Pourtant, le ministre s'en souviendra, le Conseil supérieur de
l'éducation, dès le mois de mai 1977, dans son bulletin mensuel,
écrivait: "L'inquiétude règne dans les collèges
dans l'attente des suites aux rapports Nadeau et GTX." Il ajoutait que, dans
ses rencontres avec le milieu, il constatait qu'un malaise persistait au sein
du réseau des collèges de l'enseignement général et
professionnel, que le personnel de ces collèges s'inquiétait de
l'absence d'orientations claires au sujet de l'enseignement collégial.
Le Conseil supérieur de l'éducation en avait fait état au
ministre.
Un peu plus tard, il se réjouissait d'apprendre que le ministre
terminait la préparation d'un livre blanc sur l'enseignement
collégial et que cette initiative serait annoncée publiquement.
Finalement, il disait: Le malaise persiste et, le plus tôt seront connues
les orientations que le ministère entend donner aux cégeps, le
plus tôt seront dissipées les incertitudes. Ceci remonte au mois
de mai 1977.
Si on regarde les textes que nous ont préparés les
fonctionnaires du ministère, ils reprennent un peu la même
idée. Là-dessus, je dois reconnaître qu'ils signalent en
fait au passage probablement la nécessité pour le gouvernement
d'agir. Je lis, en page B-06 l'annonce que l'intention du gouvernement du
Québec de formuler une politique d'ensemble de l'enseignement
collégial place le réseau des collèges dans une
période d'attente.
Les nouvelles orientations du réseau seront définies
à partir de cette politique. Je pense que, là, cela ne vient pas
des membres de l'Opposition, mais vraiment de fonctionnaires du
ministère qui laissent entendre que cela devient une cause en quelque
sorte au moins d'un certain immobilisme, le fait qu'on soit toujours à
attendre cette politique de la part du gouvernement.
Les problèmes les plus fréquents qui sont soulevés
en regard du fonctionnement des cégeps nous sont tous un peu familiers.
Ceux qui sont reliés, pour une part, à la qualité, au
contenu des cours, à l'évaluation du rendement des
étudiants, à leur orientation, quelquefois, sinon assez souvent,
à la préparation et à l'évaluation des professeurs,
à l'orientation de l'éducation des adultes, au fonctionnement des
conseils d'administration, et j'en passe, il me semble évident et je
rappelle au ministre qu'il est urgent que des gestes concrets soient
posés pour corriger ces situations. Évidemment, le public
s'alarme moins des problèmes des cégeps qu'il ne s'alarme des
problèmes des niveaux primaire et secondaire. C'est tout à fait
compréhensible, du fait qu'à ce niveau les parents se sentent
peut-être pas moins responsables, mais assument moins directement de
responsabilités auprès de leurs enfants qu'ils ne le font au
niveau primaire et secondaire. Si bien que participant très peu à
la vie collégiale jusqu'à un certain point, c'est normal,
au fur et à mesure que les élèves ou les étudiants
vieillissent, la participation des parents est moins grande on entend
moins de voix dans le public quant aux problèmes des cégeps.
Je pense que le ministre est fort conscient qu'il existe là aussi
des problèmes sérieux et qu'il devient urgent d'y apporter des
remèdes. Je voudrais simplement sauf ceux que j'ai
énumérés m'arrêter plus brièvement sur
quelques points particuliers. Je reconnaîtrai au départ que dans
la présentation que le ministre nous a donnée, il touche à
certains de ces aspects, mais je reviendrai avec des questions plus
concrètes. On sent une inquiétude vis-à-vis de ces
problèmes. Dans quelle mesure les moyens qu'on prend, compte tenu
toujours de cette absence prolongée d'orientations plus précises,
ces gestes ponctuels que les fonctionnaires du ministère tentent de
poser sont-ils efficaces et se reflètent-ils vraiment dans la vie des
collèges?
D'abord, il conviendrait de parler du problème de
l'accessibilité au niveau collégial. Tout le monde admettra
qu'à tous les niveaux, et peut-être davantage aux niveaux
collégial et universitaire, on est encore loin de l'accessibilité
générale ou universelle des étudiants. Je pense qu'il y a
un effort je le reconnais ici quand on parle du
décloisonnement de l'enseignement professionnel du secondaire et de
l'enseignement professionnel du cégeps. Il y a un début ou une
amorce, au moins dans un secteur, pour favoriser une plus grande
accessibilité. Par contre, quand on regarde je ne retrouverai
peut-être pas la référence exacte, mais je suis sûre
que vos fonctionnaires la trouveront là où on a fait ces
efforts pour un certain nombre de programmes, cela a permis l'accès de
quelque 200 élèves, ce qui est quand même un nombre encore
fort restreint, si on pense à l'accessibilité.
J'aurais également aimé savoir, dans cette même
veine d'accessibilité, quelles sont les intentions du gouvernement quant
à la gratuité de l'enseignement au niveau de l'éducation
des adultes, et en particulier au niveau de l'enseignement partiel,
c'est-à-dire des étudiants à temps partiel. Je reviens
avec quelque chose que j'ai mentionné l'an dernier à
l'égard des femmes qui, normalement, devraient se retrouver en nombre
assez considérable comme étudiantes à temps partiel dans
les cégeps. Ceci a été demandé à plusieurs
reprises par les différentes organisations féminines, par le
Conseil du statut de la femme, en particulier. Enfin, ce sont des moyens de
démocratiser l'enseignement collégial. Encore là, on
pourrait peut-être entrer dans des considérations sociologiques
plus profondes, mais, au moins, ce sont peut-être des gestes ponctuels
que le gouvernement pourrait poser pour, au moins, démocratiser
davantage l'enseignement collégial.
Il y a un autre problème, c'est celui de l'orientation des
étudiants, sur lequel je voudrais attirer l'attention du ministre.
Je pense, compte tenu du contingentement que l'on pratique à
l'égard des options professionnelles au niveau collégial,
contingentement qui, d'une part, m'apparaît davantage c'est
jusqu'à un certain point normal, mais seulement dans la mesure
où on peut vraiment évaluer, à moyen et à long
terme, les besoins du marché, ce contingentement se fait peut-être
davantage à partir uniquement de considérations de marché,
de demandes de marché que d'aptitudes des étudiants. On pourra
peut-être revenir avec des questions plus concrètes par la suite,
mais je pense qu'il y a une question fondamentale à se poser, à
savoir dans quelle mesure tous ces étudiants, qui sont refusés
dans les options professionnelles... Je ne prendrai qu'un exemple, je pense,
qui se trouve également à l'intérieur du volume que vous
nous avez donné, dans le cas des techniques infirmières,
où ma foi! je pense que c'était au cégep de
Drummondville, si je ne m'abuse de 60 étudiantes qu'on avait
acceptées dans les techniques infirmières, cette année, on
n'en acceptera que 20. Si, d'un côté, ça semble
répondre à un réalisme de bon aloi, d'un autre
côté, voici la question que je me pose: Est-ce que tous ces
gens-là se trouvent refoulés vers l'enseignement
général? On sait fort bien que, lorsqu'ils sont refoulés
vers l'enseignement général, très souvent, c'est du
côté des arts et qui, éventuellement, débouchent sur
des choix d'études universitaires qui n'ont guère plus de
débouchés rendus à la fin de leurs études, si on
pense à tout le domaine des sciences humaines et même au domaine
de l'éducation.
Enfin, je suis prête à nuancer tout ça, mais je
pense que c'est quand même le "pattern", si vous voulez excuser
l'expression, que l'on semble observer au niveau du collégial,
d'où l'importance d'un service d'orientation qui réponde vraiment
aux besoins des étudiants et ceci, évidemment, à
partir du secondaire, mais également au niveau
collégial.
Je veux revenir, encore une fois ça semble être une
marotte avec moi; j'en avais parlé l'an dernier au mois de mai
sur la question d'une redéfinition mieux articulée des
différents niveaux de l'enseignement, que ce soit du secondaire au
collégial, ou du collégial à l'université. Je pense
que, si les barrières étaient moins rigides, ceci pourrait avoir
un effet bénéfique sur l'orientation des étudiants, et je
pense que ce n'est pas une échéance qu'on doit sans cesse
reculer, tant pour les exigences de l'université que pour les exigences
du collégial. Je vois déjà le ministre qui va me
rétorquer: Ceci est à l'étude avec la commission
d'étude sur les universités et on se prépare à
produire le livre blanc sur le collégial, mais il reste quand même
que ce sont des questions que j'ai posées l'an dernier d'une
façon très positive, réalisant fort bien qu'après
six mois au ministère de l'Éducation, le ministre n'avait pas pu
régler ces problèmes, mais je pense que, maintenant, il est
permis et légitime de demander au ministre ce qu'il advient de tous ces
projets et de ces questions que nous lui avions posées il y a
déjà un an. (21 h 15)
J'avais également posé des questions au chapitre de
l'administration des cégeps qui, on le sait, fonctionnent souvent avec
difficulté, compte tenu de la structure même des conseils
d'administration. J'avais demandé, à ce moment-là, quelles
étaient les intentions du ministre quant à une modification,
sinon de la structure, du moins d'une possibilité de donner aux membres
des conseils d'administration une définition plus adéquate de
leur tâche pour leur permettre d'être un peu plus efficaces
à l'intérieur de ces conseils d'administration. Je pense que
l'exemple, entre autres, du conseil d'administration du cégep Limoilou
est un bon exemple à cet égard, mais il faut également
rencontrer des membres des conseils d'administration des institutions
collégiales pour réaliser qu'un grand nombre d'eux se sentent,
à toutes fins pratiques, presque inutiles et se posent de
sérieuses questions quant au rôle qu'ils ont à jouer
à ces conseils d'administration.
Enfin, il y a un dernier problème sur lequel je voudrais attirer
l'attention. C'est celui de la cohabitation de l'enseignement
général et de l'enseignement professionnel. Non pas que je
veuille suggérer, loin de là, qu'on les sépare ou qu'on
modifie cette orientation, mais quels sont les gestes vraiment posés
pour que les deux secteurs ne demeurent pas aussi isolés l'un de l'autre
pour qu'on tire vraiment profit de cette cohabitation des secteurs
professionnel et général à l'intérieur du
collégial?
Finalement revient la question de l'évaluation des institutions
elles-mêmes. Quelles sont les situations du ministre à cet
égard? Je pense que le public se pose des questions souvent très
sérieuses sur le fonctionnement des cégeps. Jusqu'à
maintenant, on a peu d'indications que les cégeps se soumettent
d'eux-mêmes à une évaluation plus rigoureuse de leur
fonctionnement en fonction des besoins de leur clientèle, mais en
fonction aussi de la population en général qui les supporte
financièrement.
Je ne voudrais pas, par ces quelques propos, donner l'impression que les
cégeps sont de mauvaises maisons et qu'il n'y a rien de bon qui s'y
fait, il convient de rappeler que les cégeps sont quand même une
réalisation extrêmement importante de notre système
d'éducation. Tout à l'heure, j'entendais le ministre qui ne
voulait pas se porter responsable du retard total du cégep de
Drummondville, mais il me permettra de lui dire que si on avait pris autant de
temps à mettre sur pied tout le réseau des cégeps
existants qu'on semble le prendre à faire de nouvelles
réalisations depuis que ce gouvernement est au pouvoir, on ne serait pas
très avancé dans la mise sur pied des cégeps.
M. Alfred: Allons donc!
Mme Lavoie-Roux: Pardon? Avez-vous une question, M. le
député?
M. Alfred: Non, je disais: Allons donc!
Mme Lavoie-Roux: Allons donc; laissez cela au ministre.
Voilà pour les quelques remarques préliminaires. Je
pourrais maintenant passer à quelques questions plus précises. Je
voudrais demander au ministre s'il a pris connaissance des recommandations du
Conseil supérieur de l'éducation dans son rapport de
l'année 1976/77 qui a été déposé en Chambre
assez récemment, je pense, et dans lequel il fait des recommandations
très précises. Je ne les lirai pas, entre autres, relativement
à la politique de la formation des maîtres de l'enseignement
collégial sur le plan du recyclage, des critères uniformes
d'obtention de la permanence, etc., et dans quelle mesure il souscrit à
ce type de recommandation que lui fait le Conseil supérieur de
l'éducation. Ce sera ma première question. Je pense que vous avez
dû lire cela.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député m'a posé un grand nombre de questions. Elle m'a
fait de nombreuses observations. Je voudrais d'abord peut-être
répondre à ses observations portant sur le livre blanc, j'entends
l'énoncé de politique gouvernementale à l'endroit des
collèges publics.
Effectivement, lors de l'étude des crédits, l'an dernier,
je pensais être en mesure de rendre public ce livre blanc au cours des
mois qui allaient suivre. Je dois malheureusement sacrifier les compliments que
cela m'eut valu de la part de Mme le député au souci que j'ai de
définir un ensemble de politiques qui puissent assurer la qualité
de l'enseignement au niveau des collèges.
Dans les discussions qui ont eu lieu au sein du ministère et au
niveau du comité interministériel de développement
culturel, nous nous sommes rendu compte qu'un énoncé de politique
qui se voulait durable à l'endroit des collèges publics nous
forçait à résoudre plus de problèmes qu'il n'y
paraissait au départ. Nous avons également voulu associer
à ces démarches un certain nombre de députés qui
s'intéressent à l'enseignement collégial parce qu'ils en
ont fait partie, qu'ils sont anciens enseignants ou anciens administrateurs
scolaires et c'est ce qui a contribué à ralentir quelque peu la
démarche. Mais je ne regrette rien.
Le livre blanc, énoncé de politiques qui prend forme
à l'heure actuelle, est infiniment plus étoffé que celui
que j'avais devant moi au moment où nous nous sommes parlé la
dernière fois. Il nous reste encore quelques choix fondamentaux à
faire, des choix qui auront une grande portée pour l'avenir de
l'enseignement collégial. Je pense à la question de
l'évaluation, par exemple, l'évaluation de la qualité de
l'enseignement dans ces établissements, je pense à la question de
la gratuité à laquelle vous avez fait allusion, à la
question du contingentement.
Il y a là des questions qui ne sont pas seulement de pure
politique, mais qui correspondent littéralement à des choix de
société. Ce sont des questions qui, même, présentent
des aspects philosophiques, toute la question de savoir, par exemple, si l'on
doit contingenter et tenir compte de la capacité de la
société, comme on le dit quelque fois, du marché
d'absorber tel type de diplômés ou si l'on ne doit pas
plutôt tenir compte des aptitudes des filles et garçons qui
veulent poursuivre leurs études. Voilà une question qui est
philosophique.
Mme Lavoie-Roux: C'est celle que je vous ai posée, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, et je tenterai, tout à
l'heure, de vous donner quelques éléments de réponse, mais
c'est dans le livre blanc et une fois que le Conseil des ministres aura
entériné certaines de nos options, que l'on trouvera vraiment la
pensée du gouvernement et du ministre sur cette question.
Vous m'avez posé une série de points particuliers auxquels
je vais tenter d'apporter au moins quelques éclaircissements. Pour ce
qui est de l'accessibilité, elle dépend, dans une très
large mesure, à l'heure actuelle, de ce qu'on appelle le taux de passage
du secondaire au niveau collégial. Ce taux de passage, je l'ai
signalé cet après-midi, s'améliore constamment, il a
gagné encore deux ou trois points de pourcentage depuis l'année
dernière. Nous nous acheminons vers un taux de passage qui va
dépasser les 50%, ce qui, pour le Québec, compte tenu de la
situation qui régnait il y a quelques années alors que nous
n'avions même pas de collèges publics, constitue, je pense, un
progrès notoire.
Dans le livre blanc, nous allons faire des propositions pour
améliorer encore cette accessibilité de l'enseignement
collégial et notamment dans les milieux moins favorisés. Nous
allons faire un effort spécial de ce côté et nous allons
tenir compte également de l'existence de très grandes variations
entre les régions; les taux de passage ne sont pas les mêmes selon
qu'on se trouve à Montréal ou à Gaspé, par exemple
et nous allons tenter qu'il y ait une égalisation des chances d'une
région à l'autre.
Mais comment en arriverons-nous à cela? Nous sommes encore
à discuter des modalités, le livre blanc en parlera
sûrement.
Pour ce qui est de la gratuité, particulièrement au niveau
des adultes, on trouvera également dans le livre blanc des
considérations là-dessus, de même que sur une certaine
tendance qu'ont eue certains adultes à s'inscrire à quatre cours
pour obtenir la gratuité pour ensuite abandonner trois cours sur quatre
et ne prendre qu'un seul cours, de sorte que nous nous trouvons devant une
sorte, j'allais dire de fraude, mais ce n'est pas vraiment de la fraude. En
tout cas, ce sont des trucs qu'on utilise pour obtenir gratuitement des
enseignements qui ne sont pas donnés à tout le monde de la
même façon.
Nous voulons et ceci, non plus dans le cadre du livre blanc, mais
dans le cadre de nos efforts améliorer le système des
prêts et bourses, nous pourrons en reparler lorsque nous y viendrons.
Nous tentons d'améliorer le système des prêts et bourses
pour les étudiants à temps partiel. J'ai demandé une
étude sur la question, elle est en route et j'espère que, d'ici
quelques mois, je pourrai faire un nouveau pas pour ce qui est des
étudiants à temps partiel.
Pour ce qui est de la structure des conseils d'administration et de la
définition de leur tâche, je ne pense pas que nous ayons tellement
à revoir, à repenser la définition de leur tâche.
Après tout, c'est une tâche qui est définie de façon
très générale dans la loi. Les conseils d'administration
sont compétents dans une foule de domaines. Le problème ne se
situe pas à ce niveau, le problème est que certains conseils
d'administration de cégeps n'arrivent pas à fonctionner parce
qu'ils sont trop divisés contre eux-mêmes.
Les représentants que nous appelons socio-économiques
étant d'un avis, les syndiqués représentés au
conseil d'administration n'agissant pas toujours comme professionnels de
l'enseignement mais comme syndiqués ayant des mandats syndicaux,
beaucoup de ces conseils d'administration n'arrivent pas à fonctionner.
Un exemple, bien sûr, très concret, de cette situation nous a
été donné par le cégep de Limoilou durant
l'année écoulée.
Cégep Limoilou
Puisque vous me conviez à parler de Limoilou, je vous dirai
que...
Mme Lavoie-Roux: Vous sautez vite sur l'occasion.
M. Morin (Sauvé): Pourquoi pas, puisque justement...
Mme Lavoie-Roux: J'allais vous poser d'autres questions
d'ailleurs.
M. Morin (Sauvé):... le groupe d'étude que j'ai
formé pour procéder à l'étude de la
pédagogie dans ce cégep est au travail, sous la
présidence
de M. Arthur Tremblay, ancien sous-ministre de l'Éducation. J'ai
eu l'occasion de m'entretenir avec lui de son travail il y a encore quelques
jours; il avance. Les trois membres de cette commission d'étude
espèrent me faire un rapport préliminaire ou un rapport
d'étape, je pense, vers la fin du mois de juin ou au début du
mois de juillet.
À l'automne, j'ai bon espoir que nous ayons des recommandations
précises de leur part, qui pourront d'ailleurs nous être utiles
non pas seulement dans la perspective des problèmes de Limoilou, mais
peut-être dans la perspective de l'ensemble des cégeps. C'est un
rapport que j'attends avec beaucoup d'intérêt, pour tout ce qu'il
pourrait nous apprendre dans la perspective du livre blanc.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre...
M. Morin (Sauvé): Dans le livre blanc, il sera
également question des conseils d'administration. Je ne veux pas en dire
plus long, parce que tous les choix n'ont pas encore été faits
par le comité interministériel ou par le Conseil des ministres,
mais il est clair que nous nous interrogeons sur le point de savoir si l'on
doit modifier la composition des conseils d'administration. (21 h 30)
Évidemment, tout cela est lié à d'autres projets.
Est-ce que nous créerons un conseil des collèges? Est-ce que nous
reverrons les structures de l'enseignement collégial? Toutes ces
questions se tiennent. C'est pourquoi je ne tiens pas à m'étendre
trop là-dessus.
M. Saint-Germain: J'aurais une question précise, si vous
voulez bien.
M. Morin (Sauvé): Volontiers.
M. Saint-Germain: Vous avez parlé de scission au niveau du
conseil d'administration.
M. Morin (Sauvé): Pas dans tous les cégeps, mais
dans quelques cégeps.
M. Saint-Germain: Je veux simplement vous demander dans combien
de cégeps, aproximativement, cette scission s'est créée
entre les représentants locaux et les représentants du
personnel.
M. Morin (Sauvé): II ne s'agit pas toujours de scission,
mais quelquefois de tensions plus ou moins grandes, selon les lieux, selon le
temps aussi, selon les années. Je ne voudrais pas faire un
décompte précis. Je crois que c'est à peu près
impossible.
Mais il y a quelques cégeps où les tensions sont
endémiques.
M. Saint-Germain: Pourriez-vous donner un ordre de grandeur?
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être occasionnel aussi.
M. Morin (Sauvé): La réponse dépend des
années, elle dépend des personnes en présence, elle
dépend des problèmes qui surgissent. On peut dire que bon an mal
an, il y a toujours deux ou trois cégeps qui tirent de l'aile, sur les
47 établissements. L'exemple de Limoilou cette année est assez
frappant.
Il y en a d'autres, mais je ne tiens pas non plus à entrer trop
dans les détails, parce que souvent nous tentons de régler ces
problèmes, mais on ne les règle pas nécessairement en les
portant sur la place publique. Celui de Limoilou s'est porté de
lui-même sur la place publique.
Avez-vous d'autres questions à me poser sur Limoilou, M. le
député?
Mme Lavoie-Roux: Vu qu'on parle de Limoilou, pour en finir, parce
que je ne voulais quand même pas faire une longue discussion sur
Limoilou. Vous avez sans doute pris connaissance d'une résolution du
Syndicat des enseignants de Limoilou qui recommandait, à tout le moins
à ses membres, de ne pas participer à cette enquête de M.
Tremblay, et même c'est dommage que je n'aie pas le texte devant
moi. Je le dis sous toute réserve de faire disparaître des
documents.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais Mme le député,
il y avait 25 enseignants à cette réunion du Syndicat des
enseignants de Limoilou, 25 enseignants sur plusieurs centaines entre
350 et 400; je viens de faire vérifier le chiffre et
là-dessus, le vote a été quinze à dix. Vous
comprenez, il ne faut pas non plus prendre les choses trop au tragique. Cela ne
représente pas, je pense, une attitude majoritaire des enseignants de
Limoilou, loin de là. Il ne faudrait pas croire non plus que tous les
départements à Limoilou sont dans les affres du type de celles
qu'on a vues au département de chimie, ou encore au département
qu'on appelle interdisciplinaire ou multidisciplinaire.
Non. La commission présidée par M. Tremblay progresse
quand même. Elle a rencontré déjà des enseignants,
elle a l'intention d'en rencontrer d'autres, de rencontrer des
étudiants, des parents, éventuellement aussi le conseil
d'administration du cégep. Je pense qu'elle sera apte à se faire
une idée très précise de ce qui va ou ne va pas au
cégep de Limoilou.
Je ne suis pas impressionné par la résolution dont vous me
parlez. Vous ne devriez pas l'être non plus, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je l'étais peut-être un peu
plus que vous, M. le ministre, compte tenu que ce collège a
déjà été en tutelle et que les résultats qui
ont suivi ne semblent pas avoir été très probants. Le
Syndicat des enseignants doit quand même représenter quelque chose
dans une institution collégiale.
M. Morin (Sauvé): Bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je souhaite bien, comme vous, que cela
n'ait aucune influence sur
les résultats de l'étude qui est faite; mais dire que je
prendrais à la légère un vote d'un syndicat de ne pas
collaborer, je pense que cela peut être un peu plus sérieux que
vous ne le croyez.
M. Morin (Sauvé): Mais, Mme le député, je ne
vous cacherai pas que je n'ai jamais cru que ce syndicat en particulier
accepterait volontiers de collaborer avec la commission d'étude sur la
pédagogie de ce collège. Je n'ai jamais pensé qu'il y
viendrait volontiers. La situation, à la suite des incidents que tous
connaissent sous le nom du commando du pif, la fabrication d'explosifs
dangereux en laboratoire, m'a toujours porté à croire que nous
aurions les plus grands ennuis avec ce collège, de même que le
caractère pornographique de certains documents qui ont été
produits par le département interdisciplinaire m'a toujours
laissé sceptique sur la possibilité de nouer un dialogue avec les
auteurs de ce document; mais il est possible, je pense, de poursuivre
néanmoins l'étude de la pédagogie dans ce collège,
car il y a d'excellents départements. De même, je pense qu'il y a
des enseignants qui font sérieusement et professionnellement leur
métier. Je suis persuadé que la commission trouvera beaucoup plus
d'échos qu'on ne le pense dans la communauté enseignante et
étudiante de ce collège.
M. Saint-Germain: Excusez-moi, si vous le permettez...
M. Morin (Sauvé): M. le député, oui.
M. Saint-Germain: On dit que ces professeurs qui sont
responsables de la manipulation de certains produits dangereux enseignent
encore, continuent leur carrière, sans suspension, sans rien
actuellement.
M. Morin (Sauvé): M. le député, ils sont
devant les tribunaux et ils n'ont pas encore été trouvés
coupables. Il est donc, je pense, prématuré d'imposer des
sanctions qui auraient un caractère temporaire ou permanent. Vous
connaissez le principe fondamental qui régit les lois, le comportement
des tribunaux dans ce pays. On est présumé innocent
jusqu'à ce que la culpabilité soit démontrée. Je
n'ai pas l'intention de modifier ces règles fondamentales du jeu
démocratique. Tant que le juge ne se sera pas prononcé sur la
responsabilité des enseignants qui avaient organisé le commando
du pif, je ne pense pas qu'il soit opportun de procéder à des
licenciements.
M. Saint-Germain: On dit que...
Mme Lavoie-Roux: Le député n'a pas parlé de
licenciement, mais de suspension, M. le ministre. Votre attitude
m'étonne un peu. Est-ce que, dans le monde de l'éducation, il va
falloir attendre que les gens aient été convaincus,
c'est-à-dire accusés formellement et trouvés coupables
d'une offense criminelle pour agir? Je pense que, dans le domaine scolaire, les
enseignants, s'ils sont sus- pendus et s'ils sont trouvés innocents,
seront réintégrés avec tous leurs bénéfices,
avec leur traitement. Je pense qu'on peut aller très loin, quand on suit
votre raisonnement. Il y a quand même le fait que l'Université de
Sherbrooke, je pense, l'Association des chimistes, le département de
chimie de Laval avaient considéré qu'il y avait eu des gestes
graves de posés. Si on suit votre raisonnement, il aurait fallu qu'il
arrive vraiment une explosion et que quelqu'un soit blessé pour que
là, peut-être, on pense qu'il faille les suspendre. Je trouve cela
assez étrange comme attitude dans le monde de l'éducation,
remarquez bien.
M. Morin (Sauvé): Mme le député fait
semblant d'ignorer le fonctionnement des conseils d'administration, qui sont
les seuls compétents pour prendre ce genre de décision. Le
ministère ne peut pas imposer des décisions à ces conseils
d'administration, qui jouissent d'une large part d'autonomie. Le
ministère ne peut pas suspendre des enseignants par-dessus la tête
du conseil d'administration. Nous ne sommes pas dans un système
centralisé d'enseignement, comme on voit dans d'autres pays, où
le ministère peut intervenir, souvent à tort et à travers,
pour suspendre des enseignants. En l'occurrence, je regrette, c'est le
système, et ce n'est pas nous qui l'avons inventé le
système, dois-je vous le rappeler? À l'heure actuelle, les
conseils d'administration sont compétents ils avaient
décidé de suspendre ces enseignants et ils sont revenus sur leur
décision et les ont réinstallés. Le ministère n'est
pas en mesure d'infirmer ces décisions.
M. Saint-Germain: On dit que ces professeurs, actuellement, ont
un voyage payé en France pour faire des soi-disant études sur la
sexologie ou quelque chose de semblable.
Mme Lavoie-Roux: ... vous mélangez.
M. Morin (Sauvé): Vous mélangez, vous mêlez
la chimie et la sexologie.
M. Saint-Germain: Non, je ne mêle rien. Vous savez, on
étudie toutes sortes de choses. Actuellement, on fait des voyages pour
étudier la sexologie et la chimie, et je ne mêle pas les deux.
M. Morin (Sauvé): Non, je pense que vous pensez...
M. Saint-Germain: Les professeurs mélangent
peut-être les groupes.
M. Morin (Sauvé): Mme le député va vous
expliquer la différence.
M. Saint-Germain: Est-ce fondé ce que je dis? Est-ce
qu'ils n'ont pas un voyage payé en Europe, ces professeurs, pour
étudier?
Mme Lavoie-Roux: C'est pour étudier l'énergie.
M. Saint-Germain: L'énergie. Bon, allons pour
l'énergie. Je n'irai pas...
M. Morin (Sauvé): Je ne dis pas que les deux sujets ne se
compénètrent pas. Blague à part, ces quatre enseignants
qui sont allés en France, dans le cadre de l'Office
franco-québécois, ne sont pas venus demander la permission du
ministère de l'Éducation. D'ailleurs, ils n'en avaient pas
besoin.
M. Saint-Germain: Ce sont ces mêmes professeurs qui ont eu
un voyage d'études payés?
M. Morin (Sauvé): On a rapporté que quatre des six
ou sept professeurs qui sont mêlés à l'affaire du commando
du pif, effectivement, sont en France ou sont sur le point de partir pour la
France dans le cadre de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse. Je ne sais pas, d'ailleurs, ce qu'ils vont faire en France. Je ne
sais pas s'ils voudront constituer là-bas un nouveau commando du pif,
auquel cas je crois qu'ils vont être bien reçus.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: C'est le contribuable qui paie pour cela; on
peut bien blaguer, mais...
M. Saint-Germain: ... pour revenir un peu à ce que le
ministre disait tout à l'heure, j'allais dire qu'entre une
décision judiciaire et une décision administrative, il y a toute
une différence. Je ne vois pas pourquoi le ministre mêle les deux.
Si, dans le monde de l'industrie, dans le monde du commerce, dans le monde des
finances, on doute de la crédibilité ou de
l'honnêteté de quelqu'un et s'il fallait nécessairement
prouver au criminel la culpabilité de quelqu'un, cela n'aurait plus de
fin. Il se prend, dans la province de Québec, des décisions
administratives continues. Comment se fait-il que, dans le domaine de
l'enseignement et des cégeps en particulier, toute décision
administrative doit nécessairement dépendre d'une décision
au criminel, surtout dans des cas comme ceux qu'on étudie? Comment
voulez-vous que l'administration publique ou l'administration des cégeps
en particulier puisse conserver une crédibilité parmi la
population, lorsqu'on voit des professeurs se rendre coupables de telles
imprudences? Aucune décision administrative ne peut être prise,
semble-t-il, contre eux. En plus, voilà que, toujours avec l'argent du
même public, on les fait voyager en France. Il n'y a que dans le monde de
l'éducation ou, du moins, dans le monde des gens qui sont payés
et rémumérés à même la taxe publique qu'on
peut se permettre de tels abus. Cela n'existe pas autrement. Il n'y a pas une
industrie privée qui va agir comme ceci. Dans l'entreprise
privée, quel que soit le but de l'entreprise privée, cela ne se
fait jamais. Cela concourt à discréditer les cégeps, cela
concourt à discréditer les autorités publiques. Devant ce
public, comment voulez-vous qu'un profane puisse admettre cela? C'est
inadmissible. Je comprends très bien,
M. le ministre, qu'on puisse se référer à la
décentralisation. C'est vrai. Vous savez, les cégeps, c'est
jeune. Cela n'existe pas depuis une éternité. Cela existe depuis
à peu près une décennie. Ce sont des genres
d'administration qui n'ont pas fait nécessairement leurs preuves. Au fur
et à mesure de l'expérience, ça doit nécessairement
être modifié...
M. Morin (Sauvé): C'est ce que j'ai indiqué.
M. Saint-Germain: ... et avec des choses semblables...
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire qu'il faut
étudier la question dans le cadre du livre blanc, mais je ne peux pas
vous faire part de l'état actuel de nos réflexions.
M. Saint-Germain: Les gens croient...
Mme Lavoie-Roux: ... surprise...
M. Morin (Sauvé): Mais est-ce que je pourrais vous poser
une question, M. le député?
M. Saint-Germain: ... M. le ministre, que ces professeurs ont de
l'influence ou une protection quelque part. Comment voulez-vous qu'il en soit
autrement ou que le public pense autrement?
(21 h 45)
M. Morin (Sauvé): M. le député, la loi
prévoit que ce genre de décision relève du conseil
d'administration du collège, établissement public, bien
sûr, financé à même les fonds publics, bien
sûr, mais qui fonctionne de façon décentralisée. Les
conseils d'administration des collèges sont autonomes. Ils sont vraiment
l'institution de dernier ressort pour des cas de ce genre. Êtes-vous en
train de me suggérer, vous ou Mme le député de L'Acadie,
que je passe par-dessus la tête du conseil d'administration d'un
cégep pour imposer une décision? Est-ce que c'est ça que
vous êtes en train de faire?
M. Saint-Germain: Non.
M. Morin (Sauvé): Ah!
M. Saint-Germain: Mais on penserait que le ministre, par exemple,
devant de tels faits, devrait immédiatement faire une enquête
publique pour savoir qui protège ces gens, que ce soit le syndicat,
quelqu'un à la tête du cégep, que ce soit quelqu'un
à l'intérieur du ministère de l'Éducation. Le
public doit s'attendre à ça et s'attend à ça.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
M. Saint-Germain: Cela fait des mois que cet incident est
arrivé...
M. Morin (Sauvé): ... aussitôt...
M. Saint-Germain: ... et personne ne sait encore qui
protège ces gens. Le public a le droit de le savoir, et le ministre
doit, au moins, faire voir qu'il est en autorité et qu'il possède
une certaine autorité. Je ne critique pas cette commission
d'enquête avec M. Tremblay, mais ça, c'est pour travailler
à long terme. Mais il faut immédiatement prendre des
décisions...
M. Morin (Sauvé): Et les tribunaux? Et l'enquête
policière qui a précédé, M. le
député...
M. Saint-Germain: Écoutez!...
M. Morin (Sauvé): ... vous n'allez tout de même pas
nous accuser de négligence?
M. Saint-Germain: ... vous avez l'autorité voulue pour
qu'une enquête publique soit faite dans de telles conditions. Au niveau
des conseils municipaux, par exemple, vous avez la Commission municipale, qui a
ce droit d'enquête. Je ne suis pas avocat, moi, vous avez encore... Si on
a besoin d'une telle institution au niveau des cégeps,
créons-là, mais il faut faire quelque chose. Autrement, c'est
l'anarchie, absolument!
Vous avez des journées d'études, des milliers d'heures
d'études et d'enseignement qui ont été perdues par les
étudiants à cause de cette grève, que vous avez
expliquée et expliquée, des professeurs qui n'étaient pas
permanents et qui n'ont pas été rengagés. Mais c'est un
non-sens. C'est un non-sens de toujours se servir des étudiants pour
faire pression sur les autorités et les autorités semblent
absolument impuissantes devant de telles pressions. Instituez des moyens, mais
faites quelque chose!
M. Morin (Sauvé): Expliquez-moi donc ce que votre propre
gouvernement a fait avant le 15 novembre 1976 dans des cas semblables. On
pourrait peut-être s'en inspirer.
M. Saint-Germain: Quel que soit le comportement, si vous pensez
que je vais défendre les gouvernements passés, ça ne donne
rien, ça, ce n'est pas positif. La population a réglé leur
cas. Aujourd'hui, vous êtes en autorité. Quelles que soient les
faiblesses passées, ça ne justifie pas les vôtres, pas du
tout. C'est vous qui êtes le patron aujourd'hui. Prenez vos
responsabilités.
M. Morin (Sauvé): Cela ne justifie aucun ministre de
l'Éducation de perdre les pédales et de tomber dans des
situations de droite, dans des attitudes de droite, M. le
député.
M. Saint-Germain: J'ai dit, monsieur... Laissez-moi la droite et
la gauche tranquille. C'est la protection des jeunes et c'est la protection de
l'argent public.
Mme Lavoie-Roux: Faut-il qu'un étudiant saute ou qu'une
partie du collège saute pour que vous interveniez?
M. Morin (Sauvé): Enfin, M. le Président, nous
n'allons pas nous éterniser sur cette question. Il y a eu enquête
policière à la demande expresse du ministre de
l'Éducation. Il y a enquête pédagogique ou étude
pédagogique en cours. Nous allons attendre la décision des
tribunaux et nous allons attendre le résultat de cette étude
pédagogique. Vous ne me ferez pas prendre des décisions qui
soient irréfléchies dans des cas aussi délicats que
ceux-là, alors que les droits d'un certain nombre de personnes sont en
cause.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'ai dit froidement,
bien avant que ce gouvernement soit en autorité, et je l'ai dit en
privé combien de fois que ce ne sont pas les ministres de
l'Éducation qui dirigent l'éducation au Québec. Ce n'est
pas nouveau, les gens savent cela. Je veux confirmer cette opinion devant le
public. On a voulu établir un ministère public de
l'Éducation au Québec pour que la population ait son mot à
dire dans l'administration de l'enseignement par la voix du ministre et du
ministère. Cela ne s'est jamais fait. C'est aussi clair que cela. Il ne
s'agit pas de prendre des décisions, comme vous dites, sans
réfléchir; ce n'est pas cela. Mais au moins faire sentir votre
autorité, faire sentir que quelqu'un dirige ce ministère et qu'on
ne peut se rendre coupable de n'importe quelle folie ou irresponsabilité
sans que personne ne soit là pour protéger le public et les
étudiants. Ce n'est pas de la droite, c'est le minimum.
Dépensez l'argent que vous voulez pour édu-quer les jeunes
vous appelez peut-être cela de la gauche moi, j'en suis.
Mais que cet argent soit dépensé efficacement et qu'on donne une
éducation de qualité. Si vous appelez cela de la droite, je suis
de la droite; je n'ai pas d'objection. C'est simplement le pur bon sens. Il
doit y avoir dans toute cette boîte une autorité concrète;
il faut qu'on sente qu'elle existe.
M. Morin (Sauvé): M. le Président,
l'autorité de tout ministre, que ce soit celui de l'Éducation ou
un autre, doit être exercée en conformité de la loi et en
tenant compte des principes fondamentaux qui s'appliquent dans ce pays dont
l'un est la présomption d'innocence. Je n'ai pas l'intention d'aller
à l'encontre de ces vieux principes qui sont à la base de la
démocratie. Si le député a besoin d'un garde-chiourme, il
se trompe d'adresse tout simplement.
M. Saint-Germain: On ne parle pas de criminalité, on parle
de décision administrative, M. le ministre. S'il vous plaît, ne
mêlez pas les deux au moins!
M. Morin (Sauvé): Je vous ai expliqué que la
décision...
M. Saint-Germain: Discutons bien froidement sans masquer le
problème.
M. Morin (Sauvé):... administrative relevait du conseil
d'administration du cégep et celui-ci a
décidé de réinstaller les enseignants.
Jusqu'à ce qu'un tribunal les ait trouvés coupables, il n'y a
rien de plus à faire.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui vous empêchait
d'établir une enquête publique?
M. Morin (Sauvé): Et si vous alliez, M. le
député, condamner ces enseignants avant qu'ils ne soient
trouvés coupables, je pense que vous risqueriez de tomber dans une
situation d'injustice.
M. Saint-Germain: Je ne les condamne pas. Je veux savoir s'ils
sont coupables au point de vue administratif, s'ils ont fait leur devoir, s'ils
ont agi selon la loi et les règlements et le gros bon sens.
M. Morin (Sauvé): Ils sont devant les tribunaux et vous
n'arriverez certainement pas à faire en sorte que je les déclare
coupables avant que les tribunaux se soient prononcés.
M. Saint-Germain: Vous ne faites rien, vous ne pouvez pas le
savoir. Vous jouez un rôle passif. Qu'est-ce que vous voulez, attendons!
Je ne sais pas qui va prendre la décision ou qui va aller au fond des
choses. Cela arrivera dans deux ans, trois ans, je suppose. Attendons.
Le Président (M. Dussault): M. le député, je
vous ai laissé prendre la parole parce que vous vouliez le faire sur les
mêmes propos...
M. Saint-Germain: Vous saviez que j'avais quelque chose
d'intéressant à dire.
Le Président (M. Dussault): Je savais que vous les teniez
à la suite des propos de Mme le député de L'Acadie, mais
en réalité le droit de parole appartenait à M. le
député de Papineau à qui je donne maintenant la parole. M.
le député.
M. Alfred: M. le Président, je parlerai demain
après avoir entendu le député de Jacques-Cartier. Je n'ai
pas les dispositions voulues pour parler de pédagogie.
Le Président (M. Dussault): Vous voulez dire, M. le
député de Papineau, que vous renoncez à votre droit de
parole ce soir?
M. Alfred: Pour le moment, oui.
M. Saint-Germain: Cela, monsieur, ce soir, demain, n'importe quel
temps.
Le Président (M. Dussault): C'était donc et c'est
encore votre droit de parole, M. le député de
Jacques-Cartier.
Enseignement professionnel
M. Saint-Germain: Le choix de l'heure et du temps... Alors,
voilà. J'espère que je ne prends le temps de personne, mais il y
a une autre question qui est extrêmement importante, à mon avis,
c'est l'enseignement professionnel au niveau collégial. Il y a un
problème qui existe. À l'époque de l'établissement
des cégeps, on avait longuement dialogué et expliqué que
le secteur professionnel devait être rattaché au secteur qui
conduit à l'université, le général. On avait
pressenti tout de même qu'il pouvait y avoir un certain problème.
On avait essayé d'établir les cégeps de façon que
l'enseignement professionnel ne soit pas le parent pauvre du système. On
nous avait expliqué dans le temps que pour que ce secteur soit de
qualité, il fallait qu'il y ait des relations étroites entre
l'industrie et la direction des collèges. On sait pertinemment que la
technologie évolue extrêmement rapidement. Vous savez très
bien, M. le ministre, qu'il y a actuellement, dans l'enseignement des
cégeps, des gens qui enseignent certaines techniques et qui n'ont aucune
expérience industrielle, et si...
M. Morin (Sauvé): Je vous arrête avant que vous
n'alliez plus loin. Ce n'est pas le cas. Enfin, continuez, mais...
M. Saint-Germain: Non, je suis bien prêt à retirer
mes paroles, si ce n'est pas un fait.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas le cas.
M. Saint-Germain: Vous me dites que tous les professeurs qui
enseignent au niveau professionnel ont une expérience industrielle dans
la discipline qu'ils enseignent.
M. Morin (Sauvé): On pourra vous donner les chiffres, il
faudra que vous nous laissiez quelques heures pour les sortir, mais nous
pouvons vous démontrer, je pense bien, que la plupart ont une
expérience.
M. Saint-Germain: Non, écoutez, la plupart, on
retraite.
M. Morin (Sauvé): À première vue
quitte à vous sortir les chiffres au-delà de 85% ont une
expérience industrielle.
M. Saint-Germain: Ah bon, j'ai déjà gagné
15%. C'est possible que j'en gagne encore quand vos chiffres seront sortis.
M. Morin (Sauvé): Si vous êtes satisfait de cela, M.
le député.
M. Saint-Germain: Non, c'est la vérité que je veux.
Je ne parle pas pour rien dire, il y a un problème important.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais vous étiez en train
d'affirmer, en somme, que l'enseignement professionnel n'est pas
sérieux, que les gens sont formés n'importe comment, n'ont pas
d'expérience industrielle. Ce n'est pas le cas.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit qu'il y
avait des professeurs...
M. Morin (Sauvé): Répétez-moi ce que vous
avez dit.
M. Saint-Germain:... qui n'avaient pas d'expérience
industrielle, de l'industrie au niveau de l'enseignement. J'allais dire, en
plus, lorsque vous m'avez interrompu, qu'il y a des professeurs qui ont une
expérience industrielle qui remonte déjà à 10 ans,
15 ans, ou peut-être plus loin. J'allais dire qu'au début des
cégeps, on avait cru que ces professeurs pourraient passer, d'une
façon intermittente, du niveau de l'enseignement à l'industrie.
On avait dit qu'un bon professeur, au point de vue technique, est celui qui
peut aujourd'hui, cette année, enseigner et, l'année prochaine,
passer à l'industrie, qu'il serait aussi à l'aise dans un milieu
que dans l'autre.
Cela n'a pas été le cas. Si vous prenez, disons 15% des
professeurs qui n'ont pas d'expérience industrielle et si on ajoutait
à ces 15% le pourcentage de ceux qui ont une expérience qui
remonte déjà à plusieurs années, on trouverait
facilement que vous avez, au niveau des collèges, et aussi au niveau du
secondaire, des professeurs qui enseignent des techniques et qui ont
été éloignés pendant très longtemps de
l'industrie et qui ont oeuvré au niveau de l'industrie avec des
techniques qui sont aujourd'hui bien dépassées.
Je ne sais pas jusqu'à quel point on a remédié
à cela, mais lorsque vous établissez les salaires des
professeurs, vous tenez compte de la scolarité. L'expérience
industrielle n'a pas été évaluée, à mon
avis, à une valeur telle, à une valeur qui est en relation... Si
vous dites, par exemple, qu'un professeur a un an d'expérience dans
l'industrie et que vous l'évaluez à un an de scolarité,
cela va. Mais si vous évaluez d'une façon moindre
l'expérience industrielle que la scolarité, bien souvent, vous
faites fausse route, parce qu'il y a bien des techniques qui s'étudient
au niveau de l'industrie et qui ne peuvent pas s'étudier
complètement au niveau des collèges.
Je sais et vous allez me dire que tout le monde le sait
que les contrats de travail n'ont pas évolué dans ce
sens-là. Allez donc, avec les lois qui touchent l'ancienneté, la
sécurité d'emploi, obliger un professeur à retourner
à l'industrie pour se recycler. Vous ne réussirez jamais cela.
Peut-être qu'on le réussira dans l'avenir, mais avec les
années et avec bien du temps. D'une façon immédiate, c'est
pratiquement impossible.
Ce sont des choses comme cela, à mon avis, qui laissent croire
à la population que nos collèges existent bien plus pour les
enseignants et les administrateurs que pour les élèves. (22
heures)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il me reste peu
de temps pour répondre à la question du député. Je
tiens à lui dire cependant que cette fois, il a mis le doigt sur un
problème réel qui est celui de la formation des maîtres,
bien sûr, ou du recyclage, du perfectionnement des maîtres en
exercice dans l'enseignement professionnel et qui ont quitté l'industrie
depuis déjà plusieurs années.
Sera créé incessamment à la Direction
générale de l'enseignement collégial, un service qui est
destiné à s'occuper essentiellement de la formation des
maîtres. Ce service sera créé dans le cadre de la
restructuration générale qui est en cours au sein du
ministère, restructuration des responsabilités dans le domaine de
la formation des maîtres. On se penchera à la fois sur la
formation initiale que devraient posséder les maîtres de
l'enseignement professionnel, mais également sur le perfectionnement. Je
ne partage pas du tout votre avis dans le sens que c'est un problème
insoluble et qu'il est impossible d'organiser le retour en industrie, au moins
temporairement, d'enseignants du secteur professionnel qui se seraient
laissé dépasser par les progrès techniques.
Dans le livre blanc, on fera des recommandations précises
là-dessus. Si vous le voulez, nous pourrons revenir sur le sujet demain
matin à l'ouverture de la séance. Si M. le député
de Jacques-Cartier est là, je reviendrai avec plus de détails sur
cette question qui est importante.
M. Saint-Germain: Elle est très importante et je serai
ici, M. le ministre, soyez-en assuré.
M. Morin (Sauvé): Bon, très bien.
Le Président (M. Dussault): M. le sous-ministre.
M. Morin (Sauvé): Sur la question du calcul de
l'expérience industrielle pour fins de classification et de
rémunération, en plus du calcul de la scolarité, pour
l'enseignement professionnel, au collégial, la convention collective
actuellement en vigueur depuis 1975 stipule que chacune des dix
premières années d'expérience industrielle est
comptée pour une année d'expérience pertinente. Les dix
premières sont donc comptées pour une année chacune.
Chaque année supplémentaire d'expérience industrielle
au-delà des dix est comptée pour une demi-année, alors que
les échelles de traitement et les échelles de classification
comptent un maximum de quinze échelons. Cela veut dire, à toutes
fins pratiques, que l'ensemble de l'expérience industrielle possible
peut être compté à l'intérieur de quinze
échelons. C'est une disposition d'ailleurs nouvelle par rapport à
l'ancienne convention où seulement les cinq premières
années d'expérience industrielle étaient comptées
en raison d'une année pour un échelon.
M. Saint-Germain: Peut-être que, demain matin, vous
pourriez établir la valeur que vous attachez à ces dix ans,
relativement à la valeur de la rémunération que vous
attachez à dix ans de scolarité.
M. Morin (Sauvé): Je peux vous répondre
immédiatement. Une année d'expérience industrielle
égale une année d'expérience dans l'ensei-
gnement. Autrement dit, un enseignant qui a, peu importe
l'échelle de traitement, seize ans de scolarité peut être
à sa première année d'expérience ou à sa
quinzième année d'expérience, selon qu'il est au
début de sa carrière ou au maximum de son échelle.
M. Saint-Germain: Ah bon! Oui.
M. Morin (Sauvé): Pour gravir un des échelons, une
année d'expérience dans l'enseignement ou une année
d'expérience industrielle le fait cheminer au même rythme. Alors,
c'est la même valeur.
M. Saint-Germain: D'ailleurs, vous avez été
obligé de faire cela, parce que vous n'auriez pas pu engager de
techniciens, au prix qu'on paie dans l'industrie actuellement.
M. Morin (Sauvé): Voilà!
M. Saint-Germain: Si vous faisiez commencer un professeur avec
dix ans d'expérience à un salaire d'un professeur tout à
fait nouveau, écoutez, cela aurait été une baisse de
niveau de vie pour lui. Ce n'est pas cette valeur relative que j'aurais
aimée... Ce n'est pas cette valeur que concernait ma question. Si vous
avez, par exemple, un professeur qui a 18 ans de scolarité, au niveau de
l'école élémentaire et ainsi de suite, et au niveau d'une
école technique, si vous voulez; l'ensemble, c'est 18 ans de
scolarité. L'autre a 12 ans de scolarité, mais il a dix ans de
pratique dans l'industrie, dix ans d'expérience industrielle. Lorsque
les deux arriveront à un maximum dans votre échelle, quel sera le
salaire des deux, en comparant le salaire de l'un et le salaire de l'autre,
pour deux professeurs qui ont 16 ans d'expérience?
M. Morin (Sauvé): Tous les professeurs au collégial
dont la scolarité est inférieure à 16 ans sont
réputés avoir 16 ans de scolarité pour fins de
rémunération, et sont déjà
rémunérés selon l'échelle de 16 ans de
scolarité, premièrement. Deuxièmement, je cherche la
grille des échelles de traitement, mais, en la trouvant, on pourrait
voir qu'un certain nombre d'années d'expérience d'enseignement ou
d'expérience industrielle, à 16 ans de scolarité,
équivaut à un salaire de 18 ans de scolarité à
expérience moindre, mais la relation est assez proche. Il faudrait
trouver les échelles. Je pense que l'illustration est assez claire.
M. Saint-Germain: On pourrait peut-être revenir
là-dessus demain matin.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. le
député. Nous ajournons nos travaux jusqu'à demain matin,
10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 4)