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Étude des crédits du ministère de
l'Éducation
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire
élue permanente de l'éducation ayant le mandat de faire
l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Jolivet
(Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé),
M. Paquette (Rosemont), M. Picotte (Maskinongé)
Sont intervenants: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Hier, à l'ajournement, nous avions adopté le programme
relatif à l'enseignement collégial, sous réserve de
quelques renseignements que devrait fournir ce matin M. le ministre de
l'Éducation.
Réponses du ministre
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
d'abord, au début de cette séance, commencer par répondre
à deux questions qui m'ont été posées par Mme le
député de L'Acadie, je pense.
Tout d'abord, une question portant sur le collège de La
Pocatière, eu égard au bail entre le collège privé
et le collège public. Voici les détails essentiels de ce bail: II
est prévu pour une durée de quinze ans, à compter du 1er
juillet 1977, il se termine donc le 30 juin 1992. La superficie louée
est de 281 000 pieds carrés. Le loyer annuel est de $465 000 nets,
c'est-à-dire que le chauffage et l'électricité sont aux
frais du locataire. Un montant forfaitaire de $86 336.14 pour quittance finale
de l'année 1976-1977 a déjà été
versé. Les réparations majeures sont aux frais du locateur,
tandis que les réparations locatives et d'entretien sont aux frais du
locataire. Les assurances sont, comme d'habitude, partagées: le locateur
ayant pris les siennes, le locateur s'étant également
assuré pour la responsabilité civile, l'assurance feu et vol et
l'assurance responsabilité légale. Les biens meubles qui se
trouvent dans les immeubles loués font également partie du bail;
il s'agit des biens meublants de 244 chambres et autres pièces.
Voilà les détails, et comme on peut le constater, il
s'agit d'une entente extrêmement intéressante pour les deux
parties; pour le collège public, puisqu'il obtient, somme toute,
à un prix plus que raisonnable, les espaces dont il a besoin, et pour le
collège privé qui, grâce à ces sommes, pourra,
à ce qu'on m'a rapporté, se doter de laboratoires dont il
manquait.
Je suis prêt à remettre la feuille de détails
à Mme le député.
Une autre question m'a été posée au sujet de
l'évolution du taux de passage en pourcentage du secondaire V public et
privé, général et professionnel, au collège, et
ceci par région.
Nous avons fait établir les chiffres pour les trois années
suivantes: 1971-1972, 1973-1974, 1975-1976. Pour sauver du temps, je n'ai pas
l'intention de vous donner lecture de ce tableau; je vous donnerai les totaux
et je demanderai à M. le Président de faire distribuer les
feuilles comportant les détails à tous les membres de la
commission.
Pour l'ensemble du Québec, je me contenterai donc des totaux: En
1971-1972, le taux de passage était de 39,8%; en 1973-1974, il avait
grimpé à 41%; enfin, en 1975-1976 ce sont les derniers
chiffres que nous possédons il avait atteint 45,3%. Nous avons
d'autres chiffres globaux, que j'ai d'ailleurs mentionnés au cours de
mon exposé, plus tôt, mais pour les régions, je ne pense
pas que nous disposions encore des détails, c'est pour cela que le
tableau n'est pas plus complet. Cela vous donne une idée, cependant, de
la progression...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous permettez. Il y
a définitivement une progression, et je pense que dans nos cahiers
encore faudrait-il que je retrouve à quel endroit il
faudrait aussi avoir le pourcentage des finissants du secondaire,
c'est-à-dire du nombre d'élèves qui terminent le
secondaire, comparativement à ceux qui ne le terminent pas.
Ma question plus précise est celle-ci: Qu'est-ce que vous
considérez être un taux normal d'accession ou d'admission au
collège, proportionnellement à la population étudiante
générale?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, c'est une
question complexe que me pose Mme le député de L'Acadie. Nous ne
pouvons nous faire une idée de ce que serait un taux normal de passage
qu'en examinant la situation qui prévaut dans d'autres pays, en
particulier du monde occidental.
Si nous nous comparons aux États-Unis, nous avons quelques
retards, encore qu'il faudrait voir ce qu'est, exactement, la qualité de
l'enseignement collégial et de l'enseignement secondaire aux
États-Unis.
Par ailleurs, si nous nous comparons à l'Europe, nous sommes en
avance; si nous nous comparons avec le reste du Canada, nous sommes dans la
moyenne.
Donc, quel est exactement, le taux désirable? J'estime que tant
que nous nous situons dans la moyenne, il n'y a pas lieu de dramatiser, sauf,
évidemment, en ce qui concerne les francophones où le taux est un
peu en arrière de ce qu'il devrait être. Le taux normal à
atteindre dans l'immédiat, c'est au moins le taux des autres provinces,
parce que nous avons là un barème de comparaison qui,
sans s'imposer de façon absolue, nous permet de nous situer.
J'ajouterais ceci: Une fois le rattrapage effectué chez les
francophones, le taux idéal sera le plus élevé possible.
Autrement dit, nous devons continuer de pousser dans la même direction,
comme le ministère l'a fait depuis quelques années, de
façon que le taux passe du 50%, grosso modo, qu'il est à l'heure
actuelle, à 55% et à 60%. Je doute, cependant, que nous puissions
nous éloigner radicalement des moyennes observées en
Occident.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il n'est pas question,
pour moi, de dramatiser; je ne veux rien dramatiser.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je
ne disais pas que vous aviez dramatisé, Mme le député, je
ne voudrais pas qu'il y ait de malentendu.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Mais d'autres seraient peut-être
enclins à faire un drame. Je disais simplement que tant que nous sommes
dans la moyenne, on peut tenter d'améliorer la situation sans
s'énerver.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre et ses fonctionnaires ne peuvent pas
me donner la réponse ce matin, mais il reste que la moyenne
m'inquiète un peu, dans le sens qu'on peut présumer et je
n'ai pas les données, c'est pour cela que je demande si le
ministère serait intéressé à les retrouver
que la scolarité, par exemple dans les Maritimes, abaisse cette moyenne.
À ce moment, se situer dans la moyenne peut être rassurant,
évidemment, par rapport à l'ensemble du Canada, mais compte tenu
des efforts financiers et des investissements que les contribuables ont faits
depuis dix ans, et vu que ce fameux problème d'accessibilité est
soulevé à tous les niveaux d'enseignement, évidemment,
peut-être moins à l'élémentaire, mais sûrement
au secondaire et d'une façon plus cruciale au collégial et
à l'université je pense que ce sont peut-être des
données qui, d'une façon précise, pourraient être
intéressantes à obtenir.
Évidemment, on parle davantage du problème
d'accessibilité rendu au collège et à l'université,
mais c'est vraiment à l'élémentaire et au secondaire qu'on
assure l'accessibilité des autres niveaux. C'est dans ce sens que ces
statistiques, prises séparément, sont intéressantes, car
il y a une progression d'étudiants qui arrivent au niveau du
cégep, mais encore faut-il pouvoir les comparer avec la population
étudiante qui entre à l'élémentaire.
Il y a un progrès de 39% à 45%, entre 1971 et 1976.
M. Morin (Sauvé): C'est juste.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans ce sens que je demande que le
ministère examine cela de plus près, pas nécessairement
aujourd'hui, ni demain.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais ajouter un mot seulement. La
comparaison la plus éloquente est évidemment celle que l'on peut
faire avec l'Ontario. Or, sur ce plan, le Québec, globalement, se
compare avec l'Ontario. Il n'y a pas de différence notable. Ce sont les
francophones qui, évidemment, par rapport aux anglophones du
Québec, tirent un peu de la patte. Cela s'explique, comme vous le savez,
par des raisons qui, à mon avis, sont d'ordre sociologique. Cela tient
aux mentalités. Si le taux s'améliore lentement mais
sûrement, c'est parce que les mentalités des
Québécois évoluent lentement mais sûrement. Tout
cela est lié à la valorisation de l'instruction chez les jeunes,
à la valeur que les parents accordent à l'instruction et à
l'idée qu'ils en donnent aux jeunes. Or, ces phénomènes
qui sont fondamentaux ne se modifient que très lentement.
Je ne sais pas qui disait: Les idées changent vite, les
structures, un peu moins vite, mais les mentalités alors!
M. Le Moignan: M. le Président, si Mme le
député le permet...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vous en prie.
M. Le Moignan: ... je vois une observation très
encourageante pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, où c'est
passé de 48% à 58%; cette région occupe le premier rang,
quand on constate qu'elle a perdu environ 50 000 citoyens dans les cinq
dernières années. Je ne sais pas à quoi vous pouvez
attribuer cette hausse qui est la plus forte après le taux de passage
ici. Je trouve que c'est encourageant pour notre coin, où la grande
majorité est francophone, il n'y a pas de doute, et où beaucoup
de francophones ont quitté aussi cette région.
M. Morin (Sauvé): Nous n'en connaissons pas exactement les
raisons, M. le député. C'est peut-être votre influence
bénéfique dans la région, je ne sais trop.
M. Le Moignan: Cela ne fait pas assez longtemps, pour tout le
Bas-Saint-Laurent. Je suis très modeste.
M. Morin (Sauvé): Dans la foulée du livre blanc
c'est une expression que Mme le député de L'Acadie
affectionne particulièrement...
M. Le Moignan: Dans la foulée, oui, tout le monde commence
à l'affectionner.
M. Morin (Sauvé): Vous aussi? M. Le Moignan:
Oui.
M. Morin (Sauvé): J'ai l'intention de faire analyser ces
taux de plus près pour tenter de
savoir pourquoi il y a eu cette progression spectaculaire dans la
Gaspésie-Bas-Saint-Laurent, et pourquoi, par exemple, dans le Nord-Ouest
la situation est beaucoup moins intéressante, puisqu'il y avait
même eu une certaine baisse entre 1971-1972 et 1973-1974.
M. Le Moignan: Je trouve cela très encourageant, parce que
nous sommes tellement considérés comme habitant une région
défavorisée, de voir au moins que, de ce
côté-là, il y a un véritable effort qui se maintient
ou qui augmente.
M. Morin (Sauvé): Si vous avez une idée des raisons
qui expliquent cela, M. le député, je serais très
intéressé à les connaître. J'ai l'impression que
cela peut toucher à l'évolution des mentalités.
M. Le Moignan: J'en causerai avec le député de
Matapédia; il doit être aussi touché par les mêmes
chiffres.
Mme Lavoie-Roux: Encore faudrait-il savoir quel est le taux de
persévérance des élèves du Bas-Saint-Laurent et
Gaspésie qui parviennent au secondaire V, parce que vous ne nous donnez
que la passage du secondaire V au collégial; encore faudrait-il avoir
les données... Si c'est cela, j'en serais fort aise parce que la
proportion est la même qu'ailleurs; cela indiquerait, assurément,
un progrès.
Comme on ignore ceux qui se sont rendus au secondaire V par rapport
à l'ensemble de la population, à ce moment-ci, il faut...
M. Le Moignan: Au collège de la Gaspésie, les
chiffres augmentent d'année en année, du moins en ces
dernières années, graduellement.
M. Morin (Sauvé): Ma curiosité est piquée,
également, et je vais demander qu'on examine cette question de
très près, dans l'espoir que, l'année prochaine, nous
pourrions revenir sur la question lors de l'étude des crédits et
aller un peu plus loin dans notre analyse.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, la raison pour laquelle j'ai
posé cette question, M. le ministre, c'est parce que le sous-ministre
avait exprimé l'intention c'est peut-être vous, M. le
ministre que le ministère s'applique, de façon
particulière, à faciliter cette accessibilité au niveau
supérieur d'enseignement, particulièrement dans les
régions qui vous apparaissaient les plus défavorisées. Il
semblerait, ici, que ce serait le Nord-Ouest et l'Outaouais, si on s'en tenait
strictement aux statistiques qui sont devant nous. Encore, dans
l'Outaouais...
M. Morin (Sauvé): L'Outaouais est reconnu pour une
progression encore plus spectaculaire que la Gaspésie-Bas-Saint-Laurent.
À proprement parler, c'est une progression de l'ordre de 12%, si je ne
m'abuse. Vous n'avez pas tout à fait le championnat, M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: Non, mais tout de même, nous sommes à
58%; c'est encourageant pour notre région.
M. Morin (Sauvé): Je ne le conteste pas.
M. le Président, si nous avons maintenant répondu à
toutes les questions qui ont été soulevées, je vous
proposerais que nous passions, le plus tôt possible, à
l'enseignement universitaire.
Mme Lavoie-Roux: Une seule question, relative au bail de location
entre le collège de La Pocatière et le collège... entre
les deux collèges. Si vous calculez une somme de $465 000, nette
évidemment, je n'entre ni le chauffage ni l'électricité,
où qu'on soit il faudrait le payer, et laissons de côté,
aussi, le montant forfaitaire, parce qu'il semble qu'il a fallu régler
ces comptes, de toute façon et que vous multipliez cela par
quinze ans, vous arrivez je le fais vraiment $4 650 000 et vous divisez
un autre million vous arrivez à tout près de $7
millions... $6 975 000.
M. Morin (Sauvé): Mettons $7 millions parce que nous
avons, également, regardé ces calculs de très près.
Je vous laisse terminer votre idée.
Mme Lavoie-Roux: Hier soir, vous avez dit: Nous allons ajouter un
immeuble au coût de $7 millions je dis tous ces chiffres de
mémoire, parce que je n'ai pas vérifié dans les
galées, ce matin ce qui nous ferait faire une économie de
$7 millions. Évidemment, il y a aussi la question des investissements
d'argent qu'il faut calculer, l'intérêt sur
l'investissement...
M. Morin (Sauvé): L'intérêt, surtout
l'intérêt.
Mme Lavoie-Roux: Tout ce dont je veux m'assurer, c'est que,
vraiment, on aurait... J'aurais aimé avoir, sur une feuille, blanc sur
noir, tous ces calculs qui montrent, d'une façon définitive, que
c'est un bon placement. Il reste quand même, que ceci demeurera une
propriété privée, vous allez toujours avoir une partie du
cégep qui va être dans une institution privée et si jamais
vous vouliez vous en porter acquéreur, il faudra parler d'autres frais.
J'imagine que tous ces calculs ont été faits et si on pouvait
nous en donner une copie, ce serait intéressant. (10 h 30)
M. Morin (Sauvé): Mme le député, je vais
demander qu'on vous établisse tous ces chiffres en noir sur blanc. Mais,
grosso modo, la situation est la suivante: Nous avons calculé que s'il
nous fallait construire un cégep entièrement neuf, laissant de
côté les 431 000 pieds carrés qui sont disponibles, il
aurait fallu compter, évidemment, avec des emprunts, le service de la
dette sur quinze ans, et le montant était plus élevé que
celui auquel nous arrivons avec un bail fixe pour quinze ans, tel que nous
l'avons prévu.
Si le bail avait été escaladé, il y aurait pu y
avoir par exemple en fonction du coût de la vie ou Dieu sait quel
autre critère un désavantage à
louer les espaces du collège privé. Donc, sur le plan
strictement financier, c'est plus intéressant de procéder comme
nous l'avons fait.
En second lieu, je ne pouvais pas me résoudre et je suis
sûr que le ministre des Finances non plus n'aurait pu se
résoudre à laisser inoccupé un bâtiment qui,
à toute fin pratique, est presque neuf et comporte 431 000 pieds
carrés.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas songé à vous
porter acquéreur du cégep?
M. Morin (Sauvé): II aurait fallu que l'autre partie y
consentît, ce qui n'était pas le cas.
Mme Lavoie-Roux: II faudra peut-être en faire
l'acquisition...
M. Morin (Sauvé): Nous verrons, après quinze ans;
c'est à réexaminer, et même...
Mme Lavoie-Roux: On ne sera plus là, M. le ministre; on
laissera le problème aux autres.
M. Morin (Sauvé): J'espère que je l'ai bien
réglé pour quinze ans, en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est cela. M. Morin (Sauvé):
C'est déjà quelque chose.
École de pilotage de Chicoutimi
Mme Lavoie-Roux: II y avait une seule question, c'était
l'école de pilotage du cégep de Chicoutimi. J'ai un dossier fort
épais dont vous avez certainement eu les originaux, M. le ministre. Cela
va me permettre d'en laisser un à mon bureau, cela traîne
depuis...
M. Morin (Sauvé): Effectivement, nous avons des dossiers
fort épais sur à peu près tous les établissements.
Je ne peux pas savoir ce qui se cache dans l'épaisseur du
vôtre.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez une copie, M. le ministre. Vous en
avez eu une copie qui a été adressée à M.
Jacques-Yvan Morin, ministre de l'Éducation, Hôtel du gouvernement
à Québec.
Pour aller brièvement on n'a pas de temps à perdre
c'est tout le problème qui a été soulevé par
M. Demers, le président des Gens de l'air, qui vous écrivait au
mois de mai 1978: "II nous fait plaisir de joindre à la présente
la réponse du collège de Chicoutimi au mémoire soumis
à votre attention par l'Association des gens de l'air du Québec,
en date du 28 mars 1978, sous le titre: Formons-nous des assimilés?
'
C'est la question, somme toute. Je pense que, de part et d'autre, il
semble y avoir eu des ambiguïtés, mais c'est vraiment la question
fondamentale qui se pose. Est-ce que... autant que le mémoire des Gens
de l'air le prétend, une grande partie des livres mis à la
disposition sont en anglais, qu'on parle trop l'anglais... enfin, la ques- tion
de la francisation, si tel est le cas, de l'école de pilotage de
Chicoutimi. Je pense qu'il y a eu certaines exagérations faites et que
la question technique ou la qualité technique de l'enseignement n'est
pas remise en question, mais c'est strictement sur l'aspect linguistique de
l'école de pilotage.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, l'école
de pilotage du cégep de Chicoutimi, on le sait, est une école du
Québec, relevant du ministère de l'Éducation, mais qui
s'occupe d'un secteur qui est de compétence fédérale.
Une fois de plus, nous retrouvons les inconvénients, pour les
Québécois, d'être assis non pas entre deux chaises, mais
sur deux chaises, dont l'une n'est pas exactement du même gabarit que
l'autre.
La liberté d'action de l'école de pilotage est donc
réduite. Elle est évidemment obligée de tenir compte dans
ses enseignements de la présence d'un gouvernement qui tend à
imposer la langue anglaise dans tout ce qu'il fait. Ce n'est pas l'école
qui détermine les conditions de pratique. Pour la direction, la langue
des communications aériennes semble avoir plus d'affinité avec le
concept de code, sur lequel nous pourrons nous étendre tout à
l'heure, qu'avec celui de langue. Bien qu'elle reconnaisse que ce code est
emprunté à la langue anglaise, la connaissance et la
maîtrise n'en rendent pas pour autant l'étudiant apte à
tenir une conversation anglaise. Il faut donc faire une distinction,
d'après la direction de l'école, entre l'apprentissage de la
langue et l'apprentissage d'un code qui permet d'effectuer les vols avec plus
de sécurité.
C'est pour cette raison que le collègue offre à ses
étudiants, en plus du code, un certain nombre de cours d'anglais pour
leur donner une certaine maîtrise de la langue seconde. Or, les
étudiants sont presque tous d'expression française et
peut-être que l'école n'a pas suffisamment tenu compte de ce fait.
Évidemment, elle doit former des pilotes pour un marché du
travail qui se situe dans le contexte nord-américain. Il faut donc
qu'elle s'assure que ces pilotes puissent naviguer sur l'ensemble des
territoires de l'Amérique du Nord. Mais d'autre part, compte tenu de
l'évolution du Québec, compte tenu du fait que certains de ces
pilotes n'exerceront probablement leur métier qu'au-dessus du territoire
québécois, elle doit, à mon avis, également
s'assurer que les pilotes pourront diriger leur avion, pourront apprendre le
code de vol également dans la langue française.
L'école nous dit qu'en principe elle soutient le bilinguisme dans
les communications aériennes, mais je ne pense pas qu'on puisse dire que
celle-ci se soit donné une véritable politique en vue d'atteindre
cet objectif. Les étudiants, semble-t-il, ne sont pas
sensibilisés au problème, ni dans un sens, ni dans l'autre, par
l'école. Comme l'ont laissé entendre certains porte-parole des
Gens de l'air récemment, son fonctionnement a plutôt
favorisé le statu quo. Elle enseigne aux étudiants le respect de
toutes les réglementations actuelle-
ment fixées par le gouvernement fédéral, et ce,
aussi bien en matière de communications aériennes qu'en tout
autre domaine. Et je ne lui contesterai pas la responsabilité de faire
connaître à ses étudiants la réglementation telle
qu'elle existe actuellement. C'est sa première responsabilité.
Toutefois, je pense que l'école va devoir évoluer au rythme du
Québec, et j'ai l'intention, maintenant qu'on m'a saisi du dossier
c'est un dossier encore assez récent, comme Mme le
député s'en rendra compte...
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression que je viens de vous en
saisir, du dossier.
M. Morin (Sauvé): Pas exactement, non. D'ailleurs, les
journaux en ont fait état.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas vu cela dans les journaux.
M. Morin (Sauvé): Je l'ai vu dans les journaux.
Déjà, d'ailleurs, le ministère s'était mis à
l'étude pour essayer d'établir les faits. Effectivement, j'ai
devant moi ce qu'on appelle la sténo d'autorisation, et tout est
rédigé en anglais. Il va donc falloir que nous y voyions et que
nous exigions de l'école qu'elle soit consciente du fait qu'elle est une
école québécoise.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux bien que le
ministre profite de l'occasion pour nous dire que c'est la faute du
fédéral il ne pouvait manquer cette occasion en or de
faire un peu de politique mais il reste que, néanmoins, il y a
des responsabilités qui sont du ressort du ministère de
l'Éducation et c'est quand même une école de pilotage qui
est intégrée au collège de Chicoutimi. C'est un
cégep dont la responsabilité relève du ministère de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): Mais qui applique une
réglementation fédérale, je vous le
répète.
Mme Lavoie-Roux: Dans quelle mesure...
M. Morin (Sauvé): Vous êtes, vous aussi, Mme le
député, assise sur deux chaises. Non seulement cela, mais vous en
êtes satisfaite.
Mme Lavoie-Roux: Je me sens confortable, M. le ministre,
peut-être plus que vous. Ce que je demande c'est: Comment se fait-il que,
jusqu'à maintenant, ce problème n'ait pas fait... Il y a une
situation qui n'existe pas, je pense, seulement pour les étudiants. Si
vraiment certains d'entre eux se sentent frustrés ou même
écartés du collège parce qu'il y aurait trop de choses qui
se feraient en anglais... quoiqu'un mémoire des étudiants tend
à contredire la prétention des Gens de l'air en disant que,
finalement, ce sont simplement les questions techniques ou certains aspects de
l'enseignement technique qu'ils doivent faire en anglais, mais que tout le
reste se fait selon le programme normal d'un cégep et que l'enseignement
se fait en français.
Ma question précise est celle-ci: Est-ce que le ministère
entend apporter son appui ou même former un comité où se
trouveraient représentés tant l'Association des gens de l'air que
le ministère de l'Éducation, que le cégep, pour vraiment
aller au fond de cette question et voir dans quelle mesure, par exemple, le
ministère pourrait favoriser la création de textes en
français pour l'enseignement du pilotage au Québec? Ce serait ma
première question.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais
faire observer que la première personne à attirer mon attention
sur cette question a été le député de Sainte-Marie,
dans une question qu'il m'avait posée au feuilleton, il y a
déjà quelque temps. Les réponses que j'ai
été amené à faire aux questions de M. Bisaillon
sont les suivantes:
Vous savez qu'il existe trois voies ou trois options qui sont offertes
par l'école: ligne, brousse et hélicoptère. Le vol de
brousse, se faisant à vue, ne présente pas de problèmes
particuliers, parce que, comme vous le savez, sur le territoire du
Québec les communications en français sont autorisées par
le ministère des Transports fédéral pour le vol à
vue, sauf pour Dorval et Mirabel. La langue anglaise est, cependant, beaucoup
plus utilisée pendant la formation des futurs pilotes de ligne et des
futurs pilotes d'hélicoptère.
J'ai l'intention de pousser ce dossier, comme je l'ai indiqué il
y a un instant. Mais il est évident que l'école, si elle veut
être une école sérieuse, tant que nous serons
passez-moi l'expression - "poignés" dans le système
fédéral, ne peut pas faire autrement que de respecter la
réglementation en vigueur. La réglementation en vigueur
n'autorise le français que dans le vol à vue et encore, pas
à Dorval ni à Mirabel. M. le Président, j'attendrais du
député de L'Acadie qu'elle nous dise comment on peut se
dégager de cette réglementation fédérale. Je serais
très intéressé... Si je forme un comité, je
l'inviterai sûrement à venir y siéger pour qu'elle nous
donne son sentiment là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: C'est encore...
M. Saint-Germain: M. le ministre veut dire que, dans un
Québec séparé, les pilotes de ligne n'apprendront pas
l'anglais. Est-ce cela qu'il veut dire?
M. Morin (Sauvé): Ils apprendront le français et
l'anglais.
M. Saint-Germain: Le français, ils vont le savoir, c'est
leur langue maternelle.
M. Morin (Sauvé): Oui, mais il y a un code, M. le
député, pour le cas où vous ne le sauriez pas.
M. Saint-Germain: À Montréal, 40 milles au sud, 40
milles à l'ouest et 40 milles à l'est, vous tombez en territoire
étranger au Québec, dans un Québec séparé.
Un pilote de ligne ne volera pas au Québec.
M. Morin (Sauvé): C'est juste, mais le mot
"séparé" est inexact, M. le Président.
M. Saint-Germain: II volera en dehors du Québec. Quand il
arrivera à Boston, il parlera en anglais. (10 h 45)
M. Morin (Sauvé): II faut parler d'un Québec
associé et non pas d'un Québec séparé.
Mme Lavoie-Roux: Parlons de l'association. Allons donc! Allons
donc!
M. Morin (Sauvé): C'est une querelle
sémantique.
M. Saint-Germain: Quand vous dites, M. le ministre, que les
pilotes de ligne dans un Québec séparé ne parleront pas
anglais, ou ne seront pas obligés de parler anglais, c'est de la folie
pure. C'est ce que vous avez dit.
M. Morin (Sauvé): Mais je n'ai pas dit cela, M. le
Président. La meilleure façon, évidemment, de tenter
d'asséner des coups à l'adversaire, c'est de lui faire dire des
idioties. Mais, s'il y a idioties, elles...
M. Saint-Germain: Vous parlez d'hélicoptère, du
pilote de brousse et du pilote de ligne, si je ne m'abuse.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, M. le
député de Jacques-Cartier, s'il vous plaît, laissez le
ministre terminer sa réponse.
M. Saint-Germain: En tout cas, si le Québec est
séparé et si nous avons des pilotes de ligne qui ne parlent que
le français, je vais prendre l'avion à New York.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Morin (Sauvé): Si idioties il y a, elles sont le fruit
du cerveau prolifique du député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Vous relirez le journal des Débats. Il y
a une limite, vous savez. Il ne faut pas prendre les gens pour des
imbéciles.
M. Morin (Sauvé): Je n'ai jamais déclaré
qu'un pilote de ligne pourrait fonctionner uniquement en français au
Québec, mais il devrait pouvoir fonctionner en français au dessus
du territoire du Québec.
M. Saint-Germain: Une belle petite ligne. Une ligne mineure!
M. Morin (Sauvé): C'est évident que s'il doit voler
au dessus de territoires voisins du Québec, en Amérique du Nord,
il faudra, évidemment, que l'école de pilotage de Chicoutimi lui
apprenne le code rédigé en langue anglaise. Cela va de soi, mais
nous parlons d'une école comme Mme le député de
L'Acadie le faisait observer il y a un instant, ce n'est pas moi qui ai
soulevé la question québécoise, située en
territoire québécois.
Mme le député, peut-être pourriez-vous faire un
dessin à votre collègue de Jacques-Cartier.
Mme Lavoie-Roux: Je me doutais fort bien que si j'apportais ce
dossier il y a une expression en anglais, le ministre pourra le dire,
lui qui parle si bien l'anglais: "To open a can of worms ' je m'en
doutais. M. le ministre, je suis prête à vous donner ma
collaboration, quoique je ne pense pas que je puisse être d'une
très grande utilité, ma seule préoccupation c'est qu'on a
au Québec une école de pilotage située dans un
cégep français. Je pense qu'il y a des contraintes qui ne sont
pas nécessairement des contraintes fédérales, mais fort
bien des contraintes nord-américaines, comme l'indique mon
collègue de Jacques-Cartier. Mais en dépit de ces contraintes, je
pense que le ministère de l'Éducation, en collaboration avec le
cégep et des spécialistes de l'aviation dont je ne suis
pas pourrait fort bien examiner le problème, pour que, le plus
possible, on permette à ces étudiants de se sentir à
l'aise dans un cégep qui est le leur.
C'est la seule raison pour laquelle j'ai soulevé cette question,
puisqu'on avait reçu vous l'avez reconnu vous même
une documentation suffisamment épaisse pour que le problème soit
soulevé quelque part.
M. Morin (Sauvé): Oui, Mme le député de
L'Acadie a parfaitement raison de soulever ce problème qui, comme je
l'ai déjà souligné, m'avait été
apporté par le député, de Sainte-Marie.
Je suis heureux de vous apprendre, Mme le député, en
réponse à votre question de tout à l'heure, qu'un
comité est déjà formé pour l'application de la
terminologie aéronautique française. Ce comité s'appelle
le CATAF, autre sigle à ajouter à notre panoplie.
Mme Lavoie-Roux: Tant que cela ne sera pas le cafard, cela
va.
M. Morin (Sauvé): Lavez-vous, madame?
Le CATAF est un comité consultatif visant à favoriser
l'usage de la terminologie française dans l'enseignement dispensé
à l'école de pilotage du cégep de Chicoutimi. Ses
objectifs sont les suivants:
Premièrement, faire des recommandations pour que le plus grand
nombre possible de textes d'enseignement et de référence
utilisés à l'école de pilotage soient en
français;
Deuxièmement, aider le personnel dans l'usage de la terminologie
française correcte à utiliser dans l'exercice de leur
profession;
Troisièmement, tenir les organismes qui oeuvrent pour la
promotion de la langue française au courant de l'action de
l'école et solliciter de leur part les recommandations utiles.
Parmi les moyens énumérés pour en arriver à
ces objectifs, je me permets de citer les suivants:
Premièrement, collaborer, avec le ministère de
l'Éducation du Québec et les autres ministères ayant
compétence dans ce domaine, à l'applica-
tion de la Loi sur la langue officielle du Québec;
Deuxièmement, entretenir avec l'Association des gens de l'air du
Québec des rapports de collaboration efficaces et
bénéficier des services qu'elle met à notre disposition; y
affilier le comité;
Troisièmement, faire connaître, par une publicité
appropriée, l'action du comité au sein de l'école de
pilotage. Voilà la réponse la plus précise et la plus
nette que je puisse donner à votre question, Madame.
Mme Lavoie-Roux: Je suis satisfaite, M. le ministre... Je n'en ai
pas, allez-y. J'ai fini.
Le Président (M. Dussault): M. le député
de... selon le principe de l'alternance, ce serait à votre tour, M. le
député de Gaspé.
M. Le Moignan: C'est sur le même sujet. Je sais que le
ministre pourrait peut-être me référer à son
collègue des communications, mais question de curiosité,
puisqu'on parle de communications pour les Gens de l'air, si nous transposions
pour les Gens de la mer. Je ne fais aucune allusion à l'École de
marine de Rimouski dont je ne connais pas le programme de formation des
capitaines ou des communications. Je voudrais savoir s'il y a des lois qui
régissent, qui relèvent du fédéral pour les
communications qui se font sur la voie navigable du Saint-Laurent, puisque
certaines communitions doivent s'établir quand on approche, quand on
aborde un port?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le député. M.
Le Moignan: C'est la même chose?
M. Morin (Sauvé): II me semble qu'un vieux patriote comme
vous, au pied marin...
M. Le Moignan: Mon grand-père était capitaine, mais
il était bilingue. Il est décédé, je ne lui ai
jamais posé la question.
M. Morin (Sauvé): Y avait-il un rapport entre les deux
phénomènes? Passons.
M. Le Moignan: Vous ne répondez pas à ma
question.
M. Morin (Sauvé): M. le député,
malheureusement, la navigation, qu'elle soit aérienne ou maritime,
relève du gouvernement fédéral, même sur le
Saint-Laurent, en plein milieu du pays québécois. C'est un
gouvernement essentiellement de langue anglaise qui a la compétence
nécessaire pour imposer ces règlements. Je suis
étonné que vous n'ayez pas tiré de cela des conclusions
depuis longtemps.
M. Le Moignan: Je croyais que cela pouvait être très
différent, parce que ce n'est pas le même phénomène.
On peut naviguer, voyager sur la mer avec des bateaux, mais à ce
moment-là, on ne se promène pas dans les airs.
Mme Lavoie-Roux: ... la fonction publique est à la veille
de nous créer notre marine; elle pourrait être
française.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne suis
même pas sûr de cela, parce que si le Québec devait se doter
d'une marine à lui, lorsque cette marine naviguerait sur le
Saint-Laurent, il faudrait qu'elle soit sujette aux réglementations
fédérales. Voilà de quoi vous faire
réfléchir, M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Je vous pose la question; cela me fait
réfléchir.
M. Morin (Sauvé): J'y réponds.
Mme Lavoie-Roux: Malheureusement; ce serait déjà un
progrès par rapport à la situation actuelle où le
Saint-Laurent est colonisé, dominé. Le fleuve, sur le plan de la
navigation, relève du gouvernement fédéral, pour le cas
où vous ne le sauriez pas.
M. Le Moignan: On ne peut pas tracer de barrière sur le
fleuve; c'est cela le pire.
M. Morin (Sauvé): Que disiez-vous, M. le
député?
M. Le Moignan: Le fleuve se prolonge, il va continuer, il va
toujours couler.
M. Morin (Sauvé): Oui, alors, quelle conclusion tirez-vous
de cela? Voulez-vous dire que comme le fleuve, vous coulerez sans cesse sans
jamais prendre de décision?
M. Le Moignan: Non. Je dis que des décisions s'imposent;
je ne veux pas dire qu'on doit tout angliciser dans la navigation maritime
ce n'est pas mon idée même si on touche les
Provinces Maritimes, même si on touche l'Ontario. Je voulais seulement
savoir si nous étions sujets aux mêmes réglementations.
Vous m'avez dit oui.
M. Morin (Sauvé): Je vous décris la situation
juridique pénible dans laquelle se trouve le Québec. Depuis de
nombreuses années, le gouvernement fédéral impose sa
propre réglementation pour ce qui est des communications maritimes ou
aériennes.
M. Le Moignan: Mais dans un Québec associé, comme
vous dites, ou dans un Québec séparé, c'est fort possible
qu'il y ait d'autres réglementations.
M. Morin (Sauvé): Les communications maritimes pourraient
très bien, et en toute sécurité, se faire en
français.
Mme Lavoie-Roux: L'eau va couler de toute façon.
M. Saint-Germain: Notre fleuve, notre beau Saint-Laurent prend
source dans des eaux anglaises; la Providence n'a jamais été avec
nous.
M. Morin (Sauvé): C'est la première fois que
j'entends parler d'eaux anglaises, M. le Président.
M. Saint-Germain: Les Grands Lacs, M. le ministre, c'est en
anglais dans les Grands Lacs. Catastrophe!
M. Morin (Sauvé): II est normal qu'en Ontario...
M. Saint-Germain: En séparant le Québec, on fait le
barrage.
M. Morin (Sauvé): Non. Il est normal qu'en Ontario on
parle anglais, mais lorsqu'on est au Québec, on doit s'exprimer en
français et cela prend un esprit colonisé pour penser le
contraire.
M. Saint-Germain: Je ne parlais pas de colon, je parlais d'eau,
de navigation.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le
député de Gaspé avait terminé son intervention?
M. Le Moignan: Oui. C'est l'unique question, pour le moment, que
j'avais à poser, pour ne pas prolonger le débat sur cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on passe aux universités, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): On pourrait passer aux
universités, pour changer le sujet, si vous le désirez; je suis
à votre disposition.
M. Saint-Germain: Vous nous amenez dans des discussions
très glissantes et très sérieuses.
M. Morin (Sauvé): Et tout à fait fondamentales,
mais, M. le député, en tout respect, je n'avais pas dit que vous
étiez colon. J'avais dit que vous étiez colonisé; ce n'est
pas la même chose!
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, quand vous vous promenez sur le
fleuve, vous vous promenez toujours dans un état
d'anxiété?
M. Morin (Sauvé): II ne m'arrive malheureusement pas de me
promener souvent sur le fleuve en raison de mes fonctions. Est-ce que Mme le
député, elle, se promène souvent sur le fleuve?
Mme Lavoie-Roux: De temps à autre!
M. Morin (Sauvé): Je n'oserais y nager parce que les
belles eaux anglaises nous apportent beaucoup de pollution!
Mme Lavoie-Roux: C'est le comble des préjugés, pour
ne pas dire autre chose.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas drôle vous savez !
Mme Lavoie-Roux: C'est vraiment triste, vous êtes à
plaindre.
M. Morin (Sauvé): C'est une situation vraiment
insupportable, je crois. C'est l'une des raisons pour laquelle parce que
ce n'est pas la seule situation insupportable dans laquelle se trouve le
Québec il faut changer ce régime.
Le Président (M. Dussault): Madame et messieurs...
M. Saint-Germain: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Jacques-Cartier?
M. Saint-Germain: J'avais demandé la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Je vous la donne, M. le
député.
M. Saint-Gemain: À cette école de pilotage, je
suppose que tous les manuels sont anglais ou presque tous les manuels sont
anglais?
M. Morin (Sauvé): La plupart des manuels sont
rédigés en langue anglaise puisque la réglementation est
faite en anglais. Les termes de pilotage courants, comme vous le savez, sont
anglais, et le ministère fédéral des Transports n'a
autorisé, jusqu'ici, les communications en français que pour les
vols à vue.
M. Saint-Germain: Cela est bien correct mais cela n'a rien
à voir avec les volumes dans lesquels les étudiants font leurs
études.
M. Morin (Sauvé): Mais, évidemment, ils prennent
aussi des cours fondamentaux à côté des cours strictement
de pilotage, ils prennent aussi des cours de mathématiques, des cours de
sciences et cela se fait naturellement en français.
M. Saint-Germain: II ne faut pas, M. le Président, se
scandaliser si ces livres sont en anglais. Premièrement, tout le monde
sait que, depuis la dernière guerre, ce sont les Américains qui
sont à la pointe du développement aéronautique, et ces
Américains, ces pauvres gars, travaillent en anglais. Que voulez-vous,
ce sont des malheureux, mais c'est une question de faits...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas malheureux!
M. Saint-Germain: ... et vous avez cela dans bien des domaines,
bien des champs d'activités aujourd'hui. Ce sont les États-Unis,
par leur influence, leur développement technique, leur finance, leur
force à tous points de vue, au point de vue
politique internationale, qui imposent leur langue. Ils ne l'imposent
pas d'une façon systématique; elle est imposée simplement
par leur présence et, bien souvent, simplement par leurs
succès.
M. Morin (Sauvé): Personne ne vous dit le contraire.
M. Saint-Germain: Alors, il me semble être absolument
évident que. puisqu'il y a une école de pilotage sous la
responsabilité du gouvernement du Québec, au lieu d'en faire de
la politique, il serait bien plus simple que le gouvernement dépense
quelque cent mille dollars pour faire la traduction de ces livres. Si le
gouvernement commençait à faire cela, il montrerait un peu de
bonne volonté. Cela serait un précédent et probablement
que, si ces livres sont bien traduits et si, peut-être avec la
collaboration du gouvernement français, on trouve les termes justes pour
faire ces traductions, le gouvernement aurait fait, dans un champ
d'activité donné et il y a bien d'autres champs comme
celui-là un pas positif. Mais tant qu'on se limitera à
faire de la politique là-dessus, cela ne nous fera avancer à
rien; l'aviation continuera à avoir, comme langue officielle, l'anglais.
Alors, il faut tenir le juste milieu là-dedans. Quelle que soit la
situation politique du Québec, ce sera exactement la même
chose.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai
déjà dit tout ce qu'il y avait à dire sur la question. Il
est évident, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, que le
Québec doit tenir compte de sa situation en pleine Amérique du
Nord et qu'il doit avoir le souci d'assurer une formation pour ses futurs
pilotes qui les rende aptes à naviguer n'importe où; ceci n'est
pas remis en question. Seulement, sur le territoire du Québec, il serait
normal qu'ils puissent s'exprimer en français.
M. Saint-Germain: C'est absolument normal.
M. Morin (Sauvé): J'aimerais bien savoir lequel des deux
députés je dois entendre. Mme le député me
réclame une chose, vous semblez n'être pas d'accord avec cela. (11
heures)
M. Saint-Germain: Je vous réclame la même chose,
mais je veux vous dire que dans ce domaine comme dans bien d'autres domaines,
ce n'est pas avec des discours, en faisant nécessairement de la
politique qu'on arrive à des résultats, c'est en mettant du
français partout et quotidiennement et que le gouvernement prenne ses
responsabilités...
M. Morin (Sauvé): Très bien. C'est la raison pour
laquelle...
M. Saint-Germain: ... et qu'il les fasse les traductions. Il n'y
a rien, il n'y a aucun règlement fédéral qui oblige un
professeur à donner un cours en anglais dans la province de
Québec, s'adresserait-il au pilotage ou à qui que ce soit, dans
n'importe quelle discipline. On peut ensei- gner ce qu'on veut, dans la langue
qu'on veut et avec les volumes qu'on veut. Il n'y a pas de loi
fédérale pour cela. Tout le monde sait cela.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, les cours se
donnent en français. Je m'empresse de rassurer le député,
il ne semble pas avoir suivi la question que Mme le député de
L'Acadie soulevait tout à l'heure qui n'est pas une question qui a trait
à l'enseignement, c'est une question qui a trait au vol et
j'espère mettre fin à cette discussion.
M. Saint-Germain: Et si dans cet enseignement en particulier vous
essayez d'en faire un enseignement exclusivement en français, vous
formerez des pilotes, comme je le disais tout à l'heure, qui navigueront
sur les petites lignes. C'est aussi bête que cela, mais c'est la
vérité, purement et simplement. Aussi bien la dire...
M. Morin (Sauvé): Personne n'a jamais soutenu une
idée aussi saugrenue, c'en est une de plus à ajouter à
votre panoplie.
M. Saint-Germain: Malheureusement, dans la vie, il semble que
ceux qui sont les plus frustrés par la langue sont ceux qui sont
parfaitement bilingues, mais les gens dans la province de Québec, les
jeunes dans la province de Québec qui, pour des raisons politiques,
n'apprennent pas l'anglais, eux sont frustrés. L'expérience de la
vie, l'expérience pratique leur enseigne très vite, que si on
veut aller de l'avant dans la province de Québec, que ce soit dans le
domaine scientifique, que ce soit dans des champs d'activité comme le
pilotage, la marine, le commerce extérieur ou dans tous ces champs
d'activité, quand les gens ne sont pas bilingues, quand les
Québécois ne sont pas bilingues, ils se trouvent frustrés
là et ils le regrettent habituellement toujours. C'est de la folie pure
que d'essayer de former des jeunes unilingues au Québec, ce n'est pas la
façon de protéger la culture française et
l'éducation non plus.
Alors, qu'on les traduise les livres...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai oui-dire
que les gens les plus frustrés ont une tendance à parler trop et
j'espère mettre fin à ce débat.
Mme Lavoie-Roux: Soyez prudent, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): J'aimerais mettre fin à ce
débat... Je voudrais mettre fin...
M. Saint-Germain: Parce que si on relève le journal des
Débats, écoutez une minute, vous poussez dessus pas mal. Vous
êtes un mauvais juge, vous jugez mal votre cas, là.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M. le
député de Jacques-Cartier, compte tenu qu'à l'ajournement
des débats, hier, nous avions convenu d'adopter le programme que nous
discutions sous réserve de quelques questions qui
devaient revenir ce matin, qui sont revenues et que ce que nous
discutons actuellement ne relève pas de ces questions qui devaient
revenir ce matin, je vous demanderais s'il vous plaît de mettre fin
à ces discussions et que nous passions, puisque la question que Mme le
député soulevait qui relevait des réserves que nous
faisions hier, puisque ces discussions ont été faites, je vous
demanderais s'il vous plaît de passer au programme que nous devons
débattre ce matin, c'est-à-dire le programme 6, relatif à
l'enseignement universitaire, de même que l'activité 2 de
l'élément 2 du programme 2. J'appelle donc ces deux programmes
tels que je viens de les définir.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président. M. Morin
(Sauvé): M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre pour les
remarques préliminaires et générales.
Enseignement universitaire
M. Morin (Sauvé): Madame, messieurs les membres de la
commission, le réseau universitaire du Québec est actuellement
constitué, comme vous le savez, de dix-sept établissements
à vocation générale ou à vocation
spécifique. D'après les données préliminaires, ces
établissements universitaires ont accueilli en 1977-1978, 112 400
étudiants, en équivalence temps complet, soit 4,6% de plus qu'en
1976-1977. Si l'on se fonde sur les prévisions des universités,
l'augmentation de la clientèle devrait être du même ordre en
1978-1979 et la population étudiante devrait se situer, en
équivalence temps complet, à 117 623 étudiants.
Fait à signaler, c'est la clientèle à temps partiel
qui a crû le plus rapidement ces dernières années dans le
réseau universitaire.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse auprès du ministre. Je me
demande si on ne pourrait pas proposer que tout votre texte soit versé
au journal des Débats, parce qu'il y en a 55 pages, jusqu'à la
page 33, pour l'enseignement universitaire. Je ne peux pas m'opposer si vous
voulez le lire; je comprends d'un côté que vous voudriez
probablement qu'il soit au journal des Débats. Ne pourrait-on pas
proposer tout simplement de le verser au journal des Débats.
M. Morin (Sauvé): Pour hâter les débats et
compte tenu du peu de temps qu'il nous reste, je serais tout à fait
disposé, avec l'accord de la commission, à verser au journal des
Débats le texte complet de l'exposé que j'entendais faire sur
l'ensemble des secteurs de l'activité dans le domaine de
l'éducation.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, c'est possible
et ce sera fait, (voir annexe)
M. Morin (Sauvé): Je vous remercie. Il ne resterait plus
alors qu'à répondre aux questions que voudront bien me poser les
membres de cette commission.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, j'avais aussi quelques
commentaires à faire sur la question des universités mais je vais
passer immédiatement aux questions. J'aimerais d'abord que le ministre
clarifie pour nous la situation sur le financement des universités. J'en
avais parlé dans les notes préliminaires que j'ai données
lors de la première journée de l'étude des crédits,
mais il reste que les universités se plaignent du caractère
improvisé des coupures qui leur ont été imposées
par le ministère des Finances et évidemment par le
ministère de l'Éducation. Et on déplore... À ce
moment-ci je cite un mémoire, qui a été un avis
complémentaire du Conseil des universités, qui a
été envoyé au ministre de l'Éducation sur le
financement 1978-1979 et dans lequel on peut lire: "Même si le conseil
est prêt à accepter une action gouvernementale visant à
réduire les coûts et à augmenter la productivité des
établissements d'enseignement supérieur, il désire
exprimer ses réserves sur les modalités choisies pour y parvenir.
Tout d'abord, le conseil déplore le caractère improvisé de
la mesure et son absence totale de référence à des
objectifs poursuivis à plus long terme, l'ignorance des priorités
assignées à l'enseignement supérieur dans son ensemble,
certes, mais aussi méconnaissance de l'objectif ultime de restriction
des ressources fixées par le gouvernement aux universités. Il est
plus important que les universités sachent, dès maintenant, quel
sort leur réservent les années à venir à ce
sujet".
J'avais dit, au point de départ, que le gouvernement, à
tous les niveaux d'enseignement même si le ministre s'en est
défendu et ce qui m'apparaissait normal, compte tenu de la fonction
qu'il occupe dans les faits chaque niveau d'enseignement, compte tenu de
l'austérité que le gouvernement leur impose, en particulier en
relation avec la non-indexation des normes sauf pour ce qui est des questions
salariales, leur impose évidemment des coupures qui, si
répétées à plusieurs reprises, à mon point
de vue, touchent à la qualité de l'enseignement.
Dans le cas des universités, il semblerait qu'on aille plus loin,
d'après ce que je peux comprendre, puisqu'il s'agit là de
coupures plus radicales, et on peut se demander dans quelle mesure le
gouvernement, qui a tenu compte des stratégies triennales des
universités, est encore en discussion. Également, un autre point
que soulèvent les universités c'est le fait qu'il y a
présentement la commission d'étude des universités qui
tente d'établir une planification à plus long terme dans le
développement des universités, à part tous les autres
aspects qui sont étudiés par cette commission, et ce geste un peu
brusque du ministre des Finances qui, sans plus d'explications, laisse
inquiètes tant les universités qu'une partie de la population,
quant aux intentions
réelles du gouvernement sur l'avenir des universités.
Je suis prête à admettre, comme je l'ai dit d'ailleurs,
que, quand il s'agit d'une première coupure, on oblige en somme les gens
à rationaliser leur administration. Généralement, on peut
peut-être rendre l'administration ou la gestion plus rationnelle. On peut
se poser des questions sur la façon dont ces coupures ont
été effectuées, les critères sur lesquels on s'est
basé pour faire une coupure qui m'apparaît tout à fait
horizontale et sans étude des besoins particuliers des
différentes universités. Ce sont ces points que je voudrais
soulever à ce moment-ci, M. le ministre. Cela vous donnera
également l'occasion d'éclaircir, pour la population, les
intentions du gouvernement à l'égard de l'enseignement
supérieur.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, la question
soulevée par le député de L'Acadie est importante. C'est
effectivement la grande question qui se pose cette année, au niveau
universitaire, en matière de financement.
Je voudrais commencer par souligner que, si compression il y a eue, elle
est bien relative puisque nous avons tout de même une augmentation
générale de 7,96%, dans le taux de croissance des subventions aux
universités, et que cette augmentation correspond tout de même
à $41 millions. Donc, il faut utiliser l'expression "compression " entre
guillemets. Si compression il y a eue, c'est par rapport à des normes
fort généreuses qui ont été appliquées ces
dernières années et qui étaient l'effet d'un effort
exceptionnel pour permettre aux universités québécoises
d'effectuer un certain rattrapage.
Cette compression budgétaire résulte donc d'un examen
critique de l'évolution de la subvention universitaire et de la
dépense admissible au calcul des subventions entre 1973 et 1978.
Vous conviendrez qu'il est difficile d'admettre, a priori, que la taille
de notre réseau d'enseignement supérieur, qui comprend 117 000
étudiants, équivalence temps complet, ne permette pas quelques
économies d'échelle. Le nombre des étudiants peut
augmenter sans que, nécessairement, on soit obligé d'augmenter
toutes les dépenses du même pourcentage. Je prends un exemple
simpliste mais qui fera peut-être comprendre ce que j'ai dans
l'idée. Ce n'est pas parce qu'on admet 1000 étudiants de plus
qu'on doit augmenter le personnel administratif nécessairement dans les
mêmes proportions ou le nombre de salles de cours dans les mêmes
proportions. Bien sûr, il faut ajouter des places, mais il se peut qu'une
salle de cours ne soit pas aussi pleine qu'on le souhaiterait.
Entre 1973/74 et 1977/78, la dépense admissible et la subvention
unitaire en dollars constants ont augmenté, la première de 9,6%
et la seconde de 16,5% pendant que la clientèle s'accroissait de
25,6%.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire en quelle année, M. le
ministre?
M. Morin (Sauvé): Je me réfère à une
comparaison entre 1973/74 et 1977/78. En d'autres termes, la croissance des
étudiants a été accompagnée d'un financement
à 109% pour ce qui est de la dépense unitaire admissible et
à 116% pour ce qui est de la subvention correspondante, toujours en
dollars constants. Je conviens que la croissance des coûts dits de
système est, en bonne partie, due à des ajustements majeurs dans
les masses salariales admissibles, mais il s'est agi néanmoins, je le
répète, d'un effort exceptionnel qui ne peut servir de mesure
éternelle ou permanente.
L'enjeu premier des mesures que prend mon ministère, après
consultation auprès du ministère des Finances et consultation
auprès des universités, et la régulation du taux de
croissance des subventions ne reflètent nullement une quelconque
intention de modifier notre politique d'accessibilité à
l'enseignement supérieur ou de mettre en péril les efforts qui
ont été déployés en vue de protéger ou
d'améliorer la qualité de l'enseignement. Les contraintes
économiques naturelles, incitant les entreprises du secteur privé
à ajuster systématiquement leurs coûts, n'auront jamais que
peu d'influence sur un réseau financé à plus de 90%
à même des fonds publics, à moins que l'État ne
crée lui-même cette incitation et n'exerce des contraintes
nécessaires au moment de l'allocation des ressources. Les
autorités universitaires, d'ailleurs, sont résolues à
faire tout ce qui est en leur pouvoir afin que la croissance des coûts de
l'enseignement supérieur soit contenue dans des limites convenables. (11
h 15)
Voilà une assurance dont je dois me réjouir même si
le consensus reste à faire quant à la détermination de ces
limites et, évidemment, quant aux moyens d'y arriver. La compression
budgétaire nette sera, cette année, de $11 500 000, soit environ
2% des dépenses admissibles au lieu de $13 millions, comme il en a
été question déjà. La coupure prévue est
considérée, pour le moment, de nature forfaitaire et ne se
répétera dans l'avenir que si l'étude entreprise par les
universités et le ministère démontre que ces coupures ne
sont pas raisonnables et ne sont pas justifiées. Autrement dit, la
coupure ne touche que le seul exercice 1978/79. Je devrai décider
éventuellement du renouvellement de cette compression budgétaire
dans les années futures à la lumière d'études
supplémentaires qui ont maintenant été entreprises. Donc,
je tiens à préciser que la coupure n'a pas d'effets
multiplicateurs, pour l'instant en tout cas.
Mme le député, me permettez-vous de terminer mes
explications? Puisque vous avez bien voulu soulever cette question de
première importance, je voudrais vous donner d'abord tous les
éléments pour que nous puissions ensuite en discuter. Le taux de
croissance des subventions en année universitaire sera ainsi fixé
à 7,96%, comme je l'ai indiqué au début de mon
exposé. Au seul chapitre des dépenses de fonctionnement, le taux
de croissance de l'aide gouvernementale au
réseau de l'enseignement supérieur, en termes de
subvention redressée, s'établit à 7,6% et
représente une augmentation de $41 millions.
Il a été convenu que la conférence des recteurs et
des principaux des universités du Québec entreprendrait des
études relatives aux coûts de l'enseignement supérieur et
aux raisons qui peuvent expliquer une hausse de ces coûts; en même
temps ces études pourraient éclairer le gouvernement dans la
préparation de ces décisions et de ces règles
budgétaires. Quelle part de vérité contient l'une ou
l'autre des opinions selon lesquelles les traitements des enseignants seraient
plus élevés au Québec qu'en Ontario, l'éventail des
programmes serait exagérément grand au Québec par
comparaison avec d'autres pays? Voilà autant d'assertions dont il faut
faire la part des préjugés avant d'appuyer sur elles des
décisions aussi importantes que celles touchant l'aide gouvernementale
aux universités.
L'opportunité de telles études ne fait pas de doute et il
me tarde d'en connaître les résultats afin que je puisse
éclairer les décisions que je serai appelé à
prendre. Je ne saurais mieux faire que de tirer le meilleur profit
d'études comparatives sérieuses, dès qu'elles deviendront
disponibles, sans retarder indûment les décisions
nécessaires et justifiées, par ailleurs.
M. le Président, j'ai voulu donner ces explications
préliminaires, en quelque sorte. Si les députés de cette
commission ont des questions à me poser, j'y répondrai avec le
plus de précision possible.
Je veux simplement ajouter, en terminant, que la compression
budgétaire qui sera exercée en 1978/79 aura pour
conséquence de réduire le montant des subventions de
fonctionnement, en année universitaire, de $590 300000 à $580 300
000, par rapport à l'année 1977/78. Ces subventions
s'accroîtront donc des 7,96% tandis que les crédits pour
l'année financière augmenteront globalement de 5,2% avant la
compression.
Quant aux crédits nécessaires à la gestion du
ministère de l'Éducation, dans le domaine de l'enseignement
universitaire, nous pourrons y revenir plus loin, si vous le désirez,
lorsque nous étudierons les crédits du ministère
proprement dit.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, d'abord, je dois
remercier le ministre d'avoir reconnu les efforts exceptionnels que le
gouvernement précédent a faits dans le développement de
l'enseignement supérieur. J'espère qu'il tenait le même
langage alors qu'il était dans l'Opposition.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Tant mieux. M. le ministre essaie de nous dire:
Écoutez... Et quand je vois le public qui entend: augmentation de $41
millions, il doit se demander ce dont je parle. Mais ce qu'il faut comprendre
c'est que, à ce niveau, comme aux autres niveaux et le ministre
d'ailleurs l'a cité la grande partie des subventions
additionnelles qui seront versées ou des montants addi- tionnels qui
seront versés, est un montant qui couvrira la croissance des coûts
du système qui sont en bonne partie dus à des ajustements majeurs
dans les masses salariales admissibles. J'aimerais quand même que le
ministre nous dise qu'elle est la proportion de ce montant qui n'est pas
simplement un ajustement des masses salariales mais qui est un effort pour du
développement. Il me semble qu'il n'y en a pas.
M. Morin (Sauvé): Essentiellement, c'est la croissance des
clientèles qui détermine l'augmentation et celle-ci a
été limitée à 50% de cette croissance. Donc, chaque
fois qu'il entre un nouvel étudiant dans le système
universitaire, l'université reçoit 50% du coût moyen de cet
étudiant. Il y a tout de même un effort de la part du gouvernement
pour permettre aux universités de tenir compte de leur croissance de
clientèle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, encore une fois, il ne s'agit pas de
développement. Il s'agit d'un appui mitigé aux efforts de
croissance et il y a...
M. Morin (Sauvé): Je n'avais pas tout à fait
terminé, madame. Il existe, en plus de cela, des demandes
spéciales ou exceptionnelles auxquelles nous devons faire face chaque
année, dont je pourrai vous donner les montants si cela vous
intéresse. En plus de cela, il existe des crédits qui sont
versés aux universités pour les fins des nouveaux programmes. Ils
ne sont pas nombreux mais il en existe tout de même, et nous en tenons
compte.
Il y a une part de développement dans l'augmentation des
crédits cette année.
Mme Lavoie-Roux: Je crois comprendre des explications que le
ministre a données, que l'évaluation préliminaire qu'elles
avaient faite représenterait une coupure d'environ $15 millions sur deux
ans. Ceci n'est pas retenu. Vous vous contentez présentement uniquement
d'une coupure pour l'année 1978/79 et que vous
réévaluerez, compte tenu du rapport de la commission
d'étude sur les universités, si vous continuez dans le même
sens l'an prochain.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais préciser une chose,
M. le Président, Mme le député a raison de penser que la
coupure est de l'ordre de $11 500 000. Elle n'est pas de $15 millions pendant
deux ans. Mais ce n'est pas la commission d'étude sur les
universités qui nous fera des recommandations d'ordre financier. Bien
sûr, nous devrons tenir compte de ses conclusions si, par hasard, on
devait nous exprimer dans le rapport de cette commission qu'il faut un grand
nombre de nouveaux programmes. Naturellement, cela aurait des
conséquences financières. Je prends cela à titre
d'exemple.
C'est un comité formé des universités, du
ministère de l'Éducation et du ministère des Finances qui
doit examiner l'aspect financier et faire rapport dans les meilleurs
délais, afin que
nous sachions quelle politique nous adopterons sur le plan financier
l'an prochain.
Donc, les universités sont intimement associées à
cet exercice. Nous avons voulu qu'elles fassent elles-mêmes l'examen de
leurs livres pour y découvrir s'il n'y aurait pas moyen de vivre
très convenablement, et même confortablement, avec des
crédits qui augmentent à un rythme peut-être un peu moins
élevé qu'il n'en a été le cas par les années
passées.
Mme Lavoie-Roux: Je remarque les bonnes intentions du ministre
pour l'année à venir. Est-ce que le ministre peut me dire si sont
justifiées les réflexions du Conseil des universités qui
déplore le caractère improvisé de la mesure et qui dit
aussi: "Les stratégies triennales ne sont pas encore
complétées et à cause même de la date tardive
où elles le seront, la décision gouvernementale d'effectuer
à ce moment-ci une coupure globale de $11 millions et non de $13
millions selon ce que le ministre vient de dire dans le budget des
universités équivaut à un changement brusque et
unilatéral des règles du jeu". Le gouvernement ne tient pas
compte de l'avis du Conseil des universités qui avait, je pense,
suggéré qu'on fasse le calcul sur une moyenne
pondérée et ceci n'a pas été retenu. Je veux bien
croire que le ministre a des bonnes intentions pour l'an prochain, mais cette
année, il n'a pas tenu compte, selon les documents que j'ai devant moi,
il n'a pas eu cette même considération pour les universités
que celle qu'il entend avoir l'an prochain.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je tiens
à préciser que l'avis du Conseil des universités n'est pas
fondé sur une analyse comme celle à laquelle nous avons
procédé avec le ministère des Finances au cours des
derniers mois. Le Conseil des universités s'appuyait sur un autre type
d'analyse et avait surtout le souci de s'assurer que nous ne freinerions pas le
développement normal des universités. Il n'a pas fondé
cette analyse sur l'examen des taux, comme nous avons dû le faire avec le
ministre des Finances.
Je puis cependant vous dire que l'an prochain, nous consulterons le
Conseil des universités à nouveau, une fois que nous aurons les
résultats de l'étude entre les mains. Cette fois, le conseil
pourra consulter une analyse financière de la situation des
universités.
Pour ce qui est des clientèles pondérées, je
demanderais à M. le sous-ministre adjoint d'apporter quelques
éclaircissements additionnels.
Pour ce qui est des clientèles pondérées, le
ministère est en train de préparer pour la signature du ministre
une réponse précise au Conseil des universités.
L'idée des clientèles pondérées ne nous
apparaît pas une mauvaise idée, mais ce que nous répondons
au conseil, c'est qu'il n'est pas possible de la mettre en application
dès cette année, parce que nous n'avons pas eu suffisamment le
temps d'en discuter, et avec le conseil et avec les universités, et que
nous ne disposons pas, à l'heure actuelle, des moyens techniques qui
nous permettraient de le faire. Pour calculer à partir des
clientèles pondérées, il faudrait s'entendre sur le nombre
d'années qu'on prendra en considération pour établir la
pondération et il faudra voir également quels effets peut avoir
l'utilisation de la méthode des clientèles dites
pondérées.
À prime abord, cette méthode risque de favoriser les
universités qui sont déjà en stabilisation de
clientèle. Les universités qui sont en stabilisation de
clientèle sont les universités de langue anglaise et le but
premier, c'est d'effectuer un rattrapage dans les universités de langue
française; il ne faut donc pas mettre rapidement en place une mesure qui
aurait pour effet de pénaliser les universités qui sont en fortre
croissance de clientèle. Je le répète, ces
universités sont les universités francophones et, en particulier,
les petites constituantes de l'Université du Québec, je pense
à l'Université du Québec à Chicoutimi et à
l'Université du Québec à Rimouski.
Mme Lavoie-Roux: Alors, la conclusion à tout ceci, M. le
ministre, je la maintiens, elle m'apparaît fort claire, c'est que le
ministère de l'Éducation avec le ministre des Finances a
finalement pris une décision unilatérale; on se propose, l'an
prochain, d'étudier un peu plus longtemps la suggestion des
clientèles pondérées.
Les explications que le sous-ministre m'a données me satisfont.
On se propose également de faire une étude financière
beaucoup plus élaborée, qui sera soumise à la consultation
du Conseil des universités ou des universités elles-mêmes;
mais pour cette année, il me semble bien que le reproche qu'on adresse
au ministère de l'Éducation ou au gouvernement est
justifié, qu'il s'agit d'une décision unilatérale parce
qu'il fallait faire une coupure quelque part, et on a décidé de
la faire sans avoir toutes les données, dans le réseau
universitaire. (11 h 30)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, Mme le
député découvrira sans doute, un jour, à
fréquenter l'Assemblée nationale, que la plupart des
décisions du gouvernement, en dernière analyse, sont
unilatérales. Bien sûr, on doit consulter, on doit tenir compte
des exigences, des besoins et des aspirations du milieu. Mais étant
donné que c'est le gouvernement qui est responsable devant la population
de l'utilisation des fonds publics, toutes ces décisions, en fin de
compte, sont unilatérales. Bien sûr, le ministre des Finances a
consulté les universités. J'ai moi-même participé
à ces rencontres. Nous leur avons demandé et nous avons obtenu
qu'elles participent à l'analyse qui doit être faite cette
année de leur situation financière, mais, en définitive,
c'est effectivement le gouvernement qui prendra ses décisions. Mme le
député finira bien par l'apprendre, si elle ne le sait pas
encore.
De toute façon, j'ajouterai que si l'on se réfère
à l'opinion publique et, en particulier, à ce que
pensent les éditorialistes de cette action du gouvernement, on
constate que beaucoup avaient déjà pris connaissance d'une
certaine situation dans les universités. Je n'en voudrais pour preuve
que la conclusion de l'éditorial du Devoir de ce matin, au terme
duquel...
Mme Lavoie-Roux: Lisez-le au complet, par exemple. Lisez-le au
complet. Cela prendra un peu de temps...
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez que je le lise au
complet, je le ferai, mais la conclusion...
Mme Lavoie-Roux: Je vous en citerai une autre partie, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, madame, j'ai la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé):... est quand même: Que M. Parizeau
pratique une légère amputation dans ces conditions
n'apparaît pas dépourvu de sens du diagnostic". Effectivement, il
faut revoir la situation financière des universités, de toutes
les universités. Il faut examiner peut-être même la formule
de financement et se demander si le financement historique auquel il est fait
allusion dans cet éditorial est encore justifié aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord sur la dernière phrase,
M. le ministre, mais je veux en lire une partie aussi. "Les universités
soulignent les retards de leurs activités de recherche et la production
encore insuffisante de spécialistes de langue française, comme
l'ont démontré les études récentes. " C'est
l'Office de la langue française. "Arguant de la dureté des
temps, le gouvernement québécois croit le temps venu de diminuer
la proportion de ses investissements du côté de la "mission
éducative et culturelle" au profit de la "mission économique", et
il ne s'en cache pas. Reste à savoir s'il tombe dans le piège de
la facilité, en flattant une population que les problèmes
budgétaires des universités empêchent moins de dormir que
ses déclarations d'impôt, et s'il met en danger un engagement tard
consenti et difficilement maintenu par l'État québécois
envers des institutions essentielles..."
Vous savez, les éditorialistes font toujours la part des
choses.
M. Morin (Sauvé): Ce sont des considérations
très pertinentes et qui ne manqueront pas d'informer les discussions
gouvernementales au cours de l'année qui vient.
Mme Lavoie-Roux: Mais la réponse du ministre, d'une
façon un peu...
Une voix: Dans vos déclarations, faites attention à
vos termes.
M. Morin (Sauvé): D'une façon un peu
détaillée?
Mme Lavoie-Roux: ... satirique dit: Mme le député
apprendra qu'au gouvernement ce sont des décisions unilatérales,
à toutes fins pratiques, mais quand vous m'expliquez, M. le ministre,
que l'an prochain vous allez mettre les universités dans le coup, que
l'an prochain elles vont participer, et que le sous-ministre me dit: II y avait
une proposition intéressante du côté des moyennes
pondérées de la clientèle des universités, mais on
n'a pas eu le temps de le faire, ce que vous dites... Qu'à la toute fin
la décision finale soit une décision politique, d'accord, et je
le sais. Vous n'avez pas besoin de me le souligner. Mais vous avez
utilisé cet argument pour cacher que, dans les faits, vous n'avez pas
vraiment conseillé les universités et que vous avez pris une
décision à caractère improvisé. Je pense que ce que
vous avez dit et ce que le sous-ministre a dit le prouve amplement, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'aurais garde
de me comporter en satire en présence de Mme le député de
L'Acadie.
M. Saint-Germain: ... non plus.
M. Morin (Sauvé): Le député de
Jacques-Cartier ferait cela mieux que moi. Toutefois, je voudrais apporter
quelques précisions.
Mme Lavoie-Roux: C'était "ironique", le mot que je voulais
utiliser. Il ne me venait pas.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il ne s'agit pas
d'une décision prise à la légère. Je vous ferai
observer que, l'année précédente, le gouvernement avait
proposé aux universités de modifier le mode de financement et en
particulier le fondement historique sur lequel il repose et que les
universités avaient préféré n'en rien faire. Il
fallait donc, puisque l'étude était devenue nécessaire,
convaincre les universités qu'elles devaient y procéder. Le
ministre des Finances a pris le procédé qui lui permettait
d'arriver le plus rapidement à ses objectifs. Je puis vous dire que
déjà, à l'heure actuelle, les universités se
penchent sur cette question. Ce n'est pas une commission qui se réunira
l'an prochain. En ce moment même, les études se font.
Mme Lavoie-Roux: La décision est prise. M. le
Président..
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ne jouons pas
sur les mots. La décision est prise pour cette année...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'est ce que je vous dis.
M. Morin (Sauvé): ... bien sûr, elle n'est pas prise
pour l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien ce que j'ai dit, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Oui, enfin, nous jouions sur les
mots.
Université Concordia et UQAM
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, on va passer à des
problèmes d'ordre pratique, M. le ministre. Dans ce même avis du
Conseil des universités qui vous a été soumis le 16 mars
1978, le conseil soulignait la nécessité d'envisager des mesures
particulières de financement pour l'Université Concordia et pour
la constituante de Montréal de l'Université du Québec. On
sait que celle-là, à tort ou à raison le ministre
pourra me rassurer, je pense qu'il n'y a pas de problème de financement
à l'Université du Québec a vraiment lancé un
cri d'alarme. Ma première question: Est-ce qu'on tient compte de cette
recommandation particulière du conseil, dans des restrictions
budgétaires, en ce qui touche l'Université Concordia et
l'Université du Québec? Ma deuxième question: Est-ce qu'il
y aurait possibilité d'avoir ici un tableau des surplus
budgétaires qu'ont déjà les différentes
universités? Je sais que l'Université de Montréal a un
certain surplus budgétaire qui est causé par, enfin peu
importe... Est-ce que c'est le cas de l'Université du Québec? De
quelle façon les deux universités que j'ai mentionnées
pourraient-elles être davantage affectées que les autres
universités par ces restrictions budgétaires?
M. Morin (Sauvé): Je vais demander qu'on recherche ces
chiffres, Mme le député, pendant que je tente d'expliquer la
situation qui prévaut aux Universités Concordia et du
Québec à Montréal. Je me réfère au fait que
le Conseil des universités nous a fait parvenir là-dessus un
avis, il y a quelques temps, attirant notre attention sur le niveau de
financement de ces deux universités. Ce sont des avis de janvier et de
mars 1978. Le ministère était heureux de constater que le Conseil
des universités reconnaissait la situation difficile de
l'Université Concordia, car, avant même qu'on attire notre
attention sur cette situation, depuis que je suis arrivé au
ministère, j'ai été, à maintes reprises, saisi de
cette situation difficile. J'ai rencontré, à deux reprises au
moins, les autorités de l'Université Concordia à ce sujet.
J'étais désireux d'aboutir à des conclusions.
Je me propose d'accepter les modalités d'intervention
élaborées par le ministère, à la suite de ces
rencontres et de ces discussions. Dans son avis de janvier, le conseil
recommandait au ministère de donner suite à son intention de
verser les subventions suivantes: $1 526 000, à titre de montant
forfaitaire, pour l'année 1976-1977, en vue de résorber le
déficit; $1 908 000, à titre forfaitaire, pour l'année
1977-1978, cette fois pour permettre d'en arriver à un meilleur
équilibre budgétaire; $2 millions, à titre de montant
intégré à la base, pour 1978-1979. J'attire votre
attention sur le fait que dans le cas d'un montant qui est
intégré à la base, ce montant revient d'année en
année et s'ajoute à la subvention annuelle.
Enfin, deux autres millions au titre de 1978-1979 intégrés
à la base des calculs 1979-1980, afin de réduire l'écart
entre la subvention per capita de Concordia et celle des autres institutions.
Cependant, dans la perspective des compressions budgétaires dont nous
parlions il y a un instant, le ministère a proposé de ne pas
verser, en 1978-1979, la dernière tranche de $2 millions, étant
donné qu'il fallait l'autofinancer à même l'enveloppe
globale. Le Conseil des universités, dans son avis du mois de mars, a
recommandé de verser $500 000 au lieu de $2 millions. Le
ministère, de son côté, estime qu'il consentira un effort
considérable en faveur de l'Université Concordia en 1978/79.
Même en excluant la dernière tranche de $2 millions, il apportera
un effort de $5 400 000.
Ayant déjà reconnu cependant que dans la mesure du
possible il y avait lieu de verser à Concordia une telle subvention de
rattrapage, j'ai l'intention d'informer le Conseil des universités que
nous évaluerons, dans le cadre de la revue de programme 1979/80,
l'opportunité d'aller plus a-vant dans notre révision du niveau
de financement de l'Université Concordia.
Me tournant maintenant vers la situation à l'UQAM, laquelle
résulte, faut-il le rappeler, principalement de la grève de
1976-1977, j'ai également reçu, à ce sujet, des avis du
Conseil des universités en janvier et en mars 1978. À la suite de
la grève de 1976-1977 je précise donc qu'il s'agit de la
grève qui était en cours au moment où je suis
arrivé au ministère l'Université du Québec a
demandé au ministère des subventions spéciales pour
compenser une perte importante de clientèle et de subventions.
Nous avons, au ministère, procédé à une
analayse très détaillée des demandes de
l'Université du Québec et nous avons proposé de verser une
subvention spéciale pour cette année 1976-1977 équivalant
à compenser 50% de la perte de subventions encourue à la suite de
la diminution de la clientèle. L'idée, le but de cet
assouplissement de nos règles habituelles, était d'amortir
financièrement te coût de la grève pour l'UQAM. Notre
intention était fondée sur le fait que, bien que la situation
financière d'ensemble de l'Université du Québec
était relativement bonne, la résorption du déficit encouru
par l'UQAM allait nécessiter un effort trop considérable de la
part du réseau de l'Université du Québec et que la perte
de subventions importantes avait, d'ores et déjà, eu un impact
considérable.
Le Conseil des universités, pour sa part, dans l'avis qu'il nous
a fait parvenir, a jugé, dans un premier temps dans son avis de
janvier que l'ensemble des constituantes du réseau de
l'Université du Québec devaient contribuer à la
résorption du déficit à l'UQAM et que leur situation
financière le permettait. En conséquence, le conseil a
recommandé de verser, à titre de compensation, une subvention
forfaitaire n'excédant pas je le souligne $1 700 000. Je
vous fais grâce des montants qui nous étaient
réclamés.
Le ministère a alors accepté cette recommandation qui
mettait en évidence le fait que les constituantes de l'Université
du Québec ne sont pas financées de façon
particulière, mais globalement, en tant que réseau, et que c'est
l'université elle-même qui prend les décisions relatives
à la répartition des ressources entre les constituantes. Cette
façon de faire laisse en principe à l'Université du
Québec une plus large marge de manoeuvre que si le ministère
établissait une enveloppe de subventions pour chaque constituante. Nous
voulons également, naturellement, respecter l'autonomie de
l'Université du Québec dans cette affaire (11 h 45)
À la suite de l'annonce des compressions budgétaires,
cependant, le Conseil des universités, dans un avis
complémentaire du mois de mars, alléguait que cette demande
additionnelle allait être financée à même l'enveloppe
globale, que l'ensemble du réseau serait alors pénalisé
et, en conséquence, il recommandait de ne pas verser la subvention
spéciale de $1 700 000.
Le ministère, pour sa part, tend à estimer que la
compression budgétaire annoncée pourrait avoir des effets plus
négatifs sur les institutions qui étaient dans une situation
difficile et que cela milite davantage en faveur du versement de la subvention
spéciale qu'en faveur de son annulation.
En conséquence, je suis heureux d'apprendre aux membres de cette
commission, de rendre publique du même coup, la décision que le
ministère a pris dans ce dossier qui est de verser une subvention
forfaitaire de $1 700 000 à l'UQAM en vue de compenser les effets de la
grève de 1976-1977. Nous allons donc nous en tenir au premier avis que
nous avait donné le Conseil des universités.
Mme Lavoie-Roux: Si ma mémoire est bonne, l'an dernier, au
moment de l'étude des crédits, nous avions soulevé ce
problème de difficultés financières que pourraient
connaître l'Université du Québec et même
l'Université Laval, compte tenu des grèves qu'elles avaient
vécues. Le ministre nous avait dit, à ce moment-là
je le fais vérifier dans le moment que vous compenseriez ces
difficultés financières que les universités
é-prouvaient à la suite de ces grèves. Je crois comprendre
que c'est dans une proportion de 50% que vous compensez ces pertes dues aux
grèves?
M. Morin (Sauvé): Avez-vous terminé votre
question?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Dans le cas de l'Université
Laval, la clientèle n'est pas aussi libre de changer
d'établissement que ce n'est le cas à Montréal où
il y a, comme on le sait, plusieurs institutions qui peuvent accueillir les
clientèles qui pourraient estimer que, les grèves se faisant un
peu trop fréquentes à l'UQAM, il y aurait avantage pour elles
à se déplacer, à changer d'institution. Mais la
clientèle à Laval n'a pas baissé; elle est restée
ce à quoi on pouvait s'attendre. Aucune subvention spéciale n'a
été nécessaire.
Dans le cas de l'UQAM. on nous demandait grosso modo $3 millions. Nous
avons proposé $1 700 000. Le Conseil des universités a
appuyé notre décision. Par la suite, il nous a recommandé,
étant donné les coupures budgétaires, de ne pas verser ces
$1 700 000. Nous avons décidé de maintenir la décision
malgré tout. Voilà la situation décrite de façon
très générale.
Mme Lavoie-Roux: Selon vous, M. le ministre, compte tenu d'abord
du fait que l'Université du Québec est subventionnée selon
la formule qu'on dit historique et qu'elle clame que ceci lui est
défavorable, compte tenu de la diminution de $11 millions pour
l'ensemble des universités et du rajustement simplement à 50%
d'une nouvelle clientèle, enfin de toutes ces modalités qu'on a
données tout à l'heure, est-ce que vous pouvez affirmer que
l'Université du Québec ne se trouvera pas dans une situation
difficile pour l'Université du Québec à
Montréal, semble-t-il, et peut-être dans les autres constituantes
pour continuer quand même de se développer et de donner les
services aux étudiants?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, c'est
précisément pour répondre à votre question et
à l'inquiétude dont elle témoigne que nous avons
décidé...
Mme Lavoie-Roux: De maintenir la subvention de S1 700 000.
M. Morin (Sauvé): ... de maintenir cette subvention de $1
700 000 en dépit de l'avis du Conseil des universités.
Mme Lavoie-Roux: Et cela vous semble suffisant.
M. Morin (Sauvé): Cela nous paraît, à
l'analyse stricte de la décision, suffisant.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. S'ils ont d'autres
représentations à faire, ils les feront.
M. Morin (Sauvé): De toute façon, comme je l'ai
indiqué plus tôt en réponse à l'une de vos
questions, Mme le député, nous sommes à revoir toute la
question du financement avec les universités cette année
même. Donc, c'est le moment; s'ils ont des représentations
à nous faire, j'imagine que nous allons les recevoir. Si ce n'est
déjà fait.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Déficits et surplus des
universités
M. Morin (Sauvé): Mme le député m'avait-elle
posé une question sur les déficits et les surplus?
Mme Lavoie-Roux:... Des universités.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait avoir le tableau de
cela?
M. Morin (Sauvé): II est en C-12, Mme le
député, si vous voulez bien vous référer à
cette page, vous avez tous les chiffres. Je m'excuse, un instant. Il n'est pas
dans le cahier, mais je puis vous le faire photocopier et le déposer;
c'est une autre page C-12.
Mme Lavoie-Roux: II me semblait... Évidemment, j'ai pu
oublier quelques pages, mais c'est une question qui m'intéressait, parce
qu'il faut quand même tenir compte des déficits ou des surplus
dans la coupure des subventions.
M. Morin (Sauvé): Vous êtes bien consciencieuse, Mme
le député, et je vais vous donner l'état actuel des
surplus ou des déficits au 31 mai 1977 dans les universités du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Pour l'Université Bishops, le
surplus pour l'année 1976-1977 était de $105 000, grosso modo,
tandis que le chiffre accumulé au 31 mai 1977 montrait un déficit
de $493 000. À l'Université Concordia, à laquelle nous
avons fait allusion il y a quelques instants et pour laquelle nous avons
proposé les remèdes que j'ai décrits, le déficit
pour l'année 1976-1977 était de $3 043 000; il avait
baissé à $2 925 000 au 31 mai 1977. C'est
précisément ce problème que nous avons voulu régler
grâce aux mesures dont je vous faisais part tout à l'heure.
À l'École des Hautes Études Commerciales, le surplus pour
1976-1977 était de $582 000; le surplus accumulé était de
$320 000, le 31 mai 1977.
Mme Lavoie-Roux: ... parce que quelqu'un...
M. Morin (Sauvé): Aux HEC.
Mme Lavoie-Roux: Le HEC, d'accord.
M. Morin (Sauvé): Donc, il y a un surplus sur toute la
ligne. Dans le cas de l'Université Laval, le surplus était de $1
800 000 en 1976-1977; le surplus accumulé était de $3 287 000 le
31 mai 1977. À l'Université McGill il y avait un déficit
de $177 000 en 1976-1977 et au 31 mai 1977, le déficit accumulé
n'était que de $3 000.
Mme Lavoie-Roux: Des gens qui font bien cela...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas la même chose.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, Mme le
député, de vous donner tous ces chiffres à la queue leu
leu. Je vais m'arranger pour que vous ayez le tableau sous les yeux. À
l'Université de Montréal, le surplus de 1976-1977 était de
$1 780 000. Il y avait au 31 mai 1977 un surplus accumulé de $5 198
000.
Mme Lavoie-Roux: Je le savais.
M. Morin (Sauvé): Donc, vous voyez que cela pourrait nous
amener à nuancer certains de nos propos.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est pour cela que je vous ai posé
la question. Je veux bien que tous les faits sortent.
M. Morin (Sauvé): II y a quand même des
universités qui ne sont pas en aussi bonne posture
financière.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça, c'est pour ça...
M. Morin (Sauvé): La liste n'est pas achevée.
À l'école polytechnique...
Mme Lavoie-Roux: Ce dont je me doutais, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... le surplus de l'année
1976-1977 était de $2 011 000 et le surplus accumulé était
de $2 222 000, au 31 mai 1977. Donc, plus de $2 millions. Maintenant, nous
entrons dans...
Mme Lavoie-Roux: Les cas pénibles.
M. Morin (Sauvé):... les cas pénibles,
l'Université du Québec accusant un déficit de $6 291 000
en 1976-1977, lequel tient compte d'une récupération de
subvention au montant de $7 258 000 prévu lors du recomptage des
étudiants en 1976-1977. De sorte que, comme on me le fait observer, il
s'agit d'un déficit purement actuariel et non pas d'un déficit
réel. Au 31 mai 1977, le déficit accumulé était de
$5 584 000. À l'Université de Sherbooke...
Mme Lavoie-Roux: Par rapport à l'Université de
Montréal, elle n'a aucune marge de manoeuvre, parce qu'elle a... Est-ce
que je l'interprète mal?
M. Morin (Sauvé): Avant de pouvoir juger des
conséquences exactes de ce déficit, il faut évidemment que
nous ayons toute la suite de l'histoire et que nous ayons entendu les
universités dans cet exercice financier que nous allons faire cette
année, afin de voir si vraiment la base historique est la cause de ce
déficit.
Mme Lavoie-Roux: De ce déficit, d'accord.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je vais demander
au sous-ministre adjoint d'apporter une précision pour ce qui est de
l'Université du Québec.
Au fond, l'Université du Québec affecte des
réserves dans ses états financiers, de telle sorte que le
déficit qu'on vous donne n'est, comme je le disais tantôt, qu'un
déficit actuariel. Les réserves faites par l'Université du
Québec sont telles qu'elle a un surplus pour l'ensemble de
l'université, malgré le déficit constaté à
l'Université du Québec à Montréal. Le
problème résulte des règles d'attribution internes aux
différentes constituantes de l'Université du Québec et de
fait, ces règles précisent les montants qui vont à chacune
des constituantes. De telle sorte qu'on peut avoir, pour l'ensemble de
l'Université du Québec et c'est l'ensemble de
l'université que le ministère subventionne un surplus,
même si dans l'une ou l'autre des constituantes, il y a un
déficit.
Mme Lavoie-Roux: Et pour l'ensemble de l'Université du
Québec, il y aurait des réserves.
M. Morin (Sauvé): Des réserves qui ont
été faites...
Mme Lavoie-Roux: Mais au montant de combien?
M. Morin (Sauvé): Les réserves ont
été faites au montant de $7 258 000.
Mme Lavoie-Roux: On fait ces réserves pour qui ou
pourquoi?
M. Morin (Sauvé): On fait ces réserves pour les
prévisions de clientèle.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous voulez dire que...
M. Morin (Sauvé): Ces montants vont...
Mme Lavoie-Roux:... leur clientèle n'a pas de
caractère indicatif quant à la diminution possible de
clientèle ou augmentation?
M. Morin (Sauvé): C'est fait en prévision
d'augmentations de clientèle qui, de fait, se réalisent dans la
quasi-totalité des constituantes, de telle sorte que ces montants vont
être distribués dans les constituantes pour lesquelles les
montants avaient été réservés.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ce ne sont pas vraiment des
réserves non plus. Je veux dire...
M. Morin (Sauvé): Ce ne sont pas des déficits non
plus.
Mme Lavoie-Roux: Non. Elle arrive sans surplus ni déficit,
d'après ce que vous me dites.
M. Morin (Sauvé): II y aurait peut-être un
léger surplus. Je disais tout à l'heure qu'il faut attendre la
suite de l'histoire. Quand tout sera dit, il y aura peut-être un
léger surplus.
Là bien sûr, on parle de 1976-1977, on peut dire que
l'Université du Québec est dans un état d'équilibre
budgétaire, il y a même un léger surplus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pour 1977-1978, c'est le cas des... Il
y aurait un léger surplus déjà qui leur resterait.
D'accord. (12 heures)
M. Morin (Sauvé): Devons-nous suspendre la séance
à midi, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): Non, à midi trente.
M. Morin (Sauvé): Bon, à midi trente. Je me
permettrai de terminer ce tableau par l'Université de Sherbrooke,
laquelle avait un surplus de $2 096 000 en 1976-1977, mais toutefois, un
déficit accumulé, au 31 mai 1977, de près de $5 millions,
exactement $4 998 000.
On se souviendra que ce déficit a été beaucoup plus
considérable; il était de l'ordre de $7 millions, si ma
mémoire est bonne, lorsque je suis arrivé au ministère, et
depuis lors, l'université a fait des efforts considérables pour
diminuer ce déficit. D'ailleurs, vous pouvez voir que son surplus de
l'année 1976-1977 a visiblement été appliqué
à la diminution du déficit.
Le ministère avait accepté, vous vous en souviendrez
peut-être, Mme le député, de faire un prêt sans
intérêt...
Mme Lavoie-Roux: De dix ans.
M. Morin (Sauvé): ... échelonné sur une
période de dix ans, effectivement. Comme vous le voyez, peu à
peu, l'université va résorber son déficit.
Donc, là aussi, la situation financière n'est pas de
nature à nous inquiéter. Cela ne nous empêchera pas,
évidemment, de procéder à l'étude à laquelle
je me référais tout à l'heure, avec les universités
et le ministère des Finances.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Gaspé veut parler. Je ne veux pas vous enlever
la...
M. Le Moignan: Continuez, vous avez les mêmes questions que
j'ai, pour le moment.
Le Président (M. Dussault): Le député ne m'a
pas encore signifié son intention de prendre la parole, et vous n'avez
pas encore épuisé vos vingt minutes, Mme Lavoie-Roux.
Mme Lavoie-Roux: Je peux continuer un bout de temps. C'est vrai
que c'est le temps du ministre que vous comptez.
Le Président (M. Dussault): Je ne compte pas celui du
ministre. C'est le vôtre que je compte.
M. Morin (Sauvé): Je vous assure que je suis le moins
bavard possible, sachant très bien que
nous devons terminer l'étude de ces crédits aujourd'hui et
que nous avons encore pas mal de chemin à faire.
Mme Lavoie-Roux: Surtout que vous n'êtes pas un homme
frustré. Alors, ce n'est pas nécessaire de parler.
M. Morin (Sauvé): Voilà! Il me plaît
particulièrement qu'une femme reconnaisse ce fait.
Mme Lavoie-Roux: Mon collègue proteste.
M. Morin (Sauvé): II a peut-être des raisons
particulières, je ne sais pas.
Nouveaux programmes
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, tout à l'heure, vous
aviez offert de me donner la liste des nouveaux programmes qui seront
implantés dans les universités et les montants qui y seront
affectés.
Je sais également que, parallèlement à la
méthode historique, vous retenez maintenant certains projets qui vous
sont soumis par les universités. Je voudrais d'abord savoir quels
critères vous utilisez, pour en retenir un plutôt que l'autre,
mais évidemment aussi la liste de ces projets spéciaux qui ont pu
être retenus pour l'année scolaire 1978/79.
M. Morin (Sauvé): Mme le député veut-elle me
parler des programmes ou des projets de construction?
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne parle pas des projets de
construction, mais des programmes. Parallèlement à la
méthode historique, est-ce que maintenant, vous n'accordez pas des
subventions pour des projets spéciaux, dans les universités? Je
ne pense pas du tout à la construction.
M. Morin (Sauvé): Oui, Mme le député. Comme
je l'ai indiqué tout à l'heure, nous tenons compte des nouveaux
projets. Je tente de vous en trouver la liste qui se trouve à la page
C-50, dans votre cahier vert. Vous observez que le vert est la couleur
dominante au ministère de l'Éducation, depuis quelque temps.
Mme Lavoie-Roux: C'est une foulée verte. Mais il faudrait
bien penser au blanc de temps en temps, n'est-ce pas?
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est des nouveaux programmes,
on peut établir la liste de ceux qui ont été
accordés l'an dernier, de même que la liste des subventions
spécifiques qui ont été accordées pour ces nouveaux
programmes. Désormais, on ne donne pas automatiquement un financement
spécifique pour chaque nouveau programme, mais uniquement pour ceux qui
le justifient et cela, suite à un avis du Conseil des universités
qui, lui-même, prend l'avis d'un comité conjoint des programmes
composé de représentants du ministère et du Conseil des
universités.
Pour ce qui est de l'année qui vient, 1978-1979, les avis du
Conseil des universités sont parvenus au ministère et le ministre
pourra rendre publique, au cours des prochains jours, la liste de ces nouveaux
programmes approuvés. Par ailleurs, pour ce qui est du financement
spécifique à l'égard de certains nouveaux programmes, nous
attendons d'avoir le temps de les reprendre l'un après l'autre et
d'établir des priorités.
Mme Lavoie-Roux: Selon quels critères allez-vous
établir cette priorité?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, c'est le
Conseil des universités qui nous apporte les éclaircissements les
plus utiles, comme vous le savez; c'est son rôle, d'ailleurs, en
matière de nouveaux programmes. Le Conseil des universités, comme
le ministère, doit tenir compte des grandes opérations de
planification que nous avons entreprises, au ministère, depuis quelques
années. Il y a l'opération sciences fondamentales,
l'opération sciences appliquées, l'opération sciences de
la santé ou OSS, qui nous donnent les grandes orientations à
suivre au cours des années qui viennent. Il y a aussi les
stratégies triennales qui nous permettent de nous orienter.
Nous tenons compte de ce que nous dit le Conseil des universités
et, comme vous le savez, les universités doivent soumettre et faire
approuver, par le ministère de l'Éducation, tous leurs projets de
nouveaux programmes. Le ministère, à ces fins, a mis sur pied, en
1969, un comité de programmes chargé de l'évaluation des
programmes universitaires nouveaux ou existants. Le comité mixte Conseil
des universités-DIGES évalue les projets de nouveaux programmes,
à la fois sur le plan de la qualité, sur le plan de
l'opportunité, selon une procédure agréée par le
ministère et les universités. Je vous décrirai cette
procédure, si vous voulez, mais ce serait peut-être un peu
long.
Parmi les programmes soumis, on a constaté qu'environ 50% sont
approuvés. La plupart de ceux-ci sont jugés acceptables et sont
financés selon la méthode régulière de financement
des universités; il n'y a donc pas de cas particuliers. Par ailleurs, un
petit nombre de programmes approuvés sont, en outre, jugés
prioritaires selon une série de critères qui se rapportent aux
besoins de la société et du système d'enseignement
supérieur. Enfin, ces programmes, si leurs besoins sont
supérieurs à ce qu'accorde la subvention générale,
peuvent recevoir une subvention ad hoc; cela se produit à l'occasion.
Celle-ci peut se limiter à la période de mise en place du
programme, ou encore être portée à la base de financement
de l'université, si l'évaluation du besoin démontre qu'il
sera constant dans le temps.
Je note, en terminant sur cette question, que ces méthodes qui
sont connues, qui ont été rendues publiques, sont
perfectionnées d'année en année; la DIGES
considérerait, en effet, très malencontreux qu'on les fige une
fois pour toutes.
Contingentement
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. le ministre, si vous vous souvenez, l'an dernier, j'avais
abordé la question du contingentement dans les universités et
vous m'aviez répondu que c'était presque un problème qui
vous empêchait de dormir. Pour vous citer textuellement: "C'est un des
maux de tête les plus considérables que je connaisse." Vous disiez
qu'il y avait quelqu'un qui examinait cette question: "II existe, au sein du
ministère, un comité de liaison entre le niveau collégial
et le niveau universitaire, lequel doit consacrer deux jours, tout
prochainement, à l'étude de ce problème." Je voudrais
savoir où vous en êtes dans cette étude et si, en fait, il
y a eu un suivi.
Ce que je voudrais vous faire remarquer, c'est que, dans le document de
consultation qui a été préparé par la commission
d'étude sur les universités, pour la consultation auprès
des différentes universités qui est fort
intéressant, d'ailleurs au chapitre 1, à la page 16, on
parle des besoins en statistiques, et cela me semble un peu inquiétant,
à moins que vous n'ayez mis sur pied immédiatement la
recommandation dont la commission fait part. La commission dit: "Les
données démographiques et économiques pertinentes
actuellement disponibles sont loin d'être suffisantes pour permettre la
planification de l'enseignement supérieur." Je pense qu'un des
principaux objectifs de cette commission d'étude est justement de
permettre la planification de l'enseignement supérieur pour l'avenir,
tout en s'arrêtant d'une façon importante à la question des
orientations qu'on veut donner à l'enseignement supérieur, etc.
"Dans le court délai dont elle disposait pour élaborer ce
document de consultation, la commission a dû, dans un premier temps, se
contenter de ces données. Dans l'état où elles sont, il ne
fait pas de doute que d'autres instruments statistiques pourraient être
établis d'ici la publication du rapport définitif. Outre que
certains de ces instruments sont particulièrement difficiles à
établir je vous fais grâce de quelques paragraphes
il nous est apparu significatif qu'ils n'existent pas déjà. Nous
sommes loin encore, par exemple, d'une méthodologie qui nous permette de
préciser ce qu'on attend du système d'enseignement
supérieur ou même de saisir l'évolution des valeurs qui
déterminent la part du produit national à consacrer au
système universitaire".
Je ne retrouve pas l'endroit exact, mais il semble bien que, même
si on créait ces instruments, ils ne seraient pas prêts à
temps pour que la commission d'étude puisse en tenir compte dans les
recommandations qu'elle fera au gouvernement dans le livre vert. Une de ces
recommandations est de mettre sur pied et de tenir à jour des
instruments de statistiques, de planification, qui n'existent pas encore et qui
ne peuvent non plus être disponibles avant la fin du mandat de notre
commission. Je voudrais savoir quels sont les gestes que le ministère ou
le gouvernement pose à cet égard? Comment allez-vous pallier
cette carence d'instruments pour vraiment permettre à la
Commission d'étude ou même au gouvernement de prendre des
décisions en toute connaissance de cause, quant au développement
futur de l'enseignement supérieur?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi
d'abord de donner quelques faits sur les programmes contingentés. Comme
on le sait, les universités offrent 1140 programmes de cours de premier
cycle, 380 de deuxième cycle et 210 de troisième cycle. Parmi
l'ensemble de ces programmes, 81 étaient contingentés au premier
cycle en 1976-1977. Ces programmes se répartissent de la manière
suivante: vous reconnaîtrez d'ailleurs les difficultés que
nous affrontons quant aux débouchés sur le marché du
travail 23 sont en sciences de la santé; 20 en sciences humaines;
15 en sciences de l'éducation; 9 en sciences pures et appliquées;
8 en arts et 6 en lettres et autres secteurs.
C'est à l'Université de Montréal et à l'UQAM
qu'on retrouve le plus grand nombre de programmes contingentés,
c'est-à-dire 24 et 19 respectivement. Si vous voulez avoir la liste de
ces programmes, ou plutôt un tableau récapitulatif, je vous invite
à consulter la page C-17 de votre cahier vert.
Je me tourne maintenant vers la question des prévisions
démographiques.
Mme Lavoie-Roux: ... au contingentement et à...
M. Morin (Sauvé): Sur le contingentement, il y a de
très nombreux travaux en cours. Par exemple, il existe un rapport du
CLESEC, le Comité de liaison entre l'enseignement supérieur et
l'enseignement collégial qui se penche sur cette question. Ce rapport
n'est pas encore public.
Il existe également des études en cours, de la CREPUQ, sur
le contingentement; j'entends au sein de cet organisme qui regroupe les
recteurs des diverses universités du Québec. (12 h 15)
Enfin, nous avons demandé à la CEU, la Commission
d'étude sur les universités, de se pencher sur la question du
contingentement. Celle-ci nous entraîne, inévitablement, sur le
terrain des prévisions démographiques, qu'on le veuille ou qu'on
ne le veuille pas.
Mme Lavoie-Roux: C'est là que sont les
difficultés.
M. Morin (Sauvé): Justement, c'est parce que nos
prévisions ne nous paraissaient pas suffisamment précises, que
nous n'étions pas satisfaits de notre façon de procéder,
que nous avons donné mandat à la commission de nous faire des
suggestions pour améliorer, constamment, comme nous tendons à le
faire, notre système de prévisions. Je voudrais vous donner
lecture du mandat portant sur cette question et qui est intitulé: "Les
indicateurs de l'avenir". Mme le député trouvera le texte
à la page 6 du document de consultation de la CEU. Je me permets de lire
le début, sans plus. On peut définir ainsi le premier
thème de
l'étude: déterminer et analyser les indicateurs de
l'avenir qui permettront de mieux cerner les choix qui s'offrent, de formuler
les hypothèses, de dégager les problèmes prioritaires,
d'indiquer des voies de solution. Ces indicateurs de l'avenir seront,
notamment, composés de données démographiques, d'une
analyse de l'évolution des clientèles, d'une étude des
données financières, de la composition et du degré de
scolarisation du corps professoral, etc".
Nous insistons, comme vous pourrez le constater au troisième
paragraphe de la page, sur la question du contingentement dans divers
programmes d'étude. Je me permets de citer, là aussi, un passage
du rapport préliminaire: "II y a lieu de s'interroger sur ce que cette
démocratisation a été, sur les problèmes qu'elle a
soulevés, sur les aspirations non encore comblées et sur d'autres
problèmes connexes, en particulier la sélection des
étudiants aux différents niveaux de l'enseignement universitaire,
le contingentement dans divers programmes d'étude, les moyens
d'admission et de sélection des étudiants, les modes
d'évaluation utilisés pour vérifier la qualité de
la formation des étudiants, etc. "
M. le Président, nous tendons sans arrêt à
perfectionner nos instruments de prévision pour l'avenir et c'est
précisément parce que nous n'étions pas satisfaits de nos
instruments de travail que nous avons demandé à la Commission
d'étude sur les universités, après avoir consulté
l'ensemble du milieu universitaire et, d'ailleurs, du milieu tout court, de
nous faire des recommandations à ce sujet.
Les propos dont vous nous avez entretenus, tout à l'heure,
s'inscrivent précisément dans la foulée du mandat qui
avait été confié à la CEU. Vous aurez noté
que j'utilise, le plus possible, des expressions qui vous plaisent.
Mme Lavoie-Roux: II reste que le problème que
soulève la commission d'étude, c'est après qu'elle eut
reçu le mandat que vous lui avez donné, et déjà
elle exprime des difficultés en disant: II nous sera difficile, avant la
fin de notre mandat, compte tenu de l'absence de certains instruments, de
peut-être remplir une partie de ce mandat.
M. Morin (Sauvé): La commission se rend compte que le
problème est considérable, ce dont nous nous doutions, puisque
nous avons demandé qu'elle nous aide à le résoudre. Elle
constate qu'elle ne pourra pas le faire toute seule; c'est l'évidence
même. Mais, elle doit nous fournir, au moins, des grandes orientations
qui pourront nous diriger dans l'avenir, au ministère.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous poser une question plus
concrète. Est-ce que, suite à cette réflexion de la
commission d'étude, on met sur pied une instrumentation qui permet,
justement, de cerner d'un peu plus près ces besoins? Vous me dites: II y
a un comité d'étude, qui s'appelle le Comité d'admission
aux universités, qui se penche sur le problème de
contingentement, etc.
M. Morin (Sauvé) : Mme le député, je
voudrais vous faire observer que la commission n'a pas encore
déposé son rapport, ni dit son dernier mot. Nous avons mis
à sa disposition des ressources considérables, même plus
considérables que celles qui étaient prévues au
départ, justement pour qu'elle puisse entreprendre des recherches et
nous donner des voies que nous pourrons suivre, éventuellement.
Par la suite, le rapport sera examiné à la loupe par le
ministère et par le Conseil des universités. Il es évident
que dans la mesure où il comportera des recommandations
concrètes, nous ne serons que trop heureux d'en tenir compte.
Questions diverses
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, compte tenu du peu de temps
qu'il nous reste, je voudrais aborder quelques problèmes, un touchant la
recherche universitaire, mais on va le garder pour la fin, on pourra
peut-être le compléter à la fin de l'après-midi.
Concernant le problème de la francisation des volumes scolaires et des
volumes de référence qui sont mis à la disposition des
étudiants dans les universités françaises, l'inventaire
des bibliothèques des universités à ce
moment-là, j'aurais pu poser la question à
l'élémentaire et au collégial puisqu'il a
été question de faire cet inventaire au niveau des
universités, est-ce que c'est une activité qui est en cours de
route? Également, la fameuse question de la politique d'achat, de quelle
façon touche-t-elle aux universités et aux autres niveaux
d'enseignement, dans son application, au plan budgétaire?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, vous avez
soulevé plusieurs questions que je ne pourrai certainement pas traiter
pendant les sept ou huit minutes qu'il nous reste. Je me permets de
répéter les principales: la recherche au niveau
universitaire...
Mme Lavoie-Roux: L'inventaire des bibliothèques
universitaires.
M. Morin (Sauvé): C'est noté.
Mme Lavoie-Roux: L'effet de la politique d'achat sur tous les
niveaux d'enseignement, mais comme on est rendu au dernier niveau, je ne vous
en ai pas encore parlé, au plan budgétaire; l'effort de
disponibilité, pour les étudiants, de manuels ou de livres de
référence en langue française, particulièrement
dans certaines facultés où il y a je n'oserais pas dire
une prédominance peut-être une prédominance de
livres en langue anglaise.
M. Morin (Sauvé): Nous avons noté toutes ces
questions et tandis qu'on procède à la recherche des
réponses chiffrées, dans la mesure où elles sont
disponibles, j'aborderai, très brièvement, au cours des minutes
qu'il nous reste, la question des subventions de formation de chercheurs et
d'action concertée, puisque j'ai déjà devant moi et
j'entends déposer, pour l'information des mem-
bres de cette commission, le rapport qui nous est parvenu du
comité-conseil attaché aux subventions de formation de chercheurs
et d'action concertée. En particulier pour les équipes et
séminaires, vous vous souviendrez que lors de la question avec
débat, il avait été longuement question de cela.
Je commencerai, brièvement, par porter à votre
connaissance un avis du Conseil des universités qui m'est parvenu sur le
cinquième rapport du comité-conseil, programme FCAC,
équipes et séminaires, pour l'année 1978-1979. Cet avis du
Conseil des universités se trouve à la page 1 ; je me permets de
le citer, au moins pour l'essentiel: "Le Conseil des universités
désire, d'abord, féliciter le comité-conseil et le
ministère de l'Éducation pour la célérité
avec laquelle ils ont conduit cette opération d'évaluation et
pour... "
Mme Lavoie-Roux: C'est agréable à lire, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Effectivement. Ce doit être
agréable aussi, j'espère, aux oreilles de l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Ah! oui. Certainement.
M. Morin (Sauvé): On nous félicite également
pour la transparence du processus utilisé.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait au moins un domaine où vous
êtes vraiment transparent et que c'est dit par d'autres que
vous-même.
M. Morin (Sauvé): J'ai tenté d'être le plus
transparent à vos yeux, sans aller jusqu'à l'indécence,
toutefois. Trêve de blague, le temps se fait court et je voudrais quand
même vous donner lecture de l'essentiel de cet avis du conseil. "À
la suite des difficultés qu'a connues le Service de la recherche
universitaire et de la formation de chercheurs, l'automne dernier, qui ont
causé des retards considérables dans l'acheminement des demandes
de subventions, il est remarquable que le rapport du comité-conseil soit
déjà déposé". Je transmettrai les
félicitations de Mme le député de L'Acadie au
comité-conseil. "En outre, plusieurs modifications visant à
améliorer la qualité du processus ont été
apportées. Parmi celles-ci, on peut mentionner, entre autres, les
précisions apportées aux directives pour les comités
d'appréciation et l'ajout d'une période de deux semaines pour
permettre aux membres des comités de se familiariser avec les demandes
de subventions. "Toutefois, en parcourant ce rapport, le conseil a
décelé plusieurs problèmes qui persistent dans cette
évaluation des demandes d'équipes. On peut mentionner les
difficultés dans l'application des critères d'excellence et
d'émergence à l'intérieur d'un même volet, la
faiblesse de la subvention moyenne ainsi que le partage de l'enveloppe globale
entre les divers comités." Inutile de vous dire que nous avons
noté avec beaucoup d'atten- tion ces quelques légères
difficultés sur lesquelles on attire notre attention. "Cependant, le
conseil ne désire pas s'attarder maintenant à ces
considérations, puisqu'il est important que les chercheurs soient
avisés, au plus tôt, de leur subvention. Le conseil, conscient de
ces problèmes, poursuit ses travaux sur le programme FCAC et soumettra,
en temps opportun, un avis formel où toutes ces considérations
seront reprises".
Je vous ferai grâce des considérants de la recommandation
qui nous est parvenue à l'effet de consacrer au volet équipe,
pour l'année 1978/79, les ressources financières
recommandées dans le rapport du comité-conseil. Je voudrais
simplement souligner le considérant où l'on souligne la
qualité du rapport préparé par le comité-conseil,
lequel atteste du souci de rigueur et de transparence qui la inspiré
dans la poursuite de ses travaux et l'intérêt qu'il peut
revêtir pour tous les universitaires intéressés par
l'évolution du programme FCAC.
M. le Président, je pense que c'était le
député de Gaspé qui avait soulevé cette question...
Non, pardon, c'était Mme le député de L'Acadie qui avait
soulevé cette question avec débat. Je suis heureux de constater,
avec elle, qu'il y a eu des améliorations à la situation.
Le conseil me recommandait de rendre public le rapport, et me
recommandait même de le diffuser largement dans les milieux
intéressés à la gestion du programme FCAC; en le
déposant devant cette commission, j'entends m'acquitter de cette
recommandation.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, si vous me permettez une
très courte question; j'en aurais plusieurs sur le sujet, même si
tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
M. Morin (Sauvé): Je n'irais pas tout à fait jusque
là, mais si Mme le député insiste pour le constater, je ne
protesterai pas indûment.
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement, quelle est la proportion
ce fut un long débat au mois de décembre, tout le monde
s'en souviendra des subventions à la recherche qui va être
affectée aux différents volets? J'en prends connaissance, on dit
qu'on a accepté des recommandations du conseil pour le volet
équipe, mais qu'en est-il du volet centre et celui qui avait
créé tant de difficultés du volet des programmes
majeurs? Les difficultés étaient surtout survenues à
l'égard de ce dernier volet, alors que la subvention de $500 000 qui
avait été prévue n'avait, finalement, pas
été accordée, pour des raisons dont je me souviens
vaguement.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de la répartition
suivant les différents volets du programme FCAC, en 1977-1978, $500 000
sont allés au volet programmes majeurs et étude de
faisabilité; $5 703 000 pour les équipes et séminaires, le
rapport dont on vient de parler; $900 000 pour la subvention
générale qui est une subvention don-
née à chacune des institutions pour qu'elle puisse
s'ajuster, au fur et à mesure que des programmes particuliers de
recherche se font valoir dans l'une ou l'autre des universités; pour les
services de recherche, $360 000; pour les centres de recherche, $1 587 000 et
pour les actions concertées, $230 000, pour un total de $9 280 000. (12
h 30)
En 1978/79...
Mme Lavoie-Roux: C'est surtout cela qui est
intéressant.
M. Morin (Sauvé): ... $500 000 pour les programmes
majeurs, soit le même montant que l'an dernier avec la création
d'un comité pour discuter de ces programmes; $6 millions pour les
équipes et séminaires; c'est contenu dans ce rapport; $900 000
pour la subvention générale, même montant; $300 000 pour
les services de recherche, une légère diminution, puisque le
comité responsable de la répartition des fonds doit nous remettre
un rapport sur ce volet qui pose certaines difficultés
particulières; $1 600 000 pour les centres de recherche, donc à
peu près le même montant; $280 000 pour les actions
concertées. Donc, on constate le maintien des montants, pour une
augmentation de la totalité du programme qui passe à $9 580
000.
Il faut dire qu'ici aussi, la base sur laquelle nous fonctionnons est,
au fond, une base historique. On constate ce qu'on a fait
antérieurement, et les montants sont ajustés au fur et à
mesure que les indexations sont faites. Par ailleurs, le problème pourra
être repris suite à l'étude faite par chacun des
comités responsables de chacun des volets, pour savoir si la
répartition, telle qu'elle existe, est vraiment la plus souhaitable.
Mme Lavoie-Roux: Pour quelles fins de recherche sont allés
les $500 000 consacrés aux recherches majeures, au volet des programmes
majeurs pour 1977-1978, et à qui iront-ils pour 1978-1979?
M. Morin (Sauvé): En 1977-1978, en fait, le volet des
programmes majeurs avait présenté certaines difficultés,
de telle sorte que devant l'incapacité de s'entendre avec tout le monde,
les montants ont été réaffectés sur les autres
volets. Pour 1978-1979, il y a la création d'un comité dont les
recommandations ne sont pas connues à l'heure actuelle, puisque le
comité doit faire ses recommandations dans les semaines qui
viennent.
Mme Lavoie-Roux: On est peut-être mieux de suspendre, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Le temps est venu de mettre
fin à nos travaux, je vous rappelle que nous devons terminer les travaux
de cette commission, c'est-à-dire l'étude des crédits
à 18 heures. Nous devrions, normalement, revenir après la
période des questions et je vous demanderai, à 18 heures, si vous
êtes disposés à adopter les crédits de
l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): Serions-nous prêts, sous
réserve des questions qui m'ont été posées et
auxquelles je répondrai au début de l'après-midi, à
adopter les crédits de l'enseignement universitaire. Cela me permettrait
de renvoyer certains des fonctionnaires à leurs tâches qui sont
toujours, vous le savez, pressantes...
Mme Lavoie-Roux: Cela aussi fait partie de leurs tâches, M.
le ministre.
M. Morin (Sauvé): Sûrement, je n'ai pas l'intention
de contester cela, mais il y a les autres qui attendent, à
l'éducation des adultes, au financement des prêts et bourses; il y
a une multitude d'autres questions où j'aimerais bien que les
fonctionnaires puissent être utiles à quelque chose,
également.
Je ne voudrais pas, M. le Président, que nous adoptions en bloc
et sans les avoir examinés, un tant soit peu, des pans entiers des
crédits du ministère de l'Éducation. C'est pourquoi, si
les députés veulent en convenir, je vous proposerais que nous
adoptions, sous réserve, le financement universitaire ce qui nous
permettrait, après avoir répondu aux questions, cet
après-midi, de passer au grand nombre d'autres questions qu'il reste
à couvrir.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez toujours eu ma collaboration, M. le
ministre, je ne sais pas pourquoi vous faites un tel plaidoyer. Je suis tout
à fait d'accord pour qu'on les adopte, sauf que je voudrais poser,
peut-être, quelques questions supplémentaires sur la recherche,
mais très courtes.
M. Morin (Sauvé): Je ferai venir les fonctionnaires
responsables de la recherche, de même que le sous-ministre, ce qui me
permettra de libérer les autres.
Mme Lavoie-Roux: Comme je vous le signalais ce matin, je ne sais
pas quelles sont les intentions du député de Gaspé, mais
sur la question de l'éducation des adultes, je n'entends pas être
très longue. Je pense qu'il n'y a pas de politique
générale de l'éducation des adultes qui a
été formulée et je vous signalais que cela ferait
peut-être l'objet d'un beau débat du vendredi, à l'automne.
C'est pour vous dire que ce sera très bref du côté de
l'éducation des adultes. L'enseignement privé... est-ce que le
député de Gaspé a des questions à poser; je n'en ai
pas d'autres à poser.
M. Le Moignan: On l'a déjà touché
passablement.
M. Morin (Sauvé): À défaut d'avoir
épuisé le sujet, nous avons épuisé les
députés, l'autre jour, sur la question.
M. Le Moignan: Ah! non. Il me restait une cinquantaine de
questions que je n'ai pas eu le temps de poser. J'en aurai peut-être
quelques-unes cet après-midi.
M. Morin (Sauvé): Nous y répondrons.
M. le Président, je me permets d'insister, et je pense à
mes fonctionnaires et à leur travail, serait-il possible d'adopter, sous
réserve, les crédits du réseau universitaire?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. J'ai dit oui.
Le Président (M. Dussault): Le programme 2,
élément 2, activité 2 sont-ils adoptés, avec les
réserves que nous venons de faire?
Une voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, évidemment, il y avait
beaucoup d'autres questions à poser du côté de
l'université, mais le livre vert de la commission d'étude sur les
universités c'est un livre vert?
M. Morin (Sauvé): II n'a pas encore de couleur. Pour
l'instant, sa couverture est bleue, mais cela n'a pas de signification
politique ou administrative particulière.
Mme Lavoie-Roux: Elle n'en a pas de prophétique non
plus?
M. Morin (Sauvé): Je n'oserais le croire.
Mme Lavoie-Roux: Nous aurons l'occasion quand même de
revenir sur cela, parce qu'il y a beaucoup de questions qui vont se retrouver
dans le rapport de la commission d'étude, et à ce moment-ci, je
pense que même si on les abordait...
Vous allez me dire qu'elles seront dans le livre...
Le Président (M. Dussault): Les crédits relatifs
à l'enseignement universitaire sont adoptés et nous ajournons nos
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
(Reprise de la séance à 15 h 43)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons reprendre les travaux de la commission parlementaire
permanente élue de l'éducation ayant le mandat de faire
l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Jolivet
(Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Marquis (Matapédia), M. Morin (Sauvé),
M. Paquette (Rosemont), M. Picotte (Maskinongé).
Sont intervenants: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens (Dubuc),
M. Gosselin (Sherbrooke), M. Goulet (Bellechasse), M. Roy (Beauce-Sud), M.
Samson (Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount), et M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Au moment où nous avons ajourné les travaux à 12 h
30, nous avions adopté, sous réserve, le programme relatif
à l'enseignement universitaire et quelques renseignements
supplémentaires devaient être apportés à l'ouverture
de la séance.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais invoquer une
question de règlement, pour que vous me donniez la parole.
Le Président (M. Dussault): Quel est l'objet, madame, de
cette question de règlement?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement rappeler qu'au cours des
journées d'étude que nous avons eues, on a demandé
plusieurs rapports. Quelques-uns nous sont parvenus, d'autres ne nous sont pas
parvenus. Par exemple, je n'en cite qu'un, le premier qui me vient à
l'esprit, c'était la liste des projets de recherche au moment de
l'élémentaire et du secondaire. Y a-t-il quelqu'un qui tient la
liste des demandes que nous avons faites? Dans tous les cas, on a dit: Oui, on
vous les donnera. Je ne tiens pas à les avoir cet après-midi,
mais qu'éventuellement on les ait.
M. Morin (Sauvé): Nous avons dressé la liste au fur
et à mesure des demandes qui nous ont été
communiquées pendant les séances de la commission parlementaire.
Lorsque les recherches peuvent être effectuées rapidement, les
documents vous sont remis aussitôt, enfin à la séance
suivante. Dans certains cas, les recherches sont plus longues et,
aussitôt que nous les aurons terminées, les documents vous seront
communiqués.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, du moment qu'on ne nous oublie pas,
c'est parfait.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, pour les
réponses qui avaient été promises.
M. Morin (Sauvé): Mme le député de L'Acadie
m'a posé une question au sujet du manuel scolaire. C'est une question
qui intéresse non seulement le ministère de l'Éducation,
mais également, puisque entre en ligne de compte l'édition
d'ouvrages scolaires et d'ouvrages scientifiques, le ministère des
Affaires culturelles, le ministère des Affaires intergouvernementales,
le Conseil supérieur de l'éducation, la conférence des
recteurs et des principaux des universités du Québec,
appelée CREPUQ et quelques autres organismes encore qui
s'intéressent à la question du manuel scolaire.
Je commencerai, avant de vous faire part de tous les détails de
cette politique, par vous dire que cette question me cause beaucoup de soucis
depuis que je suis arrivé au ministère, notamment pour ce qui est
des manuels de base qui, dans certaines disciplines, sont, pour ainsi dire,
inexistants. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles on a souvent
recours à des ouvrages en langue étrangère, en anglais,
plus précisément.
J'ai décidé de mettre en oeuvre une politique que nous
sommes à élaborer et dont j'ai déjà
discuté avec quelques associations professionnelles
d'enseignants, une politique qui tendrait à faire rédiger des
manuels de base et sans doute, aussi, des manuels plus élaborés,
par des enseignants québécois, non pas en s'adressant à
des enseignants individuels, mais à des équipes d'enseignants,
lesquelles seraient constituées, au moins pour une part, par leurs
associations professionnelles. C'est ainsi que j'ai parlé de cette
possibilité avec l'Association québécoise des professeurs
de français et j'ai eu, également, l'occasion de m'entretenir du
même sujet avec les enseignants des sciences humaines, en particulier,
l'histoire et la géographie.
L'idée serait qu'en quelques années, le ministère
de l'Éducation subventionnerait des équipes de rédacteurs
qui mettraient au point ces manuels, pour l'ensemble des matières
enseignées aux niveaux primaire et secondaire. Le système que je
décris présentement s'adresse, avant tout, aux niveaux primaire
et secondaire où les carences sont peut-être moins sensibles qu'au
niveau universitaire, mais où il y a quand même beaucoup de
travail à faire. Ayant dit cela, ceci est en marche, nous allons y venir
de façon active, cette année, une fois que les programmes auront
été rédigés, puisque cela va être accompli
dans la foulée des programmes j'espère que mon vocabulaire
plaît toujours à Mme le député...
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être dangereux, beaucoup de
foulées, vous savez, faites bien attention.
M. Morin (Sauvé): ... Non seulement dans la foulée
des programmes, mais également dans la suite des devis de manuels qui
seront rédigés par les services du ministère. En effet,
avant de demander aux gens de produire des manuels, il faut faire des devis qui
soient conformes aux nouveaux programmes qui sont en voie
d'élaboration.
Ces choses étant dites, pour ce qui est des ouvrages
scientifiques, le ministère des Affaires culturelles a plusieurs
programmes d'aide à la rédaction et à l'édition. Je
pourrais vous donner les montants qui sont attachés à chaque
programme d'assistance financière, à l'édition de
périodiques, à l'édition de livres, à la promotion
et à la diffusion des livres, mais je pense que ce n'est pas ce qui vous
intéresse le plus directement.
Au ministère des Affaires intergouvernementales, il existe
également des programmes qui res-sortent au domaine du livre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je profite du silence du
ministre qui cherche. Je pense que ce n'est pas une préoccupation qui
est née d'hier ou d'aujourd'hui, tout ce problème de
l'utilisation de livres de référence anglais ou même de
livres de base anglais.
M. Morin (Sauvé): Non, sûrement pas.
Mme Lavoie-Roux: II y a d'abord, je pense, l'Office de la langue
française qui s'est vu confier une certaine responsabilité
à cet égard. N'y a-t-il pas, dans la loi 101, des dispositions ou
des règlements qui ont été faits à cet
égard? Est-ce un problème surmontable ou qui, finalement, ne
saura jamais l'être qu'à un certain pourcentage? À ce
moment, il faut peut-être se résigner à cela, si on ne peut
faire autrement. C'est un problème qui revient continuellement. Je pense
que le ministre de l'Éducation, dans sa fournée de
tournées du livre vert a eu des représentations, entre autres, un
mémoire qui était assez intéressant d'un monsieur de la
Côte-Nord ou de quelque part dans le bas du fleuve.
M. Morin (Sauvé): J'ai eu quelques représentations
au sujet du manuel.
Mme Lavoie-Roux: II y avait quelques chiffres précis
dedans, et tout cela.
M. Morin (Sauvé): Mais je ne pense pas que la question
soit liée directement à la Charte de la langue française.
Bien sûr, il y a des liens entre les deux, en ce sens que la
volonté de refranciser le Québec suppose celle de refranciser les
manuels scolaires, y compris au niveau universitaire, mais il n'y a pas dans la
charte, que je sache, des dispositions qui portent sur l'édition ou sur
la traduction de manuels en langue française.
Mme Lavoie-Roux: Qui est comme une des responsabilités, si
ma mémoire est bonne, non?
M. Laurin: Non. Ce qu'il y a dans la charte, c'est l'obligation,
une fois qu'un terme a été francisé et normalisé,
qu'il apparaisse tel quel dans les manuels qui seront
rédigés.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas plus que cela?
M. Laurin: Pédagogiquement, c'est peut-être plus que
cela, mais, littéralement, ce n'est pas plus que cela.
Mme Lavoie-Roux: A-t-on fait des études comparatives avec
le nombre de livres anglais qui sont utilisés, par exemple, en France?
Dans quelle mesure sont-ils, eux aussi, soumis à cette contingence? Il
faut peut-être examiner le problème sous un angle plus
réaliste. On pourra continuer de souhaiter le ministre de
l'Éducation, avec beaucoup de bonne volonté, me dit: tel ou tel
ministère a des préoccupations de cet ordre mais dans
quelle mesure ce problème est-il vraiment surmontable, quels que soient
les subventions ou les moyens financiers qu'on veuille y mettre?
M. Laurin: Ce problème est encore très aigu. Lors
des auditions de la loi 101, des tournées que j'ai faites, j'ai
reçu des représentations très fortes de la part de
certains milieux scolaires, particulièrement dans les milieux de
l'enseignement collégial, et particulièrement dans la section de
l'enseignement professionnel, où on me faisait part
qu'une bonne partie des manuels, des notes de cours, étaient
rédigés en anglais, du fait que l'enseignement devait être
tenu à jour complètement et que, en raison de notre
proximité avec le milieu américain, évidemment, il
était plus facile et indiqué aussi de recourir au manuel anglais.
Mais la situation est loin de satisfaire les élèves qui,
même s'ils y trouvent leur compte sur le plan du contenu, sur le plan de
la modernisation de l'enseignement, n'y trouvent pas leur compte sur le plan de
l'identité et sur la facilité aussi à apprendre. Je ne
vous le cache pas, et vous le savez comme moi, qu'une bonne partie de nos
jeunes élèves à ce niveau ne connaissent pas suffisamment
l'anglais pour aller chercher la richesse qui peut se trouver dans ces manuels.
Il y a donc une grande insatisfaction.
À l'appui de ces demandes qu'on nous a faites, il y avait des
études qui accompagnaient les exigences ou les réclamations, mais
ces études ne sont pas encore très scientifiques; il s'agit
plutôt d'inventaires, il s'agit de bénévoles qui ont
colligé les renseignements qui leur étaient disponibles. J'avoue
que les pourcentages sont assez inquiétants car, dans certains cas, il y
a 80% ou 85% des manuels ou des notes de cours auxquels les
élèves doivent se référer, qui sont en langue
anglaise. C'est vraiment inacceptable puisque étant donné la
faible connaissance de l'anglais de certains milieux, on ne peut pas... les
élèves disent qu'ils ne peuvent pas profiter de cet
enseignement.
Il y a donc un effort sérieux à faire. Je comprends le
sens de votre question. Même une fois que cet effort sérieux sera
fait, même une fois, que les comparaisons seront faites avec ce qui se
passe en France, par exemple, où là aussi on est obligé,
dans certains cas, dans certaines matières, de recourir à des
références technologiques, particulièrement, ou
scientifiques en langue anglaise, même une fois que cet effort sera fait,
il restera un certain pourcentage d'utilisation nécessaire de l'anglais.
Nous ne sommes pas triomphalistes ou caporalistes au point où nous
voudrions bannir l'anglais comme langue d'enseignement ou pour l'utilisation
des textes de référence, en particulier, qu'il s'agisse
d'articles de revues, ou de livres spécialisés.
Je pense qu'on peut, légitimement, comme le disait le ministre,
augmenter la proportion de textes français qui peuvent être mis
entre les mains de nos élèves, soit qu'il s'agisse de traductions
de volumes américains excellents ceux qui peuvent s'adapter
à nos conditions ou soit qu'il s'agisse de la rédaction,
purement et simplement, de textes en langue française, par des
équipes de professeurs, particulièrement les plus
expérimentés, les plus chevronnés. Là, bien
sûr, il faudra l'aide du ministère de l'Éducation à
tous les niveaux, primaire, secondaire, collégial et
éventuellement, universitaire. Il faut compter, aussi, sur la
motivation, sur la mobilisation des autorités collégiales,
universitaires, et nous les avons rencontrées, à quelques
reprises, pour les sensibiliser à cette nécessité; je dois
avouer qu'on n'a eu aucune difficulté à les convaincre. Il y a un
travail d'organisation à faire...
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a beaucoup de bonne
volonté partout, mais c'est la réalisation.
M. Laurin: Tout cet effort, une fois fait, il restera, quand
même, une marge.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous pouvez me dire si, dans les
échanges France-Québec je ne parle pas des échanges
d'éducateurs ou d'enseignants, mais des échanges
généraux ce problème a été
abordé. Il reste, par exemple, que pour traduire des volumes, c'est
très coûteux pour le Québec qui a quand même une
population de 5 millions, même en se disant qu'en Ontario... il y a
peut-être 6 millions de francophones au Canada...
M. Laurin: Remarquez, Mme le député, que même
certains éditeurs français, actuellement, font traduire en
anglais certains volumes français qu'ils peuvent ensuite exporter non
seulement au Québec, mais dans d'autres pays francophones et même
dans certaines poches francophones de pays anglophones. Il commence à se
développer un marché, là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'ils ont ce même souci que nous?
Vous me dites que ce sont des livres français qu'ils traduisent en
anglais. Je pense à l'inverse; au lieu d'assumer les coûts seuls,
est-ce qu'il y a une motivation du côté des pays francophones qui,
en fait, peuvent être sujets aux mêmes contingences, pour faire un
effort un peu plus collectif qui serait moins coûteux pour tout le monde,
finalement.
M. Morin (Sauvé): Effectivement, la France a des
problèmes, mais bien moins graves que les nôtres, parce qu'elle
peut compter sur un marché de plusieurs millions d'élèves,
alors qu'au Québec, nous dépassons le million, mais guère
plus.
C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, le ministère des
Affaires intergouvernementales s'intéresse à la question, de
façon à, si possible, répartir l'effort ou le faire en
commun. Par exemple, dans le cadre d'un premier programme, les gouvernements
québécois et français ont constitué un fonds commun
destiné à alléger de 30% le coût d'achat de certains
livres spécialisés achetés par les étudiants
québécois, et dont la liste est établie
périodiquement, avec la coopération des directeurs de
départements et des professeurs d'université. (16 heures)
Comme vous voyez, il y a un effort pour faire en sorte que les livres
soient plus accessibles sur le plan financier. Pour l'année 1978/79, le
document que j'ai devant moi me révèle que l'aide accordée
à ce titre équivaut à environ $150 000, dont $75 000 sont
financés à même le budget du ministère des Affaires
intergouvernementales.
Il y a un deuxième programme où il existe une
contribution des deux gouvernements. Dans ce cas, l'objectif est de
favoriser la collaboration d'auteurs québécois et français
dans la rédaction et l'édition de volumes en langue
française. En 1978/79, la contribution québécoise est
évaluée à $30 000. Ce ne sont pas encore des chiffres bien
mirobolants, mais c'est un départ, et si Mme le député me
le permet, je voudrais ajouter ce qui se fait maintenant au niveau de
l'enseignement supérieur au ministère de l'Éducation,
puisque sa question portait plus directement là-dessus.
Nous avons reçu un avis il y a quelque temps du Conseil
supérieur de l'éducation qui nous faisait des recommandations,
lesquelles portent exactement sur vos préoccupations. On nous
recommandait d'accepter le principe de subvention à l'édition
d'ouvrages didactiques en français, originaux ou traduits,
destinés à l'usage des étudiants du premier cycle
universitaire. On nous recommandait encore de prévoir des montants
nécessaires pour répondre aux besoins et aux demandes dans ce
domaine, de favoriser la publication en français d'ouvrages
scientifiques, avec ou sans coédition en langue étrangère,
d'établir un comité provincial d'évaluation qui aurait
pour tâche de donner des avis sur l'opportunité d'éditer en
français tel ou tel de ces ouvrages, etc.
La CREPUQ, à son tour, s'est penchée sur ce
problème. Vous voyez que votre préoccupation est largement
partagée au niveau universitaire. Et en juillet 1976, la CREPUQ nous
faisait parvenir un projet de proposition d'une formule de financement pour un
programme d'aide à l'édition universitaire. L'avis de la CREPUQ
se distinguait de celui du Conseil des universités en ce qu'il
suggérait que l'aide à l'édition universitaire soit
financée à même une augmentation des subventions annuelles
de fonctionnement versées à chaque université. La CREPUQ
nous suggérait de faire en sorte que le déficit établi
à $511 382 pour les presses universitaires soit épongé,
que la masse salariale du personnel enseignant soit indexée globalement
de 0,5%, pour permettre aux institutions de résorber le déficit
des presses.
À l'heure actuelle, la DIGES est en train d'examiner et le
rapport émanant du Conseil supérieur de l'éducation et les
propositions de la CREPUQ, dans le but d'aboutir, au cours de l'hiver prochain,
à une politique globale de l'édition française du manuel
scolaire pour le niveau universitaire.
Voilà en gros la réponse que je peux vous donner. Selon le
ministère de l'Éducation, et cela explique les discussions qui
ont lieu en ce moment, et la longueur de ces discussions, les problèmes
financiers des presses universitaires ne peuvent être isolés de la
question plus générale de la pénurie de manuels et
d'ouvrages scientifiques en langue française pour les étudiants.
Donc, on est de retour à nos efforts, et aux efforts qu'il ne faudra pas
ménager du côté des Affaires intergouvernementales pour
favoriser les entreprises communes avec nos collègues
français.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas
m'étendre sur cette question, mais le ministè- re de
l'Éducation, qui a quand même à sa disposition beaucoup de
ressources, devrait peut-être aussi tenter d'évaluer annuellement
les progrès qu'on fait. On peut bien traduire quelques livres, ou en
éditer soi-même, mais finalement c'est presque toujours une course
contre la montre, parce que vous savez comment sont prolifiques les
États-Unis, et même d'autres pays, comme les pays nordiques, qui
produisent aussi en anglais. Il faut voir si, d'année en année,
en fait, on fait un progrès ou si on n'en fait pas. Si on n'en fait pas,
quelles sont les sommes que le gouvernement est prêt à investir
là-dedans? Quelle priorité veut-il y accorder? Parce que cela va
prendre de l'argent!
M. Morin (Sauvé): C'est évident. D'ailleurs, je
pourrais vous donner une idée de ce vers quoi on se dirige, sans que je
puisse annoncer de décision, puisque j'attendrai d'avoir le rapport de
la DIGES sur la question avant de signer quoi que ce soit, mais nous sommes
sensibles au problème des presses universitaires, comme, d'ailleurs,
ceux des autres maisons d'édition, pour ce qui est, en tout cas, de la
publication d'ouvrages scientifiques en langue française.
Nous pensons à l'idée d'un fonds spécial auquel il
pourrait être fait appel par les éditeurs d'ouvrages dont la
clientèle prévisible n'offre pas de garantie suffisante
d'autofinancement, donc, un fonds auquel il pourrait être fait appel par,
non seulement les presses universitaires, mais par d'autres maisons
également. Les montants auxquels on songeait ils sont encore
à l'étude étaient de $500 000 pour les deux
premières années et de $250 000 pour 1980-1981. Cela vous donne
une idée de l'effort qu'on pourrait faire, au moins au départ,
pour favoriser cette édition.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y a pas un problème...
C'est presque un dilemme, les prêts universitaires veulent quand
même publier des livres qui, du point de vue de l'intérêt de
la production et de la valeur de la production, méritent d'être
publiés. Il se peut que ceci, en fait, n'intéresse qu'un nombre
très restreint de personnes et soit vraiment... Si on pense... Il y a
eu, en psychologie, cela fait trop longtemps que je ne suis plus dans le
domaine, des livres qui avaient été publiés, qui avaient
trait aux études, enfin, peu importe, et qui, finalement,
intéressaient un public très restreint. C'est un peu le dilemme.
Je pense que c'est légitime de publier ces ouvrages-là, mais, par
contre, c'est aussi difficile d'atteindre cet autre objectif qui est celui de
franciser les manuels mis à la disposition des étudiants. Je ne
sais pas comment on résout ce dilemme au plan financier.
M. Saint-Germain: Est-ce que je peux... C'est sur le livre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Le Moignan: Est-ce que c'est long? C'est sur le livre.
D'accord.
Le Président (M. Dussault): C'est toujours sur les
questions que nous avions gardées en réserve. D'accord.
M. Le Moignan: En suspens, d'accord; je viendrai
après.
Le Président (M. Dussault): Normalement, ce serait vous,
M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: Non, si c'est sur le livre, on va...
Le Président (M. Dussault): Alors, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Cela ne m'enlève pas mon droit de parole
après...
Le Président (M. Dussault): Non, du tout.
M. Saint-Germain: Je voulais dire que cela me semble très
difficile de traduire de l'anglais au français une multitude de livres
scientifiques et, d'ailleurs, au Québec, tout ceci est un vieux
problème. Cela a probablement débuté avec la guerre. Je me
souviens qu'à l'Université de Montréal, dans le temps de
la guerre, en chimie, en mathématiques, en physique, tous nos volumes
étaient en anglais, pour la bonne raison que la seule source de ces
volumes, c'était les États-Unis. C'est aussi simple que cela.
C'est probablement encore le même problème aujourd'hui, parce que,
dans les pays...
M. Laurin: C'était la même chose en médecine
à l'époque.
M. Saint-Germain: C'était la même chose en
médecine, très probablement. À cause de la guerre
il faut bien le dire la production scientifique ou technique
française a été retardée relativement à
celle des États-Unis où, là, on a eu un bond en avant
marqué. Il est peut-être possible de traduire, au niveau
universitaire, les livres dont les étudiants de première
année universitaire se serviront peut-être que c'est la
même chose en médecine parce que ces livres contiennent
habituellement les éléments que tout scientifique doit
connaître. Vous les traduisez en français, cela a peut-être
un certain sens, même si c'est assez coûteux. Aujourd'hui, cela
avance tellement vite que, peut-être trois ou quatre ans après,
c'est un autre volume qui vient à l'ordre du jour. Mais, si vous avez
deux ou trois ans de plus d'études universitaires, vous tombez dans des
volumes spécialisés qui sont très peu en demande,
même s'ils sont extrêmement importants. Là, leur importance
n'est plus en relation de leur nombre.
M. Laurin: Ils sont chers.
M. Saint-Germain: Ils sont très chers. Ces volumes, bien
souvent, sont ceux qui vieillissent le plus vite, en ce sens que deux ou trois
ans plus tard, ils peuvent être dépassés et c'est une autre
publication qui est mise à jour. Alors, c'est très difficile,
c'est pratiquement impossible, je pense bien, à moins qu'il y ait une
motivation pour que tous les milieux culturels francophones se liguent pour
traduire au moins le plus grand nombre de volumes possible. Mais c'est un
ouvrage qui est toujours à recommencer, constamment.
M. Laurin: C'est bien la raison pour laquelle, M. le
député, malgré qu'on puisse tenir très fermement
à des objectifs de francisation graduelle, il ne faut jamais perdre de
vue les contraintes qui sont les nôtres, contraintes
démographiques, par suite du petit nombre d'élèves
auxquels peuvent s'adresser ces publications, contraintes géographiques
également du fait de notre proximité, contraintes
économiques en raison du coût des volumes.
Je pense que toute politique de l'édition française du
livre scolaire doit tenir compte de ces contraintes. On doit naviguer entre
deux objectifs, un objectif culturel marqué au coin de notre
identité de la fierté, mais en même temps l'objectif
économique qui est de tenir compte des contraintes qui sont les
nôtres.
M. Le Moignan: M. le Président, sur le même
sujet.
M. Saint-Germain: Mais je crois que ce qui serait beaucoup plus
logique et beaucoup plus simple serait de dire aux jeunes du Québec
aujourd'hui...
M. Laurin: Bien sûr, on leur dit constamment, M. le
député.
M. Saint-Germain: ... mais c'est aussi simple que ça.
M. Laurin: On leur dit constamment.
M. Saint-Germain: ... dire à ceux qui veulent être
médecins, ceux qui veulent être ingénieurs, qui veulent
être pilotes, navigateurs, qui veulent être des scientifiques,
qu'il n'y a pas d'autre moyen. Qu'est-ce que vous voulez, c'est ça. On
vivra toujours dans cette situation dangereuse et ambivalente.
M. Laurin: ... d'appoint.
M. Saint-Germain: On aura toujours besoin de ça et
pourquoi ne pas le dire aux jeunes?
M. Morin (Sauvé): Mais nous le disons constamment, M. le
député. Dans ma tournée sur le livre vert...
M. Saint-Germain: Ne me parlez pas du livre vert encore.
Écoutez une minute, on ne réglera pas tout avec ça,
croyez-moi. Il ne faut pas amplifier l'importance du livre vert.
M. Morin (Sauvé): Non, mais on ne réglera pas tout
avec le genre de belles phrases que vous faites.
M. Saint-Germain: Ce ne sont pas de belles phrases. On disait, au
niveau de l'élémentaire, qu'on avait des professeurs qui
enseignaient l'anglais et qui n'en avaient qu'une connaissance
élémentaire. C'est attacher de l'importance... et ça doit
commencer au niveau des contrats de travail. L'étude de la langue
seconde doit commencer au primaire, que ce soit en quatrième, en
troisième ou en cinquème année, je n'en suis pas
là. Mais il faut dire ça aux jeunes.
M. Laurin: II reste qu'il faut mettre la charrue après les
boeufs.
M. Saint-Germain: Oui, j'en suis.
M. Laurin: D'accord.
M. Saint-Germain: J'en suis.
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir au livre vert du ministre, je ne
suis pas sûre que le livre vert traduise vraiment cette
préoccupation que vous essayez de transmettre dans vos tournées.
M. le ministre. Enfin, c'est un autre sujet dont on a discuté longuement
l'autre jour.
M. Saint-Germain: En ce qui a trait... les
Québécois francophones qui vont être dans des
carrières scientifiques ou universitaires, si ces gens, il n'y a pas de
si ces gens, s'ils veulent avoir du succès, ils devront
nécessairement connaître l'anglais, au moins le lire
aisément. Mais une fois que ces gens peuvent lire ces livres
aisément, la traduction devient simplement un luxe et bien souvent elle
n'est même pas aussi valable que l'original.
M. Morin (Sauvé): M. le député, il y a
plusieurs fois que nous nous étendons sur ce thème et que vous
insistez là-dessus. Je vous prie de croire que nous y sommes
sensibilisés et que nous n'avons pas d'autres politiques que de faire en
sorte que nos enfants possèdent bien la langue du reste du continent
après, bien sûr, leur langue maternelle. Mais n'en faisons pas une
obsession, comme vous semblez vouloir le faire. Je sais bien que si vous
parliez l'anglais, vous pourriez être député à
Ottawa. Mais enfin, ce ne serait pas nécessairement un avantage par
rapport aux fonctions exaltées que vous exercez maintenant.
M. Saint-Germain: Si je ne parlais pas anglais, je ne serais
même pas député ici, M. le ministre, c'est aussi simple que
ça. (16 h 15)
M. Morin (Sauvé): Vous faites un aveu qui va gêner
votre collègue.
M. Saint-Germain: Certainement pas. La moitié de mes
électeurs sont de langue anglaise.
M. Morin (Sauvé): Ah! bon.
M. Saint-Germain: Est-ce que je puis servir mes électeurs
autrement que dans leur langue? Il n'y a pas de honte à cela. C'est un
beau comté, à part cela.
M. Morin (Sauvé): Je ne dis pas qu'il y a une honte
à cela. Je dis que cela explique beaucoup de choses.
M. Saint-Germain: Quand j'avais seize ans, je ne parlais pas
anglais du tout. Mes parents ne parlaient pas anglais. Ma mère non plus
ne parlait pas anglais. Je sais ce que c'est que d'être frustré,
de vivre en Amérique du Nord, si on est un peu ambitieux. Je connais les
inconvénients d'être unilingue et le handicap que cela peut
apporter à un jeune homme qui veut réussir dans la vie, lorsqu'on
appartient à une minorité francophone comme la nôtre. J'ai
vécu cela. Je n'ai pas lu cela dans les livres. Ce ne sont pas les
journalistes ni les professeurs qui m'ont dit cela. C'est l'expérience
de la vie.
Je trouve que c'est rendre un mauvais service à la culture
française en Amérique du Nord, et au Québec en
particulier, que de dire aux jeunes francophones que la vie peut être
autrement pour eux. C'est entendu que pour les jeunes qui veulent vivre dans
leur petit village ou leur petite ville et y passer leur vie, il n'y a pas de
mal. Il y a une multitude de Québécois qui vivent comme cela et
ils peuvent vivre des vies fructueuses et heureuses. Mais celui qui veut aller
de l'avant ne peut pas s'empêcher d'être au moins bilingue.
Ce sont les faits. Pourquoi ne pas le dire? Dire que le ministre est
sensibilisé, cela vaut simplement ce que cela vaut. Tous les ministres
de l'Éducation ont été sensibilisés à cela.
Vous l'avez été très jeune, vous êtes encore plus
bilingue que je peux l'être pour d'autres raisons de dépendance
que les miennes, si vous voulez.
Ce ne sont pas les ministres qu'il faut sensibiliser. C'est ceux qui ont
charge dans les écoles d'enseigner la langue seconde. Quand je parle de
sensibilisation à la langue seconde dans l'enseignement, cela vaut aussi
bien pour les gens de langue anglaise qui vivent au Québec que pour les
gens de langue française. Il n'y a aucune différence. C'est aussi
important pour l'un que pour l'autre.
C'est cela la vérité. Essayez donc de sensibiliser ceux
qui sont responsables de l'enseignement aux niveaux élémentaire,
secondaire et collégial. Dites-leur et prouvez-leur bien que lorsqu'ils
n'enseignent pas bien la langue seconde, ce sont les francophones qui en
souffrent.
M. Le Moignan: M. le Président, je pense qu'on
s'éloigne beaucoup du sujet. Je vous ai demandé la parole ce
matin.
M. Saint-Germain: Je m'excuse, M. le député.
Le Président (M. Dussault): Je vois, M. le
député de Gaspé, que vous aviez un sentiment...
M. Le Moignan: Je lui ai cédé la parole pou
quelques questions, mais comme on doit ajourne à six heures, j'aurais
aimé avoir la chance d poser quelques questions.
M. Saint-Germain: Allez-y.
Le Président (M. Dussault): Vous avez bien raison, M. le
député de Gaspé. J'attendais la fin d'une phrase
complète de M. le député de Jacques-Cartier pour lui
rappeler qu'il était vraiment en dehors du sujet que nous avions
réservé cet après-midi.
M. Saint-Germain: M. le Président, je suis dans le sujet.
La langue seconde, c'est un au Québec. Cela ne se divise pas entre les
niveaux universitaire et secondaire. Il y a un lien entre tout cela.
J'étais dans le sujet.
Le Président (M. Dussault): Vous savez que le
président ne se prononce pas sur le contenu. Cependant, ce
n'était pas vraiment la question que nous avions réservée
pour cet après-midi.
Ceci dit, M. le député de Gaspé, vous avez la
parole.
M. Morin (Sauvé): Avant que le député de
Gaspé ne prenne la parole, je voulais simplement signaler que j'ai
d'autres réponses à donner à Mme le député
de L'Acadie. Nous y reviendrons par la suite, si vous le voulez bien.
M. Le Moignan: Ce ne sera pas tellement long. On parle de ces
questions de manuels scolaires, surtout du côté scientifique et
médical. Un pays comme la France est très
développé; même des Québécois vont y
poursuivre des études médicales avancées. Est-ce que la
France n'aurait pas ses propres manuels, sans avoir recours à des
traductions? Je pense qu'en France on forme de grands spécialistes du
côté médical.
M. Morin (Sauvé): La France a beaucoup moins de
problèmes de manuels scolaires que le Québec. Elle a des
problèmes, bien sûr, au niveau des ouvrages
spécialisés, lesquels viennent souvent de l'étranger.
Comme, j'imagine, dans certaines disciplines, les manuels français sont
à l'avant-garde et doivent être traduits en anglais, en russe ou
en chinois, de même la France doit constamment voir à faire
traduire des ouvrages spécialisés en provenance surtout des
États-Unis, j'imagine.
Pour le manuel scolaire en particulier, aux niveaux secondaire et
primaire, la France est abondamment pourvue, mais ces manuels ne sont pas
nécessairement utilisables tels quels au Québec parce qu'ils sont
rédigés en fonction des programmes français, lesquels ne
sont pas nécessairement les mêmes que les nôtres. Je pense
à la géographie nationale ou à l'histoire nationale en
France, cela ne peut pas être exactement celles du Québec. Elles
se recoupent pendant un certain temps, mais ensuite elles se séparent,
donc il faut tenir compte du fait que le Québec a des besoins
spécifiques et ce sont ces besoins que je voudrais remplir en demandant
aux enseignants québécois, comme je l'ai indiqué au
début de cet échange, de rédiger des manuels avec l'aide
financière du ministère.
M. Le Moignan: Pour revenir au problème universitaire
où nous en étions ce matin, nous avions noté un taux de
passage du secondaire au cégep qui est très encourageant, qui va
s'accen-tuant d'année en année et même au point de vue
universitaire, je crois que d'ici l'an prochain, il y aura peut-être 10
000 étudiants de plus, mais même avec cet accroissement, je ne
sais pas si vous avez des chiffres pour établir des proportions, mais je
suis assuré que du côté francophone, nous sommes en retard,
je crois, dans le taux de scolarisation par rapport aux groupes ethniques du
Québec et même aux anglophones du Québec.
M. Morin (Sauvé): Je vais tenter de trouver quelques
chiffres. Je pense que grosso modo vous avez raison pour ce qui est d'une
comparaison entre francophones et anglophones, mais je ne sache pas que nous
ayons des chiffres qui nous permettraient d'analyser la situation pour ce qui
est des groupes ethniques, comme vous les appelez. Selon que les uns se rangent
du côté anglophone ou du côté francophone, ils sont
considérés comme appartenant à l'un ou l'autre groupe. Je
ne crois pas que nous ayons des chiffres portant, par exemple, sur les
Québécois d'origine polonaise ou d'origine italienne. Voulez-vous
prendre la page C-09 qui va vous apporter, à tout le moins un
début de réponse.
Mme Lavoie-Roux: Dans la loi 101, les Anglais étaient
devenus des groupes ethniques, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Vous pourriez m'expliquer cela, madame,
je ne me souviens pas de cette disposition législative.
Mme Lavoie-Roux: C'était une langue autre, comme celle de
tous les autres groupes ethniques, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je ne voudrais pas...
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas commencer un autre
débat, laissons faire.
M. Morin (Sauvé): ... commencer un autre débat,
parce qu'il nous reste, en gros, une heure et demie pour couvrir beaucoup de
terrain.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Morin (Sauvé): Je voudrais tout de même donner
satisfaction au député de Gaspé qui m'interroge sur le
taux de fréquentation. C'est bien la fréquentation universitaire,
M. le député, qui vous intéresse?
Mme Lavoie-Roux: La fréquentation universitaire, oui.
Même si vous n'aviez pas tous les chiffres, c'est simplement pour voir
s'il y a un point encourageant pour nous, pour notre groupe.
M. Morin (Sauvé): Voulez-vous regarder la
page C-9. Il s'agit d'abord des étudiants à temps plein
puis, au bas de la page, des étudiants à temps partiel. Vous
allez pouvoir étudier l'évolution de chaque secteur, le secteur
anglophone, le secteur francophone et le total québécois par
rapport à celui de l'Ontario. Par exemple, en 1973, le secteur
anglophone se trouvait à 12,73% et le secteur francophone à
4,84%, ce qui fait une moyenne de 6,06% alors qu'en Ontario nous obtenons
6,35%. En 1976, vous pouvez constater que les deux pourcentages ont
augmenté, celui des anglophones ayant toutefois commencé à
fléchir à 13,48%, tandis que celui des francophones est
passé à 5,29%. Si nous comparons cela avec l'Ontario,
évidemment vous pouvez constater que les francophones sont encore
largement défavorisés, puisqu'on constate qu'en Ontario le
pourcentage est de 7,14%. Ces chiffres intéressaient le premier cycle.
Pour les deuxième et troisième cycle, les chiffres sont
évidemment beaucoup moindres, mais malheureusement, vous pourrez
constater qu'ils ne s'améliorent guère du côté
francophone. Toutefois, ils se comparent favorablement avec ceux de l'Ontario.
Je me permets de prendre l'année 1976 à titre de témoin.
Nous obtenons chez les anglophones 0,95%, ce qui est un chiffre respectable.
Nous tombons à 0,38% pour les francophones, la moyenne se situant, pour
l'ensemble du Québec, à 0,47%, ce qui est évidemment
supérieur au 0,31% de l'Ontario.
Mais nous avons évidemment du rattrapage à faire, parce
qu'il y a longtemps que l'Ontario forme les élèves des
deuxième et troisième cycles tandis que chez nous, ces cycles
commencent tout juste à se renforcer, à prendre corps, dans leurs
programmes notamment.
Est-ce que cela répond entièrement à votre
question, M. le député?
M. Le Moignan: Oui. Je peux continuer. J'ai vu quelque part dans
votre livre vert que du côté du perfectionnement des professeurs,
dans l'acquisition du nombre de doctorats, les francophones avaient encore
là marqué des progrès très sensibles au cours des
dernières années. Maintenant, dans le perfectionnement de nos
maîtres ici au Québec, dans nos universités, est-ce que
nous avons beaucoup de professeurs ou de spécialistes étrangers
qui enseignent dans nos universités francophones, par rapport aux
universités anglophones, par exemple?
M. Morin (Sauvé): II y en a, à ma connaissance,
dans la plupart des universités francophones, mais c'est quand
même l'exception. Je connais moi-même plusieurs enseignants belges
ou français à l'Université de Montréal, à
l'Université de Sherbrooke, à l'Université Laval; il s'en
trouve sans doute également quelques-uns à l'Université du
Québec, mais c'est l'exception. Je ne sais pas s'il existe un
pourcentage, je serais étonné de la chose, parce que nous
considérons que ces professeurs deviennent québécois
lorsqu'ils s'installent ici.
M. Le Moignan: Non, ce n'est pas une objec- tion. C'est
peut-être, dans bien des cas, une très grande acquisition, parce
que ces professeurs nous arrivent avec une excellente formation.
M. Morin (Sauvé): II fut un temps, M. le
député, où nous devions, parce que nous
élargissions rapidement l'accès à nos institutions
d'enseignement supérieur, aller chercher massivement des enseignants en
Europe, dans les pays francophones. Le problème n'est plus le
même, nos universités, maintenant, vous le savez, alignent de
nombreux diplômés dans les sciences de l'éducation et le
problème devient même de leur trouver du travail. De sorte que
nous songeons moins à aller chercher des professeurs à
l'étranger, sauf dans des disciplines bien spécifiques où
nous avons besoin de tels spécialistes que nous n'avons pas encore.Mais
Dieu sait les difficultés que pourrait nous causer une politique qui
tendrait à aller chercher beaucoup d'enseignants en France. Il suffit de
voir l'imbroglio qu'a causé l'autre jour à l'Assemblée
nationale l'interprétation erronée qu'on a donnée à
propos de mon collègue, le ministre des Affaires intergouvernementales
qui, à Londres, avait laissé entendre que ce ne serait pas une
mauvaise idée d'échanger des enseignants entre les écoles
anglophones d'ici et celles d'Angleterre. Quand on a cru déceler dans
ses propos que nous allions avoir recours aux enseignants britanniques pour
remplir les cadres des écoles anglo-québécoises, il faut
voir toute l'émotion que cela a pu causer dans le réseau. Je
pense que ce serait la même chose dans le réseau francophone.
M. Le Moignan: Pour l'année en cours pour en venir
à un autre point pour les étudiants étrangers, les
chiffres sont d'environ 5775, dont 64% se dirigent dans les trois
universités anglaises. Je me suis fait poser une question aujourd'hui
par un député, peut-être puis-je vous la transmettre. Alors
que nos jeunes francophones ont de la difficulté à s'inscrire
à l'université, on m'a donné comme exemple un jeune qui
s'était inscrit en art dentaire, en pharmacie et en ergothérapie
à l'Université Laval de Québec. Il a des notes de 82%. Je
veux bien croire qu'il y a peut-être 500 demandes en art dentaire et que
l'université n'en accepte peut-être que 80. Est-ce qu'il y a un
quota ou un pourcentage prévu pour des étudiants étrangers
dans nos universités du Québec ou est-ce que ça va selon
la chance ou le hasard des examens? (16 h 30)
M. Morin (Sauvé): II n'y a pas de quotas visant les
étudiants étrangers dans les universités du Québec,
pas plus d'ailleurs, à ma connaissance, que dans les autres
universités canadiennes.
Cependant, depuis quelque temps, devant une certaine augmentation des
étudiants étrangers sous visa dans nos institutions, certains
ministères de l'Éducation dans les provinces anglophones ont
commencé à s'inquiéter de la croissance, non seulement des
étudiants, mais des coûts, notamment lorsqu'elles se sont rendu
compte que plusieurs des étudiants étrangers ne venaient pas de
pays réellement défavorisés, mais de pays, au contraire,
assez favorisés pour que certains élé-
merits de la population locale soient en mesure d'envoyer leurs enfants
faire leurs études ici.
Un cas classique, c'est celui de Hong Kong dont nous retrouvons les
étudiants dans plusieurs universités canadiennes. Il y en a
même, depuis que l'Ontario a commencé à imposer des frais
de scolarité, dans les collèges et universités du
Québec.
La réponse à votre question, c'est qu'il n'y a pas de
quotas, mais que les diverses provinces anglophones ont commencé,
l'Alberta et l'Ontario en tête et maintenant le Nouveau-Brunswick,
à imposer des frais de scolarité supplémentaires qui
correspondent à une portion du coût réel de chaque
étudiant, de façon à essayer de décourager des
pratiques qui feraient qu'une province n'ayant pas réglementé la
question, tous les étudiants étrangers auraient tendance à
rappliquer dans cette province.
M. Le Moignan: Je veux mentionner un autre point. Vous connaissez
les difficultés pour nos étudiants à nous d'entrer soit en
médecine, soit en art dentaire. Comment se fait-il qu'il y ait des
étudiants de pays étrangers qui soient acceptés alors que
les nôtres sont refusés?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, on me signale
que dans les programmes contingentés dont nous avons parlé ce
matin, l'un des effets du contingentement est de donner la priorité aux
étudiants québécois par rapport aux étudiants
étrangers qui pourraient se présenter. Nous savons bien que le
contingentement est fait en fonction des conditions du marché et des
prévisions qu'on entretient à l'égard des
possibilités de développement dans telle ou telle discipline, de
sorte qu'on est amené à donner la priorité, la
préférence aux Québécois. Est-ce que cela
répond a votre question, M. le député, ou vouliez-vous
plus de précisions sur tel ou tel point?
M. Le Moignan: La question directe qui nous est posée est
la suivante: Pourquoi un Québécois n'entre-t-il pas en art
dentaire, alors qu'en septembre il y aura peut-être dix ou quinze
Vietnamiens? C'est un exemple que je donne.
M. Morin (Sauvé): Le député pourrait
préciser sa question, mais la règle est la suivante: Dans les
programmes fortement contingentés, pour les appeler comme cela, en
particulier ceux des sciences de la santé, y compris l'art dentaire, la
règle est que les étudiants étrangers ne sont pas admis au
premier cycle, sauf les groupes couverts par des accords de coopération
comme il y en a pour les francophones d'Acadie, du Nouveau-Brunswick et de la
Nouvelle-Écosse. Il y a quelques sièges réservés en
médecine ou en art dentaire selon des ententes entre les gouvernements,
mais ce n'est pas cela qui...
M. Le Moignan: Le ministre indique ce qu'il n'a pas lu ce matin,
mais il fait un peu allusion à certaines ententes avec certains pays.
C'est simplement pour réfuter l'objection et donner la réponse
à celui qui m'a posé cette question... On se fâche
la-bas.
Je comprends très bien votre réponse.
J'aurais beaucoup de questions, mais concernant l'éducation aux
adultes, vous avez dit ce matin que vous en diriez un petit mot cet
après-midi. Vous n'étiez pas en Chambre tout à l'heure. Ce
n'est pas un reproche que je vous fais.
M. Morin (Sauvé): Non.
M. Le Moignan: Le député de Gatineau, je pense
bien...
Le Président (M. Dussault): M. le député,
nous y viendrons dans quelques minutes, quand nous aurons terminé les
questions que nous avions réservées pour cet après-midi
avant de passer au programme suivant.
M. Le Moignan: Tout à l'heure, j'avais une petite question
concernant l'administration. Le ministre m'a presque invité à
poser une question concernant l'enseignement privé ce matin. Puis-je la
poser tout de suite? Oui? Ou bien que je revienne plus tard...
M. Morin (Sauvé): Nous allons en venir à
l'enseignement privé, M. le député. Si vous voulez rester
des nôtres...
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à la fin.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que toutes les
réponses ont été données aux questions qui ont
été posées avant que nous allions dîner?
M. Morin (Sauvé): Non, M. le Président. Mme le
député de L'Acadie m'avait encore posé une question au
sujet de la politique d'achat dans le réseau de l'enseignement
supérieur, de même qu'une question sur les bibliothèques.
Je vais apporter la réponse la plus brève possible à
chacune de ces questions.
Commençons par les bibliothèques. Un comité a
été créé au mois de janvier pour s'enquérir
de l'état des bibliothèques au niveau universitaire et faire
rapport au ministre dans les meilleurs délais. Ce comité est
composé de trois personnes: M. Patrick Allen, dont on se souviendra,
puisqu'il était bibliothécaire des Hautes Études
Commerciales; M. Paul Filion et M. Victor Coulombe; le secrétaire du
comité est M. Lucien Barrette, de la DIGES. Le comité, selon un
rapport qui m'a été fait tout à l'heure, a rendu visite
à presque toutes les universités. Il doit remettre son rapport au
début de l'automne. Je ne sais encore si je le rendrai public. Je
préfère en prendre connaissance d'abord. De toute façon,
il faudrait des raisons très graves pour m'empêcher de le rendre
public, parce que j'estime qu'effectivement ce sont des renseignements qui sont
d'intérêt public. Si vous me permettez, avant de prendre un
engagement à cet égard, je voudrais plutôt prendre
connaissance du contenu de ce rapport.
Pour ce qui est maintenant de la politique
d'achat dans le réseau de l'enseignement supérieur, je
puis vous dire qu'en décembre 1977, le ministère de
l'Éducation a fait connaître aux établissements
universitaires les premières modalités d'application de la
politique d'achat.
En résumé, les établissements universitaires
doivent, depuis le 1er janvier 1978, appliquer la politique d'achat pour ce qui
est des biens meubles de $10 000 et plus, et présenter tous les
trimestres au ministère de l'Éducation un rapport portant sur
leurs achats.
Nous aurons, au terme de l'année, un rapport sur les achats
effectués en cours d'année, ainsi que ce qu'on appelle un plan
opérationnel je me demande exactement ce que cela veut dire; cela
doit vouloir dire un plan de mise en oeuvre pour l'achat
globalisé...
Mme Lavoie-Roux: Entre les universités?
M. Morin (Sauvé): ... entre les universités. Ce
plan de mise en oeuvre doit m'être présenté au mois de
janvier 1979. J'ajouterai encore un ou deux détails qui peuvent vous
intéresser. Au mois de mai de cette année, le ministère a
reçu les rapports sur les achats effectués au cours de la
dernière année, de même que les rapports trimestriels de
certaines universités sur les achats effectués au cours de
janvier, février et mars 1978.
Pour ce qui est de l'achat globalisé, la question est
actuellement étudiée par un groupe de travail mis sur pied par la
CREPUQ, puisque, comme il s'agit de réconcilier les achats
d'institutions autonomes, le meilleur moyen d'y parvenir est de procéder
par le truchement de la conférence des recteurs.
Enfin, en mai 1978, le ministère de l'Éducation a fait
parvenir aux universités le répertoire des produits
fabriqués au Québec, lequel, on le sait, a été mis
au point par le ministère de l'Industrie et du Commerce.
Mme Lavoie-Roux: Je remercie M. le ministre pour ses
réponses. Je vais m'abstenir de poser d'autres questions, mais
pourrais-je lui demander s'il serait possible que l'an prochain il n'a
pas tout à fait répondu à la question que j'ai
posée; elle n'était peut-être pas claire on
connaisse les répercussions sur le plan budgétaire, tant pour le
niveau collégial qu'universitaire, de l'application de la politique du
livre sur laquelle je ne veux pas revenir, parce qu'on va prendre un autre
trois quarts d'heure. Alors, je vais attendre un an.
M. Morin (Sauvé): Pouvons-nous considérer alors, M.
le Président, que nous avons terminé l'enseignement
universitaire?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous aviez
demandé la parole, M. le député de Jacques-Cartier, sur
les questions réservées pour cet après-midi?
M. Saint-Germain: Non.
Le Président (M. Dussault): Parce que nous avions convenu,
en votant le programme 6, que nous réservions quelques questions bien
spécifiques pour cet après-midi et que nous allions passer au
programme suivant.
M. Saint-Germain: M. le Président, je n'ai jamais pris la
parole sur cette question de l'enseignement universitaire, excepté sur
une question bien spécifique de traduction des livres. Je vous ferai
remarquer cela.
Mme Lavoie-Roux: ... M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Si vous m'assurez que vous
serez bref, je veux bien vous faire confiance, M. le député.
M. Saint-Germain: Écoutez! J'ai demandé la parole.
Je devrais avoir le droit de dire mon mot ici. Je n'ai pas parlé, moi,
sur l'élément...
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que ce matin, je ne
sais pas si vous étiez présent ou pas, mais nous avons
adopté les programmes relatifs aux universités, en
réservant quelques questions qui avaient été posées
à la fin de la séance par Mme le député...
M. Saint-Germain: J'ai quitté vers...
M. Morin (Sauvé): Alors, c'était une sorte de
"gentlemen's agreement" ou de "gentlewomen's agreement".
M. Saint-Germain: J'ai quitté une dizaine de minutes avant
la fin, ce matin et j'avais déjà...
Le Président (M. Dussault): C'est la raison pour laquelle
vous ne saviez pas, M. le député.
M. Saint-Germain: Quand j'ai quitté, j'avais
déjà demandé d'ailleurs la parole au président, si
vous vous souvenez bien, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): Oui. Alors, étant
donné quand même que cela a été accepté par
la commission, est-ce que je peux vous demander de vous prêter à
cette discipline?
M. Saint-Germain: Moi, je suis toujours bien bref, M. le
Président, quand le ministre ne m'oblige pas a m'étendre, vous
savez.
Le Président (M. Dussault): Je suis prêt à
vous laisser quelques minutes cependant pour...
M. Saint-Germain: Bon! C'est que j'ai lu, à la page 22 de
l'enseignement universitaire, ce document que vous n'avez pas lu, mais qui sera
consigné au journal des Débats, en bas de la page, on lit: "Les
contraintes économiques naturelles en quelque sorte, incitant les
entreprises du secteur privé à ajuster systématiquement
leurs coûts, n'auront jamais que peu d'influence sur un réseau
financier à plus de 90% même des fonds publics, à
moins justement que l'État ne crée lui-même cette
incitation et n'exerce les contraintes nécessaires au moment de
l'allocation des ressources."
C'est un principe, à mon avis, que vous émettez, et je
remarque aussi que vous ne parlez pas, au niveau des universités, de
cette politique de déconcentration...
M. Morin (Sauvé): Décentralisation.
M. Saint-Germain: ... et de décentralisation. Pourquoi, M.
le ministre? Est-ce que vous considérez que les universités sont
déconcentrées et décentralisées?
M. Morin (Sauvé): Elles sont sûrement
décentralisées. Elles ne sont pas déconcentrées. Au
contraire...
M. Saint-Germain: Est-ce que vous voulez dire que si...
M. Morin (Sauvé): L'enseignement y est souvent
concentré, mais c'est une autre affaire.
M. Saint-Germain: Cela veut dire que lorsque le système
est décentralisé, on n'a pas besoin de déconcentrer au
point de vue administratif, je suppose.
M. Morin (Sauvé): Ah! Non. Les deux choses vont
quelquefois de pair, mais quelquefois elles ne vont pas de pair. Pour ce qui
est de...
M. Saint-Germain: Mais pourquoi...
M. Morin (Sauvé): ... l'enseignement primaire et
secondaire, vous avez créé un mot de façon ineffable
l'autre jour, un mot dont j'entends me servir dans la foulée du livre
vert, et qui est la "déconcentralisation".
M. Saint-Germain: C'était bien dit.
M. Morin (Sauvé): Je pense que vous allez passer aux
annales, M. le député...
M. Saint-Germain: Oui, c'était bien dit.
M. Morin (Sauvé): ... pour avoir eu cette idée
géniale sans même vous en rendre compte.
M. Saint-Germain: Ah non! Excusez-moi. Écoutez! Il n'y a
pas seulement le ministre, vous savez. Je sais bien que le ministre descend de
la cuisse de Jupiter, mais il n'y a pas seulement le ministre qui peut inventer
des mots.
M. Morin (Sauvé): Qui est capable de créer des
mots. Non, je...
M. Saint-Germain: Vous savez, lorsqu'on est digne de se
mêler de discuter d'éducation dans le Québec, il faut
nécessairement inventer des mots. Cela semble être absolument
nécessaire.
M. Morin (Sauvé): Vous vous qualifiez désormais, M.
le député.
M. Saint-Germain: Je ne sais pas; il y a probablement des choses
à cacher et on croit les cacher par des mots. Alors, je disais qu'ici,
vous avez un principe, et vous dites que les universités sont
décentralisées. Mais pourquoi sont-elles
décentralisées, croyez-vous? (16 h 45)
M. Morin (Sauvé): Tout simplement, M. le
député, parce que nous ne prenons pas pour elles les
décisions que nous prenons à l'égard d'autres niveaux
d'enseignement. Par exemple, pour ce qui est de l'enseignement primaire et
secondaire, nous fixons des règles budgétaires, des règles
d'effectifs, des façons de dépenser, des enveloppes
budgétaires. Ce que nous ne faisons pas pour les universités.
Bien sûr, nous avons, là aussi, un financement per capita qui
tient compte des clientèles, mais nous n'avons pas, à
l'égard des universités, les mêmes exigences de
conformité aux normes que nous avons à l'égard, par
exemple, des secteurs primaire et secondaire. Les universités
s'administrent largement par elles-mêmes; je dirais même
probablement trop largement par elles-mêmes. Les négociations
salariales, par exemple, au lieu de se faire au niveau québécois,
au niveau national, entre quelques grandes fédérations
d'employeurs et le ministère, d'une part, et, d'autre part, une ou deux
grandes centrales d'enseignants, s'effectuent entre chaque université et
ses professeurs. De sorte qu'on aboutit d'ailleurs quelquefois à des
résultats qui ne sont pas toujours satisfaisants.
Est-ce que j'ai répondu suffisamment à votre question, M.
le député?
M. Saint-Germain: Oui, mais vous avez dit un mot malheureusement,
à savoir quelles semblaient être trop
décentralisées.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien cela... M. Saint-Germain:
Là vous avez...
Mme Lavoie-Roux: C'est bien cela...
M. Morin (Sauvé): Non, entendons-nous bien. La
décentralisation devrait avoir pour contrepartie une certaine reddition
de comptes. D'ailleurs, nous le disions ce matin à propos des
restrictions financières imposées aux universités par le
ministre des Finances et le ministre de l'Éducation. Nous pensons que,
désormais, tout en gardant une très grande latitude dans leurs
décisions, les universités doivent se sentir peut-être un
peu plus comptables de leur gestion devant la société
québécoise.
Cela peut se faire de plusieurs façons: par le truchement du
Conseil des universités, par le truchement de la DIGES aussi. Mais de
toute façon, je pense que nous avons l'un des réseaux
universitaires les plus décentralisés au monde, M. le
député. Si cela vous plaît davantage de dire
"dé-concentralisé", j'y consens volontiers.
M. Saint-Germain: Alors, vous avez énuméré
un éventail de facteurs qui font que les universités sont
décentralisées, comme vous l'avez bien dit. Surtout depuis la
dernière guerre, petit à petit les années ont fait que le
secteur universitaire, comme vous le dites, est financé à plus de
90% par les fonds publics. Il ne faut pas être très fin
observateur pour savoir que, de plus en plus, les universités perdent
leur liberté d'action. C'est dommage, parce que l'expérience nous
prouve que les gouvernements ne sont pas meilleurs administrateurs que les
conseils universitaires.
M. Morin (Sauvé): Mais qu'appelez-vous leur liberté
d'action?
M. Saint-Germain: C'est juste. Il faudrait trouver un moyen de
financement pour les universités qui serait autre que le financement de
l'État parce qu'il m'apparaît évident que dans une
génération ou deux, en se basant sur le principe que vous
émettez ici en cette page 22, la liberté universitaire sera chose
du passé. Ce qui a été pourtant pour les
universités en général, dans tout le monde occidental, un
gage de développement et un gage de liberté pour les populations
et pour les nations. C'est dommage qu'au lieu de simplement s'astreindre
à essayer de diminuer les dépenses universitaires, comme on le
fait dans le moment c'est le seul moyen qu'on a dans le contexte actuel,
je l'admets cette dépendance de l'État, les
universités en paieront le prix avec une perte de liberté. Cela
me semble être une certitude.
Alors, à ce point de vue, la présence du ministre de
l'Éducation actuel n'a rien changé. Il marche dans la
foulée du passé. Il n'y a pas eu de politique nouvelle...
M. Morin (Sauvé): Mais, monsieur...
M. Saint-Germain: Qu'on ne se casse pas la tête pour savoir
comment financer les universités, pour savoir comment les
universités vont conserver leur liberté. On se casse la
tête pour exercer les contraintes nécessaires au moment de
l'allocation des ressources. C'est simple; ce n'est pas compliqué.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il y a
certainement là un certain nombre de malentendus. D'abord le
député, à plusieurs reprises, est revenu sur l'idée
que l'entreprise privée doit toujours rendre compte de sa gestion,
qu'elle doit prendre des décisions quelquefois difficiles, parce que ses
profits ont diminué. Il nous a dit qu'on devait appliquer la même
rigueur sur le plan des administrations publiques. C'est une idée qu'il
développe à loccasion.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas la seule idée. Il ne
faudrait pas baser mon raisonnement exclusivement là-dessus, M. le
ministre. Il y a un autre grand principe, dans nos institutions parlementaires,
qui veut que ceux qui dépensent les deniers publics soient responsables
de la taxation. C'est aussi sacré que la liberté d'entreprise. Et
c'est aussi efficace, bien souvent.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous me suggérez, M.
le député, de conférer un pouvoir d'imposer les
contribuables aux universités?
M. Saint-Germain: Si vous voulez me passer tout votre personnel,
on va faire un livre bleu ensemble et on va essayer de trouver un moyen de
financer les universités, sans qu'elles soient aussi dépendantes
du gouvernement. Vous feriez oeuvre utile, à long terme.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'avoue que ce
sont des propos désarmants, parce que le Québec est l'un des
endroits au monde où les universités sont les plus autonomes par
rapport au pouvoir, à ce point que d'aucuns estiment que c'est à
repenser. Quand on compare même le réseau universitaire
québécois avec celui de l'Ontario, on s'aperçoit que la
liberté pédagogique et la liberté financière, la
marge de manoeuvre financière des universités
québécoises a été plus considérable que
celle qu'on a vue ailleurs.
Je ne sais pas si le député connaît la situation
véritable des universités québécoises sur le plan
de l'autonomie de gestion, mais il serait bon qu'il examine cela avec son
collègue, Mme le député de L'Acadie, avant de faire des
affirmations comme celle-là.
M. Saint-Germain: Je fais l'affirmation qu'avec ce
système, nos universités québécoises comme les
autres universités vont perdre leur liberté d'action. C'est
simplement cela que je soutiens. Je crois que les années passées
me prouvent qu'on s'en va là et si je reviens là-dessus c'est que
cette même philosophie...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Jacques-Cartier, vous avez dit: Je reviens là-dessus. C'est un indice
pour moi que cela risque d'être encore long.
M. Saint-Germain: Non. Écoutez, j'ai le droit de parole,
M. le Président. Je vous en prie, j'ai le droit de parole.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, vous allez
m'écouter une minute. Je vous ai donné quelques minutes. J'ai dit
quelques minutes. J'ai dépassé la convention qu'on avait
établie ce matin et je ne peux pas vous donner davantage de temps. Je
regrette, même que je m'en excuse, mais je ne peux vous donner davantage
de temps.
M. Saint-Germain: Donnez-moi cinq minutes, le temps que je
termine.
Le Président (M. Dussault): Cinq minutes, c'est beaucoup
trop. Je vous laisse trente secondes pour conclure.
M. Saint-Germain: Je voulais simplement exposer cette philosophie
pour dire au ministre
que toute cette question de déconcentration et de
décentralisation vis-à-vis des commissions scolaires, c'est de la
foutaise, parce que ce principe qui s'applique aux universités,
même si, traditionnellement, nos universités ont toujours
été libres... Comment voulez-vous que nos commissions scolaires
qui perdent leur droit de taxation soient libres ou restent avec un minimum de
liberté?
Je veux simplement dire qu'on voit qu'au niveau universitaire le
ministre émet des principes qu'il n'avait pas émis lors de
l'étude des crédits à l'élémentaire, parce
que c'est absolument contre cette soi-disant politique officielle qu'il nous a
annoncée à coups de fanfares et de trompettes, politique de
déconcentration et de décentralisation.
M. Morin (Sauvé): Voyez-vous, M. le député,
ce n'est pas la même politique de l'un et l'autre niveaux.
M. Saint-Germain: Mais ce sont toujours les mêmes
principes, que ce soit d'un niveau ou d'un autre.
M. Morin (Sauvé): Non, ce ne sont pas les mêmes
principes. Je regrette d'avoir à vous l'apprendre. Ce ne sont pas les
mêmes principes qui sont applicables. On ne peut pas traiter de la
même façon des commissions scolaires, gouvernements locaux,
autonomes, avec 133 ans de tradition, et des universités ou des
collèges. Chaque niveau a une histoire particulière, des
traditions qu'on doit respecter et qu'on doit sans doute faire évoluer,
mais en tenant compte de la nature de chaque milieu.
M. Saint-Germain: Ce qu'il y a de commun entre les deux
systèmes, M. le ministre, c'est que celui qui paie dirigera toujours;
qu'il paie pour les universités, qu'il paie pour les commissions
scolaires ou qu'il paie pour quoi que ce soit. Celui qui paie va diriger. C'est
cela le principe de base.
M. Morin (Sauvé): Ce sont peut-être des principes
libéraux, mais ils ne lient pas nécessairement tous les
gouvernements qui vous succéderont.
Le Président (M. Dussault): Alors, madame, messieurs, nous
allons...
M. Saint-Germain: Cela ne lie aucun parti politique; c'est cela,
les hommes; c'est cela, les institutions.
Le Président (M. Dussault): M. le Président de
Jacques-Cartier, je ne peux plus vous donner de temps. Mme le
député de L'Acadie, ce que je dis est aussi vrai pour vous que
pour M. le député de Jacques-Cartier.
Mme Lavoie-Roux: Ma question sera très courte, c'est
seulement un oui ou un non comme réponse.
M. Morin (Sauvé): Je me méfie des questions qui
demandent un oui ou un non. Enfin, allez-y tout de même.
Mme Lavoie-Roux: Ne répondez rien. Dans cette
réponse que vous avez donnée au député de
Jacques-Cartier, M. le ministre, vous avez fait état du fait que les
universités négociaient localement, c'est-à-dire
individuellement, si je peux m'exprimer ainsi, leurs relations de travail ou
leurs conventions collectives avec leurs différents groupes
d'employés. Vous avez exprimé, j'ai presque senti une nostalgie
du fait que ce n'était peut-être pas centralisé, ce qui,
peut-être, éviterait certains... Vous n'avez pas parlé
d'écarts. Est-ce que le gouvernement du Québec envisage que ces
négociations soient centralisées de quelque façon?
M. Morin (Sauvé): Pas exactement, Mme le
député, mais nous souhaiterions qu'il y ait une meilleure
concertation entre les établissements universitaires
québécois, de façon qu'il n'y ait pas d'écart
marquant entre les établissements, comme cela a pu être le cas
dans le passé. La tendance actuelle est à l'uniformisation, mais
il y a encore des écarts, notamment dans la dernière convention
collective négociée par l'Université de Montréal,
qui comporte des hausses assez spectaculaires par rapport au reste du
réseau. Nous pensons qu'il vaut mieux tendre vers une concertation des
négociations qui. de toute façon, pourront s'échelonner
dans le temps. Elles ne doivent pas nécessairement avoir toutes lieu en
même temps, mais on devrait tenir compte, dans telle université,
de ce qui se fait dans telle autre université.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière remarque, M. le
Président. Je comprends l'inquiétude du ministre et les
préoccupations du ministre et j'y souscris jusqu'à un certain
point. C'est simplement une mise en garde. Je pense qu'autant il faut qu'il y
ait un certain contrôle dans les salaires qui sont payés aux
universités comme partout ailleurs, compte tenu de la richesse
collective, autant il faudrait prendre garde de ne pas tomber, par contre, dans
cette uniformisation dans l'allocation de ressources au plan salarial, parce
que c'est un peu un problème dans les autres réseaux et,
même si elle masque, elle peut être contrôlée quant
aux allocations à l'intérieur. En tout cas, je pense que c'est
une chose à examiner.
M. Morin (Sauvé): Je ne suis pas loin d'être
d'accord avec vous. Les traditions du milieu universitaire sont d'ailleurs
très différentes sur ce point de celles qu'on peut trouver aux
niveaux primaire et secondaire et je dois dire que, sauf exception, les
écarts n'ont jamais été aussi prononcés que ceux
qu'on pouvait trouver au niveau des commissions scolaires avant la
réforme, où, là, on avait des écarts
invraisemblables, non seulement entre régions, mais entre hommes et
femmes exerçant le même métier d'enseignant.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir de vous entendre dire
cela.
M. Morin (Sauvé): II faut bien que je vous fasse plaisir
une fois de temps à autre.
Éducation des adultes
Le Président (M. Dussault): J'appelle maintenant le
programme 7 relatif à la formation générale et
socio-culturelle des adultes; le programme 11, relatif à la formation
professionnelle des adultes, et le programme 2, élément 2,
activité 3, relatif à la gestion de la formation des adultes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si c'est
à moi que vous donnez la parole...
Le Président (M. Dussault): Non, d'abord à M. le
ministre pour les remarques préliminaires et
générales.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il nous reste
maintenant une heure pour couvrir au moins deux secteurs importants de
l'administration du ministère de l'Éducation, de sorte que je
vais me faire très bref et vous donner l'essentiel de l'évolution
des coûts de l'éducation aux adultes. Les coûts de
système dans ce domaine de la formation générale et
socio-culturelle des adultes vont augmenter de 13% de l'année scolaire
1977-1978 à l'année prochaine et ces coûts atteindront la
somme de $45 900 000. (17 heures)
Pour leur part, les coûts de système de la formation
professionnelle des adultes augmenteront de 3,8% seulement d'une année
à l'autre et se situeront, en 1978/79 à $70 100 000. Au total,
les coûts de système de l'éducation des adultes
s'établiront à $116 millions pour l'année qui vient,
c'est-à-dire qu'ils comporteront une augmentation de 7,3% par rapport
à l'année précédente. Laissez-moi vous dire deux
mots de la formation générale et socio-culturelle qu'il faut bien
distinguer de la formation professionnelle. Elle s'appropriera donc une somme
de $44 800 000 comportant une augmentation de 8,7%, tandis qu'un taux de
croissance de 2,8% fera passer le coût de la formation professionnelle
à $69 800 000.
Enfin, la gestion de la formation des adultes au ministère de
l'Éducation nécessitera des crédits de $6 200 000 pour
l'année qui vient, comportant une diminution de près de 1% par
rapport à l'année précédente.
Les crédits totaux de l'éducation aux adultes
s'établiront donc pour l'année qui vient à $120 millions,
presque $121 millions. Selon les estimations disponibles, les contributions du
gouvernement fédéral couvriront 69,8% de cette somme, en vertu
des accords qui sont connus de la plupart des députés.
Me permettez-vous de souligner quelques faits saillants très
brièvement? Tout d'abord, à l'égard des politiques en
éducation des adultes, je crois qu'il convient de faire le point sur
l'évolution de ce dossier. Sans renoncer définitivement à
l'élaboration d'une politique d'ensemble, l'approche
privilégiée consisterait à traiter ce vaste domaine
tranche par tranche, selon un processus qui permettrait successivement de faire
l'analyse et de dégager les orientations de chacun des secteurs
d'activités. Pour illustrer cette démarche, je me permets de vous
indiquer que nous sommes à mettre le point final au dossier de la
formation du citoyen, à celui de notre contribution à la
formation syndicale, de même qu'à celui portant sur les organismes
volontaires d'éducation populaire. Je vous signale que pour ce qui est
de la formation syndicale, nous l'avons rétablie l'année
dernière, après qu'elle eut été abolie par le
gouvernement précédent. Cette année, nous espérons
développer encore ce programme, en particulier.
Je vous signale également que nous participons, en collaboration
avec le comité ministériel permanent de développement
social, à l'élaboration des assises d'un programme de formation
de la main-d'oeuvre du Québec. Laissez-moi vous dire également
deux mots des organismes volontaires d'éducation populaire. Le programme
consacré à ces organismes connaît des développements
intéressants depuis l'an dernier. L'augmentation croissante des demandes
d'aide a fait ressortir les insuffisances du budget de ce programme, même
si les 646 projets financés et les 332 organismes soutenus en 1977/78
constituaient déjà un programme important. Une injection
supplémentaire de $160 000 sera consentie au budget de ce programme qui
nécessitera des crédits de $2 554 000 l'an prochain. Nous avons
également tenté d'apporter des améliorations d'ordre
qualitatif à ce programme pour l'année qui vient, en vue de
l'adapter encore mieux à la nature des organismes et à la
réalité des projets présentés et en vue d'en faire
l'évaluation financière et pédagogique.
Enfin, quelques mots au sujet des négociations
Québec-Canada au chapitre de la formation professionnelle des adultes.
Cela nous a causé quelques soucis durant l'année
écoulée. Je veux simplement dresser le tableau de la situation
des négociations entre le gouvernement du Québec et celui du
Canada en matière de formation professionnelle des adultes. Les deux
gouvernements n'ont pas réussi à trouver une formule d'entente
avant la date fatidique du 31 mars 1978. L'accord de 1974, qui venait à
expiration, a été de nouveau prolongé d'abord jusqu'au 30
avril 1978 et ensuite jusqu'au 31 mai. Les négociations se poursuivent
actuellement en vue de trouver un terrain d'entente. Sans assumer la
responsabilité première de ces négociations, le
ministère de l'Éducation y est associé de façon
constante.
Le gouvernement du Canada a déposé, en septembre 1977, un
rapport qui définissait de nouvelles orientations et des modifications
administratives importantes au programme de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre canadienne. Aussitôt le Québec a entrepris
l'évaluation de ce programme fédéral et la consolidation
de ses propres objectifs dans ce domaine. On prévoit terminer les
travaux au cours de l'année qui vient.
À la rencontre de Victoria à laquelle je participais, au
mois de janvier, à l'occasion de laquelle le Québec et les
gouvernements des autres provinces avaient demandé à Ottawa de
surseoir à l'application de propositions qui n'avaient pas fait
l'objet de consultations préalables, le Québec s'est vu
offrir un projet d'un nouvel accord d'une durée de trois ans dont il ne
peut, comme les autres provinces, accepter les orientations.
Nous maintenons d'ailleurs cette proposition d'un accord d'un an qui
nous permettrait de faire le tour du dossier et, avec les autres provinces,
puisque celles-ci sont intéressées à la chose qui nous
permettrait d'élaborer un projet d'entente qui pourrait, par la suite,
s'échelonner sur plusieurs années. Le Québec ropose donc,
pour sa part, de prolonger l'accord de 1974, ce qui signifierait pour lui un
budget de $102,5 millions ou, à tout le moins, un montant égal au
budget réel de l'an dernier, soit $99 millions, dont $84 millions
seraient applicables à la formation dispensée sous la
responsabilité du ministère de l'Éducation.
Voilà, M. le Président. Ce dossier n'est pas clos. Le
gouvernement fédéral tente, dans ce domaine comme dans bien
d'autres, d'imposer ses vues aux provinces. Celles-ci résistent tant
bien que...
Mme Lavoie-Roux: Courageusement.
M. Morin (Sauvé): Assez courageusement quoique l'une ou
l'autre d'entre elles soit tentée d'accepter l'argent étant
donné que la force des fédéraux est toujours celle
qu'indiquait tout à l'heure M. le député de
Jacques-Cartier. Quand le pouvoir fédéral tient les deniers, il
tente d'en profiter à fond et d'infléchir les politiques des
provinces. On l'a vu encore récemment dans l'affaire de la taxe de
vente, mais il n'est pas, sans doute, de la compétence de cette
commission de trancher cet autre problème.
M. Saint-Germain: Nous, M. le Président, pour une fois on
est du même dire.
Comment se fait-il que, sur le même principe, à un moment
donné on est du même dire et parfois cela semble être
contradictoire?
M. Morin (Sauvé): C'est-à-dire que vous semblez du
même dire que le gouvernement fédéral.
M. Saint-Germain: Celui qui a l'argent a le contrôle; c'est
cela que cela veut dire.
M. Morin (Sauvé): C'est le principe qu'applique le
gouvernement fédéral; ce n'est pas nécessairement celui
que nous aimerions voir appliquer.
M. Saint-Germain: Bon! Bon! Bon! Bon!
Mme Lavoie-Roux: II ne faudrait pas trop jurer de cela.
Le Président (M. Dussault): Alors, je suppose, Mme le
député de L'Acadie, que vous voulez prendre la parole.
Mme Lavoie-Roux: Oui et je vais être très
brève. Je pense que, à cette heure-ci, essayer de discuter
à fond du problème de l'éducation des adul- tes, c'est
peine perdue. J'ai fort senti la manoeuvre du ministre qui, évidemment,
a profité de l'occasion pour se défouler sur le
fédéral encore une fois afin peut-être de nous faire
oublier qu'il n'y a pas encore de politique globale de l'éducation des
adultes. Je voudrais simplement lire ici lavis du conseil qui donnait
écho à la requête largement exprimée par le
Québec afin qu'on se donne une politique d'ensemble de
l'éducation des adultes. Vraisemblablement, un plus grand nombre
d'adultes que de jeunes poursuivent, à l'heure actuelle, des
études systématiques sous une forme ou sous une autre. Or, il
n'existe pas de politique suffisamment globale qui résiste à ce
foisonnement d'activités qui déterminent droits et fonctions des
intervenants et des participants.
Sans aucun doute, je n'aurai aucune question. C'est la seule remarque
que je veux faire. On nous dit qu'on ne l'a pas mise de côté et
que, pour illustrer la démarche qu'on se propose de faire tranche par
tranche, on est à examiner la touche finale au dossier de la formation
du citoyen, notre contribution à la formation syndicale. Mais il s'agit
là de contenu; il ne s'agit vraiment pas d'une exploration des
problèmes de fond de toute l'éducation des adultes.
L'an dernier, on avait abordé l'éducation permanente et la
philosophie de l'éducation permanente, et on ne touche en rien, du moins
devant le résumé que nous avons eu, au problème par
exemple, du chevauchement de niveaux et comme le dit si bien le Conseil
supérieur de l'éducation, de ce foisonnement d'activités
et de cet empiétement d'un niveau sur l'autre.
Alors, M. le Président, je n'ai pas de question a poser. Je pense
que ceci devrait faire l'objet s'il existe encore des débats du
vendredi d'un débat à l'automne, parce que là, je
pense que tout ce qu'on peut faire, ce sera à la course et ça ne
vaudra rien.
Le Président (M. Dussault): M. le député...
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je pourrais...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): ... ajouter un mot simplement?
Voulez-vous, nous allons distinguer trois secteurs importants dans ce qu'on
appelle l'éducation des adultes?
Il y a d'abord ce qu'on pourrait appeler l'éducation populaire,
à laquelle je rattache l'éducation syndicale. Il y a ensuite la
formation professionnelle, qui, elle, est liée de très
près aux fonds fédéraux et où il est bien difficile
dé se donner une politique autonome quand le gouvernement
fédéral tente d'imposer les siennes. Puis, il y a enfin, de
façon plus générale, l'éducation des adultes aux
niveaux primaire, secondaire, collégial et universitaire, laquelle n'est
pas couverte par l'education populaire ou la formation professionnelle. Bon! Il
y aurait encore d'autres secteurs à identifier, mais ce sont les trois
grands qui me viennent à l'esprit.
S'il s'agit d'éducation populaire ou d'éducation
syndicale, je puis vous dire que nous sommes assez avancés dans la
définition de nos politiques, et même en matière
d'éducation syndicale, je me propose de déposer prochainement
devant le Conseil des ministres un mémoire dans lequel je propose une
politique d'ensemble de même que des moyens de financement.
Pour ce qui est de la formation professionnelle, tant et aussi longtemps
que les fédéraux ne changeront pas d'attitude, j'ai bien peur de
constater avec vous, Mme le député, que c'est très
difficile pour le Québec de se donner une politique autonome.
Pour ce qui est maintenant du troisième volet, celui qui a trait
à l'éducation aux adultes, il en sera question dans le livre
blanc sur les collèges. Il en sera sans doute question aussi dans le
rapport qui viendra de la Commission d'étude sur les universités,
et je ne suis pas prêt à annoncer maintenant des politiques, parce
que c'est fort complexe, étant donné que c'est une forme
d'éducation qui chevauche plusieurs niveaux d'enseignement.
Toutefois, je puis vous dire que j'ai à coeur d'organiser une
meilleure concertation de cet enseignement entre les divers niveaux qui s'y
intéressent. À l'heure actuelle, il y a malheureusement, entre
les niveaux, des guerres de clientèle, ce qu'on pourrait appeler presque
du maraudage. J'exagère, bien sûr, mais chaque niveau tente de
s'approprier ces clientèles parce que ça représente des
revenus pour une université, ou un collège, ou une commission
scolaire que d'avoir plus d'étudiants inscrits à
l'éducation aux adultes.
Mme Lavoie-Roux: J'avais signalé ce problème au
ministre l'an dernier au moment de l'étude des crédits.
M. Morin (Sauvé): Mais nous en étions conscients,
madame, ce qui ne vous enlève pas le mérite de nous en avoir
parlé.
Mme Lavoie-Roux: Je ne cherche pas le mérite, mais je veux
quand même qu'on regarde la réalité.
M. Morin (Sauvé): Alors, nous pensons beaucoup, à
l'heure actuelle, à ce problème; moi-même, j'y ai
réfléchi encore la fin de semaine dernière avec les
membres de mon cabinet. Je me suis demandé quelle était la
meilleure façon de concerter l'éducation des adultes aux divers
niveaux.
Je ne suis pas loin de penser qu'on devrait rechercher des solutions du
côté d'expérience comme Fer-de-lance, dans la région
de Sherbrooke, qui est peut-être connue de Mme le député;
Fer-de-lance, qui repose sur l'idée d'une concertation entre les divers
niveaux d'enseignement pour non seulement aller chercher la clientèle
possible, mais la répartir selon les besoins réels de chaque
étudiant adulte.
Je suis en train d'explorer cela avec les fonctionnaires du
ministère, avec les membres de mon cabinet, et sans doute qu'au cours
des prochains mois, nous pourrons avancer de façon significative dans ce
domaine. Mais je vous dirai tout de go que, pour l'année qui vient, j'en
ai vraiment plein les bras du redressement, du renouveau de certains aspects de
l'enseignement primaire et secondaire, de ce que nous voulons faire pour les
collèges avec le livre blanc et de ce qui devra être fait dans la
foulée du rapport de la Commission d'étude sur les
universités. (17 h 15)
Si je trouve le temps de réfléchir à
l'éducation des adultes, ce sera pour m'interroger, en particulier, sur
la concertation nécessaire entre les divers niveaux. Je ne ferai pas des
promesses cependant à cet égard. Je préfère
régler les problèmes que j'ai sur la table devant moi en ce
moment avant de tenter d'élaborer un grand projet d'éducation des
adultes, mais cela viendra sans doute durant le premier mandat du
gouvernement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, M. le ministre vient
d'indiquer, je pense, de façon assez claire et précise qu'il va
essayer de trouver le temps de réfléchir sur l'éducation.
Les questions que j'avais à lui poser, je pense que je ne les poserai
pas. Je vais indiquer ici la politique globale aux différents niveaux,
élémentaire, secondaire, etc., celle pour nos adultes de tous
âges, la question du nombre d'étudiants à chacun des
niveaux. Peut-être que de telles réponses à cela pourront
nous être fournies plus tard. Sur certaines...
M. Morin (Sauvé): Si vous voulez nous poser une question
chiffrée, je ferai faire les recherches pour vous donner le tableau,
à moins que nous l'ayons sous la main, auquel cas la réponse vous
sera donnée immédiatement.
M. Le Moignan: Non, si vous ne l'avez pas, M. le ministre. Cela
m'aurait intéressé de savoir les niveaux, peut-être par
région, parce qu'on voit des types de vingt, trente, quarante, cinquante
ans qui s'inscrivent au primaire, qui réussissent, qui s'en vont au
secondaire. J'aurais eu des questions un peu dans ce sens. Quelles sont les
expériences réussies dans différents milieux
également? Si on me fournissait une réponse plus tard...
M. Morin (Sauvé): Dans le cahier vert, M. le
député, vous trouverez des chiffres pour les niveaux primaire et
secondaire, c'est-à-dire pour les commissions scolaires, pour ce qui est
des heures-groupe.
M. Le Moignan: Les âges et tout cela.
M. Morin (Sauvé): Vous avez vu cela?
M. Le Moignan: Heures-groupe, oui.
M. Morin (Sauvé): À la page D-06. Vous verrez
la progression ou la régression, selon le cas, pour les
commissions scolaires et les commissions scolaires régionales, de
même que pour l'éducation populaire dans les cégeps. En
1978/79, vous pourrez voir que nous avons compté, par rapport à
l'an dernier. 1 143 208 heures-groupe, cela
évidemment-intéressant la formation socio-culturelle. Pour la
formation professionnelle, je vous prierais de regarder ce qui est écrit
à la page D-30. Comme il s'en fait dans les cégeps, vous aurez le
total des commissions scolaires régionales et des cégeps de
même que ce qui se fait dans certains autres organismes, et vous
constaterez que cette année il s'est donné beaucoup plus
d'heures-groupe que l'an dernier, soit 1 235 380.
Nous n'avons pas dans le cahier de chiffres par région. Nous
pourrons, M. le député, si cela vous intéresse...
M. Le Moignan: Cela pourrait être remis plus tard, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): ... donnez-nous le temps de...
M. Le Moignan: Non, non, cela ne presse pas. Je serais
intéressé à savoir ce qui se fait dans nos
régions.
M. Morin (Sauvé): Enfin, cela vous intéresse de les
avoir. Alors, on va faire sortir les chiffres et je vous les remettrai le plus
tôt possible.
M. Le Moignan: C'est seulement pour voir l'évolution des
adultes au cours des quatre ou cinq dernières années.
Le Président (M. Dussault): Vous avez terminé, M.
le député de Gaspé?
M. Le Moignan: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Je trouve infiniment dommage et je diverge d'opinion
avec le député de L'Acadie qu'on ne prenne pas un temps...
Mme Lavoie-Roux: C'est la première fois que vous venez
vous asseoir ici. Vous auriez pu venir un peu avant...
M. Gosselin: Je m'excuse. Madame, je ne suis qu'intervenant
à la commission...
Mme Lavoie-Roux: ... pour venir nous faire des reproches. Vous
n'étiez même pas ici, depuis six jours qu'on siège.
M. Morin (Sauvé): Cela change, justement.
M. Gosselin: Je m'excuse, Madame. Je savais qu'il y avait des
personnalités, je savais qu'il y avait autour de la table suffisamment
de gens informés parmi les parlementaires et qui plaide- raient la cause
de l'enseignement régulier au niveau secondaire pour...
M. Saint-Germain: 40 minutes, M. le Président, avant la
fin des travaux.
M. Gosselin:... m'abstenir et participer à d'autres
travaux.
Pour ce qui est de l'éducation aux adultes, de la formation
professionnelle, c'est un élément extraordinairement important et
je déplore avec vous qu'on n'ait pas le temps, à la fin de
l'étude des crédits de cette commission, d'en discuter davantage.
J'espère qu'effectivement, tôt ou tard, on puisse reprendre cette
discussion de fond. Je dois dire que dans l'évolution des politiques,
dans la plupart des pays industrialisés du monde occidental.
l'éducation aux adultes, la formation professionnelle, l'apprentissage
ont une place prépondérante dans les stratégies de lutte
au chômage, dans les stratégies d'équilibre entre le
développement économique, la formation de la main-d'oeuvre et le
développement des régions et des pays. À cet égard,
il est vraiment malheureux de constater la division ahurissante des pouvoirs
entre nos deux paliers de gouvernement, fédéral et provincial, et
malheureusement, également, le pataugea-ge systématique qui
existe à l'intérieur même des structures
québécoises du gouvernement québécois
entre le ministère du Travail et le ministère de
l'Éducation.
Je parle de pataugeage, parce qu'on a deux ministères qui
s'occupent activement de la formation professionnelle à travers deux
structures différentes qui ne sont pas toujours bien coordonnées.
J'applaudis, à cet égard, les efforts qui sont commencés
et dont le ministre faisait état tout à l'heure pour
réaliser une meilleure concertation de ces deux ministères. Le
ministre faisait allusion, tout à l'heure, à un comité de
travail sous l'égide du ministre d'État au développement
social pour régulariser les situations tout à fait inadmissibles
dans le secteur de l'éducation des adultes au Québec.
J'aurais quand même quelques questions à formuler au
ministre, si vous permettez, sur cet aspect. Il y a un volet important de la
formation professionnelle qui est très méconnu pour lequel le
ministère de l'Éducation a un petit rôle à jouer. Le
ministère du Travail a un rôle plus considérable et c'est
une résultante des ententes fédérales-provinciales qui
demeure dans la plus totale ambiguïté: c'est la formation en
industrie. Est-ce que le ministre pourrait nous dire quel rôle le
ministère de l'Éducation joue actuellement dans le secteur de la
formation de l'industrie et quel est l'état des collaborations entre le
ministère de l'Éducation et le ministère du Travail
à cet égard.
M. Morin: M. le Président, nous avons eu l'occasion de
parler d'un aspect de cette question plus tôt pendant l'étude des
crédits. C'était celui de la formation des maîtres en
industrie. J'ai indiqué que nous faisions des efforts pour organiser
pour les enseignants j'admets que cela n'est qu'une partie de la
question, mais cela montre
quelle est notre démarche, notre attitude générale
des stages obligatoires et financés dans l'industrie, de
façon que les enseignants soient toujours au courant des
dernières techniques qui se développent dans l'évolution
de l'industrie. Pour ce qui est, maintenant, de la façon dont nous avons
traité cette question pour l'éducation aux adultes, je vais
demander au sous-ministre d'ajouter quelques mots.
En deux mots: ce volet de la formation en industrie et la
responsabilité du choix des industries et des candidats ne sont pas du
ressort du ministère de l'Éducation. Le ministère de
l'Éducation ne contribue qu'à la supervision des aspects
pédagogiques, ou enseignements proprement dits qui ont lieu à
l'intérieur de cette formation en industrie. Ce sont les
mininistères du Travail et de la Main-d'Oeuvre du Québec et du
Canada qui sont les premiers responsables de ce volet, je pense que le
député le sait.
M. Gosselin: Vous convenez avec moi qu'il y a un malaise
très évident dans ce domaine, parce qu'il n'y a pas
d'attestations d'études qui sont produites actuellement pour les
étudiants en formation en industrie, dans les cadres réguliers
des ententes entre le ministère de l'Immigration à Ottawa et le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre du Québec et que la
partie relative à la formation pédagogique pourrait en souffrir.
Est-ce que le ministère de l'Éducation a une position dans ce
dossier?
M. Morin (Sauvé): II y a, de fait, des attestations
d'études qui sont émises pour les stages faits en industrie par
les étudiants ou pour la formation faite en industrie par des
étudiants adultes. Il y a tout un système d'attestations; pas
nécessairement dans tous les cas, mais dans la plupart des cas, des
attestations d'études ou des équivalences d'études sont
émises.
M. Gosselin: Pour le secteur... Mon confrère aura d'autres
questions à poser. On a ici les crédits du ministère de
l'Éducation, bien évidemment; par ailleurs, le ministère
du Travail, par le biais des commissions de formation professionnelle, joue un
rôle très considérable également et administre des
budgets assez importants. Il semble que les protocoles de collaboration entre
le ministère de l'Éducation et le ministère du Travail au
niveau des affectations d'argent, des programmes, des évaluations,
soient en difficulté depuis déjà plusieurs années
pour l'application de ces programmes. Je crois savoir, notamment, que les
commissions de formation professionnelle administrent quasiment autant, sinon
davantage d'argent au chapitre même de la formation que le
ministère de l'Éducation lui-même.
M. Morin (Sauvé): Vous voulez dire pour les fins de la
formation professionnelle?
M. Gosselin: Professionnelle aux adultes, oui. M. Morin
(Sauvé): On peut faire sortir les chif- fres pour la
répartition des sommes qui viennent du gouvernement
fédéral pour la formation professionnelle. Il y a des sommes qui
vont au ministère de l'Éducation et d'autres qui vont au
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, mais l'essentiel des sommes
provenant du gouvernement fédéral vient au ministère de
l'Éducation, pace que l'essentiel de la formation professionnelle aux
adultes est dispensé dans les commissions scolaires et dans les
cégeps. Je vous réfère à la page D-30 du cahier
où vous verrez le nombre d'heures-groupe qui ont été
faites en formation professionnelle, soit à temps plein, soit à
temps partiel. Vous avez également le nombre d'heures qui sont faites
dans d'autres institutions auxquelles nous avons recours pour que puisse se
faire cette formation professionnelle. Je pense à l'Institut des
viandes, à l'École du tourisme. On va faire sortir les chiffres,
mais la majeure partie des $99 millions versés par le gouvernement
fédéral au titre de la formation professionnelle vient au
ministère de l'Éducation. Les chiffres sont les suivants: des $99
millions, $83 400 000 viennent au ministère de l'Éducation.
Près de $4 millions vont au ministère de l'Immigration et le
reste va au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Gosselin: Je ne voudrais pas prendre plus de temps. Il faut
espérer que tôt ou tard, ou tout au moins l'an prochain, on puisse
réserver dans l'examen des crédits du ministère de
l'Éducation plus de temps à ce chapitre de l'éducation aux
adultes. Je vous remercie, Mme le député de L'Acadie, d'avoir
quand même accueilli ma présence à la commission.
M. Le Moignan: ... aux invités, de façon
spéciale, l'an prochain, à ce moment-là.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Merci, M. le Président; c'est tout simplement
pour ouvrir une petite parenthèse pour dire que j'attendais depuis six
jours qu'on parle de l'éducation des adultes, puisque c'était mon
domaine d'activités avant d'entrer en politique. Je serai heureux qu'on
y consacre plus de temps, comme l'a souhaité également Mme le
député de L'Acadie, lors d'une question avec débats, un
vendredi, à l'automne, ou dans d'autres circonstances.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'allais vous poser la
question, Mme le député; alors je dois avoir l'assentiment des
autres membres. Est-ce que le programme 7, le programme 11, ainsi que le
programme 2, élément 2, activité 3, sont
adoptés?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. (17 h 30)
Aide financière aux étudiants
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
maintenant le programme 3: Aide financière aux étudiants ainsi
que l'élément 5. J'essaie de comprendre, c'est censé
être le même programme; est-ce qu'on pourrait m'expliquer du
côté des fonctionnaires?
Mme Lavoie-Roux: C'est la même chose.
Le Président (M. Dussault): On peut donc dire le programme
3. J'appelle donc le programme 3. M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'essaierai
d'être le plus bref possible, pour que vous puissiez par la suite
poser des questions. Je me limiterai, même, à l'essentiel.
Les crédits requis en 1978/79 pour défrayer le coût de
l'aide financière aux étudiants et de la gestion du programme se
situent à $93 300 000 par rapport à $87 600 000 en 1977/78. Cette
hausse de 6,5% provient principalement de l'augmentation de la valeur des
bourses au niveau collégial et au niveau universitaire.
Quelques faits saillants qui, sans doute, répondront d'avance aux
questions qu'on pourrait me poser. J'aimerais vous faire part d'une
constatation ayant trait aux demandes d'aide financière. Au cours des
dernières années, indépendamment des modifications, des
réajustements apportés au régime des prêts et
bourses, le nombre des étudiants qui font une demande d'aide a eu
tendance à se stabiliser et à se maintenir dans une proportion de
30% de la clientèle collégiale et dans une proportion de 42% de
la clientèle universitaire.
Le Président (M. Dussault): Un instant M. le ministre.
Oui, M. le député.
M. Saint-Germain: Depuis 10 h 30 on a beaucoup de travail,
pourquoi le ministre...
M. Morin (Sauvé): Je voulais vous faire part de quelques
considérations qui, peut-être, iraient au-devant de vos questions;
mais si vous me le permettez, simplement une observation additionnelle et
ensuite nous pourrons passer aux questions.
Mme Lavoie-Roux: ... il a même une petite
idée...
M. Morin (Sauvé): Je voudrais, tout de même...
Mme Lavoie-Roux: II y a même une foulée
d'amélioration du régime d'aide...
M. Morin (Sauvé): Dans la foulée de ce que je viens
de dire, pour clore ce chapitre de l'aide financière, avant que nous
passions aux questions, je veux vous faire part des travaux de mise au point
d'un nouveau système et de nouveaux mécanismes de traitement
informatique des don- nées servant au calcul des demandes d'aide
financière.
Dès juillet 1978, l'implantation de ces nouveaux
mécanismes permettra de réduire d'environ dix jours les
délais de réponses aux demandes des étudiants. Cela
viendra s'ajouter au progrès que nous avions pu réaliser,
à cet égard, l'an dernier. Voilà.
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
si vous me le permettez.
Étant donné que nous avons avisé le personnel des
commissions de faire en sorte que votre texte paraisse au journal des
Débats, mais que nous avons signifié uniquement la partie
relative aux universités, je pense qu'il y aurait lieu, actuellement,
de...
Mme Lavoie-Roux: 55 pages, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): ... signifier que le reste de
votre document devrait, aussi, paraître au journal des Débats,
puisque c'est probablement votre pensée.
M. Morin (Sauvé): Oui, je ferai parvenir au service des
Débats un texte complet d'ici une dizaine de jours. (Voir annexe)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre...
Mme Lavoie-Roux: II faudrait, quand même, que ce soit le
texte que vous nous avez présenté.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Morin (Sauvé): Mais, j'aimerais y apporter quelques
petites corrections de forme, ici et là.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! C'est cela ou ce n'est pas
cela.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse, ne perdons pas de temps
avec cela. Ce sera le même texte, mais au lieu de l'expression "en
comparaison de" je pense qu'il faudra que je trouve une expression un peu plus
française, voilà.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Deux courtes questions. La première,
relativement aux difficultés que vont encore éprouver un bon
nombre d'étudiants à trouver un travail d'été. Vous
calculez les dépenses admises et on parle de possibilités de
gains durant l'été, pendant huit ou neuf semaines. Quand arrive
la demande de la bourse d'ailleurs, ces demandes sont adressées,
même, avant la fin de l'année et que l'étudiant n'a
pas pu travailler, on en tient compte, j'imagine dans l'allocation de la bourse
et des prêts. Bon, on me dit oui, parfait! La deuxième question.
Vous voulez nuancer cela?
M. Morin (Sauvé): On en tient compte. Il y a un nombre de
semaines de travail qui sont imputées à l'étudiant qu'il
ait travaillé ou non, mais il y a des précisions qui ont
été apportées dans le régime et qui ont fait que
dans les cas où, effectivement, il n'y a pas eu de travail, le nombre de
semaines imputées est réduit. C'est dans ce sens qu'il faut
prendre la réponse.
Mme Lavoie-Roux: S'il n'a pas travaillé du tout, est-ce
qu'on lui en impute encore?
M. Morin (Sauvé): On lui impute 50% du nombre de semaines
qu'il a travaillé au salaire minimum. C'était cela la
modification.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire quoi, comme montant, 50% du
nombre de semaines au salaire minimum?
M. Morin (Sauvé): Environ $600.
Mme Lavoie-Roux: Environ $600. Enfin, la seule suggestion que je
fasse, c'est que la situation de l'emploi est difficile pour les
étudiants et je comprends que, d'un autre côté, vous
vouliez les inciter à travailler aussi...
M. Morin (Sauvé): C'est l'incitation que nous visons par
cette disposition.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ceux qui ne peuvent pas, parce que je
connais quand même des étudiants qui, écoutez, cherchent...
Je ne parle pas d'étudiants de fin de secondaire, je parle même
d'étudiants d'université qui ne trouvent effectivement pas
d'emploi. Je laisse ça à votre réflexion.
La deuxième question...
M. Morin (Sauvé): Mais, Mme le député...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... c'est précisément
à cause de cette situation que nous avons modifié la règle
et que nous n'imputons plus que 50% du montant qui avait été
fixé par le gouvernement à l'époque.
Mme Lavoie-Roux: Bon! En tout cas...
M. Morin (Sauvé): Par l'ancien gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, ils ne l'ont pas dans
leur poche.
Ma deuxième question je ne veux pas de réponse
je dois vous dire...
M. Morin (Sauvé): C'est plutôt rare, comme genre de
question.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est parce que ça va obliger
à une recherche. Je ne sais pas si c'est le monsieur qui est devant moi,
M. Pierre Roy... Non? Bon! En passant, je veux souligner que ce M. Roy m'avait
accordé une excellente collaboration, sauf qu'il n'a pas résolu
le problème, mais je ne pense pas que ce soit de sa faute.
Tout cela dit, je voudrais... Je ne suis pas capable de faire
l'étude mathématique, c'est-à-dire à moins que je
prenne le temps de le faire et peut-être avec des explications
supplémentaires.
Vous avez ici le cas du célibataire, de celui qui est
marié, le conjoint travaille, le conjoint ne travaille pas, un enfant,
etc. Je lui avais soumis un cas d'une femme qui, séparée de son
mari, avait trois enfants comme dépendants. Je voudrais bien qu'on
s'assure que les revenus ou ce qu'on appelle les dépenses admises pour
une femme avec trois enfants dépendants soient justes comparativement
aux prêts et bourses qu'on peut accorder à tous les autres cas,
par exemple, dans le cas... La meilleure comparaison serait peut-être
avec un couple marié, sans enfant, dont les deux sont
étudiants.
Ma dernière remarque, je pense qu'on est encore dans la situation
où c'est plus payant de vivre ensemble pas mariés que de vivre
ensemble mariés. Est-ce que je me trompe?
M. Morin (Sauvé): Mme le député, me
permettez-vous simplement de dire ceci?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est des familles
monoparentales...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): ... c'est un problème réel
que vous soulignez...
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Morin (Sauvé): ... et j'avais demandé au
ministère, il y a quelque temps, de me préparer une étude,
un rapport sur cette question, en vue d'améliorer le sort qui est fait
à ces personnes dans le système des prêts et bourses.
J'apprenais d'un sous-ministre adjoint, à l'instant, que ce
rapport est prêt et qu'il me sera transmis incessamment. Ce n'est donc
pas un problème que nous avons négligé, mais nous voulions
l'examiner en vue d'améliorer encore le système des prêts
et bourses, après avoir évalué les coûts,
naturellement.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, à cet égard,
j'aimerais peut-être que votre secrétaire particulier vous
soumette, je ne sais pas s'il est ici; je lui en fais la demande... Il reste
que cela a été extrêmement dur pour cette
personne-là, et j'ai fortement l'impression évidemment, je
ne peux pas l'assurer avec une certitude totale que cette
femme-là s'est trouvé pénalisée par rapport
à un cas de couple marié où les deux conjoints sont
étudiants, et même si vous deviez prendre des mesures l'an
prochain, ça ne corrige quand même pas les difficultés
auxquelles cette personne-là a eu à faire face. Je suis
sûre que ça se répète à d'autres
exemplaires.
M. Morin (Sauvé): Le cas est à l'étude et
par le membre de mon cabinet que vous avez désigné tout à
l'heure et par M. Boudreau, du service des prêts et bourses qui, lui,
appartient à la structure du ministère proprement dit.
Mme Lavoie-Roux: Merci, je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que M. le
député de Gaspé désire prendre la parole sur le
programme 30
M. Le Moignan: Non, pas tout de suite.
Mme Lavoie-Roux: Moi, j'en propose l'adoption.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qui'il y a d'autres
intervenants?
Mme Lavoie-Roux: ... l'adoption.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé, si vous ne le faites pas tout de suite, vous ne le ferez
jamais.
M. Le Moignan: Je les réserve pour l'an prochain.
Le Président (M. Dussault): Alors, cela dit, est-ce que le
programme 3 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Alors, adopté.
J'appelle maintenant le programme 2, élément 2, activités
4 et 5. M. le ministre.
Bureau de la science et de la technologie
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ce qui est
du Bureau de la science et de la technologie, je pourrais, en quelques minutes,
exposer la situation.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez augmenté vos budgets, vous
développez le bureau, mettez plus de ressources à sa
disposition.
M. Morin (Sauvé): Mais on ne peut rien vous cacher, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: J'ai lu votre document, M. le ministre, depuis
le début que j'essaie de vous le dire.
M. Morin (Sauvé): Dans ce cas, M. le Président, et
escomptant que tous les membres de cette commission ont eu la même
conscience professionnelle, et ont lu le texte, nous pouvons passer aux
questions, ou à l'adoption du programme.
Mme Lavoie-Roux: À l'adoption, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Non. Alors, je vous demande si on adopte le programme 2,
élément 2, activités 4 et 5.
M. Le Moignan: Oui, adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
maintenant le programme 8 ainsi que le programme 2, élément 3. M.
le ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'enseignement privé.
Enseignement privé
M. Morin (Sauvé): M. le Président, sur
l'enseignement privé, j'aurais beaucoup de choses à dire, mais je
ne ferais que répéter ce dont j'ai pu faire part aux membres de
la commission lors de la question avec débat du député de
Gaspé l'autre jour. Si vous voulez que nous ressassions la chose, je
suis disposé à le faire, mais je puis vous donner l'assurance
qu'à cette occasion j'avais vraiment donné tous les
détails qu'il m'était possible de vous transmettre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas de question,
sauf si le ministre a une réponse au problème de l'Institut
Teccart. Il nous avait dit que possiblement il pourrait nous l'apporter
aujourd'hui. À part cela, je suis prête à adopter ce qu'on
discute en ce moment, car je pense qu'on attendra le rapport qui doit
être déposé en juin, enfin la politique.
M. Morin (Sauvé): C'est cela. Pour ce qui est de
l'Institut Teccart, je n'ai pas encore de réponse. Je n'ai pas eu le
temps depuis hier, étant donné toutes les activités
auxquelles nous devons faire face ces jours-ci, de prendre connaissance
à fond du dossier. Mais je tiendrai compte, dans la décision que
j'aurai à prendre, des discussions qui ont eu lieu en commission
parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres
intervenants? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Au sujet des institutions privées,
j'aurais seulement une question. Est-ce que le ministre veut le progrès
des institutions privées ou s'il veut simplement établir des
politiques pour qu'elles accusent une régression ou qu'elles aillent
même jusqu'à la disparition?
M. Morin (Sauvé): Etiez-vous présent à la
commission lors de la question avec débat, M. le
député?
M. Saint-Germain: J'aimerais avoir votre ré-
ponse, s'il vous plaît, M. le Président, tout
simplement.
M. Morin (Sauvé): J'ai donné la réponse en
long et en large. Je ne voudrais pas avoir à résumer trois heures
de longs débats en deux minutes, cela ne rendrait vraiment pas justice
à une question aussi complexe.
M. Saint-Germain: Cela devrait être relativement simple de
me dire si vous êtes pour le progrès des institutions
privées ou si...
M. Morin (Sauvé): Si vous me demandez d'être en
faveur de la vertu et du progrès, comment puis-je vous dire non?
M. Saint-Germain: Si vous considérez les institutions
privées comme étant du côté de la vertu, ce ne
serait déjà pas mal.
M. Morin (Sauvé): Ce serait une façon bien
générale d'aborder le débat.
M. Saint-Germain: Parce qu'il y a encore dans le milieu des
inquiétudes qui subsistent et qui empêchent actuellement la
progression des institutions privées, c'est hors de doute. Ceux qui sont
dans ce domaine craignent d'investir bien souvent, ne connaissent pas l'avenir,
se posent des questions et, malgré le débat que vous avez eu la
dernière fois, il y a tout de même une atmosphère de
crainte et d'incertitude qui existe. Cela fait que les institutions
privées oeuvrent actuellement dans une atmosphère qui leur est
très pénible.
M. Morin (Sauvé): Je suis très au fait de la
perplexité de certaines institutions privées, mais j'ai
tenté de m'expliquer là-dessus à l'occasion de la question
avec débat l'autre jour. Je pense que, durant les trois heures qu'a
duré ce débat, nous avons retourné le problème sous
tous ses angles et je ne suis pas prêt, à moins que nous ne
prenions vraiment le temps de le faire correctement, à rouvrir ce
débat. (17 h 45)
M. Le Moignan: Une simple petite question, M. le ministre, que
nous n'avons pas abordée l'autre jour. Il y en aurait beaucoup d'autres,
mais je n'en touche qu'une. La province économise combien, étant
donné la contribution que les parents font déjà pour
l'école privée. Est-ce que ce serait de l'ordre de $40 millions,
$50 millions, est-ce que c'est un chiffre acceptable aux différents
niveaux?
M. Morin (Sauvé): Évidemment, il faudrait faire des
calculs savants parce que, dans certains cas, les institutions qui
relèvent d'une déclaration d'intérêt public
reçoivent 80% du coût moyen par élève du
réseau public pour l'année précédente. Tandis que,
pour ce qui est des institutions qui n'ont qu'une reconnaissance pour fins de
subvention, le montant n'est que de 60%. Plusieurs autres institutions ne
reçoivent que des permis, n'ont pas de subvention. Évidemment,
évaluer ce que cela peut signifier comme épargne pour la
collectivité... Il faudrait d'abord tenter de faire une classification
des activités. Est-ce que les cours de danse, par exemple, ou les
cours...
M. Le Moignan: ... au niveau primaire, secondaire et
collégial, surtout dans les domaines où les deux systèmes
d'écoles se croisent. Je vous donne un exemple, le collège de
Lévis a reçu du gouvernement $1 935 000, selon la loi 56, et les
dépenses, les salaires, sont de l'ordre de $3 220 000. Les prêtres
qui enseignent je pense qu'il y en a plusieurs au collège de
Lévis ont sacrifié $885 000 de leurs salaires qu'ils ont
versés au fonds du collège, et le déficit est de $76 000.
Si on prend uniquement le collège de Lévis, la province aurait
épargné à ce moment-là $961 970. Je vous donne un
exemple en passant.
Peut-être qu'une réponse pourrait venir plus tard.
M. Morin (Sauvé): Vous savez, il y a deux aspects; la
question n'est pas aussi simple qu'elle le paraît au premier abord. Je ne
veux pas entrer dans l'exemple particulier que vous avez donné, quoique
les chiffres m'étonnent beaucoup. En général, les
institutions privées se tirent fort bien d'affaire, lorsqu'elles sont
d'intérêt public en particulier et qu'elles reçoivent des
subventions de 80%. Si elles ne peuvent pas vivre avec ces 80% et une
contribution normale des parents, il y a quelque chose qui ne va pas. Il y a
certainement un dossier à examiner.
Je ne refuse pas d'ailleurs de regarder ça de plus près,
mais il y aurait...
M. Le Moignan: C'était en référence.
M. Morin (Sauvé): ... peut-être là des
problèmes d'administration; je ne sais trop.
Il y a un autre aspect de la question, c'est celui du manque à
gagner du réseau public. N'oubliez pas cela. Chaque fois qu'un
élève quitte le réseau public pour s'en aller au
réseau privé, il y a un manque à gagner pour nos
commissions scolaires ou nos collèges. Donc, là, il faudrait
aussi tenir compte de cette dimension du problème. Toutefois, si j'avais
à donner des chiffres, je le fais sous toute réserve...
Pour répondre à votre question de façon directe, je
suis obligé de la poser de façon un peu différente et de
me demander quelles sont les contributions qu'apportent les parents, les
contributions moyennes qu'apportent les parents du secteur privé,
étant donné que nous ne leur versons que 80% ou 60% du coût
moyen du secteur public.
Au niveau primaire, il y a environ 8000 élèves qui payent
en moyenne $300 par tête. Nous sommes donc devant une contribution des
parents de l'ordre de $2 400 000.
Au niveau secondaire, le nombre des étudiants est beaucoup plus
considérable et, grosso modo, en arrondissant, on arrive à 60 000
élèves. La contribution des parents est de l'ordre de $450 par
enfant, en moyenne, ce qui fait $27 millions.
Enfin, au niveau collégial, il y a environ 15 000
étudiants payant environ $500 en moyenne, ce qui fait $7 500 000.
Si vous additionnez toutes ces contributions, vous verrez qu'elles sont
de l'ordre de $35 millions. Est-ce qu'on peut dire que cela est une
épargne pour le trésor public? Ce n'est pas sûr, car une
partie de ces montants d'argent vient probablement donner à certains
établissements plus de moyens que n'en possède le secteur
public.
M. Le Moignan: Je suis satisfait de vos chiffres, parce qu'on
s'est posé tellement de questions. On peut avoir quelque chose sur quoi
se baser. Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault: Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants à ce programme?
Mme Lavoie-Roux: Je propose l'adoption, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que le programme 8,
ainsi que le programme 2, élément 3, sont adoptés?
M. Le Moignan: Adopté.
Administration
Le Président (M. Dussault): Adopté.
J'appelle maintenant le reste des crédits, c'est-à-dire
ceux relatifs à l'administration, identifiés sur notre feuille de
route par la lettre h, et le programme 1, de même que ce qui n'a pas
été étudié dans le programme 2.
M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse. Est-ce
qu'on pourrait nous donner jusqu'à 18 h 15? Cela va être
extrêmement bref. Je ne veux pas prendre de temps. Si vous ne voulez pas,
dites non tout de suite.
M. Morin (Sauvé): Personnellement, je n'ai pas
d'objection. Cela dépend des autres membres de la commission. Je veux
bien...
Mme Lavoie-Roux: 18 h 15.
M. Le Moignan: 18 h 15. J'aurais aimé aller
préparer autre chose pour ce soir.
Mme Lavoie-Roux: Moi aussi, j'ai le même problème,
mais ce sont les crédits de l'administration du ministère et il
n'y a pas de problème.
Le Président (M. Dussault): Cela n'arrange pas non plus le
président, mais je me ferai quand même un plaisir et il n'y a pas
de problème.
Le Président (M. Dussault): Cela n'arrange pas non plus le
président, mais je me ferai quand même un plaisir d'être
avec vous jusqu'à la fin.
M. Morin (Sauvé): Sans vous, M. le Président, nous
n'irions pas loin.
Le Président (M. Dussault): En plus.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous, je vais vous poser une question au
départ? C'est sur l'administration générale du
ministère. Vous vous souvenez, l'an dernier, j'avais soulevé la
question du personnel cela leur prend toujours dix minutes à se
rendre, de toute façon j'aimerais qu'on me corrige si je me
trompe. J'ai l'impression que si je fais la somme du personnel, soit dans les
réseaux, ou soit dans l'administration générale, j'arrive
à un total d'une diminution de douze, par rapport à l'an dernier.
Il y a une diminution, au programme 1, de 27; une augmentation, au programme 2,
de 15, ce qui fait une diminution totale de douze. Est-ce exact?
M. Morin (Sauvé): Si vous avez en main le cahier no 1,
vous aurez le total, à la page 25, pour l'ensemble du ministère.
Oui, il y a une diminution.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais je me fie au programme
Secteurs, administration et services, dans le gros cahier du budget. Au
programme 1, il y a une diminution de 27. Quand j'arrive dans l'administration
des réseaux, au programme 2, vous avez une augmentation de 15, ce qui,
les deux programmes ensemble, fait une diminution de douze. C'est cela?
M. Morin (Sauvé): Pour ces deux programmes, oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est quand même ce qui constitue
l'administration générale de tout le ministère de
l'Éducation?
M. Morin (Sauvé): Plus, au programme 3,
élément 5, l'administration des prêts et bourses aux
étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il y a une diminution ou une
augmentation, dans celui-là?
M. Morin (Sauvé): II y a une diminution.
Mme Lavoie-Roux: Je pourrais peut-être faire l'addition, ou
quelqu'un peut me la faire rapidement, pour les programmes 3 et 6. Il y a une
diminution de seize. C'est bien cela? Ceci donnerait un total, à ce
moment-là, de 28.
M. Morin (Sauvé): Au total du ministère de
l'Éducation, à postes réguliers autorisés, pour
l'année 1978/79, par rapport à l'année 1977/78, il y a
moins de quinze postes réguliers.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Et, en hommes-année-occasionnels,
c'est moins 93. Au régulier, plus 15, au total du ministère, aux
occasionnels, moins 73, ce
qui donne, au total, moins 58 hommes-année pour l'ensemble de
l'administration du ministère. C'est une diminution de 2,2%.
Mme Lavoie-Roux: Je vais faire ma réflexion avant de
partir. Je me demande, M. le ministre, si on tient compte des diminutions qui
sont imposées à cause de la diminution du nombre
d'élèves dans les administrations scolaires locales ou
régionales, si le même effort ou la même diminution se
reflète d'une façon équitable au niveau du
ministère.
M. Morin (Sauvé): Je crois que oui. La diminution totale
nette est de 2,2%. Il y a des augmentations nécessaires qui apparaissent
au fil des pages, comme le bureau d'admission à l'école anglaise,
qui est une nécessité pratique et administrative, comme la
commission d'appel, comme le bureau de la science et de la technologie,
où on ajoute quelques postes, et ainsi de suite. Il y a donc des
activités nouvelles qu'on peut appeler incompressibles et qui
prévoient facilement une vingtaine de postes. Ceci fait finalement un
solde négatif pratique plus important que ce qui paraît, quand on
regarde les chiffres nets. C'est de l'ordre de 2%, de toute façon.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, Mme le
député. Nous sommes appelés pour le vote. Nous risquons
même de le manquer. Si je comprends bien, nous revenons ici, après
le vote pour continuer jusqu'à 18 h 15.
M. Morin (Sauvé): C'est cela.
Le Président (M. Dussault): Nous suspendons nos
travaux.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise de la séance à 18 h 15)
Le Président (M. Dussault): Nous allons reprendre les
travaux de la commission parlementaire de l'éducation. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est peut-être ma
propre satisfaction, mais cela pourrait être aussi pour toutes les
personnes qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation. Est-ce que ce
serait possible de faire une comparaison et voir de quelle façon la
diminution du nombre des élèves affecte les commissions
scolaires, et le ministère de l'Éducation au niveau de
l'administration. Je ne vous demande cela, ni pour aujourd'hui, ni pour demain.
Si vous me l'apportez l'an prochain, ce sera suffisant. Il y a juste trois
petites questions. Écoutez, j'en avais... Voici ma première
question. Est-ce que vous avez remplacé le sous-ministre de foi
protestante?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous ne l'avons
pas encore fait. Nous sommes encore au stade des consultations à ce
sujet. Comme vous le savez, M. Sylvester White nous a quittés, il y a
maintenant quelques mois; il a accepté, depuis, la
vice-présidence du Conseil supérieur de l'éducation,
où il va prêter main forte à M. Beauchemin. Je pense
régler ce problème dans le cours de l'été qui
vient. Je dis problème, c'est une façon de parler. Il n'y a pas
vraiment de problème, mais il s'agit de faire le choix le plus judicieux
possible et, comme vous le savez, Mme le député, je dois
consulter sur ce point le comité protestant. Je voudrais vous rassurer,
il ne manque pas de candidats. Mais le choix du meilleur nécessite
évidemment de la réflexion et de la consultation.
Mme Lavoie-Roux: On peut prévoir qu'il devrait être
remplacé d'ici septembre.
M. Morin (Sauvé): Oui. C'est une des questions que je veux
régler cet été.
Mme Lavoie-Roux: II y a une question sur laquelle je voulais
revenir et qui touche la déconcentration au niveau régional. Je
sais que là où on retrouve une hausse budgétaire, c'est
à ce niveau, qui implique justement ce mouvement vers les régions
d'un certain nombre de personnel. Je voudrais qu'on m'explique parce que je
comprends mal pourquoi ce sont des gens du ministère qu'on envoie vers
les régions et, à ce moment, je m'explique mal qu'il y ait une
hausse budgétaire reliée à cette opération
déconcentration même si je sais qu'en 1976, le Conseil du
trésor avait approuvé cette opération de
déconcentration sous l'ancien gouvernement. Mais, dans le contexte de
ces transferts ou de ce changement de personnel, d'où viennent en fait
les augmentations précisément?
M. Morin (Sauvé): II s'agit dans tous les cas de transfert
interne. Tous les postes qui sont alloués aux directions
régionales sont des postes qui sont soutirés des autres, de
l'administration centrale. J'ai les chiffres quelque part ici. Mais tous les
postes supplémentaires qui sont alloués aux directions
régionales sont tirés de l'administration centrale.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qui explique la hausse des
coûts?
M. Morin (Sauvé): II y a des transferts d'un service
à un autre. Il y a une hausse de la masse salariale.
Mme Lavoie-Roux: C'est strictement cela? Il n'y a pas de
coûts supplémentaires.
M. Morin (Sauvé): Non, il n'y a pas de coûts
supplémentaires. En masse salariale, il n'y en a pas.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Une autre question. Pourquoi vous
faut-il, au bureau d'admissibilité à l'école anglaise, un
personnel un instant, je vais vous dire cela pour
compléter c'est
à la page H-25 l'effectif du bureau d'admissibilité
à l'école anglaise, il vous faut un personnel
supplémentaire j'ai vu les chiffres quelque part de quatre
ou de huit. Cela n'est pas complété. Il me semble que le travail
devrait être moindre au fur et à mesure que le temps avance et
là on ajoute des effectifs. Quelle est la raison?
M. Morin (Sauvé): Effectivement, M. le Président,
au fur et à mesure que nous aurons disposé du cas de tous les
enfants qui sont déjà dans le système légalement,
de leurs frères et soeurs, quand nous aurons procédé
à ce que nous appelons au ministère le baptême par
immersion, lorsque nous aurons terminé cette opération de tous
ceux qui sont déjà dans le système, à compter
probablement de l'année prochaine, nous allons avoir besoin de moins de
personnel, puisque le chiffre des demandes va tendre à se
stabiliser.
Pour ce qui est des raisons qui expliquent l'augmentation de
l'année courante, je n'ai pas la réponse sous la main.
Peut-être le sous-ministre l'a-t-il? Je pense que l'explication est que,
pour les mois à venir et la rentrée qui vient, il reste encore
beaucoup de vérification à faire.
Mme Lavoie-Roux: II y a quatre permanents et sept occasionnels.
Pour les occasionnels, je comprends votre raison. Les quatre permanents qu'on
ajoute, c'est quand même assez considérable. Quel nombre de
personnes y a-t-il au bureau d'admissibilité à l'école
anglaise?
M. Morin (Sauvé): Nous allons tenter de donner une
réponse précise, madame, si vous voulez attendre un instant.
Mme Lavoie-Roux: Quand on a créé le bureau
d'admissibilité à l'école anglaise, le sous-ministre, tout
à l'heure, expliquait qu'évidemment, il y avait un accroissement
de personnel incompressible, et qu'une des raisons était justement la
création de ce bureau. Est-ce qu'on a fait des efforts pour tenter de
relocaliser du personnel dans ce bureau d'admission du personnel ou si, en
fait, on a encore créé des postes permanents dans la fonction
publique?
M. Morin (Sauvé): La plupart des personnes qui ont
travaillé au sens technique comme personnes désignées par
le ministre sont des personnes qui ont été empruntées au
réseau des commissions scolaires, qui étaient soit des
employés des commissions scolaires au moment où elles ont
été désignées, soit des gens à l'âge
de la préretraite, sauf le cas de M. Proulx, à Montréal,
et peut-être une autre des personnes désignées. Donc, sur
un ensemble de treize personnes désignées, c'est-à-dire
une dans chaque région et trois à Montréal, il n'y en a
que deux qui ne sont pas venues directement du réseau scolaire, parmi
ces personnes.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Morin (Sauvé): Dans le personnel de soutien...
Mme Lavoie-Roux: Je voulais dire du ministère, parce que
là, vous parlez de gens qui venaient des commissions scolaires. Moi, je
parle de relocalisation de personnel du ministère, au bureau
d'admission, faisant abstraction du directeur et de peut-être une couple
d'autres personnes.
M. Morin (Sauvé): Non, ce n'est pas du personnel nouveau,
c'était du personnel du bureau du ministère à
Montréal qui a été affecté au bureau d'admission
à l'école anglaise.
Mme Lavoie-Roux: Alors, comment m'expliquez-vous que...
M. Morin (Sauvé): Sur l'exercice budgétaire
précédent, il y avait deux personnes à ce qui s'appelait
à ce moment la commission de surveillance de la langue d'enseignement.
Pour l'exercice que nous couvrons, il s'agit maintenant de sept permanents et
de onze employés à temps partiel pour 18 hommes-année.
Quant à l'origine de ces personnes, je ne peux vous donner la
réponse immédiatement. Je pense que, si nous pouvons donner des
explications sur le nombre de postes... Nous ne savons pas d'où viennent
les personnes, il faudrait que nous nous en assurions. Nous pouvons, si vous le
désirez, faire la recherche et vous communiquer le résultat au
cours des journées qui viennent.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le ministre. Je ne poserai pas
d'autres questions. J'aimerais faire une suggestion en terminant, c'est que,
peut-être l'an prochain d'ailleurs, je crois que je lavais faite
l'an dernier, à la fin de létude des crédits il
serait bon que nous intervertissions l'ordre de discussion pour que certains
députés qui viennent ne se sentent pas frustrés quand ils
n'arrivent pas au bon moment. Je n'aurais pas d'objection, si vous êtes
d'accord, pour qu'on commence par l'université, le collégial ou
la direction générale du ministère, parce que je pense
que, finalement, rendu à la fin, il y en a toujours une partie qui
écope des plus longues discussions qui ont eu lieu avant. Je voudrais
simplement remercier le président de sa patience, de sa
compréhension.
Je m'étais préparé quelques notes pour la fin des
crédits, je vais m'en abstenir, je ferai plutôt un
communiqué de presse. Je voudrais également remercier tous les
fonctionnaires du ministère qui, je dois le dire, montrent beaucoup de
transparence, et remercier également le ministre de sa
collaboration.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, avant de
conclure, je voudrais mettre à la disposition des membres de la
commission la liste des projets de construction ou d'agrandissement
d'écoles primaires et secondaires soumis au Conseil du trésor
pour approbation, entre le 16 octobre 1974 et le 16 novembre 1976. Je
crois que c'est à la suite d'une demande de Mme le député
de L'Acadie que nous avons fait préparer ce tableau. De même, je
dépose un tableau des projets de construction ou d'agrandissement
d'écoles primaires et secondaires soumis au Conseil du trésor
pour approbation, du 17 novembre 1976 au 31 mai 1978, c'est-à-dire
jusqu'à hier, de sorte que vous aurez un tableau complet de
l'évolution des politiques de construction ou d'agrandissement.
Vous verrez que les semaines qui ont précédé le
scrutin de 1976 ont été très prolifiques.
Mme Lavoie-Roux: Je m'en doute, M. le ministre. Me permettez-vous
une seule question là-dessus? Cette école se retrouve
probablement dans le nombre; c'est une lettre qui m'est parvenue du
comté de Pontiac-Témiscamingue et je ne peux même pas, de
mémoire, me rappeler s'il s'agit d'une école
élémentaire ou secondaire pour des anglophones qui, apparemment,
réclament, depuis un certain temps je crois que c'est une
école secondaire, si je ne m'abuse; les deux... Alors, qu'est-ce qui
arrive à cette demande?
M. Morin (Sauvé): Est-ce que vous vous
référez à Campbell's Bay et Chapeau? Cela est en cours,
vous le trouvez dans le premier bloc. Dans le cas de Campbell's Bay et de
Chapeau, vous le retrouvez à la 4e feuille de la série, octobre
1974 à novembre 1976.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle a été... coût
immobilisation; demande au Conseil du trésor; elle a été
approuvée. De toute façon...
M. Morin (Sauvé): Elle a été
approuvée, elle est en cours de réalisation celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Elle a été approuvée le 11
mai?
M. Morin (Sauvé): Le 5 novembre 1976. Le 5 novembre 1976,
vous voyez.
Mme Lavoie-Roux: Et elle est en voie de réalisation;
alors, il ne s'agit pas de ces écoles, parce que c'est une lettre que
j'ai reçue récemment. Je vérifierai...
M. Morin (Sauvé): Si elle était justifée,
vous pouvez être sûr que le gouvernement actuel a maintenu le
projet. Si elle n'était pas justifiée, si c'était
simplement une promesse d'élection, forcément, il y a eu
réexamen. (18 h 30)
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, j'aime bien votre façon
d'approcher les choses. Il ne s'agit pas de savoir si elle a été
acceptée, promise ou non promise. S'il y a un besoin, ce que je voulais
savoir, c'est s'il avait été examiné à son
mérite. Je vous téléphonerai...
M. Morin (Sauvé): Si vous vouliez, au cours des jours et
des semaines qui viennent, vous pourriez nous dire exactement de quelle
école ou de quel projet il s'agit...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Morin (Sauvé): ... et je vous assure que nous vous
donnerons la réponse dans les meilleurs délais.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, au terme de ces
deux semaines de débat au sujet des crédits du ministère
de l'Éducation, je voudrais remercier les membres de la commission. Le
débat a été vif par moments, mais constamment
intéressant et constructif, je pense. Je voudrais remercier en
particulier mes deux collègues de l'Opposition, Mme le
député de L'Acadie qui, de toute évidence, avait bien
étudié les cahiers verts que nous avions mis à sa
disposition, de même que M. le député de Gaspé qui
n'a pas manqué de soulever quelques questions fondamentales du plus
grand intérêt. Au terme de l'étude de ces crédits et
prenant pour acquis qu'ils ont tous été acceptés, je vous
dis à l'an prochain.
Le Président (M. Dussault): Alors, effectivement, nous en
sommes à la fin de nos travaux. Je dois vous demander, les programmes 9
et 10 ayant été adoptés à une autre commission
parlementaire, le programme 12 devant l'être dans d'autres travaux d'une
autre commission parlementaire, si les programmes 1 à 8 ainsi que le
programme 11 sont adoptés.
Mme Lavoie-Roux: Adopté. M. Le Moignan:
Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté.
M. le rapporteur qui a été nommé au début de
cette commission fera rapport à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: II est disparu!
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie a fait allusion à ma patience, je ne m'en connaissais pas tant.
Effectivement, je l'ai découverte. Je remercie tous les membres de la
commission de leur collaboration.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas... M. Morin (Sauvé):
À l'an prochain.
Le Président (M. Dussault): Et j'ajourne les travaux de
cette commission sine die.
(Fin de la séance à 18 h 33)
Commentaires du ministre, M. Jacques-Yvan
Morin,
sur l'évolution de l'éducation au
Québec
INTRODUCTION
Au moment de commencer l'étude des crédits du
ministère de l'Éducation pour l'année 1978-1979, je tiens
à redire tout l'intérêt que présente cette
démarche de la Commission parlementaire. Elle poursuit divers objectifs,
mais devrait avant tout me permettre de rendre compte de la dernière
année d'activités dans le vaste réseau de
l'éducation et de présenter publiquement le programme de travail
de Tannée financière qui débute, en vue de favoriser la
discussion, voire la critique. L'Assemblée nationale sera alors mieux
informée de ce qu'il advient des fonds publics considérables
qu'elle consacre à cette tâche sociale essentielle qu'est
l'éducation.
L'organisation du travail
Un peu plus de 95% des crédits requis pour le fonctionnement de
l'éducation sont destinés à des dépenses qui seront
effectuées au sein des réseaux d'enseignement. C'est
également au sein de ces réseaux que se trouvent les
élèves et les enseignants, et que se déroule la plus large
part de l'activité éducative.
Il paraît en conséquence normal que ces réseaux
d'enseignement, leurs programmes d'action et les crédits qui leur sont
destinés fassent prioritairement l'objet des préoccupations de
cette Commission. Nous procéderons donc d'abord à l'examen du
réseau primaire et secondaire, et des unités administratives qui,
au Ministère, en assurent la gestion d'ensemble. Nous
présenterons ensuite le secteur postsecondaire à l'égard
duquel nous aborderons successivement les questions relatives à
l'enseignement collégial, à l'enseignement universitaire,
à l'éducation des adultes et à l'aide financière
aux étudiants. Nous traiterons par la suite des institutions
d'enseignement privé des niveaux primaire, secondaire et
collégial avant de conclure avec l'administration
générale, laquelle regroupe la direction du Ministère, les
organismes de consultation, le secteur de la planification ainsi que les
organismes de soutien aux activités des autres unités
administratives et des réseaux.
Vue d'ensemble sur l'évolution de
l'éducation
En raison du mode de fonctionnement dont nous avons convenu pour
l'analyse des crédits, j'ai l'intention de réserver, pour le
moment de l'étude spécifique des réseaux d'enseignement,
la présentation des faits saillants, des principales réalisations
et des orientations les plus significatives qui ressortent des
réalisations de l'année 1977-1978 et de celles prévues
pour l'année en cours.
Je commencerai par faire rapidement état de quelques
données d'ensemble qui permettront de situer nos discussions dans un
contexte plus général.
Les crédits de l'éducation sont, pour 1978-1979, de
l'ordre de $3 638 millions, ce qui représente un accroissement de 3,8%
par rapport au budget de l'année précédente. Malgré
cette modeste hausse, ces crédits n'en continuent pas moins de
requérir une part importante, soit 28,5%, de l'ensemble du budget du
Gouvernement du Québec pour l'année 1978-1979, en comparaison de
29,8% l'année dernière. Selon d'autres modes de calcul, les
dépenses en éducation représenteront, au cours de la
présente année, environ 7,0% du Produit intérieur brut, ce
qui situe le Québec dans une position comparable à celle des
nations les plus avancées au chapitre de leurs investissements dans ce
secteur de l'activité sociale. J'ajoute que ces dépenses pour les
activités éducatives représenteront un
déboursé d'environ $600 par citoyen au cours de la prochaine
année, ce qui maintiendra l'avance du Québec sur les autres
provinces.
Je me dois également de vous rappeler que les crédits de
l'éducation s'inscrivent dans la logique du récent discours sur
le budget du Gouvernement et qu'à ce titre, ils en portent les
contraintes et en reflètent les principales orientations: ralentissement
du rythme d'expansion des réseaux d'enseignement et gel de certains
coûts à leur niveau de 1977-1978; concernant les dépenses
du Ministère, diminution de 1% de l'effectif et réduction de 5%
de certaines dépenses.
En 1978-1979, le ministère de l'Éducation a
procédé à certains réaménagements internes
selon deux axes: déconcentration des services aux commissions scolaires;
déploiement vers les secteurs des ministères directement
responsables des réseaux de certaines activités
spécialisées logées jusqu'à maintenant hors de ces
secteurs.
Ces réaménagement expliquent, d'une part et en bonne
partie, la diminution de 6,1% des crédits du programme "administration
générale" et, d'autre part, la croissance de 10,4% du programme
"administration des réseaux".
Au total, les ressources financières consacrées à
l'administration ministérielle de l'éducation au Québec
diminuent de 0,5% en 1978. Les crédits passent alors de $84 416,0
millions à $84 476,9 millions, incluant le programme 01 de
l'administration générale, le programme 02 de l'administration
des réseaux, l'élément 05 du programme 03 relativement
à la gestion des prêts et bourses.
Les ressources humaines allouées à cette administration
ministérielle diminuent globalement de 2,2%. L'effectif régulier
s'accroît de 0,7%, tandis que l'effectif occasionnel diminue de 17,5%.
L'effectif total du ministère de l'Éducation passe donc de 2695
à 2637, incluant le personnel des directions régionales.
Sur ce, je vous invite à aborder immédiatement l'examen
des crédits de l'enseignement primaire et secondaire.
Enseignement primaire et secondaire public
Avant d'aborder l'étude des crédits
détaillés de l'enseignement primaire et secondaire public, vous
me permettez de faire un rapide tour d'horizon des développements
majeurs que connaît ce réseau. Nous aborderons tout d'abord
l'évolution des clientèles et des ressources. Ensuite,
j'évoquerai brièvement les réalisations les plus
marquantes et j'indiquerai les développements prévus au cours des
prochains mois.
Les clientèles et les ressources Les
clientèles
Phénomène croissant depuis quelques années, la
dénatalité continuera d'éprouver le réseau primaire
et secondaire en 1978-1979.
Pour l'ensemble du primaire et du secondaire, les clientèles
prévues aux crédits passeront de 1 240 717 élèves
en 1977-1978 à 1 187 562 élèves en 1978-1979, soit une
diminution nette de 4,3%.
C'est cependant au niveau secondaire que cette baisse se fera sentir le
plus fortement; les clientèles y diminueront de 6,4% comparativement
à 3,2% au primaire.
On peut toutefois s'attendre à une légère
remontée qui est déjà amorcée au
préscolaire, où la clientèle prévue
s'accroîtra de 1,9% entre 1977-1978 et en 1978-1979.
Néanmoins, en dépit de cet indice de reprise, le
problème de la baisse des clientèles continuera de marquer le
réseau primaire et secondaire durant quelques années encore.
Ce problème de la baisse des clientèles se fait sentir de
façon différente d'une commission scolaire à l'autre. Des
mesures ont dû être prises dans les cas où la baisse
était considérable et risquait de compromettre
sérieusement la qualité des services pédagogiques.
Le personnel enseignant
Si la baisse globale des clientèles se situe à 4,0%, le
personnel enseignant ne décroît pas au même rythme.
Au primaire, on prévoit une diminution de 0,4% du personnel
enseignant comparativement à une baisse de 3,2% de la clientèle.
Cette diminution proportionnellement moins forte de l'effectif enseignant est
principalement due à l'amélioration de règles de
dénombrement de l'effectif dans les conventions collectives. Au
secondaire, le personnel décroîtra de 5,6% alors que la
clientèle doit baisser de 6,4%.
Cet écart entre la baisse des clientèles et la diminution
des enseignants permet une amélioration de la proportion
maître/élèves et de la qualité des services à
l'élève.
Quant aux surplus d'enseignants qui résultent de la diminution du
nombre d'élèves, les conventions collectives assurent la
sécurité d'emploi à tout le personnel permanent.
L'expérience nous enseigne qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer puisque
aussi bien la presque totalité des professeurs mis en
disponibilité sont par la suite réaffectés à des
postes réguliers. C'est ainsi qu'au premier mai 1977, 659 enseignants
avaient été mis en disponibilité; au premier avril 1978,
643 d'entre eux avaient été réaffectés à des
postes réguliers.
Cette expérience nous permet de penser avec assez d'assurance
qu'il en sera de même pour les quelque mille enseignants qui ont
été mis en disponibilité depuis quelques semaines.
Cette très faible proportion de mises en disponibilité,
par rapport au nombre d'environ 70 000 enseignants au sein des réseaux
primaire et secondaire, s'explique par le fait qu'à chaque année,
plusieurs enseignants quittent leur travail par suite de décès,
de mise à la retraite, de promotion,
d'obtention d'un emploi dans un autre réseau ou tout simplement
de l'abandon de la profession. Ce taux de départ, évalué
à 9,0% par année, compense pour les baisses des clientèles
et diminue considérablement les mises en disponibilité.
En plus d'assurer une amélioration de la portion
maître/élèves au primaire, le calcul des subventions est
fondé, de façon générale, sur un facteur de
réduction qui équivaut à un tiers du pourcentage de la
diminution des populations scolaires, dans le cas de la direction des
écoles, et à la moitié dans le cas des autres personnels
et des autres coûts.
Outre cette solution de la portée générale, nous
maintiendrons, en 1978-1979, deux mesures particulières en vue
d'apporter l'assistance nécessaire aux commissions scolaires qui sont
aux prises avec une forte baisse des clientèles: la politique de soutien
pédagogique aux petites écoles et aux petites commissions
scolaires, qui a requis des crédits de près d'un million en
1977-1978; les politiques relatives au maintien de la dernière
école primaire de village et au maintien de la dernière
école primaire de quartier, lesquelles visent à satisfaire les
besoins et les choix des communautés locales en ce qui a trait aux
distances à parcourir et à la nature des services que dispensent
les écoles. En vue du maintien de la dernière école
primaire de village, les mesures consistent à favoriser une utilisation
à des fins scolaires et communautaires d'édifices devenus trop
vastes pour répondre aux besoins initiaux. Les frais sont alors
partagés entre les utilisateurs et la commission scolaire
intéressée est alors invitée à fournir pour chaque
élève fréquentant cette école un montant
correspondant au coût moyen par élève sur son territoire.
En second lieu, à la suite d'une simulation dans une quinzaine de
commissions scolaires urbaines, le Ministère a pu définir, avec
leur aide, un processus de planification qui leur permet de choisir et de
maintenir ouverte, dans chaque quartier, l'école vers laquelle seront
progressivement dirigés les élèves, au fur et à
mesure que la diminution des élèves entraînera la fermeture
des autres.
Mesures de perfectionnement
Nous continuerons, au cours de l'année 1978-1979, à mettre
l'accent sur le perfectionnement du personnel enseignant. Pour les
activités de perfectionnement organisées directement par les
commissions scolaires, le montant par enseignant passera de $136 en 1977-1978
à $141 en 1978-1979. Cela représentera un déboursé
total de $9,5 millions.
À ces ressources s'ajoutent des programmes de perfectionnement
destinés par le Ministère aux secteurs prioritaires. En
1978-1979, le coût de ces programmes sera de $11,4 millions et sera
réparti de la façon suivante: dans le cadre du plan de
développement des langues, $3,7 millions seront consacrés au
remplacement des enseignants qui suivront des cours de perfectionnement; $3,8
millions seront versés aux universités pour l'organisation des
cours; $750 000 serviront à l'octroi de bourses aux enseignants; $2,2
millions seront affectés au perfectionnement des enseignants de la
langue seconde; le plan de développement de l'éducation
chrétienne disposera de $639 000 pour le perfectionnement des
enseignants, alors que le plan de développement de l'éducation
physique obtiendra $120 000 pour le perfectionnement des conseillers
pédagogiques; le perfectionnement des professionnels non enseignants se
verra, l'an prochain, octroyer une somme de $247 000.
Les équipements
La baisse générale des clientèles scolaires a un
impact certain sur les immobilisations pour fins scolaires. Toutefois, elle ne
se fait pas sentir uniformément sur tout le territoire puisque certaines
commissions scolaires voient même leurs clientèles augmenter. Le
déplacement des clientèles entraîne souvent des
réaménagements dans les équipements existants.
C'est ainsi qu'en 1977-1978, on comptait 49 projets de construction ou
d'agrandissement dans 21 écoles primaires et 28 écoles
secondaires, alors qu'on ne retrouvera, en 1978-1979, que 37 projets en cours,
dont 21 toucheront des écoles primaires et 16, des écoles
polyvalentes.
Par ailleurs, bien que toutes les analyses ne soient pas
terminées, nous prévoyons mettre en marche, en 1978-1979, 33
nouveaux projets de construction ou d'agrandissement d'écoles primaires
et 18 intéressant les écoles polyvalentes.
Le financement de l'enseignement primaire et
secondaire public
Le coût du système primaire et secondaire public incluant
toutes les dépenses des commissions scolaires, passera, de
l'année scolaire 1977-1978 à l'année scolaire 1978-1979,
de $2 247,8 millions à $2 354,8 millions, ce qui représente une
hausse de 3,4%. La contribution du ministère de l'Éducation
au
financement de ces dépenses relatives à chaque
année scolaire passera de $1 603,7 en 1977-1978 à $1 657,8
millions en 1978-1979.
Cette croissance du coût de système et, par voie de
conséquence, des subventions du Gouvernement, est principalement due aux
augmentations de traitement des personnels en raison, d'une part, d'une
indexation minimum de 6% en 1978-1979 et, d'autre part, de la croissance de
l'expérience moyenne acquise par les personnels dont le coût est
estimé à 2,33% de la masse salariale.
Il faut se rappeler ici que la rémunération
représente plus de 87% des dépenses de l'enseignement primaire et
secondaire.
Les crédits nécessaires pour l'exercice financier
1978-1979 du Gouvernement passent à $2 057 366 500, soit un
accroissement de 0,4% par rapport aux crédits de 1977-1978. Ce faible
accroissement s'explique par le fait que les crédits de 1977-1978
étaient gonflés d'un montant important pour le versement des
subventions relatives au règlement des conventions collectives. De plus,
le montant de remboursement d'arrérages s'établira à $129
millions comparativement à $159 millions en 1977-1978. Les
crédits à voter, après déduction des crédits
permanents que représentent les versements aux fonds des régimes
de retraite s'établissent, quant à eux, à $1 974 458 600.
Il est important de noter que ces sommes vont permettre la série de
réalisations prévues.
Quant aux crédits à voter pour les dépenses des
unités administratives du Ministère qui sont directement
responsables du réseau primaire et secondaire, ils se situent à
$18,2 millions en 1978-1979 et accusent un hausse de 10,4%. Cette hausse
s'explique, en partie, par les augmentations générales de
traitement et reflète également les modifications de
l'organisation du ministère, qui ont conduit au transfert, au primaire
et au secondaire, de personnels antérieurement attachés à
d'autres secteurs. Plusieurs de ces postes ont été
affectés aux directions régionales, dans le cadre de la
déconcentration des activités ministérielles.
Bilan des réalisations
L'an dernier, j'avais eu l'occasion de préciser les grandes
priorités de développement du réseau primaire et
secondaire. Il me paraît opportun de faire le bilan des
réalisations de l'année 1977-1978 et d'indiquer les orientations
retenues pour 1978-1979.
Le plan de développement de l'enseignement des
langues
Dans le domaine de l'enseignement des langues, il faut rappeler que j'ai
annoncé l'an dernier plusieurs priorités, lesquelles sont toutes
en voie de réalisation.
En français, langue maternelle, la révision des programmes
du niveau primaire a été complétée avec la
participation des milieux intéressés. Ces programmes seront
implantés, à titre expérimental, dès septembre
prochain dans certaines commissions scolaires. En 1978-1979, nous
entreprendrons la révision des programmes du niveau secondaire et nous
prévoyons dépenser une somme d'un million pour l'achat de livres
de bibliothèque au niveau primaire. En 1977-1978 également, 220
conseillers pédagogiques ont été engagés pour
l'encadrement des enseignants. De plus, $1 500 000 seront affectés au
remplacement des professeurs en instance de perfectionnement.
Pour l'enseignement des langues secondes, les budgets ont permis, l'an
dernier, d'engager 190 conseillers pédagogiques. Des critères ont
également été définis pour l'autorisation de
l'enseignement de l'anglais au primaire, critères qui serviront à
l'évaluation des projets des commissions scolaires. La révision
du programme de français langue seconde, en cours depuis quelques mois,
sera complétée en juin 1979; et le programme révisé
d'anglais destiné au secondaire sera implanté dès
septembre prochain.
Conformément à ce que j'annonçais l'an dernier, des
programmes dits de langue d'origine, en l'occurrence les langues italienne et
portugaise, ont été mis au point cette année et seront mis
à l'essai dans la région de Montréal dès l'an
prochain. Nous avons aussi établi des contacts avec la communauté
grecque pour l'organisation d'un enseignement de même nature.
L'histoire et la géographie
La révision du programme de sciences humaines au niveau primaire
avait pour but d'accorder plus de temps à l'enseignement de l'histoire
et de la géographie. Le programme deviendra disponible au printemps de
1979 et tiendra compte des conclusions du Livre vert. Au secondaire, la
révision du programme de géographie et d'histoire nationales se
poursuivra jusqu'en juin 1979. Le programme d'histoire nationale,
destiné aux élèves du secteur professionnel, pourra
être utilisé dès septembre prochain.
Il convient de rappeler que le programme d'histoire nationale est
maintenant obligatoire pour la certification des élèves du
secondaire général et que nous étudions la
possibilité de le rendre obligatoire pour la certification des
élèves du secondaire professionnel.
Le plan de développement de
l'éducation
physique
L'élaboration du plan général de
développement de cet enseignement s'est poursuivie au cours de l'an
dernier. Nous avons consacré $5 millions pour les équipements
légers, et un autre $5 millions pour l'aménagement des cours
d'écoles, montant qui sera reconduit au cours de l'actuel exercice
financier.
Une subvention de $3 millions a été affectée, en
1977-1978, à l'engagement de conseillers pédagogiques en
éducation physique; cette somme passera à $3,6 millions en
1978-1979 et un montant de $2,5 millions sera inclus dans le budget du
ministère des Transports pour faciliter l'accès des
équipements sportifs existants aux élèves du primaire.
L'élaboration des programmes d'éducation physique pour le
primaire et le secondaire a atteint sa phase finale. L'expérimentation
aura lieu dans quelques commissions scolaires dès septembre prochain et
la généralisation du programme devrait aboutir en 1979-1980.
L'enseignement religieux
Nous avons, en 1977-1978, révisé le programme
d'enseignement religieux pour les élèves de la 6e année du
primaire et élaboré de nouveaux programmes d'enseignement
religieux et moral pour le second cycle du secondaire. Ces programmes pourront
donc être implantés dès septembre prochain.
Nous avons aussi pris les mesures nécessaires pour que toutes les
commissions scolaires puissent faire respecter les règlements du
Comité catholique en ce qui concerne la pastorale scolaire. Dans ce
domaine, plus de $220 000 ont été affectés aux
dépenses admissibles supplémentaires pour remédier
à certaines carences. Pour 1978-1979, le ministère a
adopté des critères uniformes qui permettront d'assurer la
qualité des services de pastorale dans tout le
Québec. À ce chapitre, chaque commission scolaire recevra,
pour le primaire, une subvention de base de $2500, plus un montant de $0,50 par
élève.
En outre, chaque direction générale sera d'ici peu
dotée d'un répondant à temps complet pour la coordination
et l'animation des commissions scolaires en ce qui concerne l'enseignement
moral et religieux ainsi que la pastorale scolaire.
Quant aux écoles protestantes, elles ont utilisé, pour le
perfectionnement des enseignants, les subventions prévues, lesquelles
seront reconduites en 1978-1979.
L'enseignement des arts
J'ai constaté, à mon arrivée au ministère,
que le secteur de l'enseignement des arts souffrait, tout au moins au primaire,
d'un certain nombre de carences qu'il fallait corriger. En 1977-1978, nous
avons précisé les mesures spéciales aptes à
améliorer cet enseignement, mesures dont la mise en oeuvre
nécessitera, en 1978-1979, des crédits de $1,3 million. Au cours
de l'année qui vient, je m'attacherai à préparer de
nouvelles politiques dans ce domaine.
L'éducation en milieu
défavorisé
Les mesures visant à permettre aux enfants des milieux
défavorisés de trouver plus d'égalité de chances
sur le plan scolaire ont été accentuées en 1977-1978.
L'an dernier, le ministère avait augmenté à $5,5
millions les crédits à ce chapitre, comparativement à un
peu plus de $3 millions en 1976-1977. Le budget 1978-1979 prévoit des
crédits de $7,4 millions pour la recherche et les interventions
éducatives dans ces milieux. Il me paraît opportun de vous dire
comment sont utilisés ces fonds.
En 1977-1978, 53 commissions scolaires ont offert une aide
particulière aux enfants de 4 ans en engageant 142 jardinières
pour les maternelles organisées à l'école ou à la
maison.
L'an dernier, 16 commissions scolaires ont commencé à
offrir une aide particulière aux adolescents des milieux
défavorisés à l'égard des problèmes
d'absentéisme et de décrochage, de consommation de drogues ainsi
que d'orientation scolaire et professionnelle. Ces mesures continueront de
faire l'objet d'expériences en 1978-1979.
Il y a maintenant quelques mois, le ministère a publié une
étude des secteurs défavorisés au
Québec qui nous permet maintenant de repérer les
commissions scolaires où des interventions seraient utiles.
Enfin, en 1977-1978, le ministère amorçait la production
de 125 émissions de la série télévisée
"Passe-partout". Ces émissions viennent compléter l'action
auprès des enfants de 4 ans des milieux défavorisés. Elles
sont accompagnées de cahiers qui s'adressent aux enfants
eux-mêmes, mais exigent également l'apport des parents. Le soutien
à la série "Pase-partout" comprend aussi l'engagement
d'éducateurs-animateurs chargés de faire le lien avec le milieu
familial des enfants.
Toutes ces expériences et d'autres qui s'y ajouteront,
constituent le fondement concret d'une politique des interventions
éducatives en milieu défavorisé; je compte rendre public,
au cours de l'automne 1978, un document exposant ce que sera cette politique
d'ensemble.
Distribution du lait dans les écoles
En 1977-1978, le ministère de l'Agriculture prenait l'initiative
d'un nouveau programme qu'il entendait mener conjointement avec le
ministère de l'Éducation, en vue de la distribution du lait dans
les écoles primaires. L'année dernière, 56 commissions
scolaires, dont 46 commissions pour l'ensemble de leur clientèle et 10
commissions pour une partie de leur clientèle, ainsi que 200 000
élèves ont bénéficié de ce programme.
En 1978-1979, cette distribution gratuite du lait se fera auprès
d'environ 350 000 élèves du niveau primaire et dans 136
commissions scolaires. Notre objectif est d'atteindre graduellement la
distribution gratuite du lait à tous les élèves des
écoles primaires dès septembre 1981.
Décentralisation et
déconcentration
Avant de vous entretenir du Livre vert sur l'enseignement primaire et
secondaire, je tiens à parler brièvement de la
décentralisation administrative, laquelle demeure pour moi une
préoccupation de premier plan.
Le Livre vert, vous le savez, traite longuement de la question et
présente trois hypothèses de gestion. L'une de ces
hypothèses, la troisième, nous était imposée par le
souci d'intégrer notre réflexion sur l'éducation aux
préoccupations plus vastes du Gouvernement qui, de son
côté, poursuit des travaux en vue de décentraliser son
administration.
En conséquence nous avons dû ralentir quelque peu nos
propres travaux afin de consulter la population à ce sujet. Entre-temps,
nous avons poursuivi nos démarches de déconcentration qui, tout
en étant de nature différente, viennent compléter et
préparer la décentralisation. C'est ainsi que la Direction
générale des réseaux, dont j'annonçais l'an dernier
la création, est maintenant bien en place; elle se développera et
se consolidera en 1978-1979 en y ajoutant 36 personnes et des crédits
supplémentaires d'un montant de $875 000.
Deux autres mesures importantes ont été prises, au cours
de la dernière année, en vue de favoriser la
déconcentration administrative. L'une porte sur la création de
directions régionales qui se voient confier une partie des mandats
dévolus antérieurement aux unités centrales du
Ministère. Les deux directions régionales pilotes
créées en 1977-1978 ont travaillé de pair avec les
commissions scolaires à faire l'expérience d'un nouveau mode de
liaison administrative entre les commissions scolaires et le
ministère.
Ces nouveaux rapports administratifs constituent pour le
ministère et les commissions scolaires une démarche qui nous fait
franchir un pas de plus vers la décentralisation. Selon ce nouveau mode
de liaison, chaque commission scolaire doit préciser ses propres besoins
et élaborer quatre plans de développement portant sur ses
services éducatifs, ses ressources humaines, ses équipements et
ses ressources financières. Partant de ces plans, les commissions
scolaires élaborent par la suite leurs demandes de ressources,
lesquelles font l'objet d'analyses et de discussions avec la direction
régionale. On veut ainsi éliminer les contrôles "a priori"
du ministère et centrer davantage les discussions sur les besoins
réels et les priorités de chacune des commissions scolaires.
Cette nouvelle façon d'administrer l'Éducation a fait
l'objet d'expériences, l'an dernier, dans 45 commissions scolaires. Les
premiers résultats nous indiquent qu'il s'agit là non seulement
d'un outil précieux de gestion plus décentralisée, mais
également d'un instrument très utile à la planification
interne des commissions scolaires. Cette expérimentation qui ne
constitue pas encore le large mouvement de décentralisation
proposé dans le Livre vert, en est, pour ainsi dire le
prélude.
Nos efforts en vue de déconcentrer la gestion vont d'ailleurs
s'accentuer au cours des prochains mois puisque nous entendons
généraliser progressivement les deux mesures que je viens de
décrire, après avoir procédé à
l'évaluation des expériences entreprises dans les régions
de l'Outaouais-Hull et du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Non sans avoir
consulté les fédérations de commissions scolaires, nous
voulons créer quatre nouvelles directions régionales en 1978-1979
et parachever l'opération dès 1979-1980 si possible;
l'implantation des nouveaux rapports administratifs suivra de près la
création de ces directions régionales et devrait s'étendre
à toutes les commissions scolaires en 1980-1981.
Le Livre vert de l'enseignement primaire et
secondaire
Je ne saurais passer sous silence une démarche qui a fait l'objet
de grands travaux et de tournées en 1977-1978: le Livre vert de
l'enseignement primaire et secondaire.
Il y a quelques jours, j'ai terminé ma seconde tournée des
régions du Québec, dont je disais volontiers qu'elle était
celle de la moisson. Je tiendrai en juin des audiences en vue de recueillir
l'opinion des organismes d'envergure nationale sur les diverses
hypothèses de travail proposées dans le
Livre vert, qui est avant tout un document destiné à la
consultation de la population et des principaux agents de l'éducation en
particulier.
Vous comprendrez qu'il ne saurait être question, dès
maintenant, d'annoncer les décisions qui s'imposeront à la suite
de cette vaste consultation. Je puis toutefois vous assurer que les
décisions seront fondées sur des délibérations
publiques qui, à mon avis, constituent un succès
inespéré. Un grand nombre de personnes et de groupements ont
saisi l'occasion d'exprimer leurs aspirations et leurs besoins en
matière d'éducation. Voici d'ailleurs quelques faits qui nous en
apportent la preuve: quelque 585 000 exemplaires du Livre vert ont
été distribués; environ 380 000 guides de lecture ou
questionnaires ont été expédiés à ceux qui
en ont fait la demande; plus de 23 000 questionnaires avaient été
retournés au ministère au milieu d'avril et il en arrive encore
quotidiennement: 20 000 de ces questionnaires représentent des
réponses de la part d'individus; plus de 3000 questionnaires ont
été remplis par des groupes composés en moyenne de dix
personnes; quelque 1300 mémoires ou rapports de réunions
d'étude nous sont parvenus; ils sont le fruit des
délibérations de plus de 35 000 personnes et le résultat,
la plupart du temps, d'une demi-journée de discussion; la tournée
régionale que je viens de terminer, m'a permis de prendre connaissance
de 400 mémoires et parfois d'en discuter avec leurs auteurs; au mois de
juin, je rencontrerai une cinquantaine de représentants des organismes
scolaires anglophones; enfin je recevrai, lors des audiences de la seconde
moitié de juin, plus de 50 représentants d'organismes ou
groupements nationaux qui déposeront un mémoire et me feront part
de leurs opinions sur les diverses hypothèses du Livre vert.
Le bilan partiel du déroulement de la consultation indique
déjà que les espoirs que nous mettions dans la démarche de
consultation entreprise en octobre dernier ont été amplement
comblés. Les nombreuses réactions enregistrées et la
diversité des points de vue exprimés permettent
déjà d'affirmer que le Livre vert a pu franchir le mur
d'indifférence qui bloque souvent ce genre de consultation.
Dès l'automne prochain, je serai en mesure de dévoiler un
plan d'action comprenant les principaux éléments des
démarches à court, à moyen ou à long terme que le
gouvernement entend donner au Livre vert.
Toutes ces actions n'épuisent pas, bien sûr, l'ensemble des
réalisations du secteur primaire et secondaire en 1977-1978, ni
l'ensemble des projets pour 1978-1979. Le cahier d'information, mis à
votre disposition, vous permettra de compléter le tableau et de prendre
connaissance des détails lors de l'étude de chaque
activité, tâche vers laquelle nous pouvons maintenant nous
tourner.
L'enseignement postsecondaire
Le domaine de l'enseignement postsecondaire recouvre plusieurs
réseaux d'enseignement et plusieurs unités administratives. Nous
en ferons l'examen selon la séquence suivante: nous verrons d'abord le
réseau de l'enseignement collégial public, soit le réseau
des collèges d'enseignement général et professionnel et la
Direction générale de l'enseignement collégial du
Ministère; par la suite, nous examinerons le réseau de
l'enseignement universitaire qui comprend l'ensemble des universités du
Québec, de même que la Direction générale de
l'enseignement supérieur du Ministère; en troisième lieu,
nous ferons l'étude de l'éducation des adultes qui recoupe le
réseau des commissions scolaires, le réseau des collèges
d'enseignement général et professionnel et plusieurs organismes
à caractère privé; nous couvrirons également les
activités de la Direction générale de l'éducation
des adultes; en quatrième lieu, nous aborderons toute la question de
l'aide financière aux étudiants principalement administrée
par le Service des prêts et bourses; enfin, nous conclurons par une
présentation des activités du Bureau de la science et de la
technologie.
L'enseignement collégial public
Évolution du réseau
d'enseignement collégial public Les
clientèles
Le réseau d'enseignement collégial public est, à
l'heure actuelle, constitué de 46 établissements d'enseignement
administrés par 37 corporations d'enseignement général et
professionnel.
Ces collèges desservaient, en 1977-1978, une clientèle
régulière de 118 340 étudiants, clientèle ayant
connu une augmentation de 11,3% de 1976-1977 à 1977-1978. Cet
écart s'explique notamment par l'accroissement naturel du nombre des
jeunes en âge d'entreprendre des études collégiales, par
l'arrivée au collégial d'une forte partie de la double promotion
du secondaire à la suite de l'application du Règlement no 7, par
une certaine élévation du taux de passage (de 45,3% en 1976-1977
à 47,6% en 1977-1978) du Secondaire V au Collégial l et par une
augmentation du taux de poursuite des études.
Cependant, l'effet de ces différents facteurs s'atténuera
dès cette année: le nombre d'étudiants réguliers
diminuera légèrement à 117 000 (1,2%) avant de baisser
à 107 000 selon les prévisions pour 1979-1980.
Le personnel
Alors que le personnel de cadre et de gérance, le personnel
professionnel non enseignant et le personnel de soutien ont connu dans les
cégeps une certaine stabilité de 1976-1977 à 1977-1978, le
nombre des professeurs est pour sa part passé de 8441 à 9421 au
cours de la même période. Cette hausse exceptionnelle de
près de 1000 professeurs résulte, bien sûr, de
l'augmentation de la clientèle, mais est aussi attribuable à
l'application des termes de la convention collective.
Les équipements
À quelques exceptions près, les projets majeurs de
construction dans le réseau collégial ont été
réalisés. Les six projets dont les travaux sont en cours et qui
seront terminés en 1978-1979 au coût total de $33 millions,
comprennent un projet d'agrandissement, un projet de bibliothèque, deux
projets de blocs sportifs, un projet de transformations et un seul projet de
nouvelle construction.
Évolution des coûts
Pour l'année scolaire 1977-1978, les dépenses de
fonctionnement des cégeps sont évalués à $401,9
millions. Pour l'année scolaire 1978-1979, ces dépenses seront de
l'ordre du $433,4 millions, soit une augmentation de 7,83% par rapport à
une diminution prévue de 1,2% des clientèles
régulières. Cette augmentation de 7,83% s'explique par la
combinaison de trois facteurs principaux qui sont l'indexation moyenne des
salaires à 8.91%, la variation de la clientèle et l'adjonction de
100 professeurs pour l'allégement de la tâche selon les
dispositions de la convention collective.
Par ailleurs, les sommes requises par la gestion de l'enseignement
collégial au Ministère même s'accroîtront de 5,3%,
passant de $2,7 millions en 1977-1978 à $2,8 millions en 1978-1979.
Les faits saillants
Je voudrais maintenant passer en revue un certain nombre de faits
saillants qui intéressent l'évolution du monde de l'enseignement
collégial public et cela, dans le double but de faire le point sur les
réalisations majeures de 1977-1978 et de préciser les principales
orientations retenues pour 1978-1979.
L'accessibilité aux études
collégiales
L'accessibilité accrue aux études collégiales
constitue une préoccupation constante. J'ai indiqué, il y a un
instant, qu'en 1977-1978, la population étudiante des collèges a
connu, pour différentes raisons, une augmentation
particulièrement forte de l'ordre de 11,3%. En raison de cette
croissance rapide, diverses mesures ont été
privilégiées, notamment les locations temporaires et les
réaménagements des horaires, en vue d'éviter que le manque
de place n'empêche pas les candidats admissibles d'accéder au
niveau collégial, surtout dans les régions de Québec, de
Trois-Rivières et des Cantons de l'Est où l'impact de la double
promotion s'est fait le plus fortement sentir.
L'accessibilité au cégep des diplômés de
l'enseignement professionnel de niveau secondaire a fait l'objet d'attentions
spéciales l'an dernier: dix-sept collèges ont participé
à l'élaboration de guides et de grilles de passage dans une
dizaine de domaines techniques; cette opération qui s'est
avérée bénéfique, surtout pour les candidats des
techniques infirmières et des communications graphiques,
sera évaluée, resserrée et poursuivie en 1978-1979.
Dans le même ordre d'idées, les expériences de
décloisonnement entre le secondaire et le collégial
professionnels qui ont été poursuivies, l'an dernier, en
équipement motorisé et en électrodynamique,
s'étendront cette année aux techniques de la mécanique,
aux techniques forestières, aux techniques de secrétariat et
à l'électrotechnique.
Le développement des enseignants
Le développement harmonieux des enseignements collégiaux
exige une série d'actions concertées. À titre d'exemple,
la promotion des programmes peu fréquentés doit être
assurée de façon continue; l'accès aux programmes pour
lesquels le marché de l'emploi évolue défavorablement doit
être limité; les études sur la pertinence de la
création de nouveaux programmes et l'expérimentation des
programmes-pilotes doivent être régulièrement
poursuivies.
Développer les enseignements, cela signifie également
élargir la répartition de certains programmes dans le
réseau. En 1977-1978, les programmes professionnels
d'électrotechnique, de finance, de transport, de secrétariat et
d'arts plastiques ont fait l'objet d'un tel élargissement. Il en sera de
même en 1978-1979 pour les programmes de gestion d'entreprises agricoles,
de dessin de conception mécanique, d'électrodynamique.
Développer les enseignements, cela requiert enfin
l'élaboration d'une série de plans de développement pour
les enseignants à vocation nationale. Un tel plan de
développement a été mis au point l'an dernier pour
l'École de pilotage du collège de Chicoutimi; c'est notre
intention d'engager, cette année, un processus semblable pour le textile
à Bourgchemin, pour le papier à Trois-Rivières, pour
l'aérotechnique à Édouard-Montpetit et pour les techniques
maritimes à Rimouski.
L'amélioration des programmes et de la
pédagogie
Au chapitre de l'amélioration des programmes et de la
pédagogie, un certain nombre de faits significatifs méritent
d'être mentionnés.
Tout d'abord, je vous prie de noter une participation importante des
enseignants aux 85 comités de coordination provinciale des programmes et
des disciplines. Ces activités d'ordre pédagogique seront encore
accrues au cours de la présente année et comporteront, notamment,
l'organisation d'une vingtaine de colloques par les professeurs pour leur
permettre de continuer l'animation et la réflexion pédagogiques
amorcées en 1977-1978.
Par ailleurs, le Ministère continuera de soutenir une vingtaine
de projets de recherche soumis par les collèges. Certains de ces projets
visent à améliorer l'enseignement des langues, des sciences et de
certains programmes professionnels; d'autres, qui ont été
entrepris en 1977-1978 et se termineront en 1978-1979, portent sur les
ressources et les pratiques pédagogiques des collèges.
Comme autre contribution à l'amélioration des programmes
et de la pédagogie, je tiens à signaler que, dans le cadre du
programme de francisation des enseignements technologiques, plus de 250
professeurs de l'enseignement professionnel ont bénéficié,
l'an dernier, de stages en France pour l'amélioration de la langue
d'enseignement; environ 72 autres participeront à ce programme en
1978-1979.
Le non-renouvellement des contrats de certains
enseignants
II me paraît difficile de ne pas rappeler les
événements survenus dans quelques cégeps, au cours du mois
d'avril 1978, au sujet du non-renouvellement des contrats d'environ 300
professeurs non permanents.
Dans un communiqué émis le 3 mai dernier, j'ai eu
l'occasion d'exprimer publiquement mes vues sur cette affaire. Sans entrer dans
les ramifications techniques qu'elle comporte, il me faut indiquer que cette
question se résume essentiellement à un désaccord sur
l'interprétation et l'application de certaines clauses de la convention
collective en vigueur.
Ma décision de juger non fondées les revendications des
syndicats d'enseignants et de ne pas "ouvrir" les conventions collectives
repose sur les deux fondements suivants: d'une part, le professeur à
temps partiel, même "réputé à temps complet", ne
peut revendiquer des droits plus étendus que ceux de son collègue
régulier à temps complet qui ne possède même pas un
droit de grief lorsque son premier contrat d'engagement n'est pas
renouvelé; d'autre part, les règles négociées
relativement à la sécurité d'emploi s'avéreraient
inapplicables si on confiait à des professeurs remplaçants ou
à des professeurs à temps partiel "réputés à
temps complet ' des postes qui doivent être offerts à des
professeurs jouissant de la sécurité d'emploi au sein du
réseau des collèges.
À la suite du refus syndical d'accepter un arbitrage
accéléré, nous avons quand même maintenu notre offre
de constituer un comité spécial de replacement. Nous avons
également pris les dispositions nécessaires pour que les
étudiants ayant eu à subir les conséquences des
arrêts de travail des enseignants soient le moins possible
pénalisés dans leurs projets immédiats d'étude ou
de travail.
Le document d'orientation
En terminant ce chapitre sur l'enseignement collégial public, il
me paraît important de faire le point sur une priorité de travail
annoncée en 1977-1978: la préparation d'un Livre blanc sur
l'enseignement collégial.
Ce document d'orientation présentera un bilan des cégeps
après onze années d'opération, évaluera les
orientations actuelles et définira les actions nécessaires
à la relance de l'enseignement collégial. Ce document
d'orientation devrait être rendu public dès l'automne 1978,
puisque nous y travaillons présentement de façon intensive en
collaboration avec le Comité ministériel permanent du
Développement culturel.
L'enseignement universitaire Évolution du
réseau d'enseignement universitaire
Le réseau universitaire du Québec est actuellement
constitué de dix-sept établissements à vocation
générale ou spécifique.
La clientèle
D'après les données préliminaires, ces
établissements universitaires ont accueilli, en 1977-1978, 112 401
étudiants, équivalence à temps complet, soit 4,6% de plus
qu'en 1976-1977. Si l'on se fonde sur les prévisions des
universités, l'augmentation de la clientèle devrait être du
même ordre de grandeur en 1978-1979 et la population étudiante se
situerait, en équivalence temps complet, à 117 623
étudiants. Fait à signaler, c'est la clientèle à
temps partiel qui a crû le plus rapidement ces dernières
années dans le réseau universitaire.
Le personnel
Le nombre de personnes à l'emploi des universités
(effectif à temps complet) s'est accru de près de 14,6% durant la
période de 1972-1973 à 1976-1977; cet effectif est passé
de 8 329 à 9 544. L'augmentation a été de 17,4% chez les
professeurs-chercheurs et de 32% chez les professionnels non enseignants.
Les équipements
Comme on le sait, les plans d'équipement des
établissements universitaires doivent être inscrits dans un plan
quinquennal d'investissements universitaires, revu et modifié chaque
année.
Les principaux projets autorisés par le ministère de
l'Éducation, avant le 31 mars 1978, ont été:
l'Observatoire astronomique de l'université de Montréal; l'achat
et la transformation du Grand séminaire par l'université Laval,
pour ce qui est des projets à l'étape de la préparation
des plans et devis; le complexe sportif de l'université de Sherbrooke,
pour ce qui est des projets soumis aux appels d'offre.
Évolution des coûts
Au moment de l'impression du Livre des crédits, plusieurs
études relatives au niveau du financement du système
universitaire n'étaient pas terminées. Les discussions se sont
notamment poursuivies jusqu'à la mi-avril entre les services
compétents du gouvernement, les universités et le Conseil des
universités. Finalement, le taux de croissance des subventions aux
universités a été réduit à moins de 8%.
Cette compression budgétaire résulte d'un examen critique
de l'évolution de la subvention unitaire et de la dépense
admissible au calcul des subventions entre 1973 et 1978.
Il m'est difficile d'admettre "a priori" que la taille de notre
réseau d'enseignement supérieur, soit 117 000 étudiants en
équivalence temps complet, ne permette pas quelques économies
d'échelle.
Entre 1973-1974 et 1977-1978, la dépense admissible et la
subvention unitaire, en dollars constants, ont augmenté, la
première de 9,6% et la seconde de 16,5% pendant que la clientèle
s'accroissait de 25,6%. En d'autres termes, la croissance des étudiants
a été accompagnée d'un financement à 109%, pour ce
qui est de la dépense unitaire admissible, et à 116%, pour ce qui
est de la subvention correspondante (en dollars constants). Certes, j'en
conviens, la croissance des coûts dits de système est en bonne
partie due à des ajustements majeurs dans les masses salariales
admissibles, mais il s'est agi, néanmoins, d'un effort exceptionnel qui
ne saurait servir de gabarit.
L'enjeu premier des mesures que prend mon ministère est bien la
régulation du taux de croissance des subventions et nullement un
quelconque propos d'affecter notre politique d'accessibilité à
l'enseignement supérieur ou de mettre en péril les efforts en vue
de protéger voire d'améliorer la
qualité de l'enseignement. Les contraintes économiques,
naturelles en quelque sorte, incitant les entreprises du secteur privé
à ajuster systématiquement leurs coûts, n'auront jamais que
peu d'influence sur un réseau financé à plus de 90%
à même des fonds publics, à moins, justement, que
l'État ne crée lui-même cette incitation et n'exerce les
contraintes nécessaires au moment de l'allocation des ressources.
Les autorités universitaires sont résolues à faire
tout ce qui est en leur pouvoir, afin que la croissance des coûts de
l'enseignement supérieur soit contenue dans des limites convenables.
Voilà une assurance dont je dois me réjouir même si le
consensus reste à faire quant à la détermination de ces
limites.
La compression budgétaire nette sera de $11,5 millions en
1978-1979 soit environ 2% des dépenses admissibles au lieu de $13
millions, comme il en a été question déjà. La
coupure prévue est considérée, pour le moment, de nature
forfaitaire et n'affectera que le seul exercice 1978-1979. Je déciderai
éventuellement de la récurrence de la compression
budgétaire dans les années futures à la lumière
d'études supplémentaires.
Le taux de croissance des subventions en année universitaire sera
ainsi fixé à 7,98%. Au seul chapitre des dépenses de
fonctionnement, le taux de croissance de l'aide gouvernementale au
réseau de l'enseignement supérieur en termes de subventions
redressées s'établit à 7,6% et représente une
augmentation de $41 millions.
Il a été convenu que la Conférence des recteurs et
des principaux des universités du Québec entreprendrait des
études relatives aux coûts de l'enseignement supérieur et
aux raisons qui peuvent expliquer une hausse de ces coûts, en même
temps qu'elles pourraient éclairer le gouvernement dans la
préparation de ses décisions et de ses règles
budgétaires. Quelle part de vérité contient l'une ou
l'autre des opinions selon lesquelles les traitements des enseignants seraient
plus élevés au Québec qu'en Ontario, l'éventail des
programmes exagérément grand au Québec, etc.? Voilà
autant d'assertions dans lesquelles il faut faire la part des
préjugés avant d'appuyer sur elles des décisions aussi
importantes que celles touchant l'aide gouvernementale aux
universités.
L'opportunité de telles études ne fait pas de doute et il
me tarde d'en connaître les résultats, afin qu'ils guident mon
action. Mais je ne saurais mieux faire que de tirer le meilleur profit
d'études comparatives sérieuses dès qu'elles deviennent
disponibles, sans retarder indûment des décisions
nécessaires et justifiées par ailleurs.
La compression budgétaire qui sera exercée en 1978-1979
aura pour conséquence de réduire le montant des subventions de
fonctionnement en années universitaires, de $590,3 millions à
$580,3 millions. Par rapport à l'année 1977-1978, ces subventions
s'accroîtront de 7,98%, tandis que les crédits pour l'année
financière 1978-1979 augmenteront globalement de 5,2% avant la
compression.
Quant aux crédits nécessaires à la gestion du
ministère de l'Éducation, dans le domaine de l'enseignement
universitaire, ils passeront de $2,2 millions à S2,9 millions. Plus de
la moitié de cette augmentation de $700 000 est imputable à la
croissance du budget alloué à la Commission d'étude sur
les universités.
Les faits saillants
L'activité du monde de l'enseignement universitaire est à
ce point diversifiée qu'il serait illusoire de prétendre en
brosser une image vraiment complète. Je ne ferai donc état que de
certains points importants de l'évolution du réseau
universitaire.
La planification du développement de
l'enseignement universitaire
Compte tenu de l'importance des fonds publics qui leur sont
accordés, les universités doivent, cela va sans dire, rendre des
comptes sur les missions qui leur sont confiées. Dans ce contexte, il
devient essentiel que le réseau universitaire se dote des outils
nécessaires à une planification attentive de son
développement, ainsi qu'à une évaluation rigoureuse de la
qualité des services rendus à la collectivité.
C'est dans cet esprit que nous avons pris l'initiative de
préparer un document de stratégies annuelles de
développement des universités, document qui a déjà
été envoyé aux membres de la Commission.
Une telle pratique s'avère déjà fort utile dans les
discussions qui entourent la répartition des ressources aux
universités, la définition des priorités de
développement, l'évaluation de certaines activités et leur
réaménagement éventuel.
Le Conseil des universités et le Comité conjoint des
programmes préciseront encore davantage, en 1978-1979, leur implication
dans le processus d'évaluation des activités des
universités. Le Conseil a déjà requis mon accord pour la
réalisation d'une dizaine d'études sur les programmes de
spécialisation en médecine, de la nutrition, de la toxicologie,
des sciences politiques, de l'informatique, de l'urbanisme, du génie
géologique et du travail social.
Les études de doctorat
Même si le nombre d'étudiants inscrits au doctorat a
légèrement augmenté au cours des dernières
années, il n'en demeure pas moins que certains programmes sont peu
productifs.
Des études quantitatives et qualitatives de ce
phénomène ont été entreprises en 1977-1978 et se
poursuivront cette année.
Les bourses d'excellence
En 1978-1979, le montant des bourses de doctorat sera porté de
$5000 à $6000.
Les stages de formation
Je voudrais maintenant traiter de la question plus large et
problématique de l'ensemble des stages de formation pratique au niveau
universitaire.
Il faut de toute évidence favoriser la formule des stages de
formation pratique qui constituent, du moins en principe, une excellente
façon de préparer l'étudiant à sa future fonction
de travail. D'ailleurs, les universités ont déjà
intégré cette formule des stages dans 37 programmes
médicaux et dans au moins 44 programmes non médicaux.
On doit faire des réserves auant au développement de cette
formule pédagogique lorsque des corporations professionnelles ou des
employeurs n'acceptent plus d'assumer la part de responsabilités qui
leur incombe au cours de la formation pratique. L'entière prise en
charge de la formation pratique par les universités comporte des
implications budgétaires qui, en période de réduction des
coûts, ne peuvent être traitées à la
légère.
L'orientation retenue par le ministère de l'Éducation
consistera, en 1978-1979, à intégrer les enseignements pratiques
à des programmes existants, à la condition de ne pas prolonger la
durée des programmes et dans la mesure où cette
intégration répondra vraiment à des objectifs d'ordre
pédagogique. Le Comité conjoint des programmes sera, pour sa
part, chargé d'analyser la pertinence de tout projet d'organisation de
stages et d'évaluer les ressources requises.
Droits de scolarité pour les étudiants
étrangers
La présence des étudiants étrangers n'est pas
exclusive au réseau universitaire mais elle y est plus importante que
dans les autres réseaux. J'en traiterai donc dans le présent
programme.
Suivant en cela l'exemple d'autres provinces canadiennes et d'autres
pays, le Québec vient de se doter d'une politique qui comporte une
hausse des droits de scolarité exigés des étudiants
étrangers. Au niveau universitaire, ces droits seront, dès
l'automne 1978, haussés à $750 par session pour l'étudiant
à temps complet et à $50 par crédit pour l'étudiant
à temps partiel.
Cette mesure a pour conséquence de réduire la
participation du gouvernement du Québec dans l'aide financière
accordée aux étudiants étrangers tout en maintenant au
même niveau les revenus des institutions universitaires. Il faut
souligner que cette politique fait que le gouvernement du Québec
continuera de verser aux universités, pour chaque nouvel étudiant
étranger, une subvention moyenne de $3900 et pour les étudiants
étrangers inscrits avant le premier septembre 1978 une subvention
moyenne de $4900.
Cette politique prévoit cependant que tout étudiant
étranger parrainé par un organisme ou venant d'un pays avec
lesquels le Québec a déjà conclu une entente, sera
exempté de cette hausse. De plus, nous comptons explorer la
possibilité d'implanter un programme de bourses pour ces
étudiants.
Enfin, je vous signale que le Ministère maintient sa politique de
gel des frais de scolarité pour les étudiants
québécois. Dans une telle conjoncture il est normal d'appliquer
des mesures différentes aux étudiants étrangers puisque
les dépenses universitaires connaissent une hausse croissante et que les
ressources financières affectées à l'universitaire font
l'objet de certaines restrictions.
La recherche
Lors du débat de novembre dernier en Commission parlementaire,
j'ai déposé un plan de relance et un plan de redressement de la
recherche universitaire. Je suis heureux de déclarer que ces plans ont
été suivis rigoureusement. En particulier,
l'échéancier prévu pour les opérations a
été respecté. Le fonctionnement des jurys et du
Comité conseil a déjà mérité de nombreux
témoignages de satisfaction.
En 1978-1979, chacun des volets de ce programme sera
évalué au plan des objectifs et au plan de la gestion et du
financement.
Ce programme a rendu possibles des réalisations
intéressantes dont j'aimerais brosser le portrait:
les subventions accordées en 1977-1978 ont aidé à
la formation de plus de 2000 chercheurs universitaires. Par le soutien
apporté à environ 400 équipes de chercheurs dans
différents domaines, ces subventions ont contribué au
développement général des connaissances et à la
solution de problèmes dans divers secteurs d'activité; l'appui
financier accordé aux revues scientifiques a permis d'assurer la
publication régulière des résultats des recherches dans 22
revues universitaires et dans la revue "Québec-Science ".
La formation des maîtres
Le partage des responsabilités en matière de formation du
personnel de l'enseignement a souvent fait, au cours des dernières
années, l'objet de critiques de la part des universités, des
associations d'enseignants et des cadres scolaires. La réorganisation de
la formation des maîtres, réalisée au sein du
ministère de l'Éducation en 1977-1978, semble de nature à
corriger certaines des difficultés évoquées.
Parmi les réalisations les plus importantes survenues l'an
passé dans le réseau universitaire, il faut retenir
l'implantation de onze nouveaux programmes de formation et de perfectionnement
du personnel de l'enseignement, l'organisation d'activités
d'enseignement à l'intention de 9 104 futurs maîtres et de 19 022
enseignants déjà en exercice, et l'inscription de 5 483 candidats
dans des programmes d'études avancées en sciences de
l'éducation ou dans des programmes de formation pour les personnels
pédagogiques non enseignants et pour les administrateurs scolaires.
En attendant les résultats de la Commission d'étude sur
les universités, les orientations prévues pour 1978-1979 dans le
domaine de la formation des maîtres donneront lieu à la mise en
place de programmes de perfectionnement des maîtres de français
dans les constituantes de l'Université du Québec. Enfin,
puisqu'il s'agit d'une innovation majeure, l'Université de Sherbrooke et
l'Université du Québec à Trois-Rivières
procéderont à l'élaboration de programmes
expérimentaux de formation initiale des maîtres de l'enseignement
professionnel secondaire.
La Commission d'étude sur les
universités
En terminant ce survol des activités et des orientations du
réseau universitaire, il me paraît utile de traiter
brièvement de la Commission d'étude sur l'avenir de
l'enseignement supérieur et des universités qui a
été créée par le gouvernement en juillet 1977.
La Commission a déjà produit, en janvier dernier, un
document de consultation. Elle en est présentement rendue à une
étape importante de ses travaux: la consultation publique, qui se
poursuivra jusqu'au 16 juin prochain et qui couvrira les régions de
Montréal, de Québec, de Sherbrooke, de Chicoutimi, de Rimouski,
de Hull et de Trois-Rivières.
Les travaux de la Commission, qui devraient se terminer par la remise
d'un rapport final au printemps 1979, revêtent une grande importance pour
le développement du réseau universitaire du proche avenir.
L'éducation des adultes Évolution du
système d'éducation des adultes
L'éducation des adultes prend, à l'heure actuelle, la
forme de deux types de formation bien distincts: la formation
générale et socioculturelle, d'une part, offre aux citoyens du
Québec des services d'éducation populaire, des cours de formation
générale, du soutien à l'action communautaire, des
services d'accueil et de référence; la formation professionnelle,
d'autre part, propose aux travailleurs du Québec des cours de formation
professionnelle dans un établissement scolaire ou en milieu industriel,
ainsi que des services d'accueil et de référence.
Ces divers services sont, selon le cas, disponibles dans les commissions
scolaires, dans les cégeps, ou au sein d'organismes d'éducation
populaire et de corporations professionnelles.
En éducation des adultes, c'est moins la clientèle que
l'ampleur des services qui permet de donner une image valable de l'importance
et de l'extension de ce secteur d'activités éducatives.
En formation générale et socioculturelle, par exemple, 1
140 000 heures/groupes de formation seront, en 1978-1979, dispensées
dans les commissions scolaires, surtout, chaque heure/groupe
représentant 50 minutes de formation pour un groupe d'environ 20
personnes; et plus de 600 projets présentés par des organismes
d'éducation populaire recevront un soutien financier.
En formation professionnelle, plus de 1 230 000 heures/groupes de
formation seront offertes à des travailleurs, les 3/4 de ces heures de
formation dans les commissions scolaires et le reste dans les cégeps;
chaque heure/groupe de formation professionnelle s'adresse à une
quinzaine de travailleurs à la fois.
De plus, les commissions scolaires faciliteront la réalisation de
4 500 projets de formation industrielle.
Évolution des coûts de l'éducation
des adultes
Les coûts de système, en formation générale
et socioculturelle des adultes, augmenteront de 13,0% de'l'année
scolaire 1977-1978 à l'année scolaire 1978-1979 et atteindront
$45,9 millions. Pour leur part, les coûts de système de la
formation professionnelle des adultes augmenteront de 3,8% seulement d'une
année scolaire à l'autre et se situeront, en 1978-1979, à
$70,1 millions. Au total, les coûts de système de
l'éducation des adultes s'établiront à $116,0 millions au
cours de l'année scolaire 1978-1979, soit une augmentation de 7,3% par
rapport à l'année précédente.
La formation générale et socioculturelle s'appropriera une
somme de $44,8 millions, soit une augmentation de 8,7%, tandis qu'un taux de
croissance de 2,8% fera passer le coût de la formation professionnelle
à $69,8 millions. Enfin, la gestion de la formation des adultes au
ministère de l'Éducation nécessitera des crédits de
$6,2 millions en 1978-1979, soit une diminution de près de 1,0% par
rapport à 1977-1978.
Les crédits totaux de l'éducation des adultes
s'établiront donc, en 1978-1979, à $120,8 millions. Selon les
estimations disponibles, les contributions du Gouvernement
fédéral couvriront 69,8% de cette somme.
Les faits saillants
Aucun changement vraiment significatif n'est venu modifier la
configuration des activités d'éducation des adultes au cours de
l'année 1977-1978. Les orientations retenues pour l'année
1978-1979 s'inscriront dans cette continuité et donneront lieu à
un volume équivalent de services aux individus engagés dans ce
type de formation.
Politiques en éducation des adultes
II me semble d'abord pertinent de faire le point sur l'évolution
du dossier de l'éducation des adultes.
Sans renoncer définitivement à l'élaboration d'une
politique d'ensemble, l'approche privilégiée consisterait
à traiter ce vaste domaine tranche par tranche, selon un processus qui
permettrait, successivement, de faire l'analyse et de dégager les
orientations de chacun de secteurs d'activités. Je vous indique, pour
illustrer cette démarche, que nous en sommes à mettre la touche
finale au dossier de la formation du citoyen, à celui de notre
contribution à la formation syndicale, de même qu'à celui
portant sur les organismes volontaires d'éducation populaire.
Je vous signale également que nous participons, en collaboration
avec le Comité ministériel permanent du développement
social, à l'élaboration des assises d'un programme de formation
de la main-d'oeuvre du Québec.
Le travail de révision des politiques d'éducation des
adultes se poursuivra en 1978-1979.
Le programme Multi-Média
Le programme Multi-Média se terminera le 1er juillet 1978. Les
groupes d'adultes impliqués dans les activités de
Multi-Média pourront poursuivre des activités autonomes dans le
cadre du programme des organismes volontaires d'éducation populaire
(O.V.E.P.) ou exercer leur action à l'intérieur des services
d'éducation des adultes des commissions scolaires.
Il me paraît finalement important de rappeler que les principales
orientations du programme Multi-Média seront investies dans la politique
de la formation du citoyen.
Les organismes volontaires d'éducation
populaire
Le programme des organismes volontaires d'éducation populaire
connaît des développements intéressants.
L'augmentation croissante des demandes d'aide a fait ressortir les
insuffisances du budget de ce programme, même si les 646 projets
financés et les 332 organismes soutenus en 1977-1978 constituaient
déjà un programme important. Une injection supplémentaire
de $160 000 sera consentie au budget de ce programme qui disposera de
crédits de $2 554 000 en 1978-1979.
Des améliorations d'ordre qualitatif seront de plus
apportées à ce programme, en 1978-1979, pour l'adapter encore
mieux à la nature des organismes et à la réalité
des projets présentés, et pour en faire l'évaluation
financière et pédagogique.
Les négociations Québec-Canada au
chapitre de la formation professionnelle des adultes
Je tiendrais maintenant à dresser le tableau de la situation des
négociations entre le Québec et le Canada en matière de
formation professionnelle des adultes.
Les deux parties n'ayant pas réussi à trouver une formule
d'entente avant la date fatidique du 31 mars 1978, l'ancien accord de 1974 a
été de nouveau prolongé d'abord jusqu'au 30 avril 1978 et
ensuite jusqu'au 31 mai. Les négociations se poursuivent afin d'en venir
à une entente. Sans assumer la responsabilité première de
ces négociations, le ministère de l'Éducation y participe
de façon constante.
Le Gouvernement du Canada a déposé, en septembre 1977, un
rapport qui définissait de nouvelles orientations et des modifications
administratives importantes au programme de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre canadienne. Le Québec a aussitôt entrepris
l'évaluation de ce programme fédéral et la consolidation
de ses propres objectifs dans ce domaine; on prévoit terminer les
travaux au cours de 1978-1979.
À l'occasion de la rencontre de Victoria à laquelle je
participais en janvier 1978, le Québec et les gouvernements des autres
provinces avaient demandé à Ottawa de surseoir d'un an à
l'application de propositions qui n'avaient pas fait l'objet de consultations
préalables. Cependant, ce que le Québec s'est vu offrir, c'est un
projet d'un nouvel accord d'une durée de trois ans dont il ne peut,
comme les autres provinces, accepter les orientations.
Le Québec propose pour sa part, de prolonger d'une année
l'accord de 1974 qui lui accorderait un budget de $102,5 millions ou, à
tout le moins, un montant égal au budget réel de 1977-1978, soit
$99 millions, dont $84 millions seraient applicables à la formation
dispensée sous la responsabilité du ministère de
l'Éducation.
L'aide financière aux étudiants
Évolution de la clientèle et des montants de prêts et
bourses
L'aide financière du ministère de l'Éducation aux
étudiants du système scolaire comporte plusieurs volets.
Un premier volet, moins connu, concerne l'attribution de bourses
à des étudiants du primaire et du secondaire souffrant de
handicaps divers: 230 bourses d'un montant global de $225 400 ont ainsi
été accordées, en 1977-1978, à cette
clientèle spéciale.
Un second volet se rapporte à l'attribution de prêts et de
boursesaux étudiants du niveau collégial. En 1977-1978, 35 000
étudiants ont obtenu des prêts totalisant $22,2 millions; de ce
nombre, 23 275 ont aussi bénéficié de bourses
s'élevant à $24,6 millions, soit une moyenne de $1 057 par
étudiant. L'aide totale, directe et indirecte, aux étudiants de
ce niveau s'est en conséquence chiffrée à environ $47,0
millions en 1977-1978.
Le troisième volet de l'aide financière s'adresse aux
étudiants du niveau universitaire. 30 800 étudiants se sont
partagé, en 1977-1978, des prêts d'une valeur totale de $29,4
millions; 20 000 d'entre eux se sont également vu octroyer des bourses
s'élevant à $29,0 millions, soit $1 457 en moyenne. L'aide totale
aux étudiants du niveau universitaire s'est ainsi établie
à $58,4 millions.
Une dernière dimension de l'aide financière aux
étudiants concerne le programme des bourses d'excellence qui veut
favoriser le développement de l'enseignement supérieur au
2ème et au 3ème cycle et au niveau de la recherche
post-doctorale. En 1977-1978, 1 551 candidats se sont partagé un montant
total de près de $6,0 millions, soit une valeur moyenne de $3 833 par
bourse.
Evolution des coûts de l'aide financière
aux étudiants
Les crédits requis, en 1978-1979, pour défrayer le
coût de l'aide financière aux étudiants et de la gestion du
programme se situent à $93,3 millions, par rapport à $87,6 en
1977-1978. Cette hausse de 6,5% provient principalement de l'augmentation de la
valeur des bourses au collégial et à l'universitaire.
Les faits saillants Stabilisation de la
demande
J'aimerais d'abord vous faire part d'une constatation ayant trait aux
demandes d'aide financière: au cours des dernières années,
indépendamment des modifications et des réajustements
apportés au régime des prêts et des bourses, le nombre des
étudiants qui ont fait une demande d'aide a eu tendance à se
stabiliser et à se maintenir à une proportion de 30,0% de la
clientèle du collégial et à une proportion de 42,0% de la
clientèle universitaire, soit à une proportion de 34,0% de
l'ensemble.
Diminution de la contribution des parents
Une des améliorations apportées au régime des
prêts et des bourses au collégial et à l'universitaire qui
sera accentuée en 1978-1979, a trait à la diminution progressive
de la contribution des parents dans le calcul du revenu des étudiants.
En 1978-1979, l'évaluation de l'exemption pour l'unité
familiale de base passera de $5400 à $6200, alors que par le jeu
normal de l'indexation annuelle, elle se serait située à $5850.
Ce nouveau mode de calcul de l'exemption contribuera, à lui seul,
à augmenter d'environ $1,8 million le montant total des bourses.
Dans la même foulée d'amélioration du régime
d'aide, nous entendons parachever, en 1978-1979, une série
d'études portant sur les aspects juridiques et sociologiques des
contributions des parents, du conjoint et de l'étudiant.
Participation accrue du mouvement
coopératif
Je tiens à faire mention d'une collaboration significativement
importante à la gestion de notre régime d'aide financière,
celle du mouvement coopératif. Les étudiants, je vous le
rappelle, doivent négocier auprès des institutions de
crédit du Québec, banques ou caisses populaires, le prêt
garanti par le Gouvernement. En 1977-1978, plus de 55,0% des prêts et des
montants prêtés ont été consentis par des caisses
populaires.
Réduction des délais de réponse
à l'étudiant
Pour clore ce chapitre de l'aide financière, je veux vous faire
part des travaux de mise au point d'un nouveau système et dé
nouveaux mécanismes de traitement informatique des données
servant au calcul des demandes d'aide financière. Dès juillet
1978, l'implantation de ces nouveaux mécanismes permettra de
réduire d'environ 10 jours les délais de réponse aux
demandes des étudiants.
Le Bureau de la science et de la technologie
Le Bureau de la science et de la technologie a principalement
contribué, en 1977-1978, aux travaux de préparation du Livre vert
du Gouvernement sur la recherche scientifique. En 1978-1979, il consacrera une
partie de ses efforts à terminer ces travaux et à conduire les
consultations nécessaires dans le secteur gouvernemental; de plus, le
Bureau entend réaliser une analyse détaillée des
ressources humaines et financières consacrées à la
recherche et au développement industriel au Québec, des
études sur l'organisation de la recherche gouvernementale et un examen
des dimensions intergouvernementales de la recherche et de l'activité
scientifiques.
Le Bureau de la science et de la technologie disposera, pour la
première fois en 1978-1979, des ressources humaines qui lui sont
nécessaires pour assumer l'ensemble de son mandat, connaissant cette
année une augmentaion élevée de ses crédits qui
passent de $171 300 à $459 000.
Les institutions d'enseignement privé
Quelques-uns des membres de cette Commission ont eu l'occasion, le 19
mai dernier, de discuter longuement de l'évolution des
établissements privés, dans le cadre d'un débat
demandé par le député de Gaspé. Des
représentants de tous les partis politiques ont alors pu exposer leurs
vues sur la question. Je proposerai en conséquence que l'examen qui va
suivre soit prioritairement axé sur les dimensions financières de
l'enseignement privé.
Pour le bénéfice des membres qui n'étaient pas
présents à ce débat, je rappellerai brièvement
l'essentiel des propos que j'y ai tenus et je rendrai disponible le dossier
d'information sur les clientèles, les statuts et le financement des
établissements privés.
Evolution des clientèles et des
établissements
Pendant l'examen des crédits de l'éducation pour
1977-1978, j'avais fait largement état de l'évolution des
clientèles de l'enseignement privé. De 1970-1971 à
1976-1977, les clientèles des établissements privés
subventionnés avaient plus que doublé. J'indiquais, l'an dernier,
que le taux d'accroissement ne se situait plus qu'à 9,7% depuis
1976-1977. Je pouvais également indiquer, à la lumière des
prévisions de 1977-1978, qu'une croissance d'environ 5% se ferait sentir
dans le réseau des institutions privées du Québec.
Après avoir pris connaissance, dès mon arrivée au
ministère, de diverses études proposant des modifications
à la Loi et aux règles de financement des institutions
privées, j'ai obtenu que le rythme de développement de ces
institutions s'inspire du statu quo jusu'à ce que soit rendue publique
la politique que le gouvernement entend définir concernant la vocation
de ces institutions à l'intérieur du système
d'éducation. Les dernières statistiques démontrent que
cette demande a été respectée: la hausse réelle des
clientèles subventionnées en vertu de la Loi de l'enseignement
privé n'a été que de 212 élèves entre
1976-1977 et l'année scolaire en cours, soit une augmentation de
0,2%.
Comme les travaux d'élaboration de la politique gouvernementale
ne sont pas terminés, la même ligne de conduite sera
observée cette année. C'est ainsi que l'accroissement
prévu des clientèles ne se situera qu'à 2,8% entre
1977-1978 et 1978-1979.
Le financement de l'enseignement privé
Au chapitre du mode de calcul des subventions aux institutions
privées, des mesures nouvelles, adoptées en 1977-1978, ont permis
de fixer ce financement à un niveau plus compatible avec celui de
l'enseignement public. Je rappellerai brièvement ces mesures qui
continueront de prévaloir dans le calcul des subventions de
1978-1979.
La détermination du coût par élève sur lequel
sont basées les subventions aux institutions privées
résulte du calcul du coût moyen de fonctionnement des
établissements publics de même catégorie au cours de
l'année précédente. Comme le coût moyen par
élève du secteur public s'appuie sur des bases différentes
lorsque les enseignements sont différents c'est le cas de
l'enseignement général et de l'enseignement professionnel
nous avons tenu compte de ces différences dans l'octroi des subventions
à l'enseignement privé. C'est ainsi que l'enseignement
professionnel commercial, le seul enseignement professionnel dispensé
dans les institutions privées subventionnées de niveau
secondaire, n'est pas subventionné sur la base moyenne de tous les
enseignements professionnels en ce qui concerne les professeurs, mais
plutôt sur la même base que l'enseignement général
comme le stipule la convention collective provinciale. Les coûts de
laboratoire et de matériel inhérents à ce type
d'enseignement s'ajoutent cependant au coût de l'enseignement
général.
De plus, certaines autres dépenses qui n'incombaient qu'aux
établissements publics, ont été retirées du calcul
de la subvention aux institutions privées. Il s'agit des dépenses
relatives au transport scolaire, à la perception de taxes, à la
gestion des systèmes informatiques, aux intérêts sur les
arrérages des subventions, à l'engagement d'agents de
développement pédagogique et de conseillers en loisirs et en
sports, ainsi qu'à l'application du plan de développement de
l'enseignement des langues.
Malgré les craintes exprimées l'an dernier par certaines
institutions privées qui voyaient dans ces mesures une menace à
leur survie, il nous est maintenant possible de vérifier que ces
ajustements au mode d'allocation des ressources ont instauré plus
d'équité financière entre le public et le privé, et
n'ont pas provoqué d'impacts négatifs dans les institutions
concernées. Ces mesures seront maintenues en 1978-1979.
L'évolution observée des clientèles de 1976-1977
à 1977-1978 a également permis une révision des
prévisions budgétaires et du calcul des coûts du
système. En 1978-1979, les crédits nécessaires seront de
$155,6 millions, ce qui représente un accroissement de 9,5% sur les
crédits de l'an dernier; $117,7 millions seront affectés à
l'enseignement primaire et secondaire privé, tandis que $37,9 millions
serviront au collégial privé.
Le montant des subventions en année scolaire subira, quant
à lui, une hausse de 12,5%. Étant donné que ces
subventions reflètent la situation observée l'an dernier dans le
secteur public, l'accroissement des coûts du réseau privé
de 1977-1978 à 1978-1979 s'explique par l'augmentation des masses
salariales qui, dans le secteur public, s'élevait à 10,4% en
1977-1978, comparativement à 8,3% pour la période actuelle, et
par la croissance des autres dépenses qui appliquaient un facteur
d'indexation de 4% en comparaison du gel de cette année. Cette
croissance de 12,5% des subventions par rapport à une augmentation de
2,8% des clientèles apparaît donc normale dans ce contexte et ce
n'est que l'an prochain que se fera sentir, dans les institutions
privées, l'effet de la compression budgétaire qui affecte le
secteur public en 1978-1979.
Quant aux crédits affectés à l'unité
administrative responsable de la gestion de l'enseignement privé, ils
passeront de $459 000 en 1977-1978 à $503 000 en 1978-1979. Ces
crédits se composent des traitements versés au personnel du
Service général de l'enseignement privé et des
dépenses de fonctionnement de la Commission consultative de
l'enseignement privé.
Les orientations de l'enseignement
privé
Avant d'aborder la question des orientations qui affecteront
l'évolution et le développement des institutions privées,
permettez-moi d'ouvrir une parenthèse pour souligner les
résultats de l'application de la Charte de la langue française
dans les établissements privés qui ont respecté les
prescriptions de la Loi dans une très large proportion. À titre
d'illustration, une école anglaise qui dispensait l'enseignement
commercial intensif, s'est transformée en institution française
après la promulgation de la Loi. Une institution qui avait quand
même choisi d'accepter des élèves inadmissibles à
l'enseignement en langue anglaise, a été privée des
subventions gouvernementales. Ce succès dans l'application de la Loi
mérite une mention particulière.
Sur un autre plan, le laxisme de certaines institutions privées
quant à l'âge d'admission des élèves, a rendu
nécessaire la publication d'une directive, au cours de 1977-1978, pour
rappeler à ces institutions qu'elles étaient tenues de respecter
le régime pédagogique du réseau public et en particulier,
l'âge d'admission à la maternelle et au primaire. À ma
connaissance, les institutions privées ont suivi cette directive.
Concernant les orientations à plus long terme, je faisais
état, l'an dernier, de mes principales préoccupations à ce
chapitre. Je constatais alors que l'application de la Loi de l'enseignement
privé avait favorisé le développement d'un réseau
d'institutions de plus en plus parallèle et souvent concurrent par
rapport au secteur public; j'indiquais également mon intention de revoir
la situation de ces institutions dans l'économie d'ensemble du
système d'éducation.
Ces constats préliminaires m'avaient alors conduit à
énoncer les deux principes susceptibles de guider les réflexions
sur l'avenir de ces institutions d'enseignement: la priorité au
développement du secteur public et la nécessaire
complémentarité des institutions privées.
Dans la logique du premier principe, nous avons d'abord tenu, au cours
de l'année qui vient de s'écouler, à préciser les
orientations du réseau public par la diffusion et la discussion du Livre
vert sur l'enseignement primaire et secondaire. Les résultats de la
consultation qui vient à peine de se terminer, permettront, dans un
premier temps, de proposer les mesures propres à assurer le
développement du réseau public.
En second lieu, un mandat a été confié par le
Conseil des ministres à mon collègue responsable du
Développement culturel et à moi-même, en vue de lui
soumettre, en juin 1978, des propositions conjointes sur l'avenir de
l'enseignement privé au Québec, compte tenu des analyses en cours
sur ce dossier et des résultats de la consultation sur le Livre vert. Un
comité regroupant des fonctionnaires des deux ministères a donc
été constitué, en janvier 1978, pour analyser tous les
aspects de l'enseignement privé. Les travaux de ce comité qui
prennent appui sur les études déjà faites au
ministère de l'Éducation, se poursuivent à un rythme
accéléré et les échéances seront
respectées. J'indique finalement que les études de la Commission
consultative de l'enseignement privé et les réflexions d'un
comité de députés s'additionneront aux travaux du
Comité interministériel.
En définitive, le gouvernement disposera bientôt de
nombreux avis qui lui permettront d'énoncer clairement une politique sur
l'avenir des institutions d'enseignement privé.
Administration générale
C'est en mettant délibérément l'accent sur les
activités d'enseignement du réseau primaire et secondaire, du
réseau postsecondaire et des institutions privées que nous avons,
cette année, présenté les crédits de
l'éducation. C'est là en effet que sont dépensés un
peu plus de 95% des crédits que cette Commission est appelée
à voter.
On retrouve, sous le programme "Administration générale"
du Ministère, des crédits de l'ordre de $117 millions. Cette
somme doit cependant être dégonflée des crédits
déjà votés: $93,3 millions pour les bourses, les
intérêts sur les prêts et l'administration de l'aide
financière aux étudiants; $31,4 millions pour l'administration
des réseaux d'enseignement. Elle doit également être
diminuée des crédits de $1,8 million de l'Office des professions
qui devront être votés à un autre moment. L'approbation de
la Commission portera donc sur des crédits de l'odre de $51,0 millions,
soit un pourcentage de 1,4% des crédits totaux, qui sont affectés
à la direction du Ministère, au Secteur de la planification, aux
organismes officiels de consultation et aux organismes de soutien aux
activités des autres unités administratives.
L'effectif de ce programme "Administration générale "
comprend 783 postes à la direction du Ministère et aux organismes
de soutien, 492 postes au Secteur de la planification et 56 postes au sein des
organismes officiels de consulation comme le Conseil supérieur de
l'éducation, le Conseil des universités et le Conseil de la
politique scientifique. Ces postes représentent la moitié de
l'effectif des 2637 employés du ministère de l'Éducation
en 1978-1979, effectif qui, je tiens à le signaler, a connu une
diminution nette de 10,0% depuis 1975-1976.
Je vous indique que les unités administratives regroupées
sous ce programme assument des responsabilités particulièrement
importantes dans les opérations de planification et de
développement de l'éducation, dans l'élaboration des
politiques et des plans d'implantation, dans les processus de suivi et
d'évaluation.
Elles ont donc été étroitement associées
à la poursuite de grands dossiers prioritaires: la
décentralisation gouvernementale, le Livre blanc sur la culture,
l'Étude sur les universités, le Livre vert sur l'enseignement
primaire et secondaie, la définition des orientations de l'enseignement
collégial, la précision des interventions éducatives en
milieux défavorisés et la préparation des prochaines
conventions collectives. Dans ces divers dossiers, le Ministère a
été amené soit à assurer une participation active
et à apporter des contributions significatives, soit à diriger
lui-même le déroulement des travaux.
Sur un plan plus administratif, les autres unités administratives
de ce programme s'occupent de la gestion des ressources humaines,
financières et matérielles; du fonctionnement d'un centre de
traitement des données mettant à la disposition des organismes
scolaires un série de systèmes et de services en informatique;
des relations de travail; de la production de divers documents audiovisuels et
du développement des moyens d'enseignement dans les réseaux: de
l'analyse des données économiques et démographiques utiles
à la prise de décision; de la programmation et de
l'évaluation d'ordre budgétaire; de la communication entre le
ministère et les citoyens du Québec.
Dans un autre domaine, le Ministère a été des plus
actifs au plan des échanges de services et du prêt de personnel
avec d'autres provinces et d'autres pays. Pour ma part, j'ai tenu à
représenter le Québec et le ministère de
l'Éducation en France et en Afrique francophone, dans le cadre
d'activités de coopération internationale; j'ai également
accepté, pour l'année 1977-1978, la présidence du Conseil
des ministres de l'éducation qui réunit les ministres de
l'éducation des provinces canadiennes.
Je vous rappelle en terminant que cette dernière partie de
l'examen des crédits concerne les éléments "Direction",
"Soutien" et "Consultation" du programme "Administration
générale".