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Étude des projets de loi no 246 et no
57
(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons commencer les travaux de la commission parlementaire
élue permanente de l'éducation qui se réunit aux fins de
faire l'étude article par article, après la première
lecture, et aussi d'entendre les parties concernées sur le projet de loi
privé no 246, Loi concernant l'Université de Sherbrooke.
Sont membres de cette commission: M. Alfred (Papineau), M. Rancourt
(Saint-François) qui remplace M. Jolivet (Laviolette); M. Gosselin
(Sherbrooke) qui remplace M. Lacoste (Sainte-Anne); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie),
M. le Moignan (Gaspé), M. Marquis (Matapédia), M. Morin
(Sauvé), M. Paquette (Rosemont); M. Ciaccia (Mont-Royal) qui remplace M.
Picotte (Maskinongé).
Pourraient être intervenants: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Desbiens
(Dubuc), M. Goulet (Bellechasse), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Springate (Westmount) et M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Avant de commencer nos travaux, il faudrait voir à nommer un
rapporteur pour cette commission.
Projet de loi no 246 M. Le Moignan: M. Marquis.
M. Rancourt: Est-ce celui qui présente le projet de
loi?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, M. Rancourt, qui
propose le projet de loi, pourrait-il servir également de
rapporteur?
Le Président (M. Dussault): Oui, je pense qu'il n'y a pas
d'objection à ce que cela se fasse. La commission est-elle d'accord pour
que M. Rancourt (Saint-François) devienne le rapporteur de cette
commission?
Mme Lavoie-Roux: Oui, nous sommes bien d'accord.
M. Le Moignan: Nous sommes bien d'accord, oui.
Le Président (M. Dussault): Avant de commencer nos
travaux, il y aurait peut-être lieu de déterminer quel sera notre
fonctionnement. Nous avons des invités qui voudraient sûrement
prendre la parole. Il y a M. le ministre qui pourrait aussi, au début,
faire des remarques préliminaires. Je ne voudrais pas vous imposer un
fonctionnement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je suis tout
à fait disposé à vous dire très brièvement
les buts visés par ce projet de loi. Par la suite, M. le
député Rancourt pourrait faire un bref exposé,
également, puisqu'il est le proposeur de ce projet de loi.
Il nous faudrait ensuite entendre les représentants de
l'Université de Sherbrooke, et en particulier M. Yves Martin, son
recteur, qui a, semble-t-il, le grand tort de n'être point
ecclésiastique, de même que Me Jean-Marie Bouchard, qui est le
procureur de l'université et quelques collaborateurs du recteur:
vice-recteur, président du syndicat et autres représentants des
corps constitués de l'Université de Sherbrooke. Je vous propose
de procéder de la sorte, après quoi, naturellement, les
députés, y compris ceux de l'Opposition, pourront poser toutes
les questions qui leur viennent à l'esprit.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais quand même une question
préalable à poser. Dans le cas d'un projet de loi privé,
n'y a-t-il pas un certain délai ou un avis qui doit être
donné dans la Gazette officielle? Je crois comprendre que ce
délai est de sept jours. J'aimerais être bien assurée que
ce délai a été respecté.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je m'enquiers de
savoir si ce délai a été respecté. Je croyais
cependant que nous étions réunis en commission parlementaire cet
après-midi de consentement.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut même pas poser de questions en
haut, vous le savez. Vous avez décidé de le faire en commission
plénière, il n'y a pas de première lecture.
M. Morin (Sauvé): J'ai pourtant répondu à
toutes vos questions ce matin, Mme le député.
M. Ciaccia: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: C'est sur un avis de la Chambre que nous sommes
ici.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie et M. le député de Mont-Royal, si vous permettez, ce
projet de loi a quand même été adopté à
l'Assemblée nationale en première lecture. Cela signifie donc
que, si les avis n'avaient pas suivi le cours normal des choses,
l'Assemblée nationale aurait accepté de faire une exception
à notre règle de fonctionnement. Sinon, nous n'aurions pas
actuellement reçu l'ordre de siéger pour étudier le projet
de loi.
C'est donc dire que je ne peux pas donner de réponse M. le
ministre a fait vérifier la question quant à cette
question de l'avis. Cependant,
si nous sommes ici présentement, c'est que, ou l'avis a eu lieu,
ou il y a eu consentement à l'Assemblée nationale pour
déposer ce projet de loi malgré que l'avis n'aurait pas eu lieu.
De toute façon...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous mêlez les choses, M. le
Président, je m'excuse.
Le Président (M. Dussault): Je vais vous écouter,
Mme le député, parce que vous pourriez peut-être m'apporter
un éclairage. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que l'avis auquel le
député de L'Acadie se réfère n'a rien du tout avoir
avec le dépôt du projet de loi en première lecture. Je
crois que c'est dans nos règlements que la personne qui a
déposé un projet de loi est avisée de son étude en
commission au moins sept jours auparavant. L'étude du projet de loi et
l'audition de ceux qui l'ont déposé viennent après la
première lecture. C'est une chose qui n'a pas été
soulevée. Cela aurait été trop tôt pour la soulever,
parce que la question ne se posait pas en première lecture.
Le Président (M. Dussault): Dans ce cas, je vais demander
au ministre s'il a eu une réponse quant à cette question. Sinon,
je vais suspendre les travaux de cette commission pour quelques minutes, le
temps de faire les vérifications nécessaires. Vous n'avez pas de
réponse, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Je ne l'ai pas encore.
Le Président (M. Dussault): Vous ne l'avez pas encore.
M. Morin (Sauvé): Nous allons nous enquérir.
Le Président (M. Dussault): Je suspends les travaux de la
commission pour quelques minutes.
(Suspension à 15 h 22)
(Reprise à 15 h 35)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, madame et
messieurs! Nous allons reprendre nos travaux.
Dans le cas qui nous préoccupe, c'est-à-dire
l'étude d'un projet de loi privé après première
lecture, seule la partie qui a demandé le projet de loi peut exiger
d'être avisée au moins sept jours auparavant. Si cette partie
renonce à ce délai, le problème ne se pose pas. Ceux qui
semblaient être des opposants au projet de loi ont même
été avisés de l'audition d'aujourd'hui, ce qui fait que
nous n'avons pas de problème d'avis, Mme le député de
L'Acadie ou M. le député de Mont-Royal.
Si nous nous réunissons aujourd'hui sur ce projet de loi, c'est
qu'en plus il y a eu accord entre les partis lors d'une conférence des
leaders, le vendredi 16 juin dernier. Rien ne peut s'opposer actuellement
à ce que nous fassions nos travaux sur ce projet de loi no 246.
M. Ciaccia: Juste une précision, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Ce n'est pas seulement la question que les personnes
qui ont déposé le projet de loi peuvent demander d'être
avisées. Je crois que c'est une règle, une obligation qu'a la
commission d'aviser ces personnes pour la tenue de cette commission. Mais cet
avis étant seulement en faveur des personnes qui sont devant nous,
celles-ci peuvent y renoncer d'après nos règlements. C'est
seulement une précision sur la directive que vous venez de donner.
Le Président (M. Dussault): Peut-être que nous
n'avons pas employé les mêmes mots, M. le député de
Mont-Royal, mais il me semble que nous disons la même chose.
M. Ciaccia: Oui, que les gens devant nous ont renoncé
à cet avis de sept jours.
Le Président (M. Dussault): C'est cela.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le but essentiel
du projet de loi no 246 qui est devant la commission parlementaire est de
permettre à l'Université de Sherbrooke de fonctionner dans la
légalité.
Ce projet de loi ne change rien dans la situation actuelle, sauf un ou
deux changements mineurs auxquels je ferai rapidement allusion dans un instant.
Il ne change rien dans la situation actuelle, si ce n'est de la rendre
légale, certains vices étant apparus dans le fonctionnement de
l'université au cours de l'année 1975/76.
Très brièvement, je voudrais décrire les
changements, après quoi je demanderai à M. le
député, mon collègue, de donner plus de détails sur
ce que propose ce projet de loi.
À l'article 2d, alinéa e) du projet, je tiens à
préciser que la sous-délégation prévue de la part
du conseil d'administration sera désormais plus restreinte que le
pouvoir dont dispose actuellement le conseil d'administration.
Désormais, la sous-délégation pourra avoir lieu, bien
sûr, mais pour des fins et à des conditions précises et en
faveur de bénéficiaires spécifiquement
déterminés.
En second lieu, l'article 2e est modifié de sorte que,
désormais, les modifications, révocations, remises en vigueur de
statuts, qui, actuellement, entrent en vigueur illico, entreront ou
entreraient, si ce projet de loi est accepté, en vigueur au moment de
leur ratification par les membres de l'université, au cours d'une
assemblée annuelle ou d'une assemblée spécialement
con-
voquée à cette fin. Il s'agit donc d'une précision
par rapport à la situation existante.
Enfin, j'attire votre attention sur une partie fort importante de ce
projet de loi qui est le second paragraphe de l'article 8, au terme duquel "les
actes posés, les contrats passés, les engagements pris et les
transactions faites par l'université, ou réputés tels,
antérieurement à la date d'entrée en vigueur de la
présente loi, sont ratifiés dans la mesure où ils l'ont
été conformément aux règlements et statuts alors
existants".
M. le Président, comme vous le voyez, c'est un projet de loi
important, mais dont il devrait être possible de disposer dans un temps
assez restreint. Je vous inviterais à donner la parole au
député qui a présenté le projet de loi. M.
Rancourt.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, nous sommes tous conscients
des changements dans le système universitaire au Québec
actuellement. Il est tout à fait normal que le projet de loi
d'aujourd'hui apporte des modifications, pour que le tout soit conforme
à la réalité. Jusqu'à maintenant, je peux vous
assurer, M. le Président, que les gens du milieu ont été
consultés et qu'ils ont donné leur accord à ce projet de
loi. Cela a été un sujet de discussion l'année
dernière à Sherbrooke, et encore cette année. Les
professeurs et des gens d'autres milieux je pense d'ailleurs qu'ils sont
ici pourront confirmer ce que je viens de dire. Je termine
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Saint-François. Nous allons maintenant entendre,
selon la convention établie au départ, les représentants
des parties relativement au projet de loi, Loi concernant l'Université
de Sherbrooke.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous nous dire combien de personnes ont
demandé à être entendues?
Le Président (M. Dussault): II semble qu'il y ait le
recteur de l'université. Pour ce que j'en sais jusqu'à
maintenant, il y a aussi M. Poirier, du Syndicat des employés de soutien
de l'Université de Sherbrooke. Et je demanderais à nos
invités, s'il en est d'autres...
M. Morin (Sauvé): De même que Me Jean-Marie
Bouchard, qui est le procureur de l'Université de Sherbrooke, qui nous
décrira les motifs qui sous-tendent ce projet de loi, M. le
Président. J'ai cru comprendre qu'il y avait quelqu'un de la
faculté de droit, je crois, qui entend également exprimer une
opinion sur le projet.
M. Poirier (Michel): Je représente le Syndicat des
employés de soutien de l'Université de Sherbrooke.
M. Morin (Sauvé): Très bien. C'est donc M. Michel
Poirier. C'est bien cela? Vous êtes M. Poirier?
M. Poirier: Oui.
M. Morin (Sauvé): Bien.
Le Président (M. Dussault): Oui, monsieur.
M. Racine (Louis): Louis Racine, président du Syndicat des
professeurs de l'Université de Sherbrooke.
M. Morin (Sauvé): M y en a encore quelques-uns, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Alors, M. Louis Racine,
président du Syndicat des professeurs de l'Université de
Sherbrooke.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je crois que Me Marc-André Girard avait
demandé à être entendu comme intervenant,
également.
Le Président (M. Dussault): M. Girard, qui est notaire et
conseiller juridique.
M. Girard (Marc-André): Avocat, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Je me fie à la liste
que j'ai en main. Alors, vous êtes avocat et conseiller juridique.
M. Girard (Marc-André): De M. Luc Poiré.
Le Président (M. Dussault): M. Poiré est professeur
et requérant. D'accord.
M. Morin (Sauvé): Je m'excuse. S'agit-il de l'affaire
Poiré entre l'Université de Sherbrooke et...
M. Girard (Marc-André): Exactement.
M. Morin (Sauvé): Mais là, c'est sub judice. Je ne
pense pas que la commission parlementaire puisse s'immiscer dans un
débat qui est devant les tribunaux.
M. Girard (Marc-André): Je viens uniquement intervenir sur
le projet de loi, sans...
M. Morin (Sauvé): Cela devient délicat, M. le
Président, parce que les tribunaux sont saisis d'une
affaire et il ne faudrait pas que le législatif se mêle de
cette affaire de quelque façon que ce soit.
M. Ciaccia: M. le Président.
M. Girard (Marc-André): M. le Président, c'est
uniquement à l'article 8, deuxième paragraphe, sur lequel je
viens intervenir. Je ne viens pas revendiquer les droits de mon client. Je
viens uniquement intervenir sur l'article 8, deuxième paragraphe,
où je demande qu'il y ait un amendement. Je peux soumettre un
mémoire, en plus de cela.
Le Président (M. Dussault): Si vous le permettez, Me
Girard, je vous entendrai. Je donnerai tout à l'heure l'ordre dans
lequel j'entendrai les témoins. Je vous préviens tout de suite
que, dès le moment où je sentirai que vos propos sont relatifs
à cette affaire dont on a fait allusion tout à l'heure, je vous
arrêterai.
M. le député de Mont-Royal. (15 h 45)
M. Ciaccia: Sur le point de règlement qui a
été soulevé par le ministre, je crois que
l'Assemblée nationale est souveraine. Je sais que nous ne devons pas
intervenir dans des matières qui sont devant les tribunaux, en principe.
Mais je crois que le projet de loi lui-même a pour effet un genre
d'intervention. Je crois qu'on devrait entendre le requérant, M.
Girard...
Mme Lavoie-Roux: L'avocat du requérant.
M. Ciaccia: ... l'avocat du requérant sur cette question,
quitte à faire les commentaires qu'on a à faire, parce que je
crois que la question est déjà sub judice.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il faudrait qu'il n'en parle pas lui
non plus?
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Morin: Si l'intervention a pour but de simplement traiter du
projet de loi en tant que tel et n'a pas pour effet d'amener la commission
à discuter de la cause qui se trouve devant les tribunaux, c'est une
chose. Si cela nous amenait, en tant que commission parlementaire, à
discuter d'une cause qui se trouve devant les tribunaux, je crois que ce serait
fort gênant et que cela pourrait nous amener assez rapidement à
enfreindre le principe de la division des pouvoirs qui, vous le savez, est tout
à fait fondamental dans notre façon démocratique de nous
gouverner.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre, j'avais
effectivement compris votre exposé tout à l'heure sur cette
question. Je le partageais. C'est pour cette raison que j'avais dit à Me
Girard que, s'il cheminait sur ce cas particulier, je l'arrêterais
immédiatement. Je pense que M. Girard comprend bien ce que je veux
dire.
Voici dans quel ordre j'entendrai les parties. D'abord, le
représentant de l'Université de Sher- brooke, le recteur, M. Yves
Martin. Ensuite, le procureur de l'Université de Sherbrooke, Me
Jean-Marie Bouchard. J'entendrai ensuite M. Racine, le président du
Syndicat des professeurs de l'université. Ensuite, M. Michel Poirier du
Syndicat des employés de soutien de l'université. Et, en tout
dernier lieu, Me Girard, conseiller juridique de M. Luc Poiré.
Je voudrais vous dire au départ...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Les autres ne désirent pas être
entendus?
Le Président (M. Dussault): II n'y a pas d'autres
personnes à s'être manifestées dans ce sens-là.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, la
liste que vous avez, Mme le député, ne représente que des
personnes présentes. Il y a également des absents qui
apparaissent sur cette liste.
Je vais tenter d'être souple, bien sûr, puisque notre temps
est compté. Nous sommes en fin de session. La règle habituelle
est de laisser la parole, tout au plus 20 minutes à chaque
témoin, en commission parlementaire. Je vous demanderais, autant que
possible, de vous en tenir à cette période de 20 minutes. Vous
n'êtes pas obligés de l'utiliser complètement, bien
sûr.
M. Yves Martin, recteur de l'Université de Sherbrooke.
Université de Sherbrooke
M. Martin (Yves): M. le Président, je vais être
très court, selon votre consigne, mais très très court. Je
vais demander plutôt à Me Bouchard de prendre la parole tout de
suite, parce qu'il va dire sensiblement ce que je dirais moi-même, et
dans des termes sans doute plus clairs pour la commission, en matière
juridique.
Le Président (M. Dussault): Me Bouchard.
M. Bouchard (Jean-Marie): M. le Président. M. le ministre,
MM. les membres...
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez vous asseoir, M.
Bouchard, si vous voulez.
M. Bouchard: Le projet de loi 246 qui est présentement
devant vous est l'aboutissant non seulement d'un long processus de conception,
mais la résultante d'une situation de fait probablement inusitée
dans l'histoire des universités de la province de Québec.
Comme la plupart des universités, l'Université de
Sherbrooke a pris son origine d'un collège
classique dont l'existence remontait à 1879. Mais lors de la
création de l'Université de Sherbrooke, en 1954, le
législateur s'est référé à la loi existante
qui régissait le collège classique Saint-Charles-Borromée
de Sherbrooke, pour, d'une part, le convertir en université, sans,
d'autre part, modifier substantiellement ses règles de régie
interne, ses pouvoirs et ses organismes de direction.
Il faut donc, pour comprendre véritablement la portée du
problème que vous avez devant vous cet après-midi, se
référer à ce que je dois appeler la Loi de
l'Université de Sherbrooke, même si, en réalité, je
vais vous donner l'impression de parler de deux mondes complètement
différents, c'est-à-dire parler de la loi qui, juridiquement
parlant, continue de régir l'Université de Sherbrooke depuis
1954, soit depuis sa naissance, mais qui, en réalité, ne visait
qu'une autre institution qui s'appelle un collège classique.
Sans entrer dans tous les détails, qui pourraient vous
paraître très fastidieux, de l'aspect juridique de ces questions,
vous me permettrez de souligner seulement quelques points qui suffiront
à faire ressortir non seulement l'importance si ce n'était
qu'important, ce serait un demi-mal mais l'aspect dramatique et
même l'urgence de la situation que vous avez devant vous.
Selon les dispositions actuelles de l'Université de Sherbrooke,
vous avez un organisme corporatif constitué de dix personnes qui sont
des prêtres, lesquelles dix personnes constituent l'ensemble de la
corporation, désignent un conseil d'administration qui doit être
composé de prêtres, lesquelles nominations sont sujettes à
ratification par l'archevêque du diocèse de Sherbrooke.
L'archevêque du diocèse de Sherbrooke, comme pour la
plupart des institutions classiques d'autrefois, constitue l'autorité
suprême de l'organisme. Tous les règlements, toutes les
nominations doivent être approuvés par l'archevêque de
Sherbrooke et, ainsi de suite, un peu selon les règles qui existaient
dans le temps pour les organismes religieux qui se référaient,
très souvent, au droit canonique.
Cette institution a été fondée ainsi et, au tout
début de sa naissance, a, valablement et réellement,
fonctionné suivant les dispositions de la loi. Mais vous savez
très bien que ça ne pouvait durer longtemps, à cause du
contexte social qui prévalait et qui continue de prévaloir,
c'est-à-dire le développement normal des institutions
universitaires dans le réseau universitaire de la province de
Québec.
Comme toutes les autres institutions, l'Université de Sherbrooke
s'est adaptée, transformée, s'est véritablement
modifiée selon les situations de fait qui ont prévalu à
différentes époques de son existence. Elle l'a fait d'une
manière très simple, sans aucun formalisme, sans se
préoccuper d'autre chose que de l'adaptation, elle l'a fait en modifiant
ses statuts, en modifiant ses règlements de régie interne, sans
penser constamment si le grand cadre juridique qui la régissait
permettait les modifications et les changements qu'elle apportait par des
statuts. La conséquence est qu'au bout de 25 ans d'existence,
d'après la charte, vous vous trouvez devant une situation où
l'Université de Sherbrooke est une université de fait, et
où, juridiquement, l'Université de Sherbrooke n'existe
probablement plus depuis peu de temps après sa naissance.
Les modifications aux règles de régie interne sont
tellement considérables que, si vous aviez à lire les
différents statuts de l'université, vous auriez l'impression de
lire de véritables dispositions qui régissent une
université, mais pas celles qui sont en accord avec la loi qui la
régit.
Lorsque nous avons eu à étudier tout cet aspect et
à confronter cette situation, parfois on se demandait si nous
étions dans deux mondes différents, tellement, à force de
circonstances, d'évolutions, les gens s'adaptaient, modifiaient les
règlements, tout le monde s'y accommodait. Il n'y a absolument personne
qui, dans le milieu universitaire de l'Université de Sherbrooke, se soit
opposé à la formule d'adaptation et les gens ont toujours
vécu les statuts, les gens se sont toujours basés sur les
amendements qui étaient apportés à ces statuts ou à
ces règlements. Donc, l'université s'est donné une vie qui
s'est traduite par ces statuts dont elle a vécu et sur lesquels elle
s'est constamment appuyée, d'où, je vous le dis tout de suite, le
pourquoi de notre article 8, sur lequel je reviendrai tout à l'heure,
c'est-à-dire que, pour l'université, ce qui est actuellement
fondamental, ce sont ses statuts, ses règlements qu'elle s'est
donnés démocratiquement en suivant le processus normal des
traditions universitaires d'une part, et, d'autre part, les règles qui
régissent les autres universités.
Si vous comparez les statuts de l'Université de Sherbrooke
sauf quelques changements mineurs avec les règles qui
régissent les autres universités du Québec, vous voyez
qu'à peu près, bon an mal an, ce sont les mêmes
dispositions, sauf qu'elles ont un avantage sur nous, c'est qu'elles sont
légales, tandis que les nôtres, à l'Université de
Sherbrooke, ce sont des dispositions de facto, qui existent, mais qui,
malheureusement, n'ont pas la saveur juridique nécessaire.
Nous sommes un peu, si vous voulez, dans la situation du
législateur qui, en 1867, lorsqu'il a adopté le Code civil, s'est
efforcé d'introduire une disposition dans le code disant qu'il y avait
alors beaucoup de corporations dont l'existence remontait loin dans le temps,
parfois incorporées par une charte personnelle de Louis de France, en
tout cas, différents modes d'incorporation dont on ne retraçait
pas toujours la véritable source. Le législateur a dit: II y a
telle chose que des corporations de facto et il faut tout de même leur
donner des assises valables.
Alors, nous n'avions d'autre choix que de consacrer purement et
simplement un état de fait. Le projet de loi no 246 n'est pas un
bouleversement, n'est pas un changement en quoi que ce soit de la vie
universitaire à Sherbrooke.
Le projet de loi no 246, c'est la concrétisation en termes
juridiques des status qui régissent l'Université de Sherbrooke
depuis 1964. Il n'y a
rien de nouveau, et ce n'est pas par l'entremise d'un projet de loi que
nous allons modifier, de quelque façon que ce soit, la vie universitaire
de l'Université de Sherbrooke, sauf que nous venons donner cette chose
absolument essentielle dans toute société, la
sécurité aux actes, aux décisions et aux contrats qui ont
été passés depuis 1964 et même au-delà.
Vous savez, lorsqu'une corporation aussi importante dans une
société qu'une université se voit constamment, à
partir de maintenant parce que c'est un fait connu, il n'y a plus
personne qui ignore ça dans la province dans la
possibilité de savoir qu'il pourrait y avoir des gens qui, pour des
motifs qui leur appartiennent et qu'il ne m'appartient pas de qualifier, vont
attaquer les différents actes, les différentes décisions
de l'université, sous prétexte qu'à l'origine, la charte
est illégale...
Vous savez, les étudiants qui ont échoué à
leurs examens, au mois de mai, malheureux de leur sort, pourquoi
n'invoqueraient-ils pas que leurs corrections d'examens par des professeurs
engagés illégalement ne seraient pas valables?
Au moment où je vous parle, l'Université de Sherbrooke,
cet après-midi, fait une demande de soumissions pour $10 millions pour
la construction d'un PEPS. Bon! Les entrepreneurs malheureux qui ne seraient
pas choisis pour le contrat, pourquoi ne pourraient-ils pas invoquer cette
espèce de vice fondamental qui au fond a complètement
marqué toute la vie non seulement universitaire, mais tous les actes
quelconques passés par l'Université de Sherbrooke?
Donc, juridiquement parlant je ne fais pas d'exposé plus
long c'est évident que l'Université de Sherbrooke se
trouve dans une situation absolument indescriptible. Il n'y a jamais eu, je
pense, d'exemple semblable où une institution est aussi
illégalement établie.
Le projet de loi no 246 a fait l'objet de discussions le ministre
en a parlé tout à l'heure de vastes consultations sur le
plan universitaire. Des comités consultatifs et différentes
instances ont été créés, nous avons fait le tour de
tous ces gens-là. Des comités ad hoc ont étudié
pour s'enquérir véritablement que le projet de loi no 246 ne
modifiait pas les dispositions de l'université. Je vous dirais, alors
que notre première version du projet de loi no 246 était presque
le décalque des statuts, que l'étude du projet de loi a
été l'occasion pour les membres de l'université de
demander des modifications qui étaient, au fond, des modifications de
leurs statuts et qui, comme le ministre en a fait état tout à
l'heure, ont été apportées concernant, entre autres, le
pouvoir de sous-délégation. Le pouvoir de
sous-délégation est enlevé, mais il existe dans les
statuts de l'Université de Sherbrooke actuellement, tout comme il existe
dans la charte de l'Université de Montréal. (16 heures)
Les différentes modifications qui pourraient être
apportées aux règlements et aux statuts de l'Université de
Sherbrooke, pour être en vigueur, doivent être adoptées par
les membres réunis en assemblée.
En gros, M. le Président, nous avons voulu limiter vraiment la
présentation du projet de loi à ce qui nous paraissait essentiel
dans les circonstances, c'est-à-dire venir chercher la
sécurité dont nous avons besoin pour continuer de fonctionner.
Et, parce que nous étions conscients de la portée d'un projet de
loi semblable, vu qu'il se réfère à un état de fait
qui était inconnu, mais qui est maintenant connu, il devenait
nécessaire d'inscrire les dispositions de l'article 8 dans le projet de
loi.
Mais, si vous remarquez, les dispositions de l'article 8 du projet de
loi sont rédigées d'une manière telle qu'elles respectent
intégralement les droits des parties, tels que déterminés
par les situations de fait. Tout comme l'université s'est toujours
régie par une situation de fait qui était ses statuts, ainsi les
droits et les obligations qu'elle a pu octroyer ou auxquelles elle a pu
être assujettie doivent également se juger par la même onde,
c'est-à-dire les statuts de l'université, d'où les
dispositions de l'article 8 qui dit que toute personne qui a des droits
à faire valoir ne les perd pas du tout. La loi ne leur enlève
aucun droit, ni pouvoir. Tout ce qu'on demande, c'est que ces personnes soient
dans la même situation que l'université, c'est-à-dire que
l'on se réfère constamment aux règlements et statuts alors
existants.
M. le Président, je pense que vous comprenez aussi bien, sinon
mieux que nous, encore une fois, non seulement l'importance, mais le
caractère quasi dramatique du projet de loi no 246, que nous soumettons
maintenant à votre bonne attention.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Je pense
qu'on pourrait permettre immédiatement des questions à Me
Bouchard. Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une seule question. Pourquoi avez-vous tant
tardé à venir demander les changements à votre charte?
M. Bouchard: Tant tardé?
Mme Lavoie-Roux: Enfin, tant tardé, parce que...
M. Bouchard: Je pense bien que vous avez raison, madame, de poser
la question, c'est bien sûr.
C'est tout à fait par hasard que la chose est apparue. À
l'occasion d'un problème que j'avais à étudier pour
l'Université de Sherbrooke, j'ai demandé à
l'université de me donner les documents qui la régissaient et
c'est à l'occasion de cette étude que j'ai fait part à M.
Martin et à son exécutif de ce qui m'apparaissait... J'ai
retardé quinze jours avant de produire mon opinion, tellement je me suis
dit: Ce n'est pas possible! Ce n'est pas possible qu'une chose comme
celle-là puisse se produire, je me trompe certainement.
M. Morin (Sauvé): L'ancien gouvernement aurait dû
voir ça illico!
Mme Lavoie-Roux: Oui, il mêle la politique avec tout,
même quand il est au pouvoir.
M. Bouchard: Alors, c'est comme ça que c'est
arrivé. C'est aussi simple que ça, ma réponse, mais c'est
comme ça que c'est arrivé.
Mme Lavoie-Roux: Oui...
M. Ciaccia: Je m'excuse. C'est le rôle de l'Opposition
officielle de le porter à l'attention du gouvernement et vous ne l'avez
pas fait pendant que vous étiez à l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: Très bien! 1-0, comme on dit en haut.
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
je vous demanderais de revenir à la question, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président, nous allons nous
soumettre.
Je me souviens, il y a environ huit ou dix mois on perd la notion
du temps, à un moment donné, surtout quand on est ici mois
après mois qu'il y avait eu un "conflit", entre guillemets, entre
des intentions que le recteur et le conseil d'administration avaient de faire
réviser la charte de l'Université de Sherbrooke. À ce
moment-là, le conflit s'était situé, semble-t-il, entre le
Syndicat des professeurs et le conseil d'administration de l'Université
de Sherbrooke.
Je ne veux pas que vous me donniez des détails sur le conflit.
L'objet de ma question, c'est que, dès ce moment-là, je pense que
dans l'esprit du conseil d'administration de l'Université de Sherbrooke
on prévoyait qu'on demanderait une révision de la charte. Et ceci
remonte à vous pourrez le dire d'une façon plus
précise huit ou dix mois, de mémoire.
Comment cela se fait-il qu'on n'ait pas, à ce moment-là,
vu cette lacune ou cette carence et que c'est seulement aujourd'hui qu'on
vient? Parce que, déjà, on prévoyait de demander des
modifications à la charte à ce moment-là.
M. Martin: Si vous permettez, M. le Président, je vais
donner quelques indications. Le conflit auquel vous faites allusion, je pense,
Mme le député, s'est présenté à l'occasion
du dévoilement, si vous voulez, par un journal, du fait que nous
faisions des démarches pour qu'un projet de loi vienne corriger la
situation que M. Bouchard a décrite tout à l'heure. Bon! Cela se
situe l'an dernier vers l'automne. Je crois même que la date
précise devait être quelque chose comme le 10 octobre ou le
lendemain de la fête de l'Action de grâces.
Mme Lavoie-Roux: Alors, ça ferait huit mois à peu
près.
M. Martin: C'est ça. À ce moment-là, on m'a
reproché, et on a reproché en même temps à mes
collègues et au conseil d'administration, d'avoir procédé
de façon discrète, sans consulter la communauté
universitaire. Je me suis expliqué là-dessus les gens
peuvent ne pas être d'accord ou être d'accord avec ma position
devant la communauté universitaire disant que, compte tenu de la
situation devant laquelle nous nous trouvions, il m'apparaissait
nécessaire de procéder de façon extrêmement
discrète, jusqu'au moment où ça deviendrait
nécessaire que ça devienne public; devant l'Assemblée
nationale, on ne peut pas éviter, bien sûr, que ce soit public.
Mais, pour limiter le temps d'exposition, si vous voulez, de cette situation
illégale, je ne voulais pas qu'on puisse en profiter, comme Me Bouchard
l'indiquait tout à l'heure; il y avait un danger que je voyais.
Devant l'attitude, selon les révélations d'un journal, de
la communauté universitaire, des différents groupes, le conseil
d'administration a accepté qu'il y ait d'abord une ronde d'explications
devant les différents groupes, la formation d'un comité ad hoc du
conseil d'administration qui a rencontré les divers groupes.
Après ces explications et après de longues études avec les
groupes, les divers groupes ont accepté le projet de loi proposant les
deux modifications que le ministre a indiquées tout à l'heure,
deux modifications aux statuts et règlements en vigueur actuellement, en
assortissant ça de conditions qui, je pense, n'ont rien à voir
avec le projet de loi comme tel; ça, c'était en novembre 1977.
Donc, on a repris le texte et il était trop tard, en décembre; on
n'a pas pu procéder, à la fin de la session de 1977. Le projet de
loi a été réimprimé pour la session de 1978 et
c'est ce qui nous amène aujourd'hui. C'est le plus rapidement possible
que nous avons procédé. Bien sûr, cette situation,
révélée par le journal en octobre, nous a retardés
de plusieurs mois. Mais dès que nous avons connu la situation
qu'évoquait Me Bouchard en 1975-1976, tout de suite, on a
commencé la démarche de travailler à un projet de loi qui
corrigeait la situation, dès qu'on en a pris conscience.
Comment il se fait que la situation n'a pas été
révélée avant? Je remonte à 1964. En 1964, on a
commencé à poser des gestes qui rendaient illégale la
situation, en nommant des laïcs, d'abord, au conseil de direction, au
conseil d'administration, pour reprendre l'expression qu'on utilise
d'après les statuts et, ensuite, en augmentant le nombre; de dix, on est
rendu maintenant à 21. Cela s'est fait progressivement en ajoutant des
étudiants, des professeurs, etc., ce qui était assez normal,
comme l'expliquait Me Bouchard tout à l'heure, compte tenu de
l'évolution des choses.
Mais nous, en tant que comité exécutif et conseil
d'administration actuellement en poste, nous avons agi le plus rapidement
possible.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le recteur de
l'Université de Sherbrooke pourrait nous dire à quel moment il a
eu le consentement des différents groupes de la communauté
universitaire, les différents syndicats? Il y a eu la difficulté
du mois de novembre, mais ça s'est résolu à quel
moment?
M. Martin: Le 11 novembre 1977.
Mme Lavoie-Roux: Tout était...
M. Martin: Le 14 novembre, le conseil d'administration, ayant
reçu cet accord sur le projet de loi...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Martin: ... a adopté, à l'unanimité, la
résolution permettant de procéder...
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Martin: La corporation, le 18 novembre 1977, a accepté
aussi et, à partir de ce moment-là, on a transmis au greffier en
loi de l'Assemblée nationale...
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Martin: ... les changements proposés.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais dire, M. le Président, que,
évidemment, cela semble très important que tout ceci soit
ratifié et il n'est pas du tout de l'intention de l'Opposition
officielle de faire des difficultés. On aura peut-être un
amendement tout à l'heure, mais je pense que cela permet à
l'Université de Sherbrooke de fonctionner dans la
"légalité" entre guillemets parce que cela semble
tellement ridicule, toute l'histoire. Je voulais cependant vous poser une
question. Le recteur de l'Université de Sherbrooke nous dit: Dès
la fin de novembre ou à la mi-novembre, nous avions l'assentiment de
toutes les parties, de toutes les organisations concernées à
l'université, nous avisions l'Assemblée nationale de notre
intention de présenter ce projet de loi, et il a déjà
été déposé à l'Assemblée nationale il
y a quelques temps. J'oublie la date... Vous souvenez-vous, M. le
député, à quel moment il a été
déposé?
M. Le Moignan: Le 31 mai.
Mme Lavoie-Roux: Pas avant le 31 mai?
M. Le Moignan: Non.
Mme Lavoie-Roux: Alors, de deux choses l'une. Je voudrais qu'on
m'explique si c'est parce que vous n'avez pas fait parvenir votre projet de loi
avant le 31 mai ou si c'est du côté du gouvernement qu'il y a eu
des délais qu'on devrait nous expliquer. L'impression qui ressort de
tout cela, c'est que, même aujourd'hui, nous ne serions pas à
étudier ce projet de loi. Je pense que, finalement, en dépit des
explications du leader du gouvernement ce matin, il n'a pas nié que,
vendredi dernier, il a dit qu'il n'y aurait pas de bill privé de
déposé avant la fin de la session, il a bien essayé de
dire ceux avant le mois de juin ou après le mois de juin, mais il n'a
pas été question de cela du tout. On ne s'informait certainement
pas des bills qui n'avaient pas été déposés, on
s'informait des bills qui avaient été déposés, et
il a dit qu'il n'en était pas question. N'eût été le
problème qui s'est posé, est-ce qu'aujourd'hui on
étudierait ce projet de loi? C'est cela qui, pour ma part, me
gêne. Je n'ai pas l'intention, comme je le disais tout à l'heure,
de bloquer le projet de loi à cause de cela, il y a des contingences
auxquelles il faut se soumettre, mais j'aimerais quand même que le
gouvernement nous donne des explications là-dessus.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je dois
reconnaître que ce projet de loi vient bien tardivement, il y a cependant
une explication, à défaut d'une excuse. Le projet était
entre les mains du leader du gouvernement et le ministère de
l'Éducation qui, normalement, aurait dû être avisé,
n'a pas été mis au courant que ce projet de loi devait être
présenté devant la commission parlementaire et devant
l'Assemblée. C'est la maladie du leader qui explique essentiellement ce
retard. Si M. Burns n'avait pas été frappé, comme chacun
sait, il est probable qu'il n'y aurait pas eu de retard ou, en tout cas, que
nous aurions eu le projet de loi avant le moment où nous en avons
été saisis. Je puis dire à Mme le député
qu'en tant que ministre de l'Éducation, je n'ai pas été
plus ravi qu'elle de me voir saisi au dernier moment d'un projet de loi aussi
important.
J'ajouterai cependant que nous en avions débattu les termes
longuement à l'époque de la première lecture qui remonte
déjà, on le sait, à plusieurs mois. Nous connaissions donc
son contenu, mais nous ne savions pas qu'il devait venir avant la fin de la
session qui est sur le point de se terminer.
Mme Lavoie-Roux: Je vais accepter les explications du ministre,
sauf que, sans vouloir être malicieuse, ce n'est pas la première
fois qu'on invoque la maladie du leader du gouvernement, c'est une maladie qui
va rendre service en certaines occasions. Enfin, il faut bien que j'accepte vos
explications, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): Je dois dire que la maladie du leader du
gouvernement n'a rien arrangé. Comme il est vous le savez
le personnage central dans le fonctionnement de l'Assemblée, s'il vient
à manquer, comme cela a été le cas, forcément,
beaucoup de choses sont laissées à l'avenant.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Nous allons entendre le
deuxième ou le troisième témoin...
M. Le Moignan: J'aurais une question.
Le Président (M. Dussault): Excusez-moi, M. le
député de Gaspé. Vous m'aviez demandé la parole.
(16 h 15)
M. Le Moignan: Mme le député de L'Acadie a
déjà simplifié une partie de mon travail. Le
ministre répond que c'est à cause de la maladie du leader, et non
pas à cause de la maladie du gouvernement, si j'ai bien compris.
M. Morin (Sauvé): Le gouvernement se porte fort bien, pour
l'instant.
M. Le Moignan: J'aurais une seule question. Je comprends
très bien le projet de loi qui vise à régulariser une
situation juridique plus que douteuse, et c'est une nécessité. Je
crois que M. Martin a mentionné tout à l'heure que le tout s'est
fait après consultation avec tous les intéressés, avec les
syndicats, dans le cadre de ce projet de loi. Je ne sais pas trop si on a
apporté des modifications ou si le tout a été
accepté de votre part.
Je voudrais simplement savoir si le conseil d'administration de
l'université ne s'est pas engagé devant le front commun dont ont
fait mention les journaux, à l'époque, à former un
comité d'étude pour étudier certains aspects des statuts.
J'imagine que vous apportez un projet de loi sur lequel on est d'accord sur
tous les aspects. J'aimerais simplement connaître votre position.
M. Martin: M. le Président, le conseil d'administration a
considéré une recommandation faite par les groupes
consultés dont je parlais tout à l'heure et les groupes
demandaient au conseil d'administration de s'engager à procéder
à une révision des statuts, une fois que le projet de loi sera
adopté.
Le conseil d'administration a accepté cette recommandation et n'a
pas formé un comité spécifique à ce
moment-là, mais il s'est entendu, le conseil a des résolutions
qui sont à l'appui, pour, dans une première phase, faire une
refonte de nos statuts, parce qu'ils sont vieillots à certains
égards. Il faut faire des conciliations entre des choses qui se sont
passées depuis 25 ans et tenir compte des situations nouvelles
créées par l'apparition des conventions collectives à
l'université.
Il a donc été convenu que, dans une première phase,
il y aurait une refonte des statuts, qui est en cours, et qui sera
considérée par le conseil d'administration, très
probablement à sa prochaine réunion, le 10 juillet prochain.
Par la suite, le conseil d'administration établirait un
échéancier pour réviser des chapitres. Je ne peux pas
actuellement vous indiquer comment cela va procéder, puisque le conseil
n'a pas pris position là-dessus.
Cette condition à l'acceptation du projet de loi posée par
les différents groupes a été acceptée par le
conseil d'administration.
M. Le Moignan: Merci.
Syndicat des professeurs
Le Président (M. Dussault): J'invite maintenant M. Louis
Racine, le président du Syndicat des professeurs de l'Université
de Sherbrooke, à se faire entendre.
Lors de son arrivée en cette salle, M. Racine m'a remis le
mémoire qu'il entend nous soumettre. Je vais le distribuer aux membres
de cette commission.
M. Racine (Louis): M. le Président, je crois que ce n'est
pas le bon mémoire. C'est un autre.
Le Président (M. Dussault): Vous avez bien raison. Je
m'excuse de cette méprise.
M. Racine: M. le Président, ne connaissant pas très
bien ce type de fonctionnement ici, je n'ai pas fait faire suffisamment de
photocopies, je m'en excuse. Il y a un certain nombre de photocopies de ce
mémoire que je vous remets.
Le Président (M. Dussault): Nous nous arrangerons avec le
nombre de copies que vous nous fournissez.
M. Racine: J'aurais une autre demande, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Je vous écoute.
M. Racine: Est-ce qu'il serait possible que M. Gérard
Pelletier, membre du conseil syndical et désigné par
l'exécutif, présente le mémoire du syndicat des
professeurs et réponde aux questions, étant donné que
c'est lui qui a suivi le dossier et qu'il a été
désigné par l'exécutif?
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous pourriez me
rappeler son nom?
M. Racine: M. Gérard Pelletier.
Le Président (M. Dussault): Alors, nous écoutons M.
Pelletier.
M. Pelletier (Gérard): Est-ce que je peux m'asseoir, M. le
Président?
Comme on le sait, l'Université de Sherbrooke présentait,
l'été dernier, à l'Assemblée nationale le projet de
loi no 246, dans le but de légaliser sa situation juridique.
Ayant pris connaissance de ce projet de loi vers le mois d'octobre, le
SPUS réagissait fortement devant certaines conceptions
véhiculées dans ce projet ainsi que devant certains articles dont
la portée nous paraissait dépasser la simple
régularisation juridique d'une situation de fait.
Conception gestionnaire de l'administration. Tel que
présenté, le projet de loi favorisait, à notre avis, une
conception gestionnaire et centralisée de l'administration
universitaire. Cette philosophie nous semblait en nette contradiction avec le
voeu exprimé en plusieurs occasions par la communauté
universitaire, qui est désireuse, dans l'esprit d'une gestion
communautaire de l'institution, de participer aux décisions majeures de
l'université.
C'est dans ce but que nous avons travaillé pour consacrer le
principe que l'instance décisionnelle majeure de l'université
demeure le conseil d'administration de l'université, où toutes
les
composantes de la communauté universitaire sont
représentées.
Sur la délégation et sous-délégation des
pouvoirs, afin de conserver au conseil d'administration une participation
réelle dans l'administration de l'université, assurant ainsi une
participation réelle de la communauté universitaire à
l'administration de l'université, le SPUS s'est élevé
contre tout texte permettant au conseil d'administration de
déléguer la totalité de ses pouvoirs, ce qui
équivaudrait, à notre avis, à une abdication de ses
responsabilités sociales.
Le SPUS s'est aussi opposé à une
sous-délégation inconsidérée des pouvoirs en
exigeant notamment que le conseil d'administration ait l'obligation
d'autoriser, au préalable, une telle sous-délégation et
d'en spécifier l'objet et le bénéficiaire.
Sur la définition de la juridiction fondamentale des principaux
organismes décisionnels de l'université, pour éviter toute
centralisation excessive des pouvoirs décisionnels de
l'université, le SPUS demandait que le projet de loi définisse
explicitement la juridiction fondamentale des principaux organismes
décisionnels de l'université, à savoir le conseil
d'administration, le conseil universitaire et le comité
exécutif.
Après discussion avec l'université cependant, le SPUS
acceptait qu'une partie de ces définitions soient reportées dans
les statuts de l'université, documents que l'université
s'engageait à réviser, en consultation avec la communauté
universitaire.
Clauses rétroactives. Le SPUS a tenu à s'assurer que la
disposition à caractère rétroactif de la version initiale
du projet de loi ne puisse en aucun cas affecter les droits des membres de la
communauté universitaire, actuelle ou passée, à
l'égard de faits ou d'actes antérieurs à l'adoption du
projet de loi.
Modifications au projet initial. Suite aux représentations du
SPUS et à celles du front commun regroupant le Syndicat des
employés de soutien de l'Université de Sherbrooke (SESUS),
l'Association fédérative des étudiants de
l'Université de Sherbrooke (AFEUS) et le SPUS, l'université a
apporté des modifications au projet de loi et le conseil
d'administration de cette dernière s'engageait, une fois la situation
juridique de l'université régularisée, à
entreprendre une révision de certains aspects de ses statuts avec la
participation de la communauté universitaire.
Prise de position du SPUS. Devant ces modifications apportées au
projet de loi initial par l'université et devant l'engagement pris par
l'université de réviser certains aspects des statuts avec la
participation de la communauté universitaire, le SPUS n'a pas
l'intention de s'opposer au projet de loi no 246, tel que reformulé et
présenté en première lecture le 31 mai dernier.
Avec votre permission, M. le Président, j'aimerais ajouter une
remarque supplémentaire à ce texte.
Comme il est mentionné dans le texte que je viens de lire, le
SPUS a fait front commun, l'automne dernier avec l'AFEUS, c'est-à-dire
l'Association fédérative des étudiants de
l'Université de Sherbrooke et le SESUS, le Syndicat des employés
de soutien de l'Université de Sherbrooke, pour faire des
représentations auprès de l'université. Le SPUS a voulu,
pour cette raison, avant de présenter son mémoire devant cette
commission parlementaire, consulter ses partenaires d'alors sur la prise de
position que nous venons de vous faire connaître.
Le vice-président de l'AFEUS, M. Daniel Nadeau, qui, je le
mentionne, est présent dans cette salle, nous a fait part d'une lettre
dont copie est annexée à notre mémoire, à savoir
que l'AFEUS endosse entièrement le mémoire que le SPUS vient de
vous présenter. Je peux vous faire la lecture de cette lettre. "À
qui de droit: "Par la présente, l'Association fédérative
des étudiants de l'Université de Sherbrooke, AFEUS, endosse
entièrement le mémoire présenté par le Syndicat des
professeurs de l'Université de Sherbrooke, SPUS. Ainsi, l'AFEUS, tout
comme le SPUS, ne s'opposera pas à l'adoption du projet de loi 246. Il
semble que les conditions posées à l'automne dernier par notre
association pour ne pas s'opposer à ce projet de loi sont en bonne voie
de réalisation. C'est signé "Daniel Nadeau", et daté du 21
juin 1978.
D'autre part, une rencontre qui date, en fait, d'hier, avec la
présidente du Syndicat des employés de soutien de
l'Université de Sherbrooke. Mme Hélène Couture, a permis
aux deux parties de convenir qu'elles étaient d'accord sur le fond de la
question, mais qu'une divergence d'opinion existait entre les deux organismes
quant à la nature de la garantie à exiger de l'université
concernant son engagement à procéder à une révision
des statuts.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M.
Pelletier. Est-ce que les membres de cette commission ont des questions
à poser?
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. Où retrouve-t-on cette
dernière remarque que vous venez de faire? Vous l'avez simplement dite
verbalement ou est-elle à l'intérieur d'un texte?
M. Pelletier: Cette dernière remarque, je me suis permis
de l'ajouter, en fait, de la donner verbalement.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de questions, parce que, de
mémoire, je me souviens que le conflit qui était survenu
l'automne dernier touchait la délégation des pouvoirs que vous
trouviez trop grande de la part du conseil d'administration, enfin des
personnes déléguées ou des organismes
délégués et il semble, dans l'article 2d, que ceci sera
corrigé. Je n'ai pas de question, M. le Président.
Syndicat des employés de soutien
Le Président (M. Dussault): J'invite maintenant M. Michel
Poirier, du Syndicat des employés de soutien de l'Université de
Sherbrooke, à s'adresser à la commission.
M. Poirier (Michel): Je suis Me Michel Poirier, professeur
à la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke et
procureur du Syndicat des employés de soutien de l'Université de
Sherbrooke dans ce dossier.
M. le Président, mesdames et messieurs membres de la commission,
le Syndicat des employés de soutien de l'Université de
Sherbrooke, SESUS, tient à manifester son opposition à
l'adoption, dans sa forme actuelle, par l'Assemblée nationale, du projet
de loi no 246, Loi concernant l'Université de Sherbrooke.
Le but du présent texte est d'exposer les raisons de notre
opposition.
Afin de circonscrire le débat, qu'il nous soit permis, dès
maintenant, de préciser, premièrement, qu'il nous semble tout
à fait naturel, pour une université, de s'adresser à
l'Assemblée nationale pour demander une loi dont les dispositions seront
conformes avec son évolution depuis un quart de siècle.
Nous précisons, deuxièmement, qu'il n'est pas scandaleux,
à notre avis, qu'une telle loi cherche à régulariser une
situation qui n'est pas rigoureusement conforme à la stricte
légalité. (16 h 30)
Troisièmement, nous affirmons qu'il est urgent, pour
l'Université de Sherbrooke, de se voir dotée d'une nouvelle loi
constituante. À notre connaissance, aucune composante de notre milieu
universitaire n'a contesté à ce jour la légitimité
de ces propositions. Notre opposition naît d'abord du comportement
singulier et inquiétant des promoteurs du projet de loi.
Un peu d'histoire. Vous constaterez dans la description des faits qui
suivent que l'on a consciemment, volontairement et froidement voulu cacher
à ceux qui étaient concernés par la loi l'existence
même du projet, afin d'en favoriser l'adoption à la sauvette. Ce
faisant, on niait à la communauté universitaire son droit le plus
élémentaire à l'information et l'on rendait illusoire tout
exercice de la liberté d'expression.
Premièrement, le 30 mai 1977, le secrétaire
général de l'université présentait une
première version du projet de loi aux membres du conseil
d'administration. Ce document, de caractère public, portant curieusement
la mention confidentiel, fut adopté par ledit conseil.
Deuxièmement, le projet n'atteignait l'assemblée des
doyens que le 2 septembre 1977.
Troisièmement, jusqu'au 16 septembre 1977, il était
impossible de trouver un exemplaire du projet de loi, même si l'on
s'adressait à une personne aussi compétente que le directeur de
la bibliothèque du Barreau de Montréal, M. Arthur Perreault,
lequel fit en vain des démarches auprès des autorités
compétentes pour trouver le projet en question et dut conclure, à
l'époque, qu'il ne pouvait exister un tel projet.
Quatrièmement, on sait maintenant que non seulement ce projet
existait, mais encore que l'exécutif de l'Université de
Sherbrooke avait entrepris des démarches pour le faire adopter
rapidement, sans préavis aucun, avant la fin de la session parlementaire
qui devait se terminer le 26 août 1977.
Cinquièmement, n'eût été l'attitude
courageuse de l'honorable Robert Burns, ministre d'État chargé de
la réforme parlementaire, qui se déclara en désaccord avec
l'adoption d'un projet de loi sans préavis public et notamment d'un
projet de loi concernant une université, le projet de loi no 246 aurait
été adopté dès l'été 1977, sans que
la communauté universitaire n'en eût même
soupçonné l'existence.
Ces seuls faits, M. le Président, nous semblent suffisants pour
inquiéter une personne de bonne foi. Malheureusement, pour ceux qui sont
encore crédules, nous devons ajouter à ce qui
précède. Premièrement, après ses démarches
infructueuses auprès des autorités gouvernementales,
l'exécutif de l'université dut se résoudre à
révéler quelque peu la nature du projet.
Cela se comprend aisément, vu les interventions de plus en plus
pressantes de divers éléments de la communauté
universitaire, de même que la parution, les 11, 12 et 18 octobre 1977,
dans le journal Le Devoir, d'articles documentés et jusqu'ici non
contredits de MM. Rodolphe Morissette et Jean-Claude Leclerc.
Deuxièmement, les membres du conseil d'administration
constataient, dans l'intervalle, que le texte du projet de loi
présenté différait de celui adopté par le conseil
à sa réunion du 30 mai 1977, en raison d'une proposition de
l'exécutif, en apparence anodine, mais utilisée
subséquemment à dessein.
Troisièmement, de plus, un examen attentif des notes explicatives
accompagnant le projet lors de sa soumission aux membres du conseil
d'administration révéla des omissions importantes et des erreurs
graves quant à l'impact réel du projet de loi.
Quatrièmement, pendant ce temps, Liaison, l'organe officiel
d'information de l'université, demeurait toujours silencieux sur le
sujet.
La constatation de pareils faits et d'autres dont on vous dispense ne
peut qu'amener une personne le moindrement éclairée à un
comportement de prudence à l'égard d'une direction universitaire
qui manifeste fort peu de respect à l'égard du milieu dans lequel
elle oeuvre.
Dans un contexte d'urgence appréhendée, suite à des
interventions, dont celles du SESUS, pressant les autorités
universitaires de modifier le projet de loi, le conseil d'administration de
l'université y apportait des modifications satisfaisant certaines de nos
demandes. Toutefois, un désaccord certain subsistait sur divers points.
D'abord, nous croyons que la loi constituante de l'université devrait
contenir une définition suffisante de la juridiction fondamentale des
principaux organismes décisionnels de l'université que sont le
conseil d'administration, le conseil universitaire et le comité
exécutif. De telles dispositions sont vitales à notre avis car
leur absence dans la loi risque d'accentuer la concentration excessive des
pouvoirs décisionnels à l'université. Il est en effet
d'autant plus facile de s'arroger les pouvoirs d'un
organisme si sa juridiction n'est pas clairement définie.
Deuxièmement, nous avons demandé que le conseil
d'administration soit tenu de siéger publiquement en principe et que les
procès-verbaux des réunions soient accessibles. Le conseil n'a
jamais répondu à cette demande. En dépit de l'importance
de ces différends, le SESUS acceptait, le 11 novembre dernier, de ne pas
s'opposer au projet de loi, mais ce à trois conditions.
Premièrement, que le conseil d'administration garantisse à la
communauté universitaire qu'il procédera à la
révision en profondeur de la loi et des statuts en vue d'assurer une
gestion communautaire de l'institution et ce, dans les délais les plus
brefs. Deuxièmement, que cette révision soit faite en
collaboration avec les organismes représentant la communauté
universitaire. Troisièmement, que dans l'intervalle le conseil
d'administration accepte de siéger publiquement en principe et que ses
procès-verbaux soient diffusés publiquement. Ces demandes furent
transmises aux membres du conseil d'administration. Le conseil, à ce
jour, n'a répondu à celles-ci qu'en adoptant, à sa
réunion du 14 novembre 1977, une proposition à l'effet qu'une
fois la situation juridique de l'université régularisée le
conseil d'administration entreprenne une révision de certains aspects
des statuts selon des priorités et des modalités à
déterminer.
La décision du conseil d'administration nous paraît
inacceptable pour les deux raisons suivantes. Tout d'abord, cette position ne
satisfait aucunement les conditions que nous avions posées à
notre non-opposition au projet de loi, d'abord parce qu'elle exclut la
révision de la loi de l'université, ensuite parce qu'elle ne vise
que l'examen de certains aspects des statuts sans préciser lesquels.
Enfin, parce qu'elle réfère à des priorités et
à des modalités sans les déterminer et ne comporte aucun
échéancier.
Le cheminement douteux du projet de loi a à ce point
ébranlé à nos yeux la crédibilité de la
direction universitaire que nous ne pouvons nous satisfaire de textes aussi
parcimonieux et aléatoires, d'autant plus que nous ne pourrions par la
suite compter sur les auditions d'une commission parlementaire pour assurer le
respect de nos droits les plus élémentaires.
Ensuite, l'urgence. Nous espérons vous avoir convaincu de
l'importance d'obtenir des garanties à l'effet que le projet de loi sous
étude, ainsi que les statuts de l'université soient
révisés dans un délai raisonnable. Nous comprenons par
ailleurs l'importance de doter l'université d'une nouvelle loi et ce,
dès maintenant.
Comment concilier ces deux exigences? Dans les circonstances, nous vous
suggérons, si vous jugez opportun d'adopter ce projet de loi, d'y
ajouter la disposition à l'effet que la loi demeurera en vigueur
jusqu'au 1er janvier 1980, permettant ainsi à l'université de
procéder dans un délai raisonnable au réexamen de sa loi
et de ses statuts et ce, en collaboration avec les différentes
composantes de la communauté universitaire. Il va de soi que toute autre
disposition de nature à assurer les mêmes fins nous conviendrait
également. En somme ce que nous demandons c'est que la loi soit
modifiée de façon à ce qu'il y ait un terme.
Épilogue. En terminant, nous souscrivons à ce
qu'écrivait Jean-Claude Leclerc dans l'édition du 18 octobre 1977
du journal Le Devoir: Même si tout Sherbrooke applaudissait à la
charte, Québec aurait encore l'obligation de donner à
l'université une loi qui y préserve la responsabilité
administrative et non pas une charte qui y favorise la démission. La
grenouille en mène déjà assez large dans les
universités sans qu'on l'érige en charte.
M. le Président, mesdames, et messieurs, s'il y a un temps pour
les choses urgentes, il devrait y avoir également un temps pour les
choses importantes.
En terminant, j'aimerais préciser que la remarque faite par mon
collègue, en ce qui a trait au SESUS, nous la nions complètement,
elle est absolument sans fondement. La remarque que le SESUS appuie le fond du
projet de loi, c'est absolument gratuit.
Le Président (M. Dussault): Je remercie M. Michel Poirier,
du Syndicat des employés de soutien. Est-ce que les membres de cette
commission ont des questions à poser? Oui, Mme la député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On vient de prendre connaissance du
mémoire. On ne pensait même pas qu'on en aurait.
M. Le Moignan: Est-ce que je peux poser une question?
Mme Lavoie-Roux: Oui, allez-y.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: J'aurais une question à poser à Me
Poirier. Je vois que vous êtes en désaccord avec le Syndicat des
professeurs. Les professeurs, tout à l'heure, semblaient appuyer les
démarches qui ont été faites jusqu'à
présent. Quelle serait votre interprétation, sans vouloir
provoquer de conflit ici?
M. Poirier: Étant membre du conseil syndical du SPUS et
ayant pris bonne note du fait qu'il n'est peut-être pas prudent de parler
au nom des autres, je ne ferai aucun commentaire concernant la position du SPUS
à cet égard.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ma question s'adresserait au ministre, parce que
je ne veux pas demander au recteur d'entrer dans un débat avec le
représentant du Syndicat du personnel de soutien. N'est-ce pas
maintenant une chose régulière que les conseils d'administration
des universités siè-
gent publiquement? Je pense que c'est le cas à
l'Université de Montréal en tous les cas.
M. Morin (Sauvé): II faudrait sans doute distinguer les
conseils d'administration des exécutifs. Les organismes peuvent avoir
des noms qui diffèrent d'une université à l'autre; avant
de répondre de façon précise à votre question, il
faudrait que je m'assure que les institutions correspondent. Elles ont
quelquefois les mêmes noms mais ne remplissent pas tout à fait les
mêmes fonctions.
On me dit qu'à notre connaissance le conseil d'administration de
l'Université de Montréal, jusqu'à quelques mois en tout
cas, siégeait ouvertement, mais rien ne le force à le faire et
rien ne l'empêche de le faire non plus. Il n'y a pas de disposition
législative sur la question.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le ministre, est-ce que vous ne jugez
pas, en 1978, normal que ceux qui administrent nos institutions publiques,
même s'ils ne sont pas élus par le peuple je ne parle pas
des conseils exécutifs ou des comités exécutifs qui
souvent ont des décisions de routine ou administratives à prendre
que les assemblées universitaires et les conseils
d'administration de nos institutions supérieures, et ça devrait
être le cas pour les cégeps, siègent publiquement. (16 h
45)
M. Morin (Sauvé): M. le Président, effectivement,
c'est de plus en plus fréquent, ça devient de plus en plus
habituel de voir les corps constitués, comme les conseils
d'administration, siéger publiquement et non pas à huis clos,
mais j'imagine que cela fait partie des révisions des statuts que
l'université voudra éventuellement faire, sur le plan
interne.
Comme vous le savez, le conseil a fait savoir, à sa
réunion du 14 novembre 1977, qu'une fois la situation juridique de
l'université régularisée le conseil d'administration
entreprendra une révision de certains aspects des statuts, selon des
priorités, des modalités à déterminer. C'est une
affaire interne de l'université et nous souhaitons qu'ils
procèdent à cette révision dont, forcément, ils
nous feront part éventuellement.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je regrette de vous poser les
questions directement, mais nous n'avions pas en main les mémoires qui
ont suivi; ce sont des questions que, normalement, j'aurais posées au
recteur de l'Université de Sherbrooke.
M. Morin (Sauvé): Vous pouvez les lui poser si vous le
désirez, parce que, de fait, ce sont des questions qui
intéressent la régie interne de l'Université de
Sherbrooke.
Mme Lavoie-Roux: Alors, M. le Président, est-ce
régulier de revenir à quelqu'un qui...
Le Président (M. Dussault): Disons que nous ne pourrions
le faire à plusieurs reprises. Je pense qu'il viendra un temps où
on devra faire l'étude, article par article, du projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: ... lui poser des questions certainement.
M. Morin (Sauvé): Vous pouvez me les poser. Si c'est de ma
compétence, j'y répondrai moi-même.
Le Président (M. Dussault): Quand même, Mme le
député, si vous voulez poser la question à M. Martin,
faites-le, bien à l'aise.
Mme Lavoie-Roux: Le mémoire qui a
précédé et le mémoire que nous avons devant nous
d'ailleurs, je pense même que le projet de loi fait allusion
à cette révision des statuts et règlements de
l'université ont parlé d'un délai; quand
prévoyez-vous que ce travail sera fait?
Dans le mémoire qui est devant nous, on suggère 1980, mais
là on parle en fonction de la loi; mais, pour une révision des
statuts et règlements de l'université, ça demande un
délai de combien de temps, approximativement?
M. Martin: M. le Président, si vous permettez, je vais
vous indiquer ce qui a été fait jusqu'à présent par
le conseil. Il a été convenu qu'il y aurait d'abord une refonte,
pour qu'on voie clairement la situation, et ce travail a été
beaucoup plus long qu'on ne pensait. Il se termine, et, comme je l'indiquais
tout à l'heure, on aura le résultat de ces travaux devant le
conseil d'administration le 10 juillet. C'est à partir de là que
le conseil pourra établir un échéancier, déterminer
les sujets prioritaires, les modalités et l'échéancier. Je
ne suis pas en mesure de répondre à votre question de
façon le moindrement précise, en vous disant que ça peut
prendre X temps pour faire une révision de statuts, dans quelle mesure
on voudra revoir tous les statuts, y compris la consultation des
différents groupes; ça peut être un processus assez long,
qui peut s'engager l'année prochaine et se poursuivre jusqu'à une
période indéterminée. En un sens, on peut dire qu'il y a
toujours possibilité de réviser des statuts; la loi permet de
faire cette révision au fur et à mesure que les circonstances
l'exigent, que les événements, que la conjoncture pourraient le
justifier.
Si vous le permettez, je voudrais ajouter, parce qu'on avait
invoqué la question de la publicité, si vous voulez, des
réunions du conseil d'administration. C'est un point qui a fait l'objet
de discussions au conseil d'administration et, précisément comme
le ministre de l'Éducation l'indiquait, la question est restée
à l'étude et reportée à l'examen même de la
révision des statuts concernant le conseil d'administration. Donc, c'est
une question qui n'est pas fermée. Les modalités n'ont pas
été discutées. Il n'y a pas de prise de position du
conseil d'administration. La question est reportée à l'examen
prévu des divers aspects des statuts.
M. Poirier: Si vous me permettez...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse,
peut-être que le ministre ou le recteur de
l'université pourrait me l'indiquer. Dans la loi ou est-ce dans
vos règlements, je l'ignore, quelles sont les dispositions qui assurent
la consultation des différents groupes ou des différentes
composantes de la communauté universitaire?
M. Martin: Formellement, sous cet angle-là, il n'y a pas
de disposition comme telle. Il reste que le conseil d'administration est
constitué de façon telle que tous les éléments de
la communauté universitaire sont représentés: professeurs,
étudiants, administration universitaire, de même que des
personnalités de l'extérieur et une personne nommée par le
ministre de l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: Mais les représentants de tous les
syndicats ne s'y retrouvent pas?
M. Martin: Les personnes désignées par chacun des
groupes constitués de l'université siègent.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce que je dois comprendre qu'il y
aurait, par exemple, un représentant du Syndicat du personnel de soutien
de l'université?
M. Martin: Oui, Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: II y a un représentant. C'étaient
les seules questions que j'avais.
Le Président (M. Dussault): M. Poirier.
M. Poirier: Si vous me le permettez, M. le Président, nous
avons demandé à de nombreuses reprises que l'université
révise non seulement ses statuts, mais sa loi, parce que nous croyons
que le fait que le conseil d'administration siège publiquement et que le
fait que la composition du conseil d'administration soit
prédéterminée, cela devrait être dans la loi et non
pas dans les statuts que contrôle le conseil d'administration. On pense
que c'est la transparence dans l'administration publique qui en dépend
et cela ne devrait pas être laissé à la régie
interne d'une université mais plutôt à l'Assemblée
nationale. Si vous lisez le projet de loi à l'heure actuelle, il est
bien mentionné, par exemple à l'article 2a, que les membres de
l'université sont les personnes qui sont membres d'office et qui sont
désignées et nommées le tout en conformité des
statuts. Donc, demain matin, le conseil d'administration pourrait fort bien
décider d'exclure un représentant du SESUS et on n'aurait rien
à y faire, légalement. Je ne veux pas du tout attribuer à
l'université l'intention de le faire, ce n'est pas du tout mon
intention.
Le Président (M. Dussault): On m'avait demandé la
parole, M. Pelletier, vous déclinez...
M. Pelletier: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): ... et ensuite Me Bouchard
avait demandé la parole.
M. Bouchard: Oui, c'est simplement pour apporter une correction.
Probablement que c'est un lapsus qui a échappé à notre
confrère, mais je conteste complètement ce qu'il vient de dire,
c'est tout à fait inexact. On oublie toujours un point. Ce n'est pas le
conseil d'administration qui contrôle l'université, c'est fausser
le débat, c'est le conseil d'administration en conformité des
règlements des statuts. Or, le conseil d'administration n'a que
l'initiative de proposition des règlements, mais les statuts n'entrent
en vigueur que lorsqu'ils sont approuvés par les membres. Donc, ce sont
les membres qui viennent ratifier, et par l'entremise de la communauté
universitaire; la communauté universitaire joue donc son rôle au
niveau des membres pour adopter les statuts. Les personnes qui siègent
au conseil d'administration, comme dans les différentes instances de
l'université, y siègent en vertu de statuts qui sont
approuvés par les membres de la communauté universitaire.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, je ne voudrais pas,
comme président, devenir une sorte d'arbitre. Si je vous invite à
prendre la parole à nouveau, ce sera parce qu'un membre de la commission
aura posé une question.
Alors, madame, messieurs, je serais prêt à faire l'appel
à l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: Non, il y avait... M. Marc-André
Girard
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse.
Compte tenu que M. Girard nous a fait part qu'il voulait intervenir
spécifiquement sur l'article 8, je me demandais s'il n'y aurait pas lieu
d'entendre M. Girard au moment où on fera l'étude de l'article 8,
à moins que M. Girard tienne à s'exprimer dès le
départ.
M. Girard: Ce serait parfait à ce moment-là.
Le Président (M. Dussault): La commission souhaite
entendre M. Girard dès maintenant. Alors, M. Girard.
M. Girard (Marc-André): Vous voulez m'entendre tout de
suite?
Le Président (M. Dussault): Oui, nous vous écoutons
tout de suite, M. Girard.
M. Girard: J'ai apporté avec moi, M. le Président,
des copies en multiples exemplaires. Je crois que j'en ai en trop, j'aurais pu
en passer au président...
Le Président (M. Dussault): Le jeune homme à notre
service va faire la distribution.
M. Girard: M. le Président, c'est une intervention
très courte. C'est uniquement que l'alinéa 8.2, tel que le
mentionnait le ministre, comporte une
clause à effet rétroactif, sans réserver les droits
acquis de tout citoyen à exercer un ou des recours en vertu des lois
actuelles.
La rétroactivité est non coutumière en droit et a
un caractère vraiment exceptionnel, car elle demande à des
citoyens d'avoir agi, en vertu d'une loi qui n'existait pas, au moment
même où ils agissaient. Une telle clause de
rétroactivité doit être utilisée de façon
à ne pas brimer les droits ou recours acquis à une personne, en
vertu des lois en vigueur antérieurement à l'entrée en
vigueur de la nouvelle loi. À plus forte raison, si une personne a
déjà commencé à exercer des recours en vertu de la
loi actuelle, on doit lui reconnaître le droit de les continuer,
autrement, ce serait nier un principe fondamental à la démocratie
à l'intérieur de laquelle nous vivons, à savoir
l'égalité de tous devant la loi.
De plus, procéder ainsi va à l'encontre de la
stabilité sociale et juridique, plaçant le citoyen dans une
situation d'insécurité face à la loi, car il ne peut
savoir s'il l'enfreint ou la respecte.
C'est pourquoi il est nécessaire d'ajouter dans la loi, l'article
suivant. Ce serait l'article 9, ce que je suggère humblement à la
commission, qui devrait se lire comme suit: "Nonobstant l'alinéa 2 de
l'article 8, la ou les personnes ayant déjà, avant
l'entrée en vigueur de la présente loi, fait valoir par
écrit qu'elles entendaient exercer un ou des recours en vertu de 3,
Elizabeth II, chapitre 136 il va sans dire que c'est la loi actuelle de
l'université ou ayant, de fait, commencé à exercer
un ou des recours en vertu dudit chapitre 136, ledit alinéa 2 de
l'article 8 de la présente loi est réputé non existant
à l'égard desdites personnes".
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous avez
terminé votre intervention, M. Girard?
M. Girard: Exactement, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il des questions de la
part des membres de la commission? Je vous remercie.
M. Girard: Merci beaucoup, M. le Président.
Étude du projet de loi
Le Président (M. Dussault): J'appelle immédiatement
l'article 1 du projet de loi no 246. Est-ce que cet article est
adopté?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour autant que
nous sommes concernés, oui. C'est un article qui définit le sens
d'un certain nombre de mots utilisés dans le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais seulement de- mander au ministre si
son ministère a reçu cet avis du chancelier de
l'Université de Sherbrooke donnant son assentiment à la
présentation de ce projet de loi.
M. Morin (Sauvé): Oui, bien sûr, j'ai reçu
cet avis, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Ciaccia: C'était inconditionnel? Il n'y avait pas de
conditions dans cet accord?
M. Morin (Sauvé): Non, pas que je sache.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On a fait souvent allusion aux statuts et
règlements spéciaux de l'Université de Sherbrooke au cours
de la présentation des mémoires et aussi à plusieurs
endroits dans le projet de loi, est-ce qu'on pourrait les déposer?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sais pas
si le dépôt a lieu en commission parlementaire. Sans doute pas.
Mais si Mme le député veut dire par cela qu'elle désire
qu'on les lui remette, les voici.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): Le ministre a bien raison.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas à dire, on pourvoit à
tous mes désirs. Merci. L'article 1, quant à nous, est
adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 2.
M. Morin (Sauvé): Pour ce qui est de l'article 2, M. le
Président, il s'agit simplement d'assurer un changement de nom. ( 17
heures)
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Adopté? Adopté.
J'appelle l'article 3.
M. Morin (Sauvé): À l'article 3, il s'agit d'une
série de dispositions somme toute assez classiques. Ce sont des
dispositions qui sont semblables à celles qu'on trouve dans la plupart
des autres dispositions législatives concernant les universités
comme par exemple l'Université Laval.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais une question
à l'article 2b, paragraphe q): "Exproprier tout immeuble
nécessaire à ces fins."
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
avant que nous allions plus loin, est-ce que nous pourrions procéder par
paragraphe?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): De cette façon, ce
serait peut-être plus facile. Je vais d'abord demander si l'article 2a
est adopté, plus précisément, est-ce que le paragraphe
2...
Mme Lavoie-Roux: ... 2 est adopté?
Le Président (M. Dussault): ... est adopté?
Mme Lavoie-Roux: L'objet de l'université, de
l'enseignement supérieur de la recherche? D'accord.
Le Président (M. Dussault): Alors, adopté.
M. Morin (Sauvé): Vous êtes d'accord avec cela,
madame?
Le Président (M. Dussault): Article 2a. M. Morin
(Sauvé): Nous en prenons acte.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 2a est
adopté?
M. Morin (Sauvé): L'article 2a est adopté, pour
autant que nous sommes concernés, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Avant que nous adoptions l'article 2a,
j'aimerais quand même, M. le ministre, qu'on nous donne quelques
renseignements. Si j'avais le temps de le lire, peut-être que je
trouverais cela ici. Je ferai cela durant mes vacances. À l'heure
où nous sommes rendus, je ne sais pas si on terminera ce soir ou demain
mais, de toute façon, est-ce qu'on pourrait nous donner, selon le statut
de l'Université de Sherbrooke, le mode de désignation et de
nomination des membres du conseil d'administration? C'est quand même une
difficulté qui a été soulevée.
M. Morin (Sauvé): Comme il s'agit d'une question qui
intéresse l'ordre interne de l'université, je vous
suggérerais de demander à Me Bouchard d'y répondre.
Le Président (M. Dussault): Me Bouchard.
M. Bouchard: Je comprends que vous posez la question en rapport
avec l'article 2a concernant les membres de l'université. Alors,
l'article 2a se réfère un peu à un règlement, le
règlement spécial concernant les membres de la corporation. La
corporation est composée de 33 personnes: le chancelier, le recteur, le
vice-recteur à l'administration, le secrétaire
général, les professeurs, le personnel administratif, cinq
personnes du milieu régional de l'éducation qui comprend cinq
établissements: le Séminaire de Sherbrooke, le Collège de
Sherbrooke, l'Université de Bishop, la Commission scolaire
régionale de l'Estrie, la Commission scolaire catholique de Sherbrooke,
trois diplômés de l'université, trois personnes
respectivement désignées sur l'invitation du chancelier par les
trois organismes suivants, à savoir: Le conseil de la ville de
Sherbrooke, le Conseil régional de développement et le Conseil
régional des services sociaux et de la santé, deux personnes
désignées sur l'invitation du chancelier par le ministre de
l'Éducation, sept personnes qui ne doivent pas faire partie du personnel
de l'université et qui sont issues des milieux professionnels ou
scientifiques correspondant aux principales formations dispensées par
l'université. L'ensemble de ce corps constitue ce qu'on appelle la
corporation qui, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, comprend 33
personnes.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, est-ce que, dans toutes les
chartes universitaires, le mode de nomination n'est jamais inclus dans le
projet de loi qui les régit? Est-ce que ceci fait toujours partie des
règlements?
M. Morin (Sauvé): Je ne saurais dire si c'est la solution
universelle, mais c'est souvent le cas. Je pourrais vous remettre, si cela
pouvait vous être utile, la charte et les statuts de l'Université
Laval.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas refuser les prix du ministre de
l'Éducation! Je vais reposer ma question d'une façon plus
précise. Pourquoi ne pas inscrire dans la loi le mode de
désignation et le nombre de membres? Justement, tout à l'heure,
on a soulevé des discussions ou des objections au fait que ceci pourrait
être changé simplement par une modification de
règlement.
M. Morin (Sauvé): C'est que nos universités ont
connu une évolution très rapide depuis quelques années et
il n'est pas dit que cette évolution soit terminée. Cette
évolution a été dans le sens d'un élargissement des
conseils, et notamment pour faire de la place à des membres
représentant des parties constituantes de l'université. Si on
fait le tour des diverses universités, on va se rendre compte
qu'à Laval vous vous trouvez devant une possibilité de 51
membres, à Montréal, 22 membres, à l'École des
hautes études commerciales, 9 membres, à l'Université
Bishop, 36 membres, à l'Université McGill, 37 membres, et ainsi
de suite. Comme cette évolution n'est pas terminée, comme on peut
prévoir que chaque université va vouloir réviser au fur et
à mesure de son évolution la composition de son conseil, il
importe de ne pas figer les choses dans le béton.
Vous connaissez la difficulté d'amender la législation.
Nous en vivons un exemple cet après-midi. Il vaut donc mieux s'en
remettre aux statuts de chaque institution. On me signale que la même
chose vaut pour la désignation des membres, le mode de
désignation, notamment. Il faut que nous conservions la plus grande
souplesse possible dans le jeu des institutions. Peut-être un jour, je
m'empresse de l'ajouter, Mme le député, dans la foulée du
rapport d'étude sur les universités, y aura-t-il lieu de se
pencher de nouveau sur ces
dispositions. Mais, en attendant, je crois qu'il faut conserver le plus
de souplesse possible au processus particulier de chaque université.
Cela fait partie d'ailleurs de son autonomie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec ce que le ministre dit.
Quand on crée par exemple des sociétés d'État, on
prévoit un certain nombre de membres qui, par exemple, n'est pas moins
de, mais ne va pas au-delà de. Il y a quand même
possibilité de garder une certaine souplesse. Je n'en fais pas une
question de principe, à ce moment-ci. Il reste que, compte tenu des
représentations qui nous sont faites ici cet après-midi, c'est
une question qui quand même devrait être examinée,
peut-être pas à ce moment-ci, mais comme vous dites dans la
foulée du livre; il sera vert ou blanc celui des universités,
vert, je pense?
M. Morin (Sauvé): Nous n'avons pas encore
déterminé la couleur de celui-là.
Mme Lavoie-Roux: II sera peut-être plus sombre que les
autres.
M. Morin (Sauvé): Je ne dirais pas cela. Les
universités, en définitive, sont une partie très saine de
l'organisme de l'éducation. De toute façon, je tiens à
ajouter, Mme le député, que la législation sur ce point ne
change rien à l'état de choses existant.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Comme vous disiez tout à
l'heure, les choses ont évolué et c'est vous-même qui le
signaliez.
M. Morin (Sauvé): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on soulève aujourd'hui des points
de vue ou des opinions devant les commissions parlementaires que probablement
on ne soulevait pas il y a quelques années, compte tenu de cette
évolution dont vous venez de faire état, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est juste.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe 2a est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle le
paragraphe 2b. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Au paragraphe 2b, sous-paragraphe q).
Mme Lavoie-Roux: Depuis qu'on a le PQ. Une voix: Q comme
dans "P Quiou".
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais que ce soit le "quiou".
M. Le Moignan: Est-ce qu'il y a une explication ou une raison
spécifique pour inclure le pouvoir d'exproprier dans l'article 2b? Je
voudrais...
M. Morin (Sauvé): Cela fait partie des pouvoirs reconnus
généralement aux corporations de cette nature, mais naturellement
c'est sous réserve de la loi. L'université ne peut pas
exproprier, comme cela, du jour au lendemain...
M. Ciaccia: Est-ce que durant...
M. Morin (Sauvé) ... sans se soumettre à toute la
législation relative aux expropriations foncières.
M. Ciaccia: Je comprends qu'une fois qu'elle a le droit
d'exproprier, elle doit le faire selon les modalités de la Loi de
l'expropriation. Je suis conscient de cela, mais en ce qui concerne les clauses
de la loi relative à l'Université de Sherbrooke, le chapitre 136,
que nous voulons corriger maintenant, est-ce qu'elle y avait ce droit
d'expropriation?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je sais une
chose, c'est que toutes les universités ont ce pouvoir comme organismes
publics. Nous pouvons peut-être demander à Me Bouchard si
l'université l'avait, ce pouvoir.
M. Bouchard: Excusez-moi, j'essaie de trouver la loi de 1877.
Mme Lavoie-Roux: C'est une pièce du patrimoine...
M. Morin (Sauvé): Pouvez-vous nous dire s'il s'agit d'une
disposition nouvelle ou si l'université jouissait auparavant du pouvoir
d'expropriation à l'instar des autres universités?
M. Bouchard: L'université n'en jouissait pas comme tel.
Mais il faut bien se rendre compte que depuis la Loi sur l'évaluation
foncière cela a changé totalement l'aspect de la
présentation des lois dans la province depuis cette époque. C'est
ainsi, par exemple, que tout à l'heure, vous vous
référiez, M. le ministre, à la loi de l'Université
Laval lorsque nous avons rédigé cette loi et si
vous référiez également à la loi de
l'Université de Montréal, vous verriez que les dispositions
concernant l'expropriation varient, parce que, dans l'intervalle, la Loi de
l'évaluation a été adoptée. Alors, ce qui est
prévu ici, c'est simplement l'habilité de le faire. Mais
l'exercice du pouvoir et les modalités de l'exercice sont
entièrement assujettis à la Loi de l'évaluation
foncière. C'est tout.
Alors, tout est assujetti à la Loi de l'évaluation
foncière quant à l'exercice de ce pouvoir qui est à
l'état potentiel.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas un droit illimité.
On me faisait observer que, si dans le cas
de l'Université de Montréal, on avait appliqué
à la lettre les pouvoirs qui lui sont conférés par sa
charte, elle aurait pu exproprier non seulement le cimetière du
Mont-Royal, mais l'Université McGill De sorte qu'il est évident
qu'il y a des limites à ce pouvoir.
M. Ciaccia: L'inverse aussi, l'Université McGill aurait pu
exproprier l'Université de Montréal.
M. Morin (Sauvé): II s'agirait de voir, M. le
député, comment était rédigée la clause dans
la charte de l'Université McGill.
M. Ciaccia: Une des raisons pour lesquelles je demande... Parce
que le but de ce projet de loi que nous étudions maintenant,
d'après le ministre et d'après les représentations qui ont
été faites, c'est de donner un statut juridique; de
légaliser, autrement dit, les pouvoirs et le statut de
l'université, parce qu'il semble y avoir eu une erreur, une lacune.
Maintenant, on va au-delà de cela. En plus de donner ce statut juridique
et légaliser les actes de l'administration et de l'université, on
lui confère des pouvoirs additionnels. Je crois que d'après les
pouvoirs existants... Je regarde la loi de 18... l'acte pour incorporer le
Séminaire de Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke. On avait,
d'après l'article 5, le pouvoir d'acquérir par achat, pas le
pouvoir d'exproprier. Maintenant, si vous commencez à donner des
pouvoirs additionnels, est-ce qu'à ce moment-là vous ne faites
pas une refonte partielle des lois et des règlements qui
régissent l'université? (17 h 15)
Je crois que les autres intervenants ont dit: Si vous adoptez un projet
de loi, il faudrait faire une refonte des pouvoirs du conseil d'administration
et autres changements. Vous le faites partiellement, mais cela ne
répondrait pas aux demandes que les autres intervenants ont faites. Si
vous allez dans cette direction, pourquoi limiter seulement à ce pouvoir
d'expropriation, pourquoi ne pas faire une refonte complète telle que
demandée par les autres intervenants? Je ne sais pas si toutes les
universités ont ce pouvoir d'expropriation, je n'en suis pas tout
à fait sûr.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne peux pas
répondre pour toutes et chacune des universités, mais je sais que
l'Université de Montréal le possède, l'Université
Laval le possède...
M. Ciaccia: Passez-lui son document!
Mme Lavoie-Roux: Je vais même vous prêter ma
bibliothèque!
M. Morin (Sauvé): II s'agit, somme toute, d'un pouvoir que
détient normalement un organisme public de cette nature. Nous pensons
que cette disposition doit figurer, dès maintenant, dans le projet de
loi.
M. Ciaccia: Vous allez plus loin que seulement légaliser
le statut juridique de l'université, vous comblez la lacune qui
était dans l'article 2 du chapitre 136.
M. Morin (Sauvé): J'ai signalé dans mon
introduction, M. le Président, sous réserve de quelques petits
changements de cette nature, que nous avalisons le statu quo. En l'occurrence,
le statu quo général des universités prévoit un
pouvoir de cette nature, mais bien sûr ce pouvoir est sujet à
l'ensemble de la loi portant sur l'expropriation. Donc, il ne s'agit pas de
quelque chose d'exceptionnel, de vexatoire ou d'exorbitant du droit commun, il
s'agit d'un pouvoir normal.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président...
M. Ciaccia: Ce que vous appelez un pouvoir normal, c'est un
pouvoir exceptionnel. Quand vous donnez un droit d'expropriation, c'est un
pouvoir exceptionnel que vous accordez à un organisme.
M. Morin (Sauvé): Pour vous et moi, M. le
député, ce serait un pouvoir exceptionnel, mais, pour une
université, je ne le pense pas.
M. Rancourt: M. le Président, j'aimerais faire savoir aux
membres de la commission ceux qui ne savent pas où est
située l'Université de Sherbrooke qu'elle a suffisamment
de terrain pour n'exproprier personne actuellement, elle a un très grand
territoire.
Également l'Université Bishop, à Lennoxville, s'est
agrandie à même les terrains du gouvernement fédéral
il y a quelques années. Elle avait droit...
M. Ciaccia: Si elle l'a fait, ce n'est pas par expropriation,
parce qu'on ne peut pas exproprier la couronne.
M. Rancourt: Elle a quand même fait un échange.
Je veux revenir aux amendements de 2b a) à 2b f); cela constitue
une énumération des pouvoirs, droits et privilèges
généralement reconnus aux corporations universitaires. On les
énumère actuellement.
M. Ciaccia: Je voulais seulement signaler qu'il y a eu des
représentations, par exemple, dans le mémoire des employés
de soutien, à l'effet qu'ils voulaient avoir une refonte, des
changements. Alors, si vous vous en teniez au principe de légaliser et
donner un statut juridique, cela pouvait être une réponse au
mémoire du syndicat. Mais, une fois que vous allez plus loin, je crois
que dans ce cas le ministre se doit de dire pourquoi il accepte certains
changements, mais n'accepte pas certains autres moyens de procéder
suggérés par le syndicat.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que le paragraphe 2b est
adopté?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voudrais vous
signaler une correction, une faute d'orthographe dans le paragraphe k):
"accepter tout don, tout leg"; le mot legs prend un s. J'aimerais qu'il soit
noté que cette correction a été faite.
Le Président (M. Jolivet): La correction sera faite, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): Bien.
Le Président (M. Jolivet): Est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le paragraphe 2b est
adopté. J'appelle le paragraphe 2c.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais un amendement.
Le Président (M. Jolivet): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Que le paragraphe 2c de l'article 3 soit
modifié, en remplaçant dans la troisième ligne le chiffre
1977 par 1978.
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Si je comprends bien, Mme le
député de L'Acadie, vous vouliez nous faire remarquer qu'il y
avait une erreur, que...
Mme Lavoie-Roux: C'est une motion en bonne et due forme, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Vous y tenez très
formellement.
M. Morin (Sauvé): Le député de L'Acadie
voyait enfin là une occasion de proposer un amendement qui soit
accepté.
Mme Lavoie-Roux: Oh! Merci!
Une voix: On a assez de misère à en passer.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'amendement consistait
à remplacer, à la troisième ligne du paragraphe 2c 1977
par 1978. Est-ce que cet amendement est adopté? Adopté. Est-ce
que le paragraphe 2c est adopté?
M. Morin (Sauvé): L'Assemblée nationale est
souveraine, M. le député.
Mme Lavoie-Roux: Mais si on pouvait faire des amendements sur les
statuts, là, j'aurais du plaisir.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que le paragraphe 2c est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. J'appelle le
paragraphe 2d. Je reviens sur 2c, le paragraphe 2c est adopté tel
qu'amendé.
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc, 2d.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Alors, 2d est adopté.
Adopté. J'appelle le paragraphe 2e.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant que j'ai obtenu les statuts, oui,
d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Alors, 2e adopté.
Adopté. J'appelle l'article 4.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il y a peu de
chose à dire sur l'article 4. L'esprit des paragraphes a), b), c) est
maintenu par rapport à l'ancien texte, mais il est simplifié et
mieux adapté à la situation présente.
Mme Lavoie-Roux: II y a Saint-Charles-Borromée.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, pour les fins du
journal des Débats, j'ai oublié de vous demander si l'article 3
au complet était adopté?
M. Morin (Sauvé): Assurément adopté. Mme
Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): Je reviens immédiatement
à l'article 4. L'article 4 est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Un instant! La seule question que j'ai, c'est
que l'article 4 de la charte ou de la loi actuelle identifiait la corporation
du séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke et on nous a
expliqué au début, que ceci était le prolongement, enfin,
avait été le prolongement de la corporation du séminaire
Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke. Comme le séminaire
Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke existe encore, est-ce qu'il se
trouve à ce moment-ci à garder une charte? Qu'est-ce qui
arrive?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je propose que
nous posions cette question au conseiller juridique de l'université, Me
Bouchard.
M. Bouchard: II n'y a plus aucun lien entre les deux
institutions. Au tout début, il n'y avait qu'une corporation, qui
faisait fonctionner deux entrepri-
ses, si le terme était accepté, une entreprise
universitaire et une entreprise secondaire, maintenant il n'y a plus aucun lien
comme tel avec l'enseignement secondaire.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous voulez dire que le séminaire,
je pense que cela s'appelle le séminaire Saint-Charles-Borromée a
maintenant une nouvelle charte?
M. Bouchard: Saint-Charles-Borromée. Il est
indépendant de l'université.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Morin (Sauvé): II s'agit d'une disposition
désuète, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 6.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 6, je n'ai qu'une question
à poser. Apparemment, ce n'est plus le grand chancelier, mais seulement
le chancelier. Cela modifie déjà vos statuts? Non?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce sont des
changements de détail. Au lieu de dire que le titulaire en sera, nous
disons qu'il en est, la fonction qu'exerce la personne de l'archevêque
catholique romain de Sherbrooke. Autrement dit, c'est une codification de la
situation actuelle.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais juste demander je ne sais pas
si le ministre pourra me répondre si le recteur actuel de
l'Université de Sherbrooke garde le titre de "recteur magnifique". Ce
doit être le premier laïc à qui on a accordé un tel
titre.
Le Président (M. Dussault): M. le recteur.
M. Martin: M. le Président, malheureusement non.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'appelle l'article 7.
M. Morin (Sauvé): À l'article 7, il s'agit du
paragraphe d) de l'article 7 qui est modifié. L'amendement veut
simplement tenir compte des règlements qui régissent maintenant
l'Université de Sherbrooke. Autrefois, la disposition assujettissait ces
fonctions aux lois ecclésiastiques. Ce n'est plus le cas
désormais.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cet article
7...
Mme Lavoie-Roux: J'aurais juste une question.
Le Président (M. Dussault): Oui, madame.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi, dans la révision de l'article
7, a-t-on soustrait les vice-recteurs et le secrétaire
général qui étaient inclus dans la charte actuelle?
M. Morin (Sauvé): J'ai sous les yeux l'ancien texte, qui
ne visait pas les postes ou les fonctions dont vient de parler Mme le
député. Il s'agissait simplement du titre de recteur et des
membres du conseil de direction.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, merci.
Le Président (M. Dussault): L'article 7 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Morin (Sauvé): J'ai déjà expliqué
la portée de l'article 8. C'est un article tout à fait important.
Il s'agit, pour parler comme un de mes savants conseillers, d'une sanatio in
radice.
Mme Lavoie-Roux: En termes plus simples, ce sont des mesures
transitoires qui assurent la continuité, M. le ministre?
M. Morin (Sauvé): Pas exactement. C'est une disposition
qui a pour but de rendre parfaitement légaux les actes posés par
l'université, parce que, techniquement, en ce moment,
l'université n'a même pas de lien de droit avec ses professeurs,
avec son personnel de soutien. Techniquement, les chèques qu'elle leur
verse, on peut se demander si elle a le droit de les leur verser, et on peut se
demander si elle a quelque lien de droit avec quelque professeur que ce soit.
Je crois qu'il est grand temps du côté de l'association des
professeurs, on ne dira pas le contraire de mettre toute cela en
ordre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Au sujet de l'article 8: nous avons reçu un
mémoire, une représentation, du procureur; je crois qu'il y a une
cause pendante devant les tribunaux. Comme l'a dit le ministre au début
de notre séance, il ne faut pas que le législatif s'immisce dans
le pouvoir judiciaire. Ce n'est pas mon intention du tout de soulever la
question de ce litige. Mais il y a une certaine difficulté que je
voudrais souligner au ministre. C'est un fait qu'il y a un litige devant les
tribunaux. Et il y a une question que je me pose. (17 h 30)
En adoptant ce projet de loi, est-ce que, vraiment, à moins que
nous n'acceptions un certain principe que les droits existants ou les causes
existantes ne devraient pas être affectés, est-ce qu'en effet, on
ne fait pas une intervention dans le processus judiciaire? J'aurais certaines
difficultés avec l'amendement tel qu'il est proposé par le
mémoire qui nous a été soumis; personnellement, j'aurais
certaines difficultés.
Cependant, je crois que les droits acquis ou les causes qui sont devant
les tribunaux ne devraient pas être affectés par la
législation existante, quand on sait vraiment qu'il y a une certaine
urgence pour légaliser le statut juridique de l'université. Je me
demande si le principe serait acceptable par le ministre, peut-être pas
à l'article 8, mais à l'article 9, que la loi ne s'appliquerait
pas s'il y avait des litiges pendants devant les tribunaux. Si vous acceptiez
ce principe, vous diriez: Je ne veux pas intervenir dans ce litige, d'une
façon ou d'une autre, que ce soit pour ou contre. Quant au principe de
la rétroactivité pour les causes devant les tribunaux, je crois
qu'on devrait être circonspect; on devrait être très
attentif et porter beaucoup d'attention dans ces cas. Ce serait peut-être
un précédent qui pourrait être dangereux de dire: Nous
savons qu'il y a un litige, mais nous allons le trancher par cette loi.
C'est cela que nous ferions et j'ai beaucoup d'hésitation. Il ne
faudrait pas porter atteinte à ce principe qu'on ne devrait pas trancher
un litige par un projet de loi à moins que nous ayons des faits, des
causes et des raisons très exceptionnels.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous n'avons pas
à connaître des litiges qui peuvent opposer des parties, des
litiges qui opposent l'Université de Sherbrooke et d'autres personnes.
Les principes du droit commun s'appliquent et il appartient au juge de trancher
un problème comme celui-là et non pas au législateur.
M. Ciaccia: Vous avez eu une représentation, on est saisi
de certains faits, et je me demande si vous ne portez pas atteinte au principe
même que vous venez d'énoncer quand vous dites: Ce n'est pas au
législateur de trancher. Vous le faites, à moins que vous
n'insériez certaines réserves dans le projet de loi.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas notre avis, M. le
Président.
M. Ciaccia: Alors, si je comprends bien le ministre, vous
n'accepteriez pas le principe que ce projet de loi ne devrait pas s'appliquer
aux litiges qui seraient devant les tribunaux à la date où le
projet de loi est sanctionné.
M. Morin (Sauvé): À notre avis, M. le
Président, les principes du droit commun disposent de ce
problème, et nous n'avons pas à légiférer sur la
question.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Ciaccia: Nous reviendrons sur ce problème à
l'article 9, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): L'article 8 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Dussault): Adopté. J'appelle
l'article 9.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour faire suite aux
remarques de mon collègue de Mont-Royal, j'aimerais proposer un
amendement à l'article 9, lequel se lirait comme suit: Que l'article 9
soit modifié en ajoutant, à la fin, après le mot
"sanction", les mots "et n'affecte pas les causes pendantes à cette
date". L'article amendé se lirait comme suit: "La présente loi
entre en vigueur le jour de sa sanction et n'affecte pas les causes pendantes
à cette date." La raison pour laquelle je fais cette...
Le Président (M. Dussault): Mme le député,
si vous me le permettez...
Mme Lavoie-Roux: Ah! Excusez-moi.
Le Président (M. Dussault): La motion d'amendement
à l'article 9 dirait ceci: "Que l'article 9 soit modifié en
ajoutant, à la fin, après le mot "sanction ", les mots "et
n'affecte pas les causes pendantes à cette date. " L'article
amendé se lirait comme suit: "La présente loi entre en vigueur le
jour de sa sanction et n'affecte pas les causes pendantes à cette date."
Madame et messieurs, en vertu de cette possibilité qu'offre le
règlement qui nous régit, je vais entendre, pour quelques minutes
seulement, les membres de cette commission afin de m'éclairer sur la
recevabilité de cette motion.
M. Ciaccia: Quant à la question de la recevabilité
de cette motion, elle répond à toutes les exigences de notre
règlement, plus spécifiquement l'article 70. Elle ne va pas
à l'encontre du principe de l'article 70. Elle-même, elle
entre
carrément dans toutes les conditions que l'article 70 exige. Elle
se rapporte directement au sujet de la motion proposée et elle ajoute
certains mots à l'article. Je ne crois pas qu'elle aille à
l'encontre du principe du projet de loi. Je crois que la motion est
recevable.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, vous me
permettrez d'invoquer l'article 70 du règlement où il est dit
qu'un amendement doit se rapporter directement au sujet de la motion
proposée. Or, l'objet de la motion proposée, c'est
l'entrée en vigueur du projet de loi le jour de sa sanction. Cela ne
peut viser des objets qui sont externes à l'entrée en vigueur du
projet de loi. L'article 70 nous dit que la motion ne peut avoir que l'un des
objets suivants: retrancher, ajouter des mots ou les remplacer par d'autres.
Bien sûr, on tente d'ajouter des mots à l'article 9, mais on
précise que l'amendement serait irrecevable si son effet était
d'écarter la question principale sur laquelle il a été
proposé. Or, la question principale, c'est l'entrée en vigueur du
projet de loi, tandis que là on apporte un amendement qui a trait
à un objet qui n'est pas relié à l'entrée en
vigueur du projet de loi et qui porte sur des causes pendantes, lesquelles
n'ont évidemment aucune espèce de rapport avec l'entrée en
vigueur du projet de loi.
Je vous soumets donc bien respectueusement que cet amendement est
irrecevable, puisque son effet est de nous éloigner de la question
principale.
M. Ciaccia: M. le Président, brièvement. Si ce
n'est pas relié à l'entrée en vigueur, notre amendement,
je ne sais pas à quoi il est relié. On ne va pas à
l'encontre du principe. On spécifie une modalité de l'application
de ce principe. On ne dit pas que la présente loi n'entre pas en
vigueur, mais on spécifie une modalité dans laquelle elle va
s'appliquer.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
M. Ciaccia: C'est carrément dans l'article 70. Autrement,
par l'article 70, selon l'interprétation que vient de donner le
ministre, toutes les motions seraient irrecevables parce que, naturellement,
cela fait certains changements. C'est cela, le but d'une motion, d'apporter
certaines modifications sans écarter le but principal. Le but principal,
c'est l'entrée en vigueur de la loi. Nous sommes d'accord. Elle va
entrer en vigueur, mais on y apporte une modalité.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne veux pas
entrer sur lé fond du problème, n'est-ce pas? J'imagine que nous
n'entrerions sur le fond que si vous jugiez la motion recevable. Il est
évident qu'à sa face même, cet amendement est
rédigé d'une façon telle qu'il est vague: "n'affecte pas
les causes pendantes à cette date". Est-ce que cela veut dire que la loi
n'entre pas en vigueur? Est-ce que cela veut dire qu'elle entre en vigueur,
mais ne porte pas atteinte aux causes pendantes? Le sens est flou et, en ce qui
me concerne, je vous soumets qu'il a pour effet de nous éloigner de
l'objet principal de l'article 9, qui est l'entrée en vigueur du projet
de loi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Surtout que le ministre affectionne cette loi,
je voudrais le référer à la loi 101, intitulée: La
charte de la langue française, à l'article 209: "L'article 11
entre en vigueur le 3 janvier 1979 et n'affecte pas les causes pendantes
à cette date."
M. Ciaccia: Le mot-à-mot d'une de vos autres lois.
Mme Lavoie-Roux: "L'article 13 entre en vigueur le 3 janvier 1980
et n'affecte pas les causes pendantes à cette date".
M. Morin (Sauvé): La différence était que le
gouvernement avait présenté ce projet de loi tel qu'il est
rédigé et tel qu'on vient de le dire: il n'y avait pas eu
d'amendements.
M. Ciaccia: M. le Président, vous ne pouvez pas dire cela
sans rire, "pas d'amendements", vous l'avez dit complètement sans rire!
Voyons!
Le Président (M. Dussault): À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: C'est un argument très fort, M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): C'est un argument
déterminant.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre!
M. Ciaccia: Vous aviez eu plus d'amendements que votre projet de
loi original.
Le Président (M. Dussault): Je vais rendre ma
décision, madame et messieurs de la commission. Je n'ai entendu
jusqu'à maintenant aucun argument qui me donnerait la certitude que cet
amendement est irrecevable. Je pense que je dois faire bénéficier
du doute le proposeur de la motion d'amendement. Je vais donc juger cet
amendement recevable.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Comme toujours,
vous êtes très sage. Vous vous en souviendrez!
Le Président (M. Dussault): Je m'en souviendrai et je vous
prierais plus particulièrement, Mme le député, d'en parler
à certains de vos collègues.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon...
Le Président (M. Dussault): Sur le fond de la motion, Mme
le député.
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas les nommer? Le Président
(M. Dussault): Non. Mme Lavoie-Roux: De toute façon...
Le Président (M. Dussault): Privément, je pourrai
le faire, si vous le souhaitez. Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux pas parler
longtemps sur cette motion. Elle vise uniquement à préserver les
droits de ceux qui sont déjà devant les tribunaux et elle
n'affecte que les causes qui sont pendantes; il n'y a pas de nouvelles causes
qui peuvent être introduites et qui viendraient créer de nouveaux
problèmes à l'Université de Sherbrooke. C'est strictement
à cause de ce souci qu'on doit avoir de préserver les droits des
individus et je ne veux pas entrer dans trop de détails, parce que je
pense qu'on pourrait m'accuser d'imputer des motifs. Je l'ai, je pense,
indirectement signalé au début des travaux de la commission, il
est permis de se poser des questions quant à la hâte subite qu'on
a eue de présenter ce projet de loi, et même si tout le monde a
pleuré un peu sur les retards qui avaient été
apportés à cette discussion en commission ou en proposition ici,
il reste néanmoins qu'on peut se permettre d'avoir ou d'entretenir des
doutes sur le moment où elle a été
présentée, qui coïncide étrangement avec le moment du
dépôt devant les tribunaux, d'une requête par un
individu.
C'est dans cet esprit, parce que je pense qu'il est du rôle de
l'Opposition de s'assurer que les droits des individus soient
protégés tant et aussi longtemps que les tribunaux ne se sont pas
prononcés. Le seul cas qu'on connaît, c'est celui qui est ici; il
peut y en avoir d'autres, je l'ignore totalement, mais, pour moi, c'est une
question de principe et c'est dans cet esprit que nous présentons cette
motion.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cette motion
d'amendement... M. le député de Gaspé. (17 h 45)
M. Le Moignan: M. le Président, j'abonde dans le
même sens que Mme le député de L'Acadie et je me demande ce
qui se produit. Il faudrait peut-être avoir un petit peu plus
d'explications. Je ne veux pas toucher le litige en question. Il y a ceux qui
ont des droits acquis. Pour ceux qui auraient commencé des actions dans
d'autres domaines je n'ai pas d'exemple précis qui sont
basées sur l'ancienne loi, que se produit-il à ce moment-ci alors
qu'on arrive avec une nouvelle loi? Serait-ce le seul cas ou bien est-ce qu'il
peut y avoir d'autres domaines en dehors du point de vue des tribunaux?
M. Morin (Sauvé): M. le député, nous ne
pouvons pas, comme législateurs, entrer dans une question qui doit
être tranchée nécessairement par les tribunaux.
M. Le Moignan: On ne peut pas entrer dans ceux-là. Mais y
a-t-il d'autres exemples?
M. Morin (Sauvé): Ce qui est certain, c'est que les droits
qui pourraient découler de dommages causés à une personne
ne seraient pas le moindrement modifiés par une législation comme
celle que nous avons devant nous. C'est une règle du droit commun. Je ne
veux pas me lancer dans un long plaidoyer. Ce sont les tribunaux qui vont
trancher cette question. Il ne nous appartient pas de la trancher.
M. Le Moignan: Je voulais savoir s'il y avait d'autres exemples
en dehors de ce cas précis sans aller devant les tribunaux, d'autres
choses, d'autres démarches qui ont été entreprises que la
loi viendra stopper. Non?
M. Morin (Sauvé): À ma connaissance, il y a cette
affaire qui est devant les tribunaux et l'affaire dont on a parlé tout
à l'heure. C'est tout. Il faut prendre bien garde, M. le
Président j'invite les membres de cette commission à
être très circonspects de ne pas faire en sorte que cette
loi qui, on le sait, est indispensable à la ratification des actes
posés dans le passé, ne soit pas rendue inefficace, à
toutes fins utiles, et autorise des gens à tenir la dragée haute
à l'Université de Sherbrooke. C'est un risque que je vous signale
en passant. Donc, nous voterons certainement contre cette proposition
d'amendement, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... je voudrais dire au ministre,
premièrement, que c'est au niveau du principe que je fais
l'argumentation. Je ne connais pas du tout le litige ou les parties en cause,
ce qui peut ou ne pourrait pas arriver. Je crois que ce principe est un
précédent assez dangereux que nous pouvons créer ici, et
je m'explique. Quand vous parlez d'un principe de droit commun, le principe de
droit commun est que quand quelqu'un intente une action, des procédures
judiciaires, il ne doit pas être mis dans la position que par une loi ex
post facto, après qu'on les a institués, on lui enlève
certains droits. Je crois que vous venez à l'encontre des principes de
droit commun même par les remarques que vous avez faites parce que vous
êtes entré un peu dans le fond du litige. Vous dites: On veut
normaliser, légaliser certaines situations. Je ne voudrais même
pas me référer au fond de ce qui est le litige. Mais si
quelqu'un, à un moment donné, intente des procédures, je
crois que ce droit commun, ces principes doivent être
maintenus. Vous l'avez fait dans d'autres cas. Ce n'est pas la
première fois qu'on insère dans la loi qu'il est bien clair qu'on
ne veut pas s'immiscer dans le litige, qu'on ne veut pas devenir le juge. Vous
devriez vous garder de ne pas vouloir être le juge d'une cause ou d'une
cause particulière qui est devant les tribunaux.
C'est pour cette raison qu'il m'apparaît assez nécessaire
d'insérer cet amendement. Cela se peut qu'il y ait des
conséquences pour une des parties ou l'autre. Mais je pense que ce n'est
pas à nous de faire cette intervention. Je crois que vous acceptez que
c'est un principe fondamental que nous ne devrions pas intervenir dans des
causes en suspens.
Je crois que même le premier ministre, quand certaines demandes
lui ont été faites par les grévistes, a invoqué ce
principe, pour les mêmes raisons que je l'invoque. Le danger est que si
nous ne consacrons pas ce principe, à l'avenir, ils diront: On a
déjà eu un précédent où le
législateur s'est immiscé et est intervenu dans une ou des causes
devant les tribunaux, et ils vont citer ce projet de loi comme consacrant une
exception à ce principe fondamental. C'est seulement pour cette raison.
Je crois qu'on manquerait à notre responsabilité si on
n'insistait pas sur le fait qu'il y a certains droits acquis, certains
principes fondamentaux dans nos lois auxquels nous devons adhérer et que
nous devons préserver. Pour ces raisons, je crois que nous devons
appuyer la motion d'amendement du député de L'Acadie.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je commence à me faire une idée sur la
question. J'aimerais simplement avoir quelques informations
supplémentaires de la part du ministre.
Si je comprends bien, il y a une seule cause en suspens
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: À notre connaissance.
M. Morin (Sauvé): Nous pouvons le demander au procureur de
l'université, mais à notre connaissance, une seule.
M. Paquette: Une seule. La cause a été instruite
à quelle date?
Une voix: Est-ce que je pourrais intervenir, M. le
Président?
Le Président (M. Dussault): Ce serait pour répondre
à la question qui est posée, à savoir s'il y a plus d'une
cause?
Une voix: II y a deux causes, M. le Président. Il y en a
une qui a été timbrée hier pour l'Université de
Sherbrooke, avec les mêmes parties, et exactement pour le même
litige.
M. Paquette: Donc, il y aurait une cause timbrée d'hier et
l'autre qui date de quand?
Une voix: La semaine dernière.
M. Paquette: Le projet de loi a été
déposé à quelle date?
M. Morin (Sauvé): Le projet de loi date de l'an
dernier.
M. Paquette: Le projet de loi date de l'an dernier.
M. Morin (Sauvé): Oui.
M. Paquette: M. le Président, cela éclaire
énormément ma lanterne. Je pense que le député de
Mont-Royal invoque un principe qui est sain. Je suis d'accord avec le fait que
l'Assemblée nationale ne doit pas intervenir dans des jugements,
à moins de motifs exceptionnels.
J'ai lu, tantôt, la première des deux causes, celle qui a
été déposée la semaine dernière, longtemps
après le dépôt du projet de loi, et le seul motif qu'on y
invoque, pour essayer de rattraper de façon détournée une
décision de l'administration de l'université, c'est justement ce
que la loi vise à corriger, c'est-à-dire une
illégalité, prétendue ou réelle,
l'inhabilité à siéger de certains membres du conseil
d'administration de l'université. Il me semble qu'il s'agit d'une
situation exceptionnelle, justement, comme le mentionnait le
député de Mont-Royal, et qu'en conséquence nous devrions
adopter ce projet de loi parce que c'est évidemment le but du projet de
loi. Si le projet de loi n'est pas adopté, pour toutes sortes de motifs,
des gens vont profiter de cette erreur de parcours que le projet de loi vise
à corriger. Ils pourraient le faire, je ne veux aucunement leur
prêter de motifs, pour des causes valables et d'autres qui ne le sont
pas. Cela m'apparaît vraiment une procédure exceptionnelle et je
ne vois pas pourquoi le député de Mont-Royal ne juge pas qu'il y
a là un cas qui est exceptionnel et que l'Assemblée nationale a
le droit de corriger.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce qu'on a voulu faire par cette
motion, quitte à me répéter, a été de tenter
de protéger un principe fondamental. Il appert qu'on connaisse au moins
une des deux causes en question. Il y a un individu ou des causes pendantes et
la loi intervient, alors que le juge n'a pas encore rendu sa décision,
pour changer les conditions dans lesquelles il devra rendre sa décision
probablement, quoiqu'on ne puisse pas préjuger du jugement qu'il rendra
finalement.
De toute façon, le député de Rosemont n'a pas
assisté à toute la discussion antérieure où
nous avons fait valoir que ceci aurait pu être discuté et
bien avant la semaine dernière et aujourd'hui, parce que le ministre
vient même de vous signaler que cela fait déjà un an, mais
il y a eu d'autres circonstances entre-temps, révision, etc. Il y a
assurément eu des lenteurs du côté du gouvernement. On a
invoqué la maladie du leader du gouvernement. Cela me semble une excuse
assez faible pour expliquer tous ces délais, parce que cela ne fait
quand même pas... Cela fait combien de temps qu'il est parti, le leader
du gouvernement? Deux mois, un mois? J'ignore.
À tout événement, je pense qu'il est inutile de
prolonger la discussion. Nous avons voulu, ici, non pas nous faire les
porte-parole d'un individu en particulier, mais vraiment d'un principe. Je
demanderais le vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Nous allons procéder au
vote sur la motion de Mme le député de L'Acadie, à l'effet
d'ajouter, après le mot "sanction", à l'article 9, les mots "et
n'affecte pas les causes pendantes à cette date". Vous devez signifier
au président si vous êtes pour ou contre la motion. M. Alfred
(Papineau).
M. Alfred: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Rancourt
(Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Gosselin (Sherbrooke).
M. Gosselin: Contre.
Le Président (M. Dussault): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie).
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Le Moignan
(Gaspé).
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Marquis
(Matapédia).
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Morin (Sauvé).
M. Morin (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Dussault): Je fais le décompte. Le
résultat est le suivant: 3 pour et 6 contre. L'amendement est donc
rejeté. Est-ce que l'article 9 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur division.
Est-ce que le projet de loi... Je m'excuse, il y avait un préambule au
projet de loi no 246. Est-ce que le préambule est adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, M. le Président.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. Est-ce que le
projet de loi no 246, projet de loi privé, Loi concernant
l'Université de Sherbrooke, est adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Adopté sur division. La
commission parlementaire avait un deuxième mandat qui était de se
transformer en commission plénière pour faire l'adoption du
projet de loi no 57, Loi modifiant de nouveau la Loi de l'instruction
publique.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pense qu'il
serait dans l'ordre que nous nous retrouvions à 20 h ou 20 h 15 pour
procéder à l'adoption, plutôt à l'étude,
article par article, en commission plénière, si j'ai bien
compris, du projet de loi no 57, puisque l'heure est maintenant venue de
suspendre la séance.
M. Ciaccia: Je crois que l'ordre de la Chambre n'était pas
de se transformer en commission plénière. L'ordre de la
commission plénière avait été révoqué
et le projet de loi a été renvoyé à la commission
élue, ici, pour continuer l'étude article par article du projet
de loi.
Le Président (M. Dussault): Je vais faire une correction.
Ce qui avait été convenu, M. le député,
effectivement, c'était que nous siégions en commission
parlementaire, mais que nous fassions rapport comme si nous avions
travaillé en commission plénière, ce qui voulait dire que
le président devrait faire rapport, mais de toute façon,
puisqu'il et 18 heures, nous suspendons nos travaux jusqu'à 20
heures.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je pourrais vous
suggérer 20 h 15, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): La commission est d'accord,
alors jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 30
Projet de loi no 57
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît! Madame, messieurs, nous reprenons les travaux de la commission
parlementaire élue permanente de l'éducation aux fins de faire
l'étude, article par article, du projet de loi no 57, Loi modifiant de
nouveau la Loi de l'instruction publique.
Avant de commencer nos travaux, il sera utile de rappeler que
l'étude de ce projet de loi avait été commencée en
commission plénière. Au moment de l'ajournement des travaux la
dernière fois, un amendement avait été
présenté par M. le député de Beauce-Sud que le
président de la commission avait reformulé et qui était
devenu ceci: Insérer après les mots "le lieutenant-gouverneur en
conseil" les mots suivants, "pour l'année 1978/79, peut définir
la valeur réelle pour les propriétés inscrites au
rôle dévaluation en vigueur dans la ou les municipalités
locales de leur territoire." Donc, introduire entre "lieutenant-gouverneur en
conseil" et "peut" les mots "pour l'année 1978/79". Cet amendement, tel
que formulé, avait été jugé recevable. M. le
ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez que je
fasse le point avant que nous ne donnions notre opinion sur l'amendement qui a
été proposé par le député de Beauce-Sud. Ce
projet a éprouvé quelques difficultés de parcours la
semaine dernière, peut-être parce que nous n'avions pas
donné toutes les explications qui permettaient d'en mesurer la
portée et le sens exact. Aussi voudrais-je commencer brièvement
par expliquer de nouveau exactement de quoi il s'agit.
Chaque commission scolaire, avant d'imposer ses taxes, qu'il s'agisse de
la taxe générale normalisée ou d'une taxe spéciale,
doit examiner les rôles d'évaluation municipaux utilisés
sur son territoire et vérifier si les propriétés qui y
sont inscrites ont été bien évaluées,
c'est-à-dire à leur valeur réelle. Par valeur
réelle, on doit entendre la valeur qui est attribuée à une
propriété en fonction des conditions particulières du
marché qui prévalent durant une certaine période de temps
avant l'imposition des taxes scolaires.
Si, après avoir effectué cette étude des
rôles d'évaluation municipaux, la commission scolaire en vient
à la conclusion que la valeur accordée aux
propriétés qui sont inscrites correspond aux marchés
immobiliers à considérer, elle doit alors approuver tels quels
ces rôles municipaux qui deviendront ainsi, en quelque sorte, les
rôles d'évaluation de la commission scolaire elle-même.
Par contre, si la commission scolaire constate que la valeur
attribuée aux propriétés inscrites aux rôles
d'évaluation municipaux n'est pas conforme à l'état de ce
marché, elle doit alors rectifier l'évaluation faite et modifier
en conséquence les rôles municipaux. Ce n'est qu'une fois cette
opération complétée que la commission scolaire approuve
les rôles d'évaluation municipaux qu'elle a ainsi modifiés
et qu'elle peut les utiliser à ses propres fins. En raison du
caractère technique de ces études, pour les effectuer, les
commissions scolaires retiennent les services d'évaluateurs. Ceux-ci
disposent, à cette fin, d'un guide relatif à l'uniformisation des
rôles d'évaluation pour fins scolaires, que le ministère de
l'Éducation a élaboré et mis à la disposition des
commissions scolaires, et que le gouvernement peut rendre obligatoire.
On se souviendra d'ailleurs que c'est à la suite d'une
modification effectuée par le présent Parlement que l'article 373
avait été modifié dans ce sens. Ce guide décrit
notamment la démarche à suivre pour la détermination du
facteur à appliquer à un rôle d'évaluation municipal
afin de porter à la valeur réelle les propriétés
qui y sont inscrites. Sommairement, le procédé qui y est
décrit consiste à relever, par voie d'échantillonnage,
pour chaque catégorie d'immeuble, les transactions survenues au cours
d'un laps de temps déterminé.
Dans le dernier guide, cette période devait couvrir un maximum de
33 mois. Ensuite, au moyen d'opérations mathématiques et de
pondération, il faut établir un facteur devant être
appliqué à l'évaluation municipale de chaque immeuble afin
de le ramener à la valeur réelle. L'amendement proposé
dans le projet de loi no 57, que nous avons devant cette commission, permet au
gouvernement de définir la valeur réelle pour les
propriétés inscrites au rôle d'évaluation. Pour ce
faire, la méthode retenue par le gouvernement consiste à
déterminer, dans le temps, la période du marché qui doit
être considérée pour le relevé des transactions
immobilières survenues.
Certes, depuis le 12 août 1977, en raison de la modification
apportée à l'article 373 de la Loi de l'instruction publique,
lorsque nous y avons ajouté le quatrième alinéa, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut décréter des règles
et conditions pour le rétablissement à la valeur réelle
des rôles d'évaluation municipaux. Ces règles et conditions
qui sont actuellement décrites dans le guide deviendraient obligatoires
pour les fins d'application de l'article 373, par l'adoption d'un
arrêté en conseil à cet effet.
Mais comme la décision de geler les rôles
d'évaluation de 1978-1979 au niveau de ceux de l'année
précédente est maintenant prise, et d'ailleurs annoncée
par le ministre des Finances dans le discours du budget, il n'y a pas lieu de
procéder à l'opération de rétablissement à
la valeur réelle, et par conséquent, de rendre obligatoire
l'application du guide.
Il faut se rendre compte, en effet, que ce guide doit déterminer
des règles destinées à rétablir les rôles
d'évaluation à la valeur réelle, au moment où les
commissaires d'école doivent examiner et homologuer les rôles
d'évaluation.
Il faut noter que cette opération est annuelle. C'est dire que
dans l'état actuel du texte de l'article 373, le guide ne peut
être fait que pour atteindre les fins visées par l'article actuel,
c'est-à-dire le rétablissement annuel des rôles à la
valeur réelle.
Ce guide, si on ne veut pas le détourner des fins visées
par le législateur, ne pourrait donc pas se contenter d'indiquer que la
valeur réelle à utiliser pour une année donnée de
perception est celle qui a déjà été utilisée
pour une année antérieure de perception. Il est donc
nécessaire de faire un nouvel amendement à l'article 373, puisque
cette loi ne donne pas ouverture à une dérogation à cette
obligation de procéder au rétablissement à la valeur
réelle chaque année, notamment pour utiliser la valeur
réelle d'une année antérieure de perception. Cette
possibilité de dérogation pourrait être
énoncée directement dans la loi ou, comme c'est le cas dans le
projet soumis à cette Assemblée, être permise par
délégation au pouvoir réglementaire.
Il importe quand même de noter que, si cette possibilité de
dérogation était elle-même expressément inscrite
dans la loi, il n'en demeurerait pas moins que la décision de
déroger ne pourrait pas être laissée à chaque
commission scolaire prise individuellement, mais qu'elle devrait être
confiée à l'autorité du gouvernement.
Tel est, M. le Président, le sens de l'amendement proposé
par le présent projet de loi, à l'article 373. Cet amendement
donnera au gouvernement la possibilité d'utiliser une période de
relevé du marché antérieur au marché immobilier
actuel. Pour l'année 1978-1979, cette période de relevé du
marché serait la même que celle utilisée l'année
précédente, en raison du gel des rôles d'évaluation
scolaire énoncé dans le discours du budget.
On a voulu interpréter le texte du projet de loi comme donnant
ouverture à toutes sortes d'abus de la part du gouvernement. Pour bien
démontrer qu'il n'en est pas ainsi, je serais tout à fait
prêt, non pas à déposer un document, M. le
Président, puisqu'il n'y a pas de dépôt devant les
commissions, mais à remettre aux membres de la commission un exemplaire
du projet d'arrêté en conseil qui viendrait compléter les
dispositions législatives à compter du moment où celles-ci
seraient entrées en vigueur.
Enfin, M. le Président, tout en voulant rassurer pleinement les
membres de cette commission, j'aurais le souci, étant donné que
nous sommes à la fin d'une session déjà bien
chargée, d'abréger les débats, en tout cas d'éviter
le plus possible de les allonger et, cela étant, je serais
disposé à retenir, à une condition, la suggestion, la
proposition d'amendement qui a été faite la semaine
dernière par le député de Beauce-Sud. Je crois d'ailleurs
que cette proposition d'amendement avait l'appui des autres membres de
l'Opposition et nous serions prêts à nous rendre aux arguments du
député de Beauce-Sud à condition simplement que nous
puissions nous rendre au début de janvier 1980 à tout le moins,
ce qui veut dire qu'il faudrait remplacer l'expression "pour l'année
1978/79" par la suivante "pour les années scolaires 1978/79 et
1979/80".
Si le député de Beauce-Sud voulait bien convenir de la
chose, je pense que nous respecterions l'esprit qui animait sa proposition de
modi- fication de notre projet de loi. Si je l'avais bien compris, cet esprit,
c'était d'éviter de laisser dans la législation une
disposition qui pouvait être interprétée de bien des
façons par le gouvernement et de la laisser pour une période
indéfinie. Nous nous rendrions ainsi à ses arguments, mais il est
indispensable au gouvernement d'ajouter cette période additionnelle
d'une année pour être sûrs que nous nous rendons au mois de
janvier 1980. Voilà, M. le Président, j'ai tenté
d'être le plus bref possible en même temps que de donner toutes les
explications techniques qui puissent éclairer le débat.
Merci.
Le Président (M. Dussault): Pour éviter les
formalités, M. le député de Beauce-Sud, est-ce que vous
seriez prêt à remplacer "pour l'année 1978/79" par "pour
les années 1978/79 et 1979/80?
M. Roy: Le ministre de l'Éducation serait-il prêt
actuellement à en faire un sous-amendement? Je veux bien éviter
les procédures, mais je ne suis pas prêt justement tout de suite
à accepter cette suggestion du ministre de l'Éducation, puisque
j'aimerais aborder un peu plus cette question. J'aurais d'autres questions et
d'autres points à soulever devant cette commission.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si cela peut
faciliter les choses au député de Beauce-Sud, je suis prêt
à en faire une proposition de sous-amendement, de sorte que nous
pourrions discuter ce sous-amendement autant qu'il sera nécessaire,
après quoi on verra bien si le sous-amendement est adopté ou pas,
à moins que le député de Beauce-Sud, convaincu de nos
raisons, ne décide de l'incorporer au sien, ce qui simplifiera la
procédure. Donc, je suis tout à fait prêt à obliger
le député de Beauce-Sud de cette façon.
On l'aura remarqué, j'imagine, le ministre des Finances est des
nôtres pour répondre à toutes nos questions techniques.
M. Roy: Afin d'éviter des formalités, on pourrait
peut-être, M. le Président, avec votre permission, quitte à
retenir pour le moment la suggestion d'amendement ou de sous-amendement du
ministre de l'Éducation, apporter quelques réflexions, quelques
commentaires à ce qui vient d'être dit.
Le Président (M. Dussault): Je vous le permets, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. J'ai bien compris les
intentions du gouvernement lorsque le ministre des Finances a clairement
annoncé, lors du discours du budget, ses intentions dans ce domaine.
J'avais noté également la semaine dernière, lorsque le
ministre de l'Éducation a apporté un certain nombre d'arguments,
lors de la présentation et de l'étude en commission
plénière du projet de loi no 57... Aujourd'hui, le ministre de
l'Éducation nous apporte des arguments nouveaux, mais je constate quand
même, avec satis-
faction, qu'il est prêt, en ce qui le concerne, à apporter
ou à suggérer qu'un amendement puisse limiter la durée de
la loi de façon que nous n'ayons pas une disposition permanente dans le
projet de loi.
M. le Président, je ne voudrais pas qu'on croie que je parle
uniquement en mon nom personnel. Il y a des préoccupations actuellement
qui sont très grandes dans les milieux scolaires, étant
donné toute cette réforme qui a été
proposée, qui a été discutée lorsqu'il y a eu le
sommet provincial municipal tout dernièrement, sommet auquel ont
participé le ministre des Finances et le ministre des Affaires
municipales, auquel étaient également invités les
représentants des commissions scolaires. Pour ma part, j'ai eu plusieurs
représentations des commissions scolaires. J'ai reçu des
télégrammes. J'ai reçu des lettres. J'ai même un
télégramme du Barreau que j'aimerais lire de façon qu'il
soit bien incorporé au journal des Débats,
télégramme qui m'était adressé: Fabien Roy,
Hôtel du gouvernement, Québec. (20 h 45) "Le projet de loi no 57:
Le Barreau du Québec s'oppose à l'intervention du pouvoir
exécutif dans le processus de détermination de la valeur
réelle, alors qu'il s'agit d'un concept précis, clairement
défini par la jurisprudence, concept dont le législateur avait
tenté une définition sous le vocable de valeur marchande à
l'article... Il y a eu une erreur de transcription ici. ... à un article
du chapitre 50 des lois de 1971, qui fut retiré par l'article une
autre erreur, je m'excuse du chapitre 37......par un article du chapitre
37 des lois de 1973. Dans l'opinion du Barreau, ce projet de loi, s'il est
adopté, peut avoir pour effet une confusion inutile, soit deux valeurs
réelles pour fins municipales et fins scolaires, c'est-à-dire une
valeur réelle distincte pour les municipalités et une valeur
réelle pour les commissions scolaires pour la même
propriété sans recours devant le bureau de révision de
l'évaluation foncière ou l'équivalent pour le citoyen sur
sa valeur réelle ou sa valeur imposable individuelle au rôle
d'évaluation scolaire. À notre avis, ce projet de loi va à
l'encontre de l'objectif d'uniformité de la législation et du
désir d'uniformisation sur une base scientifique de l'évaluation
foncière pour fins de taxation."
Le Barreau demande enfin: "Pourquoi modifier l'article 373 sans modifier
son équivalent pour l'île de Montréal, soit l'article
632?"
Signé, le Bâtonnier du Québec, M. Guy
Pépin.
Alors, il y a eu aussi... Le ministre de l'Éducation a eu une
lettre... Je pourrais laisser Mme le député de L'Acadie en faire
mention tout à l'heure...
Mme Lavoie-Roux: Allez-y!
M. Roy: ... dont elle a reçu copie et dont nous avons
copie, qui provient de Sainte-Foy, datée du 21 juin 1978 et qui est
adressée au ministre de l'Éducation. "M. le ministre, nous
prenons connaissance du projet de loi no 57, qui amende l'article 373 de la Loi
de l'instruction publique en vue de donner suite aux énoncés du
discours du budget. "Or, au lieu de statuer pour cette année seulement,
le projet de loi tente d'expliquer, d'ores et déjà, et avant la
lettre, la réforme fiscale annoncée aux municipalités, en
accordant au lieutenant-gouverneur des prérogatives qui enlèvent
toute liberté d'action aux commissions scolaires et ainsi sapent encore
un peu plus leur autonomie. "La Fédération des commissions
scolaires s'objecte à une telle façon de procéder et
demande de réviser le projet de loi pour qu'il conserve aux commissions
scolaires la manoeuvre suffisante à l'accomplissement de leurs
responsabilités dans le respect des champs de juridiction propres
à chaque niveau de gouvernement."
C'est signé, le président général, M. Claude
Paquet.
M. le Président, nous avions, je pense, d'un commun accord, du
côté de l'Opposition, consenti à un arrangement, ou nous
l'avons fait sous forme de suggestion et par la suite sous forme d'amendement.
Étant donné l'annonce du gouvernement qui avait été
faite lors du discours du budget, nous avions offert d'accepter que le
présent projet de loi puisse être amendé pour limiter
à une année seulement la portée de la modification de
l'article 373.
D'abord, on sait très bien, M. le Président, que les
commissions scolaires, en se voyant geler leur rôle, ne se retrouvent pas
automatiquement en face d'un gel de leurs dépenses non admissibles. S'il
y a effectivement des déboursés qu'elles devront encourir, elles
devront supporter l'odieux de l'augmentation du taux de taxe et, dans le
débat actuel, je pense qu'en tant que législateurs responsables,
étant donné qu'il s'agit d'entités juridiques quand
on parle des commissions scolaires, elles sont quand même
représentatives du milieu, élues par le milieu, pour
représenter les intérêts du milieu on ne peut pas
aller plus loin, étant donné qu'il y a beaucoup trop d'inconnues,
on ne peut pas aller plus loin qu'une année.
Je pense qu'il n'y a pas là matière à créer
des problèmes énormes au gouvernement, d'autant plus que
l'annonce du ministre des Finances était une annonce pour le discours du
budget de l'année en cours. Je remercie le ministre de
l'Éducation de nous avoir remis une copie du projet
d'arrêté en conseil.
Je remarque, après avoir lu en diagonale l'arrêté en
conseil, qu'il a une portée seulement pour l'année 1978-1979,
donc en pleine conformité avec l'amendement que j'avais proposé
au projet de loi. Pour bien être compris, je vais citer le dernier
paragraphe de l'arrêté en conseil: "Que le présent
arrêté en conseil s'applique pour l'année scolaire
1978-1979."
Or, si le gouvernement n'a pas assez d'une année dans
l'application de cette politique, compte tenu que la réforme fiscale
municipale, qui a été annoncée par le gouvernement, n'a
pas eu suffisamment de temps pour en venir à des présentations de
projets de loi devant l'Assemblée nationa-
le, de façon que la Chambre ratifie, soit unanimement, soit sur
division, mais finisse par ratifier les projets de loi de la réforme
fiscale municipale proposée, il sera toujours temps pour le ministre de
l'Éducation de revenir devant l'Assemblée nationale pour le
demander une autre année. Ce n'est pas nouveau, nous l'avons fait et
nous le faisons chaque année pour un certain nombre de projets de
loi.
Je pense que, compte tenu des circonstances, étant donné
cette ouverture je dis bien cette ouverture pour permettre
l'application de politiques annoncées, cela ne veut pas dire et j'ai mes
réserves là-dessus, que je suis totalement d'accord avec toutes
les politiques qui ont été proposées, mais comme tout le
monde a parlé de réforme fiscale et municipale, qu'on a
parlé de revoir tout le champ fiscal, même dans le domaine des
commissions scolaires, j'ai bien voulu, en ce qui me concerne, pendant une
période de temps limitée, qu'on puisse permettre au gouvernement
d'agir. Je pense, M. le Président, que par le fait que nous limitions
l'adoption de ce projet de loi à l'année 1978-1979 seulement, on
n'empêche pas le gouvernement, par le fait même, de revenir devant
l'Assemblée nationale l'an prochain. À ce moment-là, en
tant que législateurs, nous serons beaucoup plus éclairés
concernant la réforme proposée par le gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Si vous donniez des explications, cela
m'éviterait de poser des questions.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre des Finances,
je tire la conclusion qu'il y a consentement de la commission.
M. Roy: Je donne mon consentement, cela me fait plaisir
d'ailleurs d'accorder mon consentement, parce que nous avons
apprécié...
Mme Lavoie-Roux: ... que l'honorable ministre se soit
déplacé pour un projet de loi...
M. Roy: ... que l'honorable ministre nous fasse l'honneur d'une
visite en commission, c'est une raison additionnelle.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais remercier le
député de Beauce-Sud de l'expression qu'il utilisait tout
à l'heure, en disant qu'il est tout à fait d'accord de permettre
au gouvernement d'agir dans cette espèce de réforme de la
fiscalité locale que le gouvernement est en train d'aborder, mais
justement, pour que le gouvernement puisse agir, il faut bien se rendre compte
des échéances devant lesquelles nous sommes placés. Nous
nous sommes entendus avec les municipalités pour examiner le projet qui
leur a été soumis par le gouvernement à la
conférence Québec-municipalités et faire en sorte que le
comité créé présente ses conclusions le 15
septembre. Le 15 septembre, quelles que soient les décisions qui seront
alors prises, il serait techniquement impossible à tous égards
d'entreprendre la réforme fiscale pour le 1er janvier 1979 qui, à
un moment donné, semblait être réalisable ou atteignable
comme date. Maintenant, à toutes fins utiles, nous devons renoncer au
1er janvier 1979, à moins vraiment de vouloir provoquer un
désordre qui ne serait utile à personne. Donc, la mise en place
d'une réforme de la fiscalité locale ne peut intervenir que le
1er janvier 1980. On ne peut pas vraiment imaginer d'autre date qu'un 1er
janvier pour mettre en place une réforme comme celle-là. Dans ces
conditions, le sous-amendement qui a été proposé par le
ministre de l'Éducation consiste essentiellement à permettre au
gouvernement d'atteindre cette date du 1er janvier 1980. Je comprends que,
quand on parle des années scolaires 1978/79 et 1979/80, on
dépasse cette date de six mois, mais on n'a pas le choix, on ne peut pas
commencer à mettre des demi-années dans les propositions.
L'important pour que la réforme fiscale, quelle qu'elle soit d'ailleurs,
parce que dans cette réforme fiscale le gouvernement n'est pas
gelé, la consultation qu'il entreprend par le truchement de ce
comité avec les municipalités puisse produire des
résultats de divers ordres, mais indépendamment, quelles que
soient les modalités de cette réforme fiscale, on sait maintenant
qu'il ne faudra pas qu'elles se produisent avant le 1er janvier 1980. C'est le
sens du sous-amendement.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie. Après votre intervention, Mme le député, je vais
demander à nouveau à M. le député de Beauce-Sud
s'il accepte d'introduire le sous-amendement, sinon je vais accepter
formellement le sous-amendement de M. le ministre.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends qu'on ne discute pas du
sous-amendement lui-même; par contre, M. le Président, vous
acceptez une certaine largesse dans le... En somme, il y a un problème,
c'est le projet de loi.
De toute façon, je n'accepterai certainement pas, en dépit
des explications rationnelles, je dois bien l'admettre, du ministre des
Finances, qu'on gèle également l'impôt foncier scolaire
pour 1979/80. Il est vrai que c'est pour des raisons d'accommodement que le
ministre des Finances souhaite qu'on puisse se rendre jusqu'en janvier 1980,
parce que ça lui permet d'avoir les délais dont il a besoin pour
faire une réforme fiscale. Mais il reste que dans les faits, à ce
moment-là, vous pourrez toujours vous prévaloir de ceci pour
l'année scolaire 1979/80, soit continuer de geler l'impôt foncier
scolaire.
Mes collègues, dans les discussions antérieures qu'on a
eues la semaine dernière, ont beaucoup fait état de la prise en
main par le gouvernement de la fixation de l'impôt foncier scolaire par
le lieutenant-gouverneur. Je pense que le ministre de l'Éducation l'a
probablement saisi, mon objection fondamentale était bien davantage en
fonc-
tion de cette mainmise du gouvernement, jusqu'à un certain point,
entendons-nous, sur ce qu'on appelle les dépenses inadmissibles ou le
pouvoir de taxation pour les dépenses inadmissibles.
Mon collègue de Beauce-Sud l'a signalé tout à
l'heure, quand on gèle l'impôt foncier scolaire, c'est tout
à fait exact qu'on ne gèle pas le pouvoir de taxation. Mais pour
obtenir les mêmes résultats au plan des ressources, on impose aux
commissions scolaires l'obligation de taxer davantage, bien qu'au bout du
compte elles ne recueilleront pas davantage que ce qu'aurait pu leur permettre
une augmentation de l'impôt foncier scolaire qui aurait correspondu
à l'inflation qu'on a chaque année.
Ceci est tellement vrai, je pense que le ministre des Finances le sait
fort bien, et certainement le ministre de l'Éducation, l'exemple le plus
concret, c'est celui du Conseil scolaire de l'île de Montréal
ça été dans les journaux qui a dû,
pour compenser ce manque à gagner, imposer $0.02 de plus aux
corporations de l'île de Montréal non pas pour aller chercher plus
d'argent ou donner plus de service, mais simplement pour maintenir les
services.
Comme je le disais la semaine dernière, je ne veux pas entrer
dans un débat, à savoir si l'impôt foncier scolaire pour
les taxes normalisées est une fiction ou pas. C'est un problème
tout à fait à part et là-dessus, je l'ai
déjà dit, je pense que dans les propos du ministre des Finances
sur le sujet, il y a une large part de vérité, quoique je ne sois
pas certaine que la Loi de l'instruction publique ait permis d'aller chercher,
telle qu'elle existe, l'impôt foncier scolaire pour le transférer
aux municipalités dans une modification de la Loi de l'instruction
publique. Mais ça, c'est un autre problème. C'est pour ça
que je ne m'arrête pas à ça.
Là où je trouve qu'un principe est grugé d'une
façon sérieuse, c'est quand, par une façon indirecte,
appelons ça ainsi, on pénalise les commissions scolaires au
profit des municipalités dans ce que le ministre de l'Éducation,
pour sa part, a reconnu comme étant un champ qu'on voulait conserver, du
moins jusqu'à ce qu'on trouve une autre formule de financement, champ
qui avait été réservé pour les dépenses
inadmissibles aux commissions scolaires. Il est vrai, comme le disait le
député de Beauce-Sud, que de ce côté-ci de la
Chambre on était prêt à accepter l'amendement pour 1978/79.
Mais si on relit le journal des Débats, quand j'ai donné mon
approbation verbale, du moins, à l'amendement du député de
Beauce-Sud, j'ai dit: Si je l'accepte, c'est parce que cela limite
peut-être, dans le temps, les dégâts. (21 heures)
Mais sur le principe fondamental qui fait que, par ce moyen, on touche
aux revenus découlant de la surtaxe, à ce moment-là, c'est
une autre intrusion dans le domaine de l'autonomie scolaire, partie d'autonomie
financière que le ministre de l'Éducation et probablement le
ministre des Finances il en a peut-être parlé aussi
ont voulu reconnaître comme étant encore un champ appartenant aux
commissions scolaires.
Ce point particulier m'empêcherait certainement d'aller en
1979/80; 1978/79 limite dans le temps ce qui m'apparaît des
dégâts, comme je le disais tout à l'heure. Mais sur le
principe lui-même du projet de loi, je demeure toujours contre, à
cause des motifs que je viens d'expliquer.
Je voudrais ajouter ensuite, on pourra prendre le vote, je
n'interviendrai plus, parce que cela fait au moins trois ou cinq fois que je le
répète que l'on ne connaît pas vraiment quelles sont
les intentions réelles du gouvernement. Il y a eu d'abord cette
espèce de volte-face au tout départ, sous les gouvernements
régionaux, quand on a vu la levée de boucliers de la part des
commissions scolaires, qui ont senti leur résistance menacée. On
a un peu fait marche arrière.
Mais peu de temps après, on revenait avec ce transfert de
l'impôt foncier scolaire aux municipalités, dans la partie des
dépenses admissibles. Mais là, on touche la partie des
dépenses non admissibles. On pourrait, en continuant de geler
l'impôt foncier scolaire en dehors de cette distorsion que ceci
amène, comme le signale le Barreau, dans les rôles
d'évaluation entre le scolaire et le municipal, aller
indéfiniment gruger l'impôt foncier scolaire pour les
dépenses inadmissibles, et, en quelque sorte, enlever ce qui reste
d'autonomie aux commissions scolaires.
J'ai ici, devant moi, un rapport sur la conférence entre certains
directeurs je ne sais pas qui ils sont, peut-être que le ministre
des Finances le sait, il était à cette conférence
intitulé "Rapport sur la conférence entre certains directeurs de
l'exécutif de l'Union des municipalités du Québec et
certains membres du comité exécutif de l'Union des conseils de
comté avec MM. les ministres Tardif et Parizeau, tenue à
Québec le 23 février 1978. "
À partir de cette conférence qu'on a ensuite
envoyée à l'Union des municipalités, on fait état
des explications qu'on donne aux municipalités sur le transfert du champ
de l'impôt scolaire, et je cite: "Les dépenses inadmissibles
resteraient la responsabilité des commissions scolaires et seraient
très bien contrôlées par le gouvernement et ne
dépasseraient pas $75 millions par an."
À moins que le ministre des Finances ne contredise cela, je pense
que c'est évidemment l'intention, à peine voilée, du
gouvernement de vraiment maintenant intervenir d'une façon
définitive dans l'impôt foncier scolaire, qui touche les
dépenses inadmissibles des commissions scolaires.
Je croyais qu'on était rendu à $60 millions, dans les
sommes recueillies pour les dépenses inadmissibles par les commissions
scolaires, me disant: Quand même, cela laisse une marge de $15
millions.
Mais le ministre des Finances, à une question que je lui posais,
m'a dit: Non, pour 1978/79, on prévoit déjà $75 millions.
Est-ce que ce sera encore ce même contrôle de $75 millions pour
1979/80? En tout cas, cet extrait que je viens de vous lire me laisse
très songeuse quant au degré d'autonomie financière qu'on
veut laisser aux commissions scolaires pour les dépenses inadmis-
sibles, tant et aussi longtemps que la formule de rechange qui,
peut-être, viendra à l'automne le ministre de
l'Éducation a fait allusion à possiblement une autre formule
mais comme nous n'en connaissons pas d'autres pour le moment, je suis
prête à voter sur un amendement pour 1978/79, certainement pas
pour 1979/80. Encore une fois, je demeure fondamentalement contre le principe
qui sous-tend le gel de l'impôt foncier scolaire tant que le gouvernement
ne nous aura pas annoncé quelle est sa formule de rechange pour
conserver quand même aux commissions scolaires une autonomie qui est
minime, mais qui au moins en est une qui soit réelle.
M. Parizeau: Est-ce qu'on pose des questions de privilège
en commission?
M. Le Moignan: Non.
Une voix: Des questions de règlement.
M. Alfred: ... règlement.
Mme Lavoie-Roux: ... au règlement. Demandez une directive,
M. le ministre.
M. Parizeau: Je demanderai comment je pourrai intervenir quant
à cette interprétation du rapport que Mme le député
nous présentait.
Mme Lavoie-Roux: Je...
M. Roy: Vous pouvez invoquer une question de règlement
tout simplement.
M. Le Moignan: Allez-y, allez-y.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez rectifier, je vous ai demandé
de rectifier.
M. Grégoire: Consentement.
M. Roy: Consentement, il n'y a pas de problème.
M. Parizeau: Je n'ai pas vu ce rapport, évidemment, mais
je vois très clairement ce à quoi il fait allusion.
Effectivement, nous pensons, compte tenu de ce que nous savons à l'heure
actuelle, que les taxes foncières pour le paiement des dépenses
inadmissibles cette année devraient être à peu près
de $75 millions, ce qui est justement le montant qui apparaît dans ce
rapport, il est très clair, depuis les premières rencontres avec
l'Union des municipalités et l'Union des conseils de comté,
qu'elles appréhendent une expansion de ce poste de la
fiscalité.
Il y a eu toute une série de propositions qui ont
été faites pour limiter l'expansion de ce montant qui,
actuellement, serait de $75 millions. L'une d'entre elles était le
recours au référendum lorsque la taxe sur les inadmissibles
dépasserait un certain nombre de cents. Au-delà d'un certain
plafond ou plancher, comme on voudra, il faudrait qu'il y ait
référendum.
Une proposition comme celle-là pose évidemment des
difficultés considérables parce qu'à ma connaissance ce
serait la première fois dans notre système de taxation locale
qu'un référendum serait imposé pour des dépenses
courantes et non pas pour des dépenses d'immobilisation. Ce serait un
précédent possiblement assez sérieux, n'est-ce pas? Je
donne cela simplement à titre d'exemple pour indiquer à quel
point du côté des municipalités il y a une
appréhension considérable quant à l'expansion possible des
inadmissibles.
Justement, à l'occasion de la conférence municipale, de la
Conférence Québec-municipalités, j'ai indiqué assez
clairement que je reconnaissais cette appréhension, ce goût d'un
mécanisme de freinage exprimé par les municipalités des
conseils de comté, que le gouvernement était tout à fait
disposé à examiner des formules de freinage, mais que je
suggérais que cela se fasse au moment où le comité, qui va
remettre son rapport le 15 septembre, examinerait cette question avec les
représentants des commissions scolaires.
Le Président (M. Dussault): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II reste, en tout cas, de la part des
municipalités... C'est l'interprétation qu'on en a faite. Mais
cette appréhension qu'ont les municipalités, c'est justement ce
que je craignais au moment où on retirait l'impôt foncier scolaire
aux commissions scolaires et qu'on le passait aux municipalités. Il est
exact que le seul endroit où les commissions scolaires auraient un
certain jeu, c'est dans la surtaxe. Mais, de plus en plus, on rendrait odieux
pour les commissions scolaires le fait d'augmenter leur surtaxe.
Vous voyez déjà, avant même que ce ne soit
commencé, que les municipalités se disent: Oui, mais
jusqu'où va-t-on aller? Si bien qu'un jour ce ne sera plus vivable entre
les municipalités et les commissions scolaires. J'avais
déjà signalé la difficulté au moment d'un
débat du mercredi au ministre de l'Éducation. Il m'apparaît
inévitable que le gouvernement intervienne et mette à un moment
donné des limites. Il commence déjà à le faire
cette année. Ce que je regrette, c'est que le souci du gouvernement...
Tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas donné une formule de rechange
aux commissions scolaires pour quand même... C'est peut-être son
intention de ne pas leur en donner du tout, mais jusqu'au moment où on
nous le dira, je continuerai à croire qu'on veut leur...
M. Parizeau: II y a une réunion prévue pour
l'automne.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. ... donner une source de revenus
autonome. Tant et aussi longtemps qu'on ne saura pas ce qu'elle sera, tout ce
qu'on peut constater... Je pense que le ministre des Finances n'a pas
nié cela, au contraire. Il a dit que les commissions scolaires
appréhendent et qu'il va falloir trouver des formules de freinage, qu'en
temps et lieu on discutera des formules de freinage...
M. Parizeau: Oh! je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas cela que vous avez dit
à la fin?
M. Parizeau: Non, je n'ai pas dit cela. J'ai dit qu'elles sont
intéressées à des formules de freinage...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Oui.
M. Parizeau: Je pense qu'effectivement il faut examiner cela avec
elles et cela doit se faire avec les commissions scolaires. Je n'ai pas dit que
je suis en faveur nécessairement d'une formule de freinage.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit: On va examiner cela avec elles.
D'accord.
M. Parizeau: Ce n'est pas la même chose, il y a une
nuance.
Mme Lavoie-Roux: II reste que l'appréhension est là
tant de la part des municipalités que de celle du ministre des
Finances.
M. Parizeau: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Le fait que vous geliez cette année est
déjà une indication que vous en avez vous-même des
appréhensions, M. le ministre des Finances. C'est dans ce sens que je ne
peux pas souscrire à ce projet de loi, de toute façon, et encore
moins, au 1979/80 qui donne une latitude supplémentaire au gouvernement
pour continuer le gel une deuxième année.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Sud, je constate que même si je vous demandais si vous êtes
intéressé à introduire le sous-amendement de M. le
ministre dans votre amendement, on n'aurait pas le consentement de la
commission pour que cela se fasse.
M. Roy: J'aimerais peut-être faire une suggestion, à
ce moment, si on me le permet. Il faudrait quand même discuter avec un
peu de souplesse.
Le Président (M. Dussault): Allez, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: On cherche une formule. Je suggérerais au
gouvernement ce soir, il ne m'arrive pas souvent de faire des suggestions au
gouvernement, mais là, j'en fais une, de saisir l'occasion que nous lui
offrons de respecter l'engagement qui a été pris lors du discours
du budget, lorsque le ministre des Finances nous a annoncé qu'il y
aurait gel des rôles d'évaluation scolaire. Il l'a bien
indiqué, d'ailleurs, c'est repris dans le projet d'arrêté
en conseil. Le 18 avril, le ministre des Finances a annoncé qu'il y
aurait lieu de geler les rôles d'évaluation scolaire de
l'année 1978/79 au niveau de l'année précédente,
sauf pour y inscrire de nouvelles constructions. Je n'ai pas abordé la
question aussi profondément que l'a fait mon collègue,
l'honorable député de L'Acadie, mais je dois dire que je souscris
à ses propos, quant à ses inquiétudes concernant la
disparition du champ de taxation et de l'impôt foncier scolaire. J'ai une
volumineuse correspondance qui m'est venue d'un peu partout au Québec,
des résolutions. J'ai eu des rencontres, nous avons eu des visites. Il y
a énormément d'inquiétude de ce côté. Si j'ai
pris l'initiative au cours de la séance du 14 juin dernier de faire
cette proposition dans le projet de loi, cela m'apparaissait comme le moyen qui
permettrait au gouvernement de respecter l'engagement suite à l'annonce
prise par le ministre des Finances, mais qui quand même, pour nous, de
l'autre côté de la table, qui avons quand même pris des
engagements vis-à-vis des commissions scolaires, suite aux rencontres
que nous avons eues, à la correspondance que nous avons
échangée avec elles, étant donné que nous sommes en
face de l'inconnu.
Quant à l'offre que nous faisons au gouvernement ce soir, que le
gouvernement réalise aussi, je n'ai pas l'habitude de faire des menaces,
je n'en utilise pas non plus, du tout, qu'on mesure très bien qu'il va
falloir que le gouvernement ait trois consentements unanimes en Chambre pour
faire voter la loi 57 avant l'ajournement de nos travaux d'été,
sinon nous allons siéger deux jours de plus, parce qu'il y aura
évidemment le dépôt du rapport, c'est une journée de
séance, il y aura, par la suite, la prise en considération du
rapport, c'est une autre journée de séance, séance
distincte, puis il y a aussi le vote en troisième lecture.
L'offre que nous faisons au gouvernement ce soir, que nous avons faite
le 14, respecte intégralement l'annonce qui a été faite
par le ministre des Finances et respecte aussi intégralement le projet
d'arrêté en conseil. Pour l'année 1979/80, je dois vous
dire je n'ai pas l'intention de reprendre tous mes propos que je
ne peux pas accepter cela à ce moment, parce que je me suis
déjà engagé vis-à-vis des gens d'agir en
législateur responsable, d'agir en bonne conscience et de prendre nos
responsabilités dans ce sens que je pense que c'est
légitime, que c'est normal nous manquerions à notre devoir
si nous allions plus loin que l'année 1978/79. On permet au gouvernement
de respecter ce qui a été annoncé par le ministre des
Finances. Nous assurons d'avance le gouvernement pour ce qui me concerne, que
nous serons d'accord pour que le consentement soit donné à
l'Assemblée nationale pour que le projet de loi franchisse la
troisième lecture. Je pense qu'il n'y a pas matière à
s'inquiéter du côté gouvernemental. Tout ce qui peut
arriver, c'est l'obligation de revenir devant l'Assemblée nationale,
mais ce n'est quand même pas un crime de revenir devant
l'Assemblée nationale. Je pense que c'est un excellent outil, un moyen
qui permettra aux parlementaires dans le temps de refaire le point de la
situation, de réexaminer le dossier dans son ensemble, compte tenu de
son évolution. (21 h 15)
Nous verrons, au fur et à mesure, de quelle façon les
opinions, le consensus pourra se faire; les intentions vont s'en dégager
et je pense, M. le Président je ne veux pas allonger le
débat inutilement que l'offre que nous avons faite est
très raisonnable, quoique, sur le principe même de la loi, je
partage les opinions de mon collègue, Mme le député de
L'Acadie, à ce sujet. Je ne peux pas être d'accord avec le
principe.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
des Finances s'en va pour de bon? J'avais une question à lui poser.
Il va faire de la stratégie parlementaire...
Le Président (M. Dussault): Est-ce que la commission
souhaite que l'on suspende la séance pendant quelques minutes?
M. Morin (Sauvé): Nous pourrions, M. le Président,
si vous le désirez...
M. Le Moignan: Jusqu'à l'ajournement de l'automne.
M. Morin (Sauvé): ... suspendre les travaux pendant
quelques instants.
Le Président (M. Dussault): Alors, je suspends les travaux
pendant quelques minutes.
(Suspension à 21 h 16)
(Reprise à 21 h 32)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, pour ne pas
éterniser les débats et aussi parce que nous pourrons
éventuellement revenir devant la Chambre si jamais ce projet de loi se
révèle insuffisant pour que le ministre des Finances puisse
procéder à la réforme qu'il a entreprise dans le domaine
de la fiscalité, nous allons accepter tel quel l'amendement du
député de Beauce-Sud.
Nous sommes prêts, à moins qu'il n'y ait d'autres
débats, à voter...
Mme Lavoie-Roux: Bravo!
M. Roy: C'est une décision sage!
Le Président (M. Dussault): Je me permets donc de vous
poser la question. Est-ce que l'amendement de M. le député de
Beauce-Sud est adopté?
M. Morin (Sauvé): Adopté, mais, M. le
Président, il y a quand même une question de forme. Si vous voulez
bien m'en croire, il faudrait mettre le complément après le verbe
et non pas avant.
M. Roy: M. le Président... Excusez-moi, continuez.
M. Morin (Sauvé): C'est une question de forme, mais voici
comment cela va se lire si nous le laissons tel quel: "Pour les fins du
présent article, le lieutenant-gouverneur en conseil, pour
l'année scolaire 1978-1979, peut définir la valeur
réelle." C'est clair qu'il faut dire: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut, pour l'année scolaire... définir la valeur
réelle."
M. Roy: M. le Président, sur le point de forme
soulevé par l'honorable ministre, je dois dire parce que je tiens
à ce que ce soit noté dans le journal des Débats
que nous avons accepté la forme qui nous a été
proposée par le président. En ce qui me concerne, j'avais repris
l'amendement, mais j'avais écrit "pour l'année 1978-1979"
après le mot "peut".
Le Président (M. Dussault): Vous comprendrez, M. le
ministre, la raison pour laquelle j'avais des réticences à
accéder à votre demande. Si la commission consent que l'on fasse
le déplacement du verbe "peut " dans l'amendement, je ne vois pas
d'objection à le faire.
M. Roy: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Donc, nous ferons le
changement. M. le député de Mont-Royal. Je dois dire d'abord que
l'amendement, tel que reformulé, est adopté. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'avais posé une question au ministre, lors de
la dernière séance en commission plénière, au sujet
du libellé de cet article. J'avais demandé au ministre s'il ne
pensait pas que la façon dont cet article était
rédigé... Quand l'article dit: "Pour les fins du présent
article, le lieutenant-gouverneur en conseil peut définir la valeur
réelle ", cela peut être interprété de telle
façon qu'en définissant cette valeur réelle, elle peut
être soit augmentée, soit réduite.
Si c'est l'intention du ministre de geler le rôle
d'évaluation est de ne pas se donner cette discrétion pour ne pas
donner au lieutenant-gouverneur en conseil le droit d'augmenter, au lieu de
dire seulement définir la valeur réelle, qu'il devrait
préciser, soit en disant définir sans augmenter la valeur
réelle ou toute autre forme qu'il pourrait suggérer, mais de la
façon dont cet article est rédigé donne cette
discrétion. Si c'est l'intention du ministre de vouloir avoir ce droit,
qu'il le dise, mais si ce ne l'est pas, je pense que l'article devrait
refléter les intentions du gouvernement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le
député de Mont-Royal n'a peut-être pas pris connaissance du
projet d'arrêté en conseil que j'ai fait distribuer tout à
l'heure et qui montre quelle est exactement la portée de ces articles.
Nous l'avons rédigé de cette façon, après avoir
consulté nos conseillers juridiques, et nous pensons que cette
rédaction
est la seule qui dise les choses telles qu'elles doivent être
dites. C'est pourquoi nous n'avons pas l'intention de le dire autrement. Il y
aurait peut-être d'autres façons concevables, mais nos conseillers
juridiques nous ont fait part de ce texte comme étant celui qui est le
plus conforme aux intentions gouvernementales.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Un vote enregistré, M. le
Président. Je voudrais dire un mot sans revenir sur toute
l'argumentation. Je vote contre l'article amendé, parce que je ne suis
pas d'accord avec le principe qui sous-tend ce projet de loi et qui gèle
l'impôt foncier scolaire. Alors j'aimerais qu'il y ait un vote
enregistré, un appel nominal.
Le Président (M. Dussault): Je vous demande si l'article
1, tel qu'amendé, est adopté? Je vous demande de signifier votre
vote pour ou contre. M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Pour.
Le Président (M. Dussault): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. Le Moignan
(Gaspé)?
M. Le Moignan: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Morin (Sauvé)?
M. Morin: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Dussault): Je fais le
décompte.
M. Le Moignan: M. Roy n'a pas voté.
M. Alfred: M. Roy.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: C'est qu'il y a peut-être un point de
règlement à ce moment ici.
Le Président (M. Dussault): II y a un problème,
effectivement. Vous n'étiez pas inscrit cet après-midi.
M. Roy: Oui, je suis intervenant à la commission
parlementaire de l'éducation. Lorsqu'on a commencé à
étudier la loi, elle était étudiée en commission
plénière à l'Assemblée nationale. Alors, on a
transposé la commission plénière à la commission
parlementaire ici. Je ne sais pas si je peux voter.
M. Paquette: Avec le consentement unanime, pour
régulariser la situation du député de Beauce-Sud...
Mme Lavoie-Roux: ... rester jusqu au 27.
Le Président (M. Dussault): Votre problème, M. le
député de Beauce-Sud, c'est que vous ne pouvez remplacer
quiconque.
Mme Lavoie-Roux: Que vous-même.
Le Président (M. Dussault): Que vous-même
effectivement, et vous n'êtes pas membre de cette commission. Il est
impossible de vous faire devenir membre de cette commission, même avec
l'accord de cette commission.
Mme Lavoie-Roux: II peut en remplacer un autre qui est sur la
liste. S'il veut devenir libéral pour l'occasion...
M. Morin (Sauvé): II y a des choses que le
député de Beauce-Sud ne fera sous aucun prétexte.
M. Roy: II doit y avoir deux membres de l'Union Nationale sur la
liste. C'est parce que c'est voisin, c'est plus proche de chez moi.
M. Le Moignan: II est plus près de nous.
Le Président (M. Dussault): Comme membre de cette
commission, M. le député de Beauce-Sud, il n'y a qu'un seul
membre de l'Union Nationale.
M. Paquette: M. le Président, nous sommes prêts
à l'accueillir.
M. Roy: On ne fera pas d'histoire, M. le Président. De
toute façon j'aurais été pour, je vais le dire,
étant donné qu'il s'agit d'un amendement que j'ai proposé,
quoique j'aie les mêmes réserves sur le principe, mais ne faisons
pas de question de réglementation ainsi de suite. Je vais le dire en
faisant inscrire dans le journal des Débats quelle serait ma
position sur cet article. Mais laissons faire le reste. Ne créons pas de
problèmes à aucun caucus de parti politique.
Le Président (M. Dussault): Le résultat est le
suivant: pour: 6; contre: 2. L'article 1 tel qu'amendé est
adopté. Article 2.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Est-il adopté?
M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Étant donné que
l'Assemblée nationale nous a donné le mandat de faire
l'étude du projet de loi article par article et qu'elle a demandé
au président de faire rapport à l'Assemblée nationale, je
ferai donc rapport dans les plus brefs délais.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourra avoir un discours de
troisième lecture, M. le Président?
Le Président (M. Dussault): II sera très court.
Ceci dit...
Mme Lavoie-Roux: Le mien.
Le Président (M. Dussault): Ah! Je pensais que vous
parliez du mien, en faisant rapport, je m'excuse, Mme le député.
Ceci met fin aux travaux de la commission parlementaire, que j'ajourne sine
die.
(Fin de la séance à 21 h 41)