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(Neuf heures cinquante-trois minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je demanderais aux membres de la commission de prendre place.
La commission parlementaire de l'éducation et de la main-d'oeuvre
va entreprendre ce matin une série d'audiences particulières et,
avant de présenter l'ordre du jour ainsi que le mandat de la commission,
je demanderais à la secrétaire de la commission de constater s'il
y a quorum. Je pense qu'il y a effectivement quorum. Donc, nous allons
débuter.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais faire une couple de remarques ici
à propos de la composition de la commission? Nous avons deux
députés qui remplacent des membres réguliers.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, d'accord.
M. Ryan: Je voudrais demander l'assentiment de la commission au
tout départ.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord.
M. Ryan: M. Marcel Parent (Sauvé) remplace M. Claude
Dauphin (Marquette), qui lui donne sa place pour la séance. Mme
Thérèse Lavoie-Roux (l'Acadie) remplace M. Christos Sirros
(Laurier).
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, pour
M. Parent, c'est son baptême de commission parlementaire.
M. Parent: De ce côté-ci de la table, oui.
Le Président (M. Charbonneau): Bienvenue à la
commission, M. le député.
M. Champagne: Du côté ministériel, à
l'occasion, il y a des députés qui vont ici nous rejoindre.
Le Président (M. Charbonneau): Je l'espère
bien.
M. Champagne: À ce moment ce sera M. Roger Paré
(Shefford) et il y aura M. Raymond Brouillet (Chauveau) qui viendra ici
à l'occasion.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord.
Mandat de la commission
Ces précisions étant données je rappelle que le
mandat de la commission est de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public.
Pour situer ce mandat, il faut se rappeler que nous sommes maintenant
dans un processus législatif où il y a eu à
l'Assemblée nationale dépôt - on ne dit plus en
première lecture, on dit quoi maintenant? En tout cas - à une
étape préliminaire, du projet de loi. Selon la volonté des
deux partis à l'Assemblée nationale et selon un ordre de la
Chambre présenté par le leader du gouvernement, notre commission
a été mandatée pour procéder à des
consultations particulières avant l'étude des principes du projet
de loi.
Cela signifie pour les gens que nous avons invités, et qui, pour
la plupart, ont probablement participé à des consultations au
mois de janvier dernier, que contrairement à ce qui se produisit
à cette occasion-là, il ne s'agit pas d'une consultation
générale mais de consultation particulière. En
conséquence, la commission a invité un nombre limité
d'organismes à venir discuter avec elle du projet de loi 3. Le choix a
été fait lors d'une rencontre que le comité directeur de
la commission a tenue il y a quelques jours. Une douzaine d'organismes
étaient un peu d'accord, si on se fie au Journal des débats,
à cette occasion, avec la présentation de l'ordre par le leader
du gouvernement. Les membres de la commission, en fait, le comité
directeur de la commission a considéré unanimement qu'il
était préférable de faire grimper ce nombre à une
vingtaine d'organismes. Il est évident que tous les organismes qui
peuvent être intéressés d'une façon ou d'une autre,
à la fois par ces consultations et par le projet de loi lui-même,
ne pourront être entendus à cette étape-ci de nos
travaux.
Déjà, j'ai reçu un certain nombre de demandes
d'organismes qui désirent être entendus. Il est évident que
nous devrons, jusqu'à nouvel ordre, nous en tenir à l'ordre que
nous avons convenu et au nombre d'organismes que nous avons
identifiés.
Par ailleurs, il est aussi évident que nous sommes conscients que
les invitations qui ont été transmises aux organismes qui
viendront cette semaine l'ont été d'une certaine façon
assez rapide. Les gens ont eu peu de temps pour se préparer, mais nous
avons présumé que compte tenu de leur intérêt et de
leur implication dans le dossier de l'enseignement primaire et secondaire
public, ces organismes étaient, tout compte fait, relativement
prêts à venir nous dire ce qu'ils pensent du projet de loi 3.
La commission tient également à souligner qu'elle
considère qu'elle n'a pas à faire une répétition
des audiences publiques qui ont été tenues au mois de janvier.
Tout en ne désirant pas contrôler le contenu des interventions qui
seront faites, nous aimerions, et c'est ce que nous avons indiqué aux
gens que nous avons invités, que les remarques portent sur le projet de
loi que nous avons maintenant devant nous à l'Assemblée nationale
et qui devra être étudié à la suite du débat
sur le principe, article par article. C'est aussi parce que, selon la
volonté gouvernementale, ce projet de loi devrait normalement être
adopté avant l'ajournement des fêtes que les contraintes de temps
nous ont obligés à procéder plus rapidement. Nous
espérons que les organismes qui ont trouvé, à juste titre,
que les délais étaient courts, qu'ils se sentaient un peu
bousculés, comprendront également les échéanciers
de travail de l'Assemblée nationale et de notre commission.
Sur ce, je voudrais rappeler que nous avons également convenu, au
sein du comité directeur, d'accorder, pour chaque organisme
invité, une période de temps d'une heure trente pour discuter
avec les membres de la commission, en espérant que la
présentation initiale pourra se faire dans une période d'une
vingtaine de minutes, ceci pour permettre aux membres de la commission, de part
et d'autre de la table, d'engager une discussion et d'obtenir des
précisions sur les points de vue qui seront présentés dans
le délai d'une heure trente.
Tout comme le secrétaire de la commission en a avisé tous
les organismes invités et comme je l'ai indiqué aux membres de la
commission, je tiens à vous dire que, compte tenu du nombre d'organismes
que nous avons à entendre cette semaine et uniquement cette semaine, je
serai obligé d'être assez strict sur cette période d'une
heure trente et, également, sur la répartition des droits de
parole qui seront accordés à chacun des membres de la
commission.
Au sein du comité directeur, nous avons également convenu
que le temps de parole serait partagé à parts égales entre
le côté ministériel et le côté de
l'Opposition.
Sur ce, à moins que les membres de la commission veuillent
obtenir d'autres précisions préliminaires, de consentement avec
le vice-président de la commission, je vais d'abord laisser au ministre
de l'Éducation - pour les fins de cette consultation
particulière, membre de la commission de plein droit - le soin de faire
sa déclaration d'ouverture, après quoi je céderai la
parole au vice-président de la commission et député
d'Argenteuil, qui est également le critique officiel de l'Opposition en
matière d'éducation.
Y a-t-il d'autres précisions que les membres de la commission
voudraient obtenir? Dans ce cas, je vais demander au ministre de bien vouloir
nous livrer ses commentaires préliminaires. M. le ministre.
Déclarations d'ouverture M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, dans la mesure
où le projet de loi 40, le livre blanc, fait l'objet de très
longs débats, nous aurions pu choisir, finalement, de traiter d'abord
les principes essentiels du présent projet de loi, dans un débat
à l'Assemblée nationale pour, ensuite, rencontrer les divers
intervenants sur certaines modalités qui caractérisent ces
principes. D'autant plus que ceux-ci ont fait l'objet d'un long débat.
Dans la mesure où, effectivement, nous avons accepté la
suggestion de l'Opposition, c'est-à-dire de procéder, dès
le dépôt du projet de loi, à l'audition des intervenants,
il est clair que ceci bouscule un peu, évidemment, les
échéanciers. Ce qui nous amène également à
devoir, débattre au niveau des débats de cette commission, le
principe du projet de loi et non pas seulement ses modalités.
J'essaierai aussi de brosser rapidement le sens de la démarche,
les articulations principales du projet de loi que nous avons
étudié et, ensuite, nous pourrons même procéder
à une discussion avec les divers intervenants, sur leur perception face
à ces grandes articulations.
En fait, le projet de loi 3 est le fruit d'une longue démarche.
11 faut se rappeler qu'en 1966, la commission Parent remettait en cause, dans
le fond, dans son dernier volume de recommandations, les commissions scolaires
confessionnelles telles que nous les connaissons, et proposait plutôt des
structures unifiées. C'était là le début d'une
réflexion qui s'est développée au Québec. En effet,
l'espèce d'unanimité autour de la foi a progressivement
éclaté et cela, d'autant plus rapidement que l'on a connu une
vague d'immigration très rapide.
Soulignons aussi que, dans la mesure où les gouvernements ont
choisi de développer la langue et la culture françaises, en
intégrant les immigrants venant s'établir au Québec
à la communauté francophone, évidemment, cela posait
certains problèmes
■■ quand on discutait de l'intégration de ces
nouveaux immigrants. Donc, dès 1966, au Québec, on a senti le
besoin de remettre en question des structures administratives fondées
sur des confessions religieuses. En 1972 également, on devait
reconnaître qu'il y avait, au Québec, trop de commissions
scolaires. Nous devions vivre avec près de 1100 administrations
scolaires locales. On devine sans peine les contraintes, sur le plan
administratif et financier, d'une telle multiplication de structures
administratives, ce qui amenait le gouvernement de l'époque, en 1972,
à déposer un projet de loi qui devait ramener le nombre des
commissions scolaires de près de 1200 à environ 250.
En même temps, on commençait à faire place à
une participation plus grande des parents à la vie de l'école
puisque c'est le début de la formation de nos comités
d'école, de l'implication des parents dans la vie quotidienne de
l'école. Soulignons que les Parents' Teachers Associations
américaines ont, à cet égard, innové en ce qui a
trait à la participation et à l'implication des parents dans la
vie quotidienne de l'école et que cette tradition au Québec
francophone a mis plus de temps à s'implanter clairement.
L'année 1979 a marqué un autre tournant lorsqu'on devait,
dans un autre projet de loi, proposer la création de conseils
d'orientation au niveau de l'école, conseils d'orientation qui auraient
regroupé enseignants, parents, direction d'école pour collaborer
à l'élaboration d'un projet éducatif propre à
l'école, donc propre à la vie du quartier, propre à
certaines valeurs que les citoyens pouvaient partager. 11 n'est pas
nécessaire d'épiloguer sur les difficultés de mise en
place de tels conseils. Je pense qu'en 1979 une telle démarche
s'était située dans un contexte de négociations
collectives et on sait à quel point les négociations de
conventions collectives au Québec sont source de conflits; souvent, on
profite de sujets un peu annexes pour étendre le débat ou le
combat. Nos conseils d'orientation n'ont pas vu le jour sauf sur une base un
peu amiable dans un bon nombre, quand même, de commissions scolaires du
Québec.
Le gouvernement devait déposer un livre blanc, il y a maintenant
trois ans, dans lequel on effectuait une réflexion sur un nouvel
équilibre des pouvoirs au sein de l'école, réaffirmant ce
droit des parents de voir à l'éducation de leurs enfants. On
proposait, à ce moment-là, une structure qui aurait fait,
finalement, des parents la source de pouvoirs sur l'école, leur donnant
essentiellement le contrôle sur les conseils d'école et les
commissions scolaires auraient été transformées, à
ce moment-là, en sorte de fédérations d'écoles.
On se souviendra des longues discussions qui avaient eu cours à
l'époque, des craintes exprimées par un bon nombre
d'intervenants, ce qui avait amené le ministre de l'Éducation
à modifier cette approche et à la remplacer plutôt par
champ juridictionnel propre à l'école ainsi qu'un champ
juridictionnel propre à la commission scolaire. On se souviendra des
débats en cette commission et des objections d'un bon nombre d'opposants
à cette approche qui ont souligné que deux organismes ayant
juridiction sur la même activité pédagogique à
l'école risquaient d'être en conflit assez fréquent et
qu'au lieu de réduire les tensions on risquait de les
accroître.
C'est à ce moment que le gouvernement, après la commission
parlementaire, a décidé de refondre entièrement la loi et
nous avons procédé à une longue consultation. De cette
commission parlementaire, d'abord, sont ressorties des attentes. On a
très clairement perçu un désir de maintien et même
de revalorisation de l'administration locale scolaire. On a souligné
à quel point les contrôles budgétaires, gouvernementaux,
à la longue, étaient devenus fort tatillons, tarissant
l'initiative locale et privant nos communautés locales de la
possibilité d'agir de façon dynamique sur le développement
de leurs écoles.
On a pu également observer, chez tous les intervenants, une
volonté très réelle d'accroître la place faite aux
parents par rapport au modèle d'école que nous connaissons. On a
également entendu beaucoup de commentaires concernant la place des
enseignants dans le modèle d'école québécoise. En
effet, nous avons vécu au Québec une multiplication de conflits
syndicaux qui ont, progressivement, opposé tous les intervenants du
monde scolaire au point où quasi toutes les démarches se sont
faites presque toujours dans un effort pour baliser l'autonomie de l'enseignant
à l'école. Et cela s'explique dans un contexte d'affrontement
syndical-patronal qui n'était pas propice au développement d'une
école québécoise harmonieuse.
Et les intervenants ont souligné que le projet de loi
était peut-être trop réticent face à la place qu'il
fallait faire aux enseignants. Finalement, les intervenants en grand nombre
mais surtout les commissions scolaires ont demandé une clarification des
rôles et une ligne d'autorité beaucoup plus claire permettant de
bâtir une école québécoise qui puisse assumer de
véritables responsabilités. Le projet de loi que nous avons
devant nous est véritablement décomposé en deux grands
pans. D'une part, on y observera un effort de restructuration territoriale, de
restructuration administrative sur des bases linguistiques et
d'intégration du primaire et du secondaire. Donc, on observera un grand
nombre de modifications ayant trait à l'organisation administrative de
nos commissions scolaires. Pourquoi? Malgré l'effort de 1972, il faut
reconnaître que
même avec 250 entités administratives au Québec, le
nombre de nos administrations locales demeure nettement plus
élevé que ce que l'on observe normalement chez nos voisins. De
fait, si on devait ramener le nombre de commissions scolaires au Québec
de 250 à environ 150, on pourrait effectuer une économie
substantielle sur le plan budgétaire. En fait, une économie de
nature telle qu'elle permettrait, par exemple, de hausser le temps de
présence des enfants au primaire d'une heure, ce qui est demandé
par tous les intervenants. Elle défraierait près de la
moitié du coût de l'implantation des nouveaux régimes
pédagogiques quant à leur impact sur l'enseignement professionnel
au niveau secondaire, l'implantation essentiellement du secondaire VI. Donc,
l'économie que l'on peut réaliser par la réduction du
nombre de commissions scolaires n'est pas négligeable car,
reconnaissons-le, nous continuons à dépenser plus en frais
administratifs que, par exemple, le système scolaire avoisinant et, en
vertu du principe des vases communicants, plus nous dépensons pour les
structures administratives, moins nous dépensons pour les fins
pédagogiques. Donc, il fallait, je pense, maintenir comme objectif celui
de réduire le nombre de structures administratives au Québec.
Le deuxième effort de restructuration administrative portait sur
l'intégration de l'enseignement primaire et secondaire. Beaucoup de nos
commissions scolaires ont fait cette expérience de regrouper en une
seule commission scolaire tant l'enseignement primaire que l'enseignement au
niveau secondaire. Par contre, à l'échelle du Québec, ce
n'est pas la situation. De fait, nous retrouvons énormément de
commissions scolaires régionales pour se préoccuper de
l'enseignement secondaire, et locales, pour se préoccuper de
l'enseignement primaire. Cela pose des problèmes d'identification des
collectivités locales à l'école secondaire qui est alors
régie par une entité administrative nettement plus vaste et
échappe, en conséquence, au contrôle local direct.
On a observé des difficultés de transition des enfants
d'un ordre d'enseignement à l'autre. Je pense qu'on doit convenir qu'il
y a là une demande unanime, de la part des commissions scolaires au
Québec, de procéder à une intégration de niveaux
local et régional de telle sorte que l'enseignement primaire et
secondaire soit dispensé par un seul et même organisme
administratif. Évidemment, cela implique l'éclatement de nos
commissions scolaires régionales lorsque l'intégration se fait
sur la base de la commission scolaire et, par conséquent, cela implique
des transferts d'actif, de passif et de personnel d'encadrement. (10 h 15)
Enfin, la troisième modification administrative d'importance a
trait à la déconfessionnalisation des structures. En fait, le
Québec est une société en mutation qui s'ouvre à un
pluralisme de plus en plus large, mais avec une majorité qui continue de
désirer une école confessionnelle, certes, différente de
l'école confessionnelle que nous avons connue dans les années
quarante, mais qui demeure bel et bien confessionnelle pour un grand
nombre.
Soulignons aussi que les lois 22, adoptée par le gouvernement
précédent, et 101, adoptée par ce gouvernement-ci, ont
fait en sorte que les immigrants venant s'établir au Québec
doivent envoyer leurs enfants à l'école française. Cela
pose des problèmes d'intégration car la loi ne dit pas, ne fait
pas obligation d'envoyer ses enfants à l'école catholique ou
protestante, mais elle fait obligation d'envoyer ses enfants à
l'école française. Déjà, nous avons une
multiplication des structures de par leur caractère confessionnel et,
s'il fallait ajouter pardessus les structures confessionnelles des structures
neutres tant francophones qu'anglophones, on devine l'imbroglio administratif
qui en résulterait, d'une part, et, d'autre part, les coûts
considérables que notre société serait contrainte de
consacrer, finalement, à l'administration plutôt qu'à la
pédagogie proprement dite.
Soulignons aussi que la communauté anglo-catholique se plaint
d'un problème de représentation politique. En effet, tout
récemment, un comité, un organisme s'occupant de l'enseignement
catholique au sein des écoles anglophones me soulignait que, par
exemple, au niveau des comités de parents dans les écoles, il y a
très peu d'anglophones qui s'y retrouvent. On soulignait
également qu'il y a très peu d'anglophones catholiques qui
réussissent à se faire élire à des postes de
commissaires d'écoles. Cela se comprend, car les Anglo-catholiques se
trouvent noyés dans une masse franco-catholique telle qu'il est assez
difficile pour eux de réussir à obtenir des postes
électifs. Dans la mesure où nous avons un système scolaire
qui fait appel à l'élection locale de responsables de
l'administration, forcément, nous avons un problème de
représentativité électorale pour les
Anglo-catholiques.
La solution, je pense qu'elle est simple. Elle a été
identifiée de longue date. 11 faut déconfessionnaliser les
structures administratives. Pour vous montrer ce que représente la
confessionnalisation des structures administratives, j'ai déjà
donné cet exemple. À Trois-Rivières, il existe deux
écoles, deux "high schools" anglophones, l'un catholique, l'autre
protestant, et ils sont voisins. Nous avons deux systèmes d'autobus qui
doivent aller faire la cueillette des étudiants sur l'ensemble du
territoire. Nous avons donc deux systèmes d'autobus: des
autobus pour les catholiques et des autobus pour les protestants.
L'histoire ne dit pas si un système d'autobus a plus d'accidents que
l'autre, ce qui nous permettrait, peut-être, d'y trouver là une
preuve scientifique de la solidité d'une religion par rapport à
l'autre. Néanmoins, nous avons, effectivement, deux systèmes
d'autobus qui cueillent les enfants sur absolument les mêmes territoires
et les amènent exactement au même point. Voilà un peu
l'anomalie de notre système; au Québec, ce ne sont pas les
écoles qui sont confessionnelles, ce sont les autobus.
Évidemment, on peut se poser la question à savoir, dans quelle
mesure une administration peut être confessionnelle. Donc, on doit
chercher à déconfessionnaliser les structures administratives.
Cependant, on doit également maintenir, là où la
majorité le désire, des écoles confessionnelles. 11 faut
aussi garder - ce qui n'apparaissait pas dans le projet de loi 40 -la
possibilité, pour une commission scolaire linguistique et non
confessionnelle, de regrouper des clientèles en fonction d'une
expression, par les parents, de la volonté d'envoyer leurs enfants dans
une école d'une confession particulière ou dans une école
qui s'est donné un projet éducatif qui lui est propre. À
titre d'exemple, lorsqu'un grand nombre de parents désirent une
école de type ouvert, faisant appel à des méthodes
pédagogiques différentes, bien qu'identiques, au niveau des
services éducatifs proprement dits, il est clair que la commission
scolaire doit pouvoir regrouper les enfants des parents qui ont
manifesté un tel désir, de telle sorte que, subséquemment,
les parents se retrouvent ensemble et puissent, effectivement, doter
l'école, de concert avec les enseignants et la direction, d'un projet
éducatif qui corresponde véritablement à leurs attentes.
Cela permet une différenciation de nos écoles et, je pense, un
plus grand respect de cette diversité qui caractérise notre
société.
Donc, il faut maintenir, pour la commission scolaire, la
possibilité de regrouper les enfants en fonction d'un expression de la
volonté des parents de retrouver, au sein de l'école, un projet
éducatif qui convienne davantage à leurs attentes. Ce projet
éducatif pourrait intégrer des valeurs religieuses lorsqu'il le
juge bon.
En même temps, il faut ouvrir l'école au pluralisme. En
effet, notre école de quartier doit être commune. Elle doit donc
respecter les libertés fondamentales de religion et, par
conséquent, il faut pouvoir offrir, à cette école, un
enseignement religieux ou moral et, lorsqu'on dit religieux, tant catholique
que protestant, suivant notre tradition. Lorsque, effectivement, une
communauté est en nombre suffisant, cette communauté pourrait
également voir à s'offrir un enseignement dans une religion qui
puisse être différente. Évidemment, là, il est plus
difficile de prévoir dans une loi un droit absolu pour tout enfant
à une éducation dans la religion de son choix, car l'impact
budgétaire serait carrément trop grand. Toutefois, dans le cas
des deux principales religions au Québec, soit les religions catholique
et protestante, il ne pose pas vraiment de problème d'accorder un tel
droit aux enfants de nos écoles. Mais, si ce droit existe, il faut en
même temps bien réaliser qu'un nombre de plus en plus grand de nos
concitoyens ne désirent pas l'enseignement religieux pour leurs enfants
et, par conséquent, on doit pouvoir offrir - et c'est là un droit
essentiel qui est prévu dans le présent projet de loi - le droit
de ne pas envoyer son enfant dans un cours de religion, mais plutôt dans
un cours de morale élémentaire, par exemple. 11 faut donc ouvrir
l'école au pluralisme et, non seulement doit-on offrir cet
éventail d'enseignement religieux ou moral, mais de plus, le projet
éducatif, quel qu'il soit, doit être respectueux de la conscience
des enfants qui fréquentent l'école et ne doit donc pas impliquer
des activités qui soient contraires à la conviction ou à
la conscience de ces enfants.
La loi 3 ne supprime donc pas l'école confessionnelle; elle
supprime, cependant, l'administration publique confessionnelle. Elle permet la
réalisation au Québec d'une école plus ouverte, plus
sensible finalement au pluralisme qui caractérise notre
société. Elle permettra une transition graduelle vers un mode
d'éducation qui, sans doute, sera différent dans dix, vingt ou
trente ans de ce qu'il est maintenant et qui sera toujours, cependant, en
accord avec la volonté démocratique de nos concitoyens.
Mais la solution aux trois problèmes que je viens de soulever,
soit au niveau de l'intégration primaire secondaire, de la
réduction du nombre de commissions scolaires ou, encore, de la
restructuration linguistique, passe par des modifications aux territoires des
commissions scolaires, par des transferts d'actifs, par des transferts de
personnel au niveau de l'administration. 11 est clair que le Québec ne
veut pas s'engager dans une solution étalée dans le temps de ces
trois problèmes, qui consisterait à faire, une année,
l'intégration primaire-secondaire, une autre fois l'agrandissement des
territoires, une autre fois la restructuration linguistique, de telle sorte
qu'on maintiendrait notre système en ébullition constante pour
les vingt prochaines années. Il est donc assez évident que, si
nous nous engageons dans une telle opération de restructuration
linguistique et d'intégration primaire-secondaire, il faut le faire d'un
coup. Nous ne pouvons pas multiplier des opérations de transformation de
nos administrations scolaires sans qu'un jour ou l'autre nous ayons à en
défrayer
finalement l'impact. C'est pour cela que ces trois opérations
impliquant essentiellement l'administration de l'école, et non
l'école proprement dite, doivent s'effectuer d'un seul coup.
En ce qui a trait au partage des responsabilités en
éducation, voilà un sujet fort délicat et qui, disons-le,
ne fait pas l'unanimité. Aussi, pour y arriver, il n'y avait qu'une
seule façon: c'était d'asseoir tous les intervenants à une
même table, tant commissaires d'écoles que parents, enseignants et
cadres scolaires, et ensemble de réfléchir; non pas qu'aucun de
ces intervenants n'ait eu comme tel de mandat spécifique de son
organisme, car cela aurait sans doute été une autre façon
de s'ancrer dans des positions presque inébranlables et aurait rendu
difficile, évidemment, la recherche d'un consensus, mais il était
possible à partir des positions antérieures des intervenants de
rechercher non pas ce qui nous opposait, mais ce qui nous rapprochait. C'est ce
que nous avons tenté de faire.
Nous avons dû convenir tous ensemble qu'au coeur de notre
système d'éducation se situent l'enfant et l'éducateur. 11
faut reconnaître, et nous le faisons dans le présent projet de
loi, des droits étendus à l'enfant, soit des droits individuels
ou même des droits d'association, compte tenu de notre charte, dans le
cas des étudiants inscrits au cycle supérieur des études
secondaires. Donc, l'étudiant a des droits qu'il faut
reconnaître.
De plus, l'éducateur, dont on a reproché au projet de loi
de trop chercher à restreindre l'autonomie, est central dans un
système d'éducation. Nous pourrions continuer d'avoir des
écoles sans commission scolaire et sans ministère de
l'Éducation, elles n'en fonctionneraient pas moins bien pour autant. Par
conséquent, en fait, l'éducateur doit jouir d'une marge
d'autonomie qui le rende véritablement responsable du fonctionnement de
sa classe, ce qui nous a amenés à définir ou à
introduire ce comité pédagogique qui, d'ailleurs, est
négocié dans un grand nombre de nos commissions scolaires,
également qui nous a amenés à définir un droit pour
l'enseignant de décider des instruments pédagogiques qu'il
utilise en classe, donc de décider, finalement, de la façon qu'il
convient pour lui d'adopter dans l'organisation de son enseignement.
Tout autour de l'enfant et de l'enseignant existe un encadrement, qui a
pris beaucoup d'importance dans le temps. On identifiera trois responsables.
L'État qui, dans la mesure où l'éducation demeure un geste
de société, doit définir les objectifs, doit
définir certains standards au niveau des moyens en termes de personnel,
d'équipements scolaires et qui doit également s'assurer d'une
certaine qualité de la formation par un contrôle des
diplômés dans notre système d'enseignement.
Nous avons également, comme responsable, la collectivité
locale, car la gestion de nos écoles demeure confiée à la
communauté. Cela est avantageux puisqu'elle permet d'ajuster cette
école aux besoins particuliers de nos régions; elle permet
également le développement de réseaux locaux
d'écoles, qui dispensent une éducation adaptée aux valeurs
de ce milieu. En effet, on retrouve de plus en plus d'écoles pour
raccrocheurs, à l'heure actuelle, dans nos commissions scolaires. Il est
clair que doit exister une intégration entre cette école
primaire-secondaire, cette école de raccrocheurs, de telle sorte que
l'on parle, à ce moment-là, non pas d'une école seulement,
mais plutôt d'un réseau d'écoles. La gestion courante de
notre système scolaire appartient donc à la collectivité
locale. L'État se réserve la définition des grands
objectifs et le financement de l'essentiel des moyens.
Troisièmement, existe comme niveau de responsabilités
celui des parents, qui demeurent les premiers responsables de
l'éducation de leurs enfants mineurs.
Nous avons choisi quatre orientations dans le présent projet de
loi. D'une part, nous avons clairement défini un pouvoir de gestion, qui
est situé au niveau de la commission scolaire, un pouvoir
d'autorité face à l'école, de façon très
claire.
Deuxièmement, nous avons voulu donner une meilleure place au
vécu pédagogique de nos écoles, en permettant, à
partir d'un collège électoral des conseils d'école, de
déléguer un certain nombre de représentants au niveau du
conseil de la commission scolaire, là où finalement se situe le
pouvoir décisionnel concernant l'école. Dans la mesure où
nous ne donnions pas de pouvoir autonome à l'école, il fallait
trouver une place où situer l'intervention des parents, puisque tous
étaient d'accord pour accorder plus de place aux parents. Nous avons
donc choisi de le faire au seul endroit qui faisait consensus,
c'est-à-dire au niveau où se trouvait le pouvoir, donc au niveau
de la commission scolaire.
Troisièmement, nous avons également voulu restreindre,
comme cela existait dans la loi de 1979, à un simple rôle
d'orientation le rôle confié aux conseils d'école,
cependant avec la possibilité, pour la commission scolaire, de
déléguer, lorsqu'il y a accord entre les intervenants, des
pouvoirs à ce conseil d'école. En effet, le modèle de la
loi 40, comme l'ont souligné plusieurs intervenants, est, dans les
faits, mis en pratique au niveau de plusieurs commissions scolaires, mais il
est expérimenté sur la base d'un consensus entre les
intervenants. 11 nous apparaissait que, effectivement, nous devions
prévoir dans la loi cette possibilité de délégation
de pouvoirs de gestion de la
commission scolaire vers l'école. Mais une telle
délégation doit, à ce moment-là, correspondre
à la volonté de la collectivité locale. (10 h 30)
Donc, le conseil d'école conserve ce rôle d'orientation
qu'il avait antérieurement dans la Loi sur l'instruction publique; il
obtient un rôle plus grand au niveau de la définition des
orientations en matière religieuse puisque l'on ne pouvait pas, à
ce moment-là, donner un droit de désaveu à une commission
scolaire qui aurait été linguistique et neutre, par
conséquent. Donc, le conseil d'école décide finalement des
orientations du projet éducatif de l'école. C'est
véritablement sa responsabilité propre.
Finalement, le modèle fonctionnel de l'école est un
modèle participatif qui amène chaque intervenant à la fois
à occuper une place propre au sein de l'école en
définissant très clairement les responsabilités de chacun.
C'est le but du projet de loi. On retrouvera, pour chaque intervenant, une
position claire qu'il occupe et, également, une reponsabilité
qu'il doit assumer. La commission scolaire conserve ses pouvoirs actuels et
pourra, de plus, voir à regrouper les élèves en fonction
du choix par les parents d'un projet éducatif.
Le conseil d'école où siègent les parents
détermine les orientations et le statut confessionnel de l'école.
Tous ces intervenants sont invités à participer à la
gestion de leurs écoles par le biais du conseil d'école, du
comité de direction, du comité pédagogique pour les
enseignants, du comité de parents et du comité des
élèves, toujours selon des modalités qu'ils
déterminent eux-mêmes.
Quant aux pouvoirs gouvernementaux, Ils ont fait l'objet de
révision. Non seulement a-t-on restreint le pouvoir réglementaire
au chapitre de la pédagogie... En effet, il est clair que la loi
actuelle donne un pouvoir très large au ministre en matière
d'organisation scolaire. Le présent projet de loi balise ce pouvoir
réglementaire gouvernemental et ministériel de telle sorte qu'il
restreint, au chapitre du régime pédagogique, la marge de
manoeuvre de l'État en définissant un certain nombre d'objectifs
que l'État peut rechercher, mais en laissant finalement beaucoup
d'autonomie à nos commissions scolaires. Donc, non seulement a-t-on
restreint le pouvoir réglementaire au chapitre de la pédagogie,
mais en plus, on a voulu le restreindre au niveau de la réglementation
gouvernementale en matière de financement, en privilégiant
davantage les contrôles a posteriori et en accroissant de manière
fort substantielle finalement l'autonomie des commissions scolaires en
matière de gestion immobilière. Évidemment, nous ne
donnons pas suite à la demande de la Fédération des
commissions scolaires d'accroître le pouvoir de taxation où se
situerait la véritable autonomie. Cela est clair.
En effet, il faut garder à l'esprit que l'ancien gouvernement
libéral avait fait littéralement exploser les coûts de
l'enseignement au Québec à tel point que nous avons, à un
moment donné, observé des coûts de près de 700 $
à 800 $ par étudiant supérieurs à ceux des
coûts de la province voisine, l'Ontario. Effectivement, ces coûts
astronomiques ont pu être réduits de près de moitié.
Nous observons encore des coûts de l'ordre de 400 $ à 500 $
supérieurs à ceux de nos voisins. 11 faut le dire
également, le gouvernement précédent, lorsqu'il a pris le
pouvoir en 1970, a pris le Québec dans une situation de taxation telle
que le fardeau fiscal des Québécois était d'environ 2%
inférieur à celui de la moyenne des Canadiens, selon une
étude du ministère fédéral des Finances
publié au cours de l'été, en fait, à la
mi-août. Dans cette étude, on y constate que le Québec qui,
en 1969, supportait un fardeau fiscal de 2% inférieur à celui de
la moyenne canadienne, à la fin du régime libéral
précédent, le Québécois devait supporter un fardeau
fiscal de 22% supérieur à la moyenne canadienne,
c'est-à-dire qu'on a observé un accroissement de 24% du fardeau
fiscal. Dans un contexte où le gouvernement précédent a
trouvé le moyen d'accroître de 24% le fardeau fiscal par rapport
à nos voisins et qu'il doit être supporté par l'ensemble de
nos concitoyens et, de plus, dans la mesure où le coût par
étudiant est encore plus élevé que chez nos voisins, il
est clair que l'objectif sur le plan de la taxation au Québec n'est pas
d'accroître le fardeau fiscal de nos concitoyens, mais bien de le
réduire.
La seule façon d'atteindre l'objectif désiré, soit
d'accroître l'autonomie de taxation des commissions scolaires, aurait
consisté pour l'État à réduire ses subventions d'un
certain quantum, à réduire ses taxes ou ses impôts au
Québec d'un même quantum de manière à laisser les
commissions scolaires taxer directement. On voit immédiatement le champ
de la taxation foncière engorgé par deux intervenants, tant
scolaire que municipal, donc des marges de manoeuvre fort délicates, et
une assiette fiscale de nature fort différente, puisque l'impôt
foncier implique une assiette fiscale très différente de
l'impôt sur le revenu.
On imagine sans peine les complications qu'aurait impliquées un
tel changement dans la structure de taxation. Je pense que c'est, d'ailleurs,
contraire à la volonté des Québécois qui, de tout
temps, je dirais, semblent avoir voulu faire de l'État le principal
organisme subventionnaire pour l'éducation. Donc, nous n'avons pas
retenu cette proposition. Nous comprenons les motifs louables du point de vue
des
commissions scolaires; cependant, je pense qu'on doit reconnaître
qu'aller dans cette direction-là implique, pour l'ensemble du
Québec, des impacts tellement majeurs qu'ils ne pourrait en
résulter qu'une diminution dramatique de la qualité de notre
système d'éducation.
Le modèle d'école que prône le projet de loi 3
représente le fruit d'un travail de concertation où les
intervenants ont cherché davantage ce qui les rapprochait que ce qui les
opposait, comme je vous le disais. Il préfigure ce que peut devenir
l'école publique québécoise si les partenaires de
l'éducation choisissent d'y oeuvrer côte à côte. Il
constitue de ce fait un équilibre délicat qu'il a fallu tenter
d'établir et je pense qu'il faut le considérer comme un ensemble
cohérent. Maintenant, il appartiendra à chacun des intervenants
en milieu scolaire de décider si, globalement, il constitue un
équilibre souhaitable. Nous devons garder à l'esprit que notre
système d'éducation ne sera, finalement, que ce que les
partenaires décident d'en faire. Il faut donc décider si nous
acceptons l'apport, si nous respectons la place de chacun de ces
intervenants.
Certes, chaque intervenant trouvera des points de désaccord.
C'est inévitable. Les points de désaccord des uns sont, en
général, objets d'accord pour les autres. Par conséquent,
dans la recherche d'un équilibre, cela implique nécessairement
qu'il doit y avoir des compromis: donc accord sur la majorité des
points, désaccord sur certains. Cela ne doit pas nous surprendre.
Toutefois, ce que nous devons attendre de la part des intervenants qui
viendront témoigner ici, c'est une position un peu globale sur
l'ensemble du projet de loi, en ce sens qu'il doit constituer un effort
d'équilibre souhaitable pour la grande majorité des intervenants.
Si cela devait être, je pense qu'il pourrait préfigurer un
modèle d'école davantage fondé sur la concertation que,
peut-être, ce que nous avons connu dans le passé. C'est
véritablement ce que je souhaite pour l'école
québécoise. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le vice-président de la commission et député
d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, c'est avec un vif
intérêt que l'Oppostion accueille la tenue d'une consultation
spéciale de la commission parlementaire de l'éducation et de la
main-d'oeuvre sur le projet de loi 3. Elle entend y participer dans un esprit
d'ouverture et d'accueil envers les groupes et organismes qui se
présenteront devant la commission.
Le projet de loi 40, prédécesseur immédiat du
projet de loi 3, fut rejeté il y a quelques mois par une très
forte majorité des intervenants du monde de l'éducation. 11
eût été impensable que la dernière version du projet
de restructuration scolaire, laquelle constitue, à vrai dire, un nouveau
texte et non pas seulement une réimpression de l'ancien texte, fût
soumise à l'examen de l'Assemblée nationale sans qu'aient
été entendus une nouvelle fois les principaux organismes
susceptibles d'éclairer les députés avant toute
décision devant engager l'avenir de notre système d'enseignement
de manière aussi profonde qu'irréversible.
Je résumerai tantôt les orientations de notre formation
politique en ce qui touche le projet de restructuration scolaire. Mais, avant
de le faire, je voudrais préciser dans quel contexte nous engagerons,
avec nos collègues de la commission, cette consultation
particulière.
Sur le principe même de la consultation, l'Opposition est
évidemment d'accord. Dès qu'il fut question du dépôt
d'un nouveau projet de loi, nous avons suggéré qu'il soit soumis
à une consultation auprès des organismes concernés. Nous
sommes donc heureux que le gouvernement ait réagi de la même
manière.
Sur l'opportunité de limiter cette consultation à un
nombre restreint d'organismes, l'Opposition est également d'accord.
Même si de nombreux organismes furent alors privés arbitrairement,
et contre notre gré, par le gouvernement du droit de se faire entendre,
il ne saurait être question de recommencer, à ce stade-ci, tout le
processus de consultations publiques qui eut lieu en janvier et février
derniers. Il fallait, cette fois, que les consultations aient un
caractère à la fois plus synthétique, plus bref et plus
direct. Aussi, avons-nous consenti à établir, de concert avec les
représentants du parti ministériel et le président de la
commission, une liste d'organismes devant être invités à se
présenter devant la commission. Cette liste est nécessairement le
fruit de plusieurs compromis. Elle ne satisfait pleinement ni le gouvernement,
ni l'Opposition. Elle a, néanmoins, été établie
d'un commun accord, avec la seule réserve, de notre côté,
que, si d'autres organismes insistent pour être entendus, l'Opposition
veillera à ce que leurs représentations soient examinées
en toute justice, sans que la porte soit hermétiquement fermée
à leur intervention éventuelle à un autre stade de nos
travaux.
Sur la durée de la période de temps devant être
réservée à chaque rencontre, il y a également eu
entente au niveau du comité directeur de la commission. Une
période d'une heure et demie a été réservée
à chacun des organismes qui se présenteront devant la commission.
Après la présentation initiale que sera invité à
faire chaque
organisme comparaissant devant la commission, le reste du temps sera
réservé aux questions des députés membres de la
commission. Ce temps sera partagé en parts égales, entre le
côté ministériel et l'Opposition. À
l'intérieur de chaque bloc, le partage du temps se fera à
l'amiable entre les députés concernés. Ces
aménagements font exception à nos règles habituelles,
lesquelles accordent à chaque membre de la commission un temps minimum
d'intervention sur chaque sujet. On doit, néanmoins, savoir gré,
aux députés membres de la commission de les avoir acceptés
afin de faciliter un travail plus rapide et plus efficace.
Sur le moment choisi pour la tenue des audiences, la
responsabilité première est celle du gouvernement, non de la
commission et encore moins de l'Opposition. Le gouvernement, par le bureau du
leader, a en effet laissé savoir au comité directeur de la
commission que, dans l'échéancier qu'il a tracé pour les
travaux parlementaires en cours, il n'y avait pratiquement que la semaine du 11
novembre qui pouvait être réservée pour les audiences de
notre commission autour du projet de loi 3. Vu que la commission agit, dans ce
cas-ci, en vertu d'un mandat qui lui a été donné par
l'Assemblée nationale et non pas d'un mandat qu'elle se serait
donné elle-même, l'exécutif de la commission n'avait
d'autre choix que d'accepter l'indication clairement exprimée par le
bureau du leader du gouvernement et de dresser un horaire à
l'intérieur des limites fixées par ce dernier. Si certains
organismes trouvent qu'on ne leur a pas donné assez de temps pour
préparer leur intervention devant notre commission, ils devront, par
conséquent, savoir que le responsable de cet état de choses est
le gouvernement et non la commission. Si des ajustements ou des redressements
devaient être souhaités, l'Opposition, pour sa part, n'aura aucune
objection à les examiner.
Dans des débats qui ont entouré le projet de
restructuration scolaire, l'Opposition n'a jamais hésité à
définir des positions claires et fermes, dont le bien-fondé a
d'ailleurs été confirmé par les réactions de
l'opinion publique et les reculs successifs du gouvernement. Dès
novembre 1982, soit après la publication du livre blanc gouvernemental
sur l'école communautaire et responsable et avant le dépôt
du projet de loi 40, un document de travail, intitulé "Le livre blanc de
Camille Laurin: des problèmes mal posés, des solutions
irréalistes", définissait ainsi l'essentiel de la position
défendue par notre formation politique. Je rappelle ces orientations
pour bien indiquer qu'elles n'ont pas changé depuis le début du
débat sur le projet de restructuration scolaire. 1) Le système
d'enseignement public, au niveau primaire et secondaire, doit continuer de
former un tout dont les parties se relient organiquement les unes aux autres
dans un équilibre qui favorise au maximum la responsabilité de
chacune, en même temps que l'unité et l'efficacité de
l'ensemble. 2) En tant qu'institution de base du système d'enseignement,
l'école doit jouir d'une saine autonomie et d'une marge de manoeuvre
étendue dans la poursuite de son projet éducatif et la gestion de
ses ressources humaines, financières et matérielles. 3) Au sein
de l'école, élèves, enseignants, parents et autres
personnels doivent être reconnus comme des agents indispensables de
l'oeuvre éducative. Ils doivent avoir la liberté de se regrouper
dans des structures appropriées. L'unité de direction de
l'école doit être assurée par un directeur muni
d'attributions réelles et rattaché à la commission
scolaire. 4) Dans chaque région, la direction de l'enseignement public
doit être assurée par une commission scolaire, laquelle doit
demeurer un corps politique investi d'un mandat populaire et composé de
membres élus au suffrage universel. Les commissions scolaires doivent
conserver la responsabilité du fonctionnement et de la direction des
écoles et des services publics d'enseignement sur leur territoire. Elles
doivent posséder à cette fin des pouvoirs précis.
(10 h 45) 5) Le système d'enseignement public doit continuer de
professer un respect positif envers les valeurs morales et religieuses de la
population. Dans la détermination des orientations et du contenu de
l'éducation, il doit viser à respecter au maximum la
volonté des citoyens et plus particulièrement des parents. Dans
cette perspective, l'école doit continuer d'être ouverte à
tous continuer, non pas commencer, parce que cela existe depuis longtemps -
mais elle doit aussi pouvoir être catholique ou protestante, là
où le voeu en est clairement exprimé par les parents. Dans toutes
les écoles, quel que soit leur statut confessionnel ou leur projet
éducatif, les parents et/ou les élèves doivent pouvoir
opter librement entre l'enseignement religieux et l'enseignement moral. 6) Vu
les changements survenus dans la composition de la population et dans les
allégeances religieuses des citoyens, il serait souhaitable, que
moyennant de solides garanties juridiques quant au respect des valeurs
religieuses, les commissions scolaires soient aménagées à
l'avenir suivant la langue plutôt que suivant la religion. Étant
donné, par ailleurs, les garanties que la constitution canadienne
procure aux catholiques et aux protestants en matière scolaire -
là, je cite au texte le document que nous publiions en novembre 1982 et,
par conséquent, pas une position nouvelle - aucun gouvernement
responsable ne devrait cependant courir le
risque de voir annuler par les tribunaux des changements qu'il aurait
institués sans d'abord considérer à fond cet aspect
constitutionnel dans toutes ses implications. Toute réforme visant
à instaurer des commissions scolaires linguistiques devra en
conséquence être entreprise dans des conditions favorisant au
maximum le climat nécessaire à son succès, soit un climat
de confiance réciproque et de collaboration. 7) Le ministère de
l'Éducation est un rouage essentiel du système d'enseignement
dont a voulu se doter le Québec. Il doit continuer d'assurer la
direction générale du système d'enseignement public. Le
ministre de l'Éducation doit disposer à cette fin de pouvoirs
réels et efficaces. Vu la très forte centralisation
réalisée depuis 20 ans, le rôle du ministre doit maintenant
être révisé de manière à tenir compte du
rôle propre des commissions scolaires et des écoles.
Il nous était impossible, à la lumière de ces
orientations, d'approuver le projet de loi 40. Sous prétexte de
réforme, le projet de loi 40 menaçait d'instaurer dans notre
système d'enseignement un climat de confusion et de dispersion qui
eût fatalement abouti à une plus grande centralisation au profit
du ministère de l'Éducation et du gouvernement.
C'est à la lumière de ces mêmes orientations
générales que nous définissions dès l'automne de
1982 et des renseignements très utiles que nous devons retenir des
audiences tenues en janvier et février derniers autour du projet de loi
40 par la commission parlementaire de l'éducation que nous entendons
juger le projet de loi no 3.
Sur plusieurs sujets, le projet de loi 3 contient des modifications
considérables, voire des améliorations notables par rapport
à la version originelle du projet gouvernemental que véhiculait
le projet de loi 40. Sur le râle respectif des parents, des enseignants,
des professionnels et des élèves à l'intérieur de
l'école, sur le rôle du directeur d'école, sur le
rôle et les pouvoirs de la commission scolaire, par exemple, le projet de
loi 3 est un texte nouveau inspiré de prémisses fort
différentes de celles qui avaient inspiré la rédaction du
projet de loi 40. 11 faudra naturellement scruter de près la
signification et la portée exacte des changements proposés.
À première vue, ces modifications vont toutefois dans le sens des
voeux exprimés par la plupart des organismes entendus en janvier et
février derniers par la commission parlementaire de l'éducation.
S'il fallait cette fois adresser un reproche au projet gouvernemental, ce ne
serait plus de survaloriser l'école au point de réduire la
commission scolaire à un rôle de station de service, mais
plutôt d'infliger un enterrement de première classe à
l'idée maîtresse du projet initial qui était celle de
l'école communautaire et responsable, et pour laquelle, du
côté de l'Opposition, nous avons toujours manifesté un
intérêt certain, même si nous n'approuvions pas la
manière dont le gouvernement entendait la réaliser
concrètement.
Sur les valeurs religieuses à l'école, le projet de loi no
3 contient également des modifications importantes. En ce qui touche le
côté catholique, en particulier, le gouvernement a mis au point
des nouvelles dispositions au sujet desquelles l'Assemblée des
évêques du Québec a exprimé publiquement sa
satisfaction au nom de la communauté catholique. Même si nous
eussions préféré que les tractations qui ont abouti
à ce constat fussent davantage portées à la connaissance
du public en cours de route, nous notons, avec respect, l'avis exprimé
par l'épiscopat québécois. Cet avis nous inspire à
l'endroit des dispositions concernées du projet de loi un
préjugé favorable. Ce préjugé favorable ne saurait,
par contre, nous dispenser du devoir d'examen strict de vérification
rigoureuse qui incombe en dernière analyse et en toute circonstance dans
des situations comme celle-ci au législateur et non pas à quelque
corps extérieur.
Sur le caractère linguistique que le gouvernement entend donner
aux commissions scolaires, nous sommes d'accord, en principe; nous l'avons dit
à maintes reprises. Nous signalons, cependant, que les
difficultés découlant de l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique sont toujours là et que le
gouvernement n'a pratiquement rien fait depuis quelques années pour les
amenuiser, les faire disparaître ou pour clarifier les situations de
droit qui en découlent. Nous prévenons le gouvernement que nous
ne saurions consentir à des changements majeurs dans ce domaine, surtout
dans les territoires de Montréal et de Québec, à moins que
toutes les précautions nécessaires n'aient été
vraiment prises au préalable. Les propositions contenues à cet
égard dans le projet de loi 3 sont insatisfaisantes. Nous ne saurions
accepter en particulier que les groupes de citoyens qu'ont voulu
protéger les Pères de la Confédération en
rédigeant l'article 93 de la constitution soient réduits aux
misérables ghettos confessionnels esquissés dans le projet de loi
3.
Sur la composition des commissions scolaires, le projet de loi 3 nous
inspire des réserves sérieuses. Nous sommes tout à fait
favorables à une présence accrue des parents dans le
système scolaire, mais il faut que cette présence soit
aménagée dans le respect du rôle propre de chacun des
autres intervenants et aussi dans le respect de la logique
générale du système d'enseignement. Le mode de
représentation des parents que propose le projet de loi 3
procède, à cet égard, d'une logique dont la bonne
volonté
est évidente, mais dont la cohérence suscite des doutes
sérieux.
Les propositions gouvernementales auraient, en effet, pour
conséquence de placer sur le même pied, au sein de la commission
scolaire, les membres qui tiendraient leur mandat du suffrage universel de la
population et d'autres membres qui tiendraient leur légitimité
d'un collège électoral beaucoup plus restreint. Les
expériences antérieures que notre société a faites
de ce genre de composition mixte d'organismes à vocation politique n'ont
pas été heureuses. Il faudrait examiner soigneusement cette
partie du projet de loi afin de s'assurer qu'elle n'introduit pas une logique
contraire à celle sur laquelle est supposé continuer de reposer
l'édifice scolaire, en particulier la commission scolaire.
Les pouvoirs que le gouvernement entend réserver au ministre de
l'Éducation sont également pour nous une source de
préoccupation. Tout le monde s'attendait à une diminution
raisonnable des pouvoirs du ministre. Le projet de loi contient, au contraire,
plusieurs dispositions qui visent nettement à accroître ces
pouvoirs, ceci même par rapport à des dispositions qu'on trouvait
dans le projet de loi 40. Nous ne saurions souscrire à une
activité qui consisterait à augmenter les pouvoirs du ministre de
l'Éducation dans le contexte actuel.
Tout cela pour conclure que l'Opposition accueille avec satisfaction
certaines améliorations qu'apporte le projet de loi 3, mais qu'il ne
saurait être question à ce stade qu'elle donne son adhésion
au projet gouvernemental. Sur chacun des thèmes dont nous avons
traité, nous voulons d'abord entendre les opinions et recommandations
des groupes qui se présenteront devant nous, ainsi que les explications
du gouvernement.
A propos de chaque changement proposé, nous nous demanderons
loyalement en quoi et de quelle manière il est susceptible de contribuer
à l'amélioration de notre système d'enseignement dans le
sens d'une qualité plus élevée de l'éducation
dispensée à la jeunesse et à toute la population du
Québec.
Après avoir examiné le projet avec soin et entendu les
points de vue que l'on voudra soumettre à notre attention, nous
adopterons une ligne de conduite qui sera définie à l'occasion du
débat de deuxième lecture et dont je veux assurer nos concitoyens
qu'elle sera inspirée d'abord et avant tout par le souci de procurer
à la jeunesse et à toute la population du Québec un
système d'enseignement de haute qualité auquel elles ont
droit.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député d'Argenteuil, vice-président de la commission.
L'étape des déclarations d'ouverture étant
terminée, nous allons maintenant commencer la consultation
particulière en invitant le premier groupe que nous avions
convoqué, la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, à se présenter à la table,
s'il vous plaît!
M. Chagnon, bonjour!
M. Chagnon (Jacques): M. le Président, bonjour!
Le Président (M. Charbonneau): Je vous demanderais de nous
présenter la personne qui vous accompagne pour les fins du Journal des
débats. Je vous céderai immédiatement la parole.
Report de l'audition de la FCSCQ
M. Chagnon: M. le Président, je vous présente M.
Fernand Paradis, directeur général de la
fédération, et moi-même, Jacques Chagnon, président
général de la fédération.
Le Président (M. Charbonneau): Allez-y.
M. Chagnon: M. le Président, MM. les membres de la
commission, comme vous le savez sans doute, le 1er novembre dernier, a
été déposé en ce que je ne saurais peut-être
plus appeler une première lecture à la suite de la
déclaration que vous avez faite tout à l'heure - appelons cela
encore une première lecture pour les fins du débat - le projet de
loi no 3 qui, à notre avis, contient des modifications substantielles
par rapport au projet de loi 40. Compte tenu de cette nouvelle pièce
législative dès le 2 novembre, nous avons donc convoqué le
conseil d'administration et, d'autre part, l'assemblée
générale de la fédération, les 213 membres, les 213
commissions scolaires sur les 248 existant au Québec, en
assemblée générale spéciale pour le 24 novembre,
compte tenu du fait que nous sommes un organisme légalement
constitué, ce qui implique que nous ayons quinze jours de délai
entre le moment de la convocation et le moment de la tenue d'une
assemblée générale spéciale. Nous avons cru qu'il
était immédiatement nécessaire de procéder de cette
façon compte tenu du fait que nous avons toujours, tout au long des
débats depuis deux ans et demi dans cette question de la restructuration
scolaire, tenu à faire en sorte que nos membres aient la chance de
pouvoir dégager des positions sur l'une ou l'autre des
considérations, soit de l'ancien projet de loi, soit de celui-ci.
Nous pensons qu'il est d'intérêt pour cette commission
d'avoir le même respect des commissions scolaires que nous avons
vis-à-vis de nos membres en faisant en sorte de
nous permettre d'être entendus en commission parlementaire aussi
tôt que vous le voudrez, mais après le 24 novembre, s'il vous
plaît, compte tenu du fait que nous sommes en assemblée
générale dès ce moment.
Le Président (M. Charbonneau): Comme je l'ai
indiqué aux membres, M. Chagnon, nous avons un certain nombre de
contraintes. Je pense que la secrétaire de la commission, qui a
communiqué avec vous ou avec les gens de votre bureau, vous les a
indiquées clairement. Je les ai rappelées au début de la
commission et je pense que le vice-président les a rappelées
également. Pour acquiescer à votre demande, il est
évident, compte tenu du fonctionnement de notre commission, que les
membres, donc les deux côtés de la table, doivent être
d'accord. Tantôt, juste avant qu'on commence la séance publique,
j'ai eu des informations que, du côté ministériel, on avait
peut-être une proposition à faire. Je sais que le
vice-président m'en a également parlé et je pense qu'il
souhaiterait que l'on puisse donner suite à votre requête.
Pour éviter des longs palabres inutiles autour de la table, je
vais suspendre quelques instants et je vais demander au vice-président
et au ministre de l'Éducation de me rencontrer pendant quelques minutes.
On va voir dans quelle mesure on pourrait donner suite à votre
demande.
Les travaux de la commission sont suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 heures)
(Reprise à 11 h 55)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chagnon et M. Paradis, vous comprendrez bien à la longueur des
discussions qui ont suivi votre demande que l'évaluation que la
commission a dû faire, ce n'est pas uniquement par rapport à votre
demande, mais par rapport aussi à d'autres demandes qui pourraient
survenir et à la volonté légitime aussi des membres de la
commission de tenir compte des échéanciers au niveau de
l'adoption avant la période de l'ajournement des fêtes. Je pense
que, dans ce sens-là, finalement, la réponse que je pourrais
à la fois vous donner et donner aussi à d'autres qui pourraient
être tentés de formuler la même proposition, c'est que les
membres de la commission seraient d'accord pour qu'avant l'étude du
principe du projet de loi, c'est-à-dire avant l'étude en
deuxième lecture si on parle en termes traditionnels, il y ait une
journée additionnelle qui, normalement ou vraisemblablement, pourrait se
situer le mardi, 27 novembre. La commission tient à dire dès
maintenant qu'il n'y aurait aucune autre journée additionnelle que celle
du 27 qui, normalement, précéderait le débat en
deuxième lecture sur le ou les principes du projet de loi 3. Donc, si
éventuellement d'autres demandes de la même nature nous
étaient faites, la décision reviendra au comité directeur
de la commission, auquel les membres des deux côtés acceptent de
confier la responsabilité de voir à l'organisation des travaux de
cette journée du 27.
Donc, plus précisément à l'égard de votre
demande, nous l'accueillons favorablement, ce qui vous permettra normalement de
tenir votre rencontre, si j'ai bien compris, le 24 et qu'on puisse se voir
avant l'étude des principes. Il s'agira de voir avec le
secrétaire de la commission à quel moment on ferait cette
rencontre le 27. Le vice-président voudrait peut-être ajouter
quelque chose.
M. Ryan: M. le Président, oui, trois remarques.
Premièrement, je suis satisfait de constater qu'il a pu y avoir un
accord pour que la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec soit entendue à un moment qui suivra la
réunion générale qu'elle doit tenir autour du projet de
loi 3, le 24 novembre prochain. 11 me semble que cela saute aux yeux que la
date mentionnée par le président répond à la
demande qui avait été faite tantôt. Par conséquent,
je m'en réjouis parce que ce qui est important, ce n'est pas que nous
rencontrions les échéanciers du gouvernement à tout prix
mais que nous entendions à tout prix, les points de vue dont nous avons
besoin pour nous éclairer. Alors, de ce côté-là,
c'est parfait.
Deuxièmement, je voudrais faire deux autres remarques qui
complètent ce que vous avez dit. Je ne suis pas sûr, cependant,
que j'aurai votre accord sur ces deux points-là, mais je les expose en
toute bonne foi. D'abord, l'écart de temps: vous avez dit qu'il y aurait
une journée ajoutée le 27, mais que ce serait final, avec
l'accord de l'Opposition. C'est vrai, mais je tiens à dire que nous
donnons notre accord parce que nous avons une indication formelle de la part du
gouvernement. Cela ne nous ferait rien qu'on ajoute le 28 ou le 29, mais le
gouvernement nous a dit qu'il ne pouvait pas aller au-delà de cette
journée et nous l'acceptons. Par conséquent, le débat est
clos là-dessus, mais je ne voudrais pas que l'on dise: C'est
l'Opposition qui a accepté cela. Nous l'avons accepté parce que
cela nous a été donné comme une volonté clairement
définie de la part du gouvernement. 11 faut mettre les choses à
leur vrai niveau. Mais une fois que nous avons accepté, nous ne rouvrons
pas ces choses-là seulement pour le plaisir de prolonger les
débats.
Troisièmement, je voudrais qu'il soit
clairement établi que, si des organismes -nous avons
déjà reçu des messages et nous les avons dans nos
dossiers, ce matin - ont demandé à être entendus, la
décision à ce sujet sera discutée en commission et ne sera
pas laissée uniquement au comité directeur. Le comité
directeur peut faire des propositions. Je pense bien que, si des propositions
sont faites par le comité directeur, il y a de grosses chances que
celles-ci soient entendues. Mais je ne voudrais pas passer pour le type qui est
allé trafiquer les droits de ses collègues en arrière de
la tribune. Ce n'est pas la mentalité dans laquelle j'ai discuté
de ces choses-là.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. Sauf que, si j'ai
bien compris la proposition qui avait été formulée, un peu
de la même façon dont nous procédons, cette semaine,
à des consultations publiques selon une liste qui avait
été convenue par le comité directeur et qui, je pense, n'a
pas été remise en cause par les membres de la commission, qui, de
part et d'autre, avaient pu être consultés par leur porte-parole
respectif au sein du comité directeur, dans la mesure où le
comité directeur en arriverait à une entente, je ne vois pas bien
le problème.
Si jamais le comité directeur, par ailleurs, n'arrivait pas
à dégager un consensus, il est évident, selon les
règles mêmes de fonctionnement de la commission, qu'il reviendrait
aux membres de la commission de trancher. Mais je pense que la volonté
des membres, que j'ai exprimée tantôt, était qu'on se
ralliait à l'idée, plutôt que de se demander ce qui
arriverait cette journée du 27, à ce moment-ci, et comment nous
accueillerions d'éventuelles et hypothétiques demandes pour cette
journée, qu'on laisserait au comité directeur le soin de recevoir
ces demandes et de les évaluer.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il
convient peut-être de faire la lumière sur ce qui est sous-jacent,
dans le fond, à cette discussion que nous avons. D'une part, il faut
reconnaître que le présent projet de loi est volumineux, qu'il a
un très grand nombre d'articles. Deuxièmement, nous savons
qu'à l'Assemblée nationale se débat un autre projet de loi
également volumineux. Nous savons que nos règles, à
l'Assemblée nationale, font que trois commissions, au maximum, peuvent
siéger simultanément, ce qui aurait comme conséquence de
ne laisser qu'une seule commission parlementaire pour l'ensemble du programme
législatif qui, présentement, est soumis à
l'Assemblée nationale si, effectivement, de par l'ampleur du projet de
loi dont nous avons à discuter, nous devions prendre - je pense que ce
sera inévitable - plusieurs semaines pour en faire l'étude.
Nous sommes donc bien conscients que, à cause de l'ampleur de ce
projet, nous allons vraiment causer des problèmes à l'ensemble de
la législation qui est à l'Assemblée nationale; lorsque
nous discutons entre nous du temps à accorder pour entendre tel ou tel
témoin, nous en discutons en ayant à l'esprit qu'il y a d'autres
projets de loi qui sont présentement en discussion
premièrement.
Deuxièmement, c'est, d'ailleurs, dans cet esprit que, lorsque
nous avons abordé, avec les représentants de l'Opposition, la
question de cette liste, on a fait consensus. Je pense que là-dessus le
député d'Argenteuil a été très clair, il a
bien dit que la liste n'était certainement pas satisfaisante, ni pour le
gouvernement, ni pour l'Opposition, mais conscients des contraintes, on s'est
mis d'accord, pour se resteindre à un certain nombre d'organismes. Le
principe serait en fait, d'avoir, comme le dit, d'ailleurs, le
député d'Argenteuil... J'essaie de retrouver la phrase exacte de
l'intervention. En fait, on a mis l'accent pour que "les consultations aient un
caractère...
M. Ryan: J'espère que je vais être cité comme
il faut.
M. Bérubé:... à la fois synthétique,
plus bref et plus direct. " Enfin, je m'excuse! C'est que je reprends le texte
du député d'Argenteuil et, par conséquent, je voulais le
citer au texte. Effectivement, on s'en est tenu à certains grands
organismes qui représentent l'ensemble du Québec et non pas des
intérêts particuliers ici ou là et ayant plus
spécifiquement trait, d'ailleurs, à l'organisation du
système de l'éducation.
Il n'est pas exclu que tous les autres organismes qui veulent soumettre
un point de vue nouveau en fassent part à la commission dans un
mémoire. 11 n'est pas nécessaire de les entendre. On peut avoir
un mémoire qui nous est soumis par écrit et, par
conséquent, éclairer nos travaux à l'aide de ces
mémoires sans, nécessairement, prendre du temps de la commission
pour les entendre spécifiquement. Il est clair que, dans le cas de la
Fédération des commissions scolaires, c'est différent
parce qu'il s'agit d'un organisme majeur, d'un intervenant majeur dans le monde
de l'éducation; d'où notre volonté de tenter de
l'accommoder, mais en même temps sans ouvrir plus qu'il n'est
nécessaire.
Le troisième point - il faut quand même que je le souligne
- c'est que le député d'Argenteuil a dit: Si nous sommes
bousculés, c'est entièrement la faute du gouvernement. C'est une
affirmation facile, mais qui, malheureusement, de notre point de vue, n'est pas
exacte. En effet, nous avons
déjà débattu des principaux principes du projet de
loi en deuxième lecture. Nous avions proposé que soit entrepris
le débat de deuxième lecture cette semaine et que, en
troisième lecture, on puisse entendre les intervenants lorsque la
commission parlementaire fait l'étude article par article, ce qui nous
aurait permis alors d'entendre des intervenants concernant la modalité
particulière reliée, par exemple, au territoire de
Montréal ou encore certaines autres modalités du projet de loi.
Nous avons choisi, finalement, non pas de faire le débat de
deuxième lecture pour discuter les grandes orientations du projet de
loi, mais d'entendre des intervenants qui vont nous faire part de telle ou
telle réserve sur certains aspects du projet de loi.
On se situe donc davantage au niveau de l'étude article par
article plutôt qu'au niveau du principe étant donné que les
grands principes ont fait l'objet d'un long débat. C'est parce que
l'Opposition a fait ce choix auquel nous avons consenti que, évidemment,
on a bousculé l'ensemble des intervenants. 11 nous semble, quant
à nous, qu'il aurait été préférable que nous
ayons le débat de deuxième lecture à l'Assemblée
nationale cette semaine et que, effectivement, quinze jours plus tard, on
entende ceux qui voudraient s'exprimer sur tel ou tel aspect du projet de loi
et qui ne pouvaient pas le faire tant et aussi longtemps qu'ils n'avaient pas
en main le projet de loi pour l'étudier article par article.
Dans la stratégie de l'Opposition, et je ne la conteste pas, il y
a donc une cause importante des délais très courts qui nous sont
imposés. On essaie donc de réconcilier un peu tout le monde
là-dedans, M. le Président. Il faut bien s'entendre: oui, le 27,
nous acceptons d'entendre certains des intervenants qui ne peuvent pas, comme
aujourd'hui la fédération, intervenir à cette commission
à cause des délais trop courts. Il est cependant acquis que,
alors que nous donnons notre accord à la fédération, pour
les autres intervenants, nous entendons bien les examiner un à un.
Le Président (M. Charbonneau): C'est ce que j'avais
compris également. Y a-t-il d'autres intervenants? M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'aurais seulement une couple de précisions
à apporter. J'ai cru comprendre que le ministre avait dit que nous
avions déjà débattu en deuxième lecture les
principes du projet de loi à l'occasion du projet de loi
antérieur. Ce n'est pas exact parce qu'il n'y a jamais eu de
débat de deuxième lecture, même sur le projet
antérieur. Tout ce que nous avions eu a été des audiences
publiques pour l'écoute de points de vue extérieurs, mais les
points de vue des députés n'ont jamais été
exprimés dans un débat de deuxième lecture jusqu'à
maintenant.
M. Bérubé: Non, vous avez raison.
M. Ryan: Deuxièmement, je voudrais simplement rappeler que
nous agissons ici en vertu d'une motion qui a été
déposée à l'Assemblée nationale non pas par
l'Opposition, mais par le leader du gouvernement. Nous avons défendu le
respect de l'esprit et de la lettre de cette motion jusqu'à maintenant,
mais nous n'avons pas imposé notre volonté quant à la
décision consistant à dire que nous entendrions des organismes
avant le débat de deuxième lecture ou avant l'étude en
commission. Il y a eu une motion qui a été
présentée par le gouvernement, de sa propre initiative, il y a
dix jours, à l'Assemblée nationale, motion à laquelle, je
dois le confesser, par ailleurs, nous avons volontiers souscrit.
M. Bérubé: Il faut le faire. Cette motion a
été déposée par le gouvernement pour maintenir des
relations harmonieuses avec l'Opposition, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: On pensait qu'il agissait par conviction, mais on s'est
trompé.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va? Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires, d'autres interprétations que les
membres de la commission voudraient donner? S'il n'y en a pas d'autres, je sais
que M. Chagnon voudrait peut-être nous dire un petit mot additionnel.
M. Chagnon: M. le Président, peut-être une
interprétation supplémentaire. Nous, on croyait, de notre
côté, que le sérieux de vos discussions était le
corollaire du sérieux de notre demande, mais... Je tiens à
remercier tous les membres de la commission parlementaire et le
président d'avoir agréé notre demande de nous entendre le
27. Évidemment, je pense que l'assemblée générale
de la fédération vous saura gré d'avoir eu, comme nous
l'avons eu, le respect des positions qu'elle aura à prendre le 24
novembre prochain. Nous serons avec vous, le 27 novembre, à l'heure
qu'il vous conviendra.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous remercie de votre
collaboration. Je vais maintenant suspendre les travaux de la commission
jusqu'à 15 h 30, alors que nous devrions recevoir l'Association des
commissions scolaires protestantes du Québec. Les travaux de la
commission sont suspendus.
(Suspension de la séance à 12 h 9)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M. Charbonneau): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre poursuit ses consultations
particulières sur le projet de loi 3.
Auditions
Nous accueillons cet après-midi les porte-parole de l'Association
des commissions scolaires protestantes du Québec. Je ne sais pas qui
sera le porte-parole, le président ou le directeur général
de l'organisme. D'une part, je vous demanderais, s'il vous plaît, de nous
donner cette précision, tout en vous présentant les uns les
autres pour les fins du Journal des débats. Comme je l'indiquais ce
matin en début de séance et comme sans doute la secrétaire
de la commission vous l'a indiqué, nous disposons d'une heure et demie
d'une façon très stricte. Dans la mesure où vous pourriez
concentrer votre présentation dans une vingtaine de minutes, cela
laisserait au moins une demi-heure à chacun des deux côtés
de la table pour dialoguer avec vous.
Je ne sais pas si j'ai devant moi M. Wadsworth ou M. Simms.
Association des commissions scolaires protestantes du
Québec
M. Wadsworth (David): Oui et voici M. Simms, notre
président.
M. Simms (John A. ): Mesdames et messieurs de l'Assemblée
nationale, laissez-moi vous remercier pour avoir bien voulu nous inviter
à présenter notre réaction au projet de loi 3. Je suis
John Simms, le président de la QAPSB; M. Wadsworth, notre directeur
général; le Dr Cochrane, notre secrétaire
général; M. Colin Irving, l'avocat pour l'association, et Mme
Grace Hone, vice-présidente.
Je dirai juste un mot pour commencer. M. Wadsworth et M. Irving
présenteront la majeure partie de l'exposé. Nous sommes toujours
opposés au projet du gouvernement quant à la restructuration de
l'éducation. Les améliorations sont encore au niveau de la
structure administrative et ne feront rien pour aider l'enseignement, tandis
que les principaux changements envisagés n'entraîneraient qu'une
plus grande perturbation chez les enfants.
Le conseil supérieur a déjà déclaré
qu'il y avait trop d'éléments innovateurs de structure dans les
classes. Si le ministre souhaite qu'il y ait une commission linguistique, il
est libre de le faire. Cela est bien clair depuis 1926-1927. Par contre, ce
qu'il ne peut pas faire, c'est nous enlever nos écoles et notre
système. Nous avons l'intention de mener cette affaire devant les
tribunaux, d'interjeter appel. Depuis 1981, nous demandons un cas de
référence, mais notre requête est restée sans
réponse. Lorsque le même problème s'est
présenté en Ontario, le gouvernement s'y est penché et a
donné une réponse en un temps minimum. Étant donné
le manque de réaction dans notre situation, nous projetons d'intenter
une action légale cette semaine.
Nous avons hérité des "cautions" des commissions
scolaires, ce qui marche très bien. En tant que membres des commissions
scolaires, nous ne pensons pas avoir été élus pour
abandonner ces garanties sauf pour un changement en mieux, une
amélioration.
Le projet de loi 3 donne encore au gouvernement le contrôle des
budgets, des taxes, des textes, et du "curriculum" dans le domaine du travail
social vu qu'il n'existe aucune garantie constitutionnelle, il est
évident que les non-francophones perdront dorénavant leurs
institutions comme Ville-Marie. Nous avons des "cautions", des garanties
constitutionnelles, la plupart ayant été discutées devant
les tribunaux. Il est dans notre intention de les utiliser.
Maintenant, je vous présente M. Wadsworth.
M. Wadsworth: M. le Président et messieurs les membres de
la commission, j'aimerais vous remercier, au nom de notre association, de nous
avoir permis d'être ici aujourd'hui alors que vous entreprenez
l'étude exhaustive du projet de loi 3. Vous connaissez, comme M. Simms
l'a dit, la position de notre association concernant les dispositions du projet
de loi 3 en ce qu'elles visent le remplacement des commissions scolaires
confessionnelles par des commissions scolaires linguistiques, qu'elles sont en
dehors de la juridiction de l'Assemblée nationale. En langage juridique,
on dirait qu'elles sont ultra vires ou, en d'autres mots, qu'elles sont
illégales.
La raison pour laquelle nous croyons cela est très simple. De
nombreux jugements ont été rendus, dont le dernier vient de la
Cour d'appel du Québec, dans le cas du pouvoir d'imposition des
commissions scolaires. Tous ces jugements ont systématiquement maintenu
l'existence au Québec d'un système des commissions scolaires
confessionnelles. Le dernier jugement déclarait que ce pouvoir
d'imposition était protégé par l'article 93, de l'Acte
constitutionnel de 1867. Si la Cour suprême du Canada devait maintenir ce
jugement, non seulement ce pouvoir d'imposition serait protégé,
mais l'existence même des commissions scolaires confessionnelles le
serait également.
M. le Président, j'aimerais rappeler aux membres de la commission
la poursuite intentée, l'an dernier, par le gouvernement
de l'Ontario. En 1983, le gouvernement de M. Davis était
prêt à introduire une loi qui aurait modifié la Loi sur
l'éducation de l'Ontario en accordant certains droits aux
minorités francophones de la province. Quelques objections ont
été soulevées, mais pour s'assurer que ce qu'il se
proposait de faire relevait de sa compétence constitutionnelle, le
gouvernement ontarien a présenté certaines questions, par cas de
référence, à la Cour d'appel de l'Ontario. Ce cas a
été entendu en moins de douze mois et un jugement a
été rendu.
Pourquoi le gouvernement du Québec, qui est le seul à
pouvoir le faire, n'entreprend-il pas des démarches similaires? 11 y a
déjà trois ans que nous proposons cela. Si notre proposition d'un
cas de référence, qui remonte à 1981, avait
été acceptée, nous aurions les réponses à
toutes les questions auxquelles nous devons faire face concernant les
frontières, le niveau d'enseignement protégé, le statut
des commissions à l'extérieur de l'île de Montréal,
le droit d'imposition des commissions scolaires, et le droit des commissions
scolaires sur le contrôle des programmes d'études, etc.
Le système des écoles confessionnelles donne à ses
membres certains pouvoirs de gestion et de contrôle sur les finances, y
compris le droit d'imposition illimité, la gestion des immeubles, des
écoles, des ressources humaines et des matières
enseignées. Aucun gouvernement provincial ne peut éliminer ces
droits, parce qu'ils sont protégés par l'article 93 de l'Acte
constitutionnel de 1867.
Le projet de loi 3 a proposé ce qui suit à la population
du Québec: un système de commissions scolaires linguistiques
ayant certains pouvoirs de gestion limités, un droit de gestion en
matière de ressources financières y compris un droit d'imposition
limité soumis aux règlements ministériels ou
gouvernementaux, la gestion des immeubles, en vertu des règlements, la
gestion des écoles, sujette au contrôle des nombreux corps
consultatifs et des règlements, et la gestion des matières
enseignées, sujette aussi au régime pédagogique qui
restreint l'initiative locale à un strict minimum.
Tous ces pouvoirs de gestion que beaucoup considèrent
supérieurs au projet de loi 40 peuvent être éliminés
n'importe quand. Nous soutenons que les droits qui prévalaient avant
1867 ne peuvent être niés; ils sont réels. Les droits
inscrits au projet de loi 3 peuvent être modifiés en tout
temps.
J'aimerais vous rappeler qu'en 1977 le ministre des Finances, M.
Parizeau, déclarait aux représentants des municipalités
réunis ici à Québec que la taxe scolaire serait
éliminée. Par la suite, dans l'espoir que cela conviendrait aux
tribunaux, le projet de loi 57 proposait un plafond de 6% pour les taxes
scolaires. Si la Cour suprême du Canada soutient l'appel du gouvernement
dans le cas du projet de loi 57, le pouvoir d'imposition disponible en vertu du
projet de loi 3 disparaîtra, à notre avis, et ni les parents, ni
les commissaires, ni les contribuables n'y pourront rien. Le droit d'imposition
accordé en vertu du projet de loi 3 n'est pas protégé. De
plus, nous croyons que les autres droits accordés aux commissions
scolaires en vertu de la présente législation ne sont pas
protégés non plus.
Ceci ne constitue pas un défi au plan linguistique. Nous luttons
pour maintenir un système d'éducation qui ne pourra être ni
éliminé ni modifié selon les caprices du gouvernement au
pouvoir. Nous disposons maintenant d'un contrôle local. Mais nous ne
croyons pas qu'en vertu du projet de loi 3 nous pourrons dire a nos enfants:
Nous vous laissons un système au moyen duquel vous pourrez
contrôler les matières enseignées à vos enfants. Le
projet de loi 3 ne garantit pour l'avenir aucun contrôle local dans cette
province.
J'aurais une dernière remarque à faire avant que Me
Irving, le conseiller juridique de notre association, vous adresse quelques
mots. Nous ne disons pas et nous n'avons jamais dit au gouvernement qu'il n'a
pas le droit d'établir un système scolaire neutre ou
d'établir des écoles sous le contrôle des commissions
scolaires linguistiques. Nous disons, toutefois, que ce système ne peut
être implanté quand les immeubles appartiennent aux commissions
scolaires confessionnelles. Le projet de loi 3 propose l'élimination des
commissions scolaires confessionnelles et l'expropriation de leurs
écoles. Nous croyons donc qu'il s'agit d'un acte inconstitutionnel.
J'ai souligné que nous nous opposons au projet de loi 3 et j'ai
également mentionné les cas qui sont présentement devant
les tribunaux. Ce sont des cas très importants et c'est pourquoi
j'aimerais demander à Me Irving d'examiner ces cas avec vous afin que
vous puissiez les prendre en considération lors de vos
délibérations. Merci.
M. Irving.
M. Irving (Colin): M. le Président, MM. les membres de la
commission, c'est, dans un certain sens, du déjà-vu parce que
j'avais le plaisir de me présenter ici l'année dernière au
sujet du projet de loi 40 et j'ai à peu près les mêmes
commentaires à vous proposer aujourd'hui.
Je ne suis pas ici dans le but de vous persuader que le point de vue
légal de l'association est celui qui doit être adopté par
les cours, mais tout simplement de souligner qu'il reste des questions d'ordre
légal qui sont très importantes et qui doivent être
résolues avant que le projet de loi soit adopté. (16 heures)
11 y a deux questions principales qui sont déjà devant les
tribunaux. D'abord, la question de la loi 57 qui a été
mentionnée par M. Wadsworth où le jugement de la Cour d'appel du
Québec, la cour finale, la cour suprême du Québec, a
été rendu au mois d'octobre 1983, qui a trouvé
majoritairement certains articles de la loi 57, qui se trouvent maintenant dans
le projet de loi 3, ultra vires. 11 y a eu appel à la Cour suprême
du Canada entendu au mois de juin 1984, mais, pour le moment, il n'y a pas de
jugement. 11 nous paraît évident que, si le jugement de la Cour
d'appel est maintenu, le projet de loi 3 devra tomber. Il s'agit des
mêmes articles. On a un cas ici presque sans précédent,
autant que je sache, un Parlement s'apprête à
légiférer en adoptant des articles déjà
déclarés ultra vires par la Cour d'appel.
Devant la Cour suprême du Canada, quand il s'agissait d'une
demande pour que l'affaire soit entendue de préférence, une
demande faite par le gouvernement du Québec et non contestée par
les commissions scolaires, il me semble que le gouvernement a pris la
même position. Un affidavit, signé par un avocat du gouvernement
du Québec et qui parlait du jugement de la Cour d'appel que je viens de
mentionner, a été déposé en Cour suprême du
Canada. L'affidavit dit, en partie: "Depuis la décision rendue par la
Cour d'appel, il règne une insécurité juridique concernant
la compétence... "
Une voix: Voulez-vous me donner la date?
M. Irving: La date de l'affidavit, c'est le 30 mars 1984. J'ai
des copies ici. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il a été
déposé au moment où le gouvernement du Québec a
demandé à la Cour suprême une audition par
préférence dans l'affaire de la loi 57. Je cite de nouveau cet
affidavit: "Depuis la décision rendue par la Cour d'appel -
c'est-à-dire la décision qui déclarait ultra vires les
articles de la loi 57 qu'on trouve mot à mot dans le projet de loi 3 -
il règne une insécurité juridique concernant la
compétence du Québec de procéder à l'organisation
et à la gestion de l'ensemble du réseau des écoles
publiques du Québec. "
La requête elle-même, reçue par la Cour suprême
du Canada, disait à peu près la même chose. Je cite le
paragraphe 2 de la requête: "Tel qu'il appert de l'affidavit joint a la
présente requête, les arrêts de la Cour d'appel ont
créé une insécurité juridique concernant la
compétence du Québec de procéder, etc. " 11 cite
l'affidavit.
Malgré tout cela, on s'apprête maintenant à
légiférer. 11 me semble que la référence, dans
l'affidavit, est, évidemment, le pouvoir du Québec de
procéder à la restructuration des écoles,
déjà prévu, dans le temps, dans le projet de loi 40.
C'était l'opinion du gouvernement, en mars 1984. On se demande s'il y a
eu des changements depuis. Le jugement de la Cour suprême du Canada n'est
pas encore rendu.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, la cause a été
entendue au mois de juin 1984. Les intimés, mes clients, n'avaient pas
contesté la demande de préséance en Cour suprême.
Alors, la cause a été entendue et est en
délibéré. Mais depuis la date de ('affidavit, il n'y a
rien de changé. 11 faut présumer qu'il règne toujours une
insécurité juridique au sujet même du projet de loi qui est
devant vous. C'est pour cela que je dis, M. le Président, que c'est sans
précédent au Canada qu'un gouvernement procède à
légiférer, dans un tel climat où d'importantes questions
constitutionnelles sont impliquées.
M. Wadsworth vous a parlé, brièvement, de l'action du
gouvernement de l'Ontario quant aux amendements à la loi de
l'instruction publique en Ontario. M. Simms a parlé des demandes faites
maintes fois, depuis 1981, pour un référé en Cour d'appel.
Alors, si la suggestion de l'association avait été
acceptée en 1981, on aurait déjà un jugement et le climat
d'insécurité juridique n'existerait plus. 11 faut présumer
que le gouvernement procède sur la base que la Cour suprême du
Canada va renverser le jugement de la Cour d'appel. Mais le moins qu'on puisse
dire, c'est qu'on ne sait jamais. J'ai dit, au début, que je ne suis pas
ici pour essayer de vous persuader que nous avons raison. Je dis tout
simplement qu'il y a des questions qui restent ouvertes, qui restent
entières.
La deuxième cause touche un aspect plus particulier du projet de
loi 3, c'est-à-dire l'étendue de la protection de l'article 93 de
la constitution. Est-ce que, comme le soutient le gouvernement et cela a
été soutenu dans plusieurs causes déjà, la
protection ne vise que les frontières de Montréal et de
Québec telles qu'elles existaient en 1867? Dans la mesure où
cette question est déjà parvenue devant les cours, la
réponse a été non. 11 y a surtout le jugement de l'ancien
juge en chef de notre Cour supérieure, M. le juge Deschênes, dans
l'affaire communément appelée Notre-Dame-des-Neiges. La question
touchait une école dans le réseau de la CECM en dehors des
limites de Montréal de 1867. Comme je le dis entre parenthèses:
Toutes les écoles, sauf une seule du Protestant School Board of Greater
Montreal. Alors, le juge en chef, du temps, a décidé que, quand
même, l'école en question tombait sous la protection de l'article
93, thèse qui va à ('encontre de la thèse légale
sur laquelle, apparemment, le gouvernement se base dans le projet de loi 3.
Cette cause est devant la Cour d'appel. Ce sera, normalement, entendu au
printemps 1985.
Là encore, je vous suggère, M. le
Président, que c'est sans précédent de
légiférer en se basant sur le fait qu'une Cour d'appel va
renverser un jugement qui est toujours en vigueur. C'est sur ces deux aspects
qu'il y a déjà des jugements qui sont tous les deux en vigueur en
ce moment.
Dans les circonstances, M. le Président, on n'a pas l'intention
d'entrer dans les détails du projet de loi 3. Comme M. Wadsworth vous
l'a dit tout à l'heure, on ne conteste pas le droit du gouvernement du
Québec de créer un système d'écoles neutres. Cela a
été une des questions précises posées à la
Cour suprême du Canada et au Conseil privé en 1925-1926. La
réponse a été affirmative sous condition qu'en
légiférant en la matière le gouvernement ne touche pas,
n'enfreigne pas les droits protégés par l'article 93. C'est notre
prétention qu'en expropriant, tout simplement, le réseau
d'écoles bâti par la communauté protestante - qui est
légalement protestant, mais, en réalité, un système
ouvert à tout le monde -le gouvernement touche les droits
protégés par l'article 93. On renouvelle, ici, la demande,
déjà faite quatre ou cinq fois, qu'avant de procéder,
avant de légiférer, le gouvernement demande aux tribunaux de
rendre un jugement final, un jugement qui peut résoudre les
problèmes qui existent. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci.
M. Irving: J'ai des copies de l'affidavit en question, si cela
peut vous aider, messieurs.
Le Président (M. Charbonneau): Votre position étant
suffisamment claire, d'autant plus que vous ne voulez pas embarquer dans la
discussion sur le texte même du projet de loi...
M. Irving: Non.
Le Président (M. Charbonneau):... j'aurais tendance
à formuler deux brefs commentaires et à passer
immédiatement la parole à mes collègues parce que,
finalement, la discussion sur le projet de loi comme tel ne me semble pas
possible avec votre association. D'abord, j'ai l'impression que votre position
ne tient pas compte de la composition et des modifications qui sont intervenues
avec les années, avec les décennies, dans les différentes
communautés, à la fois ethniques et sociales du Québec. Si
la réalité était peut-être plus simple en 1867, elle
est peut-être un peu plus complexe aujourd'hui. Je me demande si ce n'est
pas préférable de procéder par une reconnaissance du
pluralisme confessionnel à l'intérieur des communautés
nationales ou linguistiques.
D'autre part, il est évident que, surtout à notre point de
vue, il est assez difficile d'accepter le fait que le gouvernement du
Québec, que le Parlement du Québec n'aurait pas juridiction en
matière d'éducation dans une bonne partie du secteur de
l'éducation, ce qui était en réalité la
volonté de nos représentants politiques en 1867. Je n'irai pas
plus loin dans les commentaires, mais j'ai l'impression qu'il y a une
espèce d'opposition irréconciliable entre ce que vous
prétendez et ce que, de notre côté, on peut
prétendre. De toute façon, je vais plutôt laisser au
ministre de l'Éducation le soin d'intervenir à ce moment-ci en
rappelant aux deux côtés de la commission qu'on a à peu
près une heure. M. le Vice-Président, oui.
M. Ryan: Je voudrais juste vous poser une question, M. le
Président. Quand vous avez dit à la fin: Et ce que, de notre
côté, on peut prétendre", qui incluiez-vous dans le
"on"?
Le Président (M. Charbonneau): Le côté
ministériel, c'est évident. Je ne parlais pas au nom de la
commission. Je rappelle que le président, depuis la réforme
parlementaire, n'est plus uniquement un président de séance, mais
est aussi un acteur comme les autres députés.
M. le ministre.
M. Bérubé: Fait-il partie de la majorité
ministérielle?
Le Président (M. Charbonneau): J'ose l'espérer,
encore.
Des voix: On le tire, on le tire.
Le Président (M. Charbonneau): Je sais que vous êtes
suspicieux à certains moments, mais je peux encore vous rassurer.
M. Bérubé: C'est sans doute signe, M. le
Président, que vous jouez un rôle d'arbitre à ce point
impartial que nous avons généralement l'impression que vous
n'êtes pas vraiment de notre côté.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais me méfier de
vos soupçons.
M. Bérubé: J'aurais, quand même, un certain
nombre de questions. J'aimerais avoir le point de vue, finalement,
peut-être du Dr Simms sur un certain nombre de points.
Par exemple, vous me dites que les commissions scolaires protestantes
ont contesté le pouvoir de réglementer la taxation, les
commissions scolaires protestantes ont contesté le pouvoir pour
l'État d'imposer des régimes pédagogiques. En fait, les
commissions scolaires protestantes ont contesté le pouvoir, au
Québec, d'avoir un ministère de l'Éducation.
En gros, c'est cela. Est-ce que c'est ce que je comprends?
M. Simms: Non, absolument pas.
M. Bérubé: J'aimerais que vous expliquiez ce qu'est
pour vous un ministère de l'Éducation dans une
société nationale normale.
M. Simms: We recognize the Minister of Education and that there
should be a Ministry of Education. However, we do also feel that the school
boards have been elected for over a century, have certain powers and
prerogatives and we feel that the presentations we have seen as far in the last
several years would lead mostly to centralization. The parents, we think, would
be used as pawns in this situation, that may be extreme, but we feel that is
the way that it would work out. The things that need to be done could be done
without Bill 3. We would be very happy to cooperate, as we have indicated, in
the things that could be done and should be done, but we do not agree to a Bill
which will take from us the last vestiges of control, in the schools. (16 h
15)
Originally, the school boards, as indicated by the Court of Appeal on
the judgment regarding Bill 65, had the power to control the schools, to fix
budgets, to tax, to set the subjects. We certainly think that there should be a
cooperative effort between the ministry, the school boards, the parents and the
staffs of our schools, the personnel, but we do not intend to stand idly by
while the ministry takes unto itself centralizing powers.
M. Bérubé: Sans parler de centralisation des
pouvoirs, je n'ai quand même pas trouvé dans votre réponse
tous les arguments qui pourraient me satisfaire complètement. Dans la
mesure où vous dites que l'État - vous le contestez, d'ailleurs,
en cour - n'a pas le droit d'imposer des régimes pédagogiques
donc, n'a pas le droit de prétendre influencer de quelque façon
les matières enseignées dans les écoles, si, de plus,
l'État ne se voit conférer qu'un seul pouvoir, celui de lever de
très lourds impôts pour financer les commissions scolaires, mais
qu'en retour de ces très lourds impôts il ne peut même pas
prendre les moyens pour protéger les contribuables fonciers contre un
abus de taxation, vous ne laissez à l'État que le soin d'imposer,
sans pouvoir justifier de quelque façon que ce soit l'utilisation de ces
taxes. C'est l'impression que laisse votre réponse.
M. Wadsworth: Mr. Minister, I think that you exagerated that
point. I do not believe that since the judgment by the Court of Appeal any
school board has rushed out and excessively taxed its constituents. If it did,
it would not be reelected in the next election. That is the control that is
there. As far as the "régime pédagogique" is concerned, there is
nothing in the action which has been taken indicating that we do not believe
that the Government has a place in setting the curriculum and setting certains
things. There are certain parts of that that we feel should be left to the
school board. We are not saying that the Government has no right to get
involved in curriculum. In this day and age, it would be stupid to even
contemplate such an action before the courts.
What we do say is that there are certains powers on the course of study
which were guaranteed to school boards and those powers still exist today. And
it is not a case of saying... We agree that there should be limits on taxation.
If a school board taxes excessively, then that school board does not deserve to
be reelected. But it is to respond to local needs that it decides its needs and
if its taxpayers want to pay more money for extra services, then they should be
entitled to do so. There is nothing wrong with that and that was the argument
that was made before the Court of Appeal and the Superior Court on the taxation
case.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je voudrais rappeler aux gens - M. le ministre, une seconde - qui
sont dans l'assistance que les mêmes règles s'appliquent ici, dans
la salle de la commission parlementaire, qu'au salon bleu, c'est-à-dire
qu'il est interdit de manifester d'aucune façon, soit son approbation,
soit sa désapprobation par rapport aux débats qui ont cours avec
les parlementaires. Je suis convaincu que les gens, qui sont dans la salle,
comprendront que cette règle doit être appliquée.
M. le ministre.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Je
voulais quand même avoir une réponse plus positive parce que dans
les interventions, souvent, on laisse planer une impression qui n'est
peut-être pas celle que vous avez à l'esprit, mais qui, par le
type de recours juridique, peut laisser entendre, dans le fond, autre chose que
ce que vous avez à l'esprit. Je tenais à vous poser la
question.
La question suivante a davantage trait à certains cas de cour que
M. Irving a invoqués. Par exemple, il a invoqué le jugement
Deschênes dans la cause Séguin, si je ne m'abuse. Il nous dit que
les citoyens ou résidents habitant les territoires élargis de la
CECM jouissent des mêmes privilèges que les citoyens habitant le
territoire original de 1867. Voilà, si je ne m'abuse, ce que j'ai pu
comprendre du jugement du juge Deschênes. Dans la Loi de
l'instruction
publique de 1861 existe un article qui donne au lieutenant-gouverneur en
conseil le pouvoir de modifier les territoires. De fait, depuis 1867,
l'État a utilisé ce pouvoir; il a agrandi les territoires des
commissions scolaires. Lorsqu'il agrandit les territoires des commissions
scolaires, le juge Deschênes nous dit, au moins dans ce jugement, que les
droits des citoyens sont également étendus à ces nouveaux
territoires. A-t-il dit que l'État n'avait pas le droit de modifier les
territoires à l'inverse, c'est-à-dire de réduire les
territoires? Y a-t-il un endroit dans le droit québécois qui
donne le pouvoir à l'État d'agrandir le territoire, mais de ne
jamais le diminuer?
M. Irving: M. le ministre, si vous me le permettez, je vais vous
répondre par une autre question. J'accepte volontiers que, dans le loi
de 1861, le gouvernement avait le droit de fixer les territoires des
commissions scolaires. Laissez-moi prendre l'exemple de la CEPGM qui
possède maintenant, sur le territoire desservi à Montréal,
si je ne m'abuse, 83 ou 84 écoles. Je dois ajouter que ces écoles
étaient là en 1973 quand a été créé
le Conseil scolaire de l'île, payées non par les subventions
gouvernementales, mais par les taxes payées par la communauté
protestante à Montréal. Ce réseau comprend environ 80
écoles, mais le territoire proposé dans le projet de loi 3 en
contient une seule. Peut-on me dire qu'en créant un tel territoire,
comprenant une seule école sur 80, le gouvernement exerce le pouvoir de
réaménager des territoires scolaires?
M. Bérubé: De la même façon, je vous
retournerais la question suivante.
M. Ryan: Je m'excuse, j'ai manqué la question.
Pourriez-vous la répéter, M. Irving?
M. Irving: Ma question, c'est ceci, M. Ryan. J'accepte que le
gouvernement avait le droit en 1861 de déterminer les limites des
commissions scolaires, des régions scolaires, car c'étaient des
municipalités scolaires dans le temps. La question que je pose, c'est
ceci: En prenant le territoire actuel de la CEPGM avec 80 écoles et en
traçant une ligne qui, apparemment, selon les limites de Montréal
en 1867, ne contient qu'une seule école sur 80, est-ce là un
exercice valable du pouvoir du gouvernement de créer, de
délimiter, de déterminer les limites d'une municipalité
scolaire? Je vous suggère, M. le ministre, que la réponse est
non. C'est ce qu'on appelle "colourable" en anglais; la traduction
m'échappe pour l'instant. C'est déguisé. C'est apparemment
l'exercice d'un droit donné, mais c'est déguisé. Ce n'est
pas du tout le but visé par la loi. C'est cela, la réponse, M. le
ministre.
J'espère bien que j'ai répondu à une autre question
que vous avez posée tout à l'heure. Les contribuables, c'est nous
autres. Les commissions scolaires sont les représentants de la
communauté protestante. Elles n'ont pas le droit de se protéger
elles-mêmes. Elles sont là comme représentants, comme
agents, de la communauté. C'est la communauté protestante qui a
créé ce réseau, ce n'est pas le gouvernement. Cela existe
depuis très longtemps, pas payé par les subventions et qui
s'élevaient à peu près à 13% ou 14% des budgets en
1973. Ce sont les taxes payées par la communauté qui ont
créé ce réseau et c'est pour cela que l'on dit qu'on n'a
pas le droit de le confisquer tout simplement.
M. Bérubé: Donc, ce que vous me dites, c'est que,
parce que la population a quitté un territoire donné où
des droits précis avaient été reconnus par la
constitution, le gouvernement, à ce moment-là, automatiquement,
n'a que le pouvoir d'agrandir la commission scolaire et de ne jamais la
réduire. Et si demain il y avait moins d'enfants inscrits aux
écoles de la commission scolaire de Montréal, il faudrait
étendre la commission scolaire de Montréal sur tout le territoire
du Québec, un peu comme on l'a fait avec la commission scolaire
protestante de la région de Québec, qui maintenant couvre
jusqu'à Sept-Îles. En d'autres termes, si je vous comprends bien,
le seul pouvoir que le gouvernement s'est vu conférer par la
constitution de 1867, c'est le pouvoir d'accroître les territoires des
commissions scolaires et de ne jamais les modifier.
M. Irving: Si c'est cela que vous avez compris, M. le ministre,
c'est évident que je me suis mal exprimé. Je ne dis pas que le
gouvernement n'a pas le droit de réduire un territoire; je dis tout
simplement que créer un territoire sans école, cela n'est pas
l'exercice de ce droit, c'est autre chose.
Est-ce qu'il y a une commission scolaire ou un gouvernement ou une
agence quelconque qui va créer, sous le prétexte de créer
une municipalité scolaire, un territoire où il ne reste plus
d'élèves, où il ne reste plus d'écoles? Le gros bon
sens dit le contraire. Je ne cite pas la loi ici, mais je dit tout simplement
que...
M. Bérubé: M. le Président, voici la
question que je voudrais poser maintenant à M. Irving. Je pense que son
raisonnement est habile, mais en même temps, à mon avis, il ne
répond pas vraiment à la question. Lorsqu'on revient à
1867, on constate qu'il y a eu des territoires pour lesquels on a reconnu des
commissions scolaires confessionnelles. Sur le reste du territoire
québécois, ce que l'on a reconnu, c'est un droit à la
dissidence, c'est-à-dire que,
lorsqu'une commission scolaire commune ne respecte pas
adéquatement les droits d'une minorité catholique ou protestante,
celle-ci a le droit de se donner une commission scolaire séparée.
Les catholiques et les protestants ont donc droit à des commissions
scolaires séparées et le système que vous nous proposez
est qu'au contraire toutes les commissions scolaires seraient confessionnelles
et ce seraient les neutres qui seraient obligées d'aller obtenir des
commissions scolaires séparées. Vous virez complètement le
problème à l'envers. En d'autres termes, vous semblez asseoir
fondamentalement un régime confessionnel et obliger tous ceux qui ne
partagent pas la confession religieuse à aller se chercher des
commissions scolaires dites séparées ou des écoles
séparées.
Si on suit cette ligne de raisonnement, je peux comprendre, à ce
moment-là, pourquoi vous arrivez à la conclusion qu'on ne peut
pas réduire le territoire des commissions scolaires dites
protégées puisque c'est un système universel que vous
voulez implanter. Mais si, au contraire, on se ramène au territoire de
1867, ce qui reste aux communautés protestantes et catholiques, ce sont
les droits que ces communautés se sont vu conférer par la
constitution de 1867, soit le droit de dissidence. Est-ce que ce droit de
dissidence est contesté dans le présent projet de loi?
M. Irving: Deux réponses, M. le ministre. Je n'entre pas
dans les détails juridiques ici, mais, comme vous le savez, dans le
jugement de la Cour suprême du Canada, jugement unanime par ailleurs,
dans l'affaire Hirsch, cause intéressante parce que c'est dans la cause
Hirsch que le gouvernement du Québec a demandé... C'était
un référé à la Cour d'appel; comme les temps ont
changé! C'est le gouvernement qui a référé les
questions à la Cour d'appel. Une des questions posées
était précisément de savoir si le gouvernement avait le
droit de créer un système d'écoles neutres, un
système d'écoles pour les gens qui n'étaient ni
catholiques, ni protestants. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la
réponse a été oui. (16 h 30)
Dans le jugement de la Cour suprême du Canada, il a
été décidé que les écoles dites protestantes
en dehors de Montréal et Québec étaient confessionnelles
et les écoles catholiques aussi. Alors, il y avait une différence
d'opinions entre la Cour suprême du Canada et le Conseil privé qui
a décidé que seules les écoles de Montréal et de
Québec et les écoles dissidentes étaient confessionnelles.
Cette question est de nouveau devant la Cour suprême du Canada, dans le
moment. Parce que, comme vous le savez sans doute, la Cour suprême n'est
plus liée par les jugements du Conseil privé. Alors, c'est une
question qui reste ouverte, à savoir si, oui ou non, les écoles,
en dehors de Montréal et de Québec, sont confessionnelles.
Mais, même en supposant que le Conseil privé avait
raison... J'ouvre là une parenthèse, pour un instant, parce que
c'est un résultat un peu absurde. La création de notre
système d'écoles au Québec, qui remonte à
l'année 1841, peu après les événements de 1837 a
été beaucoup influencée par l'Église; ce
n'était pas l'Église protestante, mais l'Église catholique
dans le temps. C'est l'Église qui a exigé des écoles
confessionnelles. Ce sont les catholiques qui se sont battus pour des
écoles confessionnelles. Le jugement du Conseil privé mène
à un résultat absurde que seuls les protestants avaient des
écoles confessionnelles au Québec, parce qu'eux seuls
étaient minoritaires. Je laisse le sujet, mais je dis, tout simplement -
je le dis avec respect - que le jugement du Conseil privé, sur lequel
votre opinion est basée, mène à une conclusion qui ne
tient pas.
Mais, même si vous avez raison, même si c'est juste la
dissidence qui est protégée en dehors de Montréal et de
Québec, le résultat de votre projet de loi est ceci: depuis 1867,
toutes ces écoles ont été reconnues par le gouvernement du
Québec comme étant confessionnelles. Depuis 1971, le gouvernement
prétend que le droit de dissidence n'existe plus. On dit: On avait
créé des commissions scolaires pour les protestants et pour les
catholiques; résultat: il ne reste plus de minorité. Alors,
même si le droit de dissidence reste, vous ne pouvez pas l'exercer, parce
que c'est un droit qui appartient à une minorité et il ne reste
plus de minorité.
Avec tout cela, des écoles et commissions reconnues comme
confessionnelles, depuis le début, qu'est-ce qu'on propose maintenant?
On dit: D'abord, on va s'approprier vos écoles, on va les prendre, tout
simplement, sans compensation, et on va les donner à des commissions
neutres. Après, vous avez le droit de dissidence, vous pouvez
recommencer à zéro. Alors, je dis, comme réponse, M. le
ministre, que, même si vous avez raison sur la question juridique - c'est
une question qui est devant la cour - le projet de loi 3 enfreint quand
même les droits protégés par l'article 93, parce que c'est
impossible d'exercer un droit de dissidence dans de telles circonstances. Ayant
bâti un système d'écoles pendant plus d'un siècle,
on le voit disparaître par l'effet de la loi et on nous dit, maintenant:
Recommencez! Encore une fois, je dis que c'est un point soumis à la
cour. Je soutiens, avec respect, que c'est déguisé. Cela semble
être la reconnaissance d'un droit protégé par la
constitution, mais
trop tard, après que tout est disparu, vous avez le droit de
dissidence. C'est un droit sans valeur dans de telles circonstances. C'est
notre réponse.
M. Bérubé: Toujours dans la même ligne de
pensée - je trouve votre réponse fort intéressante -
j'adresserais, maintenant, une question à M. Wadsworth. Essentiellement,
ce que M. Irving vient de nous faire comme démonstration, c'est qu'il
nous dit: Si ces commissions scolaires devenaient non confessionnelles, le
droit de dissidence serait hypothétique, car il serait impossible, pour
les protestants, de se rebâtir un système d'éducation. Et,
si on renverse l'argument, si les commissions scolaires sont protestantes, il
devient, à ce moment-là, prohibitif à des neutres
d'obtenir véritablement des commissions scolaires qui conviennent
à leurs opinions religieuses.
La question que je vous poserais, M. Wadsworth, est la suivante: Puisque
vous êtes administrateur, vous savez à quel point l'administration
scolaire coûte cher; est-ce qu'en pratique, si on s'oblige à avoir
des commissions scolaires anglophones, francophones, catholiques, protestantes,
neutres -faites toutes les combinaisons que vous voudrez - les frais
administratifs ne seront pas tels qu'ils vont constituer un déni pour
l'ensemble de nos concitoyens qui ne partage pas les convictions religieuses
d'une confession ou l'autre?
M. Wadsworth: There is no question about it that if you had a
system that was English, French, Protestant, Catholic for the whole bunch yes,
it would be more expensive. But, at the present time, the Protestant boards
accept children of all faiths, they have done so and have continued to do so
and 1 do not see that there is any reason to change what we have right now.
There is a problem that has been raised time and time again by the
Anglo-Catholics off the Island of Montreal: they are not represented. They are
represented on our boards as parents' reps and we have suggested to you that
there is a possibility that we could solve the problem of representation of the
Anglo-Catholics on our boards by changing the interboard agreement to provide
that when we educate a Roman-Catholic, an Anglo-Roman-Catholic, in our English
Protestant schools, those people, if they are taxpayers, should have their
taxes transferred to the Protestant Board and then provide in the Education Act
that anyone who pays taxes directly or indirectly to a Protestant Board is
entitled to sit as a commissioner or to run as a commissioner on a Protestant
Board.
That would be a de facto linguistic board, but it would still be a
Protestant Board. 1 believe that that would be legal and 1 believe that we
would solve the problem of those parents who feel that they need to be
represented on the school commissions. But they would still be Protestant
Boards and they would still have those powers that we believe school boards do
have, which we do not, and we feel cannot be taken away, as we have said. If,
in the future, we have proved to be right in the courts, then perhaps we can
sit down and discuss something.
My feeling is that the Government does not believe that the Protestant
Boards, or the confessionnal school boards, have any powers at all. We do, we
believe we do. It is going to have to be determined by the court of law and if
we do have powers, then let us discuss. At least we will be playing poker with
everyone knowing that they have real cards. What we are playing with right now
is that when we discuss something with the ministry, they say: Well, you do not
have the power on curriculum, on finance, on certain management control items.
We believe we do, and if we do have those powers and they are upheld by the
courts, then we can have a fruitful discussion but 1 do not see that we can
without that.
M. Simms: I think we should say too that the Minister can add
rights; that is what we are saying. He cannot take them away, but be can add
them. He can add them to those people whom perhaps he feels are dispossessed
and it is not a matter strictly of economy by centralization. If you look at
Ontario at the present time or New Brunswick and look at what they are doing,
you see something altogether different. Ontario is adding to its religious
system grades 11, 12 and 13, so that the Catholic schools of Ontario can have
the full elementary and secondary education. Not only that, they referred the
matter of French education to the Court of Appeal and they are quite prepared
to add there. I think that in a country such as ours, with a mosaic of peoples
such as ours, you have to provide for that kind of difference among the
people.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
vice-président de la commission, le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord rappeler que des
préoccupations qui nous sont communiquées aujourd'hui par
l'Association des commissions scolaires protestantes avaient déjà
été exposées en janvier dernier, lors de la rencontre de
l'association provinciale des commissions scolaires protestantes avec la
commission parlementaire de l'éducation qui étudiait le projet de
loi 40. À ce moment, comme avant le dépôt du projet de loi
40 et comme nous
l'avons fait de nouveau ce matin, nous avons dit que nous étions
très sensibles aux préoccupations que vous avez exprimées
en rapport avec les droits constitutionnels garantis par l'article 93 de l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique.
Une chose m'a beaucoup frappé dans ce que nous avons entendu au
cours des derniers mois à ce sujet. Vous aviez rappelé à
ce moment - vous l'avez fait de nouveau aujourd'hui - que, depuis 1981, vous
avez demandé au gouvernement, pour les questions qui étaient
source de litige au plan juridique - évidemment, cela dépasse le
plan juridique parce que, pour plusieurs en tout cas, cela atteint le plan des
conceptions qu'on a des droits des citoyens, cela va beaucoup plus loin que les
strictes questions de légalité, évidemment, cela implique
la conception même qu'on a du genre de société politique
dans lequel nous vivons - de faire un renvoi à la Cour d'appel. Vous
aviez écrit à quelques reprises au gouvernement, je pense,
à ce sujet.
Je pensais tantôt qu'enfin nous aurions peut-être la
réponse claire que nous attendions du gouvernement, mais j'ai
remarqué que le ministre n'a pas parlé du tout de cet aspect de
votre intervention qui est capital, à mon point de vue. Pourriez-vous
résumer ce qui est arrivé? Depuis 1981 que vous posez ce
problème, est-ce que le gouvernement vous a donné une
réponse écrite à quelque étape des
procédures? Est-il arrivé que vous ayez la chance de vous asseoir
à table avec le gouvernement pour discuter de ces questions?
M. Wadsworth: The first letter was written on December 1st 1981
to Dr Laurin, who was then the Minister of Education. At the beginning of
January 1982, Mr. Irving and 1 had a meeting with Jacques Girard and
André Rousseau, the deputy-minister and the assistant deputy-minister.
Our letter was there and the verbal response that we got from Jacques Girard at
that time was that Dr Laurin would not refer, that he would rather have
consensus from the population on his proposal.
In April 1983, we wrote to Dr Laurin and then in May, following a
meeting that Dr Simms had with the Premier of the province, again a letter was
made and there has been no written response to that. We have made the request
to the present Minister and he has indicated to us that he does not feel that
he wishes to refer, but we have not received any written reply from anyone in
connection with our letters to date.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, je voudrais rappeler
à l'attention des membres de la commission que les deux causes qu'a
évoquées M. Irving - et il y en a d'autres qui sont en marche
également, mais ce sont les deux plus importantes, comme il l'a
signalé - sont celles qui portent sur la loi 57 traitant de la
fiscalité municipale qui fut adoptée, si mes souvenirs sont
exacts, en 1980 ou 1981.
Une voix: En 1979.
M. Ryan: En 1979, très bien.
Une voix: De mémoire.
M. Ryan: Cette cause, si je comprends bien, a été
entendue à la Cour suprême. Un appel avait été
institué par le gouvernement du Québec de la décision
rendue par la Cour d'appel. La cause a été entendue par la Cour
suprême et le jugement est attendu au cours des mois à venir. Vous
n'avez pas d'indication précise autre que celle-là pour
l'instant?
Une voix: Non.
M. Ryan: C'est une cause qui traitait spécialement du
pouvoir de taxation des commissions scolaires, si j'ai bien compris.
M. Irving: C'est bien cela, M. Ryan. Il y a d'autres questions
aussi comme les frontières de Montréal, le niveau
d'éducation protégée; il s'agit là de questions
auxquelles la Cour d'appel n'a pas jugé bon de répondre. Ce
n'était pas nécessaire. Alors, on ne sait pas si, oui ou non, la
Cour suprême va se prononcer sur ces questions.
M. Ryan: Maintenant, la cause concernant l'école
Notre-Dame-des-Neiges qui a donné lieu à un jugement du juge
Deschênes...
M. Irving: Oui.
M. Ryan:... ci-devant juge en chef de la Cour supérieure
du Québec. Ce jugement, si mes souvenirs sont bons, a été
rendu en 1980.
M. Irving: En 1980 ou encore en 1979, j'oublie un peu. (16 h
45)
M. Ryan: Je l'ai ici. Disons que ce n'est sûrement pas
au-delà de 1980, en tout cas. Je l'ai ici, le 17 avril 1980. Vous nous
dites que cela devrait être entendu en Cour d'appel du Québec ce
printemps ou cet hiver, si j'ai bien compris.
M. Irving: Oui, M. Ryan.
M. Ryan: Pouvez-vous, à moins que ce ne soit
dérogatoire et vous me le direz si je dépasse les
frontières d'une saine prudence, me dire ce qui est arrivé pour
que cela ait
pris tellement de temps? Est-ce que, de votre côté, vous
n'étiez pas intéressé à ce que cela aille plus
vite?
M. Irving: Non, nous...
M. Ryan: Vous n'êtes pas là-dedans. Très
bien.
M. Irving: C'est bien cela. Tout ce que je sais, M. Ryan, c'est
que, encore une fois, le gouvernement était l'appelant. Le
mémoire du gouvernement n'a été déposé que
deux ou trois ans après que le jugement eut été rendu. Le
mémoire des intimés a aussi beaucoup traîné, environ
18 mois de plus.
M. Ryan: C'est donc dire que vous n'avez entendu parler d'aucune
hâte raisonnable de la part du gouvernement...
M. Irving: Non, non.
M. Ryan:... pour obtenir une clarification par les tribunaux
supérieurs dans cette affaire.
M. Irving: Au contraire.
M. Ryan: Au contraire. Merci.
M. Irving: Au contraire. Je dois ajouter que, si le projet de loi
3 est adopté, on a bien l'intention de demander la permission à
la Cour d'appel d'intervenir dans cette cause parce que cela touche nos droits.
On va demander en même temps que la cause soit entendue par
préférence.
M. Ryan: Bien. Maintenant, il y a une chose au sujet de laquelle
je voudrais vous interroger. Vous n'en avez pas parlé dans votre
intervention parce que le temps qui vous était imparti était
limité sans doute. Une décision très importante a
été rendue par la Cour d'appel de l'Ontario il y a quelques mois.
Je ne sais pas exactement à quelle date, peut-être pourriez-vous
me le rappeler.
M. Irving: Le...
M. Ryan: C'est en 1984, je crois.
M. Irving: En 1984, en effet, peu après l'audition en Cour
suprême de l'affaire de la loi 57. Cela a été entendu au
mois de février 1984 et le jugement est sorti vers le début de
juillet.
M. Ryan: Si tard que cela, au début de
l'été, finalement.
M. Irving: Oui, c'est cela.
M. Ryan: Très bien. J'ai lu ce jugement avec beaucoup
d'intérêt et je pense qu'il a un lien important avec la question
dont nous discutons aujourd'hui. Dans l'opinion qu'elle a donnée, en
réponse d'ailleurs à des questions que lui avait soumises le
gouvernement de l'Ontario, la Cour d'appel de l'Ontario a
décrété que l'article 23 de la Charte canadienne des
droits et libertés devait être interprété comme
signifiant que les écoles de la minorité linguistique dont parle
l'article 23 doivent être comprises comme étant des écoles
non seulement où l'on dispense l'enseignement en français, mais
des écoles qui sont sous le contrôle de la minorité
linguistique.
M. Irving: C'est bien cela.
M. Ryan: Plus loin dans le jugement, à la page 90 - vous
en avez peut-être une copie avec vous - les juges ajoutent ceci: "Selon
notre perception de la charte, celle-ci accorde aux contribuables des
écoles confessionnelles un droit qui s'ajoute à ceux qui leur
avaient été accordés en 1867 par l'article 93. Ils ont
maintenant droit, par l'application de l'article 23, d'obtenir pour leurs
enfants un enseignement confessionnel dans la langue soit de la
minorité, soit de la majorité. Si, en raison de l'article 93,
l'article 23 était considéré inapplicable aux
écoles confessionnelles, il en résulterait une situation anormale
et, effectivement, tout à fait inacceptable. " Alors, c'est clair, on
dit que cette protection qui découle de l'article 23 vient s'ajouter
à celle déjà garantie par l'article 93.
Cela m'inspire deux questions à votre intention. Vous avez
déjà dit devant la commission en janvier dernier que, si le
gouvernement était prêt à échanger des droits
constitutionnels d'ordre confessionnel pour une protection constitutionnelle
d'ordre linguistique, peut-être qu'il y aurait des choses à
discuter. Je ne sais pas si c'est à cela que M. Wadsworth a fait
allusion tantôt, je ne veux pas lui prêter d'intention qu'il
n'avait point. Mais vous aviez dit que, si jamais il devait être question
de laisser ces garanties confessionnelles, il faudrait des garanties
linguistiques équivalentes. Ma question est la suivante: Si, ce jugement
de la Cour d'appel de l'Ontario - c'est une opinion, mais qui a la valeur d'un
jugement, à toutes fins utiles - devait être confirmé par
la Cour suprême devant laquelle il y a appel, si je comprends bien, de la
part du gouvernement de l'Ontario, cela n'apporterait-il pas les garanties
linguistiques dont vous parliez au plan constitutionnel? Et quelle serait la
situation pour nous, au Québec?
M. Irving: D'abord, il y aura peut-être un appel en Cour
suprême. Un des intervenants en Cour d'appel de l'Ontario a
déposé un avis d'appel. On ne sait pas pour le moment s'il
sera accepté par la Cour suprême ou non. Il y a là une
question de juridiction.
Pour répondre à la vraie question, c'est un début,
si ce jugement était accepté par le gouvernement du
Québec. Pour le moment, c'est un jugement d'une Cour d'appel d'une autre
province, cela ne lie pas les cours du Québec et je n'ai aucune
idée si le gouvernement du Québec, qui n'était pas partie,
l'accepte ou non. S'il y a jugement de la Cour suprême du Canada dans le
même sens, je dis oui, c'est un début parce qu'on dit dans le
jugement de la Cour d'appel de l'Ontario que les écoles de la
minorité doivent refléter la langue et la culture de la
minorité et doivent être mises sous le contrôle de cette
minorité, un droit qui, pour nous, n'est pas respecté par le
projet de loi 3, mais ce serait peut-être le commencement d'une garantie
constitutionnelle linguistique au lieu de confessionnelle. Comme vous le savez,
M. Ryan, et le ministre aussi, on ne veut pas échanger un droit qu'on a
pour des promesses qui ne sont pas assujetties à des garanties.
Malheureusement, le gouvernement du Québec n'est pas en mesure de
remplacer l'article 93.
Un autre aspect fort intéressant de ce jugement, c'est qu'on
avait décidé que les droits linguistiques, sous l'article 23 de
la charte, qui, pour le Québec, sont les droits des anglophones et dans
l'Ontario, des francophones, s'ajoutent aux droits qui se trouvent dans
l'article 93, c'est-à-dire que les commissions scolaires dites
protestantes, dans la mesure où elles sont des commissions anglophones,
de facto, sont devenues maintenant - si le jugement est valide - des
commissions linguistiques aussi; cela existe déjà.
M. Ryan: Est-ce que vous avez terminé?
M. Irving: Oui.
M. Ryan: Je ne veux pas vous interrompre. Deux brèves
questions dans la même perspective générale. Vous avez dit,
à deux reprises, dans les explications que vous avez fournies
tantôt, M. Irving, que nous sommes en présence de deux jugements
qui sont contraires à la thèse soutenue par le gouvernement: le
jugement Deschênes concernant l'extension des territoires de 1867 et le
jugement qu'on appelle Malouf, concernant les pouvoirs surtout fiscaux et
financiers des commissions scolaires. Vous avez dit: Si le gouvernement
décidait de légiférer, si l'Assemblée nationale,
sous l'influence de la majorité gouvernementale, décidait de
légiférer alors qu'il y a "two strikes and no balls" pour
l'instant, ce serait un précédent. J'aimerais que vous expliquiez
cela un peu, dans quel sens ce serait un précédent. Vous avez
été assez catégorique là-dessus. Est-ce que vous
êtes absolument certain de vos faits?
M. Irving: Je prend l'exemple de la loi 57 et du jugement Malouf.
C'est un jugement du plus haut tribunal du Québec, qui est en vigueur
dans le moment. Un appel à la Cour suprême ne suspend pas les
jugements de la Cour d'appel. On demande à l'Assemblée nationale,
et pour la première fois, pour autant que je sache, d'édicter des
articles qui sont tirés mot à mot de la loi 57 déjà
déclarée insconstitutionnelle. On demande à
l'Assemblée nationale d'édicter ce que le plus haut tribunal du
Québec a déjà déclaré ultra vires. C'est
cela qui est sans précédent dans mon expérience.
M. Ryan: Maintenant, je sais que cela peut ouvrir une discussion
prolongée. On a déjà discuté de cela, je pense, la
dernière fois que vous êtes venu, M. Irving. Je ne voudrais pas
ouvrir cette chose, mais vous m'avez donné l'essentiel.
Une dernière question. On a des difficultés
considérables, et je pense que cela va prendre plus que les explications
du ministre pour les dissiper. Cela va prendre des opinions beaucoup plus
étayées dans ces questions, pour dire le moins. Vous disiez en
janvier dernier qu'un renvoi à la Cour d'appel serait le moyen le plus
expéditif, le moins coûteux, le plus simple pour régler ces
questions dans un délai raisonnable. J'aimerais que vous nous donniez
une idée des délais qu'entraînerait une option qui
consisterait à laisser les causes présentement pendantes devant
les tribunaux ou susceptibles d'être instituées suivre leur cours,
puis les délais qu'entraînerait un renvoi à la Cour d'appel
de la part du gouvernement. Si vous pouviez nous expliquer un peu en quoi la
procédure que vous semblez privilégier serait plus
expéditive et moins coûteuse, je l'apprécierais.
M. Irving: Le renvoi commence, évidemment, en Cour
d'appel. Si c'est nous qui sommes obligés d'entreprendre des
procédures, cela commence en Cour supérieure. Alors, il y a un
délai additionnel. Pour une question d'une telle importance, c'est
évident que personne ne sera satisfait d'un jugement d'un juge seul.
Cela va être porté en appel d'une façon ou d'une autre. On
commence en Cour d'appel. De mon expérience, je peux dire que, si le
gouvernement posait une ou des questions et demandait au juge en chef du
Québec de fixer une date pour l'audition du renvoi, ce serait
fixé presque immédiatement. Une affaire d'un mois ou deux. C'est
ce qu'on a fait dans une autre cause, l'affaire du rapatriement. Il faut
s'attendre qu'il y ait un
délai entre l'audition et le jugement parce que c'est une
question importante et les juges vont prendre un mois ou deux, ou deux ou
trois. En Cour suprême, on a le droit d'en appeler d'un renvoi. Encore
une fois, je ne doute pas que le juge en chef nous accorderait ou accorderait
au gouvernement une requête pour préséance. Du début
à la fin, on peut le faire en deux ans ou moins. Si on est obligé
de commencer en Cour supérieure, même avec les meilleurs
délais possible, ce n'est pas moins de trois ou quatre. Je ne parle pas
des coûts parce qu'on paie pour tout un niveau qui n'est pas
nécessaire et qui coûte très cher.
M. Ryan: Dans ces questions, c'est mon dernier point, non pas
parce qu'il n'y en aurait pas beaucoup d'autres, mais à cause des
limites de temps que nous avons. C'est toujours difficile et risqué de
concevoir des questions théoriques à soumettre à ces
tribunaux, comme on l'a vu dans l'affaire du veto. Est-ce que ce serait une
possibilité, au point de vue technique que vous connaissez très
bien, qu'une fois que l'Assemblée nationale aurait adopté ce
projet il soit prévu, pour ce qui regarde en particulier les territoires
de Montréal et de Québec, qu'il y aura référence
à la Cour d'appel avant la mise en application du texte de loi? Est-ce
que c'est une chose qui est techniquement concevable et défendable?
M. Irving: Oui. D'ailleurs, c'est exactement cela que Terre-Neuve
a fait dans l'affaire de Churchill Falls. Terre-Neuve a
légiféré. Terre-Neuve a essayé d'exproprier, tout
simplement, Churchill Falls. Parce qu'il y avait des questions
constitutionnelles, le Parlement a voté la loi, mais à la
condition que cela n'entre pas en vigueur avant que l'on ait eu le jugement
final sur la question constitutionnelle.
M. Ryan: C'est là une procédure qui vous
satisferait, vous autres?
M. Irving: Non, si ce n'est... Oui, en principe. Vous avez
parlé des limites de Montréal et de Québec. On ne serait
pas satisfait si c'était limité à cette question, car il y
en a d'autres. Il y a la question de l'expropriation du réseau, pas tout
simplement à Montréal et Québec.
M. Ryan: Vous aimeriez, si jamais il y avait un renvoi comme
celui-là, que ce soit toute la question des droits confessionnels, pas
seulement ceux qui touchent les territoires de Montréal et de
Québec, qui soit vidée une fois pour toutes par les
tribunaux?
M. Irving: Mais il s'agit de trois ou quatre questions.
D'ailleurs, ce qu'on aimerait beaucoup plus, M. Ryan, c'est qu'avant de
légiférer le ministre vienne nous voir pour discuter des
problèmes qui existent, car il n'y en a pas un seul qui ne peut pas
être réglé sous le système actuel et on n'a jamais
eu ces discussions du côté du réseau protestant.
Le Président (M. Charbonneau): Je signale aux membres de
la commission qu'il reste dans la banque de temps cinq minutes au parti
ministériel et onze minutes à l'Opposition.
Pour le moment, il n'y a pas de question de ce côté-ci. Mme
la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Dans la mesure où je
veux respecter l'alternance et, en même temps, la banque, si vous me
permettez, si le ministre veut utiliser encore une partie de son temps
maintenant.
M. Bérubé: Une seule question, M. Irving.
Concernant le jugement de la Cour d'appel en ce qui a trait à la
taxation...
M. Irving: Oui.
M. Bérubé:... vous avez affirmé de
façon assez péremptoire qu'il avait force de loi et que la loi 57
n'était plus valide. C'est là un avis juridique que vous donnez
à cette commission, car c'est une interprétation que ne partage
absolument pas le ministère de la Justice. Les lois demeurent valides
jusqu'à ce que le dernier recours en appel ait été
finalement jugé. (17 heures)
M. Irving: M. le ministre, le principe a été
réglé dans un jugement de la Cour suprême du Canada dans
lequel le Procureur général du Québec était
l'appelant. C'est l'affaire Keable. Le juge en chef disait, en toutes lettres:
Le jugement reste valide tant et aussi longtemps qu'il n'est pas
renversé par la Cour suprême du Canada. S'il y a, par exemple, une
condamnation à payer une somme d'argent, on n'est pas obligé de
payer la somme avant que le jugement de la Cour suprême soit rendu. Mais
cela ne touche pas la validité du jugement de la Cour d'appel.
Bien oui, c'est une opinion juridique. Sur toutes les opinions que j'ai
exprimées aujourd'hui, je ne dis pas, pour l'instant, qu'il n'y a pas
d'autres avocats qui ont d'autres idées. Mais là, cela me
paraît bien clair et c'est un jugement dans lequel le gouvernement du
Québec a été impliqué.
M. Bérubé: On laissera les conseillers juridiques
échanger sur cette intéressante discussion académique, M.
le Président.
M. Irving: Si vous dites qu'un jugement de la Cour
supérieure est suspendu jusqu'au moment où la Cour d'appel se
prononce, oui, c'est une règle du droit québécois. Notre
droit dit que les jugements sont ' suspendus pendant l'appel. Mais, quand
arrive le moment d'appeler de la Cour d'appel du Québec à la Cour
suprême du Canada, ce n'est plus la loi du Québec qui s'applique,
c'est la loi fédérale, c'est la loi de la Cour suprême qui
dit le contraire. On a le droit de demander à la cour de suspendre le
jugement. Mais cela n'a jamais été fait dans l'affaire de la loi
57. En tout cas, on n'a pas imposé des impôts depuis.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le Président, d'abord un commentaire. Au
début, le président a reproché aux commissions scolaires
protestantes de ne pas avoir évolué avec le temps. J'aimerais
simplement souligner le fait que, de toutes les commissions scolaires, ce sont
les commissions scolaires protestantes qui se sont le mieux adaptées au
réalisme et aux besoins de pluralisme. Donc, il n'y a pas de reproche
à faire aux commissions scolaires protestantes à cet
égard.
Maintenant, j'aimerais vous poser une question qui est fondamentale,
à mon sens. Je suis très consciente que le système
protestant n'est certainement pas contre l'évolution et la
création, peut-être, dans l'avenir, de commissions scolaires
linguistiques, sauf que le problème, c'est d'avoir une base solide sur
laquelle les commissions scolaires puissent se fonder pour garantir la
démocratie, certains pouvoirs, certaines capacités de
répondre aux besoins locaux, etc.
Peut-être que M. Irving pourrait nous résumer ou nous
énumérer... C'est une question un peu hypothétique et ce
n'est pas juste peut-être, mais je crois que, pour les besoins de tous
mes collègues, il faut préciser un peu les pouvoirs que vous
jugez importants pour n'importe quel système confessionnel, neutre,
linguistique. Quels sont les pouvoirs que vous jugez importants, les garanties
nécessaires pour soutenir un système scolaire
démocratique?
M. Irving: D'abord, pour qu'il puisse exister un contrôle,
il faut les pouvoirs fiscaux. Il faut être en mesure de déterminer
le budget et d'avoir les moyens d'aller chercher l'argent nécessaire.
Deuxièmement, notre système a toujours été
basé sur un contrôle local, c'est-à-dire qu'on ne veut pas
laisser au gouvernement, comme on le fait dans beaucoup de pays, mais cela n'a
jamais été la tradition ici, un contrôle absolu. Il faut
qu'un niveau intermédiaire, qui, traditionnellement ici, est la
commission scolaire qui est, après tout, composée de gens qui
s'intéressent à l'éducation, doté d'un pouvoir
réel. Il ne s'agit pas, comme le ministre l'a dit tout à l'heure,
d'un pouvoir de contrôle à 100% du "curriculum", mais d'avoir un
mot à dire, d'être en mesure d'adapter le "curriculum" pour les
fins de la communauté concernée.
Nous parlons ici pour une grande partie de la minorité au
Québec. Il y a aussi des anglo-catholiques, évidemment.
Deuxièmement, on veut avoir un certain contrôle sur le
"curriculum". Comme vous le savez, dans les écoles protestantes,
traditionnellement, le "curriculum" a reflété la
communauté dans une grande mesure. Cela a été
adapté par les gens qui faisaient partie de cette communauté et
c'était un reflet fidèle de leurs désirs. C'est le
deuxième point.
Troisième point, surtout pour une minorité, il faut
certaines assurances, il faut des garanties. On ne peut rien bâtir
aujourd'hui si on est menacé de tout perdre demain. C'est un peu cela
que j'ai essayé d'expliquer au ministre tout à l'heure quand j'ai
dit: On a un réseau adapté à nos besoins et,
d'après nous, bien adapté aux besoins des gens d'aujourd'hui au
Québec. On n'aurait jamais pu établir un tel système sans
la garantie de permanence et là il faut des garanties
constitutionnelles. C'est pour cela qu'il faut le dire.
Le réseau protestant est confessionnel en droit; je l'ai reconnu
maintes fois. En fait, tout le monde est accepté; ce n'est pas un
réseau qui appartient à une Église ou qui enseigne les
dogmes d'une Église en particulier. C'est un système ouvert
à tout le monde. C'est comme cela que cela a été
adapté, que cela a évolué durant le temps. On a besoin de
garanties qui nous permettent de continuer dans ce sens. Les plus importantes
sont fiscales et il faut avoir un certain contrôle sur le "curriculum"
qui s'exerce, évidemment, en coopération avec le
gouvernement.
Le troisième point, ce sont les employés. On a toujours eu
la possibilité d'embaucher les enseignants choisis par la commission
scolaire. Cela aussi, c'est très important. Certaines mesures de
contrôle sur ces employés sont aussi importantes. Si je prends
comme exemple le régime pédagogique, on dit dans le régime
qu'on peut l'adapter, on peut ajouter, etc., mais, de fait, c'est impossible
parce que c'est le gouvernement, en réalité, qui signe le contrat
avec les enseignants. Alors, on est pris avec des enseignants, ayant un contrat
qui dit: Enseignez tant de minutes par semaine et ayant des cours obligatoires.
Que reste-t-il? Ce n'est pas légal. Il nous faut l'esprit de
coopération des deux côtés du gouvernement et de la
commission scolaire.
Il ne peut pas créer des écoles efficaces sans la
coopération du gouvernement avec le niveau intermédiaire,
c'est-à-dire la commission scolaire. Cela sort un peu du cadre
légal, mais c'est de la plus haute importance.
Mme Dougherty: Simplement pour compléter la même
question, est-ce que vous envisagez que ce soit désirable ou même
nécessaire d'enchâsser ces pouvoirs fiscaux, sur le "curriculum"
personnel dans la constitution pour garantir l'existence même des
commissions scolaires à l'avenir?
M. Irving: Nous croyons qu'ils sont déjà là.
Mais ils sont maintenant contestés.
Mme Dougherty: Concernant les commissions scolaires
confessionnelles.
M. Irving: Non confessionnelles?
Mme Dougherty: Confessionnelles. Vous croyez qu'ils sont
déjà là?
M. Irving: Nous croyons qu'ils sont déjà là,
c'est cela que les cours vont nous dire. La réponse, c'est oui. Autre
chose que j'aurai dû ajouter, c'est essentiel d'avoir notre réseau
d'écoles. Si tout cela disparaît, il n'y a rien de possible,
même avec la meilleure loi au monde. Si on nous enlève tout ce
qu'on a bâti, c'est la fin. Il n'y a aucune garantie constitutionnelle
après qui va nous aider. Il faut garder le réseau qui existe.
Le Président (M. Charbonneau): Il reste trois minutes pour
le côté ministériel. M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Une très courte question. Au point de vue
constitutionnel, comment est-ce que vous interprétez le mot
"protestant"?
M. Irving: Au point de vue purement constitutionnel?
M. Laplante: Oui.
M. Irving: Cela a été décidé en Cour
suprême et par le Conseil privé. En droit, ce sont des
chrétiens qui n'appartiennent pas à l'Église catholique
romaine, mais je tiens à ajouter que depuis longtemps, depuis le
début, les écoles dites protestantes, comme je l'ai dit tout
à l'heure, qui sont protestantes en droit, sont ouvertes à tout
le monde, peu importe. D'ailleurs...
M. Laplante: Excusez-moi de vous interrompre. N'y a-t-il
déjà eu un jugement sur la communauté juive, un
jugement...
M. Irving: La communauté juive fait partie...
M. Laplante: C'est que cela déroge un peu, je pense.
M. Irving: C'est devenu lettre morte depuis, mais c'est vrai, le
jugement Hirsch. Je dis immédiatement que la communauté juive
fait partie d'une façon très importante du réseau
protestant avant et après le jugement Hirsch. On a des commissaires et
des élèves en bon nombre, depuis toujours, et c'est toujours le
cas.
M. Laplante: Je ne suis pas convaincu de la définition que
vous nous donnez.
M. Irving: Ce sont les faits. C'est un fait purement et
simplement. Il n'est pas question de doute. Vous pouvez tout simplement le
demander, par exemple, à la CEPGM, parce qu'elle a tous les chiffres -
si vous voulez les avoir, on peut vous les envoyer - des élèves
qui sont protestants, catholiques, juifs...
M. Laplante: Mais c'est confessionnel protestant.
M. Irving: C'est confessionnel, mais là est le malentendu
parce que, si on parle des écoles confessionnelles, on pense surtout aux
écoles catholiques. Une école catholique, c'est quelque chose de
tout à fait différent. L'idée de l'Église, c'est
que l'école doit refléter la foi, mais cela n'a jamais
été vrai du côté protestant. Une école
protestante est, par définition, une école ouverte à tout
le monde où toutes les idées sont les bienvenues. Si vous voulez
avoir une définition légale de "protestant", c'est celle que je
vous ai donnée tout à l'heure.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce constat de
non-accord...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je pourrais demander l'indulgence de
la commission? Je sais que le temps est écoulé, mais vu qu'il n'y
a pas d'autres témoins. C'est pour une seule question que je vais
formuler, cela va me prendre vingt secondes.
M. Laplante: Allez-y.
M. Ryan: J'ajouterais une remarque. On va donner la même
chance au côté gouvernemental aussi.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne veux pas ouvrir une
botte qui va m'amener à ne plus contrôler. Si c'est une question,
s'il y a un commentaire et que, dans trois minutes, on a tout fini, cela va.
Mais si on est pour prendre dix ou quinze minutes, je
ne peux pas accepter parce qu'on va être plus coincé dans
les autres journées et on sera obligé de créer des
injustices.
Mme Lavoie-Roux: C'est strictement un peu dans le même sens
que la question qui vous a été posée par ma
collègue de Jacques-Cartier. Oans le moment, vous avez des garanties
constitutionnelles au plan confessionnel. Qu'est-ce qui vous apparaîtrait
satisfaisant comme garanties au plan linguistique? Cela n'a pas pris vingt
secondes.
M. Irving: Les mêmes garanties enchâssées dans
la même constitution, c'est-à-dire un amendement à l'Acte
constitutionnel.
Mme Lavoie-Roux: Oui et jamais des garanties dans une loi du
Québec ne vous satisferaient?
M. Irving: Bon. Oui, si c'était enchâssé,
mais le gouvernement du Québec ne peut pas enchâsser...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'est cela.
M. Irving:... ces droits-là.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Parfait.
Le Président (M. Charbonneau): La réplique ou
commentaire additionnel permis aussi du côté ministériel.
M. le député de Vachon.
M. Payne: Je ne voudrais pas entrer dans une polémique,
cela ne relève d'aucune manière du gouvernement du Québec
d'enchâsser quoi que ce soit. Il s'agit bien d'un amendement
constitutionnel auquel vous faites référence. Donc, cela
relève de plusieurs provinces. Mais aussi je pense que...
M. Irving: Le Québec ne peut pas enchâsser. Je n'ai
pas dit que l'amendement constitutionnel pouvait se faire par le Québec.
J'ai dit le contraire.
M. Payne: Et je pense que mon collègue, tout à
l'heure, essayait de poser la question: Est-ce que quelqu'un de la
communauté juive aurait un droit constitutionnel, pas un
privilège, mais un droit constitutionnel? Je pense qu'il aurait pu faire
référence...
M. Irving: Aujourd'hui...
M. Payne: Laissez-moi terminer.
M. Irving: Oui, oui.
M. Payne: Non, non. Un droit constitutionnel en vertu du cas
Hirsch de 1922. Je pense que le jugement était très clair:
c'était non.
M. Irving: Cela dépend de la question à laquelle
vous référez. La réponse à votre question,
d'après moi, aujourd'hui, c'est oui. Si la question était
posée à la cour aujourd'hui...
M. Payne: Droit constitutionnel?
M. Irving: Oui, oui. Je ne dis pas que c'était la
réponse en 1926. Une loi du Québec de 1903 disait tout
simplement: Les juifs sont protestants. La cour a dit: Non, ils ne sont pas
protestants.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces évidents
désaccords constitutionnels et jurisprudentiels, nous allons vous
remercier d'avoir accepté notre invitation. Comme je l'ai dit ce matin,
les membres de la commission étaient conscients qu'on vous bousculait
dans l'invitation et la préparation qu'elle exigeait de vous. En
conséquence, nous vous remercions, non seulement d'avoir accepté
notre invitation, mais de l'avoir fait sans réticence. Merci et, sans
doute, aurons-nous l'occasion de nous revoir à un autre moment. Merci.
Les travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 18)
(Reprise à 20 h 16)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'éducation et de la main-d'oeuvre
reprend sa consultation particulière sur le projet de loi 3. Avant
d'engager la conversation avec le Conseil catholique d'expression anglaise, je
voudrais rappeler aux membres de la commission...
Je voudrais voir s'il n'y a pas de problème, il semble qu'il y en
a qui ont mal compris tantôt la note qui avait été
envoyée. On avait convoqué, après la rencontre avec
l'organisme qui est devant nous ce soir, une séance de travail pour
régler les questions relatives au budget de la commission pour la
prochaine année financière. M. le vice-président m'a
indiqué que Mme la députée de Jacques-Cartier avait un
problème; est-ce que cela va aller pour la séance de travail,
après?
Mme Dougherty: Non, non, je serai ici.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va aller, bon.
D'accord.
Donc, je prierais les membres de la
commission de rester et on va faire en sorte que cette séance de
travail soit le moins long possible et le plus court possible. Il s'agit
d'approuver certaines choses. Après la séance de travail, le
comité directeur se réunira pour considérer les demandes
qui ont été présentées à la commission,
à la suite de la décision que nous avons rendue ce matin.
Je voudrais d'abord souhaiter la bienvenue aux porte-parole du Conseil
catholique d'expression anglaise et à nouveau, un peu comme je l'ai fait
ce matin et cet après-midi, vous remercier d'avoir accepté notre
invitation et vous dire que nous apprécions d'autant plus que nous
savons que nous vous avons coincés dans des délais relativement
courts. Comme nous avons un échéancier particulièrement
serré, nous espérons que vous ne nous en tiendrez pas rigueur et
nous apprécions que, néanmoins, vous ayez rapidement
répondu favorablement à notre invitation.
Cela dit, si je comprends bien, je pense que c'est la présidente
de l'organisme qui est devant moi qui agira comme porte-parole principal. Je
lui demanderais à la fois de s'identifier et d'identifier ses
collègues pour les fins du Journal des débats, en vous rappelant
que selon l'entente que nous avons prise entre nous et l'information que nous
avions transmise, nous disposons d'une heure trente. Dans la mesure où
la première demi-heure ne sera pas entièrement consacrée
à la présentation de votre point de vue, il en restera plus pour
la discussion. Quant à cette discussion, elle est partagée
à temps égal entre les membres du côté
ministériel et du côté de l'Opposition. Madame.
Conseil catholique d'expression anglaise
Mme Paré-Howlett (Alphonsine): Merci.
M. Ryan: M. le Président.
Mme Paré-Howlett: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Mme la présidente,
je m'excuse un instant.
M. Ryan: Juste une question. Est-ce qu'on peut savoir si le
ministre va être présent ce soir?
M. Leduc (Fabre): Je peux peut-être répondre, M. le
Président...
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Leduc (Fabre):... en tant qu'adjoint parlementaire. Le
ministre sera absent ce soir, il tient à s'en excuser. Il est absent
parce qu'il rencontre un groupe et qu'il ne pouvait pas le retarder. Alors, il
vous prie de l'excuser.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord.
M. Ryan: C'est plus important que les organismes qui viennent
devant la commission.
M. Leduc (Fabre): Malheureusement, cette rencontre était
déjà prévue depuis longtemps, M. le
député.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Mme la
présidente.
Mme Paré-Howlett: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Merci madame.
Mme Paré-Howlett:... je vous remercie de nous recevoir ce
soir. Je m'appelle Alphonsine Paré-Howlett; vous voyez qu'il y a un
erreur. J'ai le plaisir de vous présenter notre porte-parole, Mme Diane
Berty. Notre directeur général va présenter Mme Berty dans
un instant. Malheureusement, il y a deux membres de notre groupe qui n'ont pas
pu venir ce soir, M. Rourke, président du conseil et le
représentant des parents, qui s'appelle M. Carmichael qui,
malheureusement, est malade. Nous sommes trois, mais on va faire de notre
mieux.
Le Président (M. Charbonneau): Nous n'en doutons
point.
Mme Paré-Howlett: Je ne sais pas si vous êtes au
courant de ce qu'est le Conseil catholique d'expression anglaise. Est-ce que
vous voulez que je vous donne un point de vue très vite?
Le Président (M. Charbonneau): Peut-être que
certains membres de cette commission...
Mme Paré-Howlett: Le conseil est l'organisme de
coordination de la communauté de catholiques d'expression anglaise
à Montréal. Son objectif est de faire connaître les
ressources et les besoins de la communauté, d'analyser les
problèmes qui la concernent, de contribuer à la solution des
problèmes et de servir de lieu de ralliement à la
communauté. Nous n'offrons aucun service; c'est un point de coordination
surtout. Nous nous préoccupons des personnes âgées, des
communications, de la communauté en général et les groupes
ethniques, de l'éducation, de la famille, des services de santé,
des archives, d'apostolat laïque, d'action politique, des nominations dans
le fonctionnarisme, de la recherche et des jeunes. Alors, c'est tout un
programme et nous avons des comités de bénévoles qui
s'engagent à travailler sur tous ces points.
Nous avons un mémoire que nous
voulons vous présenter ce soir et je vais passer la parole
à notre directeur général pour présenter Mme Berty
afin de ne pas perdre de temps.
M. Thuringer (Harold): Merci, M. le Président. Avant de
commencer, j'étais bien heureux d'entendre vos excuses pour
l'échéancier assez serré parce que cela nous a même
blessés un peu. De plus, même la température n'était
trop collaboratrice. On a passé la même tempête cinq fois.
Donc, j'espère que cela va mieux aller ce soir.
Le Président (M. Charbonneau): J'espère que vous ne
soulèverez pas une tempête ce soir.
M. Thuringer: Ma deuxième remarque, à cause du
court temps qu'on a eu pour vraiment préparer notre mémoire, dans
notre document, surtout français, un peu franglais, il y a des
changements de dernière minute qu'on a faits et qui sont
insérés là.
Juste pour situer notre travail et d'où on vient, le conseil
catholique a été fondé en 1980 et le comité sur
l'éducation, à qui était confiée la
responsabilité initiale de préparer le mémoire, se
composait des parents représentant chacune des six commissions scolaires
de l'île de Montréal, ainsi que des parents représentant
les associations de parents d'expression anglaise de Laval et du district au
nord de l'île et la région du sud. Il y a aussi les commissaires
d'écoles associés aux communautés scolaires catholiques
anglophones et les six commissions scolaires de l'île de Montréal.
Il y a aussi des représentants des associations des enseignants, des
directeurs et des administrateurs d'école et une représentante de
l'office de langue anglaise du diocèse de Montréal.
Au fur et à mesure que notre position se concrétisait, ces
représentants firent connaître à leurs groupes respectifs
l'orientation vers laquelle nous nous dirigions afin d'assurer que cela
reflète bien les désirs de leurs "constituants. "
We have therefore taken our responsibilities rather seriously before
even...
Mr. President, you do not have that text. C'est juste pour situer un peu
où on s'en va.
In 1980, before the proposed reform was embarked upon, we, in The
English Speaking Catholic Council, began to study in depth religious
educational services offered to our community in the school boards, both on and
off the Island of Montreal. The unanimous consensus reached by the Council on
two fundamental principles upon which the Québec system of education
should be based, relative to services offered English Catholics is, first, that
all English Catholic students be provided quality educational services in
English with appropriate second language instruction and essential support
service and budget; secondly, that quality religious instruction and pastoral
animation be provided all English Catholic students who so desire in an
environment conducive to the fostering of Catholic beliefs and values with
appropriate services.
I think that sort of situates the background. J'aimerais demander
maintenant à Mme Berty de présenter notre mémoire.
Mme Berty (Diane): M. le Président, membres de la
commission parlementaire, vous avez devant vous une copie de notre
mémoire, en "franglais", si on dit cela. Je vous le lirai et vous
pourrez suivre, si vous le voulez. Au cours du débat qui dure depuis
trois ans, sur les réorganisations possibles du système scolaire
au Québec, le Conseil catholique d'expression anglaise a soutenu, sans
relâche, la nécessité de réformes éducatives,
tout en insistant sur le droit des parents catholiques à un
système d'éducation qui mettrait à leur disposition: a)
une école qui saurait refléter la philosophie catholique dans
l'éducation; b) un système, permettant aux catholiques de langue
anglaise d'être représentés équitablement, au niveau
des prises de décision; c) une division territoriale des commissions
scolaires, permettant une division équitable de la clientèle
catholique et protestante de langue anglaise, tenant compte des projections
démographiques étudiantes reparties sur une période de
cinq ans et sachant respecter les frontières naturelles et les
philosophies éducatives similaires.
Malheureusement, si plusieurs de nos inquiétudes du début
semblent avoir été prises en considération par le projet
de loi 3, nous ne croyons pas que la loi proposée sera de nature
à résoudre nos trois préoccupations majeures et nous nous
expliquons comme suit:
Confessionnalité. Article 55, l'école est publique et
commune. Article 78. Le conseil d'école peut intégrer les
croyances religieuses. Article 79. Le conseil scolaire peut, après
consultation avec les parents, demander d'être reconnu par le
comité catholique ou protestant. Article 661. Chaque école
conservera le statut confessionnel qu'elle détenait le 1er juillet 1986.
L'école pourra, dans les trois ans, faire une demande de renouvellement
ou de révocation de son statut d'école catholique ou protestante.
L'école perdra son statut confessionnel, si elle néglige de faire
une demande, d'après le premier paragraphe.
Nous nous inquiétons des contradictions évidentes qui
ressortent de ces articles. L'école peut-elle être commune, telle
que décrite dans l'article 55, et quand même
avoir un statut confessionnel selon l'article 661? Il semble, par
conséquent, que le statut conféré par les comités
confessionnaux avant le 1er juillet 1986 restera en vigueur à cette
date, en dépit du fait qu'après cette date, selon l'article 80,
l'école doit fournir des services de soutien aux étudiants ayant
d'autres croyances ou sans religion.
Lors de sa représentation sur la confessionnalité et les
structures scolaires, au comité du conseil supérieur, en janvier
1983, et sa présentation par après à la commission
parlementaire, en janvier 1984, le Conseil catholique d'expression anglaise
s'est sans cesse référé au fait que la définition
d'une école catholique ne se résume pas à un cours de
religion catholique et d'animation pastorale. Nous insistons sur le fait que la
philosophie catholique dans l'éducation doit faire partie de la
totalité de la vie scolaire pour assurer son véritable
caractère confessionnel. (20 h 30)
Nous sommes par conséquent consternés d'apprendre qu'il ne
semble y avoir aucune disposition dans la loi 3 permettant à une
école catholique reconnue d'insister pour que son personnel soit
majoritairement de croyance catholique, selon la section 22 des
règlements du comité catholique du conseil supérieur, il
semble donc exister une possibilité évidente que le personnel
d'une école catholique reconnue pourrait être entièrement
non catholique.
Devons-nous en conclure, d'après la section 22 des règles
du comité catholique, je répète, que le personnel d'une
institution doit être catholique? "S'il est difficile d'obtenir les
services d'une personne catholique compétente, les services d'une
personne non catholique compétente peuvent être utilisés
pourvu qu'une telle personne promette de respecter le caractère
confessionnel d'une institution. Toutefois, seules les personnes de croyance
catholique pourront enseigner la religion catholique. " Cette phrase a
été biffée. Si tel est le cas, nous devons
catégoriquement déclarer que le processus tout entier pour
définir l'école catholique et protestante est manifestement
absurde, car il va de soi que c'est le personnel et la clientèle qui
déterminent la philosophie de l'école et nous insistons pour que
la loi 3 reflète cette réalité et qu'elle contienne un
article compatible avec la section 22... Il y a une erreur ici, je le regrette,
avec notre problème de temps; après cela, on n'inclut pas le
décret mais les règles du comité catholique. On avait "du
décret qui gouverne, etc". D'accord?
Article 661. Every school shall retain the confessional status it had on
1st of July 1986. It may, within three years, apply for the renewal or
revocation of its status as a Catholic or Protestant school.
We have continuously advocated the creation of a bi-confessional school
in instances where it is no longer feasible to maintain separate Catholic and
Protestant schools in any one community for financial or pedagogical reasons,
or the two combined. The above article makes no provision for this option. We
therefore recommend that the following clause be added to article 661: "or
recognition as a bi-confessional school".
Articles 77, 78 and 79 indicate that the school council determines aims
and objectives of the school and may integrate religious beliefs and values of
a particular denomination or several denominations into its educational scheme.
Finally, after consulting the parents in accordance with ministerial
regulations, it may apply for recognition as a Catholic or a Protestant school,
or withdrawal of same.
The English-Speaking Catholic Council holds that in view of the above
and the fact that school boards can establish, as one of its enrollment
criteria, the choice of the educational scheme which may integrate the
religious beliefs and values of a particular denomination or several
denominations, parents must be assured free transportation within a reasonable
distance to a school reflecting the parents' choice, as is presently the case
for pupils attending French Catholic or English Catholic schools, selon le
mémoire.
Articles 100 to 107, school committees. We do not accept the premise
that by imposing additional structures such as education committees, parents'
committees and pupils' committees at the school level one will increase
participation. Individuals who wish to avail themselves of these structures can
do so in the form of staff councils, school councils, as proposed, and student
councils. Central bodies at the board level should be created made up of one
representative from each local committee to discuss common problems and
intervene at the school board level. For example, central school council made
up of one representative from each school council.
Représentation. Comme nous l'avons déclaré lors de
nos présentations antérieures, la fragmentation de la population
étudiante catholique de langue anglaise à travers la province et
l'absence de structures autonomes ont toujours eu comme résultat une
absence totale de représentation au niveau des prises de
décision.
Malheureusement, la division Il des nouvelles commissions scolaires ne
corrige à peu près pas cette injustice.
L'article 492. Les directeurs généraux de chacune des
commissions scolaires existantes dans le territoire de la nouvelle commission
scolaire qui avaient, le 30 septembre 1984, 10% ou plus de leur population
scolaire dans les écoles publiques où la langue d'instruction
était celle de la
nouvelle commission scolaire, formaient le comité provisoire de
la nouvelle commission scolaire.
L'application de l'article ci-dessus ferait qu'un grand nombre de
directeurs généraux siégeraient au sein de la commission
existante, la nouvelle commission linguistique française et la nouvelle
commission linguistique anglaise.
Pour assurer une formule plus pratique et plus équitable pour le
comité provisoire, nous recommandons l'amendement suivant: "The
directors general or designates of the directors general of the existing school
boards, in the territory of the new school board, form the provisional
committee of the new school board.
L'article 497. Les sièges au sein du premier conseil des
commissaires de la nouvelle commission scolaire... au plus tard le
deuxième lundi de juin 1985, par les parents élus par et choisis
parmi les membres des comités de parents des commissions scolaires
existantes dans le territoire de la nouvelle commission scolaire qui avaient,
le 30 septembre 1984, 10% ou plus de leur population scolaire dans les
écoles publiques où la langue d'instruction était celle de
la nouvelle commission scolaire.
Si la formule ci-dessus était appliquée, il en
résulterait un grave manque d'équilibre dans la
représentation des parents catholiques de langue anglaise au sein du
premier conseil des commissaires, en partie à cause de la fragmentation
de la clientèle catholique de langue anglaise au sein du premier conseil
des commissaires, en partie à cause de la fragmentation de la
clientèle catholique de langue anglaise au sein des commissions
catholiques francophones majoritaires et l'absence de statut légal des
parents catholiques de langue anglaise à la suite des ententes de
services avec les commissions scolaires protestantes. Nous proposons, par
conséquent, l'insertion de la clause suivante à la fin de
l'article 497: "Notwithstanding the above, in the case of the integration of
English Catholic clientele into English school boards, parents would be elected
by the ensemble of English Catholic school committees in the integrated
territories. Parents of English Catholic clientele being serviced through
ententes with Protestant school boards would be elected by their peers in a
proportionate number to their Protestant counterparts. "
Nous espérons qu'une formule équitable serait aussi
trouvée pour les parents protestants de langue française.
Frontières des commissions scolaires, île de
Montréal. Nous avons insisté sans cesse pour que les nouvelles
commissions scolaires soient de nouvelles organisations pouvant percevoir et
faire face aux besoins du personnel et de la clientèle réunis.
Nous proposons, par conséquent, l'établissement de trois
commissions anglaises sur l'île de Montréal. C'est une des
hypothèses qui ont circulé dans la communauté. Les voici:
la commission scolaire numéro 1, comprenant les territoires des
municipalités suivantes -et je ne répéterai pas les
territoires - la commission scolaire numéro 2, comprenant le centre de
l'île de Montréal et la commission scolaire numéro 3
comprenant les territoires de l'est de Montréal.
The newly-established school board should, as much as possible, have
equal or similar numbers of Protestant and Catholic students whithin their
jurisdiction. The boundaries should take into account natural divisions of
communities or catchment areas, such as major arteries, municipalities,
shopping areas and other community clusters. At the same time, they should have
some regard for cultural and socio economic realities of a similar nature. The
boundaries would therefore respect the natural homogeneity of the community and
not split ethnic or other communmity groups unnecessarily.
Nous insistons toutefois pour que les représentants des
communautés scolaires concernées soient consultés quant
à ces frontières, surtout en ce qui a trait aux
extrémités sud et est de la commission scolaire numéro 2,
avant la réglementation.
Comme nous l'avons déclaré à plusieurs occasions,
la communauté catholique de langue anglaise ne désire aucunement
compromettre la qualité de l'instruction religieuse et le
caractère confessionnel de ses écoles afin d'obtenir une
éducation de qualité dans notre système scolaire et vice
versa.
Le Conseil catholique d'expression anglaise, à la suite de
consultations avec ses constituants au sujet du projet de loi 3 -hier soir, on
en a fait - a indiqué au moyen de cette présentation sa bonne
volonté et son désir d'accepter les réformes majeures dans
le système d'éducation et a fait l'énoncé de
certains principes fondamentaux qui devraient servir de guide pour ces
réformes.
Nous croyons que le projet de loi 3 pourrait répondre aux besoins
de notre communauté pourvu que les principes de base ci-dessus en
fassent partie.
Notwithstanding the above, in view of the many questions regarding the
constitutionality of the proposed legislation and to ensure the long-term
protection of the educational rights of all Québec citizens, we
recommend that the government refer the legislation to the Québec Court
of appeal and begin discussion with the federal government to ensure French and
English minorities constitutional guarantees to manage and control their own
system of education.
Merci mesdames et messieurs, nous sommes prêts maintenant à
répondre aux questions.
Le Président (M. Charbonneau): Merci madame. Je pense que
le député de Fabre et adjoint parlementaire du ministre de
l'Éducation voudrait commencer à poser quelques questions.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais commencer par remercier le Conseil
catholique d'expression anglaise d'avoir accepté notre invitation. Je
voudrais le remercier aussi pour son mémoire. Je pense que c'est un
mémoire qui est critique face à la loi 3, sous certains aspects
en tout cas, mais qui, d'autre part, admet la nécessité de
réforme.
Je retiens l'idée que vous appuyez, les commissions scolaires
linguistiques. Cependant, vous vous inquiétez par rapport à
certaines dispositions de la loi qui touchent en particulier votre
communauté et les catholiques, de façon générale.
Je retiens cette idée que vous émettez, votre opposition à
l'obligation de faire une démarche pour maintenir le statut
confessionnel après trois ans. J'aurais une question à vous poser
à cet effet. Quant aux revendications territoriales particulières
que vous faites dans votre mémoire, il serait peut-être bon de
rappeler que le projet de loi ne touche pas au territoire. Mais, une fois le
projet de loi adopté ou en cours de route, il y aura certainement lieu
d'examiner de près vos propositions concernant le territoire scolaire.
(20 h 45)
Il y a aussi cette question fort importante pour vous de la
représentation inadéquate des anglo-catholiques comme parents
dans les conseils provisoires. Sur cette question qui touche l'article 497, je
puis vous donner l'assurance du ministre. Dans votre proposition, vous demandez
qu'on tienne compte de la représentation des parents catholiques
anglophones. Je puis vous donner l'assurance qu'on en tiendra compte.
C'est-à-dire qu'on tiendra compte de la proportion des parents
catholiques anglophones et, d'un autre côté, des protestants
francophones aussi.
Je voudrais revenir sur cette question d'opposition, de l'obligation de
faire une démarche pour maintenir le statut confessionnel. Est-ce que
vous pourriez éclairer la commission sur cette opposition que vous
manifestez? Pourquoi?
Mme Berty: Je pense que cette question, qui est toujours un
problème pour nous, les anglo-catholiques, c'est que dans le projet de
loi, on fait référence à un certain amendement à la
Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, pas le comité
catholique. Le comité catholique établit ses propres
règlements avec l'appui du ministre. C'est toujours possible de changer
les règlements du comité catholique. À ce moment-ci, il
existe une protection, jusqu'à un certain point, pour assurer que la
majorité du personnel enseignant d'une école catholique soit
catholique, selon l'article 22 du règlement du comité catholique.
Mais on parle toujours de la charte des droits humains, le problème avec
l'assurance que la loi n'est pas contre la charte des droits humains. Mais,
pour nous, c'est absolument essentiel que la loi... Je comprends que c'est un
règlement pour le comité catholique, mais, pour nous, ce n'est
pas assez. Nous voulons avoir dans la loi un article qui indique que la
protection concernant l'article 22 du règlement du comité
catholique, ce n'est pas contre la charte parce que nous avons une
référence ici à la Charte des droits et libertés de
la personne, chapitre 1, article 20. En effet, on y indique: "Une distinction,
exclusion ou préférence fondée sur les aptitudes ou
qualités exigées de bonne foi pour un emploi, ou justifiée
par le caractère charitable, philantropique, religieux, politique ou
éducatif d'une institution sans but lucratif ou qui est vouée
exclusivement au bien-être d'un groupe ethnique est réputée
non discriminatoire. " Pour nous, c'est assez. Si on inclut cela dans le projet
de loi, ce sera assez pour nous. Si on inclut le règlement du
comité catholique, l'article 22, c'est possible à notre avis,
nous ne sommes pas les législateurs, mais d'après nous, cela
n'est pas contre l'esprit de la charte. Nous avons besoin de cette protection
dans le sens d'une commission scolaire linguistique parce que ce n'est pas
garanti par la constitution.
M. Leduc (Fabre): Actuellement, est-ce que les enseignants, dans
vos écoles, sont tous catholiques?
Mme Berty: Pas tous.
M. Leduc (Fabre): Pas tous.
Mme Berty: Parce que le règlement dit: Si on ne peut pas
trouver un catholique compétent pour un poste... On demande qu'il soit
catholique, mais si ce n'est pas possible... Par exemple, dans les services aux
élèves, en ce qui touche l'adaptation scolaire, qui est un
service spécialisé, ainsi que l'éducation physique, c'est
souvent le cas. On ne peut pas trouver une personne compétente et qui
présente sa candidature à la commission scolaire. C'est alors
possible d'engager un non-catholique dans les commissions scolaires.
M. Leduc (Fabre): Avez-vous une idée de la proportion
d'enseignants catholiques que vous avez présentement dans vos
écoles?
Mme Berty: La plus grande majorité. M. Leduc (Fabre):
La grande majorité.
Mme Berty: Oui, sûrement, selon mon expérience
personnelle.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Vous avez, disons, répondu
à une autre question que j'avais, concernant les enseignants. Mais,
quant à la démarche, est-ce que vous pourriez nous donner des
précisions? Cette démarche qui fait que, suivant la loi, les
parents devront se prononcer majoritairement pour obtenir un statut
confessionnel pour l'école. Comment réagissez-vous face à
cette idée? J'ai cru comprendre que vous vous opposiez à
cela.
Mme Berty: Oui. Je peux dire, en effet, qu'il y a beaucoup
d'écart. Il y a une fermeture d'école dans un voisinage, par
exemple. Nous en avons beaucoup dans nos commissions scolaires. Mais, les
parents dépassent une école, pour l'instant, utilisent un
transport, si c'est nécessaire, pour aller à l'école
catholique. En même temps, si on regarde le nombre d'exemptions, pour
l'enseignement catholique à la CECM, il est juste de 1%. C'est
établi et confirmé. C'est, sûrement, un exemple du sens des
parents qui regardent l'importance d'une école vraiment catholique.
M. Leduc (Fabre): But you have no objection on the idea of
democratic consultation for the status of the school.
Mme Berty: Non. Je pense que c'est nécessaire. Mais, nous
avons aussi un petit problème, si on regarde à la page 3,
l'article 661.
M. Leduc (Fabre): Oui.
Mme Berty: Vous avez indiqué que chaque école, pour
obtenir un statut confessionnel, avait jusqu'au 1er juillet, etc. Mais, vous
avez indique: On peut demander la révocation ou le "renewal" d'un
statut, catholique ou protestant. Mais, il existe plusieurs groupes dans une
communauté qui ont une école à demi pleine et une autre
à demi vide, les deux écoles, dans le même voisinage, ne
sont pas pleines. Les parents disent: Nous voulons notre éducation, les
valeurs catholiques ou protestantes, mais nous voulons une école dans
notre communauté. C'est pourquoi nous avons insisté pour qu'on
reconnaisse une école biconfessionnelle. C'est très important
pour les deux communautés, parce que nous avons les exemples de Jean
XXlll et de Dorval. C'est la demande de la communauté, dans certains
cas.
M. Leduc (Fabre): Oui, je comprends votre situation, surtout
à l'extérieur de Montréal.
Mme Berty: Non, non, pas juste à l'extérieur.
M. Leduc (Fabre): Non?
Mme Berty: C'est de plus en plus...
M. Leduc (Fabre): Surtout.
Mme Berty: Oui, surtout.
M. Leduc (Fabre): Surtout à l'extérieur de
Montréal.
Juste une dernière question. J'aimerais que vous commentiez la
page 2 de votre mémoire. Vous voyez une difficulté entre
l'idée de l'école reconnue commune, donc les articles 55 et 661,
c'est-à-dire de l'école qui peut être commune, mais quand
même avoir un statut confessionnel. Ensuite, vous faites un commentaire
où il est question des services de soutien aux étudiants ayant
une autre croyance ou sans religion. Est-ce que vous pourriez commenter? J'ai
un peu de difficulté à comprendre le sens.
Mme Berty: Est-ce qu'il vous est possible de
répéter la question? Je pense que je comprends pour la
question...
M. Leduc (Fabre): Disons que je vais la formuler en deux temps.
Premièrement, commentez le problème que vous voyez entre
l'article 661, l'article qui rend l'école commune et l'article 55 qui
lui donne un statut confessionnel. You see a difficulty?
Mme Berty: Well. Vous comprendrez, personnellement les membres de
notre comité ne comprennent pas comment une école peut être
publique, toute l'école si on peut dire, mais comment en même
temps, l'école est commune et a un statut confessionnel. Il me semble
que c'est une contradiction. Nous avons indiqué, dans le paragraphe
suivant, que vous aviez dit en 1980 que l'école est ouverte aux autres
religions, aux autres croyances et, c'est-à-dire, est-ce que c'est vrai
ce que nous comprenons par l'article 80? La contradiction est, dans un sens,
expliquée là à cause de la charte ou de la loi, je
pense.
M. Leduc (Fabre): Elle est commune dans le sens où,
même si elle a un statut catholique, elle devra admettre les
élèves qui sont d'une autre confession, dans ce
sens-là.
Mme Berty: Oui, c'est ce sens que nous avons compris.
M. Leduc (Fabre): Et là, on peut parler
d'école commune, parce que l'on ne peut pas refuser
d'élèves. Les parents peuvent toujours choisir une autre
école.
Mme Berty: Mais, est-il possible de poser encore des questions?
Est-ce que c'est légal de dire que l'école est commune et dire en
même temps que l'école a un statut confessionnel? C'est difficile
à comprendre dans le sens légal.
M. Leduc (Fabre): Oui. Elle est commune parce qu'elle doit
admettre tout le monde. Donc, si on établit que l'école est
commune, elle ne peut pas faire de discrimination. Elle ne peut pas refuser des
élèves d'autre confessionnalité. L'école doit
même offrir un cours, en tout cas, de morale ou même un cours qui
correspond à la confessionnalité de ces enfants s'ils sont en
nombre suffisant et s'ils répondent aux dispositions de la loi. Sauf que
ces jeunes devront accepter, bien sûr, que l'école ait le statut
catholique et devra accepter que le projet éducatif... Je pense qu'on
s'entend pour dire que ce n'est pas le statut, ce n'est pas l'étiquette
qui rend l'école catholique, ce sont les valeurs qui sont
véhiculées au sein de l'école.
Mme Berty: C'est exactement notre proposition.
M. Leduc (Fabre): Ces valeurs-là, on va les retrouver
à l'intérieur du projet éducatif, entre autres, et
à l'intérieur des cours de religion et des activités
reliées à la pastorale. Il s'agirait que le conseil
d'école mette de l'avant des propositions autour du projet
éducatif pour donner à cette école une
caractéristique ou un certain nombre de caractéristiques qui la
rendent catholique ou qui fassent en sorte qu'elle se distingue jusqu'à
un certain point des autres écoles. Mais, je vois difficilement comment
une école qui véhicule des valeurs catholiques va à
l'encontre de convictions d'élèves qui ont d'autres valeurs. Je
veux dire que les valeurs catholiques sont des valeurs tout de même
universelles. Enfin, c'est une question d'évaluation. Mais, dans ce
sens-là, donc, l'école est commune et elle peut également,
si les parents le désirent, le souhaitent, obtenir le statut.
Mme Berty: Oui. Durant les trois années après
1986.
M. Leduc (Fabre): Après, il faudra qu'il y ait
consultation. (21 heures)
Mme Berty: Oui. Je comprends cela, monsieur, il existe toujours
une question.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil, vice-président de la commission.
M. Ryan: Mme Paré-Howlett, Mme Berty, M. le directeur
général, il nous fait bien plaisir de vous rencontrer de nouveau.
Nous avions eu le plaisir de causer avec vous le 24 janvier dernier lors de
votre comparution devant la commission parlementaire de l'éducation,
autour du projet de loi 40. Je pense qu'il y a une continuité entre ce
que vous dites ce soir et ce que vous aviez dit à ce moment. Je voudrais
revenir sur un certain nombre de points que vous avez soulevés pour
essayer de les clarifier le mieux possible.
I should first like to insist that, if we are going to have Catholic
schools at all, there must be Catholic educators therein. Otherwise, the whole
thing is a miss as you frankly suggest in your brief. You may have a "projet
éducatif" or an "étiquette" or a label of any kind and all kinds
of juridical papers emanating from Québec, if you do not have a Catholic
atmosphere created and nourished by Catholic educators, I am afraid we will
fall guite short to the goal which a Catholic school is supposed to pursue. 1
think your point is well taken and not satisfactory addressed in the Bill as
its stands. You have put the point clearly to the Government and I hope they
will find a way to accommodate your legitimate concerns.
This being said, I have a couple of questions 1 would like to put to
you. The first one would be about those regulations of the Catholic Committee
defining the criteria under which a school may be recognized as Catholic. If I
read your brief well, you suggested that regulations, paragraph no 22 of those
regulations, ought to be either inserted in the Bill or explicitly protected in
the Bill, and you see no indication of that at ail in the Bill. Would you
elaborate a little bit on that and define again the conditions which must be
satisfied in order for the Bill to provide the guarantees which you insist upon
in order to find the Bill acceptable?
Mme Berty: Yes, Mr Ryan. We have continuously insisted - and this
reflects the wishes of our constituents - that the Catholic school is more than
a label, it is more than a building, a group of people dispensing religious
instruction and pastoral animation. The school is the whole and we are not
talking about pictures on the wall or anything of this nature. We are talking
about the philosophy of the people in the school. In order to have a Catholic
school and Catholic in the true sense of Catholic, as far as our constituents
are concerned, the majority of the people in the school must support the
beliefs of that indentification of Catholic,
the values of the Catholic religion. Not to suggest that any other group
is not welcome but they must be aware of this and they are free to exempt
themselves, no longer exempt but opting to moral teaching, but the recognition
must be there and must be included in the law or in the regulations the
assurance that the personal in the school supports the beliefs of the Catholic
faith. Essentially, that is what we do not see anywhere in the law.
M. Ryan: But my subquestion will be this: Under the present law,
the Catholic Committee is entitled to make such regulations, governing the
recognition of Catholic schools and, under the draft legislation we have before
us, the Catholic Committee would still be in power to enact such regulations,
if I read it well, but do you want more than that?
Mme Berty: Yes, we want more than that. We as Anglo-Catholics
have been deprived for a long time of representation and so on. We want
assurances and a new structure that will at least retain our catholicity, the
catholicity of our schools.
M. Ryan: My second point would be about the authority which
should be enabled, to identify schools as Catholic, Protestant, bi-confessional
or whatever you want. You said in your presentation to this committee last
January that the method suggested in Bill 40 for designating schools as
Catholic or Protestant, which rested essentially on the decision made at the
school level by the school council, was unacceptable to you. I refer to your
testimony on page 13 001 of the proceedings of our committee, last winter. You
said this, and I will quote from your testimony. You said this, Mrs. Berty, by
the way: Secondly, if you look in other areas - and we did not do a statistic
over this because we were not interested - we rejected this whole concept of
vote on the part of the parents or on the part of the community to determine
whether the schools are Catholic or Protestant. It was totally distasteful to
us. We did not do a statistic, we did not state in either Noranda, and here and
there, Catholics therefore would have a Catholic school because they were such
a percentage. We do not want to get into that kind of a debate with our
"confrères", our neighbors, in this law, and the proposals in the law,
in defining the confessional status of the schools, are totally distasteful to
us and totally distateful to our community. I cannot say more than that, I
cannot go into the details but the whole aspect, we cannot agree with it.
Is your position the same today? I do not think you address this issue
as clearly in your presentation, tonight. Has there been a change in your
approach to this aspect of the legislation because,. in my view, the method
recommended in Bill 3 is essentially the same that was proposed in Bill 40.
Have you changed your mind on this particular aspect of the Bill and how would
you see this process in an ideal setup?
Mme Berty: In an ideal setup, we would see this process as being
referred to the school board, which is a more objective level for determining
the status of the school, knowing its total clientele, its total population. We
had quite a debate on this last night because of the fact that the inference,
in Article 661, indicates that it may apply for the renewal or revocation of
the status of Catholic or Protestant school. In the event that it does not
apply, then, it is automatically revoked, the status is revoked.
Now, on discussing this with our constituents, we had suggested that
this be deleted; we are not totally in favor of the school council proceeding
in this manner. However, the three years here would allow for situations within
a given community where you see a reduction in clientele in a Catholic and a
Protestant school, although the article does not, but our amendment does, you
could apply and it might become necessary to apply for a change of status.
The problem we ran into, Mr. Ryan, on this question is that it currently
rests with the Catholic committee, the determination of whether to accept
recognition or not. This, we have requested also in the brief you refer to,
that the powers of the Catholic committee, under Catholic and Protestant
committees, be increased rather than reduced because of their importance and
linguistic structure.
Our ideal would be the school board; there is no question about that.
There is no question that that reflects the wishes of our constituents.
However, in all honesty, looking at the feelings of many parents, we attempted
to insert into that article an amendment which would, to a degree, satisfy the
needs of both Catholics and Protestants at the local level. Our ideal, again,
is the school board but, currently there exist regulations of the Catholic
committee.
M. Thuringer: On that same vein, Mr. President, in discussions
with the Minister and his staff, it became clear that that was a key factor
that parents were to be the ones to decide and there was no budging on that.
While that is not satisfactory to us, you know, we can protest it really, I do
not think it is going to make a great deal of change. We would still prefer, as
Mrs. Berty says, the school board to have that option.
Mme Berty: Again, Mr. Ryan, I think
one of the things that did come up and the question came up... It would
very much depend on the school board, how objective they were. So, it is the
devil or...
M. Ryan: Do you feel that under language school boards, you would
have enough guarantees of a Catholic representation on the English-speaking
school boards only through the regular electoral process?
Mme Berty: Through the universal suffrage idea?
M. Ryan: Yes.
Mme Berty: We would have to see to it. That would be up to our
community. We opted for the universal suffrage. We would be ready to fight for
our position on that.
M. Ryan: But you would be ready to accept the gamble. You would
play the game.
Mme Berty: Yes, certainly.
M. Ryan: Ok! Now, there is a recommendation at the end of your
brief in which you say that, in view of the difficulties regarding the
constitutional aspect of the proposed legislation, you recommend that the
Government refer the legislation to the Québec Court of Appeal and begin
discussion with the Federal Government to ensure French and English minorities
constitutional guarantees to manage and control their own system of
education.
Could you elaborate a little bit on this? Could you indicate at what
stage you would see the Government referring this legislation to the Court of
Appeal: now, after adoption, or after a few months of experimentation? How do
you view the process exactly?
Mme Berty: We would be quite happy to see the Goverment refer the
question immediately, really. We have not gone into that issue, whether it be
immediately or after adoption. In view of the fact that you are currently in
the process of consulting and have gone quite a ways with Bill 3, I would
expect, personally, in discussing it with our committee, that it would very
likely be after. We just insist on the fact that it be referred.
M. Ryan: One last question, if you allow me to. Some people have
suggested that you may not be as representative as you claim of the views held
in the English-speaking Catholic Community. There is a group called, I think it
is English Catholic
Parents for Parental Rights, or something of the sort. They claim that
they represent a larger segment of your community than your group does. Could
you give us some elements about the representative nature of your organisation
and comment on these opinions which one hears from time to time?
Mme Berty: We have attempted to the extent possible through the
makeup of the education committee to reprensent both the grass roots through
parent representatives from every school board and the two areas immediately
off the Island of Montreal. We have been apprised, since the beginning of this
discussion, at least two or three years ago, before any white paper whatever,
that the direction we were taking, that the grass roots, that is the parent
representatives, had consulted with their constituents; the association of
administrators and teachers had consulted with their groups. The school
commissioners, that was another question because, as you know, that is a
different level.
I can only state that the returns of this consultation were in a great
majority in favor of the position adopted by the English-Speaking Catholic
Council. It cannot be unanimous. Any question such as this, religion,
education, can never be unanimous in any community. But we are assured, and we
would not be here if we were not assured, that it represents a majority of our
contituents.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Bourassa. (21 h 15)
M. Laplante: Pour faire suite au député
d'Argenteuil, la demande que vous faites, en somme, c'est de faire la loi en
vue d'une reconnaissance des communautés catholiques anglophones.
Actuellement, le problème que je me pose, en me référant
à d'autres organismes qui ont passé, c'est qu'il n'y a pas de
commission scolaire anglophone catholique sur le territoire de Montréal.
Maintenant, vous avez, ce qu'on a évoqué, l'article 93 de la
constitution, qui donne le territoire non pas linguistique, mais confessionnel
à la Commission des écoles catholiques de Montréal.
Comment pensez-vous y arriver si on suit le tracé du Protestant School
Board, toute l'association qui forme cela, pour découper un territoire
des commissions scolaires anglophones catholiques dans le territoire de la
commission scolaire de Montréal qui est confessionnelle, elle aussi, la
CECM?
Mme Berty: Nous avons déjà répondu à
cette question lors de la dernière commission parlementaire sur la loi
40. En effet, la communauté anglo-catholique a demandé, en 1962,
des commissions scolaires anglo-
catholiques sur l'île de Montréal. On était plus
nombreux, le double de la clientèle, que maintenant. Le ministre nous
l'a refusé. Encore, en 1975, au niveau du Conseil de l'île de
Montréal, nous avons fait une représentation d'un comité
d'étude pour le ministre pour des commissions scolaires
anglo-catholiques. Le Conseil de l'île de Montréal nous l'a encore
refusé à cause de raisons financières. En effet,
c'était pour cela. Maintenant que nous avons un plus petit nombre
d'élèves, nous avons dit: Ce n'est pas faisable; il faut encore
le demander. Nous avons donc consulté nos constituants sur cette
question. Nous n'avons pas le mandat de nos constituants pour demander des
commissions scolaires catholiques sur l'île de Montréal.
M. Laplante: Mais quel argument apportez-vous? Je suis bien
prêt à avoir des commissions scolaires anglophones catholiques sur
le territoire de Montréal, mais quel argument apportez-vous à
ceux qui disent actuellement que, par l'article 93 de la constitution, on ne
peut pas démembrer le territoire de la Commission des écoles
catholiques de Montréal? J'ai moi-même été
commissaire à la Commission des écoles catholiques de
Montréal et j'avoue que jamais on n'a invoqué à ce
moment-là - à ma connaissance du moins - l'article 93. Mais
aujourd'hui, on invoque cela pour en arriver à ne pas toucher au
territoire de Montréal. Quel argument allez-vous pouvoir donner à
ce moment-là? Avez-vous eu des avis juridiques quelque part? Avez-vous
pris conseil quelque part?
Mme Berty: Non, non, pas des avis juridiques. Ce n'est pas le
désir de notre population...
M. Laplante: Oui.
Mme Berty:... d'avoir les commissions scolaires
anglo-catholiques. Si on regarde les prévisions des clientèles
pour l'île de Montréal en 1988, on voit un total
d'Anglo-catholiques sur l'île de 26 000. En ce moment, les
prévisions donnent un total de 33 000. C'est peut-être assez pour
deux commissions scolaires.
M- Laplante: D'accord. Mais avez-vous parlé d'un accord
entre les commissions scolaires...
Mme Berty: Mais ce n'est pas praticable.
M. Laplante:... et la CECM pour vous séparer au point de
vue linguistique afin d'avoir votre commission scolaire et la CECM sa
commission scolaire franco-catholique? Quelle a été leur attitude
si vous leur en avez parlé?
Mme Berty: On n'a jamais parlé avec eux.
M. Thuringer: On n'en a pas parlé. Une autre chose qu'on a
vue dans les journaux, c'est que la CECM ne voulait pas laisser filer les
Anglo-catholiques.
M. Laplante: Dans le temps, on ne voulait pas, non plus, vous
laisser filer, mais c'était pour une autre raison, ce n'était pas
la condition.
M. Thuringer: C'est cela et je pense que cela n'a pas
changé.
M. Laplante: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais être
très brève. Je ferai seulement remarquer au député
de Bourassa que lui ne voulait pas les laisser filer, mais que j'étais
prête à les laisser filer.
M. Laplante: Ce n'était pas sûr. Cela n'a jamais
été clair.
Mme Lavoie-Roux: Ah bien, non. J'étais pour les
commissions scolaires linguistiques. Enfin, c'est à côté du
sujet.
M. Laplante: Oui. Dans votre rapport, en tout cas.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous méritez des
félicitations pour avoir produit en aussi peu de temps un mémoire
avec, quand même, des recommandations concrètes sur un bon nombre
d'articles importants, compte tenu du temps que vous aviez; je comprends
qu'hier soir, vous étiez encore en discussion. Je tiens à le
souligner parce que c'était quand même un tour de force assez
considérable, avec le nombre d'articles contenus dans la loi. Même
s'il y en a qui sont identiques, il fallait quand même en faire le tour
une fois de plus et assez attentivement.
Je ne suis pas très sûre de ce que vous voulez exactement;
c'est-à-dire que je le sais d'une certaine façon. J'entendais
tout à l'heure l'adjoint parlementaire du ministre, le
député de Fabre - je pense que je le cite à peu
près textuellement - qui vous a dit: D'une part, vous êtes assez
critiques du projet et, d'autre part, je pense que vous êtes d'accord
avec une réforme. Quand je regarde les éléments principaux
de votre document, particulièrement en ce qui a trait à la
confessionnalité, je me demande si vous êtes vraiment d'accord
avec une réforme ou
si, finalement, vu que ça fait tellement longtemps qu'on en
parle, ça fait tellement longtemps que vous présentez des
mémoires, vous êtes presque rendus devant l'inévitable et
vous dites: On va essayer d'obtenir que ce soit le moins mal possible.
Fondamentalement, étant donné que la possibilité de
commissions scolaires anglo-catholiques n'a jamais été
envisagée d'une façon sérieuse, est-ce que, pour
répondre à vos exigences au plan de la confessionnalité -
qui, en passant, ne sont pas des exigences spontanées ou des exigences
opportunistes, je pense que ce sont des exigences qui correspondent vraiment
à la façon dont les écoles anglo-catholiques ont
fonctionné jusqu'à maintenant - vous seriez plus heureux,
finalement, avec le statu quo qu'avec une réforme?
Mme Berty: Non. Le problème qui existe en dehors de l'Ile
de Montréal, en regard des services et leurs récentes
activités, existe déjà sur l'île de Montréal
en regard des petites commissions scolaires comme Verdun, par exemple. Ce n'est
pas la faute de la commission scolaire, mais à cause du nombre de la
clientèle, on ne peut pas offrir tous les services qu'offre une plus
grande commission scolaire comme la CECM. C'est la même chose avec une
autre commission scolaire. Les parents qui désirent certains services
vont aller dans les écoles protestantes, par exemple, ou les secteurs
français. Elles perdent de plus en plus de clientèle. C'est un
fait.
Mme Lavoie-Roux: Au plan pédagogique, vous jugez qu'il est
opportun qu'il y ait une réforme. Maintenant, au point de vue
confessionnel, ça soulève des problèmes. Je serais fort
étonnée qu'on retienne la possibilité de commissions
scolaires anglo-catholiques. En tout cas, ce n'est pas dans le projet et j'en
doute fort, parce que ça n'a jamais été amené dans
aucun projet de loi depuis quinze ans, de toute façon. Il vous reste,
finalement, à dire: La deuxième meilleure solution, ce seraient
des commissions scolaires linguistiques.
Est-ce que, même si ce n'est pas prévu dans la loi, vous
seriez plus heureux à l'intérieur d'une commission scolaire
linguistique si on identifiait clairement des écoles catholiques et, de
l'autre côté, des écoles communes et des écoles
neutres, ou enfin des écoles non confessionnelles? Il ne faut pas dire
ça parce qu'il y a toutes sortes de choses de rattachées à
ça... d'un côté, des écoles catholiques et de
l'autre côté, des écoles non confessionnelles à
l'intérieur du système anglophone.
Mme Berty: Un système linguistique. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Mme Berty: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Inside linguistic board that there would be
clearly Catholic schools... and the Protestants say what they worry about the
linguistic rights and not about the confessionality. Anyhow, they are no longer
here. I do not know if they would protest when I say that, but it is the
feeling they give us anyhow.
Mme Berty:... linguistic guarantees.
Mme Lavoie-Roux: What they want is linguistic guarantees, but in
terms of confessionality, I mean, they are Christian schools but they have
operated more or less as common and neutral schools. So, on the one side, you
would have, inside the English Board, clearly Catholic schools, let us call
them nonconfessional schools.
Mme Berty: That is right. That is what we are after. You know, we
cannot speak on behalf of the Protestant parents.
Mme Lavoie-Roux: No, I am asking you as Catholics.
Mme Berty: As Catholic parents, we would insist on Catholic
schools and guarantees in the law to protect the Catholic character of the
school in a linguistic board.
Mme Lavoie-Roux: And that would not prevent you from accepting
children from other religions if they wished to enroll in your schools, but it
would be clearly understood that these are English Catholic schools.
Mme Berty: Yes. We presently accept other children, so there is
no problem. There would be more, but we would be open, certainly, to that.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vachon
M. Payne: It was just a very brief comment. Your position in
favor of linguistic school boards has been well known for a number of years.
Could you explain, as carefully as possible, what you mean by what you call in
English a bi-confessional school? My question would be: Is there anything in
the revised version of Bill 40, Bill 3, which would prevent the present "bonne
entente" situation from continuing where those particular schools exist?
Mme Berty: Concerning bi-confessional schools, we have for some
years, since the
decline in the birth rate and since language legislation quite frankly,
experienced problems with the declining clientele in our English schools, both
Catholic and Protestant. Very often, in a given neighborhood, very often in the
same year, Catholic school boards and Protestant school boards are forced to
close schools because you have a half empty and a half full school, Protestant
and Catholic.
What the parents have indicated very clearly to us is that they wish to
retain their Catholic, their Protestant values but they would like their
educational system to be offered under one roof. Financially, that is the
reason for closing usually, maintenance and so on; they would have a better
service because of combining numbers and academics. You would have the option
of religious instruction in either, or moral. Parents have continuously, and
over the past eight years at least, exerted pressure on their school boards for
this option. Unfortunately, I am very frank, in some instances, the school
boards, for whatever reasons, have refused to enter into this agreement; in
other instances, they have.
We would see a bi-confessional school as one representing both
Protestants and Catholics, which are referred to as two confessional elements,
and providing common academic services and separate Protestant and Catholic
religious instruction.
M. Payne: You gave an outline of the justification of
bi-confessional schools and I concur with you with respect to their usefulness,
legitimacy and necessity, but I fail to see anything in Bill 3 which prevents
that situation from continuing. I will even go further: when you under lined, a
couple of minutes ago, the fact that in some instances, unfortunately and
rarely, the school board does tend to discourage that phenomenon, precisely the
school council will be able to give itself that possibility and maintain it.
(21 h 30)
Mme Berty: Yes, as a "projet éducatif" Mr. Payne, but if
you look at Article 661, it will retain the confessional status it had or may
apply for the renewal or revocation of its status as catholic or Protestant.
Now there seems to be no indication there that you could have a bi-confessional
school. We are talking in the current sense of it.
M. Payne: In other words...
Mme Berty: Whom would you apply to? I must, you know...
M. Payne: So, the problem is actually at the status of the
school.
Mme Berty: At the status of the school council, whom would they
apply to? Who would recognize them?
M. Payne: At the present moment, it does not have that
bi-confessional status by law.
Mme Berty: Certainly, and that is why we would like to see that
included in the law: so it be permitted, this bi-confessional status, which is
becoming more desired in certain communities, more and more.
M. Thuringer: Can I just ask a question on that? I guess the
other thing that triggered that inclusion is that we have read that bill so
many times and a number of projects and, in certain instances, the phrase
"bi-confessional" has been up front, but we do not see it in Bill 3. At least,
I have not seen it and it is for that reason... Is there any significance for
dropping it?
M. Payne: You see, if the reality is maintained, we are talking
about labels. Is it necessary to give it an official formal status of
bi-confessional school, rather than just simply letting the school council give
itself a "projet éducatif" which would correspond to the confessional
values of both communities?
M. Thuringer: I think under normal circumstances, that would be
an acceptable thing, but there has been so much change or purported change that
I think we would feel more comfortable if that was spelled out. It would not
change that much, necessarily.
M. Payne: Can I just...
Mme Berty: Mr. Payne, on that question, just on Article 78, there
has been a change from Bill 40 whereby it stated, originally, a particular
denomination and now, Bill 3 states several denominations. "The school council
may integrate the religious beliefs and values of a particular denomination or
of several denominations into its educational scheme. " That is not reflected
further on, in the confessional status.
M. Payne: But the spirit is multiconfessional.
Mme Berty: The spirit may be there, but the law is not.
M. Payne: I have lost my track. With respect to the intervention
of the school board, what is given or what exists in the new bill which will
facilitate the linguistic board's interfering with the confessional orientation
of the school? I would have thought the possibilities to be less now. The
opportunity, on the contrary, was much greater for the school to give that
bi-
confessional orientation.
Mme Berty: I have not been aware, with respect to the legal
confessional status of the school, of any school board interfering with the
request from the school to be recognized as Catholic or Protestant. We were
referring to the bi-confessional status, which is something else again, in
fact, there is no... Whom do you apply to? What are the technical aspects of
the application? If it were in the law, then, Catholic and Protestant
committees would be prepared to react to a request jointly. That is what we are
suggesting, Mr. Payne.
Le President (M. Charbonneau): Je voudrais juste vous poser une
question parce que je ne suis pas certain d'avoir bien compris votre crainte.
Dans la première page de votre mémoire, vous indiquez des
articles du projet de loi où on dit: Le conseil scolaire peut
intégrer les croyances, le conseil scolaire peut, après
consultation, chaque école conservera... Dans la mesure où, dans
les écoles anglo-catholiques, les parents utiliseraient ces dispositions
de la loi pour s'assurer que leur école soit une école
confessionnelle, ne serait-ce pas suffisant? Est-ce que vous craignez que les
parents catholiques anglophones ne soient en nombre insuffisant, dans
suffisamment d'écoles, pour pouvoir s'assurer qu'ils pourront
établir ou obtenir la garantie du statut confessionnel qu'ils
voudraient, semble-t-il, avoir d'une façon plus...
Mme Berty: Si je comprends bien votre question, vous voulez
savoir s'il y a assez de parents catholiques convaincus pour assurer le statut
confessionnel?
Le Président (M. Charbornneau): La question n'est pas tout
à fait cela. Ne croyez-vous pas que les dispositions du projet de loi
sont suffisantes pour permettre aux parents anglo-catholiques de les utiliser
pour obtenir les garanties qu'ils souhaitent avoir?
Mme Berty: Pour obtenir les garanties, mais elles ne sont pas
dans la loi concernant les valeurs de l'école, le personnel et des trucs
comme cela. Comme nous l'avons dit concernant la section 22, nous n'en sommes
pas là.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, d'accord, vous dites
cela; par ailleurs, vous reconnaissez que déjà, dans vos
écoles, il y a des enfants d'autres confessionnalités qui sont
admis, d'une part. D'autre part, les autorités ecclésiastiques
catholiques ne vont pas jusqu'à demander autant de garanties que
vous.
Mme Berty: Nous ne pouvons pas parler pour les
évêques parce que nous n'étions pas présents lors de
leur discours, mais après avoir étudié la loi nous avons
fait la demande de ces garanties.
M. Thuringer: On est plus catholiques que le pape. Non, mais il y
a aussi le fait que les parents ont demandé cette affaire. C'est pour
cette raison qu'on le demande.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord, mais qu'est-ce qui les insécurise tant pour être
plus catholiques que le pape?
Mme Berty: Non, c'est seulement...
Le Président (M. Charbonneau): Oui, je comprends,
mais...
Mme Berty: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: I have to pursue this discussion a little further
because I think it is the crux of the matter. I appreciate the fact that you
have made a number of concrete recommendations, especially about the
transitional period and so on, but in my thinking, I am right back to square
one, the way I was back in February, when we had the hearings. To me, it was
very evident at that time that the linguistic boards that the Government was
talking about as a big present to the English community were no gift at all and
that regarding the demands of the English Catholic community, which I respect,
there was an impossible contradiction between, as you have pointed out in your
brief, the common school and the right to a Catholic school as you see it.
What is your opinion of Article 80? I do not want to call it a
compromise, but it is the solution, if you will, of the bishops which, I
presume, are on the French side. I am not sure whether any of the
English clergy were represented there. Perhaps Mr. Ryan can clarify that. But
what is your opinion? Sorry, it is just that I am not sure who was included in
that struggle. What is your opinion of Article 80? Do you think it makes any
sense? Is it real? Does it, in fact, just perpetuate this impossible dilemma?
Have you looked at that? Do you think it is valid? Do you think it will solve
any problems?
Mme Berty: I think it is obligatory in the sense of the Charter
of Human Rights. In that sense, I would assume that is why it was placed there.
Insofar as it being valid, I am not entirely clear on what you mean by valid. I
suggest that you are asking: Is it possible to have a catholic...
Mme Dougherty: Well, no, I am asking you if you think that the
provisions of this article overcome the contradiction, at the concrete level,
that your position represents.
Mme Berty: With the assurance and the guarantee in the law that
the personnel in the Catholic school will be in majority of the Catholic faith
and that the whole character of this school will thus be reflected by the
personnel in the entire being of the school - in majority, I repeat -we are not
terribly concerned about Article 80. If we had that insurance, that assurance
in the law, that reflects the position of our constituents. That would be the
confessional guarantee we insist upon, that is not presently in the law.
Mme Dougherty: You see, it seems to me that the English Catholic
community is in a bit of a trap and that you are trying to force yourself into
a mold which does not fit. It does not fit the status quo - although, I will
have a question about that in a minute - and it certainly does not seem to fit
the concept of a linguistic board as put forth by the Government.
In the other provinces, predominantly English, the situation has been
solved for a long time. The reality is that there are two kinds of school
boards, one which is common and one which is Catholic, a separate Catholic
school system. Now, because of the Québec situation, where the majority
is Catholic, as a minority English, it sort of does not fit, so we do not get
the same situation. But it seems to me, more and more, as I think about your
demands and your concept, which I respect, that the only sensible way to
accommodate your wishes is to have English Catholic School Boards on the Island
of Montreal.
I do not know why you have given that up. It is true that ten years ago,
twelve years ago, we have talked about this for a long, long time and nothing
has ever been done. But it has been suggested before. I just do not know why
you have given up or you seem to have given up that demand. Because to be
honest, I do not know how a linguistic board on the Island of Montreal is going
to accommodate your needs satisfactorily. I honestly do not know that they can
do that. I think that you are going to be compromised all over the place. I do
not know why you do not go for it. Have you got a response to that?
Mme Berty: Well yes, I have a response. We are looking perhaps
for a change at the whole picture, not just the Island of Montreal. We are a
total English Catholic community. You are suggesting English Catholic Boards
for the Island of Montreal and I will not get into that debate for the moment.
■
Mme Dougherty: I am saying on the Island of Montreal...
Mme Berty: On the Island of Montreal.
Mme Dougherty:... because the number is justified.
Mme Berty: OK.
Mme Dougherty: Off the Island of Montreal, we have a different
situation.
Mme Berty: I do not know what you are suggesting, Mrs. Dougherty,
for off the Island of Montreal. I have not heard any suggestions from anyone
for off the Island of Montreal, quite frankly. And our concern is our total
English Catholic community, who have been deprived of services, of religious
and pastoral animation. I am not faulting anyone for that, perhaps I could and
it certainly would not be the Protestant school boards, I assure you. But our
concern is the total, their representativity at decision-making levels and the
total English Catholic population. And our mandate from our total community is
English Linguistic School Boards with the confessional guarantees which we
insist upon and that is part of it. We are not asking for linguistic school
boards, period. We insist upon the guarantees that will assure the confessional
character of our schools. That is the only answer I can give you, we have a
mandate from our population.
Mme Dougherty: And you think that this is possible within the
linguistic board.
Mme Berty: Yes. Our parents, our administrators, our various
associations and a great majority believe that it is possible, with the
guarantees that we insist upon, to insure the confessional character of our
schools; it is possible within a linguistic school board structure.
M. Thuringer: I think also, to add to that, particularly with the
diminishing number given the political, cultural and economic situation, we
feel a greater security providing those two things come about. I think there
are also other trends, even in our church community, that move towards a
greater affiliation with the Protestant community, after a division that has
existed, in my opinion, for too long.
You are right, we are not the greatest in this camp nor in that. We have
always been between a rock and a hard place. However, we see the future far
more in that line and I might add that we have also been served very
effectively in the French system,
in the majority, and there are some real benefits in that we also have
concerns about losing, but given the vision and given these changes, that is
where we see ourselves going.
Mme Dougherty: If you really had the choice, would you prefer to
stay with the status quo confessional boards?
Mme Berty: No; definitive response, no.
Mme Dougherty: Let me just leave you one thought because, you
know, I would like to think that it could work out and respect everybody's
wishes in the linguistic board, but I am very skeptical about it. I would just
like to share with you something that you may not be aware of, it is a legal
opinion. This afternoon, we discussed the Ontario judgment, the Court of Appeal
judgment with regard to the linguistic minorities in Ontario and their school
rights. There is at least one legal opinion - it is the lawyer of the QAPSP -
who raised the point that something very interesting could have come out of
this judgment, beyond what was discussed this afternoon. This judgment, if it
were made valid in Québec, could provide a legal base for English
Catholic school boards in Québec which, as you know, we have never seen
before. You people as you have just said, have been between a rock and a hard
place, with no rights. I think this is a very interesting development and I am
just suggesting to you that it may be worth exploring.
Mme Berty: We are quite aware of that judgment and have had a
study presented to us and have reviewed it. I cannot comment on it because it
does not enter into this debate. At the present time, I am not sure what it
would do with respect to our community, for example, where they are not as
numerous off the Island Montreal, with respect to services.
Le Président (M. Charbonneau): Une dernière
question de l'adjoint parlementaire.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je reviens
à une partie de l'intervention de Mme la députée de
L'Acadie qui a évoqué comme une sorte d'idéal
l'idée que vous pourriez avoir des écoles catholiques anglaises
à côté d'écoles, disons, non confessionnelles.
Cela m'a fait penser à l'article 282 du projet de loi. Vous n'en
parlez pas dans votre mémoire. Pourtant, l'article 282 est un ajout, par
rapport au projet de loi 40, qui vise justement à répondre
à des besoins particuliers permettant à une commission scolaire
de désigner des écoles pour répondre à des besoins
de projets éducatifs. Ceci veut dire, par exemple, que la commission
scolaire linguistique anglaise pourrait désigner un certain nombre
d'écoles pour les parents qui ont un projet éducatif catholique.
Comment réagissez-vous par rapport à l'article 282?
Mme Berty: Il y a une amélioration majeure avec cet
article en comparaison avec la loi 40. Ce sont les étapes, c'est une
amélioration certaine. Je ne peux que dire cela.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord, sur cette réponse...
Mme Berty: J'ai juste une petite question concernant cet article.
En effet, les membres de notre comité ont posé ces questions hier
soir. Est-ce qu'il est possible pour les membres d'un conseil d'école,
avant le 1er juillet 1986, d'indiquer à la commission scolaire, par
exemple, qu'ils ont l'intention de demander un statut confessionnel, catholique
ou protestant, et pour demander à celle-ci, qu'elle mette une
bâtisse à côté? Est-ce que c'est le sens?
M. Leduc (Fabre): Écoutez... Mme Berty: Entre 1985
et 1986.
M. Leduc (Fabre): Oui, pourquoi pas, je veux dire que, à
moins d'avis contraire, il me semble que cela rentre dans la ligne de l'article
282, effectivement.
Mme Berty: Mais, la période de temps n'est pas claire. On
pense que c'est après la date d'entrée en vigueur de la loi.
M. Leduc (Fabre): Non. Il n'y a aucune restriction, dans le
projet de loi, à cet égard.
Mme Berty: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce, il me reste,
mesdames et messieurs, à vous remercier, encore une fois, d'avoir
accepté, si rapidement et sans restriction, notre invitation. Je pense
que les membres de la commission, de part et d'autre, ont grandement
apprécié votre présence, la discussion qu'ils ont pu avoir
avec vous ainsi que la présentation de vos points de vue. Nous vous
remercions infiniment d'avoir bien voulu venir devant nous pour apporter cet
éclairage avant le début du débat sur les principes du
projet de loi 3. Merci.
Je rappelle aux membres de la commission que, demain, en
exécution de ce mandat au niveau des consultations particulières,
nous recevrons, en matinée, la Centrale de l'enseignement du
Québec et l'Alliance Québec; en après-midi, nous recevrons
l'Association des directeurs
généraux des commissions scolaires; dans la soirée,
nous recevrons l'Association provinciale des enseignants protestants ainsi que
l'Association provinciale des enseignants catholiques. Sur ce...
Mme Paré-Howlett: M. le Président, nous vous
remercions également. J'ai l'impression que vous nous avez
écoutés avec beaucoup de bonne volonté. Nous vous
remercions.
Le Président (M. Charbonneau): Merci infiniment, madame.
Au revoir et bon retour. J'espère que vous n'aurez pas une autre
tempête! Je signale aux membres de la commission que nous allons
poursuivre, maintenant, en séance de travail, pour régler les
problèmes budgétaires.
(Fin de la séance à 21 h 53)