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(Neuf heures cinquante-huit minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission permanente de l'éducation et de la main-d'oeuvre
poursuit aujourd'hui ses consultations particulières sur le projet de
loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Ce matin, nous entendrons d'abord les représentants de la
Centrale de l'enseignement du Québec et, par la suite, les
représentants d'Alliance Québec. Avant d'engager la discussion
avec les gens de la CEQ, nous avons un problème particulier à
régler à la suite des décisions prises hier. Nous nous
excusons auprès des invités, mais les problèmes de famille
de la commission devront être réglés avant, mais devant
témoins.
Demandes de report de l'audition de certains
organismes
Hier, nous avons convenu - et cela devrait être officialisé
par un ordre du leader en Chambre - qu'une journée additionnelle serait
utilisée pour poursuivre la consultation particulière.
Vraisemblablement, cette journée serait le 27 novembre prochain. Cela
nous a d'abord permis d'accepter la demande de report de l'audition de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Nous avions également convenu que, pour les autres
demandes de report des gens qui étaient déjà
invités et qui avaient accepté de venir ou encore pour de
nouvelles demandes qui nous sont parvenues par voie de
télégrammes en particulier, le comité directeur de la
commission, c'est-à-dire le président, le vice-président
et l'adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation, aurait à
statuer.
C'est évident que, dans la mesure où le comité
directeur n'arrive pas à un consensus, il n'a pas lui-même
l'autorité de prendre des décisions quant à l'utilisation
de la journée du 27 ou de fixer la liste. En conséquence, le
comité directeur s'est réuni hier soir après la
séance publique et la séance de travail que la commission a
tenues et, devant le constat d'un désaccord, il a été
convenu qu'on reprendrait cette discussion avec les membres de la
commission.
Je pose le problème suivant: nous pouvons faire cette discussion
maintenant ou la faire à un autre moment aujourd'hui.
Cependant, les demandes de report qui nous sont parvenues concernent,
entre autres, deux organismes qui doivent être entendus demain. Compte
tenu de l'élémentaire politesse, on doit leur donner une
réponse, dans un sens ou dans l'autre, le plus vite possible, mais il
faudrait, bien naturellement, ne pas reporter cette discussion-là et les
décisions qui devraient être prises, à la fin de la
journée. Je pense que, ou on le fait maintenant ou on le fait à
la fin de l'avant-midi, mais c'est le délai maximum pour faire cette
discussion. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je ne partage
pas tout à fait votre opinion sur l'urgence de prendre une telle
décision. Nous avons accepté que le 27 puissent se poursuivre -
nous n'avons pas dit si ce serait toute la journée - des débats
pour entendre, et là-dessus nous nous étions engagés, la
Fédération des commissions scolaires. Nous avons également
refusé, comme vous l'avez souligné hier, de nous engager pour
quelque autre groupe que ce soit. De fait, je pense qu'il ne serait pas correct
de prendre une telle décision maintenant, dans la mesure où nous
ne connaissons pas encore le déroulement de la commission, et le 27,
quand même, nous reporte dans approximativement quinze jours. Donc, il
m'apparaît beaucoup plus logique d'entendre l'ensemble des intervenants
et, sur la base de ce que nous aurons entendu au cours de cette commission,
nous serons en mesure, à la fin, de décider si, effectivement, il
y a lieu d'ajouter un, deux ou trois groupes. À moment-là, nous
aurons le portrait global devant nous, plutôt que de prendre une
décision maintenant et de constater, par exemple, que demain un groupe
pensait pouvoir venir et, finalement, constatant l'opportunité de
retarder, vient nous demander de le remettre, lui aussi. On va se retrouver
dans la situation, un peu désagréable, d'avoir à remettre
en question une décision de la veille.
Pourquoi ne procède-t-on pas avec l'échéancier, tel
qu'il est prévu, et, à la fin des travaux de cette commission,
sur la base de ce que nous aurons entendu, nous pourrons prendre les
décisions concernant les audiences à tenir le 27.
Le Président (M. Charbonneau): C'est parce qu'il y a deux
questions à régler, M. le ministre. Votre intervention
suppose,
présuppose, d'une certaine façon, qu'on dirait non aux
demandes de report des invités déjà convoqués qui,
normalement, par exemple, viendraient demain et qu'on statuerait plus tard pour
les nouvelles demandes des gens qui n'ont pas été invités
et qui demandent à l'être. Mais, il est évident...
M. Bérubé: Non, mais ce n'est pas ce que je veux
dire...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que je pourrais
terminer? Je pense qu'il est clair que, dans la mesure où des gens ont
été convoqués pour demain, il faut leur dire aujourd'hui.
Est-ce que vous...
M. Bérubé: Vous déformez ma pensée,
M. le Président, et mes paroles.
Le Président (M. Charbonneau): Non, mais je pense qu'il
faut leur dire aujourd'hui.
Laissez-moi terminer, M. le ministre.
Il faut leur dire aujourd'hui si on accepte qu'ils ne viennent pas
demain ou si on pense qu'ils doivent venir demain, comme on les a
convoqués, et qu'on voie plus tard pour de nouvelles demandes, mais je
ne pense pas qu'on puisse dire: Bon, on continue notre programme. Je devrai
répondre, au nom de la commission, à ces gens qui nous ont fait
cette demande: Vous venez demain. Je veux savoir - dans la mesure où le
comité directeur, hier, n'a pas pu en arriver à une entente sur,
entre autres, les demandes de report pour deux organismes qui doivent venir
demain - ce que la commission décide quant à cette convocation de
deux organismes qui doivent venir demain. Pour le reste, il est évident
que les choses sont moins urgentes. Comme vous l'avez souligné, le 27
étant dans deux semaines, il y aurait toujours lieu plus tard de
décider pour des nouveaux organismes.
La parole est d'abord au vice-président et par la suite le
député de Deux-Montagnes.
M. Ryan: Je suis prêt à lui laisser la parole s'il
veut parler avant moi.
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas sur le contenu, c'est seulement
pour vous demander d'annoncer la composition de la commission pour que notre
présence soit régularisée.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, cela avait
été fait ici par la secrétaire de la commission. La
secrétaire va terminer tous les changements et on l'annoncera par la
suite. D'accord? M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, pour bien comprendre ce qui se
passe, je pense qu'il faudrait d'abord faire l'état de la situation.
À ce moment, on saura sur quoi on nous invite à décider et
on comprendra mieux les positions des uns et des autres.
Je crois que depuis le début des travaux de la commission,
c'est-à-dire depuis le début de la présente semaine, il y
a des organismes qui ont communiqué avec la commission demandant, dans
certains cas où l'organisme avait déjà été
invité, que leur présence devant la commission soit
reportée à une date ultérieure pour leur permettre de
préparer leur intervention. Il y a d'autres cas, ce sont des organismes
qui n'ont pas été invités qui demandent à
être invités. Il me semble que l'élémentaire
courtoisie que nous leur devons, c'est d'abord de prendre connaissance de ce
qu'ils ont demandé et, dans cet esprit, je pense qu'il faudrait d'abord
énumérer les organismes qui n'ont pas été
invités qui ont demandé à être reçus par la
commission.
Dans la liste que j'ai compilée, il y a les organismes suivants
et je serais bien reconnaissant, Mme la secrétaire, peut-être de
vouloir donner communication du message qui a été reçu de
chacun pour que ce soit la propriété commune, que cela soit su.
Je les nomme - sans intention d'accorder à l'un ou l'autre plus
d'importance qu'aux autres, mais simplement pour que la liste soit
complète -il y a d'abord l'Union des municipalités du
Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté. Est-ce que vous avez leur télégramme?
Une voix: Non, je vous avais donné les copies.
M. Ryan: Vous allez m'obliger à fouiller dans mes papiers.
Ces deux organismes, par la voix de leur président respectif, dans un
cas, c'est M. Jean Corbeil, le maire d'Anjou, pour l'Union des
municipalités du Québec, et, dans l'autre cas, c'est M.
André Asselin, président de l'Union des municipalités
régionales de comté, ont demandé à être
entendus par la commission et nous ont laissé savoir qu'ils seraient
prêts à venir ensemble.
Ensuite, la Coalition pour la confessionnalité scolaire,
organisme regroupant diverses associations ou institutions, a demandé
à être entendu, l'Association des parents catholiques, le
Lakeshore School Board, l'Institut canadien d'éducation des adultes, le
Greater Quebec School Board, le Quebec Association of Catholic School
Administrators, le
Mouvement laïque du Québec. Est-ce que j'ai nommé
l'Institut canadien d'éducation des adultes? Excusez-moi, c'est une
déformation professionnelle, je la nomme deux fois. Parmi les organismes
déjà invités et qui ont demandé à être
entendus à une date différée, il y a la Commission des
écoles catholiques de Montréal, le Conseil des écoles
protestantes du grand Montréal. Je
pense que cela fait le tour des organismes que j'avais dans mes
dossiers. Il avait déjà été convenu à la
commission... Je vais me permettre de demander: Est-ce que c'est complet, Mme
la secrétaire? Est-ce que j'en aurais oublié?
Le Président (M. Charbonneau): La seule chose que je
voudrais préciser, au sujet des administrateurs scolaires dont vous avez
parlé, c'est qu'hier, au comité directeur - il y a eu une entente
- comme ils avaient déjà été convoqués et
qu'ils avaient accepté de venir, mais qu'il y avait des problèmes
entre les groupes catholiques et protestants, on a fait une nouvelle
répartition du temps qui facilitait la chose. Donc, on ne les
considérait pas comme faisant partie de la liste litigieuse.
M. Ryan: Je crois qu'en ce qui touche l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté le député de Fabre devait
vérifier auprès de son ministre s'il y avait des objections
à ce qu'elles soient ajoutées à la liste des organismes
invités. Je crois qu'on devait avoir une réponse ce matin,
à ce sujet.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre.
NI. Leduc (Fabre): M. le Président, je
préférerais que le député d'Argenteuil termine son
exposé, avant de lui répondre.
M. Ryan: Très bien.
M. Marquis: Est-ce que je peux soulever un point d'ordre? Quand
on a des invités, discute-t-on comment la table va être mise pour
le lendemain? Est-ce normal qu'on discute de choses comme celles-là, ce
matin? Peu importe qui l'a apporté, je trouve qu'on a. des
invités et qu'il faudrait peut-être les entendre et nous
réunir entre nous, en dehors de la commission, et on décidera
comment la table sera mise le 27 ou le 28, ou je ne sais quand. En tout cas,
cela ne m'apparaît pas comme une chose correcte. J'en appelle à la
commission pour qu'on règle cela le plus vite possible. *
Le Président (M. Charbonneau): Ce que j'ai dit, M. le
député, c'est qu'il était évident qu'on pouvait
faire cette discussion maintenant, avec les inconvénients que vous
signalez, ou on pouvait la faire à un autre moment. Ce que j'ai aussi
ajouté, c'est qu'on ne pouvait pas non plus la faire en fin de
journée, c'est-à-dire à minuit ce soir, compte tenu de
deux demandes qui nous sont faites et sur lesquelles on devra statuer; cela
concerne les rencontres particulières de demain. Quant au reste, je
pense qu'il appartient aux membres de la commission et non au président
de décider si on fait cette discussion maintenant ou si on la reporte
à un autre moment, par exemple à la fin des
représentations qui ont été prévues pour ce
matin.
À moins que ce soit une question de règlement...
M. Leduc (Fabre): Bien...
Le Président (M. Charbonneau):... je voudrais qu'on laisse
le député d'Argenteuil terminer son droit de parole.
M. Leduc (Fabre):... M. le Président, c'est parce
qu'à l'horaire d'aujourd'hui, à 9 h 30, nous devons
entendre la Centrale de l'enseignement du Québec. Nos invités
sont ici. Je proposerais à l'Opposition, enfin si on était
d'accord, de se voir à midi - je crois qu'on doit terminer à 12 h
30 - et que l'on prenne quinze minutes pour essayer de trouver une solution,
mais qu'on permette au moins à nos invités de s'exprimer.
Là-dessus, je partage tout à fait l'avis du député
qui vient de s'exprimer.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan:... il est bien facile de se montrer aimable envers les
invités qui sont ici quand on en laisse plusieurs à la porte,
sans même s'occuper de prendre connaissance, officiellement, de la
demande qu'ils ont faite, c'est-à-dire celle d'être reçus.
Je pense que c'est faire montre de courtoisie que de se saisir de
représentations qui nous ont été soumises par des
organismes qui estiment avoir le droit d'être entendus. J'estime qu'on
devrait régler cette question. Si cela prend seulement un quart d'heure,
je pense qu'on est bien mieux de la régler maintenant, tout le monde va
savoir à quoi s'en tenir. On a déjà été pas
mal bousculés par le gouvernement dans cette affaire. Je pense que les
organismes ont le droit de savoir - oui, monsieur - à quoi s'en tenir.
Il y en a qui ont fait des demandes, ils ont droit d'avoir une réponse
claire. Si le gouvernement ne veut pas les recevoir, il prendra ses
responsabilités, nous prendrons les nôtres.
M. Payne: Question de règlement, M. le
Président.
M. Ryan: Monsieur, je vais terminer mon intervention. En ce sens,
je voudrais que la question soit discutée maintenant. Si nous
décidons de la discuter maintenant, j'aurai des propositions
précises à faire.
M. Champagne: M. le Président...
M. Payne: J'ai posé une question de règlement.
Le Président (M. Charbonneau):
Écoutez, je voudrais bien qu'on fasse une chose,
c'est-à-dire que, si on veut tous invoquer des questions de
règlement, vous allez m'obliger à utiliser les règles de
procédure. Dans ce cas-là, je vais être obligé de
vous demander en vertu de quel article vous voulez invoquer une question de
règlement. Je pense que je n'aimerais pas être obligé de
devenir un traditionnel président de séance, d'autant plus que je
vous avoue humblement que, après huit ans de vie parlementaire, ce n'est
pas ma spécialisation, les règles de procédure. M.
l'adjoint parlementaire.
M. Leduc (Fabre): Il doit y avoir un règlement qui
interdit l'obstruction du travail de la commission.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement. On impute des motifs indignes à un
député...
M. Leduc (Fabre): Je vais terminer...
Mme Lavoie-Roux:... qui agit de bonne foi.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je voudrais quand
même terminer rapidement mon commentaire pour expliquer. Mme la
députée de l'Acadie aurait intérêt à
écouter, parce qu'elle était absente et elle n'est pas membre du
comité directeur. Je voudrais rappeler qu'au moment où le
comité directeur s'est réuni il y a eu entente. M. le
Président, j'ai une question à vous poser. Est-ce que, des deux
côtés, nous nous sommes entendus sur le nombre d'organismes
à entendre et sur le moment où nous devions les entendre? Y
a-t-il, oui ou non, eu entente au comité directeur? Je vous prierais de
répondre à la question.
Le Président (M. Charbonneau): Il y a eu effectivement une
entente.
M. le ministre, je ne voudrais pas faire une farce de la commission non
plus. Dans ce cas, je dois ajouter que l'entente a également
été modifiée par un ajout qui a été fait
hier. Donc, cette entente a été modifiée par la
décision de la commission d'ajouter une nouvelle journée, le 27,
et d'accepter que la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec vienne le 27. D'autre part, comme je l'ai
indiqué au début de la séance, ce matin, s'il y avait de
nouvelles demandes ou des demandes de report, cela serait au comité
directeur, dans un premier temps, de statuer et de voir si on pouvait
s'arranger à l'occasion du 27. S'il n'y avait pas entente au
comité directeur, cela revenait aux membres de la commission de
décider et non pas uniquement au président et au comité
directeur. C'est pour cela qu'on est ici, ce matin, à faire cette
discussion parce qu'il n'y a pas eu entente, hier soir, au comité
directeur.
Si vous me permettez, je vais prendre les droits de parole. Si tout le
monde veut parler en même temps, dans ce cas, je vais être
très strict sur les droits de parole. D'abord, le député
d'Argenteuil, ensuite le député de Dubuc, Mme la
députée de L'Acadie, M. le député de Vachon et je
vous ajoute sur la liste, M. le député de Mille-Îles. (10 h
15)
M. Ryan: M. le Président, seulement pour compléter
l'information de chacun. Hier soir, il y a eu une réunion du
comité directeur à l'issue des travaux de la journée. Au
cours de cette réunion, nous avons pris connaissance de toutes les
demandes qui étaient parvenues à la commission. Quant à
moi, j'ai fait une proposition en vertu de laquelle on aurait reporté au
27 novembre la comparution de la CECM et du Bureau des écoles
protestantes du grand Montréal. On aurait accepté de recevoir
l'Union des municipalités du Québec et l'Union des
municipalités régionales de comté ainsi que le Greater
Quebec School Board et on aurait répondu aux autres organismes que,
malheureusement, ils ne peuvent pas être reçus dans cette phase-ci
de nos travaux. À ce moment, il y a un autre règlement qui permet
d'examiner l'opportunité d'entendre des gens, à l'examen en
comité, sans, cependant, prendre d'engagement. J'ai fait cette
proposition et le député de Fabre m'a dit qu'il était pour
consulter, de son côté, et qu'il devait me donner des
réponses ce matin avant la séance. Je n'ai pas eu de
réponse. Ce serait peut-être bon qu'on nous donne une
réponse à ces propositions.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais, pour les fins du
bon ordre de la commission, poser une question préalable aux membres de
la commission et j'aimerais qu'on prenne, si possible, le vote sans discussion
sur cette question préalable. Est-ce que les membres de la commission
veulent poursuivre la discussion que j'ai dit devoir être
réglée cet avant-midi - soit au début ou à la fin
de l'avant-midi - maintenant ou plus tard? Si on veut la poursuivre maintenant,
qu'on la fasse et, si on veut la poursuivre plus tard, d'accord, mais je pense
qu'on serait aussi bien de le savoir. Si on fait indirectement la discussion
maintenant alors qu'on ne se prononce pas si on doit la faire maintenant ou
pas, on va faire un débat inutile de procédure. Donc, je voudrais
savoir, des
membres de la commission, s'ils préfèrent faire cette
discussion maintenant ou à la fin de l'avant-midi. Par ailleurs, je vous
indique qu'à mon avis le plus tard qu'on devrait aller, c'est à
la fin de l'avant-midi parce qu'on doit donner une réponse à des
gens qu'on a convoqués demain et qui nous ont demandé
d'être reportés. Si on leur dit non, qu'on leur dise non au plus
tard au début de l'après-midi. Je vais faire le tour et je vais
demander si les gens veulent faire cette discussion maintenant ou plus tard
à la fin des deux rencontres qui sont prévues.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, nous voudrions que la
commission procède. Nous devons entendre la Centrale de l'enseignement
du Québec et c'est ce que nous souhaitons. Quant aux discussions sur les
questions soulevées par le député d'Argenteuil, nous
sommes disposés à en parler, mais au comité directeur, M.
le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais juste vous
signaler, M. le député de Fabre, que ce que vous me demandez,
finalement, c'est une nouvelle convocation du comité directeur. Je suis
bien prêt à le faire, mais je vous rappelle que, s'il n'y a pas
entente au comité directeur, que celui-ci ne peut pas statuer, ce sera
aux membres de la commission.
Donc, si je comprends bien l'adjoint parlementaire, est-ce que cela
signifie que du côté ministériel on veut procéder
maintenant?
M. Leduc (Fabre): Voilà, M. le Président. -
Le Président (M. Charbonneau): Du côté de
l'Opposition, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Du côté de l'Opposition, nous demanderons
sûrement un vote enregistré, d'abord, parce que nous ne voulons
pas d'affaire mécanique là-dedans. Mais notre
préférence est, très fermement, que nous discutions et
réglions ce problème maintenant. S'il ne se règle pas
maintenant, il va falloir qu'il se règle pendant les heures de travail
régulières de la commission. C'est un problème qu'on ne
peut pas, purement et simplement, déléguer au comité
directeur, lequel n'a même pas de statut. C'est une pure convention. Nous
sommes très heureux de nous réunir, à ce niveau, pour
faciliter le travail de la commission. Mais ce comité n'existe qu'en
fonction et sous l'égide de la commission. Et il me semble que voici un
problème dont la commission a été saisie et dont elle ne
peut pas se désaisir, de la manière dont voudrait le faire le
député de Fabre.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, ayant compris que, du
côté de l'Opposition, on souhaitait un vote enregistré, je
pense que si l'on veut être cohérents avec la décision
qu'on doit prendre, comme on doit décider si l'on fait cette discussion
maintenant ou non, je vais demander un vote enregistré. Donc, je vais
faire l'appel des membres présents et en profiter pour signaler les
remplacements et les membres, aujourd'hui.
Le député d'Argenteuil, vice-président de la
commission, le député d'Abitibi-Est, remplacé par le
député de Deux-Montagnes, le député de
Mille-Îles, le député de Marquette, remplacé par le
député de Sauvé, la députée de
Jacques-Cartier, le député de Bourassa, remplacé par le
député de Dubuc, le député de Fabre, le
député de Saint-Laurent, le député de
Matapédia, le député de Vachon, le député de
Matane et le président, le député de Verchères.
Cela complète... Ah, je m'excuse, effectivement, le député
de Laurier est remplacé par la députée de L'Acadie. Je
m'excuse, madame.
Donc, dans l' ordre, je vais demander à chacun de se prononcer
sur la question que j'ai posée.
Une voix: Voulez-vous la reformuler?
Le Président (M. Charbonneau): La question est très
simple: Est- ce que la commission désire procéder maintenant
à la discussion, pour savoir si, d'une part, on doit accepter des
demandes de report et, également, statuer sur des demandes
additionnelles de rencontres, avec la commission, qui nous ont
été formulées, ou si, au contraire, on vote contre cette
proposition, on vote également pour reporter la discussion à la
fin de la séance? Donc, le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): Contre. Le
député de Deux-Montagnes?
Une voix: Une minute, une minute!
Le Président (M. Charbonneau): Je vais rappeler...
M. Ryan: Voulez-vous donner l'auteur de la proposition, pour
commencer?
Le Président (M. Charbonneau): En fait, la
proposition...
M. Ryan: Qui est l'auteur de la proposition?
Le Président (M. Charbonneau):... M. le
député d'Argenteuil, pourrait être aussi du
président qui, en l'occurrence, voudrait simplement clarifier le point.
Mais, si un
membre de la commission veut la proposer...
M. Leduc (Fabre): Je la fais, M. le Président.
M. Ryan: Voulez-vous la formuler?
M. Leduc (Fabre): Oui, M. le Président, j'ai un texte.
Le Président (M. Charbonneau): Je n'ai pas de texte
écrit, j'ai lu la proposition, qui n'était pas
compliquée.
M. Leduc (Fabre): Alors vous me permettez de la formuler, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Allez-y.
M. Leduc (Fabre): Qu'on entende les invités dès
maintenant, ceux de ce matin, la Centrale de l'enseignement du Québec,
suivie d'Alliance Québec, et que les discussions ayant trait au
présumé problème soulevé par l'Opposition aient
lieu à un autre moment que le comité directeur pourrait
déterminer.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans la proposition que
vous aviez formulée tout à l'heure, c'était: Est-ce qu'on
discute maintenant ou plus tard?
Une voix: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Il n'y avait rien sur la question des
invités, pour lesquels j'ai bien du respect.
Le Président (M. Charbonneau): C'est...
Mme Lavoie-Roux: Mais là je pense que vous introduisez un
nouvel élément, M. le député de Fabre.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, je voulais
éviter justement ce qui est arrivé et je n'ai aucun
contrôle sur la suite des événements dans la mesure
où ce sont les membres de la commission qui déterminent comment
ils vont se comporter. J'essayais de faire une proposition qui, simplement,
nous amènerait à décider si on veut discuter de la
question maintenant ou plus tard. Dans la mesure où on fait une
proposition plus contentieuse, il est évident que les règles de
procédure s'appliquent et que les gens auront...
M. Leduc (Fabre): On est d'accord avec votre nouvelle
formulation, M. le Président. C'est maintenant ou plus tard.
Le Président (M. Charbonneau): Il faudrait... Est-ce que,
dans ce cas-là, vous voudriez formuler votre proposition par
écrit, s'il vous plaît? M. le député de Deux-
Montagnes.
M. de Bellefeuille: Etant donné qu'il est 10 h 25, que
nous avions prévu entendre la CEQ pendant une heure et demie et que nous
devions ensuite consacrer une autre heure et demie à Alliance
Québec, il nous sera impossible de respecter cet horaire-là.
Alors, est-ce que l'on ne pourrait pas envisager comme solution d'entendre la
CEQ pendant une heure et demie, comme prévu, c'est-à-dire
jusqu'à midi, et de demander à nos amis d'Alliance Québec
de revenir cet après-midi et, à partir de midi jusqu'à
épuisement, de revenir sur cette question que le député
d'Argenteuil a soulevée?
Le Président (M. Charbonneau): Personnellement, je trouve
que la suggestion est pleine de bon sens, mais il faudrait que, dans ce cas, la
proposition écrite faite par le député de Fabre en tienne
compte, autrement, elle ne restera qu'un voeu intéressant sans suite.
Donc, de deux choses l'une, ou le député de Fabre formule la
proposition pour intégrer votre commentaire ou votre suggestion ou
bien... La suggestion du député de Deux-Montagnes serait, si j'ai
bien compris, qu'on procède maintenant à la discussion avec le
premier groupe qui était invité ce matin, c'est-à-dire la
Centrale de l'enseignement du Québec, qu'on demande au deuxième
groupe de revenir plutôt cet après-midi, et qu'on utilise le reste
de la séance de ce matin, c'est-à-dire au moins une heure
normalement - de midi à une heure - pour procéder à la
discussion dont on parle depuis tantôt.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, voici la question
juste avant de donner le droit de parole. Comme je l'ai indiqué encore
une fois, si la proposition du député de Fabre intègre cet
élément, ce serait la proposition qui serait soumise à la
commission. Pour le moment, je n'ai encore aucune proposition. M. le
député de...
M. Bérubé: Une question d'information...
Le Président (M. Charbonneau): Juste une seconde, M. le
ministre, j'avais ici une demande de parole du député de...
M. Ryan: Je vais parler après la députée de
L'Acadie, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: C'est simplement une remarque, M. le
Président, par courtoisie, encore une fois, puisque tout le monde veut
être tellement courtois. Il faudrait peut-être que quelqu'un,
officieusement, aille demander aux invités qui devaient être
entendus ce matin s'ils
peuvent rester cet après-midi. Je pense que c'est simplement une
politesse élémentaire.
M. Bérubé: La question que je voulais poser, M. le
Président, était très simple. Je voulais que, du
côté du secrétariat de la commission, on nous dise quelles
sont les implications vis-à-vis de tous nos invités, car nous
nous sommes entendus sur un échéancier de rencontre, les gens
sont invités à une heure précise et, évidemment,
toute modification dans notre planification a des conséquences pour nos
invités. Ce que je crains, c'est que l'on s'engage dans un long long
débat empêchant d'entendre un certain nombre d'intervenants dont,
je pense, le témoignage nous serait précieux - à preuve,
nous avons choisi de les entendre - pour finalement se retrouver dans
l'incapacité d'avoir entendu qui que ce soit et, là, devoir
justifier qu'on étende les travaux de la commission encore pendant une
semaine. Alors, M. le Président, je trouve que la proposition de
reporter à plus tard me convient et j'aimerais qu'on prenne le vote sur
la proposition du député de Fabre.
Le Président (M. Charbonneau): Avant de procéder au
vote, je voudrais avoir au moins la proposition formellement d'abord. Par la
suite, à moins que les membres consentent à voter maintenant, le
règlement prévoit qu'on peut discuter une proposition, on peut
l'amender. Telles sont les règles de procédure.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que quelqu'un peut aller demander
à Alliance Québec s'ils ont objection?
Le Président (M. Charbonneau): C'est ce que le
secrétariat de la commission va faire à l'instant, Mme la
députée.
M. Leduc (Fabre): Cela ne règle pas tout. Même si
Alliance Québec est d'accord pour venir cet après-midi, il reste
qu'à 21 heures...
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à appuyer la
proposition du député de Deux-Montagnes, à la condition
qu'on vérifie avec les principaux intéressés.
M. Leduc (Fabre): Oui, mais ce n'est pas tout. Il faut
vérifier également auprès d'autres organismes et
auprès de l'Association provinciale des enseignants catholiques qui,
normalement, doivent être entendus à 21 h 30 ce soir. Si on
reporte tous les groupes, ce n'est plus à 21 h 30 que nous allons les
entendre, mais à minuit. Il s'agit de savoir si nous sommes d'accord
pour siéger à minuit et si l'Association provinciale des
enseignants catholiques sera toujours présente à minuit. Le
problème n'est pas si simple; d'où l'importance pour nous de
procéder immédiatement et de tenir ces discussions au
comité directeur.
M. Bérubé: M. le Président, il serait
beaucoup plus simple...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, le
député d'Argenteuil avait demandé la parole. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Comme le parlementarisme existe encore, je vous suis
reconnaissant, M. le Président, d'en respecter les règles. Il
faudrait que nous ayons une proposition claire sur la table. Pourriez-vous
résumer où nous en sommes? Est-ce que nous sommes à la
proposition initiale du député de Fabre, à la proposition
du député de Deux-Montagnes, à une version
révisée de la proposition initiale du député de
Fabre ou à une proposition du président? Pourrions-nous savoir
où nous en sommes?
Le Président (M. Charbonneau): Donc, la commission...
Pourriez-vous la lire, M. le député de Fabre?
M. Leduc (Fabre): La commission s'entend pour reporter la
discussion sur les questions soulevées par le député
d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: Quand? Aux calendes grecques?
M. Bérubé: Plutôt que de faire traîner
nos invités jusqu'à minuit, une heure, discutons-en donc à
minuit, une heure et laissez-les témoigner à l'heure où
ils sont invités.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas. C'est pour demain, M. le
ministre.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! Si c'est
la proposition, j'aimerais qu'on me la transmette et on va faire la
discussion.
M. Ryan: M. le Président, le député de Fabre
va vouloir défendre sa proposition, ce n'est pas facile.
Le Président (M. Charbonneau): Je demande au
député de Fabre de relire sa proposition.
M. Leduc (Fabre): La commission s'entend pour reporter la
discussion sur les questions soulevées par le député
d'Argenteuil. Cela est important, compte tenu de l'heure, de l'horaire
extrêmement chargé que nous avons, compte tenu des invités
qui se sont déplacés, qui attendent et
qui, à cause des questions soulevées par le
député d'Argenteuil, risquent de ne pas pouvoir être
entendus aujourd'hui. Cela me semble extrêmement grave, compte tenu de
l'entente que nous avons eue au comité directeur et qui précisait
le nombre de groupes à entendre cette semaine et le moment où
nous devions les entendre. Je le répète, il y a eu entente, c'est
extrêmement important. Ce n'est que par la suite, une fois les
télégrammes reçus... (10 h 30)
Le député d'Argenteuil est dans une situation
délicate. Il a reçu des télégrammes. Il est normal
qu'il en fasse part à la commission. De là, maintenant, à
demander à la commission d'entendre des groupes sur lesquels il n'y a
pas eu d'entente, je trouve que c'est aller un peu loin. Je ne refuse pas la
discussion, nous ne la refusons pas. Nous croyons que la discussion devrait
avoir lieu là où elle s'est tenue la première fois,
où il y a eu entente, c'est-à-dire au comité directeur, et
non devant la commission, parce que nous n'en sortirons pas, M. le
Président, à moins qu'il y ait un vote, et c'est ce que je
souhaite: que le vote ait lieu le plus tôt possible pour que nous
tranchions, enfin, cette pénible discussion qui est, encore une fois,
une façon de faire obstruction aux travaux de la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si j'ai bien entendu la
formulation de la proposition du député de Fabre, je la trouve un
petit peu - mais, enfin, ce n'est rien de grave - surprenante. Elle serait
comme ceci: La commission s'entend pour. Je pense que vous devriez la
reformuler un peu différemment: Il est proposé, ou je propose,
que la commission entende immédiatement les invités qui sont
à la table et que les discussions devant porter sur l'opportunité
de retarder certains groupes et d'en entendre de nouveaux soient
reportées à la fin de l'avant-midi. Là, je pense que dire
que la commission s'entend... Justement, on vote parce qu'on ne s'entend
pas.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, juste une question
d'information. Vous avez demandé de vérifier quelles
étaient les possibilités pour le second groupe, ce matin,
Alliance Québec. À la suite de l'intervention du
député de Deux-Montagnes, la secrétaire de la commission a
vérifié. Il semble que les gens d'Alliance Québec soient,
bien sûr, disposés à passer vers l'heure prévue ou,
encore, à partir d'une heure trente jusqu'à trois heures.
C'est-à-dire que, pendant la période normalement allouée
pour le dîner, ces gens pourraient... Sauf que, dans l'après-midi,
après la période de questions, et dans la soirée, il
semble que cela ne soit pas possible pour eux, ni demain. Donc,
voilà.
M. Leduc (Fabre): Les autres groupes?
Le Président (M. Charbonneau): Les autres, je pense qu'ils
ne sont même pas arrivés.
M. Leduc (Fabre): On ne peut pas les léser, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je n'ai pas d'autres
demandes d'intervention et on a une proposition sur la table; à moins
qu'il y ait d'autres interventions, on va procéder au vote.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, oui. M. le
Président, je pense que Mme la députée a
déformé le sens de la proposition. "La commission s'entend pour
reporter la discussion", c'est tout. Je n'ai pas dit qu'on s'entendait sur le
fond des questions soulevées par le député
d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: Mais, on vote pour savoir si on s'entend
là-dessus.
M. Leduc (Fabre): On s'entend pour reporter la discussion. C'est
tout. On pourra fixer le moment de la discussion. Cela signifie qu'on entend
immédiatement la Centrale de l'enseignement du Québec.
Mme Lavoie-Roux: C'est un amendement formel, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée, j'ai d'abord le député de Sauvé.
Après j'ai le... Mais, si le député de Sauvé...
Mme Lavoie-Roux: Bon, si la commission propose que soit...
Enlevez le mot "s'entend". Je n'ai pas le texte devant moi. Est-ce que vous
pouvez l'amender?
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous avez un
autre texte?
M. Leduc (Fabre): Je propose que nous reportions la discussion
sur la question formulée par le député d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Une voix: D'accord,
adopté.
Mme Lavoie-Roux: On incorpore l'amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Attendez une petite
seconde. On va lire la proposition formellement. Vous m'avez obligé
à être formel ce matin, mais on va l'être clairement, dans
ce cas-là.
Si je comprends bien votre écriture, cela voudrait dire que la
commission s'entend pour reporter la discussion.
Mme Lavoie-Roux: Ils viennent de l'enlever le "s'entend". Il me
l'a concédé.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, le
président apprécierait d'avoir le texte.
La proposition se lirait comme suit: Il est proposé, par le
député de Fabre, que la commission reporte la discussion sur les
questions soulevées par le député d'Argenteuil.
Une voix: À la fin de l'avant-midi.
Le Président (M. Charbonneau): Ce n'est pas dans le texte
qu'on m'a donné.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas-là, un
instant, pas de panique. Mme la députée de L'Acadie a toujours la
parole.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Sauvé disait:
Lisez votre proposition et, après, on l'amendera.
Le Président (M. Charbonneau): C'est-à-dire que je
lis la proposition du député de Fabre, Mme la
députée: Il est proposé, par le député de
Fabre, que la commission reporte la discussion sur les questions
soulevées par le député d'Argenteuil.
M. le député de Sauvé.
M. Parent: M. le Président, en amendement, pour être
cohérent avec toute la discussion que l'on a eue depuis hier sur cela,
il faudrait absolument que le temps soit indiqué et le temps, dans le
cas de la CECM, c'est 13 heures au maximum aujourd'hui. N'oubliez pas qu'on a
accepté le report de la Fédération des commissions
scolaires du Québec parce que ces gens-là n'avaient pas eu le
temps d'aller se chercher un mandat de leur assemblée
générale. La CECM a été avisée jeudi
dernier, elle siège ce soir seulement et elle est convoquée pour
demain. Si on veut avoir un témoignage cohérent, honnête et
juste, il faut au moins les avertir à temps.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, votre amendement
serait? Ce n'est pas très clair. Je comprends que vous avez à la
fois formulé l'amendement et argumenté.
M. Parent: Cela va, je l'ai expliqué. Si vous voulez
relire la proposition, je vous donne l'amendement immédiatement.
Le Président (M. Charbonneau): La proposition du
député de Fabre se lit ainsi: La commission reporte la discussion
sur les questions soulevées par le député d'Argenteuil.
Vous proposez un amendement?
M. Parent: L'amendement est: Au plus tard à 13 heures
aujourd'hui.
Le Président (M. Charbonneau): Au plus tard à 13
heures aujourd'hui.
M. Parent: Pour donner la chance à chacun...
Le Président (M. Charbonneau): Donc, nous avons un
amendement qui voudrait ajouter un délai à l'exécution de
la proposition principale. Je relis la proposition amendée en ne
présumant pas que l'amendement est adopté ni la proposition. Si
les deux éléments étaient...
Une voix: C'est sur l'amendement.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, mais je veux
simplement relire: La commission reporte la discussion sur les questions
soulevées par le député d'Argenteuil - proposition
principale - au plus tard à 13 heures aujourd'hui - amendement du
député de Sauvé.
M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, il faudrait que ce soit
au moins à 13 h 30 et même à 13 h 45, compte tenu qu'il
nous faut entendre Alliance Québec immédiatement après et
que Alliance Québec a droit tout de même à I h 30
également, ce qui nous reporte...
Mme Lavoie-Roux: À 13 h 5.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que je peux vous
faire une suggestion?
M. Leduc (Fabre): À 13 h 45.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'on ne pourrait
pas convenir dans le sens de l'amendement: Au plus tard avant la période
de questions?
M. Parent: Est-ce que je peux parler de mon amendement?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, mais...
M. Parent: M. le Président, je pense que l'on fausse le
jeu. Hier soir, il avait été entendu que l'Opposition devait
consulter le ministre et donner une réponse, ce matin, avant la
commission parlementaire. Avant, on
n'a pas eu de réponse; on est rendu à 10 h 40 et on n'a
pas encore de réponse. Je pense que cela devient une tactique pour nous
reculer. Ce n'est pas l'esprit dans lequel on veut discuter et travailler.
C'est fausser l'esprit de l'entente qui avait eu lieu de bonne foi, hier.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Bérubé: Cela fait déjà deux fois
que je vous demande la parole. Elle était inscrite depuis
déjà un bout de temps. Vous avez même permis au
député d'Argenteuil tantôt d'occuper mon temps de
parole.
M. Ryan: M. le Président, question de
règlement.
Une voix: On s'excuse, M. le ministre.
M. Ryan: Je trouve que ce sont des affirmations fausses. Si le
ministre avait eu connaissance de ce qui s'était passé, il aurait
vu que ma demande d'intervention était inscrite bien avant la
sienne.
M. Bérubé: Oui, il a raison, mais la mienne
était inscrite subséquemment.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, s'il vous
plaît, pouvez-vous procéder à votre intervention?
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Je pense
qu'il faut quand même réitérer clairement la nature des
ententes. En effet,
Il y a eu des discussions entre l'Opposition et le gouvernement quant a
la composition de ceux que nous entendrions et le moment où ils
pourraient se présenter en commission parlementaire.
Ceci fait l'objet d'une entente formelle. Voilà l'entente et, en
ce moment, je lis: de 9 h 30 à Il heures, nous entendons la Centrale de
l'enseignement du Québec. Nous n'avons pas marqué: Débat
de procédure enclenché par l'Opposition libérale de 9 h 30
à Il heures.
Donc, l'entente est que nous entendons la Centrale de l'enseignement du
Québec en ce moment. Deuxièmement, avec l'obstruction
systématique que pratique l'Opposition, à Il heures nous devions
entendre Alliance Québec, que nous ne pourrons pas entendre. Par
conséquent, si nous devons les entendre, nous devrions les entendre
à 13 h 30; cela me semblerait le moment approprié. Si nous
voulons nous engager dans des discussions de procédure
enclenchées par l'Opposition, M. le Président, je suggère
respectueusement que nous devrions tenir de telles discussions, si
nécessaire, de une heure à 5 heures du matin de manière
à ne pas déranger les invités qui sont venus ici sur la
base d'ententes formelles entre le Parti libéral et le Parti
québécois et, par conséquent, que nous ne fassions pas
subir les discussions de procédure à ceux qui sont invités
ici pour une heure précise. Voilà, M. le Président, ce que
j'avais à dire. Cela m'apparaît assez clair.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Cela sera très bref, M. le
Président. Le député de Fabre est revenu en disant: Si on
calcule I h 30 ce n'est pas une heure, tel que l'a dit le député
de Sauvé mais c'est probablement I h 10 ou I h 12. Je pense qu'on est
tous de bonne foi; on va leur donner I h 30, ce qui est convenu. Maintenant,
s'il faut préciser à la seconde, bien on n'en finira plus. Si
vous voulez mettre I h 12, je n'ai pas d'objection. Dans le fond, on a convenu
qu'on leur donnait I h 30 et on leur donne I h 30 mais commençons de
grâce.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, si le
député de Sauvé était d'accord, on pourrait dire:
après avoir entendu Alliance Québec.
Une voix: Immédiatement après.
Mme Lavoie-Roux: On a convenu que c'était un groupe. C'est
la proposition du député de Deux-Montagnes.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais signaler tout
d'abord que nous devions commencer à 9 h 30 ce matin. Si nous avons
commencé à 10 heures c'est parce que le gouvernement
n'était pas prêt. Nous, nous étions ici, disponibles, et on
le voyait qu'il tenait un conciliabule interminable; il n'était pas
disponible. Quand j'entends le ministre nous faire la leçon maintenant,
je trouve que c'est souverainement déplacé. Je m'excuse d'avoir
employé un mot qui n'est pas trop... C'est facile
d'interprétation ces temps-ci. Je tiens à signaler ceci, nous
sommes à discuter de l'amendement du député de
Sauvé, si j'ai bien compris. Cela aurait été bien plus
simple si tout le monde s'était rallié à la proposition du
député de Deux-Montagnes tantôt. Je pense que cela aurait
réglé le problème pour la journée. Le
député de Fabre n'a pas voulu retirer sa motion en faveur de
celle que vous auriez été prêt à déposer. On
discute la motion du député de Fabre mais là c'est
l'amendement du député de Sauvé. Il me semble que
l'amendement c'est le bon sens même. Il demande qu'on règle cette
question avant que cette partie de la journée soit terminée,
avant 13 heures.
Je pense que c'est parfaitement justifié et, si le gouvernement
voulait faire preuve le moindrement de bonne foi, on pourrait commencer dans
cinq minutes à entendre la délégation de la CEQ qui est
ici. On voterait tous pour cet amendement et avec l'amendement je pense que
nous serions prêts à voter pour la proposition.
M. Leduc (Fabre): J'ai juste une question, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de...
M. Champagne: M. le Président, je demande le vote.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne pense pas qu'on
puisse accepter, à ce moment, ce n'est pas comme cela que cela
fonctionne.
M. Champagne: Il y a une proposition et un amendement, je demande
le vote, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne crois pas qu'on
puisse demander le vote.
M. Leduc (Fabre): J'ai une question pour clarification, M. le
Président. Si, à une heure, nous arrêtons les
débats, cela signifie que vous êtes d'accord - simplement pour
savoir ce qu'on fait - pour arrêter la discussion avec Alliance
Québec. Au rythme où on va, à une heure, c'est Alliance
Québec qui sera devant nous, qui sera appelée à
témoigner. Donc, nous allons devoir arrêter la discussion avec
Alliance Québec et reprendre la discussion sur les questions
apportées par le député d'Argenteuil. C'est ce que je
comprends, M. le Président.
Je ne sais pas si l'Opposition le comprend ainsi mais à une
heure, au rythme où on va, en accordant I h 30 aux parties, nous aurons
Alliance Québec devant nous.
M. Champagne: M. le Président, j'ai demandé le
vote, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): À
l'ordre1. Une seconde. La proposition de mise aux voix
immédiate doit être interprétée en vertu de
l'article 194. "Si aucun amendement n'est proposé à une motion,
tout député qui a la parole peut proposer qu'elle soit
immédiatement mise aux voix. Cette motion ne peut être
amendée. " Mais, dans le cas qui nous occupe, il y a un amendement
proposé à la motion et, dans ce cas, nous ne pouvons
procéder à la mise aux voix immédiate. Mme la
députée de L'Acadie. (10 h 45)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'aime pas accuser le
gens, ne disons pas de mauvaise foi, mais de confusion pour vraiment ne pas
prêter de motif à qui que ce soit. Le débat a
commencé avec la suggestion du député de Deux-Montagnes,
auquel on était prêt à se rallier, mais en mettant quand
même, dans la résolution que la discussion aurait lieu à
temps, pour que les gens soient avertis à temps et, là, il
semblait y avoir un consensus.
Le député de Fabre fait une résolution en ce sens
que, immédiatement, nous entendions les gens, que la discussion soit
reportée - comme la suggestion du député de Deux-Montagnes
- après que nous aurons entendu ce premier groupe. On fait la
vérification avec Alliance Québec, qui nous dit qu'elle peut
rester et, là, on nous dit qu'il faut entendre Alliance Québec
à Il heures. Il y a de la mauvaise foi quelque part, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais bien qu'on clarifie. Il est
10 h 45, supposons qu'on commence à Il heures, on écoute la CEQ
jusqu'à 12 h 30. Je ne vois pas comment on pourrait recevoir Alliance
Québec à 12 h 30. Il faudrait, définitivement, qu'on la
reçoive cet après-midi.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, si on reçoit
Alliance Québec cet après-midi, je voudrais savoir quel sera
l'aménagement du nouvel horaire, puisque, je répète,
à 21 h 30, ce soir, nous devons entendre l'Association provinciale des
enseignants catholiques et j'aimerais savoir si nous allons les entendre
à minuit ou demain et, à ce moment, déranger l'horaire que
nous nous sommes fixé pour demain.
Le Président (M. Charbonneau): Actuellement, la seule
information que je puisse donner aux membres de la commission, c'est que le
groupe Alliance Québec serait disponible, pour rencontrer les membres de
la commission, à 13 h 30, jusqu'à la période des
questions, soit à 15 heures et, en conséquence, nous n'aurions
à déplacer aucun autre groupe. Autrement, il est évident
qu'on a une espèce d'effet de "bumping" - si on veut utiliser un terme
syndical, puisque nos invités sont des syndicalistes - qui, lui, aura un
effet d'entraînement pour un groupe ou un autre. De toute façon,
il y a un groupe qui serait pénalisé quant à l'horaire
initial.
On pourrait procéder ainsi: on fait la rencontre avec la CEQ
maintenant, on
procède à la discussion qu'on est en train de faire depuis
tantôt à la suite de cette rencontre, on suspend pour quelques
instants, on n'aura pas une longue période pour dîner aujourd'hui.
On reviendra à 13 h 30, jusqu'à 15 heures, pour entendre Alliance
Québec. À 15 heures, il y aura la période des questions,
suivie, tel que convenu, des autres rencontres qui avaient été
initialement prévues. Est-ce que cela conviendrait à tout le
monde?
M. Leduc (Saint-Laurent); D'accord. M. Leduc (Fabre):
D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le
député de Fabre ainsi que le député de
Sauvé consentent à retirer leur proposition?
M. Champagne: Tout le monde se rallie.
Le Président (M. Charbonneau): Je comprends, mais il y a
des règles formelles. J'ai beau ne pas avoir été à
l'école du formalisme, il y a des limites.
M. Parent: Je retire mon amendement à la proposition.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Je
présume que le député de Fabre en fait autant, que les
membres se rallient à la proposition qui a été
présentée par le président.
M. Leduc (Fabre): Oui.
Auditions (suite)
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): D'accord.
Dans ce cas, nous allons, maintenant, procéder à la rencontre
avec les dirigeants de la Centrale de l'enseignement du Québec.
M. Ryan: Eux, ils connaissent cela, les retards. Ils n'en sont
pas à leur premier retard.
CEQ
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): Je
voudrais, d'abord, à la fois remercier le président de la CEQ et
ses collègues d'avoir accepté notre invitation, eux, comme les
autres groupes, un peu à la hâte, compte tenu des
échéanciers de la commission. Je pense que la commission sera
heureuse de vous entendre et on s'excuse, tous et chacun, pour les
problèmes d'arrimage que nous avons dû vous faire subir.
Une voix: Est-ce qu'il a un texte?
Le Président (M. Charbonneau, Verchè- res): Je ne
le sais pas; je pense que M. Charbonneau va nous dire s'il y a ou non un texte
écrit, parce qu'on n'a pas demandé de mémoire. S'il y en a
un, je pense que...
M. Charbonneau (Yvon): On vous a remis toutes les
quantités qu'il faut.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): D'accord,
merci.
M. Charbonneau (Yvon): Vous auriez eu le temps de le lire,
d'ailleurs, depuis le début.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): Je
voudrais donc demander à M. Yvon Charbonneau, le président de la
CEQ, de présenter ses collègues pour les fins du Journal des
débats et de procéder à la présentation, si j'ai
bien compris, de votre position écrite, en vous signalant que nous
avons, comme vous avez pu vous en rendre compte...
M. Charbonneau (Yvon): Très peu de temps.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res):... une
heure trente et que...
M. Charbonneau (Yvon): C'est donc dommage!
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res):... plus
nous aurons de temps pour la discussion, mieux ce sera pour tout le monde.
Merci.
M. Charbonneau (Yvon): M. le Président, M. le
vice-président, Mmes et MM. les membres de la commission, je voudrais
vous présenter, tout d'abord, les personnes qui m'accompagnent à
cette table. À ma droite, Raymond Johnston, vice-président du
bureau national; une personne qui est absente à ce moment-ci, Robert
Bisaillon, président de la Commission des enseignants et enseignantes de
commissions scolaires (CECS); Claire Jomphe, représentante de la
Fédération du personnel de soutien; à ma gauche, Robert
Gaulin, cadre à la centrale; Pierre Tellier, président du
Syndicat des professionnels du réseau scolaire du Québec, et
Claude Gerbeau, président de la Fédération des
professionnels. des services éducatifs du Québec.
Alors, on comprend que vous n'avez pas beaucoup de temps à votre
disposition pour nous recevoir et on sait que vous faites des efforts pour
utiliser ce temps de la manière la plus judicieuse. Je vous inviterai
à assister à une assemblée syndicale pour voir comment on
peut, à un moment donné, établir certaines
procédures pour améliorer le fonctionnement. Quant à nous,
nous leur ferons part de vos efforts pour vous habituer
à une procédure démocratique qui permet des
débats en long et en large et de ne pas brusquer les prises de
décision. Nous aimerions qu'il en soit ainsi lors de l'adoption de
certains projets de loi spéciaux, qu'à un moment donné
vous preniez tout votre temps, au lieu de discuter de cela la nuit, à la
hâte pour écouter tout le monde avant de trancher dans le vif. Il
y a parfois des questions plus importantes que celle de ce matin et qui
prennent moins de temps à se régler.
C'est avec satisfaction que nous avons constaté le retrait du
projet de loi 40, ce que nous avions demandé en commission parlementaire
au mois de janvier dernier. Le projet de loi 3 est, à notre avis,
beaucoup plus réaliste concernant la situation scolaire que nous avons
à vivre. Les efforts qui ont été consentis par de nombreux
groupes, dont le nôtre, tout au long du débat n'auront donc pas
été vains.
Nous savons gré à l'actuel ministre de l'Éducation
d'avoir tenu compte des représentations que lui ont faites
différentes organisations du milieu de l'éducation et d'avoir
présenté un projet de loi recherchant le consensus, par
opposition aux actions unilatérales et aux gestes d'autorité.
Nous souhaitons vivement que cette approche serve d'exemple au gouvernement
dans son ensemble. Un bon terrain d'application de cela, ce serait aussi la
recherche d'un nouveau régime de négociations du secteur
public.
Toutefois, pour assurer à toute la population le droit à
l'éducation, pour lui permettre un contrôle démocratique
sur les politiques scolaires et pour garantir aux personnels le respect de
leurs droits, nous croyons qu'un certain nombre de modifications devraient
être apportées au projet de loi 3.
Premier chapitre, nous allons parler du droit pour toutes et pour tous
à des services éducatifs de qualité. Le projet de loi 3
définit plus clairement que le projet de loi 40 les services
éducatifs. Nous tenons à le souligner. Cependant, des garanties
additionnelles devraient être inscrites dans la loi pour assurer à
tout le monde l'accès à ces services. Ils sont bien
définis, mais le problème, c'est l'accès pour tous.
Le droit à l'éducation est un droit fondamental qui
devrait être reconnu dans la pratique aussi. Or, le projet de loi permet
que des inégalités subsistent quant à l'accès
à des services de qualité en fonction de la condition
socio-économique, du lieu de résidence, de l'âge et des
croyances religieuses des élèves. Les amendements qui suivent
touchent ces quatre aspects.
L'accessibilité aux services. Les articles qui décrivent
les services ne garantissent tout de même pas le droit pour tous à
des services adaptés à leur condition et à leurs
aspirations légitimes. On retrouve ainsi la restriction suivante
à l'article I - on pourrait citer aussi l'article 2 - les services
seront rendus disponibles "dans le cadre des programmes offerts par la
commission scolaire". Il s'agit des services complémentaires pour les
jeunes (article I) et, pour ce qui est des adultes, c'est l'ensemble des
services aussi qui est assujetti à la même contrainte. Or, on sait
que c'est la commission scolaire qui déterminera les services qui seront
dispensés dans le cadre des règles d'attribution des ressources
financières établies par le gouvernement.
Alors, il pourrait se trouver qu'il y ait des services définis
par la loi, mais non accessibles à certaines populations, là
où les commissions scolaires décideraient de ne pas les assurer.
Il pourrait aussi se trouver des situations où les services ne seraient
pas véritablement adaptés à la condition de chacune des
catégories d'élèves, notamment pour les adultes, parce que
les commissions scolaires décideraient de ne pas aller aussi loin que ce
que décrit la loi. Nous recommandons donc une reformulation des articles
I et 2 pour non seulement décrire des services en principe, mais en
assurer l'accès à toutes et à tous.
Nous profitons de l'occasion pour souligner l'amélioration que
présente le projet de loi 3 quant à la possibilité pour
les parents d'obtenir des services de garde en milieu scolaire, pour le
préscolaire et le primaire.
Pour ce qui est de la gratuité des services, c'est un principe
acquis depuis 1961, quoique cette gratuité n'a jamais été
tout à fait complète. Nous avons constaté qu'il en
coûte de plus en plus cher pour fréquenter l'école à
travers les années. Le projet de loi 3 ne progresse pas de ce
côté-là et il comporte même certains reculs par
rapport au projet de loi 40. Par exemple, nous soulignons qu'au niveau de
l'article 4 on limite le droit à la gratuité aux "services
éducatifs offerts conformément à la présente loi".
Nous suggérons que ce soit remplacé par l'expression
"prévus à la présente loi" de manière à
assurer la gratuité de fait.
Un autre point sur lequel nous attirons votre attention, c'est l'article
8 où il y a un recul incompréhensible. L'article 8 indique, au
deuxième alinéa, que "la gratuité ne s'étend pas
à ce qui ne peut plus être utilisé par un autre
élève après usage". C'est plus que ce que disait le projet
de loi 40 où l'on parlait du matériel didactique dans lequel
l'élève écrit ou dessine. Ici on va beaucoup plus loin.
Pensons à ce que cela peut impliquer du côté des arts
plastiques, du côté des sciences et du côté de
l'enseignement professionnel: les élèves seraient obligés
de payer leur "plasticine", les colombages qu'ils utilisent en menuiserie, les
morceaux de tôle, le clou, la farine pour
faire des gâteaux, les fils électriques pour apprendre
l'électricité. C'est ce que cela veut dire ici. Je ne sais pas si
le législateur a pensé à cela, mais la porte est ouverte
à tout cela. Ce sera un recul effroyable, en particulier, s'attaquant
à une catégorie d'élèves qui vont du
côté de l'enseignement professionnel et qui souvent proviennent
des milieux les plus pauvres. Nous demandons de réviser
complètement cette disposition.
Il y a aussi des accrocs à la gratuité pour ce qui est du
transport scolaire. Je passe rapidement là-dessus. Nous avons fait des
propositions d'amendement. Nous soulignons aussi qu'il peut se poser des
problèmes d'accessibilité pour ce qui est des écoles
à vocation nationale ou régionale, pour ce qui est de
l'accessibilité à certains enseignements
spécialisés ou pour l'enfance en difficulté ou pour la
formation professionnelle et l'éducation aux adultes. Alors, il faudra
garantir que l'accès à ces écoles à vocation
nationale ou régionale ne sera pas rempli d'embûches pour
certaines catégories de citoyens. C'est pourquoi nous proposons un
amendement à l'article 56 afin qu'il y ait consultation de l'ensemble
des intervenants lorsqu'il y a lieu, du point de vue du ministre,
d'établir un tel type d'écoles et de voir à assurer la
pleine accessibilité aux services d'enseignement
spécialisé qui seront dispensés dans ces
établissements.
Pour ce qui est de la confessionnalité, nous approuvons la
conversion du système sur des bases linguistiques plutôt que
confessionnelles. C'est une mesure que nous appuyons fermement, mais nous
suggérons de le faire pour le vrai et de déconfessionnaliser
l'ensemble des structures scolaires à partir du ministère de
l'Éducation, du Conseil supérieur de l'éducation et
jusqu'aux écoles, et non seulement de déconfessionnaliser les
commissions scolaires.
Nous pensons que les dispositions du projet de loi permettant l'octroi
d'un statut confessionnel à l'école et l'établissement
d'un projet éducatif confessionnel sont, en réalité,
incompatibles avec cette autre affirmation du projet de loi selon laquelle
"l'école est publique et commune" (article 55). Selon qu'ils
adhèrent à une religion ou à une autre ou qu'ils sont
incroyants, les gens sont traités inégalement. Par exemple,
qu'arrive-t-il des gens qui aimeraient qu'une autre religion que les religions
catholique et protestante soit enseignée à l'école
à l'intérieur de l'horaire scolaire? Ici, on ne reconnaît
que deux religions: catholique et protestante. Les autres aussi ont un droit,
de ce point de vue, à partir du moment où on pense que
l'enseignement des religions doit exister à l'école. (Il
heures)
Pour ce qui est des services complémentaires, on les
prévoit seulement en appui à l'enseignement catholique et
protestant; les autres auraient droit, aussi, à ces services
complémentaires. Même chose pour les services de soutien à
l'administration des écoles catholiques et au service de l'enseignement
moral, religieux et d'animation pastorale. Ces soutiens n'existeraient que pour
les gens de religion catholique et protestante. Les gens qui inscrivent leurs
enfants dans un enseignement qui n'est pas confessionnel ou qui pourrait
être d'une autre confessionnalité n'auraient pas de tels soutiens.
Nous pensons qu'il y a là un traitement inégal des citoyens
à l'intérieur d'un service public. Alors, nous proposons des
amendements sur lesquels je ne m'arrête pas en ce moment, dans le cadre
du temps qui nous est alloué.
On invoque souvent des questions de majorité et de tradition pour
justifier le maintien du statut confessionnel des écoles. Cela
entraîne, d'après votre compréhension du projet de loi,
qu'il faut s'assurer que l'école se dote d'un projet éducatif
confessionnel et puisse acquérir un statut confessionnel devant orienter
l'ensemble des activités de l'école.
D'autre part, on admet, aussi, que les croyances et pratiques
religieuses sont une question de choix individuel. Or, en pratique, les projets
éducatifs et confessionnels, pour autant que les mots aient encore un
sens, auraient pour effet d'imposer a tous les valeurs et les croyances
religieuses de la majorité dans un milieu donné. Malgré
l'acrobatie juridique de l'article 80, nous estimons que cela est incompatible
avec le respect de la liberté de conscience et de religion.
La discrimination peut prendre plusieurs formes. Nous nous expliquons,
aux pages 6 et 7 du mémoire, quant à la configuration que peut
prendre le réseau d'écoles selon, par exemple, que l'on permette
à des groupes qui professent une certaine religion d'avoir accès
à un établissement scolaire. Le système peut se
"ghettoïser" peu à peu, se démanteler, à toutes fins
utiles, en tant que réseau unifié et se reconstituer une
série de mini ou de sous-réseaux confessionnels. Je pense que
c'est contraire à l'esprit du projet de loi, contraire aux besoins
démocratiques des citoyens.
Il peut y avoir des problèmes, aussi, quand on dit: Les parents
auront le libre choix. Si l'école confessionnelle la plus
rapprochée de leur lieu d'habitation ne leur convient pas, qu'ils
aillent ailleurs. Est-ce que le transport va suivre? Il n'y a aucune garantie
de cela. De toute façon, c'est bien naturel qu'on cherche à
envoyer nos enfants à l'école la plus rapprochée du lieu
de résidence.
Des problèmes aussi pour les personnels enseignants; même
si on prévoit qu'ils
peuvent refuser, il reste qu'il y a des pressions qui s'exercent, il y a
des problèmes d'organisation qui existent aussi.
En ce qui concerne le conseil d'école, c'est lui qui aurait la
responsabilité d'arbitrer tout cela et d'établir quel est le
statut confessionnel qui conviendrait le plus à une population
environnante. Il y a beaucoup de députés de la région de
Montréal, ici, en commission parlementaire. Je vous demande d'essayer de
transposer cela dans vos quartiers, en tenant compte du pluralisme qui existe
dans chacun de vos quartiers.
Si on néglige ce facteur, naturellement, c'est bien simple
à régler. On prend le point de vue de ceux qui s'emparent du
conseil d'école et puis, on dit: C'est cela, la réalité.
Mais, si on tient compte du pluralisme, si on tient compte de cet autre
objectif de l'école, qui est un lieu de socialisation,
c'est-à-dire où toutes les catégories sociales, de
diverses provenances, doivent se rencontrer et fusionner, en quelque sorte,
à l'intérieur de l'école québécoise, mais
l'école québécoise enrichie, pluraliste, on n'y arrivera
pas avec la formule qui est devant nous, ici. Au contraire, on va amener les
gens à se segmenter et à se subdiviser davantage. On va
réintroduire, à l'intérieur des discussions des conseils
d'école, des espèces de miniguerres de religion ou d'un autre
type. Je pense que les conseils d'école devraient être des lieux
de coopération et non pas des lieux de confrontation
confessionnelle.
La formule que nous avons toujours mise de l'avant, quant à nous,
concilierait mieux, à notre avis, l'objectif qui est recherché
par le projet de loi et le besoin des citoyens. Qu'il y ait, à l'horaire
des élèves, l'enseignement des religions, catholique, protestante
ou autres, avec droit d'option pour un enseignement moral de type laïque,
pour ceux qui ne veulent pas de l'enseignement de la religion et qu'on
arrête cela là. À ce moment, les citoyens qui veulent, par
l'école, s'initier à la religion et aux valeurs de la foi,
pourront le faire et les autres, qui n'en veulent pas, pourront aussi
être libres. On n'aura pas besoin d'imposer à des minorités
le point de vue des majorités, encore que dans certains milieux
montréalais on ne sait plus où est la majorité sous
l'angle de la religion.
D'autre part, au chapitre de la déconfessionnalisation, on
propose d'enlever certains comités pour ce qui est du Conseil
supérieur de l'éducation et les postes de sous-ministres
confessionnels pour ce qui est du ministère de l'Éducation. Je
pense qu'un service public doit être démocratisé d'un bout
à l'autre.
Nous en profitons pour dire qu'il nous semble regrettable que
l'Église et la Conférence des évêques se soient
refusées au débat démocratique et public sur cette
question ouvert par l'actuel ministre de l'Éducation. Ils ont
préféré encore une fois faire sentir leur poids politique
à la dérobade, sous le manteau, comme il y a 20 ou 30 ans. Et ce
qu'il y a de plus déplorable aussi, c'est que le gouvernement semble
avoir accepté cela.
Au deuxième chapitre, nous revenons sur le contrôle
démocratique des politiques scolaires. Le projet de loi 3 est beaucoup
plus réaliste que ne l'était le projet de loi 40 quant au partage
des pouvoirs entre les différents paliers et quant aux attributions des
différents groupes d'intervenants. Alors, nou3 soulignons ici la
clarification des rapports entre l'école et la commission scolaire, la
meilleure définition et mise en évidence du rôle des
personnels, du personnel enseignant et du personnel professionnel en
particulier; nous ne pouvons pas en dire autant, cependant, pour ce qui est de
la reconnaissance du personnel de soutien.
Nous voyons la possibilité que les conseils d'école
deviennent de véritables lieux de coopération entre les
personnels et les parents, ce que nous avons souhaité lorsque nous
étions en commission parlementaire, en janvier. Donc, nous sommes, d'une
manière générale, satisfaits de l'agencement des
structures scolaires proposées dans le projet de loi 3. Nous proposons
des amendements pour améliorer les mécanismes de consultation,
pour traiter de la question de la sous-traitance et de l'élection des
commissaires. Nous revenons sur la question de la carte scolaire.
Mécanismes de consultation. Les conseils d'école nous
conviennent de façon générale. Nous proposons, cependant,
deux modifications pour permettre l'insertion de membres du personnel de
soutien lorsque cela est possible dans certaines écoles,
également pour assurer une meilleure représentation des
étudiants et étudiantes adultes au niveau secondaire.
Nous pensons que les conseils d'école peuvent certainement
exprimer leurs besoins à l'adresse de la commission scolaire, mais ne
doivent pas empiéter sur la juridiction des commissions scolaires; ils
pourraient s'exprimer quant au nombre de personnes requis dans les
écoles et ne pas aller plus loin, pour préserver la
prérogative de la commission scolaire, seul et unique employeur des
personnels.
Pour ce qui est du comité pédagogique dans l'école,
nous en sommes satisfaits. Cependant, au niveau du champ de juridictions, nous
pensons qu'il devrait y avoir de la souplesse qui permettrait que cela puisse
varier selon les possibilités d'entente au niveau local, à ce
propos. C'est le sens de l'amendement au premier paragraphe de la page 12.
Pour ce qui est du comité consultatif
des services aux élèves handicapés, nous avons
plusieurs observations à faire. C'est une bonne idée, mais nous
pensons qu'il devrait être restructuré de manière à
permettre une discussion paritaire entre les personnels et les parents
concernés, de façon à rechercher les convergences de ce
côté-là aussi. Nous sommes dans un domaine de haute
expertise professionnelle en ce qui concerne nos membres face à ces
catégories d'élèves.
À la page 13, d'une manière générale, nous
revendiquons que toute nomination ou participation de personnel syndiqué
à quelque conseil ou comité que ce soit, tant au niveau de
l'école que de la commission scolaire, soit faite selon les
règles établies par le syndicat qui représente, au plan
des relations de travail et au plan professionnel, l'ensemble des personnels
sur le territoire. Il y a quelques endroits où la règle qui se
dégage du projet de loi 3 est acceptable; à d'autres endroits,
cela devrait être ajusté de manière à respecter, en
tout état de cause, ce principe-là, que ce soit à
l'école ou à la commission.
Nous apprécions la disposition de l'article 454 selon laquelle le
ministre de l'Éducation se fera une obligation de consulter les
organisations nationales, par exemple la nôtre, advenant la
nécessité d'adopter certains règlements. Il y a longtemps
que cela aurait dû se faire. Cela se fera avec le projet de loi 3 et nous
le soulignons d'une manière positive.
Pour ce qui est de la sous-traitance, plusieurs articles ouvrent la
possibilité de la sous-traitance pour ce qui est de certains services.
Je vous renvoie aux articles 262, 263, 338 et 471. Nous demandons à la
commission de bien scruter ces articles pour ne pas permettre de
réintroduire par la porte d'en arrière ce qu'on essaie de chasser
par la porte d'en avant, c'est-à-dire que nous essayons, à
travers ce projet de loi, les législateurs aussi je crois, de rendre
plus limpide le contrôle démocratique sur l'ensemble du
système scolaire à ce niveau. Avec, pour continuer mon image, la
possibilité d'établir des contrats de sous-traitance avec
certains organismes ou certaines personnes pour certains services, ou bien
encore d'établir des organismes sans but lucratif qui seraient
contrôlés par qui, on ne sait plus, on réintroduit par la
porte d'en arrière une perte de contrôle et de maîtrise par
les structures démocratiques commissions scolaires - quant à
certains services. Nous allons faire des représentations très
précises à ce propos.
Le principe général qui nous guide est que les commissions
scolaires puissent faire des ententes entre elles. Si elles sont trop petites
pour avoir tous les services - cela se comprend dans certains cas - qu'elles
fassent des ententes entre elles. C'est deux instances démocratiques
contrôlées par la population, le scrutin; alors, qu'elles
s'entendent entre elles, qu'elles fusionnent, qu'elles attribuent un service
à l'une et l'autre à la voisine. Qu'elles s'aident; on n'a rien
contre cela. Mais que les commissions scolaires donnent des services à
sous-contrat à des petites entreprises autour des écoles, nous y
sommes apposés. Qu'il y ait consultation du comité
pédagogique régional et du comité des parents advenant
qu'on doive faire des ententes avec des écoles privées, par
exemple.
Pour ce qui est de l'article 471, l'idée de créer un
organisme sans but lucratif pour évaluer du matériel scolaire, en
produire, etc., n'est pas mauvaise, mais, encore une fois, il y a une
évasion, on sort du réseau scolaire. Il serait plus
approprié que le ministre ait le pouvoir de donner une assistance
financière à des collectifs d'enseignants ou de professionnels
qui seraient volontaires pour concevoir et produire du matériel
pédagogique, mais à l'intérieur, sous la supervision
générale des instances démocratiques mises en place et non
pas à l'extérieur.
Élection des commissaires. J'irai rapidement sur ce point. Nous
sommes satisfaits du pas qui est franchi ici. Nous avions
suggéré, en gros, qu'on établisse une procédure
à peu près semblable à celle qui existe dans le domaine
municipal. Nous reconnaissons, en gros, cette procédure et nous
espérons que cela favorisera une participation plus importante des
citoyens. Nous reconnaissons aussi le retour du suffrage universel comme mode
dominant d'élection des commissaires. Nous avions réclamé
cela. Nous pensons, cependant, qu'il y aurait lieu d'aller plus loin en ce qui
concerne les parents qui seront présents à la commission scolaire
pour un tiers. Que ces parents, comme nous le disons à la page 16,
premier paragraphe, soient aussi soumis au scrutin par l'ensemble de la
population. Dans chaque quartier, il pourrait y avoir deux commissaires: un
élu au suffrage universel comme citoyen et l'autre qui serait élu
aussi au suffrage universel, mais devrait être éligible en tant
que parent membre d'un conseil d'école. Cela renforcerait, cela mettrait
sur un même pied les deux catégories de commissaires.
La carte scolaire. Depuis longtemps, nous sommes favorables à
l'intégration des niveaux primaire et secondaire et à la
réduction du nombre de commissions scolaires. Nous espérons que
cette réduction et cette intégration se feront de manière
rationnelle, de sorte que chaque commission soit viable. Nous voulons aussi
vous demander un débat public sur la question de la carte en commission
parlementaire, avant le 1er mars 1985.
Troisième chapitre: le respect des
droits des personnels. Encore une fois, le projet de loi 3
améliore de beaucoup la situation par rapport au projet de loi 40. Il
reflète en bonne partie les échanges que nous avons eus avec les
représentants gouvernementaux. (Il h 15)
Nous avons des modifications a proposer, cependant, sous certains
aspects, par exemple, en ce qui a trait au permis d'enseigner. Le projet de
loi, malgré nos représentations, prévoit qu'un enseignant
ou une enseignante pourrait perdre son permis d'enseignement, si le ministre en
décidait ainsi après plainte, sans nécessairement avoir
été congédié par son employeur, la commission
scolaire. Nous savons que le permis est octroyé par le ministre; alors,
il est probablement normal qu'à un moment donné le ministre, par
ses services, puisse retirer le permis, mais dans un certain encadrement.
D'abord, qu'il y ait eu preuve que cet enseignant devait être
congédié par son employeur et, ensuite, si c'est à ce
point grave, que puisse être envisagé le retrait de permis, mais
seulement après, pas en même temps. D'autre part, nous voulons la
possibilité de représentation syndicale tout au long de cette
procédure quant au retrait de permis, ce qui n'est pas assuré par
le projet de loi.
Pour ce qui est de certaines exigences particulières pour
l'enseignement religieux et l'animation pastorale, le projet de loi
prévoit qu'il y aura de telles exigences particulières. Quelles
seront-elles? Nous l'ignorons. Comme c'est du personnel qui tombe sous la
juridiction syndicale, du personnel syndicable, nous avons à
négocier ses conditions de travail. Nous demandons qu'il n'y ait pas de
cachette de ce côté-là, qu'on nous dise à quelles
conditions particulières on pense ici.
La question du mandat pastoral, article 302, c'est déjà
dans les décrets ou conventions collectives. On vous demande si c'est
bien raisonnable d'en faire une exigence dans la loi. On se demande où
va le principe de la séparation de l'Église et de l'État
quand on en est rendu à inscrire dans la loi de telles choses.
Au chapitre de l'autonomie professionnelle de nos membres, nous avons
noté certains articles qui donne des attributions aux directeurs
d'école qui vont trop loin, à notre avis, par rapport aux
attributions professionnelles normales de nos membres dans certains domaines.
Je sui3 à la page 21 du mémoire. Il y a deux exemples que nous
donnons de ce côté-là où le directeur
d'école, article 96, peut définir le mode d'intervention de
chaque personne qui est appelée à apporter sa contribution dans
le cadre des services particuliers aux élèves handicapés
ou en difficulté. Cela va trop loin. Les personnels qui donnent des
services à ces catégories d'élèves sont des gens
qui sont formés, des professionnels. On pense que c'est de la
bureaucratie inutile de faire réviser tout cela par le directeur
d'école qui pourra approuver ou désapprouver les actions de
chacun des membres du personnel à cet égard. Alors, que le
directeur d'école détermine de manière
générale les services et, ensuite, que les comités et les
structures mises en place dans l'école fassent leur travail et les
personnels.
Même chose pour l'article 95: Le directeur "juge de l'aptitude
d'un élève à passer d'une classe à une autre. "
C'est abusif. On pense qu'il y a du personnel pour cela, il y a des normes, il
y a des standards, des comités. Il y a des manières de faire cela
autrement que de remettre cela entre les mains d'une personne, le directeur
d'école, pour ces 2500 élèves dans une polyvalente ou quoi
que ce soit. Il y a du "red tape" inutile ici.
Droit à la négociation. Il y a eu des progrès pour
ce qui est du projet de loi 3. Cependant, le champ du négociable sera
encore grugé sous quelque rapport et nous le soulignons avec plusieurs
exemples aux pages 21 et 22. Au centre de la page 22, j'attire rapidement votre
attention sur une anomalie. Le ministre voudrait s'arroger le pouvoir
unilatéral d'évaluation de la scolarité des enseignants.
Cela a du bon sens et cela n'en a pas; cela dépend de quoi on parle. Si
c'est dans la mesure où cette scolarité sert à
l'établissement des conditions de qualification pour l'octroi d'un
permis, oui, cela a du bon sens. Mais, dans la mesure où
l'évaluation de cette scolarité est aussi un facteur
d'établissement de la rémunération, non, cela n'a pas de
bon sens que ce soit unilatéral. Il y a des processus de
négociation qui doivent voir à cela.
Nous suggérons à la page 23, que le ministre soit prudent
dans les pouvoirs qu'il sollicite de manière que cela ne l'enferre pas.
Je parle surtout du chapitre V, section I, la section du pouvoir de
réglementation. D'accord, le ministre peut faire des règlements,
mais, en même temps, nous demandons d'introduire un article
d'assouplissement. L'amendement est au texte à la page 23; je ne vous le
relis pas, mais le principe, ce serait que le ministre ait le pouvoir de
permettre aux parties de convenir des modalités d'application de la
réglementation ou de compléter cette réglementation.
Sinon, c'est le ministre seul ou bien - il faut toujours se
référer au processus législatif qui est très lourd
et probablement inapproprié - tenir compte et enregistrer
l'évolution des besoins au fur et à mesure.
Le problème de l'accès aux renseignements nominatifs,
à l'article 270. Actuellement, l'accès à ces
renseignements sera difficile pour les syndicats à cause de la loi sur
l'accès aux renseignements d'ordre
public. Nous aurions besoin d'un amendement au Code du travail
là-dessus ou d'un "nonobstant" dans la loi 3.
Les mécanismes de transfert et d'intégration et
représentation syndicale. En principe, nous pensons que les
mécanismes du Code du travail peuvent être appliqués.
Cependant, comme il y a un grand remue-ménage à l'horizon,
à la fois au niveau des structures scolaires et syndicales, on peut
certainement se faciliter les choses en établissant des
mécanismes particuliers pour régler des problèmes
découlant de la coexistence pendant un certain temps de plusieurs
conventions pour un même groupe de salariés. Nous avons
enregistré des progrès au fur et à mesure de nos
discussions directes avec les représentants du ministre de
l'Éducation. Nous le soulignons ici. Cependant, il y a encore des
problèmes, il y a encore des points qui achoppent. Nous espérons
obtenir des rencontres additionnelles ou nous en expliquer durant cette
commission parlementaire, si on en a le temps, pour que toutes ces choses se
fassent avec la plus grande harmonie. On comprend le ministre de vouloir
éviter des coûts en faisant l'intégration, mais il y a des
coûts spécifiques inhérents à une opération
d'intégration et de réorganisation d'un service et ces
coûts spécifiques ne devraient pas être niés. On
devrait même, au contraire, essayer de les quantifier, de les contenir
dans les limites les plus raisonnables possible, mais non les nier. Il y a des
coûts inhérents à une telle transformation. C'est une
réalité de la vie.
D'autre part, il peut y avoir des coûts énormes aussi en
frais de procédures de toutes sortes, y compris de la part du
gouvernement, s'il n'y a pas de mécanismes d'arbitrage consistants qui
amènent à des règlements dans des limites de temps
raisonnables: si on ouvre la porte à toutes sortes de contestations par
un trop grand flou, une trop grande imprécision du côté de
la reconnaissance de certains droits, tout d'abord - c'est à cela que
les éventuels arbitres vont se référer - et,
deuxièmement, s'il y a trop de flou dans les procédures
d'arbitrage proprement dites. C'est ce que nous expliquons dans les amendements
qui suivent le corps du mémoire.
En conclusion, je dirai que les nouvelles structures proposées
par le projet de loi 3 nous paraissent susceptibles de favoriser des relations
de travail correctes et une meilleure collaboration entre les différents
intervenants dans le milieu scolaire. C'est pourquoi nous sommes
disposés à en faire un essai loyal. Nous notons que le nouveau
projet de loi est plus respectueux des personnels, de leurs droits et de leurs
structures syndicales. Certaines modifications devraient, cependant, être
apportées pour garantir à tous les droits à la
syndicalisation, à la négociation et à la
représentation syndicale.
Étant donné que ce projet de loi encadrera le
système d'éducation pour des années à venir, nous
demandons que des changements substantiels lui soient apportés pour
garantir à toute la population l'accès à des services
éducatifs de qualité, sans aucune forme de discrimination. Aucune
réforme de structures ne saurait à elle seule régler tous
les problèmes ayant trait à la qualité et à
l'orientation des services. Il faut aussi des moyens, il faut des ressources
humaines, il faut des équipements appropriés. C'est un projet de
loi qui nous fournit un certain nombre d'instruments nouveaux, mieux
définis. Mais, quant à nous, l'essentiel - nous l'avons dit en
janvier et nous le redisons maintenant - va au-delà des structures, va
dans l'esprit qu'on y met - nous connaissons ce type de discours - mais va
aussi avec les moyens qui seront à notre disposition. Nous
espérons que ces représentations permettront d'améliorer
le projet de loi.
Quant au reste du document des pages 28 à 56, nous avons pris la
peine, même si nous étions un peu pressés par le temps
comme tout le monde, de formuler des textes de remplacement aux alinéas
ou aux paragraphes du projet de loi qui nous semblent devoir être
retouchés ou remplacés.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res): Merci, M.
Charbonneau. Avant de donner la parole à mes collègues, j'aurais
une question à vous poser. Quand vous parlez du problème de la
confessionnalité, j'ai cru comprendre que vous préféreriez
un système qui serait non confessionnel ou - si on utilise une autre
expression - neutre et qui permettrait, à l'intérieur de
celui-ci, la pratique religieuse ou la diffusion des valeurs ou des croyances
des différents groupes et des différentes réalités
de notre société.
Par ailleurs, est-ce que vous ne considérez pas que la
proposition, qui est formulée à travers le projet de loi 3, est
en fait une formule de compromis qui, néanmoins, permet, dans les faits
et dans la réalité - et au-delà des structures, comme vous
le disiez vous-même, au niveau de l'esprit - de respecter les droits des
uns et des autres?
M. Charbonneau (Yvon): Sur cette question, cela dépend; un
compromis entre qui et qui et entre quoi et quoi. Je ne sais pas exactement ce
que vous appelez le compromis puisque je ne connais pas les termes implicites
que vous avez dans la tête pour parler de compromis. Les bornes entre
lesquelles il y a eu un compromis de fait, c'est quoi?
Le Président (M. Charbonneau, Verchè- res): Il est
évident, on sait bien que, dans
notre société, les dirigeants ou les représentants
ou les porte-parole des grandes confessionnalités ou des grandes
religions ont formulé des exigences, au cours des dernières
années, autour du débat sur la restructuration scolaire. Par
exemple, pour ne rien se cacher, la position des évêques du
Québec est elle-même une position beaucoup moins intransigeante
que la position d'un certain nombre d'organismes ou de porte-parole
catholiques. Dans ce sens, ce qu'on retrouve dans le projet de loi ne serait-il
pas un compromis qui, comme je l'indiquais, permet, dans la
réalité, de respecter les droits des uns et des autres?
M. Charbonneau (Yvon): Pour ce qui est de la position de la
Conférence des évêques, nous l'avons apprise en lisant son
communiqué, au lendemain de la parution du projet de loi. Elle n'a pas
été soumise à discussion ou à vérification
auprès d'autres organismes qui sont intervenants dans le milieu
scolaire, sauf le gouvernement ou le ministère de l'Éducation
avec les autres, les commissions scolaires, les organisations syndicales, les
organisations de parents, les organisations d'administrateurs scolaires.
Personne n'a pu discuter avec ces gens pour savoir s'il n'y avait pas d'autres
formules vivables et respectueuses - comme vous le dites et comme nous le
disons - des besoins de la population et des véritables
intérêts aussi de la population là-dessus.
La formule que nous mettons de l'avant, c'est une formule qui
assurerait, à l'intérieur du programme scolaire, de l'horaire des
élèves, l'enseignement de la religion catholique, de la religion
protestante, éventuellement d'autres religions. Et cela, en option avec
la possibilité d'un enseignement moral, non confessionnel, si c'est le
choix des élèves ou de leurs parents, selon l'âge des
élèves. Et nous demandons que ces enseignements religieux ou de
la religion ou de la morale soient appuyés aussi par des services de
soutien, que ces services de soutien ne soient pas dirigés seulement
à l'appui de deux religions, rien pour les autres - les mêmes
services doivent être disponibles pour tout le monde - et qu'il n'y ait
pas cette possibilité d'un statut confessionnel pour une école
entière, parce que c'est là que le problème commence
à exister. À ce moment, les quelques centaines d'enfants autour
d'une école donnée et leurs familles ont une tendance naturelle
à aller à cette école. Or, si les uns ou les autres ne se
reconnaissent pas à ce projet éducatif et à ce statut
confessionnel, qu'y a-t-il pour eux? D'aller à une autre école ou
d'être en option? Mais, encore là, le droit d'option, sans le
soutien que les autres ont lorsqu'ils ont l'accès à
l'enseignement de la religion? Les conseils d'école devront arbitrer
cela; pendant deux ou trois ans, c'est un groupe qui va prendre le pouvoir au
conseil d'école, on demande le statut confessionnel X, les autres
s'organisent pendant deux ou trois ans et, à un moment donné, ils
parviennent à maîtriser le conseil d'école et ils vont
dire: Plus de statut confessionnel! Et la majorité devient la
minorité; de trois ans en trois ans, tout cela change. (Il h 30)
C'est une guerre de religions que vous introduisez dans un bon nombre de
conseils d'école. Nous sommes intéressés à parler
là-dessus parce que nous aurons des représentants. Nos membres
seront présents aux conseils d'école. Pas en majorité. Si
les parents sont divisés à 5 contre 3, s'ils sont 8 dans un
conseil d'école de 15 et qu'il y a 5 ou 6 représentants du
personnel, à un moment donné, nos gens vont devenir
impliqués dans ce débat et on peut être en position de
trancher par le biais de nos représentants, d'un côté ou de
l'autre. Ou bien, si vous réservez cette décision-là aux
parents seulement, membres des conseils d'école, cela peut être
entre eux que la balle rebondit selon les trois ans, les périodes de
trois ans.
Où allez-vous avec cela? Nous vous demandons de
réfléchir à cela sérieusement et d'essayer
d'assurer l'objectif que vous avez, que nous avons, que nous reconnaissons,
mais de l'assurer par des mesures qui vont éviter la bagarre
plutôt que de multiplier les foyers de bagarre là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-
res):
Merci. M. le ministre.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. D'une
part, je voudrais témoigner à la Centrale de l'enseignement du
Québec mon appréciation pour le caractère substantiel du
mémoire qu'elle nous présente à si courte
échéance puisqu'elle s'est donné la peine d'examiner le
projet de loi article par article et de nous proposer des amendements.
Évidemment, le nombre de ces amendements est important et il est
peut-être difficile de s'engager dans une discussion
détaillée en ce moment.
Aussi, je voudrais m'en tenir peut-être au niveau des principes.
Il y a toute une partie de vos recommandations avec lesquelles on ne peut pas
être en désaccord. On ne peut pas être en désaccord,
en principe, avec votre proposition. C'est celle d'une accessibilité
gratuite, de droits plus absolus prévus dans la loi soit au niveau de
l'éducation des adultes, soit au niveau des clientèles un peu
spéciales. Vous parlez de transport gratuit pour les jeunes, des adultes
en formation de base, en perfectionnement, en recyclage aux niveaux primaire et
secondaire. Vous parlez de l'ensemble des services éducatifs
gratuits.
En fait, ma première question serait:
Est-ce que vous avez évalué les coûts d'une telle
ouverture? Deuxièmement, est-ce que, vu qu'il y a toujours un certain
principe des vases communicants qui fait que, lorsque le niveau global des
ressources est limité, chaque fois qu'on introduit dans la loi des
droits précis, on doit leur donner préséance avec comme
conséquence, en général, qu'on manque de ressources pour
un grand nombre d'autres besoins qui ne sont peut-être pas inscrits dans
la loi, mais qui pourraient, s'ils n'étaient pas satisfaits, avoir
énormément d'impacts... Exemple; on sait à quel point,
à un moment donné, les disponibilités de ressources pour
l'achat de manuels scolaires sont souvent les premières qui
écopent de tout manque de ressources dans une commission scolaire. Cela
se traduit par un impact direct sur le travail des enseignants.
Alors, la question que je vous pose, c'est: Avez-vous une idée de
ce que représente l'impact financier d'une telle demande et
êtes-vous sensible à l'impact que cela pourrait représenter
sur l'ensemble des autres dépenses que pourrait encourir une commision
scolaire, que ce soit au chapitre de l'organisation de l'enseignement, des
instruments pédagogiques mis à la disposition de l'école
qui pourraient, à ce moment-là, se ressentir d'une
universalisation de droits que la société n'a peut-être pas
les moyens, conjoncturellement par exemple, d'assurer?
M. Charbonneau (Yvon): Nous n'avons pas les instruments pour
établir de tels coûts et, d'ailleurs, je n'ai pas l'intention de
m'engager sur ce terrain de débat. Je ne suis pas ici face au
président du Conseil du trésor. Je suis ici face au ministre de
l'Éducation et on doit discuter de ce à quoi la population a
droit et à quelles conditions on doit assurer à la population ces
droits-là.
Combien le ministre de l'Éducation veut-il épargner par le
deuxième alinéa de l'article 8: "Cette gratuité ne
s'étend pas à ce qui ne peut plus être utilisé par
un autre élève après usage?" En ne payant plus le
matériel dans l'enseignement professionnel, vous voulez épargnez
combien? Vous avez les moyens de quantifier cela?
M. Bérubé: Si je comprends bien, l'impact
financier, vous n'êtes pas en mesure de l'évaluer, d'une part, et,
d'autre part, les conséquences sur l'ensemble de l'organisation scolaire
n'ont pas finalement été prises en compte quand vous faites cette
recommandation. Vous exposez le droit dans l'absolu et, si la
société ne peut pas effectivement satisfaire ce droit, les
conséquences comme telles n'ont pas fait l'objet d'analyses.
M. Charbonneau (Yvon): Écoutez, M. le Président, je
pense que ce genre de remarque a été faite aussi à propos
du rapport du Conseil supérieur de l'éducation. Le ministre avait
le droit de congédier l'ex-président. Nous, on n'aurait pas le
droit de le congédier. Alors, nous allons parler, M. le ministre,
vraiment des réalités pour ce qui est d'une commission
parlementaire de l'éducation.
À la question des coûts, vous allez répondre
à notre question, s'il vous plaît, c'est vous qui avez fait les
calculs derrière cela: Combien épargnez-vous avec le
deuxième alinéa de l'article 8?
M. Bérubé: Il n'y a pas d'épargne.
M. Charbonneau (Yvon): Ah! Il n'y a pas d'épargne.
M. Bérubé: Je constate effectivement que vous
n'avez pas fait l'analyse. Autant votre réflexion dans votre
mémoire peut sembler désirable pour une société,
c'est indéniable, autant en même temps les droits collectifs que
l'on reconnaît à une société sont également
fonction de l'ensemble des besoins de cette société,
c'est-à-dire qu'il y a un équilibre à établir entre
les besoins sur le plan de la santé des personnes, sur le plan des
besoins d'emplois des personnes et sur les besoins de l'éducation. Je
pense que c'est clair que l'on doit essayer d'établir un
équilibre finalement entre l'ensemble de ces droits. Une des
difficultés vient lorsqu'on instaure dans la loi un droit absolu.
À ce moment-là, la société doit, nonobstant toute
autre considération, assurer ces droits en premier; ce qui a
généralement comme conséquence de faire en sorte que
d'autres besoins de la société pourraient ne pas être
satisfaits. Je pense que c'est un peu une faille dans votre réflexion.
Non pas que l'objectif ne soit pas désirable. Je pense qu'il doit
être désirable à la lumière des moyens dont peut
disposer la société et ce n'est qu'au fur et à mesure que
notre société s'enrichit et peut répondre à ces
besoins qu'on peut incorporer progressivement davantage de droits absolus pour
les citoyens. C'est un élément. Non pas que je m'oppose en
principe à ce que vous dites, mais c'est sur la voie des moyens qu'on
pourrait avoir une certaine distinction.
Ce que j'ai trouvé également intéressant dans votre
mémoire porte sur une place des adultes au niveau du conseil
d'école. Je ne vous cache pas que c'est effectivement
préoccupant, dans la mesure où l'on voit un nombre de plus en
plus grand d'adultes retourner à l'école et dans la mesure
où notre politique d'éducation permanente a comme objectif
d'établir un processus de formation continue. À ce
moment-là, on risque de voir dans nos écoles, je ne dirai
peut-être pas au niveau primaire où finalement notre taux de
succès est très élevé, mais certainement au
niveau
secondaire, il faut s'attendre à un retour à
l'école substantiel, comme d'ailleurs celui que nous observons
présentement, et même à une formation dite continue, par
exemple, au niveau professionnel. Là, il n'y a pas spécifiquement
de place pour les adultes.
Comment voyez-vous une présence des adultes? Comment
l'intégrez-vous avec la présence des parents? Prennent-ils la
place des parents, ou s'ajoutent-ils aux parents, ou prennent-ils la place
d'enseignants? Comment leur fait-on une place, dans le fond, et par rapport
à qui leur fait-on une place? Dans le fond, on peut dire: On en ajoute.
Si on garde les mêmes ratios de représentation, dès qu'on
ajoute une personne, il faut ajuster les autres. Alors, en fin de compte, il
faut, à un moment donné, décider. C'est à la place
de qui?
M. Charbonneau (Yvon): Ce serait probablement à l'article
57 qu'on pourrait trouver un mode d'insertion de représentants
d'étudiants adultes. On constate qu'il y a déjà deux
élèves du second cycle de l'enseignement secondaire élus
par les élèves du secondaire. Notre amendement va dans le sens de
se servir de cet article-là ou d'ajouter à cet article un autre
alinéa. Vous pourrez le trouver à la page 32 du mémoire.
On dit: Ajouter un alinéa qui dirait: "Un élève adulte
élu par et parmi les adultes bénéficiant de services
d'enseignement à l'école. "
M. Bérubé: Donc, vous augmentez la participation
des élèves dans la composition du conseil. Cela pourrait
évidemment entraîner une augmentation du nombre de parents si on
veut maintenir l'équilibre actuel.
M. Charbonneau (Yvon): Cela peut avoir cet effet-là, mais
il faudrait étudier si cela a nécessairement cet
effet-là.
M. Bérubé: D'accord. Étant donné
qu'on ne dispose pas de beaucoup de temps, j'aimerais laisser d'autres
collègues poser des questions. Alors, je cède mon droit de
parole.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères
):
D'accord. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais remercier la CEQ de son mémoire qui
sera très utile à la commission parce qu'il a l'avantage
d'être précis en même temps que substantiel. Dans le peu de
temps qui avait été accordé aux organismes pour se
présenter devant nous, vous avez réussi à mettre au point
un document qui ajoute sûrement à la réflexion de la
commission.
J'aurais quelques observations générales à faire.
En ce qui touche la gratuité des services, le premier terme
touché dans votre document, je pense pouvoir vous dire que, du
côté de l'Opposition, nous sommes foncièrement d'accord
avec la Centrale de l'enseignement du Québec sur ce point. Je comprends
les réticences du ministre en ce qui touche les implications
financières, les implications sous l'angle de la gestion des ressources
humaines et des ressources disponibles. Il me semble que cet objectif qui est
défini dans les modifications que vous proposez, c'est un objectif qui
est de plus en plus généralement accepté, qui avait
été proposé il y a déjà une vingtaine
d'années maintenant par un comité d'étude sur
l'éducation des adultes que j'avais eu l'honneur de présider; au
temps où le ministère de l'Éducation n'existait pas
encore. Il me semble que discuter de cela vingt ans après et encore
recommencer à essayer de faire des nuances comme celles qu'apporte le
projet de loi, c'est assez regrettable.
J'entendais le ministre vous demander tantôt si vous avez fait des
calculs à ce sujet. Je pense que, dans une matière comme
celle-là, le fardeau de la preuve incombe au gouvernement. C'est au
gouvernement de démontrer qu'il serait absolument impossible,
financièrement, d'accéder à ce droit qui est de plus en
plus reconnu aux étudiants de toute catégorie d'âge
à travers le monde, c'est-à-dire le droit d'accès gratuit
à une formation secondaire ou à l'équivalent.
La commission Jean était allée plus loin, elle avait
demandé que soit reconnu, dans la loi, l'accès à la
formation jusqu'au niveau du cégep inclusivement. Ce qui est
demandé ici, d'après ce que je comprends, c'est que
l'accès gratuit à la formation scolaire soit garanti à
tous les niveaux qui sont embrassés par cette loi. Encore une fois, je
suis profondément d'accord avec la CEQ quant à cet objectif et
j'espère que nous pourrons obtenir, lors de l'étude en
commission, des modifications substantielles à ce chapitre. Je pense que
les restrictions qui sont inscrites dans le texte actuel du projet de loi sont
de nature à justifier des limites malthusiennes qui seraient
parfaitement contraires aux tendances les plus éclairées
d'aujourd'hui.
En ce qui touche l'apport des enseignements dans l'école, vous en
avez traité plutôt brièvement, mais nous avons
remarqué qu'il y a des changements très importants dans le projet
de loi. Nous avions demandé nous-même que l'apport
spécifique des enseignants à l'oeuvre éducative soit
davantage reconnu dans le projet de loi. Il y a des remarques que nous aurons
l'occasion de faire au stade de l'étude en commission. Quant à
l'orientation générale du projet de loi, de ce côté,
j'ai cru comprendre que vous êtes d'accord. Nous le sommes nous aussi,
nous sommes très heureux qu'on n'ait pas le
même genre de confusions qui menaçaient de s'installer sous
l'empire du projet de loi 40.
Il faudrait examiner soigneusement l'intégration de tous les
éléments là-dedans. Personnellement, je suis porté
à craindre qu'il y ait encore trop d'uniformité dans le projet de
loi. Je me souviens que, lors de votre comparution antérieure, au
début de l'année, vous aviez insisté sur une plus grande
mesure de souplesse au niveau des structures de l'école. C'est un aspect
que nous voudrons regarder de près et sur lequel, cependant, je ne veux
pas engager de débats prolongés dans le peu de temps qui nous est
donné ce matin.
Au sujet de la confessionnalité scolaire, je remarque que la
position de la Centrale de l'enseignement du Québec est une position
radicale parce que, si je comprends bien le mémoire que vous
présentez ce matin, il faudrait, pour vous satisfaire, éliminer
l'école catholique, éliminer toutes les dispositions, dans le
projet de loi, qui vont au-delà de la fourniture d'un enseignement
religieux catholique, protestant, moral, laïque ou autres; tout le reste
serait enlevé du projet de loi. Je pense que c'est une opinion
respectable, mais qui n'est pas partagée par un grand nombre de nos
concitoyens. Il y a beaucoup d'organismes qui se sont présentés
devant la commission, au début de l'année, et qui ont
exprimé des opinions contraires. Nous en avons entendu encore hier et
nous en entendrons sans doute d'autres au cours des jours prochains.
De notre côté, nous tenons à ce que le respect des
valeurs religieuses à l'école soit plus explicite et assorti de
garanties plus substantielles que ce que vous seriez prêts à
accepter de votre côté. Je vous le dis en toute franchise.
À ce sujet, j'aurais une question à vous poser. Un des gros
arguments qui ont déjà été portés à
l'attention de la commission, qui le seront au cours des prochaines
séances, c'est l'argument qui traite des droits constitutionnellement
garantis aux groupes catholiques et aux groupes protestants dans notre
système scolaire et dans celui des autres provinces également.
(Il h 45)
Cet article de la constitution canadienne, qui est l'article 93,
prescrit que les provinces pourront légiférer en matière
d'éducation, mais à la condition qu'elles le fassent d'une
manière conforme aux droits qui étaient reconnus à des
catégories de citoyens appelés catholiques ou protestants.
Connaissant l'attachement de votre centrale pour le respect des contrats
et contre toute ingérence unilatérale, surtout de la part du
gouvernement, dans des textes juridiques qui garantissent des droits à
des catégories de citoyens, je m'étonne que vous ne traitiez pas
du tout de cet aspect dans votre mémoire.
Je voudrais vous demander comment vous réagissez à la
proposition des groupes, assez nombreux, je présume, qui viendront
proposer à la commission que le gouvernement, avant de mettre en
application ce projet de loi, s'il était adopté par
l'Assemblée nationale, fasse d'abord un renvoi à la Cour d'appel
pour s'assurer de la validité constitutionnelle du projet de loi et
s'assurer aussi que, dans l'hypothèse où le projet de loi ne
serait pas constitutionnel sous un aspect ou l'autre, on ne serait pas
engagé dans toute une transformation de structures sur laquelle on
pourrait être appelé ensuite à recevoir par des
décisions judiciaires, avec tous les inconvénients et les
coûts que cela pourrait entraîner pour la gestion du système
scolaire.
J'aimerais vous demander quelle est la position de votre centrale sur ce
point précis. Est-ce que vous reconnaissez les droits qui sont garantis
par l'article 93 de la constitution à certaines catégories de
citoyens? Est-ce que vous les interprétez de manière large,
restrictive ou plus ou moins précise? Troisièmement, comment
réagissez-vous à la suggestion de ceux qui demandent qu'un renvoi
soit fait à la Cour d'appel pour abréger les délais et
diminuer les coûts de contestations judiciaires qui, de toute
manière, sont déjà instituées devant les tribunaux
et semblent devoir être poursuivies, surtout à la lumière
d'un témoignage que nous avons entendu hier, celui de l'Association des
commissions scolaires protestantes du Québec?
M. Charbonneau (Yvon): Dans notre mémoire, nous n'avons
pas discuté à nouveau de ces questions qui se retrouvent
notamment au chapitre VI du projet de loi. Est-ce que nous aurions dû le
faire? Possiblement qu'on aurait pu reprendre certaines analyses qu'on a
déjà faites en d'autres occasions et on a déjà eu
l'occasion de s'exprimer là-dessus, même à l'occasion du
débat sur les projets de loi I et 101, il y a six ou sept ans. On aurait
pu rebrasser tout cela.
La manière dont nous voyons ce problème aujourd'hui,
puisque nous n'en traitons pas dans le texte du mémoire, je me
permettrais de la résumer comme suit. Les droits auxquels vous vous
référez sont inscrits dans l'article 93 de la constitution
canadienne. Vous évoquez cet article comme un pacte établi entre
les communautés, telles qu'elles se définissaient à
l'époque, sanctionné, intégré dans la
constitution.
Est-ce que l'esprit qui présidait à ce pacte en 1867, il y
a 130 ans bientôt, ne pourrait pas être satisfait aujourd'hui,
à quelques années de l'année 2000, si on assurait aux
communautés qui en expriment le désir, catholiques et
protestantes, un enseignement de ces religions et le personnel
de soutien et d'encadrement approprié à l'appui de cet
enseignement? Le Canada de 1984 et des quinze prochaines années est
quand même un Canada passablement différent. Notre
société est passablement différente de celle de 1867. Il y
a eu l'apport de l'immigration, une diversification sociale; aujourd'hui, il y
a une autre manière qu'à l'époque d'envisager les rapports
entre l'Église et l'État. Il y a eu une évolution. Il me
semble que le législateur doit enregistrer l'évolution. On
prévient souvent les législateurs de ne pas devancer les
évolutions, mais d'enregistrer l'évolution d'une
société, son caractère pluraliste, une conception autre
des rapports avec la religion et l'État et des rapports entre la
religion, l'Église et l'État. Ce sont des facteurs réels
dans la société d'aujourd'hui.
On ne doit pas non plus, comme législateurs, brusquer tout. Si
nous venions vous dire: l'école laïque, plus d'enseignement de la
religion dans les écoles, que ceux qui veulent l'enseignement de la
religion se l'assurent le soir, le samedi ou le dimanche, à leurs frais,
cela serait une autre thèse que la nôtre. Nous pensons que cela
pourrait peut-être être un élément de rupture
plutôt qu'un élément d'évolution. Certains
défendent cette thèse et on doit discuter avec ces gens aussi.
Celle que nous défendons n'est pas à ce point une thèse de
rupture, mais bien plus une option qui essaie d'enregistrer l'état de
l'évolution. Vous êtes des députés de la
région de Montréal pour un grand nombre ici; je vous invite
à faire l'exercice sérieux d'imaginer quel sera le statut
confessionnel qui conviendra à telle et telle école de votre
comté, de votre circonscription. Plusieurs organisations, des gens,
surtout de Montréal, viendront. Je vous invite à confronter cette
idée-là avec eux. Comment verraient-ils l'école
confessionnelle dans leur milieu? Quelles pourraient être les
répercussions de ce remue-ménage, de cette remise en question
triennale? Les rapports entre les majorités et les minorités sont
fragiles dans plusieurs arrondissements de Montréal. Les droits des uns,
les droits des autres; est-ce que, parce qu'on est dans une majorité, on
a le droit d'imposer sa conception de l'école, de toute façon,
pour trois ans? À deux ou trois voix de majorité, dans trois ans,
cela pourrait-il être la conception d'une autre école qui
prévale?
Ce n'est pas une bonne manière d'envisager les rapports
démocratiques. Il faut envisager la satisfaction des besoins que les
gens pensent valables, les satisfaire, les traiter en égalité, en
équité; ne pas privilégier les uns par rapport aux autres
et se livrer à ce remue-ménage à tout moment. C'est un
service public que nous avons entre les mains. Donc, c'est peut-être une
manière non juridique ou non orthodoxe de répondre à la
question soulevée par M. Ryan, mais, néanmoins, nous
reconnaissons les droits de tous et nous essayons de nous imaginer comment on
pourrait transposer, 130 ans plus tard, l'esprit ou le besoin qui subsiste
derrière ces articles, de voir s'il n'y a pas une manière moderne
qui respecte vraiment le pluralisme, qui ne crée pas des ghettos -on n'a
pas besoin de cela par les temps qui courent, dans les régions à
populations diversifiées du Québec - et de trouver des formules
qui intègrent, qui permettent aux gens de se rapprocher, de se
comprendre, dans le respect des différences, à l'intérieur
de l'école.
Le processus scolaire est important de ce côté-là.
Si les gens, parce qu'ils veulent absolument être catholiques ou
protestants, se fondent des écoles avec étiquette catholique ou
protestante, que sauront-ils de la foi de l'autre? Quelle idée
auront-ils de la société pluraliste? Ce qu'ils auront à
l'idée, c'est ce qu'ils ont connu eux, ne connaissant pas trop ce que
les autres pensent. Ce n'est pas ainsi que la société doit
évoluer par les temps qui courent. Ce n'est pas la confrontation des
intérêts particuliers à l'intérieur d'un
réseau scolaire, c'est un service public. C'est précieux, il faut
s'en servir, surtout l'école, afin d'en arriver, plus tard, à une
meilleure compréhension interculturelle, intercommunautaire dans le
Québec, sinon on rate notre coup. C'est donc un appel.
Je terminerai en disant qu'il y a, derrière notre position ou
notre analyse, un appel à ceux qui se prévalent de droits
juridiques reconnus il y a 130 ans, un appel à essayer d'admettre que
les besoins peuvent se traduire par des solutions différentes, un peu
plus tard, dans l'évolution d'une société.
Maintenant, si le gouvernement... En fait, les vérifications
qu'il nous dit avoir faites quand on a eu des rencontres pour discuter de tout
cela, nous disent qu'il n'y a pas de problème. Alors, s'il n'y a pas de
problème, il doit avoir vérifié. Nous n'avons pas les
moyens de faire faire des avis juridiques et multiples, par des experts, pour
vérifier s'il n'y a pas de problème. Ce serait gravement
irresponsable si, à quelques semaines de l'adoption d'un projet de
loi... Il est en discussion depuis combien de temps? Deux ou trois ans. Si on
remonte au livre blanc et à ce qui l'a précédé,
cela fait deux ou trois ans qu'ils sont là-dessus, ils arrivent à
cinq ou six semaines de l'adoption et là, il faudrait aller chercher des
avis juridiques, sinon cela va être le cafouillage total du projet de
loi. Ce serait grave, ce serait vraiment irresponsable, si on est à ce
point-là fragiles, au point de vue du fondement de tout cela. Qu'est-ce
qui arrive, si ce n'est pas adopté avant Noël? Le ministre va
certainement le dire dans les prochaines semaines, mais tout le monde le sait,
on est capable de calculer sur un calendrier, chacun
peut voir l'échéancier de mise en oeuvre de la loi.
Qu'est-ce qui va arriver? Et c'est combiné avec d'autres
phénomènes extérieurs, d'ordre purement politique.
Qu'est-ce qui va arriver, si ce n'est pas adopté?
Alors, c'est pour cela qu'on n'est pas trop en faveur des mesures de
recours aux tribunaux, ce qui aurait pour effet d'empêcher l'adoption de
ce projet de loi. Parce qu'il nous semble un pas de l'avant, globalement, nous
l'avons dit, sujet à améliorations, sur plusieurs questions
particulières.
M. Ryan: Alors, si je comprends bien, vous n'avez pas grand-chose
de spécifique à apporter sur ce point précis, vous n'avez
pas fait d'étude. Quant à la portée exacte de l'article
93, vous laissez cela au gouvernement. Là, vous êtes même
disposé à faire une sorte d'acte de foi général,
même si on n'a pas produit de pièce à l'appui des
fondements juridiques de la position que prend le gouvernement. Est-ce que
c'est cela que je dois comprendre?
M. Charbonneau (Yvon): Nous n'avons pas refait d'étude
récente, je suis sûr que nous avons étudié cette
question. Je pourrais vous produire les extraits appropriés de nos
mémoires, antérieurs à 1977, sur les passages traitant de
cette question. Pour le moment, ce que je dirai de nouveau, c'est qu'il y a un
appel, derrière notre proposition, à essayer de trouver une
formule qui enregistre l'évolution actuelle de la société
québécoise.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): Cela va?
M. le député de Mille-Îles.
M. Champagne: Merci, M. le Président. Dans un premier
temps, un commentaire. Je veux remercier les représentants de la CEQ
pour la qualité du mémoire qui a été
présenté ce matin. Je voudrais faire aussi un autre commentaire.
On dépose le projet de loi 3, ici, pour la première fois. Le
statut de l'enseignant est reconnu dans un projet de loi, je pense que c'est
une première, ici, au Québec, et l'on doit s'en réjouir.
Le statut de l'enseignant est reconnu, et dans le projet de loi, on parle de
ses droits et de ses obligations. Je pense que l'enseignant a un rôle de
premier plan à jouer dans notre système d'éducation.
Je remarque aussi que, au chapitre I, on parle de l'étudiant.
S'il y a des étudiants, il y a des professeurs, lesquels ont un
rôle de premier plan. Ensuite, il y a toute la hiérarchie des
commissions scolaires et du ministère de l'Éducation. Alors, je
me réjouis. C'était peut-être une faille, dans le projet de
loi 40, le fait qu'on ait omis de parler du statut de l'enseignant, entre
autres, et on le reconnaît d'une façon officielle, pour la
première fois, dans un projet de loi.
Dans votre mémoire, à la page 10, vous dites: Nous
souhaitons, entre autres, également, la tenue d'un débat
démocratique sur la carte scolaire. J'ai personnellement un
problème dans le comté de Mille-Îles, sur le territoire de
la ville de Laval, où il y a trois commissions scolaires: la commission
scolaire des Mille-Îles, la commission scolaire Les Écores et le
réseau scolaire Chomedey. Vous parlez d'un débat
démocratique pour la nouvelle carte scolaire. Il y a des tensions.
Est-ce que la CEQ, quand même, pourrait suggérer, ou a-t-elle
pensé à des mécanismes de consultation locale, pour faire
en sorte que la carte scolaire puisse être l'idéal, dans un milieu
donné, sur le territoire du Québec? Moi, je parle du territoire
de la ville de Laval. Est-ce que vous avez pensé à des
mécanismes de consultation?
M. Charbonneau (Yvon): M. Gaulin va répondre à
cette question. (12 heures)
M. Gaulin (Robert): D'abord, nous sommes d'accord pour que les
débats soient régionaux. Dans chacune des régions, il y a
des groupes qui ont intérêt à ce que des débats
publics se fassent sur la réorganisation scolaire, à ce qu'on
analyse différentes hypothèses de regroupement des commissions
scolaires ou de partage de territoires, à ce qu'on fasse valoir les
avantages et les inconvénients de telle option, par rapport à
telle autre, et que là, les commissions scolaires puissent, à
partir de consultations qui seraient publiques, transmettre les
différents points de vue au ministre et faire valoir celui de la
commission scolaire, comme telle.
Ce que l'on sait des débats et des discussions qui se sont faits
jusqu'à maintenant, sur la carte scolaire, c'est que cela se fait
plutôt en catimini. À travers le réseau de gérance
ou de gestion des commissions scolaires, on écarte certaines options,
assez rapidement, et on fait valoir une thèse, souvent au
détriment des autres ou souvent sans avoir analysé d'autres
options. Les remarques qu'on a eues de nos syndicats, qui ont produit des
mémoires ou qui ont voulu participer à des groupes de travail ou
à des comités, c'est que, vraiment, on n'analysait pas chacune
des avenues, du point de vue pédagogique, des services et des effets que
cela aurait sur le personnel d'encadrement dont on pouvait disposer dans une
commission scolaire, et ainsi de suite. On pense que cela devrait se faire et
que la population devrait être informée, soit par les journaux
locaux, soit par de la documentation fournie par la commission scolaire, sur le
calendrier dans lequel s'inscrit le débat sur la carte scolaire, sur les
options envisagées et qu'il devrait y avoir, à un moment
donné, des consultations
formelles des organismes du milieu. Il y a les MRC, les
différentes catégories de personnel, les comités de
parents, les cadres scolaires et les commissaires, qui sont
intéressés. Tout ce monde-là devrait avoir la chance de
faire entendre son point de vue et après on enverrait des avis au
ministre, puisqu'on accepte que ce soit lui qui, à un moment
donné, tranche la configuration des futures commissions scolaires. Mais,
on pense que ces étapes-là doivent être franchies, avant
qu'on dise que c'est réglé, comme on l'a appris récemment
dans certaines commissions scolaires. Des fois, on évoque le fait qu'il
y a des projets qui traînent depuis deux ou trois ans, que
déjà des restructurations scolaires ont été
envisagées, il y a cinq ou six ans, dans les commissions scolaires,
qu'à cette occasion, il y a eu des débats, mais nous pensons que,
face à la restructuration, face aux débats actuels sur le projet
de loi 3 et le regroupement de l'ensemble des commissions scolaires, il y a
lieu de rafraîchir certains débats et de permettre aux groupes,
dans les milieux, d'exprimer de nouveau soit le même point de vue, soit
des points de vue qui ont évolué, à la lumière des
événements récents.
M. Champagne: Dans les nouvelles divisions qui s'en viennent ou
la relocalisation des enseignants, est-ce que la centrale, ou les centrales
syndicales, ou les syndicats locaux ont certaines appréhensions ou si
vous pensez que cela devrait se dérouler assez facilement?
M. Gaulin: Nous avons demandé qu'il y ait une
négociation nationale entre les parties de ce qu'on appelle les plans de
transfert, les règles qui déterminent à quel poste et dans
quelle commission un enseignant, un personnel de soutien ou un personnel
professionnel doit se placer. On s'est ouvert pour que cela puisse se faire
très rapidement, dans le cadre d'intégration volontaire, si tel
est le désir des commissions scolaires et du ministère. On a
toute une série de remarques et de modifications à la loi sur les
aspects syndicaux qui permettent de donner des garanties additionnelles de
succès de cette négociation. Notamment, il y a les restrictions
actuelles dans la loi sur les questions d'arbitrage, sur les mécanismes
de transfert des organisations syndicales. Là-dessus, on a des
suggestions et on est disponible pour continuer à discuter avec les
représentants du gouvernement et la Fédération des
commissions scolaires, pour que cela se fasse dans les meilleures garanties
possible.
Ce qu'on a dit - et on a donné des engagements assez fermes -
c'est qu'on est prêt à travailler très positivement dans un
cadre de négociations, pour que les décrets et les conventions
collectives, qui n'ont pas prévu cette réalité, puissent
être rajustés dans des délais qui permettent de
réussir l'opération regroupement des commissions scolaires.
M. Champagne: Merci. On va souhaiter que...
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): Est-ce
qu'il y aurait un complément de réponse de la part de M.
Johnston?
M. Johnston (Raymond): Je voudrais, personnellement,
compléter la première réponse que Robert a donnée,
la démarche dans laquelle on est engagé. Bien sûr, cela
permet à tout le monde de brasser, publiquement, certains
éléments de la carte, dans les régions. Il y a
déjà, dans certaines régions, des contacts qui ont
été établis entre des syndicats, des comités de
parents, des regroupements de syndicats, qui étudient ces questions.
Mais, au-delà des questions purement d'intérêt, des
organisations, on pense qu'il peut y avoir, compte tenu, quand même, du
canal limité que constitue le débat, au niveau régional,
à certains moments, des questions d'intérêt, d'organisation
de l'enseignement des services éducatifs et de l'accessibilité de
ceux-ci dans les milieux. On pense que ces débats-là risquent de
ne pas se faire au complet dans les régions. C'est pour cela qu'on
demande de penser à la convocation d'une commission parlementaire, au
moins, pour avoir un dernier éclairage. Il risque d'y avoir des choses
qui vont quand même se faire au niveau local, sur la base de
l'intérêt de certains individus ou de certains groupes, et on
croit que c'est important que cette commission ou une commission soit saisie
des problèmes qui sont au niveau de la structure et du service à
la population, sur ces questions.
M. Charbonneau (Yvon): C'est important que cela se règle
sur la carte scolaire, mais pas n'importe comment. Il faut regarder quels
intérêts seront servis à travers ces règlements.
Alors, des discussions locales et régionales, oui, mais la
possibilité ici d'une espèce de chambre de révision
où on pourra repasser ensemble ce qui a été fait, les
accords établis et, à un moment donné, faire valoir
d'autres points de vue que ceux des intérêts locaux qui,
momentanément, pourraient s'être mis d'accord, mais d'accord sur
quoi, sur quel type de service, sur quel type de découpage? Il y a des
intérêts de directeurs généraux là-dedans, il
y a des intérêts de directeurs d'école, des
intérêts de commissaires d'écoles. Cela ne veut pas dire
que c'est toujours l'intérêt de la population, à toutes les
minutes du jour et de la nuit, à travers ces discussions, qui est en
cause. Il
faudrait réviser cela ici, publiquement. Que chacun puisse savoir
ce que l'autre a dit, puis quel intérêt il a fait ressortir de son
plaidoyer. C'est cela l'essence d'un débat public par rapport à
des représentations en privé qu'on peut vous faire. On ne sait
pas exactement la nature de l'argument de l'autre, donc, chacun ne sait pas
trop, tâtonne et, quand tout le monde entend tout le monde, normalement,
c'est un peu plus simple et les arguments sont un peu plus
équilibrés. L'intérêt public en sort
généralement mieux servi.
M. Champagne: On reçoit vos suggestions à ce point
de vue. Je ne sais pas si cela serait une commission parlementaire, mais au
moins que ce soit public. Merci beaucoup.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè
res):
Merci. M. le député de Sauvé.
M. Parent: M. le Président, permettez-moi d'abord de
remercier les gens de la CEQ qui sont venus nous rencontrer et aussi de les
féliciter pour le réalisme que je retrouve à
l'intérieur de leur mémoire.
Lors du projet de loi 40, j'ai eu l'occasion de suivre enfin ce
débat, étant assis sur une autre chaise, à ce moment, et
j'ai été souvent pénalisé d'être
obligé d'écouter et d'entendre tout ce qui s'est dit, à
l'occasion de l'étude de ce projet de loi. C'est peut-être la
première fois que je vois un projet de loi qui sent l'école, qui
sent le plancher, qui sent le milieu, qui sent ce que les gens désirent.
Ce n'est pas que je suis d'accord à 200% avec les gens de la CEQ, mais
j'ai l'impression qu'ils sont allés chercher, à la base,
où étaient les problèmes; ils sont allés sonder les
opinions au bon endroit et ils représentent vraiment une
réalité quotidienne que l'on vit, dans le monde de
l'éducation.
Et j'ai aussi des fleurs pour le ministre, M. le Président, parce
que le projet de loi, je dois dire qu'il est amélioré,
comparativement au projet de loi 40, et que, lui aussi, est beaucoup plus
près de la réalité que ne l'était son
prédécesseur. Mais, par contre, c'est une opinion bien
personnelle. Je pense que, pour améliorer la qualité de
l'enseignement au Québec, la qualité de vie des enfants dans
l'école publique, on n'avait pas besoin de chambarder toutes les
structures. Je pense que le projet de loi 3, même s'il est mieux que le
projet de loi 40, est encore, en style figuré, un bâton de
baseball pour tuer une mouche. Cela fait près de deux ans que le monde
scolaire vit des perturbations à cause de ces fameux projets. Et la
population, ce qu'elle veut, c'est de la sérénité. Elle
veut que les enfants, à l'école, apprennent à lire et
à écrire. Elle veut que les enfants, à l'école,
soient en sécurité et cela, je suis heureux de le dire devant les
gens de la CEQ, parce que, dans l'amélioration de la qualité de
l'enseignement et l'amélioration de la qualité de la vie à
l'école, un des facteurs les plus importants, je ne dis pas le plus
important, mais un des plus importants, je l'ai souvent dit en public et je
suis heureux, à ma première intervention à une commission
comme celle-ci, de dire que, selon moi, c'est la revalorisation du rôle
de l'enseignant.
Je pense qu'un projet de loi qui aurait tenu compte des observations du
rapport Benjamin et de la situation à l'intérieur de laquelle
vivent les enfants et les enseignants dans les écoles, aurait, à
la suite de cette recherche, amélioré la loi actuelle qui
régit l'éducation au Québec et le sort de tout le monde.
On aurait atteint nos buts. On aurait peut-être fait des interventions
ponctuelles, qui auraient été moins irritantes, moins
frustrantes, pour certains corps publics, pour certains intervenants, et on
aurait, je pense, atteint nos buts.
Concernant l'intervention des gens de la CEQ, je la trouve très
bonne, mais il y a des choses qui m'inquiètent et je voudrais
peut-être leur poser des questions, afin qu'ils m'éclairent. Tout
cela reflète leur intention de consulter la base, de travailler avec les
gens du milieu, de façon à véhiculer, à
l'intérieur de l'éducation au Québec, les valeurs
culturelles du milieu. Dans la première intervention,
l'accessibilité des services, vous semblez, M. le Président,
mettre en doute... Vous dites: Dans le cadre des programmes offerts par la
commission scolaire, dans le cas des services complémentaires, la
qualité ou la... Cela m'étonne que les commissions scolaires
soient sensibilisées aux besoins du milieu. Vous semblez laisser
entendre que vous ne donnez pas le bénéfice du doute au
gouvernement de base, qui est le commissaire d'écoles, au gouvernement
scolaire. J'y reviendrai après. J'aimerais que vous me donniez plus
d'explications à ce sujet.
Concernant l'accessibilité à la gratuité des
services éducatifs, je pense que vous avez raison, et vous avez
doublement raison lorsque vous répondez au gouvernement: C'est à
vous de nous dire combien cela va coûter, ce n'est pas à nous.
Notre responsabilité, en tant qu'organisme public invité ici,
c'est de venir vous alerter, venir vous faire connaître nos
préoccupations, et je pense que vous l'avez bien fait.
Par contre, où je vous trouve téméraire, M. le
président de la CEQ, c'est lorsque vous oubliez, ou que vous pensez, ou
que vous préjugez que la décision de la cour va actualiser
l'esprit de l'article 93 à la situation sociale du Québec, en
1984. Je pense que c'est peut-être préjuger, un peu, d'une
décision de la cour, c'est peut-être courir des risques. Si
j'étais un organisme qui
avait comme objectif la défense des droits des travailleurs, je
m'inquiéterais d'une décision tardive de la cour, face aux droits
des gens vivant à l'intérieur des territoires
protégés, comme ceux de l'île de Montréal et de la
commission scolaire de Québec. Imaginez ce qui se passerait si le projet
de loi était adopté et que, l'année suivante, la loi
donnait raison aux gens qui réclameraient un statut particulier pour ces
territoires.
En fait, je partage avec vous ces inquiétudes, M. le
président de la CEQ, face aux problèmes qui vont se vivre
à l'intérieur des quartiers, au moment où on va
décider de la confessionnalité ou de la
non-confessionnalité des écoles; cela va être la pagaille,
le tiraillement et, encore là, cela va se faire sur le dos des enfants.
La période de perturbation, que l'on vit, que vous déplorez et
qu'on déplore tous, depuis des années, va se continuer dans le
milieu où les enfants vivent et ce sont eux qui vont en subir les
conséquences: petites chicanes, petites guerres de religion, comme vous
l'avez laissé sous-entendre tout à l'heure, et je suis bien
d'accord avec vous, à ce sujet.
Un autre point sur lequel je suis également d'accord avec vous,
c'est lorsque vous mettez le gouvernement en garde contre certaines
prérogatives réservées aux directeurs d'école. Les
directeurs d'école, en général, sont des gens de bon
jugement, de bons gérants d'équipement, de bons gérants de
personnel, mais, par contre, il faut s'assurer, se donner des moyens pour que
soit respecté l'acte pédagogique de l'enseignant qualifié.
Que celui-ci puisse, en toute liberté, à l'intérieur de sa
classe, à l'intérieur de son milieu, prendre des décisions
pour le plus grand bien de sa clientèle, c'est-à-dire pour le
plus grand bien de l'enfant. (12 h 15)
M. le Président, j'ai deux autres questions. La première
porte sur l'intervention des commissions scolaires face aux services
complémentaires. La deuxième, je voudrais que vous m'expliquiez
pourquoi, au chapitre qui regarde les élections scolaires,
prônez-vous deux types de commissaires? Vous prônez, je pense, un
type de commissaire élu au suffrage universel, comme nous l'avons
maintenant. Vous prônez aussi le même nombre de commissaires
élus au suffrage universel, mais qui émanerait, celui-là,
de comité d'école ou de comité de parents, appelons-le
comme on voudra.
J'ai vécu dans la région de Montréal et je me
souviens, M. le Président, de la classe C chez les conseillers
municipaux. C'est-à-dire que ce n'était pas tout à fait
pareil. Eux, ils étaient délégués directement par
les corps intermédiaires. Par contre, j'ai l'impression que, si on
écoutait ce que vous nous demandez, ce qui est encore plus que ce que le
gouvernement propose, remarquez bien, on en arriverait encore avec deux
catégories d'intervenants, deux catégories de commissaires.
À ce moment-là, vous demandez de doubler, et vous ne parlez pas
de diminuer le nombre de quartiers, par exemple. Moi, j'ai
présidé une commission scolaire avec 19 commissaires
d'écoles et je m'entendais assez bien, je n'avais pas de
problème. J'imagine la pauvre commission scolaire, le pauvre
président qui va devoir administrer une grande commission scolaire avec
36 commissaires émanant de milieux différents. Je pense aux
guerres et autres affrontements: Moi, j'ai été élu par
tout le monde, moi j'ai été délégué par un
autre... Enfin, j'aimerais que vous m'expliquiez de façon plus claire
pourquoi vous préconisez cette solution, laquelle est encore meilleure
et plus réaliste que celle suggérée par le gouvernement.
Merci.
M. Charbonneau (Yvon): Merci, M. le député, de vos
remarques. Pour ce qui est de la première question, mon collègue
Johnston va reprendre l'explication là-dessus et je prendrai le
reste.
M. Johnston: Au moment où l'on a examiné les
articles qui asseoient les droits aux services éducatifs, on n'a pas
seulement examiné la question des juridictions, on a examiné
cette question sous l'angle suivant. Bien sûr, il est de la juridiction
et de la compétence de la commission d'organiser les services. Cette
commission reste, même avec le projet de loi, toujours dans une situation
de dépendance par rapport à des ressources qu'elle reçoit
d'un autre niveau. Si le droit aux services éducatifs n'est pas inscrit
dans la loi, la commission va être prise pour faire des choix en termes
de priorité à l'intérieur d'un cadre budgétaire qui
va avoir été défini à un autre niveau et qui ne
tiendra pas compte du droit aux services éducatifs tel qu'on pense qu'il
doit être inscrit dans la loi.
Ce n'est donc pas un procès d'intention à l'endroit des
commissions. C'est seulement et objectivement la nécessité
d'inscrire le droit aux services, puis la gratuité de ses services pour
qu'à tous les niveaux, dans la structure, y compris au gouvernement, on
tienne compte de la nécessité d'organiser ces services-là.
La commission aura toujours comme juridiction de les organiser pour
elle-même, par elle-même, ou conjointement avec d'autres
commissions, par entente.
M. Parent: M. le Président, c'est parce que, dans ces
articles-là, on dit: Dans le cadre des programmes offerts par la... Dans
le cas des services complémentaires, admettez-vous qu'une commission
scolaire, en fonction de son territoire, en fonction de son milieu, doit avoir
des services complémentaires qui ne sont pas nécessairement
stéréotypés sur le reste? Elle peut y avoir des services
particuliers, si vous
voulez, à elle.
M. Johnston: Oui. Sauf que les droits de base, les droits aux
services pour l'élève, à travers le système
scolaire, doivent être garantis, au minimum, à tout le monde.
M. Parent: Reconnaissez-vous ces choix à la commission,
par exemple, de faire un choix entre les services particuliers et les services
complémentaires qui seraient peut-être offerts par un
ministère, de dire: Moi, dans mon milieu, je voudrais donner plus de
services à l'enfance exceptionnelle par rapport à un autre
service? Reconnaissez-vous ce droit à la commission scolaire locale de
faire des choix?
M. Johnston: On reconnaît le droit à la commission
scolaire de faire des choix dans l'organisation des services. On
reconnaît même à la commission le droit d'accorder, de
garantir des services supplémentaires aux services de base, mais on dit:
La loi doit garantir des services de base qui sont des services essentiels pour
l'ensemble de la clientèle étudiante du Québec.
M. Parent: Merci.
M. Charbonneau (Yvon): Le deuxième point que j'ai
noté, c'est en rapport avec la question de la confessionnalité et
de la cons-titutionnalité. Je n'aurais pas la
témérité de préjuger du jugement qui sera rendu.
J'ai répondu à M. Ryan dans le sens de l'appel que nous faisons;
il faut nous supposer plutôt dans la situation du plaideur que du juge.
Qu'est-ce que je ferais ressortir, comme argument, pour en arriver à
dénouer cet écheveau, à ce moment-ci? Quant au reste, il
arrive quelquefois que les juges nous font des surprises.
Les deux types de commissaires. Je vais reconstituer le raisonnement
antérieur à notre comparution sur le projet de loi 40, parce que
c'est le même raisonnement que nous avons continué de
développer. Nous sommes partis d'un constat où la
démocratie scolaire, à tort ou à raison, nous
prétendons qu'elle est assez souffreteuse au Québec
actuellement.
Et nous constatons aussi les efforts que font les parents, par le biais
de comités et de regroupements, pour intervenir dans l'école et
au niveau de la commission scolaire, pour intervenir dans les affaires de
l'éducation en général. Ce sont des efforts
appréciables qui ont été faits depuis une dizaine
d'années, mais nous sommes d'avis que les parents ou les
représentants de parents, s'ils doivent avoir un meilleur lieu ou un
meilleur niveau d'intervention, après avoir conquis ou acquis celui de
l'école, pourraient maintenant considérer le niveau de la
commission scolaire. Bien sûr, on nous dit:
Les élus, les commissaires sont en général des
parents. C'est par hasard, pour ainsi dire, parce que ce n'est pas une
qualité requise pour être éligible que d'être parents
et il peut y avoir plusieurs années où on est commissaire et
parent, mais on peut retrouver beaucoup de commissaires qui n'ont plus de
parent dans les écoles. Donc, ce n'est qu'accessoire cet
intérêt que l'on invoque, à un moment donné.
Nous, on a voulu concilier deux légitimités. C'est un
service public, on reconnaît l'intérêt d'un pouvoir scolaire
régional, dirigé par des élus, par la population. Le
projet de loi 40 sabrait cela, si vous vous souvenez bien. Les commissions
scolaires n'émanaient plus d'un processus électoral, en tout cas,
dans l'esprit qui avait présidé à tous ces débats
antérieurement.
Nous avons voulu au moins restaurer le processus électoral, le
corps, l'entité politique commission scolaire, sans oublier la
préoccupation légitime des parents qui sont des usagers ou des
usagers par enfants interposés d'un service public; il y a une autre
source de légitimité de ce côté, sans
négliger ce projet, cette intention, qui nous semble
bénéfique sur le fond, des parents d'accéder à une
table décisionnelle en matière scolaire. Nous avons combattu
cette intention, qui était dans le projet de loi 40 et dans le livre
blanc, que cette table décisionnelle soit au niveau des écoles,
école par école. Nous voulons faire place quand même
à cette poussée légitime, cette volonté
légitime des parents, mais à la condition qu'ils soient soumis au
scrutin général, cependant, là où ne va pas le
projet de loi. Quant à nous, on évite le problème des
classes C parce qu'on les passe au scrutin universel.
D'une manière, cela fait deux types de commissaire, mais pas de
l'autre, c'est-à-dire pas quant au scrutin, mais quant aux
critères d'éligibilité. Il faut un critère
d'éligibilité additionnel pour cette fraction des commissaires
qui serait là à titre de représentants de parents; c'est
vrai. Est-ce une atteinte, est-ce une entorse à la démocratie?
Cela dépend de ce que l'on définit comme qualités de la
démocratie. Dans un service public, il y a peut-être place aussi
pour certaines considérations de ce côté, du
côté des aspirations des parents autorisés, par leur
comité, à aller jusque-là autour de la table des
commissaires. Pendant des années, on a vu des commissaires
d'écoles décider des questions éducatives. Nos membres ont
vécu cela et ont souvent subi ces décisions sans qu'il y ait
aucune préoccupation éducative d'exprimée autour de la
table des commissaires; purement des questions administratives: directeur
général, directeur financier, directeur du personnel; questions
administratives, point final. Les arguments éducatifs, pas question.
Avec l'arrivée d'un parent, il y a eu des modifications depuis
quelques années; il y avait un parent et cela a déjà
changé en certains endroits. S'il y en avait un tiers ou une
moitié qui disaient: Un instant! C'est bien beau vos chiffres, M. le
directeur Untel, mais il y a une réalité aussi. H y a des
besoins. On fait un débat plus riche. On pense qu'il y aurait
peut-être quelque chose à essayer de ce
côté-là. C'est vrai que cela fait deux catégories,
mais cela ne fait pas deux catégories l'une inférieure à
l'autre. Cela fait comme la conciliation de deux légitimités. En
tout cas, on a mis cela de l'avant, ce concept-là. Au début, on
était les seuls à en parler et puis, de plus en plus, il y a eu
des gens qui ont trouvé qu'il y avait un peu de bon sens à
essayer d'équilibrer ces réalités. Pour nous, il y avait
un principe: c'était le scrutin universel.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): Merci, M.
Charbonneau. Cela répond aux trois volets?
M. Parent: C'est ça.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res): Il reste
cinq minutes pour le parti ministériel. Madame, il y avait deux membres
de l'Opposition qui avaient demandé...
Mme Lavoie-Roux: Je n'en poserai plus après.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res):
Parce que madame...
Mme Lavoie-Roux: Je me demande... D'accord.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères):... dans
ce cas, je vais vous faire poser votre petite question après, s'il y a
un consentement, mais je veux d'abord laisser le député de Fabre
intervenir.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Le
mémoire de la CEQ est très complet, précis,
détaillé, limpide et c'est pour cela que je vais limiter mes
interventions à quelques questions qui ne m'apparaissent pas
nécessairement floues dans le mémoire... Dans un cas, oui; deux
cas. En fait, je préciserai.
Je voudrais d'abord revenir sur la question de la gratuité qui a
été soulevée au début de la discussion. Il faudrait
peut-être clarifier un certain nombre de choses parce qu'il y a eu
confusion, je pense bien, il y a beaucoup de choses qui ont été
dites.
À l'article 8, il faudrait quand même dire que
l'élève a droit à la gratuité des instruments
pédagogiques requis pour les programmes d'études et à
celle du matériel didactique utilisé dans les classes ou
ateliers. Cela me semble être précis.
Ce qui laisse subsister un certain flou, c'est le deuxième
alinéa: "Cette gratuité ne s'étend pas à ce qui ne
peut plus être utilisé par un autre élève
après usage. " J'avoue que cela mériterait d'être
précisé davantage.
En fonction de ce qui se passe actuellement, présentement,
l'élève assume les frais occasionnés par, disons, le petit
matériel scolaire, et cela varie suivant les commissions scolaires. Dans
certains cas, on lui fait défrayer le coût de cahiers d'exercice
la plupart du temps, donc qui ne peuvent être utilisés
après usage, et cela varie d'une commission scolaire à une
autre.
Ce que j'en sais, c'est que l'élève en difficulté
financière n'a pas à assumer ces frais; on va les lui remettre
gratuitement. Enfin, ce que j'en sais. C'est une politique qui dépend
des commissions scolaires et qui peut varier d'une commission scolaire à
une autre.
Dans le cas des élèves qui sont inscrits au professionnel,
actuellement, ils défraient leur petit matériel scolaire, mais
ils ne défraient pas le coût des outils ni le coût des
matériaux utilisés, que ce soit le bois, le fil
électrique, etc. Je pense qu'il devrait en être ainsi dans
l'avenir.
Il ne faudrait pas accréditer l'idée que le gouvernement
veut faire de l'argent sur le dos des élèves du professionnel ou
sur le dos des élèves en général. Là n'est
pas l'intention, mais ce que l'article vise, c'est simplement de permettre aux
commissions scolaires de faire défrayer un coût - je pense en
particulier aux cahiers d'exercice -qui varie d'une école à une
autre et d'une commission scolaire à une autre.
À mon sens, cela doit se limiter à cela et peut-être
que, dans le cas du professionnel, il peut y avoir aussi des cahiers d'exercice
qui, actuellement, sont défrayés par les élèves.
Entendons-nous pour dire que les instruments essentiels, les outils, les
matériaux doivent être défrayés par la commission
scolaire; donc la gratuité à ce niveau.
Il y aurait sans doute une précision, en tout cas une
réécriture à faire à ce niveau pour être plus
précis.
En ce qui concerne une autre interrogation, c'est l'article 471. On n'en
a pas parlé. Vous êtes passé un peu rapidement sur cette
question.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): M. le
député de Fabre, je voudrais juste vous signaler que vous allez
devoir limiter vos remarques ou vos questions parce que, dans la mesure
où je voudrais normalement donner aussi l'occasion à nos
invités de répondre, je
tiens à rappeler à tous que nous recevons un autre groupe
à 13 h 30, que nous avons une discussion à terminer dans cette
heure de délai et qu'il n'y aura même pas de temps pour
dîner. C'est dans ce sens. (12 h 30)
M. Leduc (Fabre): Alors, je vais tout de suite passer à la
question en rapport avec l'article 471, où il est dit que le ministre
peut demander au gouvernement d'instituer par lettres patentes une
société sans but lucratif, composée majoritairement
d'enseignants, pour évaluer le matériel pédagogique ou
produire du matériel pédagogique autre que des manuels scolaires.
Vous avez dit dans votre exposé que vous seriez d'accord pour que le
gouvernement subventionne des collectifs d'enseignants. Cela me semblait un peu
vague. Êtes-vous contre la proposition de l'article 471? Il me semble que
l'un peut être compatible avec l'autre, c'est-à-dire que le
gouvernement peut subventionner les groupes d'enseignants qui veulent produire
des manuels, par exemple, mais ceci n'est pas nécessairement
incompatible avec l'article 471. Je voudrais vraiment connaître votre
position face à cette idée d'une société sans but
lucratif.
Ma troisième remarque touche l'élection des deux
commissaires et je serai très rapide. Je partage l'opinion du
député de Sauvé. Cela me semble compliquer
singulièrement le processus démocratique.
M. Charbonneau (Yvon): Le député de Sauvé
avait souligné aussi l'autre volet, c'est-à-dire que la formule
que vous proposez est moins bonne que la nôtre.
Pour ce qui est de la gratuité, je note votre
préoccupation de modifier ou de faire dire, au deuxième
alinéa de l'article 8, quelque chose de plus précis. Serait-ce
que l'ancien texte du projet de loi 40 était mieux à cet
égard, ouvrait moins de portes?
L'article 471. J'essayais de retracer, dans les notes de la commission
parlementaire du 17 janvier, l'exposé que j'avais fait à la suite
des questions posées exactement dans les mêmes termes. Je n'arrive
pas à retrouver exactement la référence à ce
moment-ci, il y avait plusieurs dizaines de pages. Mais j'ai fait un
exposé assez complet. Je sais qu'on manque un peu de temps ici, mais
l'idée, à ce moment-ci, que nous soulignons, c'est: Pourquoi
créer un organisme sans but lucratif, une espèce d'entité
juridique qui va être redevable à qui une fois créé,
qui va se diriger vers quoi, qui va être dirigée par qui, qui va
être inspirée par qui? Alors, on se disait qu'au lieu d'aller du
côté d'un tel organisme, probablement autonome, enfin on parle
d'évaluer le matériel pédagogique, etc., pourquoi
n'essaierait-on pas de trouver des formules utilisant des enseignants ou du
personnel professionnel - parce qu'on peut avoir besoin des deux - à
l'intérieur des structures existantes, les commissions scolaires ou le
ministère de l'Éducation, où l'on sache vraiment qui est
redevable à qui à travers ces opérations très
importantes qui peuvent aller très loin?
Par contre, il y a un besoin. Je ne sais pas... Si on pouvait retracer
l'intention initiale derrière l'article 471, probablement qu'elle est
importante, elle est précieuse. Alors, il y a longtemps que nous
réclamons que la création du matériel pédagogique
soit davantage le fait de celles et ceux qui en sont les parties et qui ont
quelques idées et pas mal d'idées sur ces questions, qui ont des
années d'expertise, plutôt que de s'en remettre en gros au
système actuel où tout est créé à partir de
l'extérieur, soit des entreprises ou quoi que ce soit. Donc, il y a une
idée précieuse à récupérer au niveau de
l'article 471, mais l'enveloppe que vous tendez à donner à cela
effraie un peu parce qu'on ne sait plus qui va contrôler quoi
là-dedans.
M. Leduc (Fabre): Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères):
Merci. Sur cette réponse, il ne me reste qu'à remercier, au
nom des membres de la commission... Je pense qu'on n'a plus de temps et que, de
part et d'autre, on a épuisé le temps qui nous était
alloué. On a même dépassé un peu. Donc, encore une
fois, il ne nous reste qu'à remercier le président de la
CEQ ainsi que ses collègues d'avoir accepté de participer
à cette consultation particulière, dans des délais
relativement très courts. Nous en apprécions d'autant plus
l'effort.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Charbonneau (Yvon): Est-ce que je peux ajouter un mot de 30
secondes?
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): De 30
secondes?
M. Charbonneau (Yvon): Oui.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): On vous
donnera ainsi le mot de la fin.
M. Charbonneau (Yvon): Très bien. Alors, je voudrais
remercier la commission de son accueil à nos représentations et
j'inviterai le gouvernement, ou ses représentants, ou le ministre de
l'Éducation à prolonger la discussion avec nous sur des questions
plus techniques qui demandent souvent, d'abord, une étape de
clarification, et ensuite, s'il y a lieu, de revenir par un processus plus
public; cela a été fécond
jusqu'à maintenant.
Je vaudrais terminer en invitant le ministre de l'Éducation
à nous dire combien coûte le taux d'analphabétisation
croissant au Québec actuellement et à nous définir, sous
forme de coûts, le rapport entre l'investissement dans l'éducation
et le développement économique.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res):
Ce sera, pour cette commission tout au moins, une question sans
réponse. Le ministre choisira une autre tribune sans doute pour
éventuellement, s'il le juge à propos, vous répondre.
Merci.
M. Bérubé: J'ai un très grand respect pour
la démocratie, M. le Président, et le droit des
parlementaires.
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res): J'ai
aussi un respect pour les contraintes, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, pourrait-on savoir où on
s'en va à partir de maintenant? Ajournez-vous la séance? À
quelle heure nous retrouvons-nous? Comment donnons-nous suite à la
motion adoptée tantôt?
Le Président (M. Charbonneau, Verchè-res):
Tout le monde voudrait... On va ajourner la séance trois minutes. Je
vous dis que plus on prend du temps dans un intermède, moins il nous en
reste pour faire la discussion.
M. Ryan: M. le Président, je préférerais
demander 10 minutes, jusqu'à 12 h 45, pour qu'on puisse se concerter un
peu avant d'entrer dans la discussion.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères):
D'accord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela n'est pas un
blâme à votre endroit, mais je trouve vraiment regrettable que le
gouvernement n'ait mis à notre disposition que le laps de temps qu'il
nous accorde présentement. Je pense que là-dessus tout le monde
s'entend. On avait un mémoire très sérieux. C'est
déjà très utile qu'on l'ait ainsi que la discussion que
nous avons eue, mais, si on avait pu avoir un peu plus de temps, cela aurait
été fort souhaitable.
Le Président (M. Charbonneau, Verchères): La
commission était consciente des conséquences et du délai
qu'on lui avait imposés. Nous avons essayé, dans ce délai,
de faire le mieux possible. Les travaux sont suspendus jusqu'à 12 h
45.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
(Reprise à 12 h 47)
Demandes de report de
l'audition de certains organismes (suite)
Le Président (M. Charbonneau): Pour reprendre notre
discussion sur l'utilisation que nous pourrions faire de la journée
additionnelle qui se déroulera normalement le 27 novembre, pour situer
tous les membres de la commission, nous fonctionnons actuellement en vertu de
deux ordres de la Chambre donnés par le leader du gouvernement.
Un premier avait été présenté, je pense, il
y a une semaine et demie et stipulait qu'avant la deuxième lecture, donc
avant l'étude du principe, il y aurait audiences particulières
d'un nombre limité d'organismes. Par la suite, le comité
directeur de la commission s'est réuni pour établir la liste des
organismes qui seraient invités et l'entente qui est intervenue au
comité directeur de la commission a été
officialisée par un nouvel ordre de la Chambre qui stipulait que cette
semaine, mardi, mercredi, jeudi et vendredi, les groupes qui avaient
été invités l'étaient effectivement.
Ce que nous avons fait hier, c'est que, de consentement unanime et avec
l'accord du leader du gouvernement, nous avons convenu de demander à
l'Assemblée nationale qu'une journée additionnelle de
consultations particulières soit prévue, ce qui nous permettait
de répondre favorablement à la demande de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, d'une part, et, deuxièmement, nous avons également
convenu que, pour le reste de cette journée, l'utilisation serait
laissée, en termes de propositions, d'abord au comité directeur.
Corollairement - cela n'avait pas été dit clairement, en tout cas
de ma part comme président, mais je sais que le vice-président
avait ajouté une remarque qui était inévitable - c'est
que, dans la mesure où le comité directeur, qui encore une fois
est composé du président, du vice-président et de
l'adjoint parlementaire du ministre de l'Éducation, ne s'entend pas,
c'est aux membres de la commission de statuer.
Tout ce que la commission pourrait faire c'est, encore une fois, de
demander à l'Assemblée nationale non seulement de nous ajouter
une journée mais de nous permettre également soit des reports ou
soit des ajouts à la liste qui avait été faite.
Ceci étant dit, avant de permettre à tous ceux qui veulent
intervenir de le faire, je voudrais signaler que le député de
Bourassa, qui est membre permanent de la commission et qui avait dû
s'absenter ce matin parce qu'il est aussi membre du Bureau de
l'Assemblée nationale, reprend sa place, s'il n'y a pas
d'objection...
M. Lapiante: La place de M. Payne.
Le Président (M. Charbonneau): La place de M. Payne, parce
qu'il avait été remplacé par le député de
Dubuc, ce matin.
M. Lapiante: Ne dérangez rien, dans ce cas.
M. Ryan: Vous avez de la misère à vous ajuster,
tous les deux.
Le Président (M. Charbonneau): Bon d'accord, c'est
réglé. M. le vice-président.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais faire une
proposition que je formulerais ainsi: Que la commission propose à
l'Assemblée nationale de modifier le mandat qu'elle a donné
à cette commission de manière à permettre,
premièrement, que la CECM et la CEPGM soient invitées à se
présenter devant la commission le 27 novembre prochain au lieu du 15
novembre, je pense.
Une voix: Demain c'est le 15.
M. Ryan: C'est cela, au lieu du 15 novembre. Deuxièmement,
que la commission puisse entendre également l'Union des
municipalités du Québec, l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec et le Greater Quebec School
Board aux dates qu'elle pourra arrêter avec ces organismes à
l'intérieur du délai du 27 novembre, établi pour la fin
des travaux de la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que cette motion
est recevable à sa face même. Est-ce que vous voulez intervenir
sur votre motion?
M. Ryan: Oui, je voudrais la justifier et j'espère qu'on
pourra s'entendre là-dessus, cela permettrait de régler tout
notre problème en l'espace de cinq minutes.
En ce qui touche la CECM et le PSBGM, je voudrais signaler que nous
avons déjà consenti un délai à la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. La CECM fait partie de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec. Alors il serait assez
normal qu'elle ait d'abord l'occasion d'aller participer à la
réunion générale que la fédération tiendra
le 24 novembre pour ses commissions membres et qu'ensuite elle puisse se
présenter ici dans toute la mesure où ces deux organismes auront
établi entre eux un consensus large. Cela facilitera
considérablement la tâche de chacun devant la commission et la
tâche de la commission devant chacun également. Je crois que, si
nous étendons cet élargissement à la CECM, il est
difficile de ne pas l'étendre à la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal. Je signale que ces deux organismes sont
ceux qui seront la plus considérablement affectés, surtout dans
leurs droits constitutionnels, par le projet de loi 3. Il a déjà
été convenu qu'ils devaient être entendus, d'ailleurs. Je
crois qu'étant convenu qu'ils doivent être entendus nous devons
faire tout ce qui est raisonnablement possible pour les entendre dans les
meilleures conditions possible, à l'intérieur des délais
qui n'ont pas été l'objet d'un accord entre les deux partis, mais
qui ont été imposés par le gouvernement, que nous
acceptons parce qu'ils ont été imposés par le
gouvernement. Je tiens à souligner ce point très clairement.
Deuxièmement, en ce qui touche les autres organismes, nous
demandons que la commission puisse entendre également l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec. Il y avait
déjà un accord entre le gouvernement et nous là-dessus
hier. Au moment où nous avons interrompu les travaux, l'accord
était fait là-dessus. Je ne vois pas pourquoi on ne serait pas
d'accord maintenant. Je pense que les raisons qui nous incitaient à
être d'accord pour entendre ces deux organismes représentatifs de
toutes les municipalités du Québec n'ont pas été
modifiées aujourd'hui; elles étaient les mêmes hier, elles
sont les mêmes aujourd'hui. Nous y souscrivions hier, nous y souscrivons
encore aujourd'hui, cela va de soi. Ce n'est pas une comparution qui serait...
C'est une comparution, je reprendrais mes mots, qui peut très bien se
faire à l'intérieur d'une période d'une heure et demie,
que nous pourrions, je présume, assez facilement aménager d'ici
la fin de nos travaux, dès cette semaine. Cela est un cas, je pense, qui
ne devrait pas faire l'objet de débats.
Dans le cas du Greater Quebec School Board, je tiens à souligner
que l'article 93 de la constitution canadienne a des implications
particulièrement concrètes et précises pour les groupes
catholiques de Québec et de Montréal, parce qu'il y avait des
dispositions spéciales, des lois scolaires de l'époque qui
existaient à l'intention de ces deux catégories de citoyens. Il
me semble que, lorsque nous avons pris la décision d'entendre des
groupes en provenance de Montréal, nous acceptions, en toutelogique, d'entendre aussi des représentations des organismes
semblables de Québec, s'il y avait une demande de leur
côté. J'avais soulevé le problème, je n'apporte rien
de nouveau ici, au comité directeur dès le moment où cette
chose a été discutée et le gouvernement a refusé
d'acquiescer à la suggestion que je faisais. J'ai accepté, mais
en me réservant, cependant, si des demandes étaient faites, le
droit d'insister pour qu'elles soient entendues au moment approprié.
Nous pourrions régler
ce problème d'un seul coup, avec un minimum de bonne
volonté. Cela ne m'apporte absolument rien que le Greater Quebec School
Board vienne ici ou non. Cela ne dérangera pas ma perception
générale des choses. Je crois que j'ai le devoir, comme
parlementaire, comme membre de la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre, de faire droit à une requête qu'ils ont
présentée. Ils ont la conviction qu'ils peuvent apporter un point
de vue très valable. Il me semble que ce serait agir à
l'intérieur de nos responsabilités que d'acquiescer à
cette demande.
C'est ainsi que, dans un esprit de conciliation, que je suggère
au gouvernement d'épouser, nous faisons ces propositions très
limitées par rapport aux demandes que nous avons reçues. Pour
ceux qui n'ont pas fréquenté aussi assidûment les travaux
de la commission depuis le départ, il faudrait rappeler qu'au moins sept
ou huit organismes ont demandé à être entendus
également. Nous pourrions faire une bataille là-dessus et
demander qu'ils le soient mais nous étions convenus au départ de
nous entendre sur une liste limitée. Je crois que nous restons dans
l'esprit de cette convention que nous avions au départ. Je ne voudrais
pas que la convention soit brisée par une intransigeance trop
catégorique de la part du gouvernement. S'il y avait le moindre
élément capricieux dans ce que nous proposons, je serais le
premier à souffrir qu'on me dénonce. Je ne vois où peut
être le caprice dans une proposition aussi modérée et
raisonnable que celle-là.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Dans les dernières phrases de son
intervention, le député d'Argenteuil laisse entendre que de notre
côté on est intransigeants ou on pourrait être
intransigeants en refusant sa proposition. Il serait bon de rappeler d'abord
que sa proposition vise à modifier une entente. On s'était
entendus sur un certain nombre de groupes et nous nous étions entendus
pour les écouter cette semaine. Je voudrais rappeler à la
commission, qui n'est peut-être pas au courant, qu'au départ, de
notre côté, nous proposions d'entendre environ une dizaine de
groupes et que nous avons accepté, à la demande de l'Opposition,
d'en entendre une vingtaine. C'est un détail qu'il ne faudrait pas
oublier. Il y a eu une très grande souplesse de la part de notre
côté puisque nous avons accepté d'entendre une vingtaine de
groupes. Ceci est une première remarque.
Nous nous étions entendus aussi sur le fait qu'il fallait
s'attendre à ce que plusieurs groupes demandent d'être entendus,
ce qui est arrivé. Plusieurs groupes pour lesquels nous n'avions pas
fait d'entente demandent d'être entendus. On reçoit des
télégrammes. Je comprends que le député
d'Argenteuil est soumis à de fortes pressions de certains groupes pour
être entendus. C'est tout à fait normal qu'il défende ces
positions devant la commission. Je voudrais lui rappeler et dire à la
commission qu'il était convenu d'inviter tous ces organismes, par
lettres, à nous écrire, à nous faire part de leurs
commentaires sur le projet de loi 3, les modifications, les critiques, enfin
les commentaires généraux. Cela aussi faisait partie de
l'entente.
Troisièmement, nous avons aussi abordé une autre question
qui concerne l'Union des municipalités et les MRC. Dans leur cas, et
dans le cas d'autres groupes - je pense à des groupes de
handicapés, par exemple, qui représentent des parents d'enfants
handicapés - on s'est dit: Il serait peut-être intéressant
aussi de les entendre. Ce qu'on a dit c'est que nous pourrions les entendre au
moment où nous étudions le projet de loi article par article. La
commission est toujours libre de faire venir ces organismes et les inviter
à commenter des articles précis du projet de loi, au moment
où nous étudions ces questions. Rien n'empêche la
commission d'inviter l'Union des municipalités et les MRC à venir
nous faire part de leurs commentaires sur les articles qui les
intéressent précisément. Il y a encore une fois ouverture
de notre part de ce côté. (13 heures)
Quant à l'argumentation du député d'Argenteuil, il
dit: Nous avons accepté d'entendre la Fédération des
commissions scolaires, nous avons déjà accepté. Il y a eu
entente. C'est vrai qu'il y a eu entente. Il serait peut-être bon de
rappeler que la CECM et la CEPGM font partie de la Fédération des
commissions scolaires. Donc, leur point de vue pourra très certainement
être véhiculé par la fédération, n'est-ce
pas? Il est bon de rappeler aussi que la CECM et la CEPGM, nous les acceptons
cette semaine. Nous acceptons de les entendre cette semaine. On ne les refuse
pas.
Dans le cas de la fédération, si nous avons accepté
d'être souple, c'est à cause de la nature même de cet
organisme qui est un rassemblement de commissions scolaires. Quand il y a
quelque chose comme 250 commissions scolaires au Québec, il est normal
que la fédération réclame, si vous voulez, un débat
de la part de ses associations membres avant de se présenter devant la
commission parlementaire. Mais, à ce que nous sachions, M. le
Président, ce n'est pas le cas de la CECM et de la CEPGM, dont les
positions sont bien connues, publiquement aussi. Alors je serais
étonné qu'une rencontre avec la fédération puisse
modifier des positions dont ces organismes pourraient très bien nous
faire part cette semaine.
Je remarque que le député d'Argenteuil n'a pas, dans sa
proposition, mentionné le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Or, le Conseil scolaire de l'île de Montréal va
être entendu cette semaine. Il y a une certaine incohérence; si on
veut être parfaitement cohérent, remettons aussi le Conseil
scolaire de l'île de Montréal, puisqu'en font partie la CECM et la
CEPGM.
Pourtant, il est d'accord pour les entendre cette semaine. Il n'y a pas
eu de demande de la part du Conseil scolaire de l'île de Montréal
pour être reporté. Je ne vois pas de difficulté à ce
que nous entendions cette semaine la CECM et la CEPGM. Je ne vois vraiment pas
l'argumentation de fond qui ferait que nous devrions reporter ces deux
groupes.
Autre argument, M. le Président, c'est que, si nous acceptons
d'entendre d'autres groupes, pourquoi se limiter aux groupes que propose le
député d'Argenteuil? Pourquoi ne pas entendre d'autres groupes
qui, eux aussi, ont demandé d'être entendus? Et, si nous disons
oui à ces groupes, il y en a peut-être dix autres qui vont
être tentés de nous écrire et de demander d'être
entendus. Alors, pourquoi ne pas reprendre toute la discussion que l'on a eue
au moment de la discussion de la loi 40, qui a duré un mois? Je pense
qu'on s'est donné des règles du jeu, au comité directeur,
qui tenaient compte de toutes ces questions que soulève le
député d'Argenteuil et nous nous sommes donné des
règles claires avant de partir. Et voilà qu'en cours de route le
député d'Argenteuil, soumis à des pressions - je le
comprends, mais on n'est pas obligé d'écouter toutes ses
doléances - veut rouvrir cette entente et propose des modifications et
des amendements. Or, de notre côté, M. le Président, il
n'en n'est pas question.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Sauvé.
M. Ryan: Sur une question de règlement, M. le Président.
Le député de Fabre a insinué que j'agissais sous l'empire
de pressions. C'est absolument faux, c'est un mensonge pur et simple que je
dénonce vigoureusement.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que...
M. Parent: Le député d'Argenteuil fait des
revendications, ce ne sont pas des doléances. Je pense qu'il demande des
choses acceptables et sérieuses.
Lorsqu'on a décidé, M. le Président, de prolonger
la période d'audition jusqu'au 27, on l'a fait pour une raison. C'est
que la Fédération des commissions scolaires du Québec nous
a donné comme argumentation qu'elle n'avait pas eu le temps de consulter
ses membres; son assemblée statutaire devait avoir lieu le 24 et ils
étaient convoqués pour venir lundi passé. Je ne
relèverai pas toute l'argumentation du député de Fabre,
mais il y a des choses inexactes dans ce qu'il a dit.
La Commission des écoles catholiques de Montréal, par
exemple, qui veut venir se faire entendre le 27 au lieu de venir jeudi, a
été avisée par téléphone, me dit-on, jeudi
dernier, alors que l'assemblée du conseil des commissaires a lieu ce
soir. Je pense que si on a accepté, pour la Fédération des
commissions scolaires, le principe qu'elles devaient se consulter entre elles -
parce que c'est grand, la Fédération des commissions scolaires -
ce principe devrait au moins s'appliquer en ce qui regarde la Commission des
écoles catholiques de Montréal. Tout ce que demande la CECM,
c'est de s'asseoir, lui laisser le temps de rencontrer les commissaires et de
regarder l'orientation qu'ils vont prendre, ici, à cette commission
parlementaire.
En ce qui regarde le conseil scolaire, il n'a simplement pas
demandé à être entendu ou à être
retardé. Il ne faut pas comparer l'appartenance de la CECM au conseil
scolaire et l'appartenance de la CECM à la Fédération des
commissions scolaires. Vous savez fort bien que le conseil scolaire regroupe
légalement des commissions scolaires mais cela ne chapeaute pas
officiellement, ce n'est pas un organisme directeur face aux commissions
scolaires. La CECM et les huit commissions scolaires de l'île de
Montréal qui sont chapeautées, si vous voulez, par le conseil
scolaire, M. le Président, ne sont pas des créatures du conseil
scolaire, je regrette. Elles subissent peut-être le conseil scolaire.
Si on a accepté le principe que la fédération
devait consulter ses membres, que la plus grande commission scolaire du
Québec ait au moins les mêmes droits ou les mêmes
privilèges. Vous ne pouvez pas faire de chicane, il me semble que ce
serait tellement facile de s'entendre, surtout que le ministre était
d'accord, et vous aussi, quand on a dit que le 27 cela demeurait ouvert. Donc,
si cela demeure ouvert le 27, envoyons la CECM là et, si on peut en
passer trois et que cela peut rendre les gens heureux, tant mieux. Puis, si
cela libère deux blocs, écoutez, discutons, parlons et utilisons
ces blocs ou ne les utilisons pas, je ne le sais pas, mais que cela ne paraisse
pas être de la mauvaise foi et du tiraillement.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. M. le
député de Fabre a indiqué, quant à lui, qu'il
s'opposait à la proposition. Je pense qu'il a dit: Quant à nous.
Je voudrais m'assurer que c'est "quant à nous".
Ce matin, M. le ministre, dont nous connaissons la ferveur et
l'éloquence, a dit, à propos des ententes qui étaient
intervenues dans la commission ou dans son comité directeur, que le
Parti québécois s'était mis d'accord avec le Parti
libéral sur tel ou tel point ou que le Parti québécois
affrontait le Parti libéral.
J'avoue, M. le Président, que cela ne me paraît pas du tout
exact. Le Parti québécois, que je sache, n'a aucun article de son
programme qui indique dans quel sens nous devrions répondre à la
question qui nous est posée par le député d'Argenteuil et
je ne sache pas que le député d'Argenteuil, de son
côté, se soit inspiré du programme de son parti pour
formuler sa proposition.
Je crois que comme parlementaires nous avons à évaluer le
pour et le contre en toute liberté, en cherchant peut-être un
certain éclairage, sinon dans la lettre du moins dans l'esprit du
programme de nos partis respectifs mais pas du tout se comporter en automates,
une équipe de robots bleus nécessairement majoritaires à
laquelle on oppose une équipe de robots rouges nécessairement
minoritaires. À ce moment, ce n'est pas la peine de parler de
réforme parlementaire, ce n'est même pas la peine de parler de
Parlement si c'est comme ça que cela doit fonctionner.
J'ai écouté jusqu'ici le débat. J'ai compris que le
député de Fabre juge qu'il n'est pas opportun de se rendre
à la demande du député d'Argenteuil mais je n'ai pas
beaucoup entendu d'arguments très substantiels, pardonnez-moi, M. le
député, de vous le dire, puisque nous avons devant nous une
nouvelle loi puisqu'elle a un nouveau numéro.
Il m'apparaît, comme parlementaire, que nous devons nous assurer,
puisque c'est dans l'essence même de notre méthode de travail, que
tous les groupes qui veulent se faire entendre sur une question aussi
fondamentale auront l'occasion de le faire.
Si c'était la reprise du projet de loi 40 avec deux ou trois
retouches, je comprendrais que le député de Fabre ou le ministre
puisse dire: Nous avons entendu tous ces gens. Mais, comme il s'agit d'un
nouveau projet de loi, peut-être qu'il est opportun d'entendre
plutôt le plus grand nombre de groupes possible, selon les accords
auxquels nous pourrons en arriver.
Je ne veux pas compliquer la question, mais le député
d'Argenteuil signalait ce matin toute une liste de groupes qui ont
demandé qu'on les entende et qu'il n'inclut même pas dans sa
proposition. De la même façon, le député
d'Argenteuil disait au ministre qu'il avait trop reculé sur la question
du rôle de l'école dans la collectivité. Je me demande si
le député d'Argenteuil n'a pas trop reculé lui-même
en coupant trop dans la liste des groupes que nous aurions avantage à
entendre. Je ne sais pas, c'est un doute que j'ai à l'esprit. C'est une
interrogation que je vous fais.
Je voudrais informer M. le ministre qu'en ce qui concerne ce robot-ci,
du côté ministériel, je ne suis pas certain encore comment
je vais voter et que l'intervention qu'il se prépare à faire a
des chances d'être déterminante, à cet égard, dans
un sens ou dans l'autre.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoîe-Roux: Merci, M. le Président. Je vais
essayer d'être brève. J'ai l'impression que du côté
du député de Fabre il y a une espèce d'obstination qui
serait un peu synonyme de: Il faut gagner, il ne faut pas que l'Opposition ait
cette demande. L'Opposition ne vous demande pas de retarder
l'échéancier que le gouvernement s'est préparé.
C'est légitime de la part du gouvernement de s'être
préparé. Si l'on avait décidé de faire obstruction
à cet échéancier, je comprendrais le gouvernement de dire:
On ne cède rien parce que, dans le fond, ce que l'Opposition veut c'est
retarder l'échéance que nous nous sommes fixée d'adopter
possiblement la loi avant Noël. Enfin, on peut présumer cela.
Voici ce que nous demandons. Il y a deux organismes importants qui sont
ceux qui seront les plus touchés, non seulement à l'égard
de leur constitution mais surtout à l'égard des transferts de
personnel, de la réorganisation physique des écoles. Tout le
monde le sait, tout le monde s'entend, c'est toujours là parce que c'est
là qu'est la pluralité. C'est presque à cause d'eux que le
projet de loi 3 ou 40 a été présenté, compte tenu
que dans le reste du Québec, d'une façon générale,
on fonctionne déjà avec des écoles communes et des
commissions scolaires communes. C'est vraiment eux qui sont le plus
touchés.
Je trouve cela un peu fallacieux, je m'excuse de lui dire, quand le
député de Fabre nous dit: La CECM est comprise à
l'intérieur de la fédération, alors elle se fera le
porte-parole de la fédération. Je ne suis pas ici à
défendre la CECM mais je pense que c'est un argument trop facile. Les
problèmes concrets de la CECM sont très différents des
problèmes généraux que, dans une décision comme
celle-là, la Fédération des commissions scolaires peut
entrevoir. La même chose vaut pour le PSBGM. Le Conseil scolaire de
l'île, le député de Sauvé y a touché et je
pense que l'argument le plus juste est qu'ils n'ont pas demandé
d'être retardés. Pour les autres, on demande un délai qui
ne retardera pas l'échéancier du gouvernement.
Tout à l'heure, j'ai mis en cause la bonne foi du
député de Fabre mais, à la
suite d'une proposition que le député de Deux-Montagnes
avait faite et qui, finalement, nous rassemblait tous, on a dit: Oui, cela a du
bon sens, on en entend un et on arrête, et on trouvera du temps pour
l'autre. Après coup, après que le député de Fabre
eut fait une proposition dans ce sens et qui allait dans le sens du
député de Deux-Montagnes et nous étions prêts
à lui accorder notre appui, il vient - cela n'était pas un
amendement - réarranger sa résolution, pour nous dire: Il faut
qu'à midi ou à une heure Alliance Québec soit entendue.
Cela venait bouleverser la proposition originale et cela a occasionné un
débat d'une demi-heure de plus. Je pense que ce n'est pas en attaquant
le député de Fabre que je vais l'attendrir mais ce que je demande
c'est qu'on soit de bonne foi. On ne retarde pas l'échéancier du
gouvernement. On donne aux gens un délai qui n'apparaît pas
déraisonnable, pour mieux se préparer à venir en
commission, que ce soit qu'ils veuillent consulter tous leurs membres ou que
leur projet soit plus à point.
On n'en fait pas une bataille à savoir qui va gagner, qui va
perdre, on se limite dans le nombre d'organismes parce qu'on savait qu'on ne
pouvait pas reprendre le débat du projet de loi 40, et on n'a pas
suscité d'organismes à se présenter ici. Ils sont venus
d'eux-mêmes. Je dis: Mon Dieu! Soyons donc de bon compte de part et
d'autre. On ne crée d'embêtement pour personne. Ce matin on a
entendu beaucoup de plaidoyers en faveur des visiteurs et de nos
étrangers. On concourt tous à cela. Mais soyons donc de bon
compte avec ceux qui demandent à être entendus sur un projet de
loi aussi important et que le gouvernement se rende... Ce n'est pas parce que
c'est la proposition du député d'Argenteuil, elle aurait pu venir
de n'importe quel autre député autour de la table, parce qu'elle
est une proposition qui se veut la plus respectueuse possible dans des
délais contraignants, tout le monde le sait, vis-à-vis d'un
projet de loi quand même important. (13 h 15)
Alors pour ma part, c'est dans ce sens-là, M. le
Président, et je demande que le gouvernement le considère sous
cet angle-là. C'est une collaboration qu'on offre, ce n'est pas de faire
de l'obstruction comme, ce matin, on nous en a accusés. Notre
obstruction, de toute façon, ne peut pas aller plus loin que vendredi
prochain, d'après ce que je comprends, et vous avez consenti pour
vendredi prochain.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, Mme la ministre, Mme
la députée, je m'excuse, n'anticipons rien! M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il
faut remettre la discussion que nous avons en ce moment dans le contexte du
projet de loi 40, qui, avant d'être soumis au débat de
deuxième lecture, a fait l'objet d'une commission parlementaire au cours
de laquelle on a entendu 100 intervenants et reçu près de 250
mémoires. Donc, le Parlement s'est prêté à un
très long exercice démocratique pour permettre à chaque
intervenant de venir donner son point de vue. Sur la base de ces points de vue
et à la suite de tables de concertation des principaux intervenants, on
a apporté des correctifs qui font en sorte que, par exemple, - comme on
a pu le voir ce matin - la Centrale de l'enseignement du Québec, qui
avait manifesté son opposition au projet de loi, a modifié sa
position; maintenant elle en propose l'adoption avec, évidemment, des
amendements, des améliorations qu'elle aimerait voir apportés au
projet de loi.
De fait, on constate que le projet de loi semble aller chercher un
consensus fort large, si on en juge par les médias et les
déclarations des différents organismes. Lors d'une conversation
privée avec le député d'Argenteuil et à la suite de
discussions qui avaient eu cours entre mon adjoint parlementaire, le
président de la commission et le critique officiel de l'Opposition en
matière d'éducation, donc à la suite de ces
échanges, nous avions exploré la possibilité, pour des
raisons d'échéancier, de procéder d'abord au débat
de deuxième lecture sur les grands principes, puisque ces derniers ont
déjà fait l'objet de discours au Parlement. La
déconfessionnalisation des structures, l'intégration scolaire, la
réduction du nombre de commissions scolaires, le conseil d'école,
son établissement et sa composition, l'ensemble des grands
éléments du projet de loi avaient fait l'objet de débats
et ne sont pas modifiés fondamentalement dans le présent projet
de loi. Donc, au niveau des principes, on pouvait procéder à une
discussion, puisque c'était davantage les modalités, finalement,
qui avaient fait obstacle.
L'Opposition nous dit: Non, écoutez, il est vrai qu'au chapitre
de la déconfessionnalisation c'est pareil; il est vrai que,
fondamentalement, le projet de loi est assez semblable, mais il y a quand
même des changements et il y en a qui sont importants. Exemple, les
pouvoirs du conseil d'école ne sont plus les mêmes; le nombre de
parents siégeant au conseil de la commission scolaire n'est plus le
même. Sont-ce là des modalités ou des principes? D'aucuns
pourront argumenter pendant assez longtemps, à savoir s'il s'agit de
principes ou de modalités, donc à savoir si on devrait en
discuter au niveau de la troisième lecture plutôt qu'au niveau de
la deuxième lecture.
Notre proposition était d'entendre les intervenants au niveau de
la troisième lecture, en leur laissant le temps de se
préparer, donc d'intervenir au moment de la discussion des
aspects pratiques de la loi, non au niveau des grands principes puisqu'il y a
déjà eu audiences autour des grands principes. Il y a
déjà eu, je pense, des consensus assez larges au niveau des
grands principes et, par conséquent, c'est plutôt au niveau des
modalités qu'il fallait avoir la discussion. Et, là, le projet de
loi, reconnaissons-le, apporte des changements importants au niveau des
modalités. L'intention, donc, était de permettre aux intervenants
de prendre soigneusement connaissance du projet de loi, de l'analyser et,
subséquemment, de venir éclairer la commission justement quant
à ses modalités.
Pour des raisons de stratégie, de tactique, je l'ignore
exactement, l'Opposition nous dit: Non, il n'en est pas question. Il n'est pas
question de laisser les intervenants prendre le temps d'étudier le
projet de loi pendant une semaine, deux semaines ou trois semaines. Nous tenons
à entendre les intervenants avant de débattre de la
deuxième lecture. Donc, des principes qui sont pourtant sur la table
depuis maintenant près d'un an.
Cela nous semblait devoir bousculer ceux à qui nous demanderions
des avis. Néanmoins, par mesure de conciliation, nous avons
accepté la contre-proposition de l'Opposition. Lorsque le
député d'Argenteuil dit que cela lui a été
imposé par le gouvernement, il a quand même eu la réserve,
avec un sourire en coin, de dire, hier, qu'il était néanmoins
d'accord avec cette proposition du leader. De fait, le leader a fait cette
proposition à la Chambre à la suite des discussions qui nous ont
amenés à retenir la contre-proposition de l'Opposition.
C'est ainsi que le leader a annoncé qu'il y aurait, et
c'était là le compromis, une commission parlementaire
limitée et une commission parlementaire qui pourrait, effectivement, en
précisant les intervenants, permettre d'aller discuter de modifications
au projet de loi qui tiendraient autant du principe que de la
modalité.
Nous avons accepté cette approche sachant ce que cela
représenterait cependant comme hâte pour les intervenants. Notre
proposition initiale, d'ailleurs, était de n'entendre que ceux qui
avaient des éléments nouveaux d'information. Lorsqu'on parle, par
exemple, de ce rééquilibrage des pouvoirs entre parents,
enseignants, commissaires d'écoles, gouvernement, il était normal
qu'on invite les porte-parole de ces organismes, dont la centrale des
enseignants, le syndicat protestant, les commissions scolaires, la
fédération des commissions scolaires, tant catholiques que
protestantes, la fédération de comités de parents.
En fait, il nous apparaissait que ceux qui étaient les
porte-parole pouvant discuter de cet équilibrage viennent nous
éclairer puisque c'était là-dessus que portaient les
changements importants dans le projet de loi.
Le Parti libéral - je m'excuse d'utiliser l'expression Parti
libéral - l'Opposition, par le biais de son porte-parole - et je
présume toujours que, lorsque le porte-parole de l'Opposition s'exprime,
il s'exprime au nom des membres et je suppose que, lorsque l'adjoint
parlementaire siège aux côtés du président de cette
commission, il est le porte-parole de la formation ministérielle.
Personnellement, j'ai l'habitude de laisser l'adjoint parlementaire discuter
des questions de stratégie parlementaire puisqu'il est bon de garder un
écart entre le législatif et l'exécutif. Par
conséquent, c'est l'adjoint parlementaire qui procède et je
présume que, lorsqu'il procède à ces discussions, il est
le porte-parole de la...
Je ne prolonge pas, je continue. Donc, on s'est entendu sur une
procédure. L'Opposition nous a demandé un point additionnnei; on
voulait entendre Montréal. Est-ce que le projet de loi 3 est
différent du projet de loi 40 en ce qui a trait à
Montréal? La réponse est non, il est le même. Ils se sont
déjà exprimés. Donc, ce que l'on demande, c'est de venir
réitérer à la commission des positions qui ont
déjà été prises. D'ailleurs, il est assez frappant
de faire la lecture des interventions publiques de la CECM pour constater
qu'ils n'ont pas attendu de consulter leurs membres ou rencontrer la
fédération, suivant qu'on utilise un argument ou l'autre, pour
prendre position publiquement. Au contraire, ils ont très clairement
pris position publiquement.
S'ils ont pris position publiquement, s'ils ont déjà
exprimé...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, je m'excuse
de vous interrompre, je voudrais vous signaler que vous devriez arriver
maintenant à la conclusion parce que...
M. Bérubé: J'arrive à la conclusion.
Le Président (M. Charbonneau):... votre droit de parole
s'épuise.
M. Bérubé: Ils ont déjà eu l'occasion
d'exprimer leur point de vue sur le projet de loi 40 et le projet de loi 3 ne
change rien en ce qui a trait à Montréal. Déjà,
nous les avons invités à venir nous rencontrer. Donc, nous
acceptons et en même temps, quand nous recevrons la CECM, nous aurons
aussi le syndicat des enseignants, l'alliance de Montréal, qui n'a pas
le même point de vue que les commissaires d'écoles, et nous aurons
un point de vue équilibré.
Donc, ce que nous disons, c'est qu'il existe un équilibre entre
les intervenants montréalais qui vont venir nous exprimer leur
point de vue à peu près en même temps et
déjà nous faisons une concession importante à
Montréal puisque les autres commissions scolaires du Québec ne
sont pas invitées. C'est déjà une concession et, de plus,
c'est un projet de loi qui ne modifie pas le projet de loi initial, où
ils sont déjà venus s'exprimer. Par conséquent, nous
estimons qu'il n'y a pas lieu de modifier l'échéancier que nous
avons devant nous. Il m'apparaît que nous devons rejeter l'argumentation,
sauf pour la Fédération des commissions scolaires du
Québec, qui doit effectivement se prononcer sur ce
rééquilibrage et, dans la mesure où elles n'ont pu
consulter leurs membres et qu'elles avaient des délais à
respecter, nous avons accepté un tel report. Cela m'apparaît
correct. Les commissions scolaires protestantes n'ont pas jugé bon de
demander un tel report mais, néanmoins -elles se sont prononcées
hier - nous avons accepté pour une commission, et ça secomprend; puisqu'elles doivent parler au nom de l'ensemble des commissions
scolaires, elles ont le droit de consulter.
Quant aux autres organismes, je pense qu'ils peuvent venir
témoigner à notre commission sur un projet de loi qui ne modifie
pas fondamentalement les principes du projet de loi 40.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Que de temps perdu, M. le
Président. J'aimerais drôlement mieux entendre des organismes que
les palabres du ministre qui nous a entretenus pendant 20 minutes pour ne rien
dire exactement.
Une chose me frappe, c'est que jusqu'à aujourd'hui on devrait
avoir reçu exactement huit organismes et on en a reçu trois.
Pourquoi? Parce que ce gouvernement a imposé un échéancier
nettement inacceptable pour tous. C'était très clair que
c'était trop vite, que les gens n'avaient pas eu le temps de prendre
connaissance du projet de loi et qu'ils désiraient avoir un certain laps
de temps au moins pour étudier le projet, se prononcer, rencontrer les
membres et ensuite venir s'exprimer à l'Assemblée nationale en
commission parlementaire.
Je pense qu'on a la preuve par neuf que ces organismes n'étaient
pas prêts. On en a reçu trois au lieu de huit jusqu'à
maintenant. Or, je pense que c'est un argument de poids pour dire
également qu'il y aurait peut-être lieu de faire certaines
modifications, de faire certains ajouts. On dit: le porte-parole du Parti
libéral s'est entendu avec le parti ministériel. Je veux bien!
Mais, dès le départ, les règles du jeu sont
changées. Comme le disait tantôt le député de
Deux-Montagnes, s'il s'agissait de recevoir plusieurs autres organismes, je
serais peut-être le premier à m'opposer mais il faut bien dire une
chose, M. le ministre. Vous dites: On recommence à peu près le
même exercice, on a regardé tout l'aspect linguistique,
l'intégration primaire, secondaire... Parfait! Mais il faut bien dire
une chose, c'est qu'ils étaient tous contre. Et là, apparemment,
il y a eu une modification. Cela m'intéresse drôlement d'entendre
ces gens-là venir nous dire: Écoutez, on a changé
d'idée parce que le projet de loi n'est plus le même. Je comprends
ça. Tout le monde était contre et là, apparemment, ce
qu'on peut sentir, c'est qu'il y a peut-être un certain consensus, mais
on ne s'entend pas sur certains points.
Je pense que c'est drôlement important de recevoir ces organismes.
En tout cas ça m'intéresse, d'autant plus que je n'ai pas
participé la première fois à la commission parlementaire.
J'ai oeuvré pendant sept ans au niveau scolaire. Je suis
intéressé à entendre ces gens-là qui viendront me
dire: On a changé d'idée parce que le projet de loi est
suffisamment différent. Ce n'est plus le même projet de loi du
tout. D'autant plus que la demande est absolument raisonnable. Qu'est-ce qu'on
demande? On dit: on va réaménager un petit peu
l'échéancier; on va insérer l'UMQ, l'UMRCQ et la
Commission scolaire protestante de Québec qui est une commission
scolaire, à mon sens, très concernée par ce projet de
loi.
On a reconnu qu'il fallait tenir une autre séance le 27. Faisons
donc en sorte que cette journée-là soit bien employée et
bien remplie. C'est ce que j'avais à dire. (13 h 30)
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député.
Le président étant un membre à part entière
de la commission, j'invoque donc maintenant ce privilège pour utiliser
l'article 194 et mettre immédiatement la motion aux voix.
Je m'excuse, M. le député de Vachon, mais on a 13 h 30
pour rencontrer Alliance Québec. Cela nous amène à 15
heures, à la période de questions. Je suis obligé de
fermer la liste et utiliser cette prérogative que j'ai pour mettre la
motion aux voix immédiatement. Cela implique que le député
qui a proposé la motion de mise aux voix peut parler. Je ne parlerai
pas. Un représentant de chaque groupe parlementaire a un temps de parole
de dix minutes. Je pense que de part et d'autre - j'ai parlé autant au
vice-président qu'à l'adjoint parlementaire - ils n'abuseront pas
parce que, dans la mesure où ils s'éterniseraient, on grugerait
beaucoup de temps du groupe Alliance Québec. En vertu de cet article
194, je vais mettre aux voix la motion, mais auparavant je me dois de donner un
droit de réplique à la fois au parrain de la motion
initiale que je mets aux voix et à l'adjoint parlementaire, qui
semble être le responsable du côté ministériel.
M. Ryan: Ainsi que vous le dites, en vertu de l'article 196, un
représentant de chaque groupe parlementaire a droit d'intervention
à ce moment-ci. Je vais me prévaloir de ce droit en ce qui
concerne notre groupe pour rétablir très brièvement
certains éléments qui m'apparaissent essentiels dans cette
discussion. Tout d'abord, je voudrais établir clairement qu'il n'y a
jamais eu d'entente formelle entre le gouvernement et l'Opposition.
M. Payne: Est-ce qu'on est au vote ou non?
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vachon, je vous ai lu les articles du règlement, 194, 195 et 196, qui
permettent de tenir et de clore le débat de la façon qu'on est en
train de le faire. À ce moment-ci, je vous réfère à
ces trois articles; vous allez le constater, ce qu'on fait est non seulement
régulier, mais c'est la façon la plus efficace, si vous voulez me
laisser terminer, de clore le débat et permettre au groupe Alliance
Québec d'être entendu avant la période de questions.
M. Ryan: J'étais en train de dire qu'il n'y a jamais eu
d'entente entre le gouvernement et l'Opposition au sujet du temps. C'est le
leader du gouvernement qui nous a dit: Voici le temps dont vous disposerez,
messieurs dames. Nous nous sommes soumis humblement, comme c'est notre devoir
de le faire. Obéir à une décision prise par un autre et
faire une entente, ce sont deux choses différentes. J'espère que
le ministre va comprendre cette distinction qui me semble tout à fait
élémentaire. Quand on a été obligé
d'obéir, si on peut trouver un moyen, à un moment donné,
de trouver un élargissement avec le consentement de celui qui nous a
imposé cette obéissance, on serait bien fou de ne pas le chercher
loyalement. C'est un premier point que j'établis clairement.
Deuxièmement, hier il y avait eu une mini-entente entre le
gouvernement et nous concernant une invitation qui pourrait être
adressée à l'Union des municipalités du Québec et
à l'Union des municipalités régionales de comté.
Nous avons même insisté pour que cela comporte la
possibilité que cela s'étende à d'autres groupes. Le
gouvernement a accepté cette chose hier. Aujourd'hui, il vient la
refuser, sans apporter d'argument sérieux à l'appui de sa
position, d'ailleurs.
Troisièmement, je voudrais dire au député de
Deux-Montagnes, à qui je parle avec une sollicitude toute
spéciale à ce moment, que, si nous n'avons pas mis plus
d'organismes sur la liste, c'est dans l'esprit d'un honnête compromis et
que nous n'avions aucune objection de notre côté à entendre
tous les groupements qui ont voulu se faire entendre. Cela aurait
été notre désir le plus profond. Il ne pouvait pas se
réaliser à cause de ces contraintes de temps qui nous sont
imposées, encore une fois, par le gouvernement et qui n'ont jamais fait
l'objet d'une négociation.
Quatrièmement, je voudrais ajouter, en conclusion, que ce que
nous proposons est extrêmement modéré et
tempéré et que, si nous l'acceptions, je pense que tout le reste
de cette phase de travail de la commission pourrait se dérouler dans un
esprit de collaboration qui m'apparaît nécessaire pour la suite
des travaux.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député d'Argenteuil. M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci. On n'a pas tout à fait la
même compréhension des choses. Je n'ai jamais compris que le
leader, au nom du gouvernement, avait imposé a la commission quoi que ce
soit. J'ai pourtant relu le texte du leader et ce qu'il dit c'est que la
commission doit se réunir et établir une liste d'intervenants en
commission. Il n'y a pas de temps, il n'y a pas de restriction sur le temps ni
sur le nombre d'organismes imposés par le gouvernement. C'est une
première chose à établir. Le président pourrait
peut être nous éclairer à cet égard. Je vais lui
demander de le faire parce que je n'ai jamais vu de restriction de temps
imposée par le gouvernement ni sur le nombre d'organismes. C'est le
comité directeur lui-même, où siégeait l'Opposition
encore une fois - peut être que le député de Saint-Laurent
aurait dû faire partie de ce comité directeur parce que je vois
qu'il a des arguments autres que le député d'Argenteuil sur cette
question, mais le comité directeur a bien établi qu'il entendrait
20 organismes. C'était une entente et nous, nous étions
prêts à en entendre 10. L'Opposition en a fait ajouter 10 autres.
Donc, il y a eu souplesse de notre part. Bien sûr, on peut étendre
cette générosité à l'infini comme semblent le
souhaiter certains intervenants, dont le député de
Deux-Montagnes. Pourquoi ne pas ouvrir? Il faudrait lui rappeler que cette
ouverture a été faite au moment où on a
étudié le projet de loi 40 et, si ce n'est pas le même
projet de loi, il reste que, sur les principes de fond et sur plusieurs
aspects, c'est la même chose. Je pense aux commissions scolaires
linguistiques. On retrouvait cette proposition dans le projet de loi 40. Sur la
CECM, c'est exactement ce qui était dans le projet de loi 40. Dans le
cas de Québec,
également. Il y a des modalités, bien sûr,
différentes et c'est précisément sur ces modalités
que l'on voulait entendre ces organismes.
Encore une fois, la commission ne s'oppose pas à ce que, sur des
articles précis, en tout cas pour ma part, je vais être prudent,
je ne parlerai pas au nom du "nous" pour ne pas terroriser des
députés, donc pour ma part...
Une voix:...
M. Leduc (Fabre):... oui, dans le plein respect de la
réforme parlementaire, mais je ne m'oppose pas du tout personnellement
à une entente pour entendre des groupes lorque nous étudierons le
projet de loi article par article. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. Comme je l'ai
indiqué, en vertu de l'article 194, des prérogatives qui me sont
données comme membre à part entière de la commission, je
mets donc aux voix la motion du député d'Argenteuil qui se lit
comme suit: La commission propose à l'Assemblée nationale de
modifier le mandat qu'elle a donné à cette commission de
manière à permettre, premièrement, que la CECM et que la
CEPGM, c'est-à-dire la Commission des écoles protestantes du
grand Montréal, soient invitées à se présenter
devant la commission parlementaire le 27 novembre. Deuxièmement, que la
commission parlementaire puisse entendre également l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec et le Greater Quebec School
Board aux dates qu'elle arrêtera avec ces organismes à
l'intérieur de la date limite du 27 novembre établie pour la fin
des travaux de la commission. Je vais commencer à faire l'appel au
voix.
M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Mille-Îles?
M. Champagne: Contre.
Une voix: Beaucoup de parlote pour rien.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Dubuc?
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Matapédia?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): Le résultat est:
sept contre, cinq pour et une abstention, celle du président qui ne juge
pas opportun à ce moment-ci de se prononcer. Donc, nous allons
maintenant inviter immédiatement le groupe Alliance Québec
à prendre place. La motion est, naturellement, rejetée.
Auditions (suite) Alliance Québec
Alors, messieurs, je voudrais d'abord vous remercier d'avoir
accepté l'invitation des membres de la commission et vous remercier
doublement d'avoir accepté d'être déplacés cet
après-midi. Nous nous excusons de ce contretemps. Sans plus tarder, je
demanderais au porte-parole principal de l'organisme de se présenter et
de présenter aussi les collègues qui l'accompagnent pour les fins
du Journal des débats, en lui demandant, si c'était possible - je
sais qu'on a grugé un peu sur votre temps, mais il y a une contrainte
majeure pour les députés,
c'est la période des questions à trois heures - de
résumer votre point de vue dans la vingtaine de minutes qui suivent, ce
qui permettrait aux membres de la commission d'avoir, de part et d'autre, une
demi-heure de discussion avec vous, par la suite. Vous remerciant de votre
collaboration...
M. Goldbloom (Michael): Je vous remercie. Je suis Michael...
M. Ryan: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je m'excuse, oui.
M. Ryan: Est-ce que la délégation d'Alliance
Québec a un texte qu'elle entend remettre aux députés?
M. Goldbloom: Nous l'avons remis à la secrétaire,
si je comprends bien.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, on va faire
distribuer le texte.
Une voix: D'accord. M. Ryan: Merci.
M. Goldbloom: Je suis Michael Goldbloom, le vice-président
d'Alliance Québec. J'aimerais vous présenter les gens qui
m'accompagnent. À ma gauche, le président du conseil
d'administration d'Alliance Québec, le Dr Jim Ross; à sa gauche,
M. Thomas Mulcair, qui est notre directeur des services juridiques; à ma
droite, M. Douglas McCall, qui est le directeur des programmes à
Alliance Québec et notre expert dans le domaine de l'éducation;
à sa droite, M. Wendell Sparkes, qui est aussi vice-président
d'Alliance Québec et directeur général adjoint de la
commission scolaire des Cantons de l'Est.
Au Québec, le projet de loi 3 constitue une étape
historique. Depuis 100 ans, le Canada a connu une profonde évolution au
niveau de la nature de la société et les Canadiens ont
d'eux-mêmes une perception bien différente par rapport au
siècle dernier.
Notre pays s'est établi sur le principe de la diversité.
L'idée de bâtir des structures publiques sur la notion d'une
population, soit protestante, soit catholique ou encore soit d'origine
britannique, soit d'origine française, est maintenant, à notre
avis, anachronique. Toute vérité politique fondée sur
cette ligne de pensée est vouée à l'échec au
Canada, parce que de telles distinctions ne projettent aucunement l'image
véritable du pays qui est le nôtre.
En 1984, la réalité affiche le visage nouveau d'un pays au
sein duquel les prétendus Néo-Canadiens l'emportent pratiquement
en nombre sur les citoyens dont les ancêtres faisaient partie des deux
peuples qu'on appelle fondateurs. Notre réalité est celle d'un
État possédant deux langues officielles, le français et
l'anglais, deux langues à présence publique. Il n'est plus
question dorénavant de division fondée sur l'origine ethnique,
soit Canadien anglais, Canadien français et Néo-Canadien. Nous
avons deux langues officielles et nous sommes deux communautés
linguistiques formées de Canadiens d'expression anglaise et de Canadiens
d'expression française. Ces deux communautés linguistiques sont
de nature à la fois pluraliste et multiculturelle.
C'est à cet égard que le projet de loi 3 prend sa
dimension historique. Il met en lumière la réalité
nouvelle de notre société. C'est dans cette optique que le
gouvernement du Québec se propose de faire un pas décisif en
dotant la société québécoise des diverses
structures qui lui permettront d'entreprendre le XXIe siècle. À
ce sujet, le gouvernement pour le projet de loi 3 mérite d'être
félicité.
Cependant, étant donné la réforme
particulièrement importante qui sera bientôt mise en oeuvre, les
soucis profonds des Québécois d'expression anglaise doivent
être bien compris. L'évolution de notre société
repose sur son système d'éducation et celui-ci est essentiel pour
assurer l'avenir d'une communauté minoritaire. Le cheminement actuel de
la réforme scolaire a permis d'établir hors de tout doute
l'importance primordiale qu'accorde le citoyen à l'éducation. La
réforme scolaire doit être réalisée avec prudence
parce que notre système scolaire conditionne notre avenir et que tout
changement ultérieur est d'exécution difficile.
C'est sur cette toile de fond de notre situation en tant que
Québécois d'expression anglaise que l'analyse du projet de loi 3
doit se faire. Un climat de méfiance règne toujours, pas
uniquement à cause des lois déjà en vigueur, mais aussi
à cause d'attitudes et d'actions que prend le gouvernement. C'est ainsi
que l'on s'interroge sur les motifs et les intentions. Le gouvernement croit-il
vraiment à la nécessité pour la communauté
d'expression anglaise d'avoir ses propres structures et ses propres
institutions? Nous avons pleine conscience du fait que pendant que nous
discutons de la réforme scolaire, bien que la loi 101 ait
été amendée en vue de reconnaître l'importante
contribution des institutions de la communauté d'expression anglaise
dans le développement du Québec, le gouvernement, par l'entremise
de son ministère des Affaires sociales, refuse toujours de
reconnaître notre droit d'obtenir des services sociaux dans notre langue
et que le Centre des services sociaux Ville-Marie, une importante institution
de notre communauté, est menacé de morcellement.
(13 h 45)
Alliance Québec a joué un rôle constructif au niveau
de la réforme scolaire. Néanmoins, le gouvernement doit
reconnaître l'importance pour lui de rassurer notre communauté
quant à ses préoccupations. Depuis sa création, Alliance
Québec a appuyé, partout au Canada, les revendications portant
sur les droits linguistiques des minorités en matière
d'éducation. Nous avons favorisé l'instauration d'un climat
social et d'un dialogue logique permettant aux communautés d'expression
française et anglaise, partout au Canada, de croître et de
prospérer. Nous sommes intervenus dans les auditions parlementaires en
faveur de l'amendement constitutionnel proposé par le gouvernement du
Manitoba et auquel la Société franco-manitobaine donnait son
appui. Nous sommes également intervenus auprès de la Cour d'appel
de l'Ontario dans le cas du renvoi portant sur le droit de la minorité
linguistique de cette province de contrôler et de gérer son
réseau scolaire.
Le point de vue d'Alliance Québec sur la réforme scolaire
peut se résumer en quatre points. Le premier principe, c'est que le
contrôle et la gestion des écoles constituent des
éléments essentiels à la survie des minorités
linguistiques. Un contrôle efficace n'entraîne pas seulement
l'établissement de critères linguistiques déterminant la
répartition des structures scolaires, mais également
l'attribution requise de l'autorité administrative et des ressources
nécessaires. Nous avons constamment visé ces objectifs pendant
tout le débat public sur la réforme scolaire.
La vigueur de notre opposition à la première proposition
gouvernementale de réforme scolaire fut motivée en partie par la
réaction face au projet d'établir une structure en dehors de
l'île de Montréal, mesure qui aurait pu entraîner
l'exclusion de notre communauté des fonctions de contrôle et de
gestion.
Notre deuxième principe. L'une des grandes préoccupations
de la communauté d'expression anglaise est la consolidation de ses
ressources humaines et financières en un seul système. En ce qui
concerne les Québécois de langue anglaise des régions
rurales, une telle consolidation équivaudrait à une
amélioration de la qualité des services. Les écoles
anglo-catholiques à moitié remplies et les écoles
anglo-protestantes a moitié remplies pourraient alors se réunir,
dans l'île de Montréal comme à l'extérieur de
celle-ci, en vue d'offrir un éventail d'options plus important sans
qu'il soit nécessaire de transporter les élèves en dehors
du milieu de vie. Le cas échéant, les services d'appoint, tels le
transport par autobus, pourraient donc être globalement plus
efficaces.
Le troisième principe. En vertu du système actuel, la
moitié de notre communauté, celle identifiée comme
anglo-catholique, n'a à peu près pas voix au chapitre en ce qui a
trait au contrôle et à la gestion de son réseau scolaire vu
que les commissions scolaires catholiques sont composées, et c'est
compréhensible, d'une vaste majorité de catholiques d'expression
française. En outre, les parents catholiques n'ont pu se
présenter lors des élections à des postes des commissions
scolaires protestantes même quand leurs enfants fréquentaient ces
écoles. Sous un système linguistique, la communauté
anglo-catholique aurait l'occasion de participer pleinement.
Notre quatrième principe. Nous croyons fermement que les
minorités de langues officielles partout au Canada doivent avoir des
garanties qu'elles auront le contrôle et la gestion de leurs
réseaux scolaires.
Globalement, le projet de loi 3 représente un progrès
significatif en ce qui concerne les trois premiers points que je viens de
souligner. Malheureusement, les garanties constitutionnelles n'ont pas encore
été fixées sur le plan juridique ou par la
négociation. C'est notre ferme intention de continuer à faire
porter nos efforts dans cette direction.
M. McCall (Douglas): Alliance Québec has expressed on a
number of occasions the principles which, we believe, should guide any
reorganization of the school system. These principles are interdependent: all
must be respected for any reorganization of the school system to be
satisfactory.
The principles are as follows: 1. the system of school boards must be
organized along linguistic lines; 2. school board commissioners must be elected
by an electoral system that establishes their office as a significant
intermediate authority between the government and the schools; 3. school boards
must have the authority they need to exercise educational leadership within an
integrated system starting from kindergarten classes to education for adults;
4. there must be adequate guarantees to facilities and services for the
English-speaking community; 5. there must be adequate guarantees of facilities
and services for those parents who wish a confessional education for their
children.
In reviewing the text of Bill 3 with regard to these principles, we see
important improvements. However there are a number of changes which are
required and clarifications which are necessary. Specifically, we recommend the
following: With regard to the linguistic territories, while we welcome the
organization of the school system along linguistic rather than religious lines,
the process of establishing the specific territories of the school boards is
also important. The new territories must
create viable school boards and respect traditional community
affiliations. This can only be done through full consultation with the local
communities concerned. We urge that this process which has begun continue.
Concernant le processus électoral des commissions scolaires,
Alliance Québec constate avec satisfaction que le principe de suffrage
universel exercé dans le cadre d'un système électoral par
quartier a été conservé dans la nouvelle version du
document touchant la réorganisation des commissions scolaires. Nous
n'avons pas adopté de position particulière à propos de la
composition des commissions scolaires sauf en ce qui concerne la
présence essentielle, selon nous, des commissaires élus au
suffrage universel et des parents.
Nous constatons également que les améliorations que nous
préconisions quant au processus électoral en vue
d'accroître la participation des électeurs ont été
retenues dans le projet de loi. Nous formulons, dans ce domaine, deux autres
recommandations. Premièrement, que l'article 150 soit modifié
afin de porter la campagne électorale à trois semaines.
Deuxièmement, que l'article 121 du projet de loi soit modifié
pour conserver le même processus d'élection des
représentants des parents aux nouvelles commissions scolaires
créées en vertu du projet de loi 3 que celui actuellement
utilisé.
M. Ross (Jim): Le partage des compétences. In our
submission to the parliamentary commission on Bill 40, we recommended that the
authority of local school board should be increased and the role of the
Ministry of Education reduced. Specifically, we recommend that the powers of
school boards should be: a) to make policy decisions regarding the distribution
of funds and ressources at the local level; b) to provide and coordinate the
pedagogical, administrative and support services to schools in their territory;
c) to negotiate the non-monetary aspects of the collective agreements with its
personnel at the local level; d) to define the curriculum within the general
guidelines of the Ministry and to be responsible for curriculum development;
last, e) to establish the criteria and procedures for pupil evaluation within
the general standards established by the Ministry.
It would appear that Bill 3 has begun to reverse the trend towards
over-centralization which has characterized the educational system for the past
ten years. Whether or not provisions such as section 259, establishing the
school board as the decision-maker regarding services to schools, or section
111 establishing the jurisdiction of the school board over the school, and
section 454 obliging the Minister to consult the provincial associations on
draft regulations, whether or not these provisions are sufficient is a question
for thorough discussion in these hearings among the appropriate parties. We
would urge the members of the parliamentary commission to listen attentively to
the educational partners, particularly school boards on this issue.
For our part, we have the following specific recommendations regarding
the powers of the Minister and the Government. We recommend that section 473 be
modified so that the Government does not have the power to dismiss the
commissioners of the school boards placed in trusteeship. While it is not
extraordinary that the Government would have the right to place the school
boards in trusteeship, we believe it is for the electorate, and not the
Government, to decide on the fate of the commissioners.
We recommend that section 465 be modified to ensure that all school
boards receive a basic minimum of funding, while permitting special
considerations to be made for factors such as the size of the territory,
provision of minority language education, remoteness of the region,
multi-cultural composition of the clientele, etc. The importance of this
recommendation to our community should not be underestimated.
Section 465, as currently drafted, would give the Minister virtually
absolute discretion over funding. As a minority we are aware of the
difficulties that may arise from being overlooked or forgotten. Furthermore, it
is likely that we will have special financial needs as a result of being a
minority. We must be assured of basic funding and fairness in financial
allocations. At the same time the Minister should have the power to respond
positively to recognize special needs and requirements.
Alliance Québec welcomes the return to the approach of previous
legislation in defining a primarily consultative role for the School
Council.
We recommend that the specific procedures, mandates and structures
proposed with regard to School Councils be the subject of careful study in
conjunction with the representatives of parents, teachers and school
administrators.
We also note that the professional role of teachers has been
strengthened by provisions in Bill 3. We welcome these improvements. In a
similar way we welcome the stipulations in Bill 3 that make it clear that the
school Principal is responsible for the operation of the school and that he or
she reports to the Director-General. In both cases, we urge the Government to
listen attentively to the appropriate parties who are to appear at these
hearings.
M. Sparkes (Wendell): The next topic, Mr. President has to do
with adequate guarantees for the...
Le Président (M. Charbonneau): Avant que vous poursuiviez
la lecture de votre mémoire, je voudrais simplement vous signaler qu'au
rythme où vous êtes partis vous allez prendre certainement encore
au moins un autre gros quinze minutes comme vous en avez pris pour faire la
lecture de la moitié de votre mémoire et qu'en conséquence
il nous restera moins de temps. Vous avez deux choix: poursuivre la lecture,
comme vous l'avez engagée, intégrale de votre document ou vous
contenter de lire les parties qui sont les recommandations. Je vous laisse le
soin de décider quelle forme vous voulez prendre à ce moment-ci,
en vous disant que, si vous prenez encore 15 minutes, il en restera moins pour
la discussion avec les députés.
M. Goldbloom: Je comprends. Vous nous avez dit qu'on a
jusqu'à 15 heures?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, parce que la
période des questions commence à 15 heures.
M. Goldbloom: Je pense que nous allons continuer. Il y a
peut-être une section vers la fin qu'on peut sauter.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, merci.
M. Sparkes: Mr. Président, as it pertains to adequate
guarantees for our linguistic minority, a concern that you have already heard
about, the revision of the school board structures along language lines offers
an opportunity for a linguistic restructuring of the Ministry of Education and
the Superior Council. We suggest perhaps that Manitoba and New Brunswick be
examples for investigation. We know there is strong consensus within our
community on this point, various proposals have already been submitted to the
Ministry, and it offers the means to attract English-speaking educators into
the Ministry. A reorganization of the Ministry, by creating an integrated
substructure within the Ministry to serve the English-speaking community would
be a major step in improving relations between our community and the Ministry
of Education.
The Minister himself has been engaged in consultation with the
English-speaking community regarding the creation of a service within the
Ministry for English language schools. It is now appropriate that the Minister
announce the results of these discussions.
The three basic elements of such a service, should be: I) the
appointment of a person at the level of Deputy-Minister with access to the
highest decision-making bodies within the Ministry; 2) the creation of a team
of people responsible to the service who would liaise with the various
departments within the Ministry; and 3) the structuring of a continuing
consultative process between the representative organizations and the
Ministry.
Our recommendation is that at these hearings the Government formally
announce the creation of such a service.
As pertaining to language of communication, the establishment of English
language school boards offers another opportunity to ensure that communications
between such school boards are as efficient as possible. The law should permit
communications between these English school boards and within these school
boards to be exclusively in English. At the present time, this is not possible.
A change in this regard would help to alleviate the climate of mistrust which
exists in our community. (14 heures)
We recommend that the English language school boards established
pursuant to this Act be permitted to use the English language exclusively in
written communications internally and with one another.
Election of new commissioners. We question the intent of section 484. We
do not understand how the present wording of this section would be applied. We
recommend that this section be clarified and amended to ensure that any new
school board which is created by the coming together of the
English-Catholic and English-Protestant communities must have an election
of the new school board commissioners.
Provisional boards and the representatives of the English-Catholic
community. There is a specific problem in section 497 with regard to the
representation of parents of English-Catholic schools in the selection of the
parent representatives to serve on the provisional school board. The
requirement that such a population constitute 10% of the population of the
current school board would exclude some of the English-Catholic schools.
We recommend that the School Committees of all current English language
schools in the territory of the new school boards be represented in the process
for selecting the parent representatives to the provisional school boards.
This concern would be applicable to section 492 if the provisional
committee of Directors-General has a mandate beyond its apparent sole duty of
establishing the wards for the school board elections.
With regard to the non-profit corporation for the production of teaching
materials, there is a similar concern with regard to the non-profit corporation
to be established under Bill 3 in order to produce educational materials. We
reject such a corporation, firstly, because we do not think
the vehicle of a Crown corporation is the best means, and, secondly,
because the primary source of support for such a corporation would be former
employees of the Ministry, which would mean that the English-speaking community
would be underrepresented.
We recommend that the need for English language educational materials
related to the "régime pédagogique", a new course of study, be
met by a co-operative effort between the Ministry, the English language school
boards and the appropriate professional organizations.
Another concern has arisen within our community with regard to our
participation in the development and implementation of the current government
policy on Continuing Education. The rationalization of government and
institutional structures regarding Adult Education must respect the need for
full representation of the English-speaking community.
We recommend that the process of recognition of administrative centres
described in the policy on Continuing Education ensure that the Adult Education
services of the new English language school boards be recognized across the
province.
M. Ross: Sur la question de la constitution et des garanties,
nous nous opposons vigoureusement et nous ne pouvons accepter l'article 52
où l'école est définie comme un établissement
d'enseignement. La raison de notre préoccupation vient de l'article 23
(3) (b) de la nouvelle Charte canadienne des droits et libertés. Je ne
vais pas le lire, mais je vous demanderais simplement de noter, à
l'avant-dernière ligne de la version française, que les mots
"établissements d'enseignement" sont utilisés et, en anglais, on
parle de "education facilities".
L'utilisation des mots "établissements d'enseignement" de
l'article 52 du projet de loi 3 ne peut être, au mieux, qu'une
malheureuse coïncidence. Ceci se comprend car le texte anglais de
l'article 52 utilise les mots "educational institution" au lieu de "educational
facilities", terme utilisé dans le texte anglais de l'article 23 (3) (b)
de la charte canadienne. Malgré cela, si le texte français de
l'article 52 n'est pas changé, il pourrait servir à restreindre
et à menacer les droits constitutionnels des Québécois
d'expression anglaise.
Il est de notoriété publique que le gouvernement de
l'Ontario a référé sa Loi sur l'enseignement à la
Cour d'appel de l'Ontario pour savoir si, de l'avis de la cour, cette loi
respectait les garanties constitutionnelles offertes aux minorités
linguistiques en matière d'éducation enchâssées dans
l'article 23 de la charte. L'un des principaux enjeux portait sur la question
de savoir si les minorités de langues officielles pouvaient non
seulement avoir accès à des écoles, mais aussi
contrôler et gérer leur réseau scolaire. La question
dépendait de la définition donnée au terme
"établissements d'enseignement", "educational facilities".
Alliance Québec est intervenue dans cette affaire pour appuyer le
point de vue de l'Association canadienne-française de l'Ontario, ainsi
que la revendication des Franco-Ontariens qui demandaient le droit
constitutionnel de contrôler et de gérer leur propre réseau
scolaire. Au mois de juin 1984, la Cour d'appel de l'Ontario tranchait en
faveur des Franco-Ontariens, soutenant que l'article 23 garantissait la gestion
et le contrôle réel de l'éducation à la
minorité de langue officielle et ajoutant que les structures du
réseau scolaire devaient aussi être perçues comme faisant
partie et appartenant à la minorité linguistique.
Certains groupes ont interjeté appel auprès de la Cour
suprême du Canada de cette décision et Alliance Québec a
l'intention d'intervenir de nouveau pour soutenir la position de l'ACFO. Donc,
nous ne pouvons appuyer une mesure législative qui pourrait poser une
barrière ou circonvenir un jugement éventuel de la Cour
suprême. Plus encore, le fait de maintenir l'article 52 tel quel ne
constituerait rien de moins qu'une forte incitation au litige sur ce point.
Nous insistons donc pour que le libellé français de l'article 52
soit amendé pour se lire comme suit: "L'école est une institution
d'enseignement. " Nous recommandons aussi que l'article 110 soit amendé
pour se lire ainsi: "La commission scolaire est un établissement
d'enseignement. "
Je veux souligner ici que le fait d'agir de cette façon pour le
gouvernement sera non seulement un indice important de bonne foi envers la
communauté d'expression anglaise du Québec, mais pourrait aider
d'une façon importante l'Association canadienne-française de
l'Ontario dans la cause devant la Cour suprême.
La question du contrôle et de la gestion est fondamentale pour
toutes les minorités linguistiques au Canada. Les minorités des
langues officielles de chacune des provinces sont unanimes quant au besoin de
garantir ce droit dans la constitution. C'est le combat actuel de la FFHQ et de
l'ACFO, entre autres. Nous sommes aussi impliqués dans cette lutte qui
ne cessera que le jour où nous aurons atteint notre objectif. Nous
espérons que la Cour suprême du Canada conclura que l'article 23
garantit ce droit, mais en cette période largement publicisée de
rapprochement entre le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial, nous demandons instamment au gouvernement de notre province de
prendre l'initiative d'insister pour que les garanties
constitutionnelles nécessaires soient données aux
minorités d'expression française hors Québec et à
la minorité d'expression anglaise à l'intérieur du
Québec.
M. Mulcair (Thomas): Quelques points brefs sur la question des
garanties conformes aux besoins en matière de confessionnalité.
La question de la confessionnalité constitue une difficulté
majeure pour la communauté d'expression anglaise, de même que pour
l'ensemble des Québécois. La population anglo-catholique a
bénéficié d'un réseau d'écoles qui, par
tradition, donnait un caractère religieux à son enseignement. La
communauté des écoles anglo-protestantes, elle, est formée
de plusieurs groupes religieux qui ont érigé un réseau
d'écoles à caractère multiconfessionnel. Cette division
historique au sein de la communauté d'expression anglaise a rendu plus
difficile aux deux groupes la mise en commun d'expériences et
d'hypothèses de travail.
Nous notons que le mécanisme suggéré par le projet
de loi 3 établit un équilibre entre le droit du conseil
d'école de demander la reconnaissance de son statut confessionnel et
l'autorité de la commission scolaire d'orienter le projet
éducatif de certaines écoles particulières. Nous notons
aussi que la commission scolaire, à la demande du ou des conseils
d'école, peut prendre charge de la consultation des parents sur la
question du statut confessionnel.
Nous avons remarqué avec satisfaction que les modalités du
processus consultatif seront uniformes partout au Québec. À notre
avis, Il est souhaitable que la commission scolaire soit l'agent principal.
Nous suggérons donc que ce soit la commission scolaire et non le conseil
d'école qui dirige la consultation portant sur le statut
confessionnel.
Nous préférerions que les règlements touchant la
consultation, adoptés par le ministre, soient très précis,
tout en offrant toutes les options possibles aux parents. Alliance
Québec s'associera aux chefs de file de notre secteur de
l'éducation pour inciter notre communauté à tirer tout le
profit de cette occasion de consolider nos ressources dans un réseau
unique.
Nous tenterons de persuader tous les membres de notre communauté
de travailler ensemble à l'établissement d'un nouveau
système respectueux de nos traditions diverses. C'est là un
défi que tous les leaders de notre communauté doivent
relever.
M. Ross: En terminant, quelques mots sur l'article 93 et,
ensuite, la conclusion. Tout au cours du débat sur la réforme
scolaire, l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique a
été l'un des sujets abordés. Nous devons souligner le fait
que le principal sujet n'en est pas la langue. Les commissions scolaires, tant
catholiques que protestantes, ont toutes deux exprimé de vives
inquiétudes à propos du projet de loi 3. Plus encore, il faut
noter que les commissions scolaires protestantes voient de plus en plus
augmenter leurs secteurs de langue française et que plusieurs
commissions catholiques ont traditionnellement accueilli des secteurs de langue
anglaise.
Toutes les parties en cause sont conscientes du fait que la pleine
envergure des garanties contenues à l'article 93 reste à
être clairement établie et précisée. Dans cette
atmosphère d'incertitude, il est attendu que la question soit
portée devant les tribunaux. Un tel recours aux tribunaux paraît
inévitable. Agissant de façon responsable, le gouvernement ne
peut que référer cette question à la cour. Nous demandons
donc avec instance que la réorganisation scolaire, avant d'être
appliquée, soit soumise à la cour pour y être
précisée quant à la nature et à l'étendue
des garanties confessionnelles actuelles.
Pour conclure, rappelons que nous avons présenté
aujourd'hui un ensemble de recommandations pour améliorer la proposition
de réforme scolaire et pallier au mieux les inquiétudes de notre
communauté. Nous rappelons que plusieurs articles de la loi rendent
particulièrement soucieux certains des intervenants du secteur de
l'éducation. La réorganisation d'un domaine aussi important que
celui de l'éducation ne peut réussir qu'avec le plus grand
consensus possible. Voilà pourquoi nous pressons vivement le
gouvernement de porter attention aux recommandations faites à la
commission et de réagir efficacement.
Avec les changements que nous avons proposés et une
réponse positive aux représentations faites à la
commission par d'autres intervenants, nous croyons que le projet de loi 3
reflète bien la réalité québécoise actuelle
en matière sociale et scolaire et constitue le levier essentiel qui
permettra au Québec de faire face à l'avenir.
On ne doit pas laisser passer cette occasion d'entreprendre une
réforme significative fondée sur un consensus le plus vaste
possible. Dans ce contexte, il y va de l'intérêt du gouvernement,
des parties engagées dans l'éducation et, bien sûr, de tous
les Québécois que les équivoques juridiques actuelles
soient résolues de la façon la plus efficace. Le gouvernement
agirait comme il convient et de manière responsable en tâchant
d'obtenir des éclaircissements par le moyen d'un cas de renvoi. Nous
l'engageons à le faire.
À titre de Québécois d'expression anglaise, nous
réitérons notre engagement à revendiquer le contrôle
et la gestion de notre réseau scolaire. Cela est essentiel à
notre survie comme à celle des communautés
d'expression française à l'extérieur du
Québec. Le projet de loi 3, s'il est amendé dans le sens de nos
propositions, tendrait de façon marquée à assurer à
notre communauté qu'elle pourrait exercer le contrôle et la
gestion de son réseau scolaire dont elle a besoin. Le projet de loi 3
marquerait clairement la reconnaissance de notre communauté
linguistique. Il faciliterait la consolidation de nos ressources et la
participation de notre communauté entière au système
scolaire.
Nous devons toutefois rappeler notre inquiétude face à
l'emploi de l'expression "établissements d'enseignement"
décrivant les écoles dans ce projet de loi. L'emploi de cette
expression pourrait constituer une grave atteinte aux droits constitutionnels
dont nous avons besoin. Nous réclamons donc du gouvernement qu'il amende
le projet de loi 3 de façon à éliminer cette atteinte
possible aux droits des minorités des langues officielles.
Nous devons tous continuer de faire en sorte que les Canadiens
d'expression française et ceux d'expression anglaise puissent vivre
partout au pays dans la dignité et la sécurité. Nous
continuerons donc de collaborer avec les Canadiens d'expression
française hors Québec et, bien entendu, avec tous les Canadiens
de bonne volonté dans le but d'obtenir les garanties constitutionnelles
claires qui sont nécessaires. Nous invitons le gouvernement à se
joindre à nous pour atteindre ce but. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Goldbloom. Je
signale aux membres de la commission qu'il reste à peu 48 minutes, donc
24 de chaque côté de la table pour chaque groupe parlementaire. Je
cède immédiatement la parole au ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: Je serai donc très bref. D'une part, je
voudrais souligner à l'attention de la commission parlementaire le
travail extrêmement important qu'a fait Alliance Québec en
regroupant tout près de quatorze organismes anglophones de la
communauté québécoise de telle sorte qu'ils se sont
imposé une réflexion en profondeur sur le système scolaire
que la minorité anglophone appelle de ses voeux, d'une part. De fait, en
regroupant, je dirais, des intervenants venant de tous les secteurs
intéressés par l'éducation, ils ont donc permis un sain
équilibre entre les points de vue exprimés. En fait, ce qui a
peut-être nui à la préparation du projet de loi 40 a
été l'opposition des intervenants qui à peu près en
aucun moment n'ont été amenés à travailler ensemble
et à confronter leurs points de vue. Certes, si nous écoutons des
commissions scolaires ou des commissaires d'écoles, on aura le point de
vue des commissaires d'écoles. Si on écoute des parents, on aura
le point de vue des parents. Finalement, on aura des points de vue
opposés fréquemment, mais aucun effort de réconciliation.
(14 h 15)
J'ai eu à m'asseoir avec les intervenants du monde scolaire,
particulièrement francophone, justement pour forcer ce rapprochement de
tous les intervenants, donc, les amener à regarder ce qui les
rapprochait plutôt que ce qui les opposait. Je dois dire que, lorsque
j'ai rencontré les anglophones, j'ai constaté que le travail
avait été fait. Il avait été fait par Alliance
Québec, en ce sens qu'Alliance Québec a effectivement
ramené les gens ensemble. Il est, quand même, extrêmement
symptomatique de voir que, après avoir ramené les gens ensemble,
finalement, les préoccupations d'Alliance Québec sont des
préoccupations de parents, des préoccupations de consolidation du
pouvoir local de la commission scolaire, de consolidation d'un système
beaucoup plus cohérent sur le plan linguistique et confessionnel.
Finalement, on retrouve - je pense qu'il faut le souligner -dans le
mémoire d'Alliance Québec un rapprochement très grand
entre le projet de loi 3 et la position qu'ils maintiennent. Ils ont
contribué très significativement à nous faire
évoluer dans le sens d'un projet de loi qui convient davantage à
la communauté anglophone.
Il est peut-être dommage qu'il n'y ait pas eu une Alliance
Québec francophone qui aurait forcé les intervenants à se
réunir autour de la même table et qui aurait fait en sorte que,
peut-être aujourd'hui, à l'exception de la CECM qui, un peu comme
la Fédération des commissions scolaires protestantes, serait
toute seule dans son coin à parler dans le désert, on aurait
retrouvé tous les autres intervenants absolument sur la même
longueur d'onde. Cela dit, qui est un commentaire général
d'appréciation pour le travail d'Alliance Québec, vous soulevez
un certain nombre de questions et nous devrons lire votre mémoire plus
attentivement pour être bien certains d'avoir bien compris le sens
précis de certains de vos articles.
La première question que j'aimerais vous poser porte sur
l'acceptation que vous faites de commissions scolaires carrément
linguistiques. Je comprends, d'ailleurs, que vous avez appuyé les
démarches des francophones en Ontario pour faire reconnaître leur
droit à un établissement. Je pense que votre préoccupation
se situe au sens que vous ne voudriez pas que ce soit simplement l'école
qui soit anglophone mais que ce soit la commission scolaire. Dans le projet de
loi 3, il est clair que c'est une institution globale anglophone et que c'est
la commission scolaire qui est anglophone et
pas seulement l'école, l'école devenant un
établissement à l'intérieur d'une institution anglophone.
À cet égard, le projet de loi 3 est très respectueux du
contrôle par les anglophones de leurs institutions. Je suis un peu
surpris de voir l'inquiétude que vous avez, alors que l'institution,
chez nous, qui est carrément identifiée comme anglophone, c'est,
justement, l'institution pour laquelle vous voulez que le caractère soit
linguistique, c'est-à-dire le niveau de la commission scolaire. Je ne
suis pas certain d'avoir compris exactement votre intervention et j'aimerais
que vous vous étendiez un peu sur cette préoccupation.
La deuxième question que je voulais vous poser - je vais toutes
vous les poser en vrac, de telle sorte qu'après je pourrai passer la
parole à d'autres - a trait à une inquiétude que j'avais
cru percevoir sur le pouvoir pour la commission scolaire de regrouper des
clientèles en fonction de leur désir d'avoir un projet
éducatif d'une confession particulière. On peut penser, par
exemple, à la possibilité pour une commission scolaire anglophone
de Montréal de regrouper des protestants, de regrouper des catholiques
et même de regrouper des écoles neutres quand cela est
nécessaire, bien que, très fréquemment, ce soit
plutôt les écoles protestantes qui aient servi de noyau à
ces écoles plus neutres, plus ouvertes, plus communes. Est-ce que je
comprends bien, par votre intervention, que les craintes se sont
apaisées au sein de la communauté anglophone et que, maintenant,
vous acceptez que la commission scolaire anglophone puisse regrouper les
clientèles, permettre l'élaboration de projets éducatifs
qui soient respectueux des confessions religieuses d'une majorité et
qu'en même temps vous acceptez que ce soit la commission scolaire qui
fasse ces regroupements et que cela constitue une bonne protection sur le plan
confessionnel pour la communauté anglophone? C'est très important
que vous vous étendiez sur ce point parce que les anglo-catholiques ont
eu des inquiétudes à ce sujet et je serais
intéressé à avoir votre point de vue.
M. Ross Je vais répondre aux questions dans l'ordre où
elles ont été posées. Pour la première question sur
nos inquiétudes quant à la définition des commissions
scolaires, je suis d'accord avec le ministre quand il dit que, de la
façon dont la loi est faite, c'est pour établir d'une
façon assez claire que c'est la commission scolaire qui est
l'établissement d'enseignement, l'institution. La position de la
communauté d'expression anglaise dans tout ce débat a
été que c'est important pour les minorités linguistiques,
à travers le pays, d'avoir des garanties pour leurs institutions. C'est
pour cela que nous avons commencé aujourd'hui en mentionnant le cas de
Ville-Marie, parce que ce n'est pas un principe qui s'applique seulement dans
le domaine de l'éducation. Cela s'applique pour toutes les institutions.
C'est pour cela que nous sommes allés au Manitoba et en Ontario pour
donner notre appui aux francophones de ces provinces.
Nous n'avons pas insisté afin qu'avant de procéder
à cette réforme il y a un amendement constitutionnel au niveau
canadien qui dise clairement qu'il y a des garanties pour les commissions
scolaires linguistiques.
Maintenant, ce que nous voyons sur cette question, ce sont deux choses.
Premièrement, la Cour d'appel de l'Ontario a dit clairement que la
minorité linguistique a droit à des établissements
d'enseignement. Ils ont caractérisé cela pas seulement comme une
école, mais presque comme une commission scolaire. Ce n'est pas
très clair dans la loi et nous espérons avoir une réponse
claire de la Cour suprême du Canada. Ce qui nous inquiète
beaucoup, c'est que, même si le projet est dans le sens que vous le
décrivez, à l'article 52 vous dites clairement que
l'établissement d'enseignement, ce n'est pas la commission scolaire;
c'est l'école. Nous serons bientôt devant la Cour suprême du
Canada pour débattre cette question pour les francophones de l'Ontario
et pour les anglophones du Québec. On ne veut pas se retrouver devant
une situation où la Cour suprême dit: Oui, il y a une garantie
pour des établissements d'enseignement, pour ensuite revenir au
Québec et constater que les établissements d'enseignement sont
les écoles et non les commissions scolaires.
C'est peut-être simplement une question de définitions.
Quand on regarde le texte anglais du projet de loi 3, il n'y a aucun
problème. Tout ce qu'on recommande à ce sujet, c'est de changer
les mots pour suivre plutôt le texte anglais, pour que ce soit
évident que ce n'est pas l'école, mais la commission scolaire qui
est l'institution d'enseignement. Je pense que c'est très important.
Vous connaissez très bien les débats qui ont eu lieu dans la
communauté d'expression anglaise sur la question des garanties. Je pense
que ce geste posé par le gouvernement serait fort important au niveau de
la bonne foi et indiquerait clairement que le gouvernement a l'intention
d'assurer l'existence permanente de ces commissions scolaires.
Je vais céder la parole, pour quelques instants, à notre
conseiller juridique.
M. Mulcair: Dans le jugement rendu cet été par la
Cour d'appel de l'Ontario, vous retrouvez, surtout aux pages 49 à 60,
une longue analyse du terme "établissement d'enseignement". C'est un peu
baroque parce que le jugement est rendu en anglais, mais ils sortent toutes les
définitions des
dictionnaires d'usage courant en langue française. Parmi les
définitions qu'ils ont analysées, il y en a une qui sort du
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française,
le Robert. Ils disent: "Établissement public: personne morale
administrative chargée de gérer un service public. " Cela se
retrouve aux pages 55 et 56 du jugement. Ils notent aussi que la
première rédaction de cette charte, en 1980, parlait
"d'installations d'enseignement". C'est le mot qu'on retrouve en anglais,
à l'heure actuelle, à l'article 52 du projet de loi 3,
"installations".
Ce qu'on est en train de signaler effectivement, c'est qu'on cherche un
arrimage entre les termes. C'est peut-être tout simplement malencontreux
que ce soient exactement les mêmes termes employés à
l'article 23 (3) (b) de la charte canadienne.
M. Bérubé: C'est la charte qui est mauvaise!
M. Mulcair: Mais la charte n'est pas si mauvaise, parce que c'est
en utilisant ces termes que la Cour d'appel de l'Ontario a pu faire
l'exégèse qui a mené à conclure que l'article 23
(3) (a) donne le droit de recevoir l'enseignement. Alors, la Cour d'appel, sur
ce point précis, dit: "23 (3) (a) provides the right to minority
language instruction" - un droit à l'instruction dans la langue de la
minorité linguistique - which must include, apart from the requisite
teachers and teaching materials, either classrooms or other physical facilities
like television for such instruction". Donc, ils sont en train de dire que
c'est déjà prévu à l'article 23 (3) (a). Ensuite,
ils disent: "There would be no need for paragraph (3) (b) if the only purpose
were to be a requirement of physical facilities. In our opinion, the rights
granted by paragraph (3) (b) must be greater than those guaranteed by paragraph
(3) (a). The Charter contemplates something more than French-speaking teachers
in Ontario classrooms in which French-speaking children are taught. " Alors,
ils sont en train de dire que c'est la gestion du service public, le
contrôle et gestion de ce réseau, qui sont prévus à
l'article 23 (3) (b) de la charte.
Donc, en utilisant ce terme, comme le disait Me Goldbloom tout à
l'heure, c'est une question de définitions plus qu'autre chose. C'est un
terme auquel on vient d'accorder un certain sens en droit constitutionnel
canadien pour les minorités linguistiques dans ce pays et on souhaite,
comme preuve, justement, de cette bonne volonté qu'il soit
utilisé. On est d'accord que, sur le fond, le projet de loi
prévoit des commissions scolaires linguistiques, qu'elles existeront en
vertu de ce projet de loi. Mais, en utilisant ce même terme
"établissement d'enseignement" pour décrire la commission
scolaire, et le Robert nous dit qu'on peut le faire, en utilisant d'autres
termes comme "institution" pour l'école à l'article 52 et, donc,
l'autre terme à l'article 110, on est en train d'arrimer les deux. Cela
serait vraiment un signal très important vis-à-vis de notre
communauté et, en même temps, l'emploi de ce terme pour
décrire les commissions scolaires au niveau de la Cour suprême
risque fort bien d'aider les Franco-Ontariens parce que le
précédent serait créé.
M. Bérubé: Une interjection pour voir comment vous
réagissez à cela. Si le terme utilisé dans la charte,
"établissements d'enseignement", était erroné, relevait
d'une mauvaise décision, on comprendrait que la cour décide de
lui donner une extension en l'étendant possiblement à la
commission scolaire. On verra ce que décidera la Cour suprême.
Cela ne veut pas dire, pour autant, que désormais, ayant utilisé
un terme à mauvais escient, toutes les lois soient nécessairement
mal rédigées sous prétexte que quelqu'un s'est
trompé en utilisant un mauvais terme dans la charte.
Alors, on peut laisser à la cour le soin de dire: Attention,
"établissements" est un mauvais terme, il faut élargir et
l'appliquer à commission scolaire. Soit, le juge aura dit: Le
législateur fédéral s'est trompé et cela voulait
dire plus que le mot "établissements". C'est l'utilisation d'un mauvais
terme. Cela n'entraîne pas pour nous qu'on doive automatiquement
s'engager dans la même erreur de nomenclature.
M. Mulcair: D'après les définitions d'usage courant
en langue française qu'ils ont sorties, puis, ils en font l'analyse sur
une dizaine de pages, ils ne concluent pas qu'il y a eu une mauvaise
utilisation; ils disent que le terme a été utilisé
sciemment. Ils disent, par contre, que le terme plus restreint qui avait
été proposé dans une première rédaction
avait été modifié et qu'en utilisant
"établissements d'enseignement" ils visaient quelque chose. On peut
présumer qu'ils visaient quelque chose de plus large.
Mais, au moment même où toutes ces questions de
constitutionnalité sont en jeu, mettons toutes les possibilités
de notre côté, n'ajoutons pas un doute supplémentaire. Au
contraire, envoyons un signal positif à la communauté qu'on est,
disons: Oui, effectivement, c'est un terme défini. C'est un peu comme
une formule d'algèbre; on parlerait de x, y, z et on donnerait un
contenu è ces symboles. C'est effectivement ce que la cour a fait dans
ce cas. On dit: Utilisez la même formule à l'article 110 lorsqu'on
parle de la commission scolaire, plutôt que la formule à l'article
52 lorsqu'on parle des écoles simplement.
M. Goldbloom: I would just finish on
that point. Then we will go to your second question, confessionality. I
think we can have a long debate as to the legal significance ultimately of
this. The fact is, the way the situation stands currently, the kind of
amendment which we are proposing to you is really just a question of semantics.
In terms of Bill 3 I do not think it makes a significant difference. It would
however be a very clear signal from the Government to the English-speaking
community that it is willing to reassure it within its own jurisdiction. We are
not talking about amending the Canadian constitution; we are asking the
Legislature, the National Assembly to introduce into Bill 3 a wording which
would reassure the English-speaking community as to the intentions of theGovernment, without having to take the recourse to a constitutional
amendment. So, I think there are two elements to this: one is to change the
wording of section 52 which we think is absolutely essential. The second would
be in article 110 to define the school board as the educational facility.
M. McCall: Concernant la question de la reconnaissance du statut
confessionnel des écoles, dans le projet de loi actuel, à notre
avis, le processus proposé est une forme de négociation entre
l'école et la commission scolaire. C'est un processus de
négociation entre le droit du conseil d'école de faire une
demande et le droit de la commission scolaire de réserver certaines
écoles pour certaines choses. (14 h 30)
La perspective de la communauté anglophone est la suivante, elle
est très simple: Nous voulons un pouvoir décisionnel au niveau de
la commission scolaire, pas au niveau de l'école. Mais nous avons
rencontré le ministre, avec les quatorze groupes de la
communauté, et nous avons remarqué qu'il y avait d'autres
perspectives dans la société québécoise, d'autres
perspectives nécessaires dans un projet de loi. Nous avons changé
notre position qui était très simple. Mais nous avons des
craintes concernant le processus de consultation et le processus de
négociation entre l'école et la commission scolaire. Par exemple,
quant au processus de consultation des parents sur la question de la
reconnaissance, c'est mieux d'avoir la commission scolaire en charge de cette
consultation...
M. Bérubé: Je pense que vous êtes, si je ne
m'abuse, dans une des premières versions où ce n'était pas
la commission scolaire; maintenant, c'est la commission scolaire
conformément à votre demande, si je ne me trompe pas. C'est cela.
C'est probablement parce que vous avez gardé à l'esprit une
version antérieure où, effectivement, ceci était
débattable. Dans le projet de loi tel quel, je pense qu'on vous a
donné raison; on a corrigé cela et c'est la commission scolaire
désormais qui fait la consultation.
M. McCall: L'article 79, c'est: "Après consultation des
parents des élèves de l'école, conformément au
règlement du ministre, un conseil d'école peut, etc. " Ce n'est
pas la commission scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Elle peut demander à la commission
scolaire, je pense, mais c'est l'école.
M. McCall: Oui, elle peut demander, mais ce n'est pas la
commission.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est l'école.
M. McCall: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: C'est cela. "À la demande d'un
conseil d'école - l'article 280 - la commission scolaire consulte,
conformément au règlement du ministre, les parents des
élèves de l'école sur la reconnaissance confessionnelle
d'une école ou son retrait. " C'est donc la commission scolaire qui
effectue la consultation.
M. McCall: Mais c'est seulement à la demande d'une...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas désormais la commission
scolaire qui en a la responsabilité.
Une voix: Ce n'est pas automatique.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas automatique. C'est juste quand on
lui délègue.
Une voix: Qu'on le lui demande.
M. Bérubé: Non, pas quand on lui
délègue. C'est la commission scolaire qui consulte, mais elle
consulte sur demande du conseil d'école.
Des voix: C'est cela.
M. Sparkes: Mr. Minister, the problem, as we see it in the
English-speaking community, is the ambiguity between articles 79 and 280 and it
is not clear to us, even today. We are concerned that this "projet de loi" is
giving expectations to the parents that may not be fulfilled in this ambiguity.
It could also cause confusion within the community. We feel that the school
board should have the power to decide, after
consulting within its entire territory, how best to divide up the
ressources that it has.
M. Bérubé: Yes.
M. Sparkes: And this is our position, pure and simple.
M. Bérubé: O. K.
M. McCall: In that perspective, we are trying to suggest as many
safeguards in the process of consultation to prevent any conflict in local
communities, in local neighbourhoods. And that's why we were suggesting that
the school board be the agent during the consultation. And if you are telling
us that there is no ambiguity in 280 and 79, then perhaps our suggestions
already have been received. But our reading of 280 in conjonction with 79 was
that it is only at the request of the School Council that the school board can
get involved into the consultation.
M. Bérubé: O. K.
M. Goldbloom: Est-ce que le conseil scolaire, de son propre chef,
peut faire la consultation?
M. Bérubé: Non.
M. Goldbloom: Je pensais...
M. Bérubé: Non. C'est la commission scolaire qui
consulte, mais c'est le conseil d'école qui, à la suite de la
consultation, demande le statut.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Bérubé: Comme la commission scolaire est
linguistique, elle n'est pas confessionnelle. On ne pouvait pas confier
à une commission scolaire linguistique le soin de décider si une
école serait confessionnelle. Il y a une contradiction entre les deux.
Mais, comme l'école peut être confessionnelle, à ce
moment-là la commission scolaire peut regrouper les enfants en fonction
d'une confession religieuse ou d'une volonté d'avoir un projet
éducatif donné. En d'autres termes, on peut regrouper tous les
anglo-catholiques au High School St Pat's. Une fois que tous les
anglo-catholiques sont regroupés au High School St Pat's, à ce
moment-là ce sont les parents de ce dernier qui décident s'ils
veulent avoir un statut confessionnel ou simplement un projet éducatif
religieux. Ce sont eux qui décident. Mais la commission scolaire peut
les regrouper effectivement pour atteindre l'objectif désiré. On
a mis dans la loi - c'est pour cela que je n'étais pas certain - que
c'est la commission scolaire, comme vous l'avez demandé, qui
consulte.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que nous allons
maintenant passer au député d'Argenteuil.
M. Ryan: Nous avons écouté avec beaucoup
d'intérêt la lecture de votre mémoire qui nous a
rappelé des rencontres antérieures, notamment, celle de l'hiver
dernier qui avait été très instructive. Je pense que
l'ensemble du mémoire est constructif, fondé sur une
expérience considérable, une mise en commun qui est très
valable, je pense, pour la commission parlementaire ici. Il nous a
été présenté dans un excellent français par
les membres de la délégation. Je vous en félicite. Ce
n'est pas la première fois que nous le constatons, d'ailleurs.
Il y a bien des points qui ont été soulignés
jusqu'à maintenant sur lesquels je ne reviendrai pas parce que le temps
est très bref maintenant. Je voudrais souligner un point sur lequel le
ministre a glissé complètement dans ses commentaires. C'est le
point qui est à la page 23 au sujet des droits qui sont garantis
à l'article 93 de la constitution canadienne, droits à propos
desquels vous insistez fortement auprès du gouvernement pour demander
que la réorganisation scolaire envisagée soit soumise à la
cour afin d'y être précisée quant à la nature et
à l'étendue des garanties confessionnelles actuelles avant
d'être mise en application. Pourriez-vous expliquer cette recommandation
et nous dire comment cela pourrait se faire et quels seraient les avantages
d'un recours comme celui-là que vous recommandez?
M. Goldbloom: C'est une position qu'Alliance Québec a
soutenue dès le début de ce débat. C'est évident
qu'il n'y a personne, je pense, ici dans cette salle, qui peut être
certain de savoir exactement ce qu'est la portée de l'article 93. Il
nous semble que c'est évident, avant de faire la sorte de réforme
scolaire préconisée dans le projet de loi 3, qu'on devrait
être assuré que c'est quand même constitutionnellement
valide. C'est dommage que le gouvernement n'ait pas fait, il y a un an ce que
le gouvernement de l'Ontario a fait quand il a présenté une autre
réforme scolaire: il a décidé d'aller voir les tribunaux
de l'Ontario, la Cour d'appel, pour s'assurer si, oui ou non, il était
sur la bonne voie. Il nous semble très dangereux de commencer le
processus de changer un système scolaire comme le nôtre et de se
trouver plusieurs mois plus tard avec une décision de la cour qui nous
dit que certains éléments ne sont pas constitutionnels. Donc, la
raison pour laquelle nous recommandons au gouvernement de référer
ses causes devant la Cour d'appel,
c'est que c'est évident que la question va être
portée devant les tribunaux.
Le gouvernement nous dit, à maintes reprises, qu'il est
très confiant de sa position juridique. Nous ne prenons pas de position
là-dessus. Tout ce qu'on dit, c'est que, si le gouvernement est,
premièrement, très confiant de sa position juridique et que,
deuxièmement, il veut avoir un consensus très
général dans la population avant de procéder à
cette réforme, il nous semble que la chose la plus normale et
intelligente à faire, c'est de référer cela à la
Cour d'appel. Comme cela, nous aurons une décision assez vite et nous
saurons si, oui ou non, nous pouvons continuer dans la voie que le gouvernement
nous propose.
M. Ryan: Vous parlez, dans votre mémoire, de la
nécessité de structures administratives pour la communauté
anglophone à l'intérieur des niveaux supérieurs du
ministère de l'Éducation. Vous demandez que le gouvernement fasse
connaître ses projets à ce sujet à l'occasion des audiences
de la commission parlementaire. Mais la question que je voudrais vous poser est
la suivante: Est-ce que vous souhaiteriez, vous autres, que la Loi de
l'instruction publique au Québec comporte des dispositions à
cette fin?
M. Goldbloom; La réponse est non. Je ne pense pas que c'est
quelque chose qui devrait être encadré dans la loi. La raison pour
lequelle nous l'avons souligné ici, même si on reconnaît que
ce n'est peut-être pas dans le projet de loi 3 que cela devrait
apparaître, c'est que c'est évident que ce n'est pas seulement par
l'entremise des structures qu'on va s'assurer qu'on a un système
scolaire qui répond aux besoins des parents et des enfants
québécois. C'est nécessaire pour notre communauté
d'être présente à tous les niveaux où les
décisions sont prises. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut le faire en
parallèle. Si nous sommes pour créer un système scolaire
basé sur la langue, on devrait avoir le même reflet de ce
système dans le ministère pour s'assurer qu'il y a à
l'intérieur du ministère, des anglophones qui peuvent,
jusqu'à un certain point, poser les questions précises de notre
communauté.
M. Ryan: En matière de droits linguistiques, dans le
domaine scolaire, vous avez fait allusion dans votre mémoire à
l'opinion qui a été émise récemment par la Cour
d'appel de l'Ontario en réponse à des questions que lui avait
soumises le gouvernement de l'Ontario. La Cour d'appel a tranché ces
questions soumises par le gouvernement de l'Ontario dans le sens d'un avis qui
élargit la portée des droits de la minorité linguistique
francophone en Ontario, interprétant ces droits comme s'appliquant non
seulement au droit de recevoir l'enseignement en français mais aussi au
droit d'exercer un contrôle et une direction sur les
établissements d'enseignement français.
Est-ce qu'avec cette interprétation qui a été
donnée par la Cour d'appel de l'Ontario, à supposer qu'elle soit
confirmée par la Cour suprême, il y aurait besoin d'autres
garanties constitutionnelles au plan des droits scolaires ou si, avec une
interprétation comme celle-là, on pourrait considérer que
les droits linguistiques des minorités dans le domaine scolaire seraient
assurés de façon convenable?
M. Goldbloom: Je comprends très bien votre question. Je
dirais que cela constituerait peut-être les trois quarts des pas à
faire sur cette question-là. Il est évident que nous
préférons - et les francophones hors Québec expriment le
même voeu - qu'il y ait dans la constitution canadienne une section
très claire qui dise que les minorités linguistiques ont le droit
d'avoir le contrôle de leurs propres commissions scolaires. Il serait
préférable pour nous que ce soit, as we say in English: "dot all
the "I's" and cross all the "T's" on that question. "
Maintenant, si la Cour suprême du Canada rend une décision
dans le même sens que celle de la Cour d'appel de l'Ontario, je dirais
que cela représenterait une indication très forte que ces droits
constitutionnels garantis pour les commissions scolaires . existent
déjà dans la constitution, pas aussi clairs et fermes que nous
aimerions mais ce serait un pas fort important.
M. Ryan: Sans vouloir entrer dans les détails, ce sera ma
dernière question, à supposer que cette interprétation de
la Cour d'appel de l'Ontario soit confirmée par la Cour suprême,
est-ce que vous êtes en mesure de dire si, dans votre opinion, cela
pourrait avoir une répercussion sur la signification des droits garantis
aux confessions religieuses à l'article 93?
M. Goldbloom: J'ai envie de passer cela à mon conseiller
juridique pour voir s'il a une réponse.
M. Mulcair: Si on se réfère au jugement de la Cour
d'appel de l'Ontario, la question a été posée là
également parce que les "separate schools" étaient aussi
intervenants dans cette affaire. La Cour d'appel de l'Ontario était
d'avis que les droits garantis à l'article 23 de la charte canadienne et
ceux prévus à l'article 93 de la Loi sur la constitution de 1887
devaient être lus ensemble. C'est un peu dans ce sens-là que Mme
Dougherty référait le English speaking Catholic Council à
ce
jugement, hier d'ailleurs, parce que le jugement en question porte
principalement sur la question des droits linguistiques prévus à
l'article 23 mais il n'était pas question de dire que l'article 23
supprimait ou remplaçait l'article 93. La question demeure
entière à savoir quelles sont la portée et
l'étendue prévues à l'article 93.
M. Ryan: Est-ce que l'avis de la Cour d'appel de l'Ontario ne dit
pas que les droits linguistiques découlant de l'article 23 viennent
s'ajouter...
M. Mulcair: Exactement.
M. Ryan:... à ceux qui sont garantis par l'article 93?
M. Mulcair: Ils doivent être lus ensemble. C'est
ça.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier. (14 h 45)
Mme Dougherty: I want to go a little further on these guarantees.
It seems to me this is becoming one of the very central issues for more groups
perhaps that it was last time. If, by one way or another, the meaning of
section 93 is clarified and if it is clarified in such a way as to say that in
fact Catholics and Protestants may - well, it could be limited to a certain
area, but let us say, it was accross the Province - have the right to organize
their own school system to reflect their own values, religion, culture, where
whould that leave? What would be your response to where do we go from there?
You seem to feel less then some other groups that there is a clear
contradiction between a notion of a common school and a school with a
confessional status which is permissible in this law 3, projet de loi 3. I read
in your mémoire that perhaps the response of the bishops has somehow
rather reconciled this contradiction. So, I am asking you, I guess, what was
just mentionned here. In the Ontario judgment, they say, you must read these
two things together. Is that indicative that there is no conflict, that both of
these rights can be exercised simultaneously without contradiction? Is my
question clear? It seems to me, and maybe I am wrong, that if in fact this law
is found to be unconstitutional and that 93 provides the kind of confessional
garantees that some people think it does this is then going to make it
impossible to implement the kind of common system that is proposed in this law.
I am not wishing that they were so, I am just saying: I don't know how it is
going to work out?
M. Goldbloom: Well, if I could begin with what would be
characterized as a politician response, I am reluctant to answer hypothetical
questions. And it is precisely for that reason that we said we think that the
issue should be referred to the Court. We can look at the Ontario judgment, I
think that Mr. Mulcair has addressed that somewhat and maybe he will do it when
I finish here, but I think it is evident that there are a whole variety of
interpretations the Court can give to 93. They may accept the Government's
argument that it is limited to the territory existing in 1967. They may say
that it is growing to cover the whole province. Whether they are necessarily
conflicting, the Ontario judgment may have given us some indication in that
regard, and maybe M. Mulcair can enlighten us about that. But, beyond that,
that is particularly why, as much as Alliance is very committed to the idea of
linguistic structures, we feel very strongly that for our community,
particularly our community off the Island of Montreal, the linguistic
structures are necessary for the viability, and for a particular portion of our
community the linguistic structures will allow them to participate really for
the first time in the full control and management of their school system. Lot
of those things are urgent for part of our community. It is a message which is
given very clearly to the Alliance every time and every form that we meet. But
we have said nevertheless, for the question you are raising, it should be
referred to the Court. We should have that question resolved. We are confident
that one way or another, we will be able to resolve it, so that we reach a
solution which is a modern one for Québec and with which the
English-speaking community can feel confortable. We would agree that it is
necessary to have a Court judgment ahead of time.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'ai pris connaissance en même
temps que vous du mémoire. Je veux vous dire que je suis
particulièrement heureux de constater que vous êtes d'accord avec
les divisions linguistiques. Je pense que c'est une division normale,
rationnelle. Je dois vous dire que je suis d'accord avec cette division,
plutôt que le confessionnel, depuis environ quinze ans. J'ai
été président de commission scolaire et j'étais
président d'une commission qui était plutôt petite. Alors,
nous avions une clientèle anglaise d'environ 3000 élèves,
ce qui était nettement insuffisant pour donner un enseignement, une
éducation de qualité.
Alors, je pense qu'il est grand temps, surtout à l'occasion d'une
réforme, de revoir cette formule et on devrait procéder, je
pense, dans l'avenir avec une division linguistique plutôt que
confessionnelle.
Premièrement, je voudrais savoir ce que vous pensez de la
division de l'île de Montréal en trois commissions scolaires
anglophones. Je ne vous parlerai pas du côté francophone. Cela
vous intéresse peut-être, mais cela vous préoccupe
peut-être un peu moins. Évidemment, il est censé y en avoir
cinq. Ce n'est rien d'officiel. Il est mentionné dans le projet de loi
que ce sera établi par décret. Je voudrais savoir ce que vous en
pensez. Quelle est votre perception face à cette division en trois
commissions scolaires sur l'île de Montréal?
M. McCall: Je peux résumer la discussion que nous avons
eue au sein de notre comité de coordination des 14 groupes de la
communauté concernant les territoires. Ce ne sont pas tous les groupes
qui ont pris position sur les territoires spécifiques, mais je pense que
le consensus sur l'île de Montréal était le suivant: c'est
nécessaire d'avoir des commissions scolaires nouvelles, parce que c'est
une situation nouvelle qui va être créée. C'est
nécessaire d'avoir une situation nouvelle parce que c'est un mariage
entre les anglo-catholiques et les anglo-protestants. Je pense que
l'hypothèse choisie par presque tous les groupes qui ont pris position,
c'est trois commissions scolaires linguistiques sur l'île de
Montréal, trois commissions scolaires nouvelles. C'est l'avis des
groupes qui ont pris position. Il y a des groupes qui n'ont pas pris position.
Chez les groupes qui ont pris cette décision, c'est un consensus.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord. Est-ce que vous verriez que
ces territoires soient établis dans la loi plutôt que par
décret? Évidemment, on ne sait pas trop, à ce jour,
comment le territoire sera divisé. On nous a dit qu'il y avait trois
commissions scolaires, mais on n'est pas certain.
M. McCall: Nous avons recommandé une consultation avec les
partenaires, avec les groupes concernés, sur les territoires, mais nous
avons accepté que c'est un pouvoir du gouvernement de régler
cela, de faire un règlement à ce sujet. Il faut avoir une
consultation au préalable.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais simplement revenir à
l'article 280. Tantôt, on a dit que la consultation se faisait par la
commission scolaire sur demande du conseil scolaire. Je soulevais simplement la
question, à savoir s'il n'y aurait pas de contradiction entre cet
article et l'article 79, qui semble dire que la consultation serait faite par
le conseil d'école. "Après consultation des parents des
élèves de l'école, conformément au règlement
du ministre, un conseil d'école peut demander... " Je ne sais pas ce que
le ministre en pense.
M. Goldbloom: C'est la question soulevée. Je pense qu'il y
a une certaine ambiguïté qui demeure. Le ministre a indiqué
ce qu'était son intention et je pense que, dans la prochaine discussion
à l'Assemblée nationale sur le "clause par clause", cela pourrait
être clarifié. Si le ministre a exprimé son intention
là-dessus, on est d'accord sur la façon dont il l'a fait. Je suis
d'accord avec vous que ce n'est pas clair, à notre avis, et c'est pour
cela que nous avons soulevé la question.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'ai une dernière question.
Qu'est-ce que vous pensez de l'article 483? Pensez-vous que cet article peut
donner certaines protections, certaines garanties? C'est le droit à la
dissidence.
M. Bérubé: Le droit constitutionnel à la
dissidence.
M. Leduc (Saint-Laurent): En pratique, pensez-vous que ce sera
une protection adéquate?
M. McCall: À notre avis, la protection à l'article
483 est la même qu'actuellement. Nous avons dit, dans notre
présentation aujourd'hui, que c'est une option pour toutes les
communautés du Québec. C'est une option que nous ne favorisons
pas: le droit de dissidence. Nous préférons une consolidation de
notre communauté dans les commissions scolaires linguistiques et nous
avons fait une recommandation à notre communauté, aujourd'hui,
à cet effet.
M. Goldbloom: Pour être clair, on ne dit pas qu'on est
contre cet article de la loi. Ce qu'on dit c'est que, si notre
communauté veut avoir un système scolaire linguistique,
une des raisons pour lesquelles on le veut, c'est parce que - et le Dr Ross
peut vous parler plus longuement là-dessus - pour certaines
communautés de la communauté d'expression anglaise à
travers la province, ils deviennent de moins en moins nombreux. Ce qui nous
attire dans le projet de loi c'est que cela va nous donner l'occasion de
consolider tout cela. Si on fait cela et qu'on a recours ensuite à la
dissidence, le bénéfice qu'on reçoit, on le perd. On ne
dit pas qu'on est contre cet article mais ce qu'on exprime c'est une intention.
Et je pense que c'est l'intention que notre communauté nous a
exprimée. Si cette loi passe, nous avons l'intention de travailler
ensemble pour s'assurer que les intérêts confessionnels soient
bien servis et en même temps qu'on
reste dans une entité ensemble dans le meilleur
intérêt de la communauté.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie, il vous reste trois minutes au maximum.
Mme Lavoie-Roux: Très brièvement. En page 12, vous
parlez des garanties conformes aux besoins de la minorité linguistique.
Vous dites que présentement vous êtes en discussion pour qu'il
s'établisse à l'intérieur du ministère des
structures qui puissent répondre aux besoins de la minorité
linguistique. Je me demande si, au-delà des trois éléments
que vous énoncez dans votre mémoire, vous avez
réfléchi un peu - et j'aimerais que vous nous le disiez - au plan
pédagogique, au plan de l'élaboration des programmes. Est-ce
qu'à l'intérieur du ministère, actuellement, vous avez les
services dont vous avez besoin? Est-ce que vous avez pensé,
au-delà des structures, à ce que cela devrait comporter pour
vraiment, au plan pédagogique, rendre les services dont vous avez
besoin? Par exemple, en Ontario, à l'intérieur de OECA il y a un
secteur français, il n'y a pas d'équivalent au Québec.
Avez-vous fait des propositions au ministère?
M. Goldbloom: C'est exact. Je pense que M. Sparkes peut
répondre à la question.
M. Sparkes: Mr Chairman, that is the exact point of our
intervention, that within the ministry, particularly in the DGDP, we do not
have sufficient expertise nor representation, and we would like to see, within
the ministry, a person at the level of deputy minister for the anglophone,
sector who would head up a team that would be able to serve our community much
more effectively than we have had for the past twenty years. We see this as a
real possibility; in discussions with people in the ministry and the minister
himself, we have had some assurance that this would happen. We are hoping that
the Government would make a public statement to that effect during these
discussions.
Mme Lavoie-Roux: You already have a deputy minister.
M. Sparkes: Protestant.
Mme Lavoie-Roux: Protestant. So now you want an English one. I am
not so concerned about a deputy minister. I suppose it is very important, but I
am concerned about the type of services the Government can give you. You know
it is nice to have a "comité de liaison", as you mentionned, between
your organism and the ministry but...
M. Sparkes: This is the point we are making that we felt there
need to be a titular head within "le bureau des sous-ministres" to head this
team that would be responsible for the whole area of the "développement
pédagogique" and "évaluation". We do not have those people there
now.
Mme Lavoie-Roux: Have you had any indication from the minister
that they are aiming towards that?
M. Sparkes: Yes, we have had a very positive indication that they
are heading in that direction.
Mme Lavoie-Roux: La dernière question est sur
l'utilisation de l'anglais dans les communications entre les commissions
scolaires anglophones. Les amendements, cela s'appelait la loi 57 la
dernière fois, la loi a traduit une certaine
générosité à l'endroit des institutions de
santé et de services sociaux et non pas à l'endroit des...
M. Mulcair: Deux personnes à l'intérieur d'une commission
scolaire peuvent communiquer en anglais, alors qu'entre deux commissions
scolaires - elles ne sont pas anglaises ou françaises, elles sont
catholiques ou protestantes - toute communication, par exemple, en le BEPGM et
Lakeshore doit se faire en français. Ils peuvent y joindre une
traduction anglaise mais cela doit se faire en français. (15heures)
Mme Lavoie-Roux: Vous l'aviez soulevé au moment de la loi
57.
M. Mulcair: Oui. Mais la réponse était: Ce ne sont
pas des commissions scolaires linguistiques, elles desservent, dans les deux
cas, une population des deux langues. Maintenant qu'on s'apprête à
établir des commissions scolaires linguistiques proprement dites...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Mulcair:... on propose qu'on enlève cette restriction
et que ces commissions scolaires de langue anglaise puissent communiquer entre
elles en langue anglaise.
Mme Lavoie-Roux: Parfait, j'ai bien compris.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord. Donc ii me reste, au nom des membres de la commission, M.
Goldbloom et messieurs, à vous remercier d'avoir bien voulu participer
à cette consultation particulière et de vous être
pliés, de bon gré, aux échéanciers et aux
contretemps que la commission a dû vous imposer. Merci et à
la prochaine.
M. Goldbloom: C'est nous qui vous remercions.
Le Président (M. Charbonneau): Donc la commission suspend
ses travaux jusqu'après la période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 15 h I)
(Reprise à 16 h 48)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission parlementaire de l'éducation et de la
main-d'oeuvre reprend ses consultations particulières sur le projet de
loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public. Nous recevons, cet
après-midi, l'Association des directeurs généraux des
commissions scolaires.
Je voudrais d'abord remercier nos invités d'avoir accepté
notre invitation, et ce, dans un délai passablement court, nous en
sommes conscients. Sans plus tarder, je vous demanderais de vous
présenter. Je ne sais pas qui sera le porte-parole principal. Pour
terminer la présentation, je vous indique que, comme la
secrétaire de la commission vous l'avait signalé lors de la
convocation, si vous pouviez résumer ou synthétiser votre
position en une vingtaine de minutes, il restera plus de temps aux membres de
la commission pour discuter avec vous; le tout doit se dérouler dans une
période d'une heure trente.
Avant de vous céder la parole, M. le député de
Fabre, vous aviez un commentaire.
M. Leduc (Fabre): Ce n'est pas un commentaire, M. le
Président, mais je voulais demander s'il y avait un texte et je constate
qu'il y a un texte. Merci.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Dans ce
cas-là, je vous cède la parole.
Association des directeurs généraux des
commissions scolaires
M. Paquet (Michel): Merci, M. le Président. Vous me
permettrez de présenter ceux qui m'accompagnent, à savoir M.
Normand Lapointe, à ma droite, vice-président de l'Association
des directeurs généraux et directrices générales;
M. Robert Tranchemontagne, secrétaire de cette même association et
moi-même, le président, je m'appelle Michel Paquet.
Je voudrais, en réponse à votre préoccupation sur
la synthèse de notre présentation, vous signaler que nous avons
effectivement préparé un texte qui se veut un bref
résumé, par souci de ramasser l'essentiel de nos positions
présentées, d'abord, en commission parlementaire, l'an dernier,
et, à la suite du projet de loi 3, les conclusions auxquelles sont
arrivés nos collègues directeurs généraux lors de
l'assemblée générale tenue dernièrement pour
recueillir les derniers points de vue des directeurs généraux sur
le projet de loi 3.
Alors dans cette perspective, notre texte est assez bref et on aura plus
de temps pour l'échange d'opinions.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, merci.
M. Paquet (Michel): Au mois de janvier dernier, l'Association des
directeurs généraux des commissions scolaires déposait
à la commission permanente de l'éducation un mémoire en
rapport avec le projet de loi 40 sur l'enseignement primaire et secondaire
public. Les positions dont nous vous faisions part, à ce moment,
reflétaient les attentes des directeurs généraux et
directrices générales sur la restructuration scolaire à la
suite des réflexions collectives entreprises depuis le
dépôt, en juin 1982, du livre blanc "L'école
québécoise: une école communautaire et responsable". Ces
positions n'étaient pas sans tenir compte des attentes nombreuses et
variées des différents partenaires, soient-ils parents,
enseignants, administrateurs, commissaires. Depuis la tenue de cette commission
parlementaire, l'ADIGECS a aussi participé aux efforts de concertation
avec le ministère de l'Éducation et les principaux partenaires du
réseau, voulant par là en arriver à apporter au projet
initial des modifications susceptibles de rendre ce projet aussi conforme que
possible aux volontés communes et partagées qui se
dégageaient de ces discussions.
Le présent dépôt constitue finalement une
contribution supplémentaire de notre association à un
débat qui, au cours des quatre dernières années, a
monopolisé l'attention de tous les agents d'éducation et
drainé une grande partie de leur énergie.
Nous espérons que nos propos pourront aider au règlement
définitif d'un dossier qui doit être définitivement clos
ou, enfin, mis en oeuvre. Donc, un projet de loi globalement recevable, mais
qui nécessite, à notre point de vue, d'ultimes modifications.
Les membres de l'Association des directeurs généraux des
commissions scolaires estiment que le projet de loi 3 constitue une proposition
acceptable dans son ensemble et conforme en plusieurs aspects aux
représentations de notre association. Principalement, nous soulignons
notre accord sur les points suivants: d'abord, l'intégration et la
réduction du nombre des commissions scolaires.
Notre association favorisait l'intégration des niveaux primaire
et secondaire au sein d'une seule commission scolaire de même que la
réduction du nombre de commissions scolaires en autant que le
découpage des nouveaux territoires tienne compte de la
nécessité d'offrir des services de qualité et respecte les
milieux naturels.
Le projet de loi 3 maintient les objectifs du projet de loi 40 quant
à l'intégration des niveaux primaire et secondaire et à la
réduction du nombre de commissions scolaires. L'ouverture
manifestée par le ministère de l'Éducation à
considérer des modifications au découpage initial, lorsque la
volonté des milieux est évidente et agréée,
répond à nos attentes spécifiques en ce domaine.
Deuxièmement, la création de commissions scolaires
linguistiques. L'ADIGECS appuyait la création de commissions scolaires
linguistiques; nous continuons donc d'endosser le projet de loi actuel
puisqu'il maintient cette orientation.
Troisièmement, la question de la confessïonnalité.
Souhaitant toujours que soit tranché le débat juridique quant
à la légalité de la déconfessionnalisation des
commissions scolaires du Québec, l'ADIGECS conçoit par ailleurs
que le projet de loi répond aux principes qu'elle énonçait
en rapport avec la question confessionnelle, à savoir que les
écoles québécoises doivent être accessibles à
tous les enfants sans discrimination de croyance, que l'école puisse
demander une reconnaissance confessionnelle quand la majorité des
parents de cette école la demande.
Quatrièmement, la gérance du réseau. L'association
dénonçait dans son mémoire sur le projet de loi 40 la
réduction du rôle des commissions scolaires et la multiplication
des centres de décisions découlant de l'instauration d'un pouvoir
politique dans l'école et de l'étiolement du pouvoir
d'encadrement de la commission scolaire.
Or, le projet de loi 3 satisfait nos préoccupations en ce sens
qu'il accorde une pleine juridiction à la commission scolaire sur ses
écoles et le personnel et prévoit des mécanismes de
participation plus adéquats au niveau de l'école.
En contrepartie, les directeurs généraux et directrices
générales soutiennent que le projet de loi déposé
contient des éléments qui nécessitent des
modifications.
Le droit de vote au sein du conseil des commissaires. Partant des
principes à l'effet que les citoyens ont le droit de se prononcer sur la
qualité de l'éducation dans leur milieu et que l'école,
étant commune et publique, appartient à la collectivité,
les directeurs généraux et directrices générales
estiment que la commission scolaire constitue une instance politique autonome
qui doit être soumise aux pratiques traditionnelles propres à de
telles instances. En ce sens, la composition du conseil des commissaires
prévue dans le projet de loi 3 ne respecte pas le principe
habituellement reconnu d'une délégation par suffrage
universel.
L'association estime donc que ce projet de loi pourrait être
amélioré en accordant le droit de vote aux seuls mandataires
élus au suffrage universel.
Cette position nous apparaît d'autant plus légitime lorsque
nous la situons dans le contexte d'un accroissement de responsabilisation des
commissions scolaires devant inévitablement accompagner la
décentralisation réclamée vers les commissions
scolaires.
Une telle position n'inhibe cependant en rien la présence de
parents au sein du conseil des commissaires; cette présence ne devrait
pas, cependant, entraîner obligatoirement un droit de vote que seul un
suffrage universel saurait légitimer dans nos traditions
québécoises.
L'ADIGECS croit enfin que la participation des parents trouve sa
signification d'abord et avant tout au niveau de l'école et que c'est
à cet endroit qu'elle doit s'exercer principalement dans la
détermination du projet éducatif.
La décentralisation des pouvoirs du gouvernement et du ministre.
Le projet de loi 3 ne nous apparaît apporter que peu de changement par
rapport au projet de loi 40 en matière de décentralisation des
pouvoirs de réglementation du ministre et du gouvernement. À cet
égard, l'ADIGECS persiste à croire que pour mieux répondre
à la réalité québécoise actuelle, le
gouvernement se doit d'enclencher un véritable processus de
décentralisation dans le cadre d'un nouveau partage de
responsabilités entre lui, le ministère et les commissions.
L'association rappelle donc sa suggestion à savoir que le
gouvernement crée un lien obligatoire et officiel entre le
ministère et les commissions, afin que ces organismes travaillent au
développement du règlement du dossier de la
décentralisation et elle réitère sa volonté de
contribution aux travaux qui s'inscriraient dans une telle démarche.
D'ailleurs, le mécanisme déjà prévu à
l'article 454 du projet de loi 3 pourrait être un lieu propice de
discussion en rapport avec cette question de la décentralisation.
Les conseils d'école. En concordance avec notre position, en ce
qui concerne le lieu privilégié d'exercice de la participation
des parents, l'ADIGECS croit que le projet de loi 3 devrait être
modifié dans le sens d'étendre à tous les parents membres
du personnel de la commission la contrainte prévue à l'article 57
ayant pour effet d'exclure de la composition du conseil d'école les
parents d'élèves faisant partie du
personnel de l'école. Aussi, notre association souhaiterait que
la présidence du conseil d'école incombe uniquement aux parents.
Ces demandes ont pour effet d'assurer sans erreur de parcours la
majorité des parents au sein du conseil d'école et de confirmer
cette instance comme leur lieu privilégié de participation.
La multiplication des comités et leur création
obligatoire. Tel qu'énoncé dans notre mémoire de janvier
dernier, l'ADIGECS aurait préféré que le projet de loi 3
évite de fixer la nature et le mandat d'un ensemble de comités.
Ces mécanismes de participation devraient être établis en
collaboration avec tous les agents d'un milieu donné dans un processus
de détermination des modèles de décentralisation qui
convient à leurs besoins plutôt que par l'imposition d'un
modèle unique.
La présence du directeur-général et de la
directrice générale et du directeur d'école et de la
directrice d'école aux comités. Sans préjudice à la
demande précédente, l'ADIGECS estime que la participation du
directeur général et du directeur d'école aux divers
comités de participation créés au niveau de la commission
ou au niveau de l'école, selon le cas, devrait être acquise
d'office. Une telle situation ne pourrait que favoriser notre sens de la
concertation souhaitée entre les divers agents incluant les titulaires
de la responsabilité administrative à chacun de ces niveaux.
Conclusion. L'association tient donc à réaffirmer que,
compte tenu des réserves énoncées
précédemment, ce projet de loi sur l'enseignement primaire et
secondaire constitue à ses yeux une proposition globalement
acceptable.
Nous avons choisi de déposer devant cette commission permanente
de l'éducation en considérant cette occasion comme une
démarche ultime dans la conclusion du dossier fort controversé de
la réforme scolaire souhaitant sincèrement qu'à la
lumière du degré de concertation observé, il soit
définitivement décidé de mettre en place cette
réforme ou d'en abandonner l'idée. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Paquet. Je
voudrais d'abord vous demander, justement à la lumière de la
dernière affirmation que vous avez faite, la dernière phrase,
alors que vous parlez du degré de concertation observé par
rapport à votre proposition à l'égard des parents
commissaires, c'est-à-dire du mode de représentation des
commissaires selon deux formules, le vote universel et aussi une espèce
de groupe de commissaires plus réservé, le siège
plutôt réservé exclusivement aux parents, ne croyez-vous
pas que, compte tenu que effectivement la concertation que vous observez est le fruit d'un long et laborieux travail de raccordement et de
compromis, tisser les uns et imbriguer les uns dans les autres, de remettre en
cause un élément qui pourrait apparaître aux organisations
de parents capital et fondamental et qui est déjà moins que ce
que pouvait laisser entrevoir le projet de loi 40 ne risque pas de briser ce
degré de concertation que vous avez observé?
M. Paquet (Michel): Dans la perspective où nous le
présentons, je tiens à préciser ceci. Nous avons
témoigné dans notre papier, de la lecture que nous faisions en
participant aux tables auxquelles nous avons participé, que dans le
processus de cheminement, les gens avaient sérieusement
réfléchi à des choix. Il y a eu à l'occasion des
débats, non pas difficiles, mais des débats poussés, pour
nuancer ou essayer de faire nuancer, chez ceux qui participaient, les points de
vue qu'ils avaient. Nous maintenons, en toute sincérité,
qu'à la conclusion de ces travaux, dans l'ensemble, et quand je dis dans
l'ensemble, je conclus donc que le projet de loi dans sa perspective
rassemblait suffisamment les points de vue des gens pour laisser entendre qu'il
y avait concertation intéressante. (17 heures)
Il restait des interrogations. L'une d'elles, que vous soulevez,
concerne la suffrage universel. Chez d'aucuns, c'était affirmé
comme clair, cela restait un point très litigieux. Pour d'autres,
c'était un point d'attente très fort et, pour d'autres,
c'était un point de réflexion qui restait préoccupant.
J'insiste pour rappeler qu'au niveau de la déposition que nous
avons faite - je vais conclure avec la question que vous souleviez - à
la première commission parlementaire, on avait soulevé ce point
en insistant sur le fait que les élus, au niveau du conseil des
commissaires, soient des gens vraiment élus au suffrage universel. Nous
avions laissé glisser la question de la composition par
délégation avec droit de vote venant des comités
d'école. À une question qui nous avait été
posée là-dessus par quelqu'un de la commission, nous avions
répondu que nous laissions à cette étape-là une
réflexion qui appartenait aux hommes ou aux femmes politiques.
Comme nous concluons, nous avons quand même voulu regarder cela
dans la perspective de ce que nous comprenons comme devant être une
solution plus défendable. Cela nous apparaît une solution plus
défendable dans ce qu'on a appelé la tradition de notre culture
québécoise et de notre façon de voir aussi le cheminement.
J'insiste cependant pour dire que c'est notre point de vue et nous le donnons
en toute franchise.
Quant au reste des décisions qui viendront là-dessus, nous
convenons aussi
qu'il y a là une responsabilité des hommes et femmes
politiques qui vont trancher le débat à savoir à qui
appartient la responsabilité de voter au niveau des conseils des
commissaires. Ce que nous voulons surtout soulever, c'est dans la logique de ce
que nous voyons de l'évolution des commissions scolaires. Nous pensons
et nous conseillons de maintenir une proposition différente de celle du
projet de loi 3. Cela ne va pas au fait de dire que cette proposition
étant refusée, nous considérerions le projet de loi 3
comme non recevable. Ce que nous avons voulu faire en déposant
maintenant, c'est d'avoir la franchise de dire clairement comment nous visons
cet élément.
J'ajoute l'argument supplémentaire suivant: nous restons
très inquiets aussi et cela n'a rien à voir avec la participation
des parents au sein de toutes les activités de la commission. Quand je
dis "toutes" cela regarde aussi la présence de parents
délégués au sein des activités des conseils avec
huis clos et tout, c'est la transparence complète. Nous restons inquiets
aussi des dangers de perdre le niveau d'influence important que les parents
peuvent avoir quand ils sont en proposition, sans être en compromission
de vote quand ils viennent d'une délégation différente.
Cela fait partie de notre argumentation mais notre déposition est une
déposition conseil qui n'a rien à voir avec le fait que nous
retirerions notre appui global si ce point de vue-là n'était pas
agréé.
Nous voulons quand même soulever le point comme quelque chose qui
nous préoccupe sérieusement sous l'argumentation que nous avons
déposée.
Le Président (M. Charbonneau): Si je vous comprends bien,
cela signifie que vous considérez que votre proposition, quant au
suffrage universel, serait préférable dans l'absolu, d'une
certaine façon ou idéalement, mais vous ne seriez pas prêts
à recommander au gouvernement, si tel était notre analyse ou
l'analyse qui pouvait être faite, de prendre le risque de briser la
concertation observée ou le large consensus qui pourrait se
dégager autour de ce projet de loi par rapport à ce qui pouvait
exister dans le projet de loi initial pour aller dans la direction que vous
suggériez qui, selon votre point de vue, serait
préférable.
M. Paquet (Michel): Pour reprendre un début de phrase que
vous avez soulevée, notre proposition n'est pas dans un sens
idéal et absolu, elle est vraiment dans le sens que nous y croyons
sérieusement.
Ce que nous voulons démarquer de notre responsabilité
comme association, c'est que nous sommes quand même en situation de
donner un avis conseil clair sur notre point de vue de ce que pourrait
entraîner la situation présentée. Quant au reste, on assume
aussi qu'il y a des niveaux de responsabilité qui nous échappent,
qui sont de type carrément politique, qui appartiennent donc à
l'Assemblée nationale.
Il est entendu qu'à la toute conclusion qui pourrait aboutir
là-dessus, nous pensons que quand celle-ci sera faite, il faudra que les
partenaires se rallient alentour, mais nous maintenons que notre position n'est
pas absolue, elle est située dans un contexte que nous souhaitons
réaliste. Quant au reste, on essaie de séparer ce qu'est votre
responsabilité ultime et ce qu'est la nôtre qui est celle de
donner notre avis sincèrement et franchement.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier l'ADIGECS d'avoir accepté l'invitation de la commission ainsi
que d'avoir présenté son mémoire qui est sobre,
précis, qui touche un certain nombre de points que ladite association
avait déjà touchés lors de son témoignage sur la
loi 40.
J'écoutais vos réponses à la question que posait le
président de la commission au sujet de la participation des parents.
Cela me semble être un point important de votre mémoire, compte
tenu du rôle que sera appelé à assumer le conseil des
commissaires dans le projet de loi 3. C'est un point qu'il m'apparaît
important de discuter avec vous.
Vous avez participé à la première commission sur la
loi 40 et, à une question que posait le ministre, à
l'époque, le Dr Laurin, vous vous disiez en désaccord avec la
participation des parents au conseil des commissaires en tout cas, sur la base
de deux considérations. Une première avait trait au pouvoir de la
commission scolaire dans le projet de loi 40. Or, ce pouvoir, vous ne le
contestez pas dans le projet de loi 3 et vous reconnaissez que la
gérance est assumée par la commission scolaire. Tout indique que
vous êtes satisfait des pouvoirs qui sont accordés à la
commission scolaire dans le projet de loi 3. Il y avait également une
deuxième condition. C'était qu'il existe un consensus des
différents partenaires, en particulier je pense aux parents, aux
commissaires, aux administrateurs, aux cadres, etc. Ce consensus semble se
dégager, selon toutes les indications que nous avons, autour du projet
de loi 3, autour des pouvoirs qui sont accordés à la commission
scolaire. Vous posiez donc deux conditions à l'époque. J'ai
noté l'intervention que vous aviez faite; cela me semblait important.
Puisque ces deux conditions n'étaient pas remplies, c'est à
partir de ces considérations que vous contestiez cette idée
d'accorder des pouvoirs aux parents. Maintenant, ces pouvoirs, ces conditions
que vous sembliez poser n'existent
plus. En fait, elles sont remplies.
J'aimerais savoir, avec un peu plus de précision, pourquoi vous
vous opposez au fait d'accorder des pouvoirs aux parents qui ne sont pas
élus au suffrage universel. Il faut bien s'entendre parce qu'il y a des
parents qui pourraient être élus au suffrage universel en tant que
commissaires, les parents, disons, choisis par les conseils d'école.
Finalement, dans d'autres organismes - je pense au conseil d'administration des
collègues - où les gens ne sont pas élus au suffrage
universel, ces gens exercent tout de même des pouvoirs réels au
sein du conseil d'administration, des pouvoirs réels concernant le
budget, le personnel ou concernant toute autre politique qui touche
l'établissement. Je ne comprends vraiment pas pourquoi vous voudriez que
les parents soient relégués à un rôle simplement
consultatif, si je comprends bien votre position. Malgré tout, vous
acceptez qu'ils soient à la table des commissaires. N'y a-t-il pas une
contradiction entre, d'une part, l'acceptation qu'ils soient à la table
des commissaires et, d'autre part, la non-acceptation qu'ils puissent prendre
des décisions au même titre que les commissaires élus au
suffrage universel? Finalement, ne serait-il pas plus clair de dire que vous ne
les voyez pas siégeant a la table des commissaires? J'aimerais que vous
nous éclairiez à ce sujet.
M. Paquet (Michel): Donnez-moi 30 secondes pour ramasser
quelques...
Le Président (M. Charbonneau): Je profite de l'occasion
pour signaler aux membres de la commission que chaque groupe parlementaire
dispose de 40 minutes.
M. Paquet (Michel): Je vais répondre en réaffirmant
et je vais très bien comprendre que même en réaffirmant...
une intervention comme la vôtre pourrait rester douteuse de l'intention
qui est en arrière de l'affirmation. Je vais quand même la
réaffirmer, parce qu'on y croit à la lecture de notre conviction.
C'est notre choix. Après, je vais l'expliquer.
La notion de participation des parents dans le contexte d'une commission
scolaire réaménagée, dans le contexte d'une commission
scolaire dite plus transparente à l'ensemble de son réseau, dans
le contexte d'une commission scolaire mieux organisée en termes de
structures de relations de la base vers le pouvoir décisionnel que sont
les commissaires, en fait, dans le contexte des débats que nous avons
soutenus à notre niveau dans le projet de loi 40, quand nous
réclamions une décentralisation avec un nouveau modèle,
mais dans un contexte moins école coopérative et tout le tralala
de l'époque, nous réaffirmons cela, nous l'avons
réaffirmé aussi au niveau de la table des partenaires qui
traitait sur le dossier quand la réflexion s'est faite sur la suite au
projet de loi 40, sauf que les limites, on les met dans un contexte de choix
qu'on fait, que je reprends et qui sont les suivants. Pour nous, ce n'est pas
une question d'empêcher l'application du principe, c'est de le situer.
Question de notion de gouvernement local, commission scolaire par rapport au
conseil d'administration, cégeps, hôpitaux, CLSC, et listons-en.
Dans le réseau scolaire primaire-secondaire vivant dans le contexte de
formation de commissions scolaires - et nous en sommes - tout le débat
qui s'est fait à l'époque du projet de loi 40, qui se maintient
maintenant et qui se maintient très formellement, c'est l'attente, la
réclamation, l'espoir de voir améliorer la notion de gouvernement
local par rapport aux commissions scolaires. Nous ne sommes pas de
l'école de pensée qui voudrait voir s'installer à la place
des commissions scolaires des conseils d'administration du genre cégep.
Cela a toutes sortes de raisons. Cela a des raisons liées au fait que
nous pensons qu'il y a là une viabilité plus sûre, mieux
organisée; nous préférons le modèle, nous voyons
aussi là-dedans la suite à ce qui est dans nos traditions
québécoises et on défend ce modèle avec insistance
et conviction.
Deuxième morceau de mon argumentation. Cependant, au niveau de la
commission dans l'école comme telle, quand nous avons
déposé à la commission qui étudiait le projet de
loi 40, nous avons rappelé que nous voyions très bien une
école pouvant recevoir certains pouvoirs à caractère dit
politique, parlons de projets éducatifs, parlons de
délégation, parce que dans le projet de loi comme tel, il y a un
article qui invite les commissions en discussion avec les comités
pédagogiques et les comités de parents à élargir la
décentralisation. Nous voyons très bien une école
gérée de façon dite politique dans un contexte de
responsabilisation de parents, l'école immédiate pour valoriser
cela. Et nous voyons là une première insistance plus forte pour
les parents, qui est d'ailleurs immédiate et qui colle à leurs
enfants, qui est l'école et qui est leur secteur immédiat.
Là-dessus, quand nous avons travaillé en concertation, nous
n'avons fait aucune autre insistance que celle que nous faisions à
l'époque du projet de loi 40 et nous convenons que, dans le projet de
loi qui est là, l'encadrement global de la commission va bien et que le
projet de loi permet aux parents, dans leurs projets éducatifs et dans
la négociation éventuelle, de grandir leur champ de
délégation.
Quand on arrive au niveau de la commission scolaire, notre raisonnement
tient à deux morceaux. Je reviens à la prémisse,
nous voulons que soit protégée le mieux possible et le
plus longtemps possible, avec évitement des étapes vers d'autres
situations, la notion de gouvernement local. On craint formellement la
première tranche d'un nouveau modèle qui ferait que des
délégations commenceraient et, tantôt, ce serait la formule
cégep. Nous ne sommes pas de cette école de pensée.
Deuxièmement, cela a l'air curieux de le signaler à la
place des parents, nous sommes en inquiétude aussi du
phénomène de leur influence par droit de vote, non pas par le
fait qu'ils ne rendent pas service, mais par le fait de leur propre
délégation. Nous donnons les exemples suivants: les parents qui
sont au conseil des commissaires, au comité exécutif, qui sont en
pouvoir de représentation intégrale avec droit de proposition,
avec assistance à tous les comités pléniers et à
huis clos, sont entièrement libres de toute appartenance à un
conseil; ils peuvent largement débattre de leurs dossiers et ils
appartiennent à leur instance. Le jour où ils ont droit de vote,
ils sont en responsabilisation politique, ils sont en danger de bris de
délégation avec leur propre délégation. Quand on
sait que déjà dans l'école il va y avoir conseil de
direction où il y a nomination de parents, comité de parents, on
sait aussi le danger que vont courir les délégations au conseil
d'orientation quand, à un moment donné, le comité de
parents va se mettre à réagir aux décisions du conseil
d'orientation et on veut éviter que se multiplient les
phénomènes de distorsion de délégation. Donc, il y
a deux raisons, la notion de gouvernement local qu'on veut protéger le
plus longtemps possible et le mieux possible et le phénomène
aussi d'essayer de laisser aux parents leur niveau d'influence le moins
entaché possible à des votes à caractère politique
à la fin, étant convaincus que leur niveau d'influence dans un
contexte d'école où ils vont prendre progressivement une main
politique plus forte, avec une représentation sans entachement au
conseil des commissaires, avec toutes les libertés d'aller dans le sens
où ils veulent. Cela va être finalement peut-être plus
influent pour eux qu'autrement. C'est à peu près notre
raisonnement. Je répète et je conclus. Malgré ce qu'on
pourrait porter comme jugement, nous contestons tout argument, à savoir
que cela veut dire que nous refusons la participation des parents, au
contraire. Sauf qu'on choisit un modèle comme celui-là. On ne
pense pas que la participation des parents est valorisée toujours et
seulement par un vote qui vient à la fin. C'est pour nous une question
d'étape et de hiérarchie de moyens. (17 h 15)
M. Leduc (Fabre): Je vous remercie. S'il reste du temps, M. le
Président, je reviendrai avec d'autres questions. Je vais laisser mes
collègues poser des questions.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord, merci. M. le député d'Argenteuil,
vice-président de la commission.
M. Ryan: Il me fait plaisir de saluer la délégation
de l'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires qui nous a présenté un mémoire à la fois
bref et substantiel qui ouvre bien des avenues pour la discussion. Nous
entendons nous en prévaloir. Je voudrais tout d'abord faire un certain
nombre de remarques en guise d'introduction sur divers aspects que vous avez
soulevés. Je remarque que vous dites à la page 4 de votre
mémoire que tout en considérant que le projet de loi
répond au principe que vous aviez énoncé
antérieurement en rapport avec la confessionnalité des
écoles, vous signalez également que le débat juridique,
quant à la légalité de la déconfessionnalisation
des commissions scolaires, n'est pas tranché et vous souhaitez que ce
débat soit tranché. Nous autres aussi, et je voudrais, tout
à l'heure, vous adresser une première question à ce
sujet.
Est-ce que vous trouvez que ce serait plus sage de le trancher avant de
procéder à l'application de la loi ou si c'est mieux de laisser
cela en suspens, en abandonnant aux procédures judiciaires en cours ou
à être instituées le soin de faire la lumière
là-dedans, peut-être après qu'on aura parcouru un grand
bout de chemin dans une direction susceptible d'être confirmée ou
infirmée par les tribunaux? Je note que vous avez souligné cet
aspect, mais que vous avez consacré seulement quatre ou cinq lignes dans
votre document, ce qui n'est peut-être pas suffisant, pour
éclairer un gouvernement qui ne paraît pas particulièrement
inquiet de ce côté.
Deuxièmement, les observations que vous avez faites au sujet du
rôle des parents à la fois au niveau des conseils d'école
et des commissions scolaires me paraissent dignes de susciter la
réflexion une dernière fois. Elles ont le mérite de la
clarté, de la consistance. C'est la tentation de la facilité qui
nous inclinerait actuellement à dire: Nous donnons une minorité
de sièges aux parents au sein des commissions scolaires, cela va
alléger certaines réactions. Cela va donner satisfaction dans
certains milieux et cela ne compromettra pas d'autres choses. Je pense qu'on
doit convenir quand on regarde cela froidement en toute objectivité
qu'il y a un problème de cohérence et de consistance qui n'est
pas résolu par le projet gouvernemental dans sa forme actuelle. Vous
l'avez signalé et je vous en sais gré. Je crois que ce que vous
mettez en cause n'est pas le principe de la participation des parents dans le
système scolaire. Ce sont les modalités qui
sont proposées par le projet de loi. Je veux vous assurer que, du
côté de l'Opposition, nous allons continuer de
réfléchir là-dessus jusqu'au stade du débat en
deuxième lecture et les observations que vous nous apportez nous seront
très utiles de ce point de vue.
L'observation que vous formulez quant à la multiplication
légale des comités est une observation extrêmement
pertinente qui, malheureusement, ne retient pas beaucoup l'attention
actuellement. On avait signalé combien de fois, lors des audiences de la
commission parlementaire sur le projet de loi 40, combien il serait imprudent
et peu réaliste d'imposer par la loi autant de comités
consultatifs au niveau de l'école et au niveau de la commission scolaire
qu'en prévoyait le projet de loi 40. Il n'y a aucune amélioration
de ce point de vue dans le projet de loi 3. Je pense même qu'il y a
quelques comités de plus dans le projet de loi 3. Si on pense que tout
cela va être obligatoire et que cela devra s'appliquer dans des
écoles de taille infiniment différente, je crois qu'au moins la
moitié de nos écoles au Québec ont 100
élèves ou moins au niveau primaire. Faire fonctionner tous les
comités qui sont prévus dans la loi dans de petites écoles
comme cela ne sera pas une mince besogne. C'est sans compter d'autres
comités qui pourront être formés pour répondre
à des besoins particuliers.
Je pense que personne a intérêt à encarcaner
l'institution scolaire dans une structure qui est définie rigidement par
la loi de a jusqu'à z, qui ne permet pas de faire plus, mais je crois
que la dépense d'énergie que cela va entraîner de
même que celle qu'entraînera la multiplication des comités
dont l'existence et le fonctionnement seront obligatoires en vertu de la loi,
au niveau de la commission scolaire, c'est un problème qu'il valait la
peine de souligner. Vous l'avez porté à notre attention et j'y
suis très attentif.
Il y a un autre petit point que vous mentionnez, qui est important
cependant. Vous dites: Il faut que le directeur général soit
membre ex-officio des comités consultatifs de la commission scolaire et
qu'il en soit de même pour le directeur de l'école au niveau des
comités consultatifs de l'école. Dans le projet de loi on dit
qu'il fera partie de ces comités, sur demande. C'est parfaitement
ridicule. Je pense qu'il faut absolument, si on veut avoir une structure
organique, que le directeur de l'école fasse partie ex-officio, sans
droit de vote, comme vous le dites, je pense, de ces comités
consultatifs. On ne demande pas que la loi prescrive que le directeur de
l'école doit faire partie de l'exécutif du syndicat des
professeurs ou des employés de soutien, c'est une autre affaire. Ce sont
des structures de l'école et je pense qu'il est absolument logique et
impérieux qu'il en fasse partie ex-officio. J'applique le même
raisonnement au niveau de la commission scolaire et du directeur
général.
Cela dit, je voudrais vous poser une première question relative
au débat juridique quant à la légalité de la
décon-fessionnalisation des commissions scolaires pour vous demander si
vous trouvez que c'est une question qui devrait être tranchée
avant qu'on mette tout ce nouvel appareil en marche ou si on peut accepter,
comme semble vouloir le faire le gouvernement, qu'on s'embarque dans cette
galère au gré du sort que les tribunaux réserveront aux
contestations judiciaires en cours ou à être
instituées.
Est-ce que vous avez des observations à nous soumettre sur ce
point?
M. Paquet (Michel): M. Lapointe va répondre à la
question.
M. Lapointe (Normand): En principe, je pense qu'il serait
effectivement souhaitable que cela soit réglé au
préalable. Cependant, pour être aussi cohérents avec le
reste de notre mémoire, nous affirmons que quatre ans d'investissement
et d'attente dans le réseau pour la mise en oeuvre du projet de loi 40,
ou 3 maintenant, est un délai suffisamment long pour que, mis dans la
balance, nous préférions qu'on donne suite au projet de loi,
quitte à ce que, si c'est possible, on exerce la prudence
nécessaire pour les éléments qui sont
spécifiquement touchés ici, pour des régions qui
pourraient être plus spécifiquement touchées. Globalement
cependant nous ne voudrions pas que, si on doit donner suite au projet de loi,
cela soit retardé encore par des délais qui seraient sans doute
très longs pour trancher ce débat.
M. Ryan: Quand vous dites qu'on pourrait envisager des
éléments ou des mesures de prudence dans certaines régions
où des répercussions seraient susceptibles d'être plus
considérables, pensons à des régions comme celles de
Montréal et de Québec, par exemple, imaginez qu'on applique le
projet de loi tout de suite à Montréal, qu'on transborde les
catholiques de langue anglaise de la Commission des écoles catholiques
de Montréal dans une éventuelle commission scolaire linguistique,
qu'on transborde les protestants ou les enfants non catholiques de langue
française qui sont présentement sous la compétence de la
commission scolaire protestante, avec toutes les répercussions que cela
entraîne pour l'affectation du personnel, l'affectation des ressources
matérielles, etc., qu'on mette tout cela en marche et que, dans deux
ans, on se fasse dire par les tribunaux: Ce n'était pas constitutionnel,
ces gens-là avaient le droit de garder les commissions scolaires
confessionnelles qui avaient juridiction sur le territoire.
Dans d'autres parties du Québec, cela ne causerait pas beaucoup
de problèmes. Dans la partie que je représente, le comté
d'Argenteuil, nous avons la Commission scolaire du Long-Sault qui, à
toutes fins utiles, est déjà une commission scolaire
linguistique, même s'il devait arriver un arrêt des tribunaux, je
pense que cela ne changerait pas énormément de choses, parce que
les conséquences pratiques devant découler à ce point de
vue-là de l'application du projet de loi ne seraient pas
énormes.
Est-ce que vous n'envisagez pas que, dans certains cas, cela peut
entraîner de gros chambardements qui pourraient être très
coûteux, encore doublement coûteux s'il fallait ensuite les annuler
ou repartir au point où on était avant?
M. Lapointe: Ma réponse était dans ce sens-là,
à savoir qu'en essayant de limiter quand même au minimum un
dédoublement de système, il serait sans doute imprudent pour des
régions qui peuvent être plus touchées d'y aller trop
précipitamment. Encore une fois, nous tenons beaucoup à ce que si
on doit aller de l'avant avec le projet de loi 3, qu'on y aille
carrément et qu'on ne fasse plus attendre le réseau, qu'on le
mette dans l'état d'expectative dans lequel il est plongé depuis
trois ou quatre ans maintenant.
M. Ryan: S'il est question d'une disposition particulière
prévoyant, par exemple, que dans le cas des territoires de
Montréal et de Québec, la mise en application devrait attendre
une clarification devant les tribunaux, est-ce que vous auriez objection
à ça?
M. Lapointe: A priori, sans doute non, mais évidemment
nous souhaiterions regarder de plus près quelles seraient les mesures
particulières envisagées en termes d'étapes.
M. Ryan: Très bien! Vous revenez, dans votre
mémoire, sur la question de la décentralisation, surtout en ce
qui touche les pouvoirs du ministre et du ministère de
l'Éducation. Ce n'est pas très précis, évidemment,
vous avez des observations plutôt générales à ce
stade-ci, cela se comprend. Je voudrais porter à votre attention
quelques articles du projet de loi pour vous demander comment vous
réagissez à ces articles dans la perspective de votre plaidoyer
en faveur d'une plus grande décentralisation.
Je voudrais d'abord signaler l'article 449, alinéa I. Dans cet
article, il est dit que le ministre peut établir par règlement,
dans toutes ou dans certaines commissions scolaires, des conditions de travail,
de classification, la rémunération, les recours et les droits
d'appel des membres du personnel qui ne sont pas membres d'une association
accréditée au sens du Code du travail. Est-ce que cet article
vous paraît conciliable avec le principe de la responsabilité le
gouvernement local ou régional en matière scolaire? C'est ma
question.
M. Paquet (Michel): Je vais répondre oui, dans une
perspective. C'est pour cela que notre mémoire est plutôt à
caractère de perspective qu'à caractère de jugement: et
maintenant...
Ce que nous disons, c'est qu'en regardant le projet de loi 3, il y a eu
élagage de certaines responsabilités ministérielles ou
gouvernementales, il y a eu un certain nettoyage. Je pense que tout le monde
connaît très clairement le point de vue des commissions scolaires
et des directeurs généraux là-dessus. On souhaite voir
s'agrandir, avec le temps, de plus en plus, une responsabilisation accrue et
très forte des commissions scolaires.
Cela veut dire pour nous que maintenant, avec tout le débat qu'on
a eu sur la question de la décentralisation et du projet de loi, on se
dit: procédons. Mais, le dossier de décentralisation ne devrait
pas rester sur le banc le jour où l'Assemblée nationale l'a
adopté. Il devrait y avoir introduction d'un processus d'élagage
continu pour faire en sorte que de plus en plus les commissions rapatrient les
pouvoirs.
Je n'embarque pas dans le débat où on doit faire certaines
normes provinciales ou autres, mais fouillons de plus en plus cette question et
regardons en particulier le premier alinéa que vous soulignez, les
règlements touchant les conditions d'emploi. Les nôtres sont dans
le décor, les cadres, les personnels non syndiqués. On a
été très clair là-dessus autant avec nos patrons
locaux sur le plan des commissions qu'avec nos vis-à-vis sur le plan de
la fédération, soit la fédération des commissions
scolaires, comme nous l'avons été avec le ministre aussi.
C'est un secteur dans lequel nous sommes d'accord à regarder cela
comme un retour à une responsabilisation des commissions scolaires sauf
qu'on souhaite, dans le processus, que soit clarifié comment va se faire
le retour et dans quel contexte de façon que les choses qui ont
été entendues avec les diverses associations ne soient pas, de
but en blanc, mises de côté et puis on recommence sans
règle de jeu.
Dans le fond, c'est autant pour nous que pour les autres pouvoirs
ministériels. Tout est à regard, sauf qu'on dit que le processus
devrait faire en sorte que ces gens l'enclenchent dans un travail mutuel pour
échanger sur ce que cela devrait être et comment.
Donc, c'est une réponse oui, au fait, et dans le comment, on en
propose une, c'est
une démarche progressive et étalée dans le temps
s'il le faut.
M. Ryan: Je ne sais pas à quoi vous répondez
oui.
M. Paquet (Michel): À votre question. Si à
l'alinéa on est pour le fait qu'une politique comme cela pourrait
être retournée à l'instance locale.
M. Ryan: C'est parce que moi, je vous demandais si c'est
conciliable avec le principe de l'autonomie?
M. Paquet (Michel): Très clairement.
M. Ryan: La responsabilité du gouvernement. Vous me dites
oui.
M. Paquet (Michel): Avec la responsabilité des commissions
scolaires.
M. Ryan: Il me semble que c'est inconciliable à la
lumière de ce que vous avez dit et là vous me dites oui.
M. Paquet (Michel): Je vais reprendre dans ma perception.
M. Ryan: Je poserais juste la question: en principe,
indépendamment du contexte historique, cet article vous paraît-il
un article souhaitable ou non?
M. Paquet (Michel): Je répète que dans le contexte
où on sait que le processus de décentralisation, les
règles de jeu de retour à la décentralisation ne sont pas
toutes établies et c'en est un article qui touche à la fois le
ministre, les commissions et les gens impliqués, soient les diverses
associations. Cela pourrait formellement être un règlement qui
reviendrait à la responsabilité des commissions. Les commissions
le réclament depuis fort longtemps et on ne les a jamais
contestées sur le principe. Ce qu'on dit, c'est que dans le processus de
retour vers la base, on voudrait qu'il y ait une démarche de
clarté sur le comment, sur le quand et sur le pourquoi de manière
que ce ne soit pas un retour à un désordre là-dessus.
M. Ryan: Il y a un autre article où on parle du pouvoir de
tutelle du gouvernement sous les commissions scolaires, je pense que c'est
l'article 472 et les deux articles suivants. Il y a une nouveauté dans
le projet de loi par rapport à la loi actuelle et l'instruction
publique. Il y a un pouvoir d'enquête qui existe déjà en
vertu de la Loi sur l'instruction publique auquel, personnellement, je ne
m'objecte pas. Mais ici, on va beaucoup plus loin; on va jusqu'à donner
au gouvernement le pouvoir non seulement d'instituer une enquête, mais de
suspendre les pouvoirs d'une commission scolaire. Cela aussi peut se
comprendre, s'admettre, mais on va jusqu'à lui donner le pouvoir de
destituer les commissaires d'école, c'est-à-dire des gens qui ont
été élus au suffrage universel par leurs concitoyens.
Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est un pouvoir qui devrait plutôt
être réservé aux tribunaux qu'au gouvernement? (17 h
30)
M. Paquet (Michel): Franchement, c'est un article sur lequel nous
n'avons pas travaillé avec insistance, donc pas de commentaires
là-dessus.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mille-Iles.
M. Champagne: Merci, M. le Président. Je remercie les
représentants de l'Association des directeurs généraux des
commissions scolaires de s'être présentés. L'appui que vous
donnez au projet de loi 3 en est un de taille, considérant le rôle
que vous jouez dans les commissions scolaires, un rôle de
continuité et de stabilité. Je pense que votre rôle fait en
sorte que vous pouvez parler aussi en connaissance de cause, comme les autres
peuvent le faire, mais considérant votre rôle de continuité
et de stabilité, je pense que vous avez une vue d'ensemble de
l'évolution du système scolaire et aussi de ce qu'on peut
représenter.
Si vous êtes, dans l'ensemble, pour le projet de loi, vous avez
quelques restrictions et je veux parler de celle-ci, à savoir la page 8,
au sujet des conseils d'école.
Je lis dans le projet de loi, l'article 57, I: "des parents
d'élèves fréquentant l'école, et ne faisant pas
partie des membres du personnel de l'école, élus par leurs pairs;
". Cela est pour la composition du conseil d'école. Vous, à la
page 8, dites que cette contrainte devrait être élargie sur tout
le territoire de la commission scolaire, si je vous comprends bien. Cela veut
dire qu'il est sûr que le parent, qui a un enfant dans son école,
ne peut pas faire partie du conseil d'école. Mais vous, vous ne voulez
pas non plus que si un parent est enseignant dans une autre école d'une
commission scolaire, lui-même ne peut pas être membre du conseil
d'école. Si je vous comprends bien, c'est cela que vous voulez. Et,
à ce moment, je vous demande: Où serait le conflit
d'intérêts? Pourquoi avez-vous ces appréhensions? Pourquoi
voulez-vous que cette contrainte s'étende au territoire de toute la
commission scolaire?
M. Paquet (Michel): Alors le conflit, on le voit possiblement
dans la logique suivante. On part de la prémisse que le conseil
d'école
pourrait, par délégation, agrandir son champ de
responsabilités après discussion avec la commission, entente avec
le comité pédagogique et le comité de parents. Et un
employé de commission se retrouve dans un contexte de devoir
gérer, discuter et négocier avec la commission des parties de
règlement ou des applications de règlement, même
l'adaptation d'un nouveau règlement de l'école à partir
des encadrements de commission, dans un contexte où lui-même se
trouve employé, donc géré. Puis dans un contexte, il peut
se retrouver par association de présence à différentes
autres instances, que ce soit au niveau syndical ou au comité
pédagogique.
Donc, il me semble que cela paraît difficile qu'un employé,
qui vit dans une école à un projet éducatif qui est quand
même en encadrement général avec des règlements de
commission, puisse totalement être détaché de liens directs
par le fait qu'il est employé avec les règlements de la
commission. Donc, il y a là risque de conflit d'intérêts.
C'est ce que nous trouvons.
M. Champagne: C'est un risque, de toute façon.
M. Paquet (Michel): C'est cela.
M. Champagne: Alors c'est une espèce de prudence. Enfin,
cela est votre, interprétation...
M. Paquet (Michel): C'est cela.
M. Champagne:... de ce fait-là. Je ne veux pas dire que
j'adhère quand même à cette opinion.
Il y a un autre élément au sujet du conseil
d'école. C'est que votre association souhaite que la présidence
du conseil d'école incombe uniquement aux parents. Ma question est
celle-ci. C'est que dans tous les conseils d'administration, je pense que les
membres sont libres d'élire ceux qui font partie, disons, de ce conseil
d'administration. Pourquoi encore est-ce que vous voulez que, absolument, il
faut que ce soit un parent qui soit président et non comme on fait dans
les autres conseils d'administration, on fait un choix libre des membres qui
font partie de ce conseil d'administration?
M. Paquet (Michel): Je ferais un petit ajustement en
complément avec la première question, parce que cela va se marier
avec ma réponse là-dessus. D'abord, l'insistance vient aussi du
fait que malgré notre choix -tantôt, on échangeait
là-dessus avec M. Leduc - sur la hiérarchie de moyens, sur la
participation des parents qui, à un moment donné, changeaient
d'approche au niveau du conseil des commissaires, sur la question école
comme telle, on veut s'assurer, bien sûr, que les nuances soient les
moins étendues possible, que ce soit clair, c'est que les parents soient
en privilège de pouvoir politique, si on peut utiliser le terme. Quand
on parle de présidence du conseil d'école, on veut aussi que cela
soit concrétisé là-dedans. C'est une question de marier
cela avec le fait que les parents se trouvent en terrain où ils ont des
assurances d'avoir... En complément, je le dis plus par
complément que comme premier point, le premier point est celui que je
soulevais, il s'agit d'éviter des situations farfelues où,
à un moment donné, on se retrouve carrément en conflit
d'employés présidents d'un directeur qui est responsable de
l'administration et on joue dans des conflits d'intérêts qui ne
finissent pas de se régler. Le premier élément de
réponse est celui de la valorisation des parents sur ce point et le
deuxième est tout simplement un argument de précaution.
M. Champagne: Enfin, les parents, très majoritairement et
considérant tout le pouvoir qu'ils peuvent avoir, considérant
peut-être l'objectif que nous voulons poursuivre du fait que les parents
se prennent en main, s'ils veulent majoritairement, sinon unanimement, que ce
soit un professeur qui fait partie à part entière du conseil
d'administration, si eux veulent l'avoir, pourquoi ne voulez-vous pas?
Peut-être que je pose la même question, mais enfin c'est le
commentaire que je fais autour de cela.
M. Paquet (Michel): Je le prends comme un commentaire, ma
réponse se résume aux deux points que je vous ai donnés.
C'est pour autant que possible baliser...
M. Champagne: Enfin. En tous les cas, merci beaucoup des
informations que vous nous avez données.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Messieurs, dans votre mémoire,
vous soulignez que sur certains points vous êtes d'accords
d'emblée: L'intégration du primaire au secondaire, la diminution
du nombre de commissions scolaires et également la division linguistique
plutôt que confessionnelle. Je dois vous dire que, personnellement,
j'adhère à ces points. Vous parlez ensuite du conseil
d'école. Je dois vous dire que je ne suis pas tellement favorable au
conseil d'école, parce que je pense qu'il y a peut-être une
instance de trop. Si on a les commissions scolaires, on veut bien que les
parents fassent partie des commissions scolaires. On prend les moyens pour que
les parents soient là et on a établi que dans 85% des cas, les
commissaires sont
parents. C'est déjà un pourcentage qui est plus que
raisonnable. Y aurait-il lieu de s'assurer, au moyen d'une formule, on a
parlé des conseillers de classe C, je pourrais peut-être me
référer aux conseillers de classe B... Il y avait les conseillers
qui étaient pour les propriétaires et il y avait ceux qui
étaient pour les locataires. Evidemment, je ne serais pas d'accord que
l'on ait 12 commissaires, cela veut dire multipliés par deux, on en
aurait 24. Il y aurait peut-être moyen de diminuer le nombre de
quartiers, ce serait peut-être possible, afin de s'assurer de
façon absolue qu'il y ait des parents. La formule pourrait
peut-être permettre qu'on n'élise que des personnes qui n'auraient
pas la qualité de parents. Cela, je veux bien.
Je voudrais vous dire que le conseil d'école me fait peur en ce
sens qu'on lui donne des pouvoirs. Je pense qu'il va y avoir un conflit. C'est
évident. À un certain moment, il va falloir que cela soit
réglé. J'ai simplement établi les pouvoirs - je parle de
pouvoirs décisionnels, je ne parle pas de questions d'avis - des
conseils d'école. Ils déterminent des orientations,
déterminent la confessionnalité, adoptent des règles de
conduite pour les élèves, approuvent leur choix des
activités éducatives, adoptent les prévisions
budgétaires, déterminent l'utilisation des locaux. Cela commence,
à mon sens, à être beaucoup de pouvoirs. Qu'est-ce qui va
se produire? Qui va décider? Est-ce que ce seront les conseils
d'école ou les commissaires d'école? Je pense que nous sommes en
train d'ériger une structure qui risque d'être conflictuelle
d'autant plus qu'au niveau des écoles, il faut dire que le directeur
d'école n'aura même pas droit de vote. En fait, ce qui va se
produire, c'est que l'enseignant qui est un employé par rapport au
directeur qui est patron va siéger au conseil d'école et va avoir
droit de vote alors que le directeur, le patron n'aura même pas le droit
de vote.
Je me demande également... Une autre question que je pose. Je ne
vois pas tellement le lien organique entre le conseil d'école et le
conseil des commissaires. En fait, tout ce que l'on confie au premier est sans
lien, à mon sens avec le second, et il brise le devoir de celui-ci de
rendre compte à ses commettants de son mandat électoral qui est
de bien gérer la chose scolaire.
Je pense qu'on a retenu que le conseil d'école c'est une formule
qu'on a retenue à la suite de la loi 40. Moi, je dirais qu'avec la loi
40 peut-être que cette formule était acceptable. On faisait de
l'école, en fait, un véritable cégep. C'était une
entité qui avait une existence légale. Alors, bien sûr, on
faisait un conseil d'administration. Moi, je vois cela un peu comme un conseil
d'administration au niveau de l'école et un conseil au niveau des
commissaires.
Or, je pense qu'il y en a un de trop. Si on veut faire disparaître
des commissions scolaires, qu'on nous le dise donc et à ce moment qu'on
organise la structure au niveau des écoles. Apparemment on veut revenir
mais moi, je me dis qu'on ne peut pas avoir les deux formules. C'est l'une ou
l'autre.
Je ne sais pas, en tout cas, ce que vous en pensez; vous en avez
parlé un peu tantôt. Moi, en tout cas, cela me fait peur.
Également tantôt, je soulèverai certaines questions de
confessionnalité. Je voudrais savoir ce que vous pensez de cette
problématique? Est-ce qu'il ne serait pas dangereux, vu le changement
assez constant dans la formation des conseils d'école, est-ce qu'il ne
serait pas dangereux - ils sont nommés deux ans - qu'on ait un
changement de statut de l'école? Parce que c'est le conseil
d'école qui va décider de la confessionnalité,
c'est-à-dire à savoir si l'école va être catholique
ou protestante.
Est-ce qu'à tous les deux ans on va se promener et puis on va
décider si l'école est catholique ou protestante ou tout de
même qu'elle pourrait être neutre? C'est une de mes
inquiétudes. Je ne sais pas si c'est la vôtre.
Également, ce qui m'a frappé lorsque j'ai lu la loi c'est
le nombre effarant de comités. J'en ai dénombré une
douzaine, douze ou treize comités. Vous avez la liste comme moi. Vous
avez au niveau des écoles le comité de parents. On ne sait pas
pourquoi, on a déjà le conseil d'école. En fait, on a des
parents au conseil des commissions scolaires, des parents au conseil
d'école, des parents au comité d'école. J'en veux bien des
parents mais tout de même c'est peut-être un peu trop.
Ensuite, on a le comité d'élèves. Est-ce que c'est
absolument nécessaire que les élèves de treize ou quatorze
ans fassent partie d'un conseil d'école? Je soulève la question.
Ensuite on a le comité pédagogique.
Je pense que sans le conseil d'école on pourrait avoir un
comité pédagogique au niveau de la commission scolaire. Cela, je
pense que c'est possible. La preuve en est qu'on en a douze. On pourrait
certainement obtenir quelques-uns de ces comités. On a le comité
de gestion, le comité des transports, le comité exécutif
bien sûr, le comité de consultation des services aux
handicapés et à ceux en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, le comité pédagogique régional,
comité régional des parents, comité régional des
élèves, comité des adultes.
Alors, à mon sens, c'est de la "structurite". On risque de
gaspiller des énergies épouvantables. Ce qu'on demande, ce que
les parents veulent, ce que je comprends, d'ailleurs mon collègue le
député de Sauvé l'évoquait ce matin, c'est quoi?
C'est de la discipline, de l'encadrement, de la qualité, c'est cela
qu'ils demandent. Ils
veulent que ces cadres qui nous coûtent des sommes importantes,
c'est vrai - vous avez des salaires assez importants, les cadres des
commissions scolaires ont des salaires importants - ils dépensent leurs
énergies à donner la meilleure éducation, le meilleur
enseignement possible à nos enfants. C'est cela qu'ils veulent. Ils ne
veulent pas qu'ils passent leur temps en réunions à perdre leur
temps pratiquement à essayer de trouver un consensus à
l'intérieur de ces réunions.
Moi, cela m'inquiète drôlement. Ce sont peut-être ces
trois ou quatre points que je voulais soulever. Je ne sais pas ce que vous
pensez. Je voudrais peut-être avoir des commentaires sur les points que
j'ai soulevés. (17 h 45)
M. Paquet (Michel): Alors j'ai compris trois points. Les conseils
d'école, sont-ils en trop? C'est ce que j'ai compris dans votre
intervention. Les changements répétitifs au statut confessionnel
de l'école et la question des comités. Trois réponses
brèves, dans le fond. Notre point de vue est explicite dans le
mémoire.
Les conseils d'école, à notre point de vue, ne sont pas de
trop, pour les motifs suivants. C'est que lorsque nous avons
témoigné sur le projet de loi 40, nous nous inquiétions du
fait qu'il n'y ait aucun encadrement organisé et entendu par la
commission auprès des écoles de type réglementation, de
type hiérarchique, directeur d'école/directeur
général. Et dans un contexte où on comprend que dans le
projet de loi, le conseil d'école va définir d'abord son projet
éducatif et voir à son acheminement, et ensuite va voir à
établir dans l'école les questions d'usage de locaux,
règlements de vie-école dans un contexte où il y a des
encadrements de commission qui sont établis, on pense que, bien
sûr, cela ne sera pas nécessairement facile. On ne prétend
pas cela. Mais il y aura quand même, lorsque les problèmes se
présenteront, des situations qui font que l'une primera l'autre et on
pense que, finalement, cela peut bien aller. Je dirais même, en toute
franchise, qu'on espère que - c'était le sens, d'ailleurs, de
notre proposition déposée devant la commission parlementaire sur
l'étude du projet de loi 40 - le conseil d'école, rapidement,
avec expérience réussie sur certains dossiers, va voir s'agrandir
sa délégation provenant de la commission sur des champs de
responsabilité autres. On espère que dans la province vont se
multiplier ces expériences. Sauf qu'on avait demandé que les
modèles se définissent milieu par milieu, parce que ce n'est pas
tout le monde qui fonctionne avec les mêmes opinions et avec les
mêmes rythmes. Je dirais même que tout en comprenant le niveau de
prudence qu'il y a dans la loi à l'effet, pour le moment, de mettre
quand même un entendement comité pédagogique, comité
de parents, la position de l'Association des directeurs généraux
aurait été que la délégation aurait pu se
régler avec le conseil d'école largement, dans un contexte d'un
règlement de commission. Donc, il peut arriver que dans le territoire de
Québec, il y ait des délégations plus fortes que dans le
territoire du Saguenay. Cela dépend des milieux, mais on souhaite comme
association que ces conseils d'école, dans le contexte d'encadrement par
politique de commissions et d'établissement de règles du jeu,
prennent aussi des autonomies à l'école. Là-dessus,
honnêtement, on diffère de votre point de vue pour les motifs que
je viens de donner.
Quant au changement confessionnel à tous les deux ans - je ne me
souviens pas de l'article précisément, mais il me semble qu'il y
avait une clause qui spécifiait qu'il y avait des rythmes de temps - on
se dit quand même qu'au niveau du changement confessionnel, même
avec les changements d'école, il va y avoir des nécessités
de cheminement de consultation en milieu. On convient, bien sûr, que des
milieux peuvent cheminer et vouloir changer. C'est un risque à courir.
On fait confiance au fait aussi que les gens en consultation avec leur propre
milieu ne verront pas cela changer à tous les six mois. Il y aura un
rythme raisonnable d'évolution. Ce n'est sincèrement pas un point
qui nous inquiète. Le frein dont on me parle c'est trois ans qui est
dans la loi. Il y a quand même un rythme raisonnable d'évolution
sur le dossier et après trois ans, il y a des choses qui, parfois, ont
changé dans un secteur. Il y a des évolutions de
mentalités, parfois il y a des déménagements, parfois il y
a des déplacements de clientèle et cela peut influencer.
La liste des comités. Notre commentaire a été fait
dans le sens de rappeler que notre intérêt aurait
été non pas de fermer les comités mais de les laisser se
diversifier dans la province par rapport à des créations de
modèles administratifs. Notre insistance est de constater que par souci
d'assurer des thèmes, on a réglé transport, on a
réglé ceci, on a réglé cela. On sait très
bien qu'une commission scolaire doit fonctionner en créant des lieux
d'intervention à des gens sur des dossiers donnés. On ne peut pas
s'en défaire. Ce qu'on aurait préféré, c'est une
loi qui aurait été incitatrice pour la représentation des
groupes, sans nécessairement nommément identifier des
comités. Nous n'en faisons pas un plat, nous faisons simplement signaler
qu'il y a là une création de modèles. On
préfère toujours le modèle où les milieux peuvent
s'organiser et c'est dans ce contexte que, finalement, on se dit que s'il n'y a
pas de modifications, on fait confiance au fait que les gens vont s'organiser
avec le modèle.
On pense que cela aurait été plus à
caractère de décentralisation si on avait laissé les
milieux créer leur propre mode de fonctionnement à partir de
thèmes, de représentations acquises aux parents, aux enseignants,
aux PME, aux groupes habituels qu'on connaît.
Le Président (M. Charbonneau): Merci M. le
député de Matane et ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: Je m'excuse d'avoir manqué
tantôt quelques minutes de votre présentation. J'ai
été pris à l'extérieur.
En fait, j'ai trois questions. Je vais plutôt les présenter
l'une après l'autre. D'une part dans votre mémoire vous
êtes clairs dans les critiques que vous adressez à la loi 40. Vous
dites que la tentation d'implanter au niveau de l'école des pouvoirs
indépendants de la commission scolaire, donc de tenter de donner aux
parents des pouvoirs au niveau de l'école, risquait de les mettre en
conflit perpétuel avec les commissions scolaires, ce qui pourrait
être source de confrontation. Essentiellement, vous nous dites: Pas de
pouvoir à l'école et là où je ne partage pas le
point de vue du député de Saint-Laurent, en dépit de sa
grande connaissance dans le domaine de l'administration scolaire... Si je le
référais à l'article 51. I de l'actuelle Loi sur
l'instruction publique, il verrait que chaque année, en début de
l'année scolaire, le comité d'école doit déterminer
parmi les objectifs suivants, ceux sur lesquels il doit être
consulté: les orientations propres de l'école, le projet
éducatif et son contenu, les modalités d'application du
régime pédagogique, le choix des manuels scolaires, le choix des
activités éducatives. Lorsque vous regardez la liste, vous vous
apercevez que c'est absolument la même liste que dans le projet de loi 3.
En d'autres termes, le conseil d'école...
M. Leduc (Saint-Laurent): Ici, c'est décisionnel.
M. Bérubé: Ce n'est pas décisionnel puisque
c'est la commission scolaire qui a l'autorité sur la direction de
l'école donc, ce n'est pas décisionnel. Pour être
décisionnel, il faut pouvoir avoir une autorité sur un directeur
d'école. Si, par exemple, le conseil d'école a l'autorité
concernant le projet éducatif, il a donc autorité sur le conseil
d'école. Or, on a dit que le directeur d'école relève du
directeur général donc, le conseil d'école n'a aucune
autorité. Il élabore le projet éducatif, c'est lui qui est
responsable de donner les orientations propres de l'école, le projet
éducatif, cela c'est vrai, mais ce sont fondamentalement les mêmes
activités.
Donc, on s'est dit, après la discussion autour du projet de loi
40, c'est peut être dangereux de donner des pouvoirs à
l'école, de maintenir...
M. Leduc (Saint-Laurent): Il n'a pas lu sa loi, il ne la
connaît pas.
Une voix: Il dit n'importe quoi.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
M. Bérubé: Deuxièmement, vous nous dites
dans votre mémoire qu'il n'y a pas moyen pour l'école ou le
regroupement d'écoles de participer aux décisions qui les
touchent au niveau de la commission scolaire. Vous dites que ce n'est pas
désirable que les écoles aient une voix au niveau de la
commission scolaire. Donc, d'une part il ne faut pas qu'elle ait de pouvoir au
niveau de l'école et deuxièmement, il ne faut qu'elle ait de
moyens au niveau de la commission scolaire.
Comment, dans votre esprit, faites-vous place à cette demande des
parents? Nous avons rencontré les anglophones cet après-midi et
eux, qui ont travaillé en équipe assez longtemps, avaient
tiré la conclusion qu'il fallait une place pour les parents au niveau de
la commission scolaire. Quelle place voyez-vous pour les parents puisque vous
dites: Pas de pouvoir à l'école autrement que consultatif et pas
de pouvoir des parents si on y va au niveau du conseil de la commission
scolaire?
M. Paquet (Michel): J'aimerais juste que vous m'expliquiez une
insertion que vous faites. À quel endroit on dit: Pas de pouvoir
à l'école? Et dans quelle perspective on le dit? Parce que ce
n'est pas la lecture que je fais de nos opinions.
M. Bérubé: C'est que la loi 40 donnait au conseil
d'école une autorité sur le directeur d'école. Il pouvait
l'obliger à respecter des décisions du conseil d'école.
Dans le projet de loi 3, il n'y a aucune autorité du conseil
d'école sur le directeur et, par conséquent, le directeur
relève directement du directeur général. La ligne
d'autorité est claire, elle coule de la commission scolaire pour
éviter qu'un conseil d'école, ayant autorité sur un
directeur d'école, puisse entrer en conflit avec une commission scolaire
qui, elle aussi, aurait autorité sur le directeur d'école. Donc,
on a éliminé ce problème de conflit d'autorité en
disant: Le pouvoir n'est pas à l'école, il est à la
commission scolaire.
Évidemment, en contrepartie, on a cherché un endroit
où donner un pouvoir aux parents et on a dit: S'il doit y avoir un
pouvoir, donnons-le au niveau de la commission scolaire. Vous nous dites, dans
votre présentation, que vous ne favorisez pas
un tel niveau de pouvoir. J'aimerais savoir quel genre de pouvoir vous
envisagez pour les parents, dans le système, autre qu'un pouvoir
d'être consulté, de donner leur avis, de dire ce qu'ils aimeraient
qu'il se passe dans l'école, mais sans pouvoir l'imposer de quelque
façon que ce soit?
M. Paquet (Michel): Je vais reprendre dans le sens de la question
que vous posez, une suite à la question que M. Leduc soulevait parce
qu'on touche le même thème sur la question de la participation des
parents au pouvoir décisionnel. Je voudrais d'abord préciser au
mot pouvoir, le sens que nous y donnons... Je vais attendre, pas de
problème.
M. Bérubé: Excusez-moi, c'est parce que je suis en
train de sortir... C'est parce que je veux avoir le bon article. Je vous avais
donné le mauvais numéro, c'est 54. 5 et non pas 51.
M. Paquet (Michel): Alors, au début de l'intervention en
commission, tantôt, M. Leduc posait une question qui se mariait avec
celle-ci, qui était dans un contexte complémentaire. Donc, je
vais devoir reprendre une partie de l'argumentation mais je vais la situer dans
votre question.
Il y a une chose sur laquelle je voudrais d'abord faire une
précision quand vous dites que nous étions de ceux qui disaient,
pas de pouvoir à l'école. Je voudrais plutôt
répéter que nous étions de ceux qui parlaient d'un type de
pouvoir à l'école plutôt que d'un autre. On n'a jamais
été contre le fait qu'au niveau de l'école il y ait
certaine forme de pouvoir exercé par les parents, certaine forme de
pouvoir exercé par les directeurs d'école, certaine forme de
pouvoir exercé par les enseignants, sauf que nous avons toujours
insisté pour dire que nous voulons que la commission garde des
encadrements de responsabilité sur la direction de l'école, des
encadrements de politique sur les grandes définitions
budgétaires, des règlements des services éducatifs, de
manière qu'il y ait, au niveau d'un territoire donné, certaines
similitudes de fonctionnement.
Ce que nous précisions donc à ce moment c'est que nous
souhaitions que le pouvoir accordé aux parents en soit un de
détermination des contenus du projet éducatif dans un contexte
d'influence formelle et dans un contexte de suivi avec le directeur.
J'ajoute un deuxième pouvoir sur lequel nous avons fait une
représentation et sur lequel nous maintenons notre point de vue. Nous
sommes très fortement d'accord avec un processus qui serait insistant,
agrandissant du fait que la commission vers l'école donnerait au conseil
d'école, donc à la quantité de parents en majorité
qui y siègent, une délégation plus accentuée en
termes de responsabilité. On ne fait aucune nuance sur cela. J'irais
même jusqu'à dire que si au niveau des autres intervenants il y
avait consentement sur cela, nous serions pleinement d'accord pour que la
délégation se fasse entre le conseil d'école et la
commission. Nous ne serions pas en désaccord de voir barrer cela par un
comité pédagogique ou par un comité de parents. Nous
sommes pour le fait que la commission, en lien avec son conseil d'école
ou ses conseils d'école, multiplie ses champs de responsabilités.
Donc, c'est la forme de pouvoir dont nous parlons. Cela se peut bien,
cependant, que sur le mot "pouvoir", si pouvoir est associé à la
décision, aux jugements, aux contrôles, aux renvois des
personnels, là on ait une définition qui est en cause. Alors,
c'est la définition qu'on lui donne. Sur cela, je fais une insertion
complémentaire. Je dis donc: quand vous dites, qu'on n'est pas pour le
pouvoir à l'école, je dis, on est pour la forme de pouvoir dont
je viens de parler.
Deuxièmement, comment faisons-nous le lien avec les parents?
C'est sur cela que je vais reprendre un peu l'argumentation de tantôt
quand on nous posait la question, comment nous situons-nous dans le contexte
d'un désaccord sur la composition du conseil des commissaires et le vote
aux parents par rapport à l'ensemble du projet? Nous rappelons ceci:
Notre acceptation de l'ensemble du projet n'est pas conditionnel. Les
commentaires que nous faisons sont des commentaires conseils a des situations
d'analyse que nous faisons et l'analyse que nous faisons est la suivante: Nous
avons fortement la conviction qu'au niveau des commissions scolaires nous
souhaitons, les directeurs généraux, que demeure le modèle
de gouvernement local. Donc, quand on prend la définition dans son sens
intégral, selon nos traditions habituelles, on souhaite que soit
maintenu le mode de fonctionnement reconnu en termes de votes accordés.
Nous sommes inquiets de l'intervention que vous faites dans le sens: Comment
les parents se situent dans cela? Est-ce en donnant droit de vote ou en les
situant comme ils le sont maintenant et agrandissant le champ de
responsabilités par délégation à l'école? La
conclusion qu'on fait est celle-ci: On se dit, finalement, ce qu'on craint
c'est la brisure potentielle d'un vote d'un parent, quand on sait formellement
que déjà ils vont avoir à régler le dilemme
comité de parents et nouveaux délégués au conseil
d'école et qu'ils vont devenir dans leur propre école ou le
conflit habituel - cela ne dépend pas d'eux, cela va dépendre de
leur vie quotidienne -entre ceux qui vont être consultatifs et ceux qui
vont prendre des décisions et répéter cela par le haut
quand on sait qu'actuellement - c'est l'interprétation qu'on
fait et elle peut être contestable - les parents qui sont à
des conseils des commissaires en quantité X qui participent
entièrement à tous les débats qui s'y font, autant en
privé, à huis clos ou en comités pléniers, qui
peuvent proposer mais qui ne sont jamais entachés finalement d'un vote
qui les lie à la solidarité du conseil quand, à un moment
donné, ce sont des votes unanimes, et de les mettre des fois en
difficulté avec la ligne qui est en arrière, on pense que leur
impact d'influence est bien plus large. Ils peuvent frapper toutes les portes
tant qu'ils veulent. Pour nous, c'est ce que je disais en conclusion
tantôt, ce n'est pas une condition à l'acceptation du projet de
loi, c'est un avis conseil qu'on donne à titre d'expérience sur
cela et on est sûr qu'il y a un litige important et, quand on regarde
notre expérience et quand on regarde les commentaires qui nous sont
faits par d'autres intervenants qui ne font que réclamer le droit de
vote. Il y a d'autres intervenants qui réclament cela autrement. C'est
dans ce sens qu'on donne un avis. C'est la nuance qu'on y fait du motif et
c'est l'interprétation qu'on donne à la notion de pouvoir dont
vous parliez tantôt. Je ne sais pas si j'ai répondu à votre
question. (18 heures)
M. Bérubé: En fait, si je synthétise, pas en
caricaturant, ni en la restreignant trop, votre pensée, vous voyez
d'abord une délégation progressivement plus grande vers le
conseil d'école de telle sorte que celui-ci soit amené
progressivement à assumer vraiment un rôle de gestionnaire un peu
de son école plutôt qu'un simple rôle de consultation qu'il
a de toute façon à l'heure actuelle. Quand on dit que le conseil
d'orientation a pour fonction de déterminer les orientations propres
à l'école et d'en faire rapport, évidemment il l'avait
déjà, cette autorité.
Donc, vous dites délégation vers le conseil d'école
et même - je ne suis pas certain, cependant, que la Centrale de
l'enseignement nous suivrait là-dessus - vous iriez jusqu'à
empêcher toute possibilité de veto provenant soit des enseignants
soit des parents vis-à-vis de cette délégation.
M. Paquet (Michel): Ce que nous avons compris quand on a
siégé à la table avec les partenaires - c'était, en
tout cas, ce que je comprenais - c'était l'inquiétude de
partenaires de voir s'instaurer - excusez l'expression - des
délégations sauvages, du "dumping" de commissions vers des
conseils d'école et que les gens ne soient pas prêts. Ils ont dit:
Si vous voulez que cela se fasse sur un rythme, laissez les gens dire des oui.
On a dit: C'est peut-être une porte de sortie, mais fondamentalement les
DG souhaitent que s'instaurent de façon organisée entre conseils
d'école et commissions, des délégations entendues,
acceptées et libres de gestion dans leur école.
M. Bérubé: Oui.
M. Paquet (Michel): Cependant, l'insistance qu'on a donnée
dans notre mémoire sur le projet de loi 40 ne peut pas être un
modèle comme Charlesbourg, comme Lignery, comme la commission scolaire
Lapointe. Il y a des variations d'intentions de gens et de modalités de
fonctionnement.
M. Bérubé: J'aurais peut-être
préféré connaître votre opinion plus tôt dans
la préparation du projet de loi, mais c'est toujours bien de l'avoir
à un moment donné. Je pense que sur ce point-là...
M. Paquet (Michel): Le volet des empêchements de
délégations?
M. Bérubé:... du tiers de parents au niveau du
conseil de la commission scolaire. J'avais l'impression qu'il y avait accord
sur ce point-là avant que je décide d'aller au Conseil des
ministres. Il y a eu un changement, d'après ce que je peux voir.
L'autre question, parce qu'on est toujours dans les questions de
pouvoirs; alors, on trouve que le pouvoir aux parents, c'est dangereux et on ne
veut pas le mettre à l'école, du moins pas trop rapidement. Par
contre, on parle de pouvoirs à la commission scolaire. Personnellement,
je vous suis là-dessus, honnêtement. Cela ne me pose pas de
question. Il n'y a qu'un seul problème, c'est le problème du
contrôle par l'État. Je veux dire que dans la mesure où 90%
ou 95% du financement des commissions scolaires viennent des taxes des
contribuables, forcément c'est difficile pour quelque parlementaire que
ce soit d'abdiquer une responsabilité puisqu'il peut être
appelé à répondre, finalement, de la dépense comme
telle. Donc, il faut qu'il y ait possibilité pour l'État de
s'assurer que l'argent est dépensé correctement.
Vous suggérez d'abord deux choses: vous aimeriez une plus grande
décentralisation des pouvoirs - cela réapparaissait assez clair
-sans nécessairement, cependant, le mettre dans la loi. Vous dites: Il
n'apporte que peu de changements, mais vous suggérez surtout une table
pour réfléchir à cette décentralisation
réelle. Ce que j'aimerais savoir de vous, c'est, premièrement,
dans quelle mesure certains changements législatifs seraient
désirables pour accroître l'autonomie des commissions scolaires
et, deuxièmement, si on ne procède pas par changements
législatifs, mais plutôt par changements réglementaires,
quel type de décentralisation plus grande que vous aimeriez voir
s'effectuer à partir du
ministère de l'Éducation.
M. Paquet (Michel): En fait, je retiendrais un propos que nous
avons déjà soulevé, soit dans des comités, à
des rencontres ministérielles ou autres ou, parfois, dans des
échanges qu'on a eus peut-être autour de la table à
l'occasion. Cette question a été moins formelle. L'idée
principale est la suivante: nous pensons très sincèrement que la
voie de sortie d'une certaine excellence retrouvée dans le réseau
- et on ne parle pas seulement des commissions, c'est pour cela que j'insiste
au niveau des écoles pour reprise en charge
déléguée des écoles, comme je parlerais d'un
enseignant qui reprend en charge sa classe sous l'indépendance relative
avec son directeur de façon è recréer son lien avec ses
enfants -est le retour des gens vers leur responsabilisation. C'est le principe
de base.
On comprend le dilemme dans lequel vous soulevez la question des
responsabilités 90%-10%, mais cela ne change pas notre principe. On veut
que soit travaillée la question par laquelle nous pourrions trouver les
pistes qui feraient que de plus en plus les commissions réacquerraient
le sentiment de leurs responsabilités vraiment et une libération
de certains champs par le ministre ou le gouvernement. Il y a des terrains sur
lesquels il y a des discussions importantes à faire. C'est pour cela que
nous n'insistons pas pour dire: Réglons-le maintenant.
Il y a des questions qui sont très importantes. Régime
pédagogique. On sait qu'il y a des nécessités de certaines
uniformités provinciales. Programmation. Les immobilisations, il y a
certains champs qui sont libérés; il en reste encore
d'importants. La politique relative au personnel sur la gestion de ceux qui ne
sont pas syndiqués; là, on peut en lister 10, 12, 14 ou 15.
Ce qu'on dit, c'est que dans un processus de responsabilisation qui
s'accentue et de prise en charge des gens, ne laissez pas sur le banc, lors du
vote sur ce dossier à l'Assemblée nationale, la question de la
décentralisation. Il devrait y avoir une suite. La suite qu'on
suggère dès maintenant, c'est à l'article 454 où on
trouve la création d'une nouvelle mécanique de relation de
partnership entre le ministre et les associations, qu'on installe cette table
à cet endroit sur ce thème et, éventuellement, dans un an,
deux, ans, trois ans, six mois, quatre mois, on trouvera de nouvelles pistes.
On verra si c'est par changements aux règlements ou par une loi, on ne
le sait pas. Ce qu'on veut, c'est que le terrain soit fouillé.
Laissons-le, pour l'instant, dans un état X et, à partir du
moment où sera mis en vigueur l'article 454, qu'on y travaille, parce
que là aussi il y aura une réhabituation des gens à
retrouver une certaine autonomie. C'est très clair que le régime
pédagogique, s'il est vertement décrié parfois, il sert
actuellement à se retrouver pour un certain nombre. Si on recrée
une certaine indépendance des commissions versus leur milieu,
écoles, et écoles versus les parents, il faudra trouver les
pistes sur lesquelles ces gens pourront trouver une certaine liberté
sans créer dans le Québec une zizanie totale.
J'avoue très honnêtement qu'il serait prétentieux
pour quinconque de dire qu'actuellement les pistes sont identifiées. Il
faut s'asseoir et les regarder. C'est ma réponse.
M. Bérubé: Une dernière question. Vous
parlez de la participation du directeur au comité de la commission
scolaire ou même de l'école, dans le cas du directeur
d'école. Le seul problème que je vois, c'est peut-être le
comité pédagogique où, en général, il fait
l'objet d'une négociation. Est-ce que vous pensez qu'on devrait se
substituer à la négociation de sa composition et l'imposer par
loi, c'est-à-dire imposer la présence soit du directeur
général au comité pédagogique de la commission
scolaire ou du directeur au comité pédagogique de
l'école?
M. Paquet (Michel): C'est parce que le comité
pédagogique, nous ne l'identifions pas comme un comité de
négociation, nous l'identifions comme un comité où les
enseignants font des choix de fonctionnement par rapport à leurs
responsabilités. S'il n'est pas objet de négociation, il est
objet d'échanges, de discussions et d'avis-conseils. On se dit, à
ce moment-là, qu'un directeur d'école qui est dans la situation
d'avis-conseil, pas de vote, pas d'interférence, n'essaie pas de
manipuler le comité parce que, de toute façon, il va se faire
sortir, ils vont faire des caucus à côté. Il est en
situation de pouvoir s'asseoir, de les laisser aller et de jaser avec eux, mais
au moins, quand les gars ou les filles s'enlignent sur une piste qui serait
absolument hors contexte, il va leur fournir l'information.
C'est dans ce sens qu'on dit: Créons les lieux de communication
installés non pas, par exemple, de droit de vote. Je vais donner le cas
d'un directeur général; je n'ai pas besoin d'un droit de vote au
comité de parents et je n'ai pas besoin d'un droit de vote au
comité pédagogique régional. Le directeur de
l'enseignement s'y assoira pour le comité pédagogique
régional, si les gens s'interrogent sur certaines données de la
politique, ils ne l'interpréteront pas en dehors de notre
présence, ils vont nous questionner, ils vont nous pistonner et on va
répondre sur le tas. S'ils ne sont pas contents, ils vont sauter les
étapes par la suite.
M. Bérubé: Vous implanteriez cette obligation dans
la loi?
M. Paquet (Michel): La question reste importante dans le sens que
si on veut que la négociation locale précise certains champs, je
reste inquiet de votre question là-dessus. Ce qui m'inquiète et
ce qui inquiète les directeurs généraux, c'est le fait de
constater qu'il y a dans la loi une non-affirmation de l'interrelation sur
place des intervenants.
M. Bérubé; Ce qui est intéressant, d'ailleurs, dans
les différences de mentalités, assez étonnantes entre les
groupes francophones et les groupes anglophones, c'est que chez les
anglophones, les enseignants veulent que le directeur participe au projet
éducatif, donc au comité pédagogique, et, chez les
francophones, les enseignants ne veulent pas que le directeur participe au
comité pédagogique. Cela montre bien à quel point on a
beaucoup de chemin à faire encore dans le sens du rapprochement au
Québec, chez les francophones!
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette remarque du
ministre, je veux maintenant céder la parole à la
députée de Jacques-Cartier, en signalant que le ministre a
épuisé le temps de parole du groupe ministériel et qu'il
reste, du côté de l'Opposition, un gros douze minutes,
étant donné que j'ai été assez large avec le
ministre.
Mme Dougherty: Merci. Comme à d'autres occasions, j'ai
apprécié grandement la clarté et la logique de votre
présentation. C'est la voix de l'expérience et du bon sens.
J'ai une question qui touche la deuxième question du ministre.
Vous êtes favorable au véritable processus de
décentralisation du pouvoir vers les commissions scolaires.
C'était demandé depuis longtemps par les commissions scolaires et
d'autres membres du monde scolaire. Mais vous suggérez que l'article 454
puisse servir de mécanisme afin de faciliter la réalisation de
cet objectif. Comme l'article 454 constitue un mécanisme qui vise
uniquement la consultation sur les règlements, ne croyez-vous pas qu'il
serait plus sage peut-être qu'au lieu de faire confiance aux discussions
futures soient inscrits dans la loi au moins les principes de cette
décentralisation que vous souhaitez?
M. Paquet (Michel): Je répondrai en deux temps. J'accroche
à ce que M. Bérubé disait à la fin. Si on avait pu,
à ce jour, conclure d'une concertation assise sur une conviction
définitive d'expériences, alors qu'on va la bâtir, qu'on va
peut-être commencer à la rebâtir; si on avait pu, depuis les
deux dernières années, conclure des principes sur les aspects
à caractère de décentralisation et des contenus à
décentraliser et des comment faire pour les décentraliser, je
dirais probablement qu'on serait prêts à déposer sur cela.
Ce qu'on convient, c'est qu'il y a un terrain de zone grise important dans
l'entendement que nous avons entre nous du réseau et du réseau
avec le ministre et le gouvernement probablement sur la notion de
décentralisation. Donc, on dit: On reste attachés au débat
et on le veut ce débat, mais on ne veut pas être exigeants d'une
chose pour laquelle on ne serait même pas capables, nous, de
déposer en détail et le principe et le comment et le quand. Sauf
qu'on veut s'assurer que les gens vont être sensibilisés au fait
qu'après la loi ou vite après la loi, ou avant la loi, si on
peut, partent les relations pour régler ce contentieux qui est important
mais qui n'est pas important dans le sens des pouvoirs attribués aux
instances locales, qui est important dans le sens des conséquences que
cela pourrait avoir sur la reprise en main par les instances locales de leurs
devoirs locaux, ce qui est la seule voie, finalement, pour retrouver une
certaine excellence. Quand tu te sens responsable de tes choses, tu les exerces
devant les gens qui te demandent des comptes et avec le goût de le faire
parce que tu es prêt d'eux. C'est dans ce sens qu'on dit: On n'est pas si
pressés de le faire maintenant et on ne serait pas prêts à
déposer, mais on veut que cela commence à se débattre
vraiment et vite et de façon organisée. Le 454 nous
apparaît une piste. Il peut y avoir d'autres pistes, mais cela nous
apparaît une piste. C'est dans cette perspective qu'on fait notre
commentaire.
Mme Dougherty: Merci. Allez-y.
M. Parent: Avant de faire quelques commentaires sur le
mémoire qui nous a été présenté par
l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires,
je voudrais faire une mise au point. Tout à l'heure, le ministre de
l'Éducation a fait remarquer que mon collègue, le
député de Saint-Laurent, ne semblait pas être au courant du
règlement actuel qui régit les comités d'école.
M. Bérubé: Les conseils d'orientation, j'ai pris le
mauvais article.
M. Parent: Vous avez pris le mauvais article parce que les
comités d'école, je ferai remarquer au ministre qu'actuellement
ils n'ont que des pouvoirs consultatifs.
M. Bérubé: Comme les comités de parents.
M. Parent: C'est cela. Tandis que dans votre nouvelle loi le
conseil d'école détermine les orientations, détermine la
confessionnalité, adopte des règles de conduite pour les
élèves, approuve le choix des activités éducatives,
adopte les prévisions budgétaires et détermine
l'utilisation des locaux. C'est donc dire que dans cela ce n'est plus du
consultatif, c'est un certain pouvoir exécutif qui peut
éventuellement venir en conflit avec une commission scolaire existante.
Seulement un exemple. On sait qu'il y a des protocoles d'entente entre les
villes et les commissions scolaires quant à l'utilisation des salles
d'école pour fins de loisirs ou des auditoriums pour activités
culturelles etc. Imaginez, dans une grande ville, si chaque école
décidait de louer ou de ne pas louer, de prêter ou de ne pas
prêter à des tarifs différents, dans quelle pagaille on
serait et ce que cela coûterait aux contribuables pour construire,
parallèlement aux équipements existants, d'autres
équipements.
Je remercie beaucoup nos invités d'être venus nous aider
à bonifier ce projet de loi. Je voudrais leur demander combien de
membres représente l'Association des directeurs généraux
des commissions scolaires.
M. Paquet (Michel): Je pense que potentiellement au
Québec, avec les directeurs généraux adjoints et à
temps plein...
M. Parent: Pas le potentiel, les membres.
M. Paquet (Michel):... nous sommes 251 ou 252 sur 256, il y a
quatre abstentions.
M. Parent: Cela veut dire qu'il y a 256 directeurs
généraux.
M. Paquet (Michel): 252 qui sont membres et 256 membres
potentiels.
M. Parent: Quel a été le processus de consultation
avant de venir nous rencontrer ici?
M. Paquet (Michel): Faut-il que je recommence a il y a quatre
ans?
M. Parent: Non, rapidement, c'est juste pour me situer un
peu.
M. Paquet (Michel): Rapidement.
M. Parent: Il y a des choses qui m'intriguent dans cela.
M. Paquet (Michel): La dernière présentation du
projet de loi 3. Il avait été convenu avec les collègues
que, dès son dépôt et dès qu'on connaîtrait
son contenu, il y aurait retour d'assemblée générale non
pas pour redébattre des principes qu'on avait établis lors du
projet de loi 40, mais au moins pour s'ajuster sur les mandats. Alors, il y a
eu assemblée générale le mardi qui a suivi le
dépôt de la loi pour nous ramasser sur le contenu d'une
déposition potentielle en commission parlementaire. Donc,
assemblée générale.
M. Parent: Il y avait combien de monde à votre
réunion?
M. Paquet (Michel): 165 personnes environ.
M. Parent: Je vais vous dire pourquoi, c'est que j'ai vécu
tout près du monde scolaire. Je vous félicite. Vous avez
consulté les gens et cela semble être très
représentatif. Je ne comprends pas que vous, les directeurs
généraux, soyez si braves que cela pour dire enfin: La
décision, au niveau de l'école, de l'orientation confessionnelle
ou non confessionnelle de l'école, on laisse cela aux comités de
parents, il n'y a pas de danger de pagaille, il n'y a pas de problème
là-dedans. S'il y en a, on va s'organiser avec. Je ne sais pas si les
directeurs généraux des grandes commissions scolaires du
Québec, qui dirigent des 50, 75 et 100 écoles, sont du même
avis et s'ils sont conscients dans quoi ils s'embarquent en acceptant ou en
endossant un tel projet. Je vais vous reposer à vous la même
question: Est-ce que vous êtes conscient - c'est la remarque que je
faisais au ministre - des problèmes dans l'utilisation des locaux, par
exemple, quand par les pouvoirs dévolus aux conseils d'école,
chaque conseil d'école décidera de l'utilisation des locaux?
M. Bérubé: 1984-1985?
M. Paquet (Michel): Alors, je comprends que votre question,
c'est: Sommes-nous conscients de ces difficultés?
M. Parent: En fait, ce sont vos commentaires sur cela.
M. Paquet (Michel): Oui, oui. Je tiens à préciser
une chose: comme assemblée, parce que c'était cela votre
intervention, comment avons-nous procédé? Quand vient le temps
des débats sur des questions à caractère
général qui pourraient être plus difficiles dans un
contexte particulier Y, nous acceptons qu'il faut convenir entre nous de
principes généraux. Le principe général pour
l'ensemble de l'assemblée est celui-ci. Tout à l'heure M.
Lapointe a insisté sur notre compréhension de facteurs
très particuliers dans des régions très
particulières pour lesquels nous pensons qu'il y a des prudences
à exercer. De quelle nature? C'est une chose à relier aux
gens qui sont concernés. Ce que nous n'admettons pas, c'est de
présumer que des problèmes qui sont apparus dans un secteur
donné de la province vont s'étendre à l'ensemble de la
province, quand d'expérience il y a ailleurs dans la province une
majorité de commissions scolaires et de directeurs
généraux qui n'ont pas vécu des problèmes
particuliers. C'est pour cela, donc, qu'on dit que globalement on est d'avis
que cela va rouler.
Les problèmes particuliers, on ne veut pas qu'ils empêchent
le règlement des problèmes généraux, mais on est
conscients des problèmes particuliers. On veut les laisser à leur
niveau, c'est pour cela qu'on fait une insistance sur le règlement
particulier. N'étendons pas l'étendard pour l'ensemble de la
province quand on reconnaît que, dans l'ensemble, cela roule. C'est notre
point de vue.
M. Parent: Il faut quand même être conscient - si
j'ai encore une minute, M. le Président - que la grande majorité
de la population du Québec vit dans la région de Montréal
et dans la région de Québec ou très près de ces
centres. On n'a pas à le négliger. Faire décider si une
école est confessionnelle ou ne l'est pas par un comité de
parents, c'est sûr qu'à Saint-Pascal de Kamouraska ou à
Rivière-du-Loup, ce n'est pas un problème, mais cela en est un
à Montréal où il y a une pluralité et dans la ville
de Québec aussi. Je pense qu'on ne peut pas comparer les deux
situations. Le problème de l'école confessionnelle et non
confessionnelle, c'est dans le grand centre qu'on le trouve, pas en campagne,
pas en milieu rural, encore qu'il y ait quelques exceptions. C'est sur cela que
je me demande si vous avez tenu compte de la réalité
sociologique.
M. Lapointe: À titre de directeur général
qui ai une commission scolaire régionale dans la région
immédiate de Montréal, sur la rive sud, j'ai vécu le
processus du choix de confessionnalité en impliquant les parents et en
les laissant, à toutes fins utiles, comme premiers décideurs aux
fins de la consultation par mandat du conseil des commissaires chez moi et dans
une autre commission dont je faisais partie dans le temps. Effectivement, cela
a été parfois un processus lourd et difficile dans les milieux
hétérogènes et pluralistes. Je peux donner comme exemple
des milieux comme Brassard, Saint-Bruno ou Longueuil. Cependant, nous avons
fait confiance aux gens à ce niveau-là en plaçant
l'encadrement qui assurait la valeur de la consultation et les résultats
nous ont semblé correspondre à la fois aux désirs, aux
besoins, aux attentes des milieux et à une saine représentation
des valeurs de ces milieux. Ma confiance va aussi dans le sens de mon
expérience avec des écoles qui se situent entre 1000 et 3000
élèves et non pas des écoles de 150 ou 200
élèves.
M. Parent: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Ceci clôt...
Pardon?
M. Bérubé: M. le Président, pourrait-on
suggérer au député de Sauvé d'aller lire l'article
54. 6 de l'actuelle loi? C'est écrit que le conseil d'orientation est
chargé de faire des règlements pour l'utilisation des locaux de
l'école.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, je ne
voudrais pas qu'on engage un débat à ce moment-ci. Je pense que
vos suggestions pourront être faites à un autre moment au
député de Sauvé.
Sur ce, il me reste qu'à remercier les porte-parole de
l'Association des directeurs généraux des commissions scolaires
d'avoir bien voulu participer à cette rencontre avec les membres de la
commission. Je pense qu'ils ont apprécié. Merci et à la
prochaine.
M. Paquet (Michel): Pas à la prochaine sur le même
dossier, nous l'espérons très sincèrement.
Le Président (M. Charbonneau): À la prochaine,
parce que la commission de l'éducation risque peut-être
éventuellement d'avoir affaire à vous. Je signale aux membres de
la commission que nous allons reprendre à 20 heures et qu'en vertu de
l'article 137 et à la demande du président de la commission, le
vice-président et député d'Argenteuil me remplacera et
exercera les fonctions de président de la commission pour au moins une
heure, une heure quinze.
Sur ce les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 21)
(Reprise à 20 h 22)
Le Président (M. Ryan): Est-ce que les
représentants de la Provincial Association of Protestant Teachers
pourraient s'approcher à la table de manière que nous puissions
commencer la séance?
Nous reprenons les travaux de la commission parlementaire de
l'éducation et de la main-d'oeuvre dans l'exercice du mandat qui lui a
été confié par l'Assemblée nationale, qui consiste
à tenir des audiences publiques au sujet du projet de loi 3 sur la
restructuration scolaire.
En l'absence du président, qui nous rejoindra tantôt, il me
fait plaisir de souhaiter la bienvenue à la délégation de
la Provincial Association of Protestant Teachers et de l'informer de la
procédure que nous suivons à la commission. La rencontre avec la
commission durera une heure et demie, c'est-à-dire jusqu'à 21 h
55. La première partie de la rencontre est consacrée à la
présentation que la délégation voudra faire. Nous
suggérons une période d'une vingtaine de minutes pour cette
présentation, sans contrainte physique. Ensuite, le temps pour
l'échange de questions et de points de vue est partagé
également entre les députés ministériels et les
députés de l'Opposition. Dès que vous aurez terminé
votre présentation, nous pourrons procéder aux questions et
à l'émission des opinions des membres de la commission.
I wish to welcome you to this committee. I would like the President of
the organization to introduce the delegation, then you can proceed with the
presentation of your brief.
Association provinciale des enseignants
protestants
M. Weiner (Harvey): Merci M. le Président. Je vais
présenter, à ma gauche, M. John Vanderkay qui est un permanent,
conseiller en relations de travail chez nous; à ma droite, Me Charles
Schmidt, qui est notre avocat.
Les 6000 enseignants des syndicats affiliés à
l'Association provinciale des enseignants protestants désirent affirmer
à nouveau les positions soutenues dans notre mémoire soumis
à la commission parlementaire de l'éducation sur le projet de loi
40 en octobre 1983.
Nous constatons une immense amélioration dans le projet 3 qui est
devant nous aujourd'hui et nous félicitons le ministre de
l'Éducation pour avoir réussi à consulter tous les
groupements concernés depuis sa nomination, le printemps dernier. Le
projet de loi 3, à notre avis, apporte de nombreux changements et
améliorations. Toutefois, nous sommes d'avis qu'un bon nombre de points
contenus dans ce projet de loi nécessitent d'être
clarifiés. Dans certains cas, il s'agira de remplacer ou de modifier des
articles. Nous avons groupé nos points de vue sous les six rubriques
principales qui suivent: le droit des élèves à
l'accès au matériel pédagogique et didactique, les droits
et les responsabilités des enseignants et de leurs organisations
syndicales, la confessionnalité au niveau de la commission scolaire et
de l'école, les écoles du MAS-MEQ, les écoles alternatives
et le statut légal du projet de loi 3.
Sur la question du droit des élèves à
l'accès au matériel pédagogique et didactique, nous
pensons que le deuxième paragraphe de l'article 8 doit être
biffé. Nous pensons que c'est nécessaire et essentiel que tout le
matériel nécessaire pour satisfaire aux exigences des programmes
soit fourni aux élèves sans frais.
Il y a aussi deux articles qui sont contenus dans la loi, l'article 471
et l'article 338, qui, pensons-nous, doivent être éliminés
du projet de loi. Cela concerne la création d'organismes
indépendants pour faire des choses qui, pensons-nous, peuvent être
faites par les participants, par les intervenants dans l'éducation. Nous
pensons, par exemple, que l'article 454 modifié peut permettre au
ministre de consulter tous les partenaires dans le monde de l'éducation
pour trouver des façons d'améliorer le contenu du matériel
pédagogique et du matériel didactique. On ne pense pas qu'on
doive créer des organismes privés en dehors du domaine de
l'éducation pour faire des choses comme ça.
Sur la question des droits et responsabilités des enseignants et
de leurs organismes syndicaux, nous pensons, premièrement, que le
ministre devrait reconnaître le droit des enseignants d'élire
leurs représentants à tous les comités établis en
vertu du projet de loi 3, selon nos propres statuts, comme c'est
déjà reconnu pour les autres participants dans
l'éducation.
De plus, nous prétendons que le mandat du comité
pédagogique prévu à l'article 104 devrait permettre
l'ajout de secteurs additionnels de responsabilités qui pourraient
être convenus par les syndicats et les commissions scolaires
concernées. Cela permettrait de joindre les structures de participation
négociées à celles du comité pédagogique et
éviterait ainsi la prolifération des comités.
Nous pensons qu'on doit avoir une réponse claire du ministre
à savoir si l'article 104 et le comité pédagogique
deviendront une alternative au processus de consultation au niveau de
l'école qui fait partie de nos décrets tenant lieu de convention
collective, comme c'est le cas actuellement. On veut évidemment avoir la
possibilité de négocier nos questions, nos préoccupations
quant à la participation et nous pensons, si c'est inscrit dans la loi 3
et qu'il y a des modalités pour ajouter, pour modifier ces
prévisions, que ça nous conviendrait.
Nous croyons aussi que le projet de loi 3 doit respecter le principe de
la libre négociation. En conséquence, il y a trois articles, en
particulier, les articles 95, 96 et 97, qui doivent être, à notre
avis, révisés pour soustraire de ces articles non pas les
pouvoirs, par exemple, et les responsabilités du directeur pour un
certain nombre de choses, mais la spécificité des
responsabilités. Par exemple, si on prend l'article 95, il indique que
le directeur a
l'obligation de transmettre un rapport aux parents au moins cinq fois
par année, un rapport d'évaluation sur le développement de
l'élève avec tous les détails.
Ce qu'on veut dire par là, c'est que si, par exemple, à un
point ou l'autre, il y a des arguments à savoir que ça doit
être quatre rapports ça veut dire, si c'est dans la loi, que
ça implique une modification à la loi. Nous pensons que la
spécificité dans ces choses est trop grande. Cela limite la
possibilité de modifier des choses et ça limite aussi, à
notre avis, la possibilité de discuter, de négocier ces choses.
Cela s'applique pour les autres éléments aux articles 95, 96 et
97. (20 h 30)
La question de la confessionnalité au niveau de la commission
scolaire et de l'école est une de nos plus grandes
préoccupations. On se pose de nombreuses questions sur l'impact qu'aura
le projet de loi 3 sur la confessionnalité. Nous avons
déjà consacré un chapitre complet de notre mémoire
sur le projet de loi 40 à ce sujet. Et, malheureusement, on doit
constater que le projet de loi 3 est encore vague et confus sur cette
question.
Par conséquent, ce point demeure un point d'impact pour les
milieux anglophones québécois. La population scolaire desservie
par les écoles anglophones - et on insiste sur cela - est beaucoup plus
diversifiée sur la base culturelle, ethnique, confessionnelle et non
confessionnelle que celle desservie, au moment actuel, par les écoles
françaises. À cause de cela, divers éléments du
secteur anglophone font différentes suppositions, souvent
contradictoires, sur ce que la loi veut dire et comment elle sera
appliquée.
Il est donc essentiel que les fausses conceptions et malentendus soient
clarifiés immédiatement. Les points suivants nous
inquiètent tout particulièrement: les conditions et les
critères à être établis par le ministre dans la
consultation des parents pour qu'une école soit reconnue catholique ou
protestante et les conditions pour le retrait d'une telle reconnaissance.
Articles mentionnés: 79, 280, 451. Quels sont - on pose la question
aujourd'hui comme on l'a posée à la dernière commission
parlementaire - les critères et les conditions que le ministre se
propose d'établir? Cela ne veut pas dire qu'on demande que
l'arrêté en conseil ou les règlements soient
déposés dans leur forme finale. Mais on doit avoir une
idée de ce que pense le ministre sur ces questions. Quelles vont
être les conditions? Quels vont être les critères qui seront
appliqués par le ministre de l'Éducation?
Sur la question des droits des commissions scolaires dissidentes, cela
veut dire quoi? Est-ce que les stipulations de la section 93 et les autres
sections applicables sont respectées, étendues ou restreintes par
la loi actuelle? Je ne prétends pas être expert dans ce domaine,
mais je sais qu'il y a une opinion différente pour chaque avocat, chaque
juge avec qui on discute de cette question et nous pensons que c'est une
question primordiale qui doit être clarifiée avant que la loi soit
appliquée.
Les droits du comité catholique et du comité protestant,
cela nous inquiète aussi, aux articles 97 et 564. Il y a certaines
sections - je pourrai élaborer dans la période des questions - de
ces articles qui ne sont pas claires et, par conséquent, peuvent
créer de sérieux problèmes dans leur application ou au
moins dans leur interprétation.
Il y a des petits points qui nous inquiètent dans la
communauté anglophone et particulièrement sur l'Ile de
Montréal. Les écoles du MAS-MEQ, dans le secteur anglophone, par
exemple. Actuellement, ces écoles sont desservies par la Commission des
écoles protestantes du grand Montréal. Nous pensons, avec le
petit nombre d'écoles qui desservent la communauté anglophone
dans ce secteur, qu'elles doivent être regroupées sous la
juridiction d'une des trois commissions scolaires qui seront établies
sur l'île de Montréal afin que ces écoles puissent fournir
un assez grand réseau d'écoles pour servir adéquatement
les élèves concernés.
Sur la question des écoles alternatives, les écoles qui
ont un projet éducatif tout à fait différent, basé
sur la musique, les arts, différentes façons d'enseignement,
actuellement, il existe une petite quantité de ces écoles sur
l'île de Montréal. La politique de la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal est de laisser les élèves
de n'importe quel coin de l'île aller à ces écoles. On veut
qu'il soit clair et certain que dans la loi - et on suggère l'article 56
-il y aura des stipulations pour ces écoles afin que ces
élèves puissent être regroupés dans leur
bâtisse actuelle pour continuer dans ces projets alternatifs, sous la
juridiction de la commission scolaire qui sera responsable de la bâtisse
qui existe au moment actuel.
Finalement et en terminant, M. le Président, nous pensons
fermement qu'avec toute la confusion qui existe sur la question de la
confessionnalité il est bien nécessaire que le gouvernement
soumette cette loi à la Cour d'appel du Québec pour en
déterminer une fois pour toutes la constitutionnalité.
On suggère qu'avant la mise ne vigueur, avant que les autres
formulent des questions qui ne seront peut-être pas des questions qui
doivent être posées, le gouvernement formule ses propres questions
et soumette cette loi à la décision de la Cour d'appel du
Québec.
Nous pensons que ce sera une erreur de grave conséquence si on
tente d'appliquer une loi dans une situation où il y aura des
contestations par différents groupes pour différentes raisons.
Nous pensons franchement
qu'il y a beaucoup de bien dans le projet de loi, qui a le potentiel
d'améliorer notre système d'éducation. On veut que cela
s'applique dans un climat sain, un climat où tous les intervenants
comprennent bien la portée et les faits de la loi. Merci.
Le Président (M. Ryan): Merci, M. Weiner. Je pense que
nous allons laisser la parole à M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier l'Association provinciale des enseignants protestants de leur
participation à notre commission. Leur mémoire est bref mais il
est précis. Comme vous dites en anglais, "it goes to the point". Je
crois que c'est l'expression juste.
Vous faites ressortir, en fait, de façon claire et précise
les points sur lesquels il y a désaccord ou, en tout cas, sur lesquels
vous vous posez des questions.
Je vais vous poser une première question qui sera aussi directe
que votre mémoire. Au moment de la présentation du projet de loi
40, vous avez dit oui à une réforme mais non au projet de loi 40.
Dites-vous oui au projet de loi 3 puisqu'il s'agit également d'une
réforme qui est proposée? C'est une première question.
M. Weiner: M. le Président, on dit que le projet est une
grande amélioration en comparaison avec la loi 40. On pense que le
potentiel de la loi 3 est plus grand que le potentiel du système
confessionnel qui existe actuellement. Nous pensons aussi que s'il n'y a pas de
clarification des questions qu'on a posées, on peut envenimer, en
particulier dans la communauté anglophone, le climat dans nos
écoles. Alors, on veut les améliorations qui peuvent être
apportées au système d'éducation par la loi 3, mais on
veut avoir des clarifications des décisions sur les points litigieux
avant que la loi s'applique.
M. Leduc (Fabre): Si j'ai compris, ces clarifications que vous
demandez touchent en particulier les règlements du comité
catholique et du comité protestant. C'est cela?
M. Weiner: Notre plus grande préoccupation, c'est toute la
question des commissions scolaires dissidentes. Est-ce que la loi implique - on
a beaucoup d'avocats qui disent cela - la possibilité de la
prolifération des commissions scolaires protestantes, des commissions
scolaires catholiques, des commissions scolaires anglophones et des commissions
scolaires francophones? Est-ce qu'il se peut que le projet de loi laisse la
possibilité d'une fragmentation plus grande que celle qui existe
actuellement? Si c'est cela que le projet de loi implique, que cela va
être la position poursuivie par certains éléments de notre
communauté, on a de grandes inquiétudes.
Pour nous, le projet de loi 3 doit, particulièrement pour la
communauté anglophone, consolider notre communauté, nous donner
une occasion d'avoir une plus grande participation dans l'éducation avec
toutes les ressources humaines et matérielles qui sont disponibles, en
commun. Pour le secteur francophone aussi. Je vois cela comme un potentiel dans
le projet de loi.
Mais si les points litigieux sur le Canada Act et toutes ces autres
questions ne sont pas clarifiés avant que la loi s'applique, on
prévoit une période de deux, trois, quatre ou cinq ans où
le climat sera épouvantable. Déjà, dans quelques
régions hors de l'île de Montréal où, dans nos
écoles protestantes dites communes, il y a une majorité, par
exemple, d'élèves de foi catholique dans le moment, il y a des
indications que la communauté va prendre l'occasion qui lui est
prétendument donnée par la loi pour créer une école
catholique. Quelles seront les conditions de cette création? Est-ce que
cela va amener des batailles au niveau de l'école, au niveau de la
communauté? On veut que les règles soient claires, on veut que
tout le monde sache à l'avance où on s'en va avec cela.
M. Leduc (Fabre): Très bien. Une autre question. En fait,
vous ne parlez pas de cette question, mais je vais quand même vous
demander votre opinion sur l'élection des commissaires. Le projet de loi
3 diffère sensiblement du projet de loi 40 à cet égard. Je
pense que vous le connaissez suffisamment, je n'ai pas à vous rappeler
les dispositions de la loi concernant l'élection des commissaires. Il y
aura des commissaires élus au suffrage universel, des commissaires
choisis par les parents. Qu'est-ce que vous pensez de cette formule? Est-ce que
c'est une amélioration par rapport au projet de loi 40?
M. Weiner: C'est une amélioration, nous le constatons et
nous l'avons dit dans le préambule à notre présentation
d'aujourd'hui. Même si nous ne mentionnons pas spécifiquement ce
point, nous préférons la formule actuelle du suffrage universel
pour tout le monde. Nous pensons que les parents, comme tout le monde, peuvent
se présenter comme candidats. Il est bien évident que cette
formule est une amélioration par rapport à la formule
prévue dans le projet de loi 40. Mais on doit constater qu'on
préfère ce qui existe actuellement comme moyen d'élire des
commissaires.
M. Leduc (Fabre): Quel rôle, alors, attribuez-vous aux
parents dans le système scolaire, compte tenu de leurs demandes de
plus grande participation, que vous connaissez, même de
participation au pouvoir décisionnel? Comment voyez-vous cela,
alors?
M. Weiner: Nous voyons cela dans le contexte des dispositions du
projet de loi 3 sur ces questions, lesquelles nous satisfont. Mais il y a ce
doute, la question de l'élection de tous les commissaires. Nous pensons
qu'avec une formule du suffrage universel, on peut satisfaire les besoins de
toute la communauté parce que l'école, pour nous, c'est une
école qui a des implications pas seulement pour les parents qui ont des
élèves dans l'école, à un moment ou un autre, mais
il y a des parents qui ont des enfants qui iront à l'école dans
deux, trois ou quatre ans. Il y a aussi les autres participants d'une
société qui ont besoin d'une école qui fonctionne d'une
bonne façon, qui produise des citoyens qui peuvent prendre des emplois
sur le marché du travail. Alors, il y a tout ce monde dans la
société qui a un intérêt. Nous pensons que la
formule actuelle... Si, par exemple, les parents pensent que la plus importante
qualité pour devenir commissaire, c'est d'être parent d'un
élève qui est dans le système scolaire actuellement, ils
ont tous les moyens pour présenter des candidats et les faire
élire dans le système actuel.
M. Leduc (Fabre): Si je comprends bien, au niveau de la
commission scolaire, mais vous croyez qu'au niveau du conseil d'école
les parents ont leur place. C'est au niveau du conseil d'école qu'ils
peuvent véritablement remplir leur role, c'est cela? (20 h 45)
M. Weiner: Et à la commission scolaire. Il y a dans la
majorité des commissions scolaires, à ma connaissance, des
commissaires qui sont des parents qui ont des élèves dans les
écoles.
M. Leduc (Fabre): Comment voyez-vous la participation des
enseignants au niveau du conseil d'école? Est-ce que vous
considérez qu'à cet égard il y a une amélioration
quant aux rôle, fonctions et statut également qu'on attribue
à l'enseignant à l'intérieur de l'école? Je pense
en particulier à sa participation voulue au sein du conseil
d'école.
M. Weiner: Nous pensons qu'il y a une amélioration
là. On est conscient du comité pédagogique et du mandat de
ce comité. Il y a quelque chose là. On a des inquiétudes,
comme je l'ai exprimé dans le mémoire ce soir, que ce
comité pédagogique implique peut-être qu'il n'y aura pas un
chapitre sur la participation dans une convention collective. On ne sait pas
exactement où le gouvernement veut en venir avec cela. Si le
comité pédagogique pouvait être complété et
puis avoir un mandat ou, si c'est possible, par négociation entre la
commission scolaire et le syndicat, d'ajouter, de modifier les pouvoirs, cela
nous satisferait. Si cela n'existe pas, on pose la question: C'est quoi la
place, par exemple, des mécanismes de consultation prévus par les
décrets et qui existent actuellement dans les ententes locales entre les
syndicats et les commissions scolaires? C'est bien évident qu'il y a des
pouvoirs de participation qui existent actuellement, qui impliquent dans
quelques domaines plus que ce qui existe dans la loi. Alors, on veut avoir une
conciliation entre les deux. On préfère évidemment que la
loi dise clairement que cela va être possible d'ajouter, de modifier ces
pouvoirs en négociation et avec l'accord de parties
concernées.
M. Leduc (Fabre): Vous touchez justement à une autre
question que je voulais vous poser concernant le comité
pédagogique. Vous parlez de l'article 104 où on accorde des
pouvoirs précis au comité pédagogique, donc aux
enseignants, quant à l'implantation de nouvelles méthodes, le
choix des instruments pédagogiques, les orientations pour le choix du
matériel didactique par les enseignants. Vous voudriez que puissent
s'ajouter, si je comprends bien, via la négociation, d'autres
éléments.
Je ne pense pas que la loi empêche ceci via la négociation.
Je pense que la loi prévoit tout simplement un nombre de dispositions,
certaines questions fondamentales pour l'école, mais ce n'est
sûrement pas restrictif. Ce n'est pas comme cela que vous le voyez non
plus. Je veux dire qu'on peut très bien être d'accord avec
l'article 134 et être d'accord également pour qu'entrent dans le
champ des négociations d'autres éléments qui puissent
s'ajouter puisque cela fait partie du champ des négociations.
M. Weiner: C'est important pour nous de clarifier cela. Je
comprends ce que vous dites mais moi je peux interpréter aussi que s'il
y a quelque chose dans une loi qui précise trois éléments,
on peut toujours dire que c'est prévu par la loi. Il y a ces trois
points, point à la ligne, et il n'y a pas de possibilité parce
que dans une négociation on peut toujours dire que cela va être
contre les dispositions de la loi.
Si c'est cela l'esprit - et j'espère que c'est l'esprit - alors
moi je pense qu'un simple ajout qui n'implique pas une obligation mais qui
implique une possibilité, si les parties sont d'accord pour ajouter,
modifier, cela aiderait beaucoup et cela pourrait résoudre beaucoup de
problèmes.
Il y a autre chose, comme on discute à ce comité au moment
actuel, qui n'est pas claire, à notre avis. C'est à l'article
103,
quatrièmement; il y a une obligation pour le comité
pédagogique "d'étudier tout sujet sur lequel il est
consulté". Franchement, on préfère que ce paragraphe soit
biffé parce qu'on ne sait pas ce que cela peut impliquer. Il y a
peut-être des choses qui peuvent être soumises au comité
pédagogique, des choses qui iront à l'encontre d'une convention
collective ou qui impliquent l'évaluation d'une personne qui est
impliquée, par exemple, comme membre du personnel. On ne comprend pas ce
que cela peut vouloir dire, si on prend les mots tels qu'ils sont inscrits dans
le texte de loi, "tout sujet sur lequel il est consulté". Est-ce que
cela oblige le comité pédagogique à prendre position sur
n'importe quoi que le conseil d'école ou le directeur veut lui soumettre
pour consultation? Cela nous inquiète un peu. On ne comprend pas
pourquoi c'est inscrit là-dedans. Évidemment, on n'a rien contre
le fait d'être consulté. On veut être consulté. On
veut être impliqué, mais on ne veut pas avoir l'obligation
d'étudier quelque chose qui va à l'encontre de ce qui doit
être discuté dans un autre volume.
M. Leduc (Fabre): D'accord, je comprends. Sur la question de
l'école alternative, je vous renvoie à l'article 282 qui permet
la formation d'une école alternative, si tel est le voeu du milieu et de
la commission scolaire. Cela permet également le regroupement
d'élèves sur la base de la foi, de la religion ou sur la base
d'un regroupement culturel, par exemple, un groupe ethnique. Ne croyez-vous pas
que cet article 282 répond à votre question au sujet de
l'école alternative ou de la possibilité d'ouvrir une
école alternative?
M. Weiner: On a noté cela. On note aussi d'autres articles
qui permettent des accords entre des commissions scolaires. On voulait
seulement soulever un problème qui est un peu répandu sur l'Ile
de Montréal en particulier. On a, je pense, une quinzaine
d'écoles alternatives qui ont un bassin d'élèves qui
proviennent de tous les coins de l'île de Montréal. Pour
commencer, si cela implique la dissolution de ces écoles, par exemple,
puisque ce ne sont pas des écoles de la communauté ou des
écoles communautaires, si cela implique qu'elles doivent toutes
déménager dans un autre bâtiment où cela ne sera pas
possible pour un bon nombre de ces élèves, parce qu'ils ne
résident pas sur le territoire de cette commission scolaire et devront
être impliqués dans un autre projet, dans une autre commission
scolaire, cela peut créer des problèmes.
On se demande s'il ne serait pas possible, par exemple à
l'article 56, d'avoir la possibilité que cela soit une école
nationale ou une école régionale, et qu'un accord entre les
commissions scolaires impliquées stipule que cette commission a la
responsabilité pour ce type d'école, et une autre commission pour
un autre type d'école, si c'est le désir de la communauté.
Il ne faudrait pas qu'on en arrive à une dissémination de douze,
treize ou quinze écoles dans notre système actuel. Je vois cela
comme un problème potentiel seulement sur l'île de
Montréal. Ce ne sera pas un problème hors de l'île de
Montréal.
M. Leduc (Fabre): De qui relèverait alors
l'autorité? Il me semble que c'est la commission scolaire, selon
l'article 282. Elle appartient à la commission scolaire, donc. La
communauté se fait entendre par la commission scolaire sur la
détermination d'un certain nombre d'écoles qui pourraient
être alternatives ou autres. Je ne vois pas exactement où se
trouve le problème, étant donné que c'est un processus
démocratique, finalement. C'est par le biais des commissions scolaires,
des conseils d'école que seront véhiculés ces besoins. Je
ne vois pas exactement où vous situez le problème.
M. Weiner: Actuellement, et je pense que c'est dans l'esprit de
la loi, il existe des écoles qui fonctionnent pour des périodes
de deux ou trois ans. Elles peuvent exister presque comme telles. Il y a aussi
une douzaine d'écoles qui existent dans certaines parties du territoire
du Bureau des écoles protestantes du grand Montréal mais qui
reçoivent des élèves qui viennent de toutes les parties de
l'île de Montréal. Je ne sais pas exactement comment les cartes
scolaires vont finalement être décidées, mais il y aura,
par exemple, une commission scolaire dans l'ouest qui aurait la
responsabilité pour 50 ou 60 élèves qui vont à
l'école FACE, une autre soixantaine qui viendrait de la commission
scolaire qui serait la commission scolaire de l'est, par exemple, et une autre
centaine viendrait de la commission scolaire du centre. Ce qu'on veut dire par
là, c'est: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen pour les écoles
alternatives qui existent actuellement que les commissions scolaires puissent
avoir un accord au préalable pour que ces deux ou trois écoles
soient la responsabilité de cette commission scolaire, qu'une autre
commission ait la responsabilité de deux ou trois autres écoles,
etc., pour que les parents - je pense qu'ils veulent continuer - puissent
avoir, grosso modo, une école comportant le même nombre
d'élèves et à peu près le même nombre de
services qu'ils ont actuellement? C'est seulement cela.
M. Leduc (Fabre): D'accord, je comprends votre point de vue. Il
s'agirait d'une entente entre commissions scolaires ou, enfin, que la loi
puisse établir cette possibilité d'une entente pour des
écoles à
vocation régionale. D'accord.
Je vais laisser mes collègues poser des questions et, s'il me
reste du temps, j'y reviendrai. Je vous remercie beaucoup de vos
réponses.
Le Président (M. Ryan): Je voudrais simplement rappeler
que nous pourrons discuter avec votre groupe jusque vers 21 h 55. Cela veut
dire que la période de discussion allouée à chacun des
deux groupes parlementaires est d'à peu près 45 minutes. Il en
reste, par conséquent, environ la moitié de ce qui vous est
attribué. Est-ce que vous pourriez nous dire exactement combien il reste
de temps pour le cûté ministériel?
Le Secrétaire: Il reste 21 minutes.
Le Président (M. Ryan): Il vous reste 21 minutes. De notre
côté, combien avons-nous de temps?
Le Secrétaire: Vous avez 43 minutes.
Le Président (M. Ryan): Nous avons 43 minutes. Je vais
demander à la députée de Jacques-Cartier de commencer la
discussion de notre côté.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Au nom de
l'Opposition, j'aimerais vous remercier de votre présentation de ce
soir. Je suis très consciente que votre mémoire est bref et
très concentré à cause du peu de temps que nous avons ce
soir et de l'échéancier très serré pour soumettre
notre avis. J'aimerais vous demander quelques précisions. Je vais
relever les points principaux de votre mémoire dans l'ordre.
I have questions on each of the main points that you made in your brief.
First of all, you have talked about the right of students access to pedagogical
and didactic materials. This afternoon, we heard the CEQ who actually had a
considerable criticism of the law in this respect and the whole idea of access
which they thought was qualified by all kinds of restraints in the law. I do
not know whether you had time but I am sure you have seen the brief that they
presented this afternoon. Are you in general in agreement with the position
with regard to these unacceptable qualifications of access that were raised by
the CEQ this afternoon?
M. Weiner: I have not had a chance to examine the CEQ brief in
detail. I have just received it actually this evening. But, certainly, we are
concerned - as I think we indicated in our own brief - about the growing trend
that we are finding in public education in Québec these days towards
putting more and more the burden on the student and on the parent to provide
materials that are, in our estimations as teachers, essential to carrying out
the curriculum which we are obliged to carry out. And provisions such as the
one in article 8, where we open up not an interpretation but an obligation on
the parent and on the student to provide certain materials that in our mind,
are essential to the program, that is unacceptable and we feel those provisions
similar to that that run through the Bill have to be changed. (21 heures)
Mme Dougherty: With respect to transportation, I think the CEQ
made the point that it is all very well to give the parents the right to choose
the school, and so on, that suits there values and religious orientation,
pedagogical orientation or whatever. But if transportation is not provided free
of charge then this is a false... It immediately erodes that right. Would you
agree with that or do you accept certain practicabilities with regard to
transportation?
M. Weiner: I would agree within limits and I am sure there would
be agreement within limits as well, certainly. To expect to give people rights
and not to give them the opportunity to exercize them is, in fact, to deny them
rights. There are certain limits. To provide transportation for hundreds of
miles is really not a solution to the problem but then, one could make and
should make some very strong arguments about providing a service that is within
more reasonable distance of the student's home.
Mme Dougherty: All right. In relation to your second point, the
rights and responsabilities of the teachers in the union organizations, would
you tell us exactly what you mean? You raised article 104 and I do not quite
understand what you are getting at there.
M. Weinen At the moment we have a decree en lieu of the
collective agreement which provides, in chapter 4 of the document, the right
for local agreements that were arrived at by negotiation in the previous
contract ground to be continued for the life of that decree. In those
agreements there are mechanisms that have been established for consultation at
the school level that involved teachers in most of the Protestant School
Boards, the School Councils. There are series of things on which teachers are
obligatory consulted on and on, in which they are involved. We are asking two
questions really. Is that type of negotiation and that type of school council
to be a thing of the past? If it is, we certainly do not want a proliferation
of committees. It would seem to us the best way to do that would be to add a
provision in article 104 which will open the possibility for the board and the
union, on behalf of
the teachers, to agree to add, to modify the items of the listing of
topics on which there is either decision making or participation on the part of
teachers.
We would state that if that provision is not in the law, one could argue
that the law is restrictive at that point. It states the areas on which this
participation or decision making takes places and we could then find ourselves
in a juridical situation where, if and when we attempt to negotiate with our
counter parts of the school board level, we are told: Well, that is limited by
the law. The law gives you these powers and if those are going to change, you
got to go to the National Assembly and get those changes, which, to us, is
ludicrous.
If the spirit of the law is to recognize, and we think that there is,
for the first time, a recognition in some specific terms of certain rights and
responsabilities that teachers have, then surely there should be a provision in
the law, not that would oblige school boards or unions Co agree on behalf of
teachers to certain things, but that would permit and would clearly state that
in the spirit of the law, the parties can get together, discuss additions,
modifications, etc., that could be added to this particular list.
It would also have the convenience, if you like, of not proliferating
committees all over the place. There is this potential within the Bill that we
take the committees we have got now, we add more committees and we have got
committees that are duplicating the work that other committees are doing. So,
we see this is an avenue where we can consolidate a school council, which now
exist by agreement, with a series of provisions in the law, but opening up for
additional elements within that particular article that could be negotiated and
form a part of a local agreement between the board and the union, if they can
come to agreement on certain additional elements.
Mme Dougherty: Thank you. With respect to the confessionality,
every group that we have heard so far has zeroed in on this issue. It seems to
be one of the central issues that certainly has not been resolved by the Bill
3. You have underlined, I think, the fact that the bill opens likelihood of
confusion with regard to the rights, the procedures and the conditions for
withdrawing confessional orientation status, the definition of the confessional
orientation of the school. I think you ended up by saying that this all should
be clarified in the courts. Is it your opinion that, before this law would be
adopted, the confessional rights, to what extent they exist, should be
clarified before the adoption of this law? Is that your intention?
M. Weiner: Our intention would be to have the law amended,
hopefully, to include a number of the aspects that we raised here tonight
adopted. But before it is applied, it should be referred and we should clarify
once and for all whether, if I can use the old adage, the old tale, "the
emperor has no clothes". I think it is about time for all of us to find out
whether the emperor has clothes or has underwear or is completely nude. Nobody
at this point knows with any certainty - there are so many different views on
this particular issue - what section 93 and all the related articles mean.
Everyone has his own or her own interpretation. Because that is the case
regardless of what the Minister of Education thinks...
Une voix: He is not listening.
M. Weiner: He is not listening.
Une voix: He is not interested.
Une voix: He does not listen very often.
Une voix: He is not interested.
M. Weiner: Does he do this very often?
Une voix: No.
M. Weiner: I will wait for him to listen.
Une voix: You must wake him up.
M. Weiner: Does this count on my time or...
Mme Dougherty: No. Never mind, it is in the record.
M. Weiner: Regardless of whether the Minister of Education thinks
that the interpretation of the section is one and the leader of the Opposition
thinks it is an other, I think we are all aware of the fact that, because of
the differences of view on this particular issue, inevitably many of these
questions will end up before the courts. We think it is essential that a law of
this importance, a law that has the potential, we believe, for improvement in
the system of education, is permitted to be applied in a climate of serenity
and in a climate of goodwill. We think that it can only happen if the courts
pronounce themselves so that we do not have lobbies coming from every
direction, extremous every direction, trying to pervert and use the provisions
of the law for their own purposes.
Mme Dougherty: Therefore, you are saying: Go ahead; let us fix
it, amend it and prove it as we see it, but do not apply it until these
fundamental legal parameters are clarified. I know this is a hard question, but
I think it is something that we have to look at. If, in fact, no matter how the
constitutional clarifications come out - because, ultimately, they will be, we
will find out one way or another - are you prepared, even if they leave, let us
say, they should turn out to leave the guarantees in limbo, in other words,
those guarantees that people though that existed and do not exist, are you
prepared to move to language boards and with the intention in the long-run of
assuring language rights, confessional rights for school boards and so on? Are
you prepared to take the risk of moving to a language situation even in a
vacuum of rights, if that should turn out to be a vacuum?
M. Weinen If I am understanding your question correctly, you are saying:
If the courts would rule that, in fact, the provisions of this bill on this
regard are constitutional, would we be prepared? Yes, we would be prepared. We
have enough confidence in our society. We have enough confidence that there is
an evolution in mentality, not just in the Province of Québec but
elsewhere in Canada, that eventually, we hope we will live to see the day that
everyone will agree and it will require the agreement of many of the Premiers
across Canada, that it would be important to have such rights enshrined in the
Canadian Constitution.
We do not believe that that mentality is there at this particular point
in time. We do not believe that seven, or eight, or nine other Premiers in this
Province would, at this point in time, be prepared to guarantee the same rights
constitutionally for the French-Speaking minority. And we are not prepared to
wait for another 15, or 20, or 25 years for that to revolve when it is possible
to create improvements and trust in the evolution of the society in which we
live. So, to answer your question, yes, if the Courts rule that, in fact, this
Bill conforms to the Constitution, repects the Constitution, we think
Linguistic Boards, particularly for the English-Speaking community, are a must
are essential. Our community is badly fragmented, particularly off the Island
of Montreal, and this is something that it is seen as a very positive move in
that regard.
Mme Dougherty: I think...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: Merci, M. le Président, de votre
gracieuse obligeance.
Ma première question porte sur les inquiétudes que vous
nous manifestez à l'égard des conditions ou des modalités
qui doivent être établies par règlement concernant la
consultation des parents pour déterminer le statut confessionnel.
Honnêtement, nous n'avons pas réfléchi au contenu de ce
règlement. Au départ, nous pensions même que cela devait
relever de la commission scolaire et, devant les objections, nous avons donc
convenu que peut-être, effectivement, ce serait préférable
que ce soit un règlement unique pour l'ensemble du Québec
plutôt qu'un règlement qui pourrait varier d'une région
à l'autre. Nous nous sommes ralliés à ce point de vue, ce
qui explique le texte du projet de loi tel qu'il est rédigé.
Nous n'avons pas réfléchi au contenu du règlement.
Aussi j'aimerais, compte tenu des inquiétudes que vous avez, que vous
élaboreriez sur la nature des inquiétudes et sur la façon
de rédiger le règlement, ou enfin les précautions qu'on
devrait prendre en le rédigeant pour répondre à ces
inquiétudes.
M. Weiner: Je vous remercie pour la question car elle est
très importante pour nous, de la communauté anglophone. Comme on
l'a indiqué dans notre mémoire, la diversité de notre
communauté implique la possibilité que dans n'importe quelle
consultation, on pourrait avoir des batailles au niveau de la communauté
où l'école est impliquée sur la nature de l'école,
à savoir si ce sera une école commune, une école
catholique ou n'importe quoi.
Je pense qu'il est très important de savoir auparavant si, par
exemple, la consultation sera faite, par exemple, dans une réunion au
niveau de l'école, laquelle sera annoncée par une feuille de
papier et où il y aura 5% des parents présents, ou si ce sera une
consultation par voie d'un vote avec scrutin secret dans des endroits qui
seront publiés dans les journaux. Il serait important aussi de savoir si
la décision sera prise par un vote majoritaire des parents qui se
prononcent pour une option ou une autre. Est-ce que cela veut dire que si 50%
plus I% des parents qui votent veulent avoir une école protestante ou
une école catholique, cela deviendra une école protestante ou
catholique? Par exemple, comme j'ai mentionné avant que vous n'arriviez
ce soir, il y a des coins chez nous où il y a des écoles
protestantes, effectivement communes, où la majorité des
élèves sont catholiques. Est-ce que cela veut dire maintenant -
parce qu'il y a des gens qui commencent à parler comme cela - qu'il y
aura un vote et cela deviendrait une école catholique? Il y a aussi la
question des pouvoirs des comités confessionnels, parce que cela dit que
le règlement sera adopté par le ministre, en
consultation ou... Ce sera les comités confessionnels qui vont
peut-être décider des critères à établir pour
cette consultation. (21 h 15)
Je pense qu'il y a deux, trois, quatre ou cinq opinions
différentes qui ressortent à savoir ce que va faire cette
consultation et quel va en être le résultat. Nous ne voulons pas
trouver, un mois, deux mois ou un an après l'adoption de la loi, des
règles du jeu qui, si on les avait connues auparavant, n'auraient pas
été convenables, acceptables. Il y a toute une foule de questions
sur cela. Par exemple, les pouvoirs des comités confessionnels. À
notre avis, il y a des articles qui ne sont pas vraiment contradictoires, mais
un peu mêlés dans le texte de la loi. Il y a des articles qui
indiquent que le directeur a le pouvoir d'affecter les enseignants au niveau de
l'école et qu'il doit prendre en considération les
règlements du comité catholique ou du comité protestant
concernant l'enseignement religieux. Est-ce que cela veut dire que dans une
école où il n'y a pas de spécialiste pour la religion,
cela peut impliquer que, dans une école catholique ou dans une
école protestante, tous les professeurs doivent être de foi
catholique ou de foi protestante pour enseigner dans ces écoles parce
que cela va être seulement les professeurs qui pourront donner
l'enseignement religieux, d'après les règlements du comité
protestant ou du comité catholique, qui seront mutés ou
affectés à ces écoles?
Je pense que ces questions ont besoin d'éclaircissement et cela
aiderait beaucoup -comme j'ai dit plus tôt ce soir - sans avoir les
règlements sur dix ou quinze points, d'avoir une idée plus
précise de ce que pense le ministre à ce sujet et de ce que sera
la base de ces règlements. Actuellement, cela crée des
confusions, des inquiétudes chez nous. Il y a des versions
différentes qui circulent. Il y a des personnes de notre
communauté qui pensent et qui veulent que cela aille dans une direction
et d'autres pensent et veulent que cela aille dans une autre.
M. Bérubé: Il faut faire la distinction entre la
consultation des parents qui, comme vous l'avez soulignée, doit
être la plus objective, la plus démocratique et assurer le maximum
de participation pour qu'on ait une bonne évaluation de ce que veulent
les parents. C'est la partie consultation. Et il y a l'autre partie qui est
l'octroi d'un statut confessionnel à la suite d'une
réglementation de la part du comité catholique ou du
comité protestant. J'ai l'impression, à votre intervention, que
c'est davantage les critères qui prévaudraient à l'octroi
d'un statut qui vous inquiètent que la consultation proprement dite.
Pourvu que la consultation soit démocratique et que l'on connaisse
l'opinion des gens, je pense que sur cela, on va facilement s'entendre.
Mais...
M. Weiner: M. le ministre, je pense que ce sera très
difficile, si les gens indiquent -et c'est bien clair dans la loi - qu'ils
veulent une école d'un type ou d'un autre, de leur nier la
possibilité d'avoir cette école. Sur ce point, ce seraient
seulement des moyens, des critères qu'ils devraient suivre pour avoir
cette école.
M. Bérubé: Je voulais dire ceci: La consultation
qui doit être menée par la commission scolaire, suivant une
règle uniforme dans tout le Québec, est simplement la
consultation qui assure qu'on a posé les bonnes questions et qu'on a
bien compilé les réponses. Mais une fois qu'on a posé les
questions et obtenu les réponses, on n'a pas pour autant un statut. Il
faut maintenant que sur la base de cette consultation et sur la base du projet
éducatif, sur la base d'un paquet de critères qui ne sont pas
établis en ce moment, le comité catholique décide de
l'octroi d'un statut ou que le comité protestant décide de
l'octroi d'un statut. C'est donc au niveau de la prise de décision de
l'octroi du statut que vous avez des inquiétudes.
M. Weiner: Non, c'est sur les deux. Je ne sais pas si je suis
suffisamment clair, mais est-ce qu'il est pensable que le comité
protestant ou le comité catholique refuse un statut protestant ou un
statut catholique à une école qui le demande? Il doit leur dire:
Écoutez, vous devez vous conformer à ces deux, trois, quatre ou
cinq critères. On ne sait pas, en ce moment, ce que seront ces
critères, mais ce sera fait.
M. Bérubé: Oui. Si je comprends bien, c'est
l'application des critères que mettront en place les comités
confessionnels.
M. Weiner: Mais en commençant la consultation, qu'est-ce
que ça implique, dites-vous? Je suis heureux d'entendre cela, c'est un
processus démocratique dans le sens, par exemple, qu'on ne peut
élire un député de l'Assemblée nationale avec un
vote de 32 ou 33 personnes.
M. Bérubé: On va s'entendre. Le règlement
sur la consultation devrait définir comment on vote. Le règlement
pour décider de l'interprétation du vote, ce sont les
comités catholiques et protestants qui vont en décider. En
d'autres termes, les comités confessionnels vont décider des
critères qu'ils entendent imposer à l'octroi d'un statut. Ils
vont sans doute tenir compte de la consultation. On peut imaginer qu'on pourra
choisir entre 80% des parents voulant un
statut protestant, ou 50%, ou 25%, ou 30%, comme vous l'avez
souligné tantôt.
Au niveau de la décision de l'octroi du statut, c'est là
qu'il peut y avoir une inquiétude. Je pense que je comprends un peu
mieux votre question. Sur la consultation, il s'agit de demander aux gens, de
façon démocratique, ce qu'ils veulent: un statut catholique ou
protestant. Une fois que cette question est posée, ce que l'on fait avec
la réponse, c'est là que ça vous inquiète, si je
comprends bien, au niveau des comités catholiques et protestants. Par
exemple, quels seront les critères qu'ils retiendront pour l'octroi d'un
tel statut.
M. Weiner: C'est leur décision. M. Bérubé:
Oui.
M. Weiner: Cela m'inquiète encore plus maintenant
qu'auparavant.
M. Bérubé: Je comprends. C'est parce que j'avais
compris votre intervention comme voulant dire que la consultation vous
inquiétait, alors que maintenant, je comprends que ce sont davantage les
critères retenus par les comités confessionnels pour l'octroi du
statut qui vous inquiètent. Cela, nous ne les avons pas non plus.
M. Weiner: Dans la consultation, je ne suis pas sûr d'avoir
bien compris. Il y a aussi le fait que le choix ne sera pas
nécessairement catholique ou protestant, il y a la possibilité
que ce soit une école commune.
M. Bérubé: Oui.
M. Weiner: Bon. Alors, ce sera quel pourcentage à un point
ou l'autre qui va impliquer que le comité catholique ou protestant soit
saisi de l'application, même de l'application?
M. Bérubé: Maybe should I try in English?
M. Weiner: Bon.
Mme Lavoie-Roux: Il paraît que vous êtes allé
à l'école à Boston, vous voulez parler en anglais.
M. Bérubé: Essentially, the consultation itself
merely implies inquiries with the parents, whether they want a catholic, a
protestant or a neutral school. It is a question that one ask.
M. Weiner: And the result is a question regardless of...
M. Bérubé: This is the regulation with regard to
consultation. From then on, the school committee will decide if he wants to
request a status or not, based on the opinion of the people. But it is the
school committee who decides, and the catholic or the protestant committee will
decide if they grant the status. So, what is making you afraid essentially, if
I understand well, you are afraid about the criteria that the religious
committee will use in issuing status. This is really what is worrying you. Not
really the regulation to insure that people are being consulted
democratically.
M. Weiner: You see, there is a process followed at the school
level and what you are saying is that, regardless of what the vote is, it is
the school counselling not to the school committee who will make the
submission. They can make the submission regardless of the results of the vote
if, for example, we have a plurality in favour of one, or three or four
possible options. We will also have in the debate, if the rules are not clear,
the potential for some very heated and very emotional kinds of debates and it
will be much better if people were clearly aware in advance of what the rules
of the game are before emotions are stirred up, before people say things that
perhaps should never or would never had been said.
M. Bérubé: O. K., I understand what...
M. Weiner: We have no idea at this point in time whatsoever but
we have a lot of rumours circulating: people interpreting this way and that way
and people still a third way. We think that it is essential now to be
clarified.
M. Bérubé: There is a point that I want to rise but
I will use examples, but it is more as a joke than anything else. It could
illustrate what I mean. En rapport avec le suffrage pour l'élection des
commissaires d'école, vous nous dites: Nous serions d'accord pour des
parents, mais ils devraient être élus au suffrage universel. C'est
un peu la position de la CEQ. Des fois, cela me fait un peu penser à ce
que l'on entend chez nos concitoyens: Ils aimeraient beaucoup qu'il y ait un
suffrage universel dans la population pour élire les chefs syndicaux. Ce
n'est pas toujours sûr qu'ils éliraient les mêmes.
M. Weiner: Cela se passe chez nous comme cela: suffrage
universel, mais des gens impliqués.
M. Bérubé: Mais à l'intérieur du
syndicat et non pas à l'intérieur de toute la population.
M. Weiner: Non, mais toute la population ne paie pas de
cotisation. S'ils
sont prêts à payer des cotisations, peut-être
que...
M. Bérubé: D'accord. Alors, je pense que vous avez
saisi le point que je voulais illustrer, c'est-à-dire que le
représentant syndical est délégué par les
syndiqués.
M. Weiner: Pas chez nous.
M. Bérubé: Eh bien, il est élu par les
membres?
M. Weiner: Oui.
M. Bérubé: Il est donc délégué
par les syndiqués pour les représenter. Alors, c'est un
représentant des syndiqués.
M. Weiner: Oui.
M. Bérubé: Lorsque vous dites: Les parents sont
élus par les électeurs, ce ne sont pas des représentants
des parents, ce sont des représentants des électeurs. Ils ont
donc un mandat des électeurs. Alors, en suivant votre logique, cela
revient à dire que vous estimez que les parents ne peuvent pas avoir
juridiction sur l'éducation de leurs enfants en tant que parents; en
tant qu'électeurs, oui, mais non pas en tant que parents. Est-ce bien le
sens que vous donnez à votre intervention?
M. Weiner: Non. Le sens que je donne à mon intervention
est le suivant: Que l'école appartient à toute la
société, alors si on a quinze sièges au niveau d'une
commission scolaire, je trouve personnellement - nous trouvons comme
association - injuste que seulement dix de ces quinze sièges soient
ouverts à toute la population. Chez nous, tous les postes dans notre
syndicat sont ouverts à notre "membership", à tous ceux qui
paient les cotisations. Nous pensons que tous les sièges des
commissaires doivent être ouverts à tout le monde qui paie des
taxes au gouvernement du Québec.
M. Bérubé: Vous tirez la conclusion que seuls les
syndiqués peuvent avoir une voix quant à l'orientation du
syndicat. Vous me dites également que seule la population locale peut
avoir voix dans la détermination des orientations de l'école. Je
vais vous donner juste un exemple: Je suis père de famille; je suis
élu par l'ensemble de la population et je suis ministre de
l'Éducation. En conséquence, suivant votre logique, je n'ai pas
besoin de commission scolaire. Puisque je suis un parent élu par
l'ensemble de la population, j'ai donc toute la représentativité
voulue, mais on se rend bien compte que ce qui cloche là-dedans, c'est
qu'on se dit: Oui, c'est vrai, l'État pourrait tout contrôler,
mais également on pourrait vouloir que les collectivités locales
aient quelque chose à dire, ce qui nous amène à penser en
termes d'élection de commissaires d'écoles élus par
l'ensemble de la population. Mais ce que vous dites implicitement dans votre
argument, c'est que les parents, en tant que parents, n'ont pas
véritablement de pouvoirs sur l'orientation du système scolaire
pour leurs enfants. Ils peuvent en tant qu'électeurs voter. Cela est
clair, ils peuvent donner un mandat. Je pourrais par exemple imaginer une
population du Québec dont la moyenne d'âge serait de 65 ans avec
évidemment des parents et des écoles...
M. Weiner: Je ne suis pas d'accord avec votre analyse...
M. Bérubé: Attendez un peu.
M. Weiner: Ils ont un niveau de pouvoir à
l'école.
Mme Lavoie-Roux: Les enfants vont avoir au moins 25 ans.
M. Bérubé: Alors cela est intéressant, quel
est le pouvoir que vous donnez aux parents à l'école, pouvoirs de
décision et d'intervention et non pas simplement pouvoirs d'être
consultés? (21 h 30)
M. Weiner: Il y a un pouvoir dans le projet de loi 3 pour le
conseil d'école où les parents sont majoritaires. Je pense que le
fait qu'ils soient majoritaires au conseil va avoir un effet.
M. Bérubé: Quels sont ces pouvoirs?
M. Weiner: Des pouvoirs sur les projets éducatifs, des
pouvoirs sur leurs recommandations, leurs recommandations sur l'orientation de
l'école et sur une foule de choses à l'école.
M. Bérubé: Quel est l'impact de ces orientations et
de ces recommandations?
M. Weiner: Alors, on va voir. Cela doit s'appliquer.
M. Bérubé: Donc, ils n'ont pas de pouvoir. Non,
non, c'est ce que je voulais vous faire dire. Effectivement, dans le projet de
loi 3, il n'y a pas de pouvoir à l'école, c'est clair, c'est le
directeur d'école qui a les pouvoirs et il relève de la
commission scolaire et le pouvoir est au niveau de la commission scolaire. Ce
que vous me dites -c'est important quand même que vous le souligniez -
c'est que, oui, ils sont consultés, ils font partie d'une structure de
consultation à laquelle participent d'ailleurs les enseignants, le
directeur d'école. Ils font
partie d'une structure de participation mais sans pouvoir, sans
autorité. Ce que vous me dites, c'est que les parents, dans votre
modèle, ne peuvent pas avoir autorité sur ce qui se passe dans
les écoles.
M. Weiner: Je vois un autre niveau que le niveau de
l'école. Au niveau de la commission scolaire, les représentants
doivent être les représentants élus par toute la
population avec tout le monde éligible à l'élection. Je
n'accepte pas le fait, parce que je sais que dans la plupart des commissions
scolaires où j'ai une connaissance personnelle, la plupart des
commissaires sont des parents - c'est un fait - mais ils ne sont pas là
parce qu'ils sont parents.
M. Bérubé: Oui, oui. De la même façon
qu'à l'Assemblée nationale, la plupart des députés
sont parents, sur la même base on n'a pas besoin de commissions
scolaires. Le problème c'est que vous ne traitez pas de la question en
termes de légitimité et d'autorité. On peut dire que
l'État a une autorité légitime sur l'école. On peut
dire que la communauté locale a une autorité légitime sur
l'école. On peut se poser la question: Est-ce que les parents en tant
que parents peuvent avoir une légitimité, une autorité
légitime sur l'école? On peut se poser cette question.
M. Weiner: Ma réponse est non.
M. Bérubé: C'est ce que j'essayais d'avoir depuis
le début.
Une troisième question. Les cadres nous ont
mentionné...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, ce sera la
dernière.
M. Bérubé: La dernière.
Le Président (M. Charbonneau): La dernière parce
que le temps file.
M. Bérubé: Les cadres nous ont mentionné
qu'ils favorisaient une délégation de pouvoirs cette
fois-là. Entendons-nous bien, une délégation de pouvoirs -
il ne s'agit pas simplement de consulter les gens -vers le conseil
d'école, donc, où l'on retrouve parents, enseignants et direction
d'école. Comment voyez-vous cela?
M. Weiner: Je ne suis pas défavorable à cela en
principe. Je pense que cela va se passer comme cela avec l'expérience
des gens dans le milieu qui vont travailler ensemble. Je pense que chez nous,
dans le secteur protestant, les communications parents-enseignants ont
évolué sur une période donnée et les relations sont
bonnes. Je crois que dans une période de temps - ce ne sera pas des
années et des années - cela va se passer comme cela, dans un
climat de confiance de l'un envers l'autre.
M. Bérubé: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de saluer les
dirigeants de la Provincial Association of Protestant Teachers, je l'ai fait
tantôt mais là je le fais en tant que porte-parole de
l'Opposition, un rôle qui m'est plus naturel et plus agréable,
sans préjuger de l'autre.
J'ai bien apprécié le caractère direct de votre
mémoire, le caractère très serein également. Il y a
des questions dures qui sont posées dans le mémoire, il s'agit de
lire le moindrement entre les lignes pour les discerner. Vous étiez
engagé dans une discussion avec le ministre de l'Éducation,
tantôt, qui soulevait un de ces problèmes, j'en soulèverai
un autre tantôt, mais, il faudrait d'abord faire une remarque sur celui
qui vient d'être l'objet d'un échange entre vous et le ministre de
l'Éducation. Je suis bien content que le député de Fabre
vous ait donné l'occasion de préciser votre position sur le
problème de la composition de la commission scolaire et de
l'élection des commissaires. Je crois qu'au fond il y a un choix qui
doit être fait. Si l'on dit que l'école est l'affaire de toute la
collectivité, il me semble que le recours au suffrage universel est un
corollaire logique de cette position. On ne peut pas dire que l'école
serait l'affaire de toute la collectivité, à moins qu'on dise
qu'elle sera dirigée par des gens élus par toute la
collectivité.
Je crois que l'erreur du gouvernement est de prendre les parents et de
les séparer de la collectivité pour les fins de son projet de
loi. Les parents font partie de la collectivité. Ils sont au coeur de la
collectivité. Ils y forment même une majorité. La preuve
est facile à faire. Elle s'en trouve à tous les jours dans la
composition même des commissions scolaires. Ce n'est pas un accident de
parcours. Si les commissions scolaires sont composées à 80% ou
à 85% aujourd'hui de parents qui ont des enfants dans les écoles
et si on tenait compte des parents qui ont déjà eu des
enfants dans les écoles de la commission scolaire ou qui en auront, cela
monterait peut-être à 90% ou à 95%. Encore une fois, ce
n'est pas un accident de parcours. C'est la loi du genre. C'est à cela
que cela aboutit, si cela fonctionne bien.
Si cela fonctionne bien, pourquoi allons-nous ajouter un
élément hétérogène qui n'est pas du tout de
même nature que le principe sur lequel on fait reposer tout
l'édifice? Je pense que c'est la position, comme je la
comprends finalement. Elle se résume à cela. On fait un
découpage arbitraire de la réalité en considérant
ces gens comme parents, comme si ceux qui sont élus comme citoyens
n'allaient pas s'intéresser aux affaires scolaires d'abord comme
parents. Je suis convaincu que la grande majorité des commissaires
d'écoles s'intéressent à ces affaires parce qu'ils ont eu,
qu'ils ont ou qu'ils auront des enfants dans les écoles. En quoi
seraient-ils moins bons parents que ceux qui viendraient de l'autre canal que
propose le gouvernement? Je pense qu'il y a une question très
intéressante et trè3 importante qui a été
soulevée à plusieurs reprises ces derniers jours. Je pense aussi
que, grâce aux questions du ministre, vous avez pu apporter des
éclaircissements nouveaux sur cette question, qui vont nous aider dans
notre cheminement.
Je voudrais signaler, seulement pour le rappeler à l'attention du
ministre qui était absent lorsqu'il en a été question plus
tôt, que vous insistez fortement dans votre mémoire pour que les
aspects constitutionnels du projet de loi soient soumis à la
vérification des tribunaux, avant que le gouvernement procède
à l'application de la loi. Il peut très bien procéder
à l'adoption du projet de loi. L'Assemblée nationale est
absolument souveraine pour l'adoption de ses lois. Elle n'a pas de permission
à demander a qui que ce soit. Quant à l'application, c'est une
autre affaire.
Je voudrais signaler que, des groupes que nous avons entendus
jusqu'à maintenant, vous êtes le sixième. Sur les six qui
se sont présentés devant la commission, il y en a cinq qui ont
approuvé cette approche que vous indiquez. Ce n'est plus un sentiment
marginal. Ce n'est plus l'opinion d'un ou de quelques petits groupes
isolés. Cela commence à prendre les allures d'un consensus. Il y
a seulement un groupe sur les six que nous avons entendus qui n'a pas
émis d'opinion là-dessus. C'est un groupe sur lequel nous vous
invitons à faire un certain travail, M. Weiner, soit la Centrale de
l'enseignement du Québec, dont vous vous rapprochez par plusieurs des
positions que vous prenez dans votre mémoire, mais ils ne nous ont pas
dit qu'ils étaient contre; ils ont dit qu'ils n'ont pas eu le temps
d'examiner cette question depuis plusieurs années. Nous souhaitons
qu'ils aient le temps de l'examiner, surtout de recevoir quelques suggestions
de votre groupe. Cela pourrait être très intéressant.
Personnellement, je souscris à l'approche que vous avez
décrite dans cette partie de votre mémoire. Par
conséquent, je me dispense d'insister davantage sauf, encore une fois,
pour rappeler que la liste des organismes, qui trouvent que cela serait
prudence et sagesse que de procéder de cette manière, s'allonge
au lieu de s'abréger.
C'est peut-être un des éléments qui ne fait pas
partie du consensus que le ministre a travaillé fort activement à
construire au cours des derniers mois.
Il y a une question qui m'a intéressé dans ce que vous
avez dit. Je voudrais aussi vous poser cette question un petit peu durement
parce qu'on est ici pour échanger franchement et non pas pour s'envoyer
des compliments. Vous vous inquiétez beaucoup de l'application des
dispositions relatives à la confessionnalité. Je crois comprendre
que l'aspect qui vous inquiète le plus était
présenté de manière plus explicite dans les
échanges que nous avons eus en janvier dernier, quand votre association
est venue devant la commission parlementaire. La chose qui vous
inquiétait, si mes souvenirs sont bons, c'est que si nous continuons
à fonctionner dans la mécanique de reconnaissance des
écoles confessionnelles, il y a des problèmes qui pourront se
poser, par exemple, pour l'exercice des droits des enseignants. L'affectation
des enseignants pourra se faire suivant des critères différents
selon qu'il s'agit d'enseignants de telle ou telle allégeance. Il
pourrait arriver qu'il en découle dans la pratique des droits
inégaux pour les uns et les autres. Je comprends très bien ce
point de vue dans la logique que vous nous présentez. Si on s'en va vers
un système d'écoles communes, il serait normal que les
enseignants qui sont accrédités dans le système aient
chance égale d'accès aux postes qui peuvent être
disponibles dans le réseau des écoles.
D'autre part, je ne sais pas ce que nous diront les enseignants
catholiques lorsque nous les entendrons tantôt, mais le Conseil
catholique d'expression anglaise qui est venu hier soir nous a dit: Nous, les
catholiques de langue anglaise, avons et voulons conserver des écoles
catholiques dont nous ne voyons pas la possibilité véritable
à moins qu'elles ne soient animées par un personnel catholique.
Ils n'ont pas parlé de proportion hier soir; il n'a pas
été question de 10%, de 25% ou de 50%. Ils voulaient,
évidemment, dire plus que simplement les professeurs qui seraient
assignés à l'enseignement religieux. Ils voyaient plus que cela.
Ils disaient même, si j'ai bien compris: On voudrait que le
règlement - je pense que c'est l'article 22 du règlement du
Comité catholique en particulier qui contient un critère à
ce sujet - soit maintenu et soit inscrit dans la loi.
J'aimerais vous demander comment vous conciliez la position de votre
association avec celle qui me paraît légitime, par ailleurs, des
groupes catholiques de langue anglaise qui disent: Nous avons et nous voulons
conserver des écoles qui soient catholiques avec une signification
réelle et non pas simplement avec une étiquette.
M. Weiner: Franchement; On a un système actuellement qui
est catholique et protestant, c'est-â-dire des commissions scolaires
employeurs catholiques et protestantes. Dans un système où
l'employeur est catholique, je peux comprendre, même si personnellement
je ne suis pas d'accord avec cela, qu'il y ait une priorité, une
préférence d'embauche favorisant les catholiques. Dans le
système qu'on propose dans la loi 3, les commissions scolaires
employeurs seront linguistiques: anglophones, francophones. C'est vrai que la
possibilité existe et que, dans les faits, il y aura des écoles
catholiques et protestantes. Ce n'est pas seulement une question de droits
syndicaux, mais c'est peut-être une question de discrimination, de droits
humains qui concerne la Charte des droits et libertés de la personne. Je
peux dire que sur cette question - je n'ai pas les chiffres exacts parce que
chez nous on ne fait pas de calcul précis des gens de foi catholique, de
foi protestante, de foi juive, de foi musulmane ou d'une autre croyance - je
sais qu'un très grand nombre de professeurs qui enseignent actuellement
dans les écoles protestantes - je pense que c'est autour de 20% ou 25% -
sont de foi catholique. Je pense également, même si je ne peux
appuyer mon affirmation par des chiffres, que la majorité des
enseignants dans les écoles anglophones catholiques ou protestantes,
sont catholiques. Je pense aussi que, dans la distribution
générale, par voie d'ancienneté et de capacité -
les critères qui sont dans les décrets au lieu des conventions
collectives - il n'y aura pas grand changement dans le plan d'affectation et de
mutation en général. Ce qu'on veut éviter à tout
prix, c'est une situation où quelqu'un qui a les mêmes
capacités, les mêmes qualifications, plus d'années
d'ancienneté, mais qui n'est pas de foi catholique, soit exclu en faveur
d'un catholique pour un poste spécifique dans une école,
particulièrement dans une situation où - on doit être
honnête - les ressources financières en éducation sont
à un niveau inadéquat, où il y a des coupures, où
il y a des coupures de postes, où il y a un surplus de personnel. Si
dans un coin de la province, un professeur est mis en disponibilité et
qu'il a la capacité, les qualifications, mais la seule chose qui lui
manque, c'est qu'il n'est pas de foi catholique, c'est inacceptable. Si c'est
fait par règlement du comité confessionnel, si c'est fait par
édit du ministre, ce n'est pas acceptable parce que les commissions
scolaires employeurs - ce ne sont pas les écoles employeurs - seront
linguistiques. On espère qu'il n'y aura pas d'aberrations où, par
exemple, il y aurait une école catholique avec seulement un professeur
catholique et tous les autres non catholiques. Cependant, si, dans un coin ou
dans un autre, cela se passe comme cela parce que le personnel est
composé comme cela, ce sera cela. (21 h 45)
M. Ryan: Juste une autre question à propos des droits
syndicaux. Vous mentionnez à plusieurs reprises qu'il est important de
respecter certaines réalités syndicales. Vous demandez, par
exemple, que pour la désignation des représentants des
enseignants aux comités prévus dans la loi, on procède en
respectant les règlements de l'association syndicale qui les
regroupe.
Vous demandez ailleurs, et c'est là-dessus que je voudrais vous
interroger, en particulier qu'on ajoute une clause comme celle-ci:
"Possibilité d'ajouter, sur la base d'un consentement des deux parties,
des sujets additionnels d'intervention pour le comité
pédagogique. " Je n'ai pas d'objection, au contraire, je pense que cela
ajouterait un élément de souplesse dans le texte de loi qui
pourrait être fort utile dans bien des situations.
Vous dites après cela: "Les articles 95, 96 et 97 devraient
être révisés à la lumière des droits des
syndicats en matière de libre négociation. " Est-ce que vous
pourriez expliquer un peu en quoi les articles, dans leur formulation actuelle,
comportent des difficultés à votre point de vue de ce
côté-là, parce que ce n'est pas bien expliqué dans
votre mémoire?
M. Weiner: Oui. Pour bien se comprendre, on ne vise pas, par
exemple, à diminuer les pouvoirs des directeurs, mais on pense qu'il y a
une précision ici qui n'est pas seulement nécessaire mais qui
peut empêcher, à l'avenir, des changements autres que des
changements par voie de modification de la loi.
Par exemple, est-il bien nécessaire de dire dans l'article 95. I:
"d'établir l'horaire des activités de l'école, dans le
cadre du calendrier scolaire. " Cela va jusque là, mais:
"déterminé par la commission scolaire", cela veut peut-être
dire que ce sera, à l'avenir, déterminé par la commission
scolaire, par règlement ou par négociation. Si on veut changer
les mots "déterminé par la commission scolaire", cela implique
une modification à cet article.
Par exemple, au paragraphe 4: "de transmettre à
l'élève du primaire et du secondaire et à ses parents, au
moins cinq fois par année, un rapport d'évaluation. " Ne
serait-il pas possible de dire: de transmettre à l'élève
des rapports d'évaluation sur les modalités à être
déterminées? Cela peut être par règlement, cela peut
être par négociation, cela peut être par consultation. C'est
trop précis et en étant trop précis dans les
particularités, cela veut dire que si on veut changer quelque chose, par
exemple, si on décide d'augmenter ou de diminuer le nombre de rapports
aux élèves, cela se passe par une modification d'une loi. C'est
dans ce
sens qu'on propose que ce soit réécrit. M. Ryan:
Très bien! Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une seule question à vous poser
concernant les dispositions touchant les enfants handicapés. Est-ce que,
d'une part, les dispositions qui sont prévues dans le projet de loi
quant au comité qui sera formé, quant au rôle du directeur
d'école, quant aux services qui devront être offerts, vous
paraissent satisfaisantes?
M. Weiner: Je pense qu'on peut faire mieux que cela. Je pense
qu'il y a une ouverture, il y a des possibilités qui sont là et
pas seulement dans la loi, mais, par exemple, dans des annexes dont on a
convenu l'année dernière pour former des comités au niveau
de la commission scolaire, au niveau de l'école. Je pense que ce qui
manque à l'heure actuelle, c'est quelque chose qui frappe dur sur cette
question pour obliger les commissions scolaires à établir des
politiques claires qui exigent des comités au niveau de la commission
scolaire et au niveau de l'école, pour que tout le monde soit
impliqué et que l'intégration se fasse non pas comme moyen de
diminuer, par exemple, les réseaux dans ces services, mais seulement
quand le milieu a les ressources humaines et matérielles
adéquates. Je pense qu'il y a, dans la situation actuelle, des bonnes
intentions et peut-être des voeux pieux dans quelques situations,
plutôt que ce que cela prend pour donner un vrai service aux
handicapés. On note, chez nous, une diminution terrible dans ces
services.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 96, on lit: "Le directeur
d'école établit un plan d'intervention adapté à
chaque élève handicapé ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, après consultation...
conformément aux normes établies par règlement de la
commission scolaire. " Est-ce que c'est cela qui vous fait peur?
M. Weiner: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous suggérez qu'il devrait y
avoir au moins des normes minimales d'établies par le ministère
de l'Éducation?
M. Weiner: On doit avoir quelque chose, parce que ce qui nous
chicote, c'est le problème actuel. Le ministre va aller à la
commission scolaire, il y a tout cela, et c'est possible. Il y a des
commissions scolaires qui sont réceptives à cela, mais elles
n'ont pas les réseaux et il n'y a pas de minimum. On y va et, au retour,
il n'y a aucune satisfaction.
Mme Lavoie-Roux: Même avec les dispositions du projet de
loi touchant la formation du comité au niveau de la commission scolaire,
au niveau de l'école et au niveau du directeur d'école, vous
dites qu'au-delà de cela, il faudrait qu'il y ait des normes minimales
d'établies.
M. Weiner: Absolument. Nous suggérons, pour notre part,
des choses négociées dans une convention collective. Je sais
qu'il y a d'autres opinions à ce sujet, mais des choses minimales qui
sont garanties au niveau provincial.
Mme Lavoie-Roux: À l'heure actuelle -je pense que cela
touche ce projet de loi, mais peut-être indirectement - dans toute la
problématique de l'intégration des enfants handicapés ou
ayant des difficultés d'apprentissage dans les classes
régulières, est-ce que je comprends bien quand vous dites que les
ressources ne sont pas suffisantes? Est-ce que je dois comprendre qu'on tente
de faire cette intégration non seulement avec des ressources
suffisantes, mais avec une diminution des ressources, comme elles existaient
auparavant?
M. Weiner: C'est vrai. C'est notre impression, et je pense que
c'est plus qu'une impression. On se souvient bien, dans les dernières
négociations prédécret, que c'était une approche
privilégiée, l'intégration. Chez nous, on est, depuis des
années, bien avant d'autres regroupements, pour l'intégration,
mais une vraie intégration qui appuie l'élève, qui donne
à l'élève la possibilité d'être dans un
milieu avec des élèves réguliers, pas seulement pour les
voir dans une même salle de classe, mais pour donner un vrai service
adapté à cet élève. On sait qu'à l'heure
actuelle, les ressources affectées à l'enfance inadaptée
ont été diminuées et les pressions pour plus
d'intégration augmentent d'année en année.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ce serait correct de conclure que,
dans ce processus d'intégration des enfants handicapés aux
classes régulières, s'il a pu favoriser des élèves
handicapés qui étaient peut-être plus
légèrement handicapés et qu'on maintenait dans des classes
spéciales, il y a des enfants plus sérieusement handicapés
qui ont pu être défavorisés par le processus de
réinsertion sociale compte tenu des ressources que vous pouviez mettre
à leur disposition?
M. Weiner: Mais oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait votre jugement.
M. Weiner: Mais oui.
Mme Lavoie-Roux: Une dernière question touchant cela. Dans
votre mémoire, vous dites: Nous sommes d'avis que les écoles du
MAS-MEQ doivent être regroupées sous la juridiction d'une
commission scolaire. Présentement, d'une façon
générale, si on prend l'île de Montréal, les
francophones sont regroupés sous la CECM mais les anglophones sous le
PSBGM. Vous nous avez dit tout à l'heure: Qu'ils soient regroupés
sous une commission scolaire. Dans le fond, vous voudriez que ce soit
indiqué dans la loi pour qu'ensuite il n'y ait pas de tiraillements,
qu'on décide d'ouvrir trois écoles quand il n'y a peut-être
pas suffisamment d'enfants pour...
M. Weiner: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux:... vraiment avoir une école qui soit
vivable, si je peux dire, avec un type particulier de personnes
handicapées. Vous voudriez que cela soit inscrit dans la loi. Est-ce que
c'est ce que l'on doit comprendre?
M. Weiner: C'est cela. Nous pensons qu'il existe actuellement une
situation particulière sur l'île de Montréal dans le
secteur anglophone et on ne veut pas avoir une situation où les
écoles sont éparpillées sur trois commissions scolaires.
Il y a un noyau de services qui a été bâti depuis des
années. C'est plus facile dans notre communauté de gérer
cela. Ce sera dans l'intérêt des élèves de ces
institutions s'ils sont tous regroupés dans une des trois commissions
scolaires, peu importe laquelle, au lieu d'être éparpillés
dans trois commissions scolaires avec des ententes entre commissions scolaires.
Nous pensons que c'est un service important qui pourrait être
géré d'une meilleure façon, à peu près comme
ça l'est actuellement par le PSBGM.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me dire si actuellement, dans ces
écoles qui sont gérées par le PSBGM, vous avez des enfants
de foi catholique? On sait que vous avez des enfants de foi catholique qui ne
sont pas handicapés et que les parents envoient au PSBGM. À ce
moment-là, la question de l'enseignement religieux n'est pas
soulevée.
Dans le cas de vos écoles pour enfants handicapés, quand
il y a des enfants de foi catholique, est-ce qu'il y a des dispositions, des
mesures de prises pour que ces enfants aient la catéchèse, dans
le cas des enfants catholiques, ou si cela demeure comme le reste de vos
écoles, une école protestante mitigée - je ne veux pas
être péjorative en disant cela - enfin un peu commune, disons.
M. Weiner: Franchement, je dois dire que je ne sais pas.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je me demandais - si vous ne le savez
pas, vous ne pouvez pas me répondre - s'il y avait eu des mesures de
prises et que le résultat était que les enfants catholiques dont
les parents souhaitaient de l'enseignement religieux et les enfants protestants
pouvaient vivre ensemble dans une école où les deux groupes
d'enfants catholiques, protestants ou autres pouvaient être servis
adéquatement au plan de leur foi religieuse respective. Mais vous ne le
savez pas. D'accord merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, Mme la
députée. Quelques instants pour le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'aurais une seule question. On a
parlé tantôt du suffrage universel pour la nomination des
commissaires d'écoles. On a invoqué le fait que 85%
étaient de toute façon des parents. Il faudrait peut-être
ajouter également que beaucoup de ces commissaires ont travaillé
auparavant dans des comités d'école. Il faudrait peut-être
souligner également, une autre anomalie qui découlerait de cette
formule. Les parents voteraient deux fois: c'est donc dire qu'ils voteraient
une première fois pour les commissaires et une deuxième fois pour
les membres du conseil d'école. À mon sens, c'est un peu fort. Il
y a ici la question des deux niveaux, on dit qu'on va envoyer des
représentants. À supposer qu'il y ait un plus grand nombre
d'élèves au primaire, est-ce que les parents des
élèves du primaire vont nommer les deux, parce qu'ils vont avoir
une majorité? Ils vont donc contrôler les commissaires,
c'est-à-dire qu'ils vont contrôler la nomination des commissaires
tant au primaire qu'au secondaire. Ce sont des éléments que je
voulais soulever.
La question à laquelle je veux en venir est la suivante: Est-ce
que vous voyez tout de même des parents à la commission scolaire
nommés par le conseil d'école - ou bien par l'ancien
comité d'école - ou si vous dites qu'il n'en est plus question?
On les nomme strictement au suffrage universel. Vous les faites donc
disparaître. Les deux qu'on connaît actuellement dans les
commissions scolaires disparaîtraient. Est-ce que j'ai bien compris? (22
heures)
M. Weiner: On privilégie actuellement ce qui existe, la
formule qui existe. Nous pensons que cela a suffisamment de souplesse pour
permettre dans la situation actuelle aux parents de se présenter pour se
faire élire. J'ai des opinions plutôt personnelles sur le fait
qu'on ajoute un représentant des parents. Cela se passe comme cela, je
n'ai aucune objection, mais je trouve, comme individu -
je ne parle pas maintenant au nom de l'association - que c'est un peu -
je ne sais pas le mot français, mais si j'étais parent, pour
avoir le privilège d'être là seulement comme
représentant des parents - un statut très étrange quand
les autres, par exemple, sur quinze commissaires dans une commission scolaire,
douze ou treize sont des parents élus par la population. J'ai toujours
trouvé cela très étrange comme formule.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous étiez pour le maintien de
la formule actuelle, sans droit de vote pour ces commissaires.
M. Weiner: On n'a aucune objection à cela.
Le Président (M. Charbonneau): Ayant été
souple de part et d'autre, je vais permettre au député de Fabre
une petite vite.
M. Leduc (Fabre): Ce n'est pas une question, M. le
Président, c'est une information que je voudrais véhiculer. Nos
invités se posaient une question en rapport avec la possibilité,
pour les commissions scolaires, d'établir des ententes entre elles pour
des fins de services particuliers à la population. Or, je voudrais
signaler que cette possibilité est établie à l'article 262
du projet de loi: une commission scolaire peut établir des ententes soit
avec une institution d'enseignement privé ou avec une autre commission
scolaire.
M. Weiner: On est au courant de cela. La question qu'on a
posée était tout à fait différente. Comment
éviter l'éparpillement des écoles existantes et d'une
clientèle existante dans ces écoles, dans trois commissions
scolaires, par exemple, sur l'île de Montréal, pour tenter de
rebâtir l'école...
M. Leduc (Fabre): Est-ce que cela ne peut pas se faire justement
via une entente entre les commissions scolaires?
M. Weiner: Cela le permettra dans l'avenir.
M. Leduc (Fabre): Oui, cela le permet.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. Il ne nous reste
qu'à vous remercier d'avoir accepté l'invitation de la commission
et, comme je l'ai indiqué aux autres, d'avoir accepté cette
invitation avec un délai relativement court pour vous préparer.
Je pense que les membres de la commission ont apprécié
l'échange de commentaires qu'ils ont eu avec vous. Je vous remercie.
Nous allons maintenant inviter les représentants de l'Association
provinciale des enseignants catholiques à prendre place s'il vous
plaît.
(Suspension de la séance à 22 h 5)
(Reprise à 22 h 9)
Association provinciale des enseignants
catholiques
Le Président (M. Charbonneau): Nous allons maintenant
recevoir les représentants de l'Association provinciale des enseignants
catholiques ou, si l'on préfère, The Provincial Association of
Catholic Teachers.
Mesdames, messieurs, bienvenue à la commission parlementaire de
l'éducation et de la main-d'oeuvre. Je veux d'abord vous remercier, au
nom des membres de la commission, d'avoir accepté notre invitation. Je
demanderais, si je comprends l'ordre dans lequel vous êtes placés,
à la présidente ou au président, je ne sais pas, en tout
cas à celui ou celle qui est le porte-parole de se présenter et
de présenter aussi ses collègues qui l'accompagnent pour les fins
du Journal des débats.
Nous avons une heure trente devant nous. Dans la mesure où vous
synthétiserez votre présentation de départ, cela nous
permettra d'avoir une plus longue discussion ou un plus long dialogue avec
vous, un peu comme on l'a fait avec le groupe précédent. Sans
plus tarder, je vous cède la parole.
M. Palumbo (Michael): Au nom de la Provincial Association of
Catholic Teachers, je tiens à remercier la commission de bien vouloir
nous entendre concernant le projet de loi 3 et d'ainsi contribuer au
débat.
Avant de commencer la présentation de notre mémoire,
j'aimerais vous présenter notre délégation. À ma
droite, il y a Mme Joan Pavelko, secrétaire général;
à mon extrême droite, Gina Ratchett secrétaire et
moi-même, Michael Palumbo, président.
Ce soir, nous allons fonctionner de cette façon-ci: Je vais lire
le mémoire qui est assez court de toute façon. Je vais
arrêter à certains endroits. Mme Joan Pavelko, qui a beaucoup
travaillé à la préparation de ce mémoire, va
intervenir pour expliquer ce qui est inclus dans le mémoire et ajouter
certains commentaires.
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord.
M. Palumbo: The Provincial Association of Catholic Teachers
representing 3500 teachers in English Catholic schools in the province of
Québec has over the past three years and as recently as January 1984
supported the Québec Government's recognition of a need for
educational
reorganization.
In its presentation to the parliamentary commission on Bill 40, PACT,
along with many other English groups advocated a school board reform based on
linguistic lines. This policy has been adopted by our association as a means to
provide the English Catholics of Québec with a legal mechanism to obtain
representation on those school boards which serve the English community.
An equally important part of our association's policy is the
continuation of the right of parents to demand and receive a confessional
education for their children.
We are satisfied that Bill 3 provides the citizens of Québec with
both of these rights. However, the Bill in its present form does not not go far
enough to ensure the realization of these rights.
In our remarks tonight, we have chosen to restrict ourselves to the
following six issues which in the view of our association still require
amelioration: confessional status, transitional provisions, staffing of
Catholic schools, educational scheme, non-profit companies and, finally,
dissident boards.
While Bill 3 makes numerous references to three possibilities for
confessional status: Catholic; Protestant; Neutral, PACT maintains that a
fourth status must also be included as a legal possibility - that is, there
must be the opportunity for a school to hold a bi-confessional status, both
Catholic and Protestant. One must only look to any board which is not
Montréal based to realize the existence, if not in law, certainly in
fact, of schools which presently operate as if they were bi-confessional. The
possibility of legalizing such arrangement is of vital importance to the
maintenance of cooperation and harmony within the system, both at the level of
the school council and school board.
Mme Pavelko (Joan): One of the point we should like to stress
here is that the first time we appeared before the parliamentary commission,
one of our major concerns - and we still have a reason to believe that it
should still be a concern to the population - is that, in enabling parents to
choose a confessional status for their school, we may wind up with what I think
was referred to as Little Ireland.
We believe that the possibility is greatly diminished if shools where
the population is 50-50, 55-45, 40-60 were able to acquire both status for
their two populations and thus acquire a bi-confessional status. That is a
status which is both Protestant and Catholic and that there would be two
education projects in the school, a possibility of a Catholic and a Protestant
educational project. We do not see that as a conflict because, in fact, as you
are well aware, off the Island of Montréal, most of the English high
schools in the province are already operating as if they have such a
status.
M. Palumbo: Futhermore, we continue to advocate that it is the
responsibility of the local school board to make the decision to apply on
behalf of the parents for a confessional status for a school within its
jurisdiction.
Mme Pavelko: Here we also are looking for a way to prevent a
conflict at the school level. We believe in the larger boards where we have a
number of schools, that the school board should still have the right to review
its schools and to assign certain buildings as Catholic, or Protestant, or
Neutral, so that, in fact, while the parents would indicate their preference
for the confessional status, it would be the board's final responsibility to
name those schools which fall into that category of Catholic, Protestant or
Neutral.
M. Palumbo: Transitional provisions. Sections 492 and 497 of Bill
3 make reference to a 10% minimum clientele of the former board. We must point
out that in very many areas of the province, in fact in many existing Catholic
boards, the English Catholic population does not represent 10% of the board's
population and thus it would have no mechanism to elect, in the case of article
497, parent commissioners to the first council of commissioners. In the case of
article 492, since there does not now exist, nor has there ever existed, an
English Catholic structure, English Catholics are by omission excluded from the
post of Director General in any of the newly formed linguistic boards. We,
therefore, recommend dropping all reference to a 10% minimum in both of these
articles. We also recommend special provisions which allow the inclusion of
English Catholic representation on all provisional committees.
Mme Pavelko: I believe the english-speaking Catholic Council made
reference to both of these points. I believe our colleagues in the Principals
Association and the Association of Directors General will address both of these
points. I believe what we are saying here is sufficiently clear, it is perhaps
an oversight on the part of the Government that, in fact, in most of the boards
where there are English Catholic school, outside of the Island of
Montréal, we do not come close to being even 10% of the population.
As far as Directors General go, there may well be people who happened to
be of the Catholic faith, but they are not Directors General because of that,
they are, in fact, Directors General of protestant
boards. And so, in fact, there is no such thing as English Catholic
Director General.
M. Palumbo: Staffing. In our original presentation to the
parliamentary commission on Bill 40, the PACT statement on the staffing
arrangements for Catholic schools is as follows: "We firmly believe that a
confessional school is not simply a school where religious instruction is given
as part of the curriculum but rather a special institution which aims at
forming a certain type of man and woman whose personal development far exceeds
the earning of a diploma. Every educator in the Catholic school must feel
responsible for the integral formation of the young and should respect the
existence of the confessional nature of that particular school. For these
reasons, we recommend that the majority of the teaching staff of a school which
is designated as Catholic be of the Catholic faith and thus, the Catholic
committee must modify its regulation to reflect that provision. "
PACT continues to espouse this position for it is impossible to conceive
of a Catholic school whose administration and staff do not reflect the
confessional status of that school.
Article 564 refers to the duties of the Catholic and Protestant
committees. It specifies the rights of these committees to make regulations on
the conditions required of the teaching staff providing Catholic or Protestant
instruction in ethical or religious values. However, article 564 makes no
mention of the conditions required of the global teaching staff of schools
designated as Catholic or Protestant. We therefore recommend that the Catholic
and Protestant committees be empowered to make regulations on the entire
staffing of these institutions as part of the decision-making process to award
a confessional status to a particular school.
Mme Pavelko: There are two areas in this particular section. One
of the obvious question is the definition of a Catholic school. I think we
should tell you, right up front, that to define the Catholic school is somehow
to try to attempt to define the taste of chocolate; it becomes almost
impossible at some stage. To try to define it anymore closely than we have
already done so is not, in our opinion, possible to do. We believe that those
who have attended Catholic schools understand what we mean, that there is a
spirit that exists in a Catholic school that cannot be obtained in other
schools. And we maintain that as an extremely important spirit.
As far as the staffing of Catholic schools go, we have looked at many
formulas. There are those associations which would espouse the cause of the
totality of the staff being Catholic. We believe, in 1985, that this is no
longer a real possibility. There already exists a situation where not all
teachers of Catholic schools at the moment are in fact Catholic but the
Catholics in staffs of Catholic schools are in insufficient number to reflect
the confessionality of the school and we believe that situation is certainly
unacceptable situation. And so we choosed to maintain our policies that the
majority of a Catholic schools and have Catholics teachers on staff. We have
choosen also to use the mechanism that this become a part of the duty of the
Catholic committee to insure that the catholicity of the school through it
staffing mechanism and make regulations concerning the staffing of Catholic
schools and that a school would not be granted a confessional status unless it
conform to the majority of the staff being catholic.
M. Palumbo: On educational scheme. Article 77 states: "The school
council shall determine aims and objectives of the school consistent with its
neighbourhood or community. The aims and objectives are components of the
educational scheme of the school. "
The articles which follow, 78, 80 and 81, continue to make reference to
the school council's role in the educational scheme of the school, listing what
the school council may do concerning the educational scheme.
Article 101 refers to consultation with the parent's committee. Article
103 refers to consultation with the educational committee. Nowhere is there a
clear statement regarding the final decision on the educational scheme. The
involvement of the school council as per article 77 is to determine the aims
and objectives of the school which are components of the educational scheme.
Since we must assume that the organization of all schools will henceforth be
based on their respective educational schemes, the law must provide a clearer
statement of responsibility regarding the final decision-making process of the
educational schemes.
We would recommend that the decision to adopt one educational scheme
over others is as important as deciding to seek a confessional status for a
school and therefore the law must provide as democratic a mechanism as exists
in articles 79 and 280 for a school's confessional status, that is compulsory
consultation with all parents.
Article 282 implies that parents have a mechanism to advocate a
particular educational scheme but we believe a more definitive statement on
compulsory consultation with all parents is essential.
Our assumption is that after consultation with the parents of a given
school, the school council will elaborate an educational scheme which will be
submitted to the school board for ratification. Thus,
the final decision to implement an educational scheme in a given school
should rest with the local school board.
Mme Pavelko: Our concern here is we do not see any place in the
law where the school council must consult the parents of the school. We believe
that the educational project of the school as is as important as we have stated
as the request for confessional status. When a school council decide to request
a confessional status, it must consult all parents. We would submit to you that
the educational project should also be a consultation process with all parents.
That is our first point.
Our second point is where a school board has any schools under his
jurisdiction. It would seem to us reasonable that the school board should have
some say in the distribution of different types of educational projects. So
that there is a good spread of different types of schools in its
jurisdiction.
M. Palumbo: Non-profit companies. Article 471 refers to the
possible establishment of a non-profit company having as its objective the
evaluation or production of teaching materials as well as other tasks assigned
to it by the Ministry or a school board.
PACT does not see a need for such a corporation. The existing
professional associations in the English sector are capable of providing such a
service to the Ministry through a consultative process.
Likewise, we see no need for articles 338 and 334. School boards should
be capable of making inter-board agreements to provide the necessary technical
services to each other. The establishment of such a company is a continuation
and enlargement fo a bureaucratic system which Bill 3 should be eliminating not
encouraging.
Mme Pavelko: I think these two points speak for themselves. In
the english sector, both PACT and PAPT have a number of subject-associations
and have a joint curriculum council in both cases. Should the Ministry seek,
aid and developping programs didactic materials, things of this nature, the
teacher are perfectly capable through those subject-associations and through
mechanism of a curriculum council to give the Ministry such an aid.
M. Palumbo: Dissident boards. We shall urge our community to take
full advantage of opportunities to consolidate and improve the English Language
Education system. We would strongly discourage the creation of additionnai
dissident school boards which would fragment the educational resources of our
community.
Mme Pavelko: The last paragraph also speaks for itself. The value
we see in Bill 3 is an ability or an opportunity for the English community
particularly to pull together and strenghten educational system. Dissident
boards would discourage such cooperation.
Le Président (M. Champagne): Alors, merci beaucoup pour
votre présentation.
Je demanderais à M. le ministre de bien vouloir faire des
observations ou poser des questions.
M. Bérubé: Nous avons convenu que je poserais mes
questions en anglais après mon témoignage d'appréciation
pour la venue de l'Association des enseignants de langue anglaise catholique au
Québec d'une part, et d'autre part parce qu'ils m'ont souligné
qu'ils auraient peut-être des difficultés à pouvoir
comprendre les questions, si vous me le permettez, M. le Président.
M. Ryan: Il n'y a pas de permission à demander.
Le Président (M. Champagne): À l'ordre!
M. Bérubé: M. le Président, vous pourriez
quand même rappeler à l'ordre, le député
d'Argenteuil qui se montre dissipé comme un enfant d'école du
niveau primaire et même le projet éducatif de l'Assemblée
nationale ne le tolère pas.
M. Ryan: Au moins, j'ai écouté ces gens pendant que
vous parliez à côté.
Mme Lavoie-Roux: Ou pendant que vous étiez assis en
arrière.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre si vous voulez
bien poser vos questions, s'il vous plaît.
M. Bérubé: M. le Président, je ferai
remarquer qu'il écoutait mais il ne cherchait pas de solution et de
réponse alors que j'écoutais, je lisais et je cherchais les
réponses en même temps. C'est la différence avec le
député d'Argenteuil.
A couple of questions are troubling me. On page 3, for instance, of your
presentation, you refer to a requirement on the part of a staff teaching a
school that ha3 given itself a Catholic "projet éducatif, I never read
and understood the educational scheme.
Mme Pavelko: No, neither do we. We thought it was an educational
project.
M. Bérubé: An educational project. Because the
scheme is...
Mme Pavelko: Yes scheming. A certain connotation.
M. Bérubé: Scheme has at least two meanings. O. K.
So you mentioned that you would like to have a requirement to insure that a
teacher teaching in a school that has given itself an educational project that
is religious, let us say Catholic, you insist that these teachers should be
Catholic. I have a problem to live with this for one very simple reason. We
have a Chart that is in force right now, for instance, that would not allow you
right now to discriminate on the basis of religion when you hire a teacher. So,
even right now a protestant school board cannot discriminate on the basis of
faith. In order to teach religion, yes, one could discriminate on the basis of
the formation, the education that the person has received, whether it can
actually teach a given material, this is an objective discrimination if you
want. But, to discriminate on the basis of faith when you hire a teacher is, to
my knowledge, contrary to the Chart as of now, and I have trouble accepting the
idea that we would modify the present situation. What is your feeling about
respecting essentially the basic freedom of religion and conscience among
teachers?
Mme Pavelko: Correct me if I am wrong, sir, but I believe that
educational institutions under the Chart of Human Rights do have such abilities
if you are designated as a Catholic school for example. You have such a right.
I also believe that one of the present provisions of the Catholic Committee of
the Superior Council, is to insure that. I believe it says: All personnel of a
Catholic school, be Catholics. I believe that is in force now. It may not be in
practice but it exists in law. (22 h 30)
M. Bérubé: There seems to be doubt anyway about you
statement.
Mme Lavoie-Roux: About your students. Une voix: Later.
Mme Pavelko: Yes. I believe there are other groups who have more
to say on that particular topic, but I believe educational institutions are
exempted from particular section of the human rights.
M. Bérubé: Not in my knowledge, but anyway we are
checking the legal aspect of it right now. The same question actually goes on
page 4 of your presentation when you mention the fact that the Catholic and
Protestant committees be empowered to make regulations on the entire staffing
of these institutions. That is part of decision making process to award a
constitutional status to a particular school. Again you would implement a
discrimination base on faith in hiring professors. We will check that but I
think it would have to be anyway controlled.
The second point which I would like to rise is when you talk about
transitional provisions. Clearly, the idea was if we only have one English
Catholic resident within a given school board territory who is not even
studying within that school board territory but maybe studying somewhere else.
It is felt that it will not be a sufficient justification to force election of
a parent on the board that would create the new school board. However, would
you agree to an amendment that would maintain the ten persons as a criteria but
would add another criteria, would be either or, and that would be for instance
if there is one school within the school board that is, for instance,
english-speaking catholic, that would be sufficient to enjoy the privileges of
article 492 and 497. Would that prove adequate to you?
Mme Pavelko: Quite frankly, that is the case that we are speaking
of in most of our boards off the Island of Montréal. There is only one
school, so if you included such a provision, I have to be terribly careful,
don't I? I also talk with my head. I cannot see any problem with that
particular thing. Your reference to one or two students in a board, of course
makes sense, but our concern was, and I think you have heard this example
before, a school board like Verdun or des Manoirs or Les Écores - I can
just continue naming them: Saint-Exupéry - and this is where we have one
single english catholic school in a very large catholic board. They would have
been exempted. So your formula would probably work in those cases.
In the case of the directors general, you have the same restrictions and
there, you will find in very many of these same boards that I am refering to,
the highest level of management or personnel is in fact the principal. But
there is no representation at the board level whatever in the provisional
committees. There has to be, in our opinion, some opportunity for those people
to sit on provisional committees even though they do not happen to be directors
general. So, in that case, if you made an exemption where the highest level
management were appointed, I believe that would suffice.
M. Bérubé: O. K. The third point on which I would
like an explanation. You suggest that there could exist two status for a
school. I can understand that in educational projects, one could want to have
essentially two sided projects: one for Catholics and one for Protestants. I
can understand that. I have trouble understanding
why you want a status. What good would it make to have a status? In your
opinion, what would a status represent for a school? I can understand that the
educational project does represent something concrete, but a statute is a stamp
of approval, so if you say: We are going to have two stamps of approuvai, then
you get into a problem of what is the meaning of a stamp of approuvai. It says
this is a clearly catholic school. It does not change nothing to the school; it
simply puts a big sign on front of the school and say: This is a catholic
school. But in practice, what makes a school catholic is really the educational
project.
So the question I would like to ask you is: Why would you not be
consented, as you pointed out, within... For instance, in the Eastern Township,
there are schools where they are being experimenting with a two-sided
educational project. But these are used in the protestant schools. So, they
have been able to have these types of project within the protestant system. So,
why not continue in the same direction and maintain therefore a school without
a status and with educational project that will include, incorporate, the two
sets of values?
Mme Pavelko: The problem with that is there are only three
options, one of which is neutral. Such a school is not neutral. It does have a
confessional status, it has two confessional status. Now, I believe we are
playing with words. It is a psychological type of thing. If there is half of
the school which is catholic and, in fact, has a definite catholic educational
project, for the sake of those parents who want the satisfaction...
M. Bérubé: Anyway, it relates to the point that you
raised earlier, the argument whether one could discriminate on the basis of
religion within a school board. It does not seem to be substantiated by the
Chart itself. The Chart states on article 20 - I do not have it in English, but
it says: "Une distinction, exclusion ou préférence fondée
sur les aptitudes et qualités requises par un emploi ou justifiée
par le caractère charitable, philanthropique ou religieux, politique ou
éducatif d'une institution sans but lucratif ou qui est vouée
exclusivement au bien-être d'un groupe ethnique est réputée
non discriminatoire. " On réfère spécifiquement à
une institution à but non lucratif ou une institution qui est
vouée au bien-être d'un groupe ethnique.
On me dit que comme il n'y a aucune jurisprudence, on n'est pas du tout
sûr que l'article 20 pourrait effectivement être
interprété comme permettant la discrimination sur le plan
religieux dans l'engagement des professeurs. Pour l'instant, ce n'est pas un
avis juridique définitif, étant donné qu'il n'y a encore
aucune jurisprudence sur le sens qu'il faut donner à l'article 20.
Mme Lavoie-Roux: On va demander un avis.
M. Bérubé: C'est ça, je pense que... Vous
êtes lancée, allez-y. The next question...
Mme Pavelko: If you don't mind, I should like to continue. The
problem is not so much at the time when a school has no confessional status
whatever, it is afterwards, when the population starts to shift and remove from
a 55-45 situation to a a 60-40. If it is possible for both groups to have a
confessional status, it presents a kind of lobbying and those schools, right
now, run with a great deal of harmony. There is no move - of course, there
cannot be at the moment, since they are under protestant school boards - and it
does not appear to be going to be a move on the part of either group to cause a
religious war. If we want to continue to prevent that, it would seem to me the
easiest thing to do is to grant both status to such a school. To have no status
at all can always lead, in the future, to the possibility of one group growing
slightly larger and applying taking over, so to speak, we believe. What we are
looking for is mecanism to continue the harmony that exists.
M. Bérubé: I can understand it is more a question
of appearance...
Mme Pavelko: Yes. Precisely.
M. Bérubé:... of outlook of the school that would
prevent, inner turmoil, more than the actual reality within the school. Good.
Kids are enjoying themselves!
Mme Pavelko: But we are teachers. We know how to handle that.
M. Bérubé: Yes, you are used to it. What do you
usually say? You put them in the back-row, close to the stove, you know, as in
the past, we used to put the...
Une voix: On les envoie dans l'Opposition.
M. Bérubé: O. K. Now, we have the rule. We put them
in the Opposition.
M. Ryan: They can afford to waist time when nothing is going
on.
M. Bérubé: You mentioned, on page 6, that you would
recommend that the decision to adopt an educational project over others is as
important as to seek a confessionnal status. "Therefore, the law must provide,
as
democratic, a mecanism as it exists in article 79 to 84 schools,
confessionnal status. That is compulsory consultation with all parents. " Would
that not really complicate life within a school in the sense that an
educational project is not conceived as, you see, one can practises his
religion as an habit or one can have a faith and conceive it as a continuous
process, a continuing process? Because students are leaving, parents are
leaving, one will imagine that the educationnal project will be in a continuous
process of rearrangement. Would not that imply, if we are to follow your
proposition, constant consultation with the parents that would put an awful lot
of weight on the actual process of evolution of the school?
Mme Pavelko: We did not think of the educational project in this
particular section, as necessarily religious educational project. What we could
foresee was certain groups of parents, forming the school committee or the
school council, developing an educational project which suits to their needs
but does not necessarily reflect the needs of the whole school.
The second part, and perhaps it is even more important, is, in a large
school board that has many schools, it would seem to us that certain schools
will have different flavours, so to speak, and you would not want to have an
over abundance of one type of schools, supposing a number of school committees
in the entire city decided that these schools should have a highly technical
vocational orientation. You would not want an over abundance in anyone
particular area in the city. So, you would have to have some kind of mecanism
where the school board, a sort of a straightning things out. The same thing
holds through with the educational project in the consultation of parents. We
have to have a mecanism to insure that, in fact, there is a way to satisfy the
majority of the parents and not simply the eight or ten members of the school
council.
The educational project, as we say, is as important. Yes, you are right,
it will be in a constant state of flocks, but we hope this encourages the
parents to really be democratic in their decision making process. And, if they
have to consult their parents every year, so be it, that is what they have to
do. (22 h 45)
M. Bérubé: But the educational project is not
nearly in the hands of the parents. It is really in the hands of the school,
that is teachers, heads and parents. Therefore, it would normally be part of a
continuous leading process within the school, where peoples sit together and
discuss about what is happening. If, every time, they decide that they want
more discipline in the school as part of their educational project, it would be
kind of heavy if they have to consult all of the parents about this change in
the orientation that the school is giving itself. Truly, I can understand when
you talk about educational means, "les services éducatifs", for
instance, that have to be planned by school boards; there is no doubt about it.
You cannot decide to concentrate all schools in one direction; you have to
spread them and that is the duty of the school board. But the "projet
éducatif" within a given school is more the kind of day to day life that
one would like to have in the school. This does not seem to be the kind of
thing about which you would consult people. You just happen to live; you just
happen to work together; you happen to decide on outside activities and field
trips and so on. You kind of continuously evolve an educational project.
Therefore, at what stage do you want to consult? You would not want to freeze
an educational project and say: OK, we spent two years to decide what is the
educational project and then we freeze it for the next three of four years for
which, I would then understand you would consult.
So my feeling is that in your view, the educational project seems to be
quite a static state of affair in a school while I would have viewed it more
like the way the school lives. It is the soul of the school, if you want; it is
the spirit of the school; it is the kind of activities and animation that you
want to put in. How can you consult on that? You just put people together and
then you say: OK, work it out.
Mme Pavelko: It seems to us that what this law has done is that
it has given parents a real opportunity to make decisions on the kind of school
that their children are attending. That is the most important thing I think
this law has given to parents, that is the opportunity to make decisions on the
educational project. Now, when we look at the educational project, we see it as
a plan of operation for the school for the year, a philosophy of how this
school is going to operate for the year. We have to assume that such a plan
would be drawn up in the spring of the previous year and the attempt to carry
it through would go on throughout the next year. But we do not see the
educational project changing mid-year, except for readjustments to make things
stronger, to straighten out problems that would not had been foreseen. We would
expect that parents, in deciding their first educational project, would
continue to strengthen it and would allow it to grow, but it would have the
same basic philosophy for a number of years. So, what we are looking at is
that, before you establish the type of school this is going to be and the
emphasis that this school is going
to place on particular areas - being academic or extracurricular or
whatever -there would be a consultation on that.
M. Bérubé: Thank you. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Mme Pavelko, M. Palumbo, il me fait plaisir de vous
saluer au nom de l'équipe qui représente l'Opposition au sein de
cette commission. Nous avons écouté avec beaucoup d'attention les
remarques que vous avez faites dans votre présentation. Si, à un
moment donné, nous avons paru distraits pendant l'intervention du
ministre, c'est parce que nous constations qu'il était à faire
ses classes sur certains aspects très importants du projet de loi et
pendant qu'il faisait son initiation, nous avons éprouvé une
certaine impression d'amusement qui nous a permis de vaquer à autre
chose pendant quelques minutes. Cette blague étant faite...
M. Bérubé: M. le député, vous
êtes arrogant!
M. Ryan:... je vais en venir au fond du problème et
peut-être au début replacer certaines choses dans un contexte plus
précis que celui dans lequel baignaient certains propos du ministre.
You insisted in your presentation on the importance which you attach to
Catholic schools wherein not only the label would be provided by three or four
different bodies intervening in the process, but wherein the life of the school
will be inspired from certain principles and a certain spirit which is
identified with the Catholic spirit.
I understand your insistance. I share your views on this matter and I am
trying to find the message whereby your convictions could be ensured all the
respect to which they are entitled. You raised a few questions in your
presentation which are difficult ones. They are not easy to answer, but I think
we must all put up an honest effort.
The first thing we must do is to be fully informed about what exist and
what the changes brought about by the proposed Bill will be. I insist with the
Minister - and I am addressing him at this moment, if he would care to listen,
which I am not sure on the basis of what we saw today - that in the regulations
of the Catholic Committee, which were approved at the time by the Government of
which he is a member, we already have rules under which it is clearly defined
that a person must profess the Catholic faith in orther to be hired by a
Catholic school board, to be a member of the staff of a Catholic school. The
same rules also provide that were such teachers not available the school board
may appoint to that school a teacher who has different religious affiliation or
different philosophical convictions, provided he accepts to respect the general
orientation of the school.
These rules have been in effect for how much time? I think our advisers
could help us on that, but certainly for a few years. I would not care to
indicate a precise year. At least, five years. We have had the Charter of Human
Rights in effect during the same period and no conflict has arisen between the
two documents. It is obvious, if you want to have Catholic schools, those who
insist on everything beeing uniform will have to make some concessions.
Otherwise, we are confronted with an absolutely insoluble dilemma.
We already have that in our regulations and I think the concern of these
people is that under the new Bill you are changing the powers of the
confessional committees. Under the present set up, the confessional committees
are entitled to make rules concerning the qualifications from a moral and
religious point of view of the teaching staff and the principal in schools
while in the new Bill which you are presenting to the House their powers would
be limited to making rules concerning the qualifications of teachers who will
be called upong to teach religion.
There is another provision in the Bill. I do not know how it is going to
be interpreted but I must draw your attention to it. I do not know if it
retained your attention at all but it is the article which deals with the
confessional committees.
Mme Pavelko: I believe it is 564?
M. Ryan: Pardon me?
Yes. At paragraph e) of that article, it says that the confessional
committees would be empowered to make regulations concerning the recognition of
schools, as Catholic or Protestant and in order to ensure their confessional
character. I would presume, if my interpretation is right - I am opting for the
broad interpretation for a moment - that this may be interpreted to methat the Catholic Committee and the Protestant Committee may still continue
to make regulations around the subject which we just mentioned. It is not sure,
it is farless clear than it was in the previous legislation, in the existing
legislation concerning the Superior Council of Education to be clear. Am I
right in understanding that you want something clearer, something more specific
in the Bill which we now have before us and that you are not completely
satisfied with the changes which would be brought to the law on the Superior
Council of Education on this particular matter?
Mme Pavelko: The first draft of our remarks to you tonight
specified that particular section, Mr Ryan, section e), and our recommendation
was that section e), be enlarged to include precisely that.
M. Ryan: Paragraphe 22. Would you repeat this, please? I was
distracted.
Mme Pavelk In our first draft of the Bill, as a matter of
fact, as recently as this afternoon, we had been so bold as to suggest where
the changes might take place, and that is precisely the area that we have
identified, section e). That is the way it is worded in our presentation to you
tonight. That is precisely what we mean.
M. Ryan: OK. I would have a second question about an entirely
different aspect. Does your association belong to the English-Speaking Catholic
Council? Are you a constituent, a member of that...
Mme Pavelko: Yes, we are a member. English-Speaking Catholic
Council has individual members and it has association members, and we are an
association member.
M. Ryan: OK. In their presentation to this committee last night,
they concluded their brief with the following paragraph: "Notwithstanding, what
we said before, the above, in view of the many questions regarding the
constitutionality of the proposed legislation and to ensure the long-term
protection of the educational rights of all Québec citizens, we
recommend that the Government refer the legislation to the Québec Court
of Appeal and begin discussion with the Federal Government to ensure French and
English minorities constitutional guarantees to manage and control their own
system of education." Do you subscribe to that conclusion...
Mme Pavelko: Yes, we do.
M. Ryan: ...which was contained in the brief of the
English-Speaking Catholic Council?
Mme Pavelko: You will find that, in many cases, groups who belong
to the English-Speaking Catholic Council will repeat each other's
recommendations. That is one we chose not to repeat. In fact, it is not in our
brief simply because we know very well that you will be hearing it from other
groups. But the answer is: Yes, we do subscribe to that.
M. Ryan; Thank you very much. That is number 6 out of 7 bodies
which have appeared before the committee until now. Perhaps we may be
developing a consensus which had been completely unforeseen at the outset of
our proceedings. I do not know, but we are counting them one after the
other.
I have another question about the school council's role. If I understand
you correctly, you consider that, when the law has to do with the confessional
status of the school, it provides for guarantees concerning previous
consultation with parents while when it deals with the broad orientations of
the educational project, it contains no such guarantees and you would want the
law to be more precise on this aspect. You would want to be assured that the
school council, before it makes such momentous decisions for the orientation of
the school, should have been obliged, under the law, to consult the parents who
are the first people to be concerned with such decisions. Am I right in
understanding that you would like those articles of the law, which deal with
those attributions of the school council, be reinforced in the sense that
consultation with the parents on important decisions would be mandatory?
Mme Pavelko: Yes. We find that certain areas of this law are very
specific, very detailed, and other areas which, in our opinion, are equally
important, are far less specific, in fact, quite vague. The answer to your
question is: Yes.
M. Ryan: I would like to have some clarifications about the last
paragraph in your brief tonight about dissentient boards. You say: "We shall
urge our community to take full advantage of opportunities to consolidate and
improve the English language educational system. We would strongly discourage
the creation of additional dissentient school boards which would fragment the
educational resources of our community." (23 heures)
I should like to know if your association has had time to study the
provision of Bill 3, and I should say bill 40 because they are exactly the same
in the two documents, which deal with the right of dissent as it is dealt with
in those provisions of the two documents. Have you had time to study these
particular provisions in any detailed manner and would you give us the benefit
of your conclusions or reflexions on that in a more detailed way than we could
find in the five or six lines which dealt with that matter in your brief?
Mme Pavelko: Only in so far as we are surprised to see such
provisions. It was our opinion that at the time when dissentient boards were
first conceived, there were reasons, very good reasons for such provisions, in
the early years of this province or of this country. We can see in certain
areas the original dissentient boards had justified reasons to dissent.
We found it difficult to understand how one would dissent from a linguistic
board.
That was a very difficult concept. Be that as it may, since it has been
explained to us that one can dissent simply because the board does not have a
religious connotation, it still does not make a great deal of sense to us. We
can understand dissention if you have a protestant board and a large population
of catholics or, in fact, as it was at the time, large catholic boards where
you had a minority of protestant but a sizeable minority of protestant why one
would feel the need to dissent. Under this present system, we cannot understand
why one would feel the need to dissent because you are not really dissenting
from anything. The board is neutral, it is either an english or french
board.
M. Ryan: One further point. We heard from the Provincial
Association of Protestant Teachers tonight that they are somewhat worried about
discrimination which might arise from the obligation in which a position like
yours would place the school boards to assign teachers to different schools,
not on the basis of qualifications but on a basis of religious allegiance. If
we were to find ourselves in the position wherein the teacher of english in a
Catholic school, for instance, would be appointed there, not because he was the
most competent candidate available but because he was of the Catholic faith,
and this situation was to be repeated, the president of the Provincial Teachers
said that would cause him some concerns and would eventually lead, in his
judgment, to a situation impregnated with discrimination. We put a question to
him: How would you deal with the desire of Catholic parents? You have Catholic
schools. And he said: This is a problem.
But I put the question to you. If this Bill were to become law, I would
presume that your Association would soon or later merge with the Provincial
Association of Protestants Teachers. Unless I am mistaking, you may correct me
if I see the future in a wrong manner but that is the...
Mme Pavelko: It would make sense.
M. Ryan: D'accord. So, have you had discussions with the other
associations as to how you would deal with such problems if you were eventually
to merge with them and have you arrived, at this moment, at some mutually
acceptable conclusions on these difficult matters?
Mme Pavelko: No, we have not arrived at any conclusions on these
matters but it is the board's priviledge, managerial rights, to assign teachers
to schools. It seems to us that the board in his wisdom will assign Catholic
teachers who qualify according to the rules of the Catholic committee to
Catholic schools and assign teachers who do not qualify to school which are not
designated as Catholic. One of the reasons that we did not go for a 100%
Catholic staff in a Catholic school is precisely that problem. We believe that
having a majority would sufficiently guarantee the catholicity of the school
and give the board enough flexibility to ensure that there would be no major
conflicts in staffing.
M. Ryan: If my recollection is right, in your last meeting with
the parliamentary committee on education, last winter, your delegation had
suggested that a minimum percentage of 51% of the members of the staff in a
Catholic school ought to be Catholic. I see no mention of such a percentage in
your brief tonight. Does that indicate a certain evolution in your thinking on
these matters or if it is only because you wanted to be brief?
Mme Pavelkos It is possible that, in response to a question, 51%
was mentioned. It did not appear in our original brief. You know, one gets into
the ridiculous position of having to say: Well, if you had a staff of twelve,
is the majority six ou seven? There is a certain amount of good sense necessary
there. And I want to point out to you, I suppose, in a way, one could consider
our answer a cop-out. But we leave that in the capable hands of the Catholic
Committee to decide, in fact: is this school staffed correctly enough to
warrant the continuation of its status as a Catholic school? To say 51% is kind
of, you know, splitting hairs.
M. Ryan: Just one last question. You recrute most of your members
in the Montreal area. And I would suppose a large percentage of your members
are employees of the Montreal Catholic School Commission.
Mme Pavelko: Almost half, sir.
M. Ryan: O. K. That would justify my question, then. Are there
any really serious problems which you have run into under the present set up
and under the aegis of the Montreal Catholic School Commission or if, on the
whole, you had the freedom to develop a network of schools, which is typical of
your culture, which has made room for the growth of Catholic schools in
accordance with your numerical importance in the population, your expectations,
etc? What is your general assessment of the situation under which you had you
live for the past generations?
Mme Pavelko: Based on your question concerning have we had the
opportunity to grow and have we had a certain amount of flexibility, I believe
the teachers in the CECM English sector and also in the Balwin Cartier English
sector have had a luxurious existence compared to the teachers in other school
Board in this province.
M. Ryan: How did you qualify it?
Mme Pavelko: I said a luxurious existence...
M. Ryan: Luxurious! I tought I had heard that word but I wanted
that you repeat it.
Mme Pavelko:... compared to... M. Ryan: Compared to what?
Mme Pavelko:... our colleagues in schools outside of the Montreal
area.
M. Ryan: She said: Outside the Montreal area.
Mme Pavelko: Mr. Ryan, M. Palumbo is a teacher of that particular
board.
M. Palumbo: I think it must be known, on that point, that altough
half our members come from the MCSC board or are teaching for the MCSC board,
we nonetheless represent a far larger group than that. And given the reality in
other school boards, other than Baldwin Cartier and MCSC, where that is not so,
it necessitates the position which we OK'd in favour of linguistic boards. So
one cannot look at - my colleague, here, referred to it as a luxurious
existence - you know, an acceptable existence, OK, and compared to, and
discount the need for a consolidation in linguistic boards.
Mme Pavelko: We want to make clear to you the fact that our
policy, first of all, is a policy of the whole association. Our teachers, who
belong to the Federation of English-Speaking Catholic Teachers, which is the
syndicate that represents the CECM English sector teachers, their adoption of
our policy does not reflect on the CECM services. It is simply a recognition of
the fact that we would be in a better position were we all together in a
linguistic boards.
M. Ryan: Thank you very much.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Mille-Îles.
M. Champagne: Merci, M. le Président. Dans votre
mémoire en page 7, vous parlez de commissions scolaires dissidentes. On
sait que les commissions scolaires dissidentes ont été
instituées, je pense, si je ne me trompe pas, en 1867 et il n'en reste,
au moment où on se parle, que cinq. Au Québec, on a des
commissions scolaires catholiques et protestantes et je pense que le fait
d'être à la commission scolaire catholique ou à la
commission scolaire protestante n'a pas augmenté le nombre de
commissions scolaires dissidentes. Je voudrais savoir, par le fait même
qu'on va avoir des commissions scolaires linguistiques, d'où viennent
vos craintes d'avoir des commissions scolaires dissidentes, comme vous le dites
à la page 7 de votre mémoire. You understand my question? For
which reason are you afraid to have more dissidents schools boards with the
Bill 3?
Mme Pavelko: Because dissident boards will fragment the existing
boards. I will take a concrete example: It is theoretically possible in a
particular area, for example, one of the on island Montreal boards, where you
could have a large number of parents dissenting from the linguistic board. So,
you would have a situation where you would have the linguistic board managing
three of four schools and a dissident board managing five or six schools and
you would have fragmented the population. You would have two boards, you would
have a proliferation of boards which I believe this Bill is trying to stop. The
purpose of this Bill is to cut down on the number of boards in the province and
there is a certain economy of scale. It does not make sense to us why we should
go back to the continuation of splitting boards again and wind up in the same
situation possibly in ten years as we have now with so many small boards. It
just does not make sense.
M. Champagne: Personnellement, je n'ai pas ces craintes et
j'aimerais, peut-être, que les membres de la commission poussent
davantage sur cela parce que je ne voudrais pas aller plus loin que cela.
J'aimerais cela savoir si réellement, dans la pratique, du fait d'avoir
des commissions scolaires linguistiques, il y a plus de craintes que naissent
des commissions scolaires dissidentes. Je lance le débat. J'aimerais que
mes...
Mme Lavoie-Roux: On fera cela en commission parlementaire,
à l'étude article par article.
M. Champagne: Non, madame. Vous comprenez ma situation. C'est
peut-être une question de langue. Vous ne me faites pas la preuve qu'avec
le projet de loi 3 il y a des craintes à avoir d'avoir des commissions
scolaires dissidentes. Je ne crois pas du tout à cela.
M. Palumbo: Il faut admettre qu'il y a la possibilité que
certains groupes dans notre société qui, au départ, sont
contre les commissions linguistiques se servent de cette voie pour obtenir des
commissions confessionnelles.
M. Champagne: Ce n'est jamais arrivé dans le passé.
Je ne sais pas si cela va arriver avec le projet de loi 3. S'il y a une chose,
c'est que de moins en moins on n'aura des commissions scolaires dissidentes
selon la constitution. Je ne vois pas de dissidence. Je ne sais pas si votre
crainte vient du fait que, à un moment donné, dans une commission
scolaire linguistique francophone, vous pouvez avoir des parents qui veulent,
dans une école, une école catholique. C'est sûr qu'il peut
y avoir quelques dissidents dans le quartier. J'y crois, mais de là
à penser que cela va former une commission scolaire dissidente à
partir de ce quartier, je ne vois pas du tout cette crainte avec l'application
du projet de loi 3. (23 h 15)
M. Palumbo: De toute façon ce qu'on dit dans notre
mémoire ici c'est que notre association va travailler, va faire de son
mieux pour éviter qu'il y ait des commissions dissidentes. Ce qu'on dit,
c'est qu'on va encourager la communauté à se prévaloir des
occasions qu'il y a dans les commissions linguistiques pour notre groupe.
M. Champagne: Si je comprends bien, les cinq commissions
scolaires dissidentes actuelles, vous allez les encourager à
s'incorporer à vos commissions scolaires linguistiques. C'est ce que
vous voulez dire?
M. Palumbo: C'est cela.
M. Champagne: Je comprenais le contraire, soit que vous pensiez
qu'il y aurait des commissions scolaires dissidentes de plus. Merci beaucoup.
M. le président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député. Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. I just have one
question. You expressed some concern in your comments about the parent's
committee, perhaps being forgotten by the School Council regarding consultation
for the educational project. We have had a lot of experience with parent's
committee and they have expressed many frustrations regarding their role in the
school: that their role was too limited and so on. Now, with the creation of
the school council, do you feel that the parents as a group, parents of the
school committee, are going to be less frustrated or more frustrated? Because
in fact, you are creating inside the school two categories of parents: The one
that are going to be part of the school council which is the group that is
going to decide upon orientation, that will... - You know. I am not going to
read over their functions - and, on the other hand, the parent's committee that
appear to have less responsibilities than it had in the past, if all the
responsibilities that were given to them by Bill - was it 71? - had been
applied properly. That is the first part of my question. The second part is,
properly, Mr. Palumbo, I do not know where you are teaching yourself, but I
know that in the dissentient there are English Catholic schools that are almost
completely composed of children or parents coming from ethnic groups, either
they are Italians or... I am not sure if my souvenirs are good and correct that
they could participate very much on account of the fact that many of them were
hard working labours and did not have too much education themselves and for
many other reasons that you could identify and it was already hard to get them
to function as the school committee. Do you feel that is very realistic to have
two types of parent's group inside of the school?
Mme Pavelko: When we talk about the school council responsibility
to consult parents we mean the parents, the users of the school, not the second
group, not the parent's committee..
Mme Lavoie-Roux: The whole..
Mme Pavelko: Yes, that is right, all parents of the school that
have been given that option to come to a meeting etc... and discuss it. The
parent's committee. We were reluctant to discredit in any way, the composition
of the parent's committee as a teacher group because we were afraid that
perhaps our remarks would be misinterpreted. But, I took the liberty of asking
parents. We had a teacher's convention just recently, and we invited parents
from all our school committees to attend and in discussing with them, I asked
them that precise question. It was interesting that their answer was that they
thought it was a duplication. They could see it as a duplication. I asked them
also if they would mind if we made it as part of our presentation that concern
of ours, because we work with those parents and those parents' committees and
so we know their frustrations. We feel the same frustrations for them. I think
you would be better advised, quite frankly, to ask yourself to any parents'
groups that come to present themselves at this hearing that precise question.
But it is my impression that one does not need two groups. The parents'
committee, I would think, is redundant. You
have such good reprentation on these school committees because you have
the majority of the parents to expect a separate distinct other groups without
very many responsibilities. I think it is asking a bit much and I think what
would probably happen if you would find the same parents on both groups. That
is probably what we would wind up with. But, again, if the parents were
comfortable with it, I would have to assume that it is acceptable. It is really
not an area that we would want to tread in.
On the other hand, I do not see it serving a very useful function and it
may well lead, as you say, to certain frustrations. I would think that the
school council dealing directly with the parents of all of the students would
be more than ample.
M. Lavoie-Roux: So you would see that the parents' committee
could delegate some of their own members to act on that school council that
might create less competitions or frustrations or difficulties?
Mme Pavelko: In fact, how we came to that conclusion was in
looking at the teachers' committee, the educational committee. We could see the
same kind of situation arising there. Because the teachers are very well
organized into associations, we can take care of ourselves and, so to speak, we
had a number years of experience, but there is a possibility that within the
teachers' contract we have such a thing we call the "staff council" - I believe
there are other terms in other contracts - our staff council and our
educational committee. The last thing we would want to see is two separate
groups there operating for exactly the same reasons. What we would probably do
then is to have a staff council member also serving as the educational
committee. I would presume the parents, if they have not already thought of it,
would probably catch on to that and do the same thing. So it may exist in the
law but it probably would not function as a separate body.
M. Lavoie-Roux: Je ne sais pas si vous vouliez faire un
commentaire sur la participation des parents dans vos écoles. Cela peut
dépendre de l'école où vous travaillez vous-même
ou...
M. Palumbo: Yes. I think the differentiation in the level of the
participation of the parents and their hability to do that is true because of
ethnic considerations as well as other considerations. Those differentiations
are true all over the Island of Montreal and all over the province, I imagine.
As far as the schools that I am familiar with as regard of the ethnic parents,
there has been, over the last few years that I have been involved, an
improvement in the desire to participate and the hability to participate and in
the quality to the contribution that parents bring to these committees. It is
certain that a law as... You know the provisions contained in Bill 3 or in any
other law that is proposed in terms of trying to make it universal and in terms
of trying to make applications that will be polled all over the province, it
will apply differently in different parts. Maybe, an attempt should be made to
recognize those differences and in the case of the type of schools and the type
of parents that we are referring to, maybe there is no point in having a
redundant structure which, in fact, we are attempting to give something to
parents, but in the end we end up asking or demanding more from them than they
can give.
M. Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, Mme la
députée de L'Acadie. M. le ministre. M. le ministre, nous sommes
tout ouïe.
M. Bérubé: Non, j'ai posé les questions que
j'avais à poser.
Le Président (M. Charbonneau): Ah bon, parce que vous
m'aviez donné...
M. Bérubé: Je vous avais cédé mon
droit de parole, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas-là, s'il
n'y a pas d'intervenants du côté ministériel, je vais
laisser la parole à Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: I am interested in your request that
bi-confessional status be recognized, that there should be an opportunity in
the law to give some official recognition to that status of a school. It does
operate. It is a fact of life in several schools, I do not know how many in
this Province, I know I have one in my riding that operates very well, John the
XIII Dorval High School. The first part of my question -you partly answered it
before - is: Do you think that old schools suffer from lack of official
recognition? And the second part is: You know, there is a great big semantic
problem in this labelling of schools and what I can see coming, you know, the
law does talk about Catholic, Protestant and Neutral. You introduce this
business of bi-confessional as also needing to be recognized. But there are
many others and over the years, as we have discussed this restructuration, the
words non-confessionnal, multi-confessionnal, pluralistic, bi-confessionnal,
neutral and so on, and I am just wondering if we do really need this. Are we
going to be putting parents
through hoops unnecessarily in forcing them to define themselves
collectively? Do they need it? Do we need labels? Do we need official
recognition? Is that going to help the process? Is that going to make people
feel better because their wishes for their children are recognized? Is it
really going to do anything for the quality of education or for the recognition
of rights? So there is this specific thing about the bi-confessional and then
the general question.
Mme Pavelko: Our problem, I think, is that we have come a long
way in this Province, in the last 20, or 25, or 30 years, and we have become
more oecumenical and more sophisticated. But we have still to deal with labels.
And I think, particularly on the English Catholic side, there has been a
certain irritation that there has never been a recognition of their existence.
And we fear that there will be certain groups who will use this first
opportunity that they have to attain such recognition. And it may well cause
more problems than we need at this particular stage in our history.
So it is to prevent that type of problem. If they are granted, if people
who feel that way are granted this bi-confessional recognition, I would expect
that within five or ten years of having lived under this new system, the old
irritations will have died away and we will not see schools seeking such
status. But I would think, initially, it will prevent many problems if such a
status is available. I do not know if I have answered your question. I think,
at this stage in our evolution, we still need those labels.
Mme Dougherty: You see, I think I can understand, from the
English Catholic point of view, what you are saying. But on the Protestant
side, I venture to say that there will not be to many schools that will choose
to be called Protestant. I do not know what they are going to call themselves,
except that it is long been recognized in most Protestant School, on the Island
of Montreal particularly, which are many united nations, full of people of all
backgrounds and so on. I do not even know whether they are going to call
themselves multi-confessional, they do not think of themselves in confessionnal
terms at all. It is sort of pluralistic or multi-value, I do not know, I think
that they are going to be very reluctant to put a label on it at all. That is
why...
Mme Pavelko: It would be common.
Mme Dougherty:... common, but, on the other hand, they will not
call themselves neutral because they feel that there is a certain value or a
certain spirit in the school which is clearly pluralistic. The Protestants like
to think it is oecumenism or whatever. Everybody has its own vision, but I do
not think you will get any consensus as to the label. That is why I am not sure
that I would want to see in the law any proliferation of choice of labels. I
would not like to see people trying to fit themselves into those molds, to feel
that they had to put that label up.
On the other hand, I do appreciate what you are saying about the English
Catholic status.
Mme Pavelko: I think you are quite correct in your assesment. Who
is better than you to know your clientele in the Montreal School Board? But I
think off island, quite frankly - and I have to speak from personal experience,
my students went to a so-called Protestant school, Lake of Two Mountains - I
believe that a Protestant community in those areas, off island, do view
themselves as Protestants.
Mme Dougherty: Off island more so?
Mme Pavelko: Yes. And I am referring only to schools off
island...
Mme Dougherty: Because they are Protestant.
Mme Pavelko:... who would probably request such a bi-confessional
status. I think you are quite correct. They will be no need for a
by-confessional status on island and I doubt very much if any schools would
apply for it. But off island, in the country sort of speak, I think there is
still a very strong identification with Protestantism and I see that those
people will probably take advantage of such a status.
Mme Dougherty: O. K. Thank you.
M. Ryan: M. le Président, M. le député de
Saint-Laurent avait des questions à poser.
M. Leduc (Saint-Laurent): Just one question. You said that you
are concerned about the creation of new dissident school boards. I would like
to know what you think about the actual article 483 which permits the creation
of new dissident school boards. I would like to know if you object to this
article.
Mme Pavelko: Perhaps I did not explain the last section of our
brief clearly. We do not object to the articles on the possibility of dissident
school boards. What we are trying to point out to the Parliamentary commission
is we do not intend to encourage the use of that mechanism. If it exists in a
law, so be it, but we do not intend to encourage a people to make use of such a
provision. We believe the linguistic boards
can work and there should be no need to apply to dissident status.
M. Leduc (Saint-Laurent): Then, you are satisfied with this
article.
Mme Pavelko: Yes. We have no problem with the article. It exists
here for those people. It is a democratic process, it is a democratic article,
it is a democratic law. But we do not intend to encourage the use of that
article.
Le Président (M. Charbonneau): Mesdames, messieurs, il ne
me reste qu'à vous remercier d'avoir accepté cette invitation. Je
pense que les membres de la commission ont apprécié
l'échange qu'ils ont pu avoir avec vous et je pense que cela va enrichir
les débats que nous aurons dans quelques jours au sujet de
l'étude article par article ainsi que le débat sur les principes
de la loi 3. Merci.
Je voudrais rappeler aux membres de la commission que demain, toute la
journée, on a un gros contrat de travail et si c'était possible,
pour une fois, qu'on respecte l'horaire qu'on s'était fixé et
qu'on commence effectivement à 9 h 30, ça faciliterait les choses
pour tout le monde.
M. Bérubé:... règles de procédure, on
s'engage.
Une voix: C'est à cause de l'Opposition, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, tout
le monde sera ici à 9 h 30. En conséquence, les travaux de la
commission sont ajournés à demain matin, 9 h 30.
(Fin de la séance à 23 h 35)