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(Neuf heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'éducation et de la main-d'oeuvre
reprend, ce matin, ses consultations particulières sur le projet de loi
3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
L'ordre du jour est le suivant. Nous entendrons d'abord l'Association
des directeurs d'école de Montréal, ensuite l'Association des
cadres scolaires du Québec, puis la Fédération des
comités de parents de la province de Québec et, finalement, la
Confédération des syndicats nationaux.
Nous accueillerons d'abord l'Association des directeurs d'école
de Montréal. Bonjour, mesdames et messieurs. Je voudrais, au nom des
membres de la commission, vous remercier d'avoir accepté notre
invitation. Comme je l'ai dit aux autres groupes, nous sommes conscients des
courts délais que nous vous avons imposés par cette invitation,
mais, néanmoins, que vous l'ayez acceptée sans réticence,
cela va permettre aux membres de la commission d'avoir votre point de vue et un
éclairage additionnel utile pour l'étude, par la suite, plus
détaillée du projet de loi.
Je demanderais à M. Dubé, le président, s'il veut
bien présenter ses collègues pour les fins du Journal des
débats. Je lui rappelle que nous avons à notre disposition, pour
la discussion, une durée d'une heure et trente minutes et que, dans la
mesure où vous réussirez à concentrer votre
présentation sur une période plus ou moins longue, le reste du
temps sera alloué aux députés pour engager la discussion
avec vous.
Bonjour, et allez-y.
Association des directeurs d'école de
Montréal
M. Dubé (Michel): Merci, M. le Président. Je
voudrais vous présenter, à ma droite, Mme Lise Robitaille,
vice-présidente de l'ADEM, et Mme Pauline Bilodeau,
secrétaire-trésorière; à ma gauche, M. Claude
Harpin, vice-président, et M. Jacques Monette, secrétaire
général permanent.
Vous avez dit tantôt, M. le Président, que le délai
avait été court. Je me raccroche un peu à cela pour vous
dire qu'on aurait aimé, bien sûr, vous présenter un
mémoire. Nous sommes tous des directeurs d'école à temps
plein et nous avons su tout dernièrement que nous étions
invités. Cela nous a fait grand plaisir et nous espérons que vous
accepterez que ce ne soit pas tout simplement un mémoire, mais des
commentaires réfléchis le mieux possible, le plus possible.
L'Association des directeurs d'école de Montréal remercie
la commission parlementaire de l'éducation et de la main-d'oeuvre de la
recevoir en audition à l'occasion de l'étude du projet de loi 3,
Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public. Nous n'avons pu, compte
tenu des circonstances, faire une étude exhaustive de ce projet de loi
qui, s'il est adopté, aura des conséquences profondes et à
long terme sur le vécu des écoles publiques
québécoises. Les observations qui vont suivre ne seront donc pas
aussi détaillées que nous l'aurions voulu.
Je dois dire que l'ADEM est d'accord avec le projet de loi. Nous sommes
d'accord globalement avec le projet de loi 3. Nous endossons le principe d'une
division linguistique des commissions scolaires. La composition du conseil des
commissaires nous paraît aussi adéquate. Nous recevons de bonne
part une plus grande participation ou implication des parents et des membres du
personnel dans la vie de l'école, d'autant plus que, règle
générale, il nous semble que le projet de loi respecte les
niveaux de compétence des différents intervenants.
Il va sans dire que nous souscrivons au fait que le législateur
entend faire en sorte que l'école soit sous l'autorité du
directeur d'école. Nous avons, par contre, quelques interrogations et
même des réticences quant à certains articles du projet de
loi que nous aimerions soumettre à votre considération.
Nous avons pensé relever certains de ces articles et vous
soumettre nos commentaires. Au chapitre I concernant l'élève,
section III, article 24, sur la définition des services
éducatifs, nous aimerions que l'on précise la nature de ce qu'on
appelle des services de promotion des droits et responsabilités de
l'élève, notamment pour favoriser l'exercice du droit
d'association des élèves.
Au chapitre Il concernant l'enseignant, le permis d'enseigner, aux
articles 41 et 42, nous nous demandons si des personnes qui croient avoir des
motifs valables de demander au ministre de retirer à un enseignant son
permis d'enseigner n'éviteront
pas de le faire de crainte qu'il y ait des représailles,
étant donné que l'enseignant concerné recevra copie de la
plainte. On pense qu'il faudrait que le public soit mieux protégé
à cet effet.
Au chapitre III, en ce qui concerne le conseil d'école et sa
composition, à l'article 58, nous ne sommes pas favorables à la
participation d'un commissaire aux séances du conseil d'école. Le
conseil d'école et le conseil des commissaires sont deux paliers de
gestion très distincts dont on doit respecter les attributions. Le
commissaire pourrait être présent sur invitation ou sur
demande.
En ce qui a trait également au conseil d'école et sa
formation, à l'article 63, il y aurait lieu, à notre avis, de
modifier la formule concernant la réunion des élèves en
vue de l'élection de leurs représentants, pour la simple raison
qu'il n'y a pas de local, dans une école, pour les accueillir tous en
même temps. Dans certains cas, il peut y en avoir 1500 à 2000. On
peut aussi s'interroger sur le fait que le directeur soit tenu de les
réunir s'ils n'ont pas cru bon de le faire.
A l'article 67, sur les vacances possibles au sein du conseil
d'école, nous croyons que la formule prévue vient alourdir le
fonctionnement du conseil d'école. Dans un milieu comme Montréal
où la mobilité est grande, il deviendra fastidieux de
réunir les parents ou les élèves pour procéder
à l'élection d'un remplaçant d'un de leurs
représentants. Nous suggérons plutôt qu'une vacance soit
comblée par le conseil d'école lui-même, en cours
d'année.
Le conseil d'école: son fonctionnement. À l'article 68,
nous avons des réticences face à la possibilité que le
président ou la présidente du conseil d'école puisse
être un employé ou un élève de l'école. Il y
a danger, à notre avis, que des conflits d'intérêts
surgissent. Il nous semble que cela devrait être un parent ce qui
répondrait à la volonté du législateur d'accorder
aux parents une place prépondérante.
À l'article 73, nous sommes convaincus que, pour respecter
l'esprit de ce projet de loi, il ne pourrait y avoir quorum sans que les
parents ne soient majoritaires.
À l'article 74, il est d'usage qu'un président ait une
voix prépondérante; mais, encore ici, n'est-il pas risqué
que cette prépondérance puisse être accordée
à un employé ou à un élève de
l'école?
Le conseil d'école et ses fonctions. À l'article 77, il ne
serait pas superflu qu'on précise la notion de projet éducatif.
Cette expression est très courante dans le monde de l'éducation,
mais il est loin d'être certain que tous ceux qui l'utilisent en ont la
même définition.
À l'article 81, en ce qui a trait aux règles de conduite,
aux mesures de sécurité, au choix des activités
éducatives, nous croyons que cela devrait relever du directeur
d'école qui, cependant, serait tenu de consulter le conseil
d'école.
À l'article 83, nous croyons qu'il devrait appartenir au
directeur d'école de faire part à la commission scolaire des
besoins de l'école en termes de ressources humaines et
matérielles et ce, après avoir consulté le conseil
d'école.
À la section IV, les comités de l'école, à
l'article 100, nous nous interrogeons sur la pertinence de l'existence du
comité de parents. Aura-t-il un rôle significatif à jouer?
Les parents seront-ils intéressés à en faire partie? Nous
ne nous opposons pas à la présence et à l'implication des
parents dans l'école, au contraire, mais voudront-ils s'engager dans un
comité qui nous apparaît, maintenant, de seconde importance? Il
n'en demeure pas moins que, si ce comité devait être mis sur pied,
il nous semblerait souhaitable que ses membres ne siègent pas au sein du
conseil d'école pour des raisons, entre autres, de disponibilité
des personnes concernées.
À l'article 102, en ce qui a trait au comité
pédagogique, il nous apparaît essentiel que les enseignants y
aient une voix prépondérante.
À l'article 109 concernant la participation du directeur aux
comités de l'école, on pense qu'il faudrait être prudent et
ne pas faire en sorte que le directeur d'école devienne un directeur
général du type de celui que l'on retrouve dans les
hôpitaux, dans les centres d'accueil, dans les CLSC, etc. Le public
tient, nous croyons, à ce que le directeur d'école soit
présent à l'individu, aux élèves, aux enseignants,
aux parents. Les usagers veulent connaître le directeur d'école et
être capables de lui parler.
Au chapitre IV sur la commission scolaire, quant au territoire des
commissions scolaires, à l'article 110, nous sommes en faveur du
maintien du territoire actuel de la CECM. Plusieurs raisons nous ont
amenés à prendre cette position. Il y a d'abord le fait que
Montréal est une ville à nulle autre pareille au Québec,
compte tenu de sa taille, de son nombre d'habitants et de son type de
population. Toute ville a son dynamisme propre, forgé de forces
divergentes et convergentes et animé par des pressions de toutes
sortes.
La diversité au plan socio-économique, la présence
de nombreux immigrants et les migrations qui se produisent constamment sont
tous des facteurs qui font que Montréal a une clientèle
cosmopolite et différente des autres villes.
Les problèmes ne sont pas les mêmes non plus. Le transport,
le vandalisme, la rareté des espaces libres, la criminalité sont
tous des éléments qui ont des incidences sur la vie scolaire.
La CECM, en dépit de ses lourdeurs, constitue déjà
un réseau d'écoles important
qui, bien qu'étant perfectible, n'en demeure pas moins un acquis
de taille et de qualité tout en étant un réservoir de
ressources peu commun. La CECM procède à l'articulation des
services qui doivent être rendus à ses divers types de
clientèle et assure une péréquation entre les divers
milieux qu'elle dessert. On peut penser que, si l'on réduisait le
territoire de la CECM à celui de 1867, nous serions en face d'une
commission scolaire insérée dans un milieu
socio-économique faible. On pourrait peut-être même parler
de ghetto.
Nous sommes convaincus que morceler le territoire de la CECM ferait plus
de tort que de bien. Quels seront les critères, hormis celui du nombre
d'élèves, qui seront utilisés pour délimiter les
frontières d'une nouvelle commission scolaire? Rappelons que tracer une
ligne, dans nombre de municipalités, peut avoir pour effet de diviser un
champ. Dans Montréal, cela peut signifier qu'on tranche en deux la rue
Pie-IX, la rue Saint-Hubert, la rue Beaubien, etc. On ne devrait pas modifier
un tissu urbain sans être assuré que les conséquences sur
l'humain seront bénéfiques. Ce n'est pas prouvé dans le
cas qui nous occupe.
Au chapitre IV sur la commission scolaire, quant aux comités de
la commission scolaire, à l'article 234, nous croyons utile de
créer un comité consultatif de gestion, mais nous pensons que les
directeurs d'école, tout en étant majoritaires, comme le dit la
loi, ne devraient pas être plus d'une quinzaine, de façon à
s'assurer que ce comité puisse être efficace.
À l'article 243, la même remarque que pour l'article 102
devrait s'appliquer. Il s'agit des professeurs à qui, on pense, la
pédagogie devrait appartenir.
En conclusion, l'Association des directeurs d'école de
Montréal est d'accord, dans l'ensemble, avec le projet de loi 3. Elle
demande, cependant, que certains éléments soient clarifiés
et met en garde le législateur face au danger d'alourdir de façon
notable le processus décisionnel, à cause de l'implantation de
nombreux comités. L'ADEM signale, en conséquence, que le
rôle du directeur d'école s'en trouvera probablement
modifié, de telle sorte qu'il pourrait ne plus être aussi
présent aux employés, aux élèves et aux parents.
L'ADEM, enfin, croit que le territoire de la Commission des écoles
catholiques de Montréal ne devrait pas être
démantelé.
Il s'agit, comme vous le voyez, de quelques remarques, des
interrogations, très souvent, que l'on se pose sur certains articles du
projet de loi, mais, encore une fois, je dois dire que l'Association des
directeurs d'école de Montréal est d'accord avec le projet de loi
3. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Dubé. Je
veux maintenant céder la parole immédiatement au ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Je vous
remercie de nous avoir soumis une série de suggestions qui sont
susceptibles, je pense, pour un grand nombre d'entre elles, sinon toutes,
d'améliorer le projet de loi. Je pense qu'il faudra quand même les
examiner une par une, en commission, de manière à voir les
implications. Mais, je pense que toutes sont marquées au coin d'une
volonté d'avoir quelque chose qui soit le plus fonctionnel possible au
sein de l'école et au sein de la commission scolaire. C'est important,
parce que le projet de loi qui devient loi risque de nous être
imposé; si c'est comme l'ancienne loi de l'instruction publique, qui
remonte à 1861, on risque de devoir vivre longtemps avec elle et je
pense que c'est important de ne pas manquer son coup en partant et que le cadre
soit globalement adéquat.
Nous vous remercions de ces commentaires sur plusieurs articles qui, je
pense, effectivement, sont préoccupés d'une gestion la plus
coulante possible et la plus efficace possible.
Nous avons entendu à ce jour, concernant Montréal... Le
député de Sauvé, à plusieurs reprises, nous a dit:
Montréal, c'est spécial. Souvent les lois ne sont pas faites pour
Montréal, pour la métropole. C'est amusant parce que, quand vous
êtes en région, les gens vous disent: Les lois sont faites pour
les grandes villes, c'est fait pour Montréal. Ce n'est pas fait pour
nous autres. Alors, je m'aperçois que même les gens de
Montréal se sentent rejetés du reste du Québec. C'est
absolument extraordinaire...
M. Parent: M. le Président...
M. Bérubé:... puisqu'il y a un sentiment
d'aliénation universel chez nous.
M. Parent: Ce n'est pas amusant que Montréal soit dans une
situation spéciale. Il faut s'en occuper, pas trouver cela amusant.
M. Bérubé: Et, de fait, nous avons voulu, pour les
travaux de cette commission, en consacrer quand même une bonne partie,
non seulement aux grands organismes nationaux, mais également à
tous les organismes qui sont représentatifs de Montréal. Nous
avons rencontré la CECM, les cadres. Nous rencontrons les directeurs.
Nous avons rencontré les enseignants. Le seul groupe que nous n'avons
pas rencontré, parce qu'il est subdivisé dans le fond en cinq
groupes, ce sont les parents. Nous allons rencontrer la
fédération, évidemment, qui est en contact avec les
parents de Montréal. On est un peu mal placé. On aurait eu cinq
groupes de parents de Montréal qui ne sont
pas nécessairement tous sur la même longueur d'ondes...
Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Il y a la centrale des parents que vous auriez
pu faire venir. Ils sont une assemblée de parents de toutes les
régions. Est-ce que je me trompe? Cela existe toujours? Cela existe
toujours.
M. Bérubé: Ah, il y a un comité central des
parents de la commission scolaire. En fait, on regardait les associations, mais
non pas les comités de parents. Un peu comme la fédération
des comités de parents. C'est une association. Ce n'est pas un
comité de parents.
M. Ryan: On les a fait venir, ils sont venus la dernière
fois.
M. Bérubé: Quant au modèle d'école
dont on parle, vous vivez très près finalement des enseignants et
des parents. Avez-vous l'impression, d'abord, que c'est un modèle
d'école qui conviendrait à Montréal? Ce qui nous a
peut-être frappé à Montréal, c'est d'abord la taille
très grande de la CECM. Je m'aperçois que vous défendez le
maintien de son territoire. Entendons-nous. C'est la CEM, c'est-à-dire
que ce serait: la commission des écoles de Montréal francophones
qui serait maintenue. On serait obligé de maintenir une CECM pour des
raisons constitutionnelles, sur le territoire de 1867, qui serait une
commission scolaire catholique. Sans doute, comme toutes les autres commissions
dissidentes au Québec ou la plupart, procéderait-elle par voie
d'entente avec la commission des écoles de Montréal pour obtenir
des services. En d'autres termes, en toute probabilité, elle
s'intégrerait sur le territoire. On aurait une commission scolaire
effective.
Vous défendez l'idée de maintien du territoire actuel, ce
qui doit quand même faire une commission scolaire passablement anonyme.
Dans les petites commissions scolaires de 3000, 4000, 5000
élèves, en général, le directeur
général connaît très bien ses directeurs et il a des
liens très étroits. Chez vous, vous vous préoccupez du
nombre de directeurs d'école qui vont siéger à un conseil,
parce que vous dites qu'à un moment donné on va être
tellement nombreux que ce sera inefficace. On voit que c'est une
problématique complètement différente. Avez-vous
l'impression que ce modèle d'école où les parents
s'impliquent, les enseignants, le directeur, cela peut, dans un contexte de
très gros organisme comme l'organisme métropolitain à
l'intérieur duquel vous oeuvrez, être encore plus adapté
à Montréal? C'est peut-être dans les gros organismes qu'il
faut plus de décentralisation au niveau de l'école, plutôt
que dans une petite commission scolaire où tout le monde se
connaît dans le fond. Avez-vous l'impression que d'abord les parents dans
vos écoles sont d'accord avec ce modèle d'école plus
autonome, si on veut, du moins qui peut aller chercher plus de pouvoirs?
Avez-vous l'impression que c'est un modèle qui peut permettre de vivre
une vie de quartier plus grande, à l'heure actuelle, et que cela peut
redonner une valeur finalement à l'école comme telle, plus encore
à Montréal, peut-être, qu'ailleurs dans le reste du
Québec?
M. Dubé: C'est possible, remarquez bien. Je ne voudrais
pas répondre à la place des parents, M. le ministre. Je dois vous
dire, si je regarde dans mon école, que les gens de mon comité
d'école sont beaucoup plus favorables à ce type de participation
qui est proposé par la loi 3 qu'à celui qui était
proposé par la loi 40. Cela les énervait, cela leur faisait peur,
et tout ça parce qu'ils se sentent beaucoup plus impliqués de
cette façon. Maintenant, à la CECM ou à la CEM, comme vous
l'appellerez, c'est quand même décentralisé beaucoup. On a
des régions administratives. On a aussi, à l'intérieur de
ces régions, des regroupements d'écoles qui, en fait, sont en
général une école secondaire et autour toutes les
écoles primaires qui l'alimentent. Cela ressemble un peu à cela,
un regroupement. Il y a une vie de regroupement au niveau des directions
d'école, des enseignants, ainsi de suite. Il y a une vie de
région aussi. Il y a une vie de commission.
Maintenant, on pense que le projet de loi actuel peut favoriser - c'est
une forme de décentralisation - la vie de quartier, du fait que les gens
d'un même milieu oeuvrent ensemble. De façon
générale, je vais dire que oui, c'est notre opinion. (10 h
15)
M. Bérubé: Vos collègues cadres de
Montréal ont soulevé la question de la présence
d'élèves au conseil d'école. Les directeurs d'école
seront beaucoup plus près, finalement, du conseil de l'école que
les directeurs généraux ou cadres intermédiaires à
la CECM. J'aimerais connaître votre réaction à cela. Ils
ont été les premiers à soulever cette question et
j'aimerais connaître votre réaction.
M. Dubé: Nous sommes parfaitement d'accord avec la
présence d'élèves du second cycle du secondaire au conseil
de l'école. C'est une façon de les impliquer et aussi une
façon de permettre aux autres intervenants du conseil de l'école,
que ce soit les professionnels ou les parents, de travailler avec des
élèves du milieu. Là où cela nous embarrasse plus -
je vous le dis honnêtement - c'est au niveau des associations. Ce qu'on
craint des associations d'élèves dont il est question dans la
loi, c'est que des groupes - j'en nomme - comme
l'ANEQ, par exemple, s'occupent de ces associations. Il faut penser que
les élèves du secondaire, même s'ils ont 16, 17, 18 ans,
sont encore un peu des enfants. Un adolescent, c'est parfois un adulte et c'est
parfois un enfant le lendemain. On a constaté, chez nou3 en particulier,
que, souvent, ils sont manipulés de l'extérieur et on craint
beaucoup cela. Mais, en ce qui a trait à la présence
d'élèves au sein du conseil, ah! pas du tout! Je me fais vraiment
le porte-parole de mes membres à ce sujet.
M. Bérubé: D'accord. J'ai une autre question sur la
présence du commissaire au conseil de l'école. Cela a fait
l'objet d'intéressantes discussions à nos tables rondes. Dans la
mesure où le modèle qu'on avait sur la table était un
modèle où le conseil de l'école "rétroagissait" sur
la commission scolaire en lui délégant un certain nombre de
représentants, d'où le retour des conseils d'école vers la
commission scolaire, la réaction instinctive des gens de la
fédération a été de dire: Oui, c'est parfait! C'est
une très bonne idée! Pourquoi ne permettez-vous pas au conseil de
la commission scolaire de "rétroagir" lui aussi, pour un commissaire
d'école qui s'intéresse, par exemple, à la vie des
écoles de son quartier? C'est le cas de la grande majorité des
commissaires d'écoles. Pourquoi ne pas lui permettre d'aller
siéger à un conseil d'école. Effectivement, en discussion,
on a dit: Oui, pourquoi pas? Alors, on l'a mis dedans. Vous nous dites: Hum! Ce
n'est pas sûr. Pourquoi?
M. Dubé: Non, c'est qu'on voudrait le plus possible
éloigner de l'école tout ce qui est politique, pas dans un sens
péjoratif, mais dans le sens suivant: Au niveau de l'école, les
gens qui doivent y travailler ne doivent avoir qu'un seul objectif, c'est le
service à l'élève, le bon fonctionnement de l'école
et tout cela. La place du commissaire d'écoles est vraiment à
l'administration de la commission scolaire. Parfois, il pourrait y avoir des
intérêts politiques à l'approche d'élections,
quelque chose de semblable...
M. Bérubé: Les présidents de commissions
scolaires qui se présenteraient dans un parti provincial pour se faire
élire députés, cela pourrait se produire.
M. Dubé: Ha!. Ha! Non, pas du tout.
M. Bérubé: Effectivement, quand je regarde en face
de moi, à l'exception d'une grande exception dans l'ensemble de la
députation de l'Opposition, je commence à comprendre votre
méfiance.
M. Parent: M. le Président, il y a un point de
règlement... Prenez vos responsabilités. Ce sont des allusions
qui n'ont pas d'affaire ici...
M. Bérubé: Je comprends. Enfin, la CECM pourrait
être une pépinière de politiciens libéraux.
Évidemment, il y a une heureuse exception à ma droite, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais dire au
ministre que je suis contente d'avoir eu un apprentissage aussi important que
celui que j'ai eu à la CECM avant de venir m'asseoir à
l'Assemblée nationale. Ce n'est pas une faute, je pense que c'est un
atout.
Le Président (M. Champagne): Reprenons la discussion, s'il
vous plaît, mais dans l'ordre.
M. Bérubé: Je m'excuse de vous avoir interrompu, je
trouvais que c'était une bonne façon de piquer un peu
l'Opposition, parce qu'ils étaient en train de dormir.
Mme Lavoie-Roux: On était en train de quoi? De
s'endormir?
M. Parent: On vous remercie de nous avoir
réveillés, vous allez en subir les conséquences, M. le
ministre.
M. Dubé: Pour nous, le principe fondamental qu'on
soutient, c'est que les gens qui doivent oeuvrer au niveau de l'école,
cela devrait être le plus possible leur seule préoccupation,
c'est-à-dire de faire du milieu quelque chose de bien et de faire en
sorte que les services soient les meilleurs possible pour
l'élève. Quand on se présente comme commissaire, c'est
qu'on pense à l'administration globale d'une commission scolaire.
À ce moment-là, on dit que ce n'est pas nécessairement la
première préoccupation et on pense qu'il est
préférable que le commissaire ne siège pas au conseil
d'école comme tel. Il n'y a rien qui empêche qu'il soit
invité, comme on le dit dans notre petit texte. Souvent, nos
comités d'école, d'ailleurs, invitent des commissaires à
venir et tout cela, mais on pense que de façon systématique, il
serait préférable qu'il ne siège pas, pour les raisons que
je vous donnais tantôt.
M. Bérubé: Je vais permettre à mes
collègues...
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Bérubé:... commissaires d'écoles, qui
voudront certainement vous interroger durement là-dessus, de poser des
questions. On reviendra de notre côté plus tard.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
ministre. La parole est au député d'Argenteuil.
Une voix: Il n'est pas commissaire d'écoles.
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de rencontrer
l'Association des directeurs d'école de Montréal. Ce sont les
directeurs d'école de la CECM, si je comprends bien. Est-ce que je
pourrais vous poser une question? L'association des directeurs d'école
de l'île de Montréal, est-ce que cela existe encore?
M. Dubé: Non, il n'y a pas d'association des directeurs
d'école de l'île. Ce sont différentes associations selon
les commissions scolaires existantes.
M. Ryan: Ah bon! Il n'y a pas de regroupement de ces associations
au niveau de l'île?
M. Dubé: Non. Au niveau de l'île, il n'y en a pas.
Au niveau provincial, il y a la FQDE, mais pas au niveau de l'île.
M. Ryan: J'ai pris connaissance de votre mémoire avec
beaucoup d'intérêt. Il y a bien des observations
particulières comme l'a dit le ministre tantôt - qui devront faire
l'objet d'un examen au stade de l'étude en commission parlementaire. Il
y a bien des modifications que vous proposez ici ou là qui paraissent
très pertinentes, mais dont on aura l'occasion de discuter en
détail quand on va faire l'étude article par article, sur
lesquelles, par conséquent, je ne voudrais pas engager la discussion ce
matin. Je voudrais m'en tenir à des orientations plutôt
générales.
Au début de votre mémoire, vous dites que vous êtes
d'accord pour endosser le principe d'une division linguistique des commissions
scolaires. Moi aussi je suis d'accord là-dessus. Je pense que ce serait
une manière de réorganiser les commissions scolaires qui
correspondrait peut-être plus à la réalité
d'aujourd'hui. Au cours des derniers jours, plusieurs organismes sont venus
nous dire: Cela va causer des problèmes sérieux. Il y a des
questions qui ne sont pas clarifiées là-dedans, en particulier
vos propres commissaires qui sont venus ici hier, des gens qui sont élus
par la population pour diriger le système scolaire du côté
catholique à Montréal, par conséquent, dont vous
êtes les collaborateurs, si je comprends bien. Ils sont venus nous dire
que cela pose des difficultés sérieuses à deux points de
vue: d'abord, sous l'angle du mandat qu'ils ont sollicité et obtenu de
la population. C'est une chose d'ordre politique dans laquelle je ne veux pas
vous engager ce matin.
Deuxièmement, sous l'angle des droits constitutionnels qui sont
garantis aux groupes catholiques et protestants par l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, ils ont dit: Si on s'engage
là-dedans, nous allons faire une contestation en règle devant les
tribunaux. Nous allons prendre tous les moyens qui sont à notre
disposition pour défendre les convictions que nous professons. De
nombreux autres groupes nous ont dit la même chose, qu'il y aurait des
précautions à prendre. Dans votre mémoire, vous
évoquez à un moment donné, très justement, à
mon point de vue, le genre de situation qui pourrait découler d'une
application inconsidérée de ce projet de loi, quand vous dites
que ce qui resterait de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, ce serait... Je pense que vous employez, vous aussi, le terme
de ghetto. Je vais retrouver cela ici dans votre texte. Cela vaut la peine
qu'on le retrouve pour qu'on soit sûr de ne pas se tromper. À la
page 9: "On peut penser que, si on réduisait le territoire de la CECM
à celui de 1867, nous serions en face d'une commission scolaire
insérée dans un milieu socio-économiquement faible. On
pourrait peut-être même - moi, le mot "peut-être", je ne m'en
embarrasserais pas, je l'effacerais - parler de ghetto. " Avez-vous fait un
calcul de ce que représenterait cette commission scolaire? L'avez-vous
mis sur papier? Pourriez-vous nous dire combien il y aurait d'écoles
là-dedans, d'après les installations actuelles de la commission
scolaire, parce que, dans le projet de loi, c'est dit en termes qui sont
tellement techniques que le profane ne peut pas s'y retrouver? Voulez-vous me
dire ce que serait cette commission scolaire?
M. Dubé: Non, on n'a pas fait les calculs, parce
qu'évidemment, quand on lit le projet de loi et tout cela, on voit tout
de suite le quartier. On n'a pas fait le calcul. On pense que comme cela, cela
pourrait peut-être représenter 6000 élèves. Je mets
cela en guillemets, mais je pense qu'en gros ce serait cela.
Mme Lavoie-Roux: On nous avait déjà donné
une estimation là-dessus et je pense que c'était à peu
près ça.
M. Ryan: Vous savez dans quelle partie de la ville de
Montréal cela se trouverait aussi.
M. Dubé: Bien sûr.
M. Ryan: Est-ce que vous trouvez que ce serait dans des
conditions de viabilité idéales?
M. Dubé: Non. On pense, en fait, que ça pourrait
cristalliser ce qu'on appelle un
quartier socio-économiquement faible.
M. Ryan: Je voulais vous demander...
M. Dubé: On ne sait pas s'il pourrait y avoir
mobilité, etc. Nos préoccupations sont de l'ordre suivant: Est-ce
que cela obligerait des élèves à demeurer dans cette
commission scolaire et à ne pas bénéficier du choix
d'écoles? Par exemple, à Montréal, un élève
du quartier Montréal-Nord peut très bien aller à la
polyvalente Saint-Henri. On a un choix libre. Ce sont des interrogations qu'on
se pose. Je vous avoue qu'on n'a pas fouillé pour savoir si vraiment
cela cloisonnait comme cela, mais c'est ce qu'on craint.
M. Ryan: Je fais juste un raisonnement devant vous. Si on
applique le projet de loi dans ses dispositions que nous connaissons, on va
découper cette commission scolaire, on va la réduire à ce
territoire-là, et ensuite, si les tribunaux venaient dire: Ce
n'était pas constitutionnel, il faudrait recommencer toute
l'opération encore. On a des jugements qui laissent subsister des
doutes. Vous connaissez le jugement de l'école Notre-Dame-des-Neiges.
Est-ce que vous auriez des objections à ce que ce soit nettoyé
comme il faut devant les tribunaux avant qu'on embarque dans tout ce
réaménagement-là?
Est-ce que cela vous apparaît tellement pressé qu'il
faudrait passer par-dessus ces mesures de prudence qui réapparaissent
assez nécessaires?
M. Dubé: En fait, je vous avoue qu'on n'est vraiment pas
habiles dans ce domaine-là. Si, par exemple, le fait de vouloir faire le
nettoyage, comme vous le dites, cela veut dire des années et des
années, à ce moment-là je vous dirai que le projet de loi
3 ne sera plus à jour. Quand on voit à quel point les situations
changent et évoluent, il ne sera plus à jour du tout. Il faudra
en refaire un autre. C'est l'opinion d'un quidam.
M. Ryan: Je veux ajouter juste un élément de
complication. Peut-être que cela vous permettra d'intervenir
là-dessus aussi.
M. Harpin (Claude): Si vous me permettez, il y a une
interrogation qui me vient à l'esprit. J'écoutais tantôt
Mme la députée réagir. Si le territoire de la CECM se
réduisait au territoire de 1867 et qu'à ce moment-là les
parents de ce territoire pourraient sortir de cette commission scolaire pour
fréquenter une école d'une commission scolaire linguistique -
j'ai bien saisi la dynamique - je me faisais l'interrogation suivante face
à l'article 5: Est-ce que les parents des différentes
écoles regroupées sur une base linguistique qui sont catholiques
et qui ont le goût de vouloir vraiment sauver une commission scolaire
catholique n'essaieraient pas de défoncer la loi par l'article 5?
Je n'ai pas de mandat là-dessus, mais je me dis qu'il y aurait
lieu de s'interroger. Il est clair qu'au niveau de la CECM, sur le territoire
de Montréal, nous favorisons des écoles à regroupement
linguistique parce qu'on a un vécu particulier. On veut que cette
situation se clarifie. Dans mon école, j'ai 40% d'étudiants qui
sont nés hors du Québec. On a une dynamique de problèmes
qui est vraiment présente et il faut essayer de trouver des solutions.
Par rapport à cela il y a aussi le pendant qu'en réglant ce
problème on en crée peut-être un autre.
Vous êtes sûrement mieux habilité que moi quant
à l'article 5.
M. Ryan: Je vais vous poser une question. Justement, si vous
dirigez une école de ce type-là, cela m'intéresse. Est-ce
que, sous le système actuel, vous rencontrez dans votre travail
quotidien des difficultés majeures ou invincibles qui seraient
directement attribuables au système?
M. Harpin: Dans une école comme la mienne qui a
l'étiquette de "catholique", où j'ai 40% d'élèves
nés hors Québec, il y a donc des dénominations religieuses
pluralistes et avec le modèle d'exemption, actuellement, chez moi - je
ne parlerai pas pour les autres écoles - nous réussissons
à vivre cela d'une manière très très
convenable.
Une voix: Où ça?
M. Harpin: Lucien-Pagé.
M. Ryan: Si le modèle d'exemption était
poussé pour devenir un modèle de libre choix comme le propose la
nouvelle vision du comité catholique, est-ce que cela ne simplifierait
pas encore davantage votre besogne?
M. Harpin: Chez moi ça ressemble un peu à
ça. (10 h 30)
M. Ryan: Par conséquent, je crois comprendre qu'il n'y a
pas de difficulté majeure et que vous réussissez à faire
fonctionner le système, tout compte fait, assez bien.
M. Harpin: Sur cet aspect, si vous me permettez, c'est fonction
de mon école. Je n'ai pas le pouls des directeurs de l'ensemble de la
CECM.
M. Ryan: C'est très bien. Autre point, vous
écrivez, en conclusions "L'association demande que certains
éléments du projet de loi soient clarifiés et elle met en
garde le législateur face aux dangers d'alourdir de
façon notable le processus décisionnel à cause de
l'implantation de nombreux comités. " J'ai l'impression qu'il n'y a pas
eu de développement dans la partie antérieure du texte.
Pourriez-vous nous expliquer ce que vous voulez dire par là, donner des
exemples concrets et préciser votre pensée?
M. Dubé: Bon. Lors d'un article dont j'ai oublié le
numéro, on disait, à un moment donné, que le directeur
d'école, et depuis toujours, est très différent d'un
directeur général d'hôpital, ou de centre d'accueil, ou de
CLSC. Un directeur d'école, même si parfois il a sous sa
responsabilité un personnel presque aussi grand que certains de ces
organismes, n'a pas le même vécu du tout. C'est quelqu'un, si vous
me passez l'expression, qui est dans le trafic et, même dans les grosses
écoles, les parents, pour la moindre chose, appellent le directeur
d'école. Ils veulent le connaître et il les rencontre
personnellement. Je n'appelle jamais le directeur général d'un
hôpital. Je n'appelle jamais le directeur général d'un
centre d'acceuil. En fait, c'est tout un vécu qui existe depuis que
l'école existe au Québec. Il y a danger, dans la loi, de
transformer ce vécu, dans le sens que, si le directeur d'école
doit travailler avec le nombre de comités qui sont créés
par la loi, même s'il n'est pas obligé d'être présent
tout le temps, on sait très bien qu'on va faire appel au directeur
d'école pour les alimenter, pour son expertise, pour toutes sortes de
raisons et, même, si on veut que, dans une école, ces
comités fonctionnent, il faut que le directeur s'implique dans ces
comités. Bien sûr, c'est un temps énorme à passer
avec tous ces comités. On pense qu'il y a danger. On ne peut pas
l'affirmer catégoriquement, bien sûr. On pense qu'il y a danger de
transformer, sans qu'on s'en rende compte à prime abord, le vécu.
On pense que les gens les parents, les élèves - tiennent à
connaître le directeur d'école. Il ne doit pas être
quelqu'un qui est constamment enfermé dans un bureau, à faire de
la planification et de l'organisation ou à travailler en comité.
Il y a un danger de ce côté. Maintenant, est-ce que le vécu
pourrait être autre chose? On n'est pas certains, on s'inquiète de
cet aspect.
M. Ryan: En parlant de ces comités, ne vous semblerait-il
pas préférable que, s'il doit y avoir un conseil d'école,
le comité de parents soit au moins facultatif, qu'il ne soit pas
obligatoire? Cela va faire beaucoup de comités à faire
fonctionner.
M. Dubé: Oui. Le seul comité qu'on verrait
obligatoire, en dehors du conseil d'école, c'est le comité
pédagogique. Les professeurs, il faut les impliquer et il faut qu'ils
réfléchissent et qu'ils fassent des propositions, qu'ils
décident, même, des choses sur le plan pédagogique. Cela
leur appartient. La psychologie appartient aux psychologues. La
pédagogie appartient aux enseignants. C'est notre conviction
profonde.
En dehors de cela, on a des parents qui vont siéger au conseil
d'école en majorité; qu'il soit facultatif, je pense que ce
serait bénéfique.
M. Ryan: Il ne faudrait pas que le gouvernement parte en disant:
L'Association des directeurs d'école de Montréal est 100%
derrière notre projet. Ceci est une réserve assez importante sur
la lourdeur éventuelle de l'appareil. Si cela pouvait être
allégé, ce serait plus rassurant pour vous autres, si je
comprends bien.
M. Dubé: Oui, bien sûr, cependant, dans les grandes
lignes, nous devons le dire, on est d'accord avec le projet, mais on a des
interrogations de cet ordre.
M. Ryan: Si je comprends bien, vous n'avez pas eu le temps
d'examiner tout l'aspect constitutionnel en profondeur.
M. Dubé: Non, vraiment pas, M. Ryan. M. Ryan:
Merci.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci. Sur cette question des comités,
j'y reviens un peu à cause, précisément, de
l'expérience que vous avez du vécu de l'école. Je ne sais
pas si la question vous a été posée, j'ai dû
m'absenter un peu.
Cela concerne le conseil d'orientation, qui n'a pas fonctionné ou
qui a fonctionné de façon très marginale peut-être,
à certains endroits, et le conseil d'école. Il y a eu certains
intervenants qui sont venus nous dire qu'il y avait une différence
marquée entre le conseil d'orientation et le conseil d'école, tel
que décrit dans le projet de loi 3, avec ses fonctions. Voyez-vous
beaucoup plus de similitudes que de différences?
M. Dubé: À la lecture de certains articles, on voit
des similitudes; quand on en lit d'autres, on voit des différences
considérables. On n'est pas sûr de la cohérence de certains
articles. Je vous donne un exemple: on dit que le conseil d'école -ce
n'est pas le texte par coeur, mais dans les grandes lignes - en fait, s'occupe
d'abord des orientations en vue du projet éducatif de l'école. On
dit, entre autres, à l'article 52, que l'école est sous
l'autorité d'un directeur, mais ailleurs on donne au conseil
d'école le pouvoir d'adopter les règlements, enfin on fait jouer,
par certains articles, au conseil
d'école, des rôles qui seraient plutôt du domaine du
directeur de l'école, si on veut vraiment respecter l'article 52. D'un
autre côté, on dit que, normalement, c'est celui qui donne les
orientations. Il y a une ambiguïté à ce niveau. Quand on dit
les règlements, cela devrait être le directeur de l'école;
pour les activités éducatives particulières, cela devrait
être le directeur de l'école, si l'école est vraiment sous
l'autorité d'un directeur. Cependant, le directeur de l'école
devrait - c'est une consultation obligatoire auprès de son conseil
d'école - consulter. Par exemple, pour le choix ou la demande des
ressources humaines à la commission, on donne cela au conseil de
l'école. Cela serait correct s'il s'agissait d'un conseil
d'administration, mais cela nous semble plus un conseil d'orientation au sens
de la loi, à moins qu'on n'ait pas bien compris.
Mme Robitaille (Lise): M. le Président, pour donner plus
d'ampleur à la réponse de M. Dubé, justement aux articles
81 et 83, on montre le conseil d'école dans un rôle de
gestionnaire, ce qui est contraire à l'article 52, où on dit que
le directeur de l'école est l'autorité de l'école qui doit
répondre. Il me semble que c'est au conseil d'école de donner des
orientations, mais c'est au directeur de tenir compte de ces orientations dans
sa gestion, au niveau des règlements de l'école ou encore des
ressources humaines, des budgets ou des améliorations pour
accroître la qualité de vie ou la qualité
pédagogique.
M. Leduc (Fabre): En fait, à la façon dont je le
comprends, oui on dit à l'article 83: "Le conseil d'école fait
part à la commission scolaire des besoins de l'école en personnel
pour chaque catégorie, des besoins de l'école en biens et
services, des besoins d'amélioration, d'aménagement, de
construction, de transformation ou de réfection des locaux de
l'école. " Ensuite, à l'article 85, on détermine
l'utilisation des locaux de l'école. Quant à la façon dont
cela doit fonctionner, le directeur de l'école est celui qui est au
courant des besoins de l'école en personnel, cela est évident, en
biens et services aussi. Il est le plus au courant des besoins
d'amélioration, d'aménagement et de construction. Il y a tout de
même un esprit à l'intérieur de cela, c'est que, dans la
mesure où, précisément, les biens et services, les besoins
de l'école en personnel, les besoins d'amélioration touchent au
vécu des enfants; ils peuvent avoir des incidences sur le projet
éducatif et en auront probablement. Dans cette mesure, on demande au
directeur qu'il fasse une ou des propositions, qu'il fasse valoir ses arguments
devant le conseil d'école, pour avoir son avis et obtenir son appui,
autrement dit, pour qu'il y ait sur ces questions un consensus du milieu. Cela
pourrait être un appui intéressant aux demandes du directeur de
l'école, vis-à-vis de la commission scolaire. Cela pourrait
être un appui du milieu à des demandes qui touchent aux besoins en
personnel, en biens et services, en aménagement de l'école. Donc,
cela touche vraiment le vécu de l'école. Dans cette perspective -
parce qu'autrement cela devient purement un geste de gestionnaire, le directeur
qui dit dans un rapport à la commission scolaire: Voici ce dont j'ai
besoin pour mon école... C'est un geste normal, disons, de bureaucratie.
Quand vous en discutez avec les parents, les enseignants et le personnel, et
qu'il y a un accord sur les vrais besoins et le développement de
l'école, cela n'est-il pas plus qu'un geste bureaucratique? Cela
n'est-il pas véritablement une prise de conscience des besoins du
milieu, en fonction du vécu des enfants? À ce moment-là,
ne voyez-vous pas un rapport direct avec le projet éducatif?
M. Dubé: Absolument. Si on écrit que le directeur
d'école devrait avoir l'appui du conseil d'école pour demander
des ressources, etc., nous disons: C'est parfait. Mais, ce n'est pas cela qui
est écrit. Le conseil d'école détermine.
Évidemment, si on veut vraiment respecter ce qui est indiqué
concernant le rôle du conseil d'école, à savoir qu'il
s'occupe des orientations, du projet éducatif, etc., et que
l'école est sous l'autorité du directeur qui répond devant
le DG de la commission scolaire, évidemment, il faudrait que ce soit
lui, le directeur d'école - je pense que ce devrait être lui -qui
s'occupe de ces questions de ressources humaines ou matérielles. Qu'on
écrive "avec l'appui de son conseil d'école", absolument, mais
absolument. On comprend peut-être mal le texte du projet de loi; c'est
possible. Remarquez qu'on l'a examiné rapidement. On avait l'impression,
à la lecture, que c'est le conseil qui détermine, et cela peut
conduire à toutes sortes de choses. Je donne un exemple; il peut
paraître farfelu, mais il illustre quand même la situation. Au
conseil d'école, il se peut très bien que quelques parents soient
des professionnels de services aux étudiants dans la commission
scolaire; pas à l'école même, mais dans une commission
scolaire. À ce moment-là, le directeur d'école dit: Pour
les élèves mésadaptés socio-affectifs, on aurait
besoin de ressources. Mais, si je suis psychologue, j'ai tendance à dire
que c'est peut-être un psychologue que cela prend. Là, on dit que
c'est l'expertise du directeur d'école d'abord qui devrait primer. C'est
peut-être des orthopédagogues que cela prend. C'est un peu dans
cet esprit qu'on aimerait que le directeur d'école ait plus de pouvoirs,
mais,
bien sûr, avec l'appui du conseil d'école. Quand on donne
notre appui global au projet de loi, c'est parce qu'on tient à ce que le
conseil d'école ait des pouvoirs et que ce soit lui qui détermine
ce qui, normalement, doit se faire, dans les grandes lignes, dans
l'école.
M. Leduc (Fabre): À l'article 83, qui vous
préoccupe, au sujet des besoins de l'école en personnel, en biens
et services, on dit: "Le conseil d'école fait part à la
commission scolaire. " Évidemment, seul le directeur d'école peut
préparer le dossier et faire une évaluation, sauf que c'est
soumis au conseil d'école pour approbation. À ce
moment-là, il peut y avoir discussion. Il pourrait y avoir modification
de la proposition du directeur d'école avant qu'elle soit
acheminée à la commission scolaire. Donc, cela implique que le
directeur d'école soit en position de défendre, un peu comme
devant un conseil d'administration... S'il y avait un parallèle à
faire, je dirais que c'est le directeur général du cégep
qui défend une proposition devant le conseil d'administration, sauf que
le conseil d'école n'a pas ici les pouvoirs d'un conseil
d'administration. C'est beaucoup plus modeste, mais il se trouve un peu dans la
même situation où il défend sa proposition, où il
discute de sa proposition. Celle-ci est adoptée avec ou sans
modification et véhiculée à la commission scolaire. C'est
sûr qu'il y a une dynamique. Comment voyez-vous cela, dans cette
perspective de dynamique et de possibilités, qu'une proposition
émanant du directeur d'école soit effectivement modifiée
par le conseil d'école avant d'être acheminée à la
commission scolaire? Cela implique un engagement dans un processus de
débat au conseil d'école. (10 h 45)
M. Dubé: M. le député, on est d'accord sur
le fond, j'ai l'impression. La seule chose qui nous embarrasse un peu, c'est
que, contrairement au projet de loi 40, le directeur d'école
répond de sa gestion ou de son administration devant le DG maintenant,
et non pas devant un conseil d'administration. Évidemment, pour pouvoir
répondre de ma gestion, je veux avoir en main tous les outils que cela
me prend pour pouvoir assumer ces responsabilités devant le directeur
général. Maintenant, je pense qu'on est d'accord. Il faut qu'on
implique nos conseils d'école et il faut que vraiment les gens puissent
dire! Oui, les moyens que tu prends, toi, le directeur de notre école,
sont conformes aux orientations qu'on veut donner à l'école. Ils
sont conformes au projet éducatif qu'on veut se donner.
Je pense que sur le fond on s'entend très bien. Bien sûr
que, pour nous, ce qui nous préoccupe comme directeurs d'école,
c'est d'avoir les moyens d'assumer les responsabilités dont on
répond devant notre directeur générai maintenant et non
plus devant un conseil d'école. C'est uniquement là-dessus.
M. Leduc (Fabre): Ce n'est peut-être pas assez
précis à cet égard.
M. Dubé: Moi je pense que c'est là le
problème.
M. Leduc (Fabre): Sur les comités -parce que c'est revenu
souvent sur le tapis qu'il y avait trop de comités - on a fait le
relevé. Si on tient compte du fait que le conseil d'orientation n'a pas
fonctionné, c'est évident qu'il y a un comité de plus,
c'est-à-dire un conseil de plus, c'est le conseil d'école, compte
tenu que le conseil d'orientation n'a pas fonctionné. Il y a un conseil
d'école qui vient s'ajouter, c'est évident. Mais, à part
cela, on retrouve la même chose dans le vécu, par rapport à
la loi, compte tenu que les associations étudiantes peuvent exister
actuellement. Cela existe sûrement dans certaines écoles. Ce n'est
pas le fait de le mettre dans la loi qui ajoute quelque chose. Cela vient
confirmer, cela vient aussi stimuler, cela vient certainement donner plus de
poids, plus de force à cette idée qu'il serait bon, il serait
souhaitable que les étudiants forment des associations. Cela existe
déjà dans la plupart des écoles secondaires. Donc, ce
n'est pas parce que c'est dans la loi qu'on ajoute un comité.
Il y a peut-être le comité pédagogique. Par contre,
dans la convention collective, on retrouve cette idée d'un comité
paritaire au niveau de l'école. Cela ne fonctionne peut-être pas,
par contre. Est-ce que ça fonctionne dans vos écoles, un
comité paritaire avec le personnel?
M. Dubé: C'est-à-dire, oui. On a dans nos
écoles à Montréal, évidemment dans l'entente
locale, ce qu'on appelle un conseil de participation des enseignants aux
politiques de l'école. En général, ces conseils
fonctionnent dans nos écoles. On ne traite pas spécifiquement de
pédagogie. Il en est question, bien sûr. Là-dessus on
trouve que la loi nous permet de faire un grand pas, parce qu'on dit aux
professeurs: La pédagogie, c'est à vous autres. Ce comité
va probablement travailler beaucoup plus sur le plan pédagogique que sur
une foule d'autres détails qui peuvent se vivre dans l'école.
Mme Robitaille: M. le député. M. Leduc (Fabre):
Oui.
Mme Robitaille: Au sujet du conseil d'école qui existe
actuellement, comme M. Dubé vient de vous le dire, la
différence
qu'on y voit dans la loi, c'est que le directeur d'école est
convoqué sur demande. Cela veut dire que ce comité peut
gérer seul, sans la présence du directeur d'école, qui
pourrait aussi donner une expertise à ce comité. On peut
s'interroger sur la raison d'être de ne pas avoir une place comme on en a
une au conseil d'école.
M. Leduc (Fabre): Vous voulez parler du comité
pédagogique.
Mme Robîtaïlle: Oui, exactement, et du comité
de parents, d'ailleurs.
M. Leduc (Fabre): Oui. À l'article 104, il est question
justement du comité pédagogique. On dit que ce comité
pédagogique décide de l'implantation de nouvelles méthodes
pédagogiques, choisit les instruments pédagogiques,
détermine les orientations pour le choix du matériel didactique
par les enseignants. Vous semblez d'accord avec ces fonctions que doit assumer
le comité pédagogique. Seriez-vous d'accord avec l'idée
d'élargir cette liste sur demande, après entente avec les
enseignants et la direction?
M. Harpin: On n'y voit pas du tout d'objection. D'autant plus que
cet article 104 est subordonné à l'article 287. On vit
déjà ça à l'intérieur du ministère de
l'Éducation. A titre d'exemple, dans le choix des cahiers d'exercice
pour les étudiants de nos écoles, nous recevons, par le biais de
notre commission scolaire, une liste exhaustive de cahiers d'exercice qui ont
reçu l'approbation du ministère et c'est à
l'intérieur de cette liste que nous intervenons. On n'a pas du tout
d'objection, en ce qui touche la pédagogie, qu'on puisse allonger la
liste des interventions réservées aux enseignants.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Cela pourrait se faire par entente
avec la direction locale. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci. Cela me fait plaisir de saluer
l'Association des directeurs d'école de Montréal. Je suis
particulièrement heureuse que vous soyez ici, parce que vous n'aviez
même pas eu un accueil ou une invitation au moment du débat sur la
loi 40. Alors, cela doit être qu'on progresse!
Je voudrais revenir sur la question du comité de parents et du
conseil d'école en tant que double participation des parents. Ce n'est
pas du point de vue où les parents ne devraient participer qu'à
un seul niveau. C'est vraiment qu'il se pose deux problèmes à mon
point de vue: d'abord, la disponibilité des parents et,
deuxièmement - vous êtes les premiers qui en parlez, je l'ai
soulevé à plusieurs reprises - la question de deux
catégories de parents, dans le fond. Ce qui m'inquiète, c'est
que, d'une part, je pense que l'objectif est bon de dire: Il faut que les
parents participent d'une façon plus significative, mais j'ai
l'impression - par exemple, dans un conseil d'école, il pourrait y avoir
jusqu'à sept, huit ou neuf parents -que vous allez vraiment un peu
recréer un autre palier pour les parents.
Avant, les parents disaient: Les commissaires sont bien loin ou la
commission est bien loin. On ne peut pas s'y rendre, etc. Là, c'est vrai
qu'il y en a peut-être neuf ou dix qui se sentiront plus près
d'abord des décisions qui sont prises à l'école, mais la
masse des parents ou le comité de parents seront relégués,
à mon point de vue, à un échelon moins intéressant
sans aucun doute. Vous avez répondu à l'objection de
disponibilité de la façon suivante, en proposant que les parents
qui sont au conseil d'école ne soient pas au comité
d'école à cause, justement, des obligations que cela va
créer et de leur manque de disponibilité, mais vous n'avez pas
répondu au deuxième problème que vous soulevez, celui de,
possiblement...
À quelle place en parlez-vous? Je voudrais utiliser vos
expressions. Attendez une minute. Ah oui! "Les parents voudront-ils s'engager
dans un comité de seconde importance?" C'est exactement ce que vous avez
dit. J'essaie de bonne foi de trouver un moyen qui, justement, ne leur
donnerait pas cette impression, à savoir qu'ils sont
relégués à un niveau de moindre importance. Je
m'inquiète aussi de savoir comment vont se faire les liens entre le
conseil d'école et le comité de parents. Si on retenait votre
formule qui est basée uniquement sur la question de disponibilité
et que ce soit uniquement au conseil d'école, cela va être
vraiment deux paliers différents. Je me demandais si on ne devrait pas
élire dans un seul et même temps, pas seulement la question de ne
faire qu'une assemblée de parents... Au plan fonctionnel, ce serait
peut-être plus pratique, mais, dans le fond, ceux qui seraient
délégués au conseil des parents, ce serait un peu comme
l'exécutif... On délègue parmi les commissaires un certain
nombre de personnes qui forment l'exécutif. Évidemment, ce n'est
pas la même chose, mais on pourrait déléguer un certain
nombre de personnes qui seraient au conseil d'école et qui, à ce
moment-là, seraient vraiment aussi membres actifs du comité de
parents. Évidemment, la question de la disponibilité n'est pas
résolue de cette manière, mais cela m'apparaît au moins
enlever le facteur des deux catégories de parents qui me semble plus
préjudiciable, dans le fond, que le manque de disponibilité,
quoique je sache fort bien que cela demeure.
Et aussi, l'autre raison pour laquelle je voyais cela ainsi, c'est que
vous n'aurez pas suffisamment de parents pour faire les deux, de toute
façon. Il va falloir qu'il y ait un chevauchement entre les deux et
surtout cela permettrait l'aller-retour entre le conseil et le comité de
parents. Je pense que cela enlèverait un peu cette espèce
"d'odieux" de deux catégories de parents, des parents qui se trouvent
refoulés vers le bas pour la masse d'entre eux et pour un certain nombre
qui ont accès à des fonctions plus intéressantes que
celles qu'ils accomplissaient jusqu'à maintenant à
l'intérieur du comité de parents. En tout cas, c'est un
problème, selon moi. Pourquoi je pose la question? J'espère que
parfois le ministre écoute. Je ne suis pas sûre qu'on ait
vidé cela à fond, compte tenu des réalités - il
écoute? - qu'on vit à l'intérieur des écoles. Ma
proposition n'a peut-être pas de bon sens, mais je ne suis pas sûre
non plus que j'adhère à la vôtre complètement.
M. Harpin: J'aimerais peut-être vous donner un avis
personnel, Mme Lavoie-Roux. Je pense bien qu'on a tous une volonté que
les parents, les enseignants et les étudiants participent beaucoup
à la vie de l'école. C'est une vertu que tout le monde voudrait
pratiquer, mais, quand vient le temps de la pratiquer, des fois, cela
paraît un peu pénible.
Je me suis amusé à faire une liste pour les parents qui
voudraient être actifs dans l'école et qui pourraient
l'être: au comité de parents, au conseil de gestion, au
comité consultatif régional et au conseil des commissaires.
On sait fort bien que le taux de participation des parents n'est pas si
élevé que ça. Il y a de nombreuses écoles qui, lors
de l'élection du comité aux mois de mai et de juin, se retrouvent
avec un groupuscule de parents pour faire l'élection. Il y a des gens
qui peuvent peut-être en témoigner dans cette salle. Je pense que
plusieurs parents ont dépensé beaucoup d'énergie dans des
processus consultatifs et à plusieurs tables et ils ont trouvé
laborieux de devoir le faire, sauf certains irréductibles qui peuvent
fonctionner longtemps à ce chapitre.
Je suis d'avis avec vous que les parents auront le goût de
choisir, comme ils vont avoir à participer à plusieurs tables,
celles où il y aura le plus d'impact. C'est en tout cas une question que
je me formulais et j'en suis arrivé à cette solution.
Je pense qu'il faudrait peut-être songer sérieusement que,
comme c'est du bénévolat, il y aurait peut-être lieu de les
faire oeuvrer à des tables où c'est vraiment important et qu'ils
ne se sentent pas utilisés. En échangeant avec eux, on
reçoit ça assez souvent.
M. Dubé: M. le Président, est-ce que vous me
permettez d'ajouter quelque chose? Je pense, Mme la députée, que
nous avons soulevé des interrogations parce qu'on ne propose pas
vraiment de solutions, on n'a pas eu le temps. Ce que vous disiez
m'apparaît intéressant. Je pense qu'on ne pourra pas régler
tous les problèmes de disponibilité, de comités
peut-être moins importants. Il faudra essayer de trouver, bien sûr,
la formule qui permet le plus possible d'intéresser les gens et, par le
fait même, de les faire participer.
Mme Lavoie-Roux: Je parle pour le ministre. Apparemment, il
semble sensible à cette inquiétude que j'ai exprimée
depuis trois jours, d'après les réactions que j'ai eues. Il
faudrait peut-être aussi s'interroger sur un élément de
flexibilité qui pourrait être introduit à ce
niveau-là: de toujours conserver le principe que les parents participent
au conseil d'école, mais de permettre finalement aux écoles de
s'adapter à leur milieu. Dans le quartier que je représentais et
où vous vous trouvez, M. Dubé, il y avait suffisamment de
disparité entre les écoles pour dire que certaines
écoles... Je me rappelle particulièrement des écoles
ethniques où la participation était plus difficile. Cela s'est
peut-être modifié avec les années, ça commence
à faire longtemps. Les écoles ne sont pas identiques et, dans ce
sens-là, permettre au moins une certaine visée tout en conservant
les principes de participation, mais, dans leur application, s'assurer une
certaine flexibilité.
Sur la question des commissaires à la table du conseil
d'école, je partage totalement votre avis. Vous avez peut-être
invoqué des motifs politiques, les miens ne sont pas les mêmes. Je
pense que le commissaire fonctionnera beaucoup mieux, sera capable de
prendre... Qu'il aille se faire éclairer, que vous l'invitiez parce que
vous avez un problème particulier à lui soumettre, parfait.
D'abord, le commissaire d'écoles, même s'il est un
représentant des parents, ne représentera pas une seule
école, il en représentera plusieurs. Il doit quand même
être capable d'objectiver certaines demandes qui lui sont faites.
Je pense que le fonctionnement du commissaire serait, à mon point
de vue, beaucoup plus efficace s'il ne siégeait pas à tous les
conseils. D'abord, je ne sais pas s'il en aura la disponibilité. C'est
surtout dans le sens des décisions finales qu'il aura à prendre.
Aller écouter le conseil d'école qui l'invite, c'est parfait,
mais que d'office il soit assis au conseil d'école et qu'en même
temps il soit assis au conseil des commissaires, je pense que c'est son propre
fonctionnement qui s'en trouvera handicapé. Je pense que je le verrais
davantage dans ce sens-là. (Il heures)
Une autre chose sur la question du directeur d'école. Je pense
que vous en avez discuté avec mon collègue d'Argenteuil. Ce que
vous dites est important. Il pourrait peut-être y avoir dans la loi une
disposition, à savoir que cela n'empêche pas, le cas
échéant, le comité de siéger sans la
présence du directeur, mais pas la formulation où on dit que le
directeur va siéger sur demande. C'est vrai qu'il ne faut pas que le
directeur d'école devienne une espèce de gérant ou une
espèce de directeur général, que ce soit d'hôpital
ou même de commission scolaire. Je pense qu'il doit faire équipe.
Quand on a voulu revaloriser l'école, c'est qu'on a voulu revaloriser le
travail d'équipe à l'intérieur de l'école. Dans ce
sens, je pense qu'il y aurait peut-être une formule. Supposons que les
étudiants veulent discuter de quelque chose sans le directeur, je pense
qu'il faut qu'ils en aient le loisir. Je pense qu'il faudrait trouver une
formule inverse qui favoriserait votre présence, mais qui ne limiterait
pas non plus la possibilité des gens. C'est cela que je voulais dire. Je
dois laisser la chance à mes collègues. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, Mme la
députée. M. le député de Mille-Iles.
M. Champagne: Merci beaucoup. Je veux remercier Les
représentants de l'Association des directeurs d'école de
Montréal de s'être présentés devant nous. C'est avec
beaucoup d'intérêt que j'ai lu le mémoire dans le sens
où je pense que le directeur, par sa fonction, c'est un type qui
règle des cas à tous les jours, de minute en minute dans une
journée. Comme on dit, ce sont des gens pratico-pratiques. Ils ont un
vécu quotidien et ont seulement des solutions aux problèmes qui
sont présentés à coeur de jour dans une institution. Je
pense que les remarques que vous faites au sujet de certains articles seront
sûrement un précieux atout aux membres, de la commission dans la
rédaction finale et dans les amendements de la deuxième
lecture.
Je me réjouis aussi du fait que l'Association des directeurs
d'école a accepté d'emblée, à quelques exceptions
près, la loi 40 dans un premier temps et la loi 3 qui a eu des
modifications. La loi 3 bonifie la loi 40, je pense, dans un sens positif, et
vous l'avez souligné. Tout était centré dans ces deux lois
sur l'école. On a eu beaucoup de discussions durant l'étude de la
loi 40, les audiences publiques. Chacun se demandait où était le
chef d'orchestre dans tout cela. Il y en a qui pensaient que le chef
d'orchestre, c'était le ministère de l'Éducation. C'est
sûr qu'il y en a qui disaient: Le chef d'orchestre, c'est le
président de la commission scolaire. Pour ma part, je dis: Le chef
d'orchestre, c'est le principal d'école qui sait ce qui se passe dans le
milieu, et je pense qu'un parent qui veut avoir la meilleure qualité
d'enseignement possible dans son milieu sera beaucoup plus rassuré par
le chef d'orchestre du milieu, soit le directeur d'école. Sans blesser
qui que ce soit autour de cette table, je ne serai jamais assuré...
Mme Lavoie-Roux: Le chef d'orchestre, c'est le directeur
général et non pas le président.
M. Champagne:... nécessairement... Je n'ai jamais
pensé, comme parent... Si le président de commission scolaire est
plutôt éloigné du milieu, même s'il a toutes les
qualités nécessaires, il ne peut pas savoir ce qui se passe dans
le milieu. Vous êtes le représentant du milieu. Je m'en
réjouis.
Voici une question que je vais poser. Il y a la loi 3. C'est bien
sûr que le conseil d'école aura un rôle prédominant
à jouer. Enfin, la loi 3 n'invente rien, je pense, personnellement. Les
comités d'école existent depuis de nombreuses années. J'en
ai fait partie comme parent, comme professeur aussi. Voici la question que je
vais vous poser: Est-ce que vous pensez que la loi 3 sera difficile à
appliquer dans l'établissement peut-être du vécu que vous
avez actuellement - du conseil d'école? Est-ce que, pour faire
fonctionner les conseils d'école par la loi 3, ce sera difficile
à appliquer et que vous allez mettre beaucoup d'énergie à
le faire?
M. Harpin: Ce qu'on a pu observer à la lecture, c'est
qu'il y avait une focalisation pour l'érection de ces comités en
septembre. En pratico-praticiens que nous sommes, le mois de septembre, c'est
un mois furieux où nous devons consacrer l'ensemble de nos
énergies à organiser l'école. Dieu sait qu'à tous
les ans, au mois de septembre, dans presque toutes les écoles
secondaires, on fait la fabrication des horaires, nos énergies sont
consacrées à ce chapitre et on a bien sûr le mandat
d'entrer nos enfants dans les écoles le plus tôt possible.
Si on s'interroge sur le temps, parce qu'on devra consacrer du temps
à regrouper ces gens - s'ils ne se regroupent pas, cela devient notre
mandat - pour constituer des comités et mettre en branle tout le
processus de participation à l'intérieur de l'école, pour
nous, le mois de septembre, c'est très problématique.
M. Champagne: C'est l'élément temps, mais,
actuellement, vous regroupez depuis de nombreuses années l'ensemble des
parents à la fin du mois de mai pour constituer le comité
d'école. Enfin, avec la loi 3, est-ce que ce sera encore plus lourd?
M. Dubé: Je prends un exemple. Il
existe dans toutes nos écoles secondaires des comités
d'élèves, des associations de toutes sortes, mais, dans la loi -
ce n'est peut-être pas suffisamment précis, peut-être qu'on
ne l'interprète pas bien, qu'on la comprend mal - il va falloir
réunir tous nos étudiants en septembre et, s'ils ne l'ont pas
fait avant le 20, il faudra le faire avant le 30. Je soulignais tantôt
une difficulté dans certaines écoles, comme la mienne, une
école de second cycle, au secondaire III, IV, V et quelques-uns de
secondaire VI et j'en ai 1500. Je n'ai même pas le local pour pouvoir le
faire. Il va sûrement y avoir des formules, mais il faudra tout faire
cela en septembre parce que c'est maintenant inscrit dans la loi, tandis que,
pour le conseil étudiant, la formule est trouvée; dans chacune
des écoles, il se forme, bien sûr, au mois de septembre. Le
directeur de l'école n'a pas à intervenir comme tel. Un adjoint
s'occupe de cela avec les professeurs. Le conseil étudiant est beaucoup
plus actuellement, dans plusieurs écoles, quelque chose qui est typique
du milieu. Les gens ont trouvé les formules pour le faire et tout cela.
C'est dans la loi et on dit que les gens doivent être réunis en
assemblée générale, avant le 30 et tout cela. C'est un peu
cet aspect. On ne sait pas si, par exemple, on pourra utiliser d'autres
formules que des réunions ou des rencontres comme cela. Les
étudiants de secondaire III ne pourront-ils pas se réunir
ensemble, quelque part, ceux de secondaire V ensemble, quelque part? Ce n'est
pas précis dans la loi. Si on lit le texte de la loi, on croit que le
directeur de l'école devra réunir tous ses étudiants du
secondaire III, IV et V - je prends cela comme exemple, mais c'est la
même chose avec les parents - et tout cela doit se faire avant le 30.
Comme le disait mon collègue, bien sûr, on croit que cela doit se
faire; bien sûr, on est d'accord avec la loi. Cependant, vous nous
demandez si on voit des difficultés. Cela sera lourd; ce ne sera pas
facile parce que ce n'est pas notre priorité en septembre, pas du tout;
c'est d'asseoir nos élèves et de mettre des professeurs devant
les élèves.
M. Champagne: Vous parlez de septembre depuis... On devrait
peut-être penser à le faire à la fin de l'année
scolaire pour l'année suivante.
M. Dubé; Cela pourrait être cela; ce serait un
assouplissement...
M. Champagne: Un assouplissement...
M. Dubé:... bien sûr, qui nous permettrait
d'éliminer les difficultés de cet ordre.
M. Champagne: Mais enfin, c'est un élément de
temps. Si on remettait cela à la fin de l'année, soit au mois de
mai pour la réunion des parents... Cela se fait actuellement quand
même...
M. Dubé: C'est cela.
M. Champagne: Pour les conseils d'étudiants aussi, si on
réglait ces problèmes de l'élément de temps, cela
deviendrait facile.
M. Dubé: Ah oui! Beaucoup plus facile! M. Champagne:
D'accord.
M. Harpin: Me permettez-vous une précision? Si
c'était déplacé, disons, vers mai ou juin, je vous
demanderais de ne pas reconduire l'obligation de recommencer le processus en
septembre.
M. Champagne: Ah oui! Il y a cela. D'accord.
Pour faire fonctionner ce conseil d'école qui est actuellement en
activité - on parlait d'élections, si elles étaient
reportées vers la fin de l'année, cela irait mieux -voyez-vous
des difficultés, selon l'expérience que vous vivez
actuellement?
M. Dubé: Non, à prime abord, on ne voit pas de
difficulté. Bien sûr, qu'il va y avoir une période de
rodage, mais les milieux vont s'ajuster eux-mêmes. On s'est
interrogé de cette façon et on dit que cela devrait marcher.
M. Champagne: Cela devrait marcher parce que...
M. Dubé: Nous le pensons.
M. Champagne: Oui, parce que vous avez une grande
expérience et cela fonctionne à peu près de cette
façon-là actuellement.
M. Dubé: Oui, quoique ce soit moins formel. Dans bien des
milieux, c'est comme cela.
M. Champagne: Oui.
Mme Robitaille: M. le Président, il est sûr que cela
va fonctionner, mais le directeur de l'école aura quand même
à habiliter la nouvelle structure de ce conseil, à l'articuler,
à le structurer, parce que ce sont quand même des mandats beaucoup
plus larges que ce que nous avions. C'est sûr que, pour nous, ce sera une
tâche, je pense, qui va nous revenir, pour aider ces gens-là
à s'organiser.
M. Champagne: Oui, mais cela ne représente pas quand
même un cham-
bardement comme certains semblent vouloir le dire, une espèce de
chambardement à n'en plus finir. Hier, nous avons eu autour de cette
table des gens de la CECM qui disaient: La CECM va être obligée de
monopoliser les énergies des administrateurs scolaires pendant plusieurs
années. Vous nous dites que, dans l'application locale, ce n'est pas si
mal. C'est une continuation de ce qui existe actuellement, avec peut-être
quelque chose de plus précis. Pour les commissaires d'écoles,
cela semble quand même une montagne pour eux parce qu'on disait: Il y a
des problèmes plus urgents. C'est bien sûr qu'il faut comprendre
que la CECM n'est pas trop en faveur. Elle veut garder des pouvoirs au niveau
de la commission scolaire. J'en suis aussi pour un certain niveau. On disait
qu'il y avait des problèmes plus urgents, que ce soit le rendement
scolaire des élèves, l'implantation des programmes,
l'intégration d'un nombre croissant d'enfants en difficulté
d'apprentissage, le phénomène de la violence. Face à la
loi 3, tout cela pouvait être mis de côté et on avait une
certaine crainte.
M. Harpin: Me permettez-vous quand même de dire que les
représentants de la CECM se sont rappelés facilement
l'implantation des comités de parents, il y a quelques années.
À cette époque, ils avaient dû consacrer beaucoup
d'énergie pour préparer des parents à pouvoir s'articuler
en fonction d'une consultation. Il est certain qu'en fonction de nouveaux
comités il y a des bureaux à la CECM qui vont avoir le goût
de développer une certaine expertise pour habiliter tous les gens qui
ont à oeuvrer dans ces comités et qui sont quand même sous
des chapitres différents. Je pense que, dans cette perspective, il y a
lieu de s'interroger, à savoir quelle sorte de devoirs ils auront
à remplir pour être capables de mieux équiper les gens pour
que cela fonctionne au maximum.
M. Champagne: Oui, d'accord, mais considérant
peut-être l'expérience qu'on a -ce n'est pas nouveau des
comités d'école et des comités de parents - je pense qu'on
devrait supposer que cela ne devrait pas demander des énergies immenses
pour l'application de la loi 3.
Est-ce qu'il reste quelques minutes pour le côté
ministériel? Un instant! J'ai posé la question à des
directeurs d'école.
Mme Lavoie-Roux:... je m'excuse.
M. Champagne: C'est sûr qu'il y a des personnes autour de
cette table et aussi en dehors de cette table qui préfèrent
attendre le jugement des tribunaux. J'ai tout lieu de croire, comme vous l'avez
exprimé tout à l'heure, que d'aller devant les tribunaux pour
savoir si on a certains droits ou si la loi 3 est constitutionnelle, ou le
démantèlement de la commission des écoles catholiques ou
de la commission scolaire protestante, je pense qu'avec les appels jusqu'en
Cour suprême, aussi bien dire que la loi 3 n'existera jamais, si on
attend ces jugements. Je partage ici votre opinion à ce sujet. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Sauvé.
M. Parent: M. le Président, avant de saluer nos amis de la
l'ADEM, pour être dans la même ligne de pensée que le
ministre ce matin, je dois dire que moi aussi, depuis hier, j'ai l'impression
que je suis dans un conventum d'anciens. On rencontre des gens avec lesquels on
a vécu des expériences assez enrichissantes.
Je pense que le ministre a été sage d'inviter l'ADEM, les
représentants des directeurs d'école, à venir exprimer
leur point de vue à une commission comme la nôtre. Comme le disait
mon collègue, le député de Dubuc, c'est vrai que le chef
d'orchestre dans une école... C'est Dubuc?
M. Champagne: Mille-îles.
M. Parent: De Mille-Iles. Je m'excuse.
M. Champagne: À Laval.
M. Parent: Je m'excuse, M. le député de Mille-Iles.
Je pense que, dans une école, l'animateur de l'équipe
d'école, l'animateur de la vie étudiante - souvent, on a des
animateurs, mais le vrai animateur de la vie étudiante - celui qui fait
que, dans une école, on est bien, celui qui fait que, dans une
école, on apprend, celui qui fait que, dans une école, les profs
se sentent bien dans leur peau, s'il le veut bien, c'est le directeur
d'école. C'est lui qui en a la responsabilité. (Il h 15)
Je vais revenir à ma marotte, parce que j'y tiens. C'est un de
mes engagements publics et politiques. Quand j'ai oeuvré dans le monde
de l'éducation, je n'avais qu'un seul objectif, c'était
d'améliorer la qualité et l'image de l'école publique.
L'école publique a fait de moi ce que je suis. Les gens jugeront si elle
a réussi ou si elle n'a pas réussi, mais je lui dois beaucoup et
j'y crois à l'école publique. Il aurait été
impensable de pouvoir mener, de façon cohérente et intelligente,
des séances de rencontre comme celles que nous avons depuis le
début de la semaine sans avoir les représentants des directions
d'école.
Avant d'entamer la conversation avec nos amis de Montréal, je
voudrais faire une
mise au point. Je n'ai pas perçu, comme mon collègue de
Mille-Îles - je parle ici en toute objectivité; ce n'est plus le
président de la CECM qui parle; on peut se taquiner comme cela; mais
c'est quand même un député de la région
montréalaise qui parle -que la CECM a trouvé une montagne dans
l'application du projet de loi 3 et a essayé de l'éviter par des
faux-fuyants. Ce qu'elle a dit, c'est une autre distraction, peut-être
une distraction nécessaire qui va empêcher de mettre nos
énergies là où, je crois, l'on devrait les mettre encore
une fois: la qualité de l'enseignement à l'école, la
qualité de vie, rendre l'école efficace. Là où la
CECM ou d'autres personnes ont peut-être paru inquiètes car cela
demande de grands chambardements, c'est l'application de la structure
linguistique; et non pas que je sois contre.
On y croit à la structure linguistique et on pense qu'elle est
très normale et elle est à actualiser en 1984. Vous allez
peut-être nous dire qu'on est timoré ou que je suis peureux, mais,
si jamais l'article 93 s'appliquait - c'est là le prolongement de mon
raisonnement - je dis: Cela fait quatre ans que tous les administrateurs
scolaires, peut-être un peu moins les directions d'école parce
qu'elles sont prises par... - ce sont des field-workers; il y en a un qui est
chef d'orchestre, mais ce sont des hommes-orchestres et des femmes-orchestres
aussi... Les administrateurs scolaires et les directions
générales, depuis quatre ans, vivent l'incertitude d'une
restructuration scolaire. Quand on veut restructurer, on veut changer les
choses. Quand on veut changer les choses, cela inquiète. C'est "normal
que cela inquiète, mais cela ne veut pas dire que c'est malsain.
Ce dont la CECM semblait avoir peur et ce dont j'ai peur aussi, si
jamais l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique
s'appliquait, s'il fallait, dans une année et demie ou dans six mois,
revenir aux écoles confessionnelles... Vous allez peut-être dire:
Ce n'est pas grave, c'est le petit ghetto, le petit coin
semi-développé de Montréal. Ce n'est pas certain. Ce n'est
pas certain, dans la reconnaissance, hypo-thétiquement, d'un jugement,
que l'on ne dira pas: Le territoire actuel qui a grandi normalement en fonction
d'annexion d'autres municipalités légalement reconnues, etc., on
va l'actualiser à la réalité de 1984. On n'a pas
adopté une loi en 1867 pour dire: N'avance plus; ne bouge plus; demeure
stagnant. Il est très probable, dans le sens de la loi, que cette loi
puisse s'étendre aux limites de la CECM d'aujourd'hui. J'imagine encore,
dans deux ans, trois ans, quatre ans ou six mois, dix ans peut-être, les
perturbations que vivraient les élèves et que vivraient aussi nos
personnels. Je pense aux syndicats. Je pense à l'Alliance. Je pense aux
problèmes d'ancienneté dans les écoles, etc. C'est un peu
cela qui me fait peur, parce que le projet de loi 3, je ne le déteste
pas. Il m'inquiète sous certains aspects, comme vous autres, et on en
parle. Ce n'est pas un mauvais projet de loi. Ce n'est pas bien mieux, mais
c'est pas mal moins pire, si vous voulez, que ce qu'on avait dans la loi
40.
Je dois vous dire également que je partage assez vos opinions
lorsque vous nous dites que vous vous inquiétez de deux sortes de
comités: le comité de parents et le conseil d'école. Un
comité dévalorisé, comme le disait Mme la
députée de L'Acadie, apparemment dévalorisé parce
qu'au moment où il y a de la consultation ce ne sont pas tous les gens
qui comprennent l'importance de la consultation, mais ceux qui la comprennent
ne seront pas dévalorisés. Je dois dire que, dans les faits, il y
aura le grand comité et le petit comité.
Par contre, si on le garde, si le ministre décide, dans son
projet de loi, de le garder, je ne suis pas d'accord avec vous qu'il n'y a pas
de communication entre ce comité consultatif et ce conseil
d'école. Si on veut que les desiderata, la pensée ou la
préoccupation du comité consultatif se rendent au conseil
d'école - ce sera difficile, vu la disponibilité des gens; je
l'admets avec vous - il faudrait trouver un lien de communication entre le
comité de parents et le conseil d'école.
Pour l'information des membres qui siègent à cette
commission, j'aimerais que vous nous expliquiez un peu ce que vous entendez en
disant: "les projets éducatifs". Il faudrait bien les cerner et dire ce
que c'est. On en a entendu des bonnes et des pas bonnes ici, depuis un bout de
temps. Cela peut être un projet de mi-temps pédagogique, un projet
de mi-temps musique, un projet de mi-temps éducation physique. On l'a
même identifié à l'école atelier. J'aimerais que
vous éclairiez les députés qui siègent ici à
la table sur ce que vous croyez être un vrai projet éducatif.
M. Dubé: Je pense que vous nous renvoyez la balle, M. le
député. En fait, on constate que, selon les individus, selon les
milieux, on se donne plusieurs définitions du projet éducatif et
on se dit: Si le conseil d'école doit donner des orientations à
ce qu'on appelle un projet éducatif, tout ce qu'on souligne, c'est qu'il
faudrait qu'il soit défini assez clairement et simplement, que ce ne
soit pas compliqué.
Je peux vous donner une définition personnelle et je pense que
mes collègues pourraient en donner d'autres. C'est bien sûr qu'on
se rejoint finalement. Il s'agit de la qualité du service à
l'élève, de la valeur du milieu, etc. Je pense que, si on
l'insère dans un texte de loi, il serait important que des
efforts soient faits pour que ce soit précisé. Je pense
que je ne peux pas répondre plus à cette question-là. Je
peux donner une définition qui m'est personnelle. On a constaté
que, selon le vécu de chacun des milieux, les gens disaient: Chez nous,
c'est un projet éducatif. On le définit par les choses qu'on fait
peut-être plus que par une définition qui soit plus universelle,
plus globale. On pense qu'il y a peut-être des dangers, il faudrait
l'éclaircir une fois pour toutes.
M. Parent: Juste une petite intervention, un commentaire, si vous
me permettez, M. le Président. Je veux que les gens autour de la table,
et surtout l'adjoint parlementaire du ministre parce que, malheureusement,
celui-ci n'est pas ici, entendent enfin nos commentaires sur les commentaires
que vous nous avez faits.
Je dois vous dire que je suis d'accord aussi avec vous sur les
réticences que vous avez à voir un commissaire d'écoles
aller siéger à un conseil d'école ou à un
comité de parents. Je le comprends, on est avec vous et on comprend
aussi vos préoccupations et vos inquiétudes. Je les comprends
encore plus parce que je suis un ancien fonctionnaire en plus d'être un
ancien commissaire.
Plusieurs choses m'inquiètent et, entre autres, le fait que vous
n'avez pas parlé dans votre mémoire du pouvoir du conseil
d'école de décider du caractère confessionnel de
l'école. Si j'étais un directeur d'école - je vous connais
assez et je connais assez vos préoccupations - je m'inquiéterais
beaucoup de l'harmonie et de la qualité de relations qui existeraient
dans un conseil d'école si un conseil d'école, pour une
période d'années déterminée, décidait,
hypothétiquement, qu'une école est confessionnelle ou qu'elle ne
l'est pas, avec un ou deux votes de majorité une décision
serrée - et avec des professeurs faisant partie de l'équipe, etc.
Comment vous sentiriez-vous? Pensez-vous que c'est logique, que c'est
acceptable qu'un conseil d'école puisse, dans l'harmonie, prendre de
telles décisions au niveau local?
M. Harpin: On avait manifesté des inquiétudes quant
à l'implication d'une politique au niveau de l'école. Il est
certain que ce sujet, compte tenu du vécu de notre société
depuis quelques années, serait fort brûlant. S'il fallait qu'on en
arrive avec un vote aussi serré, il est évident qu'il y aurait
des batailles carabinées dans certaines écoles. Cela est clair
à mon avis.
M. Parent: Rapidement, vous n'auriez pas une suggestion à
donner au ministre pour améliorer ce processus-là?
M. Dubé: Actuellement, non.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): On parle de projet éducatif,
cela m'inquiète et m'intéresse. Qu'est-ce que c'est chez vous,
par exemple, des projets éducatifs?
M. Dubé: En fait, ma définition personnelle de
projets éducatifs...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne veux pas votre définition
- vous l'avez mentionnée tantôt - je veux savoir ce que c'est en
pratique.
Mme Robitaille: Je peux peut-être répondre, M. le
Président, si vous me permettez. J'ai un projet dit éducatif et
je n'ai pas l'impression d'avoir inventé. Depuis que je suis dans cette
école, on a fait un cheminement pour établir ensemble, le
personnel et tous les intervenants, un consensus sur des valeurs à
promouvoir et on a mis des moyens pour les réaliser. J'appelle cela,
dans mon école, le projet école. Je n'ose pas dire le projet
éducatif, comme on en parle actuellement, parce que, selon moi, ce sont
des choses élémentaires que l'école doit se donner, soit
d'arriver à donner une image, un visage pour que l'école
où je suis soit différente, dans un milieu public, de
l'école d'à côté, afin que les parents soient
intéressés à y adhérer. Surtout dans un contexte
où on perd de la population, c'est normal qu'on se ramasse et qu'on se
dise ce sur quoi on travaille cette année. C'est cela un projet
école, selon moi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais sur quoi travaillez-vous? Je n'ai
pas encore eu de réponse. C'est quoi?
Mme Robitaille: Par exemple, cette année, c'était
la relation maître-élève, l'amélioration de la
qualité de vie dans l'école, et les enseignants se sont
donné des moyens pour les réaliser par la pédagogie du
succès, par des perfectionnements des interétapes pour
s'habiliter davantage à avoir une meilleure relation
maître-élève. Dans le concret, cela se vit chacun dans son
milieu, dans son groupe et avec les individus et les élèves.
M. Leduc (Saint-Laurent): Votre objectif, je pense qu'il doit
être l'objectif de tout le monde.
Mme Robitaille: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites: Pour qu'il y ait une
meilleure relation entre les professeurs et les élèves. Je ne
pense pas que ce soit une trouvaille.
Mme Robitaille: Et l'école, à côté,
pourrait avoir, comme M. le député a dit tout à l'heure...
Je pense à l'école atelier, à Montréal; pour eux
autres, c'est certainement un projet éducatif. Il y a l'école
demi-temps éducation physique, l'école François-Perreault
et la musique. Ce sont certainement les gens qui, à la base, se sont
dit: Pourquoi ne pas mettre un accent sur cet aspect pour donner à des
élèves une façon de développer des habiletés
en augmentant un lieu de concentration. C'est une forme de projet
école.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a toujours eu des projets
éducatifs dans les écoles.
Mme Robitaille: En fait, c'est cela. C'est un mot qu'on a
peut-être...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je pense que c'est galvaudé un
peu.
M. Harpin: C'est pour cela qu'on a demandé de
préciser vraiment ce que l'on entend par projet éducatif. Il est
évident -je l'espère de tout coeur - que, dans chacune des
écoles, il y a des projets éducatifs. Sans cela, il faudrait
fermer ces écoles. Ce serait aberrant. Il n'en demeure pas moins...
M. Leduc (Saint-Laurent):... de le nommer dans la loi, à
ce moment-là.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne fait de mal à personne.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela ne fait pas mal.
M. Harpin: C'est sûr que cela ne fait de mal à
personne, mais il serait certain qu'on s'entendrait un peu mieux tout le monde
si, au moins, on savait ce dont on parle lorsqu'on aborde le projet
éducatif.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Leduc (Saint-Laurent): Voilà.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord? Mesdames et
messieurs, il me reste à vous remercier de votre participation à
cette consultation particulière qui précède le
débat sur les principes du projet de loi 3 et sur l'étude
détaillée du projet de loi qui est soumis à
l'Assemblée nationale. Encore une fois, je crois que votre contribution
aura aidé les membres de la commission à poursuivre, d'une
façon encore plus efficace, l'étude du projet de loi 3. Merci de
votre collaboration et à la prochaine.
M. Dubé: Merci beaucoup.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que je peux poser
des questions?
Le Président (M. Charbonneau): Vous pouvez toujours poser
des questions, madame.
M. Leduc (Saint-Laurent): Au président, oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que, dans votre commission sur
l'éducation, vous vous êtes défini un projet
éducatif?
Le Président (M. Charbonneau): On s'est défini un
projet de fonctionnement, madame. J'aurais envie de vous renvoyer la balle.
Est-ce que la commission des affaires sociales...
Une voix: L'éducation des adultes, c'est
l'éducation...
Le Président (M. Charbonneau): Les travaux sont suspendus
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à Il h 29)
(Reprise à Il h 34)
Le Président (M. Charbonneau): La commission va reprendre
ses travaux.
Association des cadres scolaires du
Québec
Nous accueillons maintenant l'Association des cadres scolaires du
Québec. Messieurs, bonjour. Nous vous remercions d'avoir accepté
notre invitation de participer à ces consultations particulières
sur le projet de loi 3. Je vous indique immédiatement que nous disposons
d'une heure trente et que, dans la mesure où votre présentation
initiale serait relativement brève, cela permettra aux membres de la
commission d'avoir un échange plus long avec vous. Je voudrais
également vous remercier particulièrement d'avoir accepté
cette invitation malgré les délais relativement courts que nous
vous avons imposés. C'est d'autant plus louable de votre part d'avoir
accepté néanmoins de rendre service aux membres de la commission
pour l'étude détaillée qui suivra du projet de loi 3.
Donc, je crois que le président est M. Bruno Giard. Je vous demanderais,
M. Giard, de présenter les collègues qui vous accompagnent pour
les fins du Journal des débats et d'engager dès maintenant votre
présentation.
M. Giard (Bruno): À ma droite se trouve le premier
vice-président de l'Association des cadres scolaires du Québec,
M. J. -Édouard Lapierre, et à ma gauche, le vice-président
aux affaires professionnelles,
M. Vincent Tanguay.
Le Président (M. Charbonneau): Merci.
M. Giard: Je vous remercie, M. le Président, de
l'invitation. Je ne vous relirai pas la petite lettre que je vous ai remise ce
matin. Nous allons procéder immédiatement à la lecture de
notre mémoire. Je voudrais quand même rappeler à cette
commission qu'il y a un sujet qui n'est pas dans notre mémoire, mais
dont nous aimerions parler, si la commission le juge à propos. Cela
porterait plus spécifiquement sur le découpage de la carte
scolaire et, selon votre volonté, M. le Président, si vous le
trouvez approprié, nous pourrons prendre un certain temps pendant la
période des questions pour traiter de ce sujet.
L'Association des cadres scolaires du Québec, organisme qui
regroupe plus de 1800 cadres de direction, de coordination et de gérance
dans les commissions scolaires francophones, s'est toujours fait un devoir
d'apporter sa collaboration à l'étude de toute question relative
à l'éducation au Québec et de pouvoir ainsi contribuer au
développement ordonné du système d'éducation.
Lors de la tenue de la commission parlementaire sur le projet de loi 40,
nous avions demandé le retrait de ce projet de loi parce que son
application aurait jeté plus de confusion dans le système
scolaire qu'elle n'aurait apporté d'améliorations. L'expertise
particulière de nos membres nous a permis, lors des audiences de cette
commission, en janvier dernier, de vous proposer notre collaboration
spécifique à l'analyse de la faisabilité de plusieurs
dispositions de l'ex-projet de loi. Nous vous avions même
présenté, à cette époque, un document permettant de
saisir toute l'ampleur du partage des responsabilités au sein d'une
commission scolaire entre l'école et les services éducatifs en
matière de gestion des activités éducatives.
Il nous plaît aujourd'hui de reconnaître que nous avons
reçu des réponses positives à plusieurs de nos
requêtes.
En effet, les tables de concertation auxquelles nous avons
participé nous ont permis de constater, sous l'angle de l'administration
de la chose scolaire, que ces rencontres ont donné des résultats
positifs dont il nous plaît de faire ici un bref bilan.
Il reste toutefois des éléments d'inquiétude, sinon
de sérieuses interrogations, que nous aimerions soumettre à votre
compétence.
Le projet de loi 3 est, d'une part, muet sur certains aspects concrets,
notamment les transferts de personnel, et peu précis sur ce qui concerne
les administrations locales. Il permet, par ailleurs, au ministère de
l'Éducation d'être souvent interventionniste. De plus, le
caractère exhaustif de plusieurs articles de ce projet risque d'en faire
un recueil de gestion enchâssé dans une loi.
Eu égard à ces inquiétudes, nos propositions
viseront a vous inviter à exercer certaines prudences avant son adoption
finale. Notre intérêt ultime étant, en fin de compte, un
meilleur service à l'élève par la stabilisation du
système scolaire.
Enfin, nous souhaitons que nos propos influenceront le projet de loi
dans le sens qu'il puisse confirmer la confiance du ministre de
l'Éducation en ses partenaires, qu'il permette le nécessaire
partage des responsabilités entre le ministère de l'Education et
les commissions scolaires afin que celles-ci remplissent adéquatement
leur rôle de gouvernement local avec toute la compétence et les
ressources nécessaires pour gérer avec succès leur
administration scolaire. M. Lapierre va continuer.
M. Lapierre (J. -Édouard): Bilan positif. La loi 3: Des
pas dans la bonne direction. Nous allons, dans les quelques minutes qui
suivent, revoir les principaux éléments du projet de loi 40 qui,
à notre avis, devaient obligatoirement être modifiés pour
qu'un projet de loi sur l'enseignement primaire et secondaire public puisse
être adopté. Nous ne voulons pas reprendre ici l'étude
article par article que nous avions faite à ce moment. Nous avons
plutôt choisi de retenir seulement les éléments relatifs
à l'école, à la commission scolaire, au personnel et les
nouveaux éléments introduits par le ministre.
Les éléments relatifs à l'école. L'ancien
projet de loi parlait de l'école comme d'un établissement
d'enseignement sous l'autorité d'un conseil d'école. Nous
définissons l'école comme une entité administrative sous
la responsabilité d'une commission scolaire.
Or, le projet de loi 3, par ses articles 52, 53 et 93, nous semble
confirmer cette définition et on vous fait grâce des articles que
vous connaissez mieux que nous.
Par l'ancien projet de loi, l'école est impartie d'un
mélange de pouvoirs et responsabilités parfois exclusifs, parfois
partagés et quelquefois mixtes. Lors de la tenue de la commission
parlementaire, en janvier dernier, nous disions: "L'Association des cadres
scolaires du Québec croit que l'école doit être responsable
de la totalité de la gestion quotidienne des activités
d'apprentissage, des services complémentaires et des services
particuliers aux élèves. " En somme, l'école doit avoir
les pouvoirs nécessaires pour gérer son projet éducatif.
C'est, croyons-nous, ce qui a été retenu dans les articles 77 et
81 du projet de loi 3.
En regard de l'éducation des adultes, nous déplorions
qu'il n'en soit pas fait mention dans l'ancien projet de loi. Nous souhaitions
un réseau gratuit et une approche pédagogique spécifique
à l'éducation des adultes. Les articles 2, 52, 53 et 303
permettent ces orientations.
Les éléments relatifs à la commission scolaire. Au
plan du statut juridique, nous demeurons d'avis qu'il est opportun de doter le
Québec d'un réseau de commissions scolaires linguistiques
responsables des ordres d'enseignement primaire et secondaire.
En ce qui a trait aux pouvoirs et responsabilités des commissions
scolaires, l'ancien projet de loi décrivait, de façon confuse et
ambiguë, la coopérative de services qui devait exercer les pouvoirs
qui lui étaient délégués par les écoles. Au
mieux, la commission scolaire était un organisme dont l'avenir
était incertain.
Nous avions réclamé et nous continuons à
réclamer que la commission scolaire soit un gouvernement local,
responsable de la vie pédagogique d'un territoire donné. Les
articles 259, 268 et 271 du projet de loi 3 le permettent maintenant.
Cette conception des pouvoirs et responsabilités des commissions
scolaires aurait nécessairement entraîné des situations
indésirables. À notre avis, le projet de loi 3 est plus clair et
plus réaliste en ce sens.
À titre d'exemple, tel que formulé aux articles 273 et
275, c'est à la commission scolaire que revient la responsabilité
d'assurer l'application du régime pédagogique.
En matière de gestion financière, nous n'avons jamais pu
comprendre ce qui pouvait justifier le ministère de l'Éducation
de faire deux enveloppes fermées établissant, d'une part, les
ressources allouées aux écoles et, d'autre part, les ressources
réservées à la commission scolaire.
De plus, comment peut-on imaginer qu'un directeur d'école
relevant d'un conseil d'école puisse être l'ordonnateur des
opérations financières dont la commission scolaire est
comptable?
Nous pensons qu'il fallait dire clairement dans un projet de loi que le
financement de l'éducation dans une région donnée est une
responsabilité de la commission scolaire. On en a tenu compte dans
l'article 316 du présent projet de loi.
Au plan de la gestion des personnels, dans l'ancien projet, le directeur
d'école était sélectionné par un comité
composé majoritairement des membres du conseil d'école,
était engagé par la commission scolaire et répondait de
son mandat au conseil d'école.
Pour l'Association des cadres scolaires du Québec, un directeur
d'école est un employé d'une commission scolaire en lien
hiérarchique avec le directeur général de cette même
commission. L'article 93 du projet de loi 3 répond davantage aux
impératifs d'une saine gestion.
La même confusion existait dans l'ancien projet de loi par rapport
aux plans d'effectifs. L'école devait, en effet, transmettre son plan
d'effectifs à la commission scolaire. La commission scolaire devait-elle
l'accepter, le modifier, l'approuver?
Nous avons souvent répété qu'à notre avis la
commission scolaire devait être responsable de l'engagement des
personnels requis pour le bon fonctionnement de ses écoles. Nous
retrouvons ces éléments à l'article 303 du projet de loi
3.
Les nouveaux éléments introduits par le ministre. Nous
avons également retenu un certain nombre d'éléments qui,
sans être tout à fait nouveaux, nous semblent mieux définis
dans le projet de loi 3.
Nous avons souventefois réclamé que les enseignants
puissent s'affirmer comme professionnels dans l'exercice de leurs fonctions.
Sans toutefois satisfaire complètement les attentes des enseignants,
nous reconnaissons que les articles 33 et 34 du projet de loi 3 sont des
éléments positifs.
Nous notons aussi, avec satisfaction, que notre suggestion de former un
comité pédagogique régional a été retenue et
formulée aux articles 243 et 244.
Nous désirons enfin signaler qu'en ce qui a trait à la
participation des élèves le texte de l'article 106 du projet de
loi 3 nous semble beaucoup plus adapté et plus réaliste que celui
qui paraissait dans l'ancien projet de loi.
En bref, il nous plaît de souligner que, d'une façon
générale, le texte même du projet de loi 3 est plus clair,
donc plus compréhensible pour les gens qui auront à assumer les
responsabilités qui y sont décrites.
M. Tanguay (Vincent): Malgré le fait que l'on peut faire
du projet de loi 3 un bilan, somme toute, positif, il n'en demeure pas moins
que l'association s'interroge sur la portée, voire même
l'ambiguïté de certains articles. Nous voudrions donc porter
à l'attention de cette commission certains éléments sur
lesquels se fonde notre inquiétude. (Il h 45)
Les nouvelles commissions scolaires. Toute la dimension de la formation
de nouvelles commissions scolaires linguistiques responsables de l'enseignement
primaire et secondaire n'est pas sans créer d'inquiétudes. Le
premier élément d'inquiétude, et le plus important, serait
sans doute d'être amené à défaire demain ce que nous
aurons bâti aujourd'hui. Aussi faudrait-il que le gouvernement s'assure
qu'il a vraiment l'autorité au plan constitutionnel pour former, sur
tout le territoire, des commissions scolaires linguistiques.
Le deuxième élément, qui a toute son importance et
sur lequel nos membres se sont prononcés en juin 1982, c'est la
dimension de la commission scolaire. Le processus menant à la
constitution d'une
nouvelle commission scolaire sur un territoire donné devrait
pouvoir garantir que les décisions prises seront faites en
considérant l'amélioration des services aux clientèles,
autant jeunes qu'adultes. Cet objectif d'amélioration de la
qualité des services aux élèves ne peut être
réalisé que lorsqu'un nombre suffisant d'élèves
permet de dispenser des services adéquats à l'intérieur
d'un territoire donné.
Nos commissions professionnelles des responsables de l'adaptation
scolaire et de la formation professionnelle à l'intérieur de
l'association des cadres voudraient avoir à ces chapitres des
assurances. En ce qui concerne l'adaptation scolaire, le projet de loi
multiplie les annonces de services offerts à ces élèves et
à leurs parents. Pour assurer ces services, il faudra qu'une commission
scolaire ait un certain bassin de clientèle. Pour l'enseignement
professionnel, la mise en oeuvre de la politique annoncée dans cette
sphère d'activités et particulièrement au chapitre des
cheminements particuliers de formation de base et des cheminements possibles de
formation professionnelle nécessitera un certain nombre de commissions
scolaires dont la taille est suffisante pour garantir l'efficacité et la
diversité des services à la clientèle. Il faudra donc que
le ministre de l'Éducation fasse une analyse macroscopique de la
situation provinciale avant d'apposer son placet sur les cartes.
J'aimerais ici laisser peut-être pour une couple de minutes le
texte pour vous expliquer davantage en quoi réside le problème de
la taille des commissions scolaires sur la grandeur du territoire. Je remarque
qu'autour de la table il y a surtout des députés de la
région de Montréal. J'aimerais attirer votre attention sur les
autres régions du Québec qui diffèrent de la région
de Montréal où il y a un Conseil de l'île de
Montréal, où il y a des commissions scolaires qui sont
d'envergure ou de taille assez importante pour garantir l'accessibilité
de tous les services aux élèves. Je ne crois pas que ce soit le
même cas dans l'ensemble de la province. J'aimerais me servir du tableau
quelques minutes.
M. Ryan: Remarque incidente. Le député d'Argenteuil
représente une circonscription rurale où il y a plusieurs petites
commissions scolaires.
M. Tanguay: Je m'excuse, M. le député
d'Argenteuil.
Le Président (M. Charbonneau): Tout comme, d'ailleurs, le
président de la commission.
M. Tanguay: Sans se rendre au tableau, j'aimerais m'exprimer sans
me servir d'un texte. Je crois qu'il y a trois objectifs qu'on doit garantir
lorsqu'on divise un territoire en commissions scolaires. D'abord, garantir
l'accessibilité égale à l'éducation pour tous les
élèves. Dans un deuxième temps, assurer aussi
l'application des politiques, particulièrement les politiques en
enseignement professionnel et les politiques d'adaptation scolaire, ce qui veut
dire garantir une qualité et une diversité de services.
Troisièmement, je crois aussi qu'il est important de prévoir
l'utilisation optimale des équipements dont ont été
dotées l'ensemble ou plusieurs écoles secondaires du
Québec.
Actuellement, si on regarde les régions de Rouyn, de l'Outaouais,
de Trois-Rivières, de Québec-Sainte-Foy, de Sherbrooke, de
Jonquière-Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Rt-mouski-Matane, il faudrait que,
dans chacun de ces territoires, on puisse retrouver des commissions scolaires
dont la taille permet de donner l'ensemble des services. Je prends un exemple
dans la région de Trois-Rivières. Disons qu'on veut diviser la
ville de Trois-Rivières en deux ou trois, la ville de Jonquière,
à ce qu'il semble, en deux ou trois, ou la ville de Sherbrooke, la
Commission scolaire de l'Estrie en sept commissions scolaires, tout d'un coup,
on fait des pointes de tarte avec une commission scolaire. Actuellement, la
tendance a été de concentrer les principales options
professionnelles dans les grandes commissions scolaires. Demain matin, ces
commissions scolaires sont divisées. Supposons une commission sur le
territoire de Sherbrooke, qui a une option comme mécanique ajustage, qui
a 20, 25 élèves et qui peut garantir la rentabilité de
cette option. Si, toutefois, cette commission scolaire se retrouve avec huit
élèves de son territoire qui fréquentent l'option de
mécanique ajustage, par exemple, la commission prendra rapidement la
décision de fermer cette option parce que, pour une option
professionnelle, lorsqu'on va chercher plusieurs élèves de
l'extérieur, il y a un problème d'alourdissement de la
clientèle et les paramètres pour affecter les enseignants dans la
commission scolaire ne sont pas nécessairement ajustés. Ils le
sont après trois ans de sorte que ce sont les enseignants de la
formation générale qui paient la facture. Ce sont les enseignants
de la formation générale qui se retrouvent dans des classes de 33
ou de 34 élèves. C'est courant. On le voit de plus en plus.
En 1979, il faut se rappeler qu'on avait au-dessus de 60% des
commissions scolaires qui avaient plus de 600 élèves en formation
professionnelle. Il y a maintenant 27% des commissions scolaires qui ont plus
de 600 élèves en formation professionnelle. Il y a actuellement
73 commissions scolaires secondaires ou intégrées. Quand on se
retrouvera avec 140 ou 150 commissions
scolaires, imaginez le nombre de commissions qui n'auront plus beaucoup
d'élèves en formation professionnelle, d'où la tendance ou
le goût des commissions de fermer des options qui seront moins
rentables.
On me dira qu'il y a des ententes possibles en adaptation scolaire et en
enseignement professionnel. Mais, comme administrateur scolaire, je dirais
qu'on fait des ententes quand c'est rentable pour notre commission scolaire.
C'est comme cela chez nous et c'est partout pareil. Quand on reçoit des
élèves d'autres territoires, si ce n'est pas pour rentabiliser
davantage ce qu'on a déjà chez nous, on n'a pas
intérêt à faire des ententes. On a beaucoup plus
intérêt à dire à nos élèves: Allez
chercher votre option ailleurs, on va vous garantir le droit au transport et le
droit à la pension. Cela nous coûte pas mal moins cher que de
donner les services chez nous.
Si c'est une tendance qui se répand, l'accessibilité
à l'éducation sera d'autant plus difficile qu'il y a encore bien
des parents qui aiment garder près de chez eux des élèves
de 15 ou 16 ans, plutôt que de les envoyer étudier dans des
territoires un petit peu plus éloignés de leur résidence.
Je voulais vraiment attirer l'attention de la commission parlementaire sur ce
point. On n'est pas contre le fait qu'il y ait 140 ou 150 commissions, ce n'est
pas là-dessus, mais il nous semble que dans chacune des régions
administratives, on devrait retrouver, après l'intégration, des
commissions scolaires dont la taille est assez importante au niveau secondaire
pour garantir l'accessibiité à tous les services dans la
région.
Je poursuis en parlant du troisième élément
d'inquiétude qui est un petit peu plus égocentrique. Les cadres
scolaires seront sans doute parmi les catégories de personnel les plus
touchées par la réduction du nombre de commissions scolaires.
Lorsqu'on vous parlait des commissions de grande taille, ce n'est
sûrement pas au profit des membres de notre association, parce que plus
il y aura de commissions, plus il y aura de cadres. Une fois les
décisions prises à cet effet, les cadres seront les principaux
artisans de la mise en oeuvre du nouveau réseau intégré
élémentaire-secondaire. Les règles de transfert devraient
être connues dans les plus brefs délais. Nous comptons, sous ce
rapport, que ces règles garantiront aux cadres et gérants toute
la sécurité nécessaire pour qu'ils puissent participer en
toute objectivité et quiétude aux travaux menant à la
formation des nouvelles commissions scolaires.
Deuxième point, le caractère à la fois
imprécis et exhaustif de certains articles. L'article 8 portant sur la
gratuité des instruments pédagogiques nous cause un
problème. Il est indiqué que "cette gratuité ne
s'étend pas à ce qui ne peut plus être utilisé par
un autre élève après usage. " Il nous semble que cet
article prête flanc à une certaine exagération qui pourrait
prendre place si une école ou une commission scolaire devenait plus
à court de moyens financiers. Il faudrait, au minimum, mettre un
bémol afin que le matériel utilisé dans les ateliers de
formation professionnelle qu'on pense à l'esthétique, à la
coiffure, à la couture, à la cuisine, à la menuiserie,
à la soudure et celui utilisé dans plusieurs disciplines de
formation générale, tels les arts, la chimie, l'écologie,
l'initiation à la technologie et l'économie familiale, ne fassent
pas l'objet d'un coût spécifique payable par chaque
élève.
L'on comprendra que l'élève pourrait avoir une
contribution financière ou une contribution en termes de
matériel, particulièrement en art, à fournir pour certains
cours de formation générale, mais il vaudrait mieux consigner
cette possible contribution dans un règlement plutôt que dans un
texte de loi.
Les articles relatifs à la définition des services
éducatifs, parce qu'ils sont exhaustifs, deviennent en même temps
limitatifs et contraignants. L'association ne croit pas pertinent d'introduire
dans la loi de telles définitions des services, pas plus qu'ils ne sont
définis dans la loi des cégeps. Le règlement relatif au
régime pédagogique devrait permettre à la commission
scolaire de définir les services qu'elle entend dispenser selon les
besoins du milieu, tout comme l'article 53 indique que l'école dispense
des services éducatifs aux adultes sans, toutefois, les définir
davantage.
Le texte de loi est, d'ailleurs, ambigu lorsqu'il ne précise pas
la véritable autorité en matière de services de
santé et de services sociaux en milieu scolaire. Cette
ambiguïté sur les plans hiérarchique et fonctionnel est
vécue depuis une quinzaine d'années chez cette catégorie
de personnel relevant du ministère des Affaires sociales et
affectée en milieu scolaire.
De plus, toute cette section sur les services complémentaires
particuliers et autres services nous semble encore un ensemble
hétéroclite de services à dispenser. Cet ensemble est
à la fois exhaustif et limitatif. Il laissera peu de place à des
ajustements. Nous croyons que le régime pédagogique sera toujours
plus malléable et plus souple que ne peut l'être une loi et nous
suggérons de déplacer ces éléments dans le cadre du
règlement sur le régime pédagogique.
Pour appuyer davantage notre croyance que les éléments qui
doivent garantir la souplesse dans le fonctionnement devraient être
maintenus dans le seul régime pédagogique, nous demandons,
à titre d'exemple supplémentaire aux membres de cette commission
de se reporter au
quatrième alinéa de l'article 95 où il est fait
mention, dans les fonctions du directeur d'école, que ce dernier doit
transmettre, au moins cinq fois par année, un rapport
d'évaluation écrit. Ce texte, en provenance du régime
pédagogique, a été écrit dans le contexte d'un
enseignement dit annuel. Qu'en sera-t-il si, l'an prochain, la moitié
des matières dispensées au secondaire étaient
enseignées sur une base semestrielle? Autrement dit, sur l'ensemble
d'une année, un parent reçoit cinq avis écrits sur le
cheminement de l'élève. Lorsqu'un cours commence au mois de
janvier, il ne sera plus possible de donner cinq avis, il en restera deux.
C'est pour donner le cheminement d'un élève sur l'ensemble de son
cours. Comment appliquer cinq rapports écrits qui soient rentables dans
un contexte d'enseignement semestriel? C'est pourquoi on vous dit que certains
éléments devraient rester dans le régime
pédagogique qui est plus malléable et plus souple à
changer selon l'évolution du vécu scolaire, plutôt que
d'être inscrits dans un texte de loi qui est, en somme, la Loi sur
l'instruction publique qui ne se change pas facilement tous les ans ou tous les
deux ans. Voilà pourquoi, encore une fois, les trois premières
lignes de l'article 95 seraient, à notre avis, suffisantes pour
définir les fonctions du directeur d'école: "Le directeur de
l'école s'assure de l'application du régime pédagogique
établi par le gouvernement et il veille à la qualité des
services éducatifs dispensés à l'école. "
En somme, l'association considère que le projet de loi 3, dans
plusieurs de ses éléments, va à l'encontre du discours
gouvernemental qui parle de responsabilisation. Comment parler de
responsabilisation lorsqu'un projet de loi s'ingénie à faire
mention de tous les comités requis pour le fonctionnement du
réseau et qui doivent nécessairement prendre place? Qui plus est,
on les définit, on précise leur formation, leur rôle et
leurs responsabilités. Comment parler de responsabilisation de
l'école quand il faut préciser, jusque dans leurs menus
détails, les fonctions et responsabilités du directeur
d'école? Il y a - j'ai relevé cela ce matin -une trentaine
d'articles seulement sur le comité d'école qui est un
comité consultatif. Nous croyons, au contraire, qu'il s'agit de
l'introduction dans le réseau d'une rigidité qui empêchera
ce dernier d'évoluer selon son rythme et selon son vécu. Est-ce
l'expression d'un doute, comme nous le disions à la commission
parlementaire de janvier dernier, sur la vitalité et la maturité
du réseau scolaire?
M. Giard: Si vous le permettez, M. le Président, nous
aimerions soumettre certains sujets de réflexion aux membres de cette
commission parlementaire.
Nous l'avons vu précédemment, le projet de loi qui nous
est soumis prend, sous certains aspects, l'allure d'un recueil de gestion
plutôt que celle d'un texte à caractère juridique. Ainsi,
les longues nomenclatures et descriptions des services aux
élèves, les descriptions des fonctions des comités
consultatifs, celles des fonctions du directeur d'école cristallisent
des façons de faire qui, selon le dynamisme du milieu, pourraient
évoluer. Hélas, la loi permettra difficilement l'évolution
ou l'adaptation à la réalité qui, elle-même, peut
être différente d'un endroit à un autre.
En poursuivant cette analyse et comprenant, par ailleurs, qu'un texte de
loi doit prévoir et déterminer les balises pour assurer la
réalisation des mandats confiés, ne serait-il pas aussi pertinent
que certaines autres dispositions contraignantes, mais cette fois pour le
ministre et le gouvernement, viennent préciser des
échéanciers qui seraient de nature à garantir la bonne
gestion des commissions scolaires? (12 heures)
Que l'on songe ici à l'obligation, faite à l'article 260,
à la commission scolaire de déterminer un plan triennal de
répartition et de destination de ses immeubles pendant que, à
l'article 464, c'est annuellement que le ministre établit les
règles d'attribution des ressources financières. La
démonstration est facilement et rapidement faite pour expliquer que,
dans la conjoncture actuelle, la destination d'une école ou d'une partie
d'école est sujette aux disponibilités financières de la
commission. Comment donc arrimer ici l'obligation et les moyens?
Sous un même aspect, nous relions ce même article 464
à l'article 316 stipulant que la commission scolaire adopte son budget
annuel et le transmet au ministre sous la forme et la date qu'il
détermine. À nulle part, il n'est fait mention que le ministre
est obligé de promulguer les règles d'allocation au moins trois,
cinq ou six mois avant que ne soit obligée la commission par l'article
316 à transmettre au ministre son budget annuel. Le gouvernement ne
devrait-il pas, lui aussi, s'astreindre à des échéanciers
contraignants?
En contrepartie, lorsque le gouvernement convient de faire appel
à la consultation des associations ou fédérations,
à l'article 454, nul n'est besoin, pour tous ses partenaires,
d'établir des calendriers, des procédures, des restrictions. La
preuve en a pourtant été faite que la consultation menée
sur l'actuel projet de loi, par l'actuel ministre de l'Éducation,
même sans règle définie, le dialogue est possible, la
compréhension et le respect mutuel sont possibles; les parties peuvent
s'entendre et en venir à des consensus valables.
Nous souhaitons, par ailleurs, que les membres de cette commission
parlementaire puissent trouver de nouveaux éléments qui
permettraient, d'une part, d'accroître le rôle des parents
dans les décisions gouvernementales ou locales en matière
d'éducation tout en sauvergardant, d'autre part, les objectifs de
responsabilisation des gouvernements locaux que sont les commissions
scolaires.
À notre avis, M. le Président, le processus de formation
des nouvelles commissions scolaires décrit dans les articles 115
à 120 et 497, quoiqu'étant une tentative valable dans le choix
des moyens pour atteindre ces deux objectifs, s'avérera à la
longue inefficace. Nous croyons que toute dérogation à la
règle du suffrage universel est de nature à entraîner,
comme conséquence directe, la mise en place d'administration locale,
comme il en existe dans le secteur des affaires sociales ou ailleurs dans le
secteur de l'éducation.
Nous ne croyons pas, M. le Président, que cette façon de
faire soit de nature à garantir la responsabilisation des milieux. Cette
responsabilisation devrait d'ailleurs se concrétiser par la formation de
véritables gouvernements locaux, c'est-à-dire les commissions
scolaires. Nous souscrivons, d'autre part, entièrement à la
volonté ministérielle de renforcer le rôle des parents dans
la prise de décision en regard de l'éducation des jeunes et des
adultes. Dans cette perspective, nous croyons pertinent de suggérer de
nouvelles modalités à celles prévues dans le projet de
loi.
Le suffrage universel pour tous. Lors des discussions sur les
orientations du projet de loi 3, certains organismes avaient
suggéré que les parents, membres du conseil des commissaires,
soient élus au suffrage universel comme le sont les autres membres du
conseil. Nous savons que cette procédure augmenterait
considérablement la complexité des élections scolaires,
mais nous continuons de croire que cette hypothèse serait de nature
à permettre l'atteinte des deux objectifs visés:
responsabilisation du milieu et renforcement de la présence des
parents.
Dans cette recherche de moyens, nous avons tenté d'explorer
également d'autres avenues susceptibles de constituer des étapes
significatives dans cette démarche. En effet, nos réflexions nous
ont amenés à réaffirmer, d'une part, que le suffrage
universel est le meilleur moyen pour assurer la mise en place de gouvernements
locaux et éviter la formation d'administration locale. Des exemples
encore récents dans le secteur des affaires sociales nous confirment que
la responsabilisation des instances locales ne se fera sûrement pas par
la formation d'administration locale.
Nous pensons, d'autre part, qu'il existe des champs d'intervention
où les parents sont très intéressés à
exercer leur influence sans toutefois avoir accès au mécanisme
qui leur permettrait de le faire.
Un nouveau champ d'intervention. Le projet de loi 3 prévoit,
à l'article 77, que le conseil d'école est responsable de
l'élaboration et de la mise en oeuvre du projet éducatif de
l'école. Il dit également, à l'article 268, que la
commission scolaire doit favoriser la réalisation du projet
éducatif de chaque école.
Pourquoi, M. le Président, les comités de parents
n'auraient-ils pas, avec les ressources appropriées, un pouvoir
d'intervention directe sur ce mandat confié à la commission
scolaire et au conseil d'école? En plus de cette responsabilité
nouvelle confiée aux comités de parents locaux et
régionaux, il y aurait peut-être lieu de penser à former,
au niveau de chacune des commissions scolaires, une forme "de conseil
supérieur de l'éducation" à dimension régionale.
Nous pensons que si le conseil régional des parents voyait le mandat de
ses membres prolongé à deux ou trois ans, et que si ce conseil
d'éducation pouvait disposer des ressources suffisantes pour jouer un
rôle efficace dans chaque région, il y aurait là une place
importante à occuper. Si on retient, à titre de modèle, le
rôle du Conseil supérieur de l'éducation, nous pensons que
les parents pourraient y jouer un rôle prépondérant,
utiliser efficacement ce nouveau lieu de concertation et servir d'organisme
aviseur relativement aux besoins en éducation dans leur
région.
Ce sont là, M. le Président, quelques hypothèses
que nous aimerions voir approfondir davantage avant que ce projet de loi ne
vienne geler un modèle de fonctionnement pour les 15 ou 20 prochaines
années.
L'Association des cadres scolaires du Québec partage les grandes
orientations du projet de loi 3 et réitère ses positions
antérieures à savoir que les commissions scolaires soient, de
droit et de fait, considérées comme de véritables
gouvernements locaux. Elles doivent être pleinement responsables des
ordres d'enseignement primaire et secondaire en vue d'assurer à la
population des services de qualité.
L'association considère que ce projet de loi est un projet
collectif qui présente la garantie d'une meilleure cohérence sur
les plans pédagogique et administratif tout en assurant, à chacun
des niveaux d'intervention, une voie dans les décisions relatives
à la qualité des services éducatifs à offrir aux
jeunes et aux adultes.
En vous livrant ce constat positif mais aussi nos inquiétudes en
regard du projet de loi, nous avons tenté, dans une même
foulée, de vous formuler des avis et des sujets de réflexion qui
nous apparaissent essentiels à la bonne compréhension et à
l'application efficace dudit projet dans le réseau scolaire.
Nous nous réjouissons des intentions gouvernementales de
prévoir des dispositions
qui permettent de réduire certains pouvoirs et certains
contrôles gouvernementaux et d'assurer plus d'autonomie aux commissions
scolaires.
Nous réitérons à cet effet la pleine collaboration
de l'association afin que se multiplient les lieux de consultation et de
concertation qui ont été, depuis ces derniers temps,
fructueux.
Nous souhaitons enfin que les remarques que nous formulons contribueront
à l'édification d'un système d'éducation
caractérisé par l'accessibilité et la qualité des
services.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
président.
Je vais maintenant céder la parole à l'adjoint
parlementaire du ministre de l'Éducation.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
commencer par remercier l'Association des cadres du Québec d'avoir
répondu à notre invitation et féliciter ses membres en
même temps pour l'excellent mémoire qu'ils nous ont
présenté. Il s'agit d'un mémoire substantiel. Je vous
avoue que je pense qu'une deuxième lecture ne ferait pas de tort.
Malheureusement, on a eu le temps d'en faire une seule, mais on aura l'occasion
d'échanger et de vous demander des précisions sur certains
aspects du mémoire qui est aussi bien présenté. Il y a un
bilan positif que vous faites ressortir, qui est assez éloquent. Par
contre, il y a de nombreuses pages qui font état de vos réserves
et de vos inquiétudes.
Je vais commencer par vous poser un certain nombre de questions que j'ai
notées. On n'aura peut-être pas le temps d'en faire le tour,
surtout que vous touchez vraiment des questions fort importantes et fort
pertinentes.
Vous avez aussi des suggestions fort intéressantes à
faire. D'abord, la question des comités locaux. Je vais aborder cette
question pour déboucher aussi sur le rôle des parents que vous
abordez. (12 h 15)
Dans le cas des comités locaux, vous faites une critique à
savoir qu'il y a trop de précisions dans le projet de loi pour la
détermination des fonctions des comités locaux. Personnellement,
je trouve qu'il y a quand même un allégement par rapport au projet
de loi 40. Un effort a été fait dans le but d'alléger les
fonctions, la nomenclature par rapport aux comités locaux. Il y a
peut-être un effort supplémentaire à faire, par contre,
dans le cas du conseil d'école, dans le cas des comités
d'élèves, mais dans le cas du comité pédagogique et
dans le cas du conseil d'école, qui sont deux comités clés
à l'intérieur de l'école, il me semble important que leurs
fonctions, que leur rôle soient précisés pour éviter
les ambiguïtés, compte tenu encore une fois de l'importance que ces
comités jouent au sein de l'école ou, en tout cas, qu'on aimerait
leur voir jouer au sein de l'école. Si on est d'accord sur l'importance
du rôle que doivent jouer les parents au sein de l'école, il faut
être beaucoup plus précis que dans le cas des comités
d'école consultatifs, parce qu'il y a un certain nombre de fonctions qui
sont décisionnelles. Dans le cas des enseignants et dans le cas du
conseil d'école où les parents sont appelés à jouer
un rôle nouveau, nouveau, si on tient compte que les conseils
d'orientation n'ont pas très bien ou n'ont pas fonctionné, tout
simplement, il y a quelque chose de nouveau qui apparaît, quelque chose
d'important, au niveau de l'école, où des intervenants -parents,
enseignants - sont appelés à jouer, peut-être pas dans le
cas des enseignants, un rôle tout à fait nouveau, mais plus dans
le cas des parents. Mais, dans le cas où l'on veut que les enseignants
assument un rôle professionnel accru, ne croyez-vous pas qu'il est
nécessaire de préciser? Si vous trouvez qu'on précise
trop, j'aimerais que vous nous disiez où et qu'est-ce qu'on peut enlever
dans le cas des deux comités dont je parle.
M. Giard: Je voudrais revenir un peu, je pense qu'en
première lecture, je vous en félicite, vous avez bien compris la
portée de notre mémoire. Effectivement, ce que nous avons
tenté de dire, c'est que nous ne sommes pas contre ces choses. Nous
avons participé à leur élaboration - nous avons même
suggéré des comités qui sont là -excepté
que, par rapport à l'objectif d'une législation qui vise la
responsabilisation des milieux, il nous apparaît, actuellement, dans la
tendance au Québec depuis une quinzaine d'années, que
l'État a tendance à dire aux gens quoi faire, au lieu de
permettre aux gens de faire ce qu'ils doivent faire. Je prendrai comme exemple
les enseignants qui ont fait beaucoup de revendications parce qu'ils
étaient contraints, par des programmes approuvés par le ministre,
par des livres approuvés par le ministre, par un guide
pédagogique approuvé par le ministre et des examens
approuvés par le ministre. Cela laissait peu d'initiative personnelle
pour un professionnel de l'enseignement.
Dans ce cadre, pour être objectif, sans faire une critique
négative de cela, aucun gouvernement en particulier ni aucun ministre en
particulier n'a inventé cela; cela est venu de l'allure des choses. Dans
un contexte où le ministre de l'Éducation veut,
présentement, rendre les milieux responsables, il nous semble qu'il faut
plutôt mettre en place des mécanismes de concertation qui vont
garder deux éléments très importants: un caractère
de souplesse et un caractère d'adaptabilité à la
différence des milieux. Lorsqu'on suggérait, dans notre
mémoire, de prendre certains éléments du projet de
loi pour les placer plutôt dans un règlement, s'il faut
réglementer, c'est un moyen qu'on propose à cette commission,
à titre de recommandation, pour permettre à la loi d'être
à la fois plus durable et mieux adaptée aux besoins. Il faudrait
sortir un certain nombre d'éléments; ceux qui sont
nécessaires: les mettre dans un règlement, et ceux qui ne sont
pas nécessaires: les laisser à l'initiative de chacun des
milieux. Nous pensons que le gouvernement et la commission, à titre de
mécanisme de consultation, ont toute la marge de manoeuvre et toute
l'expertise requise pour définir quels sont les devoirs de
l'État, c'est-à-dire quels sont les éléments qui
doivent apparaître dans la loi. Nous recommandons qu'il y en ait beaucoup
plus dans la réglementation et qu'on en laisse aussi une bonne partie
à l'initiative locale, dans un objectif de responsabilisation.
Je ne sais pas si mes collègues ont quelque chose à
ajouter. C'est le fondement de notre prise de position.
M. Tanguay: Dans le fond, c'est plus un appel à la
souplesse. Comme on le disait au début, ce sont les articles 57 à
89, juste pour la mise en oeuvre des comités d'école, leurs
fonctions et leurs responsabilités. Comme vous dites, on les multiplie;
en adaptation scolaire, on en a; transport, on en a; comités
d'élèves dans les écoles, comité pédagogique
à la commission et dans les écoles, comités de parents au
niveau de la commission, et puis partout, même les comités
d'élèves, partout on dit: Les fonctions, les
responsabilités, le rôle qui leur est dévolu. Et puis si
toutefois les élèves, d'ici 10-12 ans, voulaient exercer d'autres
fonctions ou si on s'apercevait que les élèves ne veulent pas
jouer ces râles, est-ce que la loi ne nous obligera pas à faire
des choses qui deviendront, je dirais, inefficaces ou inappropriées?
Dans le fond, tout ce qu'on dit aux gens, c'est de ne pas figer dans le ciment
ou dans une loi des choses qui pourraient évoluer et de les laisser
évoluer dans le sens où ils pourraient le faire, permettre aussi
à un gouvernement local d'apporter cette souplesse. Et s'ils ne
fonctionnent pas comme du monde, je pense que l'ère est à la
participation et c'est partout comme cela. Des gouvernements locaux qui ne
permettraient plus, aujourd'hui, la participation, qui ne respecteraient plus
des règlements qui fixent justement le genre de participation des gens,
je pense qu'ils seraient renversés rapidement. En tout cas, c'est dans
ce style qu'on voulait le faire.
M. Leduc (Fabre): D'accord, je retiens vos recommandations de
souplesse et d'économie, cette idée qu'il y a peut-être des
éléments qui pourraient faire partie d'un règlement au
lieu de faire partie de la loi, toujours dans le but d'assouplir les
mécanismes. Mais une façon d'assouplir, par exemple - une
suggestion qui nous a été faite par quelques organismes - c'est
à l'article 104 où on définit les fonctions du
comité pédagogique. En fait, il y a trois fonctions qu'on
détermine. Je pense que ce sont les directeurs d'école qui sont
venus nous dire: Vous pourriez très bien assouplir et on pourrait
prévoir d'autres fonctions, en accord avec la direction de
l'école. On n'est pas obligé de limiter cela à trois. Je
pense que, dans ce sens-là, c'est une bonne suggestion. Cela permettrait
au milieu, peut-être, d'élargir les fonctions du comité
pédagogique face à ses besoins.
Une voix: Exactement.
M. Leduc (Fabre): C'est le genre de suggestions avec lesquelles
on est certainement d'accord.
Maintenant, le rôle des parents au niveau de la commission
scolaire. C'est intéressant. Vous faites une suggestion. À la
page 24, vous parlez du nouveau champ d'intervention des parents. Vous ne voyez
pas les parents à la commission scolaire même, c'est-à-dire
autour de la table des commissaires, prenant des décisions au même
titre que les commissaires élus au suffrage universel; mais vous
déterminez un nouveau champ d'action, peut-être pas tout à
fait nouveau, mais disons un champ d'intervention qui a des similitudes avec un
conseil d'éducation.
J'aimerais que vous nous parliez un peu de cela parce qu'il reste que
c'est à la table des commissaires que se prennent les décisions.
Quand la loi invite les parents en tant qu'organisme parental à prendre
place à la table des commissaires, on leur signifie directement qu'ils
ont un rôle à jouer au niveau des décisions qui se prennent
à la commission scolaire. Donc, c'est leur donner des
responsabilités.
Mais il me semble que vous voulez les reléguer à un niveau
consultatif. Là, je vois un peu plus difficilement, je me demande en
tout cas si ce n'est pas introduire de nouvelles possibilités de
conflits, compte tenu enfin de la demande répétée des
parents qui ont bel et bien insisté pour être un peu plus au coeur
des décisions qui se prennent à l'école et à la
commission scolaire. Je voudrais que vous nous présentiez votre point de
vue sur le rôle des parents auprès de la commission scolaire.
M. Giard: Je voudrais d'abord réaffirmer ce qu'on a
déjà dit dans un paragraphe: C'est une problématique qu'on
a eu l'occasion de discuter autour d'une table de concertation. Et, à ce
moment-là, on a dit que l'hypothèse qui était
avancée par le
projet de loi était valable mais avec une certaine réserve
quant à son efficacité. La réserve vient de deux
éléments prioritaires. Le premier élément, c'est
que souvent, quand on fait une distribution de pouvoirs ou une distribution
d'eau dans plusieurs canaux, en fin de compte, il n'y a pas un canal qui est
efficace. Si j'avais à poser une centrale électrique sur une
rivière, je choisirais certainement là où il y a un seul
affluent, je ne choisirais pas là où elle est divisée en
six ou sept parties.
Le projet de loi, dans sa bonne volonté de renforcer le
rôle des parents, ce que nous partageons d'ailleurs, nous semble mettre
les parents à beaucoup de places et leur donner peu de poignées
à chacune des places où ils sont mis. J'en donne comme exemple le
conseil d'école qui a perdu, par rapport à la loi 40,
énormément de pouvoirs. Je pense qu'il faut être conscients
de cela.
Le deuxième élément, les parents apparaissent au
niveau de la commission scolaire dans le projet de loi, à la fois comme
conseil de parents - il y avait déjà un conseil de parents au
niveau de l'école en plus du conseil d'école - et comme membres
de façon très minoritaire de la commission scolaire. Nous, selon
notre avis, quand on va regarder cela dans la pratique, les gens quand ils vont
arriver à la commission scolaire comme membres de la commission
scolaire, comme parents membres d'une commission scolaire avec droits de vote,
vont représenter qui? Ils vont avoir en arrière des gens qui leur
soufflent dans le cou, qui vont être les comités de parents des
écoles, le comité de parents régional, les conseils
d'école, etc. C'est la raison pour laquelle, même si on
considère que c'est une tentative valable, on doit dire aujourd'hui: On
pense qu'à la longue, elle va s'avérer inefficace.
Dans ce cadre, on fait une recherche pour dire: Deuxièmement, en
mettant des parents non élus au suffrage universel dans une commission
scolaire au niveau du conseil de l'administration on n'en fait non plus un
gouvernement local, mais une administration locale et les preuves sont faites
que les administrations locales ne sont pas des moyens adaptés à
la responsabilisation des milieux. Vous n'avez qu'à lire dans le Soleil
de ce matin la déclaration du président de la
Fédération des directeurs d'hôpitaux, hier, et vous allez
vous apercevoir que les administrations locales ne sont pas des modèles
idéaux pour faire des gouvernements responsables et
responsabilisés localement. Dans ce sens, on dit: Il nous faut à
la fois sauver la responsabilisation du milieu et donner aux parents des
pouvoirs d'intervention qui sont directs et efficaces. Dans ce sens, on
n'élimine pas tous les comités de parents, les conseils
d'école, etc., mais on dit: Peut-être qu'il y aurait lieu de
resituer dans un organisme de pression qui dispose de moyens et s'il y avait
besoin que la commission scolaire mette un professionnel au service du conseil
d'éducation dont on parle pendant une année qui ferait des
recherches sur l'état des besoins, qui ferait des suggestions ou
répondrait à des demandes, nous pensons que ce sont là des
préoccupations véritables des parents. Ce professionnel pourrait
combler un vide qui existe présentement, parce qu'actuellement, du
côté de la commission ce travail est fait parce que des
commissaires disposent d'employés qui peuvent faire ces recherches, mais
du côté des parents, ils ne bénéficient pas en
contrepartie du support requis pour y mener des études et faire des
interventions efficaces. C'est dans ce sens que nous en parlons.
M. Leduc (Fabre): Juste une précision à ma question
à la suite de votre intervention.
Il me semble que si j'étais parent, je le suis, mais membre d'un
comité de parents au niveau de la commission scolaire, je trouve votre
suggestion intéressante sauf qu'au niveau du comité de parents,
qu'est-ce qui m'empêche de le faire? Rien, il me semble. Je peux
très bien mettre en place ce conseil d'éducation qui serait une
émanation du comité de parents qui existe et qui continuera, on
l'imagine, d'exister. Au fond, il me semble que c'est plus une terminologie
nouvelle qu'une réalité nouvelle dans le sens où les
comités de parents ont toujours été, d'abord, un organisme
de pression et, deuxièmement, ils ont toujours pu, et ils peuvent le
faire davantage s'ils le veulent, donner leur avis sur les politiques de la
commission scolaire. Je ne vois pas exactement, sauf en termes de vocabulaire,
ce que cela vient véritablement changer en termes de rapport avec la
commission scolaire par rapport à ce qu'un comité de parents peut
faire présentement et qu'il pourra faire dans le projet de loi 3.
M. Giard: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vais demander à mon collègue, M. Tanguay, de reprendre un peu et
peut-être sous une autre forme ce que j'ai essayé d'expliquer tout
à l'heure.
M. Tanguay: Dans le fond, dans nos écoles on dit des fois:
Quand un prof n'est pas capable de faire comprendre, c'est parce qu'il a mal
expliqué. Il faut qu'il y en ait un autre qui se réessaie. J'ai
aussi envie de partir avec une petite farce en disant que les cadres dans les
commissions scolaires n'ont pas de pouvoir. Ils ne s'en plaignent pas dans la
mesure où ils ont encore de l'influence. Les parents n'ont pas de
pouvoir, mais ils n'ont pas d'influence non plus. Ce qu'on veut faire, c'est de
leur donner de l'influence.
Je veux seulement imaginer un peu
comment cela pourrait se passer. Je vis des comités de parents
chaque année et je respecte les gens qui sont là. Il faut qu'on
leur fasse l'école du mois de septembre au mois de décembre ou
janvier pour leur expliquer comment fonctionne une commission scolaire - parce
que cela change chaque année - comment fonctionne l'école, quels
sont les services que l'on donne à la commission, à quel moment
tombe le budget de la commission, les orientations de la commission, bon,
à quel moment cela arrive, de sorte qu'on arrive au mois de janvier
avant que ce soit efficace et au mois de mai, après trois
réunions, soit en février, mars et avril, ils s'en retournent en
élection. Cela fait que "just too bad".
Ce qu'on pense en disant: Donnez-leur deux ou trois ans aux
comités de parents, ils vont apprendre le fonctionnement comme du monde.
Deuxièmement, ils se présentent devant le conseil des
commissaires et disent: On aimerait cette année faire une couple
d'études. L'intégration des élèves à la
commission se fait comment? Est-ce que cela se fait avec succès? Est-ce
que les élèves sont satisfaits de cela? Y a-t-il des bonnes
retombées de cela? Est-ce efficace? Vous parlez de la douance dans notre
commission scolaire, est-ce qu'il y a eu des études de faites? Est-ce
que les élèves en veulent? Comment les professeurs veulent cela?
Une fois qu'ils ont sorti cela, on dit: On en aurait besoin pour faire notre
étude, parce qu'il ne faut pas se le cacher qu'ils n'en ont pas de
moyens. Même si vous dites qu'ils en ont, ils n'en ont pas. Les
commissaires ont les moyens, ils ont toute l'administration derrière eux
comme moyens, mais les parents sont six, sept, huit, dix ou douze sans moyens.
Ils ne se revoient pas avant un mois. Mais s'ils disaient au conseil: On
propose deux sujets d'étude; on aimerait avoir la valeur d'un ou deux
hommes ou femmes dans l'administration de la commission ou des écoles
qui puissent nous aider à conduire cette étude, au mois de
décembre ou janvier ils viennent présenter le rapport au conseil
et si cela a des incidences sur le budget, ils peuvent arriver au bon moment
pour avoir l'influence sur le budget. Je pense que l'autorité morale
d'un conseil comme celui-là au niveau local sera d'autant plus fort
qu'il serait proche, qu'il ne serait pas lié au pouvoir directement,
mais dont le pouvoir ne pourrait pas faire fi parce qu'il n'est pas
représentatif du pouvoir comme tel ou de gens qui sont revendicateurs
d'une chose ou d'autre. C'est pour cela que l'on pense que dans un
modèle comme celui-là il pourrait y avoir vraiment une influence
et une autorité de compétence, dans le fond, qui pourrait
être reconnue au comité de parents par le biais de gens qui
pourraient s'accrocher à eux sur des études
particulières.
M. Leduc (Fabre): Donc, cela se précise. Remarquez que je
trouve cela intéressant comme approche. L'organisme n'est
peut-être pas nouveau: conseil d'éducation ou comité de
parents, mais, enfin, il y a une approche qui est quand même nouvelle
jusqu'à un certain point. Je vous remercie de cette suggestion. On va
certainement y réfléchir. Je voudrais passer à une autre
question. Est-ce que j'ai le temps?
Malheureusement, ce sera une dernière question. J'en avais
beaucoup d'autres, mais... Cela touche les territoires des commissions
scolaires. Dans votre mémoire, vous parlez de la nécessité
de maintenir des territoires suffisamment grands, c'est-à-dire
suffisamment populeux, j'imagine, pour offrir des services efficaces aux
élèves. Vous parlez surtout au chapitre de la formation
professionnelle, enfin, de services comme les... On pense aux programmes
d'insertion sociale et professionnelle des jeunes, de leur offrir des
écoles pour raccrocheurs, enfin, des services de ce genre. Je n'ai pas
vu de recommandations précises à cet égard. Qu'avez-vous
à dire? Je pense qu'on est d'accord avec vos idées
là-dessus, mais pourriez-vous préciser davantage? J'imagine que
ce n'est pas seulement pour nous sensibiliser que vous avez indiqué dans
votre mémoire un message beaucoup plus précis... J'aimerais que
vous nous le passiez plus directement. (12 h 30)
M. Giard; On pourrait faire deux choses, si vous voulez. Il y a la
problématique qu'on voudrait bien redéfinir et, ensuite, on
pourrait passer à nos recommandations. Je ne sais pas si M. le
Président...
M. Leduc (Fabre): Compte tenu de l'importance du sujet... Cela ne
touche pas directement au projet de loi, mais c'est tout de même un sujet
fort important que vous abordez et vous avez tout de même
l'expérience du milieu, ça pourrait éclairer la
commission.
M. Giard: Cela nous ferait plaisir de le faire, si M. le
Président le permet.
M. Tanguay: Dans le fond, il y a trois éléments
qui... Je m'excuse, je recommence. Quand on a regardé les gens qui se
présentaient ici à la commission parlementaire, on se disait
qu'il n'y aurait sûrement pas grand monde qui se prononcerait sur les
territoires, parce que tout le monde était un peu lié avec son
milieu pour venir définir la grandeur d'un territoire. Cela, on ne se le
cache pas.
Deuxièmement, on regarde les contrats de services que les
commissions scolaires doivent garantir pour tous les élèves.
Maintenant, on arrive avec tous nos élèves
qui ont des cheminements particuliers en formation
générale, des élèves qui sont doubleurs, des
élèves qui ont besoin de récupération majeure, des
élèves qui sont au secondaire pratique, des élèves
qui... Ces élèves, on va essayer de les concentrer dans des
groupes qui sont plus restreints, c'est-à-dire des groupes de 18 ou 20
au maximum.
Ces élèves sont, en règle générale,
considérés comme des élèves de la formation
générale, donc qui doivent rentrer dans des moyennes de 30 ou 32
élèves au niveau de la commission. Dans l'ensemble de la
formation générale, il faut qu'on touche autour de 30 ou 32
élèves dans une commission pour pouvoir arriver avec notre
paramètre, qu'on appelle, le nombre de profs qui sont garantis à
une commission en fonction de la clientèle.
Nous, on prétend que l'intérêt d'une commission
scolaire sera d'abord de garantir les meilleurs services pour ces
élèves. Une fois qu'ils auront garanti les services pour ces
élèves, la marge de manoeuvre pour donner d'autres services, pour
l'adaptation scolaire... Je parlais de l'enseignement régulier, la marge
de manoeuvre dans ces paramètres, dans les paramètres d'une
commission, pour donner des services en adaptation scolaire et en formation
professionnelle, tout à l'heure, on aura des élèves qui
prendront deux ans, un an, trois ans de formation professionnelle,
peut-être même quatre ans dans certains types de cheminement.
Quand on regarde jusqu'à quel point ce sera complexe, il faudra
absolument que la commission scolaire puisse avoir un bon bassin de population
pour donner ces clientèles. Si une commission scolaire en particulier
n'a pas le bassin, il faut que près d'elle il y ait des commissions
scolairs qui, elles, puissent recevoir ces élèves sans que
ça crée un alourdissement de leur clientèle. L'exemple que
je donnais tout à l'heure, c'est celui-là.
Je vais prendre la CECQ. La CECQ a fermé, depuis trois ou quatre
années, plusieurs options professionnelles. Pourquoi? Parce qu'elle
s'est aperçue que ça alourdissait tellement ses clientèles
qu'elle n'a plus d'intérêt d'aller chercher les
élèves d'autres commissions pour donner ces services. Si les
territoires plus importants de certaines grandes commissions scolaires
régionales qu'on a actuellement dans la province étaient
fractionnés en deux, trois, quatre ou cinq parties, aucune d'entre elles
n'aurait intérêt à garder des formations professionnelles
plus pointues parce qu'elles leur coûtent trop cher.
Dans chacune de ces formations professionnelles, il n'y aura pas assez
d'élèves de sa commission qui sont inscrits dans ce programme de
formation. Ils peuvent compléter leur groupe aux aléas des
années dans la mesure où il y a des ententes et dans la mesure
où il vient des élèves d'autres commissions. Tout
ça, ça oblige une commission, quand elle a ouvert une option,
à la garder l'année suivante, quand elle est rendue à huit
ou neuf élèves. Vu que c'est un vase communicant, l'article I des
règles de financement pour les enseignants, ce sont des vases
communicants, le nombre de groupes, le nombre de profs, la moyenne
d'enseignement, ce qui arrive, c'est que c'est la formation
générale qui paie la facture pour des groupes qui sont
insuffisants en formation professionnelle.
Nous, ce qu'on dit là-dedans, on voudrait qu'avant qu'il y ait un
placet sur les cartes, que le ministre fasse une analyse plus macroscopique de
chacune des régions du Québec, autant la région de Rouyn
que la région du Saguenay, que la région du Bas-Saint-Laurent,
que la région de Québec, que la région de Sherbrooke, de
Trois-Rivières-Shawinigan, pour ne pas que, sur aucun de ces
territoires, il y ait trop de petites commissions et pas assez de commissions
qui puissent donner l'accessibilité à l'ensemble des services.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas 140 commissions. Mais cela veut dire
qu'on garantit dans chaque région des commissions dont la taille est
assez importante pour diversifier ces services.
M. Leduc (Fabre): J'imagine que vous n'êtes pas en mesure
de donner un chiffre moyen - cela est trop difficile - pour offrir des services
valables...
M. Tanguay: On peut vous dire qu'une clientèle scolaire,
secondaire qui est autour de 10 000 élèves peut garantir une
bonne diversité de services.
M. Leduc (Fabre): Environ 10 000 chacune.
M. Tanguay: Oui, au secondaire.
M. Leduc (Fabre): Au secondaire. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député d'Argenteuil et vice-président de la
commission.
M. Ryan: Merci. Je vous salue avec plaisir, je pense que le
mémoire dont vous nous avez donné communication, ce matin, nous a
rappelé quelques-uns des meilleurs moments que nous avions vécus
l'hiver dernier à l'occasion des audiences de la commission sur le
projet de loi 40. Vous vous souvenez sans doute qu'à l'issue d'une
première présence que vous aviez faite, nous vous avions
demandé de préparer des documents complémentaires qui
devaient éclairer davantage la commission. Vous nous aviez fait part de
ces documents
complémentaires vers la fin des travaux de la commission. Et,
dans l'ensemble, les observations que vous nous aviez communiquées
avaient été extrêmement utiles. Je pense pouvoir vous dire
- après avoir été présent à ces audiences
autour du projet de loi 3, depuis mardi dernier - que le mémoire que
vous nous soumettez ce matin est l'un des plus précis, l'un des plus
utiles que nous ayons reçus et c'est un point sur lequel je suis
très heureux d'être d'accord avec le député de
Fabre.
Un des passages les plus importants de votre mémoire, à
mon point de vue, se trouve à la page 20, lorsque vous dites ainsi que
vous en avez fait la démonstration sur plusieurs sujets: Le projet de
loi qui nous est soumis prend, sous certains aspects, l'allure d'un recueil de
gestion plutôt que celle d'un texte à caractère
légal ou juridique. J'écoutais la discussion que vous amorciez,
M. Tanguay, avec le député de Fabre au sujet des commissions
scolaires. Un des paradoxes de la situation dans laquelle nous nous trouvons,
c'est que là nous allons probablement avoir un débat pour savoir
si les tablettes de ci et de ça vont entrer ou non dans le projet de
loi? Et toute l'affaire des commissions scolaires, ce n'est pas du tout sujet
à discussion. C'est toute une affaire qui se manipule entre les
fonctionnaires, le ministre et les commissaires d'école et certaines
associations comme la vôtre, mais les députés sont
laissés complètement en dehors du processus. On est des vrais
eunuques de ce point de vue.
C'est pour cela que nous insistons avec vigueur pour que le ministre
dépose sur la table, avant l'adoption du projet de loi, le projet de
carte scolaire qu'il veut donner au Québec. Les communiqués... Je
vois M. le sous-ministre Rousseau, qui est ici - je pense que je peux dire cela
publiquement - je l'ai appelé l'autre jour parce qu'il y avait un
problème qui se posait dans un des territoires dont vous avez
parlé dans votre réponse tantôt. Je voulais avoir une
réponse à la question qui a été posée par le
député de Fabre. Est-ce que vous avez des critères au
point de vue du bassin d'élèves que cela prend pour instituer ces
futures commissions scolaires? M. Rousseau m'a dit: On n'en a
déjà eu, mais on en a de moin3 en moins. Parce qu'on veut
chercher l'assouplissement, l'adaptation à telle ou telle situation. On
ne peut pas marcher dans un système en n'ayant pas de critère
dans ce domaine. Il y en a qui sont implicites s'ils ne sont pas
explicites.
Je pense que de ce point de vue, les parlementaires auraient
énormément à apprendre et, deuxièmement, à
contribuer si on voulait seulement mettre la table comme il le faut, laisser
tomber tout un paquet de dispositions secondaires. Que le comité
consultatif de ci ou de ça ait quatre, cinq ou six attributions
définies dans la loi, je m'en balance pas mal. Parce que je me dis,
comme vous avez dit tantôt, que si l'esprit de consultation est
là, avec un paragraphe de trois lignes, on va faire des prodiges et si
l'esprit de consultation n'y est pas, avec six paragraphes, on ne fera rien de
bon.
Par conséquent, c'est peut-être le passage de votre
mémoire auquel j'attache le plus d'importance ce matin. Et j'ose
formuler le voeu que le gouvernement accepte, au stade de l'étude en
comité, de réexaminer sérieusement son projet de
manière à l'alléger au maximum. Qu'on conserve l'esprit,
mais qu'on se débarrasse de toutes ces prescriptions
détaillées qui ressemblent bien plus à l'ancienne loi, aux
covenants de l'Ancien Testament que vraiment à une loi souple et
efficace qui devrait permettre au système d'enseignement de fonctionner
avec une diffusion maximale de la responsabilité à tous les
échelons. Je pense que la preuve a été faite en noir sur
blanc. J'en suis personnellement un peu soulagé d'entrer dans les
audiences de cette commission avec un préjugé favorable, mais je
n'avais pas été aussi frappé que je le suis après
quatre jours de constater que cet esprit de lourdeur bureaucratique qui
était présent dans la première version l'est resté
passablement dans celle-ci malgré toutes les améliorations dont
vous avez parlé et que nous sommes très heureux, nous aussi, de
constater.
Deuxième point, vous avez parlé de la dimension
confessionnelle, à la page 15. Vous avez dit en termes succincts: Le
premier élément d'inquiétude au sujet des nouvelles
commissions scolaires, et le plus important, serait sans doute d'être
amenés à défaire demain ce que nous aurons bâti
aujourd'hui. Aussi, faudrait-il que le gouvernement s'assure qu'il a vraiment
l'autorité au plan constitutionnel pour former, sur tout le territoire,
des commissions scolaires linguistiques.
Je me permets de vous adresser une question. J'ai d'autres observations
à faire, mais je voudrais qu'on dispose de cette question tout de suite
et assez rapidement, si vous y consentez, évidemment. Le meilleur moyen
pour le gouvernement de s'assurer de la validité de son projet au plan
constitutionnel ne serait-il pas de faire dans les meilleurs délais un
renvoi à la Cour d'appel pour qu'on sache à quoi s'en tenir une
fois pour toutes ou si vous émettez un voeu pieux auquel vous n'attachez
pas de forme concrète d'intervention? Je pose la question aussi durement
que possible, parce qu'il y a un autre organisme qui est venu, il y a quelques
jours et j'ai été un peu poli. Jai relu la réponse deux
jours après et il n'y avait pas grand-chose de clair.
M. Giard: Cela ne veut pas dire que
cela va être plus clair aujourd'hui. M. Ryan: Pardon?
M. Giard: J'ai dit: Cela ne sera peut-être pas plus clair
aujourd'hui. Ce qu'on dit dans notre mémoire, c'est qu'il nous
apparaît qu'avant d'adopter une loi de l'envergure du projet de loi 3, il
devrait y avoir une validation juridique pour ne pas être appelé
à défaire demain ce qu'on fait aujourd'hui. On recommande au
gouvernement toute la prudence qui, à notre avis, est de mise dans une
telle situation. C'est dans ce sens-là. Je pense que notre texte est
clair. Peut-être que la réponse ne vous satisfait pas, mais on ne
peut pas faire autrement que d'espérer que le gouvernement prendra
toutes les mesures nécessaires pour s'assurer de la
légitimité - non pas le gouvernement, mais l'Assemblée
nationale - de l'exercice de sa fonction, mais il n'appartient pas à
l'association des cadres, je pense, de dire à l'Assemblée
nationale quoi faire. Je pense que dans un contexte de responsabilisation, sans
qu'il n'y ait rien d'écrit et que le texte soit très long, les
gens seront capables de prendre les décisions nécessaires.
M. Ryan: Ah oui! Nous les prendrons.
Au sujet du suffrage universel, j'ai bien apprécié
l'insistance que vous mettez sur le maintien du suffrage universel comme
condition essentielle du maintien de la responsabilité des commissions
scolaires. J'ai cru comprendre en lisant les passages que vous consacrez
à cette question que vous n'êtes pas trop favorables à
l'élection d'un tiers de parents comme commissaires d'école par
la voie qui est proposée par le gouvernement. Vous êtes un peu
sibyllins là-dessus. Vous m'éclairerez si je vous
interprète un peu trop libéralement. Je voudrais vous demander
d'abord si j'ai bien compris. Est-ce le suffrage universel véritable ou
le suffrage universel teinté d'autres formes de suffrage?
M. Giard: M. Lapierre va vous éclairer
là-dessus.
M. Lapierre: Nous répétons ce que nous avons dit
à la première commission parlementaire. Le véritable moyen
de responsabiliser le milieu, c'est de donner un gouvernement local. Or, un
gouvernement local détient son mandat de la population. Par ailleurs,
ayant participé aux tables de concertation, nous sommes avec le
gouvernement au pouvoir conscients de l'importance d'impliquer ou d'engager les
parents dans le système d'éducation. Le moyen que l'on
suggère, c'est peut-être le moyen de véritablement
valoriser le rôle des parents. Pour assister régulièrement
aux réunions des commissaires d'école, de par ma fonction et en
considérant le projet de loi, d'autre part, où je regarde le
rôle qui est donné aux enseignants au comité
pédagogique régional, les enseignants risquent de jouer un
rôle beaucoup plus valorisant en matière de méthodes
pédagogiques, d'instruments pédagogiques que les parents n'en
joueraient à un conseil d'administration. Je fais
référence à l'ancienne loi qui avait permis aux parents
d'être consultés sur des sujets bien précis dont, entre
autres, la consultation obligatoire sur une fermeture d'école. Combien
de parents se sont sentis valorisés lorsqu'ils ont eu l'occasion de
contester des décisions de commissaires d'écoles parce que la
consultation n'avait pas eu lieu ou que la consultation avait été
fautive ou défaillante. Là, c'était pour eux autres une
véritable valorisation. C'était vraiment une prise de part
entière à l'administration de la commission scolaire, mais dans
un domaine qui leur tenait à coeur. (12 h 45)
Ce qu'ils veulent les parents, que je sache, c'est vraiment jouer un
rôle important, fondamental, majeur en matière d'orientation des
écoles, en matière de projet éducatif. Je ne crois pas que
les parents cherchent à venir déterminer quel sera le fournisseur
de bois, de métal ou de peinture. Par leur représentant, ils ont
connaissance de, etc. Cela ne les dérange pas. Leur souci fondamental,
leur souci premier, c'est vraiment de caractériser, de colorer
l'école, de colorer le projet éducatif. Ce qu'on dit:
Répondons à leurs attentes parce qu'il me semble,
personnellement, que ce sont les attentes des parents. C'est d'avoir un moyen
de freiner et avoir un moyen d'intervenir directement sur des sujets
précis. Non pas sur l'ensemble de l'administration. Mais sur des sujets
précis. Et le sujet précis, c'est la qualité de
l'école. C'est ça qu'ils veulent. Lorsqu'on parle d'un conseil
d'éducation, on croit que par ce moyen en leur donnant forcément
cependant les pouvoirs, en leur donnant forcément les ressources, on
croit que les parents pourraient jouer un rôle équivalent à
celui des enseignants en matière de méthodes pédagogiques,
etc.
M. Ryan: Votre réponse... Oui, monsieur.
M. Giard: Permettez, juste une petite précision. Je
voudrais qu'on soit très clair là-dessus. Nous sommes contre
rien. Nous cherchons de nouvelles voies pour accroître le pouvoir
d'intervention des parents dans ce système, parce qu'on croit que c'est
véridique. Toutefois, nous disons que dans la pratique, si on amenait un
parent élu à l'Assemblée nationale, cela ne changerait pas
grand-chose dans les décisions qui se prennent à
l'Assemblée nationale. Je ne suis pas sûr que tous les membres de
l'Assemblée
nationale seraient très heureux. D'autre part, on sait par
exemple que le rapport du Conseil supérieur de l'éducation, sur
certains sujets, influence d'une façon systématique et continue
le gouvernement dans ses prises de position. Il nous apparaît - c'est
d'une façon très positive - qu'un modèle d'intervention
comme cela dans un milieu pourrait peut-être, jusqu'à un certain
point, répondre à cette volonté qu'ont toutes les parties
d'accroître le râle des parents dans le milieu local.
M. Ryan: Si j'ajoutais à votre réponse: je pourrais
répondre à cette volonté mieux que ce que propose le
projet gouvernemental, est-ce que je serais injuste à l'endroit de votre
pensée?
M. Giard: Nous ne voudrions pas faire de comparaison...
M. Ryan: Il ne faut pas avoir peur d'être contre des
fois.
M. Giard:... sur des hypothèses. Je pense que...
M. Ryan: C'est plus que des hypothèses.
M. Giard:... on dit que l'avancé gouvernemental est une
hypothèse valable. Je pense qu'il faut dire cela honnêtement. Nous
mettons sur la table une hypothèse. Ce que nous ne voudrions pas, c'est
que le projet de loi gèle pour les 20 prochaines années une
méthode qui est strictement expérimentale actuellement. Qu'on se
donne un peu de latitude dans ce dossier.
M. Ryan: Si je résume en disant que pour la formation des
commissions scolaires -je ne m'inquiète pas de tout le reste pour le
moment - vous autres, ce que vous voulez, c'est le suffrage universel, je pense
que j'ai bien compris.
M. Giard: Nous aimerions que si, demain matin, le projet de loi
était adopté, tous les gens qui sont au conseil des commissaires
soient élus au suffrage universel malgré les difficultés
que peut représenter l'élection des parents au conseil des
commissaires au suffrage universel.
M. Ryan: Vous êtes au courant, comme moi, que parmi les
commissaires d'école, il y en a déjà à peu
près 75%, 80% qui sont des parents. Par conséquent, il n'y a pas
péril en la demeure de ce côté.
M. Giard: Nous n'aurions aucune espèce d'objection
à ce que les parents soient présents au conseil des commissaires
à condition qu'ils soient élus dans un contexte de suffrage
universel comme d'ailleurs d'autres organismes l'ont déjà
suggéré.
M. Ryan: Très bien. Une dernière question. À
la page 22 vous écrivez ceci: "À notre avis, le processus de
formation des nouvelles commissions scolaires décrit dans les articles
115 à 120 et 497, quoique étant une tentative valable dans le
choix des moyens pour atteindre ces deux objectifs, s'avérera, à
la longue, inefficace". Je ne sais pas, je ne suis pas sûr que ce soient
les bons numéros dans le projet de loi, article 115 à 120.
Une voix: C'est la constitution...
M. Ryan: Je ne sais pas si vous pourriez identifier les
numéros comme il faut et me dire en quoi va être inefficace le
processus de formation des nouvelles commissions scolaires.
M. Giard: La composition d'une commission scolaire, aux articles
115, 116, 117, 118, le nombre de quartiers, etc., la formation, et l'article
dit quand cela va se faire dans le temps, si ma mémoire est bonne.
M. Tanguay: Ce sont plutôt les articles 115 et 120, parce
que dans les éléments 115 et 120 c'est là qu'on voit des
représentants de parents en adaptation scolaire, c'est à ces
chapitres.
M. Ryan: Très bien, je m'excuse, cela marche.
M. Giard: À partir de là, quand on dit "à la
longue, inefficace", l'inefficacité est par rapport aux objectifs qu'on
a déclarés. Les deux objectifs sont, premièrement,
responsabilisation du milieu; deuxièmement, accroissement du rôle
des parents. Je pense que la preuve est déjà faite dans le reste,
j'en ai déjà parlé tantôt, je ne veux pas me
répéter, que les administrations locales ne sont pas un moyen de
responsabiliser le milieu. Nécessairement, en y mettant la formule
2/3-I/3, on fera davantage une administration locale qu'un gouvernement local.
C'est dans ce cadre qu'on dit cela.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Messieurs, vous êtes favorables
à la division linguistique plutôt que confessionnelle au niveau
des commissions scolaires. Nous, également, sommes de cet avis mais je
voudrais savoir, surtout en tenant compte de l'article 80, comment vous voyez
l'application de cette règle? Les écoles, oui, je pense qu'on
peut parler d'écoles confessionnelles plutôt que de structures.
Est-ce que vraiment on va
atteindre le but qu'on vise? Est-ce qu'il sera possible d'avoir des
écoles confessionnelles? Je ne vous cache pas que le mécanisme,
je ne sais pas ce que cela sera au juste, m'inquiète. Est-ce que
vraiment on va avoir des écoles confessionnelles? Je ne sais pas si vous
avez fait une simulation, mais je serais très intéressé
à savoir ce que vous en pensez.
M. Giard: Nous n'avons pas fait d'étude
détaillée de cela, mais dans le langage qu'on a tenu au mois de
janvier et qu'on tient encore aujourd'hui, nous, nous sommes des gens qui font
fondamentalement confiance dans l'initiative des personnes qui ont à
trouver des solutions dans leur propre milieu. Ce qu'on a continué de
répéter et qu'on continue de répéter encore
aujourd'hui, c'est qu'il faut que la législation soit réduite au
minimum, la réglementation réduite au minimum et qu'on laisse
donc les gens prendre les responsabilités dans chacun des milieux.
Dans ce cadre, je dirai que la lecture de l'article 80 ne nous a pas,
nous autres, causé de problèmes majeurs parce qu'il semble qu'il
n'y en aurait même pas besoin d'article, actuellement. Il y a des gens
qui trouvent des solutions dans des milieux culturels disparates, dans des
écoles confessionnelles, etc., et il y a des directeurs d'école -
on en a entendu parler ce matin -qui trouvent des solutions et cela existe dans
tous les milieux au Québec, alors que la législation,
actuellement, est très large par rapport à cela.
L'article 80 n'a pas présenté, pour nous, une menace
considérable. Maintenant, peut-être qu'on n'a pas fait une analyse
assez systématique.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous croyez qu'on va pouvoir appliquer
ce principe au niveau des écoles. On va pouvoir répondre à
la volonté de la très grande majorité des parents, que
cette école soit vraiment une école confessionnelle.
M. Lapierre: Je pense, M. le député de
Saint-Laurent, que la réponse, vous l'avez. C'est justement le point
culminant de l'importance des parents dans le système
préconisé par la loi 3. Au niveau du conseil d'école - on
y souscrit, on l'a dit - les parents joueront vraiment leur rôle en
donnant la couleur de l'école selon qu'ils désireront donner
cette couleur de l'école, que ce soit une couleur catholique, une
couleur protestante ou une couleur juive. La majorité de parents
déterminera cette couleur. C'est heureux qu'il en soit ainsi parce que
cela garantira aux parents que l'école respectera leur tendance
religieuse.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites: on n'a pas besoin de tous
les comités ou conseils qui sont dans le projet de loi. Vous dites qu'on
doit s'assurer que les parents aient un droit de parole, droit au chapitre au
niveau de la commission scolaire. Je vous rejoins beaucoup là-dessus.
Comment peut-on s'assurer qu'on aura cette représentation au niveau de
la commission scolaire si on adopte le suffrage universel? Est-ce qu'on devra
avoir deux catégories de commissaires lors du suffrage universel? Est-ce
qu'on devra se présenter sous la bannière de parents? Je
recherche aussi la formule. Je vous rejoins là-dessus. Je me dis que si
on peut s'assurer qu'il y aura des parents au niveau des décisions, cela
me satisfait. Quelle est la formule cependant? Je pense qu'on devrait
peut-être établir cette formule avant d'aller trop loin.
M. Giard: Je pense que vous partagez avec nous la
problématique. Si on avait eu ce matin une formule qui avait
répondu aux deux objectifs, on l'aurait mise sur la table avec beaucoup
de plaisir. Je pense que cela aurait répondu à vos attentes.
Ce qu'on a essayé de faire, et je pense que les autres
partenaires de l'éducation devraient faire de même, y compris les
membres de la commission parlementaire, c'est de trouver des avenues qui
permettraient à la fois de répondre à la
responsabilisation des milieux et d'accroître le rôle des
parents.
On ne pense pas que c'est la mer à boire, mais on a mis là
une formule qui pourrait être un modèle qui vaudrait la peine
d'être discuté avec les parents avant de prendre position d'une
façon définitive à savoir quel sera le modèle.
Notre ferme conviction dans un sujet comme cela, c'est que si tous les
gens qui sont impliqués, directement ou indirectement, faisaient un
effort pour essayer de trouver une formule ou un moyen qui répondrait
à l'atteinte des deux objectifs, on aurait probablement, finalement, la
solution qui, en novembre 1984, s'avère la meilleure. Il faudrait en
même temps que l'Assemblée nationale soit suffisamment prudente
pour dire: Nous ne gelons pas cette formule-là pour les 20 prochaines
années, nous allons permettre qu'une formule évolue pour qu'elle
continue à refléter la recherche et l'évolution du milieu
par rapport aux moyens à choisir pour l'atteinte des deux objectifs.
M. Leduc (Saint-Laurent): À partir de cela, est-ce que
vous feriez disparaître le conseil d'école?
M. Giard: Non.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous le maintenez quand même avec
des pouvoirs décisionnels tels qu'insérés dans le projet
de
loi.
M. Giard: À mon avis, il y a un mécanisme au niveau
de l'école qui n'est pas contesté, qui permet aux parents
d'intervenir davantage. Je ne vois pas ce qui pourrait justifier qu'à un
moment donné on retire un mécanisme qui semble satisfaire les
gens actuellement et qui répond à l'objectif.
Je pense qu'un conseil d'école vient responsabiliser
l'école et aider les parents à participer davantage. Donc, je ne
peux pas vous répondre d'autre chose que non à la question que
vous me posez.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je vous rejoindrais peut-être
s'il n'y avait pas deux niveaux de décision. Vous avez bien pris
connaissance du projet de loi qui dit que le conseil d'école
détermine, adopte, approuve... Ce n'est pas une ligne d'avis, c'est une
ligne de décision. Ce sont des pouvoirs décisionnels. Vous seriez
d'accord pour maintenir ces pouvoirs décisionnels? Autrement dit deux
niveaux de décision.
M. Giard: Dans les domaines de leurs compétences, il faut
bien lire cela. Un grand chapeau est mis dans ce projet de loi qui fait qu'on a
fait un bilan positif de cela. Le grand chapeau dit que les personnes ont des
responsabilités mais elles travaillent à l'intérieur d'un
cadre défini, par une commission qui regroupe l'ensemble de ces... Les
comités d'école vont donc travailler à l'intérieur
des règles, réglementations générales que la
commission qui, en fait, et l'ensemble des écoles, s'est données.
À partir de là, on ne fait peut-être pas une lecture
suffisamment articulée du projet de loi, mais notre avis est nettement
à savoir que lorsqu'un mécanisme peut favoriser deux
éléments, la responsabilisation des personnes et la participation
des gens, il faut être pour ce mécanisme.
M. Leduc (Saint-Laurent): Comme il n'y a pas de lien organique
entre les deux, entre le conseil d'école et la commission scolaire, moi,
j'ai beaucoup de difficulté à accepter le conseil d'école
parce que la commission scolaire doit répondre vis-à-vis de
l'électorat, alors que le conseil d'école va répondre
vis-à-vis de qui?
M. Giard: Il va répondre dans les objets de sa
compétence. Et à moins qu'on en fasse une lecture, nous autres,
je le dis encore, notre lecture n'est peut-être pas bonne, mais
actuellement on n'y voit pas de menace particulière de ce
côté.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il n'a pas de commettants, le conseil
d'école; alors que le conseil de la commission scolaire a
été élu par des commettants. Alors, ça va. M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Saint-Laurent.
Il ne me reste qu'à remercier les représentants de
l'Association des cadres scolaires du Québec pour avoir bien voulu
participer à cette consultation particulière sur l'enseignement
primaire et secondaire public. Je crois que les membres de la commission ont
apprécié l'échange d'opinions qu'ils ont eu avec vous et
ils vont sûrement en tirer un grand bénéfice pour
l'étude, dans les prochains jours, détaillée du projet de
loi 3. Merci et bon retour.
La commission va suspendre ses travaux jusqu'à 13 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h I)
(Reprise à 13 h 57)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
FCPPQ
Je demanderais à nos invités s'ils voudraient bien
s'avancer. La commission parlementaire de l'éducation et de la
main-d'oeuvre reprend sa consultation particulière cet après-midi
sur le projet de loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public au
Québec. Nous accueillons maintenant la Fédération des
comités de parents de la province de Québec. Je voudrais saluer,
au nom des membres de la commission, les porte-parole de la
Fédération des comités de parents et leur dire, d'abord,
que nous apprécions grandement qu'ils aient accepté notre
invitation de participer à cette consultation particulière. Nous
savons que les délais étaient relativement courts et que vous
avez dû faire des prouesses pour pouvoir arriver dans les délais.
Nous l'apprécions d'autant. Mais nous étions convaincus que votre
point de vue était important pour la suite de l'étude du projet
de loi 3.
Je vous indique que nous avons une heure et trente pour la discussion;
dans la mesure où vous prendrez peu de temps pour la présentation
initiale, cela permettra aux membres de la commission d'avoir plus de temps
avec vous pour discuter et approfondir certains éléments de vos
points de vue. Donc, sans plus tarder, je demanderais à M. Gervais de
présenter ses collègues et d'engager immédiatement la
présentation.
M. Gervais (Henri): Merci, M. le Président. Permettez-moi
de vous présenter Me Lucien Bédard, à ma droite, premier
vice-président de la fédération, et la directrice
générale de la fédération, Mme
Lucille Bérubé, à ma gauche.
M. le président de la commission permanente de
l'éducation, M. le vice-président, M. le ministre de
l'Éducation, mesdames et messieurs les députés, membres de
la commission, dans un premier temps, je voudrais quand même vous
remercier d'avoir accepté de reporter notre comparution à
aujourd'hui plutôt que mardi, pour des raisons de maladie. Aussi, je
voudrais vous souligner que nous avons déposé un document, mais
ce ne sont des notes que le comité a préparées. Alors, ce
n'est pas un mémoire comme tel.
Depuis le dépôt du livre blanc, la Fédération
des comités de parents de la province de Québec se
présente une deuxième fois en commission parlementaire sur le
sujet extrêmement important que constitue le projet de loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public. En effet, de la loi 30
sanctionnée le 22 juin 1979 et de la loi 71 sanctionnée le 21
décembre 1979, nous sommes passés du projet de loi 40 au projet
de loi 3. Il nous apparaît souhaitable, voire même urgent,
après trois ans de travail soutenu, que ce projet de loi connaisse un
dénouement final si possible avant la fin de l'année 1984.
L'attente et l'incertitude ont assez duré. Il est temps de faire le
point, nous dirions même le point final.
Dans ce contexte, depuis la fin de la dernière commission
parlementaire sur la loi 40, le nouveau ministre de l'Éducation, M. Yves
Bérubé, au cours de plusieurs rencontres et plus
particulièrement lors de la dernière rencontre de la table de
concertation le 12 septembre 1984, posait à tous les participants la
question suivante: Est-ce que les nouvelles orientations du ministre de
l'Éducation en vue de la réécriture du projet de loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public vous semblent globalement
acceptables? La réponse de la Fédération des
comités de parents de la province de Québec fut affirmative, mais
sous réserve de certaines modifications.
Depuis cette date du 13 septembre 1984, M. le Président, le
projet de loi 3 a été préparé, déposé
et présenté à l'Assemblée nationale par le ministre
de l'Éducation le 1er novembre 1984. C'est pourquoi la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec est présente aujourd'hui devant cette commission. Nous
tenons à mentionner que le trop court délai entre le
dépôt de ce projet de loi et la tenue de cette commission
permanente de l'éducation ne nous a pas permis de retourner en
consultation auprès de tous nos membres. Cependant, notre conseil
d'administration, en réunion les 2, 3 et 4 novembre, à
l'unanimité endosse les demandes que nous vous présentons
aujourd'hui. De plus, les commentaires qui nous sont parvenus de nos membres
jusqu'à ce jour sont tous dans le même sens que les amendements
que nous demandons.
Après les discussions auxquelles nous avons participé,
nous nous attendions que le projet de loi maintiendrait l'objectif de
responsabiliser davantage l'école pour en faire une école
communautaire et responsable. Nous nous interrogeons et surtout nous constatons
que certains organismes du réseau ont été bien
écoutés et ce, au détriment des parents que nous
représentons. Même dans la composition du conseil d'école,
il y a un net recul. À moins que certaines modifications fondamentales
ne soient apportées, cela nous semble inacceptable. À la lecture
de ce projet de loi, si la même question du 13 septembre 1984 nous
était posée aujourd'hui, notre réponse serait la suivante:
Sous réserve et strictement sous réserve que soient
apportées les modifications que la Fédération des
comités de parents de la province de Québec juge majeures et
fondamentales, notre réponse serait affirmative.
En ce sens, permettez-nous, M. le Président, de vous
présenter ces modifications que la fédération croit
absolument nécessaires pour rendre cette loi applicable et ce, dans un
climat serein au sein de l'école dans le cadre du projet de loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public. Pour la partie suivante de notre
intervention, le premier vice-président et responsable du dossier pour
la fédération, Me Lucien Bédard.
M. Bédard (Lucien): Merci. Je vais vous expliquer, compte
tenu du court laps de temps et qu'on veut profiter de la période des
questions, comment nous allons procéder pour le reste des notes qu'on
vous a remises. Dans un premier temps, nous allons aborder les modifications
fondamentales. D'abord, je vais vous expliquer comment le document est
bâti. Il est bâti en trois colonnes; sur l'une, vous avez la loi 3;
après cela, les propositions de la fédération et, ensuite,
l'argumentation. Pour ce qui est des points fondamentaux que nous voulons
modifier, nous allons vous livrer intégralement ces points,
c'est-à-dire les propositions que nous demandons et l'argumentation. Les
autres modifications qui ne sont pas fondamentales, mais qui, selon nous,
devraient être apportées au projet de loi, nous allons vous les
souligner; nous n'argumenterons pas là-dessus, mais nous serons
prêts à le faire à la période des questions.
La première modification fondamentale et importante que la
fédération souhaite voir au projet de loi 3 s'inscrit à
l'article 57, paragraphe I de la loi où on demande ceci: à la
quatrième ligne, au lieu des mots "membres du personnel de
l'école", on devrait lire "membres du personnel de la commission
scolaire". Les motifs à l'appui de cette demande, c'est que les
enseignants
comme tels ont déjà une place importante au conseil
d'école, qui leur est spécifiquement réservée. La
trop forte syndicalisation a eu pour effet de paralyser ou de noyauter le
travail des conseils d'école. Je fais ici référence aux
conseils d'orientation où il y a eu un mot d'ordre. Sur cela, on veut
éviter que des mots d'ordre syndicaux ne paralysent à nouveau le
travail au niveau de l'école.
La possibilité pour les enseignants de se faire élire
comme parents dans l'école annule le principe de la majorité aux
parents. Cela bat aussi en brèche la présidence du conseil
d'école, mais on y reviendra un peu plus loin dans les présentes
notes. Cela bat également en brèche le quorum, les
réunions pourraient être convoquées le jour, lea parents ne
sont pas toujours disponibles, ils travaillent le jour»
En plus, si on lit l'article 115, deuxième alinéa, on se
rendra compte que la loi présuppose ou édicté que les
parents, membres des conseils d'école, sont élus par les membres
des conseils d'école. Si à la commission scalaire les enseignants
ne peuvent être élus à titre de parents, cette exclusion
doit également s'appliquer pour l'élection des parents membres
des conseils d'école.
La deuxième modification fondamentale se situe au niveau des
articles 88 et 268 de la loi que nous réunissons ici pour les fins de
l'argumentation. Il s'agit, dans le cas de l'article 88, de retrancher,
à la fin de l'article, les mots suivants: "et du comité
pédagogique". L'article devrait se lire: Le conseil d'école
exerce, en outre, les fonctions que peut lui déléguer la
commission scolaire avec l'accord du comité des parents.
Le premier concept de la participation des parents qui a
été introduit dans un règlement, dans un démarche
de concertation avec les enseignants, c'est l'atelier pédagogique. Les
enseignants y étaient, à un près, aussi nombreux que les
parents. On connaît les résultats: fiasco complet. Ensuite dans la
loi 71, conseil d'orientation: même proportion. Il y a eu un mot d'ordres
fiaco complet. Ce qu'on ne comprend pas aujourd'hui dans le cadre de la loi 3
par le biais de l'article 88, c'est que par un moyen détourné, le
droit de veto des enseignants et des parents, on réintroduit la fameuse
règle de l'unanimité. Est-ce qu'on souhaite un autre fiasco? La
commission scolaire doit être suffisamment responsable pour s'assurer du
consensus de tous les intervenants avant de déléguer des pouvoirs
au conseil d'école. Je pense qu'elle a cette responsabilité.
Le projet de loi 3 égale une notion de concertation. Si on y
croit, il faut avoir les moyens pour le vivre, il faut responsabiliser
davantage l'école. Toutes nos demandes sont en ce sens. Ce n'est pas en
accordant des droits de veto qu'on va y arriver.
Quant à l'article 268, nous réaffirmons la même
argumentation que nous venons de développer sauf que nous ajoutons
l'élément suivant pour l'article 268. La loi 3, à
l'article 81, donne les fonctions importantes du conseil d'école
relativement au projet éducatif. Comment voulez-vous réaliser les
fonctions confiées à l'école par l'article 81 de la loi
avec le droit de veto des articles 268 et 88?
Ceci termine les demandes fondamentales de la Fédération
des comités de parents. Nous allons passer maintenant aux autres
demandes que nous voulons vous souligner, en vous indiquant seulement les
modifications que nous souhaiterions voir apporter au projet de loi 3.
Dans un premier temps, à l'article 24 où on parle des
services complémentaires, on se souviendra qu'à la loi 40 on
parlait de services complémentaires collectifs et personnels. Cette
notion ne se retrouve plus dans le projet de loi. On s'interroge sur cela. La
modification qu'on aimerait voir apporter aussi à l'article 24,
septièmement, c'est qu'au lieu de lire "des services de psychologie,
d'orthophonie ou de psychoéducation", on aimerait lire en
septièmement, "des services de psychologie"; en huitièmement,
"des services d'orthophonie ou de psychoéducation" et en
neuvièmement "des services de recherche d'emploi".
Quant aux articles 33 à 36 concernant les droits et obligations
des enseignants, il nous apparait malheureux que l'article 78 de la loi 40 ne
soit pas réintroduit dans les obligations des enseignants. Nous
demandons que l'article 78 de la loi 40 soit réintroduit à ce
chapitre-là. Il se lisait comme suit: "Le personnel de l'école
doit respecter les orientations et le plan d'action du projet éducatif
de l'école ainsi que les dispositions qui la régissent. "
À l'article 54, nous avons une question d'interprétation
et nous voulons apporter une modification qui serait de changer le "et"
prévu dans le texte de loi du deuxième alinéa par le mot
"ou". Et je m'explique: La question est de savoir si, lorsqu'un conseil
d'école demandera une augmentation du nombre de parents lorsque la
commission scolaire l'a établie, l'augmentation des parents par le "et"
qui est là est liée à l'augmentation des enseignants.
Là-dessus, on verra ce qui arrivera si les enseignants disent: Nous ne
voulons occuper que les deux postes permis. Vu que la majorité
prévue est quinze, supposons que dans l'acte d'établissement dans
une école primaire, la commission scolaire dit: Ce sera quatre parents.
La possibilité pour les parents, c'est d'en avoir huit. Est-ce que pour
avoir les huit, il faudra avoir une demande d'augmentation des enseignants ou
si nous, on peut demander d'en avoir quatre supplémentaires? On
reviendra en période de questions là-dessus.
L'interrogation majeure que nous avons sur l'article 54, c'est qu'on
avait demandé lors de la dernière commission parlementaire un
moratoire sur la fermeture des écoles. Je ne sais pas si M. Ryan s'en
souvient, il avait interrogé un des membres de la
fédération qui venait de son comté là-dessus. Cela
ne se retrouve pas au niveau du projet de loi 3 alors que, si l'on regarde
actuellement même la Loi sur l'instruction publique, l'article 51. I dit
ceci: "Lorsqu'il s'agit de la fermeture définitive de l'école ou
du statut de l'école au sens des règlements du comité
catholique ou du comité protestant du Conseil supérieur de
l'éducation, le comité d'école doit être
consulté. " C'est l'article 51. I de la Loi sur l'instruction publique.
Cela ne se retrouve pas dans le projet de loi 3.
M. Ryan: C'était quel article dans le projet de loi
40?
M. Bédard (Lucien): C'est l'article 54, mais je pars de
là parce que c'est là que l'on parle de l'acte
d'établissement. Dans la loi 40, vous me demandez? Dans la loi 40, il
n'y en avait pas. Nous étions intervenus à la commission
parlementaire dans ce sens-là. On l'avait demandé.
L'article 73, tel que libellé, n'a pas de sens sur la question du
quorum. Comment pouvons-nous avoir une majorité de membres ayant droit
de vote et avoir un quorum qui n'est pas inférieur à trois? Il y
a quelque chose qui ne marche pas dans la rédaction. Pour nous,
l'article 73 devrait être lu en retranchant la dernière phrase
tout simplement.
À l'article 77, par rapport tant à la Loi sur
l'instruction publique actuelle qu'à l'article 91, alinéa I, de
la loi 40, nous croyons qu'il manque un élément important
à cet article et qu'il devrait se lire comme suit: "Le conseil
d'école détermine, pour l'école, des orientations et un
plan d'action accordés à son milieu. " Les mots qu'on ajoute sont
"et un plan d'action". Ces orientations et ce plan d'action constituent des
éléments du projet éducatif de l'école. Le
pourquoi? Si vous lisez l'article I actuel, 30e paragraphe, de la Loi sur
l'instruction publique, on dit ceci: "Les mots "projet éducatif"
désignent une démarche par laquelle une école
précise ses objectifs propres, se donne un plan d'action, le
réalise' et le révise périodiquement avec la participation
des élèves, des parents, du personnel de l'école et de la
commission scolaire. " Nous n'avons plus cette définition dans le projet
de loi 3. Par conséquent, on a fait disparaître la notion de plan
d'action, ce que nous trouvons extrêmement malheureux. Nous demandons que
ce soit réintégré.
A l'article 60 du projet de loi 3, on dit que chaque année, avant
le 30 septembre c'est le directeur d'école qui convoque par écrit
les parents. Nous demandons que ce soit le président du conseil
d'école. À l'article 68 qui se lit: "Le conseil d'école
choisit son président parmi ses membres qui ont droit de vote", nous
aimerions que soit réintroduit ce qui existait à l'article 50 de
la loi 40: "Le conseil d'école choisit son président parmi ses
membres autres que ceux qui sont désignés par le personnel de
l'école, les élèves ou le commissaire. "
À l'article 100, on dit: Chaque année, le directeur
d'école convoque par écrit les parents d'élèves qui
fréquentent l'école. Nous demandons que ce soit le
président du comité de parents ou, à défaut, le
directeur d'école. (14 h 15)
À l'article 231 concernant le comité exécutif de la
commission scolaire, nous avions demandé dans notre mémoire sur
le projet de loi 40 que, parmi les membres du conseil d'école qui
siègent au comité exécutif de la commission scolaire,
compte tenu que nous aurons des commissions scolaires intégrées,
il y ait un parent qui vienne du milieu primaire et un parent qui vienne du
milieu secondaire. Cela ne se retrouve pas, actuellement, au niveau de la loi
3. Nous demandons encore cette modification.
À l'article 239 de la loi 3 est institué un comité
consultatif du transport. Dans la composition du comité, au
quatrième alinéa, il est dit actuellement qu'il s'agit "de deux
membres de conseils d'école choisis selon les modalités que
détermine la commission scolaire". L'arrêté en conseil
actuel sur le règlement des transports, à son article 2. 6,
décret 1018-83, dit ceci: "De deux parents membres de comité
d'école choisis selon les modalités que détermine la
commission scolaire. " Nous croyons que cette notion de deux parents devrait
revenir dans la loi 3; ça existe actuellement, abstraction faite de la
loi 40 ou autre, dans le règlement des transports.
Nous avions fait la remarque - c'est une question de terminologie -
qu'on parlait de "classes ordinaires" dans la loi 40 et on revient, à
l'article 238, avec l'expression "classes ordinaires". Nous trouvons que le mot
"ordinaires" a une connotation péjorative et nous souhaiterions voir
inscrire, au lieu du mot "ordinaires", les mots "classes
régulières". C'est plus positif comme approche.
Enfin, une dernière remarque avant de permettre au
président de conclure. À l'article 8 du projet de loi 3 - c'est
une interprétation, mais on veut juste attirer votre attention
là-dessus - vous parlez de gratuité scolaire. Vous dites:
"L'élève a droit à la gratuité des instruments
pédagogiques requis pour les programmes d'études et à
celle du matériel didactique utilisé dans les classes ou les
ateliers. " Il y a une réserve et
elle se lit comme suit: "Cette gratuité ne s'étend pas
à ce qui ne peut plus être utilisé par un autre
élève après usage. " La difficulté que nous
percevons actuellement à la suite d'une consultation tout de même
importante que nous avons faite auprès de nos membres, c'est qu'il y a
une tendance, actuellement, que le seul manuel disponible au programme devienne
un cahier d'exercice. Il y a une tendance à accentuer ça,
c'est-à-dire que le seul manuel disponible, c'est un cahier dans lequel
l'élève peut écrire des choses. Donc, c'est un manuel
auquel l'article 8, par sa réserve, n'applique pas la gratuité;
donc ce sont les parents qui paient. A un moment donné, il y a cette
tendance qui est tout de même dangereuse. Lorsqu'on se fait expliquer, si
vous avez trois enfants à une commission scolaire, qu'au début de
l'année ça va coûter entre 75 $ et 200 $ pour inscrire un
enfant à l'école publique, cela commence tout de même
à être important à cause de ces choses-là, la
gratuité scolaire. Je pense qu'il faudrait avoir un souci de ces aspects
par rapport à ce qu'on confie à des éditeurs lorsqu'on
demande la réalisation de matériel didactique ou d'outils
pédagogiques.
Ceci termine, quant à moi, les modifications que nous aimerions
voir apporter au projet de loi 3.
M. Gervais: M. le Président, en guise de conclusion, qui
sera très brève, je vous réitère la position de la
Fédération des comités de parents de la province de
Québec, tel que je vous la mentionnais au tout début de notre
intervention. À la lecture de ce projet de loi, si la question suivante
nous était posée aujourd'hui, à savoir: Est-ce que le
projet de loi 3 sur l'enseignement primaire et secondaire public vous semble
globalement acceptable, notre réponse serait la suivante. Sous
réserve et strictement sous réserve que soient apportées
les modifications que la Fédération des comités de parents
de la province de Québec juge majeures et fondamentales, notre
réponse serait affirmative. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: En fait, j'ai une seule question, M. le
Président. Vous avez, dans votre mémoire, fait, comme plusieurs
intervenants, mention d'un certain nombre d'amendements qui devront être
étudiés un à un, au mérite, pour voir dans quelle
mesure cela ne peut pas bonifier la loi. Certains de ces amendements rejoignent
des préoccupations que les cadres nous ont exprimées concernant
certaines restrictions aux qualifications à rencontrer pour être
élu à un conseil d'école. Je pense, par exemple, à
l'exigence qui ferait en sorte qu'un membre du personnel de la commission
scolaire ne puisse pas représenter les parents. Je pense que cela nous a
été souligné par les cadres tant du Québec que de
Montréal. Donc, il y a des points où vous vous rejoignez. Donc,
des modifications, je pense que nous allons en discuter en commission. Cela
peut être assez intéressant.
Mais vous avez été plus loin. Vous avez posé deux
ou trois exigences essentielles sans lesquelles vous ne pourrez accepter le
projet de loi. En fait, de telles exigences sont nouvelles par rapport aux
discussions que nous avons eues à la table avec tous les intervenants.
Elles sont, j'imagine, le fruit de discussions que vous avez eues au niveau de
votre fédération, de telle sorte que vous ne pouviez pas les
exprimer au moment où vous étiez assis à la table, car
comme bien d'autres, vous n'aviez pas de mandat; donc, vous y êtes
allés de bonne foi et vous avez fait un effort très réel
de concertation avec tous les intervenants pour tenter de bonifier la loi.
Donc, vous arrivez avec un certain nombre d'amendements et vous dites:
Si ces amendements ne sont pas faits, ils sont essentiels, nous ne pouvons pas
appuyer la loi. Je sais aussi que plusieurs intervenants ont souligné
qu'ils n'acceptaient pas la présence de parents au conseil de la
commission scolaire avec droit de vote. Dois-je tirer la conclusion à ce
moment que, si vous n'acceptez pas le projet de loi, on devrait s'en tenir
à ce qui existe présentement dans la Loi sur l'instruction
publique, c'est-à-dire un conseil d'orientation tel qu'il est, en ne
changeant rien, et représentation des parents au conseil de la
commission scolaire tel quel? Cela, c'est important que vous nous le disiez
parce que, de la discussion en commission ici, nous aurons, à partir de
votre position, à choisir: ou nous maintenons la loi actuelle sur
l'instruction publique avec le conseil d'orientation, avec droit de veto, avec
tout ce qui existe présentement ou nous apportons des changements.
Les changements que nous avons ici dans le projet de loi
représentent un équilibre qu'on a essayé d'établir
avec tous les intervenants. Ils tiennent compte du point de vue des centrales,
de celui de la Fédération des commissions scolaires et de celui
d'un peu tout le monde. Cela n'est pas parfait pour chaque intervenant, c'est
clair. On n'a pas essayé d'avoir un projet de loi qui aille chercher
l'unanimité sur chacun de ces points, c'est impossible. Il faut que dans
un contrat - et je pense que c'est un contrat de vie en société,
de vie à l'école - il y ait des gains, des pertes et des
équilibres. Ce que vous me dites, c'est que si les amendements que vous
demandez, que vous appelez essentiels, ne sont pas apportés, le projet
de loi n'est donc pas acceptable et, à
ce moment, il faudrait plutôt écouter les autres
intervenants et, quant à ne pas être acceptable à vous, il
serait préférable de s'assurer que le projet de loi est, à
ce moment, entièrement acceptable aux autres intervenants puisque, si
vous refusez le projet de loi sur un point, aussi bien le rejeter sur
plusieurs, en d'autres termes.
Je vous pose la question et vous devrez me répondre parce qu'il
va falloir que je me branche en commission parlementaire: Si on ne fait pas ces
amendements, revient-on à la loi actuelle?
M. Gervais: Pour nous, cela nous apparaît inacceptable.
Quand vous dites qu'il y a d'autres organismes qui ont un peu réagi dans
le même sens, je pense que là il y a déjà quand
même une amélioration; nous ne sommes pas les seuls qui soulevons
des points. Quand vous dites qu'il y a eu des gains et des pertes, en ce qui
nous concerne, c'est plutôt des pertes, par rapport à tout le
cheminement depuis trois ans. Je ne crois pas, M. le ministre, que ce que nous
demandons dans les trois points, qui pour nous sont fondamentaux, pourrait nous
faire revenir au statu quo.
M. Bérubé: Je pense que vous ne répondez pas
à ma question. Ma question, elle est simple: Si nous n'apportons pas les
amendements que vous suggérez, quels qu'ils soient, vous dites: Nous
n'acceptons pas le projet de loi. Je dois donc tirer la conclusion que la
démarche que nous devons rechercher à la commission
parlementaire, à ce moment, c'est plutôt, puisque vous rejetez le
projet de loi, d'aller chercher une unanimité plus grande ailleurs et,
par exemple, de dire: Puisque les gens ne sont pas d'accord avec des
changements, maintenons le système actuel et dans un certain nombre
d'années, il y aura toujours lieu de voir. La question que je vous pose
est la suivante: Entre la Loi sur l'instruction publique actuelle et
celle-là, laquelle des deux préférez-vous du point de vue
des parents?
M. Gervais: M. le ministre, dans ces conditions, si vous me dites
qu'il n'y a vraiment aucun changement pour les trois points qui, pour nous,
sont fondamentaux...
M. Bérubé: Je l'ignore.
M. Gervais:... je pense que, pour nous, ce serait le statu quo,
bien sûr.
M. Bérubé: Le statu quo? M. Gervais: M.
Bédard.
M. Bédard (Lucien): Les trois points que nous demandons,
M. Bérubé, dans le projet de loi sont tellement fondamentaux que,
si les changements ne sont pas apportés, nous croyons que vivre ce
projet de loi 3 dans les écoles va être plus difficile que vivre
la situation actuelle. Je le répète, parce que vous étiez
distrait. Je dis que vivre la situation du projet de loi 3 tel que
proposé actuellement va être plus difficile que de vivre la
situation actuelle. Je dois dire que c'est une question à laquelle il
est difficile de répondre et je vais même dire qu'elle est
piégeante, parce qu'on ne veut pas, non plus, du statu quo. Cela fait
trop longtemps. On a parlé du livre vert. On a parlé du livre
orange. On a parlé du livre blanc, de la loi 40 et de la loi 3. Vous
arrivez aujourd'hui et vous dites: Vous prenez cela ou on reste au statu quo.
On vous dit: On ne veut pas le statu quo, mais on ne veut pas cela, non plus,
parce que cela va être le bordel chez nous. On va vivre cela
difficilement, ce qui est proposé là, si les modifications
fondamentales ne sont pas là. C'est ce qu'on vous dit.
M. Bérubé: À ce moment-là, je suis
obligé de vous poser la question autrement: Si vous ne voulez ni de
l'un, ni de l'autre, duquel voulez-vous le moins?
M. Bédard (Lucien): Celui que nous voulons le plus, c'est
le projet de loi 3 modifié tel que nous vous le suggérons dans
nos demandes.
M. Bérubé: Mais en commission parlementaire, nous
allons devoir décider et j'ai besoin d'un éclairage.
M. Bédard (Lucien): Nous faisons confiance, M. le
ministre, à l'intelligence de cette commission.
M. Bérubé: Mais j'ai compris, cependant, de votre
réponse que vous préférez le statu quo,
c'est-à-dire que...
M. Bédard (Lucien): Je n'ai pas dit cela.
M. Bérubé: Bien oui!
M. Bédard (Lucien): Ne dites pas cela.
M. Bérubé: Oui, oui. C'est ce que j'ai compris.
M. Bédard (Lucien): J'ai dit, M. le ministre, que cette
loi, telle que présentée, est inacceptable.
M. Bérubé: Vous faites plaisir à beaucoup de
gens, notez bien. En répondant cela, vous faites plaisir à
beaucoup de gens. Il y a beaucoup d'intervenants qui vont être tout
à fait d'accord avec le statu quo, c'est clair, puisqu'il y a dans le
projet de loi 3,
pour autant que le modèle d'école est concerné, des
compromis que tous n'étaient pas nécessairement prêts a
faire. Là, vous me dites qu'une partie des compromis que vous avez
dû faire, vous ne les acceptez plus et vous revenez en arrière.
Parfait! Mais, évidemment, cela entraîne automatiquement que sur
des compromis que d'autres ont fait, eux aussi, peuvent revenir en
arrière.
Je vous pose la question simplement. J'ai un projet de loi actuellement.
Il n'y a pas de raison pour laquelle on modifierait la situation actuelle, pas
de raison fondamentale. Si on le fait, c'est pour retrouver un nouvel
équilibre. Si vous me dites que le nouvel équilibre n'est pas
meilleur que l'ancien, à ce moment-là, ce n'est pas la peine de
se fatiguer.
M. Bédard (Lucien): D'accord.
M. Bérubé: C'est ce que je veux savoir: Est-ce que
le nouvel équilibre est meilleur que l'ancien? Il n'était pas
parfait. Mais là, si vous répondez à la question que le
nouvel équilibre ne vous satisfait pas pleinement, c'est une
réponse que j'apprécie et qui est importante.
M. Bédard (Lucien): À choisir entre les deux, M.
Bérubé, j'aimerais le statu quo en modifiant la règle de
l'unanimité au conseil d'orientation, ce qui est demandé depuis
1979. On demande d'abolir la règle d'unanimité au conseil
d'orientation pour que cela fonctionne dans les écoles.
M. Bérubé: D'accord. Alors?
M. Bédard (Lucien): Je demanderais le statu quo
modifié.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va, M. le
ministre?
M. le député d'Argenteuil et vice-président de la
commission.
M. Ryan: Je ne veux pas interrompre M. le ministre, s'il a
d'autres questions à poser. Parfois, cela nous apporte des
réponses. Est-ce que je peux parler?
M. Bérubé: Non, je voulais... M. Ryan: Vous
voulez continuer?
M. Bérubé: Je pense que j'ai bien compris. Je
comprends que le modèle qui est proposé pourrait être
remplacé par un autre modèle où on maintiendrait la
composition actuelle de la commission scolaire, où on maintiendrait la
composition actuelle du conseil d'école. On ne fait pas de modifications
à cela. Tout ce que l'on fait sauter, c'est le veto. C'est cela?
M. Bédard (Lucien): Oui. Si vous en voulez une
deuxième qu'on a déjà demandée, transférez
donc les pouvoirs du comité d'école actuel; au lieu d'être
consultatifs, mettez donc les dix pouvoirs décisionnels et on va
être très satisfaits. Je vais vous le dire, M. le ministre:
À l'article 51. I de la Loi sur l'instruction publique actuelle, on dit:
"Chaque année, avant le début de l'année scolaire, le
comité d'école doit déterminer parmi les sujets suivants
ceux sur lesquels il doit être consulté. " Alors, au lieu de dire
"il doit être consulté", dire il doit décider.
Écrivez juste décider, changez le mot consulter par
décider et on va être bien satisfaits, avec l'abolition de la
règle de l'unanimité. Arrêtez ça là, M. le
ministre, et on va être bien satisfaits. (14 h 30)
M. Bérubé: Ce serait une amélioration, mais
disons que celle-là, c'était le projet de loi 40. On est revenu
sur cela par rapport au projet de loi 40.
M. Bédard (Lucien): Ce n'est pas une grosse modification,
M. le ministre: deux mots.
M. Bérubé: Oui. Je voudrais, quand même, que
vous y pensiez comme il faut d'ici à la fin de votre témoignage
parce que votre témoignage est plein d'implications.
M. Bédard (Lucien): Nous connaissons les implications;
depuis 1977 qu'on y travaille.
M. Bérubé: Ce que vous venez de nous dire, c'est:
Si nous faisions sauter, au niveau du conseil d'orientation, le droit de veto
accordé aux enseignants, le système actuel avec sa
représentation au niveau des parents, au niveau de la commission
scolaire est préférable à l'équilibre qui a
été recherché ensemble.
M. Bédard (Lucien): Avec la dernière que je vous ai
dite, 51. I.
M. Bérubé: Celle-là n'est pas dans le sac.
Je ne l'ai pas ajoutée.
M. Bédard (Lucien): Mettez-la dans le sac parce qu'elle
est importante. Cela fait deux modifications.
M. Bérubé: Écoutez, je ne vous demande pas
de choisir entre ce que vous aimeriez. Vous tournez autour. Je vous dis: Vous
pouvez toujours exprimer ce que vous aimeriez, pas de problème quant
à cela.
M. Bédard (Lucien): Ce n'est pas grand-chose, M. le
ministre, deux articles modifiés dans la Loi sur l'instruction
publique.
M. Bérubé: Je retiens que vous
préférez le statu quo...
M. Bédard (Lucien): À ce projet-là, oui.
M. Bérubé:... en faisant sauter le droit de veto,
pour être conséquent avec ce que vous avez dit.
M. Bédard (Lucien): C'est très clair. M.
Bérubé: Parfait. J'ai compris.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil et vice-président de la commission.
M. Ryan: Je vais éviter de vous poser des questions trop
simples parce que cela entraîne des réponses simples. C'est
normal. C'est la logique du genre. Cela n'éclaire pas beaucoup. Je ne
sais pas par quoi commencer exactement parce que vous nous jouez un peu le
même tour que la dernière fois. Je m'attendais que vous nous
présentiez des opinions sur la philosophie de base qui est sous-jacente
au projet de loi et vous nous arrivez avec des observations très
précises sur des articles précis. Je vais vous rejoindre
là-dessus, cela ne prendra pas de temps. La dernière fois, vous
nous avez fait le même tour, si vous vous souvenez, et cela nous
amène à des discussions mécaniques assez vite. Pendant ce
temps, on ne discute pas dans la perspective qui est celle de la commission
actuelle, soit une discussion qui précède le débat de
deuxième lecture sur les principes du projet de loi.
Je comprends les soucis qui vous animent. Ce n'est pas un blâme
que je vous adresse. Je vous donne simplement la réaction d'un membre de
la commission en toute bonne foi. Je ne voudrais surtout pas vous acculer
à des choix simplistes comme ceux qui étaient proposés
tantôt. Mon humble impression, c'est qu'avec cette méthode on
satisfait peut-être une certaine manière de raisonner, mais on
n'éclaire pas beaucoup les situations complexes comme celle à
laquelle nous faisons face.
Je voudrais d'abord vous donner une esquisse d'opinion sur les trois
points que vous avez soulevés et, ensuite, je vais en soulever une
couple d'autres. C'est une esquisse d'opinion parce que, vu que nous sommes
saisis de vos recommandations pour la première fois, je n'ai pas eu le
temps d'en discuter avec mes collègues et je ne prétendrais pas
les engager. Au Parti libéral, on a affaire à des gens qui ont
l'esprit très libre. Chacun tient beaucoup à garder cela tant
qu'on n'a pas arrêté une ligne commune, quand on réussit
à le faire. Par conséquent, vous pouvez vous attendre que
certains de mes collègues voient les choses un peu différemment
de moi. Cela ne voudrait pas dire qu'il y aurait de la division parmi nous. Je
le regrette pour nos amis de la presse. On avait un exemple dans les journaux
de ce matin. On pensait qu'il y avait une grosse contradiction entre le
député de Sauvé et moi-même, alors qu'il n'y en
avait pas du tout. C'est parce que la personne qui a rédigé
l'article n'était pas là quand le député de
Sauvé a donné son opinion sur les commissions scolaires
linguistiques. Elle l'a fait en toute bonne foi, d'ailleurs. Ne vous surprenez
pas, nous aimons ce genre de diversité entre nous. Cela nous aide
à arriver à des conclusions qui sont plus acceptables pour tout
le monde. Quand les autres ont la chance de parler, c'est vrai.
Sur le premier point, M. Gervais, Mme Bérubé et M.
Bédard, je craindrais d'avoir des réticences parce que je crois
que c'est un concept plutôt englobant qui me paraît contraire au
sain principe de démocratie. Si un couple de parents a des enfants dans
une école et que le père ou la mère soit enseignant dans
une autre école ou cadre à la commission scolaire ou dans une
autre école, je ne vois pas au nom de quel principe on pourrait
interdire à l'un de ces parents de faire partie du conseil
d'école. Je serais peut-être prêt à regarder au
niveau du personnel cadre de la commission scolaire parce que là
ça devient presque de l'infiltration. Si c'est un employé qui
n'est pas au niveau des cadres de la commission scolaire, je ne sais pas. En
tout cas, j'aurais besoin de précisions. Je ne l'accepterais
sûrement pas dans la formulation générale que vous en
proposez parce que je trouve que là vous privez des parents d'un droit
qui leur appartient, celui de faire partie d'un conseil d'école au
même titre que les autres parents d'enfants dans cette école.
Vous m'avez expliqué les craintes que vous avez. Je puis les
comprendre. Vous avez vécu des situations extrêmement difficiles,
d'un autre côté, dont je crois me souvenir, mais je ne les ai pas
vécues aussi intensément, d'une manière aussi
généralisée que vous autres, évidemment. Nonobstant
tout cela, je pense que c'est difficile à justifier, en principe, la
position que vous défendez ici. Encore une fois, c'est une
réaction spontanée que je vous donne, en toute franchise, pas du
tout pour vous l'asséner, mais pour obtenir des explications ou des
réponses, si vous voulez. Je peux vous donner mes réactions sur
chacun des trois points; cela va donner un peu plus de temps pour tout le
monde.
Dans le deuxième cas, le cas de l'article 88 qui dit: "Le conseil
d'école exerce, en outre, les fonctions que peut lui
déléguer la commission scolaire, avec l'accord du comité
des parents et du comité pédagogique de l'école", vous
voulez supprimer le comité pédagogique de l'école. Je vais
vous dire franchement que je serais
porté à supprimer les deux. Je vais vous dire ce que
j'écrirais si je suivais mon jugement. Je mettrais: que peut lui
déléguer la commission scolaire après avoir pris l'avis du
comité de parents et du comité pédagogique. Je ne vois pas
qu'on doive mettre un droit de veto à aucun des deux comités dans
un cas comme celui-là. Il peut arriver que la commission scolaire,
après avoir pris l'avis de tout le monde, décide de
déléguer certains pouvoirs à l'école. Et je
mettrais même: au conseil d'école. Il va y avoir des pouvoirs
qu'elle pourra déléguer au directeur d'école,
évidemment; cela est une autre possibilité, une autre avenue de
délégation. Je ne mettrais pas de droit de veto là. Je
serais porté à mettre: après avoir pris. Je pense que,
dans ce cas-là, on peut faire l'obligation à la commission
scolaire de prendre l'avis du comité de parents et du comité
d'école. Mais je ne vois pas l'entrée en scène d'un droit
de veto pour aucun des deux organismes, à ce moment-ci. Je donne ma
réaction bien simplement.
Un troisième point, c'est sur l'article 268: "La commission
scolaire - c'est dans la même veine, si je comprends bien - favorise la
réalisation du projet éducatif de chaque école. À
cette fin, elle peut déléguer à un conseil d'école
certains pouvoirs qui lui sont dévolus par la présente loi, avec
l'accord du comité de parents. " J'écrirais plutôt quelque
chose comme ceci et ce n'est pas du tout une formulation définitive:
À cette fin, elle peut déléguer à un conseil
d'école ou au directeur de l'école certains pouvoirs qui lui sont
dévolus par la présente loi, après avoir pris l'avis du
comité de parents et du comité pédagogique. Je ne vois pas
pourquoi j'exclurais celui-ci. Je n'exclurais aucun des deux. C'est ma
réaction à vos trois points fondamentaux. Je ne sais pas si vous
pourriez réagir là-dessus avant qu'on aborde, peut-être,
d'autres sujets.
Je vous souligne que, tout en devançant quelque peu
l'échéancier de notre travail, vous nous rendez bien service en
arrivant avec des choses précises. Après quatre jours de
palabres, si nous nous trouvons en face de propositions précises, c'est
plus intéressant pour nous que de reprendre l'énoncé des
grands principes généraux, d'autre part. C'est pour cela que je
n'ai pas du tout d'objection à ce qu'on engage le débat à
ce niveau-ci, tout en ayant les réserves que je mentionnais
tantôt.
M. Gervais: D'accord. Dans votre première intervention au
niveau des personnels, en ce qui nous concerne, nous voyons des
possibilités de conflits qui peuvent subsister à ce niveau. Voici
l'exemple que je pourrais vous donner. Vous avez parlé du prof qui
enseigne dans une école et qui est parent dans une autre école de
cette même commission scolaire. Vous savez très bien que le prof
peut être aux deux conseils d'école en question. Alors, il est au
conseil d'école comme parent à l'école où est son
enfant et il est au conseil d'école parce qu'il est professeur dans
l'école où il travaille. On trouve cela un peu bizarre.
Également, on a l'impression que, si l'on veut vraiment donner une bonne
participation aux parents, il faut quand même leur donner leur place.
Là, il y a toutes sortes de façons où l'on tente de les
éliminer par des articles comme ceux-là. On trouve cela trop
large. On n'exclut pas, bien sûr, le parent professeur d'une autre
commission scolaire; je pense qu'il faut être très clair. Je parle
de la commission scolaire où il travaille, où il est membre du
personnel. Alors, on peut aller plus loin à ce niveau-là; il
pourrait se retrouver président de deux conseils d'école, selon
le projet de loi. C'est un des points qui nous inquiètent, on vous
l'avoue sincèrement. Pour nous, c'est quand même fondamental.
À l'article 88, quand vous dites que vous supprimeriez les deux
comités sur le droit de veto, nous ne sommes pas trop à cheval
là-dessus, c'est bien clair. Je pense que la Centrale de l'enseignement
du Québec va demander de supprimer le comité de parents et c'est
un peu la même chose à l'article 268. Peut-être que M.
Bédard pourra préciser davantage sur ces trois aspects.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, M. Bédard.
M. Bédard (Lucien); À l'article 57, lorsqu'on le
relie avec la présidence, le quorum, le rôle d'un
président, l'idée que le projet de loi donnait en voulant rendre
l'école responsable était aussi de faire en sorte qu'il y ait une
majorité de parents. La difficulté qu'on a par rapport, ce
pourquoi on veut introduire une modification à l'article 57. I, c'est
que cela peut devenir une majorité d'enseignants. Ils ont
déjà une place réservée comme enseignants de
l'école. Je vais vous donner une comparaison. Si on va dans d'autres
organismes, lorsqu'on spécifie que telle catégorie de membres
peut faire partie de tels conseils d'administration et qu'on en arrive avec une
clause omnibus en parlant de socio-économique, c'est assez rare qu'on va
retrouver dans le socio-économique ceux qui ont déjà des
places réservées. Ne pourront pas faire partie du
socio-économique ceux qui peuvent avoir accès à des places
réservées, spécifiquement mentionnées.
Face à cela, pour nous, la majorité des parents n'est pas
assurée au niveau de l'école, là où on a voulu
responsabiliser les parents. À ce titre, cela met en brèche le
fondement même de ce projet de loi. Nous en sommes rendus à cette
conclusion. C'est pour cela que nous demandons la modification.
Pour répondre, il est vrai que cela brime un droit. Je dois le
concéder, mais cela ne brime pas le droit du conjoint. Le conjoint
pourrait... Si on lit l'article 131 de la loi, lorsqu'on enlève un
membre de l'Assemblée nationale, un juge, un membre du personnel de la
commission scolaire qui ne peut pas siéger à la commission
scolaire, on brime des droits là aussi. Nous disons: Pour que cela soit
vivable, au niveau de nos écoles, il faut que les membres du personnel
d'une même commission scolaire soient exclus comme membres-parents mais
ils peuvent être là comme membres-enseignants ou comme personnel
non enseignant. Ils ont leur place réservée. C'est cela que nous
défendons.
M. Ryan: La difficulté que j'ai par rapport à votre
comparaison, M. Bédard, c'est que des membres de l'Assemblée
nationale, il y en a 122 pour tout le Québec; il y a à peu
près 250 juges, au moins au niveau provincial, tandis que des
employés d'une commission scolaire, sur un territoire, il y en a
plusieurs centaines...
M. Bédard (Lucien): Ils sont exclus à 131.
M. Ryan;... dans certains cas, des milliers. Pas pour le conseil
d'école ni pour le comité de parents.
M. Bédard (Lucien): Non, pour le conseil des commissaires,
mais tout de même...
M. Ryan: Pour le conseil des commissaires, c'est correct parce
que ce sont quelques postes encore.
M. Bédard (Lucien): Avez-vous pensé, M. Ryan, si
vous avez un président qui est professeur, qui siège au conseil
d'école, s'il y a un conflit, s'il arrive un mot d'ordre syndical, le
directeur est là. Le directeur, en vertu de l'article de la loi, est
responsable des personnels, comme le directeur général dans la
commission scolaire. Il doit faire appliquer des choses et, à un moment
donné, il arrive un veto de la part des enseignants. Comment
allez-vous... Cela ne s'administre pas.
M. Ryan: Je crois que vous avez une proposition, plus loin, dans
laquelle vous suggérez que les présidences du conseil
d'école doivent être assumées par un représentant
des parents. Je suis d'accord. Je n'ai aucune espèce de réserve
à cela. Je trouve que cela est sain. Puisqu'on leur donne la
majorité, qu'on leur donne la fonction de président. Dans mon
esprit, il n'y a pas de problème du tout. Cela serait dans la logique de
ce que nous essayons de faire.
À la difficulté que vous évoquiez tantôt, M.
le président, il y aurait peut-être une solution: une personne ne
peut être membre de plus d'un comité d'école. Je ne sais
pas si cela est bon. Je sais que cela comporte des inconvénients aussi,
mais cela pourrait très bien être mis pour éviter le genre
d'inconvénient dont vous parliez.
Je ne veux pas engager de débat à finir là-dessus.
Je vous ai posé le problème. On va penser de notre
côté aussi à la difficulté que vous soulevez et,
quand arrivera le stade de l'étude en commission, nous
l'examinerons.
Sur les deux autres points, je ne sais pas si j'ai bien compris, M. le
président. Vouliez-vous dire que, si on enlève le droit de veto
des deux, c'est une chose qui pourrait être examinée?
M. Bédard (Lucien): De très près.
M. Ryan: Que vous vouliez en enlever, je comprends très
bien ce que vous voulez dire. Je suis profondément d'accord avec vous
autres. Il faut avoir le moins de droit de veto possible dans une patente si
nous voulons qu'elle fonctionne, excepté s'il s'agit du cadre
fédéral canadien.
Une autre question... (14 h 45)
M. Bérubé: Par analogie avec le gouvernement
fédéral canadien, parce que là il s'agit d'une
délégation de pouvoirs de gestion venant de la commission
scolaire. Ce n'est pas relié au fonctionnement normal du conseil
d'école, c'est lorsqu'il y a délégation de pouvoirs. Donc,
c'est vraiment analogue au cadre fédéral-provincial.
M. Ryan: M. le Président, si le ministre voulait prendre
l'engagement d'obtenir de son premier ministre qu'avant de signer une prochaine
formule d'amendement il consultera l'Assemblée nationale, on fera le
débat avec grand plaisir sur les avantages respectifs de chaque formule
que privilégient l'une et l'autre partie.
Seulement un autre point, si vous me permettez. À propos de la
représentation des parents à la commission scolaire, j'ai
certaines difficultés avec la formule que propose le gouvernement. Je
vous le dis bien franchement, je ne veux pas que vous ayez l'impression
d'apprendre cela par d'autres ou par les journaux. Je l'ai déjà
dit d'ailleurs quand on s'était rencontré.
Je crois que la formule que propose le gouvernement, les deux tiers
élus au suffrage universel et un tiers élu par le truchement des
conseils d'école ou du comité régional des parents - je ne
me rappelle pas la formule exacte pour l'instant - cela aboutit au
résultat suivant. C'est que vous avez une catégorie de citoyens,
les parents qui ont des enfants aux écoles, qui a deux droits de
vote. Ils vont voter à l'élection au suffrage universel
pour l'élection de leur commissaire d'écoles dans leur quartier
et ils vont très possiblement faire campagne pour un parent, parce que,
chez les gens qui se présentent aux élections scolaires, il y en
a les trois quarts qui sont des parents. Ils vont exercer un droit de vote
là et, en plus, ils vont exercer un deuxième droit de vote pour
l'élection des parents commissaires, alors que les autres citoyens qui
paient des taxes exactement comme eux, qui ont le même titre de citoyens
n'auront qu'un droit de vote.
Cela me paraît contraire au principe de base du suffrage universel
lequel implique que tous les gens votent, mais que tous les gens disposent de
chacun une voix. C'est une difficulté que j'ai avec cette formule qui
est proposée par le gouvernement et dont je vous fais part en toute
simplicité.
Mme Bérubé (Lucille): Si, à ce niveau, nous
réclamions, M. Ryan, d'avoir 50% de membres de la commission scolaire
élus par les conseils d'école et 50% élus au suffrage
universel, je serais davantage portée à écouter votre
argumentation. Mais, à partir du moment où les parents demeurent,
à ce niveau, minoritaires, la moitié en fait, puisque ceux
élus au suffrage universel, il y en aura les deux tiers et un tiers
seulement élu par les conseils d'école - nous voyions au moins
cette proportion parce que nous réclamions la moitié - c'est
nécessaire pour établir un lien direct avec l'école
où ces gens apporteront un point de vue de l'école, de cette
école qu'on veut communautaire et responsable.
Vous me dites qu'ils auront deux droits de vote; peut-être. Il
faut quand même admettre que ces gens sont directement les usagers de
l'école. Leur enfant est directement dans l'école, reçoit
les services de l'école et, à ce titre, je pense que c'est un
titre privilégié, que le citoyen, en tant que membre de cette
société, ait des droits à la commission scolaire et un
droit d'avoir les deux tiers élus au suffrage universel, nous
l'acceptons. Nous demandons qu'au moins un tiers puisse y avoir accès et
nous ajoutons une autre demande, c'est que, même au comité
exécutif, pour avoir ce lien, pour pouvoir transmettre ces besoins
directement de l'école, il y ait un représentant du primaire et
du secondaire pour que tous les points de vue de l'école soient entendus
à la commission scolaire.
La formule que nous avons actuellement avec la Loi sur l'instruction
publique où un parent est à la commission scolaire
déjà - on vous le disait lors de la commission parlementaire de
janvier - a été à l'unanimité reconnue par tous
comme une présence des plus appréciées. C'est à ce
titre, les preuves étant faites du bien-fondé d'une
présence, qu'on demande une présence plus nombreuse et avec droit
de vote. Cette demande de droit de vote fait suite à l'expérience
vécue par les gens nommés par les comités de parents
à la commission scolaire qui réclament ce droit.
M. Ryan: Je comprends très bien les arguments que vous
apportez, que vous nous aviez présentés la fois
précédente également, mais je reviens avec l'argument de
consistance logique là-dedans. Si on opte pour le suffrage universel,
moi je vous dis qu'on ne peut pas opter pour un autre système en
même temps. On peut opter pour une autre logique de
représentation; il n'y a pas seulement le suffrage universel qui peut
procurer une représentation adéquate à la population. Au
niveau des cégeps, on a un autre système. On a les parents, les
élèves, les professeurs, le milieu économico-social, les
organismes économico-sociaux de la région. C'est une formule. Si
on prend une partie de cette formule, il faut aller plus loin. Si on met les
parents, les professeurs peuvent dire: On ne détesterait pas être
là nous aussi. Ils peuvent avoir raison également. On l'a fait
à d'autres niveaux: à l'université, dans les
hôpitaux. Nous disons que, pour le gouvernement de la chose scolaire,
c'est mieux de garder le principe d'un gouvernement local élu au
suffrage universel. On ne veut pas commencer à faire des compromis parce
qu'on trouve que c'est complètement une autre logique. Il nous semble,
en tout cas, il me semble à moi, pour l'instant - je ne veux pas engager
mes collègues, ils donneront leur opinion franchement et librement - il
me semble que, si on fait une entorse, on en fera une autre l'année
suivante et ainsi de suite. Finalement, c'est le principe même du
suffrage universel qui s'en va "down the drain", comme on dit. Je vous le dis,
cela soulève une objection. Il n'y a pas du tout de passion
là-dedans. J'aimerais que les parents soient là. Je me
réjouis qu'ils y soient déjà dans une très grande
mesure d'ailleurs. Je ne pense pas honnêtement que le moyen
proposé par le gouvernement en serait un qu'ils seraient prêts
à endosser.
Mme Bérubé: J'aime bien quand même la
façon dont vous l'exprimez, M. Ryan. Vous dites que c'est une autre
logique. Vous dites quand même que c'est logique.
M. Ryan: Oui. Oui.
M. Gervais: Je voudrais quand même souligner, M. Ryan,
qu'il reste que la proposition du gouvernement, pour nous, est très
acceptable. Quand on parle d'un gouvernement local, je ne sais pas si un
gouvernement local, qui a le pouvoir de 6% de taxation... Quand on parle de
suffrage
universel, je me souviens, il n'y a pas tellement d'années, que
le suffrage universel n'était pas celui qu'on connaît aujourd'hui.
On en a ajouté. On joue énormément là-dessus. Cela
m'apparaît aussi un certain suffrage. Écoutez, à mon avis,
il y a aussi un certain suffrage universel quand vous avez tout le monde dans
les conseils d'école. Cela peut être pris de différentes
façons. En tout cas, je pense qu'on peut en discuter longtemps.
M. Ryan: Ça va.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Fabre et adjoint parlementaire du ministre de
l'Éducation.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier la Fédération des comités de parents d'avoir
bien voulu, dans un court délai, se préparer et venir nous
présenter son point de vue sur le projet de loi 3.
Je voudrais d'abord commenter vos propositions en commençant par
l'article 57 où vous proposez que des parents d'élèves
fréquentant l'école, et ne faisant pas partie des membres du
personnel de la commission scolaire, élus par leurs pairs... Je partage
le point de vue du député d'Argenteuil. Je crains fort que votre
proposition lèse le parent enseignant qui a droit comme tout autre
parent de faire partie du conseil d'école. Je comprends que s'il est
membre du personnel de l'école en question, il ne puisse faire partie du
conseil d'école à titre de parent, mais qu'il puisse en faire
partie à titre de membre du personnel. Là-dessus, on s'entend. Il
ne faut pas qu'il soit en conflit d'intérêts par rapport à
la direction de l'école. Deuxièmement, il peut de toute
façon se présenter à son conseil d'école à
titre d'enseignant.
Je comprends les droits d'un parent enseignant qui lui n'est pas membre
du personnel de l'école fréquentée par ses propres
enfants. Qu'on lui interdise d'être membre de son conseil d'école,
je ne comprends pas et je ne peux pas l'admettre. À mon sens, on fait
une forme de discrimination.
C'est évident qu'on est ici pour discuter, mais, jusqu'à
nouvel ordre, je préfère de beaucoup la formulation qui est dans
le projet de loi 3. Je ne comprends pas non plus vos craintes. En tout cas, je
ne les comprendrais pas si on vous donnait raison sur le quorum. À ce
moment-là, si on précise le quorum tel que vous le demandez, vous
avez toutes les garanties nécessaires qui élimineraient les
craintes que vous avez évoquées tout à l'heure. Je ne sais
pas. J'aimerais que vous répondiez à mes arguments.
M. Bédard (Lucien): Je vais répondre par ceci: on
n'empêche d'aucune façon les enseignants d'être membres du
comité de parents.
M. Leduc (Fabre): Du conseil d'école.
M. Bédard (Lucien): Je parle du comité de parents.
Il y a un comité de parents dans l'école et on ne les
empêche pas d'en faire partie. Deuxièmement, on n'empêche
pas non plus leurs conjoints, par la proposition qu'on fait, d'être
présents au conseil d'école. Je pense que, si on ne se parle plus
entre conjoints, il faut se poser des questions. Il y en a beaucoup qui ne se
parlent plus, mais enfin.
M. Leduc (Fabre): Dans le cas d'une famille monoparentale?
M. Bédard (Lucien): S'il est enseignant, je pense qu'il
aura de la difficulté à assister au conseil d'école le
soir. Je reviens avec mon idée et on va vous le faire comprendre
peut-être un peu plus fortement. On va peut-être exposer un cas
extrême, mais allons-y! On sait comment sont motivés les
délégués syndicaux. C'est normal, je les comprends ils
défendent leurs droits et c'est sain en démocratie. Mettez le
délégué syndical comme parent et mettez-le comme
président, les enseignants ont la majorité. Il arrive un conflit
une fois tous les trois ans, il me semble, dans le domaine de
l'éducation, en termes de relations du travail, en tout cas l'histoire
nous le dit, et là, le bordel est pris dans l'école alors qu'au
moins là, le bordel est à la commission scolaire. La commission
scolaire, c'est l'employeur et on respecte ça. Cela a été
assez dit, lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 40, que la
commission scolaire était l'employeur. D'accord, elle est l'employeur,
mais venir mettre le bordel au niveau de l'école? Non, je pense
qu'à un moment donné "enough is enough". Nous autres, avec
l'article 57. I, c'est "enough is enough". On prétend que la paix
sociale sera plus difficile si vous ne faites pas de modification à
l'article 57. I que le statu quo actuel. C'est la question du ministre
Bérubé de tout à l'heure. Oui, ça va être
plus difficile si vous ne modifiez pas l'article 57. I. On est pris. Que
voulez-vous, ce n'est pas moi qui l'ai fait. On lit l'article 57. I et la paix
sociale sera dure. Ce sera dur de faire de la concertation dans les
écoles parce qu'on vivra des conflits.
M. Ryan a dit tout à l'heure qu'il était d'accord pour
ramener la présidence au niveau des parents. D'accord, si on en vient
là, c'est déjà quelque chose. Si on change le quorum,
c'est déjà quelque chose, mais nous disons que ce n'est pas une
garantie fondamentale pour la paix sociale au niveau des écoles si on ne
change pas l'article 57. I.
Il faut avoir la même notion qu'à la commission scolaire
parce qu'il y a une relation de gérance entre un directeur
d'école qui est là sans droit de vote et un enseignant qui sera
là avec droit de vote, qui pourra contredire le gérant du
personnel dans l'école. Je vous le dis, ce sera difficilement vivable.
En tout cas, je vous le dis, on ne peut pas être plus clair. C'est
l'appréhension qu'on a avec l'article 57. I. Je vous le dis très
sincèrement. Il peut peut-être y avoir d'autres moyens de
régler ça, je ne le sais pas, mais je ne pense pas qu'en
introduisant l'article 57. 1 on brime la liberté à ce point par
rapport au conjoint. Je suis d'accord avec vous pour les familles
monoparentales dont les parents sont enseignants, mais je vous dis que ce ne
sont pas ceux qui se retrouveront aux conseils d'école en termes de
parents. Ils seront là au moins comme enseignants.
M. Leduc (Fabre): Ce sont leurs droits qu'on brime.
M. Bédard (Lucien): Je suis d'accord, mais vous en avez
déjà brimé avec l'article 131 dans le projet de loi. Vous
l'excluez comme membre commissaire à l'article 131 et c'est drôle,
vous ne parlez pas de brimer, vous excluez tout le personnel de la commission
scolaire. L'article 131, quatrièmement, dit: Les personnes suivantes
sont inéligibles au poste de commissaire: un membre du personnel de la
commission scolaire. " Vous l'avez brimé, je ne vois pas pourquoi vous
le brimeriez. On est en termes décisionnels. Je ne verrais pas pourquoi
on n'est pas en termes décisionnels au niveau de l'école, il y a
des pouvoirs décisionnels au niveau de l'école.
M. Leduc (Fabre): Je n'aime pas votre comparaison. C'est pour
éviter les conflits d'intérêts. Cela se comprend, il est
membre...
M. Bédard (Lucien): Vous pensez qu'il n'y aura pas de
conflits d'intérêts au niveau d'un enseignant et d'un directeur
d'école chargé de la gérance du personnel dans son
école? Il va y en avoir, je peux vous dire ça.
M. Leduc (Fabre): Il faut bien se comprendre. Il faut faire la
distinction entre un enseignant d'une école donnée qui est
redevable de son travail vis-à-vis d'un directeur d'école. C'est
une question et je suis d'accord avec vous. Il pourrait se retrouver en conflit
d'intérêts et se retrouver dans une situation difficile au conseil
d'école s'il était élu comme parent.
Je ne vois pas comment l'enseignant d'une autre école, de
l'école voisine, dont les enfants vont à cette école, ne
pourrait pas lui, en tant que parent d'un enfant fréquentant
l'école en question, être membre du conseil d'école. C'est
ce que je ne comprends pas. (15 heures)
M. Bédard (Lucien): Je vais seulement faire une
intervention.
M. Leduc (Fabre): Non, je vais terminer. Je ne vois pas le
conflit d'intérêts. Vous me dites, vous sortez complètement
de l'argumentation en disant: Oui, mais imaginons le pire! Bien oui! Imaginons
le pire! Si on va jusque-là, je prévois que le conseil
d'école ne fonctionnera pas; c'est cela le pire. Si le pire s'installe,
si on imagine la catastrophe, elle va s'installer à tous les niveaux. De
toute façon, le conseil d'école ne pourra pas fonctionner. Un
conseil d'école, tel qu'on le décrit, peut fonctionner dans la
paix sociale et dans la mesure où les gens acceptent de travailler
ensemble. Il faut qu'il y ait une concertation pour que le conseil
d'école fonctionne dans son esprit et dans sa lettre. Si la chicane est
prise, cela ne marchera pas, c'est évident! De toute façon, si on
admet ces conditions, on peut admettre que le parent enseignant puisse, en tant
que parent, siéger au conseil d'école.
M. Bédard (Lucien): Sauf qu'en étant membre du
personnel d'une même commission scolaire, de la même unité
syndicale - il faut le dire - on n'a pas la garantie à cet effet, s'il
se retrouve là, d'une paix sociale. Là-dessus, je vous
réfère tout simplement à la loi 71 dans laquelle, sur un
simple mot d'ordre, à cause d'une règle d'unanimité en
termes syndicaux, il n'y a pas eu de conseil d'orientation. À partir de
l'exemple qu'il n'y a pas eu de conseil d'orientation, si on n'a pas la
garantie de paix sociale au niveau du conseil d'école, à partir
d'un simple mot d'ordre - je le répète - il pourra y avoir des
problèmes au niveau du conseil d'école.
Mme Bérubé: On peut aussi dire ceci: Il est vrai
que cela va peut-être brimer le parent enseignant. S'il n'y avait pas de
réservées au conseil d'école un nombre de places
suffisantes pour les enseignants, je vous donnerais raison, M. le ministre,
mais, à partir du moment où, au conseil d'école, les
enseignants sont représentés dans une proportion, s'ils le
veulent, de cinq enseignants, six parents ou toujours de cette façon, en
tant que professionnels de l'enseignement, ils peuvent venir là aussi
nombreux que les parents. La majorité des parents est
protégée de un seulement. D'accord. Si l'enseignant, comme le
disait Me Bédard, étant dans la même unité
syndicale, enseignant pour la même commission scolaire, se fait
élire dans l'école voisine comme parent, rejoint
déjà le nombre d'enseignants qui est seulement un de moins,
ils élisent le président qu'ils veulent et le reste et le
reste, la majorité des parents n'existe plus. Si vous avez cru bon
d'assurer cette majorité aux parents, majorité que nous
réclamions, si vous avez cru bon de l'accorder, vous devez le faire
jusqu'au bout.
M. Leduc (Fabre): Quant à moi, je veux bien, mais je pense
que cela brime certains droits individuels. Là-dessus, à moins
qu'on ne puisse me démontrer que cela ne brime pas les droits
individuels, je suis très méfiant vis-à-vis d'une telle
proposition.
Mme Bérubé: Cela brime peut-être des droits
individuels, mais cela protège les droits collectifs.
M. Leduc (Fabre): Oui, mais cela n'est pas démontré
non plus.
Enfin, je vais passer à un autre sujet, celui de la participation
des parents au niveau de la commission scolaire. Le député
d'Argenteuil - là-dessus, on diverge d'opinions, par contre - voit un
problème du fait qu'on risque de créer deux classes de citoyens.
On risque d'aller à l'encontre du principe du suffrage universel.
Là-dessus, je serais beaucoup moins ferme. Ce serait plus vrai si 95%
des subventions ou enfin du budget d'une commission scolaire ne provenaient pas
du gouvernement. Il ne faut pas se faire d'illusion. Dans la situation
actuelle, 95% des fonds proviennent du gouvernement. Dans ces circonstances, il
reste, en tout cas, en ce qui concerne la fiscalité locale - et c'est
limité d'ailleurs par le projet de loi - que c'est assez peu la
responsabilité locale dans le domaine de la fiscalité. Cela ne me
gêne pas qu'il y ait deux façons de nommer des
représentants, d'élire, parce qu'il y a une élection quand
même. Donc, cela ne me gêne pas qu'il y ait deux façons
d'élire des représentants à la commission scolaire et,
comme vous l'avez bien dit, il s'agit de parents dans un cas; dans l'autre cas,
on n'est pas assuré. C'est ouvert. C'est au suffrage universel; donc,
c'est ouvert à toutes les candidatures. Par contre, dans un cas, ce ne
sont que des parents. On a l'assurance que les parents seront dûment
représentés à la commission scolaire. Cela ne me
gêne pas du tout.
Par ailleurs, je voudrais que vous commentiez une suggestion qui a
été faite par l'organisme qui vous a
précédés. Les cadres scolaires. Vous avez dit, tout
à l'heure, j'en ai pris note, qu'il est important que la voix des
parents soit entendue à la commission scolaire. Oui, d'accord avec cela.
Les cadres scolaires étaient d'accord avec cela, mais ils ont
émis la suggestion suivante: c'est qu'on forme, au niveau de la
commission scolaire, une sorte de conseil d'éducation sur le
modèle du Conseil supérieur de l'éducation, un
modèle réduit au niveau de la commission scolaire. On sait que le
Conseil supérieur de l'éducation exerce une fonction-conseil
importante auprès du gouvernement, il donne son avis, une fonction
morale importante auprès du gouvernement. Ils proposaient une sorte de
conseil d'éducation au niveau de la commission scolaire, avec toutes les
ressources nécessaires pour permettre aux parents qui formeraient ce
conseil d'exercer une influence réelle au niveau de la commission
scolaire sur toutes les questions qui concernent l'éducation,
plutôt que d'être présents au sein de la commission
scolaire, avec une représentation limitée à un tiers, par
rapport à deux tiers, ce qui vous éviterait d'avoir à vous
prononcer sur des questions de cuisine, des questions d'administration qui sont
importantes, mais qui ne sont pas nécessairement reliées aux
préoccupations prioritaires des parents. Qu'est-ce que vous pensez de
cette suggestion? Est-ce que vous seriez prêt à échanger
cela?
M. Gervais: Est-ce que cette proposition ou suggestion, je
devrais dire -d'abord, ça m'arrive - premièrement, c'est en
prévision d'enlever les parents au conseil des commissaires? Les enlever
de là?
M. Leduc (Fabre): Oui. Plutôt pour leur donner les
ressources pour exercer leur influence au niveau d'un conseil
d'éducation, mais pour la commission scolaire.
M. Gervais: Je pense que, pour nous, il reste que les parents au
conseil des commissaires, tel que le propose la loi, c'est très
important. Il y a quand même des décisions d'ordre administratif
qui sont prises là. Souvent, pour nous, c'est très...
Évidemment qu'il y a des conséquences vers l'école.
À ce titre, je pense que, sur ce plan, on est très campé
sur cette position. C'est que les deux tiers des parents à la commission
scolaire, sur le plan de la décision, c'est très important. Le
projet de loi est là et on l'accepte. Maintenant, à savoir si on
doit former un conseil d'éducation, si vous voulez, écoutez, il
faudrait regarder cela de très près. Je ne suis pas
négatif à un tel comité, sauf que, si ce comité
amenait la disparition des parents au sein de la commission scolaire,
écoutez, non... Je pense qu'au niveau de la commission scolaire la loi
prévoit déjà la formation d'un comité de parents.
Donc, déjà, ce comité peut très bien donner avis au
conseil scolaire, à la commission scolaire. Je pense que le
mécanisme est déjà là. Il faudrait regarder cela de
plus près, mais je pense qu'il ne faut pas enlever cette partie qui,
pour nous, est très importante, c'est-à-dire que les parents
soient décideurs. Il n'est qu'à un tiers... Je pense que c'est
important
pour nous.
M. Leduc (Fabre): Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): À l'article 217 du projet de loi
3, il est dit que le mandat du président est d'un an et qu'il peut
être renouvelé. Ne trouvez-vous pas que c'est une formule qui peut
créer des problèmes, qui peut obliger le président
à être complaisant, à être constamment en tractation
avec les autres commissaires de façon à s'assurer que
l'année suivante il sera renommé président, s'il tient
à ce poste?
M. Gervais: C'est un peu le cas actuellement; c'est ce qu'on vitprésentement.
M. Bédard (Lucien): Si je peux me permettre de
répondre...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pardon?
M. Gervais: C'est le cas qui se vitprésentement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas du tout, le président est
nommé...
M. Gervais: Vous parlez du président de la commission
scolaire?
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est exact.
M. Gervais: Et quelle est votre question?
M. Leduc (Saint-Laurent): Êtes-vous d'accord pour que son
mandat ne soit que d'un an? Actuellement, il est nommé pour un
terme.
Mme Bérubé: Il est nommé pour un an. Il est
élu chaque année.
M. Leduc (Saint-Laurent): Le président de la commission
scolaire?
Mme Bérubé: Oui, il est élu chaque
année.
M. Bédard (Lucien): Cela dépend des commissions
scolaires. Mais un président de commission scolaire, dans la Loi sur
l'instruction publique actuellement, a un mandat d'un an et, chaque
année, les commissaires entre eux nomment un nouveau
président.
M. Gervais: C'est cela.
M. Bédard (Lucien): Cela dépend du fonctionnement
des commissions scolaires.
M. Gervais: C'est ce qui se vit présentement.
M. Bédard (Lucien): Pour nous, il n'y a pas de
différence entre la loi actuelle et...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas sur l'île de Montréal,
sûrement?
M. Bédard (Lucien): Peut-être pas sur l'île de
Montréal, mais dans le reste de la province, il faudrait voir.
M. Ryan: On va vérifier cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, je suis convaincu que, sur
l'île de Montréal, ce n'est pas le cas.
Mme Bérubé: C'est une élection annuelle
renouvelable, exactement comme dans l'article 217.
M. Bédard (Lucien): Chaque année, le
président de la commission scolaire est renommé.
Mme Bérubé: Oui, certainement.
M. Bédard (Lucien): Il est renommé, il a un mandat
annuel.
M. Leduc (Saint-Laurent): Chaque année?
M. Bédard (Lucien): Chaque année. Il est élu
pour trois ans à titre de commissaire...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis d'accord, bien sûr.
M. Bédard (Lucien):... mais son mandat est échu
chaque année.
Mme Bérubé: À la présidence, c'est
chaque année.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est une formule qui vous
satisfait?
M. Gervais: C'est très viable chez nous, en tout cas.
M. Bédard (Lucien): Chez nous aussi.
M. Ryan: À propos du président, je ne suis pas
sûr que vous ayez une bonne interprétation de la loi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Moi non plus.
M. Ryan: À ma connaissance, lorsqu'ils sont élus,
les commissaires se réunissent et
ils élisent un président. La loi dit bien qu'il est
là jusqu'à son remplacement, jusqu'à la nomination de son
successeur.
M. Bédard (Lucien): M. Ryan, c'est parce que chaque
commission scolaire établit ses règles de régie interne et
souvent les commissions scolaires, par leurs règles de régie
interne, ont établi que le président vient en élection
chaque année.
M. Ryan: Chez nous...
M. Bédard (Lucien): Chez nous, cela se passe comme
cela.
M. Ryan: Chez nous, dans Argenteuil, le président est
nommé pour la même durée de mandat que celui des
commissaires.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je dois vous dire que, chez nous, la
question s'était posée. À ce moment-là, on avait eu
un avis que le président était nommé pour...
M. Ryan: Ils trouvent que cela fonctionne bien.
M. Leduc (Saint-Laurent):... trois ans et qu'il fallait que tous
les commissaires soient d'accord pour que le mandat soit renouvelable tous les
ans.
Mme Bérubé: Mais la Loi sur l'instruction publique,
c'est tel que libellé à l'article 217. Il y a peut-être un
inconvénient à un changement, c'est que les commissaires
d'écoles - en tout cas, dans la loi actuelle -ne sont pas tous
élus la même année. Partant de là, dans les
commissions scolaires où le président serait élu pour
trois ans, ceux qui sont élus la deuxième et la troisième
année n'auraient jamais accès à la présidence. Je
sais qu'actuellement la Loi sur l'instruction publique - je ne parle pas de
l'avenir - est telle que définie dans l'article 217.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'en suis pas certain.
Je voudrais maintenant soulever la question du suffrage universel, de la
nomination des commissaires au suffrage universel. Je suis bien sympathique
à ce qu'il y ait des parents au niveau du conseil des commissaires. La
formule actuelle ne le prévoit pas. En fait, on peut avoir des membres
de la communauté qui ne sont pas des parents au conseil des
commissaires. L'étude qui a été faite a
révélé qu'environ 85% étaient des parents. La
question qu'on peut soulever est celle-ci: Est-ce que les personnes qui sont
là seront des parents plus tard ou, si elles ont déjà
été des parents, est-ce qu'on devrait s'opposer au fait qu'elles
soient commissaires? En tout cas, je veux bien qu'on s'assure qu'il y ait des
parents, mais je voudrais qu'ils soient élus au suffrage universel. Ma
question est la suivante: Avez-vous pensé à une formule pour bien
s'assurer qu'au niveau des commissaires il y aura des parents, mais à
l'occasion d'un suffrage universel? Moi aussi, je crois au gouvernement local
et je veux bien que les commissaires d'écoles soient élus au
suffrage universel. (15 h 15)
M. Gervais: Vous soulignez que les conseils des commissaires sont
composés présentement à 80% de parents et vous soulevez...
Bon! Je ne comprends pas trop le sens de votre question. Vous voulez...
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais on n'est pas certain... En
fait, ce n'est pas une condition sine qua non, pour être commissaire,
d'être parent.
M. Gervais: Non.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je veux bien m'assurer, comme vous le
demandez, qu'il y ait des parents au conseil des commissaires, mais qu'ils
soient élus au suffrage universel.
M. Gervais: On n'est pas contre le suffrage universel.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais avez-vous pensé
à une formule?
M. Gervais: La formule que nous trouvons idéale pour
l'instant, c'est le projet gouvernemental. On dit que le parent, que ce soit un
parent ou, peu importe, un individu qui est contribuable ou un résident,
peut être commissaire d'école, sauf que le parent impliqué
dans le milieu de l'école, qui s'implique au niveau de l'école de
son quartier et tout cela, on dit que lui aussi il peut être là.
C'est ce qu'on dit, dans le fond.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, je comprends, mais, à ce
moment-là, il provient du conseil d'école. Je veux que tous les
commissaires d'écoles soient élus au suffrage universel.
Mme Bérubé: Ce que nous voulons, c'est qu'il y ait
un lien, un ancrage. On a entendu très souvent ce mot-là en
janvier. Si ce n'est pas possible de l'avoir avec chacune des écoles, ce
qui est important pour nous, c'est qu'il y ait un lien entre l'école et
la commission scolaire, un lieu d'influence, un lieu d'information, un lieu
d'influence des prises de décision également à ce
niveau-là, une relation directe école-commission scolaire. C'est
à ce titre que nous demandons que les parents du conseil des
commissaires soient élus par des conseils
d'école qui travaillent directement chaque jour dans
l'école et qui retourneront dans cette même école. C'est
donner un suivi à tout cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Madame, je vous rejoins, mais il y a
une chose que vous devez reconnaître; c'est que chaque école ne
peut pas être représentée à la commission scolaire.
Boni D'accord. Je veux m'assurer qu'il y ait des parents, vous
également, mais je veux qu'ils soient élus au suffrage universel.
Je me demandais si vous aviez étudié une formule qui pourrait
nous permettre d'avoir des parents au niveau de la commission scolaire. Je ne
sais pas, moi... À un moment donné, on a parlé de classe
C. Je pourrais peut-être parler de classe B lorsque, au niveau municipal,
on avait des représentants des propriétaires et des
représentants des locataires. Ne pourrait-on pas avoir une formule
semblable, c'est-à-dire des représentants de la communauté
et des représentants des parents?
Mme Bérubé: Étudier une formule semblable...
Il faut quand même admettre que nous sommes partis du livre blanc. Nous
sommes partis de la loi 40 où les formules étaient
différentes et nous sommes arrivés au projet de loi 3. Ce qui
nous semble essentiel dans tout cela, c'est que des parents venant directement
de l'école où ils oeuvrent comme membres du conseil
d'école aient voix au chapitre à la commission scolaire. C'est
cela, ce lien école-commission scolaire que nous réclamons. C'est
le principe fondamental.
M. Leduc (Saint-Laurent): Peut-être... En tout cas, mon
confrère veut intervenir.
M. Parent: Une question, M. le Président, sans enlever le
droit de parole.
Le Président (M. Charbonneau): Sans enlever le droit de
parole. D'accord.
M. Parent: Merci. Madame, seulement une petite question que je
voudrais vous poser. Si les parents veulent réellement agir au sein des
commissions scolaires, pourquoi, à l'occasion d'une élection
générale, à l'occasion du suffrage universel, les
comités d'école ne présentent-ils pas des candidats? On
l'a vu. Je parle de Montréal, que je connais le plus. À
Montréal, les comités d'école ou les comités de
parents n'ont jamais été très engagés dans les
élections scolaires, jamais. On ne les voyait pas. Si vous voulez,
monsieur...
Mme Bérubé: Je vais répondre. Oui, je vais
vous dire ceci. La ville de Montréal, vous la connaissez. Moi, je ne la
connais pas. Je connais pas mal plus le reste de la province et je vous dis que
nos gens...
M. Parent: Mais c'est important, parce que les deux tiers de la
population sont là.
Mme Bérubé: Ah oui! Je suis d'accord et je le
respecte, surtout. Nous sommes en très bons termes avec les membres des
comités de Montréal. Je vous le dis ici. Cependant, je vous dis
que personnellement -comme vous dites que personnellement vous connaissez mieux
ce milieu - je connais mieux l'autre. Bonî Mais je vous dis ceci: C'est
que les gens, quand même, s'engagent à ce niveau dans les
élections, mais nos comités ont très peu fait de politique
jusqu'à maintenant. Nous avons étudié la proposition qui
nous était faite dans la loi 40 et qui nous est faite dans le projet de
loi 3, qui faisait suite à des revendications, à des demandes des
parents pour trouver cette place au sein de ce conseil des commissaires.
M. Parent: Personnellement, madame, je veux voir les parents au
sein de l'administration scolaire. Je suis venu en politique scolaire
après avoir été membre et président de mon
comité d'école. Comme mon collègue d'en face, on croit
à la présence des parents, on croit qu'ils ont un rôle
à jouer. Je trouve cependant qu'avec deux sortes de commissaires un des
commissaires devient dévalorisé par rapport à un autre et
cela sera toujours sujet à des tensions entre un groupe et l'autre.
Vous aurez là des cliques et des chapelles dans l'élection
du comité exécutif, dans l'élection du président.
Nous cherchons un moyen d'avoir la participation des parents et que cela
fonctionne dans l'harmonie afin d'éviter ces tensions qui existent.
Je peux vous parler du dernier exécutif à Montréal
parce que je le présidais. Cela fonctionnait merveilleusement bien. On a
eu deux parents qui "cliquaient" au comité exécutif mais ce
n'était pas comme ça partout. J'aimerais que vous cherchiez, avec
tous les gens autour de la table ici, une solution qui serait respectueuse des
deux catégories de commissaires et qui en ferait des commissaires
à part entière et avec un statut apparent égal.
M. Gervais: Dans le système actuel vous avez
déjà un parent qui siège au conseil des commissaires et
à l'exécutif. Vous avez sûrement entendu parler du fameux
débat du temps. On ne voulait pas le voir là, c'était
clair lors du débat sur le projet de loi 71.
M. Parent: Cela a évolué.
M. Gervais: Oui, cela a évolué sauf qu'au
vécu même des commissaires d'écoles, je pourrais vous en
citer plusieurs, plusieurs conseils des commissaires ont trouvé que
la
venue du parent au conseil des commissaires et à
l'exécutif a amené des éclairages nouveaux. Ils ont
été conscients de certaines choses.
On peut dire au moins qu'on a un vécu à ce
niveau-là. Moi-même, pour avoir été pendant trois
ans à un conseil des commissaires, j'avais une préoccupation et
je les informais dans ce sens-là. Questionnez les commissaires et ils
diront que, depuis que le parent siège au conseil et à
l'exécutif, il arrive énormément de choses de nouveau, de
nouvelles préoccupations que le conseil ne voyait pas.
Donc, si on nous offre le tiers aujourd'hui, je ne vois pas de
difficultés. On tourne autour du suffrage universel dans le fond.
M. Parent: J'ai tellement entendu souvent - et pas d'une
façon péjorative ni méchante, mais où il y a de
l'homme il y a de l'humain - j'ai donc entendu: Nous autres, on a
été élus. Cette différence-là existe.
M. Gervais: Le parent aussi est élu.
M. Parent: Des commissaires élus au suffrage universel,
des parents membres de l'exécutif, des gens qui s'aimaient bien, qui
fonctionnaient bien et, quand arrivait le temps d'une décision
corsée, on disait: Nous autres, on a été élus. Je
l'ai souvent entendu et ça dénotait quelque chose.
M. Gervais: Il ne faut pas oublier non plus que le parent qui
siège au conseil des commissaires a été élu, dans
un premier temps, à son comité d'école,
délégué à son comité de parents,
réélu par le comité de parents pour aller au conseil. Il a
passé par tout un chemin pour se rendre là.
M. Parent: C'est toute la question du mandat électoral.
Les uns doivent rendre compte. Dans l'autre cas, ils ne doivent pas rendre
compte aux électeurs, ils doivent rendre compte au conseil
d'école...
M. Gervais: Oui, ils rendent compte au comité
d'école, au comité de parents, mais...
M. Parent:... ou au comité d'école que vous
connaissez actuellement.
Mme Bérubé: Je pense que la forme d'élection
sera différente, je vous le concède, mais ce sera quand
même un mode d'élection. Les pouvoirs qu'il aura seront ceux que
la loi lui accordera. Je pense qu'en tant que parent ce n'est pas parce qu'il
est parent qu'il n'est pas citoyen. Il est parent et il est également
citoyen et, à ce titre-là, il aura également à
rendre compte de son mandat. Ce qui est différent, c'est le mode
d'élection et les pouvoirs qu'il aura seront aussi les pouvoirs - ce
sont les mêmes - du commissaire. Il aura aussi à rendre compte
à la population parce qu'il administrera les biens publics. C'est une
dynamique nouvelle.
M. Bédard (Lucien): Il y a une chose qu'on a
peut-être voulu privilégier au niveau de l'école, et c'est
peut-être en ce sens que cet aspect-là du tiers qui est
proposé répond aux aspirations des parents au niveau des conseils
d'école. On respecte la politique et la démocratie et que cela
joue politique au niveau d'une commission scolaire, c'est normal. Mais on ne
voudrait pas politiser l'école sur une représentation où
on veut faire vivre des choses éducatives au niveau de Penfant. Je pense
que cela a été un souci majeur dans toute l'orientation des
parents de dire: On voudrait être représentés à la
commission scolaire pour donner notre opinion sur ce qui se passe au niveau de
l'école, du vécu, de ce qu'on vit, mais non pas en termes de
politique, non pas en termes politiques de gouvernement local.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous voulez maintenant on va
regarder les articles...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent, je pense que maintenant, avec l'aide de votre collègue
de Sauvé, vous avez écoulé le temps qui vous était
alloué.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il ne me reste plus rien?
Le Président (M. Charbonneau): Il ne vous reste plus
rien.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'en ai pour deux minutes.
Le Président (M. Charbonneau): Il ne vous reste plus rien.
Si on veut terminer à une heure raisonnable.
M. Leduc (Saint-Laurent): On va...
Le Président (M. Charbonneau): Non, non, mais
écoutez, on ne reviendra pas sur la question de savoir si on a
refusé ou pas. Le temps est écoulé et je voudrais
respecter l'horaire; on est vendredi après-midi, et je pense que les
membres de la commission sont ici depuis 9 h 30 mardi matin.
Alors, M. le ministre de l'Éducation, il vous reste six
minutes.
M. Bérubé: Oui. Je pense que je ne prendrai pas six
minutes. Étant donné qu'au tout début j'ai soulevé
une discussion intéressante... Je pense que vous avez
hésité tantôt à répondre à ma
question, je l'ai
répétée deux, trois ou quatre fois et à
chaque fois vous avez hésité à répondre et je pense
que je peux comprendre pourquoi si dans le fond vous préférez la
présente loi au statu quo. Il y a des choses que vous aimeriez mieux,
cela je peux comprendre, mais vous avez hésité à
répondre. Néanmoins, je ne pouvais finir la rencontre avec vous
sans bien clairement faire comprendre les articulations du présent
projet de loi et finalement les articulations que le député
d'Argenteuil a à l'esprit quand il vous pose ces questions parce qu'il y
a deux approches cohérentes. Le problème de ces deux approches
cohérentes c'est que vous aimeriez avoir le meilleur des deux mondes.
C'est un peu comme dans les négociations de conventions collectives, les
syndicats vont vous demander "the best available clause", c'est-à-dire
qu'ils vont chercher la meilleure clause dans chacun des contrats collectifs en
vigueur et ils disent: Cela c'est une convention collective qui ferait notre
affaire, vous voyez cela existe partout ailleurs. C'est bien sûr que si
vous avez la meilleure clause de toutes les conventions collectives existantes
dans une société vous allez trouver votre convention collective
extrêmement bonne. Mais là c'est clair qu'on ne peut piger comme
cela et aller chercher tout ce qui fait notre affaire. Il faut donc comprendre
les articulations pour voir les deux modèles en place.
Votre requête de suppression du droit de veto représente un
déplacement majeur de l'équilibre entre les intervenants et vous
savez qu'à ce moment vous allez avoir l'opposition féroce de
toutes les centrales syndicales qui vont refuser entièrement le
présent projet de loi. Tout l'appui qu'ils ont apporté il est
complètement retiré si nous faisons cela. Pourquoi? Parce que le
problème de la Centrale de l'enseignement, du PACT et du PAPT est le
suivant, il faut le comprendre tous ensemble. Un conseil d'école qui a
des pouvoirs de gestion a donc autorité sur des enseignants comme
patron. Cela a été soulevé quand on a étudié
la loi 40. L'enseignant est donc membre d'une unité syndicale et membre
d'une unité patronale. Lorsqu'il s'agit d'orientation, il n'y a pas de
problème et lorsqu'il s'agit de pouvoirs de gestion, de
délégation réelle d'autorité au conseil
d'école, à ce moment, les centrales des enseignants nous disent:
Non. C'est leur position. Il faut quand même que vous sachiez la nature
des débats qui ont eu lieu.
Donc, dans le projet de loi actuel, par rapport au projet de loi 40, on
a dû ne pas accorder de pouvoirs à l'école autres que les
pouvoirs d'orientation, mais dire néanmoins que de tels pouvoirs
pourraient être délégués à l'école et,
pour accentuer la pression à la délégation, s'assurer que
les conseils d'école ont une forte représentation au niveau du
conseil de la commission scolaire de telle sorte qu'ils feront pression sur la
commission scolaire pour qu'il y ait délégation, un tiers de
parents élus par les conseils d'école ayant des mandats de
conseils d'école au conseil de la commission scolaire. Ceci exerce donc
une pression très forte sur la commission scolaire pour écouter
les conseils d'école et déléguer. Mais, automatiquement,
il y a une crainte des intervenants de voir une délégation
forcée qui les mettrait dans une position employés-employeur.
Cette crainte étant réelle ils ont donc demandé qu'une
telle délégation ne puisse se faire que lorsqu'il y a harmonie
dans l'école. Si les parents et les enseignants s'entendent, à ce
moment la délégation ne leur fait pas peur. Autrement, cela ne
peut être qu'une délégation où eux vont devoir se
retirer du conseil d'école, c'est-à-dire que, chaque fois qu'il
n'y a pas consensus, une délégation de pouvoirs va
nécessairement forcer les enseignants à se retirer du conseil
d'école pour ne pas devoir être juge et partie. C'est en gros la
logique de la position enseignante, qui se défend. (15 h 30)
Si on supprime le droit de veto, il ne reste donc qu'un modèle
d'affrontement. C'est-à-dire que, si on ne s'entend pas avec les
parents, on se retire et là vous avez une querelle. Si en même
temps vous mettez beaucoup d'insistance pour que la commission scolaire puisse
déléguer en ayant beaucoup de représentants du conseil
d'école au niveau de la commission scolaire, automatiquement vous avez
une pression à la délégation et vous avez des enseignants
qui s'inquiètent. Ce qui amène à ce moment-là un
deuxième modèle tout aussi valable mais qui n'est pas le
même. On dit: Une école peut effectivement se voir
déléguer des pouvoirs. Quand les enseignants ne s'entendent pas
avec les parents, ils se retirent. C'est leur affaire. Mais, à ce
moment-là, il faut qu'il y ait un organe supérieur capable
d'apprécier de telles situations. S'ils ne sont pas
particulièrement incités à déléguer - et
c'est normal, tout organisme ayant des pouvoirs a tendance à vouloir les
concentrer plutôt que de les déléguer - à ce
moment-là vous confiez à la commission scolaire le soin de
décider s'il y a délégation ou non, mais vous ne mettez
pas de parents avec droit de vote venant des conseils d'école ou des
parents élus au suffrage universel. Vous avez un modèle qui n'est
pas biaisé en faveur de l'école, où il n'y a pas une
représentation école et où le vécu de
l'école n'est pas au centre. À ce moment-là l'arbitrage
devient purement politique. C'est la communauté qui décide si,
oui ou non, il y a une bonne entente et donc délégation.
Donc, M. le Président, cela m'amène à cette
question: Entre les deux modèles, parce que je pense que c'est la
question finalement à laquelle on n'a pas eu de réponse,
c'est-à-
dire le modèle proposé par le député
d'Argenteuil, le tiers des parents - on essaie de s'éclairer pour
travailler ensemble en ce moment - c'est-à-dire une commission scolaire
où les commissaires sont des élus démocratiques
représentant le concept d'arbitrage politique, si on veut... On
élit des délégués qui feront des arbitrages sur le
fonctionnement de nos écoles. À ce moment-là quand ils
décident de déléguer, ils délèguent, mais
là il n'y a pas de droit de veto parce qu'ils ont l'autorité
politique. Entre ce modèle qui nous est proposé et le
modèle du projet de loi 3, j'aimerais vraiment savoir lequel vous
préférez.
Une voix: Le temps est expiré.
Le Président (M. Charbonneau): C'est évident mais
si on voulait être correct avec nos invités, de deux choses...
Compte tenu de ces réactions, on va au moins laisser nos invités
répondre à la question. Ce qui terminera par la suite notre
rencontre avec eux.
M. Bédard (Lucien): J'aimerais avoir bien saisi la
question du ministre de l'Éducation, à savoir si ce qu'il nous
offrait c'est le retrait du tiers de représentants des parents pour
laisser tomber le droit de veto. Est-ce cela le "bargaining" que vous nous
offrez?
M. Bérubé: Non, non, c'est un modèle ou un
autre. Je vous dis: Aimez-vous mieux le modèle soutenu par le
député d'Argenteuil ou celui-là?
M. Bédard (Lucien): J'essaie de comprendre ce qu'on nous
offre.
M. Bérubé: Oui, oui, c'est cela.
M. Ryan:... un doute si c'est toujours la vraie
démocratie.
Mme Bérubé: Je pense qu'il n'y a même pas
doute.
M. Bédard (Lucien): Actuellement, si on peut... Je vais me
permettre juste une réponse. Quand il y a un problème entre
employeur et employés, il. me semble qu'il y a des comités de
concertation entre les enseignants et les commissions scolaires auxquels les
parents ne sont pas présents. Alors, je pense qu'à ce
niveau-là ce n'est pas changé dans la loi actuelle, ce que j'ai
perçu. Je n'ai vu nulle part que la négociation ne se fera pas
entre la commission scolaire et les représentants syndicaux des
enseignants au niveau de leurs conditions de travail. Je n'ai pas vu, à
moins que je ne me trompe. Donc, je ne vois pas où est
l'appréhension des enseignants là- dessus, mais je vais
répondre d'une autre façon: Si, pour corriger le droit de veto,
on peut faire une proposition, on serait d'accord qu'il y ait un vote des trois
quarts au conseil d'école comme il existe dans le droit des compagnies
où les grandes décisions doivent être prises aux trois
quarts des membres en valeur et en nombre. On serait d'accord avec un vote des
trois quarts du conseil d'école.
M. Gervais: C'est ce qui responsabilise davantage le conseil
d'école.
M. Bérubé: Et du conseil des commissions scolaires
aussi?
M. Bédard (Lucien): Sur quel point?
M. Bérubé: Sur la délégation. C'est
la question de la délégation qui est importante.
M. Gervais: On ne l'a pas étudié sous cet
aspect-là.
M. Bédard (Lucien): Ce serait à regarder.
M. Gervais: On dit: Au niveau de l'école, au lieu
d'être pris pour demander l'autorisation à un et à un
autre, on dit au niveau des trois quarts...
M. Bérubé: Je ferais la suggestion que vous
examiniez cette question qui est importante, de telle sorte que, quand nous
reprendrions nos travaux, vous ayez peut-être eu le temps de la
mûrir. Il y a effectivement deux modèles, honnêtement. Le
modèle qu'on a essayé de présenter dans le projet de loi 3
est un modèle où on a tenté de faire un équilibre
entre les intervenants. La difficulté, c'est qu'une fois
l'équilibre trouvé vous dites: Oui, mais il y a une petite
partie, nous, on n'aime pas cela. Sauf qu'à partir du moment où
vous enlevez une cheville ouvrière là-dedans, mais je dois vous
dire une chose, c'est un château de carte, si vous enlevez une carte,
bien là, évidemment, il s'effondre. C'est un
équilibre.
M. Ryan: Très belle description.
M. Bérubé: C'est un équilibre. C'est
toujours comme cela. C'est cela la vie en société. C'est
basé sur des équilibres délicats. C'est donc un
équilibre entre des intervenants qui repose sur une série de
principes que vous connaissez puisque vous les avez discutés à
fond avec les enseignants, avec la Fédération des commissions
scolaires. Cela serait important que vous y réfléchissiez, et
vous ne pourrez pas vous en sortir en disant: On voudrait le meilleur des deux
mondes. Il va falloir que vous nous donniez une orientation parce que
nous, on va choisir.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. Je
pense que là on va mettre fin à la rencontre avec nos
invités. Si on poursuivait, je serais inéquitable par rapport
à mes collègues de ce côté-ci de la table.
Il me reste à vous remercier d'avoir participé à
ces consultations particulières qui, j'en suis convaincu, ont
été fort appréciées par les membres de la
commission. Merci et à la prochaine.
M. Gervais: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): On suspend quelques
instants, le temps de permettre à nos autres invités de prendre
place.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M. Charbonneau): Je demanderais aux membres
de la commission de reprendre leur siège et à nos invités
de s'approcher, s'il vous plaît!
CSN
La commission parlementaire de l'éducation et de la main-d'oeuvre
reçoit maintenant la Confédération des syndicats
nationaux. Je voudrais remercier les porte-parole de la CSN d'avoir bien voulu
accepter l'invitation que les membres de la commission vous ont faite de
participer à cette consultation particulière avant le
débat sur le principe de la loi 3 et l'étude article par article
de ce projet de loi.
Je vous rappelle que nous avons une heure et trente à notre
disposition et que, dans la mesure où vous concentrerez votre
présentation initiale, cela permettra aux membres de la commission
d'avoir plus de temps pour dialoguer avec vous.
Je pense que c'est M. Auger qui va être le porte-parole principal.
Je lui demanderais de présenter les collègues qui l'accompagnent,
pour les fins du Journal des débats, et d'engager dès maintenant
sa présentation.
M. Auger (Christopher): Oui. Alors, il y a Mme Ginette
Guérin, à ma droite, qui est présidente du secteur
scolaire CSN; c'est l'ensemble des syndicats affiliés à la CSN
qui viennent du secteur scolaire. Il y a Mme Monique Richard,
conseillère syndicale pour la fédération, et M. Victor
Delamarre, vice-président de la Fédération des
employés de services publics (CSN) à laquelle sont
affiliés les syndicats du secteur scolaire.
On vous a remis - vous allez très bien comprendre, j'en suis
sûr, que vous n'ayez pas pu l'avoir à l'avance - un mémoire
trop court et certainement insatisfaisant, compte tenu du court laps de temps
qu'on a eu pour développer notre position. Vu qu'il n'est pas
très long, je vais vous en faire lecture et, par la suite, nous aurons
une période d'échange.
Au départ, je voudrais cependant, compte tenu du peu de temps que
nous avons eu pour le rédiger, faire deux corrections. Si vous voulez le
prendre à la page 16, à l'avant-dernier paragraphe, fin de la
deuxième ligne, on dit: "En effet, les commissions scolaires doivent
déposer leur plan de transfert. " Au lieu "d'effectifs", il faut lire de
"transfert". La même erreur se retrouve en page 19, à la
recommandation no 8 où on doit lire: "Les délais prévus
pour les dépôts des plans de transfert" et non pas "lea
dépôts des plans d'effectifs".
À la suite du dépôt du projet de loi 40 traitant de
la restructuration du système scolaire élémentaire et
secondaire, la CSN avait déposé un mémoire devant la
commission parlementaire chargée d'étudier ce dossier. Notre
mémoire traitait tout autant des grandes orientations du projet de loi
que des aspects spécifiques touchant le personnel que nous
représentons. Depuis, un nouveau ministre de l'Éducation a
été nommé, un nouveau projet de loi a été
déposé - nous l'avions demandé - des discussions et des
échanges ont eu lieu sur les modalités d'intégration. La
CSN tient à faire part de son analyse du projet de loi 3 et des
changements qu'elle souhaite y voir apporter, tout en soulignant ses aspects
positifs.
Ce projet de loi 3 est la réponse du gouvernement au tollé
général suscité par le défunt projet de loi 40 qui
traitait du même sujet. Ce projet de loi avait provoqué une
levée de boucliers d'à peu près tous les intervenants du
milieu qui, pour la plupart, en exigeaient le retrait. Nous sommes heureux de
constater que le ministre de l'Éducation a tenu compte des nombreux
commentaires exprimés lors de la précédente commission
parlementaire. J'ajouterais que nous sommes heureux également,
malgré le peu de temps que nous avons, d'avoir l'occasion de nous
présenter à nouveau devant la commission parlementaire, tel que
nous l'avions demandé également dans notre premier
mémoire.
Le nouveau projet de loi a des intentions beaucoup plus modestes et se
veut beaucoup plus respectueux du rôle de chacun des partenaires du
milieu de l'éducation. Il contient, cependant, un certain nombre de
lacunes que nous voulons souligner afin de suggérer les correctifs qui
nous semblent appropriés.
On tient, d'abord, à réaffirmer que la question de la
démocratisation de
l'enseignement et de l'égalité des chances pour tous et
pour toutes, dans le cadre d'un système laïc, public et gratuit,
demeurent les principaux objectifs à poursuivre. À cet
égard, nous déplorons que le projet de loi 3 ne s'attaque qu'aux
structures du système d'éducation élémentaire et
secondaire. Nous aurions souhaité qu'un second souffle soit donné
à la démocratisation du système scolaire, car,
malgré les progrès réalisés, beaucoup de choses
restent à faire.
De la même manière, le projet de loi 3 ne règle pas
la question, à notre avis, de la confessionnalité des
écoles. Il n'aborde pas, non plus, la problématique reliée
à l'existence d'un important réseau d'institutions privées
largement subventionné par l'État. Il passe sous silence toute la
dimension de plus en plus pressante de l'éducation des adultes. La CEFA
avait pourtant souligné l'urgence de la situation dans ce domaine et les
solutions à envisager. Voilà maintenant plus de deux ans que le
rapport de la commission Jean dort sur les tablettes, laissant s'enfouir sous
une épaisse couche de poussière de plus en plus opaque les
espoirs qu'il a suscités.
On réitère qu'il s'agit là de dimensions plus
fondamentales encore que les structures du réseau et qu'elles devront
faire l'objet, elles aussi, d'une attention rapide et soutenue du
gouvernement.
Sur la confessionnalité, nous reprenons essentiellement les
positions que nous avions mentionnées lors de notre présence en
commission parlementaire sur le projet de loi 40, à savoir que nous
sommes, d'abord, favorables à la déconfessionnalisation des
commissions scolaires; c'est un pas franchi. Nous sommes favorables à
une école publique et commune ouverte à tous et à toutes.
Elle n'aurait pas de statut confessionnel, mais elle offrirait, selon les
besoins de la clientèle scolaire, des services soit de morale, soit de
religion. L'accent devrait être mis sur des services confessionnels et
non sur un statut.
L'artifice législatif utilisé à l'article 80 qui
tente de concilier la Charte des droits et libertés et la notion de
confessionnalité ne règle pas, selon nous, le fond du
problème. Un certain nombre d'usagers et d'usagères de
l'école se verraient imposer par des parents représentant une
majorité qui est parfois toute relative une école confessionnelle
qui ne correspond pas à leurs propres valeurs. Il faut constater ce qui
se passe lorsqu'un enfant demande à être dispensé de
l'enseignement religieux: la discrimination subtile dont il est ou se sent
victime nous montre l'inanité de cette mesure.
La démocratie scolaire, particulièrement à
Montréal, s'est incarnée dans des mouvements confessionnels qui
ont pu exercer le pouvoir, même si la participation électorale
plafonnait à environ 15%. Le projet de loi n'empêchera pas les
risques de noyautage par ces mouvements. Afin d'éviter que la
démocratie ne s'exerce strictement à travers la visière
polarisante de la confessionnalité, il nous apparaît important que
des services confessionnels soient offerts aux catholiques, aux protestants et
à tous ceux qui désirent recevoir un autre enseignement
religieux. Il est aussi important que l'enseignement moral soit maintenu.
En fait, la logique voudrait que l'école se limite à
donner des cours de morale à ses usagers et usagères, les cours
de religion étant pris en charge à l'extérieur de
l'école par les différentes communautés religieuses.
Cependant, le contexte historique québécois fait que
l'école a, presque depuis toujours, assumé cette fonction. C'est
pourquoi nous ne nous opposons pas à ce que l'État acquitte les
frais de cet enseignement pour autant que l'on ne discrimine pas les
minorités.
Sur le fonctionnement de l'école, le projet de loi 40
prévoyait que le conseil d'école, où les parents
étaient majoritaires, devait être doté de pouvoirs
importants, particulièrement en regard du projet éducatif. Nous
avions souligné dans notre mémoire que ces pouvoirs demeuraient
quand même relatifs puisque la commission scolaire continuait à
exercer un large contrôle. Nous avions aussi souligné nos craintes
devant les risques de disparités importantes des projets
éducatifs locaux, s'ils n'étaient pas soumis à des
paramètres nationaux.
De plus, le conseil d'école était composé presque
exclusivement de parents, les autres intervenantes et intervenants
n'étaient pas tenus d'y participer sauf pour le commissaire
d'école.
Le conseil d'école prévu ne nous semblait non plus avoir
la compétence requise pour assumer les responsabilités
administratives qui leur étaient dévolues. Nous sommes donc
heureux de constater que le projet de loi 3 a corrigé plusieurs de ces
lacunes.
D'une part, les responsabilités administratives et celles
reliées aux personnels ont été, pour la plupart,
laissées à la commission scolaire. Le régime
pédagogique est adopté par le gouvernement et les programmes
d'études sont établis par le ministre, ce qui assure une
uniformité nationale minimale du système et réduit les
risques de disparités.
D'autre part, le conseil d'école permettra une participation de
l'ensemble de toutes les intervenantes et de tous les intervenants et une
représentation plus adéquate de chacune et de chacun.
Cependant, sur le comité pédagogique, nous
déplorons que les employés de soutien ne soient pas
invités à faire partie du comité pédagogique local.
Nous avons à plusieurs reprises souligné l'importance que
ces employés, que ces personnes, participent aux débats de
nature pédagogique y jouant un rôle très actif.
Par ailleurs, nous tenons à souligner notre satisfaction suite au
retrait de la possibilité pour l'école de conserver les revenus
provenant de la location de ses locaux. Nous avions souligné les risques
très grands de voir s'accentuer, avec une telle mesure, les
disparités entre les écoles riches et bien pourvues en locaux et
équipements et les écoles plus modestes.
Du côté de la commission scolaire: Alors que le projet de
loi 40 prévoyait que chaque école serait
représentée au conseil de la commission scolaire par un
commissaire élu au suffrage universel, le projet de loi 3 se montre plus
réaliste.
Tel que souhaité par presque toutes les intervenantes et tous les
intervenants, les commissaires représenteront des quartiers et elles et
ils seront élus au suffrage universel, ce qui équivaut à
la formule actuelle.
D'autre part, on est d'accord avec la formule proposée concernant
le conseil des commissaires. La répartition des sièges entre
parents et commissaires respecte la gestion démocratique de l'organisme
qu'est la commission scolaire tout en favorisant l'implication des parents. La
formule retenue pour la désignation de ces dernières et de ces
derniers nous semble judicieuse car elle évitera qu'elles ou qu'ils ne
défendent que leurs positions personnelles ou celles de leur
école. Elles ou ils auront en effet des comptes à rendre à
leurs mandantes et mandants.
Je reviendrai tout à l'heure sur cette question
particulière, parce que nous en avons fait une lecture, je dirais,
différente que celle que j'ai cru entendre tout à l'heure, du
mode de désignation des commissaires.
De plus, une disposition du projet de loi 40 qui empêchait une ou
un employé d'une commission scolaire de se présenter comme
commissaire dans une autre commission a été retirée ainsi
que nous l'avions demandé.
Le ministre laisse aux commissions scolaires leurs pouvoirs
administratifs, ne cherche plus à les leur retirer à son profit
ou à celui de l'école. Nous croyons qu'il s'agit là d'un
geste sage car, même si nous ne pouvons nier les difficultés de
fonctionnement, les réaménagements proposés auraient
créé une situation tout à fait chaotique.
La CSN avait donné son accord à l'intégration de
l'enseignement primaire et secondaire. Nous maintenons évidemment cette
position, mais nous exprimerons plus loin nos réserves face à
l'échéancier et aux modalités mises de l'avant par le
gouvernement.
Enfin, nous avions réclamé le maintien du conseil scolaire
de l'île de Montréal et plus particulièrement de ses
fonctions de péréquation. C'est donc avec satisfaction que nous
constatons que le projet de loi 3 conserve, avec tous ses pouvoirs, cet
organisme qui assure que l'ensemble des commissions scolaires de l'île de
Montréal se partagent équitablement les ressources
matérielles et financières disponibles sur leur territoire,
évitant ainsi de créer des disparités criantes.
Donc, un premier bloc de recommandations: L'école doit être
publique, commune et ne doit pas avoir de statut confessionnel. Cependant, elle
doit offrir des services confessionnels et de morale.
Sur notre deuxième recommandation, nous sommes d'accord avec la
décon-fessionnalisation des commissions scolaires et donc, avec le
statut linguistique et sur l'intégration primaire et secondaire, ce que
reconnaît le projet de loi 3.
La poursuite de la démocratisation du système
d'éducation et de l'intégration du réseau privé au
réseau public afin d'avoir un véritable système
équitable et gratuit pour tous et toutes, doivent demeurer des objectifs
prioritaires du gouvernement québécois.
Enfin, la question de l'éducation des adultes. On n'a pas repris
ici l'ensemble des recommandations qui apparaissaient dans notre
mémoire, vous allez les retrouver en page 17 du mémoire que nous
avions présenté sur le projet de loi 40.
Sur la question des personnels et le projet de loi 3: Le projet de loi 3
entraîne une réorganisation de la structure de service:
intégration des commissions scolaires, modification des territoires,
changement d'employeur dans plusieurs cas. En ce sens, ses conséquences
ne sont guère différentes de celles du projet de loi 40 pour les
personnels que nous représentons.
Ceux-ci verront leurs conditions de travail passablement
perturbées et, puisque les fusions volontaires de commissions scolaires
seront possibles dès 1985, l'opération s'étendra donc sur
une longue période.
Comme il est question de restructuration depuis maintenant près
de trois ans, nos membres éprouvent un fort sentiment de crainte et
d'insécurité, ce qui est tout à fait
compréhensible.
À cet égard, nous réitérons que certaines
garanties doivent être données aux personnels impliqués:
transmission de toutes les informations pertinentes aux associations syndicales
et locales; maintien des droits issus de conventions collectives dans tous les
cas de transfert ou de restructuration; maintien du nombre de postes existants
le 30 juin précédent et possibilité pour les
employés des centres administratifs de choisir et d'occuper par
ancienneté un poste de leur classe d'emploi dans la nouvelle
commission scolaire.
De plus, les conditions particulières qui ont été
négociées à certains endroits doivent être
maintenues.
Nous estimons aussi que les conditions de transfert et
d'intégration des personnels doivent faire l'objet d'un accord
négocié provincialement et ne doivent pas être soumises
à un tribunal d'arbitrage, comme le prévoient les articles 517
à 520 du projet de loi.
En effet, il y a déjà eu des fusions dans le passé
et les conditions de transfert ont toujours fait l'objet d'un accord
négocié. Il y va de l'intérêt de chacune des parties
d'en arriver à une entente. Or, introduire un troisième
intervenant, qui serait décisionnel, risque de fausser la libre
négociation puisqu'un des partenaires pourrait être tenté
de s'en remettre à un tiers plutôt que de négocier de bonne
foi.
Une entente négociée au niveau provincial nous assure
aussi que les conditions d'intégration seront équitables dans
l'ensemble de la province et qu'il n'y aura pas de disparité et
d'injustice.
Il ne faut pas perdre de vue que la juridiction concédée
au tribunal d'arbitrage dans le projet de loi est très limitée et
que les parties provinciales négociantes peuvent, elles, couvrir un
champ beaucoup plus vaste.
De plus, les délais prévus dans le projet de loi 3 pour
l'intervention du tribunal d'arbitrage sont totalement irréalistes.
Comment peut-on concevoir qu'un tribunal puisse entendre et trancher toutes les
causes en litige en deux mois et demi - du 15 octobre 1985 au 1er janvier 1986?
Il est tout à fait utopique de croire que ces trois membres pourront
régler tous les problèmes de la province en si peu de temps. Et
les arbitres ne pourraient même pas modifier ces délais puisque la
loi ne leur en donne pas le pouvoir.
Un autre délai irréaliste est celui prévu aux
articles 527 et 532. En effet, les commissions scolaires doivent déposer
leur plan de transfert le 31 mars 1986 au plus tard, alors que les
requêtes en accréditation doivent être
déposées en avril. Cela laisse trop peu de temps aux associations
syndicales pour s'assurer de la conformité des plans et pour
régler les difficultés qui pourraient en découler. Nous
croyons qu'il serait plus normal que les plans de répartition des
personnels soient complétés au plus tard le 31 janvier 1986 et
que copies de ces plans soient transmises aux parties négociantes
provinciales.
La CSN est heureuse de constater que les dispositions prévoyant
des exclusions aux certificats d'accréditation et limitant les
catégories de personnels existantes ont été
retirées du projet de loi 3.
Nous estimons cependant que l'article 531 devrait prévoir qu'un
groupe détenant une accréditation pour un groupe
spécifique de personnels ne peut déposer pour d'autres groupes.
En effet, la restructuration, en incluant l'intégration
élémentaire-secondaire, va toucher presque tous les
employés de soutien du réseau. Or, elles et ils sont les seuls
à être impliqués dans des votes, donc susceptibles de
changer d'allégeance syndicale et de convention collective. Nous croyons
que cette opération va engendrer suffisamment d'appréhension et
de confusion sans en rajouter en multipliant les possibilités de votes
d'allégeance.
D'ailleurs, notre objectif n'est pas de modifier la portée de nos
certificats d'accréditation, mais bien de vouloir continuer à
représenter adéquatement nos membres, d'autant plus que les
délais très courts prévus dans le projet de loi risquent
de multiplier les problèmes.
En effet, les requêtes doivent être déposées
en avril et les votes doivent se tenir avant le 18 mai. Compte tenu du nombre
de syndicats impliqués et, puisque toute l'opération doit
être terminée avant le 1er juillet 1986, nous ne voyons pas la
nécessité, encore une fois, de multiplier ces dépôts
de requêtes en accréditation, donc d'alourdir cette
procédure.
Nous croyons aussi qu'il faudrait réintroduire les dispositions
du projet de loi 40 qui permettaient de recourir au commissaire du travail s'il
y avait mésentente entre les associations au sujet des
accréditations. Cette disposition permettrait de s'assurer que les votes
soient représentatifs et faciliterait la tâche de tous et de
toutes afin de compléter l'opération avant le 1er juillet.
Nous croyons donc que les dispositions prévues dans le projet de
loi 3 devraient s'appliquer aux fusions volontaires qui auront lieu en 1985 et
ce, afin de ne pas pénaliser les employés de soutien en
créant des conditions différentes selon la période
où se produira la fusion. Elle permettra à tous et à
toutes de profiter des dispositions négociées
provincialement.
Je me permets d'insister sur ce passage. J'ai mentionné
dès l'introduction qu'il y avait des pourparlers sur
l'intégration des personnels qui ont été entrepris.
Malheureusement, le retard à la reformulation du projet de loi 40, qui
est devenu le projet de loi 3, a fait en sorte que tous ces pourparlers ont
été interrompus. On insiste, pour notre part, pour que ces
pourparlers procèdent très rapidement pour permettre qu'on arrive
à débloquer à un accord là-dessus et faire en sorte
que les fusions volontaires puissent effectivement fonctionner dès 1985.
(16 heures)
Nous voulons réaffirmer ici notre opposition à
l'hypothèse d'établir la cohabitation des certificats
d'accréditation et
de convention collective différente si les intégrations
prévues en 1985 n'entraînent pas de vote entre deux unités
d'allégeance différente ou même entre deux unités de
même allégeance.
Les expériences de ce type vécues dans le passé ont
toujours causé d'énormes problèmes. Des exemples, en
voilà: dans quelle unité un nouveau poste est-il
créé? Dans laquelle est-il aboli? Quelle liste
d'ancienneté prévaut? Quelle mécanique de mouvement de
personnel? Ces quelques questions démontrent amplement qu'une telle
solution ne servira qu'à multiplier les problèmes et ne servira
certainement pas l'intérêt des employés et des employeurs
concernés ce qui aura donc finalement un impact sur les usagers et
usagères.
La CSN maintient son appui au principe de changement d'allégeance
syndicale mais nous sommes persuadués qu'ajouter aux votes prévus
de 1985 et 1986 une période de maraudage en avril 1985 serait pour le
moins inopportun et ne servirait pas l'intérêt des employés
de soutien, sans compter les conséquences de ces chambardements sur la
gestion des commissions scolaires.
La CSN estime aussi que les employés de soutien devraient
être soustraits des dispositions du Code du travail qui traitent de la
période de changement d'allégeance en 1985. En effet, le ministre
de l'Éducation encourage les fusions volontaires de commissions
dès 1985 et, selon les indications que nous possédons, celles-ci
risquent d'être nombreuses. Comme d'autres votes auront lieu en 1986,
nous croyons qu'il y aura suffisamment de confusion sans chercher de
prétextes pour en rajouter. Nous vous rappelons que seuls les
employés de soutien sont susceptibles d'être soumis à des
votes multiples et ceci leur occasionne déjà de nombreux soucis
puisqu'ils ont, et ce de façon légitime, quelques incertitudes au
niveau de leurs futures conditions de travail.
Le projet de loi prévoit que les associations syndicales seront
subrogées aux droits et obligations de leurs membres anciens ou
nouveaux, ce qui est bien. Nous croyons, cependant, que les nouveaux employeurs
devraient aussi être subrogés aux droits et obligations
découlant des anciennes conventions collectives car, actuellement, si le
syndicat est tenu de défendre les anciens griefs de ses nouveaux
membres, les employeurs ne sont pas tenus d'appliquer les décisions
arbitrales.
Donc, les recommandations sur cette question des personnels, la loi doit
garantir des conditions particulières de travail pour les
employés qui en bénéficient. Cela veut dire que partout
où il y a eu des conditions particulières de négocier, on
devrait pouvoir les retrouver lors de l'intégration.
Les modaliltés de transfert et d'intégration doivent faire
l'objet d'accords négociés entre les parties syndicales et
patronales dans le secteur de l'éducation prévues à la loi
sur l'organisation des parties patronales.
Je dois rajouter également que lorsqu'il y a des conditions
particulières, ces droits des travailleurs et travailleuses
concernés doivent pouvoir être transférés d'une
convention à l'autre pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de perte de
droits de la part de ces employés.
Toutes les dispositions prévoyant un recours à un tribunal
d'arbitrage doivent être retirées du projet de loi 3. Des
délais prévus pour les dépôts de plan de transfert
par les commissions scolaires et les dépôts de requête en
accréditation par les associations syndicales doivent être
révisés, tel que nous l'avons indiqué. Seul un groupe
déjà en accréditation pour représenter un groupe
spécifique d'employés de soutien peut déposer une
requête visant ce groupe. Le commissaire du travail doit posséder
les moyens pour trancher les litiges qui pourraient surgir à la suite
des dépôts de requête en accréditation. Le nouvel
employeur est subrogé aux droits et obligations découlant d'une
convention collective à laquelle était partie la commission
scolaire qui le remplace. Les dispositions traitant des modalités de
transfert et d'intégration des personnels doivent s'appliquer aux
fusions volontaires qui auront lieu en 1985. Enfin, nous voulons que les
articles suivants du projet de loi soient amendés dans le sens de no3
demandes. Vous avez l'énumération des articles qui concernent
l'ensemble des recommandations que nous avons formulées
précédemment.
On est donc heureux, en terminant, de constater que le ministre de
l'Éducation a tenu compte de plusieurs recommandations faites par notre
centrale lors de l'étude du projet de loi 40. Nous croyons que le projet
de loi 3, même s'il ne constitue pas la réforme en profondeur du
système d'éducation que nous souhaitons, est un pas dans la bonne
direction. Nous réaffirmons, cependant, que les recommandations que nous
présentons, pour ce projet, sont de toute première importance
pour nos membres. Nous osons croire que le ministre leur réservera un
accueil favorable.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Auger. M.
l'adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier la CSN d'avoir accepté notre invitation de se présenter
en commission parlementaire et féliciter ses membres aussi pour leur
mémoire. Vous avez eu peu de temps pour préparer ce
mémoire et il est précis, bien articulé; il va directement
aux questions qui
concernent, en particulier, les employés de soutien.
Je voudrais, de la part du ministre qui a dû s'absenter - il s'en
excuse - vous réaffirmer que les droits des syndiqués seront
protégés et vous donner la garantie que cette restructuration ne
devra pas créer de préjudice aux personnes. Je voudrais vous dire
également que les conseillers du ministre à la table de
négociation ont le mandat d'accueillir toute proposition dans le sens
que je viens d'indiquer. Bien sûr, il faudra tenir compte aussi des
représentations que feront les autres centrales qui représentent
également des employés de soutien, mais la CSN a tenu ou a
accepté de venir nous voir en commission et de présenter son
point de vue et, je le répète, nous apprécions
énormément votre témoignage.
Je voudrais vous poser quelques questions à propos de votre
mémoire. Pour commencer, j'ai été un peu surpris - vous
excuserez ma surprise mais vous pourrez m'expliquer un peu mieux - du fait que
les employés de soutien peuvent être présents au conseil
d'école, c'est-à-dire un représentant du personnel non
enseignant qui peut être un professionnel ou un employé de
soutien. Avant de passer au comité pédagogique, est-ce que votre
point de vue touche le comité pédagogique? J'aimerais savoir si
vous êtes satisfait des dispositions concernant l'éventuelle
participation des employés de soutien au conseil d'école et ce,
pour le primaire et pour le secondaire, il y a peut-être des nuances
à faire?
M. Auger: Oui, voilà. Je pense qu'effectivement, il y a
des nuances à faire. Lors de discussions, nous avons souligné
qu'il aurait été probablement préférable
d'identifier... D'ailleurs, dans notre mémoire sur la loi 40, on
identifie que c'est chacune des catégories de personnel qui devrait
être présente. Je sais qu'au niveau élémentaire, la
plupart du temps, dans une école, le personnel autre que le personnel
enseignant se limite à une secrétaire et à des concierges,
de sorte qu'à toutes fins utiles, dans plusieurs de ces cas, cela voudra
dire que ce pourrait être ces personnes qui seraient présentes. Au
niveau secondaire, cependant, la question est différente puisqu'il
existe des professionnels et il pourrait y avoir l'une ou l'autre
catégorie qui soit représentée. On n'en a pas fait une
revendication fondamentale, parce qu'on se dit qu'à l'intérieur
même de la problématique des assemblées qui se tiendront,
les gens décideront s'il y va vraiment de leur intérêt et
feront Ies interventions nécessaires pour pouvoir se présenter.
Concernant le conseil d'école, ce qu'on dit, c'est qu'on pense
être capable de composer avec la mécanique prévue. Si j'ai
bien compris la mécanique - sinon vous me corrigerez - ce sera une
assemblée du personnel de soutien et des professionnels qui
décidera qui va aller siéger au conseil d'école. Au
primaire, la question se posera différemment puisque les professionnels
sont à peu près totalement absents, sauf de rares exceptions.
M. Leduc (Fabre): C'est comme cela également que je
comprends la mécanique. Il y aurait donc un représentant des
employés de soutien pour le primaire et le secondaire; vous acceptez
cette formule.
Au comité pédagogique, on dit bien que cela regroupe les
enseignants et les professionnels. J'aimerais connaître votre point de
vue et obtenir des précisions sur votre demande.
M. Augen Je vais vous donner un exemple et d'autres pourront
peut-être en ajouter. Je vais prendre deux exemples. La situation d'une
école de quartier où le personnel administratif et de soutien est
. limité à une ou deux personnes. Souvent, au niveau même
des débats sur l'ensemble du régime pédagogique et de la
problématique pédagogique de l'école, la secrétaire
qui est présente ou le concierge jouent un rôle excessivement
important en regard des étudiants et ont des relations
privilégiées, dans un certain sens, avec les étudiants,
qui ne sont pas nécessairement les mêmes que les enseignants
peuvent avoir. La secrétaire peut être souvent perçue comme
quelqu'un qui va faire l'accueil, qui va avoir à consoler un enfant qui
a un problème. Il y a un tas de choses, il y a souvent des rapports
très étroits.
On se dit que ces expériences que rencontrent, que vivent
quotidiennement ces employés, pourquoi est-ce qu'on n'en
bénéficierait pas au niveau du comité parce que ça
pourrait être un éclairage intéressant dans les
débats sur des choix pédagogiques, sur des modes d'organisation
scolaire qui relèvent de l'école.
Si on va dans une polyvalente, en plus de la dimension qui s'applique
déjà à l'autre personnel administratif, si on arrive dans
les techniciens et techniciennes, il nous semble, encore une fois, très
opportun que dans certains débats, ceux qui ont à être en
relation avec les étudiants sur tout le plan technique, laboratoire,
etc., pourraient également apporter là un éclairage fort
pertinent.
C'est le sens de notre demande d'avoir une présence du personnel
de soutien administratif, et autres dans ces comités
pédagogiques. J'applique la même logique au niveau du
comité pédagogique régional, la commission scolaire.
M. Leduc (Fabre): Régional aussi. D'accord. Je trouve
ça intéressant parce que
j'avoue qu'on n'y avait pas pensé, on n'avait pas eu
d'éclairage de ce côté-là. Vous nous apportez un
point de vue qui est certes très défendable.
Les autres questions que vous soulevez concernent l'intégration
du personnel en ce qui concerne le primaire et le secondaire, dans certains
cas. Dans d'autres cas, un redécoupage du territoire qui peut
entraîner un déplacement de personnel.
Faites-vous la distinction entre les deux ou si cela suscite les
mêmes problèmes pour vous?
M. Auger: Le redécoupage et l'intégration?
M. Leduc (Fabre): Oui.
M. Auger: Et le redécoupage des territoires et la question
de l'intégration posent les mêmes problèmes. On doit donc
les traiter dans leur ensemble. Si on a deux commissions scolaires qui sont
intégrées... Souvent, je dirais que les deux problèmes se
retrouvent ou peuvent se retrouver sur le même territoire. Et fusion et
séparation de territoire également. Pour nous, c'est un ensemble
et cela pose, au niveau des conditions d'intégration, exactement les
mêmes problèmes.
M. Leduc (Fabre): Les mêmes problèmes. Vous avez une
liste qui est très bien formulée. Sur une page, on retrouve vos
recommandations très bien regroupées. Il y a des problèmes
de délais. Je pense que c'est très clair et que ça
mérite d'être regardé de très près. Il y a
d'autres mesures plus techniques les unes que les autres.
Pour la commission, parce qu'il y a des articles du projet de loi qui
sont quand même assez nombreux, qui touchent cette question de
l'intégration du personnel, pouvez-vous nous dégager rapidement
le ou les principaux problèmes que vous pensez vivre?
M. Auger: Je vais demander à Ginette Guérin
d'essayer de résumer...
M. Leduc (Fabre): Sans entrer dans le fin fond des détails
techniques...
M. Auger: C'est ça, sans aller dans le détail mais
vraiment...
M. Leduc (Fabre):... juste dégager peut-être un ou
deux problèmes plus cruciaux et sur lesquels nous devrions avoir un oeil
très vigilant, parce qu'au moment de l'étude article par article
il va falloir examiner ça. Il y aurait toujours la possibilité,
pour la commission - je voudrais vous le mentionner - de faire venir les gens
pour avoir votre avis sur tel ou tel article. C'est toujours possible. Donc, ce
n'est pas nécessaire, à ce stade-ci, d'entrer dans tous les
détails. Vous voulez bien nous brosser rapidement, peut-être, un
ou deux problèmes principaux qui vous viennent à l'esprit, pour
lesquels vous aimeriez sensibiliser la commission. (16 h 15)
Mme Guérin (Ginette): De toute façon, je ne pense
pas non plus que ce soit le moment d'y aller dans les détails. On a fait
ces détails lors des rencontres qu'on a eues avec les
représentants du ministère. Je pense que ce n'était pas
dans notre intention non plus d'y revenir en commission parlementaire. Sauf que
par rapport aux recommandations qui sont dans notre mémoire touchant
spécifiquement l'intégration des personnels, ce qui nous semble
une évidence pour nous, c'est tout ce qui concerne
particulièrement le tribunal d'arbitrage. On se sent un peu
coincé avec un tribunal d'arbitrage dans un projet de loi qui a
également des mandats très limités et très
restreints comme champ d'intervention. Cela nous cause des problèmes
particuliers, puisque nous avions amorcé les discussions pour jaser de
cela avec les représentants du ministère. C'est dans le projet de
loi 3. Je souligne également que cela n'était pas dans le projet
de loi 40.
C'est sûr que lors de notre première intervention, on n'en
a pas parlé puisque ce n'était pas là. Cela ne nous
causait pas de problème. On ne voit pas comment on pourra fonctionner
avec ce mécanisme au bout, c'est-à-dire comment on va pouvoir, de
bonne foi, de part et d'autre, négocier sérieusement alors que
les deux parties savent qu'en fin de compte il y aura un tribunal d'arbitrage
s'il n'y a pas d'entente. Cela nous fatigue énormément. L'autre
élément, c'est bien sûr ce qui va se passer en 1986, il
faut que cela se passe de la même façon en 1985 et, pour nous,
c'est absolument fondamental. On ne voit pas comment les employés de
soutien vont être traités d'une façon dans certaines
commissions scolaires pour 1985 et d'une autre façon dans les autres
commissions scolaires pour 1986. On trouve que cela aurait vraiment aucune
logique en soi.
Il y a également les autres problèmes reliés
à tous les dépôts de requêtes en
accréditation. On a déjà déposé aussi,
d'ailleurs, au représentant du ministère des amendements comme
tels aux articles de loi pour pouvoir s'assurer que tout cela va se faire dans
les meilleurs délais parce qu'on pense que si cela se passe pour 1985,
il faut commencer très rapidement et s'assurer que tout le
mécanisme va être terminé pour que cela puisse s'amorcer
pour le 1er juillet 1985. On s'est dit d'accord avec les fusions volontaires,
mais il faut se donner les moyens aussi pour les mettre en application. C'est
pour cela qu'il faudrait amorcer cela très rapidement et de façon
assez intensive,
on pense. Je pense que cela fait le tour.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Je pense que c'est bien
résumer en quelques mots les principaux problèmes. Je vous
remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député d'Argenteuil et vice-président de la
commission.
M. Ryan: Messieurs, mesdames de la délégation, je
vais vous poser une question pour commencer. Est-ce que la CSN entretient... ou
la CSN en général qui est avec nou3 autres aujourd'hui, est-ce
que c'est une délégation qui parle au nom de toute la CSN?
M. Auger: C'est une délégation de la CSN. Je suis
vice-président de la CSN. En même temps, une représentation
de la fédération à laquelle appartiennent les travailleurs
affiliés à la CSN, qui sont directement touchés par ce
projet de loi 3, qui sont les employés de soutien de la commission
scolaire.
M. Ryan: Je ne veux pas être indiscret, mais les personnes
qui vous accompagnent, est-ce qu'elles sont de cette
fédération?
M. Auger: Oui.
M. Ryan: Comment s'appelle-t-elle techniquement cette
fédération?
M. Auger: La Fédération des employés des
services publics, CSN. Elle regroupe entre autres les employés de
soutien du secteur scolaire, cégeps et d'autres groupes dans les
services publics.
M. Ryan: Très bien, je vous remercie. J'ai
écouté avec intérêt le mémoire que vous nous
avez communiqué. Je me souvenais de la discussion que nous avions eue
lors de la série d'audiences de la commission parlementaire de
l'éducation sur le projet de loi 40, tenue l'hiver dernier. On avait eu
des échanges d'opinions qui s'étaient
révélés fort profitables à ce moment.
J'espère qu'on peut discuter un peu dans le même esprit
aujourd'hui même si le temps qui nous reste est beaucoup plus
limité que cette fois-là. On est en fin d'une semaine qui' a
été épuisante pour tout le monde. Il y a
déjà des joueurs qui sont partis, dont le ministre. Je sais que
le député de Fabre va lui faire rapport fidèlement,
cependant, de même que les collaborateurs du ministère qui sont
ici. J'ai perdu une couple de mes collègues en cours de route
également. Mais cela, quand on est rendu au vendredi, ce n'est pas parce
que les gens s'en vont, c'est parce qu'ils ont beaucoup d'autres engagements
qui les appellent également. Je peux vous assurer de notre
intérêt soutenu jusqu'à la fin.
Vous avez parlé, dans votre mémoire, d'un certain nombre
de thèmes qui m'intéressent. Je vais vous donner
brièvement quelques observations pour commencer. Cela vous donne une
certaine idée du point de vue de l'Opposition. Sur chacun des points, je
ne prétends pas vous apporter encore une fois l'opinion de tout le
monde, c'est plutôt mon opinion, mais aussi probablement celle de la
très grande majorité de3 membres de notre formation politique.
Sur la gratuité, on a déjà souligné au cours de la
semaine - je ne veux pas m'y arrêter longuement - que le projet de loi
est incomplet. Autant il est clair en ce qui concerne la gratuité des
services dispensés à la jeunesse étudiante, autant il est
incomplet et peu clair en ce qui touche à la gratuité des
services dispensés à la population adulte. Vous en parlez au
début de votre mémoire. À plusieurs reprises au cours des
audiences, nous avons dit que notre position est favorable à la
gratuité de l'enseignement public primaire et secondaire pour tout le
monde, y compris par conséquent les adultes. Nous trouvons que c'est un
droit de tout citoyen d'avoir accès au minimum à une formation
secondaire gratuite. Nous aurions aimé que cela soit consacré de
manière beaucoup plus explicite et ferme dans le projet de loi. Tout
dépend des services que la commission scolaire mettra à la
disposition des adultes, de la manière dont elle interprétera son
mandat et aussi de la manière dont elle appliquera la faculté qui
lui est laissée de demander que les gens qui viennent suivre ses cours
paient un prix pour ses cours. Par conséquent, on est loin de la
gratuité qui est un objectif fondamental à toute
démocratie libérale, à mon point de vue, dans ce domaine.
Là-dessus, je vais vous assurer que notre position remonte à
plusieurs années déjà et elle est ferme.
Vou3 parlez de l'enseignement privé. Il n'en est pas question
dans le projet de loi. Il en est question dans des articles à la fin,
mais après vérification, nous en sommes venus à la
conclusion que ce sont uniquement des articles de concordance pour faire en
sorte qu'il n'y ait pas de contradiction entre cette loi-ci et la Loi sur
l'enseignement privé en particulier. On avait transposé dans
cette loi des modifications qui, à toutes fins utiles, sont
déjà des réalités de fait. Par conséquent,
il n'y a pas de changement d'introduit. Comme il n'y a pas de changement, nous
considérons qu'il n'y a pas de projet de loi sur l'enseignement
privé. Par conséquent, ce n'est pas la place pour ouvrir le
débat là-dessus. S'il, fallait l'ouvrir, je devrais vous dire que
notre position ne serait pas la même que la vôtre. Nous croyons
à la primauté de l'enseignement public au niveau primaire et
secondaire. S'il y a un parti qui peut dire une telle chose en s'appuyant
sur
ce qu'il a fait, c'est le Parti libéral du Québec. La
Parti libéral a été le grand artisan des réformes
majeures que nous avons eues dans le sens de la démocratisation de
l'accès à l'enseignement. Lorsque le Parti libéral est
venu au pouvoir en 1960, on était encore à un régime - ce
n'est pas tellement loin, mais c'est très loin à certains
égards -où il y avait cette fameuse bifurcation de jeunes qui
allaient vers l'enseignement primaire supérieur. D'autres qui allaient
vers le collège et tous les avantages qui en découlaient pour
l'accès à l'université. C'est le Parti libéral qui
a brisé cela, qui a fait en sorte que la gratuité soit
implantée partout au niveau secondaire et qui l'a même
étendue au niveau collégial également. Des choses
formidables ont été faites de ce côté, mais tout en
mettant l'accent sur la primauté de l'enseignement public, nous
considérons qu'une place a été occupée
historiquement par l'enseignement privé, qu'elle a été
très utile pour notre société. Si cela n'avait pas
été de ce rôle de l'enseignement privé, on serait
encore plus à pied d'oeuvre dans bien des secteurs que nous le sommes.
Nous considérons que nous avons un bon nombre d'institutions - il y en a
peut-être une couple de centaines - qui sont reconnues comme institutions
de base de la dispensation de la formation du secondaire ou primaire de base
dans l'ensemble du Québec. Nous considérons qu'elles jouent un
rôle de soupage, de complément, de stimulant aussi, d'aiguillon,
très important pour le secteur public. Nous considérons que ces
institutions ont le droit d'exister en vertu des principes
élémentaires de la liberté d'enseignement. Ce droit doit
être consacré par l'accès à des fonds publics dans
la mesure où elles rendent des services d'intérêt public.
Nous ne les plaçons pas exactement sur le même pied que
l'enseignement public. Nous donnons primauté à l'enseignement
public, même au niveau du financement, mais je serais bien
étonné que notre position change là-dessus dans un avenir
prévisible. Par conséquent, nous ne sommes pas tout à fait
sur la même longueur d'onde sur ce point-là. Je vous le dis bien
simplement.
Sur la question de la confessionnalité, votre position est assez
voisine de celle de la CEQ dont nous avons discuté longuement l'autre
jour, de celle de la Provincial Association of Protestant Teachers, si vous
voulez une école laïque commune, ouverte à tous dans
laquelle le service d'enseignement religieux sera disponible. Je pense que nous
avions discuté de ce point quand nous nous sommes rencontrés la
dernière fois. Un très grand nombre de nos concitoyens ont une
autre conception de l'école et peut-être une conception plus
traditionnelle peut être appelée à s'effriter ou à
s'estomper avec le temps - nous ne le savons pas - mais c'est une conception
qui est un fait politique de grande importance dont le gouvernement est
obligé de tenir compte, dont nous sommes obligés de tenir compte
également et dont moi, personnellement, je tiens compte sans en
être obligé, parce que je crois à la richesse d'une
école qui va plus loin au point de vue religieux que la simple
dispensation d'un service d'enseignement religieux. Mais ce sont des questions
dont nous pourrions discuter d'une manière très longue. On n'a
peut-être pas le temps de le faire. Je vous signale simplement ces
points-là pour que vous sachiez un peu à quoi vous en tenir au
sujet de la position que nous représentons. Nous voulons cependant que
tout le monde soit traité sur un pied d'égalité. Il y a
une chose dans notre système qui est bien méconnu du gouvernement
et de beaucoup de ses critiques. Le gouvernement nous dit: On veut tout
chambarder, les commissions scolaires, par exemple, parce que ce n'est pas
juste, ce n'est pas égal pour les citoyens. Il y en a qui sont
traités en citoyens de seconde zone et tout. Il y a une certaine mesure
de vérité là-dedans, mais qui reste incomplète. Je
parlais avec une délégation des directeurs d'école de la
CECM ce matin. Je demandais à un des principaux qui était
là et qui dirige une grande école... Je pense qu'il a dit que
c'était 75% à 80% de la clientèle qui est autre que
canadienne-française ou québécoise au sens fort du terme.
Évidemment, il dirige une école qui est catholique. C'est une
école de la Commission des écoles catholiques et il y a toutes
sortes d'élèves là-dedans. On lui a demandé comment
il s'en tirait et il nous a dit: En pratique, finalement, on a toutes sortes
d'adaptations qui se font et il n'y a pas beaucoup de problèmes
insurmontables. C'est ce qu'il y a de formidable. C'est comme les écoles
protestantes. Si on prenait cela à la lettre, les protestants, combien
en reste-t-il? Mais c'est une espèce de signe de ralliement ou de
regroupement qui a permis qu'on développe des écoles qui sont
joliment intéressantes dans l'ensemble, des écoles qui ont un
potentiel éducatif assez formidable. Cela s'appelle protestant et cela
fait un peu anachronique par rapport à ce que cela a pu être, il y
a un siècle. Quand on touche à cela, c'est une structure peu
logique à bien des égards qui peut paraître contradictoire,
qui a des faces choquantes ou étonnantes, mais quand on regarde comment
cela fonctionne, il faut être capable d'apporter quelque chose de mieux
si on veut la remplacer. Là, cela nous mène à la formule'
des commissions scolaires linguistiques que nous favorisons en principe, nous
aussi, mais nous ne voulons pas embarquer, si nous faisons le changement, dans
une aventure. Nous voulons que cela marche. Nous disons au gouvernement en
particulier: Si vous vouiez que cela marche, il faut que vous
preniez toutes les garanties nécessaires parce qu'il y a des
droits constitutionnels qui sont garantis par l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique aux communautés catholiques et
protestantes, surtout à Montréal et à Québec. Et
pas plus que nous aurions accepté que le gouvernement vienne violer les
conventions qu'il avait avec vous, pas plus nous ne voudrions qu'il vienne
violer les droits qui sont garantis à des classes de citoyens dans la
constitution. On est pour le respect des contrats ou on ne l'est pas. Or, une
constitution, même si on peut mettre en cause les circonstances qui ont
présidé à sa naissance ou à ses soi-disant
progrès, cela reste le contrat fondamental dans un pays. C'est le ciment
qui tient la vie commune ensemble, finalement. C'est pour cette raison que nous
insistons auprès du gouvernement pour qu'avant de procéder, il
vérifie s'il a le droit de le faire, il vérifie quels sont les
droits des citoyens avant de modifier des structures qui les régissent
ou les servent en matière scolaire. Je remarque qu'il n'en est pas
question du tout dans votre mémoire. Je ne sais pas si c'est un aspect
qui offre un certain intérêt pour vous, que vous avez
examiné et sur lequel vous avez des opinions ou si... J'aimerais que
vous me disiez ce que vous en pensez. (16 h 30)
M. Auger: D'abord, une réaction sur l'ensemble des points
que vous avez soulevés qui semblent être un peu votre position
personnelle et le reflet de la position de votre parti.
Particulièrement, sur la question de la gratuité de
l'enseignement aux adultes, on a fait plusieurs interventions, entre autres,
lors du débat sur la politique d'éducation des adultes avec les
ministres Laurin et Bérubé, en février et en mai dernier.
On a participé aux audiences convoquées pour donner notre point
de vue. Tout le débat repose effectivement sur la reconnaissance de
principes qui laissent croire que les adultes ont droit à l'enseignement
gratuit dans la mesure où l'ensemble de ces services sont disponibles.
Or, en même temps, tout le monde s'entend pour dire que lorsqu'on
s'adresse aux adultes, il faut développer la spécificité.
À partir du moment où on développe la
spécificité, on ne rejoint pas les services déjà
présents à l'école et cela veut dire qu'il n'y a plus de
gratuité. C'est cet appel qu'on a lancé au gouvernement et qu'on
lui réitère parce qu'effectivement, ce n'est pas vrai qu'on
puisse parler de gratuité dans ces termes.
Quant à la question de l'enseignement privé, il y aura
probablement un maintien de divergence entre nos deux organisations parce qu'on
a entamé ce débat depuis très longtemps à la CSN et
cela ne s'est pas fait facilement - je ferai le lien avec tout le débat
sur la confessionnalité - et c'est un peu un relent. Le rôle
joué par les écoles privées n'est pas encore très
loin dans la mémoire de plusieurs. Il y a eu ce débat et je vous
dirai qu'il y a des membres, des professeurs syndiqués à la CSN
qui enseignent dans des écoles privées et qui nous ont
forcés non pas à faire un débat superficiel, mais à
vraiment évaluer à fond la question. Essentiellement, notre
position est la suivante: Il faut faire en sorte qu'on mette davantage
d'insistance dans le réseau public. Si le réseau privé
doit exister, on ne peut pas partager le fait qu'il ait autant accès aux
deniers publics. En ce sens, il y a une divergence importante qui va demeurer.
Je ne veux pas nier le rôle joué par l'enseignement privé
dans le passé. Au contraire, je pense qu'il y a un rôle...
Même si on peut être critique, on ne peut pas nier l'importance
qu'il a joué dans cette question. Sur la confessionnalité...
M. Ryan: Me permettez-vous de vous interrompre un instant, M.
Auger? Vous avez dit: On ne veut pas qu'il ait autant accès aux deniers
publics. Il me semble que dans votre présentation, vous avez dit: On ne
veut pas qu'il ait accès aux deniers publics.
M. Auger: Oui, on ne veut pas qu'il y ait accès.
M. Ryan: Est-ce qu'il, y a eu une évolution?
M. Auger: Ce que je vous dis, c'est qu'actuellement, les
écoles privées sont subventionnées - si ma lecture est
bonne - à 80%.
M. Ryan: Ou à 60%, selon les catégories.
M. Auger: À 60% ou 80%. Dans la mesure où il s'agit
de l'intérêt public, je dirais qu'éventuellement, on
pourrait dans un débat ultérieur dire comment on peut arriver
à aider... Pour nous, une subvention de 60% ou de 80%, c'est beaucoup
trop large. Il y aurait certainement des possibilités de voir... Il faut
reconnaître qu'il peut y avoir des secteurs qui peuvent ne pas être
couverts par des particularités. On avait développé cette
problématique dans le cadre de notre mémoire à la
commission Jean sur l'éducation des adultes. C'est la même chose
par rapport à des organismes sans but lucratif pour ce qui est de la
formation des adultes - je vais faire ce parallèle - où on dit
qu'il y a certains secteurs de la formation des adultes,
particulièrement relatifs à l'analphabétisme, où on
pense que le réseau scolaire tel que constitué qui est
fondamental, malgré tous ses efforts, ne pourra jamais développer
la souplesse voulue pour répondre à des besoins très
spécifiques.
De sorte que des sociétés à but non lucratif, des
organisations populaires comme il en existe pour l'analphabétisme, par
exemple, pourraient exister pour faire en sorte de combler... Mais cela ne peut
pas se situer, à notre avis, comme étant un secteur concurrentiel
dans le sens d'occuper exactement le même champ que le secteur public.
Dans cette mesure, on serait effectivement prêt à débattre
cette question. Sur la confessionnalité, selon notre position de
principe on pourrait peut-être dire: Sortons tout cela de l'école
et faisons en sorte que les Églises de quelque nature qu'elles soient
assurent elles-mêmes la promotion, la défense de leur religion. On
se rend compte cependant que, historiquement, au Québec la religion joue
un râle et continue encore de jouer un rôle extrêmement
important. On reconnaît qu'il y a une signification politique
énorme à toute cette question de la confessionnalité. Ce
qui nous a amenés à faire cette proposition de retirer le statut
confessionnel et de maintenir les services éducatifs religieux, c'est de
continuer, je dirais, ou d'aller plus loin que ce que le projet de loi 3 le
fait avec le projet de loi 40, qui essentiellement reprend les mêmes
positions, dans le sens de dire: Il faut être capable tranquillement,
progressivement, I de faire effectivement disparaître un objet ou un
prisme par lequel il se fait des polarisations extrêmement fortes.
Cela ne me paraît pas normal que -les dernières
élections scolaires à Montréal ont eu lieu en 1982 - lors
des dernières élections scolaires, finalement, à peu
près tout se fait sur la base religieuse et non pas sur la base plus
fondamentale de l'éducation. Cela m'apparaît un problème
important. On peut peut-être attendre que cela change de main. Je pense
qu'on devrait avoir et que le gouvernement a le devoir de pousser un peu en
sachant qu'on ne peut pas - et ici on le reconnaît - tout faire
disparaître. Sur la question de la reconnaissance des droits, nous, on a
été d'accord avec les commissions scolaires linguistiques. On
veut bien que ces droits protégés par l'Acte de l'Amérique
du Nord britannique soient reconnus. Il nous semble qu'ils le sont
déjà dans la mesure où les territoires initiaux sont
protégés; l'idéal serait, bien sûr, qu'on puisse
arriver à une entente pour que, encore une fois, ces droits ancestraux
qui sont antécédents même à l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, tout en leur reconnaissant une certaine
valeur, je pense qu'on doit être capable aussi de dire que cela ne
correspond plus à une réalité sociale, politique et
même religieuse, vous le disiez vous-même.
On devrait pouvoir quand même, comme nation, être capable
d'intervenir sans que cela crée des préjudices à ce point
graves. Encore une fois, permettre, probablement, que la nature des
débats dans le secteur scolaire et au niveau scolaire puissent se faire
en dehors de cette polarisation. On a déjà d'autres polarisations
très fortes: la langue et un certain nombre d'autres, sans avoir
celui-là qui vient à quelque moment produire des crispations qui
ne nous rendent pas service.
M. Ryan; Merci. Il y aurait peut-être une dernière
question. Vous avez dit que vous êtes d'accord avec le gouvernement au
sujet de la formule hybride qui est proposée pour la composition des
commissions scolaires. Vous m'avez vivement étonné. J'aimerais
que vous m'expliquiez cela. Je vais vous poser cela sous forme de question,
comme suit: Êtes-vous capable de me donner un autre exemple, vous autres,
au Canada d'un organisme - comprenant le Québec, évidemment, vue
la nouvelle orthodoxie -public composé en partie de membres élus
au suffrage universel et en partie de membres élus suivant les
critères plutôt corporatifs? J'aimerais que vous me donniez un ou
deux exemples. Je n'en connais pas un. Il me semble que quand on opte pour le
suffrage universel, c'est le suffrage universel sur toute la ligne.
M. Auger: Oui. Je suis d'accord, et j'ai mentionné dans
l'introduction, lorsque je suis passé à ce paragraphe à la
page Il de notre mémoire... Je vous dirai que je n'ai certainement pas -
j'en prends l'entière responsabilité - d'explication suffisante
de dire qu'on n'a pas eu beaucoup de temps pour étudier le projet et
tout cela... Lors des rencontres que j'avais eues l'été dernier
et au début de l'automne, sur cette question, à savoir si on
pouvait être d'accord avec une double provenance des commissaires, depuis
qu'on avait travaillé notre mémoire sur le projet de loi 40, nous
nous étions dit ouverts à cela, mais nous n'avions pas
trouvé de piste adéquate. L'erreur qui, à mon avis,
apparaît dans notre mémoire en page Il lorsqu'on dit qu'on est
d'accord sur la formule proposée concernant le conseil des commissaires,
on est effectivement d'accord qu'il y ait des répartitions de
sièges entre parents et commissaires; c'est-à-dire, parents et
quelqu'un qui n'est pas parent. On est d'accord avec cette bipolarité.
Elle nous appraît amener et tenir d'un équilibre qui est
effectivement délicat mais qui permet, d'une part, que la
préoccupation "parents", immédiatement à l'école,
pour la signification que cela peut avoir, et la dimension "citoyens" puissent
être présentes. Là où ma lecture a été
insatisfaisante, c'était que j'avais toujours interprété
que, dans les deux ca3 cependant, les élections seraient faites au
suffrage universel. Or, tout à l'heure, en relisant attentivement notre
mémoire et l'article de loi, et en écoutant
les débats qui se faisaient avec la Fédération des
parents, je me suis rendu compte que notre position n'était pas correcte
et je voudrais indiquer à la commission que la formule, dans la
deuxième partie du paragraphe, retenue pour la désignation des
commissaires, qu'ils soient parents ou commissaires citoyens non-parents,
devrait être le suffrage universel. Je ne sais pas si cela vous explique
ou si cela répond un peu à votre interrogation, mais c'est une
erreur de ma part de ne pas avoir vu avant aujourd'hui cet
élément. Dans toutes les discussions que j'avais eues
préalablement, j'avais tenu pour acquis qu'il y avait toujours cette
universalité du suffrage qui s'appliquait, mais pour les deux
catégories.
M. Ryan: La seule réserve qui me vient, c'est qu'on a
déjà, en pratique, aux trois quarts ou aux quatre
cinquièmes, des commissaires qui sont des parents d'enfants inscrits
dans les écoles de la commission scolaire, est-ce que cela vaut la peine
de créer des distinctions dans la loi quand on les a déjà
dans les faits?
M. Auger: Je pense que cette distinction dans les droits va
probablement permettre de confirmer davantage le rôle des conseils
d'école comme structure locale. C'est la signification que j'y vois et
j'y donne strictement celle-là.
M. Ryan: Très bien. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Il ne me reste, mesdames,
messieurs, qu'à vous remercier d'avoir participé à cette
consultation particulière. Les membres de la commission ont
apprécié l'échange d'avis qu'ils ont pu avoir avec vous et
je suis convaincu qu'ils vont en tirer profit dans les prochaines semaines,
à l'occasion de l'étude plus détaillée du projet de
loi. Merci et bon retour.
Par ailleurs, je voudrais signaler, avant d'ajourner sine die que les
mémoires remis à la commission, au cours de la semaine, sont
considérés comme déposés officiellement. Je
rappelle aussi aux membres de la commission que nous aurons une séance
de travail, mardi soir prochain, sur le mandat d'initiative sur le financement
des universités, que nous avons déjà commencé
à exécuter.
Mercredi prochain, nous aurons l'étude des engagements financiers
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
Il me reste donc à ajourner les travaux sine die et à
souhaiter, à tous, une bonne fin de semaine.
(Fin de la séance à 16 h 44)