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(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre,
s'il vous plaît! Nous commençons, M. le député
d'Argenteuil.
La commission de l'éducation est réunie pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Je demanderais à la secrétaire de nous indiquer s'il y a
des remplacements.
La Secrétaire: Oui. M. Sirros (Laurier) est
remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Le Président (M. Beauséjour}: M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, j'ai juste une question
à poser au ministre avant d'entreprendre les travaux. Je ne sais pas si
je devrais la poser à ce moment-ci? Cela concerne les commissions
scolaires.
Le Président (M. Beauséjour): Un instant! Nous
allons d'abord procéder aux remarques préliminaires d'un
côté et de l'autre et à la suite de cela, si la commission
est d'accord, puisque ça prend le consentement pour que le
député puisse intervenir parce qu'il n'est pas membre de la
commission... Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Beauséjour): D'accord.
Nous allons commencer par les remarques préliminaires. M. le
ministre est-ce que vous avez une intervention?
M. Bérubé: Je pense que ce n'est pas la peine, M.
le Président. Nous avons déjà tenu une commission
parlementaire pour entendre certains témoignages portant sur le
présent projet de loi. Nous avons également eu un débat de
deuxième lecture où l'Opposition a soulevé un certain
nombre de points qu'elle estime majeurs et que nous reverrons au fur et
à mesure de l'analyse du projet de loi. Par conséquent, il
m'apparaîtrait peut-être abusif d'entreprendre un débat de
fond sur les points soulevés par l'Opposition et de devoir reprendre le
même débat ultérieurement. Non, M. le Président, il
me semble que le projet de loi a été suffisamment débattu
jusqu'à maintenant pour qu'on puisse en commencer l'étude article
par article, d'autant plus qu'il faut quand même reconnaître qu'il
est fort volumineux comme projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: On voit ça. On peut observer
ça.
M. Bérubé: Par conséquent, la durée
de nos débats risque d'être assez importante.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Est-ce que le
représentant de l'Opposition officielle a des remarques
préliminaires?
M. Ryan: Non, on n'a pas l'intention de faire de grands discours
au début de l'étude en comité. Les discours ont
été faits en deuxième lecture, comme l'a dit le ministre.
Cela me tente quelque peu de profiter de l'occasion qui se présente ce
matin pour répondre au message de clôture qu'a livré le
ministre hier soir, mais on aura l'occasion de reprendre tous ces
points-là amplement au cours des travaux de la commission. Je pense que
le plus tôt nous pourrons disposer des préliminaires afin
d'aborder l'étude du projet de loi article par article, le mieux ce sera
pour tout le monde.
Possibilité de tenir des consultations
particulières
Il y a une chose que je voudrais cependant que nous examinions
à ce stade-ci, qui me paraît s'imposer. En vertu des
règlements de notre commission, celle-ci peut décider de faire
des consultations particulières à ce stade-ci de ses travaux ou
pendant le déroulement des travaux de l'étude en commission. Je
voudrais tout d'abord vous lire le texte de ces deux articles où il est
question de consultations particulières pour que nous avisions de ce que
nous allons faire à ce sujet-là. Il y a des questions qui sont
restées en suspens. J'ai des propositions à faire à ce
sujet-là et je voudrais les situer dans le contexte précis. Je ne
sais pas si Mme la secrétaire pourrait nous rappeler les deux
articles.
La Secrétaire: 237 et 165, M. Ryan.
M. Ryan: C'est ça. L'article 165 dit ceci: "Toute
commission peut aussi, par invitation spéciale, solliciter l'opinion
de
personnes ou d'organismes qui ont une connaissance ou une
expérience particulière du domaine qu'elle examine. "
L'article 237 dit ceci: "La commission saisie - d'un projet de loi -
étudie chaque article du projet de loi et les débats portent sur
les détails du projet. Les amendements doivent se rapporter à son
objet et être conformes à son esprit et à la fin qu'il
vise. Avant l'étude détaillée, la commission peut
procéder à des consultations particulières. "
Je voudrais d'abord qu'on s'entende clairement sur la signification
conjuguée ou complémentaire de ces deux dispositions du
règlement.
M. Bérubé: Quel est le numéro de
l'article?
Le Président (M. Beauséjour): 237.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre qu'en vertu de l'article
237, si des propositions doivent être faites, il faudrait qu'elles le
fussent maintenant? Il faudrait que la commission en dispose maintenant,
qu'elle prenne les décisions pertinentes relativement à des
auditions particulières, à des consultations particulières
à ce moment-ci.
Une voix: C'est une motion préliminaire.
Le Président (M. Beauséjour): Oui, c'est une motion
préliminaire, il faut la faire avant l'étude article par
article.
M. Ryan: Bien. Deuxièmement, je voudrais vous demander, en
guise de directive, si, en vertu de l'article 165, il est permis d'envisager
que dans le déroulement de ses travaux la commission pourrait
décider de faire une consultation particulière sur un point ou
l'autre se rattachant à tel ou tel article du projet de loi.
Le Président (M. Beauséjour): Oui, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je pense que, si l'on prend les
interprétations, effectivement, il me semble qu'il y a
déjà eu un précédent à la commission de
l'économie et du travail, où on a appliqué un amendement
qui serait, éventuellement, présenté à l'article.
Textuellement, on dit: "Avant l'étude détaillée, la
commission peut procéder à des consultations
particulières. " Cela veut dire qu'il faudrait qu'on les fasse à
ce moment-ci. Sauf que ce qui a été appliqué comme
jurisprudence, avec une entente des leaders, parce qu'éventuellement le
texte serait modifié, c'est que l'on pourrait tenir des consultations
particulières dans le cadre de son mandat. Donc, le mandat étant
de faire l'étude article par article, il pourrait y avoir, au cours de
l'exécution de ce mandat, des consultations particulières. Ce qui
est clair, c'est qu'il faut que la motion se fasse maintenant, par exemple.
M. Ryan: Mais je ne sais pas, là. Je reviens au texte du
règlement, comme nous l'avons actuellement.
M. Charbonneau: Comme nous l'avons actuellement, si on applique
d'une façon très stricte l'article 237, il faut que les
consultations particulières, s'il y en avait, se fassent avant de
procéder à l'étude détaillée. Sauf que,
comme je le dis, il y a eu une entente entre les leaders pour
qu'éventuellement cet article soit précisé. Il y a
déjà une décision d'une autre commission, donc une
jurisprudence, qui fait qu'effectivement on l'interprète comme
étant durant le mandat.
M. Ryan: Avant ou pendant?
M. Charbonneau: Avant ou pendant.
M. Ryan: Pas d'objection.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Il me semblerait normal que la commission
connaisse, préalablement à ses travaux, disons avant de commencer
l'étude article par article, quels sont les organismes ou les
consultations particulières qu'elle souhaiterait faire en cours de
commission. Ce serait tout à fait normal puisque cela a des implications
sur l'étude même du projet de loi, sur les travaux mêmes de
la commission. L'article, tel que rédigé, me semble tout à
fait conforme à l'esprit du fonctionnement des commissions.
Personnellement, si l'Opposition veut des consultations particulières
devant cette commission, je trouverais tout à fait normal qu'on le sache
dès maintenant pour que l'on puisse organiser nos travaux en
conséquence.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député, il faut qu'on détermine dans la motion
spécifiquement quels organismes et quels articles seront
concernés et à quel moment, entre autres, au cours de nos
travaux.
M. Charbonneau: M. le Président, ce qui est clair, comme
l'indiquait le député de Fabre, c'est qu'il faut que la motion se
fasse maintenant. Donc, il faut que l'on sache maintenant quels seront les
organismes qui, éventuellement, pourraient être appelés
à venir rencontrer les membres de la commission, à un moment ou
à un autre.
M. Leduc (Fabre): Sur quels articles, également, nous
souhaitons la consultation.
M. Ryan: Il faut d'abord savoir quelle sorte de motion on va
présenter. C'est pour cela qu'on demande des directives avant de
commencer. On veut être bien sûr qu'on fera une motion qui sera
pertinente et qui ne donnera pas lieu à un débat de
procédure interminable. C'est toujours mieux de le faire...
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que le
député d'Argenteuil pourrait, s'il vous plaît, parler plus
près de son micro?
Le Président (M. Beauséjour): Le message lui est
fait.
M. Ryan: Ce que je disais, M. le Président, c'est qu'avant
de déposer une motion nous voulons qu'il soit clair que nous nous
entendons sur le cadre dans lequel cette motion sera faite. C'est pourquoi je
vous ai demandé des orientations au début de la discussion, en
vue de sauver du temps après; si nous nous entendons clairement sur le
cadre dans lequel cela doit être fait, je pense qu'ensuite on pourra
discuter chaque proposition à son mérite et on n'aura pas
à faire de débat de procédure. C'est l'esprit dans lequel
nous discutons actuellement et je reviens à ce qui a été
dit. Je ne peux pas accepter, par conséquent, la demande du
député de Fabre, que soit déposée une proposition
tout de suite, sans savoir en vertu de quel règlement et à
l'intérieur de quelle discipline on le fait.
Une voix: Monsieur...
M. Ryan: Je m'excuse, j'avais la parole. Si on veut me la
laisser, je vais l'apprécier.
Le député de Verchères disait qu'il y avait eu une
entente entre les leaders en vertu de laquelle, éventuellement, on
proposerait une modification au règlement. L'interprétation que
j'ai cru recueillir en l'écoutant est la suivante: L'article 237, dans
son deuxième alinéa, recevrait l'interprétation suivante:
Avant ou pendant l'étude détaillée, la commission peut
procéder à des consultations particulières. Si la
commission n'avait pas d'objection à fonctionner à la
lumière de cette interprétation, je n'en aurais sûrement
pas.
Il y a un deuxième point que j'ai entendu. Je pense que c'est de
la part du président qui avait reçu un conseil de Mme la
secrétaire, si j'ai bien compris, ou une interprétation, à
savoir que si nous présentons une motion il faut que la motion soit
accompagnée de précisions quant aux articles du projet de loi sur
lesquels le ou les organismes que nous voudrions entendre seraient susceptibles
de nous éclairer. Est-ce que cela fait partie des règlements ou
si c'est une interprétation disciplinaire que vous tirez de votre propre
chef ou sur la foi de jurisprudence dont la connaissance nous
échapperait?
Le Président (M. Beauséjour): C'est la
jurisprudence et c'est surtout pour être capable de convoquer les
personnes.
M. Ryan: Ce sont des questions que je pose. Je ne porte pas de
jugement; je pose des questions pour pouvoir agir dans le meilleur climat de
pertinence possible.
Le Président (M. Beauséjour): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: La jurisprudence ne doit pas être vieille,
non plus.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Est-ce que l'on peut donner une information
additionnelle qui va éclairer un peu les membres de la commission?
L'amendement qui est projeté, à la suite des discussions avec les
leaders, est que le deuxième alinéa de l'article 237 serait
modifié pour plutôt se lire comme suit: "Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son mandat. "
C'est cette modification ou cet amendement projeté qui a
déjà été mis en application dans une autre
commission. Si on interprète cet amendement projeté, il est
déjà, d'une certaine façon, mis en application.
Cela veut dire qu'il faut maintenant, comme l'indiquait le
député de Fabre, faire la proposition pour savoir qui on entend,
sauf qu'on n'est pas obligé de faire l'audition avant qu'on entreprenne
l'étude article par article. Donc, il faut maintenant décider qui
on convoque, pour les entendre à des moments différents si on le
jugeait à propos. Il n'y a pas d'obligation, comme c'est dans le texte
actuel, de les entendre maintenant, si on se fie à l'amendement
projeté, mais il y a une obligation de décider maintenant qui on
entend et qui on convoque.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. En fait,
à l'examen de l'article 237, on peut comprendre un peu l'esprit de
l'article en question. J'imagine que l'on ne voudrait pas se retrouver en cours
de débat article par article, de façon pratiquement continue,
avec une motion pour faire entendre, pour faire comparaître un
témoin ici à la commission. Je présume que l'article en
question ne vise, dans son esprit à tout le moins, qu'à
assurer
un déroulement normal des débats lors de l'étude
article par article. Je pense que c'est l'esprit général.
D'autre part, il est clair également que la commission est
maîtresse de ses travaux et que, par conséquent, elle devrait
pouvoir décider en cours d'exercice d'entendre des intervenants si,
effectivement, elle le juge bon. Cela m'apparaîtrait approprié et
de bon aloi, si on veut s'engager dans une étude aussi
détaillée que celle qu'appelle le présent projet de loi.
Il est clair que nous aurons certainement besoin, à un moment ou
à un autre, d'éclairage et cela pourrait s'avérer
intéressant de faire comparaître des gens.
Il demeure qu'il faut peut-être se méfier de... J'essaie de
trouver l'article en question; l'article 237, évidemment, met la
commission à l'abri de motions répétées pour
entendre des intervenants, ce qui pourrait, à un moment donné,
nous entraîner dans un débat procédurier très
long.
Si le porte-parole de l'Opposition voulait nous indiquer a priori quels
sont les gens qu'il a l'intention d'entendre pour nous aider à la prise
de décision, j'aimerais peut-être qu'il en fasse état. On
pourrait également indiquer de notre côté ce que nous
aimerions faire et, à partir de cela, si on se rend compte que c'est
raisonnable, je ne vois pas pourquoi on s'enfargerait dans une procédure
qui nous obligerait à avoir une motion immédiatement
détaillant tous ceux qu'on veut entendre. Je serais d'accord pour
m'engager dans un compromis du type de celui proposé par le
député d'Argenteuil.
Le Président (M. Beauséjour): D'ailleurs, la motion
devra m'être acheminée par écrit et, si c'est
nécessaire, s'il y a consentement, éventuellement, on pourra
même suspendre quelques instants pour que vous puissiez la faire. En
attendant, je ne sais pas si cela entre dans les remarques
préliminaires, mais le député de Chapleau avait des
questions à poser. Est-ce que vous les posez dans des remarques
préliminaires?
M. Kehoe: C'est seulement une question, M. le ministre,
concernant des commissions scolaires.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Beauséjour): Oui?
M. Ryan:... ce n'est pas parce que je veux interrompre le
député de Chapleau...
Le Président (M. Beauséjour): D'accord.
M. Ryan:... au contraire, mais est-ce qu'on ne devrait pas au
moins régler la question que vous avez ouverte pour commencer, parce
qu'on va être obligé de la reprendre après? Moi, cela ne me
fait rien.
Je voudrais savoir si je vous comprends bien. Le Président (M.
Beauséjour): Oui.
M. Ryan: J'ai cru comprendre que vous disiez: Si vous voulez
qu'il y ait des auditions particulières, il faut une motion. On a le
cadre général dans lequel la motion pourrait être faite.
Vous avez dit: Deuxièmement, si l'Opposition éprouve le besoin
d'un ajournement pour mettre au point une motion écrite, on pourrait
l'envisager. C'est ça que vous avez tiré comme...
Le Président (M. Beauséjour): Qu'il y ait
suspension...
M. Ryan: Oui, oui.
Le Président (M. Beauséjour):... s'il y a un accord
de tous les membres de la commission.
M. Ryan: Personnellement, je pense que notre groupe aussi, nous
serions prêts à accepter ce que vous dites et on pourrait disposer
du point du député de Chapleau ensuite. Si vous nous donniez cinq
ou dix minutes de suspension pour qu'on mette une motion au point, on le ferait
volontiers.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que les
membres de la commission sont d'accord pour suspendre?
Une voix: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): Je voudrais savoir,
M. le ministre, s'il y a consentement pour suspendre cinq minutes.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Après le député de Chapleau.
Le Président (M. Beauséjour): Bon! Juste avant de
suspendre...
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que c'est une question pratique qu'il
veut vous poser.
Le Président (M. Beauséjour): Il y aurait un
consentement après son intervention?
Une voix: Fait-il partie de la commission?
Mme Lavoie-Roux: Là, il est comme participant.
M. Ryan: Intervenant.
Le Président (M. Beauséjour): Intervenant. Mais je
voudrais vous signaler
que votre motion devra indiquer un, ou l'ensemble des articles sur
lesquels vous voulez que des organismes...
Mme Lavoie-Roux: L'ensemble des articles, ce serait long, M. le
Président. Il y en a 700.
Le Président (M. Beauséjour): Non, non, mais c'est
parce que je vous indique l'ouverture qui est possible selon le
règlement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Beauséjour): De consentement, le
député de Chapleau veut poser sa question.
Intégration de commissions scolaires
M. Kehoe: Pour la troisième fois, je vais essayer de poser
ma question. M. le ministre, comme vous le savez, il y a plusieurs commissions
scolaires actuellement qui sont en pourparlers pour se regrouper, pour
l'intégration - appelez cela comme vous le voulez - pour une fusion.
Seulement dans notre région, les commissions scolaires de Gatineau et
Champlain sont déjà pas mal avancées dans leurs
négociations. On veut savoir quels effets l'adoption ou la non-adoption
du projet de loi 3 va avoir sur ce problème de l'intégration des
commissions scolaires qui est déjà en marche.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Bérubé: J'ai déjà eu l'occasion,
lors de plusieurs rencontres avec les présidents des commissions
scolaires, de leur dire - je l'ai, d'ailleurs, réitéré en
commission parlementaire - que de tels bouleversements, quand on parle de la
fusion de commissions scolaires, impliquent des transferts de personnel, des
transferts d'actifs et que l'on ne pourrait pas s'engager dans une
première intégration du primaire et du secondaire, impliquant des
déplacements de personnel et d'actifs, pour subséquemment, un an
plus tard, s'engager dans une autre opération qui, elle, porterait sur
la restructuration linguistique. Par conséquent, je n'avais pas
l'intention d'autoriser quelque intégration que ce soit du primaire et
du secondaire sans qu'y soit automatiquement associée la restructuration
sur le plan linguistique.
M. Kehoe: Cela veut dire, à toutes fins utiles, un
moratoire sur toute question d'intégration ou toute fusion pour le
moment, jusqu'à ce qu'on sache où on s'en va avec le projet de
loi 3.
M. Bérubé: Ah oui! Il est clair qu'il faut que le
projet de loi 3 soit adopté pour qu'on puisse, premièrement,
imposer les cartes, car vous connaissez les règles concernant la fusion
de commissions scolaires, qui sont très contraignantes à l'heure
actuelle. Le présent projet de loi va apporter des souplesses
permettant, justement, plus facilement des regroupements de commissions
scolaires, des redéfinitions de territoires. Mais, à l'heure
actuelle, tant que le projet de loi n'est pas adopté, nous ne disposons
pas de l'instrument absolument nécessaire, ne serait-ce que pour
définir les territoires.
Par conséquent, le projet de loi doit être adopté si
on veut procéder, par exemple, à l'intégration
primaire-secondaire.
M. Kehoe: Même après l'adoption du projet de loi 3,
il faut que tout soit intégré dans la nouvelle structure qui va
être en place. Après l'adoption...
M. Bérubé: Je ne suis pas certain que j'aie compris
le sens de la question.
M. Kehoe: Après que le projet de loi 3 sera adopté,
par rapport à l'intégration des commissions scolaires Champlain
et de Gatineau, est-ce qu'il y aura un problème, à ce
moment-là, de restructuration qui va s'enchaîner avec l'adoption
du projet de loi 3?
M. Bérubé: Il se pourrait, mais je ne connais pas
l'aspect pratique de vos commissions scolaires. Dans l'Outaouais, à ma
connaissance, nous avons un problème assez important de transfert des
clientèles linguistiques d'un réseau de commissions scolaires
à un autre. Je pense aux francophones vers les anglophones, à
cause des anglo-catholiques qui se déplacent. Ceci entraîne que,
normalement, il ne pourrait pas y avoir une intégration
primaire-secondaire avant 1986, en vertu de la loi même.
M. Kehoe: D'accord.
Le Président (M. Beauséjour): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aurais une question complémentaire
à ceci. Il semble qu'il y ait encore des commissions scolaires qui sont
engagées dans un processus d'intégration. Compte tenu de la
réponse du ministre, est-ce qu'on a averti les commissions scolaires
qui, au fond, doivent y passer passablement d'heures - non seulement les
commissions scolaires, mais tout ce qui entoure cela -pour qu'on arrête
les démarches car, à moins que ce ne soit un autre type
d'intégration qu'on veuille faire, il faut tenir compte des dispositions
de la loi? Autrement, on fait
travailler les gens pour rien, à toutes fins utiles.
M. Bérubé: Non, je pense que toutes les commissions
scolaires sont parfaitement au courant. J'ai fait une tournée des
présidents de commissions scolaires et des directeurs
généraux...
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, ils n'étaient pas au
courant, puisqu'ils nous posent la question.
M. Bérubé: Je dois dire que je n'ai pas
rencontré les gens de l'Outaouais, malheureusement. Mais j'ai fait une
tournée des présidents de commissions scolaires et des directeurs
généraux au Québec et la question qui revenait absolument
partout portait sur les liens qui existaient entre le projet de loi et la
volonté d'intégration. Partout, j'ai fait l'objet de pressions
pour qu'on accélère l'adoption du projet de loi et qu'on aille le
plus rapidement possible de manière que les gens, au Québec,
puissent procéder à leur intégration comme ils la
planifient à l'heure actuelle. Mais ils la planifient tous, à
l'heure actuelle, dans le cadre de la présente loi.
M. Kehoe: Dois-je comprendre que le ministre va aviser les
autorités concernées des commissions scolaires de Gatineau et
Champlain?
M. Bérubé: Elles ont toutes été
avisées. Elles ont été avisées par lettre. Elles
ont été avisées lors d'assemblées
générales où j'ai rencontré les présidents
de commissions scolaires, incluant celles de l'Outaouais, ainsi que les
directeurs généraux. On leur a donné les principes
généraux sur lesquels on se baserait pour prendre les
décisions d'intégration et, subséquemment, nous leur avons
fait parvenir également un guide d'intégration, mais,
évidemment, qui tient compte de l'adoption de la loi. Ils sont tous au
courant que l'adoption de la loi est un prérequis sine qua non aux
procédures d'intégration entreprises. C'est clair.
M. Kehoe: Il va sans dire, juste pour clarifier une fois pour
toutes, que, si le projet de loi 3 n'est pas adopté, il n'est pas
question d'intégration.
M. Bérubé: Il n'y a pas d'intégration.
M. Kehoe: Il n'est pas question de procéder
là-dedans...
M. Bérubé: Non.
M. Kehoe:... tant et aussi longtemps que le projet de loi n'est
pas adopté.
M. Bérubé: C'est évident.
Le Président (M. Beauséjour): D'accord. Toujours de
consentement, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas de consentement. Je suis
membre de la commission.
Une voix: Elle est membre de la commission.
M. Bérubé: Je ne sais pas. Je ne détesterais
pas, cependant, qu'on lui donne toujours le droit de parole sur consentement.
Mais, enfin, je ne sais pas, ce serait peut-être un amendement à
nos règles de procédure.
Le Président (M. Beauséjour): C'est dans le cadre
des remarques préliminaires, étant donné que le
député d'Argenteuil n'a pas complété...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est toujours dans la poursuite
de...
Le Président (M. Beauséjour): Mais c'est pour cela
que je dis de consentement, pour éviter de faire perdre le droit aux
remarques préliminaires du député d'Argenteuil.
M. Ryan: Elle est bien gentille. Je voudrais simplement vous
rappeler, M. le Président, que Mme la députée de L'Acadie
est membre de la commission de plein droit, aujourd'hui, en remplacement du
député de Laurier.
Le Président (M. Beauséjour): Oui, mais
étant donné que vous n'avez pas terminé vos remarques
préliminaires...
M. Ryan: Écoutez, je suis très...
Le Président (M. Beauséjour):... et que nous allons
devoir suspendre, c'est pour cela que je suppose qu'on a un consentement pour
poursuivre avec la députée de L'Acadie et qu'on puisse revenir
à vos interventions.
Mme Lavoie-Roux: C'est très, très court, M. le
Président. Je ne retarderai pas mon collègue d'Argenteuil. Est-ce
qu'il y aurait possibilité qu'on nous remette ce guide d'implantation
qui a été envoyé aux commissions scolaires en fonction de
l'application de la loi 3? Merci.
M. Bérubé: On va vous le faire parvenir.
Une voix: Pour tous les membres.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, je ne
demande jamais de privilège pour moi-même, c'est pour tout
le monde.
M. Charbonneau: Le président vient de vous en donner
un.
Une voix: On veut tous l'avoir.
Mme La voie-Roux: Il ne m'en a pas donné. Je regrette.
Le Président (M. Beauséjour): Alors, avant de
poursuivre avec le député d'Argenteuil, comme il y a consentement
pour suspendre cinq minutes...
Une voix: Cinq ou dix minutes.
Le Président (M. Beauséjour): Cinq ou dix minutes.
D'accord. Alors, je suspends les travaux pour environ dix minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 2)
(Reprise à 12 h 32)
Le Président (M. Beauséjour); La commission de
l'éducation reprend ses travaux. La parole est au député
d'Argenteuil.
M. Charbonneau: Juste avant que le député
d'Argenteuil intervienne, je voudrais faire une proposition pour que le
député de Bourget remplace le député
d'Abitibi-Est.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Ryan: Avec grand plaisir.
Mme Lavoie-Roux: Cela nous fait plaisir.
M. Charbonneau: Merci.
M. Ryan: Cela va nous rappeler d'agréables souvenirs.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député d'Argenteuil, vous avez la parole.
M. Bérubé: On ne peut rien avoir à dire sur
le contenu, dans la mesure où il est difficile d'en prendre
connaissance.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Leduc (Fabre): Est-ce qu'on peut faire lecture, M. le
Président, de la motion?
Le Président (M. Beauséjour): Avant, on va voir si
le député d'Argenteuil a effectivement une motion à
présenter.
M. Bérubé: Les quatre dernières lignes,
vraiment.
Mme Lavoie-Roux: Cela, c'est bien.
M. Bérubé: Je voudrais modifier la motion. Il
faudrait peut-être entendre un graphologue pour nous aider.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez faire une motion.
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre!
M. Charbonneau: M. le Président, je vais être dans
l'obligation de prendre la défense de la secrétaire de la
commission.
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre!
M. Ryan: M. le Président, le ministre se rendra compte, en
avançant, que quand l'idée est claire l'écriture importe
beaucoup moins. On devine le reste facilement. Pourvu qu'on saisisse la
première lettre de chaque mot, on va directement à l'objectif,
surtout quand on aborde ces choses avec le moindre préjugé.
M. Bérubé: Alors, je vous mets au défi de
nous la lire.
Motion pour entendre des organismes sur
l'éducation des adultes
M. Ryan: Il me fait plaisir de vous donner lecture de cette
motion, dont le texte a été transcrit dans la jolie
écriture de la secrétaire de la commission.
La Secrétaire: Merci, M. Ryan.
M. Ryan: "Que la commission entende en consultation
particulière... " Au singulier plutôt qu'au pluriel, "en
consultation particulière", parce que ce n'était pas mon
intention de prolonger indûment nos travaux.
M. Bérubé: On en entend deux, quand même.
M. Ryan: L'Institut canadien... Oui, d'accord.
Une voix: Alors, c'est "s".
M. Bérubé: Alors, on va garder le pluriel.
M. Ryan: Très bien.
Mme Lavoie-Roux: On ne se chicanera pas.
M. Ryan: L'Institut canadien d'éducation...
M. Bérubé: L'orthographe me semble de calibre
nettement plus élevé que la calligraphie, disons.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre, s'il
vous plaît!
M. Ryan: "Que la commission entende en consultations
particulières l'Institut canadien d'éducation des adultes et le
Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec
autour des articles suivants du projet de loi: I à 13, 24, 52, 57, 234
à 245, 264, 297 et 298, le jour, l'heure et la durée de ces
auditions devant être déterminés par le comité
directeur de la commission. "
Une voix: De ces auditions,
M. Ryan: Je n'entends pas faire un plaidoyer interminable
à l'appui de cette résolution; je voudrais simplement...
Le Président (M. Beauséjour): Mais avant d'aller au
fond, j'aimerais entendre un porte-parole des deux côtés sur la
recevabilité.
M. Ryan: Il me semble que la motion est parfaitement recevable en
vertu de l'article 237 de notre règlement et, surtout, de
l'interprétation quelque peu assouplie que nous avions convenu d'en
donner lors des discussions qui ont précédé la
présentation de la motion. Il me semble qu'en vertu de l'article 237 et
de l'autre article dont nous avons parlé, l'article 165, à
l'intérieur de l'espace que définissent ces deux articles de
notre règlement, la motion est tout à fait recevable.
Le Président (M. Beauséjour): Merci.
Est-ce qu'il y a un porte-parole du côté gouvernemental qui
veut s'exprimer sur la recevabilité?
M. Leduc (Fabre): Cela nous paraît tout à fait
recevable, M. le Président. Maintenant, il y a une deuxième
motion que nous voudrions également inscrire.
Le Président (M. Beauséjour): Oui, mais il faudrait
d'abord disposer de cette motion avant d'en présenter une autre.
Une voix: Est-ce la seule motion de l'Opposition?
Une voix: Je pense qu'ils en ont plusieurs autres.
Une voix: En avez-vous?
M. Bérubé: Oui, ils en ont plusieurs autres.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je pense qu'il serait
important que l'on sache exactement où se situe l'Opposition par rapport
aux consultations particulières qu'elle souhaiterait entreprendre devant
cette commission.
Mme Lavoie-Roux: On traite chaque motion à son
mérite.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, on ne peut pas...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il faut qu'on vous donne toutes les
motions d'ici à la fin de nos travaux, dans trois mois?
M. Leduc (Fabre): Nous voulons connaître l'ensemble des
organismes que l'Opposition voudrait entendre devant cette commission.
Le Président (M. Beauséjour): Je déclare la
motion recevable. Est-ce qu'il y a des intervenants? M. le député
d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
simplement donner les motifs à l'appui de la motion. Il avait
été convenu, quand nous avons discuté lors des auditions
que la commission a tenues avant le débat de deuxième lecture,
que nous entendrions un groupe restreint d'organismes, mais que cela ne fermait
pas la porte à l'audition d'autres organismes autour d'aspects
particuliers du projet de loi à l'occasion de l'étude en
commission. Cela avait été convenu de part et d'autre; cela avait
été indiqué à plusieurs reprises par les
porte-parole gouvernementaux.
Or, il est arrivé, depuis que le projet de loi a
été déposé à l'Assemblée nationale,
que des organismes ont demandé à se faire entendre par la
commission. Il y en a qu'il n'a pas été possible d'entendre au
stade antérieur, celui des auditions qui ont
précédé le débat de deuxième lecture, mais
je pense que nous devons au moins prendre position sur ces demandes qui nous
ont été faites.
D'un autre côté, les deux demandes qui nous avaient
été soumises en provenance de l'Institut canadien
d'éducation des adultes et du Regroupement des groupes populaires en
alphabétisation du Québec devraient, à notre point de vue,
être non seulement entendues, mais accueillies favorablement. Je voudrais
donner communication de ces deux demandes qui nous avaient été
faites, entre autres, au nom de l'Institut canadien d'éducation des
adultes, par Mme Esther Désilets, directrice générale de
cet organisme, agissant, disait-elle au bas de son message, pour le conseil
d'administration de l'ICEA. Elle écrivait ceci: "Faisant suite au
dépôt de la loi, jeudi le
1er novembre, sur l'enseignement élémentaire et
secondaire sur l'intention du ministre de l'Éducation d'entendre les
groupes représentatifs en commission parlementaire, nous aimerions, en
tant qu'Institut canadien d'éducation des adultes, être entendus
à cette commission. Nous sommes, au Québec, un des seuls groupes
dont la spécificité de l'intervention est l'éducation des
adultes. "
Dans la même ligne de préoccupation, le Regroupement des
groupes populaires en alphabétisation du Québec nous adressait le
message suivant, le 28 novembre dernier: "Nous sommes étonnés que
vous n'ayez pas jugé bon à ce jour d'entendre, sur le projet de
loi 3, une analyse partant du point de vue des étudiantes et
étudiants adultes. Pourtant, vous avez convoqué les parents au
nom des étudiants et étudiantes jeunes. Il nous semble
inconcevable que le projet de loi soit adopté avant que vous entendiez
ce point de vue. Ainsi, nous appuyons fortement la demande de l'ICEA
d'être entendu. "
Il y a plusieurs articles de notre projet de loi qui concernent
directement ou par voie d'implication l'éducation des adultes. J'ai
mentionné les principaux dans le texte même de la motion. Les
articles I à 13, qui définissent les droits aux services
éducatifs, intéressent les adultes de plusieurs
manières.
Quand on définit les services complémentaires, au chapitre
qui donne la définition des services éducatifs, c'est
évident que les adultes sont intéressés à savoir ce
qu'on implique par là.
Quand on parle de la définition de l'école, à
l'article 52, on parle également de ses responsabilités envers
les adultes. À l'article 57, lorsqu'on parle du conseil d'école,
on ne parle pas du tout des adultes; eux autres voudraient qu'on en parle, et
je les comprends.
Aux articles 234 à 245, il est question des comités
consultatifs qui doivent être formés au niveau des commissions
scolaires. À un moment donné, on mentionne la possibilité
- il y a là deux aspects qui se posent - que soit formé un
comité consultatif des adultes.
Il y a également la question de la représentation des
adultes à d'autres comités qui doit être examinée.
Par conséquent, c'est toute l'économie des articles 234 à
245 qui intéresse directement et incontestablement les adultes et ceux
qui ont plus particulièrement pour fonction de parler en leur nom dans
le domaine de l'éducation.
Il y a ensuite l'article 264, en vertu duquel une commission scolaire
peut exiger des frais d'inscription et de scolarité à un adulte
qui suit des cours ne devant pas conduire à l'obtention d'un
diplôme. Ensuite, il y a les articles 297 et 298 qui traitent de la
collaboration de la commission scolaire à la réalisation de
projets communautaires, de l'utilisation des immeubles scolaires par des
organismes communautaires, de l'organisation de services de garde pour les
élèves de l'enseignement primaire. Ceci comporte une connotation
très importante également pour les adultes qu'il est facile de
discerner.
Pour toutes ces raisons, il me semblerait très utile que la
commission entende l'Institut canadien d'éducation des adultes. En
relisant le télégramme du Regroupement des groupes populaires en
alphabétisation du Québec, je constate que cet organisme
accepterait, par voie d'implication, que l'Institut canadien d'éducation
des adultes parle en son nom. Il pourrait facilement être conçu
que l'Institut canadien d'éducation des adultes parle en son nom ou le
comprenne dans la délégation qui va venir nous rencontrer. Par
conséquent, une consultation suffirait amplement ici, je n'en demande
pas deux. Je pense que c'est une dimension qui était à peu
près complètement absente dans le projet de loi 40, qui est
davantage présente dans le projet de loi 3 et qui pourrait l'être
encore de manière plus satisfaisante si la commission, avant de statuer
sur les articles particuliers du projet de loi qui traitent de ce sujet vital
de l'éducation des adultes, voulait bien chercher à
s'éclairer davantage en entendant le point de vue de ceux qui sont dans
la pâte, c'est-à-dire les porte-parole les plus
généralement acceptés du secteur de l'éducation des
adultes dans notre société, soit les responsables et les
collaborateurs de l'Institut canadien d'éducation des adultes.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Et-ce qu'il y
a d'autres membres qui veulent s'exprimer?
M. le député de Fabre. (12 h 45)
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je commence par poser
une question. L'Opposition est libre d'y répondre, bien sûr, mais
je suis libre aussi de poser ma question. Je veux savoir si l'Opposition a
d'autres demandes à faire en fonction de l'article 237 qui nous permet
de faire des consultations particulières sur des articles de la loi.
Est-ce que l'Opposition souhaite entendre d'autres organismes que ceux qu'elle
nous signale dans la proposition qui est devant nous? Je pense que la question
est claire, M. le Président, et j'aimerais que vous sollicitiez une
réponse de l'Opposition.
Le Président (M. Beauséjour): Si l'Opposition veut
répondre.
M. Ryan: Je crois que la question n'est pas recevable. J'en
traiterai volontiers hors séance...
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. J'ai obtenu
réponse.
M. Ryan: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'allais ajouter ceci. Je traiterai volontiers cette
question hors séance, dès la suspension de 13 heures, avec le
député de Fabre, s'il veut que nous en parlions. Je lui dirai
tout ce qu'il veut savoir, mais, pour le moment, nous avons une proposition sur
la table et je ne pense pas qu'on doive s'en écarter.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je vais poser une
deuxième question. Est-ce que l'Opposition serait prête à
suspendre pour quelques minutes pour que nous prenions connaissance, en
comité directeur, des autres organismes que, je présume,
l'Opposition souhaiterait entendre devant la commission?
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Non.
Le Président (M. Beauséjour): Pardon?
M. Ryan: Non, M. le Président, nous ne pouvons pas faire
cela.
Le Président (M. Beauséjour): Si vous voulez
approcher votre micro, parce qu'on enregistre.
M. Ryan: M. le Président, nous n'entendons point faire
cela à ce moment-ci.
Le Président (M. Beauséjour): Merci.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. J'ai obtenu
également réponse à ma deuxième question. Il
m'apparaît clair que l'Opposition fait de la stratégie. Je suis
obligé d'en arriver à cette conclusion. En refusant de
présenter ou de nous dire clairement s'il y a d'autres organismes que
l'Opposition souhaiterait entendre devant la commission, j'en arrive à
la conclusion qu'il y a effectivement d'autres organismes et qu'au moment
où nous débattons la résolution nous ne les connaissons
pas. Nous avons une résolution par laquelle on nous demande d'entendre
deux groupes: l'Institut canadien d'éducation des adultes et le
Regroupement des groupes populaires en alphabétisation. Je dois ajouter
qu'il y a d'autres groupes, d'autres organismes que l'Opposition
désirerait également entendre, mais, encore une fois, que nous ne
connaissons pas au moment où nous débattons cette
résolution.
Dans l'intervention du député d'Argenteuil, je n'ai rien
entendu de neuf par rapport à ce que nous avons déjà
entendu au moment où nous avons discuté de la question d'entendre
des organismes en fonction des consultations particulières. Nous avons
déjà accepté d'entendre une vingtaine d'organismes. De
notre côté, nous étions prêts à en entendre
environ une dizaine. Nous nous sommes rendus à la demande de
l'Opposition qui nous a sollicités pour en entendre une vingtaine et
nous avons procédé à ces consultations
particulières qui se sont terminées tout récemment, soit
le 27 novembre. Je pense que la commission a été suffisamment
éclairée.
Je voudrais rappeler que nous avons également entendu, en janvier
1984, une centaine d'organismes qui sont venus nous parler du projet de loi 40,
qui sont venus nous parler de la réforme scolaire, qui sont venus nous
parler de la restructuration scolaire et que, parmi ces organismes-là,
il y avait l'Institut canadien d'éducation des adultes. À ce
moment-là, l'institut nous a présenté ses amendements,
enfin les amendements qu'il souhaitait. Il nous a présenté son
point de vue et le gouvernement a tenu compte de ce point de vue dans le projet
de loi 3. Plusieurs organismes sont venus, en consultation particulière,
nous dire qu'à l'égard de l'éducation des adultes ou des
articles qui touchent l'éducation des adultes il y avait eu
amélioration de façon très marquante par rapport aux
articles qui étaient inscrits dans le projet de loi 40.
Encore une fois, je crois que le député d'Argenteuil veut
simplement nous ramener au débat que nous avons eu sur les consultations
particulières. Le député d'Argenteuil ne nous a pas
indiqué véritablement en quoi il y avait matière à
entendre l'Institut canadien d'éducation des adultes sur les articles du
projet de loi 3. Si nous repartons la discussion sur les organismes que nous
devons entendre en fonction du projet de loi 3, pourquoi devrions-nous nous
arrêter à deux organismes et à un sujet, soit la question
de l'éducation des adultes? C'est une question fort importante, nous en
convenons, mais nous convenons aussi que nous avons entendu l'Institut canadien
d'éducation des adultes, nous avons même pris connaissance des
mémoires qu'il nous a soumis en rapport avec le projet de loi 3. Je ne
vois pas en quoi nous pourrions être éclairés davantage si
nous le recevions en commission.
Le député d'Argenteuil a dit: Ils ont des questions
à poser. Mais que l'Opposition les pose à leur place. C'est
précisément le rôle de l'Opposition de poser des questions.
Si nous acceptons de recevoir deux organismes sur un sujet, pourquoi ne pas
recevoir tous les organismes qui nous ont écrit, qui ont souhaité
être reçus? Pourquoi
ne pas tous les entendre et, à la limite, pourquoi ne pas
réentendre tous les organismes que nous avons également entendus
au moment du débat sur le projet de loi 40? C'est à l'infini, les
demandes de l'Opposition. Si on se met à écouter cette Opposition
qui ne semble pas démontrer véritablement de volonté face
à la réforme scolaire, volonté de passer à
l'action, qui nous a été manifestement demandée par de
multiples organismes en consultation particulière... Je suis
obligé, au moment où on se parle, de soupçonner
l'Opposition de vouloir faire un débat qui touche beaucoup plus à
la stratégie qu'au fond de la question.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci. Je me demande si ce n'est pas le
député de Fabre qui fait de la stratégie, parce qu'il a
reçu notre proposition ou notre motion et sa première question,
c'est de nous demander: En avez-vous d'autres? Quand il pressent que nous
pouvons en avoir d'autres - ce qui est le cas, d'ailleurs, on ne s'en est pas
caché -là, il se braque et dit: Ce n'est pas possible de
négocier notre motion en même temps que la leur. Un pour un. Cela
me surprend un peu comme...
M. Leduc (Fabre): Il n'y a pas de motion sur la table.
M. Bérubé: En fait, ce n'est pas un pour un. Je
suis prêt à la retirer.
Le Président (M. Beauséjour): Il n'y a pas de
motion.
Mme Lavoie-Roux: Elle n'est pas sur la table, mais ils nous l'ont
distribuée, la motion sur la constitution.
Le Président (M. Beauséjour): Mme la
députée, je n'ai pas d'autre motion pour le moment.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Disons qu'elle n'est pas... Elle est
juste... Elle s'en vient. Elle est très près. J'ai eu nettement
l'impression que, si nous avions dit: Non, ce sont les seuls que nous voulions
entendre, on aurait dit: D'accord, un à un, même si le
deuxième "un" n'est pas sur la table. Ce qui m'étonne
là-dedans, c'est que le député de Fabre ne décide
pas d'entendre un groupe ou l'autre au mérite. Il se peut qu'il trouve
qu'il n'est pas opportun d'entendre les représentants de
l'éducation des adultes, c'est fort possible, et qu'un autre groupe, il
soit prêt à l'entendre. A ce moment-ci, cela semble davantage
reposer sur le fait: Est-ce que l'Opposition fait de la stratégie?
Est-ce que de deux ils vont passer à quatre, de quatre ils vont passer
à six plutôt que de dire: Ce serait utile qu'on entende ce groupe
ou cela n'est pas utile qu'on entende ce groupe?
Dans la deuxième partie, il a essayé de développer
des arguments pour démontrer que ce n'était pas utile. Sur ce
point particulier, je ne suis pas d'accord avec lui. L'éducation des
adultes - et je pense que, là-dessus, on s'entend - si on n'en discutait
pas dans ce contexte-ci, est une partie extrêmement importante des
responsabilités des commissions scolaires. Je ne sais pas exactement le
nombre d'adultes, aujourd'hui, qui sont enregistrés à des cours
pour les adultes à l'intérieur des commissions scolaires, mais
c'est certainement de quelques 100 000. On me corrigera, mais je ne serais pas
étonnée du tout que ce soit cela. Il fut un temps où la
CECM, à elle seule, en avait 100 000; il y a eu des coupures, il y en a
peut-être moins aujourd'hui. Il y a peut-être eu des transferts du
côté des cégeps, je l'ignore. Nous n'avons entendu aucun
représentant directement impliqué dans l'éducation des
adultes, lors des auditions que nous avons tenues il y a dix jours ou à
peu près.
L'autre point que je voudrais signaler concerne un premier débat
qui a eu lieu. J'étais absente, mais on y a discuté assez
longuement à savoir qui serait entendu et qui ne le serait pas, au
début de la commission parlementaire qui a tenu des auditions sur la loi
3. J'aimerais citer le député de Fabre. C'est au Journal des
débats; pour l'identification, c'est la commission permanente de
l'éducation tenue le mercredi 14 novembre, en page CE-79. "Nous avons
abordé une autre question qui concerne l'Union des municipalités
et les municipalités régionales de comté. Dans leur cas et
dans le cas d'autres groupes - je pense à des groupes de
handicapés, par exemple, qui représentent des parents d'enfants
handicapés - on s'est dit: Il serait peut-être intéressant
aussi de les entendre. Ce qu'on a dit, c'est que nous pourrions les entendre au
moment où nous étudirions le projet de loi article par article.
La commission est toujours libre de faire venir ces organismes et de les
inviter à commenter des articles précis du projet de loi au
moment où nous étudions ces questions. Rien n'empêche la
commission d'inviter l'Union des municipalités et celle des
municipalités régionales de comté à venir nous
faire part de leurs commentaires sur les articles qui les intéressent
précisément. Il y a, encore une fois, ouverture de notre part, de
ce côté. "
Je pense que la motion qui a été présentée
par le député d'Argenteuil se situe exactement dans cette voie.
Et, quand le député nous accuse de faire de la stratégie,
je me
demande s'il n'en faisait pas lui-même, le mercredi 14 novembre,
et, peut-être continue-t-il d'en faire aujourd'hui, le 5
décembre.
M. le Président, il est presque 13 heures et je pense que mon
collègue de Saint-Laurent avait demandé la parole, mais il pourra
continuer cet après-midi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement appuyer très
fortement la demande du député d'Argenteuil. On sait que la
question de l'analphabétisme - et les fonctionnaires du ministère
de l'Éducation, qui sont probablement ici depuis 1976 et même
avant, qui ont suivi les débats à l'Assemblée nationale
particulièrement touchant l'éducation, le savent - a souvent
été discutée dans les années 1977, 1978 et 1979 et
par la suite; après cela, je n'y étais plus. On sait fort bien
que le problème, au lieu de se résorber, s'est même
amplifié pour une foule de facteurs, sur lesquels je ne
m'étendrai pas aujourd'hui, qui sont attribuables, entre autres, au
développement de moyens de communication qui font que les gens lisent
moins, etc.
Même des gens qui n'étaient pas analphabètes au
départ le deviennent et, dans les faits, c'est un problème
considérable, particulièrement dans le contexte économique
où nous nous trouvons, pour que ces gens puissent prendre une place
significative dans notre société. Je pense que les revendications
qui sont faites, on devrait les entendre afin que le projet de loi puisse
prévoir véritablement des dispositions qui permettront d'essayer,
je le reconnais, à la mesure de nos moyens, de corriger ces
problèmes. Cela me semble tout à fait important. M. le
Président, il est 13 heures. Je vais proposer la suspension de nos
travaux pour le moment et je continuerai cet après-midi, s'il y a
lieu.
M. Champagne: Une question d'information, M. le
Président» Le député d'Argenteuil, tout à
l'heure, a exprimé le désir de rencontrer le comité
directeur, peut-être à 13 heures. Est-ce que cela tient toujours?
J'en ferais peut-être la suggestion pour que le comité directeur
nous arrive avec une proposition à 15 heures.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député d'Argenteuil.
Pour la rencontre, alors, vous pourrez en discuter après la
suspension.
Je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h I)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président (M. Tremblay): Nous allons constater le
quorum. Je déclare la séance ouverte. On m'informe que nous
allons passer quelques moments ensemble. J'espère que nous allons le
faire dans la bonne humeur et le respect du règlement.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Chaque fois
que j'ai le député de Saint-Laurent devant moi, je me marre.
Le Président (M. Tremblay): Alors, nous sommes
réunis ici avec le mandat de l'Assemblée nationale de
procéder à l'étude article par article du projet de loi 3,
Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Là-dessus, je donne la parole au député de Fabre.
D'accord, il vous reste deux minutes, M. le député de Fabre.
Une voix: Il est encore avec vous autres, celui-là.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre, vous avez deux minutes.
M. Leduc (Fabre): M. le Président... M.
Bérubé: Pourquoi deux minutes?
Le Président (M. Tremblay): Parce que, sur la motion, il a
déjà utilisé huit minutes; il lui reste deux minutes.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je serai bref. Je veux
simplement dire que je vais accepter, après consultation de notre
côté, la proposition qui nous est présentée par
l'Opposition et qui dit ceci: "Que la commission entende en consultations
particulières l'Institut canadien d'éducation des adultes et le
Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec.
" Et on mentionne les articles en question que nous allons pouvoir
examiner.
D'un autre côté, je retire notre proposition. Par contre,
elle n'est pas encore débattue, mais nous ne présenterons pas la
proposition que nous avions annoncée antérieurement, ce
matin.
Brièvement, j'avais posé une question à
l'Opposition ce matin, à savoir quels étaient les autres groupes
que l'Opposition avait l'intention de nous présenter pour être
entendus en commission. Après avoir obtenu cette liste, nous sommes en
mesure de dire que nous allons accepter d'entendre le groupe de
l'éducation des adultes, mais que ce sera, quant à moi, le seul
groupe que nous accepterons, compte tenu, encore une fois, que la liste de
l'Opposition comprend toute une série de groupes qui nous avaient
déjà été présentés lorsque nous avons
discuté cette question des consultations particulières.
Après cette discussion, nous avons effectivement accepté
d'entendre une vingtaine de groupes. Compte tenu de l'importance de
l'éducation des adultes dans le projet de loi, compte tenu de
l'ouverture dont nous voulons faire preuve et compte tenu de l'importance du
thème de la gratuité en général et, en particulier,
dans le cas de l'éducation des adultes, thème qui a
été soulevé par l'Opposition de nombreuses fois dans les
discours que nous avons entendus...
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
M. Leduc (Fabre):... nous sommes prêts à
entendre...
Le Président (M. Tremblay): Un instant! M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Dans la mesure où le député de
Fabre parle sur la motion qui est sur la table, je n'ai pas d'objection du tout
à l'écouter, mais il me semble que, lorsqu'il parle de motions
à venir, qu'il nous annonce une ligne de conduite de son parti sur des
motions à venir, il me semble que c'est un peu déplacé. Ne
trouvez-vous pas?
Le Président (M. Tremblay): M. le député, ce
serait une possibilité d'interpréter le règlement d'une
façon très restrictive. Mais si je commence à le faire
immédiatement, je vais devoir le faire pour toute la durée de la
commission.
M. Ryan: Très bien, M. le Président, très
bien.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre
M. Leduc (Fabre): J'ai terminé, M. le
Président.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Sur une question de
règlement, M. le député de Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Non, M. le Président, je voudrais
présenter une motion.
Le Président (M. Tremblay): Le député de
Fabre a la parole.
M. de Bellefeuille: J'ai cru comprendre que M. le
député de Fabre venait de dire qu'il avait terminé.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. de Bellefeuille: Je voulais seulement vous indiquer que,
lorsque ce sera opportun, je souhaite présenter une motion.
Le Président (M. Tremblay): J'inscris immédiatement
votre nom sur la liste.
M. de Bellefeuille: Merci.
Le Président (M. Tremblay): Normalement, je devrais
maintenant reconnaître le député de Saint-Laurent. M. le
député de Saint-Laurent, vous avez la parole. Vous n'avez
qu'à ne pas parler. J'ai déjà une indication, je devrai
passer...
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, cela va.
Le Président (M. Tremblay): Vous n'utilisez pas votre
droit de parole. La parole est au député de Verchères.
M. Charbonneau): M. le Président, avec la prise de
position que vient d'annoncer le député de Fabre et adjoint
parlementaire du ministre, dans la mesure où on est prêt à
accepter la proposition qui est devant nous, il ne sert à rien de
palabrer longtemps.
Le Président (M. Tremblay): La parole est au
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, nous avons donc
adopté la motion.
Le Président (M. Tremblay): Nous n'avons pas
disposé de cette motion; vous pouvez parler sur la motion seulement.
M. de Bellefeuille: Ah! Je vais attendre qu'on ait disposé
de cette motion pour en présenter une autre.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres intervenants
sur cette motion? M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, je voudrais suggérer... Pardon?
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je peux attendre parce que, de toute manière, je
pourrais parler à la fin. J'ai des choses brèves à dire.
Si le ministre a autre chose à dire, qu'il se sente bien libre. Non?
Alors, je vais y aller.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, je veux d'abord
souligner mon appui à la position tenue par le député de
Fabre, non pas qu'elle n'entraîne pas certaines conséquences
que je veux souligner, mais je vais, dans mon intervention, cadrer un
tout petit peu le type de débat que nous avons eu entre nous concernant
une liste potentiellement longue à être présentée
par le député d'Argenteuil.
D'une part, l'Opposition, en Chambre, a souligné trois points
majeurs qui la préoccupaient. On les connaît: il s'agit des
problèmes reliés à la gratuité et à
l'accessibilité au niveau de l'éducation des adultes, du
problème de la constitutionnalité du geste posé
vis-à-vis des commissions scolaires protégées en 1867
à Montréal et à Québec et de la
représentation des parents au niveau du conseil des commissions
scolaires.
Le problème de la représentation des parents a fait
l'objet de longues discussions lors de notre commission parlementaire où
nous avons entendu un certain nombre d'intervenants. Restaient les deux autres
sujets à aborder et nous avions proposé, effectivement, qu'on
puisse entendre des juristes. C'est ce dont j'ai fait part ce matin.
Personnellement, je n'y tenais pas plus que cela, puisque nous sommes
convaincus que les avis vont concourir à la position que nous
défendons et que, par conséquent, cela n'apportera pas beaucoup
d'éclairage. Je n'ai pas senti, non plus, du côté de
l'Opposition, un enthousiasme délirant pour un tel éclairage. Cet
élément étant mis de côté, il reste les
éléments de gratuité et d'accessibilité au niveau
de l'éducation des adultes.
Mon collègue de Fabre propose, dans un geste d'ouverture à
l'Opposition, d'entendre ceux qui veulent nous parler d'éducation des
adultes et je pense que cela correspond à ce qui a été
présenté par l'Opposition comme étant une priorité.
En ce sens, je suis d'accord. Je me suis quand même fait tirer un peu
l'oreille pour la raison suivante. Je me suis vraiment fait tirer l'oreille par
le député de Fabre qui a quand même utilisé des
arguments suffisamment...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé:... probants pour que, finalement, je me
range. Je dois quand même souligner les raisons pour lesquelles
j'hésitais. Il faut comprendre que de nombreuses commissions scolaires
se sont engagées dans un processus d'intégration au primaire et
au secondaire depuis deux ans que circulent le projet de loi et le livre blanc.
Vous savez que, depuis 1980, il existe un moratoire concernant toute
intégration, ce qui fait qu'à partir du moment où on a
laissé miroiter la possibilité d'intégration et de
modification des territoires des commissions scolaires un grand nombre de
commissions scolaires se sont engagées dans le processus.
Cela a comme conséquence - et c'est l'élément
important que je voulais souligner et qui va colorer un peu toute notre
position ultérieure - que les cadres en place examinent
déjà le type de postes qu'ils pourront occuper dans ces nouvelles
commissions scolaires. Donc, on procède - et c'est tout à fait
normal et humain - à des stratégies de
réaménagement du personnel de manière à pouvoir
gérer les futurs territoires des commissions scolaires avec les nouveaux
mandats définis pour ces commissions scolaires. Cela fait deux ans que
beaucoup de commissions scolaires sont engagées là-dedans;
déjà, on se rend compte qu'il va falloir attendre au moins encore
une année pour réussir à faire l'intégration et, au
fur et à mesure qu'on retarde, le système craque d'un peu
partout, puisqu'il y a des gens qui ont quitté et qu'on ne remplace pas
sachant qu'on aura besoin des postes et ainsi de suite.
Donc, les commissions scolaires font face à des problèmes
de plus en plus sérieux de gestion, reliés au fait qu'on a
gardé en suspens toute l'opération d'intégration. De deux
choses l'une: ou nous leur disons qu'il n'y a pas de projet de loi, d'oublier
l'intégration et de retourner chez eux. C'est un peu le sens de
l'intervention du député de Chapleau, ce matin, qui se posait la
question: Qu'est-ce que je dois répondre à mes commissaires
d'écoles s'il n'y a pas de projet de loi? Est-ce qu'ils abandonnent ce
pourquoi ils travaillent depuis des années en termes de processus
d'intégration? J'ai été obligé de lui dire: Oui,
s'il n'y a pas de projet de loi, abandonnez-le, parce qu'on n'a pas les
instruments juridiques pour procéder.
Donc, on a gardé tout le monde en suspens et la pression qui m'a
frappé quand j'ai fait le tour des présidents de commissions
scolaires et des directeurs généraux, c'était de me faire
dire: Écoutez, procédez, et rapidement. Cela fait suffisamment
longtemps qu'on en entend parler, procédez, allez vite. Toute tentation
de reporter, de retarder par de longs débats procéduriers, en
entendant l'un ou l'autre, doit être évaluée avec
attention. Nous devons entendre les gens qui sont susceptibles de nous faire
progresser, qui ont des éléments nouveaux; sinon, nous devons
éviter de les entendre puisque nous les avons déjà
entendus lors de deux commissions parlementaires sur le sujet.
Le dernier élément qui m'incite également à
vouloir adopter une attitude de prudence face à de futures auditions de
témoins est relié au fait que le projet de loi que nous allons
avoir à étudier est un projet de loi de 683 articles. J'ai,
d'ailleurs, un très grand nombre d'amendements à apporter venant
d'intervenants multiples qui, à la lumière du projet de loi,
lorsqu'ils en ont pris connaissance, ont fait des suggestions
souvent fort valables. Ceci va nécessiter de notre part un
travail rigoureux, lors de l'étude article par article,
systématique pour voir à bonifier, car c'est une loi qui va
encadrer un réseau considérable d'enseignants, de commissaires
d'écoles. Ils ont droit à une loi bien faite.
Il est clair que, si nous nous perdons dans de longues
considérations souvent plus politiques qu'utiles, dans la mesure
où ces points de vue ont déjà été
exprimés et n'ont pas changé, cela va supprimer d'autant le temps
nécessaire à l'analyse article par article. Je voudrais donc
qu'on consacre le maximum de temps à l'étude article par article.
C'est la raison pour laquelle j'étais plutôt réticent
à accepter d'entendre d'autres témoignages. Toutefois, je
reconnais que, dans le cas de l'éducation des adultes, étant
donné que ce point a constitué l'un des éléments
majeurs des interventions des députés de l'Opposition - soit dit
en passant, il n'y avait pas beaucoup d'éléments majeurs dans
leurs interventions - il faudrait quand même prendre en compte un de ces
rares éléments majeurs et, à ce titre-là, accepter
d'entendre les témoins que nous propose le député
d'Argenteuil. C'est la raison pour laquelle j'accepte, en dépit de
toutes les réserves que je viens d'exprimer, la proposition.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, vu que le ministre a fait un
long excursus, avec votre bienveillante permission, sur un sujet qui
n'était pas du tout relié, à mon point de vue, à ce
qu'on discute, je voudrais l'interroger là-dessus un peu. Vous avez
parlé du moratoire sur le...
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que je
pourrais une fois de plus demander au député d'Argenteuil de
parler dans son micro, s'il vous plaît? Merci.
M. Ryan: Je suis tellement peu habitué d'avoir des
députés au bout de la table, M. le député de
Deux-Montagnes, que...
M. de Bellefeuille: Je pense que tout le monde se réjouira
que vous parliez dans le micro, pas seulement moi.
M. Ryan: Rappelez-le-moi chaque fois que je serai en
défaut.
Je voudrais être parfaitement sûr de vous avoir compris
correctement en ce qui touche le regroupement des commissions scolaires. Dans
la lettre que vous adressiez aux présidents et présidentes des
commissions scolaires le 16 octobre, vous disiez que vous aviez
déjà fait part de votre décision d'autoriser
l'intégration des enseignements demandés par les commissions
scolaires qui respectent les trois conditions suivantes: le respect du
découpage proposé en juillet 1983 après le
dépôt du projet de loi 40, les services d'enseignement
dispensés dans une seule langue et, troisièmement, le respect de
certaines balises convenues quant aux modalités d'intégration des
personnels. Vous ajoutiez: "Les commissions scolaires qui rencontrent ces
exigences peuvent s'engager dans le processus d'intégration sans obtenir
un accord préalable du ministre à cet effet. " Cela demeure-t-il
en vigueur tel quel?
M. Bérubé: L'approbation finale ne sera pas
possible tant et aussi longtemps que la loi ne sera pas adoptée,
à ma connaissance.
M. Ryan: Alors, là, il y a un nouveau changement venu du
ministère par rapport à ce qui avait été
écrit le 16 octobre; il y a un changement de politique de votre
part.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas évident, en ce
sens qu'il est possible de faire des fusions dans le cadre des lois existantes
lorsqu'on remplit un ensemble de conditions. Si toutes ces conditions sont
remplies en vertu des lois existantes, cela me paraît possible à
ce moment-là.
M. Ryan: Les commissions scolaires qui satisfont aux trois
exigences que vous aviez mentionnées ne peuvent pas s'engager dans le
processus d'intégration actuellement parce que vous ne leur donneriez
pas votre autorisation tant que la loi n'aura pas été
adoptée. Est-ce que c'est cela que je dois comprendre?
M. Bérubé: Il est exact que nous n'avons pas
l'intention d'approuver des intégrations qui seraient
indépendantes des modifications structurelles apportées par le
présent projet de loi au chapitre des commissions scolaires
linguistiques.
M. Ryan: Cette lettre-ci ne tient plus dans son texte
littéral. Des commissions scolaires qui prétendraient vouloir
s'intégrer en partant de ce qui était dit dans la deuxième
moitié de la première page de la lettre, cela ne marcherait pas
automatiquement comme c'était annoncé ici.
M. Bérubé: Dans le contexte du projet de loi
adopté, oui. Si vous me parlez du contexte où le projet de loi ne
serait pas adopté, évidemment, on aurait à réviser,
notre position.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, je voudrais simplement
faire quelques commentaires sur la motion elle-même. Je ne voudrais pas
pour tout l'or du monde que le ministre, le député de Fabre ou
des
députés du côté ministériel
s'imaginent qu'ils font une faveur à l'Opposition en entendant
l'Institut canadien d'éducation des adultes. Je ne voudrais pas que ce
soit l'esprit dans lequel vous le faites. Si c'était l'esprit dans
lequel c'était fait - et certains propos que j'ai entendus m'ont induit
à le craindre, j'espère, à tort - je voudrais que vous
sachiez que nous estimons que vous ne nous faites aucune faveur, à nous.
La faveur qu'on fait, c'est à la commission parlementaire en lui donnant
l'occasion de s'enrichir de l'audition d'un point de vue nouveau. C'est dans
cet esprit que nous avons présenté cette proposition et,
évidemment, que nous en présenterons d'autres, vu que le
côté ministériel n'a pas été capable de
donner suite aux ouvertures qui avaient été faites de part et
d'autre pendant l'intermission, suivant la convention que nous avions
faite.
M. Bérubé: Il n'y a pas eu d'ouverture.
M. Ryan: Non, non. Voyons! Il avait été question
que chacun consulte de son côté et le député de
Fabre a fait rapport que, de son côté, ce qui était
envisagé ne marchait pas. Je tiens à dire que, de notre
côté, cela marchait, mais nous déplorons, une fois de plus,
qu'en matière d'ouverture à des groupes de l'extérieur il
y ait un resserrement de perspective et de discipline de la part du
gouvernement avec lequel nous ne sommes évidemment aucunement d'accord.
Ceci étant dit, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député,
pour vous rassurer, les membres de la commission sont souverains. Ils peuvent
donner ce mandat et ce sont tous les membres de la commission qui sont
égaux ici.
M. Ryan: M. le Président, vous connaissez comme moi toute
la différence qui peut exister entre la théorie et la pratique.
Je vous signale qu'ici nous vivons 99% de la pratique; la théorie, nous
la vivons au début de l'exercice ou de l'exploration d'un mandat et,
très rapidement, les comportements nous obligent à atterrir dans
un tout autre contexte. J'admets quand même la noblesse de ce que vous
avez dit, la noblesse qui a pu inspirer cette partie de la réforme
parlementaire, mais il restera à faire la preuve que cela peut marcher
dans le système de rapport de forces où nous vivons à
l'intérieur de l'institution parlementaire.
Ceci étant dit, j'ai terminé mon intervention et je serais
même prêt à demander le vote.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que tout le monde est
prêt à voter? Y a-t-il d'autres intervenants sur la motion? Je
relis la motion. "Que la commission - et c'est manuscrit - entende en
consultations particulières l'Institut canadien d'éducation des
adultes et le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du
Québec autour des articles suivants du projet de loi 3: I à 13,
24, 52, 57, 234 à 245, 264, 297 et 298, le jour, l'heure et la
durée de ces auditions devant être déterminés par le
comité directeur de la commission. " C'est bien là votre
proposition?
M. Ryan: Oui. Si le gouvernement, c'est-à-dire si nos
collègues du côté ministériel voulaient y consentir,
on pourrait peut-être laisser tomber le Regroupement des groupes
populaires en alphabétisation vu qu'il avait demandé que son
point de vue soit défendu par l'Institut canadien d'éducation des
adultes.
Le Président (M. Tremblay): La proposition se lirait comme
ceci: "Que la commission entende en consultations particulières
l'Institut canadien d'éducation des adultes autour des articles suivants
du projet de loi no 3: I à 13, 24, 52, 57, 234 à 245, 264, 297 et
298, le jour, l'heure et la durée de cette audition devant être
déterminés par le comité directeur de la commission. "
Cela vous va?
M. Laplante: Juste un moment.
Le Président (M. Tremblay): M. le député, je
vous informe que...
M. Laplante: Avant de voter, juste une question, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Laplante: Je voudrais savoir, vu que c'est
spécifié de I à 13, si cela nous empêche de
commencer l'étude de notre projet de loi aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay): Non.
M. Laplante: Étudier l'article I au lieu d'appeler
l'article 1.
Le Président (M. Tremblay): Selon l'interprétation
que j'en fais, si la commission le désire, on peut suspendre ces
articles, procéder à l'étude des autres articles et faire
déterminer par le comité directeur le moment, l'heure et la
durée...
M. Laplante: Cela voudrait dire qu'on appellerait l'article I et
qu'on le suspendrait tout de suite après...
Le Président (M. Tremblay): C'est ça.
Voilà.
M. Laplante:... pour passer aux autres articles.
Des voix: C'est ça.
M. Laplante: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Ryan: Je demande le vote nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Tremblay): Alors, le vote nominal.
M. Ryan: Je ne prends pas de chance.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia?
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon? M. le député de Matane?
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Je déclare la motion...
M. le député de Deux-Montagnes a-t-il le droit de vote?
Des voix: Il n'a pas le droit de vote.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je déclare la
proposition adoptée. Je comprends que M. le député de
Deux-Montagnes demande la parole à ce stade-ci.
Motion pour entendre des organismes sur les droits et
libertés
M. Pierre de Bellefeuille
M. de Bellefeuille: C'est exact, M. le Président. Je
voudrais présenter une motion qui a trait particulièrement aux
articles 78, 79 et 80 du projet de loi 3, sur lesquels divers organismes et
groupes ont exprimé des avis. Dans le cas des articles 78 et 79, on
m'informe que le gouvernement a demandé l'avis de la Commission des
droits de la personne, avis que le gouvernement a reçu, à la
suite de quoi le gouvernement a ajouté à son projet ce qui
constitue maintenant l'article 80 qui a pour effet de mettre de
côté le problème qui avait été posé
par les articles 78 et 79.
À part cet avis de la Commission des droits de la personne, il y
a la position publique qui a été prise par la Ligue des droits et
libertés, en particulier, dans un communiqué de presse
daté du 8 novembre. Il y a aussi une position qui m'a été
communiquée - je crois qu'elle est également publique - par le
Mouvement laïque québécois sur la même question.
Ma motion, je ne vais pas la soutenir longuement. Je vais d'abord
attendre de voir comment les divers membres de la commission y
réagissent avant d'engager un débat qui serait peut-être
inutile si tout le monde est d'accord. Ma motion est: "Que la commission
entende en consultations particulières, à propos des articles 78,
79 et 80, la Commission des droits de la personne, la Ligue des droits et
libertés et le Mouvement laïque québécois".
Le Président (M. Tremblay): Je crois, M. le
député, que vous avez cette motion par écrit. Voulez-vous
me la faire remettre? Il n'y a pas de messager ici? Merci.
La motion du député de Deux-
Montagnes est-elle appuyée?
Une voix: Ce n'est pas le code Morin, ici.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse. Je me trompe de
code.
Mme Lavoie-Roux: On l'appuie.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez une intervention, M.
le député, de 30 minutes sur cette motion. (15 h 45)
M. de Bellefeuille: Oui, mais comme je viens de le dire, M. le
Président, je vais mesurer la longueur de mon intervention selon la
nature des réactions des membres de la commission. Je ne vais pas
intervenir longuement si l'accord se fait rapidement sur la motion. Si, d'autre
part, je constate qu'il est nécessaire de soutenir cette motion, je le
ferai plus longuement.
Le Président (M. Tremblay): Bon. Voici comment cela
fonctionne. Le proposeur de la motion a une enveloppe de 30 minutes, en fait,
et un membre du côté ministériel, normalement, le ministre,
a aussi une enveloppe de 30 minutes, alors que les autres membres de la
commission ont chacun une enveloppe de 10 minutes. J'ai compris que vous aviez
fini votre intervention pour le moment.
M. de Bellefeuille: Je pourrais peut-être ajouter quelques
mots explicatifs, M. le Président, pour que le contexte soit tout
à fait clair. L'article 78 prévoit que "le conseil d'école
peut intégrer - je cite le texte du projet de loi - dans le projet
éducatif de l'école les croyances et les valeurs religieuses
d'une confession particulière ou de plusieurs confessions. " Fin de
l'article 78.
L'article 79 se lit comme suit: "Après consultation des parents
des élèves de l'école, conformément au
règlement du ministre, un conseil d'école peut demander au
comité catholique ou au comité protestant institués par la
Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation (LRQ, chapitre C-60)
une reconnaissance comme école catholique ou comme école
protestante; il peut de même demander le retrait de cette reconnaissance.
" Fin de l'article 79.
Voici maintenant l'article 80 sur lequel le gouvernement n'a pas
demandé et, par conséquent, n'a pas obtenu l'avis de la
Commission des droits de la personne. L'article 80 se lit comme suit:
"Malgré les articles 3 et 10 de la Charte des droits et libertés
de la personne (LRQ, chapitre C-12), l'intégration de croyances et de
valeurs religieuses d'une confession dans un projet éducatif ou la
reconnaissance confessionnelle d'une école ne porte pas atteinte
à l'égalité dans la reconnaissance et l'exercice des
libertés de conscience et de religion pour le seul motif que toutes les
personnes qui fréquentent l'école ne partagent pas ces croyances
et valeurs religieuses. "
Vous constatez donc, M. le Président, que l'article 80 constitue
une dérogation a la Charte des droits et libertés de la personne.
C'est contre cette dérogation que la Ligue des droits et libertés
s'est élevée et également le Mouvement laïque
québécois. Je considère que la Charte des droits et
libertés de la personne est une de nos lois fondamentales et qu'il est
extrêmement imprudent d'y déroger. Nous avons déjà
vu l'adoption de lois comportant des dérogations à la Charte des
droits et libertés et, au moins dans certains cas, ces
dérogations ont paru à plusieurs membres de l'Assemblée
nationale tout à fait inacceptables, sans parler des réactions
dans l'opinion publique où l'on a tendance à considérer
effectivement que la Charte des droits et libertés est, comme son nom de
charte l'indique, une loi fondamentale à laquelle le gouvernement
devrait être le premier à adhérer. Il devrait être le
premier à conformer ses gestes aux clauses de cette charte.
Je vois mal que le gouvernement, dans une loi qui refond le
régime scolaire, donc, une loi extrêmement importante, une loi qui
doit elle-même être un instrument d'éducation... Je crois
qu'une loi sur l'enseignement primaire et secondaire public doit
elle-même être de la plus haute inspiration et doit elle-même
être un instrument d'éducation; par conséquent, le
gouvernement- doit, en cette matière, manifester le plus grand respect
de la Charte des droits et libertés de la personne.
Quant à moi, j'appuie le point de vue qui a été
exprimé par la Ligue des droits et libertés, qui a
été exprimé aussi par le Mouvement laïque
québécois et je suis très curieux de connaître
l'avis de la Commission des droits de la personne. Je ne chercherai pas
à deviner quel serait cet avis. L'avis de la Commission des droits de la
personne sur les articles 78 et 79 est déjà entre les mains du
gouvernement. Il reste cependant, à mon sens, l'essentiel, l'avis de
cette commission sur l'article 80. C'est donc pour ces raisons, M. le
Président, que je souhaite vivement que notre commission parlementaire
entende les trois intervenants dont il est fait mention dans ma motion.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres intervenants
sur cette motion? M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Je n'approuve pas nécessairement les points de
vue que peuvent
défendre les trois organismes mentionnés dans la motion du
député de Deux-Montagnes. Lors des auditions de la commission
parlementaire de l'éducation qui ont eu lieu autour du projet de loi 40
en janvier et février derniers, j'avais eu l'occasion de communiquer
à la présidente de la Commission des droits de la personne mon
désaccord quant à l'interprétation qu'elle faisait de
certains droits et quant a des omissions importantes que j'avais
décelées dans la présentation qu'elle avait faite du point
de vue de la commission, j'ai toujours considéré qu'on pourrait
faire le même raisonnement à propos du Mouvement laïque
québécois et, sans doute, à propos de la Ligue des droits
et libertés.
J'ai toujours considéré, d'autre part, que la meilleure
manière d'arriver à des conclusions réalistes et
équilibrées, c'est d'entendre tous les points de vue y compris,
et peut-être avec une certaine préférence, ceux qui ne sont
pas les nôtres. C'est toujours gargarisant d'entendre des organismes qui
viennent nous dire: Vous êtes bien gentils, nous pensons exactement comme
vous, continuez dans la bonne voie où vous êtes engagés.
C'est encourageant et facile. C'est plus exigeant d'entendre des points de vue
qui sont soit différents des nôtres, soit opposés à
ceux que nous serions enclins à épouser.
Dans cet esprit, je souscris volontiers à la proposition
présentée par le député de Deux-Montagnes voulant
que soient invités à exprimer devant cette commission leur point
de vue sur des articles charnières du projet de loi 3 touchant la
confessionnalité et les droits de la personne les trois organismes qui
ont été mentionnés, c'est-à-dire la Commission des
droits de la personne, le Mouvement laïque québécois et la
Ligue des droits et libertés.
La motion du député de Deux-Montagnes mentionne trois
articles du projet de loi, les articles 78, 79 et 80. Je n'ai pas eu le temps
de faire l'examen détaillé de tous les autres articles, à
la lumière de la motion du député de Deux-Montagnes, parce
que j'essayais de l'écouter de mon mieux. Je ne pouvais pas fouiller
dans mon texte de loi en même temps, mais j'ai fait une compilation pour
mon propre usage des clauses qui traitent de la confessionnalité des
écoles ou des commissions scolaires dans le projet de loi. J'en ai
trouvé au-delà d'une quarantaine. Par conséquent, il y en
a peut-être d'autres qui seraient visés également, mais je
crois que, comme entrée en matière, les trois articles qui ont
été mentionnés seraient probablement suffisants, en tout
cas suffisants au point que je n'éprouve pas le besoin de proposer
d'amendement à la proposition, du moins jusqu'à plus ample
informé.
Je voudrais signaler que le problème qui se pose au sujet de ces
articles est celui-ci: si c'était seulement le problème de
l'affirmation et de la reconnaissance d'un droit qui est garanti dans la Charte
des droits et libertés de la personne, ça irait bien, mais c'est
le problème beaucoup plus complexe de la conciliation d'un droit avec un
autre droit qui est tout aussi important pour plusieurs d'entre nous,
c'est-à-dire la liberté des parents de choisir pour leurs enfants
le type d'éducation qui correspond à leur philosophie de la vie
et à leurs convictions. C'est là qu'il y a un problème de
jonction entre deux droits qui apparaissent fondamentaux sous des points de vue
différents, mais que le législateur a l'obligation de chercher
à concilier.
Je trouve que la motion est d'autant plus pertinente que, dans le projet
de loi 3, on nous est arrivé avec une trouvaille qui va demander des
exercices d'interprétation extrêmement subtils. Le ministre nous
l'a dit lui-même à quelques occasions: Cela a été
préparé plus ou moins dans les coulisses gouvernementales. Cela
n'a pas été communiqué sur la place publique pendant que
cela se discutait. On ne savait pas ce qui émanerait de tout cela, mais,
une bonne journée, on nous a déposé le projet de loi 3 et,
dans le projet de loi 3, il y avait la perle qui est contenue à
l'article 80. On examine cet article-là, on essaie de le comprendre et
on doit se livrer, encore une fois, à des exercices
d'exégèse très exigeants et le plus souvent frustrants,
parce que, quand on croit avoir trouvé la réponse, celle-ci nous
glisse entre les doigts et nous recommençons et cela glisse encore.
Qu'est-ce que cela veut dire exactement? Je pense que cela prendra des bons
échanges de vues pour essayer de le percer. Justement, je pense que la
responsabilité du législateur, c'est de rédiger ses textes
législatifs avec assez de sérieux et de compétence pour
qu'on soit le moins obligé possible de dépendre des jugements
toujours quelque peu hasardeux des tribunaux, parce que ceux-ci jugent à
la lumière de critères qui ne sont pas les mêmes que ceux
du législateur.
Dans cette perspective, je suis heureux de souscrire à la
proposition du député de Deux-Montagnes et de vous
prévenir, M. le Président, que je voterai pour la motion.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, en vertu de l'article
194, je demande le vote. Je propose que la motion soit immmédiatement
mise aux voix.
Le Président (M. Tremblay): Une petite minute.
Mme Lavoie-Roux: Depuis quand on ne
peut pas s'exprimer?
Une voix: C'est comme cela sous le nouveau code.
Mme Lavoie-Roux: Le nouveau code. C'est le code Leduc,
ça?
Des voix: Ah: Ah! Ah!
M. Bérubé: Non, madame. Il y a un article...
M. de Bellefeuille: M. le Président, il me reste un bon 25
minutes, je crois.
M. Bérubé: Non.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse.
M. Bérubé: En vertu de cet article, il vous en
reste cinq.
M. de Bellefeuille: De toute façon...
Le Président (M. Tremblay): Je vais d'abord statuer sur la
recevabilité de la proposition du député de Fabre. Dans ce
sens, je vais suspendre à loisir.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Tremblay): Mais avant...
M. Ryan: M. le Président, est-ce qu'il serait possible ou
permis de vous soumettre des observations qui pourraient alimenter votre
réflexion pendant cette période de loisirs?
Le Président (M. Tremblay): Certainement. D'ailleurs, cela
pourrait même empêcher cette période de loisirs. M. le
député d'Argenteuil, sur la motion du député
de...
M. Laplante: C'est l'article 195 qui doit vous guider, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): L'article 194, vous m'aviez
dit.
Une voix: Oui.
Une voix: Mais vous aviez regardé l'article 195.
M. Ryan: M. le Président, j'ai la parole. Je m'excuse
auprès de mon collègue de Bourassa.
Le Président (M. Tremblay): La réponse est
là. Je suis prêt à répondre à la question et,
effectivement, j'estime que le débat sur la motion de fond, la motion du
député de Deux-Montagnes, ne s'est pas indûment
prolongé et je refuse, de ce fait, la motion du député de
Fabre.
Une voix: Très bien.
M. de Bellefeuille: M. le Président, est-ce que je
pourrais demander au gouvernement d'être magnanime et de faire à
cette commission l'aumône d'une opinion?
Le Président (M. Tremblay): Non. Des voix: Ah! Ah!
Ah!
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion?
M. Leduc (Fabre): M. le Président, étant
donné...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président...
M. Leduc (Fabre): M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Ma motion est rejetée?
Le Président (M. Tremblay): Oui, clairement.
M. Leduc (Fabre): Est-ce que j'ai toujours la parole?
Le Président (M. Tremblay): Oui. Je vais vous accorder
cela.
M. Leduc (Fabre): Alors, je serai bref, M. le Président.
À mon point de vue, la commission a eu l'occasion d'entendre la
Commission des droits de la personne, le Mouvement laïque
également; ces deux organismes sont venus longuement présenter
leur point de vue. Ils ont déposé un mémoire devant la
commission, mémoire que nous avons longuement étudié. Je
ne peux pas voir - à moins que le député de
Deux-Montagnes, lui, n'ait pas pris connaissance de ce mémoire et il
peut toujours en prendre connaissance, le mémoire est accessible, les
deux mémoires lui sont accessibles - ce que nous pourrions apprendre de
plus que ce que nous savons déjà de l'opinion de ces deux
organismes sur la question de la confessionnalité dans les articles
qu'il mentionne puisque, précisément, le projet de loi 3 a
été modifié pour tenir compte des opinions qui ont
été émises par ces
organismes. (16 heures)
Donc, même s'il serait très intéressant de les
entendre, compte tenu du temps dont nous disposons et de l'importance de passer
à l'exercice de l'étude article par article, je crois plus
important que nous passions à cet exercice, plutôt que d'entendre
des opinions que nous connaissons déjà.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): J'entends le député de
Fabre qui nous dit: Il n'y aurait peut-être pas lieu d'entendre la
Commission des droits de la personne, la Ligue des droits et libertés,
le Mouvement laïque québécois parce que nous les avons
entendus lors de l'étude en commission parlementaire du projet de loi
40. Il faut dire une chose, c'est que le projet de loi 40 et le projet de loi
3, ce sont deux projets de loi complètement différents.
Différents à ce point que le ministre jugeait opportun de nous
dire...
Le Président (M. Tremblay): A l'ordre!
M. Leduc (Saint-Laurent):... que le projet de loi 3 faisait
consensus dans la population, alors je pense bien que le ministre a reconnu que
le projet de loi 40 ne faisait pas consensus du tout. Il doit sûrement y
avoir de grosses différences.
Lorsqu'en commission parlementaire les membres ont étudié
le projet de loi 40, je pense qu'ils ont pu constater que l'ensemble des
intervenants n'adhérait pas aux grandes lignes du projet de loi alors
que le ministre, lui, nous dit: Ëcoutez, le projet de loi 3, cela ne fait
pas problème. Il y a consensus dans la population. Il y a eu une
émission de télévision, la semaine passée, Forum.
On n'a même pas pu avoir de gens, d'intervenants qui s'opposent au projet
de loi 3. Imaginez-vous si ça fait consensus! Que le
député de Fabre vienne nous dire: Écoutez, ces gens, ces
organismes, nous les avons écoutés lors de l'étude du
projet de loi 40 en commission parlementaire en janvier passé, je pense
que ce n'est pas la même chose du tout, mais pas du tout.
Une autre chose, également, m'a frappé, c'est que le
ministre nous dit: Il faut aller vite. Cela presse. Tout le monde est anxieux
d'adopter ce projet de loi. Moi, je vous dis non. Je ne ' vois pas en quoi
ça presse tant d'adopter le projet de loi 3. Cela fonctionne très
bien actuellement dans les commissions scolaires, que je sache. Ce n'est pas la
catastrophe. Je ne pense pas qu'on puisse dire que ça va si mal que
cela, qu'il y a urgence en la matière, qu'il faut réviser
complètement le système et que cela doit être fait d'ici
à la fin du mois. Je n'ai pas vu, en tout cas, cette urgence. Aucun
intervenant, de ceux qui sont venus, ne nous a fait part de ses
appréhensions à savoir qu'il fallait absolument que le projet de
loi soit adopté au plus vite. Cela m'inquiète, même, que le
ministre soit si anxieux, si pressé d'aboutir et d'adopter le projet de
loi 3 d'autant plus que le projet de loi 3, tout le monde le reconnaît,
c'est une loi extrêmement importante. C'est une réforme en
profondeur. Cela remplace, à toutes fins utiles, la Loi sur
l'instruction publique. Je pense bien qu'on ne pourrait pas dire que c'est une
loi marginale, une loi qu'on pourrait passer à la vapeur.
Également, une chose qui me frappe, c'e3t qu'on soit
réticent à entendre des intervenants. Je suis drôlement
intéressé à entendre les gens, ces organismes qui sont
directement impliqués, qui s'intéressent aux problèmes
scolaires. Cela m'intéresse qu'ils viennent nous dire ce qu'ils pensent
du projet de loi 3. Je pense qu'on a tous fait un certain cheminement depuis le
début des auditions. Cela nous a aidés à nous situer. Il y
a des points sur lesquels on est d'accord. On s'est exprimé - le
ministre l'a mentionné hier - sur la question de la division
linguistique. Je pense que cela emporte l'adhésion de la grande
majorité. Il y a d'autres points sur lesquels on n'est pas d'accord.
J'ai posé plusieurs questions aux intervenants qui sont venus
lors de la tenue de la commission parlementaire sur le rôle des conseils
d'école. Est-ce qu'on devrait également retenir la formule qui
existe actuellement pour la représentation au niveau du conseil des
commissaires? J'ai posé la question: Est-ce que cela fonctionne bien?
Est-ce que vous êtes satisfaits? Je pense que c'est drôlement
intéressant, c'est drôlement enrichissant et cela peut
peut-être nous aider à ne pas faire d'erreur, parce que c'est une
loi qui est là, je pense, pour un bon moment.
On a entendu des intervenants durant une période de trois jours.
Je ne pense pas qu'on ait exagéré. Je ne pense pas qu'on puisse
dire qu'étudier ce projet de loi et recevoir des intervenants sur une
période de trois jours, ce soit exagéré. Je pense que le
contraire serait nettement exagéré. En fait, on a reçu les
intervenants durant trois jours et une heure et demie une autre journée.
D'ailleurs, si tout le monde, comme le disait le ministre hier lors de la
réplique, est d'accord avec son projet de loi, pourquoi ne pas les
entendre? Cela me ferait plaisir qu'ils viennent me dire: Écoutez, on
est d'accord avec le projet de loi 3. Cela m'aiderait peut-être à
prendre une décision encore plus éclairée.
Est-ce qu'il en reste tellement à recevoir de ceux qui ont
manifesté le désir d'être entendus? Pourquoi ne pas les
entendre? Il en reste à peine cinq, six ou sept, huit. Je pense
que le maximum de temps qu'on pourrait prendre, c'est peut-être une
enveloppe de sept ou huit heures. Cela satisferait tout le monde: l'Opposition,
bien sûr, mais surtout ces organismes. Si ces organismes se sont
donné le trouble de préparer un mémoire et étaient
prêts à venir nous le soumettre, je pense que c'est parce qu'ils
ont un intérêt dans le monde de l'éducation, dans le monde
de l'enseignement aux niveaux primaire et secondaire. Également, une
autre raison, je pense, qui devrait nous inciter à recevoir ces
organismes-là, c'est qu'il y a eu peu de temps entre le moment où
le projet de loi a été annoncé et la date à
laquelle on a tenu les auditions en commission parlementaire. Moi, j'appuie
d'emblée la motion du député de Deux-Montagnes et je pense
qu'on devrait entendre ces trois organismes. Je ne dis pas que je supplie le
ministre, mais il devrait entendre raison. Il s'agit d'une période
maximale de sept ou huit heures et là, on va peut-être prendre la
journée pour essayer de vous convaincre. Alors, je pense qu'il aurait
été nettement plus facile de recevoir ces organismes et
peut-être qu'il y ait des ententes - je ne sais pas - afin qu'on donne
quelque chose pour que le projet de loi 3 soit bonifié ou, enfin, pour
éclairer tous les membres de la commission.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Moi-même, M. le Président.
Remarque préliminaire concernant l'absence de hâte qui doit nous
animer dans l'étude de ce projet de loi, au dire du député
de Saint-Laurent, en disant: Cela ne va pas si mal que ça. Le seul
inconvénient, c'est que le député d'Argenteuil, la veille,
venait de donner toute une liste de poursuites judiciaires contre la loi
existante de l'éducation au Québec. Alors, si cela ne va pas si
mal que ça, pourquoi y a-t-il autant de recours judiciaires à
l'encontre de l'actuelle loi? Il doit bien y avoir des problèmes qui
méritent, en fait, certainement, qu'on s'attaque à l'analyse de
la présente loi.
Sur le fond de la question, le projet de loi 3 n'a pas modifié
les articles concernant la confessionnalité que l'on retrouvait dans le
projet de loi 40. Par conséquent, les organismes dont on parle ont, sur
la base du projet de loi 40, fait valoir leur opinion. Ils l'ont analysé
en détail. Ils sont venus témoigner. Ils nous ont soumis un
mémoire et, par conséquent, on a pris connaissance de leur point
de vue. Leur point de vue n'a pas été retenu et il n'a pas
été incorporé dans le projet de loi. Il n'y a donc pas
d'éléments nouveaux, pour autant que ces organismes soient
concernés, et la commission parlementaire n'a pas à
réentendre un témoignage qu'elle a déjà
entendu.
Seul, comme l'a indiqué en aparté le député
d'Argenteuil, se retrouve un article de loi, l'article 80, qui est
différent. Mais, attention! Il ne modifie pas la loi. La Commission des
droits de la personne qui a témoigné - d'ailleurs, à la
lecture des travaux de cette commission, j'ai pu voir à quel point le
député d'Argenteuil avait soumis la commission à un rude
interrogatoire à l'époque - est venue nous émettre
l'opinion à savoir que l'exercice collectif d'une liberté
religieuse était incompatible avec le droit individuel à la
liberté religieuse, qu'il y avait incompatibilité totale. Elle en
tirait la conclusion qu'il ne pouvait pas y avoir de projet éducatif
confessionnel, qu'il ne pouvait pas y avoir d'école confessionnelle
à moins que tous les enfants ne soient de la même foi. C'est ce
qu'elle nous a dit en commission parlementaire.
À ce moment-là, puisque la Commission des droits de la
personne nous a fait cette affirmation, ce que nous disons simplement, c'est
que, nonobstant la charte, il n'y a pas incompatibilité. En effet, si la
commission nous dit qu'il y a incompatibilité et que nous voulons
maintenir le droit collectif à une éducation de type religieux,
il n'y a qu'une seule autre solution, c'est de suspendre l'application de la
charte. C'est donc pour donner suite à la remarque de la Commission des
droits de la personne que nous introduisons cet article-là, mais
ça ne modifie absolument pas la loi comme telle. Par conséquent,
sur le fond de la loi, nous avons eu les témoignages que nous pouvions
désirer. Il n'y a donc pas intérêt à se faire
réitérer des témoignages identiques.
Si le député de Saint-Laurent était absent lors des
travaux de la commission parlementaire en janvier dernier et qu'il n'a pas eu
l'occasion d'entendre les témoignages pour toutes sortes de raisons, on
pourra certainement lui fournir une copie des témoignages et des
rapports présentés, ainsi que la transcription complète et
intégrale du témoignage de ces organismes de telle sorte qu'il
puisse en prendre connaissance.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais appuyer la
motion du député de Deux-Montagnes à savoir que la
commission puisse entendre la Commission des droits de la personne, la Ligue
des droits et libertés et le Mouvement laïque
québécois.
Il est vrai, comme vient de le dire le
ministre, que nous avons entendu la Commission des droits de la personne
et le Mouvement laïque québécois, si je ne m'abuse, au
moment des auditions sur la loi 40. Peut-être pas la Ligue des droits et
libertés, je ne m'en souviens pas.
À tout événement, dans le cas de la Commission des
droits de la personne, cela avait été une audition fort
intéressante, à mon point de vue.
Aujourd'hui, le ministre dit: Nous n'avons rien changé sauf que,
pour répondre justement aux inquiétudes de la Commission des
droits de la personne, on a introduit le "nonobstant" de l'article 80. On
suspend la charte. C'est une solution peut-être adéquate, mais je
trouve que le ministre nous dit d'une façon un petit peu
légère: On suspend la charte. On pourrait bien suspendre la
charte demain pour autre chose et, après demain, pour une autre chose.
C'est quand même, comme le disait le député de
Deux-Montagnes, une de nos lois fondamentales, sinon peut-être la plus
fondamentale.
On a vu à plusieurs occasions dans cette Chambre, peut-être
particulièrement du côté de l'Opposition et dans d'autres
temps, ce sera peut-être une autre Opposition qui sera là... De
toute façon, c'est justement le rôle de l'Opposition, alors qu'un
gouvernement, peut-être un peu allègrement, peut suspendre une
charte des droits et libertés, de faire de dures batailles justement
pour toujours - si je ne m'abuse, du moins je souhaite qu'elle l'ait fait
chaque fois que semblable circonstance se présentait combattre toute
suspension de la Charte des droits et libertés de la personne. (16 h
15)
Maintenant, ce qui est important, c'est que la Commission des droits de
la personne veuille peut-être venir nous dire qu'à son point de
vue, cette disposition, qui a été introduite pour tenter de
répondre à ses inquiétudes, ne lui paraît pas
satisfaisante. Je ne le sais pas, mais je présume que c'est cela qu'elle
voudrait venir nous dire. Dans le fond, ce qui a toujours fait le plus gros
problème à la restructuration scolaire, cela a été
justement de passer d'un système, enfin, d'une forme de structures
à une autre. Sans vouloir refaire tout le débat, on sait fort
bien qu'en passant d'une division confessionnelle à une division
linguistique on touche, justement, tant ceux qui invoquent le respect des
libertés fondamentales que ceux qui invoquent, soient des raisons
constitutionnelles ou leur appartenance à un groupe religieux
particulier. Dans un cas comme dans l'autre, c'est vraiment là que se
trouve le changement le plus fondamental. Cela a toujours été ce
point principal qui a fait problème au moment de la discussion des
différents projets de restructuration scolaire qui ont été
soumis.
On sait fort bien qu'à ce moment-ci le gouvernement a
tranché en faveur de la commission linguistique en invoquant très
fortement le pluralisme religieux dans notre société. C'est
l'argumentation même du gouvernement et, dans ce sens, j'y souscris.
C'est vrai que la société est maintenant différente de ce
qu'elle était en 1880. Il reste que, si on invoque ces motifs de
pluralisme dans la société, du respect des convictions
religieuses des gens, les gens qui se sentent lésés, à
tort ou à raison, par les dispositions du projet de loi ont, à
mon point de vue - je ne voudrais pas utiliser trop facilement le terme
"inaliénable", parce que ce serait peut-être de
l'exagération certainement le droit de se faire entendre. Même si
je disais que votre projet de loi 3 est le même que la loi 40, ce que je
ne dis pas, mais ce dont le ministre essaie de nous convaincre, il reste quand
même que, pour ces groupes de personnes qui ont défendu le
principe justement du respect des convictions religieuses, des libertés
religieuses, la modification qui a été apportée par le
gouvernement leur pose problème.
Dans ce sens, les représentations qu'ils sont venus faire au
moment de la loi 40 ne semblent pas avoir été satisfaites par les
dispositions du projet de loi 3. Je vois vraiment mal comment on pourrait
refuser d'entendre la Commission des droits de la personne qui a la
responsabilité de l'application de notre Charte des droits et
libertés de la personne, comment nous pourrions lui défendre ou
ne pas lui permettre de venir se faire entendre ici. Je trouve qu'il y a une
espèce de comportement à ce moment-ci: Sans endosser ce qu'ils
auront à dire dans un sens ou dans l'autre, au moins, qu'on leur donne
la liberté de venir se faire entendre parce que je pense que la
Commission des droits de la personne occupe dans notre société...
Cela peut faire abstraction des personnes qui la composent, je ne porte pas de
jugement là-dessus, non plus. Je pense qu'on les empêche de se
faire entendre, de faire les représentations touchant le respect des
droits et libertés et cela m'étonne que le gouvernement refuse
cela. Je pense qu'on n'a pas à les entendre pendant trois jours ou
pendant trois heures, une heure pourrait être suffisante, mais cela
m'apparaît vraiment en contradiction avec tous les grands principes de
liberté, de respect qu'on invoque si facilement, je pense, dans la
majorité des cas avec conviction, d'un côté et de l'autre
de la Chambre.
J'espère que le gouvernement, dans ce cas, va réviser la
position qu'il nous a exprimée jusqu'à ce moment-ci et accepter
la motion du député de Deux-Montagnes que j'appuie très
fortement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: À ce moment-ci, M. le Président, je
voudrais me prévaloir de l'article 194.
Le Président (M. Tremblay): Encore une fois, puisque j'ai
eu le temps de bien relire cet article, surtout l'article 195, je devrai vous
refuser cela compte tenu que le droit d'un député serait
lésé par une mise aux voix immmédiate de cette
proposition, puisque le député de Deux-Montagnes m'a
déjà indiqué qu'il voulait s'exprimer sur cette
proposition et que d'autres députés pourraient aussi
m1 indiquer qu'ils veulent s'exprimer sur la proposition.
M. Laplante: Demande de directive, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député.
M. Laplante: Remarquez que je ne veux pas discuter votre
décision, pas du tout, mais j'aimerais que vous me donniez votre avis
sur l'article 195. Je voudrais que vous me donniez votre avis sur ceci: "s'il
estime que le débat sur la motion de fond ne s'est pas indûment
prolongé".
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas "indûment", on a droit
à 20 minutes.
M. Laplante: Dix minutes.
M. Bérubé: Cela nous a paru une demi-heure.
Le Président (M. Tremblay): Il y a deux choses, il y a
deux principes. Oui, M. le député d'Argenteuil, sur la question
de règlement.
M. Ryan: M. le Président...
M. Laplante: Je vous demande une directive à vous.
M. Ryan: À moins qu'il n'y ait des objections de l'autre
côté, nous serions prêts à accepter que le vote soit
pris maintenant sur la motion de M. de Bellefeuille.
Le Président (M. Tremblay): Il n'y a pas de
problème pour autant que tous les membres de la commission, tous ceux
qui sont ici présents soient d'accord. Dès qu'il y a un
député qui désire s'exprimer, je crois qu'il est de mon
devoir de lui permettre de le faire.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup de l'avoir dit.
Une voix: Je pense que c'est très sage, M. le
Président.
M. Ryan: Nous vous en savons gré. Je pense que c'est une
interprétation... Je n'ai pas de commentaires à faire.
Le Président (M. Tremblay): Et qui est conforme à
notre tradition aussi.
Une voix: Et conforme à l'article...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, voulez-vous vous exprimer sur la motion elle-même?
M. Laplante: Non, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je donne la parole au
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je sais que le
règlement interdit de s'élever contre une décision du
président. J'espère que le règlement n'interdit pas de
s'élever pour une décision du président. Je veux vous
louer de votre sagesse et de votre esprit de justice.
Deux porte-parole du gouvernement, le ministre et son adjoint
parlementaire - enfin, c'est l'ordre inverse, l'adjoint parlementaire, d'abord,
et le ministre ensuite - nous ont indiqué qu'à leur avis nous
n'avons pas à réentendre des groupes dont les avis ont
déjà été exprimés dans des mémoires.
M. le député de Fabre a précisé qu'il avait
à l'esprit, à cet égard, la Ligue des droits et
libertés et le Mouvement laïque québécois. Il n'a pas
fait allusion à la Commission des droits de la personne pour des raisons
évidentes.
Je serais d'accord, M. le Président, qu'il ne serait
peut-être pas indiqué de réentendre des groupes qui,
s'étant présentés devant l'Assemblée nationale,
auraient obtenu satisfaction, mais ce n'est pas le cas. Les groupes dont il
s'agit dans ma motion, au contraire, ce sont des gens qui n'ont pas obtenu
satisfaction. Je vais vous expliquer, en faisant appel aux représentants
du gouvernement, pourquoi il est important de réentendre ces groupes et
mon explication, qui sera brève, se fondera en bonne partie sur un
aspect de l'intervention du député d'Argenteuil.
Le député d'Argenteuil a eu raison, je crois, M. le
Président, de faire observer que les articles 78, 79 et 80 posent un
problème de conciliation de droits qui peuvent paraître
divergents. Il s'agit, d'une part, de la liberté de conscience et,
d'autre part, du droit des parents et peut-être, au-delà des
parents, de l'ensemble d'une collectivité donnée à des
écoles qui reflètent les confessions religieuses, les aspirations
et les convictions religieuses majoritaires ou très répandues
dans cette collectivité auxquelles les parents en question
adhèrent.
Il y a un problème de conciliation des droits et on peut noter,
M. le Président, que la solution que le gouvernement a trouvée
pour concilier ces droits n'est pas très imaginative. En
réalité, il n'a même pas cherché à les
concilier. Il évacue le problème par l'article 80. Il
décide qu'il est d'accord pour enfreindre la liberté de
conscience. Je crois que, comme solution, c'est absolument insuffisant et,
puisque nous devrions trouver une meilleure solution, une solution qui soit
véritablement une conciliation de ces droits, nous aurions besoin de
l'éclairage que pourraient nous apporter les trois organismes et groupes
dont il est fait mention dans la motion.
Je crois que la Ligue des droits et libertés, le Mouvement
laïque québécois et, plus encore, la Commission des droits
de la personne peuvent nous aider à résoudre ce problème
de la conciliation de ces droits qui apparaissent divergents. Je crois que
c'est une responsabilité importante que nous avons,
responsabilité non pas de nous réfugier dans cette solution
facile qui consiste à évacuer le problème, mais je crois
que c'est une responsabilité importante de faire un effort maximal pour
concilier effectivement ces droits, trouver un aménagement qui
permettrait de respecter, d'une part, les besoins de la population quant au
caractère confessionnel des écoles et, d'autre part, la
liberté de conscience de tous les enfants qui sont admis à ces
écoles. Je répète, M. le Président, que les avis
des trois organismes et groupes dont la motion fait mention nous seraient
très précieux dans la recherche de cette solution. Merci.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres intervenants
sur la motion du député de Deux-Montagnes?
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan:... juste un mot. En vertu de l'article 196, si vous
l'interprétez comme moi...
Le Président (M. Tremblay): Oui, oui. Effectivement...
M. Ryan: Juste un mot. Je voudrais signaler au gouvernement que
la ligne de conduite qu'a définie tantôt le député
de Fabre va nous amener, comme les choses se déroulent, à
consacrer beaucoup plus de temps à discuter de cette question-ci...
Le Président (M. Tremblay): Pour clarifier votre droit de
parole, il vous reste du temps sur votre enveloppe de dix minutes. C'est ce que
vous utilisez présentement et le droit de réplique de cinq
minutes serait pour le député de Deux-Montagnes, au cas où
il-aurait épuisé ses 30 minutes. Il aurait un autre droit de cinq
minutes. C'est comme ça que j'interprète l'article 196.
M. Bérubé: Sur la motion de clôture.
M. Ryan: Et j'accepte qu'on prenne le vote. J'accepte que nous
prenions le vote. J'accepte que vous demandiez le vote.
Le Président (M. Tremblay): La motion se lit comme
suit: "Que la commission entende en consultations particulières,
à propos des articles 78, 79 et 80, la Commission des droits de la
personne, la Ligue des droits et libertés et le Mouvement laïque
québécois. " La motion est-elle adoptée?
M. Ryan: Je demande un vote enregistré, M. le
Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, un vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, mais là, vous
demandez un vote enregistré, si je comprends bien?
M. Ryan: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Un vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Comment puis-je savoir que
c'est enregistré s'il n'y a pas une demande de.. ". Vous, vous votez
contre. Je suis obligé de demander qui vote pour. Je vais enregistrer le
vote.
Des voix: Ah! Ah!
M. Ryan: Nous demandons un vote enregistré.
M. Charbonneau: M. le Président, question de
règlement. Simplement pour préciser, M. le Président. On
peut demander un vote à main levée ou encore nominal. On pourrait
très bien voter à main levée sans nécessairement...
Donc, vous devez constater qu'il y a une majorité pour ou contre, ou il
peut y avoir un vote nominal.
Le Président (M. Tremblay): Le vote nominal? Alors,
j'appelle le vote sur la proposition. M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé? Mme la députée de
Jacques-Cartier? Ils ne sont pas là. M. le député
de Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia?
M. Marqui: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre. (16 h 30)
Le Président (M. Tremblay): Contre: 6
Pour: 3 La motion est rejetée.
M. Ryan: Avez-vous demandé au député de
Saint-Laurent?
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: Il y en a au moins 4. J'espère que le
député de Deux-Montagnes a voté pour sa motion.
Le Président (M. Tremblay): Non, il n'a pas voté
parce qu'il n'a pas le droit de vote. La motion est rejetée.
Je passe donc à l'étude de l'article 1 du projet de loi
sur l'enseignement primaire et secondaire public.
M. Champagne: L'article 1 est demandé.
M. Bérubé: L'article I est demandé.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Je crois que le
député d'Argenteuil a demandé la parole.
M. Ryan: M. le Président, le député de
Saint-Laurent a une motion à présenter à ce moment-ci.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
Motion pour entendre l'Union des municipalités
du Québec
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, M. le Président. J'aurais
une motion qui dirait: "Que la commission entende l'Union des
municipalités du Québec (UMQ) sur le projet de loi 3 et plus
particulièrement sur les articles 345 à 373 inclusivement
concernant la taxation et sur l'article 147 sur la date de l'élection,
cette audition devant se tenir le jour et l'heure déterminés par
le comité directeur de la commission. La commission déterminera
également la durée de cette audition. "
M. Laplante: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, sur la recevabilité.
M. Laplante: Cette motion peut devenir recevable, je n'en
douterais probablement pas, mais il reste la redondance aussi des motions qu'on
fait. Dans les commissions, il y a une tradition à savoir que,
lorsqu'une multiplication de motions du même type se présente, les
motions deviennent irrecevables parce qu'il y a eu une volonté
déjà exprimée que pas d'autres groupes ne peuvent
être reçus lors de l'étude d'un projet de loi.
Vous avez plusieurs jugements qui ont été rendus
là-dessus par d'autres présidents, M. le Président. La
logique est qu'on pourrait faire une multiplication dans la préparation
de nos travaux, parce que ça entre dans la préparation de nos
travaux des organismes. On pourrait énumérer 20 ou 25
organismes.
Ce que je proposerais actuellement, c'est de faire appel au proposeur ou
à l'Opposition pour mettre ensemble les groupes qu'ils veulent recevoir
et d'en faire une proposition globale. Cela donnerait la chance de convoquer
globalement tous les groupes qu'ils veulent recevoir ici, à cette
commission.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
interventions sur la recevabilité? M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, M. le Président. Je ne vois
pas du tout pourquoi on mêlerait les différents organismes. Je
pense que l'UMQ est un organisme absolument responsable qui a
présenté un mémoire d'environ 20 pages, qui est
très bien fait. Je pense que l'argumentation du député
de
Bourassa est absolument irrecevable puisque je ne pense pas qu'on puisse
dire: Il faudrait regrouper tous les organismes. Non, l'UMQ est un organisme
qui a une autonomie, qui est une entité juridique et je pense qu'on
devrait l'entendre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, sur la recevabilité.
M. Ryan: Je voudrais parler à l'appui des arguments qui
ont été apportés par le député de
Saint-Laurent. Si nous réunissons tous les noms des organismes dans une
même motion, à ce moment-là, le peu de temps dont nous
disposons pour justifier nos opinions ne nous permettra pas d'évoquer
les points de vue de ces gens-là avec le degré de substance qui
serait indiqué, vu que le gouvernement ne veut pas les entendre
précisément.
Si on avait une liste illimitée, si on devait arriver avec une
liste de 25, 40, 50, 100, je comprendrais la pertinence du point de vue. Il se
poserait sûrement un problème d'ordonnancement. Mais nous avons
indiqué clairement au député de Fabre à midi, au
ministre de l'Éducation, et au président de la commission, le
député de Verchères, que la liste se résumait
à peu près à huit, dix organismes. Ce sont tous des
organismes qui ont des raisons évidentes et très bien
fondées de vouloir être entendus par la commission.
Le procédé que nous employons pour faire valoir ce point
de vue me paraît parfaitement légitime. Je pense que l'Opposition
est libre de disposer comme elle l'entend du temps qui lui est imparti en vertu
de nos règlements. Il me semble que ce serait une diminution des
privilèges de l'Opposition et des députés de la commission
que de céder à la tentation d'interpréter nos
règlements comme voudrait le faire le député de
Bourassa.
Maintenant, si le président éprouvait le besoin de
vérifier les décisions qui ont pu être prises dans des
contextes comparables pour rendre une décision sage, je n'ai pas
d'objection à ce qu'il le fasse, au contraire; je ne voudrais pas qu'on
ait la prétention de créer des précédents ici. Je
lui dis bien respectueusement que les organismes auxquels nous voulons faire
allusion constituent une liste limitée et que, par conséquent, si
le gouvernement avait accepté dès le début le compromis
que nous lui avons proposé à midi, pendant la suspension,
aujourd'hui, nous serions déjà engagés dans l'étude
du projet de loi. Une journée aurait été mise de
côté pour entendre les organismes. Nous autres, nous n'aurions pas
eu de grief contre le gouvernement. Le gouvernement n'en aurait point eu contre
nous. Les organismes eussent été satisfaits et le tout eut
été infiniment préférable à ce qui se passe
maintenant.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation, sur la recevabilité.
M. Bérubé: C'est tout simplement une
réaction à un mot du député d'Argenteuil, lorsqu'il
a dit: Nous en avons fait état, nous en avons discuté très
clairement avec les membres du gouvernement. Or, je vous rappellerais, M. le
Président, puisque vous n'y étiez pas ce matin et que quelqu'un
d'autre occupait votre siège que le député de Fabre a
justement posé la question très clairement au
député d'Argenteuil: Quels sont les intervenants que vous
voudriez faire comparaître à cette commission? Le
député d'Argenteuil a refusé de répondre à
cette question. Il a tenu à le maintenir secret. Le député
de Fabre devait conclure, à ce moment, qu'il y avait "roche sous
anguille", comme on dit chez nous...
Une voix: Anguille sous roche!
M. Bérubé: Je l'ai fait exprès; on vient de
les réveiller... et qu'à ce moment il y avait lieu d'être
très prudent. Effectivement, nous avons cherché, ce midi, un
compromis qui aurait permis d'entendre certains intervenants tout en
étant assurés qu'on pourrait procéder avec
célérité. Ce compromis n'a pas été
possible.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais simplement faire une mise au point. Je n'ai
pas gardé la liste secrète. J'ai refusé d'en parler
lorsqu'il était question d'une motion qui ne traitait pas de ce sujet.
J'ai moi-même offert de partager ces renseignements avec les
députés du côté ministériel et le
comité de direction de la commission à l'heure de la suspension,
à midi, ce que j'ai fait. Le souvenir que je conserve de la conversation
que nous avons eue, à laquelle vous étiez présent
d'ailleurs, ce n'est pas qu'il aurait été impossible d'en arriver
à un compromis, c'est que nous en étions arrivés à
un compromis. Le député de Fabre s'est engagé à
vérifier de son côté si cela marchait. Moi, je devais
vérifier de mon côté si ça marchait. On est
arrivé ici tantôt et le député de Fabre me dit: Moi,
de mon côté, je n'ai pas été capable d'avoir de
consentement. De mon côté, j'en avais eu un.
J'espère que vous reconnaîtrez au moins qu'il y a eu un
compromis effectivement, mais que vous autres avez refusé de le
confirmer. C'est cela qui est la véritable situation. C'est cela qui
ajoute un caractère d'acuité à la situation dans laquelle
nous sommes placés maintenant. Le compromis qui avait été
proposé n'était pas uniquement l'émanation d'un
député de l'Opposition. C'était le fruit de
conversations
auxquelles ont participé quatre personnes, dont trois qui sont du
côté ministériel, finalement. C'est cela qui est le plus
étonnant: qu'à trois ils n'aient pas pu prévoir que cela
ne marcherait pas avec leur groupe, tandis que, nous autres, il y en avait
seulement un, on s'est retrouvé après et on a dit: D'accord, on
est prêt à faire des sacrifices pour assurer que ces gens seront
entendus et que cela ne prendra pas plus qu'une journée à la
commission. Je ne pense pas qu'on puisse nous accuser d'avoir un comportement
déraisonnable, au contraire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: M. le député d'Argenteuil donne
actuellement la réponse à la question. Lui-même avait
déjà une liste de prête, pour en faire une motion, de
l'ensemble des groupes qu'il aurait voulu faire venir ici. J'ai moi-même
présidé humblement différentes commissions dans des
contextes semblables à ce que nous vivons ou nous aurons à vivre
ici, à cette commission. Vous allez retrouver là-dedans des
argumentations qui n'ont jamais été contestées et qui
venaient, dans ce temps-là, du regretté Dominique Lapointe, que
tout le monde a connu. C'est lui-même qui nous fournissait, à ce
moment-là, les argumentations pour la présentation de ces
motions. Ce serait facile, à un moment donné, que je prenne
l'article 100 et que je recommence, après, à dire: Oui, mais la
CECM aurait quelque chose à faire là-dedans et je voudrais avoir
son idée; la Fédération des commissions scolaires aussi.
Ce sont tous des groupes qu'on pourrait réentendre. C'est pourquoi
j'insiste, M. le Président, pour que cette motion, tout en l'acceptant,
puisse contenir, pour les autres motions à venir, au cas où il y
en aurait d'autres à venir, tous les organismes qu'on veut avoir
ici.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, il y a quelque
chose que le côté ministériel ne comprend pas ou comprend
mal. On n'a rien à cacher ici. On a indiqué qu'on voulait
entendre les organismes qui avaient manifesté l'intention de se
présenter devant la commission. Ces organismes avaient
préparé des mémoires et je pense que c'est une question de
justice que d'entendre des organismes qui se sont donné la peine, qui
ont dépensé des énergies, bien souvent des sommes
d'argent, pour préparer un mémoire. Je le répète:
Je ne comprends absolument pas pourquoi le côté ministériel
ne veut pas entendre ces organismes. Le maximum de temps qu'on pourrait
accorder à ces auditions serait d'environ sept ou huit heures. Je pense
qu'on est plus que raisonnable et je dois vous dire, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay): Sur la
recevabilité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, je dois vous dire, sur la
recevabilité, M. le Président, qu'on ne demande pas cela pour
nous. Nous avons eu l'occasion de nous exprimer. Alors, on le demande pour les
organismes.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, je vous demande de vous exprimer sur la recevabilité.
Dites-moi pourquoi, selon le règlement et notre tradition parlementaire,
le député de Bourassa a tort. Je ne veux pas savoir pourquoi cela
serait bon. Vous le direz sans doute quand vous débattrez de la
proposition, mais selon le règlement.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est très simple, M. le
Président. L'UMQ est un organisme qui existe, qui a le droit de se faire
entendre, qui a des intérêts...
Le Président (M. Tremblay): Cela n'a rien à voir
avec le règlement.
M. Leduc (Saint-Laurent):... et qui est absolument
concerné par le projet de loi. Je ne vois pas pourquoi le
député de Bourassa s'oppose à ce que l'UMQ soit
entendue.
Le Président (M. Tremblay): Je vous rappelle à
l'ordre, M. le député de Saint-Laurent. Je vous demande de vous
prononcer sur la recevabilité. Vous vous prononcez sur le fond.
M. le député d'Argenteuil, peut-être sur la
recevabilité.
M. Ryan: Oui, M. le Président, volontiers, simplement pour
compléter l'intervention que je faisais tantôt. Je crois que
chaque député membre d'une commission est le maître, est le
seul maître des motions qu'il va soumettre à l'attention de la
commission. Il reste à la présidence à déterminer
la recevabilité de la motion. D'abord, le premier principe, il me
semble, découle de la liberté de chaque membre qui fait partie
d'une commission; il est maître de la détermination du contenu de
sa motion. La présidence doit en interpréter la
recevabilité. Je l'accepte entièrement.
Dans ce cas-ci - je soumets ces considérations à votre
attention, encore une fois - le sujet qui est traité dans la motion est
parfaitement pertinent, est parfaitement recevable. Je pense que cela saute aux
yeux qu'en vertu de l'article que nous avons cité -je pense que c'est
l'article 237 - la commission peut déterminer... On va le lire,
si vous voulez, pour qu'il n'y ait pas de malentendu entre nous. Il
s'agit de l'article 237, M. le Président. "La commission saisie
étudie chaque article du projet de loi et les débats portent sur
les détails du projet. Les amendements doivent se rapporter à son
objet et être conformes à son esprit et à la fin qu'il
vise. Avant l'étude détaillée - c'est-à-dire au
stade où nous en sommes - la commission peut procéder à
des consultations particulières. " Je pense que la motion du
député de Saint-Laurent s'inscrit parfaitement dans le cadre de
cet article-ci. Pour décider si nous allons procéder à des
consultations particulières, il faut que nous ayons des motions de
quelqu'un pour nous proposer d'en faire ou de n'en point faire. Cette motion
est tout à fait dans le cadre de cet article 237.
Le député de Bourassa soulève un problème
quant à la multiplicité, à la répétition des
motions qui traitent d'un même sujet de fond. Le député de
Bourassa soulève un point dont je ne veux pas minimiser la
portée. Il pourrait très bien arriver qu'un problème se
pose, mais je crains fort qu'il ne se pose point dans ce cas-ci pour la raison
que voici. Pour disposer de toute cette marge de latitude que l'article 237 de
notre règlement nous donne, nous avons à disposer d'un
résidu de demandes d'audition en commission parlementaire. Je porte ceci
à votre attention: ce n'est pas nous qui avons imaginé les noms
des organismes dont il est question dans la motion précédente,
dans la première qui a été rejetée, dans celle-ci;
ce sont des organismes qui, lorsque le projet de loi a été
déposé, ont demandé d'être entendus. On dit: Nous
avons des choses à faire valoir; nous demandons d'être entendus.
Nous soumettons à l'attention de la commission les
représentations qui nous sont faites. Nous essayons de faire valoir
l'essentiel de leur point de vue, très brièvement, d'une
manière concise, dans l'espoir qu'ils pourront le faire valoir
eux-mêmes de manière plus explicite en temps utile.
Si on allait faire une motion disant qu'on en présente dix
ensemble, qu'on en met dix dans la même motion, comment voudriez-vous
qu'on concilie dans la même motion les points de vue que nous
apporteraient l'Association des parents catholiques du Québec et le
Mouvement laïque québécois? Si on veut vous présenter
ces demandes avec un peu de vraisemblance...
Le Président (M. Tremblay): Vous êtes en train de me
convaincre, M. le député.
M. Ryan: J'espère que ce n'est pas dans le sens contraire
à notre motion. Encore une fois, je sais que vous prendrez le 3oin
d'aller vérifier quelle est la tradition, surtout la jurisprudence. La
tradition, il ne faut pas l'exagérer; la jurisprudence, c'est plus
important. Si vous pouvez nous éclairer là-dessus, cela nous fera
bien plaisir, mais, jusqu'à plus ample informé, je trouve que la
motion du député de Saint-Laurent est parfaitement recevable.
Le Président (M. Tremblay): L'appel à la prudence
du député d'Argenteuil m'invite à prendre en
délibéré cette proposition et, dans cet esprit, je
suspends la commission à loisir jusqu'au moment où je pourrai
rendre une décision sur cette proposition.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise à 17 h Il)
Le Président (M. Tremblay): La commission de
l'éducation ayant pour objet d'étudier article par article le
projet de loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public, reprend
ses travaux. J'ai à rendre une décision sur la
recevabilité d'une proposition qui vise à convoquer un organisme
pour éclairer les travaux de la commission.
Tout d'abord, je dois dire que les décisions qui sont rendues par
le président d'une commission ne font pas jurisprudence.
Des voix: Hal Ha! Hal
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si c'est bon ou mauvais de le
dire!
Une voix: C'est mieux comme cela.
Le Président (M. Tremblay): Deuxièmement, l'ancien
règlement, à l'article 63. 2, disait: "Une motion ne doit pas
soulever non plus une question identique au fond à une question qui est
alors inscrite ou annoncée au feuilleton... " Et l'article se poursuit
sur d'autres considérations. Je pense que c'est là-dessus que la
question se pose: avons-nous, dans le cas présent, une motion de fond
qui est semblable à celle que nous avons adoptée et à
l'autre que nous avons refusée qui était dans le même
esprit? Si une motion de fond d'ordre général avait
été refusée, dans le sens qu'il y aurait
déjà eu une motion disant que des organismes devraient être
convoqués devant la commission pour étude et que nous aurions
battu une telle résolution, je me verrais dans l'obligation de la
rejeter. Compte tenu du fait que je considère que par son fond la motion
qui est devant nous est différente de celle que nous avons
adoptée et de celle que nous avons refusée. Je déclare
cette motion recevable.
M. Bérubé: On va en avoir une autre
tantôt.
Le Président (M. Tremblay): La parole est donc au
député de Saint-Laurent et j'aimerais recevoir sa motion par
écrit.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je l'ai présentée
tantôt, M. le Président. Merci de votre sage décision.
M. Champagnes Je voudrais poser une question pour information. Est-ce
que je dois comprendre, M. le Président, que si on bat cette motion on
pourra avoir des motions pendant toute la durée de la commission?
Mme Lavoie-Roux: Oui, jusqu'au 20 décembre.
Le Président (M. Tremblay): Oui, effectivement.
M. Champagne: Effectivement?
M. Leduc (Fabre): Jusqu'à ce que tu sais quoi.
Mme Lavoie-Roux: Des menaces!
M. Leduc (Saint-Laurent): Ah: Des menaces!
Mme Lavoie-Roux: Des menaces voilées.
M. Champagne: Oui. À moins, M. le Président, qu'il
n'y ait une jurisprudence qui dise le contraire. Mais d'ici à ce qu'on
ait un avis contraire - je ne pense pas qu'on en ait un selon votre
décision - on va entendre toutes les motions possibles.
Mme Lavoie--Roux: Mais il n'y en a pas tant que cela.
Une voix: Non, non, vous connaissez...
M. Champagne: Cela veut dire que toute motion serait recevable
pour chacun des organismes qui ferait une demande d'être entendu.
Une voix: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Il n'en reste pas beaucoup.
M. Champagne: On a bien compris et...
Le Président (M. Tremblay): L'article 237 est nouveau dans
notre règlement. Auparavant, une telle motion aurait été
jugée irrecevable puisque ce n'était pas prévu dans notre
règlement. L'article 237 peut: "Avant l'étude
détaillée, la commission peut procéder à des
consultations particulières. " Les motions visent à consulter des
groupes différents pour des articles différents. Dans ce sens, je
pense que ce ne sont pas des motions de fond qui sont identiques.
M. Champagne: D'accord. Je vois bien qu'on peut entendre
différentes motions pendant des journées de temps.
Le Président (M. Tremblay): Cela s'est déjà
vu.
M. Champagne: D'accord. On va se fier à la bonne
volonté des membres de la commission, de l'Opposition, afin qu'on puisse
s'acheminer vers l'étude article par article.
M. Laplante: Vous avez bien dit, M. le Président, que le
jugement que vous venez de rendre ne ferait pas jurisprudence. D'accord?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Tremblay): Et j'ajoute que les
décisions d'un président en commission parlementaire ne font
jamais jurisprudence.
Une voix: Oui, cela nous rassure. M. Laplante: Les
règles ont changé.
M. Ryan: Ce qui affaiblit beaucoup certains avancés
antérieurs du député de Bourassa relativement à la
tradition.
Le Président (M. Tremblay): Je voudrais me corriger,
corriger l'information...
M. Laplante: Juste un dernier mot. Le Président (M.
Tremblay): Oui.
M. Laplante: J'espère aussi que les dernières
paroles que vous avez dites ne feront pas non plus jurisprudence.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement, il va sans
dire.
M. Laplante: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): Je voudrais me corriger quant
à l'interprétation que j'ai donnée. Je disais que l'ancien
règlement ne permettait pas une telle procédure et je faisais
erreur car l'article 154. I disait: "En commission plénière ou
élue, après la deuxième lecture, on ne peut discuter que
les détails d'un projet de loi et il ne peut y avoir audition publique
que devant une commission élue pourvu que celle-ci y consente". Alors,
c'était possible, avec le consentement de la commission, de recevoir
des groupes, auparavant. Mais il ne semble pas qu'il y ait eu
jurisprudence sur des motions semblables à celles que nous avons
maintenant. Pour les motifs que j'ai invoqués tout à l'heure,
j'ai déclaré la motion recevable et je donne la parole au
député de Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent); Merci, M. le Président. Nous
demandons, nous de l'Opposition, que l'Union des municipalités soit
entendue. L'Union des municipalités, c'est peut-être un des
organismes les plus importants, peut-être un des organismes qui
représentent le plus grand nombre de membres. Nous avons, au
Québec, environ 1500 municipalités et l'Union des
municipalités représente l'ensemble de ces municipalités.
C'est donc dire que l'Union des municipalités représente tout le
Québec. Or, je ne pense pas que l'on puisse dire que c'est un organisme
marginal; raison de plus, à mon sens, pour que l'on reçoive
l'Union des municipalités et qu'on l'entende sur le projet de loi 3.
Il y a une chose que je ne voudrais pas, c'est que l'un de ces
organismes, particulièrement, l'Union des municipalités, voie ce
qui se passe, car il constaterait que l'on est en train de perdre notre temps,
que l'on va prendre une journée complète et que ce temps aurait
pu être réparti entre les différents organismes qui
désiraient se faire entendre sur le projet de loi 3. Nous avons
demandé, nous de l'Opposition, que les sept organismes qui n'avaient pas
été entendus lors des auditions sur ce projet de loi soient
entendus; on avait proposé que cette audition soit tenue vendredi qui
vient. On aurait utilisé six ou sept heures pour les entendre. Or, le
parti ministériel s'oppose à ce que l'on entende ces intervenants
qui ont un intérêt direct dans le projet de loi 3.
Je pense que nous sommes des mandataires, nous représentons nos
électeurs, nous représentons ces organismes. Comme je le disais
tantôt, nous ne demandons pas à être entendus; nous
demandons que ces organismes viennent à la commission parlementaire,
viennent se faire entendre sur un projet de loi qui est, à mon sens,
capital. En fait, nous sommes des mandataires, des procureurs, en quelque
sorte, nous plaidons en leur faveur, nous plaidons leur cause et nous entendons
les représenter dans leurs revendications. Je trouve absolument
inacceptable que le parti ministériel ne veuille pas les recevoir.
L'Union des municipalités a un intérêt direct dans
le projet de loi 3. Elle le mentionne d'ailleurs, dans son mémoire.
L'Union des municipalités, dans son mémoire, nous dit: Nous
n'avons pas d'intérêt direct dans la question scolaire, mais nous
sommes concernés, nous sommes préoccupés par le projet de
loi. Il y a trois éléments qui nous préoccupent: d'abord,
la fiscalité municipale et scolaire. Ensuite, ce qui peut les
préoccuper, c'est la taxation scolaire. Ils veulent donc se pencher sur
l'examen de la taxation scolaire. Le troisième point qui les
préoccupe, ce sont les élections scolaires qui se tiendraient
dans la province.
On sait que le projet de loi 3, par l'article 147, je pense,
établit qu'à l'avenir l'élection des commissaires aura
lieu tous les trois ans, le premier dimanche du mois de novembre. L'Union des
municipalités, évidemment, a constaté que c'était
également la date où les élections municipales se
tenaient. Cette union entend se faire entendre, veut faire des
représentations particulièrement sur ces trois points. L'Union
des municipalités, au nom des municipalités, entend faire des
représentations, d'abord, sur la fiscalité municipale. On sait
que l'Union des municipalités voudrait que la taxation au niveau des
municipalités appartienne exclusivement aux municipalités. C'est
un champ de taxation que l'Union des municipalités entend revendiquer.
Quant à savoir si c'est raisonnable, s'il n'est pas approprié que
les commissions scolaires imposent une taxe également, M. le
Président, cela, c'est une autre question. Mais l'Union des
municipalités a un intérêt et on devrait l'entendre sur ces
trois points.
Il s'agit, en fait, d'une période d'une heure, environ, qui est
un temps très limité. Ils viendraient nous dire leur point de
vue, ce qu'ils ont à revendiquer, ce qui ne fait pas leur affaire dans
le projet de loi 3. Je pense que c'est un aspect qui est bien différent.
Tous les autres organismes peuvent avoir un intérêt direct dans la
question scolaire. Eux, c'est un autre intérêt qu'ils ont. C'est
un intérêt d'ordre fiscal, de taxation et de date pour les
élections. Je demande au parti ministériel de les entendre. Je me
fais leur porte-parole, leur mandataire.
Comme je le disais tantôt, l'Union des municipalités
représente toutes les municipalités du Québec. C'est donc
dire que c'est un organisme des plus représentatifs. Je pense qu'il est
absolument inconcevable qu'on ne l'ait pas entendue, qu'on n'ait pas voulu la
recevoir. M. le Président, je demande instamment au parti
ministériel de se rendre à sa demande et de la recevoir à
la commission parlementaire.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, M. le Président. En fait,
s'est tenue entre le légiste du
ministère, mon sous-ministre, M. Boudreau, et un membre de mon
cabinet, Mme Gionet, une rencontre avec l'Union des municipalités au
cours de laquelle elle nous a fait valoir son point de vue. Comme vous l'avez
souligné, il y avait effectivement trois points centraux qui faisaient
l'objet de litige: la date des élections, la présence
d'organismes municipaux au sein des comités de transport et,
également, le mécanisme de taxation ou, du moins, de perception
de la taxe scolaire par les municipalités. Ce sont les trots points
centraux qui faisaient obstacle.
Quelques mots sur le corps du litige. Concernant la date des
élections, je souligne que nous avions tenu à une
simultanéité des élections scolaires et municipales dans
un but facile à comprendre. Cela permettait la mise en place d'une vaste
campagne de publicité, de communications pour inciter les gens à
faire de ce jour-là le jour des élections locales. De fait,
quelqu'un qui votait au municipal aurait été
entraîné, par le même fait, à aller voter au
scolaire. Il y aurait donc eu une synergie entre les deux votes, les deux
élections, ce qui aurait fait en sorte que le taux de participation, qui
est nettement trop bas au niveau scolaire, puisse être haussé.
C'était donc la raison pour laquelle j'avais toujours soutenu mon
collègue, l'ancien ministre de l'Éducation, sur cette voie. Je
l'ai soutenu à nouveau lorsque le ministre des Affaires municipales a
soumis l'objection au Conseil des ministres.
Nous avions convenu au Conseil des ministres, cependant, que nous
maintiendrions la clause et que nous verrions auprès des commissions
scolaires, auprès de tous les organismes, dans quelle mesure ils y
tenaient. J'ai donc posé la question et, tout récemment, lors de
la réunion de la Fédération des commissions scolaires,
celles-ci ont indiqué qu'elles ne tenaient pas plus que ça
à une simultanéité complète. Elles auraient
même aimé une date en octobre, la troisième semaine
d'octobre ou quelque chose de ce type-là, ce que j'ai accepté. Il
y aura donc un amendement qui ira dans ce sens.
Nous acceptons également la demande des municipalités de
ne plus faire partie des comités de transport en vertu de la loi, donc,
de se voir obligées de faire partie du comité de transport. Nous
revenons également au statu quo concernant le mécanisme de
prélèvement de la taxe scolaire dans les municipalités, ce
qui supprime les motifs d'inquiétude qu'avaient exprimés les
municipalités et nous y donnerons suite par une série
d'amendements que nous déposerons.
Par conséquent, il n'apparaissait pas nécessaire
d'entendre l'Union des municipalités réitérer des points
de vue auxquels, de toute façon, nous avons donné droit.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la motion du député de Saint-Laurent? J'appelle
le vote sur la proposition...
Oui.
M. Ryan: Je voudrais adresser ma question au ministre de
l'Éducation. Il y a l'Union des municipalités et l'Union des
municipalités régionales de comté. Dans la motion du
député de Saint-Laurent, est-ce que les deux étaient
mentionnées ou seulement l'Union des municipalités du
Québec?
M. Bérubé: Parce qu'elles avaient soumis un
mémoire.
M. Ryan: Elles avaient envoyé des messages distincts
demandant d'être invitées à se présenter devant la
commission parlementaire, si mes souvenirs sont bons.
M. Bérubé: On les a rencontrées les deux
ensemble.
M. Ryan: Vous les avez rencontrées les deux ensemble.
Est-ce qu'elles vous ont adressé une communication écrite disant
qu'elles abandonnaient la demande qu'elles avaient soumise d'être
entendues en commission parlementaire?
M. Bérubé: Non, pas à ma connaissance.
M. Ryan: Pas de communication écrite de ce
côté-là. S'il y avait eu une communication écrite
confirmant qu'elles ne tiennent pas à être entendues, qu'elles
auraient trouvé des éléments d'accord suffisants avec le
gouvernement, je considère que ce serait un motif valable, mais,
là, on n'a pas d'autre indication que ces éléments
d'accord qu'a mentionnés le ministre. Si on avait eu une confirmation
écrite indiquant qu'elles renoncent à cette invitation qu'elles
avaient demandée, ce serait différent pour nous, je pense bien.
Dans les conditions actuelles, je ne sais pas, je pense qu'on doit marcher avec
les communications qu'on avait reçues parce qu'on n'était pas
partie à ces conversations que vous avez eues avec elles.
Nous savons tous, encore d'expérience toute chaude, que des
conversations privées débouchent souvent soit sur des
malentendus, soit sur des conclusions qui n'ont pas de lendemain. Dans les
circonstances, je maintiendrais la demande contenue dans la motion du
député de Saint-Laurent. J'exprimerai mon appui à
l'endroit de cette demande et je considère qu'il serait sage qu'on
entende ces deux organismes, ne serait-ce que pour avoir l'assurance que tout
est vraiment élucidé avec eux.
Je voudrais dire un mot de l'Union des municipalités
régionales de comté. Le député
de Saint-Laurent a parlé de l'Union des municipalités du
Québec. L'Union des municipalités régionales de
comté, c'est le pendant de l'Union des municipalités du
Québec pour toutes les municipalités rurales qui sont
regroupées dans les municipalités régionales de
comté. Je pense que les deux ensemble, ça représente au
complet les institutions municipales du Québec qui sont fondamentales
dans le fonctionnement de notre société.
Il y a des points sur lesquels je n'aurais pas détesté
interroger les municipalités. Elles continuent d'insister, si je
comprends bien, pour que les commissions scolaires soient
délestées de toute participation à l'impôt foncier.
Je crois que l'on mentionne encore dans leur mémoire qu'elles veulent
avoir la totalité de l'impôt foncier. (17 h 30)
Il y a une question que j'aimerais leur poser. Est-ce qu'elles sont
prêtes à suggérer d'autres sources de revenus pour les
commissions scolaires? À défaut d'autres sources de revenus pour
les commissions scolaires, est-ce qu'elles considèrent que cette forme
de gouvernement local que nous avons connue depuis au-delà d'un
siècle est une forme dont on pourrait se délester facilement? Je
leur demanderais, si elles raisonnent ainsi, si elles ne craignent pas qu'un
jour on soit tenté de dire la même chose à propos des
municipalités.
Je pense que cela vaudrait la peine qu'on entende le point de vue de ces
gens parce que c'est facile d'envoyer promener un partenaire qui nous
gêne, mais c'est plus difficile d'arriver à une vue
cohérente qui tienne compte de toutes les données d'une
situation. Par conséquent, je trouve que les représentations qui
ont été faites par l'Union des municipalités demeurent
sans réponse dans une grande mesure, malgré les
éclaircissements que le ministre a apportés, qui devront
être vérifiés quand il déposera ses amendements. Ce
sont des annonces qu'on nous fait. C'est un petit prône
préamendements. Pour l'instant, je considère qu'on avait
reçu...
M. Bérubé: La formation clérical du
député d'Argenteuil ressort dans son vocabulaire.
M. Ryan: On avait reçu une demande d'être entendu en
commission parlementaire qui n'a pas été retirée, à
ma connaissance. Par conséquent, j'estime qu'en courtoisie
élémentaire, vu l'importance de l'organisme qui l'avait
demandé, nous devrions accepter cette demande et recevoir
l'organisme.
Le Président (M. Tremblay); Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, il n'y a pas eu de
communiqué officiel de transmis par les deux organismes pour indiquer
leur satisfaction de la rencontre avec le ministre. Mise à part la
question de la possibilité que les commissions scolaires ne puissent
prélever de taxe foncière, sur tous les autres points qui
faisaient litige, est-ce qu'ils vous ont indiqué qu'ils étaient
satisfaits?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, la parole est à vous.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est parce qu'il va me donner la
réponse.
M. Bérubé: Ah oui, c'est vrai. Le problème,
effectivement, c'est que nous avons donné suite à leur demande.
Maintenant, ils n'ont pas vu les amendements encore. Ils ne sont même pas
au courant, d'ailleurs, que nous y avons donné suite; c'est une primeur
que je vous fais en commission parlementaire. L'Union des municipalités
n'est même pas au courant qu'on a donné suite à ses
demandes.
Mme Lavoie-Roux: D'une façon précise, si je
comprends bien, Il y avait quatre demandes qu'elles vous adressaient: une
touchant la concordance de date des élections scolaires et municipales;
une deuxième à savoir que prélever la taxe pour les
commissions scolaires, les gens confondaient finalement les deux taxes. Ce sont
les municipalités qui en prenaient l'odieux. Grosso modo, c'est ce genre
d'interprétation. La troisième, c'est qu'elles auraient
souhaité se retirer du champ de la taxe foncière. Y. avait-il une
quatrième demande?
M. Bérubé: Oui, la participation obligatoire des
organismes municipaux aux comités de transport.
Mme Lavoie-Roux: Oui. De pouvoir se retirer. Sauf pour la
question de la taxe foncière, ce que vous nous dites, c'est que les
trois autres demandes seraient satisfaites.
M. Bérubé: En ce qui a trait au mécanisme de
taxation, nous nous en tenons au statu quo. En d'autres termes... Pardon?
M. Ryan: Pas d'arbitrage.
M. Bérubé: Non, pas d'arbitrage par la Commission
municipale. Nous nous en tenons à la loi actuelle en ce qui a trait au
plafond. À cet égard, effectivement, nous ne donnons pas droit
à la demande des municipalités qui voudraient supprimer
intégralement le droit de taxation des commissions scolaires.
Le Président (M. Tremblay): Je souligne
respectueusement aux membres de la commission que nous nous
éloignons de la pertinence.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas du tout. Je m'excuse. Je ne voudrais
pas vous faire de leçon, M. le Président, mais, avant de prendre
une décision quant au vote sur cette motion, je veux quand même
savoir exactement...
Une voix: C'est très pertinent.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous avez eu
l'information désirée, Mme la députée?
Mme Lavoie-Roux: Oui. À ce moment-ci, je prends la parole
du ministre, à savoir que les amendements qui seront
déposés seront conformes à la primeur qu'il vient de nous
annoncer.
M. Bérubé: J'aimerais ajouter, puisque j'avais un
droit de parole qui venait immédiatement après, M. le
Président, que j'envisageais sérieusement de remettre la liste
des amendements que nous envisagions de déposer pour vous permettre de
faire un meilleur travail, en fait, à la commission parlementaire, car
il est clair que j'en ai pas mal, quand même. J'en ai peut-être 100
ou 150, si je ne m'abuse.
Une voix: Quand nous allons commencer.
M. Bérubé: Oui, quand nous allons commencer
l'étude article par article. Plutôt que de les sortir, je ne
dirais pas à la sauvette, mais de mon chapeau, à l'étude
de chaque article, ce qui rend la tâche assez difficile pour les
députés de les voir venir, j'ai pensé que ce serait utile
pour notre commission de les avoir tous pour qu'on puisse les travailler
ensemble.
M. Ryan: C'est très bien.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement, M. le ministre,
vous aviez un droit de parole puisque...
M. Bérubé: Oui, mais je l'ai utilisé.
Le Président (M. Tremblay):... vous parliez
immédiatement après un membre de l'Opposition. Comme il y a
alternance, mais que personne, du côté ministériel, ne l'a
demandée, vous aviez la parole.
Je donne la parole au député d'Argenteuil qui me l'a
demandée.
M. Claude Ryan M. Ryan: Une autre considération.
M. Bérubé: On aurait pu prendre un café.
M. Ryan: On n'aura pas fini quand vous reviendrez.
Une voix: Faites-nous confiance.
M. Charbonneau: Avec l'aveu que vous avez fait tantôt, vous
êtes correct.
M. Ryan: Parmi les points qu'avaient soulevés l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté, il y avait celui de la coïncidence que
le projet de loi cherchait à réaliser entre les élections
scolaires et les élections municipales, coïncidence qui a
été réalisée de manière plutôt
imparfaite, d'ailleurs, parce que je me demandais comment on réussirait
à concilier les élections scolaires ayant lieu tous les trois ans
avec des élections municipales ayant lieu tous les quatre ans.
Là, il y avait un problème d'ajustement qui n'était pas
résolu dans le projet de loi.
J'entendais le ministre dire tantôt qu'il avait
déjà, soit dans des conversations privées, soit dans la
rédaction d'amendements qu'il va nous soumettre, acquiescé au
désir de3 municipalités d'obtenir que les élections
continuent à être tenues séparément. Hier soir, je
ne sais si vous avez entendu, à l'occasion du débat de
deuxième lecture, une intervention très pertinente et très
utile qui n'était peut-être pas à la hauteur des attentes
du ministre, mais qui était une très bonne intervention faite par
le député de Charlesbourg. Hier, en fin d'après-midi.
M. Bérubé: Le député de Charlesbourg?
M. Ryan: Oui, monsieur.
M. Bérubé: Le "chihuahua" de Charlesbourg, vous
voulez dire? Non.
M. Ryan: Oui. Il a fait une intervention, hier après-midi,
sur les articles de votre projet de loi qui traitent des élections
scolaires. Il a plutôt parlé dans le sens d'une...
M. Bérubé: C'est un bon organisateur
d'élections.
M. Ryan:... approche positive. M. Bérubé:
Oui, excellent.
M. Ryan: Il a plutôt parlé dans le sens d'une
approche positive à l'idée de...
M. Bérubé: J'ai gardé une collection de
petits billets bons pour une caisse de bière qu'il distribuait durant la
campagne.
M. Ryan: M. le Président, je vous fais confiance.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Laplante: Il vous a réveillé, M. le
Président.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Tremblay): Mais non, j'étais
concentré.
Une voix: Il vous a dérangé.
M. Ryan: Il y a un point. Je regrette que, dans toute cette
affaire-là, le ministre, parce qu'il a rencontré l'Union des
municipalités, soit disposé à considérer tout cela
comme réglé, parce que notre porte-parole dans cet aspect du
projet de loi, la partie électorale, qui est beaucoup plus expert en
élections que votre serviteur - je vous le concède - laissait
entrevoir que c'est une très bonne chose pour le Québec que de
s'orienter vers une loi électorale commune qui incorporerait
également le secteur scolaire. Il dit que, dès la semaine
prochaine, on doit déposer à l'Assemblée nationale un
projet de loi consolidé qui réunirait les trois lois
séparées que nous avons actuellement. Lui, il a pris connaissance
des représentations des municipalités et il n'en était pas
impressionné outre mesure. Il trouvait qu'il y avait bien des avantages
dans la voie vers laquelle semblait vouloir s'engager l'auteur du projet de loi
3.
M. Bérubé: La simultanéité des
dates.
M. Ryan: Oui. Il citait l'exemple des États-Unis que vous
connaissez bien parce que vous avez vécu là-bas vous-même,
où on fait l'élection de plusieurs sortes d'officiers publics en
même temps, un bon dimanche à l'automne, et il y a toute une
série d'officiers...
M. Bérubé: Exactement.
M. Ryan: Cela donne une solennité, une plénitude
plus grande à cette journée d'élection d'officiers
régionaux. Je ne crois pas, parce que MM. les maires ont dit que...
M. Bérubé: MM. les commissaires.
M. Ryan: Oui, MM. les maires et MM. les commissaires, cela ne me
fait pas trembler du tout d'ajouter une autre catégorie, pas du
tout.
M. Bérubé: Pour les mêmes arguments. M.
Ryan: Oui.
M. Bérubé: Les maires ne voulant pas diluer la
véritable démocratie municipale en ayant une élection
scolaire simultanément et, bis, mais vu de l'autre côté,
pour les commissaires d'écoles.
M. Ryan: C'est cela. Nous sommes entièrement libres de
nous situer au-dessus de ces considérations...
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan:... et de voir si, pour la santé de la
démocratie locale et régionale au Québec, il n'y aurait
pas lieu d'envisager, d'abord, des consolidations réglementaires et
législatives et, deuxièmement, des harmonisations au point de vue
des dates auxquelles doivent se réaliser les élections. Je pense
qu'à ce moment-là peut-être que le processus gouvernemental
qui paraît tellement complexe pour le citoyen ordinaire, tellement lourd,
pourrait être simplifié d'une manière qui le rendrait plus
efficace et mieux accepté.
C'est un point qui nous invite à nous méfier des trocs qui
peuvent avoir lieu en particulier entre le ministre et des organismes
spécifiques; cela fait partie de ses fonctions de le faire, je ne vous
blâme pas du tout de l'avoir fait, dans une bonne mesure, mais nous avons
l'obligation de regarder cela dans une perspective plus large. Cela, c'est un
aspect - je pense que vous en concéderez la validité - qui me
porte à être plutôt favorable à la motion du
député de Saint-Laurent et à le féliciter de
l'avoir maintenue, malgré l'excellente qualité des arguments que
vous nous avez apportés, M. le ministre.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion du député de Saint-Laurent?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste ajouter, M. le
Président...
M. Laplante: Son temps était fini, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Combien de temps ai-je utilisé?
Le Président (M. Tremblay): Pas longtemps, pas
longtemps.
Mme Lavoie-Roux: Il me reste six minutes.
Le Président (M. Tremblay): Il vous reste encore six
minutes.
Une voix: C'est trop.
Mme Lavoie-Roux: J'ai vraiment été
très sobre dans mes propos. Je vais passer mon tour, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions sur la motion du député de Saint-Laurent? Je la
mets donc aux voix.
M. Bérubé: Devant l'ampleur du temps à
occuper...
Le Président (M. Tremblay): Avec votre aide, comme vous en
avez tous une copie, je vais la lire. Ce n'est pas que je ne sais pas lire,
même si certains pourraient le penser quand je vais lire, c'est que
l'écriture est pour le moins difficile. "Que la commission entende
l'Union des municipalités du Québec (UMQ) sur le projet de loi 3
et plus particulièrement sur les articles 345 à 373 inclusivement
concernant la taxation et sur l'article 147 sur la date de l'élection.
Cette audition devant se tenir le jour et l'heure déterminés par
le comité directeur de la commission. La commission déterminera
également la durée de cette audition. "
Une voix: Vous êtes bon!
Le Président (M. Tremblay): Quels sont ceux qui
sont d'accord avec cette proposition?
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle les
députés pour le vote.
M. le député de Verchères?
M. Charbonneau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour les municipalités.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Contre la motion, mais pour les
municipalités. On a toute l'information, par exemple.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Je suis obligé de m'abstenir, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le
député de Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane et ministre de l'Éducation?
M. Bérubé: Je suis contre la proposition du
député de Saint-Laurent.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Juste un moment, le vote n'est
pas terminé. Le résultat est de 5 contre 3. M. le ministre avait
demandé la parole, il avait annoncé...
Mme Lavoie-Roux: Hé, M. le Président! C'est moi qui
ai nommé votre nom la première, je regrette!
Le Président (M. Tremblay): Il l'avait annoncé
auparavant.
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez, pas avant que le vote soit
pris! On rentre dans une autre étape, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Bon, écoutez...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement!
Le Président (M. Tremblay):... si j'accepte le fait que
vous m'ayez demandé la parole avant que le vote soit pris, je suis
obligé de dire que vous n'aviez pas le droit de me demander la parole
non plus.
Mme Lavoie-Roux: Non, monsieur...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Tremblay): Si j'accepte qu'avant le vote
on puisse me demander la parole, je suis obligé de l'accorder au
ministre de l'Éducation qui m'avait indiqué qu'il voulait parler
immédiatement après l'adoption de cette motion.
(17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Nous avions pris le vote.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'était clair que la motion était
battue et c'était...
M. Laplante: Il y a eu une abstention.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, j'ai dit: "M. le
Président" et à l'Assemblée nationale - je ne voudrais pas
vous faire de leçon parce que vous connaissez les règles beaucoup
mieux que moi, j'en suis certaine -le président a toujours comme
règle de conduite de reconnaître le premier ou la première
qui dit: M. le Président. Je n'ai pas entendu "M. le Président"
de qui que ce soit et le vote était terminé.
Le Président (M. Tremblay): C'est-à-dire que le
vote n'était pas terminé.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères, sur la question de règlement.
M. Charbonneau:... depuis maintenant . huit ans que j'ai le
privilège de siéger dans cette illustre et auguste
enceinte...
Mme Lavoie-Roux: Une chance que vous nous le rappelez.
M. Charbonneau: Oui, moi aussi, je me le rappelle souvent de ce
temps-ci. Je sais que ce que la députée de L'Acadie vient de dire
est exact pour le salon bleu, mais en commission parlementaire la tradition
veut qu'on n'attende pas qu'un sujet soit épuisé pour demander un
droit de parole. Régulièrement, les présidents de
commissions inscrivent les intervenants dans la mesure où ils demandent
qu'immédiatement un sujet terminé, ils puissent intervenir.
Le Président (M. Tremblay): Je suis prêt à
rendre ma décision.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, puis-je encore... Des
fois, peut-être que cela peut...
Le Président (M. Tremblay): Non...
Mme Lavoie-Roux: Non? Vous ne voulez.
Le Président (M. Tremblay):... parce que je suis
prêt à rendre ma décision.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Le député de
Verchères m'a convaincu que j'avais tort d'accepter, avant que le vote
soit terminé, les droits de parole et, vu qu'immédiatement
après le vote il y a eu des interventions basées
là-dessus, je ne reconnais personne présentement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président! Des voix: Ahl Ah!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président! M. le
Président!
Le Président (M. Tremblay): Mais je dois admettre que j'ai
vu la main du ministre se lever avant la vôtre.
Mme Lavoie-Roux: Oh!
M. Leduc (Saint-Laurent): Voyons donc là! Pas du tout!
Mme Lavoie-Roux: Oh, mais là! C'est celui qui prononce "M.
le Président" le premier.
M. Charbonneau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Charbonneau: Ne voulant d'aucune façon remettre en
question votre verdict...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse...
M. Charbonneau: M. le Président, question de
règlement.
Mme Lavoie-Roux:... mais la raison pour laquelle...
M. Charbonneau: Question de règlement.
Mme Lavoie-Roux:... le président dit toujours: C'est celui
qui, le premier ou la première, a dit "M. le Président", c'est
qu'il peut avoir vu un geste que personne d'autre ne verra compte tenu de la
place qu'il occupe, alors que si nous parlons et nous nous adressons au
président, là, c'est évident que les autres
l'entendent.
Le Président (M. Tremblay): Pouvez-vous m'indiquer
l'article du règlement?
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Bérubé: Question de règlement.
M. Charbonneau:... j'avais demandé la
parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): Y a-t-il moyen de présenter une
motion là-dessus?
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie, pouvez-vous m'indiquer l'article du règlement?
Mme Lavoie-Roux: C'est notre tradition, M. le Président.
Vous savez que...
M. Charbonneau: M. le Président, question de...
M. Bérubé: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux:... dans notre système parlementaire, la
tradition est très importante.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Oui, sur la question de règlement
soulevée par la députée de L'Acadie. Ce matin, je suis
venu à quelques reprises près de soulever une question de
privilège justement à savoir de quelle façon on pouvait
obtenir le droit de parole. En effet, on peut sans doute obtenir le droit de
parole en interrompant le président, ce qui m'apparalt une façon
plus ou moins appropriée, ou on peut tenter d'obtenir le droit de parole
de façon discrète. La députée de L'Acadie y est
allée...
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas discrète.
M. Bérubé:... d'une façon un peu tonitruante
en interrompant vos propos, alors que j'avais de façon un peu plus
délicate indiqué très clairement en levant la main que
j'avais l'intention de parler. Il est courant, d'ailleurs, en classe, dans nos
écoles, que l'on enseigne...
Des voix: Ah! Ah!
M. Bérubé:... aux élèves à ne
pas continuellement interrompre le professeur et à lever leur main quand
ils ont quelque chose à dire, ce qui me semble, d'ailleurs, une
excellente tradition, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je trouve que le
ministre, qui est le premier concerné dans cette affaire, est un mauvais
juge pour qualifier de tonitruante mon intervention et de délicate, la
sienne. J'aimerais au moins qu'il retire ses paroles. Je ne crois pas que j'aie
été tonitruante comme il dit...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est inacceptable.
Mme Lavoie-Roux:... et pour moi, M. le Président, cela
doit être vérifié.
M. Leduc (Saint-Laurent): Nous, on se lève et on s'en
va...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Leduc (Saint-Laurent):... s'il ne retire pas ses paroles.
Mme Lavoie-Roux: S'il ne retire pas ses insultes.
M. Bérubé: Ah! Je suis prêt à retirer
mes paroles, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je souligne très
humblement à la commission que, si les élèves de nos
écoles nous voyaient...
M. Charbonneau: M. le Président, à cela je ne
pourrais qu'ajouter qu'un grand homme, Churchill, paraît-il, avait dit
que ce genre de fonctionnement, ce n'était pas le meilleur des
systèmes; c'était le moins pire et peut-être qu'il faudrait
enseigner cela aussi aux élèves de nos écoles. Mais
j'aimerais bien comprendre la sagesse de votre décision. Je comprends
que vous êtes de la cuvée de 1981 mais, d'après moi, avec
tout le respect que je vous dois, je pense que le ministre de
l'Éducation était fort justifié de procéder comme
il l'a fait, parce qu'en commission parlementaire on demande le droit de parole
et les députés ne sont pas obligés d'attendre qu'un sujet
soit terminé. Je pense qu'on signifie au président d'une
façon ou d'une autre qu'on voulait intervenir soit sur cette
question-là, soit sur une autre qui viendra par la suite.
Le Président (M. Tremblay): Je vais répondre
à ça. J'étais convaincu tout à l'heure de ne plus
reconnaître aucun droit de parole avant le vote puisque vous avez
signifié qu'à l'Assemblée nationale - vous-même, M.
le député de Verchères - le président ne
reconnaît quelqu'un que lorsqu'on en a terminé avec un sujet.
Comme il est de tradition que les commissions parlementaires fonctionnent comme
l'Assemblée nationale le fait, j'ai été obligé de
reconnaître la justesse de votre propos et de dire que je ne
reconnaissais personne.
Ceci dit, j'étais très attentif, vous imaginez bien,
à la levée de main et à la demande de parole puisque je
savais ce que je faisais, je savais que je demandais à ce
moment-là que le premier qui désirait le
faire le signifie.
Je vous dis très objectivement - comme président, je pense
que je n'ai pas à démontrer mon objectivité; mes
décisions de cet après-midi ont donné raison plus souvent
qu'autrement à l'Opposition - que j'ai vu le ministre lever la main le
premier et, de ce fait, je lui reconnais immédiatement le droit de
parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... M. Champagne:
M. le Président...
M. Leduc (Fabre): On discute votre décision.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est une directive que je veux.
M. Champagne: Je comprends peut-être la nervosité de
Mme la députée de L'Acadie mais elle serait maintenant
peut-être rassurée si elle apprenait de la part du ministre que
c'est réellement aussi une motion comme elle veut en présenter
une qui sera présentée. J'espère que ça va
atténuer votre nervosité.
Le Président (M. Tremblay): Ça n'a pas
d'importance. M. le ministre de l'Éducation a demandé la parole,
je lui donne la parole.
M. Bérubé: Merci, M. le Président, de bien
vouloir me céder la parole. En fait, je voulais simplement...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): le ministre, un moment!
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si je vous ai bien entendu tout à
l'heure, vous avez dit que vous suiviez les règles qui s'appliquaient
à l'Assemblée nationale pour déterminer le droit de parole
et, à cet égard, le premier que vous aviez vu lever la main -
là-dessus, je vous crois totalement -...
M. Laplante: Question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, M. le Président, je n'ai pas
fini ma question de règlement. Non!
Le Président (M. Tremblay): M. le député...
Non, non.
M. Laplante: Elle discute votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Je ne sais pas encore. Elle va
terminer son propos et on verra.
M. Laplante: Je la vois venir.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais invoquer l'article 33. "Le
député qui désire faire une intervention doit se lever et
demander la parole au président. " Et je vous demande la parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bon! Très bien!
M. Bérubé: Debout?
Le Président (M. Tremblay): Nous suivons...
M. Bérubé: Par contre, l'article 42, M. le
Président, vous permet de retirer la parole à un
député pour le reste de la séance. Est-ce que vous
pourriez procéder?
Le Président (M. Tremblay): Si je comprends bien, vous
acceptez ma décision de remettre la parole au ministre de
l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: Alors, l'article 33 ne...
Le Président (M. Tremblay): Ne vous levez pas, non. Je
vous évite cette obligation de vous lever pour demander la parole.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous n'appliquez pas les règles de
l'Assemblée nationale tel que vous l'avez indiqué tout à
l'heure.
Le Président (M. Tremblay): Non et j'indique que
très régulièrement des gens demandent la parole seulement
en levant la main. C'est normal. Je pense qu'à l'Assemblée
nationale aussi c'est comme ça, ça arrive.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. En fait,
je n'avais pas l'intention de demander la parole au tout début, mais
c'est à cause du jugement que vous avez porté tantôt sur
une question de procédure, fort délicate, ayant trait à la
recevabilité de la motion du député de Saint-Laurent. Vous
avez, je pense d'une façon fort éclairante, indiqué que,
si la motion du député de Saint-Laurent s'était
avérée redondante ou traitant d'une façon
différente d'un sujet déjà débattu et
réglé au niveau de la commission, à ce moment-là,
vous auriez été amené à la déclarer non
recevable, cette motion, mais que dans la mesure où il s'agissait d'une
motion de même nature que celle qui avait été
discutée antérieurement, mais portant sur un autre type
d'organisme, à ce moment-là, vous
n'aviez pas d'autre choix que de la déclarer recevable. Disons
qu'un éclair d'intelligence me traversa l'esprit et cela m'amena
à penser que, peut-être, il y aurait lieu, en fait,
d'accélérer un peu nos travaux de la façon suivante.
Motion pour limiter les auditions à l'Institut
canadien des adultes
J'aimerais faire motion que, compte tenu du mandat qui est imparti
à notre commission d'étudier article par article le
présent projet de loi, notre commission limite l'audition de
témoins à l'Institut canadien des adultes que nous venons
d'accepter et que, par conséquent, nous n'acceptions d'entendre aucun
autre intervenant à cette commission.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il une intervention? Je
déclare la motion recevable et la parole est au ministre de
l'Éducation.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de la
motion? Nous aimerions la voir de plus près.
M. Bérubé: Pour voir s'il n'y aurait pas moyen de
l'amender!
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous voulez vous
exprimer sur cette motion? Vous l'avez déjà fait.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Écoutez, M. le Président,
je n'élaborerai pas, car ce serait de "l'autofili-bustage". Je pense
que, s'il doit y avoir "filibustage", il devrait venir de l'Opposition, comme,
d'ailleurs, depuis ce matin. Par conséquent, je
préférerais laisser à l'Opposition le soin,
peut-être, d'en débattre. En fait, je pense que c'est clair. Le
député de Fabre a très clairement exprimé l'opinion
qu'il a dégagée à la suite de la discussion, ce matin;
qu'elle soit valable ou non, elle a fait l'objet d'un débat chez nous et
nous a amenés, finalement, à décider de cette ligne de
conduite. En vertu de cette ligne de conduite, nous acceptions d'entendre un ou
deux intervenants au niveau de l'éducation des adultes, dans la mesure
où l'éducation des adultes avait été au coeur - je
dois le dire - de plusieurs interventions des députés de
l'Opposition. En conséquence, je pense qu'il était normal qu'on
aille au fond d'une question qui était jugée prioritaire par
l'Opposition.
Quant aux autres intervenants dont on nous a indiqué verbalement
la liste, nous avons été amenés à constater que,
d'une façon générale, il s'agissait d'intervenants qui
avaient eu l'occasion de s'exprimer sur exactement les mêmes dispositions
du projet de loi 3 que l'on retrouvait dans le projet de loi 40 et que, de
plus, leur position actuelle n'avait changé d'aucune autre façon
et que leur présence ne constituait pas un éclairage additionnel
aux fins de cette commission. Je peux comprendre que l'Opposition
libérale se sente mal placée de devoir dire à ces
organismes qu'elle ne les appuiera pas en commission parlementaire dans leurs
demandes d'audition. Aussi, pour rendre service à l'Opposition
libérale, ce que je propose tout simplement, c'est qu'on invite d'ores
et déjà la commission à trancher ce point en particulier,
ce qui fera en sorte que nous pourrons commencer nos travaux, tout en
respectant la conscience de l'Opposition libérale qui, à ce
moment-là, pourra toujours s'en prendre au vilain gouvernement qui n'a
pas eu l'écoute, l'oreille, la sensibilité requise en la
matière.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Bérubé: C'est pour vous rendre service.
Le Président (M. Tremblay): Oui, une minute.
M. Ryan: Vu qu'il reste une minute, je proposerais la suspension
et je demanderais à reprendre le débat ce soir.
Le Président (M. Tremblay): Je suspends nos travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Tremblay): La commission de
l'éducation reprend ses travaux et nous avons comme mandat
d'étudier, article par article le projet de loi 3. Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public. La parole appartient au
député d'Argenteuil. Nous étudions la proposition du
ministre de l'Éducation voulant que la commission n'entende plus
d'organismes, à l'exception de l'Institut canadien des adultes qui a
déjà été accepté par la commission.
M. le député d'Argenteuil.
M. Bérubé: L'intervention du député
d'Argenteuil est percutante, M. le Président et, dans ces
conditions-là, je me sentirais prêt à voter. Ses arguments
ne m'ont absolument pas convaincu, mais ce sont quand même les arguments
les plus convaincants que je l'aie entendu employer depuis un bout de
temps.
Le Président (M. Tremblay): On va laisser au
député d'Argenteuil le temps de...
M. Bérubé: De rassembler ses esprits.
Le Président (M. Tremblay); Non, ses documents, parce que
ses esprits, il les garde toujours.
M. Bérubé: Si je comprends bien, son attaché
politique va lui dicter sa réponse.
Le Président (M. Tremblay): On n'est pas ici pour
être méchant.
M. Ryan: Regardez, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): C'est à vous, M. le
député d'Argenteuil.
M. Bérubé: J'espère qu'on ne vous
dérange pas.
Le Président (M. Tremblay): Nous sommes en ondes et M. le
député d'Argenteuil se prépare à intervenir.
M. Bérubé: Non! Non! J'ai bien compris qu'on
suspendait la séance, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Non! Nous ne suspendons
pas.
M. Bérubé: C'est toujours le député
d'Argenteuil qui a le droit de parole.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Oui. M. Claude
Ryan
M. Ryan: Ils sont ici. Contrairement à ce que je pensais,
j'ai tout. C'est le manque de confiance dans mon système, pourtant
très bon.
M. le Président, ça va très bien. Pas la
résolution, évidemment.
Une voix: Adopté?
M. Ryan: Non, on va parler au sujet de la motion. On a tout le
temps voulu pour en parler. Je pense qu'il y a un délai d'une trentaine
de minutes qui nous est imparti.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez trente minutes
effectivement comme répondant.
M. Ryan: La motion du député de Matane se lit comme
suit: "Que la commission n'entende plus d'organismes, à l'exception de
l'Institut canadien d'éducation des adultes - le ministre l'appelle
encore l'institut canadien des adultes, on voit qu'il n'est pas encore
complètement familier avec ces réalités; cela parait
d'ailleurs à l'attitude qu'il prend à l'endroit de toutes les
demandes d'audience que nous avons reçues -
Une voix: Il va s'habituer.
M. Ryan:... qui a déjà été
accepté par la commission". Voilà le texte de la motion qui nous
est présentée, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): D'office, j'amende pour
l'Institut canadien d'éducation des adultes.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. J'accepte
votre amendement.
M. Ryan: Fidèle à la discipline que vous nous avez
indiquée, je n'entends point revenir sur le cas des organismes qui ont
déjà été refusés par la majorité
ministérielle dans des votes précédents.
Je voudrais signaler que la mince liste que nous propose le ministre de
l'Éducation n'est pas satisfaisante à nos yeux. Nous avions
été extrêmement modestes dans la présentation de nos
demandes, nous en tenant strictement à des demandes dont la commission
avait été saisie au lendemain ou dans les jours qui ont suivi le
dépôt du projet de loi 3. Je voudrais revenir sur le cas des
organismes qui sont oubliés ou laissés de côté par
le ministre dans sa proposition.
Un premier organisme est le Lakeshore Protestant School Board. Je sais
qu'il est facile de se gourmer en entendant le nom d'un organisme comme
celui-ci. Il y en a qui ont fait des plaisanteries de l'autre côté
au cours de la journée en disant: Bien, eux, on les envoie au bas de la
liste, en voulant dire qu'on n'a pas besoin d'entendre ce point de vue, qu'il
est déjà connu.
M. Bérubé: M. le Président, il n'y a pas de
question de privilège, mais je pense que là il y a une accusation
qui est portée...
Le Président (M. Tremblay): Ni de règlement.
M. Bérubé:... directement à propos de
paroles qui n'ont pas été prononcées.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, vous pourrez
intervenir dès que le député d'Argenteuil aura
terminé son intervention.
M. Bérubé: Oui, abus de paroles évident, M.
le Président!
M. Ryan: Ce sont les choses qui ont été entendues
au cours de la journée de votre côté, je regrette
infiniment.
Je voudrais vous dire que cet organisme, je n'en partage pas
nécessairement toutes les opinions. C'est un
organisme qui a une clientèle très importante dans la
partie ouest de l'Ile de Montréal. C'est un organisme où la
participation des commissaires se situe à un niveau très
élevé. Ma collègue de Jacques-Cartier avait
souhaité pouvoir en parler elle-même sous une forme
différente à l'occasion d'une motion qu'elle aurait faite pour
que cette commission scolaire soit entendue par la commission, mais vu que le
gouvernement a présenté cette motion, il faut bien parler de cet
organisme. Je crois qu'il a un point de vue qui aurait eu beaucoup
d'intérêt à être présenté devant la
commission et que nous aurions eu du profit à entendre également.
Je regrette d'autant plus l'attitude du gouvernement dans ce cas que le
Lakeshore Protestant School Board avait demandé avec insistance à
être entendu par la commission parlementaire qui a étudié
le projet de loi 40, l'hiver dernier. Finalement, après que nous
eûmes entendu une centaine d'organismes - M. le Président, vous
n'étiez pas là à l'époque et vous êtes
placé pour apprécier la gravité de ce qui fut fait en
entendant le récit objectif de ce qui s'est passé de la part d'un
membre de l'Opposition - sur motion du ministre de l'Éducation il fut
décidé de mettre fin... J'enlève mes verres, ils
prétendent que cela donne des votes, je ne m'occupais pas assez de
cela.
M. Bérubé: Cela a beaucoup changé
depuis.
M. Charbonneau:... au député de Charlesbourg.
M. Ryan: Les gens vont tranquillement au fond des choses et
même du côté du gouvernement. Ces gens avaient
demandé avec insistance à être entendus. La motion du
ministre de l'Éducation du temps mettant fin subitement aux audiences,
la commission les a empêchés d'être entendus après
qu'ils eurent espéré avoir la même chance que tout le monde
de présenter leur point de vue. Dès que le projet de loi 3 eut
été déposé à l'Assemblée nationale,
ils ont demandé encore à être entendus en commission
parlementaire. Ils ont envoyé un message, dont tous les membres de la
commission ont déjà eu communication, que je puis, par
conséquent, peut-être me dispenser de vous lire, a moins qu'il ne
me tombe sous les yeux immédiatement. Alors, tout le monde se souvient
en tout cas qu'ils ont demandé en bonne et due forme à être
entendus.
J'ai eu l'occasion de les rencontrer il y a à peu près un
mois parce que, voyant qu'ils n'avaient pas de chance d'être entendus
ici, je me suis dit: Je vais aller les voir un bon soir. Alors, je suis
allé les rencontrer. J'avais demandé aux députés
libéraux de cette partie de l'île de Montréal de
m'accompagner, d'ailleurs. Nous avons passé une séance de trois
heures ensemble à discuter de leurs points de vue et des nôtres et
j'ai conclu de tout cela qu'il y avait dans cette commission scolaire une
très forte participation parentale, un climat de dialogue assez bon
entre commissaires d'écoles et enseignants, personnel professionnel
autant qu'administratif. La dimension communautaire de cette commission
scolaire était particulièrement accentuée. Je me disais:
On ne peut pas tous les entendre, ces organismes-là, mais comme
celui-là avait demandé avec insistance à être
entendu, je pense que cela aurait été une bonne chose si nous
avions entendu un point de vue dans un certain sens vigoureusement anglophone
et protestant pour les fins de la question que nous discutons ici. Je pense que
nous nous privons d'un apport important.
Il y a peut-être une tendance - et je comprends très bien
le ministre de ce point de vue - à penser qu'une fois qu'on a entendu
l'association qui est censée représenter tous les organismes, on
a entendu tout ce qui était essentiel. Au contraire, parfois quand on se
donne la peine de faire un coup de sonde dans une région
particulière, cela ajoute beaucoup à ce qu'on a entendu. Encore
la semaine dernière, j'ai eu l'occasion vendredi de rencontrer un groupe
de directeurs généraux de commissions scolaires d'une
région. On a discuté pendant trois heures du projet de loi 3 et
j'ai été étonné du nombre de problèmes
qu'ils m'ont posés et qui n'étaient soulevés que de
manière très générale, je dirais presque
enveloppée, dans le mémoire que l'Association des directeurs
généraux des -commissions scolaires nous a
présenté. Je trouve que nous aurions fait un acte de
réalisme et de justice en acceptant de les entendre et si la motion du
ministre devait être adoptée, ce que je ne souhaite aucunement, ce
serait une perte pour nous tous.
Il y a ensuite le Greater Quebec School Board. C'est la Commission
scolaire protestante du grand Québec qui avait fait part de son
désir d'être entendue en commission parlementaire et qui avait
beaucoup insisté pour que son point de vue soit présenté
à la commission. Malheureusement, le gouvernement n'a pas voulu qu'elle
soit sur la liste quand nous l'avons établie avant le débat en
deuxième lecture. Mais le problème reste entier à ce
moment-ci. Le problème qui se posait à cette étape demeure
encore à ce moment-ci. Comme cette commission scolaire doit être
affectée de manière radicale par le projet de loi 3, s'il est
adopté, je pense que le principe voulant que la victime soit entendue
avant d'être invitée à l'exécution devrait
être respecté par cette commission.
C'est une communauté protestante de langue anglaise de la
région québécoise. Je
pense que la juridiction de cette commission scolaire s'étend
bien au-delà du seul territoire de la ville de Québec. Je n'ai
pas les frontières exactes à l'esprit actuellement, mais je me
demande si cela ne va pas assez loin du côté du Bas-du-Fleuve et
même du côté du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Alors, c'est toute
une région - si l'on veut vraiment légiférer en
connaissance de cause - à propos de laquelle nous pourrions entendre des
points de vue extrêmement utiles et pertinents.
Je mentionne un troisième groupe -mes collègues pourront
commenter là-dessus tantôt - la Coalition pour la
confessionnalité scolaire, groupe auquel s'associe pour les fins de la
question qui nous intéresse, l'Association des parents catholiques. Ces
deux groupes ont multiplié les démarches auprès de la
commission parlementaire et du gouvernement. Le ministre, j'en suis convaincu,
a reçu les mêmes communications que nous avons reçues de la
part de ce groupe. La toute dernière que j'ai reçue remonte au 29
novembre, c'est la date où la lettre me fut expédiée et,
justement, j'ai eu droit à une modeste copie d'une lettre qui avait
été adressée au ministre de l'Éducation et dans
laquelle on dit ceci: "Le Conseil provincial de l'Association des parents
catholiques du Québec, lors de sa réunion régulière
du 25 novembre, tenue à Trois-Rivières, a voté à
l'unanimité la résolution ci-incluse. À plusieurs
reprises, depuis la remise en question de notre système scolaire, nous
nous sommes prononcés de différentes façons:
mémoires, pétitions, conférences de presse, etc. "En 1982,
plus d'un million de personnes ont appuyé le manifeste des parents
chrétiens. 28 organismes provinciaux, 22 organismes régionaux et
605 associations locales de tout genre ont signé ce manifeste. Ces
documents ont été déposés au salon rouge du
parlement le 24 novembre 1982. "Nous sommes membres de la Coalition pour la
confessionnalité scolaire et nous avons apporté notre large
collaboration. 200 000 signatures ont été remises à
l'Assemblée nationale le 18 octobre dernier, demandant le maintien des
commissions scolaires confessionnelles. "Jamais les tenants de la
neutralité scalaire n'ont réussi à recueillir de tels
appuis de la population. Nous croyons être suffisamment
représentatifs pour être entendus en commission parlementaire et
nous réitérons notre demande. Nous gardons l'espoir de recevoir
une réponse positive dans les plus brefs délais. "
M. le Président, je ne partage pas nécessairement toutes
les opinions défendues par l'Association des parents catholiques et la
Coalition pour la confessionnalité scolaire. Je ne partage pas
nécessairement toutes leurs opinions, ce qui ne veut pas dire que je ne
partage pas certaines de leurs opinions. Ce sont des choses que nous aurons
l'occasion de préciser en cours de route.
J'ai du respect pour cet organisme comme pour les organismes qui
penseraient de la même manière que moi. Comme je le disais
à propos d'autres organismes cet après-midi, il me semble qu'une
caractéristique d'une attitude démocratique et, je dirais,
libérale consiste à rechercher peut-être encore davantage
le point de vue de ceux qui ne pensent pas exactement comme nous que celui de
ceux qui font partie de ce concert unanime dont aime se gourmer le ministre.
Par conséquent, je parle de la Coalition pour la confessionnalité
scolaire, vu qu'elle regroupe également l'Association des parents
catholiques. Elle regroupe beaucoup d'autres organismes. Je pense que ma
collègue de L'Acadie pourra renseigner davantage la commission
tantôt, si elle le juge opportun et si vous le jugez opportun
également. Voici, en tout cas, un organisme qui mériterait
d'être entendu également, vu l'insistance qu'il a mise à
obtenir la chance de se présenter devant la commission
parlementaire.
Je voudrais mentionner un dernier organisme, l'Association des Cris du
Québec et, en particulier, les dirigeants de la Commission scolaire crie
qui donne les services éducatifs à la population crie des
Territoires du Nord québécois. Je recevais, il y a quelque temps,
du président de cette commission scolaire, M. Billy Diamond, une lettre
dans laquelle il me disait certaines choses.
Je vais faire une traduction libre de la lettre de M. Diamond pour
faciliter les échanges entre nous. Je remettrai une copie à la
secrétaire pour qu'elle la transcrive dans la langue anglaise dans le
compte rendu de nos délibérations avec, peut-être, la
traduction littérale que j'en donnerai. Je n'aurai pas
d'objection...
M. Bérubé: J'espère que ce n'est pas le
député de Nelligan qui est responsable de la traduction.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil a la parole.
M. Ryan: M. le député d'Argenteuil vous donnera sa
traduction. Il n'a jamais fait faire ses traductions par d'autres.
M. Bérubé:... M. le député de
Nelligan. C'est parfait. C'est tout simplement une garantie d'excellence et de
qualité.
M. Ryan: Voici la lettre que m'adressait M. Diamond: Je
reconnais, au nom de la Commission scolaire crie, avoir reçu votre
lettre du 4 octobre dernier concernant le vaste domaine de
l'éducation
au Québec. Vous êtes naturellement au courant des
dispositions de l'accord de la Baie-James et de la région nord du
Québec concernant les services d'éducation à l'intention
des Cris dans le Nord du Québec.
Notre commission scolaire est contrôlée par des Cris et
gérée par des Cris. Elle tente de mettre à
exécution un mandat large et complexe. J'annexe à la
présente lettre une copie de l'entente. Je voudrais vous reporter plus
particulièrement à l'article 16 de cette entente qui est
intitulée "Crée Education", l'éducation pour les Cris.
Une difficulté majeure provient du fait que le gouvernement du
Québec n'a pas encore reconnu le caractère unique de la
commission scolaire crie et le caractère spécial de notre statut,
de nos pouvoirs, de nos besoins et de nos attentes. Ce manque de reconnaissance
a été la source de sérieuses difficultés et de
carences dans notre fonctionnement. En conséquence de cette situation,
la plupart des pouvoirs spéciaux qui nous ont été
donnés dans l'entente ne peuvent pas être remis en question.
La position que vous occupez en qualité de critique de
l'Opposition est une position d'importance majeure. Nous espérons que la
chance nous sera donnée de travailler avec vous dans l'avenir - il
parlait sans doute de l'avenir très immédiat. Je n'ai rien
compris d'autre.
Nous avons eu l'occasion d'étudier vos déclarations faites
à la presse sur divers sujets concernant l'éducation. Nous
apprécierions beaucoup le fait d'être informés et
consultés au sujet de ces questions dans l'avenir. Notre commission
scolaire a des inquiétudes à caractère tout à fait
spécial et nous aimerions beaucoup avoir la chance...
M. Laplante: Me permettriez-vous une question, M. le
député d'Argenteuil? Est-ce que vous pourriez nous lire la lettre
que vous avez fait parvenir aux Cris? Est-ce que vous demandiez à quoi
ces gens aimeraient travailler avec vous? C'est une réponse à
votre lettre. Avez-vous cette lettre?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, vous allez laisser le député d'Argenteuil terminer son
intervention et je peux inscrire votre nom sur la liste pour que vous puissiez
parier après; vous pourrez alors poser ces questions.
M. Laplante: C'est bien, M. le Président.
M. Bérubé: C'est une bonne décision.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je dirai tout simplement,
pour l'information du député de Bourassa, qu'il m'arrive
d'adresser des copies des interventions que je fais sur des sujets
d'éducation à un certain nombre de personnes qui occupent des
fonctions responsables dans le secteur de l'éducation au Québec.
Comme le Parti libéral du Québec a toujours accordé une
grande importance aux peuples aborigènes du Québec, le
président de la Commission scolaire crie est sur la liste d'envoi des
documents que j'expédie à des responsables du secteur de
l'éducation, et c'est à ce titre que M. Diamond a reçu
cette communication. C'était probablement le texte d'une des
interventions qu'il m'a été donné de faire sur le projet
de loi 3. Par conséquent, je ne pense pas qu'il soit d'aucun
intérêt que cette lettre soit déposée ici. C'est une
lettre qui a été adressée peut-être à 500
personnes. Comme vous voyez, ces lettres provoquent des réactions
personnelles très intéressantes.
M. Laplante: Cela dépend de ce que vous y inscrivez.
M. Ryan: J'ai communiqué tout l'essentiel de la lettre de
M. Diamond, et par respect pour les inquiétudes dont cette lettre me
faisait part, je crois devoir demander avec insistance que le gouvernement
révise la position qu'il a définie, qu'il accepte d'entendre cet
organisme, de même que les autres que j'ai mentionnés
jusqu'à maintenant. Je pense que, déjà, par les refus
qu'il a opposés à nos demandes jusqu'à maintenant, le
gouvernement a considérablement rétréci l'horizon des
points de vue dont nous pourrions nous enrichir avant d'aborder l'étude
article par article.
J'ose espérer que, dans un mouvement conciliatoire ultime, le
ministre et ses collègues du côté ministériel
voudront reconsidérer leur position et accepter qu'on ajoute à la
liste très mince contenue dans la résolution l'amendement
suivant: "Que la commission n'entende plus d'organismes, à l'exception
de l'Institut canadien d'éducation des adultes, du Greater Quebec School
Board, du Lakeshore Protestant School Board, de la Commission scolaire crie et
de la Coalition pour la confessionnalité scolaire. " Je suggère
que les mots "qui a déjà été accepté par la
commission" soient remplacés par les mots dont je viens de faire
mention. Je le fais sous la forme d'un amendement que je propose à la
motion principale.
Le Président (M. Tremblay): Cela se lirait comment, s'il
vous plaît, M. le député? (20 h 30)
M. Ryan: L'amendement se lirait comme suit: Que les mots "qui a
déjà été accepté par la commission" soient
remplacés par les mots suivants: "du Greater Quebec School Board, du
Lakeshore Protestant School
Board, de la Commission scolaire crie et de la Coalition pour la
confessionnalité scolaire. " Je dépose cet amendement, M. le
Président, en espérant qu'il sera agréé de vous. Il
me fera plaisir de vous l'expliquer après, si vous l'acceptez.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Voulez-vous me le
remettre par écrit, s'il vous plaît?
M. Ryan: Sûrement.
Le Président (M. Tremblay): Je vais vous donner la parole
immédiatement, j'imagine que c'est sur la recevabilité, M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, sur la recevabilité.
M. Laplante: Si vous avez remarqué, M. le
Président, la motion principale du député de Fabre qui
propose que la commission n'entende plus d'organismes, en partant, c'est
très fort.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Matane.
M. Laplante: Pardon! Le député de Matane.
Deuxièmement, "à l'exception de l'institut canadien des adultes",
cela veut dire qu'il a déjà été accepté et
qu'on ne veut pas l'exclure. Le but principal de la motion est de ne plus
entendre d'organismes. Le député d'Argenteuil arrive avec
d'autres organismes, ce qui défait, en somme, l'élément
principal et l'objectif de la motion principale qui est de ne plus entendre
d'organismes.
M. le Président, si on avait voulu faire d'autres exceptions, je
pense que le député de Matane aurait donné d'autres noms,
mais il a pris la peine, pour ne pas induire la commission en erreur sur sa
motion, de mentionner "à l'exception de l'Institut canadien des
adultes". C'est un organisme qui a déjà été
accepté par la commission. La motion que présente le
député d'Argenteuil ne fait que détruire en partie la
proposition principale. On n'y échappe pas, c'est le but de la motion
qui est là, de ne plus entendre d'organismes.
Le Président (M. Tremblay): Sur la
recevabilité?
M. Ryan: Sur la recevabilité, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je vous ai déposé le texte de l'amendement
qui est proposé. Ce serait une bonne chose d'en donner lecture pour que
tout soit clair.
Le Président (M. Tremblay): Que les mots "qui a
déjà été accepté par la commission", qui
visent à amender cette partie de la proposition, soient remplacés
par les mots suivants: "du Greater School Board, du Lakeshore Protestant School
Board, de la Commission scolaire crie et de la Coalition pour la
confessionnalité scolaire". Est-ce bien cela, M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui, vous avez bien lu l'amendement. Maintenant, je
voudrais expliquer en quoi il m'apparaît recevable. La motion principale
dit ceci: "Que la commission n'entende plus d'organismes, à l'exception
de l'Institut canadien d'éducation des adultes qui a déjà
été accepté par la commission. " On dit: à
l'exception d'un organisme. Il s'agit de remplacer le mot "un" par les mots
"quatre" ou "cinq", je pense qu'on a parfaitement le droit de faire cela. Si la
motion... Non, j'allais faire une hypothèse qui n'est pas réelle,
qui n'a pas de vraisemblance. Je ne veux pas vous donner d'idées.
Si le gouvernement et le ministre font une exception pour l'Institut
canadien d'éducation des adultes, je ne vois pas en quoi, suivant nos
règles, nous n'aurions pas le droit de proposer qu'il y en ait deux,
trois, quatre ou cinq. Si le côté ministériel veut voter
contre cet amendement, il sera libre de le faire, mais nous allons au moins
demander qu'il soit discuté. Il me semble parfaitement recevable. Le
fait qu'il a déjà été accepté par la
commission, on ne peut pas préjuger qu'elle n'en acceptera pas d'autres,
cela n'a pas été fait. Elle en a refusé d'autres, mais
là on est devant un nouveau cas et je crois qu'on a parfaitement le
droit de faire cette proposition. Je vous demande, avec insistance, d'accepter
cet amendement pour que nous puissions le discuter à son
mérite.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane et ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: Sur la recevabilité, M. le
Président. En fait, un amendement ne doit pas avoir pour but de
dénaturer le sens premier, l'objet premier de la motion principale. Il
faut donc parler du "pith and substance" de la motion qui est devant nous. Or,
nous discutons depuis plusieurs heures à savoir si nous devons entendre
tel ou tel organisme et les propositions de l'Opposition se succèdent
à un rythme, je dirais, pas accéléré car ces gens
ont le talent particulier de les ralentir... Néanmoins, ils occupent du
temps.
L'objectif est donc de faire exprimer clairement à cette
commission qu'elle veut mettre un terme à ses motions, qu'elle veut
limiter les témoins qu'elle veut entendre à ce qu'elle a
accepté jusqu'à maintenant, c'est-à-dire l'Institut
canadien d'éducation des adultes. Donc, le sens de cette motion, c'est
de ne pas accepter d'autres témoins que ceux que nous avons
acceptés à ce jour de manière à passer
immédiatement au travail que prévoit le mandat qui nous est
confié par l'Assemblée nationale.
Il est clair qu'on pourrait complètement dénaturer cette
décision que la commission aura à prendre en l'amendant de toutes
sortes de façons, en disant: Ne plus accepter à l'exception de,
à l'exception de... Ceci ferait qu'en pratique, on prendrait la
décision de les entendre, d'entendre tous ces gens plutôt que de
cesser d'entendre des gens. Le but de la motion est donc de cesser d'entendre
des témoins et non pas de décider, par cette motion, d'en
entendre d'autres. Par conséquent, l'amendement va à l'encontre
du sens principal de la motion qui est de mettre un terme aux
témoignages demandés par l'Opposition.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, sur la recevabilité.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, si nous prenons
connaissance de l'article 189, le règlement...
Le Président (M. Tremblay); J'allais vous en parler.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, il est dit que les amendements
doivent concerner le même sujet que la motion et ne peuvent aller
à l'encontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher,
à ajouter ou à remplacer des mots. Les amendements doivent
concerner le même sujet que la motion - c'est évident, c'est
toujours, en fait, le même sujet, le projet de loi 3 - et ne peuvent
aller à l'encontre de son principe. Il y a une commission qui se tient
ici. Pourquoi? C'est pour étudier le projet de loi 3. C'est bien
évident. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou
à remplacer des mots. C'est ce qu'on fait. On remplace "un" par
"plusieurs organismes", en l'occurrence quatre. M. le Président, je
pense que vous n'avez pas le choix. Vous êtes lié par le texte de
l'article 189. Cela me semble suffisamment clair.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre, sur la recevabilité toujours.
M. Leduc (Fabre): Oui, sur la recevabilité. Je pense que
l'Opposition ne parle pas sur la bonne proposition. C'est cela, le
problème. Si effectivement la proposition était formulée
de telle sorte qu'on disait que la commission entende un organisme, on pourrait
comprendre le sens de l'intervention du député de Saint-Laurent.
On pourrait dire: Oui, on peut en amender un par deux, trois, quatre mais ce
n'est justement pas cela le principe de la proposition. Le principe c'est
justement de ne plus entendre d'organismes, à l'exception de... Cela, je
pense que ce n'est pas amendable. Cela me semble clair que l'amendement de
l'Opposition va justement à l'encontre de l'article 189 qui dit que les
amendements ne peuvent aller à l'encontre du principe même d'une
motion, c'est-à-dire de son sens.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie, sur la recevabilité, et ce sera la dernière
intervention. Je pense que je vais être prêt pour rendre la
décision.
Mme Lavoie-Roux: Bien, il n'y en a plus après moi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il y avait M. de Bellefeuille, mais il
n'est pas là.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président. Je voudrais revenir sur
les articles 188 et 189 de notre règlement et je vais les lire. "Sauf
dispositions contraires, toute motion de fond peut être amendée. "
Alors, il est évident que la motion qui est devant nous peut être
amendée. Que vise cette motion? Quel est le fond de cette motion? C'est
que nous entendions un groupe qui est celui de l'Institut canadien
d'éducation des adultes. C'est aussi une motion qui vise à
limiter le nombre de groupes qui seront entendus. Nous ne demandons pas de
l'ouvrir à l'infini. On dit: On est d'accord pour que ce soit un nombre
limité de groupes que nous entendions, compte tenu
d'éléments sur lesquels je ne veux pas revenir, mais aussi pour
ajouter, à l'Institut canadien d'éducation des adultes, les
organismes qui ont été ajoutés et terminer après
cela. Comme on le dit, c'est encore de limiter, puisqu'il s'agit de cinq
groupes qui ont été ajoutés, dont peut-être
même certains pourraient être entendus conjointement; alors, cela
pourrait être, au maximum, trois qui seraient entendus pour, après
cela, terminer l'audition de groupes.
Je ne vois vraiment pas en quoi, sur le fond, on renverse ou on
détruit la proposition, puisqu'il s'agit encore d'auditions; mais on
ajoute quelques organismes avec une limite au nombre d'organismes qui peuvent
être ajoutés et entendus par la commission.
M. le Président, il m'apparaît que, vraiment, le fond de la
proposition n'est pas changé et qu'il n'y a rien qui va contre le
principe. Ce n'est pas une opération tout à fait
différente, c'est toujours d'entendre des
groupes concernés par le projet de loi 3. On ne vient ni contre
le fond, ni contre le principe qui est mis de l'avant dans cette
résolution. C'est exactement dans la même ligne. On dit: À
l'Institut canadien d'éducation des adultes, ajoutez les deux ou troi3
organismes qui ont été mentionnés par le
député d'Argenteuil dans son amendement. Je ne vois vraiment pas
les contradictions.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je suis parfaitement
d'accord avec le député d'Argenteuil quand il dit qu'un
député peut faire une proposition d'amendement. Dans ce
sens-là, j'acquiesce aussi quand vous lisez l'article 188, qui dit:
"Sauf dispositions contraires, toute motion de fond peut être
amendée"; je suis d'accord avec ce principe.
Par contre, il y a l'article 189 qui dit: "Les amendements doivent
concerner le même sujet que la motion et ne peuvent aller à
l'encontre de son principe. " Le principe de cette proposition du
député de Matane vise justement à limiter cela à
cet organisme et toute proposition visant à l'ouvrir à plus d'un
organisme, à mon avis, va à l'encontre du principe même de
la motion qui vise à limiter à un.
Pour cette raison, je vais déclarer cet amendement irrecevable.
Je donne la parole au député... Oui, sur la motion, il reste du
temps au député d'Argenteuil, c'est-à-dire dix
minutes.
M. Ryan: Oui, je reviendrai tantôt.
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. le
député de Bourassa avait demandé la parole. Mme la
députée de L'Acadie, vous avez la parole sur la motion
principale. Est-ce que vous voulez que je vous la lise?
Mme Lavoie-Roux: Non, je l'ai ici, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Vous l'avez, d'accord.
M. Ryan: M. le Président, à propos de la
décision que vous venez de rendre, est-ce que je pourrais vous demander
de nous donner une décision écrite là-dessus, avec les
motifs qui l'appuient pour qu'on ait quelque chose sur quoi s'appuyer?
Le Président (M. Tremblay): Il n'y a pas de
problème, vous allez avoir cela dans le Journal des débats.
M. Ryan: J'aimerais que vous explicitiez les motifs sur lesquels
vous vous êtes fondé...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Je les ai
expliqués...
M. Ryan:... si vous me permettez de vous les demander.
Le Président (M. Tremblay):... dans ma déclaration
et au Journal des débats cela va être très bien transcrit,
comme c'est son habitude.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): De plus, je pense qu'il n'est
pas normal, qu'il n'est pas de notre tradition et qu'il va à rencontre
de notre règlement que les décisions d'un président
d'assemblée soient contestées. Il y a...
M. Ryan: M. le Président, une question de
privilège.
Le Président (M. Tremblay):... dans notre règlement
- je vais terminer - des modalités pour contester la décision
d'un président.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président. Je
n'ai pas contesté votre décision, j'ai voulu m'assurer qu'elle
sera bien couchée d'une manière écrite pour la
postérité afin que nous puissions en apprécier longtemps
le bien-fondé.
Une voix: Au Journal des débats.
M. Ryan: Ma demande a pour effet de demander au président
s'il ne pourrait pas expliciter davantage les motifs qu'il a donnés.
C'est mon droit de lui demander. Il répondra comme il voudra. (20 h
45)
M. Champagne: Par écrit, je ne le 3ais pas. Je n'ai jamais
vu cela. Il n'y a personne qui m'a demandé cela comme
président.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, mais toutes les opinions du
président à l'Assemblée nationale nous parviennent par
écrit.
M. Champagne: Ce n'est pas pareil. Le Président (M.
Tremblay): À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: Non, on a des lettres toutes les semaines.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Je ferai
remarquer très humblement à Mme la députée de
L'Acadie que, si c'était le cas, nous serions enterrés de papier
parce que les présidents de commission rendent des décisions tous
les jours.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des décisions importantes, M. le
Président.
M. Ryan: M. le Président, si vous voulez me permettre de
vous rappeler un fait.
M. Bérubé: M. le Président...
M. Ryan: L'an dernier, à l'occasion d'une réunion
de la commission parlementaire de l'agriculture qui étudiait les
problèmes de Mirabel, le président de séance qui
était un membre du groupe parlementaire de l'Opposition a rendu une
décision très étonnante. Nous lui avons demandé de
mettre par écrit les motifs de cette décision qu'il ne pouvait
pas mettre par écrit sur-le-champ. Il a accepté de le faire.
Savez-vous que, quand il est arrivé pour l'écrire, il a
été obligé de rendre une décision contraire? Vous
le demanderez et vous vérifierez.
Le Président (M. Tremblay): Cela se peut.
M. Bérubé: M. le député a bien dit
qu'il était dans la formation de l'Opposition.
M. Ryan: M. le Président, vous vérifierez au bureau
du président parce qu'il y a de la documentation écrite sur cela.
Quand je vous demande si vous pourriez expliquer un peu plus par écrit
la décision que vous rendez, je ne vous fais pas une demande
farfelue.
Le Président (M. Tremblay): Elle est déjà
écrite et nulle part dans le règlement il n'est prévu
qu'un président doive acquiescer à une telle demande. Je vous dis
que le procès-verbal de cette assemblée va être disponible
très rapidement, normalement dans l'espace d'une couple d'heures, si
cela est votre désir et vous l'aurez à ce moment par écrit
ainsi que les motifs que j'ai évoqués pour prendre cette
décision.
Sur ce, je donne la parole à Mme la députée de
L'Acadie sur la motion du député de Matane.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, si vous me
permettez j'aurais une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je me demande si, à l'avenir,
avec un libellé semblable, on n'arrivera pas à des situations
absolument cocasses. On n'aurait qu'à libeller une motion de cette
façon pour aboutir à rien...
Mme Lavoie-Roux: Pour bâillonner.
M. Leduc (Saint-Laurent):... simplement pour bâillonner,
cela serait très facile. Je pense que c'est un précédent.
Je n'ai pas beaucoup d'expérience à l'Assemblée nationale,
mais c'est la première fois qu'on nous empêche - à mon
sens, je trouve que mon droit est brimé - de parler.
M. Bérubé: Vous brimez le nôtre aussi.
M. Leduc (Saint-Laurent): On n'aura qu'à utiliser cette
formule; j'ai l'impression que la formulation, c'est un attrape-nigaud.
Une voix: Exactement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, c'est cela. Vous vous êtes
laissés embarquer par cette formule.
M. Bérubé: Oh, là, là, là:
Votre terme est peu parlementaire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, j'ai compris par vos propos que vous me traitiez de nigaud. Je
vous demande de retirer vos paroles.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'ai dit que cela était un
attrape-nigaud, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Et que je m'étais
laissé embarquer.
M. Bérubé: C'est inacceptable en termes
parlementaires.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, je vous demande de retirer vos paroles.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Je fais un deuxième
appel.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si cela peut vous
consoler...
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie, je veux régler ce cas et je demande au député
de Saint-Laurent de retirer ses paroles pour une deuxième fois.
Mme Lavoie-Roux: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Non, il n'y a pas de
règlement pendant qu'on est en train de régler ce dossier.
M. le député de Saint-Laurent, pour une troisième
fois, je vous demande de retirer vos paroles.
M. Ryan: Une question de règlement, M. le
Président. Est-ce qu'on pourrait savoir ce qu'il a dit ou ce
qu'il...
Le Président (M. Tremblay): Vous le regarderez dans le
Journal des débats.
Mme Lavoie-Roux: On va suspendre pour voir le Journal des
débats parce qu'on ne sait pas ce qu'il a dit. Il ne vous a pas
appelé "nigaud".
M. Bérubé: C'est un peu...
Le Président (M. Tremblay): Non.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'ai jamais dit...
Le Président (M. Tremblay): Sur cela, j'ai rappelé
à l'ordre le député de Saint-Laurent trois fois. Selon
notre règlement il est suspendu. Il est privé de son droit de
parole pour le reste de la séance.
M. Leduc (Saint-Laurent): Que dit l'article, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: Franchement;
Une voix: Vous l'avez traité de nigaud.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'ai jamais dit...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai jamais vu une
décision semblable.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'ai jamais dit, M. le
Président, que vous étiez nigaud.
Mme Lavoie-Roux: Il a dit que la résolution était
un attrape-nigaud, il se l'applique à lui-même.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien oui! Je n'ai jamais dit
cela...
Mme Lavoie-Roux: Les nigauds qui se sont fait attraper, c'est
nous. Franchement!
Le Président (M. Tremblay): Je suspends les travaux de la
commission. La commission est suspendue à loisir.
(Suspension de la séance à 20 h 50)
(Reprise à 20 h 56)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation reprend ses travaux. Je voudrais signifier au
député de Saint-Laurent que je m'appuie sur l'article 42 de notre
règlement pour lui demander de ne plus s'exprimer d'ici à la fin
de la commission, d'ici à la fin de la séance.
M. Ryan): C'est là qu'on voit que cela peut être bon
de le mettre par écrit.
Le Président (M. Tremblay): Je donne la parole à
Mme la députée de L'Acadie sur la proposition principale du
député de Matane qui propose que la commission n'entende plus
d'organismes à l'exception de l'Institut canadien d'éducation des
adultes qui a déjà été accepté par la
commission.
J'ai donné la parole à Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce n'est pas pour
contester votre décision au sujet de la recevabilité - vous
l'avez dit, c'est fait - mais je sais qu'il y a quelque part une liste des mots
qu'on dit être un langage grossier ou irrespectueux. Bon, je les vois
ici. "Les expressions suivantes ne sont pas parlementaires quand elles
s'adressent à un député ou qualifient sa conduite, ses
actes ou ses discours: honte, honteux, méprisable, déshonorant,
odieux, détestable, peu honorable, indigne, scandaleux, ignoble, voyou,
canaille, traître, disgracieux, lâche, poltron, couardise,
lâcheté, impertinent, insolent, indécent, inconvenant,
impudent, méprisant, insultant, faux, mensonger, calomnieux, trompeur,
diffamateur, diffamatoire, duplicité, manigance, tricherie, vilain tour,
user d'artifice, hypocrite, pharisien, sans scrupule, criminel, bandit,
malicieux, méchant. " Je pourrais laisser passer l'autre parce
que...
Une voix: Vessie gonflée.
Mme Lavoie-Roux: Vessie gonglée.
Le Président (M. Tremblay): Je ne le connaissais pas.
Mme Lavoie-Roux: Moi non plus. Écoutez, M. le
Président, dans ce sens-là, je comprends mal que mon
collègue soit privé de son droit de parole d'ici à la fin
de la séance à partir d'un mot qui ne figure même pas dans
la liste des mots qu'on considère antiparlementaires ou injureux
à l'égard d'un de ses collègues. Je trouve que...
M. Bérubé: Je peux la voir, cette
liste-là?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Cela me fait plaisir.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie, je comprends que vous contestez ma décision.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que je
la trouve - M. le Président peut-être que, vous allez
m'expulser, moi aussi extrêmement sévère. C'est grave
d'expulser quelqu'un et de le priver de son droit de parole pendant toute une
journée de séance. On s'excuse pour des choses qui sont
importantes.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Je considère que
c'est une décision très importante. C'est d'ailleurs pour cela
que j'ai invoqué le règlement. J'ai demandé trois fois au
député de Saint-Laurent de retirer ses paroles avant de poser le
geste prescrit par le règlement. Je considère que c'est là
une obligation. Cela m'est arrivé, Mme la députée, comme
député de retirer mes paroles parce que j'avais outrepassé
mes droits de parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Serait-ce indiscret de vous demander ce que vous
aviez dit?
Le Président (M. Tremblay): C'est très indiscret,
mais je les ai retirées. Effectivement, cela arrive à un
député - je comprends cela - mais il faut qu'il y ait quand
même un minimum de décorum. Quand un parlementaire dit à un
président d'assemblée qu'il s'est fait prendre dans un
attrape-nigaud, il ne faut pas... Écoutez, c'est assez clair. Ce n'est
pas banal.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, M. le Président, je ne veux
pas contester votre décision, mais je la trouve extrêmement
sévère dans les circonstances. J'espère que-Non, surtout
je ne veux pas lui dire de ne plus faire de choses comme celles-là parce
que je peux me faire expulser, mais je trouve que c'est hors de proportion avec
l'incident. Mais, comme vous êtes le président... Et je vous dis
que c'est la première fois que j'ai l'air, non seulement j'ai l'air,
mais dans les faits, je l'admets, je mets en doute du moins, si je ne la
conteste pas, une décision du président. Je ne pense pas que cela
me soit jamais arrivé avant, mais je la trouve vraiment très
trè3 sévère votre décision.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tenter une
intervention conciliatrice. Je crois que la faute originelle consistait en
ceci: je crois constater que le député de Saint-Laurent est
allé au-delà de notre règlement en laissant
échapper des paroles qui comportaient un jugement sur une
décision que vous avez rendue, ce qui est contraire à notre
règlement. En général, on ne fait pas cela. Moi-même
je n'ai pas contesté votre décision et j'ai demandé si
vous pouviez l'expliciter par écrit. Je ne l'ai pas contestée, je
l'accepte volontiers et je ne porte pas de jugement.
Si votre demande avait consisté à lui demander de retirer
ses paroles parce qu'elles étaient contraires au règlement, il
les aurait retirées volontiers et on aurait pu continuer notre travail
comme si de rien n'était dans l'harmonie. Je pense que cela pourrait se
faire encore. Cela réglerait tout le problème et je pense qu'en
même temps nous aurions peut-être gagné un point dans le
sens que, lorsque vous rendez une décision, nous l'acceptons avec un bon
esprit sportif, quitte à vous demander des explications au besoin, mais
sans contester la décision elle-même. Si on pouvait clarifier cela
ensemble à ce stade-ci, ce serait très utile pour tout le monde
et cela éviterait des mesures draconiennes.
Le Président (M. Tremblay): Si le député de
Saint-Laurent est prêt à retirer l'affirmation que je suis
tombé dans un attrape-nigaud, je suis prêt à corriger ma
décision.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'ai jamais dit ces mots-là
à l'adresse du président. Pas du tout. J'ai qualifié la
motion. Point.
Le Président (M. Tremblay): Oui, mais vous avez aussi
ajouté que j'étais tombé dedans.
M. Leduc (Saint-Laurent): Dans la motion.
M. Bérubé: Allez, un petit effort.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, si cela va
à l'encontre des règlements, je veux bien.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous retirez vos
paroles, M. le député?
M. Leduc (Saint-Laurent): À l'endroit du président,
oui.
Le Président (M. Tremblay): Merci. Alors, je redonne la
parole à Mme la députée de L'Acadie.
M. Bérubé: Alors, cela s'appliquait à
l'Opposition, si je comprends bien. Là, évidemment, vous
réglerez entre vous ces questions.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'ai été très
clair, M. le ministre: c'est à l'endroit de la motion.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je redonne la parole
à Mme la députée de L'Acadie sur la motion principale.
, i
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je regrette, non pas
votre décision, mais que le gouvernement présente une motion qui
prive d'un droit légitime un nombre très restreint d'organismes
qui avaient demandé de se faire entendre et qui l'ont demandé
à plusieurs reprises. La décision du gouvernement ne m'apparatt
pas justifiée, puisque ceci impliquerait à peine quelques heures
de plus d'ouvrage et on serait peut-être au moins rendus à
l'article 15 si on n'avait pas été obligés pendant des
heures d'essayer de convaincre le gouvernement de jouer véritablement le
jeu de la démocratie.
Je voudrais revenir sur quelques-uns des organismes que le ministre
refuse d'entendre ou que le gouvernement refuse d'entendre, dans un premier
temps, la Coalition pour la confessionnalité scolaire. Je
m'étonne de l'attitude d'un député en face de nous, le
député de Bourassa, qui a déposé devant
l'Assemblée nationale, pas plus tard que le 18 octobre dernier, une
pétition de 200 000 personnes qui, justement, voulaient faire des
représentations, voulaient mettre le gouvernement en garde contre
certaines dispositions de la loi, et aujourd'hui, c'est comme si rien
n'était. Je vous ferai remarquer, M. le Président que cela m'est
arrivé, et je pourrais prendre le député d'Argenteuil
à témoin. Un groupe extrêmement important m'avait
déjà demandé de déposer une pétition et
comme je ne partageais pas son point de vue ou le type de représentation
qu'il faisait, compte tenu de la façon dont la pétition avait
été recueillie, j'ai refusé d'être la personne qui
la déposerai. Aujourd'hui, j'ai justement en face de moi -là, ce
n'est pas une figure de style, c'est vraiment le cas - un député
qui a accepté de déposer cette pétition devant
l'Assemblée nationale et, aujourd'hui, avec le gouvernement, il refuse
qu'il soit entendu.
M. le Président, comme le disait mon collègue
d'Argenteuil, il est vrai qu'à l'Assemblée nationale il est
apparu clair que, globalement, les gens acceptaient le remplacement des
structures confessionnelles par des structures linguistiques. Je pense que
peut-être sur ce point, comme on dit, notre lit est fait. Mais, par
contre, ces gens-là expriment des inquiétudes au sujet de la
façon dont on déterminera la confessionnalité d'une
école. Ils ne sont pas les seuls à ce moment-là. Est-ce
que les mécanismes proposés dans la loi sont les meilleurs?
Est-ce qu'ils vont vraiment garantir que les parents qui désirent une
école religieuse et, en l'occurrence, une école catholique pour
leurs enfants l'auront? Ces gens veulent également savoir si les
garanties maintenant prévues au niveau des commissions scolaires qui
seront neutres seront suffisantes pour garantir non seulement la
dénomination d'une école, mais également garantir les
services au plan religieux, au plan du caractère confessionnel de
l'école que les parents auront choisis. Ils se posent des questions,
à savoir si le soutien pédagogique, le soutien administratif,
tant à l'intérieur de l'école qu'au niveau de la
commission scolaire, seront suffisants pour garantir ça. Je pense que
leurs questions sont bien fondées. À un moment où on se
prépare à faire ce chambardement, compte tenu de l'importance du
groupe qu'ils représentent, qu'on puisse les entendre ici à la
commission.
Je pense qu'il aurait été honnête, peut-être,
de leur dire à notre tour: Écoutez, c'est un remplacement de
structures administratives, mais nous sommes prêts à entendre ce
qui pourrait améliorer les garanties qui demeurent présentes dans
le projet de loi, eu égard aux différents aspects que je viens
d'énumérer. Je m'explique mal que, devant un groupe aussi
important, on ne leur donne pas au moins la chance, peut-être,
d'améliorer le projet de loi, au moins de nous faire part de leurs
craintes. Là-dessus, ce n'est pas demander un privilège. Je pense
qu'il ne faut pas l'interpréter non plus, de notre part, comme un
désir de retarder les choses. C'est vraiment dire: On entend les gens
qui se sentent les plus touchés par ce projet de restructuration. Ils
soulèvent évidemment la question constitutionnelle et d'autres
questions, mais je m'en tiens strictement aux garanties que ces gens veulent
avoir pour assurer la qualité de l'enseignement ou, enfin, la
qualité du caractère confessionnel des écoles auxquelles
ils confieront leurs enfants. Vous allez peut-être me dire: Leurs
craintes ne sont pas fondées. Mais il faudrait au moins tenter de leur
en faire la démonstration.
Je parle par expérience, M. le Président. Au moment de la
loi 28, de la toi 62 et même du rapport sur la restructuration du Conseil
scolaire de l'île de Montréal -déjà à ce
moment, on avait parlé de commissions scolaires unifiées, on
avait parlé aussi de commissions scolaires linguistiques -la question
qui demeurait toujours cruciale pour ce groupe de parents, c'était,
justement: Y aura-t-il des garanties suffisantes pour que, même si on
change la structure administrative, la qualité des services au plan de
la confessionnalité soit assurée dans les écoles? Je me
dis que ce ne serait pas une perte de temps pour la commission, on pourrait
peut-être en bénéficier et on pourrait peut-être
aussi faire auprès d'eux un travail d'interprétation ou enfin
d'assurance que, dans l'esprit et dans la lettre de la loi, il s'y trouve
véritablement les garanties qu'ils désirent encore avoir en
dépit du changement de structure administrative.
Je voudrais simplement revenir un moment... Est-ce qu'il me reste un
moment,
M. le Président? Je n'aurais peut-être pas dû vous le
demander?
Le Président (M. Tremblay): Votre temps est
terminé, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je pourrais demander le consentement
juste pour cinq minutes? J'aurais voulu dire quelques mots sur la Commission
scolaire de Lakeshore.
Le Président (M. Tremblay): Il y a consentement pour que
vous prolongiez de cinq minutes.
Mme Lavoie-Roux: Merci. La raison pour laquelle je le demande,
c'est parce que ma collègue de Jacques-Cartier, si elle avait
été ici... Elle avait espéré rester ici pour
pouvoir faire une motion pour le Lakeshore; je lui ai dit que j'essaierais,
peut-être pas aussi bien qu'elle, mais au moins de faire valoir les
arguments de la Commission scolaire de Lakeshore.
Ils ont fait à plusieurs reprises des représentations pour
être entendus - je n'y étais pas - on n'a pas décidé
de les retenir, dans un premier temps; ils sont revenus à la charge pour
être entendus aujourd'hui ou à l'occasion de l'étude du
projet de loi article par article et on le leur refuse encore.
Je mets de côté la question constitutionnelle qui les
touche. Leur commission scolaire disparaît. Il reste que c'est au plan de
la communauté... On parle beaucoup de la communauté, du dynamisme
local et tout; je pense que même le ministre reconnaîtra que, du
côté du Lakeshore -peut-être qu'ils avaient plus de
ressources, à un moment donné, il y a des raisons historiques -
ces gens-là ont édifié une commission scolaire qui offre
des services de qualité, qui a vraiment servi pendant un bon nombre
d'années - j'oublie la date de création de la Commission scolaire
de Lakeshore - leur communauté et développé, à
l'intérieur de leur système scolaire, un esprit adapté aux
besoins et aux aspirations de leur milieu. Aujourd'hui, leur commission
scolaire disparaît et ils demandent, avant que vous ne décidiez de
changer totalement l'organisation scolaire de leur milieu, d'être
entendus.
Ils posent aussi des questions pertinentes. Par exemple: Y a-t-il eu une
étude de coûts-avantages qui a été faite quant
à tous ces changements qui vont survenir dans notre milieu? Ils disent
aussi: Nous avons eu avec nos parents une excellence expérience de
participation. Je pense qu'au moment des auditions de la loi 40, et
peut-être plus récemment, quoiqu'on n'ait pas entendu de groupe de
parents, il y a quinze jours, sauf la Fédération des parents...
Ils ont établi un mode de participation des parents qui a
été satisfaisant pour les parents. Je n'ai pas entendu de parents
protestants venir ici se plaindre du mode de participation. Les comparaisons
sont toujours difficiles parce que, là encore, il y a des raisons
historiques ou sociologiques qui entrent en ligne de compte. Ils ont
peut-être participé en plus grand nombre, dans la région de
Montréal du moins, aux activités et à la vie des
écoles que peut-être on ne l'a fait du côté
francophone.
À ce moment-là, je pense qu'ils auraient peut-être
des explications ou un éclairage intéressant à nous
donner, d'une part, pour savoir comment ils réussissent à
impliquer les parents de cette façon, et peut-être aussi des
suggestions à faire de telle sorte que la loi serait assouplie pour ne
pas détruire ce qui existe. J'entendais hier soir le ministre, en
réplique, qui disait: Ils ne seront pas obligés de créer
des comités de parents s'ils n'en veulent pas, mais c'est écrit:
Le directeur d'école doit, chaque année, réunir les
parents pour créer un comité d'école. Je ne sais pas par
quelle gymnastique...
M. Bérubé: C'est l'article suivant.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'étaient pas obligés d'en
créer.
M. Bérubé: Non, non, c'est l'article suivant.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'article suivant.
M. Bérubé: C'est l'article suivant qui dit que
c'est l'assemblée des parents qui détermine la composition du
comité. (21 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste qu'il y a un comité et
il y a aussi un conseil d'école. Les deux vont être, à
toute fins utiles, obligatoires en même temps. Ce que j'aurais
aimé qu'on entende de cette commission scolaire, c'est un
éclairage sur le mode de participation des parents et voir si vraiment
la loi, telle qu'elle est, va permettre de continuer - si c'est le mode de
participation qui convient le mieux à leur communauté - dans le
même sens ou si au contraire on va les astreindre à des
règles qui vont être différentes et changer les
règles de jeu quant à la participation des parents dans leur
milieu. Je ne veux pas être plus... Cela fait déjà mes cinq
minutes, M. le Président, je le réalise. Je me dis que ce sont
sur ces deux éléments extrêment importants, et
particulièrement le deuxième, que nous aurions eu avantage
à entendre la Commission scolaire de Lakeshore. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je serai assez court.
Je trouve déplorable que Mme la députée de L'Acadie puisse
reprocher à un autre député de faire ce qu'un groupe de
citoyens demande, c'est son devoir de parlementaire. C'est que la coalition,
par le biais du directeur général de la CECM, m'a demandé
de poser ce geste à l'Assemblée nationale. Je pense que Mme la
députée de L'Acadie... Je l'ai dit d'ailleurs au groupe que je ne
croyais pas en ce qu'il faisait, mais que je ferais mon devoir de
parlementaire.
Mais si je me réfère à une autre pétition -
Mme la députée de L'Acadie n'y croyait pas non plus - de
près de 500 000 noms, si je me souviens bien, dans ce temps,
présentée par les mêmes gens qui l'ont déjà
beaucoup méprisée, elle l'a déposée quand
même. Je pense qu'on n'aurait pas de reproche et je ne lui ferai pas de
reproche de l'avoir déposée parce qu'elle a fait un travail
parlementaire, et c'est louable. Quand un député enlève ce
qu'il pense qui n'est pas bon, personnellement... Quand un groupe de citoyens
demande, à un moment donné, à se faire entendre à
l'Assemblée nationale au moyen d'une pétition, je le prends comme
un devoir de parlementaire.
C'est sûr que la pétition, avoir su ce que je sais
aujourd'hui... Après vérification d'environ 800 noms, il y a
près de 20% de ces noms qui ne sont pas conformes à une
pétition. Cela me laisse beaucoup de doutes sur la valeur de cette
pétition. Il y a des formes, ils ont pris la peine de donner trois
affidavits signés devant notaire, assermentés comme preuve que la
pétition était exacte et elle ne l'est pas. Dans le respect de
l'Assemblée nationale, lorsqu'on dépose de telles
pétitions, elles se doivent d'être vraies, elles se doivent
d'être exactes. Je peux inviter les membres de l'Opposition - j'en ai
plusieurs caisses de cela - à ouvrir une caisse et vous en ferez la
vérification, juste une vérification superficielle, et vous
verrez - si vous avez la patience de le faire - que vous allez venir à
la même conclusion que moi sur cette pétition.
C'est une pétition en laquelle je ne crois pas. Si j'avais eu la
chance de vérifier le premier texte; il y avait une profonde
illégalité parce qu'on m'a caché le premier texte, on n'a
pas voulu me donner le texte original de la pétition. De bonne foi, je
leur ai demandé, dans mon bureau, le texte original de la
pétition et on m'a donné un autre texte qui ne disait pas qu'on
demandait le retrait de la loi 3, pour me faire présenter cela sous
cette forme à l'Assemblée nationale, M. le Président.
C'est le secrétaire général qui m'a informé,
après que tout a été fait, que le texte qu'on m'avait
proposé n'était pas conforme au texte original de la
pétition. Je trouve grave que ces organismes se prêtent à
de telles manigances, je peux appeler cela une manigance.
Je trouve regrettable que là-dedans il y ait eu quelqu'un en qui
on a bien confiance, c'est un prêtre, qui a dénoncé aussi
ouvertement la décision des évêques, avec un
président de qui il était accompagné à ce moment,
qui n'avait pas plus de franchise non plus. Ce sont les mêmes gens, lors
de la campagne de 1981, avec un candidat libéral qui était le Dr
Roy, qui se sont prononcés carrément pour l'abolition du secteur
public des écoles pour avoir seulement le secteur privé. Je vous
mentionne des noms actuellement. Cela a été la déclaration
formelle du Dr Roy où, devant 200 personnes, monsieur - je ne le dis pas
tout seul - il s'est prononcé pour l'abolition pure et simple du secteur
public des écoles. Il faut que vous surveilliez vos arrières vous
aussi. Je vais vous dire où cela s'est passé. C'est à
l'école Marie-Claret que vous connaissez bien. Il y a 200 témoins
de ce que je vous dis là. Je n'avancerais pas cela en commission
parlementaire. Comment voulez-vous que ces gens aient une
crédibilité aujourd'hui quand on nous arrive avec ces
pétitions et avec tout ce qu'on fait? Il faut mettre les points à
un moment donné où il faut qu'ils soient. Ce sont des gens que je
ne qualifierais pas de "tendance", rien de cela. Mais je juge que ce sont des
gens qu'intellectuellement je ne "truste" pas. Je ne suis pas capable de les
"truster" avec tout ce qu'ils ont fait là. J'en aurais, en voulez-vous,
en voilà! On a vécu de ce que Mme la députée de
L'Acadie... J'ai vécu des choses très graves à son sujet.
Cela venait d'eux, c'est le même groupe encore. C'est pour cela qu'avant
d'avancer des choses il faut voir les deux côtés de la
médaille. Je n'ai aucun respect pour ce groupe, aucun respect comme
parlementaire ni comme individu non plus.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement, s'il vous plaîti
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il l'a fait sans mauvaise
volonté, je voudrais juste rétablir les faits, si vous le
permettez. Je n'ai pas voulu l'interrompre...
Le Président (M. Tremblay): Je voudrais que vous
m'indiquiez en vertu de quel article
du règlement.
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours permis en commission
parlementaire de rétablir un fait après que le
député a fini de...
Le Président (M. Tremblay): En vertu de quel article du
règlement?
Mme Lavoie-Roux: À quel moment, M. le Président,
pourriez-vous... C'est à vous de me le dire l'article du
règlement, c'est vous qui êtes président, ce n'est pas
moi.
Le Président (M. Tremblay): Je ne connais pas d'article du
règlement qui permette cela. Mais au moment où vous aurez la
parole...
Une voix: 278.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas...
M. Bérubé: J'ai l'impression que le
député de Saint-Laurent ne connaît pas son
règlement.
Mme Lavoie-Roux:... on peut bien faire une longue question de
procédure, mais c'est un très court fait que je voudrais
rétablir.
Le Président (M. Tremblay): Attendez un petit moment.
M. Laplante:... honnête dans cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
de Bourassa, dans son exposé, a établi une analogie entre la
pétition qu'il a reçue et une autre pétition d'à
peu près 500 000 noms qui avait été
déposée...
Le Président (M. Tremblay): Je peux vous le permettre en
vertu de l'article 205.
Mme Lavoie-Roux: Boni Il a établi une analogie ou une
comparaison entre la pétition qu'il a reçue et une autre qui
avait été déposée par les mêmes groupes ou le
même groupe, une pétition de 500 000 noms -jusque-là
c'était exact - que moi-même, le député de
Gaspé, M. Le Moignan, et un autre député avions
reçue. Mais je n'ai jamais par la suite refusé de rencontrer ces
gens et encore moins je les aurais empêchés de se faire entendre
aussi. C'est là qu'est la différence fondamentale.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je ne vous
cache pas que je suis abasourdi un peu par les remarques de mon collègue
de Bourassa. Il aurait peut-être dû faire ses remarques à
ceux qui lui ont apporté la pétition plutôt que de venir
nous raconter cela ici à la commission parlementaire. Il nous dit:
Écoutez, cela doit être vrai parce que j'en parle à la
commission parlementaire. J'aurais aimé qu'il leur en parle à
eux, à ceux qui lui ont apporté la pétition et leur
expliquer que ce n'était peut-être pas décent d'apporter
une pétition, disons, qui contenait des irrégularités.
J'ai bien l'impression qu'il n'a pas dit mot. Maintenant qu'il est à la
commission parlementaire, il nous en parle.
À la lecture de la motion du ministre, on constate que le
député de Matane propose que la commission n'entende plus
d'organismes à l'exception de l'Institut canadien d'éducation des
adultes, qui a déjà été accepté par la
commission. Je ne vous cache pas que j'aurais été
gêné comme ministre de proposer une motion de cette teneur. Alors,
je pense que c'est imposer un véritable bâillon aux autres
organismes. J'aurais aimé que ce soit quelqu'un d'autre que le ministre
qui la propose. Je pense que c'est indécent. C'est une véritable
discrimination vis-à-vis des autres organismes. Pourquoi l'Institut
canadien d'éducation des adultes? Je me le demande et je le demande au
ministre. Pourquoi pas les autres organismes? Lakeshore Protestant School
Board, Greater Quebec School Board, la Coalition pour la
confessionnalité scolaire, la Commission scolaire crie? Pour moi, c'est
une interrogation, M. le Président. Je ne comprends pas que l'on
privilégie en fait ici un organisme au détriment d'autres. Si on
est prêt à recevoir un organisme, qu'on reçoive donc les
autres également. Or, je pense que c'est une question
d'équité. C'est une question de mettre tout le monde sur le
même pied.
Si ces personnes-là mettent de l'énergie et des efforts
dans le domaine scolaire, si elles se donnent la peine de préparer des
mémoires, ces organismes ont le droit d'être entendus en
commission parlementaire. Pourquoi également avoir favorisé les
autres organismes que nous avons reçus les 13, 14 et 15 novembre?
Également, pourquoi avoir favorisé la Fédération
des commissions scolaires catholiques, le 27 novembre? Pourquoi ces
organismes-là? À ce moment-là, pourquoi pas ceux qu'on n'a
pas reçus, qui avaient demandé, exactement comme les organismes
qu'on a reçus, à être entendus?
On nous dit: La plupart, on les a reçus lors de la commission
parlementaire du début de l'année 1984. Mais, que je sache, je
pense bien que les organismes que nous avons reçus et les organismes qui
demandent à être entendus ont également été
reçus au début de l'année 1984. Alors, je ne vois pas...
Ce n'est certainement pas un argument, à mon
sens, de poids de venir nous dire: On ne les reçoit pas parce
qu'on les a déjà entendus au début de l'année 1984.
On avait entendu également les autres.
Je pense que si on a reçu The Protestant School Board of Greater
Montreal, le PSBGM, pourquoi à ce moment-là ne pas recevoir les
autres commissions scolaires protestantes? En fait, on a reçu une
commission scolaire protestante, on n'a pas reçu les autres. On pourrait
me dire: On n'a reçu qu'une seule commission scolaire, la CECM, mais il
y a toute la différence au monde, c'est que la CECM avait demandé
à être entendue et les autres commissions scolaires catholiques
n'ont pas demandé à être entendues. Alors, là
évidemment il y a une grosse différence. On n'a pas
sollicité de mémoire. On a dit: On entendra ceux et celles qui
voudront bien se présenter à la commission parlementaire. Alors,
ici on fait de la discrimination en recevant le PSBGM et en ne recevant pas le
Lakeshore Protestant School Board et le Greater Quebec School Board,
particulièrment, quand on sait que ces commissions scolaires ont
donné et donnent encore un enseignement de qualité, ont
été des commissions scolaires très ouvertes, ont
reçu en fait pratiquement tous les élèves que les
commissions scolaires ne recevaient pas, c'est-à-dire les enfants
provenant de groupes ethniques. Je pense que c'était une raison
suffisante pour les recevoir ou, au moins, pour reconnaître la part
qu'ils ont donnée dans le domaine de l'éducation. (21 h 30)
On a également dit qu'on voulait que la Coalition pour la
confessionnalité scolaire soit entendue. Je peux vous dire que je ne
partage pas nécessairement leur point de vue. Je prône depuis
environ quinze ans la division linguistique plutôt que la division
confessionnelle. Or, je peux ne pas partager leur point de vue, mais, tout de
même, il y a des gens dans cette coalition qui sont de bonne foi et qui
ont des principes, des idées que l'on doit respecter. Ces gens-là
ont droit d'être entendus, d'autant plus qu'ils ont préparé
et fait présenter par le député de Bourassa une
pétition. C'est donc qu'ils manifestaient un intérêt.
Je comprends assez mal que le député de Bourassa ne soit
pas d'accord qu'on les reçoive, alors que c'est lui-même qui a
présenté la pétition. C'est donc dire qu'il devait
être d'accord, je pense, avec ce mouvement, avec cette coalition. Je
comprendrais très mal qu'il présente une pétition alors
qu'il n'est pas d'accord avec la pétition.
Je vous dirais, le Président, que je ne la présenterais
pas. Je demanderais à quelqu'un d'autre de la présenter. J'aurais
au moins cette décence-là. Je ne voudrais pas qu'on me fasse
retirer... Je ne voudrais pas qualifier ce geste-là.
Je pense que vous pourriez peut-être me ramener à l'ordre,
M. le Président! Mais je trouve ça à tout le moins
indécent.
Mme Lavoie-Roux: Il ne faut pas accuser d'indécence, non
plus.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non?
Mme Lavoie-Roux: C'est dans la liste.
M. Laplante: Le vocabulaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'on soit d'accord on qu'on ne soit
pas d'accord, M. le Président...
M. Bérubé: Il y a un quartier qui s'appelle
Cul-de-poule à Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'on soit d'accord ou qu'on ne soit
pas d'accord - j'ai des racines, M. le ministre, et j'y tiens beaucoup, on a
des traditions chez nous, vous ne connaissez pas ça - avec les
idées, les principes de cette coalition, c'est libre. Mais je pense
qu'on doit les recevoir.
En ce qui concerne la Commission scolaire crie, maintenant, on a
demandé que cette commission scolaire soit entendue pour une raison bien
simple. C'est que, d'abord, la commission a demandé à être
entendue, alors que d'autres n'ont pas demandé à être
entendus. Je dirais que ça me surprend, d'autant plus que l'an
passé le premier ministre a fait preuve de beaucoup d'ouverture en
recevant, lors d'une commission parlementaire, les autochtones et,
particulièrement, les Cris.
Mme Lavoie-Roux: On leur a promis ça...
M. Leduc (Saint-Laurent): On les a reçus, on les a
écoutés. On a entendu leurs demandes sur leurs conditions et je
m'explique très mal pourquoi on ne les recevrait pas, pourquoi on ne les
entendrait pas sur leurs problèmes et particulièrement dans le
monde scolaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de
compléter mon intervention de tantôt, en revenant sur les raisons
qui justifient l'inclusion de certains organismes dans la liste, hélas,
terriblement restreinte que le gouvernement veut nous imposer.
J'entendais le député de Bourassa parler avec
mépris tantôt de la Coalition pour la confessionnalité
scolaire. Combien
j'appréciais, en contrepartie, le langage du député
de Saint-Laurent qui, malgré des opinions différentes sur
certains points, a montré du respect pour cet organisme. Mais je
voudrais souligner à l'attention de la commission que s'il y a eu des
aspects discutables dans le fonctionnement de cette coalition, comme ceux qu'a
signalés le député de Bourassa, il y a d'autres aspects
qu'il aurait pu porter à la connaissance de la commission qui auraient
aidé à équilibrer le tableau. Je vais le faire en toute
justice pour cet organisme-là.
À entendre la présentation qu'en fait le gouvernement, on
penserait que c'est une bande d'esprits cinglés, de marginaux purs et
simples, d'extrémistes qui sont complètement en dehors de la vie
réelle dans la province de Québec. Je regrette infiniment. Ce
sont des citoyens comme vous et moi, M. le Président, des citoyens dont
certains occupent des fonctions très responsables, qui ont
été élus par leurs concitoyens au même titre que
nous autres.
Je n'accepterai aucunement qu'on les traite de la manière
méprisante comme j'ai entendu, non seulement de la part du
député de Bourassa, mais de la part d'autres
éléments du côté ministériel. Je voudrais
ajouter, pour l'information de la commission et pour le dossier
également de cette question, que dans la Coalition pour la
confessionnalité scolaire on trouve, entre autres, les organismes
suivants: la Commission des écoles catholiques de Montréal, la
Commission des écoles catholiques de Verdun, la Commission des
écoles protestantes du grand Montréal, le Réseau scolaire
Chomedey-Laval - une autre commission scolaire importante - la Commission
scolaire Côte-de-Beaupré, la Commission scolaire Fermont, la
Commission scolaire de la Haute-Gatineau, la Commission scolaire Tracy - j'ai
des résolutions à l'appui de chacune des affirmations que je fais
- la Commission scolaire protestante de Lakeshore, ce qui nous montre que c'est
une affaire qui n'est pas limitée au côté francophone, il y
a aussi des organismes anglophones, la Commission scolaire Les Êcores -
ce ne sont pas des fous, il y a le nom de tous les commissaires qui
étaient présents à la réunion où cette
motion a été adoptée.
Je vais vous donner lecture de la résolution pour que le
député de Mille-Iles, dans le comté de qui ça se
trouve et qui, apparemment, n'est pas au courant de cette résolution
adoptée le 22 octobre 1984...
M. Laplante: Vous avez envoyé 500 lettres pour avoir ces
lettres-là.
M. Ryan: J'avais communiqué et ça produit de bons
résultats. Voici le texte de la résolution.
M. Champagne: C'est votre résolution, ça,
monsieur.
M. Laplante: Il s'est mis à genoux pour avoir ces
lettres.
M. Ryan: Attendu que les parents... M. le Président,
j'espère que vous allez l'inviter à retirer ses paroles, il m'a
insulté terriblement. Je me mets à genoux devant mon
créateur, mais pas devant un autre homme.
Le Président (M. Tremblay): Retirez vos paroles, M. le
député de Bourassa.
M. Ryan: Il vient de me faire une insulte que je lui demande de
retirer.
M. Laplante: C'est vrai, il était assis, M. le
Président.
M. Ryan: Qu'est-ce qu'il a dit?
Le Président (M. Tremblay): Que vous étiez
assis.
M. Laplante: Il ne s'est pas mis à genoux, c'est vrai
qu'il était assis.
M. Ryan: Comme il ne brille pas toujours par la clarté, on
va considérer que c'est suffisant.
Une voix: Je suis d'accord avec vous.
M. Ryan: Je vous donne communication du texte de cette
résolution de la Commission scolaire Les Écores: "Attendu que les
parents ont le droit de choisir les institutions qui, selon leurs convictions,
attirent le mieux le respect des droits de leurs enfants; attendu que les
catholiques et les protestants du Québec ont des droits acquis depuis
plus de 100 ans qui leur assurent des commissions scolaires confessionnelles
pour gérer leurs écoles; attendu que la consultation du livre
vert a démontré que la majorité de la population a
demandé le maintien des écoles confessionnelles et des
commissions scolaires catholiques et protestantes; attendu que le gouvernement
n'a jamais reçu de véritable mandat pour abolir les commissions
scolaires catholiques et protestantes; "Monsieur Roland Desrochers propose que
le conseil des commissaires de la Commission scolaire Les Écores appuie
la Coalition pour la confessionnalité scolaire dans ses démarches
auprès du ministère de l'Éducation en vue du maintien des
écoles confessionnelles des commissions scolaires catholiques et
protestantes. " Adopté unanimement.
La Commission scolaire Jérôme-Le Royer a une
résolution qui va dans le même
sens, dans laquelle il est dit que la Commission scolaire
Jérôme-Le Royer exprime être d'accord en principe avec une
réforme scolaire qui tiendrait compte de ces attendus qui lui
apparaissent fondamentaux, qui sont les mêmes que dans la
résolution que je viens de lire, et que tout projet de réforme
dans ce domaine devrait s'en inspirer et autorise le président à
adhérer, au nom de la commission, à la coalition.
La Commission scolaire de La Pocatière...
M. Champagne: Sainte-Croix, il y en a une? J'aimerais ça
qu'on la lise.
M. Ryan: Non, Sainte-Croix n'est pas là-dedans.
M. Champagne: Ah?
M. Ryan: C'est signe que M. le député de
Saint-Laurent a de l'influence sur sa commission scolaire, contrairement au
député de Mille-Iles, parce que, apparemment, ils pensent dans le
même sens que lui.
M. Champagne: C'est pour ça qu'ils ne font pas partie de
la coalition.
M. Ryan: La Pocatière, la Commission scolaire
régionale des Bois-Francs - ce ne sont pas tous des imbéciles, ce
ne sont pas tous des nigauds, M. le Président. Commission scolaire
Prince-Daveluy, c'est sûrement du côté des Bois-Francs;
Commission scolaire protestante de Rouyn, Commission scolaire de Taillon.
Une voix: Ah?
Une voix: Tiens, regarde donc ça!
M. Ryan: M. le Président, le premier ministre ne brille
pas par son intérêt pour l'éducation, il n'en parle pas
souvent. Je juge d'après le dossier public...
Des voix:...
M. Ryan: Il y avait quelques paragraphes, mais, si vous regardez
l'ensemble de ses discours depuis huit ans qu'il est premier ministre, ce n'est
pas le sujet qui a été important. Je constate un fait et je
l'affirme sans la moindre hésitation. Vous lui en ferez rapport,
ça vous vaudra peut-être une promotion.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, il s'occupe des femmes.
M. Ryan: Actuellement, il y a bien de la place pour les
promotions.
La commission scolaire Jean-Chapais... Ça en fait quelques-unes,
je ne les ai pas inventées, je les prends dans le dossier que j'ai pris
la peine de colliger moi-même pour savoir è quoi m'en tenir. Il
peut arriver que certains porte-parole suscitent des interrogations dans nos
esprits, mais, quand ce sont des organismes de cette qualité
institutionnelle, je ne pense pas qu'on ait le droit de les traiter comme des
minus habentes ou comme des non-existants. Là, on les traite du bout de
la fourche, on envoie promener ça comme si c'étaient des
extrémistes, on entend seulement le même "string" ici. Je ne
souscris aucunement à cette approche.
J'invite encore une fois - je pense que mon temps achève, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay): Il vous reste trois
minutes.
M. Ryan: Il me reste trois minutes. Ah!
Le Président (M. Tremblay): Vous n'êtes pas
obligé de les utiliser.
M. Ryan: J'invite alors le gouvernement à
considérer... Si je voulais ajouter d'autres noms d'organismes, il y en
a toute une série ici encore. Je n'ai pa3 encore nommé la
Commission scolaire des Manoirs. Ensuite, il y a l'Association des commissions
scolaires protestantes du Québec, l'Association des enseignants
catholiques du Québec, l'Association des juristes catholiques du
Québec, l'Association des parents de Saint-Henri. Vous connaissez votre
ancienne collègue à la commission, Mme Pelletier, je crois...
M. Laplante: Trop bien.
M. Ryan: C'est une personne qui est représentative...
M. Laplante: Je la connais, je ne lui enlève pas un cheveu
sur la tête, je la connais trop bien.
M. Ryan:... elle a été élue à trois
ou quatre reprises par ses concitoyens de Saint-Henri. Il y a plusieurs
organismes du quartier de Saint-Henri - c'est magnifique qu'on réussisse
à intéresser des organismes du quartier de Saint-Henri aux
questions d'éducation comme elle l'a fait - qui se sont joints à
cet organisme. Encore une fois, on n'est pas obligé de penser comme eux
sur toute la ligne. Mais ils ont pris la peine de se regrouper dans un
mouvement comme celui-là pour faire valoir leur point de vue et nous,
ici, on va conclure, du haut de notre grandeur, qu'on n'avait pas une minute de
notre temps précieux à consacrer à les entendre. Ils n'ont
pas été entendus au premier stade de la coalition.
M. Laplante: Pouvez-vous me dire, là-dedans, combien ont
des cartes du Parti libéral?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Leduc (Saint-Laurent): Un instant: M. le
Président...
Mme Lavoie-Roux: Franchement, c'est un peu fort.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est inacceptable.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Àl'ordre!
M. Leduc (Saint-Laurent): Les élucu-brations, M. le
Président, on n'accepte pas cela.
M. Laplante: Cela en est une qui suit tous les congrès du
Parti libéral...
Le Président (M. Tremblay): M. le député,
vous n'êtes pas dans la commission, s'il vous plaît!
Une voix: Je ne sais pas s'il y en a de la Gaspésie.
M. Ryan: M. le député de Gaspé, je n'en ai
pas dans mon dossier ici, je suis bien franc avec vous, je les aurais
nommés si je les avais eus. Ils ont peut-être eu d'autres
adhésions depuis le temps où cela a été
colligé, ce ne sont pas des renseignements qui datent d'hier, ils datent
déjà d'un certain nombre de jours. Il y en a peut-être
d'autres qui sont arrivés depuis, cela n'a pas d'importance.
Dans l'ensemble, je crois que cela constitue quand même un tableau
impressionnant et, en ma qualité de législateur, je voudrais
être capable de rencontrer ces gens et leur dire: Quand vous avez
présenté une demande pour être entendus dans un
délai raisonnable et pour une durée raisonnable de temps par les
législateurs, nous étions au poste, nous avons dit: Oui, nous
sommes prêts à les entendre. Je ne voudrais pas être
obligé de contorsionner les faits et mon esprit pour leur dire: On n'a
pas pu vous recevoir parce qu'il y avait de la chicane entre nous, le
gouvernement et l'Opposition, et un tel pensait ceci de vous. On a
considéré que vous étiez une bande d'extrémistes et
de marginaux. Je ne voudrais pas être obligé de raconter 56
histoires pour justifier un comportement qui n'est pas justifiable en soi.
C'est pour cela que j'ai insisté pour que le gouvernement ne limite pas
la liste de ceux qui seraient entendus au seul organisme qu'il est prêt
à entendre, seulement pour... Je ne veux pas prêter de motif, cela
ne me donne absolument rien. Je pense que les considérations objectives
parlent beaucoup plus.
En terminant, je voudrais dire au député de Bourassa que
je vais faire enquête sur l'affirmation qu'il a faite au sujet du Dr
Augustin Roy. Je voudrais lui demander s'il est capable d'apporter la
corroboration écrite de ce qu'il a affirmé ce soir parce que
c'est très sérieux.
M. Laplante: C'est dans le Journal des débats.
M. Ryan: Je suis convaincu, connaissant le Dr Augustin Roy depuis
de nombreuses années...
Le Président (M. Tremblay): Si vous voulez conclure, M. le
député.
M. Ryan:... qu'il ne pense pas du tout qu'on devrait abolir les
écoles publiques pour transformer toutes les écoles du
Québec en écoles privées. Je me charge de vérifier
ces faits. Si les faits allégués par le député de
Bourassa étaient fondés, je m'inclinerai, comme je fais toujours
devant les faits. Mais, s'ils n'étaient pas véridiques, je devrai
demander la rétractation de ces propos qui sont de nature à
causer un tort énorme, non seulement au Dr Roy, mais au parti dont il
portait les couleurs à la dernière élection.
M. Laplante: Je lui en ai parlé à
lui-même.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Iles.
M. Champagne: Voici, c'est simplement un commentaire que je veux
ajouter. C'est bien beau que la Commission scolaire Les Écores prenne
position en disant qu'elle veut des écoles confessionnelles, j'en suis
et je pense que le projet de loi fait en sorte qu'il y aura des écoles
confessionnelles. Le projet de loi 3 respecte cette idée et les
évêques vont dans le même sens.
Les commissions scolaires dont il était question, la Commission
scolaire Les Écores comme d'autres d'ailleurs et avec la
fédération, sont venues défendre une position, parlant de
commissions scolaires linguistiques. Je ne vois pas pourquoi on entendrait
encore la Commission scolaire Les Écores et les autres pour dire: On
veut des écoles confessionnelles et, d'autre part, nous sommes pour des
commissions scolaires linguistiques. Ce n'est pas le fait de les entendre qui
va changer cela, d'autant plus qu'il semble y avoir peut-être une
certaine ambiguïté.
Je pense que les gens, dans leur
position, veulent beaucoup plus une commission scolaire linguistique,
à caractère peut-être confessionnel et où on
respecte la confessionnalité. M. le député d'ArgenteuiJ,
je ne crois pas que c'est en les faisant venir qu'on va comprendre davantage la
situation qui demeure quand même d'une certaine façon assez
paradoxale. (21 h 45)
Le Président (M. Tremblay): Alors, j'appelle le vote sur
la proposition du député de Matane.
M. Bérubé: Droit de réplique, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Ah! oui. Alors, M. le ministre
de l'Éducation.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, je pense que je
n'ai pas abusé de mon droit de parole en présentant la motion,
n'est-ce pas? Je préférais entendre les interprétations de
l'Opposition. Je crois qu'il est important de rectifier un certain nombre de
prétentions exprimées par l'Opposition et qui sont non
fondées.
Tout d'abord, un principe doit nous guider dans la décision
concernant une audition d'un témoin. D'une part, le projet de loi que
nous avons sous les yeux, en ce qui touche l'intervenant qui veut nous faire
part de son point de vue, est-il différent de ce qu'était le
projet de loi 40 qui avait été soumis à un long
débat public? Il est important de se poser cette première
question. Si le projet de loi 3 est le même et n'a pas changé,
à ce moment-là, il faut se poser une deuxième question.
A-t-on donné la possibilité à cet organisme de s'exprimer
sur le projet de loi 40, ou 3, puisque c'est le même, de telle sorte que
l'on puisse vérifier dans quelle mesure, s'étant exprimé,
on a eu son point de vue pour nous guider dans nos travaux parlementaires? Cela
fait qu'il ne faut jamais perdre de vue que nous avons entendu les intervenants
en commission parlementaire. Je pense qu'il faut bien se rendre compte qu'il y
a eu une première opération qu'il ne faut jamais perdre de vue et
qui a consisté à entendre les intervenants sur le projet de loi
qui était déposé.
Le projet de loi que nous avons, dans la mesure où il est le
même - je dis bien où il est le même - que ce qu'il
était au moment où on a tenu la commission parlementaire en
janvier dernier, ne nous amène pas à décider qu'il faut
les réentendre puisque, si on dit qu'il faut les entendre une
deuxième fois, dans un mois il faudra les entendre une troisième
fois. Pourquoi ne pas les réentendre à tous les mois, sans aucune
justification possible, puisqu'il n'y a rien de changé dans le projet de
loi? C'est toujours de la même ossature que nous discutons. À
moins, évidemment, qu'on n'ait pas prêté attention
lorsqu'ils ont témoigné. Or, je peux vous certifier que j'ai lu
très attentivement les mémoires qui nous ont été
fournis. Il y avait des arbitrages à faire et, dans certains cas, je
n'ai pas voulu donner suite. Par conséquent, le projet de loi est
demeuré le même. En dépit de leurs interventions, il n'y a
pas de raison objective pour qu'aujourd'hui on dise tout simplement: Venez nous
répéter votre point de vue. Si vous avez un point de vue
différent, si vous avez modifié votre attitude, à ce
moment-là, évidemment, cela peut être intéressant.
Cela peut nous amener à des changements. Mais, lorsqu'on examine les
points - c'est ce que je vais faire maintenant - vous allez voir qu'il n'y a
pas de modification dans les attitudes des intervenants pour lesquels on
demande une audition.
Prenons par exemple les parents catholiques. Je voudrais
là-dessus, sans prétendre connaître la coalition des
parents catholiques comme peut-être mon collègue, le
député de Bourassa, qui semble s'être fait passer un
lapin... Je ne veux pas utiliser une expression antiparlementaire. Mais disons
qu'il semblerait, à ses dires, s'être fait...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas un attrappe-nigaud, c'est un
passe-lapin.
Une voix: Qui? Qui?
M. Bérubé: Il se serait fait passer un lapin par
une pétition qui était présentée sous le couvert
d'une question qui n'était pas celle, finalement, qui avait
été soumise aux gens qui devaient répondre à la
pétition. Je ne veux pas porter de jugement. Je sais que la coalition
regroupe, par exemple, le Ralliement des parents catholiques. J'ai reçu
de la documentation du Ralliement des parents catholiques qui manient les
épithètes du type "franc-maçon", "marxiste" assez
allègrement.
M. Ryan: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: Sur la liste que j'ai des organismes membres, le
Ralliement des parents catholiques n'en fait pas partie.
M. Bérubé: Fait-il partie de la coalition ou n'en
fait-il pas partie?
M. Ryan: Sur la liste qu'on m'a remise ces jours derniers - envoi
reçu le 19 novembre 1984, je l'ai écrit de ma main - le
Ralliement des parents catholiques n'est pas inscrit.
M. Bérubé: Tant mieux, tant mieux. Cela me rassure.
Pour autant que je suis concerné, j'ai vu une documentation du
Ralliement des parents catholiques. Si le Ralliement des parents catholiques
devait faire partie de la coalition, compte tenu du genre de vocabulaire qu'ils
utilisent depuis déjà un certain temps, prêtant des
intentions un peu à tout le monde, je ne vois pas vraiment
l'intérêt, en tout cas pour autant que je suis concerné,
à les entendre. Ce n'est pas une façon normale, dans une
démocratie, de s'exprimer, en prêtant des intentions à tout
ceux qui nous sont opposés et en voyant en eux des suppôts de
Satan dans tous les gestes qu'ils posent. Celam'apparaît
inacceptable.
Mme Lavoie-Roux: Vraiment...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait considérer que cela ne se
rattache en rien à la Coalition pour la confessionnalité
scolaire...
M. Laplante: On attend un autre document.
M. Ryan:... sur la liste des membres de laquelle ce groupe ne
figure pas?
M. Bérubé: On va vérifier la coalition.
Le Président (M. Tremblay): Le ministre fait son
intervention...
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Tremblay):... et vous avez eu le temps de
corriger...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est parce qu'il fait une bonne
partie de son intervention sur un groupe qui, à nos yeux, n'était
pas membre de cette coalition.
M. Bérubé: M. le Président, en fait,
j'essaie en commission parlementaire, à part quelques blagues rapides de
temps en temps, qui contribuent à détendre le climat, de ne pas
interrompre mes distingués collègues de l'Opposition, en leur
permettant d'exprimer...
Mme Lavoie-Roux: Nous nous excusons, M. le ministre.
M. Bérubé:... l'ensemble de leurs pensées et
je ne veux pas l'abréger davantage lorsqu'ils ont à intervenir.
J'apprécierais qu'on accorde le même respect à ce que j'ai
à dire.
M. Ryan: C'est difficile de ne pas éclater devant une
fausseté.
M. Bérubé: Donc, M. le Président, je peux
comprendre que le député de Bourassa ait des réticences
vis-à-vis de la coalition. Je ne vous cache pas - et j'ai donné
l'exemple d'un autre organisme, le Ralliement des parents catholiques, avec
lequel j'ai eu maille à partir, il y a des cas... Mais je pense qu'on
doit aller au fond de la position.
La députée de L'Acadie nous a dit: Ils soulèvent
des questions importantes concernant le processus de reconnaissance de la
confessionnalité. Alors, je pose immédiatement la question: Ce
processus, cette mécanique est-elle différente ou est-il
différent dans le projet de loi 3 de ce qu'il était dans le
projet de loi 40? Eh bien, il faut répondre non.
Deuxièmement, nous avons longuement" discuté avec les
évêques de ce processus, pour voir dans quelle mesure, justement,
aux pasteurs de l'Église catholique, ce processus apparaissait
acceptable. Ceux-ci se sont prononcés, reconnaissant que le processus
qui est prévu dans le projet de loi 3 permet de bien respecter les
garanties confessionnelles que les pasteurs de l'Église catholique
veulent voir garantir aux fidèles catholiques romains.
La coalition a-t-elle eu l'occasion de témoigner? Eh bien, je
sais qu'il y a eu un réaménagement de la coalition et que, par
conséquent, on n'a pas tout à fait les mêmes membres de la
coalition, mais on retrouve en gros, quand on regarde les listes, des gens qui
étaient déjà intervenus en commission parlementaire et qui
avaient eu l'occasion de se prononcer sur les structures confessionnelles, sur
le projet éducatif, sur le statut confessionnel; ils avaient eu
l'occasion de se prononcer globalement sur les principes fondamentaux du projet
de loi et nous avons décidé de ne pas retenir ce type
d'intervention.
Donc, lorsque j'examine le premier groupe, je constate qu'il n'y a pas
vraiment d'éléments nouveaux. Je pourrais appliquer,
également, le même raisonnement au mouvement laïque de langue
française, le Mouvement laïque québécois. J'ai son
mémoire sous les yeux. Que dit-il? Oh, ce n'est pas compliqué! On
nous parle d'un projet de loi 3 qui crée un système de
traitements inégaux selon les croyances religieuses, point de vue qu'ils
avaient développé lorsqu'ils avaient comparé protestants,
catholiques, neutres et autres religions. On y constate également une
affirmation quant à l'établissement d'un système
d'inégalités vis-à-vis du soutien aux divers
enseignements. On nous parle du problème de la qualification des
enseignants en matière confessionnelle; on y voit là, d'ailleurs,
une violation des droits et libertés. On nous parle d'animation de vie
étudiante. En fait, on retrouve toute la thématique qu'ils ont
développée une première fois
lorsqu'ils sont venus en commission parlementaire.
Donc, à la lecture de ce rapport, que j'apprécie, je dois
tirer la conclusion qu'il s'agit, je ne dirais même pas d'une variation
sur un même thème, car, en général, en musique, deux
variations sur un même thème peuvent être fort distinctes,
je vous dirais qu'il s'agit de deux répétitions de la même
ritournelle. Alors, à partir du moment où c'est
fondamentalement...
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes un amateur d'opéra, je
pense!
M. Bérubé:... les mêmes thèmes qui
sont développés, à ce moment-là, je me dis: J'ai un
peu la même attitude vis-à-vis du, non pas du ralliement - le nom
m'échappe -non pas du ralliement...
Une voix: Le Mouvement laïque...
M. Bérubé: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Coalition.
M. Bérubé: La coalition. J'ai un peu la même
réponse vis-à-vis de la coalition des parents catholiques que
celle que j'ai vis-à-vis du Mouvement laïque
québécois. Il est clair que les deux mémoires qui nous
sont fournis reprennent les mêmes thèmes irréconciliables,
irréconciliés, car les parties ne cherchent pas le compromis et,
par conséquent, le choix étant fait, après les avoir
entendus et avoir bien compris leurs points de vue, le choix ayant
été fait, je ne vois pas l'intérêt de me refaire
redire ce que nous savions déjà et ce que la commission a
déjà entendu.
Lorsqu'on parle du Protestant School Board et du Lakeshore... C'est
dommage que le député du Saint-Laurent nous ait quitté car
je me souviens encore très attentivement d'un plaidoyer chaleureux de
celui-ci lorsque nous avions plaidé que nous remettre à entendre
toutes les commissions scolaires du Québec était, finalement, un
peu redondant. Ce dernier, dis-je, nous avait souligné qu'on ne pouvait
pas comparer Montréal avec les autres commissions scolaires du
Québec, qu'il y avait une concentration de population, qu'il y avait une
vie en milieu urbain un peu exceptionnelle et qu'il fallait faire un cas
exceptionnel, non pas pour entendre, nous avait-il dit, toutes les commissions
scolaires de la région de Montréal, mais au moins entendre les
principales, c'est-à-dire...
Mme Lavoie-Roux: PSBGM.
M. Bérubé:... PSBGM, excusez-moi, et la Commission
des écoles catholiques de Montréal.
Effectivement, nous nous sommes rendus à l'argumentation du
député de Saint-Laurent. Nous avons accepté de faire un
cas particulier pour les deux grandes entités montréalaises en
matière d'éducation sur la base de son argumentation, à
savoir qu'il ne s'agit pas là d'inviter toutes les commissions scolaires
du Québec mais de considérer un cas particulier. Aujourd'hui, il
nous revient avec le Lakeshore en disant: Écoutez, il faut faire un cas
spécial, il faut entendre le Lakeshore. Eh bien, si on entend Lakeshore,
pourquoi n'entend-on pas Laurentides, pourquoi n'entend-on pas Matane, pourquoi
n'entend-on pas une quantité d'autres commissions scolaires, Sainte-Foy,
qui pourraient être intéressées à venir
témoigner et à qui...
Mme Lavoie-Roux: Elles vont disparaître, ces commissions
scolaires.
M. Bérubé:... nous avons dit: Écoutez, non,
la commission parlementaire a décidé qu'elle n'entendrait pas
l'ensemble des intervenants?
Donc, lorsqu'on nous parle du Lakeshore et lorsque j'examine
également leur mémoire - il est quand même
intéressant parce qu'il se résume, d'abord, il est peu
volumineux... Lorsqu'on examine les points soulevés par cette commission
du Lakeshore, on constate que ce sont exactement les mêmes que ceux
invoqués par le QAPSB et le PSBGM. Par conséquent, puisqu'on nous
a apporté tous ces arguments, est-il nécessaire de les
réentendre une autre fois?
Une voix: Non.
M. Bérubé: Je ne vois absolument aucune raison pour
laquelle on réentendrait encore les mêmes arguments, d'autant plus
qu'on a pris - rappelons-le tout le temps -un temps considérable pour
entendre au-delà d'une centaine d'intervenants l'hiver dernier.
Le député - je pense que ce sera un des derniers points
que je soulèverai -d'Argenteuil nous a donné un certain nombre de
résolutions, il nous les a présentées. Au dire du
député de Bourassa, à la suite d'un ensemble de lettres
que le député d'Argenteuil a expédiées à des
commissions scolaires - j'ignore si c'est vrai...
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président. Il
n'y a aucun lien entre ces deux événements.
M. Bérubé: Alors qu'il y ait lien ou qu'il n'y ait
pas lien...
M. Ryan: Il n'y en a pas.
M. Bérubé:... le député d'Argenteuil
dit: Voilà, j'ai des commissions scolaires qui s'opposent au projet de
loi. Je veux bien...
M. Ryan; M. le Président, question de règlement.
J'ai donné des noms de commissions scolaires qui ont
adhéré, par résolution, à la coalition...
M. Bérubé: M. le Président, sur la
question...
Le Président (M. Tremblay): Quel article du
règlement, M. le député?
M. Ryan: On a droit de rectifier une question de fait.
M. Bérubé: Non, non, à la fin, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): À la fin, oui.
M. Bérubé: Alors, M. le Président... M.
Ryan: C'est tout de travers. M. Bérubé:... le
député d'Argenteuil... M. Ryan: Stick to your facts.
M. Bérubé:... nous amène une série de
résolutions - oui, cela est possible - mais il y a eu, il y a à
peine maintenant une semaine, une réunion de la Fédération
des commissions scolaires catholiques qui regroupait tous les présidents
des commissions scolaires, tous les directeurs généraux des
commissions scolaires. Lors de cette réunion, ils se sont penchés
sur la question des commissions scolaires linguistiques. Que nous dit la
Fédération des commissions scolaires catholiques? S'oppose-t-elle
aux commissions scolaires linguistiques, globalement, dans l'ensemble du
Québec? Non, au contraire, on tire la conclusion que, pour la grande
majorité de nos concitoyens au Québec, voilà l'orientation
désirable que nous devons prendre. (22 heures)
Ce n'est pas parce que le député d'Argenteuil
réussit à aller quémander ici ou là deux ou
trois... Je ne dirais pas qu'il s'est mis à genoux, mais il a quand
même sollicité, faisant son travail de député, ayant
obtenu un ensemble de résolutions d'un certain nombre de commissions
scolaires qui s'opposent à cela. Il passe sous silence que la
très grande majorité des commissions scolaires appelées
à se prononcer se sont prononcées pour accepter la proposition
d'une restructuration linguistique et que ce qu'il nous présente est une
opinion fort minoritaire au sein des commissions scolaires et que, je pense,
nous ne devons pas retenir puisque nous travaillons ici à établir
un système d'éducation qui convienne à la grande
majorité démocratique. Dans une société
l'unanimité n'existant pas, il faut rechercher des consensus
suffisamment larges mais sans chercher l'unanimité. D'ailleurs, il
était quand même intéressant - et cela, c'est la question
du député de Verchères, fort pertinente, en commission
parlementaire lors du témoignage du QAPSB -... En effet, le
député de Verchères devant cette levée de boucliers
des commissions scolaires protestantes face aux commissions scolaires
linguistiques devait leur poser la question suivante: Et si vous aviez les
garanties constitutionnelles vis-à-vis de la langue comparables à
ce que vous pensez avoir sur le plan confessionnel, entre un système de
commissions scolaires linguistiques ou des commissions scolaires
confessionnelles, quel système choisiriez-vous? La réponse fut
rapide, directe, claire, limpide, lumineuse, précise: Nous choisirions
un système de commissions scolaires linguistiques et non
confessionnelles. Donc, on pourra trouver une commission scolaire comme le
Lakeshore qui voudra bien prendre la position officielle tenue par le QAPSB
mais il demeure que, dès qu'on va au fond des choses, le système
linguistique apparaît à l'ensemble de nos concitoyens plus
désirable que le système confessionnel.
Lorsque je reprends tous les arguments je me rends compte d'une chose,
c'est que le député d'Argenteuil voudrait tantôt faire
témoigner des gens avec des points de vue minoritaires qui ont
déjà eu l'occasion de s'exprimer et qui ont
présenté l'ensemble de leur argumentation, d'une part, et,
d'autre part, il voudrait faire témoigner des groupes que je
qualifierais d'extrêmes au sens qu'ils représentent des points de
vue à ce point divergents et à ce point irréconciliables
dans la société qu'on ne peut pas baser une société
sur des pôles aussi opposés, d'autant plus que ces intervenants
ont déjà eu l'occasion de venir exprimer de façon fort
élaborée et ont eu l'occasion dans des mémoires qu'ils
nous ont soumis de réitérer leur position passée, donc,
que ces groupements ont déjà eu l'occasion de faire
connaître leur position. Dans ces conditions, il n'y a pas de gains
réels sur le plan de l'évolution de notre pensée à
faire simplement réitérer exactement la même argumentation
couchée fondamentalement dans les mêmes termes avec les
mêmes conclusions et avec, finalement, la même impossibilité
de ramener ces points de vue divergents et opposés vers un point de vue
un peu plus commun, communautaire, pour l'ensemble de la société
québécoise.
Dans ces conditions, je pense que nous devons effectivement adopter la
motion qui est devant nous et qui doit nous permettre à ce moment de
clore cette discussion, tout en reconnaissant que le député
d'Argenteuil, que les députés libéraux ont bien
respecté sans doute les engagements qu'ils avaient pris vis-à-vis
de ces organismes, de les défendre
auprès de la commission parlementaire. Je pense qu'ils l'ont fait
correctement. C'est sans hargne que nous devons dire non. Nous devons
simplement dire qu'il n'y a pas véritablement de gain à retirer
de ces témoignages qui sont identiques à ceux qui avaient
été présentés antérieurement.
Cependant, en ce qui a trait à l'éducation des adultes -
et cela explique pourquoi notre position était différente au tout
début - reconnaissons - et j'ai eu l'occasion de le souligner - que le
projet de loi a apporté des modifications par rapport à ce qui
existait dans la proposition du projet de loi 40 et que, dans ces conditions,
compte tenu des changements, il peut y avoir effectivement occasion de
débattre, d'autant plus que l'Opposition a jugé que ce sujet lui
apparaissait prioritaire. Cela explique pourquoi dans ce cas nous sommes
d'accord pour entendre les intervenants dans le domaine de l'éducation
des adultes.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: En vertu de l'article 205, je voudrais faire deux
rectifications.
Le Président (M. Tremblay): Pour autant qu'elles sont
brèves et qu'elles traitent d'explications relativement à votre
discours.
M. Ryan: Premièrement, le ministre a laissé
entendre que je serais allé solliciter ou quémander des appuis
pour des positions que je défendais ici. C'est une affirmation fausse et
mensongère que je lui demande de retirer s'il est un gentilhomme.
M. Bérubé: Si elle est fausse, M. le
Président, je ne mettrai pas en doute l'affirmation du
député d'Argenteuil, je la retirerai.
M. Ryan: Très bien. Deuxièmement, le ministre n'a
pas bien compris, quand j'ai cité...
M. Bérubé: Si elle est fausse.
M. Ryan: Si vous faites du jésuitisme avec cela, je vais
considérer que vous n'êtes pas un gentilhomme. C'est aussi simple
que cela. J'ai dit que je n'avais pas été quémander
d'appuis, c'est tout.
M. Bérubé: C'est parfait. Une voix: Il les a
demandés.
M. Ryan: M. le Président, je ne les ai pas davantage
demandés, contrairement à ce qu'insinue M. le
député de Fabre et contrairement à ce qu'a dit plus
tôt le député de Bourassa. Les députés
péquistes sont forts dans les accusations, mais nous en avons notre
voyage.
Deuxièmement, le ministre a cité des commissions scolaires
que j'ai mentionnées à propos de la Coalition pour la
confes-sionnalité scolaire, en laissant entendre que j'aurais
demandé que ces commissions scolaires soient invitées ici. Je
n'ai jamais demandé cela, j'ai mentionné les résolutions
de ces commissions scolaires pour montrer au député de Bourassa,
qui avait affirmé des choses fausses et incomplètes, que dans la
Coalition pour la confessionnalité scolaire il y a autre chose que des
"crack-pots"; il y a des marginaux, il y a des gens sérieux, des gens
responsables, des gens qui sont dans le "main-stream" aussi, des gens qui, une
journée parfois, pensent d'une manière et une autre
journée d'une autre manière; cela fait partie du paysage. Je
regrette infiniment, ce sont les deux points que je voulais préciser. Je
ne demandais pas que toutes ces commissions viennent ici mais je disais
qu'elles faisaient partie de la commission scolaire...
M. Bérubé: Moi non plus, M. le Président;
là, je dois corriger à mon tour.
M. Ryan: Troisièmement, je voudrais signaler que, si le
ministre entend se réclamer de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, il faudrait citer au
complet les recommandations qu'elles lui ont faites, les écouter au
complet et on serait très proche d'un accord sur tout le projet de
loi.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je meta aux voix la
proposition du député de Matane qui se lit comme suit: "Le
député de Matane propose que la commission n'entende plus
d'organismes, à l'exception de l'Institut canadien d'éducation
des adultes qui a déjà été accepté par la
commission. "
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Alors, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane.
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Alors, il y en a quatre qui
sont pour et deux qui sont contre. Je déclare donc la proposition
adoptée.
M. Leduc (Fabre): M. le Président... Le
Président (M. Tremblay): Oui?
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire qu'il l'a demandé avant
moi.
M. Leduc (Fabre): Vous avez en plus mon nom, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Leduc (Fabre): Vous avez également mon nom par
écrit; je vous l'ai remis et, en plus, je vous demande la parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Je ne veux pas du tout contester le fait qu'il l'a
demandé avant moi. J'aurais fort mauvaise grâce et ce ne serait
même pas tout à fait honnête, mais ce que je voudrais
savoir, c'est si je peux vous donner mon nom avant d'aller souper et en
revenant du souper, c'est moi qui ai le droit de parole. Ce que j'ai toujours
compris, c'est qu'on traitait d'un point particulier d'un article ou quelque
chose, on votait ou on ne votait pas, mais enfin il était adopté,
que les droits de parole inscrits étaient pour couvrir cet article ou ce
point particulier et que, par la suite, le droit de parole ne s'inscrit qu'au
moment où on aborde un second sujet. Sans cela, est-ce qu'il faut que je
vous donne mon droit de parole au cas où je voudrais parler - je vais
caricaturer - à l'article 50 pour être sûre que je vais
l'avoir la première sur l'article 50? Je comprends que je caricature,
mais il me semble qu'il faudrait au moins convenir qu'on ne puisse pas donner
notre nom sur des sujets à venir mais vraiment sur des sujets
présentement en discussion.
Le Président (M. Tremblay): Je suis bien d'accord qu'on en
vienne à une entente des deux côtés de la Chambre et je
vais respecter cela.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si mes collègues de
l'autre côté sont d'accord, mais il me semble que c'est...
Le Président (M. Tremblay): Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Mais, quand on dit: je vous l'ai donné
tantôt et qu'on aborde un autre sujet, là...
Le Président (M. Tremblay): D'accord.
Motion pour passer immédiatement à
l'étude détaillée
M. Leduc (Fabre): J'ai une motion, M. le Président, et
j'en fais lecture: Que l'on passe immédiatement à l'étude
de l'article I et des articles suivants du projet de loi 3.
Le Président (M. Tremblay): Sur la recevabilité, M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, nous avons une motion
antérieure à celle que nous voulons présenter. Pardon?
Une voix: On peut vous la présenter.
Le Président (M. Tremblay): Bien, là, non. Si cette
motion-là n'est pas recevable, je ne la recevrai pas.
M. Ryan: En vertu de quel article celle-ci est-elle
présentée?
Le Président (M. Tremblay): C'est une motion.
M. Leduc (Fabre): En vertu du droit de présenter une
motion en commission.
Mme Lavoie-Roux: Oh non, l'on aborde, M. le Président,
l'article I, quand tous les...
M. Ryan: Mais, c'est sur. Avant que l'on ait disposé des
droits que nous possédons en vertu de l'article 237, je pense qu'il est
impossible de procéder à l'étude d'une motion comme
celle-là. S'il n'y a pas d'autre motion découlant de l'article
237, je comprends très bien que celle-là nous soit
présentée, mais là, nous avons...
Mme Lavoie-Roux: Il n'y aurait même pas besoin de la
présenter.
M. Bérubé: Immédiatement, madame.
M. Ryan:... d'autres motions à présenter en vertu
de l'article 237. Nous en avons deux autres.
Le Président (M. Tremblay): C'est-à-dire que,
même en vertu de l'article 237, j'accepterais des argumentations à
ce point-
ci sur la recevabilité d'une autre motion, puisqu'elle dit: Avant
l'étude détaillée, la commission peut procéder
à des consultations particulières. Je crois que nous venons de
disposer de toute consultation particulière, à moins qu'on ne me
démontre le contraire.
M. Ryan: M. le Président, nous avons une motion à
vous soumettre qui va nous aider à vous démontrer le contraire;
nous vous en plaiderons la recevabilité. C'est vous qui
déciderez.
Le Président (M. Tremblay): Mais, je pense vous devrez
rattacher cela à la recevabilité de la proposition du
député de Fabre.
M. Ryan: Je ne crois pas, là. C'est avant l'étude
détaillée. Lui, il présente une motion pour qu'on commence
l'étude détaillée. Avant l'étude
détaillée, la commission peut procéder à des
consultations particulières. Il me semble qu'en conséquence elle
doit entendre des motions relatives à ce sujet. Si elle ne les entend
pas, elle ne peut pas procéder à des consultations
particulières.
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je pense que l'article 237 dit: Avant
l'étude détaillée, la commission peut
procéder...
Une voix:... peut.
M. Charbonneau:... peut procéder à des
consultations. Nous venons de décider par deux motions, d'une part,
qu'il y aurait une consultation particulière, en l'occurrence,
l'Institut canadien de l'éducation des adultes et, d'autre part,
qu'aucun autre organisme ne serait entendu.
Si le député d'Argenteuil indique qu'il a une motion qui
nous amènerait à reconsidérer, d'une façon ou d'une
autre, le vote qui vient d'être pris, il faudrait qu'il le dise
maintenant dans l'argumentation, comme vous l'avez indiqué, de la
proposition du député de Fabre.
Autrement dit, il faudrait qu'il nous donne maintenant un peu le
libellé de la motion éventuelle qu'il pourrait présenter,
pour qu'on puisse voir dans quelle mesure celle-ci serait éventuellement
recevable, compte tenu des deux propositions qu'on vient d'adopter et qui
rendraient donc, d'une certaine façon, inopportune la proposition du
député de Fabre.
M. Ryan: Oui, mais pour cela il faudrait qu'on me permette de
porter ma motion à la connaissance de la commission.
M. Bérubé: Donc, cela s'applique à la
recevabilité.
M. Ryan: C'est cela.
M. Laplante: Il faut que vous contestiez absolument la question
si vous trouvez qu'elle n'est pas recevable. Dans votre argumentation, vous
pouvez développer pourquoi avec votre motion qui fait que cela la
rend...
M. Ryan: C'est parce qu'on ne peut pas avoir plus qu'une motion
sur la table en même temps.
M. Laplante: Non, dans votre argumentation.
Le Président (M. Tremblay): Messieurs, la commission est
libre de ses travaux. Elle peut décider majoritairement de
procéder immédiatement à l'article I ou elle pourrait
décider de ne pas procéder immédiatement à
l'étude article par article.
Dans ce sens-là, je pense que la proposition du
député de Fabre est recevable. Maintenant, il y aurait lieu, lors
du débat, de convaincre les membres de la commission qu'il ne faut pas
adopter cette résolution-là, puisqu'il y a une autre proposition
sur la table que vous voudriez déposer.
M. Bérubé: Sur la recevabilité de la motion,
je ne sais pas si vous avez tranché concernant la recevabilité de
la motion.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Bérubé: Vous avez tranché. Alors, je ne
peux plus parler, M. le Président.
M. Leduc (Fabre): Donc, la motion est recevable?
Le Président (M. Tremblay): À mon point de vue,
oui. Puisque la commission - je le répète - est mal tresse de ses
travaux, il peut venir une motion visant à entreprendre une
étude; on pourrait même dire: On passe à l'article 25
immédiatement. La commission pourrait décider cela. Elle pourrait
décider: On commence à l'article 60 ou 70. Dans ce
sens-là, mon rôle à moi n'est que de recevoir cette
proposition-là et de faire en sorte qu'elle puisse être
débattue.
Maintenant, il appartient aux membres de la commission de convaincre
leurs collègues qu'il n'est pas opportun de commencer
immédiatement l'étude de l'article I. (22 h 15)
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Charbonneau: Je pense qu'il y a deux choses qui peuvent
être faites avant l'étude article par article. Il y a les
décisions qui pourraient être prises par la commission à
l'égard de consultations particulières. Je pense qu'on vient de
les prendre, les décisions: il y en aurait une et il n'y en aurait pas
d'autres. Il y aurait des motions sur l'organisation des travaux. Je pense que
si le député d'Argenteuil n'a pas d'autres propositions à
présenter, à la limite, même la motion du
député de Fabre serait inutile et vous seriez convié
à appeler immédiatement l'article I.
Donc, de deux choses l'une, pour ne pas perdre de temps, que le
député d'Argenteuil nous indique la nature de sa motion et on va
peut-être voir, à sa face même que, compte tenu de ce qui
peut être fait à cette étape-ci, elle n'est même pas
recevable. Donc...
Le Président (M. Tremblay): Je ne peux pas recevoir deux
motions en même temps.
M. Charbonneau: Il ne s'agit pas de recevoir...
Le Président (M. Tremblay): J'ai une motion sur la table,
j'ai déjà dit qu'elle était recevable à mon point
de vue et il appartient maintenant aux membres de la commission de la
débattre, de l'adopter ou de la rejeter.
M. Charbonneau: D'accord. Ce que je voulais simplement dire, M.
le Président, c'est que, sans qu'il y ait une motion formelle, le
député d'Argenteuil peut très bien nous indiquer, dans son
argumentation...
Le Président (M. Tremblay): Le député
d'Argenteuil a 30 minutes pour développer les raisons pour lesquelles on
ne doit pas adopter ou les raisons pour lesquelles on doit adopter la...
Mme Lavoie-Roux: Vous allez être bon pour être dans
l'Opposition.
M. Charbonneau: Je lui laisse donc la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil ou M. le député de Fabre, peut-être.
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): Rapidement, M. le Président, je pense
qu'il est nécessaire et impérieux que la commission commence
l'étude article par article du projet de loi 3. C'est la raison
même de notre présence ici, M. le Président. Je comprends
l'Opposition de vouloir absolument faire pression sur la commission pour que
nous entendions des organismes dont elle a fait abondamment mention depuis les
débuts de cette commission. Je pense que nous avons, de notre
côté, suffisamment développé les raisons pour
lesquelles nous ne voulons pas entendre les organismes mentionnés,
à l'exception de l'Institut canadien d'éducation des adultes. Je
pense que, là aussi, nous avons fait valoir un certain nombre de raisons
pour lesquelles nous souhaiterions entendre ces gens. Je ne reviendrai donc pas
sur les raisons concernant les organismes mentionnés par
l'Opposition.
Il me semble, M. le Président, que nous nous étions
entendus avec l'Opposition pour entendre une vingtaine d'organismes. Nous
avions fait notre choix ensemble sur cette vingtaine d'organismes que nous
avons effectivement entendus sur le projet de loi 3. Je pense que cela a
été fructueux, nous avons eu des échanges d'opinions
fructueux avec ces organismes et l'éclairage obtenu est suffisant. Il me
semble que le mandat de la commission doit être éminemment
respecté et que nous pourrions, si l'Opposition voulait démontrer
un minimum de bonne volonté, passer à l'étude article par
article du projet de loi 3.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je vais d'abord vous poser un
problème.
Une voix: Un autre?
M. Ryan: Oui. Vous avez déclaré la motion
recevable, mais là, vous créez la situation suivante par votre
décision. J'avais une motion à présenter et, si la motion
du député de Fabre est acceptée, elle ne pourra même
pas être présentée. Cette motion faisait partie de mes
droits comme membre de la commission. Cela aurait été à
vous d'en juger au point de vue de la recevabilité. Là, il y a un
problème, je ne sais pas comment vous allez le dirimer, mais...
Une voix:...
M. Ryan: Je lui soumets le problème en toute... Avant de
m'exprimer sur la motion elle-même, je vous pose ce problème.
Le Président (M. Tremblay): Voulez-vous que je
réponde immédiatement à cela, M. le
député?
M. Ryan: Oui, mais vous ne connaissez pas la nature de la motion
que j'aurais présentée. Ce n'est pas nécessaire pour
vous.
Le Président (M. Tremblay): Ce que
vous me posez comme premier problème est ceci: Vous dites que
votre droit, comme député, est brimé. Mais, moi, j'ai la
responsabilité de respecter aussi le droit du député de
Fabre de faire une motion. Et dès qu'elle est recevable, à mon
avis, et qu'elle est conforme à notre règlement, j'ai le devoir
et l'obligation de l'adopter, quelles que soient les contraintes que cela
puisse apporter à d'autres membres de la commission.
M. Ryan: Je fais une hypothèse: À supposer qu'il
aurait présenté cette motion au début de nos travaux, plus
tôt aujourd'hui, et que vous l'eussiez jugée recevable, qu'elle
eût été adoptée sans aucune modification, on
n'aurait même pas pu faire de proposition quant à des
consultations particulières. Cela revient à cela?
Le Président (M. Tremblay):...
M. Ryan: C'est l'interprétation que vous donnez aux droits
des députés dans cette commission?
Le Président (M. Tremblay): Le règlement permet des
motions et cette motion en est une.
Mme Lavoie-Roux: Elle pourrait être la première sur
la table.
Le Président (M. Tremblay): Elle pourrait être la
première sur la table, à mon avis.
Une voix: On ne peut pas préjuger d'une décision
d'un président...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, on demande des explications.
Une voix: Il y a une possibilité de demander une
motion.
M. Bérubé: Je serais quand même
intéressé à la démonstration du
député d'Argenteuil. Qu'il nous explique ce qu'il voulait nous
soumettre.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je vais vous dire quelle était ma motion. Je ne
veux pas qu'on évolue dans le mystère. Je veux que les choses
soient simples. Ma motion aurait été la suivante: Que la
commission entende le Directeur général des élections, M.
Pierre-F. Côté, au sujet des articles 125 à 215.
La motion que nous avons adoptée tantôt porte uniquement
sur les organismes et non sur les experts. Mais je crois que c'est parfaitement
juste, que c'est parfaitement dans l'ordre des choses que nous demandions que
certains experts puissent être entendus pour éclairer la
commission. C'est la proposition que je voulais soumettre à ce
moment-ci...
Si vous avez entendu les propos qui ont été tenus en
Chambre hier au sujet des articles du projet de loi qui traitent des
élections scolaires, il y a de nombreux et importants points qui doivent
être examinés à ce sujet. Nous sommes actuellement en plein
coeur d'un processus de consolidation de toutes nos lois électorales. Il
y a trois lois différentes qui sont en train d'être réunies
dans un seul texte qui doit être déposé à
l'Assemblée incessamment. Nous constatons après examen qu'il n'y
a eu aucune espèce de contact avec le bureau du Directeur
général des élections pour la préparation de cette
partie du projet de loi. Il nous semble nécessaire que la commission
puisse entendre le Directeur général des élections. C'est
la proposition que j'aurais faite si j'en avais eu la chance. Mais si on
procède comme vous sembliez devoir le décider, on n'aura pas la
chance de faire cette proposition.
Une voix: Ce serait intéressant.
M. Charbonneau: M. le Président. Il y a deux choses...
M. Ryan: C'est écrit "avant l'étude
détaillée" dans notre règlement. C'est écrit que
les consultations particulières doivent être
décidées avant l'étude détaillée. Il me
semblerait curieux qu'on puisse procéder comme cela. Cela voudrait dire,
à la rigueur, que cet article ne voudrait plus rien dire.
M. Charbonneau: M. le Président, après
vérification, je pense qu'on doit, d'une part, reconnaître que le
député de Fabre peut très bien faire une motion comme il
en fait une. D'autre part, on pourrait dire en plus, par anticipation, que la
motion que le député d'Argenteuil aurait pu faire si celle-ci
n'avait pas été faite, à mon avis, aurait
été irrecevable à cause de la motion que nous venons
d'adopter qui portait, je pense, sur l'ensemble des organismes,
c'est-à-dire des consultations particulières. Dans la mesure
où la motion a pour effet de faire en sorte qu'il n'y ait qu'une
consultation particulière et pas d'autres, je pense qu'à sa face
même, elle aurait été irrecevable. On aurait pu argumenter
de toute façon. Mais à partir du moment où la motion du
député de Fabre qui, bien sûr, stratégiquement,
embête nos collègues de l'Opposition, est recevable, je pense
qu'on sera obligé d'accuser le coup de l'autre côté et se
contenter de débattre celle-ci pour qu'on puisse passer au vote sur
celle-ci.
Le Président (M. Tremblay): Je voudrais répondre
qu'à ce stade-ci du débat, je n'ai pas à statuer à
savoir si une motion annoncée du député d'Argenteuil est
recevable ou non. Je dois me contenter d'entendre l'argumentation relativement
à la motion qui est sur la table. Cette argumentation devrait
normalement viser à convaincre les membres de la commission que la
motion qui est sur la table et qui est recevable ne doit pas être
adoptée, doit être rejetée ou doit être
adoptée selon le point de vue où l'on se place.
M. Bérubé: Les arguments...
Le Président (M. Tremblay): Maintenant, si le
député de Fabre décidait de retirer sa motion, à ce
moment, c'est une autre chose. Tant que j'ai cette motion sur la table, mon
rôle est de faire en sorte...
M. Leduc (Fabre): Il faut de bons arguments.
Le Président (M. Tremblay):... que l'on discute de la
motion qui est sur la table.
M. Bérubé: Je dois dire, pour intervenir sur la
motion du député de Fabre, que je connais le député
de Fabre.
M. Ryan: Je crois que c'est au tour de l'Opposition de parler sur
la motion. Le député de Fabre a fait sa motion. Si vous nous
obligez à parler sur le contenu...
M. Bérubé: J'ai demandé la parole.
M. Ryan: Oui, mais après l'Opposition. C'est de
l'alternance.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez bien raison et dans
ce sens, je vous remets la parole, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je m'en prévaudrai tantôt.
M. Bérubé: M. le député d'Argenteuil
est déjà intervenu une fois.
Le Président (M. Tremblay): Il a droit à 30
minutes.
M. Bérubé: Il n'a pas droit de passer son droit de
parole à un autre membre.
Le Président (M. Tremblay): À ce moment, je le
passerai à un membre du côté ministériel puisqu'il y
a alternance.
M. Ryan: Je signale que je suis intervenu seulement sur la
recevabilité, non pas sur... C'est clair?
Le Président (M. Tremblay): Effec- tivement. On ne vous
compte pas de temps. Mme la députée de l'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Je suis étonnée de la motion qui a
été présentée par le député de Fabre.
Le côté ministériel vient, on le sait par la motion
antérieure qu'il a faite, de mettre fin aux organismes que nous aurions
souhaité entendre à ce moment-ci de nos travaux. Non content
déjà d'une certaine façon, comme l'a indiqué mon
collègue de Saint-Laurent, de mettre un bâillon à
l'audition des groupes restreints qui avaient demandé de se faire
entendre, maintenant on veut imposer le bâillon à l'Opposition. On
dit: Que vous ayez des... Éventuellement', on veut peut-être nous
bâillonner. Je ne le sais pas. Je pense que c'est un peu tôt dans
les travaux. On est à la première journée.
Une voix: On n'a pas commencé.
Une voix: Ce n'est pas mon affaire, mais je pense...
M. Charbonneau:... laisser le président permanent de la
commission assumer les rênes du pouvoir quelques instants.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que j'avais la parole.
Le Président (M. Laplante): Vous avez la parole. À
l'ordre, s'il vous plaît! Mme la députée de L'Acadie,
continuez dans la paix. M. le député de Saint-Laurent, s'il vous
plaît! J'ai dit: M. le député de Saint-Laurent, s'il vous
plaît, laissez parler Mme la députée de L'Acadie.
M. Leduc (Saint-Laurent): Un instant, M. le Président.
Question de règlement, de directive. Je n'ai pas dérangé
du tout Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, c'étaient les bruits qu'on
entendait dans la direction du président.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, je m'en excuse,
M. le député de Saint-Laurent. Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je disais que non satisfait d'une motion qui
vient d'être adoptée, où il a décidé de
mettre fin aux auditions, le gouvernement revient immédiatement avec une
autre motion.
M. Bérubé: Est-ce que je pourrais vous demander -
c'est une question de règlement - un peu de silence autour de cette
table parce que j'essayais de suivre Mme la députée de L'Acadie?
Il y a une espèce de
brouhaha que j'entendais du côté de l'Opposition ne me
permettant malheureusement pas de suivre ce qui pouvait s'annoncer comme
étant un exposé intéressant. Vous savez. à quel
point j'apprécie toujours les exposés de la députée
de L'Acadie.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, M. le ministre,
mais il faudra...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez absolument raison, M. le
ministre. C'est d'une qualité remarquable;
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie, je vous demanderais de suivre attentivement... (22 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Au lieu de répéter pour la
troisième fois ce que j'ai déjà dit, je vais vous
référer au Journal des débats, il paraît que ce sera
reproduit là. Enfin, on va laisser faire les accusations d'un
côté comme de l'autre. Je disais que le gouvernement maintenant
veut bâillonner l'Opposition à ce stade-ci de nos travaux. Je
m'étonne de la nature de ce règlement. Il est là, tel que
le président qui vous a précédé nous l'a
interprété. Je le dis très sérieusement, je pense
qu'on devrait le remettre en question et ce n'est pas le moment de le faire. Le
gouvernement pourrait, dès le début, décider: On va
laisser l'Opposition fonctionner deux heures; après, on va arriver avec
cette motion qui équivaut à une motion de clôture, à
toutes fins utiles. Puisque vous n'avez qu'à faire une motion, nous
allons immédiatement passer à l'article I. Ceci est vraiment - je
ne vous en tiens pas responsable - une modification à nos modes de
fonctionnement antérieurs qui, je pense... Bâillonner
l'Opposition, ce n'est peut-être pas tellement grave, mais je pense que
ce qui est plus grave, c'est de nous empêcher de remplir nos
responsabilités avec tous les outils qui, normalement, devraient
être à notre disposition.
Je sais que mon collègue d'Argenteuil a une motion qu'il veut
faire. Je vais le laisser faire quand il voudra intervenir. Nous sommes ici, M.
le Président, pour examiner un des projets de loi les plus
sérieux et les plus importants qui aient été
déposés à l'Assemblée nationale, je dirais
même dans les huit dernières années. Cela fait
déjà huit ans que, d'une certaine façon, on attend un
projet de loi qui va rajeunir, qui va adapter aux réalités
d'aujourd'hui notre système d'éducation. Je pense qu'à cet
égard, le ministre peut montrer une certaine impatience pour que le
projet de loi soit adopté, mais il conviendra de dire que, depuis au
moins deux ans - hier, on rendait hommage, mes collègues en tout cas
rendaient hommage au député d'Argenteuil pour son travail - le
député d'Argenteuil faisant partie de l'Opposition, l'Opposition
a vraiment fait son travail pour faire évoluer non seulement la
pensée gouvernementale -je pense que ce n'était pas cela l'objet
principal de toutes les énergies que le député
d'Argenteuil a consacrées à ce projet de restructuration scolaire
- mais celle de l'ensemble des jeunes du Québec. Si nous en sommes
rendus quand même à un projet de loi qui apparaît plus
acceptable pour nos concitoyens, c'est parce que nous y avons mis le temps
qu'il fallait. Je pense qu'évidemment - le gouvernement ne l'admettra
jamais, et je le comprends - entre eux, ces gens admettent probablement fort
volontiers que la contribution qui a été apportée par
l'Opposition est importante. Je pense même qu'à cet égard,
votre prédécesseur, au moment de l'étude du projet de loi
40, avait souligné justement à la fin des travaux, comment, en
particulier, le travail du porte-parole de l'Opposition et des autres membres
des deux côtés de la commission avait contribué à
éclairer énormément de problèmes et il avait rendu
un hommage particulier au député d'Argenteuil.
Aujourd'hui, nous nous trouvons devant ce projet de loi qui sera
adopté évidemment, j'imagine, d'ici quelques semaines ou quelques
mois, je l'ignore, mais je me demande pourquoi on voudrait brûler ou
sauter des étapes dans ce dernier effort de bonifier le projet de loi.
Par la proposition que vous faites, vous empêchez l'Opposition de
présenter d'autres motions qui, nous croyons, permettraient de
compléter le travail qui a été fait très
sérieusement depuis déjà, je dirais, près de deux
ans. Je ne peux pas comprendre que le gouvernement ou le côté
ministériel n'ait pas permis ou ne veuille pas permettre à
l'Opposition de vraiment aller, enfin d'aller jusqu'au bout des motions qu'elle
veut présenter, justement pour éclairer davantage les travaux qui
vont se dérouler dans la prochaine semaine.
C'est évident que l'Opposition ne pourra adopter une telle
proposition. Je pense qu'il serait beaucoup plus normal, pour que les travaux
se déroulent dans un esprit de collaboration, qu'au point de
départ de nos travaux le gouvernement n'essaie pas, à toutes fins
utiles, de bâillonner l'Opposition. Je pense que, normalement, l'article
I d'un projet de loi...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: C'est la première fois que je vois ceci
dans une commission, même dans des commissions où le climat est
très difficile, c'est par une collaboration de part et d'autre que l'on
arrive à l'article I.
Je n'ai jamais vu des gens procéder de cette façon, en
disant: Vous avez fini de parler, on procède immédiatement
à l'étude de l'article I1.
M. le Président, je demande encore au député de
Fabre de réfléchir aux répercussions - ce ne sont pas des
menaces que je fais ici - possibles de cette façon de procéder
quant à l'atmosphère dans laquelle nos travaux vont se
dérouler et surtout non pas quant aux éléments de
solution, mais quant à la recherche que nous pouvions continuer de faire
pour être le mieux éclairés possible dans les travaux qui
vont se poursuivre durant les prochaines semaines. Je lui demande de
réexaminer la proposition qu'il a mise sur la table et qu'il lui est
encore possible de retirer, je pense, pour le meilleur bénéfice
des travaux de cette commission.
Le Président (M. Laplante): Merci, madame.
M. le ministre.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, M. le Président. D'abord,
je voudrais témoigner de mon appréciation au député
de Fabre qui, je dois dire, a eu une perception éclairée du
déroulement de nos travaux. Je dois dire que sa sagacité nous
amène en ce moment une motion que, personnellement, je n'avais pas
anticipée au départ.
En effet, ce matin, le député de Fabre a posé deux
questions au député d'Argenteuil, disant: Vous voulez entendre
des témoignages, nous n'avons pas d'abjection à examiner vos
demandes. Nous aurions même peut-être nous aussi des propositions
à faire à la commission pour éclairer nos travaux, et le
député de Fabre a demandé simplement au
député d'Argenteuil: Pouvez-vous nous dire quelles sont vos
intentions? À ce moment-là, on va essayer de voir comment on peut
organiser nos travaux de manière à pouvoir, dans la mesure du
possible, faire la plus large part possible à vos intentions afin de
rendre ceci compatible avec une poursuite raisonnable de ce projet de loi, cet
important projet de loi qui va impliquer quand même beaucoup de travail
au niveau de l'étude article par article, sous peine, pour nous, de
faire un mauvais travail en bout de piste.
Le député d'Argenteuil, pour des raisons qui lui
appartiennent, avait décidé qu'il ne voulait pas répondre.
Il a dit cependant: Je serais peut-être d'accord pour vous rencontrer
à l'heure du dîner, pour en discuter avec vous dans
l'intimité, non pas d'une alcôve, mais disons d'un lieu calme et
discret, où il n'y a pas d'enregistrement. Alors, on a convenu
effectivement que ce serait peut-être un bon moyen. Nous nous sommes
réunis - d'ailleurs, le député d'Argenteuil en a
témoigné à notre retour ici, en commission - après
avoir examiné les propositions du député d'Argenteuil. Je
me souviens - on pourra le retrouver au Journal des débats - qu'à
un moment donné, l'un d'entre nous, je ne sais pas exactement lequel,
avait même laissé entendre que le député
d'Argenteuil avait cherché à cacher ses intentions quant au
nombre de témoins qu'il aimerait voir se présenter ici, en
commission. Le député d'Argenteuil, peut-être à bon
droit, s'est élevé et a dit: Non, je n'ai jamais voulu cacher...
je n'ai pas voulu répondre ce matin mais, à midi, je vous ai
effectivement présenté la liste des gens dont nous voudrions
entendre le témoignage et, donc, je n'ai jamais cherché à
cacher de quelque façon que ce soit... Tout au plus, étais-je
distrait, inattentif, tout au plus, somnolais-je quelque peu, mais enfin, je
n'avais certainement pas l'intention de cacher quoi que ce soit. Je pense qu'on
ne doit pas prêter d'intention à qui que ce soit et j'ai
accepté, effectivement, l'affirmation du député
d'Argenteuil. Il ne voulait pas le dire en commission mais il nous avait bel et
bien déballé l'ensemble des témoins qu'il voulait entendre
devant la commission.
Jusqu'ici tout allait bien. M. le Président, il y a une question
de règlement. J'ignore si..
Le Président (M. Laplante): Non, pas tout de suite.
M. Bérubé: Non?
M. Ryan: Non, après.
M. Bérubé: Après? Bon, c'est bien.
M. Ryan: Après. On rectifiera tout ensemble.
Le Président (M. Laplante): C'est un avis seulement.
M. Bérubé: Certainement. Donc, je pense qu'il s'est
opposé avec vigueur à cette interprétation,
peut-être antiparlementaire, de nous avoir caché des choses alors
que, à midi, il nous avait effectivement déballé
absolument tout. Il nous avait déballé absolument tout, sauf
qu'il nous sort une nouvelle demande dont il ne nous a pas parlé
à midi, que nous ne connaissions pas. Et là, on découvre
que ce qu'il avait déballé à midi était presque
tout; on ne sait pas, il y en a peut-être d'autres. Évidemment,
à partir du moment où, justement, on ne sait pas où vous
voulez en venir, on ne peut pas juger si, globalement, vos propositions sont
acceptables. Vous les sortez un peu comme un saucisson; vous les sortez tranche
par
tranche et de préférence micrométriques, de telle
sorte qu'on puisse avoir un très grand nombre de tranches avec, à
chaque fois, un nombre de droits de parole, que je ne vous nie pas parce que ce
serait antidémocratique. Néanmoins, la multiplication des
tranches peut facilement occuper le temps. On est quand même
obligé de faire preuve, je pense, d'un certain savoir-faire
parlementaire. Je souligne que je dois rendre témoignage à mon
collègue de Fabre qui avait venu venir, alors que moi, je dois vous
avouer, dans ma naïveté, que, devant cet attrape-nigaud
peut-être, j'allais...
Mme Lavoie-Roux: Faites attention.
M. Bérubé:... me laisser prendre; mais, le
député de Fabre, lui, avait compris. C'est une excellente motion,
M. le député de Fabre, même si j'avoue que,
personnellement, normalement, je n'y aurais pas eu recours. J'aurais
préféré que, candidement, vous nous présentiez vos
propositions, que nous les examinions et qu'à partir de ces
propositions, nous cherchions à voir, en vous concédant
peut-être l'ensemble de vos demandes possiblement raisonnables pour que,
à ce moment-là, nous puissions organiser les travaux de cette
Chambre. Mais il est clair en ce moment que ce que le député
d'Argenteuil nous a présenté à midi non seulement
n'était pas tout ce qu'il avait à l'esprit - et non seulement
l'un d'entre nous l'a peut-être accusé de cacher quelque chose -
non seulement je suis obligé de dire qu'effectivement il ne nous avait
rien dit ce matin, mais, à midi, il nous avait caché cette
demande additionnelle et cette motion.
M. Ryan: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre.
Question de règlement, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Le ministre dit que j'aurais avoué avoir
été distrait lorsque j'ai refusé de répondre
à la question du député de Fabre ce matin. Je
n'étais aucunement distrait. J'étais parfaitement conscient de ce
que je disais et je serais prêt à le répéter
n'importe quand. À midi, j'ai fait une proposition bien claire au
gouvernement qui a été refusée par l'équipe
ministérielle, à la reprise de la séance. Par
conséquent, cette proposition ne tient plus. Nous avons retrouvé
notre liberté...
Le Président (M. Laplante): Il ne faudrait pas que cela
tourne en débat, M. le député. Juste une rectification des
faits, d'accord.
M. Ryan: Pour conclure, M. le Président, que nous n'avons
rien caché et que nous n'avons rien à dévoiler au
gouvernement maintenant qu'il a refusé de collaborer dans les limites
raisonnables.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je comprends
qu'il commence à être tard. Le député de Fabre
s'impatiente. Le ministre félicite le député de Fabre de
s'impatienter. Le ministre est en train de lui dire qu'il fait un très
bon coup, mais il faudrait peut-être savoir, M. le Président, ce
qu'il fait, le ministre, quand il dit: Écoutez, je félicite le
député de Fabre qui a eu une idée fameuse, géniale,
la trouvaille du siècle: Passer immédiatement à
l'étude des articles I et suivants du Code civil...
Des voix: Hal Hal Ha!
M. Leduc (Saint-Laurent):... du projet de loi 3!
M. Bérubé: Si jamais vous avez besoin de remplir
votre temps de parole, vous pouvez lire les articles du Code civil. Cela s'est
déjà vu. (22 h 45)
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, il n'y a pas de
quoi être fier. Il n'y a pas de quoi pavoiser du tout; pas du tout. Ce
qu'est en train de faire le ministre avec la collusion du député
de Fabre, ce n'est pas d'empêcher les députés de
l'Opposition de parler, c'est d'empêcher les organismes de venir nous
exprimer leur point de vue sur le projet de loi 3. C'est cela qui est le coeur.
Si c'était un "filibuster" comme celui que j'ai déjà
connu...
Des voix: Hal Hal Hal
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Soyez...
M. Leduc (Saint-Laurent):... qui, à mon sens...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est sérieux.
M. Leduc (Saint-Laurent):... était peut-être,
à certains égards, inacceptable... On contestait la nomination du
rapporteur. Il fallait établir que ce pauvre rapporteur...
Mme Lavoie-Roux: Il n'était pas qualifié.
M. Leduc (Saint-Laurent):... n'avait pas la qualité, les
capacités de rapporter. Mais, ici, il ne s'agit pas du tout de ces
manoeuvres.
Une voix: Pas encore.
M. Leduc (Saint-Laurent): De quoi s'agit-il? Il s'agit de
permettre à ces organismes de venir en commission parlementaire
témoigner de leur expérience, de leurs problèmes dans le
monde de l'éducation. Je pense que c'est une véritable
guillotine. On n'est pas en train de guillotiner l'Opposition. Je le
répète, j'ai un mandat de la population, j'ai un mandat des
organismes qui oeuvrent dans le monde scolaire. J'ai le mandat de dire aux
députés ministériels qu'ils ont le droit - ce n'est pas un
privilège... On est en train d'établir que c'est un
privilège de venir s'exprimer à l'Assemblée nationale, de
venir s'exprimer en commission parlementaire, parce qu'on a accordé ce
privilège à certains et qu'on ne l'a pas accordé à
d'autres. Ce n'est plus un droit; cela devient un privilège. Je ne pense
pas qu'il y ait des privilégiés dans la société
québécoise. Pour le Parti québécois, il y en a eu
des privilégiés; il y a eu les fameux préjugés
favorables. On sait où cela a conduit. Cela a conduit aux fameuses lois,
les pires qu'on ait jamais connues - les lois 70, 72, 105, 111. Oui, M. le
Président, le fameux préjugé favorable. Je dis qu'on ne
doit pas avoir de préjugé favorable envers qui que ce soit. On ne
doit pas favoriser, on ne doit pas privilégier certains organismes au
détriment d'autres. Ce n'est pas un "filibuster" qu'on est en train de
faire, mais pas du tout...
Une voix: Non.
M. Leduc (Saint-Laurent):... mais en aucune façon. Je vous
dirais qu'en ce qui me concerne il n'y a pas d'urgence à passer à
l'étude du projet de loi.
Qu'on regarde ce qui s'est passé avec le projet de loi 40. On en
a la preuve. Cela a pris du temps, mais cela a permis au gouvernement, au
ministre - d'abord, cela a peut-être coûté un ministre...
Mais cela a permis au nouveau ministre d'arriver avec un nouveau projet de loi,
je dirais, plus acceptable...
Une voix: Ah!
M. Leduc (Saint-Laurent):... que l'autre. Cela a au moins
permis... Oui. Enfin, moins inacceptable, si vous permettez, M. le
Président.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Leduc (Saint-Laurent): On regarde également ce qui
s'est passé lors de l'étude d'autres projets de loi. Qu'on
regarde le projet de loi 38. Qu'est-ce qu'il a permis? Cela a permis le
"filibuster", parce que oui... C'était, d'ailleurs... Ce n'était
pas sur la nomination du rapporteur qu'on a "filibusté". On a dit: Le
projet de loi 38 est inacceptable...
Mme Lavoie-Roux: Cela a coûté un ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent):... il est mal fait, inapproprié,
inutile. Le gouvernement a reconnu que c'était vrai, mais cela a pris du
temps. Cela a pris du temps avant qu'il reconnaisse qu'il fallait
peut-être le mettre de côté, le retirer. Oui, cela a
coûté un ministre; cela, on le sait. Bon. Cela a
coûté même plus qu'un ministre; cela a coûté un
député.
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, cela a coûté un
député pour le côté ministériel. Bien
oui.
Mme Lavoie-Roux: Lequel?
M. Leduc (Saint-Laurent): Le même. En tout cas, le
même.
M. Champagne: Un député-ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais un député... Je
dis un député pour le côté ministériel.
M. Ryan: Il est encore ministériel.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, il est indépendant.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bon, il est indépendant.
M. Ryan: Comme d'habitude, j'étais perdu.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela permet quoi? Nous, dans
l'entreprise privée, sommes peut-être habitués d'aller un
peu plus rapidement. C'est l'expérience que j'ai vécue ici. Au
départ, je dois vous dire que j'avais...
Mme Lavoie-Roux: Cela vous déroutait.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela me déroutait, oui. Cela
m'embêtait. Je croyais qu'on n'allait pas assez vite. Peut-être
qu'il fallait aller plus vite au but. J'ai réalisé qu'ici ce
n'est peut-être pas tout à fait cela, particulièrement
quand on constate qu'on doit fonctionner avec des partis politiques qui, au
départ, sont partisans. Ce n'est peut-être pas
tellement facile. Cela prend beaucoup de temps, je pense, avant de
passer un message de l'autre côté de la table. On doit constater,
réaliser...
Le Président (M. Laplante):... dix minutes. Je vous
avertis, il reste encore une minute.
M. Leduc (Saint-Laurent): Une minute? Très
déçu.
Le Président (M. Laplante): Vous êtes
intéressant, ça passe vite.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est donc dire qu'il n'y a pas
d'urgence en la matière. Il n'y a pas de presse. On a le temps, je
pense. Oui. Pour un projet de loi aussi important que le projet de loi 3, on
doit prendre le temps qu'il faut. C'est un projet de loi, je l'ai dit, qui
remplace complètement l'ancienne Loi sur l'instruction publique. Je
pense qu'on devrait mettre de côté cette motion, cette
résolution et peut-être passer à la proposition qui va
être faite par le député d'Argenteuil dont j'ai entendu
parler tantôt et qui semble très adéquate. Je continue, M.
le Président?
Le Président (M. Laplante): Je vais vous donner 30
secondes tandis que je vais finir avec ma...
M. Leduc (Saint-Laurent): L'expérience nous prouve donc
que le temps peut être un facteur, oui, de progrès et de
bonification pour un projet de loi. On l'a vu dans le projet de loi 40. Cela
fait près d'un an et demi que le livre blanc a été
déposé. On a présenté un projet de loi qui
était absolument inacceptable, qui était rejeté de tous.
Si, M. le ministre, vous n'aviez pas eu de commission parlementaire pour
entendre ces intervenants, est-ce que vous auriez fait adopter le projet de loi
40?
Le Président (M. Laplante): Je pense que vous avez
terminé.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est une bonne question très
pertinente. Est-ce que vous l'auriez fait adopter, votre projet de loi 40?
Peut-être. Vous l'auriez peut-être fait adopter parce qu'il
semblait au ministre à l'époque...
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous conclure, s'il
vous plaît, maintenant, M. le député de Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent):... un projet de loi acceptable. On
s'est aperçu que c'était inacceptable. C'est peut-être la
même chose d'ailleurs pour le projet de loi 3. Je ne pense pas qu'on
puisse dire qu'on reçoit trop d'organismes, trop d'intervenants. Il n'y
en aura jamais trop. On risque qu'il n'y en ait pas assez.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député de Saint-Laurent. M. le député de
Verchères. On n'a pas droit aux applaudissements. À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: J'étais profondément
tiraillé...
Le Président (M. Laplante): On peut faire une motion
spéciale en remerciement au président.
M. Charbonneau:... tantôt quand j'écoutais la
députée de L'Acadie. Je trouvais que son raisonnement se tenait
et qu'elle avait une façon particulièrement habile de nous
culpabiliser, nous du côté ministériel, à
l'égard de la présentation de cette motion. Le problème,
c'est que dans la stratégie, du côté de l'Opposition, on
aurait dû se contenter de l'intervention de la députée de
L'Acadie. Malheureusement, le député de Saint-Laurent m'a
enlevé toute culpabilité. Là, complètement.
À un point où je pense que je ne parlerai pas beaucoup pour qu'on
puisse rapidement passer à l'adoption de la motion du
député de Fabre. Il nous a dit qu'il n'était pas
pressé, mais -voilà le problème - c'est que nous, nous
sommes pressés de commencer l'étude article par article parce que
nous savons très bien, comme vous d'ailleurs, que nous n'avons pas six
mois pour étudier ce projet de loi article par article et qu'à un
moment donné il faudra bien qu'on finisse par l'adopter et qu'on le
ramène d'une façon ou d'une autre au salon bleu, à la
Chambre. À cet égard, nous sommes pressés de
procéder à l'étude article par article, parce que nous
croyons que c'est cette étape qui est la plus importante.
Nous voulons absolument faire en sorte que le travail que nous ferons
lors de l'étude article par article soit le plus sérieux
possible. À cet égard, nous craignons beaucoup les tentations que
nous présente le député de Saint-Laurent à savoir
que non seulement il n'est pas pressé, mais, de la façon dont il
s'exprimait, on peut comprendre qu'il aurait des intentions de nous faire
toutes sortes d'autres propositions pour amener la commission à entendre
encore plusieurs autres organismes et à...
M. Leduc (Saint-Laurent): Du tout! Pas du tout!
M. Charbonneau: Peut-être que la députée de
L'Acadie, dans...
M. Leduc (Saint-Laurent): Il a une imagination fertile.
Mme Lavoie-Roux: Vous venez de rejeter... Vous nous avez
bâillonné cela, tantôt. Il n'y a plus de possibilité
de présenter des organismes.
M. Leduc (Saint-Laurent): La guillotine.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez mise, la guillotine, sur les
organismes.
M. Charbonneau: On a mis la guillotine, mais on a entendu le
député de Saint-Laurent et le député d'Argenteuil
nous laisser entendre que, eux, considéraient que la proposition qui a
été adoptée tantôt laisse néanmoins la porte
ouverte, encore une fois, pour entendre d'autres organismes. Si, de l'autre
côté, on a pensé qu'il y avait une possibilité
d'entrer la proposition du député de Fabre - c'est pour vous
rassurer, surtout que vous nous faites signe que telle n'est point votre
intention... Si ce n'est pas là votre intention, nous allons
complètement fermer la porte à toute autre consultation
particulière et procéder sans plus tarder à l'étude
article par article, et je pense que la meilleure façon, c'est de
commencer par l'article I, M. le Président. Dans ce sens, je
m'arrête ici parce que je pense que, si on veut être
cohérent, il faudrait rapidement adopter la proposition du
député de Fabre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai demandé la
parole.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je crois avoir droit à la période de
temps...
M. Champagne: Je m'excuse, M. le Président. Voici, c'est
une question de...
M. Ryan:... impartie au porte-parole de l'Opposition.
M. Champagne: Oui, c'est ça que je voudrais savoir. Est-ce
que, dans cette motion, tout le monde a épuisé son temps, surtout
ceux de l'Opposition, pour pouvoir...
Des voix: Ah! Ah!
M. Champagne: Je voudrais savoir de votre part, M. le
Président... Je pense qu'il y a une motion sur la table. Chacun a le
droit de parler 20 minutes.
Le Président (M. Tremblay): Non, non. Une voix: Dix
minutes.
M. Champagne: C'est dix minutes. La question que je pose: Est-ce
que chacun a parlé dix minutes actuellement?
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Le Président (M. Tremblay): Non, et le
député d'Argenteuil a 30 minutes.
Des voix: Ah! Ah!
M. Champagne: À partir de quel article?
Le Président (M. Tremblay): À partir de l'article
237, je crois.
M. Champagne: Mais un instant, là! Le Président
(M. Tremblay): 207.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais soulever une
question de privilège pour le député de Mille-Iles.
Le Président (M. Tremblay): Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il est inquiet de ne pas avoir de
temps qui lui soit alloué pour s'exprimer sur cette motion. Il faudrait
prendre bien soin de lui laisser dix minutes, qu'il ait dix minutes.
Le Président (M. Tremblay): Il a dix minutes.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dix minutes.
M. Champagne: Ah! D'accord. Si cela vient de vous, je ne peux pas
refuser, madame.
Le Président (M. Tremblay): Je réexplique que dans
un débat, dans cette sorte de débat...
Des voix: Ah! Ah!
M. Leduc (Saint-Laurent): Un instant! Question de
privilège.
Le Président (M. Tremblay): Dans une motion de forme, dans
cette motion qui est une motion de forme, tous les députés ont
une enveloppe de dix minutes. Celui qui la propose a 30 minutes et un membre de
l'Opposition a 30 minutes. Je donne la parole à M. le
député d'Argenteuil, qui a 30 minutes.
M. Champagne: Est-ce que M. le député d'Argenteuil
s'était déjà exprimé sur cette motion?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, pas du
tout.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas du tout.
M. Champagne: Alors, nous l'écoutons pendant 30
minutes.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Ses 30 minutes ne...
Le Président (M. Tremblay): Je répète que
c'est une enveloppe.
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est une enveloppe. Excusez-moi. Je ne vous
avais pas entendu.
Le Président (M. Tremblay): Vous pouvez y aller, M. le
député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais rassurer le
député de Mille-îles. Je ferai tout ce qui est
raisonnablement possible pour ne pas utiliser complètement cette
période de temps...
M. Champagne: D'accord. Je vous prends au mot.
M. Ryan:... avec l'espoir qu'il pourra peut-être me tomber
du ciel une période additionnelle à un autre titre.
Au sujet de la motion du député de Fabre, je ne voudrais
pas passer à côté des questions que nous voulions soulever.
J'avais tantôt l'intention, M. le Président, de proposer une
motion demandant que la commission entende le Directeur des élections.
En fait, il y avait trois personnes que nous jugions opportun que la commission
entende. Ce sont toutes des choses éminemment pertinentes. Au sujet du
Directeur des élections, il est immédiatement
intéressé par les articles 115 à 235, je m'excuse, les
articles 125 à 215 du projet de loi 3 intéressent directement le
Directeur des élections et intéressent également tous les
citoyens, à plus forte raison les députés, qui sont
intéressés à mettre un peu plus de clarté, de
cohésion, d'unité et d'harmonie dans nos lois qui traitent
d'élections à divers paliers. (23 heures)
Je donne seulement un exemple. Au point de vue des listes
électorales, ce qui est prévu dans le projet de loi ne
résiste pas à l'examen des experts dans le domaine
électoral, dont je ne suis point. Mais ceux qui ont examiné cette
question de près se rendent compte qu'il y a des échéances
qui sont prévues, qui vont très mal fonctionner. Dans un article,
par exemple, on dit qu'on pourra confectionner des listes électorales
pour fins scolaires à partir de la liste électorale
générale ou d'autres sources. La liste électorale
générale sera prête quinze jours après; par
conséquent, on ne pourra pas l'utiliser. C'est un article qui serait
impuissant à sa face même. C'est seulement un exemple, il y en a
beaucoup d'autres. Si on avait la chance d'entendre ici le Directeur des
élections, il pourrait nous apporter des éclaircissements
très intéressants.
Je donne un autre exemple. J'apprenais moi-même - je l'ignorais
totalement - que le groupe qui entoure le Directeur des élections -
c'est un groupe consultatif comprenant des représentants des deux partis
politiques principaux - a préparé une consolidation des trois
grandes lois électorales que nous avons actuellement. Il y a la loi sur
les élections, la loi sur le financement des partis politiques et la Loi
sur la consultation populaire. On a préparé une consolidation en
vertu de laquelle tous ces textes vont être réunis dans un
même document qui a fait l'objet d'un accord à peu près
complet, à ma connaissance, entre les deux partis politiques et qui doit
être déposé à l'Assemblée nationale la
semaine prochaine, si j'ai bien compris. Mais on ne tient pas compte du tout
des élections scolaires dans ce document. Ceux qui ont participé
à la rédaction du côté de notre parti m'ont dit
qu'il serait hautement souhaitable que l'intégration puisse se faire
avec le corpus, l'ensemble des dispositions qui régissent les
élections au Québec. Alors, ce sont des choses qui ne sont pas
négligeables. Cela vaudrait la peine, avant de tailler de notre
côté, comme si on était les seuls à fabriquer des
instruments de cette nature, qu'on entende le point de vue de celui qui a la
charge générale, en vertu d'un mandat qu'il tient de
l'Assemblée nationale, de diriger tout le système
électoral du Québec. Je pense que ce ne serait pas mauvais si
nous pouvions arriver, par exemple, plus vite au Québec à
atteindre l'objectif d'une liste électorale commune pour toutes les fins
électorales au Québec. Imaginez-vous le ridicule d'une situation;
on s'en va faire la liste électorale pour les fins scolaires. On va
aller la faire ensuite pour les fins municipales. On la fait pour les fins
provinciales. Quel gaspillage! On s'en rend tous compte depuis longtemps.
Le Directeur des élections avait conçu un système,
à un moment donné, qu'il voulait nous proposer; il avait
malheureusement mis la charrue devant les boeufs, il a fallu remiser tout ce
dispositif qu'il avait conçu. Mais l'idée qu'il avait
était bonne. Là, il y a une occasion, en tout cas, de
vérifier le point où il en est et la contribution qu'il pourra
fournir à notre propre réflexion en vue des décisions que
nous devrons prendre
sur les articles du projet de loi, qui traitent - les articles 125
à 215 - d'élections scolaires.
Je ne crois pas qu'il soit futile, superficiel ou abusif en quelque
manière de proposer modestement - avec toutes les défaites que
nous avons encaissées aujourd'hui, nous devenons modestes, M. le
Président - à nos collègues du côté
ministériel qu'ils acceptent d'entendre le Directeur des
élections au moment qui sera jugé opportun par la commission. La
commission peut procéder à des consultations avant l'étude
détaillée. C'est parce que, après cela, cela devient plus
difficile. Si. le gouvernement nous disait: Nous aimerions mieux
procéder à cette consultation à partir de l'article 125,
on n'en fait pas une question de lettre, cela ferait notre affaire, la
même chose. Ce serait encore mieux avant, mais, si c'est mieux de
l'entendre à ce moment-là, très bien. Je ne vois pas au
nom de quelle considération sérieuse le gouvernement refuserait
de l'entendre.
Il est question dans la loi du Protecteur du citoyen, on va lui
référer des cas. C'est bien beau la
générosité et un libéralisme un petit peu aveugle
et mal défini, mais est-ce que ça veut dire que, dès qu'un
parent va avoir l'impression que son enfant a été l'objet d'un
abus quelconque de la part d'un professeur, il s'en va directement chez le
Protecteur du citoyen? C'est ça que ça veut dire le texte de loi,
d'après ce que je comprends.
Il me semble qu'il y a des procédures qu'il faut traverser avant
d'arriver là. Autrement, on va développer un autre monstre
bureaucratique, une annexe au bureau du Protecteur du citoyen, alors que dans
le système lui-même on a 95% à 98% des moyens dont on a
besoin pour faire face à ces problèmes-là. Il faut que les
gens arrêtent de s'imaginer, au Québec, qu'il suffit d'avoir
décider de chialer une bonne journée pour qu'on puisse mettre en
branle une machine à Québec. Je pense qu'il faut qu'ils se
rendent compte qu'il y a des dispositifs plus modestes. Il faut qu'ils passent
par là d'abord, qu'ils règlent leurs problèmes et moins il
y en a qui vont aller jusqu'au sommet de l'appareil, autant de l'appareil
administratif que de l'appareil des plaintes, ça va être une
saprée bonne affaire pour l'administration publique au
Québec.
Avant d'inonder cette fonction-là de responsabilités
encore plus lourdes, il ne serait pas mauvais d'entendre cette
personne-là qu'on n'entend, d'ailleurs, à peu près jamais
à l'Assemblée nationale. C'est un de nos mandataires qu'on
n'entend à peu près jamais. Ce n'est pas nous autres qui l'avons
mis là. Le gouvernement a voulu bien faire; je pense que c'est une
pensée noble qu'il a eue en instituant ce recours au Protecteur du
citoyen. On aimerait l'entendre et savoir comment il va procéder,
comment ça va s'intégrer et comment il verrait des dispositions
qui le protégeraient contre les recours abusifs.
M. Laplante: On peut vous faire enregistrer sa voix sur une
cassette, si vous voulez.
M. Ryan: Non, en tout cas, je vous dis ça. Je pense que,
comme il en est question dans la loi et qu'il y a très peu de
députés qui sont familiers avec le fonctionnement de cette
institution dans notre appareil gouvernemental, ça serait très
bon qu'on puisse l'entendre.
De même, il y a des dispositions dans le projet de loi. C'est bien
facile de dire dans un projet de loi: Si ça ne marche pas avec tel
élève, on le sacre dehors. On dit: Cela ne marche plus,
celui-là on le met dehors. Mais la société est responsable
de cet enfant-là. Ce n'est pas tout de dire que la commission scolaire
ne l'aura plus sur ses bras. Où est-ce qu'il va aboutir, cet
enfant-là? Il va aboutir chez le Directeur de la protection de la
jeunesse dans un bon nombre de cas. C'est prévu, d'ailleurs, dans le
projet de loi.
On peut bien dire: On va mettre ses parents à l'amende, ça
ne règle rien. Il est question du Directeur de la protection de la
jeunesse à plusieurs articles. Il me semble que ce serait normal qu'on
entende... Je ne sais pas si c'est le président du Comité de la
protection de la jeunesse; le député de Verchères est
beaucoup plus familier que moi avec ça. Il me semble que ce serait
très utile. D'ailleurs, il était venu rencontrer la commission
parlementaire l'hiver dernier et je ne crois pas que dans le projet de loi les
désirs qu'il avait exprimés soient très bien
reflétés. Ça, ce sont trois personnes, je pense qu'on
aurait intérêt à entendre, ça enrichirait
considérablement notre réflexion et peut-être aussi la
teneur des décisions que nous serons appelés à
prendre.
Je regrette de le dire en l'absence du député de Fabre qui
me semble faire des crises d'insomnie au sujet des secrets que nous pourrions
lui cacher, mais ma liste était épuisée pour ce soir et il
n'aura malheureusement pas été présent pour entendre les
considérations que je voulais émettre à l'appui de mes
suggestions. Il sera trop tard! Très bien! Très bien! On va
attendre à demain; alors, on va prendre notre temps.
M. Bérubé: Est-ce que le député
d'Argenteuil me permettrait une question pour qu'il puisse y répondre
dans son intervention?
Le Président (M. Tremblay): À la fin.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, s'il le permet.
Le Président (M. Tremblay): Avec le consentement.
Une voix: Consentement. M. Ryan: Ça me sera
utile.
M. Bérubé: Voici la question que je voudrais poser.
J'ai compris que le député d'Argenteuil nous a dit: Nous
aimerions entendre le Directeur des élections sur le problème de
la rationalisation du système électoral; le Protecteur du
citoyen, étant donné qu'on lui confie une mission additionnelle
et que vous n'avez pas eu l'occasion de l'entendre effectivement et je n'ai pas
trop trop compris...
Mme Lavoie-Roux: Le président du Comité de la
protection de la jeunesse.
M. Bérubé: Y a-t-il d'autres témoignages que
vous désirez obtenir en cours d'examen du projet de loi? J'aimerais
savoir lesquels.
M. Ryan: Oui, mes collègues pourront parler
également là-dessus.. Peut-être qu'on pourrait soulever la
question. Si le président veut mettre entre parenthèses le temps
qui m'est accordé, on pourrait discuter ce point. J'en ai une autre
à vous proposer.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Ryan: C'est parce que vous m'avez ouvert la porte.
M. Bérubé: Je voudrais savoir. Une voix: On
peut se retirer.
M. Ryan: Cela va. Si vous voulez, on pourrait faire une chose. On
va disposer de cette partie, M. le Président, et on pourra donner cette
réponse au ministre. Il n'y a pas de problème là-dessus et
ce sont toutes des choses très pertinentes. Il y en a une autre, mais je
veux en parler avec mes collègues avant parce que je n'ai pas coutume
d'agir seul, vous me connaissez! Ah! Ah! Ah!
Des voix: Oh!
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, je peux lui rendre
témoignage.
M. Ryan: N'exagérez point!
Une voix: Vous vous connaissez mal, M. Ryan.
M. Ryan: Je voudrais maintenant revenir à la motion du
député de Fabre, si vous me le permettez.
M. Charbonneau: Si le député d'Argenteuil me le
permet, dans la veine de ce que le ministre lui a dit, pour son
bénéfice, on peut continuer comme cela longtemps, mais dans la
mesure où le ministre posait la question, bon, à un moment
donné, si on pouvait finir par savoir jusqu'où cela peut aller,
peut-être que nous pourrions faire, nous aussi, un bout de chemin. Mais
dans la mesure où, on ne sait jamais où on va arrêter, il
n'y aura plus de bout de chemin et on va arrêter
immédiatement.
M. Ryan: M. le Président...
M. Bérubé: Le problème, c'est qu'on ne sait
pas si on monte sur une autoroute ou sur un chemin vicinal.
M. Ryan: Deux petites remarques, M. le Président. J'ai
connu un personnage qui me tenait toujours le langage que vous tenez
actuellement. Je vais vous dire qui c'était; c'était l'ancien
premier ministre du Canada. Quand on parlait avec lui de négociations
constitutionnelles, il nous disait toujours: Oui, je serais bien prêt,
mais je ne sais pas où cela va finir. Et cela n'a jamais
commencé. Il avait tellement peur de ce qui pourrait venir; il nous
parlait du saucisson et de tout ce que j'ai entendu tantôt. Cela me
faisait sourire; je me disais que c'est une espèce de complexe que
développe l'habitude du pouvoir. On a peur pour rien. On se fait des
mythes et des cauchemars là où il n'y a pas de raison d'y en
avoir. Cela m'a rappelé cela... Je vous entendais tantôt et cela
me faisait sourire. Je me rappelle que j'avais dit à M. Trudeau, dans le
temps: Laissez ces cauchemars de côté, cela va aller bien plus
vite si vous avez moins peur et que vous marchez un peu plus dans la confiance.
C'est ce que je vous dis. Franchement, on en a fait l'expérience, cela
fait un an qu'on y travaille. C'est vrai que cela a pris un peu plus de temps,
mais ce n'est pas moi qui ai préparé le projet, ce n'est pas ma
faute s'il était mal fait. C'était mon devoir de vous le dire et
encore aujourd'hui.
On a nommé des choses, mais je suis content de constater
qu'à force d'insister la glace commence à fondre un peu de
l'autre côté.
M. Bérubé: On commence à avoir un peu plus
de jus.
M. Ryan: Oui, la glace commence à fondre. Le
député de Verchères, j'espère qu'il parlait avec le
placet de son ministre.
M. Bérubé: Nous, on fait cela
collégialement.
M. Ryan: Ce midi, on s'est fait organiser et je l'ai
déploré souverainement. On s'est fait organiser royalement. On
entre dans une conversation sérieuse avec vous autres, nous revenons en
disant: Oui, ça marche, ce qu'on a proposé. Vous dites: On a
parlé de cela pour rien, ça ne marche pas. Pas d'explication,
rien, et ça finit là. Et après, vous voulez qu'on vous
fasse confiance? Voyons donc! Réveillez-vous! Réveillez-vous' Ah!
Ah! Ah!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Ryan: Je reviens à la motion. Ah! Ah! Ah!
Une voix: On a le temps!
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas pressé.
M. Ryan: Je suis content de l'ouverture que vous faites. Je ne
vous dirai qu'une chose: On discutera de cela autour de la table, je ne
discuterai plus privément avec vous jusqu'à la fin du travail de
la commission, à moins que le climat ne change totalement. Si vous avez
des ouvertures - je vous en ai nommé trois - demain matin, on vous
donnera les autres. Ah! Ah! Ah! Comme on le dit dans les grands jours, vous
prendrez vos responsabilités! Ah! Ah! Ah!
Maintenant, je suis prêt à discuter de la motion, mais...
Ah! Ah! Ah! Cela va être bien simple. Je trouve que la motion, dans
l'état d'esprit où est le gouvernement, se comprend. Ah! Ah! Ah!
C'est évident que nous voterons contre, mais je trouve qu'elle est
illogique. Le député de Fabre propose que l'on passe
immédiatement à l'étude de l'article I et des suivants du
projet de loi. Est-ce qu'il est parti, le député de Fabre, entre
parenthèses? (23 h 15)
Une voix: Il a honte. Il a honte de sa motion.
M. Bérubé: Je vois que le député
d'Argenteuil est en train de compiler ses notes. En fait, étant
donné que le député de Fabre se joint à nous, je
pense qu'on devra lui transmettre un peu le point de vue du
député d'Argenteuil. Il faut que le député
d'Argenteuil comprenne que la seule façon -il est en train
d'épuiser son temps de parole - de nous guider dans la prise de
décision que nous avons à prendre ce soir, c'est de
déballer... Je pense qu'on lui fait confiance. C'est peut-être un
oubli, ce midi, qu'il n'ait pas voulu élaborer davantage. Je suis
convaincu que, s'il voulait nous donner la liste vraiment de tous ceux, enfin,
organismes, personnes, personnes morales, compagnies -: je voudrais
déballer à peu près le dictionnaire au complet de telle
sorte qu'on soit certain de couvrir l'ensemble de manière à ne
pas se prêter des fois de mauvaises intentions - qu'il veut entendre pour
qu'à ce moment on puisse décider si, oui ou non, il y a quelque
chose de valable, je pense qu'à ce moment on pourrait vraiment voter.
J'aimerais qu'il le fasse avant la fin de son intervention. Mais j'ai peur
qu'il épuise son temps de parole et qu'effectivement, faute d'une
information adéquate, sans savoir ce qui se cache derrière les
trois noms qu'on vient de mentionner, on soit contraint de voter la motion du
député de Fabre. À ce moment, peut-être qu'on aura
manqué de bonnes occasions que le député d'Argenteuil ne
nous aura pas vraiment, malheureusement, permis de comprendre. C'est pour cela
que, si le député d'Argenteuil voulait, d'ici à la fin de
son temps de parole, déballer, disons, cela nous aiderait à
voter. Une fois que nous aurons voté, il sera trop tard pour continuer.
Peut-être que nous aurions découvert des choses fort
intéressantes que nous ne saurons pas.
Mme Lavoie-Roux: Que vous venez de découvrir,
d'ailleurs.
M. Charbonneau: On pourrait même être incités
à battre la proposition du député de Fabre, si
c'était intéressant.
M. Ryan: Ne comptez pas tout cela sur mon temps.
Une voix: Continuez, messieurs.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que le
député d'Argenteuil a la parole?
Des voix: Oui, oui.
M. Ryan: Combien de temps?
Le Président (M. Tremblay): Il doit vous rester une
quinzaine de minutes.
Une voix: Un gros quinze minutes.
Le Président (M. Tremblay): 18 minutes.
M. Champagne: Je souligne qu'il a promis de ne pas les
prendre.
M. Ryan: Je vais essayer de ne pas les prendre. Très bien.
Pendant votre absence, M. le député de Fabre, nous avons
réussi, croyons-nous, à commencer à entamer le bloc de
glace que vous incarniez, hélas, trop bien. Pendant votre absence, j'ai
l'impression que le coeur a repris un peu de sa place. Vos collègues, y
compris M. le ministre, ont paru disposés à fléchir
quelque peu devant
les propositions extrêmement sensées de notre part, en
particulier, quand nous avons proposé que vous examiniez la
possibilité d'entendre le Protecteur du citoyen à propos
d'articles du projet de loi que je vous identifie immédiatement, 10, 11,
12 et 13; le président du Comité de la protection de la jeunesse
à propos des articles 18, 19, 20, 236 et 284 et le Directeur des
élections du Québec à propos des articles 125 à
215. On a trouvé que c'étaient des propositions qui avaient du
bon sens. On a dit: On serait prêt à regarder cela. Très
bien.
On nous a demandé: Est-ce que c'est la fin des fins? J'ai
rappelé que cette attitude évoquait dans mon souvenir une
attitude que j'avais observée souvent chez M. Trudeau du temps où
il était premier ministre du Québec, du Canada. C'est ainsi qu'il
répondait très souvent.
M. Bérubé: Premier ministre du Québec, pour
autant que vous étiez concerné.
M. Ryan: Non, on était dans l'Opposition et il y a des
choses qu'il a faites avec vous qu'il n'aurait jamais réussies avec
nous, en particulier, l'élimination du droit de veto. Nous autres, on
l'aurait empêché.
M. Bérubé: Il a réussi sur les "hustings"
politiques, lors du référendum, à vous faire avaler
beaucoup de couleuvres.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre! Oui, la pertinence est...
M. Ryan: C'est vous autres qui avez avalé la grosse
couleuvre et vous en portez la responsabilité devant l'histoire.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, M. le
député d'Argenteuil. Je voudrais vous demander de revenir au
débat, un peu plus proche au moins. Il me semble que je suis
tolérant.
M. Ryan: Vous n'aurez pas besoin de me le rappeler trois fois. M.
Trudeau...
M. Leduc (Fabre): Voulez-vous le faire venir?
M. Ryan: Non, non. Je vous dirai en toute simplicité qu'il
y a très longtemps que je l'ai consulté.
Je reviens à notre sujet. C'étaient les principaux
exemples, tous tirés du texte même du projet de loi, pas
inventés par quelque caprice ou artifice. Dans la liste, il y en a un
que j'ajouterais. On m'a demandé cela tantôt. Mes collègues
pourront parler également parce qu'ils ont autant le droit que moi. Du
côté des services de garde, je remarque une chose: du
côté des classes préprimaires, cela relèverait, je
pense, de l'Office des services de garde et après cela, des commissions
scolaires et là, on m'a signalé que d'avoir des classes comme
ça qui vont relever de deux autorités différentes, ce ne
serait pas une bonne chose. Il y a sûrement des clarifications
importantes à chercher de ce côté-là. Il y a une
présidente de l'Office des services de garde du Québec.
Étant donné qu'on veut lui confier un rôle là-dedans
et qu'il y a plusieurs articles à la fin qui traitent de cette partie de
l'administration publique, il me semble que c'est un organisme, en tout cas...
Ce sont quatre exemples pertinents et je ne veux pas...
M. Bérubé: Vous ne voulez pas épuiser la
liste; ce sont quatre exemples.
M. Ryan: Pardon?
M. Bérubé: Vous ne voulez pas épuiser la
liste; ce sont quatre exemples.
M. Ryan: Mais il y a une chose sûre; c'est que je ne peux
pas l'étendre à l'infini, parce que tout part du projet de loi.
Il n'y en a pas une infinité, vous savez. Ce sont des exemples, en tout
cas.
Je reviens à la proposition du député de Fabre en
espérant qu'on trouvera un moment pour discuter de ceci, peut-être
une fois qu'on aura disposé de la proposition. Cela ne me fait rien,
ça, moi. Si vous aimez mieux avant, c'est encore plus agréable
pour moi. Je voulais dire au député de Fabre que je ne suis pas
d'accord sur le fond de sa motion, cela va de soi. Après les autres
motions que nous avons faites ce soir, nous ne pouvons pas être d'accord
avec cette motion, mais nous sommes conscients du fait que le gouvernement a la
majorité à la commission et que c'est ainsi que les choses
doivent être ultimement jusqu'à ce que le gouvernement
décide de déclencher des élections.
M. Bérubé: Cela peut être, d'ailleurs,
amplifié.
M. Ryan: Je voudrais signaler au député de Fabre
qu'il y a peut-être une faiblesse dans sa motion qu'il sera prêt
à reconnaître. C'est que la motion demande qu'on passe tout de
suite à l'étude de l'article I et des suivants du projet de loi.
Elle fait complètement abstraction de la décision que nous avons
prise d'entendre l'Institut canadien d'éducation des adultes. Il me
semble qu'une marque de courtoisie élémentaire, que nous devrions
manifester à cet organisme, serait de reporter au moment où aura
eu lieu la consultation particulière avec lui l'étude des
articles sur lesquels la commission a jugé bon d'entendre le point
de
vue de cet organisme. Il me semble que c'est bien difficile qu'on adopte
l'article 2, l'article 3 et l'article 4 si ce sont des articles sur lesquels
nous avons décidé d'entendre le point de vue de l'Institut
canadien d'éducation des adultes. Pardon?
M. Leduc (Fabre): Il n'y a vraiment pas de problème, M. le
député.
Motion d'amendement
M. Ryan: Alors, je voudrais, en conséquence, proposer
à la motion du député de Fabre l'amendement suivant. La
motion se lit comme suit: "Que l'on passe immédiatement à
l'étude de l'article I et des suivants du projet de loi 3. " Et je
propose qu'après les mots "du projet de loi 3" nous ajoutions les mots
suivants: "en reportant toutefois jusqu'après la consultation
particulière avec l'ICEA l'étude des articles 2 à 13, 24,
52, 57, 234 à 245, 264, 297 et 298 au sujet desquels la commission a
jugé bon d'entendre le point de vue de cet organisme. "
Le Président (M. Tremblay): Sur la
recevabilité.
M. Ryan: Oui. Je pense que je n'ai même pas à
plaider la recevabilité parce que c'est un amendement qui se situe tout
à fait dans le prolongement de la décision que nous avons prise
et, si vous en admettez la recevabilité...
Le Président (M. Tremblay): Je la déclare
recevable.
M. Ryan;... je vais essayer de vous expliquer en quoi cet
amendement...
Le Président (M. Tremblay): Et vous avez 30 minutes.
Des voix: Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je comprends qu'on est
pris dans la rigidité des cinq minutes et des dix minutes, mais c'est
parce que je me dis: Peut-être qu'on fait tout ce plaidoyer un peu
inutilement si l'ouverture qui a été démontrée du
côté du gouvernement faisait que le député de Fabre
retirait sa proposition, parce qu'on va être bloqué. Vous avez la
majorité. Vous pouvez l'adopter. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée,
je vais vous avouer...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas le droit de parole?
Le Président (M. Tremblay): Je vais répondre
à cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez probablement raison, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): J'aurais un très
sérieux problème s'il y avait ouverture du côté
gouvernemental là-dessus, parce qu'on a déjà adopté
une proposition disant qu'il n'y en aurait pas d'organismes.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne sont pas des organismes, M. le
Président. Ce sont des experts.
Une voix: Ce sont des personnes.
Le Président (M. Tremblay): Oui, ce serait à
discuter, effectivement, dans ce sens.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas la même chose.
Le Président (M. Tremblay): Mais on en discutera au moment
où...
M. Bérubé: Un représentant des organismes,
si je comprends bien?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Ce sont vraiment des experts.
Le Président (M. Tremblay): On pourra en discuter au
moment où la proposition sera sur la table.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont vraiment des experts. Si demain...
M. Ryan: S'il y a accord, il n'y aura pas beaucoup de
discussions.
Le Président (M. Tremblay): Moi, je vais régler
cela rapidement.
M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Tremblay): S'il y a accord, je vais
régler cela rapidement.
M. Ryan: M. le Président...
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Ryan:... je crois que c'est moi qui ai le droit de parole
à l'appui de mon amendement.
Le Président (M. Tremblay): Oui, vous avez un droit de
parole de 30 minutes, mais le député de Verchères a
demandé le droit de parole pour répondre à Mme
Lavoie-Roux. Est-ce que vous êtes consentant?
Une voix: Ah! non, pas du tout.
M. Charbonneau: On a eu beaucoup de plaisir aujourd'hui, je pense,
à participer à cette commission. À la suite de ce qu'on a
indiqué tantôt très sérieusement, malgré
l'atmosphère détendue, je voulais faire en sorte que nos
collègues de l'Opposition considèrent qu'effectivement nous
pourrions être intéressés, malgré la proposition que
nous avons fait adopter tantôt, à considérer des organismes
ou des personnes autres que l'Institut canadien d'éducation des adultes.
Il faudrait comprendre, par ailleurs - je pense que le ministre l'a dit comme
il faut tantôt - qu'à un moment donné on ne peut pas
s'amuser comme cela éternellement. Donc, de deux choses l'une: ou on
nous dit clairement... Il y en a encore combien? On en a quatre devant nous.
Est-ce que c'est quatre, dix ou quinze? Si c'est quatre, on peut "dealer" sur
quatre. Si c'est quatre plus une inconnue, cela devient difficile et on sera
obligé d'en rester à la proposition du député de
Fabre. Si on nous dit que c'est quatre et qu'avec ces quatre on aura
déjà fait une contribution fort importante et aidé la
commission à faire une étude plus sérieuse et plus
efficace article par article et qu'on aura un produit qui sera
présenté plus perfectionné à l'Assemblée
nationale, je pense que le ministre et moi avons très bien
indiqué qu'on était ouverts à cela. Ce qu'on veut
clairement, c'est qu'on nous dise s'il y en a d'autres ou non. S'il n'y en a
pas d'autres, on peut parler; s'il y en a d'autres, on ne peut plus parler.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je pense qu'il
faut...
Le Président (M. Tremblay): Vous me rappelez à
l'ordre, si je comprends bien.
M. Leduc (Fabre): Je vous rappelle à l'ordre parce qu'il y
a un amendement.
Le Président (M. Tremblay): Je donne la parole au
député d'Argenteuil qui a 30 minutes sur son amendement à
la proposition du député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Oui. J'aimerais que vous vérifiiez si
c'est bel et bien 30 minutes puisqu'il s'agit d'un amendement. De toute
façon, ce que je veux dire sera bref.
Le Président (M. Tremblay): Oui, d'accord. Il a 30
minutes.
M. Leduc (Fabre): Si vous voulez, on va d'abord régler la
question de l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Il a été
déclaré recevable.
M. Leduc (Fabre): Oui, il l'est. Mais ce n'est pas sur la
recevabilité, c'est sur l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): La parole est au
député d'Argenteuil.
M. Leduc (Fabre): Sur l'amendement? Le Président (M.
Tremblay): Oui.
M. Ryan: Évidemment. M. le Président, j'ai bien des
arguments à vous apporter à l'appui de cet amendement, mais si le
député de Fabre a des remarques à faire avant que je fasse
mon intervention, je n'ai pas d'objection.
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): Cela peut peut-être aider, M. le
Président, dans le sens où on n'a vraiment pas d'objection
à voter pour cet amendement. Au contraire, cet amendement se situe tout
à fait dans la ligne de la proposition que nous avons adoptée au
sujet de l'Institut canadien d'éducation des adultes que nous sommes
prêts à entendre. Les articles mentionnés par le
député d'Argenteuil concordent, justement, avec les articles qui
concernent spécifiquement cet organisme. Si cela peut raccourcir les
discussions sur l'amendement, je pense que cela vaut la peine de le
mentionner.
Je voudrais être très bref sur la possibilité, qu'on
ouvre, d'une autre proposition. Je dis bien d'une autre proposition - je ne dis
pas que nous serions prêts à la présenter - que nous
serions prêts à entendre de la part de l'Opposition sur les
"spécialistes que l'Opposition aimerait entendre... (23 h 30)
M. Bérubé: Les témoignages.
M. Leduc (Fabre):... concernant la question des élections,
le Protecteur du citoyen, la protection de la jeunesse, les services de garde.
On est ouvert à entendre une proposition de l'Opposition, mais je
spécifie bien: à la condition qu'on nous indique également
que la liste se termine là. Je pense que je suis clair dans mes
commentaires. Nous sommes prêts à en discuter, mais à la
condition qu'on ne nous traîne pas, qu'on ne nous laisse pas croire ou
entendre qu'il pourrait peut-être y avoir d'autres organismes qui
s'ajouteraient ce soir, demain matin ou une autre fois.
Nous exprimons notre désir d'entendre l'Opposition, mais nous
exprimons également notre désir de passer le plus rapidement
possible à l'étude des articles du projet de loi 3.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Encore une fois, pas sur le fond de l'amendement, mais
sur les remarques qui viennent d'être faites, M. le Président, si
vous me permettez.
Le Président (M. Tremblay): Ça va compter sur
l'amendement, quand même.
M. Ryan: C'est parce que le député de Fabre vient
de laisser entendre qu'on n'aura peut-être pas besoin de débat sur
l'amendement. S'ils sont prêts à...
M. Bérubé: Nous sommes prêts à
l'approuver rapidement étant donné que nous sommes d'accord avec
l'amendement. Je pense que c'est assez limpide, mais si le député
d'Argenteuil devait prendre 30 minutes pour parler d'un amendement et que les
deux autres députés de l'Opposition devaient parler chacun dix
minutes pour parler d'un amendement sur lequel nous sommes tous d'accord,
à ce moment-là je devrais conclure qu'il y a tentative ou
apparence de tentative de "filibuster", M. le Président.
Une voix: Ah, bien, mon Dieu!
Le Président (M. Tremblay): Quelle
perspicacité!
M. Ryan: C'est justement pour ça que je vous demande, M.
le Président, de faire montre de compréhension à cette
heure-ci. Je suis disposé, si les choses vont bien, à renoncer
à mon droit de parole là-dessus, mais je veux m'assurer que les
choses vont bien avant et c'est pour ça que je veux répondre aux
propos...
Le Président (M. Tremblay): Vous avez 30 minutes.
M. Ryan: En tout cas, faites vos calculs et on s'arrangera avec
ça.
Le député de Fabre a laissé entendre que nous
serions arrivés avec de nouveaux organismes au-delà de ceux qui
avaient été mentionnés au début de la
journée. Savez-vous que c'est complètement faux? Quel nouvel
organisme avons-nous ajouté à la liste que j'ai mentionnée
à midi? Aucun.
M. Leduc (Fabre): Je m'excuse, M. le Président, mais il
n'a jamais été question, dans la liste qui nous a
été présentée à midi, du Directeur des
élections, du Protecteur du citoyen, du président du
Comité de la protection de la jeunesse ou des...
M. Ryan: Nous parlons d'experts, actuellement.
M. Leduc (Fabre):... services de garde. Il n'en a jamais
été question. J'ai encore mon papier. J'avais des témoins
de cette discussion.
M. Ryan: Les organismes extérieurs à l'appareil
gouvernemental qui étaient sur notre liste que nous vous avons soumise,
il y en avait sept ou huit en tout dont certains devaient être
regroupés. C'est la même liste depuis le début de nos
conversations. Quand vous laissez entendre à plusieurs reprises comme
vous le faites qu'on serait venu en ajouter par en dessous de la table, c'est
faux, c'est absolument faux. C'est absolument faux, je regrette infiniment.
Franchement, c'est bien beau de faire des insinuations et tout, c'est votre
spécialité...
Le Président (M. Tremblay): Je vais redemander la
pertinence. On a un amendement sur la table et discutons-en.
M. Ryan: Je prends mon temps de parole parce que le
député m'a interrompu.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: C'est vrai que ça devrait être
discuté ensuite, mais, d'un autre côté, on s'est fait jouer
assez de tours jusqu'à maintenant qu'on est prudent comme des serpents.
C'est l'Évangile qui nous le recommande, on n'a pas à en rougir.
On m'a posé une question. J'ai mentionné tantôt des
organismes, pardon des personnes titulaires de fonctions importantes dans notre
société et directement reliées à des objets du
projet de loi. Le Protecteur du citoyen en est un -je vais vous donner la
liste, M. le député de Fabre - le président du
Comité de la protection de la jeunesse; troisièmement, le
Directeur général des élections; quatrièmement, je
crois que ça doit être la présidente de l'Office des
services de garde du Québec; cinquièmement les présidents
des comités confessionnels qui sont immédiatement...
M. Leduc (Fabre): Le président.
M. Ryan: "Les". Il y a deux comités confessionnels, pour
votre information, un catholique et un protestant. C'est tout. Je pense que
ça couvre les objets principaux sur lesquels nous aurions besoin de
l'éclairage de ces personnes qui occupent des fonctions clés dans
l'appareil qui servira à la mise en oeuvre de cette loi sur
l'éducation.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander au député d'Argenteuil s'il consentirait à une
suspension de nos travaux pour un "team back"?
M. Ryan: Volontiers!
M. Bérubé: Avant la suspension, j'aimerais poser
une question au député d'Argenteuil. Il nous dit que ce ne sont
pas des organismes, mais que ce sont des personnes parlant au nom d'organismes.
Je veux bien. Tantôt, il trouvera une nouvelle définition.
Là, évidemment, il est toujours difficile de sortir tous les
termes, synonymes ou autres, du dictionnaire de manière à
épuiser... Là, c'est une question de bonne foi.
Je ne sais pas vraiment comment lui poser la question et je lui dirais:
Sont-ce là les témoins qui seraient amenés à se
présenter devant cette commission pour répondre à nos
questions? S'agit-il là de la liste complète des personnes,
hommes ou femmes, représentant des personnes morales, des personnes
physiques, des institutions, enfin de quelque nature que ce soit, qui
viendraient à cette commission pour répondre à nos
questions? C'est ce que je comprends.
M. Ryan: M. le Président, non, non, on a
déjà parlé là-dessus. Je ne comprends pas...
M. Bérubé: Je reconnais bien là l'attitude
serpent.
M. Ryan:... du tout l'insistance du ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: Moi non plus... M. Ryan: Non,
non, écoutez...
M. Bérubé:... je ne me comprends pas
moi-même, mais j'apprends vite en votre compagnie.
M. Ryan:... nous proposons cette liste, en toute franchise.
M. Bérubé: Fait sans sourire.
M. Ryan: Maintenant, s'il arrivait... Non, non, écoutez,
s'il arrivait, en cours de route...
Une voix: Ah, en cours de route!
M. Ryan:... que la commission se rendît compte qu'il y en a
un qu'il est très important d'entendre, elle est assez fine pour prendre
ses décisions; si nous arrivons avec des propositions stupides, vous
êtes assez intelligents pour les refuser.
M. Bérubé: En cours de route, durant la
commission.
M. Ryan: Et si vous voulez arriver et faire de cette
affaire-là... Mais il me semble que vous avez tous les pouvoirs de ce
côté-là et vous ne nous traiterez pas comme des enfants,
c'est tout! Si cela vaut la peine de les rencontrer... Si c'est pour nous faire
plaisir que vous les faites venir, ne les faites pas venir; on ira les voir
tout seuls, on est capables. Mais si c'est pour rendre service à la
commission, on va les faire venir. On marche sur la bonne foi là-dedans.
Des engagements de classe maternelle, il n'y en aura pas ici. On est capable de
marcher sur la bonne foi, c'est dans ce temps-là que cela marche le
mieux.
M. Bérubé: Oui, je suis absolument d'accord, M. le
Président, pour qu'on fonctionne de bonne foi à cette commission.
Je pense que c'est la seule façon de faire un travail raisonnable. Si le
député d'Argenteuil nous dit que, en cours d'étude du
projet de loi, on devait, d'un commun accord... Il faudrait que ce soit d'un
commun accord, il est clair, puisque le règlement de l'Assemblée
nationale est très explicite. On pourrait très bien refuser toute
proposition. Je pense que si, d'un commun accord, on décide d'entendre
un expert, il va de soi qu'on ne peut pas engager la commission à ne pas
le faire. Ce n'est pas cela qui est en cause. Ce qui est en cause, c'est
va-t-on avoir, après l'adoption d'une motion quelconque pour convoquer
ces intervenants, d'autres motions avant que l'on commence l'étude
article par article? J'aurais peut-être dû la présenter
comme cela et, à ce moment-là, je pense que le
député d'Argenteuil aurait compris que, dans le fond, la question
que je lui pose, c'est tout simplement: Peut-on s'engager dans l'étude
article par article en se limitant à la liste d'intervenants que nous
avons là, quitte à voir, en cours d'analyse s'il y a lieu, s'il
n'y a pas un motif à invitation additionnelle, car il est clair que nous
nous engageons dans l'étude article par article, dès
maintenant?
M. Ryan: M. le Président, je ne sais pas si vous avez
compris la question du ministre. Oui. Vous êtes chanceux parce que vous
pouvez fonctionner sur deux registres en même temps!
Le Président (M. Tremblay): Sur deux oreilles,
d'ailleurs.
M. Bérubé: Et deux lobes cervicaux.
M. Ryan: M. le ministre, à votre question, la
réponse est simple, il y a une motion qui est sur la table, qui demande
que nous passions immédiatement à l'étude de l'article I
et des suivants.
Le Président (M. Tremblay): Et un amendement, M. le
député.
M. Ryan: Un amendement la suit qui semble acceptable au
côté ministériel. Si cette motion est
acceptée...
M. Champagne: J'aurais une question a poser, justement sur
l'amendement.
M. Ryan: Je m'excuse, est-ce que je pourrais terminer mon
intervention?
M. Champagne: Sur l'amendement, d'accord.
M. Ryan: Oui. J'essayais de dire comment je vois les choses
à ce moment-ci.
M. Leduc (Fabre): Il est 23 h 40.
M. Ryan: Il y a une motion qui est sur la table. Nous nous
rendons tous compte que, si cette motion est adoptée, il ne peut pas y
avoir d'autres motions comme celles qui ont été
présentées. C'est pour cela que nous avons demandé que la
nôtre reçoive antériorité. Cela n'a pas
été accordé par le président, ce que nous avons
accepté de bonne grâce. Si cette motion est adoptée, c'est
évident qu'il n'y aura pas d'autre motion avant qu'on passe à
l'étude article par article, étant entendu, cependant, que ces
personnes, que nous avons demandé d'entendre, seraient entendues
à un stade qui pourra être arrêté par la
commission.
M. Bérubé: Mais il faut battre la motion.
M. Ryan: Pardon?
M. Bérubé: Le problème vient de ce que, pour
pouvoir inviter ces intervenants, il faudrait battre la motion du
député de Fabre...
Une voix: Non, non, non.
Mme Lavoie-Roux: Bien, il peut la retirer.
M. Bérubé:... ou il pourrait la retirer.
Une voix: Il va accepter l'amendement.
M. Leduc (Fabre): Non mais il faudrait, je pense, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay): Je peux vous proposer...
M. Leduc (Fabre):... suspendre pour quelques minutes pour que
l'on puisse...
Le Président (M. Tremblay): Vu qu'il est 23 h 40...
M. Leduc (Fabre):... d'un côté comme de
l'autre...
Le Président (M. Tremblay):... nous pourrions tout
simplement...
M. Leduc (Fabre):... envisager...
Le Président (M. Tremblay):... lever la séance et
vous feriez vos tractations.
M. Leduc (Fabre): Je préférerais qu'on
règle...
Le Président (M. Tremblay): Parce que là, vous
savez que depuis dix minutes, c'est ce que vous faites.
Une voix: On n'est pas en commission.
M. Leduc (Fabre):... cette question avant minuit.
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): Bon, vous faites une
proposition de suspendre...
M. Leduc (Fabre): Suspendre pour cinq minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay):... pour cinq minutes.
M. Champagne: M. le Président...
M. Ryan: C'est mieux que le député de Fabre n'aille
pas consulter trop loin parce que cela peut détruire toute
l'affaire.
M. Champagne:... je voudrais bien comprendre dans quoi l'on
s'engage et j'aurais une question à poser. Sur la table, depuis le
commencement de cette commission, il y a combien d'organismes ou de personnes
morales qu'on devrait entendre-Une voix: Il n'y en a qu'une. M.
Champagne:... comme c'est là? Une voix: L'éducation
des adultes.
M. Champagne: L'éducation des adultes et six
présidents...
Mme Lavole-Roux: Cinq.
M. Champagne: Cinq! Cela fait six. Je voudrais savoir, dans cette
optique, si les personnes qui vont venir s'adresser à nous auront quand
même une journée entière chacune. Je voudrais qu'on se
limite aussi dans le temps.
Le Président (M. Tremblay): Cela fera partie des
négociations hors commission, voyez-vous.
Mme Lavoie-Roux: Avec le comité de direction, oui.
Le Président (M. Tremblay): Il y a une proposition sur la
table pour suspendre. Pour combien de temps?
M. Bérubé: Nous avons suspendu...
Le Président (M. Tremblay): Pour cinq minutes. Alors, je
suspends pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 42)
(Reprise à 23 h 58)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux et, immédiatement, la
commission de l'éducation est suspendue.
(Suspension de la séance à 23 h 58)
(Reprise à 23 h 59)
Le Président (M. Tremblay): Avec le consentement de tous
les membres de la commission.
Une voix: Et des techniciens de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Tremblay): Alors. J'ai l'impression qu'il
y a lieu de demander au ministre de nous faire part de la décision.
M. Bérubé: M. le Président, il est clair,
d'abord, qu'en entendant les intervenants on va réduire le temps qui
sera disponible à l'étude article par article. Nous sommes
conscients que cela va, je pense, nous forcer à travailler plus vite,
mais dans la mesure où cela éclaire notre lanterne, cela peut
nous aider à travailler plus vite. Par conséquent, on serait
prêt à examiner un compromis qui irait à peu près de
la façon suivante.
Nous avons bien compris qu'on inviterait le Président des
élections, le Protecteur du citoyen, le Comité de la protection
de la jeunesse, les services de garde, le comité catholique, le
comité protestant et l'éducation des adultes. Ce sont les
demandes. Nous leur consacrerions une journée, mardi. Il faudrait que le
comité directeur organise, je pense, les invitations et l'emploi du
temps pour cette journée-là, ce qui laisserait à peu
près une heure, une heure et quart par intervenant si on prend toute la
journée mardi. Demain, on commencerait l'étude article par
article et on suspendrait, évidemment, les articles concernant ces
organismes de manière qu'ils ne soient pas étudiés avant
d'avoir entendu les organismes. Donc, on commencerait avec les articles non
concernés par ces organismes demain matin.
Donc, quatre points. Nous entendons la liste des personnes, des
organismes que je viens de mentionner, sept; mardi, se tiennent ces audiences,
elles devront être agencées avec le comité directeur de
manière à préparer la liste des intervenants; demain, nous
commençons l'étude article par article du projet de loi et nous
suspendons, au cours de cette étude, les articles qui sont
concernés par les organismes en question.
Une voix: Adopté.
Une voix: Attendez un peu.
M. Ryan: Je pense qu'on va ajourner là-dessus. On va
regarder cela. Je trouve qu'on est rendu jusqu'à déterminer la
durée des audiences avec chaque organisme. Il me semble que ce n'est pas
la place pour faire cela.
M. Bérubé: Non! Justement, c'est au comité
directeur.
M. Ryan: D'après les indications qu'on a, quel serait le
programme vendredi et lundi?
Une voix: Lundi, on ne siège pas.
Le Président (M. Tremblay): Il y a déjà
jeudi et vendredi là.
M. Ryan: Vendredi, jusqu'à quelle heure?
M. Leduc (Fabre): Six heures.
M. Ryan: On va prendre cela en délibéré et
demain matin on va commencer avec cela si vous voulez. On n'a pas d'objection.
On vous remercie de votre réponse.
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation est ajournée sine die.
(Fin de la séance à minuit)