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(Onze heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons constater le quorum. J'appelle les membres de la
commission.
M. le député de Verchères, est-ce que vous
êtes présent? Le député de Verchères est
présent. M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Présent.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Oui, il est là, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Abitibi-Est.
Une voix: Il est absent.
Le Président (M. Tremblay): Il est absent. M. le
député de Mille-Iles?
M. Champagne: Présent,
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parents Présent, monsieur.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Une voix: Oui, elle est là.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Présent.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Très bien.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia?
M. Marquis: Il est là.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Laurier. Il est absent.
M. Bérubé: M. le Président, est-ce que vous
envoyez aux parents des élèves absents une petite note?
Le Président (M. Tremblay): Non, nous ne "whippons"
pas.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais vous signaler que
Mme la députée de L'Acadie sera de nouveau là
aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay): Vous voudriez, j'imagine,
qu'elle remplace un autre membre.
M. Ryan: À titre d'intervenante.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais vous
dire que nous consentons. Je pense que c'est une amélioration
très nette à la délégation de l'Opposition.
Le Président (M. Tremblay): Hier...
M. Ryan: Un enrichissement. Pas une amélioration, mais un
enrichissement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, hier, elle remplaçait le député de
Laurier.
M. Ryan: C'est cela.
M. Bérubé: Tout étant relatif, je dirais
même que c'est un enrichissement infiniment grand.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que cela va toujours?
D'accord.
M. Ryan: C'est parce que nous attendons le retour du
député de Laurier aujourd'hui. Il était en mission
commandée hier...
Une voix: Mission commandée, hein? M. Ryan:...
à l'extérieur du Parlement.
Une voix: Il veut avoir son drapeau lui aussi?
Une voix:...
Le Président (M. Tremblay): Nous avons quorum.
Sont membres de la commission: M. le député de
Verchères, M. le député d'Argenteuil, M. le
député de Matane, M. le député d'Abitibi-Est, M. le
député de Mille-Iles, M. le député de Sauvé,
Mme la députée de Jacques-Cartier, M. le député de
Bourassa, M. le député de Fabre, M. le député de
Saint-Laurent, M. le député de Matapédia, M. le
député de Vachon et Mme la députée de L'Acadie qui
remplace le député de Laurier. Nous avons quorum.
Nous sommes réunis ici aujourd'hui en vertu d'un mandat de
l'Assemblée nationale afin d'étudier le projet de loi 3, article
par article. C'est la Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Motion pour entendre certains témoins
Hier, lorsque nous nous sommes quittés, il y avait consentement
des deux côtés de la Chambre pour qu'une proposition soit
élaborée. Je crois qu'il appartiendrait maintenant au
côté ministériel... je ne sais pas quel
député ou ministre ferait la proposition.
M. Leduc (Fabre): M. le Président. Je voudrais simplement
rappeler que j'avais fait une proposition aussi qui est toujours sur la table.
Il y a eu amendement à cette proposition par le député
d'Argenteuil. Disons que je suis prêt, si l'Opposition a une proposition
à nous faire, compte tenu des ouvertures qui ont été
faites de notre côté hier, on est prêt à
déposer cette proposition. Je dis bien déposer, jusqu'à ce
que nous ayons la chance d'entendre la proposition de l'Opposition, si
proposition nouvelle il y a, sur l'ouverture que nous avons faite en rapport
avec un certain nombre d'experts, de spécialistes que la commission
pourrait entendre sur des articles précis du projet de loi.
Le Président (M. Tremblay): Il y a une proposition pour
déposer l'amendement et la proposition si j'ai bien compris M. le
député de Fabre?
M. Bérubé: C'est nouveau, ce n'est pas fait
encore.
Le Président (M. Tremblay): De le déposer pour
jusqu'au moment...
M. Leduc (Fabre): J'ai dit M. le Président que nous
attendions, avant de faire une motion de dépôt, la réaction
de l'Opposition à mes commentaires.
M. Ryan: Il me semble qu'il y a deux choses qui sont dans l'air
sinon encore sur la table. Il y a d'abord la proposition du
député de Fabre, à laquelle était venue s'ajouter
l'amendement que j'ai proposé hier soir et que je pourrais
peut-être relire pour les fins de la bonne entente, de la bonne
intelligence plutôt, parce que la bonne entente, il n'y a personne qui la
cherche à tout prix, la bonne intelligence toujours: Que la commission
passe immédiatement à l'étude de l'article I et des
articles suivants du projet de loi 3 en reportant toutefois jusqu'après
la consultation particulière prévue avec l'ICA, l'étude
des articles 2 à 13, 24, 52, 57, 234 à 245, 264, 297, 298 au
sujet desquels la commission a jugé nécessaire d'entendre les
points de vue de certains organismes.
C'était la proposition qui était sur la table avec
l'amendement qui a été proposé. Avant de statuer sur
l'amendement et à plus forte raison sur la proposition, la commission
s'est accordée une espèce d'exercice de digression au cours
duquel on a examiné la possibilité d'entendre un certain nombre
de témoins experts. Un accord s'était fait en principe sur
l'opportunité d'entendre les personnes suivantes: le Directeur
général des élections, le Protecteur du citoyen, le
président de la Commission de la protection de l'enfance, le
président de l'Office des garderies du Québec, le
président du comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation et le président du comité protestant du
Conseil supérieur de l'éducation. Je pense que cette liste est
complète.
Le Président (M. Tremblay): J'imagine que vous parlez
d'une entente de principe à l'extérieur de la commission.
M. Ryan: Non! Cela faisait partie des délibérations
de la commission. Nous n'avions pas ajourné, à ma
connaissance.
Le Président (M. Tremblay): Moi, ce que j'ai compris c'est
qu'il y avait des spéculations quant à ses organismes-là,
mais qu'il n'y a pas eu d'entente de principe.
M. Ryan: Non, non! Vous n'aviez pas suspendu les travaux de la
commission. On discutait ici et les gens du côté
ministériel ont acquiescé à la proposition que nous avions
faite d'entendre...
M. Leduc (Fabre): Non, M. le Président, non. Je veux faire
la nuance...
M. Ryan: Est-ce que je pourrais compléter mon
exposé?
M. Leduc (Fabre): Oui, c'est important de s'entendre.
Le Président (M. Tremblay): Oui, mais s'il y avait eu
entente, on l'aurait concrétisée dans une motion.
M. Leduc (Fabre): C'est cela.
M. Ryan: Je complète mon exposé, je dis ce dont je
me souviens, moyennement. Si on n'est pas d'accord avec moi, on dira le
contraire après. Je suis habitué. Ce dont je me souviens, c'est
que nous avons communiqué ces propositions, au sujet d'autres
témoins qu'il serait question d'entendre. À la fin de la
discussion, le ministre de l'Éducation a dit - je crois bien l'avoir
entendu de mes oreilles - que pour eux, oui, cela marchait, c'était
très bien à condition que l'on s'entende sur un cadre temporel
dans lequel ces personnes seraient entendues, à condition que l'on
s'entende sur le temps qui serait accordé à chacune de ces
personnes. Là-dessus, nous avons dit: C'est une question qu'on pourra
voir demain. Vous avez ajourné les travaux à ce
moment-là.
Il n'y a pas de proposition sur la table en ce qui nous touche, j'en
conviens très bien. La seule proposition qu'il y a sur la table, la
dernière, en tout cas, c'est l'amendement que nous avons proposé
à la motion du député de Fabre. C'est là que nous
en sommes ce matin. Si j'ai bien compris, quand nous nous sommes
quittés, hier, j'ai répondu: De notre côté, nous
allons regarder cela et on en reparlera demain matin. J'avais cru comprendre
que ce serait à mon tour de dire un mot là-dessus ce matin. Mais
cela, c'est à condition qu'il y ait quelque chose qui existe. Si vous me
dites qu'on n'a discuté de rien, que ce n'était que de
l'abstraction, c'est tout, je ne répondrai pas à des
abstractions, évidemment.
Une voix: On attend votre réponse, M. le
député d'Argenteuil.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, j'ai fait une
proposition. Nous voulons que la commission passe à l'étude du
projet de loi.
Le Président (M. Tremblay): Vous me demandez de revenir
à la procédure normale, si je comprends bien.
M. Leduc (Fabre): Je réagis aux commentaires du
député d'Argenteuil d'abord. Nous voulons passer à
l'étude du projet de loi. Devant les spécialistes ou les experts
qui ont été mentionnés, et qui pourraient effectivement
être reçus par la commission, nous disons: Oui, à la
condition que nous ayons l'assurance que nous allons effectivement passer,
immédiatement après l'adoption d'une éventuelle
proposition, à l'étude article par article du projet de loi,
compte tenu, disons, des restrictions ou des limites qui ont été
apportées et qui ont trait aux articles qui touchent
spécifiquement les gens qui pourraient être invités ainsi
que l'Institut canadien d'éducation des adultes. Disons que cet
organisme et ses spécialistes ne nous empêchent pas de toucher
à d'autres articles du projet de loi, c'est-à-dire à
commencer l'étude.
Nous voudrions avoir l'assurance de la part de l'Opposition que nous
pourrions commencer, dès ce matin, l'étude du projet de loi. Si
oui, nous sommes prêts à examiner de très près,
très sérieusement une proposition de l'Opposition sur les
spécialistes qu'ils aimeraient entendre devant cette commission en
rapport avec des articles précis du projet de loi.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Leduc (Fabre): Je n'ai pas entendu le député
d'Argenteuil nous dire que, oui, il était prêt à passer
dès ce matin à l'étude du projet de loi. J'aimerais cela
l'entendre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'ai dit hier, assez clairement, que le gouvernement ne
nous traiterait pas comme des enfants dans un jardin d'enfance, que nous allons
discuter sérieusement, dans un respect mutuel, dans un climat de bonne
foi. Si on veut nous dire "vous allez faire ceci, sinon vous aurez un petit
coup de règle sur les jointures", ça ne marche pas du tout, cela.
Cela ne marche pas du tout. C'est ce que je comprends de ce qui vient
d'être dit.
Maintenant, est-ce que je peux continuer mon intervention sans
interruption, dans la mesure du possible? Merci. Si le gouvernement - et je
pense que vous êtes tous identifiés au gouvernement, vous n'avez
pas honte de cela, j'espère - est prêt à adopter
l'amendement que nous avons proposé et la proposition ainsi
amendée et, ensuite, accepter une proposition, voulant que les officiers
experts dont nous avons parlé soient entendus par la commission et que,
corollairement, soit suspendue jusqu'à la consultation
particulière avec eux l'étude des articles qui les concernent,
après cela, nous serons prêts à passer à
l'étude du projet de loi article par article. (12 heures)
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Tout ce que je peux dire c'est que j'ai
entendu de la bouche du député d'Argenteuil le type de propos que
nous espérions entendre et qui nous amèneraient dans ces
conditions à être
d'accord. Il arrive parfois que le député d'Argenteuil.
utilise de façon très précautionneuse des termes et que,
subséquemment, il vous dise: "Regardez soigneusement les termes que j'ai
utilisés. Cela ne voulait pas dire que... " Là,
évidemment, il nous arrive avec une deuxième liste de demandes
imprévues. Je crois qu'en l'occurrence, il me paraît de bonne foi.
Il semble avoir parlé au nom de sa formation politique et, par
conséquent, on devrait donc s'attendre à une certaine harmonie en
leur sein, sur cette question.
Je comprends bien que nous adopterions la motion qui est
présentement sur la table, telle qu'amendée ou après avoir
adopté des amendements. Donc, nous ne suivrions pas la procédure
proposée par le député de Fabre qui suggérait de la
déposer purement et simplement. Nous l'adopterions et, en même
temps, nous exprimerions auprès d'organismes dont la liste a
été présentée hier, dois-je dire... Je n'ai pas la
liste en mémoire. J'espère qu'elle correspond bien à ce
sur quoi nous nous étions entendus. Cette liste comprendrait le
Directeur général des élections, le Protecteur du citoyen,
le président du Comité de la protection de la jeunesse, sans
doute un représentant de l'Office des services de garde à
l'enfance, le président ou le vice-président - c'est toujours
difficile à dire - du comité catholique et du comité
protestant du Conseil supérieur de l'éducation ainsi que
l'Institut canadien d'éducation des adultes. Cette liste, si elle est
bel et bien la liste complète, correspond à ce dont nous avons
parlé. Donc, nous inviterions ces différents organismes et
porte-parole et des personnes - puisqu'il y a au moins une personne
désignée là-dedans - à venir rencontrer la
commission, si je comprends bien... Pour l'instant, on parle de mardi car il
semble que les tractations auraient permis effectivement de les rencontrer...
On nous dit que les gens seraient disponibles, en tout cas, mardi, mais qu'ils
ne le seraient pas vendredi. Je comprends bien que, de toute façon, le
comité directeur verra à établir avec ces intervenants le
moment où ils peuvent nous rencontrer, que nous suspendons les articles
touchant ces organismes jusqu'à ce qu'on les ait entendus et,
qu'entre-temps, nous entreprenons l'étude article par article de
l'actuel projet de loi. C'est bien cela?
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: En substance, oui. Maintenant, il faut mettre cela en
forme.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Pour mettre cela en forme, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): J'aurais une proposition.
M. Ryan: Voulez-vous que j'en fasse une, pour commencer?
Le Président (M. Tremblay): Oui, ça va.
M. Ryan: Merci. Pour commencer, je suggérerais que nous
adoptions l'amendement ou la proposition dûment amendée. Si le
gouvernement accepte notre amendement, qu'on accepte la proposition
dûment amendée du député de Fabre; cela en fait une
qui est réglée.
Une voix: Nous sommes prêts à voter.
M. Ryan: Qu'ensuite, on adopte une deuxième proposition
qui pourrait être formulée comme suit: Que la commission entende
en consultation particulière le Directeur général des
élections... Je vous la donnerai tout de suite après. Mais je
pense que si on les adopte consécutivement, tout va être clair
pour le dossier et on saura exactement où on en est. Je pense qu'il n'y
aura pas de problème là-dessus.
Le Président (M. Tremblay): Avez-vous objection... Si on
adopte la première proposition...
Une voix: Passons là-dessus.
Le Président (M. Tremblay):... théoriquement, on
passe immédiatement à l'étude de l'article I, qui ne sera
pas l'article I puisqu'il est déjà dans la motion. Si on
dépose pour quelques minutes l'amendement et la proposition et qu'on
reçoit la proposition du député d'Argenteuil, nous
adoptons cette proposition et nous revenons après aux deux motions. Cela
vous va?
M. Ryan: Cette motion viendrait en premier lieu, sur les
témoins que nous voudrions entendre?
Le Président (M. Tremblay): Oui, elle viendrait avant
l'autre proposition qui fait en sorte de fermer à toutes fins
utiles...
M. Ryan: Voulez-vous que je vous communique un texte tout de
suite, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay): Je reçois une
proposition de dépôt de l'amendement qui est sur la table ainsi
que de la proposition pour jusqu'à la fin du débat d'une
proposition qui viendrait du député d'Argenteuil. Qui fait cette
proposition? M. le député de Fabre. Est-ce que la proposition de
dépôt est adoptée? La motion de dépôt
est adoptée.
Je suis prêt à recevoir votre proposition, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: La motion se lirait comme suit, M. le Président.
Je vais la donner lentement pour que la secrétaire puisse la prendre
parce que mon écriture lui serait incompréhensible: "Que la
commission entende en consultation particulière le Directeur
général des élections, le Protecteur du citoyen, le
président de la Commission de protection de l'enfance - est-ce le
comité ou la commission, M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Le Comité de la protection de la
jeunesse.
M. Ryan:... le président du Comité de la protection
de la jeunesse; ensuite, le président du comité catholique et le
président du comité protestant du Conseil supérieur de
l'éducation... " Ensuite, j'ai marqué: "la présidente de
l'Office des garderies du Québec - Je pense que c'est la bonne
expression. Est-ce que les conseillers du ministre pourraient nous assurer...
Je pense que c'est l'Office de garde de l'enfance? L'Office des services de
garde à l'enfance; et que soit reportée après les
consultations particulières avec ces personnes, l'étude des
articles du projet de loi 3 qui les concerne. "
M. Leduc (Fabre): On a suggéré mardi, ce n'est
peut-être pas nécessaire que ce soit dans la proposition comme
telle, mais on vous demande quand même si vous seriez d'accord pour que
ce soit mardi; que ce soit regroupé en une journée.
M. Ryan: Il y a l'ICA également. M. Leduc (Fabre):
Oui, mardi aussi.
M. Ryan: Je pense... ce n'est pas dans la proposition comme vous
dites. Si ça peut être regroupé dans une journée, je
n'ai pas d'objection, à la condition que ça se fasse dans les
délais que prévoient nos horaires de séances. Car
là, on a des horaires tellement chargés, il y a d'autres
activités en dehors des séances, et on ne peut pas
hypothéquer d'autres périodes de temps en dehors de celles qui
sont prévues par le règlement de la Chambre, parce qu'à un
moment donné on a des groupes particuliers qui siègent de notre
côté et on doit intervenir sur d'autres projets de loi qui sont en
marche. Il faut préparer ces choses-là. On ne peut pas, par
conséquent... Dans la mesure où ça peut être fait
dans cette période-là, c'est très bien, mais c'est le plus
qu'on puisse dire pour le moment.
M. Leduc (Fabre): Si l'organisme et les officiers de ces
organismes étaient prêts à venir disons mardi, vous
n'auriez pas d'objection?
M. Ryan: Pas du tout. C'est pour ça qu'on ne le met pas
dans la proposition, on veut que ça soit aussi souple que possible.
Peut-être qu'ils ne pourront pas tous venir dans la même
journée aussi. S'il y en a qui viennent le lendemain, je pense que
ça va être aussi bon.
Le Président (M. Tremblay): Il y aurait lieu de revenir
à nos bonnes méthodes et d'utiliser le temps. Il y a des gens qui
veulent s'exprimer sur la proposition. Le député de
Verchères me demande la parole.
M. Charbonneau: Simplement une information, M. le
Président, J'ai fait vérifier par la secrétaire de la
commission et semble-t-il que la plupart des personnes auxquelles on songe
seraient disponibles mardi.
M. Bérubé: Une autre question d'information. Dans
l'hypothèse où un président ne pourrait pas se
présenter mais que le vice-président de l'organisme pourrait se
présenter, est-ce que le député d'Argenteuil tient
spécifiquement à une personne?
M. Ryan: En principe, oui, s'il y avait des raisons graves pour
que le président ne puisse pas venir. Je ne vois pas dans quel cas
ça pourrait arriver. Le Directeur général des
élections, je pense qu'il faut que ce soit lui. Le Protecteur du
citoyen, je ne sais pas si c'est lui ou elle, actuellement; c'est lui, M.
Labonté. Je pense bien qu'il faut que ce soit lui.
Le président du Comité de la protection de la jeunesse, il
était venu ici quand on a eu des audiences. Il y a des raisons
très, très particulières. Mais je croirais qu'il va tenir
à venir lui-même. S'il y a un cas... les comités
catholiques et protestants, je pense bien qu'il faut que ce soit le
président.
M. Bérubé: En fait, tout ce que ça veut
dire, c'est que si jamais ce n'est pas possible, il faudra faire une nouvelle
motion.
M. Ryan: C'est cela, on regardera, oui c'est cela. Là, ce
sont des personnes et non pas des organismes.
M. Bérubé: On n'en fera pas une thèse de
doctorat! Alors, nous sommes prêts à voter.
Le Président (M. Tremblay): J'ai un petit problème.
C'est qu'on a pris par écrit la motion, mais on est en train de la
dactylographier et on ne l'a plus. Alors, je suis obligé de
la...
M. Ryan: Voulez-vous qu'on vous la...
M. Bérubé: Comme elle en train d'être
dactylographiée, l'inconvénient, c'est que si on en écrit
une autre qui n'est pas exactement conforme à celle
dactylographiée, il va falloir savoir laquelle on a adoptée.
Le Président (M. Tremblay): Je vais suspendre...
Une voix: À loisir. Le Président (M. Tremblay):
À loisir. (Suspension de la séance à 12 h 12)
(Reprise à 12 h 22)
Le Président (M. Tremblay): Non, mais c'est plus commode
quand on en débat plus longuement et que chaque membre peut en avoir une
copie. Quant à en faire des copies, c'est mieux qu'elles soient au
propre.
M. Bérubé: C'est vrai. Il ne faudrait pas blesser,
j'espère, la secrétaire de la commission.
Le Président (M. Tremblay): J'aimerais donc que la
commission permanente de l'éducation reprenne ses travaux. Sur ce, je
mets aux voix la motion du député d'Argenteuil qui se lit comme
suit: Que la commission entende en consultation particulière le
Directeur général des élections, le Protecteur du citoyen,
le Président du comité de la protection de la jeunesse, le
président du comité catholique du Conseil supérieur de
l'éducation, le président du comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation, le président de l'Office des
services de garde à l'enfance et que soit reportée après
les consultations particulières l'étude des articles du projet de
loi 3 qui les concerne.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Oui, Mme.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président. Juste une correction.
C'est la présidente de l'Office des services de garde à
l'enfance.
Le Président (M. Tremblay): La correction étant
faite. J'appelle donc...
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Quels sont ceux qui sont
d'accord avec la proposition?
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): C'est adopté.
Je ramène donc l'amendement du député d'Argenteuil
qui se lit comme suit.
M. Leduc (Fabre): C'est-à-dire M. le Président,
vous rappelez la proposition du député de Fabre avec l'amendement
du député d'Argenteuil.
Le Président (M. Tremblay): C'est-à-dire que je
rappelle l'amendement d'abord et par la suite la proposition.
M. Leduc (Fabre): La proposition a été
déposée.
Le Président (M. Tremblay): On a déposé et
l'amendement et la proposition et il est d'usage de rappeler d'abord les
amendements et par la suite la proposition principale.
M. Leduc (Fabre): Ce que je veux vous signaler c'est qu'il faut
rappeler devant la commission la proposition et l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Si c'est là votre
désir, cela me fera plaisir de le faire. Alors, la motion du
député de Fabre est que l'on passe immédiatement à
l'étude de l'article I et suivants du projet de loi 3. L'amendement de
M. Ryan d'Argenteuil est: Ajouter après les mots "du projet de loi 3"
les mots suivants: En reportant toutefois jusqu'à la consultation
particulière avec l'Institut canadien d'éducation des adultes,
l'étude des articles 2 à 13, 24, 52, 57, 234 à 245, 264,
297 et 298 au sujet desquels la commission a jugé bon d'entendre le
point de vue de cet organisme.
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement?
M. Bérubé: Adopté.
M. Ryan: Il n'y a pas d'intervention.
Le Président (M. Tremblay): Alors je la mets aux voix.
Quels sont ceux qui sont d'accord avec l'amendement du député
d'Argenteuil? Est-ce qu'il y a des gens qui sont contre? Est-ce qu'il y a des
abstentions? L'amendement du député d'Argenteuil est
adopté à l'unanimité.
J'appelle la proposition principale qui se lit maintenant comme ceci:
Que l'on passe immédiatement à l'étude de l'article I et
des suivants du projet de loi 3, en reportant, toutefois, jusqu'à la
consultation particulière avec l'Institut canadien de l'éducation
des adultes, l'étude des articles 2 à 13, 24, 52, 57, 234
à 245, 264, 297 et 298 au sujet desquels la commission a jugé bon
d'entendre
le point de vue de cet organisme.
Est-ce qu'il y a des discussions sur la proposition amendée?
Personne ne demande la parole. J'appelle le vote. Quels sont ceux qui sont
d'accord avec la proposition, telle qu'amendée?
Une voix: Oui
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des membres
contre? Est-ce qu'il y a des abstentions? La motion est adoptée à
l'unanimité.
Étude détaillée
Droit aux services éducatifs
Je passe donc immédiatement à l'étude du projet de
loi 3, à l'article 1.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Mais, non.
M. Bérubé: Sur cette lancée, non!
Le Président (M. Tremblay):... qui est en vertu de...
Attendez que je me retrouve dans mes papiers. Effectivement, je mets aux voix
l'article I. Mais il est ouvert à la discussion. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article I?
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Bérubé: L'article 1 est appelé, mais dans
les autres motions qu'on a adoptées, on dit qu'on suspend de I
à...
Le Président (M. Tremblay): J'ai de l'article 2 à
l'article 13.
M. Bérubé: Ah, c'est de l'article 2 à
l'article 13.
Le Président (M. Tremblay): Oui, c'est pour ça que
je croyais, moi aussi, que l'article I n'était pas...
M. Bérubé: D'accord, et 1 est plus petit que 2. Il
faudrait compléter.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
discussions sur l'article 1?
M. Ryan: Je propose effectivement qu'on le reporte,
celui-là. Il n'est pas inclus dans l'amendement, parce que ce serait
venu en contradiction avec la partie principale de l'amendement. Nous n'avons
pas d'objection à en discuter maintenant. Mais il est évidemment
visé par les représentations que l'ICA fera ici. Je pense que ce
serait mieux de l'inclure avec les autres, d'un commun accord.
Le Président (M. Tremblay): Reporté? M. Laplante:
La suspension de l'article.
Une voix: Pas de problème.
M. Laplante: À quel article va-t-on? Quelle motion
a-t-on?
Obligation de fréquentation scolaire
Le Président (M. Tremblay): Nous allons à l'article
14. Est-ce que vous désirez que je lise l'article 14?
M. Ryan: Je pense qu'à l'article 3... Je m'excuse, nous
autres, on veut faire un bon travail. On ne veut pas retarder les choses, parce
que l'article porte sur l'âge d'admission à l'école, qui se
rattache directement à l'article 14.
Le Président (M. Tremblay): Le problème, c'est
qu'on a déjà reporté les articles 2 à 13 par une
motion.
M. Ryan: Très bien. Je conviens de cela, vous avez raison.
On va prendre l'article 14. Cela ne nous empêchera pas de poser des
questions sur l'autre.
Le Président (M. Tremblay): Alors, c'est la section
Obligation de fréquentation scolaire. Est-ce qu'il est nécessaire
que je lise les articles?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Vous le
préférez? L'article 14 se lit comme suit: "Toute personne
âgée de cinq ans au 1er octobre d'une année doit
fréquenter une école à compter du premier jour du
calendrier scolaire de l'année où elle atteint l'âge de
cinq ans, jusqu'à la fin de l'année scolaire au cours de laquelle
elle atteint l'âge de quinze ans. "Cependant, à la demande des
parents, une commission scolaire doit dispenser de l'obligation de
fréquentation scolaire une personne âgée de moins de six
ans au 1er octobre d'une année. "Le gouvernement peut, par
décret, fixer une date autre que le 1er octobre, pour la
détermination de l'âge minimum de fréquentation scolaire.
Ce décret est publié à la Gazette officielle du
Québec. " Une discussion sur l'article 14? (12 h 30)
M. Ryan: Peut-être que le ministre pourrait nous expliquer
l'article pour commencer et nous justifier cet article-là. Cela nous
aiderait à nous assurer que nous
avons bien compris la signification de l'article, d'abord, M. le
Président.
M. Bérubé: En fait, si je comprends bien le
régime pédagogique actuel, l'enfant est admissible s'il a atteint
l'âge de cinq ans avant le 1er octobre. Tel que l'article 3 était
libellé, c'était déterminé plutôt au 1er
octobre. Effectivement, tout ce que l'on dit dans cet article est assez
semblable à la pratique qui prévaut pour 98% des enfants,
à l'heure actuelle, qui fréquentent l'école effectivement
à compter de cinq ans au premier octobre.
Je ne vois pas les questions que l'Opposition pourrait avoir. Le texte
lui-même est très limpide. Je pourrais évidemment lire
l'article et dire que: "Toute personne qui est âgée de cinq ans au
premier octobre - non pas avant le 1er octobre -doit fréquenter une
école à temps complet à compter du premier jour du
calendrier scolaire de l'année où elle atteint l'âge de
cinq ans jusqu'à la fin de l'année scolaire au cours de laquelle
elle a atteint l'âge de quinze ans. " Ceci fait donc une obligation
à un jeune de continuer d'entreprendre des études dès
qu'il a atteint l'âge de cinq ans au 1er octobre et de continuer à
étudier tout au long de l'année scolaire au cours de laquelle il
a atteint l'âge de quinze ans.
Je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus, l'article lui-même
est clair. Je n'ai pas autre chose.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas s'il y en a d'autres qui ont
demandé la parole avant moi.
Le Président (M. Tremblay): Non.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Ce sont quelques questions que je
voudrais poser au ministre sur l'article 14. Pourrait-il nous donner les
raisons qui motivent la décision du gouvernement à ce moment-ci
de maintenir la date du 1er octobre comme date d'admission à
l'école?
C'est un problème qui... Je relisais ce que j'avais dit en 1978
au ministre de l'Éducation du temps, M. Morin, sur cette fameuse
question d'âge d'admission à l'école et M. Morin, le
ministre du temps, m'avait dit qu'il examinait sérieusement cette
question, qu'on faisait des études et qu'il comprenait que la situation
de 1978, et à plus forte raison celle de 1985, était
changée, eu égard aux expériences que les enfants
d'aujourd'hui vivaient par rapport aux enfants - ne parlons pas de 1940 - de
1970 ou de 1965 qui, eux, n'étaient pas exposés au régime
de la maternelle, de la prématernelle et maintenant, de plus en plus,
dans un grand nombre de cas, au régime des garderies. Si bien que les
choses doivent être probablement vues dans une optique différente
aujourd'hui, compte tenu de ces données nouvelles qui font que les
enfants accumulent quelquefois jusqu'à trois ans, et même
davantage, d'expérience d'apprentissage, non pas nécessairement
scolaire, mais de forme d'apprentissage avant d'arriver à l'âge de
six ans en première année. Il était d'accord, à ce
moment-là, pour que ce soit examiné au plan
pédagogique.
Je sais que cela a été évalué au plan
financier, je sais que cela implique des coûts, mais ce que je veux
demander' au ministre, c'est s'il a aujourd'hui des raisons, huit ans plus tard
- il reste qu'on a dû réfléchir, cela fait huit ans, sept
ans, pour être plus exacte, sept ans plus tard - sur les motifs
pédagogiques qui, aujourd'hui, font que le gouvernement maintient cette
décision de fixer au 1er octobre d'une année l'âge de
fréquentation scolaire. Si le ministre veut répondre à
cette première question, je reviendrai avec une deuxième sur un
autre point.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: D'abord, soulignons que... Si vous lisez
l'article, vous verrez qu'un enfant qui serait âgé de moins de six
ans au 1er octobre... Il aurait donc cinq ans, mais pas tout à fait six
ans, pour obtenir une dispense... Donc, on reconnaît que lorsqu'un enfant
est trop jeune, il faut prendre garde de le forcer à aller à
l'école. Par contre, certains enfants plus jeunes peuvent,
effectivement, profiter d'un milieu scolaire. Ils sont intellectuellement
prêts pour l'école et, par conséquent, il y a
intérêt à les engager au premier cycle du primaire plus
rapidement. Donc, on laisse aux parents le soin, dans le fond, de
décider si l'enfant doit aller à l'école ou non. C'est
pour cela qu'on dit: "À la demande des parents, une commission scolaire
doit dispenser de l'obligation de fréquentation scolaire une personne
âgée de moins de six ans. " Il a cinq ans, mais il n'a pas encore
six ans et, par conséquent, on dit que les parents pourraient
décider de ne pas le forcer à aller à l'école,
compte tenu de son état psychologique à l'époque. On se
rend bien compte qu'il ne faut pas forcer les enfants à aller à
l'école trop jeunes. Là-dessus, les parents doivent exercer une
discrétion.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais... Ou je lis mal le deuxième
paragraphe... La question que je vous ai posée n'était pas
celle-là. Ce que vous dites... Ce que je comprends bien
du deuxième paragraphe, c'est qu'il est possible qu'un enfant qui
aurait six ans au 1er octobre ne soit pas prêt pour des raisons que les
parents peuvent juger...
M. Bérubé: Il n'aurait pas tout à fait six
ans.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: S'il avait six ans, il serait
obligé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce que je vous demande... Ce n'est pas
le sens de ma question. Je vous demande pourquoi vous avez maintenu la date du
1er octobre, ou enfin l'âge de cinq ou six ans selon que c'est en
maternelle ou en première année, comme date d'admission pour un
enfant. Quels sont les facteurs, les motifs pédagogiques que vous pouvez
invoquer aujourd'hui pour maintenir cette décision?
M. Bérubé: Peut-être que, sous-entendue et
trop fortement sous-entendue dans ma réponse, existait, justement, une
réponse à votre interrogation. Tel que l'article de loi est
rédigé, il dit: Un enfant plus jeune que six ans devrait pouvoir
obtenir une dispense quand ses parents l'estiment nécessaire. Donc, on
pose le principe qu'il faut laisser aux parents le soin de juger si un enfant
doit aller à l'école plus tôt ou plus tard. On
reconnaît que si un enfant est trop jeune, il peut avoir de la
difficulté à s'insérer dans le cycle du primaire.
Voilà une première considération pédagogique.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. On va écouter votre
deuxième.
M. Bérubé: Voici une première
considération pédagogique.
Mme Lavoie-Roux: Il ne répond pas à la question,
mais je vais revenir.
M. Bérubé: Pourrait-il commencer plus tard?
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'ai demandé, c'est s'il peut
commencer plus tôt? La question que je vous pose... On est d'accord sur
celle-là; et je pense que, dans les faits, c'est ce qui se pratique. Si
un enfant a un âge mental de six mois inférieur à
l'âge moyen d'un enfant de six ans ou qui aurait six ans le 1er octobre,
il est évident qu'on va peut-être conseiller à la famille
de le garder un an de plus à la maternelle ou on va prendre des
dispositions particulières. Je pense que cela va de soi; cela ne pose
pas de problème. Mais votre deuxième paragraphe ne s'adresse,
à mon point de vue, qu'à ceux qui ont... C'est une dispense de
l'obligation de fréquenter l'école. Ce n'est pas là-dessus
que je vous interroge. Je vous interroge sur le fait que des enfants seraient
prêts avant l'âge de six ans, au 1er octobre, pour être
inscrits dans une école et auraient les capacités pour le faire.
Il n'y a pas de disposition, du moins pour autant que je puisse lire, dans
l'article 14, à cet effet.
Une voix: Cinq ans.
Mme Lavoie-Roux: Cinq ans, c'est pour la maternelle et six ans,
c'est pour...
Une voix: C'est obligatoire, la maternelle.
Mme Lavoie-Roux: C'est obligatoire, la maternelle.
M. Laplante: Ce n'est pas cela qui est écrit.
M. Bérubé: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela veut dire qu'un enfant pourra
entrer en maternelle à l'âge de quatre ans?
M. Bérubé: Non.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Et, normalement...
M. Bérubé: Il pourrait entrer...
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous dites, c'est que les enfants
pourront être exemptés de la maternelle maintenant?
M. Bérubé: Ils pourraient entrer en première
année...
Mme Lavoie-Roux: Directement. M. Bérubé:
Oui.
Mme Lavoie-Roux: D'un autre côté, si vous ne les
admettez pas en maternelle à quatre ans... parce qu'il faudrait les
admettre aussi en maternelle à quatre ans si vous voulez leur faire
passer les différents stades de socialisation qui sont requis pour un
enfant. Il faudrait aussi que vous prévoyiez cette même
possibilité de modification à l'âge de l'entrée
à la maternelle. Sinon, il va falloir qu'un parent garde chez lui son
enfant, ne pas l'envoyer à la maternelle et l'intégrer
directement en première année en supposant qu'il aurait les
aptitudes à cinq ans pour entrer en première année.
L'autre remarque que je voudrais faire au ministre, c'est que nous, nous
ne demandons pas nécessairement qu'il y ait un décalage d'un an.
Mais ce qu'on sait, par
expérience, c'est que compte tenu que la date du 1er octobre veut
dire un an de scolarité - parce que l'année scolaire
s'étend à peu près là-dessus - on pense
plutôt davantage à l'élargir dans le sens d'enfants qui
seraient nés le 1er novembre, 1er décembre, peut-être aller
jusqu'au 1er janvier. Là, ce que vous dites, c'est qu'un enfant de cinq
ans entrerait en première année. Il y en a un certain nombre qui
seraient probablement capables. Mais nous, c'est plutôt pour
empêcher à l'enfant qui est né en octobre, novembre, etc.,
et qui est un enfant qui a de la facilité, de perdre une année de
scolarité. Il m'apparaît, d'après vos réponses, que
vous avez voulu corriger cela un peu, mais je ne suis pas sûre que vous
le corrigiez comme il le faut.
M. Bérubé: Honnêtement, on ne le corrige pas
entièrement. Ce que l'on dit, c'est que, effectivement, il doit aller
à l'école à partir de cinq ans et, effectivement, à
l'âge de cinq ans il pourrait être admis aussi bien en
première année qu'à l'école maternelle,
dépendant de sa capacité de faire des études, ce qui
n'était pas le cas avant. Il y a déjà une
amélioration.
A-t-il droit à une prématernelle à l'âge de
quatre ans? On pourrait imaginer que l'enfant entre à l'école
maternelle à l'âge de quatre ans et qu'à l'âge de
cinq ans il soit prêt à sa première année. Vous me
dites: Est-ce qu'on ne devrait pas devancer à quatre ans l'âge
d'admission à la maternelle?
Mme Lavoie-Roux: Si je suis votre raisonnement.
M. Bérubé: Ceci existe, mais reconnaissons-le,
n'est pas universel. Nous permettons aux commissions scolaires d'implanter ce
que nous appelons des prématernelles, dans certains endroits, pour des
clientèles spécifiques. Et là, il est clair, qu'il serait
possible, à l'âge de quatre ans, dans une commission scolaire qui
aurait une telle maternelle, à un enfant de s'inscrire à la
prématernelle - ce que nous appellerons la prématernelle - et
l'année suivante de s'inscrire en première année.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, cela pourrait être une
possibilité. La question que je vous pose...
M. Bérubé: Ce n'est pas un droit.
Mme Lavoie-Roux: Si vous déplacez d'un an l'âge de
la scolarisation formelle, est-ce que vous êtes prêt aussi à
déplacer -j'en ai deux questions maintenant, à la suite des
explications que vous m'avez données -l'âge de l'entrée non
pas à la prématernelle, mais à la maternelle qui existe
pour tous les enfants? Non pas à la prématernelle, parce que dans
ce cas, vous avez tout à fait raison de dire que cela n'existe que dans
des cas choisis.
M. Bérubé: C'est pour cela que je vous ai dit que
la réponse était partielle. La réponse c'est non.
Mme Lavoie-Roux: L'autre question...
M. Bérubé: Je ne vous dis pas que cela ne peut pas
être modifié par décret gouvernemental, la loi va le
permettre. Par contre, si vous me posez la question: Est-ce que, à
l'heure actuelle, vous le faites et comptez-vous le faire? En ce moment, je
vous répond non, sauf de façon, reconnaissons-le, un peu
exceptionnelle. Là où les commissions scolaires sont
autorisées à implanter ce que nous appelons des
prématernelles dans des milieux, par exemple, économiquement
défavorisés, la situation suivante pourrait se produire: Un
enfant entre en prématernelle à l'âge de quatre ans et
à l'âge de cinq ans la commission scolaire décide de
l'inscrire en première année. Là, effectivement, on
répondrait, par l'affirmative, à votre proposition. Mais il est
vrai que cela ne donne pas à tous les enfants du Québec un droit
à être admis, à l'âge de quatre ans, en maternelle.
Cette situation est exceptionnelle, propre à certains milieux et n'est
pas un droit universel. Toutefois - on ne peut pas discuter ici de l'article 3
puisqu'il n'est pas l'objet de nos débats - lorsqu'on étudiera
l'article 3 on constatera qu'il est possible par décret gouvernemental
de déplacer l'âge. (12 h 45)
Mme Lavoie-Rouxs Ce que je comprends bien c'est que dès
l'an prochain dans les endroits où existent des prématernelles
-vous avez fait allusion seulement aux prématernelles et non pas aux
maternelles -on pourrait se retrouver avec un bon nombre de parents - des fois
on n'évalue pas toujours la capacité exacte de son enfant,
surtout quand on est parent on a toujours beaucoup d'illusions - qui iraient
enregistrer leurs enfants aux prématernelles avec l'idée de leur
faire sauter une année sans que les enfants soient réellement
prêts. J'ai l'impression qu'on n'a pas examiné le problème
dans sa totalité. La question originale que je vous posais
c'était: Pourquoi avez-vous retenu le 1er octobre et ne l'avez-vous pas
déplacé vers le 1er novembre, le 1er décembre ou le mois
de janvier.
M. Bérubé: Cela est une deuxième question.
La première question ne portait pas sur cela. Je pense que vous avez la
réponse: C'est la commission scolaire qui doit faire l'évaluation
des aptitudes d'un enfant. Lorsqu'elle offre dans un milieu spécifique
un enseignement en prématernelle et qu'elle
évalue un enfant et conclut que cet enfant, lorsqu'il atteint
l'âge de cinq ans, plutôt que de passer en maternelle devrait
passer en première année, c'est la commission scolaire qui prend
une telle décision...
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord!
M. Bérubé:... avec cependant la possibilité,
si l'enfant n'a pas atteint six ans, d'obtenir une dispense. Il n'a pas
l'obligation de fréquenter... Il peut s'inscrire en maternelle comme il
peut s'inscrire en première année, il n'y a pas obligation, les
parents ne sont pas obligés même de l'inscrire. Cela peut
entraîner dans les milieux où existent des prématernelles
la possibilité que des parents inscrivent leur enfant à
l'école avec l'espoir que celui-ci puisse accéder plus rapidement
en première année. La décision relevant de la commission
scolaire, les conseillers pédagogiques, les enseignants qui ont
travaillé avec l'enfant devront être en mesure de faire une
recommandation à savoir si l'enfant est psychologiquement prêt
à un tel passage ou s'il est préférable de lui faire faire
une année de maternelle additionnelle. C'est une décision qui ne
peut pas être prise au niveau réglementaire à Québec
car elle doit tenir compte de la situation individuelle de l'enfant.
Mme Lavoie-Roux: Sur cela on est d'accord.
M. Bérubé: On s'entend?
Mme Lavoie-Roux: C'est l'autre question que je vous ai
posée.
M. Bérubé: Alors je voyais bien que c'était
l'autre question vers laquelle vous vouliez tendre, mais je prenais mon temps
pour ne pas vous amener trop vite sur le deuxième sujet.
Le deuxième sujet c'est moins pédagogique. Il est clair
que le ministre de l'Éducation du temps s'était engagé
à progressivement déplacer la date du 1er octobre. Certains
proposent par exemple que l'on s'oriente vers une date fixée à
mi-année, de telle sorte que l'on retrouve dans une classe dans le fond
des enfants qui ont six mois de plus et des enfants qui ont six mois de moins
et que cela fasse une classe plus homogène. Certes, cela
amènerait des enfants un peu plus jeunes à l'école, c'est
vrai. Est-ce que c'est un grave problème pour l'enfant que d'être
admis un mois, deux mois, ou jusqu'à six mois plus vite que ce qui est
présentement le cas...
Mme Lavoie-Roux: Quatre mois.
M. Bérubé:... quatre mois oui, ce n'est pas
évident. Je pense qu'il n'y a peut-être pas de
considération pédagogique absolue pour dire que l'enfant ne peut
pas, quatre mois plus tôt, commencer ses études de première
année. Le ministre de l'Éducation, à l'époque, sur
la base justement de l'analyse qui était faite sur le plan psychologique
et pédagogique et sur la base également des
représentations faites par les parents, avait indiqué son
intention de progressivement déplacer la date, mois par mois, si on
veut, c'est-à-dire en avançant d'un mois chaque année,
pour tendre progressivement vers une date d'inscription, pour la naissance, qui
soit à mi-année de l'année scolaire.
L'incidence budgétaire est considérable. C'est davantage
pour des considérations budgétaires que cette décision n'a
pas été prise que pour d'autres considérations.
Mme Lavoie-Roux: Il reste que cette formule serait plus juste et
plus facile d'application pour tous les parents qui disent: Une
différence de trois mois - si on met d'octobre à janvier,
ça donne trois mois, octobre, novembre, décembre - pour mon
enfant qui a déjà eu la maternelle et la prématernelle...
Vous le reconnaissez vous-même, au plan pédagogique, pour la
majorité des cas, ça n'aurait pas de répercussion
néfaste, peut-être qu'au contraire, même, ça aurait
de bonnes répercussions. Il me semble qu'à ce moment-là
ça peut s'appliquer à l'ensemble de la population
étudiante, tandis que dans l'autre cas, vous vous trouvez avec des
secteurs qui ont des prématernelles, d'autres qui n'en ont pas. Je pense
qu'on va se trouver dans une situation extrêmement flottante en
procédant de la façon dont vous parlez, alors que celle-ci...
M. Bérubé: On ne procède pas de l'autre
façon.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites que ça va être ouvert
maintenant.
M. Bérubé: Ce que l'on permet, par l'article 3 dont
nous ne sommes pas en train de discuter, M. le Président, c'est au
gouvernement de modifier la date. Mais il n'est pas exclu que, dans des
années d'abondance plus grande, on puisse modifier cette date
d'admissibilité de telle sorte qu'on se retrouve éventuellement
à une date qui se rapproche davantage de janvier que d'octobre.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que votre évaluation des
coûts est demeurée la même que celle qui nous avait
été donnée en 1978? Cela peut tenir compte aussi du nombre
d'élèves qui sont enregistrés. À ce
moment-là, on nous parlait de 6 000 000 $ par année pour chaque
mois qui était...
Mme Dougherty: 18 000 000 $ l'année dernière?
Mme Lavoie-Roux: 18 000 000 $?
M. Bérubé: On me dit que c'est 18 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: On m'avait donné un chiffre...
M. Bérubé: L'inflation!
Mme Lavoie-Roux: Mais non, on m'avait dit 18 000 000 $, et c'est
rendu à 8 000 000 $, c'est beaucoup mieux.
M. Bérubé: C'est toujours 18 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Ah, c'est toujours 18 000 000 $, alors il n'y a
pas eu d'inflation non plus.
M. Bérubé: C'est grâce à la saine
gestion gouvernementale qui, par un contrôle précis des taux de
croissance des dépenses, a pu maintenir en dollars courants le
coût de la mesure.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien juste là...
M. Bérubé: Mais si on l'examinait d'un peu plus
près, je pourrais vous gager que ça augmenterait un peu.
Mme Lavoie-Roux: C'est bien le seul endroit où vous avez
bien géré parce que si on regarde les déficits, il me
semble qu'ils ont progressé...
M. Bérubé: Non, madame, j'aimerais bien qu'on
s'engage sur un tel débat, mais M. le Président me rappellerait
certainement à l'ordre. Il me fera certainement plaisir de lui soumettre
un éditorial du journal Les Affaires qui évaluait,
récemment, la gestion gouvernementale et la citait en exemple comme
étant l'un des exemples les plus rigoureux de gestion administrative des
dépenses publiques de toutes les provinces canadiennes et surtout du
gouvernement fédéral, qui était le dernier endroit
où on pouvait encore trouver des libéraux au pouvoir, mais
là, on a réglé le problème.
Le Président (M. Tremblay): Si on revenait à
l'article 14?
Mme Lavoie-Roux: Il faut bien admettre que le ministre, en
vantant sa saine gestion, risquait de nous entraîner sur un autre
terrain, mais vous avez tout à fait raison de nous ramener à
l'ordre. Il y aura peut-être de mes collègues qui voudront poser
d'autres questions là-dessus. Ma deuxième question concernant le
premier paragraphe: Pourquoi maintenez-vous l'âge de 15 ans comme
âge de fréquentation scolaire?
M. Bérubé: C'est une bonne question. On me
suggère peut-être de répondre par une question. Je trouve
la question intéressante et, dans ma réponse, je vais y aller
d'une question. Si vous aviez le choix entre investir 90 000 000 $ pour
devancer de quatre mois la date d'admissibilité à l'école
ou encore investir dans la formation préscolaire, dans les services aux
handicapés, aux enfants provenant de milieux économiquement
défavorisés, lequel des deux choisiriez-vous?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, est-ce qu'on vous a déjà
expliqué que s'ils commençaient trois mois plus tôt, vous
iriez récupérer ça à l'autre bout?
M. Bérubé: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'allez quand même pas les instruire
pendant plus longtemps que dix ans.
M. Bérubé: Il y a 90 000 000 $, c'est le
coût. L'année où vous le faites, c'est 90 000 000 $.
M. Ryan: J'ai une étude de votre ministère qui dit
que la première année, c'est 8 500 000 $. Je vais vous le montrer
tantôt.
M. Bérubé: Si vous le faites mois par mois.
Une voix: C'est le tiers de 100 000 élèves à
3000 $ par année, si vous le faites d'un coup. Quatre mois c'est le
tiers de l'année scolaire, c'est le tiers... Il y a 100 000
élèves à 3000 $. Si on passe au premier janvier d'un coup,
c'est le tiers de la population à 3000 $ par année pareil.
M. Bérubé: Le déboursé, c'est d'un
coup; c'est dans l'année où on le fait; après cela, c'est
récurrent. Il y a donc une augmentation la première année,
c'est tout. Après cela, elle est récurrente.
Mme Lavoie-Roux: Je vous avais posé une autre question,
c'est la dernière qu'on...
M. Bérubé: C'est normal.
M. Ryan: On va examiner tout cela cet après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Y a-t-il eu des...
M. Bérubé: Ah! Vous n'avez pas répondu
à la question...
Mme Lavoie-Roux: Il faudrait s'entendre sur les chiffres.
M. Bérubé: Ah non, non! Qu'on s'entende sur les
chiffres ou qu'on ne s'entende pas sur le quantum exact, le choix est
là. Je constate en fait que vous n'êtes pas vraiment mûrs
pour gouverner, c'est ce que je comprends.
Mme Lavoie-Roux: Non, je considère que les sommes
estimées à environ 8 000 000 $ par an pendant trois ans...
M. Bérubé: M. le Président, l'absence de
réponse indique clairement que la députée...
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Bérubé:... de L'Acadie est parfaitement heureuse
dans l'Opposition et on va prendre les moyens nécessaires pour qu'elle y
reste.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie a la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, M. le Président. Je
voudrais simplement vous dire ici que dans un document...
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux:... le ministre Laurin, votre
prédécesseur, nous avait dit, lors de l'étude des
crédits, je pense, que les sommes estimées pour réduire ou
modifier l'âge de l'admission à l'école étaient de
quelque 8 000 000 $ par an pendant trois ans -seraient requises pour abaisser
l'âge de l'admission à l'école - et elles seraient
éventuellement récupérées par le fait que les
enfants admis un an plus tôt à l'école en sortiraient un an
plus tôt à la fin du cycle de leurs études. C'est
récupéré à l'autre... Vous ne paierez pas pendant
onze ans, vous allez payer pendant dix ans. Réalisez-vous que vous allez
payer un an de moins à l'autre bout?
M. Bérubé: Dix ans plus tard, oui effectivement, il
y a une cohorte qui va terminer trois mois plus tôt que... En fait, une
année plus tôt. Oui, oui, c'est bien clair qu'on parle de 90 000
000 $ que vous injectez dans le système, qui vont y séjourner
pendant dix ans, et qu'au bout de dix ans quelqu'un fera une économie de
90 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Sur l'autre point, je demandais au ministre: le
ministre peut-il nous dire quels sont les motifs... On a compris que les motifs
pour la non- modification de la date du 1er octobre sont d'ordre financier et
non d'ordre pédagogique, c'est ce que le ministre a établi.
Deuxièmement, peut-il nous indiquer les motifs qui ont été
invoqués pour maintenir l'âge de la fréquentation scolaire
à 15 ans dans le contexte actuel?
M. Bérubé: Quinze ans. Une chose est sûre,
c'est qu'on maintient le droit jusqu'à la fin des études
secondaires. Si vous examinez le projet de loi, l'inconvénient de
toujours sauter des articles évidemment, c'est qu'on est obligé
de se référer à des éléments, à des
articles antérieurs - je ne connais pas le numéro - 1? Oui, c'est
cela, c'est le un. À l'article 1 effectivement, vous verrez que l'enfant
a le droit de séjourner à l'école jusqu'à la fin de
ses études secondaires; déjà on s'assure que tout enfant
doit pouvoir compléter ses études secondaires, quel que soit le
temps qu'il prenne. Cela est sans égard à l'âge.
Deuxièmement on pourrait allonger l'âge obligatoire de
fréquentation scolaire, c'est un fait. Peu de pays s'y engagent. La
Belgique, en ce moment, a fait ce choix d'une façon un peu
particulière et intéressante, je pense, qui mériterait
d'être fouillée. Lorsque l'enfant dépasse l'âge de 16
ans, si je ne m'abuse, il doit continuer à fréquenter
l'école mais sur une base à temps partiel; et il travaille tant
qu'il n'a pas terminé. Cela est une formulation intéressante, car
elle prend en compte, dans le fond, le goût de décrochage de
l'enfant et essaie de lui créer un milieu de formation en alternance,
travail et école, qui soit appropriée.
Je ne vous cache pas que nous expérimentons aussi avec la
formule, puisque nous avons mis en place le programme de stage en milieu de
travail qui s'adresse justement à des jeunes qui n'ont pas
terminé leurs études, qui ont décroché avant la fin
de leur secondaire, qui ont généralement dépassé
l'âge également de fréquentation obligatoire, sans avoir
terminé leurs études. À ceux-là, nous offrons un
système mixte: école-emploi. Il n'est pas obligatoire.
Ce que la Belgique, dans le fond, a fait, c'est que le système
mixte école-emploi devient obligatoire. C'est une formule
intéressante, mais je pense qu'il faudrait expérimenter plus
avant de s'engager dans une telle opération, il me semble.
Le Président (M. Tremblay): Je ferais remarquer aux
membres de la commission qu'il est 13 heures et je vais suspendre les travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 25)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation reprend ses travaux. Nous en étions à
l'article 14. M. le député de Verchères a exprimé
le désir de parler.
La convocation des témoins
M. Charbonneau: M. le Président, sur une question...
M. Bérubé: Vous voulez intervenir sur l'article
14?
M. Charbonneau:... de règlement ou je ne sais pas trop
quoi. C'est que, comme président de la commission, je dois donner suite
à une des propositions qui ont été adoptée
précédemment par la commission, c'est-à-dire celle de
convoquer des personnes ou des organismes. Je voudrais savoir quand on doit
donner suite à cette proposition, d'une part et deuxièmement,
comment on va répartir le temps. Je pense que j'ai essayé de voir
dans quelle mesure le comité directeur de la commission pourrait
régler cette question, mais on m'a indiqué, en particulier du
côté de l'Opposition que, actuellement, on
préférerait que cette question soit soulevée et
réglée à la table de la commission.
Donc, M. le Président, avant de donner quelque directive que ce
soit à la secrétaire de la commission, j'aimerais bien avoir des
indications de la part des membres de la commission, quant à
l'exécution de ce mandat qui a été adopté ce
matin.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Je voudrais adresser une question au
député de Verchères, n'ayant pu assister - je ne fais pas
partie du comité directeur de la commission à la commission... Je
suis convaincu que mes collègues sont dans la même situation que
moi, ils aimeraient savoir s'il y a un problème d'obstruction
systématique nous venant de la part du député
d'Argenteuil, comme on en a eu hier, ou est-ce que vous pourriez expliciter la
nature des objections, oppositions, cailloux dans l'engrenage ou autre, que le
député d'Argenteuil s'est ingénié à mettre
dans vos précieux engrenages, M. le député de
Verchères, et président de la commission.
M. Charbonneau: Tout ce que je rencontre actuellement dans mes
précieux engrenages, M. le ministre, c'est l'exigence du
vice-président de la commission, qui est aussi un des piliers du
comité directeur, dans le sens que cette discussion ne se fasse pas au
comité directeur, mais au niveau de l'ensemble de la commission.
M. Bérubé: Nous sommes à l'étude
article par article, M. le Président. En vertu de nos règlements,
je pense qu'on doit procéder avec l'étude article par
article.
Le Président (M. Tremblay): C'est ce qu'exige le
règlement.
M. Bérubé: Ce qu'exige le règlement.
Évidemment, peut-être que le député d'Argenteuil,
par condescendance, voudrait bien nous expliquer la nature de ses objections,
la nature des petits sédiments calcaires.
Le Président (M. Tremblay): Pour aider les travaux de la
commission, je dirais que, s'il y a une proposition, nous en
considérerons la recevabilité et je vous consulterai
là-dessus.
M. Laplante: On a un comité directeur, on a passé
une motion ce matin et ils doivent s'entendre et par la suite faire rapport
à la commission. C'est leur rôle, on est ici pour l'étude
article par article.
Le Président (M. Tremblay): Je comprends que nous
discutons de l'article 14 du projet de loi 3.
M. Charbonneau: Je voudrais simplement rappeler aux membres de la
commission que tout ce que j'ai actuellement comme possibilité de
manoeuvre, c'est une première motion qui a été
adoptée qui confie au comité directeur de la commission le soin
d'organiser le jour, l'heure et la durée de l'audition de l'Institut
canadien d'éducation des adultes. Quant au reste, il n'y a pas eu de
mandat qui a été donné au comité directeur de la
commission.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez bien raison. M. le
député de Saint-Laurent, est-ce que c'est sur...
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, il a
été question ce matin de fixer certains paramètres pour
recevoir les intervenants, les organismes enfin, les spécialistes. Je
pense que si on veut les recevoir, il y aurait sûrement lieu de les
inviter. Je ne vois pas comment on pourrait les inviter sans décider
quand ils seront reçus et quelle sera la durée de cette
audition.
En ce qui me concerne, mardi m'irait très bien. Je proposerais
qu'on les reçoive pour une période d'une heure et demie. C'est ce
qui a prévalu lors de l'audition des organismes. Je propose qu'on les
reçoive pour une durée mardi... (15 h 30)
M. Laplante: Une question de règlement, M. le
Président.
.
M. Leduc (Saint-Laurent):... chaque intervenant aurait une heure
et demie pour exposer...
M. Laplante: Le règlement, parce que je veux
l'arrêter de parler. Je pose une question de règlement, M. le
Président, qui a...
Le Président (M. Tremblay): Moi, je ne veux pas. Je veux
vous empêcher de parler tant que le député de Saint-Laurent
n'aura pas fini.
M. Laplante:... préséance sur le droit de parole de
M. le député de Saint-Laurent. Actuellement on est
réuni...
Le Président (M. Tremblay): Juste un instant, M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent vous avez proposé que ce soit mardi pour une heure et
demie par...
J'imagine que vous voulez parler sur la recevabilité M. le
député.
M. Laplante: Oui, je vais vous parler sur la recevabilité
et sur la question de règlement aussi, M. le Président. On
était à l'étude de l'article 14.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez bien raison.
M. Laplante: Avant de prendre n'importe laquelle des motions qui
pourraient arriver - d'ailleurs on ne peut plus faire de motion après
l'appel des articles, il n'y a plus de motion à faire, c'est clair. Dans
la préparation de nos travaux on l'a fait avant l'article 1. Le devoir
du président actuellement c'est d'appeler l'article 14 qu'on nous
étudions. Après cela vous appelez l'article 15 ou d'autres
articles que les membres de la commission veulent étudier. Mais il n'y a
plus de place pour les motions, du moment que vous avez appelé l'article
1. Je vous ferai remarquer qu'elle est irrecevable, sa motion. Votre droit
à vous, votre obligation, M. le Président, c'est d'appeler
l'article 14 pour en continuer l'étude.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'avais parlé sur la
recevabilité.
Le Président (M. Tremblay): Sur la
recevabilité.
M. Laplante: Non pas sur...
M. Leduc (Saint-Laurent): J'avais parlé sur la
recevabilité.
Le Président (M. Tremblay): Sur la
recevabilité.
M. Laplante: Vous ne pouvez pas appeler la recevabilité,
M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien oui, M. le Président...
M. Ryan: M. le Président...
M. Laplante: C'est l'article 14 qu'on débat
actuellement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député je
n'ai pas dit qu'elle était recevable. J'entends les membres sur des
questions de règlement à savoir: Est-ce qu'elle est recevable ou
non? Vous me dites qu'elle ne l'est pas. Je veux entendre le
député d'Argenteuil...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous n'êtes pas le
président.
Le Président (M. Tremblay):... et connaître son
opinion sur cette chose.
M. Ryan: C'est vraiment admirable. Regardez, je pense que c'est
bon de résumer la situation. Je pense que le député de
Bourassa a tout à fait raison, mais je voudrais qu'il se rende compte
des conséquences que peut entraîner le fait d'avoir raison.
M. Laplante: Je n'ai pas compris la dernière phrase. C'est
aussi bien.
M. Ryan: Je disais et je vais le répéter parce que
c'est important, non pas ce que je dis mais la question qu'on discute
évidemment. Le député de Bourassa a raison. Selon notre
discipline la plus élémentaire, nous devrions commencer
l'étude de l'article 14 et continuer l'étude de l'article 14 sans
autre discussion. Si tel est le cas, à ce moment il reste au
président de la commission à convoquer les témoins que
nous avons demandé d'entendre. Nous les entendrons suivant nos
règles habituelles. Il n'y a pas de problème pour nous. Si c'est
cela qui fait l'affaire du gouvernement, il n'y a pas de discussion on passe
à l'article 14 immédiatement. Nous ne soulevons aucun
problème.
M. Laplante: L'article 14. M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. le ministre.
M. Ryan: Le député de Bourassa a raison, si vous ne
l'amenez pas à d'autres points de vue... C'est votre
problème.
Le Président (M. Tremblay): J'ai donné la parole au
député de Matane sur la recevabilité.
M. Bérubé: Je passe.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, c'est la simple
logique. J'allais dire exactement ce que le député d'Argenteuil
mentionnait. C'est vrai, le député de Bourassa a raison. Mais
comment peut-on organiser cette journée d'auditions si on ne fixe pas
immédiatement les règles. Je ne vois pas qui va... Quand
va-t-on les inviter? Est-ce que cela est fait à ce jour? Est-ce qu'on
les a convoqués pour mardi? Je pose la question.
M. Charbonneau: M. le Président, écoutez de deux
choses l'une. Ou on s'entend ici. La démarche que j'ai faite
tantôt était à la suite des indications que j'avais eues
que les membres de la commission, les membres de l'Opposition en particulier du
comité directeur préféraient qu'on fasse la discussion
ici. Si la discussion ne peut pas se faire ici il est clair qu'en vertu de
l'article 135 je devrai organiser les travaux moi-même et sans indication
de part et d'autre. Donc, vous prendrez ce que je déciderai c'est
tout.
M. Ryan: Sauf qu'ici nous aurons nos droits de parole.
M. Charbonneau: Oh oui! Moi, j'organiserai les travaux selon mon
jugement, au meilleur de ma connaissance et en fonction aussi des autres
mandats que la commission a, à l'égard entre autres de
l'étude article par article.
La démarche que je faisais, c'est en vertu de l'article 135. Je
pouvais très bien demander un avis aux membres de la commission. S'il
n'y a pas d'avis qui vient, je prendrai mes responsabilités.
Le Président (M. Tremblay): Je me permettrai de faire une
suggestion à la commission à ce point-ci. Il y a sept organismes
à recevoir. Nous aurons, mardi, huit heures et demie, à peu
près, pour discuter de ça, ce qui donnerait une heure et douze
minutes au lieu d'une heure trente, comme dans la proposition.
M. Ryan: Qui a décidé qu'il y aurait la
journée de mardi et pas autre chose pour les témoins? Qui a
décidé ça? Il n'y a pas eu de décision prise
là-dessus.
Le Président (M. Tremblay): C'est parce qu'il y avait la
proposition du député de Saint-Laurent qui indiquait...
M. Laplante: M. le Président, question de
règlement. Vous entrez dans un débat, ce que vous ne pouvez pas
faire actuellement. Le président de la commission peut le faire, mais
vous ne pouvez pas le faire actuellement. On est toujours à l'article
14, et vous n'avez même pas disposé de la recevabilité
d'une telle motion.
Actuellement, les règlements permettent à monsieur
Charbonneau, le député de Verchères, de régir,
d'administrer sa commission et de procéder comme il le veut à
l'organisation de ses travaux. On lui laisse ça entre les mains, c'est
son travail. Mais nous, nous sommes ici pour faire l'étude article par
article. Il y a eu une entente de principe, ce matin.
Le Président (M. Tremblay): Je vais rendre une
décision sur la recevabilité. Effectivement, elle n'est pas
recevable, et le député d'Argenteuil et le député
de Saint-Laurent le reconnaissent eux-mêmes. Considérant qu'il y a
une opposition formelle de la part d'un membre de la commission, je suis
obligé de la considérer comme irrecevable et de passer
immédiatement à l'étude de l'article 14.
Je donne la parole à Mme la députée de
Jacques-Cartier qui a déjà indiqué qu'elle voulait
s'exprimer sur l'article 14.
Étude détaillée
Obligation de fréquentation scolaire
(suite)
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. D'abord, j'aimerais
poursuivre la question de l'âge de 15 ans, l'année où
l'enfant arrive à 15 ans, la question soulevée par la
députée de L'Acadie. D'abord, il me semble qu'il y a une certaine
incohérence dans les politiques du ministère parce que, dans le
régime pédagogique, le nouveau régime, on a ajouté
une année supplémentaire d'éducation professionnelle,
secondaire VI. Il me semble que les enfants et les élèves les
plus susceptibles de décrocher sont ceux qui ont le plus besoin de ces
études de secondaire VI.
Donc, si on veut que les enfants -peut-être que je pourrais les
qualifier comme les plus faibles sur le plan académique - si on veut
qu'ils restent à l'école pour compléter leurs
études ou des études appropriées à leurs besoins
pour qu'ils puissent trouver du travail à la fin de leurs
études, il faut prévoir, il me semble, un âge au
moins de 17 ou 18 ans, l'âge pour les études obligatoires à
l'école secondaire.
À cet égard, est-ce que le ministère a des
renseignements sur l'âge obligatoire dans d'autres provinces ou
peut-être aux États-Unis? Quelle est la tendance? Est-ce que la
tendance est d'élever l'âge obligatoire? Cet âge de 15 ans,
c'était dans notre loi depuis longtemps, je crois. Il me semble que,
tenant compte des conditions sociales, de la complexité des
études nécessaires pour le monde du travail d'aujourd'hui, il
faut prévoir une période obligatoire beaucoup plus longue.
M. Bérubé: Étant donné, M. le
Président, que la question de la députée de
Jacques-Cartier implique une comparaison avec les situations des pays
étrangers, j'ai eu l'occasion ce matin, en abordant cette question, de
traiter d'un cas, le cas de la Belgique, où on vient d'accroître
le temps obligatoire de scolarisation pour les jeunes. Toutefois, d'une
façon un peu spéciale, c'est une obligation à
fréquenter à temps partiel au-delà de 16 ans, dans un
cadre qui est analogue à nos programmes de stage en entreprise,
où le jeune poursuit une formation mixte entreprise-école. Ce
n'est pas une obligation de fréquentation de l'école à
temps plein comme c'est le cas ici. Et c'est tout nouveau, la loi est en
vigueur depuis à peine un mois ou deux.
Ce que l'on me dit, c'est qu'en général dans le monde,
particulièrement aux États-Unis, c'est sensiblement le même
âge que ce que nous avons ici, au Québec, en termes de contrainte.
On me dit qu'il y a même à l'heure actuelle tendance dans certains
pays - c'est pour cela que je vous le dis sous toutes réserves parce
qu'il faudrait qu'on aille s'enquérir de l'expérience - mais on
croit se souvenir ici que plusieurs pays à l'heure actuelle s'orientent
plutôt vers une diminution de la fréquentation obligatoire,
diminution de l'âge obligatoire plutôt que vers une augmentation.
On irait plutôt dans le sens inverse. On offre le service, on crée
un droit, mais on n'en fait pas une obligation légale.
Le problème de l'obligation légale, c'est que c'est une
véritable contrainte à la liberté individuelle. Lorsque
vous forcez un individu à se soumettre, je ne dirais pas à la
prison car je ne voudrais pas qualifier l'école publique de prison, ou
l'école privée d'ailleurs, puisque l'une et l'autre peuvent
remplir la fonction qui est assignée ici, mais il est clair que
dès que l'on veut imposer une contrainte qui est une contrainte
d'étude, par exemple, par voie législative, cela ne donne pas
nécessairement de meilleurs résultats. Des étudiants sont
obligés d'aller à l'école et ils vont traîner sur
les bancs de l'école pendant des années sans jamais progresser,
sans manifester le moindre intérêt et en décourageant tous
ceux qui les entourent. Donc, est-ce par une fréquentation obligatoire
de l'école qu'on atteint l'objectif que vous signalez? Où une
augmentation de la période d'obligation peut-elle constituer une
désincitation?
On fait des appels téléphoniques pour avoir un
aperçu plus substantifié, si l'on veut, des pratiques dans
d'autres pays, mais on me dit qu'en général, c'est 15-16 ans
comme période minimale de fréquentation scolaire,
premièrement. Deuxièmement, la tendance est plutôt vers une
réduction - je ne devrais pas dire la tendance - mais plutôt il y
a des exemples à l'heure actuelle qu'on me citait où on
réduit la fréquentation obligatoire. Par contre, comme je vous le
soulignais, je connais au moins un cas qui va à contre-courant, c'est le
seul pays qui fait cela, qui augmente la fréquentation obligatoire,
mais, cependant, le fait dans un cadre un peu particulier qui est un cadre pour
décrocheur, c'est-à-dire le jeune qui n'arrive pas à
terminer ses études et qui, à ce moment-là, s'engage dans
un programme mixte comme celui qui est en phase d'implantation au
Québec.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Oui. Actuellement, je ne suis pas tout à
fait d'accord avec le régime pédagogique parce que je crois que
les enfants qui ont besoin des études prévues au secondaire VI
doivent avoir ces études beaucoup plus tôt dans leur
carrière. Ces études doivent être disponibles beaucoup plus
tôt parce que ce sont des étudiants qui perdent trop de leur
intérêt au niveau secondaire. L'obligation du gouvernement de
l'État est de leur donner des services et des études
appropriées à leurs intérêts et à leurs
besoins. Je crois que c'est beaucoup plus approprié d'offrir ces
services au secondaire III, peut-être au secondaire IV, entre III et V,
au lieu d'ajouter un autre niveau d'études qui risque d'être
très peu fréquenté parce que toute la clientèle va
décrocher avant d'arriver à ce niveau? C'est un commentaire. (15
h 45)
J'ai un autre sujet, une gamme de questions à soulever sur cet
article. Cela touche l'âge de cinq ans. Vous savez que nous avons une
grande quantité d'élèves qui ont des difficultés
d'apprentissage de toutes sortes: handicapés physiques,
déficience mentale, difficulté d'apprentissage pour des raisons
neurologiques et d'autres raisons. C'est bien connu, maintenant, que ces
enfants ont besoin d'une éducation précoce. Ces enfants sont plus
susceptibles de profiter de ces opportunités quand ils sont très
jeunes. Plus ils sont jeunes, plus ils vont profiter de ces services. Si on
attend jusqu'à cinq ans pour leur donner ces services, il y a
un risque très grave qu'ils ne seront jamais capables
d'être intégrés dans les cours réguliers et
peut-être jamais dans la vie normale.
Il me semble que le gouvernement a une obligation d'offrir certains
services pour certains enfants. Et il faut définir ces catégories
qui pourraient profiter et qui ont besoin des services spéciaux dans
certains cas dès l'âge zéro.
Je pourrais vous donner un exemple. Les enfants qui ont des
difficultés auditives, dès leur naissance, ont besoin des
services spéciaux de nature éducative pour avoir la
capacité de parler. Il y a des services, par exemple "oral schools", qui
existent, mais c'est l'obligation du gouvernement d'offrir ces services aux
jeunes. J'ai ici, d'abord pendant l'audience sur la loi 40, l'Association du
Québec pour enfants ayant des problèmes auditifs, qui a
suggéré... J'aimerais citer son mémoire: "En regard de
l'âge minimum de l'enfant et reprenant un énoncé du livre
blanc du ministère de l'Éducation en page 53, nous favorisons
fortement la prise en responsabilité de l'école d'organiser
l'éducation préscolaire pour des enfants en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage ou de milieux économiquement faibles
âgés de quatre ans. " C'était une recommandation
très conservatrice, je crois, parce qu'il y a beaucoup d'organismes qui
recommandent qu'on commence, par exemple, à deux ans.
J'ai ici l'acte britannique Education Act 1981. C'est une loi qui touche
particulièrement les besoins spéciaux des enfants qui ont besoin
d'une éducation spécialisée. Il n'est peut-être pas
reconnu... Ils ont adopté cette loi. J'aimerais lire quelques passages
parce qu'ils ont pris leurs obligations envers tous les enfants dans le
territoire de chaque commission scolaire dès l'âge
zéro.
It says: "For the purposes of this Act, a child has a special
educational need if he has a learning difficulty which calls for special
education provisions to be made for him. A child has a learning difficulty if:
He has a significantly greater difficulty in learning than the majority of the
children of his age or he has a disability which either prevents or hinders
from making use of educational facilities of a kind generally provided in
schools within the area of the local authority concerned for children of his
age, or he is under the age of 5 years and is or would be likely to fall within
those first two paragraphs - in other words having a difficulty - when over
that age, if special education provisions were not made for him. So, that is
the ones that are under 5 years old.
Then we go to the ones that are up to 2 years old. Special education
provisions means, in relation to a child who has attained the age of 2 years,
educational provisions which are additional to or otherwise different from the
educational provisions made generally for children of his age in schools
maintained by the local educational authority.
Now, 1 am not going to read this old thing, but it is very very
interesting. There are provisions for compulsory assessment of children
suspected of having these difficulties, and there is provision for assessment
where, in the case of a child who is under the age of 2, a local authority is
of the opinion that he has special educational needs and that he requires
special education as a result of the assessment.
I am bringing this up because 1 think this is where the special
education world is, and I think qu'il y a une reconnaissance qui augmente
année après année des besoins de ces enfants.
La clé de l'affaire c'est l'éducation précoce,
parce que même sur le plan financier, qui intéresse beaucoup le
ministre, si on néglige cette obligation... L'économie qu'on
pourrait réaliser en termes humain, social et financier en reconnaissant
nos obligations dès l'âge zéro, on pourrait faire des
économies substantielles pour la société parce qu'on
aurait moins de familles bouleversées par ces problèmes, on
aurait plus d'enfants qui auraient la capacité de profiter des classes
régulières.
L'intégration, c'est un bel idéal, mais sans ces services
avant cinq ans, il y a des milliers d'enfants qui ne seront jamais dans des
classes régulières.
Donc, ce que je demande, c'est que l'obligation, du ministère de
l'Éducation et naturellement des commissions scolaires, soit dans le
projet de loi pour les enfants qui ont besoin de ces services
spéciaux.
J'aimerais, avant de terminer... J'ai ici le rapport COPEX. J'ai eu
l'honneur d'être membre de ce comité. On a publié notre
rapport en 1976. Ce rapport contenait une foule de recommandations
présentées au gouvernement dans l'espoir qu'il adopte une
politique globale pour les enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage. On a prévu cette clientèle dans nos
recommandations et on a demandé au gouvernement - c'était en 1976
- qu'il entreprenne conjointement des études portant, d'abord, sur les
populations cibles susceptibles de connaître des développements
majeurs ou nouveaux de services au cours des prochaines années,
notamment, la population des enfants de 0 à 5 ans. J'aimerais demander
au ministre quelles sont les mesures que le gouvernement a prises à la
suite de cette recommandation?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
Mme Dougherty: Je pourrais poser toutes mes questions en
même temps. Il y a
toutes sortes d'autres articles dans le rapport COPEX qui parlent de ces
clientèles et des obligations du ministre. On parle de... Un instant,
j'ai perdu le numéro des articles.
M. Bérubé: C'est de l'article 14 qu'on discute.
Mme Dougherty: C'est l'article... La recommandation que je viens
de lire, c'est la recommandation no 8 du rapport COPEX.
À la recommandation Il, on dit: "Que l'intervention
pédagogique auprès de l'enfant en difficulté ait pour
objectifs principaux d'assurer à l'enfant une éducation de
qualité et de favoriser son développement intégral et
optimal. " Cela veut dire dès l'âge 0.
À la recommandation 12, on dit: "Que des mesures spéciales
d'éducation et de rééducation, de réadaptation,
permettent à l'enfant en difficulté de profiter des programmes
scolaires de l'enseignement régulier, général et
professionnel. Que ces programmes soient adaptés aux besoins, aux
capacités, aux modes de fonctionnement, au rythme d'apprentissage de
l'enfant en difficulté. " Si on parle de rythme, on parle
d'éducation appropriée. Et on ne peut pas parler de l'âge
de 5 ans et, en même temps, parler d'une éducation
appropriée et individualisée selon les besoins de ces
enfants.
À l'heure du lunch, j'ai réfléchi à cette
question et je me suis rendu compte qu'on a oublié un groupe très
important dans notre liste de groupes qu'on doit entendre la semaine prochaine.
Dans le peu de temps que j'avais, j'ai lu quelques mémoires reçus
lors des audiences sur le projet de loi 40 et je me suis rendu compte qu'on a
amélioré la loi dans certains articles mais qu'il y a encore des
carences importantes. Il me semble qu'on a oublié un groupe très
important. J'aimerais suggérer qu'on ajoute l'Office des personnes
handicapées, parce que je suis certaine que les représentants de
cet organisme pourraient avoir quelque chose de très important à
dire, d'abord sur cet article... Avant d'adopter cet article, je crois que les
besoins des enfants handicapés, des enfants exceptionnels, doivent
être pris en considération selon les recommandations et les
commentaires de l'Office des personnes handicapées. (16 heures)
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Je n'ai pas demandé la parole, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay): Non, mais vous avez à
répondre. Vous pouvez répondre après chaque intervention.
Mme la députée vous posait des questions. Je ne sais pas si elle
a terminé ses questions.
M. Laplante: Son temps est terminé, cela fait
longtemps.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez terminé vos
questions?
Mme Dougherty: J'ai terminé pour le moment.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Est-ce que vous
désirez répondre, M. le ministre?
M. Bérubé: Pas tout de suite, M. le
Président, parce que, entre-temps, on m'a soumis des
éléments de réponses à des questions
précises qu'a posées la députée de Jacques-Cartier.
Par conséquent, je préférerais pouvoir les examiner pour
éventuellement y répondre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je pense que
c'est une occasion privilégiée de modifier l'âge
d'admission des enfants ou des élèves au niveau primaire. Je
pense qu'on devrait avancer l'admission, les dates d'admission, l'âge
pour être admis à l'école primaire pour différentes
raisons.
D'abord, il y a eu des promesses de faites - on l'a évoqué
- en 1981, au mois de février. Le ministre avait promis qu'on
modifierait l'âge d'admission à l'école primaire. On devait
il y a eu une proposition - le faire sur une période de trois ans, par
étapes. Moi, cela me convient très bien qu'on ne le fasse pas en
une seule étape. Je pense que c'est acceptable et raisonnable qu'on
puisse le faire sur trois ans, mais comme je le disais tantôt, je pense
que c'est une occasion privilégiée, à l'occasion d'une
nouvelle loi qui remplace complètement l'ancienne Loi sur l'instruction
publique, de modifier cette règle-là. Bien sûr, il n'y a
pas de règle absolue. On ne peut pas dire: On devrait établir une
règle, il y a une date qui serait la date idéale, mais il faut
peut-être comparer avec les autres provinces, avec les autres pays et on
constate que la date est nettement, en ce qui concerne les autres provinces,
plus avancée, c'est-à-dire qu'on y a accès à un
âge plus jeune que ce qui existe au Québec. Également, si
on regarde ce qui se passe en Grande-Bretagne et en France, on constate, encore
là, que les enfants sont admis à un âge qui est
inférieur.
On parle de virage technologique. On dit qu'aujourd'hui, il faut
investir dans les cerveaux. Je pense, M. le Président, que c'est vrai,
mais à ce moment-là, pourquoi ne pas permettre à nos
jeunes de finir plus vite de façon à pouvoir se
spécialiser plus rapidement dans les différents secteurs?
On a parlé qu'il y avait un coût à cette
modification. Je comprends les contraintes du gouvernement, mais je ne sais pas
si la somme de 8 000 000 $ est un montant qui est à ce point
élevé pour qu'on refuse de modifier cette date, quand on voit le
gaspillage que le gouvernement fait. Particulièrement, on a eu l'exemple
avec le "show" de Diane Dufresne qui a coûté 500 000 $. Si on
compare à environ 8 000 000 $ comme on évalue la modification...
Si on a gaspillé 500 000 $ pour un show un soir, on pourrait
dépenser 8 000 000 $ pour modifier la date. C'est un investissement qui
serait drôlement rentable.
Je ne pense pas qu'on puisse avoir un handicap face aux autres
provinces. On doit d'abord se comparer aux autres provinces du Canada. Je ne
pense pas que ce soit un signe de distinction qui nous soit tellement favorable
que d'imposer d'avoir cinq ans le 1er octobre pour la maternelle, d'avoir six
ans au 1er octobre pour avoir accès à l'école
élémentaire. Comme je le disais tantôt, c'est une question
de choix. Bien sûr, il faut poser le geste; il faut prendre la
décision, il faut faire le choix. Je dis que le gouvernement devrait
poser ce geste. Qu'il le fasse par étapes, disons en trois étapes
successives, cela serait raisonnable. Qu'on nous dise que le montant de 8 000
000 $ est un montant trop élevé, je ne peux pas accepter cette
déclaration. L'article 14 devrait être modifié de
façon que, à partir de l'an prochain, on puisse permettre aux
enfants d'accéder à la première année en ayant
l'âge de cinq ans au 1er novembre et l'année suivante au 1er
décembre et, ensuite, pour la dernière année, au dernier
jour de décembre ou plutôt le 1er janvier. C'est une
modalité qui ne demande pas un déboursé de deniers
inaccessible, nettement trop élevé. Je le répète,
c'est un investissement dans les cerveaux, dans l'éducation et c'est une
priorité pour nos jeunes.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, voulez-vous
répondre.
M. Bérubé: Mon adjoint parlementaire a
indiqué qu'il voulait intervenir.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je voudrais intervenir
sur cette question de cinq ans au 1er octobre. On a entendu plusieurs
intervenants du côté libéral parler en faveur d'un
élargissement, d'une libéralisation de la date, soit reporter la
date du 1er octobre au 1er novembre au 1er décembre, etc.
C'est sûrement souhaitable, M. le Président, personne n'est
contre cette idée de reporter la date. Mais encore une fois, il faut
pouvoir tout de même motiver ce report de date. Quels sont les avantages?
On peut, bien sûr, rendre service à un certain nombre de parents.
Je le sais, j'ai eu des représentations dans ce sens dans mon
comté et j'imagine que d'autres députés ont eu
également des représentations dans ce sens, de parents qui se
sentaient frustrés parce que leurs enfants ne pouvaient pas être
inscrits, compte tenu qu'ils étaient nés après le 1er
octobre. Ce sont souvent des cas frontières, enfin ceux que j'ai connus.
Ces parents cherchaient une façon de contourner la loi dans le but,
encore une fois, de rendre service à leurs enfants c'est-à-dire
de pouvoir accélérer leurs études et faire en sorte qu'ils
ne perdent pas une année suivant le terme qu'ils utilisent: Perdre une
année, voilà!
Cela me semble un peu faible comme raisonnement, M. le
Président.
Le député de Saint-Laurent a parlé
d'investissement. Il n'a pas montré en quoi c'était un
investissement, il a simplement dit: Il s'agit d'un investissement dans les
cerveaux. Bien, il faudrait encore le démontrer.
Je pense qu'il y aura toujours un problème de frontières.
Il faudra toujours trancher, à moins d'admettre les enfants à
l'école, dès l'âge de deux ans, et je pense que personne
n'a encore fait cette proposition. Si on recule la date au 1er décembre,
encore une fois il y aura des parents frustrés parce que leurs enfants
seront nés le 2, le 3, le 4 ou le 5 décembre. Les parents vont
venir nous demander de reporter la date au 1er janvier. Si nous reportons la
date au 1er janvier, il y aura encore des parents frustrés. Il faut
faire porter le débat à un autre niveau. Au niveau de
l'investissement des cerveaux, je veux bien; il faudrait qu'on démontre
que c'est effectivement un investissement. Je n'ai pas entendu le
député de Saint-Laurent faire la démonstration que
c'était, effectivement, un investissement.
Le député de Saint-Laurent nous dit: 8 000 000 $, il n'y a
rien là. Prenons 8 000 000 $ et faisons plaisir à tout le monde
en reportant cela d'abord au 1er novembre, ensuite au 1er décembre. Je
me dis qu'il ne fera pas plaisir au monde, parce qu'il y aura encore des gens
qui ne seront pas contents et qui voudront, encore une fois, reporter la date
à un mois plus tard. Alors, injectons un autre montant de 8 000 000 $,
ce sera sans doute la réponse du député de Saint-Laurent.
Pour lui, il n'y a aucun problème, évidemment, il n'administre
rien.
Une voix: Il ne connaît pas cela, lui.
M. Leduc (Fabre): Le député de Saint-Laurent ne
nous dit pas s'il faut soit augmenter les taxes, soit augmenter le
déficit. Ce n'est pas un problème pour lui, il
n'administre pas. Pour lui, 400 000 $ et 8 000 000 $, c'est la même
chose. Il n'y a aucune différence et il ne tient pas compte du fait que
ce sont 8 000 000 $ récurrents. Il ne sait pas administrer, il ne sait
pas compter, mais ce n'est pas un problème. Heureusement qu'ils ne sont
pas au gouvernement.
Une voix: C'est vrai.
M. Leduc (Fabre): Et la population comprendra certainement que ce
n'est pas le temps de les porter au gouvernement non plus.
M. le Président, il y a une chose dont on ne tient pas compte
suffisamment du côté de l'Opposition, c'est que l'enfant qui entre
à l'école... Prenons le cas de l'enfant qui est admis au mois de
septembre par rapport à l'enfant qui, à cause de sa date de
naissance, ne peut être admis qu'un an plus tard. C'est le cas d'un de
mes enfants qui est né le 28 décembre; donc j'aurais
peut-être de quoi être frustré, étant donné
que, par rapport à son frère, qui est né le 4 septembre,
il perd une année, suivant l'expression courante. Je ne pense pas qu'il
ait perdu une année. Je pense que notre système scolaire est
très flexible, aujourd'hui, et c'est une chose dont on ne tient pas
suffisamment compte de l'autre côté. Il ne faut pas oublier que
quand un jeune arrive au cégep à l'âge de quinze ans,
actuellement, c'est un peu jeune. Il y a des enfants qui arrivent au
cégep à quinze ans et qui arrivent à bien s'adapter.
Une voix: Il n'y en a pas beaucoup.
M. Leduc (Fabre): Il n'y en a pas beaucoup, effectivement; je dis
qu'il y a des enfants qui arrivent au cégep à quinze ans et qui
arrivent è s'adapter. Ce n'est peut-être pas l'idéal qu'ils
arrivent au cégep à l'âge de quinze ans. Il y en a d'autres
qui arrivent à l'âge de seize ans et qui, à mon point de
vue, s'y adaptent un peu mieux, compte tenu qu'il s'agit d'un milieu de jeunes
adultes, mais quand même d'adultes, et qu'il doit faire face à des
responsabilités.
Notre système scolaire permet, aujourd'hui, à un jeune
d'accélérer ses études s'il en a la volonté et s'il
a les capacités intellectuelles de le faire. Un jeune qui arrive au
cégep à l'âge de quinze ans, par exemple, peut très
bien, encore une fois, accélérer ses études au niveau du
cégep en prenant soit des cours du soir, des cours le printemps, des
cours d'été; ce sont des choses qui sont possibles. Un jeune qui
arrive au cégep à l'âge de seize ans peut aussi, s'il en a
la capacité et les possibilités, accélérer ses
études. Notre système est extrêmement souple, aujourd'hui,
pour accommoder les jeunes qui veulent soit prendre un peu plus de temps pour
faire leurs études ou pour permettre à d'autres jeunes d'aller un
peu plus rapidement pour terminer leurs études. Je ne vois vraiment pas
le problème, M. le Président. Cela n'est pas une question d'un
mois, deux mois ou trois mois qui fait problème. Je ne pense pas. C'est
beaucoup plus de permettre à notre système de se donner cette
flexibilité qui permet au jeune d'aller à sa vitesse et de
répondre à ses capacités et à ses
possibilités, de terminer ses études au rythme qu'il souhaite. Je
pense que notre système le permet aujourd'hui, M. le Président.
À moins qu'on me démontre le contraire, il le permet. C'est cela
qu'il faut expliquer aux parents.
Souvent, les parents n'ont pas toute la connaissance voulue de notre
système scolaire étant donné qu'ils ont vécu un
autre genre de système. Je pense qu'en leur expliquant cela, ils
comprendront bien que ce n'est pas le fait de gagner trois mois ou même
un an, dans le cas d'un jeune, qui peut nécessairement lui rendre
service. Qu'on ne vienne pas me parler d'investissement de cerveaux sans me
faire la démonstration que c'est effectivement un investissement
intéressant. (16 h 15)
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez terminé? M. le député
d'Argenteuil.
Motion proposant de reporter
au 31 décembre la date de naissance
pour l'âge d'entrée à
l'école
M. Ryan: M. le Président, avant de parler sur la motion,
je pense que, dans le souci de "sauver" du temps à la commission, je
voudrais présenter tout de suite une motion d'amendement sur laquelle je
parlerai ensuite, si vous la jugez recevable. Si vous ne la jugez pas
recevable, je parlerai évidemment sur l'article 14.
L'amendement se lirait comme suit, d'abord au premier alinéa:
Toute personne âgée de cinq ans, au 31 décembre d'une
année, doit fréquenter... Tout le reste de l'article demeure tel
quel. Les mots "au 1er octobre" sont remplacés par les mots "au 31
décembre".
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Il va finir sa
proposition à l'amendement.
M. Ryan: Est-ce que j'ai le droit de...
M. Laplante: Il faut y aller sur la recevabilité.
M. Ryan: Je crois que j'ai le droit de plaider pour la
recevabilité.
M. Laplante: D'accord. Allez-y.
Le Président (M. Tremblay): Vous n'avez pas fini votre
amendement?
M. Bérubé: Il est fini l'amendement.
M. Laplante: Il veut plaider tout cela sur la
recevabilité.
M. Bérubé: Il va plaider, avant d'avoir...
Le Président (M. Tremblay): Votre amendement est complet,
M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Alors, sur la
recevabilité. Sur la recevabilité, M. le député de
Bourassa. J'aimerais avoir un texte écrit. M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Cela saute aux yeux, M. le Président,
l'Opposition ou un député, à moins que l'accord du
ministre soit donné, ne peut pas présenter une motion qui ferait
dépenser de l'argent. Telle qu'elle est actuellement, cette motion va
jusqu'à 8 000 000 $, 16 000 000 $, 24 000 000 $. S'il fallait que
l'Opposition commence à dépenser à notre place, ce ne
serait pas drôle.
M* Bérubé: Gaspilleux comme ils sont.
M. Laplante: Dans l'esprit, à sa face même, elle
n'est pas recevable, M. le Président.
M. Bérubé: Sur la recevabilité, M. le
Président. M. le Président, jeune ministre, je siégeais
avec M. Claude Forget qui était député de Saint-Laurent
à l'époque, c'était un grand député.
Mme Lavoie-Roux:... Vous avez changé d'idée.
M. Bérubé: Quand il est parti, ce fut
l'effondrement de ce qui restait mais, effectivement, c'était un grand
député. Ce n'était pas un dos blanc, mais parfois, cela
n'empêche pas. M. Forget avait proposé un amendement, à
l'époque, qui, effectivement, avait une incidence budgétaire.
Étant peu familier avec les règles parlementaires, on discutait
et il me semblait raisonnable comme amendement, jusqu'à ce que M. Forget
lui-même me souligne que, seul le gouvernement pouvait émettre,
proposer un amendement. Il me fit la suggestion que, si je le trouvais bon, je
le prenne à mon compte mais, lui, ne pouvait pas le proposer.
De fait, il existe une tradition, en Parlement britannique, que les
"money-bills" ne peuvent être présentés que par
l'équipe gouvernementale. Je sais que le député
d'Argenteuil a été surpris lors de mon intervention à
l'Assemblée nationale, mais sa surprise vient tout simplement de sa
méconnaissance des règles et traditions du parlementarisme
britannique. Je l'en excuse puisqu'il n'est ici que depuis 1979 ou à peu
près. En fait, je pense que c'est son jeune âge qui explique
pourquoi il n'est pas familier avec ces vieilles traditions de notre
système parlementaire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, sur la recevabilité.
M. Ryan: M. le Président, le raisonnement du ministre,
s'il fallait l'appliquer à la fonction qu'il occupe actuellement, nous
indiquerait que ce serait très dangereux de continuer l'étude du
projet de loi sous l'autorité d'un homme aussi peu informé des
problèmes concrets du domaine qu'il a charge de diriger. Ce sont des
arguments qu'on peut toujours retourner facilement contre quelqu'un et je pense
que cela nous prouve, une fois de plus, que les arguments ad hominem, dans le
genre de travail que nous sommes appelés à faire, n'ont pas
beaucoup de valeur et encore moins de pertinence.
Je crois que la motion que nous vous avons soumise est pertinente, M. le
Président. Je pense que cela saute aux yeux. Je crois qu'elle est
recevable également parce que c'est une motion qui, de manière
lointaine, aurait éventuellement des répercussions
financières. Mais, s'il fallait qu'on ne puisse jamais présenter
aucun amendement, aucune proposition, donc directement ou indirectement, on
pourrait invoquer qu'elle a des implications financières. Je pense,
qu'à ce moment-là, il n'y aurait presque plus moyen de travailler
en commission à l'amélioration des projets de loi parce que les
projets de loi, dans 95% des cas, sont des projets qui entraînent un
réaménagement des dépenses de l'État, des
priorités de l'État et, par conséquent, des
dépenses et des priorités budgétaires.
Nous, ce qui nous intéresse, c'est le droit. Je pense que chaque
fois, quand on a fait une Charte des droits de la personne, on a
présenté des amendements. À ce moment-là, votre
partie était dans l'Opposition. Il y a eu des amendements qui ont
été proposés par des députés du
gouvernement. C'est sûr que quand ils disaient: On va étendre la
protection dans le domaine de l'emploi à telle ou telle ou telle
catégorie de personnes, pour l'État, qui était un
employeur, cela entraînait des dépenses. Mais, ce n'étaient
pas des dépenses qui étaient chiffrables dans une directive
immédiate donnée à l'État. Ce n'est pas comme si on
lui disait, vous allez dépenser l'année prochaine tant de
millions de dollars
pour telle chose. C'est une motion. Le ministre peut présenter
cette motion visant l'engagement de fonds publics. Si la motion consistait
à dire: Nous demandons au gouvernement d'engager, l'an prochain, 50 000
000 $ pour telle fin, je pense qu'à ce moment-là, la motion,
à sa face même, serait contestable. Mais, dans ce cas-ci, il
s'agit d'une motion qui vise à étendre les droits des citoyens.
On la présente dans une perspective de philosophie politique. C'est
évident que si on élargit les droits des citoyens, il y aura des
conséquences. Mais c'est comme cela qu'on légifère
à peu près tout le temps.
Quand on a fait la loi sur les handicapés, c'est évident
qu'il y a des amendements qui ont été proposés par
l'Opposition qui avaient des incidences budgétaires et
financières. Si on avait suivi à la lettre le raisonnement qui
nous est proposé, je pense qu'on aurait littéralement
asphyxié l'Opposition.
Je voyais une décision qui a été rendue. On a cela
dans le petit recueil, le Précis des décisions rendues, que vous
avez sans doute, vous aussi, sous les yeux, dans lequel je lis ceci: "Une
motion présentée par un député de l'Opposition, qui
n'a pas un caractère exécutoire, qui n'a pas une implication
directe sur les dépenses d'argent, qui est exprimée en termes
généraux, sans chiffres, est une motion abstraite dans le sens du
dernier paragraphe de l'article 64. Ainsi la motion suivante est acceptable.
Que cette assemblée est d'avis que l'impôt sur le revenu des
particuliers doit être modifié de façon à annuler
l'accroissement du fardeau fiscal provenant de l'inflation en relevant les
exemptions de base à un taux acceptable pour les célibataires et
les couples mariés ainsi que leurs enfants à charge. " Il avait
été décidé que cela était acceptable. Je
crois que si on s'embarque dans cette logique, on va limiter
singulièrement la liberté de débat à
l'Assemblée nationale et je voudrais que ce soit examiné
très, très sérieusement sur toutes ses implications.
Encore une fois, au bout de la ligne, après l'examen approfondie qu'on
est en droit d'attendre de la présidence, il faudra accepter sa
décision et vous soumettre ses considérations comme me paraissant
tout à fait cardinales.
Le Président (M. Tremblay): Je pense que le
débat... M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais intervenir sur la
recevabilité...
Le Président (M. Tremblay): Allez-y. Sur la
recevabilité.
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Tremblay): Je vous reconnaîtrai Mme
la députée de L'Acadie, après.
M. Leduc (Saint-Laurent): Moi non plus, je ne vois pas comment on
pourrait fonctionner autour d'une table alors qu'on étudie un projet de
loi, si on ne peut pas apporter des modifications, des amendements. Je dis que,
peut-être dans plusieurs cas, d'une façon indirecte, cela suppose
de l'argent. Mais dans ce cas-ci, M. le ministre, il n'est même pas
question d'argent parce que, en bout de ligne, cela ne coûtera pas un
cent de plus. En fait...
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai.
M. Leduc (Saint-Laurent):... peut-être qu'on va distribuer
de l'argent un peu plus rapidement mais, la somme d'argent demeure exactement
la même. Je comprends que vous avez la préoccupation d'aller
récupérer les fonctionnaires que vous avez perdus avec votre loi
70 et que vous allez, en somme, réserver de l'argent pour vos fameuses
négociations, je comprends cela. Vous avez peut-être d'autres
préoccupations, mais...
Le Président (M. Tremblay): M. le député, je
voudrais que vous tentiez de m'éclairer sur la recevabilité.
M. Leduc (Saint-Laurent):... je dis que si on n'est pas capable
d'apporter cette modification parce qu'on change une date, on répond
à la demande des parents et ça ne coûte pas un
traître cent de plus à l'État en bout de ligne, je pense
qu'à ce moment-là on perd notre temps à venir
écouter les balivernes du ministre et des discours sans fin, à
s'asseoir et à écouter les bras croisés, sans intervenir.
À ce moment-là, on n'a rien à faire si on ne peut pas
apporter des modifications. Je suis certain que si on examinait les
modifications, les amendements qui ont été faits et qui seront
faits aux lois, cela a toujours, à mon sens, une implication
pécuniaire, je pense, dans la grande majorité des cas.
Là, on nous souligne cette question; on a trouvé quelque
chose pour nous empêcher d'apporter des amendements. Je le
répète, ici, en bout de ligne, ça ne coûte pas un
traître sou de plus à l'État.
Le Président (M. Tremblay): M. le député, je
vous arrête, vous n'intervenez pas sur la recevabilité, vous
intervenez sur le fond. Je vais redonner la parole au ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je
complète mon intervention de tantôt pour vous aider à
rendre une décision. Le règlement a-t-il été
amendé pour être plus clair maintenant? Il est dit, à
l'article 184, que seul un ministre
peut présenter une motion visant l'engagement de fonds publics ou
l'imposition d'une charge aux contribuables. Évidemment, cette
règle ne s'applique pas à une motion n'exprimant qu'une
idée générale ou une opinion sur les matières
énumérées ci-dessus.
On pourrait souhaiter que le gouvernement prolonge la date
d'admissibilité, ce pourrait être un voeu de l'Opposition mais,
cela ne peut pas faire partie d'un amendement suggéré par
l'Opposition si la proposition entraîne des sommes. Le
député de Saint-Laurent vient d'intervenir en disant: Il n'y a
pas de coût. Alors, là, malheureusement, cela est attribuable au
fait que le député de Saint-Laurent, peut-être dans un
élan oratoire, a oublié, parce qu'il se présente souvent
à titre de spécialiste du secteur privé j'espère
qu'il ne gère pas les entreprises de la façon qu'on pourrait
l'imaginer à partir de son intervention - qu'à partir du moment
où nous décidons de modifier les dates - à titre
d'exemple, nous passons du 30 septembre au 31 décembre pour la date
d'admissibilité à l'école, concernant l'anniversaire de
naissance - forcément, il y a un certain nombre d'élèves
qui, normalement, n'auraient pas été admis à
l'école et qui, maintenant, le seront.
Une étude plus récente - ce matin, nous avons rapidement
abordé cette question et il y a eu un débat de chiffres - en date
du 8 juin 1984 fixait ce coût à 64 000 000 $ en régime de
croisière. La députée de L'Acadie nous indiquait
tantôt, par une intervention non autorisée, puisqu'elle n'avait
pas le droit de parole, qu'on récupère tout à la fin de la
période. Non, on ne récupère jamais la somme
additionnelle. L'augmentation de 64 000 000 $...
Le Président (M. Tremblay): Sur la recevabilité,
s'il vous plaît!
M. Bérubé: Oui, la recevabilité. Il faut
faire la démonstration qu'il y a un coût pour le contribuable. Or,
pour faire la démonstration qu'il y a un coût pour le
contribuable, il faut bien comprendre qu'effectivement nous allons admettre
dans nos classes, en acceptant l'amendement libéral, un certain nombre
d'élèves: 20 000, 25 000, 30 000 ou 40 000 de plus et cela
pendant dix ans. Évidemment, au bout de dix ans, ces
élèves terminent leurs études plus tût que par le
passé, ce qui fait qu'au bout de dix ans, nous réduisons de 30
000 à 40 000 le nombre d'enfants dans nos écoles et nous
retrouvons en moyenne, à la fin de la période, le même
nombre d'enfants dans nos écoles que ce qu'il y a présentement.
Mais pendant dix ans où cette mesure a atteint son régime de
croisière, il aura fallu injecter l'équivalent en dollars
constants de 64 000 000 $ par année. C'est-à-dire que cela
implique, pour la collectivité, tout près de 640 000 000 $ ou 600
000 000 $ sur les dix ans et cela est un déboursé réel qui
ne sera jamais récupéré. (16 h 30)
Si le député de Saint-Laurent n'a pas saisi effectivement
la mécanique, il me fera plaisir, à l'aide de petits tableaux
simples, de lui montrer comment, temporairement, pendant une période de
10 à Il ans, il y a augmentation de clientèle. Il y a
effectivement une augmentation substantielle des coûts pour la
collectivité pendant une dizaine d'années. Cette
augmentation-là n'est jamais récupérée
subséquemment et par conséquent cela se traduit
véritablement par une charge aux contribuables. D'autant plus qu'il y a
d'autres articles dans cette loi qui garantissent la gratuité à
l'élève et par conséquent toute bonification du
régime de scolarisation doit nécessairement se traduire par une
augmentation des charges aux contribuables. Si on relie les articles de loi
garantissant la gratuité de l'éducation primaire et secondaire
à la proposition de devancer l'âge d'admissibilité à
l'école, nécessairement, il y a une augmentation des frais et
pour qu'ils soient gratuits à l'usager, on doit imposer une charge aux
contribuables. Par conséquent, il suffit d'invoquer l'article 184 pour
indiquer que l'amendement est non recevable.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, sur la recevabilité.
M. Ryan: M. le Président. Il n'est aucunement
démontré par le ministre que si l'amendement que nous proposons
était adopté, ce serait nécessairement un ordre de la
Chambre au gouvernement de dépenser plus de fonds. Il pourrait
très bien arriver qu'un réaménagement des dépenses
soit fait à l'intérieur du ministère de l'Éducation
qui soit de nature à permettre que cette extension justifiée par
combien de motifs que j'aurai l'occasion d'exposer quand vous aurez
accepté que la motion soit faite. Je pense que, pour l'instant, la
démonstration n'est aucunement faite. Il y aurait moyen, sur un budget
total de l'ordre de 6 000 000 000 $ qu'un réaménagement des
priorités et des dépenses soit fait de telle manière que
cela n'entraîne pas d'obligation financière accrue pour le
gouvernement.
Le ministre a invoqué des chiffres dans la discussion
tantôt. Ce sont des chiffres qui, pour l'instant, demeurent
hypothétiques, qui n'ont pas fait l'objet d'une démonstration, ni
d'un débat, ni rien. Je ne pense pas qu'il puisse être admis dans
la discussion à ce stade-ci. Je pense que vous allez prendre une
décision extrêmement importante et je vous dirai franchement que
vu les répercussions de cette décision-là, je voudrais
vous demander une suspension de cinq minutes parce que j'ai
une demande à vous faire et avant de vous la faire, j'aimerais
consulter mes collègues.
Le Président (M. Tremblay): C'est accordé. Alors je
suspends les travaux de la commission pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 34)
(Reprise à 16 h 49)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente de l'éducation reprend ses
travaux. M. le député d'Argenteuil, sur la recevabilité de
l'amendement.
M. Bérubé: Je pensais que vous aviez... ?
Le Président (M. Tremblay): Non, M. le
député d'Argenteuil avait demandé un ajournement, afin de
consulter ses spécialistes, j'ai l'impression, et j'ai suspendu. Je
n'étais pas prêt à rendre ma décision.
M. Bérubé: Vous n'étiez pas prêt
à rendre votre décision?
Le Président (M. Tremblay): Non. M.
Bérubé: Merci, M. le Président.
M. Ryan: J'avais dit au président, au moment où
nous avons suspendu la séance, que j'aurais une demande à lui
faire, mais qu'avant de la lui soumettre, je voulais prendre l'avis de mes
collègues, membres de la commission, ce que j'ai fait pendant X
périodes qui nous ont été accordées.
Je suis en mesure, maintenant, de compléter mon intervention de
tantôt, en rappelant à votre bonne attention, M. le
Président, que des recherches permettraient, sans doute, de retracer un
bon nombre de cas ou de décisions favorables à la thèse
que défend l'Opposition ont été prises en commission
parlementaire. Je ne voudrais citer qu'un exemple à votre attention pour
alimenter votre délibération.
Lors de l'adoption de la loi 16 qui modifiait la Loi sur
l'Hydro-Québec et qui permettait au gouvernement d'exiger
d'Hydro-Québec les versements d'un dividende sur ses profits annuels, le
député d'Outremont avait proposé un amendement qui
consistait à reporter de quatre ans la date à laquelle les
dividendes devraient être payés au gouvernement...
M. Bérubé: En vertu de l'article 184, c'est
correct.
M. Ryan:... ce qui pourrait très bien être
interprété selon l'esprit qui s'est manifesté au cours de
notre discussion, comme signifiant que cela comportait un engagement financier
de la part du gouvernement - c'est-à-dire, l'engagement de se priver de
sources de revenus pendant quatre ans de temps - auquel la loi lui donnait
droit. Après avoir délibéré, après avoir
suspendu les travaux de la commission pendant un certain temps, le
président revint à son fauteuil et déclara la motion
recevable.
Étant donné, encore une fois, les implications très
lourdes de la décision que vous serez appelé à rendre, je
voudrais vous demander bien modestement de la prendre en
délibéré, de manière à nous permettre de
faire des représentations à ce sujet à la
présidence.
Le Président (M. Tremblay): Mais, là, je ne
comprends pas. Si vous en avez à faire, c'est le moment.
M. Gratton: M. le Président, avec la permission de la
commission, je pourrais moi aussi plaider la recevabilité?
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a consentement
pour que le député de Gatineau puisse intervenir?
M. Ryan: Oui.
M. Bérubé: Vous pensez qu'ils ne peuvent se caler
plus qu'ils ne le sont déjà?
Une voix: Bien, non.
M. Bérubé: Alors, on est prêt à donner
la parole au député de Gatineau.
Le Président (M. Tremblay): Il y a consentement pour que
le député de Gatineau puisse plaider.
M. Gratton: M. le Président. À l'instar de mon
collègue d'Argenteuil qui vient de vous citer un précédent
d'une motion d'amendement à un article d'un projet de loi qui,
très manifestement, impliquait un manque à gagner sinon une
dépense, j'aimerais vous citer un exemple contraire, c'est-à-dire
d'une motion d'amendement qui visait très manifestement, très
directement, qui impliquait une dépense de fonds publics d'une
société d'État. Et, fait assez curieux, le ministre qui
défendait le projet de loi à ce moment-là était
justement le ministre actuel de l'Éducation au moment où il
était ministre des Richesses naturelles ou de l'Énergie et des
Ressources. Le président de la commission qui présidait les
travaux était nul autre que le député de Bourassa, le
très versé député de Bourassa.
Voici de quoi il s'agissait. C'était le
projet de loi 70, Loi constituant la Société nationale de
l'amiante. Ce que je vous citerai, je le prends dans le rapport de la
commission. Il n'y a rien de plus officiel que le rapport de la commission
parlementaire qui avait siégé en mars, avril, mai 1978 aux fins
de faire l'étude détaillée du projet de loi 70. Or,
à l'article 3, le député de Saint-Laurent à
l'époque, M. Claude Forget, avait proposé que l'article 3 soit
modifié en ajoutant à la fin l'alinéa suivant: La
Société ou ses filiales dont elle détient plus de 50% des
actions doivent payer, sur leurs biens, les taxes foncières municipales
et scolaires au même titre qu'une corporation privée. À
moins que le ministre me dise qu'il ne s'agissait pas de faire des
déboursés au sens de l'article 184 de nos règles de
procédure, M. le Président, je vous suggère et je note
pour votre bon entendement que la discussion s'était engagée sur
la motion d'amendement présentée par le député de
Saint-Laurent sans que quiconque ne soulève la recevabilité et,
bien entendu, sans que le président de la commission ne déclare
la motion irrecevable.
M. Laplante: C'est un bon président.
M. Gratton: Oui. D'ailleurs, au Journal des débats, le
président de l'Assemblée lui-même, M. Vaillancourt, avait
déclaré la motion recevable et débattable. Il n'y a aucune
ambiguïté là-dessus. Je vous soumets que si on devait
retenir l'argumentation du gouvernement à savoir que la motion
d'amendement que propose le député d'Argenteuil, dans le cas qui
nous préoccupe aujourd'hui, devait être déclarée
irrecevable, j'ai l'impression que presque la totalité des motions
d'amendement qu'on peut déposer lors de l'étude
détaillée d'un projet de loi deviendrait également
irrecevable.
Je ne sais pas pourquoi le ministre s'amuse à faire des farces
plates, mais il me semble que la décision que vous devez rendre est trop
lourde de conséquences, non pas nécessairement pour
l'étude de ce projet de loi-ci, quoiqu'elle a une importance
marquée. On sait que la date à laquelle les élèves
peuvent entrer à l'école, ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on en
parle. La motion d'amendement que fait le député d'Argenteuil ne
devrait sûrement pas prendre le gouvernement par surprise, lui qui
d'ailleurs, par la voix de son ministre de l'Éducation d'alors, M.
Laurin, l'avait promis lors de la dernière campagne électorale.
C'est le fond de la question. Je ne veux pas m'embarquer là-dessus.
Sur la recevabilité, je vous suggère, bien humblement, que
si vous deviez vous apprêter à déclarer cette motion
d'amendement du député d'Argenteuil irrecevable, je vous
suggérerais, dis-je, de la prendre en délibéré et
de faire les consultations qui s'imposent. J'irai même jusqu'à
vous demander de nous permettre de rencontrer le président de
l'Assemblée nationale pour faire valoir d'autres
précédents si nécessaire, quoique je doute que le
président de l'Assemblée nationale sente qu'il soit
nécessaire d'être saisi d'autres précédents,
puisqu'il m'apparaît tout à fait clair que la motion du
député d'Argenteuil est recevable quant au fond, quant à
la forme, à tous points de vue.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Les deux intervenants
précédents, en fait, vous ont certainement aidé à
prendre la décision car ils n'ont fait que consolider l'article 184 en
invoquant deux cas de jurisprudence qui, très clairement, ne sont pas
couverts par l'article 184. Leur incapacité à identifier des cas
de jurisprudence tombant directement sous la coupe de l'article 184
témoigne qu'effectivement la jurisprudence est à l'effet
contraire. On doit donc utiliser des recours, des artifices et l'absence,
peut-être, de formation juridique du leader de l'Opposition explique
peut-être pourquoi il a de la difficulté...
M. Gratton: Je me suis toujours félicité.
M. Bérubé:... explique peut-être la raison
pour laquelle il doit tenter de contourner le problème qui nous est
posé. Il nous a cité un premier cas où le gouvernement
allait se priver de revenus. À la lecture même de l'article 184,
il n'y est aucune mention faite de la privation de revenus provenant, par
exemple, des dividendes d'une société. C'est l'engagement de
fonds publics, l'imposition d'une charge aux contribuables, la remise d'une
dette envers l'État, le versement de dividendes n'est pas
considéré comme une dette, et l'aliénation de biens
appartenant à l'État. Voici les quatre points qui sont couverts
par l'article 184. Il faut puiser à même le fonds consolidé
pour que l'on puisse parler en jargon britannique de "money-bill". Or,
lorsqu'une société ne paie pas de dividendes à son
actionnaire, on ne puise pas de fonds à l'intérieur du fonds
consolidé. Le fonds consolidé ne reçoit pas de fonds, mais
on ne puise pas de fonds à l'intérieur de ce fonds
consolidé. Par conséquent, l'article 184 peut fort bien ne pas
s'appliquer.
Deuxièmement, on a cité un cas et j'y faisais
référence, avant que n'arrive le député de
Gatineau, une expérience que j'avais vécue en commission
parlementaire avec l'ancien député de Saint-Laurent. L'amendement
qu'il nous cite porte sur des taxes qu'une société commerciale
publique doit payer à des entités administratives de
niveau municipal ou scolaire. À nouveau, il n'y a pas de
déboursé du fonds consolidé au sens de dépenses
puisque l'entité juridique et administrative responsable du
déboursé est la société elle-même et la
participation par le biais du gouvernement, peut être par le biais d'un
capital-action, mais un capital-action n'est jamais perçu comme une
dépense. (17 heures)
En conséquence, M. le Président, il est clair que les deux
exemples qui viennent de nous être soumis n'ont rien à voir avec
des déboursés en provenance du fonds consolidé et,par conséquent, il faut invoquer 184 dans son sens strict,
c'est-à-dire qu'il faut rejeter l'amendement de l'Opposition sans
même en discuter.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité? M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Juste un dernier mot, M. le Président, pour
porter à votre attention que l'article 1894 parle de l'engagement de
fonds publics. Il ne dit pas "des dépenses", ce sont aussi bien les
revenus que des dépenses. Quand on présente un amendement qui va
affecter les revenus que le gouvernement tire d'une société
publique, laquelle elle-même perçoit ses revenus à l'aide
d'une loi adoptée par l'Assemblée nationale, je crois que c'est
l'engagement de fonds publics aussi, ça. Si on prive le gouvernement de
200 000 000 $ ou 300 000 000 $ de revenus parce qu'on diffère d'un an,
de deux ans ou de trois ans, le droit qu'il a de percevoir telle ou telle
redevance sous forme de dividende, il me semble que c'est de l'engagement de
fonds publics et que, si on voulait donner une interprétation trop
littérale, encore une fois, de cet article-ci, on ne pourrait rien
faire.
Je vous rappelle encore une fois qu'on n'a aucunement fait la
démonstration que ça engagerait nécessairement des
dépenses additionnelles. Si un réaménagement était
fait des priorités du ministère et de sa manière de
fonctionner, on pourrait très bien envisager la possibilité que
les chiffres du ministre soient réduits à néant.
M. Gratton: M. le Président, me permettriez-vous...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je vous crois assez renseigné actuellement de
tout ce qui s'est dit depuis presque une heure sur cette motion, M. le
Président. Elle a été dans le fond, elle a
été dans le bord, elle a été de tous les sens. Je
vous encourage vous-même à rendre votre décision. Vous avez
les conseillers autour de vous. Vous représentez le président
ici. Retourner voir le président avec ça, ce serait une habitude
qu'on ne fait jamais comme président vu qu'on a les conseillers avec
nous autres. Je suis prêt à recevoir votre verdict, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Oui, très brièvement, M. le
Président. Quand le ministre nous reproche de nous être
limités aux deux précédents qu'on a cités, une des
raisons qui nous incitent à vous suggérer de prendre en
délibéré et de nous permettre de rencontrer le
président, c'est justement que je suis tout à fait convaincu
qu'avec quelques minutes de recherches, on pourrait retrouver un nombre
innombrable d'amendements qui pourraient satisfaire en long et en large les
appréhensions du ministre qu'il ne semble pas défendre avec
beaucoup de conviction, comme vous l'avez quand même remarqué, M.
le Président.
Le fait demeure, et je le réitère: si vous deviez
déclarer la motion du député d'Argenteuil irrecevable
à ce moment-ci, ça voudrait tout simplement dire qu'il n'y a plus
de motion d'amendement acceptable ou presque. Je suis sûr que vous
réalisez l'importance, sur le plan des précédents, de la
décision que vous devez rendre et, à moins que vous ne conveniez
immédiatement, ce qui me paraîtrait la voie indiquée, que
la motion est effectivement recevable, je vous inviterais, dans le cas
contraire, à la prendre en délibéré.
M. Bérubé: En fait, M. le Président, si le
jugement que vous allez rendre allait dans le sens du plaidoyer que nous vous
avons présenté, cela pourrait avoir comme conséquence -
j'ignore quels sont les amendements que l'Opposition désire apporter au
présent projet de loi - que si les amendements ont été mal
préparés, mal conçus, en ne respectant pas
véritablement le rôle de l'Opposition, il est possible que cela se
traduise par l'annulation d'un certain nombre d'amendements envisagés
par l'Opposition. Mais si l'Opposition veut se comporter comme étant le
parti ministériel alors qu'elle n'a pas reçu le mandat de la
population, là c'est un problème qui, vraiment, n'a à voir
que l'Opposition. Après le gaspillage de fonds publics que nous avons
connu pendant des années, de 1970 à 1976, on peut comprendre que
la population tienne à les maintenir à leur siège
d'Opposition. Par conséquent on ne se plaindra pas qu'un certain nombre
de leurs amendements ne puissent être déposés.
Le Président (M. Tremblay): Moi, à titre de
président...
M. Bérubé: Bah! Enfin, oui...
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je me sentirais en mesure de rendre une décision
immédiatement. Mais, ce qui m'incite à ne pas le faire, c'est que
l'Opposition prétend que si on lui laissait quelques minutes, elle
pourrait trouver de nombreux cas où des amendements ont
été proposés qui impliquaient des dépenses de la
part du gouvernement. Dans ce sens, ce que je me propose de rendre comme
décision, c'est de prendre en délibéré cette
question; qu'on passe immédiatement à l'étude de l'article
15 et que l'article 14 soit suspendu. Je prends la décision de cet
amendement en délibéré et je suggère qu'on passe
immédiatement à l'étude de l'article 15 pendant qu'on
délibérera sur la recevabilité et que vous pourrez
retrouver vos documents, vos propositions qui feraient la preuve qu'il y a eu
une longue jurisprudence, autant en Chambre - je dois l'admettre - qu'en
commission, sur des motions qui impliquent des dépenses
gouvernementales.
M. Gratton: M. le Président, je comprends de votre
décision que vous n'acceptez pas les précédents que nous
vous avons cités et que vous en désirez d'autres. Je vous
suggère bien humblement que c'est bien plus à la
présidence de... Quand on vous suggère qu'il y ait rencontre avec
le président de l'Assemblée nationale... On peut faire les
recherches qui s'imposent mais, encore faudrait-il que vous nous disiez
à quel moment vous avez l'intention de rendre votre décision
et...
Le Président (M. Tremblay): J'ai dit au début que
je me sentais prêt actuellement et que la seule raison pour laquelle je
ne rendais pas ma décision, c'était l'allégation que vous
m'avez faite à savoir qu'il y aurait facilité pour vous, dans les
deux ou trois minutes qui viennent, de trouver plusieurs amendements, plusieurs
motions qui impliquaient... Pour cette raison, j'accepte de prendre en
délibéré et de passer à l'article 15 pour vous
donner la possibilité de faire ces recherches.
M. Gratton: Je veux savoir, M. le Président, si vous avez
l'intention de prendre l'amendement en délibéré, en
consultation avec le président de l'Assemblée nationale ou non.
C'est ce que je veux savoir.
Le Président (M. Tremblay): Non, la présidence,
c'est un tout. Vous le savez, vous connaissez cela. Ce n'est pas à moi
de déterminer si...
M. Gratton: Alors, vous n'avez pas l'intention de consulter le
président de l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Tremblay): Non, j'ai déjà
tout ce qu'il faut ici.
M. Gratton: Non? Alors, rendez votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. En fait, il s'agit
de déterminer, en fonction de l'article 184, s'il y a ou s'il n'y a pas
d'engagement de fonds publics. S'il y a engagement de fonds publics, la motion
est irrecevable. S'il n'y a pas d'engagement de fonds publics, elle est
recevable.
D'autre part, en ce qui concerne la possibilité, par exemple,
d'une motion qui implique des fonds publics qui peut être faite par
l'Opposition en vertu de la décision du 15 mai 1974, il y a à cet
effet quatre critères importants qui sont édictés dans
cette décision. Premièrement, toute motion
présentée, qui vise à engager des fonds publics, ne doit
pas être exécutoire. Deuxièmement, elle ne devrait pas
avoir d'implication directe sur des dépenses d'argent.
Troisièmement, elle devrait être exprimée en termes
généraux.
Quatrièmement, elle ne devrait pas comporter de chiffres. Ce sont
les quatre critères prévus, qui ont été
acceptés au moment où la motion du 15 mai 1974 à laquelle
se référait le député d'Argenteuil était
adoptée.
Dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, le premier
critère, c'est qu'elle ne doit pas être exécutoire. C'est
bien indiqué dans le précis: "Une motion présentée
par un député de l'Opposition qui n'a pas un caractère
exécutoire (avis), qui n'a pas une implication directe sur les
dépenses d'argent, qui est exprimée en termes
généraux, sans chiffre, est une motion abstraite dans le sens du
dernier paragraphe de l'article 64. " On se réfère à
l'ancien règlement qui dit: "Une motion ne peut être
présentée que par un représentant du gouvernement
après recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil lorsqu'elle a
pour objet direct: 1. l'exécution de travaux publics; 2. l'allocation de
subventions; 3. l'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus publics
ou sur les contribuables; 4. la remise d'une somme due à l'État;
5. la concession de biens appartenant à l'État; 6. l'autorisation
de consentir quelques emprunts et obligations engageant le crédit de
l'État. "Toutefois, cette règle ne s'applique pas à une
motion qui exprime seulement une opinion abstraite sur une matière
énumérée ci-dessus. "
Cela se référait à l'article 64 de l'ancien
règlement. Dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, nous
devons nous poser la première question: Est-ce exécutoire?
Quant à la proposition qui nous est faite, je réponds
carrément oui, c'est exécutoire puisqu'elle fera partie d'une loi
qui, elle, est exécutoire. Le deuxième critère, ne devrait
pas avoir d'implication directe sur les dépenses d'argent. Je dois me
référer à la déclaration du ministre qui a
démontré clairement qu'il y avait dépense d'argent, soit
64 000 000 $...
M. Bérubé: Par année.
Le Président (M. Tremblay):... par année...
Une voix: Pendant dix ans.
Le Président (M. Tremblay):... pendant dix ans et je dois,
en vertu de notre règlement, accepter la parole du ministre.
L'autre critère, devrait être exprimée en termes
généraux, ce qui n'est pas le cas, puisque nous faisons face
à une motion d'amendement qui est très précise et qui dit
de changer une date pour le 31 décembre, ce qui est très
précis et le dernier des critères ne devrait pas comporter de
chiffres, ce qui est le cas présentement, ce qui est le seul
critère dont elle répond et pour ces raisons, je déclare
que la proposition est irrecevable.
Obligation de fréquentation scolaire
(suite)
Mme Dougherty: M. le Président, pourrais-je poser une
question au ministre...
Le Président (M. Tremblay): Oui, vous avez le droit. Il
vous reste du temps dans votre...
Mme Dougherty:... qui touche l'argent directement?
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que Mme la
députée de Jacques-Cartier a encore du temps? Il vous reste une
minute. Vous pouvez poser une question.
Mme Dougherty: 30 secondes.
M. Bérubé:... des cas de jurisprudence.
Mme Dougherty: J'aimerais demander au ministre quelle est la
baisse de clientèle à l'élémentaire et au
secondaire depuis les dix dernières années et quelle a
été l'économie en dollars constants par rapport aux frais
de scolarité, il y a dix ans, non pas les frais de scolarité,
mais les coûts parallèles?
M. Bérubé: Premièrement, il faut poser la
question en spécifiant si vous maintenez la tâche constante, oui
ou non, en ce sens que si, profitant d'une diminution de clientèle, vous
en profitez pour diminuer le ratio élèves-maître, il peut
s'ensuivre que la diminution de clientèle ne se traduise pas directement
par une réduction du budget.
Mme Dougherty: J'accepte qu'il y ait plusieurs variables, mais
peut-être la première partie: Quelle est la baisse de
clientèle depuis dix ans? Depuis le...
Mme Lavoîe-Roux: On a déjà eu 1 300 000.
Mme Dougherty: M. le ministre, c'était 30% dans les
grosses commissions scolaires.
M. Bérubé:... l'information ici directement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ah! C'est tout nous autres qui...
Mme Dougherty: Alors, est-ce qu'on pourrait avoir la
réponse à cette question peut-être demain?
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil. (17 h 15)
M. Bérubé: M. le Président, je ne sais pas
si le député d'Argenteuil veut recommencer, veut retourner au
bâton.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez droit à cinq
minutes.
M. Ryan: Je tiens simplement à rappeler au ministre que je
n'ai encore exprimé aucune opinion sur le fond de l'article en question
et que j'ai mon droit de parole.
M. Bérubé: Si j'intervenais, M. le
Président, c'était uniquement pour donner des réponses
à la députée de Jacques-Cartier, qui avait soulevé
un certain nombre de points. Maintenant, il me fait plaisir...
M. Ryan: Cela peut évidemment attendre.
Le Président (M. Tremblay): Vous préférez
que le ministre attende après votre intervention.
M. Ryan: Il ne savait pas du tout quoi répondre il y a
à peine une demi-heure, cela va lui permettre de se renseigner
davantage.
M. Bérubé: Non, M. le Président, je tenais
à avoir...
Le Président (M. Tremblay): Je suis tenu par le
règlement de lui permettre une période de cinq minutes
après chaque intervention.
M. Ryan: Oui, mais il a décliné tantôt son
droit. Il a renoncé à son droit tantôt et il y en a un
autre qui a parlé par la suite. Vous m'avez même donné la
parole.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier a repris la parole et, normalement, je lui donne la
parole...
M. Bérubé: M. le Président...
M. Ryan: C'est moi qui avais la parole, tantôt. Je vous
l'ai dit, c'est moi qui avais la parole sur le fond.
M. Bérubé:... veuillez, s'il vous
plaît...
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse. M. le
député d'Argenteuil détient un point important.
Effectivement, il avait la parole au moment où...
M. Bérubé: Il a manqué son coup avec son
amendement.
Le Président (M. Tremblay):... il a été
question de l'amendement et je lui donne la parole à ce moment-ci. M. le
député d'Argenteuil.
M. Bérubé: Oui, certainement, M. le
Président.
M. Laplante: Après que votre motion est terminée,
vous perdez votre droit de parole parce qu'elle est refusée.
Une voix: Il y a un président, ici.
Le Président (M. Tremblay): Non, je m'excuse...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Une voix: Il y a un président, ici!
M. Laplante: Je disais cela au ministre, pas à vous.
Le Président (M. Tremblay): Le député
d'Argenteuil a droit à vingt minutes et il lui reste du temps. Comme
personne d'autre du côté de l'Opposition n'a demandé la
parole, je lui cède la parole. Et si vous avez quelque chose contre
cela, M. le député de Bourassa, faites un appel au
règlement et donnez-moi l'article que vous soulevez.
M. Laplante: Loin de là, M. le Président, je
m'adressais à M. le ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent):... à faire votre travail.
Le Président (M. Tremblay): Je vous remercie de la marque
d'appréciation que vous me donnez, M. le député de
Saint-Laurent.
M. Bérubé: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Laurent avait droit d'interjeter une autre
intervention inutile dans le débat?
Le Président (M. Tremblay): Vous non plus, M. le ministrel
M. le député d'Argenteuil.
C'est difficile de vous donner la parole.
Je donne la parole au député d'Argenteuil et je demande
à ses collègues des deux côtés de la table de
respecter son droit de parole et de l'écouter attentivement, comme je le
ferai moi-même.
Mme Lavoie-Roux: En lisant votre Argus!
M. Bérubé: Est-ce que vous en avez un exemplaire
pour moi, M. le Président?
M. Ryans Je comprends que vous le faisiez jusqu'au moment
où j'allais parler. Cela a pris tellement de temps avant qu'on me laisse
parler que je comprends très bien que vous ayez été
attiré vers autre chose. Maintenant que je commence à parler, je
n'ai aucun doute que toute votre attention sera concentrée sur mes
paroles parce qu'il pourrait vous arriver une proposition complexe au moment le
plus inattendu.
Le Président (M. Tremblay): Je n'en serais pas
surpris.
M. Ryan: Sur le fond. D'abord, on a fait un débat de
procédure depuis, je ne sais pas, une demi-heure ou trois-quart d'heure
et le fond de la question est extrêmement important. C'est le premier
sujet que nous avons l'occasion d'aborder autour du projet de loi 3 quand au
fond et je ne voudrais pas qu'on ait l'impression que nous avons voulu de
quelque manière l'escamoter. Si on ne veut pas l'aborder par la voie qui
a été proposée tantôt, on va l'aborder par la voie
du débat direct et on verra les conclusions qu'il y a lieu d'en
tirer.
D'abord, cette question n'est pas nouvelle, elle est au programme des
travaux du ministère de l'Éducation depuis avant même
l'avènement du Parti québécois. Les techniciens du
ministère se penchaient sur cette question dès les années
1974, 1975 et 1976; ils en ont tiré, dès cette époque, des
études très intéressantes et qui, tout compte fait,
semblaient indiquer pour le gouvernement la voie d'un progrès
plutôt que le statu quo. Une étude intitulée L'âge
d'entrée à l'école maternelle, qui remonte au 31 janvier
1976, qui avait été signée par M. Candide Pineault.
J'extrais le passage
suivant... Il s'interrogeait évidemment sur la question de fond,
au point de vue pédagogique, qu'avait soulevée le
député de Fabre. Est-ce qu'il y a des avantages au point de vue
de la capacité d'apprendre, au point de vue d'une préparation
plus avancée en vue des tâches de la vie adulte,
éventuellement, à ce que l'enfant commence ses études plus
tôt?
Ici, je regarde la conclusion qu'on tirait: "Est-il possible de mesurer
ce que l'enfant acquiert à la maternelle? Quelques chercheurs - il en
nomme un certain nombre semblent suggérer que les activités
accomplies à la maternelle engendrent des gains effectivement
mesurables. Ces études mentionnent un rendement accru dans les
années subséquentes à l'élémentaire par les
enfants qui ont fréquenté la maternelle. Ces réalisations
heureuses s'effectuent dans les domaines de la lecture, du calcul, du
développement de la personnalité, de l'adaptation sociale et de
l'adaptation en général. "
Je pourrais continuer, je ne veux pas prendre trop de temps sur cette
étude. Mais je pense qu'on ajoutait assez clairement que les avantages,
que l'on pourrait tirer d'une mesure reportant l'âge d'entrée
à l'école à la date de naissance du 31 décembre
plutôt que du 1er octobre, étaient d'ordre
pédagogique. Et l'auteur de l'étude disait que "lorsqu'un enfant
est prêt à faire ses expériences, le retard ou la remise
à plus tard des opportunités d'épanouissement peut
être néfaste pour lui. " On disait que "les désavantages de
l'inscription plus hâtive des enfants à la maternelle se situent
surtout dans le domaine administratif. " Par conséquent, je pense que,
de ce côté-là, si on faisait une lecture de tout ce qui
s'est écrit depuis ce temps, on arriverait à des constatations
analogues. La meilleure preuve en est, je pense, que dans à peu
près toutes les autres provinces du Canada, c'est la date du 31
décembre qui prévaut, qui comporte d'ailleurs beaucoup d'autres
avantages. Et que si l'on va du côté des pays d'Europe, la date
est encore plus avancée qu'elle ne l'est en Amérique du Nord. En
Angleterre, je crois que c'est rendu... Je ne sais pas si Mme la
députée de Jacques-Cartier a des renseignements à sa
disposition là-dessus, mais en Angleterre, on parle même de mettre
l'âge d'entrée à l'école à trois ans, mais
quand même facultatif, tandis que pour nous, ce n'est pas facultatif. Les
parents seraient libres de ne pas les envoyer à l'école à
cet âge, tandis que s'ils veulent les envoyer, ce n'est pas libre. Et la
preuve en est dans les représentations que nous recevons de milliers de
parents qui ont ce problème d'un enfant qui est né disons le 5
octobre, qui va avoir six ans ou cinq ans; il va être obligé
d'attendre pour entrer à la maternelle que toute l'année soit
passée, il va entrer à la maternelle quand il ne lui restera
seulement qu'un mois ou deux avant d'atteindre cet âge. Tout l'objet de
la position que nous défendons est bien simple, c'est d'essayer de tirer
la ligne au milieu plutôt qu'aux extrêmes.
On dit: C'est évident qu'on ne peut pas avoir la certitude
mathématique dans ces choses. Mais la somme d'inconvénients qui
va résulter pour un enfant et ses parents du fait qu'il va être
admis à l'école seulement qu'une année plus tard,
après avoir atteint l'âge de cinq ans, est bien plus grande que si
on avait la ligne de démarcation juste au milieu. Disons qu'on aurait le
31 janvier ou le 28 février, par exemple, qui serait, à mon point
de vue, la date idéale. Cela tomberait six mois d'un côté
et six mois de l'autre. La balance des inconvénients et des avantages
serait acceptable pour tous. Il n'y a personne qui pourrait dire qu'il y a un
écart considérable dans le cas de son enfant et d'autres qui
pourraient dire "je suis chanceux parce que mon enfant était né
le 28 septembre, il est passé juste en dessous de la ligne; entre le 28
septembre et le 3 octobre, les différences sont minimes. Et l'avantage
d'avoir cette démarcation au milieu de l'année réside dans
le fait bien simple et bien facile à vérifier, que l'année
scolaire va du début de septembre jusqu'à la fin du mois de juin.
C'est évident que le 31 janvier est beaucoup plus proche du milieu de
cette année que le 1er octobre. C'est le fond du raisonnement
là-dessus. C'est bien simple.
Alors, d'autres arguments qu'on peut apporter. Je lisais un article dans
le New York Times il y a quelque temps. Je ne sais pas si le ministre a eu
l'occasion de le voir. C'était dans le New York Times du 13 septembre.
Ils disent qu'on s'est beaucoup interrogé sur les avantages de
l'instruction hâtive, la scolarisation hâtive des enfants. On a
fait toutes sortes d'études et on a tiré des conclusions de
toutes sortes. Ils ont fait une étude extrêmement
intéressante qui s'appelle "Project Head Start" qui a été
réalisée dans l'état du Michigan. Ils ont pris deux
groupes d'enfants: un groupe qui avait été admis à des
services d'éducation préscolaire à compter de l'âge
de trois ans et un autre groupe qui a suivi le sentier traditionnel,
c'est-à-dire l'admission à l'école à l'âge
d'autour de cinq ans. Ils les ont suivis pendant vingt ans et ils ont
tiré une série de conclusions des observations qu'ils ont faites
parmi lesquelles je relève les suivantes: À peu près deux
fois plus d'élèves du premier groupe, le groupe que j'appellerai
préscolaire, pour les fins de notre discussion, ont poussé leurs
études jusqu'au niveau du collège ou au niveau postsecondaire
professionnel. 20% de moins ont laissé l'école en cours de route
ou ont eu des difficultés avec la loi. L'étude a montré
également qu'à
cause des réductions qui ont découlé de ces
avantages reçus par les gens du groupe préscolaire, à
cause des réductions qui en ont découlé dans le domaine de
la criminalité, la société a pu épargner environ
3100 $ sur chaque personne faisant partie de ce groupe.
Ce sont là juste les gains les plus facilement quantifiables. Il
n'est pas question des gains à long terme qui sont encore beaucoup plus
importants, à tous points de vue, y compris au point de vue
économique et financier. On a constaté, par exemple, que le
groupe préscolaire avait eu besoin de beaucoup moins de mesures
correctrices au stade ultérieur de son développement scolaire,
à l'école élémentaire, à l'école
secondaire en particulier, qu'il en est résulté pour les membres
de ce groupe, un accroissement de confiance en eux-mêmes qui est un
élément essentiel pour la réussite scolaire et plus tard,
professionnelle.
Le New-York Times tire la conclusion suivante: Il dit qu'après
vingt ans, enfin on a une étude qui démontre clairement qu'il y a
des avantages certains dans cette voie. "For many youngsters - écrit
l'auteur - an early carrying start means an opportunity to escape from the
cycle of poverty. It means that defeatism are wrong when they lament that
nothing works. That research shows compensatory education has failed. The
twenty years study in the laboratory of life now shows that there is good to be
done, provided society is willing to do it. "
Je pense qu'on peut plaisanter au sujet de ces questions, on peut faire
tous les sarcasmes qu'on voudra. C'est une question fondamentale. Je ne sais
pas si le député de Fabre - je ne parle pas du ministre qui
commence dans ces choses et qui a eu l'occasion de rencontrer assez peu de
groupes jusqu'à maintenant - a eu l'occasion de causer avec les parents
du groupe Objectif 31 décembre.
Une voix: Cela n'a rien donné.
M. Ryan: Je pense que le député de Fabre, s'il a
causé avec ces gens, a pu se rendre compte qu'il s'agit de parents
éminemment sérieux et consciencieux, qui posent le
problème parce qu'ils l'ont rencontré dans leur expérience
vitale. Le problème est aggravé aujourd'hui par le fait que la
femme, la mère travaille dans beaucoup plus de cas qu'autrefois. Il ne
faut pas oublier que c'est, pour la mère, une difficulté
supplémentaire, si elle doit lorsque son enfant atteint l'âge de
six ans le 3 octobre, attendre une année de plus avant qu'il puisse
entrer dans le cycle scolaire ordinaire. C'est un inconvénient qu'on lui
demande de porter en plus de tous les autres qu'elle doit accepter.
Le ministre a invoqué les coûts. Il est important de tenir
compte des coûts. C'est drôle, quand on parlait des ordinateurs
scolaires et quand on a commandé 9000 appareils à une entreprise
que le gouvernement est obligé de financier peut-être à la
moitié, toutes les sommes d'argent qui ont été mises dans
cette entreprise sous des formes directes et indirectes, qu'on n'a jamais
été capable d'avoir un bilan clair; les réponses viennent
avec quelle lenteur! On regarde le prix; au bout de la ligne, il va être
deux fois plus cher que ce qu'on aurait payé si on avait fait des
arrangements par voie de soumissions, en bonne et due forme. Si on avait
été moins prétentieux quant au genre d'appareil qui
pouvait suffire dans nos écoles primaires, en particulier. (17 h 30)
Quand cela arrive, ce sont toutes des choses qui se décident
presque "overnight". "Overnight", M. le Président, cela veut dire dans
l'espace d'une nuit. C'est cela qui a été décidé au
mois de novembre, au début de décembre 1983. Je comprends que le
ministre n'était pas en charge du ministère à ce
moment-là, il était au Conseil du trésor, il
n'était pas mieux pour tout cela. Il a endossé cette
décision qui a été prise à Paris. Les gens ici
étaient tout surpris quand ils l'ont apprise. On vient de nous arriver,
il s'agit de l'avenir 25. 000 enfants chaque année, on nous dit: Hum!
Les lamentations, le mur des lamentations dont aime à parler le
ministre. Je trouve cela scandaleux. Je trouve cela à proprement parler
scandaleux. Je trouve que, dans un ministère dont le budget total
s'élève à 6 000 000 000 $, qu'on ne veuille même pas
examiner avec un esprit ouvert une mesure comme celle-là... Si ce n'est
pas le 1er octobre cela pourrait commencer par le 1er novembre. Cela pourrait
être le 1er décembre ensuite, cela pourrait être le
1er janvier ensuite. Le gouvernement s'il a un problème
financier pourrait dires On est obligé de l'étaler d'une certaine
manière. Qu'il nous fasse des propositions de ce côté mais
qu'au moins on sache qu'on s'en va vers une justice plus grande.
C'est un problème de justice sociale, c'est ce qui me fait
regretter beaucoup qu'on ne puisse pas faire davantage de ce
côté-ci de la Chambre pour promouvoir cette cause. On le fait avec
les moyens qui nous sont donnés par le règlement. Il n'y a pas de
plainte sur cela à l'endroit de la présidence de la commission.
Je trouve que les arguments sont tellement évidents, tellement clairs,
et tellement simples que je ne vois pas qu'on puisse dire: Là, je vous
ai fait une équation - très discutable d'ailleurs - de tant de
millions de dollars par année, non pas pour chacune des dix
années. D'ailleurs, à ma connaissance, la première, la
deuxième et la troisième année, ce sera beaucoup moins que
cela. Qu'on ne veuille pas, pour l'avenir
de notre jeunesse et l'avenir du Québec, envisager une mesure
comme celle-ci, j'en suis ulcéré. Je voudrais demander au
ministre de reconsidérer sa position sur cela.
Motion proposant que le ministre reconsidère sa
décision
Dans cet esprit, je vais vous soumettre une autre motion que je formule
comme suit: Que cette commission exprime l'avis que le ministre devrait
reconsidérer sa décision de maintenir l'âge d'admission
à l'école au 1er octobre d'une année.
Le Président (M. Tremblay): Je suis obligé de la
considérer comme irrecevable à sa face même puisque ce
n'est pas une...
M. Ryan: Non c'est une motion sans préavis que je vous
donne. Ce n'est pas un amendement. C'est juste une motion. La commission a le
droit d'exprimer un avis.
Une voix: Quel article?
Le Président (M. Tremblay): Nous étudions
présentement article par article. Nous sommes à l'article 14 et
c'est là-dessus que portent nos délibérations. Seul un
amendement à l'article 14 peut être reçu à ce point
des délibérations. Je la déclare immédiatement
irrecevable.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais vous rappeler un
précédent si vous me permettez. Il y a deux ans, nous avons
étudié, en compagnie du ministre actuel de l'Éducation,
qui était président du Conseil du trésor à cette
occasion, le projet de loi 8, dont le ministre se souvient sans doute. Nous
avions soumis à l'attention du ministre le cas des enseignants aux
adultes à temps partiel à propos des sommes d'argent que vous
étiez aller chercher dans la poche des enseignants. Nous avions fait une
motion demandant que ces enseignants soient inclus parmi les personnes qui
seraient l'objet d'un traitement spécial. La motion a été
refusée. Ensuite, nous avons fait une motion demandant que le ministre
reconsidère sa décision. Si vous me donnez quelques minutes je
vais sortir le texte de cette décision et de cette motion
également et vous pourrez comparer. Si ce n'est pas la même chose,
j'accepterai volontiers votre décision, mais si c'était la
même chose il faudrait que vous vous demandiez si c'est une bonne chose
qu'on rende des décisions contraires d'une commission à
l'autre.
Le Président (M. Tremblay); Je dirais que ce n'est pas une
bonne chose. Mais j'ai dit hier, dans une décision, que les
décisions d'un président de commission ne constituent pas un
précédent. Dans ce sens il se pourrait qu'un président ait
pris une telle décision mais peut-être que c'est un autre
règlement. Non seulement ça, c'est que...
M. Laplante: Ce n'est pas de la façon que vous avez dite,
certain!
Le Président (M. Tremblay): Il m'apparaît
évident que cette motion ne peut être reçue à ce
stade. Cela me fait bien de la peine de le faire. Je suis ouvert à
recevoir des amendements sur l'article 14 qui est devant nous
présentement, mais pas à recevoir toute autre sorte de motion qui
est irrecevable au stade actuel, à moins que j'aie le consentement
unanime de la commission.
M. Ryan: M. le Président, je m'incline devant votre
décision. Voulez-vous m'indiquer combien il me reste de temps dans mon
intervention?
Le Président (M. Tremblay): Il vous reste quatre minutes,
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est parfait. Une voix: Il a droit à?
Le Président (M. Tremblay): Vingt minutes.
Une voix: Vingt minutes?
M. Bérubé: Votre chronomètre va plus vite
que le mien, M. le Président.
Reprise du débat sur l'obligation de
fréquentation scolaire
M. Ryan: M. le Président, je voudrais, de concert avec mes
collègues qui m'ont précédé, rappeler à
l'attention de cette commission les engagements qu'avait pris le gouvernement
actuel, à la veille de l'élection de 1981. Le ministre de
l'Éducation de l'époque, M. Camille Laurin, avait pris
l'engagement formel, au nom du gouvernement, de reporter l'âge
d'admission à l'école du 30 septembre au 31 décembre, et
il avait annoncé formellement que cette décision serait
appliquée en trois étapes successives embrassant les
années 1982, 1983 et 1984.
Par la suite, il invoqua les difficultés financières que
connaissait le gouvernement pour prétexter que le gouvernement ne
pouvait pas donner suite à cet engagement non plus qu'à de
nombreux autres qu'il avait multipliés inconsidérément,
partout au Québec, à l'occasion de la campagne électorale,
y compris dans la région que je représente. À ce
moment-là, il n'y avait aucune espèce de notion des limites
financières.
Quand nous disons qu'il devait tenir compte des limites
financières, il nous faisait passer pour des gens qui voulaient ramener
le Québec au Moyen Âge. C'était ça, le thème
du gouvernement dans cette période. Parce qu'on préconisait une
discipline financière plus grande, une modération plus grande
dans les dépenses publiques, on nous traitait de réactionnaires
qui voulaient ramener le Québec au Moyen Âge. On a gagné
une élection en trompant la population avec des engagements comme
celui-là qu'avait pris le ministre de l'Éducation de
l'époque à l'endroit des enfants. S'il ne s'agissait que d'une
autoroute, je n'en parlerais pas ici, mais le cas des enfants est beaucoup plus
grave.
Depuis ce temps, le gouvernement a amplement trouvé le moyen de
faire face à cet engagement qu'il avait pris et qui demeure toujours et
dont la nécessité est toujours aussi importante, aussi
impérieuse, même, qu'elle l'était à ce
moment-là. J'exprime ma déception profonde de l'espèce de
cynisme, de l'indifférence avec lesquels le ministre a réagi
jusqu'à maintenant aux représentations que nous lui faisions
à ce point de vue.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez terminé?
J'appelle l'article 14. Quels sont ceux qui sont d'accord?
M. Bérubé:... de voir le nombre de fois où
j'ai demandé à intervenir, et chaque fois, on a trouvé un
motif procédurier pour m'interrompre.
Le Président (M. Tremblay): Il vous reste encore du temps,
M. le ministre, je vais vous céder la parole.
Mme Lavoie-Roux: On va l'écouter avec beaucoup
d'attention.
Le Président (M. Tremblay): Je n'avais pas noté de
personnes qui m'avaient demandé la parole. Je considère, lorsque
personne n'a demandé la parole, que la commission est prête
à voter et j'appelle le vote. Mais si vous m'indiquez que vous voulez
parler, je vous donne la parole. M. le ministre l'a fait et je lui cède
la parole.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Plusieurs
questions ont été soulevées concernant tantôt cet
âge maximal obligatoire de fréquentation scolaire et plus
particulièrement quant à la comparaison qui pourrait exister
quant à la pratique québécoise et la pratique mondiale.
Malheureusement, dans le peu de temps qui nous fut imparti, il était
difficile de s'engager dans une fouille importante. On a pu relever, sur 200
pays, rapidement, en essayant de compiler, qu'il y avait 67 pays, par exemple,
qui imposaient neuf années de scolarité.
Mme Lavoie-Roux:... nous nommer les pays?
M. Bérubé: Au Québec, la
fréquentation scolaire, comme vous le savez, est de onze à douze
années...
Mme Lavoie-Roux: Mais les 67 pays...
M. Bérubé:... suivant les secteurs.
Malheureusement, je n'ai pas plus d'information que ça pour pouvoir
véritablement comparer.
Mme Lavoie-Roux: Si c'est au Mali, M. le Président, ce
n'est pas très significatif.
M. Bérubé: M. le Président, pourriez-vous
demander à la députée de L'Acadie de retourner à la
lecture de son ARGUS; elle m'interrompt constamment et je trouve que c'est
beaucoup plus agréable quand nous travaillons au moment où elle
est en pleine lecture et cela nous dérange moins. Merci, M. le
Président.
Une voix: J'appelle le vote.
M. Bérubé: Deuxièmement, le deuxième
point qui a été soulevé a porté sur les mesures
prises pour favoriser des groupes de 0 à 5 ans. De fait, j'ai
posé une question ce matin à la députée de L'Acadie
qui n'a pas voulu répondre, on peut comprendre pourquoi. La question que
je lui posais était la suivante: Si vous deviez accroître de trois
ou quatre mois la date d'admissibilité à l'école et que
vous aviez le choix entre cette mesure et une mesure d'accessibilité
supérieure pour les plus démunis de notre société,
lequel des deux paramètres choisiriez-vous? De fait, ce que nous
cherchons à faire maintenant, c'est que plutôt d'abaisser
l'âge de fréquentation scolaire pour l'ensemble de la population,
nous avons eu tendance à vouloir améliorer le type de services
que l'on donnait à la clientèle de zéro à cinq ans.
J'ai un certain nombre d'exemples. Ainsi, l'action a porté
prioritairement sur les enfants de quatre ans. Nous avons
développé l'enseignement préscolaire entièrement
financé pour les quatre ans particulièrement dans les milieux
économiquement faibles et on rejoint actuellement 15% de la population
par ce programme.
Également, nous avons injecté des sommes passablement
importantes dans l'émission Passe-Partout pour aller rejoindre des
jeunes chez eux. Des animateurs oeuvrent à l'intérieur de
commissions scolaires défavorisées pour maximiser l'effet
d'entraînement de cette émission auprès des
jeunes. On produit également en ce moment des séries
d'émissions toujours dans la suite de Passe-Partout. Cette fois, ces
émissions sont destinées aux parents de ces élèves
provenant de milieux économiques faibles. Voilà un exemple de
quelques mesures qui sont prises présentement à l'intention plus
particulièrement du groupe d'enfants plus jeunes c'est-à-dire
ceux de quatre ans.
Concernant le troisième point qui a été
soulevé, soit celui du traitement fait à l'enfance en
difficulté d'apprentissage et faisant référence à
un rapport qui fut présenté en 1976 et auquel a contribué
la députée de Jacques-Cartier, il est vrai que ce rapport
présenté en 1976 a alimenté la réflexion
gouvernementale qui devait conduire à une politique d'ensemble
concernant l'intégration des élèves en difficulté
d'apprentissage. On a, à ce titre, financé plus de 100 projets
favorisant l'intégration de jeunes dans les classes
régulières. On a également augmenté de façon
importante le personnel responsable de la mise en oeuvre des politiques en
s'assurant qu'il y ait toujours au moins une personne compétente au
niveau de chaque commission scolaire. Ceci a entraîné une
augmentation très importante du pourcentage d'intégration des
élèves à l'intérieur des classes
régulières, en 1982-1983 et 1983-1984.
Donc, des suites ont été données à
l'étude à laquelle faisait référence la
députée de Jacques-Cartier, qui se traduisent d'ailleurs par des
injections de ressources additionnelles à l'intérieur du
système scolaire. Par conséquent, je pense qu'on peut
certainement parler d'une sensibilité du gouvernement à la
problématique soulevée par la députée de
Jacques-Cartier. En réponse également au député
d'Argenteuil, nul ne conteste autour de cette table l'avantage qu'il pourrait y
avoir à accroître, si l'on veut, du 1er octobre au 1er janvier
l'âge admissible à la fréquentation scolaire ou la date
d'admissibilité à la fréquentation scolaire.
Maintenant, il est clair, et je l'ai souligné, qu'une telle
demande implique des sommes importantes. Entre 1981 et aujourd'hui, il faudrait
peut-être rappler au député d'Argenteuil que des
problèmes économiques se sont produits dans le monde. Il n'a pas
l'air au courant, on va le ramener sur terre. En fait... (17 h 45)
M. Leduc (Fabre): Ce n'est pas dans le comté
d'Argenteuil.
M. Bérubé: Non. Nous avons connu, à la suite
du choc pétrolier de 1979, le deuxième choc pétrolier. Le
premier, s'étant produit en 1973, avait entraîné, en
1974-1975, la première grande récession mondiale qui avait
durement touché le Québec puisque l'économie
québécoise avait littéralement stoppé sa croissance
traditionnelle pour la reprendre à partir de 1976, mais à un
rythme nettement inférieur à ce que nous avions connu de 1975
à 1980 où le rythme de croissance du produit national brut a
été d'environ 3% par année alors qu'il était de
l'ordre de 5% avant le premier choc pétrolier. Soit dit en passant, le
même phénomène a été observé dans
l'ensemble du Canada et également, dans l'ensemble des pays
mondiaux.
Le deuxième choc pétrolier de 1979 a nécessairement
eu le même type d'impact majeur, plus grand encore, à cause des
politiques mondiales de crédit très resserré, pour tenter
de stopper l'inflation. On sait qu'à ce moment là, on a
observé, au Canada par exemple, un effondrement du produit national brut
- ce qui ne s'était pas vu en 50 ans - de plus de 5%, et qui a atteint
6% au Québec. Il est clair que, nous retrouvant, comme
société, avec 6% de moins de richesse, l'effort a davantage
porté sur la protection des services publics existants plutôt que
sur l'élargissement des services que nous offrons à la
population. C'est ce qui explique pourquoi, effectivement, à l'heure
actuelle... J'ai droit à 20 minutes, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Cinq minutes, entre
chaque...
M. Bérubé: Oui, mais je prends mon droit de parole
à l'heure actuelle. Je ne l'ai pas pris. Eh! Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): D'accord.
M. Bérubé: Par conséquent, M. le
Président, il s'ensuit donc que nous avons cherché à
protéger l'ensemble des services publics, que ce soit au niveau
scolaire... Soit dit en passant, nous avons observé, durant la
même période, une augmentation substantielle de la
fréquentation scolaire, particulièrement au niveau
collégial et au niveau universitaire. Vous savez qu'une étude
toute récente indiquait une augmentation du taux d'accès à
l'université québécoise qui atteint maintenant 35%, ce qui
est absolument remarquable par rapport à ce qui était
observé dans le passé. Il est clair que la condition
économique a amené un très grand nombre de jeunes à
vouloir fréquenter plus longtemps l'école. Ceci a eu
néanmoins comme conséquence, et c'est sans doute
bénéfique pour le taux de scolarisation de nos concitoyens, une
augmentation extrêmement marquée des coûts de
l'éducation et les sommes qui ont servi dans le secteur de
l'éducation ont donc servi à permettre une prolongation des
études plutôt qu'un devancement des études actuelles, ceci
étant la priorité du moment. Il n'est pas dit qu'un jour, avec
la
récupération économique que nous observons au
Québec, nous ne pourrons pas reprendre la marche en avant et, ayant
réussi à accroître le taux de scolarisation comme nous
avons réussi à le faire, qu'on ne puisse passer à
l'étape suivante qui sera, un jour, le devancement de la
fréquentation scolaire au niveau primaire. Cela ne m'apparaît pas,
présentement, comme la priorité no 1 qu'on devrait avoir pour le
réseau de l'éducation.
Le Président (M. Tremblay): Puis-je vous indiquer, M. le
ministre, qu'en tout, avec votre allocution du début et tout, vous avez
utilisé tout votre temps. Il restera des cinq minutes entre chaque
intervention.
M. Bérubé: J'ai utilisé onze minutes dans
l'intervention que je viens d'avoir.
Le Président (M. Tremblay): Oui mais on a utilisé
cinq minutes pour répondre et du temps qu'il vous restait parce qu'il y
en avait de pris avant. Globalement, la comptabilité est
extrêmement difficile à tenir dans le cas de...
M. Bérubé: M. le Président, je me doute que
la comptabilité soit différente mais je suis convaincu que
d'excellents chronomètres électroniques doivent exister. La
présidence de l'Assemblée nationale, qui cherche à
réhabiliter cette auguste Assemblée, pourrait certainement
investir dans des chronomètres électroniques, ce qui permettrait
de comptabiliser le temps de parole de chaque interlocuteur.
Le Président (M. Tremblay): Je vous prie de faire la
proposition ailleurs qu'en cette assemblée. M. le député
de Saint-Laurent, c'est à vous la parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, j'ai
mentionné hier, à quelques reprises, que le côté
ministériel voulait bâillonner des organismes qui auraient pu se
présenter devant la commission pour exposer certaines demandes.
Aujourd'hui, j'ai nettement l'impression qu'on veut bâillonner
l'Opposition. C'est très clair. Quand on apporte une modification qui
pourrait enrichir le projet de loi, on invoque immédiatement l'article
184. On dit: Il n'en est pas question, il s'agit de deniers et c'est
inacceptable. Je pense que la population aura à juger ce gouvernement,
particulièrement à la suite de la promesse qui avait
été faite en 1981 par le ministre de l'Éducation d'alors.
Je pense qu'il y avait, à ce moment-là, un ministre de
l'Éducation valable, de qualité. Je pense qu'il était
sincère, ce ministre, quand il a promis à la population, quand il
a promis aux parents qu'il serait possible que leur enfant ait accès
à l'école pour autant qu'il aurait 5 ans avant le 31
décembre.
Je pense que ces parents ont voté en ayant à la
mémoire la promesse faite. Je pense que vous les avez bernés. Je
pense que le ministre de l'Éducation d'alors devait être
drôlement gêné, vu le refus du parti ministériel
d'adhérer à cette proposition qui avait été faite
d'une façon très claire. Il voulait la faire par étapes.
Je pense que c'était acceptable et d'ailleurs on l'a mentionné.
La population pourra vous demander des comptes. Je pense qu'elle vous a
élus sous de fausses représentations. On leur a mentionné,
à ces parents, qu'ils pourraient envoyer leurs enfants à
l'école, s'ils avaient 5 ans au 31 décembre, plutôt qu'au
30 septembre.
On invoque le coût, M. le Président. Comme disait le
député d'Argenteuil, je pense que c'est aberrant qu'on nous dise:
Il y a un coût mais on n'est pas capable de répondre à la
demande des parents. On n'est pas capable, à cause de coûts, de
répondre à notre promesse qui avait été faite d'une
façon formelle.
Je l'ai mentionné, bien sûr qu'il y a des coûts, mais
finalement le montant est le même. Quand on voit le gaspillage qui s'est
fait... J'ai mentionné le coût de 500 000 $ pour le show de Diane
Dufresne et j'y reviens. Le député d'Argenteuil a
mentionné également le gaspillage avec les microordinateurs. On
devrait ajouter le gaspillage inqualifiable dans la publicité qui se
fait au Québec actuellement. On est en train de gaspiller 8 000 000 $
à 10 000 000 $ pour dire: On s'est donné des forces. On va s'en
donner de drôles de forces avec les politiques qui prévalent
actuellement au Québec. À l'heure où on vit, on parle
constamment de virage technologique, on parle d'investissements dans les
cerveaux, dans l'éducation, on a vu ce qui s'est passé au niveau
des universités. On les a pressées, on les a "squeezées"
d'une façon absolument abominable. On leur a demandé d'accepter,
au niveau universitaire, tout près de 30 000 étudiants sans aucun
financement additionnel. Tous les intervenants dans le monde universitaire sont
venus nous dire combien ils devaient serrer, à quel point c'était
intenable, que c'était la qualité de l'enseignement qui
était directement en cause.
Je pense que ce sont des choses à retenir et je pense que la
demande qu'on fait est très raisonnable et surtout répond
à une demande de la population, a une demande des parents.
On regarde également le gaspillage des sommes énormes,
à coup de millions, 300 000 000 $ qu'on a gaspillés avec la
Société nationale de l'amiante. Ça, c'était un
investissement, un gaspillage inqualifiable.
Je dis qu'on devrait accepter, si on ne veut pas retenir la seule date
du 31 décembre en un seul coup, qu'on procède
avec l'étapisme. Vous connaissez ça, l'étapisme, de
l'autre côté de la table. Vous avez vécu ça,
l'étapisme. Qu'on procède avec l'étapisme. Je vais
l'accepter cet étapisme-là mais je n'accepterai certainement pas
la façon arrogante de bâillonner l'Opposition. On connaît la
rengaine qu'on va nous servir constamment. On connaît le discours
péquiste maintenant. Chaque fois qu'on veut apporter une modification,
un amendement, on va invoquer que cela entraîne des dépenses, que,
à ce moment-là, le budget est affecté et qu'on ne peut pas
accepter la proposition, la motion de l'Opposition.
Alors, qu'on procède, qu'on ajoute, en fait, un mois chaque
année sur une période de trois ans et je pense que vous allez,
à ce moment-là, satisfaire, non pas l'Opposition. L'Opposition
est ici pour représenter ceux qui sont sans voix à
l'Assemblée nationale, ceux qui nous ont délégués,
ceux pour qui le seul représentant, c'est le gouvernement, c'est l'Etat.
Eux, ils n'ont pas de syndicat pour venir les représenter, pour venir
faire valoir leurs opinions, leurs demandes ici. Ce sont les
députés qui doivent venir faire la demande et je pense qu'il y a
une demande instante, très instante de la part des parrains pour que
cette date soit modifiée de la façon qui avait été
promise par un vrai ministre de l'Éducation, un homme, je pense, qui
avait compris le problème. Et je pense qu'il était
sincère. C'est le gouvernement qui l'a empêché de
réaliser cette promesse.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je vais
répondre un petit peu au député de Saint-Laurent. Il y a
une limite à essayer de prendre tout le monde pour des caves, pour
charrier de part et d'autre, sur les dépenses du gouvernement. Lorsqu'on
parle de gaspillage, M. le Président, si on se souvient bien,
l'héritage que le gouvernement actuel a pris du parti libéral de
1970-1976...
M. Leduc (Saint-Laurent):... pertinentes, M. le Président,
pertinentes.
M. Laplante: Il faut, M. le Président, se
référer à l'éducation. Si on veut parler de
gaspillage, on va mettre les choux avec les choux et les navets avec les
navets. Ce n'est pas télévisé.
Il y a 500 000 000 $, M. le Président, qui était dans
l'éducation...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, s'il continue, je vais vous faire retirer vos gestes.
M. Laplante: Oui, d'accord. 500 000 000 $, M. le
Président, dans le trou de l'éducation...
Une voix: C'est incroyable!
M. Laplante:... ou de gaspillage qui s'est fait par le
gouvernement antérieur, c'est vous autres, cela.
Une voix: C'est le vôtre... C'est vous autres les 500 000
000 $. Vous êtes là depuis huit ans. Incroyable!
Mme Dougherty: 500 000 000 $...
M. Leduc (Saint-Laurent): Incroyable!
M. Laplante: Ces 500 000 000 $, M. le Président, s'ils
avaient été appliqués...
Une voix: Mauvaise gestion.
M. Leduc (Saint-Laurent): Incroyable! Vous êtes là
depuis huit ans.
Mme Lavoie-Roux: Neuvième année...
M. Laplante: Si on l'avait eu, nos enfants seraient aujourd'hui
reculés de deux ou trois mois. La date de l'acceptation de l'enfant
serait au 1er janvier.
Lorsque vous prenez un gouvernement et que vous vous apercevez que
jamais le ministre des Finances d'auparavant n'avait déclaré au
peuple québécois qu'il y avait un trou de 500 000 000 $ dans
l'éducation! Il avait caché cela dans ses finances. C'est notre
gouvernement qui a été obligé d'absorber ces dettes.
Personne ne peut nier cela.
Un autre dette, M. le Président, qui concerne l'éducation,
via les sports. Si on regarde les 150 000 000 $ par année, qu'on est
obligé de payer actuellement en déficit olympique, c'est nous
autres qui avons hérité de cela. Cela a pris la place,
actuellement... Cela aurait coûté 64 000 000 $, que le ministre
disait tout à l'heure, à reporter cela sur les trois mois. Les
petits enfants auraient pu aller à l'école. Ils seraient à
l'école aujourd'hui avec cela, M. le Président. 150 000 000
$...
Une voix: Est-ce assez effrayant?
M. Laplante:... par année qu'on paie actuellement, de
mauvaise gestion des libéraux, de 1970 à 1976. On pourrait comme
cela, pour 1 800 000 000 $ qu'on a été obligé de payer de
vieilles dettes libérales ici, de 1970 à 1976, d'engagements.
Cela prend la place actuellement des enfants qui veulent aller à
l'école plus jeunes. À qui la faute? C'est la vôtre. Faites
des examens de conscience. Faites-le, votre examen de conscience. Vous
êtes pardonnables, un petit peu, vous de 1981, mais vous auriez dû
vous informer avant d'embarquer dans la politique, dans quel parti vous
embarquiez, à ce
moment-là. Dans un parti qui a ruiné le Québec.
Vous deviez le savoir, vous étiez notaire, vous. Vous avez vu ces
contrats-là. Est-ce que vous avez eu affaire au contrat de Mirabel, vous
comme notaire? Avez-vous eu affaire dans autre chose, aussi?
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est le fédéral...
Mme Dougherty: C'est le fédéral. M. Laplante:
Oui, vous auriez vu...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
de...
M. Laplante: C'est justement, je l'attendais cette
réponse.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa...
M. Laplante: C'était le même gouvernement pour vous
autres.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa...
M. Laplante: Oui?
Le Président (M. Tremblay): Je suis très,
très...
M. Laplante: Je veux reprendre mon droit de parole à 20
heures, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je suis très,
très peiné de vous couper votre envolée, mais je dois vous
dire immédiatement, avant de suspendre, que la pertinence était
difficile à trouver et je suspends jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation reprend ses travaux. Nous sommes toujours à
l'étude de l'article 14 du projet de loi 3. La parole est au
député de Bourassa, qui nous a signifié qu'il voulait
continuer son envolée lorsqu'on a suspendu les travaux.
M. Bérubé: D'abord, je trouve que votre
interprétation est péjorative et vous devriez, n'est-ce pas... Je
vois le député d'Argenteuil également qui frémit,
qui blêmit, à voir la partialité avec laquelle vous avez
donné la parole au député de Bourassa. Vous devriez dire:
Je donne la parole au brillant député de Bourassa.
Le Président (M. Tremblay): Là encore, j'aurais des
récriminations de l'autre côté de la table. Je vais me
reprendre. Je donne la parole au député de Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Franchement, lorsque
j'ai quitté à 18 heures, sachant que j'allais reprendre la parole
ici à 20 heures, je n'ai presque pas soupe. J'ai été
obligé de prendre un repas au fromage, agrémenté de petits
raisins verts... Pardon?
Le Président (M. Tremblay): Je vous demanderais
d'être pertinent au débat.
M. Laplante: Oui. Cela va venir. J'ai droit à un
préambule, M. le Président. Pour finir mon repas, je me suis pris
un café pour ne pas être trop nerveux, parce qu'on dit que dans le
thé il y a plus de caféine que dans le café.
Pour revenir aux choses sérieuses, je suis un peu d'accord avec
l'Opposition. C'est ce que m'a apporté ma réflexion du souper. Un
peu beaucoup même. Je dirais même que je suis d'accord lorqu'elle
réclame que l'âge d'acceptation à l'école soit
porté à cinq ans ou du moins qu'on l'étende trois mois
plus tard; aller jusqu'au premier janvier pour l'âge d'acceptation.
C'est vrai que notre parti en a fait un élément de son
programme. On ne nie pas, nous, ce qu'on y a mis parce qu'on avait un programme
à ce moment, contrairement à d'autres partis politiques qui n'ont
même pas encore d'article 1 dans leur programme. C'est à notre
avantage. Depuis la naissance du Parti québécois, on a toujours
eu un programme. On ne se découvre pas un programme durant une
élection; on a un programme permanent.
Dans notre programme, nous avions cet élément. Il est vrai
aussi que l'ancien ministre de l'Éducation, M. Laurin, le
député de Bourget aujourd'hui, avait même
présenté, pour une année - je ne me souviens pas si c'est
1982 ou 1981 - une disposition, qu'il a été obligé de
retirer à la dernière minute, pour étendre au
1er décembre l'acceptation à l'école.
Moi, je me souviens - si mes collègues me le permettent - de ce
que cela a fait au caucus. Est-ce que je peux le compter?
Des voix: Oui.
M. Charbonneau: M. le Président, c'est un
précédent et on ne devrait pas l'accepter.
M. Laplante: Écoutez, si vous préférez, les
collègues, que je ne dise pas ce que cela a fait au caucus...
Une voix: Une priorité transparente. M.
Laplante:... lorsque cela a été
retiré...
Une voix; Un caucus...
M. Laplante: Je vais vous en compter un petit bout. N'en parlez
pas, par exemple! On avait la chance, à ce moment-là, d'avoir le
ministre de l'Éducation d'aujourd'hui qui était alors
président du Conseil du trésor. Est-ce que je dois continuer, M.
le ministre?
M. Bérubé: Oui, vous pouvez conclure...
M. Laplante: Comme il était le gardien des finances du
Québec, des dépenses, il nous a fait voir, brillamment à
part cela, très brillamment, le réalisme de retarder cette
promesse. Qu'est-ce qu'il y a?
Une voix: C'est rare qu'on dit celai
M. Ryan: M. le Président, j'espère que le
député de Bourassa a compris l'intervention qui vient
d'être faite pour qu'il soit davantage inspiré dans son
intervention.
Le Président (M. Tremblay): Le député de
Matane n'avait pas la parole. La parole est au député de
Bourassa.
M. Laplante: J'espère que c'est enregistré ce qu'il
a dit, parce que je voudrais le lire.
M. Ryan: On peut vous le dire.
M. Laplante: Vous pouvez me le dire? S'il vous plaît:
M. Bérubé: Non, M. le Président. À ma
connaissance, il n'y a eu aucun enregistrement de mes propos, je ne pense
pas.
M. Laplante: Certain? M. Bérubé: Non.
M. Laplante: Ce n'est pas marqué: "Une voix".
M. Bérubé: Non.
Le Président (M. Tremblay): Je vous incite, membres de la
commission, à vous autodiscipliner plus que ça.
M. Laplante: D'accord, pourtant...
M. Bérubé: Si vous n'éteignez pas votre
cigare bientôt, il va vous brûler les doigts.
Une voix: Après cela, on va être
asphyxiés.
M. Laplante: Pour revenir au sujet, M. le Président, c'est
pour cause financière, cause de crise, manque de fonds, qu'on n'a pas
été capables, à venir jusqu'à aujourd'hui, de
remplir la promesse qu'on a faite.
Maintenant, dans le projet actuel, article 14... Pourtant, il y le
dernier alinéa qui est important. Il nous couvre aussi au point de vue
des promesses électorales. On y dit que le gouvernement peut, par
décret, fixer une date autre que le 1er octobre pour la
détermination de l'âge minimum de fréquentation scolaire.
C'est un décret qui serait publié dans la Gazette officielle du
Québec.
Déjà, on s'est gardé une porte ouverte pour
justement, si les années se présentent meilleures,
peut-être au printemps même... On regardera dans le discours sur le
budget ce qu'on peut faire, à l'analyse des finances du Québec.
Peut-être qu'à ce moment-là, si la dette olympique est pas
mal baissée, on pourra prendra cet argent-là...
Une voix: 1996.
M. Laplante: Jusqu'en 1996. On est encore pris avec 150 000 000
$.
Une voix: Ils ont endetté le Québec jusqu'en
1996.
M. Laplante: C'est tout un héritage qu'on a reçu de
vous autres. Vous voyez jusqu'où; actuellement, cela nous empêche
de verser des montants additionnels pour l'éducation.
M. Bérubé: On paie pour le Stade olympique; on n'a
pas les moyens de payer pour des écoles.
M. Laplante: On paie pour tout cela. On paie pour d'autres choses
aussi. On a juste à reprendre les conventions collectives de 1976, et
vous allez voir jusqu'où le prix à payer pour la qualité
de l'éducation...
Une voix: En 1980, à la veille du
référendum?
M. Laplante: Oui, mais on l'a enlevé après.
M. Bérubé:... n'importe quand.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, vous avez la parole.
M. Laplante: Je vous passerai la parole tout à l'heure, M.
le ministre. Je sens que vous avez encore des choses à dire. D'ailleurs,
pour vous donner la chance de répondre à mes questions - parce
que vous allez avoir des questions à répondre - je voudrais
savoir, de votre part, dans combien d'années vous prévoyez vous
servir du
troisième alinéa de l'article 14. Ou combien de mois. Cela
pourrait peut-être me donner une orientation. C'est la seule question que
je vous poserai parce que je veux être sécurisé
là-dessus, M. le ministre.
M. le Président, on va considérer que j'ai pris mes vingt
minutes, et on pourra passer au vote après cela sur l'article 14.
Le Président (M. Tremblay): Alors, M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, j'ai cinq
minutes. Je me méfie du secrétariat, M. le Président, il a
un chronomètre qui fonctionne beaucoup plus rapidement que le mien. Mais
je vais néanmoins faire démarrer le mien et je vais ensuite
comparer.
M. le Président, je pense que la réponse à la
question du député de Bourassa n'est pas possible à ce
moment-ci. Nous allons continuer encore à avoir, pour quelques
années, d'autres priorités en matière d'éducation.
Les principales priorités, je pense, iront du côté du
problème des élèves doués, des problèmes
également des difficultés d'adaptation d'un certain nombre de nos
élèves dans nos classes où, je pense, il va falloir
injecter davantage de ressources.
La priorité ira également - et c'est sans doute la
première priorité - à l'implantation des nouveaux
régimes pédagogiques et à l'impact qu'ils ont sur
l'enseignement professionnel et l'obligation d'ajouter une année
à notre enseignement secondaire au niveau professionnel.
Nos priorités iront également du côté de
l'accueil de nouvelles clientèles au niveau collégial et au
niveau universitaire. Nous aavons que nos taux d'accès ont
progressé de façon spectaculaire depuis maintenant quatre ans,
mais il demeure que, si nous voulons maintenir un tel accroissement du taux de
scolarisation de nos concitoyens, il nous faudra injecter, en
conséquence, des ressources considérables, tant au niveau de
l'équipement qu'au niveau du personnel enseignant, du personnel de
recherche dans nos universités pour accueillir ces nouvelles
clientèles.
De plus, là où notre système universitaire, je
pense, traîne un peu de la patte, c'est au niveau des deuxième et
troisième cycles. L'accent a été mis sur le
développement des études de premier cycle, sur un accroissement
spectaculaire du nombre d'étudiants au cours des dernières
années. Toutefois, il est clair qu'en même temps on n'a pas pu
mettre autant d'accent sur le développement des études des
deuxième et troisième cycles et plus particulièrement sur
l'encadrement de la recherche. Il est clair que nous devons mettre des
ressources de ce côté.
Donc, avant qu'on mette l'accent sur le devancement de
l'accessibilité au réseau primaire, il me semble que nous devrons
développer notre réseau universitaire pour le porter à un
niveau de qualité internationale au niveau des deuxième et
troisième cycles et de la recherche.
Nous devrons également, et cela m'apparaît tout aussi
important, poursuivre cet objectif d'accroissement de l'accessibilité de
nos institutions d'enseignement supérieur, collégial et
universitaire. Nous devrons nous préoccuper de l'enseignement
professionnel, soit l'implantation des nouveaux régimes et cette
sixième année du professionnel. Après, nous devrons
également, je pense, porter une attention particulière aux
élèves qui ont des difficultés d'apprentissage.
Après cela, je pense que oui, la société devrait
peut-être se donner comme priorité un abaissement de l'âge
d'accessibilité obligatoire à l'école publique; mais cela
m'apparaît véritablement une quatrième ou cinquième
priorité à l'heure actuelle dans notre système
d'éducation.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Bérubé: Trois minutes vingt-deux.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil. (20 h 30)
M. Ryan: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, vous intervenez sur quel paragraphe?
M. Ryan: Sur le troisième alinéa, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): D'accord.
M. Ryan: Je pense qu'il n'y a pas de problème
là-dessus, en vertu de nos règlements.
Le Président (M. Tremblay): Non, vous avez vingt
minutes.
M. Ryan: Très bien. Sur le deuxième alinéa,
pour commencer. C'est simplement pour m'assurer - je voudrais le relire avec le
ministre - que nous le comprenons de la même manière: "Cependant,
à la demande des parents, une commission scolaire doit dispenser de
l'obligation de fréquentation scolaire une personne âgée de
moins de 6 ans au 1er octobre d'une année.
M. Bérubé: Ce n'est pas le troisième
alinéa, c'est le deuxième.
M. Ryan: Le deuxième alinéa, oui.
M. Bérubé: Ah! J'avais compris le
troisième.
M. Ryan: Non, mais je vais aussi discuter du troisième.
Mais sur le deuxième, j'avais une précision à vous
demander.
M. Bérubé: Ah! Vous allez discuter du
troisième, mais vous voulez lire le deuxième.
M. Ryan: Je voulais vous demander une précision.
M. Bérubé: Bon. Pas de problème.
M. Ryan: Je crois que c'est le sujet dont vous avez
discuté avec la députée de L'Acadie, ce matin. Il s'agit
de donner à des parents une exemption de l'obligation de
fréquentation scolaire pour un enfant âgé de moins de 6 ans
au 1er octobre d'une année. Nous n'avons pas d'objection à cet
alinéa-là. Je ne pense pas que j'aie beaucoup de choses à
dire là-dessus. C'en est un que nous serions disposés à
accepter.
Sur le suivant: "Le gouvernement peut, par décret, fixer une date
autre que le 1er octobre pour la détermination de l'âge minimum de
fréquentation scolaire", je voudrais revenir à certaines
considérations qui ont été apportées. Cela nous
remet dans le sujet qui a été discuté au premier
alinéa, évidemment. Il y a un lien qu'il faudrait établir
plus tard avec l'article 3 du projet de loi parce qu'il me semble y avoir
redondance ici. Comme l'article 3 a été mis de côté
pour la rencontre avec l'Institut canadien de l'éducation des adultes,
je me borne pour l'instant à signaler qu'il y a un problème de
redondance ou de concordance qu'il faudrait examiner entre le 3e alinéa
de l'article 14 et le contenu de l'article 3. Si la même chose est dite
deux fois, il faudra s'arranger pour qu'elle soit dite une fois. C'est toujours
plus clair quand c'est dit seulement une fois.
Cela étant, je voudrais revenir au fond du problème. J'ai
écouté les explications que le ministre vient de donner, en
réponse au député de Bourassa. Je pense que les autres
priorités que le ministre a indiquées sont des priorités
éminemment respectables sur lesquelles nous avons nous-mêmes, du
côté de l'Opposition, exprimé à maintes reprises
notre inquiétude et, par conséquent, nous serons toujours
intéressés à discuter avec le ministre, dans un esprit
constructif.
Je voudrais, vu que l'article 14 traite de l'âge d'entrée
à l'école, revenir sur les considérations
financières qui ont été apportées à l'appui
de la décision du ministre de maintenir l'article dans la forme que le
projet lui donne.
Le ministre nous a dit tantôt que le gouvernement avait fait une
gestion impeccable des fonds publics, qu'il avait hérité d'une
succession très difficile. Il a jeté les blâmes sur
l'administration précédente dont, personnellement, je ne faisais
pas partie, mais elle était assumée par le parti qui forme
l'Opposition aujourd'hui. Par conséquent, c'est normal qu'on donne
certains éléments de vérité k ce sujet-là.
Je voudrais simplement rappeler au ministre les faits suivants. Ensuite, je
parlerai du trou de 500 000 000 $ dont a parlé le député
de Bourassa.
Je voudrais rappeler au ministre que, selon les calculs qui ont
été faits par le service de recherche économique de
l'Opposition, de 1976 à 1984, sous l'administration dont il fait partie,
la dette publique du Québec est passée de Il% du produit
intérieur brut à 24%. Deuxièmement, le service de la
dette, les dépenses qu'occasionne à chaque année le
service de la dette ont augmenté trois fois plus vite que les revenus
autonomes du gouvernement du Québec pendant la même
période. Ce sont des faits que je défie le ministre de contester.
Quand un gouvernement, après huit années de gestion, en est rendu
à avoir porté la dette à 24% du PIB, de Il% qu'elle
était avant, alors qu'on nous dit que, sous l'administration
précédente, il y avait eu une gestion prodigue...
M. Bérubé: Niaiseuxl
M. Ryan: M. le Président, vous avez compris l'interruption
qui vient d'être faite.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député...
M. Ryan: Vous vous choquiez hier d'une expression moins
offensante que celle-là. Je comprends qu'elle était à
l'endroit de votre personne. Je ne sais pas si on peut...
M. Bérubé: C'est tout simplement une exclamation
devant un texte que je lisais, M. le Président.
M. Ryan: Ah bon! Très bien. Cela va.
Le Président (M. Tremblay): Alors, c'est
considéré comme...
M. Leduc (Saint-Laurent): J'espère, M. le
Président, que vous allez demander au ministre de retirer ses
paroles.
Le Président (M. Tremblay): Mon problème, c'est
qu'il vient de dire que c'était à l'endroit du texte qu'il
lisait.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je comprends que cela le touche
beaucoup, cela lui fait mal. Mais il doit respecter les autres, ses
collègues. Je pense que c'est de la décence
élémentaire.
Le Président (M. Tremblay): Je pense
que, si on était convaincu que son épithète
s'adressait à un membre de cette Assemblée, il devrait la
retirer. Il y a doute.
M. Leduc (Saint-Laurent): S'il n'est pas décent,
rappelez-le à l'ordre!
On sait à qui on a affaire. Vous êtes d'accord
là-dessus, parfait. Merci.
M. Bérubé: C'est un doute créateur qui vous
honore, M. le Président.
M. Ryan: Si la dette publique a augmenté dans ces
proportions, je voudrais signaler à l'attention du député
de Bourassa que c'est pour une raison bien simple. Les dépenses ont
excédé les revenus dans une proportion infiniment plus grande
qu'à aucune autre période de l'histoire du Québec. Les
dépenses ont excédé les revenus à cause des
politiques qu'a pratiquées le gouvernement.
Je le regrette infiniment. Ils ont évoqué
l'héritage huit ans après: c'est d'un ridicule consommé.
Nous avertissions nos concitoyens, bien avant la dernière
élection, de ce qui s'en venait. Tout au long de cette période,
le gouvernement a réussi à cacher sa performance pendant un bout
de temps. Là, les faits sont là. Après huit ans, on est
capable de les établir solidement. Encore une fois, je vous défie
de contredire ces données.
Le député de Bourassa a parlé du trou de 500 000
000 $ qui a été découvert un bon jour par le ministre des
Finances au grand étonnement, selon toutes nos indications, du ministre
de l'Éducation du temps. Il faudrait expliquer en quoi cela consistait.
Il y avait une partie de cette somme de 500 000 000 $ qui consistait en des
arrérages de subventions versées aux commissions scolaires.
C'était la grosse partie. En tout cas, le député pourra
présenter sa version quand il le voudra. Je présente la mienne et
je la crois suffisamment étayée. C'étaient des subventions
qui étaient payées aux commissions scolaires à
retardement. Cela s'accumulait pour une raison qui était partie de notre
tradition, c'est qu'il n'y avait pas moyen d'obtenir les données des
commissions scolaires à temps. Il y avait des redressements qui avaient
été commencés quant aux montants des inscriptions
scolaires.
M. Laplante: C'est là que vous touchez le bobo.
M. Ryan: Quant aux données budgétaires, le
gouvernement actuel a continué pendant de nombreuses années
à marcher comme cela. En quelle année le gouvernement actuel
a-t-il réussi à se rendre compte de la situation? Je pense qu'on
était rendu en 1981. Cela a pris un bon quatre ans avant qu'il se rende
compte de cela. Un jour, le ministre des Finances était tout
étonné. Cela lui avait pris quatre ans à s'apercevoir
d'une chose comme celle-là.
M. Laplante: Garneau avait caché les chiffres.
M. Ryan: Les chiffres n'étaient pas cachés.
M. Laplante: Oui.
M. Ryan: Ils n'étaient pas cachés du tout. Ils
étaient présents dans les rapports des commissions scolaires,
mais le gouvernement...
M. Laplante: Comme les fonds de retraite.
M. Ryan: Je m'excuse.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, je vais vous rappeler à l'ordre.
M. Laplante: Excusez. On dialoguait tous les deux parce qu'il me
montrait du doigt.
Le Président (M. Tremblay): Ce n'est pas un dialogue.
M. Laplante: Question de règlement. Lorsqu'un membre
parle, il doit toujours s'adresser au président. Moi, cela me
mélange parce qu'il me montre avec son doigt et il me parle toujours; je
pense que c'est un dialogue qu'il veut entamer avec moi. Je m'en excuse.
Le Président (M. Tremblay): Si cela vous cause trop de
problèmes, regardez ailleurs. Si cela vous cause des problèmes,
M. le député de Bourassa...
M. Laplante: Dites à M. le député
d'Argenteuil de vous regarder. Cela me mélange.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, si cela vous cause des problèmes, regardez ailleurs.
M. Laplante: Je ne suis pas capable.
Le Président (M. Tremblay): Vous pouvez écouter
avec vos oreilles.
M. Ryan: Je rappelle au souvenir du député de
Bourassa que le vérificateur des comptes, dans son rapport annuel, avait
signalé ce problème à l'attention du ministre des Finances
dans chacune des trois ou quatre années qui ont
précédé sa découverte. Si le député
de Bourassa veut se donner la peine de lire les rapports du vérificateur
des
comptes pour chacune de ces années, il se rendra compte que c'est
vrai. Il se rendra compte que, même après la soi-disant
découverte du ministre des Finances, ce camouflage de certains
éléments de la dette publique a continué dans les rapports
annuels du gouvernement. Je pense qu'il est loin d'être fini encore. Une
grande partie de ces paiements à retardement qui sont à la charge
du gouvernement ne sont pas inscrits dans son passif à la fin de
l'exercice budgétaire. Chaque année le vérificateur des
comptes revient et dit: Mettez cela dans votre passif pour qu'on ait une
situation véritable. Cela augmentera encore le total de la dette,
à ce moment. Ce serait plus que 24%. Cela monterait peut-être
à 26%, 27% du PIB. Je signale ces faits pour dire que, si on pense
pouvoir emprunter cette voie, on est dans l'erreur la plus évidente. Le
député de Bourassa a parlé des conventions
collectives.
M. Laplante: Est-ce une question que vous me posez?
M. Ryan: Non, non. Je continue de parler et je souhaite ne pas
être interrompu.
M. Laplante: Avec l'accord des membres, on peut continuer tous
les deux.
M. Ryan: Non, moi, je refuse.
M. Laplante: Ah! Arrêtez de me regarder.
M. Ryan: J'ai laissé parler le député de
Bourassa...
M. Laplante: Cela me culpabilise.
M. Ryan:... lorsqu'il avait la parole. Je vais continuer de le
regarder parce que j'aime sa réaction: je vois qu'il est mal à
l'aise et c'est cela qu'il faut.
M. Laplante: N'oubliez pas de parler des régimes de
retraite, par exemple.
M. Ryan: Je signale...
M. Laplante: 5 000 000 000 $.
M. Ryan:... à l'attention du député de
Bourassa et, évidemment, toujours du ministre de l'Éducation
également, que les conventions collectives que le gouvernement a
été obligé de renier en décembre 1982 n'avaient pas
été signées par le gouvernement précédent;
elles avaient été signées par le gouvernement actuel
à la veille d'une certaine opération qui s'appelle, dans
l'histoire du Québec, le référendum. Le gouvernement,
à ce moment-là, voyait tout en rose. Sa lunette sur l'avenir
économique du Québec était extrêmement
épaisse. Un jour...
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président.
M. Ryan:... quand la bise fut venue...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président, je ne pourrai
pas citer le numéro, mais vous le trouverez sans aucune
difficulté. Il existe un règlement concernant la pertinence des
interventions. Est-ce qu'on pourrait rappeler à l'ordre le
député d'Argenteuil, s'il vous plaît?
Le Président (M. Tremblay): J'ai écouté moi
aussi le député d'Argenteuil et je sais qu'il ne
démontrait pas beaucoup de pertinence. Je vous avoue que j'étais
un peu captif de la tolérance que j'ai eue tout à l'heure
à l'endroit du député de Bourassa...
M. Bérubé: Sur la question de règlement, M.
le Président.
M. Ryan:... et du ministre de l'Éducation, qui a
lancé des accusations contre l'administration précédente,
prétextant...
M. Bérubé: Sur la question de règlement, M.
le Président.
Une voix: C'est absolument pertinent.
M. Ryan: On va revenir sur la pertinence, s'il y a lieu.
M. Bérubé: Sur la question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Bérubé: Si, lors de l'intervention du
député de Bourassa, l'Opposition n'a pas jugé bon de faire
appliquer le règlement et n'a pas jugé bon de le porter à
votre attention, il était normal que, devant la tolérance que
l'ensemble de cette Assemblée manifestait, vous n'ayez pas
été appelé à faire respecter le règlement.
Mais il est clair que je m'inscris présentement en opposition à
cette violation de règlement et, par conséquent, je voudrais la
porter à votre attention de manière qu'il soit appliqué,
s'il vous plaît!
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, sur la...
M. Ryan: Pertinence.
Le Président (M. Tremblay):... pertinen-
ce, oui.
M. Ryan: Très bien. Quand le ministre nous accuse d'avoir,
par des gestes de l'administration précédente, créé
une situation financière qui rend impossible au gouvernement actuel de
donner suite à un voeu comme celui-ci dont il reconnaît le
bien-fondé objectif, quand il dit que les ressources financières
du gouvernement lui interdisent de penser à une mesure comme
celle-là, est-ce permis de lui dire ce que nous pensons de ces
arguments? Est-ce permis de lui dire que les responsabilités qu'il
attribue à d'autres devraient être assumées par
lui-même et le gouvernement dont il fait partie? Est-ce que cela
s'inscrit dans notre débat ou non?
M. Bérubé: En vertu de l'article 204, M. le
Président.
M. Ryan: Les motifs financiers qu'il invoque pour rejeter...
M. Bérubé: En vertu de l'article 204, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil a la parole.
M. Ryan: Pardon? Oui. Les motifs financiers qu'il invoque, ce
sont les seuls qu'il a invoqués, à ma connaissance, pour rejeter
nos suggestions ici. Il me semble que nous avons droit de les discuter
dès qu'ils sont mis sur la table par les porte-parole du
côté ministériel; il me semble que nous avons non seulement
le droit, mais la responsabilité de les discuter à leur
mérite. Si nous ne le faisions point, le ministre s'en irait,
après la séance ce soir, et il dirait: Je leur ai dit ce qui
s'était passé, pourquoi n'ont-ils pas été capables
de répondre?
Le Président (M. Tremblay): Ce que je dois faire...
M. Ryan: Cela achève.
Le Président (M. Tremblay):... à ce point-ci du
débat, c'est rappeler à tous les membres de la commission que
nous devons discuter de l'article 14 de la loi 3. Je leur demanderais de faire
les efforts qui s'imposent des deux côtés pour être
pertinents. M. le député d'Argenteuil, vous avez la parole.
M. Bérubé: En vertu de l'article 204, M. le
Président, je voudrais insister sur le fait que je ramènerai
continuellement le député d'Argenteuil à la pertinence du
débat.
Le Président (M. Tremblay): Nous sommes heureux de
constater que vous veillez. M. le député d'Argenteuil. (20 h
45)
M. Ryan: Merci, M. le Président. J'en étais rendu,
dans mon raisonnement, à employer la formule suivante: Que le
gouvernement, étant donné le comportement qu'il avait eu à
l'occasion en particulier de la signature de ses conventions collectives de
1980, s'était mis dans une situation dont la conséquence fut
qu'il se trouva dépourvu, lorsque la bise fut venue, et qu'à
l'exemple de la cigale de La Fontaine il chercha des alibis, les trouvant le
plus naturellement du monde dans les gestes de ses prédécesseurs
qui remontent, hélas pour nous, à un temps presque
immémorial.
M. Leduc (Fabre): C'est vrai.
M. Ryan: C'est vrai. Je suis content d'entendre le
député de Fabre le signaler. C'est pourquoi, la
vérité ayant été redressée, la
vérité ayant été bien servie, je vais passer
maintenant à d'autres considérations et mettre un terme assez
rapidement à mon intervention.
On a dit l'essentiel à propos de l'alinéa 1. Je constate
que, par l'alinéa 3, le gouvernement veut se faire donner le pouvoir par
l'Assemblée nationale de fixer une date autre que le 1er octobre. Je
trouve cela assez curieux. Je ne sais pas ce que vous en pensez, et j'aimerais
avoir votre opinion, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): J'aimerais bien cela vous la
donner.
M. Ryan:... mais je ne peux pas honnêtement...
Le Président (M. Tremblay): Hélas, je ne peux
pas!
M. Ryan: D'un côté, on nous affirme avec grande
conviction qu'on ne peut pas faire cela, qu'on ne peut pas mettre cela dans la
loi, c'est effrayant. D'un autre côté, on dit: Laissez-nous donc
le pouvoir, on va le faire quand on pourra, indépendamment de ce que dit
la loi. Il me semble que, si le gouvernement dit cela dans la loi, il devrait
laisser sa loi telle quelle, et il devrait dire: Quand nous voudrons le
changer, nous reviendrons devant l'Assemblée nationale, nous
expliquerons nos motifs. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose de
légiférer comme ceci. Il pourrait arriver que nous aurions perdu,
non pas perdu, mais employé presque une journée à discuter
du premier alinéa et que demain...
M. Bérubé:... du verbe devrait rester au
procès-verbal, M. le Président.
M. Ryan:... le gouvernement décidât du
haut de sa sagesse que, la bise ayant changé de direction
à la veille d'une élection, il aurait retrouvé le chemin
du bon sens et du progrès, la social-démocratie bien comprise. Il
nous dirait: Savez-vous que, pour cette affaire, on revient à ce que M.
Laurin disait à la veille de l'élection, la dernière fois:
C'est bon cette affaire, on va vous la donner; faites-nous confiance, on va
vous la donner. Il pourrait même décider, par pur
arrêté en conseil, de nous braquer une décision sur cela
juste à la veille de l'élection pour qu'ensuite nous
héritions de tout le paquet au lendemain de l'élection, si
l'électorat, dans sa volonté suprême, décidait
d'orienter sa confiance autrement la prochaine fois.
Je trouve que cet alinéa est passablement superflu. Je m'y
opposerais pour des raisons qui nous apparaissent évidentes et que je
viens d'indiquer. Je pense que c'est de la mauvaise législation. On ne
dit pas, d'un côté: C'est sacré, on ne peut pas, on ne peut
pas, et de l'autre côté... À ce moment, on pourrait aussi
bien dire, pour avoir un texte concis: Le gouvernement fixe par décret
la date qui doit servir pour la détermination de l'âge minimum de
fréquentation scolaire. Cela finirait là. Il n'est pas
obligé de mettre le 1er octobre. S'il ne veut pas la respecter le
lendemain ou s'il veut en tout temps avoir le loisir de ne pas la respecter, je
trouve qu'à ce moment on se donne bien du mal pour écrire en
douze lignes une affaire qui pourrait tenir en trois lignes.
Cela est l'essentiel de mes représentations sur ce point.
Merci.
Le Président (M. Tremblay); Je vous remercie.
J'imagine qu'il y aura le député de Sauvé. Est-ce
que vous m'avez indiqué que... Non.
On a étudié l'article 14. Il n'y a pas d'autres
intervenants. Je le mets aux voix. Quels sont ceux qui sont d'accord avec
l'article 14?
Une voix: Adopté.
M. Ryan: M. le Président, juste une minute. Mon
collègue de Saint-Laurent...
Une voix: Le vote est pris.
M. Ryan: Nous n'avons pas voté, à ma
connaissance.
Le Président (M. Tremblay): J'avais demandé s'il y
avait des intervenants. Je suis même allé jusqu'à demander
au député de Sauvé, qui m'avait...
Une voix: On avait pris le vote.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas du tout, on n'a jamais
voté.
Le Président (M. Tremblay): J'ai appelé l'article
aux voix, mais il semblerait qu'il y a des nouveaux intervenants.
M. le député de Saint-Laurent, vous voulez intervenir sur
l'article 14?
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je voudrais
faire un amendement à l'article 14, lequel demanderait le retrait du
troisième alinéa.
M. Bérubé:... le droit de parole. Cela fait un bout
de temps qu'on est à l'article 14. On a chacun une période de
vingt minutes.
Le Président (M. Tremblay): L'article 238 de notre
règlement se lit comme suit: "Le temps de parole de vingt minutes dont
disposent les membres de la commission vaut pour chaque article, alinéa
ou paragraphe d'un projet de loi. " Cela veut dire que les membres de la
commission peuvent parler vingt minutes sur un paragraphe et vingt minutes sur
un autre paragraphe.
M. Laplante: Sur la même question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Laplante: Il est coutume que, lorsqu'on appelle un article,
les membres de la commission indiquent s'ils veulent procéder par
paragraphe ou par article complet. Actuellement, il a été
accepté que l'étude se fasse sur l'ensemble, parce que personne
n'a demandé de le faire par paragraphe ou par droit de parole. Cela nous
paraît très important aussi, M. le Président, parce que
vous êtes en train d'établir pour l'avenir quelque chose de
dangereux, si on décide de revenir tout bonnement, par la suite, par
paragraphe.
Il faut l'exprimer quand on appelle l'article. Personne ne l'a
exprimé. La preuve, c'est qu'ils ont parlé sur l'ensemble de
l'article tout le temps. Vous avez écouté leurs discours, ce
qu'ils ont fait depuis le début. Je ne peux pas accepter cela, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, sur la question de règlement.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, effectivement,
dans votre sagesse, vous avez accepté que le député
d'Argenteuil intervienne au-delà du temps qui lui était imparti
sur les alinéas 1, 2 et 3. Je pense que vous avez reconnu,
implicitement, qu'il fallait scinder l'article en trois alinéas.
J'aurais une proposition à faire. La proposition serait
que...
Le Président (M. Tremblay): On va régler l'affaire
du règlement, si vous me le permettez, avant cela. Je reconnais que vous
annoncez un amendement. C'est vrai que j'ai accepté l'article 238 et je
l'ai interprété comme étant valable. Le
député de Bourassa m'apporte, par exemple, une
interprétation non pas au niveau du règlement lui-même,
mais au niveau de la tradition de l'Assemblée nationale. J'avoue que
cette intervention me crée un cas de conscience. Je désirerais
consulter, vérifier, un peu plus tard, cette tradition parce que je ne
voudrais pa3 briser une tradition ici en commission parlementaire. Je pense que
ce n'est pas mon rôle.
Ce que je ferai, c'est que je vais prendre en
délibéré cette partie. Maintenant, je vais vous
reconnaître la possibilité immédiatement de faire votre
amendement puisque je crois que vous avez... Je vais vérifier.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, M. le
Président, qu'on suspende la séance pour quelques minutes, que
vous consultiez vos juristes, vos conseillers?
Le Président (M. Tremblay): Il vous reste, de toute
façon, quatre minutes à votre temps de parole pour un premier
temps de vingt minutes sur tout l'article. Donc, je vous donne le droit de
parole pour le moment et je vais revenir un peu plus tard. Après avoir
vérifié quelle est la tradition je vais vous donner une
décision là-dessus. Je vous reconnais le droit de parole et la
possibilité de faire votre amendement. M. le député
de...
M. Ryan: Juste une remarque sur la question de règlement,
M. le Président. Tout à l'heure, j'avais bien signalé
à votre attention et à celle de nos collègues de la
commission que j'intervenais, je demandais la parole en vertu,
précisément, de l'article 238 et vous aviez consenti à me
donner la parole. Par conséquent, vous avez pris une décision
dont la portée a échappé à nos collègues
parce qu'ils étaient peut-être occupés à autre
chose. La décision à été prise et je conviens
volontiers que vous songiez à reconsidérer tout cela, je pense au
bien de notre institution et il n'y a pas de problème avec cela. Mais je
voulais rappeler simplement ce fait.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Ryan: Cette décision a été prise bien
avant qu'il parle.
Motion proposant que le troisième alinéa
de l'article 14 soit retiré
M. Leduc (Saint-Laurent): Je serai très court. Je voudrais
qu'on retire le troisième alinéa de l'article 14. Comme le disait
d'ailleurs mon collègue d'Argenteuil, je pense qu'on devrait exiger du
gouvernement qu'il soit transparent, qu'il ne nous passe pas un autre
Québec comme cela s'est produit...
Le Président (M. Tremblay): D'abord, votre proposition est
de retirer le troisième alinéa.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est ça.
Le Président (M. Tremblay): Maintenant, je déclare
cette proposition recevable et vous pouvez en discuter maintenant. Vous avez
vingt minutes.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord. Je ne prendrai pas les vingt
minutes, M. le Président. Comme je le disais, je pense qu'on devrait
exiger du gouvernement qu'il soit transparent et qu'il nous indique, dès
maintenant, s'il entend maintenir la date du 1er octobre comme la date
d'entrée ou la date qui prévaut pour que les enfants soit
acceptés soit à la maternelle, soit à la première
année.
Comme je le disais, la dernière fois, on s'est fait passer un
Québec. Le ministre nous avait promis, certainement de bonne foi, que la
date serait ramenée tranquillement, sur une période de trois ans,
par étapes, que l'enfant pourrait bénéficier d'un an
additionnel sur une période de trois ans.
Je pense qu'on doit exiger immédiatement que l'article 14 soit
clair. Si on entend maintenir le 1er octobre, qu'on nous le dise; mais si on
entend à volonté, à loisir, comme vous le dites si bien,
M. le Président, modifier l'article 14 à l'occasion d'une
élection, je pense que c'est inacceptable. Qu'on nous l'indique
immédiatement, qu'on nous dévoile les règles du jeu. Je
pense que c'est une exigence normale. Qu'on informe la population, les parents
qu'ils auront le privilège d'envoyer leurs enfants suivant un calendrier
différent de celui qui existe actuellement, ou bien qu'on leur indique
dès le départ qu'ils ne peuvent pas avoir d'espoir de ce
côté-là avant qu'on amène un projet de loi a
l'Assemblée nationale et qu'alors on informera la population que les
dates ont changé, que l'accessibilité, que l'accès
à l'école est changé en ce qui concerne la date.
Des décrets, on en a beaucoup trop, c'est de la
réglementation; je pense qu'on
doit être beaucoup plus transparent. Je voudrais simplement qu'on
retire le dernier paragraphe de l'article 3, qu'on soit franc, qu'on soit
clair, qu'on soit transparent à 100%. Merci, M. le Président.
Une voix: Ce n'est pas fort!
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Je comprends de moins en moins l'Opposition, M.
le Président. Décidément, c'est un débat où
on a beaucoup de difficultés à se retrouver. L'Opposition, d'un
côté, dit que c'est important qu'on recule la date du 1er octobre,
qu'on mette ça au 1er novembre et ensuite au mois de décembre,
etc., de façon à ouvrir davantage, de façon à
laisser la possibilité à plus d'enfants de fréquenter le
système scolaire en bas âge. C'est ça l'argumentation qui
nous a été apportée.
D'un autre côté, on n'a pas réussi à
démontrer les avantages pédagogiques. Admettons qu'il y ait
certains avantages pédagogiques. Effectivement, il me semble que les
raisons invoquées par le député de Saint-Laurent vont en
nette contradiction avec l'alinéa 3 de l'article 14. Le
député de Saint-Laurent parle d'information. Je ne vois pas ce
que l'information vient faire ici. On peut très bien, par décret,
déplacer la date au 1er novembre, et on peut très bien informer
la population de la décision gouvernementale. Je ne vois vraiment pas
où est le problème d'information. (21 heures)
Les élections, les raisons d'élection, on peut très
bien en faire une promesse, un engagement électoral et on peut
très bien vouloir procéder par modification à la loi ou
par décret. Je ne vois pas non plus la pertinence de l'intervention en
fonction du paragraphe 3. La transparence, je ne vois pas non plus ce que
ça vient faire, M. le Président. Est-ce parce que le gouvernement
procède par décret que ce n'est pas transparent? Je ne comprends
pas, M. le Président. Je ne comprends vraiment pas l'argument de la
transparence en fonction du paragraphe 3 de l'article 14. Question de
franchise? Je ne vois pas non plus ce que ça vient faire
là-dedans. Clarté: le décret peut très bien
être clair.
Au fond, l'Opposition parle depuis tout à l'heure
précisément pour que le gouvernement change la date du 1er
octobre pour le 1er novembre, par exemple, dans un premier temps. Là, le
gouvernement voudrait modifier le paragraphe 3 de façon à
introduire un élément qui ralentirait ou qui aurait pour effet de
ralentir une décision qui pourrait aller dans ce sens-là.
Là, je ne comprends vraiment pas. Pourquoi faudrait-il, sur une question
qu'on dit souhaitable... De notre côté, aussi on dit que c'est
souhaitable. Certainement que, si on avait les moyens d'introduire la date du
1er novembre comme date d'inscription ou de fréquentation scolaire...
Mais, encore une fois, pourquoi ne pourrait-on pas procéder par
décret?
En éliminant le paragraphe 3, on ne fait, à mon avis, que
compliquer le processus parce que ça nous oblige à passer par le
processus législatif, ça nous oblige à passer par une
première lecture, ça nous oblige à passer par une
étude en commission parlementaire. Et là, quand on voit à
quel point le processus en commission parlementaire est long, on ne fait que
retarder la possibilité d'application d'un voeu que, des deux
côtés, on souhaiterait rendre possible un jour. S'il y avait
objection d'un des deux côtés à ce qu'on reporte la date du
1er octobre, mais il n'y a pas d'objection. C'est quelque chose
d'éminemment souhaitable.
Si on ne le fait pas au moment où on se parle, je pense que, de
ce côté-ci, on a été très clair, c'est pour
des raisons budgétaires. À cet égard-là,
l'Opposition ne nous a pas encore dit où le gouvernement devrait aller
chercher l'argent nécessaire pour l'injecter dans une mesure
éminemment souhaitable, mais qui se retrouve parmi d'autres objectifs
qui sont également éminemment souhaitables dans le domaine de
l'éducation.
Finalement, M. le Président, je suis obligé de conclure,
encore une fois, que l'Opposition introduit un amendement à mon point de
vue simplement dilatoire et qui vise, encore une fois, à retarder les
travaux de cette commission. Je ne sais pas depuis combien d'heures nous sommes
en train de discuter de l'article 14 et je ne sais pas encore combien d'heures
nous allons passer sur l'article 14. C'est un article fort intéressant,
remarquez, sur un sujet fort important, j'en conviens avec l'Opposition, mais,
devant de tels amendements, je suis obligé de conclure que l'Opposition
n'est vraiment pas sérieuse.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je vais demander au ministre de me dire si
l'interprétation que je vous proposerai de l'alinéa comme il est
formulé actuellement est juste. Je lis l'article; on dit: "Le
gouvernement peut, par décret, fixer une date autre que le 1er octobre.
" Le député de Fabre a dit que ça pourrait être le
1er novembre ou le 1er décembre. Est-ce que ça pourrait
également être le 1er septembre ou le 1er août?
Pourquoi?
M. Leduc (Fabre): Parce que c'est politiquement impossible.
M. Ryan: Mais d'après... Regardez ça si c'est
intelligent. C'est pour montrer le ridicule de cet alinéa. Je pense que
je vous en fais la démonstration par a plus b. C'est aussi simple que
ça. Avec cet article, le gouvernement pourrait le devancer et il
pourrait le retarder également. Cela vaut la peine d'avoir un
alinéa qui parle du 1er octobre. N'en mettez pas du tout dans la loi si
vous n'en voulez pas, d'échéance. Si vous en voulez une,
mettez-la. Si vous voulez la changer, vous changerez la loi, mais nous ne
voulons pas que cette affaire s'en aille dans le domaine du
discrétionnaire et de l'arbitraire gouvernemental. C'est pour cela que
nous discutons d'une loi. Et surtout, si vous nous demandez de discuter
sérieusement de la date du 1er octobre, que cela signifie quelque chose
et qu'on n'ait pas un alinéa ensuite qui puisse signifier n'importe quoi
d'autre que ce qui aura fait l'objet d'un débat et ensuite d'une
décision législative. C'est pour cette raison que j'appuie
entièrement la proposition du député de Fabre.
Je vous demanderais de m'excuser pour une quinzaine ou une vingtaine de
minutes, parce que je dois aller faire un discours à la Chambre sur un
projet de loi qui intéresse le magnifique comté d'Argenteuil.
M. Champagne: Est-ce qu'on pourrait demander le vote, par
exemple? Je demande le vote.
Le Président (M. Tremblay): Non, non. Une minutel Non, il
y a des gens qui ont demandé d'intervenir, M. le
député.
M. Champagne: Moi, c'est une question de directive. Là, on
est rendu à trois alinéas. Il y a une motion. J'étais
à me demander: Est-ce que les trois alinéas forment un tout et
chacun des députés a droit à 20 minutes ou bien si chacun
des députés a 60 minutes, parce qu'il y a l'article principal et
deux autres alinéas? C'est la question que je pose. Car M. le
député d'Argenteuil, tout à l'heure, a bien dit qu'il a
parlé des trois articles, enfin, de l'article principal et des deux
alinéas. Il a parlé plus de 20 minutes. Est-ce que, si je
comprends bien, il a encore le droit de parole sur l'amendement?
Le Président (M. Tremblay): Sans être formel, M. le
député, nous avons accepté de discuter de cet article
alinéa par alinéa. Donc, vous êtes correct de conclure que
chacun des députés a droit à 60 minutes pour discuter de
cet article.
M. Champagne: De chacun des...
Le Président (M. Tremblay): À 20 minutes par
alinéa, cela fait 60 minutes.
C'est ce qui se passe présentement. M. Champagne: Ah!
D'accord.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé a demandé la parole.
M. Parent: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse. Je m'excuse.
M. Parent:... vous m'avez donné la parole?
Le Président (M. Tremblay): Oui, oui, mais c'est parce
qu'il n'y avait personne qui m'avait demandé la parole.
M. Bérubé: Sur la question de directive...
M. Laplante: Ah non! Pardon! J'ai levé mon doigt cela fait
longtemps. Je m'excuse.
Le Président (M. Tremblay): Ah! Je m'excuse. Je ne l'avais
pas vu, M. le député de Bourassa.
M. Parent: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président ou
si je ne l'ai pas?
Le Président (M. Tremblay): Non, je m'excuse.
M. Bérubé: Sur la question de la directive que vous
avez donnée au député de Mille-Îles, M. le
Président, en fait, je pense, que vous avez mal saisi la question du
député de Mille-Iles. Le député de Mille-Îles
avait l'impression que nous étions ici pour étudier un projet de
loi et tenter de l'amender, de le modifier et de l'améliorer. Il n'avait
pas vraiment réalisé qu'il participait à un exercice
stérile organisé par l'Opposition pour nous faire perdre notre
temps, et je pense que c'est peut-être important de le lui souligner pour
qu'il comprenne peut-être un peu mieux le sens de la démarche qui
se déroule présentement.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, nous ne
pouvons pas présumer que l'Opposition,
délibérément...
M. Leduc (Fabre): Même si nous en avons la
démonstration.
Le Président (M. Tremblay):... utilise mal - je n'ose pas
utiliser le terme que vous avez utilisé - le temps de la commission. Il
appartient à l'Opposition d'utiliser le temps qui lui est dévolu
en vertu du règlement et cela comme elle le désire.
M. Bérubé: Je vais reprendre mes
paroles, M. le Président. Vous avez raison.
M. Champagne: M. le Président, une question
d'information.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Bérubé: Je n'aurais pas dû utiliser le mot
"délibérément". Je suis sûr qu'ils ne pouvaient pas
s'apercevoir de ce qu'ils faisaient.
Le Président (M. Tremblay): C'est votre opinion.
M. Champagne: M. le Président, seulement une question
d'information.
Le Président (M. Tremblay): Oui, sur une question
d'information.
M. Champagne; Je pense que mes collègues vont m'excuser.
Je n'étais pas ici ce matin ni cet après-midi. Je devais
être à l'Assemblée. Est-ce qu'on est rendu à
l'article 14? Est-ce que je peux présumer que les treize autres articles
précédents ont été adoptés pendant mon
absence?
Mme Lavoie-Roux: Ils ont été suspendus.
Le Président (M. Tremblay): Ils ont été
suspendus.
M. Champagne: Pendant mon absence? Alors, cela veut dire, si je
comprends bien, que, depuis hier matin, on délibère et il n'y a
aucun article qui a été adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Décidément,
j'admire votre perspicacité, M. le député.
Des voix: Ah! Ah!
M. Champagne: Enfin, je veux aller aux informations. Et je pense
que le projet de loi a 683 articles. Oui, d'accord.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa a la parole sur l'amendement.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je voudrais m'excuser
auprès de mon collègue, le député de Sauvé,
qui a réellement demandé la parole tout à l'heure, mais je
pense que cela le soulage que je puisse prendre la parole en attendant que le
député d'Argenteuil...
Mme Lavoie-Roux:... on va vous écouter.
Une voix: Absolument pas! Absolument pas!
M. Laplante:... revienne, parce que le député de
Sauvé, actuellement, a quelque chose que...
Une voix: Je regarde le spectacle. M. Laplante: Non.
Le Président (M. Tremblay): J'aimerais mieux, M. le
député, que vous soyez pertinent, par exemple.
M. Laplante: Malheureusement, il étrenne des nouvelles
dents et c'est embêtant quand on commence à parier avec cela. Il
voudrait s'habituer avant. Je vais essayer de prendre 20 minutes, M. le
député de Sauvé, en attendant que le député
d'Argenteuil arrive.
Le Président (M. Tremblay): Allez-y.
M. Laplante: M. le Président, je ne peux pas comprendre la
motion que le député de Saint-Laurent a présentée.
Elle ne concorde d'aucune façon avec les motions antérieures
qu'on a déposées depuis cinq ans. Si un gouvernement
s'apprête, dans un moment opportun, à se servir d'un décret
pour faciliter la tâche, pour qu'on ne soit pas obligé de revenir
devant l'Assemblée nationale avec une loi nouvelle et dire qu'on reporte
la date au mois de novembre, avec une autre loi pour la reporter au mois de
décembre, avec une autre loi pour la reporter au mois de janvier...
Une voix: C'est un beau livre...
M. Laplante: Non, je peux le fermer, parce que je connais tout
cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous nous le prêtez?
M. Laplante: Oui. Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Laplante: Cela ne me fait rien que vous fouilliez dedans. Il y
a quelque chose de significatif dans ce que le député
d'Argenteuil a dit tout à l'heure. C'est pour cela que j'aurais
aimé qu'il reste.
Mme Lavoie-Roux: On peut l'attendre. Une voix: On peut
l'attendre. Mme Lavoie-Roux: On peut suspendre. M. Laplante: Il a
dit: D'après moi...
M. Bérubé:... M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas impossible.
M. Laplante: C'est le député d'Argenteuil qui
parle. Il a dit: "D'après moi, le gouvernement va se servir de cela dans
une campagne électorale pour réaliser une de ses promesses. " Il
a dit: "Nous autres, on va être pris avec l'endettement de cela si on
prend le pouvoir. " Ce n'est pas cela qu'il a dit? Démentissez ces
paroles. Aujourd'hui, il veut nous forcer comme gouvernement, autour de cette
table, à dépenser 64 000 000 $. A-t-il de la suite dans les
idées, ce père-là?
Une voix:...
M. Laplante: Ce monsieur-là, je m'excuse.
Une voix: M. le Président.
M. Parent: M. le Président, un instant.
M. Laplante: Je m'excuse, je retire cela.
M. Parent: On parle du député d'Argenteuil
actuellement.
M. Laplante: Je le considère beaucoup et je ne le dis pas
dans un sens...
Mme Lavoie-Roux: Péjoratif. M. Laplante: Non.
Mme Lavoie-Roux: Dans un sens de respect.
M. Laplante: De respect, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je vous crois. Je le crois.
M. Laplante: Je le crois; c'est certain, avec M. le
député d'Argenteuil.
Une voix: Vous auriez pu dire: Le Saint-Père.
M. Bérubé: Le Saint-Père.
M. Laplante: Non, mais c'est-y comique un peu? Vous savez, M. le
député d'Argenteuil a une grande crédibilité. J'ai
beaucoup de respect pour ce grand monsieur-là.
Mme Lavoie-Roux: Beaucoup d'estime.
M. Laplante: Beaucoup d'estime aussi. Mais quand cette
affaire-là arrive, qu'il dit une chose comme celle-là, je dis:
Voyons, il est fatigué; il y a quelque chose qui se passe; il rêve
d'abord de venir au pouvoir. Il a le droit de rêver à cela, de
rêver réveillé surtout.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous rêvez d'aller dans
l'Opposition?
M. Laplante: Non. Des voix: Ah! Ah! Ah!
Une voix: Ce n'est pas un rêve. C'est une certitude.
M. Laplante: Après, il nous dit... Une voix: Il est
rendu à...
M. Laplante: C'est presque une leçon qu'il nous donnait
à ce moment-là. Il a dit: Faites pas les fous, les "boys"; faites
pas ce que l'autre gouvernement libéral a fait; n'endettez pas le
Québec pour que j'en sois responsable si jamais je viens au pouvoir. En
somme, c'est un peu cela qu'il nous a dit.
Mais il a dit aussi qu'on gaspillait dans l'éducation. Je me
demande à quelle place est le gaspillage là-dedans. Serait-ce
parce qu'on a pris le programme Passe-Partout? Pourrait-on enlever cela aux
enfants pour payer cela? Je ne le crois pas.
Un autre élément: est-ce qu'on doit diminuer les
subventions dans les cégeps?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, je voudrais vous rappeler à la pertinence.
M. Laplante: Oui, c'est la pertinence, M. le Président. Si
vous aviez bien suivi... Vous étiez en train de parler tout à
l'heure avec mademoiselle et vous en avez perdu un petit bout.
Le Président (M. Tremblay): Non, j'écoutais
très bien.
M. Laplante: En enlevant cet article-là, ce
paragraphe-là, M. le Président...
Une voix: On va changer de secrétaire.
M. Laplante:... c'est cela que cela apporte. On nous a
blâmés de gaspiller pour pouvoir, après, le donner et
réendetter la province. Mais si on a besoin d'argent pour cela, est-ce
qu'on doit aller le chercher dans les coupures des cégeps, des
universités? Le député d'Argenteuil, à plusieurs
reprises, à une dizaine de reprises, nous a demandé des
commissions spéciales pour essayer d'augmenter le financement des
universités. Dans les garderies peut-être, où ils font de
la prématernelle?
Mais je vaudrais savoir ceci des gens de l'Opposition: dans leurs
rêves à eux autres - souventefois on fait des rêves les yeux
fermés - à quelle place voient-ils, comment pourraient-ils
financer cette chose? Qu'iLs nous le disent. (21 h 15)
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, je suis obligé de vous rappeler que nous n'êtes pas
pertinent. Vous devriez normalement parler pour dire pourquoi on ne devrait pas
enlever cet alinéa.
M. Laplante: C'est justement cela. C'est pour cela, M. le
Président, que je dis qu'il ne faut pas enlever cet article, au cas
où l'on trouverait des solutions. C'est pour cela que je me pose toutes
ces questions, au cas où je trouverais des solutions pour appliquer un
décret pendant une campagne électorale. C'est ce qu'ils pensent.
Il me faut de l'argent quelque part. Je me pose la question et je demande
l'aide de l'Opposition. Ils tiennent eux aussi autant que moi à accepter
l'âge de cinq ans et à reculer ces mois. Tous ensemble, dans une
commission parlementaire, parce qu'il y a des députés savants
autour de cette table, nous devons nous aider à trouver des solutions et
essayer de gratter quelque part où on peut trouver l'argent pour en
arriver, justement, à un consensus. Dans le système,
actuellement, je ne trouve pas de place parce qu'on est toujours en demande
partout. Mais j'espère qu'avec la reprise de l'économie on se
servira de cet article, M. le Président. J'en suis positif, cela
répondra aux voeux de tout le monde autour de la table parce qu'on est
unanimes là-dessus.
M. le Président, ce que je demande au député de
Saint-Laurent, c'est d'avoir du regret d'avoir fait une telle motion. Il n'y a
pas de gêne, à ce moment là, nous sommes tous des
collègues. On ne le dira à personne. C'est de voter contre ou de
retirer une telle demande. Je pense que je vous ai apporté des arguments
solides. Bien voyonsl
Je vous ai apporté des citations du député
d'Argenteuil. Il a peur qu'on s'endette. Il a peur que le ministre arrive une
journée et qu'il endette le Québec en favorisant les petits
enfants: Retirez cela, dépêchez-vous. On ne le dira pas pendant
qu'il est en Chambre, en train de faire un discours. On va lui faire une
surprise.
M. le Président, je vais terminer sur cette demande pressante au
député de Saint-Laurent pour qu'il retire sa motion.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: M. le Président, à la suite des
arguments et des interventions de mon collègue, le député
de Bourassa, je suis très édifié des arguments qu'il a mis
de l'avant pour le retrait du paragraphe 3 de l'article 14. Lorsque l'on fait
une loi qui a pour objet de restructurer - pardon, je m'excuse, je suis
handicapé - le système scolaire dans la province, on le fait pour
redresser des choses et clarifier des situations. L'article 14, dans son
ensemble... On vous a fait connaître nos opinions sur cet article, on
vous a dit ce que l'on préférait. Ce que l'on
privilégiait, c'était de reporter la date du 1er octobre au 31
décembre ou au 1er janvier. Le gouvernement ne semble pas d'accord avec
nous. Il ne semble pas prêt, pour des raisons qui lui appartiennent et
qu'il a invoquées, à se rendre à la demande des
députés de l'Opposition.
Si le gouvernement n'est pas prêt, si le gouvernement croit que
c'est impensable que l'on puisse retarder la date d'échéance au
1er janvier, pourquoi, de façon logique, amène-t-il, au
paragraphe 3, l'article suivant qui dit, et je répète: "Le
gouvernement peut, par décret, fixer une date autre que le 1er octobre
pour la détermination de l'âge minimum de fréquentation
scolaire"?
Je pense que la qualité première d'une loi, c'est qu'elle
soit facile à administrer et qu'elle soit aussi facile de
compréhension de la part du public pour lequel elle a été
faite. Si le gouvernement a décidé ou décide dans sa
grande sagesse de fixer au 1er octobre la date d'admission à
l'école, je ne vois pas pourquoi, à moins qu'il n'ait des
intentions cachées qui n'apparaissent pas à l'intérieur de
cette loi, il se garde en réserve un paragraphe, justement pour changer
le pourquoi de l'article 14.
Je ne voudrais pas, M. le Président, qu'on donne un sens
péjoratif à ce que je vais dire, mais cela me semble tortueux.
Cela ne me semble pas clair. Si, l'on veut réellement que ce projet de
loi améliore quelque chose, rende les choses plus claires, rende les
choses plus précises, rende les choses plus faciles de
compréhension de la part du public, je pense que l'on doit tâcher
de retrancher à l'intérieur de ce projet de loi tout ce qui
pourrait devenir une ambiguïté ou porter à des
interprétations.
Vous savez, on a un peu raison de se demander pourquoi cet article est
là, si on regarde la déclaration de février 1981 de
l'ancien ministre de l'Éducation qui, lui, était prêt
à reporter l'âge d'admission du 30 septembre au 31 décembre
et de l'appliquer par étapes successives pour les années 1982,
1983, 1984. On est actuellement à la fin de l'année 1984 et le
gouvernement revient avec un nouveau projet de loi après avoir
essayé le projet de loi 40, avec un autre projet de loi qui est le
projet de loi 3. On nous revient encore avec une situation qui est loin
d'être claire. On dit que ce que l'ancien ministre de l'Éducation
a dit, cela ne s'applique plus. On s'en tient au 1er octobre.
On a avancé d'un mois. Par contre, ce qu'il, souhaitait et ce
qu'il nous promettait, on pourrait peut-être le donner par
décret.
Alors, je pense que, si on veut le donner par décret ou si on a
l'intention de le donner par décret, disons-le clairement ou enlevons-le
complètement. Lorsque le gouvernement se sentira les reins assez forts
ou lorsqu'il y aura eu assez de pression de la part du public, de la part des
parents, à ce moment-là, il arrivera et changera son projet de
loi. Je pense qu'on ne fait pas un projet de loi avec des "en tout cas". Un
projet de loi doit être clair et limpide et facile d'application.
Alors, c'est dans cet esprit, je pense... Pour ma part, j'appuie, je
m'arrange avec l'argumentation de mon collègue, le député
de Saint-Laurent, pour demander tout simplement, pour le plus grand bien de
l'application de ce projet de loi, si jamais il devient loi, que l'on retire
purement et simplement, sans faire d'histoire, le paragraphe 3 de l'article
14.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, M. le Président, on nous
accuse de l'autre côté de la table de faire des interventions
dilatoires. On nous prête certaines intentions, M. le Président.
En tout cas, je laisse le côté ministériel avoir ces
prétentions, mais je vous dirais, M. le Président, que, si on
peut bonifier la loi, je pense que c'est à l'avantage de tous les
participants à cette commission parlementaire et également
à l'avantage de tous les Québécois. J'ai droit à
une intervention de 30 minutes, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Vingt minutes.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vingt minutes. Je ne pense pas que je
vais l'utiliser. Je veux simplement bien montrer qu'il y a contradiction entre
le premier alinéa et le troisième.
Au premier alinéa, on dit: "Toute personne âgée de 5
ans, au 1er octobre d'une année... " Ensuite, au troisième
alinéa, on parle du 1er octobre: on ne parle plus de 5 ans, on parle
d'une date. Cela arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. On ne sait pas
trop à quoi cela se réfère. Comme disait le
député d'Argenteuil, on pourrait peut-être indiquer la date
du 1er août - je ne sais pas - du 1er juin. Toutes les dates, à ce
moment-là, pourraient être valables.
Je m'en prends surtout au fameux décret, à la
modalité qu'on utilise pour modifier la date. Alors, pourquoi
procéder par décret? Dans la Législature, tout le monde
prétend qu'il y a trop de décrets. Il faudrait qu'il y en ait
moins et qu'on soit transparent: si on procède à des
modifications, il faudrait que cela se fasse à l'Assemblée
nationale; c'est l'assemblée du peuple. C'est là vraiment qu'on
est en mesure d'expliquer à la population notre position, nos
politiques, nos lignes de conduite. C'est le seul endroit où vraiment on
a une visibilité. Je ne pense pas que les réunions du Conseil des
ministres aient beaucoup de visibilité. Qu'on le fasse donc d'une
façon claire, d'une façon transparente. De toute façon, on
serait au pouvoir et ce serait vous qui vous opposeriez au décret,
à cette fameuse formule de décret, d'arrêté en
conseil, de réglementation. Qu'on le fasse donc! En fait, ce sera une
étape, une décision importante. Qu'on le fasse donc au grand jour
de façon que tout le monde soit bien au courant et pour donner la chance
peut-être à la population d'applaudir à cette modification.
C'est cela, à mon sens, la transparence. On ne pourra pas trop
décrier la formule des décrets. Il y a eu même la fameuse
commission Vaugeois-French qui a bien établi qu'il fallait
peut-être diminuer le nombre de décrets, que les décisions
majeures et la législation se fassent à l'Assemblée
nationale.
Le député de Bourassa a indiqué que le gouvernement
n'avait pas d'argent pour répondre à la demande de la grande
majorité des parents qui voudraient que la date soit changée,
soit repoussée éventuellement au 1er janvier. Je le
répète, je serais d'accord qu'on le fasse par étapes. Je
vais dire au député de Bourassa que je vais lui en donner des
endroits où il pourrait aller chercher de l'argent.
L'an dernier, simplement pour annoncer un projet de 30 000 000 $, ce
gouvernement a dépensé en publicité 6 000 000 $. Il faut
le faire, M. le Président. Quand vous dépensez... Oui, monsieur!
Oui, pour annoncer le plan de relance de 30 000 000 $, cela a
coûté 6 000 000 $, pour annoncer un gros projet de 30 000 000 $.
Imaginez-vous donc! Un cinquième, 20%! Je ne vois pas une entreprise
privée qui pourrait fonctionner de cette façon. Si vous ajoutez
les 8 000 000 $ que vous êtes en train de dépenser pour "On s'est
donné des forces" et pour les autres formes de publicité qui
coûtent environ 7 000 000 $ ou 8 000 000 $, tout de suite il y a 15 000
000 $ qu'on pourrait affecter à cette nécessité, je
dirais, en 1984, de modifier la date d'accès aux enfants de
l'école primaire.
Je l'ai dit, c'est une question de choix. Il est sûr que, si un
gouvernement considère que ce n'est pas une priorité, il va le
mettre de côté. Mais je dis... Pour nous, en tout cas, c'est une
priorité, l'accès aux écoles pour les jeunes, de
façon que peut-être ils puissent finir plus rapidement et que cela
leur donne une année de plus pour se
perfectionner, aller chercher des connaissances additionnelles. C'est
une modification qui est demandée. C'est bien sûr que, si un
gouvernement ne veut pas en faire une priorité, il va invoquer le fait
qu'il n'a pas d'argent. On pourrait dire également qu'il pourrait en
trouver ailleurs. Il pourrait en trouver suffisamment ailleurs pour
répondre à cette modification. (21 h 30)
M. le Président, je n'utiliserai pas tout mon temps de 20
minutes. C'est suffisant pour vous dire que ce n'est pas de l'obstruction
systématique qu'on fait. Ce qu'on veut, c'est strictement bonifier la
loi. On pense que cet article devrait être modifié de façon
à enlever le dernier paragraphe. Qu'on soit transparent. Qu'on indique
vraiment nos couleurs. Qu'on dise au grand jour à la population:
Actuellement, c'est le 1er octobre, mais lorsqu'on aura les moyens, lorsqu'on
en fera une priorité, on modifiera la date. Vous le ferez, à ce
moment, au grand jour à l'Assemblée nationale, soit par une
déclaration ministérielle ou par un projet de loi. On
connaîtra exactement et la population connaîtra exactement en
même temps que nous la modification, la teneur de cette modification. Et
comme on vous le disait: Les gens auront peut-être l'occasion d'applaudir
cette mesure. Merci.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Nous passons au vote.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais juste vous demander - je n'ai pas
l'intention d'intervenir sur cet amendement - si on vote paragraphe par
paragraphe?
Le Président (M. Tremblay): Il y a un amendement
présentement au troisième paragraphe...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Une fois que cet amendement sera
accepté ou rejeté...
Le Président (M. Tremblay):... qui vise à
l'éliminer.
Mme Lavoie-Roux: Après cela, est-ce qu'on va revenir sur
l'article en totalité?
Le Président (M. Tremblay): Je n'ai pas eu de demande.
Mme Lavoie-Roux: Mot, j'aimerais y revenir pour poser deux...
Le Président (M. Tremblay): Oui, après cet
amendement...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay):... on va revenir à
l'article, oui.
Mme Lavoie-Roux: En totalité. D'accord. Il y a deux
questions que je voudrais poser au ministre.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Vu qu'il n'y a
personne qui me demande la parole, je mets aux voix l'amendement proposé
par le député de Saint-Laurent: Que le troisième
alinéa de l'article 14 soit retiré. Quels sont ceux qui sont
d'accord avec cette proposition?
Des voix: Vote nominal.
Le Président (M. Tremblay): Vote nominal. Je vais sortir
mon document. M. le député de Verchères? M. le
député d'Argenteuil n'est pas là non plus. M. le
député de Mille-Îles?
M. Champagne: Je vote contre l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Je vote pour l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon? Absent. Mme la députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Cinq contre quatre,
l'amendement est rejeté. Nous revenons aux discussions portant sur
l'article 14. Mme la députée de L'Acadie.
Reprise du débat sur l'obligation de
fréquentation scolaire
Mme Lavoie-Roux: Il y a deux questions précises que
j'aimerais poser au ministre en fonction de l'ensemble de l'article 1. Je sais
que, à la suite de la promesse que votre prédécesseur a
faite au moment de l'adoption, le gouvernement entendait retarder au mois de
novembre, c'est-à-dire décréter soit au mois de novembre
ou soit au mois de décembre l'admission des enfants à
l'école. Est-ce qu'il y a eu une espèce de tolérance... Ce
n'est peut-être pas le bon mot, mais je n'en trouve pas de meilleur
à ce moment-ci. Il y avait possibilité de dérogation
à cette règle. Ce serait le bon terme, je pense. Je dois dire,
à ma satisfaction, que, dans une couple d'occasions, des gens de mon
comté ont pu bénéficier de cette dérogation si on
jugeait qu'un enfant qui avait déjà fait la maternelle,
plutôt que de la lui faire répéter, il pouvait obtenir
cette dérogation. Est-ce qu'on pourrait me dire si cette
dérogation est encore possible? Dans quelle mesure est-elle
utilisée? C'est ma première question.
M. Bérubé: Oui, elle est possible.
Deuxièmement, dans quelle mesure elle est utilisée, je vais vous
donner les détails. Je l'avais sous les yeux. Je l'ai feuilleté
cet après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Maintenant, est-ce que le ministre pourrait
nous dire si les conditions où cette dérogation a
été utilisée, s'appliquaient à des enfants qui
étaient entrés en classe maternelle dans une école
privée avant d'avoir atteint cinq ans le 1er octobre? Ils avaient agi -
les détails me reviennent - sous l'effet de l'engagement verbal pris par
le ministre. Lorsqu'ils sont arrivés pour entrer en première
année, ça n'avait pas été changé et ils ne
pouvaient pas entrer en première année.
Quelles sont, aujourd'hui, les raisons qui peuvent motiver cette
dérogation, parce que cette condition-là n'existe plus
étant donné que, pendant un an, j'imagine que cela a pu
fonctionner? Les parents sont allés de bonne foi inscrire leurs enfants,
mais, pour la deuxième année, ils savaient que ça n'avait
pas été changé. Est-ce qu'on pourrait me dire quels sont
les critères qui pourraient être utilisés pour recouvrir
à cette dérogation?
M. Bérubé: Nous avons à peu près 200
à 300 dérogations par année. Quant aux justifications
possibles, il y a huit cas qui sont soumis à l'administration pour
évaluation. Par exemple, les très faibles densités de
population qui peuvent amener une volonté de regrouper des enfants
pour...
Mme Lavoie-Roux: Pour constituer une classe complète?
M. Bérubé:... les socialiser plus rapidement,
c'est-à-dire ramener les enfants en milieu de groupe plus rapidement,
disons.
Il y a également les problèmes de déficience
intellectuelle, physique, les perturbations socio-affectives comme étant
un deuxième type de cas.
Mme Dougherty: C'est l'inverse.
Mme Lavoie-Roux: La question que je pose, c'est à
l'inverse. Je ne parie pas des dérogations en fonction du
deuxième paragraphe. Je parle des dérogations qui permettent
à un enfant qui aurait des aptitudes, qu'on sentirait prêt pour la
première année...
M. Bérubé: Pour aller à l'école plus
rapidement?
Mme Lavoie-Roux:... pour aller à l'école plus
rapidement.
M. Bérubé: C'est exactement ce que je vous donne.
Dans le cas d'enfants souffrant de déficiences intellectuelles,
physiques, perturbations socio-affectives, on peut autoriser leur entrée
à l'école plus rapidement.
Nous avons également des cas reliés à des
affectations temporaires de personnes qui sont allés en séjour
temporaire à l'étranger ou qui viennent en séjour
temporaire au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui, ça va pour ça.
M. Bérubé: En vue de garder une intégration
avec leur système scolaire étranger, à ce
moment-là, on permet effectivement que l'enfant puisse aller à
l'école plus tôt. Cela s'applique aussi bien à des
étrangers qui viennent ici en affectation temporaire qu'aux cas de
Québécois ayant été...
Mme Lavoie-Roux: Ayant séjourné à
l'extérieur.
M. Bérubé:... en affectation temporaire à
l'étranger, sous juridiction d'un système étranger et qui,
revenant au Québec, ont déjà inscrit des enfants à
l'école et, à ce moment-là, veulent continuer.
Nous avons le cas d'enfants qui ont complété une classe
maternelle hors Québec.
Nous avons également des enfants nés hors Québec et
adoptés légalement par des Québécois, mais pour
lesquels le certificat de naissance est douteux. Nous avons un enfant qui a
complété une prématernelle dans un système
d'éducation en dehors du Québec. Nous avons un enfant né
d'accouchements différents, mais moins d'un an avant un autre enfant de
la même famille. Ce sont les huit cas qui font présentement
l'objet d'approbation automatique.
Mme Lavoie-Roux: Ma question précise est celle-ci. C'est
une dérogation en fonction d'un enfant qui n'est pas de
l'extérieur du Québec, qui n'a pas débuté ailleurs,
mais une dérogation strictement en fonction d'un enfant que son
professeur de maternelle, par exemple, jugerait vraiment prêt à
faire la première année parce que ses parents l'ont
stimulé davantage à la maison. Est-ce qu'il. pourrait encore
être l'objet d'une dérogation? L'autre dérogation, il
semble qu'on l'ait appliquée pour un an, compte tenu des promesses que
le ministre avait faites, mais, dans cet autre cas... Est-ce qu'il y a des
possibilités de dérogation reliées strictement au fait
qu'un enfant montre vraiment des aptitudes assez exceptionnelles? Est-ce que ce
serait encore possible?
M. Bérubé: On me dit que c'est la commission
scolaire qui peut appliquer un tel règlement. C'est lorsque la
commission scolaire constate que l'enfant n'a pas véritablement besoin
de suivre son cours de maternelle qu'il peut accéder directement
à la première année. À ce comment-là, la
commission scolaire peut l'autoriser à passer directement en
première année.
Mme Lavoie-Roux: Avec une approbation du côté du
ministère. Cette porte est toujours ouverte, en fait.
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Sauf que les parents ne le savent pas. C'est
vraiment un jugement de... Les parents peuvent le demander à la
commission scolaire, mais c'est très peu connu, je pense, comme
règle de fonctionnement.
M. Bérubé: Je l'ignore.
Mme Lavoie-Roux: Voici la question que je voulais vous poser, M.
le ministre: Est-ce que vous jugez - sans faire des grandes affiches
publicitaires dans les journaux - que ceci pourrait être connu un peu
plus du public?
M. Bérubé: Je suis toujours réticent
à toutes les campagnes de publicité.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je suis d'accord. Mais je pense que vous
savez ce que je veux dire. On pourrait quand même sensibiliser les
parents au fait que c'est une possibilité, ou encore que les
écoles savent que c'est une possibilité pour des enfants plus
doués ou plus avancés.
M. Bérubé: Ce n'est certainement pas une
procédure régulière et le danger d'en faire une
publicité, c'est de laisser croire aux parents qu'il s'agit d'une avenue
courante et, à ce moment-là, de susciter des attentes qui ne
seraient pas satisfaites, éventuellement.
Mme Lavoie-Roux: Tant que vous n'aurez pas officiellement pris
une décision dans ce sens. Il reste quand môme une porte ouverte;
c'est ce que je voulais savoir.
Ma deuxième question. Vous parlez d'une fréquentation
obligatoire pour toute personne âgée de cinq ans. Enfin, ce n'est
pas sur la date que j'en ai. Quelles sont les mesures prises par le
ministère pour s'assurer que cette obligation est respectée et
respectée selon les normes, si je peux dire, ou selon les programmes du
ministère de l'Éducation? Je vais aller un peu plus loin pour
vous obliger à deviner ce que je veux dire.
J'ai à l'esprit, par exemple, et j'imagine que ce qui doit vous
venir à l'esprit, évidemment, c'est l'exemple, à
Saint-Jovite, des Apôtres de Saint-Jean...
M. Bérubé:... de l'amour infini.
Mme Lavoie-Roux: Mais il y a maintenant d'autres...
M. Bérubé: En fait, c'est ce qui nous
caractérise, nous tous, autour de cette table.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais il y a d'autres sectes religieuses.
Là, ce n'est pas une blague que je pose au ministre. Je voudrais qu'il
la traite sérieusement. Il y a d'autres...
M. Bérubé: C'est d'ailleurs ce qui m'amène
à constater régulièrement que les interventions de la
députée de L'Acadie s'élèvent nettement au-dessus
de celles de ses collègues du Parti libéral.
Mme Lavoie-Roux: Je vais être obligée
d'arrêter, parce que mon jugement n'est pas le même sur cette
question-là. Mais je reviens à ma question...
M. Bérubé: C'est également une question
d'humilité et cela vous honore également.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si
c'est une façon de me faire taire.
M. Bérubé: Non, au contraire, je
préfère de beaucoup que vous parliez, plutôt que vos
collègues.
M. Ryan: On va vous retrouver, ce ne sera pas long.
Mme Lavoie-Roux: On va en venir à la question
précise, si vous voulez. Il y a d'autres sectes religieuses maintenant
j'oublie celle des Apôtres de l'amour infini -qui ouvrent des
écoles avec des gens non qualifiés, avec des enfants qui sont
dans ces écoles-là. Un peu de la même façon que je
demanderais au ministère des Affaires sociales quelles sont les mesures
qu'il prend, par exemple, pour déceler les folies illicites ou des
choses comme ça, je demande au ministère de l'Éducation
quels sont les outils qu'il a justement pour faire que cette obligation de
fréquentation scolaire, selon les règles établies par le
ministère de l'Éducation, soit respectée.
M. Bérubé: On me dit qu'il n'y a aucun
système d'inspection ministériel et que le contrôle est
assuré par les commissions scolaires en place. La solution,
généralement, aux problèmes que vous soulevez
réside dans la délivrance d'un permis du ministère qui
n'entraîne pas nécessairement de subvention. C'est un permis du
ministère et, à ce moment, un contrôle par le
ministère du contenu de l'enseignement.
Mme Lavoie-Roux: Mais ces gens n'ont pas de permis.
M. Bérubé: À ce moment-là, c'est la
commission scolaire sur le territoire qui procède au contrôle, de
la même façon que, lorsqu'un enfant reçoit une indication
au sein de sa famille, sans aller à l'école, pour des raisons que
les parents peuvent invoquer, il appartient à la commission scolaire de
décider si cela est acceptable ou non. (21 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je suis certaine que le ministre se
rend compte, par exemple, que, sur un territoire comme l'île de
Montréal, quelle que soit la commission scolaire, est-ce qu'à
votre connaissance il y a eu des commissions scolaires qui, disons, dans les
deux dernières années, vous ont alerté à ce type de
situations?
M. Bérubé: On ne devrait pas dire qu'on sait qu'il
y a trois cas connus puisque ceux que l'on ne connaît pas on ne le sait
pas, mais disons que nous sommes au courant de trois cas, à l'heure
actuelle, d'écoles du type dont vous parlez.
Mme Lavoie-Roux: Quelles sont les actions, à ce moment,
que le ministère pose?
M. Bérubé: C'est à la commission scolaire de
prendre les actions et non pas au ministère.
Mme Lavoie-Roux: Mais est-ce qu'on fait fermer les écoles?
Est-ce qu'on...
M. Bérubé: La commission scolaire peut certainement
prendre des recours juridiques pour faire fermer les écoles.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'à votre connaissance les
commissions scolaires concernées par ces situations ont pris des actions
juridiques?
M. Bérubé: On n'a jamais eu de cas. Les
Apôtres de l'amour infini...
Mme Lavoie-Roux: Non, j'oublie les Apôtres de l'amour
infini. Je parle d'autres cas maintenant. Des sectes.
M. Bérubé:...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le sous-ministre peut parler un peu
plus fort, on comprendrait.
M. Bérubé: Il me fera plaisir de vous transmettre
simplement l'information.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: En fait, c'est la curiosité qui
vous amène à tendre l'oreille, mais le sous-ministre
n'intervenait pas publiquement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bérubé: En fait, ce que l'on me dit, c'est
qu'à l'heure actuelle il n'y a pas eu de recours juridiques de pris mais
il y a un dialogue entre les commissions scolaires locales et les conseils
d'administration de ces écoles pour régulariser leur situation.
Mais il n'y a pas eu de recours à ce jour.
Mme Lavoie-Roux: On aura l'occasion d'en parler à d'autres
articles, je ne retarderai pas la discussion. Dans la situation actuelle
où on assiste de plus en plus à des abus d'enfants, on peut
abuser d'eux non seulement... On parle toujours de l'abus sexuel ou de l'abus
physique, mais il y a aussi une forme d'abus moral, une forme d'abus
psychologique. Je ne sais pas comment on pourrait traiter l'enfant à qui
on ne donne pas la chance de vraiment profiter de ce que le système
d'éducation offre. Je veux signaler cela au ministre et à son
ministère parce qu'il existe assurément des cas. Je pourrais
même lui en signaler. Ce sont peut-être les mêmes que ceux
dont le ministre a
fait état. Je pense que c'est un problème sur lequel il y
a maintenant de plus en plus nécessité de parler. Avant,
c'étaient vraiment des cas isolés et très
isolés.
D'accord, je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, étant donné que
l'ambiguïté que j'avais signalée à l'attention du
gouvernement ne fait l'objet d'aucune réaction de l'autre
côté, sinon d'une explication de la part du député
de Fabre qui réapparaissait insatisfaisante, je voudrais proposer
à l'alinéa 3 l'amendement que voici.
Le Président (M. Tremblay): J'écoute.
Motion proposant de reporter entre le
1er octobre et le 1er janvier la date de
naissance pour l'âge d'entrée à
l'école
M. Ryan: Je vais lire la proposition amendée et,
après cela, je vais vous la donner en langage technique, si vous me
permettez. Vous aurez une idée claire de ce que je veux signifier.
Peut-être que vous déclarerez ma proposition irrecevable, cela
fera gagner du temps, mais je pense que vous allez l'accepter sans
difficulté. Vous allez voir qu'il y a toute la considération
voulue pour la partie financière qui incombe au gouvernement.
La motion amendée et l'article amendé pourraient se lire
comme suit: "Le gouvernement peut, par décret, dans la mesure de ses
moyens financiers, fixer une date autre que le 1er octobre, entre le 1er
octobre et le 31 décembre, pour la détermination de l'âge
minimum de fréquentation scolaire. Ce décret est publié
à la Gazette officielle du Québec. "
L'amendement consisterait précisément en ceci, M. le
Président. Après les mots "par décret" seraient
ajoutés les mots "dans la mesure de ses moyens financiers" et
après les mots "le 1er octobre" seraient ajoutés les mots "entre
le 1er octobre et le 31 décembre".
Le but de l'amendement est double - je pense que la secrétaire
est en train de le transcrire - et éminemment constructif, je pense.
Tout d'abord... Non, c'est le gouvernement qui détermine...
Le Président (M. Tremblay): Il faudrait nous fournir
l'amendement par écrit, pour qu'il n'y ait pas de confusion. Je ne
connais pas la sténo, M. le...
M. Ryan: Mon secrétaire a déjà une bonne
initiation; mon collaborateur, excusez! À moins que vous n'ayez des
doutes, M. le Président, je présume que vous le considérez
comme recevable.
Le Président (M. Tremblay): Il y a le député
de Bourassa qui veut se prononcer sur la recevabilité. Je vais d'abord
l'entendre.
M. Ryan: Je parlerai tantôt sur la recevabilité.
M. Laplante: M. le Président, c'est peut-être un
défi que je vais vous lancer. Depuis qu'il existe des commissions
parlementaires sur les lois qu'on étudie article par article, je vous
défie de trouver une seule fois une motion qui dit au gouvernement "si
vous en avez les moyens". Cela ne se met pas dans une loi. Je vous défie
de le trouver. M. le Président, il y a aussi des avocats qui sont ici;
il ne faut pas être juriste longtemps pour s'apercevoir que cela ne peut
pas être dans une loi. Qui déterminerait les moyens du
gouvernement? C'est le gouvernement, oui, mais comment, après cela, le
mettre en application d'une façon logique, honnête? Parce que cela
ferait toujours l'objet de discussion entre une position de l'Opposition ou des
Oppositions et le gouvernement.
Dans sa forme même et dans le raisonnement même, ce genre de
motion est inacceptable. Et si vous n'êtes pas sûr de la
décision que vous aurez à prendre, je vous conseille fortement de
suspendre cette motion et de la donner à vos conseillers pour qu'ils
puissent trouver au moins une seule fois une motion qui aurait la queue d'une
ressemblance avec cela.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, à moins que vous ne
m'indiquiez que vous êtes prêt à trancher favorablement, je
voudrais vous faire part de quelques observations.
Le Président (M. Tremblay): Je crois que vous devriez me
faire part de vos observations. Nous avons tout le temps.
M. Ryan: Dans un amendement, il y a deux parties. Il y a la
première partie: "dans la mesure de ses moyens financiers. " Je sais que
c'est un peu inusité, mais ce que le gouvernement veut se faire octroyer
est également très inusité. Nous avons eu un débat
pendant toute la journée au cours duquel j'ai cru comprendre que le
gouvernement était aussi acquis que l'Opposition à l'idée
de reporter la date de la naissance pour l'admission à l'école du
1er octobre au 31 décembre et que la seule raison qui l'empêchait
de le faire était d'ordre financier. Je voulais rappeler cet
élément du débat qui s'est dégagé au cours
de la journée. Il me semble que, sous la forme où il est
présenté, il est peut-être inusité, mais il ne me
semble pas
inacceptable à la lumière des règles qui doivent
gouverner nos délibérations. Et si, du côté
ministériel, on considérait que c'est un amendement qui n'est pas
acceptable, on peut voter contre, mais je ne pense pas qu'on puisse
alléguer qu'il est irrecevable.
En deuxième lieu, l'autre partie de l'amendement est très
simple. Il s'agit de modifier la date qui est là de manière
à dissiper l'ambiguïté à laquelle j'ai fait allusion
plus tôt et qui n'a pas été corrigée jusqu'à
maintenant. Et je vais vous dire une chose en bon prince. C'est que, si vous
deviez décider, dans votre sagesse, que la première partie de
l'amendement est irrecevable, je plaiderais et je pense que je n'aurais
même pas besoin de plaider auprès de vous pour que vous
considériez la seconde partie au moins comme recevable. Il n'y aura pas
de débat avec moi, car c'est la deuxième partie qui
m'intéresse davantage. Mais je pensais que la première partie
allait de soi pour le gouvernement étant donné les choses que
nous avons entendues au cours de la journée. C'est comme cela que je
vois le problème.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation, sur ia recevabilité. M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Est-ce que vous pouvez le relire, M. le
Président, vu qu'on n'a pas l'amendement devant les yeux?
Le Président (M. Tremblay): Oui, il est maintenant
possible de relire cette proposition. Je vous la relis immédiatement:
Remplacer la première phrase du troisième alinéa... Ce
n'est pas ça, on recommence.
M. Ryan: M. le Président, si vous êtes prêt
à accepter la deuxième partie, je pourrais retirer la
première pour des fins de collaboration et de compréhension
réciproques.
M. Bérubé: La deuxième partie serait
acceptable.
M. Ryan: Dès qu'on a la collaboration de l'autre
côté, ça marche.
Le Président (M. Tremblay): Vous voulez toujours que je
vous la lise intégralement?
M. Ryan: Attendez un peu.
M. Leduc (Saint-Laurent): Disponibilité financière,
ça nous va très bien.
M. Leduc (Fabre): On sait que ça vou3 va très bien,
mais ce qu'on vous dit, c'est que ça ne peut pas aller dans la loi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais je pense que le ministre est
d'accord, dans sa sagesse, pour...
M. Bérubé: Je' suis d'accord avec le
deuxième membre de la proposition, mais non le premier.
M. Parent: M. le Président, je voudrais demander au
ministre pourquoi il n'est pas d'accord avec le premier.
Le Président (M. Tremblay): Écoutez, il y a une
façon très simple de faire ça; c'est de mettre la
proposition sur la table et il va vous le dire. Je vous lis la proposition
telle qu'elle a été présentée par le
député d'Argenteuil et vous en disposerez à votre guise,
comme il est normal pour la commission. Au troisième alinéa de
l'article 14, ajouter après les mots "par décret" les mots "dans
la mesure de ses moyens financiers" et ajouter, après les mots "1er
octobre", les mots "entre le 1er octobre et le 1er janvier".
À mon avis, elle n'est pas formulée correctement parce
qu'on devrait d'abord ajouter, après les mots "1er octobre", les mots
"et le 1er janvier". Si je le faisais comme ça, exactement
comme elle est là et que je la transposais dans le texte, ça
donnerait: "Le gouvernement peut, par décret, dans la mesure de ses
moyens financiers, fixer une date autre autre que le 1er octobre, le1er octobre et le 1er janvier. "
M. Ryan: Entre le 1er octobre et le 1er janvier.
M. Leduc (Saint-Laurent): Entre.
Le Président (M. Tremblay): Vous voulez qu'on
enlève "le 1er octobre" et qu'on le remplace par "entre le
1er octobre et le 1er janvier".
M. Ryan: "... une date autre que le 1er octobre, entre le 1er
octobre et le 31 décembre. "
Le Président (M. Tremblay): D'accord, cela a de
l'allure.
M. Ryan: Cela va, ça?
Le Président (M. Tremblay): D'accord. (22 heures)
M. Ryan: Le reste est un problème de calligraphie.
M. le Président, est-ce que vous voudriez rendre une
décision sur la recevabilité de la première partie de
l'amendement?
M. Bérubé: J'aimerais intervenir sur la
recevabilité.
Le Président (M. Tremblay): Sur la recevabilité,
oui.
M. Bérubé: M. le Président, je crois que la
motion telle qu'elle est présentée là est irrecevable au
sens où le législateur n'est pas censé parler pour ne rien
dire et, par conséquent, si l'on introduit le concept "dans la mesure de
ses moyens financiers", il faut donc que la loi prévoie, par ailleurs,
comment on mesurera les moyens financiers du gouvernement et, à ce
moment-là, comme la loi ne le prévoit pas, cet ensemble de mots
constitue un membre inutile de l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, sur la recevabilité.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je voudrais
bien qu'on maintienne les mots "moyens financiers" ou, ce qui m'irait
très bien, "dans la mesure des disponibilités
financières", comme l'a suggéré le ministre. La raison est
bien simple: la seule raison qu'on nous a donnée de l'autre
côté de la table pour ne pas modifier le 1er octobre - on nous l'a
dit à satiété, constamment depuis le début de
l'étude de ce troisième alinéa - ce sont les moyens
financiers. L'État n'a pas les moyens financiers pour satisfaire cette
demande. Je trouvais que c'était absolument logique et raisonnable
d'indiquer "dans la mesure des disponibilités financières ou des
moyens financiers", strictement pour cette raison-là. J'aurais
peut-être dit: "selon les priorités". J'aurais peut-être
préféré "selon ses choix prioritaires", mais le ministre a
suggéré "disponibilités financières". Cela me va
très bien, mais je ne voudrais pas insister. Je ne voudrais pas
intervenir outre mesure parce qu'on voudrait peut-être passer à
d'autres articles, mais c'est bien clair que, de l'autre côté de
la table, on a tellement insisté sur la question des moyens financiers.
On a insisté sur la raison pour laquelle on ne voulait pas modifier cet
alinéa. C'était strictement la question des moyens financiers. Je
voudrais bien qu'on le mette dans l'alinéa sans vouloir en faire un
plat, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Cet après-midi, on
s'est entendu sur quatre critères qui font qu'une motion de l'Opposition
est recevable.
M. Bérubé: Vous parliez simplement de la question
du caractère financier de l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Non, il y en avait quatre. Je
vous les rappelle.
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: J'aimerais entendre les quatre
considérations.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Ces quatre
considérations sont... Je vous lis le texte que vous nous avez si
gentiment prêté, M. le député d'Argenteuil: "Une
motion présentée par un député de l'Opposition qui
n'a pas un caractère exécutoire (d'avis) qui n'a pas une
implication directe sur les dépenses d'argent, qui est exprimée
en termes généraux, sans chiffres, est une motion abstraite dans
le sens du dernier paragraphe de l'article 64. "
M. Bérubé: Sur la recevabilité, M. le
Président. Je voudrais peut-être essayer d'éclairer le
débat pour vous aider à prendre une décision.
Le Président (M. Tremblay): Je vous avoue que je n'ai pas
encore de décision de prise et j'accepterais encore des avis sur la
recevabilité.
M. Bérubé: M. le Président, vous citez
effectivement une règle d'interprétation quant à la
recevabilité d'une motion. En effet, la règle que vous venez de
nous citer ne porte que sur l'aspect de l'impact sur les dépenses
gouvernementales d'une motion proposée par l'Opposition. Il se pourrait
fort bien qu'après analyse - là-dessus, je ne veux pas forcer
votre interprétation - vous tiriez la conclusion que la motion
présentée par l'Opposition a effectivement un impact
budgétaire et vouliez la rejeter à ce titre. Mais même si
la motion n'avait pas d'impact budgétaire, elle pourrait
également être non recevable à d'autres titres. Je veux
donc vous éviter de ne considérer comme seuls critères de
recevabilité que les critères d'impact budgétaire d'une
motion. Or, en l'occurrence, l'Opposition pourrait plaider qu'elle n'a pas
d'impact budgétaire direct puisqu'elle laisse au gouvernement le soin de
décider de la date, qu'elle n'est donc pas exécutoire, que, si
elle a un impact budgétaire, ce n'est qu'après décret
gouvernemental et, à ce titre, le gouvernement n'est donc nullement
obligé de faire la dépense. Donc, si vous tentiez de juger cette
proposition d'amendement uniquement sur la foi de l'engagement
budgétaire qu'elle entraîne pour le gouvernement, vous pourriez
être porté à écouter certains arguments de
l'Opposition qui, cependant - je dois vous le souligner -n'épuiseraient
en rien les arguments que l'on doit invoquer pour demander la
non-recevabilité de la motion. Je crois que, personnellement, les
arguments les plus
importants que l'on doit invoquer dans ce cas-ci ont surtout trait au
caractère inutile du premier membre de la proposition puisque la loi ne
prévoit aucun mécanisme pour décider de la
disponibilité budgétaire pour une dépense ou une autre et
que ceci ouvre la porte à des interprétations possiblement
abusives et des contestations juridiques puisque la loi n'a pas prévu un
cadre permettant l'interprétation de cette phrase.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, j'attire votre attention sur le
mot "peut" qui est déjà dans le texte de l'alinéa et qui
demeurerait dans le texte amendé par la proposition. Par
conséquent, il n'y a pas d'injonction à l'endroit du
gouvernement. Il n'y a pas de directive qui lui est donnée. Il n'y a pas
d'ordre de quelque manière que ce soit. C'est le gouvernement "peut". Je
pense que c'est un mot qui pourrait faire partie de votre réflexion.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, on sait que, dans la
loi, le mot "peut" signifie que le gouvernement a le pouvoir de. Le
gouvernement a le pouvoir de décréter. Or, l'amendement du
député d'Argenteuil, qui fait ajouter "dans la mesure de ses
moyens financiers", soumet le pouvoir de décréter du gouvernement
à une condition: c'est qu'il en ait les moyens financiers. Or il me
semble qu'un texte de loi doit être clair. Qui va évaluer les
moyens financiers? Ce ne peut être que le gouvernement lui-même
puisqu'il s'agit de moyens financiers qui sont jugés par la politique ou
par les décisions politiques du gouvernement. Donc, un juge ne pourrait
faire une évaluation objective de ces moyens financiers et l'article en
question deviendrait donc inapplicable puisqu'une loi n'est pas faite que pour
le gouvernement, mais une loi est faite pour la population. Une loi est faite
pour être interprétée par un tribunal, ce qui devient
impossible, M. le Président, si on accepte l'amendement du
député d'Argenteuil qui soumet, encore une fois, le pouvoir de
décréter à une condition que le gouvenement est seul
à pouvoir évaluer.
Le Président (M. Tremblay): Je me prépare à
déclarer cette proposition recevable pour deux raisons. La
première, c'est qu'il ne m'a pas été
démontré que cette proposition ne se conforme pas aux
critères que nous avons déjà établis, y inclus
l'implication financière du gouvernement. La deuxième raison
qu'on a invoquée selon laquelle cette proposition contenait trop de mots
ou trop d'idées, je pense qu'il n'appartient pas à la
présidence de déterminer cette chose, mais il appartient aux
législateurs et aux membres de la commission de déterminer si la
proposition rejoint les aspirations des législateurs et, pour cette
raison, il suffira d'en débattre, de l'adopter ou de la rejeter.
M. le député d'Argenteuil, vous avez la parole sur votre
amendement. Je le déclare recevable.
M. Ryan: M. le Président, je vous remercie de la
décision que vous avez rendue et que nous acceptons comme toutes les
autres que vous avez rendues jusqu'à maintenant, sans commentaire.
À l'appui de la résolution, je ne veux pas parler
très longuement. Je veux simplement rappeler l'essentiel. L'essence de
la première partie de l'amendement: "dans la mesure de ses moyens
financiers" est la suivante: nous voulons qu'il y ait un certain engagement de
la part du gouvernement vers l'objectif que nous avons défendu et auquel
le gouvernement a affirmé à maintes reprises qu'il
souscrivait.
Si c'est écrit clairement que "le gouvernement peut, dans la
mesure de ses moyens financiers", cela veut dire qu'il est acquis à
l'objectif, il accepte l'objectif. C'est pour cela qu'on a cet alinéa
supplémentaire dans la loi. Là, il y a une raison pour l'amener;
autrement, il n'y en aurait pas. Tel que l'alinéa est formulé
actuellement, on est en plein arbitraire. Cela peut aller, comme je l'ai
démontré, je pense, avant le 1er octobre; cela peut
aller après le 1er octobre. On ne sait pas du tout à quoi s'en
tenir et, à ce moment, le premier alinéa risque de devenir
complètement dépourvu de sens.
Mais si on ajoute l'amendement comme il est formulé, le
gouvernement nous dit: Nous sommes d'accord sur l'objectif et cela va
être bon pour le gouvernement lui-même auprès des parents
qui ont des enfants dont l'admission à l'école est rendue plus
difficile ou retardée à cause de la loi actuelle. Le gouvernement
pourra dire: Nous avons accepté de mettre cela dans la loi, c'est un de
nos objectifs, finalement.
Nous autres, un des grands objectifs que nous visons - je l'ai dit
à l'occasion du débat de deuxième lecture - c'est de
favoriser, élargir et étendre les frontières de
l'accessibilité. Nous avons dit que c'est un de nos objectifs de fond et
l'accessibilité comporte une dimension de gratuité. C'est
évident; pour que l'école soit accessible, il faut qu'elle soit
gratuite. Mais ce n'est pas la seule dimension de l'accessibilité; il y
a d'autres dimensions également. Il peut arriver que, par des lois
restrictives, on rende l'accessibilité plus difficile et qu'on la
retarde inutilement sans aucune conformité
avec les meilleures indications de la recherche ou de la science
pédagogique.
Nous disons que, si le gouvernement voulait prendre cet engagement avec
nous, je pense que cela serait le premier pas vers une collaboration plus
productive, en tout cas, dans l'étude du projet de loi que celle que
nous avons eue jusqu'à maintenant.
Quant à la deuxième partie de l'amendement, je pense
qu'elle va de soi. Ce que je viens de dire l'explique clairement. Ce que nous
voulons assurer, c'est que le troisième alinéa ait un sens non
seulement différent, mais complémentaire par rapport au premier
alinéa. Si nous reformulons l'alinéa 3 de la manière qu'il
est proposé dans la deuxième partie de l'amendement, je pense que
nous aurons dissipé l'ambiguïté et le danger d'arbitraire
que j'avais signalés plus tôt.
Pour ces deux raisons, je pense, finalement, devoir maintenir
l'amendement dans la forme où je l'avais proposé, surtout
maintenant qu'il a été jugé recevable, et j'ose souhaiter
qu'il soit adopté rapidement. Je pense bien que, si nous avions des
indications en ce sens de la part du gouvernement, la discussion en serait
considérablement abrégée pour la meilleure utilité
de tous nos concitoyens.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Bourassa. (22 h 15)
M. Laplante: Ce ne sera pas long, M. le Président. Il est
difficile de parler de la motion quand on ne l'a pas devant nous. Cela a pour
effet de croire à une mauvaise préparation de la part de
l'Opposition. Cela me déçoit à cause du travail de cette
commission que je pensais sérieux, commission où, depuis quelques
années, le député d'Argenteuil travaille. Arriver à
l'étude d'un projet de loi article par article et écrire tous ces
amendements sur le coin de la table, c'est décevant pour le
sérieux de cette commission, le sérieux du travail de M. le
député d'Argenteuil, pour qu'on arrive à des motions
bidons comme celles-là. Si c'était la première, on dirait:
Coudon, c'est une excuse! Mais c'est comme cela depuis le début de la
commission. Vous n'avez rien préparé pour que l'on puisse au
moins avoir, nous, les parlementaires, copie de ces motions,
préparées avec intelligence, avec clarté, pour que chacun
des membres de la commission puisse se prononcer au moins sur des textes.
Actuellement, on est obligé de parler sans texte, sans copie de
ces motions et ce n'est pas la faute des gens qui travaillent à la
commission. Ils font leur possible. Mais on leur rend la tâche
impossible, par exemple, par le peu de sérieux que vous faites avec vos
motions.
Je ferais appel à la collaboration de l'Opposition pour montrer
que vous êtes capables de faire un travail sérieux et de
réellement bonifier le projet de loi, d'arriver avec des propositions
sérieuses, mais pas écrites sur le coin d'une table seulement
pour essayer d'embêter le gouvernement, avec des propositions ayant pour
but de bonifier le projet de loi 3. Ce n'est pas pour rien qu'on vient dans une
commission parlementaire étudier un projet de loi article par article.
Je pense que c'est le temps, c'est l'heure de commencer à se dire ce
genre de vérité sur la non-préparation de l'Opposition
dans l'étude du projet de loi article par article.
On l'a vu lors de l'adoption du principe du projet de loi. Parmi les
discours qu'on a entendus à ce sujet, il y a eu à peu près
trois discours intelligents préparés par votre formation, dont
vous-même en avez préparé un très bon; c'est la
même chose pour Mme la députée de L'Acadie et pour Mme la
députée de Jacques-Cartier. Mais ce sont à peu près
les trois seuls discours préparés qu'on a entendus.
Vous arrivez en comission avec la même chose...
Une voix:...
M. Laplante: Vous êtes arrivés aujourd'hui sans
aucune préparation. Le ministre ne peut pas dire qu'il n'est pas
préparé, il a ici un document de préparation d'à
peu près quatre pouces que chaque membre de la commission a reçu.
Il me semble que vous auriez été capables d'arriver avec cela. Je
vous vois venir, M. le Président, afin que je revienne à la
pertinence du débat. Je ne peux pas être pertinent parce que je
n'ai pas de copie de la motion qui est présentée. Je ne peux pas
la lire, je ne peux rien faire, je ne peux pas parler sur la motion parce que
je ne la connais à peu près pas, elle a été
écrite sur le coin d'une table.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous
demandez...
M. Laplante: J'aimerais que la commission prenne l'habitude, M.
le Président, lorsque l'Opposition présentera une motion, d'avoir
au moins la décence d'aller en faire des copies d'une façon
lisible pour qu'on puisse en prendre connaissance, pour essayer
d'étudier avec sérieux ce genre de motion. Je trouve cela
regrettable; M. le ministre ne voulait pas que je parle de cela tout de suite.
Il m'a dit: Attends au moins à demain, parce que tu vois bien, à
l'heure qu'il est, cela fait deux jours qu'on est là-dessus et c'est la
même répétition.
Le Président (M. Tremblay): M. le
député...
M. Laplante: Si les journalistes suivaient cette commission, au
moment où l'on se parle, s'ils l'ont suivie depuis deux jours... Qu'ils
viennent ici devant la commission, qu'ils viennent constater ce qui se passe
dans l'Opposition au point de vue d'écriture des motions, quand on est
obligé... Cela fait au moins quatre fois qu'on est obligé de
retarder nos travaux, de suspendre les travaux pour qu'ils fassent des caucus
en arrière pour essayer de s'entendre sur les positions à
prendre; ce n'est pas là un travail sérieux.
Le Président (M. Tremblay): M. le député, je
vous ferai remarquer que vous ne parlez pas sur l'amendement...
M. Laplante: Mais il faut que je l'aie, l'amendement, et je ne
l'ai pas.
Le Président (M. Tremblay): Bon!
M. Laplante: J'aimerais bien en parler, mais l'Opposition l'a
encore écrite sur le coin de la table et il n'y a pas un membre qui l'a
actuellement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député,
cela ne vous donne pas le droit de ne pas être pertinent. Cela vous donne
le droit de demander que nous suspendions la séance...
M. Laplante: Oui, je le demande, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay):... mais pas de ne pas
être pertinent.
M. Laplante: Je demande la suspension pour qu'on ait au moins des
copies des amendements présentés par l'Opposition. Je n'ai pas de
copies.
M. Bérubé:... d'avoir un peu de loisir.
M. Laplante: C'est la décence même d'un travail.
Le Président (M. Tremblay): À ce moment-là,
quels sont ceux qui sont pour la suspension?
M. Laplante: À loisir.
Le Président (M. Tremblay): Suspension à
loisir!
Des voix: À loisir.
Le Président (M. Tremblay): La suspension à loisir
pour que l'on puisse... Alors, je demande à la commission: Quels sont
ceux qui sont pour une suspension à loisir? Alors, la commission
permanente de l'éducation suspend ses travaux à loisir.
(Suspension de la séance à 22 h 20)
(Reprise à 22 h 31)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation reprend ses travaux. Nous distribuons à l'instant
l'amendement sur lequel nous discutons.
Oui. M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais présenter un
sous-amendement.
M. Laplante: Pardon, tu ne peux pas, c'est à moi la
parole.
Le Président (M. Tremblay): Oui. La parole est au
député de Bourassa et, par la suite, il y aura Mme la
députée de L'Acadie.
M. Laplante: Donnes-moi donc ton sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay): J'avais cela sur la liste. On
m'a dit que vous vouliez vous exprimer sur...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Là, c'est le député de
Bourassa qui a la parole.
Le Président (M. Tremblay): Oui. J'ai dit
immédiatement après.
M. Laplante: Est-ce à moi, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Maintenant, on va parler sur l'amendement du
député d'Argenteuil. À ce moment-ci, je voudrais
présenter un sous-amendements à la deuxième ligne, qu'on
biffe les mots "dans la mesure de ses moyens financiers".
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous voulez me le
remettre par écrit?
M. Laplante: Avec plaisir, la motion est écrite.
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'elle est tapée,
celle-là. En a-t-on des copies?
M. Laplante: Elle est tapée, oui. Voulez-vous donner les
copies que vous avez, s'il vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas eu la copie de l'amendement du
député de Bourassa. Je ne peux pas en discuter.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous pouvez me
donner la motion, M. le député? La motion que j'ai n'est pas
changée. Il n'y a que deux lignes.
M. Leduc (Sainte-Laurent): On est plus vite que cela, nous
autres; on est capable de régler ça.
M. Ryan: Il faut que cela soit dactylographié. Pas
d'histoire de coin de table.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est recevable? Il faudrait discuter
de la recevabilité, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je ne voudrais pas être
tatillon. Alors, je vais l'accepter comme cela. Il s'agit de biffer, de la
motion d'amendement du député d'Argenteuil, les mots...
M. Bérubé: Il va falloir amender le sous-amendement
du...
Le Président (M. Tremblay): Je pourrais de mon propre chef
le corriger, connaissant ce que vous voulez faire, en vertu du
règlement. Le règlement me permet de corriger des choses comme
cela.
M. Laplante: Oui, allez-y, M. le Président.
M. Ryan: Je voudrais signaler à l'intention du ministre
que vous êtes en présence d'un sous-amendement dont le
maître est l'auteur et non pas une autre personne. On peut l'aider
techniquement. C'est parce que le ministre dit: Il faut amender cela. Cela fait
un autre sous-amendement. Mais là, ça ne marche pas, il ya un sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay): Non, non. Le sous-amendement
que nous allons corriger correctement, proprement...
M. Ryan: Si l'auteur veut l'amender, c'est son affaire.
M. Laplante: Pour couper court et pour vous aider, M. le
Président, c'est de biffer, dans l'amendement du député
d'Argenteuil, que le secrétariat de la commission vient de nous fournir,
les mots...
M. Bérubé: À partir de: "ajouter. " Mme
Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay): Il s'agit de biffer les mots,
après l'article 14...
M. Bérubé: "... dans la mesure...
Le Président (M. Tremblay):... les mots: "ajouter
après les mots "par décret" les mots "dans la mesure de ses
moyens financiers".
M. Laplante: Exactement, "et". Le Président (M.
Tremblay): "Et".
M. Laplante: "Et". C'est exactement cela, M. le
Président.
M. Bérubé: C'est cela que vous vouliez dire.
M. Laplante: Oui. C'est cela, en somme.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je déclare
immédiatement ce sous-amendement recevable.
M. Laplante: Je le laisse à la disposition des membres de
la commission. Je ne parlerai plus.
M. Bérubé: Il pourrait peut-être nous dire
quelques mots sur le sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il pourrait nous l'expliquer.
Une voix: Oui. Franchement, cela ne nous aide pas.
Mme Lavoie-Roux: Il ne le sait pas. Il l'a emprunté de son
voisin. Il faudrait que ce soit son voisin qui l'explique.
M. Leduc (Saint-Laurent): Quelle présomption!
Une voix: Puis-je obtenir le droit de parole?
Le Président (M. Tremblay): Quiconque demande la parole au
président, surtout s'il est le seul à le faire, va l'avoir. M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Je ne reprendrai pas toute l'argumentation que
j'ai développée tout à l'heure, M. le Président,
mais il va de soi que c'est par clarté; si cet article et cette loi
s'adressent à la population, il faut que ce soit clair. Pour
l'amendement, quand on ajoute "dans la mesure de ses moyens financiers", ceci
obscurcit l'interprétation que l'on peut donner à cet article.
Encore une fois, qui va évaluer si le gouvernement a les moyens ou non,
puisqu'il s'agit d'une décision politique que le gouvernement est en
mesure d'évaluer lui-même et, que d'autres, évidemment,
peuvent évaluer, mais à partir de considérations
politiques et non pas à partir de considérations objectives? A
cet égard, ce serait beaucoup plus limpide si on
adaptait le sous-amendement, laissant à chacun le soin
d'interpréter la décision du gouvernement sur son pouvoir de
décréter.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): En fait, M. le Président, le
député d'Argenteuil, en proposant une modification, un
amendement, s'est rendu au désir du député de Bourassa et
du ministre qui nous indiquaient que l'argent ne poussait pas dans les arbres,
que la mesure était désirée par tout le monde, surtout par
les parents, mais qu'il y avait une unique raison pour laquelle on ne pouvait
pas y adhérer ni y souscrire immédiatement; c'étaient les
moyens financiers.
Pourquoi on ne maintiendrait-on pas ce qualificatif? On qualifiait
l'impossibilité de se rendre à cette demande à cause des
moyens financiers qu'on n'avait pas dans l'immédiat. Je pense que cet
amendement est absolument acceptable. On y indique que c'est "dans la mesure".
On ne veut pas que le parti ministériel passe pour un parti
irresponsable, qu'il mette des deniers à la disposition des commissions
scolaires à cette fin sans en avoir les moyens financiers. Je pense
qu'il était très sage de la part du député
d'Argenteuil de proposer cet amendement et je ne vois pas du tout pourquoi le
parti ministériel s'y oppose, particulièrement le
député de Bourassa, qui a dit beaucoup de choses, peut-être
trop de choses. Il a parlé des discours que l'Opposition a faits en
Chambre. Il aurait fallu, M. le Président, que vous l'entendiez hurler
toutes sortes d'élucubrations. C'était absolument aberrant. Je
l'ai écouté et j'ai été renversé des choses
qu'il a pu dire.
M. Laplante: La pertinence.
M. Leduc (Saint-Laurent): Franchement, cela dépassait le
raisonnable.
M. Laplante: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne sais pas si vous avez
écouté, M. le Président.
M. Laplante: Si vous voulez réellement, M. le
Président, qu'il y ait un débat qui se fasse, on va le faire. Je
vous demande de le rappeler à la pertinence du sous-amendement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Un instant. M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je n'ai pas à avoir de
désir, M. le député de Bourassa.
Le seul que j'ai, c'est que les députés se conforment au
règlement. Si les membres de la commission veulent un débat, j'ai
l'impression que c'est la place. Ils peuvent le faire, mais sur les amendements
et les sous-amendements qui nous sont présentés.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je n'aurais pas
parlé s'il n'avait pas qualifié les discours des membres de
l'Opposition, pas du tout. Mais, à l'entendre hurler ces choses à
l'Assemblée nationale, je voulais simplement lui rappeler que son
discours, beaucoup de gens l'on entendu et cela n'a épaté
personne, sûrement pas les gens qui écoutaient à la
télévision.
Je pense, pour revenir à l'amendement, j'estime qu'il est
absolument raisonnable et dans les limites de nos droits à nous de
l'Opposition. Apparemment, dès qu'on soumet un amendement qui pourrait
engager des deniers, cela outrepasse nos pouvoirs. Ici, on dit bien "dans la
mesure... " Si vous permettez, M. le Président, est-ce que vous pourriez
le faire taire?
Le Président (M. Tremblay): Je peux le rappeler à
l'ordre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Là, il ne hurle pas, mais il
grogne, c'est pas mieux.
M. Laplante: Je réponds au député
d'Argenteuil. On se parle tous les deux.
Le Président (M. Tremblay): Si vous voulez avoir des
conversations à l'extérieur, vous pouvez vous retirer, mais, ici,
à la table, il faut respecter le droit de parole de notre
collègue de Saint-Laurent.
M. Laplante: Sur la même question de règlement.
C'est que je suis obligé de dialoguer avec le député
d'Argenteuil pour m'empêcher de dormir. C'est le même genre de
discours qu'il a fait en Chambre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député, il
y a d'autres possibilités. Nous avons du café ici. Je remets la
parole au député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Merci. Je disais donc que, nous, ici,
on n'a pas le loisir de présenter un amendement qui pourrait, suivant
les représentations qui ont été faites par le parti
ministériel, on n'aurait pas la possibilité de présenter
un amendement qui engagerait des deniers, soi-disant. Or, ici, on indique que
c'est suivant les moyens. Donc, on n'engage pas de deniers. On dit: Si vous
n'avez pa3 les moyens, ne le faites pas. Si vous avez les moyens,
répondez donc à l'attente de la population, à l'attente
des parents. À l'avenir, je dois vous dire, d'ailleurs, que, lorsqu'on
invoquera l'article
194, nous, peut-être qu'on pourra recourir à cette
formulation: "dans la mesure des moyens financiers ou des possibilités
budgétaires. " Je voudrais qu'on maintienne l'amendement du
député d'Argenteuil dans son intégralité, qu'on ne
le modifie pas. Je suis contre le sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne: Merci beaucoup. Je ne savais pas que j'étais
pour avoir la parole si vite que cela. J'arrive. "Dans la mesure de ses moyens
financiers. " J'aimerais cela que l'Opposition qui propose ce sous-amendement
nous montre, dans d'autres projets de loi, des désirs comme
ceux-là, des voeux pieux comme ceux-là. Je pourrais prendre je ne
sais combien d'articles dans le projet de loi qui est devant nous:
"L'élève a droit à la gratuité des instruments
pédagogiques requis... " Enfin, et on arrivera, à un moment
donné: "Dans la mesure de ses moyens financiers, le ministère de
l'Éducation le fera. " Vous allez pouvoir trouver n'importe où ce
voeu pieux et cela ne fait pas sérieux, d'aucune façon. Je
demande aux gens de l'Opposition de me trouver, dans des projets de loi, des
voeux pieux comme ceux-là plutôt que de dire "dans la mesure de
ses moyens financiers. " On peut dire cela de n'importe quel article à
peu près. Je considère que cela ne fait d'aucune façon
sérieux que de présenter un sous-amendement comme
celui-là.
Mme Lavoie-Roux: Le sous-amendement vient de votre
côté, remarquez bien.
M. Champagne: L'amendement du député
d'Argenteuil... Un instant! Alors, je ne crois pas du tout au sous-amendement
pour les mêmes raisons. Une minute!
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Iles.
M. Champagne: Voici, j'ai un amendement devant moi qui vient du
député d'Argenteuil pour le biffer. Biffer quoi, à ce
moment? C'est de biffer le sous-amendement. Biffer son amendement. Voici,
peut-être que c'est un inconvénient que de manquer une partie du
débat. J'ai eu droit de me retirer, je ne sais plus où est rendue
la discussion. La seule chose que je peux vous dire, et je m'inquiète
énormément, c'est que cette commission parlementaire siège
depuis à peu près 18 heures et elle n'a pas encore adopté
un seul article. Si je considère qu'il y a 683 articles, j'ai
calculé tout à l'heure qu'on va siéger pendant à
peu près 12 294 heures. Mon inquiétude est de savoir quel
âge j'aurai lorsqu'on aura fini de parler de ce projet de loi. Dans les
journaux de ce matin, je voyais que le ministre annonçait qu'on va
adopter le projet de loi avant Noël, mais je suis à me demander si
c'est Noël 1984, 1985 ou 1986. C'est ça, ma grande
inquiétude. (22 h 45)
Je vais quand même demander à mes collègues autour
de cette table de faire en sorte que le rythme de pas de tortue qu'on a pris
à la commission parlementaire s'accélère davantage pour
qu'on puisse voir enfin adopter ce fameux projet de loi 3. Je laisse mon droit
de parole à un autre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Iles, nous vous remercions pour ces commentaires très clairs.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur le sous-amendement? M. le ministre.
J'avoue que, des fois, j'en perds mon latin.
M. Bérubé: J'interviendrai sérieusement sur
le sous-amendement que nous avons devant nous. On peut effectivement rigoler;
je pense que ça permet de passer le temps. Je pense que c'est
certainement préférable de tuer le temps en rigolant qu'en
pleurant, mais il y a quand même un problème.
Mme Lavoie-Roux:... d'en rire ou pleurer.
M. Bérubé: Peut-être. Une loi qui traite de
l'éducation des enfants du Québec m'apparaît une loi
sérieuse. J'imagine que, si tous les enfants et les enseignants du
Québec nous regardaient en ce moment et essayaient de voir comment le
législateur réfléchit aux droits des jeunes, nous
regardaient travailler et se posaient la question: Qu'est-ce que les
législateurs que nous avons élus essaient de faire avec la loi
qui va gouverner le système d'éducation au Québec, si nous
avions 65 000 enseignants qui venaient ici pour, après, aller raconter
aux jeunes du Québec ce qu'ils ont vu, j'ai l'impression qu'il y aurait
du monde qui aurait honte autour de cette table-là.
Je dirai donc quelques mots du sous-amendement. Le législateur
n'est pas censé légiférer pour ne rien dire. Ce ne sont
pas des farces plates que l'on fait en ce moment. Nous rédigeons des
textes de loi qui seront utilisés par des juges dans un effort
d'interprétation et de compréhension. Si le législateur a
écrit, pour utiliser les termes: "dans la mesure de ses moyens
financiers", le législateur ne l'a pas écrit pour rien. Cela
permet donc à un citoyen de contester une décision en
prétendant que son coût n'est pas raisonnable compte tenu des
moyens financiers. À ce moment-là, le juge doit donc
réfléchir, à savoir qu'est-ce que le législateur
avait à l'esprit.
M. le Président, avec le type d'amendements innocents comme ceux
qu'on a présentement, il n'y a pas un juge qui va
comprendre ce qu'on avait à l'esprit. C'est ça le
problème. Je veux bien qu'on s'amuse, mais je pense qu'il faut
certainement voter le sous-amendement pour faire en sorte que les farces plates
du député d'Argenteuil ne se retournent pas contre la
société québécoise. Merci, M. le
Président.
M. Parent: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil... M. le député de Sauvé.
M. Parent:... je n'admets pas qu'on fasse des procès d'intentions
comme ça au député d'Argenteuil qui fait des efforts ici,
qui a travaillé pour améliorer et bonifier ce projet de loi
depuis plusieurs mois. Je pense que tous les membres de la commission
travaillent sérieusement dans le but d'améliorer ce projet de
loi. Je refuse d'accepter les remarques désagréables du ministre
envers mon collègue, le député d'Argenteuil, et je vous
demande de le rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Tremblay): J'essaie de voir sur quoi. Si
vous voulez me le rappeler, je vais le faire.
M. Parent: C'est enregistré, vous l'avez compris comme
moi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, juste quelques
instants.
Le Président (M. Tremblay): Non, je voudrais régler
cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est dans la même veine.
Le Président (M. Tremblay): C'est parce que je suis
embarrassé.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je vous laisse aller.
M. Parent: Je veux parler. J'ai demandé la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Il y a le député
de Verchères aussi qui a demandé la parole. Si vous m'indiquez
qu'il y a eu des paroles qui ne sont pas parlementaires, je vais demander au
ministre de les retirer.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on n'a pas parlé des folies ou
de quelque chose qui a été relevé dans le Journal des
débats?
M. Ryan: En qualifiant l'amendement qui a été
présenté, l'amendement que vous avez jugé recevable...
M. Parent: D'innocent.
Mme Lavoie-Roux: D'innocent et de farce plate.
M. Ryan:... vous avez parlé d'innocent. Des voix:
D'innocent.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement, je donne raison
aux gens de l'Opposition. Le ministre ne peut prêter d'intentions en
vertu...
M. Bérubé: Je n'ai pas prêté
d'intentions.
Le Président (M. Tremblay):... de notre règlement.
Oui, de faire une farce plate.
M. Bérubé: Je ris. Vous êtes un rigolard, M.
le Président.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je vous demanderais, M. le
ministre, de...
M. Ryan: Franchement, la grossièreté a ses
limites.
Le Président (M. Tremblay):... retirer...
M. Bérubé: M. le Président, mon intervention
était très sérieuse.
Le Président (M. Tremblay): Sans commentaires.
M. Bérubé: Vous avez été à
même, vous-même, de constater l'état de délabrement
avancé de cette commission.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, c'est un autre
sujet. Effectivement, je pense que vos paroles peuvent être blessantes
à l'endroit du député d'Argenteuil et, dans ce
sens-là, je vous demanderais...
M. Bérubé: Alors, M. le Président, je vais
retirer les mots "farce plate", mais je vais néanmoins chercher à
les remplacer par au moins des mots appropriés.
M. Ryan: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez avoir la liberté de
terminer votre intervention qui a été interrompue
"con-con-continuellement" par ce faux maître d'école?
M. Parent: "Concon. " J'ai aimé cela.
M. Ryan: "Con-continuellement. " Est-ce que vous pourriez
compléter votre
intervention dans la paix?
Le Président (M. Tremblay): J'avais complété
en disant de les retirer sans commentaires.
M. Bérubé: M. le Président, si je remplace
les mots de cette intervention, ma phrase sera incomplète.
M. Ryan: Nommez-le. Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane, s'il vous plaît!
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je me vois dans l'obligation
de vous...
M. Bérubé: M. le Président, j'ai bien dit
que je retirais ces mots, mais j'ai dit qu'il fallait que je les remplace.
Une voix: Sans commentaires.
Le Président (M. Tremblay): Merci. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre, je pense,
avec raison, a indiqué que mieux valait faire ce genre d'exercice en
riant qu'en pleurant, mais je vous avoue que je suis un peu déçu
parce que j'ai la conviction, comme le ministre, que nous avons devant nous un
des projets de loi les plus importants, non seulement de cette session qui a
commencé il y a quelques semaines, mais aussi des dernières
années. Je pense que c'est un texte de loi important qui apporte une
réforme fondamentale attendue depuis des années.
De deux choses l'une - on ne se cachera pas ici - ou les
députés de l'Opposition acceptent de faire un travail, de
participer à un travail de bonification - pour ce faire, dans la mesure
où le gouvernement a très bien indiqué par la voix du
ministre que, de toute façon, on prendrait les moyens qui s'imposent
pour faire en sorte que le projet de loi soit adopté avant Noël -
ou les députés de l'Opposition participent à un effort
important d'examen et de bonification du projet de loi... On ne les oblige pas
à être d'accord sur tout. Je pense qu'ils ont très bien
affiché leurs couleurs à l'étude du principe à
l'Assemblée nationale. Je pense que c'est leur droit d'exprimer un
certain nombre de désaccords sur lesquels, d'ailleurs, on pourrait
revenir lorsqu'on abordera les articles contentieux, mais on peut aussi
continuer au rythme où on est parti. On a, je pense, adopté un
article du projet de loi...
M. Bérubé: Pas encore.
M. Charbonneau: Pas encore même. On est à la
deuxième journée de notre commission - on n'a pas six mois devant
nous - et on nous laissera la responsabilité totale, non seulement de
présenter ce projet de loi, mais de le bonifier. C'est une approche
qu'on peut choisir de l'autre côté, mais, dans la mesure
où, effectivement, on ne prête pas de mauvaises intentions aux
députés de l'Opposition, qu'on considère qu'ils ont,
pendant des semaines, au mois de janvier dernier, participé à un
exercice important autour du projet de loi 40, qu'ils ont participé avec
nous aussi à d'autres rencontres publiques au cours des dernières
semaines, qu'ils ont encore cette semaine demandé que de nouvelles
rencontres ou certaines consultations particulières se tiennent avec
certaines personnes ou certains organismes, tout cela, on peut présumer
qu'ils le faisaient parce qu'ils étaient convaincus que ce texte de loi
était un texte important et qu'il fallait s'assurer qu'il soit le
meilleur possible, tout en constatant qu'on pouvait avoir des divergences
d'opinion fondamentales sur un certain nombre de questions. On peut continuer
cet exercice comme on l'a fait jusqu'à maintenant et l'Opposition peut
très bien choisir de faire un "filibuster" de la façon dont elle
a entrepris de le faire. C'est son droit. C'est dans la tactique parlementaire.
C'est légitime. Ce n'est pas très intéressant pour
personne, de toute façon, à part les périodes où on
rigole un peu. Cela nous oblige, les uns et les autres, à faire toutes
sortes d'autres choses; moi, à signer des cartes de Noël et,
d'autres, à faire autre chose, mais je pense qu'on pourrait utiliser ces
deux semaines et demie qu'on a devant nous -même moins maintenant -
à un exercice qui ferait en sorte qu'on assume une responsabilité
face aux jeunes et aux adultes du Québec qui seront concernés par
ce projet de loi et que, les uns et les autres, on accepte de participer
à un effort de bonification en n'étant pas obligé, comme
je l'ai indiqué, M. le Président, à endosser totalement
l'ensemble du contenu du projet de loi.
C'est ce que j'avais le goût de dire à ce moment-ci, parce
que, si vous avez bien remarqué, je n'ai pas été
intéressé à participer à l'exercice depuis le
début de la journée et je vais vous dire, si cela continue au
rythme où c'est parti, dans le sens où c'est parti, je vais
continuer à signer des cartes de Noël ou à faire autre
chose. Je pense que je viens de terminer ma pile et je ferai autre chose de
plus intéressant. Ce n'est pas que des amendements, certains amendements
ne peuvent pas être considérés. Je pense qu'effectivement
il y a des amendements qui pourraient être apportés
par l'Opposition qui mériteraient qu'on ait une discussion
significative, importante, et qu'on y mette le temps. Je suis convaincu que sur
quelque 600 articles - presque 700 -il y a sûrement des amendements qui
vont mériter de longues périodes de discussion, mais je suis loin
d'être convaincu que ce qu'on a fait aujourd'hui méritait tout le
temps qu'on y a mis. Je suis loin d'être convaincu qu'il faut continuer
dans la voie dans laquelle on s'est engagé et je suis loin d'être
convaincu que l'Opposition a quoi que ce soit à gagner à
continuer dans cette veine. Je pense que personne n'a à gagner à
continuer dans cette direction et peut-être que, finalement...
Je me rappelle une phrase que le député d'Argenteuil, qui
n'était pas, à l'époque, très enraciné dans
la tradition parlementaire - je pense que c'était, d'une certaine
façon, à son honneur, parce qu'il n'acceptait pas un certain
nombre de règles qui étaient de vieilles règles
parlementaires -je me rappelle qu'il avait déjà dit qu'il
considérait, une fois qu'un certain nombre de principes d'opposition
avaient clairement été affirmés, un peu futile,
finalement, de s'engager dans des processus de "filibuster" qui ne donnaient
pas grand-chose, qui étaient, à toutes fins utiles,
stériles, qui étaient non productifs. Donc, je ne pense pas que
le député d'Argenteuil ait vraiment changé d'idée.
Je sais qu'il pourrait être tenté par certains de ses
collègues - et probablement pas par ceux qui sont ici, d'ailleurs,
devant nous - d'adopter la tactique qu'ils ont adoptée depuis le
début de la journée, mais je voudrais les inviter à revoir
cela et à signifier autrement leur opposition sur un certain nombre de
questions dont ils nous ont déjà parlé à
l'étape de l'étude des principes.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, nous sommes sur le
sous-amendement, si je comprends bien?
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: Je ne vois pas ce que le député de
Verchères avait à dire sur le sous-amendement. Je n'ai rien
entendu sur le sous-amendement, mais je comprends votre tolérance
à cette heure-ci et je ne porte pas de jugement là-dessus.
Nous, nous sommes contre le sous-amendement, d'après ce que j'ai
pu comprendre du sentiment de mes collègues dont chacun garde sa
liberté, évidemment. Nous avons mis cette considération
dans l'amendement, pas pour des motifs frivoles, pour des motifs que nous avons
amplement explicités. Je n'ai pas l'intention de recommencer la
présentation de ces motifs. C'est en nous basant sur les arguments
qu'avait apportés le gouvernement. Le député de Fabre nous
dit: Nous autres, nous ne pouvons pas accepter cet amendement dans la partie
qui parle des moyens financiers. Il présente un sous-amendement en bonne
et due forme que nous discutons loyalement et ce n'est pas nécessaire de
prêter des motifs à personne pour faire ça. (23 heures)
J'entendais le député de Verchères dire qu'il y
avait peut-être des députés en dehors qui nous
influençaient. Il nous connaît mal, toute la bande qui est ici. Je
pense que vous avez des esprits royalement indépendants ici dont aucun
n'accepterait d'être possédé par un autre. Chacun fait son
travail et, moi-même, si je voulais les entraîner dans une voie
irresponsable, je pense que je n'aurais pas d'influence sur eux. Il faut que
vous vous demandiez ce qui ne marche pas dans votre affaire. Il me semble que
c'est important aussi. Cela marche toujours à deux, cela. C'est
évident qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien depuis deux
jours, ce n'est pas pour rien. Il faut que vous vous demandiez ce qui n'a pas
marché aussi. Je pense que vous ferez votre examen de conscience de
votre côté. Je voudrais que vous nous dispensiez de vos sermons
sur l'importance d'un projet de loi qui traite de l'éducation. Nous en
sommes persuadés et nous en avons fait amplement la preuve depuis deux
ans. Si on regarde la contribution apportée par les uns et les autres
à la bonification du projet gouvernemental jusqu'à ce jour, le
dossier parle par lui-même, on n'est même pas obligé
d'ouvrir les pages. Il y en a infiniment plus de pages constructives qui ont
été produites par le côté de l'Opposition. On est
capable de continuer à le faire et on a un paquet d'amendements de
très bon aloi à vous proposer, dont le député de
Bourassa sera très heureux de prendre connaissance, j'en suis
sûr.
On vous dit: Depuis deux jours, on s'est heurté à une
attitude de non-collaboration et de minutie artificielle. Le problème
des organismes qu'on voulait entendre, on aurait pu le régler
très vite. J'avais fait une suggestion en disant: On va leur donner une
heure chacun et on aurait tout réglé cela en l'espace d'une
journée au plus. Cela serait fini, on en n'aurait pas parlé, on
n'aurait pas perdu notre temps dans toutes ces motions qui sont venues les unes
après les autres. Cela aurait été réglé. Il
fallait qu'on vous dise qu'on n'acceptait pas votre attitude. C'est la forme
que nos usages et nos règles nous permettaient. Nous l'avons fait, je
pense, avec courtoisie. Vous remarquerez une chose: nous n'imputons jamais de
motifs à l'autre côté et on nous en impute continuellement.
Il faudrait que les gens du
côté ministériel apprennent que ce n'est pas une
manière civilisée de se comporter en commission. Si on peut
apprendre ces choses de part et d'autre, nous sommes prêts à faire
notre examen de conscience. Nous sommes capables de faire beaucoup mieux et
nous sommes prêts à le faire, mais à la condition qu'on ait
des signes qu'il y a véritablement un esprit de collaboration de l'autre
côté et qu'on ne veut pas nous faire marcher comme si on
était au jardin de l'enfance du ministre de l'Éducation. Nous
n'accepterons pas cela, ses petits sermons et ses jugements sur l'intelligence
de l'un et de l'autre, sur le degré d'excellence qu'il accorderait au
discours de l'un ou de l'autre et les pitreries que j'ai entendues pour
qualifier des discours qui ont été très sérieux
à l'Assemblée nationale. Tous mes collègues, sans
exception, se sont efforcés de parler à un niveau de
responsabilité que j'ai personnellement admiré, avec l'esprit
critique dont je pense être capable. Je n'accepterai pas qu'on vienne les
démolir et les dénigrer comme on le fait trop souvent de l'autre
côté. Qu'on se respecte véritablement les uns des autres et
les choses vont bien marcher.
Cela dit, M. le Président, je comprends les motifs du
député de Fabre de présenter son amendement, les motifs
louables et objectifs dans ce cas. Je n'y souscris point et je voterai contre
le sous-amendement, mais j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur cela.
Je serais prêt à voter dès que nos collègues qui
veulent parler auront utilisé leur droit de parole, s'ils le jugent
opportun.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je serai très
brève puisque le député d'Argenteuil a rétabli les
faits. Je voulais seulement demander au député de
Verchères, dont je ne doute pas des bonnes intentions dans le
débat, de quand même revoir les choses dans leur perspective
depuis hier.
Il y a aussi un autre élément. Nous avions quand
même en deuxième lecture indiqué des points qui nous
apparaissent importants et que personne, je pense, ne pouvait mettre en doute.
On n'a pas eu beaucoup d'indications non plus de la part du ministre qu'il y
avait désir d'assouplir certaines de ses positions sur des points qu'on
juge très importants. Il ne pouvait peut-être pas tout accorder,
je suis d'accord. Cela nous a semblé assez fermé comme
réaction. Je voudrais aussi qu'il examine quel a été le
comportement, pas plus tard qu'il y a une demi-heure de son côté,
et je n'en connais pas les motifs. Je crois que dans ce sens il n'y a personne
qui a de leçon à donner à qui que ce soit. C'est à
chacun de prendre ses responsabilités et ils seront jugés selon
la façon dont ils les auront assumées.
J'appuie particulièrement le député d'Argenteuil
quand il dit qu'on n'a pas à qualifier qui que ce soit de quoi que ce
soit ou mesurer les interventions des collègues d'en face, à
moins qu'on se fourvoie d'une façon si épouvantable que le
président pourra nous rappeler à l'ordre ou même nous
enlever notre droit de parole au besoin, et je pense que c'est le rôle du
président de juger de ceci, non pas de nos collègues d'en
face.
J'avais dit que je serais très brève. Je voudrais
simplement redemander - j'ai peut-être mal compris - quand le
député de Fabre a présenté son
sous-amendement...
Le Président (M. Tremblay):... c'est le
député de Bourassa qui l'a fait.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, je m'excuse, d'accord, c'est exact.
Quand le député de Bourassa a fait son sous-amendement, est-ce
que le député d'Argenteuil n'a pas proposé au point de
départ de même supprimer ce premier membre de phrase?
M. Ryan:... c'est ça.
Le Président (M. Tremblay): Il n'y a pas eu de proposition
dans ce sens, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: Il n'y a pas eu de proposition dans ce sens.
M. Ryan: De proposition formelle, non. Il y avait eu une
suggestion à laquelle je m'étais montré disposé
à acquiescer, mais au sujet de laquelle un de nos collègues a
formulé des objections que j'ai respectées.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous avez
terminé, Mme la députée?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est juste cet éclaircissement que
je voulais obtenir. Merci.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je voudrais
être bref, je ne voudrais pas non plus envenimer les choses, mais je ne
voudrais pas non plus que, de l'autre côté, on nous fasse des
leçons. J'écoutais l'intervention du député de
Verchères et j'ai été très déçu. Il
ne savait même pas si on avait adopté un article ou non. M. le
député de Verchères, intéressez-vous un peu plus
que ça au projet de loi.
On s'est opposé, hier. Pourquoi? Pas parce qu'on ne voulait pas
recevoir ces organismes, c'est parce qu'on voulait les recevoir. Si on
s'était opposé à recevoir des organismes, si on
s'était opposé à ce que ces
gens viennent nous dire ce qu'ils pensent du problème scolaire,
peut-être que vous auriez pu nous blâmer, mais ce n'est pas
ça, on voulait les recevoir, alors que, vous, vous vous opposez à
ce qu'on les reçoive. Je ne pense pas que ça aille à
l'encontre du but qu'on peut rechercher.
C'est sûr qu'on est d'accord que le projet de loi 3 est important,
c'est évident. De ce côté-là, non plus, on n'a pas
de leçon à recevoir de l'autre côté. On n'a pas de
leçon, non plus, à recevoir du ministre qui a fait une
colère à la suite de deux interventions de l'autre
côté de la table, deux interventions de ses collègues qui
étaient tout de même assez suspects. Je ne les qualifierai
d'aucune façon, mais ce n'était pas à la suite de nos
interventions, pas du tout.
Aujourd'hui, on a étudié l'article 14. Encore là,
on dit: Écoutez, la population, les parents veulent avancer la date
d'admissibilité à l'école. Je ne pense pas qu'on est en
train de promouvoir une formule ou une modalité qui soit inacceptable.
Au contraire, je pense qu'on veut bonifier le projet de loi. Qu'on ne vienne
pas nous dire que, de ce côté-ci, ça ne nous
intéresse pas, l'éducation, et qu'on nous fasse la leçon
alors que, je le répète, on ne sait même pas à quel
article on est rendu et qu'on signe des cartes de Noël. Signez-les vos
cartes de Noël, mais évitez-nous d'intervenir, de venir nous faire
la leçon. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Sur le sous-amendement... Je pense que c'est
ça, on est toujours sur le sous-amendement, c'est ça?
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Leduc (Fabre): J'ai compris que, effectivement, le
député d'Argenteuil était ouvert à ce
sous-amendement. C'est ce qu'il nous a indiqué dans son exposé,
qu'il était prêt à retirer cette formulation concernant les
moyens financiers. Sauf qu'il ne l'a pas fait, je suis bien obligé de le
constater. C'est à cause d'un de ses collègues qui insistait pour
maintenir cette formulation qu'il ne l'a pas fait lui-même, mais je pense
que, de toute évidence, cette formulation vient obscurcir
l'alinéa. Je ne comprends pas pourquoi le député
d'Argenteuil a proposé cette formulation. Le connaissant suffisamment,
je pense qu'il savait lui-même à quoi il s'exposait ou à
quel type de critiques cette formulation s'exposait du fait de sa
non-clarté ou du fait que cela venait obscurcir le texte de
l'alinéa 3. J'ai un peu de difficulté à comprendre le
sérieux qu'il invoque lorsqu'il essaie de justifier la formulation qu'il
nous a transmise. Je pense que le texte de l'alinéa 3 est très
clair, M. le Président, et, de notre côté, nous sommes
prêts à accepter que nous ajoutions "entre le 1er octobre et le
1er janvier" parce qu'il a été très clair que dans nos
interventions nous étions favorables à cette idée que les
jeunes puissent s'inscrirent à l'école entre le 1er octobre et le
1er janvier.
Sur cette formulation, il n'y a aucun problème, mais, encore une
fois, je pense qu'il est important que la commission, à
l'unanimité, exprime son désaccord sur la première partie
de l'amendement du député d'Argenteuil. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous êtes
prêts à voter sur le sous-amendement qui se lit comme suit: Biffer
de l'amendement les mots "ajouter après les mots par "décret" les
mots "dans la mesure de ses moyens financiers"? Quels sont ceux qui sont
d'accord pour biffer ces mots?
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Adopté sur division.
Nous passons maintenant à l'article amendé...
Une voix: À l'amendement.
Le Président (M. Tremblay):... à l'amendement du
député d'Argenteuil - je m'excuse, il commence à
être tard - qui se lit maintenant: Au troisième alinéa de
l'article 14, ajouter après les mots "1er octobre" les mots "entre le
1er octobre et le 1er janvier". M. le ministre.
M. Bérubé: J'aimerais proposer un sous-amendement
qui est uniquement une formulation de forme, de style, qui consisterait
à dire - et je vous donnerai le texte - ajouter après les mots
"1er octobre" par "remplacer les mots "que le 1er octobre" par". Cela donnerait
essentiellement le texte suivant et là, je prendrai plutôt
l'alinéa 14 tel qu'amendé et sous-amendé: Le gouvernement
peut, par décret, fixer une date autre, entre le 1er octobre et le 1er
janvier, pour la détermination de l'âge minimum de
fréquentation scolaire. Dans la mesure où dans le permier
alinéa on se référait explicitement au 1er octobre, cela
fait simplement un peu plus coulant. Je pense qu'en termes - je vais donner le
texte - il faut... Étant donné que je vais devoir
répéter, je pense que je vais avoir besoin du texte parce qu'il
faut le lire attentivement.
M. Ryan: M. le député de Bourrassa, cela se fait en
pratique, vous le savez depuis longtemps.
M. Laplante: À la suite de votre
motion écrite sur le coin de ta table. C'est cela qui arrive.
M. Ryan: C'est cela le processus.
Le Président (M. Tremblay): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! (23 h 15)
M. Bérubé: Dans l'amendement du
député d'Argenteuil, il faut remplacer les mots à la
troisième ligne: ajouter après les mots "1er octobre" par
"remplacer les mots "que le 1er octobre" par". C'est effectivement assez
complexe. Et cela donnerait comme résultat: Le gouvernement peut, par
décret, fixer une date autre, entre le 1er octobre et le 1er janvier -
compte tenu de l'amendement du député d'Argenteuil - pour la
détermination de l'âge minimum de fréquentation
scolaire.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question de grammaire.
M. Bérubé: C'est de la grammaire.
Le Président (M. Tremblay): L'esprit de la proposition est
le même. Je la déclare donc recevable.
M. Ryan: Est-ce un sous-amendement qui a été
suggéré par vos juristes ou écrit avec leur aide?
M. Bérubé: Par nos juristes, oui, pour des raisons
de forme.
Le Président (M. Tremblay): Peut-être pourrions-nous
simplement, si c'est la volonté de la commission, l'utiliser comme
amendement.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, ce que vous demandez, c'est que le
ministre consente à l'intégrer à l'amendement
principal.
Le Président (M. Tremblay): Je préférerais
que le député d'Argenteuil en fasse sa proposition.
M. Ryan: C'est plutôt l'auteur de l'amendement qui doit
accepter, sauf le respect que l'on vous doit et que l'on doit au ministre.
Une voix: C'est son amendement à lui. D'accord, pas de
problème.
M. Ryan: Oui, il n'y a pas de problème, je vous l'ai
dit.
Le Président (M- Tremblay): D'accord.
Mme Lavoie-Roux:... qui l'intègre dans le vôtre.
M. Ryan: Il n'y a pas de problème, c'est
intégré.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement du député d'Argenteuil tel que
refait?
M. Bérubé: Nous partageons effectivement
l'idée soulevée par l'Opposition. L'objectif que nous devons
avoir, c'est effectivement un meilleur équilibre d'âge à
l'intérieur de nos classes. Il est clair que, si on fixait cette date
d'admissibilité à l'école en la faisant correspondre au
milieu de l'année scolaire, cela nous donnerait des classes plus
homogènes, c'est-à-dire que tous seraient situés vraiment
autour de la moyenne d'âge, plus ou moins cinq ans, et à ce
moment-là on aurait, je pense, une plus grande
homogénéité tout en permettant un accès
légèrement plus rapide. Cela me paraît effectivement
souhaitable et je n'ai pas d'autres arguments à invoquer que les
questions de priorités sur le plan financier qui nous obligent à
faire d'autres choix.
Le Président (M. Tremblay): Je vais mettre la motion aux
voix. Quels sont ceux qui sont en accord avec cette proposition? C'est
adopté. Est-ce qu'il y en a qui sont contre? C'est donc adopté
à l'unanimité.
Nous revenons à l'article 14 tel qu'amendé.
M. Ryan: Nous sommes prêts pour le vote et nous allons
demander un vote nominal.
Le Président (M. Tremblay): Je mets l'article 14 aux voix.
Oui, Mme la députée.
Mme Dougherty: Ce matin ou cet après-midi, j'ai
parlé des obligations du ministre, du ministère envers les
enfants handicapés qui ont besoin d'éducation préscolaire.
J'ai trouvé ici, dans un mémoire que nous avons reçu sur
le projet de loi 40, présenté par un conseiller à
l'intégration des personnes handicapées, du service de la
recherche, exactement le même point que j'ai soulevé.
C'était sur le même article 14 de la loi 40 et on dit ceci:
Conformément à la remarque que nous faisions sur l'article 2,
certains enfants de quatre ans peuvent avoir des besoins particuliers en
service éducatif préscolaire. Ces services doivent leur
être offerts gratuitement par leur commission scolaire. Pour
éviter toute confusion, cette précision doit être
ajoutée à l'article 14 -même numéro que la loi 40.
Il y a lieu alors d'ajouter, après le premier alinéa, un
deuxième qui pourrait être formulé de la façon
suivante: Tout enfant âgé de quatre ans, qui a des besoins
particuliers, a droit à des services éducatifs
préscolaires gratuits.
Maintenant, je ne sais pas si c'est dans le présent article qu'il
faudrait insérer cela. Je vais insister peut-être sur d'autres
articles, mais il faut insérer cette obligation d'une façon ou
l'autre.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Je n'ai pas d'objection au moins
à en discuter sans avoir toutes les implications; un certain nombre
d'articles ont trait aux services éducatifs particuliers qui peuvent
être offerts. Soulignons qu'à la section 2 nous parlons
d'obligation de fréquentation scolaire, alors que vous parlez davantage
du droit de l'enfant à certains services. Il faudrait donc aborder cette
question. C'est dans la première section, si je ne m'abuse, où on
parle du droit aux services éducatifs; donc au chapitre 1, section 1,
où là on pourrait avoir ce type de discussion.
Mme Dougherty: D'accord, très bien.
Le Président (M. Tremblay): Je mets aux voix l'article 14
tel qu'amendé et le vote nominal a été demandé sur
l'article. M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles. L'article 14 amendé.
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane.
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): C'est adopté à
six pour et cinq contre. J'appelle l'article 15. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Reprise du débat sur l'obligation de
fréquentation scolaire
Mme Dougherty: Alors, pour...
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse, Mme la
députée, de reprendre la parole si rapidement. Tout à
l'heure, j'avais indiqué que je rendrais une décision
relativement au droit de parole par alinéa. À ce point-ci, je
voudrais indiquer, puisqu'il semblerait que cela fasse l'unanimité des
deux côtés de la table, qu'au moment où j'appelle un
article, si personne ne demande qu'il soit discuté alinéa par
alinéa, il soit considéré comme un tout et qu'à cet
effet les intervenants n'aient qu'un droit de parole. Si on demande qu'il soit
discuté séparément, il y aurait des droits de parole
différents pour chacun des alinéas ou des paragraphes. Mme la
députée de...
Mme Dougherty: Il y a trois alinéas. Je n'ai pas de
commentaire sur le premier; c'est normal, je crois. Mes commentaires touchent
les deux autres.
Le Président (M. Tremblay): C'est à votre choix.
Vous pouvez vous prévaloir de la possibilité d'avoir...
Mme Dougherty: Oui, je comprends.
Le Président (M. Tremblay):... deux périodes de 20
minutes ou d'en discuter globalement.
Mme Dougherty: Non, non, je n'ai pas besoin de 20 minutes.
Le Président (M. Tremblay): Alors, vous ne demandez
pas...
Mme Dougherty: J'ai les mêmes
réserves sur les deux alinéas. Mes réserves
touchent deux et trois.
Le Président (M. Tremblay): Je considère que
l'article 15 serait discuté comme un tout.
Mme Dougherty: Je n'aurai qu'une intervention parce que je ne
serai pas ici demain. Il est déjà Il h 25... Ce qui
m'inquiète dans cet article, c'est que les deuxième et
troisième paragraphes ouvrent la porte aux décisions
discrétionnaires de la part des commissions scolaires. Les commissions
scolaires ne sont pas forcément intéressées à
donner certains services à certains étudiants. Les commissions
scolaires peuvent utiliser ces articles comme prétexte pour se
débarrasser de certains enfants qui sont très difficiles à
éduquer, possiblement, ou pour d'autres raisons: manque d'argent, manque
de personnel, manque de transport adapté aux handicapés, manque
de classes appropriées, pour toutes sortes de raisons. Ces mêmes
réserves ont été soulevées par les mémoires
que nous avons reçus des organismes qui s'occupent des
handicapés. Le premier problème - peut-être qu'on va
corriger cette lacune avec l'article 1 - le problème de base est que la
loi, comme la loi 40, n'exclut pas que certains services soient offerts, mais
elle ne donne pas de garantie qu'ils le seront. Le problème est
là.
Maintenant, je crois que les remarques qui ont été faites
par l'Office des personnes handicapées étaient très
appropriées. Elles ont dit: Le texte de l'article 19, maintenant
l'article 15, laisse vraiment une trop grande ouverture aux commissions
scolaires pour se décharger de leurs responsabilités de donner
des services à certains élèves. L'expérience
démontre que certaines d'entre elles dispensent trop facilement les
élèves de fréquenter l'école alors qu'elles
pourraient et devraient leur donner des services.
Le texte proposé à l'article 15: Ne crée aucune
obligation d'accueillir l'enfant en classe ou à l'école
régulière si la commission scolaire lui offre un enseignement
qu'elle estime équivalent à celui dispensé à la
maison. Il y aurait lieu de conditionner une dispense de fréquenter
l'école pour un enfant handicapé à la réalisation
de son plan d'intervention en service éducatif. En conséquence,
par exemple, ils ont recommandé un autre article; cela pourrait
remplacer le numéro 3, par exemple: Un élève dont le plan
d'intervention en service éducatif établit qu'il doit recevoir
à domicile l'enseignement qui répond à ses besoins.
Je crois que c'est beaucoup mieux que le numéro 3 parce que
l'obligation reste à la commission scolaire et le plan d'intervention
est établi par la commission scolaire et elle décide
elle-même que l'enseignement soit au domicile au lieu de l'école.
Cela représente une amélioration pour cet article.
Il y a un autre aspect qui est plus général et qui est
aussi soulevé par la Quebec Association for Mentally Retarded. Ils ont
dit: L'expérience démontre que les commissions scolaires risquent
d'utiliser la partie de cet alinéa - on parle du même article -
pour se décharger de leurs responsabilités d'offrir des services
à tous les élèves et de s'assurer que tous
reçoivent des services équivalents à ce qui est offert
à l'école ordinaire. Certaines commissions scolaires refusent
toujours d'accepter des élèves handicapés, principalement
ceux ayant une déficience grave ou des déficiences multiples.
Quelques milliers de jeunes sont toujours refusés par des commissions
scolaires. Ce pouvoir discrétionnaire va à l'encontre du droit
à l'éducation et à la scolarisation de ces
élèves reconnus dans ce projet de loi et de la Loi sur la
protection de la jeunessse. (23 h 30)
Les parents de ces élèves sont également
lésés dans leurs droits. Ils ne peuvent, comme tout autre
contribuable, faire bénéficier à leurs enfants des
services d'enseignement dans leur école de quartier. Ils sont
obligés de magasiner des écoles plus intégrationnistes,
moins intolérantes et souvent de défrayer eux-mêmes
certaines dépenses inhérentes à la fréquentation
scolaire.
Ce sont des cas réels et même le mot, dans le
deuxième alinéa, "maladie": qu'est-ce que c'est que la maladie?
On pourrait peut-être qualifier certains enfants qui sont gravement
handicapés de malades. Ils sont malades quelquefois. Ils ont des
maladies psychologiques, des maladies de toutes sortes. Je crois que ces deux
articles doivent être améliorés pour ne pas risquer
d'ouvrir la porte au prétexte de trop donner d'occasions à
certaines commissions scolaires de négliger leurs
responsabilités.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je crois
à nouveau qu'il y a - je ne dirais pas maldonne - mais à tout le
moins erreur quant au sens qu'il faut donner au présent article. Il
s'agit d'une dispense d'obligation. Il faut bien se rendre compte qu'on ne
parle pas ici du droit de l'enfant à un service éducatif
donné. On ne parle pas de son droit, on parle des devoirs que la
commission scolaire, que les parents ont d'obliger un enfant à
fréquenter l'école. Il est clair que chaque fois que l'on fait
une obligation de ce type - et c'est rare dans nos lois de faire une obligation
précise à un groupe de citoyens de se livrer à une
activité donnée - il est clair que, lorsqu'on le fait, il faut,
je pense, toujours prendre en compte que des situations individuelles vont
se produire que l'on ne saurait prévoir. Il faut accepter
à ce moment que parents et commissions scolaires puissent décider
de lever une obligation qui est faite par la loi. Or, c'est le sens du
présent article.
Le présent article dit: Les enfants doivent fréquenter
l'école. Toutefois, s'ils sont malades, s'ils étudient dans une
institution privée, s'ils peuvent recevoir à la maison un
enseignement équivalent - là, évidemment, cela suppose un
accord entre la commission scolaire et les parents - on peut lever
l'obligation. Si les parents n'étaient pas d'accord avec la levée
de cette obligation, à ce moment, il faut faire référence
au droit de l'enfant et la commission scolaire serait tenue de donner
l'enseignement en question.
Mme Dougherty: Il y a des parents négligents aussi.
M. Bérubé: Pardon?
Mme Dougherty: Il y a des parents négligents.
M. Bérubé: Alors, s'il y a des parents
négligents, vous avez donc des parents qui n'assument pas leurs
reponsabilités de parents, auquel cas il appartient au Directeur de la
protection de la jeunesse de voir à ce que ces parents soient
littéralement mis en tutelle et que l'on remplace l'autorité
parentale par une tutelle légale qui veille à faire respecter les
droits de l'enfant. Donc, ce n'est pas par le biais de cet article sur
l'obligation que l'on doit régler le problème, mais bien par le
biais d'autres lois qui visent à suppléer à une
autorité parentale défaillante. Je pense que vous abordez le
problème sous l'angle du droit de l'enfant. Si on veut l'aborder sous
l'angle du droit, il faut le traiter dans la section traitant des droits de
l'enfant. Ici, il ne s'agit pas d'un droit de l'enfant, il s'agit d'un devoir
des parents et de la commission scolaire.
Mme Dougherty: Je vais vous montrer l'article. On suggère
de remplacer le troisième alinéa. Le choix n'est pas
laissé aux parents si on veut fréquenter l'école ou rester
à la maison; l'obligation est d'aller à l'école. Le seul
cas où ils reçoivent l'éducation à la maison, c'est
quand la commission scolaire décide que ce sera à la maison.
M. Bérubé: On pourrait trouver un cas beaucoup plus
général de parents qui voudraient assurer eux-mêmes
l'éducation de leurs enfants. La loi permet effectivement, si ces
parents peuvent... Il y a quand même obligation, il doit recevoir
à la maison un enseignement que la commission scolaire estime
équivalent. Là, il y a une obligation légale. La
commission scolaire ne peut pas reconnaître n'importe quel enseignement,
il faut que l'enseignement qui est fourni au domicile de l'enfant soit
équivalent. Si une commission scolaire abusait de la notion "estime
équivalent", il pourrait y avoir des recours judiciaires.
La commission scolaire est quand même tenue de s'assurer que cet
enseignement est valable, mais il se pourrait qu'un enfant qui n'est nullement
handicapé, un enfant tout à fait normal, reçoive
l'éducation des mains de ses parents, directement, dans le cadre d'un
programme jugé valable par la commission scolaire. Je pense qu'on ne
doit pas, dans un projet de loi, se substituer à la volonté des
parents et d'une commission scolaire quand, effectivement, l'enseignement
reçu est acceptable.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais appuyer la
résolution de ma collègue de Jacques-Cartier.
M. Bérubé: Il n'y en a pas encore.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, appuyer son argumentation, si vous
voulez, ses représentations; on verra si elle va présenter une
motion ou non. La seule autre chose que je proposerais, si elle décidait
de ne pas en présenter, ce serait de suspendre l'article et de voir ce
qu'on prévoirait aux points de droit des enfants, aux articles qui
touchent les droits des enfants, si, vraiment, ceci n'était pas
annulé par cet article-ci.
Il faut bien réaliser - peut-être que le ministre n'est pas
au courant - que c'est très facile pour une commission scolaire.
On sait fort bien, par exemple, particulièrement en
région éloignée, que les ressources n'existent pas
toujours pour des enfants qui sont handicapés d'une façon
prononcée. Il y a aussi des enfants qui, pour des problèmes de
comportement... C'est tellement plus facile de les laisser à la maison
que de les obliger à venir à l'école. D'ailleurs, on vit
ça dans les grandes commissions scolaires où, finalement,
même si les enfants sont obligés - disons qu'ils ne sont pas
handicapés, des enfants sans handicap - d'aller à l'école,
combien de fois les écoles, les directeurs d'école et même
les professeurs finissent par les oublier dans la brume, si je peux dire, parce
que, s'ils ne se présentent pas à l'école - je pense que
le député de Bourassa se souviendra d'exemples comme ça -
et qu'ils ont des problèmes de comportement à l'école,
qu'ils présentent des problèmes de discipline sérieux
à l'école et qu'ils commencent à ne pas venir à
l'école... Il y a trop de cas qu'on laisse échapper comme cela.
Également, dans le cas d'enfants handicapés qui allient un
trouble de
comportement et un handicap physique sérieux, etc., c'est
très facile de dire: L'école ne peut pas prévoir les
ressources ou c'est trop compliqué, compte tenu du milieu où on
est. Si on est dans un milieu rural assez éloigné, c'est facile
de dire: Il reste à la maison et les parents s'en occupent, et de ne pas
vraiment prévoir un plan de services éducatifs précis pour
eux.
Dans ce sens, je trouve que la proposition, telle qu'elle est
formulée, celle-là ou une autre, si on peut en trouver une de
mieux, ce n'est pas une question... Comme le disait la députée de
Jacques-Cartier, c'est un amendement qui est suggéré par cette
association. Je pense que, hors de tout doute, c'est trop facile, à
l'égard des enfants plus difficiles, handicapés
psychologiquement, physiquement, etc., qu'on ne fasse pas les efforts
nécessaires et que la commission scolaire, trop facilement, se
déleste de ses responsabilités. Ce n'est pas
nécessairement parce que les parents sont négligents. J'ai
entendu le raisonnement du ministre tout à l'heure: si les parents
n'insistent pas pour que l'enfant ait ce qu'il doit avoir, ce sont
peut-être des parents négligents. Il faut avoir travaillé
avec les parents des enfants handicapés pour savoir combien de fois les
parents, un peu désarmés devant les handicaps de leur enfant,
devant un peu la résignation de l'école à ne pouvoir rien
faire pour eux, sans que ce soit vraiment explicité de part et d'autre,
se résignent à une situation qui est celle de garder un enfant
à la maison ou de le garder à la maison sans lui donner des
services éducatifs dont il aurait besoin. Je ne parle pas de cas
isolés. Je suis sûre que si le ministre se promenait en province,
et cela n'a rien à voir avec les reponsabilités des parents,
c'est vraiment relié au manque de ressources et aussi... Je n'en tiens
pas rancune au gouvernement, cela s'est passé sous l'ancien gouvernement
et cela pourrait se passer sous un nouveau gouvernement. C'est que la solution
la plus facile, c'est de laisser courir les choses parce que les parents ne
feront pas trop de représentations, bien conscients que leur enfant est
difficile, et la commission scolaire va faire des pressions plutôt
faibles pour inciter les parents à scolariser l'enfant, compte tenu
qu'ils n'ont pas les ressources. C'est dans ce sens que ce serait une
obligation plus stricte, en ce qui concerne la commission scolaire, de
s'assurer que l'enfant reçoive ce dont il a besoin.
Maintenant, je suis prête à concéder que
peut-être on pourrait le faire à un autre article, mais à
ce moment il faudrait peut-être suspendre pour bien s'assurer que l'un
n'écarte pas l'autre et que cette obligation qui est faite soit vraiment
bien inscrite dans la loi.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Je crois, M. le Président, qu'on
ne saisit peut-être pas toute la substantifique moelle de l'article tel
qu'il est rédigé. Si on se réfère à l'ancien
projet de loi 40, existait effectivement la possibilité pour la
commission scolaire de dispenser un enfant de la fréquentation scolaire,
purement et simplement. ' On disait: En est dispensé
l'élève qui est dispensé de cette obligation par la
commission scolaire. Vous remarquerez que cet alinéa a sauté. Il
a sauté pour permettre de telles décisions que l'on pourrait
qualifier d'arbitraires et peut-être abusives...
M. Ryan: Une question de règlement. Est-ce que le ministre
pourrait nous donner les numéros de l'actuelle Loi sur l'instruction
publique où il est question de ce sujet dont il parle?
M. Bérubé: Oui, les article 257, 258 et 258.
Mme Lavoie-Roux: De la loi actuelle ou de la loi 3?
M. Bérubé: De la loi actuelle. Et, dans la loi 40,
il s'agissait de l'article 19. Si vous me permettez, M. le Président, de
continuer?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre. (23 h 45)
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Cet
alinéa a sauté pour prémunir l'enfant, possiblement
handicapé, contre une décision arbitraire de la commission
scolaire, qui voudrait peut-être, de cette façon-là,
échapper à ses responsabilités, en profitant
peut-être d'une insuffisance de connaissances ou de sensibilisation des
parents à leurs droits, de telle sorte que ceux-ci n'exercent pas les
pressions appropriées pour voir le service offert à leurs
enfants.
Donc, pour éviter un tel danger, on a supprimé la clause.
À la place - cela est quand même très important - l'Office
des personnes handicapées a fait des représentations et a
indiqué que les seules conditions, qu'elle verrait susceptibles de
justifier une telle décision de la commission scolaire, seraient les
conditions temporaires, de type maladie, par exemple. Car lorsque l'on dit
"maladie", on le dit toujours en référence à un
état de santé normal. Lorsque l'on dit "handicap", on parle d'un
état permanent. Donc, le seul cas où la commission scolaire
pourrait accorder une dispense, c'est lorsque l'état de santé
d'un enfant est temporairement inadéquat et que l'enfant doit,
effectivement, séjourner à domicile. J'ai personnellement
vécu une
année à domicile dans ma jeunesse, justement pour des
raisons de maladie. À ce moment-là, je me suis
débrouillé tant bien que mal avec mes parents et avec un
programme, le meilleur possible, pour essayer de ne pas perdre
complètement une année. C'est un cas un peu exceptionnel que l'on
peut connaître. Je vous rappellerai que l'Office des personnes
handicapées avait donc témoigné pour souligner que le type
d'exemption qu'elle jugeait acceptable devrait être relié à
une invalidité temporaire, en référence à un
état de santé normal, d'où l'alinéa 2...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Bérubé:... qui dit bien "en est exempté
par la commission scolaire pour cause de maladie".
Mme Lavoie-Roux: D'accord, cela va.
M. Bérubé: Ceci règle le problème des
handicapés, qui était un problème soulevé par la
députée de Jacques-Cartier. Et dans le cas du point 3...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé:... on impose à la commission
scolaire de s'assurer que l'enseignement reçu est équivalent
à celui qui est dispensé à l'école. Là,
c'est une obligation légale, astreignante. On ne peut pas donner
n'importe quel enseignement à la maison, mais il faut que l'enseignement
soit équivalent. Si jamais il devait y avoir abus au sens où la
commission scolaire exempterait de la fréquentation sans s'être
assurée que l'enseignement est équivalent, à ce
moment-là, la commission scolaire serait fautive, légalement.
Évidemment, on utilise le mot "estime", car l'évaluation
objective d'un enseignement équivalent, particulièrement dans le
cas d'enfants handicapés, par exemple, ne relève pas de l'absolu
mesurable. Il faut faire appel à des spécialistes,
orthopédagogues, psychologues ou autres, qui devront utiliser leur
formation professionnelle pour prévoir quel genre d'enseignement
l'enfant doit ou peut recevoir. En conséquence, l'évaluation de
ce que l'on appelle un enseignement équivalent doit faire l'objet d'une
estimation, d'une approximation et, généralement, en faisant
référence à une expertise professionnelle.
Donc, lorsqu'on examine comme il faut la rédaction des articles,
je pense qu'elle répond exactement aux préoccupations
soulevées. Les articles ont justement été
rédigés pour répondre à ces
préoccupations.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je pense, comme mes
collègues qui ont pris la parole auparavant, que l'alinéa 3 de
l'article 15 doit être clarifié. J'ai fait des comparaisons avec
le texte actuel de la Loi sur l'instruction publique. Je pense que le premier
alinéa ne pose pas de problème. Il est déjà
prévu dans une autre loi, qui ne fait pas l'objet du présent
projet de loi, qu'une personne peut fréquenter une institution
d'enseignement privé et qu'en conséquence elle est
dispensée alors de fréquenter l'école publique, vu qu'elle
ne peut pas aller à l'école à deux endroits en même
temps, aux mêmes heures. Le deuxième cas ne crée pas de
problème, il est déjà contenu dans la loi actuelle.
Ce qui me frappe, c'est que dans la loi actuelle, c'est plus
précis. La loi actuelle dit: "Un enfant qui est empêché de
fréquenter l'école par maladie ou par suite d'un handicap
physique ou mental... "
M. Bérubé: C'est cela. M. Ryan: Oui,
c'est...
M. Bérubé: C'est cela qui est demandé par la
députée de Jacques-Cartier...
M. Ryan: Très bien.
M. Bérubé:... et la députée de
L'Acadie.
M. Ryan: À ce moment-là, cela nous mène
justement au troisième alinéa qui, en raison de ces choses qui
disparaissent de la loi, doit être formulé de manière plus
énergique, plus contraignante, même pour la commission scolaire.
Je ne sais pas comment le texte peut être arrangé, mais je crois
qu'il faudra trouver une formulation. Il faut sûrement établir
quelque chose comme ceci: Cet enfant qui reste à la maison doit recevoir
non seulement un enseignement, mais des services éducatifs qui vont
être de qualité équivalente à ceux qui sont
disponibles à l'école. C'est cela qui est la condition. Et cela,
fournir ces services éducatifs de qualité équivalente, il
faut que ce soit inscrit dans le texte de l'alinéa que c'est la
responsabilité de la commission scolaire. Les parents seuls ne peuvent
pas le faire, c'est évident.
Dans l'article, comme il est formulé, on donne à la
commission scolaire un beau rôle: Tu restes à la maison parce que
tu es handicapé, ou que tu ne peux pas fréquenter l'école,
ou que tu es antisocial, mais il faut que tu reçoives un enseignement,
"un enseignement c'est limité à l'enseignement, alors qu'il ont
besoin de bien d'autres choses que la commission scolaire estime
équivalent... " Celui qui est dispensé à l'école
elle va l'estimer équivalent; elle n'a même pas l'obligation de le
fournir et de s'assurer
que ces services seront disponibles.
Je pense qu'il y a un problème. Je ne sais pas si on va pouvoir
résoudre ce point immédiatement, mais je pense qu'il y a quelque
chose à travailler là-dedans et, si vous voulez nous donner
jusqu'à demain, demain matin, nous pourrons vous présenter un
amendement que nous aurons préparé soigneusement. On partait avec
l'idée que l'amendement qui avait été proposé par
les groupes qui ont fait des représentations auprès de nous
pourrait être accepté mais, dans sa forme actuelle, on ne peut pas
le présenter tel quel. Il faudrait le travailler davantage. Je pense que
vous avez les éléments essentiels de ce que serait un amendement
qui permettrait d'améliorer cette partie du projet de loi de
manière à avancer au lieu de reculer par rapport au texte actuel
de la loi. C'est un point, je vous le dis, qui est une de nos
préoccupations majeures, surtout en ce qui touche l'accessibilité
entendue au sens large. Nous voulons que...
Mme Lavoie-Roux: M. le député d'Argenteuil, est-ce
que vous pouvez parler un petit peu plus fort parce qu'on ne vous entend
pas?
M. Ryan: Très bien. Est-ce que vous avez compris ce que
j'ai dit avant?
Mme Lavoie-Roux: Bien, enfin, vous pouvez continuer là
où vous êtes. Je pense que j'en ai compris suffisamment
pour...
M. Ryan: Je disais essentiellement que l'alinéa 3, comme
il est rédigé, surtout étant donné qu'on laisse
tomber dans la loi actuelle des dispositions qui y étaient, doit
être renforcé de manière qu'il ne soit pas question que
d'enseignement, mais de services éducatifs et que la
responsabilité de la commission scolaire à cet égard soit
beaucoup plus fermement établie qu'elle ne l'est. La commission scolaire
est présentée ici comme une espèce de contrôleur de
lois. Elle devra estimer ces choses équivalentes. Il faut qu'elle ait la
responsabilité de voir à ce que les services éducatifs
disponibles pour ces enfants qui restent à la maison pour des raisons
valables soient équivalents. Il faut qu'elle les fournisse au besoin. Il
est entendu qu'il pourrait arriver dans certains cas que les parents donnent
l'enseignement, mais il y a d'autres services qui vont avec cela et la
commission scolaire doit s'en assurer.
Il y a des problèmes particuliers qui se posent de ce
côté-là. On a porté à notre attention des
sectes religieuses, à l'esprit très étroit, qui vont
décider de garder des enfants chez eux et de leur donner un enseignement
ou une formation qui est bien en deçà de ce que ces enfants ont
le droit de recevoir dans le Québec de 1984. Il faut qu'il y ait quelque
chose dans la loi qui fasse passer le droit de ces enfants avant l'utilisation
abusive que les parents pourraient être portés à faire de
leurs droits parentaux. Les droits de l'enfant sont antérieurs à
ceux des parents. Dès que l'enfant existe, ses droits deviennent
antérieurs à ceux des parents quant à ce qu'il a le droit
de recevoir de la société. Il faut que cette partie soit
retouchée et précisée sensiblement. Et je conclurais en
disant ceci: ce serait mieux que nous puissions présenter un amendement
écrit demain matin, qui résumerait notre pensée
là-dessus, qui la présenterait d'une manière claire et
concise et qui pourrait faire l'objet d'une amélioration du projet de
loi comme nous le connaissons. J'ajoutais en conclusion ceci: Nous portons une
attention particulière à tout ce qui se rattache à la
dimension accessibilité, qui a toujours été un grand
objectif du Parti libéral du Québec, et nous constatons que sur
plusieurs points la loi, sous des dehors d'harmonisation de dispositions
législatives existantes, souvent, consacre le statu quo plutôt que
d'ouvrir des horizons nouveaux et parfois même pourrait comporter
certains dangers de recul. Cela, nous devons y veiller avec une vigilance
particulière. Voici un cas où nous voulons exercer cette
vigilance et je pense que, si nous reportions cet exercice à demain
matin, cela serait bien plus fructueux que de prétendre le régler
en un tour de main.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je pense que la
suggestion du député d'Argenteuil est pleine de bon sens.
D'ailleurs, on partage aussi les objectifs et les soucis dont il vient de faire
état. En conséquence, je pense qu'on pourrait suspendre
l'étude de l'article pour la reprendre demain.
Le Président (M. Tremblay): J'avais une demande de droit
de parole du député de Saint-Laurent et le ministre
m'indique...
M. Bérubé: Est-ce que je n'ai pas un droit de
réplique? Je pensais que, quand il y avait un intervenant, il y avait
toujours un droit de réplique.
Le Président (M. Tremblay):... qu'il veut prendre la
parole. Il reste quatre minutes à la commission. Alors, de toute
façon, c'est ce qui va arriver, ils vont avoir le temps de... M. le
ministre.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. En fait,
on peut examiner de notre côté, dans le sens des paroles
soulevées par les députées de Jacques-Cartier et de
L'Acadie. Un
obstacle que nous allons rencontrer, très réel et contre
lequel je veux tout de suite nous mettre en garde: il est clair que pour
l'enseignement on peut s'assurer que l'enseignement est équivalent. On
peut plus difficilement dire que les services éducatifs à la
maison doivent être équivalents à ceux de l'école,
car les services éducatifs de l'école sont constitués de
tous les moyens physiques, matériels et humains dont dispose
l'école pour donner l'enseignement. Par définition, si on voulait
une équivalence absolue des services éducatifs fournis à
l'école avec ce que la maison pourrait fournir, cela supposerait de
transplanter l'école à la maison. Évidemment, cela
annulerait totalement l'effet de l'article 3, c'est-à-dire qu'aucune
commission scolaire ne pourrait, effectivement, s'entendre avec les parents
pour donner une dispense dans la mesure où il serait impossible de
fournir à la fois l'enseignement et tous les services éducatifs
de l'école.
Je nous mets, donc, simplement en garde contre cette difficulté,
qui ne doit pas pour autant nous empêcher de réfléchir
à la question. Nous devons nous mettre en garde contre un amendement en
apparence résolvant le problème, mais soulevant la question que
j'apporte ici.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Bérubé: Je sais qu'un président de
commission scolaire va certainement avoir un point de vue...
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, j'aurais une
question à poser au ministre. L'article 15, au deuxième
paragraphe, indique que l'enfant est dispensé de l'obligation de
fréquenter l'école publique s'il en est exempté par la
commission scolaire pour cause de maladie. La question de la maladie: c'est
quoi être malade? Ensuite, quelle est l'obligation de la commission
scolaire face à ces enfants malades?
M. Bérubé: D'abord, la notion même de maladie
ne se comprend qu'en référence à l'état de bonne
santé. Est malade quelqu'un qui cesse d'être en bonne santé
temporairement. Il faut que ce soit un état de transition.
Donc, un enfant qui fait une fièvre importante et que les parents
décident de retenir à la maison est un enfant malade. Ce n'est
pas un état permanent, c'est un état temporaire de mauvaise
santé. À ce moment, il est dispensé de l'obligation de
fréquenter l'école, c'est-à-dire qu'on ne peut pas
appliquer la loi à cet enfant et dire que malade ou pas malade, tu vas
à l'école. C'est dans ce sens qu'il faut prendre l'article.
M. Leduc (Saint-Laurent): À ce moment, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de qualifier le mot "maladie"? Cela me fait peur un peu. Si la
maladie dure une couple de mois, que se produit-il? (minuit)
M. Bérubé: Deux choses: l'enfant garde le droit
à l'éducation, mais il est dispensé de l'obligation de
fréquenter l'école publique. Les parents ont donc à
évaluer avec la commission scolaire comment on assurera à
l'enfant le type d'instruction. Actuellement -je vais quand même
vérifier... Un instant, madame! À l'article 31 - c'est ce que je
voulais vérifier - dans le projet de loi 3: "Les services d'enseignement
à domicile, en milieu hospitalier ou en centre d'accueil sont
destinés à l'élève qui est temporairement dans
l'impossibilité de fréquenter l'école parce qu'il doit
recevoir des soins spécialisés de santé ou de services
sociaux. " Donc, à l'article 31, on prévoit le cas d'un enfant
qui est malade, mais pour une période prolongée et qui, à
ce moment-là, peut recevoir des services éducatifs.
Le Président (M. Tremblay): Si vous permettez, je voudrais
vous indiquer qu'il est maintenant minuit.
M. Bérubé: En dépit de
l'intérêt de la discussion, qui s'est nettement haussée
depuis quelques minutes.
Le Président (M. Tremblay): C'est avec regret que je vous
indique qu'il est minuit. M. le député de Saint-Laurent, je
voudrais savoir si vous voulez poursuivre demain matin.
M. Leduc (Saint-Laurent): On verra demain matin.
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. le
député de Sauvé, vous aviez indiqué, je crois, que
vous vouliez intervenir.
M. Parent: Oui...
Le Président (M. Tremblay): Je mets immédiatement
votre nom sur ma liste pour demain matin. Sur ce, je veux vous indiquer que,
demain, selon l'ordre de la Chambre, nous siégeons de 10 à 13
heures et de 15 à 18 heures ici même, dans cette salle. Oui, M. le
député.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, n'y aurait-il
lieu qu'on raccourcisse la période du lunch de façon qu'on puisse
terminer un peu plus vite l'après-midi?
Le Président (M. Tremblay): Nous
pourrons le faire demain, s'il y a un consentement unanime.
Une voix: Si on commençait à 9 heures demain.
Le Président (M. Tremblay): M. le député,
demain, à l'heure de la suspension pour le lunch, il y aurait lieu
d'amener cette proposition.
M. Ryan: Avant que nous n'ajournions, M. le Président, le
ministre avait dit au début des travaux de la commission qu'il allait
remettre aux membres les projets d'amendement établis par le
gouvernement avant que nous commencions l'étude article par article.
Cette promesse n'a pas été exécutée; est-ce qu'on
pourrait avoir ces amendements?
M. Bérubé: Non, pas tout de suite, M. le
Président, mais dès que je pourrai le faire, il me fera plaisir
de le faire.
M. Ryan: L'autre jour, on nous avait dit...
M. Bérubé: Je ne suis pas tenu, M. le
Président, de procéder. J'ai dit que j'offrais à la
commission de le faire pour nous aider dans nos travaux. Dès que je
serai en mesure de le faire, cela me fera plaisir de le faire.
Le Président (M. Tremblay): On ne peut pas allonger la
discussion là-dessus. M. le député de Saint-Laurent, vous
avez fait une proposition. Pourriez-vous indiquer immédiatement quelle
serait votre position? Je sais que c'est demain qu'il faudra faire la
proposition. On pourrait quand même avoir une indication si c'est la
volonté de la commission, de façon à organiser les
horaires de tout le monde.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je proposerais qu'on commence à
9 h 30 et qu'on prenne seulement une heure pour le lunch de façon qu'on
finisse à 16 h 30.
Le Président (M. Tremblay): Je ne demande pas le vote
parce que je ne peux pas le faire à ce point-ci. Ah! Il faut le faire
à ce point-ci; oui, effectivement. Je vais recevoir une proposition
immédiatement puisqu'il faudrait siéger dès demain
à compter de 9 h 30. Je demande immédiatement s'il y a des
interventions là-dessus.
M. Charbonneau: M. le Président. Le Président
(M. Tremblay): Oui.
M. Charbonneau: Je vous avoue que j'aimerais mieux qu'on commence
à 10 heures. Ce que le député d'Argenteuil propose
m'intéresserait plus: j'aimerais mieux qu'on fasse venir des sandwichs
et qu'on continue "right back" de 10 à 15 heures. Pour 9 h 30, on n'a
pas grand temps de s'organiser.
M. Bérubé: "Right back", ce serait plutôt la
vitesse avec laquelle on fonctionnait il y a quelques heures, mais "right
through" serait mieux.
M. Charbonneau: "Right through"; "right back", je ne suis pas
bien bon en anglais.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela me va très bien. Pas de
problème!
Le Président (M. Tremblay): Dans ce cas, si c'est 10
heures, je n'ai qu'à ne pas recevoir... Ce serait de 10 à 16
heures pour avoir le même nombre d'heures qu'il était prévu
par l'ordre de la Chambre, et ceci, sans arrêt.
Une voix: On prendra l'avion de cinq heures.
Une voix:... consentement unanime?
Le Président (M. Tremblay): Je n'ai pas besoin du
consentement unanime à ce point-ci. L'indication est que les gens sont
d'accord. Demain midi, s'il y a consentement unanime, nous agirons de la sorte.
Sur ce, j'ajourne la commission permanente de l'éducation à
demain 10 heures.
(Fin de la séance à 0 h 6)