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(Dix heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
piatt!
Messieurs et mesdames les membres de la commission et M. le ministre, la
commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux. Nous allons
constater le quorum.
M. le député de Verchères est présent. M. le
député d'Argenteuil est présent. M. le
député de Limoilou remplaçant le député
d'Abitibi-Est, est présent. Mme la députée de Dorion,
remplaçant de M. le député de Mille-Îles, est
présente. M. le député de Sauvé est présent.
Mme la députée de Jacques-Cartier est absente. M. le
député de Bourassa est présent. M. le député
de Fabre est présent. M. le député de Saint-Laurent est
présent. M. le député de Matapédia est absent. M.
le député de Vachon est absent. Mme la députée de
L'Acadie est présente; elle remplace M. Sirros (Laurier). Et M. le
député de Matane est membre de la commission, d'office.
M. Ryan: La députée de Jacques-Cartier doit
s'excuser, parce qu'elle avait une réunion importante à
Montréal aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay): Nous sommes réunis ici
ce matin sur un mandat de l'Assemblée nationale. Le mandat est
d'étudier article par article le projet de loi 3, Loi sur l'enseignement
primaire et secondaire public.
Obligation de fréquentation scolaire
(suite)
Nous sommes présentement à étudier l'article 15 et
la parole était peut-être au député de
Saint-Laurent. Je ne le sais pas, il ne me l'avait pas indiqué hier. Il
avait dit: On verra demain matin. Il avait la parole au moment où on a
quitté et il m'a dit: On verra demain matin. Est-ce que vous voulez la
parole, M. le député de Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Tantôt.
Le Président (M. Tremblay): Je passe la parole à M.
le député de Verchères. Il me l'avait demandée
hier. Vous passez?
M. Charbonneau: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Vous pourrez toujours
revenir.
Mme Lavoie-Roux: Demander le droit de parole la veille au soir,
franchement. Moi, me le donneriez-vous la semaine prochaine, le droit de parole
en arrivant?
Une voix: Il était tard, hier.
Le Président (M. Tremblay): Il y avait le
député de Sauvé. Si vous me demandez de faire ça ce
soir, je vais le faire, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pour mardi prochain?
Le Président (M. Tremblay): Pour mardi prochain, je vais
le faire, si c'est votre désir.
Mme Lavoie-Roux: Non, vous ne devriez pas le faire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé, est-ce que vous voulez la parole sur l'article 15? Vous la
voulez?
M. Parent: Je vais attendre.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Alors, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Moi, M. le Président, j'aimerais faire
une motion sur l'article 15. On s'est couché pas mal tard, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, effectivement, les nuits
sont courtes à Québec.
Motion pour inclure les services
éducatifs
Mme Lavoie-Roux: Que l'alinéa 3 de l'article 15 soit
remplacé par le suivant: "Reçoit à la maison des services
éducatifs que la commission scolaire détermine et estime
équivalents à ceux qui sont dispensés à
l'école". M. le Président, très brièvement, parce
que je pense que la discussion en a été faite hier soir...
D'abord, sur la recevabilité.
Le Président (M. Tremblay): Je vais comprendre.
Une voix: On l'a, nous autres.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la motion est recevable.
Le Président (M. Tremblay): Vous me permettez d'en prendre
connaissance?
M. Laplante: Cela fait plaisir de voir ça ce matin.
Le Président (M. Tremblay): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur la
recevabilité. Dans la mesure où mes connaissances du
règlement sont exactes, il me semble bien que cet amendement ne vient
pas modifier le fond, il ne fait que rendre un peu plus contraignantes les
responsabilités que la commission scolaire doit exercer à
l'égard des services éducatifs dispensés à un
enfant qui doit rester à la maison parce qu'il est handicapé,
comme le disait le ministre hier soir, d'une façon permanente. Il me
semble qu'il est fort acceptable.
Le Président (M. Tremblay): Je le déclare
recevable.
Mme Lavoie-Roux: J'ai vraiment fait un bon plaidoyer. Merci, M.
le Président.
M. le Président, je ne voudrais pas refaire...
Une voix: Cela a été court à part
ça.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que je pourrais juste
poser une question? Est-ce que Mme la députée accepterait
qu'après "détermine" on ajoute les mots "et qu'elle estime"?
Mme Lavoie-Roux: Si vous pensez que... Attendez une minute.
M. Bérubé: "Que la commission scolaire
détermine et qu'elle estime équivalents".
Mme Lavoie-Roux: Du point de vue du bon français, ce
serait peut-être un peu plus clair. Je n'ai aucune espèce
d'objection. Alors, on l'intègre, M. le Président, c'est une
correction de forme.
Je ne veux pas refaire...
M. Bérubé: Maintenant, on va la battre.
Le Président (M. Tremblay): Vous modifiez votre
amendement, Mme la députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Bien, modifier... C'est une correction de
forme.
Le Président (M. Tremblay): Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, absolument.
Le Président (M. Tremblay): Vous êtes d'accord?
L'amendement se lirait comme suit: "Reçoit à la maison des
services éducatifs que la commission scolaire détermine et
qu'elle estime équivalents à ceux qui sont dispensés
à l'école".
Mme Lavoie-Roux: Ce qui me paraît particulièrement
important, strictement sur la correction que nous apportons ici, parce que la
discussion a été faite hier soir, c'est que le mot
"détermine" oblige la commission à une action plus réelle.
Quand il s'agit simplement d'estimer, c'est un peu comme d'autres concepts dont
on a discuté hier soir, mais qui demeurent assez vagues. Tandis que,
quand elle détermine, elle doit prendre une action, elle doit agir.
C'est dans ce sens que je pense que cela crée une obligation plus
réelle pour la commission scolaire à l'égard de ces
enfants. C'est vraiment le sens de cet amendement.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement? M. le ministre.
M. Bérubé: Oui. On a regardé des
possibilités d'amendement et je préfère ce que la
députée de L'Acadie nous propose. Je vous dis
immédiatement que la réticence que j'avais un peu hier est la
suivante: lorsqu'on impose une obligation d'aller à l'école, il
faut quand même bien se dire qu'on fait quelque chose d'un peu unique
dans notre droit. On va empêcher des gens de faire des choses au nom de
la protection des libertés des autres, mais là, on force
véritablement une personne à adopter des comportements contre son
gré, de toute évidence, puisque si on en fait une obligation,
c'est qu'on présume que la personne, de son plein gré, refusera
d'adopter un comportement donné. C'est donc assez rare qu'on impose des
comportements dans nos lois. Cela existe, mais, là, vraiment, on va
assez loin.
Face à cela, on est amené à dire: Peut-être
va-t-on trop loin. On doit quand même laisser une place à
l'initiative individuelle, là où, par exemple, des parents
voudraient donner l'enseignement à leurs enfants, et c'est raisonnable.
Évidemment, ils ne donnent pas tout l'enseignement que la commission
scolaire est capable de donner. C'est bien évident qu'il y a des
services éducatifs qu'on ne peut accorder à la maison et que la
commission scolaire accorde; néanmoins, il y a une limite à ce
que l'on peut imposer à des gens.
Sur le plan de la rédaction initiale, on ne faisait appel
qu'à la notion
d'enseignement et il faut reconnaître qu'existent des services
éducatifs que la commission scolaire, que la société
estime effectivement que l'on devrait fournir à un enfant et que le fait
de le garder à la maison empêche cet enfant de les recevoir. Dans
la mesure où on laisse cela entre les mains, encore une fois, de
quelqu'un, localement, qui peut l'apprécier, à ce
moment-là, j'aurais tendance à l'accepter. Les formes que nous
avions examinées portaient davantage sur un droit général,
c'est-à-dire décider à Québec pour tout le monde,
quelles que soient les circonstances. Pour cela, je suis toujours un peu
réticent parce qu'on ne sait pas quelles sont les conditions que l'on va
vivre localement et, dès qu'on a mis un absolu dans une loi, on est
pris, après, pour vivre avec des situations individuelles qui n'ont pas
de bon sens et que sept, huit ou dix personnes bien intentionnées,
autour d'une table de l'Assemblée nationale, bien que mandatées
par la population, ont décidées. Cela m'inquiète toujours
un peu.
Mais tel que rédigé, ce que j'aime dans l'amendement,
c'est qu'il laisse une marge de manoeuvre à des gens qui sont
confrontés avec le problème réel. Cela ne veut pas dire
qu'ils ne feront pas d'erreur, localement, mais, au moins, il laisse une marge
de manoeuvre à des gens pour porter une appréciation sur un cas
particulier. Je pense qu'en mettant "que la commission scolaire
détermine", à ce moment-là, effectivement, on peut estimer
que, dans une commission scolaire, il y a certains services que l'on offre qui
sont essentiels et que, si on veut garder l'enfant à la maison, on
devrait être en mesure de les offrir aussi. À ce moment-là,
je pense que cela voudra dire, cependant, qu'on n'offrira sans doute pas tous
les services éducatifs que l'école...
Mme Lavoie-Roux: On ne transportera pas de gymnase à la
maison.
M. Bérubé: Oui, c'est ce que j'avais à
l'esprit et cela me fatiguait un peu. Mais je pense que rédigé
comme cela, personnellement, je serais d'accord.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: Juste une petite remarque. Je ne sais pas si le
ministre pourrait fournir un éclaircissement. Est-ce qu'on a
prévu là-dedans le cas d'un parent qui veut garder son enfant
à la maison et lui fournir un précepteur ou un professeur
privé pour lui donner des services lorsque, en même temps, dans
les grands centres comme Montréal, l'école a un réseau
pour recevoir les enfants malades ou les enfants en difficulté? On
connaît le manque de flexibilité ou la sensibilité des
parents qui vivent avec des enfants qui sont handicapés, qui sont
malades et tout cela. Ils ont peur de les laisser s'intégrer dans le
milieu. Ils craignent pour eux. Ils veulent les surprotéger. Ils veulent
les garder chez eux. Une loi comme cela a pour but premier d'assurer que
l'école publique existe et d'obliger aussi la population, dans un
certain sens, à adhérer à cette école publique pour
recevoir une instruction de qualité. Est-ce qu'on a pensé
à donner à la commission scolaire des mesures ou des armes pour
que, chaque fois que la commission est en mesure de donner les services que le
parent prétend être le seul à donner chez lui, on puisse
exiger la fréquentation de l'école publique?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Oui, puisqu'il y a obligation de
fréquentation, à moins que la commission scolaire ne
décide que certains services éducatifs doivent être fournis
- dans l'amendement qui est proposé ou des services d'enseignement dans
le texte de départ - à l'enfant, ce qui amènerait une
commission scolaire à obliger les parents dans de telles situations
à devoir envoyer leur enfant à l'école parce qu'ils ne
fournissent pas à la maison les services en question. Je présume
que vous faites allusion au cas de parents qui n'ont pas véritablement
la capacité de donner l'enseignement à leurs enfants, qui font
appel à des précepteurs qui sont plus ou moins valables en termes
de qualification et que, de plus, on garde l'enfant complètement
enfermé, sans possibilité de développer des comportements
sociaux et que, dans ces circonstances, la commission scolaire estime que
l'enfant n'est pas véritablement soumis à un milieu qui va
assurer son développement. La commission scolaire peut effectivement
déterminer des services éducatifs, des niveaux d'enseignement,
des moyens ou des régimes d'enseignement si elle constate que les
parents ne peuvent les satisfaire et, à ce moment-là, les parents
sont obligés d'envoyer l'enfant à l'école.
M. Parent: Je m'excuse. Une question de règlement. Est-ce
que c'est permis de continuer à parler de ce point avec le ministre?
M. Bérubé: Bah! C'est tellement agréable de
converser avec vous!
M. Parent: Dans la première partie de
l'interprétation que vous avez donnée, il y a d'autres situations
où le parent pourrait avoir toutes les qualités requises pour
fournir à son enfant les services éducatifs qu'il juge
équivalents et que la commission pourrait juger équivalents
aussi. Il pourrait être très
bien nanti financièrement. Il pourrait avoir un très bon
standing intellectuel et être en mesure de répondre exactement
dans le sens de l'amendement qui a été présenté par
la députée de L'Acadie. Mais, en même temps, la commission
a aussi beaucoup mieux ou a exactement l'équivalent à
l'intérieur de son réseau public. Est-ce que la commission ne
devrait pas obliger l'enfant à fréquenter le réseau public
puisque l'enseignement est obligatoire au Québec? Il y a une nuance.
M. Bérubé: Vous venez de me dire deux choses
presque contradictoires. Vous avez commencé par me dire: Posons
l'hypothèse que les parents peuvent offrir quelque chose
d'équivalent. Ensuite, vous me dites: La commission scolaire offre
quelque chose de beaucoup mieux. Est-ce équivalent ou mieux? Faisans
l'hypothèse que c'est équivalent.
M. Parent: Dans le contexte, j'entends. On sait bien que la
famille n'a jamais l'équivalence en équipement.
M. Bérubé: D'accord. Je vais faire
l'hypothèse que c'est équivalent, que c'est raisonnable.
Ça m'étonne, mais évidemment avec ces bouleversements
politiques on finit par ne plus savoir exactement qui siège de quel
côté de la Chambre.
Une voix: Qui est libéral et qui ne l'est pas.
M. Bérubé: Qui est libéral et qui ne l'est
pas. Dans le fond, ce que nous faisons par la présente loi, c'est aller
à l'encontre de libertés individuelles. Nous disons: Voici! vous
êtes des parents, vous pouvez effectivement donner toute
l'éducation, donner un encadrement qui répond à ce que la
société attend, mais, parce que vous n'êtes pas dans le
camp de concentration X, appelé l'école Unetelle, vous n'avez pas
le droit de le faire.
Je pense que ce n'est pas dans nos traditions démocratiques dans
le fond. Je pense que c'est comme ça qu'il faut le voir. C'est pour
ça que des fois c'est assez bizarre que quelqu'un qui, normalement, a
des orientations plus sociales puisqu'il vient d'un parti qui a des
préoccupations souvent plus social-démocrates où
l'intervention de l'État joue un rôle plus grand, du moins si
j'écoute les critiques de l'Opposition, c'est assez bizarre qu'un membre
de ce parti doive rappeler à un député de l'Opposition,
qui prétend toujours défendre les libertés individuelles,
que oui, effectivement, je pense qu'on a le droit, comme société,
dans des cas vraiment exceptionnels, de forcer, d'imposer des comportements
à nos concitoyens. Je pense qu'on peut le faire. Il n'y a pas de
liberté individuelle absolue, je ne le pense pas.
Cependant, il faut quand même toujours le faire avec la plus
grande prudence, c'est-à-dire: Est-ce qu'on est justifié de
forcer des gens à faire quelque chose contre leur gré quand, dans
l'exemple que vous m'avez donné, on ne peut pas dire que l'enfant ne
reçoit pas l'enseignement, qu'il ne reçoit pas les services
éducatifs? En d'autres termes, il reçoit ce que la
société attend, mais il ne le reçoit pas dans un univers
organisé, structuré, socialement intégré qui
s'appelle l'école. Là, c'est la question qu'on pourrait
élargir: Est-ce qu'on ne devrait pas avoir uniquement un secteur public
et aucun enseignement privé, de manière à réduire
encore davantage l'autonomie des citoyens face à l'enseignement? Je ne
sais pas si c'est votre position.
M. Parent: C'est une question que j'ai posée. Je n'ai rien
affirmé.
M. Bérubé: Je comprends et moi, je réponds
par des interrogations.
M. Parent: Je suis content de voir que le ministre prend garde
aux libertés individuelles des gens dans son projet de loi. Je voulais
en avoir la certitude.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
Motion de sous-amendement
M. Leduc (Saint-Laurent): Si on regarde l'amendement
proposé par la députée de L'Acadie, je pense que c'est une
amélioration mais ça ne me satisfait pas complètement.
J'aurais préféré un texte qui dirait: Reçoit
à la maison les services éducatifs auxquels il a droit. On ne
parle nullement des droits de l'enfant. Je pense que c'est beaucoup plus
important que d'indiquer "que la commission scolaire détermine". Il
faudrait établir que l'enfant a droit à cette éducation,
vu que c'est une exception et que le projet de loi parle toujours de droits. On
dit: La commission scolaire doit dispenser les services auxquels la population
a droit. Je pense que les enfants ont des droits de recevoir des services
éducatifs. Je voudrais bien proposer un sous-amendement et que, dans cet
article, on fasse état des services éducatifs auxquels l'enfant a
droit.
M. Bérubé: Je n'ai pas d'objection...
Le Président (M. Tremblay): Sur la
recevabilité.
M. Bérubé:... parce que je pense qu'il est
recevable, M. le Président. (10 h 45)
Si vous vous interrogez sur la recevabilité, il m'apparaît
recevable.
Le Président (M. Tremblay): Alors, il est recevable. Il
est reçu. Voulez-vous l'envoyer par écrit à la
présidence, s'il vous plaît?
Une voix: Les droits c'est dans l'autre chapitre.
M. Bérubé: Oui, c'est dans le chapitre 1, mais cela
ne fait rien.
Une voix: De la redondance.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, ce n'est pas de la redondance.
Le Président (M. Tremblay): Il y aura débat
là-dessus.
Une voix: Si on veut que la loi soit claire.
M. Bérubé: Mais il faudrait enlever "que la
commission scolaire détermine" et mettre "auxquels il a droit". Sans
cela, la commission scolaire n'a plus aucune marge de manoeuvre.
M. Parent: À ce moment-là, je ne suis pas
d'accord.
M. Bérubé: Je pense que la conséquence
pratique de...
Mme Lavoie-Roux: Moi non plus, je ne suis pas d'accord.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est votre droit.
M. Bérubé:... la discussion du député
de Saint-Laurent, c'est que cela pourrait avoir comme conséquence
pratique que, même si parents et commissions scolaires s'entendent sur un
cas individuel, en pratique, jamais on ne pourrait effectivement accepter que
l'enfant reste à la maison. C'est cela la conséquence de votre
amendement, parce qu'il y a des services éducatifs que l'école
offre et que jamais la famille ne pourra offrir. Je ne peux pas
déménager une piscine dans le salon de la maison. On pourrait
peut-être parler de jouer dans son bain, mais, enfin, il y a quand
même une limite à l'extrapolation. Alors, dès qu'on met
"auxquels l'enfant a droit", le problème, c'est que, pratiquement
parlant, tout ce que la commission scolaire offre devrait nécessairement
être offert à la maison. Comme c'est probablement impossible, cela
voudrait dire, en pratique, que, selon l'alinéa 3, tout enfant
handicapé qui a des problèmes socio-affectifs, qui a des
problèmes réels, même si les éducateurs et les
parents s'entendraient pour dire qu'il est préférable de le
garder à la maison, il faudrait nécessairement l'envoyer dans un
contexte social qui lui serait plus nocif.
Dans le fond, ce que vous nous dites, c'est: Même si les
éducateurs, les élus locaux, comme vous dites si bien, les
représentants des conseils d'école, les parents, tout le monde
était unanime à dire qu'il est préférable pour cet
enfant de recevoir tel type d'enseignement et de formation à la maison
plutôt qu'en milieu scolarisé où, effectivement, cela pose
de très réels problèmes, possiblement socio-affectifs, des
problèmes de toutes sortes, avec votre amendement, c'est bien dommage,
mais c'est, bon pas bon, à l'école. C'est ce que cela veut
dire.
Le Président (M. Tremblay): Je n'ai pas encore reçu
l'amendement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non. Si vous me le permettez, en fait,
la loi ne dit pas que c'est à la commission scolaire de
déterminer les services éducatifs qui doivent être
donnés. La loi dit qu'on donne les services éducatifs auxquels
les élèves, les enfants ont droit. C'est un grand principe. Ici,
on fait une exception pour ces enfants-là et on n'indique pas quelle
sorte de services éducatifs ils recevront. On ne le dit pas. Je voudrais
bien rattacher cela au grand principe du projet de loi 3 qui dit: Ils
reçoivent les services éducatifs auxquels ils ont droit. Cela me
va.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous pourriez nous
faire parvenir votre amendement pour qu'on puisse en discuter?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, je veux bien. Évidemment,
j'enlèverais le mot "détermine".
Le Président (M. Tremblay): Vous pouvez l'arranger comme
vous voulez. C'est vous qui êtes le proposeur.
Mme Lavoie-Roux: Mais là, cela va contrevenir à la
mienne.
M. le Président, l'Assemblée fera ce qu'elle voudra.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je veux bien entendre...
Mme Lavoie-Roux: Il y avait d'autres objectifs que...
M. Leduc (Saint-Laurent):... les autres.
M. Bérubé: Je comprends la bonne intention du
député de Saint-Laurent. Je pense qu'on ne lui prête pas de
mauvaises intentions. Je pense qu'il a une bonne intention.
Une voix: On respecte cela.
Mme Lavoie-Roux: Il y avait deux objectifs que je visais. Le
premier, c'est qu'hier...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir le sous-amendement? Je ne
l'ai pas.
Une voix: Comment cela se lirait-il?
M. Leduc (Saint-Laurent): Je dirais: Reçoit à la
maison...
M. Ryan: Est-ce qu'on discute sur l'amendement ou le
sous-amendement?
M. Leduc (Saint-Laurent): Le sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay): Il y a un sous-amendement qui
a été annoncé, je l'attends.
M. Leduc (Saint-Laurent): On dirait: Reçoit à la
maison les services éducatifs auxquels il a droit. Auxquels il a droit,
point. Je pense que le reste, ce n'est plus important.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux parler sur l'amendement?
Le Président (M. Tremblay): Je ne l'ai pas reçu
encore.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne l'avez pas encore reçu.
M. Ryan: Sur le sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, sur le sous-amendement, mais c'est
difficile de parler sur le sous-amendement sans faire référence
à l'amendement principal.
M. Bérubé: Oui et sans avoir un texte
dactylographié.
Mme Lavoie-Roux: Ne recommencez pas. Il peut arriver des fois
qu'on l'améliore sur-le-champ. Là, je ne suis pas sûre.
Le Président (M. Tremblay): Il faudrait dire à
quelle place on met cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): On remplace le paragraphe 3, par ce
texte.
Le Président (M. Tremblay): Tout le paragraphe 3?
Écoutez, ce qu'il faut faire dans un cas comme ça, c'est battre
la motion.
M. Leduc (Saint-Laurent): Là, ce n'est plus un
sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay): Cela va à
l'encontre.
M. Leduc (Fabre): Je m'excuse. Il me semble qu'on n'a qu'à
dire: Biffe à partir de "que la commission scolaire détermine,
etc., " et remplace cette partie par "auxquels il a droit". C'est un
sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay): Dans ce sens, c'est un
sous-amendement. Le député me dit que ce texte remplacerait toute
la motion qui est devant nous.
M. Leduc (Fabre): Non, c'est une question de formulation. Je
pense qu'il s'agit de dire: Biffe "que la commission scolaire... " et remplace
cette partie par "auxquels il. a droit". À ce moment, le sous-amendement
est recevable. Il biffe et il ajoute.
M. Leduc (Saint-Laurent): Après "reçoit à la
maison un enseignement", on biffe...
M. Leduc (Fabre): "Que la commission scolaire... "
M. Leduc (Saint-Laurent):... "que la commission scolaire estime
équivalent à celui qui est dispensé à
l'école".
Mme Lavoie-Roux: Comment cela va-t-il se lire?
M. Leduc (Saint-Laurent): "Reçoit à la maison des
services éducatifs... "
M. Leduc (Fabre): "Auxquels il a droit".
M. Leduc (Saint-Laurent): "Reçoit des services
éducatifs auxquels il a droit".
M. Leduc (Fabre): "Auxquels il a droit", point.
Le Président (M. Tremblay): Vous biffez le reste.
M. Leduc (Fabre): Il biffe, à partir de "que", tout le
reste de la phrase...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: C'est tout le dernier membre.
M. Leduc (Fabre):... et le remplace par...
M. Leduc (Saint-Laurent): Ou bien, si vous le permettez, je pense
qu'il faudrait modifier également les autres articles. Quand on dit: Le
grand principe que les commissions scolaires dispensent l'enseignement auquel
la population a droit, on ne dit pas que la commission scolaire
détermine.
M. Leduc (Fabre): M. le Président...
M. Leduc (Saint-Laurent): On dit auquel la population a droit. On
est logique.
Le Président (M. Tremblay): Sur la
recevabilité?
M. Leduc (Fabre): C'est-à-dire que j'ai une question
à poser au proposeur du sous-amendement. Il y a une nuance entre
reçoit à la maison "des" services éducatifs et
reçoit à la maison "les" services éducatifs. Cela est
important pour la signification du sous-amendement qui est proposé.
Mme Lavoie-Roux: Oui parce que "les", c'est "les".
M. Leduc (Fabre): Est-ce que c'est "les" ou "des"? Je pose la
question au député. Est-ce qu'il modifie également "des"
par "les"?
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce serait peut-être
préférable, oui.
M. Leduc (Fabre): C'est très différent. M. Leduc
(Saint-Laurent): Oui.
M. Leduc (Fabre): Il n'avait pas modifié "des". C'est
"des". C'est important de le savoir.
M. Ryan: Quelle que soit la formule retenue, cela va être
mieux "les".
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui. D'ailleurs, l'article 259 dit bien
"les services éducatifs".
M. Bérubé: Tu liras le Soleil, on remonte.
Mme Lavoie-Roux: Même dans le premier amendement on est
mieux avec "les" que "des". "Les", c'est mieux.
M. Ryan: Il faudrait s'entendre là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'amendement est arrivé?
M. Leduc (Fabre): Alors, madame accepte que ce ne soit pas "des",
mais "les".
Le Président (M. Tremblay): Je le déclare
recevable.
M. Leduc (Fabre): Les services éducatifs.
Mme Lavoie-Roux: Ne nous mêlons pas.
C'est le sous-amendement. L'autre, on y reviendra.
M. Bérubé: On va attendre d'avoir un texte
écrit.
Le Président (M. Tremblay): La formulation, c'est: biffer
les mots qui suivent le mot "éducatifs" et les remplacer par les mots
"auxquels il a droit". Mais il y a aussi "les". On va le changer...
Une voix: Vous pouvez le faire en vertu de 185.
Le Président (M. Tremblay): En vertu de l'article 185, je
vais changer immédiatement "reçoit à la maison des" pour
"les services éducatifs...
Une voix: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Tremblay):... que la commission scolaire
détermine". Alors, cette motion n'est pas complète, ici. Si j'ai
bien compris la volonté du député, c'est de biffer les
mots suivants les mots "éducatifs" par les mots "auxquels il a droit" et
biffer, c'est-à-dire qu'il faut tout biffer et le remplacer par cela. Je
trouve que cette formulation n'est pas claire.
Une voix: Biffer les mots qui suivent "éducatifs"...
Le Président (M. Tremblay): Oui, cela va. C'est vrai.
Une voix:... et les remplacer par les mots "auxquels il a
droit".
Le Président (M. Tremblay): Oui, cela va.
Alors, la proposition vise à biffer tout ce qu'il y a
après "éducatifs" et à le remplacer par "auxquels il a
droit". Le sous-amendement est en discussion.
M. le député de Saint-Laurent, j'imagine.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais simplement redire, M. le
Président, que l'article 259 établit un grand principe, que la
commission scolaire doit s'assurer que la population de son territoire
reçoive les services éducatifs auxquels elle a droit. Je pense
que c'est un prolongement; si on fait une exception pour les enfants qui
reçoivent des services éducatifs à la maison, au niveau du
milieu familial, de la famille, je pense qu'on doit leur donner ces mêmes
droits de recevoir des services éducatifs auxquels ils ont droit de par
la loi, sans les qualifier, sans établir que c'est la commission
scolaire
qui va, dans ce cas particulier et contrairement à la
règle générale, déterminer ou évaluer ces
services éducatifs. Je vous dirais, M. le Président, qu'il
n'appartient pas à la commission scolaire d'évaluer ou de
déterminer ces services. En fait, on se trouve à limiter les
services donnés à cet enfant.
M. Bérubé: Étant donné, M. le
Président, qu'il y a eu plusieurs amendements et que je me suis non pas
entendu, mais que j'ai conversé avec le député de
Sauvé, à l'arrière, pour essayer d'échanger avec
quelqu'un qui a une grande connaissance du fonctionnement d'une commission
scolaire, ce qui m'a permis d'enrichir ma compréhension du
problème, j'ai raté un certain nombre de modifications
apportées dans la discussion et j'aimerais cela qu'on nous fasse lecture
de l'article tel qu'il existerait une fois amendé et
sous-amendé.
Le Président (M. Tremblay): Je crois que je pourrais vous
faire cela.
M. Bérubé: Allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Alors, tout le paragraphe 3 de
l'article 15 serait changé si on adoptait la proposition de Mme la
députée de L'Acadie, ainsi que l'amendement du
député de Saint-Laurent. Cela se lirait comme suit: "3°
reçoit à la maison les services éducatifs auxquels il a
droit". Point à la ligne.
Est-ce que le député de Saint-Laurent a
terminé?
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous me le permettez, M. le
Président, la loi, en aucun cas, ne donne le droit à la
commission scolaire d'évaluer, d'estimer ou enfin, de juger de la
qualité ou de la quantité des services éducatifs.
Mme Lavoie-Roux: Pardon!
Une voix: C'est cela une commission scolaire!
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, une commission scolaire!
M. Leduc (Saint-Laurent): La loi dit que les enfants, la
population reçoivent les services auxquels l'enfant a droit.
M. Laplante: Cela fait longtemps qu'il n'a pas été
commissaire.
Le Président (M. Tremblay): La commission pourrait se
passer des... (Il heures)
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis sur le grand principe
établi par la loi. Il pourrait y avoir des cas où les services
donnés ne sont pas suffisants et il. n'y aurait aucune
possibilité de s'en plaindre parce qu'ils se conformeraient à
l'alinéa 3 de l'article 15, alors que la loi ne met pas ces balises,
d'aucune façon. Elle dit: Les élèves reçoivent les
services éducatifs auxquels ils ont droit.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, un tel amendement ou
sous-amendement nous conduit à l'absurdité. L'article 15 se
lirait: Est dispensé de l'obligation de fréquenter l'école
publique l'élève qui reçoit à la maison les
services éducatifs auxquels il a droit. Cela veut dire que tout enfant
pourrait refuser d'aller à l'école et exiger de recevoir à
la maison les services éducatifs auxquels il a droit,
c'est-à-dire...
M. Bérubé: On déménage l'école
à la maison.
M. Leduc (Fabre):... qu'on déménage l'école
à la maison. C'est ce que cela veut dire.
M. Bérubé: C'est vrai, ou on déménage
la maison à l'école.
M. Leduc (Fabre): Ou on déménage la maison à
l'école, l'un des deux. Ce qui régit finalement,
concrètement, la mécanique qui nous conduit à des services
éducatifs, en tout cas, reliés à l'enseignement, c'est le
régime pédagogique. Cela veut dire que l'enfant pourrait exiger
que le régime pédagogique soit appliqué chez lui, à
la maison, qu'il ait un professeur de français, un professeur d'anglais,
un professeur de mathématiques, etc., et que la classe se transpose dans
sa chambre à coucher ou dans son salon, sans compter les autres services
auxquels il a droit à l'école, c'est-à-dire les services
d'un éducateur physique, avec l'espace et l'équipement requis.
Cela nous conduit à une absurdité invraisemblable. Je ne peux pas
croire que le député de Saint-Laurent ait vraiment voulu faire
cet amendement avec cette intention.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Je pense qu'on devrait, d'abord, se
rendre compte que l'alinéa 3, tel qu'il est rédigé, est
déjà plus contraignant que la loi actuelle. On disait
antérieurement dans la loi que l'enfant qui est empêché de
fréquenter l'école à la suite d'un handicap physique ou
mental est dispensé de cette obligation. Ceci allait très loin.
Dès que quelqu'un était handicapé, il n'était pas
obligé d'aller à l'école. Là, nous resserrons
considérablement l'exemption puisque maintenant on dit:
Attention, il faut au moins qu'il reçoive à la maison un
enseignement que la commission scolaire estime équivalent. La commission
scolaire est obligée de faire une évaluation de l'enseignement
qu'il reçoit. Déjà, c'est plus serré, beaucoup plus
serré. Il n'obtient pas une dispense automatique; il obtient une
dispense seulement si l'enseignement auquel il a droit, après
évaluation, est bel et bien reçu.
L'amendement de la députée de L'Acadie me paraît
fort valable et, dans le sens des propos d'hier soir, on dit: Ce n'est pas
tout, la commission scolaire pourrait vouloir aller plus loin que le seul
enseignement et exiger que des services éducatifs soient donnés
à la maison. On présume, évidemment, qu'elle va faire
preuve de bon sens et qu'elle n'exigera pas des services qu'il est impossible
de donner à la maison. On présume que la commission scolaire est
de bonne foi et qu'elle dispose de l'expertise technique pour évaluer ce
qu'il est possible de donner à la maison. Donc, l'amendement de la
députée de L'Acadie a l'avantage de forcer la commission scolaire
à évaluer non seulement l'enseignement, mais aussi les services
éducatifs. Deuxièmement, il a quand même l'avantage de
laisser une certaine souplesse aux citoyens responsables qui doivent prendre
des décisions; il faut bien être conscient qu'il s'agit de
décisions individuelles.
Ce qui m'inquiète le plus, c'est que chaque fois que l'on parle
de problèmes d'adaptation ou de difficultés d'apprentissage,
au-delà des mots et des grands principes, on fait appel à des
êtres humains, des êtres humains qui peuvent se retrouver dans des
situations fort complexes d'une fois à l'autre, qu'on ne peut pas, ici,
à l'Assemblée nationale, anticiper sous toutes leurs facettes.
Par conséquent, il faut laisser une marge de manoeuvre. On dit que tout
le monde est obligé, mais si des gens intelligents, parents,
commissaires et éducateurs, arrivaient à la conclusion que
l'autre solution est préférable, je pense qu'il faut encore avoir
dans nos lois une certaine souplesse pour le permettre, il me semble.
Et l'avantage de l'amendement de la députée de L'Acadie,
c'est qu'il met une pression, il va obliger la commission scolaire à se
préoccuper non seulement d'enseignement, comme nous voulions le faire,
ce qui n'était pas dans la loi originale mais à aller plus loin
que cela et à se préoccuper également de services
éducatifs; cela paraît désirable. Mais il permet,
cependant, une souplesse intelligente, à laquelle, je pense, on devrait
donner droit. Il me semble qu'on devrait, dans ces conditions, soit voter
contre l'amendement ou le sous-amendement, ou au moins s'abstenir.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je regarde encore l'article 259.
Tantôt, le député de Fabre disait que c'était
absurde. C'est absolument faux. L'article 259 ne dit pas que les
élèves ont droit à tous les services imaginables. Pas du
tout!
M. Bérubé: C'est pour les travaux de la ferme,
l'article 259.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il dit simplement qu'ils ont certains
droits, "les services éducatifs auxquels elle a droit". Alors, je le
répète, ce sera un prolongement tout...
M. Bérubé: L'article 259 de la loi actuelle ou de
l'ancienne loi?
M. Leduc (Saint-Laurent): De la loi actuelle.
M. Bérubé: De la loi actuelle! Ah, bien là,
c'est la dispense pour les fins de travaux à la ferme!
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas du tout, pas du tout.
M. Bérubé: L'article 259 de la loi actuelle?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui.
M. Bérubé: Ah, du projet de loi! Excusez-moi,
excusez-moi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien moi, je parle...
M. Bérubé: La loi actuelle, c'est la Loi sur
l'instruction publique.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien, j'étudie le projet de loi
3, M. le ministre. Je ne suis pas à étudier...
Une voix: Il n'est pas encore adopté.
M. Bérubé: Il n'est pas adopté,
d'accord.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'étudie ce projet de loi.
Le Président (M. Tremblay): Parce que là vous
étudiez un article qu'on n'a pas étudié, on a bien
hâte de s'y rendre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non. Je dis que c'est dans le
prolongement. L'article 259 établit un grand principe et je voudrais que
ce soit un prolongement, que les enfants
qui sont sujets à une exception reçoivent les services
auxquels ils ont droit. Cela ne veut pas dire qu'ils vont recevoir des services
de gymnase; c'est absolument stupide, à mon sens, de dire cela. Pas du
tout: À l'article 259, on ne dit pas cela, pas du tout. On dit
simplement "reçoit les services auxquels elle a droit".
Une voix: Quels services?
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela va être les services
déterminés par la commission scolaire.
Des voix: Ah!
M. Leduc (Saint-Laurent): Bon. Mais je tiens beaucoup au principe
parce que c'est celui-là qui règle l'économie
générale du projet de loi.
Alors, l'article 259 n'en parle pas. Il ne dit pas "les services
éducatifs déterminés par la commission scolaire", pas du
tout. Il dit "auxquels elle a droit", la population, c'est-à-dire les
enfants. Je ne veux pas m'entêter, je ne veux pas me battre
là-dessus, mais je pense que c'était peut-être une
amélioration.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous voulez qu'on
adopte l'article 259 tout de suite, M. le député...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas du tout.
Le Président (M. Tremblay):... pour que l'on puisse en
discuter?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pas du tout, mais je pense que c'est
tellement relié, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Il n'est pas adopté,
l'article 259.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non.
Le Président (M. Tremblay): Alors, on ne peut pas
présumer qu'il va être adopté.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est cela. Il est dans le projet de
loi. Alors, je pense qu'il est bien logique d'y référer. Alors,
si on pense que c'est préférable de ne pas l'insérer, je
n'en ferai pas un drame.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne demanderai pas le droit de vote
là-dessus. Si les autres participants pensent que c'est
préférable, le texte tel qu'il a été
proposé, cela me va.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Non, je pense, M. le Président, que l'amendement
qui est présenté permet de couvrir des aspects qui
n'étaient pas complètement protégés par le texte
original. La pensée du député de Saint-Laurent est
généreuse. Je pense qu'on doit l'avoir à l'esprit, mais ce
ne serait probablement pas une bonne chose de l'insérer dans le texte du
projet de loi à cet article-ci. S'il consent à laisser tomber ce
projet de sous-amendement, je pense que ce serait préférable dans
le contexte où nous sommes et dans l'état actuel de nos
réflexions sur cette question. Si c'est la volonté du
député de Saint-Laurent, je souscrirais à cela volontiers.
Je crois que la préoccupation est là et on va voir à
l'inscrire dans d'autres articles du projet de loi, comme celui dont il a
été fait mention, lorsqu'on arrivera là.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, j'inviterais le
député de Saint-Laurent à relire la section III,
Définition des services éducatifs.
M. Ryan: Une question de règlement, M. le
Président. Le député de Saint-Laurent a manifesté
son intention de laisser tomber son projet de sous-amendement...
M. Leduc (Fabre): Oui, d'accord.
M. Ryan:... si c'est le sentiment de la commission.
Peut-être que ce serait inutile de poursuivre le débat
là-dessus si telle est sa volonté. Alors, on pourrait revenir
à l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Bien là, sur la
question de règlement, je voudrais dire que comme la motion a
été acceptée ici, elle n'appartient plus en propre au
député.
Mme Lavoie-Roux: À l'unanimité, s'il y a
consentement, il peut la retirer.
Le Président (M. Tremblay): Il y a deux manières de
la retirer, mais ce sont toujours les membres... Il pourrait y avoir un membre
qui décide que cette motion...
Mme Lavoie-Roux: Doit passer au vote.
Le Président (M. Tremblay):... il la veut. Il appartient
à la commission de décider. La manière normale de disposer
d'une proposition dont on ne veut pas dans une commission parlementaire, c'est
de la battre.
M. Bérubé: Elle ne peut pas être
retirée.
Mme Lavoie-Roux: Oui, avec l'unanimité.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Elle peut être
retirée s'il y a le consentement de tout le monde. C'est
l'équivalent de la battre.
M. Bérubé: Je ne sais pas si le
député de Saint-Laurent est d'accord, mais, de notre
côté, est-ce que le député de Bourassa est d'accord?
L'intention est généreuse.
M. Laplante: J'aime beaucoup la proposition de Mme la
députée de L'Acadie et je consentirais à ce qu'il retire
sa motion.
Le Président (M. Tremblay): Bon, d'accord.
M. Bérubé: En fait, je pense qu'on est
fondamentalement tous d'accord avec le sous-amendement, mais on
préférerait qu'il soit retiré.
Le Président (M. Tremblay): Alors, que fait-on de cette
motion? On la retire. Est-ce qu'il y a unanimité pour la retirer?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Elle est retirée. Nous
revenons maintenant à la motion originale qui est comme ceci: "Que
l'alinéa 3 de l'article 15 soit remplacé par le suivant: 3
reçoit à la maison les services éducatifs que la
commission scolaire détermine et qu'elle estime équivalents
à ceux qui sont dispensés à l'école. " Mme la
députée de L'Acadie.
Une voix: Il faut remplacer "des" par "les".
Mme Lavoie-Roux: Oui, tout le monde était d'accord pour
cela aussi, qu'on remplaçait "des" par "les".
Le Président (M. Tremblay): Je l'ai fait d'office, comme
me le permet le règlement. Non, j'ai lu "les" et j'ai bien fait
attention parce que c'était la raison pour laquelle je relisais la
motion. Je voulais la faire inscrire correctement et avec
sécurité dans le projet de loi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Très bien, M. le
Président. J'ai mal entendu.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même que ce soit
très clair. La discussion, nous l'avons faite hier soir. Je comprends
qu'il y ait eu des éléments qui ont été
oubliés durant la nuit. Il y a deux objectifs principaux dans cet
amendement. Le premier, c'est que le paragraphe 3, tel qu'il est
rédigé dans le projet de loi actuel, à l'article 15,
limitait à l'enseignement. En l'étendant aux services
éducatifs, je pense que cela donne une dimension plus large de
l'éducation. C'est qu'on pourrait strictement se confiner à
l'enseignement et dire qu'il n'y a pas d'autres services qui sont requis.
Même, sans vouloir déménager la piscine à la maison,
il reste que, par exemple, il peut y avoir des activités de
socialisation pour un enfant qui est à la maison, qui feraient partie
des services éducatifs, pour donner un seul exemple. C'était un
des objectifs pour vraiment donner un sens plus large au mot
"enseignement".
Le deuxième, je le répète, c'était que la
commission scolaire puisse être, peut-être, un peu
négligente ou se défile ou, dans la foulée de ses
responsabilités, n'apporte pas toute l'attention requise ou que
l'obligation qui lui est faite ne soit pas assez contraignante puisqu'il ne
s'agissait que d'estimer. Maintenant, elle devra aussi déterminer la
nature de ces services éducatifs. C'étaient les deux
objectifs.
M. Bérubé: On m'indique un petit problème
avec la rédaction qui pourrait aller moins loin que l'article de loi
à l'heure actuelle. Peut-être que la députée de
L'Acadie accepterait un amendement qu'on est en train d'essayer de fignoler. Je
m'explique.
À l'heure actuelle, la commission scolaire ne peut pas poser de
geste d'évaluation concernant l'enseignement. Elle ne peut pas
déterminer la nature de l'enseignement que l'enfant doit recevoir. C'est
bien écrit: "reçoit à la maison un enseignement que la
commission scolaire estime équivalent à celui qui est
dispensé à l'école. " Donc, elle n'a pas la latitude de
déterminer les matières, le régime pédagogique ou
l'ensemble des connaissances qu'un enfant doit obtenir. À cet
égard, elle est obligée de s'assurer que l'enfant reçoit
chez lui l'équivalent de ce qu'elle donne.
Là où il faut appliquer le raisonnement de la
députée de L'Acadie, c'est au niveau des services
éducatifs où, effectivement, on pourrait vouloir laisser une
latitude à la commission scolaire. Donc, si on veut maintenir autant de
pression - à moins qu'on ne le veuille pas - si on ne veut pas diminuer
le sens ou la portée de l'alinéa 3 de l'article actuel, on me
suggère ceci: Reçoit à la maison des services
d'enseignement que la commission scolaire estime équivalents à
ceux qui sont dispensés à l'école et les autres services
éducatifs que
la commission scolaire détermine.
Mme Lavoie-Roux: J'ai de la misère à voir la
différence. Pourquoi isolez-vous l'enseignement alors qu'à
l'article 21 "les services éducatifs comprennent des services de
formation et d'éveil, des services d'enseignement, des services
complémentaires et des services particuliers"? Sous le titre "services
éducatifs", je pense qu'on couvre toutes les
éventualités.
M. Bérubé: Les services éducatifs font
référence à des moyens.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: L'enseignement fait
référence à des contenus. Par exemple, un laboratoire de
physique, c'est un instrument. Le programme de physique, c'est le contenu
éducatif.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: Tel que rédigé, on disait:
"Reçoit à la maison un enseignement que la commission scolaire
estime équivalent à celui qui est dispensé à
l'école. " Donc, le contenu enseigné était jugé
équivalent. Les moyens pris pour dispenser un tel enseignement
pouvaient, évidemment, être différents. À partir du
moment où on met "services éducatifs", on vient automatiquement
de s'attaquer, cette fois-ci, aux moyens. On va ajouter des services
d'orthopédagogie, de psychologues, d'équipement sportif.
Là, on commence à introduire des instruments, ce qui n'existait
pas, effectivement, dans l'alinéa 3, c'est clair. À partir du
moment où on veut introduire cette dimension additionnelle, je n'ai pas
d'objection à ce qu'on supprime "enseignement" pour le remplacer par
"services éducatifs". Je vais dans le sens d'un plus grand
libéralisme encore, c'est-à-dire que la commission scolaire
aurait toute latitude pour déterminer les services éducatifs
qu'elle juge appropriés. Donc, on n'enseigne qu'un cours de
mathématiques sur les cinq cours de mathématiques auxquels
l'enfant est astreint et, si la commission scolaire juge que c'est suffisant,
c'est suffisant. Là, on va moins loin que l'alinéa 3 tel qu'il
est.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous relire la suggestion qui vous a
été faite?
M. Bérubé: D'accord. La suggestion maintiendrait
l'alinéa tel qu'il est, c'est-à-dire: Reçoit à la
maison des services d'enseignement que la commission scolaire estime
équivalents à ceux qui sont dispensés à
l'école - voilà donc la contrainte concernant le contenu du
programme - et les autres services éducatifs que la commission scolaire
détermine.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je serais très
ouverte à un amendement qui pourrait améliorer parce que c'est
cela qu'on cherche par la discussion que nous avons sur le troisième
paragraphe depuis le début. Tel que formulé présentement
au paragraphe 3, je n'aimais pas que seul le concept d'estimation, si on peut
dire, soit retenu, parce que "estimer" je trouvais que cela n'était pas
assez contraignant et c'est pour cela qu'on a ajouté la
détermination à l'estimation, si vous voulez.
L'autre chose, c'est que - je voudrais que le ministre le lise -
à l'article 21 du projet de loi, les services éducatifs
comprennent des services de formation, enfin tous les services qui y sont
énumérés. C'est vraiment un concept qui englobe l'ensemble
des services qu'un enfant peut recevoir en éducation et les services
d'enseignement sont compris dans les services éducatifs. Là, on
les met à part et dans la deuxième partie, dans le fond, cela
équivaudrait à d'autres services éducatifs que la
commission détermine.
Je pense que, pour des enfants...
M. Bérubé: Peut-être.
Mme Lavoie-Roux:... c'est aussi important d'avoir les services
complémentaires. Comme je le disais tout à l'heure, dans le cas
d'un enfant handicapé, cela pourrait être des services de
socialisation, des services particuliers; peut-être qu'il a besoin de
stimulation particulière ou d'autre chose compte tenu de son handicap,
quoi. J'aime mieux les services éducatifs, ce qui n'ajoute pas à
ce que, je pense, on veut tous donner à ces enfants, dans la mesure
où ils sont capables de les recevoir. Il y a toujours ce type de limite.
J'aurais accepté de fort bonne grâce une suggestion qui aurait
encore amélioré l'alinéa 3, mais je ne suis pas sûre
qu'on l'améliore par la formulation qui est proposée.
M. Bérubé: Il y a peut-être une autre
façon de l'écrire, mais, n'étant pas juriste, je me
méfie toujours de mes rédactions. Alors, je vais imaginer quelque
chose, je vais le soumettre en arrière et si...
Le Président (M. Tremblay): Je vais passer la parole
à M. le député de Saint-Laurent. Je pense que vous m'aviez
indiqué que vous vouliez parler.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non. J'attends.
Le Président (M. Tremblay): On va attendre la
rédaction.
Je vais en profiter pour suspendre à
loisir.
(Suspension de la séance à Il h 22)
(Reprise à Il h 32)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission permanente de l'éducation reprend ses travaux.
À qui était la parole? Je m'excuse, je ne m'en souviens plus.
Mme Lavoie-Roux: On attend la rédaction et on va vous
dire...
Le Président (M. Tremblay): La parole était au
ministre qui, effectivement, attendait la rédaction...
Mme Lavoie-Roux: Enfin, il vient de présenter un
amendement à ma motion. C'est cela.
Le Président (M. Tremblay): On avait suspendu à
loisir. On attend cette rédaction.
M. Bérubé: Entre-temps, on va regarder le dernier
sondage publié par le Soleil. ... libéral traditionnel et qu'il
ne pourrait pas se produire quoi que ce soit à la prochaine
élection. Mais, dans le cas du député de Sauvé, par
contre...
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'on peut passer
à l'amendement, s'il vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on passe à l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Au sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est un sous-amendement, vous avez
raison.
Une voix: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il a l'air serein.
M. Laplante: Il dort.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre va faire son
affaire.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas ce qui peut se passer dans le
comté de Matane, non plus.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, moi non plus.
M. Bérubé: Cela, on ne peut jamais le savoir.
M. Leduc (Saint-Laurent): Très bonne remarque, très
bonne remarque.
M. Ryan: Peut-être que le député de Bourassa
ne portera pas le même jugement qu'hier soir.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'on peut entendre le
député de Matane et ministre de l'Éducation nous faire sa
proposition de sous-amendement?
M. Bérubé: Il faudrait retirer d'abord, "un
enseignement" et remplacer cela par "les services d'enseignement auxquels il a
droit".
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président. Si c'est
mon amendement que vous sous-amendez, il ne faut pas que vous partiez de ce
qu'il y a dans le livre.
M. Bérubé: Vous avez raison. Il faudrait le texte
de l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Je vous l'ai dit. Vous remplacez les mots, vous
introduisez entre...
Une voix: Retirez-le donc...
Mme Lavoie-Roux: Non, parce que je veux qu'il demeure mon
amendement.
M. Laplante: Retirez-le et proposez un nouvel amendement.
Mme la députée de L'Acadie, retirez votre amendement et
proposez-en un autre.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne retire pas mon amendement. On l'a
assez discuté, je le garde.
Le Président (M. Tremblay): Il y a une motion d'amendement
sur la table, de Mme la députée de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Ils sont à le sous-amender.
Le Président (M. Tremblay):... et c'est celle-là
qu'il faut sous-amender...
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
Le Président (M. Tremblay):... si on veut changer quelque
chose, à moins, bien sûr, que la commission ne se soit
déjà prononcée et qu'on ne soit revenu à la
proposition originale qui est l'article 15. Mais, dans le cas présent,
ce n'est pas le cas.
M. Ryan: Nous avons un amendement sur la table.
Le Président (M. Tremblay): Nous avons un amendement,
effectivement, sur la table et nous avons à disposer de cet amendement
avant de recevoir tout autre nouvel amendement. Mais on peut recevoir un
sous-amendement.
M. Ryan: Un sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
Motion de sous-amendement
M. Bérubé: J'aimerais proposer un sous-amendement
qui se lirait ainsi: Supprimer à l'amendement le mot "éducatifs",
ainsi que les mots "détermine et", ajouter...
Mme Lavoie-Roux: Remplacer.
M. Bérubé: Supprimer les mots "des services";
"reçoit à la maison des"... Supprimer...
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, je m'excuse,
c'était "les".
Mme Lavoie-Roux: Reçoit à la maison les services
d'enseignement auxquels il a droit et les services éducatifs. Il suffit
d'introduire "les services d'enseignement auxquels il a droit" entre le mot
"maison" et "les services éducatifs".
M. Bérubé: Vous aviez déjà "les".
Excusez-moi, c'est parce que j'étais pris avec un "des" et un "les",
mais on me dit qu'il a été changé. C'est donc supprimer
"éducatifs" et supprimer "détermine et"; insérer,
après "services", "d'enseignement auxquels il a droit et" et
insérer, après "à l'école", les mots "et les autres
services éducatifs qu'elle détermine", ce qui ferait que
l'article se lirait maintenant ainsi: "Reçoit à la maison les
services d'enseignement auxquels il a droit et que la commission scolaire
estime équivalents à ceux qui sont dispensés à
l'école et les autres services éducatifs qu'elle
détermine. "
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Ryan: Je m'excuse, mais il y a quelque chose qui ne marche
pas.
M. Bérubé: Alors, je le relis. Le texte
intégral de l'article amendé se lirait: "Reçoit à
la maison les services d'enseignement auxquels il a droit et que la commission
scolaire estime équivalents à ceux qui sont dispensés
à l'école et les autres services éducatifs qu'elle
détermine. "
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela ne pourrait pas être:
Reçoit à la maison les services d'enseignement auxquels il a
droit et les services éducatifs que la commission détermine et
estime équivalents à ceux qui sont dispensés à
l'école?
Une voix: Non.
M. Ryan: Et les autres services éducatifs que la
commission scolaire détermine.
Mme Lavoie-Roux: Et les autres services que la commission
scolaire détermine.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est cela, je pense que cela serait
suffisant.
M. Ryan: Parce que si vous ajoutez...
M. Bérubé: Vous dites: Reçoit à la
maison les services d'enseignement auxquels il a droit...
Mme Lavoie-Roux: Auxquels il a droit.
M. Leduc (Saint-Laurent): Et les autres services
éducatifs...
Mme Lavoie-Roux: Que la commission scolaire détermine.
M. Bérubé: Ce qui aurait comme conséquence
que des enseignements équivalents...
Mme Lavoie-Roux: Pour nous convaincre de changer, vous nous avez
fait la démonstration qu'en soi les services d'enseignement,
c'était contraignant. C'est toute l'argumentation que vous avez
développée parce que cela correspondait au régime
pédagogique et qu'en le mettant tel que nous le proposions, dans le
fond, on le rendait moins contraignant parce que peut-être qu'il y aurait
juste les mathématiques. D'après ce que vous nous avez dit, la
règle, c'est les services d'enseignement prévus au régime
pédagogique soumis aux dispensations prévues à certains
articles dans le régime pédagogique.
M. Bérubé: On me dit que...
Mme Lavoie-Roux: Si ce n'est pas ça, on va garder le
nôtre.
M. Bérubé:... avec "estime équivalents", il
faut que quelqu'un fasse l'interprétation. Il faut que, à un
moment donné, si un enseignement est donné à la maison,
quelqu'un aille sur place mesurer, déterminer si cet enseignement est
équivalent. Il faut donc que quelqu'un le fasse. On dit à ce
moment-là: "Que la commission scolaire estime équivalents. "
C'est un droit réel de
l'enfant, mais ce droit doit être mesuré. C'est une
règle d'interprétation.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bérubé: Si on enlève "estime
équivalents", à ce moment-là...
M. Ryan: M. le ministre, auriez-vous objection à
écrire: et qui doivent être équivalents? C'est parce que
là, ça crée une obligation pour la commission scolaire de
s'assurer que ça va être équivalent. J'aimerais mieux
ça, parce que "estime équivalents", dans des cas difficiles, on
va dire: On estime que c'est équivalent dans le contexte où on
est; on ne peut pas faire autrement, on n'a pas les moyens. Ça donne
toute latitude, ça enlève toute responsabilité. Si
ça doit être équivalent, la commission scolaire a
l'obligation...
M. Bérubé: On changerait "estime" par...
M. Ryan: Qui doivent être équivalents. Mme
Lavoie-Roux: C'est très bien, ça.
M. Bérubé: Le droit pourrait même enlever la
possibilité d'estimer l'équivalence. J'ai droit à la
natation, donc j'ai droit à la piscine. Qui peut avoir un recours
là-dedans? L'enfant a le droit d'aller à l'école. Alors,
si les parents le veulent, ils vont envoyer leur enfant à
l'école. Donc, la seule personne qui pourrait avoir un recours dans le
cadre de cet article, ce serait qui?
On supprime l'alinéa 3, à ce moment-là. Il faut
décider si on a un alinéa 3 ou si on n'en a pas un. En d'autres
termes, il faut décider si, dans notre système
d'éducation, tout le monde doit aller nécessairement dans
l'institution publique qui s'appelle l'école ou si on accepte des
tolérances.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a deux problèmes qu'on
essaie de résoudre par l'alinéa 3. Il faut repartir d'hier soir,
sans refaire le débat. Notre préoccupation était à
l'endroit des enfants handicapés d'une façon permanente qui
pouvaient être à la maison d'une façon permanente.
Entre-temps, il y a une autre catégorie d'enfants qui est entrée,
celle dont les parents préféraient, pour des raisons
idéologiques ou autres, assurer à leurs enfants à la
maison l'enseignement...
M. Bérubé: C'est l'alinéa 3.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je comprends que ça peut être
l'alinéa 3.
M. Bérubé: C'est ça! (Il h 45)
Mme Lavoie-Roux: Mais vraiment notre préoccupation,
c'était vis-à-vis des enfants qui étaient
handicapés pour qu'il n'y ait pas juste une moitié de
services.
M. Bérubé: J'ai compris, de vos interventions,
hier, que vous étiez d'accord avec "reçoit à la maison un
enseignement que la commission scolaire estime équivalent à celui
qui est dispensé à l'école", mais vous avez toutes les
deux soulevé un problème additionnel. Au-delà de
l'enseignement, il y a des services éducatifs complémentaires que
l'école offre à des enfants, à titre d'exemple,
handicapés qu'ils n'auraient pas à la maison. Là, vous
vous en débarrassez un peu facilement. Vous dites: Il reçoit
l'enseignement. Ces autres services, il ne les reçoit pas et on n'a pas
à s'en préoccuper; d'où l'amendement que vous nous
apportez ce matin pour dire: Attention, c'est non seulement l'enseignement que
la commission scolaire estime équivalent à celui qui est
dispensé à l'école, mais, de plus, il reçoit
à la maison les services éducatifs que la commission scolaire
détermine.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il y avait ce premier objectif de donner
des services plus englobants, si on veut, ou plus complets. Mais le
deuxième objectif aussi, c'était de s'assurer que, vous savez, la
commission scolaire n'y aille pas et dise: Ton enseignement est
équivalent et soit un peu portée à se libérer de
ses obligations. Il y a deux points: donner un plus grand éventail de
services et, deuxièmement, bien s'assurer que la commission scolaire ne
pourra pas utiliser de prétexte pour que son estimation soit faite un
peu à la légère ou, enfin, qu'elle se décharge
assez facilement de ses responsabilités.
Le Président (M. Tremblay): Si vous le permettez, il y a
un petit problème au point de vue technique. Je vois bien que...
Mme Lavoie-Roux: On va s'entendre après pour s'organiser
sur l'amendement, et le sous-amendement ne vous inquiétez pas.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce qu'il y a une
possibilité, en vertu de cet article, qu'une commission scolaire soit
obligée de défrayer certains services? Est-ce qu'il y a une
possibilité?
Mme Lavoie-Roux: Bien oui. Une voix:
Nécessairement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Nécessairement. Dans quels
cas?
Mme Lavoie-Roux: Les enfants qui sont à la maison et qui
reçoivent des services éducatifs à la maison.
M. Leduc (Fabre): L'enfant handicapé à la
maison.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est quoi, la proportion?
M. Bérubé: Il n'y en a pas beaucoup, quand
même.
M. Leduc (Fabre): Ils sont peu nombreux.
M. Bérubé: On parle de quelques milliers de
cas.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais est-ce que l'alinéa 3,
c'est ça?
Mme Lavoie-Roux: Il n'y a aucune obligation.
Une voix: Il n'y a aucune obligation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est pas cela du tout. Le
député de Fabre dit: Oui, oui, oui. Moi, je pense que non.
M. Bérubé: Il y a les services éducatifs
à la maison.
Mme Lavoie-Roux: Le rôle de la commission scolaire, c'est
strictement de veiller à ce...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est le cas...
Mme Lavoie-Roux:... que les parents les donnent aux enfants,
tandis que, dans l'autre cas, la commission scolaire a l'obligation de les
rendre à l'enfant.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi dit-on qu'on va être
obligé d'installer une piscine ou un gymnase dans sa maison? Pas
question de cela du tout. Quand je disais "auxquels il a droit" c'est parfait.
Lesquels? Est-ce que vraiment la commission scolaire doit payer ou non en vertu
de l'alinéa 3? La commission scolaire ne paie pas, d'aucune
façon. On est d'accord là-dessus?
M. Bérubé: Si les services éducatifs
assurés en vertu de la loi par une commission scolaire incluent une
piscine, l'enfant inscrit à la commission scolaire a droit à la
piscine. Si on dit que, pour avoir une dispense de l'inscription obligatoire
à l'école, la maison doit assurer...
Mme Lavoie-Roux: Un service de piscine.
M. Bérubé:... les services éducatifs
auxquels il a droit dans cette commission scolaire, je regrette, mais les
services auxquels il a droit, cela inclut la piscine.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qui va payer pour cela?
Mme Lavoie-Roux: C'est le parent. Il va être obligé
de l'envoyer à l'école.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il me semble qu'une commission scolaire
ne peut pas être aussi stupide que cela. La commission scolaire n'exigera
certainement pas cela.
M. Bérubé: Vraiment, il ne comprend pas. Il n'y a
rien à faire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je reviens sur ma question: Est-ce
qu'en vertu de l'alinéa 3 la commission scolaire est obligée de
défrayer certaines sommes? C'est cela que je veux savoir. M. Rousseau
dit non.
M. Bérubé: Je ne partage peut-être pas
complètement le point de vue de M. Rousseau. Je vais vous dire pourquoi
je vous disais oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Entendez-vous.
M. Bérubé: À l'heure actuelle, tel que
rédigé, si on acceptait "a droit", cela voudrait dire que,
dès qu'il y a un service éducatif qui n'est pas fourni à
la maison, la commission scolaire n'a pas le droit de dispenser de
l'obligation. Donc, elle est obligée de prendre l'élève.
À ce moment, la seule façon pour ne pas prendre
l'élève serait de prendre les moyens nécessaires pour que
l'enfant reçoive les services éducatifs à la maison.
D'où la possibilité que la commission scolaire soit
amenée, si effectivement tout le monde est d'avis que cela n'a pas de
bon sens de garder l'enfant à l'école, à prendre les
moyens matériels nécessaires pour garder l'enfant à la
maison, donc, en lui assurant absolument tout. Autrement, elle le prend.
C'est dans ce sens que je vous disais que oui, si vous mettez "auxquels
il a droit", vous n'avez pas le choix. Ou bien vous les lui donnez a la maison
ou bien vous le prenez à l'école. C'est ce que cela veut dire.
À ce moment-là, cela veut dire en pratique que vous ne pouvez pas
l'envoyer à la maison. C'est ce que cela veut dire, parce qu'il y a des
services éducatifs que vous ne pouvez pas lui donner à la
maison.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, on va se restreindre à
l'enseignement.
M. Bérubé: C'est-à-dire qu'on peut aller
plus loin que l'enseignement, comme le suggère la députée
de L'Acadie.
M. Leduc (Saint-Laurent): Les deux. On parle de l'enseignement et
des autres
services éducatifs.
M. Bérubé: Oui, les deux. C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais c'est définitif qu'en vertu
de cet alinéa la commission scolaire n'a rien à défrayer.
Vous dites: Je ne suis pas tout à fait d'accord, mais...
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous relire votre sous-amendement parce
qu'on va se rendre à ce soir?
Le Président (M. Tremblay): Peut-être qu'il serait
bon que les membres de la commission relisent le texte original.
Mme Lavoie-Roux: On l'a, le texte original. On l'a sous le nez,
le texte original. Voulez-vous relire au complet votre sous-amendement?
M. Bérubé: "Reçoit à la maison les
services d'enseignement auxquels il a droit et que la commission scolaire
estime équivalents à ceux qui sont dispensés à
l'école et les autres services éducatifs qu'elle
détermine. "
Mme Lavoie-Roux: "Les autres services éducatifs qu'ils
doivent recevoir. "
M. Bérubé: Si vous mettez "qu'ils doivent
recevoir", enlevez l'alinéa 3.
Mme Lavoie-Roux: Wof!
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis d'accord. Je pense que cela va.
Je serais d'accord avec cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Cela va. Cela va. Bon!
Le Président (M. Tremblay): Alors?
Mme Lavoie-Roux: Là, il va vous le penser. Ils sont en
train de l'écrire comme il faut. Moi, je le sais.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non, pas tapé.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas tapé.
M. Leduc (Saint-Laurent): On va finir à 3 heures.
Voyonsl
Le Président (M. Tremblay): Ce n'est plus bon.
J'efface.
M. Leduc (Saint-Laurent): S'il faut aller le taper, on va finir
pratiquement à 3 heures.
M. Bérubé: Tantôt, je vous demandais pourquoi
vous ne preniez pas cela tout simplement. Non, non, là, ce n'est pas
clair. Voulez-vous dire que je dois modifier mon sous-amendement? J'ai
posé la question tantôt. C'est parce qu'on a essayé de
s'accrocher à l'amendement plutôt qu'à l'article original
et cela nous complique l'existence.
Mme Lavoie-Roux: Il faut suivre les règles.
M. Bérubé: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Il faut suivre les règles.
M. Bérubé: Bon! Alors, on va enlever "les services
éducatifs" et on va mettre "reçoit à la maison un
enseignement".
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: Je recommence mon sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, "reçoit à la maison".
M. Bérubé: Nous supprimons de l'amendement soumis
par la députée de L'Acadie les mots suivants "les services
éducatifs". Nous supprimons également "détermine
et"...
Mme Lavoie-Roux: On les remplace.
M. Bérubé:... et nous insérons, après
"reçoit à la maison"...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé:... "un enseignement"...
Mme Lavoie-Roux: L'enseignement.
M. Bérubé: Oh! Excusez-moi, "... l'enseignement
auquel il a droit et... "
Mme Lavoie-Roux: Que la commission scolaire.
M. Bérubé: Nous supprimons "s" à la fin de
"équivalents".
Mme Lavoie-Roux: Pardon? Non, non, il y a des dispositions pour
des dérogations.
M. Bérubé: Nous supprimons "s" au mot
"équivalents". Nous remplaçons "ceux" par "celui".
Mme Lavoie-Roux: Dispensé à l'école.
Bon!
M. Bérubé: Oui. Nous remplaçons "sont"
par "est". Nous supprimons "s" à "dispensés"...
Mme Lavoie-Roux: Oui, quand même, là!
M. Bérubé:... et nous ajoutons, après
"l'école", "et les autres services éducatifs qu'elle
détermine. " C'est un compromis entre la proposition du
député de Saint-Laurent, de la députée de L'Acadie
et le texte original.
Mme Lavoie-Roux: C'est un travail d'équipe. On pourrait
faire un amendement commun.
M. Bérubé: Je pense que cela va.
Le Président (M. Tremblay): Vous admettrez avec moi que
cela fait une proposition passablement compliquée.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Reformulation de la motion principale
Le Président (M. Tremblay): Je vous suggérerais une
procédure, si tout le monde est d'accord: Qu'on retire tout simplement
la première et qu'on en fasse une nouvelle, quitte à ce que vous
en portiez le parrainage.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien ouil Ce serait la
députée de L'Acadie...
M. Bérubé: Ah oui! Certainement.
M. Leduc (Saint-Laurent):... qui ferait la proposition, allez
donc!
M. Bérubé: Je suis prêt à retirer mon
sous-amendement... Non!
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
M. Leduc (Saint-Laurent): La motion sera faite par la
députée de L'Acadie. Excellent! Cela va être votre
motion.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que tous les membres
sont d'accord pour retirer la motion d'amendement de Mme la
députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Je fais un nouvel amendement.
Le Président (M- Tremblay): C'est cela. La motion de Mme
la députée de L'Acadie est retirée et elle propose un
nouvel amendement qui se lit comme suit.
Mme Lavoie-Roux: Je propose l'amendement suivant, M. le
Président: "Remplacer le 3° de l'article 15 par "reçoit
à la maison l'enseignement que la commission scolaire estime
équivalent à celui qui est dispensé à
l'école". " Franchement, cela se ressemble beaucoup, ce serait
plutôt de... Si on prend le 3, ce sont des modifications au 3°
maintenant: "Remplacer un enseignement...
M. Bérubé: Ce n'est pas bon parce qu'il vous manque
"auquel il a droit".
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, c'est cela.
Le Président (M. Tremblay): Je pourrais le lire.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Bérubé: Mme la députée de
L'Acadie, vraiment! Vos amendements...
Mme Lavoie-Roux: Je trouvais que cela ressemblait beaucoup au
3°.
M. Bérubé: On va y arriver, on va y arriver.
Mme Lavoie-Roux: Je recommence, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): "Reçoit à la
maison l'enseignement auquel il a droit... "
Mme Lavoie-Roux: Que le 3o de l'article 15 soit
remplacé par le suivant: "Reçoit à la maison
l'enseignement auquel il a droit et que la commission scolaire estime
équivalent à celui qui est dispensé à
l'école et les autres services éducatifs que la commission
scolaire - là, j'ai une petite hésitation - détermine. "
C'est tel qu'écrit. Mais je me demande si on ne devrait pas dire "que la
commission scolaire doit déterminer", parce qu'elle pourrait bien
décider de ne pas déterminer d'autres services
éducatifs.
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Doit déterminer.
M. Bérubé: C'est pareil.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Bérubé: En texte juridique, que la commission
scolaire détermine ou que la commission scolaire doit déterminer,
c'est pareil.
Mme Lavoie-Roux: Alors, si c'est la même chose, M. le
Président, cela va. Je ne sais pas ce que les juges vont dire quand ils
vont interpréter cela. En tout cas, on va dire aux juges que ce qu'on
voulait dire,
c'est: que la commission scolaire "doit déterminer".
M. Leduc (Saint-Laurent): N'y aurait-il pas moyen de le mettre
entre parenthèses?
Mme Lavoie-Roux: Non, ils se réfèrent à nos
textes, paraît-il, les pauvres juges.
M. Bérubé: Quand c'est marqué
"détermine" au présent, cela veut dire que la commission scolaire
est. obligée de déterminer.
Une voix: C'est une règle de droit.
Mme Lavoie-Roux: Je prends votre parole, mais au cas où il
y aurait des doutes d'interprétation...
M. Bérubé: Très bien.
Le Président (M. Tremblay): J'ai donc une motion
écrite...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Merci. À l'ordre, s'il
vous plaît! Nous avons une motion sur la table sur laquelle nous pouvons
discuter, ce qui est relativement nouveau depuis un certain temps.
M. Bérubé: Ah! Bien non, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Et je vous invite
à...
Une voix: Vous devenez partial.
Le Président (M. Tremblay):... prendre la parole, si vous
croyez que c'est nécessaire. Est-ce qu'il y en a qui veulent s'exprimer
sur cette motion?
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais juste qu'on...
Une voix: Vous n'êtes plus objectif, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux:... la montre à mon collègue
d'Argenteuil qui s'est absenté pour quelques minutes. Après cela,
comme on n'a pas besoin de la rediscuter, on pourrait tout simplement
l'adopter.
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Tremblay): Voilà la motion, M. le
député d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: M. le député d'Argenteuil,
aimeriez-vous lire la résolution?
M. Bérubé: Si je comprends bien, c'est que lui, il
a le droit de veto.
Mme Lavoie-Roux: Oui. (12 heures)
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, on travaille en
collégialité.
Mme Lavoie-Roux: Il croit à cela, le droit de veto, le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Il ne le laisse pas tomber.
M. Bérubé: En tout cas, vous avez le droit de vous
retirer. On vous enverra 1 $.
M. Ryan: Je vais vous dire seulement une chose. Je pense que cela
a été réglé, je ne veux pas prolonger la discussion
là-dessus. Tantôt, j'avais compris que ce serait peut-être
préférable de mettre "qui doivent être équivalents",
"l'enseignement auquel il a droit et qui doit être équivalent
à celui qui est dispensé à l'école. " Je vais vous
dire pourquoi. Si c'est marqué "qu'elle estime équivalent", on
lui donne le mot final même si elle ne foute rien. Elle l'a estimé
équivalent. Il y a une décision administrative qui a
été prise par le directeur général ou le directeur
des services pédagogiques, et cela finit là. Tandis que "qui
doivent être équivalents", c'est elle qui doit faire cela. Elle va
le déterminer, elle va l'estimer, mais si elle manque à son
devoir, les citoyens peuvent faire appel au ministre de l'Éducation et
dire que cela doit être équivalent, cette commission scolaire ne
foute rien et on exige le redressement.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous des objections à ce qu'on la
corrige, M. le ministre?
M. Bérubé: Nous reçûmes une
explication de la part du sous-ministre qui était à l'effet
suivant. Le régime pédagogique est très
détaillé quant à ses exigences et, par conséquent,
on ne peut pas offrir à la maison, de façon absolue, la
même chose. En conséquence, il doit y avoir un jugement
d'apporté sur la façon de donner, par exemple, l'enseignement -
on citait le cas de l'écologie - et il doit y avoir une estimation.
Doit-il être donné en deuxième année, en
troisième année, étalé sur deux ans? Voilà
donc une obligation d'évaluation où il nous faut quelqu'un qui
fait cette évaluation. Il m'apparaît néanmoins qu'à
partir du moment où la loi dit qu'il reçoit à la maison un
enseignement que la commission scolaire estime équivalent à celui
qui est dispensé à l'école, pour une commission scolaire
qui n'exercerait pas un jugement éclairé concernant ce type
d'enseignement - à titre d'exemple, une commission scolaire qui
n'exercerait aucun
contrôle donnerait facilement des exemptions - hé bien! une
partie intéressée pourrait certainement la faire
comparaître en cour, parce que le mot "estime" ne laisse' pas toute
latitude. Il s'agit que l'enseignement soit équivalent à celui
qui est dispensé à l'école, mais on laisse une
possibilité d'évaluation à la commission scolaire. Si
l'évaluation est mal faite, est faite de façon incomplète,
ne présente pas les signes de rigueur, à ce moment-là, il
y a contestation juridique. Mais par le "estime", néanmoins, si la
commission scolaire fait la démonstration qu'elle a bel et bien fait une
analyse, qu'elle a demandé à des conseillers pédagogiques,
qu'elle a fait le travail d'évaluation, à ce moment-là
elle est à l'abri d'une contestation où quelqu'un dirait:
Écoutez! L'écologie, cela ne se donne pas exactement comme c'est
censé se donner. C'est uniquement cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on peut
passer au vote.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions sur la motion de Mme la députée de L'Acadie?
M. Bérubé:...
Une voix: Sur quoi est-ce qu'on vote?
Le Président (M. Tremblay): On vote sur un amendement qui
amende l'article 15, alinéa 3°, en fait qui remplace l'alinéa
3 de l'article 15 par le suivant. Si vous voulez savoir ce que c'est, M. le
député de Bourassa, écoutez. Alinéa 3°:
"reçoit à la maison l'enseignement auquel il a droit et que la
commission scolaire estime équivalent à celui qui est
dispensé à l'école et les autres services éducatifs
que la commission scolaire détermine".
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Qui sont ceux qui sont
d'accord avec cette proposition?
Une voix: D'accord.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Qui sont ceux qui sont contre?
Les abstentions? C'est adopté à l'unanimité. -
Alors, nous revenons à l'article 15. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'article 15?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je propose l'adoption de
l'article 15.
Le Président (M. Tremblay): Il n'y a pas d'autres
intervenants sur l'article 15. Quels sont ceux qui sont en accord avec
l'article 15, tel qu'amendé? Y a-t-il des votes contre? Des abstentions?
C'est adopté. L'article 15 est donc adopté.
Nous étudions maintenant l'article 16.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan:... étant donné que la commission a
décidé d'entendre, la semaine prochaine, le président du
Comité de la protection de la jeunesse, il me semblerait que les
articles 16, 17, 18, 19 et 20 devraient être laissés en suspens
tant qu'on n'aura pas rencontré cet officier public, qui peut nous
apporter des éclaircissements importants au sujet des questions qui sont
traitées dans ces articles-là.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les quatre qui concernent...
Une voix: Parfait.
Le Président (M. Tremblay): Alors, les articles 16, 17,
18, 19...
M. Ryan: Et l'article 20.
Le Président (M. Tremblay):... et 20 sont suspendus.
J'appelle l'article 21. M. le député d'Argenteuil.
Définition des services
éducatifs
M. Ryan:... je me demande si le ministre peut expliquer son
article.
Une voix: C'est vrai.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il
s'agit là tout simplement d'une liste descriptive des services
éducatifs. Je pourrais vous la lire. Ce sont les services de formation
et d'éveil que l'on retrouve au niveau préscolaire, les services
d'enseignement auxquels nous avons référé depuis
maintenant quelques heures, les services complémentaires, les services
particuliers, c'est-à-dire tous les services de type professionnel que
l'on assure au niveau de l'école, tant sur le plan scolaire que sur le
plan également d'un meilleur encadrement psychologique et social de
l'enfant.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil. Sur l'article 21?
M. Ryan: Oui. M. le Président, j'ai lu attentivement ce
chapitre définissant les
services éducatifs. Je pense - la section définissant les
services éducatifs - qu'il serait peut-être utile, à un
stade ultérieur de nos travaux de la présente journée, que
les collaborateurs du ministre nous fournissent peut-être des
explications. Il serait bon qu'ils nous disent d'où sont venues ces
expressions qui caractérisent chaque catégorie de services,
comment tout cela est conçu par eux, comment cela s'insère dans
le régime pédagogique. Je pense que, si l'on pouvait avoir une
explication un peu technique, ce serait une bonne chose pour que l'on soit bien
assuré qu'on comprend tous les termes de la même façon.
Avant d'en venir là, je voudrais vous soumettre une observation
de caractère plus général, que je reprendrai d'ailleurs
à propos d'autres parties du projet de loi, en temps utile. Il me semble
qu'on ne trouve pas dans le projet de loi une inspiration de base qui pourrait
donner souffle et animation au projet de loi. C'est une présentation
plutôt technique, plutôt sèche, où on a de la
misère à trouver ce souffle vivant, qui me semblerait devoir
être une caractéristique d'une loi sur l'enseignement public au
Québec.
À ce moment-ci, je pense que ce serait une bonne chose
d'insérer, au tout début de la section, un amendement qui
permettrait de définir les finalités du système
d'enseignement. Ce n'est pas pour rien qu'on fait tout cela. J'aurai
tantôt un amendement à déposer, M. le ministre, à
cette fin. Je le ferai également à propos de l'école.
D'autres exemples de ce souci que j'ai à propos du projet de loi, quand
il est question des enseignants, on a une section qui s'intitule "Droits et
obligations". J'ai lu cette section avec beaucoup d'intérêt dans
l'espoir de trouver une présentation équilibrée des droits
et des obligations. Je n'ai trouvé partout que des droits. Alors, nous
allons vous soumettre un amendement qui tendra à définir
certaines responsabilités des enseignants. Je pense qu'il y a des
éléments qu'on commence à trouver en cours de route,
à mesure qu'on avance encore plus clairement. Je pense que l'objectif
d'accessibilité que nous poursuivons des deux côtés et que
nous avons spécialement accentué dans nos interventions au cours
du débat de deuxième lecture, nous en avons donné des
exemples jusqu'à maintenant et nous en donnerons d'autres.
Il y a un autre exemple qui me paraît important. On parle de plus
en plus des valeurs de responsabilité, de discipline. Les hommes
politiques et les législateurs étaient rendus à craindre
d'en parler. On avait une manière condescendante de traiter ces choses,
qui équivalait souvent à de la démission, à de la
faiblesse. À propos des enseignants, je pense qu'il faudra dire
clairement, comme on le fait dans toutes les autres provinces du Canada, comme
on le fait dans les États américains, que cette fonction
extrêmement noble et très cruciale pour l'avenir de notre
société demande à être définie avec un peu
plus de rigueur qu'elle ne l'est dans le projet de loi comme nous le trouvons
actuellement. Nous aurons des amendements à vous proposer de ce
côté-là.
Au sujet de la section dont nous inaugurons l'étude par l'article
21, je voudrais vous communiquer tout de suite le texte de l'amendement que je
veux soumettre à la discussion et je l'expliquerai ensuite.
M. le Président...
M. Bérubé: C'est un problème de
préambule. Cela demanderait quasiment un juriste du ministère de
la Justice qui nous expliquerait que les préambules, il paratt qu'ils
sortent...
M. Ryan: Ce n'est pas vraiment un préambule, vous allez
voir que ce qui est proposé, c'est un premier alinéa à
l'article 21. Est-ce que j'en ai une autre copie?
Le Président (M. Tremblay): Allez-y, M. le
député d'Argenteuil, vous pouvez faire votre proposition
d'amendement.
Motion pour étendre la définition des
services éducatifs
M. Ryan: Oui, je veux déposer l'amendement suivant: Avant
les mots "les services éducatifs" qui inaugurent l'article 21, je
voudrais qu'on ajoute l'alinéa suivant: Les services éducatifs
offerts par le système d'enseignement public visent le
développement harmonieux de la personne au plan intellectuel, social,
moral et professionnel, dans le respect des valeurs propres à chacun.
Ils visent aussi l'enrichissement intellectuel, social, moral et professionnel
de la communauté.
Je vous dirai sur quoi je m'appuie pour faire ces propositions qui ne
tombent pas à la légère. Il y a déjà de
nombreux...
Le Président (M. Tremblay): Je vais déclarer cet
amendement recevable.
M. Ryan: Merci.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
auprès du député d'Argenteuil.
Est-ce que vous ne pourriez pas officiellement inviter nos quelques
invités à se servir pour qu'ils se sentent tout à fait
à l'aise?
Le Président (M. Tremblay): Nous l'avons
déjà fait par gestes tout à l'heure.
M. Ryan: Est-ce que l'on pourrait
prendre une suspension de cinq minutes, vu qu'ils doivent se consulter
du côté gouvernemental? Cela va me permettre de prendre un
sandwich. Merci.
Le Président (M. Tremblay): Nous suspendons à
loisir.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
(Reprise à 12 h 31)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! La commission permanente
de l'éducation reprend ses travaux. Nous sommes à discuter une
motion de M. le député d'Argenteuil qui a été
considérée comme recevable et la parole est au
député d'Argenteuil.
La parole est au député d'Argenteuil. Vous avez
terminé, M. le député, sur votre amendement?
M. Bérubé: Il n'a rien à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement du député d'Argenteuil?
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait avoir
l'amendement?
Le Président (M. Tremblay): Oui. Vous l'avez.
M. Ryan: On vous l'a distribué tantôt.
Le Président (M. Tremblay): Vous devriez l'avoir
normalement.
M. Bérubé: Je le sais, on l'a distribué et
quelqu'un a fait le ménage de ma table.
M. Leduc (Fabre): D'après moi, M. le Président,
c'est un amendement intéressant.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous voulez la
parole?
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais parler sur l'amendement. Je n'ai pas
parlé.
Le Président (M. Tremblay): Vous aviez parlé en
retard.
M. Ryan: Je n'ai pas parlé du tout sur l'amendement. Vous
l'aviez tout juste déclaré recevable quand nous avons
suspendu.
Le Président (M. Tremblay): Oui? Je m'excuse.
M. Leduc (Saint-Laurent): On est sur la recevabilité,
là?
Le Président (M. Tremblay): Non, il est
déclaré recevable.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est très bien. Cela me fait
plaisir. Je vous remercie.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil aurait une présentation à faire sur
l'amendement.
M. Bérubé: Certainement; je m'apprêtais
à apporter des objections aux propos qu'il n'avait pas tenus mais, M. le
Président, cela va être beaucoup plus facile s'il les tient.
M. Ryan: Volontiers. Je disais tantôt, au moment de
déposer ce projet d'amendement, qu'il est très important que la
société québécoise, au moment où elle
s'apprête à légiférer pour moderniser et rajeunir la
Loi sur l'instruction publique, le fasse en déclarant clairement les
intentions qui l'animent. Il ne faut pas que cette opération, qui est
entreprise dans des conditions fort discutables d'ailleurs, tourne à la
sécheresse et à la stérilité au plan intellectuel.
Je pense qu'il faut qu'on voie clairement, en filigrane, derrière les
structures qui sont proposées, derrière les descriptions plus
techniques que l'on doit inévitablement trouver dans un projet comme
celui-là, la volonté du législateur et de la
communauté québécoise. Qu'est-ce que nous voulons faire
avec notre système d'enseignement? Qu'est-ce que nous voulons mettre
à la disposition de la société québécoise
par l'intermédiaire du système d'enseignement?
Le projet de loi nous dit qu'on veut mettre des services
éducatifs à la portée de la population. Très bien,
mais pourquoi? Pourquoi? Il faut trouver une formulation claire et simple qui
permette de le dire, de manière que, quand on voudra se
référer aux critères tout à fait fondamentaux qui
permettent de juger de l'orientation du système, on puisse s'appuyer sur
quelque chose. De nombreuses sources existent sur la question.
La députée de L'Acadie me rappelait hier que, dans le
livre jaune sur l'école québécoise publié il y aquelques années par le ministère de l'Éducation, on
traitait abondamment des finalités de l'éducation. On en traitait
de manière consciencieuse, de manière intéressante aussi,
mais d'une manière qui était plutôt de l'ordre de la
réflexion; ce n'était pas une formulation que l'on pourrait
ramener en quelques lignes à
peine dans un texte de loi.
On y parlait entre autres... Je pense que cela vaut la peine de le
résumer brièvement. On parlait des finalités de
l'éducation scolaire. On disait que l'éducation au Québec
vise à développer la personne dans toutes ses dimensions. La
personne est corps, intelligence, affectivité; elle a une dimension
sociale. Dans son existence, elle intègre une morale et très
souvent une religion. L'éducation au Québec veut favoriser, par
la création d'un milieu éducatif équilibré,
l'épanouissement d'une personnalité créatrice et entend
assurer le développement d'une personne qui aspire à l'autonomie,
à la liberté et au bonheur, qui a besoin d'aimer et d'être
aimée, qui est ouverte à la transcendance.
On parlait de l'éducation qui s'adresse à la personne
comme un être social, en rapport étroit avec une
collectivité, des groupes enracinés dans une histoire commune et
dans une culture particulière, etc. On parlait ensuite des valeurs que
véhicule l'éducation scolaire. On parlait de valeurs
intellectuelles comme le sens du travail, la méthode de travail, la
capacité de porter un jugement critique sur l'homme et la
société, la recherche de la vérité.
On parlait de valeurs affectives: l'aptitude à aimer et à
être aimé, l'aptitude à communiquer son expérience
sans négliger ou sous-estimer l'univers des émotions et des
sentiments personnels, l'ouverture sur le monde, les personnes et les choses,
les valeurs esthétiques, les valeurs sociales et culturelles, les
valeurs morales, les valeurs spirituelles et religieuses qui font partie de
l'héritage commun de notre société.
Il y avait de très bonnes choses là-dedans. Je pense que
la synthèse la plus concise qu'on y trouvait était fournie dans
une section intitulée "Les objectifs de l'éducation scolaire"
où l'on proposait pour l'école un premier objectif très
général que l'on formulait ainsi: permettre aux enfants et aux
adolescents de se développer selon leurs talents particuliers et leurs
ressources personnelles, de s'épanouir comme personnes autonomes et
créatrices et de se préparer à leur rôle de
citoyen.
Dans cette formulation, la dimension individuelle de l'éducation
était bien évoquée. Je pense que l'éducation
s'adresse à des personnes, elle vise leur développement
harmonieux non seulement au plan des connaissances, mais également au
plan de la socialisation de ces personnes, au plan des valeurs morales qui
doivent sous-tendre et orienter leur existence, au plan également des
valeurs qui sont de nature à favoriser leur insertion dans le milieu de
travail et dans la communauté.
De ce point de vue, le texte était d'une bonne inspiration mais
je pense que celui que nous proposons est plus concret, plus simple, à
portée peut-être plus large et plus universelle. Je lis, dans
cette perspective, la première partie de l'alinéa qui s'adresse
à la personne: Les services éducatifs offerts par le
système d'enseignement public visent le développement harmonieux
de la personne. On ne veut pas former uniquement des personnes qui auront des
connaissances, on ne veut pas former uniquement des joueurs de baseball ou de
hockey, on ne veut pas former uniquement des organisateurs de pique-niques ou
d'activités sociales ou d'élections.
Dans le système d'enseignement, on ne veut pas former uniquement
des personnes cultivées non plus, on veut former des personnes qui
seront capables de gagner leur vie dans des conditions concrètes qui
leur sont faites par la société d'aujourd'hui. On veut
préparer des personnes qui seront aptes à assumer des
responsabilités dans la vie familiale également. Dieu sait
combien on a besoin de renforcement dans notre système d'enseignement de
ce point de vue parce que l'initiation aux valeurs familiales est faite de
manière très déficiente. On n'a qu'à voir les
résultats que cela donne pour s'en rendre compte. C'est tout cela qui
est évoqué dans la première partie de l'amendement: le
développement harmonieux et complet de la personne au plan intellectuel,
social, moral et professionnel.
Il y a une deuxième dimension qui est non moins importante et qui
est évoquée dans le projet de loi à certains endroits. Ce
ne sont pas des choses qui sont évoquées de manière claire
et générale, avec la vigueur qu'on souhaiterait.
Le service éducatif a également pour fonction dans une
société moderne de contribuer à l'enrichissement
intellectuel, social, moral et professionnel de la communauté,
c'est-à-dire de toutes les personnes qui font partie de la
communauté, également des institutions et des associations qui
les regroupent. Une des responsabilités du système d'enseignement
dans un territoire, c'est de fournir des services d'éducation des
adultes, fournir des chances aux travailleurs de compléter leur
formation, fournir des services aux associations bénévoles de
citoyens, des groupes de l'âge d'or, des groupes familiaux, des groupes
de jeunes, etc.. Il faut que le système d'enseignement soit plus qu'une
sorte d'usine où l'on fabrique des personnes aptes à se procurer
tel diplôme ou telle qualification professionnelle, il faut que ce soit
une force vivante dans la communauté, une force inspiratrice, une force
qui contribue à l'enrichissement et au développement de la
communauté au plan intellectuel, moral, social et professionnel. On voit
cela dans une petite communauté, on le voit dans nos communautés
plus modestes. Récemment dans un village de mon comté,
un village de Granville, on a procédé à une
élection municipale. Le maire avait dû prendre sa retraite pour
des raisons de santé, et il a fallu faire une élection cette
année alors que normalement nous n'en aurions pas eu besoin. Celui qui a
été élu pour le remplacer est un homme qui a milité
pendant plusieurs années au niveau du comité d'école. Il
s'est fait élire au comité de parents de la commission scolaire,
il est maintenant commissaire d'école, ce qui prouve la thèse que
nous défendons ici depuis longtemps. C'est un jeune homme, c'est un type
d'à peu près 38 ou 40 ans au maximum qui a été
élu...
M. Bérubé: Dans la force de l'âge.
M. Ryan:... il lui reste seulement l'expérience à
prendre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il y en a qui sont plus vites que
d'autres.
M. Bérubé: Oui, je reconnais.
M. Ryan: Et ses concitoyens lui ont fait confiance parce qu'il a
réussi à créer de l'animation autour de l'école. Il
y avait un directeur d'école formidable également dans cette
communauté. Ensemble, le président du comité
d'école, le directeur d'école, avec la collaboration des
enseignants, la collaboration du clergé local, les autorités
municipales, ont mis de la vie dans cette place, ont mis des
préoccupations. Je dois remercier le ministre de l'Éducation qui
a collaboré avec nous de ce point de vue parce qu'un des
résultats de l'action des parents avait été de se rendre
compte des conditions de délabrement matériel dans lequel se
trouvaient des écoles de Granville. Il y avait un projet de
rénovation de ces écoles qui était dans le portrait depuis
déjà de nombreuses années. À un moment
donné, eux pensaient que cela allait plus vite en communiquant
directement avec le ministère et ils se sont rendu compte qu'ils avaient
un député. Ils sont venus parler de ce problème avec lui
et le député s'est mis en rapport avec la direction
régionale, avec les services du ministère, avec le ministre
lui-même. Tout le monde a travaillé ensemble et j'étais
content que le ministre au cours de l'été consente enfin à
prendre la décision qui était attendue par la communauté
là-bas depuis longtemps. Je dois vous dire qu'ils sont extrêmement
heureux et ils ont dû vous écrire d'ailleurs à ce
sujet.
M. Bérubé: Non.
M. Ryan: Ils vont le faire, on va leur dire de le faire - moi, je
vous ai écrit - et je remercie également vos collaborateurs qui
sont là dont certains ont été associés à ces
démarches. Maintenant, ce n'est pas tout.
Là, ils veulent avoir une bibliothèque.
Une voix: Ah, ils sont ambitieux!
M. Ryan: L'autre jour, on inaugurait une bibliothèque
régionale à Sainte-Agathe. Un groupe de Granville est allé
là voir comment fonctionnait la bibliothèque régionale et
ils sont revenus avec un projet...
M. Bérubé: Vous ne devriez pas, parce qu'ils vont
finir par voter Parti québécois? (12 h 45)
M. Ryan:... que nous allons promouvoir ensemble, ils en ont
déjà parlé au ministère des Affaires culturelles.
L'école va être mise à contribution, la municipalité
également et peut-être également le gouvernement
fédéral si on peut enfin concrétiser l'entente qui a
été annoncée par le ministre des Affaires municipales il y
a quelques mois, pour laquelle on n'avait pas libéré de fonds
encore.
L'exemple de ces gens-là est en train de se communiquer à
d'autres communautés. Il y a une autre communauté dont le groupe
de parents est venu me voir récemment pour me dire: Il est question de
ça à Granville, on voudrait qu'il en soit question chez nous
également. Si l'école a une animation dynamique de la part de son
directeur d'abord, de la part de ceux qui gravitent autour, c'est-à-dire
le personnel enseignant, les parents, les commissaires d'écoles, les
élèves aussi, évidemment, surtout au niveau secondaire,
elle peut jouer un rôle extrêmement important pour l'enrichissement
de la communauté. Je pense que c'est un souci du gouvernement depuis,
d'ailleurs, la publication du livre blanc, de faire en sorte que cette
dimension communautaire de l'école soit davantage affirmée
à l'occasion de la réforme législative que nous
entreprenons.
Le deuxième paragraphe de l'alinéa que je propose
d'ajouter traite de cette dimension de l'école dans les termes que je
pense les plus concis, les plus concrets et, en même temps, les plus
complets.
Vous aurez remarqué, M. le Président, que j'ai mis le mot
"moral" et avec beaucoup d'insistance parce qu'on est rendu qu'on parle de
l'éducation et c'est à peu près le seul mot dont on ne
parle plus dans le langage technocratique d'aujourd'hui. On parle
d'intégrer son expérience, d'harmoniser ceci avec ça et de
tous les termes para-psychologiques ou psychothérapeutiques qu'on peut
trouver, mais il y a des termes très simples consacrés par une
expérience séculaire qu'on ne doit pas craindre d'employer.
Je pense que ce qui fait les nations fortes, c'est la force morale
d'abord. La force économique est très importante mais, si vous
n'avez pas la force morale, la force
économique prend le bord, ça ne prend pas le temps et,
à plus forte raison, la force politique.
Je pense que, parmi nos institutions... Il ne s'agit pas de surcharger
l'école de fonctions qui ne relèveraient pas d'elle et je vais en
dire un mot tantôt, mais il me semble qu'une chose dont nous devons
être très conscients aujourd'hui et qu'il importe au
législateur d'affirmer dans le plus grand respect des valeurs propres
à chacun au plan proprement religieux et au plan philosophique, c'est
cette dimension morale de l'éducation et de l'existence humaine.
En tout cas, ce qui est écrit ici vise à exprimer une
conviction profonde que nourrit votre serviteur, que j'ai exprimée tout
au cours de ma carrière, autant comme journaliste que comme militant
dans des mouvements d'action catholique quand j'étais plus jeune que
comme homme politique. Je n'ai jamais voulu abandonner ces choses-là et
quand je suis entré dans la vie publique, M. le Président, je
m'étais promis que les valeurs de fond qui m'apparaissent essentielles
pour la solidité de notre société... Est-ce qu'on pourrait
suspendre un moment, M. le Président? Parce que là, je ne mecomprenais pas moi-même.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, vous avez la parole.
M. Ryan: J'avais pris avec moi-même l'engagement de faire
en sorte que ces valeurs-là puissent être exprimées et se
réaliser normalement à travers le fonctionnement de nos
institutions publiques dans le respect, toujours, des valeurs religieuses et
philosophiques propres à chacun.
Il me semble que la réforme que le gouvernement veut instaurer
nous fournit l'occasion par excellence de faire ça. Je pense que ces
deux articles qui pourront être améliorés,
évidemment, constituent une ébauche, un début dans la voie
qui m'apparatt essentielle.
Je vous dirai une chose additionnelle. Je me suis vivement
intéressé à tout le mouvement de remise en question qui se
poursuit depuis quelques années aux États-Unis autour de
l'éducation. Aux États-Unis, on a formé de nombreux
organismes d'enquête qui ont examiné la situation de
l'éducation sous toutes ses faces. Il y a eu le rapport de la commission
du président Reagan sur l'excellence en éducation, rapport
composé par une commission formée d'une vingtaine de
personnalités éminentes du monde des affaires, du monde du
travail, du monde de l'éducation, du monde religieux, qui a conclu
à l'état lamentable de l'éducation et à la
nécessité de renforcir la place qu'occupent dans le
système d'enseignement américain, les valeurs fondamentales.
Il y a eu l'étude... Pardon?
Le Président (M. Tremblay): Votre temps est
écoulé.
M. Ryan: Combien est-ce que j'avais de temps?
Le Président (M. Tremblay): 20 minutes.
M. Ryan: Pour un amendement, j'ai 30 minutes à partir du
dépôt de l'amendement comme proposeur de l'amendement. Oui. Toute
motion... Le proposeur d'une motion a droit à 30 minutes, M. le
Président.
M. Bérubé: J'ai posé la question hier et on
m'a dit 20 minutes.
M. Ryan: On va vérifier.
M. Leduc (Saint-Laurent):... c'étaient 30 minutes.
Le Président (M. Tremblay): L'article 238 dit: "Le temps
de parole de vingt minutes dont disposent les membres de la commission vaut
pour chaque article, alinéa ou paragraphe d'un projet de loi, chaque
amendement ou sous-amendement ou chaque article qu'on propose de modifier ou
d'ajouter dans une loi existante. Ce temps de parole peut être
utilisé en une ou plusieurs interventions. "
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous me permettez, M. le
Président, vous avez établi, l'autre jour, que le proposeur d'un
amendement avait 30 minutes.
Le Président (M. Tremblay): Cela, c'était dans - je
ne me rappelle jamais le terme - les motions préliminaires où,
effectivement, il y a 30 minutes et 10 minutes.
M. Bérubé: Les motions courantes, les motions
préliminaires.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais c'est préliminaire à
l'article ici.
Le Président (M. Tremblay): Là, effectivement, il y
a 30 minutes et 10 minutes et je vous ferais remarquer que dans une motion
préliminaire... Ce n'est pas comme cela qu'on appelle cela, je vais vous
dire le vrai terme pour ne pas qu'on fasse d'erreur.
M. Ryan: Sur une question de règlement, pourriez-vous nous
donner le numéro de l'article?
Le Président (M. Tremblay): Article
238.
M. Ryan: L'autre article où... Une voix: Article
202.
M. Leduc (Saint-Laurent): Où il est permis de parler
durant 30 minutes.
M. Ryan: Oui, c'est cela. Regardez, c'est une motion d'amendement
qui est proposée: Sauf dispositions contraires, article 202.
Le Président (M. Tremblay): Oui, cela, c'est le temps de
parole dans un débat normal mai3 à l'étude
détaillée en commission, section 4...
Des voix: C'est cela.
M. Ryan: Oui, mais vous disiez vous-même hier que...
Le Président (M. Tremblay): Maintenant, s'il y a
consentement, à ce moment-là je vais vous laisser aller.
M. Bérubé: Bien là, il ne faudrait quand
même pas... Hier, on m'a restreint mon temps de parole parce qu'on avait
estimé que je l'avais dépassé.
Mme Lavoie-Roux: On vous a restreint votre droit de parole.
M. Bérubé: Oui, oui, je me souviens.
Une voix: Si on nous l'avait demandé, on lui aurait
accordé.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a consentement
pour que le député d'Argenteuil poursuive?
M. Bérubé: Combien de temps?
Mme Lavoie-Roux: C'est un point extrêmement important, M.
le Président, je voudrais simplement, modestement, le faire remarquer
à mes collègues.
Le Président (M. Tremblay): Il n'y a pas de débat
sur cette sorte...
Mme Lavoie-Roux: Non, je le réalise fort bien.
M. Bérubé: Combien de temps?
Le Président (M. Tremblay): Combien de temps?
M. Leduc (Saint-Laurent): Encore dix minutes, disons. Cela vous
va?
M. Ryan: Si on veut me compter au compte-gouttes, j'attendrai
à plus tard.
Une voix: À loisir.
M. Ryan: Si c'est comme cela qu'on juge ces questions, je ne veux
pas avoir de faveur de cinq minutes.
Le Président (M. Tremblay): Alors, le député
préfère attendre à plus tard.
M. Ryan: Je reviendrai dans la discussion...
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la motion du député d'Argenteuil? M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): J'aurais d'abord une question, M. le
Président. Il y a un terme sur lequel le député n'a pas
insisté mais qui, en tout cas, pose un point d'interrogation dans mon
esprit: "Ils visent aussi l'enrichissement intellectuel, social, moral et
professionnel de la communauté. " Est-ce que le député
peut me dire pourquoi il a inclus l'enrichissement professionnel de la
communauté? Je voudrais simplement comprendre le sens du mot
"professionnel".
M. Ryan: Oui. Je pensais en particulier aux cours de formation
professionnelle pour les adultes. Cela va enrichir...
M. Laplante: Pourquoi n'y aurait-il pas eu "physique" dedans?
M. Leduc (Fabre): C'est un terme qui prête un peu à
confusion.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection à le mettre dans le
premier alinéa. Dans le deuxième cela ferait... En tout cas,
même dans le deuxième, je comprends l'idée qui vous anime;
je ne sais pas si c'est la bonne façon de l'exprimer mais on peut la
noter.
M. Laplante: Non, non, je demande cela tout à coup...
M. Ryan: Non, non, c'est important. Je comprends très bien
l'idée et j'y souscris.
M. Laplante: Dans quel sens mettez-vous "propres à
chacun"? Excusez si on vous demande cela de même, c'est amical, pour nous
éclairer.
M. Ryan: Je pense que c'est bien simple. Le développement
de la personne au plan intellectuel, social, moral et professionnel dans le
respect des valeurs propres à chacun, cela veut dire que, en raison de
ses origines familiales, de la communauté spirituelle dans laquelle il a
pu
grandir ou des convictions que ses parents ont pu acquérir ou
développer en cours de route, chacun a des valeurs qui lui sont propres.
Il y en a, par exemple, qui vont insister beaucoup sur l'importance capitale de
la famille. Il y en a d'autres qui vont insister sur les valeurs de la religion
en général, d'autres qui vont insister sur les valeurs
religieuses telles qu'enseignées par l'Église catholique ou par
telle ou telle Église.
Il faut que le système d'enseignement favorise le
développement de la personne dans le respect de ces valeurs. Je pense
que c'est une préoccupation qui est exprimée à d'autres
endroits dans le projet de loi parmi les aménagements qu'on propose.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, j'ai certaines
réticences à accepter l'amendement du député
d'Argenteuil, pour les raisons suivantes. Vous remarquez qu'on ne peut pas
être contre la vertu, et l'amendement est vertueux. On ne peut pas
être contre le fait que les services visent le développement
harmonieux, sur le plan intellectuel, social, moral, professionnel, même
si je n'aime pas le terme professionnel. Je crois qu'il n'est pas tout à
fait français dans le contexte mais, en tout cas, là n'est pas
l'objectif de mon intervention. C'est plutôt sur. l'idée
d'intégrer un tel amendement au projet de loi. Ce n'est pas, au fond,
sur l'objectif en soi que vise l'amendement, mais sur l'idée
d'intégrer un tel amendement, tel que libellé, dans le projet de
loi, au chapitre de la définition des services éducatifs.
Si on regarde comme il le faut, à l'article 22 par exemple,
où il est question du développement harmonieux des ressources de
la personnalité de l'élève, il est déjà
question du développement harmonieux de la personne. On parle ici de
l'élève. C'est lui qui est visé aussi dans l'amendement du
député. L'expression "développement harmonieux" est
déjà incluse. Il dit: Au plan intellectuel, social, moral et
professionnel. Je regarde ici: "développer harmonieusement les
ressources de sa personnalité en lui fournissant l'occasion de vivre
dans une société qui s'étend au-delà de sa famille
et de son voisinage. " Dans cette formulation, nous avons ici quelque chose de
beaucoup plus concret que ce que vise et sous-tend l'amendement du
député parce que, quand on parle du "développement de sa
personnalité en lui fournissant l'occasion de vivre dans une
société qui s'étend au-delà... ", on sous-tend ici
des valeurs de tolérance, des valeurs polyvalentes, si vous voulez, en
termes d'acceptation des autres. C'est en termes beaucoup plus explicites que
l'amendement du député d'Argenteuil qui est en termes un peu trop
absolus, un peu trop, je dirais, idéalistes.
Je donne un autre exemple. À l'article 23, on dit: Les services
d'enseignement comprennent l'ensemble des cours obligatoires. Ils ont pour but,
au primaire, de favoriser les apprentissages fondamentaux nécessaires au
développement harmonieux de l'élève, encore une fois, mais
cette fois-ci, à l'intégration de son expérience et
à son insertion sociale. C'est en termes concrets que l'on parle du
développement harmonieux de l'élève, de son
intégration à la société, de l'intégration
de ses apprentissages de son expérience. Au fond, l'idéal
visé, l'objectif en termes de valeurs, dans le présent projet de
loi, est relié à des activités de services
éducatifs, ce qui est beaucoup plus concret et me semble beaucoup plus
conforme aux objectifs de la section III. (13 heures)
Voici un autre exemple. À l'article 25, il est dit: Les services
complémentaires ont pour but de favoriser la progression continue de
l'élève à l'école - et au deuxièmement -en
assurant le développement de l'autonomie de l'élève, de
son sens des responsabilités, de son sentiment d'appartenance à
l'école, de son initiative et de sa créativité. Ce sont
tous des éléments qui s'inscrivent dans le développement
de la personnalité de l'élève et qui sous-tendent le
développement harmonieux de sa personne, au plan intellectuel, social,
moral et professionnel. Cela s'inscrit dans le cadre de la section III, encore
une fois, qui veut définir les services éducatifs. Je ne vois pas
exactement ce qu'apporte de nouveau l'amendement du député
d'Argenteuil. Au contraire, l'amendement du député d'Argenteuil
aurait pour effet de nous obliger à modifier, jusqu'à un certain
point, un certain nombre d'articles de la section qui parlent, en termes
concrets, du développement de la personnalité de la personne au
plan intellectuel, social, moral et professionnel. Donc, à la
formulation qui est déjà à la section III du projet de
loi, j'ajouterais une autre dimension pour refuser l'amendement du
député d'Argenteuil. Le député d'Argenteuil a
parlé du livre orange. Il a dit: Il est question du développement
de la personne au plan intellectuel, social, moral et professionnel, dans le
livre orange. Mais, j'ajouterais qu'il est aussi question, dans le livre
orange, du développement religieux, spirituel et physique de
l'élève. Pourquoi ne pas également ajouter ces dimensions
qui, actuellement, sont absentes de l'amendement du député
d'Argenteuil? Si on ajoute ces dimensions-là, parce que, s'il me dit que
c'est inclus dans le mot "moral"...
Le Président (M. Tremblay): M. le député, je
m'excuse de vous interrompre, mais il est 13 heures...
M. Leduc (Fabre): J'achève, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay):... et selon l'ordre de la
Chambre, nous devrions normalement...
Une voix; Commencer à siéger.
Le Président (M. Tremblay):... suspendre nos travaux
à 13 heures. Mais je pense qu'il y a consentement unanime pour que l'on
poursuivre sans arrêt et que notre commission termine ses travaux
à 16 heures. Est-ce que j'ai bien compris la volonté des membres
de la commission? Nous poursuivons les travaux de la commission jusqu'à
16 heures et je redonne, avec mes excuses, la parole au député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci.
Mme Lavoie-Roux: Vous faites bien cela, M. le
Président.
M. Ryan: Très bien cela.
M. Leduc (Fabre): Si le député d'Argenteuil me dit
que la dimension spirituelle et religieuse est comprise dans le mot "moral", il
faut faire attention, parce que, dans le projet de loi, on fait
déjà une distinction entre l'enseignement moral et l'enseignement
religieux. Donc, cela risque d'introduire des ambiguïtés dans le
projet de loi si on ne fait pas la distinction entre le développement
moral et le développement religieux. L'absence même du mot
"religieux" prête à confusion dans l'amendement du
député. Encore une fois, si on inclut le mot "religieux", on
s'engage dans un autre type de débat. Compte tenu de la
multiplicité des valeurs religieuses au Québec, nous nous
engagerions dans un débat. Par contre, le fait, justement, de ne pas le
mettre nous oblige à nous poser des questions puisque, encore une fois,
le député se réfère au livre orange pour justifier
l'ajout de ces dimensions. On voit dans quel genre de débat", M. le
Président, l'amendement du député d'Argenteuil nous
engage. Je trouve que ce serait beaucoup plus simple de se rallier à la
formulation ou encore de tenter d'améliorer la formulation au niveau des
articles en question que j'ai mentionnés, articles 22, 23, 25 et
peut-être d'autres également, où, encore une fois, il est
nettement question du développement de la personnalité des
élèves, mais en fonction de services spécifiques
reliés au développement de la personnalité des jeunes
à de multiples plans. Encore une fois, je préfère cela de
loin, à moins que le député nous convainque, M. le
Président. Je pense qu'on s'en va vers un débat qui risque
d'être très long.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président,
j'écoutais le député de Fabre nous dire qu'il ne fallait
peut-être pas adopter cet amendement parce qu'aux articles 22 et 23, on
parlait également de développement harmonieux. M. le
Président, j'estime qu'un projet de loi aussi important que le projet de
loi 3 qui, en fait, va réglementer, va régir tout l'enseignement
primaire et secondaire public au Québec, devrait contenir des
énoncés de principe, devrait contenir les finalités de
l'éducation scolaire et que cela ne soit pas spécifique à
deux ou trois articles. Je pense que les principes proposés par le
député d'Argenteuil devraient englober, devraient chapeauter
toute la loi. Quand on parle de développement harmonieux de la personne
au plan intellectuel, social, moral et professionnel, je pense que c'est un
grand principe général qui devrait s'appliquer à tous les
articles ou, enfin, à la grande majorité des articles de la loi
3.
On doit décider par cette loi quel sera le rôle, quelle
place le citoyen aura dans la société, quel devra être son
rôle dans cette société. Surtout, ce que je retiens de
l'amendement soumis par le député d'Argenteuil, c'est la
dernière partie du premier alinéa quand il dit: Dans le respect
des valeurs propres à chacun. C'est bien sûr qu'on n'a pas tous
les mêmes valeurs. C'est bien sûr qu'on est différent. Dans
la composition de la société, on a différentes
personnalités, on a différentes croyances. Surtout, on a
différentes traditions. Les racines ne sont pas les mêmes pour
tous. Les traditions ne sont pa3 les mêmes. Pour moi, personnellement,
c'est très important la famille, la religion, la discipline.
M. Leduc (Fabre):...
M. Leduc (Saint-Laurent): J'allais peut-être y arriver.
J'aurais bien voulu avoir le mot discipline dans la proposition. C'est ce dont
je me doutais. Peut-être à une autre étape. Je pense que,
pour beaucoup de parents, pour une grande majorité de
Québécois, la discipline, c'est important. On l'a mise de
côté. A un moment donné, on ne pouvait même plus en
parler sans soulever le rire de beaucoup de gens. Je pense qu'aujourd'hui on
est revenu à la discipline. On y croit beaucoup plus. Il y a eu des
enquêtes qui ont été faites, qui ont établi que les
parents dans un pourcentage très élevé tenaient à
la discipline, voulaient peut-être qu'on la rétablisse au niveau
des écoles. Moi, j'ai connu chez moi, à la Commission scolaire
Sainte-Croix, des expériences qui ont été tentées
dans une école, en particulier, qui mettaient de côté la
discipline, où on donnait beaucoup d'autonomie aux élèves
du secondaire. On 3'est aperçu à la fin de l'année que
c'était un fiasco.
L'année suivante, on a changé de
directeur parce que les parents l'ont demandé. On avait mis un
nouveau directeur qui croyait à la discipline. On avait eu certains
commissaires, je me rappelle, qui avaient soulevé des objections. Cela
semblait aller à l'encontre du courant. Je dois vous dire que, depuis ce
moment, le même directeur d'école est encore à
l'école et l'école est très appréciée. Bien
sûr qu'on donne beaucoup de latitude, oui, aux élèves mais,
tout de même, on les encadre. La religion, pour certains, c'est
peut-être secondaire, pour d'autres c'est important. Je pense qu'on doit
respecter ces valeurs. On doit respecter, également, la valeur de la
famille. Dernièrement, j'ai commencé à parcourir le
document du ministre sur la famille, il y a des choses qui m'étonnent,
qui m'estomaquent. Une famille n'est pas nécessairement - en tout cas,
selon la définition qui était contenue - des parents, le
père, la mère, avec les enfants. Ce sont des personnes avec des
enfants. Ce n'est pas cette définition que j'ai de la famille. Je
voudrais bien qu'on respecte ma définition ou ma perception de la
famille. Que d'autres pensent ou croient qu'une famille, c'est composé
de deux hommes ou de deux femmes et d'enfants, c'est leur droit, mais moi, je
pense qu'il y a une relation nécessaire entre les enfants et le
père et la mère, pas entre des personnes, mais entre des parents
qui sont le père et la mère. Je veux bien qu'on respecte ces
valeurs et quand le député d'Argenteuil insère au premier
paragraphe "dans le respect des valeurs propres à chacun", je pense que
c'est capital. J'ai essayé de retrouver un énoncé
semblable dans le projet de loi. Je n'en ai pas trouvé. Je voudrais
peut-être qu'on m'indique du côté ministériel s'il y
a un article qui parle du respect des valeurs de chacun, de chaque citoyen, de
chaque Québécois. Sans cet énoncé, je pense qu'on
pourrait brimer des droits. On pourrait brimer des valeurs. On a des traditions
au Québec et pour moi, c'est important. On a des traditions dans nos
municipalités, dans nos patelins. On parle beaucoup de projet
éducatif. Je pense que c'est un peu dans cette ligne de pensée.
Je pense que l'amendement est absolument approprié. On doit avoir un
énoncé qui doit chapeauter tout le projet de loi. Je pense que
c'est nettement insatisfaisant qu'on parle d'un développement harmonieux
à l'article 22 et qu'on parle encore d'un développement
harmonieux à l'article 23. Cela ne saurait me satisfaire. Je veux bien
qu'on en fasse... Je veux plutôt qu'on en fasse un élément,
un énoncé qui englobe tout le projet de loi et je ne vois pas
pourquoi on s'opposerait de l'autre côté de la table à cet
amendement.
En fait, c'est simplement respecter les Québécois,
respecter leurs valeurs et Dieu sait qu'au Québec on en a des valeurs!
Ce ne sont pas toutes les mêmes valeurs, bien sûr, mais je pense
que cela doit être dans le. respect - c'est ce que dit l'amendement -des
valeurs propres à chacun. J'ai mentionné qu'il y avait la
religion, qu'il y avait la famille. On pourrait sûrement parler
également du travail. C'est une valeur pour beaucoup. On est
tenté peut-être de parler plutôt de loisirs maintenant, mais
je pense que le travail est également une valeur, de même que la
discipline. Beaucoup de gens croient à la discipline. Je pense que 60%
ou 70% des gens sont pour la discipline et combien de gens veulent envoyer
voudraient et le font également dans beaucoup de cas - leurs enfants
dans les écoles privées parce qu'ils ont l'impression -je ne sais
pas si c'est toujours vrai - que les enfants, leurs enfants sont mieux
encadrés, qu'il y a une meilleure discipline dans ces maisons
d'enseignement privées. Je ne vois pas pourquoi, dans certains milieux
où on désire la discipline, on ne donnerait pas la
possibilité aux parents d'en faire une des valeurs importantes; on
permettrait dans ces localités, dans ces commissions scolaires, de
privilégier la discipline et, bien sûr, toutes les valeurs propres
à chacun.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé. (13 h 15)
M. Parent: M. le Président, dans ce chapitre qui a pour
titre "Définition des services éducatifs", je pense qu'il est
primordial, dans une définition globale, que l'on inclue l'orientation,
que l'on inclue les grands principes qui devront régir ces services
éducatifs. Je Tegarde le projet d'amendement du député
d'Argenteuil qui dit: "Les services éducatifs offerts par le
système d'enseignement public visent le développement harmonieux
de la personne, au plan intellectuel, social, moral et professionnel, dans le
respect des valeurs propres de chacun. "Ils visent aussi l'enrichissement
intellectuel, social, moral et professionnel de la communauté. " Il est
impensable de définir un début de chapitre ou un article qui a
pour but de décrire les services éducatifs sans en faire
connaître l'orientation et son contenu dans sa globalité.
L'article 21, à mon avis, définit ou fait une nomenclature
mais ne donne pas l'esprit qui devrait prévaloir dans un article pareil.
Tout à l'heure, le député de Fabre nous disait que, enfin,
on retrouve ce que le député d'Argenteuil nous disait aux
articles 22 et 25. Si on regarde bien à l'article 22, c'est vrai que
l'on retrouve en partie l'esprit de l'amendement du député
d'Argenteuil, mais on ne l'applique pas nécessairement à la
définition de "services éducatifs", mais bien aux
éléments "formation et d'éveil". À l'aticle 25, il
est vrai que l'on retrouve aussi
des éléments et des ressemblances avec
l'énoncé de l'amendement du député d'Argenteuil,
mais ils s'appliquent aux services complémentaires. Lorsqu'on parle de
services éducatifs, on ne doit pas commencer à sectoriser et
dire: On les retrouve un peu partout dans la loi à différents
chapitres. Il est bien important que le législateur fasse
connaître l'orientation qu'il veut donner aux services éducatifs
et qu'il dise ce que doivent comprendre les services éducatifs.
Le développement harmonieux de la personne. On ne peut pas se
dispenser de définir ou de "préambuler", si vous voulez, un
article d'un projet de loi qui traite des services éducatifs sans
insister sur l'importance du développement harmonieux de la personne
tant au point de vue intellectuel, social que moral.
Je ne répéterai pas ce que le député de
Saint-Laurent a dit tout à l'heure, je suis d'accord avec lui.
L'amendement proposé par le député d'Argenteuil est tout
à fait acceptable et tout à fait dans l'ordre. Je regarde aussi
le deuxième paragraphe de l'amendement qui dit que les services
éducatifs doivent aussi viser l'enrichissement intellectuel, social,
moral et professionnel de la communauté. Je pense que c'est important.
Lorsqu'on dit que des services éducatifs doivent aider à enrichir
et à mieux parfaire l'individu, en même temps, l'individu
étant membre de la communauté et de la collectivité, il
faut tenir compte dans l'enrichissement de l'individu des particularités
de la communauté à l'intérieur de laquelle il vit. C'est
pour cela, M. le Président, que je suis d'accord avec le projet
d'amendement du député d'Argenteuil.
Le Président (M. Tremblay): Merci, M. le
député de Sauvé. Y a-t-il d'autres intervenants sur la
motion? Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous n'avons pas encore
entendu la réaction du ministre. J'ai écouté attentivement
le député de Fabre. La perception que j'ai eue de ses propos est
à savoir qu'il n'est pas fondamentalement contre le fait que les
finalités de l'éducation soient inscrites ou incorporées
d'une certaine façon dans le projet de loi. Les objections qu'il a
davantage soulevées me sont apparues surtout reliées aux termes
que le député d'Argenteuil avait utilisés,
c'est-à-dire la formulation ou la qualification des objectifs que le
député d'Argenteuil avait identifiés, soit qu'il les
trouvait incomplets ou qu'ils pouvaient créer des problèmes. Je
pense qu'on a peut-être là un point de départ
intéressant. Tant de la part du député d'Argenteuil que de
la part de mes collègues, l'objectif que nous visons est vraiment...
Enfin, nous sommes vis-à-vis d'une loi importante qui, à certains
égards, et, non seulement à certains égards, me
paraît être la loi fondamentale, presque, en éducation. Vous
avez sans doute la Loi sur le ministère de l'Éducation, j'en
conviens, qui est le grand cadre à l'intérieur duquel
l'éducation est articulée aux différents niveaux, mais je
considère que l'enseignement primaire et secondaire a presque un
caractère de loi fondamentale dans le sens que c'est la pierre d'assise
de toute l'éducation, des jeunes, évidemment, en priorité;
et, de plus en plus, dans notre façon actuelle d'envisager
l'éducation, cela englobe même toute l'éducation. On y
retrouve des adultes, on parle de plus en plus d'éducation permanente et
c'est, dans le fond, la possibilité de donner à tout le monde,
à ceux qui ne l'ont pas eu à un stade ou à un autre de
leur vie, le pouvoir de compléter cette éducation qui les rendra
des citoyens plus responsables, plus utiles, plus épanouis.
Dans ce sens, je ne me chicanerai pas pour savoir où cela devrait
être inclus, on a une motion devant nous et je pense qu'il faut la
discuter à son mérite. Je suis portée à croire que
là où le député d'Argenteuil veut l'inclure, cela
me semble logique, c'est au début de la définition des services
éducatifs et des objectifs qu'ils veulent rejoindre. Mais, s'il y a un
autre endroit, en préambule ou ailleurs, où l'on pourrait inclure
ces objectifs, moi, en tout cas, je n'aurais pas d'objection.
Évidemment, c'est la motion du député d'Argenteuil, c'est
à lui de faire valoir son point de vue.
Mais sur le fond même de sa motion, c'est évident qu'il a
identifié ici ce qui nous paraît être les objectifs
principaux de services éducatifs particulièrement dirigés
vers des jeunes qui sont en processus de formation, de développement. Je
ne reviendrai pas sur chacun des éléments: "au plan intellectuel,
social, moral et professionnel", je pense qu'ils vont de soi. J'ai entendu,
tout à l'heure, certaines objections à savoir qu'on laissait de
côté la dimension du développement physique, je pense que
c'est une remarque pertinente. J'ai, tout à l'heure, entendu parler de
certaines réticences du député de Fabre à l'endroit
de l'absence de la notion de valeurs religieuses. Je pense, comme il l'a
souligné lui-même, que c'est un élément qui
prêterait peut-être à débat. Par contre, la notion de
la dimension spirituelle pourrait être insérée et, à
ce moment-là, les objectifs seraient peut-être rejoints.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, on ne sait pas ce que le
ministre en pense. Je ne comprends véritablement pas les objections du
député de Fabre quant à la possibilité de retenir
cet amendement. Il nous a souligné qu'aux articles 22 et 23 il y a des
éléments, enfin, des objectifs qui sont introduits. Il les
trouve, nous a-t-il dit, plus collés à la
réalité. Ce que je vaudrais lui faire remarquer, c'est que
dans l'esprit où le député d'Argenteuil présente
cette motion, il veut vraiment introduire des notions qui transcendent un
secteur d'enseignement, le primaire ou le secondaire, alors qu'à ce
moment-là on rentre dans des modalités d'application et on fait
allusion évidemment... Dans le fond, quand vous regardez au secondaire,
je vous assure que, comme objectif, ce n'est pas très fort. Au moins, au
primaire on a les apprentissages fondamentaux pour le développement
harmonieux de l'élève. C'est très global mais c'est quand
même une considération du développement de la personne
elle-même.
Quand vous arrivez au secondaire, de poursuivre la formation de
l'élève et de faciliter son orientation personnelle en vue de
poursuivre ses études ou d'accéder au marché du travail,
je vous assure qu'on n'est plus du tout dans la même catégorie de
concepts, à mon point de vue. Il s'agit de concepts réels, qui
sont nécessaires mais qui ne font pas partie de notions que je
qualifierais - entre guillemets - d'un peu plus transcendantes que ces concepts
fort utiles et fort pratiques qui doivent rester dans un projet de loi mais qui
deviennent aussi pratiques du fait qu'ils sont reliés à un niveau
particulier de l'enseignement, au niveau secondaire dans le cas dont on
parle.
Je pense que c'est probablement l'objectif du député
d'Argenteuil de dire: Il y a, au-delà d'un niveau primaire... On aurait
d'ailleurs pu en introduire pour le niveau -peut-être qu'ils sont
ailleurs - préscolaire. On pourrait en introduire d'autres pour le
niveau de l'éducation des adultes qui, en soit, seraient sans doute bons
et que même on pourrait améliorer entre nous. Je pense que ce que
le député d'Argenteuil veut introduire, il aurait pu le
présenter sous forme de préambule. Des fois c'est difficile
d'introduire des préambules quoiqu'on en ait dans les chartes mais au
moins au niveau d'un premier paragraphe, des concepts et des notions qui
s'appliquent à tout le domaine de l'éducation en discutant de
cette loi-ci et je pense que tout le monde disait, à un moment
donné ou l'autre, même dans les deux jours qui viennent de se
terminer, que c'était une loi fondamentale.
C'est dans cet esprit-là, je pense, que le député
d'Argenteuil veut introduire ces concepts plus larges qui englobent toute
l'éducation dont les règles sont définies ou dont
l'application est définie dans ce chapitre-ci.
Motion de sous-amendement
Si vous me le permettez, M. le Président, pour tenir compte des
remarques qui ont été faites tant par le député de
Bourassa que par le député de Fabre, j'aimerais introduire un
amendement à la motion du député d'Argenteuil en ajoutant,
après le mot "intellectuel" les mots "physique, spirituel, moral et
social".
Le Président (M. Tremblay): Les mots "social" et "moral"
étaient déjà là.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est ça. Je veux dire qu'il faut
intervertir l'ordre. Immédiatement après le mot "intellectuel"
les mots "physique, spirituel".
Une voix: Est-ce que ça se dit "enrichissement
physique"?
Le Président (M. Tremblay): Alors...
Mme Lavoie-Roux: Au plan intellectuel, physique, dans le premier
alinéa.
Le Président (M. Tremblay): Sur la recevabilité, M.
le ministre?
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je vais être obligée de vous
l'écrire, si vous voulez me donner une seconde. Je vais vous
écrire ça sur un bout de papier, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Je vais immédiatement
déclarer ce sous-amendement recevable. (13 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): J'imagine que Mme la
députée de L'Acadie voudra commenter son sous-amendement. Nous
avons un amendement écrit.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous voulez vous en
débarrasser.
Une voix: Non, c'est vous autres qui allez vous en
débarrasser.
M. Leduc (Saint-Laurent): Franchement, quand je regarde, l'autre
côté, l'intérêt que vous manifestez. Le
député de Fabre...
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie, sur le sous-amendement.
Une voix: Cela l'empêche de parler.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il n'y a rien à dire
là-dessus. Cela le transcende.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que les deux
nouveaux éléments ou les éléments nouveaux que j'ai
ajoutés à la motion du député d'Argenteuil ne
demandent
pas beaucoup d'explications. C'est évident que le
développement global de l'être humain comporte la dimension
physique et c'est dans la mesure où ce développement est
satisfait, je pense, qu'il y a des répercussions sur le
développement des autres dimensions de la personne, son
développement intellectuel, son développement social, etc. Je
pense que c'est presque une vérité de La Palice. Il n'est pas
nécessaire que je prenne dix minutes pour expliquer cela.
Du côté spirituel, j'aimerais me référer au
livre orange de l'école québécoise. J'imagine qu'on a
dû passer plusieurs heures à préparer cela ou à
l'écrire. Alors, cela m'apparatt valable. L'éducation scolaire au
Québec se réclame de valeurs spirituelles et religieuses
partagées par la majeure partie de la population. Le sens de
l'intériorité qui révèle la profondeur de
l'existence humaine: je pense que, quand on parle de notion spirituelle, c'est
vraiment dans ce sens-là qu'on l'entend. Évidemment, quand on
ajoute le sens du sacré et l'ouverture à la transcendance, mais
qui peut se manifester selon les religions, qu'on soit de tradition
judéo-chrétienne ou de tradition catholique, cela fait
référence à des religions particulières, mais on ne
veut pas justement à cause des objections que le député de
Fabre, avec lesquelles je suis d'accord, soulevait parce qu'il y en a toute une
diversité...
Troisièmement, le sens de la gratuité qui s'enracine dans
la charité et le don de soi. Je pense que ce sont là aussi des
valeurs spirituelles qui font que les gens sont conscients de leur
environnement et cela rejoint, par contre... Le député
d'Argenteuil a cru que cela pouvait être inclus dans le social et dans le
moral, il n'y a aucun doute là-dessus. Je pense que cela les
précise davantage et on laisse peut-être moins de place pour de
l'arbitraire ou des discussions qu'il serait peut-être difficile
de...
M. le Président, pour le moment, c'est tout ce que j'ai à
dire. Je pense que, sur les valeurs spirituelles, je pourrais peut-être
aller vous chercher un livre.. »
Une voix: Chanter la messe.
Mme Lavoie-Roux:... des livres de philosophes... Non, ça,
ce sont des valeurs religieuses. Ce n'est pas tout à fait la même
chose.
M. Laplante: Faire un office religieux.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que les valeurs spirituelles ne sont
pas nécessairement synonymes de valeurs religieuses, et c'est dans ce
sens-là que je partage les observations du député de
Fabre.
Le Président (M. Tremblay): Merci. Il n'y a pas d'autres
intervenants. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je vous demande
régulièrement d'intervenir et, à chaque fois, vous me
mettez de côté.
M. Laplante: Vous avez droit à cinq minutes, M. le
ministre, après chaque intervenant.
Le Président (M. Tremblay): Si jamais je le refais, M. le
ministre, ne vous gênez pas pour me le rappeler.
M. Bérubé: Plus que cela, M. le Président.
J'ai droit certainement à 20 minutes sur l'amendement. J'ai droit
à...
M. Laplante: Cinq minutes après chaque intervention.
M. Bérubé: J'ai droit à cinq minutes
après chaque intervention. J'apprécierais que vous m'offriez,
à tout le moins, la possibilité de refuser d'intervenir.
Le Président (M. Tremblay): Je vais le faire si c'est
là votre désir.
M. Ryan: Je pense que les devoirs du président ne vont pas
jusque-là. C'est au ministre, au lieu de lire des brochures sur
l'ordinateur Commodore, de demander son tour d'intervention comme les autres.
Le président n'a pas à se mettre à genoux devant lui pour
lui demander s'il veut parler.
M. Bérubé: J'étais en train de lire des
lettres du député d'Argenteuil qui me posait des questions sur
l'informatique. J'en ai une ici du député d'Argenteuil. J'en ai
une autre également ici. Il a parfaitement raison. Je n'aurais
peut-être pas dû regarder ces lettres. M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay): Vous avez la parole, M. le
député de Matane et ministre de l'Éducation.
M. Laplante: Vous vous écrivez souvent.
M. Bérubé: J'ai une correspondance abondante, des
lettres du député d'Argenteuil, en fait. L'amendement que nous
venons d'avoir nous permet de mieux savoir pourquoi il nous faut refuser et
l'amendement et la motion principale. En effet, qu'est-ce que l'amendement de
la députée de L'Acadie vient de dire? Le député
d'Argenteuil avait oublié des éléments importants. Par
conséquent, il faut enrichir l'amendement du député
d'Argenteuil. Deuxièmement...
Mme Lavoie-Roux: Comme argument,
c'est très fort.
M. Bérubé:... avec sagesse, la
députée de L'Acadie, qui, je pense, devait savoir ce qu'elle
faisait, connaît une des règles, je ne dirais pas du
parlementarisme, en tous les cas, des règles de législation au
sens où le législateur n'est pas censé parler pour ne rien
dire. Par conséquent, le jour où le législateur
précise, cela n'a généralement pas le sens que beaucoup de
nos concitoyens pensent. Cela a généralement le sens contraire.
En général, lorsque le législateur précise, c'est
qu'il exclut ce qu'il n'a pas cru bon de préciser. Donc, chaque fois
qu'une loi tend à préciser, c'est qu'elle vise à exclure
des choses. La députée de L'Acadie a immédiatement compris
que, mais non, ce n'est pas possible, l'amendement du député
d'Argenteuil exclut des choses et, si on les excluait, quelqu'un pourrait
invoquer la loi pour dire: Ah, ah, vous n'avez pas le droit de vous engager
dans tel type de développement pédagogique que la loi,
très précisément, a exclu puisqu'elle ne l'a pas
incorporé dans la liste.
Voilà le sens précis qu'il faut toujours donner à
ces amendements qui visent à préciser, en retenant toujours que
la précision c'est en même temps l'exclusion de ce qui n'a pas
été précisé.
Mme Lavoie-Roux: C'est une vérité de La Palice.
M. Bérubé: Aussi, il faut donc s'arrêter et
se poser la question. On va parler de la formation de l'individu, de
l'enrichissement de la communauté ou des valeurs de paix dans le monde,
de l'interdépendance entre les sociétés; de l'importance
de la famille qu'on n'a pas incorporée, d'hygiène personnelle,
sociale, des valeurs artistiques qui n'ont pas été
incorporées. Voilà que subitement on découvre que plus on
précise, plus on a exclu. Ce qui nous amène, à ce moment,
à privilégier au contraire une approche plus
générale qui, par son caractère englobant, a l'avantage de
ne pas exclure. La loi est ainsi rédigée qu'elle permet
d'éviter d'avoir à se lancer dans un vaste débat
philosophique sur ce qu'est l'homme et, par conséquent, permet,
justement à notre système éducatif de répondre
à ces valeurs de la société qui peuvent souvent être
transitoires, dont l'importance peut varier dans le temps et qui amènent
un système d'éducation à évoluer dans le temps.
Il est clair qu'il ne faut pas tenter de geler, de figer une conception
philosophique de l'homme à l'intérieur d'un projet de loi, car le
danger que nous courons c'est finalement d'avoir oublié des
éléments. À ce moment, dans la mesure où
déjà la députée de L'Acadie a dû constater
que la technique législative utilisée par le député
d'Argenteuil" était mauvaise dans son essence même, car elle
amenait le député d'Argenteuil à exclure des valeurs
absolument fondamentales de la personnalité humaine, elle venait de nous
donner l'argument principal pour dénoncer à la fois l'amendement
et forcément le sous-amendement et tout autre sous-amendement qui nous
serait présenté qui viserait à exclure encore plus de
choses. Merci.
Mme Lavoie-Roux: Une toute demi-minute.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
M. Laplante: Cela vous a ébranlée?
M. Leduc (Saint-Laurent): Toi ça t'a
ébranlé. On est découragé nous autres.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne puis pas
m'empêcher - je le dis sérieusement - de trouver un peu
désolant, ou désolante plutôt, l'argumentation du ministre
de l'Éducation, eu égard... Il peut ne pas vouloir les introduire
pour des raisons techniques, enfin pour une vision des choses qui peut
être différente de la nôtre, mais quand il développe
une argumentation sur un sujet aussi sérieux que celui-là, une
argumentation qui se veut ironique, un peu "rigolante" - si le mot est
français...
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: Vous m'avez fait retirer hier, en
invoquant le règlement, des mots par lesquels j'aurais, à votre
dire, imputé des intentions au député d'Argenteuil en lui
disant qu'un amendement pouvait constituer, par exemple, une mauvaise
plaisanterie. Voilà que Mme la députée de L'Acadie
s'engage dans exactement le même travers en disant qu'il s'agit ici d'une
attitude "rigolante", une attitude peu sérieuse. En d'autres termes,
elle prête des intentions à mon exposé. Or, au contraire,
j'étais des plus sérieux et je faisais référence
précisément aux problèmes que représente une
technique législative que l'Opposition veut nous recommander et qui nous
apparaît erronée au départ. Par conséquent, M. le
Président, on n'a pas à me prêter quelque intention de
faire des plaisanteries. Au contraire, il n'y avait absolument rien de
drôle dans ce que j'ai soumis. Au contraire, j'étais on ne peut
plus sérieux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il m'a interrompu.
Le Président (M. Tremblay): Je vais
donner ma réponse au ministre, si vous me le permettez.
M. Ryan: Sur le point de règlement. Le Président
(M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: Je trouve que Mme la députée de L'Acadie a
parfaitement le droit de considérer peu sérieuses les opinions
qui ont été émises par le ministre, si telle est son
opinion. Il me semble que la décision que vous devez rendre est assez
claire.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement, je suis
prêt à rendre une décision. Je voudrais dire au ministre -
cela me fait beaucoup de peine - que je pense que les propos de Mme la
députée de L'Acadie, aujourd'hui, sont une interprétation.
Elle dit que votre argumentation était ironique. Quand, hier, je vous ai
demandé de retirer vos paroles, il y avaient là des paroles
blessantes.
M. Bérubé: Elle constituait une plaisanterie d'un
goût douteux, la présentation du député
d'Argenteuil. Est-ce que ce n'est pas la même chose que de dire que ma
présentation est ironique?
Le Président (M. Tremblay): Que vos propos sont ironiques,
c'est une question d'évaluation de la part de Mme la
députée de L'Acadie.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoïe-Roux: Écoutez, M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): On n'a même pas trouvé
cela "rigolant", du tout.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne veux
tellement pas faire de cette discussion une discussion sur des virgules, des
intentions. Si le mot "ironique" a pu blesser le ministre, il reste que c'est
ce que je pensais, mais je peux le retirer. Vous savez...
Le Président (M. Tremblay): Je ne vous ai pas
demandé de le retirer.
Mme Lavoie-Roux: Même pas. Voyez-vous? Je ne voudrais
vraiment pas qu'on s'arrête... Ce que je trouve regrettable, c'est que le
ministre...
Le Président (M. Tremblay): Vous avez la parole, Mme la
députée.
Mme Lavoie-Roux:... réponde ainsi à notre motion
qui est faite de bonne foi en visant des objectifs qui sont sérieux, je
pense, quand cela concerne une loi aussi importante que celle-là. Le
ministre, c'est son droit de refuser notre amendement; là-dessus, je ne
le conteste absolument pas. Mais il me semble qu'il est quand même d'un
calibre pour trouver des arguments plus sérieux que de dire: Si on
inclut et qu'on n'inclut pas, cela pourrait être contesté parce
qu'on a exclu, et contesté parce qu'on n'a pas inclus. Vous savez, comme
argumentation à un débat de fond sur les objectifs de
l'éducation, je ne trouve pas cela sérieux, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Merci. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais parler sur
l'amendement qui a été proposé et je parlerai, par voie
d'implication, un peu sur la motion principale, également, vu que
l'amendement vient la compléter. Il faut bien qu'on sache ce qu'on vient
compléter. Mme la députée de L'Acadie propose qu'on ajoute
les mots "physique, spirituel". L'addition du mot "physique" s'impose de toute
évidence au premier alinéa en particulier et je pense que nous
serons tous d'accord là-dessus. Le mot "spirituel" avait
été évidemment envisagé dans la rédaction
originelle. Il avait été omis non pas par oubli, mais parce qu'il
était impliqué. Il y avait une équation ici entre le
développement moral et le respect des valeurs propres à chacun.
C'était le développement moral dans le développement de
chacun, suivant les valeurs spirituelles propres à sa famille ou
à ses convictions. Il n'y avait pas du tout de carence de ce
côté-là, mais, si on veut faire une chicane, on ajoute le
mot "spirituel", nous n'y avons aucune espèce d'objection,
évidemment. Mais, dans une conception plus droite de ce texte, je pense
que c'était tout à fait impliqué dans le texte que cela
voulait dire cela et que cela le disait, à part cela. Si on
préfère l'ajouter, cela va très bien également. (13
h 45)
Le seul problème que cela peut poser, c'est que, pour certains
éléments qui ne croient pas à ces catégories, cela
peut paraître comme une offense, tandis que, la catégorie morale,
il n'y a personne dans l'humanité qui peut s'opposer à cela,
c'est la catégorie la plus universelle qu'on puisse envisager comme
porte d'entrée vers l'univers des valeurs spirituelles. Si on veut
l'ajouter, je n'ai absolument aucune objection, si c'est la volonté de
tout le monde, mais je ne voudrais pas qu'on prenne prétexte de ce mot
pour refuser le reste, par exemple. Si on disait: Vous voulez ajouter cela,
vous voyez où cela conduit... Je pense que c'est mieux d'être
prudent et de s'en tenir à l'essentiel, en ayant l'assurance que c'est
compris dedans. Moi, c'est la manière dont je réagis à
l'amendement.
J'entendais le ministre dire tantôt, utilisant un argument que
j'ai entendu au
moins cent fois depuis que je suis dans cette Chambre de la part
d'esprits étroits qui prétendaient se réclamer...
M. Bérubé: M. le Président, je regrette,
mais peut-on qualifier un collègue d'esprit étroit?
M. Ryan: C'est-à-dire que j'ai entendu cent fois dans
cette Chambre, de la part d'esprits étroits...
M. Bérubé: Oui, peut-on qualifier ses
collègues d'esprits étroits?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, que ceux à qui
l'épithète va se froissent. Il ne les a pas
identifiés.
Le Président (M. Tremblay): Je vais me
référer...
M. Bérubé: En d'autres termes, pourrais-je
qualifier le député d'Argenteuil d'esprit borné, par
exemple? Dans le même style.
Le Président (M. Tremblay):... à la liste.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est que le chapeau lui
va, s'il réagit.
M. Bérubé: Non, non, absolument pas, je veux
simplement savoir si j'ai le droit de qualifier le député
d'Argenteuil d'esprit borné.
M. Ryan: Il se reconnaît très vite.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il ne s'est pas adressé à
vous.
Mme Lavoie-Roux: Il ne s'est pas adressé à
vous.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il ne s'est pas adressé à
vous du tout.
M. Ryan: C'est un propos général.
M. Bérubé: Il s'est adressé à des
députés de la Chambre.
Le Président (M. Tremblay): Sans rendre une
décision de fond, je dirais que ce serait pour le moins un manque de
gentillesse.
M. Bérubé: Ce serait permis? Ce serait
parlementaire?
Le Président (M. Tremblay): Il faudrait que je retourne au
dictionnaire des termes antiparlementaires pour pouvoir trancher ce
débat.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on parle surtout
d'indécence.
M. Bérubé: Ce serait intéressant.
J'aimerais, M. le Président, que vous fassiez une consultation.
Le Président (M. Tremblay): De la liste?
M. Bérubé: Oui, de la liste. Il me paraît que
la qualification d'esprits étroits, d'esprits bornés ou autres
qualificatifs de ce même type est antiparlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je vous recommanderais de prendre un
recours collectif.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Tremblay): Il est permis de faire des
affirmations, mais pour autant qu'elles ne visent personne. Ce serait là
prêter des intentions ou des motifs à un membre de
l'Assemblée.
M. Bérubé: En fait, si on dit que les
libéraux ont l'esprit borné, comme ce n'est pas
individualisé, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Tremblay): Je dirais que cela viserait
plusieurs personnes.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bérubé: Il faudrait peut-être dire, pour
que ce soit moins individuel, que la majorité des libéraux a
l'esprit borné. D'accord, j'ai compris, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): C'est difficile de juger.
M. Bérubé: D'accord, M. le Président. Alors
on pourrait éviter d'aller au fond de la question.
M. Ryan: M. le Président...
M. Bérubé: Je voulais juste souligner cela, parce
que le député d'Argenteuil soulève souvent des questions
comme celle-là, concernant le vocabulaire, mais il émaille ses
propres interventions d'énormément de termes blessants pour ses
collègues.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est là votre opinion. M. le Président,
j'espère que vous n'avez pas compté sur mon temps cette
période légère que nous venons de vivre depuis dix
minutes.
Le Président (M. Tremblay): Non. M. Ryan:
Merci.
Le Président (M. Tremblay): Dix minutes? Non. Quand
même, cela n'a pas pris dix minutes.
M. Ryan: Cela n'a pas pris dix minutes?
Le Président (M. Tremblay): Cela vous a paru long,
à moi aussi...
M. Ryan: Cela m'a paru une éternité.
Le Président (M. Tremblay):... mais ce fut moins long.
M. Ryan: Alors, de propos que j'ai souvent entendus de la part
d'esprits peu ouverts, qui prétendaient se réclamer d'arguments,
de technicités juridiques pour empêcher que des choses simples
fussent dites. J'ai toujours répondu, en contrepartie, que le premier
objet de la loi doit être de dire des choses simples et fondamentales,
clairement, d'une manière concise.
Ceci étant dit, j'aurais aimé que le ministre fasse un peu
allusion... J'avais commencé tantôt, vers la fin de l'intervention
que j'ai faite à l'appui de ma motion originelle, à faire mention
de sources extérieures auxquelles on peut puiser pour s'inspirer dans
ces choses. On n'est pas à pied-d'oeuvre, on ne lance pas une discussion
à partir du dictionnaire Larousse pour voir si on pourrait
trouver tous les termes susceptibles d'entrer ici. Il y a des gens qui ont fait
des travaux sur ces questions depuis de nombreuses années, une
littérature abondante a été constituée. J'ai
particulièrement étudié, depuis une couple
d'années, les rapports d'études qui ont été faites
aux États-Unis par différents groupes ou différentes
autorités sur les orientations, les malaises, les problèmes du
système d'éducation aux États-Unis. Il y a eu le rapport
de la Commission sur l'excellence en éducation qui avait
été formée par le président Reagan. Il y a eu le
rapport de la "task force" sur l'éducation qui a été
formée par les gouverneurs des États américains; celle-ci
a produit un rapport très intéressant. Il y a eu le volume
publié par Mortimer Adler, intitulé "Padeia", où il donne
les objectifs d'un système d'enseignement public à
l'époque contemporaine. Il y a eu le rapport du Comité sur la
place des sciences et de la technologie dans l'éducation. Il y a eu la
remarquable étude sur les écoles secondaires aux
États-Unis du professeur Ernest Boyer; c'est l'une des plus grandes
autorités nord-américaines en éducation. Il y a eu les
travaux, en particulier l'étude récente de John Goodlad,
intitulée "A Place
Called School". Si le ministre veut qu'on lui donne les
références pour tous ces ouvrages, on les lui donnera avec
plaisir. Et il va constater que les catégories qui sont employées
dans l'amendement proposé ne sont pas des inventions du
député d'Argenteuil, qui n'aurait pas cette prétention,
mais qu'elles essaient d'être une synthèse de ce qu'il y a de
meilleur dans la littérature la plus récente et la plus avertie
sur les questions de l'éducation publique dans le continent
nord-américain.
Je vous citerai seulement quelques éléments de ce que John
Goodlad dit dans son volume intitulé "A Place Called School",
éléments très intéressants pour la thèse
qu'avait défendue à l'origine du projet de loi, qu'on a perdue de
vue depuis, le Dr Laurin, sur la responsabilisation de l'école. Il parle
des finalités de l'éducation et dans chacun de ces groupes qu'on
a formés, les auteurs ont été obligés de
s'arrêter et de se dire: Qu'est-ce qu'on veut faire avec notre
système d'éducation? Faut-il plus de sciences, plus de ci, plus
de cela? C'est très bien, mais d'abord qu'est-ce qu'on veut faire avec?
Les ressources sont limitées. Le défi est immense. Il faut avoir
des objectifs clairs pour, ensuite, être capable d'aligner les
propositions au niveau des moyens. M. John Goodlad, dans son volume, conclut
que les finalités de l'éducation peuvent se ramasser autour de
quatre thèmes principaux: personnel, social, intellectuel et
"vocational", disons professionnel. Sous personnel, il met le
développement physique, le développement émotif, le
développement spirituel, le développement psychologique; sous
social, la participation à la vie associative, l'initiation aux
institutions politiques, économiques etc.; sous développement
intellectuel, dont il dit qu'il est le premier en ordre d'importance pour
l'école, et que c'est la finalité première de
l'école de développer intellectuellement... Pardon?
M. Leduc (Fabre): Le plan affectif a été
oublié.
Mme Lavoie-Roux: Il est compris dans le plan personnel.
M. Ryan: Oui, oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Si on se référait à la
notion de personnel...
M. Ryan:... de la personne.
Mme Lavoie-Roux:... il n'est pas oublié.
M. Ryan: En tout cas. Personne ne prétend que ceci est
complet. Si on l'aborde dans un esprit négatif, on peut fouiller et
prendre le dictionnaire Larousse, on va en prendre un plus épais, le
gros Robert, et on
va se retrouver avec 50 qualificatifs qui auraient été
oubliés. Pardon?
M. Laplante: Le petit Robert, il voyage pas mal.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, ce sont des catégories
générales, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est cela. Cela peut faire l'objet de discussion au
niveau des amendements et des sous-amendements. Ce sont des choses sur
lesquelles on pourrait très bien s'entendre avec de la bonne
volonté.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil a la parole.
M. Ryan: Il vous donne ces quatre catégories. Autour de
cela, on peut regrouper l'essentiel. Si les termes qui sont là ne sont
pas les meilleurs, cela se peut. Trois d'entre eux rejoignent ce quedit
Goodlad: intellectuel, social et professionnel; moral donne lieu à un
peu plus de difficulté, il peut être travaillé davantage
celui-là. Il y a l'autre point dont le député de Fabre
parle, quand j'ai dit personnel, cela comprend celui-là. J'avais une
autre formulation dans des versions antérieures que j'ai faites pour ma
propre réflexion. Si vous mettez l'élève à la place
de la personne, cela peut mentionner le développement personnel et,
à ce moment-là, cela couvre ce que vous disiez.
De s'opposer en principe à ce qu'on fasse cet effort de coiffer
de deux alinéas généraux les alinéas particuliers
qui viennent ensuite... Ce qui me semble d'autant plus étonnant, c'est
qu'il l'accepte pour les services préscolaires, il l'accepte pour les
services aux niveaux primaire et secondaire et il trouve que c'est
déplacé et impertinent de vouloir qu'on l'ait au plan
général, pour qu'on puisse dire en quelques mots ce qu'on veut
faire avec cela quand on légifère là-dessus, quand on
prétend moderniser et améliorer notre système
d'éducation. On le dit clairement, fermement dans quelques lignes et,
après cela, on s'en va. Je ne vois pas du tout la pertinence des
objections que j'ai entendues à l'encontre de cela. Je n'ai pas du tout
été persuadé, au contraire. Je vous dis encore une fois,
M. le Président, que dans tous les bons travaux qui ont
été faits ces dernières années, aux
États-Unis en particulier, dans la recherche d'un meilleur
système d'éducation, on a senti le devoir de revenir à
cette question fondamentale et de la définir, d'y proposer des
réponses dans des termes clairs, simples et concis qui pourraient servir
d'inspiration pour des programmes particuliers au sujet de l'un ou l'autre
aspect de cette mission de l'éducation.
En conséquence, je suis tout à fait favorable à
l'addition de l'amendement qui a été proposé, au texte de
la proposition initiale mais, ce que je serais porté à
suggérer, ce serait ceci. Je trouve qu'il y a deux choses. Si le
côté ministériel nous dit "on est contre, en principe,
toutes ces affaires-là et c'est non", on va continuer à faire une
couple d'amendements, on va essayer d'aller jusqu'au bout de notre
démarche et de faire comprendre notre point de vue. Si on nous dit "on
est favorable, en principe, à cela, il faudrait qu'on y
réfléchisse peut-être au cours de la fin de semaine, qu'on
arrive avec une formule plus serrée, qu'il y ait un travail de
consultation privée qui se fasse", nous n'avons pas d'objection, nous ne
voulons pas imposer un texte à la vapeur, c'est trop fondamental.
Là, il y a une question d'attitudes. Jusqu'à maintenant,
j'ai entendu uniquement des propos négatifs. Si c'est cela, nous sommes
favorables à cet amendement, je suis entièrement pour
l'amendement, je vote pour; et on entend continuer à travailler pour
faire accepter cette idée très simple et très fondamentale
par le ministre et ses collègues du côté
ministériel.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions sur le
sous-amendement?
M. Bérubé: En réplique...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé:... au député d'Argenteuil,
M. le Président, je pense que j'ai énoncé les raisons pour
lesquelles je souscrivais à l'argumentation centrale
présentée par le député de Fabre, qui, à ce
titre, parlait au nom du gouvernement, dois-je dire. Non pas que l'on ne puisse
pas découvrir, dans un grand nombre de documents gouvernementaux,
l'expression d'une volonté de développer certaines valeurs chez
l'enfant, de développer différents aspects de la
personnalité du jeune qui cadrent avec la rédaction de
l'amendement du député d'Argenteuil, dans la mesure où ils
sont insérés à l'intérieur de politiques
gouvernementales, mais il est clair que ces éléments n'ont pas le
même sens que lorsqu'on les incorpore à l'intérieur d'une
loi.
Dès qu'on les incorpore à l'intérieur d'une loi,
les réserves que nous avons exprimées doivent être prises
en considération avec beaucoup d'attention. Et, malheureusement, le
député d'Argenteuil balaie un peu facilement, du revers de la
main, les préoccupations dont nous lui avons fait part. Partant d'une
intention que je ne qualifie pas et qui m'apparaît... Si on devait le
faire et si on devait la qualifier, on devrait le faire d'une façon
plutôt favorable
et positive; je crois que le député d'Argenteuil est
animé de bons motifs lorsqu'il fait cette proposition. Le
problème n'est pas la motivation du député d'Argenteuil ou
de la députée de L'Acadie, c'est le processus législatif
qui est fautif. C'est la méthode. (14 heures)
À ce moment-là, je dois dire, par exemple, que les
préambules que l'on retrouvait dans nos lois sont maintenant
considérés par tous les juristes qui nous conseillent comme
superflus. Certes, à nous, ces préambules donnaient le sens,
donnaient la vision qui sous-tendait, finalement, un projet de loi et nous
apparaissaient utiles, puisqu'ils traduisaient ce que nous pensions. Mais, aux
juristes, il en est autrement. Ils constituent des éléments
nouveaux dont il faut prendre en compte le sens, les concilier avec des
articles plus précis des projets de loi et contribuent souvent à
obscurcir l'interprétation juridique des textes de loi plutôt
qu'à éclairer, ' ce qui amène les conseillers
gouvernementaux en matière juridique à s'opposer à
l'introduction de préambules de toute nature qui, s'ils ont l'avantage
de nous aider à nous retrouver au niveau des principes, ont
l'inconvénient d'obscurcir fréquemment les textes de loi sur
lesquels des juges auront un jour à se prononcer, textes qui seront
invoqués par différentes parties pour justifier telle ou telle
position, ou telle ou telle contestation. Le but de nos lois demeure de
codifier l'action de nos concitoyens et d'une façon qui soit claire et
la moins obscure possible. C'est pour cela que, d'une façon
générale, lorsqu'on s'engage dans une opération qui est de
type préambule, on est très réticent, au niveau des
conseillers gouvernementaux en matière de droit, à s'y engager.
C'est ainsi que l'article 21 est simple. Il définit quels sont les
services éducatifs. Voici ce qu'ils comprennent. On ne s'engage pas
à leur en donner une analyse détaillée de tout le sens
qu'il faut accorder à chaque mot.
Les buts de ces différents services éducatifs font l'objet
d'articles subséquents. Par exemple, on dit les services de formation et
d'éveil ont pour but de permettre à l'élève
à l'éducation préscolaire de développer
harmonieusement les ressources de sa personnalité en lui fournissant
l'occasion de vivre dans une société qui s'étend
au-delà de sa famille et de son voisinage. On constate que l'objectif
est couché en termes suffisamment généraux pour
éviter d'avoir à se prononcer sur les éléments que
constitue une personnalité équilibrée car, dès que
l'on voudra se prononcer sur ce que nous concevons comme devant être une
personnalité équilibrée, nous devrons nous engager dans
une description, avec l'inconvénient que plus on précise, plus en
même temps on exclut. Il faut toujours garder le sens large des articles
qui sont présentés et éviter de vouloir simplement
expliciter des articles de loi, ce qui dans l'opération, comme je le
soulignais dans mon intervention précédente, a comme
conséquence d'éliminer d'autres possibilités
d'interprétation sans qu'on ne l'ait nécessairement voulu. C'est
plutôt par mesure de prudence qu'il faut se garder d'induire, si on veut,
ceux qui auront à référer à ces lois dans des
procédures d'interprétation toujours délicates et que nous
devons chercher à éviter.
À titre d'exemple, il me vient immédiatement à
l'esprit le débat que l'on observe à l'heure actuelle à la
Cour d'appel en Ontario et qui est maintenant en Cour suprême, concernant
l'interprétation qu'on doit donner à la charte
fédérale. D'un côté on dit: On a droit à
l'enseignement dans sa langue. Mais dans un article subséquent on dit:
On a droit à des établissements. Les juges sont obligés de
s'interroger: pourquoi a-t-on voulu parler d'établissements? On a dit
possiblement un mot de trop. Et, dès qu'on ajoute des mots à nos
lois, nécessairement il doit y avoir eu un sens. C'est pour
éviter que l'on amène des grands débats
d'interprétation sur ce que le législateur a voulu dire qu'il
faut éviter de trop en dire surtout lorsque la première
expression était complète, intégrale et permettait, dans
le fond, de sous-tendre tout ce que le député d'Argenteuil a
à l'esprit.
En effet, il est clair que, lorsqu'on parle de permettre à
l'élève de développer harmonieusement les ressources de sa
personnalité, cela ne nous entraîne pas à devoir
définir s'il s'agit de ses ressources morales, physiques, sociales, cela
ne nous entraîne pas à définir les aspects de ses
ressources et, par conséquent, évite d'avoir à
éliminer des composantes que nous n'avions pas l'intention
d'éliminer. Voilà pourquoi, en maintenant une expression large,
on évite les problèmes d'interprétation juridique
subséquents. Et c'est dans ce sens-là que mon collègue de
Fabre est intervenu. Ce n'est pas par opposition aux idées que
défendent les députés d'Argenteuil ou de L'Acadie, c'est
la crainte qu'en voulant expliciter on aille en sens contraire de ce qu'on
avait à l'esprit.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je comprends
assez mal le ministre, également le député de Fabre. Ici,
il s'agit d'une loi-cadre, on ne parle pas d'une loi sectorielle; c'est une
véritable loi-cadre qui va régir tout l'enseignement, tout le
secteur de l'éducation, tous les services d'éducation dans le
monde de l'enseignement primaire et secondaire.
Alors, il nous dit: Écoutez, c'est dangereux qu'on en mette trop,
que ce ne soit pas complet. Mais quand je prends connaissance de l'amendement
du député d'Argenteuil et du sous-amendement de la
députée de L'Acadie, je ne vois pas comment on pourrait dire
qu'on en met trop quand on parle du développement harmonieux de la
personne aux plans intellectuel, social, moral et professionnel; là, on
ajoute "physique et spirituel". Si ce sont des mots qui ne veulent rien dire,
c'est donc qu'il n'y a plus de valeurs ici, au Québec.
Alors, je pense qu'il y a encore des valeurs au Québec et qu'on
les énonce dans une loi-cadre aussi importante que le projet de loi 3,
je ne pense pas que ce soit inutile et superfétatoire. Je pense que ce
sont des mots qui veulent dire quelque chose. En tout cas, pour nous, de ce
côté-ci de la table, cela veut dire quelque chose. J'ai quasiment
l'impression, pour l'autre côté de la table, que cela ne veut rien
dire. C'est l'impression que j'ai. On dit: Écoutez, c'est inutile de
mettre ces mots parce que peut-être on pourrait en oublier. Mais, qu'on
en mette plus que moins, il n'y a pas tellement de risques là-dedans.
C'est un petit peu comme lorsqu'on a discuté de la possibilité de
recevoir des organismes et des experts. Je pense qu'on ne risque pas d'en
entendre trop de ces gens et de ces organismes. Il y a un danger, c'est qu'on
n'en entende pas assez.
Non, je n'accepte pas du tout qu'on vienne me dire: Écoutez,
c'est dangereux parce que peut-être on risque d'en oublier. Il y a
peut-être un risque mais on pourra toujours corriger plus tard et
ajouter; je ne pense pas que ce soit une catastrophe. Le ministre dit: Il y a
un risque que cela obscurcisse la loi. J'y reviens encore. Est-ce que lorsque
l'on parle de développement de l'enfant, aux plans intellectuel, social,
moral, professionnel, physique et spirituel, c'est obscurcir? Je ne vous cache
pas que je comprends très mal l'attitude du parti ministériel. On
a peur, on dit: On a peur des expressions globales, des manières de
formules qui peuvent être considérées comme des
préambules. Mais, quand on parle de société distincte,
est-ce qu'on dit ce qu'est une société distincte? Je pense qu'on
est capable d'identifier, de qualifier, de dire ce qu'est une
société distincte et je ne pense pas que ce soit très
restrictif. Je pense bien que cela veut dire que, au Québec, on a des
valeurs propres. C'est cela, une société distincte. C'est qu'on a
peut-être des valeurs qui sont différentes aux plans social,
moral, professionnel, physique et spirituel. Alors, je ne vois pas, hormis que
quelqu'un puisse m'expliquer, comment cela est précis, une
société distincte. Je ne vois pas en quoi c'est très
précis. Société distincte, je voudrais bien qu'on me dise
si c'est si restrictif que cela.
On veut avoir dans la charte des mentions de société
distincte. Moi, je pense que c'est cela être distinct, c'est d'avoir des
valeurs propres. Si on les identifie ici, je ne pense pas qu'on devrait
s'opposer. Je vous répète que cela me semble être une
manière de négation de ces valeurs, de la part du
côté ministériel. Qu'on me le dise si on n'y croît
pas. D'accord, je ne partagerai pas votre opinion, je vais la respecter mais
qu'on ne se serve pas de faux-fuyant pour venir nous dire: Il ne faut pas
mettre ces termes, ces valeurs parce que cela risque d'être embarrassant,
cela risque de ne pas couvrir tous les aspects.
Cela me fait penser - je vous le répète - drôlement
à ce qu'on demande. On demande de reconnaître une
société distincte. Qu'on dise donc ce qu'est une
société distincte. C'est cela être une
société distincte.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela va être
très bref. J'ai écouté attentivement les explications du
ministre quant aux difficultés au plan de l'interprétation des
lois que la disposition ou l'adoption de la motion du député
d'Argenteuil pourrait créer.
C'est évident que chaque terme n'est pas exhaustif en soi. Je le
signalais justement au député de Verchères, avec qui j'ai
travaillé de très près sur la Loi sur la protection de la
jeunesse, la loi 60, enfin les modifications à la Loi sur la protection
de la jeunesse. Nous suggérions, justement, un préambule - je
pense que la personne qui est à votre droite va se le rappeler fort bien
-où, dans notre esprit, on aurait voulu établir des grands
principes qui auraient, d'une certaine façon, assis la loi. On l'a
même inscrit dans une ébauche de projet de loi et cela n'a pas
été retenu par le législateur; je n'ai jamais
demandé les raisons. Il reste qu'on retrouve dans cette loi un article -
j'ai regardé cela rapidement - dans lequel vous avez aussi des termes
qui sont loin d'être exhaustifs.
M. Bérubé: Regardez, c'est écrit comme la
loi 3.
Mme Lavoie-Roux: Scientifique, humain et social. Je vais le lire
au complet parce que les gens ne comprendront pas: "L'enfant a droit de
recevoir des services de santé, des services sociaux ainsi que des
services d'éducation adéquats, sur les plans à la fois
scientifique, humain et social. "
Si vous prenez la notion humaine, je vous assure que cela pourrait,
comme interprétation... Si je suis le raisonnement que vous avez
développé tout à l'heure, c'est un terme extrêmement
vague. Il peut être
encore plus vague que l'énumération des termes
"intellectuel", "social". Je pense que là-dedans on a voulu exprimer
quand même un objectif plus général.
Le Président (M. Tremblay): Avez-vous terminé, Mme
la députée?
Mme Lavoie-Roux: Le ministre veut réagir. Je ne tiens pas
à faire du temps, je tiens à faire avancer le débat.
M. Bérubé: Quand, effectivement, elle cite cet
article qu'on vient de regarder, à l'arrière, on constate qu'il
est rédigé comme est rédigé le projet de loi 3,
c'est-à-dire qu'il prend des grandes catégories
générales qui ont l'avantage de ne pas sous-tendre des choix en
termes d'un équilibre entre les valeurs. On dit "scientifique" parce
qu'on parle, à ce moment, de la réalité matérielle,
objective des choses, de la nature. On dit "humain" pour faire
référence à l'aspect du libre arbitre de l'être
humain, et ce libre arbitre fait référence à tous les
aspects du comportement humain. On dit "social" pour bien insister sur le fait
qu'il existe une dynamique d'interactions entre les individus qui, souvent,
échappe à la seule dynamique individuelle.
De cette façon, on a couvert l'homme dans sa dimension
personnelle et sa dimension collective et on a couvert également
l'univers physique. Je pense qu'à ce moment on a couvert à peu
près tout ce que l'on pouvait espérer couvrir. Je m'arrête
pour dires L'esprit même de la loi vise, par le biais du projet
éducatif, à incorporer des valeurs à l'intérieur
d'un programme d'enseignement. On peut imaginer par exemple qu'une école
veuille donner un enseignement musical poussé. Nous avons de telles
écoles au Québec: chorales ou encore musiques instrumentales...
(14 h 15)
Mme Lavoie-Roux:... pédagogiques.
Une voix: Le ballet.
M. Bérubé:... et forcément un tel choix
entraîne moins d'accent sur d'autres aspects du régime
pédagogique. Le temps étant limité, si on choisit de
mettre énormément d'accent sur un aspect, il est possible que
d'autres éléments sautent. Par exemple, j'imagine que l'on
pourrait avoir moins d'accent sur l'éducation physique, et
évidemment tout l'accent portant sur une éducation aux arts.
Voilà un choix que le projet éducatif peut faire. Si, dans notre
nomenclature des objectifs qui doivent être incorporés à
l'intérieur des services éducatifs, nous avons décrit une
liste très complète - faisons l'hypothèse que nous sommes
capables d'être à ce point exhaustif qu'il n'y ait aucun
problème d'interprétation comme ceux que j'ai soulevés -
la conséquence serait qu'un projet éducatif qui n'incorpore pas
d'éducation physique est un projet éducatif qui ne respecte pas
les principes du projet de loi.
Alors on se rend compte qu'il est peut-être
préférable de dire que ce que nous recherchons c'est le
développement harmonieux des ressources de la personnalité. Cette
vision de ce que nous appelions l'harmonie, elle varie d'un endroit à
l'autre au Québec. Certains mettront beaucoup d'accent sur le
développement physique, l'éducation aux sports, d'autres sur
l'éducation aux arts, d'autres sur la capacité d'abstraction.
Ce développement harmonieux fera donc l'objet, je pense, d'un
très grand nombre d'approches diversifiées, et peut-être
est-ce normal et désirable et souhaitable. Je n'ai pas objection
à ce que - comme le suggère le député d'Argenteuil
- l'on essaie de gratter ce concept à la lumière des
réserves que nous avons soumises et des observations que vous avez
faites, et qu'on reprenne, par exemple, mercredi l'analyse de ces articles sous
cet angle, mais vous voyez un peu le problème que nous soulevons et qui
est un problème réel. Je pense qu'il ne faut pas mettre de
côté cette préoccupation de clarté dans la loi. Sous
prétexte qu'on est animé d'une intention fort
généreuse, fort ouverte face à l'école et qu'on
voudrait donner un souffle à la loi - nous comprenons cette
préoccupation - nous craignons seulement que cette préoccupation
n'entraîne l'effet contraire et qu'elle coupe le souffle à
certaines initiatives qui reposeraient sur des équilibres
différents de ceux que nous avons envisagés autour de cette
table.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me le permettez.
Je l'ai laissé répondre afin que je puisse lui répondre
après.
Le Président (M. Tremblay): Oui, allez- y.
Mme Lavoie-Roux: Je n'avais pas fini. Écoutez, j'essaie de
suivre le raisonnement du ministre. Il m'a dit que, si on identifie trop
certains concepts ou certaines catégories, il y a risque, par exemple,
qu'on ne puisse pas permettre que dans un milieu donné l'accent soit mis
davantage sur une valeur que sur une autre: par exemple, sur le physique, sur
les arts, et vice versa. Je pense que lorsque vous parlez du
développement harmonieux de la personne cela veut justement dire que,
compte tenu des besoins, il y aura un équilibre général
mais il y aura probablement ces différences d'accent qui seront mises.
Car l'harmonie résulte du fait qu'une personne est
développée d'une façon un peu - comment dirais-je -
marginale dans un domaine et accentuée dans l'autre. Il se peut que
dans
un milieu donné, justement, compte tenu des besoins, on mette
plus l'accent sur le physique que sur certaines autres notions. C'est le
résultat final. On veut que l'équilibre y soit, à la fin.
C'est évident que cela n'écarte pas cette possibilité de
respecter ce que les milieux veulent. Vous pourriez avoir la même chose
qu'à l'article 8 auquel on se référait parce qu'on dit
dans la Loi sur la protection de la jeunesse: "L'enfant a le droit de recevoir
des services de santé, des services sociaux ainsi que des services
d'éducation adéquats, sur les plans à la fois
scientifique, humain et social. "
Quelqu'un pourrait vous arguer que, dans le domaine scientifique, ce
sont tous les types de connaissances, qui ont été
développés dans le domaine scientifique relatifs à cette
problématique qui doivent être à la disposition de cet
enfant en droit de protection. C'est la même chose pour les services
humains et pour les services sociaux. On sait fort bien que ce n'est pas cela.
Ce qu'on veut, c'est que toutes ces trois dimensions soient
considérées et qu'on donne à l'enfant, justement, ce qui
va permettre l'équilibre de ces trois dimensions selon ses besoins
à lui.
J'ai un peu de misère à suivre l'argumentation du ministre
dans ce sens.
M. Bérubé: En fait, il n'est pas, étant
donné que j'ai un droit de réplique à l'intervention du
député... Examinons, pour bien fixer notre attention, la
proposition d'amendement du député d'Argenteuil à
l'article 21.
Il nous dit: "Les services éducatifs offerts par le
système d'enseignement public visent le développement harmonieux
de la personne. " Jusqu'ici, il n'y a pas de problème. Tout le monde
sera d'accord pour un développement harmonieux. Mais, voilà que
l'on vient définir harmonieux au plan intellectuel, social, moral,
professionnel, physique. Immédiatement, je connais un très grand
nombre de mes concitoyens qui diront: On ne peut pas avoir de
développement harmonieux sans un développement religieux,
immédiatement. Je pense que cela se défend suivant une
vision.
Par contre, j'entendrai d'autres me parlant que l'Église est
l'opium du peuple et qu'au contraire le développement harmonieux de
l'être humain exige qu'on ne fasse pas référence à
l'aspect religieux. Alors, immédiatement, il y a débat.
Dès que vous voulez définir le développement harmonieux en
disant "au plan intellectuel, social, moral, professionnel, scientifique",
etc., vous venez d'établir un ensemble de paramètres dont vou3 ne
pouvez exclure aucun autre paramètre de la liste si vous ne voulez pas
que cette liste soit interprétée de façon restrictive.
C'est cela le problème.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les catégories
utilisées par le député d'Argenteuil m'apparaissent des
catégories larges. Est-ce qu'on peut parler de transcendance dans ce
sens-là? En tout cas, je vais le mettre entre guillemets. Tout à
l'heure, vous avez donné des exemples. Vous avez dit: Il y a quelqu'un
qui valorise beaucoup la paix dans le monde ou la paix en
général, le développement de la paix. Cela entre dans une
catégorie sociale. On a parlé de la famille, qui est une valeur
sociale. Elle entre dans la catégorie du social. Il y a à peu
près... Scientifique, c'est au plan intellectuel. Et, pour suivre votre
argumentation, je me demande comment on va dire...
Une voix: Affectif? C'est quoi? C'est social.
M. Bérubé: Voilà! C'est intéressant.
On pose la question. Au plan affectif, le député de Sauvé
dit que cela n'a pas d'affaire là. Voilà, immédiatement on
voit le problème.
M. Parent: C'est inclus ailleurs.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas inclus ailleurs.
Intellectuel, social, moral et professionnel. Il n'y a rien d'affectif.
Mme Lavoie-Roux: L'affectif c'est l'équilibre entre
l'intellectuel et le social.
M. Bérubé: Voilà, justement. On vient
d'entrer dans le genre de débat qu'on cherche à
éviter.
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez. À ce compte, vous
allez retrancher de votre article 23, M. le Président, "favoriser les
apprentissages fondamentaux nécessaires au développement
harmonieux de l'élève. " Je vais peut-être décider
que, pour le développement harmonieux de mon enfant, il devra y avoir
40% d'enseignement en écologie et seulement 5% en apprentissage de la
langue maternelle. Alors, à ce moment-là, cela ne va pas non
plus. Alors, si on suit votre raisonnement à l'absurde, on en arrive
à des affaires comme cela.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: C'est que dans ma page c'est marqué dans les
recommandations de faire appel à l'article 194 du règlement,
après 2 heures et 22 minutes.
Le Président (M. Tremblay): Article 194: "Si aucun
amendement n'est proposé à une motion, tout député
qui a la parole peut proposer qu'elle soit immédiatement mise aux voix.
"
Mme Lavoie-Roux: Vous dites cela à la blague. Ce n'est pas
dans vos recommandations.
Le Président (M. Tremblay): "Cette motion ne peut
être amendée. "
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas dans votre livre, cela, quand
même.
M. Laplante: J'ai des recommandations, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Faire appel à l'article 194. Je ne peux
pas croire que vous êtes sérieux. Mais, M. le Président, si
on avait mieux défini dans l'éducation les grands objectifs, on
n'arriverait pas à des absurdités comme cela.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ryan: M. le Président, je ne pensais pas que
déjà l'influence du nouveau whip du parti se ferait sentir
à ce point. C'est depuis que vous êtes arrivé qu'il prend
des attitudes comme celle-là.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! À
l'ordre! M. le député de Bourassa, est-ce que vous faites un
appel au règlement?
M. Laplante: Oui, M. le Président, je n'ai plus rien
d'écrit. Tout a été dit. C'est blanc, blanc. Cela veut
dire, dans mon esprit, de faire appel à l'article 194.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Sur l'appel au
règlement, M. le député d'Argenteuil.
M. Laplante: Non, il n'y a pas de discussion, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Non. Il n'y a pas
d'amendement. J'ai le droit d'avoir des considérations sur l'appel au
règlement que vous faites.
M. Laplante: Non. Lisez l'article 194. J'ai demandé le
vote, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Le député
d'Argenteuil a le droit de croire que vous n'avez pas le droit de demander le
vote.
M. Laplante: Non. Pas d'après l'article 194, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Laplante: Non. Question de règlement. "Tout
député qui a la parole peut proposer qu'elle soit
immédiatement mise aux voix. Cette motion ne peut être
amendée. "
Mme Lavoie-Roux: Il y a toujours des élèves qui ont
réussi à avoir le livre du maître.
M. Laplante: Cela fait deux heures et vingt-cinq...
Le Président (M. Tremblay): Oui, mais, justement, il y a
place pour l'interprétation, M. le député de Bourassa. Je
donne la parole au député d'Argenteuil.
M. Laplante: Non. C'est un précédent que vous
commettez là.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous en appelez de
ma décision, M. le député de Bourassa?
M. Laplante: Je n'irai pas jusque-là, M. le
Président, mais je tiens à vous le dire, c'est un
précédent qui se fait.
Le Président (M- Tremblay): Alors, retenez-vous. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je pense que vous lui en demandez beaucoup. M. le
Président, je voudrais simplement signaler à l'attention du
député de Bourassa, qui me comprendra sûrement, que le
ministre, dans les propos qu'il a tenus tantôt, a dit qu'il était
prêt à considérer - et j'imagine qu'il parlait en votre nom
à ce moment là aussi - la possibilité de suspendre une
décision sur le sous-amendement, l'amendement et le paragraphe du texte
de loi dont nous discutons pour qu'on essaie de voir, au cours de la fin de
semaine, s'il n'y aurait pas moyen de trouver des formulations qui pourraient
être acceptables et qui pourraient aider à disposer des
difficultés qu'on a soulevées en cours de route. Je pense que, si
le président allait être obligé de se prononcer sur votre
motion, cela pourrait être dangereux si on n'a pas vidé cette
question-là avant. Je voudrais vous demander bien amicalement si vous ne
voudriez pas la retenir un petit peu pour qu'on dispose au moins de cet aspect
qui a été ouvert par le ministre de l'Éducation du
gouvernement que vous avez toujours appuyé, à ma connaissance,
devant cette commission, jusqu'à maintenant, malgré
l'indépendance d'esprit qu'on vous reconnaît.
M. Laplante: Est-ce que je peux comprendre...
M. Ryan: Je ne savais pas, M. le Président, si vous me
permettez une seule remarque, que ces opinions tellement personnelles que vous
nous communiquez parfois viennent d'un livre du maître qui provient d'une
source unique. Je pensais qu'il avait un esprit plus indépendant que
cela.
M. Laplante: Je veux m'excuser, M. le Président, c'est un
travail d'équipe. On vient qu'on a tous la même pensée
là-dessus.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, vous me permettrez de statuer sur votre appel au
règlement.
M. Laplante: Vous pouvez statuer, c'est votre droit, M. le
Président, mais...
Le Président (M. Tremblay): Je vais statuer...
M. Laplante:... je devine d'avance la réponse que vous
allez donner.
Le Président (M. Tremblay):... immédiatement. Oui,
vous la devinez parce que...
M. Laplante: Je la devine, oui.
Le Président (M. Tremblay):... je sais que vous connaissez
très bien le règlement.
M. Laplante: Très bien, oui.
Le Président (M. Tremblay): Je vous amène à
lire l'article 195...
M. Laplante: Oui.
Le Président (M. Tremblay):... qui suit et qui dit: "Le
président peut d'office rejeter une telle motion, s'il estime que le
débat sur la motion de fond ne s'est pas indûment prolongé
ou que les droits des députés seraient lésés par
une mise aux voix immédiate. " J'affirme immédiatement que les
droits d'un des députés au moins seraient lésés
puisqu'il m'a déjà demandé la parole et que le devoir de
la présidence, à l'Assemblée nationale, est de faire en
sorte que chaque député qui désire s'exprimer
conformément aux règlements puisse le faire. Là-dessus, je
remets la parole au député d'Argenteuil.
M. Laplante: Question de directive, M. le Président... (14
h 30)
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président. Vous ne pouvez pas remettre le droit de parole au
député d'Argenteuil. Je comprends que le député de
Bourassa vient: d'intervenir et, après qu'un député est
intervenu, le ministre a toujours un droit de réplique de cinq minutes,
que vous oubliez tout le temps.
M. Ryan: Pas sur les questions de règlement. Il y a tout
de même une limite.
M. Bérubé: Non, il avait le droit de parole.
Le Président (M. Tremblay): Il avait le droit de
parole.
M. Ryan: Vous n'avez pas été nommé
préfet de discipline.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, mais il n'a pas parlé.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Ryan: Moi, j'ai un droit de parole que je n'ai pas
exercé encore.
M. Leduc (Saint-Laurent): Il a parlé, mais ça ne
voulait rien dire.
M. Parent: Le député de Bourassa a utilisé
son droit de parole pour invoquer le règlement.
M. Laplante: C'est cela, j'en ai le droit.
Le Président (M. Tremblay): Oui, sauf que le
règlement dit qu'après chaque intervention, lorsque l'on
étudie un projet de loi article par article, le ministre a droit
à une intervention de cinq minutes.
M. Bérubé: Je ne prendrai pas cinq minutes.
Le Président (M. Tremblay): Je me vois dans l'obligation,
dans ce cas, de remettre la parole au ministre de l'Éducation.
M. Laplante: On a un bon président.
M. Bérubé: Sans faire de proposition formelle pour
ne pas s'engager, d'abord, dans un débat de procédure qui,
d'ailleurs, ne serait pas conforme au règlement de cette
Assemblée, j'essaie de réfléchir, de concilier des points
de vue qui ne sont pas nécessairement inconciliables. Comme il faut
essayer de respecter le point de vue de chacun, sans le considérer comme
une proposition formelle, si on allait dans la voie suivante qui consiste,
à l'article 21, à ajouter un deuxième alinéa qui
dirait: Ils ont pour but de permettre à l'élève de
développer harmonieusement toutes les ressources de sa
personnalité tant sur le plan personnel que social, ceci pourrait-il
constituer une démarche qui serait un pas dans la bonne direction et qui
nous permettrait de suspendre l'article et de voir dans quelle mesure on peut
raffiner davantage encore cette démarche?
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: La réponse est oui, c'est sûrement un pas
dans la bonne direction. Je
trouve que ce serait mieux avant qu'après, mais ce sont des
choses qui peuvent être discutées, c'est de l'ordre des
modalités. Il y a la dimension communautaire qu'il faut également
ajouter; vous parlez de la dimension personnelle, c'est très bien, mais
il ne faut pas oublier la fonction du système d'enseignement par rapport
à l'enrichissement intellectuel et culturel de la communauté. Ce
sont les deux dimensions d'un système moderne d'éducation qu'il
faut affirmer clairement à ce moment-ci.
M. Bérubé: C'est le deuxième alinéa
de votre amendement.
M. Ryan: C'est cela. Je vous dirai franchement, parce que je ne
veux pas faire une discussion éternelle là-dessus, que, si on
trouve une expression assez pleine pour qu'elle puisse incorporer toutes les
dimensions que j'ai à l'esprit et celles que le député de
Fabre voulait ajouter, je n'ai pas d'objection du tout. Je voudrais vous faire
une suggestion à ce sujet, à l'intention de vos légistes.
Peut-être que la meilleure formule que vous pourriez prendre serait celle
qui est déjà dans le préambule de la Loi sur le
ministère de l'Éducation et celle sur le Conseil supérieur
de l'Éducation et qui assure le plein épanouissement de sa
personnalité. À ce moment-là, il y aurait l'harmonisation
des trois lois de base de notre système d'enseignement qui ne serait pas
mauvaise; excepté que vous vous rendrez compte avec moi que, quand on a
fait ces deux lois, on était encore à une époque où
on pensait uniquement à l'enfant quand on parlait d'éducation, on
ne pensait pas à l'adulte.
En tout cas, il y a ici une expression... Si on me parlait du plein
épanouissement de la personnalité de l'élève et que
l'on formulait cela afin que l'on tienne compte de l'adulte également,
je crois qu'il y aurait moyen de s'entendre là-dessus. On peut discuter
et je ne pense pas qu'on renégociera ad infinitum. Ce que je veux, ce
n'est pas faire un dictionnaire Robert, il y a des gens qui sont
spécialisés pour cela, c'est de voir cette intention fermement et
positivement exprimée dans la loi, pas d'autre chose.
Il y a le deuxième point, la dimension communautaire, à
laquelle...
M. Bérubé: Hum, hum!
M. Leduc (Saint-Laurent): On devrait au moins couvrir le concept
de développement personnel et collectif.
M. Ryan: Il y a deux choses, à mon point de vue, il y a le
développement personnel et social de l'élève. En plus, il
y a l'enrichissement de la communauté. Il y a plus que seulement le
développement personnel et social de chacun. À un moment
donné, la commission scolaire et l'école vont mettre à la
disposition de la communauté des activités - ce peut être
des activités culturelles, d'animation - qui vont contribuer à
l'enrichissement de la communauté. Je pense qu'on ne doit pas oublier
cette dimension qui est capitale, aujourd'hui. En tout cas, ce sont des points.
Je pense que ce que vous dites ouvre des horizons constructifs qui peuvent
être explorés avec fruits.
Une voix: Ici, quand vous parlez de la communauté,
parlez-vous des équipements?
M. Ryan: Cela les couvre sûrement.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais ajouter une chose,
si vous me le permettez.
Le Président (M. Tremblay): Sur l'amendement.
M. Ryan: Oui, nous sommes toujours sur le sous-amendement...
Le Président (M. Tremblay): Sur le sous-amendement, je
m'excuse.
M. Ryan:... finalement, qui n'a pas été
adopté. Si vous nous permettiez de suspendre la discussion sur le
sous-amendement et l'amendement pour avoir un échange de vues un petit
peu plus détendu pendant quelques minutes, je pense que le gouvernement
consentirait à cela. Cela va peut-être permettre un rapprochement
plus rapide que les méandres ordinaires de la procédure.
Le Président (M. Tremblay): Je n'ai pas d'objection
à agir de telle sorte si c'est là la volonté unanime de la
commission.
M. Ryan: On présume qu'ils consentent. Ils n'ont pas
écouté, donc ils consentent.
Le Président (M. Tremblay): Je considère que qui ne
dit mot consent.
M. Bérubé: Vous allez vous amuser encore, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Il y a consentement.
Pardon?
M. Bérubé: Allez-vous vous amuser encore?
M. Ryan: M. le ministre...
M. Laplante: Non, mais je pense que je peux deviner tout de suite
la question, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre!
M. Ryan: M. le ministre, je proposais qu'on suspende la
discussion technique sur le S0U3-amendement, qu'on prenne quelques minutes
d'échange plus libre pour essayer de trouver un terrain de rencontre
quitte à revenir aux formalités après. J'avais
présumé que cela serait... On continue ici mais on suspend
simplement l'adhésion rigide aux règles.
Le Président (M. Tremblay): Le député
d'Argenteuil suggère qu'on fasse une commission
plénière.
M. Laplante: Je veux savoir combien de temps on va suspendre
l'article, M. le Président.
Une voix: C'est quelques minutes.
Le Président (M. Tremblay): Les procédures qu'on a
suivies jusqu'à maintenant...
M. Laplante: On a trop de temps passé dessus, je me
demande si...
M. Bérubé:... travaux réguliers.
Le Président (M. Tremblay): C'est cela. Dès que
quelqu'un demande de reprendre les travaux réguliers, nous les
reprenons. Je vais me contenter de faire en sorte qu'il n'y ait qu'une personne
qui parle à la fois. Cela va être compliqué mais je vais
tenter de le faire le mieux possible. M. le député
d'Argenteuil.
M. Bérubé: M. Dupont, peut-être que vous
pourriez donner le sens un peu juridique qu'il faut donner à la section
III concernant l'aspect communautaire.
M. Dupont (Côme): Les articles 21 et suivants ce sont des
services à l'élève. C'est à l'article 52 qu'on voit
la vocation communautaire...
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous suspendu?
Le Président (M. Tremblay): Non, ce n'est pas
suspendu.
M. Ryan: Non, non, cela continue. Nous continuons.
Mme Lavoie-Roux: Non, on est sur les ondes.
M. Bérubé: Ce n'est pas du tout pareil. J'avais
l'impression qu'on avait suspendu les travaux réguliers.
Le Président (M. Tremblay): Ah! non. On est en commission
plénière à toutes fins utiles.
M. Ryan: C'est le sous-amendement qui est en suspens.
Mme Lavoie-Roux: On a simplement suspendu la discussion de
l'amendement et du sous-amendement pour arriver à essayer d'obtenir un
consensus.
M. Bérubé: D'accord.
M. Ryan: Maintenant, je voudrais vous dire une chose avant que
nous allions plus loin. M. Dupont mentionne un point qui est très
intéressant. Vous faites allusion à l'article 52, que nous
connaissons, évidemment, mais je voudrais vous dire une chose. Cela
m'importe peu que ce soit à l'article 21 ou à l'article 52; cela
serait même préférable que ce fût au début. Si
on peut trouver le moyen de mettre cela au début, à l'article 1,
par exemple, ce serait encore beaucoup mieux, quitte à revenir
après avec des particularisations. L'article 52, lui, s'applique
à l'école. Moi, je veux quelque chose qui définisse les
finalités générales du système d'enseignement dans
son ensemble de l'éducation publique au Québec. Pourquoi cela
existe-t-il? Qu'est-ce que cela vient faire dans le portrait? C'est ce que je
cherche à définir.
M. Bérubé: Certains préambules.
M. Ryan: Je n'insiste pas, encore une fois, sur une
énumération interminable de qualificatifs; on peut s'entendre
là-dessus. Mais, ce qu'a dit le ministre, tantôt, se rapproche
beaucoup de ce que je pense nécessaire. Si on peut explorer dans cette
voie, je crois qu'il y a moyen de se rencontrer à la fois sur un contenu
éventuel et sur l'endroit ou les endroits, éventuellement,
où il y aurait lieu de l'insérer dans le texte de la loi
proprement dite.
Le Président (M. Tremblay): Monsieur, est-ce que vous
pourriez vous identifier, s'il vous plaît, pour les fins du Journal des
débats?
M. Dupont: Côme Dupont.
Le Président (M. Tremblay): M. Dupont, quelle est votre
fonction, s'il vous plaît?
M. Bérubé: L'auteur des lois 40 et 3, etc.
Le Président (M. Tremblay): Vous êtes là
à titre de conseiller du ministre, de conseiller juridique. M. Dupont,
vous avez la
parole.
M. Dupont: La loi est structurée comme ceci: le premier
chapitre définit les droits des élèves à des
services éducatifs qu'il définit. C'est aux chapitres III, IV et
V qu'on voit le partage des responsabilités entre les organismes pour la
délivrance de ces services. Donc, c'est l'article 52 qui définit
la vocation de l'école qui est d'abord une vocation d'offrir des
services à l'élève et d'assurer une vocation
communautaire.
À l'article 259, chapitre IV, on définit la fonction de la
commission scolaire qui est d'assurer à l'élève les
services auxquels il a droit. La loi est structurée comme cela. Par
conséquent, les articles 21 à 31 définissent les services
éducatifs à l'élève.
M. Bérubé: Par contre, ce que dit M. Ryan, c'est
que les services éducatifs ne doivent pas avoir comme seul et unique but
le développement de l'individu, mais ils doivent avoir un but de
développement de la collectivité. Effectivement, on pourrait...
Faisons une hypothèse, disons que je caricaturerai - j'aimerais que ce
ne soit pas cité pour qu'on ne puisse pas, un jour, trahir mes paroles -
pour bien provoquer le choc des idées. On pourrait imaginer qu'une
société ait un besoin de technologues de façon absolument
extraordinaire et que, à ce moment-là, on mette l'accent sur la
formation de la technologie dans nos écoles, pour répondre
à un besoin de la société. En conséquence...
D'ailleurs, ce n'est pas si fou que cela, parce qu'à cette rencontre des
ministres de l'Éducation on a eu un échange fort
intéressant entre le Québec et le Portugal, ce dernier disant:
C'est bien intéressant, votre approche de formation
générale, d'élargissement de vos régimes
pédagogiques, mais il faut vous dire que nous n'avons, comme
scolarité obligatoire, que six années d'obligation et nos
problèmes sont des problèmes de réponse immédiate
à des besoins de notre société et, forcément, on ne
peut pas s'engager dans votre voie. C'était quand même assez
intéressant de voir que des situations sociales différentes
peuvent entraîner des comportements différents au niveau du
système d'éducation.
Donc, la préoccupation de M. Ryan, je la vois de la façon
suivante, c'est qu'on peut avoir un objectif de développement de
l'individu, mais on peut avoir aussi un objectif de développement de la
société, qui pourrait parfois être en conflit avec le
développement de l'individu, au sens où une société
peut l'avoir, alors que nous, nous allons peut-être davantage faire la
promotion de l'ensemble des valeurs individuelles; dans une
société pauvre, on va peut-être chercher davantage la
cohésion entre les individus pour permettre de résoudre des
problèmes sociaux majeurs.
J'ai l'impression que c'est dans ce sens-là que M. Ryan apporte
son point. Est-ce que j'ai déformé votre pensée?
M. Ryan: C'est très bien cette fois-ci! Non, mais c'est un
point capital et vous, vous le savez, parce que vous avez un paquet de
décisions à prendre comme ministre de l'Éducation, au bout
de la ligne, qui doivent s'inspirer de considérations mettant l'accent
sur le développement de la société
québécoise; surtout aux niveaux collégial et
universitaire, on ne peut pas prendre en considération d'abord et
uniquement...
Mme Lavoie-Roux: On a la même vision.
M. Ryan:... l'épanouissement de l'individu parce qu'on
pourrait se ramasser avec toute une race d'avocats ou d'ethnologues alors qu'on
aurait besoin...
M. Bérubé: Là, ce serait une
dégradation dans...
M. Ryan:... d'ingénieurs ou de...
M. Bérubé:... le tissu social d'une
société...
M. Ryan: Non, non, c'est seulement dans la surabondance...
M. Bérubé:... quelques ingénieurs au
moinsl
M. Ryan:... qu'il y aurait problème parce que, en soi,
toutes les disciplines sont de qualité égale, à mon point
de vue. Elles sont toutes également respectables, mais c'est qu'on ne
peut pas se payer le luxe de toutes les avoir en quantité
indéfinie, pour des raisons évidentes. Alors, c'est pour cela que
les deux dimensions, si elles peuvent être incorporées très
clairement, si vous aimez mieux que ce soit au début du texte... Il
faudrait que, en quelque part, on ait cela bien affirmé, dans une couple
de paragraphes, et que cela pénètre le reste du texte d'une
manière visible pour qu'on sache où on s'en va. Parce que, pour
vous, le texte est très bien, mais, pour nous, rien que pour comprendre
cette section-ci, cela prend quatre ou cinq lectures.
Une voix: Ah oui!
M. Ryan: Je voyais tantôt le député de Fabre
qui nous citait un paragraphe comme répondant à nos
problèmes, il avait oublié de dire que c'était seulement
au chapitre des services de formation et d'éveil, c'était
seulement là. On veut avoir quelque chose qui soit
général...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Ryan:... et qui se traduise dans des formulations plus
spécialisées à chaque niveau.
Mme Lavoie-Roux: Elles sont très
compartimentées.
M. Ryan: Il n'y a pas de problème à cela du
tout.
Une voix: Un chapeau.
M. Ryan: Oui, oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Elles sont très compartimentées
à chacun des niveaux.
M. Ryan: Je crois qu'on se rapproche. Une voix: Est-ce
possible?
M. Dupont: On va chercher à formuler...
M. Ryan: Oui.
M. Dupont: C'est sûr que lorsque le ministre
édictera les programmes d'étude, en vertu de l'article 256 du
projet de loi 3, il va définir des objectifs de développement de
l'enfant sur le plan social, sur le plan personnel, sur le plan culturel pour
assurer son développement harmonieux. Quand il va choisir la
définition de ces objectifs, c'est qu'il poursuit son intégration
dans la société et le développement... Au fond, il a une
conception sociale quand il fait cela. Vous voulez qu'on déclare cela
dans l'article 21.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Non, je vais laisser parler le ministre et je vais
parler après. (14 h 45)
M. Bérubé: En fait, je pense qu'on pourrait le
donner par analogie, au niveau collégial, c'est déjà plus
facile.
Au niveau collégial, nous avions 60% des étudiants
inscrits en formation générale et 40% en formation technique.
Nous constatons que, comme société, cela ne répond pas
à nos besoins. Peut-être que la formation générale
est, sur le plan humain, préférable, puisqu'elle est plus ouverte
sur la philosophie, sur l'histoire et sur le plan humain, mais on doit
constater qu'elle ne répond peut-être pas toujours à nos
besoins immédiats, à moins de pouvoir poursuivre au niveau
universitaire, de poursuivre beaucoup plus loin de manière à la
compléter, ce qui nous amène à mettre l'accent à
l'heure actuelle au niveau collégial sur le développement de
nouvelles options techniques pour, progressivement, revenir à la
proposition initiale du rapport Parent qui était 60-40 mais
inversée, c'est-à-dire 40 en général et 60 en
technique.
Donc, on voit que c'est une préoccupation davantage sociale
qu'individuelle. Pourquoi devrait-on avoir plus de technologues en
électronique plutôt que des philosophes? En soi, ce n'est pas
qu'un technologue est plus équilibré sur le plan social qu'un
philosophe. Si on avait un débat de fond ici, on aurait peut-être
même l'impression que ce serait le contraire. On en tire à ce
moment-là la conclusion que la société a des besoins.
Comment trouver un alinéa qui mettrait l'accent sur la prise en
considération de contraintes sociales dans la définition des
services éducatifs? Cela va? On peut essayer de trouver quelque chose en
termes quand même assez généraux pour ne pas exclure des
choses, compte tenu de la discussion que nous avons eue.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le ministre, j'ai à vous communiquer,
seulement à titre d'information, le texte d'un nouvel amendement qui
serait venu après que vous auriez battu celui qui est sur la table, qui
allait dans le sens de ce que vous avez mentionné, juste pour vous
montrer que ce n'est pas impossible de se rejoindre si on se parle. Cest
à titre indicatif. "Les services éducatifs offerts par le
système d'enseignement visent le plein épanouissement de la
personnalité des élèves dans le respect des valeurs
propres à chacun. " Déjà, on se rapproche
singulièrement. Le plein épanouissement, je ne l'ai pas
inventé, je l'ai emprunté au préambule des deux lois dont
j'ai parlé tantôt.
Ensuite, il y a l'autre alinéa: Ils visent aussi l'enrichissement
intellectuel et culturel - cela peut être enlevé -
l'enrichissement et le développement de la communauté. Cela peut
très bien être simplifié, rendu plus concis. C'est
évident que l'objectif de tout législateur est d'être
concis. Plus il s'éjarre... Cet écueil, nous en sommes
parfaitement conscients dans ce que nous faisons tous les jours, à plus
forte raison dans le travail des législateurs.
Je vous signale cependant un point qui démontre quand même
comment le travail qui s'est fait a été fait peut-être de
manière un peu trop compartimentée jusqu'à maintenant.
Comme on prétendait, vous arrivez avec une Loi sur l'instruction
publique complètement renouvelée. Il aurait fallu que l'on relise
également la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation
et la Loi sur le ministère de l'Éducation pour les
rafraîchir elles aussi. Là, cela va faire bien curieux si on
arrive avec une Loi sur
l'instruction publique qui est très bien modernisée et
qu'on arrive avec une autre... C'est encore un ministre responsable des
enfants.
M. Bérubé: Un jour, on changera l'autre.
M. Ryan: Cela fait curieux. Mais quand même, l'expression
"le plein épanouissement de la personnalité" est
déjà consacrée dans d'autres lois depuis 20 ans...
M. Bérubé: On aura le temps au cours d'un prochain
mandat.
M. Ryan:... et elle n'a pas donné lieu à trop de
contestations, à ma connaissance.
Une voix: Ne prenez pas de chance.
M. Ryan: On va vous faire grâce des paragraphes suivants,
qu'on aura l'occasion de discuter dans d'autres contextes. Cela est juste
à titre indicatif, M. Dupont. Vous pourriez peut-être vous en
servir pour alimenter vos réflexions; je pense que ce ne sera pas
tellement difficile.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères.
M. Bérubé: Juste un point...
M. Charbonneau: C'était simplement pour souligner - je
pense que le député d'Argenteuil vient de l'offrir - que les
propositions d'amendement qui pouvaient être faites, qui pouvaient
être anticipées peuvent être intégrées dans le
travail qui pourra être...
M. Bérubé: Votre connaissance du règlement
m'épate.
M. Ryan: Pardon? Oui, c'est entendu.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Nous sommes à refaire la liste
complète des amendements et je m'apprête à les soumettre
à cette commission. J'espérais le faire aujourd'hui mais il
semble qu'on ne soit pas prêt. J'aurais posé une question,
à ce moment-ci, au député d'Argenteuil. N'aurait-il pas
été intéressant qu'au moment où nous apporterons
notre liste d'amendements possibles l'Opposition fasse de même? Cela
s'avérerait intéressant puisque ce serait vraiment mettre les
intervenants autour d'une table dans un même esprit d'ouverture.
M. Ryan: Je peux vous dire une chose, je pense que les
responsabilités ne sont pas du même ordre. Le gouvernement est
l'auteur du projet de loi. Le ministre nous a dit hier qu'il était
disposé à déposer cela et, de la manière dont il
s'était exprimé au début de nos travaux, il laissait
entendre que, si ça n'avait été des discussions, il les
aurait déjà déposés; s'il pouvait nous communiquer
ces amendements dans les meilleurs délais nous, de notre
côté, pourrions voir à lui présenter des
amendements. S'il y a des points sur lesquels il y a déjà des
solutions, nous aurions travaillé pour rien à formuler des
amendements. Je pense que l'on pourrait s'en passer.
Je vous dirai une chose: Après que nous aurons entendu les
témoins, mardi prochain...
Le Président (M. Tremblay): Est-ce mardi?
M. Ryan: C'est ce que j'ai compris hier des indications
données par le président.
Le Président (M. Tremblay): Alors, c'est du consentement
des deux côtés de la table que ce sera mardi?
M. Charbonneau: C'est-à-dire que c'est la
responsabilité que le président a assumée.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay): Alors, nous comprenons que
mardi nous recevons les témoins.
M. Ryan: Dès qu'on aura eu cela, parce qu'il y a des
clarifications dont on a besoin, je pense qu'on va être en mesure... Vous
en aurez en bonne quantité. Je ne prétends pas jusqu'à
687, il y a des chapitres qui sont plus techniques que d'autres. Cela va
demander des explications avant qu'on arrive avec des amendements. Il y a des
choses qu'on ne comprend pas parfaitement. C'est bien difficile de proposer des
amendements dans ce contexte.
M. Bérubé: Je termine, comme dernier point. Une des
difficultés, finalement, que soulève le député
d'Argenteuil a trait à l'absence, dans le fond, d'un préambule.
Je pense qu'une bonne partie des préoccupations du député
d'Argenteuil serait résolue dans un préambule donnant les
objectifs de la loi, ses grands principes. Mais, dans la mesure où une
nouvelle technique de législation élimine ces préambules,
on se retrouve, à ce moment, à vouloir incorporer tantôt
dans un chapitre ou l'autre des préoccupations générales
qui parfois s'insèrent mal quand on essaie de les faire au niveau de
chaque paragraphe. C'est un des problèmes. Par contre, cela nous force
à plus de concision, plus de clarté.
M. Ryan: Vous avez travaillé la Loi sur
Hydro-Québec, on lui a donné des objectifs. On devrait être
capable de le faire pour le système d'enseignement.
Le Président (M. Tremblay): J'informe la commission que
j'attends une demande pour qu'on revienne à l'étude du
sous-amendement.
M. Ryan: Dans ces conditions, je vais faire la suggestion que
l'auteur du sous-amendement et l'auteur de l'amendement retirent leurs
propositions pour l'instant dans le but de donner libre cours au travail
d'exploration, de réflexion et de mise au point qui doit être fait
selon les résultats de tout cela pour qu'on se retrouve avec les choses
où elles en sont actuellement. Peut-être qu'on n'en aura pas
besoin du tout.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord, pour le moment je retire le
sous-amendement.
M. Ryan: Je retire l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement, le
sous-amendement était fait par Mme la députée de L'Acadie
et l'amendement... Nous revenons en séance régulière.
Alors, il y avait un sous-amendement fait par Mme la députée de
L'Acadie, et un amendement avait été proposé par le
député d'Argenteuil. Les deux viennent de m'indiquer qu'ils
désiraient retirer et le sous-amendement et l'amendement. Est-ce qu'il y
a consentement unanime de la commission? Je constate qu'il y a consentement
unanime. M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais bien m'assurer qu'on
s'entend dans cet amendement parce qu'il va sûrement y avoir un
amendement. On parle de valeurs, de respect des valeurs propres. Est-ce qu'on
est d'accord là-dessus?
Le Président (M. Tremblay): Je croyais que nous
étions revenus à l'étude...
M. Leduc (Saint-Laurent): On va retenir cet
élément.
Mme Lavoie-Roux: Il peut au moins faire un voeu, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Il peut au moins exprimer un voeu, mon
collègue de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, c'est un voeu.
Le Président (M. Tremblay): Je ne crois pas qu'à ce
moment-ci les voeux soient recevables. Nous discutons du sous-amendement. S'il
n'y a pas consentement unanime pour retirer et le sous-amendement et
l'amendement, je vais demander qu'on parle maintenant, qu'on revienne à
la discussion sur le sous-amendement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je suis d'accord, mais je voudrais
qu'à titre de proposition ou, disons, d'incitation on retienne...
Le Président (M. Tremblay): Vous acceptez que le
sous-amendement soit retiré? Le sous-amendement et l'amendement sont
retirés. Nous revenons donc à l'étude de l'article 21.
M. Charbonneau: Consentement unanime conditionnel.
Mme Lavoie-Roux: Au voeu du député de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Tremblay): L'article 21 est en
discussion. Les droits de parole là-dessus...
Mme Lavoie-Roux: L'article 21 ne devrait-il pas être
suspendu pour le moment?
Le Président (M. Tremblay): Vous demandez que l'article 21
soit suspendu?
Mme Lavoie-Roux: Il ne l'a pas fait formellement. Il faudrait le
suspendre formellement.
Le Président (M. Tremblay): Nous suspendons l'article
21.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 22.
M. Bérubé: Y a-t-il quelque chose
d'adopté?
Le Président (M. Tremblay): Non. Il y a beaucoup de choses
d'adoptées, mais pas les articles. M. le ministre, est-ce que vous avez
des commentaires à faire sur l'article 22?
M. Bérubé: Je vais aller regarder mon grand cahier,
moi, je n'en ai pas.
Mme Lavoie-Roux: L'article 194.
M. Charbonneau: C'est comme à l'école, le cahier du
maître, ce n'est pas nécessairement le maître...
M. Bérubé: Le cahier du maître est
fort peu explicite mais je pourrais vous dire que j'ai une
recommandation expresse: ne pas modifier cet article.
M. Ryan: On savait que c'était les fonctionnaires qui
menaient, mais on ne pensait jamais avoir une démonstration aussi
patente.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais qu'à l'avenir...
M. Ryan: Il est temps que cela finisse.
M. Leduc (Saint-Laurent):... on nous communique
immédiatement, dès le départ, le contenu du cahier.
M. Bérubé: Oui, effectivement, cela vous
éviterait...
M. Leduc (Saint-Laurent): Le cahier a prédominance sur
toute intervention ici.
Le Président (M. Tremblay): Si je comprends bien, autant
du député de Saint-Laurent que du ministre, nous en sommes
à l'expression des voeux.
M. Ryan: M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Sur l'article 22, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'à ce
moment-ci il serait très utile que l'un des collaborateurs du ministre
qui a participé de plus près à la rédaction de cet
article vienne nous expliquer la signification exacte des termes qui sont
là, leur provenance surtout, comment ils se situent dans le contexte de
la documentation gouvernementale sur l'éducation. Par exemple, quel est
le lien entre le texte qui est ici, celui qu'on trouve dans le régime
pédagogique et celui qu'on trouvait par exemple dans "L'école
québécoise"? J'aimerais qu'on nous dise si on a simplement pris
des textes dans un document qui remonte à sept ou huit ans,
"L'école québécoise", si la pensée a
évolué au cours de ces années. Qu'y a-t-il de neuf dans le
texte qu'on nous apporte par rapport à ce qui est dans les deux
documents que j'ai mentionnés, en particulier, et le livre vert
également? Il y a trois documents: le régime pédagogique,
le livre vert et le livre jaune. J'aimerais qu'on vienne nous le dire et je
consentirais volontiers, pour les fins de la discussion, à ce que cette
explication embrasse également les points qui sont
présentés à l'article 23.
M. Bérubé: Qui trop embrasse manque le train! Vous
voudriez une explication...
M. Ryan: Oui. On peut commencer par l'article 21...
M. Bérubé:... qui embrasse les articles 22 et
23?
M. Ryan: Oui. 22 et 23, point. Le reste viendra ensuite. Ce sont
les finalités de chacune des grandes sections du système
d'enseignement. Je pense que cela serait...
M. Bérubé: Nous allons vous présenter le
maître à penser de ce ministère.
M. Ryan: On le cherchait depuis longtemps.
M. Bérubé: Moi qui suis plein
d'humilité.
Le Président (M. Tremblay): Voulez-vous donner vos nom et
titre?
M. Rousseau (André): André Rousseau, brevet A.
M. Charbonneau: M. le Président, on me signalait que, dans
la tradition des nouvelles commissions, il aurait été
préférable que le sous-ministre s'installe à la table des
témoins mais je pense qu'il y a aussi le fait que, à
l'étude article par article, c'est peut-être plus facile que le
sous-ministre...
Mme Lavoie-Roux: Nous consentons, M. le Président.
M. Ryan: Nous aimons beaucoup mieux l'avoir ici, juste en face de
nous.
Le Président (M. Tremblay): M. Rousseau.
M. Rousseau: Par rapport à la question qui est
posée, le changement fondamental qui est apporté est le suivant.
A la suite de la vaste consultation du livre vert qui a amené le livre
orange, toutes ces...
Mme Lavoie-Roux: Et le livre orange qui a amené le livre
blanc, ne l'oubliez pas.
M. Rousseau:... orientations qu'on retrouvait à
l'intérieur du plan d'action gouvernemental, à l'égard des
services d'enseignement et des services éducatifs, tel qu'on les
comprend ici, à l'intérieur de la loi 3, étaient traduites
dans deux régimes pédagogiques, celui du primaire et celui du
secondaire. Ces deux règlements...
M. Ryan: En avez-vous des copies, M. Rousseau?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je ne les ai
jamais vus beaux comme cela. Je ne les ai pas vus ceux-là.
M. Rousseau; Très bien, cela va me faire plaisir.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Ryan: Il y a toutes sortes de copies. Moi, j'ai la copie de la
Gazette officielle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai la Gazette officielle, moi aussi, mais
c'est plus agréable à lire que dans la Gazette officielle.
M. Ryan: Et surtout cela s'apporte mieux d'un endroit à
l'autre.
M. Rousseau: Je m'excuse mais on peut en avoir d'autres. (15
heures)
M. Ryan: Ceux qui veulent s'instruire et ceux qui ont le livre du
maître.
M. Bérubé: Notez bien qu'on peut avoir le livre du
maître, mais on n'a pas les réponses aux examens. Je peux vous
assurer cela.
M. Rousseau: Les deux régimes pédagogiques
constituent des règlements. On retrouvait à l'intérieur de
la Loi sur l'instruction publique une disposition habilitante permettant au
ministre de l'Éducation d'établir des règlements pour
définir le régime pédagogique.
M. Ryan: Est-ce que je peux poser une question avant, M. le
Président?
M. Rousseau: Oui.
M. Ryan: Le texte que vous nous avez distribué
incorpore-t-il les amendements qui ont pu être apportés au
régime pédagogique depuis 1981?
M. Rousseau: Non. Il y en a même d'autres à la suite
des ententes du Il mai.
M. Ryan: Est-ce qu'une nouvelle version est disponible des deux
régimes complètement à jour?
M. Rousseau: C'est-à-dire que... Non. Des papillons ont
été glissés, mais il n'y a pas eu de réimpression.
Ces modifications touchaient plus particulièrement le temps de
présence des élèves et étaient donc des
modifications plus normatives que de fond. Il n'y a aucune modification de fond
sur le régime pédagogique depuis février 1981.
M. Ryan: D'accord.
M. Rousseau: Puisque la disposition habilitante permettait au
ministre et au gouvernement de réglementer sur l'ensemble des
éléments du régime pédagogique, ces régimes
comportent donc des dispositions à la fois normatives touchant
l'inscription des élèves, touchant le temps de présence
des élèves, touchant les obligations en termes de
matières, touchant énormément d'éléments
normatifs et constituaient aussi une forme de recueil par voie
réglementaire des droits des jeunes des écoles primaires et
secondaires aux services éducatifs, c'est-à-dire les services
d'enseignement qu'on retrouve ici, des services personnels, des services
collectifs et des services particuliers. Les services d'enseignement, on
s'entend par rapport au régime, ce sont les programmes d'étude,
l'ensemble du curriculum. Les services personnels sont les services de
psychologie, d'animation pastorale et autres. Les services collectifs sont les
services de surveillance et d'autres types de services. Les services
particuliers: l'accueil, l'enfance en difficulté, les milieux
économiquement faibles et autres.
Tout ce qui concerne les droits des élèves qu'on
retrouvait dans un règlement, la décision qui a été
prise par le gouvernement, c'est d'introduire ces droits et, également,
les contenus de ces services à l'intérieur de la loi. Ce qui veut
dire que ces régimes pédagogiques vont subir des transformations
majeures parce que tout ce qui concernait les droits aux services et les
définitions des services, au lieu d'être dans le règlement,
sont dans la loi. Ce qui veut dire que, selon l'article 445, quand le
gouvernement peut établir un régime pédagogique, si vous
le remarquez, ce régime pédagogique sera donc normatif. Ce sera
un règlement de normes: pour l'admission des élèves, il
faut s'inscrire avant le 30 septembre; pour le calendrier scolaire, 200 jours;
les cycles d'enseignement, six ans au primaire, cinq ans au secondaire ou une
VIe année pour le professionnel; cycle de trois ans au
primaire et cycle de trois ans au secondaire; le temps prescrit: 1500 minutes;
les matières obligatoires: français, mathématiques, etc.;
le nombre d'unités par matière... Ce qui veut dire que le
règlement, pour déterminer le cadre général
d'organisation des services éducatifs, en sera donc un de normes
à partir et balisé par l'article 445. Toutes les dispositions qui
traitaient de droits se retrouvent plutôt dans le chapitre 1 qui fait
l'objet de l'étude ici en commission. Ce sera donc un changement majeur,
mais qui donne beaucoup plus de garanties au respect de ces droits puisqu'ils
apparaîtront dans la loi.
Si vous comparez les deux, vous parlez de l'évolution en termes
de terminologie ou autres, globalement, la première modification qui est
apportée - c'est lors de la rédaction du projet de loi que les
légistes ont fait différentes recommandations - c'est qu'on
retrouve ici des services éducatifs qui comprennent des services
de formation et d'éveil pour le préscolaire. Il n'y a pas de pays
au monde qui parlent d'enseignement pour des enfants de quatre et cinq ans, on
parle de formation et d'éveil. L'enseignement commence plutôt
à l'école élémentaire, lors de l'enseignement
primaire. Donc, les services éducatifs incluent les services de
formation et d'éveil. C'est en fait une traduction des services
d'enseignement pour le préscolaire. Ils contiennent des services
d'enseignement. Au lieu de parler de services personnels, de services
collectifs, le projet a adopté une nouvelle formule, ce sont les
services complémentaires qui sont des compléments aux services
d'enseignement. Les services complémentaires couvrent donc tous les
services personnels et tous les services collectifs qu'on retrouvait à
l'intérieur du régime pédagogique. Vous retrouvez - on
tombe à l'article 26 - les services particuliers, ce sont ceux qui
peuvent à la fois amener des adaptations, amener des modifications
à l'ensemble des services éducatifs pour fins
d'intégration d'enfants en difficulté, fins d'accueil
d'immigrants, fins de soutien linguistique et autres. On parle de services
d'enseignement à domicile et de soutien pédagogique,
c'est-à-dire des cours supplémentaires qui pourraient être
donnés. On retrouve donc dans cette section les définitions qui
avaient servi d'assise aux droits qu'on retrouvait à l'intérieur
du régime pédagogique. Je ne sais pas si cela répond
à votre question. Cette section veut définir les services dont on
fait état dans ce projet de loi, dont on fait état à
plusieurs reprises à l'égard des responsabilités et des
pouvoirs de l'école, à l'égard des responsabilités
et des pouvoirs de la commission scolaire, à l'égard des
responsabilités et des pouvoirs des directeurs d'école et,
également, du directeur général et des enseignants. Ce
sont également ces définitions qui viennent permettre de saisir
les droits aux services éducatifs qu'on retrouve dans la première
section.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui. Il y a une chose dont je constate l'absence dans
cette section où l'on définit les services éducatifs. Les
services d'éducation aux adultes et les services de soutien ou
d'animation à la vie communautaire, on ne les trouve pa3 ici, on les
trouve plus loin dans les attributions soit de l'école, soit de la
commission scolaire, mais comment expliquer qu'ils ne soient pas dans la
section générale qui nous donne un tableau d'ensemble des
services éducatifs?
M. Rousseau: Ces dispositions, c'est-à-dire que le
libellé, l'économie générale de cette loi couvre
d'abord l'enseignement aux jeunes. C'est l'économie
générale de la loi. Maintenant, dans les droits aux services
éducatifs, un droit spécifique aux adultes est indiqué,
contraint par l'obligation de respecter les programmes qui sont offerts par la
commission scolaire - c'est un autre débat - mais c'est une loi
où l'économie générale permet de gérer le
réseau des écoles primaires et secondaires jeunes. Maintenant,
les droits pour les adultes ont été ajoutés en ce qui
concerne l'accessibilité; en ce qui concerne les services, les adultes
ont droit à tous ces services dans le cadre des programmes des
commissions scolaires. Ils ont droit à ces services; ces services sont
adaptés. Ce qui veut dire que le régime pédagogique qui
sera élaboré à partir de l'article 445 devrait normalement
trouver une section pour les adultes, l'adaptation des obligations normatives
à l'égard des adultes. En ce qui concerne le droit, l'ensemble de
ces services dans le cadre de ces programmes offerts par la commission scolaire
s'adresse à la fois aux jeunes et aux adultes.
M. Ryan: Il n'y a pas de services distincts pour les adultes qui
sont prévus au niveau normatif?
M. Rousseau: Pour le normatif, ce sera dans le règlement
qui découlera de l'article 445.
M. Ryan: On aura l'occasion d'en débattre - on vous
demande des renseignements pour aujourd'hui - avec le ministre. Je voulais voir
cela clairement établi. Maintenant, si je prends l'article 22, à
moins qu'on reste dans le général... Peut-être que mes
collègues ont des questions à poser sur l'exposé
général que vous avez fait. On reviendra aux choses
particulières.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de question.
M. Ryan: J'aurais des questions à propos de l'article 22,
M. Rousseau. Quelle est la différence entre la formulation qu'on a
à l'article 22 sur le but des services de formation et d'éveil et
ce qui est inscrit dans le régime pédagogique? Est-ce qu'il y a
des différences de formulation ou si c'est presque littéralement
la même chose?
M. Rousseau: C'est-à-dire qu'il y a des différences
de formulation. C'est qu'avant de définir les services aux articles 22,
23, etc., l'intérêt qu'il y avait, et je dirais inspiré
également par les propos tenus à la commission ce matin,
c'était de traduire les objectifs qu'on retrouvait dans le livre orange
qui avaient fait l'objet de consensus en termes juridiques, étant
donné l'incapacité
d'écrire un préambule qui aurait pu donner l'ensemble des
assises, des fondements de l'ensemble de ces services. C'est donc une
traduction du livre orange que vous retrouvez aux articles 22 et 23. Vous avez
lu, ce matin, les objectifs de l'école primaire et de l'école
secondaire. Ils ont été résumés ici et on y a
indiqué ce qui était le plus déterminant par rapport aux
différents niveaux. Si vous lisez l'article 22: "de développer
harmonieusement les ressources de sa personnalité en lui fournissant
l'occasion de vivre dans une société qui s'étend
au-delà de sa famille et de son voisinage", vous retrouvez là un
objectif fondamental de la préscolarisation. Ce n'est pas
l'apprentissage rigoureux. C'est davantage la socialisation et lepréapprentissage rigoureux.
Quand vous arrivez à l'article 23, pour l'école primaire,
les apprentissages fondamentaux doivent se réaliser. C'est l'objectif
premier de l'école primaire pour évidemment assurer son
développement. Il y a aussi l'intégration de son
expérience et son insertion sociale alors que, quand vous arrivez au
secondaire, il y a une suite dans la formation, une continuité, mais il
y a aussi l'obligation de faciliter son orientation personnelle et sociale
parce que c'est la fin de la scolarisation obligatoire. Ce sont les articles
22, 23, premièrement et deuxièmement, où on retrouve
condensés les éléments les plus essentiels des objectifs
poursuivis par l'enseignement ou la formation au niveau préscolaire, au
primaire et au secondaire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Ce que vous dites m'intéresse beaucoup parce que
cela nous amène au coeur du problème. Vous avez dit: Au niveau
préscolaire les objectifs fondamentaux sont des objectifs de
socialisation et de préapprentissage. Cela m'apparaît bien
pertinent et bien défendable. Quand on arrive au niveau primaire, vous
dites: Les objectifs sont de favoriser les apprentissages fondamentaux
nécessaires au développement harmonieux de l'élève,
à l'intégration de son expérience et à son
insertion sociale. J'accroche un peu plus. Favoriser les apprentissages
fondamentaux, il me semble qu'il y a deux choses là-dedans que je trouve
dans la documentation que j'ai pu fréquenter. Il y a d'un
côté l'acquisition de connaissances. Il y a de l'autre
côté l'acquisition de méthodes de travail, la
maîtrise, la façon de travailler. Je ne sais pas si ce n'est pas
une formulation qui est ambiguë et insatisfaisante pour l'esprit. Je
remarque que Goodlab, en particulier, insiste fortement. On peut arriver et
emmagasiner des connaissances dans la tête des élèves.
S'ils n'ont pas acquis une méthode de travail, cela ne donnera
peut-être rien. D'un autre côté, il y en a qui insistent
tellement sur la méthode qu'ils négligent les connaissances de
base. On l'a vu en matière d'enseignement religieux, en particulier, ces
dernières années. On se réveille, les enfants sont rendus
à l'âge de quinze ans, ils n'ont jamais entendu parler de la
communion des Saints ou du dogme de la Sainte-Trinité ou de choses
élémentaires. On leur a beaucoup dit qu'il fallait qu'ils vivent
ensemble. Pardon? En français, c'est la même chose de toute
évidence. Je ne sais pas si, ici, ce ne serait pas l'occasion
peut-être de durcir un peu ceci, de le préciser, de diviser cela
en deux pour que ce soit bien clair qu'un des objectifs tout à fait
fondamentaux à ce niveau, c'est l'acquisition de méthodes qui
vont faire que l'élève pourra se débrouiller par la suite,
et les connaissances de base également, c'est important. Les deux
aspects m'apparaissent devoir être distingués et affirmés
fortement. (15 h 15)
M. Rousseau: Ici, j'imagine que c'est le terme "apprentissage"
qui vous préoccupe.
M. Ryan: Oui.
M. Rousseau: Je n'ai pas regardé dans le dictionnaire
depuis longtemps. Le mot "apprentissage", je dirais dans le monde occidental
pédagogique, a pris un sens nettement différent depuis une
quinzaine d'années. La définition qui lui est donnée -mais
notez qu'elle n'est pas dans la loi -couvre tous les aspects que vous avez
indiqués. La définition qui lui est donnée amène
véritablement non pas seulement à définir des contenus, ne
touche pas uniquement le cognitif, mais touche l'ensemble des
éléments que vous avez évoqués. La
définition qui est donnée, je dirais dans toute la documentation
pédagogique actuellement, du mot "apprentissage" suppose les
étapes suivantes: une étape d'exploration rigoureuse du monde,
des contenus, de la pensée, une deuxième étape,
l'appropriation - là, vous touchez beaucoup à la méthode
et vous touchez beaucoup à ce qu'on pourrait appeler l'effort fait par
le jeune lui-même - et la troisième étape, après
l'exploration et l'appropriation, c'est l'expression.
À l'égard des exemples que vous mentionnez, que ce soit
dans les programmes d'enseignement religieux ou d'apprentissage du
français, cette expression "apprentissage" apporte, en termes
pédagogiques, dans ce qu'on retrouve actuellement, non seulement la
rigueur dont vous faites état, non seulement une connaissance
approfondie du contenu fondamental ou essentiel au plan cognitif, mais apporte
aussi un élément du processus. Quand quelqu'un a appris, il a
exploré rigoureusement, il s'est approprié,
mais il s'est exprimé aussi. C'est une terminologie qui est
reconnue actuellement dans les recueils et qui est utilisée abondamment
parce que cela fait appel également aux jeunes à
l'intérieur de l'école à cause du processus
d'appropriation et d'expression. Mais, comme je vous dis, c'est probablement ce
terme, mais il inclut ces éléments, je dirais, dans le monde
occidental de la pédagogie actuellement. On parle d'apprentissages
fondamentaux; on parle d'apprentissages significatifs, vous retrouvez
même... Chez nous, au Québec - vous vous référez
à l'enseignement religieux - "Voies et impasses" a utilisé cette
terminologie abondamment pour tenir compte effectivement du fait que
l'élève qui apprend c'est un élève qui,
également, doit exprimer son apprentissage et cela exige un effort de sa
part. Ce n'est pas uniquement du maître à l'élève,
mais l'expression indique également qu'un effort du jeune est
réalisé.
M. Ryan: Je vous écoute. Les sources auxquelles vous vous
référez doivent être des sources européennes
surtout. Je ne pense pas que les sources américaines aillent tout
à fait dans ce sens.
M. Rousseau: Ce sont des sources européennes et
québécoises. Le mot "apprentissage" est abondamment
utilisé...
M. Leduc (Fabre): Dans le dictionnaire, c'est dans le sens
où il l'indique...
M. Ryan: Pardon?
M. Leduc (Fabre): Dans le dictionnaire, c'est dans le sens
où il l'indique.
M. Ryan: Très bien. Je ne m'occupe pas des dictionnaires
pour l'instant, je m'occupe du fond. Aux Etats-Unis, j'ai cru constater qu'au
contraire - je l'affirme sous toutes réserves parce que je ne suis pas
un expert là-dedans - on insiste beaucoup sur la somme des connaissances
qui doivent être acquises à chaque étape du processus
éducatif et, en même temps, sur la nécessité de
mettre de plus en plus l'accent sur le processus lui-même d'acquisition
des méthodes. En particulier, j'ai été frappé de
constater combien aux États-Unis on met de plus en plus l'accent, dans
tous les travaux que j'ai vus, sur la nécessité pour l'enfant
d'acquérir une solide maîtrise de la langue. On n'accordait pas
beaucoup d'importance à cela, autrefois, et une solide maîtrise de
la langue, pas dans le sens de connaître tous les raffinements de la
syntaxe et du dictionnaire, mais dans le sens d'acquérir l'aptitude
à s'exprimer clairement et nettement avec correction. On
s'aperçoit que la langue a considérablement
dégénéré aux États-Unis. C'est la même
chose en France, d'ailleurs. En Belgique, c'est encore plus prononcé
comme malaise. En Angleterre, les gens constatent qu'ils ont un énorme
problème.
Je comprends que l'on ne peut pas tout régler dans une loi, mais
comme on discute de cet aspect, je pense que c'est important que nous, qui
représentons nos concitoyens et qui avons l'obligation d'étudier
des problèmes dont ils nous saisissent - on ne vient pas ici pour
être des purs haut-parleurs, on vient ici pour apporter notre
réflexion personnelle également - nous indiquions Ies points sur
lesquels il apparaît important de mettre les accents aujourd'hui dans le
système d'enseignement à propos duquel tant d'interrogations
circulent parmi la population, à propos duquel les réponses
satisfaisantes et constructives ne sont pas faciles à fournir.
Je suis content qu'on ait l'occasion d'échanger là-dessus.
On aura l'occasion d'y revenir. Je vous dis que c'est un de mes soucis
fondamentaux de faire en sorte qu'il y ait un durcissement dans le bon sens du
terme, de ce point de vue, pour que toutes les sommes énormes que nous
investissons dans l'éducation produisent des résultats plus
solides au cours des années à venir.
M. Rousseau: Je suis très fier, au sein du système
d'éducation du Québec, d'avoir participé comme l'ensemble
des agents de l'éducation à cette réflexion, je dirais
presque, sept ou huit ans avant "a Nation at Risk". Le livre vert au
Québec, si vous lisez son contenu, si vous le comparez à
"à Nation at Risk", cela indique exactement les mêmes
éléments problématiques et nous étions en
1976-1977, alors que "a Nation at Risk" date de quelques années, enfin
une année, un an et demi. Le livre orange est venu, au niveau du
contenu... C'est au niveau du contenu que ces obligations apparaissent. Mais,
maintenant, que ce soit à l'intérieur d'un texte
législatif que cette volonté, non seulement d'apprentissages
fondamentaux, mais je dirais de rigueur ou autre - disons que je ne suis pas
ici pour l'indiquer -... Nous sommes exactement, je dirais, dans la même
foulée que les pays occidentaux qui reprennent en main les valeurs
fondamentales dans leur système scolaire en ce qui concerne la rigueur,
en ce qui concerne le contenu, la nécessité d'évaluation
aussi.
M. Ryan: Je vous dirai seulement une chose à propos de la
source que vous venez de citer, M. Rousseau, que ce n'est pas la meilleure.
M. Rousseau: Vous avez raison, mais c'est l'expression populaire,
cependant.
M. Ryan: Je pense que le défaut de ce rapport dont vous
parlez, c'est d'avoir voulu trop quantifier les constatations et surtout
les solutions. C'est de, peut-être, ne pas être allé
au fond du problème. C'est un document qui est très important au
point de vue de l'évolution surtout, et des politiques en matière
d'éducation. Je pense que vous conviendrez avec moi que des
études comme celles de Boyer, de Goodlab sont beaucoup importantes quant
au fond des problèmes et beaucoup moins empreintes et beaucoup moins
enclines aux généralisations souvent faciles qu'on trouve dans un
document comme "a Nation at Risk". Mais, cela étant dit, c'est vrai
qu'il y a eu des travaux qui ont été faits ici, des
réflexions dont nous avons raison d'être fiers. On dit souvent des
choses négatives à propos de notre système. Je suis quand
même assez au courant des efforts qui ont été faits pour
maintenir la jonction avec les expériences qui se font à une
échelle plus large que celle du seul Québec et cela ne
m'empêche pas d'avoir des préoccupations que je vous communique,
évidemment.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est une question que
je voudrais poser au ministre et au sous-ministre. Si elle n'a pas sa raison
d'être à ce moment-ci, je voudrais qu'on me l'indique pour ne pas
que j'insiste inutilement et qu'on me dise à quel moment je pourrais la
soulever.
À l'article 22, on parle des services de formation et
d'éveil avec les objectifs qu'ils poursuivent. Si je me
réfère à l'article... C'est l'article 1 que l'on a
discuté, hier, je pense?
Une voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: L'article 14, alors. Je devrais m'en
souvenir.
Une voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon. C'est au premier octobre d'une année
que les... Évidemment, on fait allusion à la maternelle, à
ce moment-là...
M. Rousseau: Et à la première.
Mme Lavoie-Roux:... et à la première. Je voudrais
savoir, dans la loi, où on fait référence à la
prématernelle parce qu'on sait qu'elle existe, on en a parlé
hier. Est-ce qu'on fait référence, quelque part dans la loi,
à des services même antérieurs à l'âge de la
prématernelle? Là, je reviens avec la préoccupation des
enfants handicapés et je voudrais, à cet effet... Peut-être
que vous pouvez répondre à cela et je reviendrai avec le
reste.
M. Rousseau: L'obligation de fréquenter, comme la
disposition 14 qui a été adoptée, c'est à partir de
cinq ans. Pour le préscolaire, c'est quatre ans...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que c'est indiqué quelque
part?
M. Rousseau: Dans les pouvoirs du ministre et du gouvernement,
article 445.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais je ne la possède pas
aussi bien que vous, M. le ministre.
M. Rousseau: Article 445. C'est une dérogation à la
règle.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas un droit.
M. Rousseau: Ce n'est pas un droit absolu: "permettre l'admission
d'élèves ou de catégories d'élèves
âgés de moins de cinq ans... " Donc, il faut dire qu'au
Québec notre système de préscolarisation commence
normalement à cinq ans. Actuellement, comme l'indiquait le ministre
hier, il y a 15% d'enfants de quatre ans de milieu économiquement
faible, selon les cartes établies à l'époque avec la
collaboration du conseil scolaire des commissions scolaires de Montréal
et, d'ailleurs, il y a 15% de la population de quatre ans qui a des services
pour les quatre ans en prématernelle. Également, pour les
déficients sensoriels, sourds, aveugles et tous les enfants qui
manifestent un besoin de socialisation, il y a une dérogation qui est
accordée pour pouvoir permettre le service de quatre ans. Je n'ai pas le
nombre en tête; le nombre n'est pas tellement important parce qu'il y a
beaucoup de familles qui ne tiennent pas à confier un enfant de quatre
ans à l'école sauf, par exemple, dans le cas des
déficients sensoriels, évidemment, les sourds, les aveugles, les
ambryopes, ce sont des enfants qui ont besoin d'apprentissage dans le sens de
l'article 22. Ils ont besoin d'apprentissage, de préscolarisation
à cause des appareils ou à cause de la motricité ou
autres.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on prévoit pour ces enfants un
apprentissage ou un préapprentissage, si on veut, antérieur
à quatre ans?
M. Rousseau: Non, pas dans le réseau de
l'éducation. Dans le réseau des affaires sociales il y a des
services d'orthophonie, d'audiologie, d'ergothérapie, etc., qui sont
offerts mais ce sont des services qui, actuellement, sont offerts par le
réseau des affaires sociales et non pas par le réseau de
l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que...
M. Rousseau: Il y a quelques cas de trois ans mais c'est
très, très rare, surtout pour les sourds.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Je sais, en tout cas, qu'il y avait
certainement un programme, à la commission scolaire protestante, pour
les sourds. Il y en a peut-être du côté français,
c'est parce que celui-là, par hasard, j'en ai eu vent. Il y avait des
enfants qui même à deux ans et demi étaient amenés
à une école où on les mêlait avec des enfants dont
l'audition était normale pour, justement, susciter le langage. Est-ce
que, à ce moment, le ministère de l'Éducation autorise la
commission scolaire, non seulement autorise mais, je veux dire, assume ou
reconnaît, disons, les dépenses de la commission scolaire eu
égard à l'éducation de ces enfants? (15 h 30)
M. Rousseau: Par la loi actuelle, le ministère de
l'Éducation, le ministre n'en a pas le pouvoir. Maintenant, dans la
réalité, pour quelques cas, effectivement, pour les
déficients auditifs, il y a eu des projets expérimentaux dans le
cadre du processus d'intégration. Ces projets continuent-ils? Je ne le
sais pas. Vous parlez de la CECM, j'avais un projet à Chambly quand
j'étais là. Où est-ce qu'on en est? On les prenait
à trois ans, sauf que j'ai été témoin d'un
financement par le biais, au plan expérimental, avec des enfants de
quatre ans avec lesquels il pouvait y avoir quelques cas de trois ans, deux ans
et demi; enfin, j'en connais moins. Mais, comme financement pour une
expérience, comme élève à être
préscolarisé et scolarisé, la loi actuelle ne l'autorise
pas strictement. Mais, écoutez, ici on parle, dans le cas des
déficients auditifs, d'une coop d'à peu près 250 à
300 élèves au Québec, qui ont besoin ou qui...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rousseau: Alors, vous comprenez...
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'y a pas que des auditifs. Il peut y
avoir même des enfants déficients maintenant...
M. Rousseau: Oui.
Mme Lavoie-Roux: On dit que plus ils sont pris tôt...
Enfin, je ne veux pas prolonger la discussion là-dessus parce qu'on
pourrait prendre beaucoup de temps. Peut-être que ma question suivante
s'adresserait davantage au ministre. Je suis sûre que le sous-ministre
pourrait y répondre, mais je pense que cela revient peut-être au
ministre d'y répondre.
Dans le rapport de l'Office des personnes handicapées - je pense
que c'est l'office qui l'a publié, c'est bien cela - "À part...
égale", en page 136, on dit: Préscolaire, primaire et
secondaire... Mais, en relation avec le préscolaire, stimulation
précoce. On recommande que chaque commission scolaire mette sur pied un
mécanisme de référence obligatoire, permettant au
Département de santé communautaire sur son territoire de lui
faire connaître, dès l'âge de trois ans - enfin, c'est la
commission scolaire qui créerait une obligation au DSC, maintenant,
est-ce que ce serait le CLSC?, on n'est pas pour entrer dans la
mécanique - et même avant, les enfants handicapés qu'elle
devra desservir ainsi que la nature de la déficience et l'étendue
des limitations fonctionnelles de chacun d'eux, de telle façon qu'on
prévoit la mise sur pied de services éducatifs de stimulation et
de préparation à une intégration à l'école
régulière; j'imagine que cela puisse entendre la maternelle
régulière, etc.
Je me dis que c'est une recommandation de l'Office des personnes
handicapées. Il faut quand même reconnaître qu'il y a eu
beaucoup de progrès de faits eu égard à ces enfants dans
notre système d'éducation. Mais est-ce que vous avez
envisagé ou est-ce que vous envisageriez, M. le ministre, que dans la
loi actuelle, il y ait une disposition dans ce sen3-là ou encore que la
loi actuelle se reconnaisse une obligation vis-à-vis de ces enfants qui
seraient dépistés, quel que soit le mécanisme qu'on
retienne, pour leur fournir des services de stimulation, de préparation
à une intégration à l'école régulière
avant l'âge de quatre ans? Parce que là, cela semble être
plutôt l'initiative...
M. Bérubé: Au-delà des programmes
existants.
Mme Lavoie-Roux: Bien, pas sur une base régulière.
Est-ce qu'un parent attendez, je vais vous prendre un beau petit coin dans le
comté de Matane, nommez-moi...
M. Bérubé: Grosses-Roches.
Mme Lavoie-Roux: Grosses-Roches, oui. Est-ce qu'un citoyen de
Grosses-Roches, qui aurait un enfant...
M. Bérubé: Derrière Grosses-Roches, il y a
Les Méchins.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bérubé: Qui surveille Les Méchins, il y a
Capucins juste après.
Mme Lavoie-Roux: Moi, j'aime cela Capucins. Quelqu'un des
Capucins pourrait se
prévaloir, ne parlons pas des voies existantes... Compte tenu
qu'on en est à rédiger une nouvelle loi, est-ce que le
ministère est prêt à se reconnaître une obligation
plus formelle que la seule bonne volonté ou les circonstances qui font
que des gens prennent l'initiative de cela, des responsabilités à
l'égard de ces enfants d'âge préscolaire, s'entendant des
enfants en bas de quatre ans?
M. Bérubé: M. Rousseau pourrait vous donner la
mécanique actuelle.
M. Rousseau: Disons que la préscolarisation vise les
objectifs tels qu'on indique ici.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Rousseau: Pour des enfants de trois et de deux ans, qui sont
handicapés, hé bien! la nuance est difficile à faire mais
c'est plutôt de la réhabilitation. Cela entre davantage dans le
champ de compétences du ministère des Affaires sociales. Et le
CLSC, lorsqu'il a un enfant sourd à Grosses-Roches, avec des parents qui
veulent permettre une préscolarisation précoce, à ce
moment-là il va communiquer avec la commission scolaire s'il a vraiment
besoin de ce qu'on pourrait appeler la compétence éducative. Mais
c'est généralement de la réadaptation. Que ce soit pour un
déficient mental, pour un sourd ou pour un aveugle, c'est en termes de
motricité, d'orthophonie, d'audiologie...
Mme Lavoie-Roux: De l'éducation sensorielle.
M. Rousseau:... de l'éducation sensorielle. Mais vous
savez que, lorsque l'on parle d'éducation sensorielle, on parle à
la fois d'une responsabilité éducative...
Mme Lavoie-Roux: Bien, c'est cela.
M. Rousseau:... et beaucoup d'une responsabilité de
réadaptation. Alors, ceci veut dire que, à partir de quatre ans,
nous offrons les services dans les commissions scolaires. Avant quatre ans, il
y a très très peu de cas où on réclame un service
de compétence de l'éducation parce que, dans les commissions
scolaires, on va retrouver des enseignants avec des brevets
spécialisés pour enfants avec difficultés ou autres, mais
en termes de formation, les personnes qui oeuvrent auprès des
très jeunes enfants, ces compétences sont dans le réseau
des affaires sociales. Elles sont dans les centres hospitaliers, dans les
centres qui offrent, je dirais, un prépréscolarisation, mais dans
le champ d'une réadaptation ou d'une socialisation.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais quand même que le ministre
prenne... Il n'en a peut-être pas pris connaissance. Je ne lui en
voudrais pas. Je pense qu'il y a assez d'autres documents. Cela en est un qui
vient de l'Office des personnes handicapées.
M. Rousseau: Le ministre de l'Éducation a
été celui qui fut le plus actif lors du sommet.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être, mais on a un nouveau ministre
de l'Éducation, disons. J'écoute le sous-ministre, c'est vrai
qu'on pourrait se chicaner tous les deux, à savoir: Est-ce que cela
relève surtout des affaires sociales? Est-ce qu'on appelle cela
réadaptation ou rééducation ou éducation? Moi, je
me dis: il faut que, quelque part, il y ait une obligation de
créée à quelqu'un de, par exemple... Supposons qu'on
ferait une obligation au DSC ou au CLSC de référer à la
commission scolaire qui dirait: Non, il n'y a rien qui relève, dans le
cas de cet enfant, de notre compétence. Mais, dans le moment, ces
enfants restent perdus dans la brume pour la grande partie d'entre eux. Il me
semble que c'est la préoccupation qui est exprimée ici. C'est
dans la mesure où ces enfants sont préparés à
Pécole. Ils demandent une plus longue préparation que les enfants
réguliers qui, eux, ont suffisamment de la maternelle et ils peuvent
entrer en première année. Ceux-là ont besoin de services
spéciaux qui ne sont pas étrangers à l'éducation
prise dans son sens plus large, de préparation à la formation
structurée ou à l'enseignement structuré.
J'ai l'impression, en vous écoutant parler, M. le ministre, que
vous ne voulez pas toucher ce monde-là; s'il se prend des initiatives,
vous n'avez pas d'objection. Je pense que vous les supporterez même, mais
je n'ai pas l'impression que le gouvernement, à ce moment-ci, se
reconnaît une responsabilité à leur endroit.
M. Bérubé: Les moins de quatre ans.
M. Rousseau: Le gouvernement... C'est au ministère des
Affaires sociales qu'on prend la responsabilité.
Mme Lavoie-Roux: Les moins de quatre ans. Souvent, vous savez
fort bien qu'ils restent pris entre les deux chaises.
M. Bérubé: Quoi qu'il en soit, si vous me demandez
la position du gouvernement sur la question présentement, je pense que
votre position, j'ai eu l'occasion de l'exprimer et je vais la
réitérer. Il faut faire des choix. Il y a donc un ensemble de
besoins prioritaires pour lesquels, je pense, il faut aller en demande ou sinon
accepter d'encourir des dépenses considérables.
Exemple: l'implantation des nouveaux régimes pédagogiques
a comme conséquence que plus on renforce la formation de base, moins il
reste de place pour l'enseignement professionnel. C'est clair. Cela a comme
conséquence que si on veut donner des options professionnelles au
secondaire, il faut ajouter une année. L'ajout d'une année
représente une somme considérable. Nous avons fait le choix
d'implanter de nouveaux régimes pédagogiques. Donc, nous devons
assumer ces coûts additionnels sur lesquels on ne veut pas revenir.
Deuxièmement, nous reconnaissons qu'il y a eu des augmentations
importantes de clientèles au réseau universitaire et je vous
rappellerai tout le débat en commission parlementaire. Nous
reconnaissons que les universités ont, au cours des trois, quatre
dernières années, dû consentir un effort
considérable. Je pense qu'elles l'ont fait correctement. Elles ont
dû consentir un effort considérable, donc, pour accueillir des
clientèles additionnelles, augmentant le taux d'accès à
l'université et sans ressources supplémentaires
véritablement. En conséquence, à l'heure actuelle, cela
tire d'un peu partout. Je pense qu'il faut faire face aux clientèles
additionnelles comme nous avons commencé à le faire et, si
possible, étendre même aux clientèles qui ne sont pas
associées au virage technologique. Même si cela représente
80%, 85% de toutes les nouvelles clientèles, il y a encore 15% de
clientèles additionnelles à l'université qui ne sont pas
couvertes.
Là, il faut se poser la question de l'accessibilité.
Est-ce qu'on veut fermer ces secteurs ou, au contraire, est-ce qu'on les estime
suffisamment importants dans notre société pour les maintenir
ouverts? Problématique, également, de l'accessibilité en
termes de frais de scolarité. Vous avez des demandes de bonification au
régime de prêts et bourses pour des situations
particulièrement difficiles. Voici des points qui nous apparaissent,
à l'heure actuelle, prioritaires et plus particulièrement le
développement des études de deuxième et troisième
cycle. Cela nou3 apparaît vraiment, à l'heure actuelle... Il faut
mettre des ressources de ce côté. Je ne vous cache pas qu'à
l'heure actuelle, je n'ai pas de demandes additionnelles au niveau des
clientèles de moins de quatre ans.
Mme Lavoie-Roux: Même eu égard aux enfants
handicapés?
M. Bérubé: À l'heure actuelle, non.
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez une ici, en tout cas, dans le
rapport qui vient de l'Office des personnes handicapées, dans le rapport
intitulé "A part égale" qui est paru en 1984.
M. Bérubé: Je parle de demandes additionnelles au
budget. Ce n'est pas compliqué, si chaque commission parlementaire
voulait s'exercer de la façon suivante: Définir quels sont les
besoins de la société...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas moi qui les définis, ce sont
eux.
M. Bérubé: Si on voulait faire cet
exercice-là. Attention, le gouvernement ne s'est jamais engagé
vis-à-vis de ce rapport. Le gouvernement a dit: Oui, publiez le rapport.
Toutefois, il doit faire l'objet d'une évaluation financière
avant que le gouvernement ne prenne quelque engagement que ce soit.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bérubé: Donc, ce sont des intentions, des
besoins et, si on devait additionner, juste notre commission, par exemple,
quels sont les besoins dans le secteur de l'éducation auxquels nous
devrions donner des suites, je suis certain qu'on pourrait facilement, dans
l'espace de même pas une semaine de séance de travail, identifier
pour au moins 500 000 000 $, qui nous apparaîtraient tous
également désirables. Je suis convaincu que, si cette même
commission continuait dans le domaine de la main-d'oeuvre, elle trouverait
également l'équivalent d'un demi-milliard de dollars sans
problème et, si on additionnait tout cela, on s'apercevrait qu'en fait,
il faut doubler le budget du gouvernement. Le problème n'est pas
là. Le problème n'est pas d'identifier les besoins dans la
société. Le problème est d'établir des
priorités. Je pense qu'on admettra qu'il nous faut, à l'heure
actuelle, terminer l'implantation des régimes pédagogiques et
modifier la forme de l'enseignement professionnel au niveau secondaire.
Deuxièmement, on reconnaîtra qu'il nous faut donner plus de
ressources à nos universités, particulièrement au niveau
du deuxième et du troisième cycle, dans une première
étape. Nous reconnaissons cela. Essayons de faire face à ces
premières priorités et, au fur et à mesure des
disponibilités, examinons quels autres secteurs ont besoin de ressources
additionnelles.
Mme Lavoie-Roux: J'écoute le ministre et,
évidemment, il semble avoir un raisonnement tout à fait
inattaquable mais ce que...
M. Bérubé: Merci.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui m'inquiète, c'est qu'on est devant
un projet de loi...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous m'inquiétez vous aussi.
Mme Lavoie-Roux: Non. Il pourrait m'accuser d'être un peu
ironique.
M. Bérubé: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne feriez pas semblable chose. Ce qui
m'inquiète, c'est qu'on est devant un projet de loi qui va
déterminer, pour je ne sais pas combien d'années à venir,
ce qu'est notre système d'éducation au plan préscolaire et
scolaire. Il y a 20 ans, peut-être 25 ans, on avait à peine
débuté dans ce qu'on voulait donner aux enfants
handicapés. Aujourd'hui, on est plus avancé dans l'état de
nos connaissances. On sait fort bien que des enfants qui, autrefois,
étaient simplement "parqués" dans des institutions où ils
étaient immobiles toute la journée, aujourd'hui, on ne les met
pas sur le marché du travail, j'en conviendrai avec vous, M. le
ministre. Il y en a, oui, peut-être parmi ceux-là qui atteindront
ce niveau, mais plus on intervient auprès d'eux en bas âge, plus
leurs chances d'avoir un niveau de vie se rapprochant de ce qu'on
considère (a normalité sont grandes. Dans le projet de loi, on
semble fixer d'une façon assez définitive que, pour le moment,
c'est quatre ans et cinq ans et les autres, à la grâce de
Dieu.
M. Rousseau: Le service du réseau de l'éducation,
c'est un service dans les écoles. Ceci veut dire que les enfants qui ont
des services...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que vous avez dit à la...
Je m'excuse. Ce n'est pas ce que vous avez dit à l'article qu'on a
discuté ce matin, l'article 15...
M. Rousseau: Il y a des cas particuliers...
Mme Lavoie-Roux: Ils rentrent dans ceux-là... (15 h
45)
M. Rousseau:... qui reçoivent des services à
domicile, où il y a des parents qui décident de ne pas envoyer
leur enfant à l'école, mais le service général,
c'est à l'école. Ici, on parle d'enfants de deux et trois ans qui
sont généralement envoyés par leur pédiatre, qui
sont généralement en lien avec des services hospitaliers...
Mme Lavoie-Roux: Ah bien, je regrette! Ce n'est pas...
M. Rousseau:... des services de CLSC ou des services de
réadaptation, c'est-à-dire que... C'est comme cela qu'est la
ligne de démarcation, ce qui se produit autant pour un service de loisir
municipal qui va réclamer de la commission scolaire un soutien
temporaire ou un soutien pour répondre à certains objectifs;
c'est dans le même esprit que cette coopération s'établit.
En tout cas, c'est le sens de la recommandation de l'office en ce sens que les
services des commissions scolaires puissent être ouverts en lien avec les
CLSC ou autres pour faciliter et favoriser la préscolarisation des
enfants. C'était cela qu'était l'esprit, en tout cas.
Actuellement, c'est quatre ans parce que c'est la préscolarisation. Mais
cela n'empêche pas une commission scolaire d'accueillir un enfant de
trois ans en service particulier chez le psychologue ou autre. Mais, il faut
admettre que créer l'obligation alors qu'on n'a pas la
compétence, je dirais, des enfants de cet âge, on n'a pas non plus
les équipements, cela pourrait poser problème. C'est dans ce sens
qu'on partage les responsabilités entre les affaires sociales et le
réseau de l'éducation.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, M. le Président,
j'ai eu suffisamment d'éclairage pour connaître la position du
ministère sur cette question. On verra si on y reviendra à
l'occasion d'autres articles touchant les services aux handicapés, plus
tard.
M. Bérubé: Vous comprendrez que ce n'est pas une
opposition au point de vue que vous défendez. Vous reconnaîtrez
qu'il faut se préparer à envisager progressivement un
élargissement des services éducatifs à ces
clientèles. C'est clair. Le seul problème que. nous traversons
non pas seulement...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. Je me demandais vu que
c'était quand même une loi avec certains principes, si on pouvait
les introduire dedans, mais on verra, on y reviendra.
M. Bérubé: Honnêtement, ce que je n'aime pas,
c'est tenir des discours sans avoir les moyens de ces discours. Nous induisons
souvent nos concitoyens en erreur en énonçant des appuis
politiques à un idéal généreux, mais qui n'est pas
sous-tendu, finalement, par des ressources dont disposerait la
société. Après un certain temps, nos concitoyens qui ont
vu leur espoir soulevé par ce discours chaleureux et plein de bonnes
intentions se demandent finalement quand on va passer aux actes. Je
préfère personnellement toujours m'assurer que notre
société a les ressources. À ce moment-là, lorsqu'il
y a engagement de l'État, c'est un engagement avec les moyens qui
correspondent finalement à la générosité des
intentions.
M. Ryan: Comme on a fait dans le
domaine de l'amiante.
M. Bérubé: Ah: Je suis prêt à
défendre cela n'importe quand.
M. le Président, le député d'Argen-teuil...
M. Ryan: Comme il avait fait...
M. Bérubé:... vient d'émettre un point. On
avait une excellente étude toute récente sur la restructuration
de l'industrie de l'amiante. Un chose est certaine, c'est que, si le
gouvernement n'était pas intervenu dans le domaine de l'amiante, le
désastre serait encore pire. Vous n'avez qu'à regarder ce qui
s'est passé avec Johns-Manville pour constater qu'actuellement, la
performance de nos sociétés d'État dans ce secteur est
meilleure que Johns-Manville justement parce qu'elles ont injecté des
sommes dans la transformation et dans la recherche et le développement,
ce qui ne se serait pas produit si le gouvernement n'était pas
intervenu.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, à
l'ordre. On va essayer d'éviter d'aller...
M. Bérubé: Voilà!
Le Président (M. Charbonneau):... sur d'autres sujets.
M. Bérubé: Je suis d'accord pour ne pas aborder
d'autres sujets.
Le Président (M. Charbonneau): On va essayer de revenir
à la pertinence du débat.
M. Ryans Je voudrais faire préciser une chose à M.
Rousseau au sujet de ce qu'il a dit à propos des régimes
pédagogiques. Qu'est-ce qui s'en vient? Que faut-il attendre de ce
côté? Vous avez dit qu'un réaménagement était
envisagé. Est-ce que j'ai compris cela?
M. Rousseau: Il y en a un.
M. Ryan: Pouvez-vous nous préciser ce qui s'en vient parce
que c'est très important pour notre travail?
M. Rousseau: C'est-à-dire que le contenu doit être
modifié comme je l'indiquais au point de départ parce que tous
les droits qui apparaissaient là se retrouvent dans la loi. Il faut donc
éliminer toute une série de dispositions.
Maintenant, à l'égard du normatif, beaucoup de normatif
serait maintenu dans les régimes pédagogiques,
c'est-à-dire dont les obligations se...
M. Ryan: Dans les droits qui seront transférés dans
la loi, il n'y en pas tellement que cela, finalement.
M. Rousseau: Ce sont tous ceux du chapitre 1 qui étaient
dans le régime pédagogique.
M. Ryan: D'accord.
M. Rousseau: Droits contraints pour quelques droits et droits
absolus pour d'autres. Droit à l'enseignement, ce n'est pas contraint,
droit à des services éducatifs, c'est la commission scolaire qui
fait son programme, alors que droit à l'enseignement, c'est le ministre
qui fait le programme, les contenus obligatoires deviennent des droits, etc. En
ce qui concerne le normatif, eh bienl les matières obligatoires, il y a
des modifications qui seront probablement apportées à
l'égard de l'enseignement des sciences, sûrement, et à
l'ensemble de la maquette horaire, considérant les besoins de
continuité à l'enseignement des sciences. En ce qui concerne le
temps, sur les autres normes, on ne prévoit pas de changements majeurs,
mais ce sont des changements qui vont faire l'objet de consultations lorsque le
ministre en aura pris connaissance et qui devraient normalement lui être
présentés au moment où l'article 445 pourra être
appliqué.
M. Ryan: Les expressions que vous employez, services
complémentaires, services particuliers, d'où cela vient-il?
Qu'est-ce que cela veut dire exactement? On joue avec cela. On change un peu la
signification. Voulez-vous nous dire comment il se fait qu'on est rendu au
point où c'est dans le texte de loi? Pour celui qui lit cela de
l'extérieur, services complémentaires, services particuliers,
quand vous dites les services de soutien pédagogique, ce sont des
services particuliers. Cela fait curieux. Il me semble que c'est un
élément de l'armature fondamentale du système scolaire,
tous ces services de soutien pédagogique qui sont offerts par les
commissions scolaires, en particulier, aux écoles. Ce sont des services
particuliers. Cela fait curieux. D'où viennent ces termes?
M. Rousseau: Cela vient du régime pédagogique
existant déjà. Maintenant, d'où émanent-ils? Il y a
très peu de systèmes scolaires qui définissent dans des
règlements ou dans des lois les services qui sont accordés comme
droits. Si vous regardez le régime pédagogique belge, vous allez
retrouver le nombre d'unités ou le nombre d'heures par matière,
par niveau. Le temps de présence des enfants, c'est plus normatif. Nous
nous étions véritablement dirigés vers un régime
pédagogique qui ne soit pas qu'un recueil de normes, mais qui soit
inspiré par
des orientations générales et qui définissent des
services. Cela veut dire que le régime pédagogique, comme le
premier chapitre de la loi, devient une forme de recueil de droits
éducatifs. Nous avons été obligés de créer
à certains égards, à ce niveau. Le service d'enseignement,
tout le monde comprend cela. Maintenant, un service de psychologie, c'est un
service personnel.
Mais la surveillance, pour assurer le respect... Le terme
générique que nous avons trouvé, ce sont les services
complémentaires aux services d'enseignement. Tandis que les services
particuliers, eux, ils sont à la fois services d'enseignement, à
la fois services complémentaires, mais ils s'adressent à des
catégories de personnes qui ont besoin de services qui leur soient
propres. Si cette terminologie est utilisée sans définition, on
ne se retrouve pas. C'est le sens des articles que vous retrouvez avec les
définitions dans la section Il qui fait actuellement l'objet
d'étude à la commission. Parce que, dans la majorité des
systèmes scolaires que nous connaissons, ce qui est défini comme
obligation d'État ou de réseau, ce sont les services
d'enseignement, alors qu'ici, la notion de services éducatifs plus
englobants a été réglementée, ce qui n'est pas
facile, il faut l'admettre, et il faut vous épargner, je dirais, les
longues discussions et les affrontements entre les juristes et les
pédagogues à cet égard.
Ce n'est pas facile de "normer" les services éducatifs. Ces
services dont vous faites état sont définis dans ces
articles.
Le Président (M. Tremblay); Est-ce que l'article 22 est
adopté?
M. Ryan: On n'a pas encore discuté. On a eu les
renseignements préliminaires. On va le discuter dès la prochaine
séance.
Le Président (M. Tremblay): Merci, M. Rousseau. Je
recevrais les discussions sur l'article 22. Est-ce qu'il y a des commentaires?
Oui.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Qu'est-ce qui est
adopté?
M. Bérubé: Adopté? Article 22, on est
prêt à voter.
Le Président (M. Tremblay): C'est parce qu'il y a des gens
qui veulent parler là-dessus, M. le ministre. M. le député
de Verchères, justement.
M. Charbonneau: M. le Président, compte tenu de
l'indication que vient de nous donner le député d'Argenteuil, je
ne pense pas qu'il serait à- propos de s'engager dans de longues
discussions à partir du moment où il reste à peu
près cinq minutes. Je proposerais qu'on ajourne nos travaux à
mardi.
Le Président (M. Tremblay): Moi qui me proposais de vous
demander le consentement pour poursuivre au-delà de 16 heures.
M. Bérubé: On accepte, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): De poursuivre au-delà
de 16 heures.
M. Bérubé: Ah oui!
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi pas? On serait rendu pour mardi
prochain.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a un
consentement unanime? S'il y a un consentement unanime je vais... Non, il n'y a
pas de consentement unanime. Il y a une proposition pour ajourner...
M. Bérubé: Qui a émis la proposition
d'ajournement?
Le Président (M. Tremblay): Le député de
Verchères.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay): Compte tenu qu'il est 15 h 56
et que nous devions de toute façon ajourner à 16 heures,
j'ajourne les travaux de la commission de l'éducation sine die.
(Fin de la séance à 15 h 56)