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(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Charbonneau): La commission de
l'éducation reprend ses travaux sur l'étude
détaillée du projet de loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public.
Comme cela est prévu dans notre règlement,
conformément à une décision de la commission prise la
semaine dernière, la commission va entreprendre quelques consultations
particulières sur quelques sujets dans le cadre de cette étude
détaillée du projet de loi.
Avant d'aborder le mandat, je vais demander à la
secrétaire de la commission de nous annoncer s'il y a des
remplacements.
La Secrétaire: Oui. M. Bordeleau (Abitibi-Est) est
remplacé par M. Le Blanc (Montmagny-L'Islet); M. Payne (Vachon) est
remplacé par Mme Lachapelle (Dorion); M. Sirros (Laurier) est
remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voulais vous dire qu'on n'a pas eu de consultation
avec le député de L aurier. J'aimerais mieux que vous mettiez Mme
Lavoie-Roux, députée de L'Acadie, comme intervenante, si on veut
bien accepter.
Organisation des travaux
Le Président (M. Charbonneau): Cela vu?
Conformément au mandat que, d'une certaine façon, la
commission a confié à son président, j'ai regroupé
l'ensemble des organismes sur lesquels nous nous étions entendus la
semaine dernière pour la journée d'aujourd'hui. Je vais vous
donner l'ordre dans lequel ces organismes seraient invités à
venir discuter avec les membres de la commission. Nous recevrions, d'abord,
l'Institut canadien d'éducation des adultes et je pense que nous
pourrions consacrer le reste de la matinée à cet organisme. Par
la suite, dans l'après-midi, nous recevrions le Comité catholique
du Conseil supérieur de l'éducation, suivi du Comité
protestant du Conseil supérieur de l'éducation. Ensuite, nous
recevrions le Directeur général des élections. Dans la
soirée, nous rencontrerions le président du Comité de la
protection de la jeunesse, le Protecteur du citoyen et, finalement, la
présidente de l'Office des services de garde à l'enfance.
Compte tenu du temps qui nous est imparti aujourd'hui en fonction de la
motion, j'ai essayé de faire en sorte que trois organismes cet
après-midi et trois autres ce soir nous permettent de compléter
la journée en pensant que, ce matin, nous pourrions réserver
l'ensemble du reste de la séance à la discussion avec l'Institut
canadien d'éducation des adultes. Si cela ne pose pas de
problème, on va immédiatement commencer la rencontre,
étant donné qu'il est déjà 11 h 40.
M. Ryan: Pour éviter des malentendus à un stade
ultérieur, qu'est-ce que vous voulez dire exactement quand vous dites:
J'ai pensé qu'on pourrait voir trois organismes cet après-midi?
Voulez-vous intimer que vous auriez réparti autoritairement le temps
d'une manière telle que les droits d'intervention des membres de la
commission pourraient s'en trouver affectés ou diminués?
Le Président (M. Charbonneau): Dans la mesure, M. le
député d'Argenteuil, vice-président de la commission, que,
la semaine dernière, j'ai cru comprendre qu'il y avait consensus pour
qu'on puisse réserver une journée et, bien entendu, dans la
mesure où on a sept organismes à rencontrer en une seule
journée, je pensais qu'on pourrait utiliser la formule que nous avions
utilisée précédemment pour des consultations
particulières, si bien qu'on pourrait réserver le temps de parole
équitablement, moitié-moitié de chaque côté,
et qu'à l'intérieur de l'enveloppe les groupes ou les
députés pourraient s'organiser. Il est évident que, dans
la mesure où chacun voudrait prendre ses 20 minutes, on en aurait pour
une semaine.
M. Ryan: Voulez-vous dire...
Le Président (M. Charbonneau): Donc, dans la mesure
où j'ai cru comprendre qu'il y avait un consensus sur une
journée, qu'on avait sept organismes à rencontrer dans cette
journée... Quand je vous disais qu'il y avait une certaine souplesse,
c'est dans la mesure où il y a huit heures et demie. On a une heure de
jeu. À un moment donné, on peut très bien se rendre compte
qu'avec un
organisme on pourrait vouloir prolonger la discussion d'une quinzaine de
minutes et que, dans un autre cas, ce ne serait pas nécessaire. J'ai
donc essayé, évidemment, de...
M. Ryan: Juste aux fins de la clarté, je voudrais rappeler
exactement où nous en sommes à mon point de vue.
M. Leduc (Fabre): À l'article 15.
Une voix: Non, non, on n'est pas encore arrivé.
M. Ryan: Le député de Fabre est toujours hors
d'ordre. Je compte sur votre autorité habituelle, M. le
Président.
M. Bérubé: Pour une fois, c'était une
intervention faite à point.
Le Président (M. Charbonneau): M. ledéputé d'Argenteuil.
M. Ryan: Je veux simplement rappeler que ce que nous avons
établi la semaine dernière, cela a été un consensus
pour inviter sept témoins particuliers en raison de leur expertise
propre. Je ne pense pas que, dans la motion que nous avons adoptée
à cette fin, il y avait la mention d'un jour en particulier.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Ce que je peux vous
dire...
M. Ryan: Avez-vous le texte de la motion?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, je l'ai.
M. Ryan: Je veux que ces choses-là soient claires.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais laisser la parole
au ministre...
M. Ryan: Le ministre a pu parler, lui, de la journée de
mardi...
Le Président (M. Charbonneau): ...qui semble avoir un
éclairage additionnel. Mais, j'ai...
M. Ryan: ...mais, quand le ministre dit des choses, cela ne veut
pas dire que la commission les dit. C'est...
M. Bérubé: M. le Président, en fait, non. Je
voudrais simplement indiquer au député d'Argenteuil qu'il
trouvera dans les galées des travaux de notre commission une
déclaration tout à fait ferme de sa part dans laquelle il disait
- il nous donnait, d'ailleurs, une leçon de morale: Écoutez, si
vous n'aviez pas discuté aussi longtemps, en une journée, avec la
liste des gens qu'on voulait inviter, il n'y avait aucun problème pour
s'entendre et faire tout cela en une seule journée; on aurait
réglé tous les problèmes et on aurait évité
beaucoup de débats. Je l'ai entendu à de nombreuses reprises
indiquer très clairement qu'une journée suffisait. M. le
Président, comme c'est la moitié de la liste de ce qu'il nous
avait proposé, il a deux fois trop de temps par rapport à ce
qu'il avait initialement planifié. Je suis convaincu que le
député d'Argenteuil n'a pas la langue fourchue et que, lorsqu'il
nous dit quelque chose en commission, il le dit avec sincérité.
Et c'est sur la base de ce qu'il nous a dit, à savoir qu'une
journée serait amplement suffisante... Nous pensons même
maintenant qu'avec le consentement que nous avons fourni il y en a deux fois
trop. À ce moment-là, nous pensons qu'il y a amplement de temps
pour rencontrer tous ceux que le député d'Argenteuil a
demandé de rencontrer.
M. Ryan: Tout ce verbiage ne change rien à la
réalité devant laquelle nous sommes placés. La seule
décision que nous ayons prise a été d'inviter sept
organismes en demandant au président d'organiser les rencontres avec les
présidents ou les responsables des organismes de manière à
permettre de les entendre. Tout le reste demeure sujet à entente entre
nous. C'est ce que je veux établir clairement ce matin.
Le Président (M. Charbonneau): Bon. Je pense que la
meilleure chose...
M. Ryan: M. le Président, si vous voulez me laisser
compléter...
Le Président (M. Charbonneau): Oui, excusez-moi.
M. Ryan: ...je l'apprécierais.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais vous donner cette
occasion.
M. Ryan: Ce que je voudrais souligner, c'est ceci: Nous sommes
conscients que, si tout cela peut se faire dans la même journée,
ce serait préférable. Si vous voulez que nous...
M. Bérubé: Cela va se faire dans la même
journée.
M. Ryan: Cela implique que des députés renoncent
à des droits de parole qui leur appartiennent en vertu de notre
règlement. Si vous voulez que cela se fasse, je voudrais
qu'on établisse clairement les deux points suivants. Il y en a un
que vous avez mentionné; l'autre, je vais le mentionner. Il faudrait
qu'on prévoie la possibilité pour chaque organisme que nous
allions jusqu'à une heure et demie, sans dire qu'on y ira
nécessairement, mais la possibilité qu'on aille jusqu'à
une heure et demie pour ne pas que ce soit une comédie ou une affaire
unilatérale. Deuxièmement, une fois faite l'intervention
liminaire du témoin entendu, que le temps soit partagé
également entre les deux côtés de la table pour les
questions et interventions. À ce moment-là, nous pourrions faire
tout notre possible pour que cela marche dans la même journée.
Mais je ne voudrais pas que...
Le Président (M. Charbonneau): Si vous me permettez...
M. Ryan: Je voudrais que cela soit clairement établi,
parce qu'ensuite, quand on fait des actes de bonne foi pure, on constate que,
de l'autre côté, on est tenté de les utiliser parfois au
sujet d'autres questions. Peut-être que vous avez la même
impression à notre sujet.
M. Bérubé: Non. Absolument pas.
M. Ryan: Justement, d'ailleurs. C'est pour cela que je vous
demande que ce soit clair. (11 h 45)
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais, juste avant de
céder la parole au député de Fabre, rappeler les
circonstances dans lesquelles la décision a été prise et
le mandat m'a été donné, en indiquant, que, par ailleurs,
je suis d'accord avec le vice-président de la commission sur le fait
que, de la même façon que dans les autres consultations
particulières on avait partagé le temps de parole en deux, on
pourrait faire la même chose maintenant.
Ce qui avait été dit la semaine dernière, je peux
vous lire le texte, mais, si je le résume et si jamais vous pensez que
je pourrais vous induire en erreur, alors je vous le lirais
intégralement. Si on résume bien, le député de
Fabre avait suggéré mardi qu'on regroupe tout cela dans une
journée. Le député d'Argenteuil avait indiqué qu'il
n'avait pas d'objection, sauf qu'il ne voulait pas, non plus, que cela ait des
conséquences négatives au niveau des horaires. Néanmoins,
il était d'accord, un peu comme il vient de l'indiquer, que, dans la
mesure du possible, cela se regroupe dans une journée.
Je vous rappelerai donc qu'à la suite d'une intervention que j'ai
faite, dans la mesure où il y avait, semble-t-il, un consensus pour que
cela se fasse dans une journée, avec les réserves que le
député d'Argenteuil avait indiquées, cela était
difficile pour moi d'indiquer arbitrairement que tout le monde aurait une heure
et trente, parce qu'on déborderait de la journée. Dans la mesure
où il y aurait un peu de souplesse et qu'éventuellement on
pourrait même avoir un consentement pour dépasser un peu le temps,
si cela était nécessaire, je pense qu'on pourrait, effectivement,
compléter l'exécution de cette journée au niveau de
l'ensemble des invités. M. le député.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je voudrais rappeler
à la commission que nous avons invité des organismes, des
personnes à venir nous rencontrer aujourd'hui, mardi. Je pense que ce
serait léser ces personnes que de les renvoyer au mercredi et je
trouverais important que vous délimitiez le temps et que l'on puisse
terminer ces travaux que nous avions prévus pour mardi, au plus tard
à minuit ce soir. Je pense que c'est important pour tenir compte aussi
de nos invités.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, la seule
chose que je puisse vous dire, c'est que tout cela va se faire d'une
façon où on le fait par consensus, car je ne pense pas que j'ai
le mandat, arbitrairement, d'imposer des règles de procédures aux
membres de la commission. Donc, ce que je vous suggère, c'est qu'on
adopte la même attitude qu'on a adoptée lorsqu'on a eu d'autres
consultations particulières, c'est-à-dire assez de souplesse pour
que, de part et d'autre, on puisse exécuter ce mandat que nous nous
sommes donné la semaine dernière. Avec de la bonne
volonté, on peut, effectivement, rencontrer les gens, faire tout cela
dans une journée et, à l'occasion, aller peut-être
jusqu'à une heure et trente parce que, dans d'autres cas, on aura moins
de questions et les choses seront plus faciles. Si c'était
nécessaire, on pourra envisager de prolonger de quelques minutes. Il ne
s'agit pas de penser qu'on aura à prolonger de trois heures.
La meilleure chose, M. le Président, mesdames et messieurs,
serait, finalement, de partir en se disant qu'on a des balises qui peuvent
fluctuer un peu au cours de la journée.
M. Bérubé: Pourrais-je demander au président
de ne pas "filibuster" la commission?
M. Ryan: Je suis content que vous ayez rappelé qu'il y a
des choses qui incombent au président et d'autres qui ne lui
appartiennent pas. Je pense que c'est parfaitement clair.
Je vais vous donner une chose de notre côté pour que vous
sachiez à quoi vous en tenir dans la conduite des travaux.
Dans aucun cas, nous n'exigerons que cela dépasse une heure et
demie, mais, dans aucun cas, nous n'accepterons que cela aille moins qu'une
heure et demie, si tel est le désir des membres. Si les membres estiment
qu'ils en ont assez après une heure, une heure et quart, très
bien. Avec cela, on va avoir une affaire claire. Je pense que vous savez
parfaitement à quoi vous attendre de notre part à nous.
Le Président (M. Charbonneau): Bon. Est-ce que tout le
monde s'entend aussi pour...
M. Bérubé: Qu'on les entende mardi? Il n'y a pas de
problème, M. le Président. On est d'accord de commencer
maintenant.
Le Président (M. Charbonneau): ...qu'on fasse cela, dans
la mesure du possible, aujourd'hui?
M. Bérubé: Jusqu'à minuit, ce soir.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
M. Ryan: Rendu à minuit, on va voir. On décidera
à ce moment-là.
Une voix: Jusqu'à minuit.
Consultation particulière
Institut canadien d'éducation des
adultes
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. On va commencer
dès maintenant en invitant les porte-parole de l'Institut canadien
d'éducation des adultes. Je pense qu'il s'agit de Mme Esther
Désilets et de Mme Ginette Thériault. Si je comprends bien, la
porte-parole principale serait Mme Désilets.
Mme Désilets (Esther): C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Je demanderais, Madame, -
pour les fins du Journal des débats, je l'ai fait - d'identifier la
personne qui vous acccompagne.
Avant de le faire, je vous remercie de la collaboration que vous avez
manifestée à l'invitation des membres de la commission.
Sans plus tarder je vous indique que, dans la mesure où vous
pourriez situer les représentations ou les remarques que vous vouliez
faire sur le projet de loi, - je vous rappelle qu'on est à
l'étape non pas de l'étude des principes mais de l'étude
détaillée, donc article par article du projet de loi - il serait
utile qu'éventuellement vous puissiez focaliser vos interventions sur un
certain nombre d'articles qui vous paraissent devoir mériter un propos
ou un commentaire ou une opinion quelconque pour que cela puisse être
utile, à cette étape, aux membres de la commission, étant
donné que leur mandat, c'est d'étudier d'une façon
détaillée le projet de loi.
Sans plus tarder, je vous cède la parole.
Mme Désilets: Je vais vous présenter Ginette
Thériault, qui est agent de projets à l'Institut canadien
d'éducation des adultes et qui est responsable du dossier de la
politique de l'éducation des adultes.
Inutile de vous dire - surtout après la discussion que je viens
d'entendre - qu'on est très heureuses d'être ici à la
commission parlementaire et aussi heureuses de passer les premières
à cette commission.
Pour nous il était important de parler de la question de
l'étudiant adulte parce que l'étudiant adulte est très
concerné par ce projet de loi. Je peux peut-être tout de suite
faire référence aux articles de la loi sur lesquels porte notre
mémoire et, après, je vous ferai plus une présentation de
l'ensemble du mémoire.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous rappelle que, dans
la mesure où votre présentation initiale serait plus brève
que longue, cela laissera plus de temps aux membres de la commission d'engager
la discussion avec vous. Je pense qu'à cette étape les membres de
la commission - parce que c'est à l'étude détaillée
- souhaitent vraiment avoir l'occasion d'échanger avec vous.
Mme Désilets: Si j'ai bien compris, on a jusqu'à
minuit.
Le Président (M. Charbonneau): Non pas avec vous,
Madame.
Mme Désilets: Les articles auxquels on va faire
référence, ce sont l'article 7, l'article 4 - je ne sais pas si
c'est important pour vous de savoir tout de suite comme cela au début -
l'article 24, l'article 264, l'article 303, l'article 57 et l'article 245.
On touche...
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous répéter le
numéro des articles? Cela va simplifier.
Mme Désilets: L'article 7, l'article 4, l'article 24,
l'article 264, l'article 303, l'article 57 et l'article 245.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Mme Désilets: Nous avons regardé les articles qui
touchaient directement l'éducation des adultes.
Quand je vous disais tantôt que c'est important pour nous de venir
ici parler de l'éducation des adultes c'est que, depuis quelques
années, on a l'impression que, dans ce domaine, on a un peu perdu de
terrain. On pense, à l'Institut canadien d'éducation des adultes,
qu'il est important - et on l'a toujours trouvé important - de se
prononcer sur les différents projets de loi touchant de loin ou de
près l'éducation des adultes.
Nous nous sommes prononcés entre autres sur le projet de loi 40
et on est maintenant au niveau du projet de loi 3. Pour certains, les figures
vont changer mais vous pouvez penser que les idées et les convictions
sont les mêmes.
Le projet de loi 3 modifie, selon nous, la perspective du projet de loi
40. On ne fait plus reposer l'épanouissement d'une école
communautaire sur la seule extension du pouvoir des parents. La
responsabilité de l'école s'étend à l'ensemble de
la communauté et de la société, d'où une meilleure
définition des rôles. Dans une telle perspective, selon nous,
l'étudiant adulte devrait avoir sa place. Notre mémoire examine
quatre points principaux: les conditions du droit à l'éducation,
y compris celles de la gratuité; le partage des responsabilités
en matière d'éducation des adultes; les mécanismes de
participation des étudiants et des étudiantes aux
décisions; et enfin le sort réservé aux services à
la collectivité.
Nous tenons à faire connaître notre analyse de ce projet de
loi parce que, selon nous, nous ne pouvons compter sur une éventuelle
politique pour combler les trous. Nous connaissons cette politique et les
faibles moyens qui sous-tendent son discours.
L'article 1 semble rendre accessibles à tous et à toutes
les services d'enseignement, et ce, sans limite d'âge. La levée de
cette limite d'âge est un acquis intéressant dans ce projet de
loi. Mais le deuxième alinéa dit que toute personne n'a droit aux
services offerts par la loi que dans le cadre de programmes offerts par la
commission scolaire. La majorité des services éducatifs offerts
aux adultes ne sont pas soumis par les services que l'école est
obligée de donner. Tout dépendra du bon vouloir de la commission
scolaire.
L'article 4 dit que toute personne domiciliée au Québec a
droit à la gratuité dans le cadre des services offerts
conformément à la loi. Quels services éducatifs offerts
aux adultes sont conformes à la loi? Quels étudiants et
étudiantes adultes en jouiront? En d'autres mots, qu'arrivera-t-il des
étudiants inscrits en alphabétisation ou dans des programmes
spéciaux tels que "transition-travail" ou la formation
générale à temps partiel? Est-ce que seulement les
étudiants inscrits à temps plein auront accès à la
gratuité? Est-ce que même ceux-ci garderont les acquis
gagnés depuis un an ou est-ce que l'ouverture faite à
l'inscription au 30 septembre disparaîtra avec cette loi?
Quant aux services complémentaires obligatoires prévus par
la loi, ils semblent surtout concerner les jeunes. Qu'arrivera-t-il aux
services offerts jusqu'à maintenant aux adultes? Entre autres, nous
parlons ici des services d'accueil et référence ou des services
de suivi pédagogique. Il est essentiel pour nous, quand nous parlons
d'éducation permanente, d'ouvrir l'accès à
l'éducation à tous, jeunes et adultes qui n'ont pas acquis une
formation de base, c'est-à-dire l'obtention d'un secondaire V. Pour ce
faire, il faut éviter de pousser les adultes dans le corridor du
régime pédagogique des jeunes. On arrive ici à
l'épineux problème de la spécificité de
l'éducation des adultes.
Un court résumé, si vous voulez, de certains articles de
la loi s'impose à ce moment-ci. L'article 52 donne, dans le cadre de la
commission ou de l'école, la possibilité aux commissions
scolaires de dispenser des services aux adultes. L'article 275 dit que la
commission scolaire détermine les services éducatifs qui sont
offerts dans son école. Enfin, l'article 261 donne le pouvoir aux
commissions scolaires d'établir des écoles destinées aux
adultes. Jusqu'ici, rien de très contraignant. Nous ne sommes devant
aucune contrainte, aucune obligation pour les commissions scolaires de
dispenser des services d'éducation aux adultes. Quels critères
choisir? Le budget, la foi, pour certains, en l'éducation des adultes?
Le projet de Loi 3 ne garantit aucunement les services déjà
existants. Ce projet de loi, selon nous, devrait obliger les commissions
scolaires à dispenser ces services d'éducation aux adultes de
façon que tous les adultes de tous les territoires aient accès
à ces services.
Ce projet de loi ne garantit pas plus les services d'éducation
des adultes existants comme structures. La seule contrainte, nommer un
responsable si la commission scolaire décide d'offrir ces services.
Pourtant la politique va plus loin. Dans ce sens, on reconnaît la
nécessité de répondre aux besoins des adultes au moyen de
structures organisationnelles spécifiques. Qu'est-ce qui empêche
de donner un statut juridique à ces services? À ce chapitre, on
voudrait ici appuyer aussi le mémoire que vous avez en main de la TREAQ,
la Table des responsables de l'éducation des adultes du Québec,
qui a fait un chapitre spécifique sur la visibilité de
l'éducation des adultes. Nous sommes d'accord avec l'analyse des gens
qui ont écrit ce mémoire. Sauvegarder la
spécificité des services d'éducation aux adultes, c'est
une condition sine qua non de l'accessibilité. Il faut sauvegarder les
structures organisationnelles, sinon nous serons devant
un recul. Plusieurs expériences en éducation des adultes
ont fait leur preuve, que ce soit dans l'évaluation des besoins des
adultes, dans la détermination de comités de cours ou de
matériel pédagogique ou, encore, que ce soit à partir
d'expériences de formation sur mesure. (12 heures)
Au point quatre de notre mémoire, nous faisons appel à la
représentation des adultes. Depuis que nous parlons d'andragogie que
nous parlons de l'importance pour les étudiants adultes de prendre part
au processus des décisions qui les concernent.
Dans ce projet de loi, nous sommes devant deux possibilités.
D'abord le conseil d'école, où siègent des parents, des
enseignants, du personnel non enseignant et deux élèves du second
cycle qui seraient nommés par les élèves. Qui sont ces
élèves? Et, si c'était des adultes, est-ce que les
étudiants inscrits en alphabétisation ou à d'autres
programmes y seraient éligibles?
On parle aussi de la participation aux instances régionales.
Là aussi, on parle de comités consultatifs obligatoires pour les
parents, pour les enseignants et pour les professionnels. Mais, pour le
comité regroupant les étudiants, même si on spécifie
la présence des étudiants adultes, ce comité est
facultatif. Les seuls adultes qui seront obligatoirement consultés sont
les parents. Ces mêmes parents en formation ne sont plus obligatoirement
consultés. Pourquoi?
Et, enfin, on en arrive aux services à la collectivité et
c'est pour nous un bon bout du mémoire. C'est un aspect
intéressant dans la loi, entre autres l'obligation d'organiser, à
la demande du conseil d'école, les services de garde; la contrainte pour
les commissions scolaires, dans le domaine de leur compétence, de
participer à la réalisation de projets communautaires et
favoriser l'utilisation des immeubles scolaires pour les organismes populaires.
Pour nous, c'est un point acquis, dans le projet de loi, qui est très
important.
J'en arrive maintenant aux six recommandations du mémoire. Nous
recommandons, en premier lieu, que soit levée la limite imposée
au droit des adultes à l'éducation en supprimant le
deuxième alinéa de l'article 1 qui indique que les personnes ont
droit aux autres services éducatifs dans le cadre des programmes
offerts.
La deuxième recommandation: que soit inscrit l'accès
gratuit aux autres services éducatifs, notamment ceux offerts aux
adultes. Qu'on garantisse l'accès des adultes aux services
complémentaires conçus pour eux. Il faudrait clarifier les
articles 4, 24 et 264 dans ce sens.
La troisième recommandation: qu'une ou des commissions scolaires
aient l'obligation de dispenser des services éducatifs propres aux
adultes de façon que tout le territoire québécois soit
couvert.
Quatrième recommandation: qu'une ou des commissions scolaires
regroupées dans ce but se dotent d'un service d'éducation des
adultes. On touche ici à l'article 303.
Cinquième recommandation: que la participation des
étudiantes et des étudiants adultes au conseil d'école
soit assurée. L'article 57 devra être modifié dans ce
sens.
Enfin, la dernière recommandation: que les commissions scolaires
soient obligées de s'adjoindre un comité consultatif
régional d'étudiantes et d'étudiants adultes. L'article
245 devra être modifié dans ce sens.
Selon nous, on considère que c'est le minimum pour conserver la
pratique actuelle et pour lever un des obstacles à
l'accessibilité des adultes à l'éducation, soit la
gratuité. On ne s'imagine pas que demain matin, pour autant, il y aura
foule devant les portes des services d'éducation des adultes. Pour
certaines, c'est une troisième charge de travail qui s'ajoute; pour
d'autres, c'est la peur de perdre un faible revenu d'assurance-chômage ou
de bien-être social. La gratuité à l'éducation pour
les adultes, c'est faire en sorte d'offrir plus de portes d'entrée. Nous
croyons que l'économie du Québec n'en sortira que mieux. Laisser
une partie de sa population sans formation de base peut aggraver la situation
économique d'un pays. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, madame. Je vais
immédiatement céder la parole au député de Matane,
ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président, d'abord il y a
des éléments absolument exacts dans le mémoire qui nous
est présenté, qui sont indéniables et qui sont voulus
ainsi. Lorsque, par exemple, une institution canadienne d'éducation des
adultes souligne que, alors que l'article 1 confère un droit à
l'éducation jusqu'à la fin du secondaire, l'article 2 vient
limiter, ce droit dans le cas des adultes, Je pense que c'est très clair
et cela a été voulu ainsi. Évidemment, on peut être
en accord ou en désaccord avec ce point. Je pense qu'on pourrait
longuement en débattre et votre position est bien connue. La position
gouvernementale, je pense, est tout aussi connue mais mérite
néanmoins d'être explicitée, en ce début
d'intervention.
L'éducation n'est pas perçue, dans notre jurisprudence,
comme étant un droit individuel mais bien un droit collectif. Un bel
exemple de cette affirmation est dans la charte fédérale
concernant l'éducation en français ou en anglais, dans la langue
de la minorité. On introduit le concept de "là où le
nombre le justifie." En d'autres termes, on reconnaît qu'on ne peut pas,
a priori, décider qu'il existera un droit collectif à
l'éducation à quelque endroit de la planète ou de
l'univers canadien, dans la mesure où on pourrait se retrouver dans des
conditions physiques où le droit ne puisse pas effectivement être
accordé.
Donc, le problème d'un droit c'est qu'il confère, en
contrepartie, une obligation absolue à l'État d'en garantir
l'exercice, quelles que soient les conditions. Aussi, dès que l'on
parle... d'ailleurs la jurisprudence, dans beaucoup de cas où ce
problème a été évoqué, est toujours
semblable, en ce sens qu'on se réfère toujours au droit qui est
conféré dans la loi précisément, car on ne peut pas
parler d'un droit absolu et il faut toujours relier l'objectif que nous avons
d'accessibilité à la capacité que nous avons comme
société d'en garantir l'exercice, quelles que soient les
circonstances.
Quand on parle de droit d'accessibilité pour le adultes qui ont
quitté l'école, il faut un critère de ce que l'on appelle
un adulte qui n'est pas en formation continue. Il y en a un critère dans
la loi qu'on pourrait discuter. On a dit: C'est une personne majeure qui a
cessé de fréquenter l'école pendant un an ou plus depuis
sa majorité. On définit l'adulte comme étant quelqu'un qui
a plus de 18 ans et qui a abandonné l'école pendant au moins une
année. Cela voudrait dire qu'un jeune qui aurait 19 ans et qui serait
toujours à l'école ne serait pas considéré comme un
étudiant à l'éducation des adultes. Donc, quelqu'un qui
est en formation continue n'est pas vu comme un adulte mais quelqu'un qui est
en formation discontinue, quand il a atteint l'âge de la majorité,
il est considéré comme un adulte.
Dans la mesure où le bassin de cette clientèle est
très grand - on dit qu'il y a près de 500 000 adultes qui n'ont
pas terminé leurs études secondaires au Québec -et dans la
mesure où il n'y a pas d'obligation de retourner compléter ces
études, il est difficile de conférer un droit. S'il y avait
obligation d'études jusqu'à 18, 19, 20 ans ou jusqu'à ce
qu'on ait terminé ses études secondaires, à ce moment
là, on pourrait effectivement mettre un droit car, étant
donné qu'il y a obligation, il faut que la société
s'assure que la personne puisse respecter cette obligation qui lui est faite.
Dès qu'on ne met pas d'obligation, on ne peut plus déterminer
combien il y aura de personnes qui vont se présenter à la
commission scolaire pour recevoir l'éducation. Cela veut donc dire qu'il
n'est pas non plus possible, de la même façon, de garantir que
l'on aura les édifices, les immeubles physiques, le personnel, puisqu'on
ne peut pas, une année, implanter une classe pour 50
élèves et, l'année suivante, décider qu'on n'en met
plus que 22. À ce moment-là, on met les enseignants en
disponibilité et, l'année suivante, on en réengage. On ne
peut absolument plus gérer un tel système. C'est pour cela que
l'approche gouvernementale a plutôt consisté à assurer aux
commissions scolaires, comme c'est le cas présentement, que, lorsqu'un
adulte s'inscrit pour terminer ses études secondaires, nos règles
budgétaires, actuellement, le comptabilisent. Il n'a pas le droit, mais,
néanmoins, on le comptabilise dans les clientèles et, en
conséquence, les ressources financières sont accordées
à la commission scolaire à qui il appartient, lorsque le nombre
est suffisant et qu'elle peut donner le service, de donner ce service.
C'est pour cela qu'on fait une distinction entre l'offre de services de
façon concrète par une commission scolaire et le droit. Nous
voulons, comme gouvernement, mettre toutes les ressources possibles à la
disposition des commissions scolaires, mais sans nous engager dans la voie d'un
droit qui, à ce moment-là, devient extrêmement contraignant
puisqu'on n'a pas de garantie, quelles que soient les circonstances que l'on
rencontrera, de pouvoir fournir le service.
On dit bien que, pour les programmes réguliers, les services
éducatifs doivent être gratuits. On veut quand même laisser,
pour des cours qui ne sont pas couverts par les programmes réguliers...
Une commission scolaire pourrait offrir des cours un peu spéciaux en
fonction d'une clientèle particulière. D'ailleurs, vous avez
très bien souligné dans votre mémoire qu'il existe une
spécificité à l'éducation des adultes qui peut
exiger des formes d'enseignement qui ne correspondent pas aux programmes de
base offerts à tous nos jeunes mais qui, néanmoins,
représentent un besoin.
Il faut donc reconnaître qu'il est possible pour une commission
scolaire d'offrir des cours qui ne cadrent pas avec les programmes
réguliers gouvernementaux. Auquel cas, on aurait pu dire: Ils doivent
être gratuits. Mais ceci aurait empêché une commission
scolaire qui n'a peut-être pas les ressources pour offrir certains cours
de les offrir néanmoins à la suite d'une demande
élevée. On sait, par exemple, que des commissions scolaires ont
organisé dans beaucoup de nos municipalités rurales, et j'en ai
profité largement dans le comté de Matane, des cours d'artisanat,
par exemple. Ils ne font pas partie des programmes réguliers mais,
néanmoins, la demande venant d'un grand nombre de femmes qui oeuvrent
dans des organismes comme l'AFEAS, par exemple, ou les cercles de
fermières, la demande étant suffisamment forte, on pouvait
effectivement, avec les budgets dont disposait la commission scolaire et les
frais de scolarité fournis par les personnes en question, donner de tels
cours. Cela s'est révélé extrêmement utile.
Évidemment, si on avait exigé la gratuité, à
ce moment-là la commission scolaire, en toute probabilité,
n'aurait pu les
organiser, et on se serait retrouvé avec moins de services
à la communauté. Alors, dans la mesure où des citoyens
veulent s'offrir des services additionnels et sont prêts à se les
payer, on a de la difficulté à imaginer qu'on mette une clause
dans la loi pour interdire à une commission scolaire d'offrir de tels
services, d'où la rédaction que vous avez soulignée et que
vous présentez comme un inconvénient, mais qui, pour beaucoup de
nos concitoyens, apparaîtrait au contraire comme un avantage dans la
mesure où, autrement, une clause comme celle-là se traduirait
tout simplement par une perte de services qui leur seraient offerts.
Donc, sur le fond de la question, qui est celui du droit à la
gratuité, je ne vous cache pas qu'en dépit du fait qu'on comprend
les motifs de vos demandes - et je pense bien qu'on ne peut pas être
autrement que d'accord avec de telles demandes - dans la mesure où on
vit avec d'autres contraintes, on n'a pas d'autres choix que de devoir dire
non. Mais il y a quand même des points de votre mémoire sur
lesquels il faut que vous nous éclairiez parce qu'il y a moyen
d'améliorer le projet...
Mme Désilets: ...cette première chose.
M. Bérubé: Oui, eh bien, je vais vous poser une
question et vous réagirez en même temps.
Mme Désilets: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, un petit
instant, j'ai une question de règlement ici.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nos invités ont
fait allusion à un mémoire. Est-ce qu'on parlait du
mémoire sur la loi 40 ou s'il y a un nouveau mémoire qui a
été soumis?
M. Bérubé: II y a un mémoire qui nous a
été distribué tantôt.
Mme Lavoie-Roux: On ne l'a pas eu.
Le Président (M. Charbonneau): Le problème c'est
que...
Mme Lavoie-Roux: Ah! Mme Dougherty ne l'a pas eu non plus.
Le Président (M. Charbonneau): Les membres de la
commission l'ont eu, mais ils ont fait comme moi, ils l'ont laissé
à leur bureau. On peut vous en distribuer d'autres copies. Mais comme,
Mme la députée de L'Acadie, vous n'êtes pas membre
régulière de la commission, voilà pourquoi vous ne l'avez
pas eu.
M. Bérubé: Je suis convaincu qu'il n'y avait pas
là d'intention malicieuse de la part de la présidence,
particulièrement vis-à-vis de Mme la députée de
L'Acadie.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Bérubé: Donc, dans le mémoire que nous
adresse l'Institut canadien d'éducation des adultes, il y a tout un
point qui a trait au mode de représentation des adultes. Vous posez le
problème de l'insuffisance de représentation des adultes au
niveau du conseil d'école ou, encore, au niveau des organismes
étudiants. Quel type de solution auriez-vous envisagé? Par
exemple, à l'heure actuelle, on ne peut pas imaginer deux conseils
d'école; on a un problème de majorité parentale à
respecter. Alors, se pose le problème bien simple: Comment
intégrer les étudiants adultes à l'intérieur de ce
conseil d'école? Doit-on le faire à l'intérieur de la
représentation étudiante au niveau secondaire? Que fait-on dans
le cas d'écoles où il n'y a que des adultes? Nous avons de plus
en plus d'écoles orientées spécifiquement à
l'intention des adultes. Quelles sont vos propositions à cet
égard? (12 h 15)
Mme Désilets: Peut-être, avant d'arriver... Je pense
que Ginette pourrait répondre à cette question, mais j'aimerais
réagir sur la première partie pour aussi donner notre version sur
ça.
Quand M. le ministre nous parle de droit, d'obligation et tout
ça, nous, on fait aussi une différence entre le droit et
l'absence. Moi, j'étais convaincue en partant d'ici aujourd'hui que je
ne sortirais pas avec la certitude que, demain matin, je verrais dans un projet
de loi le droit.
Mais entre le droit et la possibilité d'accès, il y a une
différence. La crainte que nous avons, dans le projet de loi que vous
présentez, c'est qu'il n'y a aucune garantie; il n'y a aucune exigence
pour que les commissions scolaires offrent des services aux adultes sur tout le
territoire du Québec. Cela veut dire que des étudiants adultes
qui voudraient s'inscrire au niveau de la formation de base ou en
alphabétisation ou dans d'autres types de programmes, si la commission
scolaire décide qu'elle ne donne pas ces services, ils n'y auront pas
accès. Il faudrait au moins être capable d'avoir
l'accessibilité pour tous les adultes à des services
d'éducation des adultes. On n'a pas cette garantie dans ce projet de
loi.
Autre chose. Je trouve que l'exemple pris au niveau de
l'éducation populaire, soit les cours d'artisanat, est boiteux, parce
que c'est effectivement, pour les services d'éducation des adultes, une
difficulté. Souvent les sommes reçues des gouvernements nous
faisaient offrir des cours
en éducation populaire et, des fois, mettre de côté
la formation du citoyen, la formation des groupes ou la formation
d'alphabétisation, la formation de base.
Quand nous parlons, dans notre mémoire, d'accessibilité
gratuite aux adultes à l'éducation, c'est pour l'obtention de la
formation de base au secondaire V. C'est certain, je suis d'accord que les
cours d'artisanat qui sont donnés dans les régions peuvent
être pris en charge par des organismes des milieux comme l'AFEAS ou comme
la municipalité. Mais on parle ici d'accessibilité à la
formation. Au moins, qu'on y retrouve là une gratuité pour
l'éducation des adultes. C'est dans ce sens qu'on présente le
mémoire.
Peut-être que Ginette pourrait...
M. Bérubé: Elle est gratuite celle-là, dans
la loi.
Mme Thériault (Ginette): Les questions qu'on posait
là-dessus... Je pense qu'effectivement, à notre tour on pourrait
poser des questions. Nous, on s'est demandé si la gratuité, tel
qu'on connaît la loi, ne valait que pour les étudiants inscrits
à temps plein. Cela veut aussi dire la gratuité pour les
étudiants inscrits à temps partiel dans les programmes de
formation de base?
M. Bérubé: Article 4.
Mme Thériault: L'article 4, c'est ce qu'il veut dire.
L'autre problème que nous posait cet article... Là-dessus, on ne
se trompe pas, selon notre interprétation. On ne pensait pas se tromper
sur l'autre. C'était plus un niveau de questions qu'on avait. C'est que,
la voie d'entrée pour les adultes à une formation de base n'est
pas nécessairement toujours les programmes ou les cours visant
l'obtention d'un DES. Les voies d'entrée à la formation de base
pour les adultes sont multiples. Pour certains, c'est l'alphabétisation.
Pour d'autres, ce sont les programmes "transition-travail", première
phase, dans lesquels ils vont réfléchir sur ce qu'ils ont, sur
leur compétence, sur ce qui leur manque pour arriver à faire ce
qu'ils veulent, à réaliser leurs projets.
Dans un deuxième temps, ils vont évaluer vers quel emploi
ils se dirigent et aussi vers quel type de formation; cela va les amener
à évaluer de quel type de formation ils ont besoin pour
réaliser leur compétence. C'est très important; s'il y a
quelque chose de spécifique dans la condition d'un adulte, c'est de
pouvoir rentrer à l'école par des portes multiples. Cela, c'est
le respecter. Et aussi, pour être capable de lui donner, après ses
expériences à l'école qui, elles, doivent être
diversifiées, un DES ou l'équivalent d'un DES. C'est cela
aussi.
Je pense qu'on a tendance à réduire l'obtention d'un DES
à - comment je dirais ça - un cheminement trop linéaire et
qui ressemble trop à celui qu'on impose aux jeunes, alors que
peut-être l'obtention d'un DES pourrait se faire pour un adulte à
la suite d'un ensemble de cours qu'il aurait suivis: "transition-travail",
formation professionnelle, mécanique, un ensemble de cours qui sont
donnés actuellement à travers les programmes spéciaux.
C'est important qu'il puisse avoir accès à ces cours, et
ce, de façon gratuite. Au terme, on évaluera ce que cela lui
donne en matière de certificat si effectivement, à la suite de ce
cheminement, il y a l'équivalent d'un DES. Ça c'est une
première chose. Donc, le premier problème, c'est de
réduire, de trop réduire les voies d'entrée des adultes et
de rendre trop linéaire le cheminement quant à l'obtention d'un
DES.
Ensuite, je voudrais répondre à la question sur les
mécanismes de participation, de représentation des
étudiants. Dans le cas où l'école est mixte, comprend des
étudiants jeunes et des étudiants adultes, nous, on n'a pas
réfléchi sur la mécanique. Il me semble que cela ne nous
appartient pas nécessairement non plus. Ce qui nous semble clair, c'est
que de la même façon que les étudiants jeunes sont
représentés, et cela le projet de loi l'assure, les
étudiants adultes doivent l'être avec un nombre équivalent
d'étudiants à ce qu'on accorde aux jeunes, minimalement deux.
Deuxièmement, il faut aussi, pour que cette représentation
soit efficace, qu'on soutienne, par des mesures à inventorier, le
développement d'organisations d'étudiants adultes à
l'intérieur des écoles.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va pour
maintenant?
M. Bérubé: Écoutez! Je pense qu'on est sur
la même longueur d'ondes, en termes de compréhension du projet de
loi. Il est clair que, lorsque vous parlez de programmes de transition au
travail ou de programmes d'alphabétisation, ce ne sont pas des
programmes d'enseignement de base du ministère de l'Éducation. En
conséquence, ils pourraient ne pas être gratuits.
Indéniablement, à la commission scolaire, à l'heure
actuelle, ils sont gratuits mais ils sont offerts dans la mesure où la
commission scolaire a des ressources.
En effet, dans le cadre de la politique d'éducation des adultes,
nous avons injecté des sommes additionnelles au niveau de
l'alphabétisation, au niveau des programmes de transition au travail.
Mais, reconnaissons que ce sont des enveloppes fermées et qu'une fois
dépensées, la commission scolaire n'a pas d'autres moyens pour
offrir de tels services que de puiser à même ses
disponibilités additionnelles si elle en a, à
même ses taxes si elle peut taxer et à même les
revenus qu'elle peut retirer de frais de scolarité qu'elle pourrait
obtenir. Dans le cas des divers types d'enseignement auxquels vous faites
référence et qui ne sont pas des enseignements incorporés
dans les programmes d'études gouvernementaux, il est clair qu'il n'y a
pas de gratuité incluse dans la loi.
L'article 4 vous dit que vous avez droit non seulement aux services
d'enseignement mais à tous les services éducatifs
complémentaires que la commission scolaire offre dans le cadre de la
présente loi. Donc, c'est plus que l'enseignement, c'est l'ensemble des
programmes. C'est ouvert aux adultes, c'est gratuit. Ce qui n'est pas gratuit,
ce sont tous les autres types d'enseignements qui ne font pas partie des
programmes réguliers et qu'une commission scolaire peut offrir. Elle
peut l'offrir de son propre gré ou de sa propre décision, ou
encore, elle peut l'offrir parce que le gouvernement a mis en place des
programmes où on la finance pour offrir de tels programmes; elle peut
l'offrir parce qu'elle a les ressources provenant de différentes
sources. Mais, il n'y a pas obligation.
Là où j'ai un peu de difficultés, vous me dites: On
ne se fait pas d'illusions sur l'obtention d'un droit absolu. Mais vous
voudriez une espèce de droit intermédiaire que j'ai de la
difficulté à qualifier. Vous n'avez pas réfléchi au
type d'amendement que vous avez à l'esprit pour définir ce type
de service-là. Il est difficile de dire qu'une commission scolaire doit
offrir des services d'éducation des adultes et, après cela, de
dire que les adultes n'ont pas de droits. Si elle est obligée de
l'offrir, on vient dans le fond de créer un droit à
l'étudiant. Qu'est-ce que la commission scolaire est obligée
d'offrir? Il faudrait définir un minimum et c'est difficile de
décider exactement ce que représente ce minimum-là. Est-ce
que c'est à un nombre d'adultes minimum auquel elle doit enseigner?
C'est pour cela que j'aimerais voir ce que vous, vous avez à l'esprit
quand vous dites: On devrait parler d'accessibilité minimale
prévue dans une loi. Et quand on prévoit dans une loi, c'est
parce qu'on introduit des droits. J'aimerais savoir la nature des droits que
vous avez à l'esprit. Je pense que cela répond à votre
point.
Concernant les écoles entièrement vouées aux
adultes, reconnaissons que la commission scolaire peut implanter de telles
écoles et, là, inventer un mode de participation pour les jeunes
adultes qui soit propre à cette école. Cela est tout à
fait possible. Là où c'est plus compliqué, c'est quand on
parle finalement d'une polyvalente qui offre des cours à
l'éducation des adultes le soir; comment intègre-t-on ces adultes
à l'intérieur du conseil d'école? Là, c'est
beaucoup plus compliqué puisque, dans le fond, on pourrait imaginer au
prorata des étudiants inscrits au niveau du deuxième cycle
secondaire et au niveau de l'éducation des adultes en équivalent
temps complet, imaginer à ce moment une formule de partage au niveau du
conseil étudiant ou, encore, au niveau du conseil d'école. On
pourrait imaginer une formule; elle est difficile à imaginer, cependant.
Si vous aviez des idées, je l'apprécierais.
Mme Désilets: Avant de passer la parole à Ginette,
je veux réagir. Quand il est question de droit, comme je l'ai dit
tantôt en disant qu'on ne s'illusionnait pas, c'était surtout dans
le sens que vous-même vous l'avez défini en disant: Si on
crée un droit, il y a une obligation. Vous nous avez donné
l'exemple, entre autres, de l'éducation populaire. Un groupe d'adultes
veut avoir un cours de macramé, il faudrait donner le cours de
macramé; a-t-on les ressources ou pas? C'est dans le sens d'une
éducation complète, comme celle aux adultes, pour chaque besoin
de formation d'adulte, que ce soit culturel, professionnel ou de base, à
mon avis; et on ne pense pas aujourd'hui avoir assez de temps pour vous
convaincre de cela.
On espère avoir assez de temps, par contre, pour vous convaincre
d'une autre chose. Peut-être que c'est une interprétation fausse
qu'on fait de la loi et on est ici ainsi pour essayer de la comprendre. Mais je
ne suis pas sûre que, lorsqu'on pense que, par la loi, le fait que vous
n'obligiez pas les commissions scolaires à mettre sur pied des services
aux adultes dans tous les coins du Québec... Nous, on se dit: C'est une
perte. Il y a des étudiants adultes qui ne pourront pas avoir
accès à des cours d'alphabétisation dans les
régions éloignées probablement parce que ce sont des
régions les plus pauvres et qui ne pourront peut-être pas se
donner ces services, qui n'auront pas accès à des cours de
formation préparatoire à l'emploi ou accès à des
cours de transition au travail, si on n'exige pas que toutes les commissions
scolaires regroupées ou individuellement se donnent des services
d'éducation des adultes. C'est peut-être une fausse
interprétation, mais pour nous cela ne paraît pas explicite dans
le projet de loi. C'est dans ce sens que, quand on parle
d'accessibilité, c'est dans le fait qu'on retrouve dans ce projet de loi
la visibilité de l'éducation aux adultes, qu'on la reconnaisse
quelque part.
Mme Thériault: Là où les commissions
scolaires décident de dispenser les services.
M. Bérubé: Dans votre esprit, ce serait
l'obligation d'avoir, par exemple, un responsable à l'éducation
des adultes dans chaque commission scolaire.
Mme Désilets: Non. C'est l'obligation d'offrir, de
dispenser des services aux adultes. Le responsable pour nous ne garantit pas
qu'il va y avoir des services. Le responsable garantit que, s'il y a des
services, il va y avoir un responsable. On n'a pas là la structure qu'on
reconnaît actuellement à l'éducation des adultes.
M. Bérubé: Vous voyez la contradiction, quand
même, dans laquelle on nage en ce moment: Si on dit qu'il y a obligation
d'implanter des services, de quelle nature?
Mme Désilets: Allez-y, Ginette.
Mme Thériault: Je pense qu'on peut longtemps
théoriser et faire des polémiques sur le droit. Au niveau d'une
loi, c'est clair, quand on parle d'un droit qu'il s'agit d'un droit absolu,
d'accord? Mais la façon de régir un droit, sur cela il n'y a rien
de dit, même si on reconnaissait aux adultes dans la loi le droit d'avoir
accès aux services éducatifs, il nous resterait la
possibilité de le régir, ce droit. Cela voudrait dire
concrètement que, dans chaque région, on aurait à
décider à partir d'un inventaire des besoins ce que sont les
services qu'on doit offrir aux adultes. Et, sur l'inventaire,
l'évaluation des besoins, les adultes devraient participer à cet
inventaire. Mais, un droit qui ne contraint pas les commissions scolaires n'est
pas un droit. À ce moment, c'est de la foutaise, le premier
alinéa de l'article 1. Il ne faut pas parler de droit s'il n'est pas
accompagné d'une obligation pour les commissions scolaires de dispenser
des services aux adultes. Quels services? Il va falloir trouver des
mécanismes dans chacune des régions pour évaluer les
besoins de cette région-là à ce moment-là. C'est la
façon de gérer un droit... (12 h 30)
M. Bérubé: C'est un droit absolu; on ne
l'évalue pas, n'est-ce pas?
Mme Thériault: II est absolu dans le sens suivant:
L'adulte qui vient cogner à la porte de l'école - et c'est ce que
veut dire un droit - pour une formation de base, pour obtenir le DES ou son
équivalent, doit nécessairement avoir une réponse
positive.
M. Bérubé: Ah, bien là, c'est un droit.
Mme Thériault: C'est un droit, mais la façon
d'arriver à ce DES, pour certains adultes ce seront les programmes
régis par le régime pédagogique. Pour d'autres, cela va
vouloir dire passer par des cours d'appoint que l'on va devoir leur fournir.
D'accord? Ces cours-là peuvent varier d'une région à
l'autre, selon les caractéristiques de la clientèle, en fonction
de la scolarité, des habiletés acquises. Au niveau de leur
expérience, il y a tout le processus de reconnaissance des acquis qu'il
va falloir faire entrer en ligne de compte, donc, l'application de ce
droit-là.
M. Bérubé: Oui, je comprends. En fait, ce que vous
demandez, c'est un droit...
Mme Thériault: Oui, c'est un droit.
M. Bérubé: ...à l'éducation des
adultes et non pas ce qu'on a appelé tantôt une
accessibilité minimale ou une accessibilité... C'est vraiment un
droit à l'éducation des adultes.
Mme Thériault: C'est un droit.
M. Bérubé: Cela revient à ce
moment-là à mon intervention du début.
Le Président (M. Charbonneau): Et cela...
Mme Thériault: Une dernière affaire
là-dessus; M. Bérubé dit que, bien sûr, il y a des
contraintes économiques, que le droit à l'éducation est
collectif. Le droit à l'éducation pour les jeunes, il y a une
obligation d'y répondre, de faire entrer les jeunes; non, il n'est pas
collectif, il est aussi individuel. C'est vrai qu'il y a des contraintes
économiques mais, à un moment donné, il faut faire un
choix; on sera toujours devant des contraintes économiques. C'est
très clair. Il s'agit d'évaluer si c'est pertinent, compte tenu
de notre situation économique, d'investir à ce niveau-là
à ce moment-ci. On pense que oui.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce, je vais maintenant
céder la parole au vice-président de la commission, le
député d'Argenteuil, en indiquant que le coté
ministériel a épuisé son droit de parole.
M. Ryan: Merci. J'ai pris connaissance avec intérêt
des points de vue exprimés dans le mémoire de l'Institut canadien
d'éducation des adultes. J'ai également noté que
l'Institut canadien d'éducation des adultes se porte solidaire des
recommandations qui ont été formulées par la table des
responsables des services d'éducation des adultes et des commissions
scolaires du Québec, également, j'imagine, par le regroupement
des organismes volontaires de l'éducation populaire dont il n'est
malheureusement pas question dans votre mémoire mais qui constitue
aussi, à mon sens, un volet très important de l'éducation
des adultes comprise dans un sens le moindrement généreux.
Au début de votre mémoire, vous dites une chose qui m'a
beaucoup frappé, peut-être parce qu'elle confirmait des choses que
nous avons déjà dites de ce côté-ci de la table
et
surtout parce qu'elle m'apparaît vraie. À la fin de la page
2, vous dites ceci: "Nous tenons d'autant plus à faire connaître
notre analyse du projet de loi que nous ne pouvons compter sur une
éventuelle politique pour combler les trous. La politique, nous la
connaissons. Nous connaissons surtout la pauvreté des moyens qui
viennent soutenir le discours." Je pense que le projet de loi que nous avons
devant nous est un projet de loi qui ne comporte pas de politique
d'éducation des adultes. L'autre jour nous avons eu le plaisir
d'interroger le sous-ministre de l'Éducation pour le réseau
primaire et secondaire, M. André Rousseau, et je lui faisais part
personnellement de l'étonnement que j'avais éprouvé en
lisant les articles 21 à 26 du projet de loi qui donnent la
définition des services éducatifs, étonnement que j'avais
éprouvé en constatant qu'il n'y avait absolument rien de
prévu pour les adultes. M. Rousseau, avec sa franchise bien connue, m'a
répondu d'une manière un peu candide que cela a été
fait surtout pour les jeunes, à peu près exclusivement pour les
jeunes. Je pense que c'est une caractéristique du projet de loi qu'on
doit noter. Je pense que cette constatation démontre la
nécessité d'envisager dans les meilleurs délais une
loi-cadre pour l'éducation des adultes. Le gouvernement a
déjà conclu, il y a maintenant près d'un an, qu'il n'avait
pas besoin d'une loi-cadre. Il nous a acheminés vers tout un
enchevêtrement de redistribution de pouvoirs entre le ministère de
l'Éducation et le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Nous sommes dans une situation où nous
ne savons pas à quoi nous en tenir au sujet de l'orientation et de
l'avenir de l'éducation des adultes, et je pense que ce projet de loi
apporte très peu d'éléments qui soient de nature à
donner un peu de sécurité à ceux qui se consacrent
à ce secteur d'activités, et surtout au milieu d'adultes qui ont
besoin de services d'éducation pour compléter et garder à
jour la formation qu'ils ont pu recevoir, surtout aux deux niveaux qui sont
concernés par le présent projet de loi.
J'ai noté les articles que vous avez signalés, je vais les
énumérer pour qu'on ne les perde pas de vue, ainsi que ceux qui
ont été mentionnés par la table des responsables des
services d'éducation des adultes. Il y a les articles 1, 2 et 4. Dans
votre mémoire, à la fin, il y avait une petite erreur, vous
parlez de la recommandation 7, je pense qu'on est d'accord pour trouver que
c'est une erreur de frappe. Il y a les articles 1, 2, 4, 21 à 26, 37 -
ça n'a pas été mentionné par vous, mais c'est
mentionné dans le mémoire de la table des responsables des
services d'éducation des adultes des commissions scolaires - 52 et 53,
57, 245, 261, 264, 275, 297, 298 et 303. Cela fait environ 25 articles qui sont
évoqués dans l'un ou l'autre de vos mémoires et qui
résument, en somme, ce que le gouvernement a trouvé à dire
en matière d'éducation des adultes dans le projet de loi 3.
Les critiques formulées se résument ainsi, à mon
sens. Il y en a qui portent sur l'accessibilité et la gratuité,
je les ai inscrites, c'est aux articles 1, 2, 4, 264, 275 et 298. Je pense que,
en gros, le ministre a bien résumé la politique du gouvernement
tantôt. Si je l'ai bien compris, il a dit que le gouvernement
était prêt à faire un pas important résumé
à l'article 4 en ce qui concerne la fourniture gratuite de services de
scolarisation proprement dite aux niveaux primaire et secondaire. Il donne le
droit à la gratuité, mais il ne donne pas la garantie que les
services seront disponibles, si j'ai bien compris.
Il faudrait que le ministre réexamine son projet parce qu'on ne
peut pas proclamer un droit comme celui qui est à l'article 4 si on
n'est pas en mesure de garantir que les services vont être offerts.
Autrement, on sera en présence d'une immense fumisterie
législative. Je pense que le ministre va convenir de ça. De toute
manière, il n'a pas le droit de parole, on lui laissera le temps de
répondre en d'autres occasions. On va essayer de le bombarder le plus
directement possible, ce matin, comme il aime le faire à notre
endroit.
M. Bérubé: ...des gens. On aurait eu un
dialogue.
M. Ryan: Je crois comprendre dans votre intention... C'est
malheureux que le président nous ait suggéré des
contraintes de temps. Si vous aviez accepté qu'on passe deux jours
là-dessus, on n'avait pas d'objection. Cela partait de tellement loin,
M. le député de Fabre, il fallait tellement vous ramener à
terre que ça a pris quelques mois et vous en êtes les seuls
responsables. Nous, nous avons été constructifs tout le temps et
nous continuons de l'être.
Si je comprends bien, plus loin, je pense qu'un article clé,
c'est l'article 275, dans la même veine. On dit: La commission scolaire
détermine les services éducatifs qui sont dispensés par
chaque école. Cela n'a pas de sens. Un peu plus loin, à l'article
303 -je pense que le ministre a fait allusion à ça tantôt -
on dit: Elle désigne un responsable de l'éducation des adultes.
Elle nomme un responsable des services à l'éducation des adultes.
Comme le projet de loi est formulé, il peut arriver qu'on ait une
personne qui soit sur une niche à la commission scolaire, elle sera
responsable de l'éducation des adultes, mais si messieurs et mesdames
les commissaires ne sont pas convaincus qu'il faut une politique de ce
côté-là, elle sera assise là tranquillement, elle
aura son titre,
classée tel degré, d'après les normes que vous
établirez en vertu d'un autre article du projet de loi, et il pourra
arriver qu'elle n'ait pas grand-chose à faire.
Ce qu'on veut ici, c'est qu'il y ait des services qui correspondent
à ça. Si on est pour avoir un responsable, qu'on ait des
programmes garantis et des services établis! Je crois que ce sera
indispensable. D'ailleurs, on vous l'avait dit pour les enfants
handicapés, M. le ministre, il faut absolument qu'il y ait une
responsabilité ministérielle, gouvernementale, là-dedans.
Si c'était écrit, par exemple, que la commission scolaire
détermine les services éducatifs qui seront offerts aux adultes
en conformité avec la politique définie par le ministère
là-dessus... Il y a un minimum qui doit être offert à tout
le monde. Il faudra que ce soit dit quelque part, et ce n'est pas dit.
Je ne sais pas comment vous allez vous arranger mais c'est une des
carences que je constate au point de vue de l'accessibilité, encore une
fois. Vous avez parlé de l'article 264 aussi. C'est évident, ce
que dit Mme Thériault est très important, il va arriver... Je
connais des cas où les personnes commencent par des cours d'artisanat,
des cours d'alimentation, de diététique ou d'hygiène et
elles s'aperçoivent que c'est intéressant d'aller à
l'école et après cela, elles vont s'inscrire pour des cours
réguliers en se disant: Je ne pensais jamais être capable d'avoir
un diplôme d'études secondaires, j'ai mis mon nez là-dedans
et je m'aperçois que je ne suis pas plus bête que les autres et
cela marche. Si on met des barrières trop grandes à
l'entrée, je ne vois pas pourquoi on a ces barrières.
Je vous ai déjà fait une demande que je voudrais
réitérer ce matin, dans l'espoir d'y obtenir une réponse
dans les 24 heures. J'ai déjà demandé, lors de
l'étude des crédits: Est-ce que vous pourriez nous dire combien
vous retirez d'argent de tout le réseau, à partir des frais
d'inscription que vous chargez aux adultes? Vous avez tous les budgets des
commissions scolaires détaillés, vous autres, au coton, vous
donnez des directives sur la manière que cela doit être fait. Si
on pouvait savoir la somme qu'on retire.
Supposez qu'on arriverait et qu'on dirait: On retire 10 000 000 $
à travers le Québec pour tout ce qui se fait en éducation
et en frais d'inscription. Est-ce que cela vaut la peine de maintenir toutes
ces contraintes? Est-ce que cela ne vaudrait pas la peine de les assouplir
beaucoup pour augmenter l'accessibilité réelle qui est mise
à la disposition des adultes? Je le penserais. Si on me dit: C'est 75
000 000 $, on n'a pas l'argent, pas plus qu'on ne l'a pour les enfants du 31
décembre, c'est la responsabilité du gouvernement, on verra.
Chaque parti fait ses propositions aux électeurs en temps utile. C'est
une question de décision proprement politique. J'aimerais beaucoup avoir
une idée de l'ordre de grandeur que représentent ces revenus que
vous percevez ou que vous obligez les commissions scolaires à percevoir
à même les frais d'inscription payés par les adultes qui
s'inscrivent aux cours, soit d'éducation populaire, soit de
scolarisation proprement dite ou de formation professionnelle dans les
commissions scolaires. C'est un premier point. Si on pouvait avoir ces
données...
Notre tendance est vers l'accessibilité véritable, la
gratuité des services de l'éducation des adultes. Nous l'avons
dit à maintes reprises et je suis heureux de le répéter ce
matin. Si on pouvait nous apporter ces données que j'ai
déjà demandées il y a plusieurs mois, je pense que ce
serait fort utile.
Il y a un deuxième point qui fait l'objet d'insistance de la part
des mouvements et services de l'éducation des adultes, c'est la
spécificité de l'éducation des adultes. Ce n'est pas tout
de dire: Tu pourras venir à l'école avec le jeunes et tout. Il
faut leur donner des garanties élémentaires que les besoins
propres, le potentiel propre des adultes également, seront reconnus dans
nos lois et dans nos services administratifs et pédagogiques. Nous n'en
avons aucune. La seule reconnaissance que j'ai trouvée dans la loi - et
je l'ai scrutée, tous ces articles je les ai étudiés l'un
après l'autre - on la retrouve à l'article 303: On va vous donner
un gars, sur une niche, en haut, comme on va faire dans d'autres secteurs. Ce
n'est pas la garantie qu'on est en droit de demander. Le gouvernement s'est
payé le luxe de pages entières pour nous dire qu'il croyait
à la spécificité de l'éducation des adultes. Il y a
eu le document de politiques publié en février dernier. Est-ce
que c'est "words, words, words" ou si cela va être "action"? "Deeds,
deeds, we want deeds, not words!"
On attend. Dans le projet de loi, il y en a peut-être ailleurs, je
ne prétends pas qu'il ne se fait rien et que le ministère est
indifférent. Non! Je dis que nous avons la tâche d'examiner le
projet de loi et nous y cherchons des réponses à des questions
légitimes et les réponses ne sont point là ou elles y sont
de manière tellement embryonnaire que nous ne pouvons pas être
satisfaits.
Maintenant, j'ai une couple de questions, si vous me le permettez. Le
dernier point sur la participation, évidemment. Il est assez incongru,
à mon avis, que, lorsqu'on parle, par exemple, de former un conseil
d'école, on n'ait même pas eu une pensée pour les
étudiants adultes. C'est absolument farfelu et cela témoigne que,
quand vous êtes venus rencontrer la commission l'hiver dernier, vous
n'avez pas
été compris et nous avions raison d'insister pour que vous
reveniez. C'est pour cela que nous avons insisté. Il y avait des points
de fond qui n'avaient, de toute évidence, pas été saisis
par le gouvernement et les rédacteurs du projet de loi, et nous voulions
qu'ils soient réaffirmés clairement. (12 h 45)
À l'article 57, vous dites: Nous voudrions que les
étudiants adultes soient représentés au conseil
d'école; j'espère qu'il y aura moyen de trouver des amendements
qui permettront de donner suite à ce désir. Je pense que vous
parlez de la nécessité de comités consultatifs des adultes
aussi au niveau de la commission scolaire. Le projet de loi en prévoit
la possibilité. Il ne rend pas cela obligatoire. J'ai des doutes. J'ai
des doutes parce que nous trouvons qu'il y a beaucoup de comités
obligatoires. Il va falloir qu'on crée un département
spécial à la faculté d'éducation permanente
à l'Université de Montréal et dans les autres
départements d'andragogie qu'on peut avoir pour montrer aux commissions
scolaires comment faire marcher des comités consultatifs, parce qu'elles
risquent de s'enfarger dans la pléthore de comités qu'il va y
avoir. Autant nous sommes sympathiques à l'idée, autant
j'hésiterais à créer des contraintes trop fortes de ce
côté-là. J'ai l'impression qu'il y en a déjà
peut-être un petit peu trop.
Cela étant dit, je voudrais vous demander quelques
éléments d'éclaircissement qui pourraient être
utiles à la commission. Au chapitre portant... D'abord 1 à 13,
surtout 1, 2 et 4. Seriez-vous en mesure de soumettre à la commission,
dans les meilleurs délais, des projets d'amendement? Le ministre a dit
tantôt: Nous sommes au stade où nous devons parler de "brass
tacks", de choses concrètes. Alors, si vous avez des projets
d'amendement à nous soumettre, du côté de l'Opposition,
nous les examinerons avec soin. Je vous préviens que nous ne sommes
point à court. Nous avons déjà nos propres projets. S'il y
avait moyen de les harmoniser avec les vôtres ou si les vôtres
étaient meilleurs que les nôtres, nous sommes capables d'une
certaine humilité d'esprit dans ce cas-là pour
l'amélioration du bien général. Alors, c'est pour les
premiers points; par conséquent, je n'ai pas d'autres questions. Sur 21
à 26, là où il est question de la définition des
services éducatifs, est-ce que vous avez des suggestions à faire
pour bonifier le projet de loi? Est-ce que vous en avez ce matin? Est-ce que
vous en auriez à communiquer incessamment?
Mme Thériault: On n'en a pas. Pour l'article 24, en tout
cas en ce qui touche les services complémentaires, on pense qu'ils
devraient être garantis. Il n'y a pas de libellé précis et
technique dans ce sens-là.
Je ne sais pas si c'est ce que vous demandez. Là-dessus on n'a
rien. L'idée qu'on veut faire passer sur les services
complémentaires, c'est que les services supports à
l'activité d'enseignement des adultes doivent être particuliers et
s'adresser à eux. Là-dessus, on pense à deux services
particuliers, au service d'accueil et de référence, cela devrait
être parmi les services essentiels pour soutenir l'activité
d'enseignement, et aussi au service de suivi pédagogique.
Mme Désilets: Peut-être, juste pour compléter
là-dessus. Il y a des pratiques qui se sont faites en éducation
des adultes qu'on craint de ne pas retrouver si on associe directement l'adulte
à la formation régulière. D'ailleurs déjà,
au niveau universitaire, on se pose la question pour savoir si c'est bon la
cohabitation de l'étudiant adulte et de l'étudiant jeune. Il a 20
ans et l'adulte en a 30. On se demande jusqu'à quel point, à
cause des expériences de vie de l'adulte, l'enseignement qui est
là est conforme à ce qu'il pourrait avoir comme enseignement.
Encore plus lorsqu'il est question du secondaire. Vous allez retrouver une
adulte, une femme de 35 ans ou un homme de 30 ans avec un jeune de 14 ans.
C'est certain que, pour nous, si on se retrouve dans cette situation, on a
perdu énormément au niveau de l'éducation des adultes
parce que toutes les approches pédagogiques, toutes les
expériences qui ont été faites sont importantes. Quand on
parle de services directement rattachés à l'adulte, il y a ce
suivi pédagogique qui était rattaché aux
expériences. On parle aussi de formation sur mesure. Tout au cours de sa
formation, l'adulte est partie prenante des besoins et des orientations de sa
formation. Est-ce qu'on a appliqué cela au système
régulier? Je n'en suis pas certaine. Dans ce sens-là, on craint
qu'il soit perdu dans un corridor qui ne lui appartient pas.
Je voudrais juste ajouter quelque chose à ce que vous avez
apporté tantôt aussi. Vous avez demandé les coûts,
d'avoir, en fait, ce que cela peut donner comme budget au bout du compte ce que
l'étudiant adulte paie. La réaction que j'avais à ce
moment-là: si on accolait à cela en plus les taxes scolaires
qu'il paie, cela coûte cher à l'adulte pour arriver un jour
à être reconnu comme étudiant adulte. J'ai l'impression que
cela devient important pour lui de pouvoir avoir accès à la
formation sans toujours être obligé de payer. Si on regarde au
niveau de la représentation aussi qui est un point que vous avez
soulevé, au niveau de la représentation, je pense que ce qui
devient important, c'est qu'il y ait un lieu pour l'étudiant adulte pour
faire connaître ce qu'il pense de la formation qu'on lui donne, des
besoins de formation qu'on a décidés
pour lui et de la façon qu'on veut donner cette formation. Il
faut qu'il y ait un lieu, que ce soit par le comité d'école, que
ce soit par le comité dont a parlé tantôt, obligatoire,
mais qu'il ait un lieu où il puisse se faire entendre et, par la
"non-clarté" du projet de loi, il risque à un moment donné
de ne plus avoir de place, ou de ne plus avoir une obligation qui soit connue
dans ce projet de loi au niveau de la participation.
M. Ryan: Cela va. Il y a une couple d'autres points que je
voudrais aborder parce qu'ils n'ont pas été touchés dans
votre mémoire; ils ont été touchés par la table des
responsables des services de l'éducation des adultes.
À l'article 37 il est écrit que toute personne
exerçant la fonction d'enseignant doit être titulaire d'un permis
d'enseigner sauf l'enseignant à la leçon, le suppléant
occasionnel et la personne qui dispense un enseignement qui ne conduit pas
è l'obtention d'un diplôme décerné par le ministre.
La table des responsables des services de l'éducation des adultes des
commissions scolaires voudrait qu'on fasse une exception également pour
les enseignants aux adultes. Est-ce que vous êtes d'accord sur cela, vous
autres?
Mme Désilets: En ce qui me concerne, je trouve que,
concernant la question des enseignants aux adultes, on retrouve exactement pour
les enseignants aux adultes le même problème de la
spécificité qu'on retrouve pour l'étudiant adulte.
L'enseignant aux adultes vit les mêmes difficultés.
Présentement, on travaille à un projet de recherche à
l'institut qui est celui de la reconnaissance des acquis, on retrouve encore la
le même modèle pour l'enseignant aux adultes que pour
l'étudiant adulte. Je pense qu'effectivement ce serait important qu'on
puisse avoir l'assurance que l'enseignant aux adultes... Cela fait dix ans,
quinze ans qu'il est en éducation des adultes et du jour au lendemain il
peut être déplacé parce qu'il n'a pas été
reconnu, il a toujours été à la leçon, il a
toujours été réengagé en septembre pour terminer
son contrat en juin. Pour moi, ce serait important qu'on puisse le
reconnaître.
M. Ryan: Je crois que ce qui est prévu dans l'article,
c'est que certaines catégories de personnes qui participent à
l'oeuvre de l'enseignement seraient exemptées de l'obligation d'avoir un
permis du ministre. On veut que cela s'applique, et les enseignants aux adultes
ne sont pas prévus dans cela. Il y en a beaucoup qui viennent en raison
de leur spécialité ou de leur expérience ou de leur
compétence propre dans un domaine ou dans l'autre. On ne voudrait pas
qu'ils soient obligés de passer par ce canal. Je crois comprendre que
vous seriez d'accord à ce...
Mme Thériault: On ne s'est pas posé la question de
façon aussi précise. Je pense qu'il y a des écueils
à éviter par ailleurs. Il ne faut tout de même pas croire
que les formateurs d'adultes ne doivent pas passer à travers une
certaine formation, ce n'est pas donné, il n'y a pas de science infuse
dans cela. Je pense qu'il y a des activités de formation ou de
reconnaissance d'acquis qui doivent être faites. Je ne crois pas qu'on
doive accepter comme cela à partir de rien un enseignant, ou le
reconnaître comme enseignant sans qu'il puisse prouver sa
compétence. De savoir si cela doit passer par le permis d'enseignement,
par des activités de formation particulière, cela est autre
chose. Je pense qu'on n'a pas de position plus précise sur cette
question.
M. Ryan: C'est très bien, cela.
Les responsables des commissions scolaires nous parlent d'un
problème en relation avec les articles 52 et 53 qui définissent
l'école. Ils trouvent que l'article 52 en particulier comme il est
formulé est de nature, peut-être, à entraîner une
dépendance trop écrasante de l'éducation des adultes
vis-à-vis du directeur d'école. Ils formulent une recommandation
qu'on laisse tomber la partie qui touche les adultes dans cela de
manière que cela reste sous la responsabilité de la commission
scolaire à l'article suivant. Est-ce que vous avez examiné cette
suggestion des responsables des commissions scolaires? Est-ce que vous
êtes disposés à l'endosser?
Mme Thériault: Oui. M. Ryan: Et pourquoi?
Mme Thériault: Parce qu'effectivement c'est important que
l'activité ou que les services éducatifs qui s'adressent aux
adultes soient régis par une politique et ne soient pas le propre de la
volonté, des volontés particulières des directeurs
d'école. Autrement, on sombre dans une espèce d'arbitraire. Cela
va dans le cas où un directeur s'intéresse à cette
question et a connu des expériences dans le secteur de
l'éducation des adultes, mais vous avez des directeurs pour qui cette
question... Leur tradition, c'est l'éducation des jeunes et il y a
encore beaucoup de directeurs d'école pour qui l'éducation des
adultes c'est une question complètement... qui n'a rien à voir
avec le système de l'éducation, finalement. Ils ne l'ont pas
intégrée comme appartenant à la réalité de
l'éducation. Alors, pour ne pas se soumettre aux expériences, aux
visions et aux perceptions trop suggestives des directeurs, il faut que ce soit
régi par des commissions scolaires qui ont des politiques
là-dessus, avec des budgets, etc.
M. Ryan: J'aurais une autre question, mesdames. Vous savez que,
dans sa politique nouvelle d'éducation des adultes, le gouvernement a
décidé, à toutes fins utiles, d'abolir la direction
générale de l'éducation des adultes au ministère de
l'Éducation, de lui conférer un rôle de liaison entre les
différents services gouvernementaux qui s'occupent d'éducation
des adultes et d'intégrer ces responsabilités d'éducation
des adultes dans la direction générale à des
réseaux primaire et secondaire. Est-ce qu'on a d'abord un premier
résultat de cette intégration? C'est le projet de loi actuel qui
fait une part très minable à l'éducation des adultes.
Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne politique et que ce ne serait pas
un endroit, peut-être, dans un projet de loi comme celui-ci pour assurer
qu'autant au niveau du ministère qu'à celui des commissions
scolaires, la spécificité de l'éducation des adultes sera
davantage respectée? Qu'est-ce que vous pensez de cette orientation
actuelle?
Mme Désilets: En voyant le projet de loi, on a compris
qu'il était un peu l'image qu'on avait vue par rapport à la
politique et l'intégration de l'éducation des adultes au
système régulier. Pour nous, c'est une crainte. C'est certain que
la question que l'on se pose est: Est-ce que l'on connaît
réellement comment a été faite l'éducation des
adultes jusqu'à maintenant et quels ont été les acquis de
l'éducation des adultes dans le système québécois?
Est-ce qu'on connaît réellement ce que c'est pour en arriver
qu'à un moment donné on glisse vers l'intégration? Je
reviens un peu à ce que je disais tantôt: On se pose par rapport
au niveau des cégeps et au niveau des universités la même
question. C'est certain que si, au niveau secondaire, on se retrouve encore
dans un but d'intégration des services d'éducation des adultes
avec le service régulier, on se demande où sera la place de
l'étudiant adulte. C'est pour nous une question vitale.
M. Ryan: Madame, une dernière question, si vous me le
permettez. L'Institut canadien d'éducation des adultes a
déjà pris position à plusieurs reprises en faveur de
l'instauration d'une loi-cadre sur l'éducation des adultes, endossant en
cela une recommandation formellement exprimée par la commission Jean. Je
voudrais vous demander deux choses à ce sujet: Êtes-vous toujours
en faveur d'une loi-cadre sur l'éducation des adultes et trouvez-vous
que les dispositions que vous avez lues dans le projet de loi pourraient tenir
lieu de cette loi-cadre dont vous avez déjà parlé?
Mme Thériault: Non. Les dispositions de cette loi pour
nous ne peuvent pas tenir lieu d'une loi-cadre sur l'éducation des
adultes, de la même façon que le ministère de
l'Éducation se sent pleinement responsable de l'éducation des
jeunes et s'attarde à en codifier les modes d'organisation. Il faudrait
le faire pour l'éducation des adultes; il me semble que c'est un
impératif si on veut développer la cohérence à ce
niveau-là et si on veut se doter de moyens de faire face à une
mission qu'on semble confier au système d'éducation dans le
projet de loi.
L'éducation des adultes a sa logique propre; ensuite, il y a des
liens adéquats à trouver entre les services éducatifs
qu'on adresse aux adultes et ceux qu'on adresse aux jeunes, mais la logique des
services que l'on doit donner aux adultes ne s'y trouve pas. Cette
loi-là est conçue en fonction de la logique des jeunes, de leurs
besoins et en fonction du mode d'organisation qu'on a conçu pour des
jeunes. Par exemple, par la façon dont on définit les services
éducatifs obligatoires, on parle des programmes conduisant au DES. De
quels programmes s'agit-il? Ceux régis par le régime
pédagogique, mais ceux-là sont les programmes avec les contenus
de cours qui s'adressent aux jeunes. On ne peut pas penser... Je pense que ce
serait pertinent qu'une fois pour toutes on accepte de s'asseoir et de penser
une loi qui puisse protéger les adultes dans leur processus de
formation.
Mme Désilets: Je ne sais pas si on est en train de
terminer mais, en tout cas, si c'est le cas...
Le Président (M. Charbonneau): Effectivement, madame.
Mme Désilets: La question qui me reste en tête en
partant d'ici, c'est que j'ai l'impression qu'on est devant un choix à
faire. On est confrontés continuellement quand on apporte, nous autres,
nos argumentations ou notre façon de voir, en tout cas, le
développement - et, entre autres, ici au niveau de l'éducation -
à des réponses économiques. On dit: Cela coûte trop
cher, cela n'est pas possible. On ne pourra jamais répondre à
cela. Cela va être pire.
Et moi, je me pose ceci comme question: Si on a un choix à faire,
est-ce que cela coûte plus cher? On sait, effectivement, que les gens qui
n'ont pas l'obtention d'un secondaire V sont souvent en chômage. En tout
cas, c'est la grosse clientèle qu'on retrouve en chômage ou sur le
bien-être social. Est-ce que cela coûte plus cher d'avoir des
adultes en chômage et sur le bien-être social ou d'avoir des
adultes en formation? C'est la question que je me pose.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette question
angoissante, madame, je pense que les membres de la commission voudraient vous
remercier d'avoir accepté leur invitation, d'avoir bien voulu jeter un
éclairage additionnel sur nos travaux et sur l'étude du projet de
loi 3. Je pense que, de part et d'autre, les membres ont apprécié
l'échange qu'ils ont pu avoir avec vous.
Et, sur ce, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise è 15 h 13)
Le Président (M. Charbonneau): Je demanderais aux membres
de la commission de s'approcher.
La commission parlementaire de l'éducation reprend ses
consultations particulières dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public.
Nous allons d'abord recevoir cet après-midi le Comité
catholique du Conseil supérieur de l'éducation. Je pense que le
président et ses collègues sont déjà à la
table des témoins. Je voudrais d'abord les remercier au nom des membres
de la commission d'avoir bien voulu accepter cette invitation
particulière, parce que, comme je l'ai indiqué ce matin, nous
sommes à l'étape de l'étude article par article, donc, de
l'étude détaillée du projet de loi. L'objet de votre
présence n'est pas de discuter des grands principes parce que ce
débat-là a déjà été fait lors du
débat de deuxième lecture, mais plutôt d'éclairer
les membres de la commission quant à leur mandat d'analyser article par
article le projet de loi.
À cet égard, les membres de la commission ont
manifesté le désir de vous rencontrer pour obtenir un certain
nombre d'explications, de précisions et d'engager la discussion avec
vous sur certains articles du projet de loi. Donc, je vous demanderais, dans la
mesure où vous pourriez résumer vos propos, que cela puisse se
faire assez rapidement pour permettre aux membres de la commission, de part et
d'autre, d'avoir le maximum de temps pour échanger avec vous. Je crois
que le président, c'est M. Jean-Guy Bissonnette que je vois, devant moi.
Sans plus tarder, je voudrais lui demander d'identifier ses collègues
pour les fins du Journal des débats et je lui cède
immédiatement la parole.
Comité catholique du Conseil supérieur
de l'éducation
M. Bissonnette (Jean-Guy): Très bien, M. le
Président. Alors, à ma gauche, c'est M. Pierre Gaudette qui est
membre du comité catholique et qui est professeur à la
faculté de théologie de l'Université Laval; à ma
droite, M. Guy Mallette qui est secrétaire du comité
catholique.
Vous me permettrez au départ de rappeler brièvement, M. le
Président, ce qu'est le comité catholique. Le comité
catholique exerce son mandat en vertu de certains pouvoirs qui lui sont
conférés par la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation. L'actuel comité catholique a pris le relais d'un
ancien comité catholique du Conseil de l'instruction publique. Ce
comité informellement existe depuis 1867 et formellement depuis 1876. En
1964, il a connu sa forme actuelle.
Le comité catholique est donc un organisme officiellement
mandaté, tant par le gouvernement que par les autorités
officielles de l'Église, pour représenter les
intérêts de la collectivité catholique dans le domaine
scolaire et pour veiller à faire respecter les droits des catholiques
à travers les divers aménagements concernant les
écoles.
J'ai cru utile, M. le Président, de remettre à chacun des
membres de cette commission trois documents qui pourront vous éclairer
sur la pensée du comité catholique touchant divers articles du
projet de loi 3. Le premier document, celui-ci, c'est L'école publique
catholique dans un système scolaire en évolution qui vous exprime
la pensée du comité sur la pertinence de l'école
catholique au sein de la société pluraliste qu'est le
Québec d'aujourd'hui, une école qui répond à des
attentes, qui n'est pas, selon nous, discriminatoire, mais qui doit
évoluer pour s'adapter à un contexte social en plein changement.
Un autre document qui est celui-ci: Recommandations au sujet de
l'énoncé de politique sur la réforme scolaire. Ce document
contient un certain nombre de recommandations faites au ministre de
l'Éducation relatives à la réforme scolaire. Enfin, vous
avez aussi une lettre qui a été envoyée au ministre de
l'Éducation, indiquant la réaction du comité au projet de
loi 40.
Vous remarquerez, M. le Président, que le comité n'a pas
cru nécessaire de communiquer avec M. le ministre de l'Éducation
au sujet du projet de loi 3. C'est que, dans l'ensemble, ce projet
répondait de façon satisfaisante à l'essentiel des
attentes du comité, même si quelques points posaient des
interrogations et j'y reviendrai tout à l'heure.
Au bénéfice des membres de cette commission, je voudrais
rappeler brièvement ces attentes que le comité considérait
comme essentielles.
Premièrement, peu importent quels allaient être les
arrangements structuraux, le comité considérait qu'il fallait
garantir la liberté de conscience et de religion, notamment en offrant
aux élèves catholiques
l'enseignement religieux catholique et l'animation pastorale. Il ne
pouvait qu'être d'accord avec les articles du projet de loi qui stipulent
que cet enseignement doit être offert dans toutes les écoles
publiques.
Deuxièmement, le comité désirait également
que les lois établissent hors de tout doute le droit des milieux
à une école publique à statut confessionnel catholique.
Cette possibilité, à notre avis, correspond non seulement aux
désirs d'une bonne partie de la population, mais aussi à des
droits collectifs bien réels qui s'enracinent profondément dans
notre histoire.
Troisièmement, depuis déjà quelques années,
le comité souhaitait que des écoles autres puissent advenir,
notamment dans les milieux urbains où la population a
évolué vers un pluralisme certain tant au plan ethnique que
social, moral et religieux. Le présent projet de loi les rendra
possibles à travers l'exercice d'un processus démocratique.
Quatrièmement, en 1982, le comité catholique
lui-même a pris l'initiative de modifier son règlement de
façon que l'étudiant inscrit à une école reconnue
comme catholique ait la possibilité de choisir entre l'enseignement
moral et religieux catholique et l'enseignement moral. L'évolution des
milieux, le fait que l'école catholique soit une école commune et
le respect de la liberté de conscience et de religion
nécessitaient, à notre avis, une telle orientation. Le
comité ne peut qu'être d'accord avec le projet de loi qui affirme
que l'élève a le droit de choisir entre l'enseignement moral et
religieux catholique, l'enseignement moral et religieux protestant et
l'enseignement moral.
Cinquièmement, le comité avait souhaité qu'un
statut d'école reconnue comme catholique puisse être
accordé à la suite d'une volonté du milieu exprimée
de façon démocratique. Nous avions également
demandé que les parents aient un poids déterminant dans le choix
du type d'école. Depuis plusieurs années, en effet, le
comité insistait sur la responsabilité des parents à cet
égard, même s'ils ne sont pas les seuls dont il importe de
connaître l'opinion. La consultation des parents exigée pour la
reconnaissance ou la révocation du statut confessionnel catholique d'une
école qu'octroie le projet de loi répond donc au voeu du
comité.
Sixièmement, aux yeux du comité, cependant, il importait
que l'élaboration du règlement fixant les modalités
générales de la consultation concernant le statut confessionnel
fasse l'objet d'une concertation entre le gouvernement et les comités
confessionnels. La consultation des comités par le ministre,
prévue à l'article 451, satisfait le comité.
Septièmement, le comité trouvait essentiel dans un
régime où les commissions scolaires ne seraient plus
confessionnelles, mais linguistiques qu'un responsable du soutien aux
écoles catholiques, à l'enseignement religieux et à
l'animation pastorale, tant dans les écoles reconnues comme catholiques
que les écoles autres, soit engagé. Le comité
considérait que ce responsable devait être un cadre, de
manière à lui assurer au sein de la commission scolaire
linguistique l'autorité nécessaire à l'exercice de sa
responsabilité. L'article 302 du projet de loi correspond au
désir du comité.
Enfin, quant aux pouvoirs du comité octroyés en vertu des
articles 22 et 23 de la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation, le comité estime que les pouvoirs que lui attribue
l'article 564 du projet de loi 3 modifiant l'article 22 et 23 de la Loi sur le
Conseil supérieur de l'éducation sont suffisants pour s'acquitter
de sa tâche de préserver les droits essentiels des catholiques
relatifs aux écoles que fréquentent leurs enfants. Ces
modifications tiennent compte de l'évolution du milieu, de
l'évolution de sa mentalité, des nouvelles structures en place
qui font que l'école n'a pas nécessairement un statut
confessionnel. Voilà, M. le Président, les points essentiels que
le comité catholique souhaitait retrouver dans le projet de loi 3.
Vous me permettrez, en terminant ce très bref exposé, de
porter à votre attention deux questions. La première a trait
à l'article 661. Le comité s'est étonné du fait que
l'on n'ait pas rendue obligatoire pour toutes les écoles
déjà reconnues comme catholiques ou protestantes la demande dans
les trois ans de la reconduction ou de la révocation de la
reconnaissance comme école catholique ou comme école protestante.
Le projet de loi 40 comportait cette obligation. Le comité, pour sa
part, préfère que l'on exige cette démarche de toutes les
écoles déjà reconnues, car, à notre avis, la
démarche que chaque école ferait serait bénéfique
à plus d'un titre. D'abord, chaque milieu y gagnerait en clarté
sur le type de projet d'école qu'il veut. Ensuite, on éviterait
des frustrations inutiles de la part des citoyens qui, à cause de
l'inertie de leur conseil d'école, risqueraient de perdre
automatiquement la reconnaissance de leur école, droit qu'ils pourraient
considérer comme un droit acquis auquel ils ne voudraient pas renoncer
sans qu'au préalable les parents soient consultés.
Enfin, une dernière question a été posée au
comité. Certains diocèses du Québec ont des contrats de
services avec les commissions scolaires, notamment pour le service d'animation
pastorale. Doit-on comprendre que ces contrats de services ne seraient plus
possibles à cause, particulièrement, de l'article 263 du
projet
de loi 3?
Alors, voilà, M. le Président, très rapidement
résumé ce que je voulais dire d'entrée de jeu.
Le Président (M. Charbormeau): Merci, M. Bissonnette. Je
vais immédiatement céder la parole a l'adjoint parlementaire du
ministre de l'Éducation, le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je voudrais,
d'abord, prier nos invités et la commission également de bien
vouloir excuser l'absence du ministre de l'Éducation qui est
présentement au Comité des priorités.
Je voudrais, en son nom, remercier le Comité catholique du
Conseil supérieur de l'éducation d'avoir bien voulu accepter
l'invitation de la commission. Je constate dans l'ensemble que vous êtes
satisfaits des dispositions prévues dans le projet de loi 3 concernant
la confessionnalité.
J'aurais quelques questions à vous poser en rapport avec un
certain nombre d'articles du projet de loi. Le projet de loi 3 prévoit
que le choix entre l'enseignement moral et religieux devra être fait
chaque année par l'élève ou par ses parents. Certains
groupes sont venus nous dire et ont dit aussi au ministre de l'Éducation
d'amender cette disposition pour faire en sorte que le choix ne soit pas
annuel, mais plutôt par cycle. Au primaire, par exemple, le choix
s'exercerait en première ou en quatrième année et ce choix
serait valable pour la durée du cycle. 11 serait intéressant pour
nous d'entendre vos commentaires sur ces suggestions qui nous ont
été faites.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Est-ce que je dois répondre
tout de suite à votre question?
M. Leduc (Fabre): J'aurais d'autres questions. J'appellerais vos
commentaires sur cette question d'abord.
M. Bissonnette (Jean-Guy): C'est une question que le
comité a, pour sa part, aussi débattue. D'abord, il est certain
qu'il est beaucoup mieux que l'élève fasse un choix constant soit
en enseignement moral ou en enseignement religieux, mais il nous est apparu que
cela pouvait amener un certain nombre de difficultés. Certains
élèves changent souvent d'école. Il semble
qu'administrativement, en tout cas, c'était plus simple que le choix se
fasse chaque année. Essentiellement, c'était l'une des
principales raisons qu'on avait mises de l'avant pour prendre cette solution
nous-mêmes lorsque nous avons permis le choix entre l'enseignement moral
et l'enseignement religieux dans les écoles catholiques. C'est cela.
Nous avons préféré, finalement, insister dans ce
sens-là plutôt que dans l'autre, mais ce n'est pas une question
fondamentale; cela restait plutôt une question d'ordre pratique et
administratif qu'on nous avait dit dans certaines commissions scolaires.
Une voix: Allez, monsieur.
M. Gaudette (Pierre): Si vous me permettez d'ajouter un mot, il
est apparu au comité qu'il était préférable
d'exercer une animation dans les milieux et, par les contacts avec les parents,
de les inciter, quand ce sera à eux de faire le choix, à
respecter les cycles de telle sorte qu'à l'intérieur d'un
même cycle ils prennent des choix qui soient cohérents. Il y
aurait une animation à faire à ce point de vue là.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Mais vous semblez dire que, tel que
proposé actuellement, c'est convenable et cela peut très bien
fonctionner pour qu'il y ait continuité, à la condition qu'il y
ait animation également.
La deuxième question a trait à une éventuelle
menace de conflit ou de confrontation qui pourrait surgir du fait que,
désormais, les gens dans chaque milieu, à chaque école,
seront consultés sur le statut confessionnel de l'école. Par
ailleurs, le comité catholique depuis un certain nombre d'années
a eu à reconnaître des écoles comme catholiques et ceci a
été fait à la suite de consultations dans les milieux
auprès des parents. Avez-vous des raisons de croire qu'il existe
effectivement des menaces de confrontation, de conflit par la formule
prévue actuellement dans le projet de loi 3?
M. Bissonnette (Jean-Guy): À cette question, je serais
tenté de repondre par l'expérience que nous avons vécue
depuis quatre ans. Depuis quatre ans, nous avons reconnu environ une centaine
d'écoles et cela, un peu partout dans la province de Québec, dans
toutes les régions. Les deux tiers étaient du primaire et le
tiers était du secondaire. Évidemment, il y a eu la consultation
du comité d'école, telle que prévue par la Loi sur
l'instruction publique. Dans certains cas, le comité d'école
lui-même a décidé sans aller consulter la population;
c'était environ 50% des cas. Dans les autres cas, le comité
d'école, en concertation avec la commission scolaire, procède
à une consultation auprès des parents de l'école et
parfois auprès des parents de tout le secteur que dessert une
école. Dans ces cas, le vote est toujours précédé
d'une soirée ou deux d'information pour les parents et de documents
d'information à leur intention. La participation des parents à
cet exercice a varié, elle dépasse habituellement 50%. À
la connaissance du comité, très rares ont été
les cas oil il y a eu conflit dans le milieu autour de cette question,
pour répondre plus précisément à votre question.
(15 h 30)
La procédure de consultation qu'on prend habituellement, c'est un
vote par famille qui a des enfants à l'école. Les bulletins sont
adressés soit par la poste ou soit par l'intermédiaire des
élèves et le retour se fait soit par la poste ou par
l'intermédiaire des élèves. Occasionnellement, il y a
même eu une consultation populaire, un genre de référendum,
avec mode de scrutin même dans certains milieux.
Dans l'ensemble, en tout cas, on n'a pas porté à notre
connaissance, sinon peut-être une fois ou deux... Cela n'a pas
été vraiment des conflits. Cela a été des
situations un peu plus difficiles qui se sont présentées, mais
vraiment rien d'alarmant. Alors, je ne sais pas si cela répond à
votre question, mais c'est un peu notre expérience à ce
niveau-là. Oui.
M. Gaudette: Si je peux compléter, pour le comité,
il semble que ces dangers soient amenuisés pour deux raisons. D'abord,
parce que, de toute façon, l'enseignement religieux et l'animation
pastorale seront assurés dans l'école. Si, de fait, cet
enseignement et cette animation étaient directement reliés
à l'obtention ou non du statut, il pourrait effectivement y avoir des
conflits importants puisque ce serait une question, pour l'enseignement
religieux, de vie ou de mort dans telle école particulière.
Deuxième motif, c'est que les règles du jeu de la consultation
seront fixées à l'avance. Maintenant, c'est sûr qu'il est
possible qu'il y ait des conflits et on ose espérer, on fait confiance
au sens démocratique des citoyens qui, dans la discussion, pourront
dégager certains consensus à ce propos-là.
M. Leduc (Fabre): Le règlement actuel ne prévoit
pas une consultation obligatoire des parents.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Non! Le règlement ne
prévoit pas de consultation obligatoire. C'était uniquement
suggéré au comité d'école, mais c'est le
comité d'école qui a la responsabilité d'adresser sa
demande à la commission scolaire qui, elle, l'adresse ensuite au
comité catholique.
M. Leduc (Fabre): Cette consultation était
organisée par la commission scolaire avec le comité
catholique.
M. Bissonnette (Jean-Guy): La façon dont s'organisaient
les consultations, je pense que cela a varié passablement d'un milieu
à l'autre. Il est arrivé que cela ait été
organisé par le comité d'école auprès des parents,
mais avec l'aide et le support de la commission scolaire ou, par exemple, d'un
conseiller en éducation chrétienne ou d'un responsable de
l'enseignement moral, de façon à pouvoir véhiculer une
information valable dans le milieu et à pouvoir aussi faire des
rencontres qui donnent vraiment de l'information aux gens. Alors, la
façon même de faire cette consultation, je pense que cela a
varié beaucoup d'un endroit à l'autre. Étant donné
qu'il n'y avait pas de règles fixes pour la mener, chacun inventait un
peu ses règles, ses manières de faire. C'est comme cela qu'on a
eu des consultations qui ont débordé beaucoup les écoles
et qui ont pris tout un milieu à certains moments. Non seulement on
consultait les parents, mais on consultait tout le monde. À ce
niveau-là, les manières de faire ont beaucoup varié.
M. Leduc (Fabre): Maintenant, le projet de loi 3 a introduit,
tout de même, une dynamique nouvelle. L'école est publique et
commune. Elle peut avoir un statut confessionnel. Le conseil d'école se
dote d'un projet éducatif qui incorpore ou peut incorporer des valeurs
religieuses. Dans un certain sens, la dynamique fait que le milieu - c'est ce
que je comprends, en tout cas -est invité davantage à
s'impliquer, ne serait-ce que par l'accent qu'on met sur le projet
éducatif. L'incorporation, l'intégration des valeurs à
l'intérieur du projet éducatif, de façon que
l'école qui demande un statut catholique puisse véhiculer ces
valeurs catholiques à l'intérieur de l'école - je ne sais
pas si je me trompe, vous pouvez me corriger - il me semble que, jusqu'à
maintenant, cela se faisait de façon un peu automatique.
C'est-à-dire qu'on tenait un peu pour acquis que l'école
était soit catholique, soit protestante. Mais là, on invite
véritablement la population à faire un choix et à se
définir non seulement en fonction d'étiquettes, mais en fonction
de valeurs qui devront être incorporées à
l'intérieur du projet éducatif.
Quel est votre point de vue sur cette dynamique? Je pense à des
groupes anglo-catholiques en particulier qui sont venus nous dire qu'il
pourrait y avoir, dans leur milieu en tout cas, certains problèmes,
certains conflits qui pourraient surgir. Est-ce que vous avez un point de vue
là-dessus?
M. Bissonnette (Jean-Guy): De toute manière, le fait que
les parents des élèves d'une école soient consultés
et aient à faire un choix d'un projet d'école qui a tel ou tel
sens, pour moi cela ne peut être que bénéfique étant
donné que cela permet, à mon sens, à un milieu de faire un
peu la vérité sur les objectifs d'éducation qu'il entend
poursuivre pour les jeunes.
À ce niveau, je ne vois pas que cela puisse poser tellement de
problèmes ou de difficultés parce que le fait qu'automati-
quement les écoles étaient catholiques et qu'on n'avait
jamais à se reposer des questions pouvait avoir aussi ses
inconvénients. Évidemment, il ne faudrait pas reposer les
questions tous les jours, ni toutes les semaines, cela deviendrait lassant
à la longue, mais le comité a toujours cru qu'un exercice qui
permettrait de faire davantage la vérité sur ce qui est
vécu dans les écoles confessionnelles serait pour tout lemonde avantageux. Évidemment, cela comporte quelques
inconvénients d'organisation et cela comporte aussi,
éventuellement, des risques. Mais si les gens tiennent vraiment à
leur projet d'école, il me semble que cela ne devrait pas être une
situation très compliquée de se soumettre, à l'occasion,
à une consultation pour leur statut d'école ou pour la
révocation de ce statut éventuellement si, dans cette
école, au fond, le projet éducatif qui est vécu n'a plus
de valeur réelle au plan chrétien ou au plan catholique.
M. Leduc (Fabre): Certains groupes anglo-catholiques nous ont
demandé d'incorporer cette possibilité d'avoir des écoles
biconfessionnelles, justement, pour éviter que certains problèmes
ne se posent, que certains conflits n'aient lieu. Qu'est-ce que vous pensez de
cette idée d'écoles biconfessionnelles, à double
statut?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Cette question, je ne pense pas
qu'elle soit jamais venue au comité. Nous n'avons jamais discuté,
comme telle, de cette possibilité d'un double statut pour
l'école. Je ne sais pas si, juridiquement parlant, c'est possible
d'avoir deux statuts dans la même école. Une chose est certaine,
c'est que, dans une école catholique ou dans une école
protestante, il peut se donner de l'enseignement religieux catholique ou de
l'enseignement religieux protestant, selon le statut de l'école.
Maintenant, je trouve qu'au plan des principes ou théorique, en dehors
de l'ordre administratif et juridique, c'est peut-être pensable, mais
cela devrait être assez difficile étant donné que,
habituellement, il y a une direction dans l'école. C'est possible qu'un
directeur puisse animer deux projets éducatifs différents, mais
vous me posez une question qui mériterait, je pense, une
réflexion plus approfondie et un échange éventuel avec les
gens du comité protestant pour que nous puissions voir un peu comment
pourrait s'organiser concrètement une telle école. Je ne dis pas
que ce n'est pas possible, mais je vous dis: Je pense qu'il faudrait y
réfléchir et voir comment cela pourrait se faire.
M. Leduc (Fabre): Ma dernière question. Il y a certains
groupes qui prétendent que les pouvoirs et les responsabilités
dévolus au comité catholique par le projet de loi sont
réduits. On considère qu'il y aurait là un grave
préjudice à la communauté catholique. Est-ce que vous avez
des commentaires à faire sur ces considérations?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Effectivement, les pouvoirs du
comité catholique ne sont pas exactement les mêmes que ceux que
nous avions par l'article 22 de la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation auparavant. Mais, sur ce point, le comité a
également jugé que ce n'était pas au détriment,
semble-t-il, des droits de la communauté catholique. Le comité
croit aussi qu'étant donné l'évolution dans laquelle nous
sommes entrés il est normal aussi que les pouvoirs d'un comité
comme le nôtre évoluent éventuellement selon
l'évolution de la société et des mentalités. Nous
croyons qu'avec les pouvoirs que nous avons présentement nous pourrons
suffisamment protéger et promouvoir les droits des catholiques dans les
circonstances. C'est en gros la réponse que j'aurais à vous faire
à la question que vous venez de me poser.
M. Leduc (Fabre): D'accord. Si j'ai l'occasion, je reviendrai.
Pour l'instant, merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Le
député d'Argenteuil et vice-président de la
commission.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je pourrais
peut-être commencer par une question d'information pour qu'on sache
exactement où on en est. Vous nous avez dit tantôt, M.
Bissonnette, que vous n'aviez pas soumis de mémoire sur le projet de loi
3. La dernière intervention que vous avez évoquée, c'est
la déclaration que vous aviez faite à la suite de la publication
du livre blanc sur l'école communautaire et responsable. Je vais vous
poser ma question: Depuis les auditions de la commission parlementaire l'hiver
dernier, avez-vous été consulté par le gouvernement pour
la mise au point du texte du projet de loi comme nous l'avons actuellement?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Non. Le comité n'a pas
été consulté par le gouvernement pour la mise au point de
ce projet de loi.
M. Ryan: Vous avez bien dit "le comité", pas
nécessairement le président.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Le comité.
M. Ryan: M. le président, est-ce indiscret...
M. Bissonnette (Jean-Guy): Le comité
n'a pas été consulté.
M. Ryan: ...de vous demander si le président a
été consulté?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Le président, non plus.
M. Ryan: Non plus. Très bien. Cela nous met plus à
l'aise pour vous poser des questions, pour des raisons que vous comprendrez
facilement. La première question: Avez-vous étudié au
comité catholique les implications, aujourd'hui, pour la
communauté montréalaise en particulier, de l'article 93 de la
constitution canadienne relatives aux droits des minorités et des
familles confessionnelles en matière scolaire?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Le comité n'a pas fait cette
étude juridique de l'article 93 de la constitution pour
différentes raisons. Nous avons actuellement une cause qui est pendante
devant la Cour d'appel et nous avons pensé devoir laisser cette question
suivre son cours et attendre que les jugements de cour, les juges et les
juristes se prononcent finalement sur cette question. Cette question est quand
même fort complexe et nous avons parfois des avis dans un sens ou dans
l'autre qui nous apparaissent parfois aussi clairs et aussi probants les uns
que les autres. C'est une question qui nous est apparue complexe, d'ordre
juridique et pas nécessairement de notre compétence.
M. Ryan: Est-ce que j'ai raison quand je crois me souvenir que le
juge Deschênes, dans la décision qu'il a rendue en Cour
supérieure dans la cause de l'école Notre-Dame-des-Neiges, a
conclu que le comité catholique en acceptant de révoquer le
statut confessionnel de l'école Notre-Dame-des-Neiges avait agi ultra
vires?
M. Bissonnette (Jean-Guy): C'était effectivement la
conclusion du juge Deschênes, mais je vous avoue là-dessus que le
comité a toujours été étonné de voir que,
par exemple, l'existence même du comité catholique n'avait jamais
fait l'objet, à notre connaissance, d'aucune contestation jusqu'à
cette date de la contestation à l'école Notre-Dame-des-Neiges, ni
au moment où il a commencé à fonctionner vers 1876
où il s'est substitué aux responsabilités que pouvaient
avoir les curés ou d'autres organismes par rapport aux questions
confessionnelles, ni au moment où il a été
complètement retransformé dans les années soixante avec
l'accord des évêques, ni au moment où il a reconnu
officiellement comme catholiques les écoles que la renommée
commune considérait comme telles, ni lorsqu'il a fait ses
règlements.
(15 h 45)
C'est pour cela que le comité a cru et continue de croire qu'il
avait le droit de révoquer ce statut et qu'il était même
opportun de le faire afin qu'émergent des écoles autres, selon
les besoins, à l'intérieur des commissions scolaires existantes
sans se lancer dans des transformations à ce moment profondes qui
apparaissent maintenant, je pense, assez nécessaires.
M. Ryan: Là, vous reconnaissez que pour l'instant nous
disposons d'une décision judiciaire qui est contraire à cette
opinion et que là c'est en appel.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Oui.
M. Ryan: Très bien. Une autre question. Vous avez dit que,
dans les changements de pouvoirs ou de responsabilités que le projet de
loi 3 apporterait, il y a une certaine diminution de pouvoirs, mais qui ne
serait pas nécessairement nocive ou de nature à causer du tort
à la communauté catholique, au sort de laquelle vous devez vous
intéresser en particulier étant donné la nature du
comité catholique.
Je voudrais attirer votre attention sur un article en particulier. Je
pense qu'il faudrait nettoyer cette question. Cela a été
soulevé à un certain nombre de reprises devant la commission
parlementaire et devant nous comme députés. Je me reporte
à l'article 22 d) de la loi actuelle du Conseil supérieur de
l'éducation, en vertu duquel les comités confessionnels sont
chargés "de faire des règlements sur la qualification, au point
de vue religieux et moral, du personnel dirigeant et enseignant dans des
institutions d'enseignement reconnues comme catholiques ou protestantes. C'est
l'article 22 d) de la loi actuelle.
Cet article dans le projet de loi 3 est remplacé par -
voulez-vous me rappeler le numéro de l'article qui traite des
comités confessionnels? - l'article 564 où on dit: "de faire des
règlements sur les conditions de qualification du personnel enseignant
qui dispense l'enseignement moral et religieux, catholique ou protestant, ainsi
que du personnel non enseignant, etc." L'article, que je viens de citer
tantôt, de la loi actuelle du Conseil supérieur de
l'éducation serait remplacé par celui-ci. Le premier a une
portée beaucoup plus large, évidemment.
Il y a des gens qui sont venus nous voir, en particulier des
représentants de la communauté anglo-catholique. Ils nous ont
dit: Nous serions prêts à accepter le passage vers des commissions
scolaires linguistiques, mais à la condition d'avoir des garanties
solides, en particulier d'avoir la garantie d'un règlement comme celui
qui a été édicté par le comité catholique en
vertu de ce pouvoir que lui donnait l'article 22 d). C'est le
règlement sur la reconnaissance des écoles comme
catholiques et, en particulier, le fameux article 22 de ce règlement.
Vous vous êtes sans doute posé cette question: Est-ce qu'en vertu
des pouvoirs réduits qui resteraient au comité catholique il
pourrait maintenir un règlement comme celui-ci, en particulier l'article
22 de ce règlement? Pensez-vous que ce serait une bonne chose de le
maintenir ou si c'est un règlement que vous envisageriez de refondre au
complet une fois la loi 3 adoptée?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Pour commencer par la fin,
actuellement le comité envisage de refondre complètement son
règlement. Donc, également un article comme celui-là.
Deuxièmement, l'article 22 de notre règlement tel qu'il existe
présentement, il apparaît au comité qu'il serait assez
difficile de le rendre opérationnel. On nous dit particulièrement
que les règlements doivent être assez précis et
opérationnels. On pourrait possiblement le rendre opérationnel,
mais le comité a pensé aussi dans ses réflexions que, dans
l'état actuel de la situation générale - peut-être
qu'on peut faire une exception pour les anglo-catholiques, c'est possible -
souvent dans l'ensemble, et nos diverses audiences dans les diverses
écoles aussi nous le montrent, avoir des exigences trop
considérables au plan de la confession pour l'ensemble du personnel,
c'est-à-dire le personnel de direction et le personnel enseignant,
deviendrait quelque chose d'assez difficile à maintenir dans le contexte
actuel. Évidemment, le comité songe à faire des
règlements qui maintiendraient l'essentiel, dont le respect par tous les
membres d'une école reconnue comme catholique de l'orientation du projet
éducatif de l'école. Aussi, du fait que l'école
catholique, actuellement, est commune et publique, est-ce que cela nous
autoriserait à faire des règlements qui concernent l'ensemble du
personnel et la foi de l'ensemble du personnel? D'ailleurs, notre
règlement, même à ce moment-là, prévoyait des
exceptions possibles.
Dans ces circonstances, c'est la raison pour laquelle, finalement, le
comité a jugé qu'il ne devait pas réclamer, dans la
refonte de l'article 22, qu'on lui redonne cette responsabilité qu'il
avait dans l'ancien article 22 de la Loi sur le Conseil supérieur, au
paragraphe d).
M. Ryan: Regardez, je vais vous poser une question bien simple,
M. Bissonnette. À la lumière d'une logique qui me paraît
assez élémentaire, pensez-vous qu'il soit possible d'avoir une
école catholique au sens le moindrement sérieux du terme s'il n'y
a pas une direction catholique, un personnel d'orientation catholique?
M. Bissonnette (Jean-Guy): C'est une question...
M. Ryan: Comment...
M. Bissonnette (Jean-Guy): Oui.
M. Ryan: Là, vous aviez quand même le pouvoir de
faire un règlement qui permettrait d'établir cela. En vertu de la
nouvelle loi quelle sorte de garantie les citoyens vont-ils avoir? On s'en va
dans une loi. Vous nous dites: On envisage de revoir tout cela et c'est
difficile. On comprend tout cela. Mais je vous pose la question précise:
Est-ce qu'on peut avoir des écoles catholiques, sérieusement,
s'il n'y a pas de dispositifs qui permettent d'assurer quelque part qu'il va y
avoir une direction catholique et une orientation générale qui va
être catholique, ce qui ne peut pas facilement être assuré
si ce n'est pas par du personnel catholique, me semble-t-il? Je vous pose la
question.
M. Bissonnette (Jean-Guy): C'est effectivement une question
importante, une question que le comité s'est posée. On a des
exemples...
M. Ryan: Quelle réponse apporte-t-il? M. Bissonnette
(Jean-Guy): Pardon?
M. Ryan: Quelle réponse le comité apporte-t-il?
M. Bissonnette (Jean-Guy): La réponse, il ne l'a pas
encore donnée définitivement à ce niveau-là. Je
vois M. Gaudette qui a le goût d'intervenir. Alors, je vais lui laisser
la parole pour le moment, j'y reviendrai.
M. Gaudette: Vous touchez un point extrêmement important et
je pense qu'il est relié à l'évolution socioculturelle du
Québec. Dans les audiences que l'on fait tous les ans au comité
catholique, on est à la fois admiratif devant certaines écoles
qui auront un directeur d'école profondément engagé et
dynamique sur le plan catholique et qui va créer un climat dans son
école, mais, à notre grand regret, on doit dire que c'est
là l'exception dans les écoles qui, malgré tout, sont
reconnues comme catholiques.
Qu'est-ce qui se produit? C'est que l'école est en lien
étroit avec le milieu d'où elle émerge. Son personnel
enseignant et sa direction sont représentatifs de l'ensemble de la
population qui est de plus en plus pluraliste, ce qui fait que le comité
a senti que, plus que des règlements précis, des dispositifs
d'ordre réglementaire à ce niveau-là, il était
important d'assurer une animation qui permette de répondre aux voeux que
les parents peuvent avoir d'une école catholique.
Le problème pour le comité: comment trouver des
dispositifs réglementaires qui assurent cela? Par exemple, est
réputé catholique celui qui se déclare de foi catholique,
mais comment aller plus loin? Tout dépend du contenu du vécu et
du milieu socioculturel dans lequel l'école se trouve. C'est
plutôt dans la ligne de l'animation, appuyée sur des
règlements minimaux, qu'il y a une possibilité d'arriver à
une école dynamique. La situation actuelle a besoin d'être
améliorée.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Par exemple, le comité songe,
possiblement dans un règlement, à insister sur le fait que le
directeur, qui est le premier responsable de la mise en oeuvre des orientations
et du plan d'action d'un projet éducatif dans une école, soit
capable de créer les conditions qui sont favorables à la
participation des élèves dans un tel projet et à la
réalisation d'un projet éducatif qui inclut ou qui
intègre, si vous voulez, les croyances et les valeurs morales d'une
religion, telle que la religion catholique.
Le comité songe à quelque chose qui serait
opérationnel concernant le directeur de l'école,
éventuellement.
M. Ryan: Là, vous venez nous recommander d'adopter ce
projet de loi et vous n'avez même pas de réponse à ces
questions-là, encore. Vous voulez qu'on adopte le projet de loi, vous
semblez favorables au projet de loi dans son ensemble...
M. Bissonnette (Jean-Guy): Oui. M. Ryan: ...si je
comprends bien.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Oui, on est favorables au...
M. Ryan: Vous voulez qu'on fasse un saut...
M. Bissonnette (Jean-Guy): ...projet de loi dans son
ensemble.
M. Ryan: ...dans l'obscurité que trahissent vos
réponses.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Bien, c'est une obscurité, il
faut s'entendre. Je pense que... Oui.
M. Gaudette: Ce n'est pas tellement l'obscurité, je pense,
que trahissent nos réponses que la crise sociale dans laquelle on se
situe au niveau des valeurs, de telle sorte que ce n'est pas par une
décision de type réglementaire, nécessairement, qu'on
obtiendra une école catholique qui soit dynamique, mais c'est
plutôt dans la ligne de l'animation. Cela dépend du milieu social
dans lequel on vit qui rend nécessaires des aménagements nouveaux
qui donnent des points d'ancrage à cette animation possible.
M. Ryan: Je voulais vous poser une autre question
là-dessus. Je vais laisser faire et on va continuer nos
réflexions de notre côté, évidemment. J'ai
l'impression, en tout cas, si on s'engage dans un climat aussi relativiste que
celui-là, que bien des citoyens, en fin de compte, n'auront pas les
réponses limpides qu'ils pensaient obtenir à la faveur d'une
réforme de la loi de l'enseignement public.
Il y a une chose qui me tracasse aussi, c'est d'abord la
stabilité du statut de l'école. Dans le projet de loi comme il
est là, le statut de l'école, au point de vue confessionnel,
pourrait changer à peu près n'importe quand. On n'a aucune
indication de durée nulle part. Je ne sais pas si vous avez
remarqué cela. Je ne sais pas ce que vous en pensez, vous autres. Est-ce
que vous aimez qu'on laisse cela aussi fluide que cela, que tout soit
laissé à la réglementation? Dans le projet de loi, on peut
faire une demande de reconnaissance. Il n'y a pas d'indication de date
où on doit faire cela. Il n'y a pas d'indication quant à la
durée. On peut demander que cela change; il n'y a pas d'indication non
plus, il n'y a rien. Est-ce qu'on peut faire un projet de loi qui va être
aussi vague et incertain que cela? Est-ce que j'ai mal lu le projet de loi ou
si c'est cela qu'il y a dedans?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Je pense qu'effectivement, à
partir du projet de loi, les gens pourront demander le changement de statut de
leur école quand ils décideront de le demander.
M. Ryan: N'importe quand?
M. Bissonnette (Jean-Guy): N'importe quand, mais je ne vois pas
dans les... Maintenant, au niveau de la réglementation du comité
pour les écoles reconnues catholiques, on avait l'intention de fixer, en
tout cas, des manières de faire là-dessus qui permettent de ne
pas remettre constamment leur statut en question d'année en année
ou de six mois en six mois. On comprend que cela ne doit pas être, non
plus, l'intention du législateur, probablement, de vouloir cela.
Est-ce que dans une loi il faut fixer un temps ou des moments pour une
telle opération? Cela m'apparaît difficile, en tout cas, pour le
moment, de le dire. On a pensé de fixer, dans nos règlements, un
temps et le temps de révision auquel on avait pensé
jusqu'à maintenant, c'est environ aux cinq ans pour donner l'occasion de
faire une vérification du vécu confessionnel, au fond, qu'il y a
dans les écoles, pour voir si
vraiment il y a toujours lieu de conserver le statut confessionnel pour
cette école en particulier.
Il y avait un rythme, si vous voulez, si on peut parler comme cela,
d'environ cinq ans qu'on avait prévu possiblement dans nos
règlements. Mais, comme je vous le dis, on attend que le projet de loi
soit terminé pour faire aussi nos règlements. On ne peut pas les
faire avant, mais c'est une des choses qu'on a prévues, entre
autres.
M. Ryan: Est-ce que vous ne trouvez pas que cela serait mieux
d'avoir une certaine garantie inscrite dans la loi quant à la
durée du statut qui serait accordé à une école? Ce
que les gens nous font valoir, c'est que les parents, aux mois de mars, avril,
doivent inscrire leurs enfants à l'école. Ils disent: II y a une
école là qui a un statut catholique. On va l'envoyer là.
Tout à coup, il arrive une consultation, une décision du conseil
d'école - je vais vous en parler après - se prend. Il
décide de demander un autre statut et la chicane se met parmi eux. Ils
pensaient envoyer l'enfant à l'école catholique; ils se
réveillent et ils sont 48% au lieu de la majorité qu'ils
pensaient être et c'est la confusion dans cette école, comme
à l'école Notre-Dame-des-Neiges, qui peut durer des
années.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Moi, je pense que...
M. Ryan: Est-ce que cela ne serait pas mieux d'avoir une garantie
dans la loi plus ferme et plus claire, à ce moment, que de tout laisser
cela à une réglementation qui devra, d'ailleurs, être
sujette à l'approbation du gouvernement?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Remarquez que le comité
catholique n'était pas contre le fait que dans la loi...
M. Ryan: J'aimerais qu'il soit pour quelque chose.
M. Bissonnette (Jean-Guy): ...puissent être inscrits des
moments précis. Ce n'est pas impensable, non plus, que cela puisse
être inscrit dans le projet de loi lui-même, mais à
défaut de le trouver on avait songé, dans nos règlements,
à créer un cycle possible. On a même souvent discuté
de différents nombres d'années pour s'aligner, finalement,
environ sur cinq ans. Alors, comme nous ne sommes pas des législateurs,
nous n'avons pas jugé bon de le demander. On a laissé aux
législateurs le soin de régler cette question. (16 heures)
M. Ryan: II y a une autre chose qui m'intéresse.
D'après la mécanique que nous présente le gouvernement, au
niveau de l'école il y aura une consultation faite par la commission
scolaire, mais si j'ai bien compris c'est à la demande du conseil
d'école.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Oui.
M. Ryan: Cela veut dire qu'en plus du fait que la consultation a
lieu, là c'est le conseil d'école qui va prendre la
décision, deux choses. Il peut arriver qu'il y ait une majorité
de parents qui veulent un changement d'orientation. Si le conseil
d'école est assis sur son affaire, il peut décider; il ne demande
pas de consultation à la commission scolaire. Il reste assis là
et garde le couvercle sur la marmite, cela ne peut pas bouger.
Deuxièmement, il peut arriver qu'une consultation ait lieu et que
le conseil d'école, pour des raisons dont il est le maître - je
parle des pouvoirs que lui donne la loi - dise: Nous, on a regardé cela
et tout, et on ne change pas d'orientation... On reste là. Il n'y a
personne qui peut bouger dans ce contexte. Ne trouvez-vous pas que c'est trop
rigide, qu'on devrait avoir des choses beaucoup plus nettes? Si on opte pour
une voie démocratique, qu'on l'ait véritablement et qu'on ne
risque pas d'être prisonniers d'un petit "establishment" scolaire qui
aurait été élu pour une période X. Encore une fois,
si je lis mal le projet de loi, vous me le direz, mais moi, c'est ce que je
vois dedans.
M. Bissonnette (Jean-Guy): II y a effectivement des
possibilités de ce genre. Maintenant, dans sa réflexion, le
comité, dès le début, a toujours misé sur la
capacité démocratique des milieux de régler ces
problèmes. Les conseils d'école sont élus et, si la clique
en question dont vous parlez demeure à la tête de l'école,
c'est parce que probablement un certain nombre de gens sont plutôt
indifférents et ne sont pas très intéressés
à ce qu'il y ait des changements dans cette école. Advenant le
cas où il y aurait vraiment des gens intéressés, je pense
que... En tout cas, cela a été un peu l'option que nous avons
prise. Dans la condition actuelle d'évolution, de crise même du
milieu, voyant que les statuts de centaines d'écoles qu'on a reconnues
n'ont pas causé de problèmes considérables à
l'intérieur des milieux, on a cru en la capacité
démocratique des gens de régler leurs problèmes à
ce niveau et, si un conseil d'école ne se conforme pas à ce que
veut la majorité de la population, en leur capacité de voir
à régler cela par les voies démocratiques.
M. Ryan: Est-ce qu'il ne serait pas préférable, si
une consultation est faite auprès des parents en bonne et due forme, en
utilisant les fonds publics, que les
résultats de cette consultation soient astreignants pour ceux qui
doivent agir; que cela ne serve pas seulement d'indication consultative, mais
qu'on dise: Voilà la volonté exprimée des parents, il faut
la suivre. Est-ce qu'il ne serait pas mieux qu'on dise clairement dans la loi
que, devant le résultat de la consultation, il faut que la demande se
fasse? S'ils optent pour un statut non confessionnel, que ce soit cela. Cela
vaut dans les deux sens, d'ailleurs. Ne pas faire tout cet exercice pour
risquer, après cela, de se heurter à un obstacle qui ne sera pas
démocratique dans sa nature même. Il peut arriver qu'on fasse
confiance aux gens, mais je pense que la tâche du législateur,
c'est de prévenir les obstacles et les conflits qui auraient dû
être empêchés avant qu'ils surgissent.
M. Bissonnette (Jean-Guy): II se peut que vous ayez raison.
J'aurais le goût de vous apporter ici les réactions d'un certain
nombre de comités d'école qui nous ont fait des demandes de
reconnaissance. Par exemple, dans des situations où la volonté du
milieu, justement, ne ressortait peut-être pas aussi clairement qu'on
l'aurait voulu de la consultation, tous les comités d'école que
nous avons connus jusqu'à maintenant ont fini par respecter la
volonté qui avait été exprimée par la consultation
auprès des parents. Cela veut dire que, même si le nombre de
votants était faible, si ceux qui voulaient, disons, une école
catholique étaient vraiment majoritaires, même si, au
comité d'école, il y avait des gens, même majoritairement,
qui auraient voulu une école non confessionnelle, ils ont quand
même acheminé, à la commission scolaire la demande telle
que la consultation l'indiquait. Cela ne veut pas nécessairement dire
que toutes les choses se passeront de cette façon, mais je peux vous
dire, en tout cas, que, dans certains cas qui ont été
portés à notre connaissance, c'est comme cela que les choses se
sont passées. Tout le monde a toujours trouvé difficile d'aller
contre une volonté, même par consultation, majoritairement
exprimée par les gens.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on a le temps de poser quelques
questions?
Le Président (M. Charbonneau): II reste une dizaine de
minutes. Je sais qu'il reste cinq ou six minutes du côté
ministériel, mais, si vous en avez quelques-unes, je pense qu'on peut y
aller.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez indiqué que, durant les quatre
dernières années, une centaine d'écoles auraient fait une
consultation touchant leur statut confessionnel. Vous avez dit ceci: Ces
écoles sont réparties dans l'ensemble du Québec. Y
aurait-il moyen que vous nous disiez combien se situaient dans la grande
région de Montréal et combien se situaient dans des
régions plus éloignées ou, enfin, à
l'extérieur de la grande région de Montréal? Combien de
parents ont participé à ces consultations? Quel a
été le taux de participation, du vote à ces
consultations?
Deuxième question - je vous les pose toutes d'affilée
parce que je vais manquer de temps - les représentations qu'on a le plus
souvent entendues, dans les débats sur les projets de restructuration
antérieurement ont toujours dit que les projets de loi qui
étaient présentés, qu'il s'agisse du projet de loi 62, du
projet de loi 28 ou autre, avec la disparition des structures confessionnelles
ne donnaient pas dans la loi, suffisamment de garanties pour vraiment respecter
le caractère confessionnel d'une école catholique. Je me fais un
peu le porte-parole des représentations des citoyens qui désirent
des écoles catholiques pour leurs enfants. Par exemple, on sait que le
directeur d'école doit s'assurer qu'il y ait des services
répondant à la confessionnalité désirée; il
y a d'autres responsabilités qui ressortissent à la commission
scolaire. Est-ce que cela vous semble suffisant pour, justement, contrer les
obstacles que souvent les gens ont fait valoir devant nous? Là, je vous
parle vraiment de confessionnalité catholique dans son sens très
large et non pas seulement de certains regroupements qui sont souvent revenus
à la charge. Je pense que cela a été aussi la position des
évêques pendant bien longtemps. Cela est ma deuxième
question.
La troisième question: Comment réagissez-vous à
l'article 80 qui a été mis dans le projet de loi 3 en fonction du
respect des convictions religieuses des non-catholiques ou des
non-protestants?
M. Bissonnette (Jean-Guy): À la première question,
sur le nombre d'écoles dans la grande région
métropolitaine de Montréal qui ont fait des demandes, il y en a
environ une quinzaine. Le pourcentage moyen - je l'ai dit tantôt, je
pense -habituellement, c'est au-dessus de 50%. Cela peut aller jusqu'à
90%, jusqu'à 98%. On a eu des cas où c'était très
faible, mais cela peut dépendre aussi de la façon dont ces
consultations ont été organisées. Dans certains milieux,
c'était organisé d'une façon beaucoup plus
systématique, avec une meilleure information, etc. Dans d'autres, on a
considéré cela comme moins important, la question de la
consultation. On l'a fait plus simplement; alors, cela a donné de moins
bons résultats.
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous me dire
si la majorité de ces écoles réclamaient un statut
confessionnel catholique ou réclamaient une
déconfessionnalisation de l'école?
M. Bissonnette (Jean-Guy); Je peux vous dire que sur la centaine,
ils ont tous réclamé un statut confessionnel catholique. On a eu
une demande de révocation de statut d'une école qu'on a
accordée, d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Anglaise?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Non. C'est une école primaire
qui était de Saint-Eustache ou Sainte-Thérèse.
C'était une école dite alternative d'environ 180
élèves. La question s'est posée. Ils ont fait un
référendum parmi les parents: 86% des parents y ont
participé et environ 70% ont demandé le retrait du statut
confessionnel. Alors, nous avons fait les démarches habituelles que nous
faisons au comité auprès des responsables, tant ecclésiaux
que scolaires, pour vérifier les assertions, les procès-verbaux
etc., et, à la suite de cette enquête, nous avons accofdé
la révocation du statut à cette école. C'est le seul cas
de révocation...
Mme Lavoie-Roux: De tout le Québec?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Oui, de tout le Québec... qui
nous a été demandé, exception faite, évidemment, du
cas de l'école Notre-Dame-des-Neiges. Je vais passer la parole à
M. Gaudette pour la deuxième question.
M. Gaudette: Vous nous demandiez si les aménagements du
projet de loi nous apparaissaient suffisants pour contrer les obstacles et
protéger les droits des catholiques. Si on se place devant l'alternative
où on a d'une part, une structure confessionnelle avec des commissions
scolaires confessionnelles et, d'autre part, des éléments
ponctuels à insérer dans une structure globale, on ne peut pas
lire l'avenir, on essaie de voir de la façon la plus "prudentielle"
possible ce qui peut le mieux aider les droits des catholiques.
Mais je vous référerais à notre expérience
des dernières années, à savoir que si, dans certains cas,
on a pu identifier dans nos rencontres en région des commissions
scolaires catholiques qui étaient dynamiques et qui attachaient de
l'importance à la confessionnalité, on doit aussi avouer que,
dans un grand nombre de cas, beaucoup de commissions scolaires catholiques avec
des commissaires catholiques ne faisaient que représenter l'état
pluraliste de la société et attachaient peu d'importance à
la dimension confessionnelle. Dans ce cadre, les éléments
d'animation existant dans la loi actuelle et pouvant continuer dans la nouvelle
loi, comme une direction d'enseignement catholique, un sous-ministre adjoint de
foi catholique, le comité catholique, des conseillers en
éducation chrétienne, c'étaient les éléments
qui nous ont permis à ce moment-là de contrer, par exemple dans
la crise de raréfaction budgétaire, des coupures de postes. Un
certain nombre de commissions scolaires, lorsque est arrivée la crise
budgétaire, ont très facilement consenti à couper des
postes d'animateurs de pastorale. C'étaient les pressions
exercées par ces différents organismes qui contraient la tendance
d'une commission scolaire qui, toute catholique de fait qu'elle se disait,
attachait peu d'importance à la dimension confessionnelle.
C'était notre expérience.
C'est ce qui nous a amenés, dans nos réactions au projet
de loi, à plutôt essayer d'identifier de façon
précise les points d'insertion de mécanismes, de responsables, de
comités qui permettent d'influencer le milieu et de le rendre davantage
conscient de sa responsabilité sur le plan confessionnel et des droits
des parents. Nous en sommes arrivés à la conclusion que ce type
d'approche dans l'état actuel avait plus de chances pour la
majorité des catholiques de protéger leurs droits qu'un cadre qui
serait confessionnel, une structure de commission scolaire qui serait
confessionnelle, mais qui pourrait, de fait, l'être plus ou moins,
étant donné les personnes qui en seraient membres. On pourrait
donner beaucoup d'exemples de ce type-là.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Maintenant, j'ai manqué un
petit bout de votre dernière question, je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Je ne l'ai peut-être pas posée
très clairement, c'est moi qui m'excuse. À l'article 80, il y a
la disposition qui a été discutée entre le gouvernement et
l'assemblée des évêques et qui introduit le "nonobstant les
dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne". La
question précise que je vous posais: Trouvez-vous que ceci est
satisfaisant et protège ou assure vraiment le respect des individus qui
ont d'autres croyances religieuses ou qui peuvent même se déclarer
non croyants, de toute façon? Pensez-vous que c'est satisfaisant comme
formule retenue pour concilier, d'une part, les intérêts de la
population qui réclame des statuts confessionnels ou de l'enseignement
religieux et, d'autre part, ceux qui ne veulent pas se prévaloir d'un
statut religieux ou demandent même une école qui soit, à
toutes fins utiles, disons-le, neutre? (16 h 15)
M. Bissonnette (Jean-Guy): Nous croyons que cet article assure
une chose; il permet au moins à une école à statut
confessionnel d'exister et de ne pas être contestée pour la seule
raison que des gens ne partagent pas la foi de la même confession. Je
pense que c'est assez certain.
Quant à nous, nous ne croyons pas que l'école catholique
soit discriminatoire par rapport au droit des autres qui peuvent être
à l'intérieur. Nous avons toujours cru et nous avons toujours
proposé au comité catholique qu'une école catholique
devait faire en sorte que les droits, la conscience et la religion des gens
soient vraiment respectés à l'intérieur de cette
école. Nous avons toujours cru que c'était possible de le faire
pourvu qu'on y mette l'énergie et la bonne volonté
nécessaires pour donner à chaque étudiant ce à quoi
il a vraiment droit. Pour nous, cet article n'est pas nécessaire parce
que l'école catholique serait discriminatoire, mais il était
devenu, pour moi, nécessaire parce qu'on disait qu'elle était
discriminatoire.
Je pense que le comité lui-même avait dans ses
recommandations, d'ailleurs, déjà dit qu'il voulait que, hors de
tout doute, une école à statut catholique puisse exister. Il ya des modalités qui peuvent se réaliser dans l'école
qui peuvent être irrespectueuses, c'est possible. À ce moment, je
pense que l'article 80 laisse aussi la possibilité de contester à
ce niveau. Mais une école comme telle, pour nous, n'était pas
discriminatoire du seul fait qu'elle était catholique; il y avait moyen
de trouver des arrangements et de faire en sorte que l'école respecte
les droits fondamentaux des individus qui y vivent ou qui y reçoivent
l'éducation. Je ne sais pas si cela répond à votre
question.
Le Président (M. Charbonneau): Une dernière
question rapide du député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Messieurs, vous parlez beaucoup de
pluralisme et vous évoquez que dans la société il y a
beaucoup de croyances qu'il faut respecter. Je veux savoir si, pour vous, en
1985, la religion, c'est encore important dans les écoles.
M. Gaudette: Oui. Je pense qu'on a essayé de le montrer
par différentes publications, différents textes que, depuis une
dizaine d'années, le comité a publiés. Cela nous
paraît essentiel. On a essayé de montrer comment la religion
était un élément intégrateur qui était
requis et qu'il fallait à tout prix défendre la présence
de la religion dans les écoles. Sauf que, comme on nous apprend de plus
en plus à le reconnaître, la religion doit d'abord s'imposer par
son évidence propre, par son évidence interne, et on ne peut pas
l'imposer à d'autres. Donc, à partir du moment - et ce n'est pas
nous qui avons fait que ce soit comme cela - où dans la
société des gens partagent d'autres opinions, des gens vont
adhérer à une autre religion ou affirmer que la religion est
dépassée, il faut les respecter, tout en défendant, nous -
et le comité va continuer de le faire - la légitimité
d'une présence de la religion, de la confession religieuse dans une
école sans l'imposer à d'autres. Pour leschrétiens, pour les catholiques qui croient à cela, cela nous
apparaît tout à fait essentiel.
Parfois, on entend dire qu'introduire la religion à
l'école, c'est discriminatoire, pour ceux qui n'adhèrent à
aucune religion. Nous avons développé l'idée qu'il serait
discriminatoire pour ceux qui ont une religion d'enlever la religion à
l'école, d'enlever la possibilité qu'il y ait une religion
à l'école.
M. Leduc (Saint-Laurent): Une dernière question. Est-ce
que vous ne croyez pas qu'il appartiendrait à la commission scolaire de
faire la demande au comité plutôt qu'au conseil d'école?
Est-ce que cela ne serait pas une structure préférable?
M. Bissonnette (Jean-Guy): II y a une chose que le comité
ne voulait pas, c'étaient les dispositions qu'il y avait dans le projet
40, c'est-à-dire que le comité d'école, s'adresse
directement au comité catholique et qu'il n'y ait aucune intervention
d'autres instances dans le processus. Le comité catholique n'est pas
capable de faire des enquêtes et de vérifier si tel ou tel
règlement a été parfaitement respecté. Alors, c'est
un minimum que nous trouvons dans la présente loi, qui donne à la
commission scolaire cette responsabilité de mener la consultation et de
s'assurer que celle-ci se fasse selon les règles qui seront inscrites
dans le règlement du ministre.
Comme je vous le dis, on a accepté cela parce que, dans des
conditions comme celles-là, pour la demande qui va nous arriver, nous
pourrons savoir auprès de la commission scolaire si tout s'est
déroulé selon le règlement prévu par le ministre.
C'était le minimum que nous espérions avoir comme intervention de
la commission scolaire dans le processus d'application du règlement.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette réponse,
M. Bissonnette et messieurs...
M. Ryan: Si vous alliez remercier nos invités, j'avais
seulement une petite question à poser d'ordre technique.
Le Président (M. Charbonneau): D'ordre technique, une
petite vite.
M. Ryan: Est-ce que je dois comprendre
que le comité catholique n'a pas laissé de texte
écrit pour la commission parlementaire?
M. Bissonnette (Jean-Guy): Non.
M. Ryan: Ce sont seulement des réponses à nos
questions que vous avez apportées et vos remarques liminaires.
M. Bissormette (Jean-Guy): Bien...
M. Ryan: Nous n'avons pas de texte écrit.
M. Bissormette (Jean-Guy): Non, on n'avait pas de texte
écrit nouveau. Comme la demande est venue vendredi, on n'a pas eu le
temps de faire de préparation.
Le Président (M. Charbormeau): D'accord. Écoutez,
sur ce, je voudrais, au nom des membres de la commission, vous remercier
d'avoir accepté, dans un délai très bref, de participer
à cette consultation particulière dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi 3. Je pense que les membres de la
commission ont trouvé utile l'échange qu'ils ont eu avec vous.
Encore une fois, merci et bon retour.
M. Bissonnette (Jean-Guy): Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Nous allons maintenant
accueillir les porte-parole du Comité protestant du Conseil
supérieur de l'éducation. Je crois que le président est M.
Auchinleck.
Comité protestant du Conseil supérieur
de l'éducation
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais, d'abord, vous
souhaiter la bienvenue, ainsi qu'à vos collègues et vous
remercier d'avoir accepté cette demande de participer à un
éclairage additionnel que les membres de la commission souhaitaient
avoir sur certains articles à l'occasion de l'étude
détaillée du projet de loi 3.
Sans plus tarder, je vais vous céder la parole, en vous demandant
d'identifier, M. Auchinleck, vos collègues et en vous indiquant que, si
vous pouviez concentrer vos commentaires initiaux, cela permettra un
échange plus long avec les membres de la commission.
M. Auchinleck: Merci, M. Charbonneau. Je suis très
heureux, cet après-midi, d'avoir l'occasion de vous présenter le
point de vue du Comité protestant du Conseil supérieur. Mes
collègues, ce sont M. Sorensen, qui est le chef de notre comité
de restructuration au comité, et M. Kuntz, qui est le secrétaire
de notre comité.
Nous avons présenté au ministre trois avis au sujet de la
refonte, depuis le commencement. Nous avons eu deux rencontres avec M. Laurin
et une autre, l'an dernier, avec M. Bérubé, au mois de juin au
sujet des réformes qui se font dans l'éducation.
Si cela ne vous dérange pas, je vais présenter mon texte
en anglais. C'est plus confortable pour moi d'exprimer ainsi des points qui
sont très importants pour notre comité.
The recommendations of the Protestant Committee are based upon a
continued dialogue with the constituents of this Protestant community. It is
the practice of the Committee, during the year, to meet with various school
boards, the Quebec Association of Protestant School Boards, the teachers
association, and from our dialogue, over the past three years, we have gained
one overriding attitude towards the proposed reforms in education. As far as we
can gather, the Protestant community seems to be happy with the services that
are granted through the Protestant system, realizing that reforms must be made
in the community at large to upgrade and to update that system to attend to the
needs of the pupils that they serve. However, the fundamental request for a
change in the basic structures and foundation of the confessional system has
not been a priority for this community.
It is basically true that Protestants, within the system of education
known as the Protestant Educational System, still believe that there is an
importance to confessional teaching and religious education for children.
Protestants believe that their children should be brought up and
nurtured in the admonition of the faith. In point of fact, it is the practice
of public baptism in the Protestant communities that members of the
congregation make vows to assure the Christian education of their children at
the time that they are baptized.
They see as the chief proponents of religious education the home and the
church and one finds throughout the Protestant community Sunday Schools whose
chief responsilibity is to provide information and to lead a yound child to the
commitment of the faith. They do not expect that the public school system will
play this role in the development of their child's religious beliefs. However,
they have a firm commitment that the values of the system to which they send
their children will correspond to the Christian values found in their Christian
tradition.
As a result, they expect their school to play some role in the religious
and moral development of their children and it is important for you to
understand what that role is because it is a different role than
one would expect to see in a Catholic school or in a Jewish parochial
school. To understand the role, one must seek into the historical context of
the development of the Protestant educational system over the past 140
years.
When Protestants found themselves with a confessional school system
which would bear the name "Protestant", they realized right at the beginning
that there had to be a consensus, an agreed upon syllabus, because coming
together in the early period of the nineteenth century were Anglicans,
Presbyterians, Methodists, Baptists and other denominations of the Protestant
community who would all send their children to the same school. As a result,
the syllabus which was to be devised for religious education in the public
school had to be one which was based upon information, information about the
faith.
Traditionally, the centre of
Protestantism is the Scriptures. One found very early in the development
of Protestant religious education an emphasis upon Scriptural knowledge which
was taught so the children would be informed. Interpretation was not to be the
emphasis because this responsibility lay with the particular religious
community in which the child found himself.
Because of this emphasis upon information about religion and because all
who took part in it were conscious of an open presentation, it became one of
the earmarks of religious education in the Protestant schools that there should
be an openness and an open dialogue and no expected commitment to the faith. It
was this openness which allowed other members of the community to come to the
system and to find there an attitude which allowed their children to take part
in an educational system without fear of indoctrination of their children. It
was thus natural for Jews, Moslems and others that they feel comfortable in the
Protestant school. As the numbers grew, the pluralistic nature, which began in
reconciling all the denominations, grew to a reconciliation of a system which
contained not only Christians, but many non-Christians as well. (16 h 30)
The Protestant philosophy of education in Quebec was founded upon
principles which all Protestants held in common. The sufficiency of Scripture
and reason, respect for the individual conscience and the individual's
responsibility to answer for himself before God. These fundamental principles
remain the basis.
Since the Reformation, born through the reading and studying of the
Word, Protestant schools had the obligation to transmit the biblical heritage.
This view saw the Old Testament as the expectancy of God's revelation of
Himself and the New
Testament as the revealing of God's model and teaching in Christ.
Students were to be encouraged to exercise their powers of reason, to develop a
critical faculty and to question established beliefs. Pedagogy was an
"informing" rather than a "forming" process aimed principally at the
development of the individual's potential and autonomy.
The Protestant emphasis upon a sanctified life in this world placed a
great responsibility on the individual whose obligation was to acquire
theoretical and practical skills in order to serve society. The responsibility
of the community was to provide each individual with an education of sufficient
quality to permit a full contribution to society, including the decision-making
processes. The Reformation emphasized the doctrine of the priesthood of all
believers and consequently, stressed the rights and responsibilities of the
individual citizen with regard to all aspects of institutional and social
life.
Finally, Protestants considered the family to be the fundamental
educating force. Protestants schools were regarded as an extension of the
family, rather than of the State or the Church, and were thus required to be
responsive to the needs of the child as indicated by the family. Since great
value was placed on this local control, any effort to reduce that autonomy has
always been met with suspicion and resistance.
From its earliest days, the Protestant education has given institutional
expression to the basic convictions of the family and the individual has the
primal right in matters of religious belief and of commitment to moral and
ethical values. It is this fundamental conviction which enabled the Protestant
sector to evolve and to develop to the point where religious and cultural
diversity could be recognized and welcomed into the schools.
The debate over confessionality has provided the Protestant educational
community with the opportunity to reflect upon its own values and orientations.
They still place an emphasis upon the value of the confessional system. The
process of adjustment in the Protestant system to meet the needs of a highly
diversed school population, while fraught with some difficulty, is a process
which has been taking place for several decades because of the many different
cultural, religious and linguistic groups absorbed into Protestant schools.
The present system preserves the rights of the Protestant education
community better than the model proposed in Bill 3, better than any model so
far proposed. It allows the Protestant schools to be administered by those who
subscribe to the principles of the Protestant tradition and to be recognized as
Protestant by a
representative and regulatory body of the community, the Protestant
Committee, while permitting adjustment of the combination to meet the needs of
others.
Because of the relatively small number and wide territories of the
present Protestant School Boards, any proposal which eliminates the Protestant
Boards will severely jeopardize the continued existence of Protestant schools.
A proposal which automatically calls into question the confessional status of
the school every few years is manifestly unacceptable and conducive to
instability and strife.
The development of a quality teaching team, a committed body of
volunteers and advisors and an appropriate pedagogy for school clientele is an
ongoing and long-term project. An enriching school identity would be difficult
to achieve and maintain when the school is faced with the possibility of a
complete change of direction every few years. Any proposal which reduces the
confessional identity of the school to specific programs in moral and religious
teaching is alien to the Quebec experience of Protestant education and any
proposal which requires the Protestant schools be accountable to structures
unrepresentative of the Protestant concerns is unacceptable.
As direct participants in the provision of leadership for the Protestant
education system and as concerned parents and teachers, we are prepared to
undergo thorough examination of our school system. We believe that people will
accept change when they understand the need for it. People will change when
they are given the incentives and when they feel ownership for the
implementation strategies. Structures that are imposed from above only bring
the appearance of change, they will not bring about the desired change in the
way people will behave.
If there is a modernizing of the Protestant system of education, it must
be done under certain principles. These principles are: the maintenance of a
confessional system; the continuing need for democratically elected support
structures; a balance of leadership responsibility; a respect for minorities
and the individual; a clearly defined role for the Protestant Committee and the
guarantee of a Protestant network of schools.
Our concern for the right to maintain a flourishing Protestant education
system cannot justly be defined as an expression of vested interests in a
negative sense. We are proud of our system. We identify with it because we have
grown up in it. We have nurtured it and we have a desire to assure that it will
serve our children and grandchildren as it has served us. The Protestant system
rooted in reform has always adapted to societal changes and to new
technologies. It is our awareness of this fact that gives us confidence that it
will continue to be able to prepare our children for tomorrow's world.
What is the Protestant school? It is a school which encompasses the
views of the Quebec Protestant historical heritage and the Protestant theology.
It is open to all, it is non-indoctrinating and does not demand any commitment.
It has an informing religious education program. It has a moral character which
flows from religious beliefs sufficient in the Scriptures and reason. It views
itself as an extension of the family not the Church, nor the State and gives
emphasis to the development of the individual to his greatest potential.
Locally controlled elected school boards are an integral part of that
system. Education is a societal responsibility and we support that the total
community has rights and obligations to assure quality education for all.
Therefore, all members who pay for the system should be able to express their
views and wishes in democratic election.
Leadership implies a direction. Leadership influences without preempting
for itself all the power. There is room for leadership at all levels in the
school system.
Those representing parents on present school committees as well as home
and school associations have the opportunity to provide leadership within the
school community. As a result of recent changes in the Education Act, the
school committees has to be consulted on a wide range of matters if it so
declares. This has given to parents the opportunity to develop leadership and
to promote the interest of students, parents and the community in school
affairs.
In most Quebec schools, this kind of parent involvement is very new and
a great deal of trial and error has been experienced in its introduction.
Within a school board, the people responsible for running schools and other
services expect the council of commissioners to provide leadership through
policies which define aims, priorities and objectives for the system. This kind
of leadership recognizes the school's right to find its own way to meet those
aims, objectives and priorities. In finding this way, the principal of the
school needs sufficient authority to exercise leadership in collaboration with
parents and staff. It is the principal who is accountable for everything that
goes on in that particular school.
The leadership of the Provincial Government in education takes the form
of legislation, policy and funding. Whatever the provisions of the legislation,
policy and financial arrangements, they must be broad enough to allow the
leadership at the other levels to refine and focus their efforts in a way that
reflects local priorities and characteristics.
A society is judged not by what it does for the majority, but by the way
in which it views its minorities. On the question of respect for minorities and
the individual, we are prepared to stand on our record and we are prompted by
the current debate to move ahead with the result to turn in an even better
performance in the future. We can achieve this most effectively and
sufficiently within the existing structures and we are confident that the
Catholic education system can exist with us in the spirit of friendly and
collegial competition.
We are not particularly enamoured with the fact that our system, which
has more than 130 years of history, is being threatened with extinction by
groups who do not know much about it and have not experienced it. We would
rather bring about change through open dialogue in the best tradition of
Protestant educational philosophy. It is this openness of the Protestant system
and its ability to adapt to change which foster the attitudes of respect for
diverse cultures, traditions and religions.
Allowing exemption from religious instruction is only one of the
modalities employed by a system which respects minorities. We could grant
exemptions but manifest an inhospitable attitude to minorities in many other
ways. For example, minority groups could be excluded from many forms of
meaningful democratic representation on our governing institutions. Schools
could become ghettoized by bringing minority groups into one institution.
Members of the minority could be excluded from the opportunity of serving on
instructional staff and on school boards. A curriculum could be designed which
denies the existence of the minority. That is, in effect, what Bill 3 is going
to do.
The Protestant school is a model of the larger community. We try to
establish goals based on the common good and from that point on, we try to
accommodate the minority needs. This is a continuing process. Bill 3 has
another approach which is unacceptable because it starts by accentuating the
differences among groups in the community. It forces people to reflect upon
their own needs rather than the common good. We find it divisive.
An open system is one in which individuals or a group representing a
minority view can have access to the governing body and be taking seriously. In
other words, minorities should have the opportunity to educate the
administration, the board or the teaching staff about the need for alternative
practices and thus bring about change over a period of time. This is a very
important concept to grasp because it is not fair to suggest that a school
system deliberately sets out to marginalize or discriminate against minorities
or individuals. Societies change rather subtly and thus, what may be considered
as discriminatory today may have been perfectly acceptable yesterday. (16 h
45)
Certainly in the case of the Jewish community, representation on
Protestant school boards was long in coming. On the other hand, teachers should
be given a great deal of credit because they, being in the front line, had the
first interface with the others who were joining the system. Had they not
behaved in a warm and friendly fashion, the flow of immigrants into the
Protestant schools would have soon dried up.
Le Président (M. Charbonneau): M. Auchinleck, juste avant
que vous poursuiviez, je constate que vous avez un texte. Est-ce que vous
pourriez m'indiquer si vous en avez encore pour longtemps parce que,
déjà, nous avons pris plus que 20 minutes? Comme...
M. Auchinleck: Bien, je vais terminer dans un moment.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. Pour que les
membres de la commission...
M. Auchinleck: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): ...qui ont manifesté
de l'intérêt pour...
M. Auchinleck: Tor us, a clearly defined role for the Protestant
Committee is vital. That is something that we wish to be concerned about. They
feel confident in their supervision, their assessment of the entire public
system, that they should not be relegated to being concerned only with moral
and religious education. The broader mandate is vital to us.
One of the great concerns, as we see it, is that the Protestant
community will be fractured in Bill 3 and it will be so blurred, the identity
of the Protestant community, that any interchange between the Protestant
Committee and the Protestant community is going to be very difficult to
maintain. Once the Protestant educational system is fractured, the
possibilities for the Protestant community to make true representations to the
Superior Council or for us to make representations to the Minister are limited,
if not impossible. No formal structure will exist and we need that for our
identity.
The question of school boards is a very important one to us. A
confessional system existing only at the school level is doomed unless it has a
support network. It is perhaps more true for the Protestant community than for
our Catholic colleagues. Roman Catholics have a Church which is a monolithic
unit, it will be able to provide the kind of support and direction to the
Catholic school system.
However, by its very nature, the Protestant community is diverse and its
structures of denominationalism mitigate against any assured support network
being developed.
By tradition, the Protestant religious community and the Protestant
population have vested in school boards a trust that the values and traditions
of the community will be protected and served. The way for the Protestant
educational community to continue to exist is through a network of structures,
which will provide support and protection for the class of persons entitled to
them in law. If it is so easy to abolish the rights that are guaranteed in a
constitution, how much easier will it be to abolish the rights of minorities
without constitutional guarantees?
The Committee reaffirms that it sees little need for sweeping reforms.
We do not support the premise that language is the overriding value to which
all other values must be subordinate in bringing pupils together in the same
school. The structures of an educational system must make allowances for many
value systems which exist within it.
We are deeply concerned about French Protestants and the fate of French
Protestants under the proposed legislation. Some French Protestants will no
doubt undergo the trauma of transfer to a largely Roman Catholic system. If
they declare themselves dissident as the Bill allows, they may find themselves
with all the attendent insecurity. For example, there may not be any buildings
available for this population, having given them to the Board that was
established under the law. Others, after transfer to a French language school
board, will be subject to pressures to close their schools because their number
will be insufficient in any one school board. Transportation facilities between
school boards will be difficult to obtain, and we wonder whether there will be
any available.
The Protestant Committee is distressed to note that the Province of
Quebec is devoting such an inordinate amount of time and energy tampering with
the educational structures while throughout North America, the growing volume
of educational research indicates that we should be attentive to the needs of
pupils in terms of learning styles and approaches to teaching.
We are aware of the fact that some members of this commission have
studied the excellent reports on education which has been published over the
past two years, in terms of pupils' needs and the system's needs. None of these
reports address structures; they address the needs of children.
Even the "régime pédagogique", which attempts to solve
some of the problems and to address some of these problems in terms of learning
styles and approaches to learning, will be placed in jeopardy by the turmoil
which will evolve, in our opinion, from this new Bill.
Le Président (M. Charbonneau): Merci beaucoup, M.
Auchinleck.
Je vais céder maintenant la parole au député de
Fabre et adjoint parlementaire du ministre de l'Éducation.
M. Leduc (Fabre); I want to thank you for having accepted our
invitation to give your comments on Bill 3.
I have a few questions for you. What I understand is that you want to
maintain the Protestant school boards mainly - one element of what you said -
because your community, the Protestant community, will be fractured. I would
like to see in what way it could be fractured because in Bill 3, the
Protestants have the right to their schools and the Linguistic school board can
even bring together Protestants in one school, this is possible. This was not
possible with Bill 40 but it is now possible with Bill 3, to have one school
for the Protestant pupils.
You have other rights that are defined in Bill 3, that are not defined
in the actual system: for example, the right to "animation religieuse à
l'école". This is something that is not now defined. You could even have
someone affected, at the school board level, to see that the rights of the
Protestant pupils are respected. Those are a few rights that do not exist in
the present system, but are present in Bill 3.
I would like to hear your comments on the fact that the community could
be fractured. I do not see quite how. I will have a few other questions
too.
M. Auchinleck: Well, firstly, it has been the development of
Quebec Protestant education to try to develop over the years a consensus to
bring about a broad understanding of Protestants gathered together. In this
Bill, you allow for particular denominations, schools of particular
denominations, schools of several denominations and that kind of invitation
leads to a fracturing of the unified system of Protestant schools. And that is
the concern that we see.
One of the other concerns is when we talk about the "projet
éducatif", which can define a school in terms of a particular
confession. We are not very clear in terms of the exclusivity of such a school.
Do you propose that every denomination in the Protestant community has the
right to its own school, to its own educational project? Is that where your
directions lead? That is contrary to the past experience of Protestants. We
have worked for 140 years to bring everybody together. That is what we
have done, and not with ease. We have done that.
Now, if your Bill is to suggest that we are to divide everybody again,
we consider that a backwards step in the work that we have done to bring a
unified and a more global view to the educational system.
M. Leduc (Fabre): But, I still do not understand, since it is the
community that will decide what is best for the community, for the pupils. It
is not the Government that will decide. It is not Bill 3 that will decide, it
is the parents that will decide within the school boards, the linguistic school
boards and within the schools. So, I do not see how it can divide. I know a
little about your schools, because I come from Laval, where there is the
Laurenval School Board. I know something about it. I mean, in the schools in
Laval, you have Jewish pupils, Greeks and probably Germans too; you have
various religions, ethnic groups and - not a German religion - you could have
various religions and various communities within the school. So, I do not see
how Bill 3 could fracture the community. What I see is that in your schools,
you have various communities and the rights of these people are respected
inside the schools. I do not see quite how this could be worse or how your
community could be fractured. I do not see quite how.
M. Auchinleck: Once you focus people's attention on the right to
withdraw and to form their own and to protect their own particular needs, they
do not have the perspective of contributing to the common good and the whole,
that is what we are saying is in the Bill.
M. Leduc (Fabre): I have a question. In many of your schools, you
have anglophone Catholics and you have Protestants; do you know in how many
schools you have Catholics and Protestants together?
M. Auchinleck: I do not have the actual numbers. I know that we,
in the Protestant Committee, honour the ententes that are agreed upon between
school boards to bring Catholics and Protestants, for purposes of education, to
schools. We do that regularly. I do not have the particulars in terms of
numbers.
M. Leduc (Fabre): What are these ententes?
M. Auchinleck: There are agreements between school boards to
share responsibilities in educating children. Protestant children for whom
there is no school in that district may, by entente, go to a Catholic school
and we work out the method of entente which was designed by the two
confessional committees to assure that the rights of Catholics studying in
Protestant schools and the rights of Protestants studying in Catholic schools
be honoured and respected.
M. Sorensen (Knute): May I make a comment?
M. Auchinleck: Yes.
M. Sorensen: I sense perhaps a certain impatience with our
efforts to try to describe the Protestant system. Over the past several years -
as a matter of fact since this debate on the change in structures of the school
began - we have been asked many times to define our Protestant school and we
have been told over and over again that we are not truly Protestant anyway. (17
heures)
What Mr. Auchinleck has attempted to do in the presentation that he gave
this afternoon is to describe to you what a Protestant school is, not in a
narrow sense, but the way that the Protestant school has evolved. In terms of
Bill 3, we are talking about a re-definition of Protestant. The minute you
accord to people the right to express their uniqueness in terms of the school
that the children will attend the program that the children will have from
morning to night in that school, the school that they will go to, the selection
of the staff, which are all implicit in the Bill you no longer have the same
definition of the Protestant school.
When you describe the Catholic school, it is much simpler because it has
a much more central view. It is easier to describe in terms of the religious
affiliation. When you are talking about Protestant, you are talking about a
system which we call open, which has always brought other people in, looked at
the needs of the total community, not a small segment of the community. And
then, we have said: Now, within that system, we are going to try to adapt it so
that people can have their rights, the minorities can have their rights
respected. If this Bill goes through, we will... Can you see Jewish people
agreeing to have their schools called Protestant when with Bill, they can make
themselves unique and say: Why should we be Protestant? We are Jewish and we
are going to have a Jewish school. And the Mohammedans and the Moslems, they
will do the same thing. So, that is the problem, sir.
The problem is that we see the Protestant school in a different sense
than you do. You have expressed to us: After all, you have got all kinds of
people in there. Yes, we do, because that is what we are. The moment you change
that, it is not the same Protestant system. You are now going to be forcing us
to give a much narrower
definition of Protestant and that upsets us, because that is contrary to
our values.
M. Leduc (Fabre): Thank you very much.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Thank you very much. This misunderstanding about
Protestants is perhaps coming to a head in the discussion of this Bill and I
thank you for trying once again to clarify the difference in that the
Protestant school system is not a mirror image, in any sense of the word, of
the Catholic system. I spent many years on the Protestant Committee myself and
I know we struggled with this demand to define ourselves. I do not know that we
ever put the message across, but you did it rather well today, I think. I hope
those that were not familiar were listening and hearing.
Because we are at the stage when we are looking at the practical
realities and the concrete meaning of the articles of the law, my questions are
oriented in that way. The first question was also raised by "le
député d'Argenteuil" in relation to the demands of the
Anglo-Catholics. I think that this is something which is very, very important
and certainly, the problems which arise if those demands were acceded to, and I
am not criticizing the demands... But looking at the demands of the
Anglo-Catholics, the guarantees particularly to schools that are Catholic not
only in the sense of offering "religious education, Catholic "religious and
moral education, but in the sense of the totality of the school and the values
it projects, and so on, how do you see... If, in fact, this law were adopted
and language boards came into being what are the concrete problems that you see
arising? I am thinking particularly... Let us talk about the Island of Montreal
first, because I think that the problems off-Island are a little different.
But, looking to where there are approximately equal numbers of Anglo-Catholics
and Anglo-Prorestants, what are the concrete problems that you see arising
around staffing, curriculum, administration and perhaps sorting out the schools
to fit the different "projets éducatifs" where they are
confessional?
M. Auchinleck: The first problem we see will be in this question
of the definition of the educational project of the school. If schools develop
an educational project which is strictly Catholic, which demands a Catholic
presence of staff and a Catholic principal, if that is the direction of the
"projet éducatif" and if the law protects that, then, obviously, there
would have to be some movement of staff. This exclusivity that could come out
of this Bill - and that is something that has to be defined, for us -is going
to be a problem.
It will also render to the community the conflict. You will be placing
in the community the strife of the decision to recommend and request
recognition. And we see potential strife and conflict over something that we
should not be having. That is not the focus of education, primarily, and it
should not become the focus in the communities, and it will.
Mme Dougherty: Would you go so far, in that regard, with respect
to staffing, as to see, let us say, the non-Catholic teachers in the
boards, the staff, retaliating, if you will, by saying: All right, we cannot
teach in the Catholic schools, you cannot teach in the Protestant schools?
M. Auchinleck: Well...
Mme Dougherty: I mean, 1 would hate to...
M. Auchinleck: ...the problem would be...
Mme Dougherty: ...think this would ever come about, because we
have never been worried about that in the Protestant sector.
M. Auchinleck: Well, I think that people should look very closely
at the seniority lists of the teachers in the system. You will find that
Catholic teachers will be able to teach in Catholic schools and then, because
of their seniority, they will be able to teach in a non-confessional school and
you will probably have the displacement of Protestant teachers. It is a genuine
concern that we have in this regard.
There is another area of conflict in curriculum. If, indeed, a Catholic
school recognized as Catholic decides to choose a certain selection of texts
which espouse and endorse the philosophy of that school, then, obviously,
children will be required to use that. If you have a situation where Catholics
and Protestants are in the same school and a Catholic text has been approved
for use, there is going to be a conflict with school boards and the Protestant
Committee over their recommendations of the text. We see potential conflicts
with school boards over the approval of texts, that is a very real character,
the approval of programs even. And that is going to be something that we really
do not want to have happen. We do not want to be in conflict, but we see it as
a potential conflict.
M. Sorensen: May I just add to that, Mrs. Dougherty? We have
already had the experience, during the teachers' strikes, of
seeing how the overflow, the strife has affected the children. I would
predict that, if we have this kind of strife within a school, we can certainly
expect that it will overflow and affect the children as well. I think you have
to be very conscious of that.
Mme Dougherty: Thank you. Now, my next question relates to the
roles and powers of the Protestant Committee. In your letters, your previous
letter here, November 4th -this was back in 1983 - you were commenting to the
Minister of Education concerning the roles and powers of the Committee in Bill
40. You were very concerned that the interpretation and, in reality, the powers
were unsatisfactory and that they were greatly diminished.
What do you have to say about Bill 3 in that regard? Has the situation
been sufficiently improved? Is it still too narrow or do you think that the
interpretation of your competence in relation to the totality of the system has
been removed?
M. Auchinleck: There have been modifications since Bill 40 and we
realized those. We realize that there has been the right of the confessional
committee to approve books and programs 60 days before they will be approved.
We appreciate that kind of change.
But, there is one very important thing. The Protestant Committee under
the old Education Act had the right to visit schools. Nowhere in this Act, do
we see any role for the Protestant Committee to visit schools. It is of
particular importance to us because if you change to a school board system of
150 school boards, we will have increased responsibility in looking after
Protestants which will be found now scattered in 150 school boards as opposed
to the 9 or 12 that we have at the present time. That is one of our great
concerns in this particular regard.
Mme Dougherty: Let us say that Bill 3 is amended to conform to
the status quo, in terms of the roles and powers of the Protestant Committee;
would that be adequate, in your view, given that language boards would be in
place? Or would your competence have to be redefined in order to fulfil the
role that you see as appropriate?
M. Auchinleck: You realize that people who serve on the
Protestant Committee do so at the expense of something else in their life. They
are people who take part in a system, they work for a system. They could not
engage upon that kind of responsibility given that kind of support. The new
role, for instance, that would develop in terms of coordinating the views, the
disparate views of the churches would be a very time- consuming and very
demanding responsibility for the members of the Protestant Committee.
M. Sorensen: Excuse me. Furthermore, we must refer back to the
fact that we have no reference point in Bill 3. We do not have boards to refer
to. We do not have Protestant boards to refer to.
M. Auchinleck: Yes, that is our chief concern.
Mme Dougherty: What do you think of the support services that are
provided? In all these instances, I am presuming, I am asking these questions
from the perspective of "if there were language boards..." These support
services provided in the law, have you looked at that, for confessional
education, the support services in the boards?
M. Auchinleck: Yes, we have looked at the question of the
religious animator that would be hired by the board on the recommendation of
the Protestant Committee. We have a concern that we might make a
recommendation, but we do not see in the Bill any obligation for the school
board to accept our recommendation. It says in the Bill that there shall be
someone for the Catholic community; it says that there will be one if the
Protestant Committee recommends. What would happen if we recommended and a
school board decided that they did not wish to take the recommendation of the
Committee? Where is the assurance in the Bill that our recommendations must be
heeded?
Mme Dougherty: You feel that is a loss as compared to status
quo?
M. Auchinleck: Very definitely.
Mme Dougherty: Because right now the boards are obliged...
M. Auchinleck: Yes, to follow.
Mme Dougherty: ...and there is no obligation on the part of the
board in this Bill.
M. Auchinleck: That is right.
Mme Dougherty: Article 80. Could you tell us what you think of
Article 80? This is the one which finds a way through the dilemma of
confessionality and discrimination under the Human Rights Legislation. (17 h
15)
M. Auchinleck: Our interpretation of Article 80 is that it refers
to the students. All students have the right to go to any school, if that is
correct. Now, there is
another article in the law which deals with a school board's right to
set the criteria for enrolment. So, we see a contradiction here and we have a
concern about that. We are not sure whether in Article 80 you are talking about
the right of exclusivity for staff; if that is the case, we have some real
genuine concerns about it. There is a problem, there is a conflict in the law.
There is a certain incoherence there.
M. Kuntz (Harry): Just to continue on this, if you take, for
instance, Article 80 together with Article 20 of the Charter of Human Rights,
there is a difficulty here. Under Article 80, the majority rights are to be
respected within the school, the minority cannot complain if the majority wants
the school to be recognized as Protestant or Catholic and cannot complain
either if the educational project is Catholic or Protestant.
If you take together the recognition of the school, as either are
Catholic or Protestant, with Article 20 of the Charter of Human Rights which
allows a nonprofit organization to discriminate on religious grounds without it
being called discrimination, you could then have, for instance, Catholic
school with Catholic staff. This is our problem right here. You might have a
school that is recognized as Catholic with 80% of the pupils Catholic, 20%
other and but yet, under the Charter of Human Rights, you are not
discriminating if it is 100% Catholic staff or vice versa. The same thing goes
if it is a Protestant school that is discriminating in the same sense.
M. Auchinleck: What would you do with a school who demanded that
their Protestant staff be born-again Christians, you know? There is a potential
in here that, we think, has some real difficulty in terms of relations of
people, human relations.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, M. Auchinleck. Il me fait plaisir de vous adresser
quelques questions. I should first like to know exactly where we stand. I have
a document, here, from which my colleague from Jacques-Cartier quoted a few
moments ago, which is your brief to the Minister of Education on Bill 40, dated
November 4th 1983. Was there any other communication to the Minister or to the
Government on the restructuration project since the transmission of that
opinion of the Committee to the Minister?
M. Auchinleck: That is our last communication.
M. Ryan: Your last communication.
M. Auchinleck: That was our last written communication. We
presented one on June 15th 1982.
M. Ryan: Yes.
M. Auchinleck: We presented one in March 1983. I am sorry, it was
in January 15th 1982; March 1983 and the last written communication was in
November 1983. We did have meetings with the Minister, twice with Mr. Laurin
and once with Mr. Bérubé, on our concerns.
M. Kuntz: There was also a letter in August 1983, dealing with
the potential for conflict in the choice of a confessional school.
M. Auchinleck: Yes, that is right.
M. Ryan: Could we have a copy of that letter?
M. Auchinleck: Would you like a copy of that letter?
M. Ryan: I would very much appreciate that.
M. Auchinleck: I would be very glad to send it to you. I am
sorry, I did not send it to you.
M. Ryan: Speaking on the basis of your recommendation approved by
the Committee on the 23rd of September of last year, would it be fair to say
that upon reading Bill 3, we find rather little trace of the views which you
had put to the Minister? Am I exaggerating in drawing that impression?
M. Auchinleck: No, I think that is very true.
M. Ryan: We have a conclusion if it is confirmed by you.
M. Auchinleck: We certainly send the briefs, but we do not get
the kind of exchange and opportunity for a considered dialogue or a reply that
we may otherwise wish.
M. Ryan: So, in the draft legislation as it stands, you find
rather little trace of the views which you had proposed to the Minister in you
brief of last November.
M. Auchinleck: Yes, because our basic principle is missing in the
newly proposed legislation.
M. Ryan: I have one further question.
We have heard all kinds of views from anglophone organizations before
this committee: Protestant teachers, Protestant school administrators,
Alliance-Québec, English-speaking Catholic organizations, both of
teachers and school administrators. To what extent do you feel that you speak
on behalf of the non-Catholic anglophone community on these matters? Did you go
into any effort in order to find out how far your views are representative of
those of your community?
M. Auchinleck: O.K.
M. Ryan: What would you wish to say on that? And I have one
further element. I have gathered the impression over the past two years that
English-speaking Protestant organizations or English-speaking organizations
made up of Protestant members, outside of the Island of Montreal, would rather,
willingly accept to move towards linguistic school boards rather than the
Protestant school boards that we have now. What would you say to that?
M. Auchinleck: Firstly, I would say that each of the groups from
the Protestant community, the Quebec Association of Protestant School Boards
and the Directors General Protestant, the Quebec Association of School
Administrators, all of these groups have presented a point of view that their
first choice is a confessional system. Many of them, in the interest of
expediency, have taken a second position. We have realized that, and we have
been in dialogue with them and we know their particular point of view.
First of all, the Teachers Association has a particular view that has
never taken that particular stance: confessional system first. That just
represents, again, the kind of openness that exists within the Protestant
school system that you can tolerate and stand that kind of diversity of
opinions. That can happen and does happen and creates some of the problems for
us in the Protestant system.
However, I think the consensus for linguistic boards would be under very
severe challenge if there were in the Bill the right for English Catholic
school boards. I would question, if they were given that which may be in
existence now, whether there would be this great consensus at this particular
time.
We, in the Protestant Committee are not against cooperation. We are for
cooperation, but we hope that people come together as equal partners from
Catholic boards and Protestant boards to form and to answer the needs of the
English community.
M. Ryan: I have two further questions. First, what is the nature
of the contacts which you keep with the Protestant school boards and, more
directly, the Protestant schools, if such contacts do exist? Secondly, to what
extent do you feel that the Protestant concept of education, as defined in your
presentation today, is being actually transmitted or lived up to in the
Protestant schools that we have in the Province of Quebec today?
M. Auchinleck: One of the things that the Protestant Committee
does is to visit the schools. It was how we got our concern about the fact that
it was not identified in this new Education Bill. We have experienced
opportunities of discussing and seeing the program in operation: varieties,
adaptation of the program but the program in operation. We have designed a new
program of moral and religious education. One of the concerns that was raised
for us very recently was that we were going to have overwhelming exemption,
everybody wishing to get out of Protestant moral and religious education. I
work for a school board where the request for exemption is minimal, not more
than ten in the entire system. I think there is a consensus that people can
live and accept that Protestant foundation of the system.
M. Ryan: I see that you take exception to the notion that there
should be a firm distinction established between religious instruction and
moral instruction. Could you elaborate a little on this and give your views
about the Bill in this connection?
M. Auchinleck: We have, traditionally, always talked about moral
and religious education, because it is the firm belief of the Protestant
community that our morality flows from our religious beliefs. Our morality is
found in the Scriptures; that is why we teach them in the program, because it
is from there that our morality develops. That is one of the things that we
have insisted upon and encouraged. When we saw in the Bill the terminology
"ethical", we interpreted that as being the moral and religious values. That is
one of the changes that is in the Bill, in terms of a Protestant belief, that
there is a relationship.
M. Ryan: How do you...
M. Auchinleck: It is one of the reasons why our program also
encompasses the human awareness portion of another Ministry program, "la
formation personnelle et sociale". We have included our sex education and human
development area in our moral and religious education, because there are moral
implications within the teaching of that program.
The other factor in terms of our relationships with the Protestant
community... it is important to understand that the major Churches of
the main line Christian-Protestant Churches have supported the position of
confessional education. Certainly, the Presbyterians and the Anglican Church,
both, in their communications with the Minister have underscored that; the
United Church has a particular stand which definitely believes in confessional
education, but they have a particular perspective.
M. Ryan: How do you cope with the needs of your Jewish pupils,
who are particularly important in the Montreal area...
M. Auchinleck: Yes.
M. Ryan: ...with this program?
M. Auchinleck: In our program, we allowed for the adaptation when
we design the program. If you look at the program, the new program that is
there, we are teaching it all the way to grade IV in the Protestant School
Board of Greater Montreal and it is in Secondary I, II and III in the entire
system. We are not talking hypothetical questions, we are actually teaching the
program and we have trained the teachers and people are doing it.
When we find that a particular community has a concern about the
religious module, we go back to that community to try to work out the kind of
adaptation, the kind of sensitive dealing with that. Many of our teachers who
teach the program are of the Jewish commitment and they understand and are
sympathetic to the information that we are giving. Of course, there is a high
emphasis upon the Old Testament stories and the Old Testament knowledge of the
Bible; it is there.
M. Ryan: O.K. Just a final remark, because the Chairman tells me
that our time is up, now. I wish to assure you that I am in full agreement with
you about the need to keep Article 22 of the present Law on Public Education,
which provides that members of the Superior Council, of the two confessional
committees, and the Members of the House have the right to visit public schools
in this Province. I was sorry to see that this was being left out by the
drafters of the legislation, and we will see to it that an amendment is put to
the committee here, in order to retain that provision which appears to me to be
a very interesting one.
I would not like to go and visit a school in my riding and feel that I
have to get a permission from anyone to be allowed into that school. The same
should apply to your Committee...
M. Auchinleck: That would be unacceptable, of course.
M. Ryan: ...and the Superior Council Members. Thank you very
much. (17 h 30)
Le Président (M. Charbonneau): Merci beaucoup, M. le
député d'Argenteuil. Merci, M. Auchinleck, ainsi que vos
collègues, d'avoir accepté de participer dans un délai
assez rapide à cette consultation particulière, d'autant plus que
je sais que vous auriez préféré que ce soit reporté
un peu plus tard et que cela vous causait un certain nombre
d'embêtements. Les membres de la commission apprécient d'autant
plus votre collaboration à cette commission. Si cela vous était
possible de remettre une copie de votre présentation initiale parce que
je pense qu'on pourrait la considérer comme un mémoire à
la commission, cela serait apprécié. Merci encore et à la
prochaine.
M. Auchinleck: Merci beaucoup.
Le Président (M. Charbonneau): Nous accueillons maintenant
le Directeur général des élections qui a bien voulu, lui
aussi, accepter l'invitation des membres de la commission de participer
à cette consultation particulière à l'étape de
l'étude détaillée du projet de loi 3. Je demanderais
à M. Côté de bien vouloir identifier les collègues
qui l'accompagnent pour les fins du Journal des débats. Je lui indique
que, dans la mesure où sa présentation initiale, où ses
propos initiaux seront relativement brefs, cela permettra à la
commission d'avoir un peu plus de temps pour engager la discussion avec lui. M.
Côté.
Le Directeur général des
élections
M. Côté (Pierre-F.): Oui, M. le Président.
À ma droite, Me Eddy Giguère qui est cadre-conseil chez le
Directeur général des élections, à ma gauche, Me
François Casgrain qui est légiste au contentieux et, à
côté de Me Casgrain, Me Claude-R. Fournier, qui est
secrétaire exécutif.
M. le Président, ma présentation sera très,
très brève. Nous avons eu à la fin de la semaine
dernière la communication à savoir que la commission
désirait nous entendre. Je vais avoir un très bref mot
d'introduction pour vous dire ce qu'on a fait dans les grandes lignes depuis
qu'on nous a fait part qu'on voulait nous entendre. Comme vous l'avez
mentionné, je vais être assez bref pour permettre aux membres de
la commission de pouvoir poser les questions qu'ils jugeraient à
propos.
Je voudrais d'abord vous préciser qu'on s'est peut-être
étonné en lisant le Journal des débats, il y a quelques
jours, du fait que le ministre de l'Éducation n'ait pas jugé
à propos de demander l'opinion du Directeur général des
élections sur le projet de loi 3 et les dispositions concernant les
élections.
Je voudrais juste vous faire part qu'il aurait été
très difficile au ministre de le faire puisque l'article 181 de la Loi
électorale stipule: "Le Directeur général doit se
consacrer exclusivement à l'accomplissement de ses fonctions; il peut
cependant exercer tout autre mandat que lui confie l'Assemblée
nationale." Il y a deux ou trois façons pour l'Assemblée
nationale de me confier d'autres mandats. C'est par une résolution, par
une loi ou en me demandant de comparaître devant une commission
parlementaire. Je pense que c'est rendre justice aux exigences de la loi,
à tout le moins, que de faire cette précision-là au
départ. Deuxièmement, il faut savoir que nous avons
étudié, évidemment, ces dispositions lorsque le projet a
été déposé. La question fondamentale que nous nous
sommes posée est la suivante: Est-ce qu'il y a des dispositions qui nous
concernent très directement? Les articles 115 et suivants concernent les
élections. Elles nous concernent indirectement mais non pas directement
comme dans le projet de loi 40 où on nous confiait des
responsabilités bien déterminées.
Nous avons étudié très rapidement le projet de loi
3. Il faut souligner qu'il y a deux groupes de dispositions sur lesquelles on
peut sans doute échanger avec vous, les articles 115 à 215 qui
comprennent des dispositions sur les scrutins et les articles 603 à 616
qui proposent de modifier les dispositions de la Loi sur les listes
électorales.
La première observation que je voudrais vous soumettre, c'est
qu'à la lecture du projet de loi il nous apparaît - et je le dis
évidemment avec réserve et avec beaucoup de considération
et de respect, non seulement pour la commission mais également pour les
personnes qui ont travaillé sur ce projet de loi et j'insiste aussi sur
le fait, si vous le permettez, M. le Président, que mes observations
sont le fruit d'une réflexion très rapide; alors, il faudrait y
apporter toutes les nuances que cela nécessiterait - que plusieurs
dispositions, à tout le moins, sont désuètes et sont
exprimées dans un vocabulaire qu'on ne retrouve plus en droit
électoral. Je comprends qu'on a procédé de la façon
suivante: On a préféré conserver les dispositions qui
existaient dans la Loi sur l'instruction publique auxquelles, je pense, on est
plus habitué de se référer dans le milieu scolaire qu'aux
dispositions relativement plus récentes de la législation
électorale provinciale. Cependant, à mon avis, du point de vue de
l'électeur, cela peut entraîner certaines confusions, d'une part.
D'autre part, il me semblerait approprié qu'il y ait dans toute la
mesure du possible de la coordination dans le domaine de la législation
électorale.
À partir de là, on s'est posé un certain nombre de
questions. Je pense qu'une des grandes préoccupations - et cela a
déjà été mentionné devant votre commission -
c'est d'essayer d'en arriver, avec les années, au Québec à
avoir des dispositions électorales, que ce soit dans le domaine
provincial évidemment - cela va de soi au départ -dans le domaine
municipal ou dans le domaine scolaire, qui permettraient ou qui permettront
à l'électeur de s'y retrouver. En somme, ne serait-ce que par un
vocabulaire analogue, un vocabulaire semblable, ne serait-ce que par ce moyen
primordial, l'électeur au moins pourrait s'y retrouver.
La deuxième observation, c'est qu'il me semble nécessaire
qu'il y ait une coordination. On a mentionné également devant la
commission, il y a quelques jours -c'est inscrit d'ailleurs au feuilleton -
qu'il y aura dépôt dans quelques jours d'un projet de loi qui est
le fruit d'un travail considérable de coordination du conseil
consultatif, à tout le moins de la législation électorale
provinciale.
À partir de là, nous avons fait certaines études
des articles 115 à 215 et 603 et suivants concernant les amendements
à la Loi sur les listes électorales. Si vous me permettez, je
vais faire une observation générale sur les articles 603 et
suivants pour débuter. Ce qui m'embête un peu dans les articles
603 et suivants, c'est qu'ils n'ont pas forcément de coordination ou ils
ne tiennent pas compte du projet de loi qui va être incessamment
déposé parce qu'il y a des modifications qui ont
été apportées à la Loi sur les listes
électorales. Dans ces dispositions, les articles 603 et suivants, on ne
pouvait pas évidemment en tenir compte, ne les connaissant pas. Il me
semble que c'est un point sur lequel il faudrait revenir à partir de
l'étude qu'il y aura des dispositions de la loi qui va être
déposée prochainement. Un des effets de cette loi va être
l'utilisation des listes électorales aux niveaux municipal et scolaire
et il serait important qu'on puisse revenir sur cela.
Quant aux articles 115 à 215, si les membres de la commission le
jugent à propos, nous avons préparé très rapidement
un texte - je dis très rapidement, il y a certainement des lacunes - de
nouvelles rédactions de ces articles qui tiennent compte des exigences
de la Loi électorale actuelle, par exemple, en ce qui concerne le
personnel électoral, la révision, la procédure de
révision, etc.. Si vous me permettez, ma présentation peut
s'arrêter là et je peux répondre à vos questions
parce qu'il y a un très grand nombre d'exemples dans le projet de loi
dont, pour le moins que je puisse en dire, la rédaction est un peu
surprenante -certains articles datent de plusieurs années -ne serait-ce
que dans leur terminologie: on ne parle plus d'établissement d'une
liste
électorale, mais de confection. On ne parle plus de parapher un
bulletin de vote, mais d'y inscrire ses initiales. L'emploi des urnes, si on
suit le texte qui est ici, oblige formellement l'utilisation d'urnes en
métal avec cadenas et une bonne fermeture. Sur le plan provincial, on se
dirige vers l'utilisation d'urnes en carton. L'expérience est concluante
actuellement. Il y a des choses assez surprenantes comme, par exemple, de
permettre au président des élections de présider un
nouveau dépouillement, ce qui est actuellement confié è la
Cour provinciale. Par le fait que le matin du scrutin le personnel
électoral ne se présente que quinze minutes avant, on se demande
comment ces gens peuvent faire pour être prêts à temps.
C'est un détail, mais il y a aussi la façon de marquer un
bulletin de vote où on a abandonné dans la Loi électorale
l'usage exclusif d'un crayon. On disait même autrefois un crayon de mine
noire bien aiguisé; là, on ne parle que d'un crayon. Dans la Loi
électorale actuelle, on peut se servir d'un crayon, d'une plume ou enfin
de tout ce qui peut marquer le bulletin. Il y a le fait, que l'on trouve un peu
regrettable, que l'électeur ne soit pas prévenu. On n'a pas
trouvé de disposition où l'électeur est prévenu de
l'endroit où son nom va être inscrit sur la liste
électorale, de sorte qu'il ne sait pas dans quelle section de vote il va
voter.
Enfin, remarquez que je suis prêt à continuer comme cela
parce que j'ai un bon nombre de notes à plusieurs des articles, comme je
l'ai dit, de 115 à 215. Là-dessus, M. le Président, mes
remarques régulières se terminent et je suis à la
disposition des membres de la commission.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M.
Côté. M. le député de Fabre et adjoint parlementaire
au ministre de l'Éducation.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais remercier le Directeur
général des élections d'avoir bien voulu accepter notre
invitation de venir commenter les articles qui le concernent dans le
présent projet de loi 3.
Dans le projet de loi 3, on retrouve des dispositions qui sont assez
différentes par rapport au projet de loi 40. En fait, dans le projet de
loi 40, on avait retenu beaucoup de vos recommandations; je dirais même
que la plupart, sinon toutes vos recommandations, avaient été
retenues. Vous pourrez me corriger si je me trompe à cet égard.
Dans les représentations que nous avons eues en janvier dernier sur le
projet de loi 40, aucun groupe n'a appuyé les aménagements
proposés dans le projet de loi 40 à cet égard. Vous
êtes sûrement au courant. Il y a eu opposition entre autres de la
Fédération des commissions scolaires. Les municipalités
également se sont opposées, voyant là une certaine
ingérence ou une menace d'ingérence de la part du Directeur
général des élections dans un processus qui les concerne,
disent-elles. Il ne leur apparaissait pas souhaitable d'appliquer aux
élections scolaires la Loi électorale et la Loi sur les listes
électorales.
Dans le projet de loi 3, il y a une différence majeure qui
apparaît. C'est le directeur général de la commission
scolaire qui est président des élections scolaires et non le
Directeur général des élections. Il y a par ailleurs un
certain nombre de responsabilités qui apparaissent dans le projet de loi
3. À l'article 137, par exemple, on dit que le président
d'élection de chaque commission scolaire établit la liste
électorale par quartier, à partir soit de la liste
électorale établie par le Directeur général des
élections, conformément à la Loi sur les listes
électorales ou, deuxièmement, du rôle d'évaluation
établi conformément à la Loi sur la fiscalité,
etc.
Donc, il y a tout de même certaines dispositions qui apparaissent,
qui concernent le Directeur général des élections, entre
autres, la liste électorale, mais dans l'ensemble, l'autorité, je
dirais, du Directeur général des élections n'est
certainement pas la même que dans le projet de loi 40.
Dans l'ensemble, comment réagissez-vous par rapport à ces
nouvelles dispositions qui apparaissent dans le projet de loi 3 et qui vous
concernent moins, je dirais, par rapport au projet de loi 40? (17 h 45)
M. Côté (Pierre-F.): C'est un point que j'avais bien
saisi, mais cela avait peut-être été mal exprimé, M.
le député, tout à l'heure. En ce qui concerne l'opposition
au rôle que pourrait jouer le Directeur général des
élections, qu'on retrouvait dans le projet de loi 40, ceci ne me
surprend pas et je ne vous cache pas que, dans un certain sens, cela ne me
désappointe pas non plus, parce que c'était ajouter
considérablement aux responsabilités qu'il a
déjà.
Cela avait été une proposition qui avait été
faite en échangeant avec les gens du ministère, à ce
moment-là, pour essayer de faciliter l'administration de la loi. Qu'on
ait une responsabilité directe dans le nouveau projet de loi, moi, je
n'ai aucune objection à cela.
Ce sur quoi mes remarques préliminaires portaient, c'était
sur le fait qu'il me semblait absolument nécessaire que, dans le projet
de loi 3, on retrouve une cohérence entre ces dispositions et les
dispositions générales qui existent présentement au niveau
provincial.
Sur l'intervention directe du Directeur général des
élections, je comprends qu'on ait des hésitations. Je crois que,
là-dessus, il faut être aussi assez prudent. Il ne faut pas donner
l'impression qu'on confie à une
personne de l'extérieur des responsabilités qui
étaient traditionnellement dévolues ou qui sont
traditionnellement dévolues directement aux commissaires
d'écoles.
Qu'il y ait des oppositions là-dessus, je ne m'en offusque pas.
Loin de là. Je le comprends et je me dis que si, un jour, on arrive
à la conclusion qu'il faudrait confier plus de responsabilités
relativement aux élections scolaires, au Directeur général
des élections, on y arrivera peut-être. Mais je vous dis
très franchement que - je répète ce que j'ai dit tout
à l'heure - ayant assez de travail déjà, je ne cours pas
après cet aspect-là.
En ce qui concerne la Loi sur les listes électorales, par
ailleurs, là, je suis directement concerné et les amendements que
vous proposez, je pense qu'il faudrait peut-être s'y attacher. Mais les
dispositions des articles 115 à 125, je ne pense pas qu'elles aient
été rédigées en s'inspirant du droit
électoral nouveau, enfin, la majeure partie d'entre elles, parce qu'on y
retrouve la répétition des dispositions qu'on avait dans la Loi
sur l'instruction publique. Or, sauf erreur de ma part, les dispositions qu'on
retrouve dans la Loi sur l'instruction publique concernant les dispositions
électorales, sont des dispositions qu'on retrouvait dans la Loi sur les
élections municipales et datent au moins de 1940.
Je pense qu'il y a peut-être certains ajustements ou certaines
modernisations qu'il serait indiqué de faire.
M. Leduc (Fabre): Vous avez insisté, disons sur cette
nécessité de moderniser le vocabulaire, entre autres. Vous avez
parlé de vocabulaire. Mais vous avez parlé, dans votre
réponse, de cohérence, par rapport à... Vous avez
parlé d'une nouvelle loi, enfin, d'un nouveau projet qui doit être
déposé bientôt, si j'ai bien compris.
Par rapport aux dispositions prévues dans le projet de loi 3, par
exemple, l'élection en bloc le 1er dimanche de novembre, à tous
les trois ans, le cens électoral qui est le même que pour les
élections provinciales si on entre dans le concret de ces dispositions,
est-ce que vous avez des commentaires à faire ou est-ce que vous
êtes d'accord avec les dispositions de fond, si on fait abstraction de
l'importance de moderniser le vocabulaire, etc?
M. Côté (Pierre-F.): Oui, il y aurait un certain
nombre de considérations sur le fond. Il y a une question, par exemple,
que je me pose, à laquelle je n'ai pas trouvé de réponse.
Peut-être que si j'avais réussi à rejoindre aujourd'hui
quelqu'un du ministère, j'aurais pu avoir une réponse et vous
l'auriez eue spontanément. Mais il me semble y avoir une certaine
contradiction, si je comprends bien le texte, entre, par exemple, les
dispositions de l'article 132 et les dispositions de l'article 606, à la
page 108. Si jamais on posait la question, lors du recensement, du choix de la
commission scolaire pour laquelle l'électeur désire voter, on ne
voit pas dans le texte, dans les dispositions des articles 115 et suivants,
à quel endroit ou comment ce choix va être inscrit. Ce n'est pas
une exigence pour voter le jour de l'élection. Je vous donne ça
à titre d'exemple. On pourrait reprendre les différentes
sections, et je pourrais vous faire des observations, rapidement, sur chacun
des articles.
M. Leduc (Fabre): Effectivement, à l'article 133, on me
fait remarquer qu'il y a eu un oubli; il y aura un amendement à
l'article pour apporter cette correction que vous soulignez comme
nécessaire. Dans les autres dispositions, vous parlez du recensement,
mais est-ce qu'il y a d'autres remarques sur le fond? Par exemple, le
remboursement d'un montant maximal qui sera fixé par règlement du
ministre pour des dépenses électorales de tout candidat obtenant
15% et plus des votes. Est-ce que vous avez fait des...
M. Côté (Pierre-F.): Oui, là-dessus, j'aurais
des commentaires. Ce qui nous semble surprenant, ce n'est pas le fait qu'il y
ait des remboursements. Nulle part dans la loi, contrairement à la Loi
sur le financement des partis politiques, on ne trouve une définition de
ce qu'est une dépense électorale.
M. Leduc (Fabre): On trouve, pardon?
M. Côté (Pierre-F.): Une définition ou une
description de ce qu'est une dépense électorale, ce qui peut
entraîner un certain nombre de choses étranges, à mon avis.
On retrouve dans la Loi sur le financement des partis politiques, de
façon assez explicite, ce qu'on peut considérer comme
étant des dépenses électorales et ce qu'on peut ne pas
considérer... À l'article 160 de la loi, on dit: "sur production
de pièces justificatives". La réponse, c'est peut-être:
"jusqu'à concurrence du montant maximal déterminé par
règlement du ministre." On pourrait peut-être retrouver dans le
règlement du ministre - mais ce n'est pas dit de cette façon - ce
qu'on entend par des dépenses électorales.
Si vous me permettez, un autre point au sujet de la détermination
des quartiers électoraux, à l'article 117. Cela me semble aussi
un point qui peut entraîner des difficultés pratiques assez
concrètes et qui sont reliées à la liste
électorale. Est-ce que vous me permettez de revenir à l'article
ou si vous avez...
M. Leduc (Fabre): Allez-y. L'article
117?
M. Côté (Pierre-F.): Article 117. "Chaque quartier
électoral est délimité de façon à ce que le
nombre d'électeurs dans un quartier ne soit ni supérieur ni
inférieur de 15% au quotient obtenu en divisant...". Le seul
critère qui a été retenu est un critère à
caractère numérique. Or, dans les dispositions de la Loi sur les
élections dans certaines municipalités et dans les dispositions
de la Loi sur la représentation électorale, il y a d'autres
critères qui interviennent, comme l'homogénéité
socio-économique, et aussi - je le dis sous toutes réserves, en
me référant à ce qui a été dit
précédemment sur les responsabilités qui pourraient
être dévolues ou non au Directeur général des
élections -on confie non pas au Directeur général des
élections, mais à la Commission de la représentation
électorale le soin d'approuver la délimitation des districts
électoraux municipaux, comme c'est la Commission de la
représentation qui détermine les circonscriptions
électorales au Québec.
Là-dessus, il me semblerait qu'il pourrait y avoir une
façon de procéder qui permettrait une division des quartiers
scolaires en tenant compte des exigences du milieu. Une des difficultés
qui va surgir va certainement être la suivante. Ce n'est pas
insurmontable, mais je pense que c'est important que je la mentionne. Il y a
deux possibilités, d'établir la liste électorale,
d'après ce que j'ai compris dans la loi, soit de partir de la liste
électorale provinciale, soit de partir de la liste électorale
établie par la commission scolaire, en particulier par le rôle
d'évaluation.
Or, il faut savoir que les listes électorales provinciales sont
établies sur une base de sections de vote à l'intérieur de
secteurs électoraux, le tout à l'intérieur d'une
circonscription électorale, évidemment. Ces sections de vote qui
regroupent environ 300 électeurs ne couvriront pas nécessairement
la même superficie géographique, cela va de soi, qu'un quartier
scolaire.
Une des suggestions qu'on avait envisagée lors du projet de loi
40, c'était de faire intervenir de quelque façon la Commission de
la représentation électorale à tout le moins pour donner
un coup de main aux commissions scolaires, pour les aider à avoir une
division qui soit le plus près possible d'une section de vote ou d'un
secteur électoral parce qu'au moment où on voudra utiliser la
liste électorale, comme elle est constituée sur les sections de
vote, cela facilitera la transposition, dans les sections de vote, des
quartiers scolaires.
Autrement, s'il n'y a aucune espèce d'échange ou à
tout le moins de dialogue entre les commissions scolaires et la Commission de
la représentation et qu'on veuille utiliser ces listes
électorales, cela va vouloir dire qu'on va prendre une liste
électorale et on va piger les noms dans cette liste pour les transposer
dans la liste électorale scolaire.
Je vous précise que je veux être très clair sur ce
point, je l'ai mentionné tout à l'heure et j'ai la même
attitude: Puisque je suis président de la Commission de la
représentation électorale, je ne recherche pas et la commission
ne recherche pas du travail supplémentaire, je n'exprime cette
idée qu'à titre de suggestion et dans une perspective de
coordination pour faciliter si c'est le cas - si ce n'est pas le cas, qu'on
laisse tomber - le travail des commissions scolaires dans la
délimitation géographique des quartiers scolaires.
M. Leduc (Fabre): Une dernière question. Avez-vous une
opinion sur le mode d'élection qui est prévu dans la loi,
c'est-à-dire le suffrage universel pour l'élection d'un certain
nombre de commissaires, soit les deux tiers des commissaires élus au
suffrage universel et le tiers des commissaires choisi par les parents issus
des comités d'école, ce qui établit une
représentation originale dans notre tradition électorale au
Québec, qui vise à combiner le suffrage universel, la
possibilité pour les électeurs de choisir leurs commissaires de
quartier et la possibilité pour les parents d'être dûment
représentés à la commission scolaire par l'entremise des
conseils d'école? Avez-vous une opinion sur ce mode que je dirais
original?
M. Côté (Pierre-F.): Je vous avoue, M. le
député, que je ne me suis pas arrêté de façon
spécifique à cette question. Elle m'apparaît avant tout une
décision à caractère politique et moins à
caractère, je dirais, d'administration de la législation
électorale qui relève davantage de ma responsabilité. Sur
ce point, je préférerais peut-être ne pas exprimer
d'opinion sans y avoir réfléchi davantage. Si vous insistez, je
pourrais le faire un peu plus tard, mais pour le moment, sur l'impulsion du
moment, j'hésiterais à me prononcer sur cette question.
M. Leduc (Fabre): Peut-être avez-vous une opinion sur la
façon de procéder pour choisir le commissaire parent,
c'est-à-dire du point de vue de ce qui est prévu dans la loi pour
le choix du commissaire parent?
M. Côté (Pierre-F.): Si je ne me trompe pas, vous
faites référence à l'article 121. La difficulté
qu'on peut trouver à l'article 121, c'est dans la façon dont
l'article est exprimé au premier alinéa, où on dit: "Avant
le premier dimanche de novembre, le directeur général de la
commission scolaire préside à l'élection des
parents des conseils d'école au conseil des commissaires selon
les règles établies par règlement de la commission
scolaire." Il peut arriver qu'on soit placé dans une situation où
on ait des règles tout à fait différentes d'une commission
scolaire à l'autre. Il me semblerait utile que, dans ce cas, on ait des
règles, à tout le moins, analogues sinon identiques.
Une voix: Cela va. (18 heures)
M. Côté (Pierre-F.): L'autre point que je pourrais
peut-être vous faire observer concernant le commissaire, c'est que, si je
comprends bien, le directeur général est commissaire.
M. Leduc (Fabre): Le directeur général de la
commission scolaire?
M. Côté (Pierre-F.): Oui.
M. Leduc (Fabre): II n'est pas commissaire, non, il est
président des élections.
M. Côté (Pierre-F.): Il est président des
élections. Il fait partie du conseil des commissaires mais n'a pas droit
de vote.
M. Leduc (Fabre): Sans droit de vote. M. Côté
(Pierre-F.): À l'article 116. M. Leduc (Fabre): Sans droit de
vote.
M. Côté (Pierre-F.): Ce qui m'amène
peut-être à la réflexion suivante concernant... Ce que j'ai
mentionné tout à l'heure à l'article 190, le fait qu'il
est président des élections, il fait partie du conseil des
commissaires et il est également responsable du nouveau
dépouillement. Il me semble qu'il peut, à un moment, être
placé dans une espèce de conflit d'intérêts. Il peut
être dans une situation un peu délicate à cet
égard.
M. Laplante: On pourrait demander aux membres de la commission si
on consent à aller un petit peu plus tard.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais vous faire une proposition dans l'esprit
constructif habituel. Nous pourrions peut-être siéger
jusqu'à 18 h 15, le reste du temps étant, évidemment,
à l'Opposition vu que le député de Fabre interroge depuis
déjà une vingtaine de minutes.
M. Leduc (Fabre): J'ai terminé, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Combien a-t-il pris de temps?
Une voix: À peu près cela, une vingtaine de
minutes.
M. Ryan: Alors, on peut peut-être aller jusqu'à 18 h
20 pour que ce soit égal des deux côtés.
M. Leduc (Fabre): C'était ma dernière question.
M. Ryan: Pour vous éviter des griefs de notre part.
M. Laplante: Dans l'esprit de collaboration...
M. Leduc (Fabre): Dans l'esprit de collaboration...
Le Président (M. Charbonneau): Le président,
constatant l'accueil..
M. Leduc (Fabre): ...qui nous a toujours qualifiés.
Le Président (M. Charbonneau): ...enthousiaste que vous
fait le député de Bourassa, vous cède immédiatement
la parole, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Un sujet complexe.
M. Laplante: Cela a pris du temps.
M. Ryan: Vous ne perdez rien pour attendre, M. le
député de Bourassa.
M. le Directeur général des élections, pour
bonifier le projet de loi, cela prendrait beaucoup plus qu'une session
d'à peu près une heure avec vous dans cette partie que nous
discutons parce que les choses que vous avez suggérées ou
mentionnées indirectement sont plus nombreuses encore que celles que
vous avez discutées explicitement. Vous en avez quand même
discuté un bon nombre même si vous avez dû, à cause
du temps limité qui vous était accordé, passer un petit
peu vite.
Je voudrais vous dire d'abord que nous apprécions votre visite
parmi nous. De notre côté, nous adhérons
foncièrement au projet de consolidation de nos lois en matière
électorale. Les représentants de notre parti au comité
consultatif qui vous entoure ont collaboré, je pense, efficacement
à la mise au point de ce projet de loi consolidé dont vous avez
parlé tantôt.
Chaque fois qu'ils nous en ont parlé, ils nous en ont
parlé dans un esprit positif et nous attendons avec hâte le
dépôt du projet de loi auquel vous avez fait allusion. Nous
aurions souhaité qu'un effort fut fait afin d'au moins explorer les
possibilités d'intégration des mécanismes ou des
dispositions à caractère électoral qui seront
incluses dans la Loi sur l'instruction publique, dans le corpus
général de notre législation électorale parce que
nous considérons, contrairement peut-être au gouvernement, que nos
commissions scolaires sont des gouvernements locaux qui doivent continuer de
fonctionner essentiellement à base de suffrage universel et, par
conséquent, suivant les mêmes principes, les mêmes normes,
les mêmes exigences générales qui président au
déroulement des élections dans le secteur municipal et au niveau
provincial.
Il est trop tard pour que le gouvernement, à moins qu'il se rende
compte que, chaque fois que nous ouvrons un chapitre du projet de loi - je ne
veux pas vous embarquer là-dedans, c'est notre souci à nous, M.
le Directeur général des élections - nous constatons des
lacunes telles que nous voyons mal comment elles pourront être
comblées dans le peu de temps qui nous est imparti...
Continuons tranquillement, il ne faut pas en donner trop à la
fois pour que l'autre côté comprenne. On a vu qu'à parler
trop vite on se condamne à répéter.
Une voix: Ce n'est pas la vitesse qui vous
caractérise.
M. Ryan: Deuxième observation générale. Je
n'ai pas très bien compris ce que vous avez dit tantôt mais je
vais faire une remarque et vous préciserez, si vous le jugez à
propos, un petit peu plus tard, à supposer qu'il nous reste du temps.
Vous avez dit que le gouvernement n'avait pas l'obligation de vous consulter,
ou quelque chose du genre, en particulier pour les articles 606 à 616
environ. On m'a signalé que cela aurait été une bonne
chose que le comité consultatif qui vous entoure fut consulté au
moment où toutes ces choses étaient en voie de
préparation. Je ne pense pas que la loi interdisait de procéder
à ce genre de consultation. Si je me trompe, vous pouvez me le dire,
mais nous aurions souhaité qu'il y eût consultation à ce
sujet de la part du gouvernement. Ce n'est pas un mandat qui vous aurait
été donné parce qu'on se méfie beaucoup des mandats
spéciaux qui doivent vous être confiés, non pas que vous
n'essayez pas de bien les accomplir, mais parce que c'est difficile de plaire
à tout le monde et à son père en ces choses. J'aurais
pensé que cela aurait été une bonne chose qu'il y
eût ce genre de consultation avant, cela aurait au moins
évité les anomalies et les obsolescences que vous avez
constatées à propos des articles 115 à 235. C'est une
opinion que j'émets. Je ne veux pas vous associer à cela,
j'émets mon opinion bien librement; si techniquement je suis dans
l'erreur, je m'en confesserai volontiers.
Vous avez dit, M. Côté, qu'à propos des articles 115
à 215 justement vous avez préparé des notes
écrites. Est-ce que j'ai bien compris tantôt? Oui. Est-ce qu'il
serait possible que vous les laissiez à la commission pour que nous
puissions en disposer? Je pense que cela nous serait très utile pour le
travail que nous devrons faire article par article et cela m'éviterait
de poser plusieurs questions sur tel ou tel point particulier que vous avez
soulevés. Est-ce que M. le Président n'a pas d'objection?
Le Président (M. Charbormeau): Non et cela pourrait
être considéré comme un mémoire si les membres de la
commission y consentent.
Une voix: Nous sommes d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Charbormeau): Adopté.
M. Ryan: Mais, laissez-moi le temps, j'allais expliquer ma
demande. Ne vous inquiétez pas, il y a beaucoup de matière. Soyez
bien à l'aise.
Ces choses étant dites, s'il y avait des commentaires
écrits à propos des articles 603 à 616, si je lis bien le
texte du projet de loi, ce serait intéressant qu'on les ait
également et cela nous aiderait à faire un travail plus complet
quand nous arriverons à l'examen de ces articles. Je vous
préviens que nous ne sommes pas encore rendus là.
M. le Président, quelques questions plus précises.
À propos des élections, je vois que dans le projet de loi on dit
que les élections scolaires - c'est l'article 147 - auraient lieu tous
les trois ans, le premier dimanche du mois de novembre. Si je comprends bien,
nos élections municipales, sauf dans certaines municipalités
rurales, ont lieu à tous les quatre ans et dans certaines
municipalités rurales c'est à tous les deux ans en partie. Je
comprends qu'on pourrait éviter complètement la coïncidence.
Quelle est votre opinion sur l'opportunité de tenir des élections
scolaires et des élections municipales en même temps, le
même jour? Aux États-Unis, on procède à
l'élection de toute une série d'officiers publics le même
jour, cela permet de nettoyer le paysage, cela permet de consolider les
campagnes, cela permet aux gens de participer en une seule fois à
l'opération, ils ne passent pas leur temps à aller voter. Est-ce
que vous avez une opinion sur cela? Avec tous les voyages qu'il vous a
été donné de faire récemment, peut-être que
vous avez recueilli certains éléments d'information sur cela.
M. Côté (Pierre-F.): Ils m'ont été
très profitables et très intéressants.
M. le député, est-ce que vous me permettez de prendre
très rapidement les principaux points avant de répondre de
façon
assez spécifique en ce qui concerne l'article 147?
Vous avez souligné au départ la collaboration qui s'est
manifestée au sein du conseil consultatif concernant le projet qui va
être déposé. Je voudrais juste ajouter à ce que vous
avez dit des deux côtés de la Chambre que la collaboration de tous
les membres du conseil consultatif a été assez extraordinaire. On
va le voir par le résultat du projet qui va être
déposé. Ce que je voudrais souligner - et peut-être que je
ne l'ai pas dit assez clairement tout à l'heure -c'est que, dans le
projet de loi actuel... Quand je parle de conformité, je ne fais pas
nécessairement référence au projet de loi qui va
être déposé. Ce qui me frappe dans le projet de loi actuel,
c'est qu'il aurait pu y avoir ou il devrait au moins y avoir conformité
avec la législation actuelle, ce que dans bien des cas on ne retrouve
pas.
Dans le cas des articles 603 et suivants, vous avez exprimé
l'opinion - et je vous concède tout de suite que c'est délicat de
confier un mandat au Directeur général des élections;
là encore, je ne cherche pas plus d'ouvrage que j'en ai - qu'il aurait
peut-être été opportun de demander au conseil consultatif.
Malheureusement, je dois vous signaler que l'article 215.1 de la Loi
électorale n'aurait pas permis non plus de demander au conseil
consultatif d'exprimer son opinion, parce que les responsabilités du
conseil consultatif sont restreintes à trois lois: la Loi
électorale, la Loi régissant le financement des partis politiques
et la Loi sur les listes électorales. Cependant, si vous permettez une
parenthèse, j'espère que, dans le projet de loi qui va être
déposé bientôt, on pourra élargir les
possibilités d'intervention ou, à tout le moins, de conseil du
Directeur général des élections en ce qui concerne les
dispositions électorales.
Une voix: Bien.
M. Côté (Pierre-F.): Si vous permettez, à
l'égard des textes... Je vous en prie. Est-ce que vous avez...
M. Ryan: Vous arrivez à la question que je posais à
la fin.
M. Côté (Pierre-F.): Oui. Il me reste un point
à vous mentionner, si vous m'accordez une minute, M. le
député. Pour répondre à votre demande de tout
à l'heure de dépôt de texte, je veux juste vous signaler
que j'en suggérais deux et je veux vous indiquer la différence
qu'il y a entre les deux. On n'a eu le temps de les indiquer que par A et B.
Dans le texte A, on n'a fait que réécrire ou adapter les
dispositions des articles 115 à 125 à la loi actuelle; dans le
texte B, on a ajouté ce que je mentionnais tout à l'heure, par
exemple, les responsabilités qui pourraient être confiées
à la Commission de la représentation électorale concernant
la délimitation des... C'est la différence qui existe dans les
deux textes.
Concernant les articles 603 à 616, nous n'avons pas de texte
présentement, mais nous pourrions vous faire parvenir des commentaires
dans les prochains jours.
Finalement, à l'article 147 sur lequel vous aviez une question
précise, j'exprimerai l'opinion suivante. Dans le projet de loi 40, ce
problème avait été évoqué et la solution
suivante avait été trouvée mais, à ce
moment-là, la responsabilité générale de
l'élection incombait au Directeur général des
élections. Le dernier alinéa de l'article 143 du projet de loi 40
se lisait comme suit: "Le Directeur général des élections
établit également toutes autres règles nécessaires
à la tenue de l'élection, et en particulier, des règles
concernant la procédure à suivre lorsque l'élection d'un
commissaire a lieu en même temps qu'une élection municipale."
Pourquoi a-t-on prévu cette disposition? Évidemment, les lieux
physiques pour tenir une élection sont les écoles. On s'est dit,
selon les informations qu'on possédait à ce moment-là,
qu'il y avait possibilité de tenir en même temps dans les
écoles - c'est une question d'organisation administrative - une
élection scolaire et une élection municipale. C'est une question
d'organisation physique des lieux et il n'y a pas d'impossibilité que
cela se fasse, mais pour autant qu'il y ait quelqu'un qui en détermine
l'utilisation. Évidemment, les écoles appartenant aux commissions
scolaires, si, par exemple, elles décident que le 1er novembre de
l'année où il y a une élection scolaire, elles ne
prêtent d'aucune façon leurs locaux pour une élection
municipale, à ce moment-là, on peut être placé dans
une situation assez difficile. C'est pour cela que dans ce projet de loi 40, on
avait prévu que la liberté était laissée au
Directeur général des élections de voir à cet
aménagement.
M. Ryan: Très bien. À propos de listes
électorales, je ne voudrais pas vous inviter à engager des
dépenses sur ces questions trop vite, mais est-ce qu'en principe, vous
trouvez que ce serait une bonne chose que nous ayons des listes
électorales uniques pour les fins scolaires, municipales et
provinciales? Est-ce une chose possible à envisager et qui serait
souhaitable?
M. Côté (Pierre-F.): Je vais vous répondre,
M. le député, ce que je dis depuis quelques années
à cet égard. Non seulement je pense que c'est souhaitable, mais
il faudra y venir tôt ou tard. Je pense que ce sont des dépenses
inutiles, des efforts inutiles qui sont faits à trois niveaux, que les
électeurs eux-mêmes sont dans la confusion totale. Je vous
rappelle qu'il y a quelques années, nous
avons effectué des travaux très détaillés
sur un registre des électeurs. J'ai déposé un rapport au
mois de mars 1982 sur lequel je n'ai jamais eu de réactions de la part
de l'Assemblée nationale. Je crois qu'une liste électorale unique
pour les trois paliers de gouvernement devrait normalement voir le jour dans
les prochaines années au Québec, toujours pour faciliter la
tâche aux électeurs. (18 h 15)
M. Ryan: Dans les dispositions que nous présentent
l'article 137 en particulier et ceux qui suivent, il me semble qu'il y a des
inconsistances. Par exemple, on dit à l'article 137: Le président
d'élection établit la liste électorale par quartier
à partir: 1° de la liste électorale établie par le
Directeur général des élections, et après cela on
continue. Quand on regarde l'autre loi, on s'aperçoit que la liste
électorale du Directeur général des élections est
faite au début d'octobre et ici on dit que cela serait fait au
début de septembre. Est-ce que vous avez remarqué ce
décalage de dates auquel donnerait lieu le texte s'il demeurait comme il
est actuellement?
M. Côté (Pierre-F.): C'est vrai qu'il y a un
décalage, mais les articles 603 et suivants ramènent le
recensement annuel, le font débuter quinze jours plus tôt. Ceci
est réalisable et permettrait de fournir aux commissions scolaires les
listes électorales dont elles ont besoin. La seule petite suggestion que
je ferais, c'est à l'article 138. Au lieu de dire "au plus tard six
semaines avant la date d'un scrutin", on suggérerait de modifier et de
dire "au plus tard le trentième jour". Je pourrais même vous
donner des exemples du calendrier qu'on a établi. Ce serait possible,
par cette solution, que les listes électorales soient fournies aux
commissions scolaires à temps, qu'elles puissent les répartir
dans les quartiers scolaires, qu'elles puissent voir à la
révision des listes et les utiliser à temps pour
l'élection du 1er novembre.
La seule difficulté qui apparaît et sur laquelle je me pose
un sérieux point d'interrogation... J'aurais dû le mentionner tout
à l'heure et, sur ceci, je dois être très honnête
vis-à-vis des gens du ministère de l'Éducation, je ne
voudrais pas qu'on m'interprète mal, les dispositions des articles 603
et suivants, en grande majorité, sont des discussions que nous avons
nous-mêmes suggérées dans le projet de loi 40. Je vais
être très correct vis-à-vis des gens du ministère de
l'Éducation et ne pas laisser croire qu'il y a eu des... Où on
n'a pas eu les échanges, je l'ai mentionné, aussi approfondis
qu'il aurait été souhaitable, c'est dans les autres dispositions
que j'ai mentionnées tout à l'heure.
Dans les articles 603 et suivants, à la page 108, à
l'article 60.1. qui est une modification à la Loi sur les listes
électorales, quand on dit que les recenseurs peuvent poser la question
sur le choix de la commission scolaire pour laquelle les gens veulent voter, je
dis que pour nous c'est un travail supplémentaire, c'est un travail,
cependant, qui peut être accompli, qui peut être fait. C'est un
service qui peut certainement être rendu aux commissions scolaires. Il
s'agirait qu'on leur fournisse, à ce moment, une liste qui comprend
cette information, information qu'on ne retrouverait pas sur les listes
électorales provinciales.
M. Ryan: Évidemment, cela serait le choix linguistique, la
commission scolaire linguistique pour laquelle on voterait, pas la commission
scolaire territoriale, j'imagine.
M. Côté (Pierre-F.): Non, je comprends que, dans le
cas du projet de loi, c'est linguistique.
M. Ryan: J'aurais deux autres questions parce que le temps se
fait court. Sur les conditions de résidence pour être
éligible au poste de commissaire, je crois qu'il y a des "discrepances"
assez considérables d'une loi à l'autre. Pour un maire, c'est 2k
mois; pour être élu député au provincial, c'est 12
mois; pour être élu commissaire d'écoles, c'est 6 mois.
Est-ce qu'il ne vous semblerait pas que ce soit une bonne chose d'essayer
d'uniformiser ces dispositions ou est-ce que vous voyez une justification
à ces différences? Encore une fois, pour que le citoyen puisse
s'y retrouver facilement et procéder avec le plus de simplicité
possible, est-ce qu'il n'y aurait pas avantage à ce qu'on uniformise
tout cela?
M. Côté (Pierre-F.): Je vous avoue que je me suis
posé la même question que vous. Je n'ai pas compris exactement
pourquoi. C'est peut-être l'ancienne disposition de six mois qui a
été reproduite et qui prévalait, mais...
M. Ryan: Très bien. Sur le président
d'élection, trouvez-vous cela bon que ce soit le directeur
général de la commission scolaire qui soit le président
d'élection? Est-ce que ce serait...
M. Côté (Pierre-F.): Je ferais une analogie avec le
secrétaire d'une municipalité qui est président d'une
élection. Ma réponse serait positive si on trouve le moyen, si on
a le moyen - et on l'a dans la Loi sur les élections dans certaines
municipalités aux articles 18 et 19 - d'apporter un certain appui
à ce président d'élection qui est le directeur
général de la commission scolaire ou comme on le fait dans le cas
du secrétaire d'une municipalité, c'est-à-dire
qu'il faut que le secrétaire - je suggérerais même
que dans le cas des élections municipales cet article soit
renforcé - puisse jouir de toute l'indépendance et l'autonomie
dont il peut avoir besoin dans l'exercice de ses fonctions. Je parle en
connaissance de cause, j'ai été greffier d'une ville pendant neuf
ans et je sais jusqu'à quel point il faut résister aux pressions
d'un conseil municipal, d'un maire. Je le dis sans préjudice pour mes
anciens patrons parce qu'ils se sont toujours comportés très
correctement avec moi, mais je pense que c'est important. C'est la même
chose pour un directeur général d'une commission scolaire. Quand
il s'agit de la capacité d'un président d'une élection,
s'il a la certitude ou si on lui donne le moyen de pouvoir agir de façon
tout à fait indépendante, je crois que c'est une personne qui est
tout à fait désignée pour pouvoir bien diriger
l'élection scolaire.
M. Ryan: Maintenant, vous posez un gros "si" parce que la
différence entre un greffier d'une municipalité et un directeur
général d'une commission scolaire est considérable. Le
directeur général, c'est le principal officier exécutif.
C'est lui qui dirige toute la baraque. De plus, il fait partie du conseil des
commissaires, sans droit de vote, si vous voulez, mais il est appelé
à partager les responsabilités de la commission scolaire et
même, à toutes fins utiles, très souvent, à diriger
la barque. Tandis que le greffier d'une municipalité, il peut arriver
qu'il en mène plus large, mais dans les grandes municipalités en
particulier, le greffier n'est pas le personnage principal. C'est un personnage
important et respecté, mais il y a un directeur-gérant ou un
gérant général qui est vraiment l'équivalent du
directeur général de la commission scolaire. Il me semble qu'un
greffier, cela va mieux avec un président d'élection.
M. Côté (Pierre-F.): Vous avez raison. C'est
pourquoi, dans le projet de loi 40, ce qui était proposé,
c'était que les directeurs de scrutin relevant de ma juridiction aient
cette responsabilité. La situation est certainement différente
entre un greffier et un directeur général.
M. Ryan: À la commission scolaire -celle que je connais en
tout cas - dans bien des cas, le secrétaire général serait
mieux indiqué. C'est lui qui tient les procès-verbaux, qui fait
la correspondance officielle, qui fait les actes officiels qui engagent pour
les archives et tout cela. En tout cas, c'est une question sur laquelle je suis
content d'avoir votre point de vue.
M. Côté (Pierre-F.): Oui, mais je pense que le
principe qu'il faut retenir, comme vous le souligniez, M. le
député, c'est qu'il faut avoir quelqu'un qui jouit de la plus
grande indépendance possible.
Le Président (M. Charbonneau): Une petite vite au
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Une question très courte: Est-ce
que vous trouvez comme principe qu'il est normal que certains citoyens, en
l'occurrence les parents, aient deux droits de vote? Ils auront à voter
au suffrage universel pour choisir les commissaires dans les quartiers et ils
auront également à voter - les parents qui ont des enfants
à l'école - pour choisir le parent qui sera commissaire
d'écoles. Est-ce que vous croyez que c'est acceptable comme
principe?
M. Côté (Pierre-F.): C'est un peu la question que me
posait le député du gouvernement tout à l'heure. C'est
plutôt une question à caractère politique, cette
décision. Qu'une personne ait deux droits de vote, cela s'est
déjà retrouvé dans le passé. C'est une façon
de procéder qui peut être acceptable, mais, à mon avis,
c'est avant tout une décision à caractère plus
politique.
Mme Lavoie-Roux: Je vais poser la question autrement, si vous me
le permettez, M. le Président. On peut l'envisager sous cet angle, mais
on peut aussi envisager que deux citoyens qui ont les mêmes
caractéristiques peuvent se présenter à une
élection. Ils sont citoyens, ils ont 18 ans, etc. Ils peuvent tous les
deux être des parents qui sont dans un comité d'école. L'un
est soumis au suffrage universel pour occuper une fonction; l'autre est soumis
à un suffrage beaucoup plus restreint qui peut même, dans certains
cas, être de 20 personnes. C'est cela, la réalité.
Une voix: C'est exactement cela.
M. Côté (Pierre-F.): Je vous trouve très
très... Je pense que cela dépasse un peu le champ de ma
compétence que de répondre à une question comme
celle-là. Je pense que le caractère très politique qui
est...
Le Président (M. Charbonneau): II me reste, M.
Côté, ainsi que vos collègues, à vous remercier
d'avoir participé à cette consultation particulière dans
le cadre de l'étude détaillée du projet de loi 3. Je vous
remercie de la compréhension que vous avez manifestée.
Je suspends les travaux jusqu'à 20 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 24)
(Reprise à 20 h 16)
Le Président (M. Charbonneau): La
commission parlementaire de l'éducation reprend ses travaux. Son
mandat est d'étudier d'une façon détaillée le
projet de loi 3 et, dans ce cadre, de procéder à des
consultations particulières sur la Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public. Nous avons invité, en premier lieu, ce soir, les
dirigeants du Comité de la protection de la jeunesse et je pense que le
président, Me Tellier, est avec nous.
M. Laplante: Est-ce qu'il y une possibilité de faire un
remplacement? À la place de M. Champagne (Mille-Îles), M.
Brouillet (Chauveau).
Mme Lavoie-Roux: On a de la visite.
M. Brouillet: On m'a dit qu'on travaillerait ce soir,
alors...
Le Président (M. Charbonneau): Devant l'accueil
enthousiaste de nos collègues de l'Opposition, je pense que le
remplacement est maintenant fait.
M. Laplante: C'est parce que l'Opposition a le tour de nous
brûler!
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait offrir au
député de Chauveau de se déplacer, de venir s'installer
ici? Face au député de Saint-Laurent, il risque de faire une
dépression nerveuse, M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): On a deux nouvelles figures, ce
soir.
M. Ryan: ...de passer son assemblée.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on est en ondes, avec toutes ces
remarques célèbres? Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Nous sommes donc en ondes
et comme les ondes sont des choses qui demeurent enregistrées...
Mme Lavoie-Roux: C'est le temps qu'on passe à des choses
sérieuses.
Le Président (M. Charbonneau): ...nous allons inviter Me
Tellier et ses collègues à s'approcher à la table.
Je veux d'abord remercier Me Tellier et le saluer. Cela fait un bout de
temps qu'on s'était vu. Cela nous rappelle des souvenirs, entre autres
à la députée de L'Acadie et à moi. Je pense aussi
à M. le député de Chauveau qui...
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être pour cela qu'il vient ce
soir.
Le Président (M. Charbonneau): ...sans doute a
été particulièrement incité à se
présenter ce soir.
Donc, je vous rappelle qu'on a un temps limité et que, dans la
mesure où vous pourrez présenter les éléments de
vos commentaires dans un court laps de temps, cela permettra aux membres de la
commission d'utiliser le reste du temps pour échanger avec vous et
obtenir des précisions. Je vous indique également que nous sommes
à l'étape de l'étude détaillée du projet de
loi et non pas à l'étape de l'étude des principes. Dans ce
cadre, il serait approprié de focaliser les interventions sur les
éléments de la loi, les articles particuliers qui pourraient
présenter quelques problèmes, quelques éléments
d'intérêt en rapport avec votre organisme.
Sans plus tarder, je vous cède la parole, Me Tellier, en vous
demandant également, pour les fins du Journal des Débats, de
présenter la personne qui vous accompagne.
Comité de la protection de la jeunesse
M. Tellier (Jacques): Avec plaisir. Mon collègue est Me
Jean-François Boulais, conseiller juridique au Comité de la
protection de la jeunesse.
Je remercie d'abord la commission de son aimable invitation. Pour les
personnes moins habituées à tous les réseaux de la
protection de la jeunesse, je peux peut-être dire en deux mots ce qu'est
le Comité de la protection de la jeunesse, mais je pense qu'il n'y a pas
lieu d'élaborer là-dessus.
C'est un organisme créé et régi par la Loi sur la
protection de la jeunesse, - qui a comme mandat, ce mandat modifié par
les derniers amendements - d'exercer une surveillance du respect des droits
reconnus aux jeunes en difficulté, autant les jeunes en besoin de
protection que les jeunes délinquants, donc les droits qui leur sont
reconnus autant par la Loi sur la protection de la jeunesse que par la Loi sur
les jeunes contrevenants.
Ceci étant dit, je rappelle que nous avions
présenté devant la commission parlementaire qui étudiait
le projet de loi 40 un mémoire qui, nous semblait-il, avait
été fort bien accueilli par les membres de la commission.
À partir de l'expérience que nous vivons dans l'exercice de notre
mandat, nous avions essayé de jeter un certain regard sur les jeunes en
difficulté et de faire un certain nombre de recommandations.
À la lecture du projet de loi 3, il y a quelques recommandations
que nous considérons importantes, que nous voulons soumettre, ce soir,
à votre attention. La première vise ou concerne les articles 236
et 238 de la loi, c'est-à-dire cette entité qu'est le
comité consultatif de la commission scolaire prévu aux articles
236 et 238.
Deux points que nous voudrions
soulever: l'article 236 qui parle de la composition du comité et
l'article 238 où l'on parle des fonctions de ce comité
consultatif.
Pour ce qui est de la composition du comité consultatif, nous
suggérons, enfin nous recommandons que le directeur de la protection de
la jeunesse fasse partie ex officio de ce comité consultatif, le
directeur ou son délégué dans la région.
La démonstration est relativement simple. Je pense qu'il y a une
espèce de consensus sur le fait qu'il faut le plus possible qu'il y ait
une complémentarité entre le réseau de l'éducation
et le réseau de la protection et les services des deux réseaux.
Il y a déjà eu un avis du Conseil supérieur de
l'éducation en 1982 là-dessus. La commission spéciale sur
la protection de la jeunesse avait aussi émis une opinion
là-dessus. Alors, nous nous disons, à partir de ce consensus qui
semble assez général: Est-ce qu'un bon moyen de donner une suite
pratique à cette complémentarité que tout le monde veut
voir se réaliser ne serait pas qu'à ce comité consultatif
des services aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage
siège régulièrement, d'office, le directeur de la
protection de la jeunesse ou son délégué? C'est
probablement celui qui pourrait le mieux, par rapport à certaines
problématiques, nous pensons, faire état de certaines mesures
préventives et curatives, etc.
D'ailleurs, à l'article 284 du projet de loi, on indique que dans
les cas d'expulsion, dans certaines situations, on peut signaler ou on doit
signaler, sauf erreur, les cas d'expulsion au directeur de la protection de la
jeunesse. Cela fait partie d'une des difficultés des
problématiques rencontrées en milieu scolaire.
Dans la même logique, nous nous disons: Pourquoi limiter les
problématiques, limiter la présence ou l'intervention du
directeur de la protection de la jeunesse à cette seule
problématique de l'expulsion? Pourquoi ne ferait-il pas partie de ce
comité consultatif? C'est l'article 284 qui parle de signaler au
directeur de la protection de la jeunesse les cas d'expulsion.
Dans la même logique, nous disons: Pourquoi ne pas pousser plus
loin et faire en sorte que le directeur de la protection de la jeunesse soit
présent dans ce comité consultatif qui va avoir à
conseiller en tout ce qui concerne les diverses problématiques du milieu
scolaire?
Deuxième point qui nous apparaîtrait intéressant
aussi, ce serait que les fonctions de ce comité consultatif, qui sont
prévues à l'article 238 soient développées
davantage qu'elles ne le sont ici. À titre d'exemple -et je
réfère au mémoire que nous avions présenté
pour le projet de loi 40 - est-ce que ce comité consultatif ne pourrait
pas aussi donner avis? Alors, on pourrait ajouter aux deux paragraphes qui sont
là un troisième et un quatrième paragraphe qui diraient
à peu près ceci: Le comité consultatif peut donner son
avis à la commission scolaire dans les cas d'absences
répétées ou d'expulsion des élèves.
Ensuite, un autre alinéa qu'on suggère d'ajouter: Que le
comité consultatif puisse élaborer des normes d'organisation
assurant la complémentarité entre les services éducatifs
et les services sociaux et de la santé, enfin les services de
protection. Ce sont, croyons-nous, des façons pratiques de
réaliser concrètement cette complémentarité sur
laquelle, je pense, tout le monde semble bien d'accord, entre les services
éducatifs et les services de protection. Voilà pour notre
première recommandation.
Deuxième recommandation que nous soumettons respectueusement, je
vous réfère à l'article 81. Nous croyons que les
problèmes reliés à la protection de la jeunesse ne
deviendront une responsabilité des conseils d'école que dans la
mesure où la loi leur fera une obligation de s'y intéresser
concrètement dans le cours de leurs fonctions. Nous croyons que, d'une
manière générale, on est porté à
évacuer tout ce qui est un peu marginal et à reporter la
responsabilité de s'en occuper à d'autres instances. Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu, étant donné le rôle de l'école,
à l'article 81, de préciser que le conseil d'école
pourrait, en plus de favoriser les échanges, la coordination, ce qui est
ici... Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de trouver une formulation? Nous avons
tenté de formuler quelque chose qui pourrait se présenter un peu
comme ceci: Par exemple, qu'annuellement le conseil d'école doive
prendre des mesures qui tiennent compte prioritairement de l'aide à
offrir aux jeunes en difficulté et ce, en concertation avec les
ressources sociosanitaires sur son territoire. Donc, non seulement adopter des
règles de conduite, des mesures de sécurité pour les
élèves, approuver le choix des activités
éducatives, mais, annuellement - il serait bon que ce soit refait
à chaque année - voir à prendre des mesures qui tiennent
compte de l'aide à offrir aux jeunes en difficulté et ce, en
concertation avec les ressources sociosanitaires, de la santé et des
services sociaux du territoire.
Une troisième réflexion que nous soumettons à votre
attention, cela concerne - je ne peux pas vous donner de
référence à un article du projet de loi, si ce n'est aux
articles 40 et suivants, mais la référence que je vous donne est
très large, ce n'est pas très serré - l'utilisation des
punitions corporelles. Il n'y a rien dans la loi qui interdit qu'on utilise des
châtiments corporels. Vous allez dire: C'est peu utilisé.
Je pense qu'il y a une espèce de consensus de la
société là-dessus; en tout cas, ce n'est pas d'usage
courant. Il nous arrive, cependant - les travailleurs sociaux en savent quelque
chose ainsi que les directeurs de la protection de la jeunesse - d'avoir sous
les yeux, de nous faire signaler des situations d'abus. Même si c'est peu
nombreux, est-ce que dans une loi comme celle-là, qui a une valeur
éducative, davantage peut-être que d'autres, il n'y a pas lieu
d'affirmer, d'une manière explicite, par une disposition quelconque, que
les gestes violents entre élèves et professeurs ne sont pas
uniquement des gestes qui pourraient être sujets à
révocation ou quelque chose comme cela, tel que c'est indiqué
dans l'article 40? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, quelque part dans la loi,
qu'il n'y ait pas seulement une disposition vague, mais qui dise clairement que
les châtiments corporels ou les punitions corporelles sont exclus? (20 h
30)
L'institutionnalisation des châtiments corporels par voie
réglementaire uniquement a d'ailleurs été critiquée
sévèrement par la Cour européenne des droits de l'homme.
J'ai une référence ici que je pourrais vous donner, l'affaire
Tyer, du 25 avril 1978. On disait: II faut peut-être aller plus loin que
faire une réglementation plus ou moins vague. Il y a peut-être
lieu que l'Assemblée nationale elle-même se prononce
là-dessus. C'est une disposition qui nous apparaît
particulièrement pertinente, peut-être dans une conjoncture
où la violence et notamment dans le milieu scolaire - je ne dis pas
nécessairement entre étudiants ou élèves -en
général, a cours beaucoup trop. Je vous disais qu'il n'y a pas
énormément de signalements qui viennent jusqu'à nous ni au
directeur de la protection de la jeunesse d'abus des professeurs, mais en
juillet 1984 on a porté à notre attention une politique qui avait
été demandée, semble-t-il, par certains parents, une
politique qu'on voulait appliquer dans une commission scolaire où on
prévoyait que dans certains cas, notamment pour certains gestes
répréhensibles qui étaient commis par
l'élève à l'école, les parents devaient choisir
pour leurs enfants l'une ou l'autre de ces deux choses: ou une correction
physique ou l'abstention de l'école pendant un certain temps.
Évidemment, on nous a mis au courant de cette politique et les
membres du comité ont cru bon de formuler une opinion que nous avons
adressée au principal de l'école là-dessus en
alléguant qu'il nous semblait... "Les membres du comité
comprennent et partagent votre désir de corriger les comportements
répréhensibles des élèves. Ils s'étonnent
cependant qu'à une époque où on déplore chez les
jeunes à la fois la violence et le décrochage scolaire on ait
recours à des modes de correction qui comportent eux- mêmes des
gestes de violence ou l'absence de l'école." Sans que ce soit contre la
loi, nous avons émis l'opinion qu'il nous semblait que c'était
inopportun d'utiliser cela. Tout cela pour vous dire qu'il nous semble qu'une
disposition dans la loi... Nous avons fait quelques recherches. En Colombie
britannique, il y a une disposition comme celle-là qui interdit tout
châtiment corporel dans les écoles. Nous vous soumettons
respectueusement cette troisième réflexion On me demande
d'être bref. Je vous laisse à vos questions.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, Me Tellier. Je ne
sais pas si le ministre de l'Éducation veut intervenir
immédiatement ou si...
M. Bérubé: J'ai eu tendance à prendre trop
de temps ce matin pour au moins une intervention. Je voulais simplement savoir
quelles sont les lois du Québec, à l'heure actuelle, qui
couvriraient le problème des châtiments corporels ou de la
violence physique, dans le fond.
M. Boulais (Jean-François): II y a les articles 643 et
644 du Code civil du Québec qui permettent aux parents d'utiliser des
moyens d'éducation. Il y a le code pénal -l'article 43 - qui
permet ou, enfin, qui offre une défense à l'éducateur qui
utilise la force raisonnable pour corriger un enfant. Il n'y a pas de
dispositions comme telles qui interdisent...
M. Bérubé: Oui, on entend mal. Je m'excuse.
M. Boulais: Bon! J'ai fait référence au Code civil du
Québec qui le permet implicitement. Il y a le Code criminel qui ne
l'interdit pas, mais qui fournit une défense à l'éducateur
qui utilise la force raisonnable pour corriger un élève. Il n'y a
pas de loi du Québec qui interdise formellement cette situation. Il n'y
a pas de dispositions réglementaires, du moins à ma connaissance,
sur la question. Il y a peut-être des directives qui existent au niveau
de certaines commissions scolaires. Je pense que le ministère est
sûrement plus au courant que moi de la question. Je n'ai pas fait
d'étude des directives au niveau des commissions scolaires. Je sais
toutefois... Cela ne constitue pas de toute façon des lois ou cela ne
constitue pas des textes de référence pour des parents ou des
personnes.
J'ai fait une petite recherche sur la question et j'ai trouvé un
règlement dont je peux vous citer la source, règlement qui date
de 1973, qui a été adopté par le gouvernement de la
Colombie britannique et qui est très précis sur la question. Ce
règlement a été adopté en vertu de
dispositions réglementaires qui existent dans la loi de la
Colombie britannique, c'est-à-dire que dans la loi habilitante on permet
au ministre ou au gouvernement de faire des règlements. Je vous cite:
"Prescribe the duties of all teachers". En vertu de ces pouvoirs
réglementaires qui sont donnés au lieutenant-gouverneur, le
gouvernement a fait cette réglementation qui est contenue
précisément à l'article 14. On retrouve la source dans la
Gazette officielle de 1975 à la page 318. J'en ai des copies ici.
Ce règlement dit ceci, précisément: "Discipline in
school. The discipline in every school shall be similar to that of a kind, firm
and judicious parent but shall not include corporal punishment."
Le deuxième paragraphe, comme si ce n'était pas
suffisamment précis, ajoute: "No teacher shall administer corporal
punishment to any pupil."
C'est la seule disposition réglementaire qui existe dans les lois
du Canada sur la question qui interdit formellement les punitions
corporelles.
M. Bérubé: Des enseignants sont venus
témoigner devant le Conseil supérieur de l'éducation et
nous ont expliqué des situations un peu difficiles qu'ils vivent
parfois. Il arrive que vous ayez affaire à un jeune colosse de 6'2" qui
a peut-être même pris un peu de drogue en classe et qui
s'avère menaçant. Comment réglemente-t-on à ce
moment-là l'usage de la force en classe si elle est requise de la part
de l'enseignant?
M. Tellier: Je pense qu'on peut faire une distinction entre un
châtiment ou une punition corporelle et un contrôle dans les
centres d'accueil, à certains moments, un contrôle d'une
situation. Quelqu'un qui a besoin d'être contrôlé
peut-être physiquement, c'est différent d'une punition corporelle.
Je ne sais pas si la distinction...
Évidemment, pour le jeune qui est là, cela a le même
effet peut-être mais j'ai l'impression que c'est radicalement
différent, contrôler une situation de désordre et infliger
une punition froidement parce qu'il y a eu mauvaise conduite.
M. Bérubé: Enfin, vous en avez contre les coups de
règle sur les doigts par les maîtresses d'école en
troisième année. C'est ce que je comprends.
M. Tellier: Oui.
Une voix: Des leçons de piano.
M. Bérubé: Des leçons de piano. Je passe, M.
le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier MM. Tellier et Boulais d'être venus rencontrer la commission.
Nous avions l'impression qu'il y avait des points qui étaient
restés obscurs concernant les élèves qui sont en besoin de
protection.
Comme le temps court, comme on le disait tout à l'heure, je
voudrais revenir à l'article 284. Vous y faites une suggestion à
savoir que soient signalés au directeur de la protection de la jeunesse
les cas d'absentéisme et non seulement les cas d'expulsion, si je vous
ai bien compris.
Est-ce que ce n'est pas un peu tard, pour la protection de la jeunesse,
pour intervenir - c'est peut-être le sens de la recommandation que vous
faites à l'article 230 - une fois que l'élève a
été expulsé ou une fois que le problème
d'absentéisme est devenu si grave que finalement ça s'est
converti en problème de décrochage, dans le fond? Est-ce qu'il ne
faudrait pas que ces choses-là vous soient signalées avant qu'on
en arrive à l'article 284?
M. Tellier: C'est pour cette raison que nous voyons fort bien le
DPJ, le directeur de la protection de la jeunesse, faire partie de ce
comité consultatif.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais là c'est du comité
consultatif de la commission scolaire.
M. Tellier: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Si vous remarquez bien, la commission scolaire
agit à la demande d'un directeur d'école qui a déjà
décidé de l'expulsion et qui vient tout simplement la faire
entériner, à toutes fins utiles, par la commission scolaire.
Est-ce qu'il ne faudrait pas qu'on agisse à un niveau préalable
plutôt qu'attendre? C'est déjà corrigé en le mettant
au comité consultatif, mais cela me paraît une intervention
très tardive. Ce sera la direction qui va dire: Cet élève
doit être expulsé parce qu'il a fait telle chose ou qu'il ne se
conforme pas à telle chose. Il faudrait peut-être que ce soit au
niveau de l'école qu'il y ait des mécanismes prévus pour
le directeur d'école afin de signaler les cas avant qu'on en arrive
à l'expulsion.
M. Tellier: Oui, bien sûr. Il a l'obligation d'ailleurs de
le faire.
M. Boulais: La Loi sur la protection de la jeunesse, si vous me
le permettez, prévoit déjà l'obligation de signaler. Cette
obligation existe pour les enseignants comme pour le directeur d'école.
Un enfant qui s'absente trop souvent de l'école, si cela met sa
sécurité et son développement en danger, le
directeur doit le signaler; cela, la loi le prévoit.
En fait, ce que nous proposons aux articles 238 et 81, ce sont des
mécanismes concrets pour permettre au directeur de la protection de la
jeunesse d'être partie prenante aux recommandations concernant la
coordination des services, d'une part, au niveau de la commission scolaire -
c'est l'objet des articles 236 et 238 - et, deuxièmement, de faire une
obligation au conseil d'école de se pencher annuellement sur les moyens
de coordination des mesures de protection et des services éducatifs.
Lorsqu'on parle de mesures de protection, on ne parle pas de mesures
sociales en général pour aider l'élève à
s'intégrer, on parle de mesures de protection très
concrètes pour des enfants qui sont victimes d'abus sexuel, qui sont
victimes de mauvais traitements physiques. Ce sont ces moyens de coordination
des ressources qui sont importants et qui devraient, à notre avis,
être indiqués clairement dans la loi comme mécanismes de
coordination, comme mécanismes d'interaction des réseaux et non
pas uniquement prévoir des moyens de signaler, par exemple, une
situation ou de mettre le directeur au courant, la loi le prévoit
déjà. L'article 39 de la Loi sur la protection de la jeunesse est
très claire là-dessus. Il s'agit peut-être de donner un
coup de pouce et de mettre sur pied de véritables mécanismes de
coordination. C'est l'objet des recommandations aux articles 236 et 238.
M. Tellier: À l'article 238, si on ajoute aux fonctions du
comité consultatif, par exemple, de pouvoir établir des
politiques, donner des avis en ce qui concerne ces situations, cela devient
préventif. Si le directeur de la protection de la jeunesse, qui sera
celui qui, au bout du compte, va ramasser le jeune qui aura été
expulsé, si le directeur fait partie du comité consultatif de la
commission scolaire et si on ajoute aux fonctions qui sont déjà
indiquées à l'article 238 d'autres fonctions comme celle, par
exemple, de voir quelle va être la politique des écoles concernant
les absences répétées, concernant l'expulsion, etc.,
est-ce qu'il n'y aurait pas, avec la présence du directeur de la
protection de la jeunesse, une possibilité de prévenir ces
choses-là?
Mme Lavoie-Roux: Alors, et au niveau de l'école et au
niveau de la commission scolaire...
M. Tellier: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...vous voulez que soit articulé un
paragraphe qui fait une obligation à l'un et à l'autre
d'intervenir avant qu'on procède à des expulsions...
M. Tellier: C'est cela.
M. Boulais; On est au niveau des moyens concrets.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Boulais: Lorsqu'on demande que le conseil d'école se
penche annuellement sur la question, c'est un moyen concret, si le conseil
d'école doit chaque année revoir ces questions. On a tendance
à les exclure, dans notre société, ces questions, on a
tendance à les refouler, à les remettre à des
spécialistes. Si, chaque année, le conseil d'école doit se
pencher sur la question, ce n'est peut-être pas très
agréable pour le conseil d'école de se pencher sur cette
question, sauf que c'est une nécessité quotidienne.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, dans les cas d'absentéisme,
on comprend en général ce que cela veut dire, cela signifie des
enfants qui, sur une base régulière ou pour une période
donnée, s'absentent de l'école. Est-ce que, en
général, on applique cela jusqu'à ce que les enfants aient
16 ans ou à la fin de leur 15e année puisque c'est l'âge
obligatoire?
Les commissions scolaires ou les écoles, surtout, sont souvent
portées, rendu à 16 ans, à ne plus considérer
l'enfant comme un cas d'absentéisme, mais le considérer comme un
décrocheur, vu qu'il n'a plus l'âge de la fréquentation
scolaire. N'y aurait-il pas lieu aussi de continuer de considérer ces
cas, qu'à un moment donné on qualifie de décrocheurs parce
que cela simplifie notre situation - ils n'ont plus l'âge de la
fréquentation obligatoire, - comme faisant partie des problèmes
d'absentéisme? En fait, je pense que c'est assez près l'un de
l'autre, sauf s'ils se retrouvent sur le marché du travail. Est-ce qu'il
ne faudrait pas que ce soit étendu, même au-delà de 16 ans?
(20 h 45)
M. Tellier: Oui. D'où l'avantage de la présence du
directeur de la protection de la jeunessse qui a la responsabilité -
enfin, éventuellement, qui pourrait avoir la responsabilité -
d'un jeune, pas seulement pour les cas d'absentéisme mais pour une foule
d'autres problèmes, parce que souvent l'absentéisme n'est que le
symptôme d'autres problèmes familiaux.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir sur les articles - vous n'en
avez pas parlé -17, 18, 19 et 20. Je me demande si ces articles ne sont
pas un peu désuets dans leur approche des parents, surtout dans la
conception plus moderne, si on veut, de la protection de la jeunesse. On dit:
Les parents doivent prendre les moyens nécessaires pour que leur enfant
fréquente
l'école. En cas d'absences répétées, le
directeur d'école fait une mise en demeure aux parents. S'ils la
refusent ou ne s'y conforment pas, ils sont condamnés à une
amende de 50 $ à 200 $. Est-ce que ce n'est pas, à votre point de
vue, un mode d'intervention qui, finalement, est assez inefficace? Des parents
qu'on est obligé de condamner à payer 200 $ d'amende parce que
leur enfant ne va pas à l'école ou parce qu'ils ont refusé
ou ne se sont pas présentés à l'école parce qu'on
leur signalait que leur enfant était absent, cela me semble un peu... Je
ne sais pas. Je voulais vous poser la question. Est-ce que cela vous semble
quelque chose qui est efficace dans le contexte de la protection de la jeunesse
aujourd'hui, ou si on ne devrait pas penser à un autre type
d'intervention auprès des parents plutôt que de les condamner
à une amende de 200 $ parce qu'ils ne se conforment pas à une
mise en demeure?
M. Tellier: Personnellement, je ne crois pas qu'une amende soit
efficace dans un cas comme celui-là. C'est un problème beaucoup
plus complexe. Même l'amende ne sera pas payée et ce n'est pas...
Maintenant, quels sont les moyens? J'ai l'impression que c'est une
problématique beaucoup plus complexe que ce qu'on en voit. Au fond, ce
sont des moyens d'éducation qui sont beaucoup plus larges que
ceux...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela ne devrait pas être
considéré également sous l'angle de la protection de la
jeunesse, dans le sens que, si les parents ne s'acquittent pas de leurs
responsabilités vis-à-vis de leurs enfants qui doivent,
normalement, fréquenter l'école s'ils ont moins de 16 ans, les
parents pourraient être référés à la
protection de la jeunesse, comme on le fait dans les cas d'expulsion? Est-ce
que cela ne serait pas la chose la plus efficace?
M. Boulais: Si j'ai bonne mémoire, la commission
parlementaire sur la protection de la jeunesse recommandait d'exclure
l'absentéisme scolaire comme motif de protection. Je ne sais pas, je
vous donne cela comme "feed-back".
Mme Lavoie-Roux: Ils l'excluaient parce qu'ils disaient...
M. Tellier: Ce n'est pas de...
Mme Lavoie-Roux: Oui. En soi, ce n'est pas un acte de
délinquance ou...
M. Tellier: Cela peut être...
Mme Lavoie-Roux: Mais, vous ne vous êtes pas penchés
sur une autre modalité qui pourrait être utilisée?
M. Tellier: Non, nous ne nous sommes pas penchés
là-dessus, mais, enfin, il y a certainement un lien à faire avec
la Loi sur la protection de la jeunesse qui pourrait être fait ici d'une
manière explicite. La Loi sur la protection de la jeunesse
prévoit que, si on a des motifs raisonnables de croire que
l'absentéisme ou des situations comme celle-là compromettent la
sécurité ou le développement de l'enfant, on doit
signaler... Alors, la référence n'est pas faite ici, mais elle
pourrait l'être. Nous avons tenu pour acquis que, dans ces situations, si
ce qui est ici ne suffit pas, cela deviendra une situation qui tombera
normalement - qui devrait tomber, en tout cas - sous l'application de la Loi
sur la protection de la jeunesse. Mais, est-ce qu'il y a lieu de faire un lien
pour l'indiquer? Peut-être.
Mme Lavoie-Roux: Oui. L'autre question est relative aux
châtiments corporels. Vous vous référiez à l'article
40 qui touche la révocation ou la suspension du permis pour
l'enseignant.
M. Tellier: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, c'est là que cela vous
a frappé. Est-ce que vos restrictions à l'endroit du
châtiment corporel ne devraient pas s'appliquer également aux
directeurs d'école?
M. Tellier: Ah! oui, sûrement.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, il faudrait
peut-être une règle générale...
M. Tellier: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: ...sur l'utilisation des châtiments
corporels, parce qu'ici...
M. Tellier: Quand nous avons fait référence
à l'article 40, c'est parce que nous n'avons trouvé aucun autre
article qui, de quelque façon, pouvait avoir un lien, si ce n'est
l'article 40 par le fait que cela pourrait être considéré
comme une inconduite et donc entraîner une suspension de permis. Vous
avez raison. Nous ce qu'on demande, c'est que tout châtiment corporel,
que ce soit imposé par le directeur ou par le professeur... À ce
moment, si c'est le directeur, évidemment, cela ne tombe plus sous
l'application de l'article 40.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si c'est encore comme cela, mais
autrefois - il n'y a pas tellement d'années - certaines écoles ou
certaines commissions scolaires défendaient aux enseignants d'infliger
des châtiments corporels et, si tel devait être le cas, on les
référait au directeur d'école qui lui pouvait appliquer ou
enfin infliger le
châtiment corporel. D'après vous autres, cela n'a pas sa
raison d'être.
M. Boulais: II y a toutes sortes de techniques qui ont
été utilisées. D'ailleurs, la première technique a
été celle-là - j'entends technique législative en
termes de restriction du droit au châtiment corporel - la
référence au directeur. La deuxième technique a
été, dans certaines provinces, d'en tenir un registre,
c'est-à-dire d'enregistrer à chaque fois qu'on utilisait les
châtiments corporels. Il fallait que ce soit enregistré quelque
part. C'était la législation de la Colombie britannique de 1972,
par exemple. L'autre étape a été l'interdiction formelle
par une disposition spécifique. C'est dans le cheminement normal de
l'évolution de cette disposition. On commence par les
référer à une autorité supérieure, ensuite
on en tient compte et après cela on l'abolit.
M. Tellier: Nous recommandons l'abolition totale.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Juste avant de céder
la parole au député de Bourassa, sur le même sujet qui a
été abordé à la fin par la députée de
L'Acadie. On peut paraître assez sympathique a priori à
l'idée d'abolir les châtiments corporels. La seule chose que je me
demande, c'est dans quelle mesure, dans certaines conditions, dans certains
milieux où les valeurs du milieu sont des valeurs où la violence
n'est pas toute tolérée, mais fait partie d'un certain nombre de
moeurs... Je me rappelle de professeurs qui m'ont raconté des situations
où finalement ils ont dû intervenir avec une certaine force
physique pour se faire respecter et la réaction de l'étudiant -
on parle d'étudiants au niveau secondaire - qui avait subi une telle -
pas un tel assaut -réplique physique d'un enseignant avait
été non pas de moins le respecter, mais peut-être une
espèce d'arrêt d'agir et une espèce de respect additionnel
de l'élève envers le professeur parce qu'il avait
été capable d'utiliser la loi du milieu dans lequel il
évoluait. C'est peut-être un peu tiré par les cheveux pour
la majorité des gens, mais, dans la mesure où on aurait un
article de loi qui l'interdirait totalement, est-ce qu'on n'ouvrirait pas la
porte à des accusations qui seraient abusives à l'endroit
d'enseignants qui auraient à certains moments posé un geste qui
dans un contexte particulier pourrait se justifier? Il ne s'agit pas
d'ériger cela en système idéal ou
généralisé. Je vous pose la question en n'ayant pas
d'à priori.
M. Tellier: C'est possible, remarquez bien. C'est possible que
des professeurs aient besoin de la force physique pour imposer leur
autorité. C'est possible.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que cela existe.
Ce n'est pas une règle générale. Dans la mesure où
on aurait un article comme celui que vous proposez dans la loi, donc que le
comportement serait d'une façon absolue prohibé, est-ce qu'on
n'ouvrirait pas la porte à des accusations qui seraient dans le fond
injustes à l'endroit d'enseignants qui, dans un contexte particulier,
auraient dû ou auraient été incités à poser
un geste? Là on enclencherait tout un mécanisme.
M. Boulais: Ce n'est pas l'expérience de la Colombie
britannique, à ma connaissance. Ce n'est pas parce que cette disposition
réglementaire existe, d'abord, qu'il n'y en a pas. Deuxièmement,
cela n'entraîne pas des poursuites abusives ou de quelque nature. Cela
fait quand même depuis presque dix ans que cette disposition existe en
Colombie britannique.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais juste dire au député de
Verchères que, dans le fond, ce qu'il soulève c'est bien plus un
trait culturel. Je suis sûre que, si on faisait le relevé des
écoles de garçons et de filles, il était très rare
- en tout cas je n'en ai jamais eu connaissance - qu'on infligeait dans des
écoles de filles des châtiments corporels alors que ce
n'était peut-être pas régulier, mais un peu plus
fréquent dans les écoles de garçons. Il y avait d'autres
moyens de nous martyriser!
Une voix: Oh là là! On vous a
martyrisée?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela paraît?
M. Bérubé: Oui, effectivement, vous avez l'air
traumatisée.
Mme Lavoie-Roux: Quand le député de
Verchères dit qu'il y a des milieux où peut-être on a plus
facilement recours au châtiment physique et pour cela... Je ne sais pas,
je pense que cela fait partie de toute une série de traditions qu'il
faudrait peut-être abandonner.
Le Président (M. Charbonneau): Je suis d'accord avec la
députée de L'Acadie, mais j'ai à l'esprit des cas
particuliers d'enseignants qui m'en avaient parlé - il ne s'agit pas de
films - qui, dans le fond, traduisaient une certaine réalité.
Dans des milieux plus durs - employons les termes réels - des quartiers
où la violence, la force
physique est plus dans les moeurs culturelles, les enseignants se font
plus respecter et réussissent finalement à obtenir plus de
respect, donc plus d'écoute, par la suite, de certains étudiants,
effectivement garçons, lorsqu'ils jouent la règle du jeu de ce
milieu. C'est un peu comme dans des centres d'accueil, lorsque certains
éducateurs pleins de bonne volonté se refusent
complètement à jouer des coudes, et, un moment donné,
certains, parce que la culture de ces milieux est particulière, jouent
aussi les traits culturels. Finalement, le résultat, c'est que les
jeunes les respectent plus et que, par la suite, les messages ou la
pédagogie rentrent plus. Je ne dis pas que c'est la règle
générale, mais je craindrais - peut-être que mes craintes
ne sont pas fondées - qu'on ouvre la porte à des
réprimandes ou à des accusations d'enseignants qui, dans un
contexte particulier, ne mériteraient pas d'être
blâmés comme ils pourraient l'être en vertu d'une loi s'il y
avait un article, par exemple, qui...
M. Bérubé: M. le Président, j'aimerais
ajouter une question en même temps. Il arrive parfois des classes
dissipées; si jamais vous enseignez au secondaire II ou III, vous savez
ce que je veux dire. Comment, dans le type d'intervention que vous venez de
nous faire, considéreriez-vous le professeur qui, un moment
donné, harassé, la main lui part, avec un article de loi comme
celui que vous proposez?
M. Tellier: Personnellement, je serais très
miséricordieux. Par ailleurs, je me dis: Un incident de parcours... Mais
qu'il y ait une dynamique de la violence qui s'établisse, cela va tout
le temps augmenter, comment allons-nous mettre fin à cela? Sous
prétexte qu'il y a déjà une violence dans la
société, si l'école devient en plus une espèce
d'affrontement entre les générations de ceux qui étudient
et les générations de ceux qui enseignent, la
génération des adultes et celle des jeunes en fait, je ne sais
pas si, du point de vue éducatif... Je ne suis pas un spécialiste
de l'éducation mais, si la main me partait trop souvent, j'essaierais de
voir auprès de gens qui s'y connaissent comment venir à bout de
reprendre le contrôle de moi-même pour reprendre le contrôle
de ma classe. Je ne sais pas comment vous répondre, M. le ministre.
M. Bérubé: C'est une loi, ce n'est pas un
régime pédagogique.
M. Tellier: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Pour le moment, je vais
céder la main au député de Bourassa.
M. Laplante: Vous parlez beaucoup des punitions physiques, mais
par exemple, quand un prof donne à écrire une phrase 500 fois
à la maison, souventefois les punitions psychologiques c'est encore pire
que les punitions physiques. C'est drôle que vous ne touchiez pas
à ce point. Oui, je vais vous nommer, si vous voulez, des enfants qui
ont...
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez fait des... (21 heures)
M. Laplante: Non, cela leur faisait beaucoup plus mal moralement.
Cela a fait des enfants renfermés sur eux-mêmes. Cela a
apporté énormément de problèmes psychologiques,
parce que c'étaient des punitions qu'ils ne pouvaient pas absorber,
écrire cela dans une soirée. Le lendemain, ils avaient encore une
punition additionnelle là-dessus: planter un enfant pendant trois
heures, deux heures au moins, debout, et ne pas s'en occuper du tout. Quand on
parle de punition, il faut aller loin. On n'y trouve rien là-dedans non
plus. Dans le comportement de cet enfant, aujourd'hui, au siècle
où nous vivons, il y a tout l'effritement de la famille qui est autour
de cela. Jusqu'où on peut se culpabiliser, à un moment
donné, là-dedans? Avant de défendre une petite punition
corporelle, une tape sur une fesse ou un petit coup de règle sur une
main, j'hésiterais en bebite!
Vous parlez aussi d'amender, d'aller, au niveau de la protection de la
jeunesse, au comité consultatif d'une commission scolaire pour voir
chaque cas, quand il se présente. Avez-vous imaginé la structure
nouvelle qui va se développer avec la quantité d'enfants que vous
aurez à aller voir pour des enquêtes? Si c'est seulement pour
prendre connaissance du cas d'un enfant, qu'il soit expulsé ou en
difficulté, et que vous ne faites rien ensuite, votre présence
est inutile. Mais, s'il y avait un suivi de l'enfant, jusqu'où irait le
suivi de l'enfant, à ce moment-là?
M. Tellier: Ce que nous recommandons, ce n'est pas cela. Ce n'est
pas que le directeur de la protection de la jeunesse, au comité
consultatif des services aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté, étudie tous les cas. Ce que
nous proposons, c'est qu'à l'article 238 on élargisse les
fonctions de ce comité consultatif et que ce comité consultatif,
avec la présence de quelqu'un de la protection de la jeunesse, puisse
donner avis à la commission scolaire concernant un certain nombre de
problèmes, non pas pour étudier le cas de chacun. Il le fera dans
son service à lui. Dans un milieu scolaire, il se présente
d'autres sortes de problèmes que l'absentéisme scolaire, ce qui
n'est d'ailleurs que l'apparence d'autres choses cachées, si
vous voulez. Que le directeur de la protection de la jeunesse fasse
partie de ce comité consultatif pour que celui-ci - on élargit
les pouvoirs, à ce moment-là, du comité consultatif -
puisse aussi donner avis à la commission scolaire sur autre chose que
les normes d'organisation des services particuliers aux élèves,
etc., donner son avis sur l'affectation des ressources et aussi sur les
politiques concernant certains problèmes du milieu scolaire. Cela peut
être le problème des absences répétées, cela
peut être le problème des situations qui amènent
l'expulsion, cela peut être aussi de donner son avis pour qu'il y ait une
coordination plus efficace entre les services éducatifs et les services
de protection.
M. Laplante: Dans ce cas, pourquoi pas un représentant des
CLSC?
M. Tellier: C'est parce qu'au coeur du réseau de la
protection de la jeunesse le pivot, le personnage central, c'est le directeur
de la protection de la jeunesse. En vertu de la Loi sur la protection de la
jeunesse, le personnage central qui est au coeur, actuellement, celui à
qui on réfère les choses, celui qui fait les évaluations,
celui qui oriente vers les ressources, celui qui fait le suivi, celui qui a la
responsabilité des enfants qui tombent sous la Loi sur la protection de
la jeunesse, c'est le directeur de la protection de la jeunesse.
M. Laplante: Je prends cela beaucoup plus du côté
famille, peut-être. Beaucoup d'enfants-problèmes partent du milieu
familial parce que les parents ne sont plus là. Une large proportion
d'enfants arrivent chez eux le soir et il n'y a pas de parent pour les
recevoir. Quand c'est le temps d'aider aux leçons et aux devoirs, les
parents ne sont pas encore là ou trop fatigués, ils se
dépêchent de finir le souper et disent aux enfants: Allez vous
coucher qu'on se repose nous aussi.
Avant d'établir tous ces mécanismes, j'aimerais mieux
essayer de regarder la famille, l'aide à la famille et après cela
le suivi de ces enfants. C'est là l'importance de développer les
politiques familiales. Si on fait les choses avec l'enfant et qu'il n'y a pas
d'appui en arrière, cela devient à peu près inutile.
Mme Lavoie-Roux: La DPJ agit sur les deux.
M. Laplante: Elle est là comme conseiller seulement. Elle
n'est pas là pour agir sur ce qu'on demande là.
Mme Lavoie-Roux: Mais elle réfère aux services
sociaux et c'est quelqu'un du CLSC ou du CSS.
M. Tellier: Ce qu'on demande c'est qu'il y ait quelqu'un de la
protection de la jeunesse. Nous avons identifié le directeur de la
protection de la jeunesse parce qu'il est au centre, mais ce pourrait
être quelqu'un du réseau de la protection de la jeunesse.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites, au sujet des punitions
corporelles, qu'il n'y a aucun article dans la loi qui empêche ces
punitions, donc ce serait possible qu'il y en ait. Ce que vous voudriez, c'est
qu'il y ait un article dans la loi - c'est bien ça? -disant que les
punitions corporelles sont interdites. C'est ça?
M. Tellier: Ce n'est pas sûr que l'article va les
empêcher, mais l'article va affirmer que la société du
Québec, en ce qui concerne les punitions corporelles ou en ce qui
concerne la violence entre éducateurs et éduqués, n'est
pas pas d'accord.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous préféreriez avoir un
article à cet effet dans la loi.
M. Tellier: II nous semble.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Chauveau.
M. Brouillet: Pour revenir à la présence du
directeur de la protection, étant donné qu'il va y avoir à
peu près 150 commissions scolaires, pratiquement, il serait
peut-être un peu difficile d'avoir suffisamment de DPJ pour être
présents à chacun des comités. Mais vous venez d'ajouter
justement que ce pourrait être quelqu'un d'autre que le DPJ...
Mme Lavoie-Roux: Ou son délégué.
M. Brouillet: ...ou son délégué. Est-ce que
cela ne représente pas des difficultés administratives, le nombre
considérable de commissions scolaires? Est-ce que vous auriez le
personnel suffisant pour assurer une présence à chaque
comité, au niveau de chacune des commissions scolaires? Est-ce que cela
ne serait pas trop lourd?
M. Tellier: Les directeurs de la protection de la jeunesse ont
des services qui couvrent le Québec, en fait. Ce n'est pas
nécessairement le directeur de la protection de la jeunesse, ce peut
être son délégué, mais il couvre tout le territoire
du Québec par la Direction de la protection de la jeunesse.
Enfin, oublions, si cela crée une
difficulté, le directeur lui-même ou le mot; ce que nous
suggérons, c'est qu'une personne qui est dans le réseau des
Affaires sociales et de la protection de la jeunesse puisse être
présente pour que le consensus qu'on a mis de l'avant souvent, à
savoir la complémentarité des services de l'éducation et
des services de la protection, ce ne soit pas seulement une espèce
d'affirmation générale. Vous avez raison, c'est vaste, mais le
réseau de la protection de la jeunesse couvre aussi le Québec. Il
y a certainement des gens compétents qui pourraient être
désignés par le directeur de la protection de la jeunesse, qui
est le personnage clé dans la loi actuelle, pour jouer ce rôle de
bon consultant à l'intérieur de ce comité, faisant en
sorte que, étant donné la nature du comité et les
objectifs pour lesquels, semble-t-il, ce comité est créé,
à savoir les problèmes, c'est un comité de
problèmes...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il ne travaille pas sept jours par
semaine, ce comité.
M. Brouillet: Enfin, c'est un comité consultatif qui peut
se réunir une fois par mois ou occasionnellement.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Bérubé: Le député de Saint-Laurent
et moi venons d'échanger des propos sur l'expérience que nous
avons eue avec Mlle Sabourin et la réaction du député de
Saint-Laurent a été de dire: Elle, elle était "toffe"i II
a conclu la même chose que moi: on a fini tous les deux premiers de
classe après être passés entre ses mains.
M. Leduc (Saint-Laurent): Elle va passer à l'histoire,
d'ailleurs, dans le Journal des débats.
Mme Lavoie-Roux: Dans le Journal des débats.
M. Leduc (Saint-Laurent): Elle va être dans le Journal des
débats. Je vais lui faire part d'ailleurs...
Mme Lavoie-Roux: Alors, le député de Saint-Laurent
ne l'avait pas fait mourir?
Le Président (M. Charbonneau): Le président de la
commission ignorant complètement ce que Mlle Sabourin avait entre les
mains...
Une voix: Non, mais elle a manqué faire mourir le
député!
Le Président (M. Charbonneau): ...il ne reste qu'à
vous remercier au nom des membres de la commission, M. Tellier et M. Boulais,
d'avoir bien voulu accepter l'invitation de venir discuter du projet de loi 3
à cette étape de l'étude détaillée du projet
de loi, d'autant plus que vous l'avez fait dans un délai qui
était relativement court. Encore une fois, merci, et à la
prochaine!
Le Protecteur du citoyen
Nous allons maintenant inviter le Protecteur du citoyen, M.
Labonté, ainsi que ses collègues.
M. Labonté, bonsoir! Au nom des membres de la commission, je
voudrais vous remercier d'avoir accepté l'invitation de la commission de
participer à cette consultation particulière à cette
étape de l'étude du projet de loi 3. Constatant que vous
êtes seul à la barre, je ne vous demanderai donc pas de
présenter les collègues qui vous accompagnent, mais je vous
indiquerai que, dans la mesure où vos commentaires initiaux seront
relativement brefs, cela permettra aux membres de la commission d'avoir plus de
temps pour discuter avec vous.
Sans plus tarder je vous demanderais d'engager la discussion.
M. Labonté (Yves): Je vous remercie, M. le
Président. Mes commentaires seront effectivement très brefs,
d'abord parce que le rôle du Protecteur du citoyen n'est pas de faire les
lois mais bien de voir à ce que les lois qui ont été
votées par l'Assemblée nationale soient correctement
appliquées par ceux qui sont chargés de les appliquer.
Il ne m'appartient donc pas de commenter les articles du projet de loi 3
si ce n'est ceux qui sont en relation avec le mandat qui m'est confié
par ce projet de loi. Or, comme le projet de loi 3 ne fait, en fait, que
reproduire la Loi sur le Protecteur du citoyen comme telle et l'appliquer
à l'élève, je n'ai vraiment pas de commentaires à
faire sur les articles de loi qui me concernent.
Je voudrais cependant dire que c'est avec beaucoup d'enthousiasme que
j'ai accepté ce mandat que me confiait le ministère de
l'Éducation parce qu'il m'apparaît que l'élève n'est
qu'un citoyen comme les autres qui se trouve dans une relation
particulière avec une administration publique. À ce titre, il
m'apparaît tout à fait normal qu'il puisse
bénéficier de la protection que le législateur a voulu
accorder à tous les citoyens. C'est pourquoi j'ai accepté
volontiers le rôle que l'on veut me faire jouer dans la réforme
scolaire.
Au sujet des articles de loi qui me concernent, on vous a remis, je
pense, un amendement aux articles 622 et 623 tels
qu'ils apparaissent dans le projet de loi. Il s'agit tout simplement de
permettre au Protecteur du citoyen de déléguer ses pouvoirs des
articles 26 et 29, et non pas des articles 26 à 29, de sa loi, à
ses fonctionnaires.
L'article 26 permet au Protecteur du citoyen d'aviser le responsable,
c'est-à-dire le ministre titulaire ou le président d'un
organisme, d'une enquête et des résultats de son enquête.
Comme le projet de loi prévoit que ce n'est pas le ministre titulaire
qui devra être avisé mais bien le président du conseil
d'école ou encore le président du conseil des commissaires
concernés, il m'a paru qu'il n'était pas nécessaire que le
Protecteur du citoyen retienne ce pouvoir mais qu'il puisse le
déléguer à celui de ses collaborateurs qui a fait
l'enquête. De même, l'article 29 prévoit que le Protecteur
du citoyen doit aviser la personne qui a fait la plainte du résultat de
l'enquête. Il ne me paraît pas nécessaire que ce soit
également le Protecteur du citoyen qui donne lui-même cet avis. On
a donc demandé que soit modifié le projet de loi 3 pour permettre
la délégation de ces pouvoirs.
Ceci dit, je suis à la disposition de la commission pour tenter
de répondre à vos questions.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M.
Labonté.
M. le ministre de l'Éducation et député de Matane.
(21 h 15)
M. Bérubé: Les amendements proposés seront
incorporés à la loi, d'une part. Il n'y a donc pas vraiment de
difficultés. Je m'interrogeais seulement sur le rôle qu'aurait pu
jouer le Protecteur du citoyen dans le cas qui nous a été soumis
il y a quelques instants concernant l'usage de la force corporelle à des
fins punitives auprès de l'enfant. Je me demandais si le Protecteur du
citoyen pourrait intervenir dans des cas d'abus. On me dit cependant que ce ne
serait possible que s'il y avait une politique administrative ou une politique
décidée par la commission scolaire d'interdire l'usage de la
force ou des punitions corporelles, si je comprends bien. Comment voyez-vous
votre rôle par rapport à cette question? C'est une question qui
risque de revenir. Les cas qu'on va voir chez le Protecteur du citoyen risquent
d'être des cas de renvois de l'école ou encore de punitions
répétitives d'un enfant ou encore de punitions corporelles.
M. Labonté: Le Protecteur du citoyen, en fait, ne peut
intervenir que lorsque le geste a été posé dans l'exercice
d'une fonction administrative. Or, par exemple, l'usage de la force corporelle
par un professeur en classe, je vois mal qu'on puisse considérer cela
comme étant l'exercice d'une fonction administrative. Il se trouve dans
l'exercice d'une fonction pédagogique quand il enseigne. Il utilise la
discipline un peu forte, mais je ne pense pas qu'on puisse dire qu'en faisant
usage de violence corporelle il est dans l'exercice de fonctions
administratives. Cependant, il me semble que le directeur d'école qui
n'interviendrait pas dans ce genre de situation... Lui, il est dans l'exercice
d'une fonction administrative et, à ce titre, je suis d'avis, en tout
cas, à moins d'étude plus approfondie, que nous pourrions
intervenir.
Le problème qui se pose souvent chez nous devant les plaintes que
nous recevons, c'est de savoir si, effectivement, nous avons juridiction. Il
faut étudier les lois, il faut voir si les faits qu'on nous rapporte
donnent vraiment lieu à notre intervention. Dans un cas comme
celui-là, je serais porté à croire que le directeur
d'école qui, devant le problème qui lui serait soumis, resterait
inactif et ne prendrait pas les mesures nécessaires pourrait donner lieu
à une enquête de notre part.
M. Bérubé: Je passerai la parole...
Le Président (M. Charbonneau):
D'accord. M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. Labonté, il est
évident qu'à la lecture des articles 10 à 12 et 622 et 624
on constate que c'est pratiquement la répétition des articles 13
et 26 et suivants. La question qui me vient à l'esprit, c'est:
Était-ce nécessaire d'insérer ces articles dans le projet
de loi 3? Est-ce qu'on ne les a pas insérés pour amplifier ou
augmenter votre responsabilité? Est-ce que votre responsabilité
ne sera pas plus grande du fait qu'on a inséré ces articles de
façon très spécifique au projet de loi 3? Sans cela, je ne
vois pas au juste pourquoi on les insérerait dans cette loi. Est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu qu'on les insère dans toutes les lois
où cela pourrait être pertinent de le faire? Peut-être que
la question pourrait s'adresser au ministre. Je ne sais pas. En tout cas, je
vous la pose.
M. Labonté: Je peux tenter une réponse. En fait,
nous n'avons juridiction que sur les ministères et sur les organismes
dont les membres sont nommés et rémunérés selon la
Loi sur la fonction publique, ce qui n'est pas le cas du système
scolaire. Donc, pour que nous puissions intervenir, il fallait
nécessairement que, dans la Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public, on introduise des articles nous donnant juridiction. Nous
n'avons pas juridiction de par notre propre loi sur ces organismes.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que c'est vous qui avez
demandé que vos
pouvoirs soient délégués à votre adjoint ou
si c'est le ministère par sa propre décision?
M. Labonté: Vous faites allusion à ce que je disais
tantôt, quant à la modification?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui. La modification à l'article
622.
M. Labonté: Non. J'ai demandé que ces pouvoirs
puissent être délégués soit à mon adjoint,
soit aux autres fonctionnaires, aux autres employés de mon bureau.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour quelle raison en particulier?
M. Labonté: Parce qu'il me semble que c'est pour une plus
grande efficacité. En fait, ce n'est pas l'adjoint, dans la très
grande majorité des cas, qui va utiliser ces pouvoirs. La façon
dont nous fonctionnons, c'est: quand nous recevons une plainte, nous
l'analysons d'abord pour voir si elle tombe sous notre juridiction et nous la
confions à un de mes collaborateurs qui est chargé d'un secteur
d'activités particulier, par exemple, dans l'hypothèse ici,
l'assistant du Protecteur du citoyen qui sera chargé de voir à
l'application de la Loi sur l'enseignement primaire et secondaire. Ce
collaborateur fait l'enquête et il arrive, au bout de son enquête,
à une conclusion. Actuellement, pour que l'on puisse parler de
véritables recommandations, il faut que cela remonte au Protecteur du
citoyen, pour qu'il avise le ministre d'abord pour lui demander ce qu'il a
à dire devant le problème qui est proposé et, ensuite,
pour qu'il fasse lui-même la recommandation au ministre. Il me
paraît que cela ne serait pas nécessaire puisque l'assistant
pourrait fort bien lui-même faire la recommandation au président
du conseil d'école ou encore au président du conseil des
commissaires.
Vous voyez qu'à l'article 624 on dit dans le deuxièmement:
Par l'addition à la fin de l'alinéa suivant: Dans le cas d'une
enquête effectuée en vertu de la Loi sur l'enseignement primaire
et secondaire public, les avis et les recommandations du Protecteur du citoyen
prévus au présent article sont adressés au
président du conseil d'école et au président du conseil
des commissaires intéressés. Il m'a semblé qu'il
n'était pas nécessaire que le Protecteur du citoyen se
réserve lui-même ces pouvoirs.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi déroger dans ce cas-ci,
alors que l'article 12 vous donne tout de même ce pouvoir de
définir les devoirs de votre adjoint? Est-ce que vous n'auriez pas pu
vous servir de l'article 12 à cet effet?
M. Labonté: C'est qu'il existe un article qui dit que le
Protecteur du citoyen ne peut pas déléguer les pouvoirs qui sont
consignés, si vous voulez, dans les articles 26 à 29 de sa loi.
C'est exclu. Il ne peut pas les déléguer. Or, ici on a
voulu...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous me permettez. En vertu de quel
article ce n'est pas permis de déléguer?
M. Labonté: C'est l'article 12 de la Loi sur le Protecteur
du citoyen, je crois.
M. Leduc (Saint-Laurent): À l'exception...
M. Labonté: Le Protecteur du citoyen définit les
devoirs de son adjoint ainsi que des fonctionnaires et employés, dirige
leur travail et peut leur déléguer par écrit les pouvoirs
qui leur sont attribués par la présente loi à l'exception
de ceux qui sont prévus aux articles 26 à 29. Il m'a paru que ce
n'était pas nécessaire de retenir ces pouvoirs pour ce qui
concerne l'avis et la recommandation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce serait donc le seul cas où il
y aurait une dérogation.
M. Labonté: Jusqu'à ce que la Loi sur le Protecteur
du citoyen soit révisée, ce sera le seul cas.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous souhaiteriez donc...
M. Labonté: Je souhaiterais qu'aussi on soit plus large de
ce côté.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Est-ce qu'il y a
d'autres membres de la commission qui... Je dois donc comprendre, M.
Labonté, que cela aura été court, mais je pense que les
éléments... En fait, il n'y avait pas beaucoup d'articles qui
concernaient le mandat accordé au Protecteur du citoyen, mais
néanmoins les membres de la commission, lorsqu'on en avait
discuté la semaine dernière, tenaient à ce qu'on s'assure
que les articles qui étaient prévus dans le projet de loi
concernant le mandat confié au Protecteur du citoyen l'étaient
correctement, qu'il n'y avait pas de problème quant à la
rédaction. Je pense que les membres de la commission se sont
assurés de cela et vous remercient de cette présence courte, mais
utile, je pense, pour...
M. Labonté: Madame.
Mme Dougherty: Est-ce que je pourrais
avoir une question?
M. Labonté: Oui, madame.
Mme Dougherty: Nous avons reçu un mémoire de
l'Association du Québec pour les déficients mentaux. Or, dans
leur mémoire, ils ont dit ceci: "Pour sa part, l'association
préférerait que les utilisateurs des services scolaires aient les
mêmes possibilités de recours administratif et judiciaire que ceux
du réseau du ministère des Affaires sociales." J'aimerais vous
demander quels sont les recours administratifs et judiciaires disponibles au
réseau du MAS. Ont-ils des recours différents?
M. Labonté: Les recours administratifs auxquels on fait
allusion sont... Quand une décision est prise par un agent d'aide
sociale, par exemple, cette décision peut être
révisée par un bureau de révision -c'est donc un premier
recours - et cette décision du bureau de révision peut
elle-même être révisée par la Commission des affaires
sociales; c'est un second recours. Je dois dire cependant que nous intervenons,
nous, à l'intérieur de ces recours la plupart du temps et
parfois, quand une plainte nous est formulée à l'égard
d'un agent d'aide sociale, par exemple, nous faisons enquête et, avant
même que la plainte se retrouve au bureau de révision, la
correction est apportée, s'il y a lieu. J'imagine que c'est à
cela que faisait allusion le mémoire.
Je ne sais pas comment cela aurait pu s'organiser, en fait, dans le
système scolaire. Des bureaux de révision et un tribunal
administratif, cela me paraît assez lourd. L'avantage, me semble-t-il, de
recourir à une institution comme celle de l'ombudsman, c'est que c'est
un mécanisme qui est très informel, qui procède
très rapidement. Nous réussissons de façon
générale à résoudre les problèmes en moyenne
à l'intérieur d'un mois. C'est un service gratuit, qui se fait...
L'enquête se fait, je dirais, de façon exploratoire et non pas de
façon contradictoire, ce qui simplifie beaucoup les choses. Donc, cela
me paraît tout à fait indiqué pour le genre de
problèmes qui pourraient se poser dans le domaine scolaire.
Mme Dougherty: Croyez-vous qu'on doive ajouter à la loi 3
certains recours qui sont déjà disponibles pour les enfants au
MAS, pour certaines catégories d'enfants? Est-ce qu'on doit
améliorer les mécanismes de recours pour certaines
catégories d'enfants?
M. Labonté: Vous répondre par l'affirmative
voudrait dire que je n'ai pas confiance au travail que nous pouvons effectuer
à notre propre bureau. Il me semble que le recours qui est offert ici
pour protéger les droits de l'élève est suffisant. Mme
Dougherty: Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Encore une fois, M.
Labonté, je vous remercie de la collaboration que vous nous avez
apportée et de l'empressement que vous avez manifesté à
répondre au voeu de la commission de venir nous rencontrer à
l'occasion de l'étude détaillée du projet de loi 3. Je
vous remercie.
M. Labonté: Merci. Au revoir.
Le Président (M. Charbonneau): On m'indique que les
prochains invités qui avaient été convoqués pour 10
heures ne sont pas encore arrivés. On a deux choix: soit de suspendre ou
de continuer l'étude article par article.
M. Bérubé: On aurait préféré
l'étude article par article.
Mme Lavoie-Roux: Franchement, M. le Président, on
procède avec célérité.
Le Président (M. Charbonneau): La commission est
efficace.
M. Leduc (Saint-Laurent): On craignait, de l'autre
côté, qu'on étire.
M. Bérubé: On pourrait commencer l'étude
article par article.
M. Leduc (Fabre): Vous avez des amendements.
Le Président (M. Charbonneau): J'ai une proposition
à...
M. Bérubé: On a une suspension de la part du
député d'Argenteuil et une proposition. On peut se rallier. On
n'a pas d'objection.
Mme Lavoie-Roux: Bon! C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): On peut l'attendre et on...
Peut-être une dizaine de minutes.
Le Président (M. Charbonneau): Bon! Les travaux sont
suspendus jusqu'à 22 heures.
(Suspension de la séance à 21 h 30)
(Reprise à 22 h 1)
Office des services de garde à
l'enfance
Le Président (M. Charbonneau): La
commission de l'éducation reprend ses travaux.
Nous accueillons maintenant, dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi 3, l'Office des services de garde
à l'enfance. Mme Guy, bonjour.
M. Bérubé: M. le Président, on a
déposé sur nos tables des documents.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont ceux du Directeur général
des élections.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
Mme Lavoie-Roux: ...les mémoires A et B.
Le Président (M. Charbonneau): Les mémoires A et B
étant maintenant consignés... Je dois d'abord souhaiter la
bienvenue à Mme Guy et à sa collègue et les remercier
d'avoir accepté l'invitation des membres de la commission dans un
délai relativement court et de bien vouloir participer...
M. Bérubé: Une question de règlement, M. le
Président. On entend mal votre voix.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, je vais parler
plus près du micro, M. le ministre.
M. Bérubé: Non. Rappelez à l'ordre tous ceux
qui nous entourent, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, je voudrais rappeler
à Mme Guy qu'on est à l'étape de l'étude article
par article, donc à l'étude détaillée du projet de
loi, et qu'elle pourrait concentrer ses remarques ou ses commentaires sur un
certain nombre d'articles qui lui paraissent soit faire problème ou
mériter un commentaire particulier. Plus cette première
étape sera brève, plus cela permettra aux membres de la
commission d'avoir un temps plus long pour procéder à
l'échange avec vous. Je vous demanderais, également, de bien
vouloir présenter la collègue qui vous accompagne pour les fins
du Journal des débats. Sans plus tarder, je vais vous laisser la
parole.
Mme Guy (Stella): Je vous présente donc Me Camille
Faucher, qui est avocate à l'Office des services de garde à
l'enfance et qui a travaillé en collaboration avec le ministère
de l'Éducation sur les amendements au projet de loi 3.
Je vous dis d'abord bonsoir. Cela me fait plaisir d'être avec vous
pour partager le débat sur un problème qui est quand même
assez important qui est la garde en milieu scolaire. La seule chose, je pense,
comme on s'est mis d'accord avec le ministère de l'Éducation, on
peut peut-être vite passer aux questions d'éclaircissement au
niveau de l'Opposition.
Ce qui est très clair et ce qu'on trouvait important au niveau de
l'Office des services de garde à l'enfance, c'était de
régler le problème de double juridiction dans la garde en milieu
scolaire. La loi 77 donnait une partie de la juridiction à l'Office des
services de garde à l'enfance et l'autre partie au ministère de
l'Éducation. Cela s'est avéré, dans la pratique en quatre
ans, créer des problèmes assez importants. D'abord, quand vous
avez une juridiction partagée, je pense que vous êtes à
même de savoir que cela crée certains problèmes et l'office
n'aura jamais, je pense, un pouvoir d'intervention aussi fort que le
ministère de l'Éducation dans ses propres institutions.
Le dernier colloque de la garde en milieu scolaire qui a eu lieu au
printemps 1984 a été unanime pour dire qu'il fallait qu'il y ait
un seul intervenant dans le dossier de la garde en milieu scolaire, soit le
ministère de l'Éducation, puisque c'est à
l'intérieur des écoles qu'on donne les services. Par contre, ce
qui est très intéressant dans le projet que vous avez entre les
mains, je crois, c'est qu'il garde une collaboration avec l'Office des services
de garde à l'enfance. C'est qu'on a voulu offrir une structure des plus
souples possible, permettre toutes les possibilités dans le sens que, si
une commission scolaire ne peut pas donner le service de garde en milieu
scolaire parce qu'il y a un nombre insuffisant d'enfants, elle fera une
alliance ou une entente avec un service de garde qui sera une garderie, une
agence de garde en milieu familial et elle donnera le service de garde. Elle ne
pourra plus dire: Je ne donne pas ce service de garde parce que j'ai seulement
quatre enfants et ce n'est pas rentable. Elle pourra faire l'alliance avec un
service de garde qui est géré par l'Office des services de garde
à l'enfance.
Où on a maintenu une collaboration qui, à mon avis, est
fondamentale, c'est au niveau du programme d'aide financière. Je vous
rappelle brièvement que les services de garde sont financés en
partie par l'État et, en grande partie, par les parents. Pour les
parents à faible revenu, il y a un programme d'aide financière,
ce qu'on a appelé le plan Bacon; il est plus connu sous le nom de plan
Bacon. Comme le ministère de l'Éducation, je pense qu'il aurait
été ridicule de faire une structure administrative du
ministère de l'Éducation pour financer ces parents qui ont besoin
d'aide financière pour les services de garde. L'office accepte de garder
l'administration du programme d'aide financière pour les parents qui
auront droit à l'aide financière. Souvent, ces parents ont aussi
un enfant en garderie et un enfant à
l'école. On ne voulait pas obliger ces parents à deux
formules, deux administrations, deux systèmes de fonctionnaires. Alors,
on a décidé de garder tout le programme d'aide financière
du côté de l'office afin de faciliter l'administration aux parents
et aussi de faire de économies au niveau de l'État. Le
ministère de l'Éducation ne peut pas donner des subventions
directement à des individus, alors que, pour nous du côté
de l'office, c'est possible puisque le programme d'aide financière
s'adresse aux parents. Nous avons gardé la juridiction sur le programme
d'aide financière pour facilier aux parents l'accès... Le parent
n'aura qu'une formule à remplir, qu'il aille en garderie ou en garde en
milieu familial ou en garde en milieu scolaire. S'il a le droit au programme
d'aide financière, il pourra faire seulement un acte administratif pour
avoir le programme d'aide financière.
C'est essentiellement ce que vous retrouvez. Ce qu'il y a de plus
important dans la modification du projet de loi 3, c'est qu'on fait une
obligation de donner le service de garde. Avant, l'école pouvait donner
le service de garde, maintenant l'école doit le donner à la
demande des parents. Si on a mis la nuance "à la demande des parents",
c'est qu'on s'est dit: S'il n'y a pas de demande, s'il n'y a pas d'enfants qui
ont besoin de ce service de garde, c'est inutile de faire une structure pour
une structure. C'est l'obligation de donner le service de garde et l'une des
grandes ouvertures qui s'est faite, je crois, c'est celle d'ouvrir les services
de garde en milieu scolaire tous les jours de l'année. Auparavant, ce
n'était ouvert que pendant l'année scolaire. Je vois Mme
Lavoie-Roux qui me fait un signe de tête, vous savez que cette
revendication est là depuis longtemps. Les parents, eux, n'ont pas de
journées pédagogiques comme les professeurs et ils n'ont pas de
vacances aussi longues que celles des professeurs, alors ils ont des
problèmes de garde. Nous avons voulu, avec la modification du projet de
loi 3, que les services de garde en milieu scolaire puissent être ouverts
260 jours, selon le point de vue administratif, de façon à donner
des services de garde pendant les journées pédagogiques, les
vacances, à Noël ou à l'été, etc. Ce sont les
principales améliorations qu'on retrouve dans le projet de loi 3. Je
suis disponible pour les spécificités des questions.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, madame. M. le
député de Matane et ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président, ma question sera
simple: Est-ce que j'ai bien compris que vous êtes en accord avec les
amendements qui ont été apportés au projet de loi 40 et
qui en font un projet de loi 3 et que ces amendements vous satisfont?
Mme Guy: Nous sommes en accord avec les amendements qui sont
proposés pour que notre loi soit amendée en fonction du projet de
loi 3 qui est sur la table.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Je n'ai
pas d'autres questions. Étant donné que c'est l'Opposition qui
vous a invitée, il me fait plaisir maintenant de lui céder la
parole.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'espère
que cela faisait aussi plaisir au ministre de vous voir. Il n'est pas sur que
ce soit lui qui ait discuté directement avec vous des amendements,
mais...
M. Bérubé: Non.
Mme Lavoie-Roux: ...il a la science infuse, il comprend tout
cela, il est chanceux.
Vous dites qu'il n'y aura plus de double juridiction. On ne savait pas
si cela relevait de l'Office des services de garde ou si cela relevait de la
commission scolaire. Vous dites que ceci est clarifié. D'ailleurs, c'est
pourquoi, je pense, dans les articles - une minute, je les ai quelque part sur
un bout de papier - 626 à 641, vous faites les modifications à la
Loi sur les services de garde à l'enfance en fonction de cette
clarification de juridiction. Il reste qu'il y a encore, selon la façon
dont je comprends cela, par exemple à l'article 634... Vous avez
expliqué l'article 636 et vous avez dit: On continue de se
préoccuper de la question financière. Je reviendrai sur cela.
Mais on dit à l'article 634: "Un inspecteur de l'office peut
pénétrer, à tout moment raisonnable durant les heures
d'ouverture du service et dans tout lieu où il a des motifs raisonnables
de croire que sont exercées des activités..." Est-ce que vous
gardez... J'ai comparé avec celui de la loi 77. Cela ne s'applique pas,
dans la loi 77, l'article 34, aux commissions scolaires d'une façon
particulière et vous le soustrairiez dans l'article 634 de la Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire? Est-ce que, à ce
moment-là, vous conservez toujours un droit de regard pour inspecter ou
enfin exercer un droit de surveillance sur l'application des règlements
et de la loi sur les garderies?
Mme Guy: Une chose qui est sûre, c'est qu'on garde notre
droit d'inspection pour les services de garde générale.
Mme Lavoie-Roux: Même dans les commissions scolaires?
Mme Guy: Non, dans les commissions scolaires, il y a une nuance.
Si on modifie notre article 34, c'est bien à cause de la
référence que vous avez dans notre loi. Si vous prenez notre
article 34 de la loi 77, à l'avant-dernière ligne, pour qu'on se
comprenne bien, on disait bien: "Les activités visées dans
l'article 32."
Mme Lavoie-Roux: Elles ont été abrogées.
Mme Guy: Les activités ont été
abrogées, cela comprenait la garde en milieu scolaire. Donc,
effectivement nous...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela que je n'ai pas vu.
Mme Guy: ...enlevons notre droit d'inspection pour la garde en
milieu scolaire et nous le gardons, par contre, pour les commissions scolaires
qui auront un permis pour les garderies des enfants de quatre ans et cinq ans
et qui devront oeuvrer en fonction de nos règlements. Là, nous
gardons notre droit d'inspection. Nous l'enlevons pour la garde de six à
douze ans en milieu scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Mais, il y a encore cette double juridiction,
d'une certaine façon.
Mme Guy: La façon, c'est que, si la commission scolaire
fait de la garde des enfants en bas de six ans, elle doit avoir un permis de
l'Office des services de garde parce que c'est une garderie au sens de la loi
et, puisqu'elle garde les enfants plus de cinq heures, nous considérons
que c'est de la garde à temps plein et que cela relève du niveau
des garderies.
Pour ce qui est de la garde en milieu scolaire, qui est de six ans
à douze ans, nous n'avons plus de pouvoir d'inspection avec les
modifications qui sont sur la table. Vous avez raison.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, pour tenir sa garderie pour les
enfants de quatre à six ans, est-ce qu'on doit avoir le permis de
l'office de la garderie?
Mme Guy: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II y a encore une double juridiction, à
l'intérieur des écoles en tout cas.
Mme Guy: À l'intérieur des écoles, il y a
une double juridiction, mais ce qui est clair, c'est la division des
clientèles parce que avant, la garde en milieu scolaire et la garderie,
tout était mélangé. C'est le principe. Pourquoi a-t-on
voulu cette division? C'est que la garde des enfants en bas de six ans, qui est
une garde de plus de cinq heures par jour, est condidérée pour
nous et au sens de la loi comme une garde à temps plein tandis que pour
les six à douze ans ce qu'on appelé le primaire - on
enlève prématernelle et maternelle au primaire - il y a souvent
besoin de garde une demi-heure le matin ou une heure au maximum, une heure le
midi et une heure ou deux heures en fin d'après-midi. Ce n'est pas de la
garde à temps plein. Ce n'est pas du tout le même style de
service, le même style d'équipement dont l'école a
besoin.
Mme Lavoie-Roux: Mais, si vous regardez l'article 86 de la
loi...
Mme Guy: De laquelle des lois, de la nôtre ou de la loi
3?
Mme Lavoie-Roux: Je suis en train de me demander si vous en avez
86 dans la vôtre, je pense que non.
Mme Guy: Oui, on en a plus que cela, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous en avez 94.
Mme Guy: On en a 101.
Mme Lavoie-Roux: 101. L'article 86 de la Loi sur l'enseignement
primaire et secondaire. Là, c'est l'utilisation que le conseil peut
faire pour son école. "Sous réserve du pouvoir de la commission
scolaire d'organiser des services de garde pour les élèves de
l'éducation préscolaire et pour les élèves du
primaire?" Cela m'apparaît que, dans vos explications, vous faites une
différence nette entre les enfants qui ont six ans, qui sont inscrits en
première année et qui, après avoir terminé
l'école à trois heures et demie, ont besoin d'un service de garde
jusqu'à six heures. Mais, ici, est aussi inclus le préscolaire
et, d'après ce que vous me dites, le préscolaire relève de
vous.
Mme Guy: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Le programme des enfants qui sont en maternelle,
la matinée, et qui doivent rester jusqu'à six heures le soir
relève de vous. Mais, ici, on a l'impression que c'est la commission
scolaire qui organise les services de garde pour les enfants de
l'éducation préscolaire et les élèves du primaire.
(22 h 15)
Mme Guy: La différence, c'est que la commission scolaire -
pour être sûr qu'on se comprend bien - pour ce qui est du primaire,
les six à douze ans, on s'entend bien...
Mme Lavoie-Roux: Pas de problème.
Mme Guy: ...première année... Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Mme Guy: ...elle est obligée de les organiser. D'accord?
Et elle peut le faire sans aucun permis de l'office, elle organise tous ses
services. Si elle veut faire de la garde pour les enfants de quatre et cinq
ans...
Mme Lavoie-Roux: Non, je parle juste de ceux de la
maternelle.
Mme Guy: De la maternelle?
Mme Lavoie-Roux: Ils sont quand même inscrits dans le
système scolaire quand...
Mme Guy: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...ils sont à la maternelle.
Mme Guy: Oui. Ils sont inscrits et, comme ils ont un besoin de
garde de plus de cinq heures par jour, ils sont considérés, au
sens de la loi, comme de la garde à temps plein dans une garderie. Et
nous voulons justement que ce soient des services de garde, je pense, de
qualité.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Guy: Nous voulons qu'ils soient de qualité. Donc,
l'enfant, qui a sa maternelle deux heures et demie par jour et qui est
gardé à compter de 8 heures, s'il va à la maternelle de 13
h 30 jusqu'à 15 heures, il est vraiment à temps plein en service
de garde. C'est pour cela que nous avons voulu clarifier la juridiction pour
tout ce qui concerne les enfants en bas de six ans, c'est de la garderie
à temps plein, même s'ils fréquentent la maternelle. C'est
pour cela que nos garderies qui gardent déjà ces enfants de cinq
ans," plusieurs d'entre elles ont déjà des permis d'enseignement
au sens de la Loi sur l'enseignement privé. Elles ont des permis de
maternelle. L'enfant reste à la garderie à temps plein et il a
aussi sa maternelle à l'intérieur de la garderie. Alors, on dit:
C'est le même traitement pour tous les enfants, qu'ils soient dans une
garderie sans but lucratif, ou ce qu'on appelle une garderie populaire, ou dans
une garderie à brut lucratif, ou dans une garderie de la commission
scolaire; c'est le même statut. Il est considéré en service
de garde à temps plein.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me permettez,
c'est parce que le député de Sauvé voulait poser une
question...
M. Parent: C'était dans le même sens.
Mme Lavoie-Roux: ...je reviendrai, je veux me faire
préciser quelque chose là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): Pas de problème.
M. Parent: Dans le cas, madame... Mme Guy: Oui.
M. Parent: ...où une commission scolaire déciderait
de se doter de service de garde en milieu scolaire pour les enfants du
préscolaire...
Mme Guy: Oui.
M. Parent: ...pour le même nombre d'heures qui s'appliquent
aux enfants du primaire, est-ce que, à ce moment-là, vous croyez
qu'elle serait obligée de se procurer un permis de l'Office des services
de garde à l'enfance?
Mme Guy: Quand vous dites "le même nombre d'heures", est-ce
que vous pouvez préciser, s'il vous plaît?
M. Parent: Oui, un exemple.
Mme Guy: Pour être sûre que je vous réponde
bien.
M. Parent: Disons une heure le matin avant le début et une
demi-heure ou une heure à la fin de la période d'une
demi-journée.
Mme Guy: Pour les enfants de quatre et cinq ans?
M. Parent: Du préscolaire.
Mme Guy: Je comprends mal. Pourquoi, d'abord, n'offrirait-elle
que ce service-là? Parce que l'enfant de quatre ou cinq ans, qui a deux
heures et demie de maternelle, si le parent travaille à temps plein, ce
qui est 99% de nos cas, il a besoin de plus d'une heure le matin et une
demi-heure le midi. Ce dont il a besoin, c'est un service de garde à
temps plein.
M. Parent: Mais si, dans un cas spécifique, les besoins
étaient que...
Mme Guy: Oui.
M. Parent: Est-ce que vous croyez encore que la commission
scolaire devrait se procurer un permis de l'Office des services de garde
à l'enfance?
Mme Guy: Si la commission scolaire veut donner le service de
garde pour ces
enfants de quatre et cinq ans, elle devra avoir un permis de l'office ou
elle devra faire une entente avec le service de garde. Vous savez que nous
avons beaucoup de garderies qui sont logées dans les écoles et si
cet enfant n'a besoin que d'une heure ou deux de service de garde et que la
commission scolaire dit: Je ne vous l'offre pas, on pourra faire une entente
avec la garderie qui est dans l'école ou de l'autre bord de la rue, ou
bien avec une agence de garde en milieu familial. Mais je verrais très
mal, au point de vue ne serait-ce que de la rentabilité du service de
garde, une commission scolaire qui offrirait un service juste d'une heure et
d'une demi-heure pour des enfants de quatre et cinq ans. En tout cas,
jusqu'à présent, je n'en connais pas qui font cela. Elles vont
plutôt prendre une entente, à ce moment-là, avec un service
de garde.
M. Parents Et s'il n'y avait pas de service de garde à
proximité, par exemple, et que la situation exigeât cela,
exigeriez-vous que la commission scolaire aille se chercher un permis chez
vous?
Mme Guy: Si elle veut ouvrir un service de garde pour les quatre
et cinq ans?
M. Parent: Oui, pour un nombre d'heures équivalent
à celui du cycle du primaire, ne parlons pas des cinq heures, pour un
besoin spécifique, que je n'imagine pas mais qui peut exister. Un
exemple: Des enfants qui arriveraient à l'école à 8 heures
le matin, où la maternelle commence à 8 h 45...
Mme Guy: Oui.
M. Parent: ...et finit à 11 h 30. Il faudrait les garder
jusqu'à midi ou midi et demi.
Mme Guy: Là, les parents ne demanderaient pas le service
de garde pour l'après-midi.
M. Parent: Ce que j'appellerais...
Mme Guy: Non, c'est assez important, les parents ne demanderaient
pas de service de garde, après cela, pour l'après-midi.
M. Parent: C'est ça.
Mme Guy: Bon. Ce serait un cas de halte-garderie.
M. Parent: Une espèce de dépannage, si vous
voulez.
Mme Guy: Oui. Ce serait un cas de halte-garderie - vous avez une
question très pertinente - ou de jardin d'enfants. Il y a deux articles
de notre loi qui ne sont pas encore promulgués et vous êtes
tombé sur un de ces articles. C'est l'article des jardins et des haltes.
Dans les faits, c'est l'article 5... Oui, c'est cela. Cela entre dans les
jardins et dans les haltes et comme les deux articles ne sont pas encore
promulgués, nous avons au-delà de 200 jardins ou haltes-garderies
qui fonctionnent au Québec et qui n'ont absolument pas besoin de permis
dans le moment.
Mme Lavoie-Roux: Parce que cela coûterait trop cher.
Mme Guy: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Parce que cela coûterait trop cher?
Mme Guy: II faudra demander aux personnes qui sont
concernées.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Mais il reste que c'est quand même
important.
Mme Guy: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Les services de halte-garderie, je comprends que
c'est un autre dossier, mais il reste que, dans le fond, quand les commissions
scolaires organisent des services de garde pour des enfants d'âge
scolaire, on peut bien les appeler services de garde si cela nous va, mais ce
sont, en fait, des haltes-garderies.
Mme Guy: Non. La majorité, actuellement, de celles qui
exploitent...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Guy: ...sont vraiment des garderies au sens de la loi. Elles
fonctionnent plus de cinq heures par jour. Le parent qui envoie...
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, vous dites: Celles qui vont relever
de la commission scolaire pour le primaire, cela va être de la
halte-garderie, à toutes fins utiles?
Mme Guy: Pour le primaire, vous vouiez dire...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Guy: ...les six à douze ans?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Ce sont des haltes-garderies.
Mme Guy: Oui, mais la loi a prévu que, pour la
catégorie des six à douze ans, nous
n'appelions pas cela des jardins ou des haltes, mais bien de la garde en
milieu scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Oui, parce que ce n'est pas cinq ans...
Mme Guy: C'est à peu près la même chose, mais
c'est spécifique aux six à douze ans.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Maintenant, vous dites: Ce qu'on
est heureux de voir, c'est que maintenant on fait obligation à la
commission scolaire et au conseil d'école d'organiser des services de
garde. Mais, à la demande des parents, c'est compte tenu qu'il y ait -
je l'ai vu quelque part - au moins dix parents qui le demandent. Est-ce qu'il y
a un nombre?
Mme Guy: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non?
Mme Guy: Non, il n'y a pas de nombre. Pourquoi avons-nous fait
cette ouverture, Mme la députée? C'est que nous avons justement
voulu... D'abord, c'est à la demande des parents, puisqu'il faut qu'il y
ait un besoin pour empêcher que ne se crée une structure inutile
et qu'il n'y ait pas de clients, si on peut dire, puisque les services de garde
ne vivent que parce qu'il y a des clients. Nous avons voulu ouvrir la porte de
l'entente. On ne permettra plus à une commission scolaire de dire: Pour
un nombre insuffisant... Mettons à la limite seulement deux cas
d'enfants. Elle est obligée d'y répondre. Mais ce serait, je
pense, exagéré de demander à une commission scolaire de
mettre en place une structure, d'engager du personnel pour deux enfants. Nous
avons prévu la modification à l'article - je ne me souviens plus
du numéro; l'avocate va m'y référer - pour permettre de
créer l'entente. À ce moment-là, la commission scolaire
doit l'organiser, mais si c'est prouvé que ce n'est pas rentable
d'ouvrir un service pour deux enfants, elle n'a qu'à créer une
entente. On a donné le pouvoir aux commissions scolaires et aux
écoles de créer une entente avec un service de garde, avec toute
corporation sans but lucratif. Vous savez que dans l'ancienne loi - je ne
devrais pas dire l'ancienne; je présume de l'adoption du projet de loi 3
-dans la loi actuelle, il y a certaines difficultés pour les commissions
scolaires et les écoles de faire une entente avec des organismes sans
but lucratif. Ce projet de loi modifie cela et permet de faire des ententes
avec des corporations sans but lucratif que sont nos services de garde, ou avec
but lucratif aussi, de façon que la commission scolaire puisse dire: Je
n'ai que deux enfants; dans ma ville, il y a telle agence de garde en milieu
familial ou il y a telle garderie; vous allez me donner du service pour deux
enfants. La commission scolaire peut maintenant faire cela et le parent
pourrait l'exiger à ce moment-là.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous êtes... Puisque, dans le
fond, votre objectif était de fournir aux enfants ou aux familles des
services de garde adéquats, qu'ils soient au primaire ou au
préscolaire, pour ce qui est de la garde le midi pour les repas, est-ce
que vous avez considéré cela? C'est peut-être le ministre
qui pourrait me répondre. Est-ce que cela tombe strictement... Procurer
les repas à l'école, c'est-à-dire permettre que les
enfants aient leur lunch à l'école, cela peut se résumer
à une période d'une heure et demie ou même pas, une heure,
à peu près. Là, il n'y a pas d'obligation de
créée à la commission scolaire d'avoir ce type de
service.
Mme Guy: Mais comme l'obligation est faite à la commission
scolaire de donner le service de garde et que le service de garde se fait
habituellement au cours d'une période le matin, d'une période le
midi et d'une période en fin d'après-midi, on doit donc donner le
service à l'heure du midi. Ce qui se fait le plus souvent, c'est que cet
enfant qui va au service de garde apporte aussi son goûter comme tous les
enfants de l'école, s'il n'y a pas un service de
cafétéria, et les enfants qui sont enregistrés au service
de garde, habituellement, prennent leur repas avec la personne responsable au
service de garde.
Si vous avez 40 enfants qui sont au service de garde, ils ne sont pas
mélangés, si on peut dire, dans l'ensemble des autres enfants de
l'école, ils doivent se rendre au service de garde à l'heure du
midi et ils prennent leur repas au service de garde ou dans certains cas que
nous avons vus, ils vont à la cafétéria et ils ont parfois
des tables réservées avec l'éducatrice du service de garde
qui a la surveillance de ces enfants.
Vous allez me dire que cela peut créer un problème
à l'intérieur des écoles qu'il y ait des enfants
surveillés par ce qu'on appelle à l'heure du midi les
surveillants et les enfants qui sont dans les services de garde. Je peux vous
dire que c'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, j'ai une autre question relative aux
frais de garde. Apparemment, les règles que vous appliquez sont celles
que vous appliquez pour les services en garderie régulière mais
ce n'est pas ce qui s'applique présentement, je pense, dans les
commissions scolaires, puisque pour les gens du primaire qui ont un service de
garde, on charge tant. Enfin, cela peut varier. Ce ne sont pas les mêmes
règles que
celles qui s'appliquent...
Mme Guy: En garderie.
Mme Lavoie-Roux: ...en garderie.
Mme Guy: Pour le financement?
Mme Lavoie-Roux: Pour le financement; ou ce sont les mêmes?
C'est-à-dire que si vous avez tant de revenu, vous êtes
admissible; si vous avez un tel revenu, vous n'êtes pas admissible,
toutes proportions gardées, compte tenu du nombre d'heures.
Mme Guy: Pour le programme d'aide financière,
l'échelle est la même, c'est-à-dire que le revenu des
parents commence au même niveau. L'aide maximale actuellement dans les
garderies est de 9 $; dans la garde en milieu scolaire, elle est de 7 $. Pour
la garde en milieu scolaire, comme nous considérons que ce n'est pas de
la garde à temps plein, puisque c'est de la garde inférieure
à cinq heures, c'est un demi-tarif - donc, c'est vraiment 3,50 $ par
jour -auquel le parent a droit, s'il a droit au maximum.
Nous avons demandé un réajustement, c'est actuellement
à l'étude au comité des priorités, afin
d'établir une équité entre l'ensemble des services de
garde. Nous avons effectivement des enfants à l'heure actuelle qui sont
en garde en milieu scolaire et qui le sont plus de cinq heures. Nous avons ce
projet à l'étude pour voir s'il n'y aurait pas moyen que les
enfants, même à l'intérieur de la garde en milieu scolaire,
dès qu'ils dépassent cinq heures... Entre autres, la CECM nous a
envoyé un rapport là-dessus, nous disant qu'il y avait un
très fort pourcentage d'enfants qui restaient plus de cinq heures
à l'intérieur des gardes en milieu scolaire parce que les parents
commencent à travailler parfois à 6 h 30 le matin.
Mme Lavoie-Roux: Ceci veut dire qu'à ce moment-là
on demanderait à ces parents de payer 7 $ par enfant par jour.
Mme Guy: Oui, mais on augmenterait l'aide financière en
conséquence.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est à la condition que les
parents soient admissibles à l'aide financière.
Mme Guy: Qu'ils soient admissibles.
Mme Lavoie-Roux: Et le plancher est encore très bas.
Mme Guy: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas été
élevé, le plancher.
Mme Guy: Non. Nous demandons à l'heure actuelle une
augmentation. C'est à l'étude présentement au
comité des priorités.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous considérez, parlant
strictement de la garde en milieu scolaire, que les taux présentement en
vigueur sont un obstacle au développement des garderies en milieu
scolaire?
Mme Guy: D'après les statistiques que nous avons, à
moins que le ministère de l'Éducation m'en ait donné
d'autres, ce que je ne crois pas, le tarif actuel moyen est de 1 $ l'heure pour
les parents. Si on considère que, habituellement, la moyenne d'heure de
garde en milieu scolaire est de trois heures et demie, si on a un cas maximal,
on paie 3,50 $ au maximum. (22 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Alors, à ce moment-là, il y a un
tarif horaire qui s'applique?
Mme Guy: Oui, dans la majorité des services de garde, mais
vous avez une très grande diversité dans cela, Mme
Lavoie-Roux.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que, dans les garderies
régulières, même quand les enfants n'y vont pas, les
parents sont obligés de payer.
Mme Guy: Cela dépend du nombre de jours auxquels ils ont
le droit de s'abstenter et cela dépend du règlement de
régie interne de la garderie, ce qui est assez logique. Vous ne pouvez
pas permettre à un parent de réserver quatre jours en garderie et
de causer une perte de gain à la garderie en disant: Je viendrai quand
ça me tente.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais... Je l'admets de ce
côté-là, mais du côté de la commission
scolaire, est-ce que le même principe s'applique? Vous dites que
là, il y a des enfants qui relèvent du système de
garderies, des enfants du niveau scolaire, qui mangent dans leur petit coin
avec le responsable de la garderie et vous avez les autres qui dépendent
des surveillants. Est-ce que ceux qui sont inscrits à la garderie,
qu'ils y soient ou qu'ils n'y soient pas, paient la totalité du montant
ou, si les journées où ils s'absentent, ils ne paient rien?
Est-ce que les règles sont différentes, en fait, entre les uns et
les autres du point de vue des responsabilités financières que
les parents doivent assumer?
Mme Guy: C'est cela. Cela dépend beaucoup des commissions
scolaires. Vous avez des commissions scolaires qui ont fixé les tarifs
à la semaine et d'autres commissions scolaires qui fixent le tarif
à la journée. La majorité ont fixé quand même
le
tarif à la journée. Le parent n'est pas
pénalisé à ce moment-là, mais si la commission
scolaire, à un moment donné, subit des pertes, elle sera
peut-être tentée de couper dans ce service.
Mme Lavoie-Roux: Ma dernière question: Pouvez-vous me dire
votre expérience dans les autres provinces et dans les autres pays
comparables? Pensons, par exemple, à l'Angleterre, à la France et
aux États-Unis. Est-ce que, pour les services de garde en milieu
scolaire, les parents sont obligés de payer?
Mme Guy: Dans ce que je connais, je ne connais pas... Vous m'avez
mentionné l'Angleterre, je ne connais pas cela.
Mme Lavoie-Roux: Prenez les autres provinces, si vous voulez, si
c'est plus facile.
Mme Guy: II y a très peu d'autres provinces qui ont
développé un service de garde en milieu scolaire. Nous sommes un
peu à l'avant-garde à ce niveau. Ce qu'il y a dans les autres
provinces, c'est beaucoup plus une organisation d'entraide qu'on a
créée, soit que les parents s'engagent un peu selon le
système de jetons... Ils gardent et ils se remplacent comme parents.
C'est comme un peu gratuit dans certains cas, pour autant que le parent va
garder lui-même, à un moment donné, pour trois heures, si
on peut dire, etc. Ce n'est pas... En Ontario, cela commence à
être un peu plus organisé. Les gens paient aussi. Dans des pays
comme la France, là aussi on paie un certain montant. Je connais plus
aussi, parce que nous avons étudié des pays qui nous ressemblent
un peu plus, la Scandinavie, la Suède, la Norvège et le Danemark
où je suis allée dernièrement, particulièrement
pour regarder cette complémentarité des services et les gens ont
aussi une partie des frais à payer. La partie des parents est moins
élevée qu'ici. Je vous accorde que l'État en finance une
plus grande partie, mais les parents en paient encore une partie. Je pense que
l'expérience la plus intéressante pour les parents, ce serait
cette ouverture des services de garde en milieu scolaire pour les
périodes de vacances d'été pour faire des ententes et nous
avons commencé à travailler avec les ministères des
Affaires municipales et du Loisir pour avoir "plein" d'activités avec
les municipalités, toutes les activités de vacances qu'on fait,
que les municipalités organisent, qui sont ni plus ni moins de la garde
d'enfants pendant les périodes de vacances, de façon qu'elles
soient complémentaires avec les commissions scolaires. Là, il va
y avoir des coûts diminués parce que, souvent, les
municipalités offrent ces services gratuitement à leurs
citoyens.
Mme Lavoie-Roux: Mais pour répondre à ma question
plus précisément, est-ce que je dois conclure finalement que,
pour les services de garde en milieu scolaire, là où ils
existent, c'est au Québec que les frais seraient les plus
élevés? Je parle de la garde en milieu scolaire, strictement.
Mme Guy: Là-dessus, je pense que je serais incapable de
vous répondre très précisément. Ce que je sais,
c'est que je ne connais pas d'endroit où c'est gratuit à l'heure
actuelle dans les pays que vous m'avez mentionnés. Plus
élevé, moins élevé, ça, je ne saurais pas,
mais 1 $ l'heure, je pense que c'est difficile d'avoir moins
élevé que cela. Même pour une gardienne à domicile,
une petite gardienne le soir, c'est rendu plus cher que cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Guy: II y en a qui me font des signes de tête pour dire
que c'est rendu plus cher que cela.
Une voix: Oh oui!
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais on paie déjà des taxes
scolaires.
Mme Guy: Oui. Vous avez raison, madame.
Le Président (M. Charboneau): Cela va, Mme la
députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, s'il n'y a pas
d'autres membres de la commission qui ont... Je crois que cela complète,
Mme Guy et Mme Faucher, la rencontre avec vous que nous avions
sollicitée pour les fins de l'étude détaillée du
projet de loi 3. Encore une fois, les membres de la commission vous remercient
d'avoir bien voulu accepter cette invitation. Je pense que, de part et d'autre,
nous avons apprécié l'échange que nous avons eu avec vous.
Cela aidera à la fois à mieux comprendre et à bonifier, si
possible, le projet de loi 3. Encore une fois, merci et à la
prochainel
Mme Guy: Je vous remercie bien.
M. Bérubé: C'est d'autant plus méritoire, M.
le Président, que Mme Guy et son adjointe ont dû faire plusieurs
heures d'autobus, étant donné les conditions de brume à
l'aéroport, et qu'elles ont dû se taper quelques heures de voyage
pour venir nous rencontrer. Je tiens à leur exprimer mon
appréciation.
Mme Lavoie-Roux: On l'apprécie doublement, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, mesdames,
bonne route et bon retour.
Mme Guy: Merci. Je vous remercie de l'attention que vous apportez
à ce dossier.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas de quoi,
madame. Au revoir et bonsoir.
Reprise de l'étude
détaiUée
La commission, conformément à l'ordre de la Chambre, va
maintenant reprendre, là où elle l'avait laissée vendredi
dernier, l'étude article par article du projet de loi 3. Nous en
étions à la discussion sur l'article 22 qui se lit comme suit:
"Les services de formation et d'éveil ont pour but de permettre à
l'élève, à l'éducation préscolaire, de
développer harmonieusement les ressources de sa personnalité en
lui fournisssant l'occasion de vivre dans une société qui
s'étend au-delà de sa famille et de son voisinage." M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je proposerais qu'on recommence
par l'article 1. On avait laissé beaucoup d'articles en suspens parce
que nous devions entendre des témoins.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord.
M. Ryan: II faudrait peut-être recommencer par
là.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas d'objection.
Donc, je crois que nous allons effectivement reprendre là où nous
avions laissé à la suspension. L'article 1.
M. Ryan: M. le Président, avant que nous commencions sur
l'article 1, j'aurais une question à soulever.
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député.
M. Ryan: J'aimerais demander quand le ministre entend
déposer les amendements qu'il annonçait avec beaucoup de
forfanterie, au début des travaux de la commission. Il nous avait dit au
début des travaux de la commission qu'il était prêt
à déposer ces amendements à ce moment-là. Depuis ce
temps, il nous a dit qu'il n'était pas prêt. On le lui a
demandé à une couple de reprises - tantôt, on l'a
demandé encore -mais je voudrais avoir une réponse claire sur
cela et savoir où nous en sommes au point de vue des amendements.
M. Bérubé: M. le Président. M. Ryan:
II y a déjà...
Le Président (M. Charbonneau): Un instant.
M. Ryan: ...plusieurs jours que nous sommes en travail de
commission. Nous avons même commencé l'étude article par
article. D'habitude, lorsqu'on entreprend l'étude en commission, le
ministre dépose les amendements qu'il entend proposer à son
projet de loi. Nous n'avons rien, après avoir entendu, au tout
début, des propos qui étaient plutôt empreints d'un
désir de communiquer ces amendements rapidement.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Matane et ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Est-ce que
le terme "forfanterie" est un terme parlementaire?
Le Président (M. Charbonneau): J'aimerais mieux ne pas
avoir à me prononcer sur cela. Si vous voulez que je sorte le
règlement ou le dictionnaire...
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas dans la liste. On peut ressortir
le...
M. Bérubé: M. le Président, je veux
simplement... Cela dépend du type de climat que nous voulons avoir
à cette table. Si le député d'Argenteuil veut passer son
temps à insulter les gens qui sont assis à cette table,
évidemment, c'est son droit le plus strict, si vous jugez bon de ne pas
intervenir.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, s'il aime mieux, on peut
dire: avec beaucoup de modestie, le député de Matane nous avait
dit qu'il déposerait les amendements.
M. Ryan: Moi, je maintiendrais le terme. Il m'apparaît
comme une description assez fidèle du comportement qu'on a vu.
Le Président (M. Charbonneau): Chacun étant libre
des termes qu'il utilise et des conséquences qu'ils peuvent
entraîner sur...
M. Bérubé: M. le Président, étant
donné le caractère fendant du député d'Argenteuil,
je répondrai immédiatement à ses questions, sans aller
plus loin. Demain matin, je déposerai une liste d'amendements, à
la lumière de certaines interventions qui nous ont été
adressées et qui nous ont permis, en fait, d'apporter un certain nombre
de modifications et je déposerai le tout.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord.
M. Ryan: Je pense que c'est une réponse qui me
satisfait.
Est-ce que ce sera la liste complète des amendements que vous
avez à l'esprit?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir une idée du nombre
que cela pourra comporter?
M. Bérubé: II y a fort peu d'amendements de fond.
Il y en a peut-être 25 qui représentent des modifications quant au
contenu. La plupart des autres amendements, ce sont souvent des amendements de
clarification qui nous ont été demandés, compte tenu du
caractère parfois imprécis dans l'esprit de ceux qui nous ont
adressé des remarques, donc, du caractère imprécis de
certaines rédactions. Ce sont, à ce moment-là, des
changements de forme pour nous assurer qu'il n'y a pas de quiproquo quant au
sens de la loi. Ce sont des amendements d'ordre technique à ce
moment-là. Il y en a peut-être facilement 150 sur le plan
technique.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil, cela va?
M. Ryan: On va avoir tout cela demain matin au début de la
séance.
M. Bérubé: C'est ça.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous permettez. Quand vous dites, M.
le ministre, la série, c'est l'entièreté, c'est tout.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. M. Leduc
(Saint-Laurent): D'accord.
M. Ryan: Évidemment, il ne faut pas faire dire au ministre
ce qu'il n'a pas dit, non plus. Cela ne veut pas dire que vous êtes
fermé à toute autre forme d'amendement.
M. Bérubé: On verra, M. le Président.
M. Ryan: Parce que vous vous attendez bien que nous ayions un
certain nombre d'amendements à présenter également. Nous
verrons ce que vous avez à présenter. Il y aura peut-être
un bon nombre des amendements que vous présenterez qui coïncideront
avec des amendements que nous aurions entrevus de notre côté.
À ce moment-là, on pourra peut-être disposer de
ceux-là plus rapidement. On pourra peut-être isoler les
amendements de nature plus substantielle et voir un petit peu comment on
aménagera nos débats. Je pense qu'il y aura peut-être un
ordonnancement du temps et du travail de la commission à envisager pour
qu'on sache où l'on va.
On a fait des expériences aujourd'hui sur l'éducation des
adultes. Je pense que le débat se centre autour d'un nombre d'articles
qui va de 20 à 25 et qui sont disséminés un petit peu
partout à travers le projet de loi. Si, un moment donné, on peut
envisager un regroupement de ces articles, puis régler ces articles,
cela peut se faire beaucoup plus rapidement que si on va un après
l'autre sans savoir ce qui nous attend après. Il y a tellement de
matière là-dedans que prévoir toutes les implications
d'une modification sur un point, si on ne relie pas certains articles les uns
aux autres... La même remarque vaut pour la confessionnalité. Si
on relie les articles qui traitent de confessionnalité les uns aux
autres, on peut savoir où l'on va. Â un moment donné, on
peut trouver un amendement qui va également en entraîner d'autres
ou qui, s'il est refusé, en empêchera une série d'autres.
On saura à quoi s'en tenir. C'est pour cela que c'est très
important qu'on ait ces amendements, d'avoir une idée claire de ce que
le gouvernement a compris et accepté de tout ce qui a été
dit jusqu'à maintenant. Nous autres, de notre côté, nous
n'avons pas les mêmes responsabilités que le gouvernement. Ce
n'est pas nous qui proposons ce projet de loi. C'est le gouvernement. Mais nous
arriverons avec nos contre-propositions sur un bon nombre d'articles.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Matane.
M. Bérubé: M. le Président, j'avais
suggéré au député d'Argenteuil qu'il nous indique
à cette commission quels étaient les amendements qu'il jugeait
importants de telle sorte que l'on puisse concentrer plus d'attention à
ces amendements majeurs qu'il envisageait. Je ne sais pas si le
député d'Argenteuil a changé d'idée par rapport
à la réponse qu'il m'avait donnée parce qu'il avait
refusé, à ce moment-là, d'indiquer quels étaient
les points qu'il comptait soulever. Il est clair que, s'il procédait en
déposant également les amendements importants qu'il envisage, il
nous faciliterait la tâche puisqu'il nous permettrait peut-être de
nous attaquer à des points plus importants plutôt que, à un
moment donné, devoir découvrir qu'on n'aurait pas eu le temps de
les couvrir, d'en traiter. (22 h 45)
Je pense que ceci pourrait aussi faciliter les travaux de cette
commission. Maintenant, je ne peux pas, évidemment, forcer le
député d'Argenteuil à nous dire quels sont les points qui
lui semblent importants et quels sont les points qui lui semblent moins
importants. Évidemment, c'est à lui qu'il appartient d'en
décider. Mais
il a parfaitement raison de souligner, par exemple, que l'amendement
apporté à un article a souvent des conséquences. À
titre d'exemple, nous avons discuté de l'article 14. J'ai
déjà fait préparer un amendement pour l'article 3 de
concordance avec nos discussions portant sur l'article 14. Il est clair que,
très fréquemment, à cause de l'importance de la loi et des
interactions entre plusieurs parties de la loi, il s'avère que,
lorsqu'on modifie un article, ceci entraîne des conséquences pour
plusieurs autres articles. C'est également bien clair que, dans la
mesure où nous pourrions savoir à l'avance ce que le
député d'Argenteuil veut traiter, il est possible, à ce
moment, d'examiner les conséquences pour d'autres parties de la loi que
représentent de tels amendements. Si, évidemment, nous ne pouvons
pas faire ceci, cela augmentera d'autant notre résistance à
accepter des amendements sans en voir toujours les conséquences,
c'est-è-dire qu'il faudra à ce moment prendre plus de temps, si
ce temps est disponible, évidemment.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): On a répondu à ma
question.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
M. Ryan: II y a des choses... Nous, on ne pouvait pas
déposer d'amendement tant qu'on ne savait pas où l'on s'en
allait. Dans la mesure où on sera éclairé demain par les
amendements que le ministre portera à notre connaissance, on sera plus
en mesure de déterminer la ligne de conduite de notre groupe. Je prends
seulement un exemple pour montrer comment, à mon point de vue, il y a
des découpages qui vont s'imposer. Le Directeur général
des élections nous a laissé, après sa rencontre avec la
commission de cet après-midi, deux documents intitulés A et B,
dans lesquels, si j'ai bien compris, il a fait un effort de
réécriture des articles 115 à 230. Je n'ai pas eu le temps
d'en prendre connaissance parce que je les ai trouvés sur la table en
revenant tantôt. Je pense qu'il y a un effort qui s'impose des deux
côtés pour regarder cela. Je ne sais pas ce que cela va donner,
peut-être que c'est un exercice théorique qui a été
fait sans aucune espèce de chance d'être accepté,
peut-être que c'est une étude très intéressante qui
va permettre de donner un caractère plus moderne à cette partie
du texte législatif. Je ne le sais point parce que nous en avons
été saisis tantôt mais c'est quand même une personne
que nous avions tenu à convoquer ici pour avoir son opinion, mais,
plutôt que de discuter les articles un par un avec lui, on aurait pu
passer deux jours avec lui si on avait voulu et si le gouvernement avait voulu
avec nous. Il nous a laissé un texte écrit, je l'apprécie
vivement, mais je pense qu'on a au moins le devoir de l'examiner, de voir s'il
peut être utile pour l'amélioration du projet de loi.
M. Bérubé: II y a un grand nombre d'amendements que
je compte déposer demain, M. le Président, qui vont consister
à retirer du présent projet de loi tout ce qui a trait à
l'intervention du président des élections. Nous allons revenir
fondamentalement au statu quo actuel concernant les élections
scolaires.
M. Ryan: Y compris pour la composition des commissions scolaires?
C'est magnifique, c'est très bien. On va attendre cet amendement avec
empressement.
Une voix: C'est déformer la pensée, cela.
M. Ryan: J'ai pris ce mal à vous fréquenter.
M. Bérubé: Non, en fait, tantôt vous nous
avez exprimé, M. le Président... Le député
d'Argenteuil nous a dit tantôt qu'il ne savait pas encore où il
s'en allait mais, moi, je sais où je m'en vais.
M. Ryan: Cela ne paraissait pas beaucoup depuis quelques jours
mais j'ai hâte de voir cela.
Droit aux services éducatifs (suite)
Le Président (M. Charbonneau): Chacun ayant exprimé
ce qu'il voulait exprimer, est-ce qu'on pourrait en revenir maintenant à
l'article 1?
M. Leduc (Fabre): Adopté, M. le Président.
M. Bérubé: C'est un excellent amendement, c'est un
excellent article, en fait.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Bérubé: D'abord, est-ce qu'il y a des
amendements?
Une voix: Oui, évidemment.
Motion proposant de biffer certains mots de l'article
1
M. Ryan: Je voudrais proposer l'amendement suivant: Que dans le
deuxième
alinéa de l'article 1, après "a aussi droit", les mots
"dans le cadre des programmes offerts par la commission scolaire" soient
biffés. Je vais vous remettre une copie du texte du projet d'amendement.
Est-ce qu'il y a moyen d'en faire tirer des copies?
Le Président (M. Charbonneau): À prime abord, je
serais porté à dire que l'amendement est recevable.
Une voix: Biffer?
M. Ryan: Oui, biffer les mots "dans le cadre des programmes
offerts...".
Le Président (M. Charbonneau): Si les membres de la
commission n'ont pas d'objection, je vois poindre à l'horizon notre
collègue de Chambly, le député qui, la semaine
dernière à l'étape de l'étude article par article,
nous a rendu de fiers services. À titre de président permanent de
la commission, je lui céderais volontiers mon siège pour qu'il
puisse continuer l'oeuvre utile qu'il a commencée il y a quelques jours
et présider à l'étude détaillée du projet de
loi.
Une voix: ...attrape-nigaud?
Le Président (M. Charbonneau): J'espère que non.
Sur cela, je vais demander au député de Chambly de...
M. Bérubé: Vous pourriez céder votre
cendrier, également, au député de Chambly?
Le Président (M. Charbonneau:) Je ne pourrais vous
céder, M. le ministre, aucun cigare, les ayant tous fumés.
M. Bérubé: Comme cela lui est arrivé
quelques fois en commission, il s'est presque brûlé les doigts et
je pense qu'il aurait besoin de votre cendrier.
Le Président (M. Tremblay): C'est avec plaisir que
j'arrive, mais je suis un peu inquiet de voir avec quelle rapidité vous
travaillez quand je ne suis pas là.
M. Bérubé: Nous sommes à l'article 1, M. le
Président, après une semaine.
Le Président (M. Tremblay): Alors, l'article 1 est-il
adopté?
M. Ryan: Attendez un peu. M. le Président, il y a un
amendement sur la table. Je ne sais pas s'il est légal vu que vous
n'étiez point là.
M. Bérubé: Il a été reçu par
la présidence.
M. Ryan: Oui, je pense que le président siégeait
d'une manière tout à fait légale.
Le Président (M. Tremblay): Oui, le président l'a
déclaré recevable.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay): J'acquiesce.
M. Ryan: Peut-on le justifier?
Le Président (M. Tremblay): Oui. Vous êtes le
proposeur, M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui, j'ai cet honneur.
Le Président (M. Tremblay): Alors, vous avez 20
minutes.
M. Ryan: M. le Président, de nombreux organismes parmi
ceux qui ont été entendus par la commission parlementaire, soit
avant le débat de deuxième lecture, soit à l'occasion des
consultations faites encore aujourd'hui, nous ont indiqué que l'article
1 du projet de loi, dans sa formulation actuelle, n'est pas de nature à
garantir la véritable accessibilité aux services éducatifs
de niveau primaire et secondaire qui sont l'objet propre de la loi sur
l'enseignement public élémentaire et secondaire. Non seulement
l'article 1, mais aussi quelques-uns des articles suivants, à propos
desquels nous aurons des amendements de même nature à proposer,
comportent des restrictions qui sont de nature à réduire
singulièrement ce droit que nous voulons garantir à tous les
membres de la population québécoise jeune et adulte quant
à l'accès aux services éducatifs de niveau primaire et
secondaire.
J'ai posé une question au ministre ce matin. Je ne sais pas s'il
a la réponse à ce moment-ci. J'ai demandé qu'il tente
d'obtenir des données précises quant aux revenus que les
commissions scolaires retirent des frais d'inscription présentement
imposés aux étudiants adultes du niveau primaire et secondaire.
Je crois qu'il serait très intéressant d'avoir une réponse
à cette question-là avant que je poursuive mon exposé, si
on voulait me le permettre, parce que la seule raison qui peut justifier
l'inclusion des mots que nous voulons biffer de cet article 1 serait
évidemment une raison d'ordre financier, une raison qui pourrait se
rattacher aux ressources humaines et matérielles des commissions
scolaires, mais qui éventuellement se traduirait aussi par des motifs
d'ordre financier. Je sais qu'on dira: On vous l'a déjà dit
l'autre jour. Vous le direz si vous voulez; cela ne m'énerve pas du
tout. Je vous dis que, si on veut affirmer un droit, il faut l'affirmer. Si on
veut le réduire, qu'on le dise
franchement, mais qu'on ne prenne pas tout le vocabulaire des grandes
déclarations de droit pour ensuite arriver avec des restrictions qui
finissent par réduire singulièrement la signification de ce qu'on
s'est donné l'air de dire.
Je ne sais pas si le ministre a une réponse à la question
que j'ai posée. Cela pourrait abréger l'intervention que j'ai
à faire. Je serais prêt à entendre cette réponse,
s'il l'avait.
M. Bérubé: En fait, cela vient tout simplement que
le député d'Argenteuil raisonne, je ne dirais pas correctement,
à propos du mauvais article. Dans le cas présent, il faut
distinguer...
M. Ryan: M. le Président, c'est moi qui ai la parole. J'ai
demandé une information; je n'ai pas fini mon intervention.
Le Président (M. Tremblay): Vous voulez reprendre la
parole? Vous ne voulez pas que le ministre réponde?
M. Ryan: Évidemment, j'entendrai la réponse du
ministre, volontiers, mais je lui demandais s'il était prêt
à donner une réponse maintenant à ce besoin
d'information.
M. Bérubé: Je vous donne la réponse: C'est
parce que cela s'applique au mauvais article.
M. Ryan: Mais est-ce qu'on va avoir les chiffres?
M. Bérubé: Vous vous référez en ce
moment à l'éducation des adultes qui était en rapport avec
la discussion que nous avons eue ce matin lorsque nous avons entendu l'Institut
canadien d'éducation des adultes. Dans le cas présent, il ne
s'agit pas de ce que vous avez à l'esprit, mais de quelque chose
d'entièrement différent. Ce que cet article-ci dit en deux
alinéas est simple. Dans le premier alinéa, il y a un droit
à des services d'enseignement jusqu'à la fin du secondaire. Ce
sont les droits relatifs aux programmes d'enseignement prévus dans les
régimes pédagogiques décidés par l'État.
Donc, le premier alinéa fait référence à
l'enseignement de base que l'État prévoit dans les régimes
pédagogiques.
Le deuxième alinéa prévoit que la commission
scolaire peut également se doter de programmes à elle. Ce sont
des programmes complémentaires. On pourrait imaginer, par exemple, une
commission scolaire, dans le cadre des cours à option, qui donnerait -
là, j'ignore si je vais trop loin dans le cadre de l'autonomie des
commissions scolaires - des cours d'histoire régionale, donc, introduire
des programmes propres à la commission scolaire. À ce
moment-là, le deuxième droit auquel on fait
référence, c'est un droit aux programmes que la commission
scolaire met en place. Par exemple, si elle implante un programme de ce
type-là, à ce moment-là, effectivement, l'étudiant
a un droit. Mais la commission scolaire n'est pas obligée d'implanter de
tels programmes.
Il faut comprendre qu'on fait référence à deux
types de progammes prévus: d'abord, ceux prévus en vertu des
régimes pédagogiques de l'État. Ce sont les services de
formation et d'éveil auxquels fait référence le premier
alinéa, alors que le deuxième alinéa fait
référence aux programmes que pourrait décider de mettre en
place une commission scolaire. À ce moment-là, on ne peut pas
faire obligation à une commission scolaire d'établir un programme
ou un autre. C'est la raison pour laquelle on met "dans le cadre des programmes
qui sont offerts par la commissions scolaire", puisqu'il n'y a pas d'obligation
pour une commission scolaire d'assurer la dispensation d'un programme ou d'un
autre.
M. Ryan: M. le Président, trois remarques.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Tout d'abord, je réitère ma question et
c'est en préliminaire même à la discussion des articles qui
vont suivre. Est-ce que ces données financières sont disponibles
ou si elles ne le sont point?
M. Bérubé: On me dit qu'on est en train d'essayer
de les colliger et qu'on pourrait avoir la réponse demain matin.
M. Ryan: D'accord, ça marche. On va débattre
là-dessus, alors. Parce que, là, il y a au moins trois articles
qui vont être affectés par cela. Ici, je m'excuse - cela,
c'était ma première observation - mais je ne peux pas accepter
l'interprétation que le ministre propose, pour la raison que voici. Le
deuxième alinéa dit: "Elle a aussi droit aux autres services
éducatifs prévus par la présente loi". Quand on va
à l'article 21 et qu'on regarde la définition de "services
éducatifs", ce n'est pas seulement des cours de portée
régionale ou des initiatives particulières, mais ça
comprend tous les services de base: des services de formation et
d'éveil, des services d'enseignement, des services
complémentaires, des services particuliers. C'est tout ça qui est
compris par la notion de services éducatifs, telle qu'elle est
présentée dans la loi.
Ailleurs dans loi, il est dit assez clairement - je pense que c'est vers
l'article
275 ou par là - que la commission scolaire détermine les
services éducatifs qui sont dispensés par chaque école. Je
ne sais pas où c'est mis, les services au niveau de la commission
scolaire. À l'article 275? Mais, ça, c'est par chaque
école. Est-ce qu'il y a un article qui traite les services
éducatifs au niveau de la commission scolaire? Les services de soutien
pédagogique et tout ça, est-ce que ça y est?
M. Bérubé: Au niveau des services
complémentaires.
M. Ryan: Oui.
M. Bérubé: Oui, à l'article 24, par
exemple.
M. Ryan: Non, au niveau de la commission scolaire, dans le
chapitre qui traite de la commission scolaire. Ce que je voulais vous dire, M.
le Président, c'est que, si vous dites: "Elle a aussi droit aux autres
services éducatifs prévus par la présente loi", c'est
évident que, s'il y a un article qui dit: La commission scolaire peut
déterminer les services éducatifs qui seront disponibles à
son niveau à elle et au niveau de chaque école, on n'est pas
obligé de répéter ici "dans le cadre des programmes
offerts par la commission scolaire". Si on dit, justement: "Elle a aussi droit
aux autres services éducatifs prévus par la présente loi",
le problème est réglé. Je pense que c'est de la
redondance. C'est vraiment une restriction dont on n'a pas besoin à ce
moment-là.
M. Bérubé: Non, c'est parce que les services
complémentaires ne sont pas obligatoires.
M. Ryan: Ou ils le sont ou ils ne le sont pas. (23 heures)
M. Bérubé: Je pense que vous allez le voir dans les
services complémentaires à l'article 24. Par exemple, à
l'alinéa 7, vous avez des services de psychologie. Alors, tous les
élèves n'ont pas nécessairement besoin de services de
psychologie. Donc, la commission scolaire va se doter d'une politique de
services psychologiques pour les élèves en difficulté
d'apprentissage, par exemple, et, à ce moment-là, il y a une
procédure prévue à la commission scolaire pour avoir
accès à de tels services. Elle ne les donne pas à chaque
enfant.
M. Ryan: II me semble que, si la commission scolaire les offre,
c'est parce qu'elle reconnaît le droit que les enfants qui en ont besoin
ont d'avoir accès à ces services. Autrement, cela devient
parfaitement ridicule.
M. Brouillet: Pour décider qu'ils en ont besoin, cela
prend des critères et des normes.
M. Ryan: Ils sont prévus ailleurs dans le texte de loi.
Ici, on veut définir les droits des membres de la population, jeunes et
adultes. Il me semble que, tout en sachant bien que tout le monde n'aura pas
besoin de recourir aux services d'orthophonie, ce que nous voulons
établir ici - il me semble que c'est cela qu'on veut dire, en tout cas
-c'est que ceux qui en ont besoin vont avoir droit à ces services s'ils
sont prévus dans la loi. Si on dit qu'on les prévoit ici et que,
là, on les enlève ou bien si ce n'est pas sûr ou si cela
reste sujet à ad subjectum, à ce moment-là, je pense que
l'on s'éloigne beaucoup de ce qu'on prétendait faire.
M. Bérubé: Non, au contraire. Dans le premier
alinéa, nous parlons de l'enseignement prévu dans le cadre des
régimes pédagogiques et qui doit être offert à tout
enfant, quel qu'il soit. Donc, à ce moment-là, toute personne a
droit au service d'enseignement jusqu'à la fin du secondaire. Ceci est
clair, puisque c'est un service d'enseignement qui est offert à
tous.
Mais, également, la commission scolaire peut mettre en place des
programmes d'aide. On voit des programmes de services de santé, des
services d'orientation. Les services d'orientation, par exemple, ne
s'appliquent pas à l'élève du primaire, ne s'appliquent
pas probablement à l'élève du secondaire I; en d'autres
termes, les services à l'alinéa 4 de l'article 24 ne sont pas des
services qui s'appliquent à tous les élèves.
Donc, elle va mettre en place des programmes à l'intérieur
des écoles et, dans le cadre de ces programmes que la commission
scolaire met en place, l'étudiant y a droit. Alors, si la commission
scolaire met en place, par exemple, un service d'orientation scolaire et
professionnelle, elle peut, dans le cadre de ce programme décider que
n'y ont pas droit les élèves du primaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce qu'on accroche strictement sur
les services complémentaires? Est-ce qu'on serait d'accord sur les
services de formation et d'éveil, ainsi que les services d'enseignement?
On dit qu'il n'est pas question que cela soit facultatif.
M. Bérubé: Les services d'enseignement, de
formation et d'éveil sont uniformes pour l'ensemble des enfants. Donc,
à ce moment-là, c'est un droit absolu. Cependant, pour les
programmes complémentaires, comme ils visent à aider des jeunes
qui peuvent rencontrer des difficultés particulières, un certain
nombre de ces services complémentaires peuvent être offerts dans
le
cadre de programmes de la commission scolaire. Je vous donnais l'exemple
des services d'orientation scolaire qui sont offerts généralement
aux élèves du secondaire du deuxième cycle.
Mme Dougherty: Us sont obligatoires, à ce
moment-là.
M. Bérubé: À ce moment-là,
effectivement, ils ne sont pas nécessairement obligatoires, mais
l'élève y a droit.
M. Ryan: Mais non. Franchement, on retourne au Moyen
Âge.
Mme Dougherty: II faut une obligation correspondant à
chaque droit.
Le Président (M. Tremblay): S'il vous plaît, un
membre à la fois.
M. Bérubé: II faut que les gens aient des droits et
ce qu'il dit, c'est que, dans le cadre des programmes offerts par la commission
scolaire, on réduit le droit. C'est cela, l'argumentation de M. Ryan.
C'est à cela qu'il faut répondre.
Voici, si vous dites: II a droit aux services éducatifs, on
pourrait lire: II a un droit absolu aux services de santé, qu'il en ait
besoin ou pas, alors que les services d'enseignement, tous les
élèves en ont besoin. Les services de santé, les
élèves n'en ont pas tous besoin; c'est la commission qui
détermine un programme de services de santé.
M. Ryan: J'écoute.
M. Bérubé: Moi, je n'ai pas besoin de services de
santé, mais si la loi me donne un droit absolu, je vais l'exiger comme
j'exige un cours de mathématiques. Je vais exiger un psychologue
même si je n'en ai pas besoin.
M. Ryan: Là, on n'est pas d'accord. Nous, on
considère qu'en 1984 les droits de base des citoyens, jeunes et adultes,
vont plus loin que les seuls services qui sont évoqués au premier
alinéa. Prenez les service d'orientation. C'est un service qu'une
commission scolaire doit offrir à ses élèves deniveau secondaire, cela est un droit. J'espère que cela est
enregistré.
Le Président (M. Tremblay): Parce qu'il faudrait...
M. Bérubé: Étant donné que c'est dans
le cadre d'un programme, une commission scolaire peut donc offrir un service
qui ne s'applique pas à un élève donné; exemple: je
mets en place un service d'orientation scolaire qui ne s'applique pas aux
enfants du primaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Donc, les enfants n'en ont pas
besoin.
M. Bérubé: Pardon?
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est pas un problème.
M. Bérubé: C'est cela que la loi dit. La loi dit
qu'en première année je n'ai pas besoin d'un cours d'orientation.
Même si l'élève en veut, la commission scolaire ne lui en
offrira pas parce qu'en première année il n'y a pas de programme
d'orientation pour cet enfant. Si vous enlevez cette partie,
l'élève de première année ou de maternelle peut
exiger un programme d'orientation professionnelle, un service d'orienteurs, si
vous mettez cela comme droit absolu.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que le mot
complémentaire...
M. Bérubé: Alors que la commission scolaire dans le
cadre d'un programme pourrait dire: Les services d'orientation professionnelle
sont offerts aux élèves à partir du secondaire II. C'est
un programme complémentaire qu'elle offre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que le mot
"complémentaire" n'imlique pas, justement, que ce n'est pas obligatoire
pour ceux qui n'en ont pas besoin, c'est un complément?
M. Bérubé: C'est cela. Si on acceptait l'amendement
du député d'Argenteuil, c'est ce que cela donnerait,
c'est-à-dire qu'on se retrouverait avec des programmes
complémentaires qui devraient être offerts à tous les
élèves; la commission scolaire perdrait la possibilité de
concevoir des programmes en fonction de besoins particuliers. Un bel exemple:
vous avez des élèves en difficulté d'adaptation et dans le
cas de ces élèves la commission scolaire va mettre en place un
programme avec des orthopédagogues, des psychologues pour faciliter leur
encadrement, mais évidemment elle va dire: Ces services sont offerts aux
élèves qui ont telle ou telle difficulté d'apprentissage
et, à ce moment, elle va cadrer le programme. Ils ne sont pas offerts
aux autres élèves.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ils sont offerts nécessairement
à ceux qui en ont besoin.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Donc, la notion de
complémentaire, cela veut dire que cela s'applique dans les cas
où il y a un besoin.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Complément.
M. Bérubé: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, je ne vois pas pourquoi, je
pense que l'amendement du député d'Argenteuil est absolument
pertinent si on retient la notion de complémentaire. Là, on ne
dit pas des services obligatoires, on dit complémentaires.
M. Bérubé: II est contradictoire en ce cas avec vos
propos. En effet, tel que rédigé, le deuxième
alinéa dit bien: L'élève y a droit "dans le cadre des
programmes offerts." Cela veut dire à ce moment qu'y a droit celui qui
en a besoin, alors que, si on enlève "dans le cadre des programmes
offerts", est supprimée cette notion de celui qui en a besoin que vous
avez introduite dans vos propos.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: D'autre part, si nous laissons cette partie du
deuxième alinéa dans le texte, cela veut dire qu'on affirme un
droit qu'en même temps une commission scolaire peut nier. C'est cela
qu'on veut prévenir là.
Je regarde simplement une autre possibilité de formulation. Je
comprends votre souci également; je ne veux pas le minimiser, il a des
fondements. Mais il me semble que si on arrivait à quelque chose comme
ceci - je fais seulement un essai "parenthétique"; je suspends mon
amendement pour une minute, juste pour avoir un échange informel
là-dessus - Elle a aussi droit aux autres services éducatifs
suivant les dispositions de la présente loi, on aurait un
problème à régler plus tard, mais au moins on sait que
cela ne peut pas être une affaire lancée dans l'absolu, qu'on
lance dans l'espace comme un satellite. Je comprends cela. En disant: suivant
les dispositions de la présente loi, c'est correct, mais après on
va insister pour avoir des durcissements ici et là, parce que les
services complémentaires que vous mentionnez ne sont pas tous
d'importance égale. Que la commission scolaire n'ait pas un service
organisé pour le premier et le deuxième points, ce n'est pas
aussi important que le quatrième, le cinquième et le
sixième. Ce sont des points de base. Il y en a d'autres: cela peut
être un esprit; cela peut être des dispositions et tout. En
particulier, en ce qui regarde les droits de participation à la vie de
l'école, au niveau secondaire, je ne pense pas que ce soit essentiel
d'avoir un gros service là-dessus. C'est à chaque enseignant et
à chaque directeur d'école de faire son ouvrage là-dessus
pour que ces droits-là s'exercent. Mais quand il s'agit des services
d'orientation, des services de santé, des services sociaux, des services
d'animation pastorale, c'est déjà prévu comme obligatoire.
Ce sont les seuls qui sont obligatoires, à ma connaissance, dans le
texte de la loi.
Je trouve que cela n'a pas de bon sens en 1984. Notre système
d'enseignement est bien plus avancé que cela.
Le Président (M. Tremblay): Permettez-vous à M. le
député de Chauveau... Je crois qu'il a une petite
intervention.
Des voix: Oui.
M. Brouillet: Je crois que, dès qu'un droit est reconnu
à un certain nombre de personnes - parce que ce n'est pas toute personne
âgée de cinq ans qui a un droit à l'ensemble des services
complémentaires, c'est, parmi ces personnes-là, une certaine
catégorie, on peut les désigner par le terme "ceux qui en ont
besoin" - dès que l'on introduit ce concept-là "ceux qui en ont
besoin", on est obligé de faire référence à une
instance pour déterminer les critères et les normes qui vont
faire que l'on reconnaît que tel ou tel individu en a besoin. Donc, par
cette parenthèse qui dit ici: "dans le cadre des programmes offerts par
la commission scolaire", on veut simplement dire: C'est la commission scolaire
qui est l'instance autorisée dans le milieu pour déterminer les
besoins reconnus en fonction de certains services à rendre. Alors, je
crois à ce moment-là que c'est absolument essentiel. Comme M.
Ryan vient de le dire, ce sont les gens du milieu qui sont les plus
habilités à connaître l'importance de ces
services-là en fonction des besoins. M. Ryan vient justement de le dire:
C'est la commission scolaire qui est la plus habilitée à
déterminer ce qui est plus ou moins nécessaire, selon les
besoins, des services d'orientation, ainsi de suite.
M. Leduc (Saint-Laurent): II y en a qui ne sont pas
négociables.
M. Brouillet: Cette incise, "dans le cadre des programmes offerts
par la commission scolaire", correspond exactement à ce que M. Ryan
vient de dire. C'est la commission scolaire qui est la mieux placée pour
évaluer l'importance relative des services complémentaires et la
mieux placée pour déterminer aussi ceux parmi l'ensemble des
étudiants qui en ont besoin, de ces services.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...je pense que le député de Chauveau m'a
mal compris. Ce que j'essaie de dire, c'est que, dans toute cette panoplie des
services complémentaires et des services particuliers - la distinction
entre les deux je ne l'ai pas encore comprise, pour être franc avec vous;
d'ailleurs, dans le texte de loi, on donne une définition
générale des services complémentaires, il n'y a pas de
définition générale des services particuliers, tellement
c'est peu clair - ils ne sont pas d'égale importance. Il y en a qui,
dans une commission scolaire et dans un système d'enseignement moderne,
sont devenus indispensables. Ce sont les dimensions essentielles de l'oeuvre
éducative elle-même sans lesquelles le service d'enseignement
n'aura pas le même impact et la même utilité.
En tout ici, des services complémentaires et des services
particuliers, on en énumère treize. Ils ne sont pas tous de la
même importance. Je l'ai dit tantôt: Les services de recherche
d'emploi n'ont pas la même importance que les services d'orientation
scolaire et professionnelle, que les services de santé et les services
sociaux, parce qu'on peut toujours dire: On va développer
Travail-Québec; ce sera le poste par lequel on va faire ce travail et
cela peut se comprendre très bien. (23 h 15)
II y en a qui sont vitaux. Il y en a d'autres qui vont pouvoir
être ajoutés. J'admettrai volontiers, peut-être, qu'on n'est
pas en mesure d'offrir les 13 partout sur une base uniforme. Très bien.
Je voudrais qu'on puisse s'assurer, si on fait une loi moderne de l'instruction
publique, qu'on va avoir d'autre chose de garanti qu'uniquement les cours du
professeur.
Actuellement, tout le reste est laissé à la
discrétion de la commission scolaire. Je ne sais pas si on peut
prévoir, plus loin que le ministre aura le pouvoir de
décréter que certains services devront être obligatoires.
Cela fait partie des responsabilités d'un ministre de l'Éducation
d'aujourd'hui. S'il y a des commissaires d'écoles dans un coin de la
province qui ne veulent pas comprendre leurs obligations, qui ont encore peur
de dépenser un cent, qui trouvent toujours que l'éducation
coûte trop cher, il y aura des règlements qui vont leur faire
comprendre qu'il faut qu'ils fassent le minimum requis pour une
éducation véritable au XXIe siècle bientôt. C'est
là le fond de l'amendement qu'on propose. Ce n'est pas
suggéré juste pour des fins de discussion. Si on règle
celui-là, je pense qu'on va en régler beaucoup d'autres beaucoup
plus vite.
Mais je ne peux pas consentir, M. le député de Chauveau,
à ce que tout cela soit laissé aux commissions scolaires. Et je
suis un défenseur des commissions scolaires. Je pense qu'on l'a
prouvé assez ici, à la commission parlementaire, que nous tenons
énormément à l'existence des commissions scolaires,
à l'existence chez elles d'un pouvoir décisionnel
véritable, de responsabilités authentiques. Mais nous voulons que
certains droits de base en éducation soient le fondement de tout
l'édifice et non pas qu'ils soient laissés au bon plaisir ou au
seul jugement de la commission scolaire.
D'ailleurs, ceci se justifie par une autre raison. Le ministre l'a dit
lui-même à plusieurs reprises. Entre 90% et 95% des ressources
financières des commissions scolaires leur viennent aujourd'hui du
gouvernement par le truchement du ministère de l'Éducation qui
accompagne ses contributions financières de règles
budgétaires extrêmement détaillées qui, d'ailleurs,
d'ores et déjà, créent des obligations pour les
commissions scolaires de faire ceci ou cela, sans quoi elles n'auront pas
certaines sommes d'argent auxquelles elles tiennent beaucoup, par ailleurs.
Je voudrais qu'on enlève cette affaire-là pour qu'à
un moment donné cela soit clair. Ailleurs dans le texte de loi, cela va
être dit amplement. D'ailleurs, comme je le disais tantôt, on peut
prévoir si ce n'est pas assez prévu dans la présente loi -
c'est un petit peu dangereux, c'est un petit peu poreux - suivant les
dispositions de la présente loi, qui, ailleurs, pourront limiter ceci
dans une mesure ou l'autre. En tout cas, c'est le problème que je vous
pose. Je ne pense pas qu'il puisse être posé beaucoup plus
clairement, mais il est fondamental.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: Je pense que mon intervention tantôt
rejoignait ce que le député d'Argenteuil vient de dire. C'est
évident que l'ensemble des services complémentaires ne sont pas
d'égale importance. Cela, on le reconnaît. Mais il y a un
élément commun à l'ensemble des services
complémentaires. Ce ne sont pas des services qui sont requis par chacune
des personnes visées par le premier alinéa, par chacune des
personnes âgées de cinq ans. C'est ce qu'il y a de commun. Par le
fait que ce ne sont pas des services requis par l'ensemble des personnes
visées au premier alinéa, il faut reconnaître à une
certaine instance le rôle de déterminer ceux parmi l'ensemble qui
auront droit de revendiquer ces services complémentaires. C'est
ça que vient dire: "dans le cadre des programmes offerts par la
commission scolaire". On dit
que c'est la commission scolaire qui aura à déterminer
finalement qui, parmi l'ensemble des personnes âgées de cinq ans,
peut prétendre exiger ces services-là.
Alors, que voulez-vous? On ne peut pas passer outre. Autrement, si on
supprime cela, c'est que, sur demande de chaque individu âgé de
cinq ans, la commission scolaire se verrait dans l'obligation de
répondre à la demande, sur simple demande. On enlève
à la commission scolaire le rôle de déterminer et de
décider ceux qui en ont besoin. Alors, je crois qu'on ne peut pas
simplement dire: Toute personne âgée de cinq ans, dès
qu'elle demande un de ces services-là, la commission scolaire serait
obligée de l'accorder.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette de ne pas pouvoir concourir à
l'interprétation que le député de Chauveau fait de la
proposition, non formelle, je pense jusqu'à maintenant, que le
député...
Le Président (M. Tremblay): II y a une proposition
formelle, Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II y a une motion sur la table?
Le Président (M. Tremblay): II y a un amendement, oui,
visant à biffer "dans le cadre des programmes offerts par la commission
scolaire."
Mme Lavoie-Roux: Je ne pensais pas qu'il avait été
fait d'une façon formelle.
Je serais d'accord avec lui si, dans le premier paragraphe, on disait:
Toute personne âgée de cinq et plus a droit à
l'éducation préscolaire et à des services d'enseignement
jusqu'à la fin du secondaire. C'est limité; il y a
déjà un cadre. Il s'agit de services qui partent du
préscolaire qui vont jusqu'à la fin du secondaire. On n'oblige
pas à déborder le cadre formel d'enseignement du système
d'éducation préscolaire et scolaire.
C'est, justement, une remarque qui nous a été faite ce
matin par le groupe de l'éducation des adultes qui est venu nous voir.
Eux craignaient, je pense, à bon droit, que, par exemple, si une
commission scolaire, même si c'est à l'intérieur du cadre
élémentaire ou secondaire, décide de ne pas offrir aux
adultes ce type de services là - il s'agit toujours, n'oubliez pas,
strictement de la formation de base élémentaire et secondaire -
il n'y aurait aucun recours, finalement, pour le demander ou encore la
commission scolaire n'aurait pas l'obligation de le leur donner. Alors, comme
je le dis, je pense que les restrictions sont contenues dans éducation
préscolaire, services élémentaires et secondaires. Cela ne
va pas au-delà de ça. Alors, c'est pour ça que je ne peux
pas souscrire à votre interprétation.
Les services éducatifs - je pense qu'il y en a d'autres, je
n'étais pas ici, je regrette, qui étaient ici avant moi qui l'ont
signalé -sont très bien définis à partir de
l'article 21. Ce n'est pas n'importe quelle fantaisie. Il y a les
apprentissages au primaire et, au secondaire, poursuivre la formation. Ensuite,
il y a des services complémentaires. Je pense que ces services
complémentaires sont nécessaires pour tout le monde. Ils pourront
prendre des formes différentes, si on veut. Mais ça
m'apparaît un minimum. On est dans l'enseignement primaire et secondaire
et on dit: Ceux qui veulent s'en prévaloir...
Dans le cadre des programmes offerts par la commission scolaire, je vais
vous donner un exemple très concret. Dans le domaine de l'enfance
inadaptée, on sait fort bien que c'est très inégal,
encore, d'une commission scolaire à l'autre. Quoi?
Mme Dougherty: Le ministre n'écoute pas.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre, je ne sais pas ce qu'il fait. En
tout cas, M. le député de Chauveau...
M. Brouillet: Oui, franchement, là! Mme Lavoie-Roux:
Quoi?
M. Ryan: Vous avez beaucoup de mérite.
Mme Lavoie-Roux: Même s'il est là, il
n'écoute peut-être pas plus.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais peut-être que vous pourriez
attendre qu'il revienne. Peut-être qu'on va avoir un amendement.
M. Ryan: On pourrait peut-être faire une petite suspension
pour deux minutes, M. le Président, si vous le permettez.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je pense que, nous, on
a le droit aussi de participer à la commission.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais il reste que, franchement, celui qu'il
nous faut convaincre, c'est le ministre.
M. Leduc (Fabre): II est en train de travailler.
Mme Lavoie-Roux: Si je peux convaincre l'adjoint, d'accord. Je
vais m'essayer avec l'adjoint.
M. Leduc (Fabre): Allez-y. Je suis déjà
convaincu, Mme Lavoie-Roux.
Mme Lavoie-Roux: C'est le député de Chauveau
que...
M. Leduc (Fabre): Savez-vous qui convaincre?
M. Ryan: II pourra intervenir auprès du ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez tout un contratl
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! À
l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, l'exemple que je donnais au
député de Chauveau, je l'ai donné du côté de
l'éducation des adultes, mais oublions les adultes pour un instant. On
sait fort bien que les services aux enfants en difficulté d'adaptation
ou d'apprentissage, appelons-le comme on le voudra, sont inégaux d'une
commission scolaire à l'autre pour des raisons diverses. Cela peut
être des raisons historiques, cela peut être des questions de
ressources, cela peut être à cause de l'établissement des
priorités. Il n'y a peut-être pas une commission scolaire qui va
vous dire: On n'a pas de services pour les enfants inadaptés. Mais quand
vous allez voir ce que, dans les faits, chaque commission scolaire offre du
point de vue des services aux enfants inadaptés, c'est là que
vous allez trouver des inégalités.
Alors, si vous avez cette restriction "dans le cadre des programmes
offerts par la commission scolaire" - là, je vais procéder par
l'absurde - une commission scolaire peut décider que strictement ce
qu'elle va offrir aux enfants inadaptés, c'est des cours de
récupération en français et en mathématiques. Ce ne
serait pas déjà si mal, M. le Président. Mais on sait fort
bien que, dans des cas d'inadaptation, ça va bien au-delà de
cours de récupération en français et en
mathématiques. C'est dans ce sens-là que, tout de suite au
deuxième paragraphe, vous venez restreindre... Vous allez
peut-être me dire: Ces inégalités-là ne devraient
pas exister, mais on sait que, dans les faits, elles existent et que, par
exemple, ce n'est pas la même chose dans la région de
Montréal, et probablement dans la région métropolitaine de
Québec et dans les grands centres, soit Sherbrooke ou
Trois-Rivières -je ne voudrais pas en exclure quelques-uns et les faire
passer pour des petits centres - que dans les régions plus
éloignées où il y a des limites dans les ressources et
où les commissions scolaires ne donnent pas tous les services.
Par exemple, si on prend les services aux décrocheurs, combien y
a-t-il de commissions scolaires qui ont des services aux décrocheurs?
Pourtant, des décrocheurs, cela peut être souvent des enfants qui
ont eu des difficultés d'apprentissage et c'est une des raisons pour
lesquelles ils décrochent. Mais je me dis que c'est un minimum. On parle
d'enseignement primaire -oublions le préscolaire - et secondaire. Qu'on
n'aille pas dans un deuxième paragraphe restreindre ce qui constitue le
corpus, comme le dirait mon collègue d'Argenteuil, de l'enseignement
primaire et secondaire par un bout de phrase comme celui-là.
M. Brouillet: J'aimerais revenir à votre exemple des
handicapés.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Brouillet: Même si vous supprimiez cette phrase...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Brouillet: ...cela ne vous donnerait aucune garantie sur
l'égalité des services qu'on va rendre aux handicapés. Ce
n'est pas parce que vous dites ici "dans le cadre des programmes"
qu'automatiquement cela ne garantit pas l'égalité des services.
Enlevez cela et il n'y a absolument rien qui va vous garantir
l'égalité des services aux handicapés, absolument pas.
Mme Lavoie-Roux: Je vous le concède, si on l'examine
strictement dans cette optique. Mais, au moins, cela ne donne pas à la
commission scolaire le droit de dire: Écoutez, nos programmes, c'est
cela qu'on offre. Cela n'enlèvera pas aux parents la possibilité
de dire: Vous ne nous offrez pas suffisamment, compte tenu des services
éducatifs qui doivent être assurés par la loi. C'est une
restriction inutile. C'est vrai, vous avez raison, que cela n'enlèvera
pas l'inégalité. Il y a d'autres moyens qu'il faut prendre pour
enlever l'inégalité, je vous le concède. Mais au moins
cela n'enlève pas aux parents le droit de dire: Écoutez, vos
programmes ne sont pas suffisants.
Je ne veux pas qu'on soit restreint par "dans le cadre des programmes",
parce que, à ce moment-là, vous mettez tout de suite un carcan
qui limite les services. Dans votre premier article qui délimite le
grand cadre, vous avez tout de suite une restriction: il faut que ce soit dans
le cadre des programmes offerts pour l'enseignement élémentaire
et secondaire.
Cela est un principe, le premier article. Si ce n'est pas un principe,
je ne sais pas ce que c'est.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président, je peux
comprendre la nature de l'intervention des députés d'Argenteuil
et de L'Acadie. Si on recherche à rejoindre les préoccupations
qui ont été exprimées, il faut néanmoins poser un
principe au départ. Alors que tous les élèves ont droit
à l'enseignement prévu au régime pédagogique, aux
services d'enseignement, tous les élèves n'ont pas
nécessairement droit à des services complémentaires,
puisque ceux-ci sont offerts en fonction des besoins. À partir du moment
où on établit bien clairement dans notre esprit que tous les
enfants n'ont pas droit, dans le cadre des services complémentaires, aux
mêmes services, justement à cause de leur nature
complémentaire - ils ont droit à des services, mais pas
nécessairement aux mêmes services - il faut donc permettre
à la commission scolaire de moduler la dispensation de ces services en
fonction des besoins.
M. Laplante: C'est cela, une décentralisation.
M. Bérubé: Alors, il est clair que l'article 1
permet cela. Il est, par contre, possible de plaider qu'une commission scolaire
abuse de son pouvoir et, à l'aide d'une modulation de programme, nie le
droit à des services complémentaires à quelqu'un qui en
aurait besoin. C'est là votre inquiétude, c'est lorsque quelqu'un
a besoin d'un service complémentaire, on dit: Une commission scolaire
pourrait concevoir un programme tel qu'elle nie dans les faits le service en
question à l'enfant. Premièrement, c'est porter un jugement
vis-à-vis d'élus locaux, d'un gouvernement local responsable.
Mme Lavoie-Roux: D'après vous, le gouvernement fait tout
bien!
M. Bérubé: Non, mais c'est nier la
possibilité justement...
Mme Lavoie-Roux: C'est possible. (23 h 30)
M. Bérubé: ...pour un gouvernement local de poser
des gestes. On sait clairement que le gouvernement local, l'administration
scolaire devra effectivement faire des choix puisque ces services ne
s'appliquent pas de la même façon à tous les
élèves. On sait cela. Partant, il faut laisser à la
commission scolaire la capacité juridique de le faire; le présent
article la lui laisse. Ce que vous soulevez comme objection, c'est une question
de confiance. Vous dites: Reconnaissons que la commission scolaire ne peut pas
offrir absolument les mêmes services de façon identique à
tout le monde puisque les besoins varient. Reconnaissons qu'elle a le droit de
les moduler, mais néanmoins cette modulation ne doit pas avoir comme
résultat de les nier à ceux qui en ont besoin. C'est très
difficile de coucher dans la loi le type de préoccupation que vous
avez.
Je vais vous lire l'article 259: "La commission scolaire s'assure que la
population de son territoire reçoit les services éducatifs
auxquels elle a droit". Voilà un article qui dit que la commission
scolaire est obligée de s'assurer que les citoyens qui ont des droits
à des services éducatifs les reçoivent, aussi bien
d'enseignement que complémentaires et particuliers. Il y a une
obligation qui est faite à la commission scolaire, obligation
générale. Est-ce qu'on doit resserrer l'article 259 pour tenter
d'établir encore plus clairement que la commission scolaire est
obligée d'offrir, de façon générale, des services
de participation de l'élève à la vie de l'école,
des services d'encadrement et de surveillance, des services d'orientation
scolaire? Évidemment, on tient pour acquis qu'une commission scolaire
digne de ce nom va les offrir.
Là où je ne pourrais pas concevoir un amendement
adéquat, c'est d'essayer de protéger l'élève contre
un programme à ce point circonscrit qu'il empêcherait un
élève de bénéficier d'un droit. Là c'est
extrêmement difficile parce que c'est essayer de se protéger
contre la mauvaise foi d'une commission scolaire et surtout dans le cadre de
services que l'on ne peut pas déterminer pour l'ensemble de la
population. Il est facile de dire que tous les élèves doivent
recevoir un enseignement de géographie en secondaire II. C'est encore
relativement facile parce que c'est la même chose pour tout le monde.
Malheureusement, parce que les services complémentaires varient d'un
élève à l'autre, quels sont les besoins en services de
psychologie d'un élève par rapport aux besoins d'un autre
élève? Il doit y avoir place à une évaluation et on
ne peut pas, dans une loi, figer la nature exacte de ce service
complémentaire. Ceci nous amène, à ce moment, à
obliger à tout le moins la commission scolaire à avoir des
programmes. On pourrait resserrer l'article 259 en obligeant la commission
scolaire à se doter de programmes dans le cadre des services
complémentaires ou des services particuliers.
On me dit, par exemple, qu'on pourrait resserrer l'article 259 pour
essayer de rejoindre votre pensée. Au lieu d'avoir: "La commission
scolaire s'assure que la population de son territoire reçoit les
services éducatifs auxquels elle a droit", on pourrait écrire: La
commission scolaire doit offrir à la population de son territoire les
services d'enseignement selon les programmes édictés par le
ministre et les services complémentaires et particuliers selon les
programmes qu'elle élabore. On vient de dire qu'elle est obligée
d'offrir des services dans le cadre de programmes qu'elle élabore.
On
lui fait une obligation d'élaborer des programmes. Mais on ne
peut pas dire que, dans tel programme, elle ne pourra pas exclure un groupe
d'étudiants par rapport à un autre groupe, parce que ce serait la
négation même du concept de services complémentaires, qui
n'est pas universel.
M. Ryan: II me semble qu'il y a un troisième
élément dont on doit tenir compte. On part de
l'élève, on a la commission scolaire et il y a le ministre dans
le système également. Je ne peux pas concevoir qu'on aurait toute
une panoplie de services complémentaires et particuliers dont une seule
catégorie sur les neuf qui sont mentionnées serait laissée
à la discrétion de la commission scolaire. Je ne peux pas
concevoir cela. C'est ce que le texte de loi nous dit.
Si vous me permettez de compléter, après on va comprendre
plus facilement nos réserves par rapport à l'expression que nous
voulons biffer de l'article 1, dans le deuxième paragraphe. Vous avez
prévu la possibilité pour le ministre d'établir par
règlement la nature d'une catégorie de services particuliers,
ceux qui sont destinés aux élèves handicapés et en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, ce è quoi je souscris
entièrement. Je n'ai aucune difficulté là-dessus. Cela
avait été demandé à la commission parlementaire
l'hiver dernier; c'était un "bare minimum", comme on dit, un strict
minimum. Mais je trouve qu'il faudrait peut-être élargir l'article
450, à ce moment-là, pour dire que le ministre peut, par
règlement, prévoir que certains services particuliers ou
complémentaires devront être obligatoires.
Encore une fois, je vous dis que, dans un système d'enseignement
moderne, il échappe à ma compréhension que tous ces
services complémentaires et particuliers, qui n'ont pas la même
importance, dont certains peuvent être facultatifs, j'en conviens
volontiers, puissent être facultatifs et laissés à la seule
discrétion de la commission scolaire. Cela dépasse mon
entendement.
Mme Lavoie-Roux: C'est évident...
M. Ryan: Je pense qu'il faut établir clairement que le
droit des étudiants, jeunes et adultes, à des services
d'orientation scolaire va bien au-delà de ce que MM. ou Mmes les
commissaires de tel endroit veulent bien faire cette année ou
l'année prochaine. Quand ils acceptent le poste de commissaire
d'écoles, il faut qu'ils acceptent cette responsabilité; cela va
faire partie de leur "job" de fournir ce service.
Services de santé et services sociaux; je ne vois pas un
système d'enseignement moderne qui n'a pas cela. Là, la
possibilité est ouverte qu'on ne l'ait pas. Il suffit qu'on se ramasse
avec un groupe de commissaires qui auront des vues rétrogrades dans ces
choses-là et ils pourront faire la pluie et le beau temps pendant un
certain temps, surtout s'ils arrivent dans une période de disette. Celui
qui dit: Je vous coupe les dépenses, si c'est lui qui passe.
L'éducation, on ne peut pas jouer avec cela comme avec d'autres services
publics. C'est un des services les plus difficiles dans lesquels couper.
En tout cas, je vous dis que cela ne va pas du tout sur le même
pied, tous ces services-là; il y en a qui doivent faire partie des
services éducatifs auxquels a droit toute personne faisant partie de la
population du Québec. C'est cela qu'on veut essayer d'éliminer
dans le texte, comme il se tient actuellement.
M. Bérubé: Alors, deux points. D'abord, l'article
450, je dois vous avouer que j'ai hésité à l'incorporer,
car il n'y a pas de règlement; il existait, si je ne me trompe pas, dans
l'actuelle loi, mais il n'y en a pas, de règlement. Pourquoi n'y en
a-t-il pas? Justement parce qu'on n'est pas capable d'en faire. On peut
élaborer une politique, donner des orientations à l'intention
d'une commission scolaire ou des commissions scolaires, mais pour
définir dans un cadre réglementaire des services précis
à des élèves en difficulté d'apprentissage nous
nous sommes heurtés à l'obstacle, de telle sorte que l'article
450 maintient un pouvoir, je pense, dont disposait le ministre, si je ne
m'abuse, dans la loi présente. Nous l'avons maintenu, mais nous devons
reconnaître, cependant, que ce pouvoir n'est pas exercé parce que,
justement, nous ne sommes pas capables de l'exercer.
Alors, si vous me dites: Vous allez élargir à d'autres
secteurs, à d'autres services un pouvoir que vous n'êtes
même pas capables d'exercer à l'heure actuelle dans le cadre de
l'article 450, cela m'apparaît aléatoire. On a maintenu l'article
450 en se disant: Écoutez, il pourrait, à un moment donné,
apparaître évident, surtout dans le cadre d'une politique
d'intégration, qu'il y a des choses minimales que les commissions
scolaires n'assurent pas et qu'à ce moment-là on veuille faire un
règlement; on s'est gardé le pouvoir. Mais je ne vous cache pas
que j'ai joué avec l'idée de le supprimer en me disant: C'est
bien beau de laisser un article dans une loi, qui laisse aux citoyens
l'impression que l'État peut régler des problèmes, quand
en pratique l'État ne peut pas l'utiliser, justement, ce pouvoir
habilitant, parce que son exercice est quasi impossible.
Il est clair qu'à partir du moment où l'on doit offrir des
services qui sont ajustés aux besoins des élèves il faut
laisser quelqu'un en autorité établir les barèmes
suivant lesquels il va offrir ces services, et là il a besoin
d'utiliser son jugement. On peut, par exemple, avoir à faire appel
à des professionnels qui vont dire: Cet enfant a besoin de tel, tel et
tel service; je ne peux pas le réglementer. Ce serait comme dire dans la
loi: Voici les types d'opérations auxquelles a droit tout citoyen, on
vous enlève l'appendicite, besoin pas besoin. Malheureusement, la
société ne peut pas fonctionner comme cela. On est donc
amené à dire qu'il faut un professionnel, un médecin qui
va vous recevoir dans son cabinet et va vous prescrire des soins de
santé, qui ne sont évidemment pas universels, uniques, identiques
pour l'ensemble des citoyens.
De la même façon, quand on parle de services
complémentaires, on parle de services qui ne sont pas identiques pour
tous les citoyens. On peut forcer une commission scolaire à se doter
d'une politique dans chacun de ces services de façon plus explicite si
vous avez l'impression que l'obligation n'est pas suffisamment claire.
L'article 259 visait è créer une obligation pour la commission
scolaire. On pourrait améliorer l'article 259 en disant: Vous devez vous
donner des programmes dans le cadre des services complémentaires et des
services particuliers. On me dit, en plus de cela, que c'est inclus, on vient
de le trouver. À l'article 288, la commission scolaire établit
les programmes de services éducatifs complémentaires et, à
l'article 289, la commission scolaire établit les programmes de services
éducatifs particuliers. Elle est donc obligée de les
établir.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, quel est l'objet
de votre restriction au deuxième paragraphe, si elle doit les
établir?
M. Bérubé: Oui. Mais le droit s'applique dans le
cadre du programme établi. Si la commission scolaire a
décidé, par exemple, pour ses élèves qui ont de la
difficulté à entrer sur le marché du travail - je vais
inventer quelque chose - d'offrir un service particulier...
Mme Lavoie-Roux: De recherche d'emploi.
M. Bérubé: ...de recherche d'emploi, oui, par
exemple, à ses élèves de secondaire V pour leur permettre
de s'intégrer plus facilement au marché du travail
régional. Par exemple, elle organise des visites d'entreprises locales,
de manière que les élèves s'orientent plus facilement vers
les emplois qui sont disponibles en région, plutôt que de
s'orienter dans des domaines qui ne sont pas disponibles en région, ce
qui fait que le jeune n'a pas d'emploi quand il sort. Donc, elle pourrait
décider de mettre en place un programme de visites industrielles.
Évidemment, cela ne peut pas être un programme de visites
industrielles pour tous les élèves de l'école. Elle va
perdre sa chemise. Alors, qu'est-ce qu'elle va faire? Elle va dire: J'offre ce
programme spécial de visites industrielles aux élèves de
secondaire V. À partir du moment où elle l'a mis en place, un
élève de secondaire V y a droit, mais un élève de
secondaire IV n'y a pas droit.
Je ne peux pas enlever à la commission scolaire cette
capacité, à l'intérieur d'un cadre qu'elle se donne,
d'effectuer une sélection de clientèle en fonction des besoins de
cette clientèle-là; d'où la nécessité
absolue de maintenir que la personne a droit aux autres services
éducatifs prévus par la présente loi "dans le cadre des
programmes offerts par la commission scolaire". Il faut absolument le
maintenir. Si vous avez une telle crainte que les commissions scolaires ne le
feront pas, là je me rends compte que les articles 288 et 289
effectivement obligent la commission scolaire à le donner.
M. Ryan: Les articles 288 et 289, dans mon esprit, ne comportent
aucune obligation particulière pour la commission scolaire. Elle peut
décider que, sur vos services complémentaires, elle va en
instituer deux et elle sera en parfaite conformité avec l'article
288.
M. Bérubé: Parmi les amendements que je
dépose, il y a... Attendez un peu.
M. Leduc (Saint-Laurent) Si c'est obligatoire 288, 289, M. le
ministre, à ce moment-là votre "sauf" n'a plus de sens à
l'article 1.
M. Bérubé: Non. Non. Parce que 288...
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que c'est obligatoire? Vous
dites: Oui, 288 et 289 obligent la commission scolaire. Donc, ils sont
là.
M. Bérubé: Tel que je vais déposer l'article
288 amendé, on va y lire: La commission scolaire établit les
programmes de services éducatifs complémentaires. La commission
scolaire va établir les programmes de services éducatifs
complémentaires, mais le programme lui-même peut exclure une
catégorie d'élèves. C'est cela, le problème du
député d'Argenteuil. D'où la nécessité,
lorsqu'on parle du droit, d'astreindre ce droit au respect du cadre, au respect
des programmes. On oblige la commission scolaire à établir les
programmes, mais ces programmes ne donnent pas un droit absolu à tout le
monde à n'importe quoi. (23 h 45)
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne sais
pas, je pose des questions.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Mme la députée de
Jacques-Cartier.
M. Bérubé: Je pense que c'est clair. Une voix:
Oui.
Mme Dougherty: C'est évident que nous voulons
éviter des abus de la part des commissions scolaires. Mais, si on
examine les articles 3 et A, on parle des services éducatifs.
"L'âge d'admissibilité aux services éducatifs est
déterminé au 1er octobre etc." L'article 4 dit: "Toute personne
domiciliée au Québec a droit à la gratuité des
services éducatifs". À l'article 1, on parle des services
d'enseignement. N'y a-t-il pas une certaine incohérence? Est-ce qu'on
doit parler des services éducatifs dans l'article 1? Le problème
est là.
M. Bérubé: Vous l'avez par la définition.
Regardez l'article 21.
Mme Dougherty: J'aimerais ajouter que, même si les
commissions scolaires ont le droit de définir ou de planifier les
services complémentaires, les services particuliers, il faut
établir une certaine base minimale de services disponibles pour ceux qui
en ont besoin. C'est impensable que certains services ne soient pas
disponibles.
M. Brouillet: Oui.
Mme Dougherty: Le problème, c'est que la loi ne
précise pas les obligations minimales des commissions scolaires.
M. Bérubé: Non.
Mme Dougherty: C'est là le problème.
M. Bérubé: Non. C'est un fait. Dans la loi le
ministre se réserve le pouvoir de définir des services de
formation, d'éveil et les services d'enseignement qui sont vraiment des
programmes d'État. Mais les services complémentaires sont offerts
dans le cadre de programmes qui, eux, relèvent entièrement de la
commission scolaire, sauf pour les services aux handicapés où le
ministre se réserve à l'article 450 la possibilité
d'établir un règlement, que nous avions dans l'ancienne loi et
à laquelle nous n'avons pas eu recours. Cela se comprend pourquoi, c'est
qu'il est facile de normer ce qui doit être offert à tous; il est
quasi impossible de normer ce qui est offert à des catégories
particulières. Je pense qu'il faut faire confiance aux gens élus.
D'ailleurs vous avez raison de vous méfier d'un conseil de commission
scolaire qui ne serait composé que d'élus locaux, où les
préoccupations de l'école ne risqueraient pas d'être
traduites au niveau de la vie quotidienne. Mais, dans la mesure où on
s'assure qu'il y a au moins un tiers de représentants des conseils
d'école au niveau du conseil d'école, il est clair que vous
venez, justement, de créer cette boucle de rétroaction qui
garantit que des services éducatifs valables seront offerts par la
commission scolaire.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne tient pas, votre raisonnement. Car,
supposons qu'il y ait un tiers de parents qui viennent de six écoles et
qu'il y a 75 écoles dans la commission scolaire, est-ce que les 69
autres vont être en danger? Voyons donc! Vous auriez été
mieux de laisser votre deuxième bout. L'argumentation n'était pas
très forte.
Une voix: Non, elle n'était pas forte.
M. Bérubé: J'ai laissé la
députée de L'Acadie m'interrompre...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse.
M. Bérubé: ...par respect pour la sagesse qui,
habituellement, l'anime, mais, malheureusement, dans sa réplique, elle a
faibli, par rapport à la qualité générale de son
intellect.
M. le Président, c'est quand même très réel.
Le défaut, en fait, de tout Parlement -c'est cela qui nous amène
perpétuellement à cette hypercentralisation - c'est, dans le
fond, de toujours vouloir normer pour être certain que personne ne pourra
errer de quelque façon que ce soit.
Il y a un niveau de normalisation qui est désirable. Alors, au
niveau de l'enseignement, je pense qu'on est tous d'accord pour dire qu'on doit
réduire les pouvoirs du ministre. En ce qui a trait au régime
pédagogique, c'est ce que nous faisons de façon très
réelle. Mais on maintient quand même un minimum de normes.
Au niveau des services éducatifs, où on fait affaires avec
des besoins individuels, je pense qu'il faut être encore plus prudent
concernant la normalisation. Je sens de la part, par exemple, du
député de Sauvé, qui a une longue expérience comme
président de commission scolaire, une certaine sympathie pour une
latitude à être accordée aux commissions scolaires dans la
gestion du système, une certaine sympathie.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, savez-vous que j'ai l'impression
que, si nous marchons dans la voie que nous propose le gouvernement, nous
reculons par rapport à ce
qui est prévu dans la loi actuelle de l'instruction publique.
J'ai comparé, en écoutant le ministre, les dispositions de la loi
actuelle. J'ai l'impression, finalement, que, même si certaines de ces
dispositions sont moins modernes que d'autres, il y a certains paragraphes qui
pourraient mieux servir les fins d'accessibilité que nous poursuivons
que les dernières rédactions du ministre de
l'Éducation.
Je vais vous lire quelques articles de la loi actuelle de l'instruction
publique qui confirment mon point de vue. À l'article 189, qui est bien
familier au sous-ministre de l'Éducation et aux rédacteurs du
texte de loi, je trouve les dispositions suivantes. Dans les bons vieux textes
de loi, on parlait clairement des pouvoirs et des devoirs. Les deux
étaient équilibrés. On en parlait avec clarté et
fermeté. Ce n'était pas le genre de ouate qu'on a souvent dans
les textes d'aujourd'hui, dont on ne sait pas ce que ça veut dire, en
pratique.
Je vais vous donner des exemples: "II est du devoir des commissaires et
des syndics d'écoles - je prends seulement une couple d'articles qui
s'appliquent plus immédiatement à notre sujet - de prendre les
mesures nécessaires pour que les cours et les services éducatifs
du niveau de la maternelle à celui de la cinquième secondaire
inclusivement, adoptés ou reconnus pour les écoles publiques
catholiques, protestantes ou autres, selon le cas, soient dispensés
à tous les enfants domiciliés dans le territoire soumis à
leur compétence, s'ils sont désireux de s'y inscrire, en
conformité des dispositions de la Charte de la langue française.
À cette fin, les commissaires ou les syndics d'écoles doivent
organiser ces cours et services éducatifs dans leurs écoles ou se
prévaloir des articles 423 à 447 ou 450".
Je continue plus loin. Il y a un autre article où on dit: II est
du devoir des commissaires "d'assurer l'application des régimes
pédagogiques et des programmes d'études, d'adapter les contenus
facultatifs de ces programmes d'études et de les enrichir selon leurs
besoins et priorités"; ensuite, "de s'assurer que les écoles
dispensent aux enfants soumis à leur compétence et aux adultes
domiciliés dans leur territoire des services éducatifs et
culturels - pas seulement des cours - en conformité des dispositions de
la loi et des règlements - cela ne leur faisait pas peur, le mot
"règlement"; c'est drôle, pour des gens qui en font tellement,
quand ce sont des choses vraiment importantes, on dirait qu'ils sont pris par
une peur subite; c'est très étonnant de la part du
ministère de l'Éducation - et leur en assurer l'accès";
ensuite, "de s'assurer que les écoles sous leur juridiction dispensent
une formation de qualité et de favoriser la réalisation d'un
projet éducatif pour chacune de leurs écoles".
Savez-vous que je me dis: Avec ça, on aurait plus de marge dans
le sens de ce que nous disons qu'avec le texte de loi qui nous est
proposé par le gouvernement. Est-ce que le gouvernement veut
sérieusement reculer par rapport à ce que nous avions
déjà dans la Loi sur l'instruction publique?
M. Bérubé: Non, parce que le régime
pédagogique ne normalise pas les services éducatifs. Il ne
normalise que l'enseignement, ce qui fait que l'ancienne loi ne donne pas plus
de pouvoirs que la nouvelle à cet égard.
M. Ryan: M. le Président, je m'excuse, mais dans la loi
actuelle le gouvernement pourrait parfaitement statuer dans le régime
pédagogique qu'il y aura certains services complémentaires ou
particuliers qui seront obligatoires. Il n'y a absolument rien qui lui interdit
de le faire dans la loi actuelle, tandis que dans la loi comme on nous la
présente cette possibilité serait exclue. C'est assez
fantastique, c'est incroyable.
M. Bérubé: Effectivement, quand vous regardez la
Loi sur l'instruction publique, elle donne un pouvoir au ministre d'aller,
théoriquement, prendre toutes les décisions à
l'intérieur des commissions scolaires. Mais il faut se rappeler les
demandes de décentralisation vers les commissions scolaires, justement,
auxquelles nous avons donné droit et qui font qu'on a balisé de
façon beaucoup plus rigoureuse le régime pédagogique, de
telle sorte que la loi actuelle, telle qu'elle est proposée, restreint
les pouvoirs du ministre par rapport aux pouvoirs très vastes dont
disposait le ministre dans l'ancienne loi. Soulignons, cependant, à la
décharge de la nouvelle loi, que dans le cadre des régimes
pédagogiques le gouvernement n'a jamais prescrit des services
éducatifs obligatoires.
M. Ryan: Voulez-vous, nous allons faire une chose? Il est 23 h
57. Je suis convaincu que ce que vous dites n'est pas exact. Maintenant, je ne
veux pas l'affirmer.
M. Bérubé: Je prends l'information qu'on m'a
donnée.
M. Ryan: Je vais le vérifier. Je suis convaincu que dans
le régime pédagogique il est question passablement des services
particuliers et complémentaires, mais je voudrais le vérifier. Au
point où nous en sommes, je ne pense pas que nous allons progresser
beaucoup d'ici minuit. Je peux continuer à tenir le temps pendant deux
minutes, M. le Président, si c'est cela votre volonté, ce n'est
pas forçant. Mais je crois qu'on a un point...
M. Bérubé: Mais je pourrais avoir l'information. Le
sous-ministre, ici, pourrait répondre à la question.
M. Ryan: Oui, mais je veux vérifier le texte
moi-même, parce que vous, vous avez parlé sur la foi de ce qu'il
vous a soufflé. Je crois tout cela, mais ma mémoire me dit autre
chose que je veux vérifier.
M. Bérubé: Vérifiez!
M. Ryan: Je pense qu'on est à un point majeur. Si on
règle celui-là, il y en a bien d'autres qui vont être
réglés.
M. Bérubé: Ah! Prenez tout le temps
nécessaire.
M. Ryan: Pardon? Oui, il y en a beaucoup qui vont être
réglés après cela, parce qu'on ne fera pas ce débat
de fond 50 fois. Je ne le sais pas. Je crois que, si on pouvait penser à
cela chacun de notre côté d'ici à demain matin, c'est cela
qui serait le plus sage.
Le Président (M. Tremblay): Si c'est la volonté de
la commission. Il est minuit. La commission permanente de l'éducation
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 58) ■