Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Douze heures trois minutes)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux. Mme la
secrétaire va vérifier les présences et annoncer les
remplaçants.
La Secrétaire: M. Bordeleau (Abitibi-Est) est
remplacé par Mme Lachapelle (Dorion) et M. Sirros (Laurier) est
remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Le Président (M. Tremblay): Alors, nous avons quorum. Le
mandat de la commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public. Nous en sommes à étudier un amendement du
député d'Argenteuil à l'article 1 du projet de loi. Je
remets, dans ce sens-là, la parole au député d'Argenteuil.
Sur votre amendement.
Droit aux services éducatifs (suite)
Reprise du débat sur la motion proposant de
biffer certains mots de l'article 1
M. Ryan: M. le Président, j'ai bien
considéré les représentations faites hier soir par le
ministre au sujet des difficultés que pose dans son esprit l'amendement
que nous avons proposé au deuxième alinéa de l'article 1
et qui consisterait à biffer les mots "dans le cadre des programmes
offerts par la commission scolaire". Après réflexion, à
moins que le ministre n'ait d'autres éclaircissements à apporter
ce matin...
Justement, avant qu'on aborde cette question - je m'excuse, j'ai fait un
oubli - le ministre avait pris l'engagement de déposer ce matin les
amendements qu'il entend proposer au projet de loi. Il y a deux questions
préliminaires que je veux absolument aborder, ce matin, et qui sont
fondamentales pour notre travail. Est-ce que le ministre va déposer, ce
matin, comme convenu, les amendements qu'il avait annoncés hier
soir?
M. Bérubé: Oui, M. le Président. M. Ryan:
Quand?
M. Bérubé: Tout de suite, M. le
Président.
M. Ryan: Très bien. Alors, je vais attendre la
réponse du ministre et je soulèverai l'autre ensuite.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: Alors, M. le Président, j'ai
effectivement examiné la proposition d'amendement du
député d'Argenteuil, à la suite de la discussion d'hier
soir, à la suite de laquelle je n'ai pas jugé bon de modifier
notre position. La raison est, je pense, simple et j'avais pu l'expliquer hier
en commission parlementaire.
M. Ryan: J'ai une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, sur une question de règlement.
M. Ryan: J'ai laissé temporairement mon droit de parole
sur l'amendement parce que j'ai soulevé une question préliminaire
avant le début de nos travaux, ce matin, et je m'attendais que le
ministre donne une réponse à la question précise que j'ai
posée et n'entreprenne pas tout de suite la discussion sur l'article
1.
M. Bérubé: M. le Président, si le
député d'Argenteuil me cède son droit de parole et que
j'ai la parole, il m'appartient de décider de ce que je dis.
M. Ryan: M. le Président, je m'excuse, question de
règlement. Vous avez consenti à ce qu'on soulève cette
question avant d'engager le débat sur l'amendement qui est sur la table.
Au début de nos travaux, ce matin, il est tout à fait normal
qu'on convienne de discuter certaines questions qui conditionnent,
évidemment, directement et immédiatement le déroulement de
nos travaux.
J'ai demandé des précisions sur un engagement qui a
été pris hier par le ministre, d'ailleurs.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Mais, M. le
député de...
M. Leduc (Fabre): Ce n'est pas une question de règlement,
M. le Président. Je m'excuse, mais je voudrais qu'on nous cite le
règlement s'il s'agit d'une question de règlement. C'est
plutôt une question, tout simplement, que pose le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je m'excuse, je disais justement que le président
avait accepté la proposition que j'avais faite tantôt.
Une voix: Oui...
M. Ryan: Là, cela devient une question de
règlement, s'il y a eu une décision du président.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez raison, M. le
député d'Argenteuil, mais je pense que l'on pourrait, à la
limite, penser que le ministre est en train d'indiquer s'il y aurait amendement
aussi à l'article 1. Dans ce sens-là, cela répondrait
à votre question.
M. Bérubé: Oui, M. le Président,
voilà exactement ce que j'avais l'intention de faire et, si le
député d'Argenteuil avait eu la patience d'écouter
jusqu'au bout, il aurait eu la réponse à sa question dans un
cadre qui aurait en même temps explicité le sens de la
démarche subséquente. Merci, M. le Président.
Donc, hier, M. le Président, nous débattions à
savoir si nous devions amender l'article 1 dans le sens que nous proposait le
député d'Argenteuil. Après examen, j'ai dû tirer la
conclusion que non, que la position était très claire.
J'ai cependant pu comprendre, par notre discussion, les craintes
qu'exprimait le député d'Argenteuil. J'avais pris la peine de lui
expliquer qu'aux articles 288 et 289 du projet de loi nous indiquions une
obligation pour la commission scolaire d'offrir des services. Toutefois, tel
que je l'avais indiqué également dans mon intervention, la
rédaction des articles 288 et 289 ne semblait peut-être pas
suffisamment forte, telle qu'elle était rédigée dans le
projet de loi original, et qu'en conséquence nous avions
décidé d'apporter un amendement à cet article 288. J'avais
d'ailleurs lu certains éléments de l'amendement, mais sans le
lire au complet.
Or, il m'apparaît assez clair que si l'on veut pouvoir
procéder plus rapidement, il y aurait intérêt à
déposer l'ensemble des amendements. À titre d'exemple, l'article
288 se lirait: "La commission scolaire établit un programme pour chaque
service éducatif complémentaire, sauf dans les domaines qui
relèvent de la compétence d'un ministre autre que le ministre de
l'Éducation". Également, à l'article 289: "La commission
scolaire établit un programme pour chaque service éducatif
particulier." À la suite de notre discussion d'hier soir, nous avons
rajouté "pour chaque service éducatif" pour être bien
sûr qu'on ne puisse pas interpréter de quelque façon que ce
soit les articles 288 et 289 tels que rédigés et
amendés.
Donc, M. le Président, il s'avère dans ce contexte qu'il
peut être utile à l'Opposition d'avoir une liste d'amendements.
J'avais suggéré à l'Opposition - et c'est le dernier point
que je voulais soulever - qu'elle dépose une liste d'amendements qu'elle
envisagerait de telle sorte que l'on puisse les travailler, les examiner et
voir dans quelle mesure l'Opposition attache de l'importance à certains
plutôt qu'à d'autres, afin de mettre l'accent sur les points les
plus centraux du projet de loi.
M. le Président, il est clair que pour aider à une
véritable discussion ou réflexion ou bonification de ce projet de
loi, effectivement, il aurait été utile que nous
procédions de la sorte. Néanmoins, que le député
d'Argenteuil décide d'une façon ou de l'autre, il me fait plaisir
de remettre à l'Opposition la liste des amendements. Je dois dire qu'ici
j'ai la liste des amendements dits techniques et, ici, j'ai la liste
complète des amendements. Vous verrez qu'il y a peu d'amendements de
fond, mais beaucoup d'amendements techniques à la suite de la
présentation de certains intervenants en commission parlementaire et,
plus particulièrement, à la suite de lettres que nous avons
reçues de différents intervenants à propos de la
façon de rédiger un article ou l'autre. C'est ce qui nous a
amenés, à ce moment-là, à apporter des correctifs
pour nous assurer qu'effectivement notre pensée soit bien traduite dans
le projet de loi.
Donc, il y a peu d'amendements de fond dans cette liste-là mais,
évidemment, un grand nombre d'amendements techniques. Il me fait
plaisir, néanmoins, de remettre au député d'Argenteuil
l'ensemble de ces amendements. J'aurai pour vous, M. le Président,
toutes les copies appropriées dans quelques instants.
M. Ryan: J'espère pour les autres membres de la
commission.
M. Bérubé: Oui, oui, nous aurons des copies. Le
seul problème, c'est que certains de ces textes-là ont
demandé des arbitrages ce matin et dans la nuit. En particulier, il y
avait une question de posée par certains députés et
commissaires d'écoles concernant le nombre de commissaires, où
l'on trouvait qu'il y avait un nombre trop petit de commissaires
d'écoles et on voulait pouvoir l'accroître. Nous avions
évidemment une contrainte qui était la contrainte de
rémunération de ces commissaires. Plus on accroît le nombre
de commissaires, plus on a des problèmes. Donc, il y avait une
interaction entre plusieurs articles et il y avait aussi une mécanique
pour y arriver qui n'était pas claire. En conséquence, on a
dû faire ces arbitrages tard cette nuit. Alors,
c'est la raison pour laquelle on ne pouvait pas avoir toute la liste
complète, mais on est en train de vous les assembler. Cela nous fera
plaisir de remettre cela à tous les membres de la commission.
M. Ryan: M. le Président, il y a une couple d'autres
points qui s'imposent d'être clarifiés à ce moment-ci. Je
lis dans le journal de ce matin - je crois que c'est le Devoir qu'est en train
de lire le député de Fabre; peut-être qu'il pourrait nous
lire cet extrait de l'article - un article consacré aux travaux de la
commission, dans lequel on rapporte que le leader du gouvernement aurait fait
une déclaration relative aux travaux de la commission. Pouvez-vous me
passer l'article? Est-ce que c'est...
Une voix: C'est dans la Presse.
M. Ryan: Excusez-moi, on me dit que c'est dans la Presse.
M. Bérubé: C'est exactement celui-là que
nous lisait...
M. Ryan: Celui que j'ai à l'esprit est dans la Presse, si
vous voulez m'excuser. Pardon? Voulez-vous me passer celui du Devoir en
attendant?
M. le Président, à propos de l'article, je suis bien
content que les journaux parlent des travaux de la commission. Ils le font dans
l'ensemble d'une manière convenable, quand ils le font,
évidemment. Il y a toujours un journal qui se distingue des autres - je
n'ai pas besoin de vous le nommer, vous le connaissez - pour son
intérêt pour les questions d'éducation. Je pense que c'est
un fait de notoriété publique. C'est le Devoir, il faut le nommer
parce qu'il y en a qui penseraient qu'on a de la pruderie mal placée.
(12 h 15)
Je lis dans la Presse d'aujourd'hui deux choses. D'abord, le leader
parlementaire du gouvernement, M. Bertrand, aurait déclaré: Le
député Claude Ryan exige maintenant deux jours d'auditions
particulières. Vous savez ce qui est arrivé hier matin. Nous
avons tous été des acteurs de cette partie-là de notre
scénario. Je pense que ce qui est arrivé, c'est qu'il fallait
s'entendre sur le temps qui serait accordé à chaque organisme et
les droits des députés étaient, évidemment, un
élément très important. Nous avons réussi à
faire une entente dès hier matin, d'ailleurs, ce qui a permis aux
travaux de commencer. J'ai demandé au leader du gouvernement à la
Chambre, ce matin, de rectifier cette information fausse qu'il avait
véhiculée hier. Si ce n'était que cela, je n'aurais pas
fait d'intervention parce qu'on est habitué à des informations
inexactes. Cela n'empêche pas les organes du corps de fonctionner, ni
ceux de l'esprit. C'est que, plus loin, le leader du gouvernement semble
s'appuyer sur ceci pour laisser entrevoir qu'il proposerait d'instituer une
clôture dès vendredi. C'est dès la semaine prochaine ici?
C'est dans le Devoir qu'on parle de vendredi.
Je voudrais demander au ministre s'il y a des décisions qui ont
été prises par le gouvernement. Cela serait peut-être bon
qu'on le sache pour ne pas qu'on...
M. Bérubé: Quelle décision?
M. Ryan: Je voudrais lui demander, en second lieu, à la
lumière du volume d'amendements qu'il nous présente ce matin et
de ceux que nous devrons lui présenter aussi après avoir pris
connaissance des siens, si nous n'avons pas présenté
d'amendement, parce qu'évidemment la coutume veut que le gouvernement
dépose d'abord ses amendements... C'est lui qui est responsable d'un
projet de loi. Sur la foi de ce que semblent devoir être les
dernières intentions du gouvernement, l'Opposition réagit et
propose les amendements qu'elle juge opportun de faire. S'il juge qu'on peut
entreprendre ce travail dans l'esprit de sérénité et de
collaboration qu'il faut, si on commence à nous dire qu'on va nous faire
peser au-dessus de la tête une guillotine quelconque... Je voudrais
savoir si c'est vrai, ce qui a été dit par le leader du
gouvernement, que ces choses-là sont rendues au point de décision
et qu'il s'agit simplement de faire connaître aux membres de la
commission le moment où on va nous faire cela.
M. Bérubé: II faudrait certainement...
M. Ryan: Évidemment, j'aimerais savoir quelle est
l'intention du ministre à ce sujet. Quelle recommandation va-t-il faire
au leader du gouvernement? Je trouve qu'il est possible, qu'il est de plus en
plus certain que le gouvernement doive recourir à la guillotine pour
mettre fin aux travaux de la commission parlementaire. Il est possible que
cette guillotine tombe dès vendredi. Cela, c'est signé par Mme
Marie-Agnès Thellier.
M. Bérubé: Excellente journaliste.
M. Ryan: ...journaliste du Devoir qui a coutume d'être
assez proche des sources d'information gouvernementale.
M. Bérubé: C'est une excellente journaliste. En
général, elle est...
M. Ryan: Elle faisait partie du comité consultatif de
votre prédécesseur, pour les grandes orientations
idéologiques aussi.
Le Président (M. Tremblay): On a un petit problème,
ce matin.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, si je comprends les
interrogations du député d'Argenteuil, je pense qu'il devrait
adresser ses questions au leader lui-même qui a pris l'initiative, je
pense, de faire une conférence de presse, si j'ai bien compris les
journaux -je n'étais pas à la conférence de presse,
j'étais en commission - et qui a fait part d'un certain nombre de
commentaires quant aux travaux de la commission. Je ne pense pas que ce soit le
lieu pour en discuter ici. On sait que c'est en Chambre, M. le
Président, que ces choses se passent. Le leader devra, s'il a
l'intention de faire une motion de clôture, annoncer son intention; c'est
en Chambre que cela se passe et non en commission. Nous, on est ici pour
continuer nos travaux.
Le Président (M. Tremblay): Je prierais les
députés de revenir à l'étude de l'amendement
à l'article 1. Sinon, cela pourrait donner prise à ces rumeurs
qui sont déplaisantes.
M. Bérubé: Oui, parce qu'il y a des rumeurs dans
les journaux disant que le Parti libéral retarde indûment la
poursuite des travaux par un certain filibuster, également.
Le Président (M. Tremblay): Je rappelle le mandat de la
commission qui est d'étudier article par article le projet de loi 3.
Nous en sommes à l'amendement à l'article 1 du
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je regrette, j'ai une autre
question à soulever avant qu'on en arrive là. Je vous demande la
permission de la soulever.
Le Président (M. Tremblay): Non, parce que notre mandat
est d'étudier article par article...
M. Ryan: Justement...
Le Président (M. Tremblay): ...le projet de loi 3. Nous en
sommes à l'article 1, à l'amendement. Je prierais le
député d'Argenteuil ainsi que tous les membres de la commission
d'utiliser leur droit de parole sur cet amendement.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, j'ai une question
à poser. La Chambre a adopté combien d'articles jusqu'à
maintenant?
Le Président (M. Tremblay): Non, M. le
député de Fabre, nous n'avons pas à répondre
à cela, nous avons à étudier l'amendement à
l'article 1.
M. Leduc (Fabre): Bien, M. le Président, nous sommes
prêts.
M. Bérubé: Je suis content que vous rappeliez
à l'ordre le député de Fabre qui est néanmoins un
excellent parlementaire mais...
M. Ryan: Je veux simplement vous rappeler, en reprenant le
débat sur l'amendement à l'article 1, que dans mon bureau j'ai un
dossier d'au moins six à huit pouces d'épaisseur relatif à
la question que je voulais vous poser, mais qu'on trouvera le moyen de la poser
au cours de la journée sous d'autres formes.
À propos de l'amendement que nous avons proposé, j'en
reviens aux considérations de base que nous avons formulées hier.
Est-ce que le ministre a dit qu'il y avait... oui, le ministre a annoncé
des amendements subséquents, cela est un problème. Je ne sais pas
comment on va le résoudre d'ici à la fin de l'examen de nos
travaux parce que, là, il nous dit et il répond à
l'article 1 par l'article 288 et, moi, je serais porté à
répondre par l'article 261 et par l'article 450 ou d'autres. Vous allez
me dire, M. le Président, dans votre logique habituelle: On va les
prendre un par un et on verra. Dans la mesure où nous procédons
ainsi, nous procédons avec les lumières dont nous disposons
à ce moment. Dans l'état actuel de nos lumières, je
maintiens très fermement cette proposition d'amendement que nous avons
faite.
Je crois que, si nous voulons que la réalité et les
besoins de l'éducation des adultes soient reconnus d'une manière
claire, explicite et efficace dans la Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public, il faudrait le dire quelque part d'une manière nette.
Il faudra surtout, si l'on veut que l'objectif d'accessibilité soit une
caractéristique dominante du projet de loi que nous étudions, que
cet objectif soit assuré dans les meilleures conditions possible. Je
crois avoir donné des indications, hier, en comparant le texte qu'on
nous propose à celui de la loi actuelle de l'instruction publique. Je
crois avoir montré que, sur certains points, nous sommes menacés
de recul plutôt que de progrès et ce, à la veille de
l'année 1985.
Je voudrais rappeler que le droit des adultes à
l'éducation primaire et secondaire est un droit qui est de plus en plus
généralement reconnu. Je me souviens qu'il y a vingt ans
déjà j'ai participé à une conférence
internationale convoquée par l'UNESCO sur l'éducation des
adultes. Dès ce moment - vers 1961 ou 1962 - je me souviens qu'un
représentant de l'Union des républiques socialistes
soviétiques qui représentait son pays à la
conférence avait déclaré que cet objectif,
l'égalité et la
gratuité de l'accès à l'éducation jusqu'au
niveau secondaire inclusivement, était le postulat de base qui
présidait à toute la politique de l'éducation de l'Union
des républiques socialistes soviétiques.
À ce moment, nous pensions - avec raison dans certains cas,
peut-être avec moins de raison dans d'autres - que nous étions
beaucoup en avance sur ce pays en matière d'éducation. Cela est
il y a 20 ans. Je trouve que les hésitations que manifeste le
gouvernement non pas seulement depuis le dépôt du projet de loi,
mais depuis au moins un an, depuis qu'il a fait connaître sa politique en
matière d'éducation des adultes, sont étonnantes et
très décevantes.
Je souligne en dernier lieu que de prétendre, comme on le fait
dans le projet de loi à l'article 1, qu'on va offrir d'un
côté les services de l'enseignement d'une manière gratuite
mais que, de l'autre côté, pour le reste tout va dépendre
du cadre dans lequel la commission scolaire va offrir les autres services
éducatifs qui vont avec les services de l'enseignement, cela ne marche
pas parce que la conception que nous avons de l'éducation aujourd'hui
implique que l'enseignement, pour produire tous ces résultats, doit
être soutenu, entouré, complété et parfois
précédé, mais, à tous égards,
renforcé par des services éducatifs comme ceux qui sont
mentionnés à l'article 21 et aux articles suivants. Nous voulons
que l'accès à ces services soit garanti aux adultes.
Je ne pense pas qu'on puisse accorder beaucoup de foi à
l'argument qu'on nous a présenté hier voulant que le service
d'orthophonie, par exemple, tout en étant disponible pour des
élèves qui en ont besoin, ne puisse être disponible pour
n'importe qui le demanderait. C'est évident qu'un service d'orthophonie
va être disponible pour des enfants qui en ont besoin. Il me semble que
cela va de soi. Le service de psychologie, ce n'est pas tous les jours que tous
les enfants vont recourir à cela, mais il faut qu'il soit disponible
pour tous les enfants qui en ont besoin. Le malheur est que, si on ne le
formule pas dans des termes très généraux, on ne sait pas
lesquels parmi les enfants qui fréquentent une école auront
besoin de se prévaloir de ces services. Il faut que la
possibilité de s'en prévaloir soit ouverte à tous, tout en
sachant que l'exercice de ce droit ne sera pas réclamé ou
actualisé par tout le monde.
Dans ces conditions et étant donné ces
considérations, je propose que nous adoptions l'amendement qui a
été mis de l'avant par le député d'Argenteuil au
deuxième alinéa de l'article 1 et que les mots "dans le cadre des
programmes offerts par la commission scolaire" soient biffés.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je crois avoir
fait progresser néanmoins par notre discussion le député
d'Argenteuil qui a perçu plus clairement, en tous les cas, une des
caractéristiques des services éducatifs
complémentaires.
Tel que l'article 1 est rédigé, il est dit clairement que
toute personne âgée de cinq ans et plus a droit à des
services, par exemple, d'enseignement et ce - c'est implicite dans cet article
- dans le cadre des régimes pédagogiques. Si on va plus loin
concernant les services d'enseignement proprement dits, on verra que ceux-ci
sont régis par un règlement gouvernemental. Il faut donc lire,
à l'alinéa 1, implicitement que toute personne âgée
de cinq ans et plus a droit à des services d'enseignement dans le cadre
des régimes pédagogiques. Même si les termes ne sont pas
indiqués à l'alinéa, ils sont implicites et on les
retrouve de façon explicite plus loin, lorsque l'on définit les
services en question.
Le deuxième alinéa, lui, dit que la personne a
également droit aux autres services éducatifs - on parle des
services complémentaires et des services particuliers - dans le cadre,
cette fois, des programmes offerts par la commission scolaire. Il s'agit donc,
chaque fois, de baliser l'exercice du droit tantôt par un
règlement ministériel, tantôt par un règlement de la
commission scolaire.
Plus loin dans le projet de loi, on verra que l'État fait
obligation dans la loi à la commission scolaire de se doter de tels
services complémentaires et de tels services particuliers. Il y a
obligation de se doter de programmes, mais il n'y a pas de contrainte quant au
contenu du programme. Ce qui est donc en cause ici, ce n'est pas dans le point
souvelé par le député d'Argenteuil, c'est-à-dire
des limitations qu'apporterait au droit l'expression "dans le cadre des
programmes offerts", mais plutôt le problème que représente
l'absence de réglementation gouvernementale pour délimiter le
cadre de tels programmes. C'est ce qui est en cause.
En fait, ce qui est en cause, c'est une volonté assez typiquement
bureaucratique libérale d'accroître de façon substantielle
et méthodique le contrôle étatique normatif sur absolument
tout ce qui se passe dans la société. Or, nous l'avons
très clairement exprimé et indiqué à
l'Assemblée nationale, lors du discours en deuxième lecture et
lors de mon introduction aux travaux de la commission parlementaire, le
présent projet de loi représente une réelle
décentralisation et ce, plus particulièrement au niveau
pédagogique où les commissions scolaires retrouvent une marge de
manoeuvre, une capacité de prendre des décisions sur le plan
pédagogique que la loi actuelle ne leur
laissait pas, bien que, soit dit en passant, si la loi actuelle est
beaucoup plus générale, elle pourrait porter à des
interventions beaucoup plus importantes de la part du ministre dans la vie
quotidienne des commissions scolaires dans la pratique. (12 h 30)
Les régimes pédagogiques adoptés dans le cadre
réglementaire prévu par l'ancienne loi n'ont jamais
comporté ou ne comportent pas de balises concernant de tels services
complémentaires. En effet, il est très difficile, lorsqu'il
s'agit de services... Là-dessus, le député d'Argenteuil a
finalement compris que des programmes de services complémentaires ne
doivent être accessibles qu'à ceux qui en ont besoin.
Or, si on veut donner un droit à quelqu'un, il faut donc
également inscrire dans la loi quand il en a besoin, s'il veut pouvoir
exercer ce droit. Écrire dans une loi quand une personne a besoin de
services complémentaires, cela nous oblige à tenter de
prévoir à l'avance une quantité de situations quasi
impossibles à prévoir dans une loi, ce qui nous obligerait
à le prévoir dans un règlement, mais le problème ne
serait que reculé, puisque ce qui est difficile à faire dans une
loi le serait tout autant au niveau du Conseil exécutif.
Si on se reporte, de plus, aux perpétuelles
jérémiades de l'Opposition concernant la législation
déléguée et la tendance dans nos lois à
déférer à l'Exécutif un pouvoir de
réglementation trop vaste qui ne permet pas de bien cadrer l'action du
Parlement, si on ajoute l'ensemble des interventions de la députation,
on est bien obligé de dire que, un, ils reconnaissent que pour donner un
droit qui n'est pas universel, mais qui doit s'appliquer à quelqu'un qui
a véritablement un besoin il faut, dans la loi, définir le
besoin.
Comme cela s'avère complexe, il faudrait le définir par
réglementation. Comme l'Opposition s'oppose à cette tendance
à accroître l'importance de la législation
déléguée, je trouve, dans tous les points de vue
exprimés par l'Opposition dans le passé, matière à
rejeter l'amendement proposé.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): II y a quelque chose, M. le
Président, qui me frappe. Le ministre disait: Écoutez, dans le
premier paragraphe, au premier alinéa, ce n'est pas indiqué, mais
il y a une balise implicite. Certes, on doit comprendre que c'est dans le cadre
du régime pédagogique. Ce n'est pas indiqué, mais c'est
implicite. Alors, pourquoi ne pas faire la même chose, à ce
moment-là, au deuxième alinéa? C'est ça que je ne
comprends pas. J'essaie de comprendre sa logique, car il dit qu'au premier
alinéa on ne l'indique pas, mais c'est implicite, c'est là, alors
qu'au deuxième alinéa il dit: C'est très important.
Je serais peut-être tenté de dire qu'il a peut-être
raison, dans une certaine mesure. Je prends le cas des services
complémentaires. Si on prend l'article 7, on dit: Des services de
psychologie et d'orthophonie. Je pense au cas de l'enfant qui a une assez bonne
élocution, mais dont la mère pourrait espérer qu'il en ait
encore une meilleure. Est-ce qu'on ne pourrait pas exiger, à ce
moment-là, que l'enfant reçoive des services d'orthophonie qui,
en soit, pourraient améliorer son élocution, même si
l'élocution peut être satisfaisante, mais la mère ne
trouverait pas que l'enfant a une élocution suffisamment
adéquate?
Je voudrais savoir du ministre comment il peut soutenir qu'au premier
alinéa ça doit s'inférer - c'est là; ce n'est pas
indiqué, mais ce n'est pas nécessaire - alors qu'au
deuxième alinéa, c'est important qu'on l'indique. Si vous voulez
être logique, M. le ministre, mettez-le également dans le premier
alinéa: Dans le cadre du régime pédagogique.
M. Bérubé: C'est dommage que mon explication de
tantôt n'ait pas été entendue par le député
de Saint-Laurent. Il trouvera réponse à sa question à la
lecture du projet de loi, quand il constatera que dans le cas des services
d'enseignement le contenu est défini par un règlement
gouvernemental. Ceci est clairement explicité, alors que dans le cas des
services complémentaires il n'y a pas de règlement
gouvernemental.
C'est ce qui explique pourquoi, dans le premier cas, il n'est pas
nécessaire de limiter le droit puisque ce droit sera limité
ultérieurement par le règlement concernant les régimes
pédagogiques, alors que dans le deuxième alinéa, comme il
n'y aura pas de limitation réglementaire aux services éducatifs
complémentaires, à ce moment, il faut que ce soit l'alinéa
lui-même qui fasse référence à ce cadre que
représente un programme.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, avez-vous d'autres questions?
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, cela va.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement du député d'Argenteuil? M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Une dernière remarque, M. le Président. Je
m'étonnais d'entendre le ministre dire tantôt que le Parti
libéral a
toujours voulu multiplier les réglementations de toutes sortes
sur le dos des personnes, alors que c'est le spectacle dont nous avons
été les témoins, à peu près sans
interruption depuis huit ans, sous la direction du gouvernement actuel. On ne
peut pas laisser passer une affirmation aussi grosse sans au moins replacer les
faits.
Le régime du gouvernement actuel s'est caractérisé
par la multiplication de bureaucraties, de sociétés de
contrôle de toutes sortes, de réglementations que plus personne
n'arrive à lire tellement elles sont abondantes et multipliées.
Lorsque le Parti libéral a fait des réglementations, il en a fait
et il a institué des contrôles, c'est vrai, mais c'était
toujours dans un but qui est profondément libéral, celui de
garantir des droits fondamentaux à des personnes, de garantir l'appui de
la loi et de l'appareil gouvernemental à la jouissance de certains
droits sans lesquels l'existence plénière, comme personne
humaine, était rendue impossible. Cela, c'est un trait de la
pensée libérale.
Vous avez raison de souligner qu'elle n'a pas eu peur de recourir
à la puissance de l'État quand c'était pour soutenir les
droits fondamentaux des personnes. Il n'y a pas un parti qui a fait avancer
autant les droits fondamentaux des personnes dans l'histoire
québécoise que le Parti libéral. De ce côté,
il est bien fier et, s'il n'avait pas accepté de recourir à la
puissance de l'État pour le faire, il aurait tout simplement
été inactif et impuissant.
Dans le cas du droit à l'éducation, c'est un des droits
les plus fondamentaux qu'on puisse imaginer. On a entendu des thèses,
comme celles qui étaient implicites dans ce qu'a dit le ministre
tantôt, à combien de reprises dans le passé. Nous avons
toujours insisté pour que la société s'acquitte de ses
responsabilités envers ses citoyens.
Quand il s'agit, d'autre part, de citoyens qui veulent prendre leurs
responsabilités, qui veulent prendre des initiatives, qui veulent agir,
en particulier, dans le domaine économique, nous avons demandé
à l'État d'éviter de multiplier inutilement les
contraintes et les barrières qui découragent l'initiative autant
sous la forme de contrôles que sous la forme de charges fiscales
excessives. Dans ce sens, je pense qu'il y a une opposition profonde entre les
deux partis qui n'est pas du tout celle à laquelle a fait allusion le
ministre tantôt. Dans ce cas particulier, je suis très fier de
maintenir la position que j'ai soutenue depuis le début du
débat.
M. Bérubé: En réponse à
l'argumentation du député d'Argenteuil, je serai encore plus bref
qu'il ne l'a été pour souligner qu'on n'a qu'à examiner la
croissance des appareils bureaucratiques en termes de nombre d'employés
sous l'administration libérale et sous la nôtre pour constater
qu'il y a moins de fonctionnaires chargés d'effectuer de tels
contrôles aujourd'hui qu'il n'y en avait même en 1974,
premièrement, M. le Président.
Deuxièmement, lorsque le député d'Argenteuil se
réfère à la multiplication d'organismes de contrôle,
il y a eu une spécialisation des organismes qui n'entraînait pas
souvent une multiplication du nombre total d'employés, bien au
contraire, une réduction, mais une clarification de leurs mandats
respectifs de telle sorte qu'on ait des unités
généralement plus opérationnelles. Là-dessus, le
député d'Argenteuil confond souvent un grand nombre de
décisions qui ont été prises visant à clarifier des
mandats, plutôt que de multiplier des structures administratives.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je crois que, vendredi dernier, le
député d'Argenteuil a soulevé le problème des
objectifs d'éducation. Toute l'idée d'inscrire dans la loi
certains objectifs précis auxquels les commissions scolaires doivent
répondre a été refusée. C'est regrettable parce que
encore, ici, sans objectif, la solution présentée par le
ministre, pour les articles 288 et 289, ne résout pas le
problème. Il n'y a aucune obligation; même les objectifs de
l'enseignement et des services éducatifs ne sont pas
précisés.
Donc, la carence entre le droit de chaque enfant à une
éducation qui réponde à son plein épanouissement et
l'obligation de la commission scolaire de fournir des services
appropriés aux besoins individuels est encore là. La seule
façon d'essayer de fermer cette carence entre le droit et l'obligation,
c'est de préciser dans l'article 1 le droit de tout enfant à
recevoir des services éducatifs appropriés à son plein
épanouissement ou quelque chose comme cela. Parce qu'on précise
plus tard, aux articles 21, 22 et 23, les services éducatifs qui
pourraient exister, mais c'est totalement laissé à la
discrétion de chaque commission scolaire, les services qu'on voudra
établir.
Cela est inacceptable. La situation est encore plus grave pour les
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage parce que, surtout pour
ces enfants, il y a toutes sortes de zones grises. Il y a des enfants qui ont
un peu de services supplémentaires, d'autres qui auront besoin de toute
une gamme de services complémentaires et particuliers. Pour ces enfants,
il n'y a rien ici qui oblige les commissions scolaires à établir
des services. Une commission scolaire pourrait toujours dire: Alors, on n'offre
pas un service approprié à votre enfant. C'est
exactement ce qui se passe.
J'ai ici toute une gamme de mémoires qui étaient
présentés lors du projet de loi 40. Chaque mémoire dit
exactement les mêmes choses. On répète le manque
d'obligation pour la commission scolaire de donner des services individuels
avec une gamme de services qui pourraient être différents d'une
commission scolaire à l'autre. Mais il y a certains services de base
qu'il faut déterminer comme obligations pour les commissions scolaires.
Donc, on ne doit pas faire une différence ici entre les services
d'enseignement et les services éducatifs qui pourraient être
offerts, parce que c'est un atout. Il faut l'ensemble des services disponibles
pour chaque enfant, pas nécessairement utilisés par chaque
enfant, selon leurs besoins individuels.
Le Président (M. Tremblay): D'autres interventions? M. le
ministre.
M. Bérubé: Oui, M. le Président, merci. En
fait, en réplique à la députée de Jacques-Cartier,
je pense que son intervention vient de ce qu'il y ait à nouveau une
incompréhension quant au sens de l'organisation scolaire et des
objectifs poursuivis dans le présent projet de loi.
À partir du moment où la commission scolaire est un
organisme où l'on retrouve des élus locaux, qui,
reconnaissons-le, peuvent avoir des intérêts autres que ceux des
parents, mais également regroupe des représentants des conseils
d'école, on crée ainsi un mécanisme pour faire en sorte
que, lorsque la commission scolaire ne répond pas correctement aux
besoins des enfants, il existe un mécanisme démocratique de
réaction rapide. (12 h 45)
Si on parlait simplement d'un gouvernement local élu aux trois
ans, on pourrait comprendre l'argumentation de la députée de
Jacques-Cartier, en ce sens qu'il faudrait attendre l'élection suivante
pour convaincre l'électorat de se débarrasser de ce conseil de
commission scolaire qui ne donne pas de véritables services
adéquats aux enfants. Je comprendrais, à ce moment-là, que
nous devions attendre à tous les trois ans, surtout dans le cadre d'un
processus démocratique où, évidemment,
l'intérêt de l'électorat n'est pas nécessairement
l'intérêt de l'enfant et, par conséquent, le mandat
électoral qu'il doit confier à ses commissaires va prendre en
compte d'autres considérations que celles du bien de l'enfant.
Dans ces conditions, il est clair que si on avait une commission
scolaire avec purement des élus locaux il y aurait un plus grave danger
que se produise ce dont parle la députée de Jacques-Cartier.
Mais, justement, le présent projet de loi fait en sorte qu'il y ait plus
de pouvoirs délégués à la commission scolaire, mais
également qu'on s'assure qu'il y ait une boucle de rétroaction,
que l'action d'une commission scolaire dans l'école remonte beaucoup
plus rapidement au conseil de la commission scolaire que dans le système
actuel où cela peut remonter aux trois ans dans le cadre d'une
élection.
C'est cela, l'équilibre, la logique du projet de loi: plus de
responsabilités au conseil des commissions scolaires et une plus grande
sensibilité du conseil des commissaires à la
réalité vécue des écoles. C'est la mécanique
et je pense que beaucoup de craintes exprimées par la
députée de Jacques-Cartier trouveraient réponse si elle
acceptait la logique même du projet.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le Président, le problème est
qu'il faut être cohérent. Je suis tout à fait d'accord
qu'on établisse des gouvernements locaux. Je suis décentraliste
par nature. Le problème est que chaque commission scolaire est à
la merci du gouvernement sur le plan financier. Pour être logique avec la
pensée du ministre, il faut donner plus de marge de manoeuvre aux
commissions scolaires sur le plan de la taxation. Comme chaque commission
scolaire est très, très limitée sur le plan financier, il
faut rétablir ici certaines bases minimales parce que je crois que le
gouvernement a le droit d'établir des standards au moins minimaux et,
par conséquent, le gouvernement a l'obligation de fournir les fonds pour
appuyer ce minimum.
Donc, chaque droit amène une obligation, d'abord des commissions
scolaires, des enseignants naturellement, des commissaires d'écoles et
du gouvernement parce que, si trop de discrétion est laissée aux
commissions scolaires en ce qui concerne cette base minimale, le gouvernement
pourrait toujours dire, et cela arrive déjà: Alors, vous avez un
budget global, arrangez-vous. On pourrait couper les services d'animation, les
services d'orientation scolaire. C'est exactement ce qui s'est passé
dans des commissions scolaires, faute d'argent.
Donc, comme c'est une raison capitale pour moi, comme on a au
Québec un système très centralisé sur le plan
financier, on ne peut pas laisser au hasard les obligations minimales des
commissions scolaires.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, à moins que M. le ministre n'ait une intervention
à faire.
M. Bérubé: Non, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Bérubé: Sauf qu'il est vrai, ce que dit la
députée de Jacques-Cartier; les budgets globaux accroissent
l'autonomie des commissions scolaires et leur permettent effectivement de
réallouer les sommes là où elles l'entendent. Mais,
à nouveau, c'est avoir bien peu de soucis vis-à-vis de la
démocratie locale.
Tout récemment, j'avais affaire à une commission scolaire
et à des parents d'élèves en difficulté
d'apprentissage, lesquels se plaignaient de ce que la commission scolaire
allait supprimer un poste d'éducateur pour s'occuper de leurs enfants.
Évidemment, plainte de la commission scolaire retournée
directement au ministère en disant: Écoutez, il faut le faire
pour des raisons de compressions budgétaires.
C'est tout à fait défendable, mais, quand même,
avant d'acheter l'argumentation, j'ai voulu examiner article par article la
répartition de tous les postes d'enseignant à l'intérieur
de la commission scolaire au niveau primaire de manière à voir
si, effectivement, elle avait utilisé toute son enveloppe. Qu'est-ce que
je constate? La commission scolaire avait pris un certain nombre de
décisions politiques d'allouer, au-delà de ce que les conventions
collectives prévoyaient, un certain nombre de postes d'enseignant de
façon tout à fait valable, je ne critique pas, mais de les
assigner, par exemple, au niveau primaire, à la première
année pour avoir des groupes un peu moins nombreux et un climat plus
favorable au sein de la classe lorsque les jeunes enfants arrivent à
l'école. Ceci allait au-delà de ce que, normalement, les
conventions collectives prévoient.
C'était un choix politique que prenait la commission scolaire.
Evidemment...
Une voix: ...pédagogique.
M. Bérubé: Oui, politique et pédagogique,
mais politique parce que c'était une décision d'allocation de
ressources en fonction d'un ensemble de priorités. Et elle avait le
choix de mettre son argent là plutôt qu'ailleurs. Cela, c'est une
décision qui doit être prise par un organisme local. Il s'est
avéré que, les parents des élèves en
difficulté ayant fait des protestations, la commission scolaire a
réévalué son budget et a fini par dénicher la somme
nécessaire pour maintenir le deuxième éducateur.
J'explique cela à la députée de Jacques-Cartier pour faire
ressortir ce qu'est un gouvernement local, ce qu'elle a tendance à
oublier dans son intervention.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je serais
peut-être favorable, je suis sympathique à ce qu'il y ait
peut-être un "nonobstant". Le ministre nous a expliqué qu'il
fallait peut-être qu'il y ait une possibilité de
dérogation, mais quand il dit qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter
parce que maintenant, à la commission scolaire, il n'y a pas seulement
des commissaires, mais il y a des parents, je ne vous le cache pas, je ne le
suis pas du tout.
D'abord, est-ce que ces parents seront majoritaires au conseil de la
commission scolaire? Sûrement pas, à mon sens, s'il fait une
différence si grande entre ceux qui pourraient provenir des parents et
ceux qui sont commissaires, comme si des commissaires, ce n'étaient pas
des parents. Dans 85% des cas, on établit que ce sont des parents. Il
nous dit: Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas nécessaire... On
peut maintenir un "nonobstant" parce que, maintenant, c'est assuré qu'il
va y avoir des parents à la commission scolaire et ils vont voir
à protéger les enfants. Je ne vous cache pas que je n'embarque
pas du tout là-dedans, on ne me vendra pas cela. Qu'on me dise qu'il y a
peut-être d'autres façons de protéger, peut-être. Je
le répète, peut-être; je pense que si on enlève
complètement le bout de phrase que, dans certains cas, cela pourrait
être embarrassant.
Il y a une autre chose: dans l'ancienne loi, il n'y avait pas ce
"nonobstant" et on nous a dit hier soir qu'il n'y avait jamais eu de
problème. Je serais peut-être tenté de dire: À ce
moment, le député d'Argenteuil a raison. Jusqu'à
maintenant, il n'y a jamais eu de problème avec l'ancienne loi, il n'y
avait pas de "nonobstant" et cela fonctionnait très bien. À ce
moment, pourquoi ne pas s'assurer que la protection soit plus forte que moins
forte? Si la seule protection qu'on a, c'est celle qu'il y aura des parents au
niveau de la commission scolaire, c'est dommage, je n'achète pas cela du
tout. Il y en avait, des parents, il y en a encore et il y en a toujours eu.
Quand j'étais à la commission scolaire, il y avait onze
commissaires, on était onze parents. Quand on venait nous dire qu'on
n'était pas des parents, ou qu'il fallait tenir compte de l'opinion des
parents, cela me faisait sourire. Pas du tout.
Maintenant, je le répète, à choisir une formule ou
l'autre, je suis peut-être rendu à me dire: Peut-être qu'on
serait aussi bien de prendre la formule du député d'Argenteuil
parce que, dans le passé, cela n'a jamais créé de
problème et dans l'ancienne loi, la Loi sur l'instruction publique, cela
ne créait pas de problème; jamais personne ne s'est plaint.
J'aurais peut-être une question pour finir. Si le programme - on
enlève "dans le cadre des programmes offerts par la commission scolaire"
- n'était pas donné au
niveau de la commission scolaire, si on ne donnait pas des services
d'orthophonie, de psychologie, qu'est-ce qui se produirait?
M. Leduc (Fabre): De soutien linguistique.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qu'est-ce qu'il va se produire,
à ce moment-là? La commission scolaire ne les donne pas, parce
qu'on suppose qu'elle a de bonnes raisons pour ne pas les donner. Si un parent
le demande - je suppose que s'il y en a plusieurs qui le demandent, on va
donner le service - ou une couple de parents, qu'est-ce qu'il va se produire?
Est-ce que cela va être la catastrophe? Est-ce que la commission scolaire
ne pourrait pas soutenir qu'elle n'est pas en mesure de donner ces services? Et
je pense que... En tout cas, je ne sais pas où cela pourrait se
ramasser, même si cela allait à la cour, je ne pense pas qu'un
juge serait tellement enclin à dire "vous allez donner ces services
à un seul enfant, car ce n'est pas indiqué "le nombre le
justifiant"".
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Bérubé: Vous reconnaissez donc que l'amendement
est...
M. Leduc (Fabre): C'est cela, M. le Président, le
député de Saint-Laurent reconnaît la
nécessité de ce bout de phrase qui, finalement, permet à
la commission scolaire de juger quels sont les services complémentaires
qu'elle doit offrir à sa population en fonction des besoins de la
population et des moyens dont elle dispose. C'est tout ce qui est dit.
Le député de Saint-Laurent donne un exemple: un ou deux
enfants qui auraient besoin de tels services, disons le soutien linguistique.
Il peut arriver que, dans une petite commission scolaire, ce service soit
réclamé par quelques enfants et que cette dernière n'ait
pas les moyens d'engager le personnel requis pour donner ce service. Si on fait
abstraction de cette petite phrase, cela signifierait qu'on pourrait exiger
l'engagement du personnel requis pour offrir ce service. Le
député de Saint-Laurent avoue que c'est une décision qui
relève de la commission scolaire. C'est tout ce que dit le bout de
phrase en question sur lequel on discute.
Il me semble qu'il faut laisser au milieu la possibilité de
porter un jugement. C'est tout ce que la loi dit. Dans la mesure où ce
bout de phrase ne vise pas à enlever des droits, mais vise tout
simplement à laisser au milieu la possibilité de porter un
jugement en fonction de ses moyens, de ses possibilités et de la demande
de services requis par une ou quelques personnes, je pense qu'il est tout
à fait normal qu'on maintienne une phrase qui justifie cela.
C'est pour cela, dans ce contexte, qu'il m'apparaît que les
arguments de l'Opposition se situent beaucoup dans l'abstrait. Je ne suis pas
intervenu beaucoup dans ce débat parce que je trouve que l'Opposition
parle beaucoup de façon théorique. L'Opposition n'a pas
été capable... J'aurais aimé entendre l'Opposition,
puisqu'on est rendu qu'on consacre des heures à une discussion sur un
bout de phrase, nous montrer véritablement l'importance d'enlever ce
bout de phrase à partir d'exemples concrets qu'elle aurait pu nous
donner, de la façon dont cela se passe actuellement dans les commissions
scolaires. Ce n'est pas...
Mme Lavoie-Roux: ...de l'enfance inadaptée.
M. Leduc (Fabre): Oui, mais l'Opposition n'a pas donné un
exemple précis d'une commission scolaire qui, effectivement, n'aurait pu
offrir des services concrets à des élèves, dans la
situation actuelle. Je suis certain que dans toutes les commissions scolaires
du Québec, présentement - je n'ai pas fait d'enquête, mais
j'en suis pas mal certain - on ne peut offrir à 100%, de façon
absolue, tous les services. Si on est d'accord sur cela, on est d'accord pour
laisser au milieu le soin de porter un jugement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre, je m'excuse, je sens que vous étiez en train de les convaincre,
mais il est 13 heures et je dois suspendre nos travaux jusqu'à 15
heures.
M. Leduc (Fabre): C'est dommage, M. le député!
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 24)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux et la parole
était au député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Au moment
où vous m'avez interrompu...
Une voix: Bêtement.
M. Leduc (Fabre): ...pour des raisons tout à fait normales
puisqu'on était rendu à 13 heures, j'en étais à
convaincre l'Opposition en face de nous de la nécessité de
laisser tomber son amendement pour la simple raison que depuis qu'on discute de
cet
amendement qui a été proposé par le
député d'Argenteuil, l'Opposition n'a pas réussi à
démontrer la nécessité d'enlever ce bout de phrase de
l'article 1.
Je disais, M. le Président, au moment où j'ai
été interrompu, que la thèse de l'Opposition me semblait
assez théorique puisqu'elle a été incapable de nous
dire...
Une voix: Incapable, c'est le mot.
M. Leduc (Fabre): ...incapable... Impuissante...
Une voix: Impuissante.
M. Leduc (Fabre): ...à nous dire ce qui se passe
réellement dans les commissions scolaires. La députée de
Jacques-Cartier nous a parlé de coupures, de compressions, mais, je pose
la question à Mme la députée de Jacques-Cartier parce que
si j'ai bien compris - et je suis sûr que ce n'est pas cela qu'elle a
voulu dire, mais c'est que, tout de même, c'est là que nous
conduit son raisonnement - il faudrait prendre en compte toutes les demandes
des commissions scolaires et il faudrait que le gouvernement réponde
à toutes les demandes des commissions scolaires, ce qui nous conduit, M.
le Président, à l'absurdité.
Je pense qu'on ne peut pas reprocher cela au gouvernement. C'est son
rôle de fixer un budget pour les commissions scolaires et de laisser
à celles-ci le soin de définir au niveau local, non pas les
services parce que les services complémentaires, les services
particuliers, les services d'enseignement sont définis dans le
régime pédagogique. Les commissions scolaires doivent donc,
mettre sur pied des services tel que cela est prévu dans les
régimes pédagogiques.
Mais, les commissions scolaires doivent-elles répondre à
tous les besoins de façon absolue même s'il n'y a pas, comme cela
peut arriver dans certaines commissions scolaires, suffisamment
d'élèves pour un service désiré. C'est là,
la question.
D'où la nécessité d'indiquer que c'est dans le
cadre des programmes définis par les commissions scolaires. Là,
on peut voir des programmes différer d'une commission scolaire à
une autre. Ce que je comprends de l'Opposition, c'est qu'il faudrait que le
gouvernement impose des programmes uniformes d'une commission scolaire à
une autre dans le Québec, de telle sorte que les commissions scolaires,
quels que soient les besoins au niveau local, y répondent de
façon absolue. C'est ce que je comprends, M. le Président, et
ça nous conduit à la thèse adverse qu'a toujours
défendue, à mon point de vue, l'Opposition.
L'Opposition défend le gouvernement local. Comment justifier la
position de l'Opposition qui défend le gouvernement local et qui semble
demander au gouvernement d'imposer aux commissions scolaires des programmes de
façon absolue, même si les commissions scolaires n'ont pas les
moyens d'offrir lesdits programmes au niveau local?
Si l'Opposition veut être plus convaincante qu'elle ne l'a
été jusqu'à maintenant, il faudrait qu'elle nous dise
quelles commissions scolaires précisément, auQuébec, n'ont pu répondre à des besoins locaux.
Je demanderais à l'Opposition de cesser de parler dans l'absolu,
de cesser de faire des théories, des belles théories - nous
aussi, les grands principes, on en est convaincus - de revenir les deux pieds
sur terre et de nous dire véritablement, concrètement s'il y a
des commissions scolaires présentement, en 1984, au Québec, qui
ne sont pas en mesure de répondre aux besoins des
élèves.
Je pense que la question est claire et si l'Opposition, encore une fois,
veut nous convaincre, M. le Président, il faudra qu'elle revienne sur le
terrain...
M. Bérubé: C'est un point qu'il avait oublié
de soulever.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...des choses et nous parle
véritablement de ce qui se passe dans les commissions scolaires.
M. Ryan: Je vais donner mon droit de parole à la
députée de Jacques-Cartier, pour l'instant.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le Président, le député de
Fabre a tout à fait déformé ce que j'ai dit.
Une voix: C'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: C'est effrayant.
Mme Dougherty: II a délibérément mal compris
ce que j'ai dit.
Une voix: C'est vrai.
Une voix: On va l'écouter.
Mme Dougherty: Je crois que le gouvernement a une obligation
d'établir certains standards, d'assurer certains standards minimaux. Le
régime pédagogique n'est pas dans la loi. Le régime
pédagogique pourrait être réécrit demain, cela
n'était jamais débattu par les législateurs. C'est un des
problèmes avec le ministère de l'Éducation, le
régime pédagogique n'était jamais débattu par la
Législature. C'est un
des problèmes avec ministère de l'Éducation. On
doit encadrer certains droits et certaines obligations dans la loi, non pas
dans les règlements, les décrets qui vont suivre et qui
pourraient être changés par n'importe quel gouvernement. Vous
pourriez demander à n'importe quel avocat. On ne peut pas construire une
loi avec certains droits et aucune obligation pour répondre à ces
droits. C'est le but d'une loi d'établir certains droits pour les
enfants et certaines obligations pour tous les intervenants, les commissions
scolaires, le gouvernement. Il faut être logique, autrement dit ces
droits seront absolument vides, il n'y aura pas d'obligation de répondre
à des droits. C'est tout ce que nous voulons dire.
En ce qui concerne... Sur le plan concret, je parle de mon
expérience dans le concret pendant plusieurs années et je vois
des dangers ici à cause de ce que j'ai vécu pendant des
années. Un exemple. Les commissions scolaires pourraient dire: Alors, on
n'a pas tel ou tel service. J'ai travaillé pendant des années
pour et avec les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage et je
connais les dangers. C'est trop facile pour les commissions scolaires de dire:
Alors, ce n'est pas une priorité, on n'a pas de service, cela
coûte trop cher. C'est trop facile pour le gouvernement de dire: Alors,
voilà un budget global, ce n'est pas adéquat, mais arrangez-vous
ou: Nous n'avons pas d'obligation de maintenir un certain minimum de services,
c'est l'affaire de la commission scolaire. La commission scolaire n'a pas de
latitude, sur le plan de la taxation, elle n'a pas assez de latitude pour
être imputable aux besoins de sa communauté. Donc c'est un cercle
vicieux. De ne pas inscrire dans cette loi les droits et les obligations
clairement, c'est un manque de responsabilité de la part du
gouvernement.
M. Bérubé: Très bien.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, j'appuie entièrement ce
qu'a dit la députée de Jacques-Cartier, laquelle a magnifiquement
résumé les inquiétudes fondamentales que nous ressentons
à propos du libellé actuel de l'article. Je pense que nous avons
énoncé nos arguments sur à peu près tous les
aspects. Nous pourrions continuer mais j'en viens à la conclusion que
cela ne servirait à rien à propos de cet article. Par
conséquent je voudrais demander le vote.
Le Président (M. Tremblay): Nous allons voter sur
l'amendement de l'article 1 qui se lit comme ceci:
M. Bérubé: On vote, allez, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Nous votons maintenant sur
l'amendement de l'article 1 qui se lit comme suit...
M. Bérubé: M. le Président, comme d'habitude
je constate - je ne veux pas vous en faire un reproche, mais c'est
régulièrement comme cela - qu'après chaque intervenant, le
ministre a un droit de parole de cinq minutes. J'ai beau vous faire signe
fréquemment, très fréquemment, j'ai beau vous faire signe
- je ne vous le reproche pas en fait - mais il arrive fréquemment
qu'après un intervenant, vous m'oubliiez.
Une voix: Hélas!
M. Laplante: M. le Président, sur une question de
règlement. J'ai souvent observé moi-même, depuis quelques
jours, que souvent M. le ministre lève le doigt. Vous avez dit au
début...
Mme Lavoie-Roux: ...au lieu de lever la main.
M. Laplante: Vous avez exprimé au début votre
désir que chaque intervenant qui voulait parler puisse le faire à
voix haute, mais vous préfériez avoir un signe seulement pour
pouvoir l'inscrire. Il appartient au ministre d'indiquer après chaque
intervention s'il a une réplique là-dessus. Ce serait
probablement plus juste et cela vous aiderait dans vos fonctions, je crois.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez bien raison. Un
article du règlement prévoit que le ministre a cinq minutes
après chaque intervention. J'avoue que, dans ce cas-ci, je n'avais pas
vu le ministre, mais puisqu'il me dit qu'il avait demandé la parole, je
la lui cède pour son droit de réplique de cinq minutes.
M. Laplante: Je vous remercie de votre compréhension, M.
le Président.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Il est
important de clore le débat. Il vaut la peine en fait de résumer
le débat tel que nous l'avons eu. On ne peut pas nier...
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse. M. le ministre a
la parole. Je m'excuse! M. le ministre de l'Éducation, oui.
M. Bérubé: On ne peut nier, M. le Président,
la vision généreuse qui anime le député
d'Argenteuil dans l'amendement qu'il a présenté. Elle part d'un
bon sentiment. Il a reconnu cependant, après notre argumentation,
qu'effectivement, et d'ailleurs plusieurs députés de l'Opposition
l'ont
souligné, des services complémentaires ne pouvaient
être accordés que dans la mesure où il y avait des besoins
et qu'on était obligé d'en tenir compte dans la discussion, mais
que malheureusement l'amendement qu'il nous avait proposé n'avait pas
pris en compte cette réalité. C'est ce qui nous a amenés,
au gouvernement, après avoir essayé de faire un effort loyal de
compréhension de l'amendement libéral, nous avons dû tirer
la conclusion qu'effectivement cet amendement, malheureusement se heurtait
à la difficulté que nous avons soulevée. Comme
l'Opposition n'a pas pu bonifier son amendement, je pense, M. lePrésident, que vous pourriez effectivment demander le vote et on
pourrait le régler.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle le vote sur
l'amendement qui se lit comme suit: Article 1. Biffer au deuxième
alinéa de l'article 1 les mots "dans le cadre des programmes offerts par
la commission scolaire". Quels sont ceux qui sont d'accord avec cette
proposition?
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui. J'appelle les
députés pour le vote. M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Bien que profondément tiraillé, M.
le Président, je vais voter contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour, évidemment.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Une voix: II n'est pas sûr le député de
Sauvé, M. le Président. Voulez-vous lui rappeler la question.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia? Il n'est pas là. M. le député de
Vachon?
M. Payne: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Tremblay): À notre surprise, c'est
6 contre à 5 pour. La motion est rejetée. Nous revenons à
l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ceux qui n'ont pas assisté au
débat d'une question ont le droit de vote?
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée,
si c'était là une règle, il y aurait plus de personnes qui
auraient le droit de vote ici.
Mme Lavoie-Roux: Qui auraient droit de vote?
M. Bérubé: M. le Président, c'est vraiment
la première fois...
Une voix: Vous avez raison, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Ici, ce serait facile de voir...
M. Bérubé: ...que je vois un membre de l'Opposition
s'opposer à ce que le député de Sauvé vote, mais
enfin si le député de Sauvé veut se retirer il n'y a pas
de problème.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Sauvé
était ici hier soir et aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Oui. Il faut le
reconnaître Mme la députée. Il y a toujours des gens qui
s'absentent quelques
instants de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Votre décision est selon les
règlements.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Bérubé: M. le Président. Moi, je suis
venu ici voter pour accélérer les travaux.
M. Champagne: C'est pour cela.
Reprise du débat sur le droit aux services
éducatifs
Le Président (M. Tremblay): Nous discutons sur l'article
1. J'appele donc l'article 1. Vu qu'il n'y a pas de demande d'intervention sur
l'article 1, j'appelle l'article 1 au vote. Quels sont ceux qui sont
d'accord?
M. Ryan: Vote nominal. Vote nominal s'il vous plaît! Nous
vous prévenons, M. le Président. Nous allons demander un vote
nominal à chaque article, à chaque proposition.
Le Président (M. Tremblay): Je vais prendre cela comme
politique générale pour accélérer nos travaux.
C'est le voeu de tous les membres de la commission.
M. Ryan: Pour accélérer, pour faciliter la
clarté. Alors, les historiens...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Sur l'article 1, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. Charbonneau:
Non amendé?
Le Président (M. Tremblay): Non amendé. Telle qu'il
est inscrit.
M. Charbonneau: Je pense que je vais voter pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane.
M. Bérubé: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Tremblay): C'est toujours 6 personnes
pour, 5 personnes contre. Je déclare l'article adopté sans
amendement. J'appelle l'article 2.
M. Bérubé: Après 15 jours de travaux M. le
Président, nous avons adopté l'article 1.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que quelqu'un demande
la parole sur l'article 2?
M. Bérubé: Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Le ministre pourrait-il expliquer en quoi exactement
l'article 2 se distingue de l'article 1. Qu'est-ce qu'il ajoute par rapport
à l'article 1?
M. Bérubé: L'article 2 se présente comme une
restriction à l'article 1. Si vous prenez connaissance de l'article 1,
qui est maintenant adopté, vous constatez que jusqu'à la fin du
secondaire, toute personne âgée de plus de cinq ans a droit
à des services d'enseignement.
Cet article très large voudrait donc dire que quel que soit
l'âge d'une personne, elle a droit à des services d'enseignement.
Cela est vrai pour l'étudiant qui poursuit ses études sur une
base continue. Exemple: Un élève de 20 ans qui est toujours en
secondaire IV mais qui n'a jamais quitté l'école, effectivement a
droit de demeurer à l'école aussi longtemps qu'il le
désire en vertu de l'article 1 et également de l'article 2.
Toutefois, dès qu'une personne majeure a cessé de
fréquenter l'école pendant un an ou plus, depuis qu'elle est
majeure, à ce moment-là - et le cas est différent, plus
souple dans le cas d'une personne handicapée - on dit que cette
personne-là a droit aux services éducatifs prévus par la
présente loi mais avec une restriction dans le cadre des programmes qui
sont offerts à cette catégorie de personnes par la commission
scolaire.
Je peux expliciter le sens qu'il faut donner à cet article qui a
fait néanmoins l'objet d'un débat lorsque nous avons
rencontré l'Institut canadien d'éducation des adultes. Lorsqu'il
s'agit de jeunes clientèles qui ont l'obligation de fréquenter
l'école ou encore, même s'ils ont dépassé
l'âge obligatoire, ils n'ont pas terminé leurs études
secondaires, il est facile pour la société de calculer quelles
clientèles existent dans nos écoles, quels sont leurs besoins. Il
est également possible de prévoir quels services doivent leur
être offerts, quels moyens matériels on doit mettre à leur
disposition. (15 h 45)
Cela est simple, dès que nous faisons appel, dès que nous
voulons donner l'enseignement, devrais-je dire, à une clientèle
dite régulière qui est obligée de fréquenter
l'école. Dès que nous parlons d'éducation des adultes, il
n'y a pas d'obligation pour l'adulte de fréquenter l'école. En
conséquence, elle y va de son plein gré et le processus qui l'y
conduit est plus souvent qu'autrement aléatoire. Il est la
conséquence d'un grand nombre de facteurs qui peuvent aller d'une
campagne de publicité, par exemple... Nous triplons à l'heure
actuelle le nombre de décrocheurs qui retournent aux écoles et
nous le faisons grâce, finalement, à une campagne de
publicité, opération Déclic, dénoncée par le
Parti libéral et qui a comme objectif de sensibiliser les jeunes qui
regardent la télévision à téléphoner au
ministère des Communications où on les met en contact avec ces
divers programmes gouvernementaux, dont le programme de retour à
l'école.
Donc, le retour à l'école pour les adultes est un retour
qu'on peut qualifier d'aléatoire sur lequel on n'a pas beaucoup de
contrôle. Nous mettrions la pédale douce sur les campagnes de
publicité que nous effectuons présentement à la
télévision et à la radio et, sans doute, verrait-on le
nombre de jeunes décrocheurs retournant aux études diminuer.
Donc, il est difficile de prévoir les besoins qui peuvent aller en
croissant comme ils peuvent aller en décroissant. D'ailleurs, c'est un
des problèmes soulevés par les enseignants à
l'éducation des adultes. Us ne peuvent pas profiter d'une
sécurité d'emploi au même titre que les enseignants
réguliers justement parce que les fluctuations dans les
clientèles scolaires, au niveau de l'éducation des adultes,
entraînent des besoins qui, en enseignement, fluctuent de la même
façon. C'est là tout ce problème de mise en place de
l'ensemble des moyens pédagogiques: classes, enseignants, de toutes
sortes, des budgets qui font que l'on doive accorder un droit au jeune adulte
qui veut retourner aux études dans la mesure où, effectivement,
la commission scolaire est en mesure de lui offrir des services qui
répondent à ses besoins. C'est la raison pour laquelle on doit
ajouter une clause dans cet article qui dit bien: "Dans le cadre des programmes
offerts à cette catégorie de personnes par la commission
scolaire."
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, pour être franc, je ne
saisis pas bien l'explication donnée, parce que la formulation du
premier article est "toute personne âgée de cinq ans et plus", ne
comprend pas de limite de fréquentation scolaire continue. Ce n'est pas
du tout indiqué et franchement à moins qu'on fasse la preuve
claire que ce n'est pas compris là-dedans, je trouve qu'on est devant un
cas de tautologie et que tout ce qui est dit dans le deuxième paragraphe
est contenu dans le premier.
Je ne veux pas engager de débat là-dessus parce que cela
ne m'intéresse pas beaucoup. Ils s'arrangeront avec cela. Si cela ne
donne pas de résultats clairs et s'il y a des conflits
d'interprétation entre les deux articles, le gouvernement en portera
seul la responsabilité, parce que nous allons voter contre cet article.
Mais il y a une chose que je voudrais demander à ce stade-ci. Hier, le
ministre a promis de nous apporter ce matin les données sur les revenus
que les commissions scolaires et le réseau d'enseignement primaire et
secondaire retirent des contributions exigées des adultes.
M. Bérubé: Je les avais. J'avais une petite note
griffonnée sur la table ce midi... Grosso modo, de mémoire,
c'était 6 000 000 $ à peu près. Mais, malheureusement, je
l'avais, la note, pour répondre à la question ce matin et je me
rends compte que ce midi elle s'est envolée.
M. Ryan: Le budget total de
l'enseignement primaire et secondaire, en comprenant les revenus que les
commissions scolaires retirent de la taxation, de combien est-il?
M. Bérubé: Ah non, les revenus qu'elles retirent de
la taxation, c'est considérablement plus.
M. Ryan: Je sais, mais ce que je vous demande c'est en tout: le
budget total de l'enseignement primaire et secondaire, celui que le
ministère accorde, les 94% qui viennent du ministère, plus les 6%
que les commissions scolaires vont chercher. Ce n'est pas 6% mais...
M. Bérubé: Le ministère, c'est 4 000 000 000
$, les 6%, c'est 200 000 000 $.
M. Ryan: Pardon? ZOO 000 000 $ plus environ 4 000 000 000 $; cela
fait pas loin de 4 500 000 000 $ en tout. 6 000 000 $ sur 4 500 000 000 $, je
vais demander à l'un de mes collaborateurs de me dire combien cela fait
en pourcentage. Cela doit faire à peu près un millième ou
0,1%. Je n'ai pas ma calculatrice, elle est dans mon autre serviette. Je vais
vous donner cela tout de suite, c'est l'affaire d'un moment, M. le
Président. En attendant, je continue quand même parce que je
n'entends pas parler longuement là-dessus remarquez bien. C'est
essentiellement la même argumentation qu'au premier article,
excepté que, vu l'interprétation que le ministre propose de
l'article 2 et de sa raison d'être, cela nous oblige à parler plus
spécifiquement à la fois... Combien cela fait en pourcentage?
Cela doit faire 1.
M. Bérubé: .015%
M. Ryan: Cela nous oblige à parler... Non, je pense que
votre premier chiffre, c'est plus loin que cela. Il vient après deux,
trois zéros. Le pourcentage exact que ces recettes
représentent...
M. Bérubé: .013%.
M. Ryan: .0013%, un zéro de plus, M. le ministre. Vous
connaissez cela des zéros. Vous êtes fort là-dessus. Vous
êtes habitué de couper ou de faire des lois spéciales.
M. Bérubé: C'est 6 millions sur quatre
milliards.
M. Ryan: Un zéro de plus, cela ne vous dérange pas
dans vos lois spéciales.
M. Bérubé: Bien oui, c'est exactement ce que je
vous dis.
M. Ryan: Admettez-vous ce pourcentage de .0013%?
M. Bérubé: C'est 1.510, exposant 3.
M. Ryan: Contestez-vous ce que je dis? S'il ne le conteste pas,
on va considérer qu'il est acquis. .0013%. C'est ce que
représente... Oui, c'est malheureusement cela! C'est incroyable mais
c'est la vérité. C'est pour cela que le gouvernement se bat.
C'est pour cela que le gouvernement nous fait un auto...
M. Bérubé: Là, il va vous corriger cela. Bon
voilà! Voilà! Vous avez un bon analyste et je vais vous dire
qu'autrefois, on avait des règles à calcul et, malheureusement,
le problème c'était toujours le point décimal.
M. Ryan: Quoi qu'il en soit, le point que je veux souligner est
très simple à faire valoir. Nous nous battons pour une somme
finalement qui est très minime dans l'ensemble des dépenses que
nous consacrons à l'éducation et pour une cause qui est l'une des
plus importantes de toutes. Il s'agit de fournir à notre population
adulte qui, très souvent, n'a pas eu la chance de recevoir une
scolarisation normale, cette égalité d'accès qui doit
être garantie, suivant notre philosophie, à tous les citoyens du
Québec en ce qui touche l'enseignement primaire et secondaire. Vu
justement le caractère très limité des sommes dont il est
question, je ne comprends pas l'entêtement du gouvernement à
vouloir continuer de refuser ce point-là. S'il s'agissait d'une somme de
200 000 000 $ ou 300 000 000 $, je l'avais dit au ministre hier, c'était
probablement quelques millions de dollars et il me disait que c'était
300 000 $. S'il s'agissait d'une somme de 200 000 000 $ ou 300 000 000 $, je
comprendrais, je me dirais il y a un problème là. On n'a pas les
moyens de s'éjarrer. Mais dans l'ordre de grandeur dont nous parlons, je
me sens profondément justifié et obligé d'insister pour
présenter l'amendement que voici à l'article 2. Je propose
l'amendement suivant dont nous allons remettre des copies à nos
collègues.
M. le Président, j'ai passé une mauvaise copie.
M. Bérubé: Ah, voilà l'amendement futur!
M. Laplante: Ce n'est pas écrit sur la coin du table,
c'est beau cela!
M. Ryan: On a compris votre besoin, M. le député de
Bourassa et on veut y répondre...
M. Laplante: On vous remercie, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...dans l'esprit de collaboration qui nous
caractérise.
M. Laplante: Oui, oui, vous êtes gentil!
M. Bérubé: Une collaboration empressée et
rapide.
Une voix: Le ministre ce n'est pas un menteur.
Motion proposant de biffer des mots dans l'article
2
M. Ryan: Je propose que nous biffions dans l'article 2 les mots
"dans le cadre des programmes qui sont offerts à cette catégorie
de personnes par la commission scolaire". C'est bien simple.
J'ai parlé en ce qui touche les étudiants adultes qui ne
sont pas en formation continue et je suis sûr que la
députée de Jacques-Cartier voudra ajouter ses commentaires en ce
qui regarde les élèves, les personnes handicapées pour les
étudiants adultes. Je pense que j'ai dit l'essentiel de ce que j'avais
à dire sur cela à ce moment.
Je souligne encore une fois qu'on nous fait une bataille de principe
autour d'un montant qui ne devrait pas donner lieu à une bataille aussi
mesquine et à une espèce d'entêtement aussi aveugle et
aussi étroit de la part du gouvernement.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
interventions sur la recevabilité?
M. Bérubé: Non. Ah! bien oui, c'est vrai,
j'oubliais. Mais oui, M. le Président. Je sens que vous vouliez
être éclairé, car vous avez perçu avec justesse un
problème de recevabilité.
Je comprends bien que la loi prévoit que ces services seront
gratuits. Deuxièmement, je prévois que, puisqu'ils sont gratuits,
le gouvernement devra les défrayer, c'est d'ailleurs le but de
l'amendement et l'intention avouée du député d'Argenteuil.
Il s'agit donc d'un amendement destiné à entraîner des
déboursés gouvernementaux et de ce fait est irrecevable.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité?
M. Laplante: J'en ferais bien une autre mais c'est tellement
clair ce que M. le ministre vient de lui donner que ce serait... comment est-ce
que l'ancien ministre, M. Laurin, disait cela? super...
M. Bérubé: ...fétatoire.
Mme Lavoie-Roux: Superfétatoire.
M. Laplante: Superfétatoire dans...
M. Ryan: Je crois que là vous avez un problème,
est-ce qu'on discute de la recevabilité de cet amendement?
M. Bérubé: Oui, on vient de tailler en pièce
la recevabilité.
M. Ryan: Nous en avons présenté un plus tôt
ce matin qui était exactement du même ordre et il a
été considéré recevable par tout le monde, y
compris par vous-même. J'espère qu'on n'embarquera pas dans des
décisions contradictoires.
Le Président (M. Tremblay): Par la présidence, oui
effectivement. Il y a eu un amendement ce matin qui a été
déclaré...
M. Laplante: Sur une question de règlement, M. le
député d'Argenteuil.
Le Président (M. Tremblay): ...recevable. Maintenant
est-ce qu'il était...
M. Laplante: Mais ce n'était pas vous qui l'aviez
fait.
Le Président (M. Tremblay): ...identique? Je vous prierais
de me le démontrer.
M. Ryan: Absolument, c'est exactement... Regardez à moins
qu'on n'ait pas été à la même école de
lecture, je pense que c'est évident que...
M. Bérubé: M. le Président, c'est un
blâme...
M. Ryan: Ce sont deux amendements qui vont...
M. Bérubé: ...que vous adresse là le
député d'Argenteuil. C'est un blâme que M. le
député d'Argenteuil vous adresse là.
M. Ryan: Mais pas du tout.
M. Bérubé: Car dans le fond ce qu'il dit c'est que
votre jugement s'était émoussé ce matin et que vous avez
mal fait votre travail.
M. Ryan: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je croyais avoir la parole.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: Vous avez accepté ce matin,
de même que d'ailleurs le côté ministériel...
et quand je me suis exprimé là-dessus ce matin j'avais
prévu l'objection et personne ne l'a soulevée, parce que c'est
évident qu'on discutait dans un cadre beaucoup plus large, un cadre
financier. L'amendement a été reçu et cet amendement-ci
est exactement de la même nature. Les termes ne sont pas exactement les
mêmes mais il est exactement de la même nature que celui de ce
matin. Je ne vois pas comment on pourrait le refuser après avoir
accepté celui de ce matin et avoir discuté sur cela pendant deux
heures.
Le Président (M. Tremblay): En réponse à
ceci, la présidence a à déterminer si une proposition est
recevable ou si elle ne l'est pas mais pour ce faire, la présidence
tient très souvent compte des avis qu'elle reçoit des membres de
la commission sur la recevabilité de la proposition. Ce matin, il
semblerait qu'il n'y ait pas eu de discussion, ni d'un côté, ni de
l'autre de la part d'aucun membre de la commission, à savoir si elle
était recevable ou non. Le président a décidé de la
considérer comme recevable. Maintenant, j'aurai à statuer sur la
recevabilité de ce deuxième amendement et je peux le faire
immédiatement. (16 heures)
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Avant que vous statuiez, je veux vous parler. J'implore
le droit de vous parler.
Le Président (M. Tremblay): Je vous accorde ce droit avec
grand plaisir.
M. Ryan: Je veux signaler à votre attention que même
si on peut invoquer des arguments financiers pour critiquer la position que
prend le gouvernement, l'essence de l'amendement ici n'est pas du tout d'ordre
financier. Il pourrait très bien arriver que nous n'ayons pas cette
clause-ci dans le cadre des programmes offerts à cette catégorie
de personnes par la commission scolaire et que cela n'entraîne aucune
conséquence au point de vue financier. L'élément de
gratuité va être traité à l'article 4 qui s'en vient
tantôt. Ici, ce n'est pas l'élément de gratuité,
c'est le droit d'accès. II pourrait très bien arriver que le
droit d'accès soit accompagné de certaines conditions
financières. On va le voir tantôt cela, mais ici c'est le droit
d'accès que nous ne voulons pas voir limité par des
décisions que pourraient prendre de manière
inconsidérée des commissions scolaires qui décideraient
d'agir dans un esprit tout à fait réactionnaire. Je pense que
c'est bien au- delà des considérations financières et que,
franchement, vous êtes obligé de considérer cet amendement
comme parfaitement recevable.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, mon problème se pose à ce niveau-ci: tout à
l'heure, dans votre première intervention sur l'article 2, vous avez
invoqué la possibilité que la différence entre l'article 2
tel que proposé dans la loi et l'amendement que vous proposez implique
des coûts minimes de 6 000 000 $ de différence. Mais ces
coûts sont reconnus par les membres de la commission à ce
point-ci.
M. Ryan: On ne peut pas jouer en avant et en arrière
là-dedans. Tantôt quand nous discutions, je fonctionnais avec le
fait que vous avez accepté l'amendement puisque j'en discutais la
substance, mais si vous mettez en question la recevabilité, c'est une
tout autre chose. Dans la défense de ma proposition, je peux invoquer un
paquet de considérations, mais quand je vous présente l'argument,
si vous me demandez pourquoi je juge cet amendement-là recevable, il
n'est pas question de considérations financières. Je vous l'ai
établi très clairement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): L'autre matin vous aviez
mentionné qu'il fallait qu'il y ait quatre conditions. On était
d'accord là-dessus?
Le Président (M. Tremblay): Oui, oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): La première était que
l'amendement n'a pas un caractère exécutoire, qu'il n'a pas une
implication directe sur les dépenses d'argent - je ne pense pas qu'il y
ait une implication directe - qu'il soit exprimé en termes
généraux, c'est le moins que l'on puisse dire, dans le cadre des
programmes offerts, sans chiffre, c'est évident. Or, je pense que c'est
complètement différent du cas que l'on a discuté l'autre
jour. Ce n'est pas la même chose du tout, M. le Président.
Même si je n'étais pas d'accord avec la décision qui avait
été prise, je pense qu'ici, c'est beaucoup plus large encore
comme expression: "a droit, dans le cadre des programmes offerts à cette
catégorie de personnes".
Comment pouvez-vous déduire qu'il va y avoir des coûts
à la lecture de cet article, parce qu'on va biffer cette
phrase-là? Je pense qu'il faut aller assez loin pour déduire que
des sommes vont être engagées. À mon
sens, cela ne saute pas aux yeux. Alors que l'autre jour on pouvait
déduire que, définitivement, il y avait des coûts.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, contrairement à
ce que dit le député de Saint-Laurent, je pense que cela saute
aux yeux qu'il va y avoir des coûts puisque, à la section 3 encore
une fois, lorsqu'on définit les services éducatifs, si on ne
situe pas ces services éducatifs à l'intérieur de
politiques, de programmes établis par les commissions scolaires, cela
devient des droits absolus et qui va les définir? L'individu, le
bénéficiaire? Si c'est le bénéficiaire, il peut
bien réclamer tout. Je veux dire qu'il peut réclamer d'avoir une
personne à son service, à la limite. C'est pour cela que cela
doit nécessairement se situer dans le cadre des programmes
établis par la commission scolaire, sinon tout le monde va pouvoir
interpréter cela à sa façon. Et, encore une fois, s'il n'y
a pas de limite aux services éducatifs qui sont établis ici, s'il
n'y a pas un cadre qui permet de limiter ou de définir cela, les
coûts sont illimités. Il y a forcément des coûts qui
sont reliés non pas à l'article mais à ce bout de phrase,
que l'Opposition veut faire disparaître encore une fois.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je me prépare
à déclarer cet amendement recevable. Je m'explique
immédiatement. À la lecture même de l'amendement, on ne
peut pas affirmer qu'il implique des coûts, à mon avis, et que ce
n'est qu'au moment de la discussion et de l'adoption d'autres articles du
projet de loi que nous pourrons déterminer si, effectivement, il y a des
coûts.
Mais nous avons étudié l'article 1 du présent
projet de loi, qui est adopté, et de cet article, je ne peux conclure
qu'il y a, effectivement, augmentation de coûts pour le gouvernement.
Donc, je le déclare recevable.
M. Ryan: M. le Président, est-ce que je pourrais, pour un
motif spécial, demander une suspension de cinq minutes, parce que je
dois faire une consultation avec mes collègues?
Le Président (M. Tremblay): Alors la commission
parlementaire de l'éducation et de la main-d'oeuvre est suspendue pour
cinq minutes.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, est-ce que c'est dans
le cadre d'un "filibuster" ou quoi?
Le Président (M. Tremblay): C'est parce qu'il y a une
tradition qui veut que l'on puisse permettre cela...
M. Leduc (Fabre): Je veux dire, il est 16 h 10...
M. Bérubé: C'est ce que tout le monde pense, tout
le monde dit, mais enfin!
M. Leduc (Fabre): On aimerait cela continuer, M. le
Président, c'est l'objectif de la commission, mais si cela peut
accommoder l'Opposition!
Le Président (M. Tremblay): Alors la commission est
suspendue pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 8)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux et la parole est
au député d'Argenteuil sur l'amendement que j'ai
déclaré recevable et qui se lit comme suit: Biffer de l'article 2
"dans le cadre des programmes qui sont offerts à cette catégorie
de personnes par la commission scolaire."
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je soutiens et je le ferai
brièvement parce que j'ai dit l'essentiel de ce que j'avais à
dire tantôt, avant que cette contestation folichonne soit
instituée. Je soutiens que si ces mots-là étaient
enlevés, cela éviterait que des milliers, peut-être, de nos
concitoyens souffrent de décisions arbitrairement étroites qui
pourraient être prises par telle ou telle commission scolaire. Cela
garantirait à tous l'accès aux services éducatifs
prévus par la présente loi. Nous avons 681 articles après
cela pour établir toutes sortes de limites et de conditions qui
présideront à la distribution de ces services éducatifs
dont nous parlons. Ayons donc, au moins, la générosité,
l'élégance et la grâce, au début, dans ces deux
articles déclaratoires du début du projet de loi, de dire
franchement que l'on reconnaît ce droit aux adultes et aux personnes
handicapées sans ces dangers de restrictions qui pourraient
réduire à l'insignifiance la portée de ces articles.
On parle de faire une loi de l'instruction publique nouvelle
adaptée au besoin d'aujourd'hui. Cessons donc de jouer les
légistes, de verser dans les distinctions étroites et mesquines.
Élevons-nous un petit peu. Pensons aux besoins de ces citoyens qui n'ont
pas eu la chance ou qui se trouvent affrontés à des besoins
nouveaux. Pour y faire face, ils ont absolument besoin de l'aide des services
éducatifs que dispense le
service dans un système d'enseignement public primaire et
secondaire. C'est à ce niveau que nous voulons que le débat soit
porté et c'est pour cela que nous présentons l'amendement et que
nous insistons pour qu'il soit reçu du gouvernement, qu'il cesse de
faire l'objet de démonstrations purement logomachiques, qui occupent le
temps mais qui ne disent rien.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur... Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je n'aimerais pas répéter toute
l'argumentation que j'ai soulevée lors de la discussion sur l'article 1.
Mais, d'insérer une telle phrase ici, les restrictions possibles ici
dans l'article 2 sont tout à fait inaceptables et c'est encore plus
grave d'introduire ces restrictions pour les handicapés.
J'aimerais souligner que cet article, comme il était
rédigé, va à l'encontre de tous les principes, tous les
beaux principes énoncés dans le document du gouvernement, produit
par l'Office des personnes handicapées en 1984. Je trouve que c'est tout
à fait inacceptable, surtout pour les handicapés.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Encore une fois, M. le Président, je
pense que le plaidoyer passe à côté de son objectif. On
prête, encore une fois, à ce bout de phrase des intentions qui,
à mon point de vue, n'ont pas été
démontrées, qui n'ont pas été approfondies par
l'Opposition. L'Opposition parle toujours dans l'abstrait. Elle est incapable
de nous montrer en quoi le fait d'encadrer un droit à l'intérieur
de programmes définis par la commission va léser des
individus.
J'attends toujours les réponses à ma question que j'ai
posée tout à l'heure, M. le Président, et je n'ai pas
encore eu de réponse. À mon point de vue, tout individu -c'est
écrit dans le cadre de l'article 2 -toute personne majeure a droit, dans
le cas d'une personne handicapée de plus de 22 ans, dans le cadre des
programmes qui sont offerts, aux services éducatifs prévus par la
présente loi. Elle a droit aux services éducatifs.
Les services éducatifs sont définis à la section 3.
Donc, il m'apparaît clair que cette personne a droit aux services
éducatifs. Sauf qu'encore fois, on ne limite pas, parce que ces services
éducatifs s'inscrivent dans des programmes, mais on définit dans
quel cadre tout à fait normal que ça se situe. Ce sont les
commissions scolaires qui offrent ces services, ce n'est pas le
gouvernement.
Là, c'est comme si l'Opposition argumentait dans l'abstraction et
que c'était le gouvernement lui-même qui gérait les
écoles, comme si c'était le gouvernement lui-même qui
gérait les commissions scolaires.
Pourtant, l'Opposition défend à tour de bras les
gouvernements locaux et elle n'admet pas que ces services auxquels les gens ont
droit puissent s'inscrire dans des programmes définis par cette
même commission scolaire.
Encore une fois, j'ai l'impression qu'on discute, M. le
Président, sur... Oui, effectivement, mais il faut le
répéter, parce que le député d'Argenteuil a
répété ses mêmes arguments et Mme la
députée de Jacques-Cartier et je pense qu'il faut que ce soit
clair. De notre côté, on a beaucoup de difficulté à
admettre vos positions sur cette question.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je sais que le
député de Fabre n'a pas d'autres responsabilités que de
réciter la leçon du gouvernement et du parti qu'il
représente, autrefois social-démocrate, devenu extrêmement
conservateur par opportunisme politique. Je voudrais lui demander s'il veut se
faire l'avocat des commissions scolaires, des gouvernements locaux, s'il serait
prêt à plaider publiquement pour qu'on enlève du projet de
loi l'article qui donne au ministre le droit de définir toutes les
conditions de travail des personnels non salariés dans toutes les
commissions scolaires du Québec. Je suis prêt à enlever cet
article. Je trouve que c'est un article qui détruit la
responsabilité "managérielle" et adminis-nistrative des
commissions scolaires. Quand on leur dit: Vous existez pour offrir des services
à tel niveau de responsabilité, cela c'est une autre chose. Les
municipaliés doivent obéir à un paquet d'exigences
normatives qui sont définies par Québec. Cela fait partie de la
responsabilité de Québec. Mais que je ne vous entende pas
continuer à raisonner comme cela parce que cela ne m'impressionnera pas.
Vous pouvez continuer à le faire, c'est votre droit le plus strict.
Je vous demande, êtes-vous prêt, si vous êtes
sérieux, à seconder un amendement que nous vous apportons pour
que cet article tombe du projet de loi? Vous ne serez même pas capables
de répondre. Vous n'aurez même pas la permission de votre
ministre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, encore une fois
l'Opposition ne répond pas aux véritables questions que nous
posons. Le député d'Argenteuil bifurque sur un autre
article. Au lieu de s'arranger pour accélérer les travaux
pour qu'on se rende à l'article en question et voir quelle sera la
réaction de notre côté, le député
d'Argenteuil préfère ne pas répondre aux questions. J'ai
remarqué que, en plus de ne pas répondre aux questions, il tombe
dans la démagogie pure et simple. Là on reconnaît, encore
une fois, la façon dont l'Opposition travaille sur ce projet de loi
depuis qu'on est en commission parlementaire.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Tout à l'heure, le député de
Fabre a dit que chaque enfant, y compris les handicapés jusqu'à
l'âge de 22 ans, a droit aux services éducatifs prévus.
C'est exactement ce que vous avez dit tout à l'heure. Voudriez-vous me
montrer où se trouve le droit à certains services
éducatifs minimaux... On dresse une liste de certains services
possibles...
M. Leduc (Fabre): Possibles.
Mme Dougherty: Où se trouvent les services
éducatifs auxquels les enfants ont droit? C'est là le
problème.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, il me fait plaisir de
répondre. Mme la députée elle n'a... On peut relire
ensemble la section III, définition des services éducatifs. "Les
services d'enseignement comprennent l'ensemble des cours obligatoires et des
cours à option. Ils ont pour but au primaire et au secondaire..."
"Article 24. Les services complémentaires comprennent: des services de
promotion, des services de participation, des services d'encadrement, des
services d'orientation, des services de santé et des services sociaux,
des services d'animation pastorale..." Je pense que Mme la
députée peut lire aussi bien que moi quels sont les services qui
sont énumérés dans la loi. Ce qui est dit, c'est que les
jeunes et les moins jeunes ont le droit à ces services, mais à
l'intérieur des programmes définis par les commissions scolaires.
Ce n'est pas le gouvernement qui définit les programmes, ce sont les
commissions scolaires.
Vous semblez être d'accord avec cela, mais vous ne voulez pas que
ce soit inscrit dans la loi. C'est ce que je comprends. Je suis sûr que
vous ne voulez pas qu'on refuse aux commissions scolaires de faire des
programmes, mais vous ne voudriez pas que ce soit dans la loi. Je ne comprends
pas pourquoi il ne faudrait pas que ce soit dans la loi parce que, encore une
fois, il me semble important qu'il y ait un cadre de référence
pour des personnes qui font appel à des services, que ce soient des
enfants, des adultes, dans le cadre de l'éducation permanente, des
parents qui font appel à des services, qu'ils aient un cadre de
référence. Ce cadre de référence, ce n'est pas le
gouvernement qui le donne, c'est le régime pédagogique et les
commissions scolaires qui sont chargées d'appliquer le régime
pédagogique. Pourtant, on vous a distribué le régime
pédagogique, vous avez dû en prendre connaissance. Vous avez la
description de façon un peu précise de ce qui est ici comme
encadrement. Le minimum, vous l'avez là.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais simplement signaler, je m'aperçois
que le député de Fabre est passé complètement
à côté de la question précise que je lui ai
adressée. Je lui rappelle le numéro de l'article s'il est
intéressé à répondre, c'est 449,
premièrement.
M. Leduc (Fabre): 449.
M. Ryan: Premièrement. Si vous êtes prêt, au
nom de l'autonomie des commissions scolaires dont vous parlez, à
demander que cet article soit retiré du projet de loi. Cela
m'intéresserait.
Le Président (M. Tremblay): Au moment où on
arrivera à l'article 449...
M. Ryan: Non, je l'avertis pour qu'il se prépare parce que
cela lui prend bien de la préparation pour arriver à quelque
chose de clair.
M. Leduc (Fabre): Pensez-vous qu'on va se rendre jusque
là?
M. Ryan: M. le Président. Je reviens maintenant au sujet
immédiat que nous discutons. Le député de Fabre doit
être au courant comme moi de la diminution qu'il y a eue dans les
effectifs étudiants inscrits à l'éducation des adultes
dans les commissions scolaires au cours des dernières années, par
suite des coupures budgétaires qu'a imposées le gouvernement.
Dans le secteur de l'éducation populaire, les inscriptions ont descendu
énormément. Dans le secteur de la formation professionnelle
à temps partiel, il y a eu une diminution considérable des
inscriptions. Pourquoi cela? Parce que l'accessibilité a
été rendue plus difficile à cause des mesures qui ont
été imposées par le gouvernement aux commissions
scolaires. Les commissions scolaires, à l'intérieur des
contraintes dans lesquelles on les a obligées à fonctionner, se
sont vues obligées d'imposer des frais d'inscription de plus en plus
élevés qui ont rendu l'accès plus difficile, voire
impossible à des centaines et
des centaines d'adultes. Si c'est cela qu'on veut continuer. Si c'est
d'un changement de cours qu'on a peur à ce sujet-là, je constate
une fois de plus qu'on recule au lieu d'avancer. On se gourme dans des
conférences de presse et des entrevues à la
télévision de l'exploit qu'on aurait accompli en
présentant un projet de loi moderne. Mais je dis: C'est un projet de loi
qui est en train d'être un projet de loi réactionnaire. Sur ces
points précis, nous reculons par rapport à ce que nous avons
actuellement. On est mieux avec les bonnes vieilles dispositions de 189 de la
Loi sur l'instruction publique qu'avec ce genre de fausses déclarations
de droits qui n'en sont pas et qui ne seraient que fumisterie
législative à mon opinion.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président. Il faut essayer
de voir, d'abord dans la nature des arguments invoqués par le
député d'Argenteuil, s'il y a matière à se ranger
à son point de vue. Sur un point où je lui donne raison, c'est
qu'il est désirable que nous tendions, au niveau de l'éducation
des adultes, à rendre celle-ci accessible de façon universelle et
gratuite également de façon absolue. Voilà ce qui doit
nous animer comme objectif. La question qui est en cause, c'est à quel
rythme? Où doit aller notre priorité?
Comme gouvernement nous avons mis la priorité, il est clair, sur
le raccrochage de ceux qui ont quitté l'école. De fait, nous
avons injecté énormément de sommes pour faciliter le
retour aux études de jeunes décrocheurs. C'est un fait. C'est
là qu'est la priorité gouvernementale au niveau de
l'éducation des adultes et c'est là que nous avons mis nos
crédits. D'ailleurs nous avons obtenu un certain succès, compte
tenu de l'augmentation des inscriptions.
Maintenant, je reprends les arguments du député
d'Argenteuil. D'abord il a fait état de frais de scolarité de
l'ordre de 6 000 000 $ en disant: Vous voyez, c'est négligeable. On peut
s'interroger sur le rôle que jouent ces frais de scolarité.
Où ils jouent un rôle significatif comme frein à
l'accessibilité. Il a souligné tantôt que de tels frais
empêchent un certain nombre d'adultes de retourner à
l'école. Je contesterai cela plus tard. Je vais poser l'hypothèse
comme il l'a fait: Que les frais de scolarité jouent un rôle
significatif comme frein à l'accessibilité, auquel cas, en les
abolissant, on devrait accroître de façon considérable
l'accessibilité. Donc les coûts en cause sont beaucoup plus
élevés que ceux à quoi nous référons quand
nous parlons de 6 000 000 $, car les frais de scolarité dont on parle
sont loin de couvrir les coûts réels. À ce
moment-là, il va donc y avoir un phénomène d'amplification
des coûts considérable s'il est vrai que les frais de
scolarité jouent un rôle significatif quant à
l'accessibilité.
Si on prend la position contraire à l'effet que les frais de
scolarité ne jouent aucun rôle véritablement significatif
comme frais, dans ce cas, on discute pour rien puisqu'ils peuvent servir,
finalement, à la commission scolaire, parfois, à offrir certains
services ou un peu à une meilleure qualité. Mais comme ils n'ont
pas d'effet négatif sur la présence de ces jeunes adultes
à l'école, on doit tirer la conclusion à ce moment qu'ils
n'ont aucun rôle.
En un sens, les frais de scolarité jouent un rôle
significatif. En les abolissant, il y aura des coûts
considérables, ce qui confirme notre point de vue. S'ils ne jouent aucun
rôle, à ce moment-là, ce n'est pas la peine de se chicaner
sur quelque chose qui n'a véritablement pas d'impact. (16 h 30)
La vérité, c'est que lorsque l'on parle
d'accessibilité à l'éducation aux adultes, c'est que ce ne
sont pas les frais de scolarité qui limitent l'accès, mais
l'offre, ou, comme cela a été le cas dans les années
passées, une absence de publicité, une absence de sensibilisation
des adultes. Si vous vous engagez dans une très grosse campagne de
communication auprès de ces populations étudiantes, vous
constatez qu'un grand nombre retourne aux études. C'est clair. Si vous
ne faites aucune campagne de communication, bien vous avez des problèmes
de décrochage et peu de raccrocheurs, c'est un fait.
Donc, les facteurs qui peuvent motiver le retour aux études
peuvent être des facteurs de sensibilisation, ou encore des facteurs dits
d'accessibilité, c'est-à-dire que la commission scolaire ne peut
pas accueillir plus que tant d'adultes parce qu'elle a des facilités
limitées et, à ce moment-là, on contrôle, si on
veut, la demande par un contrôle de l'offre. Et c'est beaucoup plus par
là que, effectivement, on contrôle l'accès et non pas par
les frais de scolarité. Les frais de scolarité s'appliquent
généralement pour des activités que la commission scolaire
considère comme annexes, non financées par le gouvernement. Dans
la pratique, les règles budgétaires qui sont en place font en
sorte que, à l'heure actuelle, un adulte qui veut s'inscrire à
l'éducation des adultes au Québec est automatiquement
financé, car s'il n'a pas terminé ses études de
secondaire, les règles budgétaires le comptabilisent comme un
étudiant régulier et, à ce moment-là, la commission
scolaire reçoit le plein financement qu'elle recevrait pour n'importe
quel étudiant à l'école.
Par conséquent, présentement, la commission scolaire n'a
aucune raison
budgétaire de refuser l'accès à des jeunes adultes;
la seule raison qu'elle peut invoquer, c'est l'impossibilité où
elle se trouve placée d'offrir le service de façon
adéquate, c'est-à-dire recruter les enseignants, disposer des
installations physiques pour permettre, effectivement, de donner l'enseignement
à ces jeunes adultes. À l'heure actuelle, ce n'est pas une
question de financement, ce n'est pas à cause des frais de
scolarité qu'il y a une limitation à l'accès, c'est pour
deux raisons: sensibilisation des adultes concernés et,
deuxièmement, la capacité pour la commission scolaire
d'accueillir.
Lorsque nous mettons, à ce moment-là, "dans le cadre des
programmes qui sont offerts à cette catégorie de personnes", nous
ne prenons pas en compte les frais de scolarité qu'elle pourrait imputer
- on verra cela plus loin - mais nous prenons en compte les capacités de
cette commission scolaire à offrir le service. C'est cela qui est le
point fondamental. Nous devons le maintenir, cet article, pour la raison que
j'ai expliquée au tout début dans ma première
intervention, pour la raison que nous ne pouvons pas à l'avance
déterminer la clientèle exacte qui sera susceptible de
s'inscrire. En conséquence, la commission scolaire doit disposer d'une
certaine marge de manoeuvre pour voir dans quelle mesure elle va inscrire
l'élève, demander la subvention au gouvernement pour offrir le
service.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement?
M. Leduc (Fabre): M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): J'appelle le vote.
M. Leduc (Fabre): ...simplement référer le
député d'Argenteuil à l'article 264, qui est très
clair à l'égard des frais de scolarité. Alors qu'il ne
vienne pas nous chanter des romances sur les frais de scolarité que les
adultes devront payer dans les commissions scolaires. L'article 264 est clair
à cet égard, pose des restrictions.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, tous ceux... M.
Bérubé: J'ai trouvé mon montant. M. Ryan:
Oui.
M. Bérubé: C'est 6 700 000 $ et ils sont
perçus des étudiants pour l'ensemble des activités
à l'éducation des adultes.
M. Ryan: M. le Président, juste un mot pour
déplorer que le message que sont venues apporter à cette
commission, autant l'hiver dernier que cette semaine, les personnes qui
oeuvrent dans le secteur de l'éducation des adultes, n'ait pas
été mieux compris de la part du gouvernement. Le message que nous
avons véhiculé à travers nos amendements en est un qui
correspondait de très près à celui que nous avaient
apporté toutes ces personnes qui sont vraiment au courant des facteurs
qui conditionnent les décisions des adultes. Je voudrais assurer le
ministre que ces décisions ne sont pas simplement conditionnées
par des programmes de communication comme ceux dont il a parlé, mais
qu'il y entre aussi des facteurs beaucoup plus profonds, beaucoup plus
substantiels dont notre amendement visait à tenir compte.
Mais on n'aura qu'à examiner le dossier des interventions qui ont
été faites devant la commission, l'hiver dernier et au cours de
cette saison-ci, par les organismes qui sont vraiment proches des adultes qui
ont besoin de parfaire leur formation et aussi par les mouvements syndicaux. Je
pense qu'ils se rendront compte que ce message qu'on nous avait apporté,
malheureusement, a été refusé par le gouvernement pour des
raisons technocratiques que je m'explique très mal.
En tout cas, j'ai dit ce que j'avais à dire là-dessus.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle le vote sur
l'amendement à l'article 2 qui se lit comme suit: Biffer de l'article 2
les mots "dans le cadre des programmes qui sont offerts à cette
catégorie de personnes par la commission scolaire". Tel que me l'a
demandé le député d'Argenteuil, auparavant, je fais un
vote nominal immédiatement.
M. le député de Verchères?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Le vote est à six
contre quatre. Je déclare donc la motion d'amendement rejetée.
Nous passons immédiatement de l'article 2, tel qu'il est proposé
dans le projet de loi 3. Est-ce qu'il y a des interventions? Pas
d'intervention? L'article 2, à vote nominal, M. le député
de Verchères, pour l'article 2.
M. Charbonneau: L'article...
Le Président (M. Tremblay): L'article 2. M. le
député de Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
La Secrétaire: Six voix pour et cinq contre.
Le Président (M. Tremblay): Je déclare l'article 2
adopté, sans amendement.
L'âge d'admissibilité
J'appelle l'article 3 et sur l'article 3, il y a un amendement du
ministre. Voulez-vous nous le présenter, M. le ministre?
M. Bérubé: Oui, bien, écoutez, M. le
Président, c'est simplement un amendement de concordance pour tenir
compte de la discussion que nous avons eue autour de l'article 14, si je ne
m'abuse et qui se lirait à la deuxième ligne. Ajouter
après le mot "date" les mots "entre le 1er octobre et le 1er janvier",
puisque, comme vous le savez, nous avons accepté un amendement du
député d'Argenteuil permettant au gouvernement de
déplacer, à la mesure de ses capacités financières,
sans le dire, la date d'admissibilité à l'école.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que cet amendement est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Ryan: Vote nominal sur chaque article...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia n'est pas là. M. le député de Vachon?
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Tremblay): C'est adopté.
Une voix: II y a un amendement?
Le Président (M. Tremblay): Oui, pour l'amendement du
ministre, qui se lit comme suit: "À la deuxième ligne, ajouter
après le mot "date", les mots "entre le 1er octobre et le 1er janvier".
Cette motion est adoptée. Je porte à votre considération
l'article 3, tel qu'amendé qui se lit maintenant: "L'âge
d'admissibilité aux services éducatifs est
déterminé au 1er octobre ou à une date entre le 1er
octobre et le 1er janvier fixé par décret du gouvernement. Ce
décret est publié à la Gazette officielle du
Québec.
J'appelle le vote nominal. M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Pour. Un instant c'est le numéro 3?
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. Payne:
Pour.
Le Président (M. Tremblay): Tel qu'amendé.
Mme la députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Nous sommes toujours à
six pour et cinq contre. Je déclare l'article 3 adopté avec
amendement.
Gratuité des services éducatifs
J'appelle l'article 4.
Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Ryan: M. le Président, j'aurais un amendement à
proposer qui se formulerait comme suit: Remplacer les mots "offerts
conformément à" par les mots "prévus par".
Il y aurait un amendement que je voudrais ajouter à celui qui
viendrait se greffer à ceci, une autre modification...
Le Président (M. Tremblay): À la même...
M. Ryan: Oui. Le mot "domiciliée" serait remplacé
par "qui réside".
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous voulez le
faire sur la même motion, M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui, j'aimerais autant le faire sur la même
motion. On peut le faire sur deux motions différentes. S'il y en a qui
ont objection à ce qu'on le fasse sur une motion on va le faire sur
deux.
Le Président (M. Tremblay): C'est dans le même
amendement.
M. Laplante: II faut qu'il fasse le même amendement pour
tout l'article.
Le Président (M. Tremblay): C'est ce que M. le
député d'Argenteuil veut faire.
M. Ryan: C'est cela que je propose.
M. Laplante: J'ai hâte de voir son explication sur
"domiciliée" et "qui réside".
M. Ryan: Sur le?
M. Laplante: Sur "domiciliée" et "qui réside".
M. Ryan: Oui, je vais donner les explications sur
"domiciliée" d'abord si vous me permettez.
Le Président (M. Tremblay): Avant cela, je recevrais des
interventions sur la recevabilité.
M. Laplante: C'est irrecevable.
Le Président (M. Tremblay): Je la déclare recevable
et vous pouvez y aller M. le député d'Argenteuil. Nous aimerions
en recevoir une copie par écrit.
M. Ryan: Nous avons reçu, M. le Président, des
représentations du Congrès juif du Canada qui contenaient de
nombreuses suggestions dont nous espérons vous faire part en temps
utile, à mesure que nous arriverons à chaque article.
À propos de l'article 4 voici ce que disait ce mémoire que
le gouvernement a d'ailleurs reçu lui aussi, j'en suis sûr. C'est
un mémoire qui date de... il n'y a pas de date dessus mais c'est relatif
au projet de loi 3. "L'article 4 stipule que toute personne domiciliée
au Québec a droit à la gratuité des services
éducatifs offerts conformément à la présente loi.
Pour notre part, nous recommandons que la domiciliation soit comprise au sens
de résidence.
L'article 4 se lirait comme suit: Que toute personne qui réside
au Québec a droit à la gratuité des services
éducatifs offerts conformément à la loi.
On nous informe que le mot domicile a donné lieu, dans plusieurs,
cas è des interprétations restrictives qui seraient de nature
à créer des contraintes inutiles et frustrantes pour des
citoyens. On nous suggère que le mot "domiciliée" soit
remplacé par les mots "qui réside" afin de s'assurer que cet
article serait interprété de la manière la plus
réaliste possible. Il peut y avoir une personne dont le domicile
légal ne sera pas exactement l'endroit où elle réside. Je
vous en fais part, vous l'avez reçu ce mémoire, M. le ministre.
Je ne sais pas ce que vous en pensez.
Dans l'autre cas je pense que le sens de l'amendement va dans la
direction que nous avons essayé de défendre depuis le
début du débat. Les services éducatifs prévus par
la présente loi, cela laisse la chance à chaque palier de
responsabilités d'exercer son autorité propre et de voir à
ce que la qualité et la nature des services offerts soit au niveau le
plus élevé possible. C'est encore plus sûr si on dit
"prévu par" que "offert conformément à la présente
loi". Alors, c'est le sens de l'amendement que l'on propose. (16 h 45)
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Je ne sais pas s'il y a un
collègue qui pourra détailler. D'abord, personnellement je ne
vois pas la différence entre "prévu" et "conformément
à". Ce qui m'incite donc à la prudence. Si "prévu à
la présente loi" veut dire la même chose que "offert
conformément à la présente loi", à ce
moment-là je ne vois pas la raison de changer. Si "prévu à
la présente loi" veut dire plus que "conformément à la
présente loi", à ce moment-là je voudrais savoir ce qui
serait différent si l'on devait utiliser les termes "prévu
à la présente loi" et à ce moment-là je pourrais
porter un jugement. Donc, sur la première partie de réponse, je
ne suis pas pour l'instant en mesure de me prononcer, à savoir si l'on
doit adopter ou non l'amendement portant sur les termes "prévu
à", mais si l'on ne me fait pas la démonstration que c'est
désirable, à ce
moment-là, je préférerais m'en tenir au texte
original de l'article 1.
Le problème du domicile, je dois dire qu'effectivement ce
point-là a été soulevé dans les mémoires qui
nous ont été fournis. Le Code civil définit clairement ce
qu'est un domicile. C'est la résidence principale avec l'intention d'y
demeurer. Cela apparaît quand même essentiel comme concept. Ce
qu'on me dit ici c'est que dans le sens précis du terme, la
gratuité serait assurée à ceux qui ont une
résidence. Je vais lire le texte: "Au sens du Code civil, "domicile"
implique la résidence dont la personne a l'intention d'en faire son
principal établissement." C'est ce que je vous disais tantôt sur
le concept de domicile. Tel qu'utilisé, la gratuité à ce
moment-là ne s'étend pas aux résidents temporaires ou aux
résidents de provinces limitrophes.
M. Ryan: Ôtez le mot "domicile". Mais c'est là
qu'est la question. Est-ce l'intention du gouvernement? Si, par exemple, il y a
une famille dont le père travaille à Québec et dont le
domicile est à Regina. Il réside à Québec pour un
an ou deux; son domicile légal, il le garde là-bas à
Regina.
M. Bérubé: Non. À ce moment-là...
M. Ryan: Ses enfants ici, est-ce que c'est votre intention de
faire en sorte qu'ils n'aient pas accès à la gratuité
s'ils fréquentent les écoles du Québec?
M. Bérubé: C'est la résidence principale
avec l'intention d'y demeurer. Donc, s'il est installé à
Québec, avec l'intention d'y demeurer pour l'année, c'est sa
résidence principale, à ma connaissance.
M. Ryan: Je ne suis pas sûr. À supposer qu'il garde
son adresse là-bas?
Une voix: C'est cela. C'est sa résidence.
M. Ryan: C'est sa résidence, mais supposons qu'il garde
son domicile à Regina aux fins de votation, par exemple, aux
élections provinciales ou fédérales. Sa résidence
est ici, il va payer des taxes ici; il travaille ici, il gagne son revenu ici.
Il doit avoir le droit d'envoyer ses enfants à l'école
gratuitement.
M. Laplante: Les villes frontières -Edmundston ou
Saint-Jacques, Nouveau-Brunswick, par exemple - avec le Québec ou
Dégelis, là ils peuvent envoyer les enfants... Disons que la
tante garde à Dégelis les enfants qui demeurent en
réalité à Saint-Jacques. Ces enfants-là, avec votre
proposition de résident, on sera obligés de les accepter parce
qu'ils ont une demeure, un pied-à-terre là. Ils ont un
pied-à-terre automatiquement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil. Il y a aussi le député de Saint-Laurent.
M. Ryan: M. le député de Saint-Laurent, je vais
parler ensuite.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est évident ici que cela a une
connotation légale. C'est évident qu'il y a toute la
différence au monde entre une résidence et un domicile. Domicile
suppose, comme le disait le ministre, que c'est l'intention,
établissement principal, l'endroit où on établit notre
résidence, où on entend demeurer, mais on doit joindre à
cela l'intention. Si on veut, comme disait le député
d'Argenteuil, qu'un résident de l'Alberta qui s'en vient au
Québec pour une période d'un an... Il travaille peut-être
pour une compagnie pétrolière. Est-ce qu'on veut que ses enfants
aient accès à nos écoles? Si on veut que ses enfants aient
accès aux écoles, il faudra changer "domicile" pour
"résidence". Si on veut qu'un résident paie des frais de
scolarité, qu'il ne tombe pas sous le régime de la loi 3, on va
l'insérer. Mais si on veut que ces gens puissent envoyer leurs enfants
dans nos écoles sans frais, autrement dit, qu'ils soient
considérés comme des Québécois aux fins de
l'enseignement, je pense qu'il faut mettre le mot "résidence". Je ne
crois pas qu'on doive laisser le mot "domicile". Je pense que c'est nettement
trop restrictif. Cela veut dire que les gens qui seraient appelés,
à cause de leur travail, à venir séjourner au
Québec pour des périodes assez longues, n'auraient pas cet
avantage.
À titre d'exemple, peut-être que ce sera facile à
comprendre: Les gens qui vont passer huit ou neuf mois par année en
Floride et qui continuent de demeurer au Québec, ce sont des gens qui
ont domicile au Québec, mais qui résident en Floride à
cause de la température ou du climat. Ce sont des gens qui continuent
à avoir domicile au Québec. L'intention était de continuer
à avoir leur demeure ou l'endroit privilégié, l'endroit
où ils entendent conserver des attaches, des liens avec le
Québec. C'est une question légale. C'est sûr que cela n'a
aucun rapport avec ce que disait le député de Bourassa. Il n'est
pas du tout question de frontière.
M. Laplante: Je peux vous poser une question là-dessus,
comme notaire?
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela n'a aucun rapport bien sûr
avec ces cas. Nous disons: La personne continue d'être domiciliée,
soit au Nouveau-Brunswick, soit au Québec. Cela dépend de ce
qu'on veut. Si
on veut restreindre l'accès à ces enfants, qu'on le mette,
mais je ne pense que ce soit le but ici du tout. Je le répète, le
mot "domicile" est nettement très restrictif au sens du Code civil. Et
c'est sûr que dès qu'on parle de domicile, à ce moment on
se réfère au Code civil. Cela a fait l'objet de nombreux
procès, grosse jurisprudence. Je ne pense pas qu'on doive prendre de
chance et on doit, à mon sens, indiquer "résidence".
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères m'avait indiqué qu'il voulait intervenir.
M. Ryan: Juste avant que vous donniez la parole à
quelqu'un - je vous l'ai demandée d'ailleurs, mais je suis prêt
à la recevoir à mon tour, je ne suis pas pressé - je
voudrais demander si vous accepteriez que j'envoie chercher le
député de D'Arcy McGee, M. Marx, pour qu'il nous donne des
explications sur ce point.
M. Laplante: II n'était pas bon dans l'autre. Il
n'était pas bon dans l'article 93, il n'est pas meilleur là.
Le Président (M. Tremblay): D'une part, je ne peux pas
accepter un autre membre à la commission. Si le député de
D'Arcy McGee était là et que les membres de la commission
donnaient leur consentement pour l'écouter, j'acquiescerais, mais ce
n'est pas à moi à déterminer si...
M. Ryan: C'est ce que j'ai demandé, s'ils veulent
être éclairés par un...
Le Président (M. Tremblay): ...je vais recevoir ou non un
député ou un autre.
M. Ryan: Je leur demande s'ils aimeraient être
éclairés par un député dont ils apprécient,
d'habitude, les avis en matière juridique.
M. Bérubé: C'est que le député de
Bourassa vient d'émettre une opinion, malheureusement, qui n'a pas
été versée au Journal des débats, ce qui est quand
même dommage. Il a dit que l'Opposition ne lui fait pas confiance sur un
dossier aussi important que le dossier constitutionnel qui est l'article
93...
M. Ryan: M. le Président, j'avais la parole, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Je croyais que vous aviez
terminé...
M. Ryan: J'avais la parole et j'ai été interrompu
une fois de plus.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'allais ajouter que le député de D'Arcy
McGee m'a fait part de son intérêt pour cette question. Il m'avait
demandé de demander...
M. Leduc (Fabre): Qu'il vienne comme intervenant, il a le
droit.
M. Ryan: ...à nos collègues du gouvernement s'ils
accepteraient qu'il vienne à titre d'intervenant pour expliquer son
opinion sur ce point précis.
M. Laplante: C'est la crédibilité de cela qui nous
échappe.
M. Ryan: Bien non, vous l'écouterez et vous verrez, il
peut avoir raison sur un point, pas nécessairement sur tous.
M. Leduc (Fabre): II a le droit, M. le député, de
venir.
M. Ryan: Je vous demande le temps de nous permettre d'aller le
chercher pour qu'on l'entende avant de disposer de cet article.
M. Laplante: Pas suspendre encore!
M. Ryan: On peut continuer sur autre chose en attendant. On va
l'envoyer chercher.
M. Bérubé: On va continuer sur autre chose et il
nous fera plaisir d'avoir le député de D'Arcy McGee.
M. Laplante: Est-ce que je pourrais poser une question à
M. le député de Saint-Laurent?
Le Président (M. Tremblay): Je voudrais savoir...
M. Laplante: Je voudrais savoir la dernière fois que M. le
député a...
Le Président (M. Tremblay): II y a une demande de
suspendre l'article à, c'est cela?
M. Laplante: On va continuer d'en discuter et il va arriver
entre-temps.
Le Président (M. Tremblay): Il n'y a pas de consentement
pour suspendre?
M. Leduc (Fabre): M. le Président, il faudrait suspendre
et passer à l'article suivant, compte tenu que l'Opposition aimerait
entendre le député de D'Arcy McGee, ce sur quoi nous sommes
d'accord. Alors, pour ne pas perdre de temps, nous voulons discuter de la loi,
alors qu'on passe à l'article 5.
Le Président (M. Tremblay): C'est le consentement de la
commission?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je suspends l'article 4
ainsi que l'amendement que nous espérons recevoir par écrit.
Le choix de l'école
Je passe immédiatement à l'étude de l'article 5. Je
porte à votre considération l'article 5.
Est-ce qu'il y a des explications de la part du ministre sur l'article
5?
M. Bérubé: Excusez-moi, M. le Président, je
suis en train de regarder les amendements.
Article 5. Permettez-moi de le lire: "Les parents de
l'élève ou l'élève majeur ont le droit de choisir
l'école qui répond mieux à leur préférence
ou dont le projet éducatif correspond le plus à leurs valeurs.
"L'exercice de ce droit est assujetti aux critères établis par
règlement de la commission scolaire pour tenir compte de la
capacité d'accueil de l'école et des services éducatifs
qui y sont offerts. "L'exercice de ce droit ne permet pas d'exiger le transport
gratuit lorsque le transport requis pour cet élève entraîne
des coûts excédentaires."
M. le Président, cet article traduit en fait les
conséquences d'un choix fondamental que nous avons fait au niveau du
secteur public. En effet, l'intention du présent projet de loi est de
permettre, au niveau du conseil d'école, d'introduire des valeurs
propres à la société, propres à la région,
au quartier où est située l'école et faire en sorte que,
éventuellement, le projet éducatif dont l'école fait la
promotion puisse se distinguer. Il peut se distinguer à la fois par un
certain caractère de rigueur, au niveau de la discipline ou encore au
niveau de certaines activités parascolaires. Il peut se distinguer de
multiples façons. Et dans la mesure où finalement l'école
publique pourrait arriver à se démarquer l'une par rapport
à l'autre, il pourrait fort bien se produire, éventuellement,
que...
Il y a erreur sur la personne, M. le Président. Le jour où
tous les Français seront marxistes, on va avoir des problèmes.
Alors, c'est simplement une visite de courtoisie. Bon, alors, M. le
Président, cela me fait plaisir de saluer M. French alors que nous
attendions M. Marx...
M. Ryan: Une autre question, nous avons beaucoup de sujets dont
nous aimons discuter, oui, continuez, cela ne vous regarde pas, de toute
manière.
M. Leduc (Fabre): Si vous avez besoin de renfort, M. le
député, je trouve cela bien.
M. Bérubé: Non, je constate surtout que cela
n'intéresse pas l'Opposition...
M. Ryan: ...nous autres pour les amener, mais pour les machines
à votes, vous êtes meilleurs que nous.
M. Bérubé: En fait, l'article 5 permet aux parents
de choisir une école en fonction du projet éducatif qui cadrerait
le mieux aux valeurs de cette famille ou encore qui cadrerait le mieux avec les
attentes. Êtes-vous d'accord avec ce principe?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: Cela peut permettre à
l'école publique, éventuellement, même de se
démarquer l'une par rapport à l'autre et éventuellement,
entrer en concurrrence plus facilement avec le secteur privé. Je pense
que cela m'apparaît désirable. Évidemment, cela ne peut pas
entraîner, dans l'exercice de ce droit, des frais de transport
prohibitifs en ce sens que l'on choisirait une école située
à l'autre bout de la ville, obligeant ainsi la commission scolaire
à assurer le transport automatique.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il des intervenants sur
l'article 5?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste avoir une précision, M.
le Président. Je pense qu'on est d'accord sur le premier alinéa,
si le ministre veut bien m'écouter. On est d'accord sur le
deuxième aussi. Ils ne peuvent pas en mettre trop s'il n'y a plus de
place.
Par le troisième - la générosité des
articles 1 et 2, comme on dit, c'est la vertu pour tout le monde - vous venez
restreindre passablement l'exercice de ce droit. Je suis bien d'accord... Il
faut faire attention à la formulation du premier alinéa. Est-ce
que le droit, par exemple, à fréquenter une école qui
aurait un statut confessionnel catholique ou protestant parce que c'est le
désir des parents, va subir une contrainte due au fait que
peut-être la seule école protestante française - il va y en
avoir moins - va être située passablement loin? Est-ce que,
à ce moment-là, en vertu du troisième alinéa, on
pourrait empêcher l'enfant de se rendre à cette école? (17
heures)
Dans le cas des écoles alternatives -vous étendez
tellement cela, j'en connais une
dans Montréal-Nord, il y en a peut-être une dans la ville
de LaSalle ou dans la ville de Saint-Laurent - est-ce que, à ce
moment-là, on va les promener du nord au sud, de l'est à l'ouest?
Par contre, comme vous accordez tellement de droits au point de vue de la
confessionnalité, est-ce que vous allez restreindre l'exercice de ce
droit parce que cela voudrait dire que c'est trop coûteux? C'est le
troisième que je trouve qui... Je comprends votre appréhension,
on ne peut pas payer pour les envoyer à Beloeil alors qu'ils habitent
Saint-Laurent. Par contre, dans le cas... Je ne sais pas si vous y avez assez
réfléchi, je le trouve embêtant.
M. Bérubé: On y a réfléchi. La
société québécoise est habituée à
cela. Par exemple, il était de tradition, à Montréal,
qu'on décide d'envoyer son enfant à Saint-Laurent, ou à
Bréboeuf, ou à Sainte-Marie...
Mme Lavoie-Roux: Cela avait...
M. Bérubé: ...parce qu'on voulait un collège
particulier.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Bérubé: On n'envoyait pas nécessairement
son enfant dans le collège voisin. Il est clair qu'avec le
présent projet de loi, on vise une école commune, ouverte
à tous, et, normalement, vous allez à l'école de votre
quartier. C'est cela, la règle. La commission scolaire établit
des règles de transport qui permettent finalement à la population
d'un quartier d'aller à l'école du quartier. Ce sont les
règles essentielles de transport. Vous avez donné un bel exemple,
celui de franco-protestants qui voudraient, à l'intérieur du
système francophone, se doter d'une école ayant ses
caractéristiques propres.
Mme Lavoie-Roux: Pas se doter, mais veulent fréquenter une
école.
M. Bérubé: Veulent fréquenter. Ils font
application à la CEM; cette dernière fait une évaluation
de ses disponibilités en écoles et constate qu'elle aurait
effectivement, dans un quartier peut-être éloigné de la
banlieue nord, une école disponible et indique aux parents: Si vous
voulez envoyer vos enfants à cette école, nous sommes prêts
à vous regrouper à cette école. La commission scolaire
n'est pas obligée, à ce moment-là, de défrayer le
transport.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je ne me place pas du point de vue de la
commission scolaire qui décide que l'école X est une école
protestante. Je me place du point de vue du droit de l'enfant. L'enfant est un
franco-protestant et il habite Notre-Dame- de-Grâce; la seule
école franco-protestante disponible à la CEM - est-ce comme cela
qu'on l'appelle? - est située à Montréal-Nord -
évidemment, c'est pour exagérer qu'on prend des cas aussi
opposés.
Une voix: N'attaquez pas Montréal-Nord.
Mme Lavoie-Roux: Dans cette hypothèse, l'enfant n'aurait
pas l'exercice de son droit.
M. Bérubé: Exact. C'est très clair... Une
voix: Quel droit?
M. Bérubé: ...qu'il a un droit d'aller à
l'école de son quartier.
Mme Lavoie-Roux: Mais s'il n'y a pas d'école dans son
quartier....
M. Bérubé: Cela est clair.
Mme Lavoie-Roux: ...parce qu'il n'y a pas d'école... Les
écoles franco-protestantes, vous n'en aurez pas dans tous les quartiers
de la ville de Montréal, vous le savez fort bien.
M. Bérubé: Exactement. Mme Lavoie-Roux:
Bon.
M. Bérubé: Cela est indéniable. Ce que vous
dites, c'est indéniable. Une minorité culturelle ou une
minorité religieuse voudrait avoir une école mais la commission
scolaire ne peut pas leur accorder une école, immédiatement
à proximité de leur lieu de résidence, s'ils persistent
à vouloir avoir une telle école et si la commission scolaire n'a
pas...
Mme Lavoie-Roux: Pas avoir une telle école, à
fréquenter une telle école, il y a une différence.
M. Bérubé: Ah, s'ils persistent à vouloir
fréquenter cette école, d'abord, normalement, la commission
scolaire, lorsqu'elle établit les règles d'identification de
clientèles, elle tient compte des questions de distance par rapport
à une école; elle doit prendre des critères objectifs.
Mais nous avons ajouté, effectivement, la possibilité pour une
commission scolaire d'utiliser les critères, tels que le désir de
fréquenter une école ayant un projet éducatif donné
comme critère de discrimination. Nous avons mis cela dans le projet de
loi sachant que cela permettrait à la commission scolaire de regrouper
des clientèles. Cependant, ce que nous disons, c'est que ce n'est pas un
droit absolu de l'enfant, c'est un droit relatif. Est-
ce que, politiquement, la commission scolaire est prête à
supprimer une école de quartier pour en faire une école
rattachée à une clientèle donnée? Voilà
déjà un problème politique réel. Je suis à
Saint-Thomas-d'Aquin, on décide que cette école va être
utilisée comme école-ressource et, automatiquement, je ne peux
plus envoyer mes enfants à cette école à moins de vouloir
une école-ressource, ce qui implique que mes enfants sont obligés
de faire vingt-cinq minutes ou une heure d'autobus par jour, alors que je
pourrais les envoyer à l'école du quartier. Je vais donc
protester auprès de la commission scolaire contre l'utilisation de
l'école Saint-Thomas-d'Aquin aux fins d'une école-ressource. La
commission scolaire aura un problème politique. Est-ce qu'effectivement
elle assigne cette vocation à cette école ou non? Il y a parmi
les restrictions au droit du libre choix de l'école, la question
politique. Est-ce que la commission scolaire accepte de regrouper des
clientèles? Deuxièmement, la question de la disponibilité
de l'espace. Troisièmement, la question de transport. Si l'école
est située loin du domicile de l'enfant, il est clair que la commission
scolaire n'est pas obligée de fournir le transport.
Mme Lavoie-Roux: Vous leur faites une obligation. C'est ce que je
ne comprends pas. Vous faites une obligation dans la loi qu'une école
peut être... C'est peut-être discriminatoire mais on va oublier
l'aspect discriminatoire. Une école peut se voir reconnaître un
statut d'école confessionnelle catholique ou protestante. Vous le mettez
dans la loi. L'école des autres valeurs... Non seulement cela, mais il
va y avoir des services pour eux, il va y avoir de l'animation pastorale et
tout cela. Là, vous leur dites: Écoutez, après vous avoir
donné ce droit-là, peut-être que vous serez
empêché de l'exercer parce que vos parents n'auront pas le moyen
de payer le transport.
M. Bérubé: Non. Non, toutes les écoles sont
tenues de donner l'enseignement catholique, l'enseignement protestant,
l'enseignement moral et de fournir des services d'animation. Toutes les
écoles sont tenues de fournir ces services-là, quelle que soit
l'école. Une école protestante. Non, je ne devrais pas dire une
école protestante. Je devrais dire une école catholique
aujourd'hui devra offrir, en vertu de la loi, un enseignement moral protestant,
un enseignement moral catholique et un enseignement moral. Donc, l'école
est commune. Elle est offerte à tous les enfants du quartier.
Au-delà de ce droit d'aller à l'école du quartier, on
ajoute un autre droit qui est le droit d'aller à une école qui
n'est pas l'école de son quartier. Mais on dit à ce moment que
c'est parce que le projet éducatif est différent. Exemple:
l'école-ressource.
Mme Lavoie-Roux: ...certain votre affaire. Garanti.
M. Bérubé: Bien oui. Il est clair que nous ne
donnons pas dans la loi, ça n'a jamais été l'intention et
cela a été très clairement compris... Nous donnons dans la
loi un droit. Un droit à l'éducation catholique, protestante,
morale dans une école commune. Deuxièmement, nous permettons
à un conseil d'école d'adopter un projet éducatif
où on va au-delà du simple enseignement en question pour colorer
l'ensemble de l'activité éducative de l'école, catholique,
protestante ou autre, toujours dans le respect des droits et libertés de
la personne. Troisièmement, nous permettons à quelqu'un qui
désirerait un projet éducatif quelconque d'aller à une
école qui n'est pas l'école de son quartier mais qui est
l'école située ailleurs en ville, à la condition
cependant, que si la commission scolaire ne veut pas assumer les frais
additionnels, ce soit lui qui assume les frais de sa décision
volontaire.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne me convainquez pas.
M. Bérubé: Ce n'est pas clair?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas comme cela que vous allez
être bien perçu.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
Gratuité des services éducatifs
(suite)
M. Ryan: M. le Président. Je voudrais suggérer que
nous revenions à l'article précédent, quitte à
revenir à celui-ci ensuite vu que le député de D'Arcy
McGee a pu se rendre disponible maintenant et qu'il serait prêt à
nous donner son opinion sur l'article 4.
Le Président (M. Tremblay): Plus particulièrement
en ce qui a trait au domicile. J'ai compris tout à l'heure, lorsqu'on a
suspendu l'article 4, que la commission donnait son consentement pour que le
député de D'Arcy McGee puisse nous éclairer de ses
connaissances, de ses lumières sur la portée du mot "domicile".
Est-ce que je dois comprendre maintenant que vous voulez mettre fin à
l'étude de l'article 5 et qu'on revienne immédiatement à
l'article 4? C'est bien cela?
M. Bérubé: Ce que nous ferions, M. le
Président, pour accueillir le député de
D'Arcy McGee!
Le Président (M. Tremblay): Nous revenons à
l'étude de l'amendement de l'article 4 du projet de loi 3.
M. Leduc (Fabre): Est-ce que c'est une nouvelle consultation
particulière?
Le Président (M. Tremblay): Non, cette fois-ci, ce sera
une consultation publique puisqu'elle sera au Journal des débats.
Une voix: C'est privé, sans honoraires.
M. Bérubé: Est-ce que nous pourrions interroger le
député de D'Arcy McGee également sur son opinion
concernant la portée de l'article 93?
M. Marx: N'importe quand.
Le Président (M. Tremblay): 3e remets immédiatement
la parole au député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Je sais que le ministre donne une certaine valeur
à mes opinions en matière d'éducation, étant
donné qu'il sait que j'ai une grande objectivité dans cette
matière. C'est juste une opinion juridique que j'aimerais lui
suggérer.
À l'article 4, il y a une différence entre le domicile et
la résidence de quelqu'un. Une personne a juste un domicile mais peut
avoir quinze résidences. Par exemple, en matière d'impôt
quelqu'un qui a sa résidence au Québec paie son impôt au
Québec, même s'il est domicilié ailleurs. Je pense que la
notion qu'on veut faire valoir, c'est quelqu'un qui est résident au
Québec n'est pas nécessairement domicilié au
Québec. Je ne sais pas pourquoi, à l'article 4, on parle de
domicile et non pas de résidence. Par exemple, supposons qu'on a un
immigrant qui est un immigrant reçu qui, peut-être aux fins du
droit civil, a encore son domicile ailleurs qu'au Québec mais il est
résident, il paie ses impôts. C'est bien possible d'avoir
quelqu'un qui habite le Québec depuis 25 ans, qui a son domicile
ailleurs du point de vue du droit civil mais sa résidence ici. C'est une
question technique mais...
M. Charbonneau: Mais dans le Code civil, c'est quoi?
M. Marx: Dans le Code civil, c'est le domicile.
M. Charbonneau: C'est le domicile dans le Code civil.
M. Marx: Chacun a besoin d'un domicile, pour les fins du droit
civil, le régime de mariage etc.. Mais une personne peut avoir quinze
résidences.
M. Bérubé: Cependant n'est-ce pas en même
temps un argument en faveur du maintien du mot "domicile"? Comme vous dites
justement que quelqu'un peut avoir un domicile et quinze résidences,
est-ce qu'il n'est pas approprié de dire que c'est gratuit dans la
mesure où il s'inscrit à son domicile et que c'est la commission
scolaire où est située son domicile? À ce moment, on peut
planifier effectivement les effectifs. Alors que s'il peut avoir quinze
résidences, il est assez difficile de savoir si cette personne
appartient à cette commission scolaire-ci ou à cette commission
scolaire-là?
M. Marx: Non, parce que le domicile de quelqu'un en vertu du Code
civil c'est -comment dirais-je, je n'ai pas mon Code civil devant moi...
Une voix: Ce n'est pas pareil. M. Marx: Avez-vous le Code
civil?
M. Bérubé: Est-ce que c'est l'article 79 qui vous
intéresse?
M. Marx: Oui. C'est quoi ce...
M. Bérubé: "Le domicile de toute personne quant
à l'exercice de ses droits civils est au lieu où elle a son
principal établissement." "Le changement de domicile -c'est 80 -
s'opère par le fait d'une habitation réelle dans un autre lieu
joint à l'intention d'y faire son principal établissement."
Donc quelqu'un qui serait de passage dans une commission scolaire, mais
vraiment de passage, dans la rédaction de la loi que nous avons, il
n'aurait pas le droit d'envoyer gratuitement ses enfants à
l'école.
M. Marx: La "surjuridiction" au monde c'est comme cela. Allez en
France, par exemple, inscrire vos enfants à l'école, on ne va pas
demander où est votre domicile? J'ai déjà fait cela.
Faites cela aux États-Unis et personne ne va vous demander votre
domicile et on va inscrire vos enfants. Je ne sais pas si vous étiez
marié quand vous étiez à MIT mais on ne demande jamais
cela, c'est la première fois que je vois cela.
M. Charbonneau: Mais dans les autres lois au Québec?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon.
M. Marx: Dans les autres lois, c'est toujours la
résidence, dans la Loi sur les impôts, par exemple. Dans les
autres
provinces, ce n'est peut-être pas domicile mais peut-être
qu'elles ont une autre notion de domicile qu'ici. (17 h 15)
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon.
M. Marx: J'ai peur qu'on fasse quelque chose qu'on ne veut pas
faire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Est-ce que cela veut dire qu'un étranger qui a
une maison d'été ou un chalet de ski ou une résidence au
Québec peut avoir droit à la gratuité scolaire?
M. Marx: S'il a sa résidence au Québec, il paie des
impôts au Québec.
M. Payne: II paie ses impôts, taxes foncières sur sa
résidence d'été. Est-ce qu'il a droit...
M. Marx: Non, non, une résidence au Québec pour les
fins de la Loi sur les impôts, pour les fins de...
M. Payne: Laissez-moi poser ma question. S'il est citoyen
australien et qu'il a une résidence d'été au
Québec, payant ses impôts fonciers, y aurait-il droit?
M. Marx: Non. S'il paie ses impôts sur le revenu. Pour les
fins de la Loi sur les impôts, il faut être résident au
Québec plus de 180 jours par année. Pour avoir le droit à
l'assurance-maladie au Québec il faut résider au Québec
plus de 180 jours par année. On ne parle pas de domicile dans ces lois,
mais...
M. Charbonneau: Y a-t-il des textes de jurisprudence qui...?
M. Marx: II y a une grande différence entre domicile et
résidence. 11 y a toute une autre...
M. Bérubé: La Loi électorale fait-elle appel
aux notions de domicile ou de résidence?
Une voix: Résidence.
M. Bérubé: Non, on vient de la regarder, c'est
domicile.
Des voix: Domicile.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
M. Marx: Voyez-vous, M. le ministre, je n'ai pas répondu
à cette question.
M. Bérubé: Alors, je tirerais la conclusion que si
j'avais besoin d'un avis juridique, j'irais voir le député de
D'Arcy McGee n'importe quand, mais avec le député de
Saint-Laurent je ne prendrais pas de chance.
M. Marx: D'accord, mais si vous avez un contrat à signer,
allez voir le député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: M. le Président, j'ai juste une question
à poser au ministre. J'aimerais que le ministre me dise si l'esprit de
l'article 4, c'est d'empêcher des gens qui ne seraient pas des
résidents permanents ou des domiciliés permanents du
Québec de recevoir gratuitement l'éducation ou si c'est pour
permettre à quelqu'un qui serait de passage pour un long terme, par
exemple, quelqu'un de Toronto qui a un contrat pour venir travailler au
Québec pendant un an ou deux ans, d'avoir accès gratuitement ou
pour l'en empêcher? Cela aiderait, je pense.
M. Leduc (Fabre): Je pense qu'il faut lire cet article avec
l'article 464.4 où il est question des conditions d'admission d'une
personne qui n'est pas domiciliée au Québec: "...le ministre peut
exclure des personnes ou des catégories de personnes de
l'application."
M. Marx: Je pense que le député de Sauvé a
donné un bon exemple. Supposons que quelqu'un vient vivre au
Québec pendant dix ou quinze ans, il peut toujours avoir son domicile
à Toronto ou à Moncton, mais avoir sa résidence au
Québec, parce qu'il pense y retourner un jour. Dans la jurisprudence, il
y a beaucoup de cela et on est en train d'introduire une notion ici qui est
dans le Code civil, dans une grande mesure pour protéger les
Québécois, parce qu'une fois que... Supposons qu'on se marie au
Québec, c'est la loi sur le domicile des gens mariés qui
s'applique pour eux pendant tout leur mariage, etc. C'est une autre notion.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Charbonneau: Oui, seulement un petit fait, M. le
Président. Je voudrais signaler que dans la loi scolaire de l'Ontario,
c'est la notion de résidence qui sert à la détermination
de l'admissibilité des élèves.
M. Bérubé: Dans la loi scolaire du Québec,
c'est le domicile.
M. Charbonneau: J'ai donné l'exemple de la loi scolaire de
l'Ontario. On se demandait tantôt comment cela se passait
ailleurs. Alors, on vous donne un fait de plus, mais on sait que cela ne
vous intéresse pas beaucoup.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'ai posé une question
tantôt et on ne m'a pas répondu. Je veux avoir la réponse.
Si un citoyen de l'Alberta...
Une voix: On n'a pas de réponse, personne écoute.
Arrêtez.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...vient travailler pour le compte
d'une compagnie pétrolière pendant neuf mois ici...
M. Bérubé: M. le Président, je suis
prêt à voter.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...est-ce que son enfant va être
considéré comme un Québécois, oui ou non?
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le ministre.
M. Leduc (Saint-Laurent): S'il vous plaît! Je repose ma
question. Cela n'a pas l'air d'intéresser du tout le ministre.
M. Bérubé: Vous pouvez demander des
questions...
Une voix: C'est réglé.
M. Bérubé: Vous pouvez demander une question, mais
si vous posiez les questions, il y aurait des chances qu'on vous
réponde. Mais à demander une question.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela fait trois fois que je la pose.
Cela ne semble pas vous intéresser du tout.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je veux avoir une réponse
claire. La question est très simple. Un citoyen de l'Alberta vient ici,
envoyé par une compagnie, travailler durant neuf mois, disons, durant,
l'année scolaire. Il a des enfants. Est-ce qu'on va le considérer
comme un Québécois pour les frais de scolarité, oui ou
non? C'est la question que je pose.
M. Bérubé: Dans la loi actuelle...
M. Leduc (Saint-Laurent): Parce que, lui, il n'aura certainement
pas de domicile ici.
M. Bérubé: ...on ferait référence
à son domicile et s'il est ici, de passage, et qu'il n'a pas l'intention
d'y établir son domicile, à ce moment-là, la commission
scolaire pourrait lui imposer les frais de scolarité. Cela, c'est le
régime actuel.
Une voix: C'est dans le projet, monsieur.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est loin d'être
généreux.
M. Bérubé: Non, c'est la Loi sur l'instruction
publique. La proposition du projet de loi, ici, n'est qu'une prolongation du
régime existant. On n'a pas touché à ça.
Maintenant, je dois dire que le député de D'Arcy McGee nous
soulève une question qui mérite effectivement réflexion.
Car, honnêtement, comment une commission scolaire peut-elle
vérifier que l'enfant qu'elle inscrit est simplement résident et
non domicilié?
Il est clair qu'elle doit faire la preuve et c'est une preuve qui est
difficile à faire et, en conséquence...
Une voix: Une preuve d'intention.
M. Bérubé: Oui, une preuve d'intention. En
conséquence, elle doit être à ce point difficile que les
commissions scolaires ne doivent pas y avoir recours. Reste le problème
du jeune qui vient spécifiquement au Québec pour faire des
études sans payer de droits de scolarité. Ce pourrait être
un problème au niveau universitaire, mais certainement pas au niveau
primaire ou secondaire. J'ai de la difficulté à imaginer un
enfant de neuf ans faisant le voyage seul pour venir faire des études au
Québec. Je suis un peu d'accord avec l'argumentation du
député de D'Arcy McGee et je pense qu'on devrait s'en tenir
à la notion de résidence.
M. Marx: C'est la deuxième fois que vous êtes
d'accord avec moi!
M. Bérubé: Je remarque que les conseils du
député de D'Arcy McGee sont généralement objectifs
et jamais teintés de "politicailleries", ce qui en fait un conseiller
précieux du gouvernement.
M. Laplante: M. le Président, M. le député
de D'Arcy McGee...
M. Bérubé: Je suggérerais que si le
député d'Argenteuil veut élaguer dans la pile
d'amendements, il n'aurait qu'à les soumettre à la consultation
du député de D'Arcy McGee. Je suis convaincu qu'on pourra en
réduire la pile de 99%.
M. Ryan: II a bien choisi le côté de la Chambre
où il siège; il savait ce qu'il faisait.
M. Laplante: M. le Président, avant qu'il parte...
M. Ryan: II n'a jamais manifesté l'intention d'aller
siéger avec des gens qui raisonnent comme vous.
Le Président (M. Tremblay): Je vous avoue que, des fois,
c'est difficile d'être président! M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: M. le député de D'Arcy McGee, je ne
suis pas tout à fait convaincu et même de l'argumentation du
ministre. Mais, je veux vous poser... Ce n'est pas une colle...
Une voix: C'est un "filibuster"?
M. Laplante: C'est une règle qui peut arriver. J'ai
parlé tout à l'heure d'une frontière: le Nouveau-Brunswick
et le Québec où deux municipalités se touchent. Des
familles complètes se fréquentent dans les deux
municipalités, mais elles ne restent pas dans la même province.
Ils n'ont pas de polyvalente à Saint-Jacques, au Nouveau-Brunswick. Ils
sont obligés d'aller à Edmunston pour parfaire leurs cours et ces
choses-là. Par contre, ils ont une tante qui reste à
Dégelis et les enfants s'en vont résider - seulement les enfants
- chez "ma tante" pour pouvoir aller à la polyvalente, à
Dégelis.
Une voix: Ils ont leur résidence là.
M. Laplante: Est-ce que, actuellement, on peut refuser ces
gens-là?
M. Marx: Oui, mais je me demande si un enfant peut avoir une
résidence autre que la résidence de ses parents. Un mineur a le
domicile de ses parents.
M. Laplante: Ce n'est plus domicile, s'il vous plaît.
M. Marx: Non, mais est-ce que cet enfant va avoir accès
à l'assurance-maladie du Québec? Est-ce que cet enfant va avoir
accès à tous les autres services qu'on offre au
Québec?
M. Laplante: Forcément, oui, cela va là-dedans.
M. Marx: S'il est résident du Québec, mais s'il
traverse la frontière chaque jour pour en bénéficier, cela
serait illégal.
M. Bérubé: Ce n'est pas la question du
député de Bourassa qui est quand même fort sensée.
On avait attiré mon attention tantôt sur ce point-là. C'est
le problème des zones limitrophes. Il est effectivement possible dans le
cas d'une zone limitrophe d'envoyer un enfant séjourner chez la tante,
la cousine, pour aller à l'école de la commission scolaire soir
et matin. Il est possible.
M. Marx: Entre Hull et Ottawa...
M. Laplante: Cela peut nuire de ne pas faire de...
M. Marx: C'est le prix qu'on paie pour avoir une association avec
le reste du Canada.
M. Leduc (Fabre): Sans la souveraineté. M. Marx:
Même avec la souveraineté.
M. Laplante: Je ne sais pas si c'est corrigé actuellement
dans la loi présente, je n'ai pas vu cet article, M. le ministre. Disons
que j'ai un enfant...
M. Marx: Qu'est-ce que cela va changer si on met le mot
"domicile" dans la loi? Cela ne va rien changer. Qui va vérifier tout
cela?
M. Laplante: J'ai un enfant et je demeure à Varennes. J'ai
décidé de l'envoyer dans une école publique à
Montréal. La commission scolaire de Montréal me facture un
certain tarif pour l'éducation de cet enfant. Si la commission scolaire
ne veut pas payer, c'est la famille qui est obligée de rembourser.
M. Marx: Cela n'est pas concerné par l'article qui dit de
résider au Québec. Cela veut dire que c'est le même
régime pour tout le monde au Québec. Entre Varennes et
Montréal, il n'y a rien qui change.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous permettez, on va voter sur la
proposition de l'amendement.
M. Marx: Le ministre est d'accord, donc...
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non.
C'est cela. On a proposé un amendement, alors il va être
d'accord. Alors, on vote sur l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres intervenants
sur l'amendement qui se lit comme suit...
M. Laplante: Pas sur l'amendement, sur les amendements qu'il y a
dans l'article...
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse, c'est un
amendement qui comporte deux points.
M. Laplante: Cela est important.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je remarque
qu'avec ce qui s'en vient, il y aurait peut-être lieu
d'accélérer un peu. Nous sommes intéressés au
projet de loi. Cela fait une semaine que vous faites cela, arrêtez de
niaiser et...
M. Bérubé: Depuis le début des travaux, le
député de Saint-Laurent nous dit: II n'y a rien qui presse, il
faut prendre tout notre temps. C'est un projet important.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est cela, on a jusqu'au mois de mars.
Cela ne me dérange pas du tout.
M. Bérubé: Ne changeons pas les règles que
vous avez établies.
M. Leduc (Saint-Laurent): On a jusqu'au mois de mars. Vous
autres, vous avez l'air d'être désireux d'en finir. Nous avons
tout le temps qu'il faut pour étudier un projet de loi aussi
important.
Une voix: Cela fait trois ans qu'on est là-dessus.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, cela fait exactement quatre jours
plus une journée pour recevoir les intervenants.
Le Président (M. Tremblay): Messieurs... Permettez!
À l'ordre! À l'ordre! À l'ordre! À l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! J'appelle au calme.
Restons calmes! J'appelle un amendement. Personne ne m'a indiqué qu'il
désirait... Oui, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, il serait important qu'on ait
une indication d'intention. Si le ministre a l'intention de voter pour
l'amendement qui traite de la résidence et qu'il eût l'intention
de voter contre l'autre, je demanderais qu'on scinde l'amendement en deux pour
qu'on n'emporte pas le bébé avec l'eau du bassin.
Le Président (M. Tremblay): En vertu de l'article 197,
"toute motion de fond peut, sur motion sans préavis, être
scindée lorsqu'elle contient plusieurs principes - c'est le cas qui nous
préoccupe...
M. Bérubé: Oui, je pense que c'est approprié
car...
Le Président (M. Tremblay): ...pouvant faire chacun
l'objet d'une motion distincte. La motion de scission doit indiquer de quelle
façon celle-ci s'effectue." Cela se comprend - si je peux retrouver ma
motion - elle est en deux parties; la première c'est: Remplacer les mots
"offerts conformément" par les mots "prévus par"; la
deuxième, c'est le mot "domiciliée" par le mot "qui
réside". Ce seraient deux amendements distincts.
M. Bérubé: Ils ne posent pas de problème
actuellement.
Le Président (M. Tremblay): Je déclare en vertu de
l'article 198 que cette motion peut être scindée.
M. Ryan: Maintenant, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Maintenant, nous allons passer
aux voix pour...
M. Ryan: Non, avant le vote, j'aurais une explication à
demander.
Le Président (M. Tremblay): Pour savoir si vous voulez le
scinder, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Ah oui! C'est correct, cela marche. Très
bien.
Le Président (M. Tremblay): Quels sont les membres de
cette commission qui désirent que l'amendement soit scindé?
M. Leduc (Fabre): Est-ce qu'on peut avoir l'amendement
écrit? (17 h 30)
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Une voix: Donnez-nous l'amendement, s'il vous plaît.
Le Président (M. Tremblay): MM. si vous me permettez. La
procédure va être comme ceci: L'article 197 dit: "Toute motion de
fond peut, sur motion sans préavis, être scindée
lorsqu'elle contient plusieurs principes pouvant faire chacun l'objet d'une
motion distincte. La motion de scission doit indiquer de quelle façon
celle-ci s'effectue". L'article 198: "Le président décide si la
motion peut être scindée; auquel cas elle fait l'objet d'un
débat restreint, suivi du vote de l'Assemblée".
J'ai déjà déclaré qu'elle était
recevable, qu'il était possible de la scinder et vous pourriez faire un
débat restreint là-dessus. L'article 199 dit: "Chaque partie
d'une motion scindée est discutée et mise aux voix
séparément, dans l'ordre où elle se trouvait dans la
motion originale". L'article 200: "La motion de scission a priorité sur
la motion en discussion". Nous allons avoir, très
bientôt, le texte photocopié de l'amendement. Si
j'étais persuadé que cela mettrait fin aux caucus qui ont cours
très régulièrement dans cette commission, je...
M. Leduc (Fabre): On peut vous indiquer en attendant, M. le
Président, de quelle façon on compte scinder.
Le Président (M. Tremblay): Oui, certainement vous pouvez
y aller.
M. Leduc (Fabre): On peut vous l'indiquer verbalement en
attendant d'avoir le texte. Peut-être que le député
d'Argenteuil pourrait expliquer.
M. Ryan: C'est bien simple: la première motion, c'est
remplacer le mot "domiciliée" par les mots "qui réside".
Même l'autre, on va le laisser tomber pour simplifier les choses, pour
qu'il n'y ait pas de débat inutile, si vous n'avez pas d'objection
à ce que nous le retirions.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse, est-ce que vous
voulez...
M. Ryan: L'amendement proposé, c'est remplacer le mot
"domiciliée" par les mots "qui réside".
Le Président (M. Tremblay): Vous retireriez l'autre partie
de la motion.
M. Ryan: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): On va sur le résident qui
réside.
M. Ryan: Uniquement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil vient de retirer... Nous allons avoir la copie, cela ira mieux
pour en discuter.
Pour informer les membres de la commission qui n'ont pas eu l'occasion
de suivre les débats, M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Pour fins de consultation sur l'amendement et
ce que vient de nous indiquer le député d'Argenteuil, nous
aimerions suspendre juste trois minutes pour qu'on puisse se consulter.
M. Ryan: Nous demandons une suspension de dix minutes.
M. Leduc (Fabre): Pourquoi dix minutes, M. le Président?
J'aimerais...
M. Ryan: J'ai demandé une suspension de dix minutes. Je
vais vous donner la raison, M. le Président, on ne tournera pas autour
du pot. Nous venons de recevoir une nouvelle selon laquelle le leader du
gouvernement a annoncé qu'il entendait déposer à la
Chambre demain une motion de clôture.
M. Leduc (Fabre): Une motion de clôture.
M. Leduc (Saint-Laurent): La guillotine.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'on pourrait
régler pour cinq minutes?
M. Ryan: Non, dix minutes.
M. Leduc (Fabre): Pourquoi dix minutes, M. le
Président?
M. Laplante: Je ne comprends pas.
M. Ryan: Si vous voulez avoir cinq minutes, vous reviendrez.
M. Leduc (Fabre): On accepte, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre suspend ses travaux pour dix
minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 35)
(Reprise à 17 h 47)
Le Président (M. Tremblay): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux et au moment
où nous avons suspendu, le député d'Argenteuil avait fait
une motion pour retirer une partie de son amendement.
M. Ryan: Vous avez demandé une suspension pour vous
consulter.
M. Leduc (Fabre): Oui, M. le Président, nous revenons pour
dire que nous sommes d'accord avec l'amendement proposé par le
député d'Argenteuil et le fait qu'il retire également son
deuxième amendement.
Le Président (M. Tremblay): Pour être clair...
M. Ryan: Ne parlez plus, c'est clair. Vous êtes mieux de ne
pas parler.
M. Leduc (Fabre): Alors, si vous voulez relire la proposition tel
qu'amendée, maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Alors, ce qu'on conserve comme
amendement serait: remplacer le mot "domiciliée" par les mots "qui
réside".
M. Bérubé: Mais, soit dit en passant, nous devrons
apporter deux amendements de concordance aux articles 264 et 464 et remplacer
le concept de domicile à ces endroits, également, par le concept
de résidence. Nous avons eu un petit peu de difficulté, M. le
Président, parce que nos conseillers légaux étaient
partagés, mais le député de D'Arcy McGee a fait un travail
en profondeur pour tenter de les convaincre.
Le Président (M. Tremblay): Alors, j'appelle au vote
l'amendement de l'article 4 que je viens de lire et conformément
à la demande du député d'Argenteuil, je demande un vote
enregistré.
Je demande au député de Verchères, pour ou
contre?
M. Charbonneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Tremblay): C'est adopté à
l'unanimité.
J'appelle maintenant l'article 4 tel qu'amendé. Le même
vote?
Alors, l'article 4 est adopté tel qu'amendé.
Le choix de l'école (suite)
J'appelle l'article 5 qui avait déjà été
appelé et dont le ministre avait déjà donné des
informations à Mme la députée de L'Acadie. Est-ce qu'il y
a d'autres intervenants sur l'article 5?
M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne vous cache pas, M. le
Président, que je vois très mal qu'on ne veuille pas biffer
l'alinéa 3. Si on donne le droit aux élèves de choisir une
école par préférence, une école, comme disait le
ministre, qui peut avoir une certaine coloration, je pense qu'à ce
moment-là, c'est un service éducatif normal, qu'on
reconnaît normal et je ne vois pas du tout pourquoi, à ce
moment-là, on ne donnerait pas le transport, on ne permettrait pas
à ces enfants d'avoir accès à l'école. C'est bien
beau, à ce moment-là, de dire: Vous avez l'accès à
ces écoles, vous avez droit à un projet éducatif
différent, une école alternative, mais on ne vous donne pas les
moyens d'y aller. À ce moment-là, c'est un droit qui est
absolument futile, qui ne veut absolument rien dire. Alors qu'on
l'enlève tout simplement. Comment cet enfant va-t-il pouvoir se
véhiculer? C'est la question que je pose.
À ce moment-là, c'est évident que l'enfant va
être obligé d'aller à l'école de l'autre
côté de la rue, à l'école de son quartier. Et les
parents qui auront les moyens financiers, qui pourront se permettre d'envoyer
leurs enfants à ces écoles alternatives, ils le feront. Encore
là, les riches en bénéficieront. Alors je pense que c'est
peut-être le dernier endroit, quand on parle d'enseignement, quand on
parle d'éducation, l'enseignement primaire et secondaire public,
où on doit faire de la discrimination. Ici, il s'agit
véritablement de discrimination. On va permettre aux riches, aux nantis
d'envoyer leurs enfants à l'école de leur choix, alors que ceux
qui n'auront pas les moyens n'auront pas le droit d'y aller. Je pense que c'est
absolument inacceptable. C'est peut-être l'article le plus
discriminatoire du projet de loi, en tout cas de ce qu'on a vu jusqu'à
présent.
Le Président (M. Tremblay): M. le
ministre, vous vouliez intervenir?
M. Bérubé: M. le Président, non. Par
exemple, on pourrait imaginer un père ou une mère, voyageant soir
et matin pour aller à son travail et qui choisisse de conduire son
enfant en allant à l'école et, à ce
moment-là...
M. Leduc (Saint-Laurent): II prend le métro.
M. Bérubé: ...de lui permettre d'aller à une
école autre.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est une vraie farce.
M. Bérubé: II est clair que, fondamentalement, le
principe de base reste que chaque parent doit normalement envoyer ses enfants
à l'école du quartier. Ce que, cependant, ceci prévoit,
c'est que chaque fois que la commission scolaire peut accueillir un enfant dans
une autre école, si des parents manifestent le désir d'envoyer
cet enfant à l'autre école, la commission scolaire est
obligée de l'accepter. C'est cela, le droit. Toutefois, la commission
scolaire n'est pas obligée de lui faciliter l'exercice de ce droit.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Oui. L'explication que le ministre a donnée
à la députée de L'Acadie, tout à l'heure,
démontre encore une fois que les notions de l'école commune et de
l'école confessionnelle sont en contradiction totale. Le cas des
franco-protestants, par exemple, utilisé par Mme Lavoie-Roux. Pour ces
derniers, la situation que vous avez décrite représente un net
recul sur la situation actuelle. Je pourrais l'interpréter comme
étant une institutionnalisation de la tyrannie de la majorité.
Est-ce que c'est cela que le gouvernement veut par ce projet de loi? Vous avez
entendu les demandes de garanties des anglo-catholiques dans les commissions
scolaires anglophones. La notion de l'école commune, évidemment
ce n'est pas acceptable aux anglo-catholiques. Ils demandent des écoles
catholiques dans le plein sens de leur interprétation. Qu'est-ce qui va
arriver de l'école du quartier? Est-ce que les anglo-catholiques... Qui
va être la minorité privilégiée? Est-ce que ce
seront les protestants qui ont actuellement des écoles communes ou
est-ce que ce seront les anglo-catholiques? Il y aura une confusion et une
discrimination tout à fait inacceptables. Je pourrais vous parler des
handicapés. Encore une fois, qu'est-ce qu'on fera pour leur transport en
général, surtout pour ceux qui ne sont pas intégrés
dans des classes régulières? Qu'est-ce qui va leur arriver? Le
projet de loi ne garantit pas le transport gratuit pour ceux qui sont
forcés de se regrouper dans des classes spéciales.
M. Bérubé: Ce n'est pas la même chose.
Mme Dougherty: Est-ce que cela existe dans le projet de loi?
C'est possible, mais je ne l'ai pas trouvé. Je parle des services
particuliers gratuits pour les enfants handicapés. Où? À
quel article?
M. Bérubé: L'article...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais le transport n'est pas défini
pour les services particuliers. On ne parle pas du transport dans les services
particuliers.
Mme Dougherty: On ne parle pas de transport à l'article
26. On parle des services particuliers aux élèves
handicapés et en difficulté d'apprentissage, mais on ne parle pas
de la gratuité...
M. Bérubé: II faudrait aller voir au transport.
M. Ryan: M. le ministre, ne riez pas du transport. C'est le statu
quo encore une fois. Ce n'est pas autre chose que le statu quo. Il n'y a aucun
progrès là-dessus.
Mme Dougherty: Mais, à l'heure actuelle, les
handicapés qui sont obligés de se regrouper dans des classes
spéciales, même ceux qui sont intégrés, ont des
privilèges en ce qui concerne le transport. Cela existe.
Une voix: L'article 330, madame.
M. Champagne: L'article 330, madame.
Mme Dougherty: Oui.
M. Champagne: "La commission scolaire peut organiser le transport
des élèves..."
Une voix: Cela ne sera pas long qu'on va mettre fin à
cela.
M. Bérubé: II n'y a pas d'obligation.
Mme Dougherty: II n'y a pas d'obligation. Alors, c'est tout
à fait inacceptable, M. le Président. C'est tout à fait
inacceptable. C'est un recul, un net recul sur ce que...
M. Bérubé: Non, c'est le statu quo. Mme
Dougherty: Y a-t-il des enfants
handicapés dans cette province qui ne sont pas transportés
gratuitement? Je ne le crois pas, mais c'est permis dans ce projet de loi.
M. Bérubé: Non, il n'y a pas d'obligation
légale à l'heure actuelle.
Mme Dougherty: À l'heure actuelle? Une voix:
Non.
Mme Dougherty: II faut alors insérer l'obligation dans le
projet de loi.
M. Parent: Dans les faits, il y en a une.
M. Bérubé: Ah! dans les faits, il y en a une.
D'ailleurs, on dit bien dans le projet de loi que le service de transport doit
être gratuit. On impose cela comme condition, sauf le midi, puisqu'il y a
une exception concernant le transport le midi, mais...
Une voix: L'article 331.
M. Bérubé: On spécifie très
clairement que le transport doit être gratuit, mais on ne crée pas
d'obligation dans la loi à assurer le transport. Cela veut donc dire
qu'une commission scolaire peut encore estimer, par exemple, qu'un parcours
n'est pas dangereux, que la distance n'est pas suffisante et, en
conséquence, elle peut décider de ne pas assurer le transport.
Elle peut le faire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: Seulement une question. Je trouve, M. le
Président, que l'article 5 n'est absolument pas cohérent, qu'il
devrait tout simplement disparaître au complet.
Tout à l'heure, j'ai discuté avec le ministre d'une
façon informelle et je lui ai dit: C'est vrai, c'est beau, c'est un
sacré beau principe, le choix de l'école. Je pense que tout le
monde tend vers cela, mais lorsqu'on n'est pas capable de donner les moyens...
Dans ces articles, on ne donne pas les moyens de choisir réellement
l'école. On dit aux gens: Vous allez opter pour l'école de votre
choix, le meilleur projet éducatif.
Par contre, si tu n'as pas les moyens pécuniaires ou physiques
pour t'y rendre, tu ne peux pas y aller. Cela me fait penser au moment
où on édictait de grands principes dans le domaine du loisir
comme d'être accueillant et d'avoir des animateurs pour les personnes
handicapées. Il fallait intégrer les gens handicapés, mais
on n'élargissait pas les portes des bâtisses et on n'avait pas de
rampes d'accès.
C'est bien beau de dire aux gens qu'il y a un service qui existe - on
doit tendre vers un service comme cela - mais si on ne donne pas les moyens
à l'ensemble de la population, cela devient discriminatoire. L'argument,
tout à l'heure...
Le Président (M. Tremblay): Malheureusement, je dois vous
interrompre...
M. Parent: ...de M. le ministre qui nous disait que les parents
transportent les enfants...
Le Président (M. Tremblay): Je dois vous interrompre parce
qu'il est 18 heures et je dois suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
Les travaux de la commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 21)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît:
Nous allons commencer les débats d'une façon
organisée.
La commission permanente de l'éducation reprend ses travaux et je
crois qu'il y a une requête du parti ministériel pour un
changement.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, M. Lachance
(Bellechasse) remplacerait M. Marquis (Matapédia), s'il y a
consentement.
Mme Lavoie-Roux: Cela nous fait plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): II y a consentement; alors, le
député de Bellechasse agit comme membre de la commission. Nous
étions à l'article 5. Nous étudions l'article 5...
M. Bérubé: M. le Président?
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Motion proposant de biffer le 3e alinéa de
l'article 5
Mme Lavoie-Roux: J'ai une motion, M. le Président.
M. Bérubé: D'ajournement.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie, je vous remets la parole.
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous la donner par coeur parce que je la
sais par coeur. C'est de biffer l'alinéa 3 de l'article 5.
Le Président (M. Tremblay): Alors, cette...
Mme Lavoie-Roux: On va vous la distribuer, elle est
vraiment...
M. Bérubé: Biffer l'alinéa 3 de l'article 5.
Oui, je comprends.
Mme Lavoie-Roux: C'est logique avec ce qu'on a dit avant le
souper.
M. Bérubé: C'est logique avec la suite de votre
pensée.
Le Président (M. Tremblay): Alors, sur la
recevabilité.
Mme Lavoie-Roux: Alors, on peut biffer dans un article, cela ne
change pas le sens... Ce qu'on a voulu indiquer par...
M. Bérubé: Alors, M. le Président, c'est
carrément une motion à caractère économique. Cela
porte spécifiquement sur le transport gratuit.
Une voix: Et sur le budget.
M. Bérubé: Et sur le budget.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que sur la recevabilité,
à mon point de vue, ce qui m'apparaît l'élément le
plus important dans l'article 5, ce sont des droits qui sont accordés
aux élèves ou aux parents d'élèves de choisir
l'école qui correspond le mieux à leurs valeurs, qui
répond mieux à leur préférence, à leurs
valeurs.
Évidemment, il y a des contraintes qui sont les capacités
d'accueil dans chaque école, du nombre de parents qui pourraient
réclamer tel type d'école pour leur enfant. Le troisième
paragraphe, à mon point de vue, ne fait que venir contredire les deux
premiers. En fait, il ne devrait même pas être dans l'article 5. Il
s'agit d'enlever un paragraphe. Je n'ai pas le règlement devant moi,
mais on peut retrancher, enlever, etc. Je ne vois pas du tout de quelle
façon le ministre peut dire que c'est un alinéa
économique. Ce que, dans le fond, on veut assurer, c'est que les parents
puissent exercer leurs droits tels qu'ils sont décrits dans les deux
premiers paragraphes.
M. Bérubé: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: ...examinons l'alinéa tel quel si
on veut pouvoir poser la question de la recevabilité. Il y est dit que
l'exercice de ce droit ne permet pas d'exiger le transport gratuit. Donc, en
biffant l'alinéa, désormais, on pourra exiger le transport
gratuit, "...lorsque le transport requis pour cet élève
entraîne des coûts excédant les normes prévues par
règlement de la commission scolaire pour le transport des
élèves." Donc, on vient effectivement d'augmenter de façon
substantielle les coûts associés au transport.
De plus, on sait que l'État défraie 95% des
dépenses des commissions scolaires et que, pour la différence, il
y a une limite à la capacité de taxation de la commission
scolaire, en vertu de la présente loi et des lois existantes au
Québec, ce qui entraîne comme conséquence que le fardeau
d'un tel amendement reposera nécessairement sur l'État et que,
dans ces conditions, puisqu'il y a un coût qui serait engendré
à partir d'une décision gouvernementale, l'État devrait en
assumer le coût. L'amendement que nous avons là est donc un
amendement à caractère économique et budgétaire,
surtout. Il implique un déboursé pour l'État.
Le Président (M. Tremblay): Je vais considérer cet
amendement comme recevable.
Une voix: Pourquoi?
Le Président (M. Tremblay): Je vais vous dire
pourquoi.
M. Bérubé: Vous ne faites pas jurisprudence, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Je l'espère bien. Je
prends la décision sur cette base-ci. Il n'est pas évident, dans
la proposition, que les coûts supplémentaires que cette motion
d'amendement implique sont imputables directement au gouvernement. Il est
plutôt prévu que ce seront des coûts qui seront imputables
à la commission scolaire et il ne m'appartient pas à moi de
décider qui de la commission ou du gouvernement devrait payer la note.
Cela pourrait être le gouvernement, mais cela pourrait être la
commission scolaire. Pour cela, je déclare cet amendement recevable.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, est-ce qu'on peut avoir
une justification écrite de votre décision?
Mme Lavoie-Roux: Lisez le Journal des débats demain
matin.
Le Président (M. Tremblay): Oui, effectivement, vous allez
avoir ça demain matin. C'est très rapide. Mme la
députée de L'Acadie, je vous donne la parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais être
très brève. J'ai donné les raisons. La seule chose que je
voudrais redire, c'est que par son esprit - en tout cas, c'est la façon
dont on nous l'a expliquée - la loi veut respecter le plus possible les
choix des parents eu égard au projet éducatif de l'école
qu'ils voudraient choisir pour leur enfant.
Dans ce sens-là, ça semble généreux, mais on
vient immédiatement restreindre ce droit qu'on accorde aux parents des
enfants par une clause telle que le troisième alinéa, qui dit que
les parents ne pourraient pas, à la suite de ce droit, exiger un
transport gratuit.
Je n'hésite pas à dire, M. le Président, que c'est
un peu de la fausse représentation. Tout le discours sur le choix du
projet éducatif que l'on veut pour son enfant, la volonté du
gouvernement de donner aux parents la possibilité de choisir une
école à statut confessionnel, particulièrement protestant
ou catholique, si parce qu'on exerce ce droit, on doit assumer possiblement -
ce n'est pas sûr, comme vous l'avez dit, ce n'est pas
nécessairement ça -des coûts supplémentaires.
Moi, je ne comprends plus toutes les dispositions qui sont dans la loi
eu égard non seulement à la déclaration du statut de
l'école confessionnelle, mais des autres dispositions qui sont dans la
loi pour donner à ces écoles-là les services
correspondants, que ce soit le projet éducatif religieux, les services
de pastorale et d'animation et, même, de prévoir au niveau de la
commission scolaire un responsable. On a vraiment créé...
En tout cas, moi, je suis restée avec l'impression que
l'école était publique et commune, mais que c'était sur un
même pied que pouvaient être considérées les
écoles avec un statut confessionnel, selon la volonté des
parents. Dans ce cas, elle n'est plus sur le même pied eu égard
aux frais que certains parents pourraient assumer. Cela m'apparaît
vraiment un peu... Je n'aime pas dire "fausse représentation", parce que
c'est peut-être un terme un peu exagéré, mais je veux dire
que ça ne m'apparaît pas transparent.
Je serais étonnée de voir ce que les parents ont compris
du projet de loi. Quand on examine un article comme celui-là, est-ce
qu'il correspond vraiment à l'esprit de la loi et aux services qu'on
voulait continuer d'assurer pour les parents qui choisissaient une école
autre que l'école publique et commune? (20 h 30)
Moi, où je suis d'accord avec le ministre, où je pourrais
être d'accord avec le ministre, c'est qu'on peut arriver - comment
dirais-je? - à une panoplie de projets alternatifs d'écoles.
Finalement, vous auriez peut-être quinze projets alternatifs dans une
commission scolaire de 5000, 6000 ou 7000 enfants et, à ce
moment-là, tout le monde voudrait avoir son petit projet et cela
nécessiterait des déplacements dans le sens des écoles
alternatives. Mais je pense que l'esprit de la loi a voulu - et c'est
l'assurance que l'on a donnée, je pense, aux gens qui tenaient au statut
confessionnel des écoles - que ce soit sur la même base que
l'école publique et commune.
Je n'ai pas d'objection si le ministre avait un autre amendement dans le
sens de protéger ce choix de l'école confessionnelle, qu'elle
soit protestante ou catholique, puisque c'est vraiment un peu l'espèce
de négociation que l'on a faite en disant: Le statut confessionnel des
commissions scolaires disparaît, mais on ne vous pénalise
aucunement quant au choix, si vous le désirez, de l'école
confessionnelle protestante ou catholique, pour rester dans le contexte
historique de notre système d'éducation.
En venant mettre cette clause... Si vous voulez la restreindre, je n'ai
pas d'amendement, mais je me dis: On joue un peu. Ce n'est pas aussi
transparent et aussi clair pour la population que ce qu'on lui a laissé
entrevoir. Alors, c'est dans ce sens-là que je fais l'amendement. Si le
ministre veut le restreindre un peu parce qu'il le trouve trop large, en
fonction de, hypothétiquement, toutes les écoles alternatives
à droite et à gauche qui pourraient s'ouvrir, je suis d'accord;
mais, sur les autres, il faudrait donner aux parents cette assurance-là
qu'ils n'auront pas à assumer des coûts supplémentaires
parce qu'ils choisissent l'école catholique ou l'école
protestante.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, Mme la
députée de L'Acadie n'a pas très bien compris le sens de
l'alinéa, d'après ce que je vois. Elle interprète
l'alinéa 3 comme si la commission scolaire ne pouvait pas offrir le
transport gratuitement à des élèves qui fréquentent
l'école X ou Y. Ce n'est pas ce qui est dit du tout. Il est tout
simplement dit que la commission scolaire ne sera pas obligée de fournir
le service gratuitement et cela vise certains cas. Je vais donner un exemple.
Il y a peut-être moins de cas à Montréal, mais en
régions, par exemple, à Laval, il y a des commissions scolaires
qui sont sur une très grande étendue. Actuellement, les
élèves d'un quartier donné doivent nécessairement
aller fréquenter l'école du quartier. Avec le projet de loi, les
élèves de ce quartier pourraient fréquenter une
école éloignée de 15 ou 20 kilomètres. Ce n'est
peut-être pas le cas à Montréal, mais à Laval c'est
le cas. Il y a des écoles dans la même commission scolaire qui
sont
distancées de dix ou quinze kilomètres. Si un
élève décidait de fréquenter une école de la
même commission scolaire mais qui est à une distance de quinze
kilomètres, c'est le choix des parents d'envoyer cet élève
à quinze kilomètres de l'école. C'est rendu possible avec
le projet de loi. Actuellement, cela ne l'est pas; le projet de loi rend cela
possible. Donc, il y a une ouverture sur un choix qui est plus grand, mais si
les parents décident de l'envoyer à quinze kilomètres et
si la commission scolaire juge qu'elle n'est pas en mesure de défrayer
le coût en totalité... La commission scolaire pourrait juger - il
n'y a rien qui l'empêche - qu'elle peut défrayer en partie le
coût, selon ses moyens et ses ressources. C'est une décision
locale. Donc, cela ne vise pas à empêcher, cela vise tout
simplement a limiter jusqu'à un certain point et à faire en sorte
que la décision soit prise au niveau local en fonction des ressources
disponibles pour le transport et des choix faits par les parents à
l'intérieur de la commission scolaire. Je le répète, des
choix rendus possibles par la présente loi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me le permettez,
ce ne sera pas long...
M. Laplante: On abuse encore du droit de dialogue du
ministre.
Une voix: Je ne vois pas de source de dialogue.
Mme Lavoie-Roux: Ce que le député de Fabre vient de
dire contredit quand même ce que son ministre reconnaissait avant le
souper lorsqu'il me disait que, dans les faits, c'était possible, quand
j'avais donné l'exemple des écoles franco-protestantes qui,
évidemment, vont être plus disséminées sur le
territoire, forcément - en tout cas, je pense qu'on ne se trompe pas en
disant cela - que des gens soient obligés, compte tenu de la
rédaction, d'assumer des coûts pour fréquenter cette
école-là.
M. Leduc (Fabre): C'est possible.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant. C'est ça, vous me l'avez
admis.
M. Leduc (Fabre): C'est possible, je l'admets.
Mme Lavoie-Roux: Bon. C'est ça. Je me dis que, dans le
moment, ils n'assument pas de coût pour cela.
M. Leduc (Fabre): C'est au niveau local.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, qu'un individu préfère
envoyer son enfant à l'école
X plutôt que Y parce qu'il aime le directeur de l'école ou
parce qu'il a entendu dire que cette école était meilleure que
l'école X ou Y, je me dis c'est un peu comme quand vous décidez
de l'envoyer à l'école privée. Vous êtes
obligé d'assumer son transport.
M. Bérubé: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je me situe vis-à-vis du fait qu'au
moment où vous avez assuré dans la loi, ou que vous avez
déclaré reconnaître, le statut confessionnel de
l'école et ne pas priver les gens de l'accès à une
école confessionnelle de leur choix, vous n'assurez pas en même
temps les moyens pour qu'ils puissent s'y rendre sans déboursé
supplémentaire. C'est vraiment en fonction du statut confessionnel que
la loi reconnaît.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Sur le fond, à savoir si une
commission scolaire ne devrait pas chercher à assurer toujours le
transport scolaire susceptible de permettre à tous les citoyens
d'exercer leur droit de choix de l'école, on s'entend tout de suite, la
réponse c'est oui. C'est évident, on serait absolument d'accord
pour faciliter ce libre choix.
Je pense qu'à la fin de votre intervention vous étiez pile
dans le problème que soulève un tel droit. Il est en effet
possible que quelqu'un veuille garder ses enfants dans une école
donnée soit parce qu'il a demeuré dans le quartier, l'enfant a
commencé l'école à cet endroit-là ou encore, comme
vous l'avez dit, à cause du directeur, des enseignants, d'un projet
éducatif, de la réputation de l'école. Il est possible que
les parents veuillent inscrire leur enfant à une école. Si on
abolissait le droit du parent à un tel choix, en laissant la commission
scolaire complètement libre d'accepter ou non l'enfant, on pourrait
dire: Puisque la commission scolaire était libre de l'accepter eh bien!
qu'elle défraie le transport. C'est une décision de la commission
scolaire. Dans l'article 5, on constate que c'est le parent qui exige que son
enfant aille à une école donnée. Ce n'est pas une demande
de la commission scolaire. Cela ne fait pas partie de la planification de la
commission scolaire, ce sont les parents qui le demandent. On dit à ce
moment-là: Les parents ont le droit de faire une telle demande et la
commission scolaire doit y donner suite chaque fois qu'elle a,
évidemment, les moyens matériels de remplir la demande.
Toutefois, ce que nous disons, c'est qu'une telle demande de la part des
parents ne doit pas avoir comme conséquence d'imposer des frais
additionnels à la commission scolaire, ce qui pourrait avoir comme
conséquence de priver d'autres élèves ailleurs dans la
commision scolaire de
services auxquels ils ont droit.
En effet, imaginons que trop de parents abusent de ce droit et qu'on
associe à ce droit de choisir l'école de son choix, le droit de
se faire transporter. À la suite de cette espèce de croisement
des parcours d'autobus, on engendrerait des coûts très
élevés que la commission scolaire ne pourrait plus assumer et
qu'elle devrait défrayer en supprimant des services pédagogiques
ici, des moyens éducatifs là ou encore, oui, en surtaxant.
À nouveau, il faut quand même faire attention à la surtaxe
au Québec. Donc, la commission scolaire serait amenée, dans le
fond, à priver d'autres élèves de services dont ils ont
besoin parce que trop de parents ont voulu invoquer ce droit. Cela
m'apparaît inacceptable. Il faut donc protéger les autres
élèves de nos écoles contre l'abus de recours à ce
droit. Le troisième alinéa, effectivement, va faire en sorte que
oui, les parents ont le droit de dire: Je n'aime pas cette école; je
veux envoyer mes enfants à une autre école et la commission
scolaire est tenue, si elle a les capacités d'accueil, de recevoir cet
enfant. Toutefois, ce droit-là ne doit pas entraîner un fardeau
financier à la commission scolaire tel que, finalement, il est
reporté sur d'autres clientèles scolaires. C'est au nom de la
protection de l'ensemble du système d'éducation que le
troisième alinéa vient restreindre l'abus du droit. À ce
moment-là, on pourra dire à des parents, si la commission
scolaire ne peut pas offrir le service: Nous n'avons pas d'objection, mais vous
vous débrouillez pour le transport. À ce moment-là, les
parents auront à décider si, compte tenu du coût qu'ils
encourront, ils veulent aller de l'avant avec leur requête.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: II me semble que, encore une fois, ce qui fait
défaut dans l'article... Je favorise l'amendement qui est proposé
parce qu'on laisse entrevoir au premier alinéa un droit auquel on
envisage de ne pas être capable de donner suite. Cela est vraiment de
l'inflation verbale qui ne devrait pas se trouver dans un texte comme
celui-là. Si on n'est pas en mesure de garantir que ceci signifie
quelque chose, je me demande quelle est la portée de tout l'article,
finalement. Une chose qu'on ne doit pas oublier, c'est que, plus loin dans le
texte de loi, il est dit que l'école est publique et commune, mais nulle
part il n'est dit que les parents ont le devoir d'inscrire l'enfant à
l'école la plus rapprochée de chez eux. Cela n'est dit nulle part
dans le texte de loi. On dit: S'ils choisissent l'école de leur
préférence, on ne leur garantit pas le transport.
Déjà, au niveau secondaire, le transport n'est donné
à personne. Les parents paient dans les centres urbains.
M. Bérubé: C'est au niveau collégial.
M. Ryan: Même à Montréal, pour le transport
du niveau secondaire, ce n'est pas payé par les commissions scolaires.
Il faut rappeler une chose: En contrepartie, pour les catholiques de langue
anglaise qui ont décidé d'envoyer leurs enfants dans des
écoles catholiques anglaises, il y a des distances plus grandes à
franchir pour des raisons qui sautent aux yeux, c'est qu'ils ne sont pas assez
nombreux pour avoir partout des écoles rapprochées de leur
résidence. Alors, là, un service est donné. Si on veut
donner aux catholiques de langue anglaise une garantie raisonnable - cela
vaudra pour les catholiques de langue française dans un certain nombre
de cas, aussi pour les protestants, évidemment - que ce droit de choix
quant à l'école dont le projet éducatif correspond le plus
à leurs valeurs sera réel, il faudrait trouver une manière
de formuler le troisième alinéa qui soit moins restrictive ou
encore accepter, comme on le suggère, d'enlever totalement ce
troisième alinéa. Il me semble que, comme c'est là, il y a
une espèce d'incompatibilité entre ce que dit le reste de la loi
au sujet de l'école publique et commune et ce qui est dit ici comme
restriction.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Là où le
député d'Argenteuil a raison: Nous verrons ultérieurement
que nous avons même ajouté un article - je crois que c'est 281 -
qui permet à une commission scolaire d'offrir de recruter des
clientèles pour une école spécifique, ceci dans le but de
regrouper les élèves pour maintenir, par exemple, comme il
l'indiquait, une école mettons confessionnelle mais ce n'est pas
absolument nécessaire, elle pourrait être une école
alternative comme on l'a expliqué antérieurement.
Il est vrai aussi que, dans ces conditions, parce que les
anglo-catholiques vivent dispersés sur un territoire vaste, les
coûts de transport pour offrir la possibilité d'une école
confessionnelle sont plus élevés dans le cas des
anglo-catholiques qu'ils pourraient l'être dans le cas des
franco-catholiques. Cela est clair. En termes de transport, il est bien
évident que, les anglophones étant plus dispersés sur le
territoire, il y a des coûts inévitables. D'ailleurs, la charte
canadienne le prévoit puisqu'elle parle de "là où le
nombre le justifie", c'est-à-dire que, si un moment donné, la
dispersion de la population est trop grande sur le territoire, forcément
on peut
un jour ne plus pouvoir donner la garantie constitutionnelle.
(20 h 45)
De la même façon, je pense que l'État devrait, par
le biais de ses budgets de transport, faciliter aux commissions scolaires le
regroupement du plus grand nombre d'élèves dans des écoles
que l'on pourrait vouloir confessionnelles.
Je partage ce désir, exprimé par le député
d'Argenteuil, que l'on favorise, effectivement, peut-être dans certains
cas par des budgets de transport plus élevés, le regroupement de
clientèles. Mais on ne saurait le présenter ici comme un absolu,
car, à un moment donné, si la dispersion des clientèles
est trop grande, le coût du transport pourrait devenir prohibitif et
à ce moment l'État pourrait très bien dire: II y a un
plafond à mes subventions de transport et, au-delà de cela, je ne
m'engage pas.
Donc, cela est vrai qu'au fur et à mesure qu'une population est
disséminée elle peut perdre l'équivalent de son droit
à avoir ses écoles confessionnelles, comme, d'ailleurs, il
pourrait être de même si une population est dispersée sur un
trop grand territoire et qu'elle demande une école-ressource. À
la commission scolaire Sainte-Foy, on a mis en place une école-ressource
et on doit, parce qu'il y a relativement peu de clientèles
intéressées, recruter sur un grand territoire. Tout
récemment, la commission scolaire, pour des raisons budgétaires,
devait décider que le coût de transport pour maintenir une telle
école devenait prohibitif et que, en conséquence, elle ne fermait
pas l'école, mais elle ne pouvait plus assurer le transport, ce qui,
indéniablement, amenait l'équivalent de la fermeture de
l'école. Cela, je pense que c'est inévitable et cela fait partie
des choix qu'une commission scolaire peut avoir à faire, à
effectuer. Je ne le nie pas, mais je pense que c'est désirable.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je suis
intervenu avant 18 heures pour indiquer au ministre qu'il s'agissait, à
mon sens, d'une mesure discriminatoire, que cette école s'adressait aux
seuls nantis, que ceux qui étaient nantis pouvaient sûrement faire
bénéficier leurs enfants de ce privilège. Je ne le cache
pas, M. le Président, je ne serais pas intervenu ce soir si ce
n'était de l'énormité dont le ministre nous a fait part.
Il a parlé d'abus de droit. Imaginez-vous, on est rendu à
qualifier le projet éducatif coloré, différent, d'abus de
droit. On affecte environ 4 000 000 000 $ à l'éducation et
maintenant on est rendu à parler d'abus de droit. Moi aussi, je veux
bien qu'on ne dépense pas l'argent d'une façon
inconsidérée, c'est vrai. Je me demande si les
sociaux-démocrates ne sont pas de ce côté-ci de la
table.
Nous, oui, on est préoccupés par les finances de
l'État, bien sûr. Cela nous préoccupe peut-être plus
que cela peut vous préoccuper. Mais, à mon sens, il y a des
priorités, quand on dit qu'on doit donner un enseignement et des
services éducatifs de qualité. Si les parents décident, en
abusant, suivant l'expression du ministre, d'envoyer leurs enfants à
l'école alternative, tant mieux pour ces parents, c'est donc qu'il y a
un choix qui a été fait. Je pense qu'on devrait répondre,
à ce moment, au désir de ces parents et, sans tenir compte des
moyens, des capacités de payer, donner cet avantage, à tous les
parents, de façon qu'il n'y ait aucune discrimination.
Je ne pense pas qu'on puisse parler d'abus de droit. Si on est rendu
à parler d'abus de droit, je pense qu'on doit enlever tout simplement
l'article.
M. Bérubé: Enlever le droit! Enlever le libre
choix!
M. Leduc (Saint-Laurent): Si avoir le bénéfice ou
l'avantage d'envoyer ses enfants à une école alternative, c'est
un abus de droit, c'est bien dommage, je ne veux pas qu'il y ait de
discrimination à ce point à l'article 5 du projet de loi. Qu'on
l'enlève, mais je ne crois pas que ce soit un abus de droit. Si les
parents, en nombre, demandent une école alternative, qu'on la leur
donne. Je ne pense pas qu'il y ait d'abus. S'il y a un abus, peut-être
que le problème serait d'autant plus facile à régler.
C'est donc que l'ensemble, la grande majorité des parents veulent avoir
cette école; alors qu'on la leur donne et qu'on permette aux enfants
l'accès à cette école.
Je sais que maintenant chez nous à Sainte-Croix nous avons une
école alternative, Jonathan. Je pense, si je me rappelle bien, qu'on
transportait les élèves. On donnait la possibilité aux
parents de choisir, mais également on donnait la possibilité aux
parents, aux enfants d'avoir accès à cette école en leur
donnant le transport. Je ne pense pas qu'on puisse parler d'abus de droit ici,
surtout pas.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Non, M. le Président. Si la
commission scolaire, sans pénaliser ses autres clientèles, peut
offrir le transport, je pense qu'elle doit le faire. Une commission scolaire
soucieuse d'un système d'éducation varié favorisant
l'excellence, favorisant l'originalité devrait effectivement effectuer
un certain nombre d'expériences pédagogiques qui m'apparaissent
désirables. Je pense que la diversité est certainement source de
qualité.
Je crois que la commission scolaire doit effectivement, dans la mesure
du possible, chercher à offrir le service.
Maintenant, je pense que nous sommes ici des législateurs et que
nous devons énoncer des principes généraux à
l'intérieur desquels les commissions scolaires devront vivre. La
conséquence de l'abolition de l'alinéa 3 serait de supprimer
carrément tout l'article car alors il ne faudrait pas accorder un droit
de choisir son école si le recours à ce droit pouvait avoir comme
conséquence de nuire à ceux qui se sont joints au système
public, n'ont demandé aucune faveur, se contentent du système
universel et commun et, en conséquence, demandent qu'à tout le
moins ils obtiennent les services auxquels ils s'attendent. Il est clair que,
si on devait biffer l'alinéa 3, on se mettrait dans une situation
où la commission scolaire pourrait avoir à encourir des frais
trop élevés à la suite de demandes multiples venant deparents demandant de placer leurs enfants un peu partout sur le territoire
d'une façon désordonnée et à ce moment la
commission scolaire pourrait se retrouver purement et simplement dans
l'incapacité de garantir à ces écoles existantes un
minimum de services éducatifs désirables.
Donc, biffer l'alinéa 3 entraîne le refus total de
l'article 5 de manière à garantir le système. Je ne vous
cache pas que la Centrale de l'enseignement favorise ce point de vue. Ce que la
Centrale de l'enseignement favorise, c'est une école unique de quartier,
où les enfants n'ont aucun choix quant à l'école. Je suis
content de voir que le député de Saint-Laurent, en fait, est
peut-être plus près de cette position. C'est une position qui se
défend; elle découle d'une vision plus unitaire, plus
homogénéisante. À mon point de vue, elle tient davantage
de la vision très étatique et centralisée que l'on a
connue il y a peut-être 30 ou 40 ans dans les systèmes scolaires.
Peut-être que, compte tenu de l'âge du député de
Saint-Laurent, c'est une vision qui correspond, dans le fond, à ses
propres préoccupations, mais je pense que nous ne devrions pas
céder. Nous devons maintenir pour les parents la possibilité de
choisir une école différente pour leurs enfants; toutefois, cela
ne doit pas imposer de fardeau à la communauté. C'est un droit
que les parents ont sans, cependant, pénaliser les autres enfants dans
les écoles.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je vois que le ministre ne veut pas accepter
l'amendement.
M. Bérubé: Non.
M. Ryan: II me semble qu'on pourrait discuter longtemps. Je le
vois passer de droit à faveur sans faire les nuances qui s'imposent. Il
me semble que, si vous donnez un droit, il faut que vous donniez les
conséquences qui en découlent comme corollaire logique;
autrement, le droit n'a pas de signification.
M. Bérubé: Non, c'est faux.
M. Ryan: Est-ce que je peux continuer?
Le Président (M. Tremblay): Oui, vous avez la parole, M.
le député d'Argenteuil.
M. Bérubé: Vous pouvez continuer, mais c'est
faux.
M. Ryan: II me semble que, si le gouvernement voulait rester dans
la logique qui a inspiré le premier alinéa, il serait plus
acceptable d'écrire dans le troisième alinéa quelque chose
de ce genre-ci, par exemple: L'exercice de ce droit implique l'accès au
transport gratuit - et là, pour en rester à votre logique que
vous avez répétée souvent - dans le cadre des politiques
établies par la commission scolaire pour le transport des
élèves. Là, on aurait au moins l'accent sur le positif
plutôt que sur le négatif.
M. Bérubé: C'est, à mon avis, la même
chose que ce qu'il y a dans l'article.
M. Ryan: Je ne le crois pas, je crois que c'est plus positif. Je
crois qu'on accentue l'obligation pour la commission scolaire de faire tout ce
qui est raisonnablement possible. C'est un peu comme l'autre affaire dont on a
parlé pour le 1er octobre et le 31 décembre. Il me semble qu'on
aurait quelque chose, au moins, qui est plus dans la logique. Parce que
là, on leur dit: D'un côté, vous avez ceci et, de l'autre
côté, on ne vous donne aucune espèce de garantie.
M. Bérubé: L'inconvénient...
Le Président (M. Tremblay): Avez-vous terminé, M.
le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: ...de l'amendement du
député d'Argenteuil ou du sous-amendement...
M. Ryan: Ce n'est pas un amendement, c'est une idée que je
mets sur la table. Je n'en ai pas fait l'objet d'un amendement, à plus
forte raison d'un sous-amendement.
M. Bérubé: Bon. Le problème vient purement
et simplement de ce que n'existe pas, dans la présente loi, le droit
au
transport. Il n'est pas dans la loi. La commission scolaire peut offrir
le transport, mais il n'y a pas de droit pour l'enfant au transport scolaire.
D'ailleurs, on sait à quel point un grand nombre de sujets de
débat entre parents et commissaires d'écoles portent plus
précisément sur le droit au transport, sur des parcours qu'on
qualifie de dangereux ou des parcours trop longs. Souvent, les commissions
scolaires vont émettre une réglementation en vertu de laquelle on
ne fait pas de transport lorsque la distance à l'école est moins
de un kilomètre, par exemple. Il est bien clair qu'il n'y a pas de droit
absolu, à l'heure actuelle, au transport scolaire.
Donc, j'aurais de la difficulté à accepter l'amendement du
député d'Argenteuil dans la mesure où on instaure un
droit, qu'on ne retrouve nulle part dans la loi. Deuxièmement, de plus,
ce droit n'aurait pas de réalité, puisque ce serait un droit dans
le cadre des politiques de la commission scolaire et, à ce
moment-là, cela reviendrait à l'expression exacte de
l'alinéa 3, dit autrement, mais c'est la même chose.
M. Ryan: Je ne le crois pas. D'abord, je voudrais rappeler que
dans la Loi sur les transports, il est question du transport scolaire.
Là, il est bien dit que les subventions données par le
gouvernement doivent entraîner le transport gratuit. C'est dans la Loi
sur les transports. Est-ce que je me trompe?
M. Bérubé: Gratuit.
M. Ryan: Alors, c'est dans la loi.
M. Bérubé: Mais non obligatoire.
M. Ryan: Oui, oui, c'est obligatoire. Dans la mesure où
les commissions scolaires ont accès aux subventions pour le transport
des élèves, elles doivent organiser le transport gratuit.
M. Bérubé: Non. Le transport...
M. Ryan: Voulez-vous on va sortir...
M. Bérubé: ...qu'elles organisent doit être
gratuit.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait nous sortir le texte de la Loi sur
les transports? On doit l'avoir ici. Lorsque le transport est organisé
par la commission scolaire à l'aide de subventions du gouvernement, il
faut qu'il soit gratuit.
M. Bérubé: Oui, cela est vrai. M. Ryan: Cela
est dans la loi.
M. Bérubé: Oui. Il faut qu'il soit gratuit.
M. Ryan: Alors, cela est dans la loi. La Loi sur les transports
est aussi bonne que la loi sur l'éducation. Elle prescrit des
obligations qui sont là.
M. Bérubé: Non, non, une obligation à la
gratuité et vous allez la retrouver dans le présent projet de
loi.
M. Ryan: Oui, oui. C'est entendu, c'est dans la mesure où
il est disponible. C'est toujours marqué: "Dans le cadre des politiques
de la commission scolaire."
L'autre point que je veux vous signaler, c'est que, comme c'est
formulé, si les parents choisissent une école qui est à
une distance que ne veut pas financer la commission scolaire à
même ses politiques ou ses normes, il va arriver qu'un enfant va aller
à une école qui va être à une distance
acceptée dans les règlements de la commission scolaire et lui, il
va recevoir le transport gratuit; l'autre, qui va aller plus loin, n'aura
même pas l'équivalent de ce que celui-là va avoir. Donc, il
va être pénalisé. Il va avoir moins que l'autre. Il
faudrait, au moins, que vous lui donniez autant. C'est cela que garantit la
formulation que je vous propose. Je ne sais pas si vous saisissez le point.
C'est cela qui est la différence. Je me dis: II aurait, au moins, autant
que n'importe quel autre, il ne serait pas pénalisé. On pourrait
lui dire: Tu as la même chose que l'autre. Tandis que, comme c'est
formulé ici, il n'aura rien et l'autre va avoir le minimum qui est
prévu dans les règlements.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Vous me dites qu'il aurait droit...
M. Ryan: Regardez, je ne sais pas si... (21 heures)
M. Bérubé: Oui, disons "off the record"...
M. Ryan: Oui, oui.
M. Bérubé: ...sans chercher là un
amendement, ce que vous me dites, je l'interprète de la façon
suivante: L'exercice de ce droit permet d'exiger le transport gratuit dans la
mesure où le...
M. Ryan: ...dans le cas de...
M. Bérubé: ...transport requis pour cet
élève...
M. Ryan: Là, cela ne marche pas.
M. Bérubé: ...n'entraîne pas de coût
excédant les normes prévues par règlement de la commission
scolaire. En d'autres termes...
M. Ryan: Non, non.
M. Bérubé: ...j'interprète votre proposition
comme voulant dire: II devrait avoir, au moins, droit au transport que la
commission scolaire lui assurerait en vertu de ses règlements s'il
était allé à l'école où la commission
scolaire l'aurait inscrit, compte tenu de ses règles d'inscription.
M. Ryan: Moi, je ne le formulerais pas comme cela,
évidemment, parce que c'est trop négatif.
M. Bérubé: J'essaie d'amender l'alinéa qui
est là, mais c'est compliqué.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie m'avait indiqué, je crois...
M. Ryan: En tout cas, je n'ai pas d'objection à ce qu'on
le laisse en suspens.
Le Président (M. Tremblay): J'avais cru comprendre que
vous aviez l'intention d'intervenir.
M. Ryan: Je ne voudrais pas qu'on passe toute la soirée
sur l'article 5.
M. Bérubé: II m'apparaît que biffer
l'alinéa, M. le Président, est dangereux. Évidemment, nous
ne pouvons pas demander le vote étant donné qu'il y a un
amendement, mais je serais prêt à voter.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse, mais
j'allais proposer le vote, sauf que... Est-ce qu'il y a eu un
sous-amendement?
Le Président (M. Tremblay): Non, il n'y en a pas eu. Il y
a eu exploration de possibilité, mais pas d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Je propose le vote sur mon amendement.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Même à cela,
j'y réfléchissais pendant qu'on en parlait et je me demandais
comment on pourrait amender, biffer le troisième alinéa. C'est
assez difficile. Il faut disposer, d'abord, de l'amendement et, ensuite,
revenir à l'article 5. Les membres de la commission sont prêts
à voter, je crois, sur l'amendement qui vise à biffer le
troisième alinéa de l'article 5. Comme c'est maintenant la
coutume, à la demande du député d'Argenteuil, j'appelle un
vote nominal. M. le député de Verchères?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Non, c'est-à-dire oui, en faveur de l'amendement,
évidemment, oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Je suis contre l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bellechasse?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
La Secrétaire: La motion est rejetée par six voix
contre cinq.
Reprise du débat sur le choix de
l'école
Le Président (M. Tremblay): La motion d'amendement est
rejetée. Nous revenons à
l'étude de l'article 5. M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je demanderais au gouvernement de prendre cela en
considération. On a soumis une idée à l'attention du
ministre à laquelle il n'y a pas de réponse immédiate. Si
vous pouviez suspendre le vote sur celui-là. Cela ne changera pas
grand-chose, de toute manière, dans l'opération finale.
M. Bérubé: Après mûre
réflexion, dans la cohérence même de la loi... Je
m'excuse.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil avait la parole. Aviez-vous terminé?
M. Ryan: Non. D'accord. Oui, oui, je parlerai après.
Le Président (M. Tremblay): Vous aviez terminé.
Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: Je demanderais le vote, M. le
Président. Dans la mesure où, dans la cohérence de la loi,
il n'y a pas de droit au transport scolaire pour aucun élève
fréquentant le secteur public, en conséquence, nous disons que,
même dans le cas d'un élève qui choisit une école
exceptionnellement distante, cela ne peut pas entraîner un droit au
transport puisque le droit au transport n'existe pas en général
dans la loi. Donc, le problème soulevé par le
député d'Argenteuil est, peut-être, beaucoup plus
fondamental: il n'existe pas dans la loi un droit au transport.
M. Ryan: Je fais seulement une exception à ce qu'a dit le
ministre, encore une fois. Est-ce qu'on a retracé le texte de la Loi sur
les transports? Est-ce que les collaborateurs du ministre l'ont à
portée de la main? J'aimerais qu'on me passe l'article en question. Je
voudrais, au moins, que nous consignions dans le compte rendu de nos
débats qu'il a été bien clairement évoqué
que le concept de transport gratuit est déjà inscrit dans la loi
du Québec en matière scolaire.
M. Bérubé: II n'y a pas de droit au transport, mais
il y a un droit à la gratuité.
M. Ryan: Quand vous parlez de transport gratuit, vous impliquez
un droit au transport pour les élèves.
M. Bérubé: Non.
M. Ryan: Mais voyons donc!
M. Bérubé: À l'article 331...
M. Ryan: Non, je connais cet article, on va y venir. Je le
connais très bien. Cela ne donne rien d'embarquer là-dessus tout
de suite.
M. Bérubé: Alors, si vous le connaissez très
bien, vous allez voir qu'il est identique.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Ryan: Non, c'est la pure réplique de ce qu'on a dans la
loi actuelle. J'avais demandé de voir le texte de l'article pour notre
édification. Après cela, on va être prêt à
prendre le vote. Mais, cela prend bien du temps!
M. Bérubé: Non, cela ne prend pas beaucoup de
temps, M. le Président. Si le recherchiste du Parti libéral
manque de ressources, on va essayer de le lui fournir.
M. Ryan: Nous le connaissons très bien et...
M. Bérubé: Mais, quand même, il ne faudrait
pas nous imputer les retards alors que nous fournissons un service de recherche
à l'Opposition.
M. Ryan: Cela n'arrive pas très souvent, finalement. Les
nôtres sont très efficaces. Cela prend bien du temps à
trouver celai
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il a d'autres
interventions sur l'article 5 pendant qu'on fait des recherches?
M. Bérubé: J'ai l'article de loi 431.1 qui se lit
ainsi: "Une commission régionale peut organiser le transport de la
totalité ou d'une partie de la clientèle scolaire résidant
sur son territoire, assumer les dépenses à cette fin et conclure
une entente pour assurer le transport de la totalité ou d'une partie de
la clientèle scolaire d'une commission scolaire, d'une autre commission
régionale, d'une institution d'enseignement privée ou d'un
collège d'enseignement général et professionnel." Il
existe un alinéa concernant le transport le midi.
C'est donc dire que la loi actuelle va moins loin que le projet de loi
3, en ce sens que le projet de loi 3 instaure le principe de gratuité du
transport scolaire le matin et le soir, mais n'instaure pas le droit au
transport scolaire, tandis que la loi actuelle permettait à une
commission scolaire, mais sans, cependant, parler de gratuité.
M. Ryan: Je demande encore l'avis de vos conseillers
là-dessus qui doivent connaître la loi.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Je croyais me souvenir que, dans la Loi sur les
transports, lorsqu'une commission scolaire reçoit des subventions du
ministère des Transports pour le transport des élèves,
elle est tenue de fournir le transport gratuitement.
M. Bérubé: C'est peut-être par les
règles budgétaires.
M. Dupont (Côme): C'est en vertu de la Loi sur
l'instruction publique que le ministre des Transports verse des subventions aux
commissions scolaires. Il verse une enveloppe globale déterminée
a priori et ces ressources doivent être utilisées de façon
générale pour le transport des élèves selon des
normes qu'établit la commission scolaire elle-même. Dans le projet
de loi 3 on précise qu'avec cet argent, lorsqu'on organise le transport,
il doit être gratuit.
M. Ryan: Qu'est-ce qui précise cela?
M. Dupont: Dans le projet de loi, on revient souvent...
M. Ryan: C'est cela. C'est dans quelle loi?
M. Dupont: Dans le projet de loi 3. M. Ryan: C'est
cela.
M. Dupont: Dans le projet de loi 3, à l'article 331.
M. Ryan: C'est cela, il me semblait que c'était là
clairement.
Moi, ce que je voulais souligner ici -vous pourrez prendre le vote, cela
ne me dérange pas - c'est que le concept de transport gratuit est
déjà dans la Loi sur les transports. Y est-il ou n'y est-il
pas?
M. Dupont: Non, il n'y est pas.
M. Ryan: Là vous venez de me dire que...
M. Dupont: Dans le projet de loi 3, on vient préciser
à l'article 331...
M. Ryan: S'il n'y est pas dans la Loi sur les transports, je me
souvenais erronément et je n'insiste pas. J'étais convaincu qu'il
était là. S'il n'y est pas...
M. Dupont: C'est pour cela que dans l'article 331 on vient
préciser que le transport organisé par une commission scolaire
doit être gratuit. C'est l'article 331 du projet de loi 3.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à voter?
J'appelle le vote sur l'article 5 sans amendement.
M. le député de Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Je devrais être pour, je
suppose.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Iles. Il n'est pas là. M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bellechasse?
M. Lachance: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
La Secrétaire: L'article est adopté, 6 voix contre
5.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5 est adopté
en majorité.
Choix de l'enseignement moral et religieux
Je porte à votre attention l'article 6. Est-ce qu'il y a des
interventions?
Mme Lavoie-Roux: II y a des amendements, c'est ce qu'on dit dans
le grand livre.
M. Laplante: II y a un amendement.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement il y a un
amendement qui se lit comme suit: Article 6: Enlever le troisième
alinéa de cet article.
M. Bérubé: M. le Président, c'est un
amendement technique. L'alinéa sera reporté à l'article
283.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement? C'est enlever le troisième alinéa
de cet article.
M. Laplante: II est important. C'est cela que vous vouliez avoir
à l'autre article tantôt, on vous le donne.
Mme Lavoie-Roux: On va commencer par discuter de l'amendement du
ministre.
Le Président (M. Tremblay): Oui, s'il vous
plaît.
M. Laplante: Cela fait partie du projet de loi, il n'y a pas de
discussion sur cela.
Les articles du ministre font partie du projet de loi
automatiquement.
Mme Dougherty: Ils sont déjà...
M. Laplante: Quand c'est un amendement comme cela, ce n'est pas
un amendement distinct. C'est implicite au projet de loi. Ce sont des
corrections qu'il apporte. Mais si eux ont des motions à apporter, par
exemple, sur d'autres...
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est une nouvelle règle?
M. Laplante: Non, cela a toujours été.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est vrai, il est
intégré.
M. Laplante: C'est intégré. Mme Lavoie-Roux:
C'est intégré. M. Bérubé:
Intégré. M. Laplante: Oui, oui, automatique.
M. Bérubé: On n'a pas vraiment besoin de voter.
Qu'est-ce qu'on fait ici?
M. Leduc (Saint-Laurent): Comment cela, pourquoi faire?
M. Laplante: Les autres peuvent causer, par exemple...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi parle-t-on de papillon
à ce moment? Ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Tremblay): C'est le voeu unanime. J'ai
l'intention présentement, à la suite de ce que M. le
député de Bourassa vient de dire, d'accepter les papillons comme
faisant partie intégrante des motions. J'inviterais les membres de la
commission qui ne sont pas d'accord de me l'indiquer immédiatement et
de...
Mme Lavoie-Roux: On est d'accord, on va gagner du temps, M. le
Président, il paraît qu'il ne nous en reste pas beaucoup.
Une voix: C'est sûr.
Le Président (M. Tremblay): Alors, l'article 6 tel
qu'amendé comporte deux articles.
Est-ce qu'il y a des interventions? M. le député
d'Argenteuil. (21 h 15)
M. Ryan: Je voudrais proposer qu'entre le premier et le
deuxième alinéa on ajoute l'alinéa suivant: ...II y a des
copies ici.
Le Président (M. Tremblay): Merci beaucoup.
M. Ryan: L'alinéa se lit comme suit. S'il reste des
copies, j'aimerais cela les recouvrer. L'alinéa se lit comme suit: "II a
aussi le droit de choisir, à chaque année, l'enseignement moral
et religieux d'une confession autre que catholique ou protestante lorsqu'un tel
enseignement est dispensé à l'école."
M. Bérubé: Chaque fois que vos amendements sont
intelligents, il n'y a pas de problème, cela passe tout de suite.
Mme Lavoie-Roux: Alors votons!
M. Bérubé: On ne fait pas d'obstruction.
M. Laplante: Vous n'avez même pas à en discuter.
M. Bérubé: On ne fait pas d'obstruction.
M. Ryan: Si vous aviez parlé moins,
cela fait longtemps qu'on vous en aurait proposé bien
d'autres.
M. Bérubé: M. le Président, moi je n'ai pas
de problème. On a déposé le projet de loi vers la
mi-novembre et, si on est seulement, en ce moment, en train de
l'étudier, c'est parce que l'Opposition a fait de l'obstruction.
M. Ryan: Les amendements du gouvernement...
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement...
M. Bérubé: Vous l'avez vu dans mes notes de
discours.
Le Président (M. Tremblay): ...du député
d'Argenteuil?
M. Ryan: C'est à moi de parler, justement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je ne serai pas long mais je dirai que, si on avait eu,
justement, les amendements du gouvernement beaucoup plus tôt que quelques
heures à peine avant l'annonce de la clôture par le gouvernement,
on aurait été dans des conditions bien plus propices pour
travailler qu'on ne l'a été. On a été dans des
conditions impossibles dont le gouvernement devra porter la
responsabilité, d'ailleurs, devant l'opinion.
Cet amendement-ci, je n'ai pas l'intention de m'y étendre. J'ai
cru comprendre qu'on est favorable, de l'autre côté. Si tel est le
cas, je demanderais qu'on procède au vote sans autre délai.
M. Bérubé: J'aurais un sous-amendement. 11 faudrait
peut-être - et je vais vérifier sur le plan juridique - ajouter
à la fin de l'amendement "conformément aux prescriptions de
l'article 279"; je ne sais pas si c'est le terme juridique parfait mais
"conformément à l'article 279" car la procédure pour
offrir un tel cours est prévue à l'article 279.
M. Ryan: Conformément è la présente loi. Ce
n'est pas nécessaire de nommer l'article. Comme vous marquez au
début "conformément à la présente loi", c'est en
masse.
M. Bérubé: Seriez-vous d'accord qu'on dise
"conformément à la présente loi"?
M. Ryan: ...l'amendement lui-même, pour éviter des
complications, cela va être beaucoup plus simple.
M. Bérubé: Également, auriez-vous objection
à ce qu'on enlève le mot "entre" dans la première
ligne?
M. Ryan: Non, il n'a pas d'affaire là.
M. Bérubé: "II a aussi le droit de choisir..."
M. Ryan: Le mot, je ne l'ai pas dit dans ma lecture, d'ailleurs.
Le mot tombe, c'est évident, il était de trop.
M. Bérubé: C'est bien.
Le Président (M. Tremblay): On enlève "entre" dans
l'amendement.
M. Bérubé: On enlève "entre".
Le Président (M. Tremblay): Et on ajoute
"conformément à la présente loi".
M. Bérubé: Oui, "entre", ici à la
première ligne. "Il a aussi le droit de choisir, à chaque
année, l'enseignement moral et religieux d'une confession autre que
catholique ou protestante lorsqu'un tel enseignement est dispensé
à l'école conformément à la présente
loi".
M. Ryan: C'est cela. Très bien. M. le Président, un
autre amendement au premier alinéa.
Le Président (M. Tremblay): Attendez un peu. Il faudrait
qu'on dispose de cette motion et je vais la relire pour les fins de...
M. Bérubé: II faut absolument faire un vote
nominal?
Une voix: Nominal.
M. Bérubé: N'exagérons pas.
Le Président (M. Tremblay): Avant, je vais le relire pour
que ce soit bien clair dans le Journal des débats.
M. Ryan: Pas celui-là s'il est adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 6 se lit comme suit: Entre le premier et le deuxième
alinéa ajouter l'alinéa suivant: "II a aussi le droit de choisir,
à chaque année, l'enseignement moral et religieux d'une
confession autre que catholique ou protestante lorsqu'un tel enseignement est
dispensé à l'école conformément à la
présente loi. Est-ce qu'on vote, M. le député?
M. Ryan: Non. Dans ce cas, ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Tremblay): Ce n'est pas
nécessaire. Est-ce que l'amendement à l'article 6 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Adopté. Nous passons
à l'étude de l'article 6.
M. Ryan: Juste avant celui-là, il y en a un autre, au
premier alinéa, qui est très court aussi. Je connais son
amendement, il vient après. C'est dans l'alinéa suivant.
Mme Lavoie-Roux: Le mien vient après.
Le Président (M. Tremblay): Alors, les motions fusent.
M. Ryan: Je voudrais proposer l'amendement suivant: après
les mots "et l'enseignement moral", je voudrais qu'on ajoute le mot
"laïc". Voici pourquoi. C'est que vous aurez l'enseignement moral et
religieux catholique, l'enseignement moral et religieux protestant,
l'enseignement moral et religieux d'une autre confession éventuellement.
Il faut que l'enseignement moral soit qualifié d'une manière ou
de l'autre. On ne peut pas lancer en l'air, comme cela, l'enseignement moral
s'il n'est pas rattaché à quoi que ce soit. Il y a des organismes
qui tiennent à cette forme d'enseignement moral qui ont demandé
qu'on ajoute le mot "laïc" pour le qualifier clairement, pour qu'on sache
ce qu'il représente. Je crois que c'est un mot consacré qu'on
trouve dans des textes de législation éducative en France, en
Belgique et en Suisse. Je crois...
Le Président (M. Tremblay): La motion est recevable.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Tremblay): M. le...
M. Ryan: Je pense que...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: ...la meilleure façon de la qualifier, la
façon la plus générale, la plus largement admise, et celle
qui permettrait de distinguer cet enseignement plus nettement des autres, ce
serait une expression comme celle-là. Je n'en connais pas de meilleure.
Je n'en connais pas de plus courante. Elle a d'ailleurs été
proposée par plusieurs organismes. Je crois que la CEQ, en particulier,
et d'autres organismes l'ont suggérée. Je n'aurais pas
d'objection à la prendre à mon compte, parce que cela serait plus
clair.
M. Bérubé: Je m'y opposerai en toute
honnêteté, non pas parce que l'utilisation du terme "laïc"
soit, en soi, indésirable. Une vérification dans le dictionnaire
indique qu'effectivement cela n'ajoute rien, cela n'enlève rien mais
cela modifie, cependant, de façon substantielle, la nature même du
projet de loi. Le mouvement laïc, particulièrement en France,
symbolise pour beaucoup une dénonciation de tout caractère
religieux conféré à nos institutions. Or, si on veut
éviter ne serait-ce qu'un conflit politique inutile, je
n'intégrerai pas dans le projet de loi une référence
à "laïc", dans le sens où ressortiraient tous ces vieux
fantasmes, ces vieilles guerres du tournant du 19e siècle qui, à
mon avis, sont dépassés dans une société
québécoise qui est en voie d'évoluer sans avoir,
justement, à s'engager dans ce type de querelles qui ont
profondément divisé les sociétés. Je
préférerais, effectivement, qu'on rejette, mais
délibérément, les attitudes, à mon avis,
pharisiennes du type, parfois, de certains mouvements dits catholiques, mais,
de la même façon, je voudrais qu'on évite de
référer, dans le présent projet de loi, à d'autres
philosophies dites laïques, mais qui ont symbolisé des conflits
profonds qui ne sont pas caractéristiques de notre
société.
Je comprends le sens de l'amendement du député
d'Argenteuil mais je pense qu'il est préférable de ne pas
référer à un terme qui a une connotation qui va beaucoup
plus loin que le simple sens qu'on y retrouve dans le dictionnaire.
Le Président (M. Tremblay): Nous sommes...
M. Ryan: Je voudrais juste dire un mot.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Juste un bref mot. Je ne comprends pas du tout la peur
des mots que traduisent les propos du ministre. Il me semble que c'est une
expression consacrée. Nous allons, avec les changements qui sont
proposés dans le projet de loi, vers une diversification des formes
d'enseignement religieux et moral dans nos écoles, vers une coexistence,
si je comprends bien, de différentes philosophies en matière
d'enseignement religieux et moral. Quand une philosophie ne s'accroche pas
à une confession religieuse donnée, on dit que c'est un
philosophie laïque. Ce mot-là, aujourd'hui, contrairement à
ce que laissent entendre les propos un peu vieillot du ministre, n'a pas du
tout la connotation belliqueuse, agressive ou militante qu'il pouvait avoir
à d'autres époques. Il y a eu des époques où l'on
faisait la guerre à la religion au nom d'une philosophie laïque
négative et très
restrictive. Je crois qu'on est allé au-delà de cela
depuis longtemps. Moi même, qui me rattache personnellement à une
philosophie religieuse, je n'ai pas d'objection à considérer
qu'autour de moi il y a des gens qui pensent différemment et qui seront
plus à l'aise avec une définition plus claire de ce qu'on entend
par l'enseignement moral qui n'est ni religieux, ni catholique, ni protestant
parce qu'il ne se rattache pas à une religion organisée. Il se
rattache à des critères laïcs, c'est tout.
Alors, moi je propose l'amendement. Il n'y a peut-être pas lieu
d'en faire un débat interminable mais c'est une idée que je
trouverais très sain d'introduire dans le projet de loi. On le fait par
la porte de côté. C'est aussi bien de le faire franchement et
droitement. C'est toujours ma politique. C'est vers cela qu'on tend par bien
des aspects. Je dis, là où on le fait, mettons-le clairement et
franchement de manière qu'il n'y ait pas d'équivoque et que les
gens sachent ce qu'ils vont choisir.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre. Mais il y a M. le ministre, par exemple, qui aurait un droit de
réplique.
M. Bérubé: Donc, M. le Président, je vais
passer mon droit de parole au député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le député d'Argenteuil parle
d'équivoque. S'il y avait équivoque dans l'utilisation qu'on fait
actuellement au Québec du mot "moral", lorsqu'on parle d'enseignement
moral, il semble que cette chose nous aurait été signifiée
en commission parlementaire. Nul organisme, au moment où on a entendu
les organismes sur les projets de loi 40 et 3, à moins que je me
trompe... Si cela a été souligné, cela est peut-être
un organisme en passant, sans trop insister et encore. Nulle part, M. le
Président, on ne voit de revendications pour qualifier l'enseignement
moral qu'on donne au Québec. Je comprends l'intention du
député d'Argenteuil. Le mot "laïc" est utilisé dans
un sens précis, surtout en Europe. Je ne vois pas pourquoi, au
Québec, on devrait qualifier l'enseignement moral que tout le monde
comprend au Québec.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, examinons dans
le dictionnaire le terme "laïc" pour voir quel est son sens: "Qui ne fait
pas partie du clergé." Donc, c'est le sens que veut lui donner le
député d'Argenteuil. Par exemple, par extension on va dire:
L'État laïc, l'enseignement laïc, opposé à
confessionnel. On voit la même connotation. Là où le
problème se pose c'est lorsqu'on va chercher le substantif pour voir le
sens qu'on peut lui donner. On définit "laïcité": "Principe
de séparation de la société civile et de la
société religieuse, l'État n'exerçant aucun pouvoir
religieux et les Églises aucun pouvoir politique." On cite Renan: "La
laïcité, c'est-à-dire l'État neutre entre les
religions".
Lorsqu'on parle de mouvement laïc, on réfère à
ce courant philosophique de l'époque de Renan qui a coloré les
batailles, les guerres de religion en Europe. II est évident qu'en soi
les mots n'ont pas de couleur mais, malheureusement, les concepts qu'ils
sous-tendent, eux, peuvent avoir une couleur politique. Dans la mesure
où nous réussissons à faire un projet de loi qui
étonne, je dois dire... J'ai eu l'occasion d'en discuter avec mes
collègues de Belgique, mes collègues de l'Alberta, qui tous
s'étonnaient que le Québec puisse s'engager dans un tel virage,
et chacun de se dire: Si nous pouvions faire la même chose chez nous,
à quel point nous le souhaitons.
C'est effectivement assez extraordinaire de voir la
société québécoise s'engager souvent dans des
virages qui impliquent des changements profonds de mentalité et de le
faire d'une façon correcte, mais justement parce qu'on a
évité les blocages idéologiques. Ce que je n'aime pas dans
l'utilisation du terme "laïc"...
Le Président (M. Tremblay): Je crois qu'il est de mon
devoir, à ce point-ci, de vous lire l'ordre de la Chambre que nous
avions eu aujourd'hui.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Aujourd'hui, le mercredi
12...
M. Bérubé: Enfin, je n'ai pas d'objection à
voter sur l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): ...décembre, avant les
affaires courantes, c'est-à-dire de 11 h 30 jusqu'à 13 heures, de
15 heures à 18 heures et de 20 heures à 21 h 30 - il y avait deux
commissions, la commission de l'éducation poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public. Donc, j'ai l'obligation de vous dire que nous allons devoir
nous quitter maintenant. Pour ce faire, je déclare que la commission de
l'éducation ajourne sine die.
(Fin de la séance à 21 h 31)