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(Seize heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission de l'éducation commence ses travaux. Nous avons un
mandat de l'Assemblée nationale pour procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 3, Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public. Nous avons le mandat de
siéger jusqu'à 18 heures et de 20 heures à minuit.
Nous allons prendre les présences.
La Secrétaire: Les membres de la commission sont: M.
Charbonneau (Verchères), M. Ryan (Argenteuil), M. Bérubé
(Matane); M. Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par Mme Lachapelle
(Dorion); M. Champagne (Mille-Îles), M. Parent (Sauvé), Mme
Dougherty (Jacques-Cartier), M. Laplante (Bourassa), M. Leduc (Fabre), M. Leduc
(Saint-Laurent), M. Marquis (Matapédia), M. Payne (Vachon); M. Sirros
(Laurier) remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Choix de l'enseignement moral et religieux
(suite)
Le Président (M. Tremblay): Lorsque nous avons mis fin
à nos travaux hier, nous en étions à étudier
l'article 6 du projet de loi; il y a un papillon du ministre qui se lit comme
suit: "Enlever le troisième alinéa de cet article". La parole
était...
M. Bérubé: C'est l'article 5, troisième
alinéa.
Le Président (M. Tremblay): Article 6.
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui ai voulu enlever le
troisième alinéa à l'article 5 et vous n'avez pas
voulu.
Le Président (M. Tremblay): L'article 5 est adopté.
Nous sommes à l'article 6.
Mme Lavoie-Roux: On n'est quand même pas pour reculer.
M. Laplante: On avait passé 18 minutes dessus.
Le Président (M. Tremblay): Si ma mémoire me sert
bien, nous étions tout fin prêts à passer au vote
sur l'article 6.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Il a été
intégré et nous avons des amendements.
Le Président (M. Tremblay): Ah! Je ne les avais pas
reçus. Ah oui! Ici.
M. Bérubé: On avait adopté l'amendement,
mais on n'avait pas adopté l'article, si je ne m'abuse.
Mme Lavoie-Roux: Oui, est-ce qu'on n'avait pas dit que, quand
c'était un papillon du ministre, on n'avait même pas la peine de
l'adopter, il était intégré?
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: S'il y en a d'autres qui ont des amendements
à faire, ils ou elles le font.
M. Bérubé: Vous avez raison.
M. Laplante: II y a déjà un amendement.
Le Président (M. Tremblay): Sur l'article 6? Oh! Je
m'excuse, il y a un amendement du député d'Argenteuil. Est-ce que
c'est celui-là?
M. Laplante: Oui. Un deuxième alinéa après
l'article 6.
Mme Lavoie-Roux: C'était votre amendement, à ce
qu'il paraît.
M. Laplante: Oui, il a été adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas ce que c'est. Quel est
l'amendement du député d'Argenteuil?
Le Président (M. Tremblay): Nous allons nous retrouver
dans nos...
Mme Lavoie-Roux: Dans nos nombreux amendements.
Le Président (M. Tremblay): ...nombreux papiers et
informer la commission correctement sur ce qu'il y a de fait. Oui, ah bon!
Voilà! À l'article 6, l'amendement du député
d'Argenteuil qui a été adopté se lit comme suit: Entre le
premier et le deuxième alinéa, ajouter l'alinéa suivant:
"II a aussi le droit de choisir à chaque année
l'enseignement moral et religieux d'une confession autre que catholique
ou protestante lorsqu'un tel enseignement est dispensé à
l'école, conformément à la présente loi." Cela est
l'amendement qui a été adopté. Je remets la parole au
député d'Argenteuil sur l'article 6.
Motion pour ajouter "laïc" après
"enseignement moral"
M. Ryan: Oui, il y avait un autre amendement qui a
été rejeté ensuite; on voulait ajouter le mot "laïc"
à l'enseignement moral. Je crois que nous arrivions à un autre
amendement que voulait proposer la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Un moment.
M. Ryan: Vous ne l'avez pas, ici?
Le Président (M. Tremblay): Oui, je l'ai, l'amendement,
effectivement.
M. Ryan: Non, mais avez-vous la décision dans les
procès-verbaux?
Le Président (M. Tremblay): Nous n'avons pas pris de
décision, cela n'a pas été voté.
Une voix: M. le Président, j'avais une question...
Mme Lavoie-Roux: Non, sur "laïc", cela n'a pas
été voté.
M. Ryan: Non, non, non. Alors, il faut voter
là-dessus.
Le Président (M. Tremblay): C'est cela.
M. Ryan: C'est le premier point qu'on a.
Mme Lavoie-Roux: On en était là quand on a
terminé.
Le Président (M. Tremblay): II faut régler... Oui,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'aurais une question à poser au
ministre.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'elle porte sur
l'article 6?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, oui. Je voulais qu'il
définisse l'enseignement moral. Quelle est sa définition de
l'enseignement moral?
M. Bérubé: Oh là, j'ai beaucoup de
difficulté: En fait, c'est l'ensemble des valeurs communément
admises par une société, sans référence à
une doctrine religieuse particulière. Cela tient davantage des
règles d'éthique conventionnelles que d'autre chose, car, entre
vous et moi, la morale d'une société peut varier
énormément suivant la société.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne vous en tirez pas trop mal.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour vous, est-ce que c'est de
l'enseignement neutre?
M. Bérubé: Pardon?
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que cela correspond à
l'enseignement neutre?
M. Bérubé: Combien vous me donnez comme note?
B?
Une voix: B+.
Mme Lavoie-Roux: B .
M. Ryan: Vous n'êtes pas dans ces catégories. La
difficulté de votre définition, c'est que, si vous prenez
l'enseignement moral tout seul, cela peut-être aussi bien l'enseignement
moral catholique que l'enseignement moral protestant ou l'enseignement moral
juif. C'est cela qu'il veut dire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que cela correspond à
l'enseignement neutre?
M. Leduc (Fabre): Écoutez, on peut peut-être
déposer le programme...
M. Bérubé: Cela est défini dans le
régime pédagogique.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ne parlez pas tous ensemble. C'est le
ministre.
Le Président (M. Tremblay): Justement, j'allais le dire,
M. le député de Saint-Laurent. Je vous remercie de m'aider dans
ma tâche.
M. Bérubé: C'est vraiment une acquisition
remarquable.
M. Leduc (Fabre): M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): ...est-ce qu'on peut suggérer au
député de Saint-Laurent de lire le programme officiel du
ministère de l'Éducation en ce qui concerne l'enseignement
moral?
M. Bérubé: Voilà.
M. Leduc (Fabre): II y trouvera réponse a toutes ses
questions.
M. Bérubé: À toutes ses questions.
M. Leduc (Fabre): Mais ce n'est pas le rôle de la
commission. Nous sommes ici pour étudier le projet de loi 3.
M. Laplante: Article par article.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je remets la parole...
Est-ce qu'il y a un membre de la commission qui veut s'exprimer sur
l'amendement? M. le député de Saint-Laurent, vous priiez tout
à l'heure nos collègues de ne pas parler ensemble; alors, je
remettrais...
Mme Lavoie-Roux: Je vais m'exprimer.
Le Président (M. Tremblay): ...la parole à Mme la
députée de L'Acadie.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ils ne veulent pas répondre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la question du député
de Saint-Laurent était tout à fait justifiée. Elle rejoint
l'amendement qui est devant nous et que nous sommes à discuter,
d'insérer, après le mot "moral", le mot "laïc", parce que
cela prête à confusion tel que c'est.
C'est vrai que le ministre, hier soir, nous a expliqué avec
beaucoup d'élégance que c'est pour éviter les vagues; en
gardant une chose aussi vague que "moral", tout le monde va pouvoir en
retrouver un petit bout à son goût, une petite morale catholique,
une petite morale protestante, une petite morale d'autre chose ou neutre.
Je ne suis pas sûre que dans un projet de loi qui se veut quand
même sérieux - je pense qu'on peut arrêter de badiner - ce
ne serait pas mieux de qualifier le mot "moral" parce qu'il est vraiment un
peu... C'est vrai qu'entre nous, quand on dit que les enfants suivent des cours
de morale, cela correspond à un programme donné. Mais, est-ce que
dans une loi cela fait très sérieux? Quelqu'un d'autre arrivera
en demandant de préciser ce que c'est, cette morale. Il pourra y avoir
même des contestations sur le contenu de ce cours de morale compte tenu
de la tradition culturelle ou religieuse de certains individus. Il me semble
que cela serait plus sage de le qualifier.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, effectivement,
nous avons discuté de cette question hier. J'ai pris position et je n'ai
pas d'objection à ce que mes collègues réagissent
également à cet aspect de morale laïque ou de morale tout
court. Je dois dire, cependant, que tout élève de philosophie est
amené, à un moment ou à l'autre, à étudier
le chapitre dit de la morale.
Mme Lavoie-Roux: Elle était catholique, dans votre temps
comme dans le mien.
M. Bérubé: M. le Président, lorsque Platon
écrivait sur la morale, je ne pense pas qu'on pouvait qualifier cette
morale ni de catholique, ni de protestante, ni de laïque; c'était
la morale. Lorsque l'on enseigne la morale, ce que l'on enseigne, c'est
l'ensemble des règles d'éthique conventionnées, si on
veut, par une société, par les coutumes et les traditions de
cette société et non seulement de cette société,
mais du monde en général, en ce sens qu'il s'est
développé, à travers les âges, des attitudes
vis-à-vis de la vie, vis-à-vis de l'être humain,
vis-à-vis d'un certain nombre de valeurs qui permettent une
cohésion sociale et un sain développement de l'individu.
Lorsque l'on parle de morale, on fait référence à
ce bagage accumulé à travers les siècles et, lorsque
quelqu'un dit morale laïque, ce qui m'inquiète là-dedans,
c'est qu'on semblerait vouloir exclure de l'enseignement moral des
éléments de morale issus d'expériences religieuses.
À titre d'exemple, la philosophie taoïste ou celle de Confucius ont
contribué à développer une attitude face à l'homme,
face à l'au-delà. On fait référence à tous
ces courants, aujourd'hui, de philosophie.
Mme Lavoie-Roux: La réincarnation?
M. Bérubé: Non. Je ne parle pas
nécessairement de réincarnation, mais de contact avec des forces
naturelles. Il est clair que, dans toute morale, même laïque, se
retrouvent des additions qui proviennent de courants religieux divers. Qui
pourra dire que, dans la morale dite laïque, il n'y a pas une influence de
la civilisation juive? Qui pourra dire qu'il n'y a pas une influence des
périodes sumériennes ou encore une influence très
importante de certaines religions bouddhiques ou musulmanes?
Par conséquent, lorsque l'on parle de morale, on parle d'un
ensemble de valeurs que l'être humain a fini par identifier à
travers un très grand nombre de courants de pensée dont certains
sont des courants religieux. Ce qui m'inquiète lorsque l'on dit
"laïc", c'est comme si, dans l'esprit de ceux qui proposent l'amendement,
c'était contradictoire avec ce qui est religieux. Une
morale religieuse, par exemple, serait contradictoire avec une morale
laïque, alors que je pense, au contraire, que la morale laïque peut
englober certains éléments de morale religieuse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on va
demander le vote.
M. Bérubé: C'est bon comme explication!
Le Président (M. Tremblay): Vous en avez assez, n'est-ce
pas? Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur l'amendement à l'article
6, qui se lit comme suit: Après les mots "et l'enseignement moral",
ajouter le mot "laïc"? Le vote. (16 h 30)
M. Bérubé: On est tous d'accord pour rejeter
l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Quels sont ceux qui sont
d'accord avec cet amendement? Vote nominal? Oui. M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Contre l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles. Absent. M. le député de Sauvé?
Mme Lavoie-Roux: II s'est sauvé.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Mme la
députée de Jacques-Cartier n'est pas là, non plus. M. le
député de Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
Mme Lavoie-Roux: Elle est pour.
Le Président (M. Tremblay): Quand il y a vote, je pense
que...
Mme Dougherty: Pour.
M. Bérubé: Elle n'a pas la moindre idée de
ce sur quoi elle vote.
M. Leduc (Fabre): Sur quoi votez-vous, Mme la
députée de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: J'arrive!
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa, est-ce que vous avez déjà voté?
M. Laplante: Contre.
Une voix: II y a rien qu'un mot à retenir.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
La Secrétaire: 5 contre, 4 pour.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 6 est rejeté.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 6 tel
qu'amendé?
Motion pour préciser le moment où se
fera ce choix
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais faire un
amendement. Remplacer au deuxième alinéa les mots "au primaire et
aux deux premières années du secondaire" par les mots "au
début de chacun des cycles du primaire et au début du premier
cycle du secondaire". Mes explications vont être très
brèves, M. le Président.
Vous voulez discuter de la recevabilité? Oui, d'accord.
Le Président (M. Tremblay): Je veux comprendre les
implications de l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Dans le régime
pédagogique, ils sont définis.
Le Président (M. Tremblay): Oui, je déclare cet
amendement recevable.
Une voix: C'est évident.
Mme Lavoie-Roux: De courtes explications. L'article, tel qu'il
est rédigé,
M. le Président, prévoit qu'à chaque année
les parents doivent faire un choix. On trouve qu'à
l'élémentaire, chaque année, faire le choix...
L'évolution des enfants à l'élémentaire au plan de
la foi n'est pas la même qu'au secondaire, par exemple, entre le premier
cycle et le deuxième cycle où, justement, peut se justifier un
choix plus répété qu'à l'élémentaire.
D'ailleurs, on prévoit qu'au deuxième cycle les enfants
choisissent eux-mêmes l'enseignement religieux ou l'enseignement
moral.
Une voix: Cela dépend des parents.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut dépendre des parents, mais, en
fait, qu'on le permette aux enfants, je n'ai pas d'objection, tandis
qu'à l'élémentaire, c'est que les parents exerceraient ce
droit deux fois, une fois au début du secondaire et, après cela,
tel que prévu.
Le Président (M. Tremblay); Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je vais être
contre cet amendement. Je m'attendais, encore une fois, à des
explications de fond sur le pourquoi, parce que cette question
m'intéresse. J'ai moi-même posé une question à des
représentants du comité catholique qu'on a entendus devant cette
commission, cette semaine. Je leur ai demandé leur avis sur cette
question. Ils nous ont clairement répondu - tous les membres de la
commission ont pu entendre leur réponse - qu'il était
préférable de permettre le choix à chaque année de
l'enseignement religieux ou moral.
Je pense qu'ils nous ont apporté des explications tout à
fait valables. Actuellement, ce qui se passe dans les écoles, c'est
qu'on cherche à susciter l'intérêt des enfants pour
l'enseignement religieux, en tout cas, si on parle des professeurs, des
enseignants, des animateurs de pastorale. C'est par l'animation qu'on cherche
à susciter l'intérêt des enfants, non pas en les
enrégimentant dans un enseignement donné.
Personnellement, j'ai trouvé cette explication tout à fait
convaincante et elle respectait en même temps le choix auquel les parents
ont droit chaque année. Il peut arriver que, d'une année à
l'autre, on décide de passer de l'enseignement religieux à
l'enseignement moral. Je ne pense pas que ce soit une catastrophe. Je trouvais
cela tout à fait normal que ce choix existe et qu'il puisse se faire
chaque année. C'est, d'ailleurs, dans cet esprit que les
représentants, encore une fois, du comité catholique nous ont
expliqué pourquoi ils préféraient l'article actuel de la
loi à l'amendement qui nous est proposé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Bérubé: M. le Président, j'ai droit de
parole.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse.
M. Bérubé: Je voudrais répliquer à
mon distingué collègue de Fabre, comme le règlement me le
permet, en concourant au point qu'il vient de soulever. En effet, je pense
qu'il faut voir la foi religieuse comme une démarche positive.
L'amendement qui nous est proposé ici me semble tenir de la vieille
façon de pratiquer sa foi, celle d'il y a 25 ou 30 ans, où on
était catholique par habitude. Il me semble tenir davantage du moulin
à prières que d'une démarche absolument positive,
personnelle et libre vers Dieu, qui doit être renouvelée de
façon constante. Je trouve quand même dommage que cet amendement
ait été proposé par la députée de L'Acadie.
Du député de Saint-Laurent, je l'aurais compris, mais enfinl
M. Leduc (Saint-Laurent): Une affirmation absolument gratuite,
insensée, banale...
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, je vous donne la parole immédiatement après, si
vous la voulez.
Mme Lavoie-Roux: ...compte tenu des...
M. Leduc (Saint-Laurent): ...grossière, non respect des
gens qui avaient ces valeurs.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent, ne péchez pas contre ce que vous demandiez à vos
collègues, tout à l'heure.
Mme Lavoie-Roux: ...imputations - je ne sais pas si on peut
parler d'imputations -de motifs ou, enfin, des interprétations de
comportement du ministre, député de Matane, j'espère, en
tout cas, qu'il est très avancé dans son cheminement
spirituel!
M. Bérubé: J'ai eu de bons cours de
catéchèse.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Vous étiez à l'âge de
la catéchèse, vous? Vous étiez à
l'âge du petit catéchisme! Une voix: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui. M. Bérubé: Bien oui, à
l'école.
Le Président (M. Tremblay): C'est une vocation
tardive.
Mme Lavoie-Roux: Ou précoce, un des deux!
M. le Président, ce qu'on dit, si je fais le même
raisonnement ou un raisonnement semblable à celui du ministre, c'est
que, quand vous optez pour que votre enfant, au premier cycle de
l'élémentaire, ait de l'enseignement religieux, justement vous
entrez dans un cheminement qui est l'accès aux sacrements, en
première, deuxième et troisième années. Rendu au
deuxième cycle, je pense que c'est différent, ce n'est pas le
même type de démarche; enfin, c'est censé être une
progression dans la foi aussi. C'est pour cela que demander aux parents
à chaque année: Voulez-vous l'enseignement religieux ou
l'enseignement moral pour votre enfant, je trouvais que c'était une
division normale compte tenu de ce qui est concentré, au plan religieux,
au premier cycle et, ensuite, au deuxième cycle.
Maintenant, à partir du secondaire, je l'ai dit, on le fait une
fois au début du secondaire et, après cela, les enfants ou les
parents, selon leur bon vouloir, exercent aussi souvent qu'ils le
désirent l'option religieuse ou morale. Écoutez, je pense qu'il
n'y a pas d'autre chose à dire. En première année, les
parents vont dire oui; en deuxième année, si on veut caricaturer,
ils diront non et, la troisième année, ils diront oui. Je pense
que, si l'on fait l'engagement en première année, c'est un
engagement pour des enfants de cet âge-là, qui n'évoluent
pas au même rythme, qui ne subissent pas des influences aussi importantes
que des adolescents. On veut faire une certaine stabilisation dans un premier
cycle et, ensuite, dans un deuxième cycle...
Enfin, c'est tout ce que j'ai à dire. Je pense que mon
raisonnement est, au moins, aussi solide que celui du ministre et je ne lui ai
pas imputé de motifs, sauf que je pense qu'il est très vertueux,
et j'ignorais cela. Il a une vie spirituelle intense, ce qui est très
beau.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Cela va, M. le Président. Il y a
deux raisons techniques qui font qu'on doit rejeter l'amendement, en plus des
raisons métaphysiques ou philosophiques ou religieuses.
La première raison technique... Là-dessus, c'est dommage
que la députée de L'Acadie n'écoute pas, parce que, si
elle m'écoutait, elle aurait compris qu'on ne peut pas dire: "Au
début de chacun des cycles du primaire et au début du premier
cycle du secondaire", parce qu'il n'y a nulle mention, nulle
référence dans le projet de loi au concept de cycle. Les cycles
n'existent pas dans le projet de loi. Par conséquent, en introduisant un
amendement qui se réfère à un élément
d'organisation des cours qui n'existe pas en vertu du projet de loi,
l'amendement lui-même n'a pas de sens. Il ne peut pas être
interprété juridiquement puisqu'il n'y a rien dans le projet de
loi qui se réfère à l'existence d'un cycle.
En fait, cela vient de ce qu'il y a peut-être une confusion dans
l'esprit de la députée de L'Acadie. Il existe, effectivement, des
cycles non pas dans le projet de loi, mais dans un règlement
d'organisation du régime pédagogique. Or, il est clair que le
règlement peut changer, peut être modifié et si, un jour,
on supprimait les cycles dans le cadre du régime pédagogique,
à ce moment cet article lui-même n'aurait plus aucun sens
puisqu'il ne s'accrocherait à aucune réalité
organisationnelle à l'école.
Donc, la première erreur, commise par l'Opposition
libérale dans la proposition d'amendement, c'est de faire
référence à des cycles d'études au niveau primaire
et au niveau secondaire qui n'existent pas en vertu du projet de loi que nous
sommes à étudier. Je me demande même, M. le
Président, si nous n'aurions pas dû plaider
l'irrecevabilité sur cette base.
Il y a un deuxième argument - je suis en train de l'oublier - qui
est encore plus probant. La députée de L'Acadie devrait prendre
son amendement et l'intégrer à l'article pour voir ce qu'il
donnerait. En effet, il donnerait au deuxième alinéa le texte
suivant: Au début de chacun des cycles du primaire et au début du
premier cycle du secondaire, les parents exercent ce choix pour leurs enfants.
Cela voudrait donc dire qu'à toute autre année, c'est donc
l'enfant qui exerce le choix, car si la députée de L'Acadie
regarde attentivement l'article, elle verra que le premier alinéa oblige
au choix à chaque année. Le deuxième alinéa porte
sur qui exerce ce choix et le seul effet de l'amendement apporté par la
députée de L'Acadie serait d'obliger l'enfant à choisir
à chaque année le type d'enseignement qu'il désire sur le
plan moral. Le deuxième alinéa aurait comme conséquence de
dire qu'au début du premier cycle du primaire, c'est le parent. Donc, en
première année, c'est le parent; en deuxième, c'est
l'enfant; en troisième, c'est l'enfant; en quatrième, c'est le
parent...
Mme Lavoie-Roux: C'est rien que deux
fois.
M. Bérubé: ...en cinquième, c'est l'enfant;
en sixième, c'est l'enfant...
Mme Lavoie-Roux: Franchement, arrêtez de radoter.
M. Bérubé: Eh ouil Le sens de l'amendement
apporté par la députée de L'Acadie n'est pas de modifier
l'obligation de choisir à chaque année, mais de déterminer
qui exerce le choix.
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc!
M. Bérubé: Par conséquent, l'amendement est
mal placé en fonction de l'intention exprimée verbalement par la
députée de L'Acadie. D'ailleurs, je retrouve, à ce moment,
un argument du député de Fabre qui a trouvé que
c'était, quand même, dommage que la députée de
L'Acadie, en présentant son amendement, n'ait pas pris la peine
d'expliquer le sens qu'elle voulait apporte à cet amendement, car si la
députée de L'Acadie nous avait expliqué, dès le
début, le sens qu'elle voulait apporter à cet amendement, on lui
aurait répondu immédiatement: Vous vous êtes trompée
d'alinéa...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'allais vous demander
le vote, mais comme...
M. Bérubé: ...et de siècle.
Le Président (M. Tremblay): Vous ne pourriez pas, le
député de Saint-Laurent a déjà demandé la
parole.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. Vous avez demandé la
parole?
M. Leduc (Saint-Laurent): Je demande le vote.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas m'exprimer sur ma motion.
Une voix: Vous avez notre consentement.
Mme Lavoie-Roux: Cela va être très court. Mais quand
on dit: Au début de chacun des cycles du primaire et au début du
premier cycle du secondaire, les parents exercent ce choix pour leur enfant,
cela ne veut pas dire qu'entre les deux, en deuxième et en
troisième... Voyons donc! C'est de la bouillie pour les chats.
M. Bérubé: Parce qu'il est marqué au premier
alinéa...
Mme Lavoie-Roux: Bien, votre deuxième n'est pas plus
intelligent si vous le laissez tel quel.
Une voix: C'est pour la période.
M. Bérubé: M. le Président, laissez-moi
maintenant répliquer.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Essayons de l'expliquer, aux fins de
l'Opposition, mais je suis convaincu qu'en lisant l'article elle va
comprendre.
Mme Lavoie-Roux: Bon, alors, le vote, M. le Président.
M. Bérubé: L'élève a le droit de
choisir, à chaque année, le type d'enseignement moral qu'il
désire; voilà ce que dit le premier alinéa. Le
deuxième alinéa dit: Au primaire et aux deux premières
années du secondaire, ce sont les parents qui exercent le choix pour
l'enfant. C'est cela que le deuxième alinéa dit. Si on introduit
l'amendement de la députée de L'Acadie, le deuxième
alinéa vient, à ce moment, compléter le premier qui dit
toujours que l'élève a le droit de choisir à chaque
année. Le deuxième alinéa vient dire: Et au début
de chacun des cycles du primaire et au début du premier cycle du
secondaire, ce sont les parents qui exercent le choix. (16 h 45)
Cela laisse le vide juridique suivant. Qu'arrive-t-il quand nous ne
sommes pas au début du cycle? Évidemment, il faut revenir au
premier alinéa à ce moment et là, c'est l'enfant. On voit
bien que l'amendement n'est pas approprié; il aurait fallu indiquer que
l'élève a le droit de choisir, au début de chacun des
cycles du primaire et au début du premier cycle du secondaire, entre
l'enseignement moral et, à ce moment, l'amendement aurait
été bien situé. Il aurait été tout aussi
mauvais, cependant, quant au fond et, par conséquent, M. le
Président, nous demandons le vote sur cet amendement en invoquant trois
arguments, un de fond et deux techniques, pour le refuser.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on aurait pu dire: Au
début de chacun des cycles du primaire et pour la durée de ces
cycles - cela aurait été aussi simple - si on avait voulu faire
un sous-amendement. Mais, de toute façon, depuis le début, je ne
peux même pas dire qu'il argumente; il "parlote"...
M. Bérubé: C'est parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: ...pour s'écouter parler. Je demande le
vote, M. le Président.
M. Bérubé: Si vous vous écoutez parler,
c'est pire.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je ne dirai pas
que l'Opposition jacasse.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Bérubé: Je suis prêt à voter, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour être
logique...
M. Bérubé: Je comprends que la
députée de L'Acadie veut apporter un amendement. Je reprendrai la
parole après.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...l'élève a le droit de choisir
au début de chacun des cycles du primaire et au début du premier
cycle du secondaire. Il aurait fallu le mettre dans le premier alinéa,
je concède cela au ministre. Et dans le deuxième, au primaire
et...
M. Bérubé: Ce sont des points mineurs qu'elle me
concède, je dois dire.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais il reste que moi, au moins, quand je
me trompe, je le reconnais. J'en connais d'autres qui ont bien de la
misère à faire cela.
Une voix: C'est bien cela, madame.
M. Bérubé: D'où le très grand respect
que j'ai à votre égard.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais faire la
modification suivante. J'aimerais mieux qu'on vote sur une proposition qui est
plus logique; là-dessus, je le concéderai. L'amendement va
être au premier alinéa.
Le Président (M. Tremblay): Vous retirez votre amendement
et vous en faites un autre.
M. Bérubé: Elle ne peut pas retirer l'amendement;
il est entre les mains de la présidence. Il faudrait l'amender tout
simplement. Il faudait remplacer, au premier alinéa...
Mme Lavoie-Roux: Au premier alinéa, remplacer "à
chaque année" par "au début de chacun des cycles du primaire et
au début du premier cycle du secondaire". C'est cela qu'il faudrait
mettre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Au deuxième...
Mme Lavoie-Roux: Vous enlevez "à chaque année" au
premier alinéa et vous le remplacez par "au début de chacun des
cycles du primaire et au début du premier cycle du secondaire".
Le Président (M. Tremblay): Au premier alinéa?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): On avait au deuxième
alinéa dans votre proposition.
Mme Lavoie-Roux: On va l'enlever et on va le mettre au premier,
c'est un amendement.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement, c'est de changer
le deuxième alinéa pour le premier.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire insérer dans le
premier alinéa...
Le Président (M. Tremblay): Enlever "à chaque
année" au premier alinéa.
Mme Lavoie-Roux: Oui, et le remplacer par "au début de
chacun des cycles du primaire et au début du premier cycle du
secondaire".
Le Président (M. Tremblay): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Mais, au moins, on va voter sur quelque chose de
logique, même si on vote contre.
M. Bérubé: Quel aveu implicite:
Mme Lavoie-Roux: Non, non, c'est cela. Mais sur le fond, le fond
est toujours là et je pense qu'il est valide.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, sur la
recevabilité?
M. Bérubé: ...je ne sais pas si on doit discuter de
la recevabilité. En fait, le premier amendement lui-même,
admettons-le, n'avait pas de sens, mais il fut déclaré recevable.
Par conséquent, il est difficile de déclarer celui-ci, alors
qu'il a du sens...
Mme Lavoie-Roux: Non recevable.
M. Bérubé: ...moins recevable que le premier.
Est-ce qu'on pourrait voter rapidement?
Le Président (M. Tremblay): Là, j'ai un petit
problème. Je me pose des questions sur la recevabilité et je vais
vous dire pourquoi. L'amendement visait le deuxième alinéa et
tout è coup, sans retirer le deuxième...
Mme Lavoie-Roux: On voulait gagner du temps, mais si les
collègues voulaient que je retire le deuxième pour le mettre au
premier, parce que cela va être trop compliqué dans le journal des
débats...
Le Président (M. Tremblay): Cela réglerait le
problème.
M. Bérubé: Je n'ai pas d'objection. C'est parce que
la dernière fois où une situation semblable s'est
présentée, vous avez refusé cette voie en disant que,
lorsqu'un amendement était déposé, il n'était plus
propriété...
Mme Lavoie-Roux: Oui, à moins que les gens n'acceptent
qu'on le retire.
Le Président (M. Tremblay): S'il y a consentement de la
part de tous, à ce moment-là, il y a possibilité.
M. Bérubé: Ah, oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Sans cela, on va se chamailler.
Le Président (M. Tremblay): Alors, il y a consentement
pour retirer la première motion d'amendement et la remplacer par
celui-ci. À l'article 6, remplacer au premier alinéa les mots
"à chaque année" par "au début de chacun des cycles du
primaire et au début du premier cycle du secondaire".
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce bien cela?
Des voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur cela qu'on vote, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Alors, nous votons
maintenant?
Mme Lavoie-Roux: Oui M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle le vote sur cet
amendement. Voulez-vous toujours le vote nominal, Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui, vu que c'est une proposition formelle, on
est mieux d'avoir un vote nominal.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil n'est pas là. M. le député de Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa est absent. M. le député de Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
La Secrétaire: On a 5 votes contre et 4 votes pour.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est
rejeté. Nous revenons à l'étude de l'article 6 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 6 tel
qu'amendé?
M. Bérubé: Tel qu'amendé, M. le
Président, il est excellent, cet article.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, sur division, M. le
Président, pour qu'on s'en sorte.
Le Président (M. Tremblay); L'article 6 est adopté
avec l'amendement qui se lit comme suit. L'article 6, avec deux amendements, se
lirait tel qu'amendé: "L'élève a le droit de choisir,
à chaque année, entre l'enseignement moral et religieux
catholique, l'enseignement moral et religieux protestant et l'enseignement
moral. "Il a aussi le droit de choisir, à chaque année,
l'enseignement moral et religieux d'une confession autre que catholique ou
protestante lorsqu'un tel enseignement est dispensé à
l'école conformément à la présente loi." Le
troisième alinéa est biffé par le deuxième
amendement.
Quels sont ceux qui sont d'accord avec cet article, tel que
modifié?
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur division, M. le
Président, si on veut être logique.
Le Président (M. Tremblay): L'article 6 est adopté
avec amendements.
Mme Lavoie-Roux: En fait, je suis d'accord avec votre
amendement.
Le Président (M. Tremblay): Je porte à votre
considération l'article 7. M. le ministre.
M. Bérubé: Je voulais simplement signaler à
la députée de L'Acadie que, néanmoins, tel
qu'adopté, cet article répond à sa préoccupation.
Si nous avons enlevé le troisième alinéa de l'article,
c'est pour le reporter, dans les propositions d'amendement que vous avez
reçues, puisque cela porte sur l'exercice du droit, à l'article
283. En conséquence, l'article 6 donne le droit de choisir. Mais si les
parents ne réitèrent pas l'année suivante le choix, il y a
reconduction automatique du choix. Je n'ai pas vraiment pensé à
cet argument additionnel pour...
Mme Lavoie-Roux: On ne changera pas les votes. C'est fait.
Droit à des services complémentaires en
animation pastorale ou religieuse
Le Président (M. Tremblay): Maintenant, à l'article
7, il y a un papillon que je reçois comme amendement et que je
considère automatiquement comme adopté. Oui, je vais vous le
lire. Premièrement, à l'article 7, premier alinéa ajouter,
après le mot "élève", les mots "inscrit comme";
deuxièmement, au deuxième alinéa; ajouter, après le
mot "élève", les mots "inscrit comme". Alors, l'article 7 se
lirait comme suit: "L'élève inscrit comme catholique a droit
à des services complémentaires en animation pastorale.
L'élève inscrit comme protestant a droit à des services
complémentaires en animation religieuse."
Une voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais un
amendement.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Motion pour étendre ces services à
d'autres confessions
Mme Lavoie-Roux: II a déjà été
introduit à l'article 6; il s'agit simplement de le
répéter à l'article 7. Il se lirait comme suit: Ajouter
à l'article 7 les alinéas suivants: L'élève d'une
confession autre que catholique ou protestante a droit à des services
complémentaires lorsqu'un tel enseignement est disposé à
l'école conformément à la présente loi.
Le Président (M. Tremblay): Est dispensé à
l'école, vous voulez dire.
Mme Lavoie-Roux: Est dispensé, pardon.
"L'élève inscrit à l'enseignement moral a droit à
des services complémentaires correspondants." En fait, c'est dans le
même esprit que l'autre. Je ne sais pas qui avait apporté
l'amendement à l'article 6, si c'était vous ou le
député d'Argenteuil. Avez-vous une copie de celui-là?
Le Président (M. Tremblay): Oui, je l'ai, merci.
M. Bérubé: Je crois qu'il faut rajouter
"conformément à la présente loi".
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. Conformément à la
présente loi, je l'ai ajouté au premier paragraphe. C'est vrai,
il n'est pas dans votre texte, vous avez raison.
M. Bérubé: "L'élève inscrit à
l'enseignement moral a droit à des services complémentaires
correspondants." Ah! Là, il y a un problème au deuxième
alinéa.
Mme Lavoie-Roux: Oui, bon, expliquez-nous cela.
Le Président (M. Tremblay): Voulez-vous intervenir sur la
recevabilité?
Mme Lavoie-Roux: Oh! Ils sont recevables, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Je les déclare donc
recevables.
Mme Lavoie-Roux: On perd un temps infini en procédure.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie, vous avez la parole.
M. Bérubé: Auriez-vous un "kit" d'amendements
complet pour que je puisse le donner à nos juristes à
l'arrière?
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'en ai un, mais je n'en aurai plus si je
vous le donne.
M. Bérubé: Bien, justement:
Mme Lavoie-Roux: Non, on devrait en avoir.
M. Bérubé: Moi, j'en ai un "kit". Alors, si vous
pouviez aller me tirer quelques copies.
Le Président (M. Tremblay): Oui, simplement quelques-unes
pour se rendre à 18 heures.
Une voix: Il y a deux ou trois articles.
Le Président (M. Tremblay): L'optimisme règne
à la commission.
Mme Lavoie-Roux: Plus que deux ou trois articles. Il est juste 16
heures 55 et on a jusqu'à 18 heures.
M. Bérubé: Bien non. On va beaucoup plus vite
depuis que le député d'Argenteuil est parti.
M. Leduc (Saint-Laurent): On va à un rythme normal.
Mme Lavoie-Roux: Si vous commencez sur ce ton-là...
M. Leduc (Saint-Laurent): On peut intervenir aussi.
Mme Lavoie-Roux: Vous vouliez que j'explique cela, M. le
Président. Cela s'explique de soi. On a fait la discussion à
l'article 6. Il y a des enfants à qui la loi confère des droits
à des services complémentaires en enseignement catholique et en
enseignement protestant. Mais comme la loi prévoit également
qu'un autre type d'enseignement religieux peut être dispensé
à la demande des parents, il faudrait qu'à ce moment-là
les services complémentaires reliés à un autre
enseignement religieux lui soient disponibles de la même façon
qu'ils le sont pour les enfants catholiques et protestants. Dans le fond, c'est
pour enlever le plus possible les caractères discriminatoires que la loi
peut avoir.
On disait la même chose pour la morale, mais M. le ministre a des
objections là-dessus. Pourtant, s'il est bien versé en morale, il
va nous dire ses objections. Quelle est votre objection sur le...
M. Bérubé: ...le deuxième alinéa?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Au deuxième alinéa, si
vous regardez ce qu'est un service complémentaire - pour cela, il faut
aller plus loin dans la loi à l'article 24 - vous verrez que "les
services complémentaires comprennent des services d'animation pastorale
catholique ou d'animation religieuse protestante". Il s'agit donc de services
religieux au sens de la pratique religieuse. Or, dans la mesure où, dans
l'esprit de la députée de L'Acadie, l'enseignement moral est
laïc et ne fait donc pas référence à une religion, il
faudrait qu'il existe une certaine cohérence dans l'esprit de la
députée de L'Acadie et que, à ce moment-là, elle
supprime également son deuxième alinéa qui fait
référence à des services complémentaires qui
devraient être interprétés, en lisant l'article 24, comme
étant des services d'animation pastorale morale. Alors, là, je
commence à avoir des problèmes parce que, étant
donné qu'un enseignement moral laïc est censé, par
définition...
Mme Lavoie-Roux: Mais on ne l'a pas, le laïc, là. De
toute façon, je voudrais vous demander...
M. Bérubé: On va vous l'amender.
Mme Lavoie-Roux: Là, on pourrait peut-être demander
cela à vos conseillers parce que j'ai précédé, sauf
en philosophie, l'ère de l'enseignement moral dans les écoles.
Cela n'existait pas dans mon temps. Y a-t-il des activités qui peuvent
être reliées à l'enseignement moral? Je ne sais pas. Je
vais demander cela à vos conseillers pédagogiques. Moi, je ne
connais pas cela.
M. Bérubé: Je n'ai pas vraiment de...
Mme Lavoie-Roux: Mis à part l'enseignement, y a-t-il des
activités connexes qui pourraient... (17 heures)
M. Bérubé: Est-ce que le sous-ministre à la
foi catholique représenterait une autorité suffisante pour
répondre à votre question? On pourrait demander aussi au
sous-ministre à la foi protestante... Elle n'est pas ici,
malheureusement,
Mme Lavoie-Roux: Trouvez votre sous-ministre laïc.
Une voix: On pourrait le faire venir.
M. Bérubé: Et tout le reste du
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Si on voulait essayer de nous répondre.
Je n'ai pas la réponse, je vous pose la question. Est-ce que,
possiblement, il y a des activités qui peuvent être reliées
à l'enseignement moral? Ce ne seront pas des activités de culte,
j'en conviens avec le ministre, mais est-ce qu'il pourrait y avoir d'autres
types d'activités pour, justement, donner un sens plus concret, par
exemple, à l'enseignement de la morale? Est-ce que cela pourrait
exister?
M. Stein (Michel): C'est possible que cela existe. Cela a
existé, de fait, dans certaines écoles, mais ce n'est pas
lié nécessairement à l'enseignement moral. Des
activités de divers ordres peuvent être offertes aux enfants.
Pendant que les enfants qui sont en cathéchèse, par exemple, vont
avoir une activité proprement pastorale, il est bien possible que des
enfants aient d'autres types d'activités qui sont d'ordre artistique ou
d'approfondissement du civisme, par exemple, visiter un musée. Cela
s'est fait. On ne peut pas lier cela, comme tel, à l'enseignement moral.
L'animation pastorale est plus liée, comme complément, à
un enseignement religieux, à une pratique cultuelle.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas les frustrer ceux-là...
Mes collègues, est-ce qu'on peut faire sauter...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous voulez faire sauter le
ministre?
M. Parent: Si vous voulez faire sauter le gouvernement, on est
pour.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je vais vous donner l'allumette.
Mme Lavoie-Roux: L'argument du ministre indique que, alors qu'il
serait d'accord qu'il y ait des services complémentaires accordés
dans le cas d'autres religions ou d'activités reliées au culte
pour d'autres religions, il trouve que cela s'applique moins bien à
l'enseignement moral, et je suis un peu portée à lui donner
raison.
M. Bérubé: À titre d'exemple, ce que vous
voulez dire c'est que, dans une école où existerait une
communauté juive importante et où les parents voudraient
intégrer des pratiques cultuelles juives, j'imagine qu'on pourrait faire
venir les enfants le samedi matin.
Mme Lavoie-Roux: Le rabbin peut certainement venir. Ils peuvent
certainement avoir des exercices de culte reliés à une religion,
juive ou autre.
M. Bérubé: Dans le cas d'une pratique
religieuse...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il y en a certainement.
M. Bérubé: ...en soi, je ne cache pas que mon
approche à cet égard est plutôt libérale, dans le
bon sens du mot, dans ce sens que je ne suis pas du tout heurté par la
pensée qu'une école puisse introduire des valeurs religieuses
dans un enseignement, dans la mesure, cependant, où cela se fait dans le
respect de la Charte des droits et libertés de la personne. Cela
m'apparaît absolument fondamental.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas impossible que, de par la loi, une
commission scolaire décide de désigner un immeuble comme
étant une école regroupant des enfants de foi juive.
M. Bérubé: Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Comme ils ont, présentement, leurs
écoles paroissiales...
M. Bérubé: Je préférerais presque,
dans une école, à un moment donné - et ce serait
peut-être cela dont je rêverais - qu'on ait un groupe catholique,
un groupe juif, un groupe orthodoxe et que, dans l'école, il y ait des
activités de pratique culturelle de ces diverses religions, ce qui
amène nos enfants au respect, finalement, des valeurs diverses d'une
société. Personnellement, ce serait le genre d'école dont
je rêverais pour mes enfants, beaucoup plus que d'une école
absolument homogène, monolithique qui, finalement, coupe l'enfant d'un
univers qui est quand même beaucoup plus diversifié.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il n'y a pas de problème au
premier paragraphe. Ce serait au deuxième: l'enseignement moral.
L'objection que vous soulevez c'est qu'il y a peut-être moins de services
complémentaires qu'on peut relier directement à l'enseignement
moral. Et le sous-ministre de foi catholique nous dit que...
M. Bérubé: Pour vous aider, je pourrais vous
proposer un amendement qui serait le suivant: Après "services
complémentaires", nous insérerions les mots "d'animation
religieuse". Il est clair que les enfants, quelle que soit leur foi...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bérubé: ...ont droit à des services
d'encadrement et de surveillance, et ont droit...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela a
du bon sens.
M. Bérubé: Bon. Premièrement, "lorsqu'un tel
enseignement moral et religieux de cette confession", que j'insérerais
après "enseignement"... En d'autres termes, on insérerait
également, après "lorsqu'un tel enseignement", les mots "moral et
religieux de cette confession...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Quand vous le lirez au complet, je saurai
peut-être où vous aurez mis vos mots.
M. Bérubé: ...est dispensé à
l'école."
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous le relire en totalité?
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Bérubé: Deuxième partie de
l'amendement...
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que ce serait un
amendement ou est-ce que Mme la députée de L'Acadie le prendrait
à son compte?
Mme Lavoie-Roux: Si le ministre n'a pas d'objection, pour
simplifier les choses, je peux retirer le mien et qu'il en fasse un autre. Je
pense que le plus simple est de l'intégrer s'il s'intègre.
M. Bérubé: Oui. Il dit exactement ce que vous
vouliez faire.
Et, deuxièmement, supprimer le deuxième alinéa.
Mme Lavoie-Roux: J'étais d'accord sur cela. Alors
relisez-moi le premier.
M. Bérubé: Je vous le lirai maintenant. Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: "L'élève d'une confession
autre que catholique ou protestante a droit à des services
complémentaires d'animation religieuse lorsqu'un enseignement moral et
religieux de cette confession est dispensé à l'école."
Mme Lavoie-Roux: Vous enlevez "conformément à la
présente loi"? C'est un peu redondant peut-être
"conformément à la présente loi".
Mme Dougherty: C'est qualifié...
M. Bérubé: Oh! J'ai un problème avec votre
sous-amendement. Je m'explique. Nous disons dans la loi que, si une
communauté religieuse veut - sans que la commission scolaire ne soit
obligée - défrayer les coûts résultant d'un
enseignement religieux additionnel, elle peut le faire. Mais, pour ce qui est
de donner un droit à des services complémentaires d'animation
religieuse chaque fois que l'enseignement moral et religieux de cette
confession est dispensé, là j'ai une inquiétude. Car il se
pourrait que la communauté défraie l'enseignement moral et
religieux juif, par exemple, mais ne défraie pas les services
complémentaires. Si cela devait se produire, à ce moment le droit
que l'on insère ici entraînerait automatiquement que les services
complémentaires soient assumés par la commission scolaire.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: M. le Président, j'aimerais signaler au
ministre qu'on a déjà inscrit ce droit dans l'article 6.
Mme Lavoie-Roux: La députée de
Jacques-Cartier...
Le Président (M. Tremblay): Je pense que vous allez
être mieux de reprendre quand le ministre aura terminé son
caucus.
M. Bérubé: Je pourrais peut-être expliciter.
L'inconvénient de la rédaction c'est que, dès que pour une
raison la commission scolaire a réussi à organiser l'enseignement
moral et religieux d'une religion donnée, elle est obligée
d'organiser les services complémentaires d'animation en vertu de
l'amendement qui est déposé ici, ce qui pourrait avoir comme
résultat de limiter finalement l'accès à ce droit. Car une
commission scolaire pourrait, elle, être intéressée, parce
qu'elle est entendue avec un rabbin - on prend toujours l'exemple juif, mais on
pourrait prendre le cas des orthodoxes, il ne faudrait pas voir là une
intention d'orienter le système - on pourrait imaginer qu'une commission
scolaire veuille, après s'être entendue avec l'Église
rabbinique de Montréal, offrir un enseignement religieux. Mais
l'Église rabbinique de Montréal n'est pas prête à
fournir un service d'animation pastorale, religieux à l'école.
Dans ce cas, la commission scolaire pourrait refuser l'offre de l'Église
rabbinique en disant: Puisque vous n'offrez pas tout, il faut que je refuse
tout. Vous voyez le danger de... Ce qu'il faudrait plutôt dire...
Mme Lavoie-Roux: ...mais non. S'ils sont dispensés, il
faut bien qu'il y ait un droit. Cela ne marche pas non plus.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est du La Palice. C'est
superfétatoire cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, est-ce que vous pourriez nous
référer à l'autre
article?
M. Bérubé: L'article 279.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Je pense qu'en lisant les deux je
vais peut-être comprendre mieux... pas pour les empêcher de les
avoir.
M. Bérubé: C'est parce qu'il n'existe pas en
droit...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on peut
suspendre quelques secondes?
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Là, on fait des... Je ne sais pas comment
ils vont copier cela en bas.
M. Bérubé: On n'attend pas que vous nous donniez un
droit de parole, M. le Président, et cela mêle l'enregistrement de
nos débats.
Le Président (M. Tremblay): Alors, je suspends les travaux
de la commission pour....
Une voix: Pour quelques minutes.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est même pas à loisir, cette
fois-ci.
Le Président (M. Tremblay): ...deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 19)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente de l'éducation reprend ses
travaux. La parole est à Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai
apprécié les explications soignées que m'ont
données les conseillers du ministre et je pense qu'il serait plus sage,
si les autres membres de la commission y consentent, que cet amendement soit
retiré.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Leduc (Fabre): Consentement.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement de Mme la
députée de L'Acadie est retiré. Je lui redonne la parole
sur l'article 7.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai rien à ajouter. Je pense que tout
a été dit.
Le Président (M. Tremblay): Nous votons.
Mme Lavoie-Roux: Cela dit ce que cela veut dire.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7...
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): ...tel qu'amendé,
est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 7 est adopté
avec amendement.
J'appelle l'article 8. Ce ne sera pas long.
M. Leduc (Fabre): Tel qu'amendé par le ministre, vous
voulez dire, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay): Oui, tel qu'amendé par
le ministre.
M. Leduc (Fabre): Donc, ce n'est pas un amendement puisque c'est
intégré à la loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Non, on m'a demandé de
le faire de cette façon-là.
M. Leduc (Fabre): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui savez comment faire.
M. Bérubé: Seigneur, quand M. Ryan et
moi-même sommes absents, cela va vite!
Le Président (M. Tremblay): J'appelle donc...
M. Bérubé: Je pense que je ne parle plus!
Mme Lavoie-Roux: ...dans cela, hein!
Droit à la gratuité des manuels et des
instruments pédagogiques
Le Président (M. Tremblay): Je porte donc à votre
considération l'article 8...
Une voix: Avec papillon.
Le Président (M. Tremblay): ...où il y a papillon,
et qui se lit comme suit...
Une voix: C'est que vos conseillers sont plus convaincants que
nous!
Le Président (M. Tremblay): ...Article 8: Remplacer cet
article par le suivant: "8. L'élève a droit à la
gratuité des manuels et des autres instruments pédagogiques
requis pour l'enseignement des programmes d'études et à la
gratuité du matériel didactique utilisé dans les classes
ou ateliers. "Ce droit à la gratuité ne s'étend pas aux
documents dans lesquels l'élève écrit ou dessine."
M. Leduc (Fabre): Un amendement du gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'article 8, cela?
Le Président (M. Tremblay): Oui, oui, c'est un amendement
du gouvernement...
Mme Lavoie-Roux: On est mêlé dans les deux...
Le Président (M. Tremblay): ...que je considère
comme adopté.
M. Bérubé: Cela ne m'étonne pas que vous
soyez mêlés.
Le Président (M. Tremblay): Je porte donc à votre
considération l'article 8 nouveau, proposé par le ministre, et
qui est considéré comme adopté. Quels sont ceux qui
veulent...
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous nous montrer l'amendement que vous
avez là-dessus, vous autres?
M. Leduc (Fabre): Voulez-vous faire lecture de l'amendement du
gouvernement, s'il vous plaît?
Le Président (M. Tremblay): Oui. Je vais la refaire. Mais
je demanderais aux membres de la commission de cesser les placotages externes
aux travaux de la commission; ils pourront comprendre le but de
l'amendement.
Alors, l'amendement du ministre est de remplacer tout l'article par
celui-ci: "L'élève a droit à la gratuité des
manuels et des autres instruments pédagogiques requis pour
l'enseignement des programmes d'études et à la gratuité du
matériel didactique utilisé dans les classes ou ateliers. "Ce
droit à la gratuité ne s'étend pas aux documents dans
lesquels l'élève écrit ou dessine."
M. le député de Sauvé.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est bien.
Je n'ai rien à dire, M. le Président, on est d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): L'article 8 est
adopté...
Une voix: Incroyable.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est parce que, là, c'est
satisfaisant.
M. Parent: II était temps que j'arrive.
M. Leduc (Saint-Laurent): L'article a été
modifié.
Le Président (M. Tremblay): ...tel qu'amendé.
M. Leduc (Saint-Laurent): Nous, on ne demande pas mieux.
Le Président (M. Tremblay): Je porte donc à votre
considération l'article 9. Et la rapidité avec laquelle nous
légiférons fait que je vais devoir prendre quelques secondes pour
annoter.
Une voix: Apposer sa signature.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si je comprends bien, on est trop vite
pour vous, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): J'avoue que je n'étais
pas habitué à ce rythme.
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'après le souper vos
collègues modifieront leur discours.
Le Président (M. Tremblay): Alors, l'article 9 que nous
portons à votre considération...
M. Bérubé: Veuillez aviser ceux qui parlent en
Chambre qu'à partir de 17 h 15...
Mme Lavoie-Roux: On accepte cela dans trois minutes.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9 est amendé
par un papillon qui se lit comme suit: "Au deuxième alinéa,
remplacer dans la 1ère ligne les mots "la direction de l'école"
par les mots "la commission scolaire". Alors, l'article 9 se lirait comme suit,
s'il est amendé... J'ai reçu comme amendement le papillon du
ministre, je le considère donc comme adopté pour les fins de la
discussion et je porte à votre attention...
Mme Lavoie-Roux: Et l'article est
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Et l'article 9 est
adopté avec amendement...
Mme Lavoie-Roux: Un instant... On a le même amendement
qu'eux.
Le Président (M. Tremblay): Non, si on adopte l'article
amendé, l'article 9...
Mme Lavoie-Roux: On peut ajouter un article nouveau, 9.1, c'est
possible?
Une voix: Bien oui.
Le Président (M. Tremblay): C'est-à-dire que ce
serait un article entre l'article 9 et l'article 10.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Vous pourriez faire cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, c'est parfait. Alors, on adopte
l'article 9.
M. Bérubé: Mais on présente cela comment?
Quand vous avez appelé l'article 10... Une fois que l'article 9 est
approuvé, vous appelez l'article 10...
Mme Lavoie-Roux: II ne l'a pas encore appelé.
Le Président (M. Tremblay): C'est un nouvel article qui
s'insère entre l'article 9 et l'article 10 et qui devient 9.1.
M. Bérubé: Si au moment où vous appelez
l'article 10 on dit: Remplacer l'article 10 par le suivant et
renuméroter...
Le Président (M. Tremblay): On le met à 9.1 et
à la fin des travaux on fait une proposition de renumérotation et
automatiquement les numéros sont refaits par la suite.
M. Bérubé: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: L'article 9 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Je déclare l'article 9
adopté avec amendement.
J'appelle l'article 10. Mme la députée de L'Acadie.
Motion pour interdire les châtiments
corporels
Mme Lavoie-Roux: Avant l'article 10, M. le Président, je
voudrais faire une proposition d'amendement aux fins d'ajouter un article qui
se lirait comme suit: "9.1. L'élève ne peut être l'objet de
châtiment corporel".
Le Président (M. Tremblay): Je déclare cette
proposition d'amendement à la loi comme recevable.
M. Laplante: Une minute, M. le Président. On a
rejeté, hier, une motion semblable dans un autre article et vous revenez
avec cela. Vous avez voulu faire annuler...
Le Président (M. Tremblay): J'avoue, M. le
député de Bourassa, que j'ai beaucoup de difficulté
à me rappeler un incident...
M. Laplante: Je me mélange peut-être avec le groupe
qui est venu. D'accord.
Le Président (M. Tremblay): ...qui traitait du
châtiment corporel. Je ne pense pas qu'on ait discuté de cela.
M. Laplante: Non, c'est avec le groupe qui est venu.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, est-ce que c'est
recevable, placer cet article dans le chapitre sur le droit aux services
éducatifs? Je vous ferais remarquer que l'amendement proposé n'a
aucun rapport avec la section qui est intitulée: Droit aux services
éducatifs. Il me semble que, si on veut placer cet article, il faudrait
qu'il soit situé ailleurs que dans ce chapitre. Donc, je voudrais que
vous déclariez cet article irrecevable à ce moment-ci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Je le déclare recevable
parce qu'il ne m'appartient pas de déterminer les motifs qui font que la
députée de L'Acadie, à ce point-ci, demande qu'il soit
inséré là. Il appartiendra dès lors à la
députée de L'Acadie de faire valoir la raison pour laquelle cela
doit être inséré entre les articles 9 et 10 et aux
députés qui s'y opposent de motiver leur position et, selon le
cas, d'adopter ou de rejeter la motion.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pourquoi je l'ai
placé là? Si quelqu'un a une suggestion plus heureuse à
faire, je n'ai pas d'objection. S'il est placé à l'article 9 ou
à l'article 42, je vous avouerai franchement que cela ne me
dérange pas beaucoup.
Je l'ai placé là parce que, dans le fond, c'est un droit
à son intégrité physique. Comme on parlait de droits, je
l'ai placé là. Y aurait-il un meilleur endroit? Comme il est
suivi par "l'élève ou ses parents peuvent recourir au Protecteur
du citoyen pour faire respecter les droits de l'élève", il me
semblait qu'il y avait une certaine logique à
le mettre là, mais ce n'est pas une question de principe absolu
pour moi.
Ce qui est un principe absolu pour moi, par exemple, c'est le droit de
l'enfant à son intégrité physique. Cela c'est très
important pour moi. Comme la lot est silencieuse là-dessus, je fais
cette proposition. On peut la discuter maintenant mais, si quelqu'un trouve un
meilleur endroit où l'intégrer, je n'aurai pas... D'habitude, je
collabore bien, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Double problème. D'abord, dans la
Charte des droits et libertés de la personne existe le droit à
l'intégrité physique, qui est déjà explicitement
précisé.
Deuxièmement, la Loi sur la protection de la jeunesse,
également, couvre les cas d'abus, particulièrement de force
physique, par exemple, auprès des jeunes.
Mme Lavoie-Roux: Des cas d'abus physique, des enfants battus.
M. Bérubé: À partir du moment où on a
deux lois explicites, la Charte des droits et libertés de la personne et
la Loi sur la protection de la jeunesse, il me semble que c'est suffisant. (17
h 30)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est vrai que cela
existe dans la Charte des droits et libertés de la personne et dans la
Loi sur la protection de la jeunesse mais, quand un cas est signalé
à la Protection de la jeunesse, il est signalé pour cause de
véritable abus physique. C'est un enfant qui a été
maltraité - on n'est pas pour entrer dans tous les syndromes des
"battered children" - c'est ordinairement relié à ce type d'abus.
À ce moment-ci, j'espère que ce n'est pas ce type d'excès
ou d'abus physiques qu'on fait subir aux enfants dans les écoles; en
tout cas, à mon point de vue, je ne crois pas. C'est vraiment le fait
que, pour moi, le châtiment corporel n'est plus une méthode
pédagogique qui doit exister dans nos écoles, en 1984. C'est
vraiment plus, je pense, même pour... Je pense que cela peut avoir, comme
les gens du gouvernement peuvent souvent le dire, une valeur pédagogique
auprès des professeurs, incitant peut-être les professeurs ou les
directeurs d'école ou qui que ce soit qui se permettrait cela à
trouver d'autres solutions aux problèmes de ces enfants que la solution
facile et rapide qui est celle de recourir à un châtiment
physique. C'est une partie de mon raisonnement.
La deuxième c'est que les châtiments physiques, dans les
conditions ordinaires où les enfants vont à l'école, ne
relèvent pas des autorités scolaires. Les châtiments
physiques doivent relever, s'ils ont lieu - et c'est aux parents d'en juger -
des parents et non pas des professeurs, des directeurs d'école ou de qui
que ce soit.
M. Bérubé: Je suis un peu mal à l'aise parce
que, sur le fond, je partage le point de vue de la députée de
L'Acadie. Le temps de la badine, dans les écoles privées
d'Angleterre, est dépassé. Les punitions corporelles ne sont pas,
dans nos sociétés, la façon de faire progresser
l'intelligence de l'enfant. Là-dessus, il n'y a pas de problème,
je suis absolument d'accord.
Là où j'ai plus de difficulté c'est que, n'ayant
jamais enseigné dans une école secondaire
particulièrement, j'ai de la difficulté à
véritablement percevoir le vécu quotidien, dans une école,
et les conséquences d'un projet de loi tel que celui-là. Par
exemple - j'avais eu l'occasion de le souligner lorsque nous avons eu la visite
du Comité de la protection de la jeunesse -qu'arrive-t-il lorsqu'un
professeur impatient donne une taloche à un enfant
particulièrement turbulent? Je pense que l'école et la commission
scolaire qui se donnent un projet éducatif doivent traiter, dans ce
projet éducatif et au niveau des règlements de la commission
scolaire, du climat qui doit régner dans leurs écoles, du niveau
discipline et du type de punition qu'on peut imposer à un enfant qui a
abusé. L'école et la commission scolaire doivent vraiment se
préoccuper de cela. Cela m'apparaît clair.
Il me semble que c'est plutôt à l'intérieur de la
vie quotidienne de l'école et de la commission scolaire qu'on devrait
réfléchir à toute l'approche pédagogique
auprès des enfants. C'est à ce niveau que je verrais une telle
réflexion concernant les châtiments corporels. Notre Charte des
droits et libertés de la personne donne l'encadrement
général. Le droit à l'intégrité physique,
elle le donne. Les abus sont également réprimés, en vertu
de la Loi sur la protection de la jeunesse. Ici, évidemment, on ne veut
pas faire référence à des abus, parce que les abus sont
couverts. On fait référence, dans le fond, à une tape
qu'un enseignant aurait donnée à un élève en
disant: Cela suffit, tu déranges tous tes petits voisins, tu vois bien
que tu n'as pas de tête. Il n'y pas tellement de mères ni de
pères de famille qui n'ont pas, à un moment ou l'autre, dans un
moment d'impatience, et je ne prétends pas que c'est la meilleure
façon d'élever les enfants... Ma fille se souvient encore d'une
taloche qu'elle a eue, probablement la seule fois dans sa vie, mais elle s'en
souvient encore. J'ai l'impression que, quand un enfant a reçu une
claque une fois dans sa vie, il se le rappelle longtemps. Je ne me souviens
même plus, moi, du moment où je la lui ai administrée, mais
elle
s'en souvient.
Au fur et à mesure que notre société évolue,
c'est clair que ces comportements s'éliminent. Mais je pense qu'il n'y a
pas de famille où il n'y a pas, à un moment donné, une
taloche qui se donne et je ne sais pas si on doit porter un jugement absolument
moral ou juridique sur le geste qui a été posé. Je pense
qu'il faut s'interroger si l'intégrité physique de l'enfant a
vraiment été violée, est-ce que cela a été
simplement un geste d'impatience? Est-ce que cela pouvait se justifier?
Dès qu'on pose un absolu, "l'élève ne peut pas être
l'objet de châtiment corporel", tel que cela est écrit...
J'aimerais mieux être un éducateur au niveau
primaire-secondaire et avoir une connaissance véritable des
problèmes de pédagogie dans nos écoles pour l'adopter.
Dans un cas comme cela, je pense que, dans le doute, j'aurais tendance à
m'abstenir. Par exemple, on lit que "le titulaire - ah, c'est le Code civil,
c'est assez intéressant - de l'autorité parentale a sur l'enfant
un droit de correction modéré et raisonnable." Selon nos
traditions, à un moment donné, on dit: "Écoute, si tu
continues à faire le diable, je vais te donner une tape sur les fesses".
Combien de mères ont dit cela dix fois à leurs enfants tannants
dans une cuisine? Évidemment, quand cela fait dix fois qu'on le dit,
cela n'a plus beaucoup d'effet. Mais, de temps en temps, à un moment
donné, pour assurer son autorité, on donne une taloche. Je ne dis
pas que c'est la meilleure façon d'élever les enfants, et cela ne
cadre pas avec mon approche.
Mais je ne sais pas si on peut poser cela comme un absolu. Je sais qu'il
y a des pays qui l'ont fait. La Suède l'a fait, je crois, et on me dit
que la Colombie britannique... Mais je ne suis pas encore convaincu que ce
soit... Il faut qu'on soit mûrs pour cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: Mais ce sont plus des intuitions, ce
n'est pas vraiment une opposition fondamentale.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: M. le Président, je comprends le raisonnement
du ministre mais je ne peux pas dire que je suis en accord avec cela. C'est
aussi une question de protection, je pense, de l'enseignant. Si vous voulez, on
va reprendre... L'enseignant sait pertinemment bien qu'à
l'intérieur de la loi qui le régit quotidiennement dans son
action professionnelle on lui défend de poser un tel geste.
Deuxièmement, vous nous disiez tout à l'heure qu'il n'y a rien de
grave là-dedans, qu'il n'y a pas une mère de famille qui n'a pas
donné un tape lors d'un moment d'impatience et que cela ne veut pas dire
qu'il y a eu atteinte à l'intégrité de l'enfant. Votre
fille qui a eu sa claque, comme probablement les miens en ont eu aussi, ils
s'en souviennent. Alors, je me demande si on n'a pas touché à
leur intégrité s'ils s'en souviennent aussi longtemps que
cela.
Je dis en tout cas que tout châtiment corporel comme tout
excès de langage ou n'importe quoi, ce sont des situations et des gestes
qui incitent à la violence et, dans une loi qui veut régir
l'éducation au Québec, il faut se doter de moyens pour
tâcher d'éviter que des situations difficiles ou violentes
puissent exister. Je ne vois pas...
M. Bérubé: ...réflexion...
M. Parent: Je ne vois pas en quoi, M. le Président, si je
peux continuer...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Parent: Si je vous dérange, je vais arrêter. Tout
à l'heure...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaîtl La
parole est au député de Sauvé.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela n'intéresse pas...
M. Parent: Laissez faire, M. le Président, cela n'a pas
l'air intéressant, laissez faire!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît! La
parole est au député de Sauvé.
M. Parent: Non, c'est fini.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Parent: M. le Président, cela fait cinq jours que c'est
comme cela, et ils nous disent qu'on ne veut rien faire.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, À l'ordre!
M. Parent: Je ne parle plus.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je comprends l'intention
de l'amendement. Je
partage un peu les préoccupations de nos collègues de
l'Opposition. Mais je me rappelle certains livres de psychologie que j'ai lus
ou que j'ai parcourus récemment -lorsque tu as un petit, tu commences
à t'intéresser à ces questions - on y nuançait un
peu cette approche de l'utilisation du châtiment corporel. Ce n'est pas
qu'on pense qu'il faille continuellement y recourir, mais, à l'occasion,
quand il y a un geste qui exprime l'impatience, la colère ou autrement,
qui n'est pas excessif, les effets traumatisants et tout cela, je pense qu'il
faut pondérer un peu cette affaire-là.
D'autre part, ce qui est un peu inquiétant, l'envers de la
médaille, c'est de se demander: Est-ce qu'on n'aura pas le même
effet, qui est contraire à ce qu'on recherche, qu'on a eu avec la loi
24? On a alors donné l'impression aux jeunes, par exemple par la
publicité qu'on a faite du jeune - "J'ai ma loi" - que, finalement, il
n'y avait que des droits et plus de responsabilités. Ce que je crains,
c'est qu'avec un article comme celui-là, que certains vont s'empresser
de publiciser... La Commission des droits de la personne et d'autres organismes
vont beaucoup insister sur cela. Le moindre excès, le moindre
événement va être monté en épingle et va
créer une espèce de mentalité où les gens vont
dire: Là, on peut faire ce qu'on veut; de toute façon, le
professeur ne peut pas nous toucher.
Dans la mesure où, de toute façon, comme l'indiquait le
ministre, il y a des lois plus générales qui assurent les balises
et qui contrôlent les excès, est-ce qu'il faut aller, à ce
moment-ci, encore plus loin? Je vous avoue que j'aimerais mieux qu'on organise,
autour de cette question, un débat ou un forum quelconque, que le
ministère de l'Éducation pourrait très bien prendre
l'initiative d'organiser, entre le monde des enseignants et les gens qui sont
préoccupés par ces questions, les gens du Comité de la
protection de la jeunesse, les délégués et les directeurs
de la protection de la jeunesse, les gens, dans le fond, qui travaillent dans
le réseau des affaires sociales et qui sont préoccupés ou
concernés par ces questions. Qu'on voie le pour et le contre d'avoir,
dans une loi aussi importante et fondamentale que la Loi sur l'instruction
publique au Québec, un article qui préciserait ce qu'on veut
préciser. Je pense qu'on serait peut-être plus avisé de ne
pas le mettre maintenant dans la loi mais, en même temps, de ne pas
évacuer le problème et de prendre l'engagement -j'espère
que cela pourrait être fait par le ministère de l'Éducation
- d'organiser quelque chose qui va nous amener à
réfléchir, à aller plus loin. Des amendements comme
celui-là, rien ne nous empêche, dans six mois, si on a fait un
travail plus approfondi de réflexion, d'en faire un, après avoir
pesé le pour et le contre. Après avoir vérifié
parmi les professionnels et les gens les plus concernés, on pourra se
retrouver avec un consensus plus large et être sûr des
conséquences qu'on aura lorsqu'on introduira un article comme
celui-là.
Le Président, M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. En fait, sur le
fond de la question, je pense qu'on n'a pas véritablement d'objection
à cela. Il s'agit de trouver la façon de faire pour que,
effectivement, les châtiments corporels n'aient pas lieu, qu'on
élimine cela des pratiques, des conduites qui, jadis, étaient
habituelles ou régulières dans les écoles. À cet
égard, je voudrais référer la commission à
l'article 81, où on prévoit que le conseil d'école - on y
retrouve des parents, des enseignants, une direction d'école - a, entre
autres, pour fonctions d'adopter des règles de conduite et des mesures
de sécurité pour les élèves et les autres usagers
de l'école. Si on trouve que ce n'est pas suffisamment précis, on
pourrait peut-être avoir un amendement de façon à faire en
sorte que ce soit plus précis quant au point que nous apporte Mme la
députée de L'Acadie. Il me semble que cela devrait
s'insérer dans l'article 81, c'est-à-dire dans ce pouvoir qu'a le
conseil d'école de réglementer la conduite qui vise les jeunes en
particulier et qui peut viser également le personnel de l'école.
Il me semble que cela pourrait s'insérer là, et laisser au milieu
local le soin de réglementer cette question, compte tenu surtout des
lois actuelles qui protègent les enfants. Les lois actuelles
protègent déjà des abus possibles et les recours sont
très précis actuellement. Je ne vois pas ce que cela viendrait
ajouter. Je pense qu'en ce qui concerne la conduite locale le conseil
d'école a le pouvoir de veiller à ce type de conduite.
Le Président, M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata): Mme la députée de L'Acadie.
(17 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée de Jacques-Cartier.
Après je parlerai.
Mme Dougherty: Je voudrais ajouter un mot. Personnellement, je
suis tout à fait d'accord avec l'amendement et je sais qu'à la
commission scolaire où j'étais cela s'est longuement
discuté pendant des années. La question était
soulevée souvent. Je suis consciente qu'il y a d'autres points de vue.
Surtout, j'ai entendu certains directeurs d'école qui veulent garder
cette possibilité dans des cas assez rares, en dernier ressort.
Je ne pourrais pas répéter leurs arguments, mais je me
demande si le ministère est au courant de la situation dans des
commissions scolaires, la situation actuelle.
Est-ce qu'il y a certaines commissions scolaires qui ont
déjà tranché cette question? Est-ce qu'il y a des
commissions scolaires qui ont déjà défendu un
châtiment corporel?
Je suis d'accord qu'on doive être très prudent concernant
l'amendement suggéré par la députée de L'Acadie, et
cela malgré mon opinion personnelle, parce que je suis convaincue que
cela encourage la violence dans notre société et c'est immoral.
Mais, pour des raisons pratiques, des raisons concrètes dont je ne suis
pas au courant, je sais qu'il y a de forts arguments contre l'introduction
d'une telle mesure.
M. Leduc (Fabre): Pour répondre à la question de
Mme la députée, je...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Si Mme la députée de
L'Acadie est prête à... Vous reviendrez après?
M. Leduc (Fabre): Si vous permettez, M. Rousseau
répondrait à la question...
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à lui céder la
parole pour le moment, je reviendrai. Il va répondre à une
question de ma collègue.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): D'accord, M. le député de
Fabre. M. le sous-ministre, vous répondez au nom du député
de Fabre.
M. Rousseau (André): Voici, pour répondre à
la députée. Le ministère de l'Éducation, en
collaboration avec les commissions scolaires, les services aux étudiants
des commissions scolaires et la Commission des droits et libertés de la
personne, a publié un guide d'interprétation de la Charte des
droits et libertés de la personne. Dans la majorité des milieux,
ce qui nous a étonné - et ce sont les services aux
étudiants des commissions scolaires qui nous en ont fait part - les
jeunes prétendaient que c'était une charte pour les adultes et
qu'elle ne s'appliquait pas à eux. Alors, ce que nous avons fait, c'est
que nous avons préparé ce guide, qui serait disponible pour les
membres de la commission. Ce guide a voulu, justement, rappeler aux jeunes quel
était le sens des dispositions qui s'appliquaient à eux, non
seulement en ce qui concerne les droits individuels, mais aussi les droits
collectifs, dont le droit d'association. Il y a même un nombre de
commissions scolaires qui se sont opposées à la distribution de
ce guide, étant donné le rappel que tous ces droits s'adaptaient
également aux jeunes.
Or, la question qui vous préocupe, eh bien, le guide je ne m'en
souviens pas précisément, mais je crois qu'il ne pouvait pas ne
pas en faire état. Ce fut accompagné d'une vaste animation. Le
guide allait jusqu'à rappeler aux directeurs d'école et aux
jeunes, d'abord aux jeunes, qu'ils avaient droit, par exemple, à la
discrétion. Souvent, un directeur d'école pouvait ne pas se
gêner pour briser les cadenas de manière à aller
vérifier à l'intérieur des casiers métalliques ce
qu'on pouvait y retrouver. Eh bien, la Charte des droits et libertés le
défend. Alors, cela allait jusque-là. Je suis convaincu - notez
que je vais faire venir le guide pour le distribuer aux membres de la
commission - que cette question a dû être traitée. Il y aeu une vaste animation au niveau secondaire à cet
égard-là. Mais, c'est ce qui a été fait, je dirais,
de plus significatif depuis quelques années.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas allonger le débat. J'ai
l'impression que mon amendement va être défait, mais je dois vous
dire que je trouve cela extrêmement malheureux.
De deux choses l'une, ou cela n'est presque plus existant dans nos
écoles parce que, comme plusieurs l'ont mentionné, les choses ont
évolué, quoique je pense que cela n'a jamais été
habituel non plus dans les écoles, même dans le temps
passé, parce que je me souviens de mon père qui me disait que
jamais, dans un séminaire très sévère où il
était, il n'avait vu un châtiment physique infligé...
M. Leduc (Fabre): C'était l'exception.
Mme Lavoie-Roux: Le Séminaire de Chicoutimi. En tout cas,
il reste, comme vous dites, que cela a évolué. Alors, on ne s'en
sert presque plus dans les écoles. Ensuite, c'était le fait que
les enfants vivaient dans un pensionnat pour un très grand nombre
d'entre eux, ce qui est beaucoup moins le cas aujourd'hui, sauf dans des
situations plus particulières. Alors, ou cela n'existe presque plus, et
on n'en a pas besoin, ou on le conserve comme une échappatoire pour le
professeur qui est impatient ou l'élève qui est tellement
insubordonné.
J'entendais quelqu'un qui disait: Dans des cas extrêmes - j'oublie
lequel des collègues l'a dit - on aurait toujours cela comme recours. Je
me dis: Si on arrive à des situations avec des enfants où dans
un
cas extrême on peut avoir cela comme recours, je pense
qu'aujourd'hui il faut trouver une autre solution, à l'intérieur
de l'école, j'entends, que le châtiment physique. Dans ce
sens-là, je ne vois vraiment pas le bien-fondé, même si ce
n'est pas écrit et, comme il n'y a pas de prohibition, cela devient
permissif - de conserver ceci à l'intérieur de nos lois de
l'enfance, parce qu'il s'agit des jeunes de l'élémentaire et du
secondaire.
Le deuxième élément, ma collègue de
Jacques-Cartier y a fait allusion. Je pense que c'est vrai que dans un sens il
y a moins de violence qu'il y en avait à l'intérieur des
écoles. Des fois, cela peut être une tape échappée,
mais il y a d'autres fois où cela a été de la violence
contre les enfants. On se trouve à ce moment-ci avec une augmentation de
la violence de la part des enfants dans les écoles. Je pense que c'est
une chose qui est constatée généralement, du moins au
secondaire ou dans certaines polyvalentes et autres. Je me dis: En gardant
à l'intérieur de nos lois cette disposition-là, est-ce
qu'on va répondre par la violence, parce que cela devient la situation
extrême que l'on solutionne par un recours à la violence? Il me
semble qu'aujourd'hui on devrait avoir dépassé cela.
M. le Président, pour ne pas prendre plus de temps, à
moins que quelqu'un d'autre veuille ajouter quelque chose, je suis prête
à demander le vote, mais j'interviens encore, en espérant que ce
qui nous reste de réminiscence et même de nos propres
expériences personnelles de dire: Le petit fichu, je vais lui donner une
bonne tape ou quelque chose comme celle-là... Il faut faire une
différence entre la situation familiale et la situation scolaire. Ce
sont deux choses différentes. J'invite mes collègues à
bien y réfléchir avant de dire non à cet amendement. S'ils
veulent l'amender d'une autre façon, je n'ai pas d'objection, mais je
pense qu'il est très clair, il dit ce qu'il veut dire; en tout cas, il
est très simple. Quand même, je n'aurais pas d'objection qu'il
puisse être dit d'une façon plus satisfaisante ou
inséré quelque part ailleurs.
C'est quand même un principe fondamental - je le réalise
bien - que je veux inscrire dans la loi, et que dans le fond on ne débat
pas beaucoup, sauf quand des accès de violence interviennent. Ma
collègue de Jacques-Cartier demandait des exemples de ce qui se passait
dans les commissions scolaires. Je pense que pas plus tard que l'an dernier,
à Montréal, il y a eu une poursuite quant à un enfant dont
le professeur avait... Aurait-il abusé de la même façon? Je
ne le sais pas, mais peut-être moins facilement.
Mme Dougherty: Pour le professeur c'est défendu.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas défendu, les
professeurs.
Mme Dougherty: C'est toujours le directeur. Le directeur est le
seul...
Mme Lavoie-Roux: Ordinairement, les plaintes ne sont pas contre
les directeurs d'école, à ma connaissance, mais contre des
professeurs. Cela pourrait arriver, mais c'est...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Mille-Iles,
vous aviez quelque chose à ajouter?
M. Champagne: M. le Président, comme Mme la
députée de L'Acadie je suis sympathique à cet
amendement-là, mais je ne sais pas si c'est nécessaire de le
mettre, dans le sens où l'école c'est peut-être le miroir
de la famille. De familles autoritaires comme on en a connu dans le
passé, on est passé à des familles beaucoup plus
permissives. Comme l'école était très autoritaire dans le
passé, on en est venu à une école beaucoup plus
permissive. Je pense que cela va aussi avec l'évolution de nos moeurs et
de nos coutumes. De là à le mettre dans un projet de loi, cela
fait peut-être la différence.
Je savais bien, comme enseignant, que c'était défendu de
frapper les étudiants. Tous les professeurs étaient convaincus du
bien-fondé du respect de l'enfant et, à ce moment, je pense que
cela venait même dans nos coutumes et règlements dans les
commissions scolaires. Je ne sais pas - on a un ancien président de la
CECM - quelle était la directive interne à ce sujet. Je sais bien
que madame...
Mme Lavoie-Roux: C'est le directeur d'école qui devait
infliger...
M. Parent: Vous me permettez, M. le Président.
M. Champagne: J'aimerais savoir quelle était la directive,
sans avoir le grand principe général, d'une commission scolaire.
J'aimerais savoir s'il y avait une directive à ce sujet à la
Commission des écoles catholiques de Montréal.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Sauvé.
M. Parent: Les punitions corporelles étaient strictement
défendues de la part des professeurs. C'était laissé
à la discrétion de la direction de l'école de prendre les
mesures. Mais c'était de plus en plus rare et, chaque fois que la
direction l'exerçait, on avait de la contestation ou des plaintes.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Mille-Iles.
M. Champagne: C'est bien sûr que c'est une question
délicate, je pense bien qu'il faut aller dans le sens de
l'évolution. Mais maintenant je pense que c'est compris par l'ensemble
des parents aussi, des enseignants et des élèves à ce
sujet. Le fait de le mettre dans le projet de loi n'apporterait peut-être
pas quelque chose de plus, considérant que dans la coutume cela se fait
actuellement.
Il y a une chose, par exemple, surtout devant notre projet
éducatif qui fait de l'école une école communautaire et
responsable: II faut aussi que dans chacune de ces écoles on puisse
prendre part à ce débat et faire en sorte que les gens du
milieu... On peut bien dire que le principe s'étend à toutes les
régions du Québec, l'on peut dire aussi que dans certaines
régions peut-être l'autorité, dans certaines familles, est
encore plus rigide que dans telle autre municipalité, telle autre
région. Ce serait peut-être à l'école, de concert
avec la commission scolaire, d'établir ces règles à ce
sujet.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Verchères et M. le député d'Argenteuil.
M. Charbonneau: M. le Président, dans le texte
d'amendement il y a un terme qui n'est pas clair malgré ce que dit la
députée de L'Acadie: à mon avis, c'est le terme
"châtiment". Je me rappelle d'avoir eu la "strap", comme on disait dans
le temps. C'était un châtiment imposé par le directeur,
donc un châtiment qui venait après une longue période
après le geste qui était posé. Cela pouvait être
quelques heures, peut-être même quelques jours après.
À un moment donné, tu savais qu'il y avait quelque chose; il te
faisait venir et il te donnait la "strap", le châtiment.
Je pense que tout le monde considère que ces méthodes sont
à prohiber. Mais, est-ce qu'on va considérer comme un
châtiment une réaction spontanée dans un contexte
particulier, dans une classe particulière? À un moment
donné, il arrive une situation de violence et, comme le ministre le
disait tantôt, la main te part. Est-ce que c'est un châtiment ou si
c'est... Je pense qu'on s'entend tous pour dire... Si l'interprétation
qu'on donnait au terme "châtiment" - je ne suis pas un avocat, moi - se
limitait à un châtiment comme on le comprend maintenant,
c'est-à-dire une correction, un geste froidement décidé...
C'est cela un châtiment dans le sens où on l'entend. C'est cela
qu'on veut prohiber. Je pense, effectivement, qu'on s'entend tous pour dire que
ces méthodes où froidement on décidait d'une correction
physique... Ce que je crains c'est que, si on ne clarifie pas
l'interprétation qu'on donne au terme "châtiment", on se trouve
à ouvrir la porte à des poursuites, à une réaction
en chaîne que l'on ne désirerait pas parce que, finalement, il y a
des réactions spontanées qui surviennent qui ne sont
peut-être pas des châtiments proprement dits mais que, en vertu de
la loi, des gens pourraient interpréter comme étant un
châtiment et à cause de cela, à mon avis, en arriveraient
à des gestes, des conclusions qui ne seraient pas corrects.
Je suis un peu d'accord avec la députée de
Jacques-Cartier: autant on peut être sympathique à cela, autant il
faut être prudent, et pourquoi ne pas être prudent correctement? Je
comprends que ce n'est pas la base de la loi. Je pense que demain matin le
système d'enseignement va continuer de fonctionner. On pourrait
très bien s'entendre pour recommander au ministère de
l'Éducation d'organiser un forum quelconque pour un approfondissement de
la question. Il ne faudrait pas qu'on reporte le problème aux calendes
grecques mais, en même temps, peut-être que cela nous
éviterait de mettre dans un texte de loi ce qu'on ne veut pas mettre et,
en même temps, nous permettrait de mettre dans la loi ce qu'on veut
mettre.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Étant donné l'heure, la
commission de l'éducation suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 24)
Le Président (M. Tremblay): La commission de
l'éducation poursuit ses travaux. La parole est au député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais simplement faire une mise au point parce que
le ministre, hier, a cité une déclaration du député
de Brome-Missisquoi indiquant que le groupe libéral aurait
décidé de faire une guérilla contre le projet de loi 3 au
cours de la fin de semaine. II aurait déclaré cela au cours de la
fin de semaine dernière, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil...
M. Ryan: M. le Président
Le Président (M. Tremblay): ...puis-je vous dire que vous
ne faites pas là une question de règlement...
M. Ryan: Mais, je demanderais...
Le Président (M. Tremblay): ...et que vous allez ouvrir un
débat quand notre mandat est d'étudier l'article 9.1 que vous
avez déposé?
M. Ryan: M. le Président, je demande l'accord des
députés ministériels sur l'affaire d'une minute.
M. Bérubé: Une minute, M. le Président. Pas
de problème!
Une voix: À condition qu'on ait le droit de
réplique.
M. Bérubé: Pas plus qu'une minute.
Mme Lavoie-Roux: Pas plus qu'une minute, une minute de
réplique.
M. Bérubé: Pas plus qu'une minute. Un
consensus.
M. Ryan: Une minute de chaque côté, je n'ai aucune
objection.
Le Président (M. Tremblay): Une minute de chaque
côté, cela va être court. Je prends note de...
M. Ryan: Vous n'êtes pas habitué à cela. Ne
comptez pas avant qu'on commence. On n'a pas commencé encore.
Le Président (M. Tremblay): Vous me le dites quand vous
commencez.
M. Ryan: Je me prépare. Je voulais simplement vous
préciser que cette déclaration attribuée au
député de Brome-Missisquoi fut rapportée le 3
février dernier dans la Voix de l'Est et fut faite, par
conséquent, vers la fin de janvier ou au début de février
de la présente année; elle portait sur le projet de loi 40 et
n'avait, par conséquent, rien à voir avec les travaux actuels
autour du projet de loi 3.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez réglé
en 30 secondes. M. le ministre.
M. Bérubé: Si c'est possible, M. le
Président, je voudrais vérifier... J'avais la date... Sur la
citation que j'avais entre guillemets, que l'on m'a remise, il y avait une
date, mais elle n'était pas en mois, elle était en nombre et je
n'ai pas regardé la date, honnêtement; mais, je vais la
regarder.
Mme Lavoie-Roux: Mais, c'est déformer la
vérité, M. le Président, agir comme cela.
M. Ryan: Parce que là, il y aura...
Une voix: De la démagogie.
M. Ryan: II me reste encore 30 secondes?
Le Président (M. Tremblay): II reste à chacun 30
secondes.
M. Ryan: Parce qu'il y avait des interventions quant à la
ligne de conduite que nous avons suivie dans ce débat-ci qui me semblent
être absolument non démontrées, pour dire le mot.
M. Bérubé: J'aurais pu prendre, puisqu'il reste
encore huit secondes, d'autres citations du député d'Argenteuil,
plus probantes. Dans son débat de deuxième lecture, il a
affirmé très clairement que, si le gouvernement ne cédait
pas sur les points soulevés par l'Opposition, celle-ci ferait une
opposition très ferme au projet de loi et prendrait tous les moyens
nécessaires.
M. Ryan: Tous les moyens raisonnables. Ce que nous allons
faire.
Le Président (M. Tremblay): L'article 9.1.
M. Leduc (Fabre): C'est un aveu, M. le Président.
M. Bérubé: II y a un aveu qu'ils ont pris les
moyens raisonnables.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse, mais je suis
président et non juge.
M. Bérubé: Le député d'Argenteuil a
l'art de jouer sur les mots avec subtilité, je dois le
reconnaître.
Le Président (M. Tremblay): Alors, M. le
député d'Argenteuil, vous avez la parole sur l'article 9.1.
J'avais compris, par exemple, qu'on était prêt à
l'adopter.
M. Ryan: Une question, monsieur. Je crois que j'avais
demandé la parole, M. le Président, au moment où nous
avons ajourné. Vous étiez remplacé par un autre, à
ce moment-là. Par conséquent, vous n'êtes peut-être
pas au courant de tous les détails.
Le Président (M. Tremblay): Non. M. Ryan: Est-ce
que j'ai la parole?
Le Président (M. Tremblay): Certainement.
M. Ryan: Merci, je l'apprécie.
Alors, au sujet de "châtiment corporel", je veux vous dire, M. le
Président, que je suis entièrement favorable à
l'amendement
proposé par la députée de L'Acadie. Nous parlons de
cette question depuis le temps où j'étais moi-même aux
études et nous luttions à ce moment-là en notre
qualité d'élève pour l'abolition de cette forme de
rétribution d'actes parfois répréhensibles qu'il nous
arrivait de faire. Je croyais franchement, avant de revenir aux questions
d'éducation, que c'était une question réglée depuis
de nombreuses années. Je ne me souviens pas qu'un de mes cinq enfants,
qui ont fréquenté des écoles publiques du Québec,
ait jamais été l'objet de châtiments corporels.
M. Lachance: Ils devaient être de bons
élèves.
M. Ryan: Pardon?
M. Lachance: Ils devaient être de bons
élèves.
M. Ryan: Non, il y en a un qui a été invité
à fréquenter une autre institution. Par conséquent, je
n'avais jamais entendu parler de cas comme cela de leur part et je croyais que
c'était une chose qui était disparue. Je savais qu'il y avait
quelques endroits où cela devait se produire, mais je pensais que
c'était déjà passé dans les moeurs beaucoup plus
que cela me semble l'être quand j'écoute les réticences qui
font manifester les députés du côté
ministériel.
Mais, il me semble que tout notre système d'éducation est
basé sur la reconnaissance de la dignité de la personne, sur la
reconnaissance du fait que l'enseignant est un officier public investi d'une
responsabilité très importante et que sa première
responsabilité doit consister à respecter la personne, les
élèves, jeunes surtout, avec lesquels il est en contact. Il me
semble que, si des comportements repréhensibles ou inadmissibles se
produisent dans une classe ou dans une école, nous avons l'obligation,
dans le Québec civilisé de 1984, de trouver d'autres moyens que
les châtiments corporels pour y faire face. Je crois que ce serait une
très bonne chose que ce soit inscrit dans la loi que nous n'entendons
pas fafiner ou tourner autour du pot sur cette question. Je pense que, dans
tous les autres secteurs de la société, c'est une chose
interdite. Si je frappe mon voisin, je vais être poursuivi à moins
d'être en cas de légitime défense. Si jamais un enseignant
est agressé par un adolescent, par exemple, et qu'il soit en situation
de légitime défense, il peut parfaitement invoquer les
dispositions du Code criminel pour se défendre. Mais, à part le
cas de légitime défense, je ne vois pas de justification dans la
société civilisée où nous sommes pour ce genre de
mesures de rétribution, encore une fois, à l'endroit d'actes qui
peuvent être inadmissibles en soi. C'est pourquoi je suis favorable sans
hésitation à l'amendement proposé par la
députée de L'Acadie. Je suis heureux de constater... Je n'ai pas
entendu d'intervention du député de Saint-Laurent
là-dessus. Je m'excuse, je ne l'ai pas entendue. Est-ce que vous
êtes intervenu là-dessus, M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Sur l'article 9.1? (20 h 30)
M. Ryan: Pardon? Et, connaissant l'esprit libéral que vous
avez manifesté tout au long de nos travaux jusqu'à maintenant, je
suis sûr que vous n'aurez pas de peine à être d'accord avec
nous et je sais que, si vous ne l'êtes point, vous nous le laisserez
savoir non pas par la poste mais par une intervention immédiate. Par
conséquent, je crois que nous sommes d'accord de ce côté-ci
pour cet amendement. Si nous ne l'étions pas, c'est une question sur
laquelle nous souffrons parfaitement la divergence. Moi, je suis très
fortement favorable et j'aimerais qu'on inscrive dans nos lois: "Goodbye to
this kind of pedagogy".
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est vrai, il a ses cinq minutes. Il va
bien les utiliser, M. le Président, vous allez voir cela.
Une voix: Non, mais je voulais demander au
député...
M. Champagne: Excusez, M. le ministre, j'ai une question. Je ne
sais pas si le député d'Argenteuil a consulté la
députée de Jacques-Cartier qui est intervenue sur le sujet et qui
avait certaines réticences.
M. Ryan: M. le Président, j'ai parlé avec la
députée de Jacques-Cartier avant d'intervenir ce soir. Nous avons
échangé là-dessus et si la députée de
Jacques-Cartier veut vous dire elle-même ce qu'elle m'a dit, je pense que
toutes vos craintes seront dissipées.
M. le ministre, vous vouliez suggérer que la
députée de Jacques-Cartier, par son application, vous donne
l'impression qu'elle aurait peut-être été formée de
cette manière dans les écoles protestantes? Je pense qu'il y a
longtemps que ces gens se sont débarrassés de cela. Elle a dit
qu'il y a certains principaux qui ne veulent pas que cet instrument soit trop
éloigné d'eux mais ceux-là, il faut peut-être qu'ils
apprennent qu'on n'est plus au XIXe siècle.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, j'ai
quitté
les travaux de cette commission quinze minutes avant la fin pour
rencontrer le président de la Fédération des commissions
scolaires qui voulait me faire part d'une dernière préoccupation
et j'ai donc raté les derniers quinze minutes du débat.
M. Ryan: Ce n'est pas par manque d'intérêt mais je
dois aller intervenir dans une autre commission sur un projet de loi qui
implique directement les intérêts de mes commettants d'Argenteuil.
C'est relié à du transport non gratuit. On peut reporter le
vote.
M. Bérubé: Oui, on peut reporter le vote. Je
présume que vous ferez de même quand nous serons en
minorité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Sûrement.
M. Ryan: Comme le président est là, on n'a pas
d'inquiétude. Comme la Tour de Pise...
Mme Lavoie-Roux: Alors, le ministre prend ses cinq minutes.
Après cela, on passe à l'autre article.
Le Président (M. Tremblay): J'espère que vous ne
mettez pas en doute mon...
M. Leduc (Saint-Laurent): La Tour de Pise n'est pas encore
tombée.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez réfléchir encore
davantage.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. En fait,
j'aimerais vraiment pouvoir réfléchir davantage. Malheureusement,
j'étais préoccupé par d'autres questions reliées
à la loi et plus particulièrement le mécanisme
électoral et certaines propositions qui m'ont été faites
fort raisonnables et on va essayer de voir dans quelle mesure on peut y donner
suite. Je ne me suis pas penché sur cette question qui, je pense, est
fort sérieuse et me laisse en même temps perplexe. Si nous avions
procédé avant à une réflexion sur la question, par
le biais d'un groupe de travail ou encore si le Conseil supérieur de
l'éducation avait pu étudier cette problématique et que
ses recommandations ou les recommandations des experts consultés
allaient dans le sens d'une évolution de notre système pour
s'éloigner de toute notion de châtiment corporel, il n'y aurait
absolument aucune hésitation de ma part, vraiment aucune. En toute
honnêteté, cela cadre mieux avec ma vision des choses. Je suis
violent verbalement mais fort pacifique en action. J'imagine qu'il faut se
défouler quelque part. Je ne vous cache pas que je serais plutôt
sensible à cela.
Ce qui m'a frappé, cependant, cela a été
l'étude du Conseil supérieur de l'éducation sur la
violence dans les écoles où on fait part de situations assez
dramatiques auxquelles font face les enseignants qui sont aux prises avec de
jeunes durs, souvent menaçants. Quand une bande d'enfants se liguent,
ils peuvent faire la vie dure à leur professeur. Alors, j'ai de la
difficulté à pouvoir vraiment sentir ce que peut
représenter pour le professeur cette espèce d'argument un peu
final: si vous ne restez pas tranquilles, vous allez en attraper une. Une telle
menace n'est possible que dans la mesure où, effectivement, il a droit
de leur en donner une car s'il fallait à tout bout de champ qu'un
élève sorte l'article 9.1 de la loi en disant: M. le professeur,
on a une surprise. On va vous expliquer quelque chose... Le professeur vient de
perdre un argument dit "massue". Je ne parle pas de l'utilisation de la massue
mais de l'argument qu'on pourrait utiliser comme massue.
Il y a un problème que, moi, je ne peux pas percevoir et je n'ai
pas vraiment la compétence pour me faire une idée personnelle. Il
faudrait que je réfère à des gens qui pourraient me
conseiller sur cela et qui ne sont malheureusement pas avec nous ce soir. Cela
est le premier problème que je vois.
Le deuxième problème que je vois, c'est le geste
d'impatience d'un professeur dans une classe où les enfants sont
véritablement dissipés. Je me souviendrai toujours de ce
professeur d'anglais absolument extraordinaire - je ne vous en donnerai pas le
nom - mais qui était absolument incapable d'imposer son autorité
et, chaque fois qu'il arrivait en classe, c'était littéralement
la foire. Quand je dis foire là, pire que l'Assemblée nationale,
M. le Président.
Une voix: Ce n'est pas peu dire!
M. Champagne: Je ne vous crois pas.
Une voix: Vous caricaturez.
M. Bérubé: À ce moment je comprends que,
chez nous, le président de l'Assemblée se lève et vous
rappelle à l'ordre trois fois et généralement - sauf dans
le cas du député de Saint-Laurent qui résiste encore
même à la troisième fois et, lui, on se demande cequ'il faudrait utiliser dans son cas -...
Une voix: II se l'était attiré.
M. Bérubé: Sauf dans ces cas, des fois on peut
comprendre qu'un professeur énervé administre une gifle. Tout
récemment j'ai eu, comme ministre, à redonner le permis à
un enseignant à qui on l'avait retiré et je crois, si je ne
m'abuse, que le motif principal -j'imagine qu'il pouvait y avoir d'autres
motifs - était justement d'avoir frappé un enfant. J'ai
cru comprendre cependant qu'il y avait beaucoup d'autres raisons mais non
substantivées, en ce sens que, les plaintes venant d'un peu tout le
monde, la claque a peut-être été l'excellent moyen,
finalement, pour intervenir. Après deux ans, comme la loi le permet et,
d'ailleurs, elle me fait obligation dans la mesure où je dois consulter
un comité et celui-ci doit évaluer le cas... La recommandation
que l'on me fit à ce moment fut de lui redonner son permis.
C'était un cas, justement, de châtiment corporel. Inutile de dire
que j'ai de la difficulté à me faire une idée claire en ce
moment; c'est cela, mon problème.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je proposerais de nous
donner trois minutes et après cela qu'on passe à l'autre article,
étant donné qu'on remet les votes, si les gens y consentent. Cela
pourrait permettre au ministre de réfléchir davantage. Je ne veux
pas refaire les interventions que j'ai faites avant, je ne sais pas si le
ministre y était ou n'y était pas. Je veux reprendre deux
éléments qui sont à la base de son incertitude ou, enfin,
deux exemples qu'il a donnés. Le cas de la foire dans la classe parce
que le professeur n'a pas de discipline et qu'à ce moment devant
l'impatience, c'est-à-dire, rendu à bout par tous les petits
diables qui sentent cela et qui... Je pense que ce n'est pas la solution
d'envoyer des claques aux enfants. Je pense qu'il n'y aura pas plus de
discipline, il va y en avoir bien moins à part de cela.
M. Bérubé: Oh non! Je me souviens quand
j'étais jeune...
Mme Lavoie-Roux: Mais cela ne marche plus aujourd'hui.
M. Bérubé: ...je me souviens du
député de Saint-Laurent qui devait mentionner le nom d'un
surveillant de salle de récréation à notre bon vieux
collège qui avait une réputation satanique, devrait-on dire. Je
me souviens que sa salle d'études était d'un calme, d'un
silence.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que tenir les enfants par la peur, ce
n'est pas très bon au plan pédagogique, de toute
façon.
M. Bérubé: C'était efficace.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais c'étaient les moyens
forts.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent a demandé la parole.
Une voix: C'était retentissant.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas fini de parler.
Le Président (M. Tremblay): Ah! Si vous n'avez pas
fini.
M. Bérubé: C'est parce que je conteste.
Effectivement, le châtiment corporel donne certainement des
résultats. Sont-ils désirables? C'est une autre question.
Mme Lavoie-Roux: Le deuxième élément que
vous avez apporté, la violence dans nos écoles, justement, je
l'ai soulevé. C'est drôle, j'ai une position opposée. La
violence dans nos écoles, c'est un phénomène beaucoup plus
grave que celui qu'on a connu jusqu'à maintenant. Je pense que ce n'est
pas non plus en répondant par de la violence, c'est justement en ayant
une attitude contraire que vous allez pouvoir... Je ne dis pas que vous allez
corriger ce problème de la violence qui est relié à bien
d'autres facteurs dans notre société, mais je ne trouve vraiment
pas que c'est en réagissant par de la violence à de la violence,
surtout d'adultes vis-à-vis des enfants, que vous allez résoudre
ce problème. Je pense que, si on est rendus dans les cas de violence -
des fois on entend dire que des enfants viennent à l'école avec
des chaînes - disons que c'est ce qui se passe à New York, aux
États-Unis - à ce moment-là il faut trouver d'autres
solutions que de réserver aux professeurs la possibilité
d'attaquer ou de se défendre physiquement contre un enfant. En tous les
cas, je ne veux pas parler plus longtemps. Il me semblait que j'avais
développé des bons arguments avant le souper, mais on verra cela
tout à l'heure quand le vote viendra...
M. Bérubé: Ils ne sont pas mauvais.
Mme Lavoie-Roux: ...parce qu'on peut en discuter jusqu'à
demain matin.
M. Bérubé: On pourrait faire un vote libre
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on peut faire un vote libre.
M. Bérubé: Ah, voilà!
Mme Lavoie-Roux: N'est-ce pas que ce serait une
première?
M. Leduc (Saint-Laurent): Dans la réforme.
Mme Lavoie-Roux: Non, on pourrait faire cela; il n'y a pas
d'objection.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Ce que je ferais, c'est que je
demanderais à un pédagogue, mon sous-ministre adjoint au primaire
et au secondaire, qui a une longue expérience en pédagogie et
également en direction et en administration. Je ne détesterais
pas avoir sa pensée et, à partir de cela, je n'aurais pas
d'objection à faire un vote libre. Je ne sais pas si mon
distingué... Je devrais consulter mon adjoint parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: On peut bien innover, on n'a rien fait.
M. Bérubé: J'ignore ce qu'en pense mon adjoint
parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: On va innover en commission parlementaire. Vote
libre.
Le Président (M. Tremblay): On reconnaît le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je serais tenté d'appuyer la proposition de
Mme la députée de L'Acadie, je serais tenté seulement.
Mme Lavoie-Roux: ...la tentation.
M. Laplante: J'ai vécu du moins dans une école
à deux directeurs où il y avait nettement abus dans les punitions
corporelles qu'on faisait aux enfants, jusqu'avec des livres de
téléphone. À ce moment-là, les plaintes
étaient là mais la commission scolaire ne pouvait en
collaboration avec le directeur d'école avoir assez de preuves pour...
Vous savez à peu près ce que je veux dire. Maintenant, ce n'est
pas généralisé dans les écoles.
Souventefois, c'est un homme. Comme vous connaissez les
difficultés qu'il y a actuellement dans les écoles et, dans ce
temps-là... J'hésiterais énormément à mettre
cela dans la loi. M. Charbonneau a donné tout à l'heure...
Excusez-moi, le député de Verchères, vous avez
été près de lui, Mme la députée de L'Acadie,
sur le projet de loi 24. Vous savez toute la répercussion qu'il y a eue
avec les droits de l'enfant, écrits, ce que cela a donné à
un moment donné. Les policiers ne voulaient plus rien savoir.
Il y a une autre punition, aussi, au sujet de laquelle je me demande
jusqu'où cela atteint les enfants psychologiquement. J'ai vu des enfants
se faire traiter d'imbéciles environ dix fois de suite, des enfants
pleurer et arriver chez eux et ne plus vouloir aller à
l'école.
Mme Lavoie-Roux: II y a toutes sortes de violence, M. le
député.
M. Laplante: II y a toutes sortes de violence. C'est pour cela
que, si on commence à détailler...
Mme Lavoie-Roux: La violence physique, c'est clair.
M. Laplante: ...le genre de violence... Ce n'est pas une violence
corporelle, mais c'est un autre genre de violence qui est aussi pire que la
violence corporelle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je n'ai pas fait de motion
là-dessus.
M. Laplante: Souventefois, les enfants aimeraient mieux avoir une
bonne volée que de se faire dire toutes sortes d'épithètes
face à leurs consoeurs ou confrères étudiants, puis il y a
des mots très durs qui se disent. On le sait tous et on sait que les
enfants sont marqués beaucoup par cela aussi parce qu'il y a des enfants
qui n'ont pas le même caractère. Il y a des caractères
très sensibles et ces choses-là les marquent pour des
années à venir.
M. Leduc (Saint-Laurent): "Ton père est
député."
M. Laplante: On l'a vu, cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce sont des bêtises: "Ton
père est député."
M. Laplante: Je ne pourrais pas voter pour cet amendement
à cause de toutes ces raisons...
Mme Lavoie-Roux: II ne nous en a pas donné une seule.
M. Laplante: Je ne sais plus me situer: C'est quoi, la
violence?
Mme Lavoie-Roux: La violence physique, c'est clair. Voulez-vous
que je vous dise ce que c'est? Je peux vous en faire une
démonstration.
M. Laplante: Oui, mais il y a d'autres sortes de violence.
M. Bérubé: Cela défoulerait.
M. Laplante: C'est cette autre sorte de violence qui est aussi
difficile...
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour moi, il y en a de l'autre
côté qui voudraient se défouler.
Le Président (M. Tremblay): S'il vous plaît, ne
suggérez pas que l'on puisse commencer cette sorte de discussion.
M. Laplante: C'est la raison pour laquelle je ne pourrais voter
pour cela.
M. Leduc (Fabre): Qu'est-ce que la
violence?
M. Laplante: Mais si on s'en allait vers une proposition de
dire...
Mme Lavoie-Roux: La violence physique.
Le Président (M. Tremblay): Si on commence
là-dedans, cela va être laid.
M. Laplante: Je ne sais pas comment on pourrait arranger cela: Le
directeur de l'école pourrait analyser ces cas-là, mais pas
laisser cela d'une façon libre. Je ne peux pas voter
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je propose...
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, voulez-vous
intervenir?
M. Bérubé: Non, M. le Président, je ne veux
pas intervenir; je suis prêt pour que l'on suspende le vote. Je
demanderai un caucus avec mes collègues tantôt. (20 h 45)
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président...
M. Bérubé: Sur l'article 9.1?
M. Leduc (Saint-Laurent): ...je serais tenté de faire un
peu comme le député de Bourassa et dire: J'étais contre,
mais à la suite de l'intervention de M. Ryan, j'ai été
convaincu.
M. Laplante: Le Saint-Esprit est passé.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne vous cache pas, M. le
Président, qu'au départ, je n'étais pas tellement
chaud.
Mme Lavoie-Roux: ...à la proposition de sa
collègue.
M. Leduc (Saint-Laurent): Les châtiments corporels ne sont
pas tellement un problème aujourd'hui; cela n'existe pratiquement plus,
pour ne pas dire: Cela n'existe plus. La seule raison pour laquelle je vais
voter pour l'amendement, c'est que je ne peux pas voter contre cela. Dès
qu'on me soumet l'amendement et qu'on me dit: L'élève ne peut
être l'objet de châtiment corporel, je ne suis pas capable de voter
contre cela. Si ma collègue n'avait pas soumis cet amendement, je ne
l'aurais pas demandé, mais dès qu'elle soumet l'amendement, je ne
suis pas capable de voter contre cette proposition. Je voterai donc pour cela.
Ce n'est peut-être pas une raison de fond de voter pour la
proposition.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez été mis devant une
réalité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je me sentirais très mal
à l'aise de voter contre cette proposition. De l'autre côté
de la table, cela devrait être assez embarrassant également. Je
vais voter pour cela.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Non, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Depuis que je vous donne la
parole, vous ne la voulez plus.
Mme Lavoie-Roux: Lorsqu'il y réfléchit, cela le
tourmente un peu.
M. Bérubé: Si j'utilisais le genre d'argument
utilisé par le député de Saint-Laurent, je dirais: Devant
un amendement comme celui-ci, je ne peux pas voter pour, car l'impression que
j'ai, c'est que le député de Saint-Laurent a regardé et il
a vu que c'était un amendement proposé par l'Opposition et il a
subitement cessé de réfléchir comme il vient de nous
l'avouer, d'ailleurs, candidement. Je n'ose pas utiliser un argument comme cela
pour décider de voter contre. J'aimerais mieux qu'on suspende le
débat et je pourrais en discuter avec mes collègues tantôt
pour voir quel genre d'attitude on devrait prendre.
Mme Lavoie-Roux: Si on passait à l'autre.
Le Président (M. Tremblay): Des intervenants ont
demandé la parole, dont le député de Mille-Îles. M.
le député de Mille-Îles.
M. Leduc (Fabre): M. le Président.
M. Champagne: Non, non, je l'avais demandé avant vous, M.
le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président ne nous reconnaît
plus maintenant.
M. Bérubé: Vous vous méprenez, M. le
Président. Dans mon droit de réplique, cela ne représente
pas une intervention qui se substitue à l'intervention d'un de mes
collègues. Il arrive assez fréquemment que, une fois que j'ai
donné la réplique, toujours de moins de cinq minutes, vous vous
méprenez sur la nature de mon intervention
et vous oubliez à ce moment-là de donner la parole de
notre côté.
Le Président (M. Tremblay): Mais non!
Pas du tout, M. le ministre! Bien au contraire! J'en ai comme preuve le
dernier intervenant.
M. Bérubé: Oui, c'est vrai.
Le Président (M. Tremblay): J'ai donné la parole
à Mme la députée de L'Acadie; je vous ai donné la
parole. Le député de Saint-Laurent avait demandé la
parole, je l'ai donnée au député de Bourassa qui s'est
exprimé et je...
M. Bérubé: C'est exact, M. le Président.
Vous avez absolument raison.
Le Président (M. Tremblay): Lorsque personne du
côté ministériel ne demande la parole, alors, je la donne
à ceux qui la demandent du côté de l'Opposition. M. le
député de Mille-Îles.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, si vous
permettez, je dois vous féliciter pour votre travail; il est absolument
exemplaire.
Le Président (M. Tremblay): Je vous remercie. Cela sera au
procès-verbal de l'Assemblée.
M. Champagne: Merci, M. le Président. Enfinl J'avoue que
l'amendement me laisse perplexe dans le sens où j'ai tendance, si on me
laisse un vote libre, à appuyer aussi cet amendement, dans le sens
où la société a évolué
énormément; c'est une question de principe. J'avais posé
une question avant le souper aux anciens présidents de commission
scolaire. Les présidents de commission scolaire avaient quand même
dit au moment où ils étaient présidents que... C'est
sûr que je ne vois pas le droit du professeur de frapper un enfant. Au
sujet des professeurs, cela est clair pour moi. Maintenant, dans certaines
commissions scolaires, on permettait parfois au principal de l'école
d'user à l'occasion de châtiments corporels. Je ne sais pas si
vous voulez enlever cela, mais la question que je me pose, c'est: Faut-il
l'enlever aussi au principal de l'école? S'il en est question pour les
professeurs... C'est clair dans mon esprit, cela ne se fait plus, sauf dans un
mouvement d'impatience. Cela fait longtemps que je n'ai plus vu cette violence
physique.
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression que vous n'avez pas dû
en taper.
M. Champagne: Non. Je suis d'accord avec l'amendement.
Maintenant, je ne sais pas; au sujet des principaux d'écoles, c'est une
autre question. M. le député de Sauvé, avant le
dîner, me disait que, à la CECM entre autres, c'était
autorisé au niveau des principaux d'écoles et à la PSBGM
et à la Commission scolaire Sainte-Croix, aussi.
Mme Dougherty: Cela devient de plus en plus rare, mais cela
existe.
M. Champagne: De plus en plus rare. Maintenant, concernant les
professeurs, moi, je suis d'avis qu'il faut accepter l'amendement; cela est
personnel, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Je peux répondre.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! M. le ministre.
M. Bérubé: Cela ne fait rien.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pour répondre au député de
Mille-Îles très rapidement, il faut bien dire qu'il y a eu une
évolution et que certaines ou peut-être un grand nombre de
commissions scolaires, je ne pourrais pas vous le dire avec pertinence,
justement dans le but que cette violence ou, oublions le mot violence, que
cette utilisation des châtiments physiques disparaisse, ont dit: Il n'y
en aura plus. Les enseignants n'en feront plus; si on a besoin de recourir
à cela, c'est le principal d'école. Je vous parle de
règle. Cette règle a été établie - je ne
peux pas vous dire la date - avant même que j'arrive à la CECM, en
1969. Cette règle que la "strap" passe au directeur, cela peut remonter
au moins avant 1969. On est rendu en 1985. Je pense qu'on est prêt
à franchir l'autre étape et dire: Le châtiment corporel
disparaît de nos écoles. On a mis en place assez d'autres
mécanismes pour aider les enfants en difficultés. Peut-être
faut-il donner plus de soutien aux professeurs aussi, je ne le sais pas. Je
pense qu'on n'est plus à cette époque. Je ne sais pas si cela
répond à votre question.
M. Champagne: D'accord, je serais favorable.
Le Président (M. Tremblay): Vote libre?
Mme Lavoie-Roux: Non, on attend le député de...
M. Lachance: Avec la permission de la commission, je ne suis pas
membre; je ne voudrais pas prolonger le débat non plus...
Le Président (M. Tremblay): Un moment. Je vais demander
s'il y a consentement pour que le député de Bellechasse puisse
intervenir.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on va...
M. Leduc (Saint-Laurent): L'ex-maire de Saint-Nazaire, il est
sympathique.
Le Président (M. Tremblay): II y a consentement pour que
le député de Bellechasse puisse intervenir. M. le
député de Bellechasse.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je veux avoir des photos, moi. Je veux
bien l'écouter.
M. Lachance: Je dois dire, et j'en suis fier, que, dans mes douze
années de travail, quatre ans comme enseignant, huit ans comme directeur
adjoint, je n'ai jamais utilisé ces méthodes.
Mme Lavoie-Roux: J'en étais convaincue. Je ne dis pas cela
à la blague. On voit cela chez les gens.
M. Lachance: Je ne pense pas non plus que ce soit souhaitable. Il
existe des châtiments non corporels qui sont pires parfois que des
châtiments corporels. Là, on ne s'en sort pas. Ce sont des
châtiments psychologiques. Cela est utilisé assez
fréquemment. J'aurais une question à poser à Mme la
députée de L'Acadie. Est-ce qu'elle cataloguerait dans les
châtiments corporels ce qui se pratiquait beaucoup au niveau primaire, en
particulier, il y a des années, le fait de prendre un
élève et d'aller le faire mettre à genoux dans le
coin?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
M. Champagne: Est-ce que c'est corporel, ça?
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas mais, de toute
façon...
Une voix: Cela use tout de même les genouxl
Le Président (M. Tremblay): Le député de
Saint-Laurent le sait, lui.
M. Parent: Le député de Saint-Laurent...
Mme Lavoie-Roux: Vous me demandez si je considère cela une
chose corporelle. Je pense que ce n'est pas la même agression que le
contact physique d'une personne avec une autre, le contact physique violent
à l'endroit d'une autre personne. C'est différent. Dans tous les
autres types de châtiments, c'est évident, nous-mêmes des
fois on s'inflige - je ne le dis pas à la blague - des châtiments
psychologiques, par nos querelles, nos choses blessantes, etc. Je ne vous
demande pas... Il va falloir se faire un dictionnaire comme le règlement
Geoffrion pour savoir ce qui est une violence verbale ou pas. L'autre, il est
clairement défini, et c'est la chose la plus primitive que la punition
corporelle. C'est dans ce sens qu'elle est limitée au châtiment
corporel.
Le Président (M. Tremblay): Avant de passer la parole au
ministre, je voudrais connaître l'opinion de la commission. Est-ce que
vous pensez que ce serait une bonne chose si on demandait au bureau de se
pencher sur ce problème pour pouvoir mettre certains
députés à genoux à l'occasion?
Mme Lavoie-Roux: Oui, bon...
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je peux suggérer de passer
à l'autre article?
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: J'aimerais qu'on passe à l'autre
article.
Le Président (M. Tremblay): II y a le député
de Fabre qui a demandé la parole. Je le reconnais.
M. Leduc (Fabre): Je voudrais dire que la question du
député de Bellechasse est pertinente. Je me posais un peu la
même question. Sur le fond, je pense qu'on est d'accord avec Mme la
députée. À mon avis, c'est l'interprétation du mot
châtiment qui n'est pas claire. Effectivement, j'ai regardé dans
le dictionnaire la définition de châtiment. Le dictionnaire donne
une extension un peu inquiétante dans le sens de toute punition
corporelle. Cela veut dire qu'on pourrait interpréter que
l'élève qui est mis à genoux dans un coin subit un
châtiment corporel. On pourrait interpréter...
Mme Dougherty: ...châtiment n'est pas le mot.
M. Leduc (Fabre): Je me fie au dictionnaire.
Mme Lavoie-Roux: ...on est d'accord avec vous.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est pas une agression.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une
agression.
M. Leduc (Fabre): Vous partez dans les interprétations. Je
vous dis qu'il y a toutes sortes d'interprétations. Si un professeur
sort un élève par le cou, par le chignon, comme on dit, ou par le
bras, le serre un peu fort par le bras, l'élève se plaint que le
professeur lui a fait mal au bras, est-ce que c'est un châtiment
corporel? Suivant le dictionnaire, il peut s'agir d'une punition
corporelle.
À ce moment, c'est quoi l'extension qu'on donne au mot
châtiment? Sur le fond, on est d'accord, contre l'agression, contre les
punitions que vous mentionnez, je pense qu'on est d'accord là-dessus et,
si c'était aussi clair que cela, je n'hésiterais pas à
voter pour l'amendement, mais cela me semble n'être pas si clair que
cela. C'est pour cela que j'aimerais cela qu'il y ait un éclairage
juridique officiel là-dessus.
M. Bérubé: J'ai quelque chose d'intéressant,
M. le Président, en réplique à mon collègue. Vous
connaissez cette brochure "Jeunes égaux en droit et responsables", elle
est intéressante. La charte dit, dans le droit à
l'intégrité physique: Toute personne a droit à
l'intégrité physique, article 1. Ce droit touche
particulièrement les punitions corporelles: la violence physique, les
menaces de violence, la violence dans les sports, etc. Cela veut dire que vous
avez droit à ce que votre corps demeure intact, protégé
contre toute atteinte. Et dans la réciprocité, vous avez la
responsabilité de respecter l'intégrité physique des
autres, jeunes ou adultes.
C'est quand même intéressant de voir que la Charte des
droits et libertés de la personne est quand même assez explicite
ef l'interprétation qu'en fait le ministère est encore
plus explicite. Il est même dommage que la seule commission scolaire qui
ait refusé de distribuer cette brochure, semble-t-il, soit la CECM
à l'époque où M. Parent était président.
M. Parent: On l'a distribuée après, je
n'étais pas président à ce moment. On l'a quand même
distribuée.
Mme Lavoie-Roux: C'est un président par
intérim.
M. Parent: M. le Président, vous pouvez inscrire au
débat que c'est sur ma recommandation, pendant que j'étais
commissaire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé, vous avez violé le règlement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela ne me surprend pas du tout de
votre part, M. le député de Sauvé.
M. Bérubé: Ceci pour dire que je pense que cela
supporte l'amendement en ce sens que, si on veut vraiment que la charte veuille
dire quelque chose, cela doit vouloir dire que les punitions corporelles sont
bannies, à mon avis.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que oui. On passe à l'autre
article?
M. Bérubé: Même si la CECM n'a pas toujours
été d'accord, si je comprends bien, pour le distribuer,
néanmoins elle a fini par se rallier.
M. Parent: C'est la version révisée. On l'a
distribuée sur ma proposition.
M. Bérubé: Ah bon!
Le Président (M. Tremblay): Que fait-on? Est-ce qu'on
suspend l'article jusqu'à ce que M. le député
d'Argenteuil...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Bérubé: On suspend une minute, M. le
Président, pour nous permettre de nous concerter.
Le Président (M. Tremblay): Nous suspendons les travaux de
la commission de l'éducation pour une minute.
(Suspension de la séance à 21 heures)
(Reprise à 21 h 3)
Le Président (M. Tremblay): La commission reprend ses
travaux.
M. Bérubé: Si tu n'étais pas en balance, ce
serait plus facile. Mais là, vraiment, dans le doute abstiens-toi, c'est
une autre vieille règle. On attendra, on reportera le vote.
Mme Lavoie-Roux: On va à l'autre article.
Le Président (M. Tremblay): Nous suspendons l'article 9.1
et nous passons à l'article 10 qui se lit comme suit;
"L'élève ou ses parents peuvent recourir au Protecteur du citoyen
pour faire respecter les droits de l'élève." Peut-être
pouvons-nous revenir immédiatement...
Mme Lavoie-Roux: Au vote.
Le Président (M. Tremblay): ...à l'article 9.1
puisque c'est encore frais à l'esprit?
Mme Lavoie-Roux: Quel est votre argument?
Le Président (M. Tremblay): Nous sommes revenus à
l'article 9.1.
M. Bérubé: L'argument que les avocats nous disent,
c'est que la formulation, par exemple, du texte est différente de celle
de la charte, ce qui peut provoquer des problèmes...
Mme Lavoie-Roux: D'interprétation. M.
Bérubé: ...d'interprétation.
Mme Lavoie-Roux: Quel est le texte de la charte?
M. Bérubé: C'est le droit à
l'intégrité.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! L'élève a droit
à l'intégrité physique, si vous préférez. Je
n'ai pas d'objection.
M. Ryan: C'est tautologique, à ce moment.
M. Bérubé: Oui, on dit la même chose.
M. Ryan: Je ne hais pas votre formulation, gardez-la.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Je veux bien faire des
concessions.
M. Bérubé: Alors, cela, c'est un
problème.
M. Laplante: On va remettre cela à demain matin et on va
s'en reparler ce soir. On leur donnera une réponse si on accepte.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais demain matin on ne revient pas.
M. Laplante: On donne un consensus, on dit oui et on embarque
dans les amendements. Cela s'est fait en masse.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je voudrais qu'on prenne le vote ce soir,
franchement! Si on pouvait revenir, si vous disiez...
M. Bérubé: Est-ce que monsieur...
Le Président (M. Tremblay): II y a une intention de vote
et personne ne me demande la parole.
M. Bérubé: Un instant. On va demander la
parole.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Bérubé: Le temps que l'on fasse venir nos
députés.
M. Laplante: II y a une autre formulation qui a été
présentée tout à l'heure par Mme la députée
de L'Acadie qui était suivant la charte. Qu'est-ce que
c'était?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je conserve ma...
M. Laplante: Non, je sais que le député
d'Argenteuil vous a fait changer d'idée, mais cela
m'intéresserait, les mots que vous avez employés.
Mme Lavoie-Roux: À droit à son
intégrité physique, mais à ce moment c'est la même
chose.
M. Laplante: Oui, a droit à son intégrité
physique, c'est déjà inscrit dans la charte.
Une voix: Non.
M. Laplante: Une minute, laissez-moi...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Je propose un sous-amendement, M. le
Président, sur son droit à l'intégrité physique,
tel qu'il est inclus dans la charte des droits. Je suis prêt à
marcher là-dessus, pour moi, en tout cas.
Le Président (M. Tremblay): Vous proposez de remplacer
tout l'article 9.1 par "L'élève a droit à son
intégrité physique"?
M. Laplante: C'est ça, M. le Président, tel que la
charte peut le dire.
Le Président (M. Tremblay): Sur la recevabilité,
Mme la députée de L'Acadie. M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Regardez, là, vous êtes en face d'une
proposition qui demande de créer un article nouveau. Là, le
député de Bourassa propose un autre article nouveau.
Le Président (M. Tremblay): C'est sur la
recevabilité. Si tout le monde veut écouter le
député d'Argenteuil, nous allons pouvoir statuer sur la
recevabilité.
M. Ryan: Comment est-ce que c'est, votre amendement,
Thérèse?
Mme Lavoie-Roux: L'avez-vous, mon amendement, monsieur?
Une voix: Oui, il est ici.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce qu'on l'a perdu, nous autres.
M. Ryan: On l'a, mais ouvrir nos serviettes à cette
heure-ci, ça pourrait retarder les travaux.
Mme Lavoie-Roux: "L'élève ne peut être
l'objet de châtiments physiques".
Le Président (M. Tremblay): Sur la recevabilité, M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: II me semble que la députée de L'Acadie
propose un nouvel article.
M. Laplante: "L'élève a droit à sonintégrité physique."
M. Ryan: Le député de Bourassa propose un autre
nouvel article. Il me semble qu'il faudrait se prononcer sur le premier et
qu'ensuite il pourrait faire une proposition d'amendement au même endroit
avec son article à lui, mais qu'on ne peut pas en avoir deux en
même temps.
M. Bérubé: Je pense que, de toute façon,
c'est de la mauvaise législation que de reprendre directement la
charte.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui.
M. Bérubé: On ne doit pas reprendre directement la
charte. La charte est là comme une loi.
M. Ryan: Elle vaut pour tout le monde, et toutes les lois.
Le Président (M. Tremblay): J'aimerais que vous
m'éclairiez sur la recevabilité.
M. Laplante: M. le Président, étant donné
que la proposition de Mme la députée de L'Acadie reflétait
la charte des droits, ça reflète aussi le Code civil.
Le Président (M. Tremblay): Sur la recevabilité, M.
le député le Bourassa.
M. Laplante: Oui, c'est sur la recevabilité, c'est pour
vous donner l'indice. Je ne fais que changer ce qu'elle voulait dire en
d'autres termes par un terme qui est employé dans la charte des droits.
C'est pour rendre plus réaliste la proposition qu'elle veut faire
là afin qu'elle arrive au même but dans le respect de la charte
des droits de la personne. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Moi, je la déclare
recevable parce qu'à mon avis la proposition nuance...
Mme Lavoie-Roux: Elle remplace.
Le Président (M. Tremblay): ...la proposition. Elle est
dans le même esprit, mais elle la nuance. Elle ne va pas à
l'encontre de la proposition.
Mme Lavoie-Roux: Pour faire un amendement, il faut que
ça...
M. Ryan: II faut laisser quelque chose dedans.
Mme Lavoie-Roux: II faut laisser quelque chose dedans.
Le Président (M. Tremblay): Non, nous avons accepté
des amendements qui visaient à biffer complètement un article
pour le remplacer par un autre. C'est ce que le député de
Bourassa fait dans son amendement.
M. Ryan: Regardez, M. le Président, je pense qu'il y
aurait...
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous allez vous laisser convaincre par
M. Ryan. Il me semble que vous devriez les convaincre. Vous allez finir par les
"convaincre".
Une voix: T'es-tu laissé convaincre?
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous m'avez convaincu.
M. Ryan: M. le Président, s'il y a un article dans un
projet de loi et qu'on demande de remplacer tel alinéa par tel texte,
là, ça se comprend parce qu'on a une base. Mais là, on n'a
pas de base. On veut créer un article nouveau.
Le Président (M. Tremblay): J'ajoute que la base, en ce
qui nous concerne, c'est un article qui est sur la table comme on le fait
toujours quand c'est une proposition du ministre, finalement.
M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Si cela peut aider, moi, je ne veux pas faire perdre
le temps de la commission. Je vais retirer mon amendement et on va prendre le
vote, M. le Président, sur la motion de Mme la députée de
L'Acadie.
Le Président (M. Tremblay): La commission est-elle
d'accord pour retirer la proposition d'amendement du député de
Bourassa? L'amendement du député de Bourassa est
retiré.
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Deux secondes, M. le Président. Je dois
dire que... J'aimerais, peut-être, que le ministre écoute. M. le
ministre...
M. Ryan: II leur manque un joueur. Des voix: On vote!
Mme Lavoie-Roux: On vote! Allez-y! Votez!
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! N'y a-t-il
pas d'autres interventions?
Des voix: Non.
Le Président (M. Tremblay): Nous votons sur l'amendement
de Mme la députée de L'Acadie qui se lit comme suit et qui doit
être inséré entre l'article 9 et l'article 10: "9.1.
L'élève ne peut être l'objet de châtiments
corporels."
M. Bérubé: M. le Président, il y a un membre
de notre commission qui s'en vient nous rejoindre en ce moment.
Une voix: On a droit à une réplique de cinq
minutes.
Une voix: Vote nominal.
M. Bérubé: Par déférence pour le
député d'Argenteuil, nous avons attendu son arrivée.
Aurait-il objection à ce que...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! Vous ne voulez pas voter pour.
Alors, on va l'attendre, votre membre, et vous pourrez nous défaire.
M. Bérubé: Non, non, on est complet. Mme
Lavoie-Roux: II vient d'arriver. Une voix: On, il n'y est pas.
Mme Lavoie-Roux: Sauvé par... M. le Président, on a
le droit de demander le vote?
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Une voix: Vote nominal.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal.
Le Président (M. Tremblay): II est de mon devoir d'appeler
le vote puisqu'il n'y a pas d'autres intervenants. J'appelle le vote.
M. Bérubé: On aurait pu intervenir.
M. Leduc (Fabre): Le vote est demandé.
Mme Lavoie-Roux: Le vote a été demandé, M.
le Président.
M. Bérubé: Le vote. Qui demande le vote, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay): Automatiquement, quand il n'y
a pas d'intervenants, nous passons au vote et c'est ce que je fais.
Mme Lavoie-Roux: II a été demandé. M.
Leduc (Fabre): M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Allez-y! Vote nominal.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Vote
nominal.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal.
M. Leduc (Fabre): Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): C'est bien, c'est Fabre, M. le
Président, à Laval.
Une voix: L'avez-vous demandé, le vote?
M. Leduc (Fabre): M. le Président, je pense que
selon...
M. Parent: Une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay): II est déjà sur
une question de règlement, M. le député de
Sauvé.
M. Leduc (Fabre): M. le Président, j'ai le droit à
ma question de règlement.
Le Président (M. Tremblay): Je vais d'abord écouter
la question de règlement du député de Fabre et je vous
donnerai la parole après.
Une voix: On va lui donner la "strap".
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je veux
simplement savoir...
Mme Lavoie-Roux: C'est d'accord.
Une voix: Votons donc! On va leur faire plaisir.
Le Président (M. Tremblay): Sur la question de
règlement, M. le député de Sauvé. Il ne veut pas
s'exprimer; alors, nous passons au vote. Vous avez demandé un vote
nominal. M. le député de Verchères?
M. Charbonneau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: II est en criminologie. C'est incroyable! Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Dorion?
Mme Lachapelle: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles? À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre!
À l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Mille-Iles?
M. Champagne: Je suis pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Je suis pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon? Mme la députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
M. Ryan: Pour l'amendement, contre la "strap".
La Secrétaire: 6 voix pour, 6 voix contre.
Vote prépondérant du
président
Le Président (M. Tremblay): Je vais voter pour.
Mme Lavoie-Roux: C'est lui qui a le vote
prépondérant?
Une voix: Je ne sais pas qui a le vote
prépondérant.
Mme Lavoie-Roux: II n'a pas le droit de vote?
Une voix: Non.
Une voix: Le président de la commission n'a pas le droit
de vote.
M. Laplante: J'aurais une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui, je recevrai des... Vous
comprendrez...
M. Laplante: Le président régulier n'a pas droit
à deux votes.
Le Président (M. Tremblay): Nous allons suspendre pour
deux minutes afin d'étudier la situation, pour vous donner une
interprétation exacte de la situation.
(Suspension de la séance à 21 h 16)
(Reprise à 21 h 18)
Le Président (M. Tremblay): La commission de
l'éducation reprend ses travaux. Je tiens, à ce point-ci,
à faire remarquer à tous les membres de la commission que je n'ai
pas déclaré adoptée la motion et que je ne le ferai qu'au
moment où nous aurons obtenu une directive plus claire, pour être
certain que le président a un droit de vote...
Une voix: Lequel?
Le Président (M. Tremblay): ...et lequel. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Si vous permettez, M. le Président, juste en
une minute. Cela serait peut-être plus rapide. L'article 135 est assez
clair à cet égard. On parle du président de la commission,
du président permanent de la commission, et on énumère ses
fonctions. On dit: "Le président organise et anime les travaux de sa
commission, prend part à ses délibérations et a voix
prépondérante en cas de partage." C'est donc le président
permanent de la commission - cela fait partie de ses fonctions - qui peut
détenir ce privilège de vote prépondérant.
Le Président (M. Tremblay): M. le
député de Sauvé.
Mme Lavoie-Roux: Qu'on réfère au président
de l'Assemblée nationale.
Une voix: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: On passe à un autre article.
M. Parent: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé.
Mme Lavoie-Roux: Qu'on réfère au président
de l'Assemblée nationale.
Une voix: C'est M. le député de Sauvé qui a
la parole, si vous permettez, M. le Président. Vous permettez cela?
Le Président (M. Tremblay): Oui, cela fait deux...
Une voix: Oui, j'entends, mais...
Le Président (M. Tremblay): ...ou trois fois que je lui
dis: M. le député de Sauvé, ce qui veut dire que je lui
donne la parole.
M. Parent: Alors, M. le Président, je vous demanderais, au
nom de notre formation, d'attendre que nous ayons une version officielle venant
du Bureau du président de l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, dans l'argument...
Mme Lavoie-Roux: Vous allez faire jurisprudence.
Une voix: Bravo! Bravo!
Mme Lavoie-Roux: C'est la première fois que cela se
présente, n'est-ce pas?.
M. Guay (président de l'Assemblée): C'est au
président de la commission que revient le vote
prépondérant.
Mme Lavoie-Roux: Même s'il ne préside pas?
M. Guay (président de l'Assemblée): Même s'il
ne préside pas, le président de commission est un personnage
permanent et tel qu'est rédigé le règlement, c'est
à lui que revient le vote prépondérant.
Mme Lavoie-Roux: II va être permanent dans sa
sévérité.
M. Guay (président de l'Assemblée): Cela
étant, c'est une disposition qui sera probablement modifiée pour
certainement enlever toute notion de vote prépondérant.
Là où en sont les travaux de la sous-commission, c'est
d'enlever toute notion de vote prépondérant.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire que dans six mois, il aurait
perdu?
M. Guay (président de l'Assemblée): Bien, il ne
faut pas présumer.
M. Leduc (Saint-Laurent): S'il n'est pas ici, que se produit-il?
Un président a deux têtes, quoi?
M. Guay (président de l'Assemblée): Un vote
nul.
Une voix: Donc, cela veut dire qu'il n'est pas adopté.
Une voix: C'est cela.
Une voix: Cela n'a pas de sens.
Mme Lavoie-Roux: Bon, on se rend à votre décision,
M. le Président, c'est bien malheureux.
M. Guay (président de l'Assemblée): Ce n'est pas la
première fois que le cas se produit en commission. Mais, on s'est
déjà posé la question abondamment à la
sous-cornmission pour savoir à qui, en fait, nous voulions donner ce
vote prépondérant lors de la rédaction du
règlement. C'est au président de la commission qu'on voulait le
donner. On peut s'être trompé. Effectivement, la sous-commission a
revu cet article et l'a modifié. Mais, pour l'instant, ce n'est
qu'à l'étape de la sous-commission et ce n'est pas encore rendu
à la commission, ni encore à l'Assemblée. Cela n'y
parviendra pas, d'ailleurs, avant Noël. Donc, dans l'état actuel
des choses, telle est la situation, même si...
M. Bérubé: Compte tenu du vote de notre
président de séance, je constate que c'est un excellent
règlement. Vous ne devriez pas l'amender.
Une voix: Le président de séance a soumis le
président de la commission, si je ne...
M. Bérubé: Oui, mais vu que le président de
séance avait voulu arbitrer dans un débat où le vote
était partagé...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je comprends que c'est
ce que vous ayez voulu faire. Mais, quand le président ne préside
pas la séance, c'est justement pour abandonner sa neutralité et,
à ce moment-là, il est un membre de la commission comme tous les
autres, au même titre que tous les autres.
Là, j'admets que c'est la règle que vous avez
établie, mais comme fonctionnement, c'est assez surprenant parce que
justement, pour pouvoir participer au débat dans le sens partisan - cela
n'a pas un sens nécessairement péjoratif - il a abandonné
son poste, il l'a donné à un autre président. Â ce
moment-là, comme membre il a un double droit de vote. Comme
président, je ne le contesterais pas, mais comme membre ordinaire de la
commission, tout à coup, il se retrouve, lui, avec deux droits de vote
par opposition aux autres collègues.
Le Président (M. Tremblay): M. le président de
l'Assemblée nationale.
M. Guay (président de l'Assemblée): C'est une
très longue explication et il faudrait remonter à tous les
travaux de la sous-commission sur la réforme parlementaire et à
une très longue discussion que nous avons eue sur le rôle du
président de la commission et à l'introduction, à un
moment donné, de la notion de président de séance qui est
venue sur le tard. Mais, l'idée était de s'inspirer très
nettement, dans la mesure où on pouvait l'adapter à notre
système parlementaire, des commissions parlementaires américaines
où le président de la commission est en quelque sorte - on le dit
d'ailleurs dans le règlement - le patron de la commission. Dans le cas
des mandats confiés par l'Assemblée, qui sont des mandats pour
étudier des projets de loi, ce n'est pas le président de la
commission qui s'est désisté pour avoir un président de
séance, c'est le leader du gouvernement qui a, dans la motion de renvoi
à la commission, indiqué que les travaux seraient
présidés par un président de séance. Et là,
il y a une ambiguïté, j'en conviens, dont la source remonte aux
travaux de la sous-commission, il y a déjà un an, au moins.
Au départ, cette notion de président de séance est
arrivée sur le tard et devait être quelque chose d'exceptionnel
que le leader voulait parce que cela pouvait simplifier les choses au moment de
l'étude d'un projet de loi étant donné que le ministre est
là, alors que le ministre n'est pas automatiquement membre de la
commission. Il l'est pour les fins de l'étude d'un projet de loi. Alors,
il y avait cette espèce de curieuse situation...
Mme Lavoie-Roux: On l'accepte.
M. Guay (président de l'Assemblée): ...et sans
mener à la rédaction de cet article, au départ,
l'idée était que nous voulions le donner au président de
la commission, évidemment, dans l'optique où le président
de la commission présidait presque tout le temps. Dans la situation
où nous en sommes arrivés par la suite, où le
président de la commission, soit de son propre chef, soit à
l'iniative du leader du gouvernement de l'Assemblée nationale...
Une voix: C'est là qu'on a fauté.
M. Guay (président de l'Assemblée): ...a pu
être remplacé pour les fonctions...
Une voix: ...de président de séance.
M. Guay (président de l'Assemblée): ...de
président de séance par quelqu'un d'autre, c'est là qu'on
s'est posé la question - mais subséquemment, à la
sous-commission, une fois que cela est adopté - pour savoir à qui
va le vote. Mais, le sens que nous lui donnions et que nous lui donnons encore
- et cet article sera modifié - c'est que cela va au président de
la commission. Cela étant, le président de la commission,
même s'il ne préside pas la séance, continue à
être le président de la commission et cela continue à
être sa commission parlementaire, d'une certaine manière. Il
continue à être le patron de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Bon, on accepte ça, M. le
Président. Ce qu'il y a de triste...
M. Guay (président de l'Assemblée): Ce n'est pas un
personnage qui existe à mi-temps et qui n'existe pas pendant la
moitié de l'autre temps. Le personnel de la commission continue à
relever de lui, même s'il ne préside pas les travaux de la
commission.
Une voix: Excepté à l'économie et au
travail.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il y a de triste, M. le Président,
c'est que le gouvernement ne serait pas tombé, de toute façon, et
on aurait fait évoluer un petit peu la société.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Malheureusement, j'ai dû m'absenter pour quelques
minutes. Si je comprends bien, le vote est pris.
Le Président (M. Tremblay): Oui, le vote est
terminé, effectivement.
M. Payne: Ma question est la suivante: Est-ce qu'il y a un
mécanisme pour ajouter un nom? Est-ce que la majorité serait
consentante à ce qu'on puisse voter de nouveau s'il y a
égalité des voix ou suivant l'esprit de la commission...
Le Président (M. Tremblay): S'il y a consentement de tous
les membres de la commission, je recevrai le vote du député de
Vachon.
M. Bérubé: M. le Président, je ne le sais
pas. Je pense qu'on devrait s'en tenir... Non, je comprends peut-être le
point de vue du député de Vachon...
Le Président (M. Tremblay): Je comprends qu'il n'y a pas
de consentement et, dans ce sens-là, compte tenu du fait qu'on m'informe
que j'ai lancé, après le coup de sifflet... Je demande au
président de la commission, le député de Verchères,
d'exprimer son vote prépondérant. M. ledéputé de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, avant d'indiquer comment
je vais utiliser ce vote prépondérant, je voudrais demander au
ministre de l'Éducation ce que j'avais indiqué cet
après-midi, avant l'ajournement des travaux pour le souper,
c'est-à-dire que...
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président. J'ai beaucoup de sympathie pour le député de
Verchères mais, quand on vote, est-ce une coutume de justifier son vote
et de redonner des explications? On a pris deux heures pour discuter de
ça...
M. Charbonneau: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas pour vous enlever le droit de vote
mais votez ou ne votez pasl
Le Président (M. Tremblay): Je crois que Mme la
députée de L'Acadie a raison.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Charbonneau: Je ne pense pas qu'il s'agisse pour moi
uniquement de justifier mais, dans la mesure où nos collègues
ont, tantôt, à la blague ou autrement, interprété
ces votes, je pense que c'est important que non seulement j'exerce ce vote
prépondérant parce que c'est ma responsabilité de le faire
mais également que je puisse à ce moment-ci rappeler ce que j'ai
indiqué à la commission quand je suis intervenu sur la
question...
Mme Lavoie-Roux: Si ça pouvait vous permettre de dormir
plus heureux, allez-y!
Le Président (M. Tremblay): II y a consentement pour que
vous justifiiez votre vote.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je ne suis pas pour battre les enfants.
M. Charbonneau: Très bien! Dans ce cas-là, je vous
avais dit, Mme la députée de L'Acadie que nous partagions - on
finit par faire un gros plat avec cette affaire -essentiellement les
mêmes objectifs et que ce qui me motivait, ainsi que plusieurs de mes
collègues, c'était une certaine volonté de prudence. Dans
ce sens-là j'avais indiqué également que ce que je croyais
le plus sage, à ce moment-ci, c'était de faire en sorte qu'on
approfondisse cette question-là avec les premiers concernés,
c'est-à-dire à la fois les enseignants, les dirigeants des
écoles, soit les directeurs d'école, et des gens qui sont
appelés à travailler dans le réseau des affaires
sociales.
M. Laplante: Question de règlement. Je veux être
juste pour tout le monde. C'est une question d'équité.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa...
M. Laplante: On n'a pas le droit de s'expliquer sur un vote.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa...
M. Laplante: Pour ou contre parce que...
Le Président (M. Tremblay): ...vous avez tout à
l'heure consenti à ce que le président de la commission...
M. Laplante: Non, je n'ai pas consenti. Le Président
(M. Tremblay): Oui. M. Laplante: Madame a consenti...
Le Président (M. Tremblay): Par votre silence vous avez
consenti. J'ai demandé un consentement et personne ne m'a dit...
Mme Lavoie-Roux: On va reprendre le vote.
Le Président (M. Tremblay): ...qu'il ne consentait pas.
Donc, le député de Verchères et président de la
commission permanente de l'éducation a la parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Ce que je voulais
dire en terminant, c'est que cet après-midi j'avais proposé que
le ministère de l'Éducation organise, dans les semaines et les
mois qui viennent, pour ne pas remettre ce problème-là aux
calendes grecques, un forum de discussions où les premiers
intéressés, c'est-
à-dire les enseignants, les directeurs d'école et les gens
du réseau des affaires sociales qui sont concernés par les
problèmes de protection de la jeunesse, soient appelés à
débattre de l'à-propos d'inscrire dans le projet de loi -
ça pourrait très bien se faire à la reprise de la session
au mois de mars -un amendement qui pourrait aller dans ce sens mais que dans
l'immédiat on n'a pas suffisamment de garanties pour adopter ces
amendements.
En conséquence, si le ministre de l'Éducation consentait
à cette proposition, je voterai de la même façon que j'ai
voté tantôt avec mon vote prépondérant.
Le Président (M. Tremblay): En votant contre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Question de règlement. Vous avez
permis au député de Verchères de s'exprimer et je voudrais
que vous écoutiez également le député de Vachon.
(21 h 30)
Le Président (M. Tremblay): C'est une proposition. Un
instant, je veux clarifier cela. Je n'ai pas permis au député de
Verchères de s'exprimer, vous avez permis au député de
Verchères de s'exprimer. Le député de Vachon peut
s'exprimer s'il y a consentement de la commission.
M. Payne: Je n'ai pas demandé de m'exprimer...
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il consentement pour que
le député de Vachon puisse s'exprimer?
M. Payne: ...c'est une question de vote.
Le Président (M. Tremblay): Pour le vote, c'est trop tard,
c'est terminé. Alors, je déclare l'amendement qui vise à
ajouter le paragraphe 9.1...
Mme Lavoie-Roux: Lisez-le donc, on a oublié ce que
c'était.
Le Président (M. Tremblay): II se lit comme suit, ajout
d'un article: "Article 9.1: L'élève ne peut être l'objet de
châtiments corporels." Cet amendement est rejeté.
Mme Lavoie-Roux: Par le gouvernement.
Recours au Protecteur du citoyen
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 10 et je
donne la parole... Y a-t-il quelqu'un qui veut s'exprimer sur l'article 10?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: En fait, c'est une nouvelle mesure
à la suggestion du Protecteur du citoyen lui-même qui avait
proposé que, compte tenu de la nature même de ses fonctions, on
élargisse son mandat pour faire respecter les droits de
l'élève. Cela nous paraissait une excellente solution.
Évidemment, la députée de L'Acadie pourra dire que
les droits de l'élève ne sont peut-être pas aussi larges,
compte tenu de l'amendement que nous venons de rejeter mais, néanmoins,
je dois lui dire que la démarche que je compte faire, en rapport avec
l'amendement qu'elle a soumis tantôt, c'est de m'adresser, dans un
premier temps, à la Commission des droits de la personne pour lui
demander d'expliciter, à l'intention du gouvernement, le sens exact de
la charte concernant le droit à l'intégrité.
Deuxièmement, je poursuivrai l'idée, suivant l'avis que
nous donnera la Commission des droits de la personne, si celle-ci
prétend qu'existe une certaine latitude face à l'utilisation de
punitions de type corporel dans les écoles. À ce
moment-là, je suggérerais que l'on demande au Conseil
supérieur de l'éducation de nous donner un avis concernant
l'usage de punitions corporelles sur le plan pédagogique. Je pense que
ces deux avis, ensemble, pourraient peut-être nous permettre d'avoir une
meilleure compréhension du problème et, éventuellement,
d'aller dans le sens d'un amendement, comme le proposait la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ...je sais qu'on n'a pas le droit de
prêter des intentions, je n'en prêterai pas, d'ailleurs. À
défaut d'avoir vu ma motion adoptée, je sais que le ministre se
sent profondément mal à l'aise. Si cela l'a motivé
à faire cette proposition - enfin, ce n'est pas une proposition, c'est
simplement une suggestion à ce moment-ci de nos travaux - je trouve que
c'est quand même bon parce que, si on revient avec une modification
à la loi, éventuellement, dans le sens où je l'ai
proposé, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Je ne peux quand
même pas m'empêcher d'être étonnée de voir
qu'une motion comme celle-ci a été refusée. Mais enfin,
sur l'article 10, aviez-vous des amendements?
M. Bérubé: Non, nous n'avons pas d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Mme Dougherty: Non, non.
Le Président (M. Tremblay): Oui, Mme la
députée...
Mme Dougherty: À l'article 10? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
Motion proposant d'ajouter un recours pour les
élèves handicapés
Mme Dougherty: Nous avons un amendement.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, allez-y.
Le Président (M. Tremblay): ...de Jacques-Cartier.
M. Bérubé: Heureusement que la
députée de Jacques-Cartier veille au grain!
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire que dans tout ce brouhaha, j'ai
perdu mes amendements.
Mme Dougherty: À l'article 10, M. le ministre, un
amendement vient de notre équipe. Ce n'est pas un amendement que j'ai
inventé moi-même, c'est un amendement qui est
réclamé depuis longtemps de groupes qui s'occupent des enfants
handicapés, y compris l'Office des personnes handicapées du
Québec. Est-ce que M. le ministre écoute?
M. Bérubé: Effectivement, vous avez raison, j'ai
deux oreilles, mais quand on les sollicite indépendamment, j'ai, en
général, de la difficulté à suivre. Je pense que je
vais d'abord écouter son argument et je passerai à
l'argumentation après.
Mme Dougherty: J'aimerais ajouter un deuxième
alinéa à l'article 10, qui se lirait comme suit: "Dans le cas de
l'élève handicapé ou en difficulté d'apprentissage
ou d'adaptation, l'élève ou ses parents peuvent recourir au
comité consultatif des services aux élèves
handicapés et aux élèves en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage." Je parle du comité créé au niveau de
la commission scolaire.
La justification vient...
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier, je déclare immédiatement votre amendement
recevable.
Mme Dougherty: Pardon?
Le Président (M. Tremblay): Je déclare votre
amendement recevable.
Mme Dougherty: Merci. J'espère que tout le monde a une
copie de cet amendement. C'est dans notre kit d'amendements. D'accord? Le
problème...
M. Bérubé: M. le Président, on a de la
difficulté à entendre la députée de
Jacques-Cartier.
Le Président (M. Tremblay): Oui. Je demanderais à
tous les membres de la commission de garder le silence pour que Mme la
députée de Jacques-Cartier puisse se faire entendre des membres
de la commission. Si le brouhaha nous venait d'en arrière, nous
demanderions à ceux qui discutent de faire leur caucus à
l'extérieur.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. Dans le
mémoire que nous avons reçu de l'Office des personnes
handicapées en 1983, on dit ceci: "L'introduction dans la loi d'un droit
de recours au Protecteur du citoyen constitue un recul par rapport à la
volonté du ministre - on parle de l'ancien ministre -exprimée
dans le livre blanc de créer un poste de protecteur de
l'élève. Pour l'Office des personnes handicapées, la
création d'un poste de protecteur spécifique à
l'élève avec les ressources nécessaires et les
compétences requises en matière d'accès aux services
éducatifs constitue la meilleure garantie que les élèves
et leurs parents bénéficieront d'un recours rapide et efficace.
Une telle mesure permettrait également d'ajuster les procédures
de recours et de jugement à la situation spécifique du milieu
scolaire et aux besoins des élèves et de leurs parents. À
l'inverse, nous craignons que ces derniers soient mal desservis en s'adressant
au Protecteur du citoyen qui a un mandat beaucoup plus large. En
conséquence, nous recommandons que le ministère de
l'Éducation revienne à sa première proposition de
créer un poste de protecteur de l'élève."
Dans le projet de loi 3, le protecteur de l'élève n'existe
plus. Dans le mémoire que nous avons reçu de l'association du
Québec pour les déficients mentaux - c'est un mémoire
daté de novembre 1984 sur le projet de loi 3 - ce problème y
était longuement analysé. En conclusion, on dit ceci: En somme
l'élève ou ses parents ne peuvent faire valoir leurs
intérêts devant les tribunaux. Les recours administratifs sont
inexistants et les recours politiques sont inefficaces auprès d'un
organisme administratif. Le seul mécanisme de recours au Protecteur du
citoyen avec les pouvoirs dont il dispose présentement est insuffisant.
Si le gouvernement veut maintenir ce recours, il serait immédiatement
requis de lui accorder un pouvoir accru à l'égard des commissions
scolaires et de leurs employés. Il devrait exister au niveau des
services éducatifs un premier mécanisme de recours
administratif qui soit facilement accessible aux élèves et
aux parents et, en second lieu, un mécanisme de recours judiciaire.
Pour l'élève handicapé intellectuellement, l'Office
des personnes handicapées du Québec ou le comité
consultatif des services aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation et d'apprentissage
pourrait constituer ce premier mécanisme de recours.
C'est pour toutes ces raisons que j'ai introduit cet amendement pour
donner aux parents des enfants handicapés un recours
privilégié, un comité qui est sensible aux besoins de ces
enfants et j'ai aussi un autre amendement pour l'article 238 où on parle
des pouvoirs de ce comité. Je propose qu'on ajoute aux pouvoirs de ce
comité un pouvoir d'entendre les parents de l'élève
handicapé qui se prévalent de recours disponibles à
l'article 10 dont on parle maintenant et de faire des recommandations en
conséquence à la commission scolaire. C'est une combinaison de
deux amendements que je propose pour faciliter une certaine justice
auprès des parents des enfants handicapés.
M. Bérubé: C'est un problème de deux ordres.
Tout d'abord, les comités consultatifs de services aux
élèves handicapés ne sont pas des entités
administratives pour lesquelles les gens sont rémunérés.
Par conséquent, alors qu'on peut imposer à un tribunal, à
un protecteur l'obligation d'entendre, il me semble qu'on ne peut pas imposer
à des personnes bénévoles l'obligation de servir de
tribunal. C'est le premier problème. La deuxième
difficulté vient également de ce que, dans la section que nous
sommes à discuter, le droit aux services éducatifs, nous traitons
des droits et des recours légaux pour faire respecter ces droits,
d'où le rôle du Protecteur du citoyen. Il est clair qu'un
élève handicapé dont les droits ne seraient pas reconnus -
par exemple, il n'obtiendrait pas les services que les programmes d'accueil aux
élèves en difficulté d'apprentissage prévoient
à la commission scolaire, il y aurait donc vice administratif - il
aurait droit d'avoir recours au Protecteur du citoyen. Le Protecteur du citoyen
est donc dans cette section l'instrument qui permet d'assurer que les droits
sont respectés.
Mme Dougherty: Le Protecteur du citoyen a un droit de
recommandation.
M. Bérubé: Oui. Exactement.
Mme Dougherty: II n'a pas le droit de trancher la question.
M. Bérubé: Non, non. Il fait une recommandation aux
autorités administratives. C'est un recours que l'on offre à
l'élève ou à ses parents. C'est normal que, dans le
chapitre qui traite des droits, on indique que, lorsque les parents estiment
que des droits ne sont pas respectés, il y a un endroit où ils
puissent recourir, qui doive les accueillir et qui doive, à ce moment,
faire une recommandation. Cela facilite l'exercice du droit. Ce ne serait pas
la place où il faudrait introduire un amendement du type de celui que
vous proposez. (21 h 45)
Toutefois, je n'aurais pas d'objection, comme vous l'avez indiqué
tantôt, qu'à l'article 238 on indique que le comité
consultatif des services aux élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage -
d'ailleurs, je viens de découvrir une faute de français, ce n'est
pas "apprentisage", mais bien "apprentissage" - a pour fonction... Et
là, il y aurait un alinéa 3 qu'il nous faudrait rédiger
avec soin pour ne pas transformer un comité composé de
bénévoles en un organe administratif, car le problème
que...
Mme Dougherty: Un organe de recommandation à
l'administration.
M. Bérubé: Oui, on pourrait - je ne veux pas que ce
soit un amendement à votre proposition puisque nous n'en sommes pas
à l'article 238 - examiner la proposition suivante "le comité
consultatif a pour fonction de recommander à la commission scolaire les
mesures à prendre dans les cas d'élèves dont il a
accepté de se saisir". Ce que j'essaie d'indiquer, c'est qu'il ne peut
pas obliger le conseil en question nécessairement à recevoir
quelqu'un qui veut se plaindre car, alors, il faudrait que ce soit un organisme
administratif rémunéré qui a une obligation légale
et qui, à ce moment-là, doit faire son travail. On ne peut pas
faire ça, mais on pourrait dire que le comité consultatif, parmi
ses fonctions, a celle de faire des recommandations à la commission
scolaire lorsqu'il a accepté d'être saisi de situations
individuelles susceptibles d'être corrigées.
Mme Dougherty: Alors, si on accepte ça comme fonction
légitime du comité, comment doit-on rédiger le droit des
parents? Est-ce qu'on pourrait introduire quelque chose dans l'article 10 pour
indiquer qu'ils pourraient communiquer...
M. Bérubé: Ils l'ont. Dès que
l'élève handicapé ne reçoit pas les services
auxquels il a droit... Excusez-moi, on m'a distrait et j'ai perdu la suite de
ma phrase. Dès qu'un élève handicapé ou ses parents
estiment qu'il a droit à des services que la commission scolaire, que
son directeur d'école refuse de lui accorder, l'article 10 dit qu'il a
un
recours. Ce n'est pas nécessaire de mettre "handicapé". Ce
n'est pas parce qu'on met toujours le mot "handicapé"...
Mme Dougherty: N'importe quel élève. Oui.
M. Bérubé: Évidemment, ça nous fait
un petit velours de mettre "handicapé" et, à ce moment-là,
qui a l'âme assez basse pour ne pas ajouter un droit pour
l'élève handicapé? L'article 10 dit que
l'élève ou ses parents peuvent recourir au Protecteur du citoyen
pour faire respecter les droits de l'élève. Que vous soyez
handicapé, sain d'esprit, malade ou quelle que soit votre situation,
vous avez droit, chaque fois que vous vous sentez lésé dans vos
droits, d'avoir recours au Protecteur du citoyen et ça, ça n'a
rien à voir avec votre handicap, ça s'applique aussi bien
à l'élève handicapé.
Donc, je ne vois pas pourquoi on le mettrait à l'article 10 qui
couvre déjà tout ça. Il est clair, lorsqu'on regarde
l'article 238, que dans les fonctions du comité consultatif - j'ai perdu
l'article - il n'y a pas le pouvoir de recommander des correctifs individuels.
Ce qui est là, c'est de recommander des normes d'organisation, de donner
son avis à la commission sur l'affectation des ressources
financières mais le comité n'a effectivement pas la fonction ou
le pouvoir, si on veut, de faire des recommandations concernant un cas
individuel.
On pourrait dire, au troisième alinéa, à l'article
238 - il ne s'agit pas là d'un amendement que j'apporte maintenant
à un article que nous ne sommes pas en train d'étudier - que,
parmi les fonctions, il a pour fonction de donner son avis à la
commission scolaire sur l'application du plan d'intervention auprès d'un
élève handicapé.
M. le Président, la députée de Jacques-Cartier
verra, par exemple, qu'à l'article 96 le directeur de l'école
établit un plan d'intervention adapté à chaque
élève handicapé ou en difficulté d'adaptation.
Mme Dougherty: Oui.
M. Bérubé: Ce que l'on pourrait inscrire à
l'alinéa 3 c'est, parmi les fonctions, de donner son avis à la
commission scolaire sur l'application du plan d'intervention.
Mme Dougherty: Vous parlez de l'article 96...
M. Bérubé: On n'a pas la rédaction
précise, mais cela se lirait à peu près comme suit: Donner
son avis à la commission scolaire sur l'application du plan
d'intervention préparé à l'intention d'un
élève handicapé conformément à l'article
96.
Mme Dougherty: Vous suggérez un autre pouvoir ou une
fonction...
M. Bérubé: Une fonction.
Mme Dougherty: ...pour le comité consultatif. C'est une
espèce de droit de regard envers un cas spécial...
M. Bérubé: Pour un cas spécial.
Mme Dougherty: ... en vertu de quel article? C'est l'article 96,
n'est-ce pas?
M. Bérubé: Bon, écoutez, à l'article
238, je ne sais pas si cela satisferait la députée de
Jacques-Cartier, mais je dirais simplement: De donner son avis à la
commission scolaire, si elle le juge approprié - car ce ne sont pas des
fonctionnaires; ce n'est pas très bon, mais enfin... - sur l'application
du plan d'intervention préparé à l'intention d'un
élève handicapé, conformément à l'article
96. En gros, ce pourrait être le type de formulation qui
élargirait un tout petit peu le mandat tout en le restreignant,
cependant, afin que ce ne soit pas obligatoire. Cela irait-il? On pourrait
regarder quel amendement nous pourrons déposer...
Mme Dougherty: L'implication est qu'un parent particulier, qui a
un cas spécial, pourrait au moins communiquer avec ce comité pour
le mettre au courant d'une situation spécifique.
M. Bérubé: Notez bien qu'il y a déjà
dans la loi l'obligation pour le directeur de préparer un plan
d'intervention, il y a déjà un recours auprès du
Protecteur du citoyen lorsque le droit n'est pas respecté, mais vous
trouvez qu'il y a beaucoup de comités, on ajoute une fonction au
comité.
Mme Dougherty: Est-ce qu'on pourrait l'ajouter tout de suite au
lieu d'attendre d'arriver à l'article 238? Est-ce qu'on pourrait ajouter
ce troisième alinéa?
M. Bérubé: Nous avons des problèmes de
rédaction, en termes de qualité de la langue, et je
préférerais que l'on formule un amendement correct. Il faut
absolument introduire dans l'amendement le libre arbitre pour le comité
d'entendre ou non une plainte. On ne peut pas en faire un tribunal
administratif.
Mme Dougherty: Non, non, mais est-ce que l'on pourrait s'entendre
sur l'esprit de l'amendement proposé par le ministre?
M. Bérubé: Oui, d'ici la fin de la séance,
je pourrai vous montrer à peu près ce que nous aurons comme
rédaction.
Mme Dougherty: On va ajouter à l'article 238 un
troisième alinéa pour ajouter aux fonctions du comité
consultatif des services...
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Dougherty: Pour qu'il puisse faire des recommandations ou
agir d'une façon propice...
M. Bérubé: Est-ce que vous...
Mme Dougherty: ...aux besoins spéciaux d'un cas
spécial. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, je suis d'accord. Il faudrait que le
ministre soit d'accord. S'il est d'accord, je suis bien d'accord.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Bérubé: Être d'accord de même, ce
n'est pas possible.
Mme Lavoie-Roux: Mais on est d'abord d'accord avec la proposition
de la députée de...
Mme Dougherty: C'est bien noté? C'est
enregistré?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Le ministre a dit: D'accord, d'accord.
Tout le monde est d'accord.
Mme Dougherty: Très bien.
M. Ryan: Je suis d'accord à 100%. J'ai trouvé que
Mme la députée de Jacques-Cartier a présenté une
série d'amendements pour l'enfance handicapée et l'enfance en
difficulté d'apprentissage et d'adaptation auxquels il faudrait, je
pense, que vous accordiez une sérieuse considération parce que,
comme vous le savez, elle a fait partie du comité qui a
étudié ces problèmes pour le ministère, il y a
quelques années. Elle en fait un véritable souci de tous les
instants qu'elle ne cesse de nous rappeler, parce que nous sommes toujours
enclins à l'oublier ou à minimiser. Je pense qu'elle a
énormément de mérite.
Mme Lavoie-Roux: Bravo, Joan!
M. Bérubé: C'est du harcèlement louable.
Mme Lavoie-Roux: Boni Et nous en sommes rendus où?
M. Bérubé: J'espère qu'on ne vous
dérange pas, M. le Président. Vous pourriez peut-être nous
rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Champagne): Bien... Enfin... J'attendais
le président qui devait s'absenter pour quelques minutes. Alors, je vais
lui laisser le siège.
Mme Lavoie-Roux: Mais, vous savez, M. le ministre, ce sont des
présidents paisibles que nous avons.
M. Bérubé: D'ailleurs, on a pu constater qu'ils ne
sont pas très pesants, parce que celui que nous avons a voulu intervenir
dans un vote et autant en emporte le vent.
Le Président (M. Tremblay): Effectivement, j'ai
réalisé combien je n'avais pas d'influence.
M. Leduc (Fabre): Heureusement.
Le Président (M. Tremblay): Nous en sommes à
l'article 10...
M. Bérubé: 10.
Le Président (M. Tremblay): ...et nous sommes
prêts...
M. Bérubé: À voter l'article.
Le Président (M. Tremblay): ...si j'ai bien compris,
à voter sur l'amendement.
M. Bérubé: Non, il n'y a pas d'amendement.
Le Président (M. Tremblay): II a été
retiré?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, il n'y en a pas. C'est
retiré.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: L'article 10 est adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 10, sans amendement,
est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. M. Bérubé:
Oui.
Le Président (M. Tremblay): Je déclare l'article 10
adopté. Je porte à votre considération l'article 11.
M. Bérubé: II n'y a pas d'amendement de notre
côté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
M. Bérubé: Vous en avez un sur
quatorze?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Cela ne sert à rien de s'amuser
sur ceux où on n'en a pas.
M. Bérubé: Étant donné que je n'en ai
pas non plus sur l'article 12...
Le Président (M. Tremblay): Je porte à votre
considération l'article 12.
M. Bérubé: Adopté, M. le
Président.
M. Champagne: L'article 11 a-t-il été
adopté?
Le Président (M. Tremblay): Oui, l'article 11 a
été adopté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, et l'article 12 est adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 12 est
adopté. Je porte à votre considération l'article 13.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
M. Bérubé: Adopté.
Obligation de fréquentation scolaire
(suite)
Le Président (M. Tremblay): Les articles 14 et 15 sont
déjà adoptés. Je porte à votre considération
l'article 16.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous l'aviez jugé irrecevable, notre
amendement à l'article 14. On l'a mis de côté.
Le Président (M. Tremblay): Les articles 14 et 15 sont
déjà adoptés.
Mme Lavoie-Roux: Parfait!
Le Président (M. Tremblay): Nous en sommes à
l'article 16.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Bérubé: M. le Président, nous allons
être obligés de rectifier nos discours car si maintenant nous
prenons le nombre d'heures où nous avons siégé...
Mme Lavoie-Roux: Votre moyenne est moins haute.
M. Bérubé: ...par le nombre d'articles...
Le Président (M. Tremblay): Je déclare l'article
16...
Une voix: Vous allez vous en sauver en dedans de...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je vous l'avais dit que vous
charriiez.
M. Leduc (Fabre): Pas encore.
Le Président (M. Tremblay): Article 16.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Ryan: M. le Président, juste une remarque à
propos de l'article 16.
Le Président (M. Tremblay): II est adopté.
M. Ryan: L'article suivant...
Le Président (M. Tremblay): Je porte à votre
considération l'article 17.
M. Ryan: Oui. À propos de l'article 17, M. le
Président, un commentaire.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Vous trouverez peut-être que nous sommes rendus
seulement à l'article 17 sur 683. Je voudrais simplement vous souligner
qu'il arrive souvent dans les négociations collectives qu'on passe une
grande période sur le premier ou les deux premiers articles d'une
convention et qu'après cela, une fois qu'il y a un déblocage
sérieux de fait, cela progresse beaucoup plus vite et qu'en
conséquence, ce genre de calcul tout à fait "out of this world"
qu'on nous a fait ce matin n'a pas beaucoup de signification pratique pour les
gens qui ont le moindrement d'expérience de ce genre de travail.
M. Bérubé: M. le Président, en
réponse au commentaire du député d'Argenteuil...
M. Ryan: Et la preuve que je vais ajouter à mon
commentaire - parce que je n'avais pas terminé...
M. Bérubé: Ah bon!
M. Ryan: ...c'est que, sur cet article-là, je n'ai pas
d'autre chose à dire.
Des voix: Ha! Ha!
M. Bérubé: M. le Président, j'ai un droit de
réplique de cinq minutes. (22 heures)
Le Président (M. Tremblay): Je dois vous dire que vous
enfreigniez tous les deux le règlement et que la seule raison pour
laquelle j'ai laissé ces interventions se faire, c'est que
j'étais en train de signer les amendements. Je porte à votre
considération
l'article 17.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
M. Bérubé: Je voudrais quand même souligner,
M. le Président... Il est adopté? Alors, je discuterai à
l'article 18.
Le Président (M. Tremblay): L'article 17 est
adopté. Je porte à votre considération l'article 18.
Motion proposant de remplacer "met en demeure" par
"avise" à l'article 18
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute! C'est cela. M. le
Président, le ministre n'écoute pas, cela ne donne rien... Non,
non. Je comprends que vous vouliez des explications. Je voulais
suggérer, étant donné qu'il y a trois amendements qui s'en
viennent aux articles 18, 19 et 20, que nous les traitions tous les trois
ensemble. Ce serait plus rapide. D'accord?
M. Bérubé: C'est ça. D'accord.
Mme Lavoie-Roux: D'accord! Je vais vous expliquer l'esprit des
amendements. Je pense que vous nous avez entendus échanger avec le
Directeur de la protection de la jeunesse au moment où on a dit
qu'évidemment, les mises en demeure aux parents, l'imposition d'amendes,
nous semblaient un moyen un peu désuet d'intervenir en 1985 et
qu'à ce moment-là, peut-être qu'une autre approche serait
plus valable. Au lieu de faire une mise en demeure qui, d'après mes
maigres connaissances juridiques est un acte presque judiciaire, on pourrait
remplacer cela par "aviser les parents". Cela serait l'amendement de l'article
18.
À l'article 19, plutôt que d'imposer aux parents des
amendes que, très souvent, ils ne peuvent pas payer de toute
façon, référer leur cas au service social scolaire pour
évaluation et recommandation, s'il y a lieu. Je serais prête,
compte tenu des remarques que le ministre a faites tout à l'heure
à la députée de Jacques-Cartier de ne pas ajouter une
responsabilité qui serait de nature administrative ou presque au
comité consultatif de l'école, à dire: En dernier recours,
au Directeur de la protection de la jeunesse, si vous le jugez, plutôt
que de l'envoyer au comité consultatif. Je vais vous indiquer pourquoi
j'avais mis le comité consultatif. C'est parce qu'on s'est dit: Dans la
mesure où jusqu'au bout de la ligne on peut faire assumer les
responsabilités par la commission scolaire, c'est encore mieux de
laisser cela à l'intérieur de la commission scolaire. Si cela
vous crée le problème que vous avez mentionné à la
députée de
Jacques-Cartier, je pense qu'à la toute fin, même si le
comité consultatif en prenait connaissance, cela va finir par aboutir,
si la situation est rendue tellement grave, chez le Directeur de la protection
de la jeunesse. Je serais prête déjà, à moins que le
ministre réagisse positivement à ma référence au
comité consultatif des élèves, à le remplacer par
"le Directeur de la protection de la jeunesse".
L'article 20 n'est évidemment qu'un article de concordance si les
deux autres sont acceptés, parce que l'article 19 ne s'y applique plus
de toute façon, étant donné qu'il a été
modifié. Alors, c'est l'esprit des trois articles.
Le Président (M. Tremblay): D'accord. Pour ce qui est du
troisième...
Mme Lavoie-Roux: Le troisième, ce serait de la concordance
si on acceptait les autres.
M. Bérubé: Nous aurions une contre-proposition. Je
ne sais pas si c'est par osmose ou par des échanges que vous auriez eus
avec des gens m'entourant, à mon insu d'ailleurs, que vous ayez
réussi à les influencer, mais on me fait quelques suggestions.
D'abord, sur l'article 18, cela paraît tout à fait
approprié de mettre "avise" plutôt que "met en demeure". Cela m'a
l'air tout à fait vieux jeu presque. Cela fait penser à...
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, on est encore en discussion, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): On pourrait le régler,
puisque vous êtes d'accord.
M. Leduc (Fabre): Non, non, on ne l'est pas.
Mme Lavoie-Roux: L'article 18, il serait correct. L'article 18
serait correct avec l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que l'amendement
à l'article 18 est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. L'article est adopté
aussi.
Le Président (M. Tremblay): L'article 18 tel
qu'amendé est adopté.
M. Bérubé: Alors, l'article 19, on
suggérerait de le remplacer complètement. Remplacer les mots
"mise en demeure" par le mot "avis" et remplacer les mots "commettent une
infraction et sont passibles,
en outre..." Ça va. Vous disiez: Voient leur cas
référé au service social scolaire pour évaluation
et recommandation et, s'il y a lieu, en dernier recours au comité
consultatif des élèves handicapés et aux
élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage.
Compte tenu de la discussion que nous avons eue, est-ce qu'on ne pourrait pas
le rédiger de la façon suivante: Si les parents ne veillent pas
à ce que leur enfant fréquente assidûment l'école le
directeur de l'école, réfère l'enfant à une
personne des services de santé et des services sociaux de
l'école. Ceci entraîne automatiquement référence au
Directeur de la protection de la jeunesse chaque fois qu'il y a quelque chose
qui est de son recours.
Mme Lavoie-Roux: C'est le même esprit, je pense que cela me
semble...
M. Bérubé: Ah, excusez!
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'on pourrait en avoir
une copie?
M. Bérubé: Je ne peux pas. C'est un amendement
confidentiel.
Mme Lavoie-Roux: Cela va. Dans mon esprit, il fallait intervenir
d'une autre façon que par des amendements dans ce type de
problème. Cela me convient.
Le Président (M. Tremblay): II y a un amendement à
l'article 19 qui se lit comme suit: Remplacer cet article par le suivant: "19.
Si les parents ne veillent pas à ce que leur enfant fréquente
assidûment l'école, le directeur de l'école
réfère l'enfant à une personne des services de
santé et des services sociaux de l'école."
Cet amendement est adopté. Je présume qu'automatiquement
l'article 19 est adopté. Est-ce le cas?
Une voix: C'est un nouvel article.
Le Président (M. Tremblay): Puisque l'amendement remplace
tout l'article 19.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): L'article 19 est adopté
tel qu'amendé.
Je porte à votre considération l'article 20.
M. Bérubé: À l'article 20, pour des raisons
de concordance pure et simple, il nous faut supprimer une
référence à l'article 19 lorsque nous parlons d'infraction
puisque nous venons de supprimer cette infraction. Il y a un amendement que
nous avions l'intention de proposer à l'article 20, si je ne m'abuse,
è la demande de la Fédération des commissions scolaires
qui voulait que l'amende soit versée à la commission scolaire.
À ce moment, ce que nous ferions... Cela y était, excusez... On
disait: l'amende imposée est versée à la commission
scolaire lorsque celle-ci intente la poursuite. C'était une proposition
d'amendement que nous avions déjà apportée. Je
remplacerais directement notre proposition d'amendement par la nouvelle
proposition d'amendement qui intégrerait les amendements de concordance
résultant des amendements de la députée de L'Acadie avec
la proposition d'amendement que nous voulions apporter.
Le Président (M. Tremblay): II n'y a pas de
problème puisque cela remplace votre proposition d'amendement.
M. Bérubé: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay): Nous ne mettrons même
pas sur la table votre proposition d'amendement première et nous ne
considérerons que l'amendement que vous proposez maintenant.
M. Bérubé: Maintenant, il y a une chose que je ne
comprends pas, mais, en tous les cas...
Mme Lavoie-Roux: Moi, j'en avais un sur la table.
Une voix: II n'y a pas d'amendes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il reste des amendes uniquement pour les
cas où les employeurs font travailler des enfants en bas de seize ans.
Cela est disparu.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'on peut avoir une
copie de votre amendement?
M. Bérubé: J'en ai une.
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui ai pris la vôtre.
Le Président (M. Tremblay): Cela faciliterait...
M. Bérubé: Nous faisons trois choses, nous
apportons trois modifications, devrais-je dire, M. le Président.
Veuillez biffer les mots que je viens de prononcer inutilement et je dis cela
aux fins du Journal des débats.
L'amendement proposé réalise trois objectifs: Dans un
premier temps, il supprime essentiellement la référence à
l'article 19. Donc, au premier alinéa, remplacer les mots...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ceci était
véritablement mon amendement?
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: L'article 19, d'accord.
M. Bérubé: C'est un amendement de concordance; oui,
c'est bien cela. On remplace le deuxième alinéa: "L'amende
imposée est versée à la commission scolaire lorsque
celle-ci intente la poursuite" où je regroupe une proposition
d'amendement que j'avais faite avec l'amendement de la députée de
L'Acadie et finalement on va déplacer l'article 20 pour l'amener
à l'article 17.1, la raison étant qu'il n'y a pas maintenant
intérêt à garder cet article après l'article 19
où il y avait amende puisque, maintenant, il n'y a plus d'amende
à l'article 19. On le ramènerait donc maintenant après
l'article 16 ou après l'article 17, excusez-moi. Pourquoi n'a-t-on pas
mis cela à l'article 16.1?
Le Président (M. Tremblay): La commission reprend ses
travaux dans quelques instants.
M. Bérubé: Excusez-moi, je vais m'amender
moi-même et ce sera 16.1. Veuillez, s'il vous plaît, M. le
Président; 16.1.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que je trouve, c'est
que l'amendement... C'est la première fois que je... En fait, l'article
16, on l'a adopté, je ne pense pas qu'on puisse même y retourner,
mais avec la même volonté de part et d'autre, c'est une
réflexion que je veux faire au ministre. Je trouve que des employeurs
qui font travailler des enfants en bas de quinze ans et les incitent à
quitter l'école et n'ont que des amendes de 50 $ à 200 $, c'est
bien faible comme amende. Ils peuvent recommencer aussi souvent que le coeur
leur en dit, surtout qu'ils doivent les payer très bon
marché.
M. Bérubé: Ils peuvent recommencer; cependant, s'il
y a injonction à un moment donné, cela devient plus
sérieux. C'est-à-dire, que lorsque vous défiez la loi en
payant l'amende mais en continuant de violer la loi, on se retrouve en face
d'accusations beaucoup plus sérieuses d'outrage au tribunal et autres
et, à ce moment-là, les sanctions sont autrement plus
sévères.
Mme Lavoie-Roux: Vos conseillers juridiques pourraient vous
éclairer, mais je pense que, de mémoire, dans plusieurs de nos
lois, pour une deuxième offense, c'est indiqué qu'il y a comme
une gradation. Si cela n'est pas indiqué, je me demande si vous ne
pourriez pas examiner cela et...
M. Bérubé: Je pense que ceci vise davantage
à servir d'avertissement pour quelqu'un qui, de façon
peut-être un peu distraite, aurait engagé un jeune de quatorze ou
quinze ans...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bérubé: ...pour travailler comme plongeur dans
un restaurant, enfin, pour une petite tâche.
Mme Lavoie-Roux: Mais, je pense que ce n'est pas surtout... Les
cas les plus durs ne sont pas des cas de distraction, M. le ministre, ce sont
des cas, d'une certaine façon, où il y a risque de
récidive. Ce sont même des habitudes chez certaines...
M. Bérubé: En ce cas, il est clair que ce n'est pas
par le biais de l'amendement que l'on va empêcher...
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est cela.
M. Bérubé: ...de poser ce geste, mais une
injonction intimant à la personne de cesser une pratique illégale
et qui est défiée par la personne en question, cela suppose des
poursuites criminelles.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je voudrais bien m'assurer de cela,
parce que... Je reviens à ma première question: Comment se
fait-il que, dans plusieurs autres lois - je ne pourrais pas vous donner
exactement lesquelles - dans les cas d'une deuxième offense ou d'une
récidive, une gradation quelconque dans le type de
pénalité est inscrite dans la loi même? Peut-être que
votre conseiller juridique pourrait nous éclairer là-dessus.
M. Bérubé: Vous l'avez ici, dans la mesure
où il y a une gamme d'amendes possibles entre 50 $ et 200 $.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela...
M. Bérubé: Ceci permet au juge d'imposer 50 $ une
première fois et d'augmenter le tarif tranquillement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais si cela lui prend dix offenses pour se
rendre à 200 $?
M. Bérubé: Cela ne m'apparaît pas...
Mme Lavoie-Roux: Mais, pouvez-vous demander conseil à
votre conseiller?
M. Bérubé: C'est exactement ce que l'on me dit.
L'argument que je vous avais donné était un argument de bon sens
et non pas un argument juridique. Dans le cas d'infractions plus
sévères, plus graves, où là,
effectivement, la cour doit par obligation imposer des amendes de plus
en plus lourdes de manière à dissuader, on va retrouver des
clauses comme celles auxquelles vous faites référence. Mais ici,
admettez-le, c'est une amende plus symbolique qu'autre chose et qui vise
à...
Mme Lavoie-Roux: Je trouve que c'est assez grave.
M. Bérubé: ...sensibiliser la personne qui se
prête à un tel geste illégal. Toutefois, c'est clair que
quelqu'un qui persisterait dans une pratique de ce type-là s'exposerait
surtout à une accusation de mépris. (22 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Oui. En tout cas, M. le Président, comme
je n'ai pas d'amendement de formulé, je veux au moins inscrire au
Journal des débats que cela me semble insuffisant que dans un cas de
récidive il n'y ait rien de prévu, sauf peut-être que
quelqu'un pourrait prendre une injonction. Ce qui me revient à l'esprit:
dans le cas des débits d'alcool, quand on engage des jeunes qui ont
moins de seize ans - il faudrait que ce soit vérifié - dans un
premier cas il y a une amende et dans une récidive la perte du permis
d'exploitation.
M. Bérubé: C'est diablement plus grave. Amener un
jeune mineur dans un débit d'alcool m'apparaît - à moi, en
tous les cas - quelque chose d'un peu plus grave que, je ne sais pas, je ne
voudrais pas prendre le nom d'un célèbre vendeur de
hamburgers...
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que c'est plus dangereux dans un
débit d'alcool que dans un McDonald, mais...
M. Bérubé: Que je n'ai pas mentionné.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne vouliez pas leur faire de
publicité. Le problème pour moi n'est pas là. C'est
l'incitation à faire des jeunes des décrocheurs par l'appât
du gain. C'est bien plus cela que, évidemment, objectivement... Il y a
plus de risque pour un enfant d'être dans un débit d'alcool que
d'être, encore une fois, chez votre fabricant de hamburgers. Le
problème n'est pas là, c'est l'incitation aux jeunes à
laisser l'école pour des gains... C'est cela. Je vous fais une
suggestion, si vous pouviez la réexaminer de plus près et mettre
cela un peu plus serré. Je pense que cela aurait une certaine valeur,
mais je ne veux pas retarder la discussion.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 20 est-il adopté?
M. Bérubé: L'amendement à l'article 20,
lequel avons-nous?
Mme Lavoie-Roux: On a tout adopté, M. le
Président.
M. Bérubé: II me semble que c'est l'amendement que
je vous avais fourni.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est celui-ci:
Article 20: 1° Au premier alinéa, remplacer les mots "aux articles
16 ou 19" par les mots "à l'article 16". 2° Remplacer le
deuxième alinéa par le suivant: "L'amende imposée est
versée à la commission scolaire lorsque celle-ci intente la
poursuite"; 3° Insérer le présent article 20 après
l'article 16 pour qu'il devienne l'article 16.1.
Ceci aurait pour conséquence de faire en sorte que l'article 20
se lirait comme suit: "Toute poursuite pour une infraction à l'article
16 est intentée par la commission scolaire ou par le Procureur
général, suivant la Loi sur les poursuites sommaires, (LRQ,
chapitre P-15), devant un juge du Tribunal de la jeunesse qui a juridiction sur
le territoire où l'école est située. "L'amende
imposée est versée à la commission scolaire lorsque
celle-ci intente la poursuite."
Et un amendement vise à insérer le présent article
20 après l'article 16 pour qu'il devienne 16.1.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): L'article 20 tel
qu'amendé est adopté.
Mme Lavoie-Roux: À moins que le ministre change
d'idée à nouveau.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle à votre
considération la section III: Définition des services
éducatifs.
Définition des services
éducatifs
M. Bérubé: Vous me donnez le vertige, M. le
Président. Je m'aperçois d'une chose, si nous avions
travaillé comme cela dès le début, on serait
avancé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que si nous
allions débattre cela, on risquerait de se retarder davantage et je dois
vous dire que...
M. Bérubé: C'est le travail que j'aurais
aimé faire en commission, je ne vous le cache pas.
Mme Lavoie-Roux: Si la collaboration...
Le Président (M. Tremblay): J'appelle à votre
considération l'article 21 et il y a un papillon du ministre qui se lit
comme suit:
Ajouter à la fin ce qui suit: "Ils ont pour but de favoriser
l'épanouissement de la personnalité de l'élève dans
le respect des valeurs qui lui sont propres. "Ils contribuent aussi à
l'enrichissement et au développement des valeurs de la
communauté."
M. Laplante: ...et on a suspendu.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est inscrit dans son petit livre.
Mme Lavoie-Roux: C'est un article fondamental et il n'y a pas eu
de perte de temps.
M. Bérubé: Ce débat, effectivement nous
l'avons eu. L'amendement que nous proposons ici découle de la discussion
que nous avions eue ici en commission parlementaire où, d'une part, il y
a eu vive opposition de notre part à vouloir qualifier le plein
épanouissement de l'élève, mais d'autre part, à la
suite de l'intervention du député d'Argenteuil, on a admis qu'il
n'apparaissait pas à l'article 21 un objectif que pourrait poursuivre -
là, je n'ai pas les services éducatifs en question - qui pourrait
être l'enrichissement de la communauté.
En d'autres termes, toute la section porte, dans le fond, sur
l'enrichissement de l'individu et non pas l'enrichissement de la
collectivité. Le député d'Argenteuil, nous citant
plusieurs études savantes, nous a fait part de cette déficience
dans la loi et ce que nous proposerions, donc, à la suite de nos
discussions, ce serait de rajouter un paragraphe: "Ils contribuent aussi
à l'enrichissement et au développement des valeurs de la
communauté."
La différence, évidemment, avec l'amendement que nous
proposons a trait à la référence au plan intellectuel,
personnel, professionnel et social que nous avons débattu
précédemment.
Une voix: On n'a pas perdu trop de temps.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je pense que vous avez devant les yeux, M. le
Président, en plus de l'amendement proposé par le gouvernement,
l'amendement proposé par l'Opposition sur le même article. Comme
nous sommes en présence d'un amendement qui a été mis sur
la table par le ministre, nous allons discuter de cet amendement, après
quoi, je proposerais un sous-amendement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que ça ne se trouve pas
déjà intégré?
Une voix: Je n'en sais rien.
Mme Lavoie-Roux: L'amendement du ministre, est-ce qu'il n'est pas
intégré à l'article...
M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...et immédiatement vous pourrez faire
vos amendements, je pense, c'est cela?
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. Ryan:
Très bien.
Le Président (M. Tremblay): Je vais déclarer
adopté l'amendement du ministre aux fins de la discussion.
Une voix: Intégré.
Mme Lavoie-Roux: Intégré.
M. Parent: Vous le reconnaissez.
Le Président (M. Tremblay): Oui. C'est ce que je fais
depuis tout à l'heure. Il fait partie, en fait, de la même
proposition. Le ministre propose un article; avant même qu'il soit mis en
discussion, il modifie la proposition originale. Donc, c'est une motion qu'il a
amendée lui-même et c'est pour ça que, aux fins du Journal
des débats, j'adopte l'amendement du ministre immédiatement et
nous discutons sur l'article amendé.
Une voix: Tel qu'amendé. Article 21... Le
Président (M. Tremblay): Cela va.
M. Ryan: M. le Président, l'article, dans sa formulation
actuelle, est un progrès par rapport à l'absence totale de
considérations de ce genre qu'il y avait à l'ouverture de la
section de la définition des services éducatifs. Par
conséquent, c'est un progrès, ce qui ne veut pas dire que nous
approuvons l'article, comme nous en avons donné souvent illustration au
cours les débats des dernières semaines. Il faut que le
gouvernement apprenne à distinguer entre un constat
d'amélioration et une approbation que nous pourrions donner: ce sont
deux concepts très différents.
Il me semble qu'il y a deux ou trois notions qui font défaut dans
cette formulation qui nous est présentée. D'abord, "ils ont pour
but de favoriser l'épanouissement". Dans la Loi sur le ministère
de l'Éducation, comme je crois l'avoir signalé l'autre jour,
ainsi que dans la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, on
dit le "plein épanouissement". Je ne pense pas que nous devrions
établir de différence. Ici, nous avons déjà deux
lois qui disent "le
plein épanouissement".
Je pense qu'on serait mieux de dire ça. C'est plus fort...
M. Bérubé: C'est comme les vastes
consultations.
M. Ryan: Je pense que l'idée est comprise.
M. Bérubé: ...ces mots vides. Une voix:
...un "filibuster".
M. Ryan: Deuxièmement, "de la personnalité de
l'élève", moi, je n'ai pas d'objection à le laisser. Je
trouve que ça n'ajoute pas grand-chose de mettre "de la
personnalité de l'élève". Si on met "de
l'élève", je pense que ça dit exactement ça. Il y a
un concept qui manque ici.
M. Bérubé: On ne saurait pas si c'est sa mine ou sa
personnalité qui est épanouie.
M. Ryan: De l'élève, il y a une notion importante
qui manque que le gouvernement est habituellement porté à
oublier, d'ailleurs, qui est la notion d'adulte. Je pense qu'il faudrait
essayer de l'insérer, ce qui pourrait donner quelque chose comme ceci:
"Ils ont pour but de favoriser le plein épanouissement de
l'élève, jeune et adulte, dans le respect des valeurs qui lui
sont propres." C'est une formulation qui me paraîtrait plus
complète, plus satisfaisante et plus dynamique.
M. Bérubé: Cela, c'est pour l'école des
jeunes. On n'a pas une série d'amendements?
M. Ryan: Non, vous êtes toujours dans l'école des
jeunes et, nous autres, on pensait qu'on parlait du système
d'enseignement. On a d'autres amendements, d'ailleurs, dans cette section-ci
pour redonner une place un peu convenable aux adultes. J'aime mieux, pour
être franc avec vous, pour tout vous dire, M. le Président, comme
d'habitude, en vous prévenant que "tout" ne veut pas
nécessairement dire que c'est interminable... Quand c'est clair, cela
peut être bref et complet en même temps.
M. Bérubé: Cela n'aurait pas nécessairement
dû être dit ici.
M. Ryan: Non, mais dans ce cas-ci, en matière de
convictions, il faut essayer de tout dire, mais de le dire brièvement.
Je pense que cela vous plaît, d'ordinaire.
Le Président (M. Tremblay): Je vous encourage à le
faire.
M. Ryan: Très bien. J'aurais mieux aimé une formule
comme: "Les services éducatifs visent le plein épanouissement de
l'élève, jeune et adulte, au plan intellectuel, personnel,
professionnel et social." Ce sont les catégories, comme je vous disais
l'autre jour, de John Goodlad qui recouvrent à peu près toutes
les dimensions qu'on peut envisager, mais je ne veux pas les imposer ici. Ce
sont les amendements que nous proposons comme Opposition. Je pense qu'on vous a
remis une copie de ces amendements. Vous les avez?
Le Président (M. Tremblay): Oui, mais... M. Ryan:
Pardon?
Le Président (M. Tremblay): C'est que l'amendement que
vous...
M. Bérubé: Le député de Fabre dit: On
l'a encadré.
M. Ryan: Je n'ose pas vous demander une opinion, parce que je
sais que cela vous demanderait des consultations interminables.
Le Président (M. Tremblay): Je crois que nous devrons
refaire...
M. Ryan: Non, non. Je n'ai pas encore proposé
d'amendement, moi.
Le Président (M. Tremblay): Ah!
D'accord. Je m'excuse.
M. Ryan: Non, non. Nous discourions, M. le Président. Nous
discourions constructivement.
Le Président (M. Tremblay): Et vous avez la parole sur
l'article 21.
M. Ryan: C'est cela. Je disais que cela aurait été
plus complet et il me semble, plus significatif, plus attirant pour ceux qui
sont appelés à oeuvrer dans le système ou encore à
bénéficier des services qu'ils mettent à la disposition de
la population. L'autre jour, on était convenus aux fins de la
discussion... malgré que toutes les conventions qui ont pu surgir
tombent avec les recours abusifs dont le gouvernement a décidé de
se prévaloir. Je pense que le ministre va comprendre cela facilement,
que nous ne sommes liés par absolument rien qui ait pu être
discuté relativement au contenu du projet de loi dès le moment
où on nous dit: On n'a plus besoin de vous autres. Nous autres, on s'en
va à la clôture et cela finit là mais, par courtoisie et
par gentilhommerie, nous continuons de discuter sur le ton le plus aimable du
monde. Nous essayons...
M. Bérubé: Vous êtes nettement meilleurs,
d'ailleurs, qu'avant qu'on dépose la motion.
M. Ryan: C'est pour montrer combien nous avons l'esprit
sportif.
Des voix: Ah! Ahl
M. Ryan: Cela n'enlève absolument rien de l'opinion
objective que nous nourrissons au sujet du comportement du gouvernement, mais
nous pensons à la jeunesse, à l'éducation, aux adultes et
à ceux dont nous pouvons jusqu'à la dernière minute... Et
nous espérons secrètement que le gouvernement voudra encore
reconsidérer la décision abusive qu'il a prise. Il est encore
temps pour le gouvernement d'amender ses voies. Noël est dans dix jours,
et il y a d'autres jours après. Oui, oui, c'est sûr.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste vous faire remarquer
que...
M. Ryan: Et je ferai la preuve qu'au point de vue technique cela
pourrait très bien se faire.
Mme Lavoie-Roux: ...ce n'est pas le comportement habituel des
commissions qui ont été bâillonnées, M. le
Président. Je voudrais vous faire remarquer cela.
M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Tremblay): Mais je crois que la
discussion porte sur l'article 21.
Mme Lavoie-Roux: Oui, là, j'ai fait une diversion. Je
l'admets.
M. Bérubé: D'ailleurs, le député
d'Argenteuil avait fait une diversion et, après, il s'est sauvé
au moment où j'aurais voulu lui rendre la pareille après que vous
m'ayez bâillonné précédemment, M. le
Président, mais cela ne fait rien. Continuons.
M. Ryan: Pourtant, ce n'est pas parce que je...
M. Bérubé: J'écoute avec beaucoup de plaisir
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: ...suis obligé de courir après nos
droits.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, si vous
continuez, vous allez me donner l'impression que je défavorise le
gouvernement.
M. Bérubé: Non, non.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Bérubé: Bien que le vote que vous auriez pu
prendre...
M. Ryan: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: C'est un homme pacifique...
M. Ryan: ...je reconnais avoir été à
l'origine de ces digressions.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Le
député d'Argenteuil a déjà reconnu sa faute.
M. Ryan: Sur le premier alinéa, je pense avoir dit ce que
j'ai à dire. Je le traduirai tantôt sous la forme d'un amendement.
Sur le deuxième alinéa, il y a une chose qui me fatigue dans la
formulation gouvernementale: "Ils contribuent aussi à...". J'aime mieux
quelque chose de plus direct: "Ils visent aussi - avec un complément
direct, j'aime mieux cela - l'enrichissement et le développement des
valeurs de la communauté." Cela me fatigue, parce que je trouve qu'on
utilise le mot "valeurs" à tout propos. Il est déjà dans
le projet de loi ailleurs. C'est comme si des valeurs, c'étaient des
réalités identifiables objectivement, qu'on pouvait
véhiculer, monnayer, commercer, pour ainsi dire, transporter d'un esprit
à l'autre ou d'un département à l'autre. C'est un genre de
conception qui m'est complètement étranger. J'ai bien peur de ce
mot-là et je m'aperçois que, depuis qu'on a commencé
à le véhiculer, depuis une vingtaine d'années, cela sert
beaucoup à faire ce que j'appelle de la pédagogie à
pincettes, de la spiritualité à pincettes et de
l'éducation à pincettes. On prend tel tiroir de valeurs
aujourd'hui et c'est ce qui marche; une autre journée, c'est tel autre
tiroir. Il me semble que les valeurs sont tellement quelque chose de central
dans la personnalité que cela ne s'objective pas comme cela. En tout
cas, je sais que c'est un langage très courant aujourd'hui, qui a
été mis en vogue par les sociologues en particulier et c'est un
point sur lequel je suis personnellement en querelle avec les sociologues. Je
trouve que c'est un abus de langage absolument inadmissible. S'ils veulent le
faire aux fins de la sociologie, c'est très bien, mais je ne vois pas
pourquoi on transporterait cela dans d'autres secteurs du langage. (22 h
30)
Je n'aime pas cette formulation, je trouve que ce ne sont pas des
valeurs abstraites, ce sont des hommes et des femmes, des personnes
concrètes, des groupes et des associations, des familles et des
institutions, c'est ce que nous visons. Les valeurs, ce sont des liens
invisibles qui relient tout ce monde. Je ne nie pas la réalité
des valeurs, au contraire, mais je trouve qu'ici on devrait dire
carrément: "Ils contribuent aussi à l'enrichissement et au
développement - là, il faut le qualifier - de la
communauté." C'est le fond de mon intervention. Je ne dis pas cela par
un préjugé quelconque, c'est un langage que j'ai toujours
essayé d'éviter au cours des années et maintenant plus que
jamais.
M. Bérubé: Le mot "enrichissement"...
excusez-moi.
M. Ryan: Le mot "enrichissement" ne me satisfait pas parfaitement
non plus.
M. Bérubé: Si on parle de l'enrichissement de la
communauté, je pourrais comprendre que cela pourrait avoir deux
sens.
M. Ryan: Si on inscrivait l'épanouissement, là
aussi, ça ne serait peut-être pas si mauvais, ou le
développement. Dans votre texte, vous avez l'épanouissement. En
tout cas, je pense que, si on restait dans cette ligne, ce serait mieux. Je n'y
tiens pas outre mesure, mais c'est le mot "valeur" qui me crée un
problème plus particulièrement.
Ceci étant dit, je voudrais déposer un amendement qui va
modifier un peu celui que nous vous avons remis mais qui représente un
effort dans la voie "oecuménique" puisqu'on dit que les ouvriers de la
dernière heure entrent au ciel aussi bien que ceux de la
première.
M. Bérubé: Mais, là, je dois dire que les
ouvriers de la dernière heure sont beaucoup plus efficaces que ceux de
la première.
M. Ryan: Peut-être qu'ils étaient moins compris au
début. Il leur fallait le temps de s'habituer...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont souvent ceux qui occupent la
première place au ciel.
M. Ryan: L'amendement s'en vient.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, vous venez d'annoncer un amendement.
M. Bérubé: Mais on a eu sept semaines pour
étudier le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Sept semaines?
M. Bérubé: Bien oui, il a été
déposé le 1er novembre à la Chambre.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je ne l'ai pas vu avant le 5
décembre.
M. Bérubé: Il fut proposé de procéder
tout de suite au débat de deuxième lecture de manière
à donner le temps...
Motion proposant de favoriser
l'épanouissement de
l'élève,
jeune et adulte
M. Ryan: M. le Président, si Mme la secrétaire veut
prendre l'amendement et ensuite le faire circuler. Si vous voulez partir de la
proposition du gouvernement...
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: ...l'amendement se lirait comme suit: "Ils ont pour but
de favoriser"... avant le mot "l'épanouissement", à la place du
mot "l'épanouissement", mettre les mots "le plein
épanouissement".
Le Président (M. Tremblay): Ajouter "le plein"
après "favoriser".
M. Ryan: Regardez. À la place des mots
"l'épanouissement de la personnalité de l'élève",
mettre les mots suivants...
M. Bérubé: Est-ce qu'il y a un coût
attaché au plein épanouissement par rapport à
l'épanouissement tout court?
M. Ryan: C'est une question de concordance, vos légistes
devraient être spécialement sensibles à cela. Ils passent
la moitié de leur temps à faire cela, de la concordance.
M. Bérubé: Justement, ils sont en train de
moderniser des lois. Mais, là, j'ai l'impression que c'est un retour en
arrière.
M. Ryan: On veut faire la concordance avec la Loi sur le
ministère de l'Éducation.
M. Bérubé: J'ai l'impression qu'avec votre
amendement on retourne à 1894, M. le député.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Ryan: À la place de ces mots, M. le Président,
substituer les mots suivants: "le plein épanouissement de
l'élève, jeune et adulte,".
Mme Lavoie-Roux: Après tout, on a maintenu la courroie
dans les écoles.
Une voix: La pétoche!
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas à quoi cela ressemble.
M. Bérubé: La pétoche!
Mme Lavoie-Roux: S'il faut retourner à
la pétoche... Je ne connaissais pas cela, je l'ai appris
aujourd'hui.
M. Parent: Oui, la pétoche!
M. Bérubé: II en parle avec chaleur, le
député de Sauvé. On sent...
M. Parent: Oui, j'y ai déjà goûté,
à la pétoche.
Mme Lavoie-Roux: On s'excuse, M. le député
d'Argenteuil.
Le Président (M. Tremblay): Si vous connaissiez ma
carrière à l'école, vous connaîtriez les motivations
du geste que j'ai voulu poser tout à l'heure.
M. Bérubé: II voulait se venger d'une jeunesse
tumultueuse1. Ah! Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement... Des voix: Ah! Ah!
Ah!
Mme Lavoie-Roux: ...on a un amendement.
M. Bérubé: II est difficile d'être
sérieux si on reprend un débat sur le plein épanouissement
par rapport à l'épanouissement. M. le Président, pour
l'instant, on accepte "le plein". On trouve qu'effectivement c'est plus
complet.
Le Président (M. Tremblay): Je vais vous le relire.
M. Ryan: L'épanouissement complet, oui... Je comprends
très bien.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, lisez, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): La motion d'amendement vise
à remplacer, à cause de l'amendement du ministre, au
deuxième alinéa de l'article 21, les mots:
"l'épanouissement de la personne de l'élève" par les mots
"le plein épanouissement de l'élève, jeune et adulte,". Y
a-t-il une intervention sur cet...? Il ne m'apparaît pas qu'il y ait des
implications financières dans cet amendement. Pour cette raison, je le
considérerai comme recevable. Y a-t-il des interventions? Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Je n'en ai pas.
M. Ryan: Je veux seulement vous prévenir, M. le
Président, que notre amendement porte sur le premier alinéa et
qu'il y en aura un autre sur...
Mme Lavoie-Roux: ...le deuxième.
M. Ryan: ...le second alinéa tantôt. On ne veut pas
mêler les cartes.
M. Bérubé: Premier alinéa de l'amendement.
Là, c'est un sous-amendement?
Le Président (M. Tremblay): Nous avons maintenant...
M. Ryan: Non. C'est un amendement au premier alinéa.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse!
M. Ryan: Votre amendement est incorporé dans le texte
même de la proposition.
M. Bérubé: Ah oui!
Le Président (M. Tremblay): Nous avons maintenant trois
alinéas à l'article 21 à cause de votre papillon. Nous
sommes en train d'amender le deuxième alinéa. Vous voulez que je
relise l'amendement?
M. Bérubé: J'ai cru comprendre, M. le
Président, qu'on va favoriser le plein épanouissement
plutôt que le simple épanouissement - ce qui est une
différence centrale pour la loi. Effectivement, elle va s'enrichir
pleinement. "De la personnalité de l'élève", là, je
ne devrais pas dire que l'on chique la guenille dans mon dos, mais on a des
réticences è mettre "élève, jeune et adulte", dans
la mesure où cela n'apparaît pas ailleurs. Quand on parle des
droits de l'élève...
Mme Lavoie-Roux: On va l'ajouter ailleurs.
M. Bérubé: ...il faudrait mettre
"l'élève catholique, jeune et adulte, a droit"...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Ne charriez pas!
M. Bérubé: ..."l'élève, jeune et
adulte, a droit à".... Là, on ne voit pas de sens réel
à alourdir le texte de loi.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais répondre à cette
objection.
M. Bérubé: Vous avez cinq minutes. Vous vous
êtes toujours pris pour le ministre, c'est pour cela.
Une voix: Cela viendrai Cela viendrai
M. Ryan: M. le Président, j'avais 30 minutes dont je n'ai
utilisé qu'une dizaine de minutes, sans doute, n'est-ce pas?
Le Président (M. Tremblay): Vous avez droit à 20
minutes, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Voyez-vous, je suis bien fou de me forcer pour avoir
cinq minutes.
M. Bérubé: Allez donc consulter l'ancienne
députée de Saint-Jérôme, Mme Solange
Chaput-Rolland.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi?
M. Bérubé: Sur le passage rapide d'une
élection partielle à une élection générale
dans la vie d'un député.
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. le
député d'Argenteuil a la parole et nous sommes à l'article
21 du projet de loi 3.
M. Ryan: M. le Président, nous voyons tous les jours que
les idées ne logent pas nécessairement avec les fonctions. C'est
pourquoi nous ne faisons aucun complexe d'être de ce côté-ci
de la table ou de l'autre. Nous savons bien qu'en dernière analyse ce
sont les idées qui ont le dessus. Quelquefois, il faut un peu plus de
temps, mais il n'y a pas de problème avec cela. Que le ministre soit
bien à l'aise, au point de vue des statuts. Je vous remercie de m'avoir
donné 20 minutes, alors que comme ministre j'aurais peut-être eu
seulement cinq minutes.
Le Président (M. Tremblay): Ce n'est pas moi qui vous
donne 20 minutes, c'est le règlement.
M. Bérubé: M. le Président, quand on n'est
pas ministre, il faut beaucoup plus de temps pour s'exprimer.
M. Ryan: J'insisterais pour que nous maintenions l'expression
double "jeune et adulte". Comme vous le savez, nous n'avons cessé
d'insister depuis le début des travaux de la commission, en multipliant
les arguments favorables à notre cause, pour que nous indiquions
clairement dans la loi l'intention du législateur de donner une chance
à l'élève jeune de même qu'à la population
adulte également. Nous voulons que le système d'enseignement soit
la chose de la communauté, que ce soit clairement explicité
quelque part. Je n'insisterais pas pour le répéter à
chaque article. Là, nous sommes dans un article charnière qui va
donner un sens à tout le chapitre descriptif des services
éducatifs. Dans cette perspective, je pense que nous ferions un geste
intéressant en inscrivant les deux. Je pense qu'il y aurait vraiment la
marque d'une intention qui serait plus explicite.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Compte tenu que nous n'avons
peut-être pas accepté beaucoup d'amendements de l'Opposition
concernant l'éducation des adultes, on pourrait peut-être accepter
cet amendement qui permettrait au moins de traduire, effectivement, le concept
d'un système d'éducation qui met maintenant l'accent sur la
formation continue et qui doit nous amener à voir nos programmes
d'enseignement non pas comme la phase terminale de l'acquisition de
connaissances, mais bien, au contraire, comme une phase initiale d'acquisition
de connaissances et que, désormais, on devra envisager les études
beaucoup plus sur une base permanente dans une démarche continue
d'acquisition de connaissances et de développement de la
personnalité. En conséquence, je pense que c'est un amendement
recevable.
Le Président (M. Tremblay): Vous l'avez
déclaré recevable.
M. Bérubé: II est recevable par le
gouvernement.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions? L'amendement qui se lit comme suit: Remplacer les mots
"l'épanouissement de la personnalité de l'élève"
par les mots "le plein épanouissement de la personnalité de
l'élève jeune et adulte", est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Cet amendement est
adopté.
M. Bérubé: Avec toutes les réserves qui
s'imposent concernant l'utilisation des mots "le plein".
Le Président (M. Tremblay): II est adopté. Nous
revenons... Nous avons trois alinéas. On amende encore le
deuxième?
Motion visant le développement et
l'épanouissement de la communauté
M. Ryan: Oui, le deuxième dans l'additif qui a
été...
Le Président (M. Tremblay): Ce qui est, en fait, le
troisième alinéa de l'article 21.
M. Bérubé: J'ai bien compris le
député
d'Argenteuil qui voulait qu'on écrive quelque chose qui aurait
ressemblé à "ils contribuent aussi à l'enrichissement de
la communauté", en espèces sonnantes.
M. Ryan: Non, ce que nous avions écrit... Nous avons
justement un amendement sur la table qui nous protège contre ce genre
d'interprétation dont nous avons été témoins trop
souvent. Ce que notre amendement dit: "II vise aussi l'enrichissement
intellectuel, social, moral et professionnel de la communauté. J'aime
bien mieux cela. C'est cela que nous disons. Il ne faut pas nous faire dire que
nous ne disons pas. C'est un peu comme l'enseignement moral dont nous parlions.
Il faut le qualifier si on veut le comprendre. Je crois que peut-être on
aura une formule mitoyenne, ici. Si c'était écrit, par exemple,
je le dis à titre d'essai, je n'en fais pas l'objet d'un amendement
immédiatement: "Ils visent aussi le développement et
l'épanouissement de la communauté", cela ferait mon affaire. Je
pense que cela dit très bien qu'on vise une dimension plus large que
celle des murs de l'école. L'idée que je veux exprimer, c'est que
l'éducation ne doit pas se limiter aux murs de l'école. Si on
dit: "Ils visent aussi le développement et l'épanouissement de la
communauté", je pense que cela va très bien, c'est très
large. On va vous donner un amendement.
Le Président (M. Tremblay): Oui, s'il vous
plaît.
M. Ryan: Remplacer le deuxième alinéa par
l'alinéa suivant.
Le Président (M. Tremblay): Le troisième
alinéa.
M. Ryan: Le troisième alinéa, excusez-moi, par
l'alinéa suivant: "Ils visent aussi le développement et
l'épanouissement de la communauté."
M. Bérubé: Nous accepterions l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aime l'idée des valeurs de la
communauté, mais dans la première version: le
développement des valeurs, je n'aime pas. Je crois que le but c'est de
viser le renforcement des valeurs. Les valeurs existent. Les activités
scolaires, et tout cela, renforcent les valeurs de la communauté.
J'aimerais introduire cette idée parce que c'est la culture, la langue,
toutes les dimensions de ce qu'est la communauté. Je suggère
qu'on retienne cette idée des valeurs de la communauté.
(22 h 45)
M. Bérubé: II m'a toujours semblé, en
réponse à la députée de Jacques-Cartier, que le
député d'Argenteuil n'était pas toujours clair dans ses
interventions...
Mme Dougherty: Non, c'est clair...
M. Bérubé: ...et je pensais que c'était
uniquement un problème personnel, mais je constate qu'il a
également de très sérieux problèmes avec sa
députation.
Le député d'Argenteuil venait de nous faire un autre
discours pour nous dire que...
Mme Dougherty: Non, M. Ryan...
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Mme la
députée de Jacques-Cartier.
M. Bérubé: On pourra avoir un caucus
Ryan-Dougherty.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, s'il vous
plaît!
Mme Dougherty: L'amendement proposé par le
député d'Argenteuil, je ne suis pas contre, mais on a perdu
l'idée des valeurs de la communauté. J'aimerais retenir cette
idée des valeurs et introduire l'idée qu'on vise à
renforcer les valeurs de la communauté. Est-ce qu'il est possible
d'inclure cette idée dans l'amendement?
M. Bérubé: M. le Président, je comprends
bien, en fait, que la députée de Jacques-Cartier n'est ni pour,
ni contre l'amendement du député d'Argenteuil, bien au
contraire.
Mme Dougherty: J'essaie de l'améliorer, c'est tout.
M. Ryan: Voulez-vous donner lecture?
Le Président (M. Tremblay): Oui, je donne lecture
immédiatement.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...ni séparatiste ni
fédéraliste, bien au contraire.
M. Ryan: Justement, il a l'avantage de convenir à
tous.
Le Président (M. Tremblay): Je pense que vous tenez tous
à ce que je sois impartial. Le troisième alinéa serait
remplacé... Remplacer le troisième alinéa de l'article 21
amendé par le suivant: "Ils visent aussi le développement et
l'épanouissement de la communauté."
M. Ryan: Je pense que M. le ministre avait demandé la
parole, M. le Président. Ensuite, je vais poursuivre ma conversation
avec la députée de Jacques-Cartier. C'est vrai que je vous
gêne.
M. Bérubé: M. le Président, je ne voudrais
pas interférer avec les discussions qui doivent avoir cours entre les
membres de l'Opposition. Je présume qu'on voudra arbitrer l'amendement
à la lumière, peut-être, des propos de la
députée de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président...
M. Bérubé: Moi, j'aurais un amendement à
proposer. Il faudrait quand même qu'on parle du plein
épanouissement de la communauté. Il y a un glissement.
M. Leduc (Fabre): Voudriez-vous dire qu'on aurait un
épanouissement...
Une voix: Qui ne serait pas plein. M. Leduc (Fabre):
...à moitié... M. Bérubé: Mitigé.
M. Leduc (Fabre): ...mitigé?
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, j'ai essayé d'expliquer
tantôt que, tout en étant sensible aux valeurs qui animent la vie
de chacun et qui nous relient les uns aux autres, je me médife, d'une
certaine manière, de les isoler comme des objets qui seraient
séparés d'une expérience personnelle vécue. Je
crois que quand on parle des valeurs, surtout, il y a eu un abus de ce genre de
formulation dans le langage sociologique d'aujourd'hui. On classe les valeurs
à la manière des insectes qui sont soumis à l'observation
scientifique et les valeurs sont d'un niveau qui transcendent beaucoup
l'observable ou le quantifiable.
M. Bérubé: Le pape venant de réitérer
l'importance de la pénitence dans les sacrements, je vous
suggérerais, Mme la députée...
M. Ryan: II commençait, M. le Président! On a
interrompu une démonstration...
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Nous avons
maintenu un décorum remarquable tout au cours de cette commission et je
voudrais que l'on poursuive dans cette veine jusqu'à minuit. M. le
député d'Argenteuil.
M. Bérubé: Je ne comprends pas. Nous avons maintenu
des quorums?
Le Président (M. Tremblay): Non, pour le quorum, on a eu
de la misère. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, M. le Président. Toute plaisanterie mise
à part, je pense qu'il y a un danger à isoler le concept de
"valeur" comme le fait la formulation originelle du gouvernement. Quand on dit
qu'on vise le développement et l'épanouissement de la
communauté, c'est évidemment la communauté avec ses
valeurs, avec des valeurs nouvelles qui vont se développer au cours de
son expérience. Il me semble que ça va de soi.
D'autre part, le cas de la communauté et le cas de
l'élève ne sont pas exactement de la même nature. Dans le
cas de l'élève, Il y a une responsabilité beaucoup plus
immédiate et plénière du système d'enseignement. On
met l'enfant à l'école justement pour assurer son plein
épanouissement tandis que le système d'enseignement va se mettre
au service de la communauté pour être une des forces qui
contribuent à son développement et à son
épanouissement. Il y en a beaucoup d'autres aussi, c'est pour ça
qu'ici on ne peut pas employer le mot "plein" dans le sens où on le fait
quand on parle de l'élève. Je pense que mentionner la
communauté, ça couvre toutes les préoccupations qu'on peut
avoir là-dessus.
Si on parle de développement et d'épanouissement c'est
suffisamment large pour faire toute la place voulue à la fois aux
activités sociales, aux activités d'animation qui peuvent
être entreprises par l'école dans la communauté, aux
activités de service social, aux activités culturelles à
l'intention du public en général, etc. Je pense que c'est la
signification de l'alinéa. Dans ce sens-là, je maintiendrais la
formulation que j'ai proposée à titre d'amendement.
M. Leduc (Fabre): ...suggérer un vote libre sur cet
amendement, M. le Président.
M. Ryan: Oui, volontiers.
Le Président (M. Tremblay): Les votes sont toujours libres
dans une commission parlementaire comme à l'Assemblée
nationale.
M. Ryan: II dit ça sans rire. C'est beau d'être
président.
Mme Lavoie-Roux: Tantôt on a eu un vote libre, M. le
député d'Argenteuil, vous avez manqué ça. Il y en a
qui se sentent plus libres que d'autres.
M. Ryan: J'ai participé au vote, j'ai pu voir les... D'un
autre côté, M. le Président...
M. Leduc (Fabre): Quel est l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay): Remplacer le troisième
alinéa de l'article 21 amendé par le suivant: "Ils visent aussi
le développement et l'épanouissement de la communauté."
Ça change...
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Le vote nominal est
demandé. Il n'y a pas d'autres intervenants sur cette motion?
M. le député de Verchères?
M. Bérubé: M. le Président, vous dites qu'il
n'y a pas d'autres intervenants...
Le Président (M. Tremblay): II n'y en a pas d'autres qui
m'avaient indiqué qu'ils voulaient...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, quand il prend des
récréations, on n'est quand même pas pour l'appeler avec la
cloche.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre a le droit
d'intervenir lorsqu'il est à la table avec nous.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. Très bonne
décision.
M. Leduc (Fabre): II est à la table.
Le Président (M. Tremblay): Mais il n'y était pas a
moment où j'ai appelé le vote.
Mme Lavoie-Roux: Le vote était appelé.
M. Leduc (Fabre): II était en train de s'asseoir.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, même pas. M.
Bérubé: En fait, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez rien à dire.
Le Président (M. Tremblay): Vous voulez intervenir, M. le
ministre? Je pense qu'on a été assez ouvert...
Mme Lavoie-Roux: On va voter.
Le Président (M. Tremblay): Vous voulez intervenir, M. le
ministre?
M. Bérubé: On était d'accord sur
l'amendement.
Le Président (M. Tremblay): Le vote nominal. M. le
député de Verchères?
M. Charbonneau: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour. La Secrétaire: 10 voix
pour.
M. Bérubé: En dépit du fait qu'il n'y a pas
de valeurs dedans.
Mme Dougherty: ...compromis.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. Ryan l'a convaincue.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaîtl À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: C'est un vote
oecuménique.
Le Président (M. Tremblay): Je constate que la fatigue
vous gagne puisque les sourires sont nombreux.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est la bonne humeur, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement visant à
remplacer le troisième alinéa de l'article 21 amendé par
le suivant: "Ils visent aussi le développement et
l'épanouissement de la communauté." est adopté. Nous
revenons à la discussion sur l'article 21 tel qu'amendé.
Une voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non, il y a un amendement.
M. Bérubé: Encore?
M. Ryan: C'est très important.
M. Bérubé: Ajouter les mots "des services
d'éducation aux adultes"?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. M. Ryan: Justement.
Le Président (M. Tremblay): Où voulez-vous
ajouter...
Motion proposant d'y inclure l'éducation des
adultes
M. Ryan: Si vous lisez l'amendement, M. le Président, vous
allez tout comprendre. C'était avant l'addition des deux alinéas
dont nous avons parlé. C'est par conséquent au premier
alinéa.
M. Leduc (Fabre): ...comprendre l'amendement, nous qui n'avons
pas le texte...
Le Président (M. Tremblay): Un instant, je vais me
retrouver dans mes papiers.
M. Ryan: On l'a donné à votre ministre.
M. Bérubé: ...une copie.
M. Ryan: Oui, mais avec les services que vous avez.
Mme Lavoie-Roux: C'est simple, les services éducatifs
comprennent des services de formation et d'éveil, des services
d'enseignement, des services...
M. Ryan: ...d'éducation aux adultes.
Mme Lavoie-Roux: ...d'éducation aux adultes, des services
complémentaires et des services particuliers.
M. Ryan: Exactement. M. le Président, dès que le
gouvernement sera prêt on pourra vous donner les explications
requises.
Le Président (M. Tremblay): Je déclare l'amendement
recevable.
M. Ryan: Cela peut entraîner des dépenses, je vous
avertis.
Le Président (M. Tremblay): Je n'en vois pas en tout cas.
Il est recevable. Peut-être que le proposeur veut parler.
Mme Lavoie-Roux: On va voir ce qu'ils disent, s'ils sont pour le
voter.
M. Ryan: On va attendre qu'ils soient disposés à
voter.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne sert à rien de perdre notre
salive.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre. Il n'y a pas
eu d'intervention d'appui du ministre...
M. Bérubé: Je comprends, M. le Président,
pourquoi ils ne l'ont pas appuyé. Effectivement...
M. Ryan: M. le Président, si vous nous invitez à
expliquer l'amendement, nous l'expliquerons volontiers mais je veux laisser au
ministre, s'il le veut, le privilège d'expliquer d'abord le texte
original.
M. Bérubé: M. le Président, il faut regarder
comment est structuré le projet de loi. Nous disons que les services
éducatifs comprennent: des services de formation et d'éveil
à l'attention essentiellement des enfants de maternelle, des services
d'enseignement qui incorporent autant l'enseignement aux adultes que
l'enseignement régulier aux enfants, des services complémentaires
qui incorporent autant des services aux adultes que d'autres services. En fait,
si, par exemple, j'offre des services de recherche d'emploi et d'orientation,
je l'offre autant aux adultes qu'à mes élèves
réguliers. Donc, les services éducatifs comprennent des services
de formation et d'éveil, des services d'enseignement qui s'offrent aussi
bien aux adultes qu'aux enfants, des services complémentaires qui
s'offrent aussi bien aux adultes qu'aux enfants et des services particuliers
qui s'offrent aussi bien aux adultes qu'aux enfants. Ce qui fait que, si on
rajoute des services d'éducation aux adultes, on vient de
répéter la même chose parce que les membres de la phrase
antérieure incorporaient l'éducation aux adultes.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Cela est un problème qui peut se régler
facilement.
M. Bérubé: Oui, en le battant. M. Ryan:
Pardon?
M. Bérubé: En battant l'amendement, il n'y a pas de
problème, on n'aurait plus de problème.
Mme Lavoie-Roux: Laissez-nous parler cela va aller plus vite.
M. Ryan: On ne prétend jamais avoir trouvé la
formule définitive, on la cherche continuellement et on va continuer de
la chercher même après l'adoption de la loi. Je vous donne juste
un exemple de réponse possible à votre question. Les services
éducatifs comprennent des services de formation et d'éveil, des
services d'enseignement aux élèves réguliers, des services
d'éducation des adultes, des services complémentaires et des
services particuliers. On peut régler cela très facilement.
L'Institut canadien d'éducation des adultes est venu ici, après
bien d'autres organismes qui se préoccupent de l'éducation des
adultes, pour nous dire: Nous tenons à ce que la
spécificité de l'éducation des adultes soit reconnue dans
la structure des services éducatifs. Ils nous ont dit qu'ils voyaient
cela comme une condition essentielle de l'épanouissement de
l'éducation des adultes. Il faut bien le dire quelque part. Dans la
section consacrée aux services éducatifs, nous avons
observé qu'il n'était pas du tout question de l'éducation
des adultes. Nous voulons l'entrer et nous avons deux ou trois amendements
à proposer à cette fin. Cela en est un. Si on le dit clairement,
il me semble que cela renforce encore une fois l'intention qui est sous-jacente
à cette loi qui est une intention de services la plus large possible
à l'endroit de la communauté à la fois des
élèves réguliers et des étudiants adultes. C'est
parce que les services d'éducation aux adultes, c'est plus que de
l'enseignement, il y a des services d'accueil, il y des services d'orientation,
des services de reconnaissance des acquis scolaires et expérienciels. On
ne peut pas confondre cela seulement à l'enseignement. Cela nous
ramène à la théorie du gouvernement à l'article 1.
Je pense que l'amendement est compris. C'est-à-dire que ce sera l'usure
qui va jouer; ils l'ont compris mais approuvé ou rejeté.
(23 heures)
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil, vous avez la parole.
M. Ryan: Mes collaborateurs me soufflent qu'il y aurait
peut-être une manière de le formuler qui rendrait cela davantage
acceptable...
Mme Lavoie-Roux: Au ministre.
M. Ryan: Et peut-être à nous aussi, parce que nous
cherchons à comprendre avec le ministre, non pas en lutte avec lui. "Les
services éducatifs comprennent - si on envoyait les services
d'éducation aux adultes à la fin de l'alinéa - des
services de formation et d'éveil, des services d'enseignement, des
services complémentaires, des services particuliers et des services
d'éducation aux adultes." À ce moment-là, ce qui est
enseignement, par exemple, peut être interprété comme se
rattachant à ce qui est avant les services d'éducation aux
adultes. On aurait un amendement dont on peut même vous communiquer la
teneur tout de suite à l'article 26.1. Vous l'avez?
M. Bérubé: Vous nous en avez communiqué la
teneur antérieurement.
M. Ryan: À l'article 26.1 on aurait justement... Je pense
que l'idée est bien exprimée dans l'article 26.1 que nous voulons
préparer par l'additif à l'article 21.
Il y a des conversations qui se poursuivent dans nos dos respectifs, M.
le ministre, qui peuvent être utiles.
M. Bérubé: M. le Président, je serais
prêt à émettre une première opinion...
Le Président (M. Tremblay): Un premier jet.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Nous avons un problème de deux
ordres. Le premier ordre, lorsque nous avons discuté, à l'article
2, des droits à l'éducation des adultes, nous avons rejeté
toute formule d'amendement qui aurait créé des droits absolus. En
fait, tout ce que nous avons retenu, c'est la formulation que l'on retrouve
à l'article 2 qui spécifie que des services peuvent être
donnés dans le cadre de programmes que la commission scolaire
n'est pas tenue de mettre en place et qui peuvent donc exister ou non
dans une commission scolaire.
À partir du moment où il n'y a pas de droit absolu,
contrairement à l'éducation de base pour les jeunes, toute
introduction dans la loi d'articles faisant référence à
des services particuliers qui ne seraient pas donnés dans une commission
scolaire pourrait causer des difficultés, au moins
d'interprétation puisqu'on prévoirait des services d'un type un
peu particulier et, si la loi dit "la commission scolaire établit des
services d'éducation aux adultes", forcément, il faudra que la
commission scolaire en instaure. Précédemment, nous avons
réglé cette question à l'article 2. C'est le premier
problème. C'est qu'à partir du moment où on n'a pas
imposé de droits concernant l'éducation aux adultes on doit
être réticent à insérer au niveau des services
éducatifs qui doivent être mis en place dans nos écoles une
description des services d'éducation aux adultes qui ne
représente pas, effectivement, une obligation pour la commission
scolaire.
Deuxième problème, c'est que la loi, telle qu'elle est
rédigée, dit bien que l'on offre des services d'enseignement, des
services complémentaires, des services particuliers aussi bien aux
enfants qu'aux adultes. Les définitions que nous avons sont
complètement inclusives à l'endroit de l'éducation aux
adultes. J'ai de la difficulté à accepter des amendements qui
viendraient définir, par redondance, toute une série de services
identiques à ceux qui sont déjà prévus dans la loi.
Lorsque je dis dans la loi qu'il existe des services d'enseignement - par
exemple, au secondaire, ils ont pour but de poursuivre la formation de
l'élève et de faciliter son orientation personnelle et sociale en
vue de lui permettre de poursuivre ses études ou d'accéder au
marché du travail - cela s'applique aussi bien à un enfant
qu'à un adulte en voie de compléter ses études
secondaires.
Le projet de loi est ainsi rédigé qu'il englobe aussi bien
la catégorie des enfants que la catégorie des adultes. À
ce moment, je ne peux pas prévoir à côté une
catégorie d'adultes comme si, par définition, la liste qui
était là ne s'appliquait pas aux adultes. Exemple, les services
complémentaires comprennent des services de recherche d'emploi. Doit-on
tirer la conclusion que, puisque ce sont des services complémentaires...
Je vais vous donner un exemple. Je vais prendre - pour que ce soit plus simple
- l'article 26.1. On dit: les services d'éducation aux adultes
comprennent les services complémentaires en les adaptant aux besoins de
cette catégorie d'élèves.
M. Ryan: On va continuer...
M. Bérubé: Vous me compliquez la vie pour rien,
parce que, tel que rédigé, cela inclut l'éducation des
adultes. Alors, de deux choses l'une: ou on fait obligation à la
commission scolaire d'adapter ses programmes aux fins des adultes, auquel cas,
en concomitance, on a donné un droit à l'éducation des
adultes, ou on n'a pas inséré un droit dans la loi. Si on n'a pas
inséré un droit dans la loi, à ce moment-là, je ne
peux pas imposer l'implantation de services éducatifs spécifiques
pour les adultes. C'est ça, mon problème.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut s'adresser à ce
problème-là...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais d'abord clarifier des choses qui semblent
s'être obscurcies dans la pensée du ministre au cours des derniers
jours. Il y a deux choses qui sont clairement établies dans d'autres
articles de la loi. Tout d'abord, à l'article 1, il est bien
établi que toute personne a droit aux autres services éducatifs
que les services d'enseignement, dans le cadre des programmes offerts par la
commission scolaire, donc, pas de manière absolue.
Cela vaut même pour les jeunes, puisque vous nous avez dit: S'il
n'est pas malade, il n'y a pas le droit, pour la santé. Ce qui m'a
renversé! Mais c'était la théorie que vous nous avez
exposée. En y repensant, je suis sûr que vous la
réviserez.
Déjà, là, il y a une limite. Il y a une limite non
moins importante à l'article 275, entre autres. Là, on dit: "La
commission scolaire détermine les services éducatifs qui sont
dispensés par chaque école". Elle n'est pas obligée
d'offrir tous les services éducatifs qui sont mentionnés à
la section III. À la section III, c'est une description de tout le
catalogue, de tout l'éventail qui pourrait être disponible dans
les écoles. Mais la commission scolaire n'est pas obligée
d'offrir tout cela.
M. Bérubé: Dans chaque école, non. M.
Ryan: Est-ce d'accord?
M. Bérubé: Mais elle est obligée...
Attention! Par exemple...
M. Ryan: Le service d'enseignement?
M. Bérubé: Dans les services éducatifs, vous
avez, par exemple, les services d'enseignement.
M. Ryan: Oui, mais, ça, c'est...
M. Bérubé: Alors, il est clair que la commission
scolaire est obligée de fournir le
service d'enseignement, mais ce service d'enseignement n'a pas à
être identique dans toutes les écoles.
M. Ryan: D'accord, mais parmi les services éducatifs que
la commission scolaire doit considérer comme possible, dans
l'éventail de ceux qu'elle devrait envisager d'offrir, il va y avoir
ceux de l'éducation des adultes. Même dans le domaine de
l'enseignement, c'est complètement distinct, l'éducation des
adultes, de l'enseignement régulier.
C'est des responsables distincts, c'est des services distincts. Ils se
servent des mêmes locaux de l'école, d'accord, mais c'est
distinct. Quand on met ça dans la description, c'est la
définition des services éducatifs. On ne crée pas
l'obligation pour la commission scolaire de le faire nécessairement. Je
suis convaincu... Actuellement, nous avons des services d'éducation aux
adultes à peu près dans 70 commissions scolaires, 70 ou 75.
Alors, c'est probablement mieux qu'il y ait des regroupements. Je ne
sais pas comment ça ira avec les nouvelles commissions scolaires.
Peut-être que, là, ça va s'imposer, vu qu'on en aura moins,
que chacune ait son service d'éducation aux adultes.
Mais il me semble que ne pas mettre ces services dans la
définition des services éducatifs, c'est retourner 25 ans en
arrière. Encore une fois, je voudrais insister pour que ce soit bien
clair que, d'après l'interprétation que l'on nous a donnée
des articles de loi que j'ai mentionnés, le fait d'ajouter ça
dans la description, disons, à l'article 26.1 comme nous l'envisagons,
dans notre amendement de tantôt, ça ne crée pas
automatiquement l'obligation pour la commission scolaire de l'offrir. Mais
ça lui crée la responsabilité de regarder si elle ne
devrait pas faire ça, de considérer que ça doit faire
partie des choses qu'elle va examiner. Mais je ne peux pas concevoir qu'on
refuserait de mettre ça là.
Ce n'est pas la même chose, encore une fois, du tout. Le service
d'orientation pour les jeunes, ça va être une tout autre affaire
que les services d'accueil et d'orientation pour les adultes. Ce n'est pas du
tout le même personnel. Ce n'est pas le même genre de
qualifications, ce n'est pas le même genre de problèmes. C'est
ça qu'on nous dit, depuis le début du débat sur le projet
de restructuration scolaire. Ce n'est pas une invention de ce soir. C'est ce
qu'on nous dit depuis le début.
C'est une des grandes conclusions auxquelles sont arrivés ceux
qui s'intéressent à l'éducation des adultes. C'est une
conclusion de la commission Jean qui, malheureusement, n'a pas
été retenue par la politique définie l'an dernier, mais
qui reste une conclusion extrêmement valable, à mon point de vue.
C'est un point de fond.
Mais, encore une fois, ce n'est pas de l'ordre de l'obligation, ce qui
est ici de l'article 21 à l'article 27, sauf là où c'est
dit formellement.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre. (23 h 15)
M. Bérubé: C'est un problème de
cohérence de la loi, M. le Président. C'est véritablement
un problème de cohérence en ce sens qu'on pourrait dire, quelque
part dans la loi, à propos des services éducatifs, que la
commission scolaire peut élaborer des programmes d'accès à
des services d'enseignement, des services complémentaires et des
services particuliers adaptés aux adultes. On a imaginé un
article de ce type.
Mais c'est tout ce qu'on est capable d'imaginer car ce que nous disons
ici... La loi, quand même, il faut qu'elle demeure cohérente.
Partout, on parlera des services éducatifs en faisant
référence tantôt aux services d'enseignement, tantôt
aux services complémentaires. Nulle part ne fait-on
référence à des services particuliers dits aux adultes.
Dans les services, tout ce que l'on dit, c'est que les services
complémentaires sont les suivants. On pourrait - c'est ce que je disais
tantôt - indiquer que des modalités pourraient être
introduites dans les services offerts à l'intention des adultes. On peut
dire ça pour bien montrer que... Mais je ne peux pas, dans la logique
même de la loi, introduire une nouvelle catégorie de services
à laquelle on ne fait nullement référence nulle part
ailleurs dans la loi. C'est ça mon problème.
M. Ryan: M. le Président, ça me fait de la peine
que le ministre soit un peu trop tributaire de deux catégories
abstraites qui sont une description très discutable de la
réalité concrète. Quand on parle des services
complémentaires, des services particuliers, il ne faut pas s'enfarger
dans la métaphysique non plus. À l'article 24, des services
complémentaires, on en a huit. Est-ce qu'on oserait prétendre que
c'est une liste exhaustive, qu'il ne pourrait pas y en avoir neuf, dix ou onze?
Je pense que ce serait bien bête de se limiter à ceux-là
qui reflètent l'état actuel des connaissances des auteurs du
projet de loi.
Aux services complémentaires, c'est exactement la même
chose. On a des services qui sont là, qui sont excellents. De là
à dire que ça épuise la liste de la réalité,
non monsieur! Et la preuve... M. le Président!
On va prendre un exemple concret. À la Commission des
écoles catholiques de Montréal, il y a un service
d'éducation aux adultes, avec tous ses services propres à
lui,
d'enseignement, d'orientation, d'accueil, de références,
d'évaluation des acquis évaluation des acquis, où
avez-vous ça dans votre liste? Vous ne l'avez même pas, et
ça existe. Nous avons un service d'éducation aux adultes à
la Commission scolaire du Long Sault, il s'appelle comme ça. On va avoir
des choses qui n'existent pas dans cette commission, dans votre liste, et
celles qui existent, on ne les aura même pas. Ce n'est pas intelligent,
ça!
M. Bérubé: II y a des services qu'on n'apas...
M. Ryan: Oui, mais il faut dire les choses comme on les voit. Je
pense qu'il est bon qu'on le dise. Pourquoi cacherait-on cette
réalité qui est une réalité concrète?
M. Bérubé: Dès que l'on met une liste...
M. Ryan: C'est ça que je ne comprends pas. Ce n'est pas du
tatillonnage, c'est l'objet même... Je ne veux pas discuter ça, on
est en aparté pour le moment.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: Premièrement, il est clair que la
liste ici est exclusive. Par définition, dès qu'on introduit des
précisions dans la loi, on exclut ce qui n'est pas
précisé. Cela est clair. C'est la technique législative.
C'est pour cela qu'il faut toujours se méfier chaque fois qu'on parle
d'un terme général et qu'on veut le préciser; le danger
dans la précision, c'est qu'on exclut une réalité qui est
sous-tendue par le terme plus général. Il est clair que
l'approche utilisée ici a comme conséquence d'exclure des
services complémentaires autres. Maintenant, la question qu'il faut se
poser... Par exemple, on a parlé de l'évaluation des acquis, eh
bien en examinant le régime pédagoqique, on verra que le ministre
peut effectivement faire des règlements pour procéder à
une telle évaluation. C'est donc dans le cadre du régime
pédagogique que l'on fera effectivement une évaluation des acquis
ou de la connaissance, mais non à l'intérieur du chapitre...
Regardez à l'article 445, vous verrez où on y fait
référence. À l'article 445, vous avez l'évaluation
des apprentissages et la sanction des études. À l'article 294
effectivement, on peut donner des équivalences d'études. Ce sont
les articles qui vont permettre... D'accord?
M. Ryan: Cela ne règle pas notre problème.
M. Bérubé: Non, cela ne règle pas votre
problème.
M. Ryan: Ah non! Pas du tout! Je ne veux pas prendre...
M. Bérubé: II y a une confusion et j'essaie de...
Je ne peux pas parler des services d'enseignement ici par opposition aux
services d'enseignement aux adultes. Les services d'enseignement qui sont
prévus dans la loi incluent les services d'enseignement aux adultes. On
ne fait pas de distinction, c'est la catégorie englobante.
M. Ryan: Si vous refusez toute distinction, vous le dites
carrément. Nous autres, justement, nous voulons une distinction claire.
C'est l'une des bases de toute la revendication du mouvement de
l'éducation des adultes.
M. Bérubé: Oui, mais la seule façon -c'est
cela que je vous disais tantôt d'effectuer une telle distinction, c'est
de dire par un article additionnel que les services d'enseignement... Enfin,
à l'article 21: "Les services éducatifs comprennent des services
de formation et d'éveil, des services d'enseignement, des services
complémentaires et des services particuliers. De tels services peuvent
être adaptés pour répondre aux besoins spécifiques
des adultes." Cela n'est pas grave parce qu'à ce moment-là je
n'ai pas de confusion. Quand je parlerai des services complémentaires,
je saurai absolument à quoi je me réfère. Mais je
comprendrai, à cause de cet alinéa additionnel ou cette phrase
additionnelle que j'aurai ajouté à la fin de l'article 21, que,
lorsque j'offre des services de participation de l'élève à
la vie de l'école, je peux offrir des services tantôt
adaptés à une classe d'étudiants, tantôt à
une autre.
M. Ryan: Dites-moi une chose, je ne veux pas éterniser la
discussion là-dessus. Dans la perspective dont vous parlez, l'article
26.1 que nous proposons vous crée-t-il des difficultés?
M. Bérubé: Oui, il nous crée des
difficultés parce qu'il...
M. Ryan: On va demander le vote.
M. Bérubé: ...oppose ces services aux services
déjà prévus aux articles 24, 25 et 26. Eh oui! C'est qu'il
considère que les services d'éducation aux adultes sont
différents... Par exemple, les services complémentaires offerts
dans le cadre du service d'éducation aux adultes seraient
différents des services complémentaires inscrits à
l'article 24. Le législateur n'est pas censé parler pour ne rien
dire. Alors, si l'article 24 est un article qui détermine quels sont les
services complémentaires, forcément si j'ai un article
ultérieur qui dit
que les services d'éducation aux adultes comprennent les services
complémentaires adaptés aux besoins de cette catégorie
d'élèves, je viens de distinguer les services
complémentaires destinés aux adultes des services
complémentaires qui sont incorporés à l'article 24. C'est
cela le problème; c'est que l'article 24 les inclut. La seule chose que
l'on pourrait faire c'est d'introduire un alinéa pour dire qu'il est
possible que les services éducatifs puissent être adaptés
pour répondre aux besoins spécifiques des adultes.
M. Ryan: M. le Président...
M. Bérubé: Cela, c'est une phrase et à ce
moment, chaque fois qu'on lit l'article 24: services complémentaires, il
faut comprendre qu'on peut les adapter pour répondre à des
besoins spécifiques.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Juste une minute. M. le Président, dans
l'état actuel des choses, vu l'heure avancée, je pense que le
mieux à faire serait qu'on prenne le vote là-dessus. Je tiens
fermement à ce qu'un vote soit pris là-dessus pour qu'on sache si
le gouvernement est pour ou contre la reconnaissance des services distincts de
l'éducation aux adultes. On a assez discuté. On a
échangé des idées dans un esprit qui était quand
même constructif, je pense, mais nous insistons beaucoup pour que le
gouvernement dise clairement qu'il est contre la reconnaissance des services
d'éducation aux adultes.
Mme Lavoie-Roux: II ne veut pas les reconnaître.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, ce que je disais
tantôt c'est que les amendements présentés par
l'Opposition, effectivement, ne nous permettent pas de clarifier l'idée
défendue par le député d'Argenteuil en respectant la
cohérence du projet de loi. Par conséquent, il nous faut,
effectivement, rejeter les amendements.
Si le député d'Argenteuil veut mettre l'accent sur
l'éducation aux adultes, la seule proposition que je lui ferais serait
que la commission scolaire puisse adapter les services éducatifs...
M. Ryan: Je pense que cela ne sert à rien, M. leministre. On a assez discuté. Je demande le vote sur la proposition
d'amendement.
M. Bérubé: M. le Président, avant de
demander le vote... Est-on prêt à voter?
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous un petit caucus?
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Comme il n'y
a pas d'autres intervenants sur la proposition... À l'ordre! Nous votons
sur un amendement qui se lit comme suit à l'article 21: Avant les mots
"des services complémentaires" ajouter "des services d'éducation
aux adultes". Nous devrions ajouter que c'est au paragraphe 1. Quels sont ceux
qui sont d'accord? Est-ce un vote nominal, M. le ministre et M. le
député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui, un vote nominal, s'il vous plaît. On
espère toujours des...
Mme Lavoie-Roux: Des miracles.
M. Ryan: ...des fissures quelque part.
Une voix: De part et d'autre.
Le Président (M. Tremblay): Mais ne vous fiez plus sur
moi. M. le député de Verchères?
Une voix: Je l'ai dit que c'était presque un vote
libre.
M. Bérubé: Ils doivent être contre. M.
Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia n'est pas là. M. le député de Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
La Secrétaire: 6 contre, 5 pour.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement est
rejeté.
M. Bérubé: Mais oui.
Le Président (M. Tremblay): Nous revenons à
l'article 21 tel qu'amendé. Est-ce que nous sommes prêts à
en faire la lecture? Voulez-vous que j'en fasse la lecture...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): ...avant de l'adopter?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 21 est adopté
sur division. J'appelle l'article 22 à votre considération.
L'article 21, je l'ai bien dit, est adopté tel qu'amendé.
M. Bérubé: M. le Président, nous n'avons pas
d'amendement à l'article 22. Nous le trouvons excellent tel quel.
M. Laplante: M. le Président, avant de l'adopter je vous
ferais remarquer que l'article 21 a pris 3 h 52.
M. Ryan: On ne compte plus le temps nous autres.
M. Champagne: Juste une virgule et on peut bien en jaser pendant
10 heures.
Le Président (M. Tremblay): L'article 22 est-il
adopté? (23 h 30)
M. Ryan: Oui, adopté.
Le Président (M. Tremblay): L'article 22 est
adopté. J'appelle l'article 23. L'article 23 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): Est-ce que l'article 23...
Vous m'avez indiqué qu'il était adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): L'article 23 est
adopté. J'appelle l'article 24.
M. Ryan: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): II y a un papillon,
effectivement. Je vous remercie, M. le député de Bourassa, de me
le rappeler. Une erreur semblable pourrait se glisser à cette heure-ci
de la journée. Le papillon est dans le sens de, premièrement,
remplacer le paragraphe 7° par les suivants: 7° des services de
psychologie; 8° des services d'orthophonie ou de psychoéducation;
deuxièmement, renuméroter les paragraphes
Mme Lavoie-Roux: Dites-nous donc pourquoi vous avez changé
cela?
M. Leduc (Fabre): M. le Président, si je peux
répondre...
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi?
M. Bérubé: C'est la Fédération des
comités des parents, lorsqu'elle s'est présentée en
commission.
M. Leduc (Fabre): C'est cela. Ce sont les parents qui ont
demandé simplement que ce soit bien distinct du point de vue visuel, si
vous voulez; que les services de psychologie et les services...
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président,
l'amendement.
M. Leduc (Fabre): ...d'orthophonie ou de psychoéducation
soient, du point de vue visuel, bien distincts.
Le Président (M. Tremblay): J'avais oublié de
déclarer l'amendement déjà automatiquement adopté.
Est-ce que l'article 24 tel qu'amendé est adopté? L'article 24
amendé est-il adopté, Mme la députée de
Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: J'aimerais suggérer qu'on ajoute un mot
après le mot "comprennent". "Les services complémentaires
comprennent, notamment..."
Mme Lavoie-Roux: Vous ajoutez le mot "notamment".
Mme Dougherty: Ajouter le mot "notamment".
Le Président (M. Tremblay): Oui. Il est proposé en
amendement d'ajouter à l'article 24: "Les services
complémentaires comprennent, notamment...".
Mme Dougherty: Parce que c'est pour souligner que ce n'est pas
explicite.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Mme Dougherty: Oui? Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Tremblay): Alors, nous allons
écrire l'article.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est prudent au cas où il
se développerait d'autres types de services. M. le Président, on
pourrait faire d'une pierre deux coups et ajouter "notamment" à
l'article 25.
Le Président (M. Tremblay): II y a...
Mme Lavoie-Roux: On va en faire un à la fois.
Le Président (M. Tremblay): ...l'amendement à
l'article 24 qui se lit comme suit: Ajouter à l'article 24, après
les mots "les services complémentaires", le mot "notamment".
Mme Lavoie-Roux: Après le mot "comprennent", on ajoute
"notamment".
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Mme Lavoie-Roux: L'amendement est adopté et l'article est
adopté.
Le Président (M. Tremblay): Oui, vous avez raison de nous
corriger. C'est tout simplement après "comprennent" ici. C'est
"notamment". On l'a au propre, celui-là.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous avez tout cela.
Le Président (M. Tremblay): C'est cela. Ajouter au premier
alinéa, après le mot "comprennent", le mot "notamment" et cet
amendement est adopté.
Mme Lavoie-Roux: Oui, et l'article amendé est
adopté.
Le Président (M. Tremblay): Et l'article...
M. Ryan: L'article 26 n'est pas adopté, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, on est toujours à l'article
24.
M. Ryan: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): L'article 24 tel
qu'amendé est adopté.
Mme Lavoie-Roux: L'article 25 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay): L'article 24 est adopté
avec amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle à votre
considération l'article 25.
M. Laplante: Adopté, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): L'article 25 est
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Bon!
Le Président (M. Tremblay): J'appelle à votre
considération l'article 26.
M. Laplante: M. le député d'Argenteuil a un
amendement.
M. Ryan: L'amendement est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président, j'aimerais proposer
un premier amendement. Ajouter après le mot "comprennent", le mot
"notamment". Cela devrait être accepté; ils ont adopté
l'autre.
Le Président (M. Tremblay): II est proposé
d'ajouter, après le mot "comprennent", le mot "notamment", à
l'article 26. Est-ce qu'il y a des interventions?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Tremblay): C'est adopté. Alors,
l'amendement visant à ajouter le mot "notamment" est adopté. Je
rappelle l'article 26, tel qu'amendé.
Une voix: Laissez-la terminer, ça va bien.
Mme Lavoie-Roux: II y a un autre amendement à l'article
26.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
Motion proposant de fournir des
services d'accueil et de soutien
linguistique à l'école anglaise
M. Ryan: À l'article 26, deux amendements à
proposer.
M. Laplante: On vous a joué un tour, on en a passé
plusieurs.
M. Ryan: Au deuxième paragraphe, ajouter les mots
suivants...
M. Bérubé: C'était pratique avant, on savait
vos amendements, mais on ne les a plus.
Mme Lavoie-Roux: II y a quelqu'un qui les a perdus. Trouvez le
coupable.
M. Ryan: Ajouter les mots suivants: "et à l'école
dont la langue d'enseignement est l'anglais". Il y aurait un autre amendement
qu'on pourrait insérer dans le même, pour abréger les
procédures, au troisième paragraphe: des services de soutien
linguistique en français "et en anglais".
Le Président (M. Tremblay): Je préférerais
qu'on...
Mme Lavoie-Roux: On va procéder un par un, d'accord?
Le Président (M. Tremblay): On peut les faire un par
un.
M. Ryan: On peut les prendre un par un.
Mme Lavoie-Roux: On peut faire les deux. C'est tellement simple,
M. le Président.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Tremblay): Oui, on peut les faire,
effectivement, comme s'ils n'étaient que sur une feuille. Pas de
problème, oui.
M. Ryan: Parce que, là, nous allons avoir deux
réseaux d'écoles: des écoles de langue française,
des écoles de langue anglaise. Des services d'accueil sont
nécessaires dans les deux types d'écoles et des services de
soutien linguistique dans la langue d'enseignement sont également
nécessaires dans les deux écoles. On nous signale...
Une voix: Est-ce que les deux langues...
M. Ryan: Oui, on les met ensemble.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement vise, à
l'article 26, premièrement, au deuxième paragraphe, à
ajouter les mots suivants: "et à l'école dont la langue
d'enseignement est l'anglais", et deuxièmement, au troisième
paragraphe, ajouter à la fin de l'alinéa, les mots "et en
anglais".
M. Laplante: M. le Président, je voudrais avoir un
explication sur les services d'accueil à l'école dont la langue
d'enseignement est le français. On a la loi 101 là-dessus qui dit
que tous les nouveaux résidents qui viennent ici vont à
l'école française. Vous avez aussi, si on veut parler de
l'extension de la clause Canada... C'est seulement les anglophones qui s'en
vont là. Ils n'ont pas besoin des mêmes services d'accueil que
nous autres, francophones. C'est ça que je veux avoir comme
explication.
Une voix: Dans la clause Canada, ils viennent du Canada, alors
ils sont anglophones.
M. Laplante: Oui.
M. Ryan: On va vous l'expliquer. Le critère...
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je vais vous expliquer les deux en même temps. Je
pense que ça va simplifier les choses.
M. Laplante: Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: Là, vous lui faites plaisir.
M. Ryan: Je suis à l'âge où je n'ai plus
d'illusion.
M. Bérubé: Bien, il s'est déjà
pensé premier ministre.
M. Ryan: Ah oui. Il ne s'est pensé rien et il est aussi
bien rien que tout. Cela ne le dérange pas. Je vais vous expliquer
ça bien simplement. Des services d'accueil à l'école dont
la langue d'enseignement est le français, le critère qui
préside à l'admission à l'école, ce n'est pas celui
de la connaissance de la langue, c'est celui de la fréquentation
scolaire des parents. Si les parents ont reçu l'instruction primaire en
anglais au Québec ou dans une autre province du Canada, il peuvent
envoyer leurs enfants à l'école anglaise.
Cela ne veut pas dire que l'anglais est la langue maternelle de
l'enfant
nécessairement. Il peut arriver que sa langue maternelle soit
l'italien, il peut arriver que ce soit le français, il peut arriver que
ce soit l'allemand. À ce moment-là, il peut arriver que les
parents ou les autorités de la commission scolaire estiment qu'il ait
besoin de services d'accueil pour pouvoir s'intégrer dans cette
école. C'est le sens de l'amendement ici.
Si on donne cette catégorie de services possibles... On est
toujours dans les services possibles et non pas obligatoires, il ne faut pas
oublier ça. En ne le mettant pas, on l'interdirait pour les commissions
scolaires de langue anglaise. Si elles jugent devoir offrir ce
service-là à même les ressources qu'elles auront, il faut
qu'elles en aient la liberté et que ce soit prévu dans la
loi.
De même, les services de soutien linguistique en
français...
M. Laplante: J'aimerais avoir la réaction du vrai
ministre.
M. Ryan: Oui, mais je vais finir l'explication. L'autre service,
les services de soutien linguistique en français, vous avez des enfants
qui sont déjà admis à l'école, ils ne sont pas au
stade préenseignement, ils sont déjà admis à
l'école, ils ont des problèmes spéciaux avec la langue
anglaise, à l'école anglaise. C'est normal et je pense que c'est
indispensable que la commission scolaire offre à ces enfants des
services de soutien linguistique dans la langue d'enseignement de
l'école. On ajoute cela. Cela fait une chose beaucoup plus claire,
beaucoup plus explicite, beaucoup plus conforme à la logique de
l'article 110 qui prétend réaménager les commissions
scolaires sur la base linguistique.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre.
M. Leduc (Fabre): D'abord, une première remarque. Le
député de Mille-Îles me fait justement remarquer
qu'à quatrièmement il y a des services de soutien
pédagogique. Il y a déjà un mécanisme prévu
si, effectivement, il y avait des élèves dans les écoles
anglaises qui éprouvaient des difficultés. Il y a quelque chose
déjà qui est prévu pour les écoles anglaises. C'est
mon point de vue, et les explications du député d'Argenteuil sont
vraiment loin d'être convaincantes pour qu'il faille ouvrir les services
d'accueil à l'école aux écoles anglophones; qu'il faille
ouvrir aussi les services de soutien linguistique à la langue anglaise
également. Dans ma compréhension, les deuxième et
troisième alinéas visent précisément
l'intégration des immigrants à la société
francophone.
Je pense qu'on irait à l'encontre de l'esprit même de la
loi 101 si on ouvrait pour que les immigrants aient accès de la
même façon à l'école anglaise. Le problème,
finalement, me semble plus théorique que réel, compte tenu qu'on
n'a jamais eu de représentation de ce genre en commission parlementaire.
Si vous pouvez nous apporter des exemples concrets de demandes concrètes
venant de commissions scolaires avec des nombres spécifiques d'enfants
qui ont effectivement éprouvé de telles difficultés dans
les écoles anglaises, je pourrais peut-être regarder cela de
près. Jusqu'à nouvel ordre, cela me semble très
théorique comme problème.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: En fait, je partage entièrement
et intégralement le point de vue que vient d'exprimer le
député de Fabre. Il existe dans la loi des services de soutien
pédagogique de telle sorte qu'un jeune enfant de parents italiens qui
s'inscrirait à l'école anglaise, tout en respectant tant la loi
101 que la charte, il est légalement admis à l'école.
Mais, comme le dit le député d'Argenteuil, il maîtrise mal
la langue et, par conséquent, il a des difficultés. À ce
moment, parmi les services particuliers qu'on lui offre - et c'est vraiment des
services particuliers - il y a des services de soutien pédagogique, pour
l'aider. Cela me paraît normal.
Il y a dans les articles quelque chose de plus que l'amendement du
député d'Argenteuil veut éliminer. Il y a l'expression
d'une volonté, à savoir que les immigrants qui viennent
s'établir au Québec doivent envoyer leurs enfants à
l'école française. Du point de vue du fond, à partir du
moment où, comme société, nous imposons à tous les
immigrants l'obligation d'envoyer leurs enfants à l'école
française, en contrepartie il est normal que la société
offre des services spéciaux collectifs à l'intention des enfants
d'immigrants. Les points que nous soulevons, par exemple, lorsqu'on parle de
services d'accueil à l'école dont la langue d'enseignement est le
français, ou des services de soutien linguistique en français, ce
sont des services spéciaux que nous offrons, parce que, comme
société, nous exigeons que tous les enfants d'immigrants aillent
à l'école française. C'est donc une conséquence de
l'obligation que nous faisons d'envoyer les enfants à l'école
française. Pour tous les autres enfants qui auraient des
difficultés d'adaptation, c'est par le biais d'un soutien
pédagogique normal que l'école peut aider un enfant à
progresser plus rapidement sur la voie, par exemple, de l'adaptation à
son programme d'étude lorsqu'il a des difficultés de langue. (23
h 45)
II est très clair qu'en général c'est un
soutien individuel; mais, lorsque nous parlons d'un service d'accueil
offert dans nos écoles, nous l'offrons dans le contexte de l'obligation
d'aller à l'école française.
Le Président (M. Tremblay): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: En ce qui concerne les écoles anglaises, il
y a plusieurs catégories d'enfants. Il y a d'abord les enfants qui
pourraient venir en vertu de la clause Canada et qui ne sont pas anglais. Mais
il y a d'autres catégories assez nombreuses dans les écoles
anglaises. Ce sont, par exemple, des enfants qui viennent des milieux
défavorisés, qui arrivent à l'école avec un langage
très pauvre. Ils ont besoin de soutien particulier en ce qui concerne la
langue parlée et leur capacité à s'exprimer.
Il y a aussi les Noirs qui arrivent et qui ont une culture
différente et une capacité de langage relativement pauvre. Ils
ont besoin d'un soutien pédagogique assez particulier. C'est surtout
pour la langue anglaise.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Bérubé: En fait, tous les points soulevés
par la députée de Jacques-Cartier trouvent leur réponse
dans l'ensemble des services que la commission scolaire met à la
disposition des élèves avec des conseillers pédagogiques,
et ces services doivent répondre aux besoins particuliers,
individualisés de l'enfant. Par exemple, nous mettons en place une
évaluation formative individualisée qui va permettre de suivre
l'enfant de beaucoup plus près et permettre, par exemple, des
cheminements individuels à l'école.
Dans le cadre de ces méthodes implantées en vertu des
régimes pédagogiques, il est clair qu'un enfant qui a des
difficultés d'intégration parce qu'il vient d'un milieu
défavorisé, parce qu'il vient peut-être d'une
communauté canadienne, mais majoritairement italienne... On sait, par
exemple, qu'il existe des quartiers majoritairement italiens et donc,
quotidiennement, ce qu'il entend, c'est de l'italien et non pas de l'anglais
même si, effectivement, en vertu des lois, il est admissible à
l'école anglaise. Il s'agit là, évidemment, de situations
transitoires et, avec le temps, ceci va s'éliminer. Cela existe, une
telle situation, mais, à ce moment-là, effectivement, vous
pourriez trouver un enfant qui, parlant l'italien quotidiennement, sur la rue,
va à l'école anglaise et a des difficultés à suivre
l'ensemble des cours qui lui sont donnés.
À ce moment-là, la commission scolaire doit voir à
lui fournir des services de conseiller pédagogique, de
récupération, de telle sorte que l'enfant soit capable de
s'adapter. Cela existe; on n'a pas à poser la question, cela existe.
Mais, là, nous parlons d'un service particulier,
c'est-à-dire que, comme nous faisons une obligation à un enfant
d'immigrant d'aller à l'école française, nous, en
contrepartie, prévoyons des programmes spéciaux d'accueil pour
ces enfants, ce qui est une conséquence de l'obligation d'aller à
l'école française. Il y a une dizaine d'années -
d'ailleurs, ce sont les dirigeants de la CECM qui l'ont souligné, les
cadres qui sont venus témoigner en commission - il y avait un
pourcentage infime d'allophones étudiant dans les écoles
francophones de la Commission des écoles catholiques de Montréal.
Ils nous ont dit qu'en ce moment c'est 25%, croissance spectaculaire. De tels
services d'accueil n'étaient pas nécessaires, ils n'existaient
pas.
Mme Dougherty: Je n'en doute pas, c'est essentiel, il n'y a pas
de question.
M. Bérubé: On a les articles 28, 29, 30. "Les
services d'accueil sont destinés à l'élève qui
n'est pas admissible à l'enseignement en anglais selon la loi, qui ne
connaît pas suffisamment le français pour être
intégré dans une classe ordinaire et qui est inscrit à
l'enseignement en français pour la première fois." À
l'article 29, les services de soutien linguistique sont équivalents.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, on a vu tout ça.
M. Bérubé: En d'autres termes, ces articles
viennent de ce que, ayant fait une obligation juridique d'envoyer l'enfant
à l'école française, en contrepartie le projet de loi
prévoit des services spéciaux pour ces enfants. Pour tous les
autres enfants qui ont des difficultés d'intégration ou
d'apprentissage, la commission scolaire leur offre les services
réguliers qui sont censés être adaptés aux besoins
particuliers de l'élève.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député.
Mme Dougherty: Seulement pour ajouter une idée.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Comme ces services ne sont pas obligatoires - ils
sont dans le projet de loi mais ils ne sont pas obligatoires, nous avons
discuté de ça
pendant deux heures au moins - on n'a rien à perdre à
suggérer que ce soit dans le projet de loi comme services facultatifs
possibles. C'est la commission scolaire qui paie.
M. Bérubé: La commission scolaire peut, en
n'importe quel temps...
Mme Dougherty: Alors pourquoi ne pas le mettre dans le projet de
loi?
M. Bérubé: Parce que là on fait
référence à des services que le gouvernement finance dans
le cadre de ses règles budgétaires, dans un but précis,
celui de les assurer.
Si une commission scolaire dégage des ressources et va offrir un
encadrement pédagogique particulier dans une école anglophone,
elle peut le faire, il n'y a rien qui l'en empêche.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je pense que nous avons assisté à un
exercice de nominalisme. Le gouvernement accepte que ça se fasse sous
une autre étiquette. Je ne sais pas si c'est parce qu'il veut se
préserver de la marge de manoeuvre dans ses règles
budgétaires, mais ces considérations m'apparaissent
étrangères au problème très réel qui a
été porté à notre attention par des responsables de
l'éducation de langue anglaise. L'exemple qu'a apporté la
députée de Jacques-Cartier, celui d'élèves de race
noire, celui d'élèves de communautés ethniques qui ont des
problèmes très aigus du côté du secteur anglais, des
problèmes qui sont de nature souvent à conditionner, même
à retarder le progrès de l'ensemble de la classe, qui justifient
des services spéciaux, si le ministre préfère les appeler
"services de soutien pédagogique" dans ce temps-là, s'il en admet
la nécessité, on est dans un exercice de nominalisme auquel la
meilleure façon de mettre un terme serait de prendre le vote
immédiatement.
M. Bérubé: C'est ce que je pense.
M. Ryan: Je demande qu'on vote parce que nous avons un autre
amendement à proposer.
Le Président (M. Tremblay): II n'y a pas d'autres
intervenants?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Tremblay): Nous allons voter sur un
amendement qui vise à amender l'article 26. Premièrement au
deuxième paragraphe, ajouter les mots suivants: "et à
l'école dont la langue d'enseignement est l'anglais."
Deuxièmement, au troisième paragraphe, ajouter à la fin de
l'alinéa les mots: "et en anglais."
Quels sont ceux qui sont en accord avec cette motion d'amendement?
M. Bérubé: On est tous contre.
Mme Lavoie-Roux: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Appel nominal.
M. Ryan: Appel nominal parce que c'est la seule manière de
montrer les faits au député de Bourassa.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour, évidemment.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Iles?
M. Champagne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matapédia?
M. le député de Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
La Secrétaire: 6 voix contre et 5 voix pour.
Le Président (M. Tremblay): La motion est
rejetée.
Nous revenons à l'étude de l'article 26 tel
qu'amendé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le vote qu'on vient de
prendre démontre qu'on permet à des enfants, dans le projet de
loi, d'exercer un droit mais ils sont punis parce qu'ils exercent ce droit.
C'est ce que je voulais dire.
M. Ryan: C'est assez typique de ce...
Le Président (M. Tremblay): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 26?
M. Ryan: M. le Président...
M. Bérubé: M. le Président, après une
intervention j'ai un droit de réplique.
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Bérubé: Non, M. le Président, c'est
complètement inexact. On va voir, lorsqu'on arrivera à l'article
30, que des services de soutien pédagogique sont destinés
à prévenir les difficultés d'apprentissage d'un
élève, à faciliter le rattrapage ou le passage d'un
élève d'une classe à une autre ou à aider un
élève à passer d'un ordre d'enseignement à un
autre.
En d'autres termes, l'article 30 prévoit ces problèmes
d'intégration, d'adaptation de tout élève dans une classe
régulière, alors que le deuxième alinéa dont on a
parlé - et c'est complètement injuste, les propos que la
députée de L'Acadie vient de tenir - que nous venons de voter
sans l'amender, veut simplement dire que, dans la mesure où la loi fait
obligation à tous les immigrants d'envoyer leurs enfants à
l'école française, en contrepartie, le projet de loi
prévoit des services particuliers; étant donné qu'on a
imposé une obligation, on va leur offrir des services particuliers pour
justement pouvoir faire face à l'obligation qu'on leur impose. C'est
tout simplement un geste d'humanité qui est posé par la
société en prévoyant un cas particulier pour des gens qui
se voient imposer une obligation.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je voudrais que nous passions à l'article 26, si
vous pouviez demander le vote sur l'article précédent.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions? Non? Quels sont ceux qui sont en accord...
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): ...avec l'article 26 tel
qu'amendé?
M. Ryan: Sur division.
Mme Lavoie-Roux: Sur division.
Le Président (M. Tremblay): L'article 26 est adopté
sur division avec amendement.
J'appelle à votre considération l'article 27.
M. Ryan: Je voudrais proposer un article nouveau qui
s'intitulerait 26.1...
Motion proposant d'inclure un nouvel article sur
l'éducation des adultes
Le Président (M. Tremblay): Oui.
M. Ryan: ...et qui se lirait comme suit: "Les services
d'éducation des adultes comprennent les services d'enseignement, les
services complémentaires et les services particuliers prévus par
la présente loi, en les adaptant aux besoins - "besoins", au pluriel,
pour corriger une petite faute qui s'est glissée ici - de cette
catégorie d'élèves. "Ils comprennent notamment des
services d'accueil et de référence, des services de
reconnaissance des acquis académiques et expérienciels, et des
services de soutien pédagogique." Vu que cet exposé est
parfaitement clair par lui-même et que nous en avons déjà
discuté tantôt, je serais très heureux si vous demandiez le
vote immédiatement là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il des intervenants sur
cet...
M. Bérubé: M. le Président, vous ne
violeriez le droit d'aucun député si vous décidiez de
tenir le vote.
M. Ryan: D'accord.
Le Président (M. Tremblay): Quels sont ceux qui sont
d'accord avec le nouvel article 26 qui se lirait comme suit: "Les services
d'éducation des adultes comprennent les services d'enseignement, les
services complémentaires et les services particuliers prévus par
la présente loi, en les adaptant aux besoins de cette catégorie
d'élèves.
"Ils comprennent notamment des services d'accueil et de
référence, des services de reconnaissance des acquis
académiques et expérienciels, et des services de soutien
pédagogique." Quels sont ceux qui sont en accord avec cette
proposition?
M. Ryan: Vote nominal.
Mme Lavoie-Roux: Vote nominal.
Le Président (M. Tremblay): Oui. M. le
député de Verchères.
M. Ryan: Nous voulons savoir ceux qui sont contre
l'éducation des adultes.
M. Charbonneau: Oh! Oh! Ce n'est pas ce que cela veut dire.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil.
Une voix: C'est une interprétation.
M. Ryan: Oui, et nous allons la faire. Nous la ferons.
Le Président (M. Tremblay): M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Mille-Îles?
M. Champagne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Sauvé?
M. Parent: Pour.
M. Ryan: Pour la "strap", contre l'éducation des
adultes.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de Jacques-Cartier?
Mme Dougherty: Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Bourassa?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Fabre?
M. Leduc (Fabre): Contre.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Pour.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Vachon?
M. Payne: Contre.
Le Président (M. Tremblay): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Pour.
La Secrétaire: 6 voix contre et 5 voix pour.
Le Président (M. Tremblay): L'article 26.1 est
rejeté.
J'appelle à votre considération l'article 27.
Mme Lavoie-Roux: Bon! On a encore du temps. D'accord. As-tu un
amendement à l'article 27, Joan?
Le Président (M. Tremblay): L'article 27. Nous sommes
à l'article 27.
Une voix: Un instant! Il y a un papillon.
Le Président (M. Tremblay): Ah oui! Effectivement.
À la deuxième ligne, supprimer les mots "des services
particuliers". Cela se lirait comme suit: "Les services a l'élève
handicapé ou à l'élève en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage sont destinés à
l'élève qui a besoin de réadaptation ou de
rééducation." L'article 27 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée de Jacques-Cartier
voulait parler.
Mme Dougherty: Oui. Qu'est-ce que cela veut dire? C'est un peu
redondant: "Les services à l'élève handicapé ou
à l'élève en difficulté..." C'est évident
qu'ils sont destinés à l'élève qui a besoin de
réadaptation et de rééducation. Qu'est-ce que cela
ajoute?
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est superfétatoire.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, Mme la
députée de Jacques-Cartier a une question.
Mme Dougherty: Je demande au ministre d'expliquer l'article 27.
Qu'est-ce que cela ajoute? C'est évident.
M. Bérubé: Je vais voir dans mon grand cahier.
Mme Lavoie-Roux: Ils vous ont dit de ne pas le modifier. Ce n'est
pas le papillon qui la fatigue. C'est le fait que...
M. Bérubé: Supprimer les mots "des services
particuliers"...
Mme Dougherty: Je ne parle pas de l'amendement, je parle de
l'article comme tel.
Mme Lavoie-Roux: C'est superfétatoire.
Le Président (M. Tremblay): L'amendement à
l'article 27 est adopté.
M. Bérubé: Oui, c'est inutile.
Mme Lavoie-Roux: C'est une vérité de La Palice.
M. Bérubé: On n'a pas besoin de dire: "sont des
services particuliers", on n'a qu'à dire qu'ils sont simplement
destinés à l'élève qui a besoin...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas cela qu'elle pose comme question,
c'est tout l'article.
M. Leduc (Saint-Laurent): Elle veut savoir quel est le sens de
l'article.
Mme Lavoie-Roux: Cela a coûté cher de papier, vos
gros cahiers.
M. Bérubé: Par opposition au soutien
pédagogique dont on parlait antérieurement, le soutien
pédagogique est offert, par exemple, à cet élève
d'origine africaine qui a de la difficulté à suivre ses cours
parce qu'il vient de...
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, je m'excuse
d'interrompre ces propos, je crois que nous allons devoir nous quitter
puisqu'il est minuit et vu ce fait...
M. Bérubé: II faut s'entendre.
Le Président (M. Tremblay): ...nous allons devoir
ajourner...
Mme Lavoie-Roux: ...pour continuer demain.
Le Président (M. Tremblay): ...les travaux de la
commission de l'éducation sine die.
(Fin de la séance à 0 h 2)