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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance ouverte. Je voudrais souhaiter
la bienvenue à M. le ministre de l'Éducation ainsi qu'aux gens
qui l'accompagnent, plus particulièrement à certains de mes
électeurs du comté de Beauce-Nord. Boujour!
Je vous rappelle le mandat de la commission qui est de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Éducation pour l'année financière
1987-1988. On a prévu une durée de huit heures pour
l'étude des crédits du ministère de l'Éducation
selon l'horaire suivant: ce matin, jusqu'à 12 h 30; cet
après-midi, après les affaires courantes, jusqu'à 18
heures, et ce soir, de 20 heures à 23 heures.
M. le secrétaire, est-ce que vous pourriez annoncer les
remplacements, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Audet
(Beauce-Nord) remplace M. Parent (Sauvé).
Le Président (M. Audet): II n'y a pas d'autres
remplacements?
Le Secrétaire: Non.
Le Président (M. Audet): Cela va. Je crois qu'il y a aussi
une entente pour étudier le programme 2 concernant le Conseil
supérieur de l'éducation, ce soir, après le programme 5.
Cela va?
J'invite maintenant M. le ministre à nous faire ses remarques
préliminaires. M. le ministre, vous avez la parole.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, au moment où nous entrons
dans une nouvelle année budgétaire, le paysage scolaire se
distingue au Québec par une atmosphère sans
précédent de stabilité, de tranquillité productive
et de recherche ordonnée mais résolue de l'excellence. Partout,
commissaires, enseignants, personnels professionnels et de soutien, parents et
élèves sont à l'oeuvre. Dans la plupart des écoles
et des commissions scolaires, les initiatives visant à promouvoir la
qualité des apprentissages et la rigueur dans l'effort se multiplient.
Les grands dossiers de l'éducation sont abordés de plus en plus
souvent dans un climat de dialogue et de collaboration entre partenaires.
Après avoir, pendant deux décennies, mis l'accent sur l'expansion
des effectifs, des installations et des équipements, le système
d'enseignement semble vouloir trouver sa voie en cette époque de
contraction budgétaire et de redressement douloureux dans la recherche
de la qualité et l'approfondissement de sa mission. Déjà,
nous pouvons entrevoir les premiers résultats de l'effort de
révision que notre société a exigé ces
dernières années de son système d'enseignement. Les
premiers résultats indiquent que l'accessibilité continue
d'enregistrer des gains encourageants, que la qualité progresse et que
nous continuons d'avancer dans la voie de la rationalisation des
dépenses publiques consacrées à l'éducation.
De nouveau, cette année, le ministère de
l'Éducation publie, à l'occasion de l'étude annuelle de
ses crédits budgétaires, sa brochure intitulée
"Indicateurs sur la situation de l'enseignement primaire et secondaire". Je
voudrais extraire de cette brochure quelques données instructives sur
les progrès accomplis pendant la dernière année pour
laquelle nous disposons de données complètes, c'est-à-dire
l'année 1986. Au chapitre de l'accessibilité, le degré de
scolarisation de la population québécoise continue de progresser.
Au plan des clientèles régulières composées en
presque totalité d'élèves d'âge scolaire le taux
d'accès à une formation secondaire complète enregistre de
nouveaux progrès. Le relèvement de la note de passage des examens
à 60 % a sans doute entraîné un léger
fléchissement de l'accès à la quatrième et à
la cinquième année du cours secondaire, mais tout indique que la
tendance de fond vers une persévérance accrue au niveau
secondaire est appelée à se maintenir. En 1986,
l'accessibilité atteignait 99 % en première secondaire, 96 % en
deuxième secondaire, 94 % en troisième secondaire et 87, 3 % en
quatrième secondaire. Si l'on ajoute à cela la progression du
nombre de diplômes secondaires obtenus par les adultes - ce nombre est
passé de 4861, en 1976, à 9788 en 1986 - on est justifié
de considérer que le Québec s'oriente à grands pas vers un
stade de développement où pratiquement toute sa population apte
aura reçu au minimum une formation complète de niveau
secondaire.
Parmi les obstacles qui se dressent encore sur notre route, il y a
notamment les retards et les abandons scolaires. La proportion des
élèves accusant un certain retard pendant leurs études
primaires et secondaires s'établissait en 1986 à 45 %. Ce taux
demeure très élevé. Il dénote toutefois une
progression importante par comparaison avec l'année 1981, alors que le
taux était de 53 %. Les abandons scolaires sont pour leur part en nette
régression. En 1976, le nombre d'élèves qui abandonnaient
les études sans avoir obtenu le diplôme d'études
secondaires s'élevait à 63 000. En 1986, il n'était plus
que de 31 000. En dix ans, le taux d'abandon probable des études avant
l'obtention du diplôme d'études secondaires est passé de 48
% à 28 %, soit une progression très nette de la scolarisation.
Des écarts importants subsistent toutefois à ce chapitre
entre les différentes régions.
II ne suffit pas de garder les élèves plus longtemps
à l'école, il faut surtout que l'école leur offre une
formation valable, surtout dans les matières fondamentales qui sont sa
principale raison d'être. Grâce aux politiques de divulgation des
résultats des épreuves ministérielles que nous avons
instituées depuis deux, ans nous disposons désormais chaque
année de données qui nous permettent de mesurer de manière
plus précise le chemin parcouru par les élèves inscrits
dans nos écoles. Si nous examinons les résultats des 118
épreuves administrées en 1987 dans les classes de
troisième, quatrième et cinquième secondaire par le
ministère de l'Éducation, nous enregistrons les principales
constatations suivantes: premièrement, légère progression
de la moyenne des résultats mais baisse du taux de réussite - ce
dernier résultat de la baisse du taux de réussite provient
surtout du relèvement de la note de passage des épreuves de
cinquième secondaire, laquelle a été haussée en
1987 de 50 % à 60 % - deuxièmement, résultat
supérieur à la moyenne aux épreuves de langue seconde,
anglais et français, mais résultat inférieur à la
moyenne en mathématiques, en sciences, en géographie et en
histoire; troisièmement, légère amélioration
à l'épreuve ministérielle de français écrit;
quatrièmement, résultat généralement
supérieur obtenu par les élèves des établissements
privés; cinquièmement, différence à peu près
nulle entre les résultats obtenus par les garçons et les filles
pour l'ensemble des épreuves ministérielles, mais résultat
nettement supérieur pour les filles à l'épreuve de
français écrit.
Par-delà ces résultats dont chacun doit être
interprété avec les nuances nécessaires, je tiens à
souligner l'effort impressionnant de reprise pédagogique, de
rapprochement des enseignants et des élèves, de personnalisation
du travail éducatif, de recherche de modes plus humains et plus
efficaces d'organisation scolaire qui se multiplient à travers les
commissions scolaires et les écoles. J'ai personnellement visité
de nombreuses écoles primaires et secondaires au cours des derniers
mois. J'en suis revenu chaque fois avec une impression très favorable
quant à la qualité du travail accompli par les enseignantes et
les enseignants, par les cadres scolaires et les autres personnels, par les
parents des élèves et les commissaires d'école.
L'actuel gouvernement s'était fixé comme premier objectif
le rétablissement graduel d'un climat d'engagement, de stabilité,
de confiance et de saine fierté dans le système d'enseignement.
De nouveaux pas significatifs ont été franchis dans cette
direction en 1987. Je veux en remercier tous ceux et toutes celles qui ont
rendu ces progrès possibles par leur travail consciencieux auprès
des quelques 1 132 805 élèves que comptait en 1986-1987 notre
système d'enseignement primaire et secondaire public et
privé.
Au seuil d'une nouvelle année budgétaire, l'étude
des crédits du ministère de l'Éducation invite le
ministère à dévoiler ses priorités pour
l'année à venir. Je le ferai en signalant certains objectifs
majeurs que nous entendons poursuivre au cours de la prochaine
année.
Dans le domaine de l'enseignement proprement dit, nous poursuivrons
l'effort vigoureux de réaménagement de l'enseignement
professionnel que nous avons entrepris en 1987. Les objectifs établis
pour 1987-1988 ont été pratiquement atteints: lancement de
plusieurs programmes devant conduire au diplôme d'études
professionnelles, mise en place de mesures de recyclage et de perfectionnement
pour les enseignants, jonction entre le système d'enseignement et les
milieux de travail, etc. Malgré les circonstances très difficiles
dans lesquelles elle fut lancée -on se souvient des retards avec
lesquels il fallut composer - la première phase de la réforme a
réussi. Nous entendons également réussir la
deuxième phase de l'opération, laquelle est déjà
commencée avec les inscriptions pour 1988-1989.
L'année 1988-1989 sera marquée au premier chef par
l'implantation de la nouvelle carte des enseignements professionnels, par le
lancement de nombreux programmes nouveaux ou renouvelés, par
l'implantation de 163 programmes différents, dont 27 seront des
programmes nouveaux, par l'implantation des programmes conduisant au certificat
d'études professionnelles, par la création d'attestations de
spécialisation professionnelle, par la mise en route d'un système
de cheminement particulier à l'intention des élèves qui
éprouvent des difficultés spéciales, par d'importants
investissements consacrés à la modernisation des
équipements, par l'implantation d'un nouveau système de sanction
des études, par de nouvelles expériences d'harmonisation de la
formation offerte aux jeunes et aux adultes, et par la mise en oeuvre de
modifications importantes au régime pédagogique. Ces
modifications touchent la durée des études devant conduire au
certificat d'études professionnelles et l'autorisation d'un mode de
sanction décentralisé pour des études de courte
durée ne pouvant être sanctionnées dans le cadre des trois
diplômes reconnus à l'échelle nationale.
Deuxièmement, au plan pédagogique toujours, le
renforcement de l'apprentissage du français, langue maternelle, surtout
du français écrit, demeure la priorité majeure du
gouvernement. Au cours des prochains jours, j'aurai l'honneur de
dévoiler le plan d'action que nous avons conçu à cette
fin. Largement inspiré des résultats de la consultation faite
auprès des milieux scolaires au printemps de l'année
dernière, le plan d'action visera surtout à susciter l'engagement
de tous les intervenants à chaque niveau de responsabilité. Il
visera à promouvoir une prise en charge collective par les milieux
scolaires eux-mêmes de leur présent et de leur devenir
linguistiques. Des mesures visant à renforcer l'étude objective
de la langue française dans les programmes d'études, à
promouvoir l'usage du dictionnaire et de la grammaire, à
améliorer la qualité des bibliothèques scolaires,
à
stimuler l'initiative dans chaque école et dans chaque commission
scolaire, à promouvoir l'engagement de tout le personnel enseignant et
non seulement des professeurs de français, à promouvoir la
recherche et à récompenser l'excellence seront comprises dans le
plan d'action. Des crédits additionnels de 3 000 000 $ seront
consacrés à ces mesures en 1988-1989.
Lorsque le plan d'action, en vue de l'amélioration du
français écrit et parlé, aura été solidement
implanté, d'autres initiatives suivront en vue de renforcer la
qualité de l'apprentissage du français et de l'anglais, langue
seconde, de l'anglais, langue maternelle, des mathématiques et des
sciences. Tant et aussi longtemps que ce travail de base n'aura pas
été solidement implanté, nous continuerons d'accueillir
avec réserve les propositions innombrables visant à faire de
l'école une sorte de fourre-tout que l'on utilise pour la promotion de
causes toutes aussi nobles les unes que les autres.
L'évaluation revêt désormais dans les
systèmes scolaires une importance grandissante. Les gouvernements et les
citoyens qui défraient des coûts sans cesse plus
élevés de l'éducation tiennent à obtenir des
assurances vérifiables quant à la qualité du travail
accompli dans ce secteur. L'évaluation des apprentissages faits par les
élèves offre à cette fin des possibilités
nombreuses. En même temps qu'il met au point des épreuves
multiples visant à mesurer la qualité des apprentissages des
élèves, le ministère de l'Éducation procède
à une vérification systématique de la qualité des
programmes d'études. En 1987-1988, les programmes suivants ont
été l'objet d'une révision: anglais langue seconde,
sixième primaire; histoire générale, deuxième
secondaire; histoire du Québec et du Canada, quatrième
secondaire. En 1988-1989, le travail de révision portera sur le
français, langue maternelle en troisième primaire et en
sixième primaire. L'anglais langue maternelle en deuxième
secondaire et les mathématiques en troisième secondaire.
La forme des épreuves ministérielles visant à
vérifier la qualité des apprentissages est appelée
à connaître au cours des prochaines années d'importantes
modifications. À ma grande satisfaction, les épreuves totalement
objectives qui ont saturé la scène scolaire
québécoise depuis une vingtaine d'années céderont
graduellement le pas à des épreuves laissant une place plus
importante à l'écriture et à l'expression personnelle chez
l'élève.
En plus des épreuves offertes au deuxième cycle du cours
secondaire, le ministère offrira à l'avenir aux commissions
scolaires des épreuves d'appoint pour certaines matières à
la fin de chacun des deux cycles du primaire et à la fin du premier du
secondaire. Les premières épreuves offertes aux commissions
scolaires porteront sur la langue maternelle, la langue seconde et les
mathématiques.
Vers l'automne de cette année, nous prendrons également
connaissance des résultats d'une épreuve internationale portant
sur les apprentissages d'élèves âgés de 13 ans en
mathématiques et en sciences à laquelle le Québec a
accepté de participer, de concert avec les États-Unis, la
Grande-Bretagne, l'Espagne, la Corée, l'Irlande, l'Ontario, la Colombie
britannique et le Nouveau-Brunswick. Je souhaiterais depuis longtemps que la
qualité du travail éducatif accompli au Québec puisse
donner lieu, de manière fréquente, à des comparaisons
rigoureuses avec la performance enregistrée dans d'autres
sociétés comparables. Cette première expérience est
très intéressante.
Dans la poursuite de ses objectifs fondamentaux, le gouvernement
continuera de s'appuyer au premier chef sur l'école publique et les
commissions scolaires regroupant plus de 91 % de tous les élèves
inscrits dans des établissements primaires et secondaires et se voyant
attribuer 95 % des ressources atttribuées par la société
québécoise à l'enseignement primaire et secondaire.
L'école publique est, aux yeux du gouvernement, l'école commune,
l'école prioritaire, celle où la très grande
majorité des parents inscrivent leurs enfants. En raison du rôle
majeur qui lui est dévolue, l'école publique est l'objet de
l'attention prioritaire du gouvernement. Le gouvernement entend maintenir cette
ligne de conduite. C'est pourquoi il se réjouit tout
particulièrement de l'effort de valorisation et de promotion de
l'école publique entrepris par de nombreuses commissions scolaires.
Faire en sorte que l'école soit vivante, forte, humaine, accueillante et
attrayante, voilà un objectif auquel souscrit sans réserve le
gouvernement.
En 1988-1989, le gouvernement continuera d'entretenir avec les
commissions scolaires, dont relèvent au Québec les écoles
publiques, des rapports continus de collaboration et d'échanges. Dans
chaque région, les rapports du ministère avec les commissions
scolaires sont principalement assurés par les directions
régionales du ministère, lesquelles ont établi avec les
commissions scolaires de leur territoire respectif des rapports embrassant tous
les aspects de la vie scolaire et empreints de respect mutuel et de
collaboration.
Au plan national, le cabinet du ministre et la direction du
ministère entretiennent des rapports quotidiens avec un grand nombre de
commissions scolaires. Ils ont également de nombreux rapports de
collaboration avec les deux grandes fédérations regroupant les
commissions scolaires, la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec et l'Association des commissions scolaires
protestantes du Québec, de même qu'avec les autres associations
regroupant divers intervenants du monde scolaire: directeurs
généraux, cadres, parents, directeurs et directrices
d'école, enseignants et enseignantes, etc. (10 h 30)
La priorité accordée à l'école publique
n'empêche pas le gouvernement d'accueillir avec
intérêt, voire d'apprécier à sa juste valeur
l'apport substantiel des établissements privés au travail
d'éducation. Les établissements privés ne sont pas tous
d'égale valeur. Certains sont plutôt des entreprises commerciales
n'ayant parfois d'éducatif que le nom ou la réclame commerciale
dont elles se parent. Mais de nombreux établissements privés
offrent en contrepartie une formation de haute qualité qui leur a valu
d'être reconnus par le gouvernement comme ayant droit à des
subventions importantes. Le gouvernement reconnaît sans hésitation
le rôle utile de ces établissements. Il voit, dans leur existence,
un précieux aiguillon pour l'ensemble du système d'enseignement.
Tout en insistant pour que les parents intéressés à
inscrire leurs enfants dans des établissements privés, consentent
pour ce faire à des sacrifices financiers significatifs, le gouvernement
demeure disposé à soutenir financièrement les
établissements privés et à permettre leur
développement ordonné. Vu la situation financière
générale du gouvernement, il est toutefois hors de question,
pendant le présent mandat, que soit augmenté le niveau des
subventions accordées aux établissements privés.
Dans les décisions qu'il a prises cette année en
matière de statuts nouveaux et de statuts améliorés, le
gouvernement s'est inspiré des orientations que je définissais
l'an dernier, lors de l'étude des crédits du ministère de
l'Éducation. En vertu des décisions annoncées ces derniers
jours, trois établissements se voient accorder pour la première
fois un statut subventionné, trois autres voient leur statut passer de
la reconnaissance à des fins de subvention à la
déclaration d'intérêt public; deux autres obtiennent
l'autorisation d'ajouter de nouveaux services à ceux qu'ils offrent
déjà. Au total, le nombre de places nouvelles
subventionnées s'élèvera, en 1988-1989, à 440 au
primaire et à 410 au secondaire.
En pourcentage, les inscriptions à l'enseignement en langue
française accusent une progression constante depuis quelques
années. En 1984-1985, la proportion des élèves du primaire
et du secondaire inscrits à l'enseignement en langue française
était de 88,4 %. Cette proportion a augmenté à 88,8 % en
1985-1986; à 89,1 % en 1986-1987; à 89,5 % en 1987-1988. Si l'on
considère que la proportion des francophones dans la population totale
du Québec est de 84 %, les résultats des inscriptions scolaires
témoignent 'd'une application efficace de la Charte de la langue
française dans le milieu scolaire.
Ces résultats ont été obtenus en même temps
que le gouvernement décidait d'appliquer la Charte de la langue
française de manière plus respectueuse des personnes. Ils ont
été rendus possibles, entre autres, par la décision qu'ont
prise quelques milliers dé parents anglophones d'inscrire volontairement
leurs enfants à l'enseignement en langue française.
Concernant l'admissibilité à l'enseignement en langue
anglaise, deux éléments doivent être soulignés. En
premier lieu, le traitement et le contrôle des demandes d'admission
à l'école anglaise seront désormais assurés par des
personnes désignées oeuvrant au sein des directions
régionales du ministère et non plus dans un bureau
centralisé comme autrefois. Les demandes d'admission seront ainsi
traitées par des personnes plus proches des milieux concernés. En
second lieu, il convient de souligner l'excellent travail accompli par la
Commission d'appel sur la langue d'enseignement, laquelle a réussi au
cours de la dernière année à traiter de manière
humaine et efficace tous les dossiers dont elle avait été saisie.
En 1987-1988, la commission a recommandé l'admission à
l'enseignement en langue anglaise de 31 enfants dont le dossier avait
révélé une situation grave d'ordre humanitaire ou
familial. Ce sont 31 enfants situés dans 25 familles différentes.
Après examen de la documentation pertinente, je fus heureux
d'accéder à la recommandation de la commission, dans chacun de
ces cas.
De manière très générale, les dispositions
de la Charte de la langue française et du régime
pédagogique en matière de langue d'enseignement sont
fidèlement observées par les commissions scolaires. Là
où des critiques s'élèvent, je vois à ce qu'une
enquête soit instituée sans délai. Ainsi, j'ai
demandé a la direction régionale de Montréal du
ministère de faire une étude approfondie sur la qualité
des services offerts à sa clientèle francophone par la Commission
des écoles protestantes du grand Montréal. Cette étude,
qui embrasse tous les sujets importants relatifs à la vie scolaire, se
poursuit présentement. Une situation difficile ayant surgi à
Val-d'Or, où la Commission scolaire protestante Northwestern Quebec a
ravi quelque 300 élèves à la commission scolaire
catholique, j'ai institué une enquête à ce sujet. Le
rapport de l'enquête vient de m'être remis. Il sera rendu public
aujourd'hui même à Val-d'Or et à Québec.
J'annoncerai en temps utile les mesures que je déciderai d'instituer
à la suite de ce rapport.
En ces jours où la communauté anglophone manifeste des
signes d'inquiétude, il convient de rappeler les mesures prises par le
gouvernement pour assurer à cette dernière une situation
satisfaisante au plan scolaire. Par l'ajout de ressources humaines importantes
en provenance de la communauté anglophone, par une meilleure
distribution de ses ressources à travers les directions
régionales et les principaux services du ministère, par la
création de nouveaux mécanismes de collaboration entre la
direction des services aux élèves anglophones et des
unités administratives du ministère, la participation de la
communauté anglophone à la préparation et à
l'exécution des politiques est mieux assurée. Les dossiers de la
communauté anglophone sont traités de façon plus
immédiate, moins marginale. L'égalité d'accès aux
services du ministère devient graduellement une réalité.
Pour ne
prendre qu'un exemple récent, la préparation de la carte
des enseignements professionnels s'est faite en tenant compte des besoins du
secteur anglophone en même temps que l'on procédait à
l'examen des besoins du secteur francophone. Il en va de même des
différentes étapes qui entourent la mise au point des
règles budgétaires des commissions scolaires, des
négociations collectives et des autres mesures instituées par le
ministère.
À un autre niveau, le gouvernement a favorisé, depuis
1986, plusieurs regroupements de clientèles scolaires anglo-catholiques
qui étaient menacés de perdre leurs services éducatifs
propres. De tels regroupements ont eu lieu, notamment à Québec,
dans la région de Laval-Mille-Îles, et à Aylmer. À
Québec, une entente entre la Commission des écoles catholiques de
Québec et la Commission scolaire des Découvreurs a permis de
regrouper les élèves anglo-catholiques de ces deux commissions
scolaires dans une même école primaire et dans une même
école secondaire. Cette entente a permis d'améliorer la
qualité de l'organisation scolaire et les services offerts aux
élèves anglo-catholiques. Dans la région de
Laval-Mille-Îles, une entente d'une durée de six ans a
été conclue entre les commissions scolaires des Mille-Îles,
de Sainte-Thérèse et Chomedey de Laval à la suite du
rapport présenté par un groupe de travail que j'avais
formé. En vertu de cette entente, la Commission scolaire Chomedey de
Laval s'est vue attribuer la responsabilité de la scolarisation des
élèves catholiques anglophones des trois commissions scolaires au
niveau primaire. Cette entente impliquait le transfert de 441
élèves à la Commission scolaire Chomedey. En vertu de cet
ajout d'élèves, cette commission scolaire a pu améliorer
sensiblement la qualité des services pédagogiques offerts
à sa clientèle anglophone.
Signalons enfin que les projets de loi 106 et 107 permettent d'entrevoir
des changements susceptibles d'améliorer sensiblement la situation
scolaire des anglophones. La création de commissions scolaires
linguistiques devrait permettre à chaque communauté linguistique
de regrouper tous ses effectifs scolaires sous une direction unifiée
émanant d'elle-même. Les projets de loi prévoient en outre,
à l'intention des communautés linguistiques minoritaires, des
mécanismes inédits de représentation qui devraient, du
moins pendant la période de transition devant précéder
l'implantation des commissions scolaires linguistiques, favoriser leur
participation à la gestion des affaires scolaires.
De nouveau, au cours des derniers mois, l'âge d'admission à
l'école a retenu l'attention. Même si l'abaissement de l'âge
d'admission figure toujours au programme du Parti libéral, le
gouvernement, pour des raisons financières, a dû reporter de
nouveau cette année les changements qu'il projette d'apporter aux
dispositions réglementaires touchant l'âge d'admission à
l'école. Le gouvernement ne pouvait cependant demeurer
indifférent aux représentations qui lui parvenaient de parents
dont les enfants pourraient subir un préjudice sérieux à
la suite d'une application aveugle et littérale de la
réglementation actuelle. Aussi, à la lumière de
l'expérience vécue l'année dernière et des demandes
des parents qui expriment des besoins réels, j'ai décidé
d'ajouter trois nouveaux critères à ceux qui étaient
déjà utilisés pour justifier des dérogations. Ces
nouveaux critères: le développement précoce de l'enfant,
la situation du milieu familial et le cas particulier de deux enfants d'une
même famille admissibles à l'école pour la première
fois la même année, ont été précisés
dans un formulaire adressé aux commissions scolaires au début de
la présente année. Ils s'appliquent pour l'examen des demandes
d'admission en vue de l'année 1988-1989. Ils permettront de tenir compte
des problèmes très sérieux auxquels font face des parents
québécois, tandis que les critères déjà
reçus favorisaient surtout les enfants venant de l'extérieur du
Québec.
Au cours de l'année 1987-1988, 468 dérogations furent
accordées, dont 229 pour l'admission au préscolaire, 177 pour
l'admission en première année du primaire et 62 pour la reprise
de la classe maternelle. Le nombre de dérogations accordées au
titre des nouveaux critères mentionnés ci-dessus a
été de 150.
En vertu des politiques gouvernementales, tout adulte
québécois qui poursuit sa formation en vue de l'obtention d'un
diplôme d'études secondaires ou d'une spécialisation
professionnelle peut s'inscrire à des cours dispensés par les
commissions scolaires. Deux enveloppes budgétaires sont disponibles
à cette fin: celle du ministère de l'Éducation et celle du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
L'enveloppe dont dispose le ministère de l'Éducation est une
enveloppe ouverte. Un budget est prévu au début de l'année
mais ce budget peut être dépassé si les inscriptions le
justifient. L'allocation de base réservée à ce programme
est passée de 85 000 000 $, en 1985-1986, à 121 700 000 $ en
1986-1987. Pour l'année scolaire 1987-1988, nous estimons que le
coût du programme sera d'environ 130 000 000 $. Pour l'année
1988-1989, nous avons institué des mesures de stabilisation qui
permettront de contrôler davantage l'augmentation des coûts. Ces
mesures porteront principalement sur le contrôle et le calcul des
clientèles et sur le financement des services d'encadrement et de
soutien. Des économies de quelque 20 000 000 $ sont prévues en
raison de ces mesures. Le principe de l'enveloppe ouverte est toutefois
maintenu.
Le programme d'aide aux organismes volontaires d'éducation
populaire sera maintenu sous une nouvelle appellation et amélioré
en 1988-1989. Une addition de crédits de 1 000 000 $ à ce
chapitre permettra de mettre fin au moratoire qui pèse sur ce programme
depuis 1984. Le programme d'aide aux OVEP a également fait l'objet d'un
examen approfondi
par un groupe de travail que présidait M. Réal
Charbonneau. Le rapport du groupe de travail m'a été remis
à la fin de 1987. Sur le concept d'éducation populaire, sur les
critères d'admissibilité des organismes, sur la gestion du
programme, le rapport contient de nombreuses recommandations qui donneront lieu
à des décisions ministérielles d'ici à la fin de la
présente année. Je compte être en mesure de communiquer ces
orientations avant l'ajournement d'été de la session. Je puis
d'ores et déjà laisser entrevoir qu'un bon nombre des
recommandations formulées par le comité Charbonneau seront
retenues.
En matière d'alphabétisation, deux réseaux
principaux interviennent: les services d'éducation des adultes des
commissions scolaires et les organismes autonomes. Le ministère
consacrera à ce poste, en 1988, le même budget qu'en 1987- 1988,
soit 19 700 000 $ pour le réseau des commissions scolaires et 1 700 000
$ pour les organismes volontaires d'éducation populaire. Toute
proportion gardée, je crois que le Québec est la province qui
accomplit l'effort le plus considérable de toutes les provinces
canadiennes en matière d'alphabétisation.
Les clientèles présentant des difficultés
d'adaptation et d'apprentissage ont connu, ces dernières années,
une progression numérique préoccupante. En 1985-1986, le nombre
d'élèves souffrant de difficultés d'adaptation et
d'apprentissage s'élevait à 109 864, soit 2058 en maternelle, 66
146 au primaire et 41 660 au secondaire. En 1987-1988, les commissions
scolaires ont déclaré 130 007 élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage, soit 2247 à la
maternelle, 76 397 au primaire et 51 363 au secondaire.
Des ajustements aux règles budgétaires ont permis, en
1987-1988, ajout de 150 postes d'enseignants dans ce secteur. Ces ajustements
ont également permis une répartition plus équitable des
sommes disponibles à cette fin entre les commissions scolaires. De
nouveaux ajustements seront apportés aux règles
budgétaires en 1988-1989, de manière à tenir compte, dans
toute la mesure du possible, du facteur de défavorisation
socio-économique dans la répartition des ressources. Un ajout de
126 postes d'enseignants est également prévu pour 1988- 1989,
à la suite d'ajustements dans les règles budgétaires.
(10 h 45)
Au primaire, les élèves en difficulté
représentent 11, 8 % de la clientèle totale et se voient
attribuer 17 % des ressources aux enseignants. Au secondaire, les
élèves en difficulté représentent 14 % de la
clientèle totale et se voient attribuer 16 % des ressources
enseignantes.
Le système scolaire compte quelque 12 500 élèves
souffrant de handicaps physiques ou mentaux sérieux. Les subventions
versées pour ces élèves atteignent en moyenne 10 500 $ par
année, alors que le coût moyen d'un élève
régulier est de 3500 $. À l'intérieur des paramè-
tres budgétaires définis par le ministère, la
responsabilité de fournir aux clientèles en difficulté des
services éducatifs incombe aux commissions scolaires. Devant l'ampleur
qu'a prise la situation, le ministère a toutefois procédé
au cours de la dernière année à une enquête sur
l'état des services offerts à ces clientèles.
L'enquête a révélé que la politique
d'intégration des élèves en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage dans les classes régulières a produit des
résultats substantiels. Elle a toutefois permis de déceler
également des difficultés majeures touchant l'intégration
d'élèves qui souffrent de déficience intellectuelle ou de
déficiences multiples.
Le ministère compte mettre au point en 1988-1989 un plan d'action
concernant ce secteur. Le plan comprendra notamment des mesures visant à
procurer une meilleure connaissance de la situation réelle, à
préciser les dispositions du régime pédagogique touchant
ces élèves, à définir une carte nationale et des
mandats pour des services très spécialisés qui doivent
être faits de manière à embrasser plusieurs territoires
scolaires. Ce projet de loi 107 permettra pour sa part de définir avec
plus de précision la responsabilité des commissions scolaires en
matière de services à fournir aux élèves en
difficulté et de favoriser une meilleure participation des parents
à l'élaboration des politiques des commissions scolaires dans ce
domaine.
La confessionnalité scolaire sera au coeur des débats qui
entoureront au cours des prochains mois les travaux de l'Assemblée
nationale autour des projets de loi 106 et 107 traitant de la Loi sur
l'instruction publique. Le gouvernement a choisi de réorganiser les
commissions scolaires sur une base linguistique plutôt que sur une base
confessionnelle. Il est convaincu que ce nouveau mode d'organisation
reflétera mieux la réalité diversifiée et
changeante d'aujourd'hui. Par souci de prudence et de justice, le gouvernement,
avant d'implanter la réforme, verra toutefois à faire valider son
projet par les tribunaux compétents. Il veut éviter ainsi de
plonger inconsidérément le système scolaire dans des
modifications majeures qui risqueraient par la suite d'être
annulées par les tribunaux.
Soucieux de préserver le rôle important des. valeurs
religieuses et morales dans la formation de la jeunesse
québécoise et voulant agir en ces matières en
conformité avec la volonté des parents, le gouvernement a
apporté aux règlements des comités confessionnels
concernant la confessionnalité des écoles et l'enseignement moral
et religieux d'importantes modifications dont la plupart entreront en vigueur
dès le début de la prochaine année scolaire,
c'est-à-dire à compter du 1er juillet 1988. Ces modifications
visent à assurer une révision périodique du vécu
confessionnel de l'école et une meilleure qualification des enseignants
chargés de l'enseignement moral et religieux confessionnel. Elles visent
à introduire à la fois une plus grande liberté et
une plus haute mesure de vérité dans l'aménagement
des structures scolaires sous l'angle confessionnel. Le gouvernement a
également inscrit dans le projet de loi 107 de nombreuses dispositions
visant à garantir le droit des élèves à des
services d'enseignement moral et religieux et d'animation pastorale conformes
aux valeurs de leurs parents.
En 1987-1988, le gouvernement, suivant le rythme modifié qu'il
approuvait en 1985, a poursuivi l'implantation du plan de développement
de la micro-informatique scolaire. Une somme de 5 000 000 $ a été
consacrée à l'achat d'appareils spécialisés dans le
secteur de la formation professionnelle. Une autre somme de 3 500 000 $ a
été consacrée à l'acquisition d'appareils en
formation générale. Pour l'année 1987-1988, le
ministère de l'Éducation disposait en outre d'un budget de
fonctionnement de 4 500 000 $ destiné à assurer la poursuite des
initiatives instituées au cours des années
précédentes. En cours d'année, des ressources
financières additionnelles de 2 000 000 $ ont été obtenues
pour l'implantation de centres d'enrichissement en microinformatique
scolaire.
À l'aide des crédits de 7 100 000 $ qui lui ont
été accordés au titre du budget de fonctionnement pour la
micro-informatique, le ministère mettra l'accent en 1988-1989 sur les
objectifs suivants: perfectionnement du personnel enseignant, production,
évaluation et achat de logiciels, expérimentation et innovation
pédagogique, centres d'enrichissement en micro-informatique scolaire.
Dans chaque région du Québec et, éventuellement, dans
chaque commission scolaire, le ministère veut implanter des centres
d'excellence en micro-informatique où l'on pourra trouver en
quantité suffisante des ressources de qualité, tant au point de
vue humain qu'au point des vues des équipements. Aux trois centres
pilotes déjà créés en 1987-1988 viendront
s'ajouter, en 1988-1989, au moins 18 centres régionaux et locaux.
Les services de garde en milieu scolaire occupent une place grandissante
dans la gamme des services éducatifs offerts par l'école moderne.
Ces services répondent aux besoins nouveaux des familles. De 1984-1985
à 1987-1988, le nombre d'écoles dotées de services de
garde a augmenté de 299 à 484. Le nombre d'élèves
inscrits à ces garderies est passé pendant la même
période de 14 195 à 30 500. Les budgets consacrés aux
garderies scolaires sont passés de 2 071 770 $ en 1984-1985 à 3
917 800 $ en 1987-1988. En 1988-1989, des crédits additionnels de 2 000
000 $ permettront d'accroître sensiblement le nombre de places
disponibles dans les garderies scolaires.
La présence des communautés culturelles dans le
système d'enseignement revêt de plus en plus d'importance. Ce
phénomène se manifeste surtout dans la région de
Montréal, où s'établissent plus de 80 % des immigrants qui
élisent domicile au Québec. À la Commission des
écoles catholiques de Montréal, par exemple, les
élèves allophones représentent désormais 37 % de la
clientèle totale de cette commission scolaire la plus importante au
Québec. Dans certaines écoles, les élèves
allophones représentent désormais une forte majorité des
effectifs étudiants. Aux nombreux défis proprement
pédagogiques que pose cette situation nouvelle viennent s'ajouter des
difficultés additionnelles découlant du fait que dans plusieurs
quartiers la présence d'une forte population allophone coïncide
avec un indice élevé de défavorisation
socio-économique.
À l'intention des milieux allophones, le ministère de
l'Éducation a maintenu en 1987-1988 son programme de classes d'accueil.
La clientèle des classes d'accueil a connu une progression importante au
cours de la dernière année. Les effectifs inscrits dans les
classes d'accueil étaient de 4700 élèves en septembre
1987, alors que la moyennes des inscriptions au cours des dix années
précédentes se situait entre 3200 et 3500. L'augmentation
provient surtout de l'accroissement du nombre d'immigrants et de
réfugiés, lequel a beaucoup augmenté depuis deux ans et
est destiné à augmenter de nouveau l'an prochain. On peut augurer
en conséquence que le nombre d'inscriptions dans les classes d'accueil
continuera de progresser. Je suis heureux de signaler que des instruments
pédagogiques adaptés au besoin de ces classes d'accueil ont
été mis au point par le ministère. Nous disposons
désormais de programmes et de guides destinés à faciliter
le travail dans les classes d'accueil. Les programmes et les guides maintenant
disponibles portent sur l'apprentissage du français, les
éléments fondamentaux des mathématiques, les arts,
l'éducation physique, l'intégration à la
société québécoise et l'éducation
interculturelle. Il manque cependant encore du matériel de base pour les
élèves: vu la clientèle peu nombreuse qui serait atteinte
par de telles publications, les éditeurs ne se montrent guère
empressés.
Aux commissions scolaires plus directement affectées par
l'augmentation des effectifs allophones, soit la CECM et la CEPGM, le
ministère a versé, au titre de ces clientèles, des
subventions d'appoint de 1 300 000 $ et de 300 000 $ respectivement en
1987-1988. Une somme additionnelle de 300 000 $ a en outre été
attribuée au Conseil scolaire de l'île de Montréal pour
être répartie entre les autres commissions scolaires de
l'île. Pour l'année 1988-1989, une somme totale de 2 000 000 $
sera versée aux commissions scolaires de l'île de Montréal
au titre des clientèles allophones. Dès que le ministère
disposera de ressources suffisantes, il entend définir une politique qui
permettra d'étendre aussi à d'autres commissions scolaires
concernées par ce problème les mesures d'appoint au titre des
clientèles allophones.
Lors de la création du ministère de l'Éducation, en
1964, le législateur a sagement tenu à entourer le ministre de
l'Éducation de corps consultatifs chargés de l'aviser sur
diverses
matières reliées à son mandat. Ces corps
consultatifs sont le Conseil supérieur de l'éducation, ses deux
comités confessionnels et ses commissions sectorielles, et la Commission
consultative de l'enseignement privé. Le principal de ces organismes est
le Conseil supérieur de l'éducation dont le champ
d'intérêt embrasse tout le monde de l'éducation, même
si, en pratique, ses interventions portent surtout sur l'enseignement primaire
et secondaire. Au cours de 1987-1988, le conseil supérieur a produit,
à l'intention du gouvernement, de nombreux avis empreints de
réalisme, d'équilibre et de générosité.
Refusant de céder aux modes du jour, s'appuyant toujours sur une
documentation largement diversifiée, oeuvrant dans une atmosphère
de grande liberté, formé de membres venus d'horizons très
divers, le conseil supérieur est intervenu sur des sujets aussi
variés que le nouveau régime de formation professionnelle,
l'éducation préscolaire, le perfectionnement de la main-d'oeuvre,
la qualité du français à l'école, les défis
éducatifs de la pluralité, l'enseignement et la recherche en
sciences sociales et humaines. Pour une seule année de travail,
voilà un bilan fort impressionnant! Pendant toute l'année, le
conseil supérieur a entretenu avec le ministre et ses collaborateurs des
rapports empreints de collaboration et de respect réciproque.
Les deux comités confessionnels du conseil supérieur ont
également connu, en 1987-1988, une année très active.
Cette année a été marquée par l'adoption de
nouveaux règlements gouvernementaux sur la confessionnalité
scolaire et sur les qualifications devant être exigées des
enseignants chargés de l'enseignement moral et religieux confessionnel.
Les comités confessionnels ont en outre continué d'assurer la
vérification, sous l'angle moral et religieux, des projets de manuels
soumis à l'approbation du ministre.
La Commission consultative de l'enseignement privé est
appelée, pour sa part, à connaître un nouveau départ
en 1988-1989. Désormais munie de son propre secrétariat,
disposant d'un modeste budget pour ses travaux de recherche, formée
presque entièrement de membres nouveaux, dirigée par un nouveau
président, M. Paul-Aimé Paiement, dont les états de
service dans le monde de l'éducation sont largement connus dans tout le
Québec. La commission, avec l'accord du ministre, envisage
d'élargir son champ d'intérêt en 1988-1989. En plus de
continuer, comme le requiert la Loi sur l'enseignement privé à
émettre des avis sur les demandes de permis ou de statut
subventionné soumises à l'examen du ministre, la commission
entend aussi se prononcer sur des questions plus larges concernant
l'enseignement privé et ses rapports avec le monde de l'éducation
en général. Je me félicite des rapports actifs et
productifs qu'entretiennent avec mes collaborateurs et moi-même les
comités consultatifs chargés par la loi de me conseiller. Ces
organismes accomplissent un travail digne et compétent qui leur vaut
d'agir d'une manière influente sur le processus de préparation et
de vérification des politiques gouvernementales.
En matière de relations du travail, l'année 1987-1988
commençait par la signature formelle des ententes conclues en
décembre 1986 avec les syndicats de salariés oeuvrant dans le
secteur scolaire, en particulier avec les syndicats d'enseignants. Ces
négociations conclues dans un esprit constructif et respectueux de
chacune des parties ont permis de retrouver un climat de collaboration
nécessaire à la bonne marche des écoles.
En 1987-1988, les conventions collectives ont permis d'ajouter quelque
350 enseignants au système, soit 200 enseignants au secteur
général secondaire, 100 enseignants pour les trois programmes de
commerce et de secrétariat et 50 postes pour les élèves
déficients mentaux profonds. Les mesures prévues dans la
convention collective entraîneront, en 1988-1989, l'injection de 20 500
000 $ dans l'enseignement primaire et secondaire public.
L'année 1987-1988 a aussi permis que s'amorce le travail des huit
nouveaux comités paritaires prévus à la convention
collective des enseignants. Un comité paritaire national sur les mesures
de résorption s'est employé à mettre sur pied des mesures
spéciales visant à résoudre en particulier les
problèmes des professeurs mis en disponibilité au secteur
professionnel et chez les généralistes du secteur anglophone. Le
comité a accordé 259 primes de séparation à 100 %
et approuvé 111 projets de recyclage de courte ou de longue
durée. Le comité disposait d'un budget supplémentaire de 5
300 000 $. En 1988-1989, ce budget s'élèvera à 4 700 000
$, en plus d'un montant de 58 000 000 $ affecté à l'ensemble des
mesures de sécurité d'emploi prévue à la convention
collective des enseignants. (11 heures)
Le comité chargé de la répartition des 200 postes
additionnels au secteur général et le comité sur les
cheminements particuliers ont terminé leurs travaux. Le comité
sur la formation professionnelle est associé aux principales
étapes de l'implantation de la nouvelle politique et formule les
recommendations qu'il juge nécessaire. Le comité sur la
rémunération des enseignants complétera ses travaux en
1988. Les comités relatifs aux élèves en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage à l'éducation des adultes et aux
milieux pluri-ethniques socio-économiquement faibles poursuivent leurs
travaux à un rythme un peu plus lent. Toutefois, le rythme des travaux
permet d'anticiper que, dans l'ensemble, la plupart des comités auront
rempli leur mandat d'ici à la reprise de la prochaine ronde de
négociations.
La situation au chapitre des mises en disponibilité s'est
grandement améliorée ces dernières années. On
dénombrait, en juin 1984, 2167 professeurs en disponibilité. Le
nombre des enseignants en disponibilité ne s'élève plus en
mars 1988 qu'à 1509. Le 30 juin 1987, on retrou-
vait très peu de mises en disponibilité chez les
professeurs du secteur général francophone, soit seulement 246.
Les disponibles se concentrent surtout dans le secteur anglophone où on
en retrouvait 532 et dans le secteur professionnel où on en retrouvait
712. En ce qui concerne plus particulièrement les enseignants du secteur
professionnel en disponibilité, leur nombre est passé de 1480, le
1er juillet 1987, à 797 le 30 septembre de la même
année.
J'en viens maintenant à des considérations plus
générales sur l'ensemble des crédits budgétaires du
ministère. Pour saisir la portée des données concernant
les ressources à l'Éducation, il importe de rappeler la courbe
qu'a suivie le Québec depuis quinze ans l'évolution des
dépenses publiques consacrées à l'enseignement primaire et
secondaire. Ainsi que le souligne la brochure "Indicateurs 1988", les
dépenses des commissions scolaires par élève
étaient moins élevées au Québec qu'en Ontario en
1972-1973. Tandis qu'en Ontario, les commissions scolaires dépensaient
894 $, le Québec dépensait 854 $ par élève, soit 50
$ de moins. À compter de 1976-1977 - je n'ai pas besoin de
préciser - on assista à un renversement de la tendance, si bien
qu'en 1981-1982 les dépenses par élève des commissions
scolaires atteignaient au Québec la somme de 3563 $ par an, tandis qu'en
Ontario elles étaient de 2813 $ par an, soit un coût
supérieur de plus de 25% par élève au Québec.
L'explication du phénomène découle des politiques
différentes suivies dans les deux provinces. Les diminutions d'effectifs
scolaires se produisirent surtout dans chacune des deux provinces pendant les
années 1970. Tandis que l'Ontario commençait dès cette
époque à ajuster ses dépenses en fonction de cette
nouvelle réalité, le Québec, obéissant à des
contraintes et à des rigidités de toutes sortes, voyait ses
dépenses par élève continuer à augmenter. À
partir de 1982-1983, un effort de redressement fut entrepris dans les
circonstances dramatiques dont on se souvient qui entraînèrent une
ponction de 20 % rétroactive sur les salaires des employés des
secteurs public et parapublic et l'imposition de décrets en lieu et
place de conventions collectives.
Pendant les années suivantes, l'effort de redressement s'est
poursuivi, quoique dans une atmosphère toute différente. Pour
l'année 1986-1987, l'écart entre les dépenses des
commissions scolaires parallèles n'était plus que de 33 % entre
le Québec et l'Ontario, c'est-à-dire qu'il était
passé de 25 % en 1981-1982 à moins de 1 % en 1986-1987.
Même à son niveau de 1987, l'écart est cependant plus
significatif qu'il ne le semble à première vue. Il doit, en
effet, être compris à la lumière de l'écart de
richesse qui favorise nettement l'Ontario. Étant donné sa
richesse inférieure d'environ 15 % à celle de l'Ontario, le
Québec, à dépenses égales, consacre ainsi un effort
plus lourd que l'Ontario à l'enseignement primaire et secondaire.
Un autre facteur a influencé la politique gouvernementale ces
dernières années. Il fallait ramener les dépenses
publiques en général à un niveau davantage compatible avec
les ressources de la population québécoise et davantage
comparable aux normes canadiennes. Pour cela, il fallait réduire le
niveau des dépenses publiques, car elles avaient atteint un sommet
dangereusement supérieur aux moyennes canadiennes, tout comme
l'endettement, lequel découle fatalement des excès de
dépenses autant, dans la vie publique que dans la vie privée.
Pour produire des fruits, l'effort du gouvernement devait logiquement impliquer
tous les secteurs d'activité où l'on trouvait des niveaux de
dépenses supérieurs aux moyennes canadiennes. Étant
donné sa situation par rapport à l'Ontario, le secteur de
l'éducation ne pouvait éviter d'être mis à
contribution. De là ont découlé les mesures de compression
qui ont lourdement affecté les budgets de l'enseignement primaire et
secondaire au cours des dernières années.
Sous l'effet des mesures d'austérité instituées par
le gouvernement, la situation des finances publiques s'est déjà
sensiblement améliorée. Le niveau des déficits de
fonctionnement et de l'endettement est loin, cependant, d'avoir atteint un
seuil satisfaisant. Aussi le gouvernement, pour une troisième
année consécutive, a-t-il décidé d'imposer en
1988-1989 certaines compressions qui s'appliquent à l'ensemble de
l'administration gouvernementale et paragouvernementale, sauf à certains
secteurs qui ont été l'objet d'un traitement d'exception en
raison de leurs besoins jugés particulièrement aigus et
urgents.
Lors de la préparation des crédits en vue de l'exercice
1988-1989, il a été jugé que le ministère de
l'Éducation devait assumer de nouveau cette année sa juste part
des compressions. Les compressions assumées par le ministère de
l'Éducation s'établissent ainsi: non-indexation des
dépenses autres que les salaires, c'est-à-dire des
dépenses d'achat de biens et de services, 12 600 000 $ - c'est dans tout
le système, y compris l'administration du ministère et les
organismes subventionnés, en particulier les commissions scolaires -
compression de 1, 5 % sur la masse des personnels autres que syndiqués,
11 200 000 $; baisse des effectifs du ministère, 700 000 $; total, 24
500 000 $. De ce total, 19 700 000 $ sont assumés par les réseaux
d'enseignement et le reste, par le ministère.
En contrepartie, diverses mesures, provenant les unes des dispositions
des conventions collectives, les autres d'ajustements mécaniques aux
règles budgétaires, les autres de demandes additionnelles de
crédits acceptées par le gouvernement, apporteront en 1988-1989
des ajouts de crédits de 30 100 000 $ ainsi répartis: plan
d'action sur le français, 3 000 000 $; services de garde en milieu
scolaire, 2 000 000 $; microinformatique, 2 400 000 $; OVEP, 1 000 000 $;
conventions collectives, 20 500 000 $; ajustements mécaniques aux
règles budgétaires,
1 200 000 $, pour un total de 30 100 000 $. Au total, les crédits
de l'exercice 1988-1989 se soldent ainsi par un ajout net de ressources de 5
600 000 $.
À la suite des compressions des dernières années,
la part des dépenses gouvernementales attribuée à
l'enseignement primaire et secondaire a inévitablement connu une
diminution appréciable. De 19 % en 1980-1981, elle est passée
à 16,4 % en 1988-1989. Ce résultat s'explique en bonne partie par
l'effet à retardement des mesures d'ajustement qui eussent dû
être prises plus tôt, mais qui ne furent vraiment mises en oeuvre
qu'à compter de 1982-1983.
Pour apprécier la portée de ces chiffres, il faut situer
les données québécoises en égard des données
embrassant l'ensemble du Canada. La brochure "Indicateurs 1988" montre que le
Québec, par delà l'effet des compressions des dernières
années, consacrait, en 1986, 5,4 % de son produit intérieur brut
aux dépenses de l'enseignement primaire et secondaire, tandis que les
dépenses du même secteur absorbaient dans le reste du Canada
seulement 4,4 % du PIB. L'écart entre le Québec et le Canada
avait atteint, en 1981, un niveau de 1,8 point. Il n'est plus désormais
que de 1,0 point. En dollars, cet écart signifie néanmoins, pour
1986, des coûts supérieurs relatifs, compte tenu de l'indice de
richesse pour le Québec, d'environ 1 000 000 000 $ par année, par
rapport au reste du Canada. Ces coûts seraient plus élevés
si les calculs devaient tenir compte de la durée plus longue de
l'enseignement primaire et secondaire dans les autres provinces
canadiennes.
Au cours des dernières années, le secteur de
l'enseignement primaire et secondaire a ainsi assumé sa lourde part de
l'effort de rationalisation qu'avait décidé de s'imposer le
gouvernement. À la lumière de ces faits, il convient de rendre un
hommage particulier aux commissions scolaires, lesquelles ont su, malgré
tout, améliorer la santé de leurs finances. Suivant les derniers
relevés du ministère de l'Éducation, les commissions
scolaires affichaient, au 30 juin 1987, un surplus cumulatif de plus de 150 000
000 $, lequel inclut un surplus d'exercice d'environ 30 000 000 $
réalisé en 1986-1987, nonobstant le régime
d'austérité sévère auquel elles ont
été acculées ces dernières années. Cette
situation témoigne que, tout en continuant d'offrir des services de
qualité à leurs clientèles et tout en s'engageant
résolument à un effort de poursuite de l'excellence
proposé par le gouvernement et demandé par la population, les
commissions scolaires ont participé de manière substantielle,
à leur niveau propre, à l'effort de rationalisation que devait
s'imposer toute la société québécoise pour devenir
de plus en plus compétitive. Le Québec ne saurait toutefois
continuer longtemps d'évoluer dans la voie empruntée ces
dernières années sans risquer de mettre en danger la
qualité des services qu'il doit offrir à sa population en
matière d'éduca- tion. Déjà, certains secteurs
névralgiques, comme celui de l'enfance en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage, se ressentent sévèrement de la trop faible
augmentation des budgets qui leur a été attribuée au cours
des dernières années. De même, le parc scolaire
québécois, nos immeubles scolaires, nos équipements en
matière scolaire, enregistrent un vieillissement et des carences
inquiétantes, surtout par suite des négligences des années
précédentes.
Le moment approche où il faudra donner un vigoureux coup de
barre, afin d'assurer que le système d'enseignement du Québec
reste à la hauteur du défi très exigeant que lui pose la
perspective d'un avenir où il n'y aura de chance de survie et
d'épanouissement pour les peuples et les individus que s'ils sont munis
à tout point de vue d'un équipement intellectuel et professionnel
à toute épreuve. Je me réjouis, à cet égard,
des propos récents du président du Conseil du trésor qui,
lors du dévoilement des crédits budgétaires pour
l'année 1988-1989, indiquait que la période des compressions et
des mesures d'austérité touchait à sa fin. Merci.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre.
Je reconnais maintenant la porte-parole de l'Opposition pour
l'éducation, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
L'étude des crédits du ministère de
l'Éducation nous fournit l'occasion d'examiner et de commenter les
politiques du gouvernement dans ce secteur crucial de notre vie collective,
aussi bien sur le plan des ressources qui y sont consacrées que des
divers dossiers ou questions en rapport a l'organisation, au fonctionnement et
aux orientations de notre système éducatif. J'ai donc
l'intention, M. le Président, de prendre quelques minutes, à
l'ouverture de cette commission parlementaire, pour aborder un certain nombre
de dossiers qui m'apparaissent particulièrement importants, en plus de
tracer un portrait des politiques budgétaires de ce gouvernement en
matière d'éducation.
Les crédits alloués au ministère de
l'Éducation pour 1988-1989 s'élèvent à quelque 5
189 000 000 $, ce qui représente une augmentation de 4,5 % par rapport
aux dépenses probables de 1987-1988. En dollars constants, il ne s'agit
cependant que d'une croissance de 0,4 %. De plus, celle-ci demeure
inférieure de 1 % à la croissance générale des
dépenses du gouvernement, qui se chiffre, on le sait, à 5,5 %.
Par rapport à l'ensemble de celle-ci, la part des dépenses du
ministère de l'Éducation diminue donc cette année pour
représenter 16,4 %. Quand à la part des dépenses du MEQ
dans le produit intérieur brut, elle ne s'élève plus
qu'à 3,7 %, en comparaison de 4,2 % en 1985-1986 et à un
sommet de 5 %, rappelons-le, en 1981-1982. Soulignons également
que les dépenses par élève au secteur public, en dollars
constants, ont accusé un recul depuis trois ans, passant de 2385 $
à 2353 $, c'est-à-dire une diminution de 32 $ par
élève. (11 h 15)
Que peut-on conclure de ces différentes données, un peu
comme le faisait tout à l'heure le ministre de l'Éducation en
disant qu'on ne pouvait plus poursuivre sur cette voie sans menacer la
qualité et le développement de l'éducation au
Québec? Ce qu'on peut conclure, c'est que l'éducation ne
constitue pas une priorité pour le gouvernement libéral. Son
importance relative par rapport à l'ensemble des activités de
l'État ne s'est même pas maintenue. Lors de la dernière
campagne électorale, le Parti libéral, par la voie du
député d'Argenteuil, n'en finissait plus de critiques dramatiques
touchant les compressions pratiquées par le gouvernement
précédent, compressions, rappelons-le, dictées par une
crise économique sans précédent. Et ce même
député, actuellement ministre, s'engageait à accorder a
l'éducation une place de premier plan parmi les priorités
gouvernementales des prochaines années. On est amené à
penser qu'il ne faisait pas le poids auprès du président du
Conseil du trésor. Force nous est de conclure qu'il s'agissait de mots
creux et que les actes n'ont pas suivi les paroles.
En effet, pour une troisième année d'affilée, trois
sur trois, le gouvernement pratique des compressions substantielles dans le
budget du ministère de l'Éducation. Probablement pour se laisser
une marge de manoeuvre pour en ajouter à l'occasion de l'année
où il se produira des élections générales. En
effet, elles totalisent, en 1988-1989, 25 000 000 $ - et, donc, plus de 32 000
000 $ en année scolaire - que sont très loin de compenser les 8
500 000 $ au titre des activités prioritaires du ministre. En fait, ce
que le ministre fait, c'est une ponction de près de 32 000 000 $. Il
dit: Généreusement on vous en retourne 8 000 000 $, selon des
activités qu'il estime être prioritaires. Sur trois ans, le niveau
de compression s'établit à quelque 82 000 000 $ et ce, alors que,
selon le président du Conseil du trésor et le ministre des
Finances, le Québec connaît une prétendue période de
vaches grasses.
Chaque année, depuis trois ans, le ministre de
l'Éducation, le grand défenseur de l'éducation du temps de
l'Opposition, qui dénonçait avec une violence et une certaine
démagogie les compressions budgétaires, vient confier à
cette commission, l'âme en peine, se réjouissant enfin que le
président du Conseil du trésor entende raison, le coeur en
bandoulière, qu'il regrette de procéder à des compressions
et que des jours meilleurs s'en viennent. Mais cela ne semble pas
ébranler le président du Conseil du trésor, à tout
le moins pas pour cette année. On aurait pourtant pu s'attendre que le
système d'éducation bénéficie de la conjoncture
économique favorable que nous connaissons présentement. Les
besoins à satisfaire demeurent pourtant criants, les nouveaux
défis à relever exigeants, que ce soit sur le plan de
l'alphabétisation, des clientèles pluriethniques, des milieux
défavorisés, des équipements comme du perfectionnement des
enseignants. Tout cela devra encore attendre.
Si l'on considère plus particulièrement l'enseignement
primaire et secondaire public, l'augmentation des crédits est de 4,3 %
et s'explique essentiellement par l'effet de l'augmentation des traitements. Le
réseau public subit 75 % des compressions du ministère, soit 18
800 000 $ en année budgétaire, compressions qui découlent
de la diminution de 1,5 % de la masse salariale du personnel non enseignant et
de la non-indexation des autres dépenses. Sur trois ans, le
réseau public aura subi plus de 65 000 000 $ de compression.
C'est particulièrement intéressant de comparer la
situation qui prévaut dans les réseaux public et privé. De
1985-1986 à 1988-1989, les sommes consacrées à
l'enseignement primaire et secondaire public ont connu une croissance de 12,9
%, à peu près équivalente à l'inflation, dans un
contexte de stabilité des clientèles. Pendant cette même
période, le budget du secteur privé augmentait de 25,4 %, soit
à un rythme proportionnellement deux fois plus rapide que dans le
public. Si l'on exclut les établissements privés faisant l'objet
d'une entente internationale et dont les fonds ont été
transférés cette année, du ministère des Relations
internationales à celui de l'Éducation, les subventions au
secteur privé, en année scolaire, auront bondi, en trois ans, de
près de 40 000 000 $, soit 21 %, depuis l'arrivée des
libéraux au pouvoir. On n'a pas à chercher longtemps pour savoir
où se trouvent les priorités du ministre de l'Éducation:
du côté des écoles privées qui, on le sait,
rejoignent une clientèle plus favorisée. En effet, on ne retrouve
pas dans les écoles privées les clientèles du ministre
Paradis.
Seulement pour cette année la croissance des crédits au
privé se chiffre à 7,2 %, comparativement à 4,3 % au
public. Celle-ci découle d'une augmentation des clientèles et
témoigne éloquemment du parti pris résolument
affiché par ce gouvernement à l'endroit de l'enseignement
privé. En tenant compte des décisions récemment
annoncées par le ministre, la levée du moratoire a
signifié jusqu'à maintenant l'octroi de nouveaux statuts
subventionnés à quatorze établissements privés,
dont sept nouvelles écoles, et l'amélioration du financement de
douze autres. Seulement pour 1988-1989, cela représente un ajout de 2
200 000 $ et la création de 850 nouvelles places. À la
lumière de ces chiffres, comment le ministre peut-il prétendre
qu'un tel développement demeure compatible avec la priorité qu'il
prétend accorder à l'enseignement public? Comment
prétendre valoriser le système public, alors que les ressources
de ce réseau stagnent et que le développement se fait dans le
privé? Cela
prend une bonne dose de cynisme pour essayer de nous faire croire que
l'enseignement public est pour lui digne d'encouragement, est pour lui une
priorité.
En soustrayant l'augmentation découlant de l'indexation des
traitements et des dépenses, c'est au moins 15 000 000 $ d'argent neuf
qui a été consacré à l'expansion du secteur
privé depuis trois ans plutôt qu'à la satisfaction des
besoins des clientèles du système public. Les principaux
intervenants de celui-ci ont raison d'être inquiets et de plus en plus
d'une telle tendance. On peut se demander jusqu'où ira une telle
expansion lorsque l'on considère que la proportion des
élèves du secondaire inscrits dans les écoles
privées atteint les 18 %. Sur le territoire de la commission scolaire
Les Découvreurs, c'est plus de 25 % des élèves du
secondaire qui sont inscrits au privé. La situation est semblable dans
la région de Sherbrooke et dans certaines commissions scolaires de
l'île de Montréal.
Si la tendance se poursuit, c'est plus de 20 % des élèves
du secondaire qui seront au privé, avec une variation importante selon
les milieux socio-économiques, car il y a gros à parier que,
toute proportion gardée, on retrouve moins d'enfants des quartiers de
Saint-Henri et de Limoilou au privé que ceux issus de Sainte-Foy,
Sillery ou de Westmount.
Pourquoi retrouve-t-on moins d'enfants des milieux
défavorisés dans les écoles privées? Un observateur
non informé pourrait penser que les milieux défavorisés
sont moins intéressés à envoyer leurs enfants dans les
écoles privées, et ce, en dépit de l'intérêt
que le ministre accorde à ces écoles. Mais détrompez-vous,
n'entre pas à l'école privée qui veut. Voyons le profil de
ces élèves. Ils ont de bonnes capacités intellectuelles
et, s'ils entrent au secondaire, c'est avec un bon dossier scolaire. Ils ont un
comportement jugé normal. Les perturbateurs, les asociaux, les enfants
souffrant de troubles de comportement, les socio-affectifs ne se retrouvent pas
dans les écoles privées. Ces enfants ont des parents qui
encouragent leurs études et qui sont soucieux de leur réussite,
des parents qui estiment avoir plus de chance de succès dans les
écoles privées et en cela le message du ministre est clair
puisque c'est là qu'il investit. Et l'ingrédient ultime: ces
enfants ont des parents qui ont l'argent, c'est-à-dire les moyens
financiers, la clé pour ouvrir les écoles privées. En
fait, ces élèves qui se retrouvent dans les écoles
privées réunissent les qualités qui font les bons sujets
dans toutes les écoles, c'est-à-dire pas exclusivement en raison
de leurs qualités intellectuelles ou de leur capacité
intellectuelle, mais surtout par l'encouragement et l'encadrement qu'ils
reçoivent dans leur milieu.
L'école publique se retrouve ainsi privée
d'éléments dynamiques qui donnent du souffle à
l'enseignement, des élèves motivés et des parents qui
s'intéressent à l'éducation et qui sont prêts et
capables d'y investir temps et argent. Si ces mêmes énergies
étaient investies dans les écoles publiques, on assisterait
à des changements remarquables. Le développement de
l'école privée, alors que les clientèles stagnent, c'est
une saignée qui vient anémier l'école publique, qui menace
son développement et qui compromet son avenir. La clientèle des
écoles publiques s'alourdit, 12,5 % d'enfants souffrant de troubles de
comportement, socio-affectifs ou mésadaptés. Dans de telles
conditions, il est pour le moins odieux de faire des comparaisons entre le
public et le privé. Je dis donc: Si la tendance continue et se
maintient, si la croissance du privé se poursuit, on se retrouvera, au
public, particulièrement au niveau secondaire, avec des
élèves financièrement démunis et, comme le milieu
économique a des effets sur le développement intellectuel, des
enfants intellectuellement plus défavorisés, donc, des
écoles pour favoriser, des écoles pour défavoriser. Les
chances de réussite dans les écoles publiques s'amenuiseront et
viendront donner raison à leurs détracteurs. Le ministre aura
réussi le clivage des classes, clivage rejeté par le rapport
Parent comme par l'ensemble de la population québécoise. Ajoutons
à ce portrait la création ou le retour, pour l'enseignement
professionnel, aux écoles de métiers, où l'on retrouvera
fatalement des jeunes et des adultes issus des milieux
défavorisés. Le portrait est complet, les classes sociales bien
démarquées, chacun a sa place. Le Québec cassé en
deux, quoi: des pauvres de plus en plus pauvres, avec de moins en moins de
moyens pour s'en sortir, des favorisés de plus en plus favorisés
et dont on accroît les privilèges. Je reviendrai plus loin sur
toute cette question de la réforme de l'enseignement professionnel.
Par ailleurs, nous attendons toujours, de la part du ministre, les
critères délimitant l'ouverture de nouvelles écoles
privées, la politique d'ensemble devant présider à
l'expansion de ce secteur qui, au Québec, faut-il le rappeler, recueille
près de 80 % des fonds publics alloués aux écoles
privées dans l'ensemble du Canada. Il faut peut-être se rappeler
que l'argument qui est souvent utilisé pour maintenir et
développer le secteur public, c'est que le secteur privé
constitue en quelque sorte un secteur témoin qui viendrait stimuler le
secteur public. Il faudrait peut-être savoir que, comme ces 80 % des
subventions accordées au secteur public viennent du Québec, au
Canada, et que le secteur privé subventionné est pour ainsi dire
inexistant ailleurs au Canada, cela veut donc dire, si on reprend ces
conclusions, que le secteur public serait absolument nul dans le reste du
Canada et non performant, ou "contre performant", ce qui n'est vraiment pas le
cas.
Par ailleurs, un tout autre domaine où s'affiche tout
particulièrement la propension au paternalisme et à
l'élitisme de l'actuel ministre de l'Éducation, c'est celui des
dérogations à l'âge d'admission à l'école.
Après avoir accordé de
telles dérogations à 150 enfants l'automne dernier, sur la
base de critères de son propre crû, notamment la
précocité, il a décidé, pour septembre prochain,
d'officialiser ces trois nouveaux critères par le biais d'une nouvelle
directive adressée aux commissions scolaires. Celles-ci doivent, en
principe, procéder à un premier examen des demandes et formuler
des recommandations à la direction régionale du ministère,
qui transmet ensuite le dossier au ministre qui, nous dit-on, les étudie
un à un avant de donner son "imprimatur". L'application de deux de ces
critères, soit le préjudice pouvant découler du
développement précoce de l'enfant ou d'une situation sociale ou
familiale particulière, est soumise à une expertise
professionnelle.
J'ai déjà eu l'occasion de condamner
sévèrement la voie dans laquelle s'engage le ministre, compte
tenu des inéquités que, forcément, elle engendre.
Certaines commissions scolaires, divers intervenants, comme l'Association des
cadres scolaires, les professionnels des commissions scolaires et même la
Corporation des psychologues ont vivement critiqué cette nouvelle
politique de dérogation et les conditions dans lesquelles elle s'exerce.
(11 h 30)
II y a d'abord la pertinence même d'un critère comme celui
de la précocité. On pourrait, en effet, se demander si le
soi-disant préjudice occasionné par le délai dans la
fréquentation scolaire n'est pas plus grand pour l'élève
moins stimulé par son milieu que pour le "précoce". Encore plus
fondamentalement, c'est l'application même des principes qui pose
problème. La très grande majorité des commissions
scolaires ont clairement indiqué qu'elles n'entendaient pas effectuer
les expertises nécessaires, préférant consacrer les
ressources professionnelles existantes aux clientèles déjà
en place. Le ministre, pour sa part, ne leur accorde pas de ressources
supplémentaires pour ce faire. Ceci signifie que les parents devront
avoir recours à des professionnels de pratique privée, à
un coût pouvant atteindre quelque 400 $. Ceci n'est pas à la
portée de toutes les bourses, comme le soulignait fort justement la
Corporation des psychologues, sans compter les dangers d'expertises
complaisantes.
Dans un tel contexte, de qui proviendront les demandes de
dérogation? De parents qui sont informés, d'abord - on n'a
d'ailleurs pas vu beaucoup de commissions scolaires ni le ministère
faire de la publicité à ce sujet, informer les parents - de
parents, par ailleurs, qui auront aussi les moyens de payer l'expertise
Élitisme et paternalisme, car l'accès à l'éducation
qui constituait jusqu'à maintenant un droit devient un privilège.
Et c'est inacceptable.
Qui plus est, le ministre tente de cette façon de faire oublier
sa promesse électorale à l'effet de reporter au 31
décembre la date servant à fixer l'âge
d'admissibilité à l'école. Il essaie de gagner du temps,
mais en attendant il érige un système de privilèges qui
vient favoriser les mieux informés, les mieux nantis
financièrement. Car il ne suffit pas que l'enfant soit
intellectuellement précoce, encore faudra-t-il que ses parents puissent
acquitter les frais d'une expertise professionnelle.
Le paternalisme du ministre se révèle aussi dans le
dossier de l'accès à l'école anglaise. On se rappellera
que, au moment de l'adoption de la loi amnistiant les élèves
fréquentant illégalement l'école anglaise, le ministre
avait amendé la loi 101 afin de donner le pouvoir d'y admettre
exceptionnellement des enfants en vertu d'une "situation grave d'ordre familial
ou humanitaire". Usant de ce pouvoir discrétionnaire, il a
octroyé, l'automne dernier, 25 dérogations (je pense qu'il nous a
dit 27 tout à l'heure), en fait tous les cas qui lui avaient
été référés par la Commission d'appel de la
langue d'enseignement et ce, sur la base de motifs discutables et pouvant
créer de dangereux précédents. On n'a qu'à penser
à ce que certains ont qualifié de clause "ma tante".
Mais cela ne suffisait pas au ministre qui, par le biais d'une
opération de réorganisation de la gestion de
l'admissibilité à l'enseignement en anglais, a
procédé à l'établissement d'un contrôle
politique sur ce processus de nature administrative. Les personnes
désignées dans chacune des régions afin de vérifier
l'admissibilité des enfants à l'école anglaise et de
statuer à ce sujet qui, jusque-là, rendaient leurs
décisions de façon autonome relèvent dorénavant
d'un comité de coordination où s'étend, comme on le sait,
le bras politique du ministre. Il se donne ainsi un droit de regard et la
possibilité d'intervenir directement en matière
d'admissibilité à l'école anglaise. Ce comité de
coordination s'est également vu confier la tâche d'effectuer la
révision du guide d'application des dispositions législatives et
réglementaires de la loi 101 en matière de langue d'enseignement.
Connaissant l'inclination du ministre dont tous les gestes posés depuis
deux ans ont concouru à faciliter l'accès à l'école
anglaise, il y a de quoi s'inquiéter des visées et du
résultat d'une telle révision.
Le ministre nous dira, bien sûr, être uniquement
motivé par un souci d'humanité. Cette attitude peut
paraître dangereuse et à double titre. D'abord, comme le
soulignait fort justement une observatrice avisée, par cette manie du
cas par cas, le ministre brosse ainsi un bien singulier tableau de la vie et
des rouages de l'État: la loi est rigide, mais le ministre est souple.
"Les officiers à l'admissibilité apparaissent comme de petits
juges tatillons qui imposent aux immigrants l'école française,
comme une sorte de punition, le ministre comme juge de dernière
instance, bon prince, bon père de famille, qui gracie in extremis les
condamnés". Plus pernicieux encore, c'est le message envoyé aux
allophones lorsqu'il leur signifie qu'être humain c'est bien sûr
les soustraire aux griffes de la Charte de la langue française pour leur
ouvrir les portes de l'école anglaise. Bien
curieuse façon d'oeuvrer à l'intégration des
immigrants à la communauté francophone. Être humain, ne
serait-ce pas plutôt favoriser leur intégration à cette
majorité plutôt qu'à la minorité et d'y consacrer
les ressources nécessaires?
Pour faire avaler tout cela, le ministre y va de statistiques sur la
fréquentation des deux réseaux d'enseignement. En dépit
d'une application plus humaine de la loi 101, nous dit-il, on retrouve à
l'école française plus de 60 % des élèves de langue
maternelle autre que le français. Nous constatons pour notre part
qu'après dix ans d'application de la loi 101 il y a encore plus du tiers
des allophones inscrits à l'école anglaise. Compte tenu de la
fragilité de notre situation linguistique et démographique, c'est
beaucoup trop. Le processus doit se poursuivre sans hésitation ou
compromission. Par un raisonnement pour le moins douteux, le ministre nous dit:
C'est extraordinaire, 89 % des effectifs scolaires sont présentement
inscrits au secteur français, alors qu'il n'y a que 84 % de francophones
au Québec. On pourrait lui répondre que le secteur anglais compte
11 % des élèves alors que la population anglophone, elle, n'est
que de 7 % ou 8 %. Cela illustre qu'en matière de langue d'enseignement
comme dans les autres domaines le gouvernement ne fait pas preuve de la
fermeté nécessaire. La francisation des nouveaux arrivants comme
des allophones déjà installés chez nous exige une
volonté politique nette qui n'a pas peur de s'affirmer. Leur
intégration au Québec francophone pose un défi constant et
même d'une ampleur croissante compte tenu de la conjoncture
démo-linguistique.
Le réseau scolaire compte environ 7 % ou 8 % de jeunes allophones
dont près de 80 % sur l'île de Montréal seulement. Il
constitue le quart des effectifs scolaires à Montréal et
près du tiers de la clientèle de la Commission des écoles
catholiques de Montréal, aussi bien que de la Commission des
écoles protestantes du grand Montréal. D'ici quelques
années, compte tenu du fait que la quasi-totalité des nouveaux
arrivants s'installent à Montréal et que leur croissance
démographique est supérieure à la nôtre, on
prévoit à la CECM une clientèle à 50 % non
francophone d'origine. Déjà, les cas se comptent par dizaines
d'écoles où les élèves sont à plus de 70 %
ou 80 % allophones.
Cette nouvelle conjoncture pose des défis de taille sur le plan
de la francisation, bien sûr, sur le plan aussi de la cohabitation dans
la meilleure harmonie possible des différentes communautés. Nous
sommes témoins depuis quelque temps d'incidents violents,
d'affrontements à caractère ethnique ou racial dans des
écoles de la région montréalaise. Il ne s'agit pas de
dramatiser une situation qui n'a pas de commune mesure avec ce qui se vit dans
d'autres sociétés occidentales, mais il ne faut pas non plus se
fermer les yeux sur les manifestations de xénophobie, les comportements
racistes qui peuvent à l'occasion se manifester au sein des diverses
composantes de la société québécoise, chez les
francophones comme chez les autres. Nos jeunes de diverses origines doivent
apprendre à s'apprivoiser, à s'apprécier et à
respecter leurs différences. Cela doit se faire dans une langue commune,
le français. L'école fournit un terrain de premier plan à
cet égard, mais encore faut-il fournir les conditions propices et leur
en donner les moyens.
Force est pourtant de constater que ce gouvernement abdique ses
responsabilités dans un domaine aussi crucial. On ne constate aucune
initiative nouvelle. Certaines commissions scolaires font beaucoup, mais elles
ont besoin d'être mieux soutenues. Par exemple, la période de dix
mois passés en classes d'accueil est nettement insuffisante pour
certains enfants pour qui l'apprentissage du français pose des
difficultés particulières. Nous aurions pu nous attendre que le
gouvernement y consacre des crédits additionnels de façon que
cette période puisse être prolongée comme le recommandait
le Conseil de la langue française en avril 1987. Nous ne les voyons pas.
L'animation et l'éducation interculturelle nécessiteraient aussi
qu'on y accorde une attention plus soutenue. Les écoles, notamment
à Montréal, auraient besoin davantage de ressources pour faire
face adéquatement aux exigences de la pluriethnicité sur le plan
de la francisation et de l'intégration, et non pas de coupures de postes
et de budgets.
Qui plus est, par certaines de ses politiques, le gouvernement compromet
dangereusement la réussite de cet important processus. J'ai
abordé tantôt la question de l'accès à
l'école anglaise. Il y a aussi son attentisme en matière de
déconfes-sionnalisation et de restructuration scolaire. Après
avoir refusé de porter en appel le jugement Brossard et ainsi fait
perdre trois ans, le ministre nous déposait en décembre dernier
un projet de refonte de la Loi sur l'instruction publique. Sans commenter ici
en détail ce projet, ce que nous aurons l'occasion de faire lors de la
consultation générale en commission parlementaire prochainement,
je ne peux m'empêcher de souligner que la démarche
privilégiée par le ministre reporte encore d'au moins quatre ans
la création de commissions scolaires linguistiques et ce, si les cours
lui donnent raison.
De plus, sur le territoire de l'île de Montréal où
l'existence de structures confessionnelles n'a plus de rapport avec la
réalité d'une société indiscutablement pluraliste,
le projet du ministre n'apporte pas de réelle solution. D'une part, il
maintient les commissions scolaires confessionnelles protégées en
vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique dans leurs territoires
actuels. D'autre part, il entend vérifier devant les tribunaux si le
Québec aurait le pouvoir d'en modifier les limites et de venir y
superposer des commissions scolaires linguistiques. Il est cependant loin
d'être évident qu'il a l'intention de le faire. S'il
s'avérait qu'il en ait l'intention, le
pouvoir et la volonté, cela créerait des
difficultés considérables, des problèmes complexes
d'organisation. On se retrouverait avec quatre commissions scolaires ayant
juridiction sur un même territoire, les parents pouvant envoyer leurs
enfants dans trois de celles-ci, et avec au moins une dizaine d'écoles
de type différent, compte tenu des variables linguistiques et
confessionnelles. Sans parler de l'imbroglio qui en découlerait au
niveau des élections scolaires, du partage des équipements, de la
taxation et j'en passe.
La seule véritable solution, nous l'avons souvent
répété, réside dans l'abrogation ou la modification
de l'article 93 de 1867, incorporé à factuelle constitution
canadienne lors du coup de force de 1982, ce même article que le
gouvernement libéral n'a pas daigné inclure lors des
dernières négociations constitutionnelles. Il n'est même
pas sûr qu'il en sera question lors de l'éventuelle et
deuxième ronde de négociations, les autres provinces ayant
d'autres priorités. Il est impératif que soit levé tout
obstacle à l'exercice par le Québec de sa compétence
pleine et entière en matière d'éducation, qu'il s'agisse
des structures scolaires aussi bien que de la langue d'enseignement. L'actuel
gouvernement ne partage cependant pas cette orientation, avec les
conséquences que l'on connaît.
Le corollaire de son immobilisme, c'est le gonflement au sein des
commissions scolaires protestantes d'un secteur français. Il nous
apprenait tout à l'heure qu'il s'inquiétait de la situation
prévalant dans le Nord-Ouest québécois. C'est rassurant de
voir qu'après deux ans et demi il commence à s'intéresser
à ce dossier. Il faut savoir que les commissions scolaires qui comptent
au total 8 % des inscriptions accueillent présentement près du
quart des allophones qui se répartissent à peu près
également dans les secteurs anglais et français. Les
écoles franco-protestantes qui, selon de nombreuses indications, ne
constituent pas le milieu le plus propice à la francisation des jeunes
allophones en regroupent présentement 7000. Sans parler des griefs
répétés des parents dont les enfants fréquentent ce
secteur, notamment à Montréal, quant à la qualité
des services obtenus: écoles surpeuplées, bibliothèques
déficientes, personnel de direction encore largement anglophone. Le
ministre est visiblement peu empressé de remédier à ces
difficultés, à ce qui apparaît à certains
égards comme de la discrimination, trop occupé qu'il est à
examiner cas par cas les nombreuses demandes de dérogation en
matière d'âge et d'admission ou d'accès à
l'école anglaise. (11 h 45)
Abordons maintenant l'important dossier de la réforme de
l'enseignement au secondaire. Après plusieurs années de
consultations et de discussions, l'actuel ministre de l'Éducation
soumettait à l'automne 1986 son plan d'action dans ce secteur, plan qui
avait été dans l'ensemble, faut-il le dire, bien accueilli par
les intervenants. Un an et demi plus tard, nous constatons que l'implantation
de cette réforme suscite de nombreuses critiques. Elle a d'ailleurs
déjà subi des modifications importantes par rapport aux
intentions initiales.
En janvier dernier, le ministre faisait amender le règlement sur
le régime pédagogique afin d'introduire un nouveau programme de
formation de courte durée, à caractère spécifique
et pratique, d'un niveau inférieur à celui requis pour les
filières de formation professionnelle, formations sanctionnées
par une "attestation de capacité". Par la même occasion, les
programmes de certification d'études professionnelles, dont la mise en
application est prévue pour septembre prochain, se voyaient
délester des cours de formation générale pour ne garder
que les cours de formation professionnelle. La durée minimale des
certificats d'études professionnelles se trouve ramenée de 900
à 450 heures, de sorte qu'ils pourront être dispensés en un
an plutôt que deux. Cet allégement des programmes de certificats
d'études professionnelles au détriment de la formation
générale et en faveur d'une économie, faut-il le dire, a
été dénoncé par divers intervenants qui ont vu un
net pas en arrière. Ceci se justifie en effet difficilement dans un
contexte où l'importance d'une solide formation de base est largement
reconnue et de plus en plus recherchée et ce, par les employeurs
eux-mêmes. Le Conseil supérieur de l'éducation a vu dans la
suppression du volet de formation générale une perte sèche
et recommandait d'établir un double seuil d'admissibilité. Le
conseil a bien souligné dans son avis l'importance de poursuivre les
grands objectifs d'accès du plus grand nombre de jeunes et d'adultes
à une formation de base riche et variée. Amputé des cours
de formation générale, le certificat d'études
professionnelles ferme la voie à la formation continue, car le
diplômé n'aura pas les préalables qui lui permettraient de
passer à un niveau d'enseignement supérieur.
Une telle mesure ne peut aussi qu'accentuer la dévalorisation de
cette filière écourtée de formation professionnelle. Les
tiraillements auxquels a donné lieu l'opération de classification
des métiers entre le diplôme et le certificat d'études
professionnelles en témoignent éloquem-ment. Parmi les
intervenants, les enseignants, personne ne voulait voir son métier
classé comme CEP, rejeté parce qu'associé à
l'ancien professionnel court qui, on le sait, avait une réputation
plutôt dévalorisante. Le ministre a néanmoins
décidé d'aller de l'avant en classant 36 métiers dans la
filière menant au CEP, y compris des programmes qui avaient
déjà été partiellement implantés comme DEP.
Reste à espérer qu'il acceptera dans quelques dossiers de
reconsidérer sa décision.
Toute cette démarche d'allégement du Certificat
d'études professionnelles, les assouplissements introduits au chapitre
du calendrier scolaire, vise en fait essentiellement à faciliter
l'harmonisation entre les dispositifs de formation destinés aux
jeunes et aux adultes. Il faut bien comprendre qu'harmonisation signifie
intégration des clientèles. Sous prétexte d'assurer le
maintien d'un plus grand nombre d'options, tout est fait pour encourager le
regroupement dans les mêmes classes de jeunes et d'adultes. Ce qui
était considéré jusqu'ici comme une mesure exceptionnelle
semble devenir le modèle autour duquel le ministère entend axer
le développement de la formation professionnelle.
On doit s'interroger. L'élargissement de cette pratique
vise-t-elle à assurer une meilleure formation? On en doute. Il viserait
davantage à faire des économies en faisant assumer certains frais
administratifs par le biais des cours subventionnés qui, on le sait,
sont payés par le fédéral. Un tel processus suscite aussi
de sévères réserves, car les économies
réalisées se font, encore une fois, sur le dos des
clientèles les plus fragiles, les étudiants adultes et les
jeunes.
Ces clientèles jeunes adultes ont des besoins spécifiques
auxquels les dispositifs de formation doivent apporter des réponses
adaptées sur le plan des contenus aussi bien que sur le plan des
méthodes pédagogiques. On se rappellera que le rapport de la
commission d'étude sur la formation des adultes insistait tout
particulièrement sur la spécificité de l'éducation
des adultes. Devant un principe qui s'inspire de la constitution de groupes
distincts pour les jeunes et les adultes, certains intervenants, notamment les
syndicats d'enseignants, ont demandé un moratoire sur la fusion des
clientèles. Ils réclament, avant d'aller plus avant dans cette
voie, une évaluation rigoureuse de la quelque demi-douzaine
d'expériences d'intégration présentement en cours,
d'autant plus que tout ce processus d'intégration va de pair avec la
création, dans diverses commissions scolaires de centres
spécialisés de formation professionnelle, consacrant le retour en
douce aux anciennes écoles de métiers et au clivage social qui
s'ensuit. Sous couvert de la spécificité de la formation
professionnelle, sous couvert de rationalisation, on assiste ainsi à
l'amorce d'un changement profond dans l'organisation même du
système d'enseignement: d'un côté, les élèves
jeunes en formation générale, de l'autre, regroupés dans
des centres spécialisés et séparés, les jeunes et
les adultes en formation professionnelle. Ce mouvement se produit et s'accentue
sans qu'il y ait de véritable débat public.
La question de l'intégration jeunes-adultes n'est pas la seule
à créer des appréhensions du côté des
politiques gouvernementales en éducation des adultes. Si l'on examine
d'abord les crédits qui y sont alloués pour 1988-1989, nous
constatons une augmentation apparente de 13,5 % par rapport à 1987-1988.
Mais, si l'on considère plutôt les subventions allouées
pour l'enseignement aux adultes en année scolaire, nous assistons
à une baisse substantielle de 16 %, puisqu'elle chute de 170 500 000 $
en 1987-1988 à 147 400 000 $ en 1988-1989. Celle-ci s'explique par une
diminution de 6 300 000 $ pour le soutien à la formation sur mesure et
aux achats directs dans le cadre de l'accord Canada-Québec sur lequel
nous aurons l'occasion de revenir, et surtout par une réduction
anticipée du volume d'activités pour 20 500 000 $.
En guise d'explication nous pouvons lire dans le cahier des
crédits des phrases comme: "Une identification plus précise des
clientèles pouvant faire l'objet d'un financement est toutefois
prévue", ou encore: "Ces modifications aux règles
budgétaires ont pour effet de réajuster le financement de la
formation des adultes en privilégiant la clientèle cible
visée par la politique d'ouverture des adultes à la formation de
base." Veut-on signifier par là que cette politique d'ouverture a connu
trop de succès, des débordements imprévus? Chose certaine,
la préoccupation centrale du gouvernement réside maintenant dans
le contrôle des clientèles adultes. Nous nous interrogeons quant
aux objectifs réels poursuivis quant à la rationalisation des
coûts de l'éducation des adultes. Nous craignons que les mesures
de contrôle des clientèles viennent en fait compromettre les
principes de gratuité et d'accessibilité pour les adultes,
principes, faut-il le rappeler, défendus avec vigueur par l'actuel
ministre de l'Éducation, alors qu'il était critique au dossier de
l'éducation.
L'inquiétude est d'autant plus justifiée que le projet de
loi 107, déposé par le ministre de l'Éducation, un ardent
défenseur, le champion de l'éducation des adultes pendant de
nombreuses années, comporte des brèches importantes sur le plan
de la gratuité des services éducatifs pour les adultes. Encore un
domaine où les actes n'auront pas suivi les paroles, comme nous aurons
l'occasion de le démontrer lors de la commission parlementaire. Mais
c'est d'autant plus grave dans un domaine comme l'éducation des adultes
où les intervenants s'attendaient à beaucoup mieux et beaucoup
plus de la part de l'actuel ministre, d'un ex-président de l'Institut
canadien d'éducation des adultes.
Cette déception est particulièrement vive dans les milieux
de l'éducation populaire. Le ministre viendra se bomber le torse en
invoquant le million de dollars ajouté cette année à
l'enveloppe des organismes volontaires d'éducation populaire. Il s'agit,
faut-il le rappeler, d'une première hausse depuis trois ans. Depuis
l'arrivée des libéraux au pouvoir, les OVEP ont connu une
croissance nulle de leur budget, compte tenu de l'inflation. De plus, on nous
annonce une compression de quelque 400 000 $, soit 20 % des fonds
alloués aux commissions scolaires pour les services d'accueil et de
référence. Investissement dans le privé,
désinvestissement dans le public, plus particulièrement en
éducation des adultes.
Pour en revenir aux OVEP, nous savons que le comité de
révision du programme d'aide a remis son rapport au ministre en
décembre dernier. Il comporte de nombreuses recommanda-
tions propres à assurer le développement rigoureux de
l'éducation populaire autonome, notamment de lever le moratoire sur
l'accréditation et le financement de nouveaux organismes, de porter le
budget alloué à l'éducation populaire autonome à
1,5 % du budget total du MEQ d'ici quelques années, d'accorder des
budgets de fonctionnement aux structures de représentation. Le ministre,
jusqu'à aujourd'hui, s'est contenté de réserver un accueil
poli au rapport et, jusqu'à ce matin n'a pris aucun engagement
concret.
Le ministre a par ailleurs laissé entendre qu'il y aura l'an
prochain de nouvelles accréditations, attendues par environ 500
organismes. Compte tenu de la faiblesse des moyens supplémentaires
investis au niveau des OVEP, on peut craindre les conditions dans lesquelles
s'effectueront la levée du moratoire et la sélection des projets.
Les organismes ont de bonnes raisons d'être inquiets, si l'on
considère la façon dont s'est effectuée la
sélection au cours des dernières années: des centaines
d'activités ont été jugées inadmissibles, dont
plusieurs activités traditionnellement financées au cours des
dernières années. Fait étonnant, concours de
circonstances, plusieurs activités jugées inadmissibles visaient
l'information: le journal, le bulletin, l'animation, les colloques, les
débats ou rencontres, la concertation, il s'agissait de tables
sectorielles ou de tables régionales. On isole les groupes. On
désorganise et on minimise ainsi les risques de protestation ou de
contestation structurées. Plusieurs activités jusqu'alors
subventionnées sont aujourd'hui jugées inadmissibles, et les
cotes allouées à plusieurs organismes ont aussi diminué
sans raison apparente. La sévérité du processus a
été telle que le ministère a dû mettre en place une
dizaine de mesures de transition et d'ajustement, ce qui n'a pas
empêché le programme de connaître un important
résiduel - fait étonnant, compte tenu de l'ampleur des besoins et
des demandes - pour finalement déboucher sur un mécanisme de
révision qui a produit ce résultat dans des délais
considérables. Tout ceci pour dire que l'insatisfaction gronde dans les
milieux de l'éducation populaire qui attendent toujours une
reconnaissance réelle de la part de ce gouvernement qui leur avait
pourtant promis beaucoup. Beaucoup de promesses, peu de concret. (12
heures)
Voici donc un rapide tour d'horizon des quelques dossiers qui retiennent
l'attention de l'Opposition. Il s'en dégage quelques conclusions.
D'abord, que sur le plan budgétaire l'éducation ne constitue pas
une priorité pour le gouvernement libéral. Pour une
troisième année d'affilée le ministère subit
d'importantes compressions et ses crédits augmentent à un rythme
moindre que l'ensemble des dépenses gouvernementales. Pendant que le
secteur public, dont les besoins sont pourtant criants, est en proie à
la stagnation, le secteur privé connaît une importante progression
en termes à la fois de budget et de clientèle, progression que le
ministre n'a pas l'intention d'enrayer, bien au contraire. Cette tendance
à l'élitisme du ministre ne s'arrête pas aux
investissements massifs dans un secteur qui recrute la majeure partie de sa
clientèle dans les milieux les plus favorisés. Elle s'incarne
aussi dans la multiplication des dérogations à l'âge
d'admission sous motif de précocité, ou encore dans le retour aux
anciennes écoles de métiers encouragé par les politiques
gouvernementales en matière de formation professionnelle.
Par ailleurs, la gestion de l'éducation, sous la houlette du
ministre, se caractérise de plus par un paternalisme avoué. Les
manifestations en sont éloquentes. Songeons aux dérogations
à l'âge d'admission ou pour l'accès à l'école
anglaise. Mais, pendant que sa manie du cas par cas l'emporte, d'importants
dossiers sont carrément négligés par le ministre. Pensons
seulement aux besoins des milieux défavorisés, à la
francisation et à l'intégration des clientèles
plurieth-niques, à l'éducation des adultes où l'on semble
vouloir compromettre une accessibilité fraîchement acquise alors
que le Québec compte toujours plus de 300 000 analphabètes.
En somme, les visées élitistes et le paternalisme du
ministre traduisent un déplacement des priorités qui ne va pas
sans soulever des inquiétudes quant à l'avenir de notre
système d'éducation.
Le Président (M. Audet): Merci, Mme la
députée.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques avant de procéder a
l'étude des programmes? Cela va? M. le ministre, est-ce que cela va? On
peut procéder?
D'abord, à la demande de quelques-uns des membres de la
commission, je vous rappelle les règles qui régissent
l'étude des crédits. Chaque membre a un temps de parole de 20
minutes pour chaque élément d'un programme. Toutefois, la
tradition veut que la majorité du temps soit réservée au
porte-parole de l'Opposition, ce qui n'empêche pas, par exemple, les
membres ministériels de poser des questions. Je vous rappelle aussi, M.
le ministre, que, si les gens qui vous accompagnent fournissent des
réponses, c'est sur votre enveloppe de temps, soit 20 minutes.
Alors, avant de procéder à l'étude des programmes,
j'aimerais, M. le ministre, si vous le permettez, que vous nous
présentiez les gens qui vous accompagnent, pour le Journal des
débats. Si, toutefois, ces gens-là ont à prendre la
parole, j'apprécierais qu'ils se présentent d'abord.
M. Ryan: M. le Président, je vous remercie. À ma
gauche, il y a le sous-ministre de l'Éducation, M. Thomas Boudreau;
à la gauche de M. Boudreau, il y a M. Robert Trempe, sous-ministre
adjoint de l'Education, en charge de l'administration et de la planification;
à ma droite, il y a M. Jean-Claude Rondeau, sous-ministre adjoint
à
la direction des réseaux; et, derrière nous, plusieurs
cadres du ministère de l'Éducation nous accompagnent
également. Je vais en nommer un en particulier, M. Jean-Claude Cadieux,
sous-ministre à l'Éducation, au développement et à
la planification pédagogique.
Le Président (M. Audet): Merci. J'appelle le programme 1,
Administration.
M. Ryan: M. le Président, si vous voulez m'excuser,
j'allais commettre quelques oublis que je voudrais réparer tout de
suite.
Le Président (M. Audet): Allez-y.
M. Ryan: En plus des personnes que j'ai nommées,
m'accompagnent également ce matin M. Jean-Guy Gagnon, sous-ministre
adjoint à la direction des ressources humaines, M. Michel Stein,
sous-ministre associé de foi catholique et Mme Ann Schlutz,
sous-ministre associée de foi protestante.
Le Président (M. Audet): Merci. Alors, le programme 1,
Administration. Est-ce que vous préférez procéder par
élément ou poser des questions d'ordre général?
C'est à votre discrétion, madame.
Mme Blackburn: II est de coutume qu'il y ait des remarques
générales sur l'état du budget et ensuite par
programme.
Le Président (M. Audet): Allez-y, vous avez la parole.
Discussion générale
Mme Blackburn: En fait, j'aurais eu quelques questions plus d'un
ordre général. C'était dans cette perspective que je
voulais faire les prochaines interventions. Cela convient-il?
Le Président (M. Audet): Avant de procéder à
l'étude du programme 1?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Audet): D'accord, allez-y.
Mme Blackburn: En fait, si on résume le budget du
ministère de l'Éducation pour 1988-1989, ce budget totalise 5 186
000 000 $, soit une augmentation de 223 000 000 $ ou 4, 5 % par rapport aux
dépenses probables de 1987-1988. En dollars constants, il s'agit en fait
d'une augmentation de 6, 4 %. La croissance générale des
dépenses du gouvernement, quant à elle, cette année est de
5, 5 %, donc, une croissance plus lente pour le MEQ, c'est-à-dire 1 % de
moins.
Cette augmentation des crédits est le résultat de
l'indexation, plus particulièrement des traitements, et de la croissance
des clientèles du réseau public, de la forte croissance des
crédits permanents pour le RREGOP et des mesures d'économie
budgétaire et des crédits additionnels pour certaines
activités prioritaires.
En fait, les compressions totalisent quelque 24 000 000 $. Et ces
compressions résultent essentiellement d'une compression de 1 500 000 $
à la masse des autres personnels, c'est-à-dire 1, 5 % de la masse
des autres personnels et de la non-indexation des autres coûts.
Il faudrait peut-être rappeler que les compressions
s'élevaient, l'an dernier, à 20 000 000 $, 20 900 000 $, et en
1986-1987, à 36 000 000 $, cela fait 45 000 000 $ sur deux ans et, avec
la compression de cette année, c'est 82 000 000 $ sur trois ans.
Les activités prioritaires, elles, reçoivent 8 000 000
$.
La part des dépenses du ministère par rapport aux
dépenses gouvernementales se chiffre à 16, 4 %, comparativement
à 16, 6 % en 1985-1986, et à 19, 8 % en 1981-1982.
La part des dépenses du ministère dans le produit
intérieur brut s'élève à 3, 7 % par rapport
à 3, 8 % en 1987-1988, 4 % en 1986-1987, 4, 2 % et un sommet de 5 %,
rappelons-le, en 1981-1982.
La tendance est à la baisse par rapport à l'importance
relative du budget du ministère de l'Éducation dans l'ensemble
des activités du gouvernement et par rapport au produit intérieur
brut.
Les dépenses par élève, par ailleurs, au public, et
en dollars constants sont de 2353 $ en 1988-1989, comparativement à 2385
$ en 1985-1986, c'est-à-dire une baisse de 1 % ou 32 $.
Comment le ministre - et là j'avais un certain nombre de
questions - peut-il expliquer des compressions de cette nature, qui viennent
affecter, je le rappelle, plus particulièrement le secteur public alors
que l'actuel gouvernement nous dit être en excellente santé
financière? Comment le ministre peut-il nous dire que l'éducation
est encore une priorité? Si l'éducation est encore une
priorité, il n'a pas réussi à en convaincre ses
collègues.
M. Ryan: M. le Président, il y aurait bien des choses
qu'il faudrait redresser dans les affirmations qu'a faites la
députée de Chicoutimi lors de son allocution liminaire. Nous
aurons l'occasion de reprendre ces sujets lors de l'examen de chacun des postes
qui sont inscrits au programme de nos débats d'aujourd'hui. Par
conséquent, je me dispense de toute réplique là-dessus,
dans le but de favoriser et d'entrer, par les députés, dans le
vif du sujet le plus vite possible.
La députée m'a adressé une remarque sur les
chiffres, de caractère plutôt générale. Je voudrais
faire quelques observations à ce sujet. Tout d'abord, je pense qu'il y a
un élément de la présentation que j'ai faite qui n'a pas
été saisi par la députée de Chicoutimi. Je ne lui
en veux pas parce qu'il y a certains souvenirs qui sont
difficiles à extirper de son esprit, étant donné le
parti auquel elle appartient; cela se comprend; je ne lui en veux pas. Mais
j'ai bien expliqué que, pendant que l'Ontario faisait son ajustement aux
nouvelles contraintes découlant à la fois de la baisse des
clientèles et du resserrement de l'économie, au moins cinq ans
avant le Québec, au Québec le gouvernement laissait les
dépenses continuer à monter et s'est réveillé tout
d'un coup avec la crise économique de 1980-1982. Il aurait voulu nous
faire croire que tout dépendait de cette crise-là, que tout
était causé par elle. Cela n'est pas vrai. Quand une crise
arrive, les gens prévoyants l'ont vue venir, l'ont
préparée, puis se sont arrangés pour être capables
de faire face aux difficultés. Mais vous avez été pris
comme la cigale dans la fable de La Fontaine: après avoir chanté
tout l'été, vous fûtes pris à l'automne par la
première tempête arrivée. C'est ce qui est arrivé.
C'est pour cela que le président du Conseil du trésor ne cesse de
répéter, et le ministre des Finances aussi, qu'il faut se
préparer pour des temps difficiles. Il est trop tard pour crier quand on
est rendu dedans. C'est ce que le gouvernement actuel est en train de faire. Il
est en train de remonter la force financière du gouvernement, de
manière que la prochaine crise on puisse la prendre un peu plus
humainement que vous ne l'avez fait en 1982-1983.
Vous avez dit justement: On a atteint un sommet en 1981-1982, 19, 8 %
des dépenses totales étaient consacrées à
l'éducation. Mais c'est justement le point qu'il fallait corriger. Si on
était encore à 19, 8 %, vous seriez justifié de me dire:
Vous n'avez rien fait. Imaginez qu'on aurait fait cela sur toute la ligne au
gouvernement, on serait rendu à un déficit de 4 000 000 000 $ et
plus aujourd'hui pour l'ensemble des finances publiques. On l'a ramené
en réalité à 2 000 000 000 $ cette année. Il
fallait bien que cela vienne de quelque part, ce redressement-là. Il ne
pouvait pas venir directement d'une autre planète. Je l'ai dit dans mon
allocution, il est venu des secteurs qui enregistraient un surplus par rapport
aux moyennes des dépenses en vigueur dans l'ensemble du Canada. C'est
une norme qui a été prise pour tout le gouvernement.
Là, nous sommes rendus à... Est-ce que c'est 16, 4 % ou
16, 6 % que vous avez dit tantôt pour l'année 1981-1982? Je pense
que c'est 16, 4 %. C'est un fait, c'est l'objectif que nous poursuivions. Je
serais malvenu de vous dire qu'on ne l'a pas atteint, c'est un objectif que
nous poursuivons, mais quand la députée infère que
l'éducation n'est pas une priorité du gouvernement, je pense
qu'elle trompe la population et qu'elle se trompe elle-même. Cela peut
très bien être une priorité du gouvernement sans qu'on
dépense l'argent inconsidérément. Trop souvent, les
observateurs jugent uniquement des priorités du gouvernement en comptant
dans la colonne des dollars ce qui est attribué. Il y a bien d'autres
choses que des dollars dans le leadership attendu du gouvernement et qui peut
être exercé par celui-ci. Nous croyons qu'un leadership beaucoup
plus créateur peut être exercé en mettant l'accent sur la
discipline et sur le souci que nous devons toujours avoir de ne pas être
hypothéqués plus lourdement que les autres si nous voulons
être capables de participer à la course avec eux. C'est toute
l'orientation du gouvernement qui est prise là-dedans. Je fais partie de
ce gouvernement. J'ai participé à la définition de ces
orientations et je suis assez fier des résultats que nous pouvons
montrer aujourd'hui à la population. C'est un premier point.
Autre point. La députée a parlé des compressions.
C'est évident qu'il y a des compressions. Nous ne cherchons point
à les cacher, nous les avons étalées dans toute leur
nudité. Nous eussions préféré qu'il n'y en
eût point, évidemment, mais encore une fois, quand nous
étions placés devant les chiffres que j'ai évoqués
dans ma présentation et que l'on me faisait part de la
responsabilité du ministère de l'Éducation dans l'ensemble
de l'appareil gouvernemental, je suis obligé d'avoir l'esprit
d'équipe et de voir les problèmes en pensant au bien
général du gouvernement. Et je voudrais signaler, parce que cela
ne semble pas avoir été compris clairement, qu'en même
temps qu'il y a des compressions il y a des injections de ressources nouvelles
dans le système. Les compressions sont de l'ordre de 24 500 000 $ et les
ressources nouvelles injectées dans le système, soit sous
l'empire des demandes additionnelles acceptées par le gouvernement, soit
sous l'empire des conventions collectives, soit sous l'empire d'ajustements
mécaniques aux règles budgétaires, sont de l'ordre de 30
100 000 $. Ce qui donne un surplus, comme la députée le
reconnaît - je pense qu'il n'y a pas de débat entre nous sur ce
chiffre-là - de ressources additionnelles nettes dans le système
de 5 600 000 $. On ne peut pas dire qu'il y a une diminution de ressources, ce
ne serait pas juste. On va à égalité de ressources,
à toutes fins utiles. On en convient, on n'essaie pas de tourner autour
du pot. (12 h 15)
Mais ce qui se produit finalement, c'est un déplacement de
ressources, c'est-à-dire que les ressources qui étaient
distribuées d'un côté, nous les affectons autrement. Je
vais vous donner un exemple qui est bien facile pour illustrer ce que nous
voulons dire. Pour le vieillissement des personnels dans les commissions
scolaires, nous donnons chaque année une allocation. Alors, le taux de
vieillissement était établi à un certain niveau. Nous
avons constaté par l'expérience qu'en réalité, pour
cette année et l'année prochaine, le taux sera moins
élevé qu'on ne l'avait pensé. Alors, l'allocation est
ajustée un peu. Il y a compression de ce côté-là et
économie de réalisée. Il n'y a de diminution d'argent pour
personne, parce qu'ils pourront faire face à
leurs obligations abondamment en matière de vieillissement,
excepté qu'on prenait le surplus et on l'affectait à autre chose.
Nous avons convenu, dans le contexte des conventions collectives, dans le
contexte des autres priorités gouvernementales, qu'il y avait un
déplacement de ressources. Ce sont, en fait, des déplacements de
ressources mineurs d'un secteur à l'autre du milieu de
l'éducation primaire et secondaire qui sont affectés. Il n'y a
pas de diminution nette de ressources. On maintient le niveau et il y a cette
légère augmentation dont nous avons parlé tantôt. Je
pense que c'est le portrait véritable de la situation. J'aimerais
beaucoup mieux que nous disposions de 100 000 000 $ de plus en argent neuf,
mais je fais partie du gouvernement qui veut donner au Québec des
finances publiques saines en même temps que des services de
qualité. Je prends mes responsabilités et je défends la
politique gouvernementale. Si je ne voulais point le faire, je n'aurais
qu'à démissionner du gouvernement, ce que je n'hésiterais
pas à faire si je désapprouvais la politique du gouvernement.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je ne voudrais pas
abonder dans le même sens que le discours du ministre et faire de la
démagogie, quand ce n'est pas une attitude carrément mesquine. Ce
que je voudrais simplement rappeler au ministre, c'est qu'il semble avoir aussi
la mémoire faible à certains égards. C'est le discours
qu'il tenait alors que la participation de l'État était plus
élevée en matière d'investissement en éducation. Il
tenait un discours complètement démagogique. Il dramatisait la
situation à un point tel qu'on aurait cru que les écoles
publiques auraient dû fermer leurs portes. Et il vient nous dire
aujourd'hui que c'est de la saine gestion alors qu'on se retrouve avec une
diminution dans les budgets de 82 000 000 $ sur trois ans sous la gouverne de
ce gouvernement. Il maintient que l'éducation est une priorité,
et j'ajoute que l'éducation est une priorité pour lui, alors
qu'il y a des compressions et alors que l'argent qu'il a, il est en train de le
détourner au service du public. L'actuel gouvernement, je pense qu'il
faut le dire, s'il est en train de redresser l'économie au
Québec, il le fait sur le dos des plus démunis.
Je vais rappeler quelque chose qui ne fera pas plaisir au ministre non
plus. La première décision de ce gouvernement en décembre
1985 a été de modifier la table d'impôt pour retourner 86
000 000 $ dans les poches de ceux qui font les plus hauts revenus au
Québec. C'est récurrent. Ce sont les priorités du
gouvernement actuel. On voit la politique de Paradis et ainsi de suite. Ce que
je trouve dramatique, c'est qu'on retrouve cela dans l'éducation. Je
dois le dire, probablement qu'on est toujours plus déçu lorsqu'on
a fait confiance à quelqu'un. J'avoue simplement, comme beaucoup de gens
dans la population, que je croyais que le ministre accorderait son discours et
le discours qu'il tenait à ses actions, qu'il accorderait son action
à son discours. Ce qu'on constate, c'est que ce n'est pas vrai, ce n'est
pas vrai. Il favorise des clientèles favorisées. Je pense
à l'éducation des adultes en particulier. Ce ne sont pas les
classes sociales les plus favorisées qu'on retrouve à
l'éducation des adultes. C'est traditionnellement, et on le
reconnaît, les classes les plus défavorisées. Non seulement
le gouvernement fait des choix et impose les compressions, mais le ministre
lui-même choisit d'investir au service et au bénéfice des
plus favorisés. C'est ce que je trouve déplorable.
Évidemment que ma déception est grande. Elle est comme la
plupart de ces gens qui faisaient confiance au ministre en disant: D'accord, on
connaît les attitudes de ce gouvernement. Le gouvernement libéral
a toujours servi une certaine clientèle, mais on en attendait plus du
député d'Argenteuil à cause du discours qu'il tenait.
C'est juste cela que je voulais dire ce matin. Ce que je trouve
déplorable, c'est que non seulement on impose des compressions à
son ministère, on s'y attendait, mais que les choix du ministre viennent
défavoriser les plus défavorisés. C'est cela que
j'essayais d'expliquer. Les quelques millions de dollars de plus, il les
accorde pour développer le secteur privé et il diminue les
budgets dans les services d'accueil et de référence à
l'éducation des adultes. Là, je pourrais multiplier les exemples,
qui s'en vont comme cela, sur lesquels je me questionne et le Québec se
questionne quant aux priorités du ministre. On ne parle pas du
gouvernement, on parle du ministre qui est au sein de ce gouvernement et les
décisions du ministre ne sont pas imposées par le
président du Conseil du trésor. A l'intérieur de son
enveloppe, elles lui appartiennent.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: J'arrive difficilement à comprendre, M. le
Président, que l'on ne puisse admettre que, dans un budget de plus de 5
000 000 000 $, il n'y ait pas matière à compressions chaque
année dans certains secteurs. Il n'y a pas une entreprise qui pourrait
survivre au test de la concurrence si elle n'accepte pas cette loi
élémentaire. Même un chef de famille sérieux va
tracer son budget à la fin de l'année, il va préparer son
année à venir. Il va dire: II faut qu'on coupe un peu, on a trop
dépensé sur le vêtement cette année, on a trop
dépensé ici, on va mettre un peu moins d'argent sur la voiture.
C'est une règle normale de gestion rationnelle. Alors, qu'on arrive et
qu'on retouche pour une valeur de 24 500 000 $ sur un budget de 5 000 000 000
$, je pense qu'il faut être joliment irréaliste ou ignorant de la
réalité pour s'en
formaliser. Je le dis avec toute la force dont je suis capable. Dans les
secteurs dont nous parlons, j'aimerais mieux qu'on en discute quand on passera
secteur par secteur. Cela permettrait une discussion beaucoup plus
fonctionnelle que ce genre de placardage qu'essaie de faire la
députée de Chicoutimi.
Prenons l'éducation des adultes. Où avez-vous pris vos
chiffres pour affirmer ce que vous affirmez? Les sommes que nous avons
dépensées pour l'éducation des adultes n'ont cessé
d'augmenter depuis trois ans. Comment pouvez-vous dire qu'elles ont
diminué? Elles ont augmenté, j'ai les chiffres devant moi. En
1984-1985, c'était 67 000 000 $. En 1985-1986, c'était 81 900 000
$. En 1986-1987, c'était 140 700 000 $. En 1987-1988, nous
prévoyons 146 400 000 $. Nous maintenons le même montant pour
1988-1989, mais l'augmentation a été tellement rapide, on a mis
une enveloppe ouverte.
Il s'est produit des secteurs de gonflement des dépenses dans
plusieurs endroits. On s'est dit: On va essayer de serrer les choses de
manière que les allocations budgétaires soient en
conformité avec les coûts réels. La députée
de Chicoutimi doit savoir qu'il y a des commissions scolaires qui se vantaient
de faire des surplus au chapitre de l'éducation des adultes. Quand on
déclare une clientèle, disons, à la fin de septembre, que
les élèves sont partis au mois d'octobre et que le gouvernement
continue de les payer jusqu'à la fin de l'année, est-ce que la
députée trouve que c'est une politique rationnelle? Pas moi.
Quand nous instituons des contrôles plus serrés afin que les
dépenses et les subventions soient accordées aux dépenses
réelles, je pense qu'on fait une oeuvre de santé publique. C'est
le genre de mesure qu'on prend pour rationaliser les choses.
Dans le secteur de l'enseignement privé, je vais faire une
précision tout de suite. Les compressions qui sont appliquées au
secteur public s'appliquent également au secteur privé. Toutes
les compressions dont j'ai parlé tantôt s'appliquent dans le
secteur privé. J'ai fait faire une étude, je voulais en avoir le
coeur net: le taux d'augmentation des dépenses par élève
dans le secteur public au cours des dernières années et dans le
secteur privé, c'est exactement le même pour des raisons
élémentaires, c'est qu'on applique les mêmes compressions
d'un côté et de l'autre et le barème des subventions est
établi en fonction d'un pourcentage X. On ne peut pas arriver autrement.
Et la légère augmentation qui arrive au titre de l'augmentation
des clientèles, là, elle nous est dictée par les besoins
de la population.
Nous, ce qui nous sépare du Parti québécois,
largement, c'est que nous ne voulons pas mettre tous les gens en
prématernelle. Nous voulons leur donner la chance de voler de leurs
propres ailes. Nous voulons tenir compte de leur volonté. En
matière d'inscription scolaire, la députée doit savoir
comme moi que la plupart des établissements . privés
subventionnés ont de longues listes d'attente. Ils sont obligés
d'en refuser, la grande majorité d'entre eux. Est-ce que nous leur avons
dit d'ouvrir leurs portes inconsidérément? Pas du tout. Nous leur
avons dit: II y aura un développement ordonné, mesuré et
limité. C'est ce qui se produit. Le développement que nous
faisons, j'ai fait effectuer des calculs également quant au coût
qui en découle pour le gouvernement et les calculs que nous faisons
établissent qu'en longue période il y a une économie pour
le gouvernement.
Si un parent met 1000 $ pour faire instruire son enfant et que le
gouvernement paie à rétablissement privé 60 % de ce qu'il
paierait à la commission scolaire, c'est évident que pour le
Trésor public, en fin de compte, il y a une économie. Entre les
deux, il va se produire le phénomène de certains enseignants mis
en disponibilité. Il y en a qui vont être engagés par
l'établissement privé. Il y a des jeunes qui restent à la
porte actuellement et qui sont engagés par des établissements
privés aussi. Tout compte fait, suivant les meilleurs calculs que nous
puissions faire, il y a une économie nette pour le gouvernement, cela va
coûter à peu près les deux tiers en longue période.
On ne peut pas dire qu'on dilapide les fonds publics. Quand la
députée veut faire croire qu'on favorise les riches, elle se
trompe et elle trompe la population. Ce n'est pas vrai. La clientèle des
établissements privés se compose en très grande
majorité d'enfants de foyers de petite classe moyenne, des gens
laborieux, industrieux, qui ne veulent pas prendre de risques avec la formation
de leurs enfants - on peut ne pas partager leur opinion - qui veulent leur
donner la meilleure chance possible d'un bon départ dans la vie et qui
décident de les inscrire à l'école privée pendant
quelques années, la très grande majorité au niveau de
l'école secondaire où avec les problèmes de l'adolescence
et tous les problèmes du passage à la maturité, il se
présente des difficultés et des défis particuliers.
Il y a un collège privé dans mon comté, le
Collège du Sacré-Coeur. J'en ai déjà parlé
ici. Je défie qui que ce soit de prouver que c'est un collège qui
est au service de la bourgeoisie et des possédants. La plupart des
collèges privés, au cas où la députée
l'ignorerait, se sont donné des fonds d'aide à des enfants de
foyers qui n'ont pas les mêmes ressources que d'autres, de manière
à rendre l'accès plus intéressant. Est-ce qu'on va les
blâmer de cela? Est-ce qu'on va commencer à les placarder en
public? Je ne pense pas que ce serait une attitude responsable.
Je donne ces explications. Encore une fois, les compressions, on peut
bien essayer de faire toutes les tempêtes qu'on voudra à ce
sujet-là, mais ce sont en réalité des déplacements
de ressources à l'intérieur du système. Il n'y a pas eu de
diminution. Que le gouvernement augmente un peu plus la part de certains
secteurs... Le
secteur qui a reçu le plus depuis deux ans, je pense que tout le
monde le connaît ici, c'est le secteur de la santé et des services
sociaux. Est-ce que je pourrais décemment élever une
protestation? Je n'en suis pas capable. Je connais, dans mon propre
comté, la situation de l'hôpital d'Argenteuil dont j'ai saisi
à maintes reprises la députée qui est ministre de la
Santé et des Services sociaux. Je connais les besoins que nous avons en
matière de ressources pour nos centres d'accueil étant
donné que la clientèle s'est alourdie énormément
depuis dix ans. La moyenne d'âge, autrefois, pouvait être de 72
ans, 74 ans; aujourd'hui elle est rendue à 82 ans, je pense. Il est
évident que les soins dont ils ont besoin sont très
différents. On injecte, cette année, 23 000 000 $ de ressources
additionnelles là-dedans. J'en suis fier, comme membre du gouvernement.
Mais est-ce que je vais me plaindre parce qu'on en donne un peu moins à
l'éducation qui a déjà une base solidement établie
par rapport au reste du Canada? Non. Je pense qu'il n'y a pas lieu... On peut
essayer de faire de la chicane, provoquer de la division à
l'intérieur du gouvernement, mais je n'embarque pas dans ce
jeu-là.
Je suis content que ce soit soulevé. J'apprécie que la
députée de Chicoutimi pose ces questions, M. le Président,
parce que cela nous amène à voir le fond des choses.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Mme la
députée, je vous rappelle qu'il reste une minute cinquante avant
l'ajournement des travaux.
Mme Blackburn: Bien, merci, M. le Président. Il y a une
contradiction dans le discours du ministre. Lui-même reconnaît,
dans son allocution de tout à l'heure, que le Québec ne saurait
toutefois continuer longtemps d'évoluer dans la voie empruntée
ces dernières années sans risquer de mettre en danger la
qualité des services qu'il doit offrir à sa population en
matière d'éducation. Je n'invente rien. Je ne fais que reprendre
le discours que le ministre tient exactement depuis trois ans. Nous sommes
à notre troisième année d'étude des crédits
et revoyez les textes antérieurs.
Donc, je dois conclure que ce seuil est dépassé. Je
n'invente rien. Cela fait trois ans qu'on entend la même chose: On ne
pourra pas continuer d'aller plus loin sans menacer la qualité de
l'éducation. Cela fait trois ans, et cela diminue tout le temps. Donc,
on doit conclure que nécessairement la qualité de
l'éducation finit par être affectée. Seconde remarque, M.
le Président: le ministre nous donne des chiffres. On reviendra sur
l'enseignement privé un peu plus longuement au moment où on
abordera le programme. Je voudrais savoir ce que cela veut dire lorsqu'il parle
de la composition socio-économique des élèves du
privé et je voudrais savoir combien d'élèves issus des
familles d'assis- tés sociaux se retrouvent dans les écoles
privées. Je voudrais voir cela.
Il nous parle d'un collège, je voudrais savoir sur l'ensemble du
territoire comment se répartissent les élèves, leur milieu
socio-économique. Je mets en doute l'affirmation qu'il nous fait, disant
qu'on fait des économies. Parce que dans les pays ou dans les provinces
où il n'y a pas de réseau privé subventionné, il y
a quand même des écoles privées, mais elles sont
entièrement aux frais des parents. Cela n'abolirait pas toutes les
écoles privées au Québec si on arrêtait de les
subventionner, sauf que les parents, eux, subventionneraient en
totalité, et c'est tout. Ce n'est pas vrai qu'il y aurait une
économie telle que le ministre le dit.
Alors, M. le Président, la minute est
écoulée...
Le Président (M. Audet): La conclusion ?
Mme Blackburn: ...et on abordera, si le ministre est prêt,
le programme 1 en après-midi.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, comme votre
question a plusieurs volets aussi, je crois que le ministre
préférera y répondre cet après-midi en début
des travaux, étant donné que nous devons suspendre.
Nous suspendons les travaux de la commission jusqu'après les
affaires courantes, jusqu'à 18 heures. Alors, après la
période des questions nous reprenons nos travaux.
Après les affaires courantes, jusqu'à 18 heures.
D'accord? Alors, bon appétit!
M. le ministre.
M. Ryan: Ce soir, quelle est la période que vous avez
prévue?
Le Président (M. Audet): De 20 heures à 23
heures.
D'accord?
Alors, la commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise à 15 h 24)
Le Président (M. Audet): La commission de
l'éducation reprend ses travaux.
Administration
À ce qu'il semble, nous serions prêts à
procéder à l'étude du programme I. Alors, je vais appeler
le programme I et je cède la parole à la critique de
l'Opposition, Mme la députée de Chicoutimi.
Âge d'admission à la maternelle et
à l'école primaire
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Au programme I, je
voudrais commencer par aborder toute la question de la dérogation
à l'âge d'admission. Je ne reprendrai pas, évidemment, ce
que j'ai dit ce matin dans le texte d'ouverture, mais il est peut-être
important de rappeler certains des éléments.
Au cours de la dernière année, le ministre a
accordé 153 dérogations: trois selon les critères
préétablis et 150 selon les nouveaux critères. Oui, c'est
153, trois pour la situation familiale particulière. En fait, au total,
il y en a beaucoup plus que cela.
Le ministre, en annonçant l'établissement des trois
nouveaux critères, a décidé d'impliquer les commissions
scolaires et les directions générales dans l'examen des dossiers.
Cependant, il y a un porte-parole du ministère de l'Éducation
qui, à une question des journalistes, disait: On s'attend, cette
année, à' recevoir beaucoup plus de demandes, mais on ne s'attend
pas à accepter plus de cas que l'an dernier.
Alors, moi, je me dis devant une telle situation. C'est quoi l'attitude
du gouvernement? Est-ce qu'il ouvre ou est-ce qu'il n'ouvre pas? Est-ce qu'il
tient compte de la précocité ou s'il ne tient pas compte de la
précocité? Sur quelle base est-ce qu'il va sélectionner?
L'enfant qui va passer les tests, qui va être reconnu comme étant
précoce selon les expertises professionnelles, en vertu de quels
critères le ministre pourra-t-il le refuser? Et s'il a admis, cette
année, 153 élèves, en fonction de ces nouveaux
critères-là, est-ce à dire que, s'il y en a 450, 500 ou 1
000, qui se qualifient, il en acceptera seulement 150?
Je voudrais entendre le ministre là-dessus.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je pense qu'il serait bon de rappeler le
contexte général dans lequel ce problème se pose. La
politique actuelle, définie dans le régime pédagogique,
prévoit qu'un enfant peut être admis à l'enseignement
préscolaire ou en première année du primaire, selon le
cas, s'il a atteint, le 30 septembre de l'année scolaire qui va
commencer à ce moment-là, l'âge de 5 ans ou de 6 ans.
Un mouvement d'opinion important demande depuis de nombreuses
années que cette date de naissance servant à déterminer
l'âge d'admission soit reportée, de manière à donner
plus de chance à un certain nombre d'enfants, en particulier à
des enfants nés entre le 1er octobre et le 31 décembre. On
pourrait jouer indéfiniment. Pourquoi pas le 31 janvier, pourquoi pas le
28 février, pourquoi pas l'autre année après? La raison
est bien simple; tout le monde est d'accord que, si l'admission à
l'école pouvait se faire à 5 ans plutôt qu'à 6 ans
en maternelle, ce serait infiniment préférable, car, quand un
enfant est obligé d'attendre un an, s'il a atteint l'âge de 5 ans
le 1er octobre, cela veut dire qu'à toutes fins utiles il entre en
maternelle à 6 ans, même s'il lui reste un mois à
faire.
Alors, notre politique et celle de toutes les personnes qui ont
examiné ce problème-là, c'est d'essayer de reporter la
date de naissance vers le milieu de l'année scolaire, de manière
que les avantages et les inconvénients soient à peu près
également répartis. C'est pour cela que, dans le programme du
Parti libéral, nous avions pris l'engagement de reporter progressivement
la date de naissance du 30 septembre au 31 décembre.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir - je l'ai expliqué
à bien des reprises - nous avons constaté que les contraintes
financières auxquelles nous faisions face étaient beaucoup plus
lourdes que nous ne l'avions pensé, que les engagements auxquels nous
devrions répondre en tant que gouvernement étaient beaucoup plus
exigeants que ne nous l'avaient révélé les états
financiers mis à jour jusque-là. Il a fallu différer la
mise en oeuvre de cet engagement qui reste à notre programme et qui a
été ratifié, d'ailleurs, encore au dernier congrès
d'orientation du Parti libéral tenu au mois de février de cette
année.
En attendant, les demandes parvenaient aux commissions scolaires, aux
directions régionales du ministère et à mon propre cabinet
en provenance de parents qui nous soumettaient des cas très difficiles.
Là, j'ai découvert - j'ignorais cette chose - que
déjà des dérogations étaient accordées pour
certaines raisons. Par exemple, une famille venait s'implanter au Québec
en provenance d'une autre société où l'âge
d'admission était plus avancé que chez nous; alors, on donnait
une chance à cet enfant pour qu'il ne perde pas de temps. Il passait au
nez du petit Québécois qui, lui, n'avait aucune espèce de
considération. Il n'y avait pas de cas qui avaient retenu l'attention du
gouvernement auparavant au Québec, sauf certains cas très
particuliers.
Devant ces cas-là qui étaient soumis à mon
attention, je me suis dit - et la députée de l'Opposition en
conviendra - que ma responsabilité, c'est de mettre un esprit d'accueil
et d'ouverture dans le système d'enseignement à tous les
échelons et non pas un esprit de jardin d'enfants, comme je l'ai dit
plus tôt, ni de noviciat: un esprit d'ouverture et d'accueil. Alors,
devant ces cas qui nous étaient présentés, on a dit: On ya
les écouter. Cela aurait été facile de dire aux
fonctionnaires: Vous avez huit cases, cela tombe dans une neuvième case,
fermez cela et ne dites pas un mot. C'est la pratique que voudrait la
députée de Chicoutimi. On a dit: Ce n'est pas cela. Vous allez
écouter ces gens-là, vous allez les recevoir poliment, vous allez
nous donner des rapports circonstanciels. On veut savoir ce qu'il y a et,
après cela, on jugera du genre de problèmes auxquels on a
affaire.
Beaucoup de cas ont abouti à mon propre bureau. Pourquoi?
Peut-être parce que je répondais plus aux demandes qui
m'étaient faites que certaines commissions scolaires. Ils se sont
aperçus que, quand ils s'adressaient au bureau du ministre, ils avaient
une réponse et cela ne prenait pas de temps. Quand j'avais un
problème dont j'étais saisi, j'en informais la commission
scolaire et la direction régionale concernée. Je leur disais:
Vous voyez bien que ça n'a pas de bon sens une affaire comme cela. Ils
me disaient: Oui, on le sait, M. le ministre, mais on est pris avec un
règlement.
Là, il y a des gens qui m'ont dit: Vous avez un recours parce
que, dans le régime pédagogique, c'est écrit que le
ministre, lorsqu'il juge qu'un article du régime pédagogique,
s'il est appliqué, est de nature à causer un préjudice
à un enfant, peut accorder une exemption, une dérogation. Alors,
je me suis dit: Oh! On va regarder cela parce que ce n'est plus seulement un
privilège; c'est un devoir que j'ai. Si le régime
pédagogique me confère cette prérogative, il m'attribue
l'obligation de m'en servir si je constate qu'un préjudice va
découler d'une application inconsidérée du
régime.
Or, c'est comme cela que nous avons été amenés
à examiner des cas qui tombent sous les trois catégories que nous
avons ajoutées à celles qui existent déjà. Je vais
résumer ces cas pour qu'on les comprenne bien. Enfant d'une famille
où un frère ou une soeur est né à moins de douze
mois d'intervalle, de sorte que les dates de naissance feraient en sorte qu'ils
se retrouvent admissibles à l'école la même année.
Je comprends d'autant plus cela que, dans mes enfants, j'en ai deux qui sont
dans cette situation. J'en ai un qui est né le 15 janvier et une qui est
née - j'oublie la date - le 20 ou le 21 décembre.
Mme Blackburn: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Celui qui est né le 15 janvier avait une
année d'avance sur sa soeur, même si cela ne tombait pas sous
l'article X du régime pédagogique. Je le dis d'autant plus
librement qu'ils sont passés bien avant cela. Mais ce que je sais - ce
n'est pas moi qui avais fait les arrangements, c'est ma femme à
l'époque - c'est qu'il y en a un qui a commencé une année
plus vite que l'autre. Or, cet article-ci a pour but de permettre cela. Parce
que, à supposer qu'il y en a un qui serait né le 2 octobre et
l'autre le 28 septembre, ils se trouveraient à tomber dans la même
année et, avec cela, on peut leur donner deux années
différentes. Je pense bien qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat
là-dedans. Il faudrait être extrêmement mesquin pour trouver
qu'il y a de l'injustice envers qui que ce soit.
Deuxièmement, enfant particulièrement apte à
débuter la maternelle ou la première année et dont le
niveau de développement est tel qu'il subirait un préjudice
réel et sérieux si l'on devait retarder son admission à
l'école. Il est arrivé qu'on m'a soumis des cas, par exemple,
d'enfants qui avaient parfois presque un pied de taille de plus que les enfants
de leur âge, un développement considérable pour toutes
sortes de circonstances. Tous leurs copains s'en allaient à
l'école cette année-là et cet enfant aurait dû
rester chez lui à ne rien faire pendant un an parce qu'encore là
il y avait un règlement. Le ministre n'était pas assez
intelligent pour s'apercevoir qu'il subirait un préjudice. Il y a des
cas qu'on a soumis à mon attention. On les a examinés
soigneusement. Dans les cas où il y avait indication claire d'un
préjudice éventuel et probable, on a dit: On va laisser parler
pas seulement la raison, mais aussi le coeur. Un mélange des deux, c'est
ce qui fait de bonnes décisions. Remarquez que la députée
de Chicoutimi n'écoute pas cette partie de mon discours. Je
continue.
Mme Blackburn: Non, non. C'est parce que cela fait bien des fois
qu'on l'entend.
M. Ryan: Troisième raison, troisième motif: enfant
vivant une situation familiale ou sociale particulière...
Mme Blackburn: Cela fait longtemps que je l'ai lu, à part
cela.
M. Ryan:... et ou le report de l'admission pourrait engendrer un
préjudice grave pour l'enfant.
Mme Blackburn: II ne faudrait pas que ce soit un discours.
M. Ryan: Je peux donner une couple de cas dont j'ai
été saisi au cours des derniers mois. Il y en a un dont je me
souviens: c'était un enfant dont le père avait été
victime d'un grave accident d'automobile. Il a eu son fonctionnement mental et
psychologique dérangé. Il est obligé de vivre à la
maison à longueur de journée. Cela crée une
atmosphère particulière dans la maison, qui n'est pas
spécialement propice pour le développement de l'enfant. La
mère demande, avec instance, qu'on puisse l'accepter à
l'école. L'enfant est né, disons, dans la première
quinzaine d'octobre. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je n'ai pas eu
des grosses hésitations et je ne suis allé consulter ni des
juristes, ni des théologiens. J'ai consulté mon bon sens, mon
sens des responsabilités et cela a été assez clair. Cela
n'a pas niaisé, la décision n'a pas niaisé, je vous le dis
franchement.
Un autre cas de même nature avait été soumis
à mon attention. C'était un enfant d'un foyer monoparental dont
la mère doit travailler. Elle m'avait écrit une lettre
très détaillée, me disant que son enfant devait l'attendre
à l'extérieur de la maison toute la journée quand elle
allait travailler. Il avait tout ce qu'il fallait pour aller à
l'école, il lui manquait trois ou
quatre jours quant à la date de naissance à laquelle la
députée de Chicoutimi m'a l'air bien attachée. J'ai dit:
Bon, on va le détacher. On a autorisé ce cas-là aussi. Il
y en a eu 150 comme ça au cours de la dernière année. J'en
suis fier, j'en suis très fier.
C'est pour cela qu'ayant donné des dérogations pour des
cas relevant de ces trois critères-là, on a dit: On ne veut pas
faire de privilège pour eux, on va porter cela à la connaissance
de toutes les commissions scolaires et on va leur demander d'examiner des
demandes dont elles sont saisies dans cet esprit. Là où il y aura
des cas semblables, la commission scolaire peut nous faire une recommandation
d'admission. C'est le ministre qui doit l'accorder en vertu du régime
pédagogique. Non seulement la commission scolaire doit faire une
recommandation, elle doit référer le cas à la direction
régionale du ministère de l'Éducation, laquelle
réfère le cas ensuite, avec sa recommandation, à mon
bureau.
Ce n'est pas une affaire qui est dirigée à partir du
bureau du ministre, comme voulait le laisser entendre malicieusement la
députée de Chicoutimi ce matin. C'est une affaire qui est faite
suivant des procédures très rationnelles et très
ordonnées. En fin de compte, on ne veut pas que n'importe qui s'arroge
le pouvoir de prendre des décisions que le règlement attribue au
ministre. Les cas arrivent au bureau du ministre où ils sont
examinés conjointement à la fois par le directeur d'un service du
ministère et par une personne qui est attachée à mon
cabinet avec, entre autres attributions, celle d'examiner ces choses-là.
On me fait une recommandation. Je regrette d'informer la députée
de Chicoutimi; je comprends qu'elle est intéressée à me
faire une réputation et une légende, mais je n'ai pas le temps
d'examiner tous ces cas moi-même un à un jusque dans le
détail. J'aime à en regarder un de temps à autre qui passe
devant moi et j'ai des très bons conseillers et collaborateurs qui font
leur travail d'une manière fort consciencieuse. Il n'y a à peu
près aucun danger d'arbitraire dans cela.
Maintenant, en fin de compte, c'est à la commission scolaire
qu'il incombe de faire l'examen des demandes qui lui sont
présentées, cela est entendu. À la commission scolaire, il
incombe de prendre les moyens voulus pour s'acquitter de sa
responsabilité. Une de ses premières responsabilités,
c'est, quand une demande lui est faite, d'avoir la porte ouverte et non pas
fermée.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre, d'abord, n'a
pas répondu à la question très simple que j'ai
posée. La question est la suivante: A-t-il l'intention, comme le dit le
porte-parole du ministère, de ne pas en admettre plus, même si les
demandes sont plus nombreuses?
M. Ryan: Non, moi, je n'ai jamais fait de déclaration dans
ce sens-là, je regrette infiniment. Si c'est la question...
Mme Blackburn: C'était cela, la question.
M. Ryan: ...je n'ai pas fait de déclaration. Ce sera
peut-être 125, ce sera peut-être 225, je l'ignore pour
l'instant.
Mme Blackburn: Bien. Moi, je voudrais que...
M. Ryan: Et cela ne m'empêche pas de dormir.
Une voix: Vous êtes d'accord avec cela?
Mme Blackburn: ...le ministre réalise une chose.
Là, il nous dit: Je suis généreux et humain.
M. Ryan: Bien oui.
Mme Blackburn: La députée de Chicoutimi est
stricte. Elle voudrait qu'on applique la lettre.
M. Ryan: Bien oui, c'est vrai.
Mme Blackburn: On ouvre un tiroir et ce n'est pas dedans. On le
referme et on le met là. Je n'ai jamais dit de telles choses.
M. Ryan: Non, mais cela aboutit à cela.
Mme Blackburn: C'est de la démagogie et c'est de la
mesquinerie. Moi, je dis au ministre que ce qu'il est en train d'instaurer,
c'est un système de privilèges. C'est rien que cela que je dis.
Du jour au lendemain, l'accès à l'école est devenu un
privilège réservé à deux catégories de
personnes; d'abord, aux personnes informées. À ma connaissance,
je n'ai pas vu de campagne de publicité informant les parents que leurs
enfants pouvaient avoir accès à l'école selon de nouvelles
conditions. Je n'ai pas vu les commissions scolaires, non plus, faire de telle
campagne. J'ai lu, cependant, et j'ai consulté les commissions scolaires
qui, dans la très grande majorité des cas, refusent d'offrir
l'expertise. Elles vont d'autant la refuser qu'on vient de couper, de faire des
ponctions dans le personnel professionnel. Le parent qui est bien
informé peut se prévaloir de ce privilège et le parent qui
a les sous pour payer l'expertise. Parce que les commissions scolaires, de
façon générale, ne sont pas prêtes à mettre
au service de clients potentiels, qui prétendent avoir droit à
l'école, des ressources qui sont insuffisantes pour la clientèle
existante. Le ministre n'est pas sans savoir cela. On sait également que
la Corporation des psychologues s'est élevée contre une telle
pratique.
La question n'est pas de savoir si je suis, oui ou non, d'accord pour
reporter l'âge d'admission au 1er janvier. À la limite il faudrait
peut-
être se demander s'il ne serait pas plus pertinent d'ouvrir les
maternelles à plein temps. C'est un autre débat. Ce que je dis,
c'est qu'on ne peut pas ériger un système de privilèges
lorsqu'il s'agit d'accès à l'école publique. C'est un
droit égal pour tous.
Faisons un petit calcul. Il y a environ 90 000 élèves
inscrits à la maternelle et autant en première année; si
vous additionnez ces deux nombres, cela donne à peu près 180 000
élèves. Normalement, selon les données, c'est sensiblement
le même nombre qu'on devrait retrouver au cours des prochaines
années en maternelle. C'est assez stable. Si vous prenez ces 180 000
élèves et que vous les répartissez sur trois mois, on peut
dire qu'au Québec actuellement on a quelque 45 000 enfants qui
pourraient se prévaloir de ce privilège. C'est le quart de
l'année: c'est-à-dire octobre, novembre et décembre. On a
45 000 parents qui pourraient demander une expertise. Dans ces 45 000 enfants,
je pense qu'on admet tous qu'à peu près 8 %, sont
généralement précoces, mais on pourrait peut-être en
avoir 10 % ou 15 % qui subissent des situations familiales
préjudiciables. C'est cela, le problème. On n'est pas dans un
réseau où on peut faire entrer les enfants comme cela. Oh est
généreux, on signe une lettre, ils entrent. Ce n'est pas cela. On
est dans un réseau public où on a fait de l'accès à
l'éducation un droit et non pas un privilège. C'est de cela dont
qu'il est question.
Le ministre dit: Je suis généreux, j'ouvre la porte. La
générosité voudrait qu'il traite tous les cas qui font une
demande, mais qu'il informe toute la population que ces nouveaux
critères existent pour qu'elle puisse s'en prévaloir. C'est cela,
l'équité. On n'est pas dans un système où il faut
commencer à acheter sa place à l'école. Actuellement,
c'est ce qui se fait. Les deux parents travaillent. L'enfant est en garderie,
aux frais des parents. Cela ne leur fera absolument rien d'aller donner 400 $
ou 500 $ pour faire faire l'expertise et faire entrer un enfant à
l'école. Ils font des économies importantes.
Deuxième chose: la notion de préjudice. Est-ce qu'il est
plus préjudiciable de voir un enfant supposément précoce
perdre une année - à savoir si c'est perdu, c'est une autre chose
- ou de voir un enfant qui n'a pas la stimulation dans son milieu?
Le ministre nous donnait un exemple, tout à l'heure. Parlant du
dernier critère touchant la situation familiale ou sociale qui pouvait
porter préjudice à l'enfant - c'est intéressant de
connaître les critères - il nous citait le cas d'un enfant
gardé par un père qui, dans un accident de voiture,
s'était vu pertubé à la fois intellectuellement et
physiquement. Est-ce à dire, M. le ministre, que tous les enfants dont
les parents sont handicapés subissent une situation
préjudiciable? Quand on entre dans ce genre d'argumentation, c'est
extrêmement dangereux. On érige un privilège qui fait que
l'accès à l'école est réservé aux personnes
informées qui ont les moyens de se payer la place. C'est ce qui est
inacceptable. (15 h 45)
Tout à l'heure, le ministre nous disait - et je le relève,
parce que j'ai l'impression qu'il n'a pas très bien lu sa directive -
Écoutez, il n'est pas question de porter cela bien loin,
d'étendre la pratique au-delà du 31 décembre. Pourtant,
selon la directive, dans des cas exceptionnels, cela peut aller jusqu'en
janvier ou en février. Mais, on sait très bien que, lorsqu'il y a
un règlement stipulant que cela arrête à une telle date...
C'est comme la majorité et les élections. Vous avez beau
être majoritaire le lendemain des élections, cela ne vous donne
pas le droit de vote le jour des élections. Il faut que cela
arrête quelque part. À l'école, c'est aussi cela. Un tel
système, on l'érigé vraiment et on le rend accessible
à tous... Avec le système du ministre qui étend cela
à janvier et février, on reportera l'âge d'admission au 31
décembre et on aura toujours le même problème. C'est cela
qui fait problème. Et c'est ce que j'appelle une attitude paternaliste.
Ce n'est pas être rigide de dire: Moi, je trouve que l'idée
d'ouvrir l'école, c'est bien, mais rendez-la accessible à tous et
aux mêmes conditions. Et la rendre accessible, c'est s'assurer de donner
aux commissions scolaires les ressources nécessaires pour qu'elles
puissent offrir l'expertise aux parents.
Qu'est-ce qu'on va retrouver? J'aimerais que le ministre nous donne le
profil socio-économique des enfants qui ont été admis en
vertu de ces nouveaux critères; cela nous permettrait de nous faire une
meilleure idée de la situation. Je voudrais savoir cela. Cela
m'étonnerait énormément d'y retrouver les enfants des
milieux d'ouvriers, de même que des enfants de milieux d'assistés
sociaux. C'est cela, l'inéquité et l'injustice sous
prétexte d'humanisme. Ce qui m'étonne chaque fois dans le
discours du ministre, c'est que son humanisme s'exerce toujours à
l'endroit des mêmes clientèles: les plus favorisées.
En même temps, est-ce que le ministre pourrait me dire quelles
démarches il a faites pour s'assurer, par exemple, auprès de sa
collègue de la Santé et des Services sociaux que l'allocation
scolaire des enfants d'assités sociaux soit haussée de 35 $
à 100 $, tel que s'y était engagé le gouvernement
libéral? C'est cela qu'on ne voit pas avec ce gouvernement. Ma question
est la suivante: Est-ce que le ministre entend donner aux commissions scolaires
- dans le budget, dans les crédits, cela n'apparaît pas -des
ressources qui vont leur permettre de répondre à ces demandes?
Est-ce que le ministre a l'intention d'informer les parents de l'existence de
ce nouveau critère et de les informer de façon suffisamment large
pour qu'ils puissent se prévaloir de ce privilège?
Le Président (M. Audet): M. le ministre
M. Ryan: D'abord, je vois que la députée de
Chicoutimi veut faire du pathos avec cela. Le régime
général demeure le même; il n'a pas été
modifié par le gouvernement. Le régime général,
c'est que l'admission à l'école se fait pour l'enfant dont la
date de naissance arrive avant le 30 septembre. Il n'y a pas de changement
à cela. C'est la communication qui est faite très
généralement aux parents qui veulent obtenir l'admission de leur
enfant à l'école pour la prochaine année. C'est la
règle générale.
Maintenant, il y a des parents qui viennent vous dire: Moi, j'ai un cas
particulier, un cas extrêmement difficile, pourriez-vous l'examiner? On
nous dit que l'enfant va subir un préjudice grave si l'admission est
retardée à cause des caprices d'un règlement qui est
nécessairement arbitraire dans sa disposition. On dit: II y a un article
du régime pédagogique qui donne au ministre le pouvoir de se
pencher sur un cas comme celui-là et de le traiter avec humanité.
Ce n'est pas autre chose que cela. Il n'est pas question de
généraliser et d'étendre cela de manière
universelle. On le généralisera quand on changera le
règlement. C'est notre intention de le changer dès que les
conditions financières le permettront.
En attendant que nous puissions le modifier, nous disons: Pour les cas
qui présentent un risque évident et sérieux de
préjudice pour l'avenir de l'enfant, pour le développement de
l'enfant, nous allons faire preuve de l'humanité qu'autorise le
régime pédagogique. Ce n'est pas autre chose que cela.
On peut bien faire du pathos... La députée fait la
même chose avec l'admission à l'école anglaise. C'est
encore plus déplorable à cause du caractère explosif de la
question linguistique; on va y venir tantôt et j'ai bien hâte qu'on
y vienne aussi. Nous avons plaidé pendant longtemps pour qu'on cesse
d'administrer ces lois avec l'espèce d'indifférence et
d'inflexibilité qui ont caractérisé le gouvernement
précédent. Ce n'est pas pour rien qu'il y a eu un changement de
gouvernement; c'est pour qu'il y ait une ligne un peu plus humaine dans la
conduite des affaires, moins bureaucratisée et moins idéologique,
à part cela. C'est cela, la différence.
Dans ce cas-ci, situez le problème dans sa juste perspective.
N'essayez pas de l'étendre au-delà de ce que justifie la
politique même du gouvernement et je pense qu'on va se comprendre
facilement. De ce point de vue là, la réponse a été
donnée à la question qui a été posée.
Deuxièmement, il n'y a pas de ressources additionnelles.
Mme Blackburn: M. le Président, question de
règlement. Généralement, il est admis que le partage du
temps se fait à 50-50. Ce que je voudrais savoir, c'est sur chacune des
questions, comment on va procéder. Comme les interventions et les
réponses du ministre sont très longues et comptent sur son temps,
je voudrais savoir comment on va se partager cela.
Le Président (M. Audet): En vertu du règlement, Mme
la députée de Chicoutimi, il n'y a pas d'entente concernant la
répartition du temps pour l'étude des crédits. Le
règlement stipule clairement que le ministre, lors de l'étude des
crédits, peut intervenir aussi souvent qu'il le désire. Alors, je
pense que les interventions du ministre, à ce stade-ci, ont
respecté le règlement dans son ensemble.
Mme Blackburn: Je comprends, M. le Président...
Le Président (M. Audet): Si, toutefois, il y a un
règlement en particulier que vous visez ou que vous touchez, on pourra
le regarder et considérer si vous avez raison ou si vous avez tort.
Mme Blackburn: Alors, si je comprends bien, le ministre pourrait
prendre la totalité du temps sur chacun des points et ce serait cela,
l'étude des crédits.
Le Président (M. Audet): Pas nécessairement. Ce
n'est pas ce que je viens de mentionner. Ce que je viens de mentionner, c'est
que le ministre peut intervenir aussi souvent qu'il le désire. C'est
parce que vous avez posé une question qui, je pense, avait plusieurs
volets. Alors, si vos questions étaient peut-être un peu plus
brèves, je pense que ce serait plus facile pour le ministre de donner
des réponses un peu plus courtes.
Mme Blackburn: M. le Président, ma première
question était très brève: Avez-vous l'intention
d'admettre plus d'enfants que l'an passé? La réponse a
été plutôt longue. Donc, c'est une réponse de dix
minutes à une question qui en a pris à peu près une. Ce
que je veux savoir, c'est comment on va se partager le temps. C'était
simplement cette question-ià.
Le Président (M. Audet): Pour ce qui est de la
répartition du temps, à ce stade-ci, il n'y a pas d'entente entre
les leaders pour l'étude des crédits. Si c'est la question que
vous posez, c'est la réponse que je vous donne. Est-ce que cela va?
Mme Blackburn: Non, cela ne va pas, mais....
Le Président (M. Audet): Alors, je cède maintenant
la parole à la députée de Jacques-Cartier. Mme la
députée.
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. J'aimerais soulever
la question des petites écoles.
Mme Blackburn: On n'a pas terminé le
programme 1.
Mme Dougherty: Non, c'est le programme 1.
Mme Blackburn: On n'a pas terminé l'élément
1.
Une voix: On se fait couper.
Le Président (M. Audet): Un instant. J'avais reconnu la
députée de Jacques-Cartier. C'est sur le programme 1, c'est sur
le même sujet, Mme la députée?
Mme Dougherty: C'est sur le programme 1. Cela touche la
planification et le développement pédagogique,
élément 2 du programme 1.
Le Président (M. Audet): Cela va. D'accord, vous avez la
parole. Je vous ai reconnue. Continuez, madame.
Mme Dougherty: Les études faites par le
ministère...
Mme Blackburn: Ce n'est pas une question d'information, c'est une
question de règlement. Est-ce qu'il ne serait pas plus pertinent de
terminer un élément de programme, le sujet qu'on est en train de
traiter, plutôt que d'en aborder un autre?
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi, je regrette, mais ce matin j'ai suggéré qu'il y ait
entente, si vous le vouliez, pour débattre, justement, des programmes.
J'ai demandé si on devait procéder par élément ou
par programme dans l'ensemble ou faire une discussion plus large, comme cela
s'est fait pour d'autres ministères, et je n'ai pas eu de
réponse. Alors, à ce stade-ci, on étudie le programme 1.
Si certains membres de la commission veulent intervenir sur d'autres
éléments du programme 1, je ne peux pas les en
empêcher.
Alors, j'ai reconnu la députée de Jacques-Cartier. Mme la
députée, vous avez la parole.
Les petites écoles
Mme Dougherty: Merci. C'est la question des petites
écoles. Nous avons plusieurs petites écoles au Québec,
particulièrement dans les régions périphériques,
où il est de plus en plus difficile d'offrir une formation
adéquate aux élèves. Plusieurs de ces écoles
rapetissent avec le temps, dans certaines régions, à cause de la
dénatalité et aussi à cause de la population qui a
tendance à délaisser les petites communautés. Le
phénomène est particulièrement critique dans les
régions où on retrouve une petite population anglophone qui voit
son école comme essentielle à sa propre survivance en tant que
communauté. Je sais que le ministère est sensible à ce
dossier et qu'il a récemment organisé un colloque sur la
Côte-Nord. Des parents et des éducateurs concernés
venant des quatre coins de la province s'y étaient réunis pour
examiner ce problème et tenter de trouver des solutions.
M. le ministre, pourriez-vous nous dire quels sont les principaux
problèmes identifiés à ce colloque? Quelles
recommandations ont été faites pour régler ces
problèmes? Qu'est-ce que le ministre entend faire pour répondre
à ces recommandations?
M. Ryan: Je remercie la députée de Jacques-Cartier
de sa question qui témoigne de son intérêt toujours
pertinent pour les questions de l'éducation.
Le problème des petites écoles est l'un de ceux qui ont
attiré mon attention dès mon entrée en fonctions. J'ai
été saisi à maintes reprises, depuis deux ans et demi, de
situations aiguës qui avaient surgi dans différentes parties du
Québec autour d'un projet ou d'une menace de fermeture d'école.
Dans ces conditions, comme les députés le savent, les citoyens,
surtout les parents concernés, se regroupent, font des pressions
auprès de leur commission scolaire et, quand cela ne fonctionne pas
auprès de leur commission scolaire, ils s'adressent au ministre de
l'Éducation et à ses collaborateurs. Nous héritons chaque
année d'un certain nombre de situations semblables.
Il y a d'autres écoles qui sont fermées sans même
que les parents jugent à propos de manifester leur frustration de
quelque manière que ce soit. Il y a d'autres cas où les parents
comprennent que, faute d'effectifs, une école doit fermer pour que ses
étudiants puissent être fusionnés avec d'autres. Il y a
toutes sortes de situations possibles. Le problème est de plus en plus
fréquent à cause du nombre moins élevé d'enfants
que nous avons maintenant, de la taille des locaux scolaires dont nous
disposons et des ressources limitées qui sont disponibles.
Malgré tout cela, nous essayons, chaque fois que c'est possible,
de favoriser le maintien de l'école locale. Nous avons pris, en
particulier au cours de l'année 1987-1988, une série de mesures
visant à favoriser l'obtention de ce résultat. Nous avons
investi, 37 800 000 $, en 1987-1988, pour différentes mesures visant
à favoriser des règlements - je m'excuse de répéter
ce mot-là - humains, qui ne sont pas conformes aux normes les plus
sèches, les plus strictes, donnant à nos directions
régionales la possibilité de faire certaines adaptations. Nous
avons défini les normes d'espace de locaux scolaires avec plus de
libéralité pour les populations ou les régions qui sont
éloignées des grands centres.
Parmi les mesures que nous avons prises, il y a le modèle
d'allocation des postes enseignants qui comporte des normes plus
généreuses pour les endroits où il y a des petites
écoles, les commissions scolaires qui ont des écoles
éloignées, autres que celles qui sont prévues dans la
convention collective. À ce titre, nous avons
ajouté, l'an dernier, 79 postes au primaire, 120 postes au
secondaire, pour un total de 8 320 000 $.
Nous avons décidé d'ajouter des enseignants pour aider au
fonctionnement des classes à triple division. Je n'étais pas au
courant, quand j'ai commencé comme ministre de l'Éducation, qu'il
existait encore au Québec des endroits où on avait des classes
à triple division, des élèves de trois niveaux dans la
même classe. On essaie de faire en sorte qu'il y ait deux niveaux au
maximum. À cette fin, on a ajouté, l'an dernier, 57
enseignants.
D'autres corrections particulières, répondant à des
situations qui n'étaient pas encore dans nos normes et même dans
les mesures dont je viens de parler, ont été soumises à
notre attention et ont entraîné l'ajout de 30 postes dans des
petites commissions scolaires pour aider à maintenir, encore une fois,
les écoles en situation éloignée.
On a une allocation spéciale pour les dépenses
administratives des commissions scolaires de moins de 3500
élèves. Cela a entraîné une dépense de 2 420
000 $. Le mode d'allocation pour les autres dépenses des commissions
scolaires prend en compte la présence de petites écoles au niveau
primaire. Il y en a pour 18 000 000 $. Finalement, un dernier montant vise
particulièrement le phénomène de la dispersion, de
l'éloignement des petites écoles. Il y en a pour 4 700 000 $. En
tout, 37 800 000 $. (16 heures)
L'automne dernier, des commissions scolaires ont tenu ensemble, avec le
ministère de l'Éducation, un colloque sur la Côte-Nord,
colloque qui a été éminemment constructif, mais qui n'a
pas produit un train de recommandations à l'intention du gouvernement.
C'était plutôt un colloque pour échanger des
expériences. Une commission scolaire disait: Voici ce que nous avons
fait. Il y avait des représentants de telle école qui disaient:
Voici comment les problèmes se posent chez nous. Cela a
été essentiellement un colloque de mise en commun
d'expériences et de points de vue. Le colloque a été
tellement réussi qu'on est en train de préparer une
recommandation pour en faire un autre. Alors, on suit cette question-là
de très près. Mon cabinet accorde beaucoup d'attention à
ces problèmes et je suis fier de dire que nous en avons
réglé un bon nombre. Je rends hommage à nos directions
régionales du ministère qui font un travail très
compréhensif de ce point de vue là aussi.
Mme Dougherty: En ce qui concerne les ressources professionnelles
qui n'existent pratiquement pas dans ces régions, qu'est-ce qu'on fait?
Est-ce qu'on subventionne des professionnels itinérants? Qu'est-ce qui
se passe pour les services psychologiques, des spécialistes en
français, peut-être, en anglais? Qu'est-ce qu'on fait pour aider
ces petites écoles, qui ont toujours été petites, pour
qu'elles puissent fournir une éducation adéquate? Je parle
uniquement des ressources additionnelles.
M. Ryan: On m'informe que, du côté des commissions
scolaires protestantes, il existe depuis longtemps une habitude de
collaboration qui permet de mettre à la disposition des petites
écoles des professionnels itinérants. Les commissions scolaires
protestantes, en dehors de la région de Montréal et de
Québec, sont habituées depuis longtemps au
phénomène de l'éloignement et de la dispersion de leurs
ressources. Alors, elles ont développé avec les années des
systèmes de professionnels itinérants qui rendent de très
grands services. Du côté des commissions scolaires catholiques,
c'est moins développé. Il y a des commissions scolaires qui le
font à l'aide des ressources additionnelles mises à leur
disposition. Mais là je n'ai pas de données quantifiées
sur l'ampleur du phénomène.
Mme Dougherty: Même dans les commissions scolaires
protestantes, je ne sais pas qui finance ces ressources. Je crois que McGill
est impliquée, n'est-ce pas, et le PSBGM aussi. Est-ce que le
ministère subventionne cette activité?
M. Ryan: II y a avec moi le directeur des Services
éducatifs aux anglophones, M. Gérald Brown. Avec votre permission
je lui demanderais peut-être de nous fournir des explications sur ce
sujet.
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous pourriez vous
identifier, s'il vous plaît, monsieur.
M. Brown (Gérald): Je suis M. Gérald Brown,
directeur des Services éducatifs aux anglophones au
ministère.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Brown: Alors, ce qu'on a mis en place, Mme la
députée: on a des responsables anglophones dans toutes les
directions régionales, on a une unité centrale pour les services
éducatifs aux anglophones et on a mis en place un mécanisme de
concertation entre nous et les directions régionales pour implanter les
nouveaux programmes. Alors, ce qu'on fait, ce sont ces sessions au niveau
provincial, qui forment des personnes-ressources pour chacune des
régionales et, après cela, concertation avec les directions
régionales dans certaines régions, avec les commissions
scolaires, on implante les programmes. Ce qu'on fait, c'est qu'on forme des
personnes-ressources au niveau provincial, qui sont disponibles dans chacune
des directions régionales et dans chacune des régions.
Le Président (M. Audet): D'accord. Avant de
procéder, s'il vous plaît, j'aurais peut-être un
éclaircissement à apporter concernant le point de
règlement qui a été soulevé tantôt,
à propos de l'article 287, concernant les interventions du ministre ou
de son représentant, soit les gens de la fonction publique ou
autres.
L'article 287 stipule que "le président ou le ministre qui
répond de ses crédits en commission peut intervenir aussi souvent
qu'il le désire." De cette règle, nous pouvons émettre
deux principes: le premier est que le président de la commission ou le
président de séance doit céder la parole au ministre
lorsque ce dernier désire intervenir à la suite d'un autre
intervenant, et le deuxième principe se rattache au temps de parole du
ministre qui, tout en pouvant intervenir aussi souvent qu'il le désire,
ne peut parler plus de vingt minutes à chaque intervention. Alors,
chaque fois que vous avez une question, M. le ministre, vous avez le droit de
prendre vingt minutes. Est-ce que c'est clair?
Maintenant, pour le bon déroulement des travaux de la commission,
on a demandé aussi tantôt si on devait procéder par
élément de programme ou par programme comme tel. Pour
procéder par élément et puis, lorsque le sujet sera
vidé, si des députés ont des questions sur cet
élément, il n'y a pas de problème. Si, toutefois, vous
avez des questions sur d'autres éléments dans le même
programme, je vous demanderais peut-être d'attendre le moment où
l'on entamera cet élément-là pour poser vos questions.
Parce que là on a sauté d'un élément à
l'autre, ce qui peut créer certaines confusions. Cela va?
M. Gardner: M. le Président, quant aux
éléments qui sont déjà faits, est-ce qu'on va
revenir là-dessus?
Le Président (M. Audet): Non, mais c'est parce que la
critique de l'Opposition, Mme la députée de Chicoutimi, n'avait
pas terminé sur l'élément 1 du programme. Alors, c'est
pour cela que cela peut créer certaines contraintes.
Une voix: L'élément 1 du programme I?
Le Président (M. Audet): De toute façon, je voulais
éclaircir cette règle-là. Je vous demanderais de la
respecter, s'il vous plaît.
Alors, je cède la parole à Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je dois dire que,
touchant mes commentaires ou mes questions sur la dérogation à
l'âge d'admission, le ministre m'accuse de faire du pathos. Je suis loin
d'être certaine que ce n'est pas lui qui en fait et plus souvent
qu'à son tour. Dans le fond, il n'a pas répondu à mes
questions qui sont claires, qui sont simples et qui sont limpides.
A-t-il l'intention de mettre à la disposition de tous les parents
les ressources qui leur permettront de faire faire des expertises
professionnelles et a-t-il l'intention d'en informer les parents? Là,
seuls ceux qui ont le bonheur ou la chance de connaître les nouveaux
règlements et qui, en plus, ont l'argent pour payer l'expertise ont
accès à l'école, dans les conditions qu'on connaît.
Ce n'est pas compliqué. Le ministre trouve-t-il que cette situation est
plus humaine que de servir seulement ceux qui connaissent cette information,
qui ont les moyens de s'offrir ce service-là? Est-ce que c'est plus
humain d'agir comme cela ou ne serait-il pas plus humain et plus
démocratique de l'offrir à l'ensemble de la population?
Mais j'ai terminé sur ce point parce que, de toute façon,
le ministre ne répond pas. Je vais donc aborder, à son grand
plaisir...
M. Ryan: M. le Président, je voudrais faire une remarque.
Avant qu'on passe à un autre point, là...
Le Président (M. Audet): M. le ministre. M. Ryan:
...je demande l'autorisation de...
Une voix: Vous avez droit à une réplique de vingt
minutes.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais simplement porter à la connaissance
des députés, pour leur information, un fait, entre autres.
Savez-vous, dans le réseau scolaire primaire et secondaire, combien il y
a actuellement de psychologues professionnels? Il y en a 521. Et cela, c'est en
plus des autres ressources professionnelles que comptent nos commissions
scolaires.
Notre position: il ne peut pas y avoir des tonnes de demandes. Le
maximum de demandes qui pourraient arriver de ce côté-là,
on a calculé que c'est à peu près 7 000 enfants qui
étaient impliqués par tranche de chaque mois qui pourrait faire
l'objet d'un changement éventuellement. Nous croyons que, de
manière générale, les commissions scolaires sont capables
d'ajouter ce service-là à leur clientèle dans cette
période où elles sont très soucieuses d'aller chercher
toute la part de clientèle qui leur revient normalement. On ne va pas
chercher la clientèle en l'éloignant, mais on va la chercher en
l'attirant, puis en la servant bien. Cela, c'est le point sur lequel nous
insistons le plus fortement. Nous croyons que, de manière
générale, on est capable de fournir cet ajout de services aux
parents qui le demandent et qui ne sont pas légion, je tiens à le
souligner. Un grand nombre de parents, qui ne sont pas intéressés
à envoyer leur enfant à l'école à l'âge de
cinq ans ou de cinq ans et demi, préfèrent le garder plus
longtemps à la maison. Puis, c'est leur droit. Jamais je ne proposerai
un changement de réglementation qui leur enlèverait ce
droit-là.
Mais nous avons estimé qu'on est capable, avec la collaboration
des commissions scolaires,
de gérer cette situation-là en faisant une révision
d'action chaque année. Au bout de la présente année, on
aura une réunion avec nos responsables des commissions scolaires. On
fera le point avec elles. S'il y a des ajustements qui s'imposent, on n'a pas
l'esprit fermé, on fera les ajustements. Mais on demande, cette
année, qu'il y ait une collaboration.
Je tiens à ajouter qu'il y a certaines commission scolaires qui
ont dit: Non, on ne fera rien. J'ai même reçu des
résolutions à cette fin-là, me disant qu'on ne bougerait
pas d'un pouce. Je causais avec une commission scolaire très importante,
l'autre jour, qui avait adopté une résolution dans ce
sens-là. J'ai dit au président: Est-ce que vous pensez que c'est
humain, ce que vous faites là? Est-ce que vous pensez que c'est un bon
moyen pour valider l'école publique aux yeux des parents d'enfants qui
vont commencer les études? À mon grand plaisir, j'ai reçu
une lettre, quelques jours après, me disant que nous nous étions
mal compris et qu'ils étaient prêts à collaborer dans le
sens de l'action proposée par le ministre de l'Éducation. J'ai
trouvé cela formidable.
Aux commissions scolaires qui m'écrivent rigidement, dont
certaines m'envoient même des résolutions types, je réponds
en demandant de se servir judicieusement du formulaire qui a été
mis à leur disposition pour la présente année. Au bout de
l'année, quand on aura fini la période des admissions, on fera le
bilan et on tirera les conclusions appropriées. Ce n'est pas plus
sorcier que cela.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, on va aborder une question
qui fera plaisir au ministre, l'accès à l'école
anglaise.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Audet): Nous sommes dans quel
élément du programme, Mme la députée?
Mme Blackburn: Je ne les ai même pas nommés.
Le Président (M. Audet): À la direction?
Mme Blackburn: Ce sont des sujets dans un programme.
Le Président (M. Audet): Aux membres de la commission...
À l'ordre, s'il vous plaît! Il faudra établir une certaine
règle. Alors, on ne retient pas d'élément, on y va "at
large"?
Une voix: C'est cela, M. le Président.
Mme Blackburn: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...le souhait que j'ai exprimé, c'est
qu'une fois qu'on a commencé un sujet - pas un élément, un
thème, je ne sais pas comment vous allez l'appeler - on le vide. Mais il
faudrait vérifier s'il est terminé avant d'en aborder un autre.
C'était simplement ma suggestion.
Le Président (M. Audet): D'accord. Alors, on s'en tiendra
au sujet... D'accord. Il n'y a pas d'objection, cela va? Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
L'accès à l'école
anglaise
Mme Blackburn: M. le Président, on va faire plaisir au
ministre, je le rappelle, on va parler de l'accès à
l'école anglaise. Il est important de rappeler pour bien situer la
question que, depuis que ce gouvernement est au pouvoir, tous les gestes du
ministre ont concouru à faciliter l'accès à l'école
anglaise. Pour ceux qui en douteraient, il est important que je rappelle un peu
le bilan des décisions qui ont été prises concernant cette
question.
Dès sa venue au pouvoir, il a amnistié des
élèves qui fréquentaient illégalement
l'école anglaise, environ 1500, auxquels élèves il faut
ajouter les frères, les soeurs et tantôt, évidemment, les
descendants. On sait depuis qu'il a même amnistié
rétroactivement des enfants, des élèves qui avaient
quitté le Québec un moment, qui étaient inscrits à
des écoles anglaises au moment où ils ont quitté le
Québec illégalement, qui sont revenus. Ils les a aussi
amnistiés: un ou deux.
M. Ryan: Quitté le Québec illégalement?
C'est rendu qu'il faut avoir la permission?
Mme Blackburn: M. le Président, si le ministre
écoutait et s'il n'était pas si émotif, il comprendrait
que j'ai dit qu'ils étaient inscrits... Le sujet lui fait mal, et je le
comprends, parce que ce n'est pas un beau dossier; c'est le dossier le plus
triste à voir aller au Québec actuellement. Ce que j'ai dit,
c'est qu'il y avait des enfants qui étaient inscrits illégalement
dans des écoles anglaises au Québec. Les parents ont
quitté pour un moment le Québec et y sont revenus et
rétroactivement ils ont aussi été amnistiés. Le
ministre a également amendé la loi 101 afin de conférer au
ministre de l'Éducation le pouvoir d'admettre exceptionnellement
à l'école anglaise des enfants en vertu d'une situation grave
d'ordre familial et humanitaire. On sait que cette année c'est 31 cas
pour 25 familles, si je me le rappelle bien.
En 1986-1987, ce sont 25 dérogations en vertu d'un pouvoir
discrétionnaire sur la base de motifs que l'on peut qualifier, comme le
faisait
un journaliste du Devoir, de discutables et qui créent de
fait des précédents dangereux. Une de ces clauses s'appelle la
clause "ma tante" parce que là on commence à élargir la
famille au sens méditerranéen du terme. Cela couvre les cousins,
les cousines, les "mon oncles", les "ma tantes"; alors, clause "ma tante". (16
h 15)
II a refusé également de porter en appel le jugement
Steinberg. Ceci ouvre la porte à l'école anglaise, selon le
ministre, à quelque 40 élèves, mais, selon le PSBGM,
à 200. En passant, j'aimerais bien savoir lequel des deux a raison, le
ministre ou le PSBGM qui évalue que cela touche 200 enfants et non pas
40, comme le dit le ministre.
L'abolition du bureau...
Le Président (M. Audet): D'accord. Mme la
députée, c'est parce que vous...
Mme Blackburn: L'abolition du bureau d'admissibilité
à l'école anglaise. La révision qui est en cours du guide
des dispositions de la loi 101 par un comité d'orientation où
siège un attache politique du ministre qui a fait ses écoles
à Alliance Québec et qui s'appelle Jeff Polenz... Pour reprendre
les propos d'une journaliste, d'une commentatrice, un propos qu'on a vu dans un
commentaire dans La Presse ou dans Le Devoir et qui disait en
parlant de M. Polenz: C'est un peu comme de mettre le lapin pour surveiller la
laitue. Je prétends que c'est de mettre le renard pour surveiller le
poulailler.
M. Ryan: J'ai bien...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Blackburn: Également, ce que le ministre a fait, c'est
qu'il annonce une modification à la loi 101 pour inclure la clause
Canada. Mais on sait que déjà, au moment où il accordait
les dérogations, il est allé plus loin que la clause Canada
puisque la clause Canada comprend le primaire alors que le ministre est
allé en maternelle. Il a inclus la maternelle dans ses
dérogations. Il va essayer de nous faire croire qu'un enfant qui est
à la maternelle à l'école anglaise va être
terriblement perturbé s'il s'en va en français.
Sur les structures scolaires, et c'est là que le dossier
s'alourdit, il a refusé de porter en appel le jugement sur la loi 3, qui
rendait inconstitutionnelle la loi 3. Il n'a pas non plus réussi et
peut-être pas tenté d'inclure dans les négociations
constitutionnelles l'article 93. Actuellement, on sait que son projet de loi,
et le ministre le reconnaît même si la cour lui donnait raison...
Établir des commissions scolaires linguistiques sur l'île de
Montréal, c'est pour ainsi dire impensable. Cela va créer une
espèce d'imbroglio comme on n'en aura jamais vu. Donc, ce n'est pas
faisable. De plus, le ministre s'est ingéré dans des services
offerts à la clientèle fréquentant... C'est-à-dire
que le ministre est toujours resté indifférent, malgré les
appels que je lui ai faits à de nombreuses reprises, à la
situation qui était celle des élèves inscrits dans les
sections françaises des commissions scolaires protestantes, et plus
particulièrement au PSBGM. Cela a fait des pleines pages de journaux
à de nombreuses reprises. On l'a vu plus prompt à amnistier les
illégaux qu'à aller voir comment cela se passait et quelle
était la qualité des services offerts aux élèves
inscrits dans les écoles françaises des commissions scolaires
protestantes.
Je dis que c'est un dossier qui est lourd et je comprends que le
ministre ne soit pas très heureux d'en entendre parler, d'autant plus
qu'il prête à critique, comme il a pu le constater par le biais de
plusieurs articles de journaux, en étendant ce que j'appelle un bras
politique dans des décisions qui étaient jusqu'à
aujourd'hui beaucoup plus administratives et quasi judiciaires. Cela avait ce
caractère de neutralité qui donnait toute sa qualité
à l'intervention.
Jugement Steinberg et guide d'application
Je voudrais savoir du ministre, dans le cas du jugement Steinberg, s'il
s'agit de 40 ou de 200 élèves et quand il entend publier son
nouveau guide. Je voudrais savoir du ministre s'il ne croit pas qu'une telle
attitude constitue un message à l'endroit de la communauté des
immigrants qui est le suivant: Si vous insistez suffisamment, si vous faites
appel à Alliance Québec pour soutenir votre démarche
devant la cour, si vous savez frapper à la bonne porte, vous avez de
bonnes chances si vous êtes tenaces, d'être admis à
l'école anglaise. Est-ce que le ministre ne craint pas que cette
attitude fasse paraître la loi 101 comme étant une punition?
Est-ce que le ministre ne considère pas qu'un humanisme bien
placé, pour autant qu'on croie en l'avenir du français au
Québec, un humanisme bien placé et bien senti l'inviterait
à s'assurer, quand il y a des problèmes d'intégration, de
mettre les ressources nécessaires pour s'assurer que ces enfants
puissent s'intégrer à la majorité? Comment peut-on trouver
humain d'intégrer des nouveaux arrivants à une minorité,
où qu'on se trouve dans le monde? L'humanisme serait davantage de les
intégrer à la majorité, mais cet humanisme, on ne le
comprendrait qu'à la condition de croire que l'avenir du Québec
se fera en français. C'est le message qui est laissé. Est-ce que
le ministre ne croit pas qu'il laisse un message dangereux et que c'est un
glissement qui risque d'avoir des effets pernicieux?
Le Président (M. Audet): M. le ministre, vous avez la
parole.
Des voix:...
Le Président (M. Audet): M. le ministre, vous avez la
parole. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: M. le Président, je vous remercie infiniment. Je
vais répondre aux questions de la députée de Chicoutimi en
commençant par corriger une impression fausse et calomnieuse qu'elle
répand depuis déjà plusieurs semaines au sujet d'un de mes
collaborateurs, M. Jeff Polenz, en laissant insinuer...
Mme Blackburn: Question de... Non, je ne sais pas comment vous
appelez cela.
Le Président (M. Audet): Est-ce que c'est une question de
règlement? Si ce n'est pas une question de règlement, madame, la
parole est à M. le ministre.
Mme Blackburn: Question de privilège ou je ne sais
pas.
M. Ryan: Cela n'existe pas.
Mme Blackburn: M. le Président, est-ce qu'on a le droit
d'utiliser des termes à l'endroit d'un parlementaire? Est-ce qu'on a le
droit d'accuser un parlementaire de faire de la calomnie? Non, M. le
Président.
M. Ryan: Ce sont les propos que j'ai dit qu'ils étaient
calomnieux, la personne m'intéresse peu.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): C'est ce que j'allais
mentionner.
Mme Blackburn: L'arrogance du ministre ne le sert pas
davantage.
Le Président (M. Audet): Un instant, s'il vous
plaît. À l'ordre, s'il vous plaît! Si vous me laissez
quelques secondes.
Mme Blackburn: Non plus que sa misogynie.
Le Président (M. Audet): M. le ministre va répondre
à votre question, Mme la députée. Si vous me laissez
quelques secondes, on va vérifier nos règlements ici. Cela
peut...
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Audet): On va vérifier, enfin. M.
le ministre, je vous invite à continuer votre réponse.
M. Ryan: Cela fait plusieurs fois que la députée de
Chicoutimi attaque insidieusement mon collaborateur, M. Jeff Polenz, en
laissant entendre qu'il serait à mon bureau l'exécuteur des
hautes oeuvres ou le représentant manichéen d'un groupement qui
s'appelle Alliance Québec, parce qu'il a travaillé au service
d'Alliance Québec pendant un an sur une carrière qui en compte
déjà une bonne dizaine, dont plus de deux à mon service et
dont je suis très fier. Tout d'abord, le genre de propos que colporte la
députée de Chicoutimi laisse entendre qu'Alliance Québec
serait presque une organisation subversive. À ma connaissance, c'est une
organisation de bonne foi qui agit dans la légalité, qui agit
avec des moyens démocratiques, qui présente des points de vue
différents de ceux du Parti québécois et parfois de ceux
du Parti libéral. Même quand nous sommes en désaccord avec
Alliance Québec, nous ne la présentons ni comme une organisation
subversive, ni comme une organisation ténébreuse, ni comme une
organisation qui travaillerait de manière hostile au bien
général du Québec. Nous lui reconnaissons la bonne foi,
nous lui reconnaissons le droit à ses opinions et je récuse
profondément l'espèce de délit d'association que la
députée de Chicoutimi voudrait créer entre les positions
prises par Alliance Québec et le travail qu'accomplit mon collaborateur,
M. Polenz. Qu'elle juge M. Polenz à l'aune du travail qu'il accomplit
comme collaborateur du ministre de l'Éducation, s'il accomplit des
choses qui sont critiquables, qu'elle les dénonce publiquement, comme
c'est son droit. Mais ce genre d'insinuation, j'en ai soupe et je suis bien
content qu'elle me fournisse aujourd'hui, en répétant ce genre de
propos, l'occasion de replacer les choses. M. Polenz est un
Québécois authentique, de très bonne volonté,
très compétent, très droit et que je suis fier d'avoir
à mon service au ministère de l'Éducation. Je voudrais
assurer la députée de Chicoutimi que, plus elle va le
dénoncer comme elle le fait, plus je vais désirer le garder
à mon service. Cela est un premier point.
Mme Blackburn: M. Polenz va avoir une longue...
M. Ryan: Deuxième point. La députée a
énuméré toutes sortes de questions. L'amnistie aux
élèves illégaux. Pourquoi y avait-il des
élèves illégaux dans les écoles anglaises?
Pourquoi?
Mme Blackburn: Parce qu'il y avait des gens qui les
encourageaient à y aller. C'étaient les libéraux, à
part cela.
M. Ryan: Parce qu'il y avait un gouvernement qui avait
été assis sur son derrière pendant neuf ans, qui n'a pas
agi, qui a laissé moisir et pourrir la situation sur place. C'est cela,
le dossier.
Mme Blackburn: II légalise des
illégalités.
M. Ryan: Nous sommes arrivés au pouvoir, nous avions
promis de régler le problème, nous l'avons réglé.
Aujourd'hui, il n'y a plus d'élèves illégaux dans les
écoles. Non seulement nous avons réglé le problème
qui restait, mais nous avons prévenu les commissions scolaires que la
loi serait appliquée dans toute sa rigueur si des commissions scolaires
dérogeaient aux prescriptions de la loi 101 en matière
d'admission à l'enseignement en langue anglaise.
La députée a parlé de l'article 85. 1 qui a
été ajouté à la loi 101, l'article qui
prévoit des cas d'une gravité exceptionnelle au plan familial ou
humanitaire. C'est vrai, nous avons ajouté cette disposition de propos
délibéré. Nous avions constaté qu'il y avait une
situation.
En matière linguistique je diverge profondément avec
l'Opposition, quand celle-ci voudrait que tout fût classifié
rigidement sous des lois et des règlements. C'est une
réalité tellement mouvante et tellement subtile qu'il y a une
infinité de situations auxquelles aucune loi, aucun règlement ne
pourra jamais répondre complètement. Il faut par
conséquent prévoir des soupapes dans notre appareil
législatif et réglementaire qui permettront de traiter certaines
situations avec les égards qui sont requis par la nature de la
situation. Quand nous avons introduit cette disposition dans la loi, la
députée a voté contre, c'était son droit. Elle
voulait qu'on continue d'être régimentés comme voulaient le
faire les auteurs de cette loi. Très bien. Mais nous l'avons
amendée en toute légitimité. Maintenant, c'est la loi,
nous l'appliquons. Pour prévenir l'arbritaire du ministre, qui nous
intéresse aussi peu qu'elle, nous avons prévu qu'il faudrait une
recommandation de la Commission d'appel sur la langue d'enseignement pour que
des dérogations puissent être accordées, des autorisations
à l'admission à l'enseignement en langue anglaise à
certains enfants répondant aux critères d'une situation
exceptionnellement grave, d'ordre humanitaire ou familial. Il y a eu 31 cas
dans toute une année représentant 25 familles. Je pense qu'on
ferait mieux de s'occuper d'autre chose si on veut assurer l'avenir de la race.
Il y a beaucoup d'autres problèmes infiniment plus pressants que
celui-là. Cela coule à la douzaine dans d'autres secteurs. Je
pense qu'on est aussi bien d'arrêter de s'acharner sur certains cas et de
passer à des affaires plus importantes.
En tout cas, je suis très heureux de la manière dont
fonctionne l'application de cette disposition de la loi. Je rends hommage,
encore une fois, à la commission d'appel qui a très bien accompli
son travail, tout en regrettant que les trois membres que nous avions
nommés, il y a deux ans, aient dû démissionner pour des
raisons propres à chacun et nous les remplacerons très
prochainement par des personnes également intéressantes.
En ce qui concerne la situation à la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal, au lieu de parler à travers notre
chapeau, comme cela aurait été facile de le faire et comme la
députée de Chicoutimi aime le faire, nous sommes allés aux
faits. J'ai téléphoné aux autorités de la
Commission des écoles protestantes du grand Montréal. Je les ai
fait venir à mon bureau. J'ai dit: II y a un problème chez vous.
On va regarder ce problème ensemble. Justement, j'ai pu apprendre que,
à travers toutes les déclarations qu'elle faisait, la
députée de Chicoutimi n'avait jamais même daigné
prendre le téléphone pour s'informer auprès de ces
gens-là de Ce qu'ils faisaient. Cela aurait peut-être
été le début d'une démarche impartiale et
accueillante. Je défie la députée de nous dire si elle est
déjà allée voir les gens de la commission des
écoles protestantes pour leur demander ce qu'ils font. Quand je les ai
rencontrés il y a quelques mois, ils n'avaient jamais eu de nouvelles de
la députée de Chicoutimi.
J'ai discuté avec eux. J'ai dit: II y a des
représentations qui nous sont faites. Les représentations des
parents étaient multiformes, elles étaient diverses. Il y en a
qui disent une chose à la presse. Il y en a d'autres qui nous disent:
N'écoutez pas ces gens-là, ils ne nous représentent pas
véritablement. Il y a toutes sortes de points de vue. Ce n'est pas parce
qu'un article a paru dans La Presse ou Le Devoir que c'est la
vérité infaillible et absolue. Il faut aller plus loin. Il faut
vérifier davantage. C'est pour cela que je suis convenu avec la
Commission des écoles protestantes du grand Montréal que la
direction régionale du ministère de Montréal fait une
enquête approfondie sur la qualité des services offerts à
la clientèle francophone de la Commission des écoles protestantes
du grand Montréal. Cette étude se fait sous ma
responsabilité par la direction régionale du ministère de
l'Éducation à Montréal. Pour ce qui regarde la Commission
des écoles protestantes, je pense que c'est plus sérieux que des
accusations lancées à travers les manchettes des journaux. (16 h
30)
Un autre cas s'est présenté à mon attention au
cours des deux dernières années, surtout la dernière
année, parce que je n'en avais pas été vraiment saisi
avant, c'est le cas de la commission scolaire de Val d'Or et de la commission
scolaire Northwestern Quebec où un transfert de quelque 300
élèves s'est effectué de la commission catholique à
la commission protestante pour toutes sortes de raisons dont une reliée
à l'enseignement de l'anglais langue seconde dès le premier cycle
du primaire. J'ai mandaté un enquêteur pour faire un travail
là-dessus, M. Sauvé, qui m'a remis son rapport ces jours
derniers. Le rapport est rendu public aujourd'hui à Québec et
à Val-d'Or, comme je le déclarais ce matin. C'est une situation
extrêmement complexe.
Je vais vous donner le contexte et ceci est très important. Il y
a la Commission des écoles protestantes du grand Montréal
également qui enseigne l'anglais langue seconde au premier cycle du
primaire dans ses écoles françaises.
C'est contraire aux dispositions du régime pédagogique.
Nous avons hérité de cette situation que le gouvernement
précédent a laissé pourrir pendant neuf ans. Il y a une
cause devant les tribunaux concernant la compétence du ministère
de l'Éducation et des commissions scolaires en matière de
régime pédagogique, y compris par conséquent la langue
d'enseignement et les matières enseignées à chaque cycle
d'enseignement. La cause étant devant la Cour suprême, je crois
qu'on est obligé, au point où en sont les choses, d'attendre que
la Cour suprême se soit prononcée avant de régler ce
problème à la fois à la Commission des écoles
protestantes du grand Montréal et à la commission scolaire de Val
d'Or. Je ne pense pas qu'il serait de bonne politique de donner un ukase,
d'interrompre l'année scolaire ou le cheminement scolaire des enfants
qui ont commencé comme cela tant que nous n'aurons pas la certitude
judiciaire que c'est notre pouvoir d'agir dans ce domaine. Encore une fois,
c'est un exemple assez éloquent des conséquences auxquelles peut
conduire l'inaction d'un gouvernement quand elle se prolonge pendant longtemps.
Je peux vous assurer que j'ai eu l'oeil sur ce problème de très
près. J'en ai parlé à plusieurs reprises avec la
commission des écoles protestantes et j'ai prévenu le directeur
général lors de la dernière rencontre que j'ai eue avec
lui que, si la Cour suprême confirme le point de vue du gouvernement en
matière de compétence sur le régime pédagogique, le
point de vue que nous avons défendu devant les tribunaux,
immédiatement après ce jugement, des mesures devront être
prises pour corriger la situation qui a été créée
par les années d'inertie dont j'ai parlé.
Maintenant, il faudrait parler également... On a fait des
changements. On a aboli le bureau central d'admissibilité à
l'enseignement en langue anglaise. On l'a remplacé par des personnes
désignées qui sont situées chacune dans les directions
régionales du ministère. Les demandes d'admission à
l'école, c'est une question qui relève de nos directions
régionales. Cela relève des commissions scolaires et, quand il y
a des problèmes, elles transigent avec les directions régionales.
C'est une question d'admission. On a dit: Cela s'en va là. On a
désigné des personnes compétentes et objectives; on en a
retenu une couple de celles qui étaient déjà en place
auparavant et on en a nommé de nouvelles aussi. Je pense qu'on a un
système qui va donner un service beaucoup plus direct à la
clientèle. Il faut avoir vu combien c'était traité de
manière bureaucratique sous l'ancien gouvernement pour se rendre compte
que des améliorations étaient souhaitables. En plus, nous avons
introduit tout un système administratif qui permet de vérifier de
beaucoup plus près la présence d'élèves
français dans des écoles anglaises contrairement aux dispositions
de la loi. J'ai eu connaissance de cas où nos services ont écrit
immédiatement aux commissions scolaires concernées pour les
rappeler à l'ordre. Il y avait des cas difficiles et on les rappelle
à l'ordre. On leur dit: Une loi est là et c'est pour tout le
monde.
La députée m'a demandé quand le guide d'application
serait rendu public. Ce ne sont pas des documents qui sont rendus publics. Ce
sont des documents pour l'usage et la gouverne des fonctionnaires
chargés de l'application de ces lois. Si la députée veut
avoir accès à ces documents, elle pourra les demander et on les
lui donnera volontiers, de même qu'à une personne qui peut
être intéressée. On ne fait pas des dépenses pour
publier seulement pour l'usage de quelques personnes sous forme imprimée
des documents qui ont 300, 400 pages. Ces documents sont disponibles.
Pardon?
Mme Blackburn: À quel moment le nouveau guide sera-t-il
prêt?
M. Ryan: D'ici quelques semaines tout au plus.
Je pense qu'on a fait pas mal le tour. La députée m'a
demandé combien d'enfants affectait le jugement Steinberg. Il y a des
opinions divergentes. Il y en a qui disent que c'est une cinquantaine, d'autres
que cela peut aller jusqu'à 200. Je n'ai pas d'élément
pour donner une opinion là-dessus avec assurance. Ce que je peux vous
dire, c'est qu'une fois que le juge Steinberg a rendu sa décision nous
l'avons examinée sous tous ses aspects et nous avons dû conclure
que les chances de gagner en appel ne seraient pas très grandes. Nous
avons décidé d'accepter le critère qu'a retenu le juge
Steinberg. Lui, il a dit que c'est la majorité du temps qui aura
été fait dans une langue ou dans l'autre qui déterminera
l'admissibilité, et la majorité, on va l'interpréter le
plus près possible de la notion arithmétique de la
majorité, comme le juge Steinberg le demande. Alors, de ce
côté-là, je ne suis pas en mesure de donner un chiffre
précis à la députée, mais, après cette
année, je pense qu'on le saura mieux, parce qu'on pourra compiler les
statistiques là-dessus.
Je rappelle, finalement, que les statistiques donnent raison à la
politique que nous avons suivie. Pour l'année 1987-1988, le pourcentage
des inscriptions à l'école française: 89,5 %; augmentation
chaque année depuis que nous sommes au pouvoir. Pourtant, s'il n'y avait
pas eu amélioration sensible, quand nous avons
décrété l'amnistie pour les quelque 1300
élèves qui étaient illégalement dans les
écoles anglaises, cela aurait dû diminuer le pourcentage
d'élèves dans les écoles françaises. C'est parce
qu'on en injectait 1300 d'un coup, mais l'augmentation a continué de se
faire quand même. C'est signe que le climat général que
nous avons créé favorise l'orientation volontaire vers
l'école française et c'est infiniment préférable au
genre de carcan dans lequel l'Opposition voudrait enfermer le gouvernement et
le Québec tout entier en matière linguistique.
Le Président (M. Audet): Cela va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais savoir si le
ministre a l'intention de répondre favorablement aux recommandations qui
ont été faites par la CEQ pour colmater les brèches qui
sont en train d'être faites dans la loi 101, plus particulièrement
à la suite du jugement Steinberg. Je vais les retrouver. La CEQ
suggère de préciser qu'un parent immigrant doit avoir reçu
son enseignement au primaire en anglais lorsqu'il était domicilié
au Québec et ce, en conformité avec la loi 101. La
deuxième recommandation: la CEQ propose de préciser que
l'anglais, dans ce cas, doit être une langue officielle ou une langue qui
est enseignée dans une école primaire publique du pays où
demeurait le parent auparavant, et non pas l'anglais comme langue seconde,
comme dans le cas du jugement Steinberg.
M. Ryan: II faut bien comprendre que le jugement Steinberg
s'applique à des cas où les parents étaient au
Québec au moment de l'entrée en vigueur de la loi 101. Il faut
arrêter de créer des épouvantails. Ce nombre-là est
inévitablement en diminution et éventuellement aura disparu parce
que les gens ont déjà vieilli. La loi 101 remonte à quelle
année? Elle remonte à 1977. Cela fait déjà onze
ans. Alors, chaque année, le nombre de candidats possibles, de parents
qui peuvent avoir des enfants en âge de commencer l'école,
arrivés ici avant 1977, diminue. Par conséquent, ce n'est pas un
problème grave. Il n'y a pas de danger que cela prenne des proportions.
Cela ne peut que diminuer par rapport à ce que c'est. Pour tous ceux qui
sont arrivés au Québec après l'application de la loi 101,
c'est l'inscription à l'école française qui s'impose.
C'est pour cela que je ne vois pas tout le tralala qu'on veut créer
autour de cela. Il me semble que mieux vaudrait qu'on prenne le problème
dans ses termes véritables et qu'on fasse un peu plus d'analyse et un
peu moins de démagogie.
Le Président (M. Audet): D'autres remarques sur le
même sujet?
Mme Blackburn: Cela va, c'est terminé.
Le Président (M. Audet): Cela va? Mme la
députée de Jacques-Cartier, sur le même sujet?
Mme Dougherty: Sur un autre sujet, sauf s'il y a de mes
collègues...
Le Président (M. Audet): Alors, c'est fini pour ce
sujet-là? Mme la députée de Jacques-Cartier, vous aviez
demandé la parole? Mme la députée de Jacques-Cartier.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, allez-y!
M. Ryan: Est-ce que c'est sur le sujet de l'admission à
l'école anglaise? Non. Sur ce sujet-là, je me permettrai de faire
une dernière remarque, M. le Président, avec votre autorisation.
Je voudrais dire que je suis fier du dossier du gouvernement en matière
linguistique dans le domaine scolaire. Je pense que nous avons appliqué
la loi 101 avec sincérité, avec fermeté, avec
humanité. Les résultats parlent par eux-mêmes. Les chiffres
sont là. Il y a des points qu'il faudra toujours chercher à
améliorer. Surviendront des situations qui requerront notre attention.
Nous faisons preuve de vigilance. Nous allons continuer de le faire. Je crois
que c'est un dossier où nous n'avons aucune espèce de crainte des
critiques que pourrait chercher à soulever l'Opposition.
Le Président (M. Audet): D'accord, merci. Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Recherche et expérimentation en
éducation
M. Dougherty: Merci. Ma question porte sur la recherche et
l'expérimentation en éducation. Depuis longtemps, je
perçois qu'au Québec on ne porte pas toujours une attention
suffisante à la recherche et à l'expérimentation en
éducation. Quand une recherche ou une expérience importante se
fait, on ne retrouve fréquemment aucun reflet des résultats dans
nos programmes scolaires. En d'autres mots, il existe souvent un trop grand
écart entre ce que nous savons d'une bonne formation et ce que nous
faisons dans nos écoles. D'autre part, il y a beaucoup de petites
expériences individuelles qui sont entreprises dans nos écoles,
habituellement grâce à l'initiative d'un professeur ou d'un
directeur audacieux. Ces personnes se découragent si elles ne
reçoivent aucun appui moral et financier pour leurs efforts et, le plus
important, si elles ne voient aucune reconnaissance de leur travail en termes
du désir de généraliser leur succès à
d'autres écoles.
Mes questions sont les suivantes: Quelle est la politique ou quelles
sont les priorités du ministère concernant la recherche et
l'expérimentation en éducation? Je parle ici de la recherche
fondamentale, mais surtout de la recherche expérimentale sous forme de
projets pilotes dans les écoles, ce qu'on appelle en anglais "the
school-based action research".
Deuxièmement, est-ce que le ministère a un budget
identifié spécifiquement pour la recherche et
l'expérimentation? Quels sont les critères d'affectation?
Troisièmement, quel soutien est apporté à
l'expérimentation en milieu scolaire local?
Quatrièmement, y a-t-il des mécanismes au sein du
ministère pour aider les écoles à améliorer leurs
programmes à la lumière des résultats
d'expériences isolées?
Le Président (M. Gardner): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: M. le Président, j'ai avec moi des
représentants de la section planification et développement
pédagogique, qui est une section importante du ministère de
l'Éducation.
Tout à l'heure, avec votre autorisation, j'aimerais que celui qui
vient de s'installer à mes côtés, M. Maurice Morand, qui
est directeur des programmes, puisse dire quelques mots. Il y aura M. Babin,
que j'aimerais également vous faire entendre, qui est directeur de la
recherche et du développement au ministère. Je serai par
conséquent très bref, voulant donner à ces personnes
l'occasion de vous présenter un peu leurs projets et leurs travaux en
relation avec la question très importante qui a été
soulevée par la députée de Jacques-Cartier.
Je voudrais dire essentiellement qu'avec les compressions que nous avons
eues ces dernières années, la dimension recherche n'a pas pu
connaître tout le développement qu'on pourrait souhaiter. Il
serait très souhaitable, pour donner un exemple, qu'on puisse disposer
d'un budget substantiel pour soutenir des projets de recherche dans nos
universités, par exemple. Il y a des universités... Les sciences
de l'éducation sont l'un des secteurs les plus développés
de l'enseignement universitaire au Québec et, malheureusement, nous ne
disposons pas du budget pour promouvoir des projets de recherche que pourraient
entreprendre nos professeurs et nos chercheurs dans les facultés de
sciences de l'éducation. Ils font des travaux de leur côté.
Ils obtiennent des fonds des corps subventionnaires, autant le fonds FCAR que
les organismes subventionnaires fédéraux, mais nous n'avons pas
la latitude qu'il faudrait et c'est un des points sur lesquels il faudra que le
ministère puisse disposer de ressources un peu plus abondantes.
D'ailleurs, en relation avec le plan d'action pour le français, nous
avons libéré certaines sommes qui permettront de promouvoir des
projets de recherche parce que nous avons constaté, en préparant
le plan d'action en français, que nous n'avions pas toutes les
connaissances scientifiques sur certains aspects, sur la pédagogie, par
exemple, en matière linguistique, que nous pourrions requérir.
Alors, de ce point de vue-là, je pense que c'est une limite qu'il faut
inscrire en toute vérité.
Maintenant, j'aimerais que M. Morand, pour commencer, et peut-être
M. Babin par la suite nous disent les travaux de recherche qui se font à
l'intérieur du ministère de l'Éducation. Il y a plusieurs
projets qui sont en marche présentement.
Mme Blackburn: M. le Président, vous permettez une
question? (16 h 45)
Le Président (M. Gardner): Est-ce que vous avez une
question de privilège?
Mme Blackburn: De règlement.
Le Président (M. Gardner): De règlement.
Mme Blackburn: On est ici pour étudier les crédits
et, généralement, il est admis, c'est dans la coutume, dans les
traditions que la majeure partie du temps soit laissée à
l'Opposition pour vraiment faire une étude des crédits, et non
pour encenser le gouvernement. Ce qu'on veut savoir... Si le ministre veut
s'encenser, se féliciter et se trouver bien bon, il a d'autres tribunes
pour le faire. Ici, c'est généralement reconnu que c'est fait
pour permettre à l'Opposition de poser des questions pertinentes par
rapport à la gestion du ministère. C'est le rôle et c'est
la fonction de l'Opposition. Le ministre dit: Je vais être bref.
Après cela, il va s'en aller là-dessus, il va
énumérer les travaux de recherche, on n'en sortira pas. Qu'est ce
que le ministre vise, en fait? M. le Président, ce qu'on peut
suggérer au ministre...
Le Président (M. Gardner): Sur la question?
Mme Blackburn: ...avec tout le respect que j'ai pour ces
personnes qui travaillent et qui collaborent avec lui, c'est qu'il nous envoie
la liste des travaux de recherche; je pense d'ailleurs qu'on en a
déjà quelques-unes. Dans le fond, cela serait aussi pratique et
on n'userait pas inutilement d'un temps qui est précieux pour nous
donner ou nous faire le répertoire des travaux de recherche actuellement
en cours au ministère.
Le Président (M. Gardner): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée par la députée de Chicou-timi,
il faut remarquer quelque chose. Quand est intervenue la députée
de Chicoutimi, elle est intervenue comme elle le croyait bon. Le ministre,
à l'heure actuelle, veut intervenir pour répondre d'une
façon bien déterminée. Cela lui revient, la façon
de répondre, cela ne revient pas à la députée de
Chicoutimi. C'est très simple, c'est très normal. Quand vous avez
parlé dans votre intervention de vingt minutes des cultures et que vous
avez ridiculisé les cultures d'autres communautés, on n'a rien
dit, on a souri. Mais laissez le ministre répondre d'une façon
cohérente et directe à des questions directes de la part d'un
député ministériel. M. le Président, le ministre a
le drqit de disposer de la façon qu'il va répondre, dans quelle
orientation et dans quel sens. Merci.
Le Président (M. Audet): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, une dernière
intervention sur la question de règlement. Ce que je voudrais essayer
d'établir ici, c'est un climat qui nous permette de passer à
travers les nombreuses questions qui sont soulevées à l'examen
des crédits non seulement par l'Opposition, mais également par
les différents intervenants scolaires. Le ministre a certainement comme
moi pris connaissance des critiques qui ont été soulevées
à l'endroit des crédits du gouvernement et du ministère de
l'Éducation en particulier. L'objectif à cette commission, c'est
d'apporter un éclairage qui permette aux gens de mieux saisir cette
réalité. Moi, ce que je demande, c'est qu'il y ait un minimum de
collaboration pour qu'on puisse passer à travers l'étude de ces
crédits de façon assez sereine et avec un maximum d'information.
Les réponses que j'ai, c'est exactement comme en Chambre, je n'ai pas
vraiment de réponse, sauf qu'on fait du paternalisme et on pontifie. En
plus, on allonge.
Moi, ce que je souhaiterais, c'est qu'on le fasse de façon un peu
plus sereine, mais de façon un peu plus sérieuse
également, et qu'on ne continue pas à étirer le temps et
à perdre du temps. J'imagine que les gens qui sont ici ont autre chose
à faire que d'écouter le ministre pontifier et se vanter et
prendre un temps infini pour répondre à des questions qui
pourraient être faites par le biais de communications écrites.
Le Président (M. Audet): D'accord. Une dernière
intervention sur la question de règlement, Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Je regrette infiniment que Mme la
députée ne s'intéresse pas à la recherche et je
note que, dans le programme I, à l'élément 2, section
planification et développement pédagogique, il y a un budget, on
discute des crédits. Je n'ai pas posé cette question pour
féliciter le ministère ni le ministre. Je souligne qu'il y a un
élément du programme du ministère qui est
sous-développé, ce qui me préoccupe beaucoup. D'accord?
J'aimerais savoir ce que le ministre entend faire à l'avenir. C'est
toute la portée de ma question et je regrette, mais je vais la poser et
j'attends la réponse du ministre.
Mme Blackburn: M. le Président, ma remarque ne s'adressait
pas à la députée de Jacques-Cartier.
Le Président (M. Audet): Cela va, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Si on doit passer une partie des crédits
à répondre à une question, on va avoir des
problèmes.
Le Président (M. Audet): Cela va, Mme la
députée.
Alors, le règlement permet au ministre de céder la parole
à un représentant de son ministère. Je vous demanderais
quand même d'être assez bref en réponse à la question
que Mme la députée de Jacques-Cartier a posée. La
tradition parlementaire reconnaît que l'étude des crédits
budgétaires, que le temps de parole mis à la disposition des
membres de la commission, normalement, c'est pour l'Opposition. Alors, je
voudrais qu'on respecte quand même cet esprit-là, cette
tradition-là, parce que c'est surtout le travail de l'Opposition. Cela
n'empêche pas toutefois les membres ministériels de poser quelques
questions, mais je devrai faire respecter la règle de l'alternance...
À l'ordre, s'il vous plaît, à l'ordre! Je devrai faire
respecter la règle de l'alternance. Si on est dans un sujet et qu'il y a
un député qui demande la parole, je devrai lui céder
immédiatement la parole et revenir après immédiatement
à l'Opposition. Est-ce que cela va? C'est bien clair pour cela?
Alors, monsieur, si vous voulez terminer votre réponse. M.
Morand?
M. Morand (Maurice): Maurice Morand, directeur
général des programmes.
Le Président (M. Audet): M. Morand, d'accord, allez-y.
Soyez bref.
M. Morand: Je serai bref, M. le Président. Il y a une
mesure budgétaire, entre autres, qui s'appelle l'expérimentation
pédagogique dans laquelle le ministère investit chaque
année 300 000 $ et les commissions scolaires à peu près
les deux tiers dans des plans conjoints. Chaque année, nous essayons
d'établir des priorités et, depuis deux ans, les priorités
ont porté essentiellement sur les cheminements particuliers, donc, les
élèves les plus démunis du secondaire, sur les
cheminements particuliers des 12-16 ans et, cette année, des 16-18 ans,
tant au niveau de l'enseignement, de l'évaluation que de la
préparation de matériel didactique dans des projets conjoints
avec les commissions scolaires. Nous avons aussi, cette année,
travaillé avec quatre commissions scolaires à des projets de
l'enseignement des sciences au secondaire, les nouveaux programmes de sciences.
Nous avons aussi, il y a deux ans, travaillé conjointement à des
projets sous le thème de la douance avec quelques commissions
scolaires.
Alors, ce sont des projets conjoints et, sur appel d'offres, les
commissions scolaires présentent leur projet. Elles investissent de leur
argent et nous les soutenons avec le budget de 300 000 $.
Le Président (M. Audet): D'accord, merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Maintenant, M. le Président, pour
compléter cet exposé, je pense qu'il est impor-
tant d'entendre également M. Babin, qui est directeur du service
recherche et développement, lequel est responsable du budget auquel fait
allusion la députée de Jacques-Cartier, budget qui est
évoqué à l'élément 2, section 1: 2 984 700 $
pour la présente année, pour l'année 1988-1989. Alors,
j'aimerais que M. Babin nous dise en quelques mots ce que fait cette section
recherche et développement.
Le Président (M. Audet): Tout en étant bref et en
vous présentant, s'il vous plaît!
M. Babin (Jacques): Oui, Jacques Babin. Je suis directeur
général de la recherche et du développement au secteur de
la planification et du développement pédagogique.
Je vais rappeler d'abord quelques-unes des caractéristiques des
travaux de recherche et d'analyse qui se font à la direction
générale. C'est essentiellement une recherche centrée ou
axée vers la prise de décisions et qui, de ce fait, s'apparente
beaucoup plus à la recherche-développement qu'à la
recherche fondamentale. Donc c'est une recherche qui est destinée
à soutenir l'élaboration ou la révision d'orientations de
politiques ou de programmes d'action du mi-- nistère. Dans certains
milieux, on appellerait cette recherche une recherche plutôt
institutionnelle.
Dans les faits, c'est une recherche qui porte essentiellement sur les
clientèles scolaires, sur les personnels, sur l'évolution des
dépenses et sur les services éducatifs. C'est une recherche qui
est souvent evaluative, recherche donc qui porte sur l'évaluation du
fonctionnement du système. Un des premiers résultats ou des
résultats les plus évidents de cette démarche evaluative
est celle que vous avez vue ce matin dans le cadre de la brochure des
indicateurs de performance du système. C'est une recherche aussi qui,
à l'occasion, peut se faire avec des collaborateurs externes. Je signale
qu'à cet effet, à la catégorie 4, donc la catégorie
des contrats, on dispose d'environ 200 000 $ par année dont près
de 60 000 $ sont alloués annuellement à la centrale des
bibliothèques pour la publication d'un répertoire
informatisé de recherche en éducation. Donc, il reste
relativement peu de ressources pour faire faire des recherches à
l'extérieur.
Voilà pour la nature des travaux d'analyse qui sont faits. Si
vous me permettez, j'aimerais vous citer quelques exemples de travaux qui sont
en cours présentement et qui illustrent le genre de concept que je viens
de mentionner. Il y a des travaux qui ont été faits cette
année sur l'enfance en difficulté, donc sur l'évaluation
de la politique, particulièrement sur l'évolution des
clientèles de l'enfance en difficulté, l'évolution des
services offerts et les conditions de financement, les travaux qui ont
été faits pour alimenter la préparation du plan
ministériel en français et des travaux qui vont bientôt
conduire à la publication d'un rapport sur l'orientation des filles vers
les formations non traditionnelles.
Mme Blackburn: Si je ne m'abuse, on retrouve dans le cahier des
crédits l'essentiel des propos que nous présente M. Babin, qui
explique un peu les principales recherches effectuées au
ministère. Si Mme la députée de Jacques-Cartier veut
prendre la peine de lire le cahier des crédits, je pense qu'elle va
retrouver l'essentiel des informations qu'est en train de nous livrer M. Babin.
C'est ce que je voulais souligner tout à l'heure. Quand on utilise une
partie du temps pour refaire les lectures qu'on a peut-être omis de faire
ou qu'on n'a pas eu le temps de faire, je trouve que ce n'est pas correct. Ce
n'est pas là l'objectif de l'étude des crédits en
commission parlementaire.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi, si vous avez remarqué, avant de donner la parole à M.
Babin, j'ai avisé M. Babin d'être quand même assez bref dans
sa réponse. J'imagine qu'il va bientôt conclure, à la suite
de la question qui a été posée par Mme la
députée de Jacques-Cartier. M. Babin, pourriez-vous être un
peu plus bref, s'il vous plaît?
M. Babin: Je peux vous rappeler qu'il s'agit de travaux
essentiellement centrés sur la prise de décisions à
l'interne, qui ont une dimension de publication, de compilation et d'analyse
des statistiques concernant les personnels, les clientèles et les
coûts de l'éducation. Je vous citais quelques projets qui,
effectivement, se retrouvent en bonne partie dans le cahier des crédits
et sur lesquels je peux élaborer si vous le souhaitez, madame.
Le Président (M. Audet): Merci, M. Babin. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Chicoutimi sur le
même sujet.
Mme Blackburn: Non, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Cela va. M. Khelfa: M. le
Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: Juste pour avoir une information, la recherche que
vous faites, le mandat est déterminé à partir de quel
besoin? Qui détermine le besoin de la recherche? Vous avez fait une
recherche sur l'enfance inadaptée. Qu'est-ce qui vous donne l'indication
de faire une recherche dans tel domaine plutôt que tel autre?
M. Babin: Je pense que tous les intervenants dans le monde de
l'éducation et nos patrons au ministère voyaient que des
difficultés
commençaient à poindre concernant l'enfance en
difficulté. Il y avait de toute évidence un volume de ressources
qui était impliqué dans ce domaine et dont on savait mal comment
il évoluerait dans les années à venir. Alors, tout cela
permettait d'identifier assez facilement un chantier de travail.
M. Khelfa:...que vous faites périodiquement? M. Babin:
Oui. M. Khelfa: Merci.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Programme 3,
enseignement privé.
Le Président (M. Audet): Au programme 3? Est-ce que le
programme 1 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Mme Dougherty: Donc, on n'a pas la chance de poser d'autres
questions là-dessus?
Le Président (M. Audet): Le programme 1 est adopté.
Est-ce que le programme 1 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté. Le Président (M. Audet):
Programme 3? Mme Blackburn: Programme 3. Enseignement
privé
Le Président (M. Audet): J'appelle le programme 3. Le
programme 2 sera étudié à la fin de la journée tel
qu'entendu ce matin. Alors, sur le programme 3, Mme la députée de
Chicoutimi. (17 heures)
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Au programme 3, je
voudrais parler de tout le dossier de l'enseignement privé et
plus par-ticulièrement du financement et des nouveaux
permis. Je ne reviendrai pas sur les données touchant les
budgets ou je vais le faire de façon assez brève. On sait que
depuis que le gouvernement libéral a été élu, le
ministre a d'abord levé le moratoire sur l'enseignement privé. Au
total, cette année le ministre aura créé quelque 850
nouvelles places pour des déboursés additionnels de 2 200 000 $.
La croissance du budget de l'enseignement privé se situe aux alentours
de 25 % en trois ans, alors que dans le public, c'est environ 12,9 %. L'an
passé, c'est dix établissements qui ont été
subventionnés: trois nouvelles écoles, et sept qui ont vu leur
financement amélioré. Pour 1988-1989, le ministre vient de nous
annoncer l'octroi d'un statut à trois nouvelles écoles et une
amélioration des subventions à cinq autres. En fait, je le
rappelle, c'est 850 places pour cette année seulement. Il faut
peut-être rappeler... Parce que, quand je dis ces choses, le ministre
m'accuse de faire de la démagogie. Je vais rapporter les propos du
président de l'Académie Laurentienne qui disait, en parlant de
l'académie, qui est une nouvelle école subventionnée:
Celle-ci s'adresse aux élèves moyens et forts parce qu'elle n'a
pas de ressources pour accueillir les faibles. Dans le fond, ce que je voudrais
essayer de comprendre et de voir avec le ministre, c'est: Qu'est-ce que cela
représente au Québec cette nouvelle tendance à ouvrir et
à encourager le développement du réseau privé au
détriment du réseau public?
Je vais essayer de placer la situation de façon à amener
le ministre à comprendre les effets à long terme d'une telle
politique sur la capacité des écoles publiques de relever le
défi de la scolarisation. Actuellement, au Québec, il y a environ
18 % - les données viennent du ministère - des
élèves du niveau secondaire qui se retrouvent inscrits dans des
écoles privées. Les élèves qui sont inscrits dans
les écoles privées, comme le rappelle le président de
l'Académie Laurentienne, sont moyens et forts. Les faibles, il n'y a pas
de place dans les écoles privées pour eux, pour un certain nombre
de raisons qu'on connaît: on fait de la sélection. Les
élèves qui sont inscrits dans les écoles privées
sont généralement, et je le rappelle, bien encadrés dans
leur famille. Ils ont des parents qui encouragent la scolarisation, des parents
qui s'occupent de leur formation et de leur éducation. Donc, l'effet
net, c'est que les éléments les plus dynamiques, 18 % des
éléments les plus dynamiques des jeunes Québécois
d'aujourd'hui du niveau secondaire se retrouvent dans les écoles
privées. Si on prenait ces éléments dynamiques, qui ont
généralement des capacités intellectuelles un peu plus
élevées, mieux encadrés dans la famille, mieux soutenus,
plus motivés, qui ont des parents qui s'occupent de l'école, si
on les prenait et qu'on les envoyait dans des écoles publiques, ils
s'intéresseraient aussi à l'école publique parce que ces
parents sont soucieux de voir leurs enfants réussir. Mais là,
comme on leur ouvre l'école privée et qu'on encourage les
inscriptions à l'école privée, l'effet net, c'est qu'on
écréme les clientèles. Dans cinq ans, on va voir à
peu près 20 % de nos jeunes Québécois de niveau secondaire
dans les écoles privées.
Le drame, c'est qu'on va laisser à l'école publique la
partie de la population étudiante moins favorisée, moins soutenue
dans la famille, et carrément tous ceux qui ont des troubles de
comportement socio-affectifs, et on sait qu'actuellement c'est 12,5 % de la
population étudiante, quoique ce soit un peu plus élevé au
niveau primaire qu'au secondaire. On va se retrouver avec une école
publique écrémée des meilleurs éléments,
sans ressources suffisantes pour relever
le défi. Évidemment, comme vous n'avez pas tout à
fait les bonnes ressources, comme vous avez une clientèle moins bien
préparée, la performance va nécessairement être
moins bonne et la tendance va aller en s'accentuant. La performance
étant moins bonne, on va avoir de plus en plus tendance sinon
intérêt à inscrire ses enfants à l'école
privée et on va se trouver à appauvrir constamment l'école
publique.
Encore une fois, le message qui est laissé par le ministre dans
cette situation est: Si vous voulez recevoir une bonne éducation,
envoyez vos enfants au privé. On ouvre les portes du privé et on
vient encourager cette vision que l'enseignement dans le secteur privé
est supérieur à l'enseignement du secteur public, alors qu'en
réalité le privé reçoit une clientèle qui
est dans de meilleures conditions pour apprendre. Ce qui est malhonnête
et malsain, ce sont les comparaisons qu'on fait actuellement entre le
privé et le public, qui n'ont pas les mêmes conditions. Les deux
secteurs ne reçoivent pas les mêmes clientèles et,
même si les enfants qui sont admis dans les écoles privées
peuvent avoir dans certains cas... Ce ne sont pas tous des "bolés",
comme on dit, ce ne sont pas tous des quotients intellectuels très
supérieurs, ils semblent être moyens, mais ils sont mieux
encadrés dans leur famille et ils ont des parents qui les suivent et qui
s'intéressent à leur formation. Ce qu'on est en train de
créer et le risque que cela fait peser sur l'école publique,
c'est qu'on écrème les clientèles au niveau secondaire
où, dans nos grandes polyvalentes, il y a des problèmes
d'encadrement. Le message que le ministre laisse à la population du
Québec en investissant dans les écoles privées alors qu'il
fait des compressions dans le réseau public, c'est que la
priorité du ministre va à l'enseignement privé.
Le ministre nous disait: On doit laisser le choix aux parents. Moi, je
vous dis que, lorsque je choisis de prendre ma voiture plutôt que de
prendre le transport en commun, je paie pour ma voiture. Je prétends que
le choix des parents, il est là au moment où on a des
écoles publiques. On ne paie pas nécessairement pour les
écoles publiques, mais, comme cela fait partie de la tradition... Je
n'ai pas vraiment d'objection à reconnaître que cela fait un peu
partie de la culture du Québec. Mais ce qu'on ne sait pas
généralement, et on s'assure de ne jamais informer la population
du Québec là-dessus, c'est qu'un système privé
subventionné, c'est quasi exclusif au Québec. Cela existe
marginalement dans les autres provinces, c'est nul en Ontario. On se compare
souvent à l'Ontario? Il n'y en a pas de système privé
subventionné en Ontario et, pourtant, les écoles publiques sont
très performantes. Est-ce qu'on ne pourrait pas se demander si elles ne
sont pas performantes précisément parce qu'elles recueillent tous
les éléments, c'est-à-dire les bons comme les moins bons?
On se retrouve dans le public, je le rappelle particulièrement au niveau
secondaire, avec une clientèle qui est écrémée dans
certains cas de façon importante. Ici, à la commission scolaire
des Découvreurs, à Québec, à la commission scolaire
Chutes-de-la-Chaudière, à certaines commissions scolaires de la
région de Montréal, à Sherbrooke également, c'est
plus de 25 % des clientèles de niveau secondaire qui se retrouvent au
secteur privé. On va se retrouver tantôt.... Cela va aller en
augmentant, alors que la clientèle stagne au Québec. On sait
qu'il y a une croissance presque nulle des clientèles étudiantes
au Québec et cela va avoir comme effet de créer un réseau
pour ceux qui sont capables de se payer l'école privée et de
s'éloigner des cas difficiles, parce que l'école publique
reçoit tout le monde, y compris ceux qui ont des troubles de
comportement et ceux qui ont des troubles de santé ou des handicaps. On
va se retrouver avec des écoles de pauvres, parce que, si vous prenez le
profil socio-économique des enfants inscrits dans les écoles
privées, vous allez constater qu'il y en a plus qui sont issus de la
haute ville de Québec que du quartier Limoilou. C'est la même
chose: il y en a plus du West Island, de Notre-Dame-de-Grâce et
d'Outremont qu'il y en a de Saint-Henri. Vous allez constater également
que vous ne retrouvez aucun - je pense être capable de le dire - enfant
issu de familles d'assistés sociaux.
L'action du gouvernement nous mène à un nouveau clivage de
la société: on va avoir des écoles pour ceux qui sont
capables de se les payer et qui ont aussi le quotient intellectuel pour y
aller, et les écoles publiques pour les autres. Le ministre justifie
l'ouverture des écoles en disant: Cela répond à un besoin,
la liste d'attente est de plus en plus longue. C'est bien évident, on
"désinvestit" dans le public; on laisse le message que l'école
privée est supérieure et on s'étonne que la liste
d'attente soit longue dans les écoles privées. Cela n'a pas de
quoi surprendre, sauf que c'est dangereux. C'est seulement cela que je voudrais
amener le ministre à saisir, soit l'importance de ce mouvement sur la
capacité de l'école publique tantôt de relever ces
défis - je le dis encore en insistant - plus particulièrement au
niveau secondaire.
Ce que je voudrais savoir du ministre: Les listes d'attente sont
longues, nous a-t-il dit tout à l'heure. Est-ce qu'il a l'intention de
poursuivre l'ouverture d'écoles secondaires au rythme des demandes?
Est-ce qu'il n'est pas préoccupé des effets d'une telle politique
sur la démobilisation qui pourra se faire dans les écoles
secondaires en particulier et plus particulièrement sur les effets que
cela pourra avoir si on continue ce clivage des élèves, d'autant
accentué que, je le rappelle - tantôt, on va revenir au programme
d'enseignement professionnel - on est en train de revenir aux écoles de
métier, pour compléter le clivage? Je voudrais savoir du
ministre: s'il est conscient des effets que cela va avoir tantôt, si la
tendance se poursuit, sur les écoles publi-
ques de niveau secondaire en particulier et sur leur capacité
à relever le défi d'une bonne scolarisation, d'une qualité
de l'éducation.
M. Ryan: Je voudrais signaler tout d'abord, M. le
Président, que la députée de Chicoutimi finit son
intervention par une ou deux questions. Elle émet tellement de
considérations avant d'en venir à des questions, qui restent
assez peu claires, que c'est bien difficile de répondre seulement
à la question, il faut répondre aux propos qui l'ont
précédée parce que c'est tout un discours qu'elle nous
tient. Je pense que c'est important qu'on situe les choses dans leur juste
perspective.
Une première chose que je voudrais noter, qui me paraît
très importante, je ne sais pas au nom de qui la députée
de Chicoutimi parle ici; je ne sais pas si elle parle au nom de son parti ou en
son nom personnel. Je me souviens que le Parti québécois avait
inscrit dans son programme, avant d'accéder au pouvoir, une disposition
prévoyant l'abolition des subventions aux établissements
privés. Il n'a pas été capable de l'appliquer. Il a
essayé pendant neuf ans d'enfanter une politique de l'enseignement
privé; il y avait de la division dans le parti et il n'a jamais
été capable d'en mettre une au point. Année après
année, le ministre venait faire des promesses qui ne connaissaient
jamais de réalisation. Je crois que cet article est disparu du
programme. Je crois qu'il est formulé autrement maintenant; en tout cas,
la députée pourra nous le dire tantôt. Je crois que les
propos qu'elle tient ne sont pas tout à fait dans la ligne qu'a suivie
ce parti-là au cours des dernières années.
Pour en donner une indication claire, je vais montrer une chose. La
députée se scandalise. C'est bien facile. Qu'est-ce qui s'est
passé entre 1975-1976 et 1983-1984, pendant que ces chers
éclaireurs de la nation dirigeaient les affaires communes? Voici ce qui
s'est passé. Dans l'enseignement privé, il y avait 80 000
élèves subventionnés en 1975-1976. En 1983-1984, nous en
avons trouvé 93 390. Une augmentation de 13 000 sur 80 000, cela fait
une augmentation de 16 %, pendant que certains tenaient des propos comme ceux
qu'on entend ici. Il faut être logique, il faut que le discours suive les
actes, autrement on n'est pas pris au sérieux. (17 h 15)
Nous avons dit: Nous allons avoir une politique conséquente avec
notre discours, nous allons pratiquer une politique d'ouverture franche et
loyale, mais dans la modération et la rationalité. Qu'est-ce qui
s'est produit en trois ans? Le nombre total d'élèves
subventionnés au secondaire sous le Parti libéral est
passé de 66 000 à 69 000, augmentation de 3000 sur 66 000. Si je
compte bien, combien cela fait-il? Cela fait seulement un peu plus de 1 % par
année. C'est ce qui vous scandalise? C'est ce qui vous fait craindre
pour l'avenir de la nation? Je le regrette infiniment mais vos craintes sont
inspirées beaucoup plus de préjugés que d'une analyse de
la situation réelle.
Nous avons vu jusqu'à maintenant... Voici ce qui se produisait.
Vous allez me poser une question: Combien se fait-il que le nombre
d'élèves subventionnés ait augmenté autant sous le
régime du Parti québécois alors qu'il pratiquait un
moratoire? La réponse est bien simple, c'est qu'ils ont laissé
certains établissements se développer au-delà de toute
mesure pendant qu'on empêchait des initiatives nouvelles de prendre
naissance. C'est ce qui est arrivé concrètement. Il y a des
établissements qui ont multiplié leur clientèle pendant
que vous empêchiez d'autres de prendre des initiatives et que des
régions entières demeuraient privées de l'accès
à l'enseignement de cette nature. C'est ce qui est arrivé, le
dossier parle par lui-même. Je ne blâme pas l'ancien gouvernement
d'avoir laissé ces choses-là se faire, il n'était pas
capable de les empêcher. Quand il y a une volonté des parents qui
s'exprime, à moins qu'on soit dans un pays dictarorial, il faut bien que
cela se manifeste. C'est comme un ruisseau qui finit par percer le rocher, la
volonté des parents.
La députée s'étonne qu'il n'y ait rien de cela en
Ontario. Je ne sais pas si elle a étudié l'histoire des
systèmes d'éducation dans le monde. On peut lui donner d'autres
pays où cela existe, où cela est monnaie courante. En
Amérique du Nord anglaise - pourtant il me semblait que la
députée de Chicoutimi n'aimait pas trop cela! l'Amérique
du Nord anglo-saxonne, c'est dangereux - on a opté, dès le milieu
du siècle dernier, pour une tradition de développement du
système d'enseignement qui donnait le monopole au secteur public. Alors,
ce n'est pas étonnant qu'il n'y ait pas d'écoles privées
subventionnées en Ontario. C'est ce qui se pratique dans toute
l'Amérique du Nord pour les écoles primaires et secondaires. Sauf
qu'aux États-Unis on a forcé les catholiques à avoir un
système d'écoles privées, qu'ils sont obligés de
payer entièrement, système que je trouve personnellement injuste
et que les catholiques américains trouvent injuste également et
qui semble répondre à la philosophie de la députée
de Chicoutimi, suivant les prémisses qu'on a entendu énoncer ici
depuis le début de la journée.
Par conséquent, en Amérique du Nord, ils ont choisi cette
tradition-là du côté anglo-saxon et nous avons plutôt
choisi la tradition des pays d'Europe continentale. En France, ils ont un
régime d'écoles privées subventionnées qui recrute
au bas mot entre 20 % et 25 % de la clientèle des niveaux primaire et
secondaire. En Belgique, on a des écoles privées qui recrutent
une proportion plus forte que celle-là, en Hollande également, en
Allemagne, la même chose. Chaque pays développe sa tradition
propre quand il s'agit de ses structures scolaires. Nous avons notre tradition
propre. Votre parti aurait voulu étouffer les écoles
privées, du moins dans leur dimension subventionnée, mais il a
été
obligé lui-même de se rendre compte au pouvoir qu'il
n'était pas capable de le faire, parce que la pression des parents et de
l'opinion était trop forte.
Sur cela, entendons-nous une fois pour toutes, changez votre programme,
dites des choses claires et après vous essaierez de vous faire
élire avec cela. Nous, une chose que je sais, c'est que nous avons des
actions qui correspondent exactement au discours que nous avons tenu pendant la
campagne électorale et avant. Les développements que nous avons
faits, ainsi que l'attestent les statistiques, sont extrêmement modestes.
Nous avons permis l'an dernier... Combien d'écoles secondaires l'an
dernier, accession au statut et subventionnées? Je pense que c'est bon
qu'on fasse le tour parce qu'il faut mettre la vérité d'abord et
avant toute chose. L'an dernier, on a autorisé l'Académie
séfarade. On lui a donné une RFS pour 45 élèves.
C'est une école, comme vous le savez, qui réunit des Juifs, des
élèves de la communauté juive séfarade,
communauté juive française. Académie
Sainte-Thérèse, on a donné une RFS au niveau secondaire,
elle l'avait déjà au niveau primaire. On a donné -
attendez un petit peu, oui c'est cela - Collège français de
Longueuil, on a donné une RFS à un nouveau pavillon
d'enseignement secondaire qui prolonge les pavillons. Ils ont sept pavillons.
Cela est un des organismes les plus considérables qui se sont
développés beaucoup à la faveur de la politique de
l'ancien gouvernement.
On a donné un statut DIP à la corporation de
l'école secondaire de Rimouski, région où il n'y avait pas
d'enseignement privé. On en a donné un à l'école
Jean-Paul-ll à Baie-Comeau, aussi. Ce sont deux écoles nouvelles.
On en a donné un à l'école communautaire Hassidique de
Montréal. C'est une section très nettement caractéristique
de la communauté juive orthodoxe. On a donné un statut RFS
à l'école de l'église arménienne Sourp-Hagop, un
autre statut RFS à l'école secondaire Mont Bebnilde, en tout 971
élèves l'an dernier. Cette année trois écoles
accèdent au statut d'établissements subventionnés au
secondaire. Il y a l'école Lafontaine qui se voit attribuer un DIP.
C'est un cas particulier. La décision avait été prise l'an
dernier et nous avions posé certaines conditions pour l'octroi du
permis. Les conditions n'ont pas pu être satisfaites à temps pour
l'ouverture de l'année scolaire 1987-1988. Cela a été
différé à l'année 1988-1989. Ensuite, il y a
l'Académie Lauren-tienne dont a parlé la députée de
Chicoutimi qui offre un service de pensionnat et de formation présentant
beaucoup d'aspects innovateurs, puis nous trouvons que c'est bon d'encourager
l'expérimentation également, et l'autre cas, c'est l'école
Pasteur de Cartierville dont la section qui s'adresse particulièrement
à des élèves d'origine libanaise se voit accorder pour le
secondaire un statut subventionné. Alors, c'est tout, cela fait le tour.
Je ne pense pas qu'il y ait de quoi semer la panique nulle part.
Le Président (M. Audet): Cela va, M. le ministre? M. le
député de Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Une question, M. le
ministre. Vous dites qu'entre 1976 et 1983 il y a eu un développement de
quelques collèges privés. Cela a augmenté de 66 000
à 69 000 élèves.
M. Ryan: M. le Président, je ne sais pas si vous pouvez me
permettre une précision?
M. Khelfa: Oui.
M. Ryan: Entre 1986 et 1989, le nombre d'élèves
inscrits dans des établissements privés secondaires est
passé de 66 000 à 69 000.
M. Khelfa: Et entre 1976 et 1983?
M. Ryan: Entre 1976 et 1983, on est passé, de 1975-1976,
de 59 000 à 64 000 de ce côté-là. En tout, 80 000
à 93 000.
M. Khelfa: Cela malgré le moratoire existant? Mais comment
ont-ils pu réussir à faire cela?
M. Ryan: II faudrait le leur demander.
M. Khelfa: Probablement que vous n'avez pas de données,
mais est-ce que ce serait où il y avait des fréquentations
d'élèves d'anciens ministres péquistes dans ces
collèges privés, malgré le discours? Ne me répondez
pas, merci.
Le Président (M. Audet): Cela va? Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Si le ministre ne se
croyait pas constamment éclairé par l'Esprit-Saint et le seul
détenteur de la vérité, il essaierait de comprendre un peu
ce que j'essaie de dire. Il estime toujours qu'il n'y a que lui qui comprend;
les autres ne comprennent jamais parce que comme il a la vérité,
les autres ne sont pas supposés la détenir. Mais de temps en
temps il serait peut-être sage qu'il écoute un peu ce que j'essaie
de lui faire comprendre. D'une part, le message qu'il laisse c'est qu'on
encourage le développement de l'enseignement privé, alors qu'on
effectue des compressions dans l'enseignement public. C'est cela le message. Je
ne suis pas la seule à percevoir ce message puisqu'il y en a d'autres
qui réagissent dans le même sens.
À présent, le ministre me dit: Je vais continuer. Si la
tendance se poursuit, je le maintiens, on écrème les
clientèles. Comme le ministre ne nous a pas donné de politique,
ses critères ne sont connus que de lui, il nous en livre comme ça
de temps en temps, on ne sait
pas où il amène le réseau privé, ce qui aura
des conséquences, évidemment, sur le réseau public. Il
dit: On peut se comparer aux autres pays d'Europe. J'ai rarement entendu le
ministre de l'Éducation se comparer à autre chose qu'à
l'Ontario; tout à coup cela lui plaît de se comparer à
quelques pays comme la Belgique, ainsi de suite, on connaît la situation.
Là, pour faire comprendre, il est en train de s'ouvrir l'esprit tout
à coup, parce que cela sert sa cause. Il est bon de dire et de rappeler
aux Québécois que c'est exceptionnel, c'est la tradition qui veut
qu'on ait un tel système, mais il n'est pas dit qu'il faut absolument
qu'on continue à le maintenir, comme il n'est pas dit qu'il faut
absolument continuer à maintenir l'article 93 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, qui avait peut-être des raisons
d'être en 1867. Ce que je dis, c'est que le message qu'il laisse va
certainement, automatiquement et fatalement amener de plus en plus de monde
à demander l'ouverture d'écoles privées et va fatalement
amener plus de parents à demander des places pour leurs enfants aux
écoles privées. Moi, je voudrais savoir: Est-ce que le ministre
sait combien il y a de demandes sur la table dans les écoles
privées? Ensuite, ce que je voudrais savoir également: Combien y
a-t-il de groupes, de conseils d'administration qui ont fait de nouvelles
demandes pour l'ouverture d'écoles? Cela va être la mode
tantôt, vous savez. Cela va être la mode. Si on veut
échapper à la plèbe, on va s'ouvrir une école
privée. Mes craintes viennent du fait que le message que le ministre
laisse va dans cette direction.
Par rapport au programme du Parti québécois, je le dis en
toute simplicité, ce n'est pas tout le monde qui était prêt
à couper les subventions du privé. Les gens comprenaient que
couper les subventions du privé équivalait à fermer les
écoles privées. Cela n'a pas de rapport. Vous pouvez couper les
subventions au privé sans que les écoles ferment automatiquement.
Il va y avoir fatalement une diminution de la clientèle, mais les
écoles ne fermeraient pas. Cependant, ce que le gouvernement, mon
gouvernement, a fart à l'époque, cela a été de
réduire les subventions au privé et on se rappellera la
levée de boucliers, la démagogie qu'a faite le Parti
libéral à cette occasion, à un point tel qu'on aurait cru
qu'on était en train d'ébranler les colonnes du temple.
Écoutez, on a fait proprement de la démagogie à ce
moment-là. On a également imposé un moratoire sur le
développement des écoles privées. Ce qu'on n'était
pas en mesure de contrôler, c'était le développement des
clientèles, parce que si je ne m'abuse - et là je ne connais pas
bien la Loi sur l'enseignement privé sur cet aspect - une fois qu'on a
reconnu un permis, la loi ne prévoit pas qu'on puisse en contrôler
l'expansion. Par exemple, on s'est retrouvé, pour parler du niveau
collégial, avec un collège à Sillery ou Cap-Rouge avec un
secteur très développé en techniques de garde à
l'en- fance. Alors qu'on contingentait dans le public, on était
incapable, on n'avait pas le pouvoir en vertu de la loi de contingenter dans le
privé. Alors, si je ne m'abuse, il y avait quelque chose comme cela qui
explique la croissance des clientèles.
Je voudrais aussi rassurer le ministre. Je ne trouve pas plus normal que
lui.... Il m'accuse et dit: La députée doit trouver normal que
les Américains catholiques paient les écoles pour leurs enfants.
Voyons donc! Je ne trouve pas cela plus normal. Le réseau public est
accessible à tout le monde. C'est accessible à tout le monde et,
au Québec, on le sait, on a été extrêmement ouvert
là-dessus. Si je ne m'abuse, c'est le seul pays au monde, à
l'exception évidemment d'Israël, où vous retrouvez une
commission scolaire juive, des écoles juives gérées par
eux-mêmes, une structure complètement gérée par la
communauté juive. Je pense avoir entendu dire que cela n'existait nulle
part au monde. Des écoles privées subventionnées, des
écoles privées il y en a évidemment un peu partout, mais
des écoles subventionnées. Le Québec a toujours fait
preuve de beaucoup d'ouverture. On n'a qu'à voir la qualité des
services offerts à la minorité anglophone. Cela n'existe nulle
part ailleurs dans les autres provinces canadiennes. Alors, ce n'est pas de
l'intolérance, c'est tout simplement du sens commun. Un État a la
responsabilité d'offrir les meilleurs services possible au public,
à la masse, et non pas à une élite.
Le Président (M. Audet): M. le ministre. (17 h 30)
M. Ryan: Je voudrais d'abord donner une précision qui ne
me semble pas dénuée d'importance. Il me déplaît de
voir la députée de Chicoutimi introduire le facteur religieux
dans nos discussions, ce que, personnellement, je ne fais jamais, sauf quand on
discute de religion. Dire que je prétends être inspiré par
l'Esprit-Saint, je ne sais pas comment appeler cela, mais cela ne tient pas
debout, c'est de la folie. Qu'on discute des questions qui sont au programme,
c'est très bien. Ce genre d'affaires, franchement, on peut s'en
passer.
Deuxièmement, je crois que, si quelqu'un s'emploie actuellement
à créer l'impression fausse dans tout le Québec que le
gouvernement actuel favorise l'enseignement privé au détriment de
l'enseignement public, c'est la députée de Chicoutimi, pas
d'autre. Je l'ai dit clairement dans ma déclaration liminaire, nous
avons une politique de priorité à l'école publique. 95 %
des ressources consacrées à l'enseignement primaire et secondaire
sont attribuées à l'école publique, alors qu'elle
réunit 91 % des effectifs. Le secteur privé, qui réunit 9
% des effectifs, se voit attribuer 5 % des ressources. Nous avons montré
que le développement était à peine de 1000 par
année au cours des trois dernières années,
c'est-à-dire un rythme de croissance moins rapide que sous le
gouvernement précédent. On continue à
chercher à laisser croire un peu partout que nous favorisons un
développement injuste de ce secteur. Je pense que c'est du mensonge.
Troisièmement, on nous disait tantôt: On développe
le secteur privé pendant qu'on impose des compressions au secteur
public. Je l'ai dit explicitement plusieurs fois aujourd'hui que les
compressions s'appliquent également au secteur public et au secteur
privé. C'est exactement le même régime. J'ai fait faire
l'examen per capita, révolution des subventions est exactement la
même des deux côtés, avec une différence de moins un
dixième pour le secteur privé.
On ne peut pas invoquer cet argument honnêtement si on veut
discuter sur la base du dossier. Si on veut discuter sur une autre base, cela
me rend la partie un peu plus difficile, parce que c'est un genre que j'aime
moins. Sur ce point-là, les choses doivent être clairement
affirmées.
On parlait des écoles juives tantôt. Là je veux
rendre hommage à mes prédécesseurs, M. Jacques-Yvan Morin,
même M. Camille Laurin, je pense. C'est sous le régime du Parti
québécois que les écoles juives sont passées d'un
statut RFS à un statut DIP. Ce n'est pas moi qui leur ai
créé des difficultés à cause de cela, au contraire.
Tantôt on nous disait: II n'y a pas d'autre pays au monde où les
écoles juives sont reconnues. Tant mieux, si le Québec a la
générosité pour le faire. Oui, tant mieux.
Mme Blackburn: C'est tout à fait le sens de mon
intervention.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: Je ne voudrais pas briser l'harmonie si elle existe
entre nous sur ce point-là. Je passe immédiatement à un
autre point.
Un phénomène que j'aimerais signaler. Récemment au
ministère, il y avait une conférence. Récemment, ce n'est
pas plus tard qu'hier. Au ministère, quand on dit récemment,
c'est toujours très proche d'aujourd'hui parce que cela marche vite. Il
y avait une conférence, une réunion d'étude des cadres du
ministère, au cours de laquelle un professeur de la Faculté des
sciences de l'éducation, M. Claude Lessard, est venu faire une
conférence dont M. Boudreau m'a remis le texte hier soir. En lisant cela
j'ai trouvé un passage qui se rapporte directement à ce que nous
discutons actuellement et qui rend, peut-être, plus compte de ce qui se
passe dans la réalité que les propos qu'on a entendus cet
après-midi: II y a actuellement une telle compétition entre le
secteur privé et les écoles des commissions scolaires, pour une
clientèle scolaire par ailleurs décroissante, que l'on observe
une évolution du secteur public dans le sens de sa privatisation. Je
veux dire par là que tout se passe comme si les responsables locaux du
primaire-secondaire public avaient décidé de présenter
leur produit comme possédant les caractéristiques
traditionnellement associées au secteur privé: un encadrement des
élèves plus marqué, une importance accrue accordée
au rendement académique, des cheminements particuliers pour les
élèves doués, une ouverture sur l'international, des
écoles professionnelles distinctes, voire des activités
parascolaires plus développées. En d'autres termes, la
compétition a des effets homogénéisants, l'école
publique cherchant à se rapprocher de l'école privée.
Beaucoup applaudiront, y compris, je pense, des enseignants du public, d'autres
crieront à la trahison de l'esprit de la réforme, de la
Révolution tranquille. Je me contente pour le moment - je cite toujours
M. Lessard - de constater que la compétition entre le public et le
privé induit effectivement une dynamique à la base du
système, mais que cette dynamique n'a pas tellement pour effet
d'accentuer la complémentarité des deux secteurs que
d'homogénéiser autant les orientations et les pratiques entre le
public et le privé. À mon avis, c'est cette compétition
qui donne sa force au mouvement de retour à l'essentiel qui est notre
version québécoise du "back to basics" américain.
Il y a un effet d'homogénéisation qui est très
intéressant aussi. Je crois que le privé, avec lequel j'ai de
nombreux contacts à titre de ministre de l'Éducation, ressent
aussi l'impact de ce réveil qui se produit dans le secteur public. Je me
rappelle, M. Rondeau me disait cela quand il était mon conseiller
autrefois. Il m'avait dit: On s'en va vers une situation où chaque
école va devoir se personnaliser et s'individualiser si elle veut
recruter et conserver une clientèle. C'est vers cela qu'on s'en va
actuellement. Dans la mesure où les commissions scolaires prennent le
virage et personnalisent de plus en plus le produit qu'elles offrent à
la population, dans la même mesure on va revenir au véritable
esprit de notre système d'enseignement et on va faire en sorte que le
public va prendre toute sa place. Déjà, j'ai des nouvelles pour
vous. Il y a des gens des écoles privées qui m'ont dit:
Allez-vous laisser le public dévelqpper tout cela, devant les
initiatives nouvelles? J'ai dit: Pour l'amour du ciel, certainement! Nous
l'encourageons très fortement à le faire. Vous autres, vous aimez
à parler d'émulation, bien grouillez-vous! C'est l'esprit qu'on
veut mettre dans le système. Mettre un peu d'aiguillon dans chacun des
deux secteurs de manière que tous offrent à la population des
services de plus grande qualité. C'est cela notre philosophie
véritable. Je n'ai pas de prédilection particulière pour
l'un ou pour l'autre. Quand je vais dans une école comme l'école
de Repentigny, qui est la plus grosse école secondaire du Québec,
et que je trouve qu'on a mis sur pied effectivement un système
d'organisation scolaire qui permet une personnalisation du contact entre
l'éducateur et l'élève
à tous les niveaux, je les encourage fortement. L'autre jour,
j'étais dans une école privée, je disais à la
supérieure, parce que c'est une école dirigée par une
communauté religieuse: J'ai vu une école secondaire l'autre jour
qui est aussi bonne que la vôtre. Savez-vous ce qu'elle m'a dit? Elle a
dit: Ils sont venus chercher leur modèle ici. Ils sont venus nous voir
et on leur a dit comment cela marchait. Ils l'ont transposé chez eux. Ce
phénomène d'interfécondation, la fécondation
réciproque, si on peut le multiplier au lieu de fomenter la chicane et
les guerres, je pense que c'est infiniment préférable pour
l'épanouissement de notre système. C'est cela qui est notre
esprit.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce sera terminé sur ce sujet.
Le Président (M. Audet): C'est terminé sur ce
sujet. Et le programme?
Mme Blackburn: Programme 3.
Le Président (M. Audet): Programme 3, adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Audet): J'appelle maintenant le programme
4. Enseignement primaire et secondaire public.
Enseignement primaire et secondaire public
Compressions budgétaires
Mme Blackburn: J'aimerais parler un peu des compressions. Le
ministre vient de réaffirmer que l'école publique était
pour lui et demeurait pour lui une priorité, alors qu'on sait que dans
les faits il y a des compressions qui sont exercées dans certains
postes, et je vais y revenir.
Le ministre nous dit: L'éducation est une priorité et
l'éducation dans le réseau public davantage. Pourtant, je
rappelle son texte de ce matin, parlant du budget des crédits
alloués à son ministère: Le Québec ne saurait
toutefois continuer longtemps d'évoluer dans la voie empruntée
ces dernières années, c'est-à-dire la voie des
compressions, sans risquer de mettre en danger la qualité des services
qu'il doit offrir à sa population en matière d'éducation.
Comme le ministre semble toujours vouloir oublier ce qu'il a dit quelques
heures plus tôt, il est important de le lui rappeler. Le ministre nous
dit: C'est une priorité. Il n'y a rien d'alarmant dans la situation.
Pourtant, cet après-midi, la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec tenait _une_ conférence de presse
pour précisément dénoncer les coupures effectuées
dans le budget des commissions scolaires. Je me permets de lire quelques
paragraphes dû* communiqué de presse émis à cette
occasion. Le communiqué, qui est daté du 14 avril 1988, a comme
titre: Le ministère de l'Éducation coupe une fois de plus les
crédits de l'école publique. La Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec a dénoncé
vivement en conférence de presse aujourd'hui les coupures que le
ministère de l'Éducation effectue une fois de plus dans les
budgets de l'école publique. Au moment où tous s'entendent
à dire qu'il faut améliorer la qualité de l'enseignement
et de l'encadrement des élèves, le ministre impose aux
commissions scolaires des compressions budgétaires qui mettent en jeu
non seulement l'aide aux élèves en difficulté d'adaptation
et d'apprentissage mais le support à l'ensemble des clientèles du
système public d'enseignement. C'est une déclaration de M.
Légaré. Et il ajoute: Les commissions scolaires ont reçu
à la mi-février leurs projets de règles budgétaires
pour 1988-1989. Pourtant, elles ont fait savoir, à cette occasion, au
ministre que les commissions scolaires lui expliquent, une fois de plus, qu'il
ne peut couper impunément dans les subventions à l'école
publique sans limiter l'accès à l'égalité des
chances pour tous en éducation. Ce n'est pas la députée de
Chicoutimi qui parle, c'est la Fédération des commissions
scolaires des écoles catholiques: Une commission scolaire en milieu
rural, avec les nouvelles règles budgétaires, d'environ 1650
élèves répartis dans une douzaine d'écoles perdra
près de 400 000 $ équivalant à environ dix enseignants,
même si sa clientèle augmente. Cette commission scolaire, si elle
est au sommet de sa taxe locale, ne pourra faire face à ces compressions
si des correctifs ne sont pas apportés. Et la fédération
poursuit en se disant surprise que le ministre modifie le coût
subventionné par enseignant en ajoutant un facteur de mobilité
dans le calcul du taux de vieillissement sans qu'elle n'ait été
informée de cette mesure.
Le ministre se vantait ce matin des rapports courants qu'il avait avec
les différents intervenants du réseau. Si je ne m'abuse, il le
faisait plus particulièrement en parlant de la commission de
l'enseignement privé. Il serait peut-être souhaitable qu'il
entretienne les mêmes rapports de collaboration et de concertation avec
la Fédération des commissions scolaires alors qu'il est en train
de modifier les règles budgétaires.
Toujours dans le même communiqué, parlant de
l'éducation des adultes, la fédération dit:
L'éducation des adultes n'échappe pas au couperet du ministre.
Même si le MEQ vise des objectifs de rationalisation budgétaire
dans le soutien de l'éducation des adultes, il nous apparaît
important que les commissions scolaires aient les ressources suffisantes pour
répondre notamment aux besoins des Québécoises et des
Québécois qui retournent à l'école pour parfaire
leur formation et pour l'alphabétisation, qui
constitue un problème sérieux au Québec.
Et la fédération conclut en disant: Nous constatons en
effet que l'éducation n'est plus une priorité pour le
gouvernement du Québec. Moi, j'ajouterais: À la lumière
des trois derniers exercices financiers, l'éducation n'a jamais
été une priorité pour le gouvernement libéral.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le ministre nous dit:
Écoutez! J'accorde toute l'attention qu'il faut à l'enseignement
privé et public, mais les chiffres qu'on a en main démontrent de
façon évidente qu'il y a une croissance des budgets au
privé et qu'elle est beaucoup plus grande, le double en fait, que la
croissance des budgets au secteur public. C'est ce que dénonce la
Fédération des commissions scolaires.
Je voudrais à nouveau amener le ministre sur ceci: Le ministre
a-t-il bien mesuré... Je sais qu'il se dit inquiet, je sais qu'il est
inquiet, il nous l'a livré ce matin et il nous l'a dit, mais c'est la
troisième année qu'il nous le dit, cela ne peut pas continuer
comme cela. Comme cela fait la troisième année qu'il nous dit que
ça ne peut pas continuer comme cela sans affecter la qualité de
l'éducation, l'accessibilité à des services de
qualité et que c'est la troisième année qu'on
connaît des compressions dans ce réseau. Le ministre n'est-il pas
inquiet de ces nouvelles compressions qui viennent affecter le réseau
public d'écoles au Québec? Le ministre a-t-il mesuré
l'impact de la coupure des postes des professionnels? Alors qu'il vient
d'ajouter aux exigences des commissions scolaires seulement par le biais de ces
dérogations, quand on sait que le nombre de ces professionnels est
déjà estimé insuffisant... Dans les chiffres qu'il nous
fournissait tout à l'heure, il a dit: on a 521 professionnels...
Des voix: ...psychologues. (17 h 45)
Mme Blackburn: ...psychologues dans les commissions scolaires de
tout le réseau du Québec. Il faut dire qu'il y a aussi 1 000 000
d'élèves et un peu plus dans le réseau. Alors, qu'il y ait
521 psychologues, cela ne nous apparaît pas être
complètement démesuré comme proportion. Est-ce que le
ministre a mesuré l'impact des coupures de postes de professionnels,
déjà en nombre insuffisant dans les commissions scolaires, et les
commissions scolaires seront-elles obligées de couper des postes
équivalents ou est-ce qu'elles pourront procéder à des
réaménagements budgétaires? On sait qu'il y a eu 1,5 % de
coupures faites à ce poste.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je pense que c'est bien important de
rappeler clairement que la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec a fait une déclaration aujourd'hui et qu'on
l'examine avec attention. On me l'avait transmise hier. Je suis très
heureux de la courtoisie qui caractérise nos rapports, d'ailleurs, entre
les deux fédérations de commissions scolaires et le
ministère de l'Éducation.
Un premier point que je veux rappeler clairement, c'est qu'il y a
déplacement de priorités. Mais il n'y a pas de diminution de
ressources accordées aux commissions scolaires cette année. Il y
a augmentation nette de 5 600 000 $. Je pense que c'est un fait qu'on doit
reconnaître au départ. La députée l'a reconnu
elle-même dans son intervention liminaire.
Mme Blackburn: Bien oui. Ce sont les salaires.
M. Ryan: C'est important de le remarquer clairement. Là
où nous effectuons les compressions, elles sont compensées par
des ajouts de ressources ailleurs. C'est bien clair.
Là, j'en viens au rapport avec les commissions scolaires. Nous
avons une commission nationale des finances qui réunit
régulièrement les représentants des commissions scolaires
et d'autres grandes associations du monde éducatif avec le ministre et
ses principaux collaborateurs. Je me souviens que, l'an dernier, on avait
présenté des perspectives budgétaires à la
fédération et on nous avait dit: Cela n'a pas de bon sens; il y a
des compressions de 20 000 000 $ à 23 000 000 $. Je pense que, l'an
dernier, c'était 23 000 000 $ ou 25 000 000 $, je ne me souviens pas
exactement. Là, on leur avait dit: Si vous voulez être justes, on
va tenir également des ajouts de ressources et, finalement, je crois
qu'il y avait un surplus net d'ajouts de ressources de l'ordre de 20 000 000 $
à 30 000 000 $. C'est cela, la réalité. C'est cela que les
commissions scolaires ont eu en 1987-1988 pour gérer leurs affaires. Ce
ne sont pas seulement les compressions envoyées dans un paquet
séparé. C'est un tout, les mesures budgétaires.
Encore une fois, même pour cette année, il y a
accroissement de ressources, 5 600 000 $. On peut dire que c'est trop faible;
c'est un point de vue qui se défend. Mais on ne peut pas dire qu'il y a
diminution de ressources, ce n'est pas vrai. C'est mon humble point de vue
confirmé par les chiffres que nous avons présentés depuis
le début du débat.
En plus de cette commission nationale des finances qui se réunit
environ deux fois par année - les commissions scolaires, le
ministère, les grandes associations de l'éducation - nous avons
un comité d'allocation des ressources composé de
représentants des Fédérations de commissions scolaires et
du ministère qui, lui, se réunit quatre ou cinq fois par
année et avec lequel on discute de tout ce qui regarde lés
règles budgétaires, les modes d'allocations de ressources et tout
cela. On le consulte à différents stades. Encore demain, je crois
qu'il y a une réunion au cours de laquelle on discutera de
nouveau de certains aspects des règles budgétaires.
Maintenant, la députée a cité tantôt le cas
d'une commission scolaire qui était évoqué dans le
communiqué de la Fédération des commissions scolaires
catholiques. Nous avons passé la soirée là-dedans hier
soir, mais nous avons reconnu le cas tout de suite, parce que nous avons
reçu des correspondances et, ce cas-là, nous l'avons reconnu tout
de suite. Je peux vous dire que, dans ce cas particulier, il y avait certaines
données qui étaient incomplètes dans les données
qui ont servi de base à l'envoi de projets de règles
budgétaires. Cela donnera lieu à une correction. Dans ce cas-ci,
au lieu de dix enseignants, cela va probablement être deux enseignants.
Alors, ce sont des propos, je les comprends.
Il y avait un autre point. Pour le calcul des sommes à verser aux
commissions scolaires au titre des enfants en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage, on introduisait, cette année, ce qu'on appelle un
indice de défavorisation pour donner plus d'enseignants à des
commissions scolaires où le milieu socio-économique est plus mal
en point. On avait proposé un indice qui a soulevé des
difficultés et qui provoquait des iniquités assez grandes d'une
commission scolaire à l'autre. Pour l'ensemble, cela marchait
très bien, mais il y avait un certain nombre de cas qui étaient
vraiment paradoxaux, qui étonnaient. Je vous donne un exemple. En vertu
de cet indice, la commission scolaire Sainte-Croix à Montréal
avait un indice de défavorisation très élevé. La
commission scolaire catholique de Verdun, c'était zéro. À
la connaissance qu'on peut avoir des faits, on serait porté à
penser que les gens sont moins riches dans Verdun que dans le territoire de la
commission scolaire Sainte-Croix. On s'est dit: Cela demande des
vérifications plus pointues. On est en train de les faire. Si on voyait
que cet indice crée des inégalités injustifiées, on
reviendra à la position de l'an dernier. Mais, honnêtement, c'est
un effort d'amélioration qu'on a fait.
Alors, encore une fois, quand on regarde l'ensemble, je comprends les
représentations des commissions scolaires. Il est normal qu'elles
fassent ces représentations. J'en ai eu des semblables des
universités. J'en ai eu des semblables de la Fédération
des cégeps. J'en ai des semblables des deux grandes associations qui
regroupent les établissements privés de niveau secondaire et de
niveau collégial. Nous essayons de faire pour le mieux mais, encore une
fois, il n'y a pas de diminution de ressources. Au contraire. Il y a ajout
modeste mais quand même réel de ressources qui vont nous
permettre, entre autres, d'avoir un certain nombre de projets spéciaux
en 1988-1989, dont j'ai décrit les grandes lignes au cours de la
journée.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je reconnais qu'il y
a effectivement un ajout des ressources et je n'ai jamais dit le contraire.
C'est d'ailleurs détaillé dans la présentation de ce
matin. On le retrouve dans les crédits. C'est écrit: Conventions
collectives: 20 000 000 $; ajustement mécanique aux règles
budgétaires: 1 200 000 $. Ajoutez à cela, si je ne m'abuse, le
montant de 8 400 000 $ pour les activités prioritaires.
Par ailleurs, on sait également que les compressions sont
détaillées de la façon suivante. J'ai vu cela. Un moment,
s'il vous plaît. C'est ici. Non - indexation des autres dépenses,
12 600 000 $. Ce n'est pas parce qu'on dépense 20 000 000 $ dans les
conventions collectives pour de nouveaux postes que cela vient indexer les
autres dépenses automatiquement. Il y a, de façon nette et
claire, une compression de 12 600 000 $ là, une compression de 1 500 000
$ sur la masse des personnels autres que syndiqués, c'est un montant de
11 200 000 $, et la baisse des effectifs, 0, 7 %, pour un total de 24 500 000
$. Ce que je dis au ministre, c'est que dans ces postes il y a effectivement
une compression. Le total de ces compressions, sur trois ans,
s'élève à 65 000 000 $ pour le réseau public,
évidemment.
Je pense que l'alarme qui est sonnée par la
Fédération des commissions scolaires est justifiée. Elle
est justifiée, je le rappelle, par le discours du ministre
lui-même qui se disait alarmé de faire des compressions au
printemps 1986, alarmé au printemps 1987 et qui se dit encore
alarmé en 1988. J'ai hâte qu'il soit assez alarmé pour que
l'alarme sonne en haut, au Conseil des ministres.
Je voudrais savoir du ministre, dans le montant de 20 000 000 $ qui est
ajouté à des fins de conventions collectives, s'il s'agit de
nouveaux postes pour l'année 1988-1989 ou pour des postes qui avaient
été ajoutés l'an passé. Est-ce simplement l'effet
récurrent ou si ce sont vraiment des nouveaux postes?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Pour la dernière année,
c'est-à-dire l'année scolaire en cours ou plutôt pour
l'année budgétaire terminée le 31 mars, l'ajout net de
ressources a été de 10 500 000 $, d'après les
prévisions qu'on avait faites. Il y avait des compressions pour 20 000
000 $ environ. Il y avait des ajouts de ressources pour un montant d'environ 10
000 000 $. Cette année, c'est un montant de 5 600 000 $. C'est un petit
peu moins que l'an dernier. Mais encore une fois, dans tout le contexte
où nous évoluons, je pense que ce ne sont pas des choses de
nature à provoquer des déclarations apocalyptiques.
Il faut signaler une chose...
Mme Blackburn: Pour le montant de 20 500 000 $, en vertu des
conventions collec-
tives, s'agit-il de nouveaux postes pour 1988-1989 ou si ce sont
simplement les postes qui ont été créés l'an
passé et qui sont récurrents?
M. Ryan: Ce sont les mêmes postes, évidemment. Ce
sont des dépenses qui continuent. Ce sont les mêmes postes.
Mme Blackburn: Ce sont les mêmes postes? M. Ryan:
Oui.
Mme Blackburn: Alors, il ne s'agit pas vraiment d'ajouts. Est-ce
qu'il faut compter l'ajout deux fois? L'ajout de l'an passé et celui de
cette année?
M. Ryan: C'est parce qu'on paie ce salaire en plus. On le paie
quand même cette année. Il s'ajoute. Cela dérive de la
convention collective. Cela n'a pas été inscrit dans le
système de dépenses récurrentes encore. C'est cela. C'est
comme les dépenses pour le programme de formation professionnelle. Elles
vont être insérées dans le système graduellement. On
prévoit cette année un ajout de 18 000 000 $ de ce
côté.
Mme Blackburn: Cela veut dire que, si on fait le calcul selon
l'information qu'on vient d'obtenir, ce n'est plus 30 100 000 $ qui ont
été ajoutés, mais plutôt 9 600 000 $ parce qu'on ne
pourra pas compter année après année de façon
récurrente les postes qui ont été créés en
1982, 1983, 1984 et 1985.
M. Ryan: Ces postes sont des ajouts de dépenses.
Mme Blackburn: De l'an passé.
M. Ryan: Oui. Mais oui. Mais par rapport aux obligations
strictes, les règles de formation de groupes, on aurait pu s'en tenir
à l'autre. Cela vient ajouter des enseignants.
Le Président (M. Audet): Cela va, Mme la
députée?
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Audet): M. le ministre. D'autres
commentaires à ajouter?
M. Ryan: J'ai été interrompu. J'étais en
train de compléter ma réponse.
Le Président (M. Audet): Allez-y. Vous avez la parole.
M. Ryan: J'ai été interrompu par la
députée de Chicoutimi avec votre bienveillante permission, sans
la mienne.
Ce qu'il faut ajouter, quand on prend tout le tableau, c'est le
potentiel financier des commissions scolaires également. Comme je l'ai
dit ce matin, les commissions scolaires, à la fin de l'exercice de
l'année scolaire de 1986-1987, au 30 juin 1987, avaient un surplus
cumulatif de 151 000 000 $. Pour l'année scolaire 1986-1987, elles ont
fait un surplus d'exercice d'à peu près 30 000 000 $.
L'année précédente, elles avaient fait un surplus de 25
000 000 $ à 30 000 000 $ également. Ce sont des chiffres qui
indiquent qu'on n'a pas le couteau sur la gorge. Quand un réseau sort
d'une année avec un surplus d'exercice de 30 000 000 $, c'est signe
qu'il n'a pas été pressuré au point d'être
menacé de mort. Il y a autre chose qu'il faut ajouter, pour
l'information des députés, c'est que les ressources
attribuées aux commissions scolaires sont pour une grande partie
transférables. Cela veut dire que, si une commission scolaire ne
dépense pas tout le budget qui lui a été attribué
pour un poste, elle a une latitude beaucoup plus grande qu'autrefois pour
transférer les ressources obtenues à ce titre à un autre
poste. Elle n'est pas obligée de rendre de comptes de cela ou de
demander de permission à personne. Avec les nouvelles règles
budgétaires que nous avons introduites, il y a deux ans, il y a une
transférabilité beaucoup plus grande des décisions et des
ressources attribuées à la commission scolaire que ce
n'était le cas auparavant.
Quand nous avions parlé de responsabiliser les commissions
scolaires, nous n'avions jamais promis de leur transférer des pouvoirs
qui doivent appartenir au ministre. Nous avions dit que nous faciliterions
l'exercice de leurs pouvoirs propres au plan administratif et financier en leur
permettant de faire plus de décisions qui tiendraient compte de leurs
réalités particulières. Quand on tient compte de tout
cela, le surplus cumulatif de 151 000 000 $, le surplus d'exercice de l'an
dernier... Cette année, je ne sais pas quels seront les
résultats, je n'ai pas les toutes dernières perspectives, mais
tout me permet de croire que nous devrions avoir des résultats aussi
bons que l'année précédente. Je pense qu'il ne faut pas
crier au loup non plus. On peut dire -et je l'ai dit moi-même ce matin -
qu'il faut faire attention parce qu'on arrive à un point où il
faut être bien conscient que, si on allait continuer indéfiniment,
on aurait des dangers sérieux de corrosion et de diminution de
qualité. Je crois que pour le moment nous sommes encore dans une
situation qui est tout à fait viable, qui permet aux commissions
scolaires de s'acquitter de leurs responsabilités un peu serrées.
C'est la même chose pour nous. Je prends dans mon propre cabinet. J'ai
deux ministères dont je suis responsable et j'ai le personnel d'un
cabinet. J'ai demandé au gouvernement: Cela me prendrait plus de
personnel. Ils ont dit: On traite tout le monde sur le même pied. On vous
donne la même chose qu'aux autres ministres. Je fais mon travail quand
même et vous ne m'entendez pas à passer mon temps à me
lamenter parce que je serais
privé de ressources. Cela m'en prendrait plus. Mais je me dis: On
est capable de faire la "job" avec les ressources qu'on nous donne. Au bout de
la ligne, il faut bien que quelqu'un décide. Cela ne peut pas être
chaque ministre. On est dans un gouvernement libéral et non pas dans
l'ancien gouvernement péquiste.
Le Président (M. Audet): Cela va, M. le ministre? Alors,
étant donné que l'enveloppe est maintenant terminée, avant
d'ajourner les travaux, je voudrais revenir un peu sur la question de
règlement que Mme la députée de Chicoutimi a
soulevée en cours d'après-midi, que le ministre de
l'Éducation aurait tenu des propos antiparlementaires.
Je dois vous dire, Mme la députée, qu'en vertu de
l'article 35, ainsi que des jurisprudences quant aux paroles interdites ou aux
propos antiparlementaires, les propos que le ministre a tenus ne me permettent
pas de vous donner raison, à la suite de votre question de
règlement. Évidemment, ce n'est peut-être pas un hommage
à des propos que vous auriez tenus incessamment; toutefois, je ne peux
pas vous donner raison lorsque vous invoquez l'article 35 pour dire que le
ministre aurait tenu des propos antiparlementaires.
Alors, avant d'ajourner les travaux, je demande le consentement pour que
nous puissions reprendre à 19 h 30 au lieu de 20 heures, pour terminer
à 22 h 30 au lieu de 23 heures. Cela irait?
Mme Blackburn: Alors, cela dépend de la
disponibilité du ministre. On avait parlé de 19 heures.
Le Président (M. Audet): Bien, selon plusieurs
collègues, cela semblait aller pour 19 h 30, alors...
M. Gardner: Si on peut reprendre à 19 heures, je serais
d'accord, moi aussi.
Mme Blackburn: Oui, à 19 heures.
M. Ryan: Je serais d'accord aussi, M. le Président.
Une voix: On a une heure.
Le Président (M. Audet): C'est peut-être
serré un petit peu. Pour votre président c'est peut-être
serré un peu.
Une voix: C'est serré pour votre président?
Une voix: Le président, on peut s'en passer. C'est un
détail.
Mme Blackburn: II est arrivé en retard ce midi.
Le Président (M. Audet): Alors...
M. Ryan: Je serais disponible à 19 heures.
Une voix: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Audet): Merci de votre grande
collaboration, M. le ministre! Alors, puisqu'il a consentement, on va reprendre
nos travaux à 19 heures, pour terminer à 22 heures.
Alors, j'ajourne la commission jusqu'à 19 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 19 h 5)
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. À la suite d'un consentement
qui a été obtenu contre le gré du président, nous
devions reprendre à 19 heures; nous sommes déjà en retard
de cinq minutes, alors, nous allons immédiatement reprendre nos
travaux.
Messieurs, si vous voulez reprendre vos places, s'il vous plaît.
Nous en étions au programme 4, Enseignement primaire et secondaire
public. C'est bien cela?
Mme Blackburn: Programme 4, c'est bien cela.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais,
très brièvement, revenir aux compressions effectuées dans
les réseaux primaire et secondaire publics un peu pour décomposer
les chiffres qui nous ont été donnés tout à
l'heure, alors que, dans le poste Conventions collectives, on retrouve des
crédits additionnels de 20 500 000 $. J'ai cru comprendre à la
fin de l'intervention du ministre qu'il s'agit effectivement d'engagements qui
ont été pris l'an passé et il ne s'agit pas de ressources
nouvelles additionnelles. Si ces 20 500 000 $ ne constituent pas de l'argent
neuf, ce n'est plus 30 100 000 $ additionnels d'argent neuf qu'on a cette
année, mais bien 9 600 000 $ et, si je reprends le texte du ministre ce
matin, au total les crédits de l'exercice 1988-1989 se soldent ainsi non
pas par un ajout de ressources de 5 600 000 $, mais par une diminution de 15
000 000 $, c'est-à-dire l'équivalent de l'écart entre les
deux. Je voudrais comprendre ces chiffres, à la lumière de
l'information que le ministre nous a donnée tout à l'heure.
M. Ryan: L'explication que je pourrais donner, c'est que, si on
l'avait inséré dans les
crédits réguliers de l'année passée, cela
aurait été un ajout de 20 500 000 $ l'an dernier, et au lieu de
10 500 000 $ nets, comme je l'ai dit tantôt, cela aurait
été 31 000 000 $. On a dit 10 500 000 $ l'an dernier. Cette
année, on le garde en dehors des crédits réguliers, on le
déploie de nouveau, on le laisse là. S'il n'était pas dans
cette colonne, il serait dans une autre.
Mme Blackburn: Cela n'apparaîtrait pas dans des
crédits additionnels, dans des demandes additionnelles?
M. Ryan: Non. On ne le présente pas comme cela, non
plus.
Mme Blackburn: Écoutez, je...
M. Ryan: Cela reste en dehors des catégories
établies. On ne sait pas ce qui va arriver de ces 200 postes quand la
convention sera expirée. Peut-être que les règles de
formation des groupes seront modifiées. Il faut que ce soit
intégré; à ce moment-là, ce sera dans les
crédits réguliers.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, ces 20 000 000 $
étaient déjà inscrits dans les crédits de l'an
passé dans les demandes dites additionnelles.
M. Ryan: Non, c'est là qu'est le point. C'était
compté dans les ajustements mécaniques découlant des
conventions collectives.
Mme Blackburn: Oui, mais, d'une façon ou d'une autre, ils
étaient déjà là, et on les fait apparaître
deux années d'affilée.
M. Ryan: Oui, il y est encore cette année.
Mme Blackburn: Je veux essayer de comprendre cela avec le
ministre: s'il y était l'an passé et qu'il y est cette
année, c'est qu'au fur et à mesure qu'on ajoute des ressources
humaines dans le réseau on les considère nouvelles pendant
combien de budgets? Deux, trois, quatre, cinq budgets?
M. Ryan: Comme on le dit, on a 24 500 000 $ de compressions cette
année. Si, l'an dernier, on avait ajouté ce montant dans les
crédits réguliers, cela n'aurait pas été 10 500 000
$ nets, cela aurait été 31 000 000 $. On ne l'a pas
ajouté, et il reste en dehors encore cette année. Alors, on
l'ajoute à notre équilibre général, il faut. bien
qu'il soit quelque part. On ne s'est jamais vanté que c'était une
demande additionnelle acceptée qu'on avait introduite dans les
crédits réguliers.
Mme Blackburn: En fait, je comprends que ce n'est pas vraiment de
l'argent neuf, vous incluez cela sous le titre "Demandes additionnel- les".
M. Ryan: Mais non!
Mme Blackburn: Je me réfère à votre texte,
en page 38.
M. Ryan: Les demandes additionnelles, c'est seulement pour les
quatre premiers postes. C'est pour cela que c'est marqué "total" en
dessous. Les autres, ce sont des articles différents. Si c'est là
la source de confusion, je m'en excuse.
Mme Blackburn: Comme il ne s'agit pas de demandes additionnelles,
vous dites que ce sont quand même des ajouts de l'ordre de 30 000 000 $
dans l'enveloppe, mais si on avait déjà ces 20 000 000 $ dans
l'enveloppe de l'an passé...
M. Ryan: Ils n'étaient pas dans l'enveloppe
régulière l'an dernier et ils n'y sont pas cette année,
non plus.
Mme Blackburn: Ils n'étaient pas dans l'enveloppe
régulière...
M. Ryan: Non.
Mme Blackburn:... mais ils étaient dans l'enveloppe des
crédits. Autrement, vous n'auriez pas pu payer ces 350 postes.
M. Ryan: C'est entendu. Dans le solde net, les 10 500 000 $ y
étaient.
Mme Blackburn: Bon; donc, ils y étaient déjà
l'an passé.
M. Ryan: Ils y étaient de la même manière que
cette année.
Mme Blackburn: Alors, combien d'années est-ce qu'on va
considérer que ces postes qui relèvent d'ententes de conventions
collectives vont être considérés comme étant quelque
chose de neuf à l'enveloppe?
M. Ryan: Quand on va les ranger au chapitre...
Mme Blackburn: Bon, d'accord.
M. Ryan:... soit des crédits réguliers, soit des
demandes additionnelles qui ont été acceptées par le
gouvernement. Gela va entrer dedans.
Mme Blackburn: Donc, il n'y a rien...
Le Président (M. Audet): À l'ordre! Un instant!
Pour faciliter la bonne marche des travaux, si vous voulez attendre que je vous
reconnaisse, s'il vous plaît, parce que là on voit des
échanges d'une part et de l'autre et M. le
ministre n'a pas terminé sa réponse, madame n'a pas
terminé sa question.
Mme Blackburn: Cela allait bien.
Le Président (M. Audet): Alors, s'il vous plaît,
veuillez attendre que je vous reconnaisse pour aussi faciliter l'alternance
entre les deux formations. Alors, M. le ministre, vous aviez la parole.
Allez-y.
M. Ryan: Alors, je pense que j'ai expliqué clairement de
quoi il s'agit. On ne l'a jamais introduit dans les crédits
réguliers. Dans les crédits réguliers on donne le total de
ce que c'est, mais on ne l'a pas introduit non plus cette année dans les
demandes additionnelles et dans les ajustements qui se feront dans le total des
sommes liquides qui sont injectées dans le système. On l'injecte
de nouveau cette année comme on l'a fait l'an dernier, mais il n'est pas
classé comme un crédit régulier.
Mais, au bout de la convention collective, quand les négociations
auront été conclues pour une prochaine fois, il va falloir qu'il
arrive quelque chose de ce montant-là. Soit qu'on l'incorpore dans les
règles de formation de groupes, soit qu'on le laisse
séparé, on ne le sait pas. C'est à négocier. Mais,
pour le moment, on ne l'a pas intégré dans nos règles de
calcul. C'est un ajout spécial découlant de la convention
collective, pour la durée de la convention.
Le Président (M. Audet): Cela va? Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président; en fait, c'est tout
à fait artificiel et cela n'ajoute en rien quelque chose de neuf cette
année. Je pense que c'est important. La nuance est importante. C'est
majeur comme...
Le Président (M. Audet): M. le ministre, avez-vous quelque
chose à ajouter...
Mme Blackburn: À présent...
Le Président (M. Audet): ...ou si vous avez
terminé?
Mme Blackburn: ...j'aborderais...
M. Ryan: Les ajouts substantiels, cette année, nous
l'avons dit depuis le début de la journée, ce sont les demandes
additionnelles qui ont été acceptées. Il y en a pour 8 500
000 $.
Mme Blackburn: Oui, oui. Mais, si on exclut ces 20 000 000 $,
cela vient changer considérablement le tableau.
M. Ryan: On ne peut pas l'exclure.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: C'est le point qui nous sépare. Je regrette.
C'est que nous considérons que nous ne pouvons pas l'exclure parce qu'il
va être effectivement ajouté...
Mme Blackburn: Oui...
M. Ryan: ...aux ressources financières mises à la
disposition des réseaux.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Audet): Mme la députée.
Mme Blackburn: ...elles apparaissent dans une colonne et elles
apparaissaient aussi dans une colonne l'an passé. Ce n'est rien de neuf.
Cela rapporte ce qu'on avait ajouté l'an passé, parce que
n'étant pas partie intégrante des crédits du
ministère, étant dans le bloc de demandes additionnelles. Mais
dans les faits cela n'ajoute rien, pas un sou de plus, par rapport à ces
20 000 000 $. Je ne parle pas du reste.
C'était l'an passé. C'est cette année. Même
si vous réussissiez à vous promener pendant cinq ans avec cela,
cela n'ajouterait rien de neuf pendant cinq ans. Cela aurait ajouté du
neuf la première année. Cela ajoutait du neuf l'an passé.
Mais cette année ce n'est pas neuf, c'est récurrent, sauf que
cela n'apparaît pas dans les crédits réguliers. Je
comprends la nuance, mais ce n'est rien de neuf.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Je suis prêt à accepter la position de la
députée de Chicoutimi à condition qu'elle reconnaisse que
l'an dernier on ne l'a jamais compté comme demande additionnelle ou
comme crédit régulier. Si on l'avait compté l'an
dernier...
Mme Blackburn: Je comprends cela.
M. Ryan: ...cela aurait fait un surplus net de ressources de 30
600 000 $ dans le réseau et là il faudrait effacer, a poseriori,
toutes les critiques fausses qui nous auraient été
adressées par l'Opposition. Mais on ne l'a pas réclamé
l'an dernier. On ne le réclame pas non plus cette année au titre
des crédits réguliers. Mais...
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi. (19 h 15)
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, je ne voudrais pas
reprendre le ministre et il faudrait revoir les galées. Mais je pense
que le ministre vient de nous dire que c'était compté dans son
montant de 10 000 000 $, l'an passé, les 10 000 000 $ étant
l'ajout net. Mais on pourra y revenir. Je pensais qu'il était important
de bien clarifier cela: Est-ce que, sous une forme ou
sous une autre, cette dépense avait été
effectuée l'an passé? On sait que oui et elle
réapparaît cette année comme si elle était neuve
alors qu'il n'y a vraiment rien de neuf puisqu'elle apparaissait
déjà l'an passé et qu'elle pourrait apparaître l'an
prochain si on n'a pas encore changé cela et qu'on n'a pas de nouvelle
convention collective. Elle serait considérée comme neuve, mais
neuve usagée depuis trois ans.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Je ne peux pas accepter cette
interprétation-là. Elle y était l'an dernier et elle y est
cette année.
Mme Blackburn: Oui.
M. Ryan: On ne dit pas que c'est neuf ou pas neuf. On dit que
ça y était et ça y est. C'est tout.
Mme Blackburn: Ah!
M. Ryan: Les choses neuves, c'est 8 500 000 $. Je l'ai dit aussi
clairement que je peux le dire.
Mme Blackburn: Cela va.
Le Président (M. Audet): Cela va? Je reconnais maintenant
le député de Richelieu. M. le député, vous avez la
parole.
Enseignement des sciences
M. Khelfa: Merci, M. le Président. J'aimerais avoir
quelques brèves informations sur un sujet qui me préoccupe
personnellement. C'est l'enseignement des sciences de la nature aux niveaux
primaire et secondaire. Je sais qu'il y a eu pas mil 3e débats pour
améliorer l'acquisition de cette connaissance au cours des
dernières années. On a rencontré pas mal de
problèmes concernant la grille horaire par rapport au nombre de minutes
par discipline. Par exemple, à l'heure actuelle, l'écologie
devient obligatoire en secondaire I. La biologie humaine est presque
obligatoire; elle est obligatoire en secondaire III. Il y a eu, à un
moment donné, un débat sur l'ISP. Le plus grand débat,
à l'heure actuelle, concerne la chimie et la physique au 2e cycle
secondaire. Le problème majeur, c'est la grille matière
elle-même. Est-ce qu'il y a une orientation que le ministère
entreprend à l'heure actuelle ou entreprendra dans l'avenir pour au
moins donner une connaissance à l'élève, une base de
connaissance de la chimie et de la physique, sachant qu'il y a quelques
années, jusqu'en 1984-1985, un élève pouvait faire son
cours secondaire au complet sans toucher à une science de quelque nature
que ce soit? Vous le savez très bien - je ne suis pas pour vous
l'exposer - que c'est un problème de société que nous
vivons à l'heure actuelle. On est obligé d'importer des cerveaux
de l'extérieur dans des disciplines des sciences. Si on n'habitue pas
l'élève et l'étudiant à se familiariser avec
l'ensemble des sciences, on va se retrouver devant un problème majeur et
l'élève n'aura pas le goût de continuer dans cette
discipline. On va manquer de chercheurs. On va manquer de personnes dans
plusieurs domaines de l'avenir comme celui de la chimie de l'environnement et
de la physique comme telle. C'est au niveau de la recherche. Si on n'habitue
pas l'élève à côtoyer et, comme le ministre a
utilisé le terme, à embrasser ces disciplines, on va se retrouver
devant un divorce de cette connaissance. Est-ce que je pourrais avoir des
indications? C'est vrai que, depuis une couple d'années, deux ou trois
ans, il y a eu un progrès majeur et l'élève commence
à côtoyer les sciences de la nature.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais que M. Morand donne d'abord les faits, résume le point
où nous en sommes à propos des disciplines qu'a
mentionnées le député de Richelieu. Après,
j'ajouterai quelques observations de mon cru.
Le Président (M. Audet): M. Morand.
M. Morand: M. le Président, au primaire nous avons un
programme de sciences obligatoire, deux heures par semaine. C'est un nouveau
programme d'application obligatoire à compter de cette année, au
1er cycle et au 2e cycle du primaire l'an prochain. Je pense qu'il faut
convenir qu'à l'enseignement primaire il faudra sûrement, et on
commence à le prévoir, investir sérieusement dans la
formation des maîtres du primaire. Ce n'est pas tout d'avoir des
programmes et du matériel didactique.
Au secondaire, le nouveau régime pédagogique de 1981 qui
est en application jusqu'en secondaire IV présentement, secondaire V, a
rehaussé de beaucoup le curriculum ou l'ensemble des programmes de
sciences, de sorte qu'un élève dans le nouveau régime
pédagogique doit obligatoirement avoir suivi quatre programmes de
sciences, un en secondaire I qui s'appelle écologie qui est
déjà obligatoire et qui se donne déjà, un en
sciences physiques, en secondaire II, qui est déjà obligatoire,
un en biologie en secondaire III et déjà, en secondaire IV, le
cours de sciences est obligatoire, mais on demande aux commissions scolaires de
se servir d'un des nombreux programmes de sciences qui existent actuellement.
Donc, les élèves suivent déjà quatre programmes de
sciences.
À compter de 1991, l'élève de secondaire IV devra
de plus avoir réussi son programme de sciences physiques de
quatrième secondaire pour obtenir son diplôme d'études
secondaires. Donc, c'est une exigence encore supplémentaire. Nous
sommes actuellement en train de travailler et d'élaborer nos
nouveaux programmes de physique et de chimie, ou de sciences physiques, de
quatrième et cinquième secondaire, très étroitement
avec le collégial, pour assurer l'arrimage et le passage au
collégial parce que le niveau collégial exige aussi les cours
préalables pour entrer dans certaines options de sciences. Tout n'est
pas terminé, loin de là; d'ailleurs, je l'ai dit plus tôt
cet après-midi, nous avons expérimenté nos nouveaux
programmes de sciences cette année dans quatre commissions scolaires et
on s'attend, je pense, que nos nouveaux programmes puissent s'arrimer avec le
collégial, peut-être avec de petites différences de 50 ou
75 heures. Il y aura peut-être des questions d'ajustement des
régimes pédagogiques qu'on pourra voir à ce
moment-là, mais on travaille actuellement à l'élaboration
en étroite concertation avec le collégial.
M. Khelfa: M. le Président.
Le Président (M. Audet): Merci. Oui, M. le
député de Richelieu.
M. Khelfa: Est-ce que je pourrais savoir le nombre de minutes
qu'on envisage pour le nouveau programme en expérimentation?
M. Morand: Les nouveaux...
Mme Blackburn:... régime pédagogique.
M. Khelfa: Pardon?
Le Président (M. Audet): Vous avez la parole, allez-y, M.
Morand.
M. Morand: La grille-matières du régime
pédagogique prévoit que l'enseignement des sciences obligatoire,
en quatrième secondaire, est de 100 heures par année, de
secondaire 1 jusqu'à secondaire IV. Les programmes qu'on appelle
optionnels, mais qui sont très importants pour le niveau
collégial, sont aussi de 100 heures.
Si on veut calculer par rapport à l'ancien régime, je
pense que c'est cela aussi le dessous de la question, évidemment il y a
une diminution d'heures. C'est dans ce sens-là qu'on travaille
très étroitement avec le collégial pour assurer cette
harmonisation entre les deux niveaux. C'est évident qu'il y a une
diminution d'heures parce qu'on a ajouté aussi de nouveaux programmes
dans le nouveau régime pédagogique, comme l'éducation
économique et autres.
M. Khelfa: D'accord. Cela veut dire que ce sera applicable
à partir de 1991.
M. Morand: En quatrième secondaire, le programme de
sciences sera applicable à compter de 1989-1990. Quand je parlais de
1991, c'est ce groupe d'élèves qui aura cheminé dans tout
le secondaire et qui passera avec le nouveau diplôme d'études
secondaires.
M. Khelfa: Est-ce un examen du ministère ou un examen
local?
M. Morand: Ministériel.
M. Khelfa: Ministériel, c'est-à-dire uniforme.
M. Morand: Oui.
M. Khelfa: Bon. À l'heure actuelle, combien d'examens
uniformes reste-t-il au ministère, au chapitre des sciences?
M. Morand: II y en a beaucoup actuellement parce qu'il y a
beaucoup de programmes.
M. Ryan: C'est un autre département. M. Khelfa: II
y a la physique 452, je crois. M. Ryan: M. Vachon. C'est M. Paul
Vachon.
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous pourriez vous
présenter, s'il vous plaît?
M. Vachon (Paul): Oui, Paul Vachon, directeur
général de l'évaluation.
Le Président (M. Audet): Merci.
M. Vachon: II reste présentement des épreuves
ministérielles en chimie et en physique.
Mme Blackburn: M. le Président, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Audet): Est-ce une question de
règlement, Mme la députée?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): En vertu de quel article?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Je vous fais confiance pour le trouver, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Un instant! En vertu du
règlement, lorsque vous évoquez un article de règlement,
vous devez évoquer les motifs et vous rapprocher aussi de l'article en
question. Si cela concerne le temps de parole du ministre, le ministre a le
loisir d'intervenir à son gré autant de fois qu'il le
désire, on a parlé de 20 minutes par intervention.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Audet): Si le ministre n'est pas en
mesure de le faire, il peut céder son droit de parole aux gens de son
ministère.
Mme Blackburn: M. le Président, avant de conclure ou de
porter des jugements sur ma question, il faut peut-être encore
l'entendre.
Le Président (M. Audet): Allez-y, je vous
écoute.
Mme Blackburn: La coutume veut, même si on ne cite pas
l'article, qu'on ait le droit de parole. Ce que je veux rappeler, c'est que ce
sont des informations qu'on trouve très facilement dans tous les
documents officiels du ministère.
Le Président (M. Audet): Je regrette, Mme la
députée, mais ce n'est pas une question de règlement.
Mme Blackburn: Dans ce sens, la question de règlement est
la suivante. La commission parlementaire veut donner l'occasion à
l'Opposition d'apporter...
Le Président (M. Audet): Et aux ministériels
aussi.
Mme Blackburn: ...des clarifications sur les crédits et
les politiques gouvernementales. Lorsqu'il s'agit d'information qu'on peut
retrouver n'importe quand dans le régime pédagogique du
secondaire et dans des documents officiels du ministère, je ne vois pas
qu'on occupe une partie du temps sur ces informations. Je n'en veux pas
à monsieur qui est là...
Le Président (M. Audet): Mme la députée, je
regrette, mais ce n'est pas une question de règlement. Les
députés, les ministériels peuvent poser les questions
qu'ils veulent poser, d'accord. Toutefois, j'invite les gens qui donnent les
réponses à être quand même assez brefs et concis dans
leurs réponses. Évidemment que s'il y a 100 programmes, je ne
m'attends pas que les responsables mentionnent les 100 programmes ou cours qui
existent. Je ne le pense pas. En tout cas, je le suppose.
Une voix:...
Le Président (M. Audet): Enfin; un instant, M. le
député, si vous le permettez. Présentement, je pense que
la commission se déroule selon ce qu'on a décidé ce matin.
J'en ai parlé cet après-midi. Il y a une tradition, mais il n'y a
pas d'entente entre les leaders.
Je ne pense pas que les députés ministériels aient
abusé à ce stade-ci. Le député de Richelieu a
demandé la parole avant l'ajournement de 18 heures, ce soir. Je vous ai
reconnue en débutant.
Vous avez posé huit questions, je les ai notées. J'ai
reconnu le député de Richelieu lorsque vous avez terminé
votre sujet. Alors, le député de Richelieu en est rendu à
sa troisième question. Je vais permettre à M. Vachon de lui
rendre une réponse qui, j'espère, sera quand même claire et
précise, quitte peut-être à référer le
député au manuel ou au programme pédagogique. Enfin, on
verra. M. Vachon, vous êtes...
M. Khelfa: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Audet): Oui, M. le député
de Richelieu.
Mme Blackburn: II n'y avait pas de question de
règlement.
M. Khelfa: Sur la question de règlement. On parle du
quatrième programme et à la page 17 on parle des programmes au
primaire et au secondaire, on parle des orientations, on parle de la formation
générale, on parle des sciences de la nature. Mes questions sont
pertinentes. D'ailleurs, comme élu, membre de l'Assemblée
nationale...
Le Président (M. Audet): Ce n'était pas une
question de règlement, M. le député de Richelieu. Je vous
remercie de vos commentaires.
M. Khelfa: ...j'ai le droit de poser des questions.
Peut-être que cela pourrait informer l'Opposition...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. Vachon, vous aviez commencé à donner la
réponse. Si vous vouliez compléter, s'il vous plaît.
Merci.
M. Vachon: Très brièvement. Oui, il y a des
épreuves ministérielles en chimie...
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vachon: ...et en physique. En physique, en quatrième
secondaire, quelques programmes de quatrième... La physique en
quatrième et la chimie en cinquième.
Le Président (M. Audet): Merci. Je vais reconnaître
Mme la députée de Chicoutimi.
M. Khelfa: Toujours dans la même...
Le Président (M. Audet): Une dernière, mais
très brève.
Mme Blackburn: Ce ne sont pas les questions qui sont longues, M.
le Président, ce sont les réponses.
Le Président (M. Audet): Mme la députée,
je l'ai mentionné à maintes reprises, le ministre dispose
de 20 minutes par réponse. Alors, on ne peut rien y faire, c'est
écrit dans le règlement. Si vous voulez contester le
règlement, il faudra vous référer au droit parlementaire.
Ce n'est pas dans mon pouvoir.
Mme Blackburn: M. le Président, c'est que - vous l'avez
reconnu à multiples reprises - traditionnellement la coutume veut que
cette période soit réservée à l'Opposition. Lorsque
les membres parlementaires posent des questions qu'on trouve facilement dans le
cahier des crédits, c'est une façon d'enlever une partie du temps
à l'Opposition pour éviter qu'on puisse faire correctement notre
travail. C'est dans ce sens que mon intervention voulait être faite. Si
on ajoute les invités aux invités, il est bien évident
qu'à un moment donné il ne restera plus de temps.
Le Président (M. Audet): Tout en respectant l'article du
règlement qui prévoit une réponse de 20 minutes, Mme la
députée, je tiendrais à rappeler qu'il y a un an il y
avait une entente entre les leaders lors de l'étude des crédits
sur la répartition du temps pour une enveloppe de 90 % du temps à
l'Opposition et de 10 % du temps aux ministériels. Cette année il
n'y a pas eu d'entente entre les principaux leaders. Je reconnais qu'il y a une
certaine tradition. Je pense que, jusqu'à maintenant, j'ai
respecté cette tradition parce que vous avez eu davantage la parole. Ce
n'est peut-être pas dans un cadre de 90 % - 10 %, c'est peut-être
un peu moins, c'est peut-être un peu plus, aussi.
Par contre, je tiens à vous aviser que, lorsque vous intervenez
pour des questions de règlement comme celle-ci, vous minez directement
votre enveloppe de temps. Alors, quand on intervient dans des questions de
règlement, c'est évident qu'on ne peut pas parler des
crédits.
Votre dernière question, M. le député de Richelieu,
très brève, s'il vous plaît.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Ma question se rapporte
toujours aux sciences. Quand vous avez mentionné que les
spécialistes du niveau primaire enseignent deux périodes-semaine,
cela veut dire 90 minutes, est-il prévisible, à un moment
donné, de considérer la tâche de cet enseignant au primaire
comme spécialiste de même nature que la tâche d'enseignant
spécialiste au secondaire?
Le Président (M. Audet): M. Morand. (19 h 30)
M. Morand: Brièvement, je pense que ce n'est pas
l'orientation que nous avons actuellement d'augmenter le nombre de
spécialistes au primaire. C'est plutôt de les rendre aptes
à enseigner un programme qu'ils peuvent enseigner à ce
niveau.
M. Khelfa: Oui, mais tout en sachant...
Le Président (M. Audet): M. le député de
Richelieu, excusez-moi...
M. Khelfa: C'est toujours la même question. Mon droit de
parole...
Le Président (M. Audet): ...mais j'avais reconnu une
dernière question. Je vais céder la parole à Mme la
députée de Chicoutimi tout en respectant la tradition.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme la députée de Chicoutimi, la parole est à vous.
Allez-y.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. On pourrait
peut-être suggérer au député de Richelieu de
demander une entrevue au ministre, ou encore à...
Une voix: Vous n'avez qu'à faire une interpellation si
vous désirez plus d'information.
Une voix: On ne peut en faire en ce moment. Le règlement
ne le permet pas.
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Réforme de l'enseignement professionnel
Mme Blackburn: Bien. M. le Président, je voudrais aborder
la question de la réforme de l'enseignement professionnel. La
réforme de l'enseignement professionnel, comme je le disais; à
l'ouverture de cette commission, a suscité beaucoup d'attentes et, en
général, a été reçue assez favorablement
dans tout le réseau. Depuis, il s'est passé des
événements qui en surprennent plusieurs et qui ne sont pas sans
nous inquiéter. J'ajouterais que l'inquiétude n'est pas
exclusivement du côté de l'Opposition, mais de plusieurs
intervenants dans le réseau.
En effet, en janvier dernier, le ministre a amendé le
règlement sur le régime pédagogique du secondaire au
chapitre de la formation professionnelle pour permettre la création de
programmes de courte durée sanctionnés par une attestation de
capacité. Mais le changement le plus important réside dans
l'allégement du contenu des programmes de certificat d'études
professionnelles et par la suppression des crédits de formation
générale. Le nombre d'heures minimum est ainsi ramené
à 450 plutôt qu'à 900; c'est la moitié moins long.
Plutôt que d'être d'une durée de deux ans, cela dure une
année. Si on ajoute à cette modification la volonté
d'apporter des assouplissements dans le calendrier scolaire, on est
obligé de conclure que ces décisions viennent exclusivement
justifier un désir dit d'harmonisation entre les niveaux de formation
destinée aux jeunes et aux adultes.
L'inquiétude et la préoccupation qui sont
les nôtres sont les suivantes. Depuis déjà de
nombreuses années, tant dans le réseau secondaire que dans le
réseau collégial, on s'est attaché à
défendre la nécessité de maintenir des exigences de
formation qui facilitent le passage d'un niveau de formation à un autre.
En amputant le certificat d'études professionnelles de ses
crédits de formation générale, on conduit ces jeunes
diplômés dans des culs-de-sac, parce que non seulement ces jeunes
diplômés du certificat d'études professionnelles ne
pourront pas, avec la formation qu'ils ont, à moins d'aller chercher la
formation générale, s'inscrire au collège, mais ils ne
pourraient même pas s'inscrire à un programme de diplôme
d'études professionnelles. On les amène dans un cul-de-sac, une
impasse qui est sans issue, le moindrement que ces jeunes travailleurs
désireraient poursuivre leurs études. Cela vient tout à
fait contredire tout ce qui a été défendu jusqu'ici.
Partout, au Québec comme à l'étranger, on reconnaît
qu'il est important que nos jeunes diplômés aient une solide
formation de base, une solide formation générale. Cette
décision vient non seulement réduire les chances des jeunes
travailleurs de pouvoir retourner aux études, mais elle a comme effet de
déprécier un certain nombre de programmes. Au total, ce sont 36
programmes d'enseignement professionnel de niveau secondaire qui seraient
affectés par cette mesure.
Différents groupes sont venus faire des représentations
à mon bureau - je pense à Techniques de vente et de
représentation, je pense à Assistance dentaire, et il y en a
d'autres - pour venir réclamer qu'on maintienne dans sa version
originale le programme qui était prévu.
L'inquiétude, je disais, est grande, et elle n'est pas seulement
le fait de l'Opposition puisque, dans un avis qu'émettait le Conseil
supérieur de l'éducation à la demande du ministre, cette
décision d'enlever la formation générale du certificat
d'études professionnelles était qualifiée de pas en
arrière très grave, de perte sèche. En fait, il y a
l'Alliance des professeurs de Montréal qui s'est opposée à
cette décision et qui demande qu'il y ait un moratoire, et toute la
question de l'harmonisation des programmes jeunes et adultes a
été vivement critiquée par les syndicats comme par le
milieu. Le programme d'intégration des jeunes et des adultes vient
s'ajouter à cette tendance ou à cette mode dans les commissions
scolaires de créer à nouveau des centres
spécialisés, ce qui constitue, en fait, un retour aux
écoles de métiers. Comme je le disais ce matin, si on conjugue un
certain nombre de décisions prises par le ministre, on finit par
marginaliser une certaine population étudiante au Québec, et ce
sera de plus en plus vrai pour les jeunes qui vont s'orienter vers cette
formation.
Il y a deux questions, en fait. La première: Est-ce qu'il
était vraiment nécessaire de réduire ou d'enlever les
cours de formation générale des certificats d'études
professionnelles, du curriculum? Est-ce qu'on est capable d'établir un
rapport entre la diminution des inscriptions en enseignement professionnel et
la présence de ces cours de formation générale? Est-ce
qu'on pense, avec cette mesure, ramener un niveau plus élevé de
jeunes dans ces programmes? Est-ce qu'on a véritablement
évalué les effets de ces modifications sur la capacité des
jeunes de poursuivre leur formation éventuellement? De façon plus
fondamentale, est-ce qu'il est souhaitable de réunir dans les
mêmes écoles, dans les mêmes classes, dans les mêmes
cours, les jeunes et les adultes? Si on me dit oui, je suis obligée de
dire que le ministre a énormément changé depuis la
commission Jean où il réclamait avec beaucoup de vigueur la
nécessité de maintenir des services distincts et
spécifiques aux clientèles jeunes et adultes.
Si, en plus, on vient modifier le calendrier scolaire, c'est toute une
partie de la population jeune qui se trouve inscrite dans un autre processus de
formation, dans un autre cadre de formation. Il faut se rappeler que les jeunes
et les adultes qu'on retrouve dans les écoles de métiers, encore
une fois, sont issus des milieux les plus défavorisés. C'est
ceux-là dont on est en train d'affecter la capacité de poursuivre
éventuellement leur formation. Toutes les données et les analyses
prouvent qu'il y a très peu de jeunes issus de milieux professionnels
moyens et favorisés que l'on retrouve dans les cours de formation
professionnelle. C'est encore majoritairement l'apanage, le fait de jeunes
issus des milieux plus défavorisés et moins nantis.
Cette décision risque d'avoir des effets sur la capacité
de ces jeunes qui ne sont pas particulièrement favorisés, de ces
adultes, aussi, qui ne l'ont pas été dans le temps, de poursuivre
éventuellement leur formation. Là-dessus, je ne me fais que
l'écho de différents groupes qui se sont prononcés sur
cette décision.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je pense que la
députée de Chicoutimi soulève, peut-être un peu
tardivement, mais quand même de façon fort pertinente un des
aspects les plus importants de l'action du ministère au cours de la
dernière année et au cours de l'année à venir. Il
me fait plaisir, tout d'abord, de vous informer que j'ai à mes
côtés M. Jacques Henry, qui est directeur de la formation
professionnelle au ministère. Et, pour l'instant, je vais essayer
d'apporter certains éléments de réponses aux questions
qu'a posées la députée de Chicoutimi.
Il est vrai qu'au cours de l'année 1987-1988 nous avons
procédé à certaines modifications du régime
pédagogique, en particulier, une modification ou une série de
modifications qui apportent un changement au nombre d'heures requis pour la
formation conduisant au certificat d'études
professionnelles. La durée avait été fixée
à un minimum de 900 heures. Et là, c'est maintenant de 450
à 900 heures.
Après étude - ainsi que la députée s'en
souvient probablement - nous avions annoncé que nous procéderions
à un réaménagement complet des programmes. Nous avions
hérité de 250 programmes et nous avions dit que nous ferions un
nouvel aménagement des programmes de manière qu'ils correspondent
mieux aux réalités d'aujourd'hui. Or, en abordant l'examen des
programmes de manière plus immédiate, nous avons constaté
que dans certains métiers la période de formation qui avait
été prévue ne correspondait pas du tout aux
nécessités. Il fallait procéder à des ajustements
en consultation avec les éléments intéressés du
milieu. C'est là qu'on s'est rendu compte qu'il y avait certains
métiers pour lesquels une formation de 450 heures était
suffisante. Et, d'autre part, nous avions constaté une chose, c'est que,
pour accéder à ces métiers qui requièrent une
formation moins longue, certains jeunes exigeaient que cela se fasse dans un
temps minimum. Et on était sérieusement menacé, sur la foi
des représentations qui nous sont venues des commissions scolaires, de
perdre un grand nombre d'inscriptions si ces cours-là étaient
trop chargés de formation générale qui
n'intéressait pas une grande partie de ces jeunes-là. Là,
ils avaient le choix entre les laisser s'en aller directement dans la rue ou
leur donner une chance d'acquérir un minimum de formation
professionnelle.
Des consultations abondantes ont eu lieu pendant de nombreux mois. Nous
avons consulté tous les organismes intéressés, y compris
le Conseil supérieur de l'éducation. Et l'avis très
général que nous avons reçu était favorable aux
changements proposés. C'est évident que, quand on descend le
seuil minimum de 900 à 450 heures, c'est une perte sèche, comme
l'a écrit le Conseil supérieur de l'éducation. Nonobstant
cette observation, le Conseil supérieur de l'éducation a dit
qu'il comprenait les raisons pratiques qui nous amenaient à proposer ces
changements et a donné son aval. De même qu'à peu
près tous les organismes que nous avons consultés.
Je dois dire que tous les changements que nous faisons en formation
professionnelle, nous les effectuons après et avec les consultations
intensives avec les milieux concernés tant patronaux que syndicaux.
Alors, de ce côté-là, il y a eu des réserves. La CEQ
a fait des réserves. C'est peut-être celle qui a fait les
réserves les plus fortes. Mais, de manière
générale, il y avait un consentement très large à
ces changements qui ont été insérés dans le
régime pédagogique. Les changements que nous avons faits ne
modifiaient en rien le seuil d'admission à la formation professionnelle.
Le seuil d'admission est demeuré le même. C'est-à-dire que,
pour le cours de certificat, il faut l'équivalent d'une troisième
année générale et, pour le cours de diplôme
d'études professionnelles, il faut l'équivalent d'une
quatrième année.
Par conséquent, je pense que de ce point de vue on a maintenu...
Et cela était un des points de fond, qu'il fallait un certain seuil de
base de formation générale avant d'accéder à la
formation professionnelle. Là-dessus il n'y a pas eu de changement ni de
recul. Le jeune qui s'inscrit au cours de certificat, en général,
je pense qu'il va se destiner au marché du travail, mais il n'y a rien
qui l'empêche de suivre des cours de formation pour adultes ensuite. Les
cours de formation pour adultes de niveau secondaire général lui
restent ouverts à titre gratuit. Il peut s'inscrire à ces
cours-là et continuer sa formation. Encore une fois, ce n'est pas nous
qui le poussons là. C'est lui qui décide d'aller là pour
toutes sortes de raisons. (19 h 45)
Jeunes et adultes. Je pense que cela vaut la peine d'en dire un mot.
C'est un des points sur lesquels nous avons le plus d'appréhension de la
part des syndicats. Il faut bien comprendre les syndicats d'enseignants. S'il
arrive qu'il y ait sept inscriptions chez les jeunes et huit chez les adultes
pour un cours d'agent de bureau dans une polyvalente, cela fait quinze, est-ce
qu'on va former deux groupes ou si on va en former un qui va concentrer les
énergies et les ressources? Quand on a un nombre qui est voisin du
nombre requis pour la formation d'un groupe et qui doit comprendre des
représentants des deux éléments, on les met ensemble. Je
dois dire une chose. J'ai visité moi-même un certain nombre de
lieux où cela s'est passé comme ça. Partout où je
suis allé, on m'a dit que les conditions étaient beaucoup
meilleures pour la dispensation des programmes dans ce climat. D'abord, la
différence d'âge n'est pas toujours considérable. Sont
jeunes ceux qui sont inscrits à titre régulier. Dès que
vous avez été une année en dehors du système, vous
êtes classés comme adultes. Il y a des personnes de 16 ans et il y
en a de 18 et 19 ans. Ceux de 18 et 19 ans sont considérés comme
adultes et les autres, jeunes. En pratique, ce sont des gens qui communiquent
très facilement ensemble. La présence d'adultes ajoute un
élément de sérieux, de réalisme à
l'atmosphère des cours qui est très salutaire. Des enseignants
à qui j'ai parlé m'ont dit que c'étaient des conditions
très propices. Les syndicats, je les comprends parce qu'ils disent qu'on
va perdre des jobs avec cela. C'est évident que, s'il fallait former
deux groupes à chaque fois, cela fait plus de postes pour des
enseignants, mais le système d'enseignement n'existe pas pour
créer des postes. Il existe pour offrir des services dans les meilleures
conditions de rationalité possible.
Nous tenons compte, cependant, des représentations qui nous ont
été faites et, ces jours prochains, une lettre sera
adressée aux commissions scolaires leur rappelant ce qui leur a
déjà été dit verbalement à plusieurs
reprises, que
partout où c'est possible on forme des groupes distincts de gens
et qu'on forme des groupes comprenant des jeunes et des adultes là
où c'est nécessaire. C'est cela, la politique du
ministère. J'ai devant moi un projet de lettre que nous allons achever
de fignoler, qui va être adressée aux commissions scolaires la
semaine prochaine. C'est la manière dont les choses se passent.
En ce qui touche le calendrier scolaire, c'est évident qu'on s'en
va vers une formation par blocs de formation, une formation modulaire, et on
n'est pas pour dire à quelqu'un: Vous allez attendre trois mois ou six
mois. Si on peut faire la formation plus vite en donnant tous les
éléments qui sont requis, tant mieux, et cela oblige à
regrouper la formation par semestre davantage. On va vers cela et je pense que
ce n'est pas de nature à créer d'injustice envers personne. Cela
va favoriser le cheminement scolaire des étudiants, jeunes et
adultes.
C'est l'essentiel. Pour les cours de certificat, on a approuvé
une liste il y a quelques semaines. Je pense que c'est autour de 37. Il y en a
un certain nombre qui seront inaugurés cette année dans diverses
commissions scolaires. On va voir comment les choses iront.
Sur le certificat, je vous dirai une chose. Il reste de l'incertitude.
Cela commence au mois de septembre. Nous allons voir comment cela va retomber.
Nous suivons cela de très près. C'est évident que notre
préférence va d'abord vers la formation générale.
On veut que le jeune termine sa formation générale au niveau
secondaire et, fort heureusement, en 4e et 5e secondaire, je pense qu'il y a
au-delà des quatre cinquièmes des jeunes qui sont en formation
générale. Par conséquent, c'est l'orientation
préférentielle.
Deuxièmement, nous favorisons le diplôme d'études
professionnelles qui donne l'équivalent de deux ans de formation. C'est
là que seront inscrits cette année la grande majorité des
élèves inscrits au professionnel. Il y a une troisième
catégorie à qui vont convenir mieux certains métiers, qui
requièrent un certificat. Il y a même une quatrième
catégorie. Il y en a qui ne peuvent même pas se qualifier pour le
certificat. On a donc des cheminements particuliers qu'on appelle qui vont les
prendre par le bras dès que c'est nécessaire pour essayer de les
acheminer vers des éléments de métier, des
éléments de formation qui vont les rendre capables de gagner leur
vie. Ce sont les différents éléments du programme. Il y en
a d'autres qu'on pourrait ajouter, mais je pense que c'est l'essentiel.
Le Président (M. Audet): Est-ce que M. Henry ne devait pas
ajouter quelque chose? Cela va.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Est-ce que le
ministre n'estime pas que ce retour aux écoles
spécialisées de formation professionnelle est à l'encontre
de la philosophie générale qui préconise une formation
générale de base plus solide, plus fondamentale? Est-ce que cela
n'est pas, en quelque sorte, un retour au clivage de classes qu'on avait voulu
diminuer ou atténuer par le biais du rapport Parent en créant
à la fois ces écoles dans lesquelles on retrouvait des jeunes qui
se préparaient à exercer un métier, comme des jeunes qui
se préparaient à exercer une profession? Pour les mêmes
raisons, d'ailleurs, et c'est sur ce modèle qu'on a constitué le
curriculum des programmes de niveau collégial, la volonté alors -
et je ne pense pas qu'aucun indice ne nous permette de penser que cela ait
changé - était d'éviter de créer très
tôt une division dans les classes de la société, où
on parquait les métiers ensemble, les techniciens ailleurs et les
collèges classiques qui se destinaient aux professions dites nobles ou
libérales, dans d'autres écoles. Alors, il n'y avait pas
interpénétration des différentes cultures. C'est ce qu'on
voulait éviter. Là, dans les commissions scolaires, on sent ce
désir de retour aux écoles de métiers.
Le ministre dit: On comprend que la CEQ soit contre ça, elle va
perdre des jobs. Mais j'ai une petite nouvelle pour lui; il n'y a pas que la
CEQ qui était contre ça, il y a également l'ICEA qui,
à son colloque, a fait consensus disant qu'il fallait maintenir des
services spécifiques aux jeunes et aux adultes. J'imagine que le
ministre a un certain respect pour l'ICEA compte tenu de ses
antécédents, c'est un organisme sérieux. Je ne pense pas
que ce soit un organisme qui cherche absolument à protéger des
jobs. Ce n'est pas son cas. Il essaie de voir comment et dans quelles
conditions on peut donner la formation la plus adéquate aux adultes.
L'ICEA s'est prononcé contre ce mouvement.
La question que je me pose devant la décision d'un nombre
croissant de commissions scolaires de fusionner les jeunes et les adultes, de
les intégrer dans les mêmes classes, est la suivante: Est-ce qu'il
n'y a pas là un souci davantage d'économie que de qualité
de l'enseignement? On sait que les cours subventionnés par le
gouvernement fédéral le sont de façon un peu plus
généreuse que par le gouvernement provincial, ce qui fait qu'une
partie de l'administration des frais généraux se trouve ainsi
assumée par le biais d'un budget qui vient du fédéral.
N'est-ce pas davantage par souci d'économie que par souci d'assurer une
meilleure qualité de la formation qu'on est en train de prendre cette
direction, c'est-à-dire d'intégrer dans les mêmes classes
les jeunes et les adultes?
Deux questions: Est-ce que ce n'est pas à contre-courant, le fait
de diminuer la formation générale? Est-ce que cela ne risque pas
de ramener ce clivage de classes qu'on a connu? Est-ce qu'il n'y a pas
là-dedans davantage un souci de faire des économies plutôt
que de réaliser une formation de qualité?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que c'est un sujet inépuisable. On va
essayer de le traiter de manière concise.
Tout d'abord, une première chose qu'il faut souligner, c'est
qu'il n'y a plus de formation professionnelle avant l'âge de 16 ans.
Avant cela, on avait le fameux professionnel court dans lequel les jeunes
étaient engagés parfois à l'âge de 13, 14 ou 15 ans.
On a dit que cela n'avait pas de bon sens et qu'il fallait y mettre fin. C'est
pour cela que le seuil que je mentionnais tantôt est maintenu, pour
presque tout le monde, à 16 ans, qui est l'équivalent d'une
formation générale dans les principales matières de
troisième ou de quatrième année selon ces certificats ou
diplômes. Ce premier point est très important.
Un deuxième point. On parle de clivage. Quand on parte en
théorie, on peut justifier à peu près n'importe quelle
hypothèse; on n'a qu'à aligner des lignes sur le tableau et on
fait ce qu'on veut. Mais, quand on parle en analysant la réalité,
ce n'est pas tout à fait la même chose. On me signale que, dans
nos inscriptions pour le programme conduisant au diplôme d'études
professionnelles en 1987-1988, 52 % des inscrits étaient des
diplômés d'études secondaires, des personnes qui
détenaient un diplôme d'études secondaires. Par
conséquent, ce ne sont pas des voies de garage, ce ne sont pas des gens
qu'on envoie là en les ayant sortis du système
prématurément, 52 %. En plus, phénomène très
intéressant, il y a un nombre appréciable de personnes qui ont
reçu une formation collégiale - M. Henry me dit même une
formation universitaire dans certains cas - qui n'ont pu se trouver d'emploi
à la suite de la formation qu'ils ont reçue au niveau
collégial ou universitaire et qui reviennent au secondaire professionnel
parce que cela va les conduire à des débouchés pratiques.
De se lamenter et de penser que les jeunes sont dévoyés
socialement ou culturellement, je pense que cela ne répond pas à
la réalité comme nous autres la mesurons jour après jour.
M. Henry me signale que les cours de formation professionnelle de main-d'oeuvre
subventionnés par le fédéral sont tous distincts, sont
tous des cours uniquement pour adultes et ne comportent pas de mélanges
de jeunes et d'adultes. Les seuls cours où il y ait intégration
jeunes et adultes sont des cours qui relèvent du budget ouvert du
ministère de l'Éducation. Ces harmonisations ne sont
conseillées ou approuvées que lorsqu'elles sont - comme je l'ai
dit tantôt - nécessaires.
Je pense que ce sont autant de points importants à noter. Un
dernier point. La députée a dit: On s'en retourne vers les
écoles de métiers qu'on a connues autrefois. Physiquement, c'est
vrai qu'il y a un certain nombre de commissions scolaires qui concentrent leur
formation professionnelle dans un lieu. J'étais à
Rivière-du-Loup la semaine dernière et on a pris une école
secondaire, on l'appelle le Pavillon de l'avenir...
Ils ont deux pavillons là-bas. Il y en a un pour la formation
générale, un pour la formation professionnelle. Le Pavillon de
l'avenir, c'est la formation professionnelle. C'est intégré dans
l'ensemble de l'enseignement secondaire. Physiquement, c'est
séparé parce qu'au point de vue des laboratoires, des ateliers
c'est plus pratique.
Je pense qu'il y a des avantages à cette concentration. Il ne
faut pas en tirer davantage qu'elle ne contient, mais l'intégration dans
l'ensemble du système secondaire demeure très forte. À cet
égard, je pense que la distinction avec l'ancien régime qu'on a
connu autrefois demeure très importante et très
substantielle.
Le Président (M. Audet): Merci. M. le député
d'Arthabaska.
Mme Blackburn: J'ai mes 20 minutes.
Le Président (M. Audet): Oui, mais il y a l'alternance.
Vous avez posé quelques questions.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Moi c'est pour
compléter. Je vis actuellement ce petit problème dans mon
comté où la commission scolaire doit commencer cela cet automne
et, bien sûr, les enseignants sont venus me voir, comme vous l'avez
mentionné. Il y en a plusieurs qui ont peur de perdre leur ouvrage. Je
pense qu'au contraire cela leur donne de l'ouvrage parce que, s'il n'y avait
que trois ou quatre élèves au secondaire et sept ou huit pour les
adultes, ceux du secondaire tomberaient.
Maintenant, je vais être très bref dans mes questions
aussi. Y a-t-il des conditions à respecter, quand vous provoquez ce
nouveau système jeunes et adultes? Exemple: le cours doit-il être
préféré d'abord le jour et autant que possible que les
jeunes aillent dans le cours le jour et non pas le soir? Parce que, si vous
êtes obligé de les envoyer à l'école le soir vous
allez être obligé probablement de leur fournir un système
d'autobus scolaires et cela créerait, selon certains psychologues que
j'ai connus, que je connais, des problèmes majeurs chez les jeunes qui
devraient aller à l'école le soir et rester chez eux le jour.
Y a-t-il d'autres conditions comme le statut des enseignants?
Demeurent-ils dans l'enseignement régulier ou s'ils s'en vont dans
l'enseignement aux adultes? Les programmes sont-ils ceux du jour et non pas
ceux du soir? Y a-t-il un encadrement des régimes pédagogiques
qui doit être comme celui du jour, le soir? Demandez-vous toutes ces
conditions aux commissions scolaires? Exigez-vous cela des commissions
scolaires? Suis-je assez clair, M. le ministre?
M. Ryan: M. le Président, avec votre autorisation, il
faudrait demander à M. Henry de répondre peut-être à
cette question.
Le Président (M. Audet): M. Henry, vous
avez la parole.
M. Henry (Jacques): Merci. Jour, soir, les groupes mixtes,
à notre connaissance se donnent le jour. Il y a une tendance même
à l'éducation des adultes pour des groupes homogènes
adultes de dispenser la formation le jour à chaque fois que c'est
possible et qu'il y a des locaux disponibles. Les adultes eux-mêmes
préfèrent cela. Donc, les groupes mixtes, à notre
connaissance, organisés sous l'enveloppe ministérielle jeunes et
adultes sont des groupes de jour. Même pour les groupes exclusifs
d'adultes, à chaque fois que la commission scolaire a les locaux
disponibles ou un centre de formation, elle dispense la formation le jour.
C'est une tendance pour les cours à temps plein, évidemment.
Les cours à temps partiel, ce n'est pas pour le secteur
régulier. Cela se dispense le soir. Quant au statut des enseignants qui
oeuvrent dans des groupes mixtes, s'ils proviennent du régulier, ils
sont régis par leur convention collective du secteur régulier,
chapitre 8, normalement. S'ils proviennent du jour, ou s'ils sont en statut
précaire, ils restent dans leur champ d'appartenance. Il peut arriver
que, moyennant entente avec un syndicat local, il puisse y avoir un
aménagement transitoire ou temporaire qui fasse qu'un enseignant est
affecté temporairement dans un autre champ, mais il revient à son
champ en fin d'année. (20 heures)
Sur le troisième volet de votre question, les programmes aux
jeunes et aux adultes ont été harmonisés cette
année en épousant à 99 % à peu près toutes
les dimensions de souplesse qui existaient à l'éducation des
adultes depuis quinze ans. Tous les programmes sont modulaires, ils ont tous la
même valeur en crédits, ils ont la même durée, mais
ils peuvent être organisés dans des modèles
différents, jeunes, adultes ou mixtes, suivant les décisions des
commissions scolaires.
Quant au régime pédagogique lui-même qui encadre les
programmes, lui aussi, avec les modifications apportées le 10
décembre 1986 et en janvier 1988, à peu près toutes les
dispositions du régime pédagogique de la formation
professionnelle dans l'école secondaire maintenant, à quelques
détails près, sont applicables, contrairement à ce qui
existait avant, à une clientèle jeune ou adulte ou mixte. Ce
n'est plus un irritant ou une contrainte à l'organisation et à la
dispensation de la formation professionnelle.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: M. le Président, je reviens sur la question
des enseignants. Est-ce qu'il se pourrait que deux enseignants travaillent dans
le même domaine, dans la même matière et qu'ils n'aient pas
le même statut? Par exemple, qu'il y en ait un possédant le
même nombre d'années de scolarité, le même nombre
d'annés d'ensei- gnement que son collègue et que l'un
reçoive le salaire d'un enseignant régulier tandis que l'autre
travaillant le même nombre d'heures reçoive un salaire de cours du
soir?
M. Henry: C'est techniquement possible, oui.
M. Gardner: Est-ce que vous ne pensez pas que cela peut
créer des problèmes assez délicats entre enseignants?
M. Henry: Tout à fait. C'est pourquoi je pense que, dans
la poursuite de l'implantation de la réforme, va se poser le
problème d'harmoniser les conventions collectives et le système
de financement à cette nouvelle réalité du régime
pédagogique, mais c'est en devenir, c'est une question qu'il faut
ouvrir.
M. Gardner: N'est-il pas vrai qu'un enseignant régulier,
vous pourriez quand même, étant donné que vous ne pouvez
pas lui donner un cours avec deux ou trois élèves, l'envoyer en
champ de disponibilité - je ne me souviens pas du numéro...
Une voix: C'est 38.
M. Gardner:... 38, cela me revient. Je ne suis jamais allé
là quand même. Vous pourriez l'envoyer là et
automatiquement - je suis en disponibilité maintenant - l'envoyer aux
cours des adultes avec les conditions salariales de cette catégorie de
cours. Est-ce que vous pourriez faire cela?
M. Henry: Malheureusement, je ne peux pas répondre
à cette question, mais il y a peut-être quelqu'un ici qui peut le
faire.
M. Ryan: Excusez-moi. Il y a M. Jean-Guy Gagnon, qui est notre
sous-ministre adjoint aux ressources humaines.
M. Gardner: Ecusez-moi de vous causer des problèmes comme
cela...
M. Ryan: Non, mais je pense que ce sont des questions...
Excusez-moi, M. le Président. Est-ce que je peux compléter?
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le ministre.
M. Ryan: Je pense qu'on soulève des questions très
pertinentes et M. Gagnon, sous-ministre à la Direction des ressources
humaines, en particulier chargé des relations du travail, pourrait nous
fournir des explications intéressantes là-dessus.
Le Président (M. Audet): M. Gagnon, vous avez la
parole.
M. Gagnon (Jean-Guy): Merci, M. le Président. Nous avons
à l'éducation des adultes un nombre limité de postes
réguliers, quelque 300 pour tout le réseau, alors que
l'enseignement professionnel aux jeunes se donne principalement par des
enseignants réguliers. Alors, il est certain qu'à partir du
moment où on se met à créer des situations où des
enseignants se partageraient des groupes où il y aurait des jeunes et
des adultes certains d'entre eux pourraient, comme vous le dites, s'ils
viennent du côté des jeunes, être des enseignants
réguliers alors que les autres seraient dans une large mesure des
enseignants à taux horaire.
La convention collective, pour ce qui est de la tâche, avait
été négociée en prévoyant deux sortes de
situations distinctes: un enseignant enseigne à des jeunes ou il
enseigne à des adultes et les conditions sont régies par deux
chapitres différents. À partir du moment où on a des
groupes mixtes, il est évident que cela pose le problème de
savoir sous quel chapitre de conditions de travail l'enseignant travaille.
C'est pourquoi dans la lettre dont le ministre parlait tout à l'heure,
à savoir qu'il attirerait l'attention des commissions scolaires sur la
nécessité d'y aller avec prudence, cela suppose dans bien des cas
de clarifier ce qui pourrait être confus et la commission devrait
s'entendre avec son syndicat sur les démarches qu'elle entend prendre
lorsqu'elle juge nécessaire de procéder à une
intégration dans un groupe particulier. Ce n'est pas le fait que
l'enseignant appartienne à la catégorie de jour qui
détermine ses conditions de travail, c'est la clientèle à
qui il enseigne. S'il enseigne à un groupe d'adultes, même s'il
est de jour, il y a certainement des problèmes à vouloir lui
appliquer les conditions de jour et vice versa.
Le Président (M. Audet): M. le député
d'Arthabaska, une dernière question.
M. Gardner: Une dernière question à deux volets, si
vous le permettez, M. le Président. Qui a priorité? Attendez, mon
deuxième volet, je vais le faire... Qui a priorité? Disons que
vous avez deux enseignants, l'un qui vient des cours du soir et l'autre des
cours de jour; à qui donnez-vous prioritairement l'enseignement de jour?
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de prévoir une période de
transition, étant donné qu'il s'agit d'une transition où
il y aura, dans quelques années, peut-être, une convention qui
gérera tous les enseignants de quelque niveau que ce soit? Est-ce qu'il
n'y a pas lieu de prévoir une période de transition et permettre,
s'il y a deux enseignants, un du soir et un du jour, de donner les meilleures
conditions de travail ou salariales possible, en période de
transition?
M. Gagnon: D'abord, la question de priorité ne
découle pas du fait que ce soit de jour ou de soir, mais du fait qu'il
s'agit d'un groupe de jeunes ou d'un groupe d'adultes à qui on va
enseigner. C'est toujours clair, sauf lorsqu'il s'agit d'un groupe où il
y a des jeunes et des adultes. On entre dans des situations un peu confuses.
Bien sûr, on dit: Deux adultes dans un groupe de jeunes, cela ne pose pas
de problème, la commission peut fonctionner avec certitude, n'importe
quel arbitre dira: Comme il n'y a pas de chapitre qui prévoit ce qui
arrive lorsqu'il y a quelques adultes dans un groupe, j'ai donc à
décider si c'est un groupe de jeunes ou un groupe d'adultes et, dans ce
cas, il m'apparaît évident que c'est un groupe de jeunes.
Vous avez raison, nous devons prévoir à court terme des
conditions de travail pour les cas où il serait nécessaire de
procéder à l'intégration parce que la convention
collective se trouve prise au dépourvu, en quelque sorte, par ces
situations. C'est pourquoi, entre-temps - la lettre du ministre va en ce sens -
on demande aux commissions scolaires de s'assurer avec leurs syndicats que les
conditions de travail sont respectées et, au besoin, qu'ils fassent les
arrangements nécessaires pour ce que vous appelez à juste titre
cette période de transition.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, vous voulez
compléter?
M. Ryan: J'ajoute brièvement que nous avons prévu
un comité mixte syndicat-patron pour suivre le développement de
la réforme de l'enseignement professionnel et veiller à faire les
ajustements qui s'imposent en cours de route. Des rapports constants sont
maintenus avec la partie syndicale. Comme le laissait entrevoir M. Gagnon, nous
sommes conduits à une situation où il faudra
éventuellement rouvrir certains chapitres des conventions collectives
d'enseignement afin qu'elles soient mieux ajustées aux nouvelles
réalités qui se développent. Jusqu'à maintenant,
les rapports se maintiennent dans un esprit de collaboration. J'ai
moi-même été participant à des réunions
où étaient présents des représentants de la CEQ. On
a même eu des réunions à mon bureau pour faire le point sur
toutes ces choses. Je dois dire que, tout en exprimant des inquiétudes,
les syndicats d'enseignants sont conscients, à la fois, de l'importance
de la réforme et, deuxièmement, de la nécessité de
faire des expériences. Ce n'est pas à eux de les proposer et de
prendre les devants; ils formulent plutôt des avertissements. On sent
qu'ils se rendent compte qu'il doit se passer quelque chose. Pourvu qu'ils ne
soient pas laissés complètement de côté, je pense
qu'ils comprennent qu'on a une responsabilité qu'il n'est pas possible
d'éluder. C'est une situation qui est fluide et je pense qu'il y aura
des développements très significatifs au cours de la prochaine
année.
Le Président (M. Audet): Cela va. Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Tout à l'heure, le ministre affirmait - ou peut-être M.
Babin - qu'à sa connaissance il n'y avait pas, dans les programmes dits
d'achat direct de formation en établissement, d'intégration
jeunes et adultes. Pour certaines commissions scolaires, cela m'apparaissait
être une volonté de faire des économies en mixant ces deux
groupes dans le cadre d'un cours subventionné par le biais des achats
directs de formation en établissement. Il faudrait que je retourne
à mes documents, mais si je ne m'abuse, au moment où on faisait
la tournée l'automne dernier, on a porté à mon attention
ce fait qu'il y avait effectivement intégration des clientèles
jeunes et adultes dans de tels programmes. Cela mériterait probablement
des vérifications, mais si vous me dites, comme l'a dit le ministre tout
à l'heure, que l'intégration jeunes et adultes se faisait
exclusivement dans le cas des cours à l'éducation des adultes
subventionnés par le biais de l'enveloppe du ministère de
l'Éducation, ce n'est pas ce que j'ai vu au moment où on faisait
la tournée.
Ma deuxième question. Il y a plusieurs groupes qui sont venus
faire des représentations. Le ministre n'a pas réagi à
cette question tout à l'heure, demandant de réviser les
décisions concernant le classement qui avait été fait du
métier en certificat plutôt qu'en diplôme. Bon, il y a eu le
cours de vente et représentation et il y a le cours d'assistante
dentaire où on sait qu'il y a un conflit actuellement entre les
hygiénistes et les assistantes dentaires. Est-ce que le ministre a
l'intention de revoir quelques-unes de ces décisions sur l'ensemble de
ces 36 ou 37 programmes - j'ai cru entendre tantôt 37 programmes - de
certificats classés comme étant des certificats d'études
professionnelles?
M. Ryan: Monsieur...
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je vais répondre à
la deuxième question et M. Henry répondra à la
première.
En ce qui touche les programmes qu'a mentionnés la
députée de Chicoutimi, le cours de vente et représentation
a été maintenu au niveau CEP pour la présente
année. Le cours d'assistante dentaire a été mis DEP et le
cours de diététique aussi à propos duquel nous avions eu
beaucoup - soins esthétiques, plutôt, et maquillage - de
représentations, a été maintenu à DEP après
que nous l'eussions d'abord inscrit comme CEP. Nous avons modifié notre
décision à la suite des représentations nombreuses et,
à notre point de vue, justifiées qui nous avaient
été soumises.
Maintenant... Pardon?
Mme Blackburn: Cela va.
M. Ryan: Cela va pour ces points-là. Maintenant, tous ces
programmes seront l'objet d'un examen approfondi au cours des mois à
venir. Et, sur la foi de l'examen qui sera poussé plus loin, il y aura
peut-être des ajustements qui s'imposeront. Mais, pour l'année
1988-1989, c'est ce que je viens de donner qui va se passer.
Le Président (M. Audet): Merci. M. Henry.
M. Henry: Pour le mixage de clientèles jeunes-adultes,
dans le cadre de l'achat de cours du fédéral, il faut savoir,
à ce stade-ci, les difficultés qu'il y a à faire des
groupes mixtes avec un groupe acheté du fédéral par
rapport à un groupe régulier ou un groupe enveloppe ouverte MEQ.
C'est que nous n'avons pas encore modifié tout le processus d'achat de
cours du fédéral en fonction de cette nouvelle réforme. De
sorte que les seuils d'entrée des cours que le fédéral
achète ne sont pas les mêmes que ceux appliqués dans le
régime pédagogique et ce n'est pas la même sanction. La
durée des programmes est souvent différente. Quand elle est la
même, supposons 1200 heures, au secteur régulier il faut faire une
année et quart, et quand on achète un cours du
fédéral, il faut qu'il soit fait à l'intérieur de
52 semaines, sinon on ne l'achète pas. Il y a des empêchements
assez importants au fait que puissent être mixés des groupes
d'achat de cours du fédéral avec des groupes
réguliers.
Je disais qu'à ma connaissance, si cela a été fait,
c'est exceptionnel. Ce sont possiblement des jeunes qui ont été
intégrés dans des groupes d'achat du fédéral, ce
qui est à la marge un peu contraire de l'esprit du régime et des
règles budgétaires existantes. Et c'est marginal. Le contraire
est très difficile, comme je vous le signalais. Mais, à ma
connaissance, il n'y a pas de tels groupes. Mais il y a beaucoup de groupes
mixtes qui existent. Ce sont des groupes financés par l'enveloppe
ouverte du MEQ pour les adultes et l'enveloppe de base régulière
pour les clientèles régulières. Vous avez raison de dire
qu'il y a des groupes mixtes.
Le Président (M. Audet): Mme la députée.
Mme Blackburn: Oui. Il faut comprendre dans les propos de M.
Henry, lorsqu'il dit: On n'a pas encore modifié les programmes pour
rendre la chose possible, on n'a pas levé les difficultés...
Est-ce que le ministère entend lever ces difficultés pour
permettre cette intégration des jeunes et adultes dans les cours d'achat
direct de formation professionnelle?
M. Henry: L'objectif qui est visé, ce n'est pas
l'intégration. C'est de faire en sorte que, quand un jeune ou un adulte
veut devenir mécanicien d'automobiles, débutant ou en
perfectionnement ou recyclage, contrairement à la situation que nous
avions jusqu'à maintenant, il puisse y avoir un programme souple qui
puisse être appliqué dans toutes les formes d'organisations
possibles. Ce que j'ai dit c'est qu'actuelle-
ment nous n'avions pas modifié les conditions pour les achats de
cours du fédéral mais, effectivement, il va arriver un jour,
quelque part à compter de septembre 1989, où il sera possible au
fédéral d'acheter le programme de base de mécanique auto
conduisant au diplôme d'études professionnelles de
mécanique auto: le même programme qu'au secteur régulier,
le même programme que dans l'enveloppe ouverte MEQ, le même
régime pédagogique, les mêmes seuils d'entrée et le
même diplôme, rendant possible toutes les possibilités de
mixage de groupes, ajoutant celle-là, vous avez bien raison. Mais, comme
il va rester l'allocation qui est donnée par le fédéral et
qui n'est pas donnée au régulier ou à l'enveloppe ouverte,
il y aura toujours un certain nombre de difficultés. Et, dans le mesure
où, quand le gouvernement fédéral achète un cours
il ne le laisse démarrer que si le groupe est complet le problème
est en partie théorique. C'est que le fédéral ne laisse
pas démarrer un cours s'il n'a pas son nombre d'élèves et
son quota établi qui est de douze par rapport à un groupe de
quinze. Sans cela il ne le laisse pas démarrer. Le problème,
théoriquement, ne peut pas se poser. On achète un cours,
même un cours harmonisé. Si on a un commanditaire, le cours va
démarrer en fonction des exigences du commanditaire et c'est très
difficile de faire du mixage de groupes. (20 h 15)
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Si je comprends bien, la tendance est d'essayer de
vendre ces cours destinés et préparés pour les jeunes, de
les vendre éventuellement au gouvernement fédéral par le
biais d'achat direct de formation en établissement.
M. Ryan: II y a une chose qu'il faut dire. Les cours ne sont pas
préparés en fonction des jeunes. Ils sont préparés
en fonction des métiers. On veut précisément que ce soient
les mêmes cours de métier pour les jeunes et les adultes, qu'il
n'y ait pas deux classes de formation. C'est un des éléments
essentiels de notre action.
Mme Blackburn: Donc, la spécificité "jeune", son
niveau de formation, d'inexpérience, on ne tiendra plus compte de cela
dorénavant.
M. Ryan:... la formation professionnelle proprement dite, c'est
le métier qui est déterminant.
Mme Blackburn: II n'y a plus de spécificité.
M. Ryan: II y a des pédagogues qui sont là. Ils ne
sont pas là pour rien. Le programme lui-même est
déterminé par les exigences du métier.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Audet): Cela va. Mme la
députée de Chicoutimi, d'autres questions?
Mme Blackburn: M. le Président, si je comprends, c'est que
les besoins particuliers des clientèles, les approches
pédagogiques différentes... On ne me fera pas dire, lorsque vous
avez des jeunes et des adultes dans un même groupe, qu'on va avoir une
pédagogie pour traiter le quart de la classe et une autre
pédagogie pour traiter les trois quarts de la classe. J'imagine qu'on va
finir par avoir la même pédagogie. À quel groupe va-t-elle
s'adapter? Aux jeunes ou aux adultes? Comment va-t-on traiter ces besoins
particuliers? J'insiste pour le rappeler, le ministre se le rappelle, il a
toujours défendu la nécessité d'une approche distincte et
spécifique pour les clientèles selon qu'ils étaient jeunes
ou adultes. Là, on a l'air de nous laisser entendre que cela ne pose
plus de problème. Est-ce que c'est par l'effet du Saint-Esprit? Je ne
pense pas que les jeunes aient tant changé après deux ans et
demi, même avec le pouvoir libéral.
Une voix: Ne recommencez pas.
Mme Blackburn: On peut l'invoquer le Saint-Esprit. Je dis qu'on
est en train, d'une part, de recréer un système qui va provoquer
un clivage des classes, mais, en plus, on vient installer nos jeunes issus des
milieux les plus défavorisés, avec plus de difficultés de
s'adapter, de maîtriser les matières, dans des situations qui vont
leur rendre les choses encore plus difficiles. Les groupes mixtes peuvent-ils
effectivement tenir compte des besoins spécifiques des
clientèles? Le ministre a beau me dire: Les pédagogues ne sont
pas là pour rien. Il faut absolument qu'ils fassent une pédagogie
adaptée. Mais est-ce qu'ils peuvent faire deux pédagogies
adaptées dans un même groupe? C'est cela l'inquiétude qui a
été manifestée à la fois par I'ICEA et par la
CEQ.
J'ai une dernière question. J'aimerais demander au ministre s'il
a l'intention d'accéder à la septième recommandation du
Conseil supérieur de l'éducation. Le Conseil supérieur de
l'éducation, dans l'avis qu'il a émis sur la formation
professionnelle, la modification au régime pédagogique, dit ce
qui suit: "Recommande au ministre de l'Éducation d'établir, comme
pour le DEP, un double seuil d'accessibilité à la filière
du certificat d'études professionnelles, c'est-à-dire avoir
réussi les crédits de 4e année déjà
prescrits pour l'admission au DEP ou avoir 16 ans au 30 septembre et avoir
réussi les crédits de 3e année actuellement prescrits pour
l'admission au CEP. Est-ce que le ministre a l'intention d'accepter la
recommandation du Conseil supérieur de l'éducation?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Celle-là a été acceptée.
Elle a été insérée dans le régime
pédagogique. C'est accepté, cette recommandation-là du
Conseil supérieur de l'éducation. Oui.
Mme Blackburn: Si je comprends bien... M. Ryan:
Crédits de 4e année ou 16 ans.
Mme Blackburn: Si je ne m'abuse, la première version du
régime ne prévoyait pas de faire obligation aux étudiants
d'avoir réussi les crédits de secondaire III.
M. Ryan: Oui, on a toujours eu ça. C'est l'âge de 16
ans, je pense, qui n'était pas obligatoire pour le certificat, On l'a
ajoute.
Mme Blackburn: Alors, il y a actuellement deux exigences: si vous
avez 15 ans, vous devez avoir réussi vos crédits de
quatrième.
M. Ryan: M. Henry va vous répondre à cela.
Là-dessus, nous avons fait un ajustement au cours de derniers
mois dans le régime pédagogique de manière à tenir
compte de l'avis qui nous avais été fourni par le Conseil
supérieur de l'éducation. M. Henry va vous donner des
précisions, M. le Président, si vous l'en autorisez.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. Henry.
M. Henry: Le conseil supérieur a recommandé la
symétrie des seuils d'entrée pour le DEP et le CEP. Or, dans le
régime, c'est écrit, pour le DEP: est réputé
pouvoir entrer au diplôme d'études professionnelles celui qui a un
diplôme d'études du secondaire ou 16 ans et quatre matières
de quatrième. La symétrie, pour le CEP, qui nous a
été recommandée et acceptée était de dire:
peut entrer au certificat d'études professionnelles celui qui a une
quatrième secondaire ou 16 ans et les quatre matières de
troisième réussies, ce qui a été
intégré dans le régime pédagogique. Il y a une
symétrie de seuils d'accueils pour faire pression sur le rehaussement
des seuils d'entrée.
Alors, DES au quatrième avec 16 ans et, dans le cas du CEP,
quatrième ou 16 ans, troisième, pour illustrer ce qu'on souhaite
finalement, c'est que les jeunes restent davantage longtemps en formation de
base et générale avant d'amorcer leur formation professionnelle
et cela a été agréé puisque c'est un fondement de
la réforme.
Mme Blackburn: Touchant les autres recommandations du conseil
supérieur, le conseil supérieur insiste beaucoup sur la
nécessité de mettre en place des mesures qui incitent les jeunes
à s'inscrire davantage dans les diplômes que dans les certificats.
En fait, est-ce qu'il ne s'agit pas là plus d'un voeu pieux et est-ce
qu'on est en mesure de prendre les mesures concrètes favorisant
l'inscription dans des DEP plutôt que dans les CEP? Il y a une question
que je me posais; par quoi sont justifiées toutes ces modifications? Je
l'ai posée au commmencement. Est-ce qu'on est en meusre d'établir
un rapport direct entre la diminution du nombre d'inscriptions dans les cours
de formation professionnelle et les exigences qui étaient
préalablement prévues pour le certificat? Est-ce qu'il y a un
rapport direct de cause à effet entre ces deux choses et est-ce qu'on a
un minimum de garanties que cela devrait nous assurer qu'il y ait moins de
décrochages scolaires? Est-ce qu'on s'est assuré de ça?
Est-ce qu'il n'y aurait pas eu lieu de faire des évaluations plus
sérieurses avant de procéder à des changements aussi
importants?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais d'abord ajouter une chose. Cette
réforme était en panne depuis des années. La
députée se souvient sans doute que plusieurs ministres
précédents avaient tenté de la faire approuver et qu'ils
s'étaient toujours heurtés à des obstacles invincibles
à l'intérieur du gouvernement, en particulier au Conseil du
trésor. M. Gendron, mon prédécesseur immédiat,
avait soumis un plan au gouvernement en 1985, lequel a été
rejeté par le Conseil du trésor. Quand je suis entré en
fonction, tous les milieux concernés m'ont dit qu'il était
très important d'agir rapidement parce que cela s'en allait dans une
situation de découragement très très prononcée.
C'est évident qu'on n'a pas pu régler tous les problèmes
avant de commencer, en particulier des questions comme celle que vous posez, il
y en a beaucoup qui vont recevoir leur réponse de l'expérience.
Mais vous avons commence par le DEP; la première année, cela a
été le DEP. Pourquoi? Parce que c'est celui sur lequel nous
voulions évidemment mettre l'accent. Ce sera l'élément
principal.
Comme la députée l'a souligné, la plupart des
métiers ne veulent pas aller dans le CEP. Ils veulent aller dans le DEP
parce qu'au point de vue de statut social c'est meilleur. C'est évident
qu'un cours de deux ans est meilleur qu'un cours d'un an; je pense que cela
saute aux yeux. Dans la mesure où c'est justifié objectivement,
nous aimons mieux que le cours de DEP se développe. Comme je l'ai dit,
notre première préférence est pour que les jeunes
complètent d'abord le diplôme d'études du secondaire
général et ensuite qu'un certain nombre s'oriente vers des
études professionnelles spécialisées, cela va très
bien. Mais c'est la ligne de fond. À la fin de la présente
année, on va déjà avoir des indications bien meilleures
sur les questions que pose la députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Audet): Cela va? Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Sur le même sujet, M. le Président,
une courte question. Est-ce que l'intention du ministère de mettre sur
pied, éventuellement, des programmes de travail-étude, comme
partie intégrante du programme professionnel pour tous les enfants?
Le Président (M. Audet): M. Henry.
M. Henry: C'est une intention qui circule dans le réseau
scolaire à laquelle on est très attentif. Tout le monde sait dans
le réseau scolaire la difficulté que nous avons à
organiser de tels programmes parce que les relations éducation-monde du
travail, c'est à reconstruire. Il y a un problème de
crédibilité et de confiance réciproque à
rétablir pour qu'on puisse arriver à faire en sorte que de tels
programmes existent. Mais, concrètement, il y a quand même sept
commissions scolaires cette année qui ont vu accepter des projets
d'alternance travail et étude, subventionnés par le gouvernement
fédéral et qui vont dans le sens souligné par Mme la
députée. Quant à des organisations systématiques de
formation du type apprentissage comme dans certains pays ou certaines provinces
où un bout à l'école, on fait un bout en entreprise, un
bout à l'école, tout cela fait partie d'un programme d'ensemble
cohérent, on en est aux premiers pas de développement. On va
essayer de faire en sorte que cela se passe comme cela avec l'industrie de la
construction, où on a un premier pas dans ce sens. Mais il faut
comprendre que ce sont des programmes très difficiles à organiser
parce que cela implique des ententes de très haut niveau entre les
partenaires socio-économiques et les partenaires de l'éducation
concernant l'encadrement et le financement de tels programmes. C'est à
l'étude et je pense que cela va être davantage possible quand le
climat va être rétabli, un climat de confiance entre les
partenaires du monde du travail et de l'éducation. Pour le moment, on a
une approche cas par cas, secteur par secteur professionnel, si vous
voulez.
Mme Dougherty: Merci.
Le Président (M. Audet): Cela va? Mme la
députée de Chicoutimi, cela va pour ce programme? Est-on
prêt à l'adopter ou...
Mme Blackburn: Non, non. On va...
Le Président (M. Audet): Non?
Mme Blackburn:... passer à un autre sujet toujours dans le
programme 4.
Le Président (M. Audet): Allez-y.
Rationalisation du coût de l'éducation
des adultes
Mme Blackburn: L'éducation des adultes. Selon son
habitude, le ministre disait, au moment où je commentais
l'éducation des adultes, que je n'avais encore rien compris, qu'il y
avait une augmentation dans l'enveloppe de l'éducation des adultes et
non pas une diminution. J'aimerais qu'on revoie les chiffres un peu. En fait,
les crédits alloués à l'éducation des adultes, pour
1988-1989, s'élèvent à 154 400 000 $, soit une
augmentation apparente, je dis bien apparente, de 13, 5 % par rapport à
1987-1988. Si l'on considère les subventions allouées pour
l'enseignement aux adultes en année scolaire, elles passent plutôt
de 170 500 000 $ en 1987-1988 à 147 400 000 $ pour 1988-1989, soit une
baisse de quelque 16 %.
La baisse s'explique par une diminution de 6 300 000 $ pour le soutien
à la formation sur mesure et aux achats directs dans le cadre de
l'accord Canada-Québec, et par une réduction du volume
d'activités pour quelque 20 200 000 $. Ce qui au premier regard
apparaît comme étant une augmentation constitue plutôt une
diminution. Le ministre nous dit: On va resserrer les règles. On paie en
double pour des élèves qui ne sont plus dans les classes. On va
identifier les clientèles. Bon, un certain nombre de mesures qui
seraient susceptibles de lui faire faire les économies qu'on voit
là.
Moi je voudrais savoir, et j'irai un peu plus loin tout à
l'heure, pour commencer, les 147 400 000 $...
Une voix: Juste ici. (20 h 30)
Mme Blackburn:... et la baisse qui s'explique, d'une part, par
une diminution de 6 300 000 $ pour le soutien à la formation sur mesure
et aux achats directs, dans le cadre de l'accord Canada, et par une
réduction du volume d'activités de quelque 20 000 000 $... Je
voudrais avoir la composition des 147 000 000 $. D'où viennent ces 147
000 000 $? Quelle est la part de ces 147 000 000 $ qui vient des accords
Québec-Canada? Est-ce qu'il y a une part de ces 147 000 000 $ qui vient
de ce que vous appelez l'enveloppe ouverte pour l'éducation des adultes
et qui émane du ministère de l'Éducation?
M. Ryan: L'allocation de base vient entièrement du budget
du ministère de l'Éducation et, par conséquent, des
crédits émanant du gouvernement du Québec.
Mme Blackburn: Alors, je voudrais comprendre...
M. Ryan: Nous avons prévu sur les 147 000 000 $, comme
c'est inscrit à la page 45, un montant de 10 000 000 $ qui sera
dépensé pour la formation sur mesure et les achats directs sous
l'empire de l'accord Canada-Québec.
Tout le reste est de l'argent qui vient du trésor
québécois.
Mme Blackburn: Le reste, c'est 147 000 000 $ moins 10 000 000
$?
M. Ryan: C'est cela.
Mme Blackburn: Alors, ce que je voudrais... Vous expliquez une
diminution du budget par une diminution de 6 300 000 $ pour le soutien à
la formation sur mesure et aux achats directs. Est-ce que cela fait partie...
Je ne comprends pas très bien votre mécanique, parce qu'on sait
que, par ailleurs, dans les achats de formation sur mesure, en 1987, on
prévoyait dans les accords un montant de 32 665 000 $ et, dans les
achats directs de formation en établissement, un montant de 106 000 000
$. Je voudrais savoir comment cela est réparti. Quelle est la part dans
ce que vous nous présentez comme étant un investissement du
gouvernement du Québec en matière d'éducation des adultes?
Comment cela est-il ventilé? Est-ce qu'on a réussi à
dépenser effectivement le montant tel que prévu dans
l'accord?
M. Ryan: Peut-être M. Rondeau pourrait-il donner quelques
explications sur les achats directs, en particulier pour la formation sur
mesure. Ensuite, il y aura d'autres explications qu'on pourra donner.
M. Rondeau (Jean-Claude): M. le Président, je pense que
c'est plus simple de traiter séparément les fonds qui viennent du
fédéral et, ensuite, l'enveloppe ouverte du Québec. En ce
qui concerne les fonds qui viennent du fédéral, il y a depuis
plusieurs années une enveloppe qui est restée stable à 139
000 000 $. Donc, avant il y a un an et demi, l'enveloppe de 139 000 000 $
était consacrée entièrement à des achats directs.
Il y a un an et demi, le fédéral a changé son orientation
et a introduit une modification pour permettre la formation sur mesure dont les
sommes ont été déduites des 139 000 000 $. Donc,
l'année dernière, qui était la première
année d'application de ce nouveau plan, on a eu 139 000 000 $ moins 13
000 000 $, soit 126 000 000 $ pour les achats directs et 13 000 000 $ pour la
formation sur mesure. Cette année, on a donc 139 000 000 $ moins 32 000
000 $ consacrés à la formation sur mesure et, l'année
prochaine, on devait avoir 51 000 000 $ consacrés à la formation
sur mesure. Mais la somme des deux reste fixe à 139 000 000 $.
La deuxième partie de la question de la députée de
Chicoutimi, à savoir si on a dépensé les sommes,
effectivement, l'année dernière, qui était la
première année d'application, on a dépensé une
partie qui représentait à peu près la moitié des 13
000 000 $ prévus. Cette année, par rapport aux 32 000 000 $, on
arrive aux derniers chiffres et, la semaine dernière, on se situait
autour de 16 000 000 $ ou 17 000 000 $. Cependant, on a obtenu du
fédéral que l'enveloppe demeure stable pour la troisième
année plutôt que de passer à 50 000 000 $ et les derniers
chiffres démontrent un tel effort dans la formation sur mesure qu'il
semble qu'on va arriver au sommet des 32 000 000 $ très rapidement au
début de l'année. Donc, on va être pris, contrairement
à ce qu'on avait anticipé, avec un plafonnement des
dépenses pour la formation sur mesure, donc, la partie qui reste
consacrée à des achats directs. Cela, c'est pour l'enveloppe en
provenance du gouvernement fédéral. Mais c'est l'enveloppe
ouverte du Québec qui compte pour la plus grande partie dans les
données du ministère.
Mme Blackburn: Où vont les sommes non
dépensées dans le volet Achat de formation sur mesure? Est-ce que
les sommes transitent par le ministère de l'Éducation ou par le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu?
M. Ryan: Ce n'est pas payé par Ottawa si les
activités n'ont pas eu lieu. Comme on a eu moins la première
année, nous sommes en négociation avec le gouvernement
fédéral pour essayer d'en faire transférer une partie
à la formation en établissement.
Mme Blackburn: Vous parlez de ce qui n'a pas été
dépensé, on a dépensé à peu près la
moitié des 32 000 000 $...
Une voix: La moitié des 13 000 000 $.
Mme Blackburn:... la moitié des 13 000 000 $. Le
Québec demande de récupérer ces sommes, mais il n'est pas
certain qu'on les conserve.
M. Ryan: Ce n'est pas certain, mais les choses étaient
avancées, cependant. C'est M.
Paradis qui négocie au nom du gouvernement du Québec, mais
après entente avec nous.
Mme Blackburn: À présent, si je comprends, selon la
même règle, il y aura l'an prochain une partie de plus en plus
importante des budgets de l'accord Canada-Québec qui vont transiter par
le biais de la formation sur mesure, avec le problème que cela pose. On
sait ce que cela veut dire, les collèges sont moins prêts, les
écoles sont moins prêtes à les offrir et il y a une
tendance à vouloir offrir ces cours dans des espèces
d'écoles patentées qui se qualifient pour donner ce type de
formation. L'an prochain, si je ne m'abuse, cela nous donnerait 51 000 000 $ en
1988-1989 pour l'achat de formation sur mesure. Est-ce que c'est là
l'entente?
M. Rondeau: M. le Président, on a obtenu que pour la
troisième année, plutôt que de passer à 51 000 000 $
comme c'était prévu dans le plan
fédéral, on en reste à 32 000 000 $ parce qu'on
avait de la difficulté à prendre le rythme de croisière.
Maintenant, les efforts des dernières semaines nous démontrent
qu'on va effectivement arriver aux 32 000 000 $. Quant au partage des projets,
la quasi-totalité des projets - à ce jour, c'est 97 % ou 98 % des
projets - se déroulent dans les établissements publics, soit
cégeps ou commissions scolaires, mais avec une légère
prédominance des cégeps à ce jour. Les cégeps
obtiennent près de 60 % des activités par rapport à un peu
plus de 40 % pour les commissions scolaires.
La manière dont cela se fait, c'est au niveau des commissions de
formation professionnelle que les projets se préparent et il y a le
partage entre les ordres d'enseignement et les établissements par le
biais des responsables régionaux d'éducation des adultes.
Mme Blackburn: Est-ce que tout ce qui apparaît là
passe par le ministère de l'Éducation? Il n'y a que l'achat de
formation sur mesure. Quand vous me dites que vous avez demandé qu'on
reste à 32 000 000 $ pour les achats de formation sur mesure, est-ce que
l'enveloppe pour les achats directs restera à 106 000 000 $ ou si on va
la baisser à 85 000 000 $?
M. Rondeau: M. le Président, en ce qui concerne les achats
qui viennent du fédéral, ils restent à 139 000 000 $. Il
n'y a pas de perspective selon laquelle les montants seraient
modifiés.
Mme Blackburn: À présent, M. le Président,
je voudrais comprendre le montant de 147 000 000 $. Est-ce qu'on peut le
décomposer? On dit que la diminution s'explique par une diminution de 6
300 000 $ sur le soutien à la formation sur mesure et aux achats directs
dans le cadre de l'accord Canada-Québec. Si cela paraît dans les
diminutions, c'est que l'enveloppe de 147 000 000 $ qu'on nous présente
n'est pas composée exclusivement de crédits qui émargent
au ministère de l'Éducation, mais ils viennent aussi des accords
Canada-Québec.
M. Ryan: On a expliqué tantôt qu'il y a un montant
de 10 000 000 $ qui vient du fédéral. C'est une contribution qui
va surtout pour des frais d'encadrement. Il y a une diminution cette
année pour le ministère de l'Éducation parce qu'une
entente est intervenue entre les deux ministères, Éducation et
Enseignement supérieur, de manière que le montant total soit
réparti en suivant d'aussi près que possible le volume des
activités.
Mme Blackburn: Et la diminution de 6 300 000 $, étant
donné que vous n'êtes même pas certain que cet
argent-là reste... Où sont passés ces 6 300 000 $? C'est
une diminution de 6 300 000 $ pour le soutien à la formation sur mesure
et aux achats directs.
M. Rondeau: M. le Président...
Le Président (M. Audet): M. Rondeau.
M. Rondeau: ...quand on avait 139 000 000 $ qui étaient
consacrés entièrement aux achats directs, il y avait donc une
partie de ces sommes-là qui allaient pour les coûts de base.
À partir du moment où il y eu une ponction des 139 000 000 $ pour
en consacrer une partie à la formation sur mesure, il y a eu, pour les
commissions scolaires, une perte de fonds sur ce plan-là. C'est ce qui
explique la diminution pour les commissions scolaires qui est identifiée
dans le document. Donc, pour parler de façon très simple, pour
les services d'éducation des adultes au Québec,
l'avènement de la formation sur mesure a entraîné une
diminution des sommes disponibles dans les commissions scolaires pour les
coûts de base.
Mme Blackburn: Alors, sur 147 000 000 $ si l'on enlève les
10 000 000 $ qui sont fournis par le biais des accords Canada-Québec
pour l'encadrement, est-ce qu'on pourrait savoir comment se décomposent
les 170 000 000 $ de 1987-1988? Quelle était la partie de ces 170 000
000 $ qui était...
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Nous avons ces renseignements que demande la
députée à la page 45 du cahier.
Le Président (M. Audet): Cela va?
Mme Blackburn: Donc, c'étaient 16 000 000 $. J'avais donc
cru comprendre que vos 6 300 000 $ étaient davantage un transfert que
vous faisiez au niveau collégial. Mais ce que je comprends actuellement
c'est que...
M. Rondeau: M. le Président, il y a une partie qui va au
collégial, effectivement, par le transfert de volume d'activités
et il y a une partie de perte actuellement parce qu'on n'a pas réussi
à utiliser la totalité des sommes qui avaient été
planifiées par le fédéral pour être
utilisées.
Mme Blackburn: Je voudrais savoir du ministre ou encore de M. le
sous-ministre... Le ministre nous dit qu'il y a un ajout de ressources et
l'examen que nous en faisons se traduit par une diminution du volume
d'activités pour quelque 20 000 000 $. Donc, une diminution d'environ 16
%. Le ministre explique cette diminution par une identification plus
précise des clientèles et par une rationalisation. Alors, ce que
voudrais savoir, d'autant plus qu'on sait que le projet de loi 107 qui est sur
la table prévoit une espèce de resserrement... Ce sont en quelque
sorte des brèches par rapport à la gratuité au service de
l'éducation aux adultes. Si je me
rappelle, cela sera gratuit mais selon la disponibilité et les
disponibilités financières des commissions scolaires. Alors,
c'est moins gratuit que cela l'était, si je comprends un peu cet
article-là. Je voudrais savoir quels sont les objectifs réels
poursuivis par le ministère et le ministre quant à la
rationalisation des coûts de l'éducation des adultes. Qu'est-ce
qu'il entend par privilégier la clientèle cible visée par
la politique d'ouverture? C'est du chinois. Je ne comprends pas. (20 h 45)
M. Ryan: Je vais vous donner une brève explication
générale. S'il y a lieu d'aller plus dans les détails,
nous le ferons, mais ce ne sera peut-être pas nécessaire.
Essentiellement, ce que veut favoriser le gouvernement, c'est l'activité
éducative des adultes qui s'inscrivent à des cours de formation
en vue de l'obtention du diplôme d'études secondaires.
Deuxièmement, le gouvernement veut financer des étudiants
réels et non pas des étudiants fantômes ou de passage. Par
exemple, cela s'est développé très vite, ça,
l'enveloppe ouverte, et on s'est aperçu qu'il s'est accumulé
beaucoup d'éléments qui ne se prêtaient pas facilement
à des mesures quantifiables. Le Conseil du trésor avait ses
exigences et il a dit: Si un élève est inscrit à la fin de
septembre, nous aimerions bien avoir des preuves qu'il est encore là au
mois de novembre. Il y a toutes sortes d'éléments qui sont
ajoutés de manière à contrôler de façon plus
efficace la présence aux cours et la persévérance afin de
s'assurer que le gouvernement paie pour des frais réels. Je pense que ce
n'est pas de la diminution. Si nous avons plus de demandes, l'enveloppe reste
ouverte et cela va aller au-delà de 147 000 000 $, mais nous
espérons récupérer une vingtaine de millions de dollars
grâce à des contrôles plus serrés qui vont
empêcher que l'argent s'en aille dans la caisse même, disons, des
commissions scolaires ou à d'autres fins que celles des cours pour
adultes.
Un autre exemple. Cela paraît mal - je pense que ma
collègue de Jacques-Cartier peut être intriguée par cela -
réduction de l'enveloppe pour les langues secondes. On avait une
enveloppe de 8 000 000 $ pour les cours de langue seconde pour les adultes.
Là, elle est réduite à 4 000 000 $. En fait, la demande,
l'an dernier, a été d'à peu près 3 000 000 $.
Alors, on n'enlève rien ici. On ajuste nos prévisions en tenant
compte de ce qu'a été la demande réelle. C'est comme cela
qu'on arrive à prévoir en tout une vingtaine de millions de
dollars, mais cela ne change absolument rien aux besoins réels des
adultes. S'il y a plus de demandes, l'enveloppe va augmenter en
conséquence parce qu'elle est restée ouverte.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit que les contrôles des
clientèles étaient insuffisants au niveau secondaire.
M. Ryan: Oui.
Mme Blackburn: Les contrôles des clientèles
adultes.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
Mme Blackburn: Au public, parce qu'on sait qu'au privé
cela fait problème quant aux contrôles des clientèles. Je
pensais plus particulièrement au niveau collégial, mais on aura
l'occasion d'y revenir la semaine prochaine. Cela va.
M. Ryan: Les contrôles auxquels fait allusion la
députée de Chicoutimi concernent le collégial, comme elle
le sait très bien. Nous aurons l'occasion d'en parler la semaine
prochaine.
Mme Blackburn: C'est ce que je disais d'ailleurs.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Audet): Cela va pour le programme 4.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques? Cela va?
L'état des bibliothèques
scolaires
Mme Blackburn: Non, ça ne se termine pas là.
J'avais une question au programme 4 sur les bibliothèques scolaires. Le
ministre nous parle beaucoup d'augmenter la qualité du français
écrit et parlé. Une des façons par excellence de le faire,
c'est la qualité des volumes mis à la disposition des enfants et
des élèves. Un nombre impressionnant de bibliothèques
scolaires de niveau primaire et de niveau secondaire sont dans un état
tout à fait lamentable. J'ai vu des écoles primaires sans
bibliothèque. Cela existe au Québec. Il n'y a pas de volumes dans
les bibliothèques. Il y a des écoles primaires qui n'ont pas de
volumes dans les bibliothèques. Quel est l'état des
bibliothèques dans les écoles publiques du Québec au
moment où on se parle? Est-ce que le ministre a des données
là-dessus? Est-ce qu'on a le portrait de la situation, un tableau de la
situation par rapport à l'état des bibliothèques dans les
écoles primaires et secondaires? Plus généralement,
j'aimerais les avoir selon les secteurs, j'allais dire selon les quartiers. Il
y a, là aussi, gros à parier que, par souci et par certaines
préoccupations, on retrouve des bibliothèques mieux garnies selon
le milieu socio-économique. J'aimerais voir si cela correspond à
cette réalité que j'appréhende parce que ce que j'ai vu me
semblait correspondre à ça.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: II y a trois éléments, M. le
Président. Tout d'abord, nous n'avons pas
actuellement les données qui nous permettraient de former un
jugement d'ensemble sur la situation des bibliothèques scolaires. Nous
en discutions justement il y a quelque temps à une réunion qui
regroupait le ministre, le sous-ministre et quelques collaborateurs et il a
été décidé de constituer un groupe de travail qui
va précisément faire un inventaire de la situation et me
soumettre un rapport au cours des prochains mois sur la situation
réelle.
Deuxièmement, dans le plan d'action pour le redressement ou le
renforcement de l'apprentissage du français que nous dévoilerons
la semaine prochaine, il y aura des mesures visant à améliorer ce
qui se fait pour les bibliothèques scolaires, des mesures modestes, mais
qui permettront quand même d'augmenter le niveau des dépenses par
étudiant à cet fin-là.
En troisième lieu, comme la députée le sait sans
doute, les ressources attribuées aux commissions scolaires pour fins de
bibliothèques s'inscrivent dans une enveloppe "autres coûts" dont
les commissions scolaires font l'usage qu'elles jugent opportun. Certaines
commissions scolaires se servent de cette enveloppe pour mettre de l'argent sur
les bibliothèques; d'autres trouvent que ce n'est pas important. Nous
trouverons, j'en suis convaincu, une situation très diverse d'un endroit
à l'autre. Cela fait partie de la politique de responsabilisation des
commissions scolaires que nous avons développée et dont je
parlais tantôt, que les commissions scolaires sachent affecter a ce poste
extrêmement important, j'en conviens sans aucune réserve avec la
députée de Chicoutimi, les ressources appropriées. Le plan
que nous instituerons de ce côté-là sera un plan à
frais partagés de manière à assurer que pour 1 $ que le
ministère de l'Éducation investira, les commissions scolaires
feront leur part.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre ne craint pas que ce plan
à frais partagés ou d'appariement ne soit pas
nécessairement plus incitatif? Si les commissions scolaires ne se
montrent pas plus intéressées que ça à
développer les bibliothèques, ce n'est pas parce que le
ministère met 1 $ alors que la commission scolaire en met 1 $ que cela
les incitera davantage à les développer. Le ministre l'a
peut-être dit, mais je n'en suis pas certaine, je ne l'ai pas entendu,
mais avez-vous l'intention d'essayer de recueillir des données qui nous
présenteraient le portrait le plus précis possible de
l'état des bibliothèques dans les écoles du
Québec?
M. Ryan: Oui, le groupe de travail aura précisément
cette mission.
Mme Blackburn: Le rapport...
M. Ryan: II sera également chargé de nous faire des
recommandations.
Mme Blackburn: Le rapport serait disponible quand?
M. Ryan: Là, je ne sais pas pour l'instant. Mme
Blackburn: II n'y a pas d'échéancier?
M. Ryan: Non, il n'y en a pas encore. Il y en aura un cependant,
mais il n'a pas encore été fixé.
Mme Blackburn: Vous savez, si on ajoute à cette
détérioration des collections des bibliothèques dans les
écoles publiques les compressions effectuées par le
ministère des Affaires culturelles dans les bibliothèques
publiques, on atteint une situation de sous-développement absolument
dramatique. J'en sais quelque chose. La bibliothèque municipale de
Chicoutimi est la plus pauvre au Québec et on sait que les
bibliothèques publiques au Québec sont les plus pauvres du
Canada. Alors, cela vous donne une idée de la situation de la
bibliothèque chez nous.
Évidemment, plusieurs autres se retrouvent dans des situations
qui se rapprochent de celle de Chicoutimi. Quand on ajoute à ça
le fait que les bibliothèques scolaires soient pauvres en collections et
en volumes, cela nous explique peut-être un peu les difficultés
qu'éprouvent les jeunes à bien parler ou écrire leur
français. Lorsqu'on n'a pas accès à des volumes
convenables ou intéressants, ou à des choses complètement
dépassées ou défraîchies, cela n'a pas de quoi
susciter l'intérêt à l'endroit de la lecture.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, est-ce que vous
avez une remarque à faire? Non, cela va?
Mme la députée, vous avez toujours la parole.
Intégration des élèves en
difficulté d'apprentissage
Mme Blackburn: Toujours dans le même programme, j'aimerais
aborder la question de l'intégration des élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Je le rappelais tout
à l'heure, on sait que ces élèves représentent une
proportion importante des jeunes inscrits dans nos écoles primaires et
secondaires. C'est 12,5 % du total des clientèles inscrites dans le
réseau primaire et secondaire qui se trouvent classées comme
ayant soit des handicaps ou des difficultés d'adaptation ou
d'apprentissage.
On sait qu'il y a des mesures qui ont été prises pour leur
assurer un plus grand encadrement. C'est probablement l'aspect de la question
qui me préoccupe le plus. Au moment où on publiait au
Québec le rapport de l'Office des personnes handicapées, je ne me
rappelle plus le titre
Une voix: À part entière.
Mme Blackburn: ...À part entière, qui
préconisait l'intégration des enfants handicapés dans les
écoles et dans les classes régulières, il y avait sur la
table du ministre un protocole d'entente qui était prêt pour
signature entre la ministre des Affaires sociales et le ministre de
l'Éducation pour à la fois prévoir un certain partage des
responsabilités, comme, j'imagine, des frais encourus par la
présence de handicapés lourds ou multiples dans les
écoles. Cette politique a suscité beaucoup d'intérêt
chez les parents des enfants handicapés. Un nombre important de parents
réclament que ces enfants soient intégrés dans les classes
régulières. On sait qu'il y a même, si je ne m'abuse, des
causes qui sont devant la cour en ce moment, au moment où on se parle.
Ici même à Québec, je pense que c'est le cas Rousseau.
Moi ce que je voudrais savoir, c'est à quelle place est rendu le
protocole d'entente qui devait être signé depuis plus d'une
année. Cela doit faire un an et demi, près de deux ans, si cela
n'est pas plus de deux ans, que ce protocole est sur la table des deux
ministres, des Affaires sociales et de l'Éducation. Va-t-il y avoir une
entente qui va intervenir entre les deux ministères de manière
que ces enfants reçoivent l'encadrement qui leur est nécessaire
et pour que les commissions scolaires ne se retrouvent pas comme j'ai vu le cas
à Matane l'automne dernier, maintenir ces enfants à la porte de
l'école? Ils deviennent en quelque sorte des otages et des otages qui
n'osent pas trop contester parce qu'on n'est pas pour prendre un enfant en
chaise roulante et le laisser une journée devant l'école.
Donc, les parents les ramènent, les pressions se font moindres.
Dans certains cas, j'en ai un à la commission scolaire de Chicoutimi,
ils finissent par les garder à la maison carrément. Ce sont des
cas assez pathétiques sur lesquels, je pense, il faudrait s'attarder
à accorder une attention toute particulière. Cela existe et les
cas sont traités de façon fort différente selon les
commissions scolaires et dans certaines commissions scolaires, on a - et
j'utilise les termes des parents - parqué ces enfants dans des
écoles particulières, ce qui ne les incite pas à
acquérir plus d'autonomie et à développer plus
d'habileté. Je voudrais savoir où en est rendu ce protocole.
Quelle est la position du ministre par rapport à cette grande question,
à savoir est-ce qu'on devrait favoriser l'intégration des jeunes
handicapés dans les classes régulières - je sais que le
ministre l'a abordée brièvement ce matin - ou, encore,
carrément leur créer des classes séparées comme
c'est le cas actuellement dans plusieurs commissions scolaires?
Le Président (M. Audet): M. le ministre. (21 heures)
M. Ryan: C'est évidemment un des problèmes les plus
importants auxquels nous fassions face pour l'instant. Ce problème a
pris de l'importance un peu hors du contrôle du ministère de
l'Éducation parce que la responsabilité était largement
laissée aux commissions scolaires de déclarer les cas
d'élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, et
les définitions n'étaient peut-être pas toujours les plus
claires. Il y a une chose qui est certaine, c'est que nous avons connu une
augmentation considérable au cours des dernières années,
comme je l'ai mentionné ce matin.
J'avais souhaité que nous puissions, en 1987-1988, mettre au
point le programme d'action dans ce secteur; je l'avais mentionné l'an
dernier. Malheureusement, avec tout ce qui est arrivé, nous n'avons pas
été capables et nous sommes obligés de remettre cet
objectif au rang des priorités de l'année 1988-1989, pour
être bien franc. En 1987-1988, une enquête a été
faite par nos services auprès des commissions scolaires pour
connaître les conditions dans lesquelles elles dispensent les services
aux élèves en difficulté, les élèves
handicapés. Le rapport de cette enquête m'a été
remis. Le bureau des sous-ministres - je dois le dire à son
crédit - s'est penché sur ce rapport et en a tiré des
perspectives d'action qui ont été soumises à mon attention
il y a déjà quelques semaines. J'ai examiné ce document et
j'éprouve le besoin de travailler sérieusement avec le bureau des
sous-ministres, mais nous n'en avons pas encore eu le temps. Même
remarque à propos de l'entente qui avait été
préparée entre le ministère de la Santé et des
Services sociaux et le ministère de l'Éducation. C'est vrai qu'un
protocole a été déposé sur ma table il y a
déjà quelques mois - pas deux ans, quelques mois - et je n'ai pas
été capable de mettre ma signature sur ce protocole, parce que je
ne comprenais pas ce qu'on voulait dire dans bien des cas. C'est un protocole
qui nous dirigeait vers une politique normée, comme on en a beaucoup: tu
as 122 comtés au Québec, tu mets 4 postes par comté, cela
te fait 488 postes et tu ne sais pas ce que cela va faire; tu en ajoutes 488
et, au bout de la ligne, cela fait tant. Le gouvernement s'éloigne de ce
genre d'orientation. On veut partir d'une problématique mieux
définie au départ et, ensuite, on prendra les mesures qui
s'imposent. J'éprouvais le besoin de durcir la problématique.
C'est ce que nous devons compléter, les deux ministères ensemble,
et des retards sont intervenus récemment. Je pense que c'est l'une des
choses qui commandent notre attention pour les mois à venir. Je veux
vous dire que je suis personnellement très très
préoccupé par ce problème. Déjà, nous
faisons des choses considérables. Je ne voudrais pas dire qu'il ne se
fait rien, loin de là. En particulier, l'objectif d'intégration
de ces élèves en difficulté, même des
élèves handicapés, dans les classes
régulières a quand même fait un progrès formidable.
Sur les quelque 130 000 élèves en difficulté que nous
comptions dans le système cette année, il y en a, selon les
chiffres qu'on me donne, près de
80 000 qui sont intégrés dans des classes
régulières. Mais ce n'est pas tout de les intégrer dans
des classes régulières, il faut leur fournir le soutien
approprié. Dans certains cas, ils ont besoin de personnes pour les
assister, parce qu'ils n'ont pas toujours tout ce qu'il faut pour suivre les
événements ou les développements au même rythme que
les autres. Cela reste notre politique de base.
On nous signale de plus en plus fortement qu'il y a des
difficultés pour certaines catégories d'élèves
handicapés, ou en difficulté, en ce qui touche
l'intégration, et il me semble évident qu'on ne pourra pas avoir
l'intégration universelle. Mais où est la ligne exactement? Quels
sont les critères qui doivent nous guider? Il y a encore du travail de
définition à faire de ce côté et je dois dire, au
crédit de mes fonctionnaires, qu'ils ont fait beaucoup de travail de ce
côté et qu'on a déjà des matériaux importants
qui ont été réunis en vue de la définition d'une
politique pour laquelle il faudra, évidemment, des ressources
appropriées.
Le Président (M. Audet): Cela va, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Le ministre nous dit,
et on l'avait vu dans les rapports, que 80 000 des quelque 130 000 enfants
souffrant de handicaps ou de troubles de comportement se retrouvent
intégrés aux classes régulières. Je voudrais
seulement lui rappeler, et en même temps rappeler ma question, que les
pratiques sont fort variées d'une commission scolaire à l'autre
et que des professeurs, des enseignants se refusent systématiquement
à recevoir dans leur classe des enfants handicapés physiquement -
on ne parle même pas de handicapés mentaux. De là à
recevoir ceux qui souffrent de handicaps mentaux, on voit la marge' Ce que je
voudrais savoir, c'est comment on peut avoir avec une même convention
collective des écarts d'interprétation tels qu'on puisse
prétendre que cela ne fait pas partie de la tâche. Comment le
ministre entend-il lever ce genre de difficulté et quels sont les moyens
qu'il entend mettre en application pour qu'il y ait un traitement à peu
près égal dans tout le Québec des cas des enfants et plus
particulièrement des enfants souffrant de handicaps multiples ou de
handicap physique ou intellectuel? Je traiterais autrement, évidemment,
tous ceux qui ont des problèmes de comportement ou des problèmes
socio-affectifs.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
répondre à cette question maintenant pour les raisons que j'ai
données tantôt, tant que nous n'aurons pas été
jusqu'au bout du travail qui a été entrepris. Je je pourrais dire
des généralités, occuper le micro pendant deux ou trois
minutes, mais cela ne vous éclairerait pas beaucoup. J'ai dit ce que
j'avais à dire là-dessus et je crois qu'au cours de la prochaine
année, nous allons enregistrer des progrès importants; c'est une
de nos toutes premières priorités. Je ne peux pas aller plus loin
sans vous dire des choses qui n'auraient pas été vraiment
vérifiées.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Si j'ai bien compris, les décisions
devraient être prises à l'automne? Cela veut donc dire qu'on
n'aura pas de jeunes handicapés en chaise roulante qui attendront devant
les portes des écoles parce que les écoles ne veulent pas les
recevoir? J'ai vu cela.
M. Ryan: Je vous dirai qu'aucun cas de cette nature n'a
été porté à ma connaissance. Je ne dis pas qu'il
n'y en a pas eu. Si un cas comme cela avait été porté
à ma connaissance, avec la méthode que la députée
de Chicoutimi me connaît, il ne serait pas resté à la
porte.
Mme Blackburn: Je dois vous dire qu'ils ne sont pas restés
à la porte parce que les parents que j'ai rencontrés trouvaient
la situation inacceptable et, évidemment, on le laisse pas un enfant
dans cette situation à la porte de l'école. Les parents les
ramenaient chez eux, sauf qu'avant que cela ne se règle... J'ai
rencontré ces personnes au mois de septembre et cela a dû aller
à la fin d'octobre avant que cela ne se règle. Dans mon
comté, cela ne s'est pas réglé. L'enfant est dans une
famille d'accueil et la dame maintenait que l'enfant devait être
intégré dans une école, dans une classe
régulière, alors qu'on voulait l'envoyer à l'école
La Source, qui est une école réservée aux enfants
handicapés. On le lui a systématiquement refusé et, plus
que cela, on a refusé à un autre enfant qui a des handicaps
multiples de l'intégrer à l'école prévue à
cette fin.
Il y a des problèmes dans le réseau, vous savez, sauf que,
évidemment, dans ces cas, les parents qui sont constamment avec des
enfants handicapés ont tendance à croire que c'est un peu un
privilège qu'on leur fait que d'accepter ces enfants dans les
écoles régulières. Ils ne manifestent pas très
fort. Ils sont venus me rencontrer encore récemment, il y a cinq ou six
semaines. J'ai rencontré les groupes qui représentent les parents
de la région, le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ils ont porté à
mon attention des problèmes liés à l'intégration
pour toutes sortes de handicaps. Il y a des handicaps pour lesquels on comprend
difficilement que l'école refuse d'intégrer les enfants. Ce sont
des problèmes réels. Vous savez, il faut comprendre les parents
qui ont des enfants dans cette situation, ils sont beaucoup moins mobiles, si
vous me passez l'expression, que les parents qui vont travailler
tous les matins. Souvent, ces parents sont obligés, à
cause de cette situation, de rester à la maison. Ils sont moins
équipés, moins organisés pour manifester leurs
difficultés.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, vous vouliez
ajouter un commentaire?
M. Ryan: Je voulais ajouter un commentaire dans le sens suivant,
c'est que j'ai visité un bon nombre d'écoles au cours de la
dernière année. J'ai visité plusieurs écoles
où il y a des services pour les élèves en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage et je dois dire que,
d'après les choses que j'ai vues, il y a un bon nombre de commissions
scolaires où ce travail se fait très bien. J'étais
à Rivière-du-Loup jeudi dernier et j'ai commencé ma
journée par la visite d'une école primaire. Dans cette
école primaire, on m'a dit: Tu vas d'abord venir voir des groupes
d'élèves en difficulté pour voir comment ils travaillent.
Il y avait là à la fois du personnel auxiliaire et des
enseignants professionnels. Ils faisaient un travail qui m'a semblé
magnifique. Je ne peux pas, en l'espace d'une matinée, porter un
jugement d'ensemble non plus, mais j'ai vu des gens qui avaient le coeur
à l'ouvrage en vrai, et des élèves qui semblaient
s'épanouir beaucoup dans ce contexte. À la CECM, j'ai
visité des écoles où on fait un travail remarquable de ce
côté également, mais je ne peux pas porter de jugement
d'ensemble pour la raison que j'ai donnée tantôt et je ne voudrais
pas que mes propos laissent entendre que, parce que je n'ai pas encore acquis
la connaissance complète de la situation, il ne se fait rien de bon dans
les commissions scolaires. C'est exactement le contraire que je veux
plutôt laisser entendre.
Le Président (M. Audet): Nous n'avons aucun doute
là-dessus, M. le ministre. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mon intention n'était pas non plus de
prétendre qu'il ne se faisait rien dans les commissions scolaires. J'ai
dit que c'était fort inégal d'une commission scolaire à
l'autre. Il y a des commissions scolaires qui ont su, en collaboration avec le
syndicat des enseignants, mettre en place des services de qualité et
d'ouverture à cette clientèle, alors que d'autres n'ont pas
réussi à le faire.
Sur un autre sujet, toujours dans le programme 4, M. le
Président...
Le Président (M. Audet): Allez-y, Mme la
députée, vous avez la parole.
Baccalauréat international
Mme Blackburn: ... les écoles internationales. Ce matin,
dans son intervention touchant l'enseignement privé, le ministre se
réjouissait de la tendance qui est en train de se manifester dans les
commissions scolaires de privatiser le public. La privatisation est populaire
d'ailleurs chez ce gouvernement. On comprend l'état de
réjouissance dans lequel se trouvait le ministre, mais, blague à
part, on connaît plusieurs projets qui sont actuellement, ou en
préparation, ou en état d'avancement certain. On parle même
d'une école internationale, si je ne m'abuse, à
Rivière-du-Loup. Je me demandais ce qu'il y avait d'international, mais
quand même. Il y a Sault-Saint-Louis, il y a la CEM et il y a Les
Découvreurs. Il y a un certain nombre de projets. Il y a Chambly qui est
déjà ouverte et qui fonctionne. Le ministère a
déjà accordé des subventions de quelque 100 000 $ pour ce
type de projet à la CECM... C'est-à-dire qu'il y a une demande de
subvention. On sait que la CECM, dans le projet qu'elle a
présenté, qui prévoit une formation un peu plus longue et
un peu plus de présence en classe par semaine, prévoyait imposer
des frais de scolarité. D'abord, est-ce que c'est permis? Est-ce qu'en
vertu de la Loi sur l'instruction publique on peut imposer des frais de
scolarité dans une école publique et est-ce que le ministre a
l'intention de répondre favorablement à la demande de la CECM de
lui accorder un budget spécial pour l'ouverture de son école
spécialisée, de son école internationale?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Le baccalauréat international, rattaché au
baccalauréat international de Genève, suscite beaucoup
d'intérêt dans les milieux éducatifs
québécois depuis quelques mois. Je pense qu'une personne s'est
faite le promoteur de ce baccalauréat à travers le Québec,
M. Belle-lsle, qui a déjà été directeur
général de la commission scolaire régionale de Chambly,
qui a été ensuite directeur d'une école internationale
à l'Organisation des Nations unies à New York et qui a
été libéré de cette charge il y a à peu
près un an ou deux. Je sais qu'il est très actif, très
convaincu des avantages du baccalauréat international.
Les premières expériences que nous avons eues de cette
formule pédagogique se font au Séminaire de Québec et au
Collège Jean-de-Brébeuf, et je crois, aussi, au Cégep de
Sainte-Foy. Au niveau du cégep, cela se pose comme ceci: les
étudiants poursuivent les objectifs réguliers du régime
d'études collégiales et vient s'ajouter à cet effort, un
effort supplémentaire pour un programme de baccalauréat qui exige
davantage d'eux au point de vue de la maîtrise de la langue, au point de
vue de la maîtrise de la langue seconde, au point de vue de connaissances
en histoire, de connaissances internationales, de connaissances en
mathématiques, etc., ce qui donne un enseignement encore plus exigeant.
Alors, j'ai moi-même visité les gens qui sont engagés dans
cette expérience au Collège Jean-de-Brébeuf et il m'a
semblé, ma foi, que c'était une expérience très
intéressante. C'est
évident que celui qui fait plus est plus satisfait que celui qui
fait moins. Alors, si on leur demande plus, je pense que... Personellement, je
me réjouis parce que j'ai toujours trouvé que notre
système d'enseignement ne demandait pas assez aux étudiants; avec
toutes ces contraintes et ces stratifications que nous avons, je trouve qu'il
ne demande pas assez. Alors, ce programme permet aux institutions
concernées de demander davantage, une performance plus forte, un effort
plus rigoureux. Je me dis: Tant mieux, que le ciel soit béni!
Premièrement. (21 h 15)
Deuxièmement, dans la mesure... Là, II y a des commissions
scolaires qui ont commencé à s'intéresser à cela,
et ça pose différents problèmes. Un problème, par
exemple, le programme de baccalauréat embrasse une partie des
études qui concerne le collégial. Comment une commission scolaire
va-t-elle s'embarquer dans un programme de baccalauréat international?
D'après son mandat, elle est chargée de dispenser l'enseignement
secondaire. Est-ce qu'on va l'autoriser à dispenser l'enseignement
collégial? Jusqu'à maintenant, non. Nous disons: Si vous voulez
aller dans le collégial, il faut que vous ayez une entente avec un
cégep. La commission scolaire du Sault-Saint-Louis donne le
baccalauréat international. La partie secondaire, elle s'en charge. La
partie collégiale, elle a une entente avec le cégep
André-Laurendeau. Il n'y a pas de problème pour nous. Si un
cégep prend la responsabilité, supervise l'expérience ou
la dirige lui-même, il n'y a pas de problème de ce
côté-là, tant mieux!
Il y a une question qui se pose à Chambly parce qu'eux avaient
conçu un programme de six ans. Actuellement, on a le secondaire qui est
de cinq ans et le collégial pré-universitaire de deux ans. Cela
fait sept ans. À Chambly, on a prévu un programme de six ans, un
programme original qui fond ensemble des objectifs pédagogiques du
secondaire et des objectifs pédagogiques du collégial dans une
synthèse originale où des éléments du
collégial peuvent être atteints dès la 2e année et
des éléments du secondaire actuel atteints la 5e ou la 6e
année. Au terme du programme, ils ont l'assurance des
universités, des deux universités principales du Québec,
que leurs diplômés pourront être admis aux études
universitaires directement. Cela pose un problème extrêmement
complexe. J'ai eu des représentations de la part du collège
voisin, le cégep Édouard-Montpetit. J'ai demandé aux deux
organismes de se rencontrer et d'essayer de trouver une solution entre eux. Je
ne voulais pas être obligé de trancher. Les rencontres sont
commencées. Je dois aller de ce côté-là d'ici une
semaine ou deux pour d'autres raisons, mais je vais en profiter pour faire le
point avec eux là-dessus. Nous veillons à ce que chaque ordre
d'enseignement reste à son niveau propre et n'aille point
empiéter sur l'autre.
Évidemment, au secondaire comme au collégial et même
davantage, nous exigeons que les objectifs et les exigences du régime
pédagogique soient respectés, soient atteints.
Ensuite, il y a un autre problème qui se pose et qui nous est
venu de la commission scolaire de Montréal, la Commission des
écoles catholiques de Montréal. Il y a deux problèmes.
D'abord, il était question de donner un enseignement en langue anglaise
plus développé que celui qui est permis par le régime
pédagogique. Cela posait un problème. M. Proulx, du Devoir,
est immédiatement entré dans un état d'alarme; il a
sonné la cloche. Il faut vérifier cela. Il faut s'assurer que le
régime pédagogique sera respecté. Il y a bien des
manières de le respecter. Deuxièmement, la CECM a dit qu'elle
voulait exiger des frais d'inscription. C'est évident que, si ce sont
des frais d'inscription, un organisme public comme la CECM n'est pas
autorisé à exiger des frais de scolarité. S'il s'agit de
frais pour des activités qui débordent le régime
pédagogique - il y en a déjà de ces frais qui sont requis
- c'est une matière qui peut être examinée. On m'a soumis
les grandes lignes d'un projet pour l'instant, mais cela doit faire l'objet
d'examens approfondis de la part de nos fonctionnaires avec ceux de la CECM. Un
peu plus tard, nous allons trancher le problème, d'autant plus
pertinemment que la CECM a demandé une subvention et, contrairement
à ce que semblait croire la députée de Chicoutimi
tantôt, cette subvention n'a pas été accordée. C'est
évident que nous ne prendrons pas de décision tant que nous
n'aurons pas examiné le projet à fond, et c'est ce qui commence
à peine.
Le Président (M. Audet): Cela va, M. le ministre? Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais comprendre par rapport aux frais de
scolarité qu'on pourrait éventuellement exiger pour avoir
accès à ce programme. Le ministre a dit: Si ce sont des
activités qui débordent les cadres du régime
pédagogique, cela pourrait éventuellement faire l'objet de frais
additionnels. En fait, le projet de la CECM, si j'ai bien compris, c'est
effectivement cela. Elle propose une durée plus longue de la semaine,
donc plus de temps de présence en classe. C'est effectivement plus que
ce qui est prévu dans le régime pédagogique. Donc,
à ce titre, il pourrait y avoir des frais de scolarité. Mais, si
on introduit des frais de scolarité pour avoir accès à ce
type de programme dans les écoles publiques, est-ce qu'on ne crée
pas des précédents dangereux si on s'en va dans cette direction?
Commencer à imposer en plus des frais de scolarité dans les
écoles publiques, je trouve que cela "questionne".
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Je pensais que vous alliez dire que c'est le mouvement
de privatisation qui s'accen-
tue.
Mme Blackburn: Je vous laisse le dire.
M. Ryan: C'est un élément que nous allons examiner
de très près avec eux. Nous n'avons pas encore eu les
détails du projet. Je ne suis pas sûr qu'ils aient même
été élaborés encore. Mais c'est évident
qu'avant de donner une approbation et, encore bien plus, une assistance
à la réalisation d'un tel projet, nous allons l'examiner sous
tous ses aspects avec toute l'attention souhaitable.
Mme Blackburn: Je n'aurais peut-être pas dit que
c'était la privatisation qui s'accentuait, quoique, si vous le dites, je
serais assez d'accord avec ça, mais j'aurais plutôt parlé
d'élitisme.
M. Khelfa: Vous êtes d'accord avec la privatisation du
système.
Mme Blackburn: D'élitisme, d'accord avec le ministre qui
prétend que c'est une façon de privatiser.
Le Président (M. Audet): Est-ce que cela va pour le
programme 4?
M. Ryan: Tout revient finalement à la vie privée.
Le public existe pour le privé, j'espère.
Le Président (M. Audet): Est-ce que cela va pour le
programme 4?
Mme Blackburn: Oui. Le public existe pour le privé et le
ministre a la responsabilité de s'assurer que tout se passe selon les
règles démocratiques. Lorsqu'on va au cas pas cas, la
démocratie en prend un coup.
Le Président (M. Audet): Est-ce que cela va pour le
programme 4...
Mme Blackburn: La démocratie, c'est l'accès.
M. Khelfa: Vous êtes fatiguée.
Mme Blackburn: Cela ne risque pas de vous arriver.
Le Président (M. Audet): ...ou s'il reste d'autres
remarques?
M. Ryan: Une autre forme d'arbitraire.
Le Président (M. Audet): Je vous rappelle qu'il reste
environ 45 minutes pour terminer l'étude du programme 4 et du programme
5, ainsi que du programme 2.
Construction d'écoles
Mme Blackburn: Construction d'écoles, programme 4. Dans
les projets d'immobilisation, en 1987-1988, 37 nouveaux projets avaient
été autorisés pour un montant global de quelque 35 000 000
$ au programme d'ajout d'espaces. Les demandes étaient de l'ordre de 285
000 000 $. En 1988-1989, les projets d'ajout d'espaces sont au nombre de 118
pour un coût de quelque 292 000 000 $. En fait, le coût total des
projets d'immobilisation soumis au MEQ atteint 350 000 000 $, si on inclut les
gymnases et les centres administratifs. On sait que le plan de conservation et
de développement des équipements en 1988-1989 a été
transmis au Conseil du trésor pour autorisation. Au moment de
l'étude des crédits provisoires, le ministre a indiqué
qu'il ne connaissait pas encore l'enveloppe qui lui sera allouée et que
les décisions seront annoncées en juin. On se retrouve...
M. Ryan: Est-ce que je pourrais vous demander à quelle
page vous êtes?
Mme Blackburn: En fait, c'est la compilation faite à
partir des demandes particulières.
M. Ryan: À quelle page êtes-vous dans le cahier?
Mme Blackburn: Ce n'est pas dans le cahier, c'était dans
les...
Une voix: C'est dans les demandes de...
M. Ryan: Ah! ce sont les demandes spéciales? D'accord,
très bien.
Le Président (M. Audet): Cela va? Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Parmi les demandes de nouvelles écoles, on
retrouve les cas de Chambly et de Mascouche. Je voudrais savoir d'abord pour
ces deux cas-là où en sont les discussions. Dans le cas de
Chambly, c'est un engagement du Parti libéral en campagne
électorale. Je voudrais savoir où est rendue cette discussion.
Pour l'école de Mascouche, on sait que cela fait l'objet de demandes et
de réclamations permanentes et continues depuis déjà
plusieurs années. Je voudrais savoir où en sont les cas de ces
deux écoles et, de façon plus générale, est-ce
qu'on peut savoir combien le ministre a demandé et de quelle somme il
pense pouvoir disposer pour la construction et les agrandissements en
1988-1989?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Évidemment, nous discutons un petit peu par
anticipation parce que je n'ai pas encore reçu l'enveloppe dont nous
disposerons
pour le programme d'immobilisation du ministère de
l'Éducation en 1988-1989. Je causais avec le président du Conseil
du trésor, l'autre jour. Il souhaite me faire part de cette enveloppe
vers la fin du mois d'avril ou au tout début du mois de mai. Lorsque je
connaîtrai l'importance de l'enveloppe qui nous est accordée, je
serai mieux en mesure d'aborder les projets particuliers dont nous avons
été saisis en provenance des commissions scolaires. Le montant
que nous avons demandé est de 85 000 000 $ pour l'année
1988-1989, pour les initiatives nouvelles strictement. L'an dernier, nous avons
obtenu 35 000 000 $. Nous verrons ce qui sera communiqué. Je pense que
le montant que nous avons demandé nous permettrait, s'il est
renouvelé dans des proportions comparables, les deux années
suivantes, de reprendre un peu les immenses retards accumulés au cours
des années précédentes en matière de construction
et de modernisation des équipements scolaires.
Pour les deux écoles dont a parlé la
députée, le cas de l'école de Sainte-Julie est à
l'étude actuellement avec la commission scolaire. Nous sommes en
conversation régulière avec la commission scolaire autour de ce
problème. Il y a plusieurs solutions qui sont possibles là-bas,
mais pas nécessairement la construction d'une école polyvalente
à Sainte-Julie, comme il avait été envisagé
d'abord. Il y a plusieurs autres solutions qui sont envisagées. Mon
collaborateur, M. Rodrigue Dubé, est en contact étroit avec la
Commission scolaire régionale de Chambly autour de ce
problème.
En ce qui touche le projet de l'école secondaire de Mascouche,
à la Commission scolaire des Manoirs, c'est un projet dont nous serons
vraisemblablement saisis de nouveau cette année. J'avais indiqué
à la commission scolaire, l'an dernier, que nous n'étions pas en
mesure de retenir son projet parce qu'à quelques kilomètres de
là il y avait une école qui n'était pas remplie à
capacité, qui a beaucoup d'espace. S'il fallait construire une autre
école à Mascouche, on viderait davantage l'école Leblanc.
Un comité a été formé avec des collaborateurs du
ministère et de la commission scolaire concernée, et même
du cégep Montmorency à Laval, pour voir si éventuellement
l'édifice présentement occupé par l'école Leblanc
ne pourrait pas servir à d'autres fins, en tout ou en partie. Si,
évidemment, nous trouvions une autre vocation à cet immeuble, le
problème de l'école secondaire de Mascouche se poserait dans une
autre perspective.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit que, dans le cas de
l'école de Sainte-Julie, on envisage différentes
hypothèses et pas forcément la construction d'une école
polyvalente à Sainte-Julie. J'aimerais juste rappeler au ministre une
information qu'il connaît peut-être, et peut-être pas non
plus. C'est qu'à l'occasion des dernières élections de
1985 - on sait que cette école se retrouve, si je ne m'abuse, dans le
comté de
Bertrand - le candidat libéral, qui était nul autre que
l'actuel premier ministre du Québec, s'était engagé devant
cette population à construire une école. On connaît le
résultat des élections. J'espère que cela n'a pas un
rapport direct avec la décision de l'actuel ministre de
l'Éducation de refuser la construction de cette école, le fait
que le premier ministre n'ait pas franchi la barrière des
élections à ce moment et se soit fait battre dans le comté
de Bertrand. C'est l'impression que cela laisse lorsqu'on rencontre ces gens
qui disent: II y avait là un engagement qu'on n'a plus l'air de vouloir
respecter, alors que la situation est assez pénible dans ce coin.
J'ai rencontré les gens. Ils me disent qu'il y a des espaces
vacants, qu'il y a des places libres dans d'autres écoles. On
connaît la situation, sauf que la durée de déplacement est
longue et il y a une espèce de déplacement, je dirais, de
populations. On prend des élèves d'un milieu plutôt
semi-urbain, plutôt rural, et on les envoie dans de grandes écoles
où ils ont à franchir des distances importantes. Si je ne
m'abuse, ils font un bout sur la route 20 en autobus, évidemment, mais
quand même. Il y a des déplacements de clientèles
importants. Alors, ce que les gens demandent: On a un secteur en
développement dans ce milieu. On devrait avoir une école chez
nous pour conserver chez nous, le plus près de leur milieu naturel, les
jeunes. Il n'est pas souhaitable qu'on les déplace un peu partout dans
les écoles de ce secteur, même s'il y a des places vacantes. Je
trouve que cela fait déjà plusieurs années que cette
situation est pendante. Pour les gens, les parents et les élèves
de ces milieux, c'est une situation qui traîne en longueur et qui
crée des tensions. (21 h 30)
Pour ce qui est de Chambly, on sait que le député de
Chambly, malgré les engagements qui avaient été pris
antérieurement, est en train de jouer un peu à la chaise
musicale. Il s'assied un peu du côté de ceux qui disent: II y a
des espaces, on pourrait les envoyer ailleurs, de ceux qui prétendent
qu'il n'y a plus là une priorité ou qu'il faut encore examiner le
dossier pour y trouver d'autres solutions. Tout cela, je le rappelle, ne
facilite pas la recherche de solutions qui viennent assurer aux
élèves dans ces secteurs... Il y en a plusieurs autres, mais je
pense en particulier à ces trois secteurs. Les parents ont mis beaucoup
de temps et beaucoup d'énergie là-dedans. Il y a une
volonté des parents qui veulent offrir à leurs enfants les
meilleures conditions pour leur donner une formation de qualité et cela
ne vient pas contribuer à offrir à ces enfants une formation de
qualité. Je pense qu'il faudrait que le ministre accorde une attention
prioritaire à ces dossiers. Je pourrais en faire la liste
éventuellement, mais ce sont des cas importants, et le ministre le
sait.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je dois vous informer que nous
sommes en rapports fréquents avec le député du
comté concerné et que celui-ci manifeste une connaissance et une
compréhension du problème évidemment plus approfondies que
ne l'indiquent les propos que nous venons d'entendre. J'ai trouvé qu'il
avait une approche raisonnable, très empreinte de compréhension.
Nous cherchons avec lui et avec la Commission scolaire régionale de
Chambly une solution appropriée. Maintenant, nous devons tenir compte
aussi des perspectives éventuelles d'intégration scolaire. Il y a
des commissions scolaires de ce côté qui veulent faire leur
intégration. Cela va conditionner l'étalement des ressources en
matière de formation secondaire. On ne sait pas si cela se fera, il est
trop tôt pour le dire, mais il y a des commissions scolaires qui nous
sollicitent. Il y en a une qui veut me voir très prochainement pour me
parler de ses intentions très fortement arrêtées de ce
côté.
Maintenant, puisque nous parlons de construction scolaire, je tiens
à signaler que le problème le plus aigu se pose
présentement dans la région située au nord de la
rivière des Mille îles, sur la bande de territoire qui va d'Oka
jusqu'à Repentigny. C'est là que sont les problèmes les
plus aigus, les plus pressants en matière de construction scolaire,
parce qu'il s'est produit dans cette région un développement
domiciliaire considérable. Il y a actuellement une carence de locaux
scolaires qui est criante. Dans les choix que nous serons appelés
à faire, je pense que c'est la région qui devra recevoir la
priorité. Cela ne veut pas dire que les autres régions seront
oubliées ou ignorées, tout au contraire. Mais, si on veut faire
le tour du problème honnêtement, c'est la région qui a les
problèmes les plus abondants, les plus criants.
Mme Blackburn: Bien...
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, comme il est de mise,
plusieurs commission scolaires et des comités de parents me font
parvenir des documents qu'ils font parvenir en même temps au ministre
demandant soit des agrandissements, soit de nouvelles constructions. Pour
l'information de ces personnes, j'aimerais avoir la réaction du ministre
sur certaines demandes qui lui sont parvenues. Je voudrais savoir ce qu'il en
est du dossier de l'école Marie-Guyart de Matane où le
comité d'école appuie évidemment une demande de la
commission scolaire pour des améliorations à l'état des
établissements. Selon les parents, on offre à cette école
une excellente formation et les conditions physiques finissent par avoir des
effets sur la qualité de l'enseignement dispensé à cette
école. Je voudrais savoir si le ministre a l'intention de faire quelque
chose à l'école Marie-Guyart cette année, dans
l'hypothèse où il obtienne les budgets qu'il a demandés au
Conseil du trésor.
M. Ryan: Je ne peux malheureusement pas répondre à
cette question maintenant pour la raison suivante: les commissions scolaires
qui ont des projets à soumettre les transmettent d'abord à la
direction régionale du ministère; celle-ci en fait une
étude suivant les normes indiquées par la direction du
ministère, ensuite envoie le résultat de ses études de
tous les projets concernant sa région à la direction du
ministère à Québec et celle-ci fait une synthèse du
tout et me soumet ensuite pour examen tous les projets dont nous avons
été saisis avec les recommandations appropriées à
la fois de chaque direction régionale et de la direction du
ministère. Là, nous faisons plusieurs séances d'examen des
projets de chaque territoire et c'est seulement après cela que nous
tirons des conclusions. Je n'ai pas eu le temps en conséquence
d'examiner le dossier de l'école Marie-Guyart de Matane dont parie la
députée de Chicoutimi. Il viendra à mon ordre du jour
prochainement. Dès que j'aurai l'enveloppe que j'attends du
président du Conseil du trésor, je me mettrai à
l'étude de tous ces dossiers. C'est là que je me ferai une
opinion. Pour le moment, je n'en ai pas.
Mme Blackburn: Ce que je comprends, c'est que le ministre n'a pas
encore établi ses priorités même s'il a demandé une
enveloppe, ce qui m'étonne un peu, vous me permettrez de le dire, parce
que, lorsqu'on demande une enveloppe, j'imagine qu'on a déjà un
peu arrêté ses priorités et je présume que le
ministre me fera la même réponse si je lui demande quelle est sa
décision ou ses intentions quant à la construction de
l'école à Fleurimont. C'est une demande qui été
placée au ministère, mais avec un dossier bien
étayé et qui a été également
présenté à la députée de ce comté,
Mme Gagnon-Tremblay, de Saint-François. Il s'agit d'une petite
municipalité tout près de Sherbrooke, une espèce de
dortoir où on vit des situations particulières et où on
souhaiterait la construction d'une école. Alors, j'imagine que le
ministre me fera la même réponse que pour la question
précédente: On n'a pas encore établi de priorités,
mais cela m'étonne que l'on puisse présenter une demande au
Conseil du trésor sans dire au ministre qu'il y a un certain nombre de
priorités plus urgentes les unes que les autres.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Sur les projets qui nous ont été soumis
d'une valeur totale de quelque 350 000 000 $, il y en a qui ont
été classés tout de suite à des fins
administratives et budgétaires comme étant conformes aux normes
du ministère en matière de construction. Quand nous avons
transmis notre demande au Conseil du trésor, elle était
accompagnée d'une liste de projets jugés
conformes aux normes du ministère. C'étaient des projets
d'une valeur totale de 161 000 000 $. Nous avons demandé 85 000 000 $.
On sait qu'on ne peut pas obtenir tout ce qui est jugé conforme. Des
fois, cela peut être conforme mais n'avoir pas le même degré
de nécessité pressante. Alors, ce sont les chiffres sur lesquels
nous nous sommes appuyés. Par conséquent, ce ne sont pas des
données en l'air. Cela va?
Mme Blackburn: Non, cela va. Le Président (M. Audet):
Cela va?
M. Ryan: L'école de Fleurimont, c'est un projet
d'agrandissement, d'après ce que je crois comprendre. Il me semble qu'on
avait...
Mme Blackburn: C'était un projet de construction.
M. Ryan: En tout cas, on va en prendre connaissance en temps
utile, c'est-à-dire prochainement.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, j'aurais une
question, si vous le permettez. Puisqu'on parle de choix de site - la
députée de Chicoutimi a parlé de choix d'emplacement, de
choix de site, de choix de comté dans une question antérieure -
j'aimerais connaître votre position concernant la demande de la
commission scolaire Chutes-de-la-Chaudière en ce qui a trait à la
construction d'une école dans la municipalité de
Saint-Jean-Chrysostome qui est située dans mon comté. Cette
municipalité se retrouve dans une commission scolaire. On a vécu
un peu le problème l'an passé; vous en êtes informé.
J'aimerais connaître votre position là-dessus. Vous pourriez
peut-être nous faire en même temps une petite mise en situation du
dossier parce que cela a été discuté lors de la
dernière commission plénière qui s'est tenue à
l'Assemblée nationale avec le député de Lévis.
M. Ryan: Oui. L'an dernier, comme on s'en souvient
peut-être, nous avions autorisé dans le territoire de la
commission scolaire Chutes-de-la-Chaudière la mise en train de travaux
de plans et devis pour l'éventuelle construction d'une école
secondaire de premier cycle. Nous avons autorisé des dépenses de
400 000 $ pour des plans et devis. Maintenant, il faut qu'une décision
soit prise autorisant la construction même. La décision n'a pas
été prise encore. Elle devra être prise dans le cadre des
décisions que nous prendrons pour la programmation 1988-1989. Je ne peux
pas prendre plus celle-là que les autres dont nous avons parlé
jusqu'à maintenant. Mais il est survenu un problème entre-temps,
cela a été celui du choix de l'emplacement. Pour procéder
aux plans et devis, il fallait avoir un site, parce que les plans et devis
peuvent varier beaucoup, suivant la nature de l'emplacement. Alors, il y a eu
un débat là-dessus auquel le député de Beauce-Nord
a été étroitement associé, dans lequel il a
joué un rôle très actif et, finalement, la commission
scolaire avait choisi un emplacement à Saint-Nicolas, dans le
comté de Lévis, représenté par le
député péquiste que l'on connaît. Il y a des besoins
très importants dans la section de Saint-Jean-Chrysostome. Le ministre
de l'Éducation, dans son souci d'objectivité bien connu...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Dans son paternalisme reconnu.
M. Ryan: Justement antipaternaliste.
Mme Blackburn: II faut qu'il se vante de temps en temps.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le ministre!
M. Ryan: La députée sait qu'on a donné une
école l'an dernier à côté de chez elle. Elle n'en
parle pas souvent de celle-là. On en a donné une dans Normandin
aussi. On va peut-être en entendre parler à l'occasion de la
campagne électorale. Pardon?
Mme Blackburn: Ce n'était pas dans mon comté,
Laterrière.
M. Ryan: Je sais bien, mais juste à côté et
vous étiez bien contente quand on vous l'a dit.
Mme Blackburn: Oui, c'est juste.
M. Ryan: On ne vous a pas fait de faveur, on a trouvé
qu'on avait besoin d'une école, que c'était une priorité.
On l'a donnée sans partisanerie. On a fait la même chose dans le
cas de la Commission scolaire Chutes-de-la-Chaudière. Je veux remercier
le député de Beauce-Nord de l'attitude compréhensive qu'il
a adoptée dans ce dossier-là, alors que ses intérêts
électoraux, bien compréhensibles, eussent justifié de
faire toutes sortes d'obstructions. Mais, en même temps, on m'a fait
valoir que la construction d'une école de premier cycle dans la partie
est du territoire ne répondra pas aux besoins considérables qui
se développent à un rythme très rapide dans la partie est,
c'est-à-dire du côté de Saint-Jean-Chrysostome. La
commission scolaire doit m'arriver avec un autre projet pour une école
secondaire de premier cycle - il y aura peut-être une partie de primaire
aussi dedans - du côté de Saint-Jean-Chrysostome. Je n'ai pas pris
connaissance du projet encore. Cela va dans les dossiers de l'année
1988-1989 que j'étudierai et je tiendrai volontiers le
député informé du cheminement de ma démarche.
Le Président (M. Audet): Je vous remercie de votre
magnifique réponse, M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Audet): Alors, est-ce que le programme 4
est adopté?
Mme Blackburn: Est-ce que je dois comprendre que vous le
félicitez pour les magnifiques remarques parce que vous venez d'obtenir
votre note de passage?
Le Président (M. Audet): Non, mais peut-être une
école, Mme la députée.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Alors, le programme 4 est adopté.
Le Président (M. Audet): Le programme 4 est
adopté.
Programme 5: éducation populaire.
M. Ryan: Avez-vous décidé de ne pas vous occuper du
programme 2?
Le Président (M. Audet): Le programme 2 viendra à
la fin complètement, après le programmes.
Mme Blackburn: Oui, c'est ce qu'on avait convenu.
Le Président (M. Audet): II va quand même falloir
faire vite, parce qu'il nous reste approximativement 25 minutes. Étant
donné qu'on a commencé en retard, il nous reste de 25 à 28
minutes.
Mme la députée de Chicoutimi.
Éducation populaire OVEP
Mme Blackburn: Je voudrais aborder le dossier des OVEP, de
l'éducation populaire. En fait, en matière d'éducation aux
adultes, c'est le seul budget qui bénéficiera cette année
d'une augmentation. On ajoute 1 000 000 $ à l'enveloppe des
crédits qui étaient de 11 927 000 $ l'an dernier,
c'est-à-dire une hausse d'environ 5, 8 %.
Moi, sans rappeler toutes ces données-là, je voudrais
qu'on parle un peu plus longuement du dossier des OVEP. On sait que, dans les
organismes volontaires d'éducation populaire, les conditions de travail
de ceux qui font de la formation populaire, qui font de
l'alphabétisation sont au seuil de la pauvreté. J'ai
visité des groupes d'alphabétisation dans la région de
Montréal et je garde en mémoire plus particulièrement
celui de Longueuil où non seulement on était phy- siquement
installés dans des lieux que je qualifierais d'à peine potables,
mais on était encore, en septembre avancé, en attente d'une
réponse quant aux subventions qui seraient accordées. (21 h
45)
Les gens qui travaillent auprès de ces groupes, auprès des
personnes analphabètes le font dans des conditions d'extrême
précarité. Ils réussissent, avec un minimum de sous,
à survivre pendant une année et à attendre la prochaine
subvention pour venir en aide à ces personnes qui ont le besoin premier
de savoir écrire et de comprendre un peu ce qui se passe dans leur
environnement. L'alphabétisation, et je pense que les expériences
ont tendance à le démontrer, est plus facile lorsqu'elle se fait
par des groupes d'éducation populaire que par la voie normale et
régulière des commissions scolaires. Les gens se sentent un peu
plus à l'aise lorsqu'ils passent par ce type de groupe. L'an
passé, les nouveaux critères d'admissibilité des groupes
ont affecté de nombreuses activités qui étaient
jusque-là admissibles au financement. Est-ce que c'est par un concours
de circonstances? Est-ce que c'est le fait du hasard? Mais les activités
jugées inadmissibles étaient très majoritairement
destinées à la formation, à l'information et à
l'animation, activités qui voulaient favoriser le regroupement, qui
voulaient favoriser la diffusion de l'information, un petit bulletin ou un
journal. C'est dans ces activités qu'on a fait des compressions. Ce sont
ces activités qui ont été considérées comme
non admissibles alors qu'elles l'étaient de façon
traditionnelle.
À la table provinciale des OVEP, on nous dit que cette tendance a
comme effet de réduire la capacité des groupes de se
réunir, de se rencontrer et d'échanger de l'information. Est-ce
que c'est un hasard, est-ce que c'est de volonté
délibérée qu'on réduit les moyens plus que modestes
mis à la disposition de ces groupes pour se retrouver et se concerter?
Est-ce qu'il y a une volonté délibérée de couper
dans les moyens mis à la disposition des groupes pour se concerter?
Est-ce que le ministre a l'intention d'accepter une des recommandations du
MEPAC et du rapport Charbonneau, c'est-à-dire d'accorder des subventions
considérables pour favoriser précisément les
regroupements, les lieux de concertation et de coordination des
activités en éducation populaire? Je reviendrai un peu plus loin
sur le 1 000 000 $.
M. Ryan: La question est double, je pense. C'est sur le concept
d'éducation populaire et son extension possible que certaines
restrictions ont été apportées la dernière
année, aux dires de la députée de Chicoutimi, et,
deuxièmement, les subventions pour les regroupements.
Sur le premier point, il a pu y avoir des interprétations
données l'an dernier qui étaient discutables. On a quand
même eu la chance d'avoir un comité de révision qui a pu
recommander un certain nombre d'ajustements qui ont
tous été acceptés par moi. À compter de
maintenant, nous avons le rapport du comité Charbonneau qui revient sur
le concept d'éducation populaire qu'il définit dans la ligne
traditionnelle que j'ai bien connue moi-même naguère quand
j'étais engagé dans des organismes bénévoles, comme
essentiellement orientée vers une prise en charge collective par des
personnes d'un milieu qui n'ont pas les moyens ordinaires de contrôle de
leur destinée en vue d'acquérir un développement en
même temps qu'ils travaillent à la solution de leurs
problèmes. Ce concept de base est un; concept qui nous intéresse
au plus haut point et je suis enclin à le retenir moi-même. Nos
fonctionnaires m'ont soumis ces derniers temps un projet de politique pour
l'année 1988-1989 tenant compte des recommandations du rapport
Charbonneau, que dans l'ensemble je trouve fort acceptable. Je les mandaterai
prochainement pour tenir une rencontre avec des représentants
autorisés des groupements d'éducation populaire afin de
recueillir l'avis de ceux-ci avant que nous en venions à une politique
pour la prochaine année. Tout cela va se faire dans un avenir
très rapproché de manière que nous puissions devancer
l'échéancier des trois dernières années. Ces trois
dernières années, les subventions ont été
accordées à un stade très avancé de
l'été. Cette année nous voulons devancer tout cela. Je
crois que le travail sera énormément facilité par le fait
que les recommandations du rapport Charbonneau, sauf ce qui touche aux
questions purement financières, sont des recommandations qui, dans
l'ensemble, présentent beaucoup d'intérêt. Je crois qu'il y
aura moyen de s'entendre sur un cadre de travail pour la prochaine année
quitte à le réviser annuellement jusqu'à ce que nous ayons
trouvé une formule institutionnalisée et stable. De ce
côté, je pense qu'au cours des prochaines semaines, il va y avoir
un cheminement très important. Pour les regroupements, le comité
Charbonneau a formulé une suggestion voulant qu'ils soient l'objet d'un
subventionnement particulier.
En principe, il m'apparaît qu'on doit retenir cette suggestion. Il
restera à déterminer le quantum.
Mme Blackburn: Je dois comprendre que la recommandation majeure
du rapport Charbonneau, c'est qu'il soit consacré à cette
activité d'éducation populaire l'équivalent de 1, 5 % du
budget total du MEQ. Encore une fois, il s'agit de clientèles
défavorisées. Quand on parte des milieux populaires, c'est
populaire dans tous les sens du terme, et vous le savez mieux que moi, et dans
le sens le plus premier du terme. La recommandation du rapport Charbonneau,
c'est qu'il soit accordé quelque 80 000 000 $ pour les budgets de
fonctionnement des structures de représentation pour l'ensemble du
budget des OVEP et, évidemment, pour permettre également le
fonctionnement des structures. Je viens de comprendre que le ministre, sur
cette recommandation, n'est pas prêt à aller aussi loin. Pourtant,
il y a des besoins absolument criants. On a là des clientèles
encore une fois défavorisées, je le rappelle. Le ministre va dire
que je fais de la démagogie parce que je parle constamment de cela. Il
faut bien que quelqu'un en parle, au Québec, on ne parle plus que des
favorisés comme s'il n'y avait plus de pauvres au Québec.
Moi, ce qui m'a le plus étonnée, pour ne pas dire
peinée, c'est qu'on ait réussi, en dépit des besoins
criants de ce secteur d'activité, à périmer 92 000 $. Il
faut le faire! Le budget est en deçà de ce qui était
prévu et là... Alors, 92 000 $ dans le programme des OVEP et
cela, après révision.
M. Ryan:...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Qu'est-ce qu'il a demandé?
Mme Blackburn: S'ils étaient contents de cela en
arrière les OVEP. Si mon information n'est pas juste, qu'on me le dise.
Il y a eu 400 000 $ de périmés dans l'ensemble du budget de
l'éducation populaire mais, par rapport à l'enveloppe des OVEP,
c'est 92 000 $ qui ne seront pas affectés et ce, après la
révision. Quand on connaît les besoins absolument criants de ce
secteur d'activité, cela demeure complètement inacceptable et
incompréhensif. Je voudrais que le ministre m'explique comment ils ont
réussi ce tour de force. Dans la région, chez nous, c'est
particulièrement dramatique quand on sait les traditions
d'éducation populaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean. TEVEC, c'était
chez nous. On sait qu'à la fois par tradition, par coutume et par souci
de mettre à la disposition le plus de ressources possible auprès
des milieux on a développé des pratiques dans notre région
qui sont exceptionnelles. La région a été la plus
affectée par les coupures sous prétexte que sa façon de
présenter les budgets n'était pas tout à fait conforme,
qu'elle s'écartait de la règle. On a comprimé chez nous
plus que partout ailleurs. La première année, la totalité
des coupures faites dans le budget des OVEP l'a été au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la région 02. Encore cette année,
cela pose ce problème d'interprétation par rapport à la
qualité des programmes qui sont présentés là. Un
projet qui a été refusé chez nous, c'est au
théâtre La Rubrique, un petit théâtre d'intervention
qui, partant d'un petit budget qu'il obtenait de la part des OVEP,
présentait des projets d'intervention auprès des
différents groupes, des écoles, des municipalités. On lui
a refusé son budget et vous connaissez le prétexte, simplement
parce qu'il n'avait pas de projets identifiés tout de suite. Pourtant,
il y avait une tradition dans ce théâtre d'intervention et il a
été capable de montrer un bilan d'interventions tout à
fait exceptionnelles au cours des
années précédentes. On lui a refusé le
budget.
Alors, quand le ministre me dit qu'il faut absolument faire preuve de
beaucoup de souplesse, mettre fin à ces règles très
strictes, très rigides, cela n'a pas l'air... S'il en tient compte
lorsqu'il s'agit de donner des dérogations, il ne semble pas tenir
compte d'un assouplissement des règles lorsqu'il s'agit de donner des
subventions aux groupes populaires. Sa rigidité, ou la rigidité
de ses fonctionnaires, ne semble pas s'être assouplie dans le cas des
OVEP. Je voudrais comprendre pourquoi on a deux poids deux mesures.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Précisément pour faire face au genre de
problème qui vient d'être évoqué, nous avions
prévu cette année une réserve nous permettant de
procéder à une révision des décisions et à
certains ajustements dans les montants des subventions qui ont
été accordées. La révision a été
faite par un comité que j'avais institué et qui a
procédé à un examen très sérieux, qui a tenu
plusieurs séances. Il a rendu compte de ses recommandations au ministre
et tous les organismes ont été informés. Bon nombre
d'ajustements ont été faits et c'est là qu'est allé
le gros du résidu dont parlait tantôt la députée de
Chicoutimi. Il n'y a pas eu de crédits périmés de 92 000 $
au chapitre de l'éducation populaire, d'après ce que me disent
mes collaborateurs. J'ai été tellement surpris moi-même que
je leur ai demandé tantôt quand est-ce qu'ils nous avaient
volé cela. Je ne me souviens pas qu'on ait eu des crédits
périmés de ce côté.
Pour l'autre point que soulève la députée, les
organismes qui ont une tradition solidement enracinée et qui, une
année, ne sont peut-être pas en mesure de présenter un
projet identifiable, dans les lignes de conduite que nous retiendrons, il y
aura une disposition pour que ces organismes-là ne soient pas
éliminés à cause de cela. Je pense que c'est un point qui
se défend.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, vous allez me permettre de
corriger une affirmation que vient de faire le ministre, à savoir que
les 400 000 $ étaient une réserve pour prévoir un peu les
cas qui seraient à la marge.
M. Ryan: Je n'ai jamais parlé de 400 000 $. Mme
Blackburn: Ou 220 000 $.
M. Ryan: Ah non! Moins que cela.
Mme Blackburn: De toute façon...
M. Ryan: En bas de 100 000 $.
Mme Blackburn: La somme qui avait été prévue
pour répondre à des besoins particuliers. Dans la directive qui a
été émise par le ministère aux organismes, il
était clairement spécifié qu'il n'y aurait pas de
révision. Si j'avais le document en main... Je l'ai lu et j'ai
rencontré les groupes. Il était clairement dit, dans la
première directive, qu'il n'y aurait pas de révision. Alors,
qu'on arrête d'en demander. Il n'était pas question qu'il y en
ait. On sait que, par la suite, il y en a eu. Par rapport aux sommes
périmées dans cette enveloppe, dans les questions qu'on a
posées, il y en avait une qui portait sur le programme d'aide aux
organismes volontaires d'éducation populaire. Alors, l'enveloppe
globale, c'est-à-dire le budget disponible, était de 7 993 000 $.
Les recommandations d'octobre 1987 étaient de 7 776 617 $, une
différence de 223 883 $. La recommandation du comité
spécial de révision a entraîné un ajout de 134 722 $
et une différence, en février 1988, de 92 161 $. Si je reconnais
la signature, c'est celle du sous-ministre adjoint au nom du ministre... Le
ministre a signé, effectivement. Il y a quatre signatures qui
apparaissent au document: celle du directeur général, du
sous-ministre adjoint, du sous-ministre, M. Boudreau, et du ministre Ryan. M.
le ministre aurait signé plus précisément le 9 mars 1988
ce document que je cite. (22 heures)
M. Ryan: M. le Président.
Mme Blackburn: Les 92 000 $, qu'est-ce que c'est?
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: L'exercice se terminait le 31 mars. Alors, on va
vérifier ce qui s'est produit entre le 9 mars et le 31 mars.
Mme Blackburn: Cet argent aurait été
dépensé?
M. Ryan: On va le vérifier. Je crois qu'il a
été dépensé, mais je n'oserais l'affirmer sans
avoir vérifié.
Mme Blackburn: Mais...
M. Ryan: Je pense qu'il y a eu des décisions de
prises.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait nous communiquer ce document
par rapport aux décisions qui auraient été prises
après la date de signature?
M. Ryan: II n'y en a peut-être pas seulement une. Les
informations vous seront commu-
niquées avec document à l'appui au besoin. Pas de
problème.
Mme Blackburn: Cela veut dire qu'il y a eu une deuxième
étape de révision à ce moment-ci? On pourra distribuer ces
92 000 $?
M. Ryan: Mais il restait un montant, d'après ce qu'on vous
a donné, un montant de 92 000 $. Il a pu arriver que certains cas
particuliers aient été réglés là. On va le
vérifier.
Mme Blackburn: On pourra nous faire tenir l'information?
M. Ryan: Certainement. Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Audet): Est-ce que cela va pour le
programme 5?
Mme Blackburn: Non, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Je vous ferais remarquer qu'il
nous reste 8 minutes pour adopter le programme 5...
Mme Blackburn: Oui, c'est vrai, c'est juste.
Le Président (M. Audet): ...et discuter du programme 2, le
Conseil supérieur de l'éducation.
Mme Blackburn: Je voudrais savoir comment le ministre, par quel
tour de passe-passe... Est-ce que le ministre va réussir à
répondre - il veut lever le moratoire - aux besoins des organismes
populaires quand on sait qu'il y a quelque 500 groupes en attente? Comment
va-t-il pouvoir satisfaire à ces besoins avec 1 000 000 $?
M. Ryan: M. le Président, on va satisfaire aux besoins
pour lesquels on aura les ressources suffisantes. On ne pourra pas aller plus
loin, c'est évident.
Mme Blackburn: J'imagine qu'avec 1 000 000 $, on ne pourra
satisfaire les 500 groupes. On évalue à combien le nombre de
demandes d'organismes auxquelles on pourra répondre et selon quels
critères cela se fera-t-il?
M. Ryan: Nous n'avons pas encore procédé à
cet examen. Comme je l'ai dit tantôt, nous allons faire des consultations
avec les organismes représentatifs. Nous recevrons des suggestions. Le
montant moyen de la subvention versée l'an dernier était
autour de 10 000 $. Disons que c'était entre 10 000 $ et 15 000 $.
Alors, cela donne une indication. Je pense qu'on ne pourra pas faire de miracle
d'imagination.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut assurer les organismes
qui sont actuellement subventionnés qu'ils vont voir non seulement leurs
subventions actuelles maintenues, mais au minimum indexées?
M. Ryan: Je ne peux pas donner cette réponse actuellement.
On va voir les projets qui seront présentés. On va recevoir le
point de vue des organismes concernés. Vous le savez, vous les
connaissez un peu. Ils exigent d'être consultés sur à peu
près tous les iotas qui sont dans le document.
Mme Blackburn: Une chance!
M. Ryan: Ils ont raison et je pense qu'avec l'expérience
ils vont s'apercevoir que cela prend un peu trop de temps, mais nous sommes
prêts à faire l'exercice. Nous avons des gens très patients
à notre service de l'éducation des adultes. Nous sommes
prêts et, une fois qu'ils auront été consultés, nous
aurons arrêté les lignes de conduite pour l'année 1988-1988
et la question posée fera l'objet des déterminations à ce
moment-là.
Le Président (M. Audet): Cela va pour le programme 5?
Programme 5, adopté?
Mme Blackburn: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Adopté sur division.
Conseil supérieur de l'éducation
J'appelle le programme 2, le Conseil supérieur de
l'éducation. Au programme 2, est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Audet): Vous avez la parole.
Mme Blackburn: Les organismes consultatifs. Je voudrais d'abord
saluer le président du Conseil du trésor...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Cela viendra peut-être, monsieur! Le
président du Conseil supérieur de l'éducation et lui dire
que je suis avec beaucoup d'attention les travaux du conseil. Comme on le
connaît et comme on connaît les travaux du conseil, il fait un
excellent travail. Je sais. qu'une des activités qui est prévue
et sur laquelle vous voulez mettre l'accent, il s'agit de faire circuler
davantage les avis du conseil supérieur. J'espère que de cette
façon - j'imagine que c'est aussi votre voeu - il y aura une plus grande
sensibilisation des différents milieux
et que des pressions pourront éventuellement s'exercer sur
l'appareil politique pour qu'il prenne des décisions plus
pertinentes.
Pour être pratique, parce qu'il nous reste peu de temps et parce
que j'ai déjà su ce que c'était que de subir des
compressions... Lorsqu'elles sont minimes, elles peuvent quand même
affecter considérablement le fonctionnement d'un organisme. On sait que
les crédits du Conseil supérieur de l'éducation passent de
2 102 500 $ à 2 117 800 $, c'est-à-dire une augmentation de 0, 7
%. En fait, le conseil subit une compression de 32 000 $ au titre des
traitements et autres dépenses. Quelles activités cela
risque-t-il d'affecter? Est-ce que cela affectera des activités
particulières en 1988-1989?
Comme vous parlez dans votre rapport annuel de traiter de l'État
et des besoins de l'éducation - je sais que cela fait partie de la loi
qui régit le conseil - je voudrais savoir quels thèmes vous
entendez aborder en 1988-1989. Je sais que vous ne traiterez pas de l'ensemble
des questions; généralement, c'est thématique.
Le Président (M. Audet): M. le ministre.
M. Ryan: Oui, M. le Président. Je ne veux pas interrompre
le président du Conseil supérieur de l'éducation. Il nous
reste très peu de temps, mais je veux au moins lui souhaiter la
bienvenue parmi nous et lui dire qu'à titre de ministre de
l'Éducation, il me fait plaisir de répéter publiquement en
sa présence ce que j'ai dit ce matin dans mon message liminaire,
à savoir l'appréciation que j'ai de l'excellent travail
qu'accomplit le Conseil supérieur de l'éducation et
l'appréciation que j'ai en particulier de l'intelligence qu'a le
président du conseil.
Il y a un mot clé inscrit dans la loi et c'est le mot
collaboration. Le conseil n'est pas un journal. Il n'est pas une tribune
éditoriale pour qu'on puisse dire n'importe quoi à l'endroit du
gouvernement ou des organismes concernés. C'est un organisme qui existe
pour collaborer avec le gouvernement et lui donner des avis en toute
indépendance et en toute liberté. Je pense que le conseil
s'acquitte très bien de ce double volet de sa mission. Je voulais le
signaler en présence du président, après l'avoir inscrit
dans mon message de ce matin. Je remercie le président et le prie de
transmettre à tous ses collègues mes salutations cordiales.
D'ailleurs, je me fais un devoir, chaque année, de tenir une rencontre
avec le conseil pour faire le point sur les travaux et les projets du conseil.
Ces rencontres sont toujours éminemment profitables pour moi.
Le Président (M. Audet): S'il vous plaît,
pourriez-vous vous présenter pour les fins du Journal des
débats?
M. Lucier (Pierre): Pierre Lucier, président du Conseil
supérieur de l'éducation. Je voudrais remercier M. le ministre et
Mme la députée de Chicoutimi pour les marques
d'appréciation et d'estime qu'ils ont exprimées à
l'endroit du conseil. Je m'empresserai de les transmettre dès demain
matin aux membres du conseil qui sont actuellement en session.
Il y a une double question. La première porte sur la compression.
C'est le sort commun de l'ensemble de l'administration gouvernementale que nous
avons accepté de faire cette année parce qu'il est assez simple,
pour l'année qui vient, en tout cas, étant donné les
économies générées par les modifications au
régime d'allocations de présence, d'assumer cette compression
sans porter atteinte aux activités. Pour cette année, nous avons
cru tout à fait raisonnable de partager le sort commun de l'ensemble des
organismes. C'est virtuellement sans effet négatif sur les
activités du conseil.
Quant à la deuxième question, pour ce qui est du
thème du rapport de 1988-1989, nous sommes actuellement en processus de
choix. Ce n'est pas encore arrêté, mais cela devrait l'être
quelque part en mai, d'après la programmation que nous avons
établie.
Le Président (M. Audet): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi, il nous reste une minute cinq
secondes.
Mme Blackburn: Je sais que le temps est presque
écoulé, M. le Président, mais je pense qu'avec le
consentement nous pourrions accorder quelques minutes de plus. Étant
donné que M. Lucier est ici déjà depuis un bon moment, je
trouverais plutôt indélicat de ne pas au moins poursuivre encore
quelques minutes. Avec le consentement du parti ministériel, on pourrait
poursuivre.
Le Président (M. Audet): En vertu du règlement, on
a une enveloppe qui nous est allouée. On doit respecter cette enveloppe
pour les crédits. Alors, il n'y a pas de consentement à demander.
Je ne peux pas le demander. Il y a une enveloppe de 200 heures qui est
prévue pour l'ensemble des crédits, on doit la respecter. C'est
inscrit dans le règlement. Alors, étant donné que le temps
est écoulé, nous devons procéder à l'adoption du
programme 2 concernant le Conseil supérieur de l'éducation.
Est-ce que le programme 2 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Audet): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère de l'Education pour l'année
financière 1988-1989 est adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'il y a des remarques
finales? M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais...
Mme Blackburn: Pas de remarques finales, le temps est
écoulé.
Le Président (M. Audet): Une petite remarque finale. On
permet une petite remarque finale.
Une voix: Qui s'ajoute au temps.
Le Président (M. Audet): Très brève. M. le
ministre, allez-y!
M. Ryan: Je voudrais tout d'abord remercier les
députés de l'attention qu'ils ont portée à nos
travaux, spécialement les députés du côté
ministériel, parce qu'il y en avait plusieurs, et de manière
particulière la députée de Chicoutimi dont...
Mme Blackburn: 99.
M. Ryan: ...nous comprenons, la solitude qu'elle a dû
éprouver devant l'indifférence apparente de ses collègues
aux questions de l'éducation. Je voudrais profiter de ce dernier mot
pour remercier tout particulièrement les fonctionnaires qui m'ont
accompagné pendant cette journée dont plusieurs ont pu être
entendus de vous aujourd'hui et qui m'accordent une collaboration
compétente, loyale et empressée. J'apprécie
énormément à la fois ce type de collaboration qui existe
entre nous et aussi l'esprit d'équipe dans lequel nous travaillons. Je
voudrais rendre un hommage particulier à l'un d'entre eux, qui a
été discret aujourd'hui mais qui est au coeur de l'appareil et
qui assure l'unité et le bon fonctionnement de l'appareil, le
sous-ministre, M. Thomas Boudreau, et tous ceux qui l'entourent, les
sous-ministres adjoints, en particulier les deux sous-ministres
associés. De manière générale, il existe au
ministère de l'Éducation un esprit d'équipe, un esprit de
service, dont je me félicite hautement parce qu'il facilite le travail
du gouvernement considérablement.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi, critique de l'Opposition.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. La remarque du
ministre à mon avis touchant l'absence de mes collègues est
déplacée.
M. Ryan: C'est vrai pareil.
Mme Blackburn: Elle est déplacée puisqu'il le sait
pertinemment, il siège de front quatre commissions parlementaires
actuellement. En parlant de solitude, le ministre sait de quoi il parle parce
qu'il était constamment seul au moment où il était dans
l'Opposition et il y a eu d'autres occasions...
M. Ryan: C'est faux. Mensonge!
Mme Blackburn: ...où la solitude a dû être
beaucoup plus lourde pour lui qu'elle ne l'est actuellement pour moi.
Je voudrais, M. le Président, remercier les fonctionnaires
à la fois pour la qualité des informations qui ont
été fournies, pour leur présence assidue et, je dirais,
attentive également parce que je sais que, bien que cela soit assez
prenant de tenir une commission parlementaire à la fois pour le ministre
et pour les députés qui sont constamment au banc, c'est aussi
extrêmement épuisant pour ceux qui y assistent et y participent
souvent comme observateurs ou intervenants, à un moment ou à un
autre. Ce sont des journées assez longues. Je me rappelle ces
expériences-là. Alors, je voudrais vous remercier pour votre
présence ici, de même que pour votre disponibilité.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, messieurs,
mesdames, on vous remercie. La commission a accompli son mandat. Nous ajournons
nos travaux sine die.
(Fin de séance à 22 h 4)